Lundi 31 décembre : Journée occupée par la
préparation de la fête, avec beaucoup de gens qui viennent
demander de l’aide pour les fêtes. Sauf dans des cas de
grandes souffrances, nous ne pouvons pas les aider car nous
préférons garder le peu de moyens dont nous disposons pour les
nécessiteux et les besoins essentiels tout au long de l’année.
Pour
notre communauté, la fête sur place sera inexistante car nous
sommes tous dans l’une ou l’autre paroisse ou structure.
Nous
attendons un confrère âgé français (ainsi nous serons deux) qui
voyage la nuit du 31 au 1er janvier, avec 10 heures
d’escale/attente au Portugal, pour pouvoir animer une session en
Guinée qui a été annulée au dernier moment. Ce sont des choses
qui arrivent ! En tout cas je suis très heureux de sa venue.
Il a travaillé de nombreuses années en Guinée Bissao et parle
très bien le mandjaque. Il y a beaucoup de mandjaques au
Sénégal, car ce sont de grands voyageurs. Certains sont établis
depuis longtemps au Sénégal ou y sont même nés. D’autres
viennent d’arriver et ne parlent ni français ni ouolof. Ils sont
très attachés à leur culture et à la religion traditionnelle.
Michel va pouvoir beaucoup aider à leur accueil, leur soutien et
leur formation. Il vient de faire 6 mois en France pour se former,
car il va aussi s’occuper de nos archives. Nos anciens nous
ont laissé de nombreux documents, mais il faut vraiment les classer
pour qu’ils soient utilisables, car de nombreux chercheurs et
étudiants sont intéressés. Cela aussi va rendre de grands
services.
Dimanche 30 décembre : Aujourd’hui, c’est avec la communauté anglophone que nous célébrons Noël.
Samedi 29 décembre : Nous terminons de célébrer les fêtes de Noël à la Maison d’Arrêt de Dakar. Les prisonniers ont très bien préparé la fête. Une chorale est venue pour marquer le coup. La directrice de la prison assiste à toute la célébration avec son équipe. Après la messe, les détenus nous présentent un très beau théâtre qu’ils ont composé eux-mêmes. Puis ce sont les chants et les danses. Après un repas partagé, nous visitons l’intérieur de la prison avec les différents services. Nous avons d’abord remis à chaque prisonnier un paquet contenant des cadeaux utiles : savon, dentifrice, habits, café, lait et sucre, etc… Une belle journée qui leur apporte un peu de joie. Mais nous ne voulons surtout pas nous contenter d’une fête. Nous allons continuer à les visiter chaque semaine. Aujourd’hui, on nous a donné une bonne nouvelle : nous avons reçu l’autorisation d’assurer des séances d’écoute pour rencontrer personnellement les détenus qui le désirent, comme nous le faisons dans les autres prisons. Nous allons d’abord organiser une session de formation pour ceux qui vont assurer cette écoute pour perfectionner leurs compétences.
Vendredi 28 décembre : Nos sœurs spiritaines du
Sénégal et de Guinée Bissao se sont regroupées à Dakar pour se
rencontrer et elles en profitent pour visiter un certain nombre
d’activités à la base, dans le secteur informel, auprès des
marginaux et des nécessiteux : handicapés, migrants, enfants
dans la rue, élèves des écoles coraniques, etc… Aujourd’hui
elles me demandent de venir leur parler de l’action que nous
menons dans les mines artisanales, avec tous les problèmes
que ça pose : violence, exploitation des travailleurs, travail
des enfants, prostitution, personnes ensevelies dans les puits,
maladies causées par l’utilisation du mercure…. A partir de là,
nous voyons quelles conclusions elles peuvent en tirer pour leurs
divers engagements.
L’après-midi, je reçois deux de nos
étudiants pour faire le point de leur engagement à la Caritas,
auprès des migrants et réfugiés. Ils se sont bien
impliqués et sont très heureux des actions menées. Cette
formation nous semble très importante pour leur futur travail
missionnaire.
Puis je pars à la Paroisse Universitaire où
nous nous retrouvons pour la présentation des vœux.
Jeudi 27 décembre : Les prisonniers, eux, n’ont pas
de vacances malheureusement. Après avoir célébré Noël chez les
femmes samedi dernier, et lundi chez les détenus malades, je
célèbre Noël à la grande prison des condamnés. Ils ont
bien préparé la fête entre eux et des amis leur ont offert un
repas pour marquer la fête.
L’après-midi, les visites
continuent, nombreuses, à la maison.
Mercredi 26 décembre : Les élèves et jeunes filles des Centres sociaux sont en vacances. J’en profite pour prendre un jour de repos de mon côté.
Mardi 25 décembre : Noël. Je célèbre la grand messe dans mon ancienne paroisse. Au cours de la messe, je baptise plus de 20 bébés. C’est une très grande joie pour tous. Puis nous rejoignons l’Evêque qui a célébré dans la paroisse voisine. Nous nous retrouvons tous ensemble pour la fête. Notre curé a fait un AVC et il a encore de la peine à marcher, mais il tient à se joindre à nous. Je rentre avec l’évêque, ce qui me permet de continuer à parler avec lui.
Lundi 24 décembre : Avec notre stagiaire, nous ornons la chapelle et la salle à manger pour les fêtes de Noël, pour marquer la joie et apporter un peu de paix à ceux qui nous visitent ces jours-ci, et ils sont nombreux. Puis je vais fêter Noël à la prison des détenus malades.
Dimanche
23 décembre : Il
n’y a pas beaucoup de monde à la messe des anglophones,
car beaucoup sont repartis au pays pour les fêtes. Demain soir, ils
rejoindront la paroisse. Comme pour toutes les fêtes, afin de
rester en relation avec l’Eglise sénégalaise et inversement.
Je
retourne à la maison où des gens m’attendent.
Samedi 22 décembre : Nouvelle journée chargée. Après
le passage dans une paroisse, je pars avec une chorale pour célébrer
les fêtes anticipées de Noël. Les prières vont s’étaler sur
toute la semaine dans chacune des prisons et hôpitaux où je sers.
Aujourd’hui, je suis à la prison des femmes de Rufisque, à
une trentaine de kilomètres de Dakar. Nous avons une belle
cérémonie, très priante et internationale (en quatre langues). Un
certain nombre de musulmans assistent à la messe et prennent la
parole à la fin. La direction et le personnel de la prison sont
également là. Après des gâteaux et de la boisson, ce sont les
chants et les danses. Je les laisse continuer et je pars bénir le
mariage d’un couple que j’ai suivi tout au long des rencontres
de préparation. A la prison, à la fin de la messe, je leur annonce
que je ne peux plus continuer à venir chez elles, car avec
les bouchons et autres problèmes de circulation, cela me demande
trois heures pour aller et autant pour revenir, ne me laissant
qu’une heure pour rencontrer les détenues. Je vais me consacrer
aux prisons de Dakar, où il n’y a pas d’aumônier. J’ai déjà
commencé à le faire et je n’arrive pas à tout assumer. Je suis
très triste de les quitter au bout de cinq ans de présence, et
elles aussi. Un autre aumônier va prendre la relève. Au cours de
la messe, une détenue reçoit la Première Communion . Elle
est très heureuse et nous tous avec elle.
Une autre bonne
nouvelle : la libération de plusieurs des détenues à
l’occasion des grâces de fin d’année. Celles qui vont rester
en prison se réjouissent de tout coeur avec elles, sans aucune
jalousie. Cela m’impressionne beaucoup.
Je repars avec la
chorale venue animer la fête car je dois bénir un mariage
l’après-midi. Je me suis dépêché pour rien : le mariage
était prévu pour 16 heures et la mariée est arrivée à 17 h 30
« à cause des bouchons ». Comme s’ils ne savaient
pas qu’il y a des embouteillages le samedi après-midi ! Le
problème c’est qu’il y a la messe paroissiale à 18 h 30. Nous
avions prévu un mariage « décontracte », avec la
participation de tous. C’est foutu, il nous faut faire les choses
rapidement, sous l’œil sévère du sacristain et des responsables
de l’ordre. Vraiment dommage, car nous avions vraiment très bien
préparé les choses.
Vendredi 21 décembre : Une amie libanaise m’appelle
pour me remettre un chèque et une grosse quantité de poulets pour
les détenus et les malades, à l’occasion de Noël. En fait à
Noël, de nombreux groupes différents viennent apporter des repas
et des cadeaux. Je vais garder l’argent et le faire durer le plus
longtemps possible, en le réservant pour les cas sociaux et les
besoins plus essentiels, comme les médicaments, car un minimum de
nourriture est quand même assuré dans les prisons.
A 10
heures, mariage civil d’un couple de Guinée que nous avons
accueilli dans notre communauté.
Puis je pars à l’hôpital
pour la messe et les visites aux malades. Nouveau problème.
L’équipe responsable a enfin nettoyé la chapelle le mois
dernier. Mais depuis ils n’ont toujours pas ramené le matériel,
alors qu’ils l’avaient promis. Je dois donc retourner à notre
communauté pour prendre les choses nécessaires pour la messe. Le
temps que je fasse l’aller-retour, certains ont dû partir et nous
nous retrouvons seulement quelques-uns ensuite pour la visite aux
malades.
De retour à la maison, plusieurs personnes
m’attendent pour la préparation de différentes activités de
Noël.
Jeudi 20 décembre : Aujourd’hui, je ne vais pas
rencontrer personnellement les prisonniers car ils préparent
une après-midi de fête à l’occasion de Noël : théâtre,
danses, concours de lutte traditionnelle, etc… Une O.N.G. leur
offre un repas. Pour l’aumônerie catholique, ce sera après la
messe de Noël. En effet, nous voulons que cette fête soit la fête
de tous, musulmans comme chrétiens. Pas seulement par les repas et
autre soutiens ou cadeaux, mais aussi dans la prière et le partage
de la foi.
J’en profite pour aller à la Police des
Etrangers pour voir si ma carte de séjour est prête. Je
l’attends depuis mon retour de Guinée de 2011. J’ai dû refaire
trois fois mon dossier, un dossier très compliqué et plein de
documents. Les fonctionnaires sénégalais ont été formés
autrefois par l’administration française et ils ont bien retenu
la leçon : chaque trimestre, je devais revenir faire signer
mon récépissé, chaque fois au bout d’une longue attente. On me
conduit dans un autre bureau où se trouvent sur une table plusieurs
milliers de cartes d’étrangers, dans l’attente de cartes
numériques promises depuis plusieurs années. Je trie le paquet
des cartes des personnes de nationalité française. Il en comporte
plusieurs centaines en attente et qui ne seront jamais récupérées,
car au bout de quelques années la plupart de ces personnes ont
quitté le Sénégal. Et là, grosse surprise, je trouve enfin ma
carte. Il me faut encore passer dans plusieurs bureaux pour la faire
valider. Et je devrai revenir avant Mars 2019 pour la faire signer
pour l’année 2019 !
Mais enfin j’ai une carte et cela
va beaucoup me faciliter les différentes démarches.
Le soir,
avant le partage d’Evangile et la réunion de la Communauté
anglophone, comme en ce moment dans toutes les paroisses et les
communautés du diocèse nous avons organisé une liturgie
pénitentielle pour les confessions, un confrère tanzanien est venu
m’aider.
Mercredi 19 décembre : Après un temps de partage avec
les gens accueillis à la maison, je vais animer une journée de
prière au postulat des Sœurs spiritaines avec les jeunes
filles qui se préparent à être des religieuses missionnaires. Le
matin, nous voyons : Qu’est-ce que l’Avent pour nous au
Sénégal dans un pays à 95 % de musulmans ? Où il y a
beaucoup de pauvreté et de migrants. Et comment nous avons vécu ce
temps de l’Avent ?
A midi, je les laisse pour rejoindre
le Centre social tenu par les spiritaines où j’interviens
chaque semaine. Avec elles nous voyons comment ensemble, chrétiens
et musulmans, vivre les fêtes de Noël et du 1er Janvier
dans la paix, le respect et le soutien réciproque. En effet, la
naissance de Jésus cela dit beaucoup aux musulmanes. On en parle
dans le Coran. Nous cherchons comment vivre ces fêtes, pas
seulement dans le dialogue mais dans la complémentarité pour agir
ensemble en nous enrichissant de nos différences.
Après un
passage à notre Séminaire saluer et encourager les étudiants, je
retourne continuer notre récollection avec les postulantes. Dans ce
2ème temps, nous voyons comment nous-mêmes vivre ce
temps de Noël, dans la ligne que je viens d’expliquer. Nous
alternons avec prière et méditation personnelle pour terminer par
la Messe.
Je pars rapidement à mon ancienne paroisse de Pikine
où nous tenons notre réunion des Commissions Justice et Paix
comme je l’ai expliqué plus haut. Nous recueillons beaucoup
de propositions et d’idées sur les différents points ; le
problème c’est de les mettre concrètement en œuvre, selon nos
petits moyens et dans les conditions qui sont les nôtres. Il va
falloir suivre les choses de près.
Mardi 18 décembre : Nous tenons une réunion des
aumôniers de hôpitaux pour mieux organiser notre travail et
coordonner nos actions. D’abord à l’hôpital même, avec
l’administration et le personnel de santé. D’ailleurs
nous avons de très bonnes relations et, à chacune de nos visites,
nous prenons soin de les saluer. Nous parlons de leur travail et de
leurs difficultés ; ils nous indiquent les malades les plus
atteints et ceux qui ont le plus besoin de visites : malades
découragés, venus de loin, etc… Notre grande souffrance c’est
de voir toutes les personnes qui n’ont pas les moyens de se faire
soigner correctement et pour lesquels nous n’avons pas les moyens
de les aider, même en faisant appel aux bonne volontés. Sans
parler de la grève du personnel de santé qui en est à la
dix-huitième semaine, sans trouver de solution.
Nous voyons
ensuite comment améliorer notre propre intervention :
visites des malades, aide spirituelle des malades, mais aussi des
musulmans qui le demandent, soutien des familles, conditions
d’accueil, etc..
Et comment soutenir et former les équipes
de laïcs qui interviennent à ces différents niveaux.
Dans un
3ème temps, nous voyons comment coordonner les
différentes initiatives dans ce domaine. En particulier avec les
paroisses, les groupes de prière, les mouvements d’Action
Catholique, les équipes de la Légion de Marie et de San Egidio,
les délégués qui vont porter la Communion, les visiteurs de
malades, etc… Ensuite, pousser les Communautés de Quartiers, pas
seulement à avoir le souci et à prendre en charge les malades du
quartier, mais travailler avec les différentes associations qui s’y
engagent pour l’hygiène, la qualité de l’environnement,
l’éducation à la santé et la prévention, en impliquant les
Mouvements de jeunesse. Enfin, de mettre en place et d’assurer le
bon fonctionnement des CMU (Couverture Médicale Universelle). C’est
une action énorme, mais il est nécessaire de savoir où on va pour
pouvoir prendre les moyens d’y arriver. Cela se fera peu à
peu.
Au retour, deux points importants. D’abord avec notre
responsable et un des formateurs, nous voyons comment assurer une
meilleure formation et en équilibrer les quatre dimensions :
1) les études ; 2) la formation spirituelle ; 3) la vie
communautaire ; 4) l’engagement dans la Société. Nous
sommes inquiets de voir nos étudiants se concentrer sur les études
et la course aux diplômes, au détriment des autres objectifs,
alors qu’ils sont destinés à être en priorité des
religieux missionnaires.
Après cela, je prépare la rencontre
diocésaine des Commissions « Justice, Paix et Intégrité
de la Création », avec trois objectifs principaux :
1°) Relancer les équipes. 2°) Préparer la Journée mondiale de
la Paix à partir de la Lettre du Pape François sur l’engagement
politique. 3°) Préparer les élections présidentielles de
Février. Nous avons du pain sur la planche !
Lundi 17 décembre : Mon vélo est en panne et mon
réparateur est parti en Guinée. Il n’y en a pas d’autre dans
le quartier. Je me remets donc aux transports publics avec
tous les retards et complications que cela comporte. Mais je préfère
aller à pied à mon rendez-vous à l’hôpital, ce n’est pas
très loin et cela me fait de l’exercice.
Je reçois ensuite
le responsable « Justice et Paix » du diocèse.
Nous préparons la rencontre de mercredi soir, pour relancer nos
différentes activités.
Le soir, je rejoins notre séminaire
pour un temps de réflexion avec nos étudiants. Je partage avec
eux ce que nous avons réfléchi avec nos responsables sur l’action
sociale et l’engagement dans la société. Ils sont très
intéressés et ont des réactions très positives. C’est très
important pour nous de rendre nos étudiants attentifs à ces
questions et engagés dans ce domaine.
Dimanche 16 décembre : Messe avec la Communauté anglophone, et travail à la maison.
Samedi 15 décembre : Messe à la grande prison de
Rebeuss. C’est aussi l’occasion de parler avec un certain nombre
de détenus.
L’après-midi, je me mets à l’ enregistrement
d’un certain nombre de documents qui attendent depuis
longtemps. Je n’arrive pas au bout, je continuerai demain, car
comme d’habitude je suis interrompu par des visites et je tiens à
rester disponible pour pouvoir répondre aux différents
besoins.
Nous accueillons dans la communauté un enseignant et
sa femme qui arrivent de Guinée. Nous parlons de la
situation actuelle de ce pays et nous rappelons avec plaisir un
certain nombre de nos souvenirs.
Vendredi 14 décembre : Le matin, confessions des enfants dans notre paroisse. Puis je pars à l’hôpital où, après avoir visité les malades, je prends un rendez-vous pour moi-même, car j’ai un petit problème avec l’une de mes oreilles.
Jeudi 13 décembre : Je suis invité, avec le Frère avec qui je travaille, à présenter la Commission d’action sociale des religieux que nous venons de lancer, pour être plus attentifs et davantage engagés auprès de déshérités et des exclus de la société (voir le compte-rendu du 17 novembre). Cela a été un temps très fort qui nous a permis de sensibiliser nos responsables pour ne pas nous laisser enfermer dans nos structures et nos organisations dans lesquelles les petits de la société et les marginaux n’arrivent pas à trouver leur place, et pour travailler à la base dans l’informel, pour être plus présents et plus accueillants à ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté…. « les plus fatigués » comme on les appelle au Sénégal. Le but était de sensibiliser nos responsables à cette question et d’avoir leur soutien. Nous allons maintenant envoyer le projet aux délégués de nos différentes congrégations religieuses pour qu’ils le corrigent et l’améliorent, avant de passer à l’action. Cette rencontre nous a permis de rencontrer personnellement un certain nombre de responsables par rapport à leurs différents engagements. En particulier le responsable national « Justice et Paix », pour relancer les Commissions à la base, préparer la Journée Mondiale pour la Paix, et surtout les élections présidentielles à venir.
Mercredi 12 décembre : Le matin, rencontre des
aumôniers de prison du diocèse. Nous faisons le tour de nos
activités. Ensuite, nous voyons les propositions à faire à
l’administration pénitentiaire pour pouvoir mieux travailler et
surtout améliorer les conditions de vie des détenus.
L’après-midi,
je rejoins les femmes de mon ancienne paroisse de PIKINE. Le mois
dernier, nous avions réfléchi à l’éducation sexuelle avec les
jeunes. Ils s’étaient plaints de ne pas recevoir d’informations
de la part de leurs parents. Aujourd’hui nous allons réfléchir à
cette question avec les femmes, leurs mères. Elles sont venues
nombreuses car cette question les préoccupe beaucoup. Elles sont
même inquiètes de voir le comportement de certains jeunes qui
préfèrent suivre les artistes des media que les conseils de leurs
parents, et sont très attristées par les « pornos ».
Ils ont peur pour leurs enfants et ne savent pas quoi faire. Après
avoir d’abord écouté un assistant social, une gynécologue et
le médecin chef, nous avons cherché ensemble comment offrir aux
enfants une véritable éducation sexuelle adaptée aux différents
âges et basée sur la confiance et non la peur.
Mardi 11 décembre : La session de religieux continue.
Nous réfléchissons à notre mission et comment être prophètes
aujourd’hui.
De retour à la communauté, je me remets à
la rédaction du plan d’action.
Lundi 10 décembre :
Je participe à la réunion des religieux. Ce lundi, nous
travaillons la question de notre identité. Quel sens peut avoir
notre vocation missionnaire et religieuse dans l’Afrique
d’aujourd’hui ? Nous avons des débats intéressants et
passionnés sur la question.
L’après-midi, je vais visiter
deux prisons comme chaque lundi. Un prisonnier nigérian, que
je suis depuis plusieurs années, est retourné dans la région où
il a été arrêté pour être enfin jugé. J’espère qu’il sera
libéré.
Dimanche 9 décembre : Je suis heureux de retrouver la communauté anglophone pour la messe !
Samedi 8 décembre :
C’est la fête de l’Immaculée Conception et à cette
occasion de nombreuses manifestations sont prévues. En particulier
l’ordination de 5 nouveaux prêtres pour le diocèse : je ne
peux pas être partout et je décide de participer à la célébration
du 60ème anniversaire du Collège de Pikine dont
j’étais l’aumônier pendant plusieurs années.
Dès mon
retour, je me mets à la rédaction d’un plan d’action sociale
des religieux et religieuses dans l’informel pour les personnes
les plus nécessiteuses qui ne sont pas rejointes ni prises en
charge. C’est la mise en forme, avec un Frère, de notre réunion
du mois dernier sur ce thème. Nous allons le présenter à la
rencontre des responsables des religieux et religieuses de tout le
Sénégal. C’est une rencontre importante et nous essayons donc de
la préparer le mieux possible.
Le soir, nous accueillons dans
notre communauté deux religieuses qui viennent de
Casamance, au sud du pays ; l’une d’elles participera à
une session de préparation à l’engagement religieux définitif
(profession perpétuelle). Elles nous partagent des nouvelles de la
région et de leur travail.
Vendredi 7 décembre :
Pour la 3ème fois je retourne à la banque pour avoir
l’argent du mois pour la communauté. Les deux fois précédentes,
il n’y avait pas de connexion. C’est beau le modernisme, mais
quand ça ne marche pas ?.... Du coup il y a une grande file et
j’y passe la matinée. Heureusement, comme d’habitude, j’avais
amené du travail et j’ai pu avancer un peu dans la rédaction de
mes futurs documents. En ce moment, suite à la rencontre des
religieux sur les actions sociales, je rédige un plan
d’action à partir des actions et des demandes des participants.
C’est un gros travail et qui n’avance pas vite car il faut bien
penser et préciser les choses puisque ce sera la base des actions.
Je mange tôt pour être à 13 heures à l’hôpital pour
dire la messe pendant la pause du vendredi, jour de grande prière
pour les musulmans. Je célèbre l’Eucharistie avec le personnel
de santé chrétien, les membres de plusieurs associations qui vont
visiter les malades, et des gens du quartier qui ont pris l’habitude
venir prier avec nous. Aujourd’hui, il y a eu un décès à
l’hôpital. Nous prions pour le défunt et faisons la levée du
corps avant d’aller visiter les malades. Comme d’habitude, dans
chaque service nous nous adressons au major pour connaître les noms
des malades qui sont sortis, guéris ou non (malheureusement), et
ceux qui sont arrivés depuis la semaine dernière. Nous sommes
toujours très bien accueillis par le personnel qui apprécie le
soutien que nous apportons non seulement aux malades mais aussi à
eux-mêmes. Et souvent ils nous demandent de prier pour eux et de
bénir leur service, bien qu’il s’agisse d’un hôpital public.
La laïcité sénégalaise est beaucoup plus ouverte et plus
décontractée que la laïcité française !
En ce moment,
la situation est tendue car les infirmiers et infirmières en sont à
leur 16ème semaine de grève, profitant de
l’approche de l’élection présidentielle où le parti au
pouvoir cherche à récupérer le maximum de voix pour intensifier
ses revendications… que le Gouvernement ne peut pas satisfaire,
car pour arrêter les grèves il signe des accords qu’il ne peut
pas tenir et alors les travailleurs se remettent en grève. Il n’y
a même pas de service minimum. Mais les médecins, eux, ne sont pas
en grève. Et il y a de nombreux médecins étrangers, venus en
stage de formation, et aussi de nombreux bénévoles qui travaillent
sans être payés de nombreuses années, et qui font marcher les
choses en espérant être intégrés un jour dans la Fonction
Publique. Cela ne va pas, bien sûr, sans poser de nombreux
problèmes. C’est pourquoi les salariés qui en ont les moyens
vont se faire soigner dans les cliniques privées où opèrent
d’ailleurs les médecins des hôpitaux publics. Mais la majorité
de la population n’a aucune sécurité sociale. L’Etat a voulu
mettre en place une CMU (Couverture médicale universelle) mais
elle ne fonctionne pas car les gens n’ont pas confiance et elle
est toujours déficitaire. C’est dans ces conditions difficiles
que nous essayons d’apporter un peu de réconfort et d’espérance.
Ce qui nous encourage, c’est le sourire des malades que nous
visitons et l’accueil chaleureux de leurs parents.
Après
cela, je pars en ville pour une rencontre de réflexion avec le
vicaire général (l’adjoint de l’évêque) pour évaluer et
améliorer nos interventions dans les prisons, préparer une
réunion générale et la formation des différents intervenants.
Jeudi 18 octobre : Rencontre à la prison des femmes.
Malade de la grippe et partagé entre plusieurs prisons, cela
fait plus d’un mois que je n’étais pas présent. J’y suis
donc attendu avec impatience. Je commence par rencontrer les
nouvelles venues, aussi bien du côté du personnel que des
prisonnières. Pour les anciennes, comme je les connais mieux, c’est
plus facile de les soutenir et de répondre à leurs différents
besoins. Je suis toujours dans l’admiration devant l’accueil et
la confiance que l’on me témoigne.
En quittant la prison,
je passe à la paroisse pour organiser les activités. En effet, il
nous faut établir les listes de ceux et celles qui vont intervenir
à la prison, aux différents niveaux, pour qu’ils aient
l’autorisation de l’administration pénitentiaire. Il nous faut
ensuite prévoir les différentes activités : l’écoute et
le soutien personnels, les questions économiques et matérielles,
le suivi judiciaire (avocats et tribunaux), la formation, la
préparation de la sortie et la réinsertion. Et aussi pour les
chrétiennes la catéchèse et les sacrements, la fête de Noël à
célébrer avec toutes, y compris les musulmanes.
Je me dépêche
de rentrer, car cet après-midi un confrère avec qui j’ai
beaucoup travaillé autrefois à SAINT-LOUIS, âgé de 93 ans,
rentre en France dans une de nos Maisons de retraite. Il aurait
voulu finir sa vie au Sénégal, mais son état de santé nécessite
des soins réguliers. Je tiens à être là pour lui
souhaiter un bon départ.
Mercredi
17 octobre : Ce matin, première rencontre au Centre
Social de OUAKAM. Nous commençons par nous présenter pour nous
connaître, puisque nous allons passer l’année ensemble. Puis
nous précisons ensemble nos attentes et les sujets qu’elles
veulent aborder. Il y en a beaucoup ! Mais je tiens surtout à
leur donner la parole. La semaine prochaine, c’est la fête de la
Confrérie musulmane de mourides. Le « magal »
qui célèbre son départ en exil au Gabon au temps de la
colonisation de leur fondateur Cheikh Amadou Bamba. Je demande donc
aux filles mourides du groupe de présenter cette fête. En effet,
le groupe est international et de religions diverses. C’est
important qu’elles apprennent à se connaître et à se respecter,
pour bien vivre ensemble.
Dans un troisième temps, nous voyons
les conditions pour bien vivre ensemble cette année. Comme je le
leur explique, nous sommes une classe d’âge en initiation. Notre
Centre est lui aussi un « bois sacré ». Il est donc
important de former un groupe solidaire où chacun se sent
responsable des autres.
Aujourd’hui est la Journée
mondiale contre la misère. Je vais donc rejoindre l’équipe
d’A.T.D. (Aide à Toute Détresse) pour écouter les témoignages
et soutenir les actions de personnes vivant dans l’extrême
pauvreté.
Le soir, j’attends l’amie secrétaire qui saisit
mes documents pour organiser notre travail.
Mardi
16 octobre : Il y a toute une campagne menée par les
femmes juristes pour la légalisation de l’avortement avec
beaucoup de faux arguments et de confusion, en particulier entre
dépénalisation (ce qui serait une bonne chose) et légalisation.
Je consacre la journée à la rédaction d’un article à paraître
dans l’un des journaux du pays. Puis je réagis à un autre
article sur la « santé reproductive des jeunes » qui ne
réfléchit à la sexualité des jeunes qu’uniquement du point de
vue de la prévention et de la santé, sans chercher une véritable
éducation sexuelle prenant en compte les différents besoins et
aspirations des jeunes.
Aujourd’hui dans la Communauté, nous
accueillons un confrère malade, venu de Guinée, et un autre qui
revient de l’enterrement de son père.
Nous sommes aussi très
pris par les papiers à obtenir pour nos étudiants venus des autres
pays africains : visas, cartes de séjour, inscriptions dans
les ambassades, certificats de résidence, etc…. car la plupart du
temps il faut une traduction officielle certifiée, et légaliser
tous ces documents… à condition qu’ils ne soient pas périmés,
parce que les démarches ont pris trop de temps ! Il faut
savoir garder son calme, ne pas s’énerver…. et utiliser les
relations que nous avons.
Lundi
15 octobre : Je vais à l’hôpital pour une nouvelle
prise de sang de contrôle. C’est le lundi matin, il y a beaucoup
de monde. Du coup j’arrive en retard pour la réunion de lancement
du Centre Social des jeunes filles de OUAKAM dans lequel je dois
intervenir, comme l’année dernière. Je le regrette beaucoup, car
c’était pour moi l’occasion de rencontrer les différentes
personnes intervenantes dans ce Centre.
J’en profite pour
passer saluer nos étudiants en philosophie qui commencent les cours
aujourd’hui. Nous parlons longuement avec le responsable pour voir
les différentes activités pastorales à proposer cette année à
chacun, selon ses capacités et les besoins exprimés. En effet,
nous formons des futurs missionnaires et nous ne voulons
surtout pas qu’ils se limitent aux études et à la course aux
diplômes. C’est un équilibre souvent difficile à trouver.
Dimanche 14 octobre : Après la messe avec la Communauté anglophone, je salue les responsables de nos sœurs spiritaines, venues de différents pays pour une rencontre internationale.
Samedi
13 octobre : Je me lève pour aller dire la messe à la
grande prison de Dakar, et je rentre me coucher.
En, fait, je
ne peux pas me reposer car lundi commence le Congrès Mondial des
femmes catholiques que nous avons préparé depuis plusieurs
mois. Depuis mercredi dernier, les femmes de différents pays
arrivent, la nuit comme le jour, et demandent à être hébergées.
Nous en accueillons, venues en particulier du Gabon et de Guinée,
en faisant le maximum avec nos faibles moyens.
Vendredi 12 octobre : Aujourd’hui je ne vais pas visiter les malades à l’hôpital car nous enterrons le père de la Major de Cardiologie. Je l’ai accompagné pendant plusieurs semaines, tout au long de sa maladie.
Jeudi
11 octobre : Au niveau de la ville, c’est le lancement
des activités. La rentrée scolaire se fait difficilement :
écoles qui ne sont pas fonctionnelles, manque d’enseignants, et
surtout grèves. En effet, dans six mois auront lieu les élections
présidentielles ce qui entraîne une grande surenchère entre
le Gouvernement et l’Opposition. Les syndicats se mettent en grève
les uns après les autres, profitant de l’occasion pour obtenir
des avantages supplémentaires, au détriment du monde rural et du
secteur informel, les plus nombreux, sans parler des très nombreux
chômeurs qui n’ont pas les moyens de s’exprimer ni les mêmes
moyens de pression : les enseignants, la santé, la justice,
les média, etc… sont en grève, certains avec des manifestations
violentes souvent réprimées avec force. Cela alimente un climat de
violence inquiétant. Pour apaiser les tensions et satisfaire les
demandes, profitant de la bonne réputation du pays, le Gouvernement
fait des tas d’emprunts extérieurs, ce qui augmente beaucoup la
dette et pénalise l’avenir du pays. Car ces dettes, il
faudra les rembourser. Et il faudra bien que le Gouvernement arrête
de signer des Accords qu’il ne peut pas tenir, ce qui entraîne
des nouvelles grèves, sans fin. Les agents de santé réclament la
satisfaction des Accords signés depuis
2004 !
Au niveau de l’Eglise, c’est dans ce
contexte social difficile que nous nous retrouvons pour le lancement
des activités pastorales, autour de notre évêque. Le thème de
cette année est : « Nous engager avec Jésus, Vérité
– la Vérité nous rendra libres ». Il y a beaucoup à
faire dans ce domaine. Les responsables des différents services
nous proposent plusieurs pistes d’action que nous évaluons et
discutons ensemble. Il y a du pain sur la planche !
Mercredi 10 octobre : Tout en me reposant un peu, j’essaie d’éponger mon retard de courrier , Internet, Face Book et émissions radio. On m’a demandé aussi plusieurs documents et formation à assurer. Je commence par prendre au moins quelques notes.
Mardi 9 octobre : Parmi les personnes qui viennent me voir aujourd’hui, deux hommes du BURKINA FASO expulsés de Mauritanie. Après cette expérience malheureuse, ils veulent retourner chez eux. Je leur donne à manger et un peu d’argent pour subsister quelques jours. Mais je n’ai évidemment pas l’argent nécessaire pour leur payer le retour au pays. Le Service des Migrants de La Caritas est submergé, de même que l’O.I.M., (Office International des Migrations). Il va falloir qu’ils trouvent les moyens de vivre sur place en attendant… ce qui va encore augmenter le nombre de migrants et réfugiés au Sénégal. Et pourtant, il faut bien faire quelque chose.
Lundi
8 octobre : Nos Sœurs spiritaines arrivent une par
une, venant du monde entier. Ce n’est pas facile avec le nouvel
Aéroport de Dakar qui est à plus de 30 km de la ville.
Pour
moi, je reçois une responsable de la FAFFS (Fédération des
Femmes Sénégalaises) sur la question de la santé sexuelle.
Nous parlons longuement car elle a une idée de la sexualité
réduite aux relations sexuelles et n’aborde les choses que du
point de vue de la santé. J’essaie d’aborder le problème dans
toutes ses dimensions et nous nous arrêtons spécialement à
l’éducation des jeunes. Je lui remets un certain nombre de
documents qu’elle va travailler et nous nous retrouverons ensuite
pour en parler ensemble.
Le soir, j’ai fait venir un ami
jardinier. Nous allons relancer notre jardin et un élevage de
canards, de manière à améliorer nos repas et à faire des
économies. Nous avons accueilli dans notre Communauté un de nos
étudiants venu du KENYA. Il doit apprendre le français pour
commencer ses études de théologie. Il va nous donner un coup de
main, ce qui est important pour son équilibre de vie mais aussi
pour sa formation.
Dimanche
7 octobre : Après la messe avec les anglophones, nous nous
retrouvons à notre centre pour réfléchir à notre plan
d’animation et au travail dans le camp de mines d’or artisanal
de BAMTAKO, avec tous les problèmes qu’on y rencontre :
drogues, prostitutions, exploitation des jeunes et des femmes, etc…
Maintenant, il faudra attendre les réactions du Ministère des
Affaires Sociales à nos propositions.
Le soir, arrive un
confrère malgache qui va aller à PIKINE. Je suis très heureux
qu’un nouveau membre arrive pour renforcer l’équipe. Nous
l’accueillons le mieux possible.
Jusqu’au 6 Octobre : Toute la semaine, je reste couché, atteint d’une forte grippe qui me fatigue beaucoup.
Samedi
29 septembre : Prière à la prison, toujours aussi
animée. J’essaie de ne pas être trop long, pour avoir du temps
avec toute l’équipe de laïcs qui m’ont accompagné, et de
parler au moins avec les détenus venus à la prière. En effet,
jusqu’à maintenant, nous n’avons pas reçu l’autorisation de
rencontrer personnellement les détenus, en « écoute ».
Il s’agit de la Maison d’arrêt avant que les détenus soient
jugés, et ils peuvent attendre plusieurs années avant cela. Ils
sont plus de 2.000. Dans nos discussions, ce qui ressort le plus
souvent, ce sont les difficultés avec les avocats. Il
viennent chercher des clients, se font payer par les familles, puis
ils disparaissent. Quand on leur téléphone, ils ne décrochent
pas. Et comme ce sont des téléphones portables, souvent ils
changent même de puce !
Un détenu a été arrêté avec
les clés de sa maison dans la poche. Sa famille se trouve à la
rue. Il me passe son numéro de téléphone pour qu’elle puisse
venir chercher les clés. De telles choses arrivent souvent.
Ce
matin, à la prison, j’ai également rencontré un jeune militaire
français, de service au Sénégal, arrêté suite à une bagarre.
Il a été remis à la Justice Sénégalaise, ce qui est normal et
important. Mais ensuite, du fait des brimades, il sera transféré
dans une autre prison sécurisée, où se trouve également Hissène
Habré, l’ancien dictateur du TCHAD, condamné à la
perpétuité.
L’après-midi, je bénis le mariage d’un
couple que j’ai préparé. Nous nous connaissons donc bien.
D’autant plus que le mari est kinésithérapeute et nous nous
voyons régulièrement à l’hôpital. Nous avons préparé une
célébration très participative où les parents, les témoins, les
amis et les participants prennent la parole. Nous introduisons aussi
un certain nombre de rites traditionnels de l’ethnie sérère, à
la grande joie de tous.
Vendredi
28 septembre : Messe puis visite à l’hôpital.
Il y a beaucoup de monde à voir. Heureusement, je suis bien aidé
par trois groupes de jeunes qui se répartissent les visites dans
les différents services. Pour moi, je me consacre plus spécialement
aux chrétiens, pour les confessions, les communions et le sacrement
des malades. Mais souvent les malades musulmans et leurs familles,
et aussi les agents de santé, me demandent de prier pour eux.
Aujourd’hui, une femme musulmane me demande de bénir sa fille
malade. Puis elle se propose d’elle-même de me montrer les
malades chrétiens, ce qui me facilite beaucoup les choses.
Je
passe en Réanimation, ce qui est toujours très éprouvant pour
moi. Et aussi quand je trouve le lit vide d’un malade que j’ai
visité la semaine passée, ou occupé par une nouvelle personne ;
car je ne sais jamais si ce malade est guéri ou décédé.
Je
suis fatigué, mais je ne veux pas manquer de passer à l’hôpital
des enfants.
Jeudi
27 septembre 2018 : Les deux amis qui viennent avec moi
rencontrer les détenus (écoute) sont en congés. Je suis donc
seul. Je passe d’abord visiter les chrétiens pour lancer la
prière et ils vont la continuer eux-mêmes pendant que je vais
accueillir les détenus qui veulent me rencontrer. Malheureusement,
je ne peux pas voir tout le monde.
Ce sera pour la prochaine
fois.
En effet, je dois aller à la prison des femmes
organiser également des séances d’écoute. Je connais la
directrice et beaucoup de membres du personnel. Ils me reconnaissent
aussitôt, et nous prenons d’abord le temps de parler ensemble.
Mais les autorisations n’ont pas été renouvelées par le
Ministre. Dans les autres prisons nous continuons les interventions
commencées les années précédentes, mais pour commencer ici il va
falloir retourner à la direction de l’Administration
Pénitentiaire. Ca va prendre du temps.
Je suis venu avec
l’aumônerie catholique de l’hôpital de Fann. Au moment
du Carême jusqu’à maintenant, nous avons récupéré des dons :
riz, huile, tomate, lait…. pour compléter et améliorer la
nourriture ; et des produits d’hygiène, etc… Nous les
remettons en présence de toutes les détenues, ce qui est une
assurance que ces dons leur arriveront bien. La déléguée des
femmes prend la parole pour nous remercier longuement, avec beaucoup
d’émotion. Puis la directrice et la responsable du service social
expliquent leur travail. A notre tour, nous leur parlons pour les
encourager et leur apporter un peu d’espérance. Je reste un
moment après la cérémonie pour pouvoir parler avec elles plus
librement.
Mardi
25 septembre : Travail à la maison et le soir accueil. Je
reçois deux couples qui se préparent au mariage. Pour le premier,
ce sera samedi. Nous finissons de mettre au point la cérémonie, et
ils viennent se confesser.
Puis une étudiante vient me voir.
Elle a rassemblé tous les papiers nécessaires pour continuer ses
études en France. Tout était en règle, mais au moment d’avoir
son visa on lui demande de revenir dans deux mois, alors que les
cours sont déjà commencés ! Sans aucune explication. Alors
qu’elle est inscrite et qu’elle a une famille d’accueil. On
fait vraiment tout pour empêcher les gens de venir et de se former.
On cherche des raisons et quand il n’y en a pas, on refuse malgré
tout. C’est très triste.
Lundi
24 septembre : Une nouvelle semaine avec toutes les choses
à faire et les personnes qui nous attendent. J’espère régler le
maximum de dossiers le matin, car tout de suite après le repas je
vais dans deux prisons, comme chaque semaine, pour rencontrer les
détenus qui le désirent. Aujourd’hui, un problème spécial :
deux détenus étrangers, un nigérian et un camerounais, vont être
libérés. Ils ne connaissent personne au Sénégal et n’ont pas
les moyens de retourner dans leur pays. Je téléphone aussitôt au
Service de la Caritas qui accueille les migrants. Ils vont contacter
l’O.I.M., l’Office des Nations Unies, pour voir s’ils peuvent
prendre en charge le retour de ces deux personnes Cela va être
compliqué, mais ça vaut la peine d’être essayé.
Sur le
retour, je passe chez un coiffeur guinéen que je connais
bien. Nous échangeons, quelques mots en langue poular (peuhl), puis
il m’enlève les cheveux (« la boule à zéro ») à la
mode sénégalaise. Ainsi, je suis tranquille pour plusieurs mois.
Dimanche
23 septembre : Tôt le matin, je vais dire la messe dans un
quartier populaire où les gens sont très actifs et sympathiques.
C’est mon ancienne paroisse ; nous nous connaissons.
Après
avoir salué les gens, je suis invité à passer la journée avec un
couple que j’ai préparé au mariage. Ils sont très engagés tous
les deux et m’ont demandé de venir faire le point de leur vie de
couple après un an de mariage, et de se préparer à la naissance
de leur 1er enfant. Et aussi d’évaluer ensemble leurs
différents engagements. Je suis très heureux de passer la journée
avec eux. Comme d’habitude, les parents et amis viennent nous
saluer, d’autant plus qu’ils sont bien insérés dans le
quartier. D’ailleurs, nous passons saluer plusieurs personnes, en
particulier une dame souffrant d’un cancer. A chaque fois, après
les salutations traditionnelles, nous prions ensemble.
Le
retour à Dakar est un peu compliqué : c’est dimanche soir,
il n’y a pas beaucoup de cars, et ils sont pleins à bloc. Mais on
finit, toujours par arriver !
Samedi
22 septembre : Prière avec les chrétiens à la prison.
Comme chaque fois, j’essaie d’appliquer l’Evangile le mieux
possible à leur situation, sous forme de dialogue en suscitant
leurs réactions. Ce sont surtout les anglophones nigérians qui
interviennent (nous prions en trois langues principales :
français, anglais, wolof). A la fin de la messe, comme chaque
samedi, nous prions spécialement pour ceux qui vont passer en
jugement la semaine prochaine. A la fin de la messe, contacts
avec plusieurs détenus, en particulier un malade que nous mettons
en relation avec un garde pour qu’on le conduise à l’infirmerie,
et un jeune Guinéen. Je suis en contact régulier avec sa mère par
téléphone (j’ai travaillé 10 ans dans leur région et je parle
leur langue). Elle m’a demandé de lui faire remettre un peu
d’argent pour ses besoins de base. Puis je parle avec un détenu
de Guinée Equatoriale, en espagnol. Sa femme est en Espagne. Je lui
ai téléphoné ce jeudi et je peux donc donner au détenu des
nouvelles de sa famille. Il va être libéré normalement la semaine
prochaine. Je vais voir avec l’ambassade d’Espagne s’ils
peuvent l’accueillir à la sortie pour qu’il ne reste pas
traîner dans les rues, surtout qu’il ne parle ni français, ni
ouolof. Il a été arrêté à l’aéroport. Je vais voir aussi
comment faire pour son retour en Espagne.
A mon retour à la
maison, j’ai rendez-vous avec des responsables de la Communauté
de San Egidio qui travaille beaucoup pour la paix et aussi
contre le SIDA dans de nombreux pays. Avec leur équipe à Dakar,
nous travaillons spécialement à la prison des jeunes (Fort B).
Avec l’aide de membres de la JOC, nous essayons de former ces
jeunes en prison pour qu’ils puissent s’en sortir, en
alphabétisation , carrelage et cordonnerie. Des psychologues
viennent accompagner certains jeunes déprimés. Nous leur
fournissons des produits de 1ère nécessité :
brosses à dents, dentifrice, savons, vêtements, chaussures. Nous
avons aussi une petite caisse pour les aider à leur sortie, au
moins pour retourner chez eux.
Aujourd’hui, comme c’est le
moment de la rentrée, nous voyons comment placer quatre jeunes au
Centre professionnel des Salésiens pour qu’ils y apprennent un
métier. On nous a posé aussi le problème de cinq jeunes
handicapés.
L’après-midi, je retourne dans mon ancienne
paroisse pour y célébrer l’Eucharistie. Je suis accueilli par
les Sœurs, pour la nuit, ce qui m’évite de longs voyages
aller-retour qui non seulement prennent beaucoup de temps mais sont
aussi très fatigants, presque toujours debout et tous les
passagers très serrés pendant le voyage. Heureusement qu’il y a
une bonne ambiance et que les gens se soutiennent. Ainsi, ils se
passent l’argent, de main en main jusqu’au Receveur, enfermé
dans sa cabine, en donnant la destination de chacun. Ici, pas de
billets automatiques, ni de cartes informatiques. C’est
l’informel !
Le soir, nous mangeons avec un prêtre venu
du CAMEROUN. Bien sûr, nous parlons de l’élection présidentielle
avec un président de 85 ans qui se représente pour la 7ème
fois. Et qui va certainement être réélu puisque l’opposition ne
s’entend pas. C’est un problème que l’on retrouve dans
beaucoup de pays d’Afrique actuellement, malheureusement. Nous
parlons aussi de la situation du pays. De la partie anglophone du
pays qui veut faire sécession, car n’est pas suffisamment
reconnu, et qui est réprimée violemment par l’armée. Et des
attaques rebelles islamistes de Boko Haram depuis le Nigéria avec
sa succession d’attentats. Et aussi d’un certain nombre
d’assassinats inexpliqués. La situation est vraiment difficile.
Vendredi
21 septembre : Toujours autant de passages dans la maison.
A midi, je pars pour l’hôpital, pour la messe. Un décès a eu
lieu et la morgue est en réparation. Nous accueillons donc le
défunt et sa famille et nous prions tous ensemble. Comme chaque
vendredi, nous prions en même temps que les musulmans et
« sonorisés » par leur prière, car la chapelle et la
mosquée sont voisines : une façon d’être ensemble !
Je
commence aujourd’hui ma tournée en réanimation ,
accompagné d’une infirmière, après avoir mis les habits
nécessaires pour cela. Après ma tournée des différents services,
je repars en Cardiologie pour moi-même. J’ai rendez-vous mais je
dois attendre mon tour pendant longtemps. Je suis prudent :
comme d’habitude j’ai amené du travail et je profite de cette
attente pour préparer une intervention qu’on m’a demandée sur
l’engagement pour les droits humains. En même temps, je parle
avec les malades et le personnel de santé.
Jeudi
20 septembre : Comme beaucoup ne travaillent pas
aujourd’hui, ils en profitent pour venir me voir. En particulier
un ancien jociste que j’avais retrouvé en Guinée et qui, suite
aux problèmes de ce pays, a préféré revenir au Sénégal. Il
veut lancer un poulailler pour faire vivre sa famille. Nous
voyons ensemble la meilleure façon de faire. Pendant ce temps, je
laisse un étudiant consulter nos archives pour travailler à
son mémoire. Ils sont nombreux à venir nous voir pour cela.
Le
soir, c’est toujours avec la même joie que je rencontre la
communauté anglophone pour notre réunion hebdomadaire. Nous
échangeons les nouvelles, puis nous partageons la Parole de Dieu à
partir de l’évangile du dimanche, et nous terminons par un temps
de prière.
Ensuite, je passe dans une de nos communautés où
je rencontre le responsable de nos étudiants en philosophie.
Il va partir ouvrir un nouveau poste en secteur rural. Nous voyons
ensemble comment je vais participer cette année à la formation des
étudiants. Puis nous parlons des conditions de lancement du nouveau
poste qu’il va ouvrir.
Mercredi
19 septembre : Cette nuit, les musulmans fêtent la
nouvelle année musulmane (Achura appelée Tamkharit au Sénégal).
C’est un jour de fête où l’on mange traditionnellement un bon
plat de couscous. En conséquence, demain sera férié de fait, car
après ce bon repas beaucoup n’iront pas travailler !
A
11 heures, je suis interviewé par une télévision sur la
régulation des naissances. J’insiste sur l’importance du
dialogue et de l’amour dans le couple pour prendre ensemble la
charge et l’éducation des enfants. Et pour les jeunes, sur la
nécessité d’une vraie éducation sexuelle (pas seulement
une information ) et sur une bonne préparation au mariage. Sans
oublier l’urgence d’une réflexion dans le couple et dans le
pays en général, sur la fécondité et l’augmentation très
grande de la population . Il y a beaucoup de choses à dire…. et à
faire. Je le dis en ouolof pour être compris par le maximum de
personnes, surtout des classes populaires. Mais bien sûr tout cela
est lié à la lutte contre la pauvreté.
Mardi
18 septembre : Il y a beaucoup de passages dans notre
Maison ces jours-ci, entre les étudiants qui rentrent de
leur stage de vacances, ceux qui arrivent d’ailleurs et ceux qui
vont continuer leurs études dans d’autres pays : Gambie,
Ghana, Gabon, Cameroun, Kenya, etc… En effet, comme
missionnaires, nous travaillons en équipes internationales et il
est donc important que nos étudiants s’y préparent dès le
début. Mais administrativement c’est compliqué, car pour obtenir
des visas d’études, surtout pour l’Europe, c’est très
difficile. Il manque toujours un document. De plus, surtout en
Afrique, les voyages coûtent très cher. Ce matin, un de nos
étudiants qui devait partir pour le Gabon a été refoulé, car il
n’avait qu’un billet d’aller simple et il fallait un billet
aller-retour ! Et après ça, on parle de liberté de
circulation.
En même temps, nous avons la joie d’accueillir
les confrères qui rentrent de congés et qui nous donnent
des nouvelles des différents pays et du travail des confrères.
Dans
« mes moments libres », je continue la rédaction et la
diffusion de documents divers à mettre sur mon site ou à
envoyer par mails ou sur Face Book.
Lundi
17 septembre : Après une écographie et ma visite chez le
cardiologue, j’ai pris une série de médicaments pour la
régulation de mon rythme cardiaque et la tension. Ce matin,
je retourne à l’hôpital pour une prise de sang. Comme je connais
tout le monde, cela se fait rapidement et je peux rentrer de bonne
heure, car cet après-midi je retourne dans deux prisons pour
l’écoute. Deux autres personnes de notre aumônerie
m’accompagnent, de manière à pouvoir recevoir le maximum des
détenus demandeurs d’écoute. Notre nombre perturbe un peu
l’organisation, car il n’y a qu’un seul petit parloir, mais
nous nous arrangeons pour cette fois-ci. Un des responsables de
l’administration pénitentiaire est de passage et il nous rappelle
notre devoir de réserve. Nous le rassurons, car nous connaissons
bien le règlement et nous nous y tenons.
Nous prenons le
temps de parler aussi avec l’infirmier. Pour les cas les plus
graves, les détenus sont conduits sous bonne garde à l’hôpital
voisin. Avec le responsable du Service Social, nous abordons la
question de l’alphabétisation en français et en arabe qui va
commencer jeudi, de la bibliothèque et des problèmes d’eau.
Nous
repartons avec l’espoir que les choses vont s’organiser peu à
peu : confiance et patience !
Sur le chemin du
retour, je m’arrête comme chaque lundi au Pavillon spécial
visiter les détenus gravement malades. Quand je rentre il
fait presque nuit.
Dimanche
16 septembre : Le mois prochain va avoir lieu à DAKAR la
rencontre mondiale des femmes catholiques. Cette rencontre se
prépare depuis longtemps dans chacune des équipes. Aujourd’hui,
les déléguées se retrouvent pour présenter leur rapport, et tous
ensemble en faisons l’évaluation. Elles m’ont demandé de venir
comme « personne ressource » pour réagir, donner mon
point de vue et les aider à rédiger le rapport final. C’est un
gros travail mais qui en vaut la peine et qui nous conduit jusque
tard dans la nuit. Le thème du forum est : « Porteuses
d’eau vive à un monde assoiffé de paix ». Les sept thèmes
de réflexion étaient : 1. L’éducation des filles - 2.
L’autonomisation des femmes - 3. Un monde assoiffé de paix -
4. Les violences faites au femmes - 5. Femmes, porteuses d’eau
vive - 6. La place des jeunes femmes dans la société - 7. La
famille.
Je vais participer à l’Assemblée générale de
notre ONG : le CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits
Humains). Nous avons décidé de commencer par une formation sur le
thème de l’engagement citoyen. On m’a demandé de faire
une conférence sur ce thème. Je préfère lancer une discussion
commune pour un partage de nos idées et une évaluation de nos
actions. Ce qui donne un échange très intéressant.
Le soir,
je retourne pour les conclusions avec l’Association des femmes.
Samedi 15 septembre : Comme j’avais dit la dernière fois à la prison que je fêtais mon 60ème anniversaire de vie religieuse, aujourd’hui, à la fin de la messe, ils ont tenu à chanter tous ensemble avec moi le chant de la promesse. Cela a fait du bruit et mis de l’ambiance et m’a beaucoup touché. Ensuite, il nous reste encore une demi-heure pour parler avec ceux qui le veulent, écouter leurs problèmes, et leur apporter l’aide ou les choses dont ils ont besoin, autant que cela nous est possible.
Vendredi 14 septembre : Cette journée est particulièrement chargée. Beaucoup de malades et leurs familles demandent ma visite. Je le fais avec plaisir, encouragé par leur joie et le bon accueil aussi bien des soignants que des malades et leurs familles. De plus, le groupe qui m’accompagne à chacune de mes visites et se partage entre les différents services, me donne un bon coup de main.
Jeudi
13 septembre : Cela faisait trois semaines que je n’avais
pas pu aller à la prison des femmes, à cause de la fête de
la Tabaski et parce qu’une semaine sur deux je me consacre aux
hommes du Camp Pénal. Aussi je suis très attendu. Comme je ne
pourrai pas voir toutes celles qui le désirent, je commence par les
dernières arrivées pour voir avec elles comment s’intégrer le
mieux possible, s’adapter à leur nouveau mode de vie, s’entendre
avec toutes, mais aussi se trouver l’une ou l’autre amie pour
avoir quelqu’un avec qui se confier, ce qui est très important.
Nous parlons un bon moment avec la coiffeuse qui vient former
les volontaires, pas seulement pour les occuper, mais surtout leur
donner la possibilité de travailler et de gagner un peu d’argent
pour vivre à leur sortie. Enfin, je prends contact avec la
greffière et les autres membres du personnel qui viennent
d’arriver. Je tiens à assurer les meilleures relations
possible.
Comme chaque nuit, si je n’ai pas de réunion ou de
formation, je me mets sur Internet pour répondre aux
messages et envoyer des documents, sur les sites d’informations
pour me tenir au courant, et sur Face Book. C’est souvent à ce
moment aussi que je reçois des appels téléphoniques de personnes
très diverses qui ont des problèmes et qui souhaitent conseils et
soutiens, certains appels même en pleine nuit.
Mercredi
12 septembre : Après un moment sur Internet et Face Book,
je pars pour une visite de contrôle à l’hôpital. Il y a
beaucoup de monde et je dois attendre un bon moment. Ma tension est
redevenue normale, mais le cœur bat irrégulièrement. C’est
normal à mon âge, mais après une écographie le médecin avec qui
je suis devenu ami, passant chaque semaine dans son service, me
prescrit de nouveaux médicaments, et me demande de faire de
nouvelles analyses. Et, bien sûr, de continuer mon régime contre
le diabète. Pas facile !
A mon retour, je reçois un
jeune couple de mon ancienne paroisse dont j’ai béni le mariage
il y a un an et demi. Ils viennent m’annoncer que la femme est
enceinte, ce qu’ils attendaient avec impatience. Nous nous
réjouissons ensemble. Ils me demandent de les accompagner dans leur
vie de couple et pour se préparer à la venue de leur premier
enfant ; ce que j’accepte avec joie.
En ce temps de
vacances et de congés, nous recevons de nombreuses visites.
Ce n’est pas toujours facile d’être accueillants et disponibles
pour recevoir des personnes arrivant à l’improviste jusqu’en
pleine nuit, ni de donner à manger à toutes ces personnes. Il faut
dire que les transports sont toujours aléatoires et souvent plus
longs que prévu.
Mardi
11 septembre : Je reçois la visite d’une jeune fille
très perturbée, vivant dans la peur de mauvais esprits. Je l’avais
suivie plusieurs jours en l’accueillant dans notre Communauté,
avant de lui faire suivre un traitement. Elle a maintenant retrouvé
la paix et revient me remercier avec sa grande sœur qui l’a aussi
suivie et soutenue. Nous nous réjouissons ensemble et prenons un
temps de prière pour dire merci.
Je prends ensuite un temps de
réflexion avec un de nos nouveaux diacres sur les
différentes possibilités pour travailler dans le domaine social.
Puis je reçois un de nos étudiants qui vient de terminer une
année d’apprentissage de l’anglais en Gambie. Il va aller faire
ses études de théologie au Cameroun.
Ensuite, je prépare le
dossier de mariage avec deux fiancés. La rencontre est très
décontractée, car nous nous connaissons bien maintenant et après
les avoir préparés j’aurai la joie de bénir leur mariage.
Lundi
10 septembre : D’abord je vais à la banque toucher
l’argent qu’une amie sénégalaise m’a envoyé pour m’aider
à acheter un nouvel ordinateur. Puis je pars rapidement pour
les deux prisons que je visite chaque lundi. Je reçois les
détenus un par un pour les écouter et voir comment les aider,
chacun selon ses problèmes. Là, ce sont surtout des besoins
d’avocats pour leur défense, de lunettes, d’argent, de
nourriture, etc… Malheureusement, nos moyens sont très
limités.
Puis je passe à l’Observatoire des prisons
pour leur parler de la situation générale et leur parler d’un
certain nombre de cas qui méritent une solution.
Dimanche
9 septembre : Après la messe avec la communauté
anglophone, nous préparons l’année pastorale qui commence.
Puis
je vois avec le responsable du séminaire comment organiser la
formation et les activités des séminaristes pour cette
nouvelle année scolaire. Et comment accueillir le nouveau
responsable, car le précédent va partir sur un nouveau poste en
secteur rural.
L’après-midi, je reçois la visite d’un
étudiant haïtien. Il y a quelques années, au moment du grand
tremblement de terre en HAITI, l’ancien président avait accueilli
un certain nombre d’élèves et d’étudiants haïtiens. Ils ont
continué leurs études au Sénégal. Aujourd’hui, un doctorant
vient me voir. Il prépare une thèse sur l’entreprenariat des
femmes. Il sollicite mon avis et je lui donne les noms de
plusieurs personnes de PIKINE avec qui j’ai travaillé dans ce
domaine, en lui souhaitant bon courage.
Samedi 8 septembre : Ce jour, je fête le 60ème anniversaire de mon engagement à la vie religieuse chez les Missionnaires spiritains. Je suis heureux de fêter cet anniversaire important pour moi dans la prière avec les détenus de la grande prison de Dakar.
Vendredi
7 septembre : A l’hôpital, un musulman en fin de vie me
fait demander pour que je l’aide à mourir. Je fais de mon mieux,
en admirant sa grande foi, son calme et son courage. D’ailleurs, à
chacune de mes visites, je suis frappé par le courage et la
sérénité des malades. Et aussi de leur foi et de l’intensité
de leurs prières, musulmans comme chrétiens. Je suis aussi dans
l’admiration devant le dévouement des familles. Des parents qui
font le maximum pour amener de la nourriture et acheter des
médicaments malgré leurs moyens très limités. Et qui passent des
jours à côté de leur parent, à dormir par terre, pour ne pas le
laisser seul.
Aujourd’hui je suis venu avec un de nos
séminaristes de Guinée Bissao, à la fois pour l’initier au
soutien des malades, et pour me servir d’interprète, dans la
langue créole, auprès de plusieurs malades du Cap Vert et de
Guinée Bissao qui ne parlent ni ouolof, ni portugais. C’est le
moment des vacances, aussi chaque semaine j’amène avec moi un
séminariste pour initiation à cette mission importante. Tous
voudraient venir aussi dans les prisons, mais ce n’est pas
possible car il faut une autorisation spéciale, accordée
officiellement seulement une fois par an.
Jeudi 6 septembre : Le matin, écoute des détenus au Camp Pénal. Le soir, une équipe de télévision vient m’interviewer sur un certain nombre de problèmes sociaux actuels et délicats : régulation des naissances, viols, pédophilie, avortements, etc… J’essaie d’apporter quelques éléments de réflexion, au-delà des arguments simplistes trop souvent utilisés, en tenant compte de la culture et de la situation réelle des gens.
Mercredi 5 septembre : J’accueille un certain nombre de personnes en difficultés. En particulier, un jeune couple dont la femme est découragée à cause de son diabète. Ils n’ont pas les moyens de payer l’insuline qu’on leur prescrit, ni d’acheter les aliments qu’il faut pour son régime.
Mardi 4 septembre : Préparation de la cérémonie d’un mariage. Nous voyons comment introduire dans la célébration les rites traditionnels du mariage sérère, leur ethnie, et assurer la participation la meilleure possible de l’assistance à la cérémonie.
Lundi
3 septembre : La Directrice de l’une des prisons est
décédée brusquement. C’était une femme très droite et
soucieuse des détenus. Sa mort cause une grande tristesse et il y a
beaucoup de monde à son enterrement.
Le soir, nous accueillons
des volontaires de l’ONG allemande « Casques verts ».
Ils ont terminé la construction d’un centre social à
Bantako où il y a des mines d’or artisanales, avec tous les
problèmes que cela comporte : violences, vols, viols, drogue,
prostitution… Il nous faut maintenant assurer le bon
fonctionnement de ce Centre, avec un personnel compétent et engagé,
qu’il nous faut trouver.
Les Casques verts continuent à
Ziguinchor, au sud du pays, toujours marqué par des violences et
des morts par un mouvement qui réclame l’indépendance, se
sentant délaissé par le pouvoir central malgré tous les efforts
fournis. Il y avait aussi de grosses tensions avec la Gambie, au
temps de l’ancien dictateur Yaga Drame. Maintenant qu’un
président a été élu démocratiquement, les choses se sont
arrangées. Mais le gros problème qui reste c’est l’abattage en
série des arbres de la forêt. Ces arbres, achetés en particulier
par des Chinois, passent clandestinement les frontières de la
Gambie et de la Guinée Bissao pour être exportés illégalement.
Cela nous inquiète beaucoup car c’est une grande forêt qui
disparaît, avec toutes les conséquences. A Ziguinchor, les
Volontaires « Casques Verts » nous aident à mettre en
place un garage pour la formation d’apprentis, car le
chômage des jeunes est un problème très grave dans le pays.
Dimanche 2 septembre : Messe avec la Communauté anglophone.
Samedi
1er septembre : A la prison, après
la prière avec les chrétiens, nous avons un moment pour parler
avec les détenus. Aujourd’hui, je parle spécialement à un
prisonnier originaire de Guinée Equatoriale, arrêté à Dakar.
Loin de chez lui, il n’a ni visite, ni soutien. Il est à la
recherche d’un avocat, mais il n’a pas les moyens de le payer.
Sa femme est en Espagne. Je vais lui donner quelques nouvelles pour
la rassurer.
Puis je parle avec un jeune guinéen. Sa mère,
qui m’a connu quand j’étais dans les camps de réfugiés
pendant la guerre du Liberia, est très inquiète pour lui. Il est
assez nerveux et s’est fait tabasser par les gardiens, parce qu’il
s’était bagarré avec un autre détenu. Comme beaucoup d’autres
prisonniers, il est révolté de voir que les artistes (rappeurs….)
ou personnalités politiques sont jugés rapidement et souvent
libérés avec des condamnations avec sursis, pendant que les autres
font plusieurs années en prison avant d’être jugés. Ils ont
écrit une lettre à l’Observatoire des prisons, mais la situation
est très tendue.
Vendredi
31 août : Comme chaque vendredi, à la pause du midi, je
commence par dire la messe pour les malades avec un certain
nombre d’agents de la Santé, et également de bénévoles de
plusieurs groupes chrétiens qui viennent avec moi visiter les
différents services, parler avec les malades et encourager leurs
familles. Nous sommes toujours bien reçus dans les services et
c’est le personnel lui-même qui nous indique les malades à
visiter en priorité, musulmans aussi bien que chrétiens, ce qui
nous aide beaucoup. A chaque fois, malgré leur surcharge de
travail, nous prenons le temps d’échanger quelques paroles. Nous
nous connaissons maintenant, il ne faut pas beaucoup de temps pour
nous comprendre. La plupart me demandent de prier pour eux et
certains de bénir leurs bureau et lieu de travail, ce que je fais
volontiers puisque la demande vient d’eux, librement.
Dans
tout cela, je suis aussi très encouragé par les bénévoles qui
viennent visiter les malades chaque semaine. Ils se répartissent en
différents groupes pour visiter les services des trois hôpitaux.
Ils le font avec beaucoup de courage, mais aussi de tact et de
discrétion, s’adressant à tous les malades sans distinction mais
dans le respect de chacun. Ils sont pour moi à la fois une grande
aide et un grand soutien.
Jeudi 30 août : Je reprends les activités ordinaires. Je vais rencontrer les détenus au Camp Pénal.
Mercredi
29 août : Etant présents dans le pays depuis plusieurs
siècles, nous avons des archives importantes. Il faudrait
mieux les classer et les informatiser, mais c’est un travail
énorme.
Des étudiants et aussi des enseignants passent
régulièrement nous voir. J’ai bloqué plusieurs rendez-vous pour
aujourd’hui. Ensuite, je travaille la thèse en sociologie
pour le doctorat d’un confrère qui m’a demandé de lui faire
part de mes réflexions. Cela va me prendre plusieurs jours, aussi
je m’y attelle tout de suite.
Mardi
28 août : Hier j’ai appris avec beaucoup de tristesse le
décès d’une religieuse indienne, infirmière, avec qui nous
avons beaucoup travaillé durant les années 1980, à TAMBACOUNDA,
au Sénégal Oriental. Je suis très triste. Ce matin, à la messe,
nous prions pour elle tous ensemble.
Ce mardi, je reste à la
maison pour accueillir ceux et celles qui ont demandé à me voir,
chacun avec son ou ses problèmes. Vue la difficulté de la vie,
beaucoup sont tristes et découragés, ce qui entraîne de nombreux
problèmes psychologiques. J’essaie de les écouter, de les
conseiller et les encourager le mieux possible.
Lundi
27 août : A la prison, le gros problème actuellement est
celui de l’eau. Déjà, depuis plusieurs semaines, l’eau manque
gravement à DAKAR. La ville grandit de plus en plus et les
installations n’ont pas suivi. On a fait plusieurs grands forages,
avec l’aide du Japon on va ouvrir une usine de dessalement de
l’eau de mer. Et on met de nouvelles canalisations depuis le Lac
de GUIERS alimenté par le fleuve Sénégal, à plus de 400 km. Mais
cela demande des fonds et du temps. C’est un grave problème pour
tous, qui a entraîné de nombreuses manifestations et révoltes.
Dans les quartiers, les gens peuvent au moins aller aux
bornes-fontaines publiques. Mais pour les prisonniers ce n’est pas
facile. Ne pouvant pas se laver normalement, ils ne peuvent pas
faire de sport non plus ni laver leurs habits. Cela n’arrange pas
leur moral. J’essaie de leur expliquer que c’est un problème
général, mais ça n’apporte pas de solution pour eux.
Je
prends peu à peu connaissance de la prison. Nous parlons en
particulier avec l’assistant social de la possibilité de
commencer des cours d’alphabétisation car beaucoup de
prisonniers n’ont jamais été à l’école. La plupart des
détenus de cette prison sont condamnés à deux ans. C’est
beaucoup moins qu’au Camp Pénal où les prisonniers sont souvent
condamnés à 10 ans. Ils sont aussi moins nombreux et les
conditions de vie sont moins dures. Mais la séparation de leur
famille est toujours aussi difficile à supporter. Comme la
prison est plus petite, ils ont moins de possibilité de faire du
sport ou même des exercices.
Malgré tout, il faut reconnaître
que la situation des prisonniers s’est améliorée. La plupart
des prisons datent d’avant l’Indépendance (en 1960). L’Etat
cherche à les aménager peu à peu. Mais à la prison centrale, ils
sont plus de 250 détenus dans une salle de 15 mètres sur 10. Ils
doivent se coucher à tour de rôle, car la place ne suffit pas pour
tout le monde et beaucoup dorment par terre. On parle de construire
de nouvelles prisons, mais on attend toujours. Cependant, la prise
en charge des détenus a été augmentée (environ 2 euros par jour
et par détenu, tout compris : nourriture, soins de santé,
etc…).
Autrefois, le personnel était formé à
l’Ecole de Police. Maintenant, les candidats sont formés dans
une école spéciale, mieux adaptée aux besoins. Et l’Observatoire
des prisons a lancé toute une série de formations pour lutter
contre les coups sur les prisonniers, les brimades et même des
tortures –rarement cependant-. Personnellement, je suis très bien
reçu et attendu par les détenus, mais aussi le personnel. Ma
présence et mes passages les encouragent et les amènent aussi
parfois à avoir un peu plus de retenue. Et à chaque fois, nous
parlons de leurs difficultés.
Dimanche 26 août : Il y a cinq communautés anglophones sur la ville, dont la nôtre. Aujourd’hui, chacune envoie chez nous 4 délégués, comme nous le faisons chaque mois, à tour de rôle. Cela nous permet de nous donner des nouvelles et de voir comment améliorer nos activités.
Samedi 25 août : Comme chaque samedi, après la messe nous saluons personnellement chacun des détenus et cherchons à commencer à résoudre l’un ou l’autre problème. Aujourd’hui, en particulier un nouveau détenu étranger qui me demande de prévenir sa famille et de lui chercher un avocat ; un autre, de donner des nouvelles à sa femme et de téléphoner à son ambassade.
Vendredi 24 août : A l’hôpital, service minimum. Le personnel habituel est absent. Une dame musulmane, venue visiter un parent, me prend en charge et m’indique, avec beaucoup de gentillesse, les différents malades à visiter.
Mardi
21 août : Un prisonnier, tout juste libéré, vient
me voir : il n’a pas d’argent pour payer le car et
retourner dans sa famille. C’est à chaque fois le même
problème. Nous avons reçu quelques dons pour constituer une petite
caisse afin de répondre à ces besoins. Nous parlons de son retour
en famille et de ce qu’il va faire pour se réinsérer dans la
société. Il a l’intention de cultiver le terrain de sa
famille.
Depuis samedi, il est très difficile de circuler en
ville. En effet, demain c’est la Tabaski (Aïd el Kebir),
la grande fête musulmane qui commémore le sacrifice d’Abraham.
Tout le monde cherche des beaux habits et à préparer un bon repas.
Et aussi à acheter un mouton par famille pour le sacrifice. Comme
les moutons ne suffisaient pas au Sénégal, on en a fait venir de
Mauritanie et du Mali. Mais ils sont très chers pour la plupart des
gens. Et à cette occasion tout augmente. Pourtant, il faut bien
faire la fête et la pression sociale est énorme, car les gens
s’observent et chaque famille veut faire mieux que sa voisine.
Résultat, certaines familles s’endettent pour des mois. Cela pose
de grosses difficultés s’il y a un problème de santé ou
d’argent dans la famille.
Un autre problème : après la
grande prière, les responsables politiques des différents
partis en profitent, chacun dans la Mosquée de sa Confrérie, pour
faire une intervention souvent agressive quand il s’agit de
l’opposition. Ils utilisent ainsi la prière et la religion pour
leurs intérêts personnels, ce qui n’est pas normal et entraîne
une vraie déformation de la religion, et, en plus, un climat de
violence inquiétant pour l’avenir. En effet, les élections
présidentielles auront lieu dans six mois.
La fête se
prolonge pendant plusieurs jours, surtout que, à cette
occasion, beaucoup sont partisdans leurs familles dans les
différents villages. Les activités sont arrêtées.
De mon
côté je continue les activités ordinaires : réunions,
prison, hôpital, communauté anglophone, etc… Et j’en profite
pour répondre au courrier en retard et préparer les
documents et les émissions radio en attente.
Lundi
20 août 2018 : Aujourd’hui, je commence l’écoute pour
rencontrer les détenus dans deux nouvelles prisons. La
prison des détenus malades (pavillon spécial), située dans un des
hôpitaux de la ville, puis une prison pour les courtes peines
(jusqu’à deux ans). Dans les deux endroits, je suis très bien
accueilli car ces visites permettent aux détenus qui le veulent de
venir parler personnellement de leurs problèmes et cela réduit un
certain nombre de tensions.
Je commence par recevoir les chefs
de chambre pour parler avec eux de leurs responsabilités et leur
expliquer le but de mes visites. Ensuite, je prends le temps de
parler avec le personnel ; d’ailleurs j’en connais déjà
un certain nombre pour avoir travaillé avec eux dans d’autres
prisons.
A mon retour, comme on m’a volé mon ordinateur,
j’emprunte celui d’un confrère et j’espère récupérer le
maximum de documents à partir des envois que j’ai fait par mails.
Mais cela me prend beaucoup de temps et les documents que j’avais
en réserve sont perdus.
Lundi
20 août : Aujourd’hui, je commence mes interventions
dans deux nouvelles prisons. L’une où sont soignés les
détenus malades, à l’intérieur de l’hôpital Le Dantec,
l’autre à la pointe extrême de Dakar, au Cap Mannel. Cela se
passe sans problème. Je suis bien accueilli dans les deux prisons,
les détenus sont nombreux à vouloir me rencontrer. Je les reçois
personnellement un par un, en « écoute ». Je ne peux
pas voir tous ceux qui le désirent. Cela se fera peu à peu, car
ils sont nombreux et jusqu’à maintenant personne ne venait les
rencontrer systématiquement. Or les étrangers, ceux qui viennent
des autres régions, et aussi ceux qui viennent de Dakar mais sont
rejetés par leur famille, ne reçoivent ni visites, ni soutien.
Bien sûr, nous ne pouvons pas remplacer leur famille, mais nous
menons une aide complémentaire qui n’est pas inutile.
En
attendant d’avoir les moyens de remplacer mon ordinateur qui
a été volé, un confrère me prête le sien quand il n’en a pas
besoin. Ce n’est pas facile et m’oblige à travailler surtout la
nuit. Pour le moment, je recherche mes documents.
Dimanche
19 août : Messe avec la communauté anglophone. Après la
messe, je reste régler un certain nombre de cas sociaux :
questions matérielles, mariage, documents à régler.
Puis je
vais saluer les 15 jeunes filles qui veulent être missionnaires
spiritaines et que j’ai suivies depuis deux ans. Ce soir,
elles partent en France pour une année de formation avant leur
premier engagement (noviciat). Nous sommes un peu tristes de nous
séparer ; je leur souhaite bon voyage et beaucoup de courage.
En Octobre, un autre groupe arrivera. Mais elles devront d’abord
apprendre le français, car la plupart viennent de pays lusophones
(Angola, Mozambique, Cap Vert et Guinée Bissao) et anglophones
(Nigéria, Ghana).
Après la messe anglophone, nous partons en
sortie à l’Ile de Ngor pour une journée d’amitié et de
partage.
Vendredi
17 août, à l’hôpital, et Samedi 18, à la prison :
Après la messe, en trois langues, toujours aussi animée, j’arrive
enfin à prendre contact avec ce jeune Guinéen, dont la mère ne
savait plus où il était et me téléphonait presque chaque jour,
en pleurs. Je vais pouvoir la rassurer. Il est en bonne santé, mais
attend toujours, depuis de longs mois, d’être jugé. Je le mets
en lien avec la communauté chrétienne des prisonniers. Nous allons
voir comment l’aider matériellement, et si possible lui trouver
un avocat. Mais sa situation est difficile dans la mesure où celui
qui l’a fait tomber dans ces problèmes est en fuite : encore
un cas compliqué.
Immédiatement après la prison, je pars en
banlieue dans mon ancienne paroisse où on m’a demandé pour une
formation. Je rentre tard la nuit, après avoir eu beaucoup de peine
à trouver un moyen de transport.
Jeudi
16 août : Les activités continuent. Je vais à la
prison des femmes. Elles sont très tristes car nous avions
prévu de célébrer le 15 Août à l’avance, mardi ; mais ce
rendez-vous a été supprimé au dernier moment car il y avait un
séminaire de formation pour le personnel. Je vais voir comment on
pourra rattraper cela. En attendant, je rencontre celles qui le
veulent, personnellement, en « écoute ». Les demandes
et les problèmes sont nombreux, comme à chaque fois, et je n’ai
malheureusement pas toujours de solution. Mais pour ces femmes,
pouvoir en parler est déjà un grand soulagement. Avec les
musulmanes, nous parlons de la grande fête de la Tabaski (Aïd
el Kebir) qui commémore le sacrifice d’Abraham. Le fait que ces
deux fêtes se suivent en une semaine (15 Août et Tabaski) est
l’occasion d’intensifier nos liens d’amitié entre chrétiens
et musulmans. Une autre bonne nouvelle : je ne peux pas
rencontrer toutes les femmes qui le désiraient, car certaines sont
en formation en pâtisserie pour 5 jours, à l’intérieur de la
prison. Après elles, ce sera un deuxième groupe. Je suis très
heureux de cette formation qui leur est offerte. Il y a aussi
d’autres formations en couture, broderie, coiffure et aussi
culture de légumes sur table. Tout cela est important, pas
seulement pour les occuper, mais surtout pour leur donner un moyen
de gagner leur vie à la sortie de prison.
Le soir,
j’enregistre une nouvelle émission à la télévision sur le sens
de la justice selon l’Evangile, organisée par la JOCF :
« Pas de vraie charité sans justice ». Je fais
la différence entre la justice des tribunaux où on condamne, sans
même laisser l’accusé parler (c’est l’avocat qui parle à sa
place et souvent plus pour trouver des vices de forme ou des moyens
de sortir l’accusé), ce n’est pas une justice réparatrice, ni
éducatrice, par rapport à la justice africaine traditionnelle
(l’arbre à palabre) où on cherchait surtout à réconcilier les
deux groupes pour arriver au pardon et rétablir la vie sociale, et
enfin la justice évangélique basée sur la miséricorde et qui
cherche la conversion et la transformation du monde.
Une amie a
voulu m’aider pour m’acheter un nouvel ordinateur. Elle m’a
fait l’envoi par une de ces nombreuses sociétés de transfert.
Depuis trois jours j’essaie de récupérer cet argent dans plus
de cinq centres, sans succès : ou bien le service n’est pas
disponible, ou bien il n’y a pas de réseau, ou bien il n’y a
pas de connexion, ou bien il n’y a pas d’argent disponible !
C’est ce qui arrive pour beaucoup de choses. On met en place des
systèmes soi-disant modernes, mais ça ne marche pas.
En
plus de tous les animaux morts de la première très grosse pluie,
surtout des moutons, et des pluies qui maintenant tardent à venir,
une maladie mystérieuse attaque maintenant les vaches et bœufs
qui meurent en grand nombre. Et pourtant, ils étaient vaccinés.
C’est souvent la seule richesse des éleveurs, et en plus ils
n’ont plus d’animaux de trait pour le labour et le travail des
champs.
Le P.A.M. (Programme Alimentaire Mondial des Nations
Unies) a arrêté de fournir de la nourriture dans de nombreuses
écoles. Les villages s’organisent pour mettre eux-mêmes en place
des greniers de céréales au moment de la récolte, pour
nourrir les élèves pendant l’année scolaire qui souvent
viennent à jeun, et de loin, tôt le matin, sans manger durant la
journée et ne retournent au village que le soir.
En ce moment,
dans tout le pays, les gens sont mobilisés par la préparation de
la Tabaski, en particulier pour acheter le mouton qu’on va
sacrifier dans chaque famille (plus de 250.000 dans le pays). Il a
fallu en faire venir un grand nombre depuis la Mauritanie et le
Mali. Chacun veut préparer un repas de fête et avoir de beaux
habits. Les oignons (base de la « sauce ») et les pommes
de terre commencent à manquer. Ce jour-là on ne mange pas de riz
–la base de la nourriture quotidienne-, on fait des frites !
Les marchés sont remplis et les tailleurs débordés pour préparer
des habits de fêtes. Les cars sont pleins et réservés depuis des
semaines car beaucoup veulent se retrouver en famille. Il y a une
pression sociale énorme. Il faut avoir un mouton plus gros
que celui de son voisin. Des tas de familles vont se retrouver
endettées et auront beaucoup de peine à inscrire leurs enfants à
l’école.
L’année prochaine se tiendront les élections
présidentielles et la tension est déjà très forte dans le
pays. Il y a plus de 300 partis et déjà plus de 20 candidats
déclarés. On a mis en place un système de signatures
(parrainages) mais beaucoup s’y opposent voulant se faire
connaître, même s’ils n’ont aucune chance d’être élus.
Malgré les nombreux efforts du gouvernement dans le domaine social,
la pauvreté demeure. L’opposition rencontre du succès en faisant
des tas de promesses, mais sans avoir un vrai programme de
développement du pays. Les violences verbales sont de plus en plus
nombreuses et cela est inquiétant pour l’avenir. Nous essayons de
mener un programme de réflexion surtout auprès des jeunes.
Dans
ce climat de fausses promesses et de surenchère, les différents
groupes, professionnels ou autres, se mettent en grève ou
manifestent, profitant de la situation pour obtenir des
avantages qui ne vont pas souvent pour l’avantage de la majorité,
surtout pas des plus pauvres qui n’ont pas les mêmes moyens de se
faire entendre, ni pour une avancée réelle du pays. L’argent
facile avec la corruption et la frime et l’illusion prennent de
plus en plus de place dans la vie du pays. C’est très
inquiétant.
Cela n’empêche pas les activités des se
poursuivre.
Mercredi
15 août : Jour de fête et mauvaise nouvelle ! Après
la prière, j’étais fatigué et je me suis couché. Quelqu’un a
laissé la porte de la maison ouverte et pendant que je dormais on
est entré dans ma chambre et on a volé mon ordinateur portable.
Cela me pose de gros problèmes. D’abord il va falloir que je
trouve les moyens d’en acheter un autre. Mais surtout je vais
perdre des documents. J’en avais bien une copie sur une clé, mais
ça date de Mai. Depuis, j’ai pas mal travaillé. Je vais essayer
d’en récupérer certains dans mes envois mails sur Internet. Je
vais avoir aussi un problème pour mes émissions radios :
commentaires de l’évangile de chaque jour que j’enregistrais et
envoyais à partir de cet ordinateur. Un sale coup !
Malgré
tout, j’essaie de garder le moral pour bien accueillir les
nombreuses personnes qui viennent à la Communauté : des
confrères en congés, des étudiants qui viennent pour avoir un
visa, des amis de passage, etc…. et tous les imprévus qui
arrivent parfois en plein milieu de la nuit et qu’il faut aller
chercher quand ils ne connaissent pas la ville.
Je voulais
regarder à la télévision l’émission du 15 Août que j’avais
enregistrée jeudi dernier, mais la chaîne ne fait pas partie des
chaînes gratuites que nous recevons. En effet, les journalistes et
les monteurs font parfois des coupures qui changent complètement le
sens de ce que l’on a dit ; et je souhaitais vérifier cela.
Mardi 14 août : Préparation de la fête et travail à la maison.
Lundi
13 août : Je vais déjà dans plusieurs prisons
d’hommes et de femmes chaque semaine. On m’a demandé d’ajouter
deux nouvelles prisons. Le Pavillon spécial où sont envoyés les
prisonniers gravement malades : cette prison se trouve à
l’intérieur de l’un des grands hôpitaux de Dakar. Dans l’autre
sont enfermés des prisonniers qui sont dans des situations
spéciales. Comme ces prisons sont assez éloignées, je décide de
laisser mon vélo et de prendre les transports publics. Je le
regrette aussitôt car les rues sont complètement bloquées à
cause d’une visite présidentielle. Après des blocages et des
détours dans tous les sens, j’arrive à destination au bout de
trois heures. L’heure des visites est passée, je ne peux pas
rencontrer les prisonniers et je rentre avec les mêmes problèmes.
Il y a plusieurs côtes à grimper, mais malgré tout la prochaine
fois je prendrai mon vélo. En plus ça me fera un bon
exercice-sportif !
Je ne suis quand même pas venu pour
rien, car j’en profite pour aller voir les Sœurs de l’hôpital
voisin, dont j’étais l’aumônier l’année dernière. Nous
avons beaucoup de choses à nous dire et elle me gardent pour le
repas. Du coup, je décide de retourner à la prison. C’est
encore l’heure de la pause, mais je suis très bien accueilli par
le directeur bien que nous ne nous connaissions pas, car c’est un
nouveau. Il appelle la responsable du Service Social de la prison.
Elle me connaît, nous avons déjà travaillé ensemble dans une
autre prison. Nous posons la base de notre collaboration future.
Et tout de suite elle appelle trois détenus qui veulent me voir :
un portugais, un sénégalais et un nigérian. Pour ne rejeter
personne, nous avons donc une rencontre en trois langues, ce qui
leur permet de communiquer entre eux (avec traduction de ma part),
ce qu’ils n’avaient pas pu faire jusqu’à maintenant. D’autant
plus qu’ils viennent de trois prisons très éloignées l’une de
l’autre, du nord, de l’est et du centre du pays, amenés à
Dakar pour être soignés. Après cette première rencontre,
l’assistante sociale fera passer le message à tous et je
rencontrerai personnellement ceux qui le désirent, un par un,
chaque lundi, à partir de lundi prochain pour des rencontres
personnelles.
L’heure a passé et je suis dans les temps pour
aller à la deuxième prison. Là aussi, nous nous
connaissons déjà avec le responsable du Service Social ; il
n’y a donc aucun problème. Le directeur est absent mais il a
laissé la consigne. Les choses se mettent en place facilement, car
ces séances d’écoute sont désirées par les détenus et les
aident beaucoup, et elles améliorent aussi beaucoup la vie et
l’ambiance dans la prison.
En sortant, je vois sur mon
téléphone « un appel en absence ». C’est une famille
d’amis venus visiter leur fille qui travaille au Sénégal. Je les
connais bien, puisque je les avais accueillis dans les années 80 à
Saint-Louis du Sénégal, quand la ville de LILLE avait lancé un
jumelage avec la ville de St LOUIS, puis avec le département
et ensuite toute la région. Nous avions lancé ensemble les
premières opérations d’éducation dans les écoles, en
particulier sur les droits de l’enfant qui venaient d’être
publiés aux Nations Unis, et aussi d’animation dans les
quartiers, et de travail avec la Municipalité pour l’assainissement
de la ville. Nous sommes très heureux de nous retrouver. Nous
parlons de nos différents engagements et activités. Mes amis
continuent de travailler à ces différents jumelages, mais depuis
Lille où ils sont retournés. Cette aide au développement à
la base me semble très importante, car elle permet des relations
entre personnes à la base, dans la mesure où il y a des deux côtés
des gens réalistes pour éviter des réalisations inutiles ou
inefficaces parce que la population n’est pas concernée ni
impliquée. Il est nécessaire aussi que ce ne soit pas des
initiatives individuelles, mais qu’elles entrent dans le plan
global de développement du pays.
Dimanche 12 août : Messe, suivie d’un temps de partage. Aujourd’hui, deux des jeunes filles qui se préparent à être Sœurs missionnaires spiritaines nigérianes sont venues participer à notre prière. Elles sont une quinzaine, d’une dizaine de pays africains, que j’ai suivies tout au long de l’année. Dimanche prochain, elles vont partir au Noviciat en France pour se préparer à leur engagement religieux. Nous les entourons de notre amitié et nous les encourageons à suivre le chemin qu’elles ont choisi.
Samedi
11 août : Messe en quatre langues à la grande
prison de Dakar (Rebeuss). Ensuite, il nous reste un peu de temps
sur les deux heures qu’on nous accorde pour rencontrer ceux qui
veulent parler avec nous. Je suis en particulier à la recherche
d’un jeune Guinéen qui vient de la Forêt du sud où j’ai
travailler pendant 10 ans dans les Camps de réfugiés. Il a été
arrêté et sa mère m’a téléphoné plusieurs fois. Elle est
très inquiète car on ne sait pas où il est. Je cherche à
retrouver sa trace, mais ce n’est pas facile car souvent les gens
cachent leur nom et prennent un faux nom quand ils sont arrêtés.
Les prisonniers se connaissent entre eux, ils vont m’aider.
Nous
avons un autre problème. Cette prison est la plus grande du
Sénégal. C’est une Maison d’Arrêt où les détenus sont
enfermés avant leur jugement. Cela peut durer 2 ou 3 ans, et même
parfois plus. Ils sont ainsi près de 2.000 en attente. Nous avons
l’autorisation d’intervenir du Ministère de la Justice, au
titre de l’Aumônerie catholique. Nous voudrions rencontrer
personnellement les détenus qui le désirent pour des séances
d’écoute et les aider dans leurs différents problèmes, qui
sont nombreux, comme nous le faisons dans les autres prisons, sous
la supervision et en collaboration avec le service social.
Malheureusement, on ne nous le permet pas dans cette prison, malgré
la formation que nous avons reçue. C’est une grande souffrance
pour nous, et aussi pour les prisonniers et leurs familles, bien
sûr. Nous cherchons à résoudre le problème, quitte à monter
plus haut ou à passer par l’Observatoire des Prisons.
Le
soir, je pars en grande banlieue, dans mon ancienne paroisse pour la
messe. Nous sommes très heureux de nous retrouver pour une messe
bien animée, par la chorale des jeunes. Comme j’ai la messe avec
les anglophones demain matin, je rentre la nuit après avoir attendu
le car un bon moment.
Vendredi
10 août : Ce matin nous accueillons les trois jeunes du
Cap Vert qui étaient venus apprendre le français chez nous l’année
dernière. Ils doivent continuer leur formation religieuse et
missionnaire en France (noviciat) et passent par le Sénégal pour
obtenir un visa. Ils s’y sont pris à l’avance, mais cela
devient de plus en plus difficile d’obtenir un visa pour la
France et l’Europe, ce qui à long terme ne peut être qu’un
appauvrissement pour nous tous. C’est très dommage.
Je
retourne à l’hôpital pour la messe à 13 heures et la visite aux
malades toute l’après-midi. Heureusement, des laïcs viennent
m’aider pour encourager les malades et leurs familles. Nous nous
partageons les différents services pour les visites, et s’il y a
un malade qui demande les Sacrements, ils me préviennent. Comme
d’habitude, je prends le temps de parler avec médecins et
infirmières. Et je prie aussi bien avec les musulmans qui le
désirent qu’avec les chrétiens. Aujourd’hui, je rencontre un
Imam. Il veut me bénir (en arabe, en citant une sourate du Coran).
Bien sûr j’accepte avec joie et nous nous saluons dans la
paix.
De retour, je prépare les différentes prières pour le
week end.
Jeudi
9 août : Nous commençons la journée par la messe,
à 6 heures 30, comme chaque jour. La Maison est toujours pleine et
chaque matin les gens qui travaillent dans le quartier viennent
prier avec nous. Ceux qui ont un peu de temps restent parler un peu
ou même déjeuner avec nous, ce qui permet des échanges variés et
très sympathiques.
Puis, comme chaque jeudi, je pars dans
l’une des prisons. Mais aujourd’hui, je n’aurai pas le temps
d’accueillir personnellement les prisonniers qui le désirent. Je
me contente de lancer la prière avec le groupe de chrétiens qui se
réunit en même temps. Puis je pars enregistrer une émission à la
télévision pour la fête du 15 Août. Nous nous connaissons bien
avec la journaliste, aussi l’émission est animée et elle me pose
des questions intéressantes… ce qui n’est pas toujours le
cas !
Le soir, je retrouve la communauté anglophone dans
un autre quartier, pour partager sur l’Evangile du dimanche.
J’aime beaucoup ces rencontres car les participants ont une bonne
connaissance religieuse, mais surtout, peu à peu, ils ont appris à
parler personnellement de leur vie et de problèmes concrets, au
lieu de se limiter à des discussions comme ils avaient tendance à
le faire au début. Cependant, quelquefois j’ai de la peine à
comprendre ce qu’ils disent, car ils parlent un anglais populaire
avec un fort accent africain. Mais on arrive très bien à
s’entendre et ils m’accueillent avec beaucoup d’amitié après
mes deux semaines d’absence.
Mercredi
8 août : J’avais un rendez-vous à l’hôpital
pour une visite de contrôle. Mais quand j’arrive, on m’annonce
que le médecin est en congés. C’est la période des vacances !
J’en profite pour aller visiter les malades. Certains sont guéris
depuis mon dernier passage, et j’en suis très heureux. D’autres
malheureusement sont décédés, ce qui me rend très triste. Je
vais me renseigner pour connaître les adresses de ceux qui
habitaient à Dakar pour aller présenter mes condoléances à la
famille.
A mon retour, je trouve des gens qui m’attendent
pour différents problèmes. Je prends le temps qu’il faut avec
chacun.
La nuit, je vais dire la messe dans la communauté des
Frères de Taizé. Ils sont très présents dans le quartier,
et la messe est très animée et fraternelle. J’aime beaucoup
venir prier avec eux. Je reste partager le repas avec les jeunes qui
assurent bénévolement les différentes activités avec les enfants
et les adultes. Nous avons un partage très intéressant sur la vie
du quartier, sur l’Université et la vie du pays. Je rentre tard à
la maison, fatigué mais heureux.
Mardi 7 août : Après ces deux semaines d’absence, j’ai des tas de choses en retard. Je vais m’y mettre peu à peu.
Lundi
6 août : C’est le temps des vacances, aussi nous avons
beaucoup de passages dans la Communauté, en particulier des
confrères venus en congés et revoir leurs familles après trois
ans de travail ; ils arrivent du Cameroun, de Tanzanie, de
Guadeloupe, du Brésil et de Taïwan. C’est une grande joie pour
nous, et l’occasion d’échanges toujours très enrichissants.
Nous avons besoin de ces contacts personnels pour rester ouverts au
monde et à ce qui s’y vit.
A midi, je suis invité par le
Vicaire général, l’adjoint de l’Evêque, pour réfléchir
comment améliorer notre travail en prison. Chaque samedi,
avec plusieurs équipes, nous assurons les prières en plusieurs
langues dans les différentes prisons de la ville. Nous assurons
d’autres services, en particulier le soutien des détenu(e)s au
point de vue matériel : nourriture, médicaments, habits et
autres (chaussures, lunettes, piles pour la radio, téléphone et
mails aux familles, etc…). En lien avec le Service social des
prisons, nous assurons des rencontres d’écoute avec les
prisonniers qui souhaitent nous rencontrer pour parler de leurs
problèmes, sans distinction d’ethnie, de langue (nous en parlons
un certain nombre) ou de religion. Mais nous sentons la nécessité
d’assurer le soutien des détenus au point de vue judiciaire,
améliorer les relations avec les familles, permettre la
réconciliation au moment de la sortie. Cela fait beaucoup de
choses. Il nous faut trouver les personnes volontaires, les former
et les soutenir. Tout un programme !
En même temps, j’ai
l’occasion de revoir deux confrères que je n’avais pas vus
depuis longtemps.
Le retour en bus (c’était un peu
loin pour y aller en vélo) est difficile comme d’habitude. Long
voyage debout, dans un bus rempli à bloc, en pleine chaleur en
cette période d’hivernage.
Arrivé à la Maison, après une
bonne douche je suis heureux de m’asseoir parler avec les
confrères de passage. Ils sont nombreux à cette période. Et ceux
qui sont venus à Dakar pour les ordinations restent passer quelques
jours parmi nous.
Dimanche
5 août : C’est une grande fête. Des gens sont venus de
toutes les villes et paroisses où ces jeunes ont travaillé.
L’évêque a tenu à rester avec eux. Déjà, pendant la messe,
les enfants l’ont spécialement remercié avec une belle
photo, pour les avoir spécialement reçus à la Cathédrale de
Dakar. Et la Communauté lui a offert une oie superbe en
souvenir.
Nous avons une très belle cérémonie pleine
d’émotion, avec les familles, la longue prostation traditionnelle
et un certain nombre de rites traditionnels spécifiques à chacune
des trois ethnies des nouveaux diacres : diola, sérère et
mandjaque. La messe se poursuit par les chants et les danses. Les
gens sont tellement heureux que le repas, prêt depuis longtemps,
n’est servi qu’à 17 heures. Il est tout froid, mais ce n’est
un problème pour personne.
Dans la Communauté, nous recevons
quatre Soeurs qui arrivent de Guinée Bissao et qui vont
venir servir en Casamance, au sud du pays. Elles pourront parler en
créole avec les gens, mais il faut quand même qu’elles
apprennent le français.
Vendredi
3 août : Ce matin messe à la grande prison,
toujours animée. Nous sommes très heureux de nous retrouver. Nous
avons une prière spéciale pour ceux qui vont être jugés cette
semaine. Mais nous ne sommes autorisés qu’à dire la messe, au
contraire des autres prisons où, un autre jour, nous pouvons
rencontrer les prisonniers qui le désirent personnellement, pour
l’écoute et chercher à satisfaire à leurs besoins. Pourtant
nous sommes reconnus comme visiteurs de prison et avons reçu une
formation pour cela. Il va falloir régler les problèmes, même
s’il faut monter plus haut.
A la sortie, je repasse par
l’hôpital où d’autres malades, arrivés pendant mon
absence, m’ont été signalés hier.
Cet après-midi, deux de
nos étudiants vont renouveler leur engagement religieux et
deux autres font leur engagement définitif ; demain ils seront
ordonnés diacres. Ils feront alors une année de stage avant d’être
ordonnés prêtres et d’être envoyés dans un autre pays comme
missionnaires.
Jeudi 2 août 2018 : Nous revenons du camp pour les vocations à 7 heures, après avoir voyagé toute la nuit en bus, bien fatigués. Je me repose le matin, mais l’après-midi je pars pour l’hôpital où plusieurs malades m’ont demandé. Les activités reprennent !
Nouvelles du pays (juillet 2018)
A la prison, je rencontre des
prisonniers venus de Casamance suite à une sombre affaire de
coupe clandestine de bois. Cela est assez fréquent. Des gens
viennent couper des arbres le long de la frontière et les font
passer rapidement en Gambie, d’où ils sont achetés et exportés
en particulier par des Chinois. Résultat, la forêt de Casamance
disparaît rapidement, ce qui est un grand malheur. Ce trafic est
favorisé par l’insécurité dans la région. En effet, un
mouvement indépendantiste est à l’œuvre depuis plus de 30 ans.
Pendant tout ce temps, les rebelles ont posé des mines anti
personnelles qui ont blessé et tué de nombreuses personnes. Une
action de déminage est menée, mais cela demande beaucoup de temps.
Il y a aussi tout un travail de réinsertion dans la société des
jeunes qui ont quitté la rébellion, mais cela n’est pas facile
non plus. Les attaques entre rebelles et militaires ont diminué,
mais certains indépendantistes se sont transformés en bandits qui
attaquent et rançonnent pour se procurer les moyens de vivre en se
cachant dans la forêt.
Aujourd’hui, le Président chinois
commence au Sénégal une tournée qui le mènera jusqu’en Afrique
du Sud, à la rencontre de cinq pays émergents (les BRICS). Au
Sénégal, il va inaugurer le Musée des Civilisations Noires et des
arènes de lutte traditionnelle (le sport national) construites par
la Chine. Ce pays cherche à s’implanter de plus en plus en
Afrique et c’est l’occasion de nombreuses réflexions et
discussions. L’aide chinoise consiste souvent, en priorité, en
constructions de prestige. Les échanges commerciaux ont maintenant
dépassé 1.000 milliards de francs CFA, mais ce sont souvent des
prêts qui devront être remboursés, même s’ils sont la plupart
du temps sans intérêts. La Chine a d’énormes besoins en
matières premières et on lui reproche souvent d’en importer sans
aider à les transformer sur place, ce qui aiderait davantage au
développement des pays africains. Les Chinois font bien des
réalisations, spécialement des routes et dans le domaine de la
santé, mais on leur reproche de venir avec leurs techniciens au
lieu de former les gens sur place, à l’inverse de l’Inde. On a
découvert du pétrole au Sénégal, aussi la Chune veut s’engager
dans ce secteur et dans les finances. Quinze nouveaux contrats vont
être signés, mais beaucoup contestent les termes
« gagnant-gagnant » utilisés sans cesse. La Directrice
du Commerce, sénégalaise, a reconnu que la balance commerciale
avec la Chine est très déficitaire, avec un taux de couverture de
seulement 23 %. Le Gouvernement sénégalais, comme les autres
Gouvernements africains, apprécie que la Chine se limite au niveau
économique, sans intervenir au niveau politique. Mais les membres
de la société civile lui reproche de soutenir même des dictatures
quand c’est son intérêt, sans grand souci des droits de l’homme.
Et les travailleurs sénégalais employés dans les entreprises
chinoises se plaignent souvent des conditions de travail très dures
qui leur sont imposées. Pour ce qui est de la construction des
arènes de lutte, nous avons cherché à nous y opposer, sans
succès, au moment de la Campagne Présidentielle, car chaque
compétition se termine par des bagarres et des casses, à la grande
souffrance de la population. Finalement, le problème c’est que le
Sénégal, face à la Chine aussi bien que face à l’Europe, est
en position d’infériorité et n’a pas les moyens de défendre
ses intérêts. Il faudrait au moins développer la Coopération
scientifique et technique pour que les Sénégalais se forment et
prennent les choses en main progressivement. Quoiqu’il en soit,
l’aide et les investissements chinois au Sénégal sont maintenant
beaucoup plus importants que ceux de la Fance au Sénégal.
Les
problèmes internes ne manquent pas non plus. Ainsi, de nombreux
médecins spécialistes partent immédiatement dans le privé bien
qu’ayant bénéficié d’une bourse d’études. L’Etat vient
de leur imposer un service public minimum de 5 ans. A la base, les
Comités de santé des quartiers et villages ont de la peine à
se mettre en place. Et l’Etat n’a pas les moyens d’assurer la
Couverture Médicale Universelle (CMU) qu’il a décidée. Cela
arrive souvent : on décide de très bonnes choses, par exemple
au niveau social, mais on n’a pas les moyens de les réaliser.
Avec le début de la saison des pluies, les cas de paludisme et
de diarrhées sont de plus en plus nombreux. Dans les
dispensaires catholiques on cherche non seulement à soigner mais à
assurer une éducation sanitaire et à développer la prévention.
Et pour les mamans à utiliser les produits locaux pour lutter
contre la malnutrition des bébés.
La malnutrition continue
à sévir dans le pays. Pas seulement dans le nord du pays, mais
aussi dans la banlieue de Dakar. La saison des pluies vient juste de
commencer et il faudra attendre plusieurs semaines avant les
premières récoltes… à condition que les pluies soient
régulières, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour le
moment.
C’est la période des examens. Les résultats
du Baccalauréat ne sont pas bons (en iron 37 % d’admis après une
session de rattrapage) : ce sont les conséquences des
nombreuses grèves des enseignants, spécialement graves cette
année. Pour satisfaire les revendications, le Gouvernement
signe des accords qu’il ne peut pas tenir et les gens repartent en
grève, dans un cycle sans fin.
De plus, les syndicats sont de
plus en plus politisés à l’approche des élections
présidentielles (en 2019). Toute la vie sociale est perturbée
et chaque secteur professionnel se met en grève à tour de
rôle pour obtenir des avantages. Du côté du Gouvernement comme de
l’opposition, il faut tout faire pour gagner. La situation est
d’autant plus tendue que les deux principaux opposants sont en
prison pour des raisons de détournement d’argent. Et les
candidats s’opposent à la loi du parrainage demandant 60.000
signatures pour pouvoir se présenter aux élections
présidentielles. Tout cela entraîne de nombreuses déclarations
avec beaucoup de violences verbales. Des candidats et des partis
n’hésitent pas à utiliser les jeunes pour leurs intérêts
partisans. Dans les communautés chrétiennes et avec les amicales
de jeunes des quartiers nous cherchons à faire réfléchir les
jeunes pour qu’ils ne se laissent pas manipuler ni entraîner dans
la violence. Un sociologue sénégalais écrit : « Les
Sénégalais n’ont pas la culture de l’Etat. Ils ont tendance à
tout casser quand ils sont mécontents. Et ils acceptent
difficilement de perdre. Il faut aller à la recherche de solutions
consensuelles, plutôt que vers la violence ».
Dans
la presse, on ne parle que des procès du fils de l’ancien
président et du Maire de Dakar. Chaque camp a son lot d’avocats
qui amènent sans arrêt des nouveaux arguments, des appels, des
vices de forme et autres arguments, n’hésitant pas à remonter
jusqu’aux instances ouest-africaines et internationales. Cela
perturbe beaucoup la vie sociale et ne met pas les gens au travail.
Une grande marche de protestation est prévue pour le mois
d’Août.
En ce moment se tient, pour une semaine, une
université populaire de l’engagement citoyen. Des
Associations sont venues des différents pays d’Afrique,
spécialement des mouvements sociaux de jeunes rappeurs qui
utilisent la musique pour faire passer leurs messages, en cherchant
à donner la parole au maximum de jeunes. Les revendications portent
sur le chômage et la pauvreté, mais plus précisément sur le
manque d’eau en ville. Pour y remédier, on a fait d’urgence
sept grands forages dans la région de Dakar, mais beaucoup ont peur
que cela fasse remonter le sel dans la nappe phréatique et ne
diminue l’eau pour les cultures maraîchères.
Mercredi
4 juillet : Je rencontre les élèves de 3ème
qui se préparent à l’examen du brevet. Ayant quitté PIKINE, je
ne les avais pas encore revus cette année. Mais nous nous
connaissons bien et nous sommes heureux de ces retrouvailles. Je
leur souhaite bonne chance, je les encourage à bien se préparer à
leur examen.
Ensuite, avec ma nièce venue me visiter et qui
est médecin, nous allons à l’Hôpital de Fann où j’interviens
en tant qu’aumônier. Là aussi, nous avons beaucoup de personnes
à voir et de choses à nous dire.
Mais je dois quitter car un
ami, professeur d’Histoire et Géographie avec qui nous avons
lancé Amnesty International et l’Education aux droits humains
dans les écoles et les quartiers, a demandé à me rencontrer.
Depuis tout ce temps, nous sommes restés en contact et il a préparé
toute une réflexion sur la migration, pour voir comment
sensibiliser les gens au problème, aider les migrants venus au
Sénégal (ils sont beaucoup plus nombreux qu’en France), et
convaincre les jeunes et leurs familles qu’il vaut mieux rester
travailler au pays, même si c’est dans des conditions très
difficiles, et aussi accueillir tous les migrants ayant fui la Lybie
ou expulsés d’Algérie ou d’Europe. Nous voyons comment mettre
en place un plan d’action et quelles associations contacter pour
réaliser le travail, en particulier la Caritas qui a un centre pour
les migrants, Amnesty International, mais aussi des associations de
jeunes des quartiers. Une nouvelle activité à lancer, mais c’est
important.
Mardi 3 juillet : Accompagné de ma nièce, nous allons dans mon ancienne paroisse de PIKINE, pour lui faire découvrir la banlieue, ce qui me permet de rencontrer de nombreux amis dans le quartier (j’en profite pour faire quelques achats auprès de mes amis petits commerçants). Puis nous visitons la paroisse avec ses différentes installations (centre culturel, centre social, salle de réunion, bibliothèque, terrain de sport), le dispensaire et les jardins d’enfants. L’école est maintenant vide, mais je rencontre les enseignants qui attendent les parents pour leur remettre les bulletins scolaires, et les élèves de 3ème qui se préparent à l’examen du brevet.
Lundi
2 juillet : Je suis invité dans un Jardin d’enfants
que j’accompagne pour une prière commune avant une réunion
d’évaluation de l’année. Tous les éducateurs/éducatrices et
le personnel, musulmans comme chrétiens, y participent, dans
l’amitié et le partage.
J’ai amené ma nièce avec moi.
Elle reste avec la directrice, qui est en même temps visiteuse de
prison et lui explique donc les activités avec les prisonniers. En
effet ma nièce n’est pas venue pour faire seulement du tourisme,
mais pour découvrir le Sénégal, la vie des gens et les
différents engagements. Après cela, elle va rencontrer une amie
avec qui nous avons lancé une association d’éducation aux Droits
humains et qui va lui présenter les jeux éducatifs que nous
avons composés pour les écoles et les mouvements de jeunes. Et
aussi l’entreprise familiale de fabrication de jus de fruits
naturels. Après de nombreuses années de travail sérieux, ils
trouvent maintenant des débouchés jusqu’en Europe.
Pour ma
part, je suis rentré pour rencontrer un groupe d’étudiants
américains venus pour un voyage d’études en vue de découvrir
les réalités sociales, économiques, politiques et religieuses du
pays. Après la rencontre, leur responsable reste avec moi. Il
prépare un doctorat sur les relations entre chrétiens et musulmans
et souhaite avoir des renseignements ainsi que mon point de vue sur
un certain nombre de questions.
Le soir, j’apprends une
nouvelle très triste. La première grosse pluie de Mercredi
dernier a fait de gros dégâts, en particulier au nouvel aéroport
où non seulement les avions ont été détournés vers la Gambie et
la Guinée mais où des objets emportés par le vent ont endommagé
et même perforé des carlingues d’avions, en particulier de la
Compagnie sénégalaise. De nombreux quartiers ont été inondés.
Mais à l’intérieur du pays, dans la région sèche du Sahel,
plus de 10.000 animaux (vaches et moutons) sont morts de froid.
En effet, c’est la fin de la saison sèche, il n’y a plus
d’herbe. Les animaux sont donc très fragiles. Mouillés par la
pluie, ils sont morts de froid. Les éleveurs ont bien essayé
d’allumer du feu pour les réchauffer, mais cela n’a pas suffi.
C’est un grand malheur pour ces familles qui n’ont que leur
troupeau comme source de revenu pour vivre..
Puis, comme j’ai
deux formations importantes à assurer cette semaine, je me mets au
travail.
Samedi
30 juin : Journée chargée. J’ai deux formations en même
temps. En effet, c’est la fin de l’année scolaire et les gens
se réveillent toujours au dernier moment. Heureusement, ces deux
formations sont presque au même endroit. Je vais faire la navette
entre les deux groupes en leur laissant des temps de réflexions
personnelles et d’échanges entre eux… ce que je fais toujours,
de toutes façons. Le premier groupe rassemble des jeunes mariés
(de 1 à 5 ans), en prolongement des sessions de préparation au
mariage. En effet, c’est très important que ces sessions aient un
suivi. L’autre groupe est un groupe professionnel de chrétiens
qui travaillent dans une grande entreprise de la banlieue. Nous
réfléchissons à la nouvelle évangélisation.
A la
première rencontre, les participants sont très intéressés, si
bien que nous dépassons largement le temps. Le deuxième groupe
doit attendre. Heureusement qu’ils sont compréhensifs et
patients. Mais le repas n’arrive qu’à 16 heures. Et beaucoup ne
sont pas venus. Finalement, je ne trouve que quatre personnes et il
est trop tard pour faire la réflexion sur la nouvelle
évangélisation. Je me contente de dire la messe. De plus, nous
sommes à 30 km de Dakar et la route est bouchée car c’est samedi
soir. Or les amis de ma nièce prennent l’avion ce soir et je
voudrais les voir avant leur départ. Ma nièce va rester quelques
jours encore chez nous.
Sur la route, les problèmes ne
manquent pas. D’abord nous n’arrivons pas à sortir du centre.
Le parking est complètement bloqué par des centaines de camions
venus du MALI qui attendent un chargement au port de Dakar. En
effet, le chemin de fer Dakar-Bamako ne fonctionne plus.
Toutes les expéditions doivent se faire par la route. Le port, la
ville et les routes sont engorgés. A chaque carrefour, les voitures
doivent s’arrêter à cause des bouchons. Et aussitôt, les
marchands ambulants qui vendent des tas de choses plus ou
moins importantes, souvent des bricoles, viennent entourer les
voitures. Des marchands de chaussures étalent leurs chaussures sur
les trottoirs (une seule de chaque paire pour éviter les vols !).
J’ai pitié de ces petits marchands qui doivent vider leurs
bagages chaque matin en arrivant, et les remplir le soir de ce qui
n’est pas vendu et les ramener chez eux. Et qui passent toute la
journée sous le soleil pour gagner presque rien. Et qui sont
pourchassés par la police. En ce moment, une petite fille qui vend
des bananes déposées sur un plateau qu’elle porte sur la tête
est poursuivie par un policier. Elle saute la barrière et se
faufile au milieu des voitures, au risque de se faire écrasée.
Elle est finalement rattrapée et le policier l’entraîne de
force. Les gens crient sur lui, mais rien n’y fait. Un peu plus
loin, une voiture prend feu. En effet, la plupart des voitures
vendues ici sont des voitures réformées, venues d’Europe qui
ont plus de 7 ans. Et en plus les gens n’ont pas les moyens de les
entretenir. Là, les gens font preuve de solidarité. Tous
s’arrêtent et ceux qui ont des extincteurs accourent. L’un
d’entre nous se glisse même sous la voiture, sans craindre une
explosion possible. Et pour terminer la série noire, le pneu avant
du « taxi » que nous avons rempli éclate quand nous
freinons pour nous arrêter. Il nous faut trouver et réveiller un
marchand en pleine nuit pour récupérer un pneu d’occasion. Cela
fait un voyage dont nous nous souviendrons !
Vendredi
29 juin : Cette dédicace a lieu au Centre Universitaire
Saint Augustin où nos étudiants en théologie et en philosophie
font leurs études. Le livre sera présenté par un prêtre
sénégalais, ami d’enfance (nous avons fait nos études
secondaires ensemble à Dakar), actuellement responsable de l’UCAO
(Université Catholique d’Afrique de l’Ouest). C’est lui qui a
fait la préface de ce livre « S’enraciner en Dieu pour
vivre vrai » où je suis interviewé par un ami professeur de
philosophie congolais. Tous les professeurs et étudiants du Centre
seront présents, de même que de nombreux intellectuels et amis.
Mon ami a fait un énorme travail en composant un diaporama de
présentation du livre et de mes actions. Cela suscite beaucoup de
réflexions très intéressantes sur les religions africaines
traditionnelles, l’inculturation de la foi, la place de la femme
dans la sociétés et la sexualité, etc… Autant de pistes qu’il
faudra travailler, pour de nouveaux livres ou documents sur
Internet. Car les livres coûtent cher et sont donc peu achetés,
tandis que les envois par Internet sont rapides et peu coûteux.
Je
dois malheureusement partir avant la fin des débats (mes deux amis
vont les terminer), car on m’attend à l’Hôpital pour la
Messe et la visite aux malades. Aujourd’hui, les membres de deux
groupes sont venus nous rejoindre. Je vais pouvoir me consacrer à
porter la Communion et prier avec les chrétiens, pendant que ces
deux groupes visiteront les malades et encourageront leurs familles,
sans distinction : musulmans comme chrétiens.
Le soir,
j’accueille une de mes nièces. Elle est venue visiter le Sénégal
avec trois amis. Cela fait des années que je ne l’avais pas
rencontrée, aussi nous avons beaucoup de choses à nous dire. Nous
parlons de ce qu’ils ont vu et j’essaie de leur présenter les
réalités du pays et ce qui est en jeu en ce moment.
Jeudi
28 juin : Départ pour la prison des femmes. Suite
aux pluies la circulation est très perturbée. Arrivé à la
prison, je trouve tout en plein dérangement. En effet, il a été
décidé de refaire la peinture, ce qui est une bonne chose. Mais
pour cela il a fallu sortir tout le matériel (matelas, etc…) et
aussi tous les bagages des détenues, … et la pluie est arrivée.
Tout est mouillé et dispersé un peu partout. C’est une vraie
pagaille.
Malgré tout, je reçois en « écoute »
une vingtaine de femmes, chacune avec ses questions et ses
problèmes. La plupart sont musulmanes, mais il y a aussi quelques
chrétiennes. J’en prépare une à recevoir le baptême, et une
autre pour la Première Communion. Ce sera pour la fête de
l’Assomption de Marie, le 15 Août, à la prison même.
Bravant
tous ces dérangements, la joie règne car six d’entre elles ont
été graciées à l’occasion de la fête de la Korité. Et
d’autres ont obtenu une réduction de peines. Cela apporte un peu
d’espérance à tout le monde, car toutes se réjouissent, sans
rancœur ni jalousie, pour celles qui ont été libérées. J’ai
déjà reçu des nouvelles de l’une d’entre elles, arrivée en
Afrique du Sud, et une autre du Nigéria. Mais pour les quatre
autres, elles sont encore à Dakar, n’ayant pas les moyens de
rentrer chez elles. En effet, elles ont été libérées sans être
prévenues à l’avance, et donc sans que leurs familles ou leurs
amis puissent préparer leur accueil, ni trouver les moyens
financiers pour leur retour au pays. Pour le moment, ce sont
d’anciennes détenues qu’elles ont connues en prison qui en
logent certaines, et pour d’autres des gardiennes de prison qui
les ont accueillies chez elles. Je suis très impressionné par
cette solidarité dont elles font preuve.
Depuis deux
semaines déjà, la Coupe du Monde de football a commencé. L’équipe
du Sénégal est qualifiée. Le football est très important
dans le pays. Dans tous les quartiers des jeunes jouent dans les
petites rues s’il n’y a pas de terrain. Chaque Association de
quartier a son équipe, en plus des équipes régionales ou
nationales. Cela est très important dans un pays où de nombreux
jeunes sont sans emploi. Mais cela les maintient aussi dans
l’illusion car ils sont au courant des sommes astronomiques et
scandaleuses auxquelles les joueurs sont achetés et vendus en
Afrique. Si bien que des jeunes collégiens et lycéens arrêtent
même leurs études en disant : « Il vaut mieux que
je m’entraîne au foot-ball ; ensuite je me débrouillerai
pour partir en Europe (clandestinement bien sûr). Là-bas, si j’ai
la chance, je serai pris dans une équipe, je gagnerai des millions
et je pourrai aider ma famille ». Un rêve qui ne se réalise
pratiquement jamais et se termine dans la misère en France, quand
ce n’est pas l’expulsion ou la mort dans le désert, la Lybie ou
la mer. Le Gouvernement soutient cet engouement pour le football.
C’est un moyen de faire oublier la pauvreté , les
problèmes du pays à la population. Les joueurs sélectionnés
reçoivent des primes très importantes, sans aucun rapport avec les
salaires ordinaires du pays. Cela ne fait qu’augmenter la course à
l’argent et la démobilisation des gens.
Le football est
devenu un élément très important de fierté nationale. Et c’est
essentiel pour la population , même si cela ne lui apporte pas une
vraie dignité . Le Gouvernement a payé le voyage et le séjour en
Russie de 120 supporters (cent vingt). Pendant les matchs des
poules, les quatre autres équipes africaines ont été éliminées.
Il ne reste plus que le Sénégal qui joue son troisième match de
sélection aujourd’hui contre la Colombie, à 14 heures. Hier, a
eu lieu un grand meeting de soutien Place de l’Indépendance. Le
football a pris la place de la politique. Ou plutôt la politique
est entrée dans le sport. La tension est très vive dans le
pays. Et presque personne ne travaillera pendant le match qui se
joue à 14 heures, comme d’ailleurs pour les matchs précédents.
Au total, ce football devient un malheur pour le pays. Ce n’est
plus du sport, c’est devenu une affaire d’argent et une illusion
qui détourne des vrais problèmes… et des vraies solutions.
Le
soir, je retourne à la Maison d’éditions l’Harmattan pour
récupérer un certain nombre de mes livres, en vue de la dédicace
de demain.
Mercredi
27 juin : Je reste à la Communauté pour régler un
certain nombre de choses en attente.
Un grand vent se lève,
suivi d’une grande tornade et de fortes pluies. Ce sont les
premières de l’année, à Dakar. C’est le début de
l’hivernage. Il faisait chaud ces derniers temps. Depuis plusieurs
mois les caniveaux ont été nettoyés. En effet, ils sont à ciel
ouvert et comme dans beaucoup de quartiers il n’y a pas de
ramassage régulier des ordures, les gens viennent y jeter leurs
détritus. Résultat, les caniveaux sont bouchés et ce sont les
inondations avec toutes les conséquences désastreuses. L’Etat
fait de nombreux aménagements, mais chaque année aux premières
pluies des nouveaux problèmes surgissent. Il faut du temps pour les
régler… quand on y arrive !
Une coupure d’électricité
m’oblige a arrêter mon travail.
Mardi
26 juin : Ce matin, je fais un certain nombre de visites,
en particulier une religieuse, avec qui nous avons beaucoup
travaillé autrefois, qui revient du Congo et qui a des problèmes
de santé.
Puis je pars au Bureau de Police, au Service des
Etrangers pour renouveler mon permis de séjour. Heureusement,
je connais bien les policiers, aussi cela se fait rapidement et sans
problème. J’ai le temps de passer à la librairie l’Harmattan
pour récupérer des exemplaires de mon dernier livre
« S’enraciner en Dieu pour vivre vrai », en vue de la
dédicace de vendredi prochain.
Au repas de midi j’accueille
dans notre Communauté notre responsable qui rentre d’une longue
tournée en Guinée Bissao, notre économe qui revient de Casamance
où il a été mettre en place un garage avec l’aide d’une ONG
allemande, pour la formation de jeunes à la mécanique, et le
responsable de notre séminaire de théologie. Nous avons donc
beaucoup de choses à nous dire.
Après le repas, je vais à
l’hôpital pour une visite de contrôle en cardiologie.
J’en profite pour visiter quelques malades, ceux qui sont dans des
conditions plus difficiles, car je n’ai plus le temps de passer
dans les services de psychiatrie et de neurologie. Un infirmier
musulman m’appelle : sa femme est en réanimation aux
maladies infectieuses et elle est très agitée. Il me demande de
venir prier sur elle. J’y vais aussitôt bien sûr. On me présente
alors d’autres malades. Ils ne peuvent pas parler, mais je prie
sur eux et leur impose les mains.
Lundi 25 juin : Le matin, travail au bureau : courrier, Internet, mails et Face Book, rédaction de documents et préparation des activités à venir. L’après-midi, j’accueille une jeune religieuse guinéenne que je suis régulièrement, avant de me remettre à mon ordinateur jusque tard dans la nuit.
Dimanche
24 juin : Les rencontres étrangers/sénégalais se
poursuivent dans les différentes paroisses. A notre paroisse, les
amicales et associations des étrangers vivant au Sénégal.
La messe, en plusieurs langues, commence par une procession avec les
drapeaux des pays représentés dans l’assemblée. Le repas est
animé par un certain nombre de témoignages. La journée se
prolonge dans les chants et les danses avec les instruments et les
rythmes des différents groupes.
Je les laisse l’après-midi
pour rejoindre l’Assemblée générale du CAEDHU (Centre Africain
d’Education aux Droits Humains) dont je suis l’un des
fondateurs. Notre travail se prolonge jusqu’à la nuit.
Samedi 23 juin : Les activités continuent à la prison : rencontre avec les détenus étrangers de différentes personnes engagées dans ce secteur. Après une grande messe internationale, les détenus prennent la parole pour expliquer ce qui les a amenés au Sénégal jusqu’en prison, les problèmes qu’ils rencontrent et comment ils cherchent à le vivre le mieux possible. Puis il y a un repas pris en commun : le but étant de créer des liens, entre sénégalais et étrangers, qui pourront ensuite se poursuivre et s’approfondir. Le repas se poursuit avec des chants et des danses jusqu’au moment où les prisonniers doivent retourner dans leurs chambrées. Tous sont tristes de se séparer ainsi. Pour moi, je les retrouverai dès jeudi prochain.
Vendredi
22 juin : Ce matin, nos étudiants en théologie sont
ordonnés aux différents ministères. C’est une étape
importante dans leur marche vers le sacerdoce et l’engagement
missionnaire.
Le soir, nous tenons une nuit de prières avec
les différentes communautés anglophones de la ville et de la
banlieue. L’église est pleine. On m’a demandé de lancer la
rencontre en présentant la Lettre du Pape François sur la
sainteté. J’essaie de le faire d’une manière la plus simple
possible et d’une façon adaptée à leurs conditions de
vie.
Aujourd’hui jusqu’à dimanche, la Caritas du
Sénégal lance un temps fort de réflexion et d’accueil des
réfugiés. Cet après-midi a eu lieu une rencontre avec
plusieurs ONG et les autorités pour étudier les différents
problèmes des réfugiés et les solutions qu’il est possible
d’apporter.
Jeudi
21 juin: Aujourd’hui je ne vais pas à la prison des femmes
car nous avons la rencontre de tous les prêtres du diocèse pour
tirer les conclusions des rencontres par secteur, de la
semaine dernière, et tracer des pistes d’actions pour l’année
prochaine. C’est une rencontre de partage très intéressante.
Ensuite nous prenons le temps d’échanger librement entre nous,
joyeux de cette occasion de nous retrouver.
Le soir, prière et
partage d’Evangile avec la Communauté anglophone du quartier.
Mercredi
20 juin 2018 : Je retourne à PIKINE, mon ancienne
paroisse, avec nos étudiants séminaristes pour une journée de
réflexion en deux temps. Le matin, nous étudions et méditons
le document du Pape François sur la sainteté, dans la prière et
le partage. Je profite de la pause de midi pour faire un saut au
Collège voisin où je suis intervenu les trois dernières
années. Je suis très heureux de revoir la direction, les
enseignants et les élèves. Nous nous donnons des nouvelles. Je
prends un bon moment avec la catéchiste et un enseignant musulman.
Ils m’expliquent comment ils ont continué ensemble les rencontres
entre élèves chrétiens et musulmans pour la grande joie de
tous. Cela fait plaisir de voir que les choses
continuent.
L’après-midi, avec les étudiants, nous
préparons leur stage de vacances. Ils vont être dispersés
dans différents pays pour un stage pratique. Je leur donne une
formation de base pour animer les différentes prières, des
partages de la Parole de Dieu, et les célébrations des dimanches
sans prêtre. Puis nous passons aux Communautés de quartiers et au
travail avec les Mouvements. Enfin, le travail avec les Commissions
Justice, Paix et Respect de l’Environnement, et la Caritas, pour
les activités sociales. Je leur laisse un certain nombre de
documents qu’ils pourront emporter avec eux et travailler.
Nous
avons vécu une bonne journée de travail. En attendant le car qui
vient nous chercher, j’ai le temps de parler avec les jeunes et
les adultes qui viennent à la paroisse en fin de journée. Nous
sommes heureux de nous revoir.
Mardi 19 juin : A Fann où j’interviens, il y a en fait trois hôpitaux : l’hôpital universitaire, l’hôpital des enfants et l’hôpital de l’Ordre de Malte. Le seul jour du vendredi, je n’arrive pas à voir tout le monde. Comme la fin de l’année approche, j’aurai moins d’activités, aussi je décide de consacrer une après-midi à chacun des hôpitaux. Aujourd’hui, je vais à l’hôpital des enfants. Je suis encore plus ému qu’en visitant les adultes, en particulier lorsque je passe en réanimation et à la salle des prématurés. Nous prions avec leurs parents quand ils sont présents.
Lundi 18 juin : Les trois étudiants du Cap Vert venus apprendre le français terminent leurs cours. Je les rencontre pour faire le point de l’année qu’ils ont passée avec nous et préparer leur entrée au Noviciat, une année intense de formation religieuse.
Dimanche 17 juin : Je vais avec un groupe à 50 kilomètres dans un Monastère, pour une journée de réflexion (récollection) sur le thème de la nouvelle évangélisation
Samedi 16 juin : Rencontre et prière à la prison comme chaque samedi. Comme toujours, je suis très bien accueilli avec toute l’équipe d’animateurs qui m’accompagne. J’essaie de ne pas être trop long à la messe, bien qu’elle soit célébrée en trois langues (français, ouolof et anglais), pour avoir un peu de temps avant la fermeture qui me permette de parler avec les détenus qui le désirent.
Vendredi 15 juin : On sent une grande joie dans toute la ville. Les gens partent d’abord prier chacun dans sa mosquée, selon sa confrérie. Les enfants sont fiers et heureux d’avoir des habits neufs. Quand les gens se rencontrent, ils se demandent mutuellement pardon. C’est un jour de réconciliation. Après le repas de fête, ils vont se visiter et on offre des cadeaux aux enfants. Pour ma part, je me rends à l’hôpital. C’est important que ce soit aussi une fête pour eux, car les parents et amis, pris par les différentes activités de ce jour, n’ont pas beaucoup de temps pour venir les visiter. Comme à chaque fois, je rencontre des nouveaux malades qui viennent d’arriver, avec qui je fais connaissance en leur apportant le maximum d’encouragements ; j’en revois certains qui vont mieux ; par contre d’autres ne sont plus là , soit qu’ils sont guéris, soit qu’ils sont décédés ce qui est toujours une grande tristesse car à chaque visite nous avions tissé des relations très intenses.
Jeudi 14 juin : C’est la préparation de la fête de la Korité, la fin du Ramadan. Les gens sont très occupés pour cela.
Mardi 12 et mercredi 13 juin : Je rencontre, ces deux jours, chacun de nos étudiants séminaristes pour évaluer leur engagement pastoral de cette année dans les paroisses, mouvements, et autres activités qu’on leur a donnés : travail avec les réfugiés, les prisonniers, les handicapés, les malades, etc… Ce temps de partage est très important pour leur formation, pour qu’ils ne se limitent pas aux études, mais qu’ils se préparent concrètement d’une manière pratique à leur engagement de religieux-missionnaires.
Lundi 11 juin : Rencontre des prêtres du secteur (doyenné). Nous faisons l’évaluation de notre année pastorale. Le travail dans les paroisses, mais aussi dans les quartiers et avec les Mouvements d’enfants, de jeunes et d’adultes, et des différentes Commissions. J’interviens plus spécialement en ce qui me concerne sur le travail dans les hôpitaux, les prisons et les centres sociaux. Et aussi au sujet de la Commission Justice, Paix et Respect de la Création, et la préparation des fiancés au mariage.
Dimanche 10 juin : Comme chaque dimanche, c’est l’occasion de nombreuses rencontres amicales.
Samedi
9 juin : Messe à la grande prison de Dakar-Rebeuss,
en trois langues, comme d’habitude, toujours très animée en
particulier par les chants de la chorale et les différentes
interventions des participants. Mais nous voudrions faire beaucoup
plus. Nous avons reçu une formation à l’écoute mais
jusqu’à maintenant le service social ne nous a pas donné la
permission d’intervenir. Le mois dernier nous avons pu apporter
700kg de riz et de la nourriture diverse, mais les problèmes de
nourriture restent, de même que celui des médicaments.
Nous voudrions aussi trouver des avocats qui
accepteraient de prendre gratuitement au moins le dossier d’un
détenu qui n’a pas les moyens de payer un avocat. Il faudrait
aussi établir des contacts avec les familles et préparer la
sortie et la réinsertion des prisonniers libérés. Et même
si possible chercher la réconciliation avec les victimes. Ce
ne sont pas les besoins qui manquent ! Nous faisons ce que nous
pouvons et allons chercher à mettre les choses en place peu à
peu.
Après cela, je pars dans mon ancienne paroisse pour la
messe du samedi soir. Mais je passe d’abord au Centre des
jeunes filles qui ont organisé une kermesse-vente pour écouler
leurs produits et avoir un peu d’argent pour le fonctionnement du
Centre.
Vendredi
8 juin : Messe à l’hôpital. Mais la femme
responsable du nettoyage est partie avec les clefs de la Chapelle.
Nous attendons plus d’une heure au dehors, ce qui nous permet de
mieux nous connaître. D’autant plus que nous avons invité un
certain nombre de personnes. En effet, après la messe, la
responsable de l’association des agents de santé présente
le compte rendu des activités et les projets pour les mois qui
viennent : visite des différents services, formations, temps
de prières, récollections et partage d’Evangile, sorties, etc…
Puis la trésorière fait le compte rendu financier avec les
rentrées grâce aux quêtes, aux cartes de membres et aux cartes de
soutien . Notre priorité est le service social, avec l’aide à
l’hôpital des enfants, le soutien aux malades et aux familles qui
n’ont pas les moyens de payer les médicaments et les soins et la
distribution des repas aux malades qui n’ont pas de visite de
leurs familles. Nous avons aussi soutenu l’association des femmes
musulmanes pour leur Conférence pendant le Ramadan.
Après
cela, je fais le tour des différents services : visiter
les malades, encourager leurs familles, prier avec ceux qui le
souhaitent, musulmans comme chrétiens. Avec les joies et les
peines. Je ne retrouve pas tous ceux que j’ai visités la semaine
dernière : certains sont sortis guéris ; d’autres
malheureusement sont décédés, et cela me rend très triste. Quand
je peux avoir l’adresse des familles, je vais présenter mes
condoléances et prier pour leurs défunts avec leurs familles.
Jeudi
7 juin : Retour à la prison des femmes où je suis
très attendu, après trois semaines d’absence. Là aussi, nous
parlons beaucoup du Ramadan avec les musulmanes et je leur demande
de prier pour moi. Toutes se font du souci au sujet de ma santé.
J’essaie de les rassurer. Ensuite, je reçois personnellement
celles qui le veulent, comme d’habitude. A la fin, je parle avec
les responsables d’une association féminine de quartier venues
les visiter et leur apporter de la nourriture et des produits
d’hygiène, à l’occasion de la fin du Ramadan. Ensuite,
je rencontre la directrice, à qui je propose, avec une association
paroissiale, d’organiser des ventes d’habits et des broderies
que les détenues font en prison, pour leur procurer un peu d’argent
à partir de leur travail, au lieu de toujours venir leur faire des
cadeaux. En effet, les femmes font pas mal de choses en prison, le
problème c’est ensuite de les vendre.
A mon retour à Dakar,
réunion ordinaire de notre Communauté. D’abord, nous
travaillons la lettre de Pentecôte de notre Supérieur général et
répondons aux questions qu’il nous pose sur notre engagement
missionnaire. Puis nous passons aux questions financières. En
effet, notre maison est très vieille et nous avons de la peine à
l’entretenir. Suite à une hausse subite du courant,
l’installation électrique a brûlé et de nombreux appareils ont
grillé : ordinateurs, frigidaire, machine à laver, micro
ondes, etc… Il nous faut aussi refaire toute l’installation
électrique. Les moyens nous manquent. Nous cherchons à faire les
réparations les plus nécessaires dans un premier temps.
Après cela, nous échangeons sur la vie ordinaire de notre
Communauté, et abordons les nombreuses questions diverses qui ne
manquent jamais, avant de prendre un temps de prière.
Nous
nous retrouvons le soir avec la Communauté anglophone pour un temps
de prière et pour partager la Parole de Dieu. Nous terminons par un
repas partagé.
Mercredi 6 juin : Retour au Centre de OUAKAM. Les filles ont déjà eu le compte rendu de la réunion de samedi. Aujourd’hui, nous parlons ensemble du Ramadan : quelle est sa signification ? Comment elles l’ont vécu ? Comment vont-elles se préparer aux prières finales et à la fête de la Korité . En effet, la plupart sont musulmanes et la plupart des jeunes, surtout les filles, sont souvent laissées à l’écart et n’ont pas la possibilité de se former et réfléchir à leur foi.
Mardi 5 juin : Ce matin, comme à chaque fois que j’en ai le temps, je travaille avec nos trois étudiants du Cap Vert, venus apprendre le français à Dakar : lecture publique et apprentissage du français courant, à partir des journaux, exercices de prononciation et de conversation, réponses aux nombreuses questions grammaticales et autres qu’ils se posent. Le français est une langue très compliquée !
Lundi 4 juin : Le début de semaine est plus calme. J’en profite pour me reposer un peu, passer plusieurs coups de fil et envoyer quelques messages sur Internet pour prendre des rendez-vous et organiser les activités des semaines qui viennent. Puis je finalise les documents que Jean-Jacques va envoyer cette semaine par mails. Pour les nouvelles que vous lisez, je les écris la plupart du temps lors de mes différents déplacements en bus, cars rapides et « taxis », avant de les envoyer à Jocelyne qui les saisit. Cela depuis de nombreuses années pour l’un comme pour l’autre, ce dont je les remercie beaucoup.
Dimanche 3 juin : Fête du Saint Sacrement. Chaque paroisse organise une procession dans le quartier. Les musulmans sont nombreux à nous regarder passer, avec beaucoup de respect. Beaucoup nous encouragent et nous demandent de prier pour eux.
Samedi
2 juin : La fin de l’année scolaire approche et nous
avons une rencontre de tous les intervenants au Centre Social de
OUAKAM. Nous écoutons d’abord les réflexions des jeunes filles
de Mercredi dernier. Puis chaque formateur/formatrice fait le point
de ses activités et donne ses propositions pour l’année
prochaine. La question de fond est de savoir à quelles filles nous
voulons nous adresser et à quel niveau travailler. Certains
voudraient en faire un Centre de formation professionnel avec des
enseignants à plein temps, et tout le matériel que cela suppose,
en vue de trouver un emploi salarié aux filles. Mais d’abord nous
n’en avons pas les moyens. Et surtout la Commune de OUAKAM est une
commune très populaire. Nous choisissons donc de nous consacrer aux
filles qui n’ont pas pu aller à l’école, pour leur assurer un
apprentissage en français et une formation de base à la cuisine et
la couture, avec l’aide d’enseignants bénévoles, en
particulier les femmes volontaires des militaires français du Camp
voisin, certaines étant très qualifiées ayant déjà travaillé
ailleurs dans ce domaine. Le but est de donner aux filles une
formation de base, soit pour mieux tenir leur maison et être de
meilleures épouses et mères de famille, soit pour trouver du
travail dans le secteur informel. Celles qui seront plus capables,
et dont les familles pourront trouver les moyens, pouvant alors se
perfectionner dans un Centre Professionnel.
Ceci décidé,
nous voyons comment mieux nous organiser, améliorer la
formation et avoir plus de matériel adapté. Pour ma part, je
continuerai d’assurer une rencontre de réflexion sur leur vie
chaque semaine. Par ailleurs, nous décidons de collaborer
davantage avec les autres Centres, en particulier les six
Centres animés par la JOCF. Ce qui permettra aux filles d’avoir
une formation plus adaptée, mais aussi pour les volontaires de
s’engager et de participer à la vie du Mouvement.
Je ne
reste pas jusqu’au bout de la rencontre car la tante de notre
Econome fête ses 25 ans de vie religieuse. Je la connais
bien et nous avons travaillé ensemble à propos de la régulation
des naissances avec les couples dans l’ASPF (Association
Sénégalaise pour la Promotion de la Famille), avec plusieurs
interventions dans des groupes de jeunes, la Commission de la
Famille, et à la Radio. J’arrive à temps, avant la fin, ce qui
me permet de saluer de nombreux amis venus à cette célébration. A
cause de mon régime de diabétique, je ne reste pas au repas, ayant
déjà fait le tour de l’assistance. D’autant plus que j’ai du
travail de courrier, rédaction et correction de documents, et du
travail sur Internet et Face Book qui m’attendent.
Vendredi
1er juin : Aujourd’hui, à la messe et pour la visite des
malades, un nouveau groupe est venu se joindre à nous. Notre
aumônerie prend forme peu à peu à l’Hôpital.
Le
soir, je pars à mon ancienne paroisse de PIKINE pour préparer au
mariage religieux six couples de personnes âgées. Nous
avons organisé une rencontre à part pour eux, car ils vivent une
situation très différente des jeunes fiancés que nous recevons
d’habitude. Aussi, nous avons prévu une formation spéciale pour
eux, plus adaptée. Ils sont moins nombreux et ont une longue
expérience de vie commune, aussi l’échange est beaucoup plus
riche et très intéressant. J’en ressors tout revigoré.
Jeudi
31 mai : Je ne peux pas assurer la rencontre d’écoute à
la prison, car les étudiants des Universités privées sont sortis
manifester et brûlent des pneus dans le quartier. Ce sont des
étudiants que le Ministère a placés dans les Universités
privées, n’ayant pas assez de places dans les Universités
d’Etat. Normalement, le Ministère doit payer pour eux, mais faute
de liquidités, il ne l’a pas fait. Les responsables des
Universités privées ont menacé de renvoyer ces étudiants. Ces
derniers se sont révoltés et manifestent dans la rue.
Le
soir, partage sur l’Evangile du dimanche avec la communauté
anglophone.
Mercredi 30 mai : Au Centre Social de OUAKAM, nous faisons l’évaluation de cette année, pour les filles elles-mêmes et pour apporter leurs réflexions et propositions à la rencontre des responsables de formateurs/formatrices, de samedi.
Mardi
29 mai : En
ville, les grèves continuent en particulier celles des
étudiants et des agents de santé. Cela entraîne un mouvement de
contestation générale et de nombreux syndicats et organisations se
mettent en grève les uns après les autres. La société en est
très perturbée.
Depuis hier, nous accueillons les
responsables des quatre pays de notre Province Spiritaine :
Mauritanie, Guinée Conakry, Guinée Bissao et Sénégal. Ils
viennent finaliser les réflexions de notre Assemblée Générale
d’avril et prendre les décisions pratiques. Ensuite, ils passent
à l’organisation du temps des vacances et congés, et préparent
les activités de l’année pastorale prochaine, avec en
particulier la recherche des affectations les meilleures possible.
Pour moi, c’est l’occasion de partager un certain nombre de
questions, en particulier la formation de nos étudiants.
Le
soir, rencontre de notre fraternité spiritaine.
Lundi 28 mai : J’apporte les résultats de mes dernières analyses au cardiologue qui me suit. Grâce à un régime très sévère, ma tension est redevenue normale, de même que mon taux de diabète. Mais je vais continuer à prendre des temps de repos et à suivre un régime pour que les choses se maintiennent.
Dimanche 27 mai : Messe à la communauté anglophone suivie d’un temps de partage, comme à chaque fois.
Samedi
26 mai : Conférence
organisée par l’Association des Femmes Musulmanes dans
le cadre du Ramadan, sur la place et le rôle de la femme. Elles ont
invité notre aumônerie.
A mon retour, je rédige des notes à
partir de la nuit de prière d’hier, comme j’essaie de le faire
après chaque intervention importante. Jean-Jacques les enverra à
mes 8.500 correspondants par Internet….une belle invention !
Vendredi
25 mai :
Aujourd’hui, je ne vais pas au Centre Social de
jeunes filles de Derkley. En effet, elles préparent leurs
compositions. Puis ce sera l’exposition-vente de fin d’année.
Et les jeunes de 4ème année passeront le diplôme. Nous
nous retrouverons pour une messe de clôture à laquelle un certain
nombre de musulmans tiendront à participer, comme d’habitude.
A
midi, je pars à l’Hôpital pour la messe avec les agents
de santé et d’autres personnes, après une rencontre avec
l’assistante sociale, avec les membres de la Légion de Marie qui
sont venus aujourd’hui. Nous précisons notre façon d’intervenir
et comment aider à la distribution des repas aux malades. Puis je
passe dans les différents services où des malades m’ont été
signalés. Et, comme habituellement, je demande aux médecins et
infirmières s’il n’y a pas d’autres personnes qui souhaitent
me rencontrer.
Aujourd’hui, les membres de la Légion de
Marie se concentrent sur l’Hôpital des Enfants, pendant que je
vais aux Services de cardiologie, pneumotologie et maladies
infectieuses.
20 heures : Je vais à la paroisse de St
Joseph de Médina où on m’a demandé de lancer une nuit de
prière sur Marie et le Saint Esprit. En dialoguant avec les
participants, nous essayons surtout de voir comment Marie a vécu
toute sa vie, à la lumière et sous la conduite du Saint Esprit, et
à quoi cela nous appelle : nous nous arrêtons en particulier
à contempler Marie à Noël qui accouche dans la brousse et
accueille les bergers, cela pour voir comment vivre les difficultés
de notre vie dans la confiance et comment accueillir les pauvres,
les petits et les sans-logis ; puis, Marie qui fuit en Egypte,
et comment être solidaires avec les réfugiés et les migrants, et
comment leur donner un peu d’espérance ; comment nous tenir
avec les malades, les condamnés et ceux qui souffrent, comme Marie
au pied de la Croix, etc… Un certain nombre de participants
profitent de cette occasion pour se confesser.
Jeudi
24 mai 2018 : Je
retourne au Camp Pénal, la deuxième prison de Dakar (près
de 1 000 condamnés, dans des conditions de vie difficiles)
pour recommencer les rencontres d’écoute des détenus qui le
désirent, en lien avec le Service Social de la prison . J’y suis
déjà intervenu chaque semaine, de 2011 à 2013. De retour à
Dakar, j’ai donc décidé d’y revenir, en alternant avec la
prison des femmes de Rufisque, le jour autorisé étant le même
pour les deux prisons.
Dès mon arrivée, je remarque qu’un
gros effort a été fait dans l’aménagement de la prison,
au moins pour l’entrée. L’accueil s’est aussi bien amélioré
et est beaucoup moins contraignant. Pour l’intérieur, je ne sais
pas, je n’ai pas eu l’occasion encore d’y entrer. La salle
d’informatique pour l’apprentissage aux prisonniers que nous
avons ouverte continue à fonctionner, de même que les autres
ateliers pour lesquels nous avions fourni du matériel et des
outils. Ce sont les détenus qui ont déjà fait la moitié de leur
peine qui ont le droit d’y travailler. Normalement, cela devrait
leur permettre d’avoir un petit pécule, mais d’abord ils
manquent de matériel pour travailler et surtout de débouchés pour
vendre ce qu’ils produisent, faute d’organisation et de suivi.
De toutes façons, ces ateliers ne fournissent que peu de places. En
plus, beaucoup de détenus viennent des villages et sont des
cultivateurs, et il n’y a pas de champ pour cette grande prison
située en pleine ville, juste un petit endroit pour de la culture
sur tables de petits légumes et condiments.
Une nouvelle
initiative : une boulangerie ouverte aux clients de
l’extérieur, financée par l’Ambassade de France je crois.
Je
retrouve un certain nombre de détenus, mais beaucoup ont été
libérés ayant terminé leurs peines. J’en suis évidemment très
heureux. Le personnel a beaucoup changé, y compris au
Service Social, mais ils ont déjà entendu parler de moi et je suis
très bien accueilli. Je retrouve deux amis avec qui nous avions
commencé l’écoute en 2011 et qui ont continué jusqu’à
maintenant. Ils me permettent de me remettre rapidement dans le
coup. En effet, la façon de les accueillir est un peu différente
que chez les femmes, bien que les problèmes soient
finalement les mêmes et de toutes sortes : besoins matériels :
nourriture, lunettes, piles et écouteurs pour les radios,
médicaments, habits…. Mais surtout, soutien psychologique et
moral, recherche d’avocats et suivi de leurs dossiers, relations
avec leurs familles, religion et vie de prière aussi bien avec les
musulmans que les chrétiens, et encore beaucoup d’autres choses.
Il va falloir aussi que je découvre peu à peu la meilleure façon
de fonctionner, car chaque prison a sa spécificité et ses
habitudes. Mais je me sens tout de suite à l’aise et très
heureux de recommencer cette activité. Je vais reprendre contact
avec les personnes et organisations qui pourront nous fournir les
moyens de mieux travailler.
Mercredi
23 mai : Je retourne à l’Institut Pasteur faire une
série d’analyses demandées par le cardiologue. Puis je
pars au Centre Social de OUAKAM pour notre rencontre
hebdomadaire. Nous parlons de la grève des étudiants avec
toutes les perturbations, les violences, les blessés, spécialement
chez les gendarmes, et même un mort chez les étudiants. Les jeunes
filles du Centre sont d’un milieu populaire, nous menons nos
réflexions en ouolof car la plupart n’ont pas été à l’école,
mais il est important qu’elles réfléchissent à ce qui se passe
dans le pays et comprennent leurs responsabilités de citoyennes. Le
débat est d’ailleurs très animé et se prolonge bien au-delà du
temps prévu.
L’après-midi, je reçois un responsable de la
Légion de Marie. Nous voyons comment ils peuvent intervenir à
l’Hôpital pour visiter et encourager les malades, sans
distinction, en passant dans les différents services, avec l’accord
des responsables qui sont très heureux de les accueillir car cela
leur apporte un réconfort et un soutien psychologique important
aussi bien des malades que de leurs familles qui les visitent.
En
général, les tensions sont très vives actuellement. En effet, la
population est très politisée. Il y a 300 partis politiques
reconnus, à ce jour, dans un petit pays, sans parler de toutes les
candidatures indépendantes pour les élections présidentielles qui
vont avoir lieu l’année prochaine. L’opposition s’est
réveillée mais d’une façon très agressive, avec beaucoup
d’insultes, d’injures, d’accusations fausses et d’oppositions
systématiques. Si bien qu’un climat de violence très forte se
développe dans le pays. De son côté, le Président et son parti
–dont il reste le président- cherchent à faire des cadeaux et à
donner les avantages pour qu’on vote pour eux. Du coup, les
différents syndicats se réveillent pour demander l’application
des accords qui ont été signés depuis plusieurs années et qui ne
sont pas appliqués. En effet, le Gouvernement a tendance à signer
des accords pour avoir la paix, sans pouvoir respecter ses
engagements. Si bien que les syndicats se mettent en grève les uns
après les autres : les enseignants, les médecins et agent de
santé, les étudiants. Pour les étudiants, le problème s’est
beaucoup aggravé début mai, suite au retard du paiement des
bourses, la banque qui assure le paiement de ces bourses ayant tardé
à les payer, à cause des grandes dettes de l’Etat envers la
banque. Les étudiants n’ayant pas reçu leurs bourses ont voulu
forcer les portes du restaurant universitaire de SAINT LOUIS. Le
recteur a appelé la gendarmerie. Les étudiants leur ont jeté des
pierres : il y a eu 18 gendarmes blessés, dont un dans le
coma. Un gendarme a été chercher son arme et après un tir de
sommation il a tiré dans le tas et un étudiant est mort sur place.
Du coup, les étudiants révoltés ont brûlé le Rectorat avec tous
les documents, brûlé le Centre social universitaire. Puis ils ont
coupé la route nationale en brûlant des pneus, et ils ont saccagé
la maison du Ministre de l’Education Nationale. Alors toutes les
autres Universités du pays sont entrées en grève illimitée. En
plus, ils exigent non seulement une augmentation des bourses et une
réduction du ticket de restaurant, ce que le Président leur a
accordé. Coût total annuel : 8 milliards CFA, ce qui
représente un gros effort. Surtout qu’il y a des faux étudiants
qui profitent de ces bourses.
Les étudiants demandent à ce
que le gendarme qui a tiré soit jugé, ce qui est normal. Mais ils
exigent aussi la démission de plusieurs ministres, ce qui est un
autre problème. Car il y a un grand risque de démagogie et de
laisser aller qui se fait jour. Et de surenchère de la part des uns
et des autres. Les responsables religieux, aussi bien chrétiens que
musulmans, essaient d’apaiser les choses et ramener les gens à la
raison. Mais seront-ils écoutés ? (Voir plus haut :
Mardi 15 Mai).
Mardi 22 mai : Les activités reprennent. Je vais dans une librairie pour organiser la vente de mon dernier livre et une dédicace. Puis je vais à l’hôpital avant de passer aux choses en attente : courrier, documents à rédiger, face book, etc….
Samedi
19 mai : Je pars à la grande prison des hommes de
Dakar. Nous nous connaissons bien maintenant et nous sommes à
l’aise, aussi bien avec les détenus qu’avec le personnel. Comme
d’habitude, nous avons une messe internationale en plusieurs
langues. A la fin, il nous reste encore un peu de temps pour parler
ensemble avant la fermeture. Chacun essaie de présenter son
problème. En effet, nous n’avons pas encore été acceptés pour
tenir des rencontres d’écoute, organisées et régulières.
Après
avoir mangé, je pars rapidement à mon ancienne paroisse de PIKINE
où je vais célébrer la messe ce soir et deux messes demain
dimanche. J’en profite pour faire un certain nombre de courses car
je connais bien les employés de la paroisse et les artisans du
quartier. Je commence par faire régler mon ordinateur. Puis
j’enregistre mes données sur une clé pour les avoir en réserve
en cas de vol ou de panne. Enfin, je fais installer Whatshapp sur
mon téléphone, car jusqu’à maintenant je ne l’avais pas et
beaucoup me le demande. J’ai beaucoup hésité, car cela risque de
me prendre encore du temps… ce qui me manque le plus ! Puis
je passe chez une couturière pour réparer des habits décousus.
Après ça, je suis libre pour aller me faire couper les cheveux.
Je
retrouve le groupe de 450 jeunes qui vont faire la marche-pèlerinage
(55 km) et que j’avais déjà rencontré pour la formation ,
le jeudi de l’Ascension. Aujourd’hui, nous faisons la prière de
départ et ils se mettent en route. Ils vont marcher jusqu’à
dimanche soir : 12.000 du diocèse de Dakar ; 25.000
jeunes au total, venant des différents diocèses du Sénégal et
aussi des pays voisins. Le Lundi, ce sera la grande foule pour la
fête et la messe solennelle. En effet, c’est le grand évènement
chaque année, avec de nombreux temps de prière et de réflexion.
Et aussi l’occasion pour beaucoup de rencontrer parents et amis.
La population du village de POPENGUINE est à majorité
musulmane, mais ils ouvrent leurs maisons et font le maximum
pour accueillir les pèlerins le mieux possible. Déjà, pendant la
marche des jeunes, les villages traversés accueillent les marcheurs
avec beaucoup d’amitié mais aussi de joie et de reconnaissance,
en leur demandant de prier pour eux. Et en offrant de l’eau (il
fait très chaud sur la route !) et même de la nourriture. A
la grand messe solennelle, des responsables religieux musulmans
tiennent à être présents, de même que les autorités. C’est
l’occasion pour eux de se rencontrer et d’échanger dans une
bonne ambiance à propos d’un certain nombre de problèmes. Et de
faire des déclarations officielles que tous attendent avec
beaucoup d’attention.
Pour ma part, mon état de santé ne me
permet plus de faire cette longue marche. Je reste donc à la
paroisse de PIKINE pour assurer les messes de la Pentecôte, sans la
présence des jeunes qui sont sur la route ce samedi soir.
La
Pentecôte, c’est notre fête, les Spiritains. Mais nous
sommes pris par ces différentes activités. Nous célébrerons
notre fête un peu plus tard.
Vendredi
18 mai : Ce matin, je ne vais pas au Centre social :
les filles sont occupées par des préparations aux compositions et
examens pour leur diplôme de fin de formation (4ème
niveau). Cela me permet d’avancer un peu dans mon courrier
en retard et d’enregistrer une émission à la radio.
Puis
je pars plus tôt à l’Hôpital où nous avons la réunion
du Bureau des agents de santé catholiques, avec le Directeur de
l’Hôpital. Nous lui présentons nos différentes activités. Le
directeur a tendance à s’adresser à moi. Je lui explique que je
ne suis pas le président de l’Association mais simplement le
Conseiller spirituel (et non pas le « chef religieux »
comme il a tendance à le croire). Après lui avoir présenté notre
Amicale, nous lui expliquons nos activités. D’abord nous
constatons chaque jour que de nombreux malades qui viennent ici
n’ont pas les moyens de payer les analyses et les soins, ni
acheter les médicaments, même les plus nécessaires. Nous avons
donc distribué des cartes de soutien autour de nous pour constituer
une caisse d’entraide. Pendant le Carême, de nombreux chrétiens
venaient prier et suivre le Chemin de Croix avec nous. En plus de la
quête, nous avons demandé chaque vendredi des dons en nature :
riz, huile, sucre, lait, savon, etc… que les gens prennent sur
leur propre nourriture familiale, de même que des habits. A la
pause de midi, des membres de la Légion de Marie aident à
distribuer les repas bénévolement, en veillant en même
temps à parler avec tous les malades, sans distinction, et à les
encourager. En ce moment avec les musulmans, les échanges
portent la plupart du temps sur la foi et la prière, puisqu’ils
viennent de commencer le Ramadan et que nous sommes en pleine
préparation de la fête de Pentecôte et de la marche et du
pèlerinage national. Une occasion de nous sentir davantage
unis.
Avec le Directeur de l’Hôpital, nous abordons ensuite
le problème de la morgue qui est en mauvais état et dont le
toit risque de s’écrouler.
Puis nous parlons de notre
collaboration avec les associations musulmanes de l’Hôpital.
La semaine prochaine, à l’occasion du Ramadan, nous sommes
invités à une réflexion sur la place de la femme dans la société
et les différentes religions.
Nous lui parlons aussi de nos
messes à l’Hôpital, de nos activités religieuses, de nos
visites et nos prières avec les malades et du soutien de leurs
familles. Le directeur, musulman, est très intéressé et nous pose
des questions pour préciser les choses. Puis il nous remercie
chaleureusement pour nos actions et le témoignage que nous portons.
Il nous assure de sa disponibilité et de son soutien et nous
offre au nom de l’Hôpital un billet gratuit pour le pèlerinage à
Lourdes, Rome et la Terre Sainte (il fait la même chose pour le
personnel musulman, pour leur pèlerinage à La Mecque).
Nous
nous retrouvons aussitôt, comme chaque vendredi, pour la messe
des agents de santé et la prière pour les malades. J’essaie
d’adapter mon commentaire de l’Evangile aux situations concrètes
que nous vivons à l’Hôpital.
Après la messe, avec les
membres du Bureau, nous préparons une rencontre d’amitié le
mois prochain, pour resserrer les liens entre nous. Pendant ce temps
là, les membres de la Légion de Marie commencent à visiter les
malades, pour les encourager avec leurs familles (c’est l’heure
des visites). Puis je vais moi-même rencontrer spécialement les
malades chrétiens. Et confesser, donner la Communion ou le
Sacrement des malades à ceux qui le désirent. Dans ces visites, je
rencontre aussi bien des grands malades qui vivent leurs souffrances
dans la foi et font mon admiration, que des personnes qui n’ont
pratiquement aucune connaissances de la religion. J’essaie de
m’adapter à chacun, dans la langue qu’il possède le mieux :
français, ouolof, anglais, espagnol, créole-portugais, ou parfois
même l’une ou l’autre langue africaine, car les réfugiés et
les étrangers sont nombreux au Sénégal.
Je n’ai aucun
problème pour connaître les malades qui veulent me parler. Les
médecins et autres agents de santé me les présentent dès que
j’arrive, aussi bien les musulmans que les chrétiens.
Beaucoup de malades musulmans me demandent de prier pour eux.
Je
rentre fatigué mais heureux.
Le soir, préparation au
mariage dans un autre secteur, sur la sexualité du couple.
Cette fois-ci les fiancés sont très coopératifs et participent
activement.
Jeudi
17 mai : Je retourne à la prison des femmes, après une
longue absence. Nous sommes vraiment heureux de nous retrouver. Ma
rencontre aujourd’hui a un aspect particulier, puisque c’est le
1er jour du Ramadan. On sent une ambiance de grand
sérieux et de prière intense dans toute la ville. J’assure les
femmes de mon amitié et de ma prière et je leur demande aussi de
prier pour nous, puisque de samedi à Lundi va se tenir le grand
pèlerinage national avec plus de 10.000 jeunes qui vont marcher, à
l’occasion des fêtes de la Pentecôte. Nous serons donc en prière
ensemble.
Je devais aller à la Librairie Clairafrique où j’ai
certains de mes livres en vente, mais j’y renonce car le quartier
est encore en pleine ébullition .
Le soir, rencontre d’une
centaines de fiancés, dans un autre secteur, pour leur préparation
au mariage. Le groupe est très passif. Ils écoutent bien
attentivement, mais j’ai beaucoup de peine à les faire parler, et
encore plus à partager leurs questions et expériences. Je dois
donc me limiter à une « conférence » que j’anime
avec des proverbes et des chants. Mais ce n’est pas mon habitude
et je suis très insatisfait. Ca arrive. Les confrères avec qui je
partage ensuite le repas me réconfortent. C’est vrai que le thème
était un peu compliqué pour certains : « L’amour vécu
en chrétien et le sacrement de mariage », mais j’ai pris
soin de parler en français le plus simple possible, avec de
nombreux exemples, car j’ai l’habitude de parler de cette
question. Dommage.
Mercredi
16 mai : Malgré tout, je vais au Centre social des jeunes
filles, en banlieue, et donc dans un endroit plus
calme.
L’après-midi, je vais à la Librairie L’Harmattan,
pour enregistrer une présentation de mon dernier livre qu’ils ont
publié : « S’enraciner en Dieu pour vivre vrai »,
qui sortira sur Face Book.
Je termine la journée par la
réunion de la Fraternité spiritaine , et nous travaillons
la « Lettre du mois ».
Mardi 15 mai : Je continue la formation et nous apprenons qu’il y a eu un grave choc à l’Université de SAINT-LOUIS. Les étudiants ont manifesté car leurs bourses qu’ils devaient obtenir le 5 Mai n’étaient toujours pas payées. Ils ont voulu entrer de force dans le restaurant universitaire, sans payer. Le Recteur a appelé la gendarmerie et des violences s’en sont suivies : jets de pierres contre grenades lacrymogènes : 18 gendarmes ont été blessés. Un gendarme a tiré à balle réelle et un étudiant a été tué. Cela a entraîné un mouvement de révolte dans toutes les Universités du pays, suivi de révolte et de répression policières. Il faut dire que le pays vit un grave état de tension et de nervosité depuis plusieurs mois, car les élections présidentielles vont avoir lieu l’année prochaine. Du coup l’opposition s’est réveillée et attaque violemment le Gouvernement, de façon systématique, avec non seulement des critiques mais des insultes. La population se révolte aussi, car elle continue à vivre dans une grande pauvreté malgré les progrès économiques réalisés. D’autant plus qu’aux dernières élections le Président a fait de nombreuses promesses qu’il ne peut pas tenir. Comme, par exemple, le paiement à temps des bourses aux étudiants. Les enseignants, les médecins et beaucoup d’autres groupes participent à des grèves successives, organisées par leurs syndicats. Cela entraîne un très grave climat de violence. Les étudiants ont brûlé non seulement des voitures de policiers, mais aussi un car servant à leur transport à Saint-Louis. Et aussi le Siège de l’Université (le Rectorat) et leur Centre social (CROUS) qui sont complètement détruits. Et également la maison du Ministre de l’Education nationale, en ville. Tout cela est inquiétant pour l’avenir, et la vie sociale est très perturbée.
Lundi 14 mai : Je commence une session sur le respect de la Création (environnement, écologie….), avec les jeunes filles qui se préparent à devenir missionnaires spiritaines (postulantes). C’est une question importante et il est nécessaire qu’elles soient formées dans ce domaine pour pouvoir intervenir efficacement. Elles viennent de différents pays d’Afrique francophone, anglophone et lusophone ; aussi nous avons attendu la fin de l’année scolaire et qu’elles comprennent le français suffisamment pour faire cette formation. Je m’efforce de parler de la façon la plus simple possible. D’ailleurs, elles sont très intéressées et participent activement.
Dimanche
13 mai : Je suis très heureux de retrouver la Communauté
anglophone pour la prière. Comme d’habitude,, je suis très
bien accueilli et tous se soucient de ma santé. Ce qui me touche
beaucoup.
L’après-midi est libre. J’en profite pour me
reposer et me mettre ensuite à l’ordinateur : courrier,
messages et face book, puis rédaction de documents
Samedi
12 mai : Ce matin, nous nous retrouvons entre travailleurs
dans les différents media autour de notre évêque, pour
voir comment mieux tenir nos responsabilités et mieux faire notre
travail en nous soutenant mutuellement. Face aux fausses nouvelles
qui nous envahissent de plus en plus (fake news), nous travaillons
la lettre du pape François pour la Journée Mondiale des
Communications sociales : « La vérité vous rendra
libres = Fausses nouvelles et journalisme de paix ». En
cherchant comment donner des informations qui respectent aussi bien
les valeurs culturelles sénégalaises que les valeurs chrétiennes.
Par manque de moyens, nous sommes obligés de nous limiter à une
interprétation des media internationaux qui trient déjà les
informations et les interprètent, au lieu d’analyser nous-mêmes
les faits eux-mêmes.
Face aux interventions sur les sites
media en ligne, nous nous demandons comment offrir une éducation
de base en particulier aux jeunes pour qu’ils laissent les
attaques et insultes et qu’ils n’écrivent pas n’importe quoi.
Nous avons ensuite travaillé à la mise en place d’une Amicale
des communicateurs catholiques, avant de préparer la Journée
Mondiale des Media. Puis nous passons aux « questions
diverses » qui ne manquent pas, si bien que nous dépassons le
temps prévu. Il faut dire aussi que, comme presque toujours, nous
avons commencé en retard.
Vendredi
11 mai : Les activités reprennent. Je vais d’abord dans
un nouveau centre social où nous réfléchissons, comme
avant-hier, à la vie dans le quartier. Puis je passe dans une
librairie faire le point de la vente de mes livres. A 13
heures, comme chaque vendredi, messe à l’hôpital avec les
agents de santé, puis réunion du Bureau avant d’aller visiter
les malades.
A la suite, je pars à une grande rencontre de la
JOCF (Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine). En fait, la
majorité des participantes sont musulmanes et toutes travaillent
ensemble dans la paix et l’entente. Elles reprennent le thème de
leur dernier pèlerinage des travailleurs : « Amour et
Vérité dans le Monde du travail ». Après une scène de
théâtre qui montre ce que les jeunes travailleuses vivent dans la
vie de chaque jour, nous avons donné la parole aux jeunes filles,
car ce sont elles qui vivent les problèmes. Ce sont donc elles qui
peuvent trouver des solutions à leurs problèmes. Je les ai
écoutées avec beaucoup d’intérêt et de joie. A la fin de la
rencontre, on m’a demandé de donner le point de vue du croyant et
chrétien de ce thème, de tirer des conclusions des interventions
et de proposer des pistes d’action.
A la fin de la rencontre,
une Télévision est venue. Nous avons choisi les responsables de la
JOC, mais aussi des personnes représentatives des participants pour
leur donner la parole, ce qui nous a fait vivre une émission
très animée.
Jeudi
10 mai : Fête de l’Ascension. Je retourne dans mon
ancienne paroisse de PIKINE. Les jeunes m’ont invité pur une
journée de réflexion sur le thème de la marche-pèlerinage
« O Marie, aide-nous à dire oui au Seigneur ». Nous
cherchons ensemble quel sens donner à notre Marche et comment vivre
ce pèlerinage. Puis nous réfléchissons au thème de cette
année : Comment le vivre dans notre vie de chaque jour.
Je
monte dans le car, et je rencontre un paroissien. Bien sûr, nous
parlons ensemble. J’ai déjà payé mon billet, mais il tient à
tout prix à me le rembourser. L’argent me servira pour le retour.
Cela m’arrive très souvent et je suis toujours très touché par
l’amitié et le soutien que les gens nous apportent ! Je
suis également frappé par la bonne ambiance qui existe dans
les transports publics. Nous voyageons souvent debout et très
serrés, dans des conditions difficiles et beaucoup de temps, à
cause du mauvais état des routes et des nombreux bouchons. Mais les
gens restent calmes et très patients. Ils se parlent et se
renseignent sur les différents arrêts. Je remarque aussi que
malgré la situation de pauvreté généralisée, les gens paient
leur voyage sans chercher à truander. Cela m’impressionne
beaucoup.
Aujourd’hui, fête de l’Ascension, est un jour
férié bien que nous soyons dans un pays à très forte majorité
musulmane. Du coup, je ne peux pas aller à la Prison de Rufisque,
et cela fait presqu’un mois que je n’ai pu y aller ! Elles
me manquent beaucoup.
La rencontre avec les jeunes se passe
très bien. Je suis frappé par l’originalité et la
profondeur de leurs réponses. On voit qu’ils ont vraiment
assimilé la Parole de Dieu et qu’ils en vivent chaque jour. Par
ailleurs toute la rencontre a bien sûr été dirigée et animée
par eux. A la fin, la cuisinière a pris soin de me préparer un
repas spécial, selon mon régime contre le diabète. Mon seul
regret c’est de ne pas partager le repas des jeunes.
Au
moment de rentrer, je rencontre le groupe de la Légion de Marie
qui me fait asseoir : un deuxième temps de partage amical.
C’est bon pour le moral !
Mercredi 9 mai : Comme chaque Mercredi, je retourne au Centre social des jeunes filles. Aujourd’hui, nous parlons de la vie dans le quartier et des engagements possibles. La discussion est très animée.
Mardi
8 mai : Je rencontre notre Evêque. Je luis présente mon
livre : « S’enraciner en Dieu pour vivre vrai »,
où j’ai été interviewé sur les différentes étapes de ma vie
religieuse et missionnaire, et les conclusions que j’en
tire.
Ensuite, je fais le point avec lui de mes différentes
activités pour voir comment mieux les organiser au niveau du
diocèse : Prisons, Hôpitaux, Centres sociaux, Commission
Justice et Paix. Un excellent temps de réflexion qui me réconforte,
malgré les lenteurs et difficultés.
Chaque jour, j’essaie
d’éponger le courrier en attente. Heureusement, mon
ordinateur n’a pas grillé ! Mais j’ai beaucoup de retard
pour mes documents. En effet, l’amie qui m’aide à saisir mes
textes a fait une chute et s’est fait mal à la main. Elle ne peut
donc plus travailler à l’ordinateur. Heureusement, j’ai un
certain nombre de documents en réserve. Et pour le reste, je vais
me débrouiller moi-même, au fur et à mesure des besoins.
Lundi
7 mai : Après ces jours de repos, je décide de reprendre
progressivement mes activités, en commençant par la rencontre
mensuelle des prêtres de notre secteur. Nous abordons nos
différentes activités. Puis nous réfléchissons spécialement à
la question des gens qui se pensent possédés par des mauvais
esprits : comment les aider à se libérer ?
Au-delà
du travail et de la réflexion , ce qui est aussi important c’est
la rencontre amicale et le partage entre nous.
A mon retour,
une mauvaise surprise. Notre maison est très ancienne. Nous faisons
le maximum pour l’entretenir, mais nous n’avons pas les moyens
nécessaires pour cela. Dans la journée, il y a eu une coupure
de courant et de la surtension à la reprise. Un câble a
grillé et le courant est monté à plus de 300 volts : toutes
les lampes et appareils qui étaient branchés ont grillé. Cela va
nous demander plusieurs jours pour refaire l’installation
électrique. Mais surtout, remplacer tous les appareils qui ont
grillé va nous coûter très cher. Nous n’avions vraiment pas
besoin de ça ! Nous allons le faire peu à peu, en commençant
par ce qui est le plus important pour notre travail :
ordinateur, imprimante et photocopieuse, en cherchant à trouver du
matériel d’occasion .
Samedi
28 avril 2018 : Vu mon état de fatigue, je décide
d’arrêter mes activités, de me faire soigner et de faire les
analyses nécessaires pour cela.
Je suis très touché
par plusieurs choses en ce moment. D’abord le grand soutien plein
d’amitié du personnel de l’Hôpital où je suis
aumônier. Ils se sont mobilisés pour me faire soigner le mieux
possible. Avec le style et le rythme de vie qu’ils m’ont
proposés, et les médicaments que je prends, je vais retrouver la
forme et pourrai reprendre mes activités en faisant attention.….
et doucement !
Je suis aussi très touché par les
nombreuses visites que je reçois tous ces jours-ci. Bien
sûr, cela ne facilite pas le repos, mais c’est très encourageant
et réconfortant. Je profite de la rencontre pour présenter mon
dernier livre d’interviews.
Je ne peux pas éviter
d’accueillir ceux qui viennent aussi pour me poser leurs
problèmes. Je note aussi la proposition d’un groupe de
prières de venir m’appuyer dans mes visites à la prison des
femmes de Rufisque. Et la visite de la communauté
anglophone. Comme la rencontre de la Fraternité Spiritaine
se tient dans notre Communauté, je peux aussi y participer le
Mardi. Mais pour tout le reste de mes interventions, j’ai tout
arrêté.
Vendredi
27 avril : Je vais malgré tout faire des analyses à
l’Institut Pasteur. 78 ans : je commence à me faire vieux.
Mais en même temps, je n’ai pas envie de rester à ne rien faire.
Il faut juste que je trouve l’équilibre et les moyens de me
reposer suffisamment. Pas facile !
Je me repose donc à la
maison. J’ai annulé les différentes activités jusqu’à
Mercredi, en profitant du pont du 1er Mai. Et je passe
pas mal de temps et plusieurs cartes de téléphone, pour annuler
les activités prévues : il y en avait beaucoup ! Et
cela n’empêche pas des gens de venir me voir. Bien sûr,
il n’est pas question de les renvoyer. Bien calé dans un
fauteuil, je peux leur parler tranquillement : un jeune en
recherche d’emploi, une malade, une dame qui a des difficultés
dans son mariage, un de nos étudiants venu pour une journée de
prière : il y a de la diversité et il faut s’adapter à
chacun pour répondre à ces demandes.
Une voiture arrive pour
prendre de la nourriture pour les détenus de la
prison centrale. C’est une dame qui a entendu parler de notre
travail en prison qui a fait anonymement un don bénévole. Il y a
beaucoup : le pick up doit faire deux voyages pour 700 kg de
riz, 150 litres d’huile, du lait, du sucre, de la sauce tomate,
des tenues de sport, des produits d’hygiène et de santé en grand
nombre. Cela va faire beaucoup d’heureux…. En commençant par
moi. C’est vraiment un jour de fête aujourd’hui !
Après
ça, je peux aller me coucher… en pensant au groupe des fiancés
que je devais rencontrer ce soir. Je peux au moins prier pour eux,
et pour les jeunes filles que je devais rencontrer ce matin dans le
deuxième centre social où j’interviens : une centaine,
elles aussi.
Jeudi 26 avril : A la messe du matin que je préside, mes vertiges me reprennent. Je décide donc d’aller à l’hôpital où je suis aumônier. J’y connais maintenant beaucoup de monde et je suis très bien accueilli et pris en charge. On me met en observation pour 24 heures et on me donne des médicaments à prendre régulièrement. Avec cela, ça devrait aller.
Mercredi 25 avril : Au cours de ma rencontre hebdomadaire au Centre Social des jeunes filles, je suis pris de vertiges. Je termine donc mon intervention rapidement. Puis je rentre doucement à la maison, où je me couche. C’est vrai que j’ai beaucoup travaillé ces jours-ci et que j’ai vraiment besoin de me reposer.
Mardi
24 avril : En fin de matinée, nous nous réjouissons, en
petit groupe, de célébrer l’Eucharistie. Puis chacun
continue ses activités. Nous accueillons deux confrères venus se
faire soigner.
Je confie quatre sacs de riz et trois bidons
d’huile à un confrère, qui retourne à son poste à Ziguinchor,
pour les prisonniers. Je profite du fait qu’il voyage par
bateau et arrivera directement en Casamance. Ainsi, il évitera
toutes les tracasseries et dépenses que l’on doit supporter quand
on part par la route et que l’on doit traverser la Gambie,
avec tous les problèmes de la traversée du fleuve sur un bac très
vieux. Après la chute de l’ancien dictateur Yahya Drame, le
nouveau Président a accepté la construction d’un pont. Mais il
faudra encore du temps avant qu’il soit terminé.
Lundi
23 avril : Je suis un peu plus tranquille et j’en profite
pour travailler à mes documents que Jean-Jacques envoie
régulièrement à mes correspondants chaque semaine. C’est un
gros travail qui me rend un très grand service, et que je ne
pourrais pas assurer moi-même. Et je ne peux pas oublier Jocelyne :
nous nous sommes connus à un stage de préparation au travail en
Afrique organisé par la JOC en 1965 et depuis ma Mission au Congo
c’est elle qui saisit « mes Nouvelles » et les
transmet à Jean-Jacques pour diffusion. J’admire sa patience, car
ces papiers sont écrits souvent dans les cars-rapides, ou dehors,
dans des positions inconfortables, et sont quelquefois… bien
difficiles à déchiffrer ! Elle arrive toujours à s’en
sortir !
Mon travail de secrétariat est coupé par des
visites, la plupart imprévues, mais je ne m’en plains pas, au
contraire.
A 17 heures, je pars à notre séminaire de
philosophie. Avec les étudiants, nous évaluons les dernières JMJ
diocésaines (Journées Mondiales de la Jeunesse). Pas tellement le
déroulement (ce n’était pas leur responsabilité), mais plutôt
comment ils ont pu y préparer les groupes dont ils ont la
responsabilité dans leurs différentes paroisses.
Puis nous
passons à la deuxième étape : la réflexion sur le thème de
la marche-pèlerinage : « O Marie, aide-nous à dire oui
au Seigneur », d’abord en petits groupes, puis tous
ensemble. Là encore le but est de leur fournir une base, pour
qu’ils puissent préparer les autres jeunes à cet événement
important.
Dimanche
22 avril : Je suis invité à rencontrer et écouter les
jeunes de tout le secteur, en vue du prochain synode de Rome sur les
jeunes, la foi et la vocation. Nous avions déjà eu un grand
colloque au mois de février, je vous en avais parlé. Mais c’était
des conférences adressées aux jeunes par des grands professeurs et
ça passait au-dessus de leurs têtes. Alors que ce que nous
cherchons c’est d’abord de donner la parole aux jeunes pour
qu’ils prennent leurs responsabilités. Comme l’a fait le Pape
François qui a réuni 300 jeunes une semaine entière avec Pâques,
pour comprendre leurs difficultés et écouter leurs propositions.
Nous avons donc invité les jeunes de notre doyenné pour les
écouter sur trois thèmes importants qui souvent leur posent
problèmes, et sur lesquels ils n’ont pas toujours l’occasion de
s’exprimer : l’engagement dans la société, la
recherche de l’emploi (car le chômage est très important
chez les jeunes, y compris chez les diplômés), et la recherche de
sa vocation pour qu’ils trouvent un but à leur vie. Nous
passons une journée entière de débats très intéressants et même
passionnants.
Le soir, comme chaque fois que j’en ai le
temps, je me remets à l’ordinateur pour envoyer et répondre aux
messages sur le mail et sur Face Book. Et je note tout de suite les
choses importantes que j’ai entendues aujourd’hui, pour ne pas
les oublier et rédiger un document.
Samedi
21 avril : Retour en ville où je pars directement à la
grande prison de Rebeuss. Plus de 2 000 détenus en
attente de jugement, pour certains depuis plusieurs années. Le
samedi, c’est la messe pour les chrétiens. La majorité
des chrétiens tient à y participer. Parce que c’est pour eux
l’occasion de se rencontrer, mais aussi pour l’enseignement qui
est donné, et pour la prière. Il y a là un bon groupe
d’anglophones qui ont créé une chorale qui anime très bien la
célébration. Nous avons ainsi des messes internationales en quatre
langues : français, ouolof, anglais et espagnol/portugais.
Chaque fois, c’est un moment de joie que nous prolongeons à la
sortie de la Bibliothèque où nous célébrons
l’Eucharistie.
Chaque semaine, à la fin de la messe, nous
avons une prière spéciale pour ceux qui vont être jugés dans la
semaine. Nous les aidons à accepter leur jugement dans la paix et
l’espérance. C’est toujours un temps très fort et très
émouvant. A cette messe, nous avons célébré Jésus, le bon
berger. Cet évangile dit beaucoup de choses à ces prisonniers
qui sont souvent perdus. Ils ont eu des pensées très riches et des
réactions très profondes. Je vais les enregistrer sur mon site
pour que cela ne se perde pas :
Vendredi
20 avril : Mais aujourd’hui, la journée est encore plus
chargée ! Tout de suite après la prière, je pars rencontrer
mon amie secrétaire pour y voir plus clair dans nos documents.
En effet, nous étions pris l’un comme l’autre : il y a de
la confusion dans le travail à faire et des documents que nous ne
retrouvons plus.
Je pars ensuite au Centre Social des
jeunes filles, comme chaque vendredi. Nous réfléchissons à la vie
de famille. Au milieu de la séance, une des jeunes filles entre en
transes. Les éducatrices la prennent tout de suite en charge
et l’emmène dans un coin tranquille. Mais elle continue à
trembler et n’arrive pas à parler. On m’appelle. J’essaie de
l’apaiser de mon mieux. Elle est musulmane, mais les éducatrices,
musulmanes elles aussi, lui proposent que je prie sur elle. Ce
qu’elle accepte avec empressement. Elle retrouve peu à peu la
paix et recommence à parler. Mais pendant qu’on l’emmenait, une
autre est entrée en transes à son tour. Cela arrive souvent :
les cas se déclarent en chaîne. Je vais m’occuper d’elle,
après avoir demandé si elle a été suivie médicalement. On me
dit que oui, mais sans résultats pour les deux filles en question.
L’une pense que ce sont des morts de sa famille qui la
poursuivent, et l’autre qu’elle est possédée par des mauvais
esprits. Ce n’est pas facile d’y voir clair, tout en respectant
leurs croyances et leurs cultures ; ni de les libérer pour
qu’elles retrouvent la paix sans les maintenir dans l’illusion
ou la facilité.
Après cela, je passe dans une librairie
faire le point de la vente de mes livres et renouveler le stock.
Puis je passe donner la Communion chez elle à une jeune fille
handicapée.
Avec tout cela, il est temps d’aller à
l’hôpital, où je dis la messe chaque vendredi. Aujourd’hui, en
plus du personnel chrétien, des femmes de la Légion de Marie nous
ont rejoints. Elles vont venir régulièrement visiter et encourager
tous les malades, sans distinction. Nous commençons par un temps
d’échanges avec la responsable du Service Social. Puis,
avec elle nous allons visiter le Service des maladies infectieuses,
en commençant par le chef de service. Les dames se proposent pour
venir distribuer les repas aux malades. En effet, un restaurateur a
demandé à venir installer un restaurant pour le personnel
de l’Hôpital. En compensation, de lui-même, il a décidé de
fournir chaque jour des repas aux malades nécessiteux. Nous lui
sommes bien sûr très reconnaissants pour cela.
Toujours
accompagné des amies de la Légion de Marie et du séminariste qui
vient avec moi pour se former au travail en prison, aujourd’hui
après avoir vu les malades en cardiologie, je me consacre
spécialement au service psychiatrique, où je reste un bon temps
car les malades ont besoin de parler.
Puis je pars directement
à mon ancienne paroisse de PIKINE où j’assure une rencontre de
fiancés sur « l’amour dans le couple et le sacrement de
mariage ». Ils sont plus d’une centaine, venus de
tout le secteur et très coopératifs. Les échanges sont très
animés et intéressants. Nous terminons par un temps de partage par
paroisse pour qu’ils puissent se connaître et approfondir la
réflexion . Je suis toujours très heureux de participer à ces
rencontres.
Jeudi
19 avril : Nous continuons la formation sur la régulation
des naissances. A mon retour, je passe voir le vicaire de la
paroisse de Ouakam pour préparer la mise en place d’une
aumônerie dans une des Universités du quartier. Je connais des
jeunes de Pikine qui y étudient et qui sont prêts à démarrer.
Puis je pars à la Communauté anglophone où, après nous
être donné les nouvelles comme chaque jeudi nuit, nous
partageons l’Evangile du dimanche qui vient. Après un certain
nombre d’informations, nous partageons des sandwiches avant de
nous séparer.
Comme je suis dans le quartier et malgré
l’heure tardive, je passe saluer nos étudiants. Nous
préparons le programme du trimestre avec le responsable :
formation, suivi personnel de leurs engagements, réflexions en
commun, etc.
De retour chez moi, il est trop tard pour répondre
aux messages reçus dans ma boîte mails. Je me contente de mettre
quelques documents sur mon mur Face Book. On verra demain !
Mercredi
18 avril : Ce matin, j’ai rendez-vous à la Radio
municipale. En effet, ils ne passent plus les émissions
catholiques et il a fallu du temps pour obtenir ce rendez-vous.
Nous nous rencontrons avec la directrice, la chargée des programmes
et les techniciens, pour travailler à de nouvelles émissions, 10
minutes le soir après les informations, et deux émissions d’1
heure le dimanche, une en français et l’autre en ouolof. Cela va
me faire du travail supplémentaire, mais ça vaut la peine. Et j’ai
déjà la matière nécessaire.
Je profite d’être en ville
pour faire plusieurs courses. Puis je passe à la Paroisse
Universitaire pour présenter un médecin de l’hôpital qui veut
être baptisé. Au retour, je m’arrête à la Caritas et à notre
paroisse, en particulier pour parler du travail avec les migrants
et pour la Commission Justice et Paix.
L’après-midi,
je pars à PIKINE, mon ancien secteur. Pas à la paroisse, mais à
la région médicale. En effet, depuis plusieurs années, nous
travaillons à informer la population sur la régulation des
naissances et son importance. Pendant deux jours, nous nous
rencontrons avec les imams de différentes confréries pour les
sensibiliser sur ces questions. Pour deux raisons : parce
qu’ils ont un rôle important et les moyens d’informer beaucoup
de personnes. Mais surtout parce que cette question de la régulation
des naissances est sujette à beaucoup de tabous et de mauvaises
interprétations. Je connais déjà plusieurs de ces imams et la
rencontre se passe dans une très bonne ambiance.
Mardi
17 avril : Nouvelle rencontre de la Fraternité
spiritaine. Aujourd’hui, nous réfléchissons à partir de la
vie d’Eugénie CAPS, la fondatrice de nos Sœurs spiritaines. Une
jeune qui veut être religieuse nous explique comment la vie
d’Eugénie la soutient et l’inspire.
Nous avons beaucoup de
travail à la Communauté car notre économe a été opéré la
semaine dernière et il est en repos depuis ce temps-là. Comme
c’est arrivé subitement, il n’a pas eu le temps de préparer
les choses.
Une jeune femme vient me voir. Elle pense être
possédée par les mauvais esprits et voit des morts qui la
menacent. Elle me demande de la libérer. Je l’écoute longuement
et nous prions ensemble. Un jeune vient de sortir de prison .
Il n’a aucun moyen pour rentrer dans son village. On lâche ainsi
les prisonniers dans la nature sans leur donner le moindre moyen
pour rentrer chez eux. Et à cause de cela, beaucoup retombent dans
la délinquance. Je connais ce jeune. Il est sérieux. Je lui donne
de l’argent, mais d’abord nous parlons longuement pour voir
comment être accepté dans sa famille. Et comment il va s’en
sortir pour vivre. Comme son père a un terrain à cultiver, il
décide de rentrer dans son village.
Lundi
16 avril : Le soir, je vais rencontrer nos étudiants pour
travailler avec eux le thème de la marche-pèlerinage de la
Pentecôte : « O Marie, aide-nous à dire oui au
Seigneur ». Ce que nous cherchons, c’est une première
réflexion de base qu’ils vont reprendre dans les différents
groupes des paroisses où ils travaillent. En effet, trop souvent,
il n’y a pas de véritable préparation spirituelle au pèlerinage.
Les jeunes, mais aussi les adultes, se laissent prendre par la
préparation matérielle : la recherche de l’argent, de la
nourriture, des tenues, etc…
Les échanges sur le thème
sont très intéressants. Il reste à le faire passer d’une façon
simple, et qu’il soit suivi d’actions concrètes. Nous en ferons
l’évaluation après le pèlerinage.
Dimanche
15 avril : Je retrouve avec joie la communauté
anglophone pour la messe du dimanche. Puis je pars dans une
paroisse pour une formation des équipes liturgiques regroupées de
tout le secteur, sur la dévotion à Marie. J’insiste sur le fait
que la dévotion à Marie ne se limite pas à la prière du
chapelet, mais consiste d’abord à vivre à l’exemple de
Marie dans la situation qui est la nôtre aujourd’hui. Pour
cela, nous nous rappelons les moments forts de la vie de Marie et
les appels que cela nous adresse dans notre propre vie personnelle
et communautaire. Pour voir comment les mettre en pratique dans
notre situation actuelle. La dévotion à Marie est souvent attaquée
par les sectes qui nous entourent, et pose aussi problème à nos
amis protestants. Ils connaissent bien Marie, mais souvent ils
réagissent contre les exagérations ou les déviations de la
dévotion à Marie. Nous réfléchissons ensemble à cette
question.
Tous les jours qui suivent, nous nous consacrons à
l’accueil et aux échanges avec nos confrères venus à
l’Assemblée. Ils attendent les cars ou les avions pour rentrer
dans les différents pays d’où ils sont venus.
Samedi 14 avril : De retour en ville, il faut nous remettre au travail. Nous avons décidé d’approfondir et améliorer nos interventions à la prison. A 15 heures, nous tenons donc une première session de formation à l’écoute. Nous avons invité le responsable du service social de la grande prison de Dakar. Le partage est très intéressant, d’autant plus que la plupart des participants interviennent depuis longtemps d’une façon ou l’autre, en prison. Mais il y a des choses à réfléchir pour mieux répondre aux différents besoins des détenus et de leurs familles. Comme la plupart des participants sont déjà intervenus en prison depuis plusieurs années, nous prenons un long temps pour échanger nos expériences et nos questions. Celui qui anime la rencontre est le responsable social de la plus grande prison de Dakar. Comme il est musulman, nous lui demandons ce que les musulmans font de leur côté dans les prisons. Comme nous, ils viennent animer la prière chaque vendredi. Mais ils viennent aussi visiter les prisonniers. Et ils interviennent spécialement pour recueillir des fonds au moment de la libération des prisonniers pour les aider à rentrer chez eux et préparer leur réinsertion. C’est un appel fort pour nous, pour travailler ensemble.
Dimanche
8 à Vendredi 13 avril : Messe avec la communauté
anglophone. C’est un petit groupe, mais très vivant où
chacun tient à participer à la prière, la réflexion et l’action.
Puis je me prépare pour notre Assemblée Générale. En
effet, chaque 6 ans, nous nous retrouvons entre spiritains de
Mauritanie, Guinée Conakry, Guinée Bissao et Sénégal, avec des
délégués des confrères originaires de notre Province et
travaillant dans le monde entier. Pendant une semaine, nous
réfléchissons à notre façon de travailler et traçons des pistes
d’action. Et au bout de trois ans, comme cette année, nous
évaluons notre action pour approfondir et réorienter si nécessaire
notre façon de travailler. C’est une chose absolument essentielle
pour nous, pas seulement pour réfléchir et écrire des documents,
mais pour partager nos soucis, nos difficultés mais aussi nos joies
entre nous :
Chaque responsable de région présente
l’action menée dans son pays, pour être concret. C’est à
partir des situations concrètes que nous découvrons les appels
que le Christ, mais aussi les hommes, nous adressent, dans une
recherche personnelle, en petits groupes de réflexion et tous
ensemble. A partir de là, nous abordons des points importants :
D’abord, quelle est notre mission actuellement dans la
Société. Comment être de vrais missionnaires. A partir de là,
nous abordons la question des vocations, la nôtre et celles
de ceux qui viennent nous rejoindre. Et la question de la formation
initiale et continue dont nous avons besoin pour rester
opérationnels et adaptés à l’évolution de la société.
Ensuite, nous réfléchissons à notre vie de prière et notre vie
de communauté qui sont les bases de notre engagement et de nos
actions. Enfin, nous passons à nos engagements concrets :
notre participation au développement et au soutien des Droits de
l’Homme, l’action pour la Justice et la Paix, la protection de
la nature et de l’environnement, les relations avec les autres
religions, et beaucoup d’autres choses encore : l’éducation
des jeunes, l’accompagnement des handicapés, des personnes vivant
avec le SIDA, des minorités, enfants de la rue, l’éducation non
formelle : les appels et les pistes d’action ne manquent
pas.
Ce qui est important, c’est d’évaluer ce que nous
faisons, mais aussi de nous rencontrer, de parler ensemble pour nous
former un esprit commun et de nous rappeler aussi bien les
réalités de la société que nos objectifs. Et il y a d’abord la
joie de nous retrouver qui nous permet de travailler dans une bonne
ambiance.
Cette semaine a été très remplie, avec des travaux
jusque tard la nuit, mais cela nous permet de voir plus clair dans
ce que nous avons à faire, et plus décidés à le faire,
réconfortés les uns par les autres. Et nous sommes tristes de nous
séparer, après un tel travail !
Samedi
7 avril 2018 : Nous avons dû échelonner les fêtes de
Pâques. Le samedi 31 Mars, nous étions à la prison des femmes. Le
Lundi 2 avril, à la grande Maison d’Arrêt des hommes. Et
aujourd’hui, au Camp Pénal où les détenues sont venues
rejoindre les hommes pour la messe. J’y ai travaillé pendant deux
ans, mais c’est la première fois que je reviens, au bout de 4
ans. Heureusement, un certain nombre de prisonniers ont été
libérés, mais les plus anciens me reconnaissent et c’est
vraiment une grande joie de nous retrouver. Ils me présentent aux
nouveaux. En attendant le début de la messe, nous avons un bon
moment pour parler ensemble Et lorsque les femmes arrivent,
je vais faire leur connaissance. D’autant plus qu’elles sont en
attente de jugement et un certain nombre viendront à la prison de
Rufisque où je me rends chaque semaine. Je prends le temps aussi de
parler avec le personnel. J’en connais d’ailleurs un certain
nombre
La grand messe est animée par la chorale des étudiants,
avec une excellente participation de tous, car ils ont pris soin de
choisir des chants connus. Au cours de la messe, cinq sont
baptisés, quatre reçoivent la première Communion, et sept la
Confirmation. Ils se sont formés religieusement et se sont préparés
en prison. Des catéchistes viennent les rencontrer chaque semaine
pour cela.
A la fin de la messe, la joie éclate et nous
restons plus d’une heure sur place à chanter et danser
ensemble : détenus hommes et femmes, gardiens et
gardiennes, visiteurs, visiteuses de prison, et invités, sans
aucune distinction. Ensuite, c’est la remise des cadeaux à ceux
et celles qui ont reçu les sacrements, puis les discours de
remerciements. Avant de partager un repas à plus de 350 personnes,
fourni par des amis.
Aujourd’hui, la célébration s’adresse
aux chrétiens, mais des musulmans et musulmanes sont venus
se joindre librement à nous.
Je voudrais revenir dans cette
prison pour assurer l’écoute de ceux qui le désirent,
sans distinction. Je profite donc de l’occasion pour rencontrer le
responsable du service social et obtenir les autorisations
nécessaires. Normalement, cela va se faire sans problème.
Des
prisonniers profitent aussi de l’occasion pour me demander de
téléphoner à leurs familles. Je suis toujours dans
l’admiration devant leur mémoire. On leur a pris leurs documents,
mais ils se souviennent de certains numéros par cœur. Et peu à
peu ils retrouvent d’ autres adresses et numéros qu’ils
notent avec soin. Ils me les passent au fur et à mesure de leurs
besoins et pour communiquer avec leurs familles.
Il y a environ
90 % de musulmans dans le pays, mais à l’entrée de la prison, on
a affiché ces deux phrases du Pape Clément 4 : 1°) Il ne
suffit pas d’effrayer les hommes malhonnêtes par la menace de la
peine. Il faut les rendre honnêtes par l’éducation ». Et,
2°) « Soumettre les individus malhonnêtes au châtiment
est peu de choses, si on ne les rend pas honnêtes par
l’éducation ». Cela m’inspire et m’impressionne
beaucoup.
De nombreux détenus me disent qu’ils écoutent
chaque jour mes commentaires d’Evangile et combien cela les
soutient. Ces confidences m’encouragent à continuer, bien sûr.
Et beaucoup sont heureux de mettre une tête sur la voix qu’ils
entendent à la radio.
Je profite de ce passage pour
jeter un coup d’œil dans la cour où nous avons mis en place
différents ateliers de formation pour préparer la sortie de prison
et la réinsertion dans la société grâce à un métier :
salle d’informatique, électricité, menuiserie, petite mécanique,
sculpture et peinture, tissage, teinture et artisanats divers. De
plus, cela leur permet de se constituer un pécule pour la sortie,
avec une partie de la vente de leurs productions, une autre partie
servant au fonctionnement de la prison. Encore faut-il que les
choses soient claires, ce qui n’est pas toujours le cas !
Cela fait partie de notre engagement.
Jeudi
5 avril : Visite
hebdomadaire à la prison des femmes. A l’occasion de la
Fête de l’Indépendance, certaines ont bénéficié d’une grâce
et ont été libérées. Ce qui me touche beaucoup, c’est que
celles qui restent en prison, au lieu de se lamenter sur leur sort,
se réjouissent fortement et remercient Dieu de la libération
des autres. Alors que la plupart sont des étrangères :
elles ne sont donc pas de la même culture ou religion et ne parlent
pas la même langue.
J’accueille comme d’habitude celles
qui veulent me rencontrer pour parler, prendre en charge leurs
besoins primaires : médicaments, piles et écouteurs de
radio, lunettes. J’ai apporté du savon, et du café, donnés par
des gens qui soutiennent mon action. Je repars avec un certain
nombre de commandes et des appareils à réparer. Beaucoup m’ont
laissé des n° de téléphone pour donner des nouvelles à leurs
familles, ou en demander, un peu partout dans le monde. On me
demande aussi de faire de démarches auprès des ambassades pour le
soutien ou le rapatriement ou pour d’autres formalités auprès de
l’administration pénitentiaire. Il va falloir que je trouve le
temps mais aussi les moyens pour cela.
Toutes ces rencontres se
passent, comme le veut le règlement, en présence d’une
gardienne, mais en de nombreuses langues : français,
anglais, espagnol et portugais, mais aussi en créole, lari et
lingala (Congo), kissi, bambara, baga et soussou (Guinée). J’ai
la chance d’avoir travaillé dans ces différents pays et d’en
avoir appris les langues, ce qui facilite bien les choses et permet
des partages plus personnels, plus discrets et plus
approfondis.
Aujourd’hui nos rencontres se passent au milieu
d’un grand remue-ménage. En effet, une délégation de
gardiennes qui devaient défiler est venue dormir à la prison. Ce
sont même les détenues qui les ont tressées, car il y a un
atelier de formation à la coiffure dans la prison.
Maintenant, il faut tout ranger balayer. Pendant ce temps, d’autres
sont à la cuisine, certaines font de la couture et de la broderie.
Celles qui connaissent le métier forment les nouvelles. Elles
essaient ensuite de vendre leur production pour se faire un petit
pécule. Il y a aussi de la culture de légumes sur tables et
différentes autres productions. Chacune essaie de se débrouiller
comme elle peut.
Après la prison, je pars rencontrer le
nouveau responsable diocésain de Justice et Paix qui vient d’être
nommé. Nous voyons ensemble comment lancer la Commission.
Le
soir, rencontre de la Communauté anglophone, comme d’habitude.
Après les fêtes, les activités reprennent. Mais avant cela,
j’accueille des nouveaux venus pour notre Assemblée Générale.
Mercredi
4 avril : Aujourd’hui, c’est la Fête de
l’Indépendance du Sénégal : 58ème
anniversaire. Il y aura des élections présidentielles l’année
prochaine, aussi le Président a voulu faire les choses en grand.
D’autant plus que le pays est en pleine ébullition. Grèves
des enseignants dans la Santé et la Justice. Ce n’est pas facile
de relever un pays, mais la population accepte de moins en moins les
conditions de vie difficiles. Surtout que chaque jour on annonce des
aides et des emprunts qu’il faudra bien rembourser. Cet
endettement inquiète de nombreuses personnes car cela pèsera sur
nos enfants. Au défilé, plus de 3 000 civils, surtout des
jeunes, et près de 2 000 militaires avec beaucoup d’armes et
de matériels nouveaux…. et des promesses de l’augmenter encore.
Il est vrai que le Sénégal est entouré de pays où ont eu lieu
des attentats, même s’il en a été préservé jusqu’à
maintenant. C’est pourquoi il est beaucoup aidé par les pays
occidentaux en armes et aussi en moyens de surveillance pour la
sécurité du pays, mais aussi de l’Europe et des Etats Unis. Les
militaires sénégalais participent à de nombreuses interventions
de la CEDEAO (Afrique de l’Ouest), de l’Union Africaine et des
Nations Unies, et ces interventions sont mises en valeur cette
année. Mais cette militarisation du pays , même si elle
flatte l’honneur national de la plupart des habitants, inquiète
quand même certains. En particulier à cause de toutes les dépenses
qu’elle entraîne, alors qu’il y a d’autres besoins essentiels
qu’il faut satisfaire.
Plusieurs personnes profitent de cette
journée libre pour venir me voir. En particulier, un administrateur
qui veut être religieux missionnaire spiritain, après 5 années de
travail, et un médecin ivoirien venu faire une spécialisation en
cardiologie dans l’hôpital où j’interviens.
Notre maison
se remplit avec tous les confrères venus de différents pays pour
notre Assemblée Générale, où nous allons évaluer les trois
années passées de travail et tracer des orientations pour les
trois années qui viennent. Cela nous permet des rencontres
fraternelles et des partages très intéressants.
Mardi 3 avril : Nous nous retrouvons un groupe d’éducateurs au CAEDHU pour continuer le travail de refonte de notre jeu sur les Droits de l’Homme et la Convention Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Les choses avancent doucement, car c’est un travail de longue haleine.
Lundi 2 avril : Jour de congé. Il y a beaucoup de possibilités : sortie des religieux/ses, visites familiales, rencontre de la Communauté anglophone, repas offert à la grande prison de Rebeuss… et tout le travail de composition et correction de documents que j’ai en cours. Je vais devoir choisir. Finalement, je reste pour accueillir les confrères qui viennent de différents pays pour la session sur les Droits de l’Homme et les Projets de Développement, qui commence aujourd’hui, et pour notre Assemblée Générale qui commencera dimanche.
Dimanche
1er avril : Je
vais à la grand’ Messe dans le quartier de YOFF où j’ai
travaillé à mon retour de Guinée. A la sortie, j’ai la joie de
rencontrer de nombreux amis. Mais je ne peux pas rester longtemps
car on m’a demandé d’animer l’émission de Pâques à
la radio locale. Je le fais avec joie, heureux de retrouver les
techniciens que je n’ai pas vus depuis 7 - 8 ans. Au cours de
l’émission, comme chaque dimanche, un imam est intervenu pour
donner son point de vue sur l’Evangile du jour.
A la fin de
l’émission, la directrice, musulmane, nous invite à un pot pour
fêter la Pâque. Sur le chemin du retour, je prends le temps de
saluer plusieurs amis. Je suis en vélo, je peux donc faire
facilement les détours nécessaires pour cela.
Après un petit
temps de repos, je ressors pour aller visiter la Chef du Service de
neurologie de notre hôpital. C’est important pour moi de
connaître leurs familles et là où ils habitent. En même temps,
je visite une femme qui vient d’accoucher par césarienne. Mon
passage ici dure longtemps car on me demande d’aller prier avec
une voisine qui a une fin de grossesse difficile. Puis on me conduit
chez la grande sœur où toute la famille s’est réunie. Je
retrouve plusieurs neveux/nièces et petits enfants que j’ai
formés autrefois, avant de partir en Guinée. La rencontre dure
longtemps. Heureusement, un des jeunes me ramène en voiture et au
passage nous mettons mon vélo dans le coffre. Je l’avais laissé
à mi-route dans une maison amie pour prendre un car, la route était
longue et en ce moment il fait frais et il y a beaucoup de vent. Ce
n’est pas facile de pédaler avec le vent en face, et rentrer de
nuit c’est dangereux.
Samedi
31 Mars : Nous continuons la préparation de notre
Assemblée Générale. Je travaille à d’autres documents en
cours. C’est mon anniversaire. Je reçois plusieurs centaines de
messages sur Face Book.
La nuit, Veillée de Pâques.
Vendredi 30 Mars : Vendredi-Saint. Nous avons un grand Chemin de Croix solennel dans la cour de l’hôpital et continuons la cérémonie dans la Chapelle. Les gens sont venus très nombreux et la plupart son debout dehors. Ensuite, je rencontre plusieurs membres des groupes de prière qui viennent visiter les malades sans distinction à l’hôpital. Puis, avec les agents de santé chrétiens, nous prévoyons les activités du prochain trimestre. Il ne me reste plus beaucoup de temps pour visiter les malades.
Jeudi 29 Mars : J’ai donné rendez-vous aujourd’hui à un certain nombre de personnes que j’accueille au fur et à mesure, chacun avec ses besoins ; des malades, des pauvres, des étudiants, des réfugiés. En particulier qui arrivent de Guinée en tentant leur chance, sans papier et sans connaître personne. Ils sont nombreux dans ce cas.
Mercredi
28 Mars : J’anime une journée de réflexion et de prière
avec des religieuses, pour réfléchir à nos différentes
appartenances et comment nous y engager : appartenance à notre
famille, à la société, à l’Eglise, et à notre communauté
religieuse. Et comment équilibrer ces différentes appartenances.
L’après-midi et la nuit : confessions de Pâques, avec
les enfants, les prisonniers et les paroissiens.
Mardi
27 Mars : Mardi Saint, l’Evêque convoque tous les
prêtres du diocèse pour donner un certain nombre d’informations,
réfléchir à plusieurs questions et évaluer le travail de
l’année. Mais je dois vite quitter la rencontre car on m’appelle
à l’hôpital pour un enfant très faible qui vient
d’arriver et qu’on a mis en réanimation. Je dois attendre un
bon moment pendant que les médecins s’occupent de lui avec sa
mère et sa grand-mère musulmanes. J’apprends ensuite que je
connais bien son père, mais il est au travail.
L’après-midi,
avec un confrère, nous commençons à préparer la réflexion pour
notre prochaine Assemblée générale sur les questions de
Justice, de Paix et Réconciliation et du Respect de la Création
(Ecologie Environnement). Nous allons tenir plusieurs séances de
travail pour cela, car c’est une question délicate qu’il faut
bien préparer. Nous tenons cette assemblée tous les trois ans pour
évaluer le travail accompli, choisir s’il le faut des nouvelles
orientations et façons de faire, et en même temps choisir nos
nouveaux responsables.
Le soir, nous nous retrouvons autour de
notre Evêque pour la Messe chrismale où nous bénissons les huiles
qui seront utilisées pour donner les Sacrements, en particulier le
Sacrement des Malades.
Lundi 26 Mars : Nous nous retrouvons au CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Il y a plus de 25 ans, nous avions composé un certain nombre de jeux pédagogiques pour l’éducation des enfants, des jeunes, et des adultes aux droits de l’homme. Mais, depuis, de nouveaux problèmes se sont posés et une approche nouvelle s’est faite sur la Mondialisation, le Commerce international, le terrorisme, la traite des personnes et les nouvelles formes d’esclavage et de pauvreté, une nouvelle compréhension de l’écologie et de la nécessité de respecter notre environnement, et tant d’autres choses. C’est pourquoi nous avons senti la nécessité d’actualiser ces jeux et même de les refaire. De plus, nous avons constaté que la Charte Africaine des Droits Humains et des Peuples est mal connue et donc mal appliquée. Nous voulons donc intégrer cette Charte dans nos jeux, en proposant à tous et à chacun, enfants, jeunes et adultes, des moyens de la mettre en pratique : réflexions, enquêtes, théâtre, dessins, danses, jeux, émissions…. et actions concrètes à mener bien sûr en famille, à l’école ou au travail, dans le quartier et partout. Nous travaillons toute la journée à choisir les articles de ces deux documents importants, en cherchant à les intégrer au jeu. Nous prévoyons une nouvelle journée de travail la semaine prochaine pour le choix des dessins et les différents questionnaires à préparer, en nous répartissant les choses, car c’est vraiment un gros travail.
Dimanche
25 Mars : Fête des Rameaux. A midi, je suis invité chez
une amie de longue date avec qui nous avons lancé une association
d’éducation aux Droits Humains. Cela est l’occasion
de retrouver de nombreux amis venus lui souhaiter son
anniversaire. Nous associons à la fête tous ceux qui portent le
même prénom pour partager notre joie.
Nous
accueillons deux confrères, venus animer une session sur les Droits
de l’Homme et le Développement intégral. L’un travaille
auprès de l’ONU à Genève et l’autre auprès de l’Union
Européenne à Bruxelles. Ils connaissent les réalités
sénégalaises car ils ont travaillé de nombreuses années dans le
pays. La session qui s’adresse à nos étudiants est ouverte à
toutes les personnes intéressées.
Le soir, comme chaque mois
le dimanche, nous nous retrouvons les sept communautés religieuses
de notre paroisse pour prier ensemble. C’est important pour
nous d’assurer ainsi une prière commune pour notre ville. C’est
en même temps important de nous retrouver pour un temps de partage
et d’amitié.
Samedi 24 Mars : Je vais à cette prison des hommes pour la prière des Rameaux anticipée. La messe est très animée et très priante. Une équipe de laïcs m’a accompagné. Ils prennent le temps de parler avec les détenus après la prière, ce qui est un grand encouragement pour tous. Comme à chaque fois, nous avons une prière spéciale pour ceux qui vont être jugés la semaine prochaine, pour qu’ils vivent ce jugement dans la paix et la vérité. Et qu’ils aient le courage d’accepter la sentence.
Vendredi
23 Mars : Rencontre des jeunes filles d’un Centre
social. Avec elles nous parlons de l’argent. Je suis à peu
près le même programme dans les différents Centres où je vais,
tout en m’adaptant aux questions posées et en suscitant leurs
interventions personnelles.
Ensuite, je passe dans une
Librairie où j’ai déposé mes livres en vente. Je vais
doucement, car en route un enfant a traversé la chaussée en
courant, devant moi. J’ai réussi à l’éviter de justesse, mais
du coup j’ai cassé mes freins. Je rentre donc doucement, en
faisant très attention, mais sans problème.
A mon retour, je
prépare 350 kilos de riz et 50 litres d’huile, pour le repas de
Pâques des détenus de la prison de Dakar. Ils sont plus de 2.000.
Jeudi
22 Mars : Vendredi dernier, la nuit, nous étions en
réunion pour dépouiller les votes en vue de l’élection de notre
Supérieur de région. J’avais donc fermé mon téléphone. A la
fin de la réunion, je découvre un message m’annonçant la
libération de dix détenues et me demandant de les
accueillir au moins pour la nuit. C’est évidemment trop tard
maintenant pour faire quelque chose, d’autant plus que la prison
est à plus de 30 km. Il y a là un grave problème. On libère les
gens d’un seul coup, sans les préparer. Au dernier moment et à
l’improviste on les fait sortir de prison sans prévenir leur
famille, et sans aucun soutien : ni nourriture, ni transport,
ni aucun moyen pour vivre. Ce qui fait que beaucoup « se
débrouillent » et retombent dans le vol et la délinquance ;
au bout d’une semaine, ils se retrouvent en prison. La situation
est spécialement difficile aujourd’hui car ces femmes viennent
d’Afrique du Sud, Nigéria, Guinée Bissao, Portugal et Hollande.
Elles n’ont pas de famille sur place, ne connaissent personne,
sauf l’une ou l’autre ancienne détenue sénégalaise mais dont
souvent elles n’ont ni l’adresse, ni le n° de téléphone, et
elles ne parlent pas ouolof la langue locale. En arrivant à la
prison ce matin, j’en reparle avec la directrice mais elle me dit
qu’on ne peut pas annoncer les sorties à l’avance. Je vais donc
voir la question avec l’Observatoire des Personnes Privées de
Liberté pour étudier sérieusement le problème.
Bien sûr,
je suis très heureux de la libération de ces femmes que j’ai
rencontrées pour certaines régulièrement depuis mon retour de
Guinée, en 2011, tout en étant un peu triste de ne plus jamais les
revoir, malgré les liens d’amitié profonds que nous avons tissés
ensemble. Ce qui me frappe, c’est l’attitude très positive des
détenues. Elles ne regrettent pas de ne pas avoir été libérées
elles aussi, elles se réjouissent de tout cœur de cette
libération, tout en espérant que ce sera bientôt leur tour.
En
attendant, je continue à recevoir celles qui le désirent, comme
d’habitude, chacune avec son problème. Elles sont plus nombreuses
que d’habitude, sans doute parce que cette libération de leurs
amies a augmenté leur frustration et leurs souffrances. Faute de
leur redonner de l’espoir, j’essaie au moins de leur redonner un
peu de courage.
Plusieurs musulmanes se rappellent que
la semaine prochaine nous finirons notre Carême et célébrerons la
fête de Pâques ; elles m’assurent qu’elles vont prier
pour nous. Ce que j’accueille avec joie.
Je rentre en car,
surchargé comme d’habitude surtout à cette heure de midi, en
étant bien chargé moi-même car une détenue sud-africaine m’a
laissé tout un stock de livres en anglais pour les hommes
anglophones de la grande prison de la ville.
Le soir, rencontre
de la communauté anglophone.
Mercredi
21 Mars : Au Centre social, cette semaine nous
réfléchissons à la vie en famille. Les problèmes ne manquent
pas, surtout pour des jeunes filles pas toujours écoutées ni même
respectées par les hommes de la famille, même leurs petits
frères.
Le soir, je suis invité par les Frères de Taizé
à présider une messe pour la paix. Nous nous connaissons depuis
longtemps et nous avons eu l’occasion de travailler ensemble pour
les prisonniers, les enfants dans la rue et les jeunes en difficulté
en général.
Notre communauté est située sur la paroisse de
St Joseph de Médina. Entre les deux fêtes de St Joseph, le
19 Mars et le 1er mai, on apporte sa statue dans les
différentes communautés et familles. C’est l’occasion non
seulement d’un temps de prière mais aussi d’une réflexion sur
la vie de famille, et souvent une occasion de se réconcilier et de
régler de nombreux problèmes. Nous l’accueillons chez nous
pendant 24 heures.
Mardi
20 Mars : Nous tenons notre réunion de Communauté.
Celle-ci s’est élargie avec l’arrivée d’un confrère
prêtre du KENYA, et trois étudiants Cap-Verdiens venus étudier le
français à l’Université. Nous avons aussi accueilli un jeune de
Guinée Bissao qui a des problèmes de santé. Nous étions déjà
deux sénégalais prêtres, un frère gabonais et moi-même. Nous
sommes donc très différents d’âges, de cultures, de formation
et d’expérience de vie, ayant tous travaillé dans différents
pays du monde entier. C’est une grande richesse. Mais il faut
organiser notre vie communautaire et nos activités diverses pour
une meilleure entente et complémentarité. Nous prenons le temps
nécessaire pour cela.
Puis je vais rencontrer le Vicaire
général (l’adjoint de l’évêque) au sujet des prisons.
Nous préparons une fête de Pâques avec prière et repas offert
dans les différentes prisons de la ville. Nous revoyons et
complétons la liste des visiteurs de prison pour avoir
l’autorisation d’intervenir de l’Administration pénitentiaire.
Ensuite, nous décidons de mettre en place une formation à
l’écoute, qui permettra de rencontrer personnellement les
détenu(e)s qui le désirent. J’espère que les choses vont enfin
pouvoir démarrer.
L’après-midi, j’accueille un certain
nombre de personnes qui me l’ont demandé, tout en répondant aux
nombreux appels téléphoniques. Je reçois des étudiants, une
religieuse et des séminaristes, une travailleuse guinéenne et un
médecin ivoirien venu faire une spécialisation et qui voudrait
être baptisé. Il faut s’adapter à chaque personne et situation,
mais ce n’est pas toujours facile. Je reprends tout cela la nuit
dans la prière. Après être allé participer à la confession
de Pâques à la Paroisse Universitaire. De nombreux messages
m’attendent dans ma boîte mails et sur Internet… ils vont
encore attendre. Il me faut trouver un créneau pour envoyer mes
émissions quotidiennes à la Radio.
Lundi 19 mai : Des confrères m’ont demandé d’animer une journée de prière sur le thème : Nous réconcilier avec Dieu et nous réconcilier entre frères. Je commence par voir comment nous réconcilier et être en paix avec nous-mêmes, grâce à Dieu et l’aide de nos frères, avant de voir comment être acteurs de réconciliation dans la société. Le soir, je travaille un document sur ce thème.
Dimanche 18 Mars : Je passe la journée avec un groupe de femmes. Elles ont lancé une association pour leur permettre de faire vivre leurs familles. Elles préparent des repas, fabriquent du savon artisanal, font de la couture, de la teinture, de la broderie et du tissage. Elles transforment les produits locaux pour une meilleure conservation du mil, du et de fruits : fabrique de sirops, de confitures, à partir des produits locaux. Nous réfléchissons pour voir comment améliorer leurs activités et la marche de leur association. Une belle journée.
Samedi
17 Mars : Aujourd’hui, le responsable me demande d’aller
dire la messe dans la plus grande prison de Dakar : plus
de 1 000 détenus. Il n’y a pas de problèmes car les
prisonniers sont organisés et il y a une bonne équipe de laïcs
qui viennent chaque samedi. D’habitude, la messe est dite en
français, la langue officielle mais que peu de personnes
comprennent. Comme je le fais à la prison des femmes, je préfère
diriger la prière en ouolof, la langue populaire, en anglais et en
espagnol, pour que la majorité des personnes puissent comprendre et
participer. Mais je ne voudrais pas me limiter seulement à la
messe, ni aux seuls chrétiens, mais plutôt accueillir sans
distinction tous ceux qui le désirent, et aborder avec tous les
différents aspects de leur vie en prison, leur soutien et leur
formation, sans oublier de préparer leur sortie et le retour en
famille, comme je le fais avec les femmes. Il va falloir réfléchir
sérieusement à la question.
L’après-midi, j’accueille
un certain nombre de personnes qui me l’ont demandé.
Vendredi
16 Mars : Rencontre dans un deuxième Centre social. Avec
elles, nous abordons la question du travail et des droits des
jeunes travailleuses, qui sont souvent exploitées, en
particulier les employées de maison . On a bien voté des lois,
mais, comme très souvent, elles ne sont pas respectées. A ce
sujet, nous avons une longue discussion très animée en
communauté : A quoi cela sert-il de leur enseigner leurs
droits ? N’est-ce pas les faire souffrir inutilement puisque
de toutes façons elles devront accepter les conditions qui leur
seront faites, ou sinon se retrouver au chômage et sans aucun moyen
de vivre. Bien sûr, je ne suis pas d’accord avec cela.
Après
la rencontre, je profite d’être venu dans le quartier pour passer
dans la paroisse du secteur, voir mon dépôt de livres en vente,
l’amie qui saisit mes documents, une responsable de Jardin
d’enfants, et une visiteuse de prison avec qui je travaille.
J’arrive juste à temps pour le Chemin de Croix à l’hôpital :
c’est le Carême.
Après la messe, nous tenons une rencontre
du personnel chrétien de la santé, avec le responsable de
la paroisse et le responsable des aumôneries pour le diocèse. Nous
présentons notre nouveau Bureau et faisons la passation de service,
puis nous voyons comment nous organiser et quelles activités
nouvelles lancer. Cela nous donne une base solide et une orientation
claire pour agir.
A la suite, je vais rencontrer les malades
qui m’ont été signalés : un moine et un prêtre, âgés,
qui viennent d’être opérés à l’Hôpital de l’Ordre de
Malte ; les enfants de l’Hôpital des enfants, le Centre de
soin des personnes vivant avec le sida et victimes de la drogue. Je
passe ensuite dans les différents services, veillant à ne pas me
limiter aux malades chrétiens mais en saluant et en parlant avec
tous et avec leurs parents venus les visiter. D’ailleurs, beaucoup
de musulmans me demandent aussi de prier pour eux. Ce que je
fais volontiers.
Jeudi
15 Mars : Comme chaque jeudi, toute la matinée :
visite à la prison. Trois heures pour revenir, au moment
des bouchons de midi. Le soir, rencontre de la communauté de
quartier des anglophones. C’est une communauté que nous
mettons en place, car jusqu’à maintenant ils n’avaient que la
messe du dimanche, ce qui est important mais insuffisant pour une
vraie vie chrétienne. Après un temps de prière, chacun donne des
nouvelles de son pays et de sa vie ici : ce n’est pas
facile de vivre dans un pays étranger, surtout quand on ne comprend
pas le français et surtout le ouolof, la langue populaire. Puis
nous partageons l’évangile du dimanche suivant, où chacun peut
s’exprimer, ce qui est d’une grande richesse. Ensuite, nous
passons aux problèmes rencontrés et aux questions diverses
qui ne manquent pas. Avant de terminer par une prière spontanée
où chacun peut s’exprimer.
Aujourd’hui, il y avait des
matchs de la Coupe d’Europe à la télévision ; malgré
tout, ils sont venus nombreux, ce qui est encourageant.
Mercredi 14 Mars : Les activités reprennent. A midi, je vais au Centre social des jeunes filles de Ouakam. C’est la fin de la matinée, elles sont fatiguées, mais ça se passe bien car elles sont intéressées. Aujourd’hui, nous parlons de l’argent : comment le gagner et comment l’utiliser ? La discussion est très animée car elle touche un point essentiel dans un pays marqué par la pauvreté.
Mardi
13 Mars : Après cette absence, il y a beaucoup de choses à
remettre en route. Je reçois un étudiant qui prépare une maîtrise
sur la formation et l’éducation des jeunes. Il vient consulter
nos archives pour voir ce que les anciens ont fait dans ce
domaine.
La nuit, la voiture en panne arrive enfin après un
long remorquage et une entrée dans la ville de Dakar très
difficile à l’heure des bouchons.
Lundi
12 Mars : De nombreux messages m’attendent sur Internet
après trois jours d’absence. Mais au moment de m’y mettre, on
m’annonce au téléphone le décès d’une malade que j’ai
visitée la semaine dernière. Je pars aussitôt à la morgue car
les parents veulent ramener son corps dans son village en Guinée
Bissao. C’est ce qui se fait la plupart du temps malgré toutes
les difficultés d’un long voyage, surtout pour aller dans un
autre pays, mais les gens tiennent à ce que les morts reposent
auprès de leurs parents et de leurs ancêtres.
A mon retour,
je trouve un de nos responsables venu partager le repas avec nous,
de même qu’un de nos diacres qui vient de Guinée Bissao
et se prépare à aller servir en Guinée Conakry. A la fin du
repas, notre confrère en panne arrive, mais il va falloir trouver
le moyen de remorquer la voiture sur plus de 150 kilomètres.
Dimanche
11 Mars : Après le petit déjeuner, je pars tôt au
gymnase où va avoir lieu la messe (la Cathédrale, vieille de près
de 200 ans elle aussi, est en pleine restauration). Cela me donne le
temps de parler avec les gens au fur et à mesure de leur
arrivée, ce qui nous fait très plaisir.
Je prends le repas à
côté de la 1ère Adjointe au Maire avec qui nous avons
travaillé, autrefois, à l’éducation des jeunes. Nous avons
beaucoup à partager sur nos engagements progressifs et
actuels.
Nous partons rapidement après le repas, car Dakar est
à 300 km et la route n’est pas très bonne. Nous voulons
remorquer la voiture en panne que nous avons laissée dans un
village, mais nous tombons à nouveau en panne avec
cette 2ème voiture ! Il faut dire que faute de
moyens, nous achetons de vieilles voitures d’occasion et malgré
un minimum d’entretien nous avons énormément de problèmes. Les
amis qui rentrent à Dakar nous prennent un par un, pendant que deux
attendent un mécanicien pour réparer la 2ème voiture.
Et la 1ère, il faudra venir la chercher ou trouver un
autre moyen pour la remorquer.
Nous arrivons à Dakar, bien
fatigués. Pourtant, il faut bien continuer les activités.
Vendredi
9 Mars : Rencontre dans le Centre de formation de jeunes
filles que je viens de reprendre : une centaine, à majorité
musulmane. Après une introduction à la sexualité aujourd’hui
nous préparons aussi avec elles le thème des JMJ, mais bien sûr à
un autre niveau et d’une manière adaptée à leurs conditions de
vie, sur le thème « Marie, sois sans crainte, tu as trouvé
grâces auprès de Dieu » que je traduis par :
« N’aie pas peur, Marie, Dieu t’a bénie ».
On parle beaucoup de Marie dans le Coran également et le partage
entre elles est très riche, animé et intéressant. Nous prenons
les trois questions : 1. Quelles sont nos peurs ? Que
faire ? 2. Pourquoi Marie a-t-elle trouvé grâces auprès de
Dieu ? 3. Que faire nous-mêmes pour trouver grâces auprès
de Dieu ?
Comme je suis dans le quartier, j’en profite
pour faire quelques visites : A mon ancienne paroisse où
je rencontre nombre d’amis ; puis une librairie, point de
vente de mes livres ; une amie qui saisit un certain nombre de
mes documents ; une visiteuse de prison et deux personnes qui
ont un projet économique à mettre en place. Je les reverrai la
semaine prochaine.
A midi, je reçois un responsable
d’association alsacienne qui soutient un village rural, au
nord du pays. Il rentre en France, après plus d’un mois de séjour
sur place. Ensuite, je dirige le Chemin de Croix, puis nous partons
pour Saint-Louis, au nord du pays, avec les trois autres confrères
prêtres de la communauté. En effet, les religieuses de St Joseph
de Cluny fêtent le 200ème anniversaire
de l’arrivée des Sœurs d’Anne-Marie Javouhey à Saint Louis.
Elles nous ont invités car nous travaillons ensemble et j’ai vécu
moi-même 16 ans dans cette ville ; je n’y suis pas retourné
depuis 1996, malgré toutes les invitations qui m’ont été
adressées. Je me décide donc à partir.
En route, à
mi-distance, nous tombons en panne : la courroie du
moteur se casse. Nous sommes en pleine brousse. Nous marchons
jusqu’au village suivant. Là, un habitant appelle un mécanicien
de la ville voisine. Le téléphone portable, c’est quand même
une belle invention ! Le mécanicien arrive, mais il ne peut
que constater les dégâts. Nous décidons de continuer en stop.
Nous avons de la chance : on nous prend malgré la nuit, et
nous arrivons à 1 heure du matin.
Le lendemain, nous
participons aux différentes activités : Ouverture,
exposition des cours, concert, théâtre, et la nuit défilé de
chars (fanals). Mais je m’échappe plusieurs fois, et je suis
arrêté de nombreuses fois par des gens qui me reconnaissent et me
rappellent ce que nous avons vécu ensemble. Après avoir rencontré
avec joie plusieurs amis, je partage le repas chez un professeur
d’Histoire-Géographie avec qui nous avions lancé une section
d’Amnesty International. Aujourd’hui, nous voyons
ensemble comment lancer une réflexion et des actions pour les
migrants : articles de journaux, émissions radio et télé,
Face Book, etc… Il descendra à Dakar pour que nous puissions
continuer le travail et je lui donne déjà quelques adresses et
contacts intéressants.
Le soir, je passe à une rencontre de
sages-femmes. J’en connais encore un certain nombre que
j’ai formées autrefois à la régulation des naissances, à la
lutte contre le SIDA, et à l’éducation des jeunes. Puis je vais
dîner chez un couple dont j’ai béni le mariage, il y a 30 ans.
Jeudi
8 Mars : Visite à la prison. Aujourd’hui est la Journée
Internationale de la Femme. A mon arrivée, je les trouve en
train de bien s’habiller et de se maquiller. C’est important
pour qu’elles gardent le sens de leur dignité et le respect
les unes des autres. J’ai eu la chance d’obtenir une bonne
quantité de dons à cette occasion (sacs de riz, nourritures
diverses et produits d’hygiène en grande quantité). Le
mini-car du séminaire est plein, et nous en sommes très très
heureux. Je rencontre personnellement comme d’habitude celles qui
le demandent et qui ont souvent besoin de différentes choses que
nous chercherons à satisfaire. J’avais amené des batteries et
des écouteurs pour leur radio, et acheté des torches, mais ils ne
suffisent pas. Quand elles voient quelque chose que j’apporte à
l’une d’entre elles, tout le monde en demande, mais je ne peux
pas satisfaire tout le monde ! C’est aussi le cas pour les
médicaments et les lunettes qui sont très demandés.
La
journée se continue par une conférence sur les droits des femmes,
un bon repas de fête, et ensuite la musique, chants, danses et
théâtre. Mais je dois les laisser, car j’ai trois heures de
route pour rentrer, et cette nuit j’ai la rencontre de la
Communauté anglophone. Nous mettons la communauté en place.
Ils ont maintenant la messe chaque dimanche, et des jours de prière.
Nous voulons maintenant organiser des réunions chaque semaine dans
le quartier. Nous mettons au point notre programme de réunion :
d ’abord 1°) nous donner les nouvelles du quartier ou de nos
différents pays ; 2°) partage de la Parole de Dieu. Nous nous
mettons d’accord sur une façon de faire, pour cela ; 3°)
partage de notre vie, sous ses différents aspects : le
travail, l’argent, les relations, l’intégration, etc… les
problèmes ne manquent pas.
Pour une première réunion, ça se
passe très bien et les gens s’y mettent de bon cœur. Pour ma
part, j’ai encore un peu de peine à comprendre certains accents.
Mercredi 7 Mars : Le matin, rencontre avec les jeunes filles du Centre de formation, comme chaque semaine. Puis je vais manger avec nos étudiants en philosophie. Après le repas, nous tenons une rencontre, comme avec ceux de l’autre séminaire samedi dernier, pour leur permettre de préparer et d’animer les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), rassemblement qui se tient cette année dans chacun des diocèses du pays.
Mardi
6 Mars : Le matin, visite des malades à l’Hôpital,
suivie d’une rencontre d’évaluation du travail avec l’équipe
de l’aumônerie.
A midi, nous recevons une nièce d’un
confrère dont je connais la famille depuis longtemps. Elle vient de
terminer son contrat avec l’ONU « Action Contre la
Faim ». nous
partageons ses différentes activités, ce qui nous intéresse
beaucoup. Notre communauté est une maison d’accueil et de passage
et nous avons la chance de partager la vie et les engagements de
personnes très diverses.
Actuellement, nous avons dans la
maison une responsable de la section d’Amnesty International
du TCHAD. Nous connaissons bien la situation difficile du pays,
ayant soutenu plusieurs prisonniers d’opinion au Tchad. Nous avons
aussi accueilli plusieurs victimes de la dictature lors du procès
d’Hissein Habre qui a eu lieu à Dakar l’année
dernière.
L’après-midi, je vais acheter un certain nombre
de choses que les détenues m’ont demandées, en vue de ma visite
de demain à la prison des femmes de RUFISQUE.
La nuit, comme
chaque soir, je réponds au courrier sur Internet et Face Book. J’ai
aussi un certain nombre de documents à rédiger et à corriger,
mais c’est trop tard, il est plus que minuit. Ce sera pour une
autre fois… dès que j’aurai un moment.
Lundi
5 Mars : Réunion du secteur (doyenné). Après avoir fait
le tour de nos activités, nous réfléchissons spécialement à nos
relations avec nos travailleurs et les autres laïcs, et aux
ressources humaines en général. C’est une question
importante pour respecter davantage les personnes, leurs droits,
mais aussi leur dignité.
A 17 heures, je pars à notre
séminaire pour rencontrer nos étudiants un par un et faire
le point de leurs différents engagements. C’est important pour
les préparer au travail missionnaire qui les attend et ne se limite
pas à leurs seules études. Ils sont engagés non seulement dans
différentes paroisses, mais aussi dans différents secteurs, comme
les prisons, les hôpitaux, les centres sociaux, les enfants dans la
rue, l’accueil et le soutien des réfugiés et migrants,
l’aumônerie de marins (Dakar est un grand Port et de nombreux
navires y accostent) avec tous les problèmes des marins qui sont
souvent exploités. Cela fait une grande richesse qu’ils peuvent
partager en communauté, pour la joie et l’encouragement de tous.
Dimanche
4 Mars : Nouvelle récollection, cette fois-ci avec
une Association de femmes. Elles m’ont proposé de réfléchir au
mariage, en ouolof, la langue populaire, pour que toutes
puissent s’exprimer plus facilement. Nous avons un partage très
intéressant tout au long de la journée. Elles ont beaucoup de
choses à dire, et aussi beaucoup de problèmes et beaucoup de
souffrances dans les familles.
A mon retour, je rencontre le
responsable des Editions l’Harmattan qui doit publier un de
mes prochains livres. Il profite d’un voyage à Dakar pour me
contacter, car, du fait de nos différentes activités, nous ne nous
sommes pas revus depuis 1966 ! Autant dire que nous sommes
vraiment très heureux de nous rencontrer… et que nous avons
beaucoup de choses à partager !
Samedi
3 Mars 2018 : Ce matin, je rencontre nos étudiants en
théologie, futurs missionnaires. Ils sont d’une dizaine de
nationalités différentes. Nous nous retrouvons pour une journée
de prière et de réflexion. C’est difficile de trouver un temps
libre vu la densité de leurs études, aussi nous avons beaucoup de
questions à aborder. Nous commençons par travailler le Message
de Carême du Pape François, qui est très percutant. Mais il
nous reste à le comprendre et à voir comment le vivre dans notre
culture, nos réalités sénégalaises et notre situation de vie.
Ensuite, nous tirons les conclusions de notre session sur « Justice,
Paix et Respect de la Création ». Après l’évaluation,
il nous faut passer à l’action.
L’après-midi, nous
préparons les prochaines JMJ (Journées Mondiales de la
Jeunesse) : nous en étudions d’abord le thème « Ne
crains pas Marie, car tu as trouvé grâces auprès de Dieu ».
Ensuite, nous cherchons comment ils vont pouvoir former les groupes
de jeunes dont ils ont la responsabilité pour les préparer à
cette rencontre très importante, en préparation du synode
pour les jeunes qui va se tenir à Rome et pour lequel nous
cherchons la participation la plus grande possible des jeunes de
partout. Après un temps de réflexion et de prière personnelle et
de partage en petits groupes, nous terminons cette belle journée
par la messe.
Le soir, nous continuons notre partage avec le
délégué à la Coopération Catholique, sur les actions
possibles et les moyens de préparer les volontaires à leur travail
et à leurs responsabilités.
Vendredi
2 mars : Le matin, je reprends mes interventions
dans un Centre de formation de jeunes filles. J’ai réussi
à obtenir le changement du rendez-vous, car l’heure à laquelle
j’intervenais l’an dernier (de 12 à 13 heures) ne convient plus
puisque je suis maintenant à l’Hôpital. Je viendrai ici, au
Centre de formation, à 8 heures. J’en suis très heureux même si
c’est un peu tôt pour moi ! Nous nous retrouvons avec
joie car pour les plus anciennes nous nous connaissons depuis
longtemps.
A la fin de notre rencontre, je peux donc partir
tranquillement à l’Hôpital, d’abord pour le Chemin de
Croix (nous sommes en Carême), puis pour la messe avec les agents
de santé et les malades qui peuvent se déplacer, avant d’aller
voir ceux qui sont alités. Ils ne sont jamais seuls. Certains de
leurs parents passent même la nuit, couchés par terre, à leurs
côtés. Souvent à tour de rôle. Le personnel, musulman comme
chrétien, est très coopératif et les parents sont toujours
reconnaissants de nous voir.
Le soir, je parle avec le
responsable de la DCC (Délégation à la Coopération
Catholique) chargé des coopérants volontaires pour le Sénégal.
Il revient de tournée dans le sud du pays, en Casamance. Nous
échangeons sur les conditions pour une bonne insertion, soutien et
suivi des volontaires, ce qui n’est pas toujours facile.
Jeudi
1er
mars : Nous sommes en Carême et notre Evêque a
invité tous les prêtres et les religieux (frères et sœurs) qui
peuvent se libérer à une Journée de prière. C’est
important et cela nous permet de nous retrouver à 70 km de Dakar,
dans un lieu de sessions et de rencontres, où nous sommes
tranquilles et à l’aise.
Nous rentrons juste à temps pour
la nouvelle réunion de la Fraternité spiritaine.
Aujourd’hui nous parlons de la vie d’Eugénie CAPS, la
fondatrice des Sœurs spiritaines
Mercredi
28 février : Au Centre Social des jeunes
filles, je termine notre réflexion sur la sexualité. Nous allons
maintenant aborder la question du travail.
L’après-midi, je
rencontre nos étudiants. Au retour, je commence à répondre
à différents messages sur Internet et sur Face Book, jusque tard
dans la nuit.
Mardi
27 février : Je reprends mes enregistrements
quotidiens à la radio, en français et en ouolof. J’essaie de les
faire en avance, par sécurité, mais là je suis rendu au bout. Je
m’isole pour cela au fond de la bibliothèque car sinon on vient
frapper à ma porte ou parler dans le couloir, et il faut tout
reprendre. La nuit, moment où la connexion est meilleure,
j’enverrai les premières émissions par Internet.
Le soir,
un jeune Ivoirien vient me voir. Il continue ses études au
Sénégal, mais ce n’est pas facile. En effet, pour gagner sa vie
il travaille toute la nuit comme boulanger et donc il manque
cruellement de sommeil. C’est l’une des nombreuses personnes qui
viennent me voir régulièrement même si, malheureusement trop
souvent, je ne peux pas faire grand chose pour elles.
L’aumônier
des enfants dans la rue est venu aussi me voir. Une dame
Libanaise m’a offert des sacs de riz, des habits et des produits
d’hygiène. Je les partage avec mon confrère. Si cela peut
l’aider et éviter à certains jeunes de se retrouver en prison,
pour vol, parce qu’ils ont faim, ou pour autre chose, tant mieux !
Lundi
26 février : Je retourne dans un Centre de
formation de jeunes filles, où je n’ai pas encore pu
intervenir depuis le début de l’année scolaire. Pourtant j’y
allais depuis plusieurs années et nous avions des réflexions très
intéressantes. Nous nous mettons d’accord avec la directrice et
je viendrai le vendredi matin, avant d’aller à l’Hôpital. Je
passe ensuite voir une animatrice de prison avec qui je
travaille, puis je vais voir l’amie qui saisit certains de mes
documents pour préciser plusieurs choses.
A midi, je partage
le repas avec nos étudiants en théologie. Car, à la suite nous
tenons une séance d’évaluation de la session « Justice,
Paix et Respect de la Création » que nous avons vécue en
Octobre. Nous n’avons pas pu trouver un moment pour cela jusqu’à
maintenant. Après un rappel de ce que nous avons dit, nous faisons
un tour de table pour que chacun dise ce qu’il a pu faire dans ce
domaine. Nous prenons le temps nécessaire pour cela, avant de voir
comment nous allons continuer nos différents engagements dans ce
domaine.
Au retour, je m’arrête chez la responsable de notre
association du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits
Humains). Nous faisons le tour de nos activités, et nous
préparons une réunion où nous allons refaire notre jeu sur les
droits humains, en y intégrant des éléments de la Charte
Africaine.
Le soir, nous accueillons une militante
tchadienne, membre d’Amnesty International. Elle a été
arrêtée et maltraitée plusieurs fois. Elle est venue se faire
soigner au Sénégal. Nous commençons à parler des problèmes du
Tchad et elle nous explique les moyens d’action non violente
qu’ils utilisent pour faire avancer les choses.
Samedi
24 février : Je commence la journée en animant une
récollection (journée de prière et de réflexion) avec la
Communauté anglophone. Je commente avec eux le message très
percutant du Pape François pour le Carême. Après un temps de
partage, les participants se retrouvent en petits groupes pour en
tirer des conclusions pratiques. A la suite d’un nouveau temps de
prière, nous partageons ce que chacun a amené. Mais je ne peux pas
rester longtemps avec eux car je dois dire la Messe du samedi soir
en banlieue, à mon ancienne paroisse. Je manque même d’arriver
en retard car sur le trajet nous avons un accrochage avec une
autre voiture. Il n’y a pas de blessés, mais la discussion dure
longtemps parce que bien sûr aucun n’est assuré et il n’y a
pas de policier pour régler le problème.
A la paroisse ce
week end, nous célébrons la Journée Caritas. C’est une
journée pour récupérer des fonds qui nous permettront d’aider
les nécessiteux de toutes sortes, et de lancer des petits projets
économiques. C’est aussi une journée de prières pour tous ceux
qui souffrent et sont exploités et écrasés dans la société.
Au
repas, nous avons une longue discussion sur notre vocation
missionnaire et les engagements prioritaires pour nous. Le
danger, c’est d’être entièrement pris par les activités
paroissiales et récupérés par les chrétiens, au risque de ne
plus être disponibles pour soutenir ceux qui sont engagés dans la
Société. D’autant plus que notre Eglise est très liturgique et
que les chrétiens auraient tendance à se limiter à la vie
paroissiale.
Le soir, nous devions évaluer le démarrage de
l’aumônerie de l’Hôpital, mais je ne trouve personne au
rendez-vous. Cela arrive assez souvent ! Ca me fait au moins un
peu de temps pour régler certaines activités personnelles.
Vendredi
23 février : Retour à l’Hôpital pour le Chemin
de Croix, suivi de l’Eucharistie. Comme c’est la pause de
midi, beaucoup de gens qui travaillent aux alentours y participent.
Ils sont autour, dans la cour, et suivent la prière grâce à une
sonorisation. Une Mosquée est juste à côté et nous pouvons
suivre les deux prières en même temps !
A la fin de la
messe, je recueille les noms des malades à visiter. Ils sont
très nombreux. Je me consacre d’abord aux enfants qui sont dans
un hôpital qui leur est dédié.
Ensuite, je vais à l’Ecole
des agents sociaux qui est juste à côté. Les étudiants qui
viennent de terminer sont entrés en grève, demandant à
être affectés dans la Fonction Publique. Mais l’Etat ne peut pas
prendre tout le monde en charge. Ils sont sortis dans la rue et se
sont affrontés à la police. Un d’entre eux a été sérieusement
blessé à la mâchoire. Il est musulman, mais ses camarades me
demandent de venir prier pour lui, ce que j’accepte bien sûr. Ils
sont très nombreux dans la chambre et dans le couloir. J’en
profite pour parler avec eux, je leur demande de réfléchir à
leurs motivations et surtout d’agir dans la paix et la non
violence.
Je retourne à l’Hôpital et continue mes visites
jusqu’à la nuit.
Jeudi
22 février : Je retourne à la prison des
femmes. Elles sont toujours heureuses de me voir, et moi aussi.
Je leur fais le compte rendu de mes appels par mails et par
téléphone à leurs familles, et je leur apporte les différentes
choses qu’elles m’ont demandées et que j’ai pu recueillir
pendant la semaine. Mais surtout, nous parlons de leurs problèmes
et de leur vie commune à la prison. Nous parlons aussi du Carême
que nous venons de commencer ; de nombreuses musulmanes
viennent m’encourager et me dire qu’elles prient pour nous.
Dès
mon retour, je pars à l’Hôpital de Fann continuer mes contacts
et mes visites.
Puis je vais à l’Hôpital de l’Ordre de
Malte qui intervient dans les prisons, mais aussi auprès des
lépreux. Ils visitent également des handicapés et leur
fournissent un appareillage adapté. Pour les
lépreux, ils ont des villages d’accueil, et à Dakar ils
reçoivent ceux qui ont des difficultés plus graves. Pour les
enfants qui habitent à Dakar, ils ont aussi une école. Le
responsable de l’atelier d’appareillage est aussi le
vice-président de notre aumônerie.
Mercredi
21 février : Le matin, parmi les différentes
personnes que j’accueille, une jeune religieuse guinéenne que je
suis régulièrement depuis sa jeunesse quand j’étais en
Guinée.
A midi, rencontre avec les jeunes filles du
Centre social. Nous terminons notre réflexion sur la
sexualité et le mariage. La prochaine fois, nous aborderons la
question du travail.
Je partage le repas avec les Sœurs de la
communauté spiritaine, ensuite je vais à notre séminaire. Je
rencontre d’abord ensemble les étudiants qui assurent la
catéchèse en paroisse.
Puis j’accueille « les 2ème
année » : ils sont 14 au total se préparant à la vie
religieuse, répartis sur trois années d’études en philosophie.
Je les reçois un par un personnellement pour faire le point de
leurs différents engagements.
Je pars ensuite participer à la
rencontre des fiancés de mon nouveau secteur. On m’a
demandé de faire partie de l’équipe de préparation au mariage.
Je fais connaissance des membres et des participants.
Je salue
un laïc burkinabé, oblat bénédictin, que nous avons
accueilli dans notre communauté pendant plusieurs semaines. Il est
venu se faire soigner pour des problèmes cardiaques. Aujourd’hui,
il rentre dans son pays.
Mardi
20 février : Première réunion du Bureau de
l’aumônerie de l’Hôpital. Nous préparons le programme
d’activités jusqu’à la fin de l’année. Nous ne nous
limitons pas à la prière et aux cérémonies. Notre principal
souci, c’est le service social et l’aide aux malades
nécessiteux. Nous sommes décidés à y consacrer le maximum de nos
énergies, mais aussi de nos moyens financiers.
Après la
réunion de Bureau, je continue à faire le tour des différents
services pour me présenter et les connaître. Partout, je reçois
un accueil très chaleureux et compréhensif.
Lundi 19 février : Je reçois une Américaine qui prépare un doctorat sur l’une des premières écoles construites par les missionnaires à N’Gasobil. Elle vient consulter nos archives. C’est l’occasion de parler assez longtemps avec elle. Comme je suis à la maison, cela me permet d’accueillir les différentes personnes qui se présentent.
Dimanche
18 février : Aujourd’hui, je suis invité dans la
paroisse de l’Ile de Gorée. C’était un des points de départ
des esclaves vers l’Amérique. Une occasion pour penser à tous
les esclaves d’aujourd’hui, mais surtout un appel pour lutter
contre tous les esclavages d’aujourd’hui. Regretter sans
agir pour que les choses changent ça ne sert à rien !
A
la paroisse, je dis la Messe et ensuite j’assure une formation
sur : « Comment lire et partager la Parole de Dieu ».
Après quelques explications, nous passons directement à un
exercice pratique, ce qui me semble beaucoup plus utile. Après le
repas, je prends un long temps de partage, en attendant le bateau,
avec le curé : un ami de longue date. Nous avons travaillé
ensemble dans la paroisse de Grand Yoff , lorsque je suis revenu de
Guinée.
A mon retour, je vais à une veillée de prière
pour une religieuse qui vient de décéder. Nous sommes nombreux
rassemblés. C’est en même temps l’occasion de nous retrouver
dans l’amitié entre religieux et religieuses (frères et sœurs).
D’ailleurs c’est ce que nous vivons chaque mois pour prier
ensemble. C’est un grand soutien pour nous.
Samedi
17 février : Ce matin, je reçois un coup de fil de
la petite fille d’une amie que je connais bien. Elle a de gros
problèmes dans sa famille et elle est fatiguée de la vie.
Je pars immédiatement la rejoindre.
L’après-midi, je reçois
une doctorante américaine qui fait des recherches sur notre
ancienne mission de N’Gasobil. Je l’amène consulter nos
archives. Elle reviendra la semaine prochaine.
Vendredi 16 février : A 13 heures, Chemin de Croix et Messe à l’Hôpital. A la sortie, les gens me donnent les noms de malades qu’ils connaissent. C’est un grand hôpital universitaire, aussi les malades sont nombreux. En prenant mon temps, j’arrive quand même à les rencontrer tous, et également à parler avec le personnel. Deux chefs de service musulmans me demandent de prier pour eux et de bénir leurs bureaux. Cela m’arrive souvent. Ici, tous les gens sont croyants et les malades musulmans me demandent aussi, souvent, de prier pour eux. Ce que je fais avec joie.
Jeudi
15 février : J’accueille à nouveau un ami qui a
créé une Association en Alsace pour soutenir un village du nord
Sénégal : école, dispensaire, salle de réunions, foyer des
jeunes, centre social des jeunes filles, formation et lancement de
petits projets : tissage, teinture, savon artisanal, fabrique
de bracelets… sans oublier la formation à l’agriculture et au
petit élevage. Il passe me voir chaque fois qu’il revient au
Sénégal, et nous parlons de ses activités. En plus, il m’apporte
toujours quelque chose : aujourd’hui c’est du paracétamol
pour les détenus.
C’est le Carême : deux communautés
différentes de religieuses me demandent de leur animer une
journée de prière.
Le soir, nouvelle réunion de la
Fraternité Spiritaine. Nous parlons de la vie de notre 2ème
fondateur, un juif, fils de rabbin converti, François Paul
LIBERMANN. Nous voyons ensemble à quoi sa vie nous appelle
aujourd’hui.
Mercredi 14 février : Mercredi des Cendres. Cette célébration est très appréciée, même par les Musulmans ! Dans chaque paroisse, nous avons 5 ou 6 cérémonies, du matin jusqu’au soir. Nous essayons de donner un sens à cette célébration pour bien lancer ce temps du Carême. Pour moi, je lance une journée de prière (récollection) avec nos étudiants, avant d’aller à l’Hôpital de Fann dont je commence à assurer l’aumônerie. Je dirige la cérémonie à la Chapelle, puis je passe dans les différents services.
Mardi
13 février : Je reçois le troisième étudiant
cap-verdien venu apprendre le français, pour faire avec lui le
point de ses activités. La semaine dernière, je n’avais pas
trouvé un moment pour cela.
Je reçois une lettre d’un
prisonnier que je connais bien. Il me demande d’intervenir
pour lui obtenir une libération provisoire. Je vais essayer,
mais il va falloir de nombreuses démarches… sans beaucoup
d’espoir.
J’arrive à dégager un moment pour travailler
personnellement. La nuit, comme chaque jour, je réponds aux
différents messages sur Internet et Face Book.
Lundi 12 février : Une nouvelle semaine. Comme chaque lundi, il faut redémarrer les activités de la maison et voir les différents services : cuisine, lessive,, ménage, secrétariat, comptabilité, archives, bibliothèque. Les gens sont sérieux, mais il y a toujours des choses à préciser, même si chacun connaît bien son travail. C’est la Maison Provinciale (Centrale) qui coordonne les activités de quatre pays : Sénégal, Mauritanie, Guinée Conakry et Guinée Bissao, et il faut aussi voir les messages et appels arrivés pendant le week end. De plus, les visites, de toutes sortes, venant de la ville ne manquent pas. Dans ces conditions, il faut rester disponible et il n’est pas question de travailler personnellement. Mais c’est nécessaire…. Et important.
Samedi 10 février : Travail à la Maison et accueil.
Vendredi
9 février : Aujourd’hui, première visite dans le
nouvel Hôpital (pour moi !) dont je vais assurer
l’aumônerie. Il n’y a pas beaucoup de monde à la messe. Il
faut que la nouvelle se répande et que les habitudes soient prises.
Mais nous organisons tout de suite la cérémonie des Cendres et
prévoyons une rencontre des agents de santé, pour mettre en place
une amicale et les différentes activités.
Le soir, je
retourne dans mon secteur pour terminer le cycle de préparation au
mariage de ce trimestre. Nous parlons ensemble de l’engagement
du couple envers les deux (grandes) familles qui vont faire
alliance par ce mariage, dans la communauté chrétienne et dans la
société. Les échanges sont très intéressants et durent
longtemps, mais il faut bien s’arrêter. Je suis très triste de
les quitter. Un autre prêtre va prendre la responsabilité, mais
l’équipe d’animation va continuer la formation avec lui.
Jeudi
8 février : Visite à la prison. Beaucoup de
détenues veulent me voir, pour toutes sortes de petits services et
d’abord de parler un peu. Ca leur fait énormément de bien et je
suis toujours heureux de partager avec elles. Nous parlons en 5
langues : ouolof, anglais, espagnol, portugais et français, et
des salutations et petites conversations dans les autres langues
africaines que je parle, en passant d’une langue à l’autre,
selon les personnes qui se présentent. Cela demande beaucoup
d’attention et de « gymnastique » et je ressors bien
fatigué et mal à la tête.
L’après midi, je vais voir un
de nos frères qui avait une forte tension . Il est allé passer une
visite et on l’a hospitalisé pendant que j’étais à la
prison ; on va le garder plusieurs jours pour des analyses.
Le
soir, je vais célébrer la messe à l’occasion du 80ème
anniversaire d’une visiteuse de prison de notre équipe.
Malgré son âge, elle est très engagée. Elle a donné à la fin
de la cérémonie le secret de son âge : « Aimer tout le
monde, garder la paix et prier ». Beaucoup de monde était
présent, sauf les prisonniers bien sûr, mais nous avons prié pour
eux. Nous avons continué tard dans la nuit par un repas de fête.
Mercredi
7 février : Nous continuons notre réflexion avec
les jeunes filles du Centre social, sur la sexualité et le
mariage, toujours autant animée.
Le matin, j’ai rencontré
un par un nos trois étudiants du Cap Vert, chacun pendant plus
d’une heure, pour évaluer leur stage missionnaire en Bolivie, au
Mozambique et en Angola. Puis nous avons fait le point de leur
séjour ici : découverte du pays, vie de communauté,
apprentissage du français et divers engagements. Ca se passe bien
en général.
Mardi 6 février : Travail à la maison : lecture, mails, enregistrement d’émission radio, rédaction de documents… tout cela interrompu par plusieurs visites et demandes de soutien et de conseils.
Lundi 5 février : Je passe en ville à la Librairie où j’ai mes livres en dépôt-vente. Cela fait presqu’un an que j’essaie de faire le point et de récupérer l’argent de la vente !.... Pourtant j’en ai bien besoin.
Vendredi
2 février : Je retourne à l’Hôpital Le
Dantec, de l’autre côté de la ville, pour faire mes adieux. En
effet, je vais changer d’Hôpital pour aller là où il n’y
avait pas d’aumônerie. Je vais les regretter car on s’entendait
très bien. Mais je n’étais là qu’en soutien, il y a déjà un
aumônier responsable.
Aujourd’hui est la fête de la
lumière. C’est en même temps la Journée mondiale des religieux
et religieuses. C’est également l’anniversaire de la mort de
notre 2ème fondateur à nous les spiritains. Nous nous
sommes préparés à cet anniversaire par une neuvaine de prière,
où nous nous sommes interrogés sur nos engagements, en particulier
pour les questions de justice et de paix et envers les plus
défavorisés.
L’après-midi, commence un long Forum des
religieux d’Afrique de l’Ouest. Des délégués sont venus
de toutes les régions du Sénégal et des différents pays. Nous
travaillons à partir du document du Pape François « La joie
de l’amour », suite au synode sur la famille, pour voir
comment soutenir les familles en difficultés, comment nous engager
ensemble, religieux et laïcs mariés, et comment nous situer face à
l’évolution actuelle des différentes formes de famille, avec
tous les problèmes que cela pose. La rencontre se poursuit à près
de 1.000 participants jusqu’à dimanche, avec une excellente
animation et des possibilités de participation et d’intervention
de chacun. Les délégués vont rester toute une semaine pour
travailler aux nouveaux statuts, après 25 ans d’exercice.
Jeudi 1er février : Nous nous retrouvons nombreux à l’enterrement d’un de nos confrères. Il était très engagé et nous célébrons la messe à l’extérieur dans la cour, car beaucoup de monde est venu, y compris les autorités et de nombreux musulmans. Nous nous rappelons le témoignage de sa vie très engagée qui nous encourage.
Mercredi 31 janvier : Réunion de secteur des prêtres et religieuses. Nous réfléchissons à notre responsabilité en évaluant nos activités à partir de notre thème d’année de travail, avec un partage très intéressant. Ensuite, nous faisons le tour de nos différentes Commissions. Cela dure longtemps mais en vaut la peine.
Mardi 30 janvier : Un de nos confrères est décédé hier. Nous allons à la veillée mortuaire.
Lundi 29 janvier : Je me réserve ce jour pour un travail personnel. J’ai beaucoup de travail en retard.
Dimanche 28 janvier : Après la messe du matin, je reviens en ville pour une rencontre des responsables des différents Mouvements d’action catholique : enfants, jeunes et adultes. En effet, les jeunes chrétiens, comme les adultes, sont très attirés par les groupes de prières et aussi les amicales, dont les principales activités sont les fêtes, soirées dansantes et sorties. La conséquence, c’est que très peu de chrétiens sont engagés dans la Société, et l’Action Catholique a beaucoup perdu de sa force. Nous nous retrouvons donc pour réfléchir à notre spécificité et nos moyens d’action à mettre en œuvre. Je suis heureux de connaître ces jeunes, mais aussi de retrouver des anciens avec qui nous avons travaillé de longues années, il y a déjà longtemps.
Samedi
27 janvier : Le colloque se continue. Les
intervenants font un effort pour être plus simples et se mettre à
la portée des jeunes collégiens et lycéens.
Le soir, je vais
dire la messe dans mon ancienne paroisse où j’ai la joie de
retrouver de nombreux amis.
Vendredi 26 janvier : Pendant toute la journée, j’ai assisté à un grand Colloque regroupant plus de 1.000 jeunes, pour préparer le futur Synode des Jeunes à Rome, sur le thème : « Les jeunes, la foi, la vocation ». Plusieurs intervenants présentent la vie des jeunes et leurs aspirations. Mais nous cherchons surtout à les écouter et à accueillir leurs propositions d’actions et leurs solutions à leurs problèmes. Beaucoup de choses sont remontées. Il va falloir maintenant les travailler et les mettre en pratique. Du travail intéressant nous attend. Le forum se continue tout le samedi et le dimanche, à la grande joie de tous. Cela m’a permis aussi de rencontrer de nombreux amis que je n’avais pas vus depuis longtemps.
Jeudi
25 janvier : J’ai rendez-vous à l’Observatoire
des prisons. Son rôle est de voir ce qui se passe dans les
Commissariats de police et les Gendarmeries, les Tribunaux et les
Prisons, pour faire respecter les droits des personnes arrêtées,
éviter les coups et les tortures, etc… Une loi vient d’être
votée demandant à ce que toute personne arrêtée soit aussitôt
assistée d’un avocat. C’est une bonne idée, mais comment la
tenir ? Les avocats sont trop rares surtout à l’intérieur
du pays. A l’Observatoire, nous parlons longuement de mes
engagements dans les différentes prisons du pays. Ils sont très
intéressés d’avoir mes différentes remarques et propositions.
C’est vrai que ça fait longtemps que j’assure cette
responsabilité. Bien sûr, nous allons continuer à nous voir et à
travailler ensemble.
A l’Hôpital, après la Messe
je vais visiter les malades que l’on m’a signalés. Je prends
aussi le temps de parler avec leurs parents, s’ils sont là.
Lundi-Mercredi
22-24 janvier : Je participe à une formation
sur le thème d’année, organisée par le diocèse : « Jésus,
chemin de sainteté et de témoignage ». Nous sommes 85
prêtres et religieuses, engagés dans le domaine social. La
formation est assurée par un ami avec qui j’ai travaillé au
Congo, dans les années 1970. Je suis très heureux de le revoir.
Le
soir, je vais –en étant accompagné- dans un quartier très
populaire, pour rencontrer un groupe d’anglophones venus du
Nigéria, du Cameroun, de Sierra Léone et du Libéria. Nous nous
rencontrons déjà à la Messe le dimanche, mais cela ne suffit pas
pour une vie chrétienne engagée. Nous voulons donc lancer une
communauté de quartier pour partager la Parole de Dieu, se
connaître, vivre dans l’amitié et voir comment résoudre leurs
différents problèmes de travail, de santé, de logement, de
nourriture, et autres. En effet, ce n’est jamais facile de vivre
en pays étranger quand on est en situation de pauvreté. Je suis
parti avec un confrère de Tanzanie et nous essayons de poser les
premières bases d’une communauté.
Dimanche 21 janvier : Je vais assurer une formation sur le thème de travail du diocèse : Jésus, chemin de sainteté et de témoignage. La formation regroupe des personnes travaillant auprès des malades et dans les prisons. Nous centrons notre réflexion sur notre façon de travailler auprès de ces personnes, avec une très bonne participation de chacun, et des chants donnant un sens à notre engagement. Profitant de mon déplacement, je vais travailler ensuite avec l’amie qui saisit un certain nombre de mes documents, une éducatrice de Jardin d’Enfants et une visiteuse de prison.
Samedi 20 janvier : Accueil, et travail personnel.
Vendredi
19 janvier : Nous commençons par une réunion de
communauté pour travailler notre projet communautaire. Avant
d’aborder les questions diverses de notre vie commune et de nos
activités.
A midi, je pars à l’Hôpital, après la
Messe, visiter les malades.
Le soir, réunion de la Fraternité
Spiritaine que nous essayons de relancer. A la fois pour voir
comment vivre le charisme et la spiritualité de nos fondateurs
–Claude POULLART DES PLACES, François LIBERMANN et Eugénie CAPS-
et pour voir comment être missionnaire dans le monde d’aujourd’hui.
Après un temps de présentation pour mieux nous connaître, nous
partageons nos attentes et mettons au point un programme de réunion
avec le contenu.
Jeudi
18 janvier : Visite à la prison des femmes.
Toujours autant d’émotions, mais aussi de joie. De nouvelles
gardiennes qui viennent de terminer leur formation sont arrivées.
Du coup la surveillance s’est resserrée. Mais je suis présent et
connu depuis longtemps, aussi avec un peu de patience, de dialogue
pacifique et d’explications, les choses s’arrangent.
Le
soir, j’interviens dans un autre secteur pour une préparation
au mariage des fiancés, sur l’amour vécu en chrétiens et le
sacrement de mariage. Le groupe est dynamique et beaucoup de
participants apportent leurs contributions.
Mercredi
17 janvier : Le matin, rencontre au Centre Social
des jeunes filles. Puis je vais manger avec nos étudiants en
philosophie. Après le repas, nous parlons avec notre responsable
Justice et Paix. Il revient de KEDOUGOU, à l’Est du pays, pour
une visite de travail. Dans ce secteur rural , très loin de la
Capitale et de la mer, et très pauvre, la seule richesse ce sont
les mines, d’or en particulier. C’est une richesse pour
le pays mais qui ne profite pas à la population locale : les
taxes et autres profits sont récupérés à la Capitale et
profitent surtout aux projets généraux et au paiement des
fonctionnaires. Ces mines amènent beaucoup de problèmes. D’abord
la pollution, l’accaparement des terres des paysans et la
destruction de l’environnement. En concurrence avec les grosses
sociétés étrangères des orpailleurs, sénégalais et autres
venus des pays environnants, tentent leur chance en creusant des
mines à la main. Chaque semaine, certains y laissent leur vie,
victimes d’éboulements. De nombreux élèves fuient l’école
pour aller chercher de l’or. On fait venir des jeunes filles des
pays voisins –jusqu’au Nigeria- soi-disant pour être ménagères
et d’autres emplois, en leur payant le voyage. A leur arrivée, on
leur prend leurs papiers et on les force à se prostituer « pour
rembourser leur transport ». Nous avons une équipe sur place
qui essaie de lutter contre toutes ces souffrances, avec l’aide
des autorités et d’autres personnes volontaires. Une ONG
allemande est venue nous construire un centre pour accueillir ces
différentes personnes. Notre équipe anime un certain nombre d’
« écoles de brousse » dans les villages pour former et
éduquer les enfants et leur préparer un meilleur avenir. Tout
cela n’est pas facile et demande du courage, de la confiance et
beaucoup de patience, car les choses n’avancent pas vite.
Ensuite,
je pars à « Radio Espérance » où je fais
passer un commentaire de l’évangile de chaque jour, en français
et en ouolof. Nous voyons avec l’équipe technique et les
différents intervenants comment améliorer les émissions. Cela
nous amène à mettre en place une nouvelle grille. On va voir à
l’usage.
Mardi 16 janvier : Je continue mon travail à la maison , tout en accueillant les gens qui viennent nous voir.
Lundi
15 janvier :
Je continue mon travail de samedi. Des personnes
continuent à venir me voir. Une jeune fille musulmane qui
veut rencontrer un prêtre. Elle a été violée régulièrement à
l’école primaire par un étudiant qui venait lui donner des cours
particuliers. Ses parents ne se sont aperçus de rien, car ayant
beaucoup d’enfants et de problèmes matériels ils n’avaient pas
le temps de s’occuper de leurs enfants. Cette jeune fille n’en
avait parlé à personne ; elle portait ce poids depuis
l’enfance. Je l’accueille et l’écoute le mieux possible. Puis
nous voyons ensemble comment elle peut vivre maintenant, dans le
respect et avec le soutien de sa foi musulmane.
Ensuite, je
fais le tour de nos activités avec notre responsable
régional : travail pastoral avec les différentes activités
qui s’y rattachent, formation des étudiants, prière et vie de
communauté, etc.
Et, comme tous les soirs, je passe sur Face
Book et Internet où m’attendent beaucoup de messages
que je lis et auxquels je réponds avec joie mais qui m’emmènent
jusque tard dans la nuit.
Dimanche
14 janvier : D’abord je vais dire la messe chez
les Anglophones, comme chaque dimanche. Nous nous connaissons
bien maintenant et la participation de chacun en est beaucoup
facilitée. Après la messe, je ne peux pas rester longtemps, car on
m’attend dans une autre paroisse pour une formation à Justice
et Paix. Je suis très étonné, il y a beaucoup de monde !
Je reprends le programme que j’ai déjà utilisé pour plusieurs
formations, mais sous forme de dialogue pour que les gens puissent
intervenir et animer au fur et à mesure. Après l’exposé, les
questions sont nombreuses sans que l’on puisse aller jusqu’au
bout.
Au retour, j’ai besoin d’un bon temps de repos.
Samedi 13 janvier : Je me suis réservé ce jour pour mon travail personnel (Courrier, Face Book, Internet, rédaction de documents, ….). Mais je reçois plusieurs personnes qui viennent me voir… Je les accueille le mieux possible. Cela me fait des récréations !
Vendredi 12 janvier : Comme chaque vendredi, je pars dans le grand hôpital de la ville. Je célèbre d’abord la Messe avec le personnel de santé. Puis je rends visite aux malades qui m’ont été signalés, spécialement ceux en phase terminale. Déjà cette semaine, j’ai appris le décès de deux malades que j’avais visités et avec qui j’avais prié, la semaine dernière. Cela m’a rendu très triste.
Jeudi
11 janvier : Comme chaque jeudi, je pars à la
prison des femmes. Sur la route, comme d’habitude, des
enfants mendiants et des handicapés montent dans le car pour
demander l’aumône. A la station suivante, ils descendent et
montent dans le car suivant. Et ainsi toute la journée. Tout le
monde ne leur donne pas quelque chose, mais tous les respectent. Il
n’y a ni indifférence, ni agressivité contre eux. De même, des
commerçants montent et descendent pour essayer de vendre des tas de
petites choses : habits, produits d’hygiène ou de beauté,
« médicaments » (des copies, la plupart du temps),
nourriture, piles ou écouteurs radio, tableaux, etc… Un jeune
homme que je connais à peine me paye le transport. Cela m’arrive
souvent. Les cars sont surchargés et la plupart des gens voyagent
debout et serrés. Mais il y a très peu d’agressivité, plutôt
de la solidarité pour faire monter ou descendre les bagages,
passer la monnaie pour payer les billets au Receveur coincé dans
son coin, …. Tout cela sans histoire.
Donc, à la prison,
c’est la première rencontre de l’année. Chacune exprime ses
vœux à sa manière. Comme d’habitude, je rencontre les femmes
avec leurs différents problèmes, et celles qui ont envie de se
confier. Beaucoup me demandent de téléphoner à leurs familles, un
peu partout dans le monde pour envoyer ou donner des nouvelles. Nous
nous parlons en français, anglais, portugais et espagnol, mais
surtout en ouolof et plusieurs autres langues africaines.
Aujourd’hui j’apporte du savon que j’ai reçu dans un colis,
et du café, lait et sucre offerts par une dame généreuse.
J’apporte aussi les petites choses qu’elles m’ont demandé :
piles, écouteurs, habits, chaussures et surtout des lunettes. En
effet, beaucoup apprennent la couture, la broderie et le tricot
auprès des détenues formées dans ces activités. Mais, souvent
enfermées dans le noir, elle finissent par avoir des problèmes de
vision, c’est pourquoi à chacune de mes visites j’apporte une
dizaine de paire de lunettes. J’en ai rapporté tout un stock de
mes derniers congés. Elles ne sont pas mesurées, mais chacune
essaie le stock et prend les lunettes qui lui conviennent le mieux.
A Noël, très peu d’entre elles ont été graciées, mais pour
certaines on a rédigé un dossier de réduction de peine, ou de
liberté provisoire. Cela a amené un peu d’espoir dans la prison.
Espérons que les demandes aboutiront, au moins en partie, et
n’iront pas au panier comme trop souvent. Une autre solution
serait que les détenues étrangères puissent purger leurs peines
dans les pays. Nous travaillons à cette question du rapatriement,
mais cela tarde beaucoup à se mettre en place.
Dans la prison,
la situation s’améliore peu à peu, surtout pour la nourriture.
Et aussi pour téléphoner, à certaines conditions… si on a
l’argent bien sûr.
Lorsque je quitte la prison, on m’annonce
que deux hommes se sont battus. Nous leur parlons et celui qui a
porté plainte accepte de l’enlever. Nous allons ensemble chez le
Procureur pour arrêter la procédure.
Mercredi 10 janvier : Comme chaque mercredi, je pars au Centre social des jeunes filles. Je continue avec elles notre réflexion sur la sexualité et le mariage. Ensuite je vais à notre séminaire. Je partage le repas avec les collègues puis je fais l’évaluation de leurs activités pastorales. D’abord, je rencontre les quatre qui travaillent avec les Scouts : nous voyons comment ils travaillent, et je rappelle le but et les moyens d’éducation et d’action du scoutisme. A partir de là, nous précisons comment ils vont travailler durant les mois qui viennent. Ensuite je vois personnellement cinq d’entre eux à tour de rôle pour faire le point de leurs engagements. Une heure avec chacun, cela me conduit jusqu’à la nuit. Nous célébrons la messe ensemble, et après le repas je rentre.
Mardi
9 janvier : Avec notre responsable, nous allons à
NGOR, une île touristique au nord de Dakar. Avant de nous
embarquer, nous prenons le temps de parler avec les jeunes qui font
des petits métiers pour survivre : vente de petits objets de
toutes sortes, employées de maison, guides, gardiens de voitures,
etc… Beaucoup de pauvreté et de misère. Nous parlons pendant la
traversée avec les jeunes qui conduisent la grosse pirogue qui nous
emmène ; ils nous parlent de leurs conditions de vie et de
travail.
Dans l’Ile, il y a un Centre d’accueil pour
enfants dans la spiritualité de l’Abbé Pierre, et un camp
militaire d’entraînement de commandos qui existe depuis le temps
de la colonisation. Il y a aussi un certain nombre de belles villas
où des gens viennent séjourner surtout l’hiver pendant qu’il
fait froid en Europe. France GALL, la chanteuse qui vient de
décéder, y passait six mois par an, et elle a beaucoup fait pour
l’éducation des enfants. Mais jusqu’à l’année dernière,
il y avait beaucoup de drogue et de prostitution avec des jeunes du
pays mais aussi des touristes européens âgés, hommes et femmes,
venant chercher du plaisir sexuel et autre, grâce à leur argent,
auprès de jeunes sénégalais et sénégalaises. La population
locale a réagi et maintenant le climat est beaucoup plus sain.
Notre évêque a le souci de tout cela et il nous demande d’aller
faire une première visite de contact pour voir ce que nous
pourrions y faire. A suivre !.…
Lundi
8 janvier : Rencontre des prêtres et religieuses de
la ville. Nous faisons l’évaluation de notre dernière rencontre
sur la catéchèse. Puis nous prenons un long temps pour réfléchir
à notre programme de travail de cette année (plan
pastoral), avant d’évaluer les actions déjà menées dans les
sept paroisses et les différentes Commissions. J’interviens
spécialement au sujet du travail dans les prisons et les hôpitaux,
le mariage et la famille, les enfants de la rue, et la Commission
Justice et Paix. Je commence à trouver peu à peu ma place dans
l’équipe.
Le soir, nous accueillons dans notre communauté
un confrère venu de TANZANIE et une équipe d’éducateurs des
Apprentis d’Auteuil. Hier, c’était un groupe de
missionnaires allemands venus nous aider à construire un centre
social à l’intérieur du pays. Notre Maison Centrale assure
l’administration et l’organisation du travail en Mauritanie,
Guinée, Guinée Bissao et Sénégal. Mais c’est aussi une
communauté d’accueil où chaque jour nous accueillons de
nouvelles personnes, très variées. C’est très intéressant et
enrichissant.
Dimanche
7 janvier : Je vais célébrer l’Eucharistie avec
la communauté anglophone, où je me sens parfaitement à
l’aise maintenant. Nous échangeons des vœux, comme à toutes les
rencontres. Au Sénégal, c’est très important. Après la messe,
nous prenons un temps pour parler ensemble.
L’après-midi,
les religieuses missionnaires spiritaines, nos sœurs, nous
invitent au 70ème anniversaire de leur présence au
Sénégal. Nous nous retrouvons à beaucoup d’amis. Les
postulantes, une quinzaine de jeunes filles, venues de différents
pays d’Afrique, qui se préparent à être missionnaires, nous
présentent un beau théâtre sur leur histoire. Puis, après un
temps de prière, nous partageons des sandwiches avant de nous
séparer, très heureux de cette rencontre.
Samedi
6 janvier : Je suis resté à Pikine, car ce matin
je bénis le mariage de deux jeunes que je connais bien. Je
suis content car ils ont fait les choses très simples, ce que nous
demandons avec insistance.
Tout de suite après, je pars dans
un autre secteur de la banlieue. Cette fois-ci, c’est pour des
fiançailles. Je cherche à donner toute sa valeur à ce premier
engagement de deux jeunes que je suis depuis un certain temps. Les
gens comprennent ce que je cherche et participent très bien. Encore
une journée bien remplie.
Vendredi
5 janvier : Nous commençons la journée par une
réunion de communauté pendant laquelle nous étudions
d’abord le message de Noël de notre responsable général, sur la
vie communautaire. Puis nous examinons la possibilité de démarrer
une action suivie dans l’Ile touristique de NGOR où les problèmes
sont nombreux. Pas seulement la prostitution, mais d’abord la
pauvreté. Enfin, nous passons aux questions matérielles et
financières et aux problèmes de la vie pratique.
Aussitôt
après, je pars pour l’Hôpital : normalement une
heure de trajet. Mais la route est coupée par des étudiants qui
manifestent en réclamant le paiement de leurs bourses. J’arrive
donc en retard pour la messe avec le personnel de santé et les
malades qui peuvent se déplacer. Puis je vais visiter les malades
chrétiens qui l’on m’a signalés pour parler et prier avec eux.
A ce moment-là, souvent les malades musulmans présents dans la
même salle me demandent de prier pour eux. Ce que j’accepte bien
sûr.
Le soir, je retourne à PIKINE dans mon ancienne paroisse
pour commencer un nouveau cycle de préparation au mariage,
pour tout le secteur. C’est toujours aussi animé et
intéressant.
Aller à la prison, car on m’a demandé de
participer à deux émissions de télévision. La première,
avec un enseignant d’Université et deux Imams sur « L’année
2018 : le point de vue et la contribution des religions »,
en direct, et en ouolof. Ce n’est pas facile car le journaliste
qui nous interviewe à tendance à limiter notre intervention à
l’apport des religions dans le domaine politique.
Le deuxième
émission se passe mieux. C’est avec une équipe que je connais
bien. Nous reprenons le message du Pape sur les réfugiés et
les migrants, sous forme de conversation pour que ce soit plus
facile à comprendre et à assimiler. Puis nous examinons la
situation du Sénégal pour voir comment mettre ce message en
pratique aux différents niveaux : personnel, familial,
communautaire, de l’Eglise et de la Société. Les personnes qui
assistent à l’enregistrement apportent leurs idées, leurs
témoignages et leurs questions, dans la deuxième partie de
l’émission.
Mardi 2, Mercredi 3 janvier : Avec tout cela, j’ai pris beaucoup de retard pour mon courrier, mes contacts nombreux sur Face Book (10.000 « amis ») et Internet (8.000 correspondants), et la rédaction de mes documents divers. Pour le moment, je vais au plus pressé, on verra pour la suite.
Lundi
1ER
janvier 2018 : Hier soir à la veillée et
aujourd’hui, nous présentons dans les différentes paroisses la
Lettre du Pape François pour cette Journée Mondiale de la Paix,
sur la question des réfugiés et des migrants. C’est un problème
important aussi pour nous. Le Sénégal accueille plus de migrants
que la France. De nombreuses personnes viennent de différents pays,
parfois de très loin (Centrafrique, Congo….) à cause de la
guerre ou de la dictature, ou de la maladie et de la pauvreté. Sans
parler des migrants internes qui viennent à cause de l’exode
rural (espérant trouver du travail et une meilleure vie en ville,
ce qui est absolument illusoire), mais surtout à cause de la
détérioration de l’environnement et de l’avancée du désert
qui ne permettent plus aux paysans de cultiver pour gagner leur vie.
Il y a aussi toutes les personnes en route clandestinement vers
l’Europe. A cela, s’ajoutent toutes celles qui sont refoulées
et qui cherchent à s’établir chez nous ou à rentrer dans leurs
pays. Nous avons un service de la Caritas qui cherche à résoudre
ces problèmes : le PARI « Point d’Appui pour les
Réfugiés et Immigrés », mais, il est complètement
submergé. Les Caritas paroissiales, les communautés chrétiennes,
des familles et des personnes généreuses font aussi ce qu’elles
peuvent, mais le problème est énorme. Et il ne suffit pas
d’accueillir et d’aider, il faut voir le problème à la base et
d’abord donner du travail à tous les jeunes qui finissent leur
études, ou qui n’ont même pas pu étudier. Le Gouvernement s’y
attelle, mais là aussi le problème est énorme.
Nous
réfléchissons à tout cela et le reprenons aussi dans la prière.
Nous avons une messe très animée, avec témoignages, théâtre,
affiches, chants et danses qui nous motivent davantage encore.
Maintenant, il faudra assurer un suivi et mener des actions. Pas
facile !