Armel Duteil

Comptes rendus 2020


Coronavirus, que faire ?

Présentation

Dans nos différents plans d’action 2019 -2020, tout était prévu. Mais voici que les programmes sont bouleversés par la pandémie du covid-19. La dangerosité de ce mal a fait que toutes les formes de rassemblement sont interdites, y compris les célébrations religieuses. Heureusement qu’on ne peut pas confiner la foi agissante. Dans nos familles et nos communautés, nous exploitons les réseaux sociaux et les médias à cet effet. En Action Catholique, c’est la vie qui commande. La vie, c’est aussi cette situation imposée par le méchant coronavirus qui bouleverse tout le monde. Tous sont concernés, car il est question de santé.

Qu’est-ce que la santé ? L’OMS définit la santé comme : « un complet état de bien être, physique, mental et social ». Elle est droit et faculté de se réaliser pleinement, en tant que personne. Elle est non seulement équilibre de vie, mais capacité humaine, sociale, économique et politique de faire des choix décisifs de vie. En somme, c’est l’engagement solidaire dans les luttes pour transformer le monde selon le plan de DIEU. Cela passe par la REVISION DE VIE. Nous vous proposons une action dans ce sens. Il ne s’agit pas d’un exercice intellectuel, mais d’un temps fort de réflexion-action en situation de la pandémie du COVID-19.

I - Réflexions des Mouvements d’Action Catholique

  1. La situation

  2. Comment les gens vivent-ils cette situation ?

  3. Comment les gens réagissent-ils ?

  4. Quelles mentalités découvrez-vous à travers tout cela ?

II - Que nous dit la Parole de Dieu sur tout cela ?

  1. Que fait Dieu lorsque son peuple traverse une situation de mort ?

  2. Le coronavirus est-il une punition de Dieu ?

  3. Vivre notre foi.

III – Que faire concrètement maintenant ?

Le respect de notre univers, notre maison commune 

Les problèmes économiques

Changer notre vie : Les media, Le monde rural, Les enfants de la rue et les talibés, Les prisonniers et les malades, L’école,

Conclusion

1 - La situation

Le Coronavirus a atteint le monde entier. En commençant par la Chine, en passant par l’Europe et les Etats Unis, il est arrivé jusqu’à nous au Sénégal, le 02 Mars avec l’apparition du premier cas, rapidement suivi d'un décès, en la personne de Pape Diouf, une célébrité du monde du football français et ancien Président de l’OM (Olympique de Marseille). La tristesse et l’émotion commencent alors à s’installer dans notre pays, tandis que d'autres s'enferment dans le déni et l'inconscience, persuadé que « cette maladie n’atteint que les peaux blanches ». Que faire ?

Voici une réflexion entendue : « Dans notre contexte au Sénégal, le confinement total est presque impossible puisque les gens doivent se débrouiller au jour le jour pour trouver à manger : comment confiner un pays où plus de 80% des gens n'ont jamais reçu de salaire et ont chacun jusqu’à 15 bouches à nourrir? En Europe, le confinement est plus facile car ils ont un système social bien organisé, qui permet à chaque citoyen de toucher un soutien, même quand il n’a pas de travail ».

La pandémie gagne du terrain dans le pays. Le 14 Mars, le Chef de l’État, le Président Macky Sall, décide la fermeture des écoles et universités sur l'ensemble du territoire national. À la suite du Chef de l'État, les évêques décident, une semaine plus tard, de fermer toutes les églises alors qu'on est en plein carême, en marche vers Pâques ! Le gouvernement prend un certain nombre de décisions, bien connues de tous, et acceptées par la plupart des gens. Même si certains, en particulier des jeunes, par provocation, refusent de les suivre : Il n’y a pas de confinement total des gens dans leurs maisons, mais tous les regroupements sont interdits sous quelque prétexte que ce soit, même pour les enterrements. Les frontières sont fermées, les déplacements sont limités, et dans les cars et les taxis une place sur deux seulement est autorisée pour maintenir les distances entre les personnes. On ne se serre plus les mains. On demande de se laver régulièrement les mains, ou d’utiliser de l’eau de javel ou du gel antiseptique.

L’état d’urgence est déclaré à l’assemblée nationale et le couvre-feu proclamé. Les gardes pénitenciers sont gardés en résidence à l’intérieur des prisons, pour ne pas rapporter la maladie aux prisonniers en sortant au dehors. Les familles ne sont plus autorisées à apporter de la nourriture. Plus de 2.000 prisonniers sont libérés sous condition, pour réduire le surpeuplement des prisons et les risques de contagion. Les visites sont interdites dans les hôpitaux (seulement un accompagnant par malade). D’ailleurs beaucoup de malades ne viennent plus se faire soigner, et beaucoup de femmes enceintes ne viennent plus en consultation, par peur d’attraper la maladie. Pendant ce temps, on met en place des salles de soins pour les malades et des services de réanimation supplémentaires. Suite aux contrôles de températures et aux tests effectués, les cas positifs sont mis en « quatorzaine » dans des hôtels réquisitionnés par l’état (et payés 50.000 F CFA par malade et par jour, ce qui leur donne les moyens de continuer de fonctionner). Les médecins travaillent avec beaucoup de courage et de compétence, aidés efficacement par les différents agents et travailleurs de santé. Certains attrapent la maladie.

Un fonds de solidarité nationale est ouvert et de nombreuses personnes y participent. L’état apporte un soutien alimentaire (50 kilos de riz, 10 de pâtes, 10 de sucre et 10 d’huile) aux familles nécessiteuses, en fait à la moitié de la population. On y ajoutera les légumes et oignons cultivés sur place pour permettre aux paysans d’écouler leurs productions et de recevoir ainsi un soutien financier. Des milliards sont dégagés pour soutenir les différentes entreprises et activités économiques. De très nombreux travailleurs se retrouvent au chômage, ils reçoivent une aide et le gouvernement interdit de les licencier. Des cours scolaires sont mis en place en ligne ou à la radio et la télévision. Mais très peu d’étudiants ont des ordinateurs et beaucoup n’ont ni télévision ni électricité, même en ville. Cela augmente donc les inégalités entre les étudiants, surtout que beaucoup de parent sont analphabètes et ne peuvent donc pas les aider. De même, le travail en ligne est une exception.

La maladie continue à se répandre. Le 5 mai, on avait détecté six cas graves, et 104 nouveaux cas positifs en une journée. Il y avait à cette date 1433 cas confirmés, 493 cas guéris et 12 décès. Le 1° juin, on est rendu à 3.739 cas confirmés, 1.858 cas guéris et 42 décès Par rapport aux dizaines de milliers de morts dans les autres continents, c’est peu. Mais le virus agit en secret et on ne sait pas comment il se répand. On ne connaît donc pas l’avenir, et les cas positifs au Sénégal sont de plus en plus nombreux chaque jour. Ce qui est inquiétant, car on ne sait pas jusqu’où le virus va aller.

Malgré tout, le 11 mai, le président annonce un "assouplissement" de l’état d’urgence comprenant la réduction de la durée du couvre-feu, la réouverture des lieux de culte et des marchés, la reprise des cours dans les classes d’examen le 2 juin, et un réaménagement des horaires de bureau, fixés de 9 heures à 16 heures. Avec le port obligatoire du masque, le contrôle de la température dans les lieux publics, la désinfection des magasins et des marchés chaque lundi, et les déplacements limités à l’intérieur de chaque département, pour empêcher la maladie de se répandre Ces décisions sont prises pour calmer la grogne de certains musulmans qui acceptent difficilement de ne pas pouvoir prier ensemble dans les mosquées, en cette fin de Ramadan. Ce qui pose question sur la laïcité réelle du pays. Et aussi à cause de la pression de nombreux chefs d’entreprise et de la population car la situation économique se dégrade de plus en plus. En effet la plupart des gens travaillent dans l'informel et doivent chercher de quoi manger au jour le jour dans les marchés et dans les rues. On est pris entre deux feux : mourir du coronavirus, ou tomber malade et mourir de faim à cause de la pauvreté.

Pour continuer à protéger la population, les évêques décident de ne pas ouvrir les églises, et de ne pas assurer les grandes manifestations comme les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) et le pèlerinage national de la Pentecôte à Popenguine. Ils sont suivis par la confrérie des tidjanes (Tivaouane), la confrérie oumarienne, de même que les imams ratibs des grandes mosquées de Dakar et de Saint Louis. A l’opposé de la confrérie mouride (Touba) qui ouvre ses mosquées, avec tous les risques que cela comporte malgré les précautions que l’on peut prendre. Ils demandent aussi la libéralisation des déplacements (en particulier pour la Korité – Aïd el Fitr, la fête de la fin du Ramadan). Pour la réouverture des écoles, beaucoup d’élèves, des parents, d’enseignants et leurs différentes organisations s’y opposent par peur de la maladie, car on ne sait pas comment la situation va continuer à évoluer. La situation est donc confuse et les décisions du gouvernement contestées.

Le 4 juin 2.020 : Nous sommes entrés dans la saison des pluies. Mais au Sénégal ça se limite à quelques pluies, pourvu qu'elles soient bien réparties pour que ce que l'on a semé ne crève pas.

Mais à chaque fois, dans les villes ce sont des inondations, faute de moyens d'évacuation des eaux.

Le nord est envahi par des oiseaux qui mangent les récoltes, qui sont déjà insuffisantes pour nourrir la population.

Ici, la population supporte de plus en plus mal les restrictions d'activités avec leurs conséquences graves sur les moyens de vivre. Le gouvernement était pris entre 2 feux : d’un côté, limiter les activités et les déplacements pour réduire l'augmentation des personnes touchées et de l’autre, laisser aux gens la possibilité de travailler et de se déplacer pour gagner leur vie.  Pas facile !

Les transporteurs qui n'avaient plus le droit de circuler ont manifesté dans plusieurs villes pour pouvoir à nouveau travailler. Finalement, le ministre leur a donné la permission de reprendre les transports. Les restaurants sont ouverts de même que les salles de sports. Les réunions privées sont également autorisées. Et le couvre-feu est ramené de 23 heures à 5 heures du matin.

2 - Comment les gens vivent-ils cette situation ?

La vie de chaque jour a été transformée, et c’est de plus en plus en plus difficile de se déplacer, que ce soit en car rapide, en Tata ou en taxi. Les chauffeurs de taxi et des compagnies de transport ne gagnent plus leur vie avec ces limitations. Les marchés et les magasins sont fermés le lundi pour être désinfectés. Mais ceux qui venaient vendre au marché ont beaucoup moins de clients à cause de la situation économique et du manque d’argent. Et les clients ont de la peine à trouver ce dont ils ont besoin pour nourrir leurs familles. C’est un grand problème pour tous ceux qui travaillent dans l’informel, qui font des petits métiers et qui gagnent leur argent au jour le jour. Les gens font preuve de beaucoup d’énergie et de créativité pour survivre. Beaucoup de magasins ont fermé et des ateliers, des entreprises et même des grandes sociétés ont renvoyé un certain nombre de leurs travailleurs. Heureusement le gouvernement a interdit de les licencier, ils sont seulement en attente (chômage technique). Les écoles sont fermées, et pour les écoles privées, les parents ne payent plus la scolarité. Les directeurs d’école ont de grands problèmes, de même que les enseignants qui ne peuvent plus être payés normalement. Et beaucoup d’élèves, d’enseignants et de syndicats sont inquiets pour la suite de l’année scolaire.

Le gouvernement a pris des décisions importantes : des distributions de nourriture pour les personnes nécessiteuses et les familles les plus pauvres. Il a remis aussi, ou retardé, le paiement des impôts et d’autres taxes pour ceux qui ne peuvent plus travailler. Il a appuyé des sociétés qui ne peuvent plus continuer leurs activités, par exemple les compagnies d’aviation parce que les vols sont supprimés. Et aussi le tourisme et toutes les activités culturelles. Il a permis le rapatriement des corps des sénégalais décédés à l’étranger. Mais il reste encore énormément de problèmes à régler. Par exemple les locataires qui n’ont plus les moyens de payer leurs loyers, et les propriétaires qui attendent leur argent, les pèlerins de la Mecque ou de Rome qui ne peuvent pas se faire rembourser leur billet, maintenant que le pèlerinage est supprimé, etc….

Même ceux qui continuent de travailler ont des problèmes. Par exemple, les gardiens de prisons qui sont enfermés avec les prisonniers, pour ne pas risquer d’introduire la maladie dans les prisons. Cela fait plus d’un mois qu’ils sont séparés de leur famille. Certains ne peuvent même pas toucher leurs salaires. Mais bien sûr ceux qui souffrent le plus dans ces cas-là, ce sont les prisonniers qui n’ont plus de visites, et qui ne peuvent même plus recevoir de la nourriture ou d’autres soutiens de leur famille. Et c’est la même chose pour les malades, même s’ils sont à l’hôpital pour une autre raison que le Coronavirus. Ils peuvent difficilement recevoir les visites ordinaires. C’est très difficile dans ces conditions de garder le moral dans la maladie, et cela empêche de guérir rapidement. Des agents de santé sont eux-mêmes infectés. Et beaucoup de malades n’osent plus aller se faire soigner par peur d’attraper la maladie. On pourrait continuer à décrire tous les problèmes. Il y en a beaucoup d’autres encore.

3 - Comment les gens réagissent-ils ?

Pour empêcher la maladie de se répandre, on a imposé un certain nombre de pratiques. Rappelons-les : on a empêché les déplacements entre régions, pour ne pas transporter la maladie. On a réduit les rencontres et les déplacements même dans la ville, en particulier la nuit avec le couvre-feu. On a limité le nombre de passagers dans les cars et les taxis. On demande de se tenir à au moins un mètre de distance dans les magasins, et de limiter le nombre de clients à l’intérieur. On a supprimé les prières dans les mosquées et les églises qui regroupent beaucoup de monde ensemble. On doit porter un masque, pour se protéger mais surtout pour ne pas transmettre la maladie, au cas où on tomberait malade ou serait touché même asymptomatique (sans symptômes : fièvre, toux, maux de tête…), etc. Surtout on doit se laver les mains avec du savon le plus souvent possible. A l’entrée des magasins et autres lieux publics, on demande de se désinfecter avec du gel antiseptique et on vérifie la température. Certainement que tout cela a permis de limiter le développement de la maladie. Si, au début, les gens ont eu de la peine à accepter ces décisions, elles sont maintenant appliquées par le plus grand nombre. Les gens cherchent à se protéger et à protéger les autres. Cela dénote un sens civique certain, et un souci des autres.

Les gens font preuve de beaucoup de créativité pour se « débrouiller » et trouver le minimum pour faire vivre la famille. Mais aussi pour se protéger de la maladie.

Au niveau religieux, les gens s’organisent également. Beaucoup prient et lisent la Parole de Dieu personnellement mais aussi en famille. Des paroisses mettent les célébrations de la messe sur whatsApp ou Facebook. D’autres écoutent les émissions religieuses de chaque jour à la radio. Et ils regardent les émissions religieuses le dimanche à la télévision.

NB : Cette réflexion est une synthèse des réponses des mouvements d’action catholique et autres groupes d’engagement chrétiens, pour qu’ils ne se contentent pas de vivre le mieux possible cette pandémie, mais qu’ils la vivent dans la foi, et s’engagent pour le bien de tous. En effet, la vie chrétienne ne se limite pas à des prières ou certaines pratiques religieuses. Il s’agit de vivre sa foi dans toute sa vie. Il s’agit de construire le Royaume de Dieu sur la terre. Cela demande de voir ce qui se passe dans la vie, car la vie commande. Jésus disait : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie totale « (en plénitude : Jean 10,10). Et de voir les mentalités qui sont en jeu. Ensuite de réfléchir, à la lumière de la Parole de Dieu, pour analyser les situations et comprendre les causes des problèmes. A ce moment-là on peut agir, ensemble avec tous ceux qui sont prêts à le faire, chrétiens ou non, pour construire la société et « que le Règne de Dieu vienne sur la terre, comme au ciel »

4 - Quelles mentalités découvrez-vous à travers tout cela ?

La situation est très compliquée, et les façons de se comporter sont différentes d’après les personnes et les lieux. A côté des personnes qui refusent de respecter les interdictions, et des gens qui disent que la maladie n’existe pas.

D’autres cherchent des responsables. Certains disent que ce sont les chinois, les américains ou les européens, ou bien des laboratoires ou des grandes sociétés, des ONG ou d’autres personnes mauvaises qui ont envoyé cette maladie pour tuer le maximum d’africains « parce qu’ils sont trop nombreux. Et pour empêcher l’Afrique de se développer ». Cette « mentalité du complot » est très inquiétante, car elle nous empêche de prendre nous-mêmes nos responsabilités. Et de voir ce que nous pouvons faire avec les moyens qui sont les nôtres. Au niveau des personnes, les malades sont stigmatisés et même parfois rejetés, car on a peur d’eux.

Avec cela, il y a aussi un découragement, cause d’humiliation et d’inaction. On a imposé à nos pays un développement libéral de type capitaliste, où ce qui compte c’est l’argent et la technique. Nos capacités et nos richesses sont exploitées par d’autres. La pauvreté se répand et nos pays s’enfoncent dans les dettes qu’ils n’arrivent plus à rembourser. Nous avons d’excellents techniciens et médecins, mais qui n’ont pas les moyens de travailler. Et beaucoup partent en Europe ou aux Etats Unis. Un seul exemple : les tests pour le Covid 19 se font dans les instituts Pasteur. Et le président de Madagascar, en voyant que le remède qu’il propose à partir de l’artimesia est refusé n’a pas eu peur de dire : « c’est parce que ce médicament est élaboré en Afrique. S’il venait d’Europe il serait accepté et utilisé ».

On peut noter aussi une réelle solidarité, dans les quartiers et les banlieues<. Beaucoup de personnes particulières ont participé au fonds de solidarité mis en place par le gouvernement. Même s’il y a eu des réclamations par la suite, sur la façon dont les vivres ont été distribuées, certaines justifiées. Et comme toujours des personnes ont cherché à profiter de la situation pour leur propre intérêt, sans penser au bien commun, même en trompant et mentant si nécessaire. L’Eglise a préféré continuer à agir par les Caritas. Dans les quartiers, beaucoup ont le souci d’aider personnellement les nécessiteux par leurs propres moyens et de partager leur nourriture. Des étudiants donnent des cours gratuitement à leurs petits frères ou aux enfants du quartier.

Du côté de la population, il n’y a pas de panique (ce qui est très bien). La réaction est plutôt : » si Dieu le veut, je ne serai pas malade ». On compte sur la chance. On compte aussi sur la prière, ce qui est important, mais sans suffisamment prendre les moyens qui sont à notre portée, et que la charité, le souci des autres et la volonté de Dieu nous demandent : se laver régulièrement les mains avec du savon, éternuer dans son coude ou dans un mouchoir jetable, ne pas serrer les mains, ni s’embrasser sans nécessité, ce qui d’ailleurs n’est pas dans la culture sénégalaise, mais une pratique venue d’Europe. Beaucoup disent : « il faut avoir confiance en Dieu ! ». Et ils disent que la prière peut nous protéger de la maladie. Il y en a qui disent même que le coronavirus est une punition de Dieu, parce que les gens se conduisent de plus en plus mal. D’autres ont eu beaucoup de peine à accepter que l’on ferme les mosquées et les églises, spécialement pendant le carême et le ramadan. Il y a donc un fort esprit religieux, mais qui aurait besoin d’être canalisé, éclairé et orienté. Mais déjà, beaucoup prennent leur vie religieuse en main, ils prient personnellement ou en famille, ils se forment dans leur foi, ils cherchent à partager la Parole de Dieu, à conseiller les autres et à les pousser à agir, chacun où il est, avec les moyens qui sont les siens.

Beaucoup de personnes disent qu’elles ont besoin de travailler pour nourrir leurs familles. Elles font preuve de beaucoup de courage, de débrouillardise et de créativité pour cela. Mais alors certaines ne respectent pas les règles qui sont demandées. Et elles continuent de se retrouver très nombreuses, par exemple dans les magasins et surtout les marchés. Certains continuent à se célébrer des baptêmes, des mariages ou des enterrements, sans respecter les conditions, ni se tenir à distance les uns des autres pour ne pas attraper le virus. Il y a même des jeunes qui font exprès de ne pas respecter le couvre-feu, pour montrer qu’ils sont « libres », et pour provoquer les autorités et les forces de l’ordre. Mais en général on peut remarquer de la discipline et le suivi des précautions demandées, alors que l’on dit souvent que « le sénégalais est indiscipliné ». Il y a donc un sens civique et une recherche du bien commun. Mais cela va souvent avec une mentalité d’assisté : on attend tout de l’état. Et quand on n’a pas ce qu’on veut, même si c’est irréaliste, on accuse les autorités. Et beaucoup se concentrent sur la recherche de nourriture, en oubliant la santé, le bien commun et l’avenir du pays.

II - Que nous dit la Parole de Dieu sur tout cela ?

A) Que fait Dieu lorsque son peuple traverse une situation de mort ?

Nous croyons que Dieu est le Maître de la vie : Dieu veut la vie et non pas la mort. Dès le début du monde, Dieu met Adam et Eve dans le jardin d’Eden où ils peuvent vivre heureux et en bonne santé. Mais ils n’ont pas suivi la volonté de Dieu. Ils ont préféré écouter Satan. Ils ont péché et refusé Dieu. Et alors la mort et entrée dans la monde. A cause de Satan et du péché des hommes. Pas à cause de Dieu. Les prophètes le disent clairement : » Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il change sa vie ».

Dieu est le vivant. Il veut que les hommes vivent, d’une vie totale. C’est pour cela que, quand des hommes mauvais ont tué son Fils Jésus Christ, Dieu l’a ressuscité. Et Jésus lui-même a ressuscité des -morts : le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaïre, et son ami Lazare. Et il dit à la veuve de Naïm qui a perdu son fils unique : » Ne pleure pas ». Et à Marie qui a perdu son frère Lazare : » Tu verras la gloire de Dieu. Celui qui croit en moi, même s’il est mort, il vivra ». C’est ce qu’Il dit aussi aujourd’hui à ceux qui ont perdu un parent à cause du coronavirus. Les apôtres au nom de Jésus ont aussi ressuscité des morts. Et déjà des prophètes, comme Elie dans la première Alliance (Ancien Testament).

-Dieu nous sauve du mal, de la maladie et de la souffrance. Il a libéré le peuple d’Israël qui était esclave en Egypte, en lui faisant traverser la Mer Rouge. Il l’a nourri dans le désert pour qu’il puisse vivre. Il a accompagné son peuple, tout au long de la marche difficile dans le désert. Il a donné les dix commandements, pour lui enseigner comment bien vivre. Et surtout, Dieu a fait Alliance avec son peuple, Il l’a fait entrer dans son amour. Il a dit : »Tu aimeras Dieu de tout ton cœur…et ton prochain comme toi-même ». Et Il précise : » Tu aimeras la veuve, l’orphelin et l’étranger, parce que tu as été toi-même étranger en Egypte ». Et lorsque des serpents ont attaqué les Hébreux dans le désert et que beaucoup mourraient, Dieu a demandé à Moïse de faire un serpent en airain. Et tous ceux qui regardaient ce serpent avec foi étaient guéris. Cette histoire et la personne de Moïse sont très importantes, car elles sont communes aux chrétiens et aux musulmans, dans la Bible et le Coran. C’est donc un appel à la communion, et à agir ensemble pour la santé et le salut des gens.

Ce serpent cloué sur un bois, c’était le signe de la croix de Jésus Christ qui nous sauve. C’est donc clair que Dieu ne veut pas la mort, Il est le Vivant. Il veut que nous vivions le mieux possible. Jésus a dit : » Je suis venu pour qu’ils aient la vie totale » (Jean 10,10). Dieu veut que nous soyons en bonne santé. Dieu ne veut pas que nous soyons malades. C’est bien pour cela que Jésus, tout au long de sa vie, a guéri de nombreux malades. Et quand l’un de nos frères ou de nos soeurs est malade, l’apôtre Jacques nous demande d’aller le trouver, de prier avec lui en communauté, et de lui donner le sacrement des malades. A ce moment-là, il pourra guérir. Dans l’Eglise, il y a aussi le viatique, la communion, pour aider le malade à bien mourir dans la foi et la paix. Car la maladie et la mort sont bien présentes dans le monde. Même si certains disent encore que le coronavirus (la Covid19) n’existe pas.

Jean Baptiste envoie ses disciples demander à Jésus : » Est-ce bien toi le Sauveur qui doit venir ? Ou bien devons-nous en attendre un autre ? ». Jésus ne fait pas un grand discours pour dire qu’Il est bien la 2° personne de la Trinité. Il répond par des faits : « Allez dire à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient…, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Luc 7,23).

Nous ne pouvons pas faire les miracles de Jésus. Mais continuer son action, c’est d’abord respecter les « gestes barrières » : nous laver souvent les mains, porter un masque, tenir une distance entre nous, tousser dans notre coude…Pas seulement parce que nous avons peur ou pour nous protéger, mais aussi pour ne pas donner la maladie aux autres. La charité en ce moment commence par ces gestes. Car « il vaut mieux prévenir que guérir ! ».

  • Qu’est-ce que Jésus dit aux malades ? Jésus ne change pas. Relisons l’Evangile. Il dit au paralysé : « Lève-toi, prends ta civière et marche ». Il dit à la femme qui perdait du sang : « Va en paix, ta foi t’a sauvée ». De la même manière, il dit à la femme adultère : »Je ne te condamne pas. Va, mais ne pèche plus ». Il dit à Simon en montrant la femme prostituée : » Dieu lui pardonnera beaucoup, parce qu’elle a beaucoup aimé ».Nous fêtons l’Ascension : Jésus monte au ciel nous préparer une place. Mais en même temps, Il nous dit : » Je suis avec vous, jusqu’à la fin du monde… Allez dans les monde entier » (Mat 28,20). Et les anges disent aux disciples qui regardent le ciel : « Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ?...Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous » (Actes 1,8-11). Nous avons reçu l’Esprit saint de Jésus à la Pentecôte, même si nous n’avons pas pu célébrer cette fête ensemble dans nos églises, mais seulement dans nos maisons en famille. Comme les apôtres qui étaient confinés ce jour-là dans une maison, dans la peur.

  • Mais la question n’est pas simple ! Certains disent que le coronavirus est une punition de Dieu, parce que les gens se conduisent de plus en plus mal. Et en effet, Dieu a puni le pharaon et tout le peuple d’Egypte en lui envoyant la maladie et les sept plaies d’Egypte. Mais c’était pour les obliger à libérer le peuple d’Israel. C’est parce qu’ils faisaient beaucoup souffrir les hébreux et qu’ils les maintenaient en esclavage, en les faisant travailler durement et injustement dans la souffrance et jusqu’à la mort, en tuant leurs garçons et en mariant leurs filles de force. Dieu a libéré le peuple d’Israel de l’épidémie et des autres plaies, car Il ne peut pas accepter qu’un homme traite méchamment son frère, ni qu’un peuple fasse souffrir et exploite injustement un autre peuple.

De même, quand Job qui était très riche et en bonne santé tombe gravement malade et perd toutes ses richesses, ses amis lui disent : » c’est Dieu qui t’a puni, parce que tu as péché ! ». Job refuse absolument. Il dit avec force : » ce n’est pas une punition de Dieu. Dieu est mon libérateur et ll veut la vie ». Et il ajoute : » Dieu a donné, Dieu a pris. Que son nom soit béni ! ». Cela les hébreux ne l’avaient pas encore compris au temps de Moïse. Car ce n’est que peu à peu que les hommes comprennent qui est vraiment Dieu, et comment Il se conduit avec nous. C’est pour cela qu’Il nous a envoyé les prophètes. Et ensuite Jésus qui nous a fait comprendre définitivement la bonté, l’amour et la tendresse de Dieu. Dieu ne punit pas, Il nous sauve. Déjà nos ancêtres, dans nos religions traditionnelles avaient compris que Dieu est bon. Comme le disent beaucoup de proverbes et de contes qu’ils nous ont laissés. Par exemple : » C’est Dieu qui nourrit l’orphelin ». Mais ils disaient aussi : « Dieu est bon, mais il ne donne rien à celui qui reste couché ». Et de même, nos amis musulmans affirment que « Dieu est le compatissant et le miséricordieux ». C’est même le début de chacune des sourates du Coran.

B. Le coronavirus est-il une punition de Dieu ?

B 1 Des gens pensent que le coronavirus est une punition de Dieu, pour punir les pécheurs et tous ceux qui se conduisent mal. On disait cela déjà quand le Sida est apparu et s’est développé. Que nous dit Jésus ? D’abord Jésus est clair. Il nous dit (Jean, 12-46) : « Je ne suis pas venu pour juger le monde ni le condamner, mais pour le sauver ». Dieu est bon, il est notre Père, Il nous aime, Il ne nous punit pas, Il nous sauve. C’est pour cela qu’il a envoyé Jésus.

Trop souvent, lorsqu’il y a une maladie ou un autre problème, nous cherchons des responsables. Et nous pensons que c’est à cause des péchés que nous avons faits, que nous souffrons. Pourtant Jésus a été clair à ce sujet. De son temps, on construisait une grande tour dans le quartier de Siloé. La tour est tombée et elle a tué beaucoup d’ouvriers, qui ont été écrasés. Jésus demande : « Est-ce que vous croyez vraiment que ceux qui ont été écrasés étaient plus mauvais et plus pécheurs que les autres ? ». Et lorsque les apôtres voient l’aveugle de naissance, ils demandent à Jésus : Pourquoi est-il aveugle ? Qui a péché, est-ce que c’est lui, son père ou sa mère ? Jésus répond : « Ni lui, ni son père, ni sa mère, mais c’est pour que la gloire de Dieu se manifeste ». C’est la même chose pour cette pandémie du coronavirus. Nous n’avons pas à chercher un responsable. Ni Dieu, ni les mauvais esprits, ni les sorciers, ni les génies, ni les hommes mauvais ou de mauvaise intention qui agissent dans la nuit. Ce que nous avons à nous demander c’est : comment allons-nous vivre cette maladie dans la foi, la confiance et l’espérance, pour rendre gloire à Dieu. Voyons cela en détail :

(Luc 13, 1-9) : Changer de vie et porter du fruit

En ce temps-là, des gens viennent parler à Jésus des galiléens, que Pilate a tués, au moment où ils offraient un sacrifice à Dieu. Jésus leur répond : « Pensez-vous que les galiléens qui ont été tués ainsi, étaient de plus grands pécheurs, que tous les autres galiléens ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne changez pas de vie, vous mourrez tous comme eux.

Et ces 18 personnes que la tour de Siloé a écrasées, quand elle est tombée. Est-ce que vous pensez qu’elles étaient plus coupables, que tous les gens de Jérusalem ? Non ! Je vous le dis, si vous ne changez pas de vie, vous mourrez tous comme eux «.

Cet évangile nous montre d’abord combien Jésus sait enseigner. Il ne fait pas des grandes théories : il part des évènements réels de notre vie et de la vie du pays. Parce que c’est là que Dieu est présent, et nous appelle. Dans cet Evangile, Jésus nous demande de savoir lire les signes des temps, pour comprendre ce qui se passe dans le monde, à la lumière de la foi. C’est ce qu’on appelle la révision de vie dans l’action catholique. Jésus nous en donne ici deux exemples : Pilate a fait tuer des gens de Galilée, pendant qu’ils offraient un sacrifice à Dieu. Et une tour en construction a écrasé 18 personnes. Qu’est-ce que Dieu veut nous faire comprendre, à travers ces deux choses ?

-Autour de nous, il y a des morts du coronavirus. Certains cherchent un responsable. Des gens demandent : « Qui l’a tué ? Qui a mangé son âme ? ». Et ce sont les accusations de sorcellerie, les disputes et les haines, qui divisent nos familles. Pourtant, Dieu nous a dit dans les dix commandements : « tu ne feras pas de faux témoignage ». Et donc tu n’accuseras pas les autres, pour des choses qui ne sont pas sûres. Et déjà dans la 1° Alliance (l’ancien Testament), Dieu avait demandé à son peuple, de ne pas aller chez les devins et les magiciens. Car ce qui est important, c’est la CHARITÉ. Il faut donc tout faire, pour garder l’entente et l’amour entre nous, en ce temps de pandémie. JÉSUS refuse toutes les formes d’accusations.

Quand quelqu’un meurt, des gens disent : « C’est Dieu qui l’a voulu ». Mais Dieu ne veut pas la mort, Il veut la vie. Il a créé Adam et Eve, pour qu’ils vivent pour toujours. Et qu’ils soient heureux avec Lui. Mais ils ont écouté Satan, et ils ont refusé la vie de Dieu. C’est à cause de Satan, que la mort est entrée dans le monde. Mais Dieu ne veut pas la mort, Il veut la vie. La meilleure preuve, c’est que les hommes méchants, juifs et romains, ont tué Jésus. Mais Dieu l’a ressuscité. Il nous ressuscitera nous aussi. Et Il nous demande de lutter contre toutes les forces de mort, qui sont dans le monde. Le prophète Isaïe disait déjà : « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse » (qu’il change son cœur et sa vie).

-D’autres stigmatisent ceux qui sont malades du covid-19 (coronavirus). Jésus demande : « croyez-vous que ces galiléens qui sont morts, ils étaient plus mauvais que les autres hommes ? ». Nous ne devons jamais dire : « s’il souffre, c’est parce qu’il a fait quelque chose de mal. C’est une punition de DIEU ». DIEU nous aide à réussir notre vie. IL ne nous punit pas, Il pardonne.

 

Cet évangile veut nous dire deux choses : D’abord nous devons lutter contre la mort, et tout ce qui entraîne la mort : la pauvreté, la faim, la maladie... Nous partageons avec nos frères qui ont faim. Nous luttons contre la pauvreté : dans nos communautés de quartier, avec nos mairies, et avec les ONG. Pour que les gens aient du travail, et ce qu’il faut pour faire vivre leurs familles. Nous gardons nos quartiers propres, car ce sont les eaux sales et les ordures, qui amènent des tas de maladies et la mort parmi nous. Nous devons aussi lutter contre les gens qui tuent les autres. Comme Pilate a tué ces galiléens, alors qu’ils étaient en train d’offrir un sacrifice à Dieu. Jusqu’à maintenant, des terroristes tuent des gens partout dans le monde : dans les églises et les mosquées, dans les attentats et dans les guerres. Même quand ils prient, et ne font rien de mal. Même dans nos quartiers, il n’y a plus de sécurité. Dieu nous demande de lutter contre tout cela. Par exemple jusqu’à maintenant, il y a des maisons qui tombent, et qui écrasent les gens. Parce que les maçons n’ont pas bien fait leur travail. Et surtout, parce que les entreprises veulent gagner beaucoup d’argent : ils mettent beaucoup de sable, et presque pas de ciment, et les maisons ne sont pas solides. Ensuite, les habitants ne s’occupent pas des maisons : il n’y a pas d’entretien. Alors elles tombent. Notre travail de chrétiens, c’est de changer tout cela, pour qu’il y ait davantage d’amour et de sérieux, dans notre travail, et dans toute notre vie. Il ne suffit pas de prier, pour ceux qui sont morts. Du coronavirus. Il faut lutter contre la mort. Sinon nos prières ne servent à rien, et Dieu ne les acceptera pas. C’est ce que disaient déjà les prophètes, dans la première Alliance.

La deuxième chose c’est de savoir réfléchir, et de tirer les conclusions de ce qui nous arrive. L’enseignement de JÉSUS est clair : « si vous ne changez pas de vie, vous mourrez tous comme eux ». Chaque mort par le virus est un appel à prier, pour les morts et pour leurs familles. Et il est très important, que nous les aidions à vivre le deuil, dans la foi et dans l’espérance. Que nous les conseillions, pour qu’ils laissent les affaires de maraboutage et de sorcellerie. Mais chaque mort est aussi un appel pour nous, à changer notre vie. Car nous savons que nous tous, nous mourrons, et que nous serons jugés. Savons-nous réfléchir à la façon dont nous vivons, quand il y a un deuil autour de nous, que ce soit par le coronavirus ou une autre mort ? Comment changer de vie ? Comment aider nos frères et nos sœurs, à changer leurs pensées, leur cœur, et leur comportement ? Comment lutter contre cette pandémie. Changer de vie, c’est aussi prendre toutes les précautions qu’on nous demande de prendre : la distance entre nous, se laver les mains, porter un masque….

B 2 : L’aveugle de naissance (Jean 9,1-41) :

« Jésus sort du Temple. Il voit sur son passage un homme, qui est aveugle depuis sa naissance. Ses apôtres lui demandent : « Maître, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? ». Jésus répond : « Ni lui, ni ses parents. Mais c’est pour que l’action de Dieu se montre en lui. Nous devons faire le travail de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour. Mais déjà la nuit arrive, et personne ne pourra plus travailler. Tant que je suis dans le monde, Je suis la Lumière du monde ». Quand Il a dit cela, Il crache sur le sol. Il fait de la boue, qu’Il met sur les yeux de l’aveugle. Puis Il dit : « Va te laver à la piscine de Siloé ». Ce nom veut dire : envoyer. L’aveugle y va, il se lave et quand il revient, il voit.

- Jésus nous demande de changer nos pensées, par cet Evangile. En effet trop souvent, quand quelqu’un est malade ou infirme, nous demandons : pourquoi est-il malade ? Qui a envoyé ce malheur sur lui ? Car lorsqu’il y a la maladie, et encore plus la mort, nous cherchons toujours des responsables. Les apôtres avaient les mêmes idées que nous. Quand ils voient cet aveugle, ils demandent : qui a péché, pour qu’il soit aveugle ? Est-ce que c’est lui, ou est-ce que ce sont ses parents ? Jésus est clair (n° 3) : « Il est aveugle, ni à cause de ses péchés, ni à cause de ses parents. Il est aveugle, pour que les actions que Dieu va faire sur lui, soient connues de tous…. Pendant qu’il fait jour, nous devons faire les actions de la lumière. Car la nuit arrive. Et dans la nuit, personne ne peut travailler. » Donc, nous ne devons jamis stigmatiser un malade : qu’il soit malade du coronavirus, du Sida, d’Ebola ou d’autre chose.

Jésus nous demande de laisser toutes ces affaires de sorcellerie, de maraboutage, d’accusations et de malédiction : toutes les choses que font les hommes de la nuit. D’abord, ne pas le faire nous-mêmes. Ne jamais vouloir faire du mal aux autres, ni par sorcellerie, ni autrement. Mais ne pas accuser non plus les autres d’être sorcier, d’avoir marabouté les gens, ou même de leur avoir posé des problèmes. Jésus a parlé très clairement à ce sujet. « Tout homme qui se met en colère contre son frère, on l’amènera au tribunal. Même si tu accuses ton frère seulement d’imbécile, ou de fou, tu mérites d’aller dans le feu de l’enfer » (Mat 5,22). Mais traiter ton frère ou ta sœur de sorcier, c’est encore plus grave. Et pour que nous comprenions bien, Jésus ajoute : « Ne jugez pas les autres, pour que Dieu ne vous juge pas » (Mat 7,1). Déjà Dieu a donné ce commandement à Moïse : « Tu ne feras pas de faux témoignage » (Ex 20,16-Mat 19,18). Quand tu dis de quelqu’un : « C’est un sorcier », est-ce que tu es sûr que c’est vrai ? Même si tu crois à la sorcellerie, quand tu dis : « C’est lui qui m’a maudit, c’est lui qui a marabouté mon frère », est-ce que tu es sûr que c’est bien lui ? C’est le devin, le marabout, le féticheur ou le charlatan qui l’a dit ! Mais est-ce que tu es sûr qu’il ne se trompe pas ? Et qu’il ne te trompe pas ? Une seule chose est sûre : c’est que ces accusations divisent nos familles, et elles entraînent trop de problèmes dans la société. Elles sont directement contre l’amour de nos frères, que Jésus nous demande. Il faut donc les laisser à tout prix. Lorsque le mal, la souffrance, la maladie ou la mort nous frappe, c’est la gloire de Dieu que nous devons chercher.

Jésus dit à ses disciples : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. » Ce sont des paroles mystérieuses, que nous avons de la peine à comprendre. Nous ne comprenons pas non plus le coronavirus. Mais nous sommes sûrs de la bonté de Dieu. Nous mettons en Lui notre confiance et notre espoir.

-Jésus disait : » Je vous le dis, à vous mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre. Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? Or pas un seul n’est oublié au regard de Dieu. À plus forte raison les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus qu’une multitude de moineaux. (Mat 10,30).

Jésus nous dit : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, ils ne peuvent rien faire de plus ». La majorité des malades du coronavirus soignés à l’hôpital sortent et guérissent. Malheureusement, certains des malades meurent. Cet évangile nous appelle à soutenir les malades le mieux possible, et à les encourager dans leurs souffrances ; à prendre soin de leur corps, mais aussi de leur cœur et de leur âme. Et de les aider à vivre leurs souffrances et leurs maladies dans la foi, dans la paix et aussi la confiance. Le Seigneur nous demande de dire nous aussi, aux malades : « Soyez sans crainte », faites confiance au Seigneur, vous êtes dans ses mains. Priez comme Jésus nous a dit : « Père, que ta volonté soit faite ». Jésus dit à chacun des malades : « Même les cheveux de votre tête sont tous comptés ». C’est à nous de les aider à vivre leurs maladies, avec espérance et dans la paix, comme Jésus a apporté force et courage aux malades. Peut-être qu’ils ne guériront pas. Mais qu’au moins par nos paroles, et surtout par notre amour, et le témoignage de notre vie, ils puissent savoir que le Seigneur est avec eux. Pour garder confiance dans le Seigneur, et vivre leur maladie dans la paix. Jusqu’au moment de la mort s’il le faut.

C’est vrai que nous ne pouvons pas visiter ceux qui sont isolés en quarantaine (quatorzaine) et encore moins ceux qui sont en réanimation. Et nous ne sommes pas médecins, nous ne pouvons pas soignés les malades du coronavirus. Mais nous ne devons pas oublier tous les autres malades. Le paludisme continue à tuer plus de gens que le coronavirus, surtout les enfants. Nous pouvons beaucoup soutenir ces malades et aider leurs familles.

B 3 -Jésus dit encore :

« Ce sera dans les jours du Fils de l’homme, comme cela s’est passé dans les jours de Noé, On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et où arriva le déluge qui les fit tous périr.  Il en était de même dans les jours de Loth : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais le jour où Loth sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel, qui les fit tous mourir ; cela se passera de la même manière le jour où le Fils de l’homme reviendra… Rappelez-vous la femme de Loth. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvera. Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront ensemble en train de piler du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. » Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent : « Où donc, Seigneur ? » Il leur répondit : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »

N’est-ce pas ce qui se passe aujourd’hui ? La venue du coronavirus n’est-ce pas un nouveau déluge ? N’est-ce pas une pluie de feu. Jésus nous dit : « Celui qui cherche à conserver sa vie la perdra. Celui qui la perdra la sauvera ». Qu’est-ce que cela veut dire, pour nous qui cherchons à accompagner les malades ? Certainement que plusieurs fois on nous a dit : « qu’est-ce que tu vas faire là-bas, tu perds ton temps. Il faut profiter de la vie ». Si je donne de l’argent pour les soins ou de la nourriture que j’ai, à celui qui a faim ou qui a des besoins, bien sûr je le perds : je perds l’argent, je perds la nourriture. Mais je gagne beaucoup plus. Je gagne d’abord la paix et la joie dans mon cœur. Je gagne l’amour qui grandit en moi. Et je gagne le bonheur que j’apporte aux autres. Même s’ils ne peuvent pas me remercier, et encore moins me le rendre. Un proverbe dit : « celui qui donne aux pauvres, il prête à Dieu ». Nous voulons donc « perdre » notre temps et nos forces, pour aider les malades. Bien sûr, nous ne pouvons pas soigner les malades. C’est le travail des médecins, et ils doivent prendre beaucoup de précautions. Mais nos pour les accueillir et les soutenir quand ils sont sortis, mais encore faibles. Nous pouvons aider leur famille et prendre en charge leurs enfants.

Cette parole s’adresse aussi aux malades dans un sens beaucoup plus fort. Nous faisons tout pour les aider dans la maladie. Nous prions pour eux. Les agents de santé cherchent à les sauver le mieux possible. Mais malheureusement certains vont perdent leur vie à l’hôpital. C’est aussi cela la responsabilité des soignants : pas seulement d’accompagner les malades, mais de préparer aussi ceux qui sont gravement malades à aller rencontrer le Seigneur. Pas par des discours et de grandes paroles, mais d’abord par leur amitié et leur présence silencieuse mais pleine d’amour. Alors, les malades pourront croire que Dieu les attend. Que le Seigneur bénisse tout ce qu’ils font dans les hôpitaux !

C. Vivre notre foi.

Saint Augustin disait : » Dieu est totalement bon. S’Il permet à un mal d’arriver, c’est pour faire sortir du bien de ce mal ». Au lieu de vivre dans la peur, cherchons à voir les bonnes choses que les gens font autour de nous, à cause du coronavirus. Disons merci à Dieu pour le courage des médecins et des agents de santé, pour le travail des pompiers et des policiers, l’intelligence et la débrouillardise des travailleurs, l’amour des mamans, les efforts pour se protéger de la maladie, et la prière personnelle et en famille.

En pleine tempête, Jésus dormait dans la barque (Mat 8,23-27). Comment cela est-il possible ? C’est parce que Jésus faisait confiance à ses disciples. Il savait que c’étaient des bons marins. Pendant cette pandémie du coronavirus, beaucoup de gens prient Dieu en Lui disant : « Seigneur, pourquoi dors-tu ? Réveille-toi et viens nous sauver ». Mais Dieu nous a donné les moyens de lutter contre cette tempête du coronavirus : les plantes, les médicaments, les vaccins…et toutes les précautions et protections à prendre. A nous de lutter contre ce mal. Et quand le moment sera venu, le Seigneur se lèvera pour apaiser cette tempête. Dès le début du monde, Dieu a béni les hommes et leur a dit : » Remplissez la terre et soumettez-la » (Gen 1,28).

-Pendant tout ce temps du coronavirus, nos églises comme les mosquées ont été fermées. Nous ne pouvions pas nous retrouver ensemble, pour prier et nous soutenir dans la foi, alors que c’est très important. Le pape François chaque matin nous donnait une intention de prière, dans sa messe à la télévision. Et il prenait un temps de communion spirituelle, c’est-à-dire de prière pour dire au Seigneur que nous l’aimons, même si nous ne pouvons pas recevoir la communion. Cette communion spirituelle est à garder et à faire grandir, dans nos cœurs et dans nos vies, même quand nous pourrons nous retrouver ensemble à la messe, et communier tous ensemble. Comme nous ne pouvions pas venir à la messe, ni même nous retrouver dans nos groupes, nos mouvements et nos CEB, on nous a demandé de prier en famille, là où nous vivons. Beaucoup de familles l’ont fait. Est-ce que nous allons continuer à le faire ? Avons-nous compris l’importance de faire vivre nos familles chrétiennes dans la foi ?

Beaucoup ont aussi lu la Parole de Dieu personnellement, en particulier les lectures de la messe de chaque jour. D’autres ont écouté les commentaires d’Evangile à la radio. Est-ce que nous allons continuer ? Pour mieux comprendre cette Parole de Dieu, est-ce que nous allons chercher à nous former dans la foi ?

-Il y a quand même une question. Quelqu’un disait : « J’ai assisté à la messe à la télévision ». Regarder la célébration d’une messe à la télévision, c’est très bien. C’est une prière. Mais ce n’est pas participer à l’eucharistie. Quand les églises seront à nouveau ouvertes, ce sera important de nous retrouver ensemble en communauté pour célébrer. Pas seulement pour recevoir la communion, mais pour offrir le sacrifice de Jésus qui sauve le monde, en étant présent physiquement, pas seulement en pensées. C’est bien pour cela que, même quand les églises étaient fermées, les prêtres ont continué à célébrer l’eucharistie « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». C’est aussi pour cela qu’on ne peut pas se confesser sur skype ou au téléphone. Il faut que nous soyons présents physiquement avec Jésus Christ, par l’intermédiaire du prêtre qui nous pardonne au nom du Christ.

Pendant tout ce temps, nous n’avons pas eu de messe ni de communion, le dimanche. Mais pensons-nous que dans les villages, les chrétiens n’ont pas la messe tous les dimanches ? Et pourtant, ils se retrouvent en communauté et prient ensemble. Ils vivent leur foi. C’est un grand exemple qu’ils nous donnent. Il faut les encourager à continuer. En même temps, cela nous montre l’importance du prêtre. Ces dimanches sans messe nous appellent à travailler davantage pour les vocations Et nous demander personnellement : est-ce le Seigneur ne nous appelle pas à être prêtre ou religieux/religieuse ?

A partir de ce que nous avons vécu, est-ce que nous allons rendre plus forte, plus adaptée et nouvelle notre foi et notre vie de prière ? Ou bien allons-nous simplement retourner aux façons anciennes de prier et de vivre ? Et quand nous pourrons à nouveau participer à l’eucharistie (la messe) et communier au corps de Jésus, n’oublions pas que la communion, ce n’est pas un cadeau ni une récompense. C’est un engagement. D’abord pour vivre toute notre vie avec Jésus-Christ et construire le Royaume de Dieu. Et pour aimer nos frères et nos sœurs, pour mettre la communion entre tous les hommes

-Le jour de la Pentecôte, les apôtres étaient enfermés et vivaient dans la peur. Le Saint Esprit est descendu sur eux, sous forme de feu. Ils sont sortis pour annoncer avec courage (avec flamme), la vie nouvelle apportée sur la terre par Jésus Christ, une santé nouvelle du corps, de l’esprit et du cœur. Une santé « de toute la personne et de toutes les personnes ». Une vie ensemble dans la fraternité. Et des hommes de tous pays et de toutes langues ont répondu à leur appel et les ont suivis.

Nos églises étaient fermées et pourtant nous avons fêté le Saint Esprit, en trouvant des nouveaux moyens pour cela. Cela nous montre que nous devons vivre notre vie chrétienne, pas seulement dans l’église, mais dans toute notre vie, en participant à la vie de la société. En union avec ce que vivent les autres hommes du pays. Nous croyons en Jésus Christ, Fils de Dieu, qui s’est fait homme et a partagé toute notre vie : la vie de famille, le travail, la santé, l’éducation, la joie et la paix, jusqu’à l’amour du pays : Il a pleuré sur la ville de Jérusalem

Pendant tout ce temps, nous avons pris la responsabilité de notre vie chrétienne, et aussi celle de ceux avec qui nous vivons. Quand les églises seront rouvertes, nous serons heureux de retrouver nos prêtres, de vivre et d’agir avec eux. Mais, est-ce qu’en même temps nous allons continuer à prendre nos responsabilités et être des chrétiens adultes ? Ou bien retourner à vivre comme des enfants qui attendent que les prêtres dirigent toutes les prières, et toutes les activités paroissiales. Cette crise est un appel à prendre nos responsabilités de laïcs et nous engager davantage dans l’Eglise, dans nos CEB (communautés chrétiennes de base dans les quartiers et les villages) et nos mouvements. Est-ce que nous y participons ? Que font nos différents groupements et mouvements pour l’évangélisation ? Est-ce que nos CEB sont vivantes ? Que fait la Caritas dans notre paroisse pour accueillir et organiser les plus pauvres, et lancer des petits projets de développement (GIE, AGR….) maintenant qu’elle va être ouverte à nouveau ? Y a-t-il une commission Justice et Paix dans la joie et la paix du Christ. Nous chercherons à partager cette joie, la vraie joie du Seigneur, avec ceux avec qui nous vivons. Comme le dit le psaume : « Quelle joie quand on m’a dit : allons vers la maison du Seigneur ». Et rien ne nous empêche d’aller prier personnellement dans notre église paroissiale. Pas seulement pour prier nous-mêmes, mais en priant au nom de toute notre communauté, et pour tous ceux qui sont dans le besoin.

-Cette arrivée du coronavirus et la suite de la maladie se sont passées pendant le carême, puis le ramadan. N’est-ce pas un appel à travailler ensemble, chrétiens et musulmans, pour construire la société ? Leurs mosquées ont été fermées en même temps que nos églises. On nous demande de nous laver les mains. Comme aux chrétiens, Dieu demande la pureté et aussi la propreté aux musulmans, dans leur religion : « Dieu veut vous purifier et faire descendre sur vous ses bienfaits. Peut-être serez-vous reconnaissants ». Et certaines études disent que les ablutions protègent aussi du coronavirus.

Comme nous, nos amis musulmans affirment que « Dieu est le compatissant et le miséricordieux ». Dans nos deux religions, on nous demande d’avoir la foi en Dieu, de Le prier, et d’aimer notre prochain, spécialement les plus pauvres (l’aumône). N’est-ce pas un appel très fort à agir ensemble pour construire notre société, en nous complétant mutuellement, même si nous ne suivons pas le même chemin pour aller vers Dieu ?

On nous demande de garder une distance physique entre nous. Ce n’est pas un appel à nous séparer, mais au contraire à être plus près d’esprit et de cœur, pour pouvoir nous appuyer les uns sur les autres.

D) La prière :

Est-ce qu’il suffit de prier pour être protégé du coronavirus, ou pour guérir si on a attrapé la maladie ? Dieu nous a donné aussi une intelligence et des plantes pour fabriquer des médicaments. A nous de les utiliser comme Dieu le veut ! Respectons les précautions qu’on nous demande de prendre et soutenons les agents de santé.

Une affirmation souvent entendue : « ces sortes de graves épidémies ne peuvent être guéries que par des prières et des aumônes ». Bien sûr, la première chose c’est de prier. Et notre Pape François, depuis l’arrivée de la maladie au début de chaque messe, il nous demande de prier pour l’une ou l’autre personne touchée par la maladie : les malades, leurs familles, les médecins, etc. Il a fait lui-même à Rome un pèlerinage auprès d’une Croix miraculeuse qui avait sauvé et protégé la ville de Rome autrefois, au cours d’une grave épidémie. Il nous a proposé de prier Marie notre Mère. Il nous a proposé des prières pour cela, spécialement en ce mois de mai qui est consacré spécialement à Marie.

Les soins :

Il est donc important de prier. Mais cela ne veut pas dire que dès que nous prions, nous serons guéris. Ou que nous serons protégés de la maladie. Jésus est clair. Dans la prière qu’il nous a enseignée, nous disons : « Père, que Ta Volonté soit faite. Que Ton Règne vienne sur la terre comme au ciel. Que ta Volonté soit faite ! Nous sommes prêts à accepter la Volonté de Dieu même si c’est la maladie, même si nous sommes atteints du coronavirus, nous voulons vivre cette maladie dans la foi et la confiance en Dieu. Et pour nous qui ne sommes pas malades, nous voulons lutter contre cette maladie, pour que le Règne de Dieu grandisse autour de nous, et non pas la mort. En faisant tout ce que nous pouvons pour lutter contre cette maladie, avec les moyens que Dieu lui-même nous donne. Les anciens nous ont déjà donné ces proverbes : « Yala, Yala bey sa tool : Il ne suffit pas de prier : Mon Dieu, mon Dieu. Cultive ton champ ». Un autre proverbe dit : » Ndimbali, na ca fèkk loxöl borom : si tu veux qu’on t’aide, il faut qu’on te trouve au travail ». Les anciens disaient : « Dieu est bon, mais Il ne donne rien à celui qui reste couché ». Et aussi : » si tu veux qu’on te mette le canari sur la tête, commence par le mettre sur ton genou ». Il faut agir, faire tout ce que tu peux. Saint Ignace de Loyola disait : « Il faut prier comme si tout dépendait de Dieu. Et agir comme si tout dépendait de nous ». Et Dieu nous a donné des moyens pour cela.

Les moyens ce sont bien sûr les médicaments et les soins à l’hôpital. C’est Dieu qui nous a donné l’intelligence. Et Il continue à la donner aux médecins, pour qu’ils soignent malades. C’est Dieu qui nous a donné les plantes et les autres produits, à partir desquels nous fabriquons les médicaments. Et c’est Dieu qui nous demande de mettre en œuvre notre intelligence, pour fabriquer des vaccins, pour nous protéger de la maladie. Et pour chercher des nouveaux médicaments.

III – Que faire concrètement maintenant ?

C’est à chacun d’y réfléchir personnellement, sérieusement et dans la prière. Et ensuite d’en parler en famille, entre amis, et dans nos CEB et nos différents groupes et organisations. Voici simplement quelques réflexions. Comme nous l’avons expliqué nos responsables sont pris entre deux feux : protéger la population de la maladie d’une côté. Et de l’autre côté, maintenir l’économie du pays pour permettre aux gens de travailler pour gagner de quoi vivre. Nous respectons ce choix pour le bien de tous, car dans le pays nous dépendons les uns des autres. Nous acceptons donc ce qu’on nous demande, en sachant que cela peut changer, car la maladie avance et les situations se transforment : se laver les mains, porter un masque, se tenir à distance et donc ne pas serrer les mains, éviter les grands rassemblements, respecter le couvre-feu, etc…

Cette réflexion a été menée en ville. Dans les villages, il faut s’adapter et voir ce qui est nécessaire, et adapté aux conditions de vie réelles. Mais dans tous les cas, il est important de garder confiance, de dépasser la peur, et de ne pas craindre ni accuser (stigmatiser) les autres, pour pouvoir vivre ensemble dans la paix.

Pour chacun de ces points, au niveau de la foi chrétienne, ce sera important de nous demander ce que nous dit concrètement la parole de Dieu : en quoi elle nous éclaire, et à quoi elle nous appelle ? Rappelons-nous ici seulement ces paroles de Jésus : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde (Mat 5,12-15), vous êtes la levure dans la pâte (Mat 13,33) ».

Avec tous les problèmes que nous a apportés la covid19, qui nous a affaibli et appauvri, il nous faut choisir et ce que nous voulons en premier ; pour nous-mêmes, nos communautés, notre Eglise et notre pays. Cette pandémie doit nous faire réfléchir à la façon dont nous avons construit le pays, et ce qu’il faut faire maintenant. Nous avons oublié nos cultures et abandonné nos valeurs, que nous avaient laissées nos ancêtres. Nous sommes entrés sans réfléchir dans la mondialisation, une nouvelle colonisation. Nous avons participé à une société bâtie sur l’argent et le profit, sur l’individualisme (l’égoïsme), la force (la violence) et le pouvoir. Où les riches deviennent de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres. Le virus est venu casser tout cela. Face à lui, nous sommes tous faibles et égaux. Allons-nous y réfléchir sérieusement et construire une société nouvelle, où chacun aura sa place et sera respecté ? C’est la responsabilité de nos dirigeants, les présidents, les ministres et les maires. Mais ils ne changeront pas, si nous ne les obligeons pas à changer. Cela dépend de chacun de nous. Que pouvons-nous faire à notre niveau ? » Il nous faut réparer les liens qui se sont brisés, grandir dans la solidarité et prendre soin les uns des autres dans la fraternité. »

Le 1° cas au Sénégal a été importé : un étranger qui a ramené le coronavirus de chez lui. Mais il s’est conduit d’une manière responsable. Il s’est tout de suite signalé, et a fait mettre sa famille en quarantaine. C’est cela qui a permis de mettre aussitôt en place des précautions et des moyens de lutte. En profitant de l’expérience de la lutte contre Ebola, où le personnel de santé et les responsables du pays s’étaient engagés avec beaucoup de sérieux. C’est ce sérieux et cette responsabilité que nous devons tous avoir. Pas seulement par rapport au coronavirus, dans toute notre vie dans la société. Mais il y a encore des gens qui refusent de prendre les précautions demandées. Certains disent même que la maladie n’existe pas. Ils sont un danger pour toute la société.

Changer notre vie : A cause du coronavirus, nous pouvons moins bien travailler, nous avons moins d’argent, nous sommes obligés de vivre d’une façon plus simple. Déjà le pape François dans sa lettre « LOUE SOIS-TU » (Laudato si), nous demandait de vivre d’une façon plus simple, de ne pas épuiser les richesses de la terre, de ne pas la fatiguer jusqu’à la rendre malade et jusqu’à la tuer. Nous sommes obligés de vivre plus simplement pendant ce temps du coronavirus. Est-ce que nous allons en comprendre l’importance, et continuer par la suite à changer notre vie, pour penser davantage aux pauvres et à ceux qui qui sont autour de nous. Ou bien, dès que la maladie aura disparu ou sera vaincue, est-ce que nous allons recommencer à vivre comme autrefois : sans penser à l’avenir, en dépensant sans raison, en gaspillant ce que nous avons, et en cherchant à avoir toujours davantage et toujours plus ? La pandémie n’aura servi à rien, si après elle, nous ne changeons pas notre vie, pour construire un monde nouveau. Comme le dit Pierre : « Ce que nous espérons, selon la promesse-même de Dieu, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle, où la justice habitera » (2° Pi 3,13). A nous de construire cette terre, tous ensemble.

Cette pandémie nous apprend aussi la patience et la confiance. Au début, tout le monde acceptait les gestes de protection. Et aussi que les églises et les mosquées soient fermées, et que les transports soient limités. Mais peu à peu, les gens se sont énervés. D’abord les jeunes n’ont plus respecté le couvre-feu. Puis les gens ont manifesté pour l’ouverture des mosquées. Ensuite, les transporteurs ont brûlé des pneus sur les routes et cassé du matériel. Alors le gouvernement a été obligé de lever les interdictions. Alors que c’était dangereux, car les cas de maladies continuaient d’augmenter. Les anciens disaient : » on ne tire pas sur la banane pour la faire pousser plus vite ». et « On ne peut pas forcer l’escargot à se coller de force sur l’arbre ».

En famille : Le coronavirus a entraîné beaucoup de problèmes. Et même des divorces. D’abord entre mari et femme. Quand le mari travaille à l’extérieur, la femme est occupée de son côté. Ils ne se retrouvent que le soir. Ils sont heureux de se retrouver. Mais si le mari se retrouve au chômage, il est toute la journée à la maison « sur le dos de sa femme ». Il voit tout ce qu’elle fait, et si ça ne lui plaît pas, les disputes commencent. De même quand la femme ne travaille plus au dehors, surtout s’il y a plusieurs femmes, facilement ce sont les bagarres entre elles, ou à cause des enfants. Parce qu’ils n’ont pas appris à se supporter et à s’accepter avec leurs différences. Un proverbe dit : »L’oisiveté (rester sans rien faire) est la mère de tous les vices ». Quand on n’a rien à faire, on pense mal, et on agit mal. Il faut apprendre à s’occuper utilement.

Il y a aussi des problèmes, à cause de l’argent. Beaucoup de femmes gagnent la dépense pour nourrir la famille en allant vendre au marché. Mais les marchés ont été fermés. Et quand la femme demande de l’argent au mari, surtout si celui-ci ne travaille plus, il se sent humilié et ne peut pas aider sa femme. Alors ce sont les reproches des deux côtés.

A cause du coronavirus, nous sommes plus pauvres, nous avons des problèmes d’argent. C’est important de nous asseoir ensemble, mari et femme avec nos enfants, pour nous mettre d’accord et voir comment mieux utiliser le peu d’argent que nous avons.

Le coronavirus nous demande de nous asseoir en famille, tous ensemble parents et enfants, pour voir comment organiser notre vie dans ces nouvelles conditions, dans l’entente et la paix. Et surtout nous parler entre mari et femme : que le mari ne cherche pas à toujours commander sa femme, et qu’il la laisse libre d’organiser sa vie le mieux possible, comme elle le pense. Et que la femme cherche à comprendre son mari et à lui expliquer ce qu’elle pense. Le coronavirus nous appelle à nous parler en vérité, dans la paix, à nous supporter, et à nous pardonner quand c’est nécessaire. Et à tout faire pour éviter les violences conjugales et familiales.

Ceux qui sont morts du coronavirus, ce sont surtout les personnes âgées. Nous devons tout faire pour continuer à les aimer et à les protéger, pour qu’ils puissent finir leur vie dans la paix.

Dans le quartier et la société : Le coronavirus nous a séparés. Nous ne pouvons plus nous retrouver dans nos communautés, ni dans les autres groupes. Nous ne pouvons plus travailler ni continuer nos activités comme avant. Nous nous demandons : Quelles en sont les conséquences pour les plus pauvres ? Que pouvons-nous faire avec nos petits moyens pour les aider ? A quels changements de comportements et quelles nouvelles attitudes cela nous appelle-t-il ?

Et dès que nous pourrons reprendre nos relations, retrouvons nos amis, et profitons de la liberté qu’on nous donnera pour créer de nouvelles relations, commencer des nouvelles activités et avoir de nouveaux amis. Les activités sociales dans les quartiers redémarreront. Allons-nous nous engager avec les ASC, les ONG et les autres associations et organisations, ou rester seulement entre chrétiens ?

Pendant la pandémie, nous sommes tous à égalité. Les frontières sont fermées pour tout le monde. Nous devons tous prendre les mêmes précautions : nous laver les mains, porter un masque, pour nous déplacer. Il faut garder le plus possible l’égalité de tous les citoyens, et le respect de tous. Pour nous chrétiens, c’est un appel à mieux partager la vie, » les problèmes et les souffrances, mais aussi les joies et les espoirs de tous les hommes » comme nous l’a demandé le concile Vatican 2 : Connaître les difficultés de ceux qui nous entourent, chercher à les soulager et agir tous ensemble : La fraternité avec ceux avec qui nous vivons, et la fraternité avec le monde entier, dans notre maison commune.

Nous luttons contre le coronavirus. Luttons aussi contre les autres virus qui attaquent notre société : le virus de la haine, de la méchanceté et de la jalousie, le virus de l’égoïsme et de l’individualisme, le virus de la soif de l’argent et des plaisirs mauvais, le virus de la drogue et de l’alcool, le virus de la sexualité sans amour et tous les autres. Le coronavirus nous appelle à changer notre vie et notre société pour une vraie santé, pas seulement la santé du corps, mais une santé morale. En nous conseillant et en nous soutenant les uns les autres. Comme le dit ce proverbe ouolof : »Nit, nit, ay garabam ! » (l’homme est le remède de l’homme).

Plus que la covid19, la maladie contre laquelle nous devons lutter tous ensemble et avec force, c’est la pandémie de la pauvreté. Qui dure et grandit de plus en plus. Et qui fait beaucoup plus de morts et de malheureux.

Il ne faudrait pas que, quand cette pandémie sera finie, nous recommencions à vivre comme avant. Qu’allons-nous changer dans notre vie chrétienne, et dans notre vie avec les autres ? Cette pandémie est un appel très fort à changer notre société. Dans le même pays, il y a les riches et les pauvres, les forts et les faibles, ceux qui ont des diplômes et ceux qui n’ont pas pu aller à l’école. Et souvent les grands écrasent et profitent des petits. Mais devant le coronavirus, tous les hommes ont été égaux. Tous ont été atteints. Il n’a pas fait de différence. N’est-ce pas un appel à bâtir une société où il y aura moins d’inégalités, moins d’injustices et plus de démocratie et de respect des droits de l’homme ? « La crise est une bonne occasion pour sortir de soi-même et de rencontrer l’autre. »

Nous avons admiré le courage des médecins et des infirmiers, la Croix Rouge, les pompiers et les policiers. Mais aussi des femmes qui nettoient les salles et des bénévoles qui ont continué à faire marcher les hôpitaux et les autres services. Sans ces petits métiers, rien n’aurait pu marcher. Nous félicitons ceux qui ont distribué la nourriture et l’argent, sans la détourner. Nous avons vu le courage de ceux qui travaillent dans les rues et les marchés. C’est eux qui ont soutenu et fait vivre, pas seulement leur famille mais toute la société. Il faudra continuer à les admirer et à les soutenir. Il nous faut apprendre à voir les bonnes choses que font les gens autour de nous.

Pendant tout ce temps de limitation, nous avons vécu sous le régime de l’état d’urgence. Certains se sont plaints que c’était un manque de respect de notre liberté. Mais il ne suffit pas de lever l’état d’urgence au niveau du pays, il s’agit pour chaque citoyen de réfléchir à la façon dont il vit, et de respecter la liberté des autres. Surtout celle des plus faibles et de ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre.

Le respect de notre univers, notre maison commune (l’écologie) :

« Il faut sauver la santé des hommes, en sauvant la nature ! ». L’arrivée de cette pandémie nous demande de nous interroger sur la façon dont nous respectons la création que Dieu nous a donnée. Nous avons compris maintenant que nous devons respecter et protéger notre terre. Mais très souvent nous la cassons, nous la salissons, nous la polluons, nous la tuons. Nos machines et nos gaz réchauffent l’atmosphère. Ils attaquent la couche d’ozone qui nous protège des rayons ultra-violets du soleil. Ils font avancer le désert et entraînent des inondations, des sécheresses, des tornades. Et beaucoup de catastrophes naturelles qui deviennent de plus en plus nombreuses. Sans parler de tous les autres phénomènes. Cela entraîne obligatoirement des problèmes de santé et des maladies.

Nous vivons sur la même terre avec les animaux. Cette pandémie de la Covid19 nous montre que notre santé est liée à celle des animaux, au milieu desquels nous vivons. Pas seulement les animaux sauvages, mais aussi les chiens et les chats (qui donnent la rage), les vaches (la maladie de la vache folle), les porcs ou les poulets (la grippe). Autrefois, le bœuf a transmis à l’homme la variole ou encore la lèpre ; et le cheval, le tétanos.…Si nous voulons rester en bonne santé, il est donc très important de bien traiter les animaux, de les respecter, ne pas les faire souffrir, les élever dans des bonnes conditions d’hygiène. C’est pourquoi l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé des Nations Unies) a lancé un programme « One Health » (une santé en anglais) pour la santé ensemble des animaux et des hommes. Autrefois les animaux se déplaçaient librement dans les villages, et se nourrissaient d’une façon naturelle. Maintenant on enferme les poulets et on les nourrit avec des produits chimiques. Cela les rend malades, et ensuite ils nous donnent la maladie. La maladie de la vache folle est venue parce qu’on a nourrit les vaches avec du poisson. On pourrait donner beaucoup d’autres exemples.

On pense que ce manque de respect de la création est aussi la cause de l’apparition du coronavirus. En effet, beaucoup d’animaux portent des virus. Et actuellement, on ne respecte plus la nature : on abat les forêts en Afrique, en Amérique du sud et en Asie, pour cultiver de l’huile de palme ou du soja pour nourrir les animaux en Occident. A ce moment-là l’équilibre de la terre est cassé, et les virus portés par les animaux qui sont dérangés se répandent. On pense que ce coronavirus est venu de la chauve-souris pour atteindre l’homme en passant par le pangolin. C’est-à-dire par des contacts avec les animaux sauvages, que l’on a mangés sans précaution. Déjà le même problème s’est posé lors de l’apparition d’Ebola, à partir des singes que l’on mangeait.

Cela est vrai pour toutes les maladies : il faut respecter et protéger notre terre. Si nous laissons traîner nos ordures, cela va attirer des mouches, des vers et des animaux qui amènent des malades. Si nous laissons des eaux stagnantes (des mares d’eaux immobiles) cela va attirer les moustiques qui vont y pondre leurs œufs. Cela causera le paludisme, qui tue encore plus de gens que le coronavirus, surtout les bébés.

Cette venue du coronavirus doit vraiment nous faire réfléchir, pour respecter davantage la terre et les animaux. Et aussi le ciel, la mer et toute la création que Dieu nous a donnée. Beaucoup de gens ont faim et ont perdu leur travail, à cause du coronavirus. Mais si nous continuons à couper des arbres, sans en planter d’autres pour les remplacer, le soleil va brûler la terre, qui deviendra stérile et ne donnera plus de bonne récolte. Et il y aura moins de pluies, car ce sont les arbres qui font venir la pluie. Si nous continuons les feux de brousse, nous allons griller la terre, et on ne pourra plus la cultiver. Déjà, il n’y a plus de poissons dans la mer. C’est un manque grave de nourriture (protéines) qui entraîne la faiblesse et la maladie. Et aussi la pauvreté. Les pêcheurs ne peuvent plus gagner leur vie, ni les femmes qui transforment le poisson, ni les transporteurs, ni les commerçants. Et les sacs plastiques que nous jetons partout étouffent les animaux et les poissons dans la mer.

-Nous vivons sur une terre qui a été créée par Dieu. Mais elle n’est pas Dieu. Elle est donc limitée. Les souffrances et les maladies font partie de la vie sur terre. Et aussi les problèmes et les difficultés de toutes sortes : les tornades et les ouragans, les tremblements de terre, les tempêtes et les inondations. Mais il ne faut pas attendre que tout cela arrive. Dieu nous a donné l’intelligence. A nous de réfléchir et d’arrêter de casser notre terre. Arrêtons les produits qui attaquent la couche d’ozone qui protège la terre. Et aussi d’utiliser le pétrole, le charbon, les gaz à effet de serre et les produits chimiques qui réchauffent la terre et amènent toutes ces catastrophes. Et le carbone qui rend mauvais l’air que nous respirons. Dieu est à nos côtés, mais Il ne sauvera pas le monde à notre place. L’Esprit Saint de la Pentecôte nous donne sa lumière, sa confiance et sa force. Mais c’est à nous d’agir.

Actuellement, comme la circulation des voitures a été limitée, il y a beaucoup moins de pollution. Et aussi moins de saletés dans les rues. Allons-nous être capables de garder l’air pur et nos quartiers propres ? Comment allons-nous nous organiser pour cela ? Par exemple, on nous demande de garder les marchés et les magasins propres et de les laisser libres, pour les désinfecter chaque lundi. Et aussi d’aller acheter notre pain dans les boulangeries ou les kiosques, mais pas dans les boutiques, pour des raisons d’hygiène. Allons-nous le faire ? L’hivernage arrive. On a commencé à nettoyer les canaux d’évacuation des eaux de pluies. Allons-nous arrêter d’y jeter nos ordures ? Et quand va-t-on abandonner les sacs en plastique, qu’on a interdit ? Avons-nous mis des poubelles dans notre quartier ? Avons-nous planté au moins un arbre, si nous avons une cour ?

L’arrivée du coronavirus nous a posé la question des médicaments traditionnels.

A Madagascar on a fabriqué des tisanes qui protègeraient du coronavirus, avec l’artemisia. Nous connaissons déjà cette plante au Sénégal. On l’utilise contre le paludisme. Cette tisane est en train d’être analysée ici au Sénégal, car les plantes peuvent vraiment nous guérir. La médecine traditionnelle est très importante. Et d’ailleurs jusqu’à maintenant, beaucoup de gens se soignent par la médecine traditionnelle. D’abord parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter les médicaments modernes, qui coûtent très chers. Mais bien sûr, il faut d’abord s’assurer que ces médicaments sont des médicaments qui soignent vraiment. Et il se pose ensuite le problème de dosage et de conservation. Cela a au moins l’intérêt de nous rappeler que nous ne devons pas compter seulement sur la science, sur la technique et sur les connaissances qui nous viennent des pays occidentaux. Nous avons, nous aussi, une science et des connaissances traditionnelles qui nous viennent de Dieu, à travers nos ancêtres. Qu’il faut respecter et ne pas avoir peur d’utiliser.

S’il s’agit d’utiliser des plantes que Dieu nous a données pour nous soigner, c’est très bon. Mais souvent quand on va chez les guérisseurs traditionnels, ils nous demandent de chercher qui est le responsable de cette maladie, et qui a envoyé ce mal. C’est la porte ouverte aux malédictions, à la sorcellerie, aux accusations et à la division des familles. Il n’y a aucun problème à utiliser les plantes traditionnelles. Mais souvent on nous demande en même temps de faire des sacrifices aux ancêtres. Bien sûr nos ancêtres nous devons les respecter, et même les aimer. C’est le sens de la fête de la Toussaint. Et dans le « Je crois en Dieu », on nous dit que Jésus est descendu aux enfers après sa mort. Il est parti chercher les ancêtres qui ont bien vécu, pour les amener au ciel avec lui. Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il n’y a qu’un seul sacrifice qui nous sauve : c’est le sacrifice de Jésus que nous renouvelons au moment de la messe, et non pas les sacrifices traditionnels. C’est en Jésus que nous mettons notre foi, et non pas dans nos ancêtres. Nous avons confiance en Jésus. Nous n’avons peur ni du maraboutage, ni de la sorcellerie. C’est un appel très fort que cette pandémie nous adresse : de purifier notre foi et de vraiment croire en Jésus le seul Sauveur.

-Cette pandémie nous demande de penser aussi aux problèmes dans les services de santé. On a beaucoup parlé de manque de moyens, de matériel et de protections. Un gros effort a été fait. Il faut continuer, et bien entretenir et conserver ce matériel. On a félicité les médecins dans les hôpitaux, l’état leur a accordé une gratification, et on a bien fait. Mais il ne faut pas oublier les mamans qui nettoient les salles, les bénévoles qui souvent font le plus important du travail gratuitement : on ne les paye pas, et on ne les reconnait pas. Il s’agit de permettre à tous maintenant d’avoir un travail digne, de respecter les travailleurs, de leur donner une sécurité de travail, de les payer normalement avec un salaire juste. Et aussi de réfléchir à tous nos autres problèmes de santé après tout ce que nous avons vécu.

Le virus touche tout le monde, sans prévenir. Je me demande : Est-ce que je suis prêt à vivre cette maladie dans la foi, avec courage ? Est-ce que je suis prêt à mourir ?

Les problèmes économiques

Ce sont les pauvres qui souffrent le plus de la pollution et de la destruction de la terre. Il nous faut sauver à la fois la terre et les pauvres. « Ecouter le cri de la terre et les cris des pauvres » comme nous l’a demandé le pape François pour la semaine du 5° anniversaire de « Laudato Si ! », qui est suivie maintenant de cinq années d’action. Car « tout est lié ». C’est important de nous renseigner et d’agir. On nous a demandé de protéger surtout les personnes âgées, les personnes à risque et plus vulnérables, et certains malades, par exemple ceux qui ont le diabète. Soyons attentifs à toutes ces personnes, aidons-les et soutenons-les.

A cause du coronavirus, beaucoup de gens ne peuvent plus travailler. Donc il faut leur donner de la nourriture et des moyens de vivre. Pour cela, nos dirigeants ont demandé à ce qu’on supprime notre dette, ou au moins qu’on retarde le remboursement de cette dette pour cette année, et peut-être pour les années suivantes. Supprimer le remboursement, cela a déjà été fait plusieurs fois dans le passé. Et au bout de 4 ou 5 ans, on se retrouve à nouveau avec des dettes importantes. Alors, on demande à nouveau une annulation de dettes. Et ainsi, on devient de plus en plus dépendant des pays étrangers, et ces pays vont nous faire de moins en moins confiance. Dans un cas comme la pandémie, il y a une raison valable : on peut demander l’annulation de la dette. Mais à condition de changer notre façon de faire vivre le pays : que d’abord nous les citoyens, nous payions davantage les taxes et les impôts qu’on nous demande. Car c’est cela qui fait vivre le pays. Ensuite que nous cherchions à produire nous-mêmes notre nourriture, au lieu de la faire venir de l’extérieur. En particulier le riz que nous mangeons en grande quantité, mais que nous n’arrivons pas à cultiver suffisamment. Cela augmente sans arrêt nos dettes. Il faudrait aussi transformer nous-mêmes nos minerais et nos richesses naturelles, comme le pétrole et le gaz que l’on vient de découvrir. Au lieu de les exporter brut sans aucune transformation, et donc sans bénéfices. Cela demande aussi que nous luttions davantage pour la justice pour tous, au lieu que chacun ne pense seulement qu’à son intérêt personnel. C’est nécessaire pour que les pays développés qui possèdent la technique et qui ont les moyens arrêtent de nous exploiter. Commençons par nous-mêmes ! Cela demande que nos propres dirigeants et nous tous, les citoyens, nous arrêtions la corruption. Car c’est grâce à la corruption que les pays étrangers peuvent nous exploiter, et s’enrichir sur notre dos.

L’arrivée du coronavirus demande donc davantage de sérieux et de responsabilités dans les questions économiques. Pas seulement pour chercher de vraies solutions aux dettes qui se renouvellent sans arrêt, mais pour construire un vrai développement, pour un pays de « justice, de paix et de respect de la Création ». C’est le nom de la commission que le pape Jean Paul 2 nous a demandé de mettre en place dans chaque paroisse, suite au concile Vatican 2, mais qui n’existe presque nulle part.

A l’occasion de cette pandémie, beaucoup de gens ont accepté de donner de l’argent pour le fond de solidarité. C’est une très bonne chose et un grand signe de solidarité. Mais là aussi on peut se poser un certain nombre de questions. D’abord, on a vu qu’il y a beaucoup d’argent, des millions et même des milliards, qui sont cachés dans le pays. On s’est aperçu que des personnes et des sociétés s’étaient enrichies d’une façon injuste, en exploitant les travailleurs. Le coronavirus a amené le gouvernement à prendre des décisions, comme par exemple l’interdiction de licencier les travailleurs qui sont au chômage partiel, et qui ne peuvent pas travailler pour le moment, à cause de la maladie. Tout cela ce sont des choses très importantes : penser aux pauvres, être solidaires, changer les lois du pays, en particulier les lois sur le travail et respecter des droits des travailleurs. Il faut vraiment que cette pandémie nous apprenne à changer la façon dont nous construisons notre société. Car il y a de plus en plus de gens qui deviennent pauvres, pendant que d’autres deviennent de plus en plus riches. Cela ce n’est pas normal, il faut que ça change. Et que le partage et la solidarité que nous avons su vivre pendant ce temps de souffrance, nous sachions continuer à le vivre ensuite.

C’est aussi l’occasion de réfléchir à la vie de nos entreprises, où beaucoup de travailleurs ne sont pas payés ou en tout cas mal payés. Penser aussi à tous les stagiaires que l’on fait travailler pendant des mois et même des années. On les renvoie ensuite, sans leur donner une place, pour prendre un nouveau stagiaire que l’on va exploiter à son tour.

Quand on a fermé les marchés, on a vu tout ce qui nous manquait. On a compris l’importance de l’informel qui fait vivre le pays. Et de tous ceux qui se débrouillent (les goorgoorlu) pour faire vivre leur famille au jour le jour. Est-ce que cela va nous apprendre à respecter les hommes et les femmes qui font des petits métiers et les apprentis. A cause de la pandémie, beaucoup se sont retrouvés au chômage. Allons-nous maintenant respecter davantage les chômeurs ? Et aussi les migrants et les étrangers venus parmi nous, qui n’ont pas les moyens de vivre. Que nous donnions des formations, et des moyens pour gagner leur vie par eux-mêmes. Mais aussi que nous les aidions à s’organiser.

Les media : Pendant ce temps de la pandémie nous avons su nous soutenir par les media, et rester en contact entre nous par les SMS, dans les groupes WhatsApp et par internet. C’est bon de continuer à le faire. Pas seulement pour envoyer des photos, ou des images saintes ou des prières. Mais aussi pour créer des liens, mieux nous connaître, échanger des idées et des conseils, et organiser des actions. Pour recréer et augmenter la vie sociale. Il y a eu beaucoup de fausses nouvelles (fake news) pendant tout ce temps. C’est très important de lutter contre ces fausses nouvelles, d’apprendre à dire la vérité et à lire les média. Pour ne pas croire ni dire n’importe quoi. Refusons les théories du complot qui voient des gens mauvais et des actions mauvaises partout. Ne voyons pas le mal partout. Jésus a sauvé le monde, le mal est vaincu. Gardons l’espérance, mais aussi la vérité. Les attaques et critiques systématiques contre les autorités et les chefs de service sont très inquiétantes. Cela amène un manque de vérité et de confiance dans le pays. Et aussi un manque de sérieux, de réflexion et d’intelligence. Certains disent n’importe quoi dans les média, pour le simple plaisir de se faire voir. Ils attaquent les autorités, mais ils sont incapables de reconnaître leurs propres responsabilités dans ce qui ne va pas dans le pays. Ils attendent que l’état fasse tout à leur place. Sommes-nous décidés à les conseiller, et à lutter contre cette mentalité ? Sommes-nous prêts à nous engager pour la vérité ?

Nous avons le temps d’écouter la radio et de regarder la télévision. Que regardons-nous ? Seulement les chanteurs et les théâtres ? Ou bien aussi les émissions éducatives et les informations sur ce qui se passe dans le monde ? Maintenant, il y a aussi des cours scolaires et des formations. Savons-nous en profiter ?

Nous avons porté des masques, pas seulement pour nous protéger, mais surtout pour ne pas risquer de donner la maladie aux autres. Est-ce que cela nous a aidés à penser davantage aux autres, dans ce que nous faisions ? Et quand nous pourrons enlever nos masques, est-ce que nous chercherons à nous regarder face à face avec amitié pour mieux nous voir et nous rencontrer ? Quand nous ne pouvions pas nous regrouper, le téléphone nous a aidés à rester en contact avec nos amis. Mais ensuite, cherchons à nous parler directement, pas seulement sur facebook ou whatsApp ! Pour mieux nous rencontrer, nous écouter et passer du bon temps ensemble.

Le monde rural : Nous avons de la peine à trouver notre nourriture, même maintenant que les marchés sont ouverts, parce qu’il n’y a plus autant de produits à acheter. Nous avons tous des parents dans les villages. Nous pensons aux souffrances des paysans. Il n’y a plus de fêtes ni de rassemblements, pour vendre ce qu’ils cultivent. Il n’y a plus de camions pour envoyer leurs produits en ville pour les vendre. La famine est arrivée dans les villages. Et en plus la période de soudure est arrivée, où il n’y a presque rien à manger, alors que c’est le moment où il faut travailler le plus dur dans les champs. Ce sont eux qui vont cultiver notre nourriture de l’année prochaine. Mais ils manquent d’argent pour acheter les semences, les engrais, les outils et les machines dont ils ont besoin. Le peu que l’état leur donne ne suffit pas. Il y aura donc moins de récoltes, et moins à manger dans le pays l’année prochaine. Nous les jeunes des villes sommes-nous prêts à aller cultiver dans les villages pendant cet hivernage ?

Les prisonniers, les malades, les migrants et tous les autres. Pour éviter qu’ils apportent la maladie un peu partout, on a pris en charge des enfants dans la rue et des talibés (les élèves des écoles coraniques). On les a regroupés, on leur a donné à manger. Quelques uns ont été ramenés dans leur famille. Maintenant, il s’agit de chercher des vraies solutions, qui attaquent les causes de ce problème, des solutions définitives pour tous ces enfants qui traînent et dorment dans la rue. Et pour tous les talibés qui passent leur temps à demander l’aumône, et à être exploités sans recevoir une véritable éducation. Pas seulement les nourrir, mais lutter pour plus de dignité et de justice. Pour les talibés et les enfants de la rue, mais aussi les migrants et les étrangers qui ont de la peine à vivre chez nous.

Parmi ceux qui souffrent le plus de cette maladie et qui sont les plus enfermés, ce sont les prisonniers. Qu’est-ce que nous pouvons faire maintenant pour eux ? A cause du coronavirus, on a libéré plus de 2000 prisonniers, pour qu’ils ne soient pas contaminés. Qu’avons-nous fait pour eux ? Est-ce que nous sommes prêts à les accueillir à leur sortie, à les aider à redémarrer leur vie, à trouver du travail pour vivre et faire vivre leur famille ? Sinon ils vont rapidement retomber dans la délinquance, être récidivistes et se retrouver en prison.

Au sujet des malades, des migrants et des prisonniers qui n’avaient plus de visites, ce sera important de voir comment ils ont vécu ce temps d’isolement. Cela pourra nous pousser à nous occuper davantage d’eux, et à nous engager plus fortement contre les souffrances et les injustices qu’ils vivent. Et aussi à mieux accueillir et aider les migrants et réfugiés vivant parmi nous.

Nous luttons contre la stigmatisation des malades, qui nous fait avoir peur d’eux et les rejeter. Nous les encourageons à se faire connaître et à aller se faire soigner. Nous les aidons à vivre cette maladie dans la foi, la prière et l’espérance, avec leur famille et leur communauté. Ensuite, nous nous engageons pour le soutien sanitaire et social de tous ceux qui subissent les conséquences de la pandémie : les nécessiteux et les autres malades, les chômeurs et les « gorgorlus » du secteur informel, en complément des actions du gouvernement. Nous soutenons les plus faibles, les défavorisés et les plus pauvres. Chacun là où il est, et selon ses moyens

Pendant cette pandémie, on a soigné tout le monde, sans faire de différences. Il faut prendre les moyens pour que cela continue. Que nos responsables n’aillent plus se faire soigner en Europe, que les riches n’aillent pas se faire soigner dans les belles cliniques, mais que tous soient soignés le mieux possible, les pauvres, les chômeurs, les petits métiers, les talibés et les enfants dans la rue, les handicapés, les étrangers et les migrants. Le pape François a appelé un engagement efficace pour la protection des réfugiés, le 21 juin 2020, à la Journée mondiale des réfugiés : « La crise provoquée par le coronavirus a montré qu’il faut à tout prix protéger les personnes réfugiées, pour leur apporter dignité et sécurité. Je vous invite à vous unir à ma prière, pour un engagement nouveau et plus fort de tous, en faveur d’une vraie protection de tout être humain. En particulier de tous ceux qui ont été obligés de fuir à cause des graves dangers pour eux ou pour leurs familles. Dans les réfugiés et les personnes déplacées, Jésus est présent, forcé, comme au temps d’Hérode, de fuir pour se sauver. Dans leurs visages, nous sommes appelés à reconnaître le visage du Christ qui nous appelle (Mt 25, 31-46). »

-Nous ne pouvons pas visiter les malades di coronavirus, ni même ceux qui sont en quarantaine. Mais nous pouvons prier pour eux. Et éviter d’avoir des mauvaises idées sur eux, et de les rejeter (ne pas les discriminer ni les stigmatiser). Ne pas les condamner ni penser qu’ils sont mauvais. Jésus nous a dit : « Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés » (Mat 7,1-3). Nous pouvons aussi visiter et soutenir leurs familles pour qu’elles ne se découragent pas. Et les aider à vivre ce temps de souffrances dans la foi et la confiance en Dieu. Et nous prions ensemble avec eux. Et tous les malades ne sont pas atteints de la covid19 (coronavirus). Nous continuons à visiter et aider les autres malades, sans peur et avec courage. Ceux qui sont dans leur maison et aussi ceux qui sont à l’hôpital pour d’autres maladies.

Les problèmes de santé que nous avons connus nous font comprendre l’importance de mettre en place dans nos communes, nos dispensaires et nos quartiers les bonnes choses prévues par le gouvernement, mais que nous négligeons : la CMU (couverture médicale universelle), la carte d’égalité de chance pour les handicapés, le plan Sésame pour les personnes âgées, et aussi les soins gratuits pour les bébés et les enfants de moins de 5 ans et les césariennes.

Nous continuons de prier pour le personnel de santé, pour tous les travailleurs et pour les responsables du pays pour que le Saint Esprit les éclaire et les aide à prendre des bonnes décisions. Nous prions aussi pour nous-mêmes pour être capables de bien vivre ce temps difficile. Et nous partageons ces pensées avec ceux qui nous entourent.

Nous pensons à l’exemple des saints. Comme par exemple Saint Louis de Gonzague, mort à 23 ans : un jeune homme courageux qui n’a jamais reculé au service des autres. Il a donné sa vie pour soigner les malades de l’épidémie de la peste. Nous les prions pour que le Seigneur change nos cœurs.

Jésus nous dira à la fin du monde (Mat 25, 34-46) : » Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli, j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” Dans cette pandémie, c’est Jésus qui continue à souffrir dans chacun des hommes et des femmes qui sont les membres de son Corps. Si nous aimons Jésus, comment ne pas les aimer, avec l’amour de Jésus Lui-même.

Mais tous ces efforts doivent d’abord commencer par nous-mêmes, tous ensemble. On dit souvent que nous ne sommes pas disciplinés. Mais pourtant nous avons été capables de respecter le couvre-feu et les gestes barrières, et de faire ce qu’il fallait pour nous protéger. Nous avons appris la rigueur et la discipline. Il faut tout faire pour conserver ces qualités. Et que chacun fasse preuve de patience et de prudence, de calme et de confiance et surtout de foi en Dieu, de prière et d’espérance.

L’école

Cette pandémie nous pose aussi la question de l’école. Pas seulement pour payer les frais scolaires et les enseignants de nos écoles privées. La crise de la Covid 19 avec l’arrêt des écoles, c’est surtout une occasion de réfléchir pour rendre meilleure notre façon d’apprendre et d’enseigner. Et pour faire de l’école une vraie communauté éducative, avec de meilleures relations entre élèves et enseignants, dans le respect. Pour mieux transmettre les connaissances. Pas seulement les connaissances scientifiques, mais d’abord la connaissance de nous-mêmes, de la vie morale et de la sagesse. Car il s’agit non seulement de l’avenir des élèves, mais du pays tout entier.

Pour éviter une année blanche, on avait prévu la rentrée des classes d’examen le 2 puis le 25 juin, en prenant toutes les précautions nécessaires. Etait-ce possible ? N’était-ce pas dangereux au point de vue santé ? En tout cas, beaucoup d’élèves, d’enseignants et de parents étaient réticents. Et la rentrée a été supprimée la veille, au dernier moment. A cause de la réticence des gens. Et par manque de moyens de protection : eau, savon, gel, masques…Mais surtout par manque de préparation, pour le transport des enseignants et des élèves, et pour l’organisation des cours. Les enseignants n’avaient pas été testés, pour savoir s’ils n’étaient pas malades. Cela arrive souvent dans le pays. Du côté des responsables, il faut apprendre à programmer et à planifier les actions. Et pour nous tous, il nous faut changer de mentalité : lutter contre le laisser aller et l’inconscience, pour ne pas être en retard et dépassés, parce que nous attendons toujours le dernier moment. Les classes d’examen ont repris les cours le 25 juin. Faisons tut pour que cela se passe le mieux possible.

Pour remplacer les cours, des parents qui ont de l’argent paient des cours particuliers à leurs enfants. On a mis en place un enseignement en ligne. Il y a aussi des cours à la télévision. Mais tous les élèves et étudiants n’ont pas un ordinateur personnel, ni la télévision. Parfois ils n’ont même pas d’électricité. Cela va donc entraîner des grandes inégalités entre les élèves. Que faire contre cela ? Des adultes et des étudiants dans les quartiers et les villages enseignent gratuitement les plus jeunes. Le problème de l’école, c’est la responsabilité de tous. Et tous ont le droit à l’éducation. Il faut donc utiliser le maximum de moyens pour rejoindre le plus d’élèves possible : les media (en ligne, whatsApp, télévision, Face book, You tube…) pour ceux qui en ont la possibilité, les fascicules pour ceux qui ne peuvent pas utiliser les media, mais aussi les contacts personnels : que les lycéens, étudiants et adultes scolarisés aident et enseignent les jeunes défavorisés de leurs quartiers et villages

-Après toutes ces difficultés rencontrées, quelles solutions proposons-nous pour une meilleure marche des écoles, un meilleur enseignement et une meilleure éducation des élèves ? Et pour que les parents d’élèves s’impliquent davantage pour une meilleure marche des écoles ?

En nous rappelant que l’éducation, ce n’est pas seulement la question de l’école. C’est nous tous qui avons besoin d’être éduqués, et de mettre l’éducation reçue en pratique. Nous avons trop compté sur les responsables, sans nous engager suffisamment nous-mêmes. Nous avons cru qu’il suffisait d’avoir de l’argent pour trouver des solutions à nos problèmes. Nous avons trop mis notre confiance dans la science, la technique et les machines. Il nous faut augmenter notre engagement personnel, notre conscience et notre réflexion. C’est personnellement, sérieusement et librement, que nous devons réfléchir à toutes ces questions. Mais aussi tous ensemble pour changer notre société.

En conclusion

La covid19 n’est pas finie. Et avant que le virus ne soit vaincu, il causera encore beaucoup de pauvreté, de chômage et de misère. Alors, soyons courageux, pour vivre le mieux possible au milieu de nos difficultés actuelles, pour aider ceux qui souffrent autour de nous. Et pour construire un monde nouveau, où il y aura plus de partage et de fraternité, plus de justice et moins d’inégalités. Où nous ne chercherons pas notre intérêt égoïste, mais le bien de tous. Avec patience, en faisant chaque jour ce que nous pouvons pour avancer d’un pas, avec humilité et dans la simplicité. Pas tout seuls, mais ensemble avec les autres, « épaule contre épaule » comme le chante l’hymne du Sénégal.

Le coronavirus nous appelle à mieux vivre notre foi avec Jésus, qui a vaincu la mort et qui nous sauve. Et de rester attentifs, non seulement aux malades mais aussi aux pauvres, aux petits de la société, à tous ceux qui font des petits métiers, ceux qui travaillent dans l’informel. Devant cette maladie, nous sommes tous égaux, il n’y a plus de différence de religion ni d’ethnies, ni de différence sociale entre les riches et les pauvres. Cela nous appelle à bâtir une société où chacun sera respecté et aura sa place. Et où nous lutterons contre les inégalités. Nous prions pour tous les agents de santé et tous ceux qui cherchent des vaccins et des médicaments, pour les encourager et les soutenir. En ce temps où on ne se rassemble plus en paroisse et où les déplacements sont limités, nous cherchons d'autres moyens de vivre l'amitié, par exemple par téléphone et internet. Nous augmentons nos relations amicales dans le quartier, en nous tenant à distance et sans nous serrer les mains, par charité, pour ne pas donner la maladie ! Nous sommes prêts à partager ce que nous avons, et à aider ceux qui ne peuvent plus travailler et gagner leur vie à cause du coronavirus. Profitant de ces grands changements dans notre vie, nous réfléchissons à la façon dont nous vivons, pour mieux plaire à Dieu, aimer davantage nos frères et soeurs, et laisser non seulement l'individualisme mais tout ce qui est inutile ou superficiel. Revenons à l'essentiel. Le coronavirus, c'est une occasion pour vivre autrement et mieux, et pour commencer une vie nouvelle avec Jésus et nos frères. Pâques et Pentecôte nous y aident. Cette pandémie nous rappelle que nous sommes tous solidaires et unis. Nous vivons les uns avec les autres dans le même monde. Il nous faut apprendre à nous aider les uns les autres. Restons unis : « on est ensemble ! ».

Et maintenant que faire ?

Nous devons tous agir et chacun peut faire quelque chose. Je vous ai déjà envoyé les résultats de l’enquête pour une réflexion-action, pour rendre plus dynamique l’action des Mouvements, Associations et Groupes d’apostolat dans la société. Et aussi un certain nombre de messages envoyés sur Face Book. Voici maintenant à titre d’exemple l’évaluation d’une formation :

Réflexions sur la formaiton des religieux sur la Covid19 et l’engagement communautaire

J’ai été très heureux de participer à cette formation avec mon ami l’imam Elimane Diagne et toute l’équipe de Formateurs. Cela m’a permis de partager non seulement l’argumentaire de l’Eglise Catholique, mais aussi les résultats de l’enquête de Réflexion-Action et le travail de suivi que nous avons mené auprès de nos associations, mouvements de jeunes et autres organisations catholiques. Et aussi de partager l’argumentaire des responsables musulmans.

Reste maintenant à assurer le suivi par l’équipe de formateurs mais aussi par tous les participants, en rejoignant les différents groupes actifs qui existent déjà, et en restant au plus près des réalités. D’abord pour éviter la stigmatisation des malades, les encourager à se déclarer pour se faire soigner et les aider à vivre cette maladie dans la foi, la prière et l’espérance, avec leur famille et leur communauté. Ensuite pour le soutien sanitaire et social de tous ceux qui subissent les conséquences de la pandémie : les nécessiteux et les autres malades, les chômeurs et les « gorgorlus » du secteur informel, en complément des actions du gouvernement, en soutien des plus faibles, de défavorisés et des plus pauvres. Chacun où il est et selon ses moyens. Pour un véritable respect de la terre et de l’écologie, pour éviter le développement de la pandémie mais aussi des autres maladies, spécialement en ce temps d’hivernage. Tout cela dans la paix, la confiance, la solidarité et l’amitié.

A nous de chercher les solutions pratiques pour faire passer le message : dans les sermons des vendredis et des dimanches, par les différents media, par des rencontres et conférences-débats, auprès des associations de toutes sortes spécialement les associations féminines et mouvements de jeunesse (ASC, Croix Rouge, scouts, CV-AV….), par des tours de thés, théâtres et émissions radio, et autres moyens que notre imagination nous fera trouver.


Le volet Action Sociale des religieux dans le diocèse de Dakar

Nous rappelons que l’assemblée générale des supérieurs/res majeurs/res du 25 au 27 novembre 2019 a divisé l’ancienne commission sociale des religieux/ses du Sénégal en 3 volets : action sociale, environnement et justice et paix, avec pour tous les orientations suivantes :

  • Valoriser l’écoute, la « culture de la rencontre » dans nos communautés d’abord puis dans la mission

  • Réactualiser ce que la commission a déjà fait et recenser ce qui se fait dans l’ensemble des Instituts

  • Présenter le cahier de charge de chacun des trois volets de la commission : justice et paix, action sociale et environnement.

La 1° rencontre du volet action sociale pour le diocèse de Dakar aura lieu chez les sœurs spiritaines à Ouakam le samedi 15 février 2020 à 16 h

Pour cela, nous demandons à tous les supérieurs/res majeurs/res d’y envoyer les membres de leur congrégation qui travaillent dans le diocèse de Dakar dans le domaine social, pour faire un premier inventaire des actions menées concrètement sur le terrain, à la base.

A partir de là, il sera possible de rédiger un plan d’action concret et plus adapté aux réalités locales, et d’assurer le suivi et l’évaluation de ces actions.

On pourra alors présenter un cahier de charge.

On verra par la  suite s'il faut nous diviser en deux secteurs: secteur urbain et secteur rural

Nous demandons aussi à chaque supérieur-e de valoriser l’écoute et la « culture de la rencontre » dans les différentes communautés de son institut d’abord, puis dans la mission.

Que l’Esprit Saint nous inspire et nous donne la force de le mettre en pratique !

Action sociale des religieux : 2° rencontre

Le volet action sociale des religieux du diocèse de Dakar s’est réuni le samedi 15 Février. Après un partage des expériences, nous avons tiré un certain nombre d’orientations pour nos engagements. Le compte-rendu vous sera bientôt envoyé.

La prochaine rencontre aura lieu le samedi 21 mars à 16h chez les sœurs spiritaines à Ouakam.

Pour cette rencontre nous partagerons d’abord nos réactions sur le compte-rendu de la 1° réunion.

Et nous demandons à chacun/e d’apporter ses propositions d’action réalisables à la base pour les plus nécessiteux, avec les moyens à notre disposition.

Nous rappelons que nous souhaitons un/e représentant/e de chaque congrégation présente dans le diocèse pour participer à ces rencontres. La participation de tous est nécessaire

Les 2 autres volets (justice et paix et environnement-respect de la création) vont se réunir de leur côté. Et chaque responsable diocésain de l’Union des religieux/ses (UdR) organisera les rencontres de ces 3 volets dans son diocèse.

Bon courage à tous et à toutes. Belle montée vers Pâques avec le Christ, dans la joie du Carême.

1ère rencontre du volet d’action sociale des religieux du diocèse de Dakar

Nous avons commencé par la prière et la méditation de l’Evangile Luc 4, 14-21, Jésus à Nazareth, « L’Esprit du Seigneur m’a consacré pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres ». Ensuite, chacun des participants s’est présenté. Puis la responsable du volet, la sœur Monique LAMOUROUX, a présenté le volet. A la dernière assemblée générale des supérieurs religieux, il a été décidé que la commission d’action sociale serait divisée en trois volets : Justice et Paix, Environnement et Action Sociale. Et que chaque diocèse s’organiserait pour se rencontrer et mener ses propres actions à la base. Pour lancer les activités de cette année du volet Action Sociale, nous avons voulu faire d’abord le tour de nos activités, pour voir déjà ce qui se fait à la base, les évaluer et à partir de là, en tirer des orientations pour notre travail futur. Voici donc ce que chacun et chacune des représentants a dit de ses activités.

N° I - Après une formation à l’Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux, la sœur a lancé un centre de Promotion Féminine. Mais rapidement elle s’est aperçu que cela ne marchait pas, parce qu’après la formation donnée, les filles se retrouvaient à la maison sans rien faire. Elle a donc décidé d’ouvrir un atelier de formation, en lien avec une Organisation du Commerce Equitable en France, de manière à proposer du travail aux filles qu’elle formait : la fabrication d’objets publicitaires pour des agences de voyage. Et à partir de chambres à air, en particulier pour le tour de France cycliste. Actuellement s’est mise en place une entreprise avec 13 personnes laïques, accompagnées par une sœur pour le secrétariat, avec un atelier de sérigraphie pour produire par eux-mêmes, et trouver des débouchés sur place au Sénégal, tout en continuant à travailler avec l’entreprise française du départ. Actuellement l’entreprise travaille pour fournir des tenues dans 6 écoles, et un autre volet est en train de s’ouvrir pour fabriquer des tenues de sport, également pour les écoles. Car il y a de nombreuses demandes de ce côté-là. Le problème est de trouver des débouchés. Et nous avons déjà fait les papiers nécessaires pour être reconnu officiellement. En plus des 14 travailleurs formés, il y a des journaliers qui viennent travailler d’après la demande. Ce qui permet de recruter de nouveaux jeunes. Et les 14 premiers sont en train d’être embauchés officiellement. Ils sont du niveau du collège à la Terminale, et ont été formés pendant trois ans.

N° 2 – Nous tenons un internat à Thiadiaye avec des filles qui viennent du village, pour leur fournir un cadre propice aux études. Nous assurons également des visites des malades à domicile et deux de nos sœurs sont assistante sociale et travailleuse sociale communautaire. Nous avons également un internat à Dakar pour cinq collégiennes et un petit atelier de couture avec deux femmes handicapées qui n’ont pas les moyens de se déplacer et de faire autre chose. Ce qu’elles produisent est vendu dans les écoles. Nous avons également des cours du soir pour aider les jeunes qui sont en décrochage scolaire, et nous avons mis en place une éducation à la santé.

N° 3 - La sœur travaille avec la Caritas paroissiale, la communauté anglophone et au centre social. Avec la Caritas paroissiale, elle rencontre beaucoup de personnes. Elle écoute les gens et cela lui permet de leur trouver du travail, car il n’est pas question de continuer à toujours faire des cadeaux et des distributions. Il faut que les personnes arrivent elles-mêmes à se prendre en charge. J’ai leur numéro de téléphone et dès qu’il y a une possibilité d’emploi, je les préviens.

La communauté anglophone est importante pour ces personnes qui viennent d’autres pays. Nous venons de faire une récollection à partir de WhatsApp. Nous avons visité les prisons pour rencontrer les détenus anglophones. Cette communauté est importante pour qu’ils puissent prier dans leurs langues, tout en restant en lien avec la paroisse catholique et n’aillent pas dans les sectes qui prient en anglais. L’année dernière deux des membres sont morts, et ils ont eu d’énormes difficultés pour rapatrier les corps au pays.

Pour le centre social, nous avons tenu une rencontre l’année dernière avec les formateurs où nous avons décidé une nouvelle orientation pour notre centre, en réduisant la formation à deux ans et en nous adressant à des jeunes filles qui n’ont pas eu de formation à l’école, pour offrir une formation de base aux filles des familles les plus nécessiteuse, sans chercher à obtenir un diplôme. Elles sont actuellement 35. Nous travaillons avec des formateurs bénévoles, de bonne volonté. La formation porte sur la couture, la cuisine, le bricolage, la broderie, avec des cours d’alphabétisation. Et aussi une formation civique sur la vie en société, à la maison, dans le quartier, le travail, l’utilisation de l’argent, etc. Après cette formation de base, certaines peuvent travailler à la maison, ouvrir un petit restaurant ou même obtenir un travail. Et celles qui le préfèrent peuvent continuer dans un autre centre social qui donne un diplôme.

N° 4 – Nous travaillons avec des enfants handicapés moteurs de 4 à 15 ans. Notre centre a été lancé en 1976 par un handicapé français qui vivait à Dakar. Il ne recevait que des garçons. Il a été reconnu comme association à but non lucratif, en recevant le soutien de personnes de la base française de Ouakam. Autrefois le centre était ouvert surtout à des enfants malades de la poliomyélite, mais avec les progrès de la médecine, ces malades sont moins nombreux. Les enfants qui viennent sont surtout des handicapés moteurs. Pour accueillir un enfant, on fait d’abord une visite médicale en présence des parents, pour connaître l’origine de la maladie et voir la possibilité de faire une opération. Les enfants vivent en internat. La première année, ils reçoivent des cours d’alphabétisation sur place et ensuite ils vont à l’école voisine pour continuer leurs études. Le problème c’est de financer les opérations qui coûtent au minimum 700 à 800 000 frs. Parfois ce sont des gens bénévoles qui prennent en charge l’opération, et certains continuent de les soutenir pour la suite. Et tant qu’on n’a pas trouvé cette somme on est obligé d’attendre. L’école catholique qui les accueille a accepté de les prendre gratuitement pour la scolarité, en ne demandant que les tenues et les frais d’inscription, et on demande une petite contribution de 5 000 frs aux parents. Mais certains parents n’ont pas le souci de l’avenir de leurs enfants. S’ils sont de milieu rural, ils peuvent apporter une contribution en nature : riz, arachide, niébé etc. Les sœurs essaient de visiter les familles pour les motiver davantage. Et aussi de trouver du travail aux enfants après leur formation. . Pendant les vacances, l’enfant retourne en famille. Il y a actuellement 16 places avec 2 dortoirs, un pour les garçons et un pour les filles. Certains enfants sont orphelins ou vivent chez leurs grand-parents. Il y a toute une dimension éducative pour leur apprendre à vivre en société, et que d’abord ils s’acceptent entre eux. Le personnel est déclaré mais leur nombre est limité, faute de moyens : cuisinière et jardinier et quelqu’un pour l’entretien, une sœur faisant les cours pour les débutants. Il y a deux personnes volontaires pour conduire les enfants à l’hôpital et un certain nombre de bénévoles, en particulier des jeunes religieux et religieuses en formation, qui viennent pour accompagner les enfants.

N° 5 – Nous tenions autrefois un centre de formation féminine, mais beaucoup de filles ne venaient plus. On a donc ouvert un atelier de couture pour d’abord fabriquer les tenues des enfants de nos écoles. A l’internat, autrefois, c’était les enfants des villages environnants qui venaient. Mais actuellement des écoles ont été construites dans les différents villages environnants, et les enfants viennent de partout, depuis le CE/2 jusqu’à la Terminale. Ils participent aux activités de la paroisse et aux mouvements. Elles sont actuellement 37 filles. La participation est de 18 à 20 000 francs CFA, mais certaines qui ne peuvent pas payer cette somme sont aidées, d’autres payent en nature. Les sœurs de la communauté participent à leur formation et il y a une cuisinière et un homme pour la marche du centre. La plupart des enfants viennent de familles monoparentales et divorcées.

N° 6 - Depuis 1993, nous avons commencé l’alphabétisation pour les employés de maison avec un système de parrainage. Ensuite des garçons sont venus demander également cette formation. Ceux qui travaillent le mieux peuvent se présenter au Certificat d’Etudes et même ensuite continuer au Collège du Sacré-Cœur jusqu’à l’Université. Nous cherchons à donner une éducation de base, avec un accent sur la discipline et sur la prière. Chaque année nous organisons deux conférences sur les droits des employés et des employeurs, et aussi deux journées de récollection. Tous les jeudis soir un groupe vient pour l’adoration, pendant que les musulmans ont un cours de morale. On leur demande une participation financière pour payer les enseignants. Certains de ces enseignants étaient en même temps des étudiants, mais ils avaient tendance à penser d’abord à leurs études. Actuellement, pour enseigner nous avons plutôt des personnes formées mais sans emploi. On a ouvert un G I E (Groupement d’Intérêt Economique) de fabrication de boissons, mais il est nécessaire d’avoir du personnel qualifié qu’il faut payer. Et aussi trouver des débouchés, l’objectif de tout cela étant de procurer des emplois.

N° 7 – Pour le travail des hôpitaux : dans chaque hôpital, il y a une amicale du personnel de santé qui fonctionne comme les autres amicales avec des tenues, des sorties, un repas de gala, une messe de lancement et une récollection, mais qui n’assure pas un travail de réflexion et d’engagement chrétien en profondeur. A côté de cette amicale du personnel de santé, il y a des bénévoles qui vont visiter les malades dans les services, pour les encourager et les assurer de leurs prières. On sent le besoin de mettre en place une véritable aumônerie des hôpitaux, qu’il y ait davantage de coordination entre l’amicale du personnel de santé et les volontaires visiteurs des hôpitaux. Et aussi avec les paroisses où se trouvent les hôpitaux et leur pastorale de santé, les ministres distributeurs de la communion, les CEG, les mouvements comme la Légion de Marie et Sant Egidio, etc. Il faudrait aussi une coordination plus grande entre les dispensaires privés catholiques et ses aumôneries des hôpitaux. Il y a une grande nécessité d’orienter le personnel de santé catholique, pour qu’il s’engage davantage dans les structures officielles de la santé et travaille avec les autres agents de santé, les syndicats et autres organisations. Pour réfléchir et cherher des solutions aux problèmes graves de la santé actuellement : les urgences, l’accueil, le suivi des malades, le soutien des nécessiteux, la prise en charge des cas sociaux, etc. Et aussi le manque de personnel, de formation et de moyens. Les hôpitaux ont reçu des voitures et motos neuves. On a construit et aménagé de nombreux bureaux. Mais les conditions de travail et le bien être des malades et de leurs familles n’a pas été vraiment pris en compte. On sent aussi le besoin d’une réflexion par rapport à l’évolution de la santé et de tous les problèmes qui se posent, comme par exemple : la légalisation de l’avortement, la distribution de contraceptifs aux jeunes sans réflexion et sans véritable éducation sexuelle, l’accompagnement des malades en fin de vie, etc.

N° 8 – Dans les prisons, les mêmes problèmes se retrouvent. Souvent, on se contentait d’aller dire la messe une fois par semaine dans les prisons. Cela était très limité puisqu’on ne s’adressait qu’aux chrétiens et uniquement pour la prière et sans répondre à leurs autres besoins. Actuellement dans certaines prisons, quelques personnes ont été formées pour l’écoute, c’est-à-dire rencontrer les détenus qui le souhaitent personnellement, aussi bien chrétiens que musulmans, et quelle que soit leur origine. Ces rencontres permettent d’accueillir les détenus, de les aider à mûrir en prison et de s’intégrer à la vie sociale pour vivre en paix avec les autres. A partir de là, souvent, on est amené à répondre à d’autres besoins, qui demandent alors des moyens financiers : fournir l’argent nécessaire pour que les prisonniers puissent téléphoner à leurs familles, préparer leur réinsertion au moment de leur libération et avant cela, travailler avec le service social et les greffiers pour alléger leurs peines : peines alternatives, réduction de peine, liberté conditionnelle…, Et aussi répondre à leurs besoins matériels en médicaments, en produits d’hygiène : savon, dentifrice, etc. fournir des habits, des lunettes, du café et du lait et d’autres produits de première nécessité. Dans certaines prisons il y a une formation offerte pour les détenus condamnés à de longue peine. Pour les hommes des ateliers de petite mécanique, d’informatique, de menuiserie pour les artisans déjà formés mais ces ateliers ne peuvent accueillir que très peu de personne. Et de même chez les femmes, culture sur table, formation à la couture et à la broderie, transformation de produits alimentaires, formation en coiffure etc. Toutes ces actions sont diversifiées pour permettre d’acquérir une véritable formation, et pouvoir travailler à la sortie. Il faudrait aussi que ces aumôneries puissent s’investir davantage dans les problèmes que rencontrent les détenus, en particulier développer une commission judiciaire à la fois pour travailler avec les avocats car beaucoup se contentent de recevoir de l’argent et ensuite disparaissent sans faire leur travail. Et aussi pour travailler avec des juristes pour revoir les lois et condamnations, en particulier la criminalisation des femmes et jeunes filles qui ont avorté, des jeunes qui ont consommé ou des personnes qui ont vendu du yamba (cannabis), ce qui amène des personnes à faire de nombreuses années en prison avant d’être jugées et d’être condamnées à de longues années de détention. Et réfléchir à une justice éducative et libératrice et non pas punitive dans des « maisons d’arrêt et de correction ». En commençant par une commission culturelle.

Il faudrait aussi travailler en lien avec l’Observatoire des prisons. Le problème général est, que trop souvent, nous faisons de bonnes choses, mais nous travaillons presqu’uniquement avec les organisations de l’Eglise, et pas suffisamment avec les services publics et avec les autres organisations laïques. Il faudrait déjà travailler davantage avec les paroisses d’origine des détenus pour leur réinsertion à leurs sortie, et déjà pendant que le chef de famille est en prison : voir avec les CEB et les Caritas comment soutenir les familles des détenus. Trop souvent, lorsque le chef de famille est en prison, la mère n’a pas de quoi payer le loyer et elle est renvoyée, elle ne peut plus envoyer les enfants à l’école, ils vont traîner dans la rue ou le quartier et c’est la porte ouverte à la délinquance.

Évaluation de ces expériences :

Après avoir fait le tour de ces différentes expériences, nous avons essayé d’en tirer des conclusions et des orientations pour notre travail.

Pour les centres sociaux, il ne suffit pas de donner une formation. C’est difficile ensuite de trouver du travail si la personne n’a pas les moyens de se procurer le matériel nécessaire. Une de nos actions serait donc de fournir du matériel, pour lancer des petits projets. Cela suppose la mise en place d’une caisse au niveau de la communauté ou de la congrégation ou un lien avec la Caritas ou d’autres organisations qui pourraient aider. Sinon les jeunes formés retournent au village ou s’assoient dans leurs familles sans travailler. Pour les jeunes originaires des villages, il ne faut pas mépriser le travail dans les jardins, le petit élevage, de poulaillers etc.

A la fin de ce tour de table, nous avons noté l’importance de connaître les activités des différentes congrégations religieuses, pour pouvoir orienter les gens selon leurs besoins et leurs possibilités.

Il faudrait intensifier la priorité que nous donnons déjà aux jeunes drogués ou sortant de prison sans avoir peur d’eux, aux enfants de familles monoparentales ou divorcées, aux handicapés, aux jeunes de milieux défavorisés et aux migrants.

Dans tout cela, il est important de faire confiance aux personnes et de croire en leur possibilité. Lorsqu’on a formé et accompagné des jeunes, il est important d’aller jusqu’au bout, de préparer leur avenir et de continuer à les suivre.

On devrait intensifier le travail avec les Caritas paroissiales pour qu’elles ne se limitent pas aux distributions d’habits, d’argent ou de vivres, mais qu’elles nous donnent les moyens de lancer de véritables activités qui permettent aux gens de s’en sortir.

Les jeunes filles de niveau de 3ème et terminale ont souvent des problèmes, parce qu’elles n’ont pas les papiers nécessaires pour passer leurs examens. Et pourtant, elles ont une formation et un niveau. Il faudrait donc à la fois les repérer, pour pouvoir les soutenir davantage. Mais aussi travailler avec les mairies, en faveurs des enfants plus jeunes, pour qu’ils puissent obtenir des papiers s’ils n’ont pas été déclarés à leur naissance.

Il serait important de travailler en lien avec les boutiques des droits et qui défendent en particulier les femmes et les jeunes filles victimes de violences, et leur fournissent des moyens de vivre. Et les maisons de justice où des avocats interviennent gratuitement, pour défendre les droits des personnes. Ces boutiques de droit et ces maisons de justice existent maintenant dans beaucoup de communes. Et en général, il faudrait travailler davantage avec les services publics et avec les organisations laïques, ne pas nous limiter à nos congrégations religieuses de nos institutions d’Eglise.

Nous avons senti le besoin de connaître le travail des deux autres volets : justice et paix et environnement- écologie, et d’assurer une coordination entre ces trois volets pour l’action sociale des religieux. Et de travailler au service des différents diocèses, selon leurs orientations, leurs organisations et les actions décidées.

Nous nous sommes retrouvés pour le diocèse de Dakar. Il est important que nous motivions nos frères et nos sœurs des autres diocèses, à se rencontrer et à commencer à travailler sous la direction des différents responsables UDR (Responsables Diocésains des Unions des Religieux).

Il est essentiel de continuer à travailler à la base et dans l’informel, pour rejoindre les plus nécessiteux et nous mettre à leur service : » aller aux périphéries », comme nous le demande sans cesse notre pape François. Mais en cherchant en même temps à être reconnus, à suivre les lois du pays et avoir au moins une recommandation pour nos actions et suivre les lois sociales pour les gens que nous employons : qu’ils aient les papiers nécessaires et qu’ils soient inscrits à l’Inspection du Travail.

On ne peut pas se contenter d’enseignements théoriques. Dans toutes nos activités, il est important de passer à la pratique et de chercher des moyens pour que ceux que nous formons puissent travailler par la suite. Et aussi qu’au cours de la formation, nous cherchions à donner une véritable éducation, et une vraie motivation à partir des expériences qui sont reçues. Nous manquons encore de pratique.

Il serait utile de partager notre réflexion, non seulement avec les responsables diocésains mais avec leur bureau. Et voir avec nos supérieurs/es majeurs pour qu’ils lancent les mêmes réflexions et actions dans les différents diocèses du pays. Il y a jusqu’à maintenant un manque de communication.

La prochaine rencontre aura lieu le samedi 21 mars à 16h chez les sœurs spiritaines à Ouakam

Pour cette rencontre nous partagerons d’abord nos réactions sur le compte-rendu de la 1° réunion.

Et nous demandons à chacun/e d’apporter ses propositions d’action réalisables à la base pour les plus nécessiteux, avec les moyens à notre disposition.

Nous rappelons que nous souhaitons un/e représentant/e de chaque congrégation présente dans le diocèse pour participer à ces rencontres. La participation de tous est nécessaire.