Merci pour tes encouragements mais ne vous inquiétez pas. On est tranquille au milieu de tout cela : nous ne sommes pas visés. Nous savons comment nous débrouiller et nous prenons nos précautions….comme pour la Covid 19.
Emeutes et casse à Dakar suite à des tensions politiques :Le problème a commencé par une accusation de viol avec menace de mort contre le chef de l'opposition Ousmane Sonko par une jeune masseuse d'un salon de beauté. Sonko dont on a levé l'immunité parlementaire a d'abord refusé de se présenter au tribunal, en accusant le président de la république de fausse accusation pour l'éliminer politiquement. Il a finalement accepté de s'y rendre, mais accompagné d'un très grand cortège et en appelant ses partisans à la résistance. Un certain nombre de ceux-ci ont été arrêtés, ce qui a déclenché des émeutes, avec de nombreux pillages. Ces révoltes imprévues ont causé un vrai choc et entrainé un grand désarroi dans le pays, mais aussi tout un lot de revendications.
A la base, il y a que le gouvernement, à côté d'actions sociales et de développement, devient de plus en plus autoritaire. Et le président est accusé de placer ses parents et de favoriser les gens de son ethnie et ses amis. On lui reproche aussi des constructions de prestige qui coûtent très cher au pays, au détriment des plus pauvres. Et sans lutter contre la corruption. Les inégalités sociales augmentent dans le pays.
Derrière tout cela, il y a le problème de la pauvreté et du chômage, surtout chez les jeunes, qui s'est encore aggravé avec la pandémie de la Covid19 et toutes les restrictions qu'elle a amenées. Et la jeunesse sénégalaise a soif de justice, de liberté, d’emploi, de formation et de projets d’avenir ! Près de 60 % de la population a moins de 20 ans. Chaque année de nombreux nouveaux demandeurs d’emplois entre 15 et 34 ans arrivent sur le marché du travail. Le taux de chômage global, estimé à 49 % selon l’Agence pour le niveau national, grimpe à 61 % pour les moins de 30 ans. Et le gouvernement n’a pas réussi à faire les réformes économiques, sociales et institutionnelles nécessaires, malgré les nombreuses déclarations et organisations mises en place et financées pour cela. Il n’a pas organisé non plus une éducation adaptée aux besoins du pays ni une véritable politique d’insertion sociale et de formation professionnelle.
Au cours de ces évènements, des sociétés françaises ont été attaquées, pillées et cassées : Auchan, Total, Orange…Signe du sentiment de la population, spécialement des jeunes, que ces sociétés viennent s’enrichir et exploiter le pays et qu’elles continuent un certain néocolonialisme économique.
Finalement, Ousmane Sonko a été présenté au juge. Pour éviter de nouvelles révoltes de la part de ses nombreux partisans, il a été inculpé et mis sous surveillance judiciaire mais sans être emprisonné. De nombreux appels au calme ont été faits par le président de la république, l’opposition, la société civile et les responsables religieux musulmans et chrétiens. Le couvre-feu a été reporté de 21 heures à 24 heures pour permettre aux nombreux travailleurs du secteur informel de pouvoir reprendre leurs activités de nuit pour gagner un minimum d’argent et nourrir leurs familles. Les écoles et les universités sont fermées pour une semaine pour limiter la participation des élèves et étudiants aux manifestations. Les partis d’opposition avec un certain nombre d’organisations de la société civile se sont organisés en Mouvement de Défense de la Démocratie (M2D) et ont fait des propositions de changement dans l’organisation et la marche du pays. Jeudi a été proclamé jour de deuil national en hommage aux 11 jeunes tués au cours de ces événements par le président de la république. Mais le M2D ne désarme pas et a prévu une nouvelle marche le samedi 13 mars, bien que les marches soient interdites, en particulier à cause du danger de Covid 19 par les autorités. L’avenir reste donc incertain.
Nous avons entendu l'appel de nos évêques sur la situation du pays : violences, manque de vérité, manque de sens moral et civique. Il nous faut faire quelque chose par rapport à tout cela.
1-Nous-mêmes : Prier pour le retour de la paix dans le paysOrganiser des veillées de prières publiques en paroisse.Chacun a le droit d'avoir son opinion, mais ne pas nous laisser entraîner par la passion et nos sentiments, garder raison et ne pas raconter ce qui se dit autour de nous sans vraie preuve sûre et bien établie
Nous informer de la situation et des problèmes du pays. En parler avec des gens compétents. Chercher plusieurs sources d’informations différentesVivre davantage en paix avec ceux qui nous entourent : sinon nous ne pouvons pas demander aux autres de laisser la violence
Voir les injustices et les inégalités contre lesquelles nous pouvons agir. C'est la cause profonde de nos problèmes actuels
Aider les chômeurs et personnes ayant perdu leur travail dans la mesure de nos possibilités
Demander aux paroisses de recueillir des fonds et aux Caritas de lancer des petites activités économiques.
NB.Il faut dénoncer ce qui n'est pas juste : par exemple la restriction des libertés comme empêcher des manifestations vraiment pacifiques, garantir la liberté d'expression, veiller à des jugements impartiaux, sans manipulation ni achat des consciences, lutter contre la corruption et le favoritisme,… Et aussi travailler à l’égalité de tous, respecter la dignité de chacun, soutenir les pauvres dans leurs actions et les faibles dans leurs difficultés…
2-Avec les jeunes, spécialement ceux de nos mouvements et amicales de CEB, nos écoles et centres sociaux, et dans nos maisons de formation
D’abord les accueillir, les respecter et les écouter
Leur demander de nous parler de leur problèmes et de leur vie, de ce qu’ils verulent faire et de ce qu’ils veulent devenir.
Et seulement ensuite : Leur demander d'arrêter les violences même verbales
Ne pas répéter les affirmations sans preuves qui se disent autour d'eux
En parler avec le maximum de jeunes autour d'eux
S'occuper et faire ce qu'ils peuvent en famille et dans le quartier, s'ils n'ont pas de travail ou d'études à faire.
NB Ce ne sont que quelques propositions d'actions. Voyez les autres choses que vous pouvez faire personnellement et en communauté.
Merci de nous envoyer un petit compte-rendu de ce que vous aurez pu faire. Tout est important, il n'y a pas de petite action : Ce sont les petits ruisseaux qui font de grandes rivières. Et les petits termites en se mettant ensemble construisent des grandes termitières.
Sénégal : où sont notre hospitalité, notre sens du dialogue et nos pratiques de réconciliation traditionnels ?
Celui qui prend l'épée mourra par l'épée. Arrêtons la violence.
La violence n’est pas une solution
Le vol, le pillage et la casse non plus
La violence n'est pas une solution.
Mais, elle révèle qu'il y a des injustices, des souffrances et des manques de vérité.
Faisons tout pour que la justice, la vérité et la liberté règnent.
Luttons contre la pauvreté et le chômage.
Arrêtons d'accuser les gens des autres opinions que nous, sans preuves, simplement à partir de nos sentiments et de nos idées préconçues.
Et que la justice fasse son travail d'une manière libre, indépendante et responsable. Ne laissons pas passer l'occasion !
La jeunesse sénégalaise a soif de justice, de liberté, d’emploi, de formation et de perspectives d’avenir