Armel Duteil

Nouvelles de 2018

  • Lundi 31 décembre : Journée occupée par la préparation de la fête, avec beaucoup de gens qui viennent demander de l’aide pour les fêtes. Sauf dans des cas de grandes souffrances, nous ne pouvons pas les aider car nous préférons garder le peu de moyens dont nous disposons pour les nécessiteux et les besoins essentiels tout au long de l’année.
    Pour notre communauté, la fête sur place sera inexistante car nous sommes tous dans l’une ou l’autre paroisse ou structure.
    Nous attendons un confrère âgé français (ainsi nous serons deux) qui voyage la nuit du 31 au 1er janvier, avec 10 heures d’escale/attente au Portugal, pour pouvoir animer une session en Guinée qui a été annulée au dernier moment. Ce sont des choses qui arrivent ! En tout cas je suis très heureux de sa venue. Il a travaillé de nombreuses années en Guinée Bissao et parle très bien le mandjaque. Il y a beaucoup de mandjaques au Sénégal, car ce sont de grands voyageurs. Certains sont établis depuis longtemps au Sénégal ou y sont même nés. D’autres viennent d’arriver et ne parlent ni français ni ouolof. Ils sont très attachés à leur culture et à la religion traditionnelle. Michel va pouvoir beaucoup aider à leur accueil, leur soutien et leur formation. Il vient de faire 6 mois en France pour se former, car il va aussi s’occuper de nos archives. Nos anciens nous ont laissé de nombreux documents, mais il faut vraiment les classer pour qu’ils soient utilisables, car de nombreux chercheurs et étudiants sont intéressés. Cela aussi va rendre de grands services.

  • Dimanche 30 décembre : Aujourd’hui, c’est avec la communauté anglophone que nous célébrons Noël.

  • Samedi 29 décembre : Nous terminons de célébrer les fêtes de Noël à la Maison d’Arrêt de Dakar. Les prisonniers ont très bien préparé la fête. Une chorale est venue pour marquer le coup. La directrice de la prison assiste à toute la célébration avec son équipe. Après la messe, les détenus nous présentent un très beau théâtre qu’ils ont composé eux-mêmes. Puis ce sont les chants et les danses. Après un repas partagé, nous visitons l’intérieur de la prison avec les différents services.  Nous avons d’abord remis à chaque prisonnier un paquet contenant des cadeaux utiles : savon, dentifrice, habits, café, lait et sucre, etc… Une belle journée qui leur apporte un peu de joie. Mais nous ne voulons surtout pas nous contenter d’une fête. Nous allons continuer à les visiter chaque semaine. Aujourd’hui, on nous a donné une bonne nouvelle : nous avons reçu l’autorisation d’assurer des séances d’écoute pour rencontrer personnellement les détenus qui le désirent, comme nous le faisons dans les autres prisons. Nous allons d’abord organiser une session de formation pour ceux qui vont assurer cette écoute pour perfectionner leurs compétences.

  • Vendredi 28 décembre : Nos sœurs spiritaines du Sénégal et de Guinée Bissao se sont regroupées à Dakar pour se rencontrer et elles en profitent pour visiter un certain nombre d’activités à la base, dans le secteur informel, auprès des marginaux et des nécessiteux : handicapés, migrants, enfants dans la rue, élèves des écoles coraniques, etc… Aujourd’hui elles me demandent de venir leur parler de l’action que nous menons dans les mines artisanales, avec tous les problèmes que ça pose : violence, exploitation des travailleurs, travail des enfants, prostitution, personnes ensevelies dans les puits, maladies causées par l’utilisation du mercure…. A partir de là, nous voyons quelles conclusions elles peuvent en tirer pour leurs divers engagements.
    L’après-midi, je reçois deux de nos étudiants pour faire le point de leur engagement à la Caritas, auprès des migrants et réfugiés. Ils se sont bien impliqués et sont très heureux des actions menées. Cette formation nous semble très importante pour leur futur travail missionnaire.
    Puis je pars à la Paroisse Universitaire où nous nous retrouvons pour la présentation des vœux.

  • Jeudi 27 décembre : Les prisonniers, eux, n’ont pas de vacances malheureusement. Après avoir célébré Noël chez les femmes samedi dernier, et lundi chez les détenus malades, je célèbre Noël à la grande prison des condamnés. Ils ont bien préparé la fête entre eux et des amis leur ont offert un repas pour marquer la fête.
    L’après-midi, les visites continuent, nombreuses, à la maison.

  • Mercredi 26 décembre : Les élèves et jeunes filles des Centres sociaux sont en vacances. J’en profite pour prendre un jour de repos de mon côté.

  • Mardi 25 décembre : Noël. Je célèbre la grand messe dans mon ancienne paroisse. Au cours de la messe, je baptise plus de 20 bébés. C’est une très grande joie pour tous. Puis nous rejoignons l’Evêque qui a célébré dans la paroisse voisine. Nous nous retrouvons tous ensemble pour la fête. Notre curé a fait un AVC et il a encore de la peine à marcher, mais il tient à se joindre à nous. Je rentre avec l’évêque, ce qui me permet de continuer à parler avec lui.

  • Lundi 24 décembre : Avec notre stagiaire, nous ornons la chapelle et la salle à manger pour les fêtes de Noël, pour marquer la joie et apporter un peu de paix à ceux qui nous visitent ces jours-ci, et ils sont nombreux. Puis je vais fêter Noël à la prison des détenus malades.

  • Dimanche 23 décembre : Il n’y a pas beaucoup de monde à la messe des anglophones, car beaucoup sont repartis au pays pour les fêtes. Demain soir, ils rejoindront la paroisse. Comme pour toutes les fêtes, afin de rester en relation avec l’Eglise sénégalaise et inversement.
    Je retourne à la maison où des gens m’attendent.

  • Samedi 22 décembre : Nouvelle journée chargée. Après le passage dans une paroisse, je pars avec une chorale pour célébrer les fêtes anticipées de Noël. Les prières vont s’étaler sur toute la semaine dans chacune des prisons et hôpitaux où je sers. Aujourd’hui, je suis à la prison des femmes de Rufisque, à une trentaine de kilomètres de Dakar. Nous avons une belle cérémonie, très priante et internationale (en quatre langues). Un certain nombre de musulmans assistent à la messe et prennent la parole à la fin. La direction et le personnel de la prison sont également là. Après des gâteaux et de la boisson, ce sont les chants et les danses. Je les laisse continuer et je pars bénir le mariage d’un couple que j’ai suivi tout au long des rencontres de préparation. A la prison, à la fin de la messe, je leur annonce que je ne peux plus continuer à venir chez elles, car avec les bouchons et autres problèmes de circulation, cela me demande trois heures pour aller et autant pour revenir, ne me laissant qu’une heure pour rencontrer les détenues. Je vais me consacrer aux prisons de Dakar, où il n’y a pas d’aumônier. J’ai déjà commencé à le faire et je n’arrive pas à tout assumer. Je suis très triste de les quitter au bout de cinq ans de présence, et elles aussi. Un autre aumônier va prendre la relève. Au cours de la messe, une détenue reçoit la Première Communion . Elle est très heureuse et nous tous avec elle.
    Une autre bonne nouvelle : la libération de plusieurs des détenues à l’occasion des grâces de fin d’année. Celles qui vont rester en prison se réjouissent de tout coeur avec elles, sans aucune jalousie. Cela m’impressionne beaucoup.
    Je repars avec la chorale venue animer la fête car je dois bénir un mariage l’après-midi. Je me suis dépêché pour rien : le mariage était prévu pour 16 heures et la mariée est arrivée à 17 h 30 « à cause des bouchons ». Comme s’ils ne savaient pas qu’il y a des embouteillages le samedi après-midi ! Le problème c’est qu’il y a la messe paroissiale à 18 h 30. Nous avions prévu un mariage « décontracte », avec la participation de tous. C’est foutu, il nous faut faire les choses rapidement, sous l’œil sévère du sacristain et des responsables de l’ordre. Vraiment dommage, car nous avions vraiment très bien préparé les choses.

  • Vendredi 21 décembre : Une amie libanaise m’appelle pour me remettre un chèque et une grosse quantité de poulets pour les détenus et les malades, à l’occasion de Noël. En fait à Noël, de nombreux groupes différents viennent apporter des repas et des cadeaux. Je vais garder l’argent et le faire durer le plus longtemps possible, en le réservant pour les cas sociaux et les besoins plus essentiels, comme les médicaments, car un minimum de nourriture est quand même assuré dans les prisons.
    A 10 heures, mariage civil d’un couple de Guinée que nous avons accueilli dans notre communauté.
    Puis je pars à l’hôpital pour la messe et les visites aux malades. Nouveau problème. L’équipe responsable a enfin nettoyé la chapelle le mois dernier. Mais depuis ils n’ont toujours pas ramené le matériel, alors qu’ils l’avaient promis. Je dois donc retourner à notre communauté pour prendre les choses nécessaires pour la messe. Le temps que je fasse l’aller-retour, certains ont dû partir et nous nous retrouvons seulement quelques-uns ensuite pour la visite aux malades.
    De retour à la maison, plusieurs personnes m’attendent pour la préparation de différentes activités de Noël.

  • Jeudi 20 décembre : Aujourd’hui, je ne vais pas rencontrer personnellement les prisonniers car ils préparent une après-midi de fête à l’occasion de Noël : théâtre, danses, concours de lutte traditionnelle, etc… Une O.N.G. leur offre un repas. Pour l’aumônerie catholique, ce sera après la messe de Noël. En effet, nous voulons que cette fête soit la fête de tous, musulmans comme chrétiens. Pas seulement par les repas et autre soutiens ou cadeaux, mais aussi dans la prière et le partage de la foi.
    J’en profite pour aller à la Police des Etrangers pour voir si ma carte de séjour est prête. Je l’attends depuis mon retour de Guinée de 2011. J’ai dû refaire trois fois mon dossier, un dossier très compliqué et plein de documents. Les fonctionnaires sénégalais ont été formés autrefois par l’administration française et ils ont bien retenu la leçon : chaque trimestre, je devais revenir faire signer mon récépissé, chaque fois au bout d’une longue attente. On me conduit dans un autre bureau où se trouvent sur une table plusieurs milliers de cartes d’étrangers, dans l’attente de cartes numériques promises depuis plusieurs années. Je trie le paquet des cartes des personnes de nationalité française. Il en comporte plusieurs centaines en attente et qui ne seront jamais récupérées, car au bout de quelques années la plupart de ces personnes ont quitté le Sénégal. Et là, grosse surprise, je trouve enfin ma carte. Il me faut encore passer dans plusieurs bureaux pour la faire valider. Et je devrai revenir avant Mars 2019 pour la faire signer pour l’année 2019 !
    Mais enfin j’ai une carte et cela va beaucoup me faciliter les différentes démarches.
    Le soir, avant le partage d’Evangile et la réunion de la Communauté anglophone, comme en ce moment dans toutes les paroisses et les communautés du diocèse nous avons organisé une liturgie pénitentielle pour les confessions, un confrère tanzanien est venu m’aider.

  • Mercredi 19 décembre : Après un temps de partage avec les gens accueillis à la maison, je vais animer une journée de prière au postulat des Sœurs spiritaines avec les jeunes filles qui se préparent à être des religieuses missionnaires. Le matin, nous voyons : Qu’est-ce que l’Avent pour nous au Sénégal dans un pays à 95 % de musulmans ? Où il y a beaucoup de pauvreté et de migrants. Et comment nous avons vécu ce temps de l’Avent ?
    A midi, je les laisse pour rejoindre le Centre social tenu par les spiritaines où j’interviens chaque semaine. Avec elles nous voyons comment ensemble, chrétiens et musulmans, vivre les fêtes de Noël et du 1er Janvier dans la paix, le respect et le soutien réciproque. En effet, la naissance de Jésus cela dit beaucoup aux musulmanes. On en parle dans le Coran. Nous cherchons comment vivre ces fêtes, pas seulement dans le dialogue mais dans la complémentarité pour agir ensemble en nous enrichissant de nos différences.
    Après un passage à notre Séminaire saluer et encourager les étudiants, je retourne continuer notre récollection avec les postulantes. Dans ce 2ème temps, nous voyons comment nous-mêmes vivre ce temps de Noël, dans la ligne que je viens d’expliquer. Nous alternons avec prière et méditation personnelle pour terminer par la Messe.
    Je pars rapidement à mon ancienne paroisse de Pikine où nous tenons notre réunion des Commissions Justice et Paix comme je l’ai expliqué plus haut. Nous recueillons beaucoup de propositions et d’idées sur les différents points ; le problème c’est de les mettre concrètement en œuvre, selon nos petits moyens et dans les conditions qui sont les nôtres. Il va falloir suivre les choses de près.

  • Mardi 18 décembre : Nous tenons une réunion des aumôniers de hôpitaux pour mieux organiser notre travail et coordonner nos actions. D’abord à l’hôpital même, avec l’administration et le personnel de santé. D’ailleurs nous avons de très bonnes relations et, à chacune de nos visites, nous prenons soin de les saluer. Nous parlons de leur travail et de leurs difficultés ; ils nous indiquent les malades les plus atteints et ceux qui ont le plus besoin de visites : malades découragés, venus de loin, etc… Notre grande souffrance c’est de voir toutes les personnes qui n’ont pas les moyens de se faire soigner correctement et pour lesquels nous n’avons pas les moyens de les aider, même en faisant appel aux bonne volontés. Sans parler de la grève du personnel de santé qui en est à la dix-huitième semaine, sans trouver de solution.
    Nous voyons ensuite comment améliorer notre propre intervention : visites des malades, aide spirituelle des malades, mais aussi des musulmans qui le demandent, soutien des familles, conditions d’accueil, etc..
    Et comment soutenir et former les équipes de laïcs qui interviennent à ces différents niveaux.
    Dans un 3ème temps, nous voyons comment coordonner les différentes initiatives dans ce domaine. En particulier avec les paroisses, les groupes de prière, les mouvements d’Action Catholique, les équipes de la Légion de Marie et de San Egidio, les délégués qui vont porter la Communion, les visiteurs de malades, etc… Ensuite, pousser les Communautés de Quartiers, pas seulement à avoir le souci et à prendre en charge les malades du quartier, mais travailler avec les différentes associations qui s’y engagent pour l’hygiène, la qualité de l’environnement, l’éducation à la santé et la prévention, en impliquant les Mouvements de jeunesse. Enfin, de mettre en place et d’assurer le bon fonctionnement des CMU (Couverture Médicale Universelle). C’est une action énorme, mais il est nécessaire de savoir où on va pour pouvoir prendre les moyens d’y arriver. Cela se fera peu à peu.
    Au retour, deux points importants. D’abord avec notre responsable et un des formateurs, nous voyons comment assurer une meilleure formation et en équilibrer les quatre dimensions : 1) les études ; 2) la formation spirituelle ; 3) la vie communautaire ; 4) l’engagement dans la Société. Nous sommes inquiets de voir nos étudiants se concentrer sur les études et la course aux diplômes, au détriment des autres objectifs, alors qu’ils sont destinés à être en priorité  des religieux missionnaires.
    Après cela, je prépare la rencontre diocésaine des Commissions « Justice, Paix et Intégrité de la Création », avec trois objectifs principaux : 1°) Relancer les équipes. 2°) Préparer la Journée mondiale de la Paix à partir de la Lettre du Pape François sur l’engagement politique. 3°) Préparer les élections présidentielles de Février. Nous avons du pain sur la planche !

  • Lundi 17 décembre : Mon vélo est en panne et mon réparateur est parti en Guinée. Il n’y en a pas d’autre dans le quartier. Je me remets donc aux transports publics avec tous les retards et complications que cela comporte. Mais je préfère aller à pied à mon rendez-vous à l’hôpital, ce n’est pas très loin et cela me fait de l’exercice.
    Je reçois ensuite le responsable « Justice et Paix » du diocèse. Nous préparons la rencontre de mercredi soir, pour relancer nos différentes activités.
    Le soir, je rejoins notre séminaire pour un temps de réflexion avec nos étudiants. Je partage avec eux ce que nous avons réfléchi avec nos responsables sur l’action sociale et l’engagement dans la société. Ils sont très intéressés et ont des réactions très positives. C’est très important pour nous de rendre nos étudiants attentifs à ces questions et engagés dans ce domaine.

  • Dimanche 16 décembre : Messe avec la Communauté anglophone, et travail à la maison.

  • Samedi 15 décembre : Messe à la grande prison de Rebeuss. C’est aussi l’occasion de parler avec un certain nombre de détenus.
    L’après-midi, je me mets à l’ enregistrement d’un certain nombre de documents qui attendent depuis longtemps. Je n’arrive pas au bout, je continuerai demain, car comme d’habitude je suis interrompu par des visites et je tiens à rester disponible pour pouvoir répondre aux différents besoins.
    Nous accueillons dans la communauté un enseignant et sa femme qui arrivent de Guinée. Nous parlons de la situation actuelle de ce pays et nous rappelons avec plaisir un certain nombre de nos souvenirs.

  • Vendredi 14 décembre : Le matin, confessions des enfants dans notre paroisse. Puis je pars à l’hôpital où, après avoir visité les malades, je prends un rendez-vous pour moi-même, car j’ai un petit problème avec l’une de mes oreilles.

  • Jeudi 13 décembre : Je suis invité, avec le Frère avec qui je travaille, à présenter la Commission d’action sociale des religieux que nous venons de lancer, pour être plus attentifs et davantage engagés auprès de déshérités et des exclus de la société (voir le compte-rendu du 17 novembre). Cela a été un temps très fort qui nous a permis de sensibiliser nos responsables pour ne pas nous laisser enfermer dans nos structures et nos organisations dans lesquelles les petits de la société et les marginaux n’arrivent pas à trouver leur place, et pour travailler à la base dans l’informel, pour être plus présents et plus accueillants à ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté…. « les plus fatigués » comme on les appelle au Sénégal. Le but était de sensibiliser nos responsables à cette question et d’avoir leur soutien. Nous allons maintenant envoyer le projet aux délégués de nos différentes congrégations religieuses pour qu’ils le corrigent et l’améliorent, avant de passer à l’action. Cette rencontre nous a permis de rencontrer personnellement un certain nombre de responsables par rapport à leurs différents engagements. En particulier le responsable national « Justice et Paix », pour relancer les Commissions à la base, préparer la Journée Mondiale pour la Paix, et surtout les élections présidentielles à venir.

  • Mercredi 12 décembre : Le matin, rencontre des aumôniers de prison du diocèse. Nous faisons le tour de nos activités. Ensuite, nous voyons les propositions à faire à l’administration pénitentiaire pour pouvoir mieux travailler et surtout améliorer les conditions de vie des détenus.
    L’après-midi, je rejoins les femmes de mon ancienne paroisse de PIKINE. Le mois dernier, nous avions réfléchi à l’éducation sexuelle avec les jeunes. Ils s’étaient plaints de ne pas recevoir d’informations de la part de leurs parents. Aujourd’hui nous allons réfléchir à cette question avec les femmes, leurs mères. Elles sont venues nombreuses car cette question les préoccupe beaucoup. Elles sont même inquiètes de voir le comportement de certains jeunes qui préfèrent suivre les artistes des media que les conseils de leurs parents, et sont très attristées par les « pornos ». Ils ont peur pour leurs enfants et ne savent pas quoi faire. Après avoir d’abord écouté un assistant social, une gynécologue et le médecin chef, nous avons cherché ensemble comment offrir aux enfants une véritable éducation sexuelle adaptée aux différents âges et basée sur la confiance et non la peur.

  • Mardi 11 décembre : La session de religieux continue. Nous réfléchissons à notre mission et comment être prophètes aujourd’hui.
    De retour à la communauté, je me remets à la rédaction du plan d’action.

  • Lundi 10 décembre : Je participe à la réunion des religieux. Ce lundi, nous travaillons la question de notre identité. Quel sens peut avoir notre vocation missionnaire et religieuse dans l’Afrique d’aujourd’hui ? Nous avons des débats intéressants et passionnés sur la question.
    L’après-midi, je vais visiter deux prisons comme chaque lundi. Un prisonnier nigérian, que je suis depuis plusieurs années, est retourné dans la région où il a été arrêté pour être enfin jugé. J’espère qu’il sera libéré.

  • Dimanche 9 décembre : Je suis heureux de retrouver la communauté anglophone pour la messe !

  • Samedi 8 décembre : C’est la fête de l’Immaculée Conception et à cette occasion de nombreuses manifestations sont prévues. En particulier l’ordination de 5 nouveaux prêtres pour le diocèse : je ne peux pas être partout et je décide de participer à la célébration du 60ème anniversaire du Collège de Pikine dont j’étais l’aumônier pendant plusieurs années.
    Dès mon retour, je me mets à la rédaction d’un plan d’action sociale des religieux et religieuses dans l’informel pour les personnes les plus nécessiteuses qui ne sont pas rejointes ni prises en charge. C’est la mise en forme, avec un Frère, de notre réunion du mois dernier sur ce thème. Nous allons le présenter à la rencontre des responsables des religieux et religieuses de tout le Sénégal. C’est une rencontre importante et nous essayons donc de la préparer le mieux possible.
    Le soir, nous accueillons dans notre communauté deux religieuses qui viennent de Casamance, au sud du pays ; l’une d’elles participera à une session de préparation à l’engagement religieux définitif (profession perpétuelle). Elles nous partagent des nouvelles de la région et de leur travail.

  • Vendredi 7 décembre : Pour la 3ème fois je retourne à la banque pour avoir l’argent du mois pour la communauté. Les deux fois précédentes, il n’y avait pas de connexion. C’est beau le modernisme, mais quand ça ne marche pas ?.... Du coup il y a une grande file et j’y passe la matinée. Heureusement, comme d’habitude, j’avais amené du travail et j’ai pu avancer un peu dans la rédaction de mes futurs documents. En ce moment, suite à la rencontre des religieux sur les actions sociales, je rédige un plan d’action à partir des actions et des demandes des participants. C’est un gros travail et qui n’avance pas vite car il faut bien penser et préciser les choses puisque ce sera la base des actions.
    Je mange tôt pour être à 13 heures à l’hôpital pour dire la messe pendant la pause du vendredi, jour de grande prière pour les musulmans. Je célèbre l’Eucharistie avec le personnel de santé chrétien, les membres de plusieurs associations qui vont visiter les malades, et des gens du quartier qui ont pris l’habitude venir prier avec nous. Aujourd’hui, il y a eu un décès à l’hôpital. Nous prions pour le défunt et faisons la levée du corps avant d’aller visiter les malades. Comme d’habitude, dans chaque service nous nous adressons au major pour connaître les noms des malades qui sont sortis, guéris ou non (malheureusement), et ceux qui sont arrivés depuis la semaine dernière. Nous sommes toujours très bien accueillis par le personnel qui apprécie le soutien que nous apportons non seulement aux malades mais aussi à eux-mêmes. Et souvent ils nous demandent de prier pour eux et de bénir leur service, bien qu’il s’agisse d’un hôpital public. La laïcité sénégalaise est beaucoup plus ouverte et plus décontractée que la laïcité française !
    En ce moment, la situation est tendue car les infirmiers et infirmières en sont à leur 16ème semaine de grève, profitant de l’approche de l’élection présidentielle où le parti au pouvoir cherche à récupérer le maximum de voix pour intensifier ses revendications… que le Gouvernement ne peut pas satisfaire, car pour arrêter les grèves il signe des accords qu’il ne peut pas tenir et alors les travailleurs se remettent en grève. Il n’y a même pas de service minimum. Mais les médecins, eux, ne sont pas en grève. Et il y a de nombreux médecins étrangers, venus en stage de formation, et aussi de nombreux bénévoles qui travaillent sans être payés de nombreuses années, et qui font marcher les choses en espérant être intégrés un jour dans la Fonction Publique. Cela ne va pas, bien sûr, sans poser de nombreux problèmes. C’est pourquoi les salariés qui en ont les moyens vont se faire soigner dans les cliniques privées où opèrent d’ailleurs les médecins des hôpitaux publics. Mais la majorité de la population n’a aucune sécurité sociale. L’Etat a voulu mettre en place une CMU (Couverture médicale universelle) mais elle ne fonctionne pas car les gens n’ont pas confiance et elle est toujours déficitaire. C’est dans ces conditions difficiles que nous essayons d’apporter un peu de réconfort et d’espérance. Ce qui nous encourage, c’est le sourire des malades que nous visitons et l’accueil chaleureux de leurs parents.
    Après cela, je pars en ville pour une rencontre de réflexion avec le vicaire général (l’adjoint de l’évêque) pour évaluer et améliorer nos interventions dans les prisons, préparer une réunion générale et la formation des différents intervenants.

  • Jeudi 18 octobre : Rencontre à la prison des femmes. Malade de la grippe et partagé entre plusieurs prisons, cela fait plus d’un mois que je n’étais pas présent. J’y suis donc attendu avec impatience. Je commence par rencontrer les nouvelles venues, aussi bien du côté du personnel que des prisonnières. Pour les anciennes, comme je les connais mieux, c’est plus facile de les soutenir et de répondre à leurs différents besoins. Je suis toujours dans l’admiration devant l’accueil et la confiance que l’on me témoigne.
    En quittant la prison, je passe à la paroisse pour organiser les activités. En effet, il nous faut établir les listes de ceux et celles qui vont intervenir à la prison, aux différents niveaux, pour qu’ils aient l’autorisation de l’administration pénitentiaire. Il nous faut ensuite prévoir les différentes activités : l’écoute et le soutien personnels, les questions économiques et matérielles, le suivi judiciaire (avocats et tribunaux), la formation, la préparation de la sortie et la réinsertion. Et aussi pour les chrétiennes la catéchèse et les sacrements, la fête de Noël à célébrer avec toutes, y compris les musulmanes.
    Je me dépêche de rentrer, car cet après-midi un confrère avec qui j’ai beaucoup travaillé autrefois à SAINT-LOUIS, âgé de 93 ans, rentre en France dans une de nos Maisons de retraite. Il aurait voulu finir sa vie au Sénégal, mais son état de santé nécessite des soins réguliers. Je tiens à être là pour lui souhaiter un bon départ.

  • Mercredi 17 octobre : Ce matin, première rencontre au Centre Social de OUAKAM. Nous commençons par nous présenter pour nous connaître, puisque nous allons passer l’année ensemble. Puis nous précisons ensemble nos attentes et les sujets qu’elles veulent aborder. Il y en a beaucoup ! Mais je tiens surtout à leur donner la parole. La semaine prochaine, c’est la fête de la Confrérie musulmane de mourides. Le « magal » qui célèbre son départ en exil au Gabon au temps de la colonisation de leur fondateur Cheikh Amadou Bamba. Je demande donc aux filles mourides du groupe de présenter cette fête. En effet, le groupe est international et de religions diverses. C’est important qu’elles apprennent à se connaître et à se respecter, pour bien vivre ensemble.
    Dans un troisième temps, nous voyons les conditions pour bien vivre ensemble cette année. Comme je le leur explique, nous sommes une classe d’âge en initiation. Notre Centre est lui aussi un « bois sacré ». Il est donc important de former un groupe solidaire où chacun se sent responsable des autres.
    Aujourd’hui est la Journée mondiale contre la misère. Je vais donc rejoindre l’équipe d’A.T.D. (Aide à Toute Détresse) pour écouter les témoignages et soutenir les actions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté.
    Le soir, j’attends l’amie secrétaire qui saisit mes documents pour organiser notre travail.

  • Mardi 16 octobre : Il y a toute une campagne menée par les femmes juristes pour la légalisation de l’avortement avec beaucoup de faux arguments et de confusion, en particulier entre dépénalisation (ce qui serait une bonne chose) et légalisation. Je consacre la journée à la rédaction d’un article à paraître dans l’un des journaux du pays. Puis je réagis à un autre article sur la « santé reproductive des jeunes » qui ne réfléchit à la sexualité des jeunes qu’uniquement du point de vue de la prévention et de la santé, sans chercher une véritable éducation sexuelle prenant en compte les différents besoins et aspirations des jeunes.
    Aujourd’hui dans la Communauté, nous accueillons un confrère malade, venu de Guinée, et un autre qui revient de l’enterrement de son père.
    Nous sommes aussi très pris par les papiers à obtenir pour nos étudiants venus des autres pays africains : visas, cartes de séjour, inscriptions dans les ambassades, certificats de résidence, etc…. car la plupart du temps il faut une traduction officielle certifiée, et légaliser tous ces documents… à condition qu’ils ne soient pas périmés, parce que les démarches ont pris trop de temps ! Il faut savoir garder son calme, ne pas s’énerver…. et utiliser les relations que nous avons.

  • Lundi 15 octobre : Je vais à l’hôpital pour une nouvelle prise de sang de contrôle. C’est le lundi matin, il y a beaucoup de monde. Du coup j’arrive en retard pour la réunion de lancement du Centre Social des jeunes filles de OUAKAM dans lequel je dois intervenir, comme l’année dernière. Je le regrette beaucoup, car c’était pour moi l’occasion de rencontrer les différentes personnes intervenantes dans ce Centre.
    J’en profite pour passer saluer nos étudiants en philosophie qui commencent les cours aujourd’hui. Nous parlons longuement avec le responsable pour voir les différentes activités pastorales à proposer cette année à chacun, selon ses capacités et les besoins exprimés. En effet, nous formons des futurs missionnaires et nous ne voulons surtout pas qu’ils se limitent aux études et à la course aux diplômes. C’est un équilibre souvent difficile à trouver.

  • Dimanche 14 octobre : Après la messe avec la Communauté anglophone, je salue les responsables de nos sœurs spiritaines, venues de différents pays pour une rencontre internationale.

  • Samedi 13 octobre : Je me lève pour aller dire la messe à la grande prison de Dakar, et je rentre me coucher.
    En, fait, je ne peux pas me reposer car lundi commence le Congrès Mondial des femmes catholiques que nous avons préparé depuis plusieurs mois. Depuis mercredi dernier, les femmes de différents pays arrivent, la nuit comme le jour, et demandent à être hébergées. Nous en accueillons, venues en particulier du Gabon et de Guinée, en faisant le maximum avec nos faibles moyens.

  • Vendredi 12 octobre : Aujourd’hui je ne vais pas visiter les malades à l’hôpital car nous enterrons le père de la Major de Cardiologie. Je l’ai accompagné pendant plusieurs semaines, tout au long de sa maladie.

  • Jeudi 11 octobre : Au niveau de la ville, c’est le lancement des activités. La rentrée scolaire se fait difficilement : écoles qui ne sont pas fonctionnelles, manque d’enseignants, et surtout grèves. En effet, dans six mois auront lieu les élections présidentielles ce qui entraîne une grande surenchère entre le Gouvernement et l’Opposition. Les syndicats se mettent en grève les uns après les autres, profitant de l’occasion pour obtenir des avantages supplémentaires, au détriment du monde rural et du secteur informel, les plus nombreux, sans parler des très nombreux chômeurs qui n’ont pas les moyens de s’exprimer ni les mêmes moyens de pression : les enseignants, la santé, la justice, les média, etc… sont en grève, certains avec des manifestations violentes souvent réprimées avec force. Cela alimente un climat de violence inquiétant. Pour apaiser les tensions et satisfaire les demandes, profitant de la bonne réputation du pays, le Gouvernement fait des tas d’emprunts extérieurs, ce qui augmente beaucoup la dette et pénalise l’avenir du pays. Car ces dettes, il faudra les rembourser. Et il faudra bien que le Gouvernement arrête de signer des Accords qu’il ne peut pas tenir, ce qui entraîne des nouvelles grèves, sans fin. Les agents de santé réclament la satisfaction des Accords signés depuis 2004 !
    Au niveau de l’Eglise, c’est dans ce contexte social difficile que nous nous retrouvons pour le lancement des activités pastorales, autour de notre évêque. Le thème de cette année est : « Nous engager avec Jésus, Vérité – la Vérité nous rendra libres ». Il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Les responsables des différents services nous proposent plusieurs pistes d’action que nous évaluons et discutons ensemble. Il y a du pain sur la planche !

  • Mercredi 10 octobre : Tout en me reposant un peu, j’essaie d’éponger mon retard de courrier , Internet, Face Book et émissions radio. On m’a demandé aussi plusieurs documents et formation à assurer. Je commence par prendre au moins quelques notes.

  • Mardi 9 octobre : Parmi les personnes qui viennent me voir aujourd’hui, deux hommes du BURKINA FASO expulsés de Mauritanie. Après cette expérience malheureuse, ils veulent retourner chez eux. Je leur donne à manger et un peu d’argent pour subsister quelques jours. Mais je n’ai évidemment pas l’argent nécessaire pour leur payer le retour au pays. Le Service des Migrants de La Caritas est submergé, de même que l’O.I.M., (Office International des Migrations). Il va falloir qu’ils trouvent les moyens de vivre sur place en attendant… ce qui va encore augmenter le nombre de migrants et réfugiés au Sénégal. Et pourtant, il faut bien faire quelque chose.

  • Lundi 8 octobre : Nos Sœurs spiritaines arrivent une par une, venant du monde entier. Ce n’est pas facile avec le nouvel Aéroport de Dakar qui est à plus de 30 km de la ville.
    Pour moi, je reçois une responsable de la FAFFS (Fédération des Femmes Sénégalaises) sur la question de la santé sexuelle. Nous parlons longuement car elle a une idée de la sexualité réduite aux relations sexuelles et n’aborde les choses que du point de vue de la santé. J’essaie d’aborder le problème dans toutes ses dimensions et nous nous arrêtons spécialement à l’éducation des jeunes. Je lui remets un certain nombre de documents qu’elle va travailler et nous nous retrouverons ensuite pour en parler ensemble.
    Le soir, j’ai fait venir un ami jardinier. Nous allons relancer notre jardin et un élevage de canards, de manière à améliorer nos repas et à faire des économies. Nous avons accueilli dans notre Communauté un de nos étudiants venu du KENYA. Il doit apprendre le français pour commencer ses études de théologie. Il va nous donner un coup de main, ce qui est important pour son équilibre de vie mais aussi pour sa formation.

  • Dimanche 7 octobre : Après la messe avec les anglophones, nous nous retrouvons à notre centre pour réfléchir à notre plan d’animation et au travail dans le camp de mines d’or artisanal de BAMTAKO, avec tous les problèmes qu’on y rencontre : drogues, prostitutions, exploitation des jeunes et des femmes, etc… Maintenant, il faudra attendre les réactions du Ministère des Affaires Sociales à nos propositions.
    Le soir, arrive un confrère malgache qui va aller à PIKINE. Je suis très heureux qu’un nouveau membre arrive pour renforcer l’équipe. Nous l’accueillons le mieux possible.

  • Jusqu’au 6 Octobre : Toute la semaine, je reste couché, atteint d’une forte grippe qui me fatigue beaucoup.

  • Samedi 29 septembre : Prière à la prison, toujours aussi animée. J’essaie de ne pas être trop long, pour avoir du temps avec toute l’équipe de laïcs qui m’ont accompagné, et de parler au moins avec les détenus venus à la prière. En effet, jusqu’à maintenant, nous n’avons pas reçu l’autorisation de rencontrer personnellement les détenus, en « écoute ». Il s’agit de la Maison d’arrêt avant que les détenus soient jugés, et ils peuvent attendre plusieurs années avant cela. Ils sont plus de 2.000. Dans nos discussions, ce qui ressort le plus souvent, ce sont les difficultés avec les avocats. Il viennent chercher des clients, se font payer par les familles, puis ils disparaissent. Quand on leur téléphone, ils ne décrochent pas. Et comme ce sont des téléphones portables, souvent ils changent même de puce !
    Un détenu a été arrêté avec les clés de sa maison dans la poche. Sa famille se trouve à la rue. Il me passe son numéro de téléphone pour qu’elle puisse venir chercher les clés. De telles choses arrivent souvent.
    Ce matin, à la prison, j’ai également rencontré un jeune militaire français, de service au Sénégal, arrêté suite à une bagarre. Il a été remis à la Justice Sénégalaise, ce qui est normal et important. Mais ensuite, du fait des brimades, il sera transféré dans une autre prison sécurisée, où se trouve également Hissène Habré, l’ancien dictateur du TCHAD, condamné à la perpétuité.
    L’après-midi, je bénis le mariage d’un couple que j’ai préparé. Nous nous connaissons donc bien. D’autant plus que le mari est kinésithérapeute et nous nous voyons régulièrement à l’hôpital. Nous avons préparé une célébration très participative où les parents, les témoins, les amis et les participants prennent la parole. Nous introduisons aussi un certain nombre de rites traditionnels de l’ethnie sérère, à la grande joie de tous.

  • Vendredi 28 septembre : Messe puis visite à l’hôpital. Il y a beaucoup de monde à voir. Heureusement, je suis bien aidé par trois groupes de jeunes qui se répartissent les visites dans les différents services. Pour moi, je me consacre plus spécialement aux chrétiens, pour les confessions, les communions et le sacrement des malades. Mais souvent les malades musulmans et leurs familles, et aussi les agents de santé, me demandent de prier pour eux. Aujourd’hui, une femme musulmane me demande de bénir sa fille malade. Puis elle se propose d’elle-même de me montrer les malades chrétiens, ce qui me facilite beaucoup les choses.
    Je passe en Réanimation, ce qui est toujours très éprouvant pour moi. Et aussi quand je trouve le lit vide d’un malade que j’ai visité la semaine passée, ou occupé par une nouvelle personne ; car je ne sais jamais si ce malade est guéri ou décédé.
    Je suis fatigué, mais je ne veux pas manquer de passer à l’hôpital des enfants.

  • Jeudi 27 septembre 2018 : Les deux amis qui viennent avec moi rencontrer les détenus (écoute) sont en congés. Je suis donc seul. Je passe d’abord visiter les chrétiens pour lancer la prière et ils vont la continuer eux-mêmes pendant que je vais accueillir les détenus qui veulent me rencontrer. Malheureusement, je ne peux pas voir tout le monde.
    Ce sera pour la prochaine fois.
    En effet, je dois aller à la prison des femmes organiser également des séances d’écoute. Je connais la directrice et beaucoup de membres du personnel. Ils me reconnaissent aussitôt, et nous prenons d’abord le temps de parler ensemble. Mais les autorisations n’ont pas été renouvelées par le Ministre. Dans les autres prisons nous continuons les interventions commencées les années précédentes, mais pour commencer ici il va falloir retourner à la direction de l’Administration Pénitentiaire. Ca va prendre du temps.
    Je suis venu avec l’aumônerie catholique de l’hôpital de Fann. Au moment du Carême jusqu’à maintenant, nous avons récupéré des dons : riz, huile, tomate, lait…. pour compléter et améliorer la nourriture ; et des produits d’hygiène, etc… Nous les remettons en présence de toutes les détenues, ce qui est une assurance que ces dons leur arriveront bien. La déléguée des femmes prend la parole pour nous remercier longuement, avec beaucoup d’émotion. Puis la directrice et la responsable du service social expliquent leur travail. A notre tour, nous leur parlons pour les encourager et leur apporter un peu d’espérance. Je reste un moment après la cérémonie pour pouvoir parler avec elles plus librement.

  • Mardi 25 septembre : Travail à la maison et le soir accueil. Je reçois deux couples qui se préparent au mariage. Pour le premier, ce sera samedi. Nous finissons de mettre au point la cérémonie, et ils viennent se confesser.
    Puis une étudiante vient me voir. Elle a rassemblé tous les papiers nécessaires pour continuer ses études en France. Tout était en règle, mais au moment d’avoir son visa on lui demande de revenir dans deux mois, alors que les cours sont déjà commencés ! Sans aucune explication. Alors qu’elle est inscrite et qu’elle a une famille d’accueil. On fait vraiment tout pour empêcher les gens de venir et de se former. On cherche des raisons et quand il n’y en a pas, on refuse malgré tout. C’est très triste.

  • Lundi 24 septembre : Une nouvelle semaine avec toutes les choses à faire et les personnes qui nous attendent. J’espère régler le maximum de dossiers le matin, car tout de suite après le repas je vais dans deux prisons, comme chaque semaine, pour rencontrer les détenus qui le désirent. Aujourd’hui, un problème spécial : deux détenus étrangers, un nigérian et un camerounais, vont être libérés. Ils ne connaissent personne au Sénégal et n’ont pas les moyens de retourner dans leur pays. Je téléphone aussitôt au Service de la Caritas qui accueille les migrants. Ils vont contacter l’O.I.M., l’Office des Nations Unies, pour voir s’ils peuvent prendre en charge le retour de ces deux personnes Cela va être compliqué, mais ça vaut la peine d’être essayé.
    Sur le retour, je passe chez un coiffeur guinéen que je connais bien. Nous échangeons, quelques mots en langue poular (peuhl), puis il m’enlève les cheveux (« la boule à zéro ») à la mode sénégalaise. Ainsi, je suis tranquille pour plusieurs mois.

  • Dimanche 23 septembre : Tôt le matin, je vais dire la messe dans un quartier populaire où les gens sont très actifs et sympathiques. C’est mon ancienne paroisse ; nous nous connaissons.
    Après avoir salué les gens, je suis invité à passer la journée avec un couple que j’ai préparé au mariage. Ils sont très engagés tous les deux et m’ont demandé de venir faire le point de leur vie de couple après un an de mariage, et de se préparer à la naissance de leur 1er enfant. Et aussi d’évaluer ensemble leurs différents engagements. Je suis très heureux de passer la journée avec eux. Comme d’habitude, les parents et amis viennent nous saluer, d’autant plus qu’ils sont bien insérés dans le quartier. D’ailleurs, nous passons saluer plusieurs personnes, en particulier une dame souffrant d’un cancer. A chaque fois, après les salutations traditionnelles, nous prions ensemble.
    Le retour à Dakar est un peu compliqué : c’est dimanche soir, il n’y a pas beaucoup de cars, et ils sont pleins à bloc. Mais on finit, toujours par arriver !

  • Samedi 22 septembre : Prière avec les chrétiens à la prison. Comme chaque fois, j’essaie d’appliquer l’Evangile le mieux possible à leur situation, sous forme de dialogue en suscitant leurs réactions. Ce sont surtout les anglophones nigérians qui interviennent (nous prions en trois langues principales : français, anglais, wolof). A la fin de la messe, comme chaque samedi, nous prions spécialement pour ceux qui vont passer en jugement la semaine prochaine. A la fin de la messe, contacts avec plusieurs détenus, en particulier un malade que nous mettons en relation avec un garde pour qu’on le conduise à l’infirmerie, et un jeune Guinéen. Je suis en contact régulier avec sa mère par téléphone (j’ai travaillé 10 ans dans leur région et je parle leur langue). Elle m’a demandé de lui faire remettre un peu d’argent pour ses besoins de base. Puis je parle avec un détenu de Guinée Equatoriale, en espagnol. Sa femme est en Espagne. Je lui ai téléphoné ce jeudi et je peux donc donner au détenu des nouvelles de sa famille. Il va être libéré normalement la semaine prochaine. Je vais voir avec l’ambassade d’Espagne s’ils peuvent l’accueillir à la sortie pour qu’il ne reste pas traîner dans les rues, surtout qu’il ne parle ni français, ni ouolof. Il a été arrêté à l’aéroport. Je vais voir aussi comment faire pour son retour en Espagne.
    A mon retour à la maison, j’ai rendez-vous avec des responsables de la Communauté de San Egidio qui travaille beaucoup pour la paix et aussi contre le SIDA dans de nombreux pays. Avec leur équipe à Dakar, nous travaillons spécialement à la prison des jeunes (Fort B). Avec l’aide de membres de la JOC, nous essayons de former ces jeunes en prison pour qu’ils puissent s’en sortir, en alphabétisation , carrelage et cordonnerie. Des psychologues viennent accompagner certains jeunes déprimés. Nous leur fournissons des produits de 1ère nécessité : brosses à dents, dentifrice, savons, vêtements, chaussures. Nous avons aussi une petite caisse pour les aider à leur sortie, au moins pour retourner chez eux.
    Aujourd’hui, comme c’est le moment de la rentrée, nous voyons comment placer quatre jeunes au Centre professionnel des Salésiens pour qu’ils y apprennent un métier. On nous a posé aussi le problème de cinq jeunes handicapés.
    L’après-midi, je retourne dans mon ancienne paroisse pour y célébrer l’Eucharistie. Je suis accueilli par les Sœurs, pour la nuit, ce qui m’évite de longs voyages aller-retour qui non seulement prennent beaucoup de temps mais sont aussi très fatigants, presque toujours debout et tous les passagers très serrés pendant le voyage. Heureusement qu’il y a une bonne ambiance et que les gens se soutiennent. Ainsi, ils se passent l’argent, de main en main jusqu’au Receveur, enfermé dans sa cabine, en donnant la destination de chacun. Ici, pas de billets automatiques, ni de cartes informatiques. C’est l’informel !
    Le soir, nous mangeons avec un prêtre venu du CAMEROUN. Bien sûr, nous parlons de l’élection présidentielle avec un président de 85 ans qui se représente pour la 7ème fois. Et qui va certainement être réélu puisque l’opposition ne s’entend pas. C’est un problème que l’on retrouve dans beaucoup de pays d’Afrique actuellement, malheureusement. Nous parlons aussi de la situation du pays. De la partie anglophone du pays qui veut faire sécession, car n’est pas suffisamment reconnu, et qui est réprimée violemment par l’armée. Et des attaques rebelles islamistes de Boko Haram depuis le Nigéria avec sa succession d’attentats. Et aussi d’un certain nombre d’assassinats inexpliqués. La situation est vraiment difficile.

  • Vendredi 21 septembre : Toujours autant de passages dans la maison. A midi, je pars pour l’hôpital, pour la messe. Un décès a eu lieu et la morgue est en réparation. Nous accueillons donc le défunt et sa famille et nous prions tous ensemble. Comme chaque vendredi, nous prions en même temps que les musulmans et « sonorisés » par leur prière, car la chapelle et la mosquée sont voisines : une façon d’être ensemble !
    Je commence aujourd’hui ma tournée en réanimation , accompagné d’une infirmière, après avoir mis les habits nécessaires pour cela. Après ma tournée des différents services, je repars en Cardiologie pour moi-même. J’ai rendez-vous mais je dois attendre mon tour pendant longtemps. Je suis prudent : comme d’habitude j’ai amené du travail et je profite de cette attente pour préparer une intervention qu’on m’a demandée sur l’engagement pour les droits humains. En même temps, je parle avec les malades et le personnel de santé.

  • Jeudi 20 septembre : Comme beaucoup ne travaillent pas aujourd’hui, ils en profitent pour venir me voir. En particulier un ancien jociste que j’avais retrouvé en Guinée et qui, suite aux problèmes de ce pays, a préféré revenir au Sénégal. Il veut lancer un poulailler pour faire vivre sa famille. Nous voyons ensemble la meilleure façon de faire. Pendant ce temps, je laisse un étudiant consulter nos archives pour travailler à son mémoire. Ils sont nombreux à venir nous voir pour cela.
    Le soir, c’est toujours avec la même joie que je rencontre la communauté anglophone pour notre réunion hebdomadaire. Nous échangeons les nouvelles, puis nous partageons la Parole de Dieu à partir de l’évangile du dimanche, et nous terminons par un temps de prière.
    Ensuite, je passe dans une de nos communautés où je rencontre le responsable de nos étudiants en philosophie. Il va partir ouvrir un nouveau poste en secteur rural. Nous voyons ensemble comment je vais participer cette année à la formation des étudiants. Puis nous parlons des conditions de lancement du nouveau poste qu’il va ouvrir.

  • Mercredi 19 septembre : Cette nuit, les musulmans fêtent la nouvelle année musulmane (Achura appelée Tamkharit au Sénégal). C’est un jour de fête où l’on mange traditionnellement un bon plat de couscous. En conséquence, demain sera férié de fait, car après ce bon repas beaucoup n’iront pas travailler !
    A 11 heures, je suis interviewé par une télévision sur la régulation des naissances. J’insiste sur l’importance du dialogue et de l’amour dans le couple pour prendre ensemble la charge et l’éducation des enfants. Et pour les jeunes, sur la nécessité d’une vraie éducation sexuelle (pas seulement une information ) et sur une bonne préparation au mariage. Sans oublier l’urgence d’une réflexion dans le couple et dans le pays en général, sur la fécondité et l’augmentation très grande de la population . Il y a beaucoup de choses à dire…. et à faire. Je le dis en ouolof pour être compris par le maximum de personnes, surtout des classes populaires. Mais bien sûr tout cela est lié à la lutte contre la pauvreté.

  • Mardi 18 septembre : Il y a beaucoup de passages dans notre Maison ces jours-ci, entre les étudiants qui rentrent de leur stage de vacances, ceux qui arrivent d’ailleurs et ceux qui vont continuer leurs études dans d’autres pays : Gambie, Ghana, Gabon, Cameroun, Kenya, etc… En effet, comme missionnaires, nous travaillons en équipes internationales et il est donc important que nos étudiants s’y préparent dès le début. Mais administrativement c’est compliqué, car pour obtenir des visas d’études, surtout pour l’Europe, c’est très difficile. Il manque toujours un document. De plus, surtout en Afrique, les voyages coûtent très cher. Ce matin, un de nos étudiants qui devait partir pour le Gabon a été refoulé, car il n’avait qu’un billet d’aller simple et il fallait un billet aller-retour ! Et après ça, on parle de liberté de circulation.
    En même temps, nous avons la joie d’accueillir les confrères qui rentrent de congés et qui nous donnent des nouvelles des différents pays et du travail des confrères.
    Dans « mes moments libres », je continue la rédaction et la diffusion de documents divers à mettre sur mon site ou à envoyer par mails ou sur Face Book.

  • Lundi 17 septembre : Après une écographie et ma visite chez le cardiologue, j’ai pris une série de médicaments pour la régulation de mon rythme cardiaque et la tension. Ce matin, je retourne à l’hôpital pour une prise de sang. Comme je connais tout le monde, cela se fait rapidement et je peux rentrer de bonne heure, car cet après-midi je retourne dans deux prisons pour l’écoute. Deux autres personnes de notre aumônerie m’accompagnent, de manière à pouvoir recevoir le maximum des détenus demandeurs d’écoute. Notre nombre perturbe un peu l’organisation, car il n’y a qu’un seul petit parloir, mais nous nous arrangeons pour cette fois-ci. Un des responsables de l’administration pénitentiaire est de passage et il nous rappelle notre devoir de réserve. Nous le rassurons, car nous connaissons bien le règlement et nous nous y tenons.
    Nous prenons le temps de parler aussi avec l’infirmier. Pour les cas les plus graves, les détenus sont conduits sous bonne garde à l’hôpital voisin. Avec le responsable du Service Social, nous abordons la question de l’alphabétisation en français et en arabe qui va commencer jeudi, de la bibliothèque et des problèmes d’eau.
    Nous repartons avec l’espoir que les choses vont s’organiser peu à peu : confiance et patience !
    Sur le chemin du retour, je m’arrête comme chaque lundi au Pavillon spécial visiter les détenus gravement malades. Quand je rentre il fait presque nuit.

  • Dimanche 16 septembre : Le mois prochain va avoir lieu à DAKAR la rencontre mondiale des femmes catholiques. Cette rencontre se prépare depuis longtemps dans chacune des équipes. Aujourd’hui, les déléguées se retrouvent pour présenter leur rapport, et tous ensemble en faisons l’évaluation. Elles m’ont demandé de venir comme « personne ressource » pour réagir, donner mon point de vue et les aider à rédiger le rapport final. C’est un gros travail mais qui en vaut la peine et qui nous conduit jusque tard dans la nuit. Le thème du forum est : « Porteuses d’eau vive à un monde assoiffé de paix ». Les sept thèmes de réflexion étaient : 1. L’éducation des filles - 2. L’autonomisation des femmes - 3. Un monde assoiffé de paix - 4. Les violences faites au femmes - 5. Femmes, porteuses d’eau vive - 6. La place des jeunes femmes dans la société - 7. La famille.
    Je vais participer à l’Assemblée générale de notre ONG : le CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Nous avons décidé de commencer par une formation sur le thème de l’engagement citoyen. On m’a demandé de faire une conférence sur ce thème. Je préfère lancer une discussion commune pour un partage de nos idées et une évaluation de nos actions. Ce qui donne un échange très intéressant.
    Le soir, je retourne pour les conclusions avec l’Association des femmes.

  • Samedi 15 septembre : Comme j’avais dit la dernière fois à la prison que je fêtais mon 60ème anniversaire de vie religieuse, aujourd’hui, à la fin de la messe, ils ont tenu à chanter tous ensemble avec moi le chant de la promesse. Cela a fait du bruit et mis de l’ambiance et m’a beaucoup touché. Ensuite, il nous reste encore une demi-heure pour parler avec ceux qui le veulent, écouter leurs problèmes, et leur apporter l’aide ou les choses dont ils ont besoin, autant que cela nous est possible.

  • Vendredi 14 septembre : Cette journée est particulièrement chargée. Beaucoup de malades et leurs familles demandent ma visite. Je le fais avec plaisir, encouragé par leur joie et le bon accueil aussi bien des soignants que des malades et leurs familles. De plus, le groupe qui m’accompagne à chacune de mes visites et se partage entre les différents services, me donne un bon coup de main.

  • Jeudi 13 septembre : Cela faisait trois semaines que je n’avais pas pu aller à la prison des femmes, à cause de la fête de la Tabaski et parce qu’une semaine sur deux je me consacre aux hommes du Camp Pénal. Aussi je suis très attendu. Comme je ne pourrai pas voir toutes celles qui le désirent, je commence par les dernières arrivées pour voir avec elles comment s’intégrer le mieux possible, s’adapter à leur nouveau mode de vie, s’entendre avec toutes, mais aussi se trouver l’une ou l’autre amie pour avoir quelqu’un avec qui se confier, ce qui est très important. Nous parlons un bon moment avec la coiffeuse qui vient former les volontaires, pas seulement pour les occuper, mais surtout leur donner la possibilité de travailler et de gagner un peu d’argent pour vivre à leur sortie. Enfin, je prends contact avec la greffière et les autres membres du personnel qui viennent d’arriver. Je tiens à assurer les meilleures relations possible.
    Comme chaque nuit, si je n’ai pas de réunion ou de formation, je me mets sur Internet pour répondre aux messages et envoyer des documents, sur les sites d’informations pour me tenir au courant, et sur Face Book. C’est souvent à ce moment aussi que je reçois des appels téléphoniques de personnes très diverses qui ont des problèmes et qui souhaitent conseils et soutiens, certains appels même en pleine nuit.

  • Mercredi 12 septembre : Après un moment sur Internet et Face Book, je pars pour une visite de contrôle à l’hôpital. Il y a beaucoup de monde et je dois attendre un bon moment. Ma tension est redevenue normale, mais le cœur bat irrégulièrement. C’est normal à mon âge, mais après une écographie le médecin avec qui je suis devenu ami, passant chaque semaine dans son service, me prescrit de nouveaux médicaments, et me demande de faire de nouvelles analyses. Et, bien sûr, de continuer mon régime contre le diabète. Pas facile !
    A mon retour, je reçois un jeune couple de mon ancienne paroisse dont j’ai béni le mariage il y a un an et demi. Ils viennent m’annoncer que la femme est enceinte, ce qu’ils attendaient avec impatience. Nous nous réjouissons ensemble. Ils me demandent de les accompagner dans leur vie de couple et pour se préparer à la venue de leur premier enfant ; ce que j’accepte avec joie.
    En ce temps de vacances et de congés, nous recevons de nombreuses visites. Ce n’est pas toujours facile d’être accueillants et disponibles pour recevoir des personnes arrivant à l’improviste jusqu’en pleine nuit, ni de donner à manger à toutes ces personnes. Il faut dire que les transports sont toujours aléatoires et souvent plus longs que prévu.

  • Mardi 11 septembre : Je reçois la visite d’une jeune fille très perturbée, vivant dans la peur de mauvais esprits. Je l’avais suivie plusieurs jours en l’accueillant dans notre Communauté, avant de lui faire suivre un traitement. Elle a maintenant retrouvé la paix et revient me remercier avec sa grande sœur qui l’a aussi suivie et soutenue. Nous nous réjouissons ensemble et prenons un temps de prière pour dire merci.
    Je prends ensuite un temps de réflexion avec un de nos nouveaux diacres sur les différentes possibilités pour travailler dans le domaine social. Puis je reçois un de nos étudiants qui vient de terminer une année d’apprentissage de l’anglais en Gambie. Il va aller faire ses études de théologie au Cameroun.
    Ensuite, je prépare le dossier de mariage avec deux fiancés. La rencontre est très décontractée, car nous nous connaissons bien maintenant et après les avoir préparés j’aurai la joie de bénir leur mariage.

  • Lundi 10 septembre : D’abord je vais à la banque toucher l’argent qu’une amie sénégalaise m’a envoyé pour m’aider à acheter un nouvel ordinateur. Puis je pars rapidement pour les deux prisons que je visite chaque lundi. Je reçois les détenus un par un pour les écouter et voir comment les aider, chacun selon ses problèmes. Là, ce sont surtout des besoins d’avocats pour leur défense, de lunettes, d’argent, de nourriture, etc… Malheureusement, nos moyens sont très limités.
    Puis je passe à l’Observatoire des prisons pour leur parler de la situation générale et leur parler d’un certain nombre de cas qui méritent une solution.

  • Dimanche 9 septembre : Après la messe avec la communauté anglophone, nous préparons l’année pastorale qui commence.
    Puis je vois avec le responsable du séminaire comment organiser la formation et les activités des séminaristes pour cette nouvelle année scolaire. Et comment accueillir le nouveau responsable, car le précédent va partir sur un nouveau poste en secteur rural.
    L’après-midi, je reçois la visite d’un étudiant haïtien. Il y a quelques années, au moment du grand tremblement de terre en HAITI, l’ancien président avait accueilli un certain nombre d’élèves et d’étudiants haïtiens. Ils ont continué leurs études au Sénégal. Aujourd’hui, un doctorant vient me voir. Il prépare une thèse sur l’entreprenariat des femmes. Il sollicite mon avis et je lui donne les noms de plusieurs personnes de PIKINE avec qui j’ai travaillé dans ce domaine, en lui souhaitant bon courage.

  • Samedi 8 septembre : Ce jour, je fête le 60ème anniversaire de mon engagement à la vie religieuse chez les Missionnaires spiritains. Je suis heureux de fêter cet anniversaire important pour moi dans la prière avec les détenus de la grande prison de Dakar.

  • Vendredi 7 septembre : A l’hôpital, un musulman en fin de vie me fait demander pour que je l’aide à mourir. Je fais de mon mieux, en admirant sa grande foi, son calme et son courage. D’ailleurs, à chacune de mes visites, je suis frappé par le courage et la sérénité des malades. Et aussi de leur foi et de l’intensité de leurs prières, musulmans comme chrétiens. Je suis aussi dans l’admiration devant le dévouement des familles. Des parents qui font le maximum pour amener de la nourriture et acheter des médicaments malgré leurs moyens très limités. Et qui passent des jours à côté de leur parent, à dormir par terre, pour ne pas le laisser seul.
    Aujourd’hui je suis venu avec un de nos séminaristes de Guinée Bissao, à la fois pour l’initier au soutien des malades, et pour me servir d’interprète, dans la langue créole, auprès de plusieurs malades du Cap Vert et de Guinée Bissao qui ne parlent ni ouolof, ni portugais. C’est le moment des vacances, aussi chaque semaine j’amène avec moi un séminariste pour initiation à cette mission importante. Tous voudraient venir aussi dans les prisons, mais ce n’est pas possible car il faut une autorisation spéciale, accordée officiellement seulement une fois par an.

  • Jeudi 6 septembre : Le matin, écoute des détenus au Camp Pénal. Le soir, une équipe de télévision vient m’interviewer sur un certain nombre de problèmes sociaux actuels et délicats : régulation des naissances, viols, pédophilie, avortements, etc… J’essaie d’apporter quelques éléments de réflexion, au-delà des arguments simplistes trop souvent utilisés, en tenant compte de la culture et de la situation réelle des gens.

  • Mercredi 5 septembre : J’accueille un certain nombre de personnes en difficultés. En particulier, un jeune couple dont la femme est découragée à cause de son diabète. Ils n’ont pas les moyens de payer l’insuline qu’on leur prescrit, ni d’acheter les aliments qu’il faut pour son régime.

  • Mardi 4 septembre : Préparation de la cérémonie d’un mariage. Nous voyons comment introduire dans la célébration les rites traditionnels du mariage sérère, leur ethnie, et assurer la participation la meilleure possible de l’assistance à la cérémonie.

  • Lundi 3 septembre : La Directrice de l’une des prisons est décédée brusquement. C’était une femme très droite et soucieuse des détenus. Sa mort cause une grande tristesse et il y a beaucoup de monde à son enterrement.
    Le soir, nous accueillons des volontaires de l’ONG allemande « Casques verts ». Ils ont terminé la construction d’un centre social à Bantako où il y a des mines d’or artisanales, avec tous les problèmes que cela comporte : violences, vols, viols, drogue, prostitution… Il nous faut maintenant assurer le bon fonctionnement de ce Centre, avec un personnel compétent et engagé, qu’il nous faut trouver.
    Les Casques verts continuent à Ziguinchor, au sud du pays, toujours marqué par des violences et des morts par un mouvement qui réclame l’indépendance, se sentant délaissé par le pouvoir central malgré tous les efforts fournis. Il y avait aussi de grosses tensions avec la Gambie, au temps de l’ancien dictateur Yaga Drame. Maintenant qu’un président a été élu démocratiquement, les choses se sont arrangées. Mais le gros problème qui reste c’est l’abattage en série des arbres de la forêt. Ces arbres, achetés en particulier par des Chinois, passent clandestinement les frontières de la Gambie et de la Guinée Bissao pour être exportés illégalement. Cela nous inquiète beaucoup car c’est une grande forêt qui disparaît, avec toutes les conséquences. A Ziguinchor, les Volontaires « Casques Verts » nous aident à mettre en place un garage pour la formation d’apprentis, car le chômage des jeunes est un problème très grave dans le pays.

  • Dimanche 2 septembre : Messe avec la Communauté anglophone.

  • Samedi 1er septembre : A la prison, après la prière avec les chrétiens, nous avons un moment pour parler avec les détenus. Aujourd’hui, je parle spécialement à un prisonnier originaire de Guinée Equatoriale, arrêté à Dakar. Loin de chez lui, il n’a ni visite, ni soutien. Il est à la recherche d’un avocat, mais il n’a pas les moyens de le payer. Sa femme est en Espagne. Je vais lui donner quelques nouvelles pour la rassurer.
    Puis je parle avec un jeune guinéen. Sa mère, qui m’a connu quand j’étais dans les camps de réfugiés pendant la guerre du Liberia, est très inquiète pour lui. Il est assez nerveux et s’est fait tabasser par les gardiens, parce qu’il s’était bagarré avec un autre détenu. Comme beaucoup d’autres prisonniers, il est révolté de voir que les artistes (rappeurs….) ou personnalités politiques sont jugés rapidement et souvent libérés avec des condamnations avec sursis, pendant que les autres font plusieurs années en prison avant d’être jugés. Ils ont écrit une lettre à l’Observatoire des prisons, mais la situation est très tendue.

  • Vendredi 31 août : Comme chaque vendredi, à la pause du midi, je commence par dire la messe pour les malades avec un certain nombre d’agents de la Santé, et également de bénévoles de plusieurs groupes chrétiens qui viennent avec moi visiter les différents services, parler avec les malades et encourager leurs familles. Nous sommes toujours bien reçus dans les services et c’est le personnel lui-même qui nous indique les malades à visiter en priorité, musulmans aussi bien que chrétiens, ce qui nous aide beaucoup. A chaque fois, malgré leur surcharge de travail, nous prenons le temps d’échanger quelques paroles. Nous nous connaissons maintenant, il ne faut pas beaucoup de temps pour nous comprendre. La plupart me demandent de prier pour eux et certains de bénir leurs bureau et lieu de travail, ce que je fais volontiers puisque la demande vient d’eux, librement.
    Dans tout cela, je suis aussi très encouragé par les bénévoles qui viennent visiter les malades chaque semaine. Ils se répartissent en différents groupes pour visiter les services des trois hôpitaux. Ils le font avec beaucoup de courage, mais aussi de tact et de discrétion, s’adressant à tous les malades sans distinction mais dans le respect de chacun. Ils sont pour moi à la fois une grande aide et un grand soutien.

  • Jeudi 30 août : Je reprends les activités ordinaires. Je vais rencontrer les détenus au Camp Pénal.

  • Mercredi 29 août : Etant présents dans le pays depuis plusieurs siècles, nous avons des archives importantes. Il faudrait mieux les classer et les informatiser, mais c’est un travail énorme.
    Des étudiants et aussi des enseignants passent régulièrement nous voir. J’ai bloqué plusieurs rendez-vous pour aujourd’hui. Ensuite, je travaille la thèse en sociologie pour le doctorat d’un confrère qui m’a demandé de lui faire part de mes réflexions. Cela va me prendre plusieurs jours, aussi je m’y attelle tout de suite.

  • Mardi 28 août : Hier j’ai appris avec beaucoup de tristesse le décès d’une religieuse indienne, infirmière, avec qui nous avons beaucoup travaillé durant les années 1980, à TAMBACOUNDA, au Sénégal Oriental. Je suis très triste. Ce matin, à la messe, nous prions pour elle tous ensemble.
    Ce mardi, je reste à la maison pour accueillir ceux et celles qui ont demandé à me voir, chacun avec son ou ses problèmes. Vue la difficulté de la vie, beaucoup sont tristes et découragés, ce qui entraîne de nombreux problèmes psychologiques. J’essaie de les écouter, de les conseiller et les encourager le mieux possible.

  • Lundi 27 août : A la prison, le gros problème actuellement est celui de l’eau. Déjà, depuis plusieurs semaines, l’eau manque gravement à DAKAR. La ville grandit de plus en plus et les installations n’ont pas suivi. On a fait plusieurs grands forages, avec l’aide du Japon on va ouvrir une usine de dessalement de l’eau de mer. Et on met de nouvelles canalisations depuis le Lac de GUIERS alimenté par le fleuve Sénégal, à plus de 400 km. Mais cela demande des fonds et du temps. C’est un grave problème pour tous, qui a entraîné de nombreuses manifestations et révoltes. Dans les quartiers, les gens peuvent au moins aller aux bornes-fontaines publiques. Mais pour les prisonniers ce n’est pas facile. Ne pouvant pas se laver normalement, ils ne peuvent pas faire de sport non plus ni laver leurs habits. Cela n’arrange pas leur moral. J’essaie de leur expliquer que c’est un problème général, mais ça n’apporte pas de solution pour eux.
    Je prends peu à peu connaissance de la prison. Nous parlons en particulier avec l’assistant social de la possibilité de commencer des cours d’alphabétisation car beaucoup de prisonniers n’ont jamais été à l’école. La plupart des détenus de cette prison sont condamnés à deux ans. C’est beaucoup moins qu’au Camp Pénal où les prisonniers sont souvent condamnés à 10 ans. Ils sont aussi moins nombreux et les conditions de vie sont moins dures. Mais la séparation de leur famille est toujours aussi difficile à supporter. Comme la prison est plus petite, ils ont moins de possibilité de faire du sport ou même des exercices.
    Malgré tout, il faut reconnaître que la situation des prisonniers s’est améliorée. La plupart des prisons datent d’avant l’Indépendance (en 1960). L’Etat cherche à les aménager peu à peu. Mais à la prison centrale, ils sont plus de 250 détenus dans une salle de 15 mètres sur 10. Ils doivent se coucher à tour de rôle, car la place ne suffit pas pour tout le monde et beaucoup dorment par terre. On parle de construire de nouvelles prisons, mais on attend toujours. Cependant, la prise en charge des détenus a été augmentée (environ 2 euros par jour et par détenu, tout compris : nourriture, soins de santé, etc…).
    Autrefois, le personnel était formé à l’Ecole de Police. Maintenant, les candidats sont formés dans une école spéciale, mieux adaptée aux besoins. Et l’Observatoire des prisons a lancé toute une série de formations pour lutter contre les coups sur les prisonniers, les brimades et même des tortures –rarement cependant-. Personnellement, je suis très bien reçu et attendu par les détenus, mais aussi le personnel. Ma présence et mes passages les encouragent et les amènent aussi parfois à avoir un peu plus de retenue. Et à chaque fois, nous parlons de leurs difficultés.

  • Dimanche 26 août : Il y a cinq communautés anglophones sur la ville, dont la nôtre. Aujourd’hui, chacune envoie chez nous 4 délégués, comme nous le faisons chaque mois, à tour de rôle. Cela nous permet de nous donner des nouvelles et de voir comment améliorer nos activités.

  • Samedi 25 août : Comme chaque samedi, après la messe nous saluons personnellement chacun des détenus et cherchons à commencer à résoudre l’un ou l’autre problème. Aujourd’hui, en particulier un nouveau détenu étranger qui me demande de prévenir sa famille et de lui chercher un avocat ; un autre, de donner des nouvelles à sa femme et de téléphoner à son ambassade.

  • Vendredi 24 août : A l’hôpital, service minimum. Le personnel habituel est absent. Une dame musulmane, venue visiter un parent, me prend en charge et m’indique, avec beaucoup de gentillesse, les différents malades à visiter.

  • Mardi 21 août : Un prisonnier, tout juste libéré, vient me voir : il n’a pas d’argent pour payer le car et retourner dans sa famille. C’est à chaque fois le même problème. Nous avons reçu quelques dons pour constituer une petite caisse afin de répondre à ces besoins. Nous parlons de son retour en famille et de ce qu’il va faire pour se réinsérer dans la société. Il a l’intention de cultiver le terrain de sa famille.
    Depuis samedi, il est très difficile de circuler en ville. En effet, demain c’est la Tabaski (Aïd el Kebir), la grande fête musulmane qui commémore le sacrifice d’Abraham. Tout le monde cherche des beaux habits et à préparer un bon repas. Et aussi à acheter un mouton par famille pour le sacrifice. Comme les moutons ne suffisaient pas au Sénégal, on en a fait venir de Mauritanie et du Mali. Mais ils sont très chers pour la plupart des gens. Et à cette occasion tout augmente. Pourtant, il faut bien faire la fête et la pression sociale est énorme, car les gens s’observent et chaque famille veut faire mieux que sa voisine. Résultat, certaines familles s’endettent pour des mois. Cela pose de grosses difficultés s’il y a un problème de santé ou d’argent dans la famille.
    Un autre problème : après la grande prière, les responsables politiques des différents partis en profitent, chacun dans la Mosquée de sa Confrérie, pour faire une intervention souvent agressive quand il s’agit de l’opposition. Ils utilisent ainsi la prière et la religion pour leurs intérêts personnels, ce qui n’est pas normal et entraîne une vraie déformation de la religion, et, en plus, un climat de violence inquiétant pour l’avenir. En effet, les élections présidentielles auront lieu dans six mois.
    La fête se prolonge pendant plusieurs jours, surtout que, à cette occasion, beaucoup sont partisdans leurs familles dans les différents villages. Les activités sont arrêtées.
    De mon côté je continue les activités ordinaires : réunions, prison, hôpital, communauté anglophone, etc… Et j’en profite pour répondre au courrier en retard et préparer les documents et les émissions radio en attente.

  • Lundi 20 août 2018 : Aujourd’hui, je commence l’écoute pour rencontrer les détenus dans deux nouvelles prisons. La prison des détenus malades (pavillon spécial), située dans un des hôpitaux de la ville, puis une prison pour les courtes peines (jusqu’à deux ans). Dans les deux endroits, je suis très bien accueilli car ces visites permettent aux détenus qui le veulent de venir parler personnellement de leurs problèmes et cela réduit un certain nombre de tensions.
    Je commence par recevoir les chefs de chambre pour parler avec eux de leurs responsabilités et leur expliquer le but de mes visites. Ensuite, je prends le temps de parler avec le personnel ; d’ailleurs j’en connais déjà un certain nombre pour avoir travaillé avec eux dans d’autres prisons.
    A mon retour, comme on m’a volé mon ordinateur, j’emprunte celui d’un confrère et j’espère récupérer le maximum de documents à partir des envois que j’ai fait par mails. Mais cela me prend beaucoup de temps et les documents que j’avais en réserve sont perdus.

  • Lundi 20 août : Aujourd’hui, je commence mes interventions dans deux nouvelles prisons. L’une où sont soignés les détenus malades, à l’intérieur de l’hôpital Le Dantec, l’autre à la pointe extrême de Dakar, au Cap Mannel. Cela se passe sans problème. Je suis bien accueilli dans les deux prisons, les détenus sont nombreux à vouloir me rencontrer. Je les reçois personnellement un par un, en « écoute ». Je ne peux pas voir tous ceux qui le désirent. Cela se fera peu à peu, car ils sont nombreux et jusqu’à maintenant personne ne venait les rencontrer systématiquement. Or les étrangers, ceux qui viennent des autres régions, et aussi ceux qui viennent de Dakar mais sont rejetés par leur famille, ne reçoivent ni visites, ni soutien. Bien sûr, nous ne pouvons pas remplacer leur famille, mais nous menons une aide complémentaire qui n’est pas inutile.
    En attendant d’avoir les moyens de remplacer mon ordinateur qui a été volé, un confrère me prête le sien quand il n’en a pas besoin. Ce n’est pas facile et m’oblige à travailler surtout la nuit. Pour le moment, je recherche mes documents.

  • Dimanche 19 août : Messe avec la communauté anglophone. Après la messe, je reste régler un certain nombre de cas sociaux : questions matérielles, mariage, documents à régler.
    Puis je vais saluer les 15 jeunes filles qui veulent être missionnaires spiritaines et que j’ai suivies depuis deux ans. Ce soir, elles partent en France pour une année de formation avant leur premier engagement (noviciat). Nous sommes un peu tristes de nous séparer ; je leur souhaite bon voyage et beaucoup de courage. En Octobre, un autre groupe arrivera. Mais elles devront d’abord apprendre le français, car la plupart viennent de pays lusophones (Angola, Mozambique, Cap Vert et Guinée Bissao) et anglophones (Nigéria, Ghana).
    Après la messe anglophone, nous partons en sortie à l’Ile de Ngor pour une journée d’amitié et de partage.

  • Vendredi 17 août, à l’hôpital, et Samedi 18, à la prison : Après la messe, en trois langues, toujours aussi animée, j’arrive enfin à prendre contact avec ce jeune Guinéen, dont la mère ne savait plus où il était et me téléphonait presque chaque jour, en pleurs. Je vais pouvoir la rassurer. Il est en bonne santé, mais attend toujours, depuis de longs mois, d’être jugé. Je le mets en lien avec la communauté chrétienne des prisonniers. Nous allons voir comment l’aider matériellement, et si possible lui trouver un avocat. Mais sa situation est difficile dans la mesure où celui qui l’a fait tomber dans ces problèmes est en fuite : encore un cas compliqué.
    Immédiatement après la prison, je pars en banlieue dans mon ancienne paroisse où on m’a demandé pour une formation. Je rentre tard la nuit, après avoir eu beaucoup de peine à trouver un moyen de transport.

  • Jeudi 16 août : Les activités continuent. Je vais à la prison des femmes. Elles sont très tristes car nous avions prévu de célébrer le 15 Août à l’avance, mardi ; mais ce rendez-vous a été supprimé au dernier moment car il y avait un séminaire de formation pour le personnel. Je vais voir comment on pourra rattraper cela. En attendant, je rencontre celles qui le veulent, personnellement, en « écoute ». Les demandes et les problèmes sont nombreux, comme à chaque fois, et je n’ai malheureusement pas toujours de solution. Mais pour ces femmes, pouvoir en parler est déjà un grand soulagement. Avec les musulmanes, nous parlons de la grande fête de la Tabaski (Aïd el Kebir) qui commémore le sacrifice d’Abraham. Le fait que ces deux fêtes se suivent en une semaine (15 Août et Tabaski) est l’occasion d’intensifier nos liens d’amitié entre chrétiens et musulmans. Une autre bonne nouvelle : je ne peux pas rencontrer toutes les femmes qui le désiraient, car certaines sont en formation en pâtisserie pour 5 jours, à l’intérieur de la prison. Après elles, ce sera un deuxième groupe. Je suis très heureux de cette formation qui leur est offerte. Il y a aussi d’autres formations en couture, broderie, coiffure et aussi culture de légumes sur table. Tout cela est important, pas seulement pour les occuper, mais surtout pour leur donner un moyen de gagner leur vie à la sortie de prison.
    Le soir, j’enregistre une nouvelle émission à la télévision sur le sens de la justice selon l’Evangile, organisée par la JOCF : « Pas de vraie charité sans justice ». Je fais la différence entre la justice des tribunaux où on condamne, sans même laisser l’accusé parler (c’est l’avocat qui parle à sa place et souvent plus pour trouver des vices de forme ou des moyens de sortir l’accusé), ce n’est pas une justice réparatrice, ni éducatrice, par rapport à la justice africaine traditionnelle (l’arbre à palabre) où on cherchait surtout à réconcilier les deux groupes pour arriver au pardon et rétablir la vie sociale, et enfin la justice évangélique basée sur la miséricorde et qui cherche la conversion et la transformation du monde.
    Une amie a voulu m’aider pour m’acheter un nouvel ordinateur. Elle m’a fait l’envoi par une de ces nombreuses sociétés de transfert. Depuis trois jours j’essaie de récupérer cet argent dans plus de cinq centres, sans succès : ou bien le service n’est pas disponible, ou bien il n’y a pas de réseau, ou bien il n’y a pas de connexion, ou bien il n’y a pas d’argent disponible ! C’est ce qui arrive pour beaucoup de choses. On met en place des systèmes soi-disant modernes, mais ça ne marche pas.
    En plus de tous les animaux morts de la première très grosse pluie, surtout des moutons, et des pluies qui maintenant tardent à venir, une maladie mystérieuse attaque maintenant les vaches et bœufs qui meurent en grand nombre. Et pourtant, ils étaient vaccinés. C’est souvent la seule richesse des éleveurs, et en plus ils n’ont plus d’animaux de trait pour le labour et le travail des champs.
    Le P.A.M. (Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies) a arrêté de fournir de la nourriture dans de nombreuses écoles. Les villages s’organisent pour mettre eux-mêmes en place des greniers de céréales au moment de la récolte, pour nourrir les élèves pendant l’année scolaire qui souvent viennent à jeun, et de loin, tôt le matin, sans manger durant la journée et ne retournent au village que le soir.
    En ce moment, dans tout le pays, les gens sont mobilisés par la préparation de la Tabaski, en particulier pour acheter le mouton qu’on va sacrifier dans chaque famille (plus de 250.000 dans le pays). Il a fallu en faire venir un grand nombre depuis la Mauritanie et le Mali. Chacun veut préparer un repas de fête et avoir de beaux habits. Les oignons (base de la « sauce ») et les pommes de terre commencent à manquer. Ce jour-là on ne mange pas de riz –la base de la nourriture quotidienne-, on fait des frites ! Les marchés sont remplis et les tailleurs débordés pour préparer des habits de fêtes. Les cars sont pleins et réservés depuis des semaines car beaucoup veulent se retrouver en famille. Il y a une pression sociale énorme. Il faut avoir un mouton plus gros que celui de son voisin. Des tas de familles vont se retrouver endettées et auront beaucoup de peine à inscrire leurs enfants à l’école.
    L’année prochaine se tiendront les élections présidentielles et la tension est déjà très forte dans le pays. Il y a plus de 300 partis et déjà plus de 20 candidats déclarés. On a mis en place un système de signatures (parrainages) mais beaucoup s’y opposent voulant se faire connaître, même s’ils n’ont aucune chance d’être élus. Malgré les nombreux efforts du gouvernement dans le domaine social, la pauvreté demeure. L’opposition rencontre du succès en faisant des tas de promesses, mais sans avoir un vrai programme de développement du pays. Les violences verbales sont de plus en plus nombreuses et cela est inquiétant pour l’avenir. Nous essayons de mener un programme de réflexion surtout auprès des jeunes.
    Dans ce climat de fausses promesses et de surenchère, les différents groupes, professionnels ou autres, se mettent en grève ou manifestent, profitant de la situation pour obtenir des avantages qui ne vont pas souvent pour l’avantage de la majorité, surtout pas des plus pauvres qui n’ont pas les mêmes moyens de se faire entendre, ni pour une avancée réelle du pays. L’argent facile avec la corruption et la frime et l’illusion prennent de plus en plus de place dans la vie du pays. C’est très inquiétant.
    Cela n’empêche pas les activités des se poursuivre.

  • Mercredi 15 août : Jour de fête et mauvaise nouvelle ! Après la prière, j’étais fatigué et je me suis couché. Quelqu’un a laissé la porte de la maison ouverte et pendant que je dormais on est entré dans ma chambre et on a volé mon ordinateur portable. Cela me pose de gros problèmes. D’abord il va falloir que je trouve les moyens d’en acheter un autre. Mais surtout je vais perdre des documents. J’en avais bien une copie sur une clé, mais ça date de Mai. Depuis, j’ai pas mal travaillé. Je vais essayer d’en récupérer certains dans mes envois mails sur Internet. Je vais avoir aussi un problème pour mes émissions radios : commentaires de l’évangile de chaque jour que j’enregistrais et envoyais à partir de cet ordinateur. Un sale coup !
    Malgré tout, j’essaie de garder le moral pour bien accueillir les nombreuses personnes qui viennent à la Communauté : des confrères en congés, des étudiants qui viennent pour avoir un visa, des amis de passage, etc…. et tous les imprévus qui arrivent parfois en plein milieu de la nuit et qu’il faut aller chercher quand ils ne connaissent pas la ville.
    Je voulais regarder à la télévision l’émission du 15 Août que j’avais enregistrée jeudi dernier, mais la chaîne ne fait pas partie des chaînes gratuites que nous recevons. En effet, les journalistes et les monteurs font parfois des coupures qui changent complètement le sens de ce que l’on a dit ; et je souhaitais vérifier cela.

  • Mardi 14 août : Préparation de la fête et travail à la maison.

  • Lundi 13 août : Je vais déjà dans plusieurs prisons d’hommes et de femmes chaque semaine. On m’a demandé d’ajouter deux nouvelles prisons. Le Pavillon spécial où sont envoyés les prisonniers gravement malades : cette prison se trouve à l’intérieur de l’un des grands hôpitaux de Dakar. Dans l’autre sont enfermés des prisonniers qui sont dans des situations spéciales. Comme ces prisons sont assez éloignées, je décide de laisser mon vélo et de prendre les transports publics. Je le regrette aussitôt car les rues sont complètement bloquées à cause d’une visite présidentielle. Après des blocages et des détours dans tous les sens, j’arrive à destination au bout de trois heures. L’heure des visites est passée, je ne peux pas rencontrer les prisonniers et je rentre avec les mêmes problèmes. Il y a plusieurs côtes à grimper, mais malgré tout la prochaine fois je prendrai mon vélo. En plus ça me fera un bon exercice-sportif !
    Je ne suis quand même pas venu pour rien, car j’en profite pour aller voir les Sœurs de l’hôpital voisin, dont j’étais l’aumônier l’année dernière. Nous avons beaucoup de choses à nous dire et elle me gardent pour le repas. Du coup, je décide de retourner à la prison. C’est encore l’heure de la pause, mais je suis très bien accueilli par le directeur bien que nous ne nous connaissions pas, car c’est un nouveau. Il appelle la responsable du Service Social de la prison. Elle me connaît, nous avons déjà travaillé ensemble dans une autre prison. Nous posons la base de notre collaboration future. Et tout de suite elle appelle trois détenus qui veulent me voir : un portugais, un sénégalais et un nigérian. Pour ne rejeter personne, nous avons donc une rencontre en trois langues, ce qui leur permet de communiquer entre eux (avec traduction de ma part), ce qu’ils n’avaient pas pu faire jusqu’à maintenant. D’autant plus qu’ils viennent de trois prisons très éloignées l’une de l’autre, du nord, de l’est et du centre du pays, amenés à Dakar pour être soignés. Après cette première rencontre, l’assistante sociale fera passer le message à tous et je rencontrerai personnellement ceux qui le désirent, un par un, chaque lundi, à partir de lundi prochain pour des rencontres personnelles.
    L’heure a passé et je suis dans les temps pour aller à la deuxième prison. Là aussi, nous nous connaissons déjà avec le responsable du Service Social ; il n’y a donc aucun problème. Le directeur est absent mais il a laissé la consigne. Les choses se mettent en place facilement, car ces séances d’écoute sont désirées par les détenus et les aident beaucoup, et elles améliorent aussi beaucoup la vie et l’ambiance dans la prison.
    En sortant, je vois sur mon téléphone « un appel en absence ». C’est une famille d’amis venus visiter leur fille qui travaille au Sénégal. Je les connais bien, puisque je les avais accueillis dans les années 80 à Saint-Louis du Sénégal, quand la ville de LILLE avait lancé un jumelage avec la ville de St LOUIS, puis avec le département et ensuite toute la région. Nous avions lancé ensemble les premières opérations d’éducation dans les écoles, en particulier sur les droits de l’enfant qui venaient d’être publiés aux Nations Unis, et aussi d’animation dans les quartiers, et de travail avec la Municipalité pour l’assainissement de la ville. Nous sommes très heureux de nous retrouver. Nous parlons de nos différents engagements et activités. Mes amis continuent de travailler à ces différents jumelages, mais depuis Lille où ils sont retournés. Cette aide au développement à la base me semble très importante, car elle permet des relations entre personnes à la base, dans la mesure où il y a des deux côtés des gens réalistes pour éviter des réalisations inutiles ou inefficaces parce que la population n’est pas concernée ni impliquée. Il est nécessaire aussi que ce ne soit pas des initiatives individuelles, mais qu’elles entrent dans le plan global de développement du pays.

  • Dimanche 12 août : Messe, suivie d’un temps de partage. Aujourd’hui, deux des jeunes filles qui se préparent à être Sœurs missionnaires spiritaines nigérianes sont venues participer à notre prière. Elles sont une quinzaine, d’une dizaine de pays africains, que j’ai suivies tout au long de l’année. Dimanche prochain, elles vont partir au Noviciat en France pour se préparer à leur engagement religieux. Nous les entourons de notre amitié  et nous les encourageons à suivre le chemin qu’elles ont choisi.

  • Samedi 11 août : Messe en quatre langues à la grande prison de Dakar (Rebeuss). Ensuite, il nous reste un peu de temps sur les deux heures qu’on nous accorde pour rencontrer ceux qui veulent parler avec nous. Je suis en particulier à la recherche d’un jeune Guinéen qui vient de la Forêt du sud où j’ai travailler pendant 10 ans dans les Camps de réfugiés. Il a été arrêté et sa mère m’a téléphoné plusieurs fois. Elle est très inquiète car on ne sait pas où il est. Je cherche à retrouver sa trace, mais ce n’est pas facile car souvent les gens cachent leur nom et prennent un faux nom quand ils sont arrêtés. Les prisonniers se connaissent entre eux, ils vont m’aider.
    Nous avons un autre problème. Cette prison est la plus grande du Sénégal. C’est une Maison d’Arrêt où les détenus sont enfermés avant leur jugement. Cela peut durer 2 ou 3 ans, et même parfois plus. Ils sont ainsi près de 2.000 en attente. Nous avons l’autorisation d’intervenir du Ministère de la Justice, au titre de l’Aumônerie catholique. Nous voudrions rencontrer personnellement les détenus qui le désirent pour des séances d’écoute et les aider dans leurs différents problèmes, qui sont nombreux, comme nous le faisons dans les autres prisons, sous la supervision et en collaboration avec le service social. Malheureusement, on ne nous le permet pas dans cette prison, malgré la formation que nous avons reçue. C’est une grande souffrance pour nous, et aussi pour les prisonniers et leurs familles, bien sûr. Nous cherchons à résoudre le problème, quitte à monter plus haut ou à passer par l’Observatoire des Prisons.
    Le soir, je pars en grande banlieue, dans mon ancienne paroisse pour la messe. Nous sommes très heureux de nous retrouver pour une messe bien animée, par la chorale des jeunes. Comme j’ai la messe avec les anglophones demain matin, je rentre la nuit après avoir attendu le car un bon moment.

  • Vendredi 10 août : Ce matin nous accueillons les trois jeunes du Cap Vert qui étaient venus apprendre le français chez nous l’année dernière. Ils doivent continuer leur formation religieuse et missionnaire en France (noviciat) et passent par le Sénégal pour obtenir un visa. Ils s’y sont pris à l’avance, mais cela devient de plus en plus difficile d’obtenir un visa pour la France et l’Europe, ce qui à long terme ne peut être qu’un appauvrissement pour nous tous. C’est très dommage.
    Je retourne à l’hôpital pour la messe à 13 heures et la visite aux malades toute l’après-midi. Heureusement, des laïcs viennent m’aider pour encourager les malades et leurs familles. Nous nous partageons les différents services pour les visites, et s’il y a un malade qui demande les Sacrements, ils me préviennent. Comme d’habitude, je prends le temps de parler avec médecins et infirmières. Et je prie aussi bien avec les musulmans qui le désirent qu’avec les chrétiens. Aujourd’hui, je rencontre un Imam. Il veut me bénir (en arabe, en citant une sourate du Coran). Bien sûr j’accepte avec joie et nous nous saluons dans la paix.
    De retour, je prépare les différentes prières pour le week end.

  • Jeudi 9 août : Nous commençons la journée par la messe, à 6 heures 30, comme chaque jour. La Maison est toujours pleine et chaque matin les gens qui travaillent dans le quartier viennent prier avec nous. Ceux qui ont un peu de temps restent parler un peu ou même déjeuner avec nous, ce qui permet des échanges variés et très sympathiques.
    Puis, comme chaque jeudi, je pars dans l’une des prisons. Mais aujourd’hui, je n’aurai pas le temps d’accueillir personnellement les prisonniers qui le désirent. Je me contente de lancer la prière avec le groupe de chrétiens qui se réunit en même temps. Puis je pars enregistrer une émission à la télévision pour la fête du 15 Août. Nous nous connaissons bien avec la journaliste, aussi l’émission est animée et elle me pose des questions intéressantes… ce qui n’est pas toujours le cas !
    Le soir, je retrouve la communauté anglophone dans un autre quartier, pour partager sur l’Evangile du dimanche. J’aime beaucoup ces rencontres car les participants ont une bonne connaissance religieuse, mais surtout, peu à peu, ils ont appris à parler personnellement de leur vie et de problèmes concrets, au lieu de se limiter à des discussions comme ils avaient tendance à le faire au début. Cependant, quelquefois j’ai de la peine à comprendre ce qu’ils disent, car ils parlent un anglais populaire avec un fort accent africain. Mais on arrive très bien à s’entendre et ils m’accueillent avec beaucoup d’amitié après mes deux semaines d’absence.

  • Mercredi 8 août : J’avais un rendez-vous à l’hôpital pour une visite de contrôle. Mais quand j’arrive, on m’annonce que le médecin est en congés. C’est la période des vacances ! J’en profite pour aller visiter les malades. Certains sont guéris depuis mon dernier passage, et j’en suis très heureux. D’autres malheureusement sont décédés, ce qui me rend très triste. Je vais me renseigner pour connaître les adresses de ceux qui habitaient à Dakar pour aller présenter mes condoléances à la famille.
    A mon retour, je trouve des gens qui m’attendent pour différents problèmes. Je prends le temps qu’il faut avec chacun.
    La nuit, je vais dire la messe dans la communauté des Frères de Taizé. Ils sont très présents dans le quartier, et la messe est très animée et fraternelle. J’aime beaucoup venir prier avec eux. Je reste partager le repas avec les jeunes qui assurent bénévolement les différentes activités avec les enfants et les adultes. Nous avons un partage très intéressant sur la vie du quartier, sur l’Université et la vie du pays. Je rentre tard à la maison, fatigué mais heureux.

  • Mardi 7 août : Après ces deux semaines d’absence, j’ai des tas de choses en retard. Je vais m’y mettre peu à peu.

  • Lundi 6 août : C’est le temps des vacances, aussi nous avons beaucoup de passages dans la Communauté, en particulier des confrères venus en congés et revoir leurs familles après trois ans de travail ; ils arrivent du Cameroun, de Tanzanie, de Guadeloupe, du Brésil et de Taïwan. C’est une grande joie pour nous, et l’occasion d’échanges toujours très enrichissants. Nous avons besoin de ces contacts personnels pour rester ouverts au monde et à ce qui s’y vit.
    A midi, je suis invité par le Vicaire général, l’adjoint de l’Evêque, pour réfléchir comment améliorer notre travail en prison. Chaque samedi, avec plusieurs équipes, nous assurons les prières en plusieurs langues dans les différentes prisons de la ville. Nous assurons d’autres services, en particulier le soutien des détenu(e)s au point de vue matériel : nourriture, médicaments, habits et autres (chaussures, lunettes, piles pour la radio, téléphone et mails aux familles, etc…). En lien avec le Service social des prisons, nous assurons des rencontres d’écoute avec les prisonniers qui souhaitent nous rencontrer pour parler de leurs problèmes, sans distinction d’ethnie, de langue (nous en parlons un certain nombre) ou de religion. Mais nous sentons la nécessité d’assurer le soutien des détenus au point de vue judiciaire, améliorer les relations avec les familles, permettre la réconciliation au moment de la sortie. Cela fait beaucoup de choses. Il nous faut trouver les personnes volontaires, les former et les soutenir. Tout un programme !
    En même temps, j’ai l’occasion de revoir deux confrères que je n’avais pas vus depuis longtemps.
    Le retour en bus (c’était un peu loin pour y aller en vélo) est difficile comme d’habitude. Long voyage debout, dans un bus rempli à bloc, en pleine chaleur en cette période d’hivernage.
    Arrivé à la Maison, après une bonne douche je suis heureux de m’asseoir parler avec les confrères de passage. Ils sont nombreux à cette période. Et ceux qui sont venus à Dakar pour les ordinations restent passer quelques jours parmi nous.

  • Dimanche 5 août : C’est une grande fête. Des gens sont venus de toutes les villes et paroisses où ces jeunes ont travaillé. L’évêque a tenu à rester avec eux. Déjà, pendant la messe, les enfants l’ont spécialement remercié  avec une belle photo, pour les avoir spécialement reçus à la Cathédrale de Dakar. Et la Communauté lui a offert une oie superbe en souvenir.
    Nous avons une très belle cérémonie pleine d’émotion, avec les familles, la longue prostation traditionnelle et un certain nombre de rites traditionnels spécifiques à chacune des trois ethnies des nouveaux diacres : diola, sérère et mandjaque. La messe se poursuit par les chants et les danses. Les gens sont tellement heureux que le repas, prêt depuis longtemps, n’est servi qu’à 17 heures. Il est tout froid, mais ce n’est un problème pour personne.
    Dans la Communauté, nous recevons quatre Soeurs qui arrivent de Guinée Bissao et qui vont venir servir en Casamance, au sud du pays. Elles pourront parler en créole avec les gens, mais il faut quand même qu’elles apprennent le français.

  • Vendredi 3 août : Ce matin messe à la grande prison, toujours animée. Nous sommes très heureux de nous retrouver. Nous avons une prière spéciale pour ceux qui vont être jugés cette semaine. Mais nous ne sommes autorisés qu’à dire la messe, au contraire des autres prisons où, un autre jour, nous pouvons rencontrer les prisonniers qui le désirent personnellement, pour l’écoute et chercher à satisfaire à leurs besoins. Pourtant nous sommes reconnus comme visiteurs de prison et avons reçu une formation pour cela. Il va falloir régler les problèmes, même s’il faut monter plus haut.
    A la sortie, je repasse par l’hôpital où d’autres malades, arrivés pendant mon absence, m’ont été signalés hier.
    Cet après-midi, deux de nos étudiants vont renouveler leur engagement religieux et deux autres font leur engagement définitif ; demain ils seront ordonnés diacres. Ils feront alors une année de stage avant d’être ordonnés prêtres et d’être envoyés dans un autre pays comme missionnaires.

  • Jeudi 2 août 2018 : Nous revenons du camp pour les vocations à 7 heures, après avoir voyagé toute la nuit en bus, bien fatigués. Je me repose le matin, mais l’après-midi je pars pour l’hôpital où plusieurs malades m’ont demandé. Les activités reprennent !

  • Nouvelles du pays (juillet 2018)
    A la prison, je rencontre des prisonniers venus de Casamance suite à une sombre affaire de coupe clandestine de bois. Cela est assez fréquent. Des gens viennent couper des arbres le long de la frontière et les font passer rapidement en Gambie, d’où ils sont achetés et exportés en particulier par des Chinois. Résultat, la forêt de Casamance disparaît rapidement, ce qui est un grand malheur. Ce trafic est favorisé par l’insécurité dans la région. En effet, un mouvement indépendantiste est à l’œuvre depuis plus de 30 ans. Pendant tout ce temps, les rebelles ont posé des mines anti personnelles qui ont blessé et tué de nombreuses personnes. Une action de déminage est menée, mais cela demande beaucoup de temps. Il y a aussi tout un travail de réinsertion dans la société des jeunes qui ont quitté la rébellion, mais cela n’est pas facile non plus. Les attaques entre rebelles et militaires ont diminué, mais certains indépendantistes se sont transformés en bandits qui attaquent et rançonnent pour se procurer les moyens de vivre en se cachant dans la forêt.
    Aujourd’hui, le Président chinois commence au Sénégal une tournée qui le mènera jusqu’en Afrique du Sud, à la rencontre de cinq pays émergents (les BRICS). Au Sénégal, il va inaugurer le Musée des Civilisations Noires et des arènes de lutte traditionnelle (le sport national) construites par la Chine. Ce pays cherche à s’implanter de plus en plus en Afrique et c’est l’occasion de nombreuses réflexions et discussions. L’aide chinoise consiste souvent, en priorité, en constructions de prestige. Les échanges commerciaux ont maintenant dépassé 1.000 milliards de francs CFA, mais ce sont souvent des prêts qui devront être remboursés, même s’ils sont la plupart du temps sans intérêts. La Chine a d’énormes besoins en matières premières et on lui reproche souvent d’en importer sans aider à les transformer sur place, ce qui aiderait davantage au développement des pays africains. Les Chinois font bien des réalisations, spécialement des routes et dans le domaine de la santé, mais on leur reproche de venir avec leurs techniciens au lieu de former les gens sur place, à l’inverse de l’Inde. On a découvert du pétrole au Sénégal, aussi la Chune veut s’engager dans ce secteur et dans les finances. Quinze nouveaux contrats vont être signés, mais beaucoup contestent les termes « gagnant-gagnant » utilisés sans cesse. La Directrice du Commerce, sénégalaise, a reconnu que la balance commerciale avec la Chine est très déficitaire, avec un taux de couverture de seulement 23 %. Le Gouvernement sénégalais, comme les autres Gouvernements africains, apprécie que la Chine se limite au niveau économique, sans intervenir au niveau politique. Mais les membres de la société civile lui reproche de soutenir même des dictatures quand c’est son intérêt, sans grand souci des droits de l’homme. Et les travailleurs sénégalais employés dans les entreprises chinoises se plaignent souvent des conditions de travail très dures qui leur sont imposées. Pour ce qui est de la construction des arènes de lutte, nous avons cherché à nous y opposer, sans succès, au moment de la Campagne Présidentielle, car chaque compétition se termine par des bagarres et des casses, à la grande souffrance de la population. Finalement, le problème c’est que le Sénégal, face à la Chine aussi bien que face à l’Europe, est en position d’infériorité et n’a pas les moyens de défendre ses intérêts. Il faudrait au moins développer la Coopération scientifique et technique pour que les Sénégalais se forment et prennent les choses en main progressivement. Quoiqu’il en soit, l’aide et les investissements chinois au Sénégal sont maintenant beaucoup plus importants que ceux de la Fance au Sénégal.
    Les problèmes internes ne manquent pas non plus. Ainsi, de nombreux médecins spécialistes partent immédiatement dans le privé bien qu’ayant bénéficié d’une bourse d’études. L’Etat vient de leur imposer un service public minimum de 5 ans. A la base, les Comités de santé des quartiers et villages ont de la peine à se mettre en place. Et l’Etat n’a pas les moyens d’assurer la Couverture Médicale Universelle (CMU) qu’il a décidée. Cela arrive souvent : on décide de très bonnes choses, par exemple au niveau social, mais on n’a pas les moyens de les réaliser. Avec le début de la saison des pluies, les cas de paludisme et de diarrhées sont de plus en plus nombreux. Dans les dispensaires catholiques on cherche non seulement à soigner mais à assurer une éducation sanitaire et à développer la prévention. Et pour les mamans à utiliser les produits locaux pour lutter contre la malnutrition des bébés.
    La malnutrition continue à sévir dans le pays. Pas seulement dans le nord du pays, mais aussi dans la banlieue de Dakar. La saison des pluies vient juste de commencer et il faudra attendre plusieurs semaines avant les premières récoltes… à condition que les pluies soient régulières, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour le moment.
    C’est la période des examens. Les résultats du Baccalauréat ne sont pas bons (en iron 37 % d’admis après une session de rattrapage) : ce sont les conséquences des nombreuses grèves des enseignants, spécialement graves cette année. Pour satisfaire les revendications, le Gouvernement signe des accords qu’il ne peut pas tenir et les gens repartent en grève, dans un cycle sans fin.
    De plus, les syndicats sont de plus en plus politisés à l’approche des élections présidentielles (en 2019). Toute la vie sociale est perturbée et chaque secteur professionnel se met en grève à tour de rôle pour obtenir des avantages. Du côté du Gouvernement comme de l’opposition, il faut tout faire pour gagner. La situation est d’autant plus tendue que les deux principaux opposants sont en prison pour des raisons de détournement d’argent. Et les candidats s’opposent à la loi du parrainage demandant 60.000 signatures pour pouvoir se présenter aux élections présidentielles. Tout cela entraîne de nombreuses déclarations avec beaucoup de violences verbales. Des candidats et des partis n’hésitent pas à utiliser les jeunes pour leurs intérêts partisans. Dans les communautés chrétiennes et avec les amicales de jeunes des quartiers nous cherchons à faire réfléchir les jeunes pour qu’ils ne se laissent pas manipuler ni entraîner dans la violence. Un sociologue sénégalais écrit : « Les Sénégalais n’ont pas la culture de l’Etat. Ils ont tendance à tout casser quand ils sont mécontents. Et ils acceptent difficilement de perdre. Il faut aller à la recherche de solutions consensuelles, plutôt que vers la violence ».
    Dans la presse, on ne parle que des procès du fils de l’ancien président et du Maire de Dakar. Chaque camp a son lot d’avocats qui amènent sans arrêt des nouveaux arguments, des appels, des vices de forme et autres arguments, n’hésitant pas à remonter jusqu’aux instances ouest-africaines et internationales. Cela perturbe beaucoup la vie sociale et ne met pas les gens au travail. Une grande marche de protestation est prévue pour le mois d’Août.
    En ce moment se tient, pour une semaine, une université populaire de l’engagement citoyen. Des Associations sont venues des différents pays d’Afrique, spécialement des mouvements sociaux de jeunes rappeurs qui utilisent la musique pour faire passer leurs messages, en cherchant à donner la parole au maximum de jeunes. Les revendications portent sur le chômage et la pauvreté, mais plus précisément sur le manque d’eau en ville. Pour y remédier, on a fait d’urgence sept grands forages dans la région de Dakar, mais beaucoup ont peur que cela fasse remonter le sel dans la nappe phréatique et ne diminue l’eau pour les cultures maraîchères.

  • Mercredi 4 juillet : Je rencontre les élèves de 3ème qui se préparent à l’examen du brevet. Ayant quitté PIKINE, je ne les avais pas encore revus cette année. Mais nous nous connaissons bien et nous sommes heureux de ces retrouvailles. Je leur souhaite bonne chance, je les encourage à bien se préparer à leur examen.
    Ensuite, avec ma nièce venue me visiter et qui est médecin, nous allons à l’Hôpital de Fann où j’interviens en tant qu’aumônier. Là aussi, nous avons beaucoup de personnes à voir et de choses à nous dire.
    Mais je dois quitter car un ami, professeur d’Histoire et Géographie avec qui nous avons lancé Amnesty International et l’Education aux droits humains dans les écoles et les quartiers, a demandé à me rencontrer. Depuis tout ce temps, nous sommes restés en contact et il a préparé toute une réflexion sur la migration, pour voir comment sensibiliser les gens au problème, aider les migrants venus au Sénégal (ils sont beaucoup plus nombreux qu’en France), et convaincre les jeunes et leurs familles qu’il vaut mieux rester travailler au pays, même si c’est dans des conditions très difficiles, et aussi accueillir tous les migrants ayant fui la Lybie ou expulsés d’Algérie ou d’Europe. Nous voyons comment mettre en place un plan d’action et quelles associations contacter pour réaliser le travail, en particulier la Caritas qui a un centre pour les migrants, Amnesty International, mais aussi des associations de jeunes des quartiers. Une nouvelle activité à lancer, mais c’est important.

  • Mardi 3 juillet : Accompagné de ma nièce, nous allons dans mon ancienne paroisse de PIKINE, pour lui faire découvrir la banlieue, ce qui me permet de rencontrer de nombreux amis dans le quartier (j’en profite pour faire quelques achats auprès de mes amis petits commerçants). Puis nous visitons la paroisse avec ses différentes installations (centre culturel, centre social, salle de réunion, bibliothèque, terrain de sport), le dispensaire et les jardins d’enfants. L’école est maintenant vide, mais je rencontre les enseignants qui attendent les parents pour leur remettre les bulletins scolaires, et les élèves de 3ème qui se préparent à l’examen du brevet.

  • Lundi 2 juillet : Je suis invité dans un Jardin d’enfants que j’accompagne pour une prière commune avant une réunion d’évaluation de l’année. Tous les éducateurs/éducatrices et le personnel, musulmans comme chrétiens, y participent, dans l’amitié et le partage.
    J’ai amené ma nièce avec moi. Elle reste avec la directrice, qui est en même temps visiteuse de prison et lui explique donc les activités avec les prisonniers. En effet ma nièce n’est pas venue pour faire seulement du tourisme, mais pour découvrir le Sénégal, la vie des gens et les différents engagements. Après cela, elle va rencontrer une amie avec qui nous avons lancé une association d’éducation aux Droits humains et qui va lui présenter les jeux éducatifs que nous avons composés pour les écoles et les mouvements de jeunes. Et aussi l’entreprise familiale de fabrication de jus de fruits naturels. Après de nombreuses années de travail sérieux, ils trouvent maintenant des débouchés jusqu’en Europe.
    Pour ma part, je suis rentré pour rencontrer un groupe d’étudiants américains venus pour un voyage d’études en vue de découvrir les réalités sociales, économiques, politiques et religieuses du pays. Après la rencontre, leur responsable reste avec moi. Il prépare un doctorat sur les relations entre chrétiens et musulmans et souhaite avoir des renseignements ainsi que mon point de vue sur un certain nombre de questions.
    Le soir, j’apprends une nouvelle très triste. La première grosse pluie de Mercredi dernier a fait de gros dégâts, en particulier au nouvel aéroport où non seulement les avions ont été détournés vers la Gambie et la Guinée mais où des objets emportés par le vent ont endommagé et même perforé des carlingues d’avions, en particulier de la Compagnie sénégalaise. De nombreux quartiers ont été inondés. Mais à l’intérieur du pays, dans la région sèche du Sahel, plus de 10.000 animaux (vaches et moutons) sont morts de froid. En effet, c’est la fin de la saison sèche, il n’y a plus d’herbe. Les animaux sont donc très fragiles. Mouillés par la pluie, ils sont morts de froid. Les éleveurs ont bien essayé d’allumer du feu pour les réchauffer, mais cela n’a pas suffi. C’est un grand malheur pour ces familles qui n’ont que leur troupeau comme source de revenu pour vivre..
    Puis, comme j’ai deux formations importantes à assurer cette semaine, je me mets au travail.

  • Samedi 30 juin : Journée chargée. J’ai deux formations en même temps. En effet, c’est la fin de l’année scolaire et les gens se réveillent toujours au dernier moment. Heureusement, ces deux formations sont presque au même endroit. Je vais faire la navette entre les deux groupes en leur laissant des temps de réflexions personnelles et d’échanges entre eux… ce que je fais toujours, de toutes façons. Le premier groupe rassemble des jeunes mariés (de 1 à 5 ans), en prolongement des sessions de préparation au mariage. En effet, c’est très important que ces sessions aient un suivi. L’autre groupe est un groupe professionnel de chrétiens qui travaillent dans une grande entreprise de la banlieue. Nous réfléchissons à la nouvelle évangélisation.
    A la première rencontre, les participants sont très intéressés, si bien que nous dépassons largement le temps. Le deuxième groupe doit attendre. Heureusement qu’ils sont compréhensifs et patients. Mais le repas n’arrive qu’à 16 heures. Et beaucoup ne sont pas venus. Finalement, je ne trouve que quatre personnes et il est trop tard pour faire la réflexion sur la nouvelle évangélisation. Je me contente de dire la messe. De plus, nous sommes à 30 km de Dakar et la route est bouchée car c’est samedi soir. Or les amis de ma nièce prennent l’avion ce soir et je voudrais les voir avant leur départ. Ma nièce va rester quelques jours encore chez nous.
    Sur la route, les problèmes ne manquent pas. D’abord nous n’arrivons pas à sortir du centre. Le parking est complètement bloqué par des centaines de camions venus du MALI qui attendent un chargement au port de Dakar. En effet, le chemin de fer Dakar-Bamako ne fonctionne plus. Toutes les expéditions doivent se faire par la route. Le port, la ville et les routes sont engorgés. A chaque carrefour, les voitures doivent s’arrêter à cause des bouchons. Et aussitôt, les marchands ambulants qui vendent des tas de choses plus ou moins importantes, souvent des bricoles, viennent entourer les voitures. Des marchands de chaussures étalent leurs chaussures sur les trottoirs (une seule de chaque paire pour éviter les vols !). J’ai pitié de ces petits marchands qui doivent vider leurs bagages chaque matin en arrivant, et les remplir le soir de ce qui n’est pas vendu et les ramener chez eux. Et qui passent toute la journée sous le soleil pour gagner presque rien. Et qui sont pourchassés par la police. En ce moment, une petite fille qui vend des bananes déposées sur un plateau qu’elle porte sur la tête est poursuivie par un policier. Elle saute la barrière et se faufile au milieu des voitures, au risque de se faire écrasée. Elle est finalement rattrapée et le policier l’entraîne de force. Les gens crient sur lui, mais rien n’y fait. Un peu plus loin, une voiture prend feu. En effet, la plupart des voitures vendues ici sont des voitures réformées, venues d’Europe qui ont plus de 7 ans. Et en plus les gens n’ont pas les moyens de les entretenir. Là, les gens font preuve de solidarité. Tous s’arrêtent et ceux qui ont des extincteurs accourent. L’un d’entre nous se glisse même sous la voiture, sans craindre une explosion possible. Et pour terminer la série noire, le pneu avant du « taxi » que nous avons rempli éclate quand nous freinons pour nous arrêter. Il nous faut trouver et réveiller un marchand en pleine nuit pour récupérer un pneu d’occasion. Cela fait un voyage dont nous nous souviendrons !

  • Vendredi 29 juin : Cette dédicace a lieu au Centre Universitaire Saint Augustin où nos étudiants en théologie et en philosophie font leurs études. Le livre sera présenté par un prêtre sénégalais, ami d’enfance (nous avons fait nos études secondaires ensemble à Dakar), actuellement responsable de l’UCAO (Université Catholique d’Afrique de l’Ouest). C’est lui qui a fait la préface de ce livre « S’enraciner en Dieu pour vivre vrai » où je suis interviewé par un ami professeur de philosophie congolais. Tous les professeurs et étudiants du Centre seront présents, de même que de nombreux intellectuels et amis. Mon ami a fait un énorme travail en composant un diaporama de présentation du livre et de mes actions. Cela suscite beaucoup de réflexions très intéressantes sur les religions africaines traditionnelles, l’inculturation de la foi, la place de la femme dans la sociétés et la sexualité, etc… Autant de pistes qu’il faudra travailler, pour de nouveaux livres ou documents sur Internet. Car les livres coûtent cher et sont donc peu achetés, tandis que les envois par Internet sont rapides et peu coûteux.
    Je dois malheureusement partir avant la fin des débats (mes deux amis vont les terminer), car on m’attend à l’Hôpital pour la Messe et la visite aux malades. Aujourd’hui, les membres de deux groupes sont venus nous rejoindre. Je vais pouvoir me consacrer à porter la Communion et prier avec les chrétiens, pendant que ces deux groupes visiteront les malades et encourageront leurs familles, sans distinction : musulmans comme chrétiens.
    Le soir, j’accueille une de mes nièces. Elle est venue visiter le Sénégal avec trois amis. Cela fait des années que je ne l’avais pas rencontrée, aussi nous avons beaucoup de choses à nous dire. Nous parlons de ce qu’ils ont vu et j’essaie de leur présenter les réalités du pays et ce qui est en jeu en ce moment.

  • Jeudi 28 juin : Départ pour la prison des femmes. Suite aux pluies la circulation est très perturbée. Arrivé à la prison, je trouve tout en plein dérangement. En effet, il a été décidé de refaire la peinture, ce qui est une bonne chose. Mais pour cela il a fallu sortir tout le matériel (matelas, etc…) et aussi tous les bagages des détenues, … et la pluie est arrivée. Tout est mouillé et dispersé un peu partout. C’est une vraie pagaille.
    Malgré tout, je reçois en « écoute » une vingtaine de femmes, chacune avec ses questions et ses problèmes. La plupart sont musulmanes, mais il y a aussi quelques chrétiennes. J’en prépare une à recevoir le baptême, et une autre pour la Première Communion. Ce sera pour la fête de l’Assomption de Marie, le 15 Août, à la prison même.
    Bravant tous ces dérangements, la joie règne car six d’entre elles ont été graciées à l’occasion de la fête de la Korité. Et d’autres ont obtenu une réduction de peines. Cela apporte un peu d’espérance à tout le monde, car toutes se réjouissent, sans rancœur ni jalousie, pour celles qui ont été libérées. J’ai déjà reçu des nouvelles de l’une d’entre elles, arrivée en Afrique du Sud, et une autre du Nigéria. Mais pour les quatre autres, elles sont encore à Dakar, n’ayant pas les moyens de rentrer chez elles. En effet, elles ont été libérées sans être prévenues à l’avance, et donc sans que leurs familles ou leurs amis puissent préparer leur accueil, ni trouver les moyens financiers pour leur retour au pays. Pour le moment, ce sont d’anciennes détenues qu’elles ont connues en prison qui en logent certaines, et pour d’autres des gardiennes de prison qui les ont accueillies chez elles. Je suis très impressionné par cette solidarité dont elles font preuve.
    Depuis deux semaines déjà, la Coupe du Monde de football a commencé. L’équipe du Sénégal est qualifiée. Le football est très important dans le pays. Dans tous les quartiers des jeunes jouent dans les petites rues s’il n’y a pas de terrain. Chaque Association de quartier a son équipe, en plus des équipes régionales ou nationales. Cela est très important dans un pays où de nombreux jeunes sont sans emploi. Mais cela les maintient aussi dans l’illusion car ils sont au courant des sommes astronomiques et scandaleuses auxquelles les joueurs sont achetés et vendus en Afrique. Si bien que des jeunes collégiens et lycéens arrêtent même leurs études en disant :  « Il vaut mieux que je m’entraîne au foot-ball ; ensuite je me débrouillerai pour partir en Europe (clandestinement bien sûr). Là-bas, si j’ai la chance, je serai pris dans une équipe, je gagnerai des millions et je pourrai aider ma famille ». Un rêve qui ne se réalise pratiquement jamais et se termine dans la misère en France, quand ce n’est pas l’expulsion ou la mort dans le désert, la Lybie ou la mer. Le Gouvernement soutient cet engouement pour le football. C’est un moyen de faire oublier la pauvreté , les problèmes du pays à la population. Les joueurs sélectionnés reçoivent des primes très importantes, sans aucun rapport avec les salaires ordinaires du pays. Cela ne fait qu’augmenter la course à l’argent et la démobilisation des gens.
    Le football est devenu un élément très important de fierté nationale. Et c’est essentiel pour la population , même si cela ne lui apporte pas une vraie dignité . Le Gouvernement a payé le voyage et le séjour en Russie de 120 supporters (cent vingt). Pendant les matchs des poules, les quatre autres équipes africaines ont été éliminées. Il ne reste plus que le Sénégal qui joue son troisième match de sélection aujourd’hui contre la Colombie, à 14 heures. Hier, a eu lieu un grand meeting de soutien Place de l’Indépendance. Le football a pris la place de la politique. Ou plutôt la politique est entrée dans le sport. La tension est très vive dans le pays. Et presque personne ne travaillera pendant le match qui se joue à 14 heures, comme d’ailleurs pour les matchs précédents. Au total, ce football devient un malheur pour le pays. Ce n’est plus du sport, c’est devenu une affaire d’argent et une illusion qui détourne des vrais problèmes… et des vraies solutions.
    Le soir, je retourne à la Maison d’éditions l’Harmattan pour récupérer un certain nombre de mes livres, en vue de la dédicace de demain.

  • Mercredi 27 juin : Je reste à la Communauté pour régler un certain nombre de choses en attente.
    Un grand vent se lève, suivi d’une grande tornade et de fortes pluies. Ce sont les premières de l’année, à Dakar. C’est le début de l’hivernage. Il faisait chaud ces derniers temps. Depuis plusieurs mois les caniveaux ont été nettoyés. En effet, ils sont à ciel ouvert et comme dans beaucoup de quartiers il n’y a pas de ramassage régulier des ordures, les gens viennent y jeter leurs détritus. Résultat, les caniveaux sont bouchés et ce sont les inondations avec toutes les conséquences désastreuses. L’Etat fait de nombreux aménagements, mais chaque année aux premières pluies des nouveaux problèmes surgissent. Il faut du temps pour les régler… quand on y arrive !
    Une coupure d’électricité m’oblige a arrêter mon travail.

  • Mardi 26 juin : Ce matin, je fais un certain nombre de visites, en particulier une religieuse, avec qui nous avons beaucoup travaillé autrefois, qui revient du Congo et qui a des problèmes de santé.
    Puis je pars au Bureau de Police, au Service des Etrangers pour renouveler mon permis de séjour. Heureusement, je connais bien les policiers, aussi cela se fait rapidement et sans problème. J’ai le temps de passer à la librairie l’Harmattan pour récupérer des exemplaires de mon dernier livre « S’enraciner en Dieu pour vivre vrai », en vue de la dédicace de vendredi prochain.
    Au repas de midi j’accueille dans notre Communauté notre responsable qui rentre d’une longue tournée en Guinée Bissao, notre économe qui revient de Casamance où il a été mettre en place un garage avec l’aide d’une ONG allemande, pour la formation de jeunes à la mécanique, et le responsable de notre séminaire de théologie. Nous avons donc beaucoup de choses à nous dire.
    Après le repas, je vais à l’hôpital pour une visite de contrôle en cardiologie. J’en profite pour visiter quelques malades, ceux qui sont dans des conditions plus difficiles, car je n’ai plus le temps de passer dans les services de psychiatrie et de neurologie. Un infirmier musulman m’appelle : sa femme est en réanimation aux maladies infectieuses et elle est très agitée. Il me demande de venir prier sur elle. J’y vais aussitôt bien sûr. On me présente alors d’autres malades. Ils ne peuvent pas parler, mais je prie sur eux et leur impose les mains.

  • Lundi 25 juin : Le matin, travail au bureau : courrier, Internet, mails et Face Book, rédaction de documents et préparation des activités à venir. L’après-midi, j’accueille une jeune religieuse guinéenne que je suis régulièrement, avant de me remettre à mon ordinateur jusque tard dans la nuit.

  • Dimanche 24 juin : Les rencontres étrangers/sénégalais se poursuivent dans les différentes paroisses. A notre paroisse, les
    amicales et associations des étrangers vivant au Sénégal. La messe, en plusieurs langues, commence par une procession avec les drapeaux des pays représentés dans l’assemblée. Le repas est animé par un certain nombre de témoignages. La journée se prolonge dans les chants et les danses avec les instruments et les rythmes des différents groupes.
    Je les laisse l’après-midi pour rejoindre l’Assemblée générale du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains) dont je suis l’un des fondateurs. Notre travail se prolonge jusqu’à la nuit.

  • Samedi 23 juin : Les activités continuent à la prison : rencontre avec les détenus étrangers de différentes personnes engagées dans ce secteur. Après une grande messe internationale, les détenus prennent la parole pour expliquer ce qui les a amenés au Sénégal jusqu’en prison, les problèmes qu’ils rencontrent et comment ils cherchent à le vivre le mieux possible. Puis il y a un repas pris en commun : le but étant de créer des liens, entre sénégalais et étrangers, qui pourront ensuite se poursuivre et s’approfondir. Le repas se poursuit avec des chants et des danses jusqu’au moment où les prisonniers doivent retourner dans leurs chambrées. Tous sont tristes de se séparer ainsi. Pour moi, je les retrouverai dès jeudi prochain.

  • Vendredi 22 juin : Ce matin, nos étudiants en théologie sont ordonnés aux différents ministères. C’est une étape importante dans leur marche vers le sacerdoce et l’engagement missionnaire.
    Le soir, nous tenons une nuit de prières avec les différentes communautés anglophones de la ville et de la banlieue. L’église est pleine. On m’a demandé de lancer la rencontre en présentant la Lettre du Pape François sur la sainteté. J’essaie de le faire d’une manière la plus simple possible et d’une façon adaptée à leurs conditions de vie.
    Aujourd’hui jusqu’à dimanche, la Caritas du Sénégal lance un temps fort de réflexion et d’accueil des réfugiés. Cet après-midi a eu lieu une rencontre avec plusieurs ONG et les autorités pour étudier les différents problèmes des réfugiés et les solutions qu’il est possible d’apporter.

  • Jeudi 21 juin: Aujourd’hui je ne vais pas à la prison des femmes car nous avons la rencontre de tous les prêtres du diocèse pour tirer les conclusions des rencontres par secteur, de la semaine dernière, et tracer des pistes d’actions pour l’année prochaine. C’est une rencontre de partage très intéressante.  Ensuite nous prenons le temps d’échanger librement entre nous, joyeux de cette occasion de nous retrouver.
    Le soir, prière et partage d’Evangile avec la Communauté anglophone du quartier.

  • Mercredi 20 juin 2018 : Je retourne à PIKINE, mon ancienne paroisse, avec nos étudiants séminaristes pour une journée de réflexion en deux temps. Le matin, nous étudions et méditons le document du Pape François sur la sainteté, dans la prière et le partage. Je profite de la pause de midi pour faire un saut au Collège voisin où je suis intervenu les trois dernières années. Je suis très heureux de revoir la direction, les enseignants et les élèves. Nous nous donnons des nouvelles. Je prends un bon moment avec la catéchiste et un enseignant musulman. Ils m’expliquent comment ils ont continué ensemble les rencontres entre élèves chrétiens et musulmans pour la grande joie de tous. Cela fait plaisir de voir que les choses continuent.
    L’après-midi, avec les étudiants, nous préparons leur stage de vacances. Ils vont être dispersés dans différents pays pour un stage pratique. Je leur donne une formation de base pour animer les différentes prières, des partages de la Parole de Dieu, et les célébrations des dimanches sans prêtre. Puis nous passons aux Communautés de quartiers et au travail avec les Mouvements. Enfin, le travail avec les Commissions Justice, Paix et Respect de l’Environnement, et la Caritas, pour les activités sociales. Je leur laisse un certain nombre de documents qu’ils pourront emporter avec eux et travailler.
    Nous avons vécu une bonne journée de travail. En attendant le car qui vient nous chercher, j’ai le temps de parler avec les jeunes et les adultes qui viennent à la paroisse en fin de journée. Nous sommes heureux de nous revoir.

  • Mardi 19 juin : A Fann où j’interviens, il y a en fait trois hôpitaux : l’hôpital universitaire, l’hôpital des enfants et l’hôpital de l’Ordre de Malte. Le seul jour du vendredi, je n’arrive pas à voir tout le monde. Comme la fin de l’année approche, j’aurai moins d’activités, aussi je décide de consacrer une après-midi à chacun des hôpitaux. Aujourd’hui, je vais à l’hôpital des enfants. Je suis encore plus ému qu’en visitant les adultes, en particulier lorsque je passe en réanimation et à la salle des prématurés. Nous prions avec leurs parents quand ils sont présents.

  • Lundi 18 juin : Les trois étudiants du Cap Vert venus apprendre le français terminent leurs cours. Je les rencontre pour faire le point de l’année qu’ils ont passée avec nous et préparer leur entrée au Noviciat, une année intense de formation religieuse.

  • Dimanche 17 juin : Je vais avec un groupe à 50 kilomètres dans un Monastère, pour une journée de réflexion (récollection) sur le thème de la nouvelle évangélisation

  • Samedi 16 juin : Rencontre et prière à la prison comme chaque samedi. Comme toujours, je suis très bien accueilli avec toute l’équipe d’animateurs qui m’accompagne. J’essaie de ne pas être trop long à la messe, bien qu’elle soit célébrée en trois langues (français, ouolof et anglais), pour avoir un peu de temps avant la fermeture qui me permette de parler avec les détenus qui le désirent.

  • Vendredi 15 juin : On sent une grande joie dans toute la ville. Les gens partent d’abord prier chacun dans sa mosquée, selon sa confrérie. Les enfants sont fiers et heureux d’avoir des habits neufs. Quand les gens se rencontrent, ils se demandent mutuellement pardon. C’est un jour de réconciliation. Après le repas de fête, ils vont se visiter et on offre des cadeaux aux enfants. Pour ma part, je me rends à l’hôpital. C’est important que ce soit aussi une fête pour eux, car les parents et amis, pris par les différentes activités de ce jour, n’ont pas beaucoup de temps pour venir les visiter. Comme à chaque fois, je rencontre des nouveaux malades qui viennent d’arriver, avec qui je fais connaissance en leur apportant le maximum d’encouragements ; j’en revois certains qui vont mieux ; par contre d’autres ne sont plus là , soit qu’ils sont guéris, soit qu’ils sont décédés ce qui est toujours une grande tristesse car à chaque visite nous avions tissé des relations très intenses.

  • Jeudi 14 juin : C’est la préparation de la fête de la Korité, la fin du Ramadan. Les gens sont très occupés pour cela.

  • Mardi 12 et mercredi 13 juin : Je rencontre, ces deux jours, chacun de nos étudiants séminaristes pour évaluer leur engagement pastoral de cette année dans les paroisses, mouvements, et autres activités qu’on leur a donnés : travail avec les réfugiés, les prisonniers, les handicapés, les malades, etc… Ce temps de partage est très important pour leur formation, pour qu’ils ne se limitent pas aux études, mais qu’ils se préparent concrètement d’une manière pratique à leur engagement de religieux-missionnaires.

  • Lundi 11 juin : Rencontre des prêtres du secteur (doyenné). Nous faisons l’évaluation de notre année pastorale. Le travail dans les paroisses, mais aussi dans les quartiers et avec les Mouvements d’enfants, de jeunes et d’adultes, et des différentes Commissions. J’interviens plus spécialement en ce qui me concerne sur le travail dans les hôpitaux, les prisons et les centres sociaux. Et aussi au sujet de la Commission Justice, Paix et Respect de la Création, et la préparation des fiancés au mariage.

  • Dimanche 10 juin : Comme chaque dimanche, c’est l’occasion de nombreuses rencontres amicales.

  • Samedi 9 juin : Messe à la grande prison de Dakar-Rebeuss, en trois langues, comme d’habitude, toujours très animée en particulier par les chants de la chorale et les différentes interventions des participants. Mais nous voudrions faire beaucoup plus. Nous avons reçu une formation à l’écoute mais jusqu’à maintenant le service social ne nous a pas donné la permission d’intervenir. Le mois dernier nous avons pu apporter 700kg de riz et de la nourriture diverse, mais les problèmes de nourriture restent, de même que celui des médicaments. Nous voudrions aussi trouver des avocats qui accepteraient de prendre gratuitement au moins le dossier d’un détenu qui n’a pas les moyens de payer un avocat. Il faudrait aussi établir des contacts avec les familles et préparer la sortie et la réinsertion des prisonniers libérés. Et même si possible chercher la réconciliation avec les victimes. Ce ne sont pas les besoins qui manquent ! Nous faisons ce que nous pouvons et allons chercher à mettre les choses en place peu à peu.
    Après cela, je pars dans mon ancienne paroisse pour la messe du samedi soir. Mais je passe d’abord au Centre des jeunes filles qui ont organisé une kermesse-vente pour écouler leurs produits et avoir un peu d’argent pour le fonctionnement du Centre.

  • Vendredi 8 juin : Messe à l’hôpital. Mais la femme responsable du nettoyage est partie avec les clefs de la Chapelle. Nous attendons plus d’une heure au dehors, ce qui nous permet de mieux nous connaître. D’autant plus que nous avons invité un certain nombre de personnes. En effet, après la messe, la responsable de l’association des agents de santé présente le compte rendu des activités et les projets pour les mois qui viennent : visite des différents services, formations, temps de prières, récollections et partage d’Evangile, sorties, etc… Puis la trésorière fait le compte rendu financier avec les rentrées grâce aux quêtes, aux cartes de membres et aux cartes de soutien . Notre priorité est le service social, avec l’aide à l’hôpital des enfants, le soutien aux malades et aux familles qui n’ont pas les moyens de payer les médicaments et les soins et la distribution des repas aux malades qui n’ont pas de visite de leurs familles. Nous avons aussi soutenu l’association des femmes musulmanes pour leur Conférence pendant le Ramadan.
    Après cela, je fais le tour des différents services : visiter les malades, encourager leurs familles, prier avec ceux qui le souhaitent, musulmans comme chrétiens. Avec les joies et les peines. Je ne retrouve pas tous ceux que j’ai visités la semaine dernière : certains sont sortis guéris ; d’autres malheureusement sont décédés, et cela me rend très triste. Quand je peux avoir l’adresse des familles, je vais présenter mes condoléances et prier pour leurs défunts avec leurs familles.

  • Jeudi 7 juin : Retour à la prison des femmes où je suis très attendu, après trois semaines d’absence. Là aussi, nous parlons beaucoup du Ramadan avec les musulmanes et je leur demande de prier pour moi. Toutes se font du souci au sujet de ma santé. J’essaie de les rassurer. Ensuite, je reçois personnellement celles qui le veulent, comme d’habitude. A la fin, je parle avec les responsables d’une association féminine de quartier venues les visiter et leur apporter de la nourriture et des produits d’hygiène, à l’occasion de la fin du Ramadan. Ensuite, je rencontre la directrice, à qui je propose, avec une association paroissiale, d’organiser des ventes d’habits et des broderies que les détenues font en prison, pour leur procurer un peu d’argent à partir de leur travail, au lieu de toujours venir leur faire des cadeaux. En effet, les femmes font pas mal de choses en prison, le problème c’est ensuite de les vendre.
    A mon retour à Dakar, réunion ordinaire de notre Communauté. D’abord, nous travaillons la lettre de Pentecôte de notre Supérieur général et répondons aux questions qu’il nous pose sur notre engagement missionnaire. Puis nous passons aux questions financières. En effet, notre maison est très vieille et nous avons de la peine à l’entretenir. Suite à une hausse subite du courant, l’installation électrique a brûlé et de nombreux appareils ont grillé : ordinateurs, frigidaire, machine à laver, micro ondes, etc… Il nous faut aussi refaire toute l’installation électrique. Les moyens nous manquent. Nous cherchons à faire les réparations les plus nécessaires dans un premier temps. Après cela, nous échangeons sur la vie ordinaire de notre Communauté, et abordons les nombreuses questions diverses qui ne manquent jamais, avant de prendre un temps de prière.
    Nous nous retrouvons le soir avec la Communauté anglophone pour un temps de prière et pour partager la Parole de Dieu. Nous terminons par un repas partagé.

  • Mercredi 6 juin : Retour au Centre de OUAKAM. Les filles ont déjà eu le compte rendu de la réunion de samedi. Aujourd’hui, nous parlons ensemble du Ramadan : quelle est sa signification ? Comment elles l’ont vécu ? Comment vont-elles se préparer aux prières finales et à la fête de la Korité . En effet, la plupart sont musulmanes et la plupart des jeunes, surtout les filles, sont souvent laissées à l’écart et n’ont pas la possibilité de se former et réfléchir à leur foi.

  • Mardi 5 juin : Ce matin, comme à chaque fois que j’en ai le temps, je travaille avec nos trois étudiants du Cap Vert, venus apprendre le français à Dakar : lecture publique et apprentissage du français courant, à partir des journaux, exercices de prononciation et de conversation, réponses aux nombreuses questions grammaticales et autres qu’ils se posent. Le français est une langue très compliquée !

  • Lundi 4 juin : Le début de semaine est plus calme. J’en profite pour me reposer un peu, passer plusieurs coups de fil et envoyer quelques messages sur Internet pour prendre des rendez-vous et organiser les activités des semaines qui viennent. Puis je finalise les documents que Jean-Jacques va envoyer cette semaine par mails. Pour les nouvelles que vous lisez, je les écris la plupart du temps lors de mes différents déplacements en bus, cars rapides et « taxis », avant de les envoyer à Jocelyne qui les saisit. Cela depuis de nombreuses années pour l’un comme pour l’autre, ce dont je les remercie beaucoup.

  • Dimanche 3 juin : Fête du Saint Sacrement. Chaque paroisse organise une procession dans le quartier. Les musulmans sont nombreux à nous regarder passer, avec beaucoup de respect. Beaucoup nous encouragent et nous demandent de prier pour eux.

  • Samedi 2 juin : La fin de l’année scolaire approche et nous avons une rencontre de tous les intervenants au Centre Social de OUAKAM. Nous écoutons d’abord les réflexions des jeunes filles de Mercredi dernier. Puis chaque formateur/formatrice fait le point de ses activités et donne ses propositions pour l’année prochaine. La question de fond est de savoir à quelles filles nous voulons nous adresser et à quel niveau travailler. Certains voudraient en faire un Centre de formation professionnel avec des enseignants à plein temps, et tout le matériel que cela suppose, en vue de trouver un emploi salarié aux filles. Mais d’abord nous n’en avons pas les moyens. Et surtout la Commune de OUAKAM est une commune très populaire. Nous choisissons donc de nous consacrer aux filles qui n’ont pas pu aller à l’école, pour leur assurer un apprentissage en français et une formation de base à la cuisine et la couture, avec l’aide d’enseignants bénévoles, en particulier les femmes volontaires des militaires français du Camp voisin, certaines étant très qualifiées ayant déjà travaillé ailleurs dans ce domaine. Le but est de donner aux filles une formation de base, soit pour mieux tenir leur maison et être de meilleures épouses et mères de famille, soit pour trouver du travail dans le secteur informel. Celles qui seront plus capables, et dont les familles pourront trouver les moyens, pouvant alors se perfectionner dans un Centre Professionnel.
    Ceci décidé, nous voyons comment mieux nous organiser, améliorer la formation et avoir plus de matériel adapté. Pour ma part, je continuerai d’assurer une rencontre de réflexion sur leur vie chaque semaine. Par ailleurs, nous décidons de collaborer davantage avec les autres Centres, en particulier les six Centres animés par la JOCF. Ce qui permettra aux filles d’avoir une formation plus adaptée, mais aussi pour les volontaires de s’engager et de participer à la vie du Mouvement.
    Je ne reste pas jusqu’au bout de la rencontre car la tante de notre Econome fête ses 25 ans de vie religieuse. Je la connais bien et nous avons travaillé ensemble à propos de la régulation des naissances avec les couples dans l’ASPF (Association Sénégalaise pour la Promotion de la Famille), avec plusieurs interventions dans des groupes de jeunes, la Commission de la Famille, et à la Radio. J’arrive à temps, avant la fin, ce qui me permet de saluer de nombreux amis venus à cette célébration. A cause de mon régime de diabétique, je ne reste pas au repas, ayant déjà fait le tour de l’assistance. D’autant plus que j’ai du travail de courrier, rédaction et correction de documents, et du travail sur Internet et Face Book qui m’attendent.

  • Vendredi 1er juin : Aujourd’hui, à la messe et pour la visite des malades, un nouveau groupe est venu se joindre à nous. Notre aumônerie prend forme peu à peu à l’Hôpital.
    Le soir, je pars à mon ancienne paroisse de PIKINE pour préparer au mariage religieux six couples de personnes âgées. Nous avons organisé une rencontre à part pour eux, car ils vivent une situation très différente des jeunes fiancés que nous recevons d’habitude. Aussi, nous avons prévu une formation spéciale pour eux, plus adaptée. Ils sont moins nombreux et ont une longue expérience de vie commune, aussi l’échange est beaucoup plus riche et très intéressant. J’en ressors tout revigoré.

  • Jeudi 31 mai : Je ne peux pas assurer la rencontre d’écoute à la prison, car les étudiants des Universités privées sont sortis manifester et brûlent des pneus dans le quartier. Ce sont des étudiants que le Ministère a placés dans les Universités privées, n’ayant pas assez de places dans les Universités d’Etat. Normalement, le Ministère doit payer pour eux, mais faute de liquidités, il ne l’a pas fait. Les responsables des Universités privées ont menacé de renvoyer ces étudiants. Ces derniers se sont révoltés et manifestent dans la rue.
    Le soir, partage sur l’Evangile du dimanche avec la communauté anglophone.

  • Mercredi 30 mai : Au Centre Social de OUAKAM, nous faisons l’évaluation de cette année, pour les filles elles-mêmes et pour apporter leurs réflexions et propositions à la rencontre des responsables de formateurs/formatrices, de samedi.

  • Mardi 29 mai : En ville, les grèves continuent en particulier celles des étudiants et des agents de santé. Cela entraîne un mouvement de contestation générale et de nombreux syndicats et organisations se mettent en grève les uns après les autres. La société en est très perturbée.
    Depuis hier, nous accueillons les responsables des quatre pays de notre Province Spiritaine : Mauritanie, Guinée Conakry, Guinée Bissao et Sénégal. Ils viennent finaliser les réflexions de notre Assemblée Générale d’avril et prendre les décisions pratiques. Ensuite, ils passent à l’organisation du temps des vacances et congés, et préparent les activités de l’année pastorale prochaine, avec en particulier la recherche des affectations les meilleures possible. Pour moi, c’est l’occasion de partager un certain nombre de questions, en particulier la formation de nos étudiants.
    Le soir, rencontre de notre fraternité spiritaine.

  • Lundi 28 mai : J’apporte les résultats de mes dernières analyses au cardiologue qui me suit. Grâce à un régime très sévère, ma tension est redevenue normale, de même que mon taux de diabète. Mais je vais continuer à prendre des temps de repos et à suivre un régime pour que les choses se maintiennent.

  • Dimanche 27 mai : Messe à la communauté anglophone suivie d’un temps de partage, comme à chaque fois.

  • Samedi 26 mai : Conférence organisée par l’Association des Femmes Musulmanes dans le cadre du Ramadan, sur la place et le rôle de la femme. Elles ont invité notre aumônerie.
    A mon retour, je rédige des notes à partir de la nuit de prière d’hier, comme j’essaie de le faire après chaque intervention importante. Jean-Jacques les enverra à mes 8.500 correspondants par Internet….une belle invention !

  • Vendredi 25 mai : Aujourd’hui, je ne vais pas au Centre Social de jeunes filles de Derkley. En effet, elles préparent leurs compositions. Puis ce sera l’exposition-vente de fin d’année. Et les jeunes de 4ème année passeront le diplôme. Nous nous retrouverons pour une messe de clôture à laquelle un certain nombre de musulmans tiendront à participer, comme d’habitude.
    A midi, je pars à l’Hôpital pour la messe avec les agents de santé et d’autres personnes, après une rencontre avec l’assistante sociale, avec les membres de la Légion de Marie qui sont venus aujourd’hui. Nous précisons notre façon d’intervenir et comment aider à la distribution des repas aux malades. Puis je passe dans les différents services où des malades m’ont été signalés. Et, comme habituellement, je demande aux médecins et infirmières s’il n’y a pas d’autres personnes qui souhaitent me rencontrer.
    Aujourd’hui, les membres de la Légion de Marie se concentrent sur l’Hôpital des Enfants, pendant que je vais aux Services de cardiologie, pneumotologie et maladies infectieuses.
    20 heures : Je vais à la paroisse de St Joseph de Médina où on m’a demandé de lancer une nuit de prière sur Marie et le Saint Esprit. En dialoguant avec les participants, nous essayons surtout de voir comment Marie a vécu toute sa vie, à la lumière et sous la conduite du Saint Esprit, et à quoi cela nous appelle : nous nous arrêtons en particulier à contempler Marie à Noël qui accouche dans la brousse et accueille les bergers, cela pour voir comment vivre les difficultés de notre vie dans la confiance et comment accueillir les pauvres, les petits et les sans-logis ; puis, Marie qui fuit en Egypte, et comment être solidaires avec les réfugiés et les migrants, et comment leur donner un peu d’espérance ; comment nous tenir avec les malades, les condamnés et ceux qui souffrent, comme Marie au pied de la Croix, etc… Un certain nombre de participants profitent de cette occasion pour se confesser.

  • Jeudi 24 mai 2018 : Je retourne au Camp Pénal, la deuxième prison de Dakar (près de 1 000 condamnés, dans des conditions de vie difficiles) pour recommencer les rencontres d’écoute des détenus qui le désirent, en lien avec le Service Social de la prison . J’y suis déjà intervenu chaque semaine, de 2011 à 2013. De retour à Dakar, j’ai donc décidé d’y revenir, en alternant avec la prison des femmes de Rufisque, le jour autorisé étant le même pour les deux prisons.
    Dès mon arrivée, je remarque qu’un gros effort a été fait dans l’aménagement de la prison, au moins pour l’entrée. L’accueil s’est aussi bien amélioré et est beaucoup moins contraignant. Pour l’intérieur, je ne sais pas, je n’ai pas eu l’occasion encore d’y entrer. La salle d’informatique pour l’apprentissage aux prisonniers que nous avons ouverte continue à fonctionner, de même que les autres ateliers pour lesquels nous avions fourni du matériel et des outils. Ce sont les détenus qui ont déjà fait la moitié de leur peine qui ont le droit d’y travailler. Normalement, cela devrait leur permettre d’avoir un petit pécule, mais d’abord ils manquent de matériel pour travailler et surtout de débouchés pour vendre ce qu’ils produisent, faute d’organisation et de suivi. De toutes façons, ces ateliers ne fournissent que peu de places. En plus, beaucoup de détenus viennent des villages et sont des cultivateurs, et il n’y a pas de champ pour cette grande prison située en pleine ville, juste un petit endroit pour de la culture sur tables de petits légumes et condiments.
    Une nouvelle initiative : une boulangerie ouverte aux clients de l’extérieur, financée par l’Ambassade de France je crois.
    Je retrouve un certain nombre de détenus, mais beaucoup ont été libérés ayant terminé leurs peines. J’en suis évidemment très heureux. Le personnel a beaucoup changé, y compris au Service Social, mais ils ont déjà entendu parler de moi et je suis très bien accueilli. Je retrouve deux amis avec qui nous avions commencé l’écoute en 2011 et qui ont continué jusqu’à maintenant. Ils me permettent de me remettre rapidement dans le coup. En effet, la façon de les accueillir est un peu différente que chez les femmes, bien que les problèmes soient finalement les mêmes et de toutes sortes : besoins matériels : nourriture, lunettes, piles et écouteurs pour les radios, médicaments, habits…. Mais surtout, soutien psychologique et moral, recherche d’avocats et suivi de leurs dossiers, relations avec leurs familles, religion et vie de prière aussi bien avec les musulmans que les chrétiens, et encore beaucoup d’autres choses. Il va falloir aussi que je découvre peu à peu la meilleure façon de fonctionner, car chaque prison a sa spécificité et ses habitudes. Mais je me sens tout de suite à l’aise et très heureux de recommencer cette activité. Je vais reprendre contact avec les personnes et organisations qui pourront nous fournir les moyens de mieux travailler.

  • Mercredi 23 mai : Je retourne à l’Institut Pasteur faire une série d’analyses demandées par le cardiologue. Puis je pars au Centre Social de OUAKAM pour notre rencontre hebdomadaire. Nous parlons de la grève des étudiants avec toutes les perturbations, les violences, les blessés, spécialement chez les gendarmes, et même un mort chez les étudiants. Les jeunes filles du Centre sont d’un milieu populaire, nous menons nos réflexions en ouolof car la plupart n’ont pas été à l’école, mais il est important qu’elles réfléchissent à ce qui se passe dans le pays et comprennent leurs responsabilités de citoyennes. Le débat est d’ailleurs très animé et se prolonge bien au-delà du temps prévu.
    L’après-midi, je reçois un responsable de la Légion de Marie. Nous voyons comment ils peuvent intervenir à l’Hôpital pour visiter et encourager les malades, sans distinction, en passant dans les différents services, avec l’accord des responsables qui sont très heureux de les accueillir car cela leur apporte un réconfort et un soutien psychologique important aussi bien des malades que de leurs familles qui les visitent.
    En général, les tensions sont très vives actuellement. En effet, la population est très politisée. Il y a 300 partis politiques reconnus, à ce jour, dans un petit pays, sans parler de toutes les candidatures indépendantes pour les élections présidentielles qui vont avoir lieu l’année prochaine. L’opposition s’est réveillée mais d’une façon très agressive, avec beaucoup d’insultes, d’injures, d’accusations fausses et d’oppositions systématiques. Si bien qu’un climat de violence très forte se développe dans le pays. De son côté, le Président et son parti –dont il reste le président- cherchent à faire des cadeaux et à donner les avantages pour qu’on vote pour eux. Du coup, les différents syndicats se réveillent pour demander l’application des accords qui ont été signés depuis plusieurs années et qui ne sont pas appliqués. En effet, le Gouvernement a tendance à signer des accords pour avoir la paix, sans pouvoir respecter ses engagements. Si bien que les syndicats se mettent en grève les uns après les autres : les enseignants, les médecins et agent de santé, les étudiants. Pour les étudiants, le problème s’est beaucoup aggravé début mai, suite au retard du paiement des bourses, la banque qui assure le paiement de ces bourses ayant tardé à les payer, à cause des grandes dettes de l’Etat envers la banque. Les étudiants n’ayant pas reçu leurs bourses ont voulu forcer les portes du restaurant universitaire de SAINT LOUIS. Le recteur a appelé la gendarmerie. Les étudiants leur ont jeté des pierres : il y a eu 18 gendarmes blessés, dont un dans le coma. Un gendarme a été chercher son arme et après un tir de sommation il a tiré dans le tas et un étudiant est mort sur place. Du coup, les étudiants révoltés ont brûlé le Rectorat avec tous les documents, brûlé le Centre social universitaire. Puis ils ont coupé la route nationale en brûlant des pneus, et ils ont saccagé la maison du Ministre de l’Education Nationale. Alors toutes les autres Universités du pays sont entrées en grève illimitée. En plus, ils exigent non seulement une augmentation des bourses et une réduction du ticket de restaurant, ce que le Président leur a accordé. Coût total annuel : 8 milliards CFA, ce qui représente un gros effort. Surtout qu’il y a des faux étudiants qui profitent de ces bourses.
    Les étudiants demandent à ce que le gendarme qui a tiré soit jugé, ce qui est normal. Mais ils exigent aussi la démission de plusieurs ministres, ce qui est un autre problème. Car il y a un grand risque de démagogie et de laisser aller qui se fait jour. Et de surenchère de la part des uns et des autres. Les responsables religieux, aussi bien chrétiens que musulmans, essaient d’apaiser les choses et ramener les gens à la raison. Mais seront-ils écoutés ? (Voir plus haut : Mardi 15 Mai).

  • Mardi 22 mai : Les activités reprennent. Je vais dans une librairie pour organiser la vente de mon dernier livre et une dédicace. Puis je vais à l’hôpital avant de passer aux choses en attente : courrier, documents à rédiger, face book, etc….

  • Samedi 19 mai : Je pars à la grande prison des hommes de Dakar. Nous nous connaissons bien maintenant et nous sommes à l’aise, aussi bien avec les détenus qu’avec le personnel. Comme d’habitude, nous avons une messe internationale en plusieurs langues. A la fin, il nous reste encore un peu de temps pour parler ensemble avant la fermeture. Chacun essaie de présenter son problème. En effet, nous n’avons pas encore été acceptés pour tenir des rencontres d’écoute, organisées et régulières.
    Après avoir mangé, je pars rapidement à mon ancienne paroisse de PIKINE où je vais célébrer la messe ce soir et deux messes demain dimanche. J’en profite pour faire un certain nombre de courses car je connais bien les employés de la paroisse et les artisans du quartier. Je commence par faire régler mon ordinateur. Puis j’enregistre mes données sur une clé pour les avoir en réserve en cas de vol ou de panne. Enfin, je fais installer Whatshapp sur mon téléphone, car jusqu’à maintenant je ne l’avais pas et beaucoup me le demande. J’ai beaucoup hésité, car cela risque de me prendre encore du temps… ce qui me manque le plus ! Puis je passe chez une couturière pour réparer des habits décousus. Après ça, je suis libre pour aller me faire couper les cheveux.
    Je retrouve le groupe de 450 jeunes qui vont faire la marche-pèlerinage (55 km) et que j’avais déjà rencontré pour la formation , le jeudi de l’Ascension. Aujourd’hui, nous faisons la prière de départ et ils se mettent en route. Ils vont marcher jusqu’à dimanche soir : 12.000 du diocèse de Dakar ; 25.000 jeunes au total, venant des différents diocèses du Sénégal et aussi des pays voisins. Le Lundi, ce sera la grande foule pour la fête et la messe solennelle. En effet, c’est le grand évènement chaque année, avec de nombreux temps de prière et de réflexion. Et aussi l’occasion pour beaucoup de rencontrer parents et amis. La population du village de POPENGUINE est à majorité musulmane, mais ils ouvrent leurs maisons et font le maximum pour accueillir les pèlerins le mieux possible. Déjà, pendant la marche des jeunes, les villages traversés accueillent les marcheurs avec beaucoup d’amitié mais aussi de joie et de reconnaissance, en leur demandant de prier pour eux. Et en offrant de l’eau (il fait très chaud sur la route !) et même de la nourriture. A la grand messe solennelle, des responsables religieux musulmans tiennent à être présents, de même que les autorités. C’est l’occasion pour eux de se rencontrer et d’échanger dans une bonne ambiance à propos d’un certain nombre de problèmes. Et de faire des déclarations officielles que tous attendent avec beaucoup d’attention.
    Pour ma part, mon état de santé ne me permet plus de faire cette longue marche. Je reste donc à la paroisse de PIKINE pour assurer les messes de la Pentecôte, sans la présence des jeunes qui sont sur la route ce samedi soir.
    La Pentecôte, c’est notre fête, les Spiritains. Mais nous sommes pris par ces différentes activités. Nous célébrerons notre fête un peu plus tard.

  • Vendredi 18 mai : Ce matin, je ne vais pas au Centre social : les filles sont occupées par des préparations aux compositions et examens pour leur diplôme de fin de formation (4ème niveau). Cela me permet d’avancer un peu dans mon courrier en retard et d’enregistrer une émission à la radio.
    Puis je pars plus tôt à l’Hôpital où nous avons la réunion du Bureau des agents de santé catholiques, avec le Directeur de l’Hôpital. Nous lui présentons nos différentes activités. Le directeur a tendance à s’adresser à moi. Je lui explique que je ne suis pas le président de l’Association mais simplement le Conseiller spirituel (et non pas le « chef religieux » comme il a tendance à le croire). Après lui avoir présenté notre Amicale, nous lui expliquons nos activités. D’abord nous constatons chaque jour que de nombreux malades qui viennent ici n’ont pas les moyens de payer les analyses et les soins, ni acheter les médicaments, même les plus nécessaires. Nous avons donc distribué des cartes de soutien autour de nous pour constituer une caisse d’entraide. Pendant le Carême, de nombreux chrétiens venaient prier et suivre le Chemin de Croix avec nous. En plus de la quête, nous avons demandé chaque vendredi des dons en nature : riz, huile, sucre, lait, savon, etc… que les gens prennent sur leur propre nourriture familiale, de même que des habits. A la pause de midi, des membres de la Légion de Marie aident à distribuer les repas bénévolement, en veillant en même temps à parler avec tous les malades, sans distinction, et à les encourager. En ce moment avec les musulmans, les échanges portent la plupart du temps sur la foi et la prière, puisqu’ils viennent de commencer le Ramadan et que nous sommes en pleine préparation de la fête de Pentecôte et de la marche et du pèlerinage national. Une occasion de nous sentir davantage unis.
    Avec le Directeur de l’Hôpital, nous abordons ensuite le problème de la morgue qui est en mauvais état et dont le toit risque de s’écrouler.
    Puis nous parlons de notre collaboration avec les associations musulmanes de l’Hôpital. La semaine prochaine, à l’occasion du Ramadan, nous sommes invités à une réflexion sur la place de la femme dans la société et les différentes religions.
    Nous lui parlons aussi de nos messes à l’Hôpital, de nos activités religieuses, de nos visites et nos prières avec les malades et du soutien de leurs familles. Le directeur, musulman, est très intéressé et nous pose des questions pour préciser les choses. Puis il nous remercie chaleureusement pour nos actions et le témoignage que nous portons. Il nous assure de sa disponibilité et de son soutien et nous offre au nom de l’Hôpital un billet gratuit pour le pèlerinage à Lourdes, Rome et la Terre Sainte (il fait la même chose pour le personnel musulman, pour leur pèlerinage à La Mecque).
    Nous nous retrouvons aussitôt, comme chaque vendredi, pour la messe des agents de santé et la prière pour les malades. J’essaie d’adapter mon commentaire de l’Evangile aux situations concrètes que nous vivons à l’Hôpital.
    Après la messe, avec les membres du Bureau, nous préparons une rencontre d’amitié le mois prochain, pour resserrer les liens entre nous. Pendant ce temps là, les membres de la Légion de Marie commencent à visiter les malades, pour les encourager avec leurs familles (c’est l’heure des visites). Puis je vais moi-même rencontrer spécialement les malades chrétiens. Et confesser, donner la Communion ou le Sacrement des malades à ceux qui le désirent. Dans ces visites, je rencontre aussi bien des grands malades qui vivent leurs souffrances dans la foi et font mon admiration, que des personnes qui n’ont pratiquement aucune connaissances de la religion. J’essaie de m’adapter à chacun, dans la langue qu’il possède le mieux : français, ouolof, anglais, espagnol, créole-portugais, ou parfois même l’une ou l’autre langue africaine, car les réfugiés et les étrangers sont nombreux au Sénégal.
    Je n’ai aucun problème pour connaître les malades qui veulent me parler. Les médecins et autres agents de santé me les présentent dès que j’arrive, aussi bien les musulmans que les chrétiens. Beaucoup de malades musulmans me demandent de prier pour eux.
    Je rentre fatigué mais heureux.
    Le soir, préparation au mariage dans un autre secteur, sur la sexualité du couple. Cette fois-ci les fiancés sont très coopératifs et participent activement.

  • Jeudi 17 mai : Je retourne à la prison des femmes, après une longue absence. Nous sommes vraiment heureux de nous retrouver. Ma rencontre aujourd’hui a un aspect particulier, puisque c’est le 1er jour du Ramadan. On sent une ambiance de grand sérieux et de prière intense dans toute la ville. J’assure les femmes de mon amitié et de ma prière et je leur demande aussi de prier pour nous, puisque de samedi à Lundi va se tenir le grand pèlerinage national avec plus de 10.000 jeunes qui vont marcher, à l’occasion des fêtes de la Pentecôte. Nous serons donc en prière ensemble.
    Je devais aller à la Librairie Clairafrique où j’ai certains de mes livres en vente, mais j’y renonce car le quartier est encore en pleine ébullition .
    Le soir, rencontre d’une centaines de fiancés, dans un autre secteur, pour leur préparation au mariage. Le groupe est très passif. Ils écoutent bien attentivement, mais j’ai beaucoup de peine à les faire parler, et encore plus à partager leurs questions et expériences. Je dois donc me limiter à une « conférence » que j’anime avec des proverbes et des chants. Mais ce n’est pas mon habitude et je suis très insatisfait. Ca arrive. Les confrères avec qui je partage ensuite le repas me réconfortent. C’est vrai que le thème était un peu compliqué pour certains : « L’amour vécu en chrétien et le sacrement de mariage », mais j’ai pris soin de parler en français le plus simple possible, avec de nombreux exemples, car j’ai l’habitude de parler de cette question. Dommage.

  • Mercredi 16 mai : Malgré tout, je vais au Centre social des jeunes filles, en banlieue, et donc dans un endroit plus calme.
    L’après-midi, je vais à la Librairie L’Harmattan, pour enregistrer une présentation de mon dernier livre qu’ils ont publié : « S’enraciner en Dieu pour vivre vrai », qui sortira sur Face Book.
    Je termine la journée par la réunion de la Fraternité spiritaine , et nous travaillons la « Lettre du mois ».

  • Mardi 15 mai : Je continue la formation et nous apprenons qu’il y a eu un grave choc à l’Université de SAINT-LOUIS. Les étudiants ont manifesté car leurs bourses qu’ils devaient obtenir le 5 Mai n’étaient toujours pas payées. Ils ont voulu entrer de force dans le restaurant universitaire, sans payer. Le Recteur a appelé la gendarmerie et des violences s’en sont suivies : jets de pierres contre grenades lacrymogènes : 18 gendarmes ont été blessés. Un gendarme a tiré à balle réelle et un étudiant a été tué. Cela a entraîné un mouvement de révolte dans toutes les Universités du pays, suivi de révolte et de répression policières. Il faut dire que le pays vit un grave état de tension et de nervosité depuis plusieurs mois, car les élections présidentielles vont avoir lieu l’année prochaine. Du coup l’opposition s’est réveillée et attaque violemment le Gouvernement, de façon systématique, avec non seulement des critiques mais des insultes. La population se révolte aussi, car elle continue à vivre dans une grande pauvreté malgré les progrès économiques réalisés. D’autant plus qu’aux dernières élections le Président a fait de nombreuses promesses qu’il ne peut pas tenir. Comme, par exemple, le paiement à temps des bourses aux étudiants. Les enseignants, les médecins et beaucoup d’autres groupes participent à des grèves successives, organisées par leurs syndicats. Cela entraîne un très grave climat de violence. Les étudiants ont brûlé non seulement des voitures de policiers, mais aussi un car servant à leur transport à Saint-Louis. Et aussi le Siège de l’Université (le Rectorat) et leur Centre social (CROUS) qui sont complètement détruits. Et également la maison du Ministre de l’Education nationale, en ville. Tout cela est inquiétant pour l’avenir, et la vie sociale est très perturbée.

  • Lundi 14 mai : Je commence une session sur le respect de la Création (environnement, écologie….), avec les jeunes filles qui se préparent à devenir missionnaires spiritaines (postulantes). C’est une question importante et il est nécessaire qu’elles soient formées dans ce domaine pour pouvoir intervenir efficacement. Elles viennent de différents pays d’Afrique francophone, anglophone et lusophone ; aussi nous avons attendu la fin de l’année scolaire et qu’elles comprennent le français suffisamment pour faire cette formation. Je m’efforce de parler de la façon la plus simple possible. D’ailleurs, elles sont très intéressées et participent activement.

  • Dimanche 13 mai : Je suis très heureux de retrouver la Communauté anglophone pour la prière. Comme d’habitude,, je suis très bien accueilli et tous se soucient de ma santé. Ce qui me touche beaucoup.
    L’après-midi est libre. J’en profite pour me reposer et me mettre ensuite à l’ordinateur : courrier, messages et face book, puis rédaction de documents

  • Samedi 12 mai : Ce matin, nous nous retrouvons entre travailleurs dans les différents media autour de notre évêque, pour voir comment mieux tenir nos responsabilités et mieux faire notre travail en nous soutenant mutuellement. Face aux fausses nouvelles qui nous envahissent de plus en plus (fake news), nous travaillons la lettre du pape François pour la Journée Mondiale des Communications sociales : « La vérité vous rendra libres = Fausses nouvelles et journalisme de paix ». En cherchant comment donner des informations qui respectent aussi bien les valeurs culturelles sénégalaises que les valeurs chrétiennes. Par manque de moyens, nous sommes obligés de nous limiter à une interprétation des media internationaux qui trient déjà les informations et les interprètent, au lieu d’analyser nous-mêmes les faits eux-mêmes.
    Face aux interventions sur les sites media en ligne, nous nous demandons comment offrir une éducation de base en particulier aux jeunes pour qu’ils laissent les attaques et insultes et qu’ils n’écrivent pas n’importe quoi. Nous avons ensuite travaillé à la mise en place d’une Amicale des communicateurs catholiques, avant de préparer la Journée Mondiale des Media. Puis nous passons aux « questions diverses » qui ne manquent pas, si bien que nous dépassons le temps prévu. Il faut dire aussi que, comme presque toujours, nous avons commencé en retard.

  • Vendredi 11 mai : Les activités reprennent. Je vais d’abord dans un nouveau centre social où nous réfléchissons, comme avant-hier, à la vie dans le quartier. Puis je passe dans une librairie faire le point de la vente de mes livres. A 13 heures, comme chaque vendredi, messe à l’hôpital avec les agents de santé, puis réunion du Bureau avant d’aller visiter les malades.
    A la suite, je pars à une grande rencontre de la JOCF (Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine). En fait, la majorité des participantes sont musulmanes et toutes travaillent ensemble dans la paix et l’entente. Elles reprennent le thème de leur dernier pèlerinage des travailleurs : « Amour et Vérité dans le Monde du travail ». Après une scène de théâtre qui montre ce que les jeunes travailleuses vivent dans la vie de chaque jour, nous avons donné la parole aux jeunes filles, car ce sont elles qui vivent les problèmes. Ce sont donc elles qui peuvent trouver des solutions à leurs problèmes. Je les ai écoutées avec beaucoup d’intérêt et de joie. A la fin de la rencontre, on m’a demandé de donner le point de vue du croyant et chrétien de ce thème, de tirer des conclusions des interventions et de proposer des pistes d’action.
    A la fin de la rencontre, une Télévision est venue. Nous avons choisi les responsables de la JOC, mais aussi des personnes représentatives des participants pour leur donner la parole, ce qui nous a fait vivre une émission très animée.

  • Jeudi 10 mai : Fête de l’Ascension. Je retourne dans mon ancienne paroisse de PIKINE. Les jeunes m’ont invité pur une journée de réflexion sur le thème de la marche-pèlerinage « O Marie, aide-nous à dire oui au Seigneur ». Nous cherchons ensemble quel sens donner à notre Marche et comment vivre ce pèlerinage. Puis nous réfléchissons au thème de cette année : Comment le vivre dans notre vie de chaque jour.
    Je monte dans le car, et je rencontre un paroissien. Bien sûr, nous parlons ensemble. J’ai déjà payé mon billet, mais il tient à tout prix à me le rembourser. L’argent me servira pour le retour. Cela m’arrive très souvent et je suis toujours très touché par l’amitié et le soutien que les gens nous apportent ! Je suis également frappé par la bonne ambiance qui existe dans les transports publics. Nous voyageons souvent debout et très serrés, dans des conditions difficiles et beaucoup de temps, à cause du mauvais état des routes et des nombreux bouchons. Mais les gens restent calmes et très patients. Ils se parlent et se renseignent sur les différents arrêts. Je remarque aussi que malgré la situation de pauvreté généralisée, les gens paient leur voyage sans chercher à truander. Cela m’impressionne beaucoup.
    Aujourd’hui, fête de l’Ascension, est un jour férié bien que nous soyons dans un pays à très forte majorité musulmane. Du coup, je ne peux pas aller à la Prison de Rufisque, et cela fait presqu’un mois que je n’ai pu y aller ! Elles me manquent beaucoup.
    La rencontre avec les jeunes se passe très bien. Je suis frappé par l’originalité  et la profondeur de leurs réponses. On voit qu’ils ont vraiment assimilé la Parole de Dieu et qu’ils en vivent chaque jour. Par ailleurs toute la rencontre a bien sûr été dirigée et animée par eux. A la fin, la cuisinière a pris soin de me préparer un repas spécial, selon mon régime contre le diabète. Mon seul regret c’est de ne pas partager le repas des jeunes.
    Au moment de rentrer, je rencontre le groupe de la Légion de Marie qui me fait asseoir : un deuxième temps de partage amical. C’est bon pour le moral !

  • Mercredi 9 mai : Comme chaque Mercredi, je retourne au Centre social des jeunes filles. Aujourd’hui, nous parlons de la vie dans le quartier et des engagements possibles. La discussion est très animée.

  • Mardi 8 mai : Je rencontre notre Evêque. Je luis présente mon livre : « S’enraciner en Dieu pour vivre vrai », où j’ai été interviewé sur les différentes étapes de ma vie religieuse et missionnaire, et les conclusions que j’en tire.
    Ensuite, je fais le point avec lui de mes différentes activités pour voir comment mieux les organiser au niveau du diocèse : Prisons, Hôpitaux, Centres sociaux, Commission Justice et Paix. Un excellent temps de réflexion qui me réconforte, malgré les lenteurs et difficultés.
    Chaque jour, j’essaie d’éponger le courrier en attente. Heureusement, mon ordinateur n’a pas grillé ! Mais j’ai beaucoup de retard pour mes documents. En effet, l’amie qui m’aide à saisir mes textes a fait une chute et s’est fait mal à la main. Elle ne peut donc plus travailler à l’ordinateur. Heureusement, j’ai un certain nombre de documents en réserve. Et pour le reste, je vais me débrouiller moi-même, au fur et à mesure des besoins.

  • Lundi 7 mai : Après ces jours de repos, je décide de reprendre progressivement mes activités, en commençant par la rencontre mensuelle des prêtres de notre secteur. Nous abordons nos différentes activités. Puis nous réfléchissons spécialement à la question des gens qui se pensent possédés par des mauvais esprits : comment les aider à se libérer ?
    Au-delà du travail et de la réflexion , ce qui est aussi important c’est la rencontre amicale et le partage entre nous.
    A mon retour, une mauvaise surprise. Notre maison est très ancienne. Nous faisons le maximum pour l’entretenir, mais nous n’avons pas les moyens nécessaires pour cela. Dans la journée, il y a eu une coupure de courant et de la surtension à la reprise. Un câble a grillé et le courant est monté à plus de 300 volts : toutes les lampes et appareils qui étaient branchés ont grillé. Cela va nous demander plusieurs jours pour refaire l’installation électrique. Mais surtout, remplacer tous les appareils qui ont grillé va nous coûter très cher. Nous n’avions vraiment pas besoin de ça ! Nous allons le faire peu à peu, en commençant par ce qui est le plus important pour notre travail : ordinateur, imprimante et photocopieuse, en cherchant à trouver du matériel d’occasion .

  • Samedi 28 avril 2018 : Vu mon état de fatigue, je décide d’arrêter mes activités, de me faire soigner et de faire les analyses nécessaires pour cela.
    Je suis très touché par plusieurs choses en ce moment. D’abord le grand soutien plein d’amitié du personnel de l’Hôpital où je suis aumônier. Ils se sont mobilisés pour me faire soigner le mieux possible. Avec le style et le rythme de vie qu’ils m’ont proposés, et les médicaments que je prends, je vais retrouver la forme et pourrai reprendre mes activités en faisant attention.…. et doucement !
    Je suis aussi très touché par les nombreuses visites que je reçois tous ces jours-ci. Bien sûr, cela ne facilite pas le repos, mais c’est très encourageant et réconfortant. Je profite de la rencontre pour présenter mon dernier livre d’interviews.
    Je ne peux pas éviter d’accueillir ceux qui viennent aussi pour me poser leurs problèmes. Je note aussi la proposition d’un groupe de prières de venir m’appuyer dans mes visites à la prison des femmes de Rufisque. Et la visite de la communauté anglophone. Comme la rencontre de la Fraternité Spiritaine se tient dans notre Communauté, je peux aussi y participer le Mardi. Mais pour tout le reste de mes interventions, j’ai tout arrêté.

  • Vendredi 27 avril : Je vais malgré tout faire des analyses à l’Institut Pasteur. 78 ans : je commence à me faire vieux. Mais en même temps, je n’ai pas envie de rester à ne rien faire. Il faut juste que je trouve l’équilibre et les moyens de me reposer suffisamment. Pas facile !
    Je me repose donc à la maison. J’ai annulé les différentes activités jusqu’à Mercredi, en profitant du pont du 1er Mai. Et je passe pas mal de temps et plusieurs cartes de téléphone, pour annuler les activités prévues : il y en avait beaucoup ! Et cela n’empêche pas des gens de venir me voir. Bien sûr, il n’est pas question de les renvoyer. Bien calé dans un fauteuil, je peux leur parler tranquillement : un jeune en recherche d’emploi, une malade, une dame qui a des difficultés dans son mariage, un de nos étudiants venu pour une journée de prière : il y a de la diversité et il faut s’adapter à chacun pour répondre à ces demandes.
    Une voiture arrive pour prendre de la nourriture pour les détenus de la prison centrale. C’est une dame qui a entendu parler de notre travail en prison qui a fait anonymement un don bénévole. Il y a beaucoup : le pick up doit faire deux voyages pour 700 kg de riz, 150 litres d’huile, du lait, du sucre, de la sauce tomate, des tenues de sport, des produits d’hygiène et de santé en grand nombre. Cela va faire beaucoup d’heureux…. En commençant par moi. C’est vraiment un jour de fête aujourd’hui !
    Après ça, je peux aller me coucher… en pensant au groupe des fiancés que je devais rencontrer ce soir. Je peux au moins prier pour eux, et pour les jeunes filles que je devais rencontrer ce matin dans le deuxième centre social où j’interviens : une centaine, elles aussi.

  • Jeudi 26 avril : A la messe du matin que je préside, mes vertiges me reprennent. Je décide donc d’aller à l’hôpital où je suis aumônier. J’y connais maintenant beaucoup de monde et je suis très bien accueilli et pris en charge. On me met en observation pour 24 heures et on me donne des médicaments à prendre régulièrement. Avec cela, ça devrait aller.

  • Mercredi 25 avril : Au cours de ma rencontre hebdomadaire au Centre Social des jeunes filles, je suis pris de vertiges. Je termine donc mon intervention rapidement. Puis je rentre doucement à la maison, où je me couche. C’est vrai que j’ai beaucoup travaillé ces jours-ci et que j’ai vraiment besoin de me reposer.

  • Mardi 24 avril : En fin de matinée, nous nous réjouissons, en petit groupe, de célébrer l’Eucharistie. Puis chacun continue ses activités. Nous accueillons deux confrères venus se faire soigner.
    Je confie quatre sacs de riz et trois bidons d’huile à un confrère, qui retourne à son poste à Ziguinchor, pour les prisonniers. Je profite du fait qu’il voyage par bateau et arrivera directement en Casamance. Ainsi, il évitera toutes les tracasseries et dépenses que l’on doit supporter quand on part par la route et que l’on doit traverser la Gambie, avec tous les problèmes de la traversée du fleuve sur un bac très vieux. Après la chute de l’ancien dictateur Yahya Drame, le nouveau Président a accepté la construction d’un pont. Mais il faudra encore du temps avant qu’il soit terminé.

  • Lundi 23 avril : Je suis un peu plus tranquille et j’en profite pour travailler à mes documents que Jean-Jacques envoie régulièrement à mes correspondants chaque semaine. C’est un gros travail qui me rend un très grand service, et que je ne pourrais pas assurer moi-même. Et je ne peux pas oublier Jocelyne : nous nous sommes connus à un stage de préparation au travail en Afrique organisé par la JOC en 1965 et depuis ma Mission au Congo c’est elle qui saisit « mes Nouvelles » et les transmet à Jean-Jacques pour diffusion. J’admire sa patience, car ces papiers sont écrits souvent dans les cars-rapides, ou dehors, dans des positions inconfortables, et sont quelquefois… bien difficiles à déchiffrer ! Elle arrive toujours à s’en sortir !
    Mon travail de secrétariat est coupé par des visites, la plupart imprévues, mais je ne m’en plains pas, au contraire.
    A 17 heures, je pars à notre séminaire de philosophie. Avec les étudiants, nous évaluons les dernières JMJ diocésaines (Journées Mondiales de la Jeunesse). Pas tellement le déroulement (ce n’était pas leur responsabilité), mais plutôt comment ils ont pu y préparer les groupes dont ils ont la responsabilité dans leurs différentes paroisses.
    Puis nous passons à la deuxième étape : la réflexion sur le thème de la marche-pèlerinage : « O Marie, aide-nous à dire oui au Seigneur », d’abord en petits groupes, puis tous ensemble. Là encore le but est de leur fournir une base, pour qu’ils puissent préparer les autres jeunes à cet événement important.

  • Dimanche 22 avril : Je suis invité à rencontrer et écouter les jeunes de tout le secteur, en vue du prochain synode de Rome sur les jeunes, la foi et la vocation. Nous avions déjà eu un grand colloque au mois de février, je vous en avais parlé. Mais c’était des conférences adressées aux jeunes par des grands professeurs et ça passait au-dessus de leurs têtes. Alors que ce que nous cherchons c’est d’abord de donner la parole aux jeunes pour qu’ils prennent leurs responsabilités. Comme l’a fait le Pape François qui a réuni 300 jeunes une semaine entière avec Pâques, pour comprendre leurs difficultés et écouter leurs propositions. Nous avons donc invité les jeunes de notre doyenné pour les écouter sur trois thèmes importants qui souvent leur posent problèmes, et sur lesquels ils n’ont pas toujours l’occasion de s’exprimer : l’engagement dans la société, la recherche de l’emploi (car le chômage est très important chez les jeunes, y compris chez les diplômés), et la recherche de sa vocation pour qu’ils trouvent un but à leur vie. Nous passons une journée entière de débats très intéressants et même passionnants.
    Le soir, comme chaque fois que j’en ai le temps, je me remets à l’ordinateur pour envoyer et répondre aux messages sur le mail et sur Face Book. Et je note tout de suite les choses importantes que j’ai entendues aujourd’hui, pour ne pas les oublier et rédiger un document.

  • Samedi 21 avril : Retour en ville où je pars directement à la grande prison de Rebeuss. Plus de 2 000 détenus en attente de jugement, pour certains depuis plusieurs années. Le samedi, c’est la messe pour les chrétiens. La majorité des chrétiens tient à y participer. Parce que c’est pour eux l’occasion de se rencontrer, mais aussi pour l’enseignement qui est donné, et pour la prière. Il y a là un bon groupe d’anglophones qui ont créé une chorale qui anime très bien la célébration. Nous avons ainsi des messes internationales en quatre langues : français, ouolof, anglais et espagnol/portugais. Chaque fois, c’est un moment de joie que nous prolongeons à la sortie de la Bibliothèque où nous célébrons l’Eucharistie.
    Chaque semaine, à la fin de la messe, nous avons une prière spéciale pour ceux qui vont être jugés dans la semaine. Nous les aidons à accepter leur jugement dans la paix et l’espérance. C’est toujours un temps très fort et très émouvant. A cette messe, nous avons célébré Jésus, le bon berger. Cet évangile dit beaucoup de choses à ces prisonniers qui sont souvent perdus. Ils ont eu des pensées très riches et des réactions très profondes. Je vais les enregistrer sur mon site pour que cela ne se perde pas :

  • Vendredi 20 avril : Mais aujourd’hui, la journée est encore plus chargée ! Tout de suite après la prière, je pars rencontrer mon amie secrétaire pour y voir plus clair dans nos documents. En effet, nous étions pris l’un comme l’autre : il y a de la confusion dans le travail à faire et des documents que nous ne retrouvons plus.
    Je pars ensuite au Centre Social des jeunes filles, comme chaque vendredi. Nous réfléchissons à la vie de famille. Au milieu de la séance, une des jeunes filles entre en transes. Les éducatrices la prennent tout de suite en charge et l’emmène dans un coin tranquille. Mais elle continue à trembler et n’arrive pas à parler. On m’appelle. J’essaie de l’apaiser de mon mieux. Elle est musulmane, mais les éducatrices, musulmanes elles aussi, lui proposent que je prie sur elle. Ce qu’elle accepte avec empressement. Elle retrouve peu à peu la paix et recommence à parler. Mais pendant qu’on l’emmenait, une autre est entrée en transes à son tour. Cela arrive souvent : les cas se déclarent en chaîne. Je vais m’occuper d’elle, après avoir demandé si elle a été suivie médicalement. On me dit que oui, mais sans résultats pour les deux filles en question. L’une pense que ce sont des morts de sa famille qui la poursuivent, et l’autre qu’elle est possédée par des mauvais esprits. Ce n’est pas facile d’y voir clair, tout en respectant leurs croyances et leurs cultures ; ni de les libérer pour qu’elles retrouvent la paix sans les maintenir dans l’illusion ou la facilité.
    Après cela, je passe dans une librairie faire le point de la vente de mes livres et renouveler le stock. Puis je passe donner la Communion chez elle à une jeune fille handicapée.
    Avec tout cela, il est temps d’aller à l’hôpital, où je dis la messe chaque vendredi. Aujourd’hui, en plus du personnel chrétien, des femmes de la Légion de Marie nous ont rejoints. Elles vont venir régulièrement visiter et encourager tous les malades, sans distinction. Nous commençons par un temps d’échanges avec la responsable du Service Social. Puis, avec elle nous allons visiter le Service des maladies infectieuses, en commençant par le chef de service. Les dames se proposent pour venir distribuer les repas aux malades. En effet, un restaurateur a demandé à venir installer un restaurant pour le personnel de l’Hôpital. En compensation, de lui-même, il a décidé de fournir chaque jour des repas aux malades nécessiteux. Nous lui sommes bien sûr très reconnaissants pour cela.
    Toujours accompagné des amies de la Légion de Marie et du séminariste qui vient avec moi pour se former au travail en prison, aujourd’hui après avoir vu les malades en cardiologie, je me consacre spécialement au service psychiatrique, où je reste un bon temps car les malades ont besoin de parler.
    Puis je pars directement à mon ancienne paroisse de PIKINE où j’assure une rencontre de fiancés sur « l’amour dans le couple et le sacrement de mariage ». Ils sont plus d’une centaine, venus de tout le secteur et très coopératifs. Les échanges sont très animés et intéressants. Nous terminons par un temps de partage par paroisse pour qu’ils puissent se connaître et approfondir la réflexion . Je suis toujours très heureux de participer à ces rencontres.

  • Jeudi 19 avril : Nous continuons la formation sur la régulation des naissances. A mon retour, je passe voir le vicaire de la paroisse de Ouakam pour préparer la mise en place d’une aumônerie dans une des Universités du quartier. Je connais des jeunes de Pikine qui y étudient et qui sont prêts à démarrer. Puis je pars à la Communauté anglophone où, après nous être donné les nouvelles comme chaque jeudi nuit, nous partageons l’Evangile du dimanche qui vient. Après un certain nombre d’informations, nous partageons des sandwiches avant de nous séparer.
    Comme je suis dans le quartier et malgré l’heure tardive, je passe saluer nos étudiants. Nous préparons le programme du trimestre avec le responsable : formation, suivi personnel de leurs engagements, réflexions en commun, etc.
    De retour chez moi, il est trop tard pour répondre aux messages reçus dans ma boîte mails. Je me contente de mettre quelques documents sur mon mur Face Book. On verra demain !

  • Mercredi 18 avril : Ce matin, j’ai rendez-vous à la Radio municipale. En effet, ils ne passent plus les émissions catholiques et il a fallu du temps pour obtenir ce rendez-vous. Nous nous rencontrons avec la directrice, la chargée des programmes et les techniciens, pour travailler à de nouvelles émissions, 10 minutes le soir après les informations, et deux émissions d’1 heure le dimanche, une en français et l’autre en ouolof. Cela va me faire du travail supplémentaire, mais ça vaut la peine. Et j’ai déjà la matière nécessaire.
    Je profite d’être en ville pour faire plusieurs courses. Puis je passe à la Paroisse Universitaire pour présenter un médecin de l’hôpital qui veut être baptisé. Au retour, je m’arrête à la Caritas et à notre paroisse, en particulier pour parler du travail avec les migrants et pour la Commission Justice et Paix.
    L’après-midi, je pars à PIKINE, mon ancien secteur. Pas à la paroisse, mais à la région médicale. En effet, depuis plusieurs années, nous travaillons à informer la population sur la régulation des naissances et son importance. Pendant deux jours, nous nous rencontrons avec les imams de différentes confréries pour les sensibiliser sur ces questions. Pour deux raisons : parce qu’ils ont un rôle important et les moyens d’informer beaucoup de personnes. Mais surtout parce que cette question de la régulation des naissances est sujette à beaucoup de tabous et de mauvaises interprétations. Je connais déjà plusieurs de ces imams et la rencontre se passe dans une très bonne ambiance.

  • Mardi 17 avril : Nouvelle rencontre de la Fraternité spiritaine. Aujourd’hui, nous réfléchissons à partir de la vie d’Eugénie CAPS, la fondatrice de nos Sœurs spiritaines. Une jeune qui veut être religieuse nous explique comment la vie d’Eugénie la soutient et l’inspire.
    Nous avons beaucoup de travail à la Communauté car notre économe a été opéré la semaine dernière et il est en repos depuis ce temps-là. Comme c’est arrivé subitement, il n’a pas eu le temps de préparer les choses.
    Une jeune femme vient me voir. Elle pense être possédée par les mauvais esprits et voit des morts qui la menacent. Elle me demande de la libérer. Je l’écoute longuement et nous prions ensemble. Un jeune vient de sortir de prison . Il n’a aucun moyen pour rentrer dans son village. On lâche ainsi les prisonniers dans la nature sans leur donner le moindre moyen pour rentrer chez eux. Et à cause de cela, beaucoup retombent dans la délinquance. Je connais ce jeune. Il est sérieux. Je lui donne de l’argent, mais d’abord nous parlons longuement pour voir comment être accepté dans sa famille. Et comment il va s’en sortir pour vivre. Comme son père a un terrain à cultiver, il décide de rentrer dans son village.

  • Lundi 16 avril : Le soir, je vais rencontrer nos étudiants pour travailler avec eux le thème de la marche-pèlerinage de la Pentecôte : « O Marie, aide-nous à dire oui au Seigneur ». Ce que nous cherchons, c’est une première réflexion de base qu’ils vont reprendre dans les différents groupes des paroisses où ils travaillent. En effet, trop souvent, il n’y a pas de véritable préparation spirituelle au pèlerinage. Les jeunes, mais aussi les adultes, se laissent prendre par la préparation matérielle : la recherche de l’argent, de la nourriture, des tenues, etc…
    Les échanges sur le thème sont très intéressants. Il reste à le faire passer d’une façon simple, et qu’il soit suivi d’actions concrètes. Nous en ferons l’évaluation après le pèlerinage.

  • Dimanche 15 avril : Je retrouve avec joie la communauté anglophone pour la messe du dimanche. Puis je pars dans une paroisse pour une formation des équipes liturgiques regroupées de tout le secteur, sur la dévotion à Marie. J’insiste sur le fait que la dévotion à Marie ne se limite pas à la prière du chapelet, mais consiste d’abord à vivre à l’exemple de Marie dans la situation qui est la nôtre aujourd’hui. Pour cela, nous nous rappelons les moments forts de la vie de Marie et les appels que cela nous adresse dans notre propre vie personnelle et communautaire. Pour voir comment les mettre en pratique dans notre situation actuelle. La dévotion à Marie est souvent attaquée par les sectes qui nous entourent, et pose aussi problème à nos amis protestants. Ils connaissent bien Marie, mais souvent ils réagissent contre les exagérations ou les déviations de la dévotion à Marie. Nous réfléchissons ensemble à cette question.
    Tous les jours qui suivent, nous nous consacrons à l’accueil et aux échanges avec nos confrères venus à l’Assemblée. Ils attendent les cars ou les avions pour rentrer dans les différents pays d’où ils sont venus.

  • Samedi 14 avril : De retour en ville, il faut nous remettre au travail. Nous avons décidé d’approfondir et améliorer nos interventions à la prison. A 15 heures, nous tenons donc une première session de formation à l’écoute. Nous avons invité le responsable du service social de la grande prison de Dakar. Le partage est très intéressant, d’autant plus que la plupart des participants interviennent depuis longtemps d’une façon ou l’autre, en prison. Mais il y a des choses à réfléchir pour mieux répondre aux différents besoins des détenus et de leurs familles. Comme la plupart des participants sont déjà intervenus en prison depuis plusieurs années, nous prenons un long temps pour échanger nos expériences et nos questions. Celui qui anime la rencontre est le responsable social de la plus grande prison de Dakar. Comme il est musulman, nous lui demandons ce que les musulmans font de leur côté dans les prisons. Comme nous, ils viennent animer la prière chaque vendredi. Mais ils viennent aussi visiter les prisonniers. Et ils interviennent spécialement pour recueillir des fonds au moment de la libération des prisonniers pour les aider à rentrer chez eux et préparer leur réinsertion. C’est un appel fort pour nous, pour travailler ensemble.

  • Dimanche 8 à Vendredi 13 avril : Messe avec la communauté anglophone. C’est un petit groupe, mais très vivant où chacun tient à participer à la prière, la réflexion et l’action.
    Puis je me prépare pour notre Assemblée Générale. En effet, chaque 6 ans, nous nous retrouvons entre spiritains de Mauritanie, Guinée Conakry, Guinée Bissao et Sénégal, avec des délégués des confrères originaires de notre Province et travaillant dans le monde entier. Pendant une semaine, nous réfléchissons à notre façon de travailler et traçons des pistes d’action. Et au bout de trois ans, comme cette année, nous évaluons notre action pour approfondir et réorienter si nécessaire notre façon de travailler. C’est une chose absolument essentielle pour nous, pas seulement pour réfléchir et écrire des documents, mais pour partager nos soucis, nos difficultés mais aussi nos joies entre nous :
    Chaque responsable de région présente l’action menée dans son pays, pour être concret. C’est à partir des situations concrètes que nous découvrons les appels que le Christ, mais aussi les hommes, nous adressent, dans une recherche personnelle, en petits groupes de réflexion et tous ensemble. A partir de là, nous abordons des points importants :
    D’abord, quelle est notre mission actuellement dans la Société. Comment être de vrais missionnaires. A partir de là, nous abordons la question des vocations, la nôtre et celles de ceux qui viennent nous rejoindre. Et la question de la formation initiale et continue dont nous avons besoin pour rester opérationnels et adaptés à l’évolution de la société. Ensuite, nous réfléchissons à notre vie de prière et notre vie de communauté qui sont les bases de notre engagement et de nos actions. Enfin, nous passons à nos engagements concrets : notre participation au développement et au soutien des Droits de l’Homme, l’action pour la Justice et la Paix, la protection de la nature et de l’environnement, les relations avec les autres religions, et beaucoup d’autres choses encore : l’éducation des jeunes, l’accompagnement des handicapés, des personnes vivant avec le SIDA, des minorités, enfants de la rue, l’éducation non formelle : les appels et les pistes d’action ne manquent pas.
    Ce qui est important, c’est d’évaluer ce que nous faisons, mais aussi de nous rencontrer, de parler ensemble pour nous former un esprit commun et de nous rappeler aussi bien les réalités de la société que nos objectifs. Et il y a d’abord la joie de nous retrouver qui nous permet de travailler dans une bonne ambiance.
    Cette semaine a été très remplie, avec des travaux jusque tard la nuit, mais cela nous permet de voir plus clair dans ce que nous avons à faire, et plus décidés à le faire, réconfortés les uns par les autres. Et nous sommes tristes de nous séparer, après un tel travail !

  • Samedi 7 avril 2018 : Nous avons dû échelonner les fêtes de Pâques. Le samedi 31 Mars, nous étions à la prison des femmes. Le Lundi 2 avril, à la grande Maison d’Arrêt des hommes. Et aujourd’hui, au Camp Pénal où les détenues sont venues rejoindre les hommes pour la messe. J’y ai travaillé pendant deux ans, mais c’est la première fois que je reviens, au bout de 4 ans. Heureusement, un certain nombre de prisonniers ont été libérés, mais les plus anciens me reconnaissent et c’est vraiment une grande joie de nous retrouver. Ils me présentent aux nouveaux. En attendant le début de la messe, nous avons un bon moment pour parler ensemble Et lorsque les femmes arrivent, je vais faire leur connaissance. D’autant plus qu’elles sont en attente de jugement et un certain nombre viendront à la prison de Rufisque où je me rends chaque semaine. Je prends le temps aussi de parler avec le personnel. J’en connais d’ailleurs un certain nombre
    La grand messe est animée par la chorale des étudiants, avec une excellente participation de tous, car ils ont pris soin de choisir des chants connus. Au cours de la messe, cinq sont baptisés, quatre reçoivent la première Communion, et sept la Confirmation. Ils se sont formés religieusement et se sont préparés en prison. Des catéchistes viennent les rencontrer chaque semaine pour cela.
    A la fin de la messe, la joie éclate et nous restons plus d’une heure sur place à chanter et danser ensemble : détenus hommes et femmes, gardiens et gardiennes, visiteurs, visiteuses de prison, et invités, sans aucune distinction. Ensuite, c’est la remise des cadeaux à ceux et celles qui ont reçu les sacrements, puis les discours de remerciements. Avant de partager un repas à plus de 350 personnes, fourni par des amis.
    Aujourd’hui, la célébration s’adresse aux chrétiens, mais des musulmans et musulmanes sont venus se joindre librement à nous.
    Je voudrais revenir dans cette prison pour assurer l’écoute de ceux qui le désirent, sans distinction. Je profite donc de l’occasion pour rencontrer le responsable du service social et obtenir les autorisations nécessaires. Normalement, cela va se faire sans problème.
    Des prisonniers profitent aussi de l’occasion pour me demander de téléphoner à leurs familles. Je suis toujours dans l’admiration devant leur mémoire. On leur a pris leurs documents, mais ils se souviennent de certains numéros par cœur. Et peu à peu ils retrouvent d’ autres adresses et numéros qu’ils notent avec soin. Ils me les passent au fur et à mesure de leurs besoins et pour communiquer avec leurs familles.
    Il y a environ 90 % de musulmans dans le pays, mais à l’entrée de la prison, on a affiché ces deux phrases du Pape Clément 4 : 1°) Il ne suffit pas d’effrayer les hommes malhonnêtes par la menace de la peine. Il faut les rendre honnêtes par l’éducation ». Et, 2°) « Soumettre les individus malhonnêtes au châtiment est peu de choses, si on ne les rend pas honnêtes par l’éducation ». Cela m’inspire et m’impressionne beaucoup.
    De nombreux détenus me disent qu’ils écoutent chaque jour mes commentaires d’Evangile et combien cela les soutient. Ces confidences m’encouragent à continuer, bien sûr. Et beaucoup sont heureux de mettre une tête sur la voix qu’ils entendent à la radio.
    Je profite de ce passage pour jeter un coup d’œil dans la cour où nous avons mis en place différents ateliers de formation pour préparer la sortie de prison et la réinsertion dans la société grâce à un métier : salle d’informatique, électricité, menuiserie, petite mécanique, sculpture et peinture, tissage, teinture et artisanats divers. De plus, cela leur permet de se constituer un pécule pour la sortie, avec une partie de la vente de leurs productions, une autre partie servant au fonctionnement de la prison. Encore faut-il que les choses soient claires, ce qui n’est pas toujours le cas ! Cela fait partie de notre engagement.

  • Jeudi 5 avril : Visite hebdomadaire à la prison des femmes. A l’occasion de la Fête de l’Indépendance, certaines ont bénéficié d’une grâce et ont été libérées. Ce qui me touche beaucoup, c’est que celles qui restent en prison, au lieu de se lamenter sur leur sort, se réjouissent fortement et remercient Dieu de la libération des autres. Alors que la plupart sont des étrangères : elles ne sont donc pas de la même culture ou religion et ne parlent pas la même langue.
    J’accueille comme d’habitude celles qui veulent me rencontrer pour parler, prendre en charge leurs besoins primaires : médicaments, piles et écouteurs de radio, lunettes. J’ai apporté du savon, et du café, donnés par des gens qui soutiennent mon action. Je repars avec un certain nombre de commandes et des appareils à réparer. Beaucoup m’ont laissé des n° de téléphone pour donner des nouvelles à leurs familles, ou en demander, un peu partout dans le monde. On me demande aussi de faire de démarches auprès des ambassades pour le soutien ou le rapatriement ou pour d’autres formalités auprès de l’administration pénitentiaire. Il va falloir que je trouve le temps mais aussi les moyens pour cela.
    Toutes ces rencontres se passent, comme le veut le règlement, en présence d’une gardienne, mais en de nombreuses langues : français, anglais, espagnol et portugais, mais aussi en créole, lari et lingala (Congo), kissi, bambara, baga et soussou (Guinée). J’ai la chance d’avoir travaillé dans ces différents pays et d’en avoir appris les langues, ce qui facilite bien les choses et permet des partages plus personnels, plus discrets et plus approfondis.
    Aujourd’hui nos rencontres se passent au milieu d’un grand remue-ménage. En effet, une délégation de gardiennes qui devaient défiler est venue dormir à la prison. Ce sont même les détenues qui les ont tressées, car il y a un atelier de formation à la coiffure dans la prison. Maintenant, il faut tout ranger balayer. Pendant ce temps, d’autres sont à la cuisine, certaines font de la couture et de la broderie. Celles qui connaissent le métier forment les nouvelles. Elles essaient ensuite de vendre leur production pour se faire un petit pécule. Il y a aussi de la culture de légumes sur tables et différentes autres productions. Chacune essaie de se débrouiller comme elle peut.
    Après la prison, je pars rencontrer le nouveau responsable diocésain de Justice et Paix qui vient d’être nommé. Nous voyons ensemble comment lancer la Commission.
    Le soir, rencontre de la Communauté anglophone, comme d’habitude. Après les fêtes, les activités reprennent. Mais avant cela, j’accueille des nouveaux venus pour notre Assemblée Générale.

  • Mercredi 4 avril : Aujourd’hui, c’est la Fête de l’Indépendance du Sénégal : 58ème anniversaire. Il y aura des élections présidentielles l’année prochaine, aussi le Président a voulu faire les choses en grand. D’autant plus que le pays est en pleine ébullition. Grèves des enseignants dans la Santé et la Justice. Ce n’est pas facile de relever un pays, mais la population accepte de moins en moins les conditions de vie difficiles. Surtout que chaque jour on annonce des aides et des emprunts qu’il faudra bien rembourser. Cet endettement inquiète de nombreuses personnes car cela pèsera sur nos enfants. Au défilé, plus de 3 000 civils, surtout des jeunes, et près de 2 000 militaires avec beaucoup d’armes et de matériels nouveaux…. et des promesses de l’augmenter encore. Il est vrai que le Sénégal est entouré de pays où ont eu lieu des attentats, même s’il en a été préservé jusqu’à maintenant. C’est pourquoi il est beaucoup aidé par les pays occidentaux en armes et aussi en moyens de surveillance pour la sécurité du pays, mais aussi de l’Europe et des Etats Unis. Les militaires sénégalais participent à de nombreuses interventions de la CEDEAO (Afrique de l’Ouest), de l’Union Africaine et des Nations Unies, et ces interventions sont mises en valeur cette année. Mais cette militarisation du pays , même si elle flatte l’honneur national de la plupart des habitants, inquiète quand même certains. En particulier à cause de toutes les dépenses qu’elle entraîne, alors qu’il y a d’autres besoins essentiels qu’il faut satisfaire.
    Plusieurs personnes profitent de cette journée libre pour venir me voir. En particulier, un administrateur qui veut être religieux missionnaire spiritain, après 5 années de travail, et un médecin ivoirien venu faire une spécialisation en cardiologie dans l’hôpital où j’interviens.
    Notre maison se remplit avec tous les confrères venus de différents pays pour notre Assemblée Générale, où nous allons évaluer les trois années passées de travail et tracer des orientations pour les trois années qui viennent. Cela nous permet des rencontres fraternelles et des partages très intéressants.

  • Mardi 3 avril : Nous nous retrouvons un groupe d’éducateurs au CAEDHU pour continuer le travail de refonte de notre jeu sur les Droits de l’Homme et la Convention Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Les choses avancent doucement, car c’est un travail de longue haleine.

  • Lundi 2 avril : Jour de congé. Il y a beaucoup de possibilités : sortie des religieux/ses, visites familiales, rencontre de la Communauté anglophone, repas offert à la grande prison de Rebeuss… et tout le travail de composition et correction de documents que j’ai en cours. Je vais devoir choisir. Finalement, je reste pour accueillir les confrères qui viennent de différents pays pour la session sur les Droits de l’Homme et les Projets de Développement, qui commence aujourd’hui, et pour notre Assemblée Générale qui commencera dimanche.

  • Dimanche 1er avril : Je vais à la grand’ Messe dans le quartier de YOFF où j’ai travaillé à mon retour de Guinée. A la sortie, j’ai la joie de rencontrer de nombreux amis. Mais je ne peux pas rester longtemps car on m’a demandé d’animer l’émission de Pâques à la radio locale. Je le fais avec joie, heureux de retrouver les techniciens que je n’ai pas vus depuis 7 - 8 ans. Au cours de l’émission, comme chaque dimanche, un imam est intervenu pour donner son point de vue sur l’Evangile du jour.
    A la fin de l’émission, la directrice, musulmane, nous invite à un pot pour fêter la Pâque. Sur le chemin du retour, je prends le temps de saluer plusieurs amis. Je suis en vélo, je peux donc faire facilement les détours nécessaires pour cela.
    Après un petit temps de repos, je ressors pour aller visiter la Chef du Service de neurologie de notre hôpital. C’est important pour moi de connaître leurs familles et là où ils habitent. En même temps, je visite une femme qui vient d’accoucher par césarienne. Mon passage ici dure longtemps car on me demande d’aller prier avec une voisine qui a une fin de grossesse difficile. Puis on me conduit chez la grande sœur où toute la famille s’est réunie. Je retrouve plusieurs neveux/nièces et petits enfants que j’ai formés autrefois, avant de partir en Guinée. La rencontre dure longtemps. Heureusement, un des jeunes me ramène en voiture et au passage nous mettons mon vélo dans le coffre. Je l’avais laissé à mi-route dans une maison amie pour prendre un car, la route était longue et en ce moment il fait frais et il y a beaucoup de vent. Ce n’est pas facile de pédaler avec le vent en face, et rentrer de nuit c’est dangereux.

  • Samedi 31 Mars : Nous continuons la préparation de notre Assemblée Générale. Je travaille à d’autres documents en cours. C’est mon anniversaire. Je reçois plusieurs centaines de messages sur Face Book.
    La nuit, Veillée de Pâques.

  • Vendredi 30 Mars : Vendredi-Saint. Nous avons un grand Chemin de Croix solennel dans la cour de l’hôpital et continuons la cérémonie dans la Chapelle. Les gens sont venus très nombreux et la plupart son debout dehors. Ensuite, je rencontre plusieurs membres des groupes de prière qui viennent visiter les malades sans distinction à l’hôpital. Puis, avec les agents de santé chrétiens, nous prévoyons les activités du prochain trimestre. Il ne me reste plus beaucoup de temps pour visiter les malades.

  • Jeudi 29 Mars : J’ai donné rendez-vous aujourd’hui à un certain nombre de personnes que j’accueille au fur et à mesure, chacun avec ses besoins ; des malades, des pauvres, des étudiants, des réfugiés. En particulier qui arrivent de Guinée en tentant leur chance, sans papier et sans connaître personne. Ils sont nombreux dans ce cas.

  • Mercredi 28 Mars : J’anime une journée de réflexion et de prière avec des religieuses, pour réfléchir à nos différentes appartenances et comment nous y engager : appartenance à notre famille, à la société, à l’Eglise, et à notre communauté religieuse. Et comment équilibrer ces différentes appartenances.
    L’après-midi et la nuit : confessions de Pâques, avec les enfants, les prisonniers et les paroissiens.

  • Mardi 27 Mars : Mardi Saint, l’Evêque convoque tous les prêtres du diocèse pour donner un certain nombre d’informations, réfléchir à plusieurs questions et évaluer le travail de l’année. Mais je dois vite quitter la rencontre car on m’appelle à l’hôpital pour un enfant très faible qui vient d’arriver et qu’on a mis en réanimation. Je dois attendre un bon moment pendant que les médecins s’occupent de lui avec sa mère et sa grand-mère musulmanes. J’apprends ensuite que je connais bien son père, mais il est au travail.
    L’après-midi, avec un confrère, nous commençons à préparer la réflexion pour notre prochaine Assemblée générale sur les questions de Justice, de Paix et Réconciliation et du Respect de la Création (Ecologie Environnement). Nous allons tenir plusieurs séances de travail pour cela, car c’est une question délicate qu’il faut bien préparer. Nous tenons cette assemblée tous les trois ans pour évaluer le travail accompli, choisir s’il le faut des nouvelles orientations et façons de faire, et en même temps choisir nos nouveaux responsables.
    Le soir, nous nous retrouvons autour de notre Evêque pour la Messe chrismale où nous bénissons les huiles qui seront utilisées pour donner les Sacrements, en particulier le Sacrement des Malades.

  • Lundi 26 Mars : Nous nous retrouvons au CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Il y a plus de 25 ans, nous avions composé un certain nombre de jeux pédagogiques pour l’éducation des enfants, des jeunes, et des adultes aux droits de l’homme. Mais, depuis, de nouveaux problèmes se sont posés et une approche nouvelle s’est faite sur la Mondialisation, le Commerce international, le terrorisme, la traite des personnes et les nouvelles formes d’esclavage et de pauvreté, une nouvelle compréhension de l’écologie et de la nécessité de respecter notre environnement, et tant d’autres choses. C’est pourquoi nous avons senti la nécessité d’actualiser ces jeux et même de les refaire. De plus, nous avons constaté que la Charte Africaine des Droits Humains et des Peuples est mal connue et donc mal appliquée. Nous voulons donc intégrer cette Charte dans nos jeux, en proposant à tous et à chacun, enfants, jeunes et adultes, des moyens de la mettre en pratique : réflexions, enquêtes, théâtre, dessins, danses, jeux, émissions…. et actions concrètes à mener bien sûr en famille, à l’école ou au travail, dans le quartier et partout. Nous travaillons toute la journée à choisir les articles de ces deux documents importants, en cherchant à les intégrer au jeu. Nous prévoyons une nouvelle journée de travail la semaine prochaine pour le choix des dessins et les différents questionnaires à préparer, en nous répartissant les choses, car c’est vraiment un gros travail.

  • Dimanche 25 Mars : Fête des Rameaux. A midi, je suis invité chez une amie de longue date avec qui nous avons lancé une association d’éducation aux Droits Humains. Cela est l’occasion de retrouver de nombreux amis venus lui souhaiter son anniversaire. Nous associons à la fête tous ceux qui portent le même prénom pour partager notre joie.
    Nous accueillons deux confrères, venus animer une session sur les Droits de l’Homme et le Développement intégral. L’un travaille auprès de l’ONU à Genève et l’autre auprès de l’Union Européenne à Bruxelles. Ils connaissent les réalités sénégalaises car ils ont travaillé de nombreuses années dans le pays. La session qui s’adresse à nos étudiants est ouverte à toutes les personnes intéressées.
    Le soir, comme chaque mois le dimanche, nous nous retrouvons les sept communautés religieuses de notre paroisse pour prier ensemble. C’est important pour nous d’assurer ainsi une prière commune pour notre ville. C’est en même temps important de nous retrouver pour un temps de partage et d’amitié.

  • Samedi 24 Mars : Je vais à cette prison des hommes pour la prière des Rameaux anticipée. La messe est très animée et très priante. Une équipe de laïcs m’a accompagné. Ils prennent le temps de parler avec les détenus après la prière, ce qui est un grand encouragement pour tous. Comme à chaque fois, nous avons une prière spéciale pour ceux qui vont être jugés la semaine prochaine, pour qu’ils vivent ce jugement dans la paix et la vérité. Et qu’ils aient le courage d’accepter la sentence.

  • Vendredi 23 Mars : Rencontre des jeunes filles d’un Centre social. Avec elles nous parlons de l’argent. Je suis à peu près le même programme dans les différents Centres où je vais, tout en m’adaptant aux questions posées et en suscitant leurs interventions personnelles.
    Ensuite, je passe dans une Librairie où j’ai déposé mes livres en vente. Je vais doucement, car en route un enfant a traversé la chaussée en courant, devant moi. J’ai réussi à l’éviter de justesse, mais du coup j’ai cassé mes freins. Je rentre donc doucement, en faisant très attention, mais sans problème.
    A mon retour, je prépare 350 kilos de riz et 50 litres d’huile, pour le repas de Pâques des détenus de la prison de Dakar. Ils sont plus de 2.000.

  • Jeudi 22 Mars : Vendredi dernier, la nuit, nous étions en réunion pour dépouiller les votes en vue de l’élection de notre Supérieur de région. J’avais donc fermé mon téléphone. A la fin de la réunion, je découvre un message m’annonçant la libération de dix détenues et me demandant de les accueillir au moins pour la nuit. C’est évidemment trop tard maintenant pour faire quelque chose, d’autant plus que la prison est à plus de 30 km. Il y a là un grave problème. On libère les gens d’un seul coup, sans les préparer. Au dernier moment et à l’improviste on les fait sortir de prison sans prévenir leur famille, et sans aucun soutien : ni nourriture, ni transport, ni aucun moyen pour vivre. Ce qui fait que beaucoup « se débrouillent » et retombent dans le vol et la délinquance ; au bout d’une semaine, ils se retrouvent en prison. La situation est spécialement difficile aujourd’hui car ces femmes viennent d’Afrique du Sud, Nigéria, Guinée Bissao, Portugal et Hollande. Elles n’ont pas de famille sur place, ne connaissent personne, sauf l’une ou l’autre ancienne détenue sénégalaise mais dont souvent elles n’ont ni l’adresse, ni le n° de téléphone, et elles ne parlent pas ouolof la langue locale. En arrivant à la prison ce matin, j’en reparle avec la directrice mais elle me dit qu’on ne peut pas annoncer les sorties à l’avance. Je vais donc voir la question avec l’Observatoire des Personnes Privées de Liberté pour étudier sérieusement le problème.
    Bien sûr, je suis très heureux de la libération de ces femmes que j’ai rencontrées pour certaines régulièrement depuis mon retour de Guinée, en 2011, tout en étant un peu triste de ne plus jamais les revoir, malgré les liens d’amitié profonds que nous avons tissés ensemble. Ce qui me frappe, c’est l’attitude très positive des détenues. Elles ne regrettent pas de ne pas avoir été libérées elles aussi, elles se réjouissent de tout cœur de cette libération, tout en espérant que ce sera bientôt leur tour.
    En attendant, je continue à recevoir celles qui le désirent, comme d’habitude, chacune avec son problème. Elles sont plus nombreuses que d’habitude, sans doute parce que cette libération de leurs amies a augmenté leur frustration et leurs souffrances. Faute de leur redonner de l’espoir, j’essaie au moins de leur redonner un peu de courage.
    Plusieurs musulmanes se rappellent que la semaine prochaine nous finirons notre Carême et célébrerons la fête de Pâques ; elles m’assurent qu’elles vont prier pour nous. Ce que j’accueille avec joie.
    Je rentre en car, surchargé comme d’habitude surtout à cette heure de midi, en étant bien chargé moi-même car une détenue sud-africaine m’a laissé tout un stock de livres en anglais pour les hommes anglophones de la grande prison de la ville.
    Le soir, rencontre de la communauté anglophone.

  • Mercredi 21 Mars : Au Centre social, cette semaine nous réfléchissons à la vie en famille. Les problèmes ne manquent pas, surtout pour des jeunes filles pas toujours écoutées ni même respectées par les hommes de la famille, même leurs petits frères.
    Le soir, je suis invité par les Frères de Taizé à présider une messe pour la paix. Nous nous connaissons depuis longtemps et nous avons eu l’occasion de travailler ensemble pour les prisonniers, les enfants dans la rue et les jeunes en difficulté en général.
    Notre communauté est située sur la paroisse de St Joseph de Médina. Entre les deux fêtes de St Joseph, le 19 Mars et le 1er mai, on apporte sa statue dans les différentes communautés et familles. C’est l’occasion non seulement d’un temps de prière mais aussi d’une réflexion sur la vie de famille, et souvent une occasion de se réconcilier et de régler de nombreux problèmes. Nous l’accueillons chez nous pendant 24 heures.

  • Mardi 20 Mars : Nous tenons notre réunion de Communauté. Celle-ci s’est élargie avec l’arrivée d’un confrère prêtre du KENYA, et trois étudiants Cap-Verdiens venus étudier le français à l’Université. Nous avons aussi accueilli un jeune de Guinée Bissao qui a des problèmes de santé. Nous étions déjà deux sénégalais prêtres, un frère gabonais et moi-même. Nous sommes donc très différents d’âges, de cultures, de formation et d’expérience de vie, ayant tous travaillé dans différents pays du monde entier. C’est une grande richesse. Mais il faut organiser notre vie communautaire et nos activités diverses pour une meilleure entente et complémentarité. Nous prenons le temps nécessaire pour cela.
    Puis je vais rencontrer le Vicaire général (l’adjoint de l’évêque) au sujet des prisons. Nous préparons une fête de Pâques avec prière et repas offert dans les différentes prisons de la ville. Nous revoyons et complétons la liste des visiteurs de prison pour avoir l’autorisation d’intervenir de l’Administration pénitentiaire. Ensuite, nous décidons de mettre en place une formation à l’écoute, qui permettra de rencontrer personnellement les détenu(e)s qui le désirent. J’espère que les choses vont enfin pouvoir démarrer.
    L’après-midi, j’accueille un certain nombre de personnes qui me l’ont demandé, tout en répondant aux nombreux appels téléphoniques. Je reçois des étudiants, une religieuse et des séminaristes, une travailleuse guinéenne et un médecin ivoirien venu faire une spécialisation et qui voudrait être baptisé. Il faut s’adapter à chaque personne et situation, mais ce n’est pas toujours facile. Je reprends tout cela la nuit dans la prière. Après être allé participer à la confession de Pâques à la Paroisse Universitaire. De nombreux messages m’attendent dans ma boîte mails et sur Internet… ils vont encore attendre. Il me faut trouver un créneau pour envoyer mes émissions quotidiennes à la Radio.

  • Lundi 19 mai : Des confrères m’ont demandé d’animer une journée de prière sur le thème : Nous réconcilier avec Dieu et nous réconcilier entre frères. Je commence par voir comment nous réconcilier et être en paix avec nous-mêmes, grâce à Dieu et l’aide de nos frères, avant de voir comment être acteurs de réconciliation dans la société. Le soir, je travaille un document sur ce thème.

  • Dimanche 18 Mars : Je passe la journée avec un groupe de femmes. Elles ont lancé une association pour leur permettre de faire vivre leurs familles. Elles préparent des repas, fabriquent du savon artisanal, font de la couture, de la teinture, de la broderie et du tissage. Elles transforment les produits locaux pour une meilleure conservation du mil, du et de fruits : fabrique de sirops, de confitures, à partir des produits locaux. Nous réfléchissons pour voir comment améliorer leurs activités et la marche de leur association. Une belle journée.

  • Samedi 17 Mars : Aujourd’hui, le responsable me demande d’aller dire la messe dans la plus grande prison de Dakar : plus de 1 000 détenus. Il n’y a pas de problèmes car les prisonniers sont organisés et il y a une bonne équipe de laïcs qui viennent chaque samedi. D’habitude, la messe est dite en français, la langue officielle mais que peu de personnes comprennent. Comme je le fais à la prison des femmes, je préfère diriger la prière en ouolof, la langue populaire, en anglais et en espagnol, pour que la majorité des personnes puissent comprendre et participer. Mais je ne voudrais pas me limiter seulement à la messe, ni aux seuls chrétiens, mais plutôt accueillir sans distinction tous ceux qui le désirent, et aborder avec tous les différents aspects de leur vie en prison, leur soutien et leur formation, sans oublier de préparer leur sortie et le retour en famille, comme je le fais avec les femmes. Il va falloir réfléchir sérieusement à la question.
    L’après-midi, j’accueille un certain nombre de personnes qui me l’ont demandé.

  • Vendredi 16 Mars : Rencontre dans un deuxième Centre social. Avec elles, nous abordons la question du travail et des droits des jeunes travailleuses, qui sont souvent exploitées, en particulier les employées de maison . On a bien voté des lois, mais, comme très souvent, elles ne sont pas respectées. A ce sujet, nous avons une longue discussion très animée en communauté : A quoi cela sert-il de leur enseigner leurs droits ? N’est-ce pas les faire souffrir inutilement puisque de toutes façons elles devront accepter les conditions qui leur seront faites, ou sinon se retrouver au chômage et sans aucun moyen de vivre. Bien sûr, je ne suis pas d’accord avec cela.
    Après la rencontre, je profite d’être venu dans le quartier pour passer dans la paroisse du secteur, voir mon dépôt de livres en vente, l’amie qui saisit mes documents, une responsable de Jardin d’enfants, et une visiteuse de prison avec qui je travaille. J’arrive juste à temps pour le Chemin de Croix à l’hôpital : c’est le Carême.
    Après la messe, nous tenons une rencontre du personnel chrétien de la santé, avec le responsable de la paroisse et le responsable des aumôneries pour le diocèse. Nous présentons notre nouveau Bureau et faisons la passation de service, puis nous voyons comment nous organiser et quelles activités nouvelles lancer. Cela nous donne une base solide et une orientation claire pour agir.
    A la suite, je vais rencontrer les malades qui m’ont été signalés : un moine et un prêtre, âgés, qui viennent d’être opérés à l’Hôpital de l’Ordre de Malte ; les enfants de l’Hôpital des enfants, le Centre de soin des personnes vivant avec le sida et victimes de la drogue. Je passe ensuite dans les différents services, veillant à ne pas me limiter aux malades chrétiens mais en saluant et en parlant avec tous et avec leurs parents venus les visiter. D’ailleurs, beaucoup de musulmans me demandent aussi de prier pour eux. Ce que je fais volontiers.

  • Jeudi 15 Mars : Comme chaque jeudi, toute la matinée : visite à la prison. Trois heures pour revenir, au moment des bouchons de midi. Le soir, rencontre de la communauté de quartier des anglophones. C’est une communauté que nous mettons en place, car jusqu’à maintenant ils n’avaient que la messe du dimanche, ce qui est important mais insuffisant pour une vraie vie chrétienne. Après un temps de prière, chacun donne des nouvelles de son pays et de sa vie ici : ce n’est pas facile de vivre dans un pays étranger, surtout quand on ne comprend pas le français et surtout le ouolof, la langue populaire. Puis nous partageons l’évangile du dimanche suivant, où chacun peut s’exprimer, ce qui est d’une grande richesse. Ensuite, nous passons aux problèmes rencontrés et aux questions diverses qui ne manquent pas. Avant de terminer par une prière spontanée où chacun peut s’exprimer.
    Aujourd’hui, il y avait des matchs de la Coupe d’Europe à la télévision ; malgré tout, ils sont venus nombreux, ce qui est encourageant.

  • Mercredi 14 Mars : Les activités reprennent. A midi, je vais au Centre social des jeunes filles de Ouakam. C’est la fin de la matinée, elles sont fatiguées, mais ça se passe bien car elles sont intéressées. Aujourd’hui, nous parlons de l’argent : comment le gagner et comment l’utiliser ? La discussion est très animée car elle touche un point essentiel dans un pays marqué par la pauvreté.

  • Mardi 13 Mars : Après cette absence, il y a beaucoup de choses à remettre en route. Je reçois un étudiant qui prépare une maîtrise sur la formation et l’éducation des jeunes. Il vient consulter nos archives pour voir ce que les anciens ont fait dans ce domaine.
    La nuit, la voiture en panne arrive enfin après un long remorquage et une entrée dans la ville de Dakar très difficile à l’heure des bouchons.

  • Lundi 12 Mars : De nombreux messages m’attendent sur Internet après trois jours d’absence. Mais au moment de m’y mettre, on m’annonce au téléphone le décès d’une malade que j’ai visitée la semaine dernière. Je pars aussitôt à la morgue car les parents veulent ramener son corps dans son village en Guinée Bissao. C’est ce qui se fait la plupart du temps malgré toutes les difficultés d’un long voyage, surtout pour aller dans un autre pays, mais les gens tiennent à ce que les morts reposent auprès de leurs parents et de leurs ancêtres.
    A mon retour, je trouve un de nos responsables venu partager le repas avec nous, de même qu’un de nos diacres qui vient de Guinée Bissao et se prépare à aller servir en Guinée Conakry. A la fin du repas, notre confrère en panne arrive, mais il va falloir trouver le moyen de remorquer la voiture sur plus de 150 kilomètres.

  • Dimanche 11 Mars : Après le petit déjeuner, je pars tôt au gymnase où va avoir lieu la messe (la Cathédrale, vieille de près de 200 ans elle aussi, est en pleine restauration). Cela me donne le temps de parler avec les gens au fur et à mesure de leur arrivée, ce qui nous fait très plaisir.
    Je prends le repas à côté de la 1ère Adjointe au Maire avec qui nous avons travaillé, autrefois, à l’éducation des jeunes. Nous avons beaucoup à partager sur nos engagements progressifs et actuels.
    Nous partons rapidement après le repas, car Dakar est à 300 km et la route n’est pas très bonne. Nous voulons remorquer la voiture en panne que nous avons laissée dans un village, mais nous tombons à nouveau en panne avec cette 2ème voiture ! Il faut dire que faute de moyens, nous achetons de vieilles voitures d’occasion et malgré un minimum d’entretien nous avons énormément de problèmes. Les amis qui rentrent à Dakar nous prennent un par un, pendant que deux attendent un mécanicien pour réparer la 2ème voiture. Et la 1ère, il faudra venir la chercher ou trouver un autre moyen pour la remorquer.
    Nous arrivons à Dakar, bien fatigués. Pourtant, il faut bien continuer les activités.

  • Vendredi 9 Mars : Rencontre dans le Centre de formation de jeunes filles que je viens de reprendre : une centaine, à majorité musulmane. Après une introduction à la sexualité aujourd’hui nous préparons aussi avec elles le thème des JMJ, mais bien sûr à un autre niveau et d’une manière adaptée à leurs conditions de vie, sur le thème « Marie, sois sans crainte, tu as trouvé grâces auprès de Dieu » que je traduis par : « N’aie pas peur, Marie, Dieu t’a bénie ». On parle beaucoup de Marie dans le Coran également et le partage entre elles est très riche, animé et intéressant. Nous prenons les trois questions : 1. Quelles sont nos peurs ? Que faire ? 2. Pourquoi Marie a-t-elle trouvé grâces auprès de Dieu ? 3. Que faire nous-mêmes pour trouver grâces auprès de Dieu ?
    Comme je suis dans le quartier, j’en profite pour faire quelques visites : A mon ancienne paroisse où je rencontre nombre d’amis ; puis une librairie, point de vente de mes livres ; une amie qui saisit un certain nombre de mes documents ; une visiteuse de prison et deux personnes qui ont un projet économique à mettre en place. Je les reverrai la semaine prochaine.
    A midi, je reçois un responsable d’association alsacienne qui soutient un village rural, au nord du pays. Il rentre en France, après plus d’un mois de séjour sur place. Ensuite, je dirige le Chemin de Croix, puis nous partons pour Saint-Louis, au nord du pays, avec les trois autres confrères prêtres de la communauté. En effet, les religieuses de St Joseph de Cluny fêtent le 200ème anniversaire de l’arrivée des Sœurs d’Anne-Marie Javouhey à Saint Louis. Elles nous ont invités car nous travaillons ensemble et j’ai vécu moi-même 16 ans dans cette ville ; je n’y suis pas retourné depuis 1996, malgré toutes les invitations qui m’ont été adressées. Je me décide donc à partir.
    En route, à mi-distance, nous tombons en panne : la courroie du moteur se casse. Nous sommes en pleine brousse. Nous marchons jusqu’au village suivant. Là, un habitant appelle un mécanicien de la ville voisine. Le téléphone portable, c’est quand même une belle invention ! Le mécanicien arrive, mais il ne peut que constater les dégâts. Nous décidons de continuer en stop. Nous avons de la chance : on nous prend malgré la nuit, et nous arrivons à 1 heure du matin.
    Le lendemain, nous participons aux différentes activités : Ouverture, exposition des cours, concert, théâtre, et la nuit défilé de chars (fanals). Mais je m’échappe plusieurs fois, et je suis arrêté de nombreuses fois par des gens qui me reconnaissent et me rappellent ce que nous avons vécu ensemble. Après avoir rencontré avec joie plusieurs amis, je partage le repas chez un professeur d’Histoire-Géographie avec qui nous avions lancé une section d’Amnesty International. Aujourd’hui, nous voyons ensemble comment lancer une réflexion et des actions pour les migrants : articles de journaux, émissions radio et télé, Face Book, etc… Il descendra à Dakar pour que nous puissions continuer le travail et je lui donne déjà quelques adresses et contacts intéressants.
    Le soir, je passe à une rencontre de sages-femmes. J’en connais encore un certain nombre que j’ai formées autrefois à la régulation des naissances, à la lutte contre le SIDA, et à l’éducation des jeunes. Puis je vais dîner chez un couple dont j’ai béni le mariage, il y a 30 ans.

  • Jeudi 8 Mars : Visite à la prison. Aujourd’hui est la Journée Internationale de la Femme. A mon arrivée, je les trouve en train de bien s’habiller et de se maquiller. C’est important pour qu’elles gardent le sens de leur dignité et le respect les unes des autres. J’ai eu la chance d’obtenir une bonne quantité de dons à cette occasion (sacs de riz, nourritures diverses et produits d’hygiène en grande quantité). Le mini-car du séminaire est plein, et nous en sommes très très heureux. Je rencontre personnellement comme d’habitude celles qui le demandent et qui ont souvent besoin de différentes choses que nous chercherons à satisfaire. J’avais amené des batteries et des écouteurs pour leur radio, et acheté des torches, mais ils ne suffisent pas. Quand elles voient quelque chose que j’apporte à l’une d’entre elles, tout le monde en demande, mais je ne peux pas satisfaire tout le monde ! C’est aussi le cas pour les médicaments et les lunettes qui sont très demandés.
    La journée se continue par une conférence sur les droits des femmes, un bon repas de fête, et ensuite la musique, chants, danses et théâtre. Mais je dois les laisser, car j’ai trois heures de route pour rentrer, et cette nuit j’ai la rencontre de la Communauté anglophone. Nous mettons la communauté en place. Ils ont maintenant la messe chaque dimanche, et des jours de prière. Nous voulons maintenant organiser des réunions chaque semaine dans le quartier. Nous mettons au point notre programme de réunion : d ’abord 1°) nous donner les nouvelles du quartier ou de nos différents pays ; 2°) partage de la Parole de Dieu. Nous nous mettons d’accord sur une façon de faire, pour cela ; 3°) partage de notre vie, sous ses différents aspects : le travail, l’argent, les relations, l’intégration, etc… les problèmes ne manquent pas.
    Pour une première réunion, ça se passe très bien et les gens s’y mettent de bon cœur. Pour ma part, j’ai encore un peu de peine à comprendre certains accents.

  • Mercredi 7 Mars : Le matin, rencontre avec les jeunes filles du Centre de formation, comme chaque semaine. Puis je vais manger avec nos étudiants en philosophie. Après le repas, nous tenons une rencontre, comme avec ceux de l’autre séminaire samedi dernier, pour leur permettre de préparer et d’animer les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), rassemblement qui se tient cette année dans chacun des diocèses du pays.

  • Mardi 6 Mars : Le matin, visite des malades à l’Hôpital, suivie d’une rencontre d’évaluation du travail avec l’équipe de l’aumônerie.
    A midi, nous recevons une nièce d’un confrère dont je connais la famille depuis longtemps. Elle vient de terminer son contrat avec l’ONU « Action Contre la Faim ». nous partageons ses différentes activités, ce qui nous intéresse beaucoup. Notre communauté est une maison d’accueil et de passage et nous avons la chance de partager la vie et les engagements de personnes très diverses.
    Actuellement, nous avons dans la maison une responsable de la section d’Amnesty International du TCHAD. Nous connaissons bien la situation difficile du pays, ayant soutenu plusieurs prisonniers d’opinion au Tchad. Nous avons aussi accueilli plusieurs victimes de la dictature lors du procès d’Hissein Habre qui a eu lieu à Dakar l’année dernière.
    L’après-midi, je vais acheter un certain nombre de choses que les détenues m’ont demandées, en vue de ma visite de demain à la prison des femmes de RUFISQUE.
    La nuit, comme chaque soir, je réponds au courrier sur Internet et Face Book. J’ai aussi un certain nombre de documents à rédiger et à corriger, mais c’est trop tard, il est plus que minuit. Ce sera pour une autre fois… dès que j’aurai un moment.

  • Lundi 5 Mars : Réunion du secteur (doyenné). Après avoir fait le tour de nos activités, nous réfléchissons spécialement à nos relations avec nos travailleurs et les autres laïcs, et aux ressources humaines en général. C’est une question importante pour respecter davantage les personnes, leurs droits, mais aussi leur dignité.
    A 17 heures, je pars à notre séminaire pour rencontrer nos étudiants un par un et faire le point de leurs différents engagements. C’est important pour les préparer au travail missionnaire qui les attend et ne se limite pas à leurs seules études. Ils sont engagés non seulement dans différentes paroisses, mais aussi dans différents secteurs, comme les prisons, les hôpitaux, les centres sociaux, les enfants dans la rue, l’accueil et le soutien des réfugiés et migrants, l’aumônerie de marins (Dakar est un grand Port et de nombreux navires y accostent) avec tous les problèmes des marins qui sont souvent exploités. Cela fait une grande richesse qu’ils peuvent partager en communauté, pour la joie et l’encouragement de tous.

  • Dimanche 4 Mars : Nouvelle récollection, cette fois-ci avec une Association de femmes. Elles m’ont proposé de réfléchir au mariage, en ouolof, la langue populaire, pour que toutes puissent s’exprimer plus facilement. Nous avons un partage très intéressant tout au long de la journée. Elles ont beaucoup de choses à dire, et aussi beaucoup de problèmes et beaucoup de souffrances dans les familles.
    A mon retour, je rencontre le responsable des Editions l’Harmattan qui doit publier un de mes prochains livres. Il profite d’un voyage à Dakar pour me contacter, car, du fait de nos différentes activités, nous ne nous sommes pas revus depuis 1966 ! Autant dire que nous sommes vraiment très heureux de nous rencontrer… et que nous avons beaucoup de choses à partager !

  • Samedi 3 Mars 2018 : Ce matin, je rencontre nos étudiants en théologie, futurs missionnaires. Ils sont d’une dizaine de nationalités différentes. Nous nous retrouvons pour une journée de prière et de réflexion. C’est difficile de trouver un temps libre vu la densité de leurs études, aussi nous avons beaucoup de questions à aborder. Nous commençons par travailler le Message de Carême du Pape François, qui est très percutant. Mais il nous reste à le comprendre et à voir comment le vivre dans notre culture, nos réalités sénégalaises et notre situation de vie. Ensuite, nous tirons les conclusions de notre session sur « Justice, Paix et Respect de la Création ». Après l’évaluation, il nous faut passer à l’action.
    L’après-midi, nous préparons les prochaines JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) : nous en étudions d’abord le thème « Ne crains pas Marie, car tu as trouvé grâces auprès de Dieu ». Ensuite, nous cherchons comment ils vont pouvoir former les groupes de jeunes dont ils ont la responsabilité pour les préparer à cette rencontre très importante, en préparation du synode pour les jeunes qui va se tenir à Rome et pour lequel nous cherchons la participation la plus grande possible des jeunes de partout. Après un temps de réflexion et de prière personnelle et de partage en petits groupes, nous terminons cette belle journée par la messe.
    Le soir, nous continuons notre partage avec le délégué à la Coopération Catholique, sur les actions possibles et les moyens de préparer les volontaires à leur travail et à leurs responsabilités.

  • Vendredi 2 mars : Le matin, je reprends mes interventions dans un Centre de formation de jeunes filles. J’ai réussi à obtenir le changement du rendez-vous, car l’heure à laquelle j’intervenais l’an dernier (de 12 à 13 heures) ne convient plus puisque je suis maintenant à l’Hôpital. Je viendrai ici, au Centre de formation, à 8 heures. J’en suis très heureux même si c’est un peu tôt pour moi ! Nous nous retrouvons avec joie car pour les plus anciennes nous nous connaissons depuis longtemps.
    A la fin de notre rencontre, je peux donc partir tranquillement à l’Hôpital, d’abord pour le Chemin de Croix (nous sommes en Carême), puis pour la messe avec les agents de santé et les malades qui peuvent se déplacer, avant d’aller voir ceux qui sont alités. Ils ne sont jamais seuls. Certains de leurs parents passent même la nuit, couchés par terre, à leurs côtés. Souvent à tour de rôle. Le personnel, musulman comme chrétien, est très coopératif et les parents sont toujours reconnaissants de nous voir.
    Le soir, je parle avec le responsable de la DCC (Délégation à la Coopération Catholique) chargé des coopérants volontaires pour le Sénégal. Il revient de tournée dans le sud du pays, en Casamance. Nous échangeons sur les conditions pour une bonne insertion, soutien et suivi des volontaires, ce qui n’est pas toujours facile.

  • Jeudi 1er mars : Nous sommes en Carême et notre Evêque a invité tous les prêtres et les religieux (frères et sœurs) qui peuvent se libérer à une Journée de prière. C’est important et cela nous permet de nous retrouver à 70 km de Dakar, dans un lieu de sessions et de rencontres, où nous sommes tranquilles et à l’aise.
    Nous rentrons juste à temps pour la nouvelle réunion de la Fraternité spiritaine. Aujourd’hui nous parlons de la vie d’Eugénie CAPS, la fondatrice des Sœurs spiritaines

  • Mercredi 28 février : Au Centre Social des jeunes filles, je termine notre réflexion sur la sexualité. Nous allons maintenant aborder la question du travail.
    L’après-midi, je rencontre nos étudiants. Au retour, je commence à répondre à différents messages sur Internet et sur Face Book, jusque tard dans la nuit.

  • Mardi 27 février : Je reprends mes enregistrements quotidiens à la radio, en français et en ouolof. J’essaie de les faire en avance, par sécurité, mais là je suis rendu au bout. Je m’isole pour cela au fond de la bibliothèque car sinon on vient frapper à ma porte ou parler dans le couloir, et il faut tout reprendre. La nuit, moment où la connexion est meilleure, j’enverrai les premières émissions par Internet.
    Le soir, un jeune Ivoirien vient me voir. Il continue ses études au Sénégal, mais ce n’est pas facile. En effet, pour gagner sa vie il travaille toute la nuit comme boulanger et donc il manque cruellement de sommeil. C’est l’une des nombreuses personnes qui viennent me voir régulièrement même si, malheureusement trop souvent, je ne peux pas faire grand chose pour elles.
    L’aumônier des enfants dans la rue est venu aussi me voir. Une dame Libanaise m’a offert des sacs de riz, des habits et des produits d’hygiène. Je les partage avec mon confrère. Si cela peut l’aider et éviter à certains jeunes de se retrouver en prison, pour vol, parce qu’ils ont faim, ou pour autre chose, tant mieux !

  • Lundi 26 février : Je retourne dans un Centre de formation de jeunes filles, où je n’ai pas encore pu intervenir depuis le début de l’année scolaire. Pourtant j’y allais depuis plusieurs années et nous avions des réflexions très intéressantes. Nous nous mettons d’accord avec la directrice et je viendrai le vendredi matin, avant d’aller à l’Hôpital. Je passe ensuite voir une animatrice de prison avec qui je travaille, puis je vais voir l’amie qui saisit certains de mes documents pour préciser plusieurs choses.
    A midi, je partage le repas avec nos étudiants en théologie. Car, à la suite nous tenons une séance d’évaluation de la session « Justice, Paix et Respect de la Création » que nous avons vécue en Octobre. Nous n’avons pas pu trouver un moment pour cela jusqu’à maintenant. Après un rappel de ce que nous avons dit, nous faisons un tour de table pour que chacun dise ce qu’il a pu faire dans ce domaine. Nous prenons le temps nécessaire pour cela, avant de voir comment nous allons continuer nos différents engagements dans ce domaine.
    Au retour, je m’arrête chez la responsable de notre association du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Nous faisons le tour de nos activités, et nous préparons une réunion où nous allons refaire notre jeu sur les droits humains, en y intégrant des éléments de la Charte Africaine.
    Le soir, nous accueillons une militante tchadienne, membre d’Amnesty International. Elle a été arrêtée et maltraitée plusieurs fois. Elle est venue se faire soigner au Sénégal. Nous commençons à parler des problèmes du Tchad et elle nous explique les moyens d’action non violente qu’ils utilisent pour faire avancer les choses.

  • Samedi 24 février : Je commence la journée en animant une récollection (journée de prière et de réflexion) avec la Communauté anglophone. Je commente avec eux le message très percutant du Pape François pour le Carême. Après un temps de partage, les participants se retrouvent en petits groupes pour en tirer des conclusions pratiques. A la suite d’un nouveau temps de prière, nous partageons ce que chacun a amené. Mais je ne peux pas rester longtemps avec eux car je dois dire la Messe du samedi soir en banlieue, à mon ancienne paroisse. Je manque même d’arriver en retard car sur le trajet nous avons un accrochage avec une autre voiture. Il n’y a pas de blessés, mais la discussion dure longtemps parce que bien sûr aucun n’est assuré et il n’y a pas de policier pour régler le problème.
    A la paroisse ce week end, nous célébrons la Journée Caritas. C’est une journée pour récupérer des fonds qui nous permettront d’aider les nécessiteux de toutes sortes, et de lancer des petits projets économiques. C’est aussi une journée de prières pour tous ceux qui souffrent et sont exploités et écrasés dans la société.
    Au repas, nous avons une longue discussion sur notre vocation missionnaire et les engagements prioritaires pour nous. Le danger, c’est d’être entièrement pris par les activités paroissiales et récupérés par les chrétiens, au risque de ne plus être disponibles pour soutenir ceux qui sont engagés dans la Société. D’autant plus que notre Eglise est très liturgique et que les chrétiens auraient tendance à se limiter à la vie paroissiale.
    Le soir, nous devions évaluer le démarrage de l’aumônerie de l’Hôpital, mais je ne trouve personne au rendez-vous. Cela arrive assez souvent ! Ca me fait au moins un peu de temps pour régler certaines activités personnelles.

  • Vendredi 23 février : Retour à l’Hôpital pour le Chemin de Croix, suivi de l’Eucharistie. Comme c’est la pause de midi, beaucoup de gens qui travaillent aux alentours y participent. Ils sont autour, dans la cour, et suivent la prière grâce à une sonorisation. Une Mosquée est juste à côté et nous pouvons suivre les deux prières en même temps !
    A la fin de la messe, je recueille les noms des malades à visiter. Ils sont très nombreux. Je me consacre d’abord aux enfants qui sont dans un hôpital qui leur est dédié.
    Ensuite, je vais à l’Ecole des agents sociaux qui est juste à côté. Les étudiants qui viennent de terminer sont entrés en grève, demandant à être affectés dans la Fonction Publique. Mais l’Etat ne peut pas prendre tout le monde en charge. Ils sont sortis dans la rue et se sont affrontés à la police. Un d’entre eux a été sérieusement blessé à la mâchoire. Il est musulman, mais ses camarades me demandent de venir prier pour lui, ce que j’accepte bien sûr. Ils sont très nombreux dans la chambre et dans le couloir. J’en profite pour parler avec eux, je leur demande de réfléchir à leurs motivations et surtout d’agir dans la paix et la non violence.
    Je retourne à l’Hôpital et continue mes visites jusqu’à la nuit.

  • Jeudi 22 février : Je retourne à la prison des femmes. Elles sont toujours heureuses de me voir, et moi aussi. Je leur fais le compte rendu de mes appels par mails et par téléphone à leurs familles, et je leur apporte les différentes choses qu’elles m’ont demandées et que j’ai pu recueillir pendant la semaine. Mais surtout, nous parlons de leurs problèmes et de leur vie commune à la prison. Nous parlons aussi du Carême que nous venons de commencer ; de nombreuses musulmanes viennent m’encourager et me dire qu’elles prient pour nous.
    Dès mon retour, je pars à l’Hôpital de Fann continuer mes contacts et mes visites.
    Puis je vais à l’Hôpital de l’Ordre de Malte qui intervient dans les prisons, mais aussi auprès des lépreux. Ils visitent également des handicapés et leur fournissent un appareillage adapté. Pour les lépreux, ils ont des villages d’accueil, et à Dakar ils reçoivent ceux qui ont des difficultés plus graves. Pour les enfants qui habitent à Dakar, ils ont aussi une école. Le responsable de l’atelier d’appareillage est aussi le vice-président de notre aumônerie.

  • Mercredi 21 février : Le matin, parmi les différentes personnes que j’accueille, une jeune religieuse guinéenne que je suis régulièrement depuis sa jeunesse quand j’étais en Guinée. 
    A midi, rencontre avec les jeunes filles du Centre social. Nous terminons notre réflexion sur la sexualité et le mariage. La prochaine fois, nous aborderons la question du travail.
    Je partage le repas avec les Sœurs de la communauté spiritaine, ensuite je vais à notre séminaire. Je rencontre d’abord ensemble les étudiants qui assurent la catéchèse en paroisse.
    Puis j’accueille « les 2ème année » : ils sont 14 au total se préparant à la vie religieuse, répartis sur trois années d’études en philosophie. Je les reçois un par un personnellement pour faire le point de leurs différents engagements.
    Je pars ensuite participer à la rencontre des fiancés de mon nouveau secteur. On m’a demandé de faire partie de l’équipe de préparation au mariage. Je fais connaissance des membres et des participants.
    Je salue un laïc burkinabé, oblat bénédictin, que nous avons accueilli dans notre communauté pendant plusieurs semaines. Il est venu se faire soigner pour des problèmes cardiaques. Aujourd’hui, il rentre dans son pays.

  • Mardi 20 février : Première réunion du Bureau de l’aumônerie de l’Hôpital. Nous préparons le programme d’activités jusqu’à la fin de l’année. Nous ne nous limitons pas à la prière et aux cérémonies. Notre principal souci, c’est le service social et l’aide aux malades nécessiteux. Nous sommes décidés à y consacrer le maximum de nos énergies, mais aussi de nos moyens financiers.
    Après la réunion de Bureau, je continue à faire le tour des différents services pour me présenter et les connaître. Partout, je reçois un accueil très chaleureux et compréhensif.

  • Lundi 19 février : Je reçois une Américaine qui prépare un doctorat sur l’une des premières écoles construites par les missionnaires à N’Gasobil. Elle vient consulter nos archives. C’est l’occasion de parler assez longtemps avec elle. Comme je suis à la maison, cela me permet d’accueillir les différentes personnes qui se présentent.

  • Dimanche 18 février : Aujourd’hui, je suis invité dans la paroisse de l’Ile de Gorée. C’était un des points de départ des esclaves vers l’Amérique. Une occasion pour penser à tous les esclaves d’aujourd’hui, mais surtout un appel pour lutter contre tous les esclavages d’aujourd’hui. Regretter sans agir pour que les choses changent ça ne sert à rien !
    A la paroisse, je dis la Messe et ensuite j’assure une formation sur : « Comment lire et partager la Parole de Dieu ». Après quelques explications, nous passons directement à un exercice pratique, ce qui me semble beaucoup plus utile. Après le repas, je prends un long temps de partage, en attendant le bateau, avec le curé : un ami de longue date. Nous avons travaillé ensemble dans la paroisse de Grand Yoff , lorsque je suis revenu de Guinée.
    A mon retour, je vais à une veillée de prière pour une religieuse qui vient de décéder. Nous sommes nombreux rassemblés. C’est en même temps l’occasion de nous retrouver dans l’amitié entre religieux et religieuses (frères et sœurs). D’ailleurs c’est ce que nous vivons chaque mois pour prier ensemble. C’est un grand soutien pour nous.

  • Samedi 17 février : Ce matin, je reçois un coup de fil de la petite fille d’une amie que je connais bien. Elle a de gros problèmes dans sa famille et elle est fatiguée de la vie. Je pars immédiatement la rejoindre.
    L’après-midi, je reçois une doctorante américaine qui fait des recherches sur notre ancienne mission de N’Gasobil. Je l’amène consulter nos archives. Elle reviendra la semaine prochaine.

  • Vendredi 16 février : A 13 heures, Chemin de Croix et Messe à l’Hôpital. A la sortie, les gens me donnent les noms de malades qu’ils connaissent. C’est un grand hôpital universitaire, aussi les malades sont nombreux. En prenant mon temps, j’arrive quand même à les rencontrer tous, et également à parler avec le personnel. Deux chefs de service musulmans me demandent de prier pour eux et de bénir leurs bureaux. Cela m’arrive souvent. Ici, tous les gens sont croyants et les malades musulmans me demandent aussi, souvent, de prier pour eux. Ce que je fais avec joie.

  • Jeudi 15 février : J’accueille à nouveau un ami qui a créé une Association en Alsace pour soutenir un village du nord Sénégal : école, dispensaire, salle de réunions, foyer des jeunes, centre social des jeunes filles, formation et lancement de petits projets : tissage, teinture, savon artisanal, fabrique de bracelets… sans oublier la formation à l’agriculture et au petit élevage. Il passe me voir chaque fois qu’il revient au Sénégal, et nous parlons de ses activités. En plus, il m’apporte toujours quelque chose : aujourd’hui c’est du paracétamol pour les détenus.
    C’est le Carême : deux communautés différentes de religieuses me demandent de leur animer une journée de prière.
    Le soir, nouvelle réunion de la Fraternité Spiritaine. Nous parlons de la vie de notre 2ème fondateur, un juif, fils de rabbin converti, François Paul LIBERMANN. Nous voyons ensemble à quoi sa vie nous appelle aujourd’hui.

  • Mercredi 14 février : Mercredi des Cendres. Cette célébration est très appréciée, même par les Musulmans ! Dans chaque paroisse, nous avons 5 ou 6 cérémonies, du matin jusqu’au soir. Nous essayons de donner un sens à cette célébration pour bien lancer ce temps du Carême. Pour moi, je lance une journée de prière (récollection) avec nos étudiants, avant d’aller à l’Hôpital de Fann dont je commence à assurer l’aumônerie. Je dirige la cérémonie à la Chapelle, puis je passe dans les différents services.

  • Mardi 13 février : Je reçois le troisième étudiant cap-verdien venu apprendre le français, pour faire avec lui le point de ses activités. La semaine dernière, je n’avais pas trouvé un moment pour cela.
    Je reçois une lettre d’un prisonnier que je connais bien. Il me demande d’intervenir pour lui obtenir une libération provisoire. Je vais essayer, mais il va falloir de nombreuses démarches… sans beaucoup d’espoir.
    J’arrive à dégager un moment pour travailler personnellement. La nuit, comme chaque jour, je réponds aux différents messages sur Internet et Face Book.

  • Lundi 12 février : Une nouvelle semaine. Comme chaque lundi, il faut redémarrer les activités de la maison et voir les différents services : cuisine, lessive,, ménage, secrétariat, comptabilité, archives, bibliothèque. Les gens sont sérieux, mais il y a toujours des choses à préciser, même si chacun connaît bien son travail. C’est la Maison Provinciale (Centrale) qui coordonne les activités de quatre pays : Sénégal, Mauritanie, Guinée Conakry et Guinée Bissao, et il faut aussi voir les messages et appels arrivés pendant le week end. De plus, les visites, de toutes sortes, venant de la ville ne manquent pas. Dans ces conditions, il faut rester disponible et il n’est pas question de travailler personnellement. Mais c’est nécessaire…. Et important.

  • Samedi 10 février : Travail à la Maison et accueil.

  • Vendredi 9 février : Aujourd’hui, première visite dans le nouvel Hôpital (pour moi !) dont je vais assurer l’aumônerie. Il n’y a pas beaucoup de monde à la messe. Il faut que la nouvelle se répande et que les habitudes soient prises. Mais nous organisons tout de suite la cérémonie des Cendres et prévoyons une rencontre des agents de santé, pour mettre en place une amicale et les différentes activités.
    Le soir, je retourne dans mon secteur pour terminer le cycle de préparation au mariage de ce trimestre. Nous parlons ensemble de l’engagement du couple envers les deux (grandes) familles qui vont faire alliance par ce mariage, dans la communauté chrétienne et dans la société. Les échanges sont très intéressants et durent longtemps, mais il faut bien s’arrêter. Je suis très triste de les quitter. Un autre prêtre va prendre la responsabilité, mais l’équipe d’animation va continuer la formation avec lui.

  • Jeudi 8 février : Visite à la prison. Beaucoup de détenues veulent me voir, pour toutes sortes de petits services et d’abord de parler un peu. Ca leur fait énormément de bien et je suis toujours heureux de partager avec elles. Nous parlons en 5 langues : ouolof, anglais, espagnol, portugais et français, et des salutations et petites conversations dans les autres langues africaines que je parle, en passant d’une langue à l’autre, selon les personnes qui se présentent. Cela demande beaucoup d’attention et de « gymnastique » et je ressors bien fatigué et mal à la tête.
    L’après midi, je vais voir un de nos frères qui avait une forte tension . Il est allé passer une visite et on l’a hospitalisé pendant que j’étais à la prison ; on va le garder plusieurs jours pour des analyses.
    Le soir, je vais célébrer la messe à l’occasion du 80ème anniversaire d’une visiteuse de prison de notre équipe. Malgré son âge, elle est très engagée. Elle a donné à la fin de la cérémonie le secret de son âge : « Aimer tout le monde, garder la paix et prier ». Beaucoup de monde était présent, sauf les prisonniers bien sûr, mais nous avons prié pour eux. Nous avons continué tard dans la nuit par un repas de fête.

  • Mercredi 7 février : Nous continuons notre réflexion avec les jeunes filles du Centre social, sur la sexualité et le mariage, toujours autant animée.
    Le matin, j’ai rencontré un par un nos trois étudiants du Cap Vert, chacun pendant plus d’une heure, pour évaluer leur stage missionnaire en Bolivie, au Mozambique et en Angola. Puis nous avons fait le point de leur séjour ici : découverte du pays, vie de communauté, apprentissage du français et divers engagements. Ca se passe bien en général.

  • Mardi 6 février : Travail à la maison : lecture, mails, enregistrement d’émission radio, rédaction de documents… tout cela interrompu par plusieurs visites et demandes de soutien et de conseils.

  • Lundi 5 février : Je passe en ville à la Librairie où j’ai mes livres en dépôt-vente. Cela fait presqu’un an que j’essaie de faire le point et de récupérer l’argent de la vente !.... Pourtant j’en ai bien besoin.

  • Vendredi 2 février : Je retourne à l’Hôpital Le Dantec, de l’autre côté de la ville, pour faire mes adieux. En effet, je vais changer d’Hôpital pour aller là où il n’y avait pas d’aumônerie. Je vais les regretter car on s’entendait très bien. Mais je n’étais là qu’en soutien, il y a déjà un aumônier responsable.
    Aujourd’hui est la fête de la lumière. C’est en même temps la Journée mondiale des religieux et religieuses. C’est également l’anniversaire de la mort de notre 2ème fondateur à nous les spiritains. Nous nous sommes préparés à cet anniversaire par une neuvaine de prière, où nous nous sommes interrogés sur nos engagements, en particulier pour les questions de justice et de paix et envers les plus défavorisés.
    L’après-midi, commence un long Forum des religieux d’Afrique de l’Ouest. Des délégués sont venus de toutes les régions du Sénégal et des différents pays. Nous travaillons à partir du document du Pape François « La joie de l’amour », suite au synode sur la famille, pour voir comment soutenir les familles en difficultés, comment nous engager ensemble, religieux et laïcs mariés, et comment nous situer face à l’évolution actuelle des différentes formes de famille, avec tous les problèmes que cela pose. La rencontre se poursuit à près de 1.000 participants jusqu’à dimanche, avec une excellente animation et des possibilités de participation et d’intervention de chacun. Les délégués vont rester toute une semaine pour travailler aux nouveaux statuts, après 25 ans d’exercice.

  • Jeudi 1er février : Nous nous retrouvons nombreux à l’enterrement d’un de nos confrères. Il était très engagé et nous célébrons la messe à l’extérieur dans la cour, car beaucoup de monde est venu, y compris les autorités et de nombreux musulmans. Nous nous rappelons le témoignage de sa vie très engagée qui nous encourage.

  • Mercredi 31 janvier : Réunion de secteur des prêtres et religieuses. Nous réfléchissons à notre responsabilité en évaluant nos activités à partir de notre thème d’année de travail, avec un partage très intéressant. Ensuite, nous faisons le tour de nos différentes Commissions. Cela dure longtemps mais en vaut la peine.

  • Mardi 30 janvier : Un de nos confrères est décédé hier. Nous allons à la veillée mortuaire.

  • Lundi 29 janvier : Je me réserve ce jour pour un travail personnel. J’ai beaucoup de travail en retard.

  • Dimanche 28 janvier : Après la messe du matin, je reviens en ville pour une rencontre des responsables des différents Mouvements d’action catholique : enfants, jeunes et adultes. En effet, les jeunes chrétiens, comme les adultes, sont très attirés par les groupes de prières et aussi les amicales, dont les principales activités sont les fêtes, soirées dansantes et sorties.  La conséquence, c’est que très peu de chrétiens sont engagés dans la Société, et l’Action Catholique a beaucoup perdu de sa force. Nous nous retrouvons donc pour réfléchir à notre spécificité et nos moyens d’action à mettre en œuvre. Je suis heureux de connaître ces jeunes, mais aussi de retrouver des anciens avec qui nous avons travaillé de longues années, il y a déjà longtemps.

  • Samedi 27 janvier : Le colloque se continue. Les intervenants font un effort pour être plus simples et se mettre à la portée des jeunes collégiens et lycéens.
    Le soir, je vais dire la messe dans mon ancienne paroisse où j’ai la joie de retrouver de nombreux amis.

  • Vendredi 26 janvier : Pendant toute la journée, j’ai assisté à un grand Colloque regroupant plus de 1.000 jeunes, pour préparer le futur Synode des Jeunes à Rome, sur le thème : « Les jeunes, la foi, la vocation ». Plusieurs intervenants présentent la vie des jeunes et leurs aspirations. Mais nous cherchons surtout à les écouter et à accueillir leurs propositions d’actions et leurs solutions à leurs problèmes. Beaucoup de choses sont remontées. Il va falloir maintenant les travailler et les mettre en pratique. Du travail intéressant nous attend. Le forum se continue tout le samedi et le dimanche, à la grande joie de tous. Cela m’a permis aussi de rencontrer de nombreux amis que je n’avais pas vus depuis longtemps.

  • Jeudi 25 janvier : J’ai rendez-vous à l’Observatoire des prisons. Son rôle est de voir ce qui se passe dans les Commissariats de police et les Gendarmeries, les Tribunaux et les Prisons, pour faire respecter les droits des personnes arrêtées, éviter les coups et les tortures, etc… Une loi vient d’être votée demandant à ce que toute personne arrêtée soit aussitôt assistée d’un avocat. C’est une bonne idée, mais comment la tenir ? Les avocats sont trop rares surtout à l’intérieur du pays. A l’Observatoire, nous parlons longuement de mes engagements dans les différentes prisons du pays. Ils sont très intéressés d’avoir mes différentes remarques et propositions. C’est vrai que ça fait longtemps que j’assure cette responsabilité. Bien sûr, nous allons continuer à nous voir et à travailler ensemble.
    A l’Hôpital, après la Messe je vais visiter les malades que l’on m’a signalés. Je prends aussi le temps de parler avec leurs parents, s’ils sont là.

  • Lundi-Mercredi 22-24 janvier : Je participe à une formation sur le thème d’année, organisée par le diocèse : « Jésus, chemin de sainteté et de témoignage ». Nous sommes 85 prêtres et religieuses, engagés dans le domaine social. La formation est assurée par un ami avec qui j’ai travaillé au Congo, dans les années 1970. Je suis très heureux de le revoir.
    Le soir, je vais –en étant accompagné- dans un quartier très populaire, pour rencontrer un groupe d’anglophones venus du Nigéria, du Cameroun, de Sierra Léone et du Libéria. Nous nous rencontrons déjà à la Messe le dimanche, mais cela ne suffit pas pour une vie chrétienne engagée. Nous voulons donc lancer une communauté de quartier pour partager la Parole de Dieu, se connaître, vivre dans l’amitié et voir comment résoudre leurs différents problèmes de travail, de santé, de logement, de nourriture, et autres. En effet, ce n’est jamais facile de vivre en pays étranger quand on est en situation de pauvreté. Je suis parti avec un confrère de Tanzanie et nous essayons de poser les premières bases d’une communauté.

  • Dimanche 21 janvier : Je vais assurer une formation sur le thème de travail du diocèse : Jésus, chemin de sainteté et de témoignage. La formation regroupe des personnes travaillant auprès des malades et dans les prisons. Nous centrons notre réflexion sur notre façon de travailler auprès de ces personnes, avec une très bonne participation de chacun, et des chants donnant un sens à notre engagement. Profitant de mon déplacement, je vais travailler ensuite avec l’amie qui saisit un certain nombre de mes documents, une éducatrice de Jardin d’Enfants et une visiteuse de prison.

  • Samedi 20 janvier : Accueil, et travail personnel.

  • Vendredi 19 janvier : Nous commençons par une réunion de communauté pour travailler notre projet communautaire. Avant d’aborder les questions diverses de notre vie commune et de nos activités.
    A midi, je pars à l’Hôpital, après la Messe, visiter les malades.
    Le soir, réunion de la Fraternité Spiritaine que nous essayons de relancer. A la fois pour voir comment vivre le charisme et la spiritualité de nos fondateurs –Claude POULLART DES PLACES, François LIBERMANN et Eugénie CAPS- et pour voir comment être missionnaire dans le monde d’aujourd’hui. Après un temps de présentation pour mieux nous connaître, nous partageons nos attentes et mettons au point un programme de réunion avec le contenu.

  • Jeudi 18 janvier : Visite à la prison des femmes. Toujours autant d’émotions, mais aussi de joie. De nouvelles gardiennes qui viennent de terminer leur formation sont arrivées. Du coup la surveillance s’est resserrée. Mais je suis présent et connu depuis longtemps, aussi avec un peu de patience, de dialogue pacifique et d’explications, les choses s’arrangent.
    Le soir, j’interviens dans un autre secteur pour une préparation au mariage des fiancés, sur l’amour vécu en chrétiens et le sacrement de mariage. Le groupe est dynamique et beaucoup de participants apportent leurs contributions.

  • Mercredi 17 janvier : Le matin, rencontre au Centre Social des jeunes filles. Puis je vais manger avec nos étudiants en philosophie. Après le repas, nous parlons avec notre responsable Justice et Paix. Il revient de KEDOUGOU, à l’Est du pays, pour une visite de travail. Dans ce secteur rural , très loin de la Capitale et de la mer, et très pauvre, la seule richesse ce sont les mines, d’or en particulier. C’est une richesse pour le pays mais qui ne profite pas à la population locale : les taxes et autres profits sont récupérés à la Capitale et profitent surtout aux projets généraux et au paiement des fonctionnaires. Ces mines amènent beaucoup de problèmes. D’abord la pollution, l’accaparement des terres des paysans et la destruction de l’environnement. En concurrence avec les grosses sociétés étrangères des orpailleurs, sénégalais et autres venus des pays environnants, tentent leur chance en creusant des mines à la main. Chaque semaine, certains y laissent leur vie, victimes d’éboulements. De nombreux élèves fuient l’école pour aller chercher de l’or. On fait venir des jeunes filles des pays voisins –jusqu’au Nigeria- soi-disant pour être ménagères et d’autres emplois, en leur payant le voyage. A leur arrivée, on leur prend leurs papiers et on les force à se prostituer « pour rembourser leur transport ». Nous avons une équipe sur place qui essaie de lutter contre toutes ces souffrances, avec l’aide des autorités et d’autres personnes volontaires. Une ONG allemande est venue nous construire un centre pour accueillir ces différentes personnes. Notre équipe anime un certain nombre d’ « écoles de brousse » dans les villages pour former et éduquer les enfants et leur préparer un meilleur avenir. Tout cela n’est pas facile et demande du courage, de la confiance et beaucoup de patience, car les choses n’avancent pas vite.
    Ensuite, je pars à « Radio Espérance » où je fais passer un commentaire de l’évangile de chaque jour, en français et en ouolof. Nous voyons avec l’équipe technique et les différents intervenants comment améliorer les émissions. Cela nous amène à mettre en place une nouvelle grille. On va voir à l’usage.

  • Mardi 16 janvier : Je continue mon travail à la maison , tout en accueillant les gens qui viennent nous voir.

  • Lundi 15 janvier : Je continue mon travail de samedi. Des personnes continuent à venir me voir. Une jeune fille musulmane qui veut rencontrer un prêtre. Elle a été violée régulièrement à l’école primaire par un étudiant qui venait lui donner des cours particuliers. Ses parents ne se sont aperçus de rien, car ayant beaucoup d’enfants et de problèmes matériels ils n’avaient pas le temps de s’occuper de leurs enfants. Cette jeune fille n’en avait parlé à personne ; elle portait ce poids depuis l’enfance. Je l’accueille et l’écoute le mieux possible. Puis nous voyons ensemble comment elle peut vivre maintenant, dans le respect et avec le soutien de sa foi musulmane.
    Ensuite, je fais le tour de nos activités avec notre responsable régional : travail pastoral avec les différentes activités qui s’y rattachent, formation des étudiants, prière et vie de communauté, etc.
    Et, comme tous les soirs, je passe sur Face Book et Internet où m’attendent beaucoup de messages que je lis et auxquels je réponds avec joie mais qui m’emmènent jusque tard dans la nuit.

  • Dimanche 14 janvier : D’abord je vais dire la messe chez les Anglophones, comme chaque dimanche. Nous nous connaissons bien maintenant et la participation de chacun en est beaucoup facilitée. Après la messe, je ne peux pas rester longtemps, car on m’attend dans une autre paroisse pour une formation à Justice et Paix. Je suis très étonné, il y a beaucoup de monde ! Je reprends le programme que j’ai déjà utilisé pour plusieurs formations, mais sous forme de dialogue pour que les gens puissent intervenir et animer au fur et à mesure. Après l’exposé, les questions sont nombreuses sans que l’on puisse aller jusqu’au bout.
    Au retour, j’ai besoin d’un bon temps de repos.

  • Samedi 13 janvier : Je me suis réservé ce jour pour mon travail personnel (Courrier, Face Book, Internet, rédaction de documents, ….). Mais je reçois plusieurs personnes qui viennent me voir… Je les accueille le mieux possible. Cela me fait des récréations !

  • Vendredi 12 janvier : Comme chaque vendredi, je pars dans le grand hôpital de la ville. Je célèbre d’abord la Messe avec le personnel de santé. Puis je rends visite aux malades qui m’ont été signalés, spécialement ceux en phase terminale. Déjà cette semaine, j’ai appris le décès de deux malades que j’avais visités et avec qui j’avais prié, la semaine dernière. Cela m’a rendu très triste.

  • Jeudi 11 janvier : Comme chaque jeudi, je pars à la prison des femmes. Sur la route, comme d’habitude, des enfants mendiants et des handicapés montent dans le car pour demander l’aumône. A la station suivante, ils descendent et montent dans le car suivant. Et ainsi toute la journée. Tout le monde ne leur donne pas quelque chose, mais tous les respectent. Il n’y a ni indifférence, ni agressivité contre eux. De même, des commerçants montent et descendent pour essayer de vendre des tas de petites choses : habits, produits d’hygiène ou de beauté, « médicaments » (des copies, la plupart du temps), nourriture, piles ou écouteurs radio, tableaux, etc… Un jeune homme que je connais à peine me paye le transport. Cela m’arrive souvent. Les cars sont surchargés et la plupart des gens voyagent debout et serrés. Mais il y a très peu d’agressivité, plutôt de la solidarité pour faire monter ou descendre les bagages, passer la monnaie pour payer les billets au Receveur coincé dans son coin, …. Tout cela sans histoire.
    Donc, à la prison, c’est la première rencontre de l’année. Chacune exprime ses vœux à sa manière. Comme d’habitude, je rencontre les femmes avec leurs différents problèmes, et celles qui ont envie de se confier. Beaucoup me demandent de téléphoner à leurs familles, un peu partout dans le monde pour envoyer ou donner des nouvelles. Nous nous parlons en français, anglais, portugais et espagnol, mais surtout en ouolof et plusieurs autres langues africaines. Aujourd’hui j’apporte du savon que j’ai reçu dans un colis, et du café, lait et sucre offerts par une dame généreuse. J’apporte aussi les petites choses qu’elles m’ont demandé : piles, écouteurs, habits, chaussures et surtout des lunettes. En effet, beaucoup apprennent la couture, la broderie et le tricot auprès des détenues formées dans ces activités. Mais, souvent enfermées dans le noir, elle finissent par avoir des problèmes de vision, c’est pourquoi à chacune de mes visites j’apporte une dizaine de paire de lunettes. J’en ai rapporté tout un stock de mes derniers congés. Elles ne sont pas mesurées, mais chacune essaie le stock et prend les lunettes qui lui conviennent le mieux. A Noël, très peu d’entre elles ont été graciées, mais pour certaines on a rédigé un dossier de réduction de peine, ou de liberté provisoire. Cela a amené un peu d’espoir dans la prison. Espérons que les demandes aboutiront, au moins en partie, et n’iront pas au panier comme trop souvent. Une autre solution serait que les détenues étrangères puissent purger leurs peines dans les pays. Nous travaillons à cette question du rapatriement, mais cela tarde beaucoup à se mettre en place.
    Dans la prison, la situation s’améliore peu à peu, surtout pour la nourriture. Et aussi pour téléphoner, à certaines conditions… si on a l’argent bien sûr.
    Lorsque je quitte la prison, on m’annonce que deux hommes se sont battus. Nous leur parlons et celui qui a porté plainte accepte de l’enlever. Nous allons ensemble chez le Procureur pour arrêter la procédure.

  • Mercredi 10 janvier : Comme chaque mercredi, je pars au Centre social des jeunes filles. Je continue avec elles notre réflexion sur la sexualité et le mariage. Ensuite je vais à notre séminaire. Je partage le repas avec les collègues puis je fais l’évaluation de leurs activités pastorales. D’abord, je rencontre les quatre qui travaillent avec les Scouts : nous voyons comment ils travaillent, et je rappelle le but et les moyens d’éducation et d’action du scoutisme. A partir de là, nous précisons comment ils vont travailler durant les mois qui viennent. Ensuite je vois personnellement cinq d’entre eux à tour de rôle pour faire le point de leurs engagements. Une heure avec chacun, cela me conduit jusqu’à la nuit. Nous célébrons la messe ensemble, et après le repas je rentre.

  • Mardi 9 janvier : Avec notre responsable, nous allons à NGOR, une île touristique au nord de Dakar. Avant de nous embarquer, nous prenons le temps de parler avec les jeunes qui font des petits métiers pour survivre : vente de petits objets de toutes sortes, employées de maison, guides, gardiens de voitures, etc… Beaucoup de pauvreté et de misère. Nous parlons pendant la traversée avec les jeunes qui conduisent la grosse pirogue qui nous emmène ; ils nous parlent de leurs conditions de vie et de travail.
    Dans l’Ile, il y a un Centre d’accueil pour enfants dans la spiritualité de l’Abbé Pierre, et un camp militaire d’entraînement de commandos qui existe depuis le temps de la colonisation. Il y a aussi un certain nombre de belles villas où des gens viennent séjourner surtout l’hiver pendant qu’il fait froid en Europe. France GALL, la chanteuse qui vient de décéder, y passait six mois par an, et elle a beaucoup fait pour l’éducation des enfants. Mais jusqu’à l’année dernière, il y avait beaucoup de drogue et de prostitution avec des jeunes du pays mais aussi des touristes européens âgés, hommes et femmes, venant chercher du plaisir sexuel et autre, grâce à leur argent, auprès de jeunes sénégalais et sénégalaises. La population locale a réagi et maintenant le climat est beaucoup plus sain. Notre évêque a le souci de tout cela et il nous demande d’aller faire une première visite de contact pour voir ce que nous pourrions y faire. A suivre !.…

  • Lundi 8 janvier : Rencontre des prêtres et religieuses de la ville. Nous faisons l’évaluation de notre dernière rencontre sur la catéchèse. Puis nous prenons un long temps pour réfléchir à notre programme de travail de cette année (plan pastoral), avant d’évaluer les actions déjà menées dans les sept paroisses et les différentes Commissions. J’interviens spécialement au sujet du travail dans les prisons et les hôpitaux, le mariage et la famille, les enfants de la rue, et la Commission Justice et Paix. Je commence à trouver peu à peu ma place dans l’équipe.
    Le soir, nous accueillons dans notre communauté un confrère venu de TANZANIE et une équipe d’éducateurs des Apprentis d’Auteuil. Hier, c’était un groupe de missionnaires allemands venus nous aider à construire un centre social à l’intérieur du pays. Notre Maison Centrale assure l’administration et l’organisation du travail en Mauritanie, Guinée, Guinée Bissao et Sénégal. Mais c’est aussi une communauté d’accueil où chaque jour nous accueillons de nouvelles personnes, très variées. C’est très intéressant et enrichissant.

  • Dimanche 7 janvier : Je vais célébrer l’Eucharistie avec la communauté anglophone, où je me sens parfaitement à l’aise maintenant. Nous échangeons des vœux, comme à toutes les rencontres. Au Sénégal, c’est très important. Après la messe, nous prenons un temps pour parler ensemble.
    L’après-midi, les religieuses missionnaires spiritaines, nos sœurs, nous invitent au 70ème anniversaire de leur présence au Sénégal. Nous nous retrouvons à beaucoup d’amis. Les postulantes, une quinzaine de jeunes filles, venues de différents pays d’Afrique, qui se préparent à être missionnaires, nous présentent un beau théâtre sur leur histoire. Puis, après un temps de prière, nous partageons des sandwiches avant de nous séparer, très heureux de cette rencontre.

  • Samedi 6 janvier : Je suis resté à Pikine, car ce matin je bénis le mariage de deux jeunes que je connais bien. Je suis content car ils ont fait les choses très simples, ce que nous demandons avec insistance.
    Tout de suite après, je pars dans un autre secteur de la banlieue. Cette fois-ci, c’est pour des fiançailles. Je cherche à donner toute sa valeur à ce premier engagement de deux jeunes que je suis depuis un certain temps. Les gens comprennent ce que je cherche et participent très bien. Encore une journée bien remplie.

  • Vendredi 5 janvier : Nous commençons la journée par une réunion de communauté pendant laquelle nous étudions d’abord le message de Noël de notre responsable général, sur la vie communautaire. Puis nous examinons la possibilité de démarrer une action suivie dans l’Ile touristique de NGOR où les problèmes sont nombreux. Pas seulement la prostitution, mais d’abord la pauvreté. Enfin, nous passons aux questions matérielles et financières et aux problèmes de la vie pratique.
    Aussitôt après, je pars pour l’Hôpital : normalement une heure de trajet. Mais la route est coupée par des étudiants qui manifestent en réclamant le paiement de leurs bourses. J’arrive donc en retard pour la messe avec le personnel de santé et les malades qui peuvent se déplacer. Puis je vais visiter les malades chrétiens qui l’on m’a signalés pour parler et prier avec eux. A ce moment-là, souvent les malades musulmans présents dans la même salle me demandent de prier pour eux. Ce que j’accepte bien sûr.
    Le soir, je retourne à PIKINE dans mon ancienne paroisse pour commencer un nouveau cycle de préparation au mariage, pour tout le secteur. C’est toujours aussi animé et intéressant.
    Aller à la prison, car on m’a demandé de participer à deux émissions de télévision. La première, avec un enseignant d’Université et deux Imams sur « L’année 2018 : le point de vue et la contribution des religions », en direct, et en ouolof. Ce n’est pas facile car le journaliste qui nous interviewe à tendance à limiter notre intervention à l’apport des religions dans le domaine politique.
    Le deuxième émission se passe mieux. C’est avec une équipe que je connais bien. Nous reprenons le message du Pape sur les réfugiés et les migrants, sous forme de conversation pour que ce soit plus facile à comprendre et à assimiler. Puis nous examinons la situation du Sénégal pour voir comment mettre ce message en pratique aux différents niveaux : personnel, familial, communautaire, de l’Eglise et de la Société. Les personnes qui assistent à l’enregistrement apportent leurs idées, leurs témoignages et leurs questions, dans la deuxième partie de l’émission.

  • Mardi 2, Mercredi 3 janvier : Avec tout cela, j’ai pris beaucoup de retard pour mon courrier, mes contacts nombreux sur Face Book (10.000 « amis ») et Internet (8.000 correspondants), et la rédaction de mes documents divers. Pour le moment, je vais au plus pressé, on verra pour la suite.

  • Lundi 1ER janvier 2018 : Hier soir à la veillée et aujourd’hui, nous présentons dans les différentes paroisses la Lettre du Pape François pour cette Journée Mondiale de la Paix, sur la question des réfugiés et des migrants. C’est un problème important aussi pour nous. Le Sénégal accueille plus de migrants que la France. De nombreuses personnes viennent de différents pays, parfois de très loin (Centrafrique, Congo….) à cause de la guerre ou de la dictature, ou de la maladie et de la pauvreté. Sans parler des migrants internes qui viennent à cause de l’exode rural (espérant trouver du travail et une meilleure vie en ville, ce qui est absolument illusoire), mais surtout à cause de la détérioration de l’environnement et de l’avancée du désert qui ne permettent plus aux paysans de cultiver pour gagner leur vie. Il y a aussi toutes les personnes en route clandestinement vers l’Europe. A cela, s’ajoutent toutes celles qui sont refoulées et qui cherchent à s’établir chez nous ou à rentrer dans leurs pays. Nous avons un service de la Caritas qui cherche à résoudre ces problèmes : le PARI « Point d’Appui pour les Réfugiés et Immigrés », mais, il est complètement submergé. Les Caritas paroissiales, les communautés chrétiennes, des familles et des personnes généreuses font aussi ce qu’elles peuvent, mais le problème est énorme. Et il ne suffit pas d’accueillir et d’aider, il faut voir le problème à la base et d’abord donner du travail à tous les jeunes qui finissent leur études, ou qui n’ont même pas pu étudier. Le Gouvernement s’y attelle, mais là aussi le problème est énorme.
    Nous réfléchissons à tout cela et le reprenons aussi dans la prière. Nous avons une messe très animée, avec témoignages, théâtre, affiches, chants et danses qui nous motivent davantage encore. Maintenant, il faudra assurer un suivi et mener des actions. Pas facile !