Armel Duteil

Droits de l'enfant

Les droits de l'enfants



Les enfants en difficulté

De nombreuses choses existent dans ce domaine depuis plusieurs années à Conakry. Un Frère du Sacré-Cœur, français, le Frère Alphonse, fait un énorme travail de soutien auprès des handicapés ou des mendiants qui sont très nombreux dans la ville à cause de la misère généralisée. Il accompagne aussi leurs enfants en prenant en charge les frais de scolarisation, grâce au soutien de nombreux amis ou d’associations, comme « Guinée Solidarité ». Cela permet à ces enfants de se former et de s’en sortir dans la vie.

La communauté Sant Egidio, dont j’ai déjà parlé dans les Nouvelles, suit également les familles qui dorment dans la rue, par exemple au Grand Marché de Conakry. Elle organise des écoles de la paix pour les enfants en difficulté, avec des cours de rattrapage, alphabétisation, formation et éducation. Elle intervient également à la prison.

Un prêtre français, le Père Etienne, a lancé une dizaine de foyers pour les enfants de la rue à Conakry et de l’intérieur du pays. Il a aussi organisé des foyers pour les personnes âgées ou vivant avec le SIDA.

Une autre action que nous suivons dans la Pastorale sociale s’appelle « SAVOIR FER ». Les ateliers sont installés dans la cour de l’Archevêché. Il s’agit d’accueillir des enfants qui vivaient dans la rue ou de familles pauvres pour leur fournir une formation en soudure et autres travaux du fer. Cette action est soutenue actuellement par un volontaire français, Bernard, qui prépare la reprise par des formateurs guinéens.

Actuellement nous avons demandé le soutien de l’Ambassade de France pour agrandir les bâtiments, avoir une maison d’accueil pour les enfants en difficulté, et un centre d’alphabétisation, et permettre à l’Association que nous allons mettre en place de mieux assurer son travail.




Convention relative aux Droits de l’Enfant simplifiée

Première partie (articles 1 à 41)

Article 1 Définition de l’enfant

La Convention concerne tous les enfants âgés de moins de 18 ans sauf si la loi de ton pays t’accorde la majorité avant cet âge.

Article 2 Non-discrimination

Tous les droits énoncés dans cette Convention doivent t’être accordés, quelle que soit l’origine ou la fortune de tes parents, ainsi qu’à tous les autres enfants, filles et garçons. L’Etat a l’obligation de les faire respecter pour tous les enfants.

Article 3 Intérêt supérieur de l’enfant

Toutes les décisions te concernant doivent tenir compte de ton intérêt.

L’Etat doit assurer ton bien-être si tes parents ne peuvent le faire. Il est responsable des services chargés de ta protection, de ta sécurité et de ta santé.

Article 4 L’exercice effectif de ses droits

L’Etat doit faire tout son possible pour assurer aux enfants l’exercice des droits économiques, sociaux et culturels définis par la Convention.

Article 5 Orientation de l’enfant

Tes parents ou la famille élargie ont le droit et le devoir de te guider selon le développement de tes capacités. L’Etat doit tout faire pour que ce droit soit respecté.

Article 6 Droit à la vie

Tout enfant a droit à la vie. L’Etat doit assurer la survie et le développement de l’enfant.

Article 7 Nom et nationalité

Dès ta naissance, tu as droit à un nom, à une nationalité, si possible de connaître tes parents et d’être élevé par eux. L’Etat doit respecter ce droit.

Article 8 Protection de l’identité

L’Etat doit t’aider à protéger ou à rétablir ton identité, ta nationalité, ton nom et tes relations familiales.

Article 9 Le droit de vivre avec tes parents

Tu as le droit de vivre avec tes parents sauf s’ils te maltraitent ou te négligent. Tu as aussi le droit de garder contact avec tes deux parents si tu es séparé des deux ou de l’un des deux.

Article 10 Réunification de la famille

L’enfant et ses parents ont le droit de quitter tout pays et d’entrer dans le leur pour que la famille puisse se retrouver.

Article 11 Déplacements et non-retours illicites

Personne ne peut t’enlever de ton pays ni s’opposer à ton retour dans ton pays.

Les Etats doivent trouver des solutions pour faire respecter ce droit.

Article 12 Opinion de l’enfant

Dès que tu en es capable, tu as le droit de donner ton avis sur toute question qui te concerne.

L’Etat doit protéger ce droit.

Article 13 Liberté d’expression

Tu as le droit de t’exprimer librement. Tu as le droit de rechercher, de recevoir et de diffuser des informations sous une forme orale, écrite, imprimée ou par tout autre moyen de ton choix, à condition de respecter les droits et la réputation des autres ainsi que la sécurité de la société.

Article 14 Liberté de pensée, de conscience et de religion

L’Etat respecte le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion, dans le respect du rôle de guide joué par les parents.

Article 15 Liberté d’association

Tu as le droit d’adhérer à des associations ou d’en former et de participer à des réunions pacifiques.

Article 16 Protection de la vie privée

Tu dois être protégé dans ta vie privée, ta famille, ton domicile et ta correspondance ainsi que contre toute atteinte illégale à ton honneur ou à ta réputation.

Article 17 Accès à l’information

Tu as le droit à une information diversifiée, utile à tes connaissances et à ta compréhension des autres cultures.

L’Etat encourage la production de livres pour enfants. Les média s tiendront compte de ta langue, même si elle est minoritaire.

L’Etat doit te protéger contre les informations et les documents qui pourraient te nuire.

Article 18 Responsabilités des parents

Ce sont tes deux parents qui ont la responsabilité commune de t’élever et d’assurer ton développement et l’Etat doit les aider dans cette mission, même si les deux travaillent.

Article 19 Protection contre les mauvais traitements

L’Etat doit te protéger contre toutes les formes de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon, de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle, que tu sois sous la garde de tes parents ou de toute autre personne à qui tu es confié

L’Etat doit prendre les dispositions nécessaires pour que de telles situations ne se produisent pas.

Article 20 Protection de l’enfant privé de son milieu familial

Si tu n’as plus de famille ou si le maintien dans ta famille est contre ton intérêt, l’Etat doit t’assurer une protection de remplacement, en tenant compte de ton éducation et de ta culture.

Article 21 Adoption

Dans les pays où l’adoption est admise, elle ne peut se faire que dans l’intérêt supérieur de l’enfant et quand sont réunies toutes les autorisations des autorités compétentes et toutes les garanties nécessaires. Personne ne pourra tirer un profit matériel de cette adoption.

Article22 Enfants réfugiés

L’enfant a le droit d’être considéré comme réfugié. Il est protégé par le droit international, qu’il soit seul, accompagné de ses parents ou par d’autres adultes.

Si tu es dans cette situation, les Etats et organisations internationales devront t’aider à retrouver ta famille. S’ils ne peuvent le faire, tu seras protégé et tes droits seront reconnus.

Article 23 Enfants handicapés

L’enfant handicapé a droit à des soins spéciaux, à une éducation et formation adaptées pour lui permettre de mener une vie digne et pleine afin de parvenir au degré d’autonomie et d’intégration sociale le plus élevé possible. Les pays échangeront des informations et les pays en développement seront particulièrement aidés.

Article 24 Droit à la santé et aux services médicaux

Tu as le droit de jouir du meilleur état de santé possible.et d’être soigné. L’Etat doit réduire la mortalité des nourrissons et des enfants, développer les soins de santé primaires, la lutte contre la malnutrition et les maladies, fournir de l’eau potable et aider les mamans avant et après l’accouchement. Il doit abolir les pratiques traditionnelles dangereuses pour ta santé.

Article 25 Révision de ton placement

Si tu es placé par des autorités compétentes pour une protection spéciale, tu as droit à un examen périodique de ton traitement.

Article 26 Sécurité sociale

Tu as le droit de bénéficier de la sécurité sociale, y compris des assurances sociales.

Article 27 Niveau de vie

Tu as droit à un niveau de vie décent pour assurer ton développement physique, mental, spirituel, moral et social. Ce sont tes parents qui en sont les premiers responsables. L’Etat doit les aider.

Article 28 Droit à l’éducation

Les Etats te reconnaissent le droit à l’éducation sur la base de l’égalité de chances. L’enseignement primaire doit être obligatoire et gratuit, l’enseignement secondaire et supérieur accessibles à tous, selon les capacités.de chacun. La discipline scolaire doit respecter tes droits et ta dignité. Les Etats doivent coopérer pour éliminer l’analphabétisme.

Article 29 Objectifs de l’éducation

Ton éducation doit viser l’épanouissement de tes dons, t’inculquer le respect des droits humains, te préparer à une vie adulte active dans une société libre, encourager le respect de tes parents et de ta culture dans un esprit d’amitié entre tous et t’apprendre à respecter la nature.

Article 30 Enfants de minorités

Si tu appartiens à une minorité, tu as le droit de jouir de ta culture, de pratiquer ta religion et de parler ta propre langue.

Article 31 Droit aux loisirs

Tu as droit au repos, aux loisirs, au jeu et aux activités récréatives. Tu as le droit de participer librement aux activités artistiques et culturelles dans des conditions d’égalité.

Article 32 Travail des enfants

Tu dois être protégé contre l’exploitation. Nul ne peut t’obliger à accomplir un travail dangereux ou nuisant à ton éducation, à ta santé, à ton développement. L’Etat fixe un âge minimum, les horaires, les conditions de travail et punira ceux qui ne respecteront pas ces règles.

Article 33 Consommation et trafic de drogue

L’Etat doit te protéger contre la consommation, la production et le trafic de la drogue.

Article 34 Exploitation sexuelle

L’Etat doit te protéger contre toutes les formes d’exploitation et de violence sexuelle, y compris la prostitution et la participation à toute production pornographique.

Article 35 Vente, traite et enlèvement

L’Etat a l’obligation de tout faire pour que tu ne puisses pas être enlevé ni vendu. Le commerce d’enfants est interdit.

Article 36 Autres formes d’exploitation

L’Etat doit te protéger contre toutes les autres formes d’exploitation nuisant à ton bien-être.

Article 37 Torture et privation de liberté

Tu ne peux être soumis ni à la torture ni à des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Tu ne peux pas être exécuté ni emprisonné à vie. Ta détention doit être la dernière solution possible. Elle doit être courte et tu dois être séparé des adultes. Tu auras droit à une assistance juridique et à rester en contact avec ta famille.

Article 38 Conflits armés

En cas de conflit armé, l’Etat doit éviter que tu participes directement aux hostilités si tu as moins de 15 ans. Si tu es touché, l’Etat a l’obligation de te protéger et de te soigner.

Article 39 Réadaptation et réinsertion

Si tu as été victime de conflit armé, de tortures, de négligence, d’exploitation ou de toute autre forme de traitements cruels, l’Etat doit faciliter ta réadaptation physique, sociale et psychologique.

Article 40 Justice pour mineurs

Tout enfant suspecté, accusé ou reconnu coupable d’avoir commis un délit a droit à un traitement qui respecte sa dignité, son âge et sa réadaptation sociale.

Il a droit à une assistance juridique pour assurer sa défense. Le placement en institution doit être évité chaque fois que cela est possible.

Article 41 Respect des normes déjà établies

Si la loi en vigueur dans ton pays t’est plus favorable que le texte de cette Convention, c’est elle que l’on doit t’appliquer.

Deuxième partie (articles 42 à 54)

Article 42 Faire connaître la Convention

L’Etat a l’obligation de faire largement connaître les droits contenus dans la Convention, aux adultes comme aux enfants.

Article 43 à 54 Dispositions d’application

Un comité international d’experts est mis en place pour assurer le contrôle de l’application de cette Convention.




A remettre aux responsables CV AV que vous connaissez

Le bureau diocésain nous propose un certains nombre d’activités communes à tout le diocèse. Il est important d’y participer. Mais il faut aussi que nous ayons nos activités paroissiales, en particulier pour mettre en pratique la campagne d’année, sans oublier que l’activité principale de l’enfant c’est le jeu. C’est dans le jeu qu’il se forme et qu’il agit.

Par conséquent, à chaque réunion, il y aura un temps de jeu, de chants, de danse et de théâtre. Mais pour les chants, on cherchera des chants éducatifs et qui donnent des bonnes idées aux enfants, pas seulement des chants pour faire du bruit et s’amuser. Il faut donc que les responsables apprennent de tels chants. De même, pour le théâtre, on fera sketches qui donnent des exemples d’actions que les enfants ont réalisées ou peuvent faire, en lien avec la campagne d’année.

A chaque réunion, les enfants s’assiéront en petits groupes pour réfléchir à leur vie et décider des actions à mener pendant la semaine (révision de vie),en ne prenant à chaque fois qu’une seule question (un seul problème, un seul fait de vie). A chaque fois, ils se poseront 4 questions, avec l’aide des responsables : mais il faut absolument faire parler les enfants et leur faire trouver leurs propres solutions, ils en sont tout à fait capables.

  1. Que voyons-nous sur ce problème autour de nous (à la maison, à l’école, dans le quartier…) ?

  2. Quelle Parole de Dieu connaissons-nous qui nous parle de ce problème ? Que nous dit-elle ? (on ne demande pas les références et les numéros. Chaque enfant, chrétien ou musulman dit ce qu’il connaît par cœur de la Parole de Dieu, dans son cœur.)

  3. Si Jésus était là, que ferait-il ?

  4. Et nous qu’allons-nous faire face à ce problème, pendant la semaine ?

La semaine suivante, en petit groupe, les enfants disent ce qu’ils ont fait face à ce problème pendant la semaine passée (révision d’action)

La 3°semaine, on prend un nouveau problème (un nouveau fait de vie), et on fait une révision de vie pour décider avec les enfants de l’action à mener tous ensemble pendant la semaine qui vient. Et ainsi de suite

A chaque fois, les responsables écrivent dans leur cahier de responsable ce que les enfants ont dit et fait.

Voici quelques thèmes sujets de réunions, à partir de la campagne d’année (Plan d'Action 2.009-2.010)

Nous utiliserons cette année le jeu sur les droits de l’enfant : La ronde des enfants

Vous pouvez nous le demander. Les droits de l'enfant y sont divisés en 6 thèmes:

  1. Le droit à l'information,
  2. Le droit à la protection
  3. Le droit à une famille
  4. Le droit à la Paix
  5. Le droit à l'éducation
  6. Le droit à la santé

La 1°semaine, on explique un des droits aux enfants, à partir de la fiche pédagogique du jeu. On demande aux enfants ce qu'ils en pensent et de donner leurs propres exemples (faits de vie)

La 2° semaine, on joue ensemble sur le thème étudié. A la fin du jeu, les enfants décident des actions qu'ils vont mener pendant la semaine dans la famille, le quartier et l'école, avec les autres enfants.

La 3° semaine, les enfants disent les actions qu'ils ont menées avec leurs camarades pendant la semaine. Ils en parlent tous ensemble. On dire les conclusions

La semaine suivante, on présente le 2° thème et ainsi de suite, jusqu'à la fin du jeu. On présentera alors les actions menées sous forme de chants, théâtres etc aux parents et à la paroisse

Jeu sur les droits de l’enfant : La ronde des enfants

Lire soigneusement la fiche pédagogique. On recopie chaque article de la convention sur un petit papier pour les distribuer aux équipes pendant le jeu, d'après le thème (numéros indiqués sur le petit papier: Répartition…)

Faire colorier les dessins des enfants des 5 continents.Les faire découper et les mettre chacun dans une enveloppe (faire attention à ne pas les mélanger). Même chose pour les grandes feuilles (puzzles)

Pour jouer: Mettre les 4 morceaux de carton vert en place (socle). On donne à chaque équipe

  1. un droit à expliquer (papier:répartition).

  2. 3 choses à faire selon l'âge, à partir des feuilles rose, jeune ou bleu): connaissance, activités manuelles; chants et théâtre.

Chaque équipe prépare ses réponses et choses à faire, et vient les présenter devant tout le groupe. On en parle tous ensemble (veiller à la réflexion communautaire) et les enfants décident des actions qu'ils vont mener pendant la semaine. Quand une équipe a fini avant les autres, on peut lui donner un puzzle.




Droits de l'enfant et christianisme

Le Père Armel DUTEIL propose de reprendre les 10 droits principaux pour montrer en quoi ils rejoignent la religion chrétienne.

Droit à l’égalité

Tous les hommes sont égaux devant Dieu, mais Dieu a des préférences : il s’est mis du côté des Hébreux. Pour cela, il a envoyé le prophète Moïse pour les délivrer. Tout au long de sa vie, le Christ a préféré les pauvres …

Droit à une famille, à un nom, à une nationalité

Dieu n’a pas crée un homme tout seul, il a crée homme et femme. Ce n’est pas l’homme tout seul qui est image de Dieu, mais l’homme et la femme avec leurs enfants. Quand il y a famille, Dieu est là. La famille est l’un des signes les plus grands que Dieu a donnés de son amour. Avoir un nom, c’est être quelqu’un d’absolument unique, quelqu’un de connu et d’aimé de Dieu. Dieu nous donne un pays …

Droit à la survie et au développement

L’enfant a le droit à la vie, non seulement après la naissance, mais déjà avant la naissance. Saint Irénée disait : «La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant », c’est-à-dire l’homme debout, libre et responsable, libre de toute aliénation et de toute colonisation. Par ailleurs, le développement ne va pas sans la paix. Le Pape Paul VI disait : « le développement est le nouveau nom de la paix »…

Droit à la santé

Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu, par les Prophètes, guérissait les malades. De même, Jésus a passé toute sa vie publique à soigner les malades. Le droit à la santé ne se limite pas à la distribution de médicaments. La santé ne se limite pas à la santé du corps, c’est un état de bien-être global

Droit à l’éducation et aux loisirs

On ne peut pas parler de droit à l’éducation pour les enfants sans se demander quel est sens de la vie et de l’amour qu’on leur donne. Le droit au loisir vient de Dieu, car le loisir est la porte ouverte à la joie, à la vraie joie, à la joie de Dieu. Regardons l’enfant comme Dieu lui-même le regarde. L’enfant n’est pas l’adulte de demain, c’est l’enfant d’aujourd’hui !

Droit à un environnement sain

Air pur, terre propre, eau potable. Il s’agit, non seulement d’avoir un corps propre, mais un cœur propre et un esprit propre pour vivre dans un monde propre. Mais vivre pleinement, totalement, c’est vivre en étant libre pour aller vers le ciel, c’est-à-dire, aller vers Dieu …

Droit à la liberté d’expression, d’association et d’accès à l’information

Si nous empêchons les enfants de s’exprimer, nous sommes les premiers à y perdre, car les enfants ont un regard neuf. Liberté d’association, pas seulement parce que l’union fait la force, mais parce que lorsque nous sommes ensemble, Dieu est au milieu de nous …

Droit à la protection

Pour un croyant, il s’agit de protéger les enfants comme Dieu les protège…

Droit à la paix

Dieu veut la paix. C’est bien évident car il est Dieu de la paix. Mais cela ne veut pas dire que l’on doive accepter n’importe quoi au nom de la paix … Même s’il faut garder la paix, il faut d’abord respecter les droits de Dieu et également les droits de l’enfant. La paix de Dieu, ce n’est pas la paix du cimetière, parce que tout le monde est mort. La paix que Dieu veut, c’est la paix du cœur, l’entente et la réconciliation, l’acceptation de chacun avec ses différences et son originalité …

Droit de l’enfant à l’endroit de ses parents

Si l’on insiste tant sur les devoirs, n’est-ce pas en fait le signe que nous ne sommes pas tellement décidés à respecter leurs droits ?

La religion nous apporte une autre motivation pour respecter les droits de l’enfant. La religion nous apporte force et espérance. Si on aime les enfants, par le fait même, on respecte ses droits. Et si l’enfant se sent aimé, par le fait même, il fera son devoir. L’amour doit venir du cœur, on ne peut pas le forcer. Réussir sa vie, c’est donc se tenir comme un enfant, non seulement devant Dieu, mais aussi devant les autres hommes ...




Approche culturelle pour la promotion des droits de l'enfant

« L’éducation des enfants incombe à l’ensemble de la société. La puissance paternelle appartient en conséquence à tous ». (Article 9 de la Charte du Mandé - An 1236)

I. Introduction

20 novembre 1989 – 20 novembre 2009 : 20 ans plus tard, des pas franchis mais les enfants subissent encore !

Deux décennies après l’adoption de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, des résistances subsistent encore. Malgré les efforts consentis partout dans le monde, les enfants sont toujours écartés du chemin de l’école, privés de loisirs et de soins, poussés hors du cercle familial. Ils vivent souvent dans un environnement précaire et insalubre au péril de leur santé, de leur survie et de leurs libertés. Dans nombre de pays, ils sont utilisés comme soldats dans des conflits et discriminés. Les enfants subissent aussi les effets des rapports de pouvoir qui se jouent dans leur environnement. Le cercle familial ou la communauté deviennent alors la source des problèmes du vécu de l’enfant. Et la localité, le pays, la sous région ou même le contexte mondial compromettent son avenir.

Des menaces persistantes et renouvelées

En Afrique ou ailleurs, les droits des enfants ne sont pas pleinement respectés. Et même lorsqu’ils sont connus des communautés, ils ne sont pas souvent pris en compte. D’ailleurs, les phénomènes qui remettent en cause les droits de l’enfant ne sont plus seulement locaux. Ils sont transnationaux ou régionaux, à l’image des migrations et de la mendicité. Ils sont également internationaux avec les différents réseaux de trafic d’enfants, d’où la pertinence de la Convention internationale.

Repères de l’adoption de la Convention

La convention internationale des droits de l'enfant a été adoptée le 20 novembre 1989 par l'Assemblée générale des Nations Unies. Elle est entrée en vigueur le 2 septembre 1990.

Le Sénégal l'a ratifiée le 31 juillet 1990. Cependant, cette ratification ne suffit pas à elle seule. Elle doit être accompagnée d'une politique de vulgarisation et d'appropriation par les populations.

Auparavant, le 27 juin 1981, l’Organisation de l’Unité Africaine devenue Union Africaine avait adopté la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples. Cette Charte, ratifiée par le Sénégal le 25 octobre 1982, est entrée en vigueur le 21 octobre 1986. Elle constitue un repère important en matière de droits humains pour les peuples africains. Elle a été complétée par la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, adoptée le 11 juillet 1990 par l’OUA, entrée en vigueur 9 ans plus tard, le 29 novembre 1999 après avoir été ratifiée par le Sénégal le 29 septembre 1998.

La promotion culturelle de la Convention

Toutefois, la ratification de la convention relative aux droits de l’enfant ne suffit pas pour qu’elle soit reconnue par la communauté internationale. Elle doit être accompagnée d’une politique de vulgarisation afin de mobiliser la société à prendre en compte et à respecter les droits des enfants.

C’est la raison principale de la rédaction de ce manuel axé sur l’approche culturelle pour la promotion des droits de l’enfant. Il s’agit de montrer l’existence de pratiques culturelles positives favorables au respect des droits de l’enfant. Les résistances culturelles à la Convention tirent leurs fondements de certaines idées reçues, déformations de spécificités culturelles et/ou de préjugés. Il était donc judicieux de rétablir les éléments culturels bénéfiques à la promotion des droits de l’enfant.

L’évolution du statut de l’enfant s’étant ajustée continuellement à la société ces dix dernières années, une mise à jour du premier guide publié en 1994 sur l’approche culturelle pour la promotion des droits de l’enfant au Sénégal s’imposait.

Les méthodes promues pour la vulgarisation

Ce nouveau manuel se propose de mettre l’accent sur les thématiques émergentes relatives au statut et au vécu de l’enfant. Une enquête a été conduite pour identifier comment les populations, particulièrement les jeunes et les enfants (garçons et filles)survivent avec les thématiques émergentes dont l’excision, les abus sexuels, la cybercriminalité, la mendicité entre autres.

L’enquête a été menéeauprès de chefs religieux, de spécialistes de la culture orale, de chercheurs notamment du Laboratoire de civilisation orale de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, de personnes anonymes, de jeunes et d’enfants issus de différentes régions du Sénégal.

Un intérêt particulier a été accordé aux contes, légendes, dictons et divers supports de tradition orale.

Des focus group (groupes de discussion homogènes) ont permis de sonder, par groupes séparés, des enfants, des jeunes mais également leurs parents, hommes et femmes. Par la suite, des entretiens semi structurés ont permis d’approfondir les questions relatives aux droits de l’enfant.

Enfin, s’agissant particulièrement des enfants et des jeunes, des formes d’expression et d’animation adaptées à leur âge ont permis de recueillir leurs perceptions du vécu de leurs droits.

Au total, l'approche culturelle pour la promotion des droits de l'enfant rétablit les éléments culturels sénégalais et africains favorables au respect de ces droits et exprime la parole des enfants sur la perception de leurs propres droits et devoirs.

II. Importance de l’enfant dans la société sénégalaise

« Celui qui a rêvé d’or a rêvé d’un enfant ». Ce proverbe halpulaar pourrait résumer à lui seul la perception de l’enfant dans les sociétés sénégalaises traditionnelles. En effet, la représentation de l’enfant dans les différentes aires culturelles sénégalaises était fortement liée à la notion de richesse. Plus il y avait de bras pour travailler la terre, plus la famille et la société avaient la possibilité d’être économiquement à l’abri. Sous ce rapport, l’enfant représentait le socle du capital social et même son prénom représentaitun enjeu important dans les jeux d’alliance. La place de l’enfant dans l’univers culturel sénégalais ne renvoie pas seulement à une conception économique. Chez les Lebu, par exemple, lorsqu’un enfant demande à ses parents divorcés de se remarier, ceux-ci sont tenus de le faire.

Des sociétés à l’écoute de leurs enfants

Dans cet environnement culturel, l’enfant bénéficie d’un intérêt particulier. L’éducation a pour but de lui transmettre l’héritage culturel de son groupe social. On y remarque la présence marquante de la figure de l’adulte comme modèle: « ku yaru moy ku jaar ci loxo mag » (Un enfant bien éduqué est celui qui est passé entre les mains expertes d’un adulte) ou « Ñulal sa kanam, yaatal sa xol ». (La mise à l’épreuve forge le sens de l’ouverture). Généralement, ce sont les femmes qui assurent l’éducation et la formation de l’enfant jusqu'à cinq ans. Après, le jeune garçon quitte les bras de sa mère pour rejoindre son oncle qui remplira désormais le rôle d’éducateur. Les oncles et les tantes maternelles jouent principalement le rôle de médiateurs et de protecteurs : « Kaoma okam debo » (expression halpulaar signifiant : « c’est ton oncle qui te donne femme »)

Dans les familles maraboutiques de la société halpulaar, le père n’a pas de prise sur l’éducation de l’enfant. Et lorsque l’enfant n’est pas issu d’une famille « torobe » (les détenteurs du savoir), l’accent est mis sur sa formation. L’enseignement commence par les contes : à travers le symbole, le conte permet de trouver l’expression pratique de ce que l’enfant a appris à l’école coranique ou française. La formation trouve sa continuité dans les rites initiatiques.

« L’enseignement religieux était au début de l’éducation. Ce qui était visé c’était l’endurance, l’orgueil, la dignité, l’honneur et tout cela était fait sous le couvert d’actes symboliques. Tout cela renvoyait à la notion d’éducation par le travail et la réalisation de soi-même. L’enfant devait comprendre que rien n’est éternel sur terre »

Toutefois, si des contre valeurs perdurent, c’est à cause d’idées reçues car les éléments culturels favorables à la protection de l’enfant et à la promotion de ses droits existent. Dans certaines aires géographiques, ils sont même codifiés comme : dans la Charte du Mandé, dans les rites initiatiques, les contes, les mythes et légendes, les croyances et les représentations sociales.

La Charte du Mandé, des cultures anciennes africaines favorables aux enfants

Le règne de Soundjata Keita (1190 – 1255) et sa puissance sont décrits comme étant fortement liés à son enfance. La tradition orale raconte que c’était un enfant frappé d’invalidité des membres inférieurs. Pour laver un affront fait à sa mère, il retrouva la force de ses membres et déracina le baobab du village en hommage à cette dernière. C’est sous son magistère que la Charte du Mandé fut instituée.

La Charte du Mandé ou Charte de Kurukan Fuga instaure les normes et règles régissant la société Mandingue. Elle fut élaborée à la suite de la bataille de Kirina, en l’an 1236, à l’issue de laquelle Soundjata vainquit le roi du Sosso, Soumahoro Kanté. Cette charte est composée de 44 articles dont 6 traitent directement des droits de l’enfant. Mais dans son ensemble, la charte prend en compte les 10 droits de l’enfant à travers onze articles. (Voir en annexe la Charte Mandé)

L’initiation : exemple du Ndut (rite initiatique Sereer)

« Les enfants sont l’avenir de la société ». Cette assertion illustre la conscience que les sociétés modernes se font de l’importance des enfants. Mais elles ne l’ont pas inventée. Depuis toujours, les sociétés africaines traditionnelles ont mis l’enfant au cœur de leur avenir. Les rites d’initiation ont été mis à contribution pour être le moment de transmission d’un ensemble de savoirs, de codes sociaux « qui définissent leur conception de l’homme et leur vision de l’Univers » (Dione Salif, (2004), L’appel du Ndut, IFAN/ENDA-Edition, Dakar, p. 159). Le Ndut exprime cette vision d’avenir placée dans les enfants.

Le rite de l’initiation n’est pas seulement le lieu de transmission du savoir aux enfants. Il sert également, dans le cas du Ndut, à apprendre à l’enfant à reconnaître et à pratiquer ses droits dans les différentes étapes du processus : droits à la participation, à l’expression, à la protection, à l’éducation, à la famille, à l’égalité, à la survie et au développement.

Représentation de l’enfant à travers les contes, mythes et légendes

Le Sénégal a un riche patrimoine culturel forgé par unelongue cohabitation entre ses différentes populations, « si bien que tout Sénégalais peut légitimement revendiquer ce patrimoine commun (…) qui l’est devenu par la cohabitation de ces peuples, mieux, par leur convivialité » (L. Kesteloot, B. Dieng, Contes et mythes du Sénégal, nouvelle édition revue et augmentée, IFAN/ENDA Thiers Monde, Dakar, 2007). Cependant, ce manuel n’ambitionne pas d’étudier l’origine ethnique des contes, mythes ou légendes pour y chercher les représentations spécifiques de l’enfant. Il est plutôt question de mesurer l’importance de l’enfant dans la société sénégalaise à travers les contes, mythes et légendes.

Le caractère éducatif des contes, mythes et légendes n’est plus à démontrer. Il est instructif et pédagogique : il « donne des leçons ». (Ibid). Les droits de l’enfant sont traités dans les contes, mythes et légendes des sociétés sénégalaises tout comme dans la Charte du Mandé et dans les rites initiatiques.

Cette fonction pédagogique est évidente mais ellen’est pas la seule. Il y a aussi une fonction de protection. L’enfant est considéré comme un don de Dieu. Et pour avoir une descendance, l’homme est capable de beaucoup de sacrifices. La survie de l’enfant et son développement sont sacrés. Cette fonction de protection qui assure la survie et le développement de l’enfant se retrouve aussi dans les contes Sereer tel que « le féticheur, l’âne et l’enfant agonisant » qui enseigne le respect de la dignité de l’enfant au travers duféticheur transposant l’âme chez l’enfant plutôt que de le voir mourir.

Dans les contes wolofs, la légende de « l’enfant d’Allah » montre le caractère sacré de la vie de l’enfant. En effet, c’est Allah, représenté par une génisse, qui donne du lait à l’enfant rejeté. Grâce à quoi, celui-ci échappe à la mort et survit, malgré le rejet de sa mère. Ce droit passe souvent par une protection qui se fait parfois contre le désir de l’enfant. Cela équivaut dans la philosophie morale du wolof par « lu jooylo xaleel mo gën lu jooylo mag » ( A. Sylla, 1998, Poèmes et pensées philosophiques wolof, de l’oralité à l’écriture, tome 2)

Cette maxime signifie qu’il vaut mieux corriger un enfant plutôt que de le laisser se livrer à des activités dangereuses pouvant compromettre son avenir.

De même chez les Lebu, la légende explique pourquoi certaines jeunes filles de Ngor restent sans maris, en raison du pacte qu’un père avait conclu avec Burtengeen, le génie de l’île. Il n’avait pas d’enfant et pour en avoir, il accepta que le génie devienne le mari de la fille qu’il lui ferait avoir. Il lui promit de ne jamais donner celle-ci en mariage. L’idée de sacrifice ou de pacte pour avoir un enfant n’est pas propre à la culture wolof ou lébou. Elle se retrouve dans pratiquement toutes les sociétés sénégalaises.

Dans la tradition halpulaar, le conte «récit de Sékou Goubaly Samba » rapporte l’affrontement entrecelui-ci et le génie terrifiant du fleuve. Sékou Goubaly Samba, célibataire sans enfant, est humilié de devoir effectuer des travaux d’utilité publique avec les enfants de ses pairs qui refusent de travailler à ses côtés. Pour laver cet affront, il accepte de combattre le génie du fleuve afin de pouvoir épouser la fille de son oncle, qui lui impose ce duel comme condition pour lui accorder la main de sa fille.

Dans le conte joola de la Casamance « les singes et les ruches », la morale est qu’« il est parfois bon d’écouter la parole d’un enfant ». Autrement dit, la participation de l’enfant dans la prise de décision est importante. Sa parole n’est pas seulement innocente mais également porteuse de sagesse.

L’enfant réincarné : l’exemple de la société Manjak

Dans la société Manjak, l’enfant peut être considéré comme la réincarnation d’un être disparu. La personne réincarnée peut être un proche, un grand parent ou arrière-grand-parent. On raconte que tel enfant est la réincarnation de telle personne en raison de la similitude entre les traits physiques ou psychologiques, de la vision d’un prêtre ou d’une personne douée de dons particuliers.

« Ma mère est morte en couches. Elle avait des cicatrices sur le corps et sur le visage suite à un accident. L’enfant né de son accouchement portait les mêmes cicatrices qu’elle et aux mêmes endroits. On raconte que c’est ma mère qui s’est réincarnée parce qu’elle n’a pas voulu laisser sa famille orpheline. » J. K. G

Dans le cas d’une réincarnation, l’enfant bénéficie de toute l’attention et de la protection des personnes auxquelles la personne réincarnée était chère.

« Ma belle famille dit que mon fils est la réincarnation du grand-père de mon enfant. Personne, y compris moi, n’a le droit de lever la main sur mon fils. Il est choyé comme un prince. Dans ma belle famille, faire pleurer mon fils équivaut à verser les larmes de leur père. » M.G.

Religions et confréries : l’enfant est la graine qui garantit la bonne récolte

Les cultures sénégalaises sont fortement imprégnées de religion, notamment musulmane et chrétienne. Dans les deux croyances, la perception de l’enfant est la même : c’est un être à protéger. L’image de l’enfant renvoie à la graine semée et les fruits de la récolte dépendent des soins qu’on lui aura accordés : c’est un être innocent et immaculé. « Si vous ne devenez pas comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux ». (Matthieu, 18,2)

L’importance accordée à l’enfance dans la religion chrétienne renvoie aux origines des prophètes Moïse et Jésus-Christ. Le premier a été abandonné par ses parents, mais a vécu une enfance heureuse dans la maison du pharaon. Tandis que le second, même s’il a vécu humblement, a toujours reçu tendresse et affection de la part de ses parents.

« La Bible nous enseigne que les relations entre adultes et enfants devraient être aimantes, justes et basées sur le respect. Les parents ou les tuteurs sont fortement encouragés à discipliner les enfants confiés à leurs soins. Cela permet aux enfants d’explorer leur environnement au sein de limites sûres et saines » ( Stephenson Paul et al « La participation des enfants » T E A R F U N D 2004, p. 9).

Le Christ a dit : « Celui qui accueille un enfant en mon Nom, c’est moi qu’il accueille et celui qui m’accueille, accueille Dieu qui m’a envoyé ». (Matthieu, XVIII, 5)

Le Prophète Mohamed prescrit : « Moi et ceux qui ont pris en charge les orphelins seront au paradis comme ceci (en montrant ses doigts : l’index et le majeur) ».

L’histoire du prophète Mohamed est marquée de persécutions depuis son enfance. Khimâsou Dhahab ou « L’Or Pur sur la vie du Prophète », écrit par le Cheikh de la confrérie tidjane, El Hadji Malick Sy, décrit avec force détails la vie du Prophète. Il dit que dès que le mariage du père et de la mère du Prophète fut consommé, le Maudit s’adressa à son peuple en ces termes : « O mon peuple, malheur à nous, dit-il, un des enfants les plus illustres a été conçu cette nuit ! »

Dans ses deux Viatiques consacrés aux adolescents et à la jeunesse, le Cheikh de la confrérie mouride, Ahmadou Bamba, montre l’importance de ces étapes de la vie. Pour lui, protéger l’enfant est le devoir de tout musulman qui en répondra devant Dieu. Il dit dans le Viatique des adolescents : « Et chacun d’entre vous sera interpellé sur ce dont il avait la responsabilité, comme il est dit dans l’esprit de celui qui a compris».

Ces propos sont corroborés par ceux du Prophète Mohamed : « Chacun d’entre vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau ».

Cependant, la situation actuelle de l’enfant dans la société sénégalaise montre que l’expression de leurs droits n’est pas ancrée dans la pratique quotidienne. Leur vécu est souvent marqué par des contre valeurs à l’image du mariage précoce, de l’excision, de la mendicité, de la précocité du travail pénible, etc. De plus, au sein de la famille, certains adultes usent de leur position d’aîné et du respect qu’ils inspirent pour exploiter et abuser les cadets. L’échec scolaire est devenu un motif de rejet et de marginalisation de l’enfant. Les jeux sont de plus en plus violents et ce n’est plus le «gañ fo » (pour le plaisir) mais le « gañ jël (pour l’argent) ». Les mots que des enfants scandent au quotidien en disent long sur la manière dont ils tournent les adultes en dérision :

« Qui sème le vent récolte la tempête,

« Du bon ou du mauvais,

« Tu ne récoltes que ce que tu as semé,

« Mes amis et moi chaque fois que nous quittons la grand place,

« Nous allons droit au baby-foot,

« C’est au baby-foot que les querelles font rage,

« Et je suis sûr que nos parents croient que nous sommes à  l’école en quête de connaissance,

« Alors que nous ne sommes en quête de rien du tout,

« Et ça c’est du n’importe quoi ». (Texte rap écrit et chanté par des enfants de la banlieue dakaroise)

En revisitant les contes sereer, wolof, joola, halpulaar et lébou, les pratiques de la culture manjak, les divers rites initiatiques des sociétés sénégalaises, les préceptes de la religion musulmane et chrétienne ainsi que la Charte du Mandé,

NOUS POUVONS RETENIR QUE…

  • l’enfant n’a pas toujours été considéré comme un problème, mais comme un être porteur de bonheur, ayant même quelquefois des pouvoirs surnaturels.

  • l’enfant occupe une place importante dans la société où il est considéré comme un bien précieux et comme un être qui favorise les alliances au sein du groupe.

  • l’enfant doit être protégé et il a le droit de participer activement à la prise de décision le concernant : protéger la graine semée, c’est assurer une bonne récolte.

III. Approche basée sur les droits dans la culture sénégalaise

« Nous n’héritons pas du monde de nos parents,

nous l’empruntons à nos enfants ». Proverbe africain

Ce chapitre présente les dix principaux droits des enfants. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle les enfants sont passifs et incapables de transformer leur vécu, ces derniers capitalisent beaucoup de connaissances sur leur propre vie. C’est pourquoi la parole leur a été donnée à travers l’outil d’expression de « la communauté de chercheurs ». Ils ont confronté leurs droits à la lumière de leur vécu au sein de la communauté et de leur famille. Plusieurs groupes d’enfants de la banlieue de Dakar, de Mbour, de Thiès et de Kaolack ont discuté de ces droits. Leurs idées ont été restituées lors d’un atelier avec des animateurs.

Les commentaires des enfants parlent des pratiques culturelles qui, huit siècles plus tôt, ont été codifiées dans la Charte du Mandé et sont pratiquéesdans des rites initiatiques multi séculaires.

1 - Droit à l'égalité

« Tout enfant a droit à l'égalité des chances sans distinction ni discrimination fondée sur la race, la religion, l'origine nationale, le sexe, la fortune ou sur tout autre situation. »


La notion d’égalité est bien présente dans l’histoire des sociétés sénégalaises. Par exemple, on remarque que dans le rite initiatique Sereer du Ndut comme celle du lël Wolof, l’égalité est introduite par la fraternité de case et des formes d’échanges sociaux. Pareillement, dans la société Mandingue, la Charte du Mandé stipule que les enfants sont égaux : il n’y a pas de distinction entre les fils de chefs et les autres.

De nos jours, l’inégalité de chances provient des conditions de vie qui sont différentes selon la situation économique des parents. L’inégalité intervient aussi dans les ménages polygames : les relations des couples se répercutent sur le statut des enfants. L’école est aussi un facteur qui accentue les inégalités plutôt quelle ne les réduit. En effet, à l’intérieur des familles, un enfant scolarisé bénéficie de plus de privilèges et d’attentions qu’un enfant non scolarisé.

Aujourd’hui, les enfants interrogés perçoivent une inégalité des chances au travers des différences de conditions de vie et du statut économique des parents.

Le vécu des enfants dans notre société est diversifié. Ils sont fortement mis à contribution par les adultes pour les commissions et sont précocement inscrits dans un système de travail productif. Des pratiques telles que les châtiments corporels, le mariage précoce et forcé, l’excision continuent de perdurer. Mais ils sont de plus en plus considérés comme des contre valeurs à éradiquer pour assurer à l’enfant un meilleur devenir.

En marge de ces pratiques qui mettent un frein au développement de l’enfant, les enfants entreprennent continuellement des actions novatrices et des stratégies pour s’ajuster à leur environnement, même s’ils continuent de développer des travers.

Ces actions s’appuient essentiellement sur les groupes de pairs. Les jeunes y développent des stratégies économiques et mutualisent leurs gains pour survivre. Ils y conquièrent également leur autonomie. Ils font de leurs groupes de pairs des espaces de co-veillance pour échapper à la violence et aux abus des adultes. Par ailleurs, les enfants s’investissent de plus en plus dans la sphère politique et revendiquent leur contribution citoyenne.

Les enfants admettent qu’en famille ils sont généralement traités équitablement en ce qui concerne la nourriture, la scolarité et la santé, qu’ils soient aînés ou cadets, filles ou garçons. Néanmoins l’aîné est celui qui détient le plus de pouvoirs. Il est celui qui s’exprime le plus dans les discussions. Souvent les cadets n’ont pas le droit de participer à la prise de décision, même lorsqu’elles les concernent. Les adultes leurs disent « xaaral ba tollu si » (Ce n’est pas de ton âge).

Les enfants regrettent de ne pouvoir donner leur opinion dans les décisions concernant la famille. Ils reconnaissent cependant qu’ils ont le droit à la parole sur leur habillement, l’orientation de leur scolarité… Les enfants estiment que leurs aînés leur permettraient de développer davantage leur sens de la responsabilité en leur accordant plus de pouvoir de décision, ce qui n’enlèverait rien au respect qu’ils leur doivent.

Il est souhaitable de traiter équitablement les garçons et les filles. A cet effet, la scolarisation des enfants et leur maintien à l’école, particulièrement pour les filles, favorisent une plus grande égalité.

2 - Droit à une famille, à un nom et à une nationalité

« Tout enfant a droit à une famille. L'Etat doit tout faire pour que l'enfant privé de son milieu familial soit adopté par une famille ou placé dans un établissement approprié. L'enfant a droit à un nom dès sa naissance. Il a également le droit d'acquérir une nationalité ».

L’enfant est un don précieux pour la communauté qui, à son tour, se charge de sa socialisation. L’identité est acquise à tout enfant. Elle a toujours été admise selon le proverbe wolof « ku amul yaay nàmp maam » (celui qui n’a pas de mère tète sa grand-mère). La famille est prise ici au sens large. C’est en fait tout le corps social qui constitue la famille. Par conséquent, même l’enfant qui a perdu ses parents biologiques peut bénéficier d’une protection familiale.

Il existe un mécanisme social qui a vocation de prendre en charge les enfants orphelins ou dont les parents n’ont plus les moyens de leur offrir un toit : le confiage.

Le confiage est un système de transfert familial favorisant le développement harmonieux de l’enfant en le plaçant dans un foyer mieux indiqué pour lui assurer une éducation de qualité. Ce système connait aujourd’hui des travers avec la multiplication de cas d’abus et d’exploitation d’enfants confiés.

De plus en plus, les enfants subissent des situations de divorce ou d’absence prolongée des parents. Les risques pour un enfant de se retrouver sans famille sont accentués par plusieurs facteurs de crise, d’abord économiques (pauvreté, perte d’emploi des parents, décès), ou sociales (éducation, maladie) et politiques (conflits, exil). En l’absence de soutien familial et de prise en charge de la communauté, de nombreux enfants vivent dans la rue, se mettent à quémander ou sont exposés à plusieurs déviances.

De l’avis des enfants, dans ces différentes situations, il appartient à l’Etat et aux institutions publiques et citoyennes de préserver la dignité humaine en veillant à assurer leur protection.

Il est établi que tout enfant a droit à être enregistré à l’état-civil dès sa naissance. Son identité propre (un nom et une nationalité) doit être garantie par l’Etat.

3 - Droit à la survie et au développement

« Tout enfant a un droit inhérent à la vie. La famille et l'Etat ont l'obligation d'assurer la survie et le développement de l'enfant ».

Dans différentes aires culturelles comme par exemple chez les Joola, l’organisation sociale est suffisamment prévenante au point de refuser d’engendrer à la manière du crocodile (« kabukoor yon»). Ce proverbe désigne ceux qui engendrent des enfants et les laissent livrés à eux-mêmes. L’enfant a toujours été une priorité, même dans les situations de disette, de conflits ou de crise quelconque.

Pourtant, on remarque davantage d’infanticides, d’abandons d’enfants, d’avortements clandestins et non sécurisés sans que des solutions durables ne soient promues.

Selon les enfants, les parents sont responsables de la vie qu’ils donnent. Ils devraient donc assurer la survie et le développement de leur progéniture.

Le statut de l’enfant dépend beaucoup des conditions de vie de ses parents. C’est ainsi qu’on distingue globalement trois catégories socio-économiques : les enfants des quartiers populaires, ceux des classes moyennes et enfin ceux des couches sociales aisées. Les enfants des quartiers populaires vivent le plus souvent dans une forte précarité avec, comme conséquence, une implication précoce dans les économies domestiques. L’enfant devient un acteur économique qui contrôle des niches d’opportunités d’accès à des ressources de survie. « La plupart se débrouillent…Ce sont les enfants qui assurent la dépense, soit par le travail, soit par des activités illicites que les parents sont obligés de cautionner. » (A. 43 ans).

Dans ce contexte, l’enfant crée des stratégies de sortie de crise avec la mutualisation des gains issus des activités économiques ou la transformation des loisirs en activités économiques (danse, jeux, sport). En outre, les enfants vont à la conquête de nouvelles sphères telles que les espaces religieux. La socialisation se passe davantage dans les rues que dans les espaces domestiques, avec comme corollaires : l’abandon des études, un intérêt de plus en plus marqué pour les gains immédiats et une mise à l’épreuve précoce dans la vie d’adulte.

Dans cette catégorie de couches moyennes, l’enfant n’est pas au centre des activités économiques. Il est cependant fortement mis à contribution, vu le nombre élevé de sollicitations et de commissions (relais de communication, interface dans l’espace familial et communautaire, notamment lors des cérémonies) : c’est la violence passive subie par les enfants. Si ce n’est pas dans les foyers, cela se passe dans la rue ou dans les daaras. Et ce sont les plus jeunes qui en souffrent le plus : « Les mauvais talibés sont les enfants de très bas âge, de deux à trois ans. Ils ne peuvent pas être utilisés pour les courses et constituent une gêne pour les parents qui nous les envoient pour s’en débarrasser » (F. C. Maitre coranique).

L’école reste encore présente, avec les parents qui investissent beaucoup pour la réussite scolaire de leurs enfants. Il existe, dans cette couche sociale, des loisirs pour les enfants.

Au sein des couches aisées, l’enfant est fortement protégé avec comme conséquences, dans certains cas, un manque de défis que se fixe l’enfant mais une facilité d’accès à l’information : sources diversifiées d’informations et de connaissances grâce aux TIC. Il arrive qu’on observe une certaine passivité face à l’analyse de l’information. La forte connectivité et interactivité qui les caractérise contraste avec un risque de déconnection des enjeux de leur propre société. Cette forte protection des enfants et des jeunes fait qu’ils ne s’inscrivent pas dans une dynamique économique, d’adaptation ou de débrouille. Mais la surprotection a des conséquences sur la socialisation des enfants et des jeunes et sur leur capacité à faire face à leur monde. Les loisirs sont également très présents et les moyens d’y accéder sont facilités.

Il demeure que nourrir son enfant, organiser sa socialisation, garantir son apprentissage et sa préparation à la vie ont été une préoccupation constante des sociétés et le restent.

4 - Droit à l'éducation et aux loisirs

«Tout enfant a droit à une éducation élémentaire gratuite et obligatoire qui lui permette, dans des conditions d'égalité de chances, de développer ses facultés et de devenir un membre utile à la société. Il a droit à des jeux et à des activités récréatives »

Dans de nombreuses sociétés, l’éducation des enfants constitue un centre d’intérêt majeur. C’est ainsi qu’un proverbe Joola recommande que le salut d’un peuple peut dépendre de l’éducation de ses enfants : « kakarandi kuñiil panku paken esuk ». L’éducation associe aussi les loisirs qui, à leur tour, facilitent la compréhension par l’enfant des codes sociaux et l’acquisition des connaissances. Ce procédé permet de lier le savoir à la vie courante et, à l’enfant, d’être éduqué et utile à sa société.

Les enfants considèrent l’éducation comme un apprentissage des valeurs de discipline, de respect, de dignité et des règles de vie en commun. S’ils réclament tous des loisirs, ils n’en sont pas moins conscients que « fo bu ëpp ken waxu ko » : ils savent qu'il y a un moment pour jouer et un moment pour apprendre. S’ils ne s’y conforment pas, leur communauté d’appartenance devrait les en persuader.

Un proverbe Pulaar mentionne la fonction de médiateur dévolue à l’oncle qui, en toutes situations, doit avoir une écoute active à l’endroit de l’enfant car c’est l’oncle qui amène l’enfant au paradis : « Kaoma nanam aldiana » (expression halpulaar). Les sociétés traditionnelles étaient soucieuses de la socialisation et de la protection des enfants. Elles se mobilisaient pour assurer ces fonctions car l’enfant n’appartenait pas seulement à ses géniteurs mais à toute la communauté. De même le prénom choisi pour l’enfant est déterminant pour renforcer les jeux d’alliance entre les membres de la famille élargie.

Cependant, force est de noter qu’avec le développement de l’économie monétaire, l’urbanisation et d’autres facteurs, les structures traditionnelles familiales, de même que les représentations, les rites et les mythes relatifs à l’enfant ont été bouleversés. (Diop, 1985; Mbaye, Fall, 1996). En effet, la socialisation de l’enfant se construisait autour d’un projet collectif assumé par la société -incluant à la fois les lignages maternel et paternel - dans tous ses compartiments culturel, cognitif, psychomoteur et psychoaffectif (idem : 438).

Chaque statut renvoyait à des rôles spécifiques. L’implication de l’enfant dans la division sociale du travail avait une vocation éducative, subalterne et non productive. Aujourd’hui, bien au contraire, on assiste à une prise de rôle précoce des enfants dans la production de revenus, du fait notamment de l’exacerbation de la crise économique et sociétale qui modifie les rapports entre les enfants et les parents.

L’urbanisation aidant, les espaces physiques deviennent de plus en plus anonymes et réduisent les marges éducatives collectives connues dans la société traditionnelle. Les modèles de promotion sociale sont inversés, renforçant le processus d’individualisation des enfants. Le manque de pouvoir d’achat des ménages a comme conséquence le remodelage du jeu des rapports sociaux.

En effet, les relations verticales sont brisées au profit des liens horizontaux. La famille elle-même subit les conséquences de la crise et s’en trouve fortement bouleversée. Ainsi assistons-nous à ce que Mbaye et Fall appellent une transition caractérisée par le passage du « wootal » et « nawtal ». C’est à dire le passage de la stratégie sympathique consistant à couver les enfants et à accompagner patiemment leur croissance et leur éducation, à une stratégie libérale, faite de désengagement et d’autonomisation précoce des enfants, abandonnés à l’école non structurée de la rue (Mbaye, Fall, 1996 : 440). A cela s’ajoutent les instabilités familiales liées au taux élevé de divorces et à la migration qui accentuent les tendances monoparentales. L’enfant est relié à un tissu social qui se délite, à un système en perpétuelle évolution qui se fragilise (Mbaye, Fall, 1996 : 437).

Il est constant que les loisirs favorisent davantage de créativité et d’épanouissement chez l’enfant, gage d’une meilleure insertion future dans la société.

5 - Droit à la santé

« Tout enfant a le droit de jouir du meilleur état de santé possible, droit à une alimentation saine et à des soins médicaux. L'enfant désavantagé physiquement, mentalement et socialement a droit à des soins spéciaux. Une protection spéciale doit être accordée à la mère avant la naissance de l'enfant ».

La santé de l’enfant est liée à celle de la mère. Or, les femmes sont souvent dans des statuts sociaux défavorables qui ont des impacts négatifs sur leur santé. Ainsi certaines passent-elles toute leur grossesse sans visites prénatales. De plus, malgré l’amélioration de la couverture sanitaire, dans de nombreuses zones enclavées, les femmes accouchent sans assistance médicale et, dans les cas de complications, les moyens de les référer vers des structures mieux équipées font défaut.

Pour faire face à ces contraintes, les mères sont de plus en plus conscientes que «agaru mo gën faju» (prévenir vaut mieux que guérir). C’est pourquoi, elles ont recours au « dàmp », rite de massage qui permet de modeler le corps de l’enfant. Ce rituel permet d’embellir en prévenant certaines disgrâces du corps du bébé mais également de le rendre fort et résistant à d’éventuelles fractures. Ce rituel est également affectif, par le contact qu’il établit entre la mère et l’enfant.

Selon les enfants, leurs camarades mentalement et physiquement désavantagés sont exposés à une certaine discrimination en raison de l’insuffisance de dispositifs publics de prise en charge appropriée.

Il convient de poursuivre la mobilisation en faveur de la vaccination des enfants et de l’intensifier par des stratégies adaptées afin d’atteindre le plus grand nombre possible : déplacement du personnel de santé aux heures convenables pour les mères, promotion de l’allaitement maternel, des moustiquaires imprégnées et des visites prénatales, des mutuelles de santé, dépistage volontaire et gratuit du VIH.

6 - Droit à un environnement sain

« Tout enfant a droit à un logement dans un environnement qui lui permette de se développer d'une façon saine et normale sur le plan affectif, physique, intellectuel, moral, spirituel et social, dans des conditions de liberté et de dignité ».

L’hygiène et la propreté ont toujours été des valeurs ancrées dans les sociétés. Comme le dit le proverbe wolof, « set mooy nit » (la propreté est un trait d’identité de l’être humain). Les enfants vivant dans des taudis ou dans d’autres types d’habitat précaire perdent leur dignité humaine. Les risques d’exposition aux maladies liées à un défaut d’assainissement de leur environnement y sont élevés et compromettent leur développement au plan affectif et intellectuel.

C’est ainsi que plusieurs villes et villages ont connu une mobilisation forte des enfants et des jeunes pour assainir leur quartier, s’identifier à leur territoire et se poser en sentinelles de la salubrité. Cet engagement citoyen des enfants et des jeunes : ou Set-Setalêtre propre et rendre propre son environnement ») répondait à des problèmes récurrents d’hygiène et d’assainissement, domaines dans lesquels les quartiers périphériques des villes accusent encore un retard considérable.

Les enfants en appellent à des efforts soutenus pour la réalisation d’infrastructures et l’aménagement d’un cadre de vie leur permettant de grandir dignement et librement.

Il est nécessaire que les institutions concernées assurent aux enfants la pérennisation de leur droit à un environnement sain et sécurisé pour leur épanouissement.

7 - Droit à la liberté d'expression, d'association et d'accès à l'information

« Tout enfant a droit à la liberté d'expression et d'association. Il a le droit d'accéder à une information appropriée qui présente une utilité sociale et culturelle ».

Au sein des sociétés traditionnelles africaines, l’expression de l’enfant est organisée selon différents procédés. Dans le rite Sereer du Ndut, les postulants tiennent des réunions préparatoires à leur initiation pendant lesquelles ils discutent des enjeux liés à cette tradition. Ces consultations entre enfants de la même génération leur permettent de prendre librement la décision de subir le rite ou non et de choisir leur « selbe » (protecteur personnel). C'est seulement après cette étape que le père est informé et peut procéder à l'organisation de la cérémonie.

Selon la Charte du Mandé, le droit à l’expression est régi par la division de la société en classes d'âge, avec un chef pour chaque classe. La médiation entre les différentes classes est assurée par les « kaŋbè» (classe intermédiaire entre les jeunes et les adultes).

De nos jours, la liberté d’association est bien respectée. Les enfants ont une forte tendance à s’associer pour leurs loisirs, leur socialisation et même pour entreprendre de petites activités productives.

Les enfants ne sont pas seulement des agents économiques ou des sujets passifs subissant une socialisation de la part de leurs aînés, ils revendiquent et expriment aussi leur citoyenneté. Ce pouvoir d’expression qui se développe sous diverses formes constitue un levier de changement du statut de l’enfant et contribue à remettre en cause certaines pratiques néfastes.

De même, à travers une forte dynamique associative, les enfants et les jeunes disposent d’espaces de revendication de leurs droits. Ils investissent plusieurs canaux pour assurer la promotion de leurs droits au sein de la société et des pouvoirs publics. En effet, l’émergence de clubs d’enfants permet aux membres, à travers des instruments comme le théâtre, la radio, la culture hip hop, de vulgariser et de sensibiliser les populations aux droits des enfants.

Les innovations des enfants et des jeunes vont au-delà des activités sportives et économiques. Ils explorent aussi la culture et la religion en s’investissant dans la gestion des mosquées et quelques fois arrivent à concilier les deux comme le font les jeunes rappeurs qui usent de la morale confrérique pour déconstruire et construire leur monde. Ces jeunes rappeurs par exemple, se considèrent comme portés par une « parole divine » qui leur permet de sentir les choses et de les dire comme elles viennent avec la certitude de détenir la « vraie parole » : « Quand j’ai le mic (Diminutif du mot microphone) je peux dire ce que je pense et le rap, c’est dire la vérité sans mentir.» (Entretien avec Y. N. un jeune rappeur de Médina Gounass, juin 2006).

La lutte citoyenne des enfants tourne essentiellement autour de questions intéressant leur cadre de vie et leur droit à une qualité de vie décente.

Cependant, les enfants mentionnent que leur liberté d’expression est restreinte à des espaces qui leur sont propres. Ils observent que les adultes ont des réticences à les associer à la prise de décision, même pour des situations les concernant.

Les lieux de socialisation sont de moins en moins des lieux d’affirmation de la créativité des jeunes où la finalité offrirait une vie meilleure. L’accompagnement des enfants pose de nouveaux défis à travers l’émergence de nouvelles valeurs et figures de réussite sociale. Les jeunes renoncent au modèle de réussite par de longues études, aux carrières construites dans la durée ou à la maîtrise d’un métier par un apprentissage normé. Ils sont portés aux miracles que sont les jeux de hasard, l’émigration, le commerce, les rentes de situation, les réussites spectaculaires par les sports d’élites (football, basket-ball, lutte) ou par la musique (le showbiz). Ces contre valeurs interpellent toute la société.

Dès lors que les moyens modernes de communication sont devenus accessibles aux enfants et qu’ils sont submergés par un flux d’informations non sélectionnées, il est recommandé de veiller à ce que cette situation n’entraîne pas des usages abusifs, en l’absence d’une bonne préparation au tri et à la distance critique.

8 - Droit à la protection

« Tout enfant a droit à l'amour et à la compréhension. Il a droit à la protection contre la violence, la négligence, l'abandon, le mauvais traitement, l'exploitation économique et sexuelle. Il ne doit pas être soumis à la torture, à la traite, ni à un emploi qui nuise à sa santé, à son éducation et à son développement. Il a le droit de bénéficier d'une assistance juridique et de rester en contact avec sa famille ».

La notion de protection de l’enfant est une disposition permanente dans différentes aires culturelles. C’est ainsi que dans la société Joola, ce devoir de protection est évoqué par le proverbe suivant : «maanu weexaye toorut buroosa anajukaree » (le riz qui est encore au stade où les tisserins peuvent l’abîmer doit être surveillé). On doit protéger l’enfant tant qu’il n’a pas encore atteint l’âge de se défendre tout seul contre des agressions extérieures.

De la même manière, plusieurs sociétés favorisent l’éducation par le groupe des pairs. Ainsi, selon le proverbe Joola, « aňiil lalitelit laafaalool aňiil nayito »  (l’enfant s’appuie sur un autre enfant pour se mettre debout).

Dans son article 11, la Charte du Mandé considère que c'est tout le corps social qui assure la protection de l'enfant. Dans les rites d'initiation du Ndut, des personnes sont désignées pour garantir la protection des enfants. « Nit ki ci loxo lay judo té ci loxo lay dewe » (Traduire par : l’homme est au début et à la fin de la vie).

Aujourd’hui, les agressions sur les enfants se multiplient. De l’avis des enfants, certains qui étaient en charge de leur protection, font partie de ceux qui menacent le plus leur intégrité physique et morale. Ils évoquent aussi les pires formes de travail et de violences dont ils sont victimes.

La violence peut être définie comme l’expression d’un pouvoir de sanction sur autrui sous la forme de contrainte, de privation, de déficit de service allant de soi, d’agression physique ou verbale, de désapprobation ouverte.

Dans le contexte sénégalais il existe plusieurs catégories de violences :

Les violences « structurelles » : il s’agit des inégalités socio- économiques, de la relégation sociale, de la précarité du cadre de vie (manque d’espaces de jeu, cohabitation avec la souillure), du chômage et du sous emploi, du déficit d’accès aux services sociaux, de la déscolarisation précoce ou de la non scolarisation.

  • Les violences « habituelles » : ce sont les violences verbales, les châtiments corporels, les privations de nourriture, le mariage forcé, la mendicité et les pires formes de travail des enfants, entre autres.

  • Les violences « passives » avec un déficit d’assistance de repas, de scolarité, de santé des parents envers leurs enfants; bizutage des enfants par d’autres enfants, désapprobation ouverte, le « mbaraan» (usage abusif du pouvoir de séduction), bluffer, ruser, abuser, commissionner excessivement les enfants.

  • Les violences « excessives » : abus sexuels, exploitation sexuelle, pédophilie, inceste et viol (occasionnel ou permanent), abus d’autorité.

On peut également noter les mutilations génitales féminines qui relèvent essentiellement d’une pratique d’ordre social. De nos jours, elles subsistent principalement en tant que pratiques culturelles. Les raisons mises en avant pour soutenir les mutilations génitales féminines sont diverses. Elles découlent souvent de la croyance selon laquelle elles vont annihiler ou modérer les pulsions sexuelles féminines. La prétention, erronée, selon laquelle ces pratiques relèvent d’une nécessité hygiénique, est également répandue. Les MGF sont en outre fréquemment associées à des rites traditionnels d’initiation. Mais d’une culture à une autre et quelquefois à l’intérieur d’une même culture, les raisons historiques, culturelles et religieuses invoquées sont différentes et non fondées.

Même si les mutilations génitales féminines (MGF) touchent encore aujourd’hui trois millions de filles par an, plusieurs actions sont menées avec succès en faveur de leur éradication. La plupart de ces actions doivent leur succès à la mobilisation des populations qui la pratiquent et à leur résolution ferme d’abandonner cette coutume qui ne doit sa survie qu’en raison d’idées reçues.

Le consensus international autour de la lutte contre les MGF a permis à de nombreux pays où elles se pratiquent d’adopter des législations interdisant cette pratique. Toutefois, cet aspect juridique ne suffit pas à éradiquer les MGF car de nombreux cas d’excisions clandestines continuent d’être perpétrés.

Les organisations féminines, les organisations non gouvernementales et les organismes de développement ont une approche plus globale consistant à inscrire les MGF dans le cadre de la santé de la jeune femme, des droits humains et des questions économiques et sociales. C’est ainsi qu’en 2009 près de 3 750 villages (CROWE Sarah et MELCHING Molly «  Le Sénégal met fin aux mutilations génitales féminines et à l'excision » article paru dans www.unicef.org novembre 2005) sur un total de 5000 villages qui pratiquaient l’excision, ont déclaré publiquement avoir pris la décision de l’abandonner.

Une autre pratique violente demeure la mendicité dont l’ampleur est considérable au Sénégal. Elle touche toutes les zones rurales et urbaines. Le mendiant est le plus souvent un enfant de moins de 15 ans. Pour expliquer ce phénomène, on évoque généralement des caractéristiques socio-économiques telles que : la pauvreté, les conditions de vie difficiles en milieu rural, la migration, etc. Toutefois, le phénomène semble plus complexe encore dans son fondement socioculturel. Au Sénégal, la mendicité est fortement liée à l’enseignement coranique et à la philosophie qui sous-tend l’éducation religieuse musulmane. L’enfant doit apprendre très tôt à dépasser les choses matérielles et comprendre que rien ne lui est offert. Il doit lui-même se battre pour trouver sa pitance. La description qu’en donne Cheikh Hamidou Kane dans son roman « L’aventure ambigüe » est très éloquente. Elle offre à voir le double jeu de l’éducation entre la pratique initiatique et l’enseignement.

La recherche de la pitance n’est pas une pratique nouvelle introduite par la religion musulmane. Elle se retrouve pratiquement dans différents rites initiatiques et le phénomène le plus actuel est celui du ndjuli(circoncis) qui fait du porte-à-porte pour demander à manger. Il s’agit là d’une manière de forger la personnalité de l’individu dés son plus jeune âge aux vertus d’humilité et de foi. Dans ces rites, il s’agit d’une pratique limitée dans un temps circonscrit et non d’une activité permanente. « Ma préoccupation est de donner à l’enfant suffisamment de forces morales et intellectuelles pour affronter son monde qui peut être ici dans le village ou là-bas en ville ». (M. N. Marabout)

La plupart des marabouts se servent du fondement socioculturel de la recherche de la pitance par l’enfant pour légitimer sa mise en condition de mendicité. Ils utilisent la ruse consistant à réadapter le principe au contexte de crise économique. C’est un abus qui contribue à déshumaniser et qui remet en cause ouvertement la dignité humaine à laquelle tout enfant a droit.

En réaction à ces situations agressives, les enfants développent également des formes de protection et de solidarité au niveau de leurs groupes de pairs : c'est la co-veillance.

Plus généralement, pour satisfaire la nécessité de la protection de l’enfant, il est temps que les institutions en charge de l’assistance juridique dans des situations de vulnérabilité de l’enfant adaptent leur offre d’assistance et surtout intensifient les modes d’alerte, d’éducation et de répression de la maltraitance.

9 - Droit à la paix

« Tout enfant a droit à une éducation dans un esprit d'amitié et de tolérance entre les peuples, de paix et de fraternité universelle. En cas de catastrophe et de conflit armé, l'enfant réfugié a droit à une protection spéciale. »

Les sociétés africaines ont expérimenté des modes de régulation qu’il convient de valoriser pour renforcer l’esprit de tolérance et d’amitié entre les peuples. C’est dans ce cadre que les cousinages à plaisanterie et différentes formes de réciprocité ont facilité la paix et la fraternité.

Selon le proverbe wolof, « Ku bëgg jāmm yaa koy may sa bopp » ( si tu veux la paix, cultive-la d’abord ).

La sécurité humaine dépend en grande partie de l’éducation à la paix. Or les situations de conflit exposent particulièrement les enfants à des déplacements, à la rupture scolaire, au manque de protection et d’éducation, aux maladies et à la faim. Il en résulte souvent des traumatismes qui compromettent leur avenir.

Selon la parole des enfants, l'exercice du droit à la paix commence par l’éducation de soi-même à la tolérance, en évitant d'enfreindre les règles établies de vie en commun et d’entente sociale. Pour eux, il faut participer à faire régner la paix au sein de la famille.

Des droits qui se heurtent aux conditions de vie…

Les risques de violation de certains droits des enfants dépendent beaucoup de leur condition sociale. Autrement dit, il y a des droits (santé, éducation, environnement sain) qui sont remis en cause au sein des catégories sociales défavorisées. D’autres droits, en revanche (expression, participation), s’opposent aux mêmes résistances, quel que soit le milieu social de l’enfant.

L’évolution du statut de l’enfant a entraîné l’émergence de nouveaux acteurs (associations, groupes de rap, ONG) impliqués dans sa protection et la promotion de la culture de la paix. Par ailleurs, les enfants deviennent eux-mêmes des acteurs de leur propre protection.

Une telle sérénité est une condition nécessaire pour réaliser le droit à la paix en faveur de l’enfant. En toute circonstance et particulièrement en cas de catastrophe et de conflit, l’enfant doit toujours bénéficier d’une éducation, d’un logement décent et d’une nourriture adéquate.

10 - Devoirs de l’enfant

Les sociétés africaines sont fortement organisées selon une intégration de l’économie, du social, du politique, du culturel et du spirituel. Cette culture globale repose sur la vie en communauté et l’interconnaissance qui facilitent le contrôle des autres. Dans ce cadre, l’enfant est tenu à la déférence et au respect envers les ainés, les ascendants et toute personne âgée.

L’enfant doit aussi se consacrer à l’acquisition de connaissances nécessaires à son accomplissement. Le devoir de reconnaissance se perpétue à l’endroit de toute personne en charge de l’éducation de l’enfant. La préparation au savoir-être est requise pour tout enfant afin de forger les capacités futures d’adultes accomplis au service de la société.

Il doit également préserver les biens communs et faire preuve de sa participation citoyenne en toute circonstance.

Nous pouvons retenir que

La notion de droits de l’enfant n’est pas inconnue dans l’univers culturel sénégalais. Pour promouvoir les droits de l’enfant, les adultes devraient accepter de partager le pouvoir et reconnaitre que les enfants peuvent détenir des connaissances et contribuer à la bonne marche du groupe. Il faudrait pour cela que les parents aient le pouvoir de s’occuper de leurs enfants et de les écouter.

Les enfants connaissent leurs droits mais il se pose le problème de savoir où et comment les faire valoir.

Lorsqu’on les écoute, les enfants ont tendance à réclamer leur droit à l’expression dans la famille et à leur participation à la prise de décision. Ils se demandent cependant comment obtenir leurs droits dans un contexte marqué par des conditions de vie difficiles. Les enfants ont envie d’avoir leur mot à dire. Ils demandent seulement qu’on leur donne l’opportunité d’exprimer leurs potentialités et qu’on leur fasse confiance. Ce partage du pouvoir permet de tirer profit de leur énergie et de leur créativité dans l’intérêt de la communauté.

Les adultes doivent coopérer avec les enfants et les laisser participer. Il appartient donc à tous les promoteurs des droits de l’enfant de leur donner l’opportunité de développer pleinement leur potentiel dans un environnement protégé et, si possible, familial. En dépit des contre valeurs, la culture recèle assez d’éléments favorables aux droits de l’enfant.

Vision d’avenir

L’avenir est reflété par des sociétés en quête de cohésion sociale et soucieuses d’investir dans le devenir de leurs enfants. Dans cette perspective, l’accent est mis sur sept valeurs wolof positives, qui sont un condensé de la Convention des droits de l’enfant.

Ces valeurs sont :

  • Yor signifie entretenir son enfant sur tous les plans : alimentation, habillement, école et renvoie à une proximité affective, au devoir, à l’obligation morale et sociale.
    Yoral sa doom so bëggé mu mën a yor boppam ëlëg. (Procure à ton fils tout ce qui lui est indispensable pour être indépendant plus tard).

  • Yar c’est éduquer. Il renvoie malheureusement bien souvent au châtiment corporel car il a un autre sens qui désigne le fouet. Les traditionalistes soulignent la confusion et rappellent qu’à l’origine, cela vient de liyar, c'est-à-dire éclairé, guidé.
    Yaral sa doom ba bu màggee tekki (Éduque ton fils si tu veux qu’il ait un avenir radieux).

  • Yee c’est éveiller l’enfant à la vie. Traditionnellement, ce rôle est dévolu à la communauté entière qui doit mettre à la disposition de l’enfant tout son patrimoine culturel et éducationnel.
    Yeeal sa doom ci àdduna moo koy musal ci loraange jamono (Eveille ton enfant, pour lui éviter les turpitudes de la vie).

  • Yedd c’est conseiller, persuader. C’est une méthode d’éducation. L’adulte a un rôle de conseiller auprès de l’enfant : redresser ses erreurs, lui montrer la voie à suivre pour une bonne adaptation sociale.
    Yedd sa doom moo gën di ko door. (Discuter avec ton fils pour le persuader vaut mieux qu’utiliser le bâton).

  • Yiir c’est le protéger de tous les dangers qui menacent son intégrité physique et psychique.
    Yiir sa doom moo koy aar ci musiba ak loraange àdduna. (Protéger son fils est le seul moyen de lui épargner les dangers du monde).

  • Yemale renvoie au traitement égal des enfants. Les parents ne doivent pas marquer de préférence pour l’un ou l’autre de leur progéniture.
    Yemaleel say doom soo bañee féewalé sa njaboot.(Si tu veux la paix dans ta famille, traite tous tes enfants équitablement).

  • Yëg renvoie à la considération que l’on doit aux enfants quel que soit leur âge.
    Yëg-yëg mooy indi cofeelu doom ci ay waajuram. (L’attention que tu témoignes à tes enfants te sera rendue par une grande affection).

La première brochure a été réalisée en 1994 par :

  • Serigne Mor Mbaye, Psychologue, Directeur du Centre de Guidance infantile, Dakar ;

  • Abdou Salam Fall, Sociologue, IFAN ;

  • Feu Doudou Kamara, Traditionnaliste mandingue ;

  • Feu Imam Hassane Cissé, de l’Institut Islamique Afro Américain de Kaolack ;

  • Ahmed Iyane Thiam, Islamologue ;

  • Père Armel Duteil, Educateur Cedhossai Saint Louis

  • Gisèle Raimondi, Chargée de la Formation à la Commission Education aux Droits Humains / Amnesty (CEDHOSSAI)

  • Mamadou Wane, Sociologue, Chargé du Projet enfants en situations difficiles, UNICEF

  • Minouche Alavo, Chef de l’Information et des Relations Extérieures

  • Le Mouvement national des Cœurs vaillants/Ames vaillantes 

  • Les radios régionales de la RTS

L’actuel ouvrage est le résultat d’une recherche effectuée et mise à jour en 2009 par le Professeur Abdou Salam Fall, Sociologue.




Les Droits de l’Enfant en Islam (Imam cheikh hassan aliou cisse)

Note posthume sur Imam Cheikh Assane CISSE

auteur du document ci-après « Les droits de l’enfant en Islam »


Imam Cheikh Assane CISSE est né le 04 Décembre 1945 à Kaolack, au Sénégal. Il est le premier petit-fils de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima NIASSE, qui fut l’un des plus grands propagateurs de l’Islam et de la Tidjania du 20ème Siècle.

Après de brillantes études coraniques et islamiques (Sharia et Fiqh) auprès de son grand-père Cheikh Ibrahima NIASSE, Cheikh Assane CISSE a fréquenté la célèbre Université Al Azar du Caire où il a obtenu une licence puis une maîtrise en littérature arabe à Aïn Shams Institute. Il a également obtenu une maîtrise en philosophie à SOAS à Londres avant d’embarquer pour un doctorat (PhD) à Northwestern University d’Evanston dans l’Illinois (USA).

En 1982, il rentre au Sénégal suite au décès de son père, Seydi Aliou CISSE pour lui succéder comme Imam de la grande mosquée de Médina Baye. Il jouera ainsi un rôle très important dans le développement de l’Islam et de la Tidjania. En effet, il fut le Premier Cheikh à introduire la Tarikha Tidjane aux Etats-Unis, dans les Iles Caraïbes, la Jamaïque, Trinité et Tobago et les Bermudes.

Des centaines de garçons et filles venus de tous les pays du monde ont fréquenté son école et ont eu à mémoriser le Saint Coran.

C’est le Président fondateur de l’Institut Islamique Africain Américain (IIAA), Ong internationale (Code en 1988) d’obédience islamique intervenant dans plusieurs domaines tels que : l’éducation, la santé, le développement économique et social ainsi que l’environnement.

L’IIAA a construit des centres de santé, un hôpital, des écoles et une université.

L’IIAA est accrédité auprès de plusieurs organismes du système des Nations Unies, tels que : ECOSOC, DPI, UNICEF, UNFPA, UNCDD, etc.

Cheikh Assane Cisse s’est beaucoup impliqué dans la promotion et la protection des droits de l’enfant. Durant deux décennies, il a collaboré avec l’UNICEF pour un meilleur devenir de l’enfant, dans des domaines tels que : l’allaitement maternel, l’éducation des filles et surtout l’éradication de la poliomyélite par la vaccination, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, contre l’excision, etc…

Cheikh Assane CISSE fait partie des plus grands leaders religieux ayant marqué le XXème siècle. Il est décédé le 14 Août 2008 à Kaolack.

Avant propos

Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux, Louange à Allah, Dieu de l’univers et de tous les hommes, qui a dit : « Ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté, nous vous donnerons de quoi les nourrir ainsi que vous-mêmes ». Les tuer est un crime énorme (sourate 17, verset 31).

Que sa Grâce, son salut, son pardon et ses bénédictions soient accordés à la meilleure de ses créatures, notre maître Muhammad, suprême prophète, ainsi qu’aux membres de sa famille et à tous ses compagnons.

Que sa miséricorde et son pardon soient accordés également à ceux qui les suivent, jusqu’au jour du jugement dernier.

Notre Maître Muhammad (PSL) n’a-t-il pas dit : « Péché ne saurait être plus grand que celui de qui n’a pas su prendre en charge ceux dont l’entretien lui revient ».

Les Droits de l’Enfant en Islam(Imam cheikh hassan aliou cisse)

L’Islam est une religion de droiture, une religion qui a honoré les fils d’Adam, choisis par Dieu parmi toutes ses créatures pour être ses Vicaires sur terre. Dieu dit : « Nous avons honoré les fils d’Adam, nous les avons préférés à toutes les créatures de l’univers » Sourate n° 17, verset 65. L’Islam prend soin de toutes les créatures, même des animaux, car il a un regard global sur la création, un regard qui n’est pas parcellaire. Il réserve cependant un regard particulier aux êtres humains. Dieu dit : « O hommes, craignez votre Seigneur qui vous a créés à partir d’une seule âme » Sourate Al Nifaa, verset 1. Dans l’échelon familial, la charia islamique accorde au plus faible, - l’enfant – des droits. Il lui accorde une attention particulière avant sa naissance, ce qui constitue l’un de ses premiers droits .

[...]

Il est dit dans un hadith : « Eduquez vos enfants suivant trois directions : l’amour de votre Prophète (PSL), l’amour de la famille de votre Prophète (PSL) et la lecture du coran ». Car ceux qui auront mémorisé par cœur le Coran seront sous l’ombre du Trône, le jour où il n’y aura que celle de Dieu avec ses prophètes et ses élus. Tout ce qui pourrait permettre à l’enfant de faire des progrès doit être mis en œuvre car cela relève de la responsabilité des parents. Chacun de vous a sous sa tutelle des personnes dont il est responsable et demain il lui sera demandé des comptes. A l’enfant, il faut assurer la nourriture, l’habillement, l’enseignement jusqu’à ce qu’il puisse avoir un emploi qui lui permette de se prendre en charge.

Oumar Ibn Khattab (que Dieu l’agrée) avait pendant sa magistrature affecté des aides financières du Trésor public à des nécessiteux en en excluant les femmes qui allaitaient. Un jour, il passait devant un domicile et entendit pleurer un enfant. La mère de celui-ci interrogée, donna une réponse. La troisième fois qu’Oumar Ibn Khattab entendit le même enfant pleurer, il insista pour en savoir la vraie raison et la femme de lui révéler enfin qu’elle avait empêché l’enfant de téter car le Khalife Oumar Ibn Khattab n’attribuait rien aux enfants tant qu’ils n’étaient pas sevrés. Lorsqu’Oumar Ibn Khattab entendit cela , Il eut une grande frayeur et, dès le lendemain, décida de faire annoncer partout que les femmes ne devaient pas précipiter le sevrage de leurs enfants, car désormais ces derniers bénéficieraient d’aides, même non sevrés. Ce récit prouve très clairement que l’Islam veille sur les droits de l’enfant et les préserve.

A – L’éducation religieuse de l'enfant

L’éducation islamique repose essentiellement sur la préservation de la nature pure de l’enfant afin qu’il puisse connaître les règles de la politesse, de la générosité et de la morale qui envahiront son esprit et son cœur, conformément à l’Islam, à sa justice et à sa droiture.

Le bien aimé Al Mustapha (PSL) a dit : « chaque enfant naît avec sa nature (Alfitra). Ce sont ses parents qui feront de lui un juif, un chrétien, un animiste ». C’est sur cette idée que l’Imam Al Ghazali a bâti sa pensée si profonde sur la nature de la raison et la clarté de l’âme humaine. A ce propos, il dit : « l’enfant est un dépôt auprès de ses parents ». Son cœur pur représente une pierre précieuse brute qui peut être façonnée pour faire du bien. Ainsi s’il grandit dans le bien, il s’en trouve heureux ici et dans l’au-delà, et sa récompense de demain sera partagée entre lui, ses parents, tous ses enseignants et éducateurs. S’il est habitué au mal, abandonné comme les animaux, il devient malheureux et ce péché incombera à celui qui avait en charge son éducation, son tuteur. « Je pense donc que l’enfant est une page blanche, son âme est propre et claire, disposée à subir une bonne ou une mauvaise influence ». Voilà pourquoi l’éducation est si importante en Islam : c’est l’un des droits de l’enfant. En Islam, l’éducation consiste à inculquer à l’enfant les fondements de la foi, ceci dès que ses yeux s’ouvrent au monde.

Il faut donner à l’enfant l’habitude d’accomplir ses obligations religieuses, lui expliquer les piliers de l’Islam, lui inculquer les préceptes de la Charia. La foi (Al Imân) est bien connue. Il s’agit de croire en Dieu, en ses Anges, en ses Livres, en ses Messagers… Il faut lui enseigner l’Islam et (Ilhsâne) la Vertu. Cela fait partie de l’éducation que d’enseigner à l’enfant tout ce qui se rapporte à la voie divine et aux enseignements islamiques : croyances, dévotion morale, législation, organisation, dispositions juridiques …, de lui donner l’habitude de prier en lui ordonnant de le faire depuis l’âge de 7 ans, en application de ce verset : Dieu a dit : « O croyants, protégez-vous et protégez vos familles de l’enfer » Sourate 66, verset 5. Lui enseigner la politesse de s’annoncer avant d’entrer dans une chambre. Dieu dit : « Lorsque vos enfants atteindront la majorité, ils devront s’annoncer comme le faisaient ceux qui vous ont précédés » Sourate 24, verset 58.

B. L’éducation psychologique

L’éducation doit prendre en compte la psychologie de l’enfant en l’éduquant dans la vérité, la confiance et la liberté, en lui apprenant à compter sur ses propres forces, à s’éloigner de l’égoïsme, en intégrant en lui tout ce qui correspond aux valeurs morales et à la générosité. Le Prophète (PSL) nous a appris à être véridiques dans nos relations, pour ne pas allaiter nos enfants dans le lait de la tromperie et du mensonge, car ils sont innocents et peuvent être influencés. L’enfant peut subir des influences de tous bords. Le Prophète (PSL) a dit « celle qui dit à son petit enfant qui tente de s’éloigner d’elle : viens, viens, je vais te donner une datte pour l’inciter à revenir vers elle, si elle ne lui donne rien, un mensonge sera consigné sur son livre ».

Certains savants ont dit : « si tu donnes à ton fils quelque chose en lui disant de le cacher à l’un de ses frères, tu lui enseignes la tromperie, le mensonge et la tricherie ».

Nous pouvons citer ici le Professeur Muhamad Khutub qui dit au sujet de l’éducation : « Si les parents (pères et mères) constatent que leurs enfants évoluent selon les vrais principes islamiques, ils ne doivent pas tenter de les en dévier car cela sera contraire à la nature de l’Islam. Ce qu’ils doivent faire c’est plutôt encourager cette tendance naturelle vers l’Islam, la mettre en harmonie, la développer pour affermir sa volonté qui s’exerce. Il ne faut pas la déraciner, il ne faut pas non plus la libérer totalement. C’est en cela seulement que l’enfant pourrait être protégé de tous les troubles psychiques et psychologiques qui pourront constituer un danger pour lui et le mettre à l’écart de la société, ou même le pousser à commettre des crimes.

Les pères et mères doivent aussi semer dans l’esprit de leur enfant les graines de la morale qui pourrait élever ses sentiments au plus haut niveau en l’éloignant de l’égoïsme et du mépris qui peuvent souvent nuire à son prochain. Ils doivent semer en lui une conscience vivante qui contrôle ses actes avant tout, afin que le moteur du Bien domine celui du Mal, non par crainte du chef qui domine de l’extérieur, mais plutôt pour l’amour de vivre avec les autres dans la paix, l’amitié et la fraternité.

L’éducation islamique est contre la violence et rejette parfois les reproches. L’éducateur doit être un exemple éloquent pour ses enfants. On a rapporté ces propos d’Anass Ibn Malick (Que Dieu l’agrée) qui a dit : « J’ai été le domestique du Prophète (PSL) pendant dix ans et jamais il ne m’a dit : « Of ! Il n’a jamais dit non plus, concernant une chose que j’ai faite : pourquoi as-tu fait cela ? Pourquoi n’as-tu pas fait cela ? » (Ce hadith est rapporté par Muslim).

Le poète a dit : « si tu fais tout ce qu’on t’ordonne de faire, tu rencontreras à ton tour celui qui exécutera tes ordres ».

C. L’école et l'enfant

Les institutions éducatives ont une influence notoire sur les enfants. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’envoyer l’enfant dans une école susceptible de lui garantir une bonne moralité et une bonne éducation. Le père doit toujours vérifier tout ce que son enfant apporte de l’extérieur, afin de pouvoir prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre son enfant à l’abri de tout ce qui peut le faire dévier de la morale islamique.

L’enfance est la phase idéale pour forger un caractère. C’est pour cela que le Prophète (PSL) ainsi que les éducateurs musulmans insistent beaucoup sur l’éducation de l’enfant dès le bas âge.

Le poète a dit : « L’éducation est utile pour les enfants ».

C’est dans le cadre de l’éducation qu’il faut placer la séparation entre garçons et filles dans des lits différents pour éviter tout contact illégal et toute déviation.

D. La justice entre les enfants

Parmi les droits de l’enfant figure le fait que le parent doit être juste entre les enfants. Il ne doit pas montrer sa préférence pour l’un ou pour l’autre enfant pour son simple plaisir. Il ne doit pas non plus réserver ses privilèges à un seul enfant.

Bouhari et Muslim ont rapporté à propos de Noham Ibn Bachir, que son père est venu voir le Prophète (PSL) et lui a dit : « j’ai donné à mon fils comme cadeau un petit esclave » et le Prophète (PSL) a répondu : « As-tu fait la même chose pour tous tes enfants ? » Il répondit « Non ». Le Prophète (PSL) ajouta : « Craignez Dieu et soyez juste entre vos enfants » et mon père a retiré l’esclave ».

Le choix d’un père pieux n’est pas loin d’être considéré comme un droit de l’enfant car le Prophète (PSL), lorsqu’il a recommandé le choix d’une mère pieuse, pratiquante, a mis en garde contre un mauvais père, contre la privation de l’enfant d’un père pieux. Le Prophète (PSL) a dit : « Si un homme dont le comportement religieux vous satisfait vient demander la main de votre fille, donnez-la lui. Si vous ne le faites pas, une catastrophe et une turpitude graves pourront vous arriver ». Le fait de rejeter des hommes pieux et pratiquants peut entraîner le bouleversement des valeurs morales et des vrais critères de la bonté. Un homme pieux est une sécurité pour la famille qui constitue le noyau de base de la société humaine, c’est comme le cœur par rapport au corps.

E. Le prophète de la miséricorde (PSL) et les enfants

Abu Huraïra (que Dieu l’agrée) a dit : « le Prophète (PSL) a embrassé Al Hassan fils de Ali ». Ce jour-là, Al Akhra Ibn Abass était à ses côtés et a dit au Prophète (PSL) : « j’ai dix enfants et je n’en ai jamais embrassé un seul ». Le Prophète (PSL) l’a regardé et a dit : « Celui qui n’a pas de pitié pour les autres ne bénéficiera pas de la pitié des autres ». Regardez comment le fait de ne pas avoir pitié des autres prive l’individu de la pitié de Dieu. Comment le fait d’embrasser peut-il être considéré comme pitié ? Le Prophète (PSL) aimait les enfants, il les portait, il leur donnait du plaisir, même aux moments les plus précieux du temps pour un musulman, c’est-à-dire aux heures de prière. Il les portait sur ses épaules, sur son dos, alors qu’il priait. Laïth, Saïd Ben Makri, Omar Ibn Suleyn et Khatada ont raconté : le Prophète (PSL) est venu un jour nous trouver en portant sur ses épaules Oumama Bintou Abi Ass et il a prié. Pendant l’inclinaison, il la déposait à terre et quand il se redressait, il la relevait. (Ce hadith est dans Boukhari). Toutefois, il y eut une controverse sur cette prière : s’agit-il d’une prière surérogatoire ou d’une prière obligatoire ! Et comment toutes ces personnes citées peuvent-elles à la fois assister à cet évènement ? Ce qui nous intéresse dans ce hadith, c’est de montrer la place de l’enfant chez le Prophète (PSL) et l’intérêt particulier qu’il lui accorde ainsi que la pitié qu’il éprouve à son égard.

F. Nos enfants sont notre richesse

Le Prophète (PSL) considère les enfants comme nos richesses dans la vie. Et j’ai entendu le Prophète (PSL) dire : « nos enfants sont nos richesses dans ce monde ». Ibn Ahmad.

G. La protection contre l'enfer grâce aux enfants

Ourouwa Ibn Zubeir a rapporté qu’Aïcha, l’épouse du Prophète (PSL) lui a dit : « Une femme est venue me voir accompagnée de ses deux filles. Elle m’a demandé l’aumône, mais elle n’a trouvé qu’une datte que je lui ai donnée et qu’elle a immédiatement partagée entre ses deux filles. Après son départ, le Prophète (PSL) est rentré et je lui ai raconté la scène. Il a dit : « Celui qui aide les filles et leur fait du bien sera protégé par elles contre l’enfer ». C’est peut-être la faiblesse des filles qui fait que dans ce hadith le Prophète (PSL) parle particulièrement d’elles.

H. La tendresse à l'égart des enfants

Le Prophète (PSL) avait un cœur ouvert à l’égard des enfants. Il les dorlotait, il s’occupait de leurs oiseaux. Anass avait un frère qui venait d’être sevré et qui avait un oiseau malade. Un jour, quand il est venu voir le Prophète (PSL), celui-ci lui a demandé l’état de santé de son oiseau. Anass a dit : « Le Prophète (PSL) avait les plus belles qualités par rapport aux hommes ». J’avais un frère qui s’appelait Abu Umaïr que le Prophète aimait beaucoup. Quand il venait le voir, il lui demandait les nouvelles de son oiseau. Il jouait avec lui et lorsque la prière le trouvait chez nous, on tendait les nattes et il dirigeait la prière ». Cette considération particulière accordée aux enfants par le Prophète (PSL) et même à l’oiseau (jouet) de ces enfants, constitue une attention particulière que l’Islam accorde à l’enfant et le respect de cette religion pour leurs sentiments.

I. Interdiction de violences dans la punition de l'enfant

Tout le monde est d’accord que l’enfant a une psychologie particulière qui réclame des besoins particuliers dont il ne doit pas être privé car cela pourrait entraîner un blocage psychique pour lui, nuire à son évolution et produire certainement de graves méfaits dans son comportement. Cela peut ancrer dans son esprit l’idée qu’il n’est pas aimé ou qu’il est détesté, ce qui pourrait entraîner une réaction de révolte de sa part et une déviation dans son comportement. Cela peut également le rendre violent et sans espoir dans la vie.

L’enfant est faible et naïf. Il entre dans la vie avec son ignorance, dans des mouvements dispersés, toujours désireux de découvrir ce qui est au-delà de la vie, d’où son comportement de curieux.

A cause de ses multiples erreurs et de sa méconnaissance des réalités, l’enfant a besoin d’une éducation qui connaît la nature des enfants, qui agit avec tendresse à leur égard et les traite avec beaucoup d’attention. Oui l’enfant, à cause de ses erreurs innombrables, peut pousser parfois les parents à le frapper. Les ulémas de l’Education islamique ont autorisé la punition corporelle de l’enfant quelquefois, mais, ils ont interdit la violence, et cette punition est échelonnée dans un ordre parfait. Le philosophe musulman Avicenne a dit : « si la nécessité de punir l’enfant se fait sentir, il faut prendre toutes les précautions. L’enfant ne doit pas être traité dès le début avec violence, mais plutôt par la tendresse, l’amour, par une colère légère, par blâme, selon les situations et même si on devait arriver à le frapper, il ne faudrait le faire qu’après avertissement et menaces ».

Ibn Khaldun dans son ouvrage « Al Mukhadima » a écrit un chapitre intitulé : « la violence est nuisible aux élèves ». Et il dit dans ce chapitre : « L’enseignant doit à l’égard de son fils, agir avec douceur. Il ne doit pas agir avec violence car la violence à l’égard des élèves est nuisible corporellement, moralement, socialement et psychologiquement ». Tous les Ulémas éducateurs islamiques sont d’accord sur le caractère nuisible de la sévérité dans la punition et sur le fait qu’il ne faut frapper l’enfant que lorsque la nécessité se fait réellement sentir. Concernant le châtiment corporel de l’enfant, ces ulémas ont dégagé des principes généraux tels que :

  • conseiller l’enfant, en s’entretenant avec lui, en tête à tête ;

  • le blâmer, lui faire des reproches en public ;

  • le frapper sans violence, quand les deux premières tentatives n’aboutissent pas.

Tout ceci pour mettre l’accent sur le respect accordé à l’enfant. Le Prophète (PSL) suivait la voie des conseils. Il mangea un jour avec un enfant qui promenait sa main partout dans le bol. Le Prophète (PSL) lui dit : « Mentionne Allah, mange avec ta main droite, mange ce qui est devant toi ».

Anass Ibn Malick, domestique du Prophète (PSL) a dit : « Le Prophète (PSL) ne m’a jamais ni grondé, ni frappé. Je l’ai servi pendant dix ans et je jure qu’il n’a jamais dit Of ! Il ne m’a jamais non plus dit : pourquoi as-tu fait ceci, pourquoi n’as-tu pas fait cela, et si tu avais fait cela ». (Hadith rapporté par Muslim).

Ce hadith nous explique que l’éducation islamique exige que l’éducateur soit lui-même un bel exemple qui accomplit d’abord ce qu’il demande à l’enfant de faire. L’enfant alors l’imitera, sans qu’il y ait violence ni châtiment. L’Islam souhaite que l’on pardonne, que l’on excuse. Le Prophète (PSL) n’a jamais frappé un individu quelconque sinon pendant la guerre sainte. Et c’est lui l’exemple des musulmans : « vous avez en ce messager de Dieu un bel exemple ».

J. Droits de l'enfant aux jeux

Le jeu fait partie des droits fondamentaux dont doivent bénéficier les enfants en Islam qui leur a donné ce droit depuis 14 siècles, car le jeu est une pratique naturelle dont l’homme a besoin. Il a un effet réel dans le développement des capacités psychologiques et physiques de l’homme. Le Prophète (PSL), en mettant cela en relief a dit : « donnez-vous de temps en temps des moments de loisirs car les cœurs meurent après avoir mangé ».

Le jeu est l’un des aspects du comportement de l’enfant car la phase du jeu et de la distraction dans la vie de l’homme revêt une importance particulière, à plus forte raison dans la vie de l’enfant qui pendant le jeu, éprouve un grand plaisir en utilisant ses forces intellectuelles et psychologiques.

Le jeu constitue le moyen par lequel l’enfant s’élève vers le progrès et la réflexion. En jouant, il acquiert des connaissances nouvelles qu’il ajoute à ses connaissances naturelles. Il permet aussi à l’enfant d’extérioriser ses sentiments. Tout le monde sait que l’Islam est une religion de tolérance (Fitra) qui donne à l’enfant tout ce qui peut lui apporter du bonheur et qui prend toutes les dispositions lui permettant d’utiliser toutes ses capacités pour son développement psychologique et physique.

Al Imam al Ghazali dit : « il faut permettre à l’enfant, après avoir quitté le maître d’école, de jouer à un beau jeu, de se reposer de la fatigue de l’école à travers le jeu. Lui interdire de jouer après l’avoir obligé à apprendre, tue son cœur et anéantit son intelligence . Cela le poussera également à dédaigner la vie et à tenter de s’en débarrasser ». Par cette idée, al Ghazali a précédé les psychologues et éducateurs contemporains du XXème siècle en ce qui concerne le besoin de l’enfant de jouer et la nécessité de lui reconnaître ce droit. C’est l’un des enseignements du Prophète (PSL) qui laissait les enfants jouer et qui empêchait les autres de le leur interdire.

On rapporte d’Oumou Khalid Bintou Saïd ceci : je suis venue un jour voir le Prophète (PSL) avec mon père et je portais un boubou jaune et le Prophète (PSL) a dit : « Sanna et Abdullahi dit » cela signifie : c’est beau, en langue éthiopienne. Et j’ai commencé à jouer avec la bague du Prophète (PSL) et mon père m’intima : « Laissez-la » et le Prophète (PSL) me dit : « continue de jouer ». Ce hadith est rapporté par Bukhari. Non seulement le Prophète (PSL) l’a laissé jouer, mais il demanda pour elle une longue vie. 

K. Le droit de l'enfant d'exprimer son point de vue

L’enfant jouit de la liberté d’expression et de pensée. L’Islam lui donne le sentiment d’être honoré et de ne jamais avoir peur tant qu’il a raison. Al Mawardia rapporte de son père Quttaïba, qu’Oumar Ibn Khattab lui a dit : « Pourquoi restes-tu là au moment où tous tes camarades ont fui ? ». Abdullahi Ibn Zoubahir lui répondit : « Je ne suis soupçonné de rien, pourquoi donc avoir peur de vous ? Le chemin n’est pas aussi étroit pour que je me trouve dans la nécessité de me déplacer ». Je dis donc que ce hadith est éloquent pour dire que l’enfant bénéficiait au sein de la société musulmane de la liberté de pratiquer des jeux, de la liberté d’expression et de celle de se défendre car la réponse d’Ibn Zubeir à Omar montre qu’il s’agit là d’un enfant pour lequel la société a donné une garantie parfaite. Cet enfant a compris en effet que la peur ne doit habiter que celui qui a commis une faute et que la fuite ne doit pas être l’attitude de celui qui n’a en rien menacé l’intérêt public. Le même évènement s’est répété avec Oumar rencontrant un homme qui se plaignait de la désobéissance de son fils. Oumar convoque l’enfant et lui fait des reproches quant à son attitude à l’égard de son père et l’enfant de lui dire : « Prince des Croyants, les fils n’ont-ils pas de droits à l’endroit de leurs pères ? » Oumar lui répondit : « Si, ils en ont ». Et l’enfant répliqua : « Lesquels ? » Oumar dit : « Lui choisir une mère, lui donner un beau nom et lui enseigner le Coran ». L’enfant lui dit : « Prince des Croyants, mon père n’a rien fait de tout cela ». Oumar regarda le père et lui dit : « Tu viens te plaindre de ton fils, de sa désobéissance, alors que tu lui as fait du mal, avant qu’il ne t’en fasse. Tu as agi injustement à son égard avant qu’il ne le fasse à ton endroit ».

Cette liberté garantissait aux enfants leurs droits. Elle améliorait leur situation et leurs conditions de vie. Les enfants seront loin de la santé tant que les pères et les mères ne seront pas en bonne santé. Ils sont tous exposés, tous les jours, à toutes sortes de misères.

Je ne nie pas les efforts gigantesques déployés pour relever le niveau de l’enfant à travers le monde.

L. Le droit de l'enfant à la vie

L’Islam n’autorise l’avortement que lorsque cela est nécessaire. Il ne permet la limitation des naissances que par nécessité car « devant la nécessité, l’interdit devient autorisé », mais s’il s’agit de pensées politiques basées sur des planifications internationales pour éviter l’explosion démographique par crainte de la pauvreté, le Coran dit ceci : « Ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté. C’est nous qui vous avons enrichis et les enrichirons eux aussi » Sourate 6, verset 150. Oumar Ibn churahbile a rapporté les paroles d’Abdullahi : j’ai dit : « O Messager de Dieu (PSL) quel est le péché le plus grand ? » et le Prophète (PSL) a répondu : « c’est celui de trouver un égal à Dieu qui t’a créé ». Et j’ai dit : Et ensuite ? » Il dit : « Que tu tues ton enfant par crainte de le voir manger avec toi ». J’ai dit : « Et ensuite ? » et il ajouta : «Que tu aies des rapports sexuels avec l’épouse de ton voisin ». Et Dieu confirmant le Prophète (PSL) en cela, a révélé le verset suivant : « ceux qui invoquent un autre Dieu que Dieu.. » Sourate 25, verset 67 (hadith rapporté par Boukhari).

Tuer son enfant par crainte qu’il mange avec toi est illicite, et ne peut en aucun cas trouver de justifications politiques basées sur des problèmes de démographie dite galopante.

l’enfant a droit à la vie : la préservation et l’éradication de toutes les maladies sexuelles répandues dans le monde telles que le sida contre lequel l’Islam nous a mis en garde depuis 14 siècles. Les rapports illicites (le Zina) sont la cause essentielle de cette maladie que la médecine moderne n’a découverte qu’en cette fin du XXème siècle, alors que le Coran nous avait dit : « Ne vous approchez pas des rapports illicites car c’est une turpitude et c’est une mauvaise voie » Sourate 17, verset 31.

M. Le droit de l'enfant à la filiation de son père

Si l’Islam autorise l’adoption, il n’en demeure pas moins qu’il interdit que l’on donne à un enfant un nom autre que celui de son père. « Appelez-les par les noms de leurs pères, ceci est plus juste auprès de Dieu » Sourate 33, verset 4. C’est pour éviter l’interprétation des filiations et le désordre que l’Islam a exigé cela. L’adoption est une forme de captivité qui a pour objectif de sauvegarder les enfants perdus, de leur trouver des alternatives à la tendresse de la mère, à l’éducation du père, à la nourriture et à l’enseignement. L’Islam veut que l’enfant ait une mère et un père, qu’ils soient des vrais et des bienfaisants. Le Prophète (PSL) tenait beaucoup à ce qu’on accorde une pitié particulière aux enfants.

Ahmed a rapporté qu’ Oussama a trébuché un jour sur le seuil de la porte et s’est blessé. Le Prophète (PSL) de sucer son sang et de dire : « Si Oussama était une fille, je lui aurais donné des parures et des vêtements ».

Un jour Al Hassan a trébuché sur le Minbar. Le Prophète (PSL) est descendu, l’a porté et a dit cette parole de Dieu : « Vos enfants, vos fortunes et vos biens constituent pour vous une attirance ». Un jour, Hussein est venu monter sur ses épaules alors qu’il était en prosternation prolongée. Les fidèles qui priaient derrière lui pensaient qu’il lui était arrivé quelque chose. Quand il eut achevé sa prière, ils lui ont dit : envoyé de Dieu (PSL) : « La prosternation était très longue et on a pensé qu’il vous était arrivé quelque chose ». Le Prophète (PSL) a répondu : « Mon petit fils était sur moi et je ne voulais pas précipiter sa descente avant qu’il n’en jouisse suffisamment ».

N. La prise en charge des enfants en Islam

Celui qui jette un regard sur les hadiths, les versets du Coran, les récits cités jusqu’ici dans le cadre de cette étude, saura certainement que l’Islam s’intéresse particulièrement aux enfants plus que toute autre organisation. Il accordait des dons aux enfants à l’époque d’Oumar et incitait les membres de la société à s’intéresser et à se préoccuper des enfants. Il a promis le paradis à ceux qui prennent en charge les orphelins. Abdullahi Ibn Abdoul Wahab a dit : « Abdul Aziz Ibn Abi Hazen a dit que son père lui a dit : « j’ai entendu Saad ibn Sahl dire que le Prophète (PSL) a dit : « Moi et ceux qui ont pris en charge les orphelins seront au paradis comme ceci (en montrant ses doigts, l’index et le majeur) » hadith rapporté par Bukhari).

Le commentateur de Tirmidji affirme : « La philosophie qui fait que l’éducateur de l’orphelin serait semblable au Prophète (PSL) dans leur entrée au paradis, c’est que le Prophète (PSL) s’est occupé d’un peuple ignorant les questions religieuses, qu’il a encadré, éduqué, se dressant comme un maître et comme un guide. L’éducateur de l’orphelin lui aussi a pris en charge un enfant innocent, ignorant sa religion et même sa vie ici-bas en l’éduquant et en l’orientant – et c’est dans ce sens qu’il faut faire des rapprochements ».

Nous devons savoir que l’errance des enfants dans les rues n’est pas imputable à l’Islam, ni au Saint Coran, car Dieu a dit : «Taha nous ne t’avons pas révélé le Coran pour que tu sois malheureux » Sourate 20, verset 1. Le Coran a mis des conditions pour ceux qui veulent le lire en disant : « Ne doit être touché que par des hommes purifiés » Sourate 56, verset 69.

Les difficultés rencontrées par les talibés des écoles coraniques peuvent être perçues comme le résultat de plusieurs causes dont la négligence, la pauvreté des parents et l’impossibilité d’établir une différence entre les enfants et la nature de l’école coranique.

Les hadiths, les versets que nous avons cités si rapidement, expliquent d’emblée que les enfants ont des droits complets et une grande liberté au sein de l’Islam et que celui-ci leur garantit tout ce qui peut permettre leur progrès et leur épanouissement et faciliter l’accomplissement de leurs devoirs religieux, éducatifs, économiques et sociaux. L’Islam prend toutes les dispositions pour améliorer leurs conditions, les préserver de tout ce qui peut blesser leur personnalité et s’opposer à leur évolution psychologique et intellectuelle.

Ceci dit, la liberté de l’Enfant en Islam est à prendre en considération. La liberté de l’Enfant n’est ni jeu, ni plaisir, ni désordre. C’est plutôt une liberté responsable, convenable à l’homme qu’il protège des maux, de la tyrannie et du despotisme. En un mot, l’enfant se porte mille fois bien tant que l’Islam se porte bien en lieu et place (le sort de l’enfant dépend du sort de l’Islam) 

Que Dieu accorde son salut et la paix à notre Maître Muhammad, à sa famille et à ses compagnons.


UNICEF : Les droits de l'enfant et la bible

« Alors des petits enfants lui furent présentés pour qu’il leur imposât les mains en priant ; mais les disciples les rabrouèrent. Jésus dit alors : « Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à Moi ; car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume des cieux ». (Matthieu, chapitre 19, verset 13)

Préface : Un appel à notre foi

« A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal célébrera le 20 novembre 2009, le 20ème anniversaire de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant. Cette célébration offre l’opportunité de faire le point sur les progrès réalisés dans le domaine de l’Education et de la Santé mais aussi de mesurer le chemin qui reste à parcourir, notamment dans le secteur de la protection des enfants contre la maltraitance et les violences ».

Et Madame Mariam Coulibaly NDIAYE, représentante de l’UNICEF, de rappeler qu’« au cours de ces 20 dernières années, le clergé catholique a largement contribué à la sensibilisation des familles autour des questions relatives à l’enfant : la vaccination, l’éducation des filles, le VIH/SIDA et les Droits de l’Enfant », et d’en appeler à la foi des communautés chrétiennes et de leurs pasteurs.

Tous seront d’autant plus sensibles à cet appel qu’il rejoint celui que ne cesse de lancer l’Eglise, au niveau universel, avec une encyclique comme « Evangelium vitaeL’évangile dela vie » de Jean Paul II, du 25 mars 1995, comme au niveau du Sénégal, avec la lettre des Evêques du 1er janvier 1992, sur « La vie humaine : grandeur et beauté ».

De manière plus précise encore par rapport aux Droits de l’Enfant, le présent argumentaire, « Les Droits de l’Enfant et la Bible », préparé par Gisèle RAIMONDI, à partir de textes des Pères Armel DUTEIL et Eugène GALLON, Spiritains, que j’ai lu et apprécié, enrichira la réflexion des uns et des autres et motivera particulièrement leur engagement dans la promotion des Droits de l’Enfant.

Abbé Léon DIOUF,
Vicaire épiscopal Chargé du Secrétariat Episcopal de Pastorale

Introduction

Dans le monde de la Bible, le comportement adopté à l’égard de l’enfant correspond à une certaine conception, celle que l’on se fait de sa dignité. En quoi consiste-t-elle ? D’un mot, on pourrait résumer ainsi  la question : le petit de l’homme est une créature de Dieu, un don de Dieu. Cela apparaît dans la réflexion prêtée à Eve au moment de la naissance de Caïn, qui représente la première fois dans la Bible où il est question de la venue au monde d’un enfant: «L’homme connut Eve, sa femme ; elle conçut et enfanta Caïn et elle dit : J’ai acquis un homme de par Yahvé » (Genèse chapitre 4 verset 1).

Mais le rôle de Dieu dans la conception, la formation et l’évolution de l’enfant dans le sein maternel ou le caractère divin de la naissance reste un mystère, même pour les sages. C’est ainsi que 250 ans avant Jésus Christ, le plus illustre des sages d’Israël s’exprimait ainsi : « De même que tu ne connais pas le chemin que suit le vent, ou celui de l’embryon dans le sein de la femme, de même tu ne connais pas l’œuvre de Dieu qui fait tout » (Ecclésiaste chapitre 11 verset 5).

L’enfant constitue une richesse, une merveille de Dieu, comme le chante le Psalmiste pour qui l’homme constitue une œuvre d’art :

« C’est toi qui m’as formé les reins,
qui m’as tissé au ventre de ma mère ;
je te rends grâce pour tant de prodiges,
merveille que je suis, merveille que tes œuvres.

Mon âme, tu la connaissais bien,
mes os n’étaient point cachés de toi,
quand je fus façonné dans le secret,
brodé au profond de la terre ».
( Psaume 139 versets 13 à 15)

Ce qui compte, ce n’est pas le nombre d’enfants, mais leur valeur, leur sagesse : « Ne désire pas une nombreuse descendance de propres à rien… Oui, mieux vaut un seul que mille, et mourir sans enfants qu’avoir des fils impies » (Ben Sirac chapitre 16 versets 1 à 3). En effet, les parents tiennent à être fiers de leur progéniture : « Couronne des vieillards : les enfants de leurs enfants ; fierté des enfants : leur père » (Proverbes chapitre 17 verset 6).

Avec l’arrivée du Christ dans le Nouveau testament, nous faisons un pas de plus. Pour Lui, en effet, il ne s’agit pas seulement de respecter l’enfant en tant que créature de Dieu, ce qu’il faut encore, c’est Le rencontrer, Lui Jésus, dans l’enfant. Tel est l’ultime fondement de ce que doit être notre attitude à l’égard de l’enfant, la conviction religieuse de sa dignité : « Prenant un petit enfant, il le plaça au milieu de ses apôtres et, l’ayant embrassé, Il leur dit : « Quiconque accueille un petit enfant comme celui-ci à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille ; et quiconque m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé » (Evangile de Marc, chapitre 9 verset 37).

Il nous reste alors à passer en revue les différents droits de l’enfant sous cet éclairage biblique.

I. Droit à l’égalité

Si tous les hommes sont égaux devant Dieu, Il a des préférences. Qui préfère t’il ? Déjà au temps du prophète Moise, entre les Hébreux qui étaient opprimés et en esclavage, et les Egyptiens qui les écrasaient, Dieu n’a pas hésité. Il s’est mis du coté des Hébreux et c’est pour cela qu’Il a envoyé le prophète Moise pour les délivrer : « Moise dit au peuple : Souvenez-vous de ce jour, celui où vous êtes sortis d’Egypte, de la maison de servitude, car c’est par la force de sa main que Yahvé vous en a fait sortir » (Exode 13 verset 3). Moise dira au peuple hébreu : « Tu accueilleras le pauvre, l’étranger, la veuve et l’orphelin ». Pourquoi cela ? Parce que ce sont justement ces personnes qui le plus souvent sont écrasées, rejetées, méprisées. Il est donc important de défendre les pauvres et les petits dont les enfants font partie.

Cela est particulièrement vrai quand Yahvé demande au jeune Samuel d’aller verser sa corne d’huile en onction sur celui qu’Il a choisi, parmi les fils de Jessé, pour devenir le futur roi David: «Yahvé dit à Samuel : Je t’indiquerai moi-même ce que tu auras à faire : tu oindras pour moi celui que je te dirai ». Jessé fait alors défiler devant Samuel ses sept fils, mais aucun n’est retenu. Samuel dit alors à leur père : « Les jeunes gens sont ils au complet ? » Jessé répond : « Il reste encore le plus jeune, il fait paitre le petit bétail ». Finalement, Dieu choisit le plus jeuneet dit à Samuel : « Va, donne-lui l’onction, c’est lui ». Yahvé dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni la hauteur de la taille… Il ne s’agit pas de ce que voient les hommes car ils ne voient que les yeux, mais Yahvé voit le cœur ». (1er livre de Samuel, chapitre 16 versets 6 à 13).

Pourquoi Dieu se conduit-il ainsi ? C’est parce que donner « l’égalité des chances à tout le monde », comme on le dit, cela aboutit souvent à la loi du plus fort, quand ce n’est pas la loi de la jungle : les plus doués, les plus intelligents, les plus forts prennent la première place et rejettent les autres en arrière, en particulier les enfants, quand ils ne les écrasent pas comme cela se produit très souvent, même parmi les apôtres du Christ : « On lui présentait des petits enfants pour qu’il les touchât, mais les disciples les rabrouèrent. Ce que voyant, Jésus se fâcha et leur dit : laissez les petits enfants venir à moi ; ne les empêchez pas » (Marc 10 verset 13).

Le Christ est en rupture totale avec ce comportement. Tout au long de sa vie, Il a préféré les pauvres, les petits, tous ceux qui étaient rejetés, méprisés : «Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune et celui qui gouverne comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est ce pas celui qui est à table ? Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22 versets 26 et 27).

Il n’a pas choisi comme apôtres des gens bien placés, des gens de la ville, des intellectuels, mais des villageois, des pêcheurs et des paysans, des analphabètes. Et parmi tous ses apôtres, celui qu’Il préférait, c’était le plus jeune, le petit Jean. C’est cela que les pharisiens ont reproché à Jésus Christ : d’aller en général avec les prostituées et les pécheurs publics. Ce n’était pas par provocation, ni pour approuver leur mauvaise conduite, mais simplement pour leur donner leur vraie chance, alors que dans la société, ils étaient mis à l’écart, ils n’avaient pas droit à la parole, ils étaient rejetés et méprisés. Le Christ leur redonne leur dignité.

Le droit à l’égalité est par ailleurs la maxime de vie des premiers chrétiens : « La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun… aussi parmi eux nul n’était dans le besoin » (Actes des Apôtres - chapitre 4 versets 32 à 34).

II. Droit à une famille, à un nom, à une nationalité

a) Droit à une famille

Tout enfant a droit à une famille car c’est Dieu qui a créé la famille. En effet, c’est l’homme et la femme ensemble qui sont images de Dieu : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa, homme et femme Il les créa » (Genèse chapitre1 verset 27). Ce n’est donc pas l’homme tout seul qui est image de Dieu, mais l’homme et la femme ensemble, avec des enfants qui sont l’image de leur père : « Adam engendra un fils à sa ressemblance, comme son image, et il lui donna le nom de Seth » (Genèse 5 verset 3).

Dans la Bible, l’enfant n’est pas considéré comme un fardeau ni un trouble-fête. C’est un personnage important, voulu et désiré : « Ce sont les enfants dont Dieu a gratifié ton serviteur » comme le proclame Jacob (Genèse33 verset 5). D’ailleurs Dieu se révèle à ses prophètes plein d’attention et de tendresse, avec des entrailles et des gestes de mère: « Quand Israël était jeune, je l’aimai, j’avais appris à marcher à Ephraïm, je le prenais par les bras, je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour ; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m’inclinais vers lui et le faisais manger » (Osée 11 v. 1-4)

La famille humaine de Jésus à Nazareth où il passa 30 années de sa vie, est un exemple parfait du droit à une vie familiale harmonieuse : « L’enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui » (Luc 2 versets 39-40) ouencore, après que ses parents Marie et Joseph l’aient cherché trois jours durant à Jérusalem, Saint Luc nous dit: « Il leur était soumis. Il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Luc chapitre 2 versets 51-52).

Quelle est l’attitude de Jésus envers sa mère et ses proches, quand on lui annonce que sa mère et ses cousins cherchent à lui parler ? Tendant alors la main vers ses disciples, Jésus dit : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mathieu 12 versets 46-50). Les parents et frères ont un pouvoir sur l’enfant à condition qu’ils fassent la volonté de Dieu par rapport à l’enfant, comme pour tout le reste.

Mais pour les Chrétiens, ce droit à une famille va encore plus loin, puisque Dieu Lui-même est famille ou Trinité. Bien sûr, Dieu est unique, il n’y a qu’un seul Dieu, mais en lui-même Dieu est Père, Fils et Esprit Saint. Dieu est Amour. Le droit à la famille, c’est donc le droit à une communauté où l’on aime et où l’on est aimé. Jésus disait : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mathieu 18 verset 20). C’est cela qui fait la grandeur et la dignité de la famille. Quand une famille est réunie, à condition bien sûr que ce soit dans la paix et l’amour et que chacun ait sa place et soit reconnu, Dieu est présent. La famille est l’un des signes les plus grands que Dieu ait donnés de son amour, c’est l’un des moyens principaux par lequel Dieu est présent au milieu des hommes. Et quand nous vivons notre vie de famille comme Dieu le veut, nous sommes heureux et l’enfant en particulier y a toute sa place.

b) Droit à un nom

Dans la tradition juive, le nom était plus qu’un simple signe de langage, il exprimait la nature même de la personne. Il n’était donné que huit jours après la naissance, après avoir eu le temps d’observer le nouveau-né ou comme cela avait été annoncé par un signe. A la naissance du Christ, ses parents respectent la coutume juive en lui donnant un nom : « Lorsque furent accomplis les huit jours pour la circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué  par l’ange avant sa conception » (Luc 2 verset 21). Non seulement l’enfant a droit à un nom, mais Dieu nous connaît chacun par notre nom. Jésus disait : « Réjouissez vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux » (Luc 10 verset 19).

Nous voyons souvent dans la Bible, Dieu choisir lui-même le nom de ses serviteurs. Le Christ en fera de même avec ses apôtres, spécialement avec Simon, dont il fera le pasteur de son église : « Il appela ses disciples et il en choisit douze, qu’Il nomma apôtres : Simon, qu’Il nomma Pierre » (Luc 6 versets 13-14). Ce nom qu’il lui donne sera explicité plus tard quand Jésus lui annoncera son rôle dans la fondation de l’Eglise : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas…Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise » (Matthieu 16 versets 17-18). Le nom donné par Dieu correspond donc à une mission précise, comme celui de l’enfant dont le nom   Jésus est tout un programme : « Dieu sauve » sera « la lumière des nations » parce que né « pour ouvrir les yeux des aveugles, pour extraire du cachot le prisonnier, et de la prison ceux qui habitent les ténèbres » (Isaïe 42 versets 6 - 7).

c) Droit à une nationalité

Dieu nous donne un pays à aimer et à faire grandir comme Il le veut. Il s’agit donc, dans la vie quotidienne, de bâtir une famille et un pays où l’on garde la parole de Dieu. Les différentes nationalités ne doivent pas devenir une cause d’oppositions ni de guerres, encore moins de racisme, de tribalisme ou de nationalisme outrancier, mais bien une occasion de richesse et d’épanouissement réciproque. Les différents peuples sont un signe et une manifestation de la richesse de Dieu et chaque peuple a reçu une culture.

Jésus a été un homme pleinement de son peuple, un vrai juif, fier de l’être et à l’aise dans sa culture. Ses parents, dès sa naissance, respectent leur culture : « Lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la loi de Moise, ils l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : « Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur », et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes » soit l’offrande des pauvres(Luc 2 versets 22 - 24).

Un chrétien doit aussi être enraciné dans sa culture, en vivre les valeurs et les faire grandir en les adaptant aux réalités du monde moderne. Un enfant chrétien doit donc être éduqué en ce sens, tout en étant ouvert aux autres cultures, en se laissant interpeller et enrichir par elles.

III -Droit à la survie et au développement

a) Droit à la survie

Il s’agit icide permettre à l’enfant de développer toute sa personnalité, toutes ses richesses physiques, psychologiques, intellectuelles, morales, sociales, de vivre pleinement, totalement, comme Dieu le veut. C’est la condition pour qu’il soit véritablement enfant de Dieu, fils de Dieu, comme on le dit dans la tradition chrétienne. Chez le peuple juif, dès sa naissance, on coupait le cordon et le bébé « était lavé dans l’eau pour le nettoyer, frotté de sel, enveloppé de langes » (Ezéchiel 16 verset 4). Le prophète Isaïe exprimait déjà avec des images maternelles très fortes, ce droit à la vie, à un respect total des besoins de l’enfant, qui dépasse le temps et l’histoire : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, afin que vous soyez allaités et rassasiés par son sein consolateur, afin que vous suciez avec délices sa mamelle plantureuse… Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenant sur les genoux, comme celui que sa mère console, moi aussi je vous consolerai » (Isaïe 66 versets 10-13). Jésus, de son côté, affirmera : « Moi je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante » (Evangile Jean 10, verset 10).

Mais le droit à la survie de l’enfant éclate avec davantage de force lorsque les parents de Jésus fuient en Egypte pour sauver la vie de leur nouveau né. En effet, des Mages venus d’Orient arrivent à Jérusalem pour adorer le « Roi des Juifs qui vient de naitre ». Le roi Hérode qui l’apprend est pris d’une violente fureur et envoie mettre à mort dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans. Après le départ des mages, « l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève–toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr ». Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte; et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode. Alors l’Ange apparaît en songe à Joseph : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d’Israël ; car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant ». (Matthieu chapitre 2 versets 1 à 21).

b) Droit au développement

Comme le disait le Pape Paul VI, il s’agit bien d’un développement global et intégral : « développer tout l’homme et tous les hommes », c'est-à-dire permettre à l’enfant de devenir un homme parfait, comme Jésus Christ lui-même. Saint Irénée disait au 1er siècle du Christianisme : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » c'est-à-dire l’homme debout, libre et responsable, libre de toute aliénation et de toute colonisation.

IV - Droit à l’éducation et aux loisirs

a) Droit à l’éducation

Notons tout d’abord qu’il s’agit bien du droit à l’éducation et pas seulement à l’instruction. Par exemple, on parle d’instruction civique, mais instruction civique et éducation du citoyen ce n’est pas la même chose, ou encore enseigner l’économie familiale et éduquer à la vie familiale est tout à fait différent. L’enfant a besoin d’une mère, mais aussi d’un père unis, éduqués et responsables, qui s’aiment qui l’aiment ensemble et qui puissent lui montrer le chemin. C’est tout le problème de nombreux parents qui disent : « Je suis analphabète, je n’ai pas appris tout ça, comment pourrais-je l’enseigner aux enfants » ? Ce n’est pas une question d’enseignement, c’est une question d’exemple et une question d’amour.

Dans l’ancien testament, l’éducation recommandée est rigoureuse, au besoin même avec des châtiments corporels, mais fondée sur l’amour : « Elève ton fils et forme-le bien, pour ne pas avoir à endurer son insolence » (Ben Sirac 30 verset 13). Quand le prophète Daniel évoque la Résurrection des morts, quand « un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront », il chante en ces termes  la gloire de l’éducateur qui a su transmettre la sagesse: « Les doctes resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui ont enseigné la justice à un grand nombre, comme les étoiles, pour toute l’éternité » (Daniel 12 versets 2-3).

L’éducation juive est surtout une invitation à la sagesse, héritage qu’il importe de recueillir avec respect : « Interroge la génération passée, médite sur l’expérience acquise par ses pères. Nous, nés d’hier, nous ne savons rien, notre vie sur terre passe comme une ombre. Mais eux ils t’instruiront, te parleront » (Job 8 versets 8-10). Après son passage à l’école de la synagogue, l’enfant demeurait auprès de son père qui l’initiait à son propre métier, comme Jésus près de son père Joseph le charpentier : « Celui-là n’est-il pas le fils du charpentier » ? (Matthieu 13 verset 55).

La manière hébraïque d’éduquer consistait justement à bien transmettre tout ce que l’on avait reçu, de père en fils : « Ces paroles que je vous dis, enseignez-les à vos fils, et répétez-les leur, aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout » (Deutéronome 11 versets 18-19). C’est à partir des textes bibliques que l’on apprend le calcul, la géographie et les sciences par des procédés mnémotechniques dont se servent les maitres dans les synagogues, tels que : répétitions, parallélismes, antithèses ou assonances. Dès qu’il en est capable, le jeune israélite est mis en contact avec les réalités de la religion, d’abord par ses parents, puis par ses maîtres, jusqu’à ce que, parvenu à sa majorité religieuse à l’âge de douze ans, il soit prêt à en assumer toutes les obligations. Devenu fils de la loi, il doit désormais en suivre toutes les prescriptions et d’abord se rendre à Jérusalem pour la fête de la Pâque : « Et lorsqu’il eut douze ans, ils y montèrent, comme c’était la coutume, pour la fête » (Luc 2 verset 42).

Mais la vie de Jésus nous montre aussi que l’enfant, dans sa famille, a sa vocation propre, qui vient de Dieu et que les parents doivent respecter, en se mettant au service de cette vocation, même s’ils ne la comprennent pas, comme l’ont fait ses parents. Lorsqu’il a douze ans, ils montent avec lui à Jérusalem pour la fête de la Pâque, comme ils le font chaque année. Une fois les jours de fête écoulés, Jésus reste à Jérusalem à l’insu de ses parents. Après une journée de chemin, ils constatent son absence et se mettent à le chercher. Ce n’est qu’au bout de trois jours qu’ilsle retrouvent dans le Temple, assis au milieu des docteurs et quand sa mère lui demande pourquoi il leur a donné tant d’angoisse, il leur répond : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire (Luc 2 versets 41-50). On remarque que c’est Marie qui parle à Jésus et non Joseph.

L’apôtre Saint Paul, dans sa lettre aux habitants d’Ephèse, ira encore plus loin, en recommandant un véritable climat de relations apaisées : « Et vous, parents, n’exaspérez pas vos enfants, mais usez en les éduquant, de corrections et de semonces qui s’inspirent du Seigneur » (Ephésiens 6 v. 4).

b) Le droit aux loisirs

Nous voyons dans la Bible que Dieu lui même prend le temps de se reposer, après avoir achevé de créer le monde : « Au septième jour Dieu avait terminé tout l’ouvrage qu’il avait fait et le septième jour, il chôma, après tout l’ouvrage qu’il avait fait » (Genèse 2 verset 2). Le loisir, ce n’est pas seulement un amusement, encore moins un passe-temps, c’est donc important.

Or, les enfants s’impliquent totalement dans le jeu. Leurs loisirs sont aussi importants que le travail chez l’adulte et il faut les respecter. Dans le Livre des Proverbes, Dieu dit : « Je trouvais mes délices parmi les enfants des hommes » (Proverbes 8 verset31). Si l’enfant dont nous parle la Bible est éduqué de façon rigoureuse, cette éducation ne supprime pas la liberté qu’il a de jouer dans les rues et sur les places : « Et les places de la ville seront remplies de petits garçons et de petites filles qui joueront sur les places » (Zacharie 8 verset 5). Le droit aux loisirs vient de Dieu car le loisir est la porte ouverte à la joie, à la vraie joie, à la joie de Dieu à laquelle les enfants ont droit. Il est lié au droit au bonheur et au droit à l’épanouissement.

V. Droit à la santé

Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu, par les Prophètes, guérissait les malades. Mais surtout au nom des prophètes, Il demandait à ce que les pauvres et leurs enfants aient tout ce qu’il faut pour vivre en bonne santé. Nous voyons par exemple combien le Roi Salomon est soucieux de la santé de son peuple. Lorsque la construction du temple est achevée, il y entre et adresse à Yahvé cette prière : « Quand le pays subira la famine, la peste, la rouille ou la nielle … quand il y aura n’importe quel fléau ou épidémie, quelle que soit la prière ou la supplication de quiconque, ou de tout Israël ton peuple, dès lors qu’il éprouve le remords de sa propre conscience, s’il étend les mains vers ce Temple, toi, écoute au ciel où tu résides, pardonne et agis » (Livre 1 des Rois, chapitre 8 versets 37-40).Ecoutons encore le Prophète Isaïe : « Dieu dit : il n’y aura plus de nourrissons qui mourront en bas âge. Aucun habitant ne dira plus : « Je suis malade » (Isaïe 33 verset 24).

De même, Jésus a passé toute sa vie publique à soigner les malades, y consacrant le plus clair de son temps. Il ne pouvait pas voir quelqu’un de malade sans faire aussitôt tout ce qui lui était possible pour le guérir : « Le soir venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques ; il chassa les esprits d’un mot et il guérit tous les malades, afin que s’accomplît l’oracle d’Isaïe le prophète : Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nosmaladies » (Mathieu 8 versets 16-17). La lutte pour la santé fait donc partie intégrante de la foi elle-même. En effet, c’est parce que Jésus est venu prendre sur Lui l’expiation des péchés, jusqu’à en mourir sur une croix, qu’Il a pu soulager les hommes des maux corporels qui sont la suite et le salaire du péché.

Quand le christ apprend à ses apôtres comment prier, Il leur fait dire : « Notre Père, donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » (Mathieu 6 verset 11) soit la nourriture nécessaire à la subsistance. Quand les chrétiens prient ainsi, ils s’engagent en même temps à travailler à nourrir tous ceux qui ont faim, pour que tout homme ait de quoi manger et soit en bonne santé.

Dieu a donné à l’homme un corps, un esprit et un cœur. Cela veut dire que le droit à la santé ne se limite pas à la santé du corps, mais comme le dit l’OMS, c’est un état de bien-être global. Cela signifie qu’il ne suffit pas, pour être en bonne santé, de bien se nourrir et de se soigner (le corps), ni d’avoir la paix (l’esprit), mais qu’il s’agit surtout d’aimer (le cœur). Et nous savons combien il est nécessaire, pour que l’enfant soit en bonne santé, qu’il se sente aimé de ses parents, qu’il se sente heureux. Un enfant soutenu et qui a le moral guérit beaucoup plus rapidement qu’un enfant triste et abandonné, ce qui se constate tous les jours dans les hôpitaux.

VI. Droit à un environnement sain

Dans le premier livre de la bible, la Genèse, nous voyons Dieu créer le monde en six jours : d’abord la lumière, les oiseaux, les plantes, le jour et la nuit, les animaux, puis l’homme et chaque soir, Dieu regarde ce qu’il a créé en contemplant sa beauté : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Genèse chapitre 1). Si Dieu a fait la terre si belle et accueillante, c’est le péché de l’homme qui a tout détruit. Dieu dit à Adam: « Maudit soit le sol à cause de toi ! A force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie » (Genèse 3 verset 17).

Les enfants ont droit à un air pur, à une terre propre, à de l’eau potable, c’est ce que Dieu veut, comme le prédit le prophète Isaïe : « Parce qu’auront jailli les eaux dans le désert et les torrents dans la steppe, la terre brûlée deviendra un marécage, et le pays de la soif, des eaux jaillissantes » (Isaïe 35 versets 6-7). Ou encore, un peu plus loin : «  les miséreux et les pauvres cherchent de l’eau, et rien ! Leur langue est desséchée par la soif. Moi, Yahvé, je les exaucerai, Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas. Sur les monts chauves je ferai jaillir des fleuves, et des sources au milieu des vallées. Je ferai du désert un marécage et de la terre aride des eaux jaillissantes. Je mettrai dans le désert le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier… afin que l’on voie et que l’on sache… que la main de Yahvé a fait cela. » (Isaïe 41 versets 17-20).  Voilà ce que Dieu veut, voilà ce que nous devons faire si nous voulons suivre le chemin de Dieu.

VII. Droit à la liberté d’expression, d’association et d’accès à l’information

La liberté d’expression, c’est celle qui pose le plus de problèmes aux parents. Et pourtant c’est d’abord dans la famille qu’elle devrait être vécue. Le droit à l’expression est absolument normal et naturel et si nous empêchons les enfants de s’exprimer, nous sommes les premiers à y perdre, car les enfants ont un regard neuf, des idées originales et peuvent beaucoup nous apprendre, non seulement pour nous donner des idées nouvelles, mais également pour nous transmettre la sagesse et l’esprit de Dieu, ce qui est encore plus important.

Dans la Bible, Dieu parle très souvent par la bouche des enfants. Par exemple, il appelle l’enfant Samuel dans le temple pour adresser un message à son peuple : « Samuel, Samuel ! et Samuel répondit : « Parle, car ton serviteur écoute » (1er livre de Samuel, chapitre 3 verset 10). C’est également un enfant, Daniel, qui va défendre la chaste Suzanne faussement accusée par de vieux adultères qui voulaient s’amuser avec elle et condamnée à mort par l’assemblée des anciens du peuple, des juges : « Le Seigneur suscita l’esprit saint d’un jeune enfant, Daniel, qui se mit à crier : « Vous êtes donc assez fous, enfants d’Israël, pour condamner sans enquête et sans évidence une fille d’Israël » ? (Daniel 15 versets 44-48). Dans les Psaumes, on dit que Dieu prépare sa louange par la bouche des enfants : Yahvé notre Seigneur, Lui qui redit ta majesté par la bouche des enfants, des tout petits » (Psaume 8 versets 2-3). Car malgré sa petitesse, l’enfant peut louer Dieu à sa façon. Il n’est donc pas exclu du culte de Yahvé. C’est ainsi que le Prophète Joël convoquait les enfants au Temple, pour les supplications pénitentielles comme pour les rites du jeûne : « Sonnez du cor à Sion ! Convoquez la communauté, réunissez les petits enfants, ceux qu’on allaite au sein » (Joël 2 versets 15-16).

Jésus lui-même n’est pas venu sur terre à l’âge adulte, il a voulu être un enfant et déjà alors qu’il n’avait que douze ans au temple de Jérusalem, il parlait avec les docteurs de la loi et faisait leur émerveillement : « Ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses » (Luc 2 versets 46-47).

Par ailleurs, lorsque Jésus chasse violemment tous les vendeurs et acheteurs qui se trouvaient dans le temple, les enfants, dans le parvis des païens, crient de joie et chantent les louanges de Dieu. D’où l’indignation des officiels devant pareil scandale : des enfants qui crient dans le lieu sacré ! Réponse de Jésus qui refuse de les faire taire et cite le Psaume 8 : « Voyant les prodiges qu’il venait d’accomplir et ces enfants qui criaient dans le temple : « Hosanna au fils de David », les grands prêtres et les scribes furent indignés et ils lui dirent : « Tu entends ce qu’ils disent, ceux-là » ? Parfaitement, leur dit Jésus ; n’avez-vous jamais lu ce texte : « De la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu t’es ménagé une louange »? Il les planta là et sortit de la ville » (Matthieu 21 versets 12-17). Jésus accepte la louange des enfants, ces petits qui savent accueillir le Royaume, et laisse les sages et les savants qui n’ont pas su découvrir la figure du Messie ami des enfants. Et lorsque Jésus entre solennellement dans Jérusalem, ce sont les enfants en premier qui l’acclament. Les pharisiens demandent à Jésus de les faire taire, mais Il répond : « Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront » (Luc 19 verset 40). On ne peut donc pas empêcher les enfants de chanter la gloire de Dieu.

VIII. Droit à la protection

Quelle idée de l’enfant avons-nous ? Quelles sont les conditions de vie de la plupart de nos enfants ? Combien d’enfants sont-ils exploités dans le travail et dans leur vie sans que cela soit même motivé par des raisons économiques ou par la pauvreté ? Pour un croyant, il s’agira donc de protéger les enfants comme Dieu lui-même les protège.

Voyons comment la Bible aborde cette question de la protection de l’enfant. L’enfant ou « le petit d’homme » est protégé, ce qui dénote sa valeur. Dans l’Ancien Testament, le pouvoir des parents de disposer de leur enfant connaît une limitation juridique. Nous en trouvons des exemples dans toutes les dispositions pénales qui tendent à protéger l’enfant contre les menaces qui pèsent sur lui, d’abord du fait de l’idolâtrie. Achaz le Roi de Juda a immolé son enfant aux dieux païens: « Et même il fit passer son fils par le feu, selon les coutumes abominables des nations que Yahvé avait chassées devant les Israélites » (Livre 2 des Rois chapitre 16 verset 3). De nombreux textes se dressent contre cette pratique. Yahvé dit à Moise : « Tu diras aux Israelites : Quiconque, Israelite ou étranger, livre de ses fils à Molek devra mourir…il aura souillé mon sanctuaire et profané mon saint nom (Lévitique 2 versets 2-3). Ou encore la prédication du prophète Jérémie rapportant les paroles de Yahvé : « Ils ont rempli ce lieu du sang des innocents, car ils ont construit des hauts lieux de Baal, pour consumer au feu leurs fils, en holocauste à Baal ; cela je ne l’avais jamais ordonné, je n’en avais jamais parlé, je n’y avais jamais pensé » (Jérémie 19 versets 4-5).

On peut noter aussi les progrès par rapport aux coutumes de l’époque. Par exemple, à une période où le sentiment de responsabilité collective était particulièrement aigu, la loi de Moise prescrit : « Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils, ni les fils pour les pères. Chacun sera mis à mort pour son propre crime ». (Deutéronome chapitre 24 verset 16). Ou encore en ce qui concerne la protection de l’intégrité physique de l’enfant : « Ne profane pas ta fille en la prostituant ; ainsi le pays ne sera pas prostitué et rendu tout entier incestueux » (Lévitique 19 verset 29) ainsi que la protection de sa part d’héritage du patrimoine de son père : « Il reconnaitra l’ainé … en lui donnant double part de tout ce qu’il possède » (Deutéronome 21 verset 17).

Autre point encore très important, la protection doit profiter à l’orphelin dont tous les prophètes répètent qu’il doit être protégé de la même façon que la veuve, l’étranger, le faible et le pauvre, car sa cause est sacrée : « Ainsi parle Yahvé : pratiquez le droit et la justice… l’orphelin et la veuve, ne les maltraitez pas, ne les outragez pas ; le sang innocent, ne le versez pas en ce lieu » (Jérémie 22 verset 3) ou encore le prophète Zacharie : « N’opprimez point la veuve et l’orphelin, l’étranger et le pauvre » (Zacharie 7 verset 10).

Quand Jésus arrive, que demande-t-il à ses disciples ? Qu’ils prennent souci des enfants, et qu’ils fassent de la protection de ces êtres sans défense, une tâche et une obligation : « Quiconque donnera à boire à l’un de ces petits rien qu’un verre d’eau fraiche, au nom d’un disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense » (Matthieu 10 verset 42). Il disait : « Laissez venir à moi les petits enfants », il les embrassait alors que les apôtres voulaient les chasser, mais il s’insurge contre ceux qui scandaliseront les enfants : « Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille. Mais si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer…. Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux (Matthieu 18 versets 5-10).

IX. Droit à la paix

Le prophète Isaïe utilise des images très fortes pour évoquer le droit à la paix : « Voici que je fais couler vers elle (Jérusalem) la paix comme un fleuve, et comme un torrent débordant, la gloire des nations » (Isaïe 66 verset 12).

La guerre est évoquée comme une grande calamité pour les enfants : « De soif, la langue du nourrisson s’attache à son palais ; les petits enfants réclament du pain : personne ne leur en partage » (Lamentations 4 verset 4).

Dès que l’ange annonce aux bergers la naissance de Jésus, il leur dit : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance » ! (Luc 2 verset 14).

Dieu veut la paix. Cela est bien évident car il est le Dieu de la paix. Chaque fois que le Christ ressuscité rencontrait ses disciples, il leur disait « Paix à vous » (Jean 20 verset 19). De même, dans le sermon sur la montagne, il proclama « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Matthieu 5 verset 9).

Mais la véritable paix suppose parfois que l’on s’oppose aux gens, que l’on change les habitudes et les structures. Jésus, avant de mourir, livre ses dernières paroles à ses disciples : « Je vous laisse la paix ; c’est ma paix que vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jean 14 verset 27).  La paix de Jésus, ce n’est pas la paix du cimetière où il n’y a plus de problèmes parce que tout le monde est mort, ce n’est pas non plus celle de la majorité, car la majorité peut tout avoir et écraser les minorités. De toute façon, la paix que Dieu veut, c’est la paix du cœur, c’est l’entente et la réconciliation, c’est l’acceptation de chacun avec ses différences et son originalité.

Si nous interrogeons l’histoire, qu’est ce que la religion chrétienne a trop souvent fait de ce droit à la paix ? Des guerres saintes, des croisades, on a même vu au Moyen Age une croisade des enfants où ils ont été tous tués. N’est-ce pas là une déformation très grave de la religion ? Ne devons-nous pas revenir à nos sources pour une véritable éducation à la paix et au développement, en particulier pour nos enfants ? Comment dire que Dieu est créateur de tous et nous refermer sur notre propre religion et parfois même vouloir l’imposer aux autres par la force ? Dieu ne peut pas l’accepter.

X. Devoirs de l’enfant

Le Décalogue signale au peuple juif les exigences de l’alliance conclue entre Dieu et son peuple. Ce texte remis à Moise sur le mont Sinaï, affirme clairement : « Honore ton père et ta mère, afin que se prolongent tes jours sur la terre que te donne Yahvé ton Dieu » (Exode 12 verset 12).

Jésus tient à préciser à plusieurs reprises qu’il ne vient ni détruire la Loi, ni la consacrer comme intangible, mais lui donner, par son enseignement et son comportement, une forme nouvelle et définitive où se réalise ce vers quoi la Loi acheminait : « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis, en vérité : avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé » (Matthieu 5 versets 17-18).

L’apôtre Saint Paul reprend dans sa lettre aux Ephésiens, cet appel aux enfants : « Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur : cela est juste » (Epitre aux Ephésiens 6 verset 1).

Mais le grand commandement du Christ est bien le commandement ou « devoir d’amour » qu’il livre durant ses adieux à ses disciples juste avant de mourir : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous reconnaitront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13 verset 14-15). Or l’amour ne se commande pas, il vient du cœur. Si l’amour est absolument essentiel pour que l’enfant soit heureux, un enfant qui se sait aimé respectera ses devoirs sans qu’il ait besoin d’y être forcé.

Gisèle Raimondi
Professeur, chargée de la formation au Caedhu


Conférence Droits de l’enfant et christianisme

Pour faire comprendre plus facilement et vulgariser la Convention relative aux droits de l’enfant, la CEDHOSSAI (Commission d’Education aux Droits de l’Homme d’Amnesty International), a regroupé les différents droits de l’enfant en 10 droits principaux, en montrant en quoi ces droits rejoignent la religion chrétienne et surtout en quoi la religion chrétienne éclaire ces droits et permet d’en comprendre l’importance et la profondeur.

Droit à l’égalité

Déjà dans la religion traditionnelle, il est évident que tous les hommes sont égaux devant Dieu : « Nun nep ay doomi Adama lanu »ou encore : « Nous sommes tous fils d’Adam » et les Ouolofs disent : « Borom Allal ak baadoolo tase nanu. Borom bi moo leen bind noom naar » ou encore : « le riche et le pauvre se sont rencontrés, c’est Dieu qui les a créés tous les deux ».

Et aussi : « Ku xeeb baadoolo, ton ku ko bind » ou encore : « si tu méprises un pauvre, tu insultes Dieu qui l’a créé ».

Mais en fait, Dieu va plus loin. Tous les hommes sont égaux devant Lui, mais Dieu a des préférences. Qui préfère t’il ? Déjà au temps du prophète Moise, entre les Hébreux qui étaient opprimés et en esclavage, et les Egyptiens qui les écrasaient, Dieu n’a pas hésité. Il s’est mis du coté des Hébreux et c’est pour cela qu’Il a envoyé le prophète Moise pour les délivrer. (Je fais remarquer que Moise est un prophète non seulement pour les Juifs, mais également pour les chrétiens et les musulmans et que l’Ancien Testament rejoint le Coran. C’est là la base essentielle non seulement d’un dialogue et d’une compréhension, mais d’une action en commun, chrétiens et musulmans au Sénégal, non seulement en rapport avec les Droits de l’enfant, mais pour toute la vie du pays). Et Moise dira, au nom de Dieu, au peuple hébreu : « Tu accueilleras le pauvre, l’étranger, la veuve et l’orphelin ». Pourquoi cela ? Parce que ce sont justement ces personnes qui le plus souvent sont écrasées, rejetées, méprisées. Il est donc important de défendre les pauvres et les petits dont les enfants font partie et chez les enfants, spécialement les orphelins qui ont encore moins de protection et de soutien que les autres. Pourquoi Dieu se conduit il ainsi ? C’est parce que donner « l’égalité des chances à tout le monde », comme on dit, cela aboutit souvent à la loi du plus fort, quand ce n’est pas la loi de la jungle : les doués, les plus intelligents, les plus forts prennent la première place et rejettent les autres en arrière et donc, en particulier les enfants, quand ils ne les écrasent pas comme cela se produit très souvent.

Nous retrouvons cette attitude chez le Christ. Tout au long de sa vie, Il a préféré les pauvres, les petits, tous ceux qui étaient rejetés, méprisés; Il n’a pas choisi comme apôtres des gens bien placés, des gens de la ville, des intellectuels, mais des broussards, des pêcheurs et des paysans, des analphabètes. Et parmi tous ses apôtres, celui qu’Il préférait, c’était le plus jeune, le petit Jean. C’est cela que les pharisiens ont reproché à Jésus Christ : d’aller avec les prostituées et les pécheurs publics en général. Ce n’était pas par provocation, ni pour approuver leur mauvaise conduite, mais simplement pour leur donner leur vraie chance, alors que dans la société, ils étaient mis à l’écart, ils n’avaient pas droit à la parole, ils étaient rejetés et méprisés. C’est donc cela le minimum. Le droit à l’égalité vient de faire que nous sommes tous égaux devant Dieu, mais cela nous demande de faire des choix, d’avoir des préférences et en particulier de préférer les enfants, et parmi les enfants, de soutenir ceux qui en ont le plus besoin.

Droit à une famille, à un nom, à une nationalité

Tout enfant a droit à une famille, cela est évident. Bien plus, c’est Dieu qui a créé la famille. Dieu n’a pas créé un homme tout seul, il a créé un homme et une femme : Adama et Awa. Et c’est l’homme et la femme ensemble qui sont image de Dieu, comme le dit la Genèse : « Et dieu créa l’homme, Il le créa à son image, homme et femme Il créa ».

Ce n’est donc pas l’homme tout seul qui est image de Dieu, mais l’homme et la femme ensemble, avec leurs enfants. La famille vient de Dieu, c’est pour cela que tout enfant a droit à une famille.

Mais bien plus que cela, pour les Chrétiens, Dieu est une famille. C’est ce qu’on appelle la Trinité. Bien sûr, Dieu est unique, il n’y a qu’un seul Dieu, mais en lui-même Dieu est Père, Fils et Esprit Saint. Et Dieu est Amour, le droit à la famille, c’est le droit à uns famille où on aime et où on est aimé.

Jésus disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». C’est cela qui fait la grandeur et la dignité de la famille ; quand une famille est réunie, à condition bien sûr que ce soit dans la paix et l’amour et que chacun ait sa place et soit reconnu, Dieu est présent. Je remarque que cela rejoint le texte du Coran qui dit : « Il n’y a pas de rencontre à trois sans que Dieu soit le quatrième, ni de rencontre à cinq sans que Dieu soit le sixième ». C’est cela la grandeur de la famille : quand il y a famille, Dieu est là ; la famille est l’un des signes les plus grands que Dieu a données de son amour, c’est l’un des moyens principaux par lequel Dieu est présent au milieu des hommes. Et quand nous vivons notre vie de famille comme Dieu le veut, nous sommes heureux et l’enfant en particulier y a toute sa place.

Le droit à un nom, à une nationalité

Non seulement l’enfant a droit à un nom, mais Dieu nous connaît chacun par notre nom. Jésus disait : « Réjouissez vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux auprès de Dieu » (Luc 10, 19). Avoir un nom, c’est donc plus que de pouvoir avoir une carte d’identité, c’est être quelqu’un d’absolument unique, quelqu’un de connu et aimé de Dieu et c’est parce que l’enfant est connu et aimé de Dieu que nous aussi nous devons le reconnaître et l’aimer, comme Dieu lui-même.

Dieu nous donne un pays (c’est Dieu qui a créé la terre, c’est Dieu qui nous a fait naître au Sénégal) et ce pays nous devons l’aimer à cause de Dieu et le faire grandir comme Dieu le veut, mais à condition de dépasser le nationalisme. Il s’agit donc, dans la vie de la famille comme dans la vie du pays tout entier, de bâtir une famille et un pays où on garde la parole de Dieu et à ce moment là on est heureux. C’est Dieu qui a fait toutes les races et tous les peuples. Le droit à la nationalité existe, mais les différentes nationalités ne doivent pas devenir une cause d’oppositions et de guerres, encore moins de racisme ou de tribalisme, mais bien une occasion de richesse et d’épanouissement réciproque. Les différents peuples sont un signe et une manifestation de la richesse de Dieu. Chaque peuple a reçu une culture qui vient de Dieu, mais aucune culture ne peut exprimer toute la grandeur de Dieu. C’est ensemble que l’on peut manifester les richesses de Dieu lui-même. Ce n’est pas pour rien que cette Convention des droits de l’enfant a été proclamée par l’UNICEF, organisation de l’Onu et signée par la plupart des pays du monde entier.

Les Ouolofs disent : « Xeetunit nep, ci geetum Yalla lanu bokk ».


Rencontre des enfants de Taouyah – Compte rendu de la réunion du 7 février 2010

Le dimanche 7 février 2010, une réunion  s’est tenue avec tous les enfants de la Paroisse, sous la présidence du curé.

A l’ordre du jour, il y avait quatre points :

  1. Point de vue des enfants sur cette rencontre

  2. Activité à faire entre enfants

  3. Choix des responsables de commission par enfants par  groupe ou mouvement d’action catholique

  4. Divers

  1. Concernant le premier point, les enfants ont exprimé leur joie quant à la tenue de cette première rencontre de ce genre avec tous les enfants de la paroisse toute catégorie confondue. Cette rencontre permettra aux enfants de se connaître entre eux, de lier des liens d’amitié entre enfants des différents mouvements et eux sans mouvement car ils n’ont pas l’occasion de se rassembler tous en même temps. Cela les aidera à fortifier leur foi tout en servant le Christ. À partir de là, nous avons demandé : Qu’est-ce qu’un bon chrétien ? Comment vit-il ?
    Les enfants ont donné des réponses très intéressantes. Ainsi des thèmes d’action ont été proposés pour chaque mois : notre vie à l’école, notre vie dans le quartier, nos relations avec les autres enfants, etc…
    Pour le mois de Février, le thème choisi est : notre vie de famille. Les enfants ont cherché ensemble comment mieux vivre en famille avec leurs parents, leurs frères et sœurs et les autres membre de la famille. Le mois prochain, nous nous retrouverons pour que chacun dise ce qu’il a fait dans sa famille et nous expliquerons le thème du mois.

  2. Au second point, les enfants ont proposé plusieurs activités lors de leur rencontre mensuelle, ce sont :
    - Enseignement de la parole de Dieu
    - Initiation aux prières chrétiennes
    - Apprentissage des chants religieux
    - Jeux divers

  3. Au troisième point, une commission a été constituée avec deux (2) responsables enfants dans chaque mouvement et deux (2) pour les sans-mouvements, chose qui leur permettra au fur et à mesure de s’intégrer dans les mouvements de la paroisse.
    - Responsables CV-AV : Patrice Bonimy et Colette Chaudron
    - Responsables des sans-mouvements : Martine Haba et Gérard Bangoura
    - Responsable Scout : Valéry Guilavogui + un louveteau
    - Responsable Servant : Yves Chaudron
    Il est demandé à ces différents responsables de rassembler les enfants chaque dimanche pour la liturgie de la parole des enfants. Les premiers responsables de la Jeunesse, des mouvements sont quant à eux conseillers de ces nouveaux responsables qu’ils guideront dans leurs différentes taches.

  4. Dans les divers, il a été demandé aux enfants d’être de bons chrétiens dans les milieux qu’ils fréquentent, de respecter et aimer leur prochain, de s’inscrire au catéchisme pour ceux qui n’y partent pas et de continuer pour ceux qui ont déjà commencé, de s’inscrire dans les différents mouvements de la paroisse. Les enfants ont demandé une seconde rencontre mensuelle uniquement réservée à un jeu, il s’agit du jeu sur le droit des enfants où tous les enfants joueront ensemble. Il est demandé à tous les parents d’encourager leurs enfants pour qu’ils puissent continuer à venir servir l’Eglise de notre Seigneur Jésus-Christ.

Demandez leurs adresses mails à toutes les personnes que vous connaissez qui en ont une et vous les envoyez au Père Armel au secrétariat de l’archevêché, boite de Taouya ou par mail armelduteil@yahoo.fr

Création d'un Blog : http://justice.paix.guinee.free.fr/

Ne manquez pas de le consulter. Pour donner vos idées et vos commentaires cliquez sur "Commentaires"

Imprimez si possible ce document et montrez-le au curé, au conseil paroissial à la commission justice et paix et à vos amis.

Merci


Réunion des CV-AV 2011

Explication

Un Mouvement d’action catholique suppose des vraies actions pour construire le Royaume de Dieu, faire ce que Dieu nous demande dans notre vie de chaque jour, continuer le travail de Jésus-Christ, faire ce que l’Esprit-Saint nous demande dans notre cœur. Un Mouvement d’action catholique suppose aussi une campagne d’année et des réunions régulières avec des révisions de vie et des révisions d’actions. Mais souvent nos mouvements d’action catholique ne sont pas des mouvements d’actions. Ils ne sont même pas catholiques ni évangélisateurs, puisque souvent on se contente de cérémonies, de célébrations, de fêtes et d’anniversaires

Pour la révision de vie, nous proposons les 4 questions suivantes  (qu’il nous faudra reprendre à chaque fois, quel que soit le thème de la réunion, quitte à l’adapter si nécessaire) :une réunion par semaine

  1. Comment vivons-nous cette situation (qu’est-ce qui se passe autour de nous) ?

  2. Qu’est-ce que la Parole de Dieu nous dit sur cette question ?

  3. Si Jésus était là, qu’est-ce qu’il ferait (nous répondons à partir de ce que nous connaissons de Jésus et de ce qu’il a fait dans l’Evangile).

  4. Qu’allons-nous faire cette semaine par rapport à ce problème.

Pour la révision d’action :

  1. Qu’avons-nous fait cette semaine ?

  2. Est-ce que ce que nous avons fait correspond à ce qu’on nous dit dans l’Evangile ? Est-ce que cela continue l’action de Jésus ? Comment ?

  3. Comment allons-nous continuer cette action cette deuxième semaine ?

1ère réunion, Explication de la Campagne d’Année

Cette année, on nous demande d’agir sur le thème suivant : « Evangélisation et promotion humaine ». Les responsables expliquent d’une manière simple la lettre de l’évêque sur ce thème.

« Promotion humaine », cela veut dire : faire avancer les hommes. Nous voulons faire grandir toute notre personne, dans toutes ses parties : notre corps, notre esprit, notre cœur et notre âme. Nous voulons faire grandir les autres enfants qui sont autour de nous. Comme le disait le Pape Paul VI : Développer tout l’homme et tous les hommes. (Lettre sur le Progrès des Peuples). Pour cela, nous suivons l’exemple de Jésus. Dans l’Evangile, on nous dit que l’enfant Jésus grandissait et devenait fort. Il était rempli d’intelligence et l’amour de Dieu était sur lui (Luc 2, 40). Et quand Jésus revient du Temple de Jérusalem à 12 ans et qu’il retourne à Nazareth, on nous dit : Il obéissait à ses parents, il grandissait dans son intelligence et dans la grâce, devant Dieu et devant les hommes (Luc 2, 52).

Question : Que voulons-nous faire pour grandir dans notre corps mais aussi dans notre esprit (en intelligence), dans notre cœur (en amitié avec les autres) et dans la grâce (dans la foi, devant Dieu et devant les hommes) ?

2ème réunion (Révision de vie)

Nous grandissons NOUS MEMES2ème réunion (Révision de vie)

La promotion humaine, c’est faire avancer et grandir tous les hommes, et donc tous les enfants. Elle doit commencer par nous-mêmes. Nous nous posons ces questions :

  1. Un enfant réussi et heureux dans sa vie, c’est quoi ? Et un vrai enfant de Dieu, c’est quoi ?

  2. Nous pensons à l’exemple de Jésus. Comment a-t-il vécu sa vie d’enfant ? St Paul disait aux Thessaloniciens (1ère Thess 5, 23) : « Que le Dieu de la paix Lui-même vous rendent saints entièrement et que toute votre personne, le corps, l’esprit et l’âme, soient bons et sans reproches pour attendre le retour de Notre Seigneur Jésus-Christ » - (le responsable demande aux enfants comment ils comprennent ces paroles et il ajoute des explications : cela sera à faire à chaque fois quand on dit une Parole de Dieu).

  3. Qu’est-ce que nous allons faire pour grandir cette année dans notre personne. Et pour être des enfants comme Dieu le veut ?

3ème réunion, révision d’action

Nous grandissons NOUS MEMES

  1. Qu’est-ce que nous avons fait cette semaine, pour grandir devant Dieu et devant les hommes ?

  2. En quoi cela nous a fait ressembler à Dieu ? Dieu disait aux enfants d’Israël : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toutes tes forces, de toute ton âme et de tout ton esprit. Tu aimeras tes frères et tes sœurs comme toi-même (On peut chanter ce chant, si on le connaît).

  3. Comment allons-nous continuer à grandir, la semaine qui vient ?

4ème réunion : nous faisons grandir les autres, dans leur corps : révision de vie

  1. Quels sont les problèmes que nous pouvons avoir avec notre corps (faim, maladie, accidents…) ? Un proverbe dit : « Il faut un esprit sain dans un corps sain » : qu’est qu’un corps sain ?

  2. St Paul disait aux premiers chrétiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est la maison du Saint Esprit qui est en vous ? Rendez gloire à Dieu dans votre corps (1ère Corinthiens 6, 19-20) : Expliquer cette parole.

  3. Comment, cette semaine, nous allons faire pour aider nos camarades à être heureux dans leur corps ?

5ème réunion : nous faisons grandir les autres DANS LEUR CORPS : révision d’action.

  1. Comment avons-nous aidé nos camarades, garçons et filles, à grandir dans leur corps, pour avoir un corps heureux et en bonne santé ?

  2. Est-ce que cela correspond à ce que Dieu veut pour notre corps ? Comment ? Dans le Livre des Proverbes, on nous dit (3, 8) : « Aime Dieu et laisse le mal. Cela sauvera ton corps et donnera la force à tes os ».

  3. Comment allons-nous aider nos camarades cette semaine à grandir dans leur corps.

6ème réunion : nous faisons grandir nos camarades DANS LEUR ESPRIT : révision de vie

  1. Un esprit développé, c’est quoi ? Qu’est-ce qui nous empêche d’avoir un esprit sain ?

  2. Dans le Livre de Job (32, 8), on nous dit : « C’est l’Esprit de Dieu qui nous rend intelligents », et dans l’Epître aux Hébreux (4, 12), on nous dit : « La Parole de Dieu entre jusqu’au plus profond de notre esprit ». Comment comprenons-nous ces paroles ?

  3. Comment allons-nous aider nos camarades à avoir un esprit sain, bon et développé ?

7ème réunion : nous faisons grandir nos camarades DANS LEUR ESPRIT : révision d’action

  1. Qu’avons-nous fait cette semaine pour aider nos camarades à grandir dans leur esprit ?

  2. Est-ce que c’est cela que Dieu nous demande pour notre intelligence, et pour avoir la sagesse ?
    St Paul disait aux Galates (6, 18) : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit » : Comment comprenons-nous ces paroles.

  3. Comment allons-nous continuer à aider nos camarades, garçons et filles, à grandir en intelligence et en sagesse, dans leur esprit ?

8ème réunion : nous aidons nos camarades à grandir DANS LEUR COEUR (pour mieux aimer) : révision de vie.

  1. Qu’est-ce qu’un enfant qui a un cœur bon ? Qu’est-ce qu’un enfant qui a un cœur mauvais ? (Vous donnez des exemples).

  2. St Paul disait aux Colossiens (3, 23) : « Tout ce que vous faites, faites-le avec un cœur bon ». Comment comprenons-nous cette parole ?

  3. Cette semaine, comment allons-nous aider nos camarades à avoir un cœur bon ?

9ème réunion : nous aidons nos camarades à grandir DANS LEUR COEUR (pour mieux aimer) : révision d’action

  1. Qu’est-ce que nous avons fait pour aider nos camarades à avoir un cœur bon : vous racontez.

  2. Dieu disait par le Prophète Ezéchiel (11, 19) : Je changerai votre cœur de pierre en cœur de chair » : comment comprenons-nous ces paroles ?

  3. Comment allons-nous continuer, pendant la semaine qui vient à rendre meilleur le cœur de Nos camarades ?

10ème réunion : nous aidons les garçons et les filles qui nous entourent à grandir DANS LEUR AME (dans la foi) : révision de vie.

  1. Est-ce que nous connaissons des garçons ou filles qui ont la vraie foi en Dieu ? Qu’est-ce qu’ils font ?

  2. Moïse disait aux enfants d’Israël (Deutéronome 4, 29) : « Tu trouveras vraiment Dieu, si tu le cherches de toute ton âme » : Comment comprenons-nous ces paroles ?

  3. Comment allons-nous aider nos camarades à mieux vivre dans la foi en Dieu cette semaine, quelle que soit leur religion ?

11ème réunion : nous aidons nos camarades garçons et filles à mieux vivre DANS LEUR AME (dans la foi en Dieu) : révision d’action.

  1. Qu’est-ce que nos camarades ont fait cette semaine pour vivre dans la vraie foi en Dieu ? Comment les avons-nous aidés ?

  2. Salomon disait dans sa prière pour son peuple (1er Rois, 8, 48) : « S’ils reviennent à toi, Dieu, de tout leur cœur, de toute leur âme, en pensant au pays que tu as donné à leurs pères, alors pardonne à ton peuple ses péchés ».

  3. Comment allons-nous continuer à aider nos camarades, cette semaine, à avoir la vraie foi en Dieu ?

12ème réunion : l’Evangélisation : révision de vie.

Explication (par les responsables) : « Evangélisation » vient du mot Evangile. Evangéliser nos camarades, c’est les aider à vivre comme l’Evangile nous le demande, même s’ils ne sont pas chrétiens ; car l’Evangile est pour tout le monde, pas seulement pour les chrétiens. Evangéliser, ce n’est pas toujours parler de Jésus-Christ. Ce n’est pas seulement donner des conseils. Parce qu’on n’évangélise pas d’abord par ses paroles, mais par notre façon de vivre et l’exemple que nous donnons aux autres. Donc, évangéliser c’est vivre comme des vrais chrétiens, c’est-à-dire comme l’Evangile nous le demande, à la suite de Jésus. Alors nos camarades voient ce que nous faisons et comment nous vivons. Et si nous sommes heureux, ils ont envie de faire la même chose et de vivre comme nous. A ce moment-là, ils sont évangélisés. Ils sont entrés dans le Royaume de Dieu. Même s’ils n’entrent jamais dans nos églises.

  1. Est-ce que tu as vu des camarades qui ont changé leur vie, à cause de l’Evangile ? Qu’est-ce qu’ils ont fait ?

  2. Jésus disait à ses apôtres (Marc 16, 14) : « Allez dans le monde entier, annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile, à toute la terre. Chassez les esprits mauvais et guérissez les infirmes » (c’est cela l’évangélisation) : Comment comprenez-vous ces paroles ?

  3. Comment allons-nous aider nos camarades à mieux vivre, comme l’Evangile nous le demande, en leur donnant un bon exemple de vie ?

13ème réunion : l’Evangélisation : révision d’action.

  1. Qu’est-ce que nous avons fait cette semaine pour aider nos camarades à vivre comme l’Evangile nous le demande ? Est-ce que nous avons réussi ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

  2. Jésus envoie ses apôtres annoncer le Royaume de Dieu et guérir ceux qui souffrent, en disant : Apporter la paix dans toutes les maisons où vous entrez (Luc 9, 2) : comment comprenons-nous ces paroles ?

  3. Comment allons-nous rendre meilleure, notre façon d’être un exemple de vie. Comment allons-nous montrer l’Evangile, par notre façon de nous conduire partout : à la maison, dans le quartier et à l’école ?

14ème réunion : journée de masse.

Comment allons-nous présenter tout ce que nous avons vécu cette année, à partir du programme des réunions de cette feuille, à nos parents, nos camarades et les autres enfants et adultes du quartier. Par exemple en organisant une grande fête, avec des chants, des danses et du théâtre pour montrer ce que nous avons fait, avec des affiches, des dessins, des expositions, un défilé dans le quartier avec des pancartes, etc… Ensuite, vous nous envoyez un compte-rendu de ce que vous avez fait.

Bon courage, et à bientôt !
P. Armel


Jeunes et contraception

J’ai lu avec intérêt dans le n° 1479 du 26 mai du journal, l’article l’enquête, p.7 : « des acteurs veulent enseigner la santé sexuelle aux élèves ». Il est vrai que cet article aborde un problème important. Mais une première chose m’étonne : on parle d’une intervention de l’ASBEF, l’Association Sénégalaise pour le Bien-Etre Familial, et de Planification Familiale, et l’on veut enseigner la santé sexuelle aux élèves. Mais s’il s’agit du bien-être familial, il s’agit donc des gens qui ont déjà fondé une famille, c’est-à-dire de gens mariés et non pas d'élèves qui, à ma connaissance, n’ont pas encore fondé de famille. On se trompe complètement de cible. La planification familiale doit s’adresser aux familles et non pas aux élèves. « Ensuite, on nous dit que l’un des problèmes c’est le refus des conjoints, c’est-à-dire des maris, pour l’utilisation de ces méthodes contraceptives. Et l’on continue en disant que les problèmes de communication entre les couples seront supprimées si les élèves sont déjà éduqués à la contraception à l’école. Il me semble que c’est prendre la question tout à fait à l’envers. Ce n’est pas parce que les élèves auront été enseignés sur la santé sexuelle qu’il y aura davantage de dialogue dans le couple, ni pour la contraception, ni pour le reste. C’est au contraire lorsqu’on aura une véritable préparation au mariage et une véritable éducation des couples que ceux-ci apprendront à dialoguer, pas seulement pour la planification, mais pour toutes les choses de leur vie. Si un couple ne dialogue pas  pour décider ensemble des différentes activités de leur vie commune, de l’éducation des enfants, et des relations avec les deux familles, comment pourraient-ils dialoguer sur cette question marquée par tellement de tabous, de la planification familiale ?  

On nous dit: "Il faut enseigner la santé reproductive aux élèves. Cela évitera tous les problèmes de communication dans le couple" (sic!). Si l'on veut vraiment former les élèves au dialogue dans leur futur couple, qu'on leur apprenne à se parler avec respect entre garçons et filles, à maîtriser leur sexualité et à vivre une sexualité épanouissante. La première chose est donc d’apprendre aux jeunes, garçons et filles,  à s’écouter et à échanger. Il ne s’agit pas seulement d’expliquer le fonctionnement des appareils génitaux, mais bien d’apprendre à aimer, chacun selon les richesses de son sexe. Cela demande une véritable éducation sexuelle, et pas un simple "enseignement pour comprendre l'utilité des méthodes contraceptives" comme affirmé dans l'article. Faire connaître les méthodes contraceptives aux élèves, c’est un objectif beaucoup trop limité et encore plus, de distribuer des condoms à ces élèves. Ce qui serait justement tout à fait l’inverse d’une éducation, mais au contraire une incitation à faire des relations sexuelles en les croyant sans conséquence, alors que les conséquences sont nombreuses.

D’abord physiologiques (grossesse possible) car ces méthodes sont souvent mal utilisées par les jeunes. Utilisées trop tôt avant que l'appareil génital soit vraiment développé et fonctionnel, cela a des conséquences sur la santé. Et le condom féminin dont il est question ne peut pas être utilisé par des filles qui sont encore vierges. Et pour des jeunes filles déjà déviergées, il ne sera certainement pas utilisé dans de bonnes conditions.  Il s’agit là d’un moyen pour les femmes mariées, et si possible ayant déjà accouché au moins une fois. Que l'on ne mette pas sur le dos des élèves adolescents, qui ont déjà tant de difficulté à vivre leur sexualité, le poids et la responsabilité des adultes. Il y a des étapes dans la vie, et il faut savoir les respecter. 

Enseigner la santé reproductive aux élèves n’évitera pas non plus les IST et autres maladies sexuelles. Je rappelle le slogan utilisé pour le sida qui est également valable pour toute la vie sexuelle « abstinence, fidélité, sinon préservatif ». Le préservatif c’est seulement dans le cas de jeunes qui ne veulent pas garder l’abstinence. Et alors, il y a toutes les conséquences psychologiques causées par des relations sexuelles faites trop jeune, avant un engagement et un amour réel, entre des élèves qui ne sont pas prêts à assumer leurs responsabilités : déceptions amoureuses et surtout mauvaises habitudes. Un jeune qui commence à faire des relations sexuelles sans s’être engagé dans le mariage, comment sera-t-il capable de fidélité et de maîtrise sexuelle dans le mariage ensuite ? Il continuera à faire des relations sexuelles hors mariage dès qu’il y aura un problème. Et ne sera certainement pas capable de dialogue dans son couple, alors que c’est justement l’objectif proposé dans cet article.

Il est donc nécessaire d’offrir aux jeunes une véritable éducation sexuelle. L’article rappelle avec justesse que les premiers responsables de cette éducation ce sont les parents eux-mêmes. Et cette éducation doit être apportée non seulement aux élèves mais à tous les jeunes, scolarisés ou non. Pas seulement pour qu’ils soient en bonne santé (éviter les IST, les infections sexuellement transmissibles), mais aussi en bonne santé morale, capables de vivre une sexualité conforme à leur situation d’adolescent non marié, d’une manière épanouissante : leur apprendre à aimer en vivant une vraie mixité dans le respect mutuel pour pouvoir se connaître et s’enrichir mutuellement garçons et filles. C’est cela qui est la base d’un mariage et d’un avenir réussi, et d’une planification familiale heureuse. Une saine planification familiale ne peut pas se limiter à une simple utilisation de contraceptifs. Et la santé physique ne peut pas être vécue sans la santé morale.


Morale avec les enfants musulmans en élémentaire

Dans la plupart de nos écoles catholiques, nous organisons des cours d’instruction religieuse pour les élèves chrétiens (qu’il faut bien distinguer de la catéchèse paroissiale, préparant aux sacrements), avec un programme établi.

Au collège Notre Dame du Cap Vert, un programme a été fait pour les cours de Morale des élèves musulmans du collège. Mais il n’y avait rien pour les élèves musulmans de l’élémentaire.

Nous avons commencé par projeter des films en DVD sur la Création et les prophètes de l’Ancien Testament, communs aux chrétiens et aux musulmans.

Mais il nous a semblé important aussi de proposer quelque chose aux enfants de l’élémentaire, afin de faire vivre les mêmes valeurs aux élèves chrétiens et musulmans, pour une compréhension et une action communes, sans nous contenter de déclarations sur le dialogue chrétiens-musulmans. Pour cela, nous avons proposé 3 thèmes importants dans l’Eglise cette année, qui sont déjà annoncés aux enfants chrétiens, en proposant aux enfants musulmans de les vivre eux-aussi : La miséricorde (en lien avec l’année de la Miséricorde), le respect de la Création (comme mise en pratique de la lettre du pape François : « Loué sois-tu »), et la paix (à partir de son message du 1° janvier 2016)

Ce que l’on cherche, en reprenant ces thèmes qui sont utilisés dans l’Eglise catholique cette année, ce n’est pas convertir les enfants musulmans au catholicisme, mais d’aider tous les élèves chrétiens et musulmans à vivre ensemble les mêmes valeurs. C’est cela qui nous permettra de nous comprendre, de nous respecter dans nos différences et de travailler ensemble.

Nous proposons donc quelques passages des documents du Pape François sur lesquels on pourra s’appuyer. En effet, la plupart du temps, le pape s’adresse à tous les hommes. Et son document « Loué sois-tu ! » par exemple a été accueilli par beaucoup de non chrétiens, et a eu une influence certaine sur la rencontre COP 21 des nations Unies à Paris.

On ne reprendra pas toute le document et on laissera les aspects trop directement chrétiens. Et bien sûr il faudra s’adresser en termes simples adaptés aux enfants et utiliser les moyens d’animation à notre disposition, comme un bon éducateur pédagogue peut le faire.

L’important ce n’est pas de faire un cours théorique, mais d’aider les enfants à vivre des valeurs. Et pour cela, que les enfants participent à la réflexion, qu’ils donnent des idées, et qu’ils décident eux-mêmes des actions qu’ils veulent mener, qu’on pourra évaluer par la suite.


Voici la démarche que nous proposons :

  1. Explication du thème

  2. Résumer le document en termes simples et d’une façon active.

  3. Dégager les idées principales, en les écrivant au tableau

On met ensuite les enfants en petits groupes, chaque groupe répondant à l’une de ces questions

Ensuite chaque groupe donne ses réponses devant tout le monde. On peut les visualiser et les mettre au tableau. On utilisera le plus possible les images.

Cette activité peut se faire en plusieurs séances.

Pour les élèves les plus grands, on pourra leur demander de recopier ce qui a été écrit au tableau. Ils pourront ensuite le montrer à leurs parents et à leurs camarades du quartier

A chaque fois, on veillera à donner une base religieuse au thème présenté, pour appuyer la morale proposée, sur la foi et la Parole de Dieu. On demandera donc aux enfants : qu’est-ce qu’on vous a dit sur ce thème (la miséricorde, la paix, l’environnement etc.) dans votre religion ? Qu’est-ce que vos parents et vos chefs religieux vous ont enseigné ? On pourra aussi leur demander de faire une enquête sur ce thème en interrogeant les parents et les croyants autour d’eux, et ils apporteront leurs réponses la fois suivante. Ce sera d’ailleurs une occasion de tenir les parents et les autres croyants musulmans, au courant de notre réflexion. On pourra d’abord en parler au bureau des parents d’élèves, pour qu’ils ne se demandent pas dans quel but nous faisons cette réflexion. On pourra aussi inviter un/e croyant/e musulman/e à venir parler sur ce thème, et donner son témoignage

Activités :

Après l’exposé, on demande aux enfants de faire, par petits groupes, un dessin sur le thème. A un autre groupe, d’écrire un texte (poème). A un autre faire un petit théâtre. A un autre de composer un chant, ou de mettre des paroles du thème sur un air connu etc.

Regarder un film (DVD)

Mise en pratique

On demandera aux enfants de mettre en pratique ce qu’ils ont dit, et à la séance suivante on leur demandera ce qu’ils ont commencé à faire.

En parler en famille et avec les camarades dans le quartier

Faire une enquête sur qu’ils voient autour d’eux, et la présenter sous forme d’émissions à la télévision