Armel Duteil

2020


Réponses à l’enquête au sujet de la pandémie du coronavirus

Comment avons-nous vécu ce temps de Pandémie ? (chez les religieux)

Nous l’avons vécu d’une façon différente selon notre situation. Par exemple, les étudiants ou les postulants et juvénistes dans les maisons de formation, s’ils sont restés entre eux ou entre elles, ils ont continué à vivre leur vie de communauté. Ce qui était limité, comme pour tout le monde, c’étaient les rencontres et les visites. Pour les étudiants, ils ont continué pour la plupart à suivre la formation en ligne ayant les moyens (électricité, ordinateur etc.) pour cela. Et il en a été plus ou moins de même pour les enseignants. Les agents de santé ont continué leur travail et, parfois, avec un surplus d’activités. Tandis qu’au contraire, par exemple les visiteurs de prisons ou bien ceux qui allaient donner la communion aux malades, ont vu leurs activités diminuées ou même interdites. Chacun a donc dû chercher à voir personnellement, selon ses conditions de vie, comment continuer à vivre sa foi et sa prière personnelle. Il est important à continuer à garder cette recherche d’approfondissement au point de vue personnel.

En même temps, en communauté, il a fallu s’adapter aux nouvelles conditions de vie : à la fois pour les temps de prière que pour le partage des activités. Cela peut être une occasion de revoir comment vivre notre vie de communauté en vérité et avec plus de partage. Cette pandémie nous a montré à tous notre fragilité. Nous sommes impuissants face à cette pandémie. C’est donc très grand à la confiance en Dieu et à l’humilité.

De même pour l’Eucharistie, les situations ont été différentes : les prêtres venant célébrer dans certaines communautés, d’autres ne le faisant pas. La compréhension des directives des évêques a donc été différente à ce niveau-là. Mais de toutes façons, aussi bien ceux qui avaient la chance de pouvoir continuer à participer à l’Eucharistie que ceux et celles qui n’ont pas pu le faire, tous sont appelés à partir de cette expérience, à approfondir leur compréhension de la messe et de mieux la vivre en profondeur.

Pour tous, les possibilités de visites et de rencontres ont été limitées. Mais beaucoup ont appris à utiliser les possibilités de contacts par téléphone, WhatsApp et d’autres moyens. Bien sûr il sera important de continuer à garder ces possibilités, tout en sachant nous limiter. Et reprendre des contacts vrais (présentiels) maintenant que nous avons la possibilité de nous rencontrer physiquement, mais bien sûr en prenant les précautions qui nous sont demandées.

Que nous dit la Parole de Dieu sur tout cela ? Ce serait trop long de développer ce thème dans le cadre de cette réponse. Vous pouvez demander le document au secrétaire de la commission : armelduteil@hotmail.fr – tél. 77.680.93.07

Conversion et transformation de notre vie et de notre société

Ce qui a été dit sur le coronavirus nous trace déjà des pistes pour notre conversion au niveau personnel et communautaire.

Au niveau de nos paroisses et des différentes structures, il serait essentiel que les conseils paroissiaux et les responsables de mouvements et autres activités dont nous faisons partie, s’assoient pour voir les choses à transformer dans nos activités pour les rendre meilleures, et surtout pas se contenter de reprendre les activités comme avant. Dieu nous appelle à la conversion, à travers cette pandémie. Par exemple, un gros effort a été fait dans plusieurs paroisses pour l’organisation de la prière et l’évangélisation par les médias. Il ne faudrait surtout pas l’abandonner. De même de nombreuses familles ont appris à lire la Parole de Dieu et à prier en famille. Cette expérience, il est absolument nécessaire de la conserver, d’y insister et de prendre les moyens pour cela. Pendant ce temps de la pandémie, les chrétiens ont été appelés à prendre davantage en mains leur vie de foi et leur engagement chrétien. Là aussi c’est important de continuer. Il ne faudrait pas que, lorsque les possibilités vont nous être données d’assister à l’Eucharistie et de nous retrouver en réunion à la paroisse, de recommencer comme avant, et d’attendre que les prêtres et les aumôniers dirigent les activités. Et donc de supprimer toutes les initiatives qui ont été prises, dans tous les domaines. En particulier pour les plus pauvres et les petits de la société.

Au niveau de la société :

Nous ne pouvons pas limiter notre vie chrétienne et religieuse à la communauté ou à la CEB, ni seulement à nos engagements en paroisse. Nous sommes des religieux et des chrétiens mais aussi des citoyens. Cette pandémie est donc l’occasion pour nous de prendre davantage d’engagements dans la société. Nous sommes le sel de la terre, la lumière du monde et le levain dans la pâte.

Cette pandémie a touché tout le monde, aussi bien les intellectuels que les analphabètes, les riches que les pauvres, les puissants que les plus petits. C’est donc un appel très fort à diminuer les inégalités entre nous, pour créer une société où chacun sera davantage respecté, et trouvera davantage sa place. Cela commence par nous-mêmes et nos relations de chaque jour. Cette pandémie nous a montré l’importance des petits travailleurs du secteur informel, et de tous ceux qui font vivre le pays, même si c’est d’une façon simple et non reconnue : les petits métiers, les bénévoles, les stagiaires, etc. il s’agit non seulement de les respecter davantage mais de leur donner les moyens de se former et aussi d’organiser le secteur informel pour qu’ils puissent travailler dans de meilleures conditions et avec davantage de sécurité.

La vie de famille : Nous avons appris à prier en famille. Cela nous a fait comprendre l’importance de la famille. Mais en même temps dans cette période, il y a eu plus de divorces que d’habitude, parce que mari, femme et enfants devaient vivre les uns sur les autres. Il nous faut apprendre à nous accepter différents, vivre ensemble dans le respect, en donnant sa place à chacun et en le respectant. Et chercher à réconcilier les couples et les familles qui ont des problèmes.

A cause de cette maladie, nous avons été obligés de vivre une vie plus simple, car nous avions moins de moyens Cela ne nous a pas empêchés de vivre. Au contraire, cela nous a ramené à ce qui est le plus important. Il nous faut continuer à vivre d’une façon simple, comme nous le demande le Pape François dans sa lettre LOUE SOIS-TU. Et apprendre à ceux qui nous entourent, à vivre d’une façon plus simple : éviter le gaspillage et les grandes dépenses, pour nous montrer, en particulier pour nous les chrétiens, au moment des baptêmes, des premières communions, des mariages et même des enterrements.

Nous sommes restés dans nos quartiers, puisque les déplacements étaient interdits. Nous devons continuer à tenir notre place et nos responsabilités dans les quartiers. Et d’abord pour cela, connaître les chefs de quartiers et les différents responsables, les imams, mais aussi toutes les forces vives : les associations et les organisations, pas seulement les chrétiennes. Par exemple, les marraines de quartier (badièni gokh), les ASC, les ONG qui interviennent, les boutiques de droit, les maisons de justice, les groupements de jeunes et de femmes, la Croix Rouge, les différentes associations de jeunes musulmans, les organisations syndicales et politiques, etc. Il nous faut mieux les connaître pour pouvoir travailler ensemble. La maladie a touché tout le monde. C’est un appel à plus de solidarité, comme nous le disons sans cesse.

On dit souvent que le sénégalais est indiscipliné. Mais nous avons été capables de discipline, de respect des lois, de solidarité et de partage. Il nous a fallu arrêter les fêtes, l’ambiance, les soirées dansantes, et autres khawaré, ngel, yèndöö, coladera…. Allons-nous être capables de continuer à garder plus de sérieux pour davantage d’engagements ? Comment allons-nous soutenir ceux qui nous entourent pour cela ?

Transformer notre société

Nous vivons dans une société de profits et même souvent de corruption, où la priorité est donnée à l’argent et où l’on compte surtout sur les pays étrangers pour nous aider, avec souvent une mentalité de mendiant. Les pays étrangers, même les plus riches sont touchés aussi, au point de vue économique, par cette pandémie. Il va falloir apprendre à compter sur nos propres forces et développer notre pays avec les moyens qui sont les nôtres. Ils sont nombreux. Pendant cette période, de nombreux problèmes ont été dévoilés, en particulier de corruption et de détournement, par exemple les problèmes fonciers. Nous ne sommes pas les responsables des pays, nous pouvons nous engager dans les syndicats, les partis politiques et la société civile. Nous devons au moins nous y intéresser et pousser les laïcs chrétiens à s’y engager. Et aussi soutenir tous les efforts qui sont faits par ces différentes organisations pour faire avancer le pays. Nous sommes des citoyens et des citoyennes, nous devons participer aux efforts qui nous seront demandés pour changer cette société, où les riches deviennent de plus en plus riches, sans penser aux autres. Ceux qui sont formés et bien placés cherchent à s’accaparer toutes les richesses du pays et de l’étranger, en rendant les pauvres de plus en pauvres. Il s’agit de retrouver nos valeurs et les qualités de nos ancêtres. Et il ne suffit pas de déboulonner la statue de Faidherbe à Saint-Louis pour cela. Le Seigneur nous appelle à lutter contre cette société d’argent, de profit, d’individualisme, d’égoïsme, de violence et d’exploitation des plus faibles par les plus forts, où chacun pense seulement à profiter sans penser aux autres. Et cela dépend de chacun d’entre nous, personnellement et tous ensemble. Si nous ne forçons pas les responsables de notre pays à changer, ils ne changeront jamais. Saint Pierre disait : « Nous espérons des cieux nouveaux et une terre nouvelle, où la justice habitera» (2°Pi 3,13).

Le respect de la création, notre maison commune : l’écologie et l’environnement :

Pendant le temps de la pandémie, les déplacements ont été diminués, notre ciel est devenu plus clair, l’air plus respirable. C’est le signe que nous pouvons changer notre terre à condition de le vouloir, et de mieux respecter la création. Nous savons que le coronavirus est venu des chauves-souris à travers le pangolin, parce qu’on n’a pas respecté les animaux, ni les forêts et les territoires où ils vivaient. Ce n’est pas la première fois que des pandémies nous arrivent par les animaux : Ebola, la maladie de la vache folle, la lèpre, la grippe aviaire (les poules) et porcine (les cochons) parce qu’ils sont élevés serrés et sans liberté, etc. pour ne prendre que les derniers exemples. Il faut à tout prix que nous réfléchissions sérieusement avec tous, pour respecter notre terre et les animaux. Et pour respecter les mers : il y a de moins en moins de poissons, les pécheurs n’ont plus de quoi vivre, les femmes qui transforment le poisson non plus. La terre se réchauffe, il y a de moins en moins de récoltes. Tout cela c’est nous qui le causons. Des choses commencent à se faire pour changer : on a interdit à des bateaux étrangers de venir pêcher dans nos eaux territoriales et de piller nos fonds marins. Mais il faut continuer tous ensemble. Il ne suffit pas de ramasser les sacs plastiques qui traînent dans les rues, ou de mettre des poubelles. C’est un début, que même les enfants peuvent faire. Mais il faut aller beaucoup plus loin.

De nombreuses autres actions à mener :

Nous ne pouvons pas développer les différents points sur lesquels nous pouvons agir. Chaque communauté verra là où s’engager. Mais il est sûr que cette pandémie nous pose en premier le problème de l’organisation de la santé avec le manque de moyens et de formations. Et le manque de reconnaissance de tous ceux qui font vivre l’hôpital, pas seulement les médecins. C’est aussi un appel à davantage d’attentions aux malades, maintenant que nous pouvons à nouveau les visiter. Est-ce que spécialement les religieux et religieuses ne devrions-nous pas nous engager davantage avec les laïcs, pour la visite des malades dans des hôpitaux ? Et pour mettre en place des véritables aumôneries de la santé, et une pastorale de la santé dans chacune de nos paroisses pour soutenir les malades mais aussi leurs familles.

Nous avons davantage utilisé les médias, pendant toute cette période. Il faudra continuer à le faire. Mais aussi apprendre à réfléchir et éduquer les autres à bien les utiliser. Trop souvent, dans nos réseaux sociaux, on cherche le sensationnel, le buzz, et les fausses nouvelles.

L’hivernage vient de commencer, il ne faut pas oublier le monde rural qui, lui aussi, a beaucoup souffert de cette pandémie. Ce sont eux qui nous nourrissent, il faut les soutenir, et arrêter de nous nourrir à partir des nourritures étrangères importées. A commencer par le riz.

Parmi ceux qui ont le plus souffert, il y a en particulier les prisonniers qui ont été enfermés sans aucune visite ni soutien matériel de leurs familles et amis, pas même la nourriture. Et maintenant la maladie est entrée dans les prisons.

On a renvoyé un certain nombre d’enfants vivant dans la rue et des talibés dans leur famille. Le risque, c’est qu’ils reviennent dans les rues et dans les daaras comme avant. Il faut à tout prix saisir cette occasion, pour trouver une solution définitive à ce problème.

Les écoles viennent d’ouvrir à nouveau. Nous ne devons pas penser seulement aux écoles privées catholiques mais à toutes les écoles, en particulier les écoles privées qui ont su agir ensemble avant cette nouvelle rentrée. Il ne s’agit pas seulement de chercher comment faire vivre financièrement nos écoles, et récupérer les cotisations des parents. Il faut saisir cette occasion pour nous engager pour une véritable éducation de tous les enfants, les élèves mais aussi tous ceux qui n’ont pas la chance ni la possibilité d’aller à l’école, les pauvres, les analphabètes, les petits de la société. Tous ces problèmes nous dépassent. Nous ne pouvons pas y trouver des solutions tout seuls, mais nous pouvons déjà y réfléchir en communauté religieuse et CEB, en parler autour de nous et chercher à rencontrer les responsables du pays que nous connaissons, pour les pousser à chercher des vraies solutions.

En résumé, le coronavirus nous appelle à mûrir notre foi en Jésus, qui a guéri les malades, a vaincu la mort et qui nous sauve aujourd’hui. Rester attentifs non seulement aux malades mais aussi aux pauvres, aux petits de la société, tous ceux qui font des petits métiers, ceux qui travaillent dans l’informel, et qui vivent au jour le jour dans l’insécurité. Devant cette maladie nous sommes tous égaux, il n’y a plus de différence de religion, ni d’ethnie, ni entre les riches et les pauvres. Le Seigneur nous appelle à bâtir une société où chacun sera respecté et aura sa place. Sinon il va pleurer sur le Sénégal, comme Il a pleuré sur Jérusalem.

N.B : Pour réfléchir plus profondément sur toutes ces questions, vous pouvez demander le document de la commission d’Action Sociale des Religieux, au secrétaire le Père Armel DUTEIL 77 680 93 07 armelduteil@hotmail.fr. Et merci pour tout ce que vous ferez. Le Seigneur est avec nous.


Commission Justice et paix – Action sociale des religieux

Introduction

Suite à la demande des supérieurs majeurs des congrégations religieuses travaillant au Sénégal, les délégués de ces différentes congrégations ont rédigé un PROJET DE PLAN D’ACTION de cette commission que voici. On ne considérera pas ce texte comme un simple document à lire, mais comme un appel à accueillir en communauté pour mieux vivre avec le Christ dans les pauvres et répondre à notre vocation missionnaire.

Sommaire

1.Vision
1.1. La réalité.
1.2. Les religieux.
1.3. Non-conformisme à la suite de Jésus
1.4. Notre mission dans la société actuelle
2.objectifs de nos actions sociales
2.1. Évangéliser les pauvres, à la suite de Jésus-Christ
2.2. La joie d’aimer
2.3. Construire le Royaume de Dieu.
3.Vers un plan d’action des actions sociales des religieux
3.1. Notre lieu d’habitation,
3.2. Notre charisme particulier.
3.3. Le pape François
3.4. Travailler au niveau informel
3.5.1.
Assurer la communion et la collaboration
3.5.2. Mener des actions ensemble.
3.6. Nos engagements vont donc se situer à différents niveaux :
3.6.1. Au niveau personnel
3.6.2. Au niveau des communautés et congrégations
3.6.2.1.Domaine de l’éducation
3.6.2.2.Domaine de la santé
3.6.2.3. Les centres sociaux
3.6.3. Au niveau de l’église locale
3.6.3.1.Les prisons
3.6.3.2.La Caritas
3.6.3.3.Les commissions Justice, Paix et Intégrité de la
Création.
3.6.3.4. Le respect de la création
3.6.3.5. Les autres organisations de l’église locale
3.6.4. Au niveau des autres religions
3.6.5. Au niveau des quartiers
3.6.6. Au niveau de la société
3.6.7. Au niveau mondial ou international

1.Vision

1.1. La réalité

La plupart de nous ne sommes pas de sociologues. Même si une étude sociologique en profondeur de notre société est absolument nécessaire, nous osons décrire notre société d’une façon assez résumée qui ne prétend pas du tout être exhaustive.

Notre société sénégalaise actuelle est divisée en plusieurs groupes sociaux. Le groupe le plus nombreux est le groupe de ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une vie digne, car il leur manque beaucoup de choses : un logement digne, un travail satisfaisant, une éducation de base de qualité, une vie familiale stable et constructive, l’accès aux soins de santé ordinaires, un sens positif de la vie, etc.

Il y a un autre groupe qui se débrouille et vit au jour le jour. Ils peuvent s’en sortir mais ils doivent travailler assez dur. Lorsqu’ils ont des difficultés imprévues, ils les affrontent avec énergie.

Il y a d’autres groupes qui ont accès à tous les droits fondamentaux et qui ont la capacité de mener une vie digne. Parmi ces groupes, il y en a qui sont solidaires des autres et il y en a qui ne pensent qu’à accumuler des biens matériels pour eux-mêmes. Il y en a qui ont trouvé un sens à leurs vies et il y en a qui ne pensent qu’à satisfaire de façon égoïste leurs désirs.

Il y a enfin des groupes et surtout des personnes, minoritaires, qui vivent dans le confort excessif, même le luxe, qui ont comme sens de la vie la jouissance matérielle ou les plaisirs. Parmi ces groupes ou individus, il y a qui accumulent leurs biens à partir de l’exploitation des autres, surtout des petits et des faibles.

1.2. Les religieux.

Nous pouvons affirmer que la plupart des religieux, sinon la totalité, n’appartient pas au premier groupe de la société sénégalaise. Ils jouissent de tous les biens fondamentaux d’une société bien structurée : une habitation digne, un emploi satisfaisant, une éducation supérieure, une vie familiale communautaire basée sur la fraternité et l’entraide, un accès à tous les biens matériels qui existent dans la société actuelle comme : la télévision, une (ou plusieurs) voiture, trois repas par jour, boissons alcoolisées, ordinateur, livres, portables à la mode, maison confortable, vie assurée et pour la plupart même une retraite assurée et paisible.

Néanmoins, conscients des inégalités existantes, un bon nombre de religieux se sont engagés dans la lutte contre la pauvreté et en faveur d’une société plus juste, (un monde non seulement « possible » mais nécessaire, car nous voulons refuser complètement les injustices et inégalités).

1.3. Non-conformisme

Notre suivi de Jésus nous pousse au non-conformisme avec la société actuelle et à chercher ensemble des solutions aux problèmes de notre société. « Ne vous modelez pas sur le monde présent. Que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu… » (Rom 12,2). Nous prônons une société plus juste où les biens matériels nécessaires pour une vie digne soient POUR TOUS. Nous croyons fermement que Jésus s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté, c’est-à-dire de son renoncement aux biens matériels en faveur de la libération des opprimés et de la justice sociale.

1.4.Notre mission dans la société actuelle

À cet effet, nous voulons être clairs nous-mêmes par rapport à notre mission dans la société actuelle et après une dense réflexion et un travail de groupe à l’interne, nous avons décidé d’établir quelques principes qui doivent guider nos options missionnaires particulières. Voici ces principes :

1.4.1. Nous prenons comme modèle Jésus Christ pauvre, chaste, au service des frères surtout les plus faibles et obéissant à la volonté du Père jusqu’à donner sa vie (voir Phil 2,5-11).

1.4.2.Dans notre société sénégalaise nous choisissons l’option pour les pauvres comme notre option radicale conséquente à l’option pour suivre Jésus.

1.4.3.Nous agissons avec tous ceux qui dans notre société luttent contre la pauvreté et toutes ses conséquences et cherchent une société plus juste, vraie, égalitaire et pleine d’amour. Car c’est l’amour désintéressé de notre prochain qui donne le sens à nos vies et qui fait de nous de vrais disciples de Jésus.

1.4.4.Nous menons une vie simple, avec des mesures bien précises, pour répondre à l’appel de notre pape François qui nous demande d’utiliser les biens de ce monde de telle sorte que notre mère la terre puisse continuer à produire des fruits pour tous les humains, particulièrement pour les plus défavorisés.

1.4.5.Dans notre engagement précis de chaque jour, nous nous alignons avec ceux qui agissent pour la transformation de notre pays et de notre monde, afin qu’il soit plus juste, vrai, solidaire et en paix.

2. Objectifs de nos actions sociales

2.1.Évangéliser les pauvres, à la suite de Jésus-Christ

Jésus nous a appelés. Nous avons répondu en toute humilité, avec toutes nos limites et toutes nos misères, à son appel. Il nous a envoyés comme des brebis, pas avec la force des loups ni avec la puissance des lions ; c’est lui seul notre force car « sa grâce nous suffit ». Notre premier objectif est celui de Jésus avec qui nous nous identifions : évangéliser les pauvres, les libérer de leurs attaches ; élever les faibles ; mettre l’homme debout car « la gloire de Dieu est l’homme vivant » (voir Luc 4,15-22). Etre « la voix des sans voix » et les avocats des pauvres dans l’Eglise, dans la société et auprès des autorités.

La pauvreté n’est pas seulement matérielle. Elle est aussi psychologique, morale et spirituelle. Elle est liée à l’ignorance, à l’insécurité, à la fragilité et à la vulnérabilité. Nous luttons contre la pauvreté comme l’Evangile nous demande, à la suite de Jésus Christ.

Jésus à Nazareth ne vivait pas dans une extrême pauvreté. C’était un artisan qui gagnait sa vie dans son village. Mais pendant toute sa vie publique, Jésus a été l’ami des petits et des pauvres. Il était très attentif et totalement disponible, pour accueillir et défendre tous ceux qui souffraient dans leur corps et dans leur cœur : les malades, les possédés, les lépreux rejetés de la société, les publicains et les pécheurs, les prostituées ; les femmes, les enfants, les handicapés, les étrangers, les gens des autres religions….

Il a vécu Lui-même des situations très difficiles. Il est né loin de chez lui, dans une grotte (un trou dans la terre), sans habits, couché dans une caisse où on donnait à manger aux animaux. Dès sa naissance, Il a été pourchassé et en danger de mort. Il a dû fuir en pleine nuit et a grandi en migrant, en terre étrangère.

Il a subi l’opposition et a été rejeté non seulement par les pharisiens, mais aussi par les grands prêtres responsables de sa propre religion juive, et même par ses parents et amis de son village.

Il n’avait même pas une pierre où reposer sa tête et vivait de l’aumône des femmes qui l’accompagnaient.

Il a été arrêté, torturé, humilié et tué de la mort la plus dure et la plus honteuse, celle des esclaves sur une croix.

2.2. La joie d’aimer

Le deuxième objectif est intrinsèque au premier : donner aux hommes et aux femmes, aux jeunes et aux enfants -filles et garçons- LA JOIE D’AIMER. Comme dit l’hymne liturgique : « Ami des hommes, Jésus : vois nos peines et misères, vois nos souffrances et attaches et donne-nous le remède que tu nous as enseigné : LA JOIE D’AIMER ». Cet amour que Jésus nous donne se traduit en SERVICE aux hommes.

2.3. construire le royaume de Dieu

Le troisième objectif va avec les deux autres : nous voulons avec Jésus construire le Royaume de Dieu, dont lui-même est le roi-serviteur. Nous voulons à travers nos actions sociales collaborer à établir déjà sur la terre un royaume de justice, de vérité, d’amour et de paix. C’était la mission passionnée de Jésus pour laquelle il a donné sa vie. Nous voulons en toute circonstance « prendre la défense du pauvre » avec toutes ses conséquences.

3. Planification des actions sociales des religieux

3.1. Notre lieu d’habitation

Dans notre société sénégalaise, nous voulons nous faire présents principalement à ceux qui souffrent. Cette présence commencera par notre lieu d’habitation, pour mieux partager les peines et souffrances ainsi que les joies et les célébrations de notre peuple le plus humble qui est le peuple de Dieu. Nous voulons répondre ainsi à l’appel de notre pasteur François qui nous pousse à aller « à la périphérie ». Aller vers les gens, ne pas attendre qu’ils viennent à nous.

3.2. Notre charisme particulier

Chacune de nos congrégations a son charisme particulier. Par ce charisme nous voulons nous faire présents dans tous les domaines de la vie sociale de notre peuple : la santé, l’éducation, l’habitat, la réinsertion sociale, le travail, la vie spirituelle. Comme l’expliquent ces témoignages :

3.2.1.« Au CVRV ( Centre de Recherche de la Vie Religieuse) nous nous sommes interrogés. Comment trouver notre place de religieux ou religieuse là où les laïcs sont en responsabilité ? Sommes-nous capables d’une présence dans le monde numérique ? Comment témoigner de notre vie religieuse sans signe visible ? Où rencontrer les jeunes qui ne viennent pas à l’église ? Comment porter l’espérance dans un monde difficile ?

3.2.2. Pas d’évangélisation sans rencontres. Dire le nom de ‘Jésus’ ne conduit pas nécessairement à une vraie rencontre avec le Seigneur : Jésus lui-même demandait de ne pas annoncer le Messie. Ses années de vie enfouie ont aussi été un temps de manifestation du salut.

3.2.3. Il faut sortir de notre zone de confort, ouvrir les portes, accueillir et écouter vraiment. Se livrer davantage, dire ce qui nous fait vivre. Apprendre à mieux collaborer entre nous et avec les autres ».

3.2.4. « Le rôle des religieux qui le peuvent c’est de se couler dans les lacunes et périphéries qui se voient autour de nous. Dans les domaines de l’école, la santé, la formation spécialisée pour les filles ou garçons (formation professionnelle)…. Mais aussi dans domaines plus nouveaux dans notre sphère religieuse et dans la société : justice et paix, écologie, talibés et enfants de la rue,... pendant que d’autres feront un travail plus formel. Cela demande une attention permanente, comme un exercice spirituel du don de soi, dans la prière, avec des yeux bien ouverts, de la présence, de l’écoute, de la souplesse, de l’invention, de la disponibilité et de la patience dans l’accompagnement, qui sont autant de facettes du don de soi. « Sentir l’odeur « de celui qui est débordé, dans la misère et la fragilité, et du plus petit : tout faire pour l’encourager et l’aider à mettre au jour ses trésors !

3.2.5. La Communauté Sant Egidio élargit son action aux pauvres, aux migrants, aux personnes âgées, aux malades du Sida et aux pays en guerre, et réinvente la charité et la miséricorde, au fil des rencontres.

3.3. Le pape François

Le pape François a déclaré avec force (EG n° 210) : « Il est indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées etc. Les migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église sans frontières qui se sent mère de tous ».

Notre action sera basée sur les orientations actuelles de l’Eglise, dans la ligne tracée par notre pape François : d’abord d’accueillir et de partager la joie profonde de l’Esprit Saint selon ses écrits, en particulier : Loué sois-tu, la Joie de l’Evangile, la Joie de l’Amour, la Joie de la sainteté (Réjouissez-vous et jubilez). Et son exhortation aux jeunes » Le Christ est vivant »

En attendant sa déclaration suite au synode pour les jeunes. Et en s’appuyant sur ses paroles fortes, comme « Lutter contre la civilisation du déchet » où les gens « non rentables » sont traités comme des ordures que l’on jette ; « Construire des ponts et non des murs » ; « Aller aux périphéries » : que l’Eglise aille vers les plus méprisés, les plus écrasés, ceux qui sont rejetés dans la société, ceux qui par exemple n’auront jamais le courage de venir demander de l’aide à la Caritas ; « Que l’Eglise ne soit pas un hôpital de centre-ville mais un hôpital de campagne » présente dans la vie et la souffrance de chaque jour de la société ; « Je veux une Eglise pauvre au service des pauvres ».

3.4. Travailler au niveau informel là où les gens sont oubliés ou souffrent davantage

les prisons, les drogués, les malades du sida, les enfants dans la rue, les émigrés, les homosexuels, les prostitués, les avortements, les jeunes filles mariées de force et les femmes qui ont avortés et de tant d’autres choses pour lesquelles tellement de personnes souffrent et ont besoin de nous et nous attendent. Qu’allons-nous faire pour elles ?

Développer la dimension sociale et l’attention aux plus nécessiteux et aux exclus de la société dans les différents engagements des religieux. Voir le compte-rendu de la réunion de partage du 17 Novembre 2.018 au SPEM.

D’autres appels de la vie consacrée au Sénégal proposés par les supérieurs majeurs: Les pluri-périphéries ; la salubrité des villes, quartiers et villages. La pastorale auprès des sourds-muets ; pastorale auprès des camionneurs de Sandiara et ailleurs (rencontre des supérieurs majeurs de décembre 2018)

3.5.1. Assurer la communion et la collaboration

Entre l’action sociale dans les domaines décrits ci-dessous (enseignement, santé, prison, centres sociaux, Caritas...) et les autres domaines d’engagements des religieux. Nous ne pouvons pas tout faire, surtout pas tout seuls. Chaque communauté étudiera dans quels domaines et de quelle façon ses membres peuvent plus spécialement s’engager, selon les capacités et le temps disponible de chacun. A la fois pour que nos structures soient davantage attentives aux plus pauvres, et pour aller aux périphéries qui ne sont pas touchées par nos structures. On encouragera les frères et les sœurs qui se sentent davantage attirés et ont reçu un don spécial du Seigneur pour s’engager auprès des plus pauvres et dans le secteur informel. Mais ils le feront toujours au nom et avec le soutien de toute la communauté. Ils partageront avec tous leurs actions, qui seront évaluées en réunion de communauté et reprises par tous dans la prière communautaire.

3.5.2. Mener des actions ensemble

Pour cela :

  1. Répertorier les personnes ressource dans le domaine du social et de la formation des religieux

  2. Créer un domaine de recherche au niveau de l’Eglise sur l’action sociale : droits de l’homme, lois du pays, doctrine sociale de l’Eglise,

  3. Organiser des sessions de formation et d’information (p.ex. la loi et les personnes abusées). Il y a en aura une sur les abus sexuels (en novembre).

  4. Célébrer la Journée mondiale des pauvres. Que chaque communauté organise une action à cet effet. Par exemple. les inviter à notre table.

  5. Prospecter ce qui se fait chacun dans son milieu, et en faire la synthèse.

  6. Aller à la périphérie : quoi faire ? Que les congrégations fassent des propositions, comme donner des moyens à des pauvres connus, mais que ce soient des actions qui ont une continuité.

  7. Aller à la rencontre d’un quartier pour y découvrir les conditions de vie difficiles. Par exemple, Guinaw Rails à Pikine : pauvreté, surpopulation, inondations, déguerpissement pour la nouvelle route et le Ter. Y faire une action concrète : par exemple, un patronage ou un centre aéré pour les enfants démunis, en lien avec ATD/Tiers Monde qui y travaille depuis longtemps et avec la CEB.

  8. Choisir un domaine précis : santé, éducation, formation des jeunes filles… et décider ce qu’on peut faire. Par exemple, des consultations gratuites en apportant des médicaments, à condition de conscientiser d’abord la population grâce aux structures existantes, et de prévoir des personnes pour assurer le suivi sanitaire, en lien avec les forces du quartier : hygiène et propreté, prévention, vaccination…

Faire une exposition et des théâtres sur l’environnement, accompagnés d’une conférence suivie de carrefours : JOURNÉE SUR NOTRE MAISON COMMUNE . Y inviter les médias auxquels nous avons accès

Pistes de réflexions sur différents domaines d’engagement

NB Le travail est énorme, mais c’est parce que les problèmes et les souffrances sont énormes. Nous ne pouvons pas tout faire, mais nous agissons personnellement et en communauté là où nous pouvons intervenir, sans avoir peur de nous appuyer sur la reconnaissance et la bonne réputation qui est la nôtre... et que nous devons maintenir à tout prix. En nous appuyant sur la Parole et la miséricorde de Dieu notre Père, l’exemple et le témoignage du Christ, la force et l’espérance du Saint Esprit. En priant et faisant prier, pour remplir notre vocation d’intercession dans l’Eglise et dans le monde.

3.6 Nos engagements vont donc se situer à différents niveaux

3.6.1. Au niveau personnel

A partir de ses qualités propres, de son éducation et des dons reçus du Seigneur. Mais ces engagements personnels seront toujours partagés avec la communauté, pour être approuvés et soutenus.

Cela pose la question de la formation des jeunes religieux et religieuses. Ne pas les former seulement pour la catéchèse, la liturgie et les activités paroissiales ou dans les sciences ecclésiastiques, mais aussi dans la formation humaine et les activités sociales.

Cela suppose aussi que chaque religieux continue à se former (formation permanente) et à rester attentif aux plus pauvres, au secteur informel et aux actions menées par les autres organisations.

3.6.2. Au niveau des communautés et des différentes structures et activités des congrégations Écoles, santé, centres sociaux…

Il faut nous investir dans la recherche. Apprendre à faire des enquêtes sociales et imaginer des actions de développement dans les nouveaux secteurs et besoins de la société. Repérer les religieux compétents dans le domaine social, en faire des personnes ressources et les aider à travailler ensemble (en réseau). Il ne s’agit pas ici de dire aux congrégations ce qu’elles doivent faire dans ces différents domaines, mais simplement de propositions et d’appels selon les trois orientations de notre commission Justice et Paix-Action Sociale : rejoindre les plus pauvres, travailler dans le secteur informel, agir avec les autres structures et organisations. Chaque congrégation composera son propre plan d’action selon son charisme et ses activités propres (voir le document de base ). Les congrégations travaillant dans le même secteur (éducaton santé, formation...) pourront aussi rédiger un plan d’action commun.

3.6.2.1.Domaine de l’éducation
  1. Dans le domaine de l’éducation, nous sommes en faveur de l’éducation pour tous, spécialement des plus nécessiteux. Nous voulons chercher tous les moyens possibles pour rendre effectif ce slogan dont notre pays est encore si loin. Nous voulons aussi que là où notre éducation arrive aux familles plus aisées, elle éduque à un engagement en faveur des pauvres et à une société plus égalitaire.

  2. Nous voulons aussi collaborer, toujours dans la perspective de l’éducation pour tous, à améliorer la qualité de l’enseignement public par une présence effective des religieux dans cet enseignement pour rejoindre toutes les couches populaires.

  3. Nos institutions éducatives seront toujours inclusives, en faisant attention particulièrement aux plus faibles, aux émigrés, aux défavorisés, aux enfants handicapés physiques ou mentaux, aux cas sociaux. Nous essayerons d’affecter dans ces institutions, autant que possible, des religieux qui pratiquent le service de l’écoute et de l’attention à tous, particulièrement aux élèves en difficulté..

  4. Dans les institutions dont nous avons le service de l’autorité, nous aurons un soin spécial pour nous conformer en tout à la juste législation du travail de notre pays par rapport à tous nos collaborateurs.

  5. L’éducation formelle n’arrive malheureusement pas à tous les secteurs de la société. Nous essayerons de nous introduire dans le secteur non formel afin que tous les enfants puissent obtenir et réaliser leur droit à l’éducation.

Nous aurons le souci de la formation humaine, morale et spirituelle des élèves musulmans, et chercheront à organiser des actions communes entre élèves chrétiens et musulmans

Nous chercherons une collaboration active avec les écoles publiques et privées non catholiques, pour une amélioration globale de l’éducation et une attention spéciale aux élèves les plus nécessiteux ou ayant des difficultés.

N.B. Lire attentivement l’exhortation sur les jeunes Christus vivit N° 220 à 224

3.6.2.2.Domaine de la santé
  1. Les dispensaires privés catholiques sont reconnus pour la qualité de leur accueil et de leurs soins. Ils ne se contentent pas de soigner mais cherchent à éduquer les gens à la santé et à la prévention. Ils sont attentifs aux plus nécessiteux et à fournir les soins les moins chers possibles.

  2. Notre commission pourra les soutenir dans cette ligne pour qu’ils continuent à avoir un bon fonctionnement et une bonne réputation, car l’attention aux plus pauvres demande non seulement un souci constant mais une évaluation permanente.

  3. La responsabilité de notre commission est donc d’abord de soutenir les frères et les sœurs engagés dans la santé. Et les encourager, non seulement à mieux accueillir et à mieux soigner à la suite de Jésus Christ et comme Lui, mais surtout de reconnaître Jésus dans les malades, comme Lui-même l’a dit : «  J’étais malade et vous m’avez accueilli…. Tout ce que tu fais au plus petit de ceux-ci qui sont mes frères, c’est à Moi que tu le fais » (Matthieu 25, 40).

  4. Nous chercherons une santé globale, non seulement du malade, mais de toute sa famille. Pour bien guérir, un malade a besoin d’avoir la paix dans son cœur, mais aussi dans sa famille et son environnement. Cela nous demande en particulier d’être attentifs aux parents qui accompagnent les malades. Et de les encourager à soutenir leur parent malade : à le soutenir et le prendre en charge le mieux possible, y compris par la prière partagée.

  5. En dialogue avec nos supérieurs, nous encouragerons les jeunes religieux et religieuses qui se forment dans la santé, à s’engager dans le secteur public. Et nous veillerons à soutenir ceux et celles qui travaillent dans les hôpitaux d’Etat où ils doivent souvent travailler dans des conditions plus difficiles, mais où ils sont appelés aussi à porter un témoignage plus fort, en étant le levain dans la pâte (Mat 13,33) et le sel de la terre (Mat 5,12). Nous leur demanderons de faire remonter régulièrement les appels que le Seigneur leur adresse à travers leurs engagements dans la santé publique.

  6. Nous soutiendrons la mise en place de véritables aumôneries des hôpitaux (pas seulement une amicale des agents de la santé) où travaillent ensemble des agents de la santé, des aumôniers et des équipes de laïcs qui viennent visiter les malades et soutenir leurs parents qui viennent les voir. Sous la responsabilité de l’aumônier paroissial, avec les religieux présents dans la structure, nous chercherons à mettre en place une équipe de laïcs dans toutes les structures sanitaires, spécialement celles où les gens sont hospitalisés.

  7. Nous aiderons à mettre en place une meilleure pastorale de la santé, en coordonnant les actions des frères, des sœurs et des laïcs qui travaillent dans les dispensaires privés ou publics, les membres de la Pastorale paroissiale des malades, les ministres de la communion qui visitent les malades, et les CEB.

  8. Nous aiderons ces aumôneries à s’engager en particulier dans les prisons pour intervenir régulièrement (pas seulement apporter des repas ou des cadeaux à Noël et à Pâques) pour soutenir les soins de santé qui y sont donnés, organiser avec l’accord des autorités pénitentiaires des consultations gratuites en apportant des médicaments nécessaires pour cela, et en offrant un soutien psychologique, affectif, moral et spirituel pour une santé globale des détenus. Pour cela, il serait essentiel que les religieux et religieux intègrent les équipes d’écoute qui se mettent en place dans les prisons

  9. Nous travaillerons en lien avec les chefs de quartiers, les badièni gokh et les ONG et associations présentes et actives pour un meilleur environnement et l’assainissement des quartiers. En particulier avec les jeunes : opérations seet setal des ASC (Associations socio-culturelles), tours de thé pour réfléchir à la propreté et la vie sociale du quartier, soutien et sensibilisation aux campagnes de vaccinations, parrainages des enfants dans les écoles…

  10. Dans le cadre de l’acte 3 de la Décentralisation, nous travaillerons avec les municipalités pour sensibiliser les populations, en particulier les chrétiens, à participer aux efforts du gouvernement en faveur des familles nécessiteuses (les bourses familiales), des malades en général (la CMU : Couverture Médicale Universelle), les soins aux femmes (césariennes gratuites), aux bébés (soins gratuits de 0 à 5 ans), aux personnes âgées (Plan Sésame) et aux handicapés (cartes d’égalité des chances). En veillant à ce que ces programmes soient réellement mis en pratique au profit d’abord des plus nécessiteux.

  11. Nous contribuerons à la sensibilisation de nos différentes entités paroissiales en particulier, les conseils paroissiaux, la Caritas, les associations des femmes catholiques, les mouvements des enfants CV / AV et des jeunes scouts, pour le respect de l’environnement, la propreté de la terre, l’éducation à la santé et l’hygiène, de manière à éviter le maximum de maladies.

Message du Pape François pour la journée mondiale du malade 2019 « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8) conclusion : La dimension de la gratuité devrait surtout animer les structures sanitaires catholiques, car c’est la logique évangélique qui caractérise leur action, tant dans les régions les plus avancées que dans les plus défavorisées du monde. Les structures catholiques sont appelées à exprimer le sens du don, de la gratuité et de la solidarité, en réponse à la logique du profit à tout prix, du donner pour obtenir, de l’exploitation qui ne s’embarrasse pas des personnes. Je vous exhorte tous, à différents niveaux, à promouvoir la culture de la gratuité et du don, indispensable pour dépasser la culture du profit et du déchet. Les institutions sanitaires catholiques ne devraient pas tomber dans le travers consistant à privilégier les intérêts de l’entreprise, mais sauvegarder l’attention à la personne plutôt que le gain. Nous savons que la santé est relationnelle, elle dépend de l’interaction avec les autres et a besoin de confiance, d’amitié et de solidarité ; c’est un bien dont on ne peut jouir « en plénitude » que s’il est partagé. La joie du don gratuit est l’indicateur de santé du chrétien. Je vous confie tous à Marie,

3.6.2.3. Les centres sociaux
  1. Nous encouragerons les centres sociaux à intégrer l’ANPF (Association Nationale de la Promotion Féminine), pour préparer les jeunes filles et femmes en formation à des activités productives.

  2. Avec les CEB, nous assurerons une sensibilisation dans les quartiers pour que les parents et les jeunes filles elles-mêmes, surtout celles des milieux populaires et des familles les plus nécessiteuses, aient le souci de se former, et prennent les moyens pour cela.

  3. Nous chercherons à ce que les centres sociaux ne se limitent pas à une formation technique (couture, cuisine etc.), avec quelques cours de morale et de catéchèse en plus, mais qu’ils assurent une formation globale des jeunes filles, en les responsabilisant au maximum avec leurs parents.

  4. Pour les centres sociaux, être reconnus officiellement et préparer aux diplômes, demande un certain nombre de moyens, des scolarités importantes et de nombreuses autres conditions. Nous chercherons à mettre également en place des centres sociaux plus « simples », pour les jeunes filles qui ne voudraient pas ou ne pourraient pas recevoir une formation d’un niveau élevé, pour leur fournir une formation de base aussi bien pour leur vie de famille que pour exercer des petits métiers dans les quartiers. Celles qui ont plus de possibilités et de moyens pourront alors intégrer les centres sociaux plus performants (voir l’expérience des spiritaines de Ouakam ou de la JOCF à Soumbedioune).

  5. Bien sûr, nous aurons le souci de former les jeunes filles aux droits des travailleurs. Et nous soutiendrons celles qui pourront avoir un travail salarié, en veillant que les conditions sociales soient respectées : inscriptions à l’inspections du travail, fiches de paye, inscription à l’IPRES et à la Sécurité Sociale etc. Et que leurs employeurs versent les cotisations nécessaires pour cela. Bien sûr, la première c’est est de respecter les droits de nos propres employés

  6. Nous suivrons nos anciens élèves dans leurs activités avec l’aide des religieux et religieuses compétentes, mais aussi des laïcs formés de nos paroisses que nous chercherons à connaître.

  7. Nous nous mettons en lien avec les différentes ONG qui s’engagent pour la promotion de la jeune fille et de la femme, pour travailler ensemble, mis en place par le gouvernement. Nous avons le souci de soutenir les actions du gouvernement dans ce sens et veillons à ce que ces projets soient réellement mis en place au profit de celles qui en ont le plus besoin, dans la clarté, la bonne gouvernance et la justice.

3.6.3. Au niveau de l’Eglise locale: justice et paix, prisons, Caritas, CEB, mouvements....

Nos congrégations ont chacune leur charisme qu’il est essentiel de vivre en vérité, mais qui est en même temps une richesse pour l’Eglise toute entière. Car nous sommes au service de l’Eglise locale, et c’est l’évêque qui est responsable de la mission et de toutes les activités pastoralesde son diocèse. C’est pourquoi, nous ne nous limitons pas à nos “oeuvres”, mais selon selon nos possibilités et dans le respect de ce que nous sommes, nous participons aux activités de notre paroisse. A chaque personne et à chaque communauté de se demander quel engagement elle peut prendre, de préférence selon les trois lignes d’action de notre commission : les plus pauvres, le travail en secteur informel et les actions en lien avec les différentes organisations privées et officielles de notre société

3.6.3.1.Les prisons
  1. Les aumôneries de prison ont beaucoup de mal à se mettre en place. Nous en sommes tous responsables (Mat 25,38) , mais les religieux doivent y avoir une place spécifique. Souvent on se contente de venir dire la messe une fois par semaine...quand on le fait !

  2. Nous chercherons à ce que ces aumôneries ne prennent pas en charge seulement les chrétiens mais tous les détenus. Et qu’on ne se contente pas des prières, mais que l’on cherche à répondre aux besoins de toute la personne, qu’elle soit chrétienne ou non.

  3. On ne se contentera donc pas de venir porter des repas et de dire la messe à Noël et à Pâques, même si cela est une bonne chose, mais de former des visiteurs de prisons qui interviennent chaque semaine pour l’écoute à tous les niveaux, et répondre aux différents besoins.

  4. Pour cela, nous soutiendrons la mise en place des différentes commissions proposées depuis longtemps pour l’aumônerie des prisons, en y participant et en cherchant des personnes volontaires compétentes pour s’y engager avec nous.

  • L’assistance judiciaire

  • L’assistance matérielle et socio-économique

  • L’assistance spirituelle et la formation continue

  • La formation professionnelle et la réinsertion

  • La culture et la communication

  • La commission santé

  • La commission relations avec les familles

  1. Nous veillerons en particulier à la mise en place dans chaque prison d’une véritable écoute qui soit un accueil des détenus sans les culpabiliser ou moraliser, cherchant au contraire à les aider à prendre conscience de ce qu’ils ont fait, pour trouver une autre façon de vivre. Et les moyens de sortir des difficultés qu’ils ont connues.
    Pour aller plus loin, mon souhait est d'arriver à créer une structure qui serait un prolongement des visiteurs de prisons, où bénévoles et travailleurs sociaux salariés (ou non) pourraient proposer un réel suivi durant et surtout après la détention. Cette structure serait "le bras exécutant" des différentes commissions. A terme, nous devrions parvenir à la création de foyers de réinsertion.

  2. Nous aurons le souci des familles des détenus pour les soutenir moralement, mais aussi les aider dans leurs besoins matériels pour faire vivre la famille, pour payer le loyer, assurer la scolarisation des enfants, etc.

  3. Avec l’aide de la Caritas et du PARI pour les détenus étrangers, nous chercherons à offrir au détenu la possibilité de se former dans différents domaines, à l’intérieur même de la prison : alphabétisation, mise en place d’ateliers artisanaux : électricité, petite mécanique, menuiserie etc…, en fournissant le matériel nécessaire pour cela. Pour que les prisonniers se prennent vraiment en charge, on cherchera parmi les détenus ceux qui sont compétents pour assurer cette formation, sans avoir besoin de payer des gens qui viennent de l’extérieur.

  4. Nous nous mettrons en lien avec la direction de chaque prison, et l’administration pénitentiaire. Pas seulement pour s’assurer du bon fonctionnement de ces ateliers et pour les autres actions qui seront menées, mais pour contribuer à la réflexion qui est menée actuellement sur les prisons. Et surtout pour la recherche d’une nouvelle organisation et de formes différentes de peines qui soient plus éducatives et humaines. En partageant les richesses de l’Evangile, de la miséricorde du Christ, de la libération et de la réconciliation qu’Il nous a apportées.

  5. Nous entrerons en contact régulier avec l’Observatoire des prisons, en particulier pour améliorer les conditions d’emprisonnement, et pour aider à ce que les jugements soient assurés, plus rapidement pour réduire les détentions provisoires. Nous proposerons des peines plus éducatrices et humanisantes que la détention systématique, en intervenant pour cela auprès des juges que nous connaissons. Pour cela nous mettrons en relation nos commissions Justice et Paix avec l’Observatoire des prisons. On sera en contact régulier avec l’Observatoire des prions, en particulier pour améliorer les conditions d’emprisonnement et pour que les jugements soient faits plus rapidement pour réduire les détentions provisoires et chercher des peines plus éducatrices et humanisantes. Pour cela on mettra en relation nos commissions Justice et Paix avec l’Observatoire des prisons.

  6. Nous aurons un souci particulier pour le retour en famille des détenus, en maintenant les liens avec leurs familles grâce aux différents moyens de communication disponibles, de préparer leur réinsertion en lien avec les paroisses et les communautés religieuses d’origine, et en coordination avec l’administration pénitentiaire, en particulier avec les greffiers.

  7. Nous chercherons, avec l’administration de la prison, à favoriser la participation des détenus à la bonne marche de la prison. Par exemple, comme cela a été fait au Camp Pénal, par des rencontres régulières entre administration, personnel pénitentiaire et chefs de chambres pour responsabiliser les détenus, dans le respect de leur dignité et selon leurs capacités.

  8. De même, nous proposerons des rencontres des différentes ONG et associations qui interviennent dans chaque prison, sous la supervision des responsables des prisons.

  9. Il y a trop de problèmes avec les avocats qui disparaissent après avoir encaissé l’argent des familles des détenus. A partir de nos connaissances et relations, nous chercherons des avocats engagés et sérieux pour prendre en charge de manière suivie et responsable les détenus qui en ont le plus besoin. Et si possible de prendre en charge gratuitement l’un ou l’autre détenu plus démuni, et qui ont plus besoin de défense.

  10. A chaque fois que cela est possible, nous chercherons à se faire rencontrer les coupables avec leurs victimes pour un pardon et une réconciliation (justice réparatrice)

  11. Nous soutiendrons les chrétiens et les CEB pour mener une sensibilisation dans les quartiers, pour éviter d’aller tout de suite au tribunal et de faire condamner les gens, mais de chercher la réconciliation dans le commissariats et les gendarmeries, les maisons de justice et les autres lieux où cela peut se faire

  12. Partout où nous sommes, nous chercherons à lutter contre les violences et à mener une véritable éducation à la paix. Nous orienterons les femmes et jeunes filles victimes de violences vers les boutiques de droit.

  13. Avec les différentes sources vives de la société, nous chercherons à agir sur les causes qui entraînent les hommes et les femmes en prison : vol, viols, drogue, prostitution, avortements, violences de toutes sortes.

3.6.3.2.la Caritas
  1. La Caritas existe dans nos diocèses et il est absolument nécessaire d’en respecter ses orientations et son fonctionnement, que ce soit au niveau diocésain ou paroissial.

  2. Il est essentiel de soutenir ses projets et d’y participer. Mais au cours de notre 1° rencontre, nous avons relevé un certain nombre de choses

  3. Les temps forts et les recherches de fonds sont importants (journées Caritas, Repas de Gala…), mais nous avons la responsabilité de faire qu’ils soient bien compris et suivis d’actions concrètes. Et d’aller plus loin. Comme l’a dit le pape François : » Que votre fierté réside toujours dans votre volonté de remonter aux causes des pauvretés, pour chercher à les supprimer : l’effort pour prévenir la marginalisation, pour influer sur les mécanismes qui génèrent l’injustice, pour agir contre toutes les structures de péché. Il s’agit, dans ce but, d’éduquer les personnes et les groupes à des styles de vie conscients, de sorte que tous se sentent vraiment responsables de tous. Et ceci à partir des paroisses : telle est l’œuvre précieuse et capillaire des Caritas paroissiales, qu’il faut continuer de diffuser et de multiplier sur le territoire…Face aux défis et aux contradictions de notre temps, la Caritas a la tâche difficile mais fondamentale de faire en sorte que le service caritatif devienne un engagement de chacun de nous, c’est-à-dire que la communauté chrétienne tout entière devienne sujet de la charité ». 21 avril 2016, au Congrès de la Caritas des diocèses italiens.

  4. Il faut dépasser l’aumône et l'aide matérielle. Nos Caritas paroissiales se contentent trop souvent de distributions de nourriture et d’habits, sans chercher à lancer des petits projets économiques à partir de capacités des gens. Cela demande alors de leur offrir une formation et les moyens minimums pour assurer ces actions qui leur permettront de vivre. Nous pouvons nous engager avec des personnes compétentes de la paroisse pour lancer cette idée et assurer cette formation de base dans les différents secteurs de la vie économique et sociale. Et offrir ensuite un suivi pour les personnes qui commencent à travailler par eux-mêmes. C’est cela leur dignité. La façon de travailler du PARI, Programme d’action pour les réfugiés et les émigrés, nous semble exemplaire et il serait important de s’en inspirer.

  5. Que faire pour que la Caritas rejoigne vraiment les plus pauvres (les plus fatigués) de la société, comme nous le demande le document des Nations Unies dans ses objectifs de développement (ODD). Voir aussi « les principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme » adoptés aux Nations Unies le 27/09/2012, qui ont beaucoup de peine à être mis en pratique. Et que nous ne connaissons peut-être même pas.

  6. Ceux qui s’adressent à la Caritas ont encore un peu de force et de volonté pour s'en sortir. Mais la Caritas ne rejoint pas les plus pauvres, ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté. Ceux qui se cachent parce qu’ils ont honte d’eux-mêmes. Parce qu’ils ont été trop souvent rejetés et humiliés, et qu’ils sont complètement découragés. Ils ont besoin de trouver confiance et espoir. Le premier problème, c’est de découvrir ces personnes découragées qui n'ont plus de famille, ni de réseau de solidarité.

  7. Pour cela, il est nécessaire de travailler avec d’autres organisations et le gouvernement comme le mouvement ATD/Quart Monde (Aide à Toute Détresse), lancé par le père Nzvrésinsky. D’abord pour célébrer ensemble la journée mondiale du refus de la misère lancée par l’ONU. ATD/Quart Monde a mis en place une Fédération pour le soutien aux personnes vivant dans l’extrême misère, et pour travailler avec les différents ministères, afin qu’ils prennent en compte cette question. La Caritas a participé au lancement de cette Fédération.

  8. Le pape François a demandé à chaque paroisse de célébrer le dimanche des pauvres. Nous n’en avons pas entendu parler dans le diocèse cette année. Que faisons-nous de l’appel du Pape Paul 6 au moment du Concile Vatican 2, il y a plus de 50 ans déjà, de nous engager pour le développement de tout l’homme et de tous les hommes. Et de l’engagement pour les pauvres demandé sans cesse par le Pape François.

3.6.3.3. Les commissions Justice, Paix

Le Concile VATICAN II a souhaité « la création d’un organisme de l’Eglise Universelle, chargé d’inciter la communauté catholique à promouvoir l’essor des régions pauvres et la justice sociale entre les nations”. Donc JUSTICE/PAIX est un vœu de l’Eglise Universelle. Son but est de mettre la doctrine sociale de l’Eglise. La tâche première est l’étude en vue de l’action. Pour cela il faut partir de la base, des faits vécus dans nos familles, quartiers, lieux de travail…. Et y réfléchir à partir de l’Evangile, de l’enseignement du Pape et des évêques, et des analyses sociales de la société., pour y apporter la Justice, la Paix et le Respect de la Création.

LA JUSTICE : Nous devons nous intéresser aux questions sociales (former les consciences), au monde du travail, à la vie internationale, au développement en général, spécialement au développement social ; encourager la réflexion sur l’évolution des systèmes économiques et financers, examiner les problèmes liés à l’environnement (respect… ex. opérations set setal ) et à l’utilisation responsable des ressources terrestres (s’engager dans le combat du développement et la bonne utilisation des ressources minières, pétrole, agricoles et autres), dénoncer les cas d’injustice et aider les personnes qui en sont victime à les faire réparer… ;

LA PAIX : Nous sommes chargés de promouvoir la PAIX autour de nous par tous les moyens à notre disposition et toius les niveaux, étudier les questions touchant à la guerre, le désarmement, la violence sous ses diverse formes…. mais surtout cultiver la paix autour de nous, favoriser la réconciliation, être à l’écoute des autres…

Les DROITS DE L’HOMME : d’abord faire connaître aux hommes leurs droits élémentaires mais aussi leur devoirs, amener les dirigeants à respecter et faire respecter la dignité de la personne humaine créée à l’image de Dieu (Par exemple par la pastorale des prisons), inviter les chrétiens à s’engager dans la politique…

Que faire ? D’abord nous former sérieusement à la Doctrine sociale de l’Eglise.

Ouvrir nos yeux et notre coeur pour connaître les souffrances et les difficultés de ceux qui nous entourent, spécialement les plus faibles

Parler ensemble pour mieux connaître les injustices autour de nous, et chercher ensemble comment agir sur leurs causes.

Chercher à miux comprendre comment fonctionne notre société, et les forces obscures qui y sont à l’oeuvre

Participer à la commission Justice et Paix de notre paroisse. Si elle n’existe pas, aider à la mettre en place.

Lire les documents de notre pape François, et mettre en pratique ses discours et interventions

3.6.3.4. L’intégrité de la création

Dans l’encyclique Laudato si ! (loué sois-tu !) le pape indique un objectif : « Miser sur un autre style de vie ». Et indique la tâche de l’éducation : « éduquer à l’alliance entre l’humanité et l’environnement ».  Une éducation qui implique une « conversion écologique », qui apporte « joie » et « paix ». Le pape parle « d’amour » à la fois « civil » et « politique ». Il explique avec force qu’on ne peut pas aimer les pauvres sans respecter la Création, et inversement.

Cela nous demande d’étudier profondément et de méditer, personnellement et en communauté, cette encyclique.

Ensuite d’en faire connaître les points essentiels aux personnes qui nous entourent, et dans les groupes auxquels nous participons

De veiller à son application concrète. Par exemple, nous enseignons l’hygiène aux élèves dans nos écoles. Mais ils ne mettent pas en pratique ce que nous leur enseignons à la maison ou dans le quartier, même pas à l’école!

Le pape François nous demande de vivre une vie simple pour ne pas épuiser la terre. Qu’est-ce que cela veut dire ? D’abord, c’est de garder la terre propre, et donc de la respecter : ne pas jeter nos ordures n’importe où, ni nos eaux sales. Sinon, les moustiques vont se développer. Il y aura de plus en plus de paludisme, et de plus en plus d’enfants et de bébés qui vont mourir. Qu’est ce qui nous empêche de tenir notre cour propre ?

Ce sont les arbres qui prennent le carbone et purifient l’air. Et qui font venir la pluie. Même en ville, qu’est ce qui nous empêche de planter un ou deux arbres, si nous avons une cour ?

Respecter la création, c’est aussi mener une vie simple. Nous l’avons vu au moment des fêtes de Noël : il y a trop de gaspillage, et trop de nourriture qu’on jette. Il y a aussi des gens qui ont trop de chaussures et trop d’habits, plus que ce dont ils ont besoin. Tout cela épuise et fatigue la terre pour rien, et c’est un manque de respect pour ce que Dieu nous a donné. Il est donc important de limiter notre consommation.

En ville, il devient pratiquement impossible de circuler. Il y a sans arrêt des bouchons. Et des voitures en mauvais état ou qui sont trop vieilles, et qui rejettent beaucoup de fumée. Et donc beaucoup de saletés dans l’air que nous respirons. Il y a trop de bouchons, parce qu’il y a trop de gens qui se déplacent tout seuls dans leur voiture, alors qu’il y a des transports en commun. Et si tu as une voiture, au moins transporte les gens qui sont dans ton quartier, et qui partent au même endroit au travail. A l’aller comme au retour. C’est ce qu’on appelle le co-voiturage. C’est à la fois le signe d’un partage et un signe d’amitié. C’est aussi une manière de réduire la pollution de l’air.

On a aussi voté une loi contre le tabac. Et une loi contre les sacs plastiques qui durent une centaine d’année sans pourrir, qui remplissent les océans et qui tuent les poissons. Et aussi nos animaux quand ils les mangent et qu’ils s’en étouffent. Mais on continue d’utiliser les sacs plastiques. Et on continue à fumer sans rien changer. A quoi cela sert de voter des lois, si on ne le met pas en pratique ? Et c’est à chaque citoyen de le faire, sans attendre le président ou les députes.

Dans notre mer il y a de moins en moins de poissons. Les pêcheurs n’ont plus de quoi vivre. Les femmes qui préparent les poissons n’ont plus de travail. Les habitants manquent de bonne nourriture et de protéines. C’est tout le monde qui souffre. Il y a bien la possibilité de faire des étangs, et d’élever les poissons à l’intérieur du pays, la pisciculture. Mais il faut le temps pour mettre tout cela en place. Il faut surtout lutter contre le pillage de nos fonds marins : empêcher les bateaux étrangers de venir pêcher avec des kilomètres de filet jusqu’au bord de nos côtes pendant la nuit. Et de détruire tous les poissons aussi bien les grands que les petits qui ne pourront jamais grandir.

En brousse, il n’y a plus d’animaux, parce qu’on les a tous tués, même les petits. Même les femelles qui étaient grosses (enceintes).Il faut arrêter de tuer n’importe comment.

Le respect de la nature, c’est bien sûr mettre en pratique l’accord de la COP 21 des Nations Unies (ONU) à Paris. Et les autres COP qui ont suivi au Maroc et en Pologne. C’est changer les lois et les accords, en particulier pour le pétrole et pour les mines. Mais cela dépend aussi de chacun d’entre nous, dans la vie de chaque jour.

Dans son message du 1° janvier 2019, journée internationale de la paix, le Pape François rapporte ces paroles de Jésus. : « Dans toutes les maisons où vous entrerez, dites d’abord : paix à cette maison » (Luc 10,5). La maison dont parle Jésus c’est chaque famille, chaque communauté, chaque pays. C’est aussi notre maison commune, la terre où Dieu nous a mis pour vivre, et dont nous devons prendre soin avec respect. C’est ce que veut le pape pour toutes les maisons : la paix sur la terre. « La paix avec soi-même.. La paix avec l’autre, l’ami, le pauvre, l’étranger et celui qui souffre. En osant les rencontrer et les écouter. Et la paix avec la création. En redécouvrant la grandeur de Dieu. Et la part de responsabilité qui revient à chacun de nous, en tant qu’habitant du monde, citoyen et acteur de l’avenir » (N° 7)

3.6.3.5. Les autres organisations de l’Eglise locale

CEB, femmes catholiques, mouvements, CPJ et amicales, chorales et groupes de prière chacun dans son domaine... On choisira de préférence un engagement dans les CEB, les mouvements d’action catholique, la Caritas et la commission Justice et Paix. De préférence aux groupes de prière, aux chorales et aux groupes de liturgie qui n’ont pas de peine à trouver du monde. Mais nous garderons aussi le contrat avec ces derniers groupes pour les rendre attentifs eux aussi aux plus pauvres, en leur sein ou autour d’eux dans le quartier, aux études ou au travail.

3.6.4. Avec les gens des autres religions

Notre référence c’est Jésus Christ qui a aimé et aidé tous les hommes, quelle que soit leur religion, qui a annoncé l’Evangile qui est pour tous, et qui est mort pour tous. Plusieurs fois Jésus traverse le lac de Génésareth, Il va à Tyr et Sidon, Il part dans la Décapole, des régions païennes (Marc 7,31). Il annonce clairement : « Ils viendront du Levant et du Couchant pour prendre place à table, au repas du Royaume » (Luc 13,29). Le Royaume de Dieu est ouvert à tous les hommes. Et en tant que religieux, nous sommes au service du Royaume, pas seulement au service de l’Eglise. Jésus a même donné le Samaritain en exemple de charité (Luc 10,30). Il y avait beaucoup de veuves en Israël, mais c’est à la veuve de Sarepta que Dieu a envoyé le prophète Elie (Luc 4,26). Il a admiré la foi de la Cananéenne, une femme païenne, et lui a dit : « Femme, ta foi est grande » (Marc 7,26). Il n’a pas hésité à donner le Centurion Romain en exemple : un étranger et un païen. Et plus que cela, un officier de l’armée romaine, un colonisateur, en disant : « Je n’ai pas trouvé une telle foi en Israël » (Mat 8,10). Et lorsque nous recevons la communion, le corps du Christ Lui-même, c’est cette prière d’un païen que nous reprenons : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes chez moi….. »

Qu’est-ce que cela veut dire pour nos relations, et notre engagement avec les gens des autres religions. D’abord nous prions les uns pour les autres. Nous ne cherchons pas seulement la tolérance (nous supporter), mais un vrai dialogue. Non pas en discutant de religion, car cela risque souvent d’amener àà des incompréhensions, et même des disputes. Mais en cherchant un dialogue de vie, c’est-à-dire en agissant ensemble au service du pays et au service des plus faibles. Lorsque nous agissons ensemble, nous nous encourageons les uns les autres à faire le bien. Et alors, nous sommes amenés à partager nos motivations, et à expliquer pourquoi nous agissons de cette manière. Ce sera alors un vrai dialogue, où chacun pourra accueillir les valeurs de l’autre, et ce qui le fait vivre.

C’est en agissant ensemble, que nous aiderons aussi nos frères et nos sœurs musulmans à s’engager davantage dans le domaine social, sans se limiter à la prière, à l’aumône et à la pratique de leur religion. Et à se mettre au service des plus petits.

Concrètement, cela nous demande de connaître l’imam de notre quartier, de connaître les associations islamiques des femmes et des jeunes, et de mener des actions communes. Nous cherchons à avoir les meilleures relations possibles avec nos voisins, ceux avec qui nous travaillons et tous ceux des autres religions avec qui nous sommes en contact. Nous cherchons à mieux les connaître et à partager leurs soucis, leurs souffrances et leurs espoirs. Nous veillons à établir des relations les plus amicales et les plus profondes possibles. Et à nous entraider dans la vie de chaque jour, par nos conversations amicales, nos soutiens réciproques, mais aussi notre témoignage de vie: “ sel de la terre, lumière du monde et levain dans la pâte” (Mat 5,12-15 et 13,33).

Nous n’oublions pas non plus la religion traditionnelle, que nos ancêtres nous ont transmise, et qui nous marque encore profondément, que nous soyons chrétiens ou musulmans. Nous cherchons à mieux connaître nos traditions, pour en garder les valeurs, en cherchant comment les vivre aujourd’hui d’une manière adaptée, dans le monde moderne. Comme le Christ qui était un vrai juif, qui respectait ses traditions et qui pratiquait sa religion, tout en les transformant par le ferment de l’Evangile. Nous cherchons à vivre l’Evangile en vérité, en particulier dans les moments importants de la vie : dans les rites de naissance, d’initiation (l’adolescence), du mariage traditionnel, de la maladie, du décès, des levées de deuil, l’héritage… en cherchant une véritable inculturation, et en commençant d’abord dans notre propre famille. Et dans la CEB et les autres groupes où nous sommes engagés. Après y avoir réfléchi en communauté.

3.6.5. Au niveau de nos quartiers et de nos communes

Connaître notre quartier et les gens avec qui nous vivons. Entrer en relation avec le chef de quartier, et participer aux actions menées: aménagement du quartier, opérations Set Setal...

Avoir des contacts avec la police et la gendarmerie pour prendre la défense des personnes arrêtées à chaque fois que nécessaire. Suivre l’action des maisons de justice, pour réconcilier les gens, au lieu d’aller au tribunal et des boutiques de droit pour lutter contre les violences faites aux femmes, rencontrer des avocats (femmes juristes) et leur donner les moyens de vivre en lançant une petite activité économique.

Nous intéresser et soutenir les actions des “badièni gokh” (marraines de quartier) et autres personnes qui y interviennent.

Collaborer avec les ONG, associations et organisations qui agissent dans notre quartier, et les aider à se mettre vraiment au service des plus nécessiteux : formation des jeunes, formation des femmes et petits projets économiques: transformation des produits et petit élevage, alphabétisation, santé, régulation des naissances....

Chercher à rendre ces organisations attentives aux plus pauvres et à les responsabiliser.

Agir avec elles pour plus de clarté (bonne gouvernance) et lutter contre la corruption et les détournements d’argent à la base, en défendant les plus exploités.

Aider les CEB à s’engager dans le quartier avec tous, au profit des plus fatigués.

Encourager nos amicales de jeunes à travailler avec les ASC (Associations Socio Culturelles) du quartier. Et les ouvrir aux jeunes qui ont le plus de besoin: les chemins, ceux qui n’ont pas été à l’école, les petits métiers...et pas seulement pour organiser des soirées dansantes, et des matches de foot-ball qui se terminent en bagarres.

Connaître le maire et les membres du conseil municipal

Nous tenir au courant des décisions du conseil municipal (tout le monde le droit d’y participer

Chercher à connaître le maire et les conseillers municipaux, et leur parler des problèmes des plus pauvres et des marginalisés

Les pousser à connaître et à soutenir les petites actions menées dans le secteur informel

Participer à la mise en place et au bon fonctionnement de la CMU (Couverture Médicale Universelle)

Voir comment les décisions sociales du gouvernement sont réellement mises en oeuvre, et comment elles rejoignent réellement ceux qui en ont le plus besoin: césariennes gratuites, soins gratuits pour les enfants de 0 à 5 ans, carte d’égalité des chances por les handicapés, Plan Sésame pour les personnes âgées.

S’assurer que les droits des personnes sont respectés, en particulier ceux des personnes qui ont de la peine à être reconnues. Par exemple les droits à la pension de retraite des veuves, les droits des apprentis et des employées de maison (mbindaan), les conditions d’emploi des bénévoles, les droits des travailleurs en général en particulier au moment des licenciements, l’inscription à l’IPRES, à la caisse de retraite et aux allocations familiales, les droits aux congés, etc...

Connaître les responsables des différentes commissions de la municipalité, en particulier la commission sociale, la commission des femmes et la commission de la jeunesse. Demander aux associations catholiques de se faire inscrire dans les commissions municipales, en particulier les femmes catholiques et la CPJ (Coordination des Jeunes et amicales)

Avoir un représentant reconnu de la paroisse (Caritas, Justice et Paix) auprès de chacune des communes

3.6.6. Au niveau de la société

Avoir la nouvelle carte d’identité

Nous former pour les élections ( connaître les candidats et leurs programmes...) et voter

Participer à la formation et à l’engagement des citoyens dans nos paroisses et nos communes

Nous renseigner sur l’Acte 3 de la décentralisation et les conditions de son application:

Déjà le 22-3- 1996 a été lancé l’acte 2 de la Décentralisation, qui donnait aux communes 9 domaines de compétence (le droit de diriger les choses)

  1. L’organisation et l'utilisation du domaine privé de l'Etat, du domaine public et du domaine national (les terrains).

  2. L'Environnement et l’organisation des ressources naturelles (les richesses de la nature)

  3. La santé, la population et l'action sociale

  4. La jeunesse, les sports et les loisirs 

  5. La culture

  6. L'éducation (l’enseignement), l'alphabétisation, l’utilisation des langues nationales et la formation professionnelle (apprendre un métier)

  7. La planification (prévoir et organiser les choses à faire)

  8. L'aménagement du territoire (l’organisation de la commune)

  9. L'urbanisme et l'habitat (la construction des maisons)

La deuxième phase de l’Acte 3 de la décentralisation verra émerger de nouveaux pôles territoriaux intégrant des régions et des départements.

Suivre l’évolution des décisions administratives et leurs conséquences sur la vie des populations (droit foncier, expropriations et dédommagements...).

Être en contact avec des personnes ressources qui peuvent nous éclairer et nous soutenir dans nos actions en faveur des plus pauvres (“les nécessiteux les plus fatigués”): avocats, juristes, hommes de lois...

Chercher à connaître des syndicalistes et nous tenir au courant de leurs actions

Nous former au niveau politique, et aider les petits de la société à se former pour qu’ils puissent participer à la vie de la nation

3.6.7. Au niveau mondial

Développer la dimension internationale de nos congrégations, grâce à nos communautés établies dans les autres pays. Nous tenir au courant de ce qu’elles font et les aider à s’engager toujours davantage auprès des plus pauvres

Rendre les ONG internationales et les organisations des Nations Unies présentes au Sénégal plus soucieuses des plus faibles et des plus nécessiteux

Travailler à la mise en pratique de la déclaration des Droits de l’Homme dans les différents secteurs de la vie, au profit des petits de la société.

Nous chercherons à travailler avec les ONG humanitaires et de développement, la société civile et les autres organisations attentives aux personnes qui en ont le plus besoin: ATD/Quart Monde, Amnesty International.....

Mettre en pratique les Principes Directeurs de l’ONU :” Faire des Droits de l’Homme une réalité pour les personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté” L’extrême pauvreté. Qu’est-ce que c’est ? Il y a des gens qui se cachent. Ils n’ont plus de courage, parce qu’ils ont été trop souvent humiliés et rejetés. Ils n’ont plus confiance en eux-mêmes. Même s’ils sont malades, ils ont honte d’aller se faire soigner, et ils n’ont pas d’argent pour cela. Ils n’osent pas aller à la mairie parce qu’ils ont été trop souvent méprisés et renvoyés. Ils ont peur d’inscrire leurs enfants à l’école car on se moquera d’eux parce qu’ils sont trop pauvres. D’ailleurs ces enfants n’ont pas le temps d’aller à l‘école, ils doivent se débrouiller eux-mêmes pour trouver à manger. Ils expliquent : « Quand on est pauvre, on n’a pas de pouvoir, on est exclus et rejeté. La misère c'est l'angoisse permanente. Dans l'angoisse on se perd. Tout le monde à droit au sourire. Un réseau social c'est une richesse inestimable, tu as besoin d'humain. Quelqu'un qui vit l'extrême pauvreté il manque de matériel et de ressources humaines ». Ces gens avec leurs familles se trouvent ainsi entraînés dans un cycle sans fin : une maison inondée par les eaux, un manque de nourriture, des problèmes de santé, tout cela les empêche de travailler et de s’en sortir. Cela est une très grande violence et une violation des droits humains. Il est donc absolument nécessaire de faire quelque chose. Il ne s’agit pas seulement d’aider ces personnes les plus écrasées et rejetées de notre société, mais d’abord de les écouter pour comprendre un peu leurs problèmes et leur mentalité. Ensuite, devenir amis pour qu’ils retrouvent le courage de s’en sortir. Puis leur permettre de se prendre eux-mêmes en mains d’une façon responsable, en leur apportant les moyens nécessaires pour cela. Leur donner la parole et une place pour participer activement aux programmes de lutte contre la pauvreté. Au lieu de venir vers eux avec des projets tout faits qui tombent d’en haut et qui les laissent entièrement passifs et inactifs. Ils ont besoin de trouver confiance et espoir. Le premier problème, c’est de découvrir ces personnes découragées qui n'ont plus de famille, ni de réseau de solidarité. Pour cela, nous pouvons travailler en particulier avec le mouvement ATD/Quart Monde (Aide à Toute Détresse). Et à la journée mondiale du refus de la misère. Une rencontre a été organisée par le mouvement ATD/Quart-Monde sur le thème : « Extrême pauvreté et droits de l’homme ». A cette rencontre étaient invités des représentants des différents ministères et d’un certain nombre d’ONG, y compris la Caritas. Le but était de travailler « les principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme » adoptés aux Nations Unies le 27/09/2012, mais qui ont de la peine à être mis en pratique. Car un certain nombre de gouvernements et d’ONG ont le souci des plus pauvres et mettent en place pour les aider des projets de développement. Mais on s’est aperçu que ces projets ne rejoignent pas les gens qui vivent dans l’extrême pauvreté (les plus fatigués dans la société). Est qu’il n’y a pas là un appel et une place pour nous ?

Participer à la mise en place des 17 ODD des Nations Unies : La dignité pour tous d’ici 2030. Les ODD (Objectifs de Développement Durable) demandent des mesures spécifiques pour soutenir des groupes sociaux les plus faibles: femmes, enfants et peuples indigènes.  Ils doivent accéder à des services sociaux et à la protection sociale, à une éducation scolaire, à la propriété foncière et à des crédits… Il faut donner une attention spéciale à des groupes humains menacés par des événements climatiques extrêmes et des catastrophes naturelles.  La loi doit permettre aux pauvres plus d’égalité de chances, les faire participer dans les décisions et les protéger contre la discrimination. C’est un programme universel (s’appliquant à tous les pays), axé sur les êtres humains et ne laissant personne de côté. A nous de vérifier que même les plus pauvres bénéficient des différents droits. Voilà un critère pertinent, que les chrétiens apprécient : juger une politique publique par son impact sur les plus pauvres. . par le rapport du secrétaire général de l’ONU: : • dignité : en finir avec la pauvreté et lutter contre les inégalités • êtres humains : garantir à tous l’accès à la santé et au savoir et donner toute leur place aux femmes et aux enfants • prospérité : développer une économie forte qui profite à tous et favorise le changement • planète : protéger les écosystèmes dans l’intérêt de toutes les sociétés et des générations futures • justice : favoriser l’édification de sociétés sûres et pacifiques et la mise en place d’institutions solides • partenariat : faire jouer la solidarité mondiale au service du développement durable.

L’objectif d’éliminer le trafic sexuel, le travail forcé et toute formes de violences et de torture contre les enfants est l’objectif 16 (sur la paix, la justice et les institutions) 

Nous devons aussi être très attentifs au nouveaux “droits” avec un regard critique et évangélique. Par exemple, le “droit” à l’avortement et à la contraception, la santé de la reproduction pour les jeunes, l’euthanasie, le mariage homosexuel, la Pma: en parler autour de nous et faire réfléchir et agir les personnes concernées.