Cette question difficile et délicate revient à l’ordre du jour et il faut éviter de proposer une solution trop rapide, qui risque d’être trop simpliste. Je comprends très bien, et j’apprécie, que certaines personnes aient le souci des avortements clandestins, car c’est vrai que ces avortements entraînent trop de morts, de maladies et de stérilité. Il faut donc à tout prix, faire quelque chose pour ces femmes et ces jeunes filles qui avortent clandestinement. Mais que faut-il faire ?
Des gens affirment que les jeunes filles ou les femmes enceintes à la suite d’un viol ou d’un inceste, il faut les aider à se débarrasser de leur grossesse. Mais est-ce que la grossesse ce n’est pas une vie humaine qui commence ? Est-ce qu’on peut s’en débarrasser comme d’un habit déchiré ou de la nourriture avariée. C’est vrai qu’il faut lutter de toutes nos forces contre les viols et les incestes, mais le fœtus c’est un enfant qui commence à vivre, c’’est une vie humaine déjà commencée. Dès le premier mois de la grossesse, c’est-à-dire quand la jeune fille ou la femme se demande si’elle n’est pas enceinte, les différents organes du futur enfant sont déjà en voie de constitution.
On dit aussi que ces innocents sont victimes de relations incestueuses. C’est vrai, ce sont vraiment des innocents. Mais alors, a-t-on le droit de les condamner et même de les supprimer ? Ne doit-on pas plutôt punir celui qui a violé sa mère ? On ne peut pas accepter que des jeunes filles ou des femmes mariées soient violées, même si elles ne se retrouvent pas enceintes d’ailleurs. Mais celui qu’on doit punir, ce n’est pas le bébé dans le ventre de sa mère, qui est absolument innocent et qui n’a rien fait de mal, c’est le violeur, surtout s’il est responsable d’un inceste. Il faut attaquer la cause (les viols et les incestes), et non pas la conséquence (la grossesse). Il ne faut pas légaliser l’avortement, mais lutter contre le viol et l’inceste. Sinon c’est se cacher la face.
On pense avec raison à la souffrance de la jeune fille violée. Mais pense-t-on à la souffrance du fœtus ? Car il souffre de l’avortement, et il va en souffrir jusqu’à la mort.
Je suis absolument scandalisé et révolté par les viols et les incestes qui se multiplient et dont certains se terminent même par des meurtres Mais la solution est-elle de supprimer cet enfant qui arrive ? Ne vaut-il pas mieux apporter le soutien nécessaire à sa mère pour qu’elle puisse garder son enfant, quelles qu’en soit la difficulté et sa souffrance ? Faisons-nous vraiment le maximum pour entourer ces filles de notre amitié, les soutenir et leur donner les moyens de garder leur grossesse : pas seulement de l’argent ou de la nourriture, mais d’abord un soutien moral et un accueil qui leur permet de retrouver l’espoir et la confiance.
Moïse est l’un de nos prophètes communs. Dans la Bible, au cours de l’Alliance que Dieu conclut avec Moïse, Il dit : » je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et tes enfants vous viviez, en aimant Dieu et en écoutant sa voix. Et en t’attachant à Dieu, car là est ta vie et un long séjour sur la terre, que Dieu a promis à Abraham (Ibrahima), Isaac (Shaka) et Jacob (Yakhuba) : Deutéronome 30, 15-20.
Dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, Moïse a enseigné au nom de Dieu dans les 10 commandements : « Tu ne tueras pas ». Il ne s’agit pas là seulement d’un interdit, mais bien plus d’un appel à défendre la vie, à la protéger et à aider tous les gens, et surtout les bébés qui ont commencé à vivre dans le ventre de leurs mères, à vivre le mieux possible et dans les meilleures conditions.
C’est vrai que ces enfants sont conçus dans des circonstances absolument dramatiques et qu’il faut trouver des solutions. Mais est-ce vrai, comme on le dit souvent, que ces enfants « ne trouvent pas de place dans la société, traversant toute leur vie un désert affectif, condamnés à payer la faute morale de leur parents ». N’est-il pas possible de trouver et d’ouvrir un autre chemin ? Educateur depuis de longues années dans des centres de formation des jeunes filles, je connais des jeunes filles violées qui ont tenu à garder leur enfant, soutenus par des amies convaincues et engagées, dans la discrétion et sans faire de publicité. Ces jeunes filles ont porté leur grossesse dans la douleur, la souffrance et la tristesse, mais avec courage et elles ont trouvé la joie au moment de la naissance de leur bébé, ainsi que toute leur famille. Un enfant, c’est beau. Et la vie, c’est une merveille Ces jeunes filles’ont accueilli et éduqué leur bébé, parce qu’elles l’ont aimé. Et bien sûr parce qu’elles ont été soutenues et aidées par des personnes compétentes et amicales qui les ont encouragées et aidées à garder patience, confiance et espérance.
Et je connais des jeunes et des adultes, conçus à la suite d’un viol ou par inceste et qui ont non seulement réussi dans la vie mais vivent un mariage heureux avec des enfants épanouis.
Est-ce qu’autoriser l’avortement médicalisé en cas de viol ne sera pas la porte ouverte à de nombreux autres avortements : des femmes et des jeunes filles enceintes n’ayant pas su vivre leur sexualité d’une manière responsable auront la tentation d’affirmer qu’elles ont été violées pour pouvoir avorter, alors qu’il n’en est rien. Les fausses accusations de viol ne manquent pas. De toutes façons, un avortement même médicalisé reste un avortement.
C’est vrai que l’avortement médicalisé permet de le faire dans de meilleures conditions d’hygiène et de sécurité. Mais il ne supprime pas les conséquences psychologiques de l’avortement. Une femme qui a avorté, même si c’est à l’hôpital et d’une façon médicalisée, elle ne peut pas oublier ce qu’elle a vécu. Elle aura des regrets, la honte et des problèmes psychologiques, conscients ou inconscients ce qui est encore pire. Légaliser l’avortement ne va que multiplier ces problèmes. Car si l’avortement médicalisé enlève la grossesse, il n’enlève absolument pas le traumatisme vécu par les femmes et jeunes filles qui avortent, surtout si elles ont été violées ou victimes d’inceste. Il n’apporte pas de solution à ce niveau. Il faut chercher d’autres solutions plus valables.
Alors que faut-il faire ? Pour toutes les femmes dont la grossesse pose problème, c’est de les aider, de les soutenir et de leur donner les moyens de garder leur grossesse. Et cela, c’est notre responsabilité à nous tous. Cela ne demande pas de grands moyens financiers mais simplement de l’amitié, des conseils, de la tendresse, de la compassion et de la miséricorde. C’est cela dont nous manquons le plus dans notre société sénégalaise moderne. Et justement, ce sont ces valeurs que l’on va encore attaquer par l’avortement médicalisé : le respect de la vie et la dignité des personnes. Un proverbe dit : si tu craches en l’air, cela te retombe dessus. L’avortement médicalisé aura obligatoirement des conséquences, comme le dit ce proverbe ouolof : Li waay rendi, ci sa loxo lay nacc !
Ce n’est pas seulement une question de religion, il s’agit de revenir à nos valeurs traditionnelles sénégalaises, le mougn, kërsa et fayda, le diom et le ngoor, yaar ak teggin…Au lieu de nous laisser coloniser par des organisations internationales ou des pays occidentaux, qui eux-mêmes commencent à réfléchir sérieusement aux conséquences de ce qu’ils ont décidé et voté, en particulier au sujet de l’avortement : L’individualisme et l’égoïsme, la perte du sens communautaire et de la famille ; le respect de la vie et la diminution dramatique des naissances.
Et lorsqu’on aura aidé ces femmes et jeunes filles à accoucher, si vraiment elles ne veulent pas ou elles ne peuvent pas garder leur enfant, un certain nombre d’associations, d’orphelinats, de pouponnières et de maisons pour l’enfant, sont prêtes à prendre en charge ces bébés, et ensuite à leur trouver une famille. Ces associations ne manquent pas au Sénégal, heureusement.
En plus, autoriser l’avortement médicalisé pour supprimer les avortements clandestins n’est qu’une illusion. En effet, on s’est aperçu que dans les pays occidentaux qui ont légalisé et médicalisé l’avortement, cela n’a pas diminué le nombre des avortements clandestins. Pourquoi cela ? Parce qu’il y a toujours des femmes et des jeunes filles qui sont enceintes, mais qui veulent cacher leur grossesse, pour des tas de raisons, même en cas de viol. En particulier à cause du kërsa et du sutura, pour garder l’honneur de leur famille. Ou simplement pour elles-mêmes : pour ne pas être critiquées et rejetées par la société. Elles n’iront donc pas avorter dans un hôpital aux yeux de tous, elles continueront à le faire clandestinement, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Légaliser l’avortement n’est pas une solution pour diminuer les avortements clandestins. Encore une fois, la seule solution c’est de soutenir les femmes et les jeunes filles dont la grossesse pose problème.
Une autre chose qu’il faut bien voir, c’est que l’avortement médicalisé est une déformation très grave de la médecine, et qui aura des conséquences sur toute la société. La médecine n’est pas faite pour tuer et supprimer la vie, elle est faite pour soigner, guérir et protéger la vie. Et c’est bien pour cela que les médecins n’ont pas le droit, jusqu’à maintenant, de faire des avortements, sauf dans des cas très précis, contrôlés par la justice et avec de nombreuses conditions. Il faut « que la vie de la mère soit vraiment menacée, qu’elle ne puisse être sauvée que par cette intervention, que l’autorisation soit attestée par trois médecins experts aux tribunaux, etc. » C’est bien pour cela qu’un certain nombre de médecins refusent absolument, par objection de conscience, de faire ces avortements médicalisés, même lorsqu’ils sont autorisés par la loi.
On nous dit aussi que le Protocole de Maputo doit s’applique que lorsque la santé mentale ou physique de la femme ou de la fille enceinte est en danger. Mais justement avorter va entraîner encore plus de problèmes de santé mentale, comme je l’ai expliqué plus haut. On continue en disant que le Protocole de Maputo autorise l’avortement lorsqu’il y a des risques pour la vie de la femme, de la fille enceinte ou du fœtus. Mais en fait, la vie d’une mère enceinte suite à un viol n’est pas menacée, sauf dans des cas très rares. Et on ne fait pas une loi qui s’applique à tous, pour des exceptions.
De plus, avec les progrès de la médecine, il n’y a pratiquement plus de dangers au moment de la grossesse. Et s’il y a un danger, il y a toujours la solution de la césarienne, pour sauver la mère et l’enfant, au lieu de supprimer une vie par un avortement. De toutes façons, les croyants devront choisir entre l’appel de leur foi et de leurs écrits saints et le protocole de Mapouto.
Ce que le pays soutient c’est la régulation des naissances. Mais l ’avortement ce n’est pas mettre des enfants au monde dans des bonnes conditions, c’est les supprimer. Ce n’est pas la santé, c’est la mort. Il faut réfléchir à ce que l’on dit, et fait. C’est une loi qui va enfoncer les femmes enceintes qui ont des problèmes, dans des difficultés encore plus grandes. C’est une loi qui va tuer la société au lieu de la sauver. On mettra en place une société de mort, et non pas une société qui défend la vie. Excusez-moi si ces termes semblent trop forts, mais c’est parce que le problème est vraiment très grave. Il faut qu’on y réfléchisse sérieusement, en conscience, à partir de nos valeurs et de nos religions. Dans les sociétés traditionnelle, l’inceste et le viol considérés comme un crime. C ‘est vrai. Mais l’avortement aussi.
Devant un problème aussi grave, la solution n’est certainement pas d’opposer les hommes aux femmes, mais d’être unis pour travailler ensemble à construire une société où la dignité de tous sera respectée et non pas violée. En accueillent nos différences entre hommes et femmes comme une richesse et une complémentarité. » Benn loxo mënul taacu. » « Nit, nit, ay garabam ! »
Cela pose tout le problème de l’éducation, à tous les niveaux. Tant que l’on laissera les garçons se croire supérieurs et commander leurs sœurs, ils chercheront à mettre les jeunes filles et les femmes à leur service, y compris pour leur plaisir sexuel. Tant qu’on ne changera pas notre société trop patriarcale, cela ira jusqu’au viol et l’inceste, car les jeunes garçons et les hommes imposeront leurs désirs, les désirs sexuels comme les autres. Comment éduquons-nous nos garçons ? Cherchons-nous à changer notre société pour la rendre meilleure et plus respectueuse pour le bien de tous ? Quelle éducation donnons-nous dans nos familles et nos écoles ? Comment luttons-nous contre les viols et les incestes ?
En décembre 2008, la congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction Dignitas personae dans son premier numéro déclarait ceci : « La dignité de la personne doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle »
1 . Mais aujourd’hui, ce principe essentiel qui défend la vie, semble être malheureusement nié et bafoué par ce que l’on appelle aujourd’hui « la culture de la mort » exprimée par la prolifération des pratiques comme l’euthanasie, l’avortement, etc. De toutes ces pratiques, l’avortement retient notre attention à cause de la fréquence de sa pratique à travers le monde : les médias, les journaux, les coulisses de certains centres médicaux nous en parlent en longueur de journée. Pourtant, nous savons qu’en matière de criminalité, « plus la victime est vulnérable et incapable de se défendre, plus les attaques contre elles sont intolérables »
2 . Or nous savons que l’embryon est par définition cet être incapable de se défendre et qui dépend totalement de sa mère. Ce qui suppose que la vie d’un embryon, et donc d’un futur bébé, dépend entièrement de sa mère. D’où il faut admettre que l’évolution ou la rupture d’une grossesse tient de la volonté de la mère. Et comme la femme est porteuse de vie, on s’attend dès lors à ce qu’elle soit en première ligne défenseuse de vie. Mais il se trouve qu’aujourd’hui, plusieurs femmes, personnellement, comme en groupe, font le choix de mettre fin volontairement ou non à l’évolution d’une grossesse, et donc à la vie, justifiant cette pratique par une prétendue liberté de la personne à faire de son corps ce qu’elle veut ; comme si nous nous appartenions nous-mêmes.
En plus, le sommet de ces divers homicides, s’observe aujourd’hui chez certains corps médicaux qui favorisent cette pratique, allant ainsi à l’encontre du serment d’Hippocrate. Face à toutes ces déviations, et ces pertes de sens de la sacralité de la vie, l’on se demande où est la dignité de la personne humaine.
Dans cette même ligne, l’Église n’est pas en reste. Elle qui est garante de cette dignité humaine, lance un cri d’alarme contre ces pratiques homicides à travers plusieurs sources telles que la parole de Dieu, le magistère, etc. 1 Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction Dignitas personae, no1, Rome, Décembre 2008
2 Cf. Travail écrit semestriel,
Raisons théologiques de la catégorisation par l’Eglise de l’avortement provoqué comme d’un acte intrinsèquement mauvais, CSAD, 2018-2019. 2/15 C’est pourquoi devant cette réalité de l’avortement, nous voulons mener une réflexion qui tienne comptes des dimensions physiologique, psycho-affective, morale, pastorale et spirituelle, en allant des causes et conséquences de ce fléau, pour ensuite proposer des actions à mener afin de fonder des bases qui promeuvent davantage la vie humaine.
Introduction 1- aperçu historique et œcuménique a) aperçu historique b) aperçu œcuménique 2- types d’avortement, moral à retenir et les causes d’avortement a) l’avortement thérapeutique b) l’avortement eugénique c) l’avortement après viol d) causes d’avortement 3- repères canoniques sur l’avortement et son pardon a) notion d’avortement b) normes canoniques et doctrinales c) sanctions canoniques contre l’avortement d) le pardon du péché d’avortement 4- conséquences physiologiques et psycho-affectives a) conséquences physiologiques b) conséquences psycho-affectives c) conséquences spirituelles 5- accompagnement pastoral, prévention et actions à mener a) accompagnement pastoral b) prévention et actions à mener c) des alternatives à l’avortement conclusion (vous pouvez me demander le texte de ce travail à armelduteil@hotmail.fr)
Face à la femme ou la jeune fille qui veut avorter, la compassion et la miséricorde sont la priorité. Nous tenons au respect de la vie, mais qu’on le fasse en étant sensible à leurs problèmes. Et après l’avortement, à leur souffrance, leur regret et leur culpabilisation. Car une femme qui a avorté ne peut pas oublier ce qu’elle a fait. Elle a besoin de compassion et pas de condamnation. La prison ne peut pas être une solution. Vous avez pris l’exemple de la femme adultère. Vous avez raison. Jésus dit : » moi non plus, je ne te condamne pas. Va en paix, mais ne pèche plus ». Et par son pardon, Jésus lui donne la force de changer de vie. Mais il demande aussi aux hommes de changer vraiment, non seulement leur comportement, mais aussi leur mentalité et leurs pensées par rapport aux femmes : « Et ils partirent un par un, en commençant par les plus vieux ! ». Qu’ils laissent l’adultère, la fornication et l’infidélité. Et qu’on les juge en cas de viol ou d’inceste.
Pour toutes ces questions, Jésus nous demande d’abord de redonner la paix aux personnes. La femme qui a avorté n’a pas besoin d’être punie, elle a besoin d’être soutenue et d’être accueillie. Et qu’on lui donne la possibilité de changer de vie. Il faut commencer par une véritable éducation sexuelle des jeunes et des communautés. Tu n’as pas le droit de dire à une femme qu’elle ne doit pas avorter, si tu ne l’aides pas à garder son enfant. Il faut garder notre volonté de défendre la vie et de faire le bien, mais il faut vraiment évaluer les choses et faire attention aux conséquences de ce que nous disons et faisons. Il s’agit de libérer les femmes, et non pas les écraser.
Vous avez parlé de l’influence occidentale qui s’impose de plus en plus chez nous. Actuellement, certaines personnes insistent sur la liberté de la femme, ses droits, et même de droit à l’avortement. Cela veut dire quoi ? La liberté de la femme doit être une libération. Il faut qu’elle ait la liberté de garder son enfant, et qu’on lui donne les moyens pour cela. Et l’on n’a pas de droit de supprimer un vie humaine commencée. Le commandement : « Tu ne tueras pas » est plus fort que le bien-être de la femme. La femme a le droit de commander son corps. Mais l’embryon ne fait pas partie de son corps. C’est une autre vie humaine qui a commencée et il a le droit à la vie. Il faut réfléchir à ce que veut dire être libre. Qu’on respecte et qu’on défende leur les droits de l’homme, y compris les droits de l’embryon. Il faut trouver des moyens pour faire réfléchir à cela. Pas seulement à partir de nos idées chrétiennes, mais en faisant aussi appel à la conscience et au cœur des non chrétiens. Car c’est un problème de toute la société. Il faut donc approfondir et élargir notre réflexion et nos actions. Pour certains, l’avortement serait même un moyen de régulation des naissances !
Au Sénégal, il existe une pression très forte, par exemple de la part de l’association des femmes juristes auprès des députés, pour qu’ils légalisent l’avortement, en cas de viol ou d’inceste. Mais un avortement thérapeutique reste un avortement. Même s’il est autorisé par trois médecins. C’est vrai qu’il y a là quelque chose de positif : une attention aux problèmes et aux souffrances de la femme, aux conséquences graves des avortements clandestins et une volonté de lutte contre le viol et l’inceste. On veut éviter les stérilités, les morts et les complications. Quand tu veux évoluer les choses, il ne faut pas voir seulement le négatif, mais aussi le positif. Condamner les gens ne sert à rien, parce que sinon, ils se bloquent. Mais la médecine c’est pour soigner, ce n’est pas pour supprimer la vie. C’est pourquoi de nombreux médecins, fidèles au serment d’Hippocrate, refusent de faire des avortements, même légalisés et thérapeutiques.
Si on refuse l’avortement. Il faut présenter ce refus d’une façon positive. Ce n’est pas seulement un tabou ou un blocage irréfléchi, c’est une défense de la vie et de la dignité de la femme. Il faut vraiment voir les choses du côté positif. Un avortement médicalisé peut éviter sans doute les problèmes physiques donc vous avez parlé. Mais quand une femme se retrouve enceinte la première chose dont elle a besoin, c’est d’amitié et de tendresse, que l’avortement à l’hôpital ne peut pas apporter. Il nous faut revenir à nos valeurs traditionnelles du respect de la vie et de la joie d’accueillir un enfant, pas de le supprimer. La vie c’est bon, un enfant c’est beau. Mettre des enfants au monde ça vaut la peine, c’est faire grandir la vie et la beauté du monde.
Le pape François met même un lien entre l’avortement et le réchauffement de la terre. On ne peut pas lutter en vérité pour le respect de la vie et de l’environnement, si en même temps, on ne respecte pas la vie humaine. A nos problèmes humains. Il faut chercher des solutions humaines. La technique ne suffira jamais à nous sortir de nos problèmes humains. Il faut chercher des solutions humaines. Même si la technique peut nous aider (voir sa dernière exhortation ‘Laudate Deum’ sur le respect et la défense de toute la création, dans son ensemble, dans ses liens et son unité).
15 Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur.
16 Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession.
17 Mais si tu détournes ton cœur, si tu n’obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir,
18 je vous le déclare aujourd’hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession quand vous aurez passé le Jourdain.
19 Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance,
20 en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.
pas seulement le sel et la lumière de l’Eglise seule : il y a la nécessité d’une ouverture. L’Eglise ne doit pas travailler seule. Il y a des gens dans la société qui sont contre l’avortement et sont disposés à accueillir et à s’occuper des jeunes filles qui sont rejetées à cause des grossesses précoces ou indésirées.
L’embryon est une vie humaine commencée dès le départ, même si ce n’est pas encore une vie achevée ni une personne humaine. La vie doit être respectée.
Les filles qui ont avorté doivent être accompagnées et non pas stigmatisées. Dans certains établissements les jeunes filles non mariées qui tombent enceinte sont renvoyées et donc certaines dans leur désir de vouloir poursuivre leurs études vont se faire avorter. Le renvoi est fait en vue de vouloir de « faire le bien en protégeant les autres filles et la société «. Mais malheureusement on commet en même temps un mal parce qu’on pousse à l’avortement. Il faudrait donc mieux réfléchir pour savoir comment s’y prendre.
Ici aussi, il ne suffit pas juste d’un accompagnement des jeunes filles, mais aussi un accompagnement des parents, une formation.
S’agissant des médecins qui constatent une malformation chez l’enfant, c’est leur devoir de signaler la malformation aux parents et de leur proposer des solutions, sans toutefois les imposer. Certains médecins ne suivent pas les normes proposées par la religion, ils agissent au nom de la science. Mais ils doivent respecter la vie à partir du serment d’Hippocrate qu’ils ont prononcé. Les médecins, qu’ils soient chrétiens ou non, doivent écouter leur conscience et garder à l’esprit leur engagement. Le médecin est là pour défendre la vie.
Dans certains pays, l’avortement est interdit, mais en cas de nécessité d’avortement thérapeutique, il doit être approuvé par trois médecins ensemble, afin qu’un constat soit établi. En outre, l’avortement même dans les pays qui l’ont légalisé, n’est jamais obligatoire. Et avec les progrès de la science et de la médecine, ces avortements thérapeutiques sont de moins en moins nécessaires.
Il y a des avortements qui ont pour auteur des religieux et des prêtres. Dans ce cas, le prêtre participe au péché de cette fille, et il en est même responsable. Parfois, le prêtre est « réduit à l’état laïc » pour s’occuper de l’enfant. Mais le problème est de savoir si ce dernier va vraiment s’occuper de l’enfant. Pour cela il faudra des mesures d’accompagnement. Il en est de même pour des religieuses qui tombent enceintes que ce soit des prêtres, des religieux ou des laïcs, qui sont aussi renvoyées. Il faudrait qu’elles soient également accompagnées. Car si elles en sont arrivé là, cela peut être dû en particulier à un manque de soutien au plan communautaire.
L’avortement a de nombreuses conséquences parmi lesquelles la stérilité, la mort, etc.… Face à l’avortement il faut donc beaucoup de compassion mais aussi des actions et un soutien concret, et non une condamnation. Comme nous le voyons de la part de Jésus avec la pécheresse prostituée ou la femme adultère dans la Bible. Dans les dix commandements, il est bien dit : « tu ne tueras pas », mais nous devons faire preuve de miséricorde, comme Jésus.
Nous ne pouvons pas dire à une jeune fille « tu ne dois pas avorter », si nous ne lui donnons pas les moyens de garder son enfant. La communauté chrétienne a là un rôle important et nécessaire à jouer.
De nos jours, dans nos sociétés, il y a deux positions : celle de l’Eglise qui est contre l’avortement et une autre qui est pour, en prenant l’argument de la liberté des femmes. Ce n’est pas normal, car, l’avortement n’est pas un moyen d’expression de la liberté, la vie est sacrée, et on n’est pas libre de la supprimer. Le droit à l‘avortement n’existe pas. Dans certains Etats, on a même utilisé l’avortement pour limiter l’augmentation de la population. L’avortement n’est pas un moyen de régulation des naissances.
Toutefois, il y a des situations qui posent des questions graves. Par exemple, dans le cas où une jeune fille a été violée, faut-il lui autoriser l’avortement ? À première vue on pourrait dire oui, mais le danger ici est que d’autres filles vivent dans le libertinage. Elles peuvent prendre comme excuse le viol pour avorter, ce qui multipliera la débauche.
De nos jours on s’oriente vers une autorisation de l’avortement médicalisé, pour éviter les problèmes de stérilité et les décès causés par les avortements clandestins. Mais cela ne supprime pas les problèmes d’ordre psychologique. Une femme qui a avorté volontairement ne peut pas oublier ce qu’elle a fait.
En tant que religieux, nous devons à la suite des formations reçues, approfondir personnellement et communautairement l’aspect affectif et sexuel de notre engagement, car les choses évoluent, ceci dans le but de mieux gérer notre sexualité et éviter de nous retrouver devant des situations dramatiques. Nous ne sommes pas exemptés de ce que les autres vivent sur le plan sexuel. Nous devons donc prendre conscience de notre fragilité afin de mieux nous responsabiliser et être vigilants. D’autre part, nous ne devons pas seulement critiquer et condamner, nous devons accompagner et conseiller.
Je comprends très bien, et j’apprécie, que l’association des juristes sénégalaises ait le souci des avortements clandestins, car c’est vrai que ces avortements entraînent trop de morts, de maladies et de stérilité. Il faut donc à tout prix, faire quelque chose pour ces femmes et ces jeunes filles qui avortent clandestinement. Mais que faut-il faire ?
L’avortement médicalisé n’est absolument pas une solution. D’abord, comme le terme le dit, c’est un avortement. Et il est clair médicalement que l’enfant a commencé à vivre dans le ventre de sa mère, et donc qu’avorter c’est supprimer une vie humaine. Or dans toutes les religions, en particulier dans le judaïsme, le christianisme et dans l’islam, que Moïse a dit au nom de Dieu « Tu ne tueras pas ». Il ne s’agit pas là seulement d’un interdit, mais au contraire d’un appel à défendre la vie, à la protéger et à aider tous les gens, et surtout les bébés qui ont commencé à vivre dans le ventre de leurs mères, à vivre le mieux possible et dans les meilleures conditions.
C’est vrai que l’avortement médicalisé permet de faire l’avortement dans de meilleures conditions d’hygiène et de sécurité, mais cela reste un avortement. Et si cet avortement médicalisé permet d’éviter un certain nombre de dangers et de problèmes au niveau physiologique, il ne supprime pas les conséquences psychologiques de l’avortement. Une femme qui a avorté, même si c’est à l’hôpital et d’une façon médicalisée, ne peut pas oublier ce qu’elle a fait, et elle aura des tas de problèmes psychologiques, conscients ou inconscients ce qui est encore pire. On veut autoriser l’avortement médicalisé pour les femmes dont la grossesse pose des problèmes psychologiques, mais légaliser l’avortement ne va que multiplier ces problèmes.
Alors que faut-il faire ? Pour les femmes dont la grossesse pose problème, c’est de les aider, de les soutenir et de leur donner les moyens de garder leur grossesse. Et cela, c’est notre responsabilité à nous tous. Cela ne demande pas de grands moyens financiers mais simplement de l’amitié, des conseils, de la tendresse, de la compassion. C’est cela dont nous manquons le plus dans notre société sénégalaise moderne. Et justement, ce sont ces valeurs que l’on va attaquer par l’avortement médicalisé. Ce n’est pas seulement une question de religion, il s’agit tout simplement de revenir à nos valeurs traditionnelles sénégalaises au lieu de se laisser coloniser par des pays occidentaux, qui eux-mêmes commencent à réfléchir sérieusement aux conséquences de ce qu’ils ont décidé et voté, en particulier au sujet de l’avortement. Lorsqu’on aura aidé ces femmes et jeunes filles à accoucher, si vraiment elles ne veulent pas ou elles ne peuvent pas garder leur enfant, la société, en particulier un certain nombre d’association d’orphelinats, de pouponnières et de maisons pour l’enfant, sont prêtes à prendre en charge ces bébés, et ensuite à leur trouver une famille. Ces associations ne manquent pas au Sénégal, heureusement.
Une autre chose qu’il faut bien voir, c’est que l’avortement médicalisé est une déformation très grave de la médecine, et qui aura des conséquences sur toute la société. La médecine n’est pas faite pour tuer et supprimer la vie, elle est faite pour soigner, guérir et protéger la vie. Et c’est bien pour cela que les médecins n’ont pas le droit, jusqu’à maintenant, de faire des avortements, sauf dans des cas très précis, contrôlés par la justice et avec de nombreuses conditions, comme vous le signalez vous-même dans votre article : « que la vie de la mère soit vraiment menacée, qu’elle puisse être sauvée par cette intervention, que l’autorisation soit attestée par trois médecins experts aux tribunaux, etc. » C’est bien pour cela qu’un certain nombre de médecins refusent absolument, par objection de conscience, de faire ces avortements médicalisés, même lorsqu’ils sont autorisés par la loi.
En plus, cette autorisation n’est qu’une illusion. En effet, on s’est aperçu que dans les pays occidentaux qui ont légalisé l’avortement, les avortements médicalisés se sont multipliés, mais cela n’a pratiquement pas diminué le nombre des avortements clandestins. Pourquoi cela ? Parce qu’il y a toujours des femmes et des jeunes filles qui sont enceintes, mais qui veulent cacher leur grossesse, pour des tas de raisons. Elles n’iront donc jamais avorter dans un hôpital, elles continueront à le faire clandestinement, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Légaliser l’avortement n’est pas une solution. Encore une fois, la seule solution c’est de soutenir les femmes et les jeunes filles dont la grossesse pose problème.
Il faut bien voir que ces projets de lois ont des conséquences sur toute la société, et sur la vie du monde. Nous venons d’assister à la rencontre très importante à Paris des Nations Unies du COP 21, pour la protection de l’environnement. Le Pape François a écrit une lettre très importante sur cette question (Loué sois-Tu) où il affirme avec force qu’on ne peut pas lutter en vérité pour l’environnement, si en même temps on autorise l’avortement. Parce que si tu luttes pour la vie, tu dois lutter pour la vie dans tous ses domaines, et d’abord au niveau des hommes. Tu ne peux pas défendre la vie des plantes et des animaux, et supprimer la vie d’un bébé innocent qui n’a commis aucune faute, et qui n’a aucun moyen de se protéger et de se défendre.
Après ces quelques réflexions qui faudrait bien sûr développer davantage et pour lesquelles je peux apporter tous les arguments nécessaires, je voudrais revenir plus précisément à vos 2 articles. Dans le premier « formation au dialogue social » la Présidente du Haut Conseil du Dialogue social affirme que ce dialogue est bien méconnu. Il s’agit en effet de le développer mais pas dans n’importe quelles conditions, ni n’importe quelle direction. Je ne suis pas sûr, contrairement à ce que dit M. François Xavier Thiaw, qu’un tel débat dans la presse va contribuer à l’apaisement et à la pacification du climat social. A voir toutes les réactions, cela a entraîné des réactions très vives et a augmenté au contraire les tensions dans la société. Comme le dit Mame Less Camara, il s’agit en effet de peser le poids des mots, de privilégier le choc des idées », mais d’une façon approfondie, claire et sereine.
Par rapport à l’article « avortement médicalisé, les juristes sénégalaises pour la légalisation de la pratique », on veut s’appuyer sur le Protocole de Maputo de 2004, qui veut donner accès à l’avortement médicalisé aux femmes et aux filles porteuses de grossesse, suite à un viol, à l’inceste ou à une autre agression sexuelle. Mais comment se limiter à ces cas-là ? Lorsqu’on vote une loi, elle s’applique à tout le monde. On nous dit bien que « la loi ne va pas concerner les filles dévergondées qui assument leur sexualité en faisant ce qu’elles veulent jusqu’à contracter une grossesse ». Mais qui empêchera ces filles dévergondées de prétendre qu’elles ont été violées ou simplement agressées sexuellement, pour pouvoir avorter à l’hôpital ? C’est la porte ouverte à toutes les déviations.
On nous dit que le Protocole de Maputo ne s’applique que lorsque la santé mentale ou physique de la femme ou de la fille enceinte est en danger. Mais justement avorter va entraîner encore plus de problèmes de santé mentale, comme je l’ai expliqué plus haut.
On continue en disant que le Protocole de Maputo autorise l’avortement seulement lorsqu’il y a des risques pour la vie de la femme, de la fille enceinte ou du fœtus. Mais en fait, avec les progrès modernes de la médecine, il n’y a pratiquement plus de dangers au moment de la grossesse. Et s’il y a un danger, il y a toujours la solution de la césarienne, et non pas de supprimer une vie par un avortement.
Ensuite on nous présente un certain nombre de chiffres qui, personnellement me posent vraiment problème. Quand on nous dit que « l’avortement clandestin est la cause de 8 à 13 % des décès maternels ». Une enquête sérieuse donne des chiffres précis. Parler de 8 à 13 %, cela montre bien que l’on n’est pas sûr de ces chiffres, et donc que les choses ne sont pas claires. De même, quand on nous parle de 51 500 avortements provoqués au Sénégal en 2012. D’abord le chiffre me semble énorme, donc il faudrait le vérifier scientifiquement. Et justement, comment faire cette vérification, lorsqu’il s’agit d’avortements clandestins, donc qui sont cachés. Il faudrait plus de sérieux, et aussi plus de respect. Etant moi-même visiteur de prisons, je n’accepte pas qu’on publie ainsi les chiffres et les proportions des femmes qui sont emprisonnées pour des questions d’avortements et d’infanticide. Ces femmes ont droit au respect et beaucoup plus à la compassion qu’à la condamnation. D’ailleurs, je trouve qu’il y a à ce sujet une confusion très grave.
On nous dit qu’il faut médicaliser l’avortement, parce qu’il y a trop de femmes en prison pour avortement ou infanticide. Mais si nous légalisons l’avortement, nous supprimons des vies humaines, nous sommes nous-mêmes responsables d’avortements et d’infanticides. Ce sont donc tous ceux qui soutiennent la légalisation de l’avortement et sa médicalisation, qui devraient être mis en prison eux aussi pour soutien et promotion de l’infanticide !
Il est absolument évident qu’on ne peut pas accepter que des filles soient violées, même si elles ne se retrouvent pas enceintes d’ailleurs. Mais celui qu’on doit punir, ce n’est pas le bébé dans le ventre de sa mère, qui est absolument innocent et qui n’a rien fait de mal, c’est le violeur, surtout s’il est responsable d’un inceste.
Enfin, il y a une contradiction interne absolue dans ce que l’on affirme. On nous parle de la loi sur la santé de la reproduction, pour autoriser l’avortement médicalisé. Mais l’avortement c’est justement le contraire de la reproduction. Ce n’est pas mettre des enfants au monde dans des bonnes conditions, c’est les supprimer. Ce n’est pas la santé, c’est la mort. Il faut réfléchir à ce que l’on dit, et qu’on ne parle surtout pas d’une loi salvatrice. C’est une loi qui va enfoncer les femmes enceintes qui ont des problèmes, dans des difficultés encore plus grandes. C’est une loi qui va tuer la société au lieu de la sauver. On met ainsi en place une société de mort, et non pas une société qui défend la vie. Excusez-moi si ces termes vous semblent trop forts, mais c’est parce que le problème est vraiment très grave. Il faut qu’on y réfléchisse sérieusement, en conscience, à partir de nos valeurs, et non pas en nous laissant entraîner par des pays occidentaux qui ont perdu le sens de la vie. D’ailleurs, même dans ces pays, beaucoup de citoyens et de médecins s’opposent à ces avortements médicalisés. Là encore, il ne faut pas nous laisser tromper.
Par ailleurs, je suis tout à fait d’accord qu’il faut arrêter de mettre en prison les femmes qui ont avorté. Elles n’ont pas besoin de condamnation. D’abord elles savent elles-mêmes que ce qu’elles ont fait est mauvais, et elles se culpabilisent déjà trop elles-mêmes. Elles ont besoin d’être déculpabilisées, et non pas d’être emprisonnées. Ce n’est certainement pas en prison qu’elles vont pouvoir vivre une vie nouvelle et changer leur comportement, en se retrouvant en pleine promiscuité avec d’autres personnes qui ont commis des choses encore plus graves. Il faut donc à tout prix arrêter de mettre ces femmes en prison, mais leur assurer un suivi psychologique et social pour qu’elles puissent redémarrer dans la vie. Et attaquer les vraies causes de ces avortements et de ces infanticides, et trouver une solution aux problèmes qui les ont amenées à avorter : en particulier la pauvreté et le manque d’éducation sexuelle. Mais légaliser l’avortement c’est du laisse- aller, ce n’est pas de l’éducation. Et ce n’est pas cela qui va résoudre nos problèmes de pauvreté.
P.Armel Duteil – Buntu Pikine
Responsable décanal de la commission de la famille
armelduteil@hotmail.fr