Armel Duteil
  • Mardi 2 novembre: Quelques nouvelles 2-11-2021
    Nous restons attentifs à ce qui se passe dans le monde, en particulier la COP 26 contre le réchauffement de la terre et les changements du climat à Glasgow.
    Au Sénégal, on a découvert beaucoup de gaz et de pétrole. La société civile s'engage pour que ces ressources profitent vraiment à la population et ne soient pas détournées par la corruption.
    Pour exercer leurs activités, les sociétés minières et autres sociétés de "développement" font expulser les habitants des villages qui perdent leurs terrains de culture. L'argent qu'on leur donne en compensation ne leur fournit pas un moyen de vivre à long terme.
    Les gros chalutiers et autres navires étrangers s'approchent illégalement de la côte la nuit et vident les fonds marins. Les pêcheurs sénégalais qui n'ont que des pirogues pêchent de moins en moins. Non seulement ils ne gagnent plus leur vie mais les femmes qui travaillent à la transformation des poissons (séchage, fumage...) et de nombreuses autres personnes se retrouvent sans emploi et dans la pauvreté et la sous-alimentation. Car le poisson est la source principale de protéines pour l'alimentation, la viande coûte trop cher. Des organisations luttent pour que le poisson pêché ne soit pas transformé en farine ou en huile pour nourrir les animaux dans les pays occidentaux et en Chine, mais restent à la disposition des populations.
    Voilà certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés, au milieu de beaucoup d'autres. Nous cherchons à agir pour le mieux, tout en restant positifs et en gardant confiance et espérance.
    Pour aujourd'hui, plusieurs réflexions pour rester dans l'esprit de la Toussaint. Bonne semaine à tous et bon courage pour la reprise après les vacances...ou au moins le week-end au Sénégal

    Amicalement.

  • Lundi 24 mai: Merci beaucoup
    pour vos messages remplis comme toujours de votre amitié. Ca fait du bien. Plusieurs d’entre vous m’ont demandé comment nous avons passé les fêtes de Pentecôte.
    Dimanche matin, comme chaque dimanche, j’ai célébré la Pentecôte avec la communauté anglophone de Ouakam. Les autres confrères étaient chacun dans leur paroisse ou communauté. Mais l'après-midi, nous nous sommes retrouvés avec nos collaborateurs et amis et avec les jeunes spiritains en formation à notre maison provinciale de Fann pour célébrer l'Esprit Saint et ce qu'il fait en nous, autour de nous et aussi par nous.
    L'Esprit de Pentecôte, j'ai cherché à le partager spécialement pendant ces 9 jours précédents de neuvaine par les commentaires d'évangile de chaque jour à la radio, une émission de télévision et les contacts quotidienvais sur internet, Facebook et WhatsApp, avec de nombreux échanges enrichissants
    La Pentecôte, j'avais déjà commencé à la célébrer, mardi avec les postulantes des spiritaines à Ouakam en travaillant l'encyclique de François : tous frères (Fratelli tutti) et en voyant comment nous vivons la fraternité dans nos différents engagements ;
    Mercredi, avec les jeunes filles musulmanes et chrétiennes d’un centre social, en partageant comment nous avons vécu la Korité (Aïd el Kébir, fin du Ramadan) et l'Ascension qui tombaient le même jour et que nous avions préparées ensemble la semaine précédente
    Jeudi, à la rencontre de préparation au mariage de 59 couples (plus nombreux encore que d'habitude car le covid a freiné ces formations pendant plus d'une année)
    Vendredi, j'étais à la rencontre du Saint Esprit dans les malades toute la journée à l'hôpital de Fann, ensemble avec les visiteurs de l'aumônerie.
    Samedi, les baptêmes, 1° communions et confirmations des étudiants à la paroisse universitaire saint Dominique.
    Dans tout cela, c'est la Pentecôte qui se continue aujourd'hui. C'est une grande joie, et je la confie à votre amitié et à votre prière, comme moi-même je remercie l'Esprit saint pour ce qu'il vous donne de vivre, même si c'est parfois dans la solitude, la souffrance ou la tristesse. Et pour tous les gestes de partage et d'amitié que vous avez la grâce de vivre..
    Je vous laisse dans la confiance en l'Esprit saint et l'espérance de la Pentecôte, pour un monde meilleur, malgré tout ce qui s'y passe.

  • Dimanche 4 avril: 4-4-2021 : Nouvelles
    Le calme est revenu au Sénégal, mais les tensions persistent entre la majorité au pouvoir et l’opposition, en particulier au sujet des élections municipales reportées pour la 3° fois depuis 2.019. La violence causée en particulier par le manque de travail et d’avenir et la pauvreté spécialement chez les jeunes est sous-jacente. L’avenir reste incertain.
    Plusieurs d’entre vous m’ont demandé quelles sont mes activités en cette période de Covid-19.
    Je ne peux malheureusement plus entrer dans les différentes prisons, qui sont fermées et isolées à cause de la pandémie, et cela me fait très mal. J'ai vraiment pitié des prisonniers enfermés et abandonnés. Nous avons réussi à leur envoyer au moins de l'argent et de la nourriture en passant par les assistants sociaux des prisons, mais nous ne pouvons pas les rencontrer même individuellement en "séances d'écoute" pour voir avec eux leurs nombreux problèmes. Espérons que les choses vont s'arranger.
    Je continue mes autres activités puisque ma santé se maintient, malgré des petits ennuis dus à l’âge en particulier. J’ai reçu ma première dose de vaccin, j’attends la 2° pour juin, et je prends régulièrement mes médicaments pour le cœur, mon engagement d’aumônier à l’hôpital m’offrant des facilités pour un suivi médical.
    Voici à titre d’exemple mon programme de la semaine passée pour vous donner une idée de mes activités :
    Mercredi 24-3 : Formation comme chaque semaine dans un centre Social de jeunes filles le matin
    2 émissions de Carême dans 2 télévisions l’après midi
    Jeudi 25-3 : Rencontre sur les droits humains
    Vendredi 26-3 : Enterrement puis messe et visite des malades à l’hôpital comme chaque vendredi
    Samedi 27 : Vidéo-télévision sur Justice et Paix auprès de l’Union Africaine
    Dimanche 28 : messe et réunion avec la communauté anglophone
    Lundi 29 : Formation comme chaque semaine au postulat des sœurs missionnaires spiritaines
    Mardi 30 : enterrement à l’hôpital
    Mercredi 31 : différentes rencontres à l’occasion de mon 81° anniversaire
    Puis les prières, préparations spirituelles, confessions et célébrations de la semaine sainte.
    Chaque jour, des temps de prière personnelle et en communauté.
    Chaque matin et chaque nuit, envoi de documents et échanges sur Facebook et WhatsApp
    Et pendant tout le carême à la radio, en plus de mes commentaires d’Evangile de chaque matin, une heure de méditations sur le Carême chaque soir.
    Sans compter les nombreuses rencontres et accueil pour des tas de raisons diverses, à la maison et au dehors.
    Je confie tout cela à votre amitié et à vos prières.

  • Vendredi 12 mars: 

    Émeutes et casse à Dakar :


    Merci pour tes encouragements mais ne vous inquiétez pas. On est tranquille au milieu de tout cela : nous ne sommes pas visés. Nous savons comment nous débrouiller et nous prenons nos précautions….comme pour la Covid 19.


    Essai d’explication


    Emeutes et casse à Dakar suite à des tensions politiques :Le problème a commencé par une accusation de viol avec menace de mort contre le chef de l'opposition Ousmane Sonko par une jeune masseuse d'un salon de beauté.  Sonko dont on a levé l'immunité parlementaire a d'abord refusé de se présenter au tribunal, en accusant le président de la république de fausse accusation pour l'éliminer politiquement. Il a finalement accepté de s'y rendre, mais accompagné d'un très grand cortège et en appelant ses partisans à la résistance. Un certain nombre de ceux-ci ont été arrêtés, ce qui a déclenché des émeutes, avec de nombreux pillages. Ces révoltes imprévues ont causé un vrai choc et entrainé un grand désarroi dans le pays, mais aussi tout un lot de revendications.


    A la base, il y a que le gouvernement, à côté d'actions sociales et de développement, devient de plus en plus autoritaire. Et le président est accusé de placer ses parents et de favoriser les gens de son ethnie et ses amis. On lui reproche aussi des constructions de prestige qui coûtent très cher au pays, au détriment des plus pauvres. Et sans lutter contre la corruption. Les inégalités sociales augmentent dans le pays.


    Derrière tout cela, il y a le problème de la pauvreté et du chômage, surtout chez les jeunes, qui s'est encore aggravé avec la pandémie de la Covid19 et toutes les restrictions qu'elle a amenées. Et la jeunesse sénégalaise a soif de justice, de liberté, d’emploi, de formation et de projets d’avenir ! Près de 60 % de la population a moins de 20 ans. Chaque année de nombreux nouveaux demandeurs d’emplois entre 15 et 34 ans arrivent sur le marché du travail. Le taux de chômage global, estimé à 49 % selon l’Agence pour le niveau national, grimpe à 61 % pour les moins de 30 ans. Et le gouvernement n’a pas réussi à faire les réformes économiques, sociales et institutionnelles nécessaires, malgré les nombreuses déclarations et organisations mises en place et financées pour cela. Il n’a pas organisé non plus une éducation adaptée aux besoins du pays ni une véritable politique d’insertion sociale et de formation professionnelle.


    Au cours de ces évènements, des sociétés françaises ont été attaquées, pillées et cassées : Auchan, Total, Orange…Signe du sentiment de la population, spécialement des jeunes, que ces sociétés viennent s’enrichir et exploiter le pays et qu’elles continuent un certain néocolonialisme économique.


    Finalement, Ousmane Sonko a été présenté au juge. Pour éviter de nouvelles révoltes de la part de ses nombreux partisans, il a été inculpé et mis sous surveillance judiciaire mais sans être emprisonné. De nombreux appels au calme ont été faits par le président de la république, l’opposition, la société civile et les responsables religieux musulmans et chrétiens. Le couvre-feu a été reporté de 21 heures à 24 heures pour permettre aux nombreux travailleurs du secteur informel de pouvoir reprendre leurs activités de nuit pour gagner un minimum d’argent et nourrir leurs familles. Les écoles et les universités sont fermées pour une semaine pour limiter la participation des élèves et étudiants aux manifestations. Les partis d’opposition avec un certain nombre d’organisations de la société civile se sont organisés en Mouvement de Défense de la Démocratie (M2D) et ont fait des propositions de changement dans l’organisation et la marche du pays. Jeudi a été proclamé jour de deuil national en hommage aux 11 jeunes tués au cours de ces événements par le président de la république. Mais le M2D ne désarme pas et a prévu une nouvelle marche le samedi 13 mars, bien que les marches soient interdites, en particulier à cause du danger de Covid 19 par les autorités. L’avenir reste donc incertain.


    Message de la commission Justice et Paix des religieux du Sénégal


    Nous avons entendu l'appel de nos évêques sur la situation du pays : violences, manque de vérité, manque de sens moral et civique. Il nous faut faire quelque chose par rapport à tout cela.


    1-Nous-mêmes : Prier pour le retour de la paix dans le paysOrganiser des veillées de prières publiques en paroisse.Chacun a le droit d'avoir son opinion, mais ne pas nous laisser entraîner par la passion et nos sentiments, garder raison et ne pas raconter ce qui se dit autour de nous sans vraie preuve sûre et bien établie


    Nous informer de la situation et des problèmes du pays. En parler avec des gens compétents. Chercher plusieurs sources d’informations différentesVivre davantage en paix avec ceux qui nous entourent : sinon nous ne pouvons pas demander aux autres de laisser la violence


    Voir les injustices et les inégalités contre lesquelles nous pouvons agir. C'est la cause profonde de nos problèmes actuels


    Aider les chômeurs et personnes ayant perdu leur travail dans la mesure de nos possibilités


    Demander aux paroisses de recueillir des fonds et aux Caritas de lancer des petites activités économiques.


    NB.Il faut dénoncer ce qui n'est pas juste : par exemple la restriction des libertés comme empêcher des manifestations vraiment pacifiques, garantir la liberté d'expression, veiller à des jugements impartiaux, sans manipulation ni achat des consciences, lutter contre la corruption et le favoritisme,… Et aussi travailler à l’égalité de tous, respecter la dignité de chacun, soutenir les pauvres dans leurs actions et les faibles dans leurs difficultés…


    2-Avec les jeunes, spécialement ceux de nos mouvements et amicales de CEB, nos écoles et centres sociaux, et dans nos maisons de formation


    D’abord les accueillir, les respecter et les écouter


    Leur demander de nous parler de leur problèmes et de leur vie, de ce qu’ils verulent faire et de ce qu’ils veulent devenir.


    Et seulement ensuite : Leur demander d'arrêter les violences même verbales


    Ne pas répéter les affirmations sans preuves qui se disent autour d'eux


    En parler avec le maximum de jeunes autour d'eux


    S'occuper et faire ce qu'ils peuvent en famille et dans le quartier, s'ils n'ont pas de travail ou d'études à faire.


    NB Ce ne sont que quelques propositions d'actions. Voyez les autres choses que vous pouvez faire personnellement et en communauté.


    Merci de nous envoyer un petit compte-rendu de ce que vous aurez pu faire. Tout est important, il n'y a pas de petite action : Ce sont les petits ruisseaux qui font de grandes rivières. Et les petits termites en se mettant ensemble construisent des grandes termitières.


    Un appel dans les Médias :


    Sénégal : où sont notre hospitalité, notre sens du dialogue et nos pratiques de réconciliation traditionnels ?


    Celui qui prend l'épée mourra par l'épée. Arrêtons la violence.


    La violence n’est pas une solution


    Le vol, le pillage et la casse non plus


    La violence n'est pas une solution.


    Mais, elle révèle qu'il y a des injustices, des souffrances et des manques de vérité.


    Faisons tout pour que la justice, la vérité et la liberté règnent.


    Luttons contre la pauvreté et le chômage.


    Arrêtons d'accuser les gens des autres opinions que nous, sans preuves, simplement à partir de nos sentiments et de nos idées préconçues.


    Et que la justice fasse son travail d'une manière libre, indépendante et responsable. Ne laissons pas passer l'occasion !


    La jeunesse sénégalaise a soif de justice, de liberté, d’emploi, de formation et de perspectives d’avenir 

  • Vendredi 19 février: Ici, la Covid se répand moins qu'en Europe, mais le taux de morbidité est plus élevé que la moyenne mondiale ; on arrive à faire face pour le moment, mais dans notre communauté nous avons un malade et 3 cas positifs.
    Pour moi, j'ai eu la réponse du test que je viens de faire : je suis négatif.
    Heureusement, car je continue un certain nombre d'activités en particulier à l'hôpital, dans les centres sociaux, les paroisses, la communauté anglophone en particulier, et les quartiers.
    La population respecte de plus en plus les précautions à prendre et les gestes barrières, et se défend comme elle peut : certain en niant la maladie, d'autres par l'humour. Le coronavirus est devenu : "ce connard de virus ".
    La grosse question est bien sûr celle des vaccins. Et de leur acceptation par la population.
    En attendant les vaccins promis par l'OMS, le Sénégal a reçu 200.000 doses de la Chine, mais on ne sait pas s'il s'agit d'un don ou d'une vente (2 milliards CFA), beaucoup plus cher que les autres vaccins !
    De toutes façons, le pays s'est beaucoup endetté, et cela rend très inquiet pour l'avenir. Car il faudra bien rembourser tout cela.
    Et cela n'empêche pas ceux qui font des petits métiers et ceux qui travaillent dans le secteur informel de devenir encore plus faibles et plus pauvres.
    Le couvre-feu et un certain nombre de restrictions viennent d'être prolongés d'un mois.
    Les gestes barrières (masques, lavage des mains, distance physique) sont surveillés par la police et la gendarmerie. Le nombre de personnes dans les moyens de transport et dans les lieux de rassemblements (marchés, magasins...) sont limités.
    Mais les résultats sont discutables, et discutés.
    Bonne continuation et à bientôt.
    Bon Carême à vous et à ceux qui s'y sont engagés. Je pense bien à vous

  • Samedi 16 janvier: Prisons :
    Nous espérions l'ouverture prochaine des prisons, et reprendre les messes, les séances d'écoute et le soutien des détenus. Mais avec la 2° crise du coronavirus, nous ne pouvons toujours pas entrer dans les prisons depuis mars 2020. Même les familles ne sont pas autorisées. Ils peuvent apporter de la nourriture à la porte, mais seulement les samedis et dimanches pour éviter la contagion
    Et les détenus ont toujours les mêmes problèmes : des mois et des années avant d'être jugés, des avocats qui les abandonnent après avoir touché leur argent ou les trompent, des conditions de vie désastreuses dans une promiscuité totale et une vie sociale en prison cahotique, des difficultés à la sortie, pour se ré-insérer dans la société et trouver du travail.
    Chaque année, dans notre plan d'action nous prévoyons de prendre contact et de travailler avec l'Observatoire des prisons, des juges et des avocats pour réfléchir à ces problèmes et trouver des solutions.
    C'est absolument essentiel. Mais j'ai l'impression que nous le reportons d'une année sur l'autre sans le faire.
    Est-ce que cette année nous allons enfin nous y mettre ?
    Pour aller plus loin, nous voulons lancer 2 groupes de réflexion sur les prisons : 
    Un avec des juges sur les lois actuelles en particulier la criminalisation de l'avortement, de la drogue (y compris le yamba : canabis), du viol, de l'homosexualité. Et aussi sur la durée de l'emprisonnement préventif avant tout jugement, et sur les longues peines, etc....
    Un autre groupe avec des avocats sur le comportement et la recherche de l'argent de certains et leur manque d'engagement, la recherche d'avocats pour prendre en charge gratuitement un dossier, etc...
    Emploi des jeunes : encore une nouvelle structure !
    Distribuer de l'argent ne sert à rien. Ce qu'il faut c'est éduquer et former les jeunes, les conscientiser et les motiver par une véritable formation civique qui leur fasse aimer leur pays et pour qu'ils cherchent à travailler sur place au lieu de partir clandestinement en Europe par la mer ou le désert avec tous les risques que cela comporte. Et ensuite les accompagner dans leurs efforts. Pour cela conscientiser aussi les parents, les responsables de mouvements et d'associations de jeunes et les enseignants.
    Cadeaux :
    remise de cadeaux, le jeudi 30 décembre dernier, dans les locaux de la radio FEM FM à Dakar.
    "Un moment de communion avec les enfants." Mais quoi après ? Toujours des cadeaux et de la mendicité et presque rien pour la formation et les moyens pour s'en sortir. Quand allons-nous changer de mentalité ?
    Diplome :
    Diary Sow une étudiante sénégalaise brillante a disparu en France.
    ‘’Elle a pu se retrouver désarmée durant cette deuxième année de prépa, se retrouver confrontée avec son titre de meilleure élève du Sénégal devant des gens meilleurs qu’elle. Et ça n’aide pas qu’on continue à lui coller cette étiquette. Toute cette pression peut contribuer à lui faire perdre confiance’’
    Arrêtons de mettre la pression sur les jeunes pour satisfaire leurs désirs ou ceux de leurs parents. Laissons-les vivre leur vie dans la paix et préparer leur avenir dans le calme et la confiance. Aidons-les à découvrir leur vocation personnelle et à la mettre en pratique tranquillement. La valeur d’une personne, ce n’est pas ses diplômes, mais ses qualités, sa foi et la valeur de ce qu’elle vit, personnellement et avec les autres. Arrêtons de parler d’écoles d’excellence. Arrêtons le système des notes en classe où on apprend à dépasser les autres et l’individualisme. Apprenons aux élèves à travailler ensemble. Vivons en communauté.
    Gestes barrières :
    Plus important que le couvre-feu c'est d'arrêter les magals (grandes fêtes et manifestations) et les grands rassemblements aux baptêmes et mariages, et surtout aux enterrements. Et aussi garder la distance sociale dans les transports. Mais le couvre-feu oblige tout le monde à rentrer en même temps : cela regroupe les gens et augmente les contacts qui transmettent la maladie.
    Les gens ont besoin de travailler pour gagner leur vie, même la nuit, spécialement pour les petits métiers. Respectons les gestes barrières de jour comme de nuit.
    COVID 19 :
    Selon les Nations unies, environ 30 millions des habitants du Sahel en Afrique, soit 9 % de la population, ont basculé cette année dans la pauvreté, en raison des fermetures de frontières et de la diminution de l’activité.
    Et ce, alors que la moitié de la population vit déjà dans le dénuement. Quelque 24 millions de Sahéliens ont besoin d’aide humanitaire et de protection. C’est un million de plus qu’en 2019. Il ne faut pas se voiler la face?: une régression est possible en matière de développement, en particulier dans l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD).
    Réflexion-action au sujet de la pendémie de coronavirus
    (Réponses d’un groupe de religieux du scolasticat piariste de NDA-Dakar)
    Quelle conversion et transformation de notre vie et de notre société cela nous demande-t-il ?
    Quelles leçons en tirer ?
    au niveau personnel
    Nous devons adopter une attitude éthique et morale, pour garder la vie humaine. Continuer à être respectueux des normes de sécurité (nous avons perdu de nos membres et des familiers ; la Covid 19 continue à être présente).
    Nous devons faire une attention particulière à la nature, une plus grande protection. Revoir notre manière de faire envers elle.
    Sensibiliser tous ceux qui sont en contact avec nous pour qu’ils respectent aussi les normes et les soins de prévention.
    Etudier la psychologie actuelle pour mieux comprendre les effets du virus sur les enfants, les jeunes, les adultes et les vieux.
    Nous devrons toujours être bien informés sur la réalité ; ne jamais vivre « hors terre », ou tournant le dos aux souffrances humaines, et aux besoins de ceux qui nous sont proches, ainsi que de ceux qui sont loin.
    Apprendre à vivre davantage au jour le jour, comme les pauvres, ouverts à la surprise, à l’imprévu de Dieu, dans la confiance en sa Providence, sans aucune peur de l’avenir.
    Faire une nouvelle conversion vers les plus petits et les plus pauvres. Ceci signifie, au niveau économique, réduire davantage notre train de vie ; donner, mais pas seulement du superflu.
    au niveau de nos communautés religieuses
    Comme dans le cas antérieur, être bien informés sur les besoins de tous ceux qui nous entourent, de notre société, de notre pays, de notre planète.
    Maintenir une prière personnelle et en communauté plus accentuée, surtout en solidarité de compassion avec ceux qui souffrent.
    Réfléchir ensemble comme à présent sur la signification pour notre vie chrétienne de cette pandémie et trouver la réponse adéquate, attentifs à la voix de l’Esprit. Que nous dit la Parole de Dieu dans la situation actuelle.
    Renoncer à un train de vie « normal » pour goûter un train de vie plus austère, plus proche des gens simples de notre société.
    Faire de nouveaux projets de sensibilisation et d’aide, pas tout seuls mais avec les autres groupes de notre société, religieux ou laïcs, chrétiens et non chrétiens. Sans engagement en des actions concrètes en faveur des nécessiteux, il n’y aura pas de foi vraiment chrétienne. Engagement aussi dans les groupes, mouvements, etc.
    Une attention plus particulière aux plus démunis. Avancer ensemble avec les autres car la réalité de l’union, de la totalité, doit être beaucoup plus forte.
    au niveau des différentes structures de nos paroisses et de l’Église
    Si l’Église doit être proche des hommes et des femmes de notre temps, elle devra surtout être proche des pauvres et des petits. En conséquence, il se peut que nous entrions dans une période d’une plus grande austérité. Ensemble avec les petits et les pauvres cheminer avec eux vers un monde plus humain, plus égal, plus fraternel.
    Si l’État n’est pas prêt à une santé publique pour tous, peut-être créer des Mutuelles de Santé pour les plus petits.
    au niveau de la société : 
    économique, c’est le moment d’unifier toutes les voix de la terre pour demander exiger que tous les budgets destinés à l’arment soient investis en santé publique et éducation. Et que le glorieux corps militaire soit destiné à des actions de volontariat social.
    social, faire de sorte que les salaires deviennent plus homogènes : que les riches gagnent moins (à travers des impôts ou en se fixant des salaires « normaux ») ; qu’il n’y ait pas de grands salaires pour les footballeurs, ni pour les banquiers, les ministres, etc. Que l’Église devienne plus pauvre en son patrimoine, au service des plus nécessiteux. Que les prêtres et les religieux renoncent à des salaires venant de l’État ou de l’évêché par leur condition de prêtres ou religieux, mais qu’ils gagnent un salaire simple par leur travail ; faire un salaire minimal global pour tous ceux qui sont pauvres, mais en leur donnant en même temps l’occasion d’un travail digne, si petit soit-il ; limiter le prix des locations et éliminer la spéculation dans la construction d’habitat. Elaborer une politique bien engagée, dans laquelle tout le monde participe, et d’attention à l’environnement, à notre mère Terre. Éviter la vente de la terre « aux grands » et augmenter le nombre des agriculteurs en leur facilitant le nécessaire (eau, engrais…)
    la santé : augmenter les budgets ; augmenter aussi le personnel (qualifié ; et l’auxiliaire, moins qualifié, le recruter parmi les sans travail, parmi les pauvres…)
    l'éducation : comme pour la santé : budget et personnel.
    Faire que le numérique arrive à tous et faire une bonne formation dans son utilisation.
    Eliminer de l’éducation toute sorte de peur et de crainte pour redonner la joie et la confiance.
    Favoriser la collectivité, la socialisation des enfants, la solidarité entre élèves, le travail pour le bien commun, les valeurs humaines
    pour une meilleure collaboration entre les différentes religions : inventer et réaliser des projets communs, des actions sociales à partager.



  • Samedi 9 janvier: Voici quelques nouvelles du Sénégal. Avec la venue de l’hiver et du mauvais temps, on ne parle plus autant des migrants clandestins qui partent en pirogue surchargée vers les iles Canaries et l’Europe. Mais le problème reste : il s’agit de donner aux jeunes un sens civique et un amour de la patrie qui les poussent à rester au pays et à participer à son développement. Mais en même temps, de leur assurer une formation et leur donner les moyens pour lancer une activité qui les fasse vivre. Il nous faut agir aussi auprès des émigrés, pour qu’ils disent la vérité sur la réalité qu’ils vivent et les problèmes qu’ils rencontrent en Europe, et ne pas donner des faux espoirs. Et agir aussi auprès des parents pour qu’ils ne poussent pas leurs enfants à partir, pour leur envoyer ensuite de quoi nourrir la famille. Tout cela n’est pas facile, et demande un travail en profondeur et de longue durée.
    La Covid19 est bien présente parmi nous, même si le nombre de décès est plus limité qu’en Europe. Pour une fois, les pays les plus fragiles souffrent moins que les pays développés. Mais quand même d’une centaine en novembre on est arrivé actuellement à 450. Il semble que le coronavirus n’aime pas la chaleur, mais qu’avec l’arrivée de la saison fraîche, il devient plus agressif. Il faut reconnaître aussi qu’un laisser-aller s’est mis en place peu à peu. Le gens n’ont plus pris leurs précautions et ont abandonné les gestes barrières. On a arrêté de limiter le nombre de passagers dans les transports publics, et de respecter la distanciation entre les personnes. De plus, les grandes rencontres et manifestations religieuses, et les activités sociales comme les baptêmes, mariages et enterrements sont très importants et très suivis. Cela a multiplié les contacts et la transmission du virus. Surtout que beaucoup ne portaient pas de masque.
    Le gouvernement a donc rétabli le couvre-feu de 21 h à 5 h dans les régions les plus touchées : Dakar et Thiès. Mais cela non plus n’est pas simple. En effet les gens ont besoin de travailler même la nuit pour gagner leur vie et nourrir leur famille, car la plupart se débrouillent en exerçant des petits métiers dans le secteur informel. D’ailleurs le virus se répand aussi bien pendant la journée que la nuit. Voici un message qui par exemple est passé sur Facebook : « Plus important que le couvre-feu c'est d'arrêter les magals (grandes célébrations religieuses) et les grands rassemblements aux baptêmes et mariages, et surtout aux enterrements. Et aussi garder la distance sociale dans les transports. Mais le couvre-feu oblige tout le monde à rentrer en même temps : cela regroupe les gens et augmente les contacts qui transmettent la maladie. Les gens ont besoin de travailler pour gagner leur vie, même la nuit, spécialement pour les petits métiers. Respections les gestes barrières de jour comme de nuit ». Les choses avancent peu à peu. Ainsi la confrérie musulmane mouride, l’une des deux plus importantes du Sénégal a décidé de supprimer les magals prévus pour les mois qui viennent, ce qui est un changement d’attitude complet et positif.
    En attendant, c’est la course aux vaccins. L’OMS a mis en place une répartition des vaccins accessibles à tous les pays, le Covax. Mais les pays les plus riches cherchent plutôt à acheter directement et seulement pour eux-mêmes des vaccins auprès des grands laboratoires, car ils en ont les moyens. Le Sénégal n’échappe pas à cela et en plus du Covax cherche à trouver ses propres vaccins. Il n’y a plus de solidarité internationale. Cela risque de devenir la loi de la jungle.
    Des manifestations et même des émeutes ont eu lieu au moment du lancement du couvre-feu. C’est un signe de révolte des jeunes devant leur pauvreté et l’inefficacité des mesures prises, et le sentiment de leur manque d’avenir et du manque d’écoute de leurs vrais problèmes. En réponse à cela, le gouvernement a envoyé les militaires pour aider les policiers. Cela est d’autant plus inquiétant que le président veut faire passer une loi lui permettant de prolonger lui-même ou ses ministres le couvre-feu et l’état d’urgence, sans demander l’autorisation du parlement, en cas de problème de santé ou de catastrophe naturelle. Alors que nous vivons déjà dans un régime présidentiel où le pouvoir est très autoritaire, ce qui fait craindre des dérives et des atteintes à la liberté.
    Une autre question très contestée actuellement, est celle de l’éducation sexuelle des élèves dans les écoles. L’UNESCO a voulu introduire un programme sur le genre. Cela a été complètement refusé et a amené de nombreuses contestations non seulement de la part des responsables religieux, mais aussi des parents et des enseignants, des ONG, des syndicats et même des partis politiques. Cela est vu comme une intrusion par la force des pays occidentaux et de l’ONU dans la vie et les convictions des populations et une atteinte grave aux valeurs de la société sénégalaise (voir la pièce jointe).
    Autre sujet à débat le financement des partis politiques. Il est interdit de chercher des fonds auprès des personnes ou organisations étrangères, pour éviter une main-mise sur la vie politique par des mouvements intégristes ou des sociétés internationales ayant de grands moyens, et voulant orienter les décisions du pays à leur profit. Mais d’un autre côté il est clair qu’il y a un grand déséquilibre et une inégalité sérieuse entre le parti au pouvoir qui utilise les moyens de l’état, et les autres partis qui ne peuvent compter que sur les cotisation limitées de leurs membres et qui en viennent jusqu’à manquer par exemple de carburant pour leurs déplacements au moment des élections. Au sujet des élections municipales, cela fait quatre ans qu’elles sont reportées. Et on accuse même le président de vouloir les bloquer jusqu’à la fin de son mandat, pour pouvoir profiter de sa majorité jusqu’au bout.
    Il faudrait parler de nombreuses autres questions. En particulier du problème foncier. De nombreuses sociétés étrangères mais aussi des sénégalais biens placés et fortunés viennent accaparer les terres dans les villages. Les parents ayant besoin d’argent pour faire vivre leur famille vendent ces terres, plus ou moins forcés. Leurs enfants n’ont plus de terrains à cultiver, ils partent en ville où beaucoup se retrouvent au chômage et se laissent entraîner dans la délinquance.
    C’est dans ce contexte que nous essayons de faire réfléchir, de former, d’agir et de faire agir dans nos commissions d’action sociale et de Justice, Paix et Respect de la Création des religieux du Sénégal. Pour moi, je continue d’aller visiter les malades à l’hôpital et d’intervenir dans les centres sociaux. Les prisons sont toujours fermées et interdites de visites à cause de la Covid19. J’ai reçu un don important pour les prisonniers au moment de Noel et j’ai pu leur en faire profiter en confiant ces dons à l’administration pénitentiaire, en espérant qu’ils sont bien arrivés aux destinataires (voir les autres pièces jointes à ce sujet).