Lundi 31 décembre : Nous terminons l’année dans la prière et la joie. Nous avons attendu minuit pour nous souhaiter une bonne année. C‘est ce que je vous souhaite à nouveau à tous.
Dimanche
30 décembre : Le matin,
messe dans une école de quartier. Nous ne sommes pas très
nombreux. Cela permet à chacun de s’exprimer sur
l’Evangile, y compris les enfants, en cette fête de la
Sainte Famille. Et c’est vrai qu’avec tous les
bouleversements actuels, la situation de la famille est
compliquée. Nous sommes pris entre deux cultures et surtout
aux prises avec la pauvreté et l’insécurité,
avec des tas de problèmes économiques et autres. C’est
important d’en parler ensemble pour trouver un chemin.
Je
reprends cette réflexion à la radio communautaire. Un
certain nombre d’auditeurs réagissent en direct par
téléphone, y compris un imam. J’aime cette
émission du dimanche où des gens de tous horizons
n’hésitent pas à intervenir.
Samedi
29 décembre : Nous nous retrouvons le matin à
la prison des hommes. Nous accueillons une étudiante qui va
venir nous aider le samedi. Les détenus sont heureux de la
connaître. Deux de nos étudiants qui ne sont pas partis
en vacances au loin viennent nous rejoindre : un Ghanéen
et un Congolais. Ils vont parler avec tous, et à la fin il
rencontrent leurs compatriotes. Comme chaque samedi, je leur donne
les nouvelles de mes activités et de l’extérieur.
Puis ils me donnent les nouvelles de la prison. Ensuite,
spontanément, plusieurs détenus nous présentent
leurs vœux pour 2013 auxquels nous répondons avec joie.
Nous appelons le régisseur, auquel les prisonniers adressent
leurs vœux également.
Un groupe de rappeurs est venu
les voir et chanter avec un certain nombre de messages. Bien sûr
il ne s’agit que de paroles et on ne les verra plus avant
l’année prochaine. Le problème, c’est de
passer des paroles aux actions et d’avoir des actions suivies.
Ce que nous essayons de faire. Mais c’est déjà
bien que les responsables des prisons aient accepté qu’ils
viennent parler d’une façon critique sur ce qui se
passe dans les prisons ! Le régisseur est revenu à
la fin de la rencontre, pour assurer les détenus de ses
efforts pour obtenir des réductions de peines, mais surtout
des grâces et amnisties. Il a aussi remercié la
communauté chrétienne des prisonniers pour son
témoignage et son action positive dans la prison. Cela nous
encourage !
De retour, je nettoie ma chambre. Elle en a
bien besoin
Le soir, rencontre à la grosse paroisse de
banlieue de PIKINE tenue par les spiritains. Ils fêtent le
50ème anniversaire de leur paroisse. Ils m’ont
demandé d’animer une réflexion sur « Comment
vivre notre foi, aujourd’hui, à Pikine ».
Mais j’ai beaucoup de peine à trouver une place
dans les transports publics. En effet, la plupart des cars sont
partis à Touba, la deuxième ville du pays au centre du
Sénégal. C’est le siège d’une
grande confrérie musulmane sénégalaise, les
mourides. Leur fondateur, Cheikh Amadou BAMBA avait été
exilé au Gabon, du temps de la colonisation. Ils fêtent
le 113ème anniversaire de son départ pour
l’exil. C’est l’occasion d’un très
grand rassemblement et de prières pendant plus d’une
semaine.
Notre rencontre sur la foi se passe très bien.
Les participants amènent un certain nombre de réponses
intéressantes. Je vous les enverrai bientôt. A la fin
de la rencontre, j’ai la joie de retrouver un camarade de
l’école primaire St Michel à Dakar. Nous nous
étions perdus de vue depuis 1951 !
Pour le retour la
nuit, après un repas fraternel, mon confrère me
ramène. Impossible de trouver un car.
Vendredi 28 décembre : Le matin, retour à la prison des femmes. Puis travail personnel : je peux lire des documents dont je voulais prendre connaissance depuis longtemps. Avant d’aller à la cérémonie de présentation des vœux au Cardinal, ce qui me permet de rencontrer des amis mais aussi de préciser certaines orientations de travail.
Jeudi 27 décembre : Le matin, réunion du CAEDHU, notre association d’éducation aux droits de l’homme. Après-midi, repos avant d’aller à la radio.
Mercredi 26 décembre : Aujourd’hui journée chargée, mais pleine de joie, dans les deux prisons, des hommes (matin) et des femmes (après-midi). Le matin, une chorale vient d’abord animer (c’est vraiment le mot !) la messe. Ils ont récupéré de l’argent à l’avance, si bien qu’ils peuvent nous offrir un repas, pas seulement aux 40 détenus chrétiens, mais aussi à 120 musulmans, car nous voulons que ce soit la fête pour tout le monde. La Chorale a également apporté des cadeaux ; pas des bonbons ni des chocolats, mais du savon, des brosses à dents et du dentifrice, ainsi que des habits. C’est de cela qu’ils ont besoin. C’est l’occasion aussi de les écouter exprimer leurs besoins et leurs souffrances, devant nous et devant les autorités de la prison qui ont tenu à assister à la fête et à partager notre repas : un plat unique, mangé à la main, par groupes de 7/8 autour d’un plat. Pas de hors d’œuvre ni de dessert : nous avons préféré garder le maximum d’argent pour les médicaments et les opérations. La Chorale continue d’animer la journée, à la grande joie des détenus. Je les quitte pour lancer la célébration de Noël à la prison des femmes. Elles sont moins nombreuses (70) et l’ambiance est beaucoup plus « féminine ». Les prières et remerciements sont dits en 4 langues différentes. La fête se prolonge jusqu’à la nuit…. Pour une fois, on fait une exception au règlement !
Mardi
25 décembre : Il faut me
lever de bonne heure, pour une messe dans un quartier, suivie d’une
nouvelle émission à la radio. Ensuite, je pars à
la prison des mineurs. Ils sont presque tous musulmans, mais
nous tenons à fêter Noël avec eux pour qu’ils
aient un peu de joie. D’ailleurs, ils connaissent bien Jésus :
on en parle souvent dans le Coran. Nous prenons un bon moment pour
parler de leur vie et de leurs problèmes. Ils sont environ
65. Ensuite, nous partageons un repas que les animatrices de
l’aumônerie ont préparé, grâce aux
dons des paroissiens. Ensuite, nous restons encore un bon moment à
chanter et à manger.
De retour à la maison, il me
reste à préparer une conférence sur l’Année
de la Foi (pour samedi) et la messe pour la Paix, du 1er
Janvier.
Lundi
24 décembre : Il y a toujours beaucoup de
choses à faire, mais je prends le temps d’aller
partager le repas avec la secrétaire de la Commission Justice
et Paix, dont c’est le premier anniversaire de mariage.
Elle a des problèmes de santé et j’essaye de
l’encourager le mieux possible. Nous nous retrouvons ensuite
avec toute la famille pour faire la fête. Cela me permet de
faire connaissance avec leurs parents et nous passons un bon moment
ensemble. Mais il me faut les laisser pour préparer les
cérémonies de Noël, et aussi le départ de
nos étudiants. En effet, ils vont aller passer des vacances
dans des famille pour découvrir la culture sénégalaise
et les conditions de vie des gens. C’est important, car ils
sont tous étrangers.
La Messe de Minuit rassemble
beaucoup de monde, jusque dans les rues autour de l’église,
comme d’habitude. La chorale a préparé de beaux
chants et la messe est très belle. Nous mettons beaucoup de
temps pour nous saluer à la sortie, et très nombreuses
sont les personnes heureuses de retrouver des amis. Nous avons même
un petit réveillon.
Dimanche
23 décembre : Après
la messe, nouvelle émission radio sur Noël, dans
une autre radio communautaire, celle de notre quartier. Cette
fois-ci, c’est moi qui suis interrogé en direct avec
des interventions des auditeurs. Cela se passe très bien car
nous nous connaissons et je suis très à l’aise.
Je
pars ensuite rencontrer le premier Conseiller du Ministre de la
Jeunesse et de l’Emploi. Je l’ai connu quand il
était élève à St LOUIS. Il était
dans un de nos foyers d’accueil. Nous avons beaucoup de choses
à dire, car le chômage des jeunes est vraiment un grave
problème ici.
De retour à la maison, je lis les
nombreux messages d’amis, sur Internet. Cela me fait très
plaisir et m’encourage beaucoup, car les activités ne
sont pas toujours faciles.
Samedi
22 décembre : A la prison des hommes ,
je leur fais le compte-rendu de mes trois derniers samedis
d’absence : la formation sur les violences faites aux
femmes ; la formation judiciaire sur le fonctionnement de la
justice ; la formation des chefs religieux par rapport au SIDA.
Ils sont très intéressés car ils se sentent
concernés par ces questions.
Puis nous revenons à
leurs propres problèmes de jugements, d’appels et de
grâces. Il y a des tas de choses à faire, mais les
blocages sont nombreux. Des avocats disparaissent quand ils ont reçu
leur argent, les témoins ne se présentent pas. Nous
voyons ensuite comment il ont vécu le temps de l’Avent,
et comment se préparer à Noël. Puis nous passons
au partage d’Evangile et aux questions diverses. Après
la rencontre, nous prenons le temps pour les rencontres
personnelles. Les gardiens sont compréhensifs et nous
laissent le temps pour cela.
Le soir, nous fêtons Noël
en communauté, car les étudiants vont se disperser
et ensuite ils iront en vacances dans les familles. Pour ce soir,
nous avons invité les Sœurs Spiritaines et nous passons
une excellente soirée, dans la joie
Vendredi
21 décembre : Nous nous retrouvons à
la Maison d’Arrêt des femmes. Les rencontres d’avant
Noël sont toujours très difficiles, surtout chez les
femmes. Elles pensent à leurs enfants et elles souffrent
beaucoup d’être séparées de leur famille.
Nous voyons avec elles comment elles ont vécu le temps de
l’Avent et comment se préparer à Noël.
Elles insistent spécialement sur le partage, le soutien
mutuel, mais aussi la réconciliation et le pardon mutuel.
Ensuite, chacune dit ce qu’elle sait de Noël et comment
elle le sent. Beaucoup insistent, en tant que femmes, sur ce point :
comment accueillir Jésus comme Marie a su le faire.
Nous
cherchons ensuite à les encourager pour leur vie actuelle.
Mais le climat n’y est pas. Elles sont trop tristes. L’une
d’entre elles dit : « Au dehors, même si
les gens sont pauvres et ont des problèmes, quand il y a une
naissance ils sont heureux. Nous aussi, même si nous avons des
problèmes, nous devons être heureuses à cause de
la naissance de Jésus ». Mais ce n’est pas
encore la joie. Alors, nous demandons à chacune de chanter le
chant de Noël qu’elle connaît, dans sa langue.
Alors le climat se détend, et peu à peu la joie
apparaît. Surtout qu’une amie vient nous visiter, ainsi
qu’un prêtre de la paroisse voisine. Enfin, nous
commençons à vivre la joie de Noël. Nous
cherchons comment prolonger cette joie et la partager avec toutes
celles qui vivent dans cette prison.
Après la réunion,
nous nous retrouvons ensemble, avec les responsables de l’aumônerie
pour préparer la fête de Noël de mercredi et aussi
nos activités futures. Nous finalisons la liste de nos
animateurs pour avoir l’autorisation de visite des prisons de
la part du Ministère de la Justice pour l’année
prochaine.
En ce temps de fêtes, je duis touché plus
que jamais par les inégalités sociales et les
différences qui augmentent entre les gens. Les soins de santé
sont au prix de l’Europe, et la plupart des gens ne peuvent
pas se soigner. J’ai voulu me faire détartrer les
dents : pour un simple détartrage, on me demandait
36.000 francs CFA ! Plus que le salaire mensuel d’une
employée de maison ! Des gens de notre quartier ont
leurs enfants qui font des études au Canada ou aux Etats Unis
(beaucoup moins en France, car ils n’arrivent pas à
obtenir de visa) avec les frais énormes que cela comporte
(logement, cours, ….) pendant que de très nombreux
enfants ne peuvent même pas entrer à l’école
primaire. Jusqu’à maintenant, les gens supportent en
disant : « C’est Dieu qui l’a voulu ».
Mais un jour, çà va éclater, si les choses ne
changent pas. Heureusement, le Gouvernement actuel fait des efforts
dans le domaine social et pour aider, en particulier, le monde
rural.
Toute la journée, confessions à la paroisse.
A 22 h 30, nous nous retrouvons ensemble à manger pour
reprendre des forces. Cela nous permet de partager et de passer un
bon moment ensemble, ce qui est bien agréable !
Jeudi
20 décembre : En allant à
la radio, crevaison sur mon vélo. Ce matin, je l’emmène
à réparer. Le réparateur me demande le double
du prix ordinaire. J’accepte, car c’est Noël pour
tout le monde et il a besoin d’argent pour faire la fête
lui aussi.
Après-midi : cours de ouolof. Les
progrès des étudiants sont lents. Ce n’est pas
facile d’apprendre une langue et ils se contentent trop des
cours, sans faire suffisamment d’efforts et d’exercices
pratiques e n dehors. Il faut de la patience et de la persévérance.
Mercredi
19 décembre : Le matin,
confessions de Noël des enfants. Cela dure plusieurs
heures, et pourtant les prêtres des sept paroisses du doyenné
sont là. Chaque jour, matin et soir, nous nous regroupons
dans une paroisse en tournant pour faciliter notre tâche et
nous soutenir mutuellement.
A 15 heures, je vais dans un centre
d’accueil des enfants de la rue où je travaille
régulièrement. A l’occasion de Noël, ils
ont préparé une grande fête avec danses,
théâtres, chants, en invitant ceux qui les soutiennent.
C’est l’occasion pour eux de perler de leur vie et de
leurs problèmes, mais surtout de montrer ce qu’ils font
pour s’en sortir. Il y a beaucoup de monde et une ambiance
extraordinaire. Mais je ne peux malheureusement pas rester jusqu’à
la fin car j’ai trois heures d’enregistrement à
la radio municipale pour la fête de Noël. Nous
apprécions ce temps qui nous est donné, dans un pays à
90 % musulman, de partager l’Evangile. Bien sûr, nous le
faisons dans le respect de leur foi et en sachant que nous nous
adressons à des auditeurs musulmans.
Mardi
18 décembre : Aujourd’hui,
nous anticipons les fêtes de Noël à la prison
des femmes de la ville de RUFISQUE, à 20 km de Dakar.
C’est là que vont les femmes dont je m’occupe,
après leur jugement. Je retrouve do nc un certain nombre de
mes « anciennes » amies. Après la
prière, nous avons un repas et une journée de danse et
de fête avec toutes les femmes, musulmanes comme chrétiennes.
De nombreuses personnes se sont cotisées pour cela, et aussi
pour offrir des cadeaux aux bébés et enfants qui
vivent en prison avec leurs mères.
Le soir, je veux
travailler sur Internet et répondre aux nombreux messages en
attente, mais il n’y a pas de connexion. Cela arrive souvent.
J’en profite pour lire quelques documents, parmi tous ceux qui
sont en attente sur mon bureau.
Lundi
17 décembre : Rencontre
avec nos étudiants. Aujourd’hui, nous parlons de
l’année de la foi. Nous partageons nos
expériences pour ne pas en rester au niveau des théories
mais passer à la pratique.
Puis je vais dire la messe à
la paroisse, suivie de la réunion de la Commission Justice et
Paix. Après avoir fait le tour de nos activités, nous
préparons la Journée Mondiale de la Paix du 1er
Janvier.
Dimanche
16 décembre :
Aujourd’hui, je dis la messe des enfants. Je l’aime
beaucoup car les enfants participent très bien et répondent
librement aux différents gestes et rites que nous leur
proposons. Et je suis toujours frappé et dans l’admiration
de la fraîcheur et la profondeur de leurs réponses, au
moment de l’homélie. C’est pour moi un vrai bain
de jeunesse, en même temps qu’une vraie
prière.
L’après-midi, je reçois une
jeune religieuse qui fait ses études en sciences sociales.
Elle ne veut pas en rester à la théorie mais
souhaite descendre sur le terrain. Je lui propose un certain nombre
de pistes : travail à la prison, avec les personnes
vivant avec le SIDA, avec les réfugiés, avec les
femmes et jeunes filles qui viennent des villages chercher du
travail en ville et qui se heurtent à de nombreux problèmes
et dangers que cela comporte. Ce ne sont pas les problèmes
qui manquent. Nous terminons par une visite dans un des foyers du
quartier pour les enfants de la rue.
Samedi
15 décembre : Je descends
avec Rita à Dakar, en compagnie d’un autre Pasteur
évangélique. Nous venons participer à une
session de formation organisée par la commission
judiciaire de notre aumônerie des prisons. En effet, pour
soutenir les prisonniers plus efficacement, nous avons absolument
besoin d’y voir clair dans toutes les procédures. Nous
sommes formés d’une façon très pratique,
à partir de cas concrets avec un avocat et un procureur. Ce
qui nous intéresse particulièrement, ce sont les
points de vue différents de ces deux personnes qui, au
tribunal, sont des deux côtés de la barrière. Et
nous avons l’occasion d’aborder les différents
problèmes qui nous préoccupent.
15 heures. Je suis
content de pouvoir me poser un peu, avant d’aller célébrer
la messe du soir à la paroisse
Jeudi
13 décembre : Pour deux
jours, je suis à THIES pour un séminaire des
religieux, chrétiens et musulmans, sur le SIDA. C’est
une association très dynamique et nous travaillons
régulièrement ensemble pour faire réfléchir
et éduquer les populations. Le thème de cette
rencontre est de partager nos expériences non seulement pour
la prévention et la lutte contre la transmission mère-enfant,
mais aussi pour le soutien des personnes vivant avec le virus VIH.
Et pour lutter contre toutes les formes de stigmatisations et
d’exclusions qu’elles subissent dans les familles et la
société. Cela me permet en même temps de revoir
des amis que je n’ai plus revus depuis mon départ en
Guinée en 1996. La présentation des différents
problèmes est suivie d’une réflexion en petits
groupes et en commun. Puis les équipes de chacune des 14
régions du Sénégal présentent leurs
actions, leurs difficultés et leurs projets. Et c’est à
partir de cela que nous mettons en place notre plan d’action
national pour cette année.
Une chose qui m’a
beaucoup plu, même si c’était plus difficile pour
moi, c’est que toute la réunion se soit passée
en ouolof, la langue populaire et donc accessible à tous, y
compris les analphabètes. J’ai travaillé au
lancement de l’Association « Sida Service »
dans les années 1990. De retour au Sénégal,
j’ai pu constater combien ils avaient approfondi été
élargi leur action. Aujourd’hui, nous sommes réunis
au sein de l’Alliance Nationale des Religieux pour la lutte
contre le SIDA. Je suis très impressionné par
l’engagement des imams, la profondeur et le sérieux de
leur réflexion et leur ouverture d’esprit pour faire
sauter les blocages traditionnels et les tabous religieux. Nous
allons certainement continuer à nous voir, car suite à
mon intervention, ils m’ont demandé de travailler avec
eux. Ce que je ferai avec joie. Nous avons tenu trois jours de
travail intense, dans une excellente ambiance et la prière
entre chrétiens et musulmans.
La nuit, je dors à la
paroisse. Cela me donne une autre grande joie : retrouver des
confrères amis de longue date. Car c’est la première
fois que je viens à THIES depuis mon retour au Sénégal.
Le 2ème soir, je vais dormir chez Rita,
responsable de la Fraternité des Prisons de l’Eglise
évangélique. Elle travaille à Thiès,
mais nous nous sommes retrouvés à Dakar au Camp Pénal
où elle était venue rencontrer un prisonnier qu’elle
suivait à Thiès. Depuis nous collaborons et nous avons
beaucoup de choses à nous dire. Je parle aussi avec plusieurs
personnes qu’elle accueille chez elle.
Mercredi
12 décembre : Avant de
partir à la prison, je reprends les réunions d’hier
et prépare un certain nombre de documents. Comme nous nous
levons à 5 heures, après la prière et la messe
il me reste un peu de temps avant 9 h.
A la prison,
rencontre d’abord avec le régisseur, le greffier et le
chef de poste pour régler un certain nombre de problèmes.
Nous avons réussi à avoir un peu de nourriture et de
médicaments, pour aider les détenus en situation plus
dramatique. Comme nous voulons que les choses soient claires et
parviennent à leurs destinataires, nous passons par
l’infirmerie et le service social… ce qui n’est
pas une garantie absolue ! Enfin, nous nous consacrons à
l’écoute des prisonniers, sénégalais et
étrangers, en français, ouolof, anglais, espagnol…
et autres langues locales. Mais sans négliger les problèmes
psychologiques, de familles et de relations dans la prison ; ce
qui revient sans cesse ce sont les problèmes de nourriture et
de santé. Malheureusement, nos moyens sont très
limités. Ce que nous cherchons surtout à faire, c’est
de trouver du travail aux femmes et filles de détenus pour
qu’ils aient les moyens de vivre. Ce qui nous touche beaucoup,
c’est le nombre de séparations et de divorces quand les
maris sont en prison. Et aussi la situation des enfants qui n’y
sont pour rien mais qui subissent toutes les conséquences. La
prison n’est vraiment pas une solution !
Une bonne
nouvelle quand même : huit militaires et policiers qui
étaient retenus en otages depuis un an par les rebelles de
Casamance au sud du pays viennent d’être libérés
grâce en particulier à la médiation de
l’Organisation catholique italienne de San Egidio. Cela nous
apporte l’espoir que après 30 ans on va pouvoir enfin
commencer des rencontres pour la paix.
A midi, je mange à
notre maison centrale et après le repas nous travaillons avec
le procureur à un projet de soutien de nos frères
de Guinée Bissao, qui travaillent dans une très grande
pauvreté.
Ensuite, temps de travail à la maison.
Puis je pars enregistrer mes deux émissions radio.
Aujourd’hui, nous abordons les problèmes de
l’agriculture. Retour dans la nuit !
Mardi 11 décembre : Réunion générale de l’aumônerie des prisons. Comme vous pouvez vous en rendre compte par ces nouvelles, il y a beaucoup de choses à régler. Nous commençons par les informations générales, avant de passer aux nouvelles de chaque prison puis d’écouter les comptes rendus des différentes commissions. C’est important que chacun soit au courant des activités, pour les comprendre et les soutenir. C’est cela qui nous permet de créer un véritable esprit de famille entre nous et de partager nos soucis et nos joies. Aujourd’hui, les responsables de l’autre prison de Dakar et ceux de THIES (à 70 km) sont venus travailler avec nous. Il est tard, mais le Bureau reste encore pour préciser les choses et déterminer les moyens d’actions. Et après cela, je continue avec les responsables de Justice et Paix pour voir la suite du travail de la Commission. Nous sommes tous très occupés, alors pour éviter des déplacements supplémentaires et pertes de temps, nous réglons le maximum de choses quand nous pouvons nous retrouver. Trois réunions à la suite, ça fait beaucoup, mais quand ça se passe dans une bonne ambiance et aboutit à des résultats concrets, ça se digère bien.
Lundi
10 décembre : Je dirige
la prière cette semaine dans la communauté. Je me
retrouve ensuite avec une amie pour continuer à mettre en
place mes émissions radio sur You Tube. Ca avance
doucement. Après cela, longue réflexion sur le travail
à la prison avec la communauté Point Cœur qui
travaille avec nous. Pendant le repas, leur responsable nous
explique leurs actions et leurs orientations.
L’après-midi,
avec la trésorière de l’aumônerie des
prisons nous faisons les démarches pour ouvrir un Compte
Courant Postal (CCP), afin de recueillir des fonds plus facilement.
Nous en avons sérieusement besoin. Mais les papiers qu’on
nous a d’abord demandés ne suffisent pas. Il faudra
revenir.
Le soir, réunion mensuelle de notre communauté
des étudiants. Comme chaque fois, elle commence par une
conférence de l’un d’eux, pour leur apprendre non
seulement à réfléchir, mais aussi à
présenter leurs idées et à diriger une réunion
(à tour de rôle). Le thème d’aujourd’hui
est « La globalisation ». Puis nous abordons
la vie de notre communauté et les vacances de Noël. Nous
souhaitons qu’ils sortent de la maison et partagent la vie
d’une famille et du quartier. Nous terminons par les questions
pratiques, après avoir réfléchi aux questions
des vocations.
Je reviens à hier soir. J’apprécie
beaucoup les visites en famille, où je suis très bien
reçu. Ce soir, je suis chez le doyen de notre communauté
de quartier. Nous parlons des anciens missionnaires qu’il
a connus autrefois, puis de ses différentes relations et
activités : les jeunes qui se préparent au
mariage, ses réflexions avec les religieux et religieuses. Et
il fait beaucoup pour soutenir son village d’origine :
l’école, les groupements de femmes, les jeunes, etc..
Il a une longue expérience et a beaucoup de choses à
dire. Par exemple, il a été en Côte d’Ivoire
avec la police de l’ONU. D’ailleurs ici, beaucoup de
gens ont voyagé dans d’autres pays, ce qui leur permet
d’avoir une vision ouverte des choses.
Dimanche 9 décembre : J’assure une 2ème messe. Nos étudiants restent dans la communauté pour une journée de retraite. Je suis enregistré à la radio communautaire du quartier. Puis l’après-midi, je prends un temps pour me reposer. Ensuite je vais visiter quelques familles dans le quartier.
Samedi
8 décembre : Le matin,
j’anime un panel sur « les violences faites aux
femmes » avec la participation de femmes engagées,
de psychologue et d’avocate. J’apporte la réflexion
religieuse. Ce panel est organisé par la Commission Justice
et Paix. Il permet d’aborder beaucoup de problèmes
importants et de donner la parole à un certain nombre de
personnes. Pour ma part, j’essaie d’analyser les
violences actuelles, suite au passage de la culture traditionnelle à
la culture actuelle, et les violences dans la vie moderne, souvent
présentée à tort comme un progrès et une
libération. Là aussi il y a beaucoup de choses à
dire. Et c’est difficile, car tout est à chercher ;
nous n’avons pas de modèle à suivre et nous ne
savons pas où nous allons. Les questions, les réactions
et les contributions sont nombreuses. Depuis 9 heures nous
continuons jusqu’à 14 h 30.
Ensuite, je passe voir
une famille de réfugiés. Puis, en fin
d’après-midi, messe à la paroisse. Nous voyons
comment vivre le temps de l’Avent dans les conditions
qui sont les nôtres. Après la messe, j’assure
plusieurs confessions. Puis je vais visiter quelques familles. L’une
d’entre elles m’invite à rester pour le repas, ce
qui nous permet de parler plus longuement.
Le soir un gala
(repas payant) est organisé pour financer la construction
de notre nouvelle église.
Vendredi 7 décembre : Le matin, travail à la maison, courrier sur Internet, etc. Le soir, rencontre en ville autour de notre Cardinal Théodore Adrien SARR. Il fête plusieurs anniversaires ce mois-ci : naissance, ordination comme évêque, nomination comme Cardinal. C’est l’occasion pour nous de nous retrouver autour de lui et de créer un esprit de famille. La rencontre est très fraternelle, et on prend le temps pour cela : 3 heures pour la messe suivie de la procession à la Grotte pour la fête de l’Immaculée Conception, avec un très beau rite de la lumière. Heureusement, ensuite nous nous retrouvons autour d’un « pot » pour reprendre quelques forces avant de rentrer.
Jeudi 6
décembre : Je me retrouve
avec une technicienne pour mettre mes émissions radio sur
« You tube ». Mais il y a des coupures de
courant, et lorsqu’il y a de l’électricité
la connexion saute sans arrêt. De plus, mon ordinateur est une
vieille brouette, ce qui fait qu’après un bon moment,
nous renonçons. La technicienne viendra avec son
matériel.
L’après-midi, cours de ouolof et
rencontres personnelles avec les étudiants. Le soir, messe
dans la communauté
Mercredi
5 décembre : A 9 heures,
rencontre de notre équipe avec les responsables de la
prison. Tous les chefs de services sont présents. Nous
avons une réunion très intéressante. Nous leur
présentons nos commissions et nos différentes actions,
ainsi que les problèmes que nous rencontrons. Ils nous posent
des questions, nous proposent des solutions et participent tous
d’une façon très coopérative. Cela nous
encourage beaucoup. Il faut dire qu’ils apprécient
notre manière de travailler et découvrent beaucoup de
choses. D’ailleurs nous les invitons à nos rencontres
de formation, ce qui nous permettra de mieux nous connaître et
de mieux travailler ensemble.
Le soir, je rencontre les
stagiaires anglophones (un par jour), puis je vais célébrer
l’Eucharistie à la paroisse. De nombreuses personnes
viennent me voir et se confesser.
Mardi 4
décembre : Je reste à
la communauté pour accueillir les gens et régler un
certain nombre de choses en retard. Je n’en termine pas la
moitié ! A 16 h, je pars avec une amie dentiste
rencontrer le directeur de la prison, comme prévu. Il y a
bien un fauteuil mais pas de matériel pour soigner. Il va
falloir régler tout ça. Au moins le principe de
l’éducation à la santé est acquis (SIDA,
drogue…) et la sensibilisation à la santé
dentaire.
Le soir, enregistrement de mes deux émissions
radio, comme d’habitude.
Lundi 3
décembre : Rencontre mensuelle de
doyenné avec les prêtres de nos 7 paroisses. On me
demande de présenter les communautés de quartier et
comment elles peuvent fonctionner, suite aux formations que j’ai
assurées et aux suggestions des laïcs. Les réactions
sont nombreuses, mais tout le monde n’est pas convaincu !
Il y a encore du travail à faire. Ensuite chacun partage ses
soucis et ses expériences. Nous terminons assez tard (à
16 heures) par un repas fraternel.
18 h30. Rencontre de la
Commission Justice et Paix. Nous travaillons le questionnaire envoyé
à tous sur les engagements sociaux à mettre en place.
Dimanche
2 décembre : Je suis
invité pour assurer une formation dans une autre paroisse. Le
matin, nous voyons comment vivre ce temps de l’Avent,
pratiquement. L’après-midi, quelles actions mener pour
l’Année de la Foi. La réflexion est très
animée et très concrète. Nous allons partager
nos conclusions avec les autres paroisses. La messe est très
participative, avec plusieurs rites, symboles et panneaux, comme
nous aimons le faire.
Malgré la fatigue, je vais
travailler avec la secrétaire de l’aumônerie des
prisons. Puis je vais rencontrer une religieuse responsable de sa
Congrégation qui vient d’arriver de Tambacounda, à
l’est du Sénégal. Nous nous connaissons bien,
car j’ai travaillé là-bas. Nous parlons du
travail des religieux et religieuses et de nos perspectives
d’avenir. Il est alors temps de partir à notre Maison
centrale où, comme chaque mois, nous nous retrouvons pour
une soirée d’amitié et de partage entre
spiritains de Dakar.
Samedi
1er
décembre : Assemblée
générale des religieux. Nous avons une réflexion
sur notre place dans la Nouvelle Evangélisation. Cela nous
amène à redéfinir notre rôle et nos
façons de travailler. Cette assemblée nous permet
aussi de nous retrouver et de partager soucis et joies.
Depuis
longtemps, j’ai des habits à réparer. Une
animatrice me propose de s’en occuper. Je la remercie. Puis je
vais célébrer la messe dans un quartier.
Vendredi
30 novembre : J’arrive à obtenir un
rendez-vous avec le Directeur de la prison. Nous avons tellement de
problèmes à aborder à la fois pour faire
avancer les choses et pour être en accord avec
l’administration et éviter les problèmes
inutiles. Après les salutations d’usage, je le remercie
pour son accueil et sa compréhension, en particulier pour la
dernière réunion des chefs de chambre. Nous parlons
des problèmes de nourriture. Pour la fête de la
TamXarit (Achoura), les femmes ont reçu beaucoup de
nourriture, mais pas les hommes. C’est ce qui se passe à
chaque fois. On soutient beaucoup les femmes (ce qui est très
bon), mais pas les hommes. Heureusement, la responsable de la prison
des femmes a partagé avec les hommes. Le problème,
c’est que les femmes sont moins de 100 et les hommes près
de 900 !
Nous voyons comment réorganiser
l’alphabétisation en français, espagnol, anglais
et ouolof, suite au départ des prisonniers alphabétiseurs
volontaires (bénévoles). Nous préparons aussi
une formation par rapport au SIDA, le but étant ensuite de
mener une réflexion et des actions par rapport à la
sexualité en prison. Il y a aussi le problème des
prisonniers à qui on prend tous leurs papiers et téléphones
où sont indiquées les adresses des parents et amis. A
cause de cela, nous n’avons plus aucun moyen de contacter
leurs familles et relations. Nous voyons aussi comment permettre aux
chrétiens d’avoir un lieu pour se retrouver pour la
prière et la catéchèse entre eux. Nous
prévoyons déjà les fêtes de Noël :
nous voudrions que ce soit une fête pour tous. Nous prévoyons
un repas où nous ne pouvons pas inviter tout le monde :
nous inviterons 50 musulmans (les catholiques sont moins de 50),
spécialement les étrangers et ceux qui viennent de
loin ou ne reçoivent aucune visite. Nous choisissons aussi
une date pour une rencontre entre l’aumônerie et le
personnel de la prison. Il nous restera encore beaucoup de choses à
voir : les permissions de sorties, le manque de juges de
l’application des peines, etc…
Après cette
rencontre, je pars à la maison des femmes. Les animatrices
ont déjà commencé la rencontre. Je les laisse
continuer, après avoir salué les femmes, car j’ai
d’autres rendez-vous aujourd’hui.
D’abord, je
rencontre un confrère qui vient de Yaoundé et qui
travaille aussi dans les prisons. Nous avions travaillé
ensemble autrefois et nous sommes très heureux de nous
retrouver après 20 ans. Nous allons profiter de sa venue pour
faire une nouvelle formation à l’écoute.
Puis je travaille avec l’aumônier de la prison des
mineurs. Enfin, je passe voir les animateurs du Centre des Enfants
de la rue voisin.
Le soir, réunion de notre communauté
de quartier. Nous réfléchissons aux problèmes
de l’école, car l’année scolaire passée
a connu 5 mois de grèves, et les problèmes ne sont pas
réglés. La rentrée se fait difficilement et
c’est important de voir ce que nous pouvons faire à
notre niveau. Vous en recevrez le compte-rendu.
Avant cela, nous
passons voir une dentiste, secrétaire d’une
association, pour qu’ils viennent faire une intervention sur
la santé dentaire, puis ensuite soigner les détenus à
tour de rôle. Nous avons déjà un fauteuil à
la prison. Nous irons rencontrer le directeur de la prison à
ce sujet.
Jeudi
29 novembre : Ce matin, je reste
travailler à la maison, et j’accueille un certain
nombre de personnes qui viennent me voir pour toutes sortes de
problèmes ; ils ne manquent pas !
A 16 heures,
cours de ouolof pour nos étudiants.
Mercredi
28 novembre : Je passe d’abord
au dispensaire du quartier que nous essayons de soutenir :
refaire le toit qui fuit après l’hivernage, construire
une salle pour fabriquer pommades et sirops à partir des
produits locaux, refaire la salle de pharmacie qui a été
forcée et dont on a volé tous les médicaments.
Je vais contacter des amis pour nous envoyer du petit matériel
médical, car malheureusement on ne peut plus nous envoyer de
médicaments.
Puis je pars à la prison pour
nos séances d’écoute des prisonniers qui reste
toujours importante. Nous sommes 6 aujourd’hui. Hélas,
la liste des libérables n’est pas prête, si bien
que la commission de réinsertion ne peut pas faire son
travail. Nous allons aussi voir le directeur et son adjoint pour le
suivi de nos actions, en particulier pour trouver du travail aux
femmes et filles de prisonniers pour faire vivre leur famille. Nous
prenons le temps de parler avec le Service Social. Puis nous
visitons les ateliers, et terminons par l’Infirmerie, en
apportant les médicaments que nous avons pu obtenir, mais
surtout en examinant ce qu’il est possible pour soutenir les
malades les plus atteints, à tout point de vue :
psychologique, moral, ….
Ensuite, je vais rencontrer la
secrétaire de l’aumônerie des prisons pour mettre
tout cela sur papier.
A la suite, je me rends dans notre Maison
spiritaine rencontrer les confrères et manger avec eux.
Sur
le chemin du retour, je passe par la Poste récupérer
un colis qu’on m’a envoyé. J’en
reçois ainsi de temps en temps, cela nous permet de donner un
petit coup de main à un certain nombre de personnes dans le
besoin. Puis je fais un certain nombre de visites, en particulier
des étrangers réfugiés au Sénégal.
Ca me fait une belle journée : pleine de fatigue, mais
aussi de rencontres et de joie.
Mardi
27 novembre : La sœur d’un
de nos étudiants est décédée
brusquement. Nous nous rendons bien sûr à son
enterrement. Les gens sont venus très nombreux entourer la
famille.
Je rentre rapidement pour aller enregistrer mes deux
émissions radio. Ce soir, je reçois un médecin
(femme) pour parler de la santé : prévention,
éducation sanitaire, médecine publique et
communautaire, etc… Elle a de la peine à s’exprimer
en ouolof et en langage simple, mais nous nous en tirons !
Lundi
26 novembre : Réunion
Justice et Paix. Nous continuons nos enquêtes sur les
situations d’injustices et de manques de paix dans les
quartiers. Nous allons contacter les maires et autres autorités
locales. Et organiser notre action contre la hausse des loyers. La
première chose, c’est de nous former. Nous allons
mettre en place une rencontre de réflexion sur la législation
(voir mon compte-rendu dans mon site). Nous élisons un
nouveau Bureau pour cette année, et nous décidons
aussi de lancer une action de conscientisation, spécialement
auprès des jeunes, au sujet de la drogue et de la
prostitution. Par rapport au problème du chômage des
jeunes, nous lancerons des contacts auprès des chefs
d’entreprises et ateliers pour qu’ils accueillent des
jeunes en stage et leur trouvent ensuite du travail.
Lorsque nous
terminons la réunion, il fait nuit. Nous nous organisons pour
raccompagner les femmes seules, car nous nous déplaçons
à pied et il n’y a pas de lumière. Cela nous
permet de mieux nous connaître et de continuer la réflexion.
Samedi
24 novembre : Aujourd’hui,
c’est la TamXarit (Achoura) . Les musulmans fêtent
ce début de leur année par un ou deux jours de jeûne.
Nous nous associons à eux.
A 10 heures, réunion à
la prison. Nous sommes heureux car un des nôtres a appris sa
libération. Nous nous réjouissons avec lui. Nous
tirons les conclusions des années qu’il a passées
parmi nous. Voici ce qu’il m’a écrit : :
" J'ai
acquis une autre dimension spirituelle dans cette prison. Me voilà
libre à présent et je voudrais mettre à
profit mon temps libre au service des nécessiteux, à
savoir faire partie des gens qui soient capables de rendre visite au
nom de Justice et Paix aux malades et aux détenus.
Je suis disponible pour accomplir la catéchèse. Pour
cela, je reste à votre entière disposition ».
La
semaine passée, un certain nombre a suivi une session sur la
non violence. C’est bien sûr important et très
utile. Ils font le compte-rendu à tous et nous voyons comment
mettre cette formation en pratique. Puis nous faisons le compte
rendu de la rencontre de mercredi avec les chefs de chambre. Là
aussi, il y a de nombreuses questions et réactions de la part
de beaucoup.
Après cela, il ne nous reste plus beaucoup de
temps, mais nous parlons aux gardiens qui nous accordent un
« supplément » pour nous donner des
nouvelles. Les animatrices interviennent à leur tour sur la
question des récidives.
Nous terminons en cherchant
comment vivre demain la fête du Christ Roi à la prison,
puis la prière finale. Les détenus rentrent avec un
peu plus de paix et de courage, en attendant notre prochaine
rencontre.
Tout de suite après le repas, je vais rejoindre
le groupe des fiancés (heureusement que j’avais préparé
mes affaires à l’avance !). Nous partons à
une centaine pour le week end dans un Monastère à 50
km de Dakar. C’est la dernière étape de notre
cycle de préparation au mariage. Arrivés sur
place, on ne peut pas nous loger car nous sommes trop nombreux !
Il nous faut trouver un autre point de chute. Mais cela ne nous a
pas empêchés de prendre un temps de formation et de
réflexion en plein air, sous les arbres. Nous mangeons à
23 heures, mais tout se fait dans la bonne humeur.
Le lendemain,
nous laissons un temps pour que les couples puissent se retrouver et
se parler un bon moment pour penser à leur vie future. Je
suis très impressionné par la fraîcheur de leur
amour : cela m’encourage beaucoup et m’accorde une
grande joie à moi qui suis un vieux célibataire !
Nous offrons tout cela à la messe, avec des interventions
libres et un certain nombre de rites et de gestes. Nous rentrons
dans la joie. Beaucoup se donnent leurs adresses et vont continuer à
se revoir.
Vendredi
23 novembre : Rencontre à
la prison des femmes. Le personnel est parti faire du sport
et ne sera de retour que dans une heure ou deux. Nous en profitions
pour tenir une réunion entre nous (avec les animatrices) afin
de régler différents problèmes. Nous préparons
aussi les fêtes de Noël à venir dans la prison des
femmes. Je les laisse pour aller voir le directeur, mais
malheureusement il n’est pas là. Je lui écris
un mot, après l’avoir attendu un bon moment et avoir
parlé avec son adjoint. Celui-ci demande à la
greffière d’établir la liste des libérables
du mois de janvier pour que nous préparions leur sortie et
leur réinsertion.
A la sortie, une étudiante
m’attend. Elle cherche du travail et un moyen de vivre.
Nous avons commencé à faire cela pour les femmes de
prisonniers, et la nouvelle s’est répandue ; ce
qui fait que maintenant beaucoup de gens viennent nous demander de
l’aide. Cela nous fait mal de ne pas pouvoir répondre à
toutes ces sollicitations, pour soulager toutes ces misères.
A
16 heures, rencontre avec l’Association « Sida
Service ». Je les vois pour deux choses : une
formation dans les prisons, et une autre avec nos étudiants.
Nous traçons déjà les grandes lignes, qui sont
bien sûr différentes dans les deux cas.
A 17 heures,
nous tenons notre première réunion des Fraternités
spiritaines. Comme le nom l’indique, ce sont des fraternités :
des groupes où on se retrouve dans l’amitié,
pour se soutenir dans la fraternité. Ce sont des gens prêts
à nous soutenir, nous les missionnaires spiritains, et à
soutenir nos vocations et nos étudiants. Mais surtout des
personnes qui veulent connaître et vivre notre spiritualité
(notre façon de vivre la foi), dans la ligne de nos
fondateurs Claude POULLART DES PLACES et François LIBERMANN,
et de nos Saints bienheureux : Daniel BROTTIER qui a fondé
les « Orphelins Apprentis d’Auteuil »,
et le père Jacques LAVAL, l’apôtre des esclaves
libérés, à l’Ile Maurice. Pour être
missionnaires là où ils vivent. Actuellement, il
existe quatre fraternités sur Dakar et on m’a demandé
d’en assurer la coordination. Pour cette première
rencontre, nous faisons connaissance, puis nous voyons la façon
de travailler. Nous prévoyons la prochaine rencontre générale
(une par trimestre) et distribuons les responsabilités. La
prochaine fois, nous verrons, après expérience, les
choses à améliorer.
Jeudi
22 novembre : J’ai réussi à me
garder cette journée, car j’ai énormément
de choses qui traînent et de questions à régler.
Elle est agrémentée de coups de fil, de visites et de
messages mails.
A 17 heures, cours de ouolof avec nos
étudiants : cela je ne veux pas le manquer.
Mercredi
21 novembre : Rencontre à
la prison. Nous sommes venus rencontrer les responsables des
différents services. D’abord, un prisonnier libéré
m’attend : on a volé tout ce qu’il avait
dans sa maison, et il se retrouve à la rue.
En attendant
que les gens soient prêts, entre nous nous préparons la
rencontre et faisons le point de nos différentes activités.
Cela se passe très bien. Les responsables de chambre nous
posent de nombreux problèmes. D’abord, nous leur
demandons de nous signaler leurs femmes qui accepteraient de
travailler comme employées de maison, pour faire vivre leurs
familles pendant que les maris sont en prison. A partir de là,
nous abordons différentes autres questions : la
possibilité de micro crédits pour ces mêmes
femmes, maintenant chefs de famille, la mise en place d’ateliers
pour la formation des détenus, l’écoute et les
problèmes de ,jugements (appels, remises de peine, grâces),
et des autorisations de sortie, la question des médicaments,
après que chacun des membres de l’aumônerie se
soit présenté et ait expliqué ses
responsabilités. Mais le plus important pour nous était
de rencontrer les chefs de chambres et de les écouter. Le
temps étant dépassé, la rencontre des
différents responsables de service est remise à plus
tard. Vous recevrez bientôt le compte-rendu de cette
rencontre.
Ensuite, nous descendons « sur le terrain »
visiter l’infirmerie, les ateliers et le service social. Il y
a beaucoup de choses à mettre en place et à organiser.
Cela va se faire peu à peu.
Mardi
20 novembre : Nous nous
retrouvons entre formateurs spiritains d’Afrique de
l’Ouest. La 1ère question, c’est notre
propre formation . Nous aurons une formation pour tous les
francophones cet été à Yaoundé au
Cameroun. Puis nous approfondissons notre projet de formation. Et
nous préparons les prochaines sessions pour les étudiants
des différents niveaux : étudiants, stagiaires,
diacres et jeunes prêtres missionnaires. Nous voyons ensuite
la mise en pratique de l’Année de la Foi et la Nouvelle
Evangélisation.
Je me retrouve ensuite à la
Centrale des Œuvres (organisation des Mouvements d’Action
catholique) pour voir l’organisation des laïcs,
spécialement les jeunes. A midi, nous allons manger ensemble
au restaurant tenu par les filles de la JOCF.
Le soir, émissions
radio.
Lundi
19 novembre : Travail à
la maison. Au moins c’est plus décontracté que
le travail à l’extérieur. Même si ce n’est
pas du repos, au moins c’est de la détente. Cela me
permet d’avancer mon travail sur le Concile Vatican 2.
Je
prends un temps d’exercice de lecture publique en français
pour nos étudiants étrangers.
Dimanche
18 novembre : A nouveau, messe
de 7 heures à la paroisse. Après cette semaine, encore
plus chargée que d’habitude, ce n’est pas facile
de me lever. Il va falloir que je trouve un moment pour me reposer
cet après-midi.
Après la messe, rencontre Justice
et Paix. Au programme : préparation des émissions
radio et de la prochaine réunion.
Puis je pars à la
radio communautaire du quartier Afia (la paix, en arabe). Je
reprends d’abord mon homélie de la messe, sous forme de
dialogue et en répondant aux questions des auditeurs. Puis
nous abordons les questions Justice et Paix (voir mon
site).
L’après-midi, je passe toute une série
de coups de téléphone pour préparer les
activités à venir. Le téléphone
portable, c’est une bonne invention,… mais ce n’est
pas gratuit ! Je dois sortir acheter deux cartes de
recharge.
La nuit, conversations sur Skype pour rejoindre
les amis lointains.
Samedi
17 novembre : Rencontre à
la prison. Le grand sujet de discussion est l’interpellation
de Karim WADE, le fils de l’ancien président. L’ancien
régime libéral était un système
d’argent, dont certains ont profité pour s’enrichir
de façon anormale et même scandaleuse. Il a été
marqué par de grandes réalisations de prestige,
souvent inutiles, des détournements et blanchiment d’argent,
et beaucoup de corruption. Déjà, à cette
époque, des gens avaient réagi. Un gros travail a été
réalisé par les Assises Nationales pour rédiger
une nouvelle ligne de conduite, avec des propositions concrètes,
que la Coalition arrivée au pouvoir et le nouveau président,
Macky SAA, s’étaient engagés à respecter.
La vie du pays a beaucoup changé, et de nombreux efforts sont
faits dans les domaines économique, social, culturel et
politique, malgré les moyens limités du pays. (Voir
mon site, rubrique « situation du pays »).
Dans ces domaines, les anciens ministres vont être
audités. Ce qui est normal. De plus, une Cour contre
l’enrichissement illicite a été mise en place.
Toute la population se sent concernée et est très
intéressée. Avec le danger de penser les gens
coupables, avant qu’ils ne soient jugés. Le premier à
être entendu est le propre fils de l’ancien président,
qui a dirigé plusieurs ministères et assuré des
responsabilités importantes. Ce sera ensuite le tour de
plusieurs ministres. Il y a aussi le responsable d’un grand
hôtel touristique et un promoteur de lutte traditionnelle qui
sont accusés de trafic de drogue. Les prisonniers se sentent
très concernés par tout cela, beaucoup étant
condamnés pour des questions d’argent ou de drogue.
Nous prenons donc un bon temps pour parler de tout cela. Puis
nous nous donnons des nouvelles de la prison et de l’extérieur
et nous abordons les problèmes concrets de santé et
d’hygiène, de nourriture, mais aussi d’entente et
de collaboration. Aujourd’hui, nous parlons spécialement
des loisirs. Nous allons chercher des jeux de cartes,
d’échecs, des jeux de dames et de scrabble, mais aussi
des livres dans les différentes langues pour la Bibliothèque,
des ballons et même des cordes à sauter, des guitares
pour lancer un orchestre. Tout cela nous semble important, et nous
allons nous y atteler.
Ensuite, nous passons au partage de
l’Evangile. Je pourrai vous en envoyer le compte-rendu,
comme d’habitude. Et nous terminons par les salutations et les
différents cas concrets et problèmes personnels.
Aujourd’hui, comme à chaque visite, deux de nos
étudiants m’accompagnent.
L’après-midi,
rencontre au CAEDHU (Centre d’Education aux Droits
Humains). Nous avons déjà évalué
les connaissances des gens que nous avons formés. Maintenant,
nous voulons savoir comment ils ont mis en pratique la formation
reçue, quelles actions ils ont menées et en quoi cette
formation a transformé leur façon de vivre et de
remplir leurs différents engagements. Cela nous aidera à
mieux orienter nos formations. Ensuite, nous voyons quelles actions
mener tout au long de cette année. Pour tout cela, nous
allons descendre sur le terrain, dans les différents
quartiers de la banlieue. Puis nous abordons la question de la
recherche des fonds. C’est un problème très
difficile dans la situation économique actuelle. Mais sans
moyen, nous ne pouvons pas faire grand’chose. Nous prévoyons
en particulier des olympiades, un défilé, un carnaval
et une rencontre de masse des enfants, pour les former aux Droits
Humains.
Le soir, en Communauté, nous regardons le
film « Des hommes et des dieux » que nos
étudiants n’avaient pas encore vu.
Vendredi
16 novembre : Aujourd’hui
je dis la messe à la prison des femmes. Ensuite,
rencontre avec le personnel. Puis contacts personnels avec plusieurs
détenues, avant de partir pour une séance de travail
avec le directeur du Camp pénal des hommes.
Après
cela, je passe au dispensaire du quartier tenu par les Sœurs.
Elles ont été volées : beaucoup de
médicaments ont disparu. Il va falloir réparer le
tort, et construire une autre salle pour la fabrication de sirops et
autres médicaments locaux. Il manque aussi beaucoup de petit
matériel : du coton, de la ouate, etc… Pour les
médicaments, ce n’est malheureusement plus possible
d’en faire venir.
L’après-midi, je termine de
rencontrer nos étudiants.
Le soir, rencontre de notre
communauté de quartier. C’est le début de
l’année. Marie-Pierre nous fait le compte-rendu de la
dernière formation. Puis de la rencontre de lancement de la
paroisse. A partir de là, nous voyons comment nous allons
nous organiser cette année (voir le prochain
compte-rendu). Nous choisissons déjà nos premiers
thèmes de réflexion et actions : 1. La rentrée
scolaire et l’éducation. 2. La santé. Nous
abordons ensuite le questionnaire pour la mise en place du plan
pastoral de tout le pays. Nous faisons nos propositions pour les
actions possibles, à la fois pour redynamiser les groupes,
améliorer la communication, les actions à mener dans
les paroisses et les actions au niveau social, sans oublier la
recherche de fonds.
Jeudi
15 novembre : Ce matin, je vais assister à la
conclusion d’un Congrès organisé par l’ACAT
(Action des Chrétiens Contre la Torture), avec des délégués
de sept pays d’Afrique de l’Ouest. Je collabore avec
eux, ici, sur place. Le Congrès portait spécialement
sur la suppression de la peine de mort. La réflexion a bien
sûr été marquée par ce qui se passe dans
la Gambie voisine, où 10 prisonniers ont été
exécutés, dont 2 Sénégalais. Et où
20 autres attendent dans les couloirs de la mort. Pour l’avenir,
ils ont décidé de travailler avec les chefs religieux
des différentes religions qui ont une très grosse
influence et peuvent beaucoup aider à la conscientisation. Et
aussi avec les médias. Aujourd’hui, ils présentent
leur plan d’action à la presse.
Ensuite, je prépare
des lettres de soutien pour Noël et règle le cas d’un
étudiant étranger, avant de partir à notre
Maison centrale où nous avons un certain nombre de
choses à régler : l’achat d’une
voiture d’occasion pour la maison des étudiants (nous
n’avons pas de quoi acheter une neuve), une session de
formation à Justice et Paix au Cameroun, les fraternités
spiritaines de laïcs, une réunion des formateurs, les
projets de développement, et beaucoup d’autres
activités à mener.
L’après-midi, je
commence par u n cours de ouolof avec nos étudiants. En
effet, pour leurs engagements, je trouve très important
qu’ils apprennent la langue locale, même s’ils ne
doivent pas rester longtemps ici.
Ensuite, je continue à
rencontrer personnellement les étudiants.
La nuit, 2ème
rencontre avec une centaine de jeunes se préparant au
mariage. Comme jeudi dernier, l’ambiance est très
amicale. Je me charge d’abord de les détendre et de les
mettre à l’aise, car aujourd’hui nous abordons la
question de la sexualité dans le couple. Ils ont acheté
tous mes livres sur le sujet, et certains n’en ont pas eus !
Mercredi
14 novembre : Je vais d’abord
à la prison pour régler un certain nombre de petits
problèmes : passer à l’infirmerie,
organiser les rencontres d’écoute d’aujourd’hui,
voir le directeur de la prison et son adjoint pour la suite de notre
collaboration, rencontres et activités à venir.
Puis
je pars participer à la seconde ,journée du Colloque
inter religieux. Le thème d’aujourd’hui :
« Le rôle des religions dans la construction de la
nation, la promotion de citoyenneté, de la paix et du
développement ». Il y a beaucoup de choses à
réfléchir dans la situation actuelle du Sénégal.
Nous
écoutons d’abord un rabbin, venant directement d’un
Kibboutz. C’était important pour nous de recevoir un
éclairage de l’extérieur et de chercher à
comprendre un point de vue étranger, même si nous ne
pouvons pas accepter tout ce qu’il a dit sur le sionisme et
les israéliens. Et que la religion juive nous interpelle
aussi en tant que chrétiens et à partir du Nouveau
Testament.
Nous réfléchissons ensuite à
« l’impact des valeurs et des religions
traditionnelles dans la promotion de la citoyenneté »,
présenté par un maire du pays bassari, où j’ai
moi-même travaillé en 1979-1980. Je m’y retrouve.
Comment garder ces valeurs traditionnelles dans le monde moderne,
spécialement en ville et auprès des jeunes, très
marqués et attirés par les moyens techniques actuels,
la musique, la mode et tout ce qui vient de l’occident.
Comment intégrer le positif de ce qui vient de l’étranger
dans les cultures sénégalaises actuelles, qui sont
elles-mêmes complètement transformées.
Enfin,
à partir du témoignage d’un pasteur et l’action
d’une ONG, nous parlons du « rôle des
responsables religieux (pasteurs, prêtres et imams) dans la
promotion de la paix et du développement ». Là,
je regrette qu’on se soit surtout étendu sur la
description des activités, sans chercher à voir et
analyser les causes de la pauvreté. Car il est nécessaire
d’agir sur ces causes.
Comme hier, je rentre rapidement à
la communauté pour rencontrer personnellement nos étudiants.
Ce n’est pas fini, car hier j’ai dû m’arrêter
pour aller enregistrer nos deux émissions radio
hebdomadaires. Je vais continuer ce soir ! Après avoir
fait un certain nombre de visites pour répondre aux appels
qui viennent de m’être adressés.
Mardi
13 et mercredi 14 novembre : Je
suis invité à un Congrès sur les relations
inter religieuses. Ca m’intéresse beaucoup, mais à
cause de mes responsabilités, je ne pourrai pas tout suivre,
malheureusement. D’abord, je passe voir la femme d’un
détenu pour qui nous venons de trouver du travail. Puis je
pars chez la secrétaire de l’aumônerie pour
préparer les demandes de soutien, pour les fêtes de
Noël. Enfin, je vais introduire un étudiant allemand au
CAEDHU (Centre des Droits Humains). Il est venu faire un stage dans
une ONG de la place qui ne s’est pas intéressée
à lui et même l’a carrément laissé
tomber. Il se retrouve donc en plan. Ce n’est pas la première
fois que je dois ainsi « repêcher » et
recaser des jeunes stagiaires qui se retrouvent sur le carreau. Au
moins, lui, va pouvoir faire quelque chose de valable dans une ONG
qui travaille.
Enfin, je rejoins le Colloque sur le dialogue
inter religieux : « Religion, paix et
développement ». Nous étudions d’abord
la crise du Mali, le mouvement islamique au Sénégal,
et le traitement des religions dans les médias. Avec débats,
ateliers, échanges, suivis de rapports et de conclusions.
Demain, nous travaillerons le rôle des religions dans la
construction de la nation, la promotion de la citoyenneté, de
la paix et du développement. Le problème, ce sera le
suivi bien sûr.
Je suis intervenu spécialement au
sujet des médias, à partir de mes émissions
religieuses en français et en ouolof à la radio de
la Mairie de Dakar. En expliquant comment nous ne voulons pas faire
de propagande religieuse mais de veiller à la compréhension,
au refus de la violence verbale ou autre, et en montrant le positif.
Pour cela, nous interviewons des chrétiens engagés
dans la société : ils témoignent de ce
qu’ils font, comment leur foi les soutient et comment ils
travaillent ensemble, chrétiens et musulmans.
A partir de
mon travail dans les prisons, j’ai réagi contre le
nombre de pages consacrées dans les journaux, mais aussi à
la radio et la télévision, aux agressions, vols,
viols, et aux comptes rendus des jugements détaillés
et « croustillants » des tribunaux :
inceste, prostitution, pédophilie, homosexualité,
drogue. Toute cette publicité voyeuriste n’aide
certainement pas les prisonniers, mais pas davantage les autres
citoyens ni la société sénégalaise en
tant que telle.
Nous avons vu comment assurer une meilleure
formation des responsables de ces émissions religieuses ,
musulmans comme chrétiens. Et aussi la nécessité
de voir ce qui se passe également sur Internet. Et
d’organiser des « associations des auditeurs »
pour réagir sur la qualité et le contenu des
émissions.
Lundi
12 novembre : Reprise des
activités. Cette semaine, je vais recevoir personnellement
chacun des étudiants pour faire le point de leurs
activités et de leur engagement social. Ensuite, nous en
tirerons les conclusions tous ensemble.
Je reçois un
certain nombre de visites de gens qui viennent me voir pour
des conseils ou des aides diverses. D’autres m’apportent
des choses pour les prisonniers (habits, savon, dentifrice, sucre,
lait, nescafé).
Le soir, nous tirons la liste actualisée
avec contacts, adresses des spiritains d’Afrique de l’Ouest.
Nous en avons besoin pour notre travail et pour nos relations.
La
nuit, nous tenons notre réunion mensuelle de communauté.
Chaque fois, nous prenons un thème de réflexion, ce
qui est une occasion de formation, mais un apprentissage pour les
étudiants à parler en public et à échanger
des idées. Nous examinons ensuite notre vie communautaire.
Puis nous voyons comment nous allons vivre le temps de l’Avent
personnellement, en communauté et à l’extérieur.
Et comment améliorer nos prières communautaires.
Enfin, nous abordons les questions concrètes : finances,
matériel, organisation.
Dimanche 11 novembre : Chaque mois, nous consacrons un dimanche à la prière (récollection) avec les étudiants. C’est moi qui l’anime cette fois-ci. J’ai pris comme thème : « Vivre notre sexualité dans la foi et l’amour du Christ ». C’est un point important pour notre vie personnelle, en tant que religieux célibataires consacrés. Mais aussi pour notre société et tous ceux qui sont blessés dans leur amour.
Samedi
10 novembre : Ce matin, à
la prison des hommes, deux de mes étudiants
m’accompagnent. C’est important qu’ils s’initient
à ce travail. Je reçois aussi une animatrice de
prison, qui vient du Gabon. Nous espérons qu’elle nous
apportera ses idées et ses propositions. Nous sommes très
heureux de l’accueillir, et les prisonniers encore plus !
En
ce moment, dans le pays, on parle beaucoup du jugement d’Hissen
Habré, l’ancien dictateur du Tchad, pour les crimes
qu’il a commis à partir de 1982. Cela fait plus de 10
ans que nous attendions ce jugement, et nous sommes très
heureux qu’il se tienne en Afrique. Mais nous sommes effarés
de la façon dont ça se passe. D’abord, par le
coût…. alors qu’il n’y a pas d’argent
pour les prisons. Pour ce procès, on a choisi 18 juges, qui
seront payés des millions. De plus, eux, mais aussi leurs
familles, profiteront d’une exonération d’impôts
et autres taxes pendant tout le temps du procès. Je ne peux
pas m’empêcher de penser aux très nombreux
prisonniers qui vivent dans des conditions tellement difficiles et
qui attendent des mois et des années pour être jugés,
sans véritable défense. Vraiment, la justice n’est
pas la même pour tous. De plus on a donné des critères
pour choisir ces 18 juges : intégrité,
impartialité et expérience. Est-ce que tous les juges
ne doivent pas être intègres et impartiaux ?
Nous
parlons bien sûr de la vie à la prison. Avec l’aide
des responsables, nous arrivons à régler les tensions
peu à peu, et un certain nombre de ceux qui s’étaient
découragés commencent à revenir.
Plusieurs
sont condamnés pour viol. Souvent leur jugement, comme la
façon de les traiter, ne sont pas clairs. Nous cherchons des
avocats et des psychologues pour les suivre et régler leurs
problèmes. Sans oublier bien sûr les victimes, qui ont
droit à la protection, la défense et un soutien. Nous
voudrions arriver à une demande explicite de pardon et même
une réconciliation, mais c’est plus
difficile.
Malheureusement, nous n’avons plus les moyens de
prendre en charge les ordonnances de chacun. Nous avons rencontré
l’infirmier chef pour acheter les médicaments de
première urgence qu’il utilisera pour le mieux.
Les
catholiques, venus pour la prière, m’amènent les
noms de leurs camarades musulmans qui voudraient nous rencontrer. Je
suis très heureux de cette initiative et de leur
ouverture.
Nous continuons à chercher du travail pour les
femmes des détenus afin qu’elles puissent faire vivre
leurs familles.
Nous parlons aussi de la vie du pays. Cette
semaine, nous avons appris la noyade de près de 100
personnes qui avaient quitté le Maroc en pirogue pour aller
en Espagne. Parmi eux, 31 Sénégalais, dont 2 femmes et
des enfants. Cela a causé un grand choc. De 1988 à
2009, on compte plus de 15.000 morts en mer, uniquement pour les cas
connus, soit plus de 1.400 par an. Sans parler de tous ceux qui sont
morts en route, en particulier dans le désert. Et tant qu’on
ne pourra pas organiser sur place une vraie formation et des
emplois, en particulier pour les jeunes, cela continuera.
Puis
nous partageons la Parole de Dieu : l’Evangile de
dimanche suivant (voir les comptes rendus dans mon site).
Au
retour, travail avec une amie secrétaire qui accepte de
saisir certains documents. Aujourd’hui, je lui demande
de saisir un document pour un prisonnier qui vient d’être
libéré : pendant son séjour en prison, on
lui a volé tout ce qu’il avait ; il en a fait la
liste. Quand elle sera imprimée, nous irons voir un huissier.
Merci également à Jocelyne qui saisit ces
« Nouvelles » que vous recevez.
Je fais le
point aussi avec les animatrices de la Maison des femmes. Un certain
nombre des détenues le sont pour cause d’avortements.
Elles doivent passer aux Assises. C’est un tribunal
spécial qui se réunit très peu souvent, et les
femmes traînent des années avant d’être
jugées.
Le soir, je vais célébrer la messe à
la paroisse. A la sortie, je suis heureux de saluer de nombreux amis
et connaissances.
Vendredi
9 novembre : Aujourd’hui
je ne vais pas à la prison. En effet, toute la semaine, nos
étudiants ont suivi une session de bioéthique, animée
par une théologienne venue de l’Université
Catholique d’ANGERS, Véronique Mangrond. Nous nous
retrouvons donc entre professeurs et formateurs avec elle pour
réfléchir comment mieux organiser la formation donnée.
Et faire vivre notre Institut.
Après le repas, séance
de travail avec la secrétaire de l’aumônerie des
prisons.
Jeudi
8 novembre : Pendant la journée,
je continue mon travail sur le Concile Vatican 2. Ca n’avance
pas vite ! En ce moment, je travaille les questions de la
famille et du mariage.
Le soir, rencontre des fiancés
(préparation du mariage). Ils sont près de 100. J’ai
beaucoup travaillé cette question autrefois et même
écrit plusieurs livres. Je me retrouve dans mon ambiance et à
l’aise. Surtout qu’il s’agit d’un public
jeune. En plus, ils répondent et participent très
bien. Nous travaillons la psychologie de l’homme et de la
femme (sur laquelle je mets beaucoup de réserve !) dans
le but de mieux se connaître et de se compléter. A
partir de là, nous passons à la vie du couple :
importance de se parler, de mieux vivre ensemble les différents
aspects de la vie conjugale et familiale, de s’engager
ensemble, de se pardonner, etc… Enfin, nous abordons la
dimension chrétienne de l’amour et du mariage. La
semaine prochaine, nous aborderons les questions de la sexualité.
Mercredi
7 novembre : Ecoute à
la prison. En plus de l’accueil des nouveaux et le soutien
psychologique de certains détenus, je rencontre les
responsables de la communauté catholique (deux francophones
et deux anglophones) car apparaissent des tensions, des oppositions
de personnes et un certain découragement. Il faut donc les
remotiver. Puis nous nous asseyons avec les responsables du service
social, pour voir les problèmes généraux. La
grande chaleur et les mauvaises conditions de vie entraînent
beaucoup d’agressivité. Sans oublier les questions
matérielles, car ils ne reçoivent aucun soutien de
leur ministère. Nous faisons le point avec les agents de
santé. Là aussi , leur ministère ne leur envoie
pas de médicaments. Pour nous, nos moyens sont trop limités
pour prendre en charge toutes les ordonnances. Nous voyons avec
l’infirmier quels sont les médicaments les plus
nécessaires et nous allons demander des cotisations aux
membres de l’aumônerie et à nos amis et relations
afin de pouvoir les acheter.
Après le repas, je pars tout
de suite chez le dentiste. Il doit m’arracher deux
dents et me mettre un appareil sur la mâchoire du bas (j’en
ai déjà un pour le haut) ; mais il me faut
trouver un financement pour cela.
Je rencontre ensuite les
responsables des émissions catholiques pour reprendre
la rencontre de samedi et voir que faire pour les émissions
dont j’ai la responsabilité.
Je passe à la
Centrale des Œuvres inscrire deux personnes au week end de
formation sur « Dieu notre Père »,
dans le cadre de l’année de la foi.
Puis je vais
enregistrer mes deux émissions radio, une en français
et une en ouolof. Aujourd’hui, je reçois deux
responsables JOCF, sur le travail avec les jeunes travailleuses et
surtout (hélas !) les chômeuses et toutes celles
qui « se débrouillent» et travaillent dans
le secteur informel. Elles nous présentent leur plan d’action
pour cette année : « Sauver notre vie dans
l’entente et la collaboration ». Elles nous parlent
de leurs actions pour aider leurs camarades : jeunes filles
enceintes, etc… Et surtout ce qu’elles font avec les
femmes des villages qui viennent travailler en ville pour nourrir
leurs familles. Et aussi les enfants qui viennent à la
capitale faire des petits métiers pour gagner un peu d’argent
et se payer l’école et les fournitures. Mais elles
vivent dans des conditions très dures et se font souvent
tromper et exploiter. Beaucoup restent en ville, dans n’importe
quelles conditions et abandonnent l’école. Ces deux
responsables insistent sur les difficultés de leurs
engagements, mais surtout elles expliquent comment leur foi
chrétienne les soutient. Et en même temps comment elles
travaillent avec les musulmanes.
Comme toujours, je suis très
bien accueilli par les techniciens de la radio. C’est
très agréable. De plus, ils font tout leur possible
pour améliorer notre travail au moment du montage.
Aujourd’hui, en pleine émission, un des employés
vient même nous apporter un verre du thé traditionnel.
Mardi 6 novembre : Le matin, travail personnel à la maison. L’après-midi, cours de ouolof. Il n’y a pas beaucoup de monde. Les gens se disent intéressés mais ne font pas les efforts nécessaires pour apprendre une langue nouvelle. Nous allons changer de lieu et réorganiser les horaires.
Lundi
5 novembre : Je vais à
notre Maison centrale, rencontrer notre responsable, en particulier
au sujet des fraternités spiritaines laïques. Puis je
rencontre notre économe pour les questions économiques,
en particulier pour trouver des voitures pour nos communautés
travaillant dans 4 pays d’Afrique de l’Ouest, au moins
des voitures d’occasion, car la plupart de nos véhicules
sont complètement usés. Cela n’est pas étonnant,
vu l’état des routes ! mais cela nous bloque
beaucoup dans nos activités pastorales.
Après avoir
réparé mon vélo (lui aussi est bien fatigué !),
je vais rencontrer quelques émigrés. Je n’ai pas
beaucoup de moyens pour les aider, mais je cherche au moins à
leur remonter le moral et à trouver des solutions à
leurs problèmes, afin qu’ils reprennent un peu
confiance et espérance.
Puis je passe au CAEDHU (centre
de formation aux Droits Humains) faire le point de la rencontre de
samedi et en tirer des orientations et des activités à
mener. Nous voulons en particulier faire l’évaluation
des gens que nous avons formés ces dernières années,
et voir ce qu’ils ont réalisé concrètement.
A
18 heures, rencontre avec les techniciens du Ministère de
la Justice. C’est la 3ème réunion,
dans la collaboration que la Ministre nous a proposée (à
l’aumônerie catholique des prisons). Nous
abordons un certain nombre de questions. D’abord les
rencontres d’échanges et de réflexion entre
notre aumônerie et le personnel des différentes prisons
de la région. Puis le travail avec les services sociaux. A
partir de là, nous abordons des questions plus précises :
la nourriture, la santé, l’amélioration des
bâtiments et la construction de nouvelles prisons et de
nouveaux tribunaux. Cela nous amène à aborder la
question des jugements, des appels, des réductions de peines
et des grâces. Avec tout ce qui s’y ajoute :
retards, corruption, manque de clarté, influences
extérieures. Puis nous passons à des questions plus
précises : la formation professionnelle et le travail
dans les prisons, la réinsertion avec le soutien et la
participation d’ONG et d’entreprises étrangères
et locales. Le Ministère a évidemment plus de pouvoir
et de possibilités que nous. Sans oublier les questions
concrètes, comme les rencontres personnelles des détenus
avec leurs femmes, qui nécessitent un minimum d’intimité
au lieu de se voir au parloir dans un grand groupe.
Dimanche
4 novembre : Après la
messe, interview sur une autre radio communautaire, avec
interventions des auditeurs. Thème : La Toussaint, la
prière pour les morts, l’évangile d’aujourd’hui
sur l’amour, la commission justice et paix, et toutes les
questions posées par téléphone.
Ensuite,
visite des familles comme chaque dimanche. Je rencontre en
particulier Elisabeth. Elle était conseillère du
Ministre de la Jeunesse qui a été déplacé
suite au dernier remaniement ministériel et qui se retrouve
responsable de projets. Elisabeth se demande si elle va le suivre ou
reprendre son travail ordinaire dans la société de
médias et communications qu’elle a créée.
Nous réfléchissons à la vie du pays et à
l’engagement politique des chrétiens.
Samedi
3 novembre (suite) : Les hommes
souffrent beaucoup en prison, mais leurs femmes souffrent encore
plus. Le mari n’est plus là pour nourrir la famille, la
femme se retrouve seule pour la nourriture, le loyer, l’école
des enfants, etc… Nous cherchons à leur trouver du
travail, mais ce n’est vraiment pas facile.
Je vais
rejoindre la rencontre des responsables des émissions
catholiques (radio, télévision) et journaux. C’est
important que nous nous mettions d’accord pour ne pas tous
faire la même chose et assurer une complémentarité
entre nos différentes émissions. Nous voyons également
comment améliorer notre technique mais aussi le contenu de
nos émissions, pour répondre davantage aux besoins de
nos auditeurs.
L’après-midi, rencontre au CAEDHU.
Nous continuons de travailler à l’éducation aux
Droits Humains et à la mise en place d’un Centre de
Formation. Les choses avancent (trop !) lentement. Je laisse la
réunion pour aller dire la messe à la paroisse.
Ensuite, nous prenons un temps pour parler et manger avec les
prêtres. Puis je rejoins notre communauté pour notre
soirée détente du samedi.
Samedi
3 novembre :
A
la prison des hommes
aujourd’hui j’ai des problèmes : on contrôle
mes affaires, on vérifie mes papiers, on prend mon téléphone.
Je ne dis rien, car tout cela est légal. Mais maintenant le
personnel me connaît bien et il n’y a pas tous ces
problèmes. Cependant nous sommes à la merci du chef de
poste, et cela dépend de son humeur.
Nous commençons
par nous donner les nouvelles des jugements et des malades. Puis
nous revenons sur la réunion de la semaine dernière
pour essayer de réduire les tensions, de diminuer
l’agressivité et les frustrations. Et aussi pour
arrêter les jalousies entre les différentes ethnies et
religions. Et aussi entre Sénégalais et étrangers.
Nous parlons aussi des visites. Nous avons d’ailleurs abordé
cette question avec le directeur de la prison. Les visites se font
en commun au parloir. Nous voudrions que les prisonniers mariés
puissent avoir davantage d’intimité et parler avec leur
femme dans la discrétion.
Nous voyons aussi comment ils
ont vécu la Toussaint et la journée d’hier de
prière pour les morts. Il y a eu quelques problèmes à
ce sujet, car le responsable de la prière a été
interrompu et il s’est mis en colère. Déjà
depuis quelque temps il y a beaucoup d’agressivité et
d’insatisfaction : il n’y a plus d’argent
pour la nourriture des prisonniers, ce qui entraîne tensions
et maladies ; il n’y a pas d’eau en ville et ce qui
est supportable pour une famille de 7/8 personnes ne l’est pas
pour une prison de 900 prisonniers, surtout dans les conditions de
promiscuité qui sont les leurs. En ce moment, il fait très
chaud, ce qui augmente l’agacement de tous. Nous reprenons les
paroles de Dieu sur le pardon et la réconciliation, suivi
d’un temps de prière. Ils me demandent de régler
les problèmes. A la suite de Matthieu 18, 15-21, je leur
demande de prendre d’abord leurs responsabilités
eux-mêmes, personnellement, avec les responsables qu’ils
ont choisis, et tous ensemble en communauté. Ce sont des
adultes, je tiens à ce qu’ils prennent les choses en
main, et je ne veux surtout pas les infantiliser. Plusieurs
réagissent d’ailleurs positivement et nous nous
retrouverons avec les responsables mercredi prochain. D’autres
demandent à tout le groupe de se remobiliser en se
conseillant et soutenant mutuellement, avec l’aide de Dieu. Le
calme revenu, nous pouvons reprendre notre réunion dans la
paix. Je prépare la liste des personnes à rencontrer
mercredi en expliquant à nouveau qu’ils doivent se
préparer à l’avance et qu’il s’agit
de voir les gens qui ont des problèmes et que nous acceptons
de rencontrer en particulier, mais pas pour de la nourriture ou des
visites médicales, ce dont nous nous occupons par ailleurs.
Vendredi
2 novembre :
A
la prison des femmes nous
reparlons de la Tabaski, à propos du sens de cette fête,
de la foi et du sacrifice d’Abraham, et comment elles ont
passé la fête ensemble, chrétiennes et
musulmanes. Puis comment elles ont vécu la fête de la
Toussaint. Et nous partageons longuement la Parole de Jésus
(les Béatitudes). Nous continuerons lors de notre prochaine
rencontre.
Le soir, réunion de notre communauté de
quartier. Marie-Pierre, la responsable, nous fait le compte-rendu de
la formation de la semaine passée. A partir de là,
nous préparons nos activités de cette année.
Comme d’habitude je vous en enverrai le compte-rendu.
Jeudi
1er
novembre :
Toussaint.
Je
célèbre la messe de 9 heures. Après la messe,
je rencontre un certain nombre de personnes à qui j’ai
donné rendez-vous, profitant de ce jour de
congé.
L’après-midi, prière au
cimetière. Plus de 2000 jeunes y sont venus deux dimanches de
suite pour le nettoyer. Et une très grande foule se rassemble
autour du Cardinal. La prière pour les morts, c’est
important ici. Les gens retournent jusque dans leurs villages à
cette occasion.
Le soir, nouvel enregistrement à la radio,
pour dimanche matin et soir.
Mercredi
31 octobre :
Après
avoir réglé un certain nombre de questions en attente,
je me retrouve dans les réalités concrètes de
la vie des détenus, en
écoute.
Nous partageons avec le service social, l’infirmerie, les
différents services et bien sûr le directeur les
différentes propositions que nous avons faites hier à
notre réunion. Ensuite, nous voyons les prisonniers, chacun
avec ses problèmes, qui sont tous différents mais
aussi difficiles les uns que les autres. En particulier, pour les
familles : pauvreté, manque de nourriture, manque de
travail pour la femme qui se retrouve chef de famille, expulsion de
la maison, enfants qui arrêtent les études par manque
de moyens, couples qui se cassent. Et les problèmes des
détenus ne sont pas moindre : matériel, santé,
psychologique, difficulté de supporter cette grande
promiscuité et la solitude.
L’après-midi, je
reprends tout cela. J’ai des nombreux messages à
envoyer et des contacts à prendre pour préparer toutes
les activités que nous avons prévues. L’aumônier
de la prison
des jeunes me
rend visite et nous voyons que faire ensemble pour ces jeunes, selon
les orientations prises hier. Puis je pars à la radio pour
enregistrer deux émissions spéciales pour la
Toussaint.
Mardi
30 octobre :
Rencontre
de lancement de l’aumônerie
des prisons.
Il y a beaucoup à dire et à faire. Et je vous en ai
souvent parlé dans mes différents courriers :
notre travail avec le ministère de la Justice, la commission
judiciaire, les jugements en appel, les grâces, les remises de
peine et la formation sur toutes ces questions dont nous avons
besoin ; la lutte contre la corruption et l’arbitraire
pour laquelle nous sommes tellement démunis (nous sommes
acceptés, mais si nous intervenons trop directement et trop
clairement, nous serons renvoyés. L’équilibre
n’est pas facile à tenir !). Nous voyons que
faire, pour les jeunes et les femmes aussi bien que pour les hommes,
avec le ministère, avec la direction pénitentiaire,
avec les responsables des prisons, mais aussi à la base avec
le personnel. Nous allons essayer d’obtenir des rendez-vous et
l’autorisation de faire des rencontres à ces différents
niveaux. Et dans tout cela, ne pas nous laisser bloquer par les
textes mais faire chercher le bien des personnes. Ce n’est pas
simple. De plus
il faut nous adapter à chaque prison et à
ses réalités propres.
Nous allons relancer les
rencontres de formation ouvertes à tous les prisonniers. En
particulier par rapport au SIDA. Puis, à partir de là,
lancer une réflexion sur la sexualité en prison. Nous
allons continuer à chercher des avocats et des médecins
prêts à intervenir. Nous revenons bien sûr aux
questions de formation professionnelle en prison, de réinsertion
à la sortie, mais aussi à la recherche de travail et
au soutien des femmes de détenus et de leurs familles,
spécialement pour les jeunes : certains retournent en
famille mais n’ont pas de travail ; d’autres
retournent dans la rue. Nous allons nous mettre en lien avec des
éducateurs pour les suivre. Le sort des autres prisons de la
région de Dakar nous inquiète également.
Lundi
29 octobre :
Nous
nous retrouvons pour la première réunion
de doyenné de
l’année : les prêtres des 7 paroisses du
secteur. Nous nous partageons les responsabilités et
organisons le programme de rencontres et d’activités.
Cela nous prend du temps, d’autant plus qu’à
chaque fois nous réfléchissons aux difficultés
et cherchons comment améliorer nos façons de
travailler. Ensuite, je fais le compte-rendu de la formation des
responsables de communauté du dimanche 14 octobre. Pas
seulement pour qu’ils soient au courant, mais pour qu’ils
s’impliquent vraiment dans cette action et mettent en pratique
les orientations proposées.
Nous décidons de
réfléchir à la vie des mouvements de jeunes, à
la nouvelle évangélisation, l’année de la
foi, les communautés de quartier, l’animation de nos
paroisses, l’accueil des étrangers, réfugiés
et émigrés. Nous voulons travailler aussi le
Concile de Vatican 2 dont c’est le 50ème
anniversaire. Nous voyons ce que nous avons déjà fait
pour l’année de la foi.
Aujourd’hui, j’ai
une journée bien chargée. Je laisse la réunion
pour aller récupérer mon nouveau passeport (qui n’est
pas donné !). Puis je rencontre un responsable pour
régler un problème délicat d’un
religieux. Et les étudiants m’attendent pour la
rencontre hebdomadaire. Aussitôt après, je pars à
la paroisse pour la messe, suivie par la réunion de la
commission justice et paix.
Avec nos étudiants, nous avons
cherché comment participer aux activités de l’année
de la foi dans
les paroisses et dans nos différents engagements, mais
d’abord dans notre propre vie personnelle et communautaire.
Nous avons eu un échange très intéressant et
très profond.
Dimanche
28 octobre :
Après
la messe du matin, j’ai un certain nombre de contacts, comme
d’habitude. Les gens viennent parler et donner leurs
nouvelles : c’est très sympathique. Je pars
ensuite préparer mes émissions radio avec
l’intervenante de mercredi.
Le soir, rencontre avec les
jeunes de
la communauté de quartier. Nous reprenons les différents
points d’action décidés à la réunion
d’évaluation de juillet : activités de
l’amicale, participation aux activités de quartier et
rencontres avec les autres jeunes, participation à la
communauté de quartier et à la vie paroissiale,
activités caritatives et humanitaires, engagement pour
justice et paix. On met en place un nouveau Bureau pour cela.
Il
me reste un peu de temps pour faire des visites de familles dans le
quartier.
Samedi
27 octobre :
Aujourd’hui
est férié. Malgré tout, le directeur de la
prison
me
donne l’autorisation de tenir notre réunion habituelle.
Hier la fête a été difficile pour les
prisonniers, car on n’a pas préparé de repas
pour eux. On comptait sur ce que les parents et autres personnes
apporteraient comme nourriture.
Mais surtout, nous sentons un
grand découragement, surtout du côté des
anglophones. Ils sont loin de chez eux et abandonnés :
ils ne viennent plus à nos rencontres. Tous souffrent de la
mauvaise nourriture, ce qui entraîne des carences et des
maladies. Et surtout, ils ont l’impression que la situation
n’évolue pas. Ils attendent des mois, et même des
années, sans passer en appel et lorsqu’ils sont
convoqués ils sont renvoyés plusieurs fois, sans
jugement.
Il fait très chaud et cela influe sur les
caractères, augmente les tensions. Il y a des problèmes
actuellement par rapport aux responsables du groupe et entre les
membres. Et comme toujours, surtout dans un groupe fermé, les
conflits de personnes et les jalousies ne manquent pas. Nous
abordons toutes ces questions dans notre rencontre en donnant la
parole à tous. Les animateurs interviennent ensuite. Nous
responsabilisons les plus motivés pour qu’ils
contactent les découragés et les absents.
La fête
de la Tabaski est l’occasion de parler de nos relations entre
chrétiens et musulmans. Un certain nombre de ces derniers
viennent à nos rencontres et beaucoup en « écoute »,
le mercredi.
Nous terminons avec la question des malades :
maladies, mais aussi chutes, dépression…. Nous voyons
comment fournir médicaments et nourriture aux plus
nécessiteux.
Le
soir,
comme chaque samedi, nous passons la soirée ensemble, en
communauté, avec les étudiants. Car toute la semaine,
chacun est occupé par les études et les différentes
activités. C’est un temps de partage important pour
nous.
Vendredi
26 octobre :
Le
pays est à grande majorité musulmane. Toutes les
confréries musulmanes se sont mises d’accord pour
célébrer
le sacrifice d’Abraham toutes
ensemble le même jour. Le
pays
tout entier est animé, chacun se prépare à la
fête. Nous partageons la joie de nos amis musulmans et nous
parlons avec eux, pour que cette fête ne soit pas seulement la
fête du mouton (et des beaux habits) mais vraiment une fête
de la foi et une occasion de grandir ensemble dans la foi, chrétiens
et musulmans, car nous sommes tous fils d’Abraham. En ce jour,
quand les musulmans se rencontrent, ils se demandent mutuellement
pardon, ce qui est très beau. Nous reprenons cette coutume à
notre niveau.
Personnellement, je suis invité
l’après-midi
par l’imam du quartier. Bien sûr, je m’y rends
avec joie. Le matin, avec les étudiants, nous avons prié
pour nos frères et sœurs musulmans.
Dans la journée,
je visite un certain nombre de familles musulmanes ; je ne peux
pas participer à tous les repas, mais toutes tiennent à
me remettre un morceau du mouton qu’ils ont sacrifié.
Aux fêtes de Noël et de Pâques, ce sera notre
tour !
Jeudi
25 octobre :
Ma
mauvaise grippe continue à me fatiguer. Comme j’ai la
messe ce soir en paroisse, j’en profite pour me reposer ce
matin. Puis, à midi, avec mon confrère du séminaire,
nous allons manger chez une enseignante du théologat, en même
temps responsable d’une association d’éducation
aux droits humains.
Après un temps sur Internet, je pars
au Conseil Paroissial. Nous travaillons sur notre thème
d’année et le calendrier des activités, avec en
particulier les temps de formation. Nous reprenons les conclusions
du Forum d’Evaluation de début juillet. Une équipe
nous en propose une synthèse avec les objectifs visés,
les résultats à atteindre. Chaque groupe, équipe,
mouvement, communauté ou association va proposer des
activités pour atteindre ces résultats, pour qu’il
y ait une participation maximum de personnes.
Puis nous
réfléchissons plus précisément à
la vie de nos communautés de quartier. (Voir
le compte-rendu de la formation du 14 octobre que je vous ai déjà
envoyé).
Mercredi
24 octobre :
On
m’a offert 10 sacs de riz, des moustiquaires, des tee-shirts
et des pantalons, du savon et de l’eau de Javel.
Immédiatement, je les fais distribuer dans les trois prisons
où je travaille. Du coup, je suis bien accueilli bien sûr.
Il va falloir maintenant s’assurer que ces dons arrivent bien
aux destinataires. Mais nous avons confiance dans le nouveau
directeur pour cela. Ensuite, nous reprenons notre travail en deux
commissions : l’écoute et la réinsertion.
Mais avant de rencontrer les détenus, nous nous retrouvons
entre nous pour préparer nos propositions à la
rencontre générale de l’aumônerie de mardi
prochain. Une éducatrice, venue de France, nous rejoint pour
s’informer sur ce que nous faisons et comment nous
travaillons.
Dans les contacts personnels, les mêmes
problèmes reviennent : des gens qui attendent des années
avant d’être jugés en appel ; la nourriture
insuffisante qui entraîne de nombreuses maladies. La saison
des pluies est terminée, il fait très chaud et cela
entraîne aussi des tensions et des problèmes de
relations entre les personnes. Je prends le temps d’écouter
et d’essayer de régler un certain nombre de choses….ou,
au moins, d’encourager et soutenir les personnes à
mieux vivre leurs difficultés.
Après un temps de
travail personnel, je par à la radio
pour
enregistrer nos deux émissions du dimanche. D’abord, la
voiture de mon invité est en panne. Avec la préparation
de la fête de la Tabaski, nous avons beaucoup de peine à
arriver par les transports publics. Et quand nous arrivons, les
studios sont occupés. Mais grâce à la bonne
volonté de chacun, on arrive à s’en sortir !
Mardi
23 octobre :
Aujourd’hui,
je me consacre à ma congrégation (mon ordre religieux
et missionnaire des Spiritains). Nous travaillons d’abord avec
l’économe sur les questions financières et la
mise en place d’une Fondation pour lancer et soutenir des
actions de développement. Puis, avec notre responsable, nous
réfléchissons à la question des vocations, de
l’animation des fraternités spiritaines (des groupes de
laïcs qui nous soutiennent et cherchent à vivre notre
spiritualité) ; et un certain nombre d’autres
problèmes.
Le soir, je donne mon premier cours de ouolof
(pour
cette année scolaire)
à un certain nombre de personnes : nos étudiants,
des religieux, des coopérants et d’autres personnes
intéressées. En effet, la majorité de la
population sénégalaise parle ouolof et beaucoup ne
comprennent pas bien le français. Si l’on veut avoir de
bons contacts avec les gens, surtout les plus simples, il est donc
important d’avoir au moins quelques notions de ouolof.
Lundi 22 octobre : Rencontre de travail avec la responsable de l’aumônerie des prisons. Puis je pars à l’ONG Enda qui travaille dans de nombreuses actions de développement. Ils acceptent d’accueillir un de nos étudiants pour qu’il s’initie aux activités informelles : écoles communautaires, formation des apprentis, alphabétisation, écoles coraniques, etc… En effet, nous nous apercevons que souvent les écoles officielles (formelles, traditionnelles) n’apportent pas une vraie éducation, ne préparent pas les élèves au travail et à leur avenir, ne permettent pas une vraie participation des parents et, surtout, ne sont pas accessibles aux plus pauvres. C’est pourquoi nous voulons nous former à un autre type d’enseignement et d’éducation plus adapté à nos réalités et à nos besoins ; et que nous voulons former un de nos étudiants dans ce domaine. De même que nous avons orienté nos autres étudiants dans d’autres secteurs de travail social : familles nécessiteuses, enfants et jeunes en difficultés, mouvements d’action catholique, aumônerie des étudiants, animations des prisons, accueil des réfugiés et émigrés, enfants de la rue, handicapés, aumônerie de la mer, etc… Ils travailleront avec les responsables de ces différentes actions. De notre côté, nous reprendrons ces engagements ensemble en communauté. Je suis chargé de rencontrer chacun des étudiants personnellement pour évaluer ses engagements.
Dimanche
21 octobre :
C’est
le lancement de l’année pastorale dans tout le diocèse,
avec beaucoup d’anniversaires et d’orientations. En ce
moment, se tient le Synode sur l’Evangélisation, et le
début de l’Année de la Foi. C’est aussi le
50ème
anniversaire du Concile Vatican 2. Pour l’Afrique de l’Ouest,
et en particulier notre diocèse, nous lançons aussi
notre 3ème
Plan d’Action Pastoral. Nous présentons cela à
toute la paroisse et prenons le temps d’en parler ensemble.
L’Evangile du jeune homme riche de ce jour nous fournit une
base importante de réflexion.
Après cette
rencontre, nous nous asseyons avec le responsable de Justice et Paix
pour préparer nos activités de cette année.
La
responsable de notre communauté de quartier que je devais
rencontrer ce soir vient m’annoncer qu’une de ses nièces
est décédée. Elle va partir à
l’enterrement. C’est très souvent que des gens
viennent ainsi m’annoncer les décès dans leurs
familles. C’est à chaque fois un temps important de
rencontre et de partage. La grippe qui s’est abattue sur Dakar
fait que les gens sont très affaiblis et le palud et les
autres maladies se réveillent.
Samedi
20 octobre :
Ce
matin, des membres de la Communauté
du quartier sont
venus prier avec nous. Nous en sommes très heureux. Puis nous
prenons le petit déjeuner ensemble, ce qui nous permet de
continuer notre partage.
Avant de partir à la prison, je
me dépêche d’envoyer le compte rendu de la
formation de dimanche, pour que les prêtres et autres agents
pastoraux aient le temps de le lire avant notre réunion de
doyenné, du 29.
J’annonce aussi la réunion
générale de l’aumônerie
des prisons du
mardi 30, pour que chacune des commissions ait le temps de se réunir
d’ici là.
Puis je pars à la prison des
hommes. Les tensions continuent. L’effort de réconciliation
que nous avons fait il y a 15 jours n’a pas suffi. Il y a 2 ou
3 personnes qui s’opposent au responsable du groupe par
jalousie. Ils mettent un mauvais esprit et bloquent les choses. Il
va falloir que je les voie en particulier.
En ce moment, il y a
beaucoup de malades. La mauvaise grippe sévit aussi à
la prison ! Nous abordons les problèmes de santé :
le paludisme et le besoin de moustiquaires, le manque de savon et
d’eau de Javel…. Et toujours les problèmes de
nourriture et de jugements qui, malheureusement, n’avancent
pas, malgré tous nos efforts et nos rencontres.
Ensuite,
je reprends avec eux ce que nous avons dit hier au sujet de l’année
de la foi et de la Nouvelle Evangélisation. Beaucoup
réagissent, posent des questions, et nous cherchons tous
ensemble.
Je leur demande aussi de parler entre eux et de nous
apporter leurs propositions pour la marche de l’aumônerie
cette année.
Puis nous partageons nos réflexions
sur l’Evangile de demain comme d’habitude. Ensuite,
Adolf, de Tanzanie, dit adieu à la communauté. Il va
laisser la prison pour travailler avec les familles nécessiteuses
dans un quartier périphérique de Dakar (Pikine). Il
tire les conclusions de son expérience de l’année
passée, et propose des pistes pour cette année. Son
« successeur », Pascal, étudiant
guinéen, se présente à son tour. Adolf insiste
sur la fraternité, le respect mutuel et l’égalité
à maintenir entre tous, ainsi que l’importance de voir
le positif et de porter les problèmes ensemble.
Avant
d’aborder la question des relations entre chrétiens et
musulmans, et aussi de la drogue, dont nous avons souvent parlé
cette année, nous pensons aux musulmans qui se préparent
à la fête de la Tabaski (Aïd el Kebir) et nous
voulons échanger avec eux pour que ce ne soit pas seulement
la fête du mouton, mais la fête de la foi et du
sacrifice d’Abraham. Nous sommes tous concernés, étant
tous fils et filles d’Abraham.
Vendredi
19 octobre :
On a
ajouté une demi-heure aux cours de nos étudiants. Il
faut donc nous lever 30 minutes plus tôt cette année, à
5 heures. L’avantage, c’est que ça me donne une
heure de travail tranquille, de 7 à 8 heures, après
la prière, la messe et le petit déjeuner, avant que le
travail et les activités ne commencent en ville. Et en ce
début d’année scolaire, où toutes les
activités reprennent en même temps, il y a des tas de
choses à préparer et à organiser. Ce matin, je
termine le compte-rendu de la formation des responsables de
communauté.
Ma grippe m’a permis de créer des
contacts avec le personnel
du dispensaire. Je
repasse les voir. Et je participe à la prière qu’ils
font chaque matin avant de commencer leur travail.
A la prison
des femmes, nous
parlons de l’année de la foi : 1) Comment nous
réveiller ? Comment mieux vivre notre foi, chacun(e) à
son niveau personnel. 2) Comment vivre notre foi ensemble, entre
chrétiennes ? 3) Comment vivre notre foi avec les
autre prévenues musulmanes et de religion traditionnelle.
Bien sûr, l’essentiel c’est de revenir à
Jésus Christ : mieux le connaître ; l’aimer
davantage ; vivre et agir comme Lui.
Après la réunion
avec les femmes, nous rencontrons la directrice de la prison pour
mettre au point notre façon de travailler. Nous sommes
toujours sur la corde raide : d’un côté,
nous voulons partager la vie et les difficultés des femmes et
les aider au maximum ; d’un autre côté, il y
a les « textes » et le règlement dont
nous devons tenir compte. La plupart du temps, cela se passe bien
grâce aux efforts et à la compréhension
mutuelle. Mais avec certains responsables qui mettent le règlement
–ou même leur promotion personnelle- avant le bien des
personnes, cela devient difficile. Et sous prétexte qu’il
faut la discipline et que tout marche bien, il y a le danger
d’infantiliser des femmes adultes et mères de familles
au lieu de les responsabiliser et de les préparer à
leur sortie. Il ne suffit pas que les conditions matérielles
soient les meilleures possibles pour que tout soit parfait ! Le
personnel de la prison est d’ailleurs pris entre deux feux :
d’un côté ils sont très heureux de ce que
nous faisons car cela améliore beaucoup la vie en prison
ainsi que le comportement de détenues, mais d’un autre
côté ils sont inquiets car nous découvrons
certains aspects de la prison qu’ils préfèreraient
cacher. De plus, comme me le disait un autre régisseur de
prison : « Nous comptons sur vous, car nous avons
été formés plus à la répression
qu’à l’éducation ». Quand il y
a cette volonté mutuelle de se compléter et d’avancer
ensemble, les choses sont beaucoup plus faciles.
La ville de
Dakar est en plein émoi. Les cimetières
chrétiens
ont été vandalisés. On a parlé de
profanation. En fait, il ne s’agit pas d’attaque contre
la religion chrétienne, mais de vol. On a volé les
crucifix des tombes. Pour certains, c’est pour récupérer
le plomb. Pour d’autres, c’est pour les revendre à
l’occasion de la Toussaint. D’ailleurs, il semble que
certains de ces voleurs soient des chrétiens. Il n’empêche
que cela a beaucoup choqué toute la population, musulmans
comme chrétiens. Et beaucoup de gens sont inquiets de
constater que pour avoir de l’argent certains sont prêts
à faire n’importe quoi. Surtout le manque de respect
par rapport aux morts, alors que c’est une chose très
importante dans la culture sénégalaise. Ce qui
explique que les premiers à avoir réagi sont les chefs
traditionnels et les chefs religieux musulmans de Dakar. Cela nous a
beaucoup encouragés et soutenus. La question de la
sécurisation des cimetières est posée, et celle
de la
sécurité en
général dans la ville, car, comme partout, il y a de
plus en plus d’agressions, et de violence dans la vie de tous
les jours, au niveau personnel mais aussi collectif. Le dernier
exemple, c’est le match de football entre le Sénégal
et la Côte d’Ivoire éliminatoire pour la coupe
d’Afrique. Suite à un penalty contre le Sénégal,
certains spectateurs se sont révoltés, ils ont
commencé à jeter des pierres et des boîtes de
jus de fruits et à casser le stade. Heureusement, le reste de
la population s’est très bien contrôlé, et
il n’y a pas de casse en ville. Les policiers ont très
bien protégé les joueurs et les supporters ivoiriens.
Ce qui est encore un signe d’espoir et un grand
encouragement.
Nos délégués des
missionnaires
spiritains se
rassemblent depuis trois jours, venus de Guinée, Guinée
Bissao, Mauritanie et du Sénégal, comme chaque
trimestre, pour évaluer notre vie et nos actions. Je vais les
rejoindre à midi, pour partager le repas avec eux et partager
nos joies et nos soucis. Je vais ainsi avoir des nouvelles des
différents endroits où j’ai travaillé ces
dernières années. C’est une grande joie pour moi
de pouvoir partager tout cela.
Vendredi prochain, ce sera la fête
de l’Aïd
el Kebir (Tabaski) qui
commémore le sacrifice d’Abraham. Toute la ville est en
pleine préparation de cette grande fête, dans la peine
et la difficulté car le coût de la vie ne fait
qu’augmenter et les gens et les familles ont de plus en plus
de peine à vivre. Nous, les chrétiens, nous nous
sentons concernés par cette fête, étant nous
aussi enfants d’Abraham. C’est un grands temps de
communion qui se prépare.
16
heures. Gabriel,
chef scout et professeur de gestion,
revient pour une deuxième fois cette semaine, continuer la
formation commencée. C’est important pour nos
étudiants, futurs missionnaires. A la fois pour avoir un
minimum de compétence et pour apprendre à travailler
avec des laïcs.
Igbe, un confrère nigérian
travaillant en Guinée, profite de sa participation à
la rencontre de Dakar pour venir nous visiter au Théologat.
Il connaît d’ailleurs plusieurs étudiants, pas
seulement les Guinéens mais aussi ceux qui ont fait leur
stage en Guinée, ainsi que bien sûr les étudiants
nigérians. Nous passons une soirée très
agréable.
Jeudi
18 octobre :
Toute
cette semaine, je dirige la prière et l’eucharistie. Ce
matin, nous fêtons St Luc. Cette fête nous concerne
directement en tant que missionnaires.
Aujourd’hui, pas de
petit déjeuner. Je reste à jeun pour aller faire faire
des analyses, car la grippe m’a beaucoup fatigué. Mais
ça va, j’ai un taux de glycémie normal, grâce
au vélo.
Je rejoins ensuite l’équipe de la
paroisse qui prépare le travail de l’année. Nous
avons une excellente réflexion sur la vie de la paroisse et
des quartiers, à partir de l’évaluation de
l’année dernière. A partir de là, nous
traçons des pistes d’actions pour cette année,
et nous nous répartissons les tâches. Je continue de
travailler dans les prisons dont je prends la responsabilité,
avec les enfants de la rue, l’animation des communautés
de quartiers et les formations, sans oublier la commission justice
et paix. Au repas, nous accueillons des confrères de passage
et deux grands séminaristes de la paroisse, qui se préparent
à rentrer.
L’après-midi nous allons au
port.
Une nouvelle paroisse se met en place pour l’apostolat de la
mer. Mes origines des îles de Bretagne (l’Ile de Houat),
ma jeunesse à Dakar où mon père travaillait
comme électricien à l’Arsenal du port, comme mon
propre engagement avec les pêcheurs à St Louis du
Sénégal, me rendent très sensible à ce
travail. Aussi je suis très heureux d’y mener un de nos
étudiants, John, un Sierra Léonais bilingue, pour
pourvoir travailler avec le maximum de personnes. Nous allons voir
les réalités sur le terrain.
A 17 heures, rencontre
des chrétiens
engagés en politique. C’est
une rencontre importante. Malheureusement, il n’y a pas
beaucoup de participants. Les intéressés sont souvent
engagés dans des tas de choses. Et de toutes façons ce
n’est pas toujours facile de mobiliser les gens.
Le soir,
rencontre autour du cardinal de tous ceux qui assurent des émissions
religieuses à
la radio et à la télévision
Mercredi
17 octobre :
Comme
chaque mercredi, séance d’écoute
à la prison. Mais
nous nous trouvons confrontés à des tas de problèmes
de maladies et de manque de médicaments. Nous commençons
par nous occuper de cela. Puis il y a plusieurs cas compliqués
de détournements. Enfin, il faut du temps pour avoir la liste
des libérables et voir pour préparer leur réinsertion.
Il y a aussi les détenus dont les avocats ont pris l’argent
et ont disparu. Il nous faut retrouver leurs traces… ou
chercher des nouveaux avocats que nous connaissons et sur qui nous
pouvons compter. Je m’assure qu’un des détenus,
en pleine dépression, a été réellement
soigné. Je vais demander à un psychiatre ami de venir
le consulter. A partir de là, je peux me consacrer aux cas
« ordinaires ». Et ils ne manquent pas !
Je
n’ai pas le temps de terminer, car on m’a demandé,
au dernier moment, d’aller célébrer la
messe de rentrée
dans un grand collège du quartier. Comme c’est
important et ponctuel, malgré ma grippe, j’accepte avec
joie car j’aime beaucoup ces prières avec les enfants,
qui sont très décontractées, naturelles et
familières. En plus, la messe a été très
bien préparée et animée, avec des gestes et des
symboles, et une excellente participation des enfants.
Je rejoins
mes étudiants et je sors avec 4 d’entre eux pour leur
présenter leur lieu de travail
social cette
année : un, à la prison ; un, avec les
enfants de la rue ; un, dans une ONG d’action citoyenne,
et un avec les jeunes. Nous sommes très bien reçus
partout.
Je les laisse pour aller à notre rendez-vous au
Ministère
de la Justice,
pour une rencontre que nous avons très bien préparée
avec eux. Mais quand nous arrivons, le conseiller avec qui nous
devons travailler a oublié, et il est absent. Nous rentrons
très déçus, car c’était une
rencontre très importante pour nous. Je rentre donc
travailler à la communauté. Mais au bout de quelque
temps, la fièvre me reprend et je me couche.
Mardi
16 octobre :
Rencontre
des formateurs tout
de suite après le petit déjeuner, avant que chacun
parte à ses occupations. Chaque semaine, nous nous retrouvons
ainsi pour évaluer la vie de la communauté et préparer
la semaine suivante. Et chaque mois nous rencontrons chaque
étudiant, personnellement, pendant une heure.
Puis je me
mets tout de suite au compte
rendu de
la formation
des responsables
de communauté
de dimanche dernier, tant que j’ai les choses dans la tête.
Sinon, les choses vont s’accumuler et je ne trouverai plus le
temps de le faire. Cela me prend toute la journée, car c’est
un document qui va être utilisé par la suite et servira
de base au travail de cette année.
Nous avons des
problèmes de téléphone
qui
seraient dus à l’humidité dans les murs. C’est
la 3ème
fois que le technicien revient pour cela.
Cet après-midi,
un ami technicien vient bénévolement former nos
étudiants à la
gestion.
C’est important comme formation. Je les laisse pour aller avec
une autre membre de la communauté à la radio.
Aujourd’hui, nous parlons du suivi après les
inondations, en reprenant ce que nous avons dit à notre
dernière réunion. Car il faut se mettre à
l’action tout de suite, sans attendre que les pluies
reviennent.
Lundi
15 octobre :
Rencontre
de tous les prêtres, frères et sœurs de toute la
ville, pour préparer cette nouvelle année pastorale.
Il y a beaucoup de choses à faire. Après présentation
de chaque action, chacun peut demander des précisions et
apporter ses propositions. Mais cela nous permet aussi de nous
retrouver et de faire connaissance avec les nouveaux
venus.
Mercredi, je suis également passé dans la
communauté des frères de St Joseph. Après la
rencontre et le repas, j’ai été rencontrer un
frère âgé que j’avais bien connu autrefois
avant mon départ en Guinée. Il y avait une grande
amitié entre nous et il m’a toujours soutenu. Je tenais
à le revoir, après 16 ans d’absence, et à
le saluer. Nous avons pu échanger un peu, malgré ses
difficultés pour parler. Il est mort quelques heures après.
Ce soir a lieu sa veillée mortuaire, et son enterrement
demain. Bien sûr, je suis très triste.
Cela m’arrive
assez souvent de recevoir l’annonce du décès de
parents et amis. Je remercie tous ceux qui me signale ces événements
tristes, mais aussi leurs joies. A chaque fois, nous prions pour les
personnes concernées, avec toute notre communauté.
Dimanche 14 octobre : Malgré le grippe et ma fièvre, je pars animer une formation pour les responsables de communautés de quartiers du doyenné regroupant 7 grandes paroisses. C’est une formation très importante, prévue depuis longtemps et qui correspond à un vrai besoin. Il y a 60 participants : on y travaille très bien, dans une très bonne ambiance et une excellente participation de tous. Nous expliquons l’importance et le rôle de la communauté de quartier, à partir des actions précises qui sont déjà menées, pour ne pas faire de théorie. Puis, nous amenons un certain nombre d’éléments de formation : composition et rôle de l’équipe d’animation, comment faire un partage d’Evangile, schéma de réunions, etc… Dans un échange avec tous nous abordons différents points pratiques et difficultés que nous rencontrons. Nous terminons par une Eucharistie avec un certain nombre de gestes et de symboles, et des interventions libres aux différents moments. Vous en recevrez bientôt le compte rendu que pourrez aussi retrouver, comme d’habitude, sur mon site.
Samedi 13 octobre : Nous avons décidé que chaque samedi nous aurons une veillée de détente communautaire entre nous. Je me lève pour y participer (sans rester jusqu’au bout), après avoir célébré la messe du samedi soir à la paroisse.
Vendredi
12 octobre :
Depuis
3 jours, le Premier Ministre du Canada est au Sénégal.
Il visite les activités des ONG canadiennes et propose le
soutien de son pays, en particulier pour l’énergie, qui
manque beaucoup, et pose bien des problèmes au Sénégal.
Aujourd’hui, c’est le Président français
qui arrive. Il vient faire une grande conférence devant le
Parlement au sujet de la Démocratie et des Droits Humains. Et
il annonce la fin de la Françafrique, pour des relations plus
égalitaires et plus respectueuses entre la France et
l’Afrique. Tous les deux partent ensuite pour Kinshasa pour la
rencontre de la francophonie.
Ce
matin, c’est aussi le lancement de la nouvelle année
scolaire de notre Centre
de Théologie.
Je regrette de ne pas pouvoir y participer en même temps que
nos étudiants.
Ce soir, rencontre de la communauté
de notre quartier.
Là encore je serai absent. Mais ce n’est pas grave, les
membres sont tout à fait capables de se débrouiller
eux-mêmes.
Jeudi 11 octobre : La grippe m’oblige à rester tranquille à la maison et j’en profite pour lire un certain nombre de documents que je voulais travailler depuis longtemps sur le 50ème anniversaire du Concile Vatican 2, l’année de la foi, la nouvelle évangélisation, le document du 2ème synode pour l’Afrique.
Mercredi
10 octobre :
Comme
la fièvre ne tombe pas, je vais au dispensaire
du quartier
tenu par les religieuses. Je suis très bien accueilli,
d’ailleurs je connais bien tout le personnel.
Malgré
la fièvre, je vais visiter le PARI (centre de soutien aux
réfugiés et immigrés), l’aumônerie
de l’université, deux paroisses, et le centre de la
JOC, toujours pour préparer l’accueil et le travail de
nos étudiants. Puis, je peux enfin me coucher.
Mardi 9 octobre : J’avais l’intention de rester travailler à la maison. Je reste là effectivement, mais couché. En effet une grippe très mauvaise est tombée sur le Sénégal et au cours de mes visites nombreuses je n’ai pas manqué d’attraper le virus. Je prends les premiers médicaments.
Lundi
8 octobre :
Il y
a de nombreuses visites à faire pour commencer cette nouvelle
année. Je vais rencontrer les travailleuses de la JOCF pour
préparer les deux émissions radio de mercredi. Je vais
ensuite à la paroisse St Pierre pour préparer la
formation des responsables des communautés de quartier de
dimanche prochain. Puis je pars à notre maison centrale. Cela
me permet de rencontrer un certain nombre de confrères de
passage ou qui viennent d’arriver : du Cap Vert, de
Pologne, de Centre Afrique ; et d’autres qui partent en
mission ou en formation dans différents lieux et pays. C’est
une très grande joie pour nous tous.
Après avoir
réparé mon vélo, je vais rencontrer plusieurs
réfugiés et immigrés. Je termine dans une
paroisse, pour préparer l’insertion et le travail
pastoral d’un de nos étudiants, avec les responsables.
Il va falloir que je fasse ainsi le tour pour nos 14 étudiants,
ce qui demande beaucoup de temps et d’efforts. Mais c’est
nécessaire si on veut leur apporter une formation solide.
Dimanche
7 octobre :
J’assure
la messe de 7 heures à la paroisse. Ensuite, je suis invité
à l’émission religieuse de la radio
communautaire du quartier. Nous
parlons en particulier des droits de l’homme, des sinistrés
des inondations, du travail à la prison, de la commission
justice et paix, et beaucoup d’éducation. Cela en
direct, avec intervention des auditeurs. C’était prévu
pour une demi-heure, et nous durons trois heures.
Ensuite, je
pars dans le quartier visiter
différentes familles :
malades, personnes en difficultés, membres de la communauté,
etc.. La journée passe vite !
Samedi
6 octobre :
Réunion
à la prison. Nous
réglons un certain nombre de tensions dans la communauté,
en particulier avec le responsable. Cela arrive. Ca permet de régler
des problèmes et d’avancer. Et de reposer la question
du rôle et du comportement de la communauté chrétienne
dans la prison. C’est un appel à nous réveiller
et à renouveler, pour chacun, le choix qu’il a fait
d’être chrétien, face aux pressions nombreuses
des musulmans… et même si des chrétiens ont
laissé leur foi. Pour cela, il est plus important de voir les
bonnes choses qui se vivent, plutôt que ce qui ne va pas. Nous
avons réglé nos problèmes et terminé par
un chant et une prière commune.
A partir de là,
dans la paix retrouvée, nous avons pu nous donner les
nouvelles et partager la Parole de Dieu.
Le
soir,
à la communauté, les
étudiants se
préparent à cette nouvelle année scolaire par
une semaine de retraite ; c’est essentiel pour qu’ils
fassent leurs études de théologie dans la foi et la
prière.
En même temps, les
jeunes
de notre communauté de quartier organisent une fête en
vue de récupérer des fonds pour les différentes
activités et soutenir un certain nombre de personnes dans le
besoin. Ils travaillent en particulier au centre des enfants
abandonnés qu’ils soutiennent. Et aussi au centre des
enfants de la rue du quartier.
Samedi
6 octobre :
Les
prisonniers m’attendent et je suis très heureux de les
revoir. Aujourd’hui, j’amène trois étudiants
avec moi : celui qui y travaillait l’année
dernière, pour les saluer, et deux nouveaux, pour leur
présenter la maison et pour une première initiation.
Je suis heureux aussi d’être accompagné de l’un
des animateurs de l’Association des Enfants de la rue avec
laquelle je travaille. Car je pense très important qu’il
y ait un suivi et une coordination entre nos différentes
activités.
Deux de nos animatrices, mères de
famille, qui ont été absentes pendant les vacances,
sont là aujourd’hui. Tous sont très heureux de
nous retrouver et de les revoir. En effet, c’est une prison
d’hommes et la présence active de femmes est
essentielle pour leur équilibre. Je suis dans l’admiration
de ces animatrices, car ce n’est facile pour elles de se
situer, et elles sont parfois soumises à de nombreuses
provocations de toutes sortes.
Dans la communauté
chrétienne, il y a des tensions en ce moment. C’est
obligé. Ce qui est bon, c’est qu’ils posent
ouvertement le problème. D’abord, certains s’opposent
au responsable qui a pourtant été choisi par tous,
dans l’entente. Cela l’a découragé et il a
refusé de diriger la prière, ce qui a amené une
grosse tension. Et comme très souvent, les réactions
ont été très agressives. Bien sûr, nous
n’abordons pas le programme prévu, pour laisser le
temps à chacun de s’exprimer et de donner son avis,
afin d’arriver à une vraie réconciliation et à
nous réveiller pour ré-organiser la communauté.
C’est la vie, il y a des hauts et des bas ! Après
un temps de réconciliation, de prière et de chants,
nous passons au partage d’Evangile. (à suivre).
Vendredi
5 octobre :
Après
la prière et la messe, je pars aussitôt dans une grande
Société de la place pour demander son soutien en
faveur des ateliers de formation artisanale dans les prisons, afin
de faciliter la sortie des détenus et leur permettre d’avoir
de quoi faire vivre leur famille. Je suis très bien accueilli
par le directeur. Je lui donne un certain nombre d’explications
et lui laisse les documents nécessaires. On verra la
suite !
Comme chaque fois que je vais quelque part, je
rencontre des personnes qui me reconnaissent. Ce sont des jeunes que
j’ai aidés dans leur formation à St Louis (1980
à 1996), avant de partir en Guinée. Ils ont grandi et
sont maintenant mariés et au travail. Bien sûr, moi je
ne les reconnais pas ; mais c’est toujours intéressant
de parler avec eux et de savoir ce qu’ils sont devenus.
Je
passe ensuite visiter
quelques
malades, puis des confrères des paroisses voisines pour les
formations de cette année, un jardin d’enfants, et des
animateurs de prison. Cela fait une matinée bien
remplie.
L’après-midi, le responsable de la
formation
pour
l’Afrique de l’Ouest vient nous visiter et prendre
contact avec nous. Nous nous retrouvons ensuite entre formateurs
pour préciser un certain nombre de choses.
Le soir,
rencontre sur la
liturgie. Nous
avons des temps réguliers de prières, en particulier
l’Office et l’Eucharistie. Mais nous ne voulons pas nous
contenter de prières mécaniques. Nous cherchons
d’abord à vivre des vrais temps de prières
profondes et des célébrations de qualité. Mais
aussi à prier à partir de nos engagements et de la vie
de la Société. Car c’est l’action de Dieu
dans le monde aujourd’hui, et le Christ qui s’est fait
homme, que nous célébrons. Nous prenons un temps
nécessaire pour cela.
La nuit, rencontre
d’une Communauté de quartier
dans une autre paroisse où je suis invité en
particulier pour réunir parents
et jeunes.
Jeudi
4 octobre :
Toute
la matinée est consacrée à notre 1ère
réunion de communauté des étudiants, pour le
lancement de l’année. Nous faisons l’évaluation
de l’année passée et traçons des pistes
pour cette année. Nous revoyons le projet de vie de la
communauté, en demandant à chacun ses propositions.
Car il nous semble important que chacun participe et prenne ses
responsabilités. Nous abordons successivement les études
et la vie intellectuelle, la vie communautaire et les prières,
les engagements et activités pastorales, la formation humaine
et affective, les questions économiques et matérielles.
Les avis sont bien sûr différents, mais il y a une
bonne écoute réciproque et nous arrivons, en prenant
le temps, à un minimum d’accord et d’orientations
communes. Nous aurons une telle rencontre communautaire chaque
mois.
Le soir, nous nous retrouvons tous les animateurs des
émissions catholiques à la radio et à la
télévision pour faire l’évaluation de nos
émissions ; sans oublier les questions techniques, les
moyens financiers, les thèmes à aborder, les
intervenants à contacter.
De mon côté, je
vais garder mon orientation : prendre des thèmes précis
de la vie des gens, interviewer des gens qui agissent et font des
choses intéressantes, m’adresser en priorité aux
musulmans, parler en ouolof pour être compris des classes
populaires et des analphabètes. Ensuite, nous cherchons à
connaître l’impact de nos émissions et à
avoir l’avis et les propositions des auditeurs.
Ce soir,
nous accueillons le dernier de nos étudiants pour cette
année : Paschal, un Nigérian. Notre communauté
est maintenant au complet.
Mercredi
3 octobre :
Ecoute
à la prison. Je
rencontre plusieurs personnes malades et qui ont besoin
d’opérations, de soins et de médicaments. Nos
rencontres d’écoute deviennent des rencontres de santé,
car il y a de gros manques au niveau de l’infirmerie. C’est
donc une priorité. Mais cela ne m’empêche pas de
rencontrer aussi des personnes qui ont des problèmes
psychologiques (ils sont nombreux) et de solitude ; ils ont
besoin de parler. Il y a aussi tous les jugements en appel, les
demandes de grâces…. Nous avons beaucoup de difficultés
à ce sujet, ainsi qu’avec les avocats. D’abord,
ils demandent de fortes sommes : 1.000.000 Fr CFA (environ
1.500 €) dont 500.000 d’avance. Et quand ils ont reçu
cette avance, ils disparaissent. L’une de nos actions est de
trouver les contacts de ces avocats et de les suivre pour qu’ils
fassent leur travail, en utilisant notre réputation et notre
pouvoir pour cela.
Pendant ce temps, la commission réinsertion
rencontre les personnes libérables les deux mois suivants
pour préparer leur retour en famille et dans la société,
avec les différents problèmes qui se posent. Nous
voudrions aussi faire libérer un prisonnier qui est devenu
aveugle en prison.
Je rencontre une dame qui travaille à
la prison de Thiès (ville à 70 km de Dakar) et qui est
venue visiter un prisonnier transféré. Nous nous
asseyons tous ensemble pour voir comment améliorer notre
travail. Elle nous demande notre soutien, ce que nous acceptons bien
volontiers.
Ensuite, je passe au Centre
des Enfants de la rue
du quartier. J’y ai invité le responsable des jeunes de
notre quartier pour qu’il voit ce que nous faisons, et qu’avec
ses camarades ils réfléchissent à ce qu’ils
peuvent faire eux-mêmes pour soutenir notre action et
rencontrer les enfants.
Le soir, enregistrement de deux
émission radio : je
reçois deux jeunes filles de la JOC à propos des
activités qu’elles mènent à Dakar :
un foyer de jeunes filles, un centre de formation, un soutien aux
employées de maison et un restaurant pour financer ces
différentes activités. Elles ont l’habitude de
travailler ensemble, et cela se passe donc très bien.
Mardi 2 octobre : C’est l’anniversaire de la mort de notre fondateur Claude Poullart des Places. Nous célébrons l’ouverture de notre maison et de l’année scolaire et pastorale. Nous avons tenu à y inviter la C.E.B. de notre quartier. Chacun apporte quelque chose à boire et à manger et nous partageons tout cela. C’est l’occasion pour nous de créer de nouvelles relations et nous allons chercher tout au long de cette année à nous ouvrir encore davantage au quartier et aux personnes. C’est important pour nous. Déjà cette soirée se passe très bien, y compris au niveau des enfants et des jeunes, et c’est un excellent départ pour cette année.
Lundi
1er
octobre :
Un
certain nombre de nos étudiants sont déjà
venus, surtout les nouveaux. Aujourd’hui, tous sont arrivés.
Nous avons préparé la maison tout au long de la
semaine précédente pour accueillir tout
le monde dans les meilleures conditions.
Bien sûr, c’est nous-mêmes qui assurons ces
travaux.
Nous sommes deux formateurs qui avons travaillé
plusieurs journées en vue d’organiser la nouvelle
année ; le responsable qui vient d’arriver se
joint à nous. Nous préparons notre projet
communautaire, à partir de l’ancien, et nous le
travaillerons avec les étudiants jeudi prochain, après
qu’ils y aient eux-mêmes réfléchi.
Nous
réfléchissons spécialement aux
activités pastorales
pour leurs engagements mais aussi pour leur formation. Nous voulons
élargir ces engagements en lien avec notre vocation
missionnaire, pour ne pas travailler seulement dans les paroisses,
mais aussi avec les prisonniers, les handicapés, les réfugiés
et aussi les organisations chrétiennes ou non : les
Mouvements, les associations comme les ASC (associations
socio-culturelles des jeunes dans le quartier), Sida Service, les
enfants de la rue. Sans oublier les activités sociales :
écoles de quartier informelles et communautaires, etc…
(Voir
le document sur les activités pastorales).
Je trouve un moment le soir pour faire quelques visites
de familles dans
le quartier : un malade, un nouveau-né, une famille en
difficulté.
Dimanche
30 septembre :
Je
passe toute la journée avec une Coopérative d’Habitat,
lancée par un groupe de chrétiens qui ont décidé
de s’engager ensemble dans le secteur économique. Le
but est de construire 5.000 logements à 40 km de Dakar, la
ville étant saturée et de plus une bonne partie est
inondée à la saison des pluies : des maisons
s’écroulent causant déjà beaucoup de
morts et obligeant les familles à quitter leurs quartiers,
après avoir presque tout perdu. Cette année, de
nombreux sinistrés ont été accueillis dans des
écoles, où ils ont vécu dans la promiscuité
et grande pauvreté. Et cela bloque la rentrée
scolaire. (Voir
mon document sur les inondations).
Cette
Coopérative a pour objectif d’offrir des maisons aux
personnes démunies et nécessiteuses. Cela suppose de
chercher des moyens financiers pour fournir des logements le moins
cher possible. Nous réfléchissons aussi au choix des
bénéficiaires, en étant ouverts à tous,
sans ségrégation. Pour le nom de la Coopérative :
« La Samaritaine », tiré de l’histoire
du Bon Samaritain. Nous réfléchissons longuement à
leur devise : « Lavez-vous les pieds les uns aux
autres », à partir de l’Evangile de Jésus
qui lave les pieds de ses disciples. (Voir
mon compte-rendu).
Journée
très agréable, où je retrouve un certain nombre
d’amis avec qui j’avais travaillé avant de partir
en Guinée.
Samedi
29 septembre :
Aujourd’hui
à la
prison
nous nous réjouissons de la libération de plusieurs
détenus, dont deux de notre groupe. Nous avions préparé
leur réinsertion. Nous nous sommes rencontrés à
nouveau après leur sortie. L’un d’entre eux était
professeur d’anglais ; je lui établis des lettres
de recommandation pour qu’il puisse retrouver un emploi.
Puis
nous nous donnons les autres nouvelles : les malades, en
particulier ceux qui sont en cellule à l’hôpital.
Puis le problème du pain, car le boulanger n’était
plus payé depuis quelque temps… il n’y a donc
plus de pain pour le petit déjeuner.
Nous voyons aussi
comment soutenir les familles des détenus, qui sont
abandonnées puisque les chefs de famille sont en prison. Nous
essayons de trouver du travail ou au moins des activités,
selon leurs possibilités, pour gagner le minimum afin de
faire vivre leurs familles.
Plusieurs, surtout les étrangers,
me donnent les numéros de téléphone de leurs
parents ou amis pour que l’on tente de les contacter et qu’ils
puissent envoyer de l’argent.
Ensuite, nous partageons la
Parole de Dieu, comme d’habitude (voir
les comptes-rendus).
Nous réfléchissons spécialement à
l’ouverture à tous, quelles que soient leur langue et
leur religion, à partir de cette parole du Christ :
« Qui n’est pas contre nous est pour nous ».
A l’importance de ne pas faire tomber les autres : non
seulement changer notre vie, mais aider aussi les autres à
changer. Et enfin, au partage et au soutien mutuel : « Celui
qui donne même un verre d’eau à son frère
ne perdra pas sa récompense ».
Nous avons aussi
des problèmes d’organisation, mais faute de temps pour
réfléchir à cette question nous la reportons à
la semaine suivante. Pour l’instant, il nous faut recevoir
ceux –ils sont nombreux- qui ont des problèmes de
vision et leur faire essayer des lunettes.
Une des animatrices
est revenue de vacances. Elle partage avec tous ce qu’elle a
vécu avec sa famille. Nous parlons aussi de la vie du pays :
les souffrances causées par les inondations, le 10ème
anniversaire du naufrage du bateau « Le Joola »
dans lequel ont péri plus de 1.800 personnes. Et le 3ème
anniversaire de la tuerie et des viols à Conakry dans le
stade du 28 septembre (Voir
mon site « Nouvelles » de fin septembre
2009).
Le
soir, je
célèbre l’Eucharistie à la paroisse, et
je reprends la Parole de Dieu partagée ce matin à la
prison.
Vendredi
28 septembre :
Mon
passeport est
périmé. Cela m’handicape beaucoup car même
sur place on me demande un passeport valide, par exemple à la
banque pour retirer de l’argent envoyé par les familles
des prisonniers. Cela dure depuis début Août. Il m’a
fallu 15 jours pour obtenir des renseignements précis :
ils ne décrochaient jamais au téléphone et ils
ne reçoivent pas les gens sur place. En fait, le numéro
donné avait changé et en plus c’était les
vacances, tout le monde se trouvait en congé. Ensuite, il a
encore fallu autant de temps pour avoir les papiers nécessaires
(certificat de logement, etc…) ; les photos prises au
Consulat de Conakry n’ont pas été acceptées
à Dakar, donc j’ai dû les refaire et payer 58.400
CFA, presque 100 €. Maintenant, il faut attendre plusieurs
semaines. On me préviendra par SMS. Et après cela, on
dit du mal de l’administration sénégalaise, mais
l’administration française n’est pas mieux !
Déjà il m’a fallu attendre une demi-heure avant
d’être reçu, et ensuite on m’a reproché
d’être en retard !.....
Après cela, je
passe aux ambassades du Brésil et de Gambie pour le suivi des
prisonniers.
Puis nous avons rendez-vous au restaurant des Filles
Unies de la
JOCF
(Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine). C’est
un restaurant que nous avons lancé dans les années 80
pour donner du travail à des filles au chômage et qui
fonctionne toujours. Je me retrouve avec deux responsables de la
JOC. Nous parlons de leurs différentes activités :
le restaurant et aussi le foyer d’accueil de jeunes filles qui
viennent de l’intérieur du pays. A partir de là,
les jeunes de la JOC ont lancé à l’intérieur
du pays de nombreuses actions de développement pour permettre
aux populations de travailler et de vivre dans les villages. Je vais
les enregistrer à la radio ; nous préparons
ensemble l’émission. Puis, avec deux autres
responsables, nous préparons une autre émission sur la
JOCF, le thème de leur campagne d’année, les
actions qu’elles ont menées l’an dernier et
celles qu’elles ont prévues pour cette année.
Ensuite,
je vais voir les responsables de la
radio. Nous
faisons le point de nos différentes émissions (radio
et télévision) : leurs orientations (ce sont des
émissions religieuses catholiques, mais nos auditeurs sont en
priorité musulmans qui sont 90 % de la population). Nous
réfléchissons donc au contenu de ces émissions,
aux intervenants possibles, aux façons de faire, etc…
C’est très intéressant.
Le soir, nous
accueillons Christian, le nouveau
responsable de notre Communauté.
En fait, il connaît déjà la maison, dans
laquelle il fut formateur. Il était parti 2 ans en France
pour préparer un doctorat sur les Pères de l’Eglise
qu’il a obtenu avec brio. Nous nous connaissons bien, nous
pourrons donc facilement travailler ensemble.
Jeudi
27 septembre :
Nous
fêtons le 50ème
anniversaire de la présence au Sénégal de
Gisèle, fondatrice et responsable du CAEDHU, Centre Africain
d’Education aux Droits
Humains
que nous avons fondé ensemble. Nous nous retrouvons avec
beaucoup d’amis chrétiens et musulmans, certains que je
rencontre pour la 1ère
fois. Nous avons tellement de choses à partager. C’est
une grande joie pour tous.
Au retour, je visite l’une ou
l’autre famille de réfugiés
que
nous essayons de suivre et de soutenir, mais ça n’avance
pas vite. Le principal serait de leur trouver du travail, mais ce
n’est vraiment pas facile.
J’ai beaucoup de problèmes
avec mon
vélo en
ce moment. Et passer dans l’eau et la boue ne l’arrange
pas ! Trois crevaisons à la suite, la roue arrière
est fichue et je casse sans cesse des rayons (ce n’est pas
étonnant, vu l’état des routes !), les
freins ne répondent pas bien (ça, c’est plus
embêtant). Il est vrai qu’il a beaucoup souffert, il va
falloir le remplacer. Mais ce n’est pas cela le plus grave !
Mercredi 26 septembre : Je conduis les étudiants au Centre des Enfants de la rue, et je continue à la prison pour rencontrer personnellement les détenus. Ce sont malheureusement toujours les mêmes problèmes dont je vous ai souvent parlé : problèmes de jugements, de santé, de nourriture, d’abandon de la famille, découragement et dépressions, de vie commune, etc… Nous faisons ce que nous pouvons avec nos petits moyens. Au retour, nous passons saluer les Frères de Taizé et nous prions avec eux.
Mardi
25 septembre :
Le
matin, rencontre avec un confrère formateur qui va faire une
année de formation au Burkina Faso. Puis, à notre
Maison centrale, je rencontre notre économe qui vient de
rentrer. Il faut préparer la rentrée de nos étudiants.
Je rejoins donc un ouvrier pour vérifier avec lui les
installations des chambres. Il y a beaucoup de choses à
revoir et à changer : lumière, robinets,
serrures…. Les étudiants qui sont déjà
là ont bien nettoyé toute la maison. Le soir, nous
accueillons un autre étudiant qui arrive de Centrafrique. De
plus, un Congolais et un Togolais reviennent de leur stage.
Je
rencontre un médecin psychiatre pour préparer notre
émission à la radio de demain, sur les abus
sexuels. C’est
un sujet délicat mais important sur lequel il est important
de mobiliser la population.
Lundi
24 septembre :
Nous
nous retrouvons avec les responsables nationaux de la Commission
Justice et Paix.
Il s’agit de mettre au point le plan d’action pour les
trois années qui viennent. Pour cela, nous sommes revenus à
la vision de la Commission « basée sur la
personne humaine, sa dignité, la promotion de ses droits
inaliénables dans une société de justice, de
paix et de réconciliation ». Notre mission est
alors de « promouvoir la justice sociale, les droits de
l’homme, le respect du bien commun et de la démocratie ».
Cela nous a amené 4 axes d’action : 1°)
Par
rapport à la Politique et la Bonne Gouvernance, en
partenariat avec les autres membres de la Société
civile : promouvoir la culture de la Responsabilité et
la culture citoyenne. Mais aussi assurer le suivi des
recommandations des observateurs des élections passées,
car nous avons beaucoup travaillé à ce niveau. Je vous
en ai beaucoup parlé. 2°)
Protection de l’environnement et gestion transparente des
ressources naturelles. 3°)
L’action pour la réconciliation, la justice, la paix et
les droits humains. Former des comités de veille pour la
prise en charge des atteintes aux droits de l’homme et des
situations d’injustice. Accompagner les populations dans leur
plaidoyer et leurs actions en faveur de la paix et de la
réconciliation. 4°)
Former
à la Doctrine Sociale de l’Eglise, en particulier les
leaders de la Société.
Bien sûr tout cela va
nous demander d’abord de mettre en place et de rendre plus
opérationnelles les Commissions Justice et Paix.
Nous
avons prévu ensuite un plan d’action pour
les prisons. Pour
cela, nous avons dû faire la synthèse de nos actions
dont je vous ai parlé souvent, et dégager des
priorités. Il s’agit de l’accompagnement global
des prisonniers et leur réinsertion. En travaillant à
4 niveaux : 1. Avec les chrétiens. 2. Avec tous dans la
prison pour les aider dans tous leurs problèmes :
nourriture, santé, formation, problèmes
psychologiques, vie communautaire… 3. Action à
l’extérieur : réconciliation avec les
victimes, soutien aux familles, réinsertion… 4.
Action au niveau de la justice : avocats, jugements,
amélioration de la justice et des lois, formation du
personnel pénitentiaire, etc….
Ce qui demande de
mettre en place une aumônerie avec les différentes
commissions dans toutes les prisons du pays. Et de travailler en
réseau avec les différents groupes qui agissent dans
les prisons et au niveau de la justice. Il s’agit de mettre en
place une action globale de soutien matériel, psychologique
et de formation. Le Ministère de la Justice nous demande de
travailler avec lui, du fait de notre expérience et notre
engagement dans ce domaine.
Nous rentrons tard dans la nuit. De
plus, un gros orage éclate. Notre quartier est complètement
inondé, il y a des embouteillages énormes et bien sûr,
en vélo, je suis complètement trempé.
Heureusement, il ne fait pas froid. Mais avec la grande chaleur et
l’humidité, il faudra du temps pour que ça
sèche. A la maison, les étudiants m’attendent
pour la messe. Et un de nos nouveau diacres est là depuis des
heures pour récupérer ses bagages. Demain matin, il
part pour la Mauritanie. Heureusement, ils sont patients !
Dimanche 23 septembre : Nous nous retrouvons tous aujourd’hui pour l’ordination diaconale. Les quatre jeunes diacres vont partir en stage pratique d’une année dans notre quatre pays de la région, avant d’être ordonnés prêtres. Trois étudiants viendront à leur place, de Guinée, Centrafrique et Nigéria. La vie continue !
Samedi
22 septembre :
Engagement
définitif dans
la vie religieuse de quatre de nos étudiants. Je les ai
connus et suivis depuis longtemps en Guinée, avant d’être
leur formateur cette année. C’est donc une très
grande joie pour nous. De nombreux parents et amis sont venus, en
particulier les frères et soeurs qui font des études
en même temps qu’eux. Et aussi quelques parents venus de
Guinée, dont le président du Conseil Paroissial de
TAOUYAH, la dernière paroisse où j’ai travaillé.
Je suis très heureux d’avoir des nouvelles du pays, de
l’Eglise et des amis et anciens collaborateurs, en
particulier. La cérémonie est très belle et
très émouvante, comme à chaque fois que des
jeunes s’engagent pour la vie.
Nous avons voulu faire les
choses très simplement, sans apéritif ni repas.
D’abord parce que nos moyens sont très limités ;
et aussi pour réagir contre la tendance actuelle de faire des
grandes réceptions nécessitant de trop grandes
dépenses à l’occasion des fêtes
religieuses ou autres.
Vendredi
21 septembre :
Aujourd’hui,
c’est notre ancien responsable qui rentre en France. Il a fini
son temps et après ce gros travail dans quatre pays, il a
besoin de se reposer. Nous le remercions pour tout ce qu’il a
fait pour nous, malgré ses problèmes de santé
et toutes les difficultés d’une telle
responsabilité.
Le matin, je vais à la prison
des femmes.
Nous faisons un partage d’Evangile (Marc 9. 30-37. Voir
mon compte-rendu). Les
détenues, comme les animatrices, apprécient la
richesse de ce texte et participent activement à l’échange.
Les choses avancent peu à peu.
Jeudi
20 septembre :
Notre
Procureur est de retour. Nous sommes heureux de l’accueillir.
Nos
étudiants vont commencer à revenir. Aujourd’hui
j’accueille les deux premiers : un Philippin et un
Nigérian. Ils vont d’abord faire une année de
français avant de commencer leurs cours. C’est
pourquoi, pour le moment, nous parlons et prions en anglais.
Ce
soir, messe dans une paroisse. En effet, les prêtres
sénégalais et gambiens sont en session pendant une
semaine pour réfléchir à l’évangélisation
dans le contexte du pays : majorité de musulmans,
religions traditionnelles. Bien sûr, ils abordent la question
du film et des caricatures
anti musulmanes, et
ils n’approuvent pas les violences ni les morts causées
par ce film et ces caricatures. Pas plus celles des manifestants que
celle de l’Ambassadeur américain
de Benghazi. Ils présentent leurs condoléances à
toutes les familles. Mais ils ne comprennent pas que l’on
parle de liberté d’expression pour ce film et ces
caricatures, mais qu’il n’y ait plus de liberté
d’expression pour ceux qui veulent manifester pacifiquement
pour dire leur foi et demander le respect de leur opinion
religieuse. C’est vraiment deux poids deux mesures. Cela est
perçu comme la continuation du colonialisme et du mépris
de la part des Européens et Américains par rapport aux
autres continents et religions. Ce qui explique la violence des
réactions. Il ne comprennent pas non plus que ce soit en
pleine violence et réaction contre l’impérialisme
américain causées par le film l’Innocence des
musulmans, que Charlie Hebdo publie ces caricatures, sans aucune
urgence ni nécessité. C’est vraiment de la
provocation. Et les premiers à en supporter les conséquences,
ce sont justement les Français
vivant dans ce pays qui sont menacés à leur tour.
Sans parler de la fermeture des écoles et des consulats ;
et de tout ce que cela a coûté à l’Etat
français. Ce n’est pas ce qui va faire avancer la
liberté, la paix, le respect des autres, dans le monde. Et
ici, sur place au Sénégal, nous avons l’impression
que tous les efforts que nous faisons dans ce sens sont cassés
inutilement, profondément et pour longtemps.
Ce qui
m’inquiète le plus, personnellement, c’est la
totale méconnaissance et l’incompréhension des
autres cultures et religions de
beaucoup de Français.
Nous sommes enfermés en nous-mêmes. Ce film donne
l’occasion aux intégristes fanatiques de Lybie de se
réveiller et de tuer un ambassadeur ; elle donne
l’excuse à Boko Haram au Nigéria d’attaquer
les chrétiens et leurs églises ; elle donne aux
chiites d’Arabie Saoudite la possibilité de se
révolter, de se réveiller et de donner plus de force à
l’Iran. Qu’avons-nous à gagner dans tout cela ?
A quoi ça sert de mettre de l’huile sur le feu ?
Nous allons être les dindons de la farce et les arroseurs
arrosés !
Mercredi
19 septembre :
Je
passe d’abord au Centre des enfants de la rue, puis je pars à
la prison
pour l’écoute des prisonniers. Les problèmes ne
manquent pas. L’un des prisonniers ne voit plus : j’ai
tout un stock de lunettes, il en trouve une paire qui lui convient.
Pendant ce temps-là, la commission de réinsertion
reçoit les détenus qui vont être libérés,
en Octobre et Novembre, pour préparer leur retour en famille
et dans la société. De mon côté, je vois
comment soutenir la famille d’un prisonnier et trouver du
travail pour sa femme. Il n’est malheureusement pas le seul
dans ce cas. Les détenus souffrent beaucoup, mais leurs
familles encore plus, car le père de famille n’est plus
là pour les nourrir, payer l’école des enfants,
etc… Beaucoup de détenus ne reçoivent aucune
visite : c’est très dur pour eux. Nous essayons de
leur remonter le moral autant que possible. Nous prenons le temps
aussi d’accueillir les nouveaux venus, pour les aider à
s’insérer le mieux possible et leur trouver les
activités qui peuvent leur convenir, chacun selon ses
possibilités. Nous rencontrons beaucoup d’injustices et
d’exploitation, spécialement pour les étrangers,
auxquels on fait porter le chapeau d’autant plus qu’ils
ne connaissent pas la langue locale : le ouolof. Ce matin je
reçois deux membres d’OLNG qui ont été
condamnés pour détournements d’argent et pour
blanchiment d’argent, alors que les responsables locaux se
sont enfuis ou s’en sont sortis indemnes, et qu’eux-mêmes
n’y étaient pour rien.
Ensuite, je reçois un
prisonnier qui a été opéré et qui a
besoin de suivi, mais il n’y a pas de contrat avec l’hôpital
pour le prendre en charge. Nous contactons les autorités pour
voir que faire. La santé est un très grand problème.
Aucun médecin ne vient jamais à la prison. Il y a
seulement un infirmier qui rédige des ordonnances, mais n’a
pas de médicaments. Ce sont les familles doivent les acheter.
La plupart du temps, ces ordonnances prescrivent des vitamines, car
les prisonniers sont mal nourris et anémiés, et
évidemment ce n’est pas la solution. Si les prisonniers
sont loin de chez eux, ils sont abandonnés. De même,
s’ils doivent être opérés, il faut payer
le kit. Nous avons mis en place une caisse de secours pour aider les
cas les plus graves.
La plupart des prisonniers n’ont pas
les moyens des se payer un avocat. Et s’ils en ont un, ils se
font exploiter : aujourd’hui, l’un d’entre
eux va être transporté à St Louis, dans le nord,
pour y être jugé, l’avocat lui demande un million
de CFA !
Je récupère plusieurs numéros
de téléphone pour prévenir les familles et leur
donner des nouvelles. C’est la même chose chaque
vendredi
Après ces rencontres personnelles, nous mettons
en place l’alphabétisation : en français,
ouolof, anglais et espagnol. Et nous préparons la séance
d’animation culturelle de jeudi.
A mon retour à la
Communauté, je reçois un coup de fil de l’ambassade
du Burkina Faso. Je leur avais signalé le cas de l’un
de leurs concitoyens. Ils sont allés le visiter et vont
chercher à régler son cas. En plus, ils demandent à
me rencontrer pour établir une collaboration suivie. Cela me
fait très plaisir, d’autant plus que la plupart des
ambassades se désintéressent complètement de
leurs ressortissants en disant que ce sont des délinquants et
de toutes façons ils n’ont pas de papier en règle !
18
heures.
Enregistrement radio. Ce soir j’interviewe un responsable
d’ONG, membre de la Commission Justice et Paix. Il explique ce
que nous avons fait pour les dernières élections :
sensibilisation, formation, observation, évaluation et suivi.
J’en ai souvent parlé dans ces pages.
Mardi 18 septembre : Une Communauté de quartier m’invite pour leur apprendre à partager la Parole de Dieu. C’est vrai que j’ai mis au point une méthode depuis le Congo et cela les intéresse beaucoup. Je les connais bien, car nous nous sommes déjà rencontrés au moment des élections. Il y a beaucoup de jeunes et je passe une soirée très agréable.
Lundi
17 septembre :
Nos
quatre étudiants, en fin de formation, viennent de terminer
un mois de réflexion. Ils passent à la Communauté
et partent faire une semaine de retraite au Monastère des
Bénédictins de Keur Moussa.
10
heures.
Séance de travail avec Justin qui revient du Conseil National
du Mouvement
des Enfants (CV-AV = ACE).
12 heures.
Je vais me
faire soigner. Depuis
quelque temps, j’ai des plaies aux jambes. Me promener dans
les quartiers inondés n’arrange rien, ni ma mauvaise
circulation sanguine (varices). Je suis très bien accueilli
au dispensaire, tenu par les Sœurs de St Joseph de Cluny, et
où plusieurs infirmières me connaissent. Mais il me
faudra du temps pour que ça se termine. Patience ! J’en
profite pour récupérer une paire de lunettes
d’occasion, car les miennes sont cassées.
Puis je
vais accueillir une de nos animatrices de prison qui rentre de
congés. Nous sommes heureux de nous revoir. Elle nous ramène
en particulier des lunettes pour les prisonniers. Cela va faire des
heureux !
Dimanche 16 septembre : Messe dans un Jardin d’enfants, dans le quartier (nous n’avons pas assez d’églises). La plupart des gens sont assis dans la rue, sur des bancs (heureusement, ce n’est pas une rue principale). Les passants, comme les voisins, respectent notre prière. Dans l’Evangile, Jésus dit : « Celui qui porte sa croix et me suit sera sauvé ». Ce ne sont pas les croix qui nous manquent en ce moment ! Nous en faisons le tour pour voir comment sauver nos frères et sœurs, et le pays tout entier.
Samedi
15 septembre :
Aujourd’hui,
je suis à la prison
des hommes. Avant
le partage d’Evangile (voir
le compte-rendu),
ils me donnent d’abord les nouvelles de la prison (malades,
jugements….).
Ensuite, nous parlons du film américain :
« L’innocence
des musulmans »
qui suscite beaucoup de réactions, puisque le pays est à
90 % musulman. Nous sommes tous d’accord pour dire que ce
n’est pas normal d’insulter une autre religion, ni de
manquer de respect à son fondateur. Surtout quand on sait la
grande tension qu’il y a dans le monde avec les intégristes,
même à côté de nous, par exemple au Mali
ou au Nigeria. Il ne faut surtout pas jeter de l’huile sur le
feu. Mais d’un autre côté, ce n’est pas
normal d’attaquer des ambassades et de tuer des gens. Le
problème c’est que dans l’Islam il n’y a
pas de distinction entre la religion et l’Etat. Car ceux qu’on
a tués n’y étaient pour rien. Et les foules
musulmanes n’ont pas su se maîtriser, face à la
provocation. Mais il faut dire qu’au Sénégal,
les choses se sont passées dans le calme. Le Président
de la République a réagi, de même que les
responsables religieux, mais sans violence. Une ONG musulmane
(JAMRA) a voulu apporter une lettre à l’ambassade des
Etats-Unis à Dakar, pour dire leur désapprobation,
mais aussi pour présenter leurs condoléances aux
familles des tués. Malheureusement, ils ont été
refoulés. Ils sont repartis sans faire d’histoires,
mais très déçus. Vraiment, je regrette beaucoup
cela. La conclusion, pour la prison, c’est que nous allons
continuer à intensifier nos bonnes relations et notre
compréhension mutuelle entre chrétiens et musulmans.
Les dernières déclarations du Pape au Liban vont nous
aider pour cela.
Vendredi 14 septembre : A la prison des femmes, nous parlons des condamnés à mort qui ont été exécutés en Gambie. Nous ne nous limitons pas à une discussion sur la peine de mort, mais nous réfléchissons à ce qu’est la démocratie. En effet, le président de Gambie est arrivé au pouvoir par un coup d’état, il se maintient au pouvoir par la terreur et il tue les gens comme sacrifices pour garder son pouvoir. Cela nous amène à parler du pardon et de la réconciliation. De l’importance de l’éducation contre la violence et la drogue. C’est la responsabilité de tous, en particulier des parents. Et ces femmes en prison sont aussi des mères de familles. Nous abordons aussi la question de la drogue qui est souvent une cause de la délinquance. Je suis très content, car les femmes parlent de plus en plus librement et ça n’a pas été facile car traditionnellement les femmes ne parlent pas beaucoup en public. Et les femmes qui sont en prison sont souvent d’un milieu très populaire ; beaucoup ne parlent même pas le ouolof, la langue véhiculaire, mais seulement la langue de leur ethnie. Maintenant, elles ont pris confiance et s’expriment beaucoup plus facilement : et elles s’entr’aident, certaines traduisent pour celles qui ont de la peine à s’exprimer en ouolof.
Jeudi 13 septembre : Rencontre au CAEDHU pour travailler à la mise en place d’un Centre d’Education aux Droits Humains, avec les moyens pédagogiques que nous avons composés, et une mise en pratique immédiate spécialement pour les petits (jardins d’enfants), les enfants (écoles primaires) et les apprentis.
Mercredi
12 septembre :
Je
retourne à la
prison pour
l’écoute. Nous réglons le problème d’un
jeune détenu. Il est tailleur. Nous lui trouvons une place à
l’atelier de la prison où il pourra voir une activité
et même se former davantage dans son métier.
J’ai
apporté des médicaments pour quatre prisonniers,
puisqu’il n’y a rien à l’infirmerie.
Un
autre problème : dans plusieurs chambrées, ils
sont plus de 100, et les cabinets sont à l’intérieur
de la chambre. En cette période d’hivernage, il fait
très chaud et il n’y a pas d’air. De plus, il n’y
a pas assez de place pour se coucher ; ils sont les uns sur les
autres, et si quelqu’un se lève la nuit, à son
retour il doit se battre pour se refaire une place. Tout cela
entraîne tensions et bagarres qu’il n’est pas
facile de régler.
Et il y a tous ceux qui n’ont pas
d’argent et dont la famille se retrouve abandonnée et
sans moyens. Ce sont les mères et les enfants qui en
supportent toutes les conséquences. Vraiment, la prison n’est
pas une solution.
Pendant le même temps, l’équipe
de ré-insertion reçoit ceux qui vont être
libérés le mois prochain, pour préparer leur
sortie. L’un d’eux vient d’apprendre qu’il
est condamné à 3 ans supplémentaires, sans même
avoir été convoqué. En fait, cela fait 3 ans
qu’il attendait sa libération, mais on lui a dit que
ces 3 ans ne comptent pas, sans aucune explication. Evidemment, il
est complètement découragé.
Mardi 11 septembre : Travail à la maison.
Lundi 10 septembre : Je vais exceptionnellement à la prison pour régler quelques problèmes urgents concernant les prisonniers : maladies, jugements et libérations imprévues, et autres difficultés. Mais surtout nous nous retrouvons les trois équipes qui tiennent des séances d’écoute (rencontres personnelles avec les prisonniers) les lundi, mercredi et jeudi. C’est important pour nous de faire régulièrement le point de ces rencontres. Nous examinons les problèmes rencontrés et cherchons ensemble les meilleures solutions dans la confidentialité et le respect des personnes, bien sûr. Nous nous sentons souvent démunis et tout petits devant les obstacles rencontrés. Mais même si nous n’avons rien à apporter, ni de solutions aux problèmes des détenus, les accueillir, les écouter et partager leurs souffrances est déjà très important pour eux, mais aussi pour nous. Spécialement pour ceux qui viennent de loin et ne reçoivent aucune visite.
Dimanche
9 septembre :
Messe
à 7 heures. Il me faut me lever de bonne heure, car j’habite
un peu loin, dans le quartier. Je reprends le partage d’évangile
de la prison : d’abord l’importance d’être
ouvert à toutes les ethnies et toutes les religions ;
puis, qui visite les détenus étrangers ? Cela
dans l’humilité et la simplicité. Comme Jésus
qui va à l’écart pour guérir le
sourd-muet. L’importance d’accueillir les handicapés
et de travailler avec eux. Sans oublier d’ouvrir les oreilles
de notre cœur et d’annoncer à tous la Parole de
Dieu.
Je pars ensuite dans une autre paroisse pour rencontrer un
groupe de jeunes venus de Gambie
pour
un jumelage. J’en profite pour récupérer un
missel en anglais afin de dire la messe et les prières avec
nos nouveaux étudiants philippin, nigérian et ghanéen
qui ne connaissent pas encore le français.
L’après-midi,
je vais revoir le premier conseiller du ministre de l’agriculture.
Nous continuons notre réflexion, en particulier sur les
inondations dans les rizières (les digues ont été
enlevées), le circuit de l’arachide qui pose beaucoup
de problèmes et surtout l’accaparement des terres des
paysans qui se développe de plus en plus et pose de gros
problèmes. Pour moi, c’est très important de
voir plus clair sur toutes ces questions, afin de pouvoir faire
organiser des élections dans le bon sens, avec des actions
concrètes et réalistes.
Samedi
8 septembre :
Ce
matin, les enfants de notre communauté de quartier ont une
sortie ensemble pour mieux se connaître et passer une journée
d’amitié ensemble.
Il y a longtemps que l’on voulait l’organiser !
A
la prison, un
nouveau groupe vient d’arriver. Bien sûr, chacun doit
passer à la fouille, un par un, et nous devons attendre que
tout soit fini pour commencer notre rencontre. Après le
partage d’Evangile, nous parlons des inondations
qui les touchent eux aussi. Nous leur expliquons tout ce qui se fait
dans les quartiers et villages en ce moment. Et nous leur expliquons
aussi ce qu’il faudra faire à l’avenir pour
attaquer le problème à la base (autre type de
construction, respect des voies d’évacuation des eaux,
enlèvement des ordures, etc…), comme je l’ai
déjà expliqué la dernière fois. Il y a
aussi toute la question de la sécurité. Les personnes
sinistrées ont été accueillies et prises en
charge, avec un gros effort de solidarité, dans
les écoles.
Mais certains ne veulent pas laisser leurs maisons inondées,
car la nuit certains viennent voler les meubles et même les
portes, les fenêtres des maisons, ou les tôles du toit.
De plus , la rentrée des classes arrive : on ne sait pas
où loger toutes ces familles obligées de quitter leurs
maisons.
Beaucoup de prisonniers sont malades. A l’infirmerie,
on leur fait une ordonnance, mais c’est la famille (ou les
amis) qui doit acheter les médicaments. Or, beaucoup de
familles sont pauvres ; et beaucoup de prisonniers sont
étrangers ou ne reçoivent pas de visites. De même
pour ceux qui doivent se faire opérer, il faut prendre en
charge les frais de l’opération. Nous essayons de
collecter l’argent pour cela autour de nous.
Nous abordons
ensuite les problèmes de justice. Et en effet, il y en a
énormément. J’en ai souvent déjà
parlé : les avocats demandent vraiment très cher,
la plupart des gens ne peuvent pas payer. De juges reportent les
jugements en appel jusqu’à 20 fois de suite pour la
même personne, sans raison valable et sans explication ;
les ambassades ne font absolument rien pour leurs ressortissants.
Bien sûr, presque tous les détenus se disent innocents,
mais il est évident qu’un certain nombre est accusé
à tort, par intérêt, jalousie, méchanceté
ou intérêt, et que leur cas n’est pas étudié
sérieusement. Surtout les étrangers : ne parlant
pas la langue locale, le ouolof, c’est facile de tout leur
mettre sur le dos. Aujourd’hui, nous travaillons avec la
responsable de l’ACAT Sénégal (Action des
Chrétiens Contre la Torture). Si au moment des arrestations
et dans les commissariats les coups pleuvent, en prison les détenus
sont rarement frappés, et il n’y a pas trop de brimades
ou de tortures psychologiques. Le gros problème, ce sont
plutôt les conditions de vie difficiles et même
inhumaines.
15
heures :
préparation des deux émissions radio de mercredi
prochain.
Vendredi
7 septembre :
Nous
devions avoir notre réunion de communauté, mais le
quartier est complètement inondé et les gens sont
bloqués.
Le matin, à la prison
des femmes,
nous avons célébré l’Eucharistie et
partagé la Parole de Dieu, avant de parler de la vie à
la prison.
Jeudi 6 septembre : Suite à notre entretien avec le Ministre de la Justice le mois dernier, elle nous demande de rencontrer un de ses techniciens pour finaliser notre première rencontre et voir ce qu’il est possible de faire concrètement pour les prisonniers. Nous abordons les problèmes l’un après l’autre. En particulier, la formation professionnelle des prisonniers en prison pour préparer leur sortie et leur permettre de faire vivre leur famille à leur sortie. Puis la relance de petits ateliers et d’un grand jardin. Et aussi la nécessité de construire de nouvelles prisons pour des meilleures conditions de vie. Et déjà, comment améliorer ces conditions de vie dans les circonstances actuelles. Nous abordons aussi le problème de la santé : non seulement pour soigner les détenus (SIDA, tuberculose, autres maladies) mais aussi pour la prévention, l’éducation sanitaire et l’hygiène. Pour cela, nous allons commencer par réunir toutes les associations qui travaillent dans les prisons.
Mercredi
5 septembre :
Je
dois remettre mon vélo
en
état, suite à mes nombreux déplacements
« inondés » : freins à
revoir, rayons cassés, éclairage. Malheureusement, le
réparateur est malade. Je pars donc à la poste. A 9 h
30, le postier n’est pas arrivé ! A 10 heures, je
pars à
la prison pour
un temps d’écoute des prisonniers et pour préparer
la sortie des libérables. Mais la secrétaire du
directeur fête la naissance de son bébé, ce
matin. Du coup, la plupart du personnel est parti à la fête.
Et nous ne pouvons pas voir les prisonniers, même pas un par
un : manque de personnel de surveillance ! D’ailleurs
la liste des libérables n’est même pas prête.
Je
décide donc d’aller en ville
au Consulat de France pour
renouveler mon passeport. En effet, depuis la mi-août, je
téléphone chaque jour, ça ne décroche
jamais ! Sur place, on finit par me donner un rendez-vous pour
fin septembre ! Décidément, aujourd’hui
rien ne marche ! L’ordinateur
de
l’amie qui saisit mes documents a grillé, suite à
une coupure de courant au cours d’un orage. Là aussi je
suis bloqué dans mon travail.
Sur le chemin du retour, je
vais manger à notre Maison centrale : là au moins
les gens sont présents ! Puis je vais visiter plusieurs
familles
en difficultés
que nous suivons et essayons de soutenir.
Je passe également
à l’Ambassade du
Brésil pour
essayer de régler le cas d’ un
prisonnier équatorien
qui traîne ici depuis 4 ans. Nous voudrions que soit réglé
son problème : cela fait 21 fois qu’il passe en
appel, sans jamais être jugé. Son affaire n’est
pas claire, il a été victime d’un coup monté
(fausse accusation de trafic de drogue : on lui a tout mis sur
le dos, alors qu’il se rendait à une conférence).
Un des 3 co-détenus est décédé en
prison. Il faut refaire tout le dossier et les témoins se
sont enfuis ! Nous voudrions soit le faire libérer, soit
le faire rapatrier en Equateur, mais il n’y a pas d’ambassade
de l’Equateur au Sénégal. Nous voulons passer
par l’intermédiaire du Brésil :
l’ambassadeur n’est pas là. Je laisse un mot pour
demander un rendez-vous. Puis je passe à l’ambassade du
Congo pour le cas d’un autre prisonnier.
Mardi 4 septembre : Nous accueillons un jeune philippin. Il va apprendre le français pendant une année à l’Université, avant d’aller en stage sur le terrain.
Lundi 3 septembre : Travail personnel à la maison.
Dimanche
2 septembre :
Il a
beaucoup plu cette nuit et ça continue. Je dois aller
récupérer une voiture dans une autre paroisse. Pour y
arriver, sous une grande pluie, je dois faire une bonne partie du
chemin avec le vélo sur l’épaule, de l’eau
jusqu’aux genoux. Arrivé à la voiture, j’hésite
à partir. Heureusement, c’est une « diésel »
et un jeune m’attend qui connaît bien le quartier. Nous
devons traverser plusieurs marres d’eau, à vitesse
réduite, en essayant de deviner les anciennes traces de
passage pour ne pas tomber dans un trou. Nous sommes obligés
de faire trois fois demi-tour. Nous dépassons plusieurs
voitures abandonnées dans l’eau, mais finalement nous
arrivons à l’église, où nous attendent
des chrétiens courageux, complètement mouillés
eux aussi. Heureusement, il ne fait pas froid ! Nous prenons le
temps de nous saluer, ce qui permet à nos habits de finir de
dégouliner. Bien sûr, il n’y a pas d’électricité,
donc pas de sonorisation. Avec le bruit de la pluie qui tombe sur le
toit, il n’est pas question de faire une homélie, mais
au moins nous prions ensemble ! Et en attendant que la pluie se
calme, nous prenons encore le temps de parler ensemble et de faire
connaissance.
Au retour, je passe voir un de mes « anciens
jeunes » de St LOUIS, des années 80. Il est
maintenant premier Conseiller du Ministre de
l’Agriculture. Nous
parlons de tous les problèmes dans ce domaine, et ils sont
nombreux. Suite aux négligences passées, ils ont eu
beaucoup de peine pour lancer la campagne agricole. L’un des
objectifs, c’est de pousser les paysans à conserver
leurs propres semences, en sélectionnant les meilleures, pour
ne pas dépendre de l’extérieur. Et aussi de
sélectionner de meilleures semences en général.
La culture de l’arachide est complètement désorganisée.
Bien sûr, il y a aussi le problème de l’accaparement
des terres des
paysans par des cadres et surtout de grandes sociétés
internationales, en particulier pour la culture de bio-carburants.
Mais le grand problème actuel, c’est celui des
inondations qui ne touche pas seulement les villes mais aussi la
campagne. De nombreuses plantations de riz ont été
inondées et des récoltes perdues.
Samedi
1er
septembre :
A la
prison
des hommes. Nous
sommes très heureux de nous revoir. En effet, à cause
de la pluie et de mes diverses activités (voir
plus haut),
cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas revus. Nous avons
donc beaucoup de choses à nous dire et à
partager.
Nous nous réjouissons pour ceux qui ont été
graciés à l’occasion de la fête de la
Korité (fin du Ramadan). Mais ils sont vraiment très
peu nombreux, et nous en sommes déçus.
Comme chaque
samedi, nous partageons la Parole de Dieu (voir
mon compte rendu).
Cela nous permet de réfléchir profondément sur
nos coutumes
et la religion traditionnelle pour
voir comment les vivre en chrétiens, dans la foi, mais en
gardant tout le positif et les valeurs. Ce n’est pas évident.
Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons voir un peu plus
clair dans ce domaine.
Aujourd’hui, un de nos étudiants
est venu nous rejoindre. C’est important qu’ils ne se
laissent pas enfermer dans leurs études, et qu’ils
apprennent à voir –et à comprendre- la vie, les
efforts et les difficultés des gens, y compris les
prisonniers. Nous accueillons un prisonnier congolais, malade, qui
vient de sortir de l’hôpital. Il n’est pas
vraiment guéri ; nous allons tout faire pour le suivre
et le soutenir.
Mais surtout, nous passons un long temps sur la
situation en
Gambie,
où 9 condamnés à mort ont été
exécutés…. Et d’autres sont dans
l’attente angoissante. D’autant plus qu’ils n’ont
pas bénéficié d’un jugement équitable
et que les droits de la défense n’ont pas été
respectés. Bien sûr, cela touche profondément
les prisonniers et nous les écoutons longuement sur cette
question.
Nous ne manquons pas non plus de partager avec eux les
souffrances des gens suite aux inondations, et tous les efforts que
nous fournissons pour les aider.
D’ailleurs, le soir, je me
retrouve avec plusieurs responsables pour faire le point des actions
menées.
Le soir, nous célébrons tout cela
dans l’Eucharistie. Une messe bien animée, avec
beaucoup de monde, comme d’habitude.
Vendredi 31 août : Rencontre à la Maison d’Arrêt des Femmes. Ensuite, travail à la maison…. à l’ordinateur et Internet, en jonglant avec les coupures de courant !
Jeudi 30 août : Aujourd’hui, je suis dans la Communauté des Frères de Taizé. Nous prions ensemble avec les gens du quartier. Puis nous prenons un temps pour partager nos soucis et nos activités. Nous terminons par un repas pris ensemble avec les personnes volontaires qui travaillent avec nous.
Mercredi
29 août :
Je
reçois un coup de téléphone de Mauritanie.
C’est un jeune Camerounais qui était venu à
Dakar, dans des conditions très difficiles, après
avoir été trompé et abandonné au Togo.
J’avais essayé de l’accueillir et de l’aider.
Maintenant, il est en Mauritanie,
où il a trouvé du travail. Il me téléphone
pour me remercier et me donner des nouvelles. Ca fait plaisir.
Je
parviens à rencontrer la Sœur qui vient de Guinée,
avec une amie sénégalaise qui l’accueille chez
elle. C’est la sœur d’un confrère avec qui
j’ai travaillé autrefois à Kataco, en Guinée.
C’est une grande surprise. Nous avons beaucoup de choses à
nous dire et je suis très heureux d’avoir des nouvelles
fraîches et personnalisées.
Ensuite, nous nous
retrouvons avec plusieurs responsables de mouvements pour réfléchir
à la manière d’organiser les jeunes dans la
lutte contre les
inondations et
le soutien des personnes touchées par le désastre.
Mardi
28 août :
Préparation
de mes deux émissions radio. Ensuite, je rédige une
lettre pour le Ministre de la Justice. Puis je vais rencontrer une
des Conseillers techniques du Ministre de la Jeunesse. Je vois avec
elle comment les jeunes de nos paroisses peuvent participer à
la lutte
contre les inondations et
quel soutien on peut leur apporter. Il y a beaucoup à faire,
c’est important que les jeunes se mobilisent, mais il faut
leur donner un minimum des moyens pour cela.
Je vais voir un
technicien pour m’installer « You tube »
pour y mettre mes émissions à la radio, mais ça
ne passe pas. On reverra ça une autre fois… avec
peut-être plus de chance, mais ce n’est quand même
pas facile !
Lundi
27 août :
Je
passe la matinée au Centre des enfants de la rue.
L’après-midi, visite à un certain nombre de
familles et de personnes
en difficulté. Je
revois, en particulier, cette jeune femme ivoirienne en dépression
qui, ayant tout perdu, a dû fuir son pays et que j’essaie
de soutenir depuis qu’elle a débarqué ici. Et
une autre femme, gambienne, avec 3 enfants, dont le mari a été
arrêté et qui n’a rien pour vivre. Nous cherchons
un travail pour elle, mais sans succès.
Le soir, je vais
rencontrer une Sœur qui arrive de Guinée. Elle va me
donner des nouvelles précises et personnelles.
Malheureusement, quand j’arrive au lieu de rendez-vous fixé,
elle n’est pas là. Je suis très déçu.
Samedi
25 août :
Aujourd’hui,
je ne vais pas à la prison des hommes, car je suis invité
à une rencontre de réflexion sur les
abus sexuels, en
particulier sur les enfants. Nous avons invité deux avocats,
un psychologue, un médecin et un policier, pour avoir une
vision aussi complète que possible du problème. Nous
cherchons à voir les causes profondes et à trouver
quelles actions il est possible de mener par rapport à
l’éducation des garçons et des filles, les idées
traditionnelles sur l’homme et la femme, le « culte »
du secret dans les familles, mais aussi le problème de
l’alcoolisme et de la drogue, le manque de véritable
éducation sexuelle à l’école –et
surtout dans la famille-, l’influence des médias et des
films pornographiques, etc…. Et aussi le suivi des abuseurs
sexuels dans la société et à la prison. Ces
réflexions entraînent des réactions
intéressantes et de nombreuses propositions de la part des
participants. Je vais faire venir les différents intervenants
à la radio, pour partager tout cela avec davantage de
personnes.
Le soir, messe à la paroisse ; il y a
beaucoup de monde. Je partage notre réflexion de vendredi sur
l’Evangile avec les femmes de la prison. Cela se passe très
bien.
Jeudi
24 août :
Le
matin,
un ancien camarade
de classe
de l’école primaire ici à Dakar vient me voir.
Nous étions « Cœur Vaillant » et
à la Chorale ensemble. Ensuite, j’ai continué
avec les Scouts puis la JEC. Nous étions restés en
contact et nous nous sommes retrouvés il y a 3 ans, après
plus de 50 ans. Nous sommes très heureux de nous revoir
aujourd’hui, d’autant plus que beaucoup de nos camarades
sont déjà partis.
A
midi,
nous partageons le repas chez une des animatrices de la prison. Nous
sommes heureux de nous retrouver, mais nous ne pouvons pas nous
empêcher de parler de nos activités et de nos
problèmes.
Ensuite, la marche et la tenue de la maison :
nettoyage (car chaque jour nous ne faisons que le minimum :
balayage, vaisselle…). Puis je sors faire les courses, je
passe à la poste où un colis m’attend depuis
longtemps.
A la prison
des femmes,
nous parlons de la façon dont elles ont passé le
Ramadan à la prison avec les contraintes mais aussi les
partages matériels, et également au niveau de la foi.
Beaucoup de personnes sont venues leur apporter le repas de rupture
de jeûne le soir, ce qui a bien amélioré leur
nourriture. Elles ont fêté successivement dans la joie
le 15 août (qui est férié au Sénégal,
bien que pays à 90 % musulman) et la Korité (Aid el
Fitr) fin
du Ramadan.
Et
nous parlons aussi des autres choses. En particulier des
inondations.
De nombreuses maisons se sont écroulées, pour
plusieurs raisons. D’abord, il y a 20 ans, le pays a subi une
longue sécheresse ; les gens sont donc venus construire
dans des bas-fonds asséchés. L’exode rural est
très important au Sénégal et la banlieue de
Dakar s’accroît sans cesse. Mais quand il pleut, comme
cette année, les quartiers sont complètement inondés,
et les constructions faites sur les voies d’évacuation
des eaux empêchent les eaux de s’écouler.
De
plus, ces maisons ne sont pas solides, car les gens n’ont pas
les moyens de construire. Quand ce ne sont pas des baraques faites
de tôles et de bouts de bois, dans les parpaings il y a plus
de sable que de ciment ! Il y a eu une trentaine de morts,
surtout des enfants et des bébés, soit par noyade,
soit dans des maisons écroulées. Beaucoup de
nourriture et de machines et appareils sont perdus, beaucoup
d’habits et de matériel ont été emportés.
Le Plan ORSEC a été déclaré et il y a
une très grande solidarité pour accueillir les
sinistrés, les soutenir psychologiquement, et leur donner de
la nourriture, des habits et des médicaments. Des collectes
ont été organisées dans les quartiers et à
la télévision (téléthon). Les jeunes de
la Croix Rouge aident les agents de santé pour lutter contre
le paludisme et éviter le choléra. Les associations et
Mouvements aident les pompiers à évacuer l’eau,
enlever les ordures, nettoyer les maisons et ouvrir des voies
d’évacuation de l’eau. Dans notre communauté,
comme dans les autres, nous avons fait une collecte. Les
responsables des différentes religions ont appelé à
l’engagement. Il y a une grande mobilisation dans tout le
pays.
Le
Sénat
devait être renouvelé. Le coût de son
fonctionnement était évalué à 7
milliards de francs CFA (10 millions d’Euros) et, comme je
l’ai déjà expliqué, ce Sénat était
très contesté. Le Président en a profité
pour le faire supprimer par l’Assemblée et les 7
milliards vont être consacrés au soutien des victimes
des inondations. Dans la foulée, le Président va aussi
supprimer le poste de vice-président qui avait été
la cause d’une grosse révolte populaire contre l’ancien
président, le 23 juin 2011 (origine du Mouvement M 23). Mais
tout cela sont des mesures provisoires. La gravité de la
situation va obliger de réfléchir au problème
dans toutes ses dimensions. Ne plus construire sur les zones
inondables, évacuer les anciennes, et construire des
logements sociaux dans des endroits sûrs et donc plus éloignés
du centre. Cela va coûter très cher et il faudra ruser
de diplomatie, voir les problèmes, respecter les gens et les
faire participer aux décisions. Il va falloir revoir tous les
plans d’urbanisme ; ne plus laisser construire sur les
voies d’eaux et avoir des constructions plus solides. Il
faudra toute une éducation de la population pour cela, et
aussi que les familles arrêtent de boucher les canaux
d’évacuation en y jetant leurs ordures. Mais pour ça,
il est nécessaire que les ordures soient ramassées
régulièrement. Il y a donc beaucoup à faire, à
tous les niveaux. Nous allons y réfléchir à
notre prochaine réunion de Communauté. Mais nous
tenons à faire participer aussi les prisonniers à
cette réflexion et éducation.
Au partage
d’Evangile, nous
réfléchissons sur trois points (Jean 8, 60-69) :
la foi vécue, la prière d’écoute
(méditation) et d’actions de grâces, et le
courage. (Voir
le compte-rendu).
Après
la réunion, je rencontre spécialement une jeune femme,
pour l’écouter
et
lui remonter le moral. Elle est complètement découragée.
Elle prétend avoir été accusée
injustement, par jalousie ; elle n’a pas d’avocat
et cela fait plus d’une année qu’elle attend
d’être jugée. Elle s’est refermée
sur elle et ne parle plus à personne. J’essaie au moins
de l’écouter, puisqu’en privé elle accepte
de s’exprimer. Mais il me faudra la revoir, car les choses ne
pourront avancer que peu à peu.
Mercredi 23 août : En soirée, enregistrement à la radio : aujourd’hui, j’accueille un couple et nous parlons du mariage.
Vendredi
10 août :
Messe
à la prison
des femmes.
Nous prenons le temps de partager longuement l’Evangile. Les
femmes ont maintenant l’habitude et partagent profondément
leurs pensées, à l’aise les unes avec les
autres.
Ensuite, je continue les contacts pour mes émissions
radio : cela
prend beaucoup de temps, car il faut trouver des gens qui ont des
choses à dire, qui acceptent de le faire et qui parlent
couramment le ouolof.
Je fais aussi des démarches pour
pouvoir aller visiter les prisonniers qui sont soignés dans
un quartier spécial à l’hôpital.
L’après-midi,
rencontre avec un des responsables de Caritas
France,
pour le suivi et le soutien d’une association de quartier qui
accompagne les enfants dans la rue et les femmes en difficultés
(APEF).
Ensuite, séance de travail avec un confrère,
aumônier de l’Université de St Louis. Nous
voudrions mettre en place un jumelage, mais nous avons de la peine à
trouver un correspondant. Si vous avez une idée !
Au
repas, nous parlons entre confrères de la catéchèse.
Après,
avec un confrère sénégalais travaillant au
Gabon, venu en congé, nous travaillons sur un document. Et
aussi sur le partage de notre expérience commune : il
est aumônier de prison, lui aussi.
21
heures.
Réunion de notre communauté
de quartier (C.E.B.) :
(voir
le compte-rendu à venir).
Après
les nouvelles, nous réfléchissons aujourd’hui au
chômage des jeunes et au lancement de petits projets. Puis
nous finalisons l’action de reboisement du quartier de demain.
Les jeunes nous font le compte-rendu de leur rencontre de dimanche
dernier et de leur programme d’action. Puis nous passons au
« divers » : un accident routier qui a
fait plus de 25 morts et autant de blessés graves. Cela pose
la question de la sécurité routière, car les
accidents sont très nombreux surtout de la part des camions,
mais aussi des taxis et autres moyens de transport. Ils ne sont pas
en état de marche, il n’y a pas de contrôle
sérieux et les propriétaires pensent plus à
leurs bénéfices qu’à la sécurité
des passagers. Nous faisons ensuite le tour des événements
du quartier : maladies et autres problèmes. La semaine
prochaine, aura lieu l’examen du baccalauréat. Il a été
très retardé car les enseignants ont été
en grève pendant 5 mois. Nous terminons par la prière.
Jeudi
9 août :
Visite
du quartier
avec les délégués de Caritas
France.
L’après-midi, nous allons à la prison
des mineurs.
Au programme, visite des jeunes puis entrevue avec la directrice et
le responsable des services sociaux : réflexion sur les
activités de la prison, le suivi des jeunes et des familles,
la réinsertion, etc… Les éducatrices sont là
et également un des délégués des
fraternités maristes qui assurent le suivi des enfants, les
activités sportives et autres : alphabétisation,
micro-jardinage, etc.. Sans oublier celles qui assurent la catéchèse
et la prière.
Le soir, enregistrements de mes deux
émissions radio. Aujourd’hui, je reçois un
formateur du CAEDHU sur l’éducation
aux droits humains.
La
nuit, fête de départ d’un ami sénégalais
travaillant en France, venu rechercher sa femme ivoirienne qui avait
dû quitter son pays et était tombée dans une
dépression très grave. Elle est maintenant guérie.
Son mari a pu refaire ses papiers. Il rentre en France pour
reprendre son travail, afin de pouvoir faire vivre sa famille (ils
ont un enfant) et continuer à soigner sa femme. En attendant,
la communauté du quartier continuera à soutenir la
femme et l’enfant. C’est un couple mixte (musulman et
chrétienne), très uni, qui mérite d’être
soutenu et qui a supporté énormément de
problèmes.
Mercredi
8 août :
Retour
à la prison.
La
Commission de réinsertion n’arrive pas à
obtenir la liste des prisonniers de septembre, malgré
plusieurs demandes. Cela nous gêne beaucoup car nous n’aurons
pas le temps de contacter leurs familles pour préparer leur
retour. Les aider à retrouver un moyen de vivre et les
réconcilier avec ceux à qui ils ont fait du mal. Tout
cela demande beaucoup de temps. Mais nous rencontrons souvent des
blocages du côté de l’administratif, ce qui est
vraiment dommage. Comme vient de me le dire lui-même le
nouveau directeur de la prison : « Nous sommes
formés pour la répression, pas pour l’éducation ».
Au point de vue santé, on me présente un certain
nombre de malades qui ne sont pas soignés : un qui
souffre des hémorroïdes, un autre de diabète, un
autre d’hypertension. Nous allons voir comment leur trouver
les médicaments nécessaires. Mais surtout, nous allons
chercher des médecins volontaires, car celui qui est nommé
ne passe pas à la prison. En écoute, beaucoup sont
découragés, car ils ont fait appel, mais pendant des
mois on ne les convoque pas. Et quand ils sont enfin convoqués,
on les renvoie plusieurs fois de suite, sans aucune explication.
Beaucoup sont aussi trompés par les avocats qui prennent leur
argent et disparaissent.
Une bonne nouvelle cependant : un
des prisonniers va être libéré. Il fait des
objets d’art à partir de cornes de zébus ou de
moutons. Il est d’accord pour accueillir d’autres
prisonniers à leur sortie, et leur apprendre le travail. Nous
allons chercher le fonds et l’argent nécessaire.
Dimanche
5 août :
Messe
dans un quartier le matin. L’après midi, je vais
rencontrer une équipe du Secours
Catholique
de la région parisienne (Caritas France). Ils viennent
rencontrer des personnes, des familles et des associations
travaillant avec les enfants en difficultés et ayant quitté
leurs familles : enfants des écoles coraniques (daaras)
obligés d’aller mendier et tombant souvent dans le vol
et la délinquance, enfants dans la rue à cause de la
pauvreté ou de difficultés familiales, enfants en
prison, etc…
Ils vont recueillir des témoignages et
faire des interviews pour en tirer des documents, des photos, des
films. Nous avons préparé leur séjour (un mois)
et le programme par Internet. Mais il est important de finaliser les
choses.
Le lundi, ils préparent leur travail. Le mardi,
contact avec un Foyer de Jeunes Filles venant des villages et tenu
par le Mouvement de la JOCF. Le mercredi, rencontre de familles
accueillant des enfants, et d’un Centre pour enfants de la
rue. L’après-midi, à la prison des mineurs.
Jeudi : séance de formation pour la rédaction de
projets. Vendredi ; descente sur le terrain avec une autre
association pour rencontrer des enfants, etc… Les
possibilités ne manquent pas !
Samedi 4 août : Comme d’habitude, je pars à la prison des hommes pour notre réunion hebdomadaire. Mais comme il pleut (nous en sommes très heureux pour les paysans et tout le pays), le chef de poste n’autorise pas les prisonniers à sortir de leurs chambres pour venir à la salle de réunion. Au bout de 2 heures d’attente, avec les animatrices, nous retournons chez nous, tout tristes.
Vendredi
3 août :
La
congrégation des sœurs sénégalaises
du Saint Cœur de Marie est en Assemblée Générale.
Elles m’ont invité à réfléchir
avec elles sur leurs différents engagements dans les écoles,
les postes de santé, les foyers et centre de formation de
femmes et jeunes filles. A partir de là, nous avons lancé
une réflexion sur le changement d’activités et
de méthodes de travail pour être plus près des
nécessiteux et déshérités, et pour mieux
répondre à leurs désirs et besoins. La
recherche a été très intéressante et
approfondie, si bien que j’ai supprimé ma 2ème
conférence sur l’Evangélisation, pour ne pas
arrêter la réflexion.
L’après-midi,
nous avons travaillé le document final du 2ème
Synode pour l’Afrique : « L’engagement
de l’Afrique ». J’ai été
d’autant plus heureux de cette journée qu’elle
m’a permis de revoir, après 16 ans, plusieurs sœurs
avec lesquelles j’avais travaillé avant de partir en
Guinée Conakry, dans les camps de réfugiés du
Libéria et de Sierra Léone. Cette Congrégation
est la première congrégation religieuse autochtone
d’Afrique, fondée par un de nos premiers évêques
missionnaires spiritains. J’ai donc été
spécialement content de travailler avec les religieuses.
Jeudi 2 août : Je vais dans une paroisse de grande banlieue rencontrer les confrères. Deux de nos étudiants y sont en stage de vacances. Nous parlons des activités de la paroisse et aussi du stage.
Mercredi
1er
août :
Comme
chaque mercredi, nous nous retrouvons à trois équipes
à la prison
des hommes :
la formation, l’écoute et la réinsertion. Pour
l’écoute, je rencontre certains nouveaux arrivés
(pas tous à la fois, car ils sont très nombreux) ;
cela se fera au fur et à mesure. Mais c’est très
important de les aider à s’insérer. Et de
répondre à leurs besoins matériels. Mais de
voir aussi la question de leur dossier de jugement en appel, etc…
De son côté, la commission de réinsertion
accueille les libérables du mois prochain. Et la troisième
équipe fait le tour des ateliers pour voir comment ça
marche.
Le soir, enregistrement
à la radio,
comme d’habitude. Après avoir pris le temps de la
préparer, bien sûr.
Mardi 31 juillet : Nous rencontrons la Ministre de la Justice. C’est une rencontre que nous avons préparée longuement, en impliquant le maximum de personnes, et d’abord les prisonniers eux-mêmes : hommes, femmes et jeunes. Je vous en ai souvent parlé. Nous avons préparé un certain nombre de documents. Nous lui présentons d’abord les différents problèmes avec nos propositions. Nous recevons un très bon accueil et dans un 2ème temps, nous parlons librement ce qui nous permet d’aborder les questions d’une façon plus concrète et précise et plus décontractée. Evidemment, il nous faudra assurer le suivi, pour parvenir à des avancées précises. Même s’il y a un certain nombre de choses qui nous dépassent.
Lundi
30 juillet :
Réunion
au CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits
Humains) .
Nous préparons notre programme de formation approfondie. Et
en particulier d’une formation approfondie de notre
responsable à la formation. Cela demande tout un dossier à
établir et de nombreuses démarches à
faire.
Ensuite, nous allons rencontrer le directeur d’un
grand collège de la banlieue. Ils ont déjà
mobilisé leurs élèves pour soutenir les enfants
du Sénégal Oriental qui vivent dans des conditions
très difficiles. Aujourd’hui, nous le voyons pour
participer à la formation de notre responsable à
l’éducation.
Après cela, je tourne dans le
quartier rencontrer un certain nombre de personnes et de familles en
difficulté.
Dimanche
29 juillet :
Ce
matin, je célèbre la messe à 7 heures : il
faut me lever de bonne heure. Mais je suis heureux de rencontrer un
certain nombre d’amis que je n’ai pas vus depuis
quelques temps, car nous avons trois lieux de prières et de
nombreuses messes que nous célébrons en
tournant.
L’après-midi, rencontre avec les jeunes
de la communauté. Nous
faisons le point de l’année passée et traçons
des orientations pour l’année qui vient : nous
relevons en particulier l’importance de ne pas se limiter aux
rencontres, aux fêtes et aux sorties, mais de se prendre en
charge et de se soutenir : groupes de travail pour les élèves,
recherche de travail et lancement d’activités
productives pour les autres. Ne pas se replier sur eux-mêmes,
mais contacter les autres jeunes du quartier et travailler avec les
Mouvements de jeunesse de la paroisse. Enfin, continuer leurs
engagements dans le quartier : soutien aux bébés
abandonnés et enfants de la rue (voir
mon site ou mes mails sur les CEB : communautés de
quartier).
Samedi
28 juillet :
A la
prison
des hommes. Nous
voyons d’abord comment ils vivent le temps du Ramadan,
ensemble chrétiens et musulmans, dans l’entente et le
respect mutuel. Nous abordons ensuite la question des grâces
qui vont être accordées à la fin du
Ramadan.
Nous devons rencontrer le Ministre de la Justice ce
mardi prochain. Nous écoutons donc ce que les prisonniers ont
à nous dire à ce sujet, car ce sont eux qui
connaissent le mieux les problèmes et les conditions. Leur
principale souffrance, c’est bien sûr leur manque de
liberté, mais aussi de nourriture et de médicaments.
Ce qui les aide à supporter cela c’est le courage de
chacun, mais aussi leur solidarité. Leurs principales
demandes portent sur la lenteur des jugements et des appels, le
manque de transparence et de respect, spécialement envers les
étrangers. Et tous les problèmes d’argent et
même de corruption. A la fin du Ramadan, comme chaque année,
le Président va accorder la grâce à un certain
nombre de prisonniers. Tous espèrent obtenir cette grâce,
ou, au moins, une réduction de peine : cela crée
un grand climat de tension. Bien sûr, beaucoup seront déçus
et ce sera difficile de leur faire retrouver le moral ! Il y a
aussi toutes les difficultés de relations avec
l’administration, les chefs de chambre, etc… Et le
manque d’avocats, car ils coûtent très cher. Les
choses à faire ne manquent pas.
Vendredi
27 juillet :
Cette
nuit, j’attends mon confrère qui revient de notre
Assemblée Générale en Tanzanie. L’avion
devait arriver à 23 heures ; j’attends jusqu’à
2 heures du matin, puis je vais me coucher. Il n’arrivera que
le lendemain, à 10 heures ! Joie des transports aériens,
avec nuit passée à l’aéroport, sans
possibilité de sortir. D’ailleurs les hôtels sont
trop chers.
Du coup, je ne suis pas très en forme pour
aller à la prison des femmes ! Nous continuons notre
partage sur le Ramadan
21 heures. Réunion
de Communauté (C.E.B.).
Après les différentes nouvelles, nous partageons la
Parole de Dieu (Voir
le compte-rendu). Ensuite,
nous réfléchissons à la Journée de la
paroisse de samedi dernier. Puis nous préparons l’action
de reboisement de samedi prochain. A la prochaine réunion,
nous parlerons du chômage des jeunes et verrons comment lancer
des petits projets de développement.
Jeudi
26 juillet :
A
midi, je vais retrouver les confrères. En particulier pour
parler avec l’un d’entre deux qui vient du Gabon pour le
mariage de sa sœur, et qui est aumônier de prison lui
aussi.
Le soir, enregistrement à la radio
Mercredi 25 juillet : Animation à la prison. Comme chaque semaine, nous nous retrouvons à trois équipes : une pour l’accueil des nouveaux arrivés, une pour l’écoute, et une pour la réinsertion des libérés à venir en septembre. Je passe aussi à l’infirmerie pour voir quelle solution trouver au manque chronique de médicaments. On me remet un certain nombre d’ordonnances. Je vais chercher des gens qui pourront les prendre en charge. Je recueille aussi un certain nombre de numéros de téléphone et mails à l’étranger, soit pour donner des nouvelles des prisonniers, soit pour faire venir de l’argent afin de payer un avocat ou s’acheter un minimum de nourriture. On nous amène un prisonnier malade. Nous l’accompagnons à l’infirmerie où nous voyons le cas de trois prisonniers qui attendent d’être opérés depuis plusieurs semaines. Nous nous inquiétons aussi de la situation de la famille d’un prisonnier nigérian : sa femme se retrouve sans rien, avec ses trois enfants. Elle était professeur d’anglais au Nigéria. Nous allons l’aider pour lui trouver du travail. Je vais aussi acheter des cahiers pour un autre prisonnier qui veut écrire un roman. Je l’encourage beaucoup dans ce sens. De même que j’encourage les autres à se former, à aller à l’alphabétisation, dans les ateliers ou à la bibliothèque. L’un d’entre eux, un étranger –et donc loin de chez lui, et sans visite ni soutien- se laisse complètement aller et n’arrive pas à réagir. Et il y a tous ceux qui attendent sans être jugés bien qu’ayant fait appel depuis longtemps. Et ceux que l’on reporte de convocation en convocation. Aujourd’hui, l’un d’entre eux vient d’être renvoyé pour la 13ème fois, sans aucune raison claire ; même son avocat n’y comprend rien. Un autre, dont le cas a été réuni à celui de deux autres, demande à avoir un jugement à part. Et encore beaucoup d’autres cas, tous plus compliqués les uns que les autres.
Lundi 23 juillet : Travail à la maison.
Samedi
21 juillet :
Evaluation
de l’année.
Nous
nous retrouvons toute la journée avec les responsables des
différentes commissions, communautés et autres
groupes, pour évaluer nos activités de l’année.
La
1ère
activité : la
Commission « Justice et Paix »,
avec tout le travail de conscientisation et de formation pour les
élections : présidentielle et législatives.
Je vous en ai parlé régulièrement, de même
que nos activités futures.
La
vie des Communautés de quartier.
Elles étaient devenues peu à peu de simples réunions
de prière. Nous avons fait un gros effort de réflexion
et de formation pour partir de la Parole de Dieu et, de là,
aboutir à des actions concrètes pour faire avancer le
quartier en travaillant avec tous, au lieu de rester entre nous et
de nous limiter aux actions religieuses : aménagement du
quartier, sécurité, assainissement (saletés,
pollution, ordures), santé (lutte contre le paludisme),
reboisement, etc… A ce sujet, nous avons réfléchi
longuement à tout ce qui touche la mentalité
traditionnelle : fétichisme et protections diverses,
magie, « maraboutages », sacrifices,
sorcellerie. Face à tout cela, nous avons insisté sur
la participation des communautés aux cérémonies
traditionnelles de la naissance, de la circoncision, du mariage
coutumier et de toutes les cérémonies et coutumes,
souvent païennes, qui entourent la mort et le veuvage. Nous
avons là un rôle important à jouer, pour faire
avancer les choses et changer les mentalités.
Le 3ème
point, c’est la
jeunesse. Les
jeunes se réunissent régulièrement en
amicales ; ils participent à des journées de
prières et des pèlerinages, mais ils se soucient moins
de leur engagement dans la société. En particulier
pour s’organiser en groupes de travail, lancer des petits
projets de développement et lutter contre le chômage.
De plus, ils ont tendance à rester entre chrétiens.
Nous voyons donc comment ils pourraient participer aux activités
de vacances « navetanes », patronages et
colonies de vacances, etc.. Il y a aussi tout le problème de
l’éducation sexuelle des jeunes.
Les
autres activités de la paroisse.
En particulier la catéchèse. Là aussi nous
retrouvons la place des communautés de quartier.
Et aussi
la construction de notre nouvelle église. En effet, notre
église a été construite en plein quartier, ce
qui est une très bonne chose ; mais peu à peu des
commerçants se sont établis autour et maintenant elle
se trouve au milieu d’un grand marché. De plus, elle
est devenue trop petite, car chaque année nous avons
plusieurs centaines de baptêmes d’adultes. Au moment de
la messe, la majorité des gens est dehors, debout dans la
rue. Quand la nouvelle église sera prête, celle
d’aujourd’hui servira pour les rencontres et les
réunions.
13
heures.
Je quitte la rencontre pour rejoindre le CAEDHU. Tout au long de
l’année, nous avons formé des animateurs à
l’éducation
aux Droits Humains.
Aujourd’hui, nous les évaluons et les autorités
leur remettront ensuite leurs diplômes au cours de la semaine.
En effet, les activités de vacances vont commencer, et nous
voulons que tous les efforts qu’ils ont fournis soient
reconnus. D’autant plus qu’ils se sont vraiment donnés
beaucoup de mal.
Après cela, nous nous retrouvons entre
formateurs pour tirer les conclusions des formations données
et préparer la suite.
Puis, je vais rencontrer une amie de
longue date qui travaille auprès des enfants
en difficultés dans
un village Pilote et avec ATD.Quart Monde (Aide à toute
Détresse) pour une collaboration et une formation pour nos
étudiants.
Le soir, je célèbre la messe à
la paroisse. Et aussi le lendemain. J’apprécie toujours
autant nos eucharisties joyeuses et priantes.
Samedi 21 juillet : Aujourd’hui, je ne vais pas à la prison. En effet, toute la journée nous faisons l’évaluation du travail de l’année à la paroisse. Mais ce n’est pas un problème, nous sommes une équipe et deux animatrices ont pris le relais.
Vendredi
20 juillet :
Aujourd’hui,
c’est le temps du
Ramadam
qui commence. Nous en parlons donc à la
prison
avec les femmes, car elles sont aussi concernées et la
plupart d’entre elles sont musulmanes. Nous avons commencé
par voir le grand changement social que le ramadan entraîne
dans la vie courante : davantage d’entr’aide et de
partages, les gens se demandent pardon, la façon de
s’habiller en particulier des jeunes change également
(mais ils ne se mettent pas en barka, ni même en voile pour
autant !). Les appels à la prière se multiplient,
et aussi les conférences et missions religieuses. Au moment
de la rupture du jeûne, toutes les activités
s’arrêtent, le pays étant à 90 % musulman.
Cela se vit aussi dans la prison, bien sûr. Nous en parlons
donc ensemble. Nous regardons comment les non-musulmans peuvent
supporter les désagréments que cela amène, par
respect pour les musulmans. Mais aussi comment faire respecter leur
propre foi. Par exemple, ceux qui ne jeûnent pas, peuvent-ils
avoir à manger ? Mais que l’on respecte les temps
de prière des musulmans.
A partir de là, nous
parlons de nos différences. Il y a un seul Dieu. Nous sommes
tous croyants. Mais nous ne suivons pas le même chemin. Il ne
suffit pas de nous tolérer ni même de nous accepter
différents, mais de construire ensemble le pays, à
partir de nos différences. Nous voyons comment le faire
concrètement à la maison des femmes. Et que chacun se
laisse interpeler par la foi et la pratique religieuse des autres.
Jeudi 19 juillet : Je prépare la venue d’un groupe de jeunes de Caritas-France qui veulent découvrir le pays et ce qui se fait spécialement dans les situations de pauvreté. Je cherche un certain nombre de contacts et à préparer leur visite. Cela demande beaucoup de temps et d’efforts.
Mercredi
18 juillet :
Rencontre
d’écoute
à la prison.
En même temps, la commission de réinsertion est venue
rencontrer les prisonniers libérables le mois prochain. Une
autre équipe d’animateurs bénévoles
rencontre les nouveaux arrivés. L’infirmier major vient
nous poser un certain nombre de problèmes : des
ordonnances (il n’y a pas de médicaments à la
prison), et le financement de deux opérations (au ventre et à
l’œil).
A midi, rencontre avec un responsable de
Projets
de développement
venu d’Irlande. Nous faisons le tour d’un certain nombre
de possibilités. Il faudra en assurer le suivi.
Après
le repas, je pars dans une PMI où se tient une permanence
juridique pour les femmes veuves ou chefs de famille, ayant des
problèmes.
Au retour, je dois passer prendre du courrier
dans
un quartier
que je ne connais pas. Je tourne en rond pendant toute une heure,
car il n’y a ni noms de rues, ni numéros. Avec l’aide
d’habitants sympathiques, j’arrive à m’en
sortir.
Le soir, enregistrement de deux émissions à
la radio, comme maintenant chaque semaine. Aujourd’hui,
j’interviewe une candidate aux élections législatives.
Elle nous dit, en ouolof pour être comprise du maximum de
personnes, pourquoi elle s’est engagée dans la
politique, comment elle comprend le rôle du député
et les choses à faire pour le pays. Et comment sa foi et la
Parole de Dieu la soutiennent dans ses engagements.
Mardi
17 juillet :
Après
la messe paroissiale, réunion de la Commission Justice et
Paix. Nous évaluons les élections législatives,
le travail du diocèse, de la paroisse et plus spécialement
de notre commission : conscientisation, formation, observation
des élections, etc. Puis nous voyons le suivi à
assurer : contacts avec les députés, questions à
poser au Parlement. Par exemple : le coût des loyers en
ville. Et le problème de l’accaparement des
terres.
Nous recevons quelqu’un qui a été
renvoyé de son travail, pour examiner ce que nous pouvons
faire. Puis nous réfléchissons aux émissions à
assurer à la radio. Enfin, nous abordons la question de la
Caisse et de la Trésorerie. (Voir
le compte-rendu de cette réunion).
Lundi 16 juillet : Travail à la maison sur le 50ème anniversaire du Concile Vatican 2. Ca avance doucement.
Dimanche
15 juillet :
Messe
dans un quartier. Une petite communauté sympathique où
la participation est plus facile et plus intense. Je peux partager à
l’homélie notre réflexion d’hier à
la prison.
La secrétaire de notre Commission Justice et
Paix vient me chercher et m’emmène manger chez son
beau-père (elle vient de se marier). Nous nous étions
connus dans l’Est du pays, à TAMBACOUNDA, en 1979. Il a
invité un certain nombre d’anciens de cette époque ;
nous passons une après-midi très agréable.
Nous
parlons aussi de la situation du pays. J’ai déjà
parlé des grèves. Les élections législatives
sont terminées. Mais nous sommes très frappés
par la course au pouvoir. Des gens font tout pour avoir une place
dans les services de l’Etat. On ne cherche pas à servir
le pays mais à profiter au maximum. Ainsi, le président
WADE ayant perdu l’élection, beaucoup de personnes de
son parti le quittent pour adhérer au parti du nouveau
président, sans aucune honte, ni hésitation. On a
appelé ce phénomène « la
transhumance ». Cela nous inquiète beaucoup pour
l’avenir du pays.
L’autre chose importante, ce sont
les audits pour contrôler les finances des différents
ministères et services de l’Etat. C’est un fait
très positif et important ; mais comme on a convoqué
les responsables du septennat de l’ancien président,
cela est apparu comme une manœuvre politique pour éliminer
le parti qui a perdu le pouvoir. On aurait pu attendre la fin des
élections législatives pour les convoquer !
Samedi
14 juillet :
Rencontre
à la prison
des hommes. Comme
d’habitude, nous commençons par parler des différents
problèmes de la prison. Ce sont les mêmes plaintes qui
reviennent (malheureusement) car les choses n’avancent pas
vite. Au niveau de l’eau, des efforts sont faits. Les pompiers
en ont apporté et, de plus, quand les prisonniers vont
travailler à l’extérieur, ils emportent les
bidons que nous leur avons fournis et ils reviennent avec de
l’eau.
Dans un 2ème
temps, nous parlons des relations
entre chrétiens et musulmans
à la prison. On part de choses précises et des
réalités, selon des exemples vécus : la
façon dont les musulmans expriment et vivent leur foi, et la
nôtre. Ce qui nous amène à préciser un
certain nombre de choses, car il y a beaucoup de confusions. Par
souci de s’entendre et d’éviter les tensions, les
gens de bonne volonté disent : « chrétiens
et musulmans, c’est pareil, il n’y a pas de
différences ». C’est une bonne intention,
mais ce n’est pas juste. Bien sûr, nous croyons dans le
même Dieu, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu,
mais nous n’avons pas les mêmes idées sur Dieu.
Nous allons tous vers Dieu, mais nous ne suivons pas le même
chemin. Nous avons les mêmes premiers prophètes, mais
nous ne sommes pas d’accord sur Jésus-Christ. Les
chrétiens disent qu’Il est Fils de Dieu et les
musulmans disent que Dieu n’a pas de Fils. Ils reconnaissent
Jésus comme prophète, mais pour eux le plus grand et
le dernier des prophètes c’est Mohammed.
Tout cela
ne doit pas nous empêcher de nous connaître d’abord,
de nous respecter et de nous estimer ensuite, et enfin de travailler
ensemble. En respectant la liberté et la foi de chacun.
Dans
un 3ème
temps, nous partageons
l’Evangile
(Marc 6, 7-13). Nous relevons d’abord le pouvoir de Jésus
sur les esprits mauvais et pour guérir les malades.
Aujourd’hui encore, il peut chasser le mauvais esprit qu’il
y a à la prison. Et nous guérir de nos maladies, dans
notre cœur et dans notre corps. Car Jésus nous aime,
comme il a aimé les hommes d’autrefois ;
aujourd’hui encore, il veut nous guérir et nous
libérer. Jésus est le Maître, mais il ne veut
pas s’imposer, il n’écrase personne ; au
contraire, il donne son pouvoir aux apôtres ; et c’est
un grand exemple pour nous. Autour de nous, beaucoup de gens
cherchent le pouvoir. Ils sont prêts à tout pour cela,
aussi bien les politiciens que les chefs d’entreprises, mais
aussi les employés et les fonctionnaires, également
les chefs de famille, les hommes par rapport aux femmes, les grands
frères par rapport aux petits frères. Et cela est vrai
aussi dans la prison : l’administration et les gardiens
font sentir leur pouvoir ; mais aussi les prisonniers :
par exemple les chefs de chambre, les plus forts qui s’imposent,
se font servir et friment, font souffrir et humilient les plus
faibles.
Ce à quoi le Seigneur nous appelle, c’est
bien sûr d’abord d’arrêter d’écraser
nos frères ; mais surtout de les responsabiliser et de
les faire grandir, comme le Christ l’a fait avec ses apôtres.
Et cela dans les petites choses, dans la vie de tous les jours.
D’abord en laissant toutes les formes de jalousie.
Jésus
dit à ses apôtres : n’emporte ni argent, ni
nourriture, seulement un bâton. Des simples sandales et un
seul habit. Pourquoi cela ? Parce que l’Evangélisation
ce n’est pas une question d’argent ou de moyens
techniques. C’est une question d’amour et de témoignage
de vie. Mais surtout, c’est parce que Dieu nous garde et nous
protège dans toute notre vie. Et c’est en Lui que nous
mettons notre confiance. Quels que soient nos problèmes, nos
souffrances et nos questions, nous sommes en paix parce que nous
nous tournons vers Jésus qui nous guérit de toutes nos
maladies et faiblesses ; Il nous libère des esprits
mauvais et de tout mal. Avec Lui, c’est possible de changer
notre vie. Avec Jésus, nous gardons l’espérance.
Il nous fait confiance et nous responsabilise. Avec Lui, nous
pourrons guérir ceux qui souffrent dans leur cœur et
dans leur corps. Nous pouvons changer les esprits et enlever les
mauvaises idées de la tête et du cœur des
gens.
Alors, que faire ? Comment mettre cet Evangile en
pratique ? D’abord, nous laissons la soif de l’argent.
Nous en avons besoin, pour nous-mêmes et pour aider les
autres, mais nous ne mettons pas notre cœur dans l’argent,
nous ne lui donnons pas la première place. Et nous mettons
notre confiance en Dieu, tout en faisant déjà ce que
nous pouvons faire par nous-mêmes.
Jésus envoie ses
disciples deux par deux. On ne peut pas être chrétien
tout seul Ce n’est qu’en communauté que nous
pouvons annoncer l’Evangile et aider nos frères et nos
sœurs. La première chose à faire pour cela,
c’est de vivre dans l’amitié et de partager la
vie des gens. « Quand vous êtes accueillis dans une
maison, restez-y jusqu’à votre départ ».
Et aussi, rejetez toute agressivité. Si on refuse de nous
accueillir, nous ne nous mettons pas en colère. Nous
n’insultons pas les gens. Nous nous contentons de secouer la
poussière de nos pieds et nous partons en paix et
tranquilles. Car il y a trop d’agressivité entre nous à
la prison.
Nous sommes les apôtres d’aujourd’hui,
là où nous sommes. Même si c’est en
prison. Nous avons reçu l’onction d’huile (verset
13) au baptême. Nous ne nous décourageons pas ;
nous ne restons pas assis à ne rien faire. D’abord,
nous cherchons à profiter de ce séjour en prison pour
nous convertir. Mais, comme les apôtres, nous disons à
nos frères qu’il faut se convertir. Et nous les aidons
pour cela. Nous chassons les esprits mauvais, et ces esprits mauvais
ce ne sont pas d’abord les démons ou les revenants, ce
sont les mauvaises idées que nous avons dans le cœur.
C’est le mauvais esprit de vengeance, de jalousie et de
rancune, de mensonge et de calomnie, de recherche du pouvoir à
tout prix. Ce sont là les mauvaises pensées qu’il
faut chasser. De même, guérir, c’est un symbole :
nous ne sommes pas médecins, nous ne savons pas soigner. Mais
nous pouvons guérir les cœurs. Et il y a beaucoup de
gens qui sont malades autour de nous dans leur tête et dans
leur cœur. Jésus dit aussi : « Ce sera
pour eux un témoignage ». Il ne s’agit donc
pas pour nous de prêcher aux autres et de nous contenter de
conseils. C’est par notre façon de vivre qui les
entraîne que nous pouvons les guérir et les libérer.
Et quand Jésus nous demande de chasser les esprits mauvais,
la première chose c’est de laisser nous-mêmes
toutes les pratiques de maraboutage, de fétichistes et de
sorcellerie. D’arrêter d’aller voir les
charlatans, de faire des sacrifices ou de maudire les gens.
Petite
fête. Une
de nos animatrices va partir en congés. Nous nous sommes
cotisés : pas pour lui faire un cadeau, mais pour
organiser une petite fête avec les prisonniers. Nous ne
voulons pas inviter seulement les chrétiens et nos moyens
sont limités. Nous nous contentons donc d’un sandwich
accompagné d’un café, de manière à
partager notre joie avec le maximum de personnes. Pas tous,
malheureusement, car ils sont plus de 900 dans cette prison des
hommes !
Vendredi
13 juillet :
Je
vais à notre Maison centrale où deux de nos confrères,
Eugène et Henry, célèbrent leur fête.
Nous sommes heureux de nous retrouver ensemble.
Le soir, réunion
de notre communauté de quartier. Après les nouvelles
diverses, nous réfléchissons aux nombreux problèmes
du monde rural : sécheresses chroniques et donc pauvreté
qui augmente, cette année une grande famine que l’on a
trop tardé à enrayer, des semences sélectionnées
mais qu’il faut acheter et changer beaucoup plus souvent,
l’achat des terres par les sociétés étrangères
et les cadres du pays et ensuite les paysans n’ont plus de
terre.
Au sujet du monde rural, beaucoup de membres de la
communauté sont déjà engagés, soit à
partir de leur travail, soit pour soutenir leurs parents au village.
Nous voyons ce que nous pouvons faire, spécialement pendant
ce temps des vacances.
Mais nous voulons aussi agir su place,
dans notre quartier. Nous voulons lancer une opération
d’assainissement
du quartier. Pour
cela, il nous faut d’abord mobiliser les différents
groupes et associations du quartier. En attendant, nous allons faire
une action de reboisement.
Nous préparerons le matériel et contacterons les
familles volontaires pour leur fournir les arbres à
planter.
Nous parlons ensemble de la vie du quartier, des
différents problèmes qui se posent et de ce que nous
pouvons faire. (Voir
pour le détail, le compte-rendu de la réunion sur mon
site).
Au
niveau du pays, le
nouveau Président termine ses 100 premiers jours. Il a
commencé à faire un certain nombre de bonnes choses,
mais les problèmes sont nombreux dans le pays. Les gens sont
très pressés de voir des solutions à leurs
difficultés et, en plus, ils ont tendance à tout
attendre du gouvernement. Il y a donc encore beaucoup à
faire. Mais l’autre problème, c’est qu’il y
a beaucoup de grèves dans les différents secteurs :
transports, ramassage des ordures, aéroport, santé,
enseignement, etc…
Jeudi 12 juillet : Enregistrement de mes deux émissions à la radio. Ce soir, j’interviewe Marie-Jeanne, visiteuse de prison. Le directeur m’attend pour me saluer personnellement. Il faut dire que c’est un de mes anciens « élèves » en 1980 à St Louis. Nous sommes très heureux de nous revoir, après tant d’années.
Mercredi
11 juillet :
Séance
d’écoute
à la prison,
avec son lot de problèmes, comme d’habitude.
Aujourd’hui, deux demandes de prisonniers en fin de peine pour
retourner dans leur région et pouvoir reprendre contact avec
leur famille. Et deux cas de rapatriement au Libéria. Mais ce
sera très difficile. On va toujours essayer.
Je parle avec
trois visiteuses qui sont allées au pavillon des prisonniers
à l’hôpital de la ville rencontrer les
prisonniers malades. Nous avions prévenu à l’avance
et elles étaient munies de toutes les autorisations
nécessaires. Malgré tout, elles sont refoulées
pour la 4ème
fois. Nous sommes découragés, d’autant plus que
ce sont des bénévoles, qui n’ont pas beaucoup de
moyens et qui payent de leur poche les frais de déplacement
et autres.
Les responsables de la réinsertion nous
rejoignent pour préparer la sortie des prisonniers
libérables. Là aussi, c’est compliqué.
Nous avons toutes les peines du monde à avoir les noms au
greffe. Les gens veulent souvent s’imposer et garder leur
pouvoir, au lieu de se mettre vraiment au service des autres et de
les aider. Malgré tout, nous essayons de faire pour le mieux.
Mardi 10 juillet : Avec les responsables de l’aumônerie, nous allons à la douane pour nous renseigner sur les formalités afin de faire venir un conteneur pour la prison. C’est toujours compliqué mais, comme nous connaissons le responsable, nous sommes très bien reçus. On verra la suite !
Lundi 9 juillet : travail à la maison.
Dimanche
8 juillet :
J’écoute
la première sortie de nos émissions religieuses. Il y
aura des choses à revoir : durée des chants, son
trop faible. Il faut le temps de se rôder
Le matin, je
retourne
dire la messe chez un ami qui a subi une grave opération et
qui est encore couché. Sa famille se retrouve autour de
lui.
Ensuite, je continue à une quinzaine de kilomètres
pour participer à une formation
sur les droits de l’homme....
ou plutôt des femmes !
Il a plu la nuit. C’est
la première pluie de l’hivernage à Dakar, cette
année. Nous en sommes très heureux pour les
paysans.... même si cela pose de gros problèmes en
ville : de nombreux quartiers sont inondés et les égouts
débordent, avec toutes les conséquences :
pollution, maladies. Pour moi, je suis parti à vélo et
je me suis fait bien arroser par les voitures ; je suis arrivé
complètement crotté et plein de boue. Mais cela ne m’a
pas empêché de faire la formation ! Nous avons
travaillé la question : Comment éduquer aux
Droits Humains. Les participants ont apporté une très
bonne collaboration et des tas d’idées. Nous avons
bénéficié de la présence de femmes
juristes qui tiennent des permanences en ville pour aider les femmes
en difficulté. Je prends leurs coordonnées et je vais
aller les visiter et voir comment travailler avec elles.
Le soir,
je vais préparer mes émissions
de radio avec
celle que je vais interviewer.
Samedi
7 juillet :
A la
prison
des hommes,
une longue discussion au sujet d’un groupe religieux venu à
la prison en se disant chrétien. Du coup, les gardiens ont
appelé tous les prisonniers chrétiens. Mais nombre
d’entre eux n’ont pas beaucoup aimé leur
discours, et encore moins leur volonté de mettre la main sur
eux. Cela nous amène à toute une réflexion sur
la liberté de conscience et le respect des autres religions.
Nous allons aussi revoir la question avec le service social et
l’administration de la prison.
Avec les chrétiens,
nous partageons ensuite la Parole de Dieu (Marc 6, 1-6) :
Jésus n’est pas reçu dans son village. Les
prisonniers notent un certain nombre de choses sur Jésus :
d’abord, il est vraiment homme, comme
nous, et il connaît nos difficultés. Il a eu des
problèmes avec sa famille et ses voisins. Il a travaillé
de ses mains pour gagner sa vie. C’est un croyant : il va
prier avec les autres à la synagogue. En même temps, il
enseigne avec sagesse ; il aime les gens ; il guérit
les malades. Et nous notons sa force de caractère : il
est chassé de chez lui, mais il ne se décourage pas.
Il va annoncer l’Evangile et guérir les gens dans les
autres villages.
Quand nous avons des problèmes de famille
ou de travail, nous gardons courage nous aussi. Jésus est
avec nous. Grâce à Lui et avec Lui, nous continuons à
aimer.
Jésus est étonné du manque de foi de
ses compatriotes. Cet Evangile nous appelle à vitre notre foi
en vérité. Etre chrétien, c’est suivre
Jésus dans toute notre vie. Travailler comme Lui, mais aussi
bien nous former et travailler pour les autres. Même à
la prison nous pouvons apprendre un métier et nous aider les
uns les autres. Nous entendre avec notre famille, malgré les
problèmes et les incompréhensions. Et en prison aussi,
nous avons souvent des problèmes avec nos familles. Il est
important de nous réconcilier avec nos parents, nos amis et
aussi ceux avec qui nous avons fait du mal. Mais il ne s’agit
pas de ne penser qu’à nous-mêmes. Quels que
soient nos problèmes, nous nous ouvrons aux autres comme
Jésus. Pour leur annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus
et les aider et les soutenir dans leurs souffrances et leurs
maladies. Et il y a beaucoup de gens malades à la prison. Et
de personnes qui souffrent dans leur corps et dans leur cœur.
A nous d’en faire un lieu d’évangélisation
et de guérison. – « Nul n’est prophète
en son pays » - Même à la prison, il y a des
gens qui nous conseillent, qui nous montrent le chemin de Dieu et
qui peuvent nous aider à préparer notre avenir. Est-ce
que nous savons les reconnaître ? Sommes-nous prêts
à les écouter ?
Aujourd’hui, il y a des
ordinations
de prêtres, dont
un de nos jeunes confrères. Nous prions pour eux et aussi à
nos très nombreuses autres intentions.
Le soir, je vais
assurer un remplacement dans la paroisse
de l’aéroport. Je
suis heureux de connaître cette autre paroisse. Je partage
avec eux la réflexion de ce matin. A mon arrivée, deux
Libériens qui viennent d’être libérés
m’attendent. Je ne les connais pas, car ils viennent d’une
autre prison, mais la communication passe bien entre eux, ce qui est
une très bonne chose. Ils font des petits boulots pour gagner
de quoi manger. Mais il reste le problème du logement. De
plus ils voudraient rentrer chez eux, au Libéria. Je vais les
mettre en lien avec le PARI. Et nous nous reverrons dans quelques
jours.
A la sortie, comme à chaque fois que je vais dans
un autre quartier, je retrouve des amis d’autrefois.
Aujourd’hui, c’est l’ancienne responsable des
Guides du Sénégal. Nous étions ensemble en
classe avec son mari. Nous partageons ce que nous avons vécu
depuis les années 1950. Elle est maintenant à la
retraite, bien sûr, mais reste très active. Elle est
actuellement engagée avec ATD/Quart Monde (Aide à
Toute Détresse). Je vois avec elle la possibilité de
former nos étudiants à ce niveau et nous parlons de
nos différents engagements.
Vendredi
6 juillet :
Comme
chaque vendredi, rencontre des femmes
à la prison.
Aujourd’hui, nous parlons des élections législatives.
L’échange est très intéressant, c’est
une vraie formation civique avec la participation de toutes. A
partir de là, nous voyons comment vivre un peu plus de
démocratie à la prison.
Je pars ensuite accueillir
une jeune fille française, étudiante
en agriculture, qui
vient faire un stage pratique de 3 mois dans une ONG en secteur
rural, à environ 400 km de Dakar. C’est la 1ère
fois qu’elle vient au Sénégal. Elle m’a
été recommandée par son père, lui-même
volontaire au Congo dans la paroisse où ,j’ai travaillé
longtemps (KINDAMBA). Elle va passer quelques jours à Dakar,
ce qui va lui permettre de découvrir le pays et surtout les
gens et leur culture. Nous prenons un bon moment pour parler
ensemble, puis je la conduis dans une famille qui accepte de la
recevoir. Demain, elle ira à Gorée, Ile de départ
des esclaves vers l’Amérique. Après la visite de
l’île, elle participera à une rencontre des
Assises Nationales, et, le dimanche, à une session de
formation du CAEDHU sur les droits des femmes, avec des assistantes
juridiques. Voilà qui lui permettra de commencer à
s’imprégner des réalités et de connaître
les gens, avec leurs réactions et leurs soucis.
Jeudi
5 juillet :
On
m’a demandé d’animer deux émissions à
la radio de la Municipalité de Dakar. Il s’agit
d’émissions religieuses (catholiques), car jusqu’à
maintenant il n’y avait que des émissions musulmanes.
Nous les ferons donc en ouolof pour être compris du maximum de
personnes. Il n’est pas question de faire des sermons ou des
cours de religion. Ni de parler tout seul. Le matin, nous
partagerons donc à plusieurs l’Evangile du dimanche,
chacun disant comment il le vit. Le soir, j’interviewerai
différentes personnes sur leur engagement.
Nous avions
rendez-vous à 18 heures pour le 1er
enregistrement, mais le technicien a oublié. J’arrive à
avoir son n° de téléphone et à l’appeler.
Il vient… avec 2 heures de retard ! Mais la suite se
passe bien. Ce soir, j’interviewe un animateur du PARI, le
centre de la Caritas pour les réfugiés et immigrés.
Nous parlons aussi bien des réfugiés, venus des autres
pays au Sénégal à cause de la guerre, de la
dictature ou de la faim, que des émigrés sénégalais
chassés d’Europe et qui reviennent au pays. Jacques
explique les actions menées et aussi les difficultés.
Et il explique comment il vit son engagement en chrétien,
avant de lancer un appel aux auditeurs.
Mercredi 4 juillet : Matinée d’écoute à la prison avec son lot de problèmes et de souffrances. Je récupère des numéros de téléphone pour donner des nouvelles aux familles. Mais certains n° sont faux (les gens cherchent à les reconstituer par cœur, car la plupart du temps ils ont perdu leurs papiers) ; d’autres ne décrochent même pas ; d’autres enfin refusent tout contact avec leur parent prisonnier. Mais beaucoup sont heureux de ce contact, ils nous demandent de le conserver. Cela nous permettra de préparer le retour et la réinsertion. Mais souvent, notre premier travail est de retrouver nous-mêmes des traces de la famille et cela n’est pas une petite affaire !
Mardi
3 juillet :
Le
matin, je travaille à mon document sur le Concile Vatican 2.
C’est un gros travail, qui n’avance pas vite !
Le
soir, rencontre de
l’aumônerie de nos trois prisons. Nous
faisons le tour de chacune de nos commissions pour évaluer
leur travail : chacun apporte ses idées pour améliorer
les activités. Puis nous abordons un certain nombre d’autres
points : la venue d’un conteneur avec des outils pour
lancer des ateliers ; le contenu de notre audience avec la
ministre de la Justice ; les émissions radio ; les
avocats et médecins à trouver qui accepteraient
d’intervenir bénévolement ; la formation ;
et encore beaucoup d’autres choses.
Après cette
rencontre, je rejoins le CAEDHU (droits humains) où nous
organisons les formations à venir et préparons la
prochaine Assemblée Générale. Avec moi, j’ai
amené deux responsables de la commission de réinsertion.
Ils expliquent leur travail et demandent aux membres du CAEDHU de
chercher des emplois pour les prisonniers libérés. Un
des membres se propose même d’entrer dans la commission.
Lundi
2 juillet
(suite)
A midi, je vais manger à notre maison centrale pour
rencontrer
nos confrères, car
cela fait quelque temps que je ne les ai pas vus. Je retrouve en
particulier Elvis, le recteur du séminaire de théologie
de Ngoya au Cameroun, qui est venu faire passer le baccalauréat
de théologie à nos étudiants. La dernière
fois que je l’ai rencontré, c’est dans les années
90. Il était alors lui-même étudiant au Gabon où
j’animais une session sur la sexualité et le célibat
religieux. Nous sommes heureux de nous revoir.
Je rencontre aussi
l’économe, pour la prise en charge des frais de
juillet. Il va falloir faire des économies… comme
d’habitude.
Le soir, je vais dire la messe à la
paroisse. Puis je visite un Centre
d’accueil pour les enfants de la rue.
J’ai l’intention d’y revenir en Août avec un
groupe de jeunes Français (Club Caritas) qui viennent voir
les réalités du Sénégal. Et l’année
prochaine, je compte y envoyer un de nos étudiants pendant le
week end afin qu’il se forme au travail social. Lorsque
j’arrive, j’ai la grande surprise de découvrir
que le responsable est un jeune que j’avais formé
autrefois à St Louis. Nous sommes sur la même longueur
d’ondes et nous avons beaucoup de choses à nous dire.
Cela se présente bien !
Lundi
2 juillet :
D’abord,
passage à la banque,
car il faut avoir de quoi vivre ce mois-ci : deux heures
d’attente. Heureusement, j’ai prévu le coup et
j’ai apporté du travail avec moi.
Ensuite, je pars à
l’ambassade
du Nigéria
rencontrer le Consul pour qu’il vienne au moins visiter ses
concitoyens à la prison On me dit d’attendre, sans
succès. Je laisse leurs noms et mes coordonnées (sans
beaucoup d’espoir !) et je pars à l’ambassade
de Chine. En effet, deux Chinois viennent d’être
incarcérés : ils ne parlent ni français,
ni anglais, ni portugais. Je vais demander un livre français-chinois
pour que quelqu’un puisse leur apprendre au moins un peu de
français. Là, je suis très bien reçu….
Mais il n’y a pas de livre pour eux. Je leur demande d’aller
au moins les visiter.
Le midi, je mange à notre Maison
centrale. J’y rencontre les confrères habituels, mais
aussi Elvis, directeur de notre Centre de Théologie du
Cameroun. Il est venu faire passer le baccalauréat de
théologie à nos étudiants. Je l’avais
connu dans les années 90, quand j’avais animé
une session sur la sexualité et le célibat
consacré.
Hier, après la messe, une jeune maman est
venue me demander de prier pour son bébé. Bien sûr,
j’ai accepté, mais je lui ai d’abord demandé
quel était son problème. Son père a abandonné
sa mère, alors qu’elle était toute petite.
Elle-même a été enceintée par un garçon
qui refuse de reconnaître le bébé. L’enfant
est asthmatique, mais le père refuse de s’en occuper !
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour voir ce qu’il est
possible de faire.
Ensuite, je remplace un autre confrère
prêtre, pour dire la messe à la paroisse.
Tout au
long de la journée, nous avons suivi les résultats des
élections législatives. Elles se sont passées
dans le calme, ce qui est un point très positif.
Dimanche
1er
juillet :
Aujourd’hui,
je célèbre la messe avec les enfants. Ils chantent
très bien… et fort, et la messe est très
animée, avec danses, gestes, symboles et images. L’Evangile
est celui de la résurrection de la fille de Jaïre. Je
demande donc à une fille de 12 ans de lire le texte ! Il
n’y a qu’une lecture : pour les enfants, ça
suffit bien ! Après avoir regardé et admiré
Jésus, nous voyons comment vivre d’une vie nouvelle.
Comment faire grandir la vie autour de nous. Et comment faire vivre
nos familles. Et aussi comment faire vivre le pays tout entier. Car
c’est aujourd’hui jour des élections
législatives.
L’après-midi, je vais préparer
la prochaine émission radio avec une visiteuse de prison. Sa
belle-sœur qui travaille à l’Institut Pasteur
vient nous rejoindre. Nous parlons un bon moment de ses activités.
Samedi
30 juin :
Il y
a un grave problème d’eau à
la prison. J’ai
récupéré 15 bidons. Je vais les remplir d’eau
pour les apporter. Donc, j’abandonne mon vélo pour
notre vieille voiture !.... mais je préfère
encore le vélo.
Comme d’habitude, je rencontre tout
un lot de problèmes. Un détenu a passé une
visite médicale et doit être opéré. On
lui demande 31.000 francs CFA… qu’il n’a pas,
bien sûr. Une de nos visiteuses bénévoles se
débrouille pour trouver la somme nécessaire. Trois
autres détenus doivent passer en Appel : nous préparons
leur passage au tribunal. Avec beaucoup de peine, j’arrive à
obtenir la liste des personnes libérables le mois prochain.
C’est tard, mais nous allons tout faire pour préparer
leur sortie et leur réinsertion. L’un d’entre eux
est gravement malade, il va falloir le faire soigner. Pendant la
semaine, j’ai pu téléphoner à plusieurs
de leurs familles. Je les fais appeler par le service social pour
pouvoir leur donner quelques nouvelles. Je suis heureux de leur
faire ce plaisir. Je revois deux prisonniers à qui j’ai
pu faire envoyer un médecin car, comme je l’ai déjà
expliqué, il n’y a qu’un infirmier dans les
prisons, et le médecin qui devrait faire le tour des prisons,
ne vient jamais. L’un de ces deux prisonniers a des problèmes
à la mâchoire. Il ne peut pas parler. Mais comme il
traîne cela depuis deux ans, il est trop tard pour envisager
une opération. C’est vraiment dommage.
Le régisseur
de la prison va partir au Congo. Je suis présent quand son
remplaçant arrive. On m’introduit aussitôt. On me
présente et j’explique ce que nous faisons. C’est
important pour que les choses puissent continuer. Je dois dire que
je suis présenté d’une manière très
positive. En conséquence, je suis très bien accueilli
et c’est important pour l’avenir.
Après tout
cela, je voulais commencer notre rencontre générale,
mais deux grands cars arrivent. Ils viennent de l’intérieur
du pays, où les tribunaux ont siégé les
semaines passées. C’est un autre problème :
tous ceux qui sont condamnés à des longues peines sont
envoyés à Dakar, au lieu d’être gardés
dans leur région d’origine. Ils se retrouvent loin de
leur famille, sans visite, ni nourriture, ni soutien. Ils sont plus
de 60. Ils doivent d’abord passer à la fouille. Et nous
devons attendre que ce soit fini avant de pouvoir commencer notre
rencontre.
A notre rencontre, nous commençons par leur
distribuer un bidon d’eau à boire et du savon, offert
par les visiteurs. Les prisonniers les remercient vivement, comme
ils remercient pour les habits distribués l’année
dernière. Ensuite, nous leur montrons les affiches « Justice
et Paix » pour la préparation aux élections
législatives. Nous en parlons ensemble longuement, en
expliquant le rôle réel des députés.
Ensuite, nous faisons le tour de la vie à la prison la
semaine passée. A partir de là, nous leur demandons
leurs idées pour notre prochaine rencontre avec la ministre
de la Justice.
Nous terminons par le partage d’Evangile :
Jésus apaise la tempête. Il y a beaucoup de choses à
apaiser à la prison !
Vendredi
29 juin :
Nous
fêtons les saints Pierre et Paul, un appel très fort
pour nous à être apôtres d’aujourd’hui.
Le
soir, réunion avec la communauté de mon quartier. Avec
tous les membres, je suis très à l’aise, nous
nous connaissons bien et il y a un suivi. Vous en recevrez le
compte-rendu comme d’habitude. Aujourd’hui, nous avons
encore beaucoup de nouvelles à échanger. C’est
très important pour créer un esprit de famille. Pour
le partage d’Evangile, nous prenons le passage sur le sel de
la terre et la lumière du monde, texte qui nous éclaire
beaucoup sur notre responsabilité en ce temps des élections.
Nous réfléchissons ensuite sur le rôle et le
choix des candidats à partir des affiches.
Jeudi
28 juin :
Le
groupe des
enfants de la rue
avec qui je travaille se rassemble, comme chaque semaine. Mais
aujourd’hui, un certain nombre d’entre eux va partir
pour un camp de 10 jours dans le Centre d’Accueil des moines
bénédictins de KEUR MOUSSA, à une cinquantaine
de kilomètres de Dakar. Le but, c’est de vivre avec eux
pour les connaître et réfléchir avec eux à
leur vie.
Pour ceux qui accepteront de retourner dans leur
famille, nous contacterons leurs parents et nous irons avec les
enfants pour faciliter leur retour auprès des parents et leur
réinsertion. J’aurais dû partir avec eux pour ce
camp. Malheureusement, mes différentes occupations ne me le
permettent pas, ce que je regrette beaucoup. Je me contente de les
visiter aujourd’hui, avant leur départ.
Nous devions
recevoir un conteneur pour les prisonniers. Mais l’organisation
qui devait assurer la réception et les formalités
refuse l’envoi de toute nourriture. Nous sommes très
déçus et nous ne comprenons pas. Nous commençons
des recherches pour trouver une nouvelle solution, car il n’est
pas question pour nous d’abandonner.
Ce matin a lieu la
clôture
de l’année scolaire
pour nos étudiants. Cela commence par trois évaluations :
celle du responsable des étudiants, celle du directeur du
centre, et celle du président des différentes
congrégations. Nous terminons par l’ Eucharistie, après
la remise des bulletins à chaque étudiant.
L’après-midi, je reçois chacun en particulier,
pour faire le point de son travail et de son évolution tout
au long de l’année. A partir de son propre point de vue
et des remarques des professeurs. C’est vraiment un temps fort
que j’assure avec beaucoup de soin.
Ce même
après-midi, un
groupe de rappeurs
vient à la prison. C’est un groupe qui joue un très
grand rôle auprès des jeunes, en cherchant à les
éduquer et les responsabiliser, pour qu’ils prennent
leur vie en main. Ces rappeurs ont lancé le Mouvement « Y
en a marre » qui a joué un grand rôle
l’année dernière pour mobiliser jeunes et
adultes pendant toute la campagne présidentielle, en
particulier lors de la grande manifestation du 23 juin 2011.
(Voir les Nouvelles dans mon site).
Je
commence à préparer mes futures émissions à
la radio. Puis avec le responsable de notre communauté, nous
allons visiter l’imam et le délégué du
quartier pour leur présenter et expliquer nos affiches des
élections législatives (voir
mes mails et mon site).
Cela est une bonne occasion de nous revoir et de parler ensemble.
21
heures.
Ce
soir, je participe à la réunion
de communauté de la Gendarmerie
dans leur camp. La réflexion et le partage sont très
intéressants, quoiqu’un peu différents de ceux
des autres communautés, vu le caractère spécifique
des participants. Mais ils ne sont pas seuls : ils sont là
avec toute leur famille : femmes, enfants et jeunes.
Depuis
deux jours, chaque nuit je lis avec attention les nouvelles de notre
assemblée générale en Tanzanie. Grâce à
Internet, nous sommes au courant au fur et à mesure et nous
pouvons intervenir à distance. Ensuite, je transmets ces
documents à nos confrères d’Afrique de l’Ouest.
Mercredi
27 juin :
La
jeune femme en dépression s’est à nouveau
enfuie, après avoir été très agitée
toute la nuit. Nous l’envoyons donc dans le dispensaire des
Frères qui acceptent de l’accueillir. Nous n’avons
trouvé personne pour rester avec elle, nous chercherons sur
place… Mais il nous faut au moins trouver un minimum
d’argent. Nous faisons le tour du quartier pour récupérer
le minimum nécessaire. Ils partent ensemble avec le mari et
leur enfant.
A
15 heures.
Rencontre des formateurs des étudiants en théologie et
philosophie. Nos différentes congrégations religieuses
envoient leurs séminaristes au Centre St Augustin pour y
faire leurs études en compagnie de jeunes sœurs et de
laïcs. Aujourd’hui, nous nous retrouvons entre formateurs
pour faire le point de cette année scolaire et pour préparer
l’année suivante. Il faut s’y prendre à
l’avance ! Nous échangeons nos différents
points de vue et nous réfléchissons en profondeur à
la formation que nous donnons et au type de prêtre, de
religieux(ses) et de laïcs que nous visons. Selon nos
orientations et notre histoire, bien sûr, nous n’avons
pas tous les mêmes opinions. Nous essayons de nous comprendre
et de nous compléter.
Aussitôt après, je pars
dans le quartier. Aujourd’hui, j’ai deux communautés
à visiter. Mais d’abord je célèbre la
messe chez les
Frères de Taizé. Ils
ont une communauté dans le quartier, où ils partagent
la vie des gens, accueillent ceux qui sont dans le besoin, mettent
un climat d’amitié dans tout le quartier et vont
visiter les gens en difficulté. J’aime beaucoup
célébrer l’Eucharistie chez eux. La liturgie est
simple et il y a beaucoup d’enfants. Ensuite, les gens restent
pour notre rencontre, après que nous ayons mangé tous
ensemble. Nous commandons un plat chez la voisine qui tient un petit
restaurant. Elle est très contente et nous aussi !
Mardi 26 juin : Travail à la maison. A 18 h 30, je célèbre l’Eucharistie à la paroisse. Après la messe, réunion de la Commission Justice et Paix. Il y a 23 communautés sur la paroisse, nous nous les partageons et chacun reçoit les affiches et le matériel d’animation (voir les mails que j’ai envoyés ou sur mon site). Je pensais pouvoir rentrer me reposer, mais un animateur est malade, et je vais le remplacer au pied levé. Cela fait un repas qui saute. Ce n’est pas la 1ère fois, et ça va me faire du bien. En plus, j’ai ainsi l’occasion de connaître une communauté que je n’ai pas encore rencontrée.
Lundi
25 juin :
Je
consulte rapidement ma boîte mails, puis je vais avec le Frère
responsable des émissions radios et télés, à
la Mairie. Ils
nous ont demandé d’assurer deux
émissions
religieuses sur la radio locale de la municipalité, en
ouolof, avec des nouvelles et des questions d’actualité.
Cela m’intéresse, mais c’est un gros travail car
il faudra chercher chaque semaine des intervenants. On va
voir.
Profitant de ce que je suis en ville, je vais à
l’ambassade
du Nigéria
pour leur parler des problèmes des prisonniers nigérians,
afin qu’ils aillent au moins les visiter. Mais souvent, ils ne
s’en soucient pas.
Je passe ensuite visiter trois paroisses
qui se trouvent sur ma route, car il y a loin du centre ville à
notre banlieue. Dans chacune, je suis invité à
partager le repas… mais la 3ème
fois, je cale ! Mais surtout, nous prenons un temps pour parler
ensemble. Ensuite, je passe à une
librairie où
je voudrais mettre les livres que j’ai écrits en
dépôt-vente, car on vient de m’en apporter un
certain nombre, pris sur le stock que j’avais en Guinée.
Je
m’arrête au PARI, Centre
d’accueil des réfugiés ,
dans le cadre de la Journée mondiale des réfugiés.
J’en profite pour passer à la
Caritas pour
parler de nos différents projets.
Avant de rentrer à
la Communauté, je vais revoir le
couple de réfugiés
dont je vous ai déjà parlé. La situation ne
s’arrange pas. La femme est en pleine dépression. Elle
s’est enfuie et on l’a cherchée toute la nuit.
L’ayant retrouvée, on lui a fait des injections pour
l’apaiser. Le problème, c’est qu’une bande
de jeunes délinquants l’ont repérée et
ils la poussent à consommer de la drogue en voulant
l’entraîner avec eux. Nous ne savons plus que faire.
(la
suite se passe le lendemain) Mardi
matin, avec l’aide des responsables de la communauté de
quartier, on l’amène à nouveau au dispensaire
des Sœurs. Comme on ne peut pas faire confiance à
l’hôpital psychiatrique de Dakar, les Sœurs
contactent les Frères de Thiès, à 70 km de
Dakar. Mais il faut trouver quelqu’un (une femme) pour la
suivre et l’accompagner. Or, cette femme est Ivoirienne et n’a
aucune famille ici. Le mari, Sénégalais d’origine,
a grandi en France. Il ne parle pas ouolof et ne connaît
personne à Dakar, sa famille étant originaire du
Sénégal Oriental, à la frontière du
Mali.
L’après-midi, elle s’enfuit à
nouveau. On décide que le mari va l’accompagner à
Thiès, même si on n’a trouvé personne pour
la prendre en charge. Nous nous débrouillons pour rassembler
au moins l’argent du voyage.
Lundi
soir, nous
nous retrouvons avec l’aumônerie
des prisons,
d’abord en réunion du Bureau, pour préparer
notre prochaine réunion générale. Nous décidons
de faire à nouveau le tour des commissions pour revoir leur
mise en place, vérifier ce qu’elles ont vraiment fait
et étudier les problèmes qui se posent. Nous préparons
une lettre et un ordre du jour pour une rencontre avec la nouvelle
ministre de la Justice. Il y a énormément de problèmes
et de questions qui se posent, et il nous faut voir comment
présenter les choses le mieux possible.
Ensuite, nous
préparons la livraison d’un conteneur de matériel
pour lancer des ateliers. Pour abordons aussi la question de la
catéchèse pour ceux qui demandent à être
baptisés. Il faut aussi voir la question de l’ouverture
d’un compte postal pour accueillir les dons. Ensuite, nous
réfléchissons à notre participation aux
émissions radio de la municipalité.
Formation
à l’écoute.
Aujourd’hui, nous passons à la pratique, à
partir d’un jeu de rôle : un jeune accusé
faussement par jalousie et vengeance d’un autre membre de sa
famille. Nous réfléchissons à son cas et à
la manière dont l’entretien a été mené.
Puis nous travaillons deux documents : un sur les principes de
l’écoute et l’autre : le témoignage
d’une visiteuse de prison.
Cette semaine, nous reprenons à
nouveau nos rencontres la nuit dans les différentes
Communautés chrétiennes, pour préparer les
élections législatives qui auront lieu le 1er
juillet. Ce que nous cherchons, c’est non seulement à
former les membres des communautés et leur donner des bases
et des références pour choisir leur candidat, dans le
respect de leur liberté , mais surtout leur donner les moyens
de conscientiser les autres personnes autour d’eux :
affiches, dépliants, documents, etc…
Dimanche
24 juin :
Fête
de Jean-Baptiste. Nous
la fêtons dignement. Et nous ne manquons pas de réfléchir
aux élections de dimanche prochain.
Après la messe
à la paroisse, je vais en dire une autre, chez
un ami
de longue date, gravement malade. Nous avons travaillé
ensemble plus de 15 ans à l’ASPF (Association
Sénégalaise pour la Promotion de la Famille : vie
des couples, éducation des enfants, régulation des
naissances, éducation sexuelle des jeunes). Il a été
opéré du cœur et ne peut pas encore se déplacer.
De plus, il vient de perdre sa femme. Sa nièce qui s’occupe
de lui et ses deux enfants participent à notre prière.
Nous mangeons ensemble et je retourne à la paroisse retrouver
un groupe de jeunes.
Samedi
23 juin :
A la
prison
des hommes.
Nous partageons l’Evangile de la fête de Jean-Baptiste
(Luc 1, 62-66+80). Nous commençons par remarquer la bonté
et la miséricorde de Dieu. Après avoir parlé de
la souffrance des femmes stériles, souvent rejetées
par la famille et méprisées par la société
parce qu’elles n’ont pas mis d’enfant au monde,
nous admirons la pitié de Dieu pour Elisabeth. Nous relevons
la fidélité de Dieu à sa promesse envers
Zacharie, et son amour pour Jean-Baptiste (« la main de
Dieu était sur lui »). Nous disons merci à
Dieu qui écoute nos prières et qui nous fait grandir
dans nos corps et nos esprits, comme Jean-Baptiste. Et qui est avec
nous dans toute notre vie.
Ensuite, nous relisons le chant
de Zacharie
dans la joie (n° 67 – 79) en français, anglais et
ouolof, verset par verset. En prenant le temps de bien le méditer
pour comprendre ce qu’il veut dire et à quoi il nous
appelle dans notre vie, ici, à la prison. Nous reprendrons ce
chant à la messe comme profession de foi, au Credo.
Dans
un 3ème
temps, nous nous rappelons les différentes étapes de
la vie de Jean-Baptiste :
- Déjà avant sa
naissance, quand il a bougé de joie dans le ventre de sa
mère, animé par le St Esprit, lorsque Marie est venue
visiter Elisabeth (Luc 1, 44).
- Son enfance et son éducation
dans la foi (Luc 1, 66 + 80),
- Son séjour au désert,
dans la prière, pour se préparer à sa
mission,
- Son refus de l’argent et du pouvoir : il
est vêtu de peaux de bêtes et mange des sauterelles,
-
Sa foi qui le fait reconnaître et annoncer Jésus :
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le
péché du monde »,
- Son obéissance
pour baptiser Jésus,
- Son courage pour conseiller les
gens, sans peur, et les aider à se convertir (Luc 3) :
les douaniers, les militaires, les pharisiens, tout le peuple,
-
Sa force, son sens de la justice et l’amour de la vérité
devant Hérode, qui le conduiront jusqu’à la
mort.
Un autre jour, nous reviendrons sur le souci de
Jean-Baptiste de connaître le Sauveur et la réponse de
Jésus (Luc 7, 18-35).
Nous passons ensuite aux conclusions
pratiques :
comment vivre tout cela à la prison ? Nous insistons sur
l’importance de partager les peines mais aussi les joies,
comme l’ont fait les voisins de Zacharie et Elisabeth. Mais
aussi le sérieux et l’engagement de Jean-Baptiste. Son
souci de conseiller les autres et de les aider à changer leur
vie. Sa volonté de faire connaître le Christ qui nous
libère et nous sauve.
Ils parlent aussi de leur famille et
de leurs enfants, qu’ils n’oublient pas, bien qu’ils
soient séparés d’eux. Nous parlons de la vie de
couple à partir de l’exemple de Zacharie et Elisabeth,
et de l’éducation des enfants ; sans oublier les
souffrances des couples stériles.
Je recueille un certain
nombre de numéros de téléphone, pour donner
des nouvelles à leurs familles et préparer les
ré-insertions pour ceux qui ont la chance de sortir
bientôt.
Nous abordons la question des élections
législatives. Car même s’ils ne peuvent pas voter
(ce qui d’ailleurs n’est pas normal), ils s’intéressent
beaucoup à ce qui se vit dans le pays et ils se considèrent
toujours comme des citoyens, non seulement intéressés
mais engagés dans la vie du pays.
Dernière étape
de notre partage d’Evangile : nous fêtons
Jean-Baptiste, et nous ne manquons pas de remarquer que les
musulmans eux aussi reconnaissent Jean-Baptiste comme un prophète
(ils l’appellent Yahya). Comme ils connaissent les autres
prophètes : Abraham, Moïse, Jacob, David, Salomon,
etc… Cette fête est un appel pour nous à mieux
nous connaître et à avancer ensemble. Nous y
reviendrons à notre prochaine rencontre : comment mieux
nous comprendre et mieux vivre ensemble à la prison.
Nous
parlons aussi bien sûr de la vie des prisonniers. En
particulier les malades. La nourriture est insuffisante, il n’y
a qu’un infirmier mais pas de visite médicale et les
médicaments sont insuffisants. La plupart du temps on ne leur
donne que du paracétamol. Souvent, il n’y a même
pas d’eau à la prison des journées entières.
Avec l’arrivée de l’hivernage, il fait très
chaud dans les chambrées (jusqu’à 100
prisonniers dans la même chambre). Résultat :
beaucoup d’entre eux sont malades. Et deux ont été
évacués à l’hôpital.
Nous leur
demandons de recenser leurs
différents problèmes. Nous
les étudierons sérieusement et en parlerons avec le
directeur de la prison lors de la prochaine rencontre du personnel.
Et nous allons demander un rendez-vous avec le ministre de la
justice, le plus vite possible après les
élections.
L’étudiant qui vient avec moi à
la prison va partir en vacances. Il salue et remercie tout le monde.
Les prisonniers à leur tour le remercient. C’est un
temps d’amitié et d’émotion très
fort.
Une animatrice partage ensuite ce qu’elle a vécu
avec son fils qui avait échoué à son examen et
comment elle a réussi à le motiver pour reprendre ses
études. Elle l’a beaucoup soutenu et il a fini par
avoir son diplôme. Cela intéresse beaucoup les
participants et nous en parlons longuement.
Les autres
animatrices interviennent à leur tour :
- une
enseignante leur parle de son travail ; elle leur explique ce
qu’elle fait à la prison des mineurs.
- une autre
est membre de la Légion de Marie. Elle leur explique ce
qu’elle fait, en particulier dans ses visites aux malades à
l’hôpital.
- une troisième, responsable du
Jardin d’enfants, partage ce qu’elle vit avec les
enfants et leurs parents. Les prisonniers la remercient en plus car
elle a payé un menuisier qui a fabriqué des bancs qui
nous permettent de nous rencontrer plus facilement.
Cela nous
fait une rencontre bien remplie !
Vendredi
22 juin :
Visite
à la
prison des femmes.
Deux jeunes sœurs viennent nous rejoindre. Elles font des
études en sciences sociales et c’est important qu’elles
passent de la théorie à la pratique. Elles ont apporté
avec elles des habits, du sucre, du lait et du savon.
A la
demande des femmes, nous faisons un partage d’Evangile. La
semaine dernière, elles ont choisi elles-mêmes le texte
de Matthieu, 28, 16-20 : Jésus envoie ses apôtres
en mission. Elles ont dit : « Ici aussi nous sommes
de toutes les races. Nous ne pouvons pas sortir, mais Jésus
nous envoie en mission dans cette prison ». Comme elles
ont préparé le texte à l’avance, elles
n’ont pas peur de parler et le partage est très riche
(en ouolof, français, anglais, portugais et créole). A
la fin, nous décidons de lancer un groupe de catéchèse,
pour celles qui ne sont pas baptisées.
Jeudi
21 juin :
J’avais
un rendez-vous pour commencer une émission radio hebdomadaire
en ouolof sur la radio locale de la Mairie de Dakar. Mais le
rendez-vous est reporté. Cela arrive souvent !
Patience !
Le soir, départ de nos deux délégués
à l’Assemblée
générale des spiritains,
en TANZANIE. J’assume la responsabilité de notre Maison
de formation. Ce n’est pas un problème ; ils ne
sont que 12 étudiants et ils ont l’habitude de prendre
leurs responsabilités.
La nuit, réunion dans une
autre Communauté de quartier, toujours pour la préparation
des législatives.
Mercredi
20 juin :
A
la prison
je reçois aussi deux Chinois ; ils ne parlent ni
anglais, ni français. Nous essayons de communiquer par
gestes. Je leur trouve un prisonnier qui pourra leur enseigner un
peu de vocabulaire français. Avec un autre, nous voyons
comment lancer l’alphabétisation en ouolof. Un autre me
demande d’intervenir pour faire sortir son argent qui est
bloqué à la banque et dont il a évidemment
besoin. Un autre voudrait pouvoir retourner dans sa région
d’origine pour recevoir des visites et le soutien de sa
famille. Un autre demande un minimum de matériel pour
l’atelier de menuiserie-mécanique….. Ainsi
chacune de nos visites amène son lot de demandes et de
problèmes.
Je passe ensuite au Centre des Enfants
de la rue.
En effet, pendant la semaine, les éducateurs vont les suivre
sur le terrain, comme je vous l’ai déjà
expliqué, mais le mercredi nous les accueillons au Centre.
Ils peuvent faire leur toilette et laver leurs habits ; leurs
plaies sont soignées, car il y a souvent des bagarres entre
eux ; leur état de santé contrôlé
pour détecter d’éventuelles maladies courantes
dont ils pourraient être atteints..
Ensuite, nous avons un
temps de partage tous ensemble pour réfléchir à
leur vie, répondre à leurs questions et chercher des
solutions à leurs problèmes. Nous leur fournissons
ensuite un bon repas, qui est suivi par des activités
diverses. Aujourd’hui, c’est un match de foot avec les
jeunes du quartier. Et ceux qui le veulent peuvent rencontrer un des
éducateurs, pour leurs problèmes personnels. De notre
côté, nous parlons personnellement avec ceux qui en ont
besoin.
Le soir, je vais à
l’hôpital
de notre quartier. J’ai appris qu’une amie de St LOUIS y
est venue avec son mari qui souffre de problèmes cardiaques.
Marie-Madeleine était une grande artiste de théâtre
et animatrice de radio. Son mari, Yacouba, est un grand peintre.
Mais ils se retrouvent aujourd’hui démunis et au milieu
de grandes difficultés. Ils sont très surpris de ma
visite à laquelle ils ne s’attendaient évidemment
pas, car nous nous sommes quittés en 1996 ! Je prends
soin de partager leurs soucis et de les encourager. Marie-Madeleine
me rappelle ce que nous avons fait ensemble. En effet, elle s’est
beaucoup donnée pour les enfants de la rue, pour la formation
des apprentis et pour aider les jeunes, à leur sortie de
l’école, à travailler et à prendre leur
vie en mains. Nous sommes heureux de partager à nouveau tout
cela.
En soirée, je participe à deux réunions
de Communautés de quartier, toujours pour la préparation
des élections
législatives, comme
les jours passés et cela chaque jour jusqu’au 1er
juillet.
Mercredi
20 juin :
Ecoute,
à la prison,
avec sa liste de problèmes. Un prisonnier qui a subi des
chocs : sa mâchoire est déplacée, il a
beaucoup de tension et il ne parle plus. Un autre dont la famille a
payé un avocat, mais ce dernier ne se présente pas. Un
autre, qui n’a plus aucune nouvelle de sa famille. Un autre,
qui est très triste car sa mère vient de mourir et
bien sûr il ne pourra pas assister à l’enterrement.
La semaine dernière, j’ai contacté la famille
d’un autre et je peux au moins lui apporter quelques
nouvelles. Un autre a été trompé par ses
complices qui lui ont tout mis sur le dos ; nous allons essayer
de lui trouver un avocat. Un autre, Congolais, va être bientôt
libéré et, bien sûr, il voudrait retourner chez
lui. Mais comment trouver l’argent du billet ?
A
chacun, je remets au moins un savon ou un tube de dentifrice. Ce
n’est pas grand-chose, mais au moins un signe de soutien et
d’amitié.
Mardi
19 juin :
Le
gros travail de cette semaine, c’est la réflexion et
la préparation des élections
législatives.
Nous allons donc faire le tour de nos 23 communautés de
quartier avec la Commission Justice et Paix, pour expliquer les
affiches et les fiches de formation, et travailler ensemble le plan
d’action. Le but, c’est qu’ensuite ils organisent
des réunions de réflexion avec les habitants du
quartier, ouvertes à tous. Et des rencontres avec les
différents candidats. Il y a 24 partis ou coalitions de
partis qui en présentent ! Ce n’est pas possible
de voir tout le monde. (Voir
les différents documents dans les mails que je vous ai
envoyés, et dans mon site)
15
heures. Rencontre
des délégués des congrégations
religieuses pour
voir comment mieux participer au travail du diocèse, dans la
ligne de nos vocations et possibilités.
2ème
réunion des religieux (hommes)
du diocèse. Nous nous retrouvons pour voir quelle peut être
notre place et notre travail spécifique en tant que
religieux. Nous sommes plus nombreux que la dernière fois :
10 représentants. Chacun présente sa Congrégation
et ses orientations : éducation des jeunes,
enseignement, attention aux plus pauvres, soutien à l’Eglise
locale, première Evangélisation, relation avec les
autres religions, Justice et Paix.
L’important pour nous
c’est d’ouvrir le diocèse aux non chrétiens
et à ce qui se passe dans la société. Avec un
souci spécialement des jeunes. Mais par exemple pour
l’éducation, nous nous limitons souvent aux écoles
formelles, du primaire à l’université. Mais nous
sentons le besoin de travailler à l’éducation de
tous
les jeunes,
spécialement les enfants de la rue, les apprentis, les
enfants non scolarisés ou dé-scolarisés,
surtout les jeunes filles. Et aussi de ne pas rester enfermés
dans nos paroisses et communautés. Etre davantage présents
dans les quartiers, auprès des organisations laïques :
associations de jeunes et de femmes, syndicats, centres culturels,
écoles, postes de santé. Etre en contacts réguliers
avec les imams et les délégués de quartier. Des
questions nous préoccupent plus spécialement, comme en
particulier le chômage des jeunes et leur éducation
sexuelle. Il y a tous les problèmes des femmes, mais ce sont
plutôt nos sœurs, les religieuses, qui les prennent en
charge, bien que nous travaillions ensemble. Beaucoup d’entre
nous ont la responsabilité de paroisses ; nous nous
sommes redit que ce n’est pas obligé. Mais, si nous
sommes en paroisse, il nous semble important d’intensifier
notre soutien aux Mouvements d’Action Catholique et aux
Communautés de quartier. Et de nous engager davantage dans
les Commissions de Justice et Paix, et des relations avec les
musulmans. Pour le travail auprès des prisonniers et des
malades, nous y sommes déjà engagés ; mais
les choses sont toujours à intensifier et à revoir.
Nous nous posons aussi la question des médias et de notre
participation aux émissions de radio et de télévision.
Mais
la question de fonds, reste la présence et le travail avec
les petits et les pauvres, ceux qui sont mis à l’écart
et écrasés.
15
heures. Je
repasse voir le couple dont j’ai déjà parlé.
La femme et l’enfant vont mieux au point de vue santé,
ce qui me réjouis beaucoup. Le problème qui reste,
c’est les papiers. Lui est Sénégalais ;
elle, est Ivoirienne. Leurs papiers français ne sont plus
valables, alors qu’ils ont vécu de longues années
en France et que leur enfant est né dans ce pays. Mais on
fait tout pour bloquer les choses, aussi bien du côté
des Services sénégalais que de l’ambassade de
France. La première chose bien sûr c’est de
trouver du travail, au moins pour le mari, car la jeune femme n‘est
pas en état de travailler. Et pour le moment, prendre en
charge la location de la maison et leur assurer un minimum de
nourriture.
21
heures.
Comme tous les soirs en ce moment, je vais dans une Communauté
de quartier pour animer une rencontre préparatoire aux
élections législatives. A chaque fois, on se donne un
point de rendez-vous et un responsable vient me chercher, car les
rencontres se font dans les quartiers, dans des maisons
particulières, et dans la banlieue il n’y a ni noms de
rues ni numéros de maisons.
Comme habituellement, la
rencontre est très animée, avec une grande
participation de tous. (Voir
mes documents envoyés par mails, et sur le site).
Lundi
18 juin :
Nous
nous retrouvons tous les prêtres
de Dakar et banlieue (plus
de 3 millions d’habitants). Chacun des trois doyennés
fait, à tour de rôle, le point des différentes
activités réalisées, suivi d’un débat
dont les conclusions permettront de poser les bases des activités
à venir, l’année prochaine. Puis nous abordons
un certain nombre de points précis, qui posent problème.
En
fin de journée, je revois la responsable du CAEDHU pour tirer
les conclusions de la rencontre d’hier. Et je vais acheter des
médicaments pour les prisonniers, grâce à des
dons reçus. En effet, à l’infirmerie de la
prison on
donne des ordonnances, mais pas de médicaments.
Au
sujet de la prison, à
chaque visite c’est une autre série de problèmes.
Il y a trois
choses
dont nous nous soucions en particulier : d’abord, c’est
de connaître
suffisamment à l’avance les détenus qui vont
être libérés,
pour préparer leur réinsertion ; ensuite, c’est
le
suivi médical.
Pour une prison de 900 personnes, il n’y a qu’un
infirmier : nous cherchons des médecins qui
accepteraient de venir pour des consultations régulières.
Ensuite, il restera le problème des soins, mais ce n’est
que par étapes que nous pourrons régler les problèmes.
La 3ème
chose, c’est de pouvoir rapprocher
les prisonniers de leurs familles
afin qu’ils puissent recevoir des visites et un soutien, à
commencer par la nourriture. Mais tous ceux qui sont condamnés
à plus de 3 ans sont envoyés systématiquement à
Dakar, loin de leur région, et complètement isolés.
Nous parlons sans cesse de ces problèmes, mais nous ne voyons
pas beaucoup d’avancées.
La nuit, je vais avec la
responsable de Justice et Paix visiter un nouveau centre des enfants
de la rue.
Je compte y envoyer un de nos étudiants l’année
prochaine, mais il nous faut d’abord examiner les choses
sérieusement.
Dimanche
17 juin :
Messe
à 7 heures à la paroisse. Je reprends le partage
d’Evangile de la Communauté, en insistant spécialement
sur le respect de la terre et l’environnement, en lien avec la
Conférence mondiale de Rio +20 de la semaine suivante. Et
dans un 2ème
temps, sur les relations entre chrétiens et musulmans.
A
midi, je
vais à notre Maison centrale. En effet, notre responsable
part pour notre Assemblée générale en TANZANIE.
Et notre économe part en congés. Je vais donc les
saluer et parler avec eux. Et nous organisons le programme de
l’hivernage ; avec les congés, les voyages, les
sessions et les stages des étudiants, il faut toute une
organisation pour tenir les différents postes. Mais on y
arrive !
Je passe rapidement à la fête de fin
d’année du Centre de formation
des jeunes filles de
Ouakam, tenu par nos Sœurs spiritaines. Je suis heureux de les
saluer, mais je dois partir vite car à 15 heures nous tenons
une rencontre du CAEDHU (Centre
Africain pour l’Education aux Droits Humains)
dont je suis l’un des fondateurs. Il s’agit de
réorganiser l’antenne de Dakar et de prévoir les
activités de l’hivernage : patronages, formations,
rencontre, projection du film que nous avons réalisé
sur les conditions de vie très difficiles des enfants et
écoliers de la région de Kédougou, au Sénégal
Oriental, dans le but de faire connaître ces difficultés,
mais aussi pour recueillir des fonds auprès des enfants
eux-mêmes, à Dakar et dans le reste du pays. Nous
prévoyons aussi des visites sur le terrain et mettons en
place un nouveau bureau, composé essentiellement de jeunes.
Il est temps qu’ils prennent la tête… mais pour
cela il faut que les anciens leur laissent la place.
Nous
voulions envoyer à Genève un de nos animateurs pour
une formation approfondie sur les Droits Humains. Son dossier a été
accepté, mais nous n’avons pas les moyens de payer le
billet d’avion. Dommage !
Samedi
16 juin :
Comme
chaque samedi, je pars à la
prison. Nous
parlons des problèmes des prisonniers. En particulier pour
les jugements et les remises de peine. Nous évaluons ensuite
les séances d’animation culturelle que nous venons de
lancer, pour recevoir leurs remarques et leurs propositions. Mais
nous nous arrêtons surtout aux élections législatives
C’est la grande question d’actualité du moment,
et c’est important que les prisonniers se tiennent au courant.
De plus, l’une de nos animatrices se présente comme
candidate. Elle est passée à la télévision,
en langue sérère, au sujet des femmes rurales. Nous
réfléchissons longuement sur le rôle de député
et sur les actions que la Commission Justice et Paix veut mener.
12
heures.
La cérémonie d’ordination est simple et très
belle. Des membres de la Communauté de quartier sont venus y
participer.
Vendredi
15 juin :
A
midi, je
vais partager le repas avec un ancien qui souhaite des visites. J’en
profite pour faire réparer mon vélo et mes
lunettes.
Le soir, rencontre
de notre communauté de quartier. Vous
pourrez en trouver le compte-rendu sur mon site
(http://armel.duteil.free.fr).
Comme un certain nombre de membres avaient été
absents, nous prenons un temps suffisant pour nous donner des
nouvelles. Après le partage d’Evangile, nous
réfléchissons longuement sur les actions que nous
pouvons mener pour les élections législatives.
Ensuite, nous revenons sur l’équipe des jeunes et leurs
différentes activités, avant de passer aux
« Divers ».
Demain, à midi, huit de
nos étudiants vont recevoir les ordres mineurs, qui sont les
premières étapes vers l’ordination sacerdotale.
A partir de ce soir, ils entrent en prière (récollection)
pour se préparer.
Jeudi
14 juin :
Rencontre
de fin d’année des prêtres du diocèse de
Dakar, autour du Cardinal. Nous faisons le point de notre travail de
toute l’année. Et surtout nous écoutons l’audit
du plan pastoral des trois années passées, aux
différents niveaux : la communion (entente), la prière,
l’évangélisation et le service : dignité
des personnes, action humanitaire et développement (Caritas),
droits humains, justice et paix et réconciliation, etc…
Ce travail d’évaluation s’est déroulé
sur toute l’année et a été très
bien mené depuis la base. Cela nous fournit une base très
solide et très concrète pour que l’équipe
d’animation puisse préparer le nouveau plan pour les
trois années qui viennent. Nous prévoyons que cette
équipe nous donne les grandes orientations. Mais que les
actions concrètes à mener soient précisées
par chaque paroisse, à partir des réalités et
des possibilités locales. Dans un 2ème
temps, l’équipe de formation permanente nous présente
son plan d’action aux différents niveaux et avec les
différents groupes et activités, en particulier sur la
Parole de Dieu, la Doctrine sociale de l’Eglise et les Droits
humains, etc…. Pour la formation à la base, nous
utilisons les possibilités locales. Pour l’école
des Cadres, l’équipe d’animation assurera cette
formation au deuxième niveau, deux sections : engagement
dans l’Eglise et engagement dans la Société.
Après
cette séance de travail intensif, nous partageons un repas
fraternel qui nous permet de mieux nous connaître, car nous
sommes nombreux. Et c’est une bonne occasion pour moi qui ai
quitté le Sénégal depuis 1996. Il y a eu de
nombreux jeunes prêtres ordonnés depuis ce temps-là ;
c’est une grande chance et une grande espérance pour
l’avenir.
L’après-midi, un certain nombre
d’entre nous (de la ville comme du secteur rural) vont
assister aux obsèques du frère de l’un d’entre
nous.
Mercredi
13 juin (suite) :
Ce matin, je reprends contact avec l’Association l’APPEL
et les
enfants de la rue. Je
vais à la maison d’accueil où nous rencontrons
les enfants chaque mercredi. Je suis très heureux de les
revoir, car du fait de toutes mes occupations j’avais un peu
perdu contact avec eux. Nous parlons un bon moment ensemble, et je
partage un bon temps aussi avec les éducateurs. Puis avec la
responsable nous posons les bases du camp de la fin du mois. Je vous
en reparlerai le moment venu.
Je passe ensuite à la
clinique
voir un confrère qui nous a beaucoup aidés quand
j’étais en Guinée. Il vient d’être
opéré. Nous sommes heureux de nous revoir. J’en
profite pour saluer les autres malades.
Au retour, je passe un
moment dans la Communauté des Frères
de Taizé. Je
suis toujours heureux de partager avec eux, car ils sont très
fraternels et très proches des gens.
A 13 heures, écoute
à la prison,
avec son lot de problèmes. En particulier, les détenus
qui n’ont pas les moyens d’être défendus
car les avocats demandent beaucoup d’argent. Plusieurs
personnes que je rencontre aujourd’hui ont de graves problèmes
de santé, mais à la prison il n’y a qu’une
infirmerie, qui, en plus, manque gravement de médicaments.
Je
m’arrête plus longuement au cas d’un Sierra
Léonais. On l’a fait venir au Sénégal
pour travailler à un problème de développement.
Il y a eu des cas de détournements et on lui a tout mis sur
le dos, profitant du fait qu’il était étranger
et qu’il ne comprenait pas le ouolof. Et lui non plus n’a
pas d’avocat.
Aujourd’hui, j’ai fait venir les
membres de l’équipe chargée de la
réinsertion
des détenus. Je les présente à la direction
puis au service social de la prison, et sans tarder nous nous
mettons aussitôt au travail. Nous accueillons 4 détenus
qui vont être libérés à la fin du mois.
Nous voyons avec eux leurs différents problèmes :
sortie = moyens financiers, habits, voyage, etc… Contacts
avec la famille. Réconciliation avec les victimes. Recherche
de travail et de moyens de vivre, etc… Chaque cas est spécial
et nos moyens sont malheureusement limités.
Mercredi
13 juin :
Comme
je suis à la prison, je ne peux pas venir voir mes protégés.
Mais je leur passe un coup de fil. La femme a été
soignée, mais maintenant c’est l’enfant qui est
malade. Il a de la fièvre et a vomi. Je téléphone
à nouveau au chef de quartier, car le mari, devant tous les
problèmes qui s’accumulent est complètement
désemparé.
Hier soir, par mail, j’ai contacté
leur ami en France. Il est prêt à nous aider pour les
médicaments. Et il va voir comment nous appuyer pour
recommander le mari auprès de sociétés
françaises établies à Dakar. Mais il nous faut
d’abord faire son CV. Nous cherchons à trouver le
maximum de solutions et de soutiens possibles. Mais sans prendre la
place du mari, nous le soutenons pour qu’il prenne ses
responsabilités et reprenne sa vie en main.
Il fait mon
admiration, car il aime vraiment sa femme et ne veut surtout pas la
laisser, bien qu’il soit musulman et elle chrétienne,
malgré l’opposition des deux familles.
Mardi
12 juin : Je
retourne les voir. J’appelle le responsable de la communauté
de quartier. A nouveau, je lui explique le problème. En
attendant, la jeune femme a jeté à la fois les
médicaments et l’ordonnance. Demain matin, ils
l’amèneront au dispensaire des sœurs du quartier
voisin pour lui faire une nouvelle ordonnance, lui trouver des
médicaments et trouver une solution pour le suivi médical.
Nous allons ensemble lui montrer la maison et le responsable de la
communauté. Je les laisse continuer à régler
les autres problèmes.
Je vais à la Centrale des
œuvres. Je rencontre les responsables des mouvements d’Action
Catholique. Ensuite, travail avec la commission nationale Justice et
Paix. Au programme, d’abord, notre plan d’action pour
les 3 années qui viennent. Ensuite, les élections
législatives :
confection d’affiches, fiches de formation, pistes de travail
etc…Quand j’ai terminé, je revois le responsable
de la pastorale du diocèse, puis le frère conseiller
de la JOCF (Jeunesse Ouvrière Féminine). Ensemble nous
allons manger au restaurant des Filles Unies. C’est un centre
pour jeunes filles que nous avons ouvert avec la JOCF dans les
années 1990 et qui continue à bien fonctionner jusqu’à
maintenant. Il y a d’abord un foyer tenu par elles-mêmes
pour accueillir des jeunes filles qui viennent des villages chercher
du travail en ville. Il y a aussi un centre de formation,
principalement alphabétisation et couture. Pour couvrir les
frais et faire marcher le centre, elles ont ouvert un restaurant.
Cela leur permet de former d’autres jeunes filles. Elles
travaillent très bien et elles ont beaucoup de clients. Elles
m’accueillent très bien, c’est vrai que j’ai
été longtemps aumônier national de la JOC. Mais
je ne suis pas là seulement pour manger. Nous travaillons
ensemble pour rédiger une lettre pour interroger les
candidats aux futures législatives sur la situation des
jeunes filles dans les villages, l’exode rural, les conditions
de travail des employées de maison etc…
Lundi
11 juin : Reprise
des activités. Le soir, messe à la paroisse, précédée
de nombreuses confessions. Après la messe, réunion de
la commission Justice et Paix pour préparer le passage dans
les communautés de quartier en vue des élections
législatives. Pendant la journée j’ai préparé
la documentation nécessaire et répondu aux nombreux
mails en retard. Heureusement il y avait du courant.
Samedi, j’ai
été appelé depuis la France. Une personne m’a
téléphoné pour me signaler un couple en
difficulté qu’il avait connu et aidé en France.
Lui est musulman sénégalais, elle chrétienne
ivoirienne. Ils se sont mariés, s’entendent très
bien et ont un enfant. Ils avaient leurs papiers et un travail
assurés tous les deux. Mais, loin de leurs pays, la femme a
fait une dépression grave. Sa famille lui a donc demandé
de rentrer en Côte d’Ivoire. Elle avait un magasin, mais
qui a été pillé au moment des attaques à
Abidjan, au temps du président Gbagbo. La femme est partie à
Bamako au Mali. Ne trouvant personne pour l’aider, elle a
continué jusqu’en Mauritanie. Ayant appris cela, son
mari a laissé son travail en France et, aidé par des
amis, est parti chercher sa femme, toujours en dépression.
Ils sont rentrés au Sénégal dans le village
d’origine du mari, à la frontière du Mali. Mais,
au cours d’une autre crise, la jeune femme a mis le feu à
leur maison. Ils ont dû fuir, car elle avait déjà
causé un certain nombre de problèmes. Ils sont venus à
Dakar, mais les problèmes ne font que s’accumuler. Ils
ont été accueillis par un parent pour quelques jours.
Mais celui-ci ne peut pas les prendre en charge, donc ils n’ont
plus de logement. Ils n’ont plus de travail. Ils voudraient
retourner en France, mais la femme a perdu ses papiers ; ceux
du mari doivent être réactualisés. Mais
l’ambassade de France de Dakar ne veut pas les prendre en
charge car ils ne sont pas français. La première chose
c’est de prendre en charge la femme, toujours malade. Nous
l’amenons à l’hôpital psychiatrique de
Fann. Le médecin responsable est absent, mais un autre lui
fait une ordonnance. Nous nous cotisons pour acheter des
médicaments. Après avoir fait une injection, nous
retournons à la maison chercher des habits et de l’argent
pour sa nourriture. Avec beaucoup d’inquiétude, car
nous avons constaté que les malades sont traités sans
beaucoup de douceur. A notre retour, la femme a disparu : elle
s’est enfuie, étant sans surveillance. Nous la
cherchons dans les quartiers environnants et ne la retrouvons qu’à
4H30 du matin, couchée par terre. Nous décidons donc
de la reprendre à la maison. Surtout qu’on demande au
mari 5.000 F CFA par jour pour la chambre, sans compter la
nourriture et les frais médicaux, ce que le mari ne peut
évidemment pas prendre en charge.
Je continue tout de
suite mon récit, écrivant ces notes après coup.
Hier je leur ai téléphoné plusieurs fois pour
les encourager, ne pouvant pas me libérer pour aller les
voir. Le lundi 11 juin, je téléphone au curé de
la paroisse où se trouve leur maison et je prends un
rendez-vous avec le responsable de Justice et Paix. Je lui explique
le problème et nous voyons ce qu’il est possible de
faire. D’abord nous cherchons une infirmière pour faire
les injections (à l’hôpital ils ont prévu
des injections au lieu de demander des comprimés, il faut
chercher et payer une infirmière à chaque fois ).
Ensuite nous voyons l’avenir : il faut à tout prix
trouver quelqu’un pour garder cette femme et leur enfant de 3
ans pour que le mari soit libre pour chercher du travail. Ce qui ne
sera pas un mince affaire, vu les problèmes énormes à
Dakar.
Dimanche 10 juin : Aujourd’hui je reste en communauté pour animer une journée de prière (récollection) avec nos étudiants. Je prends comme thème : notre vocation et notre mission comme religieux missionnaires spiritains. Quelle est notre identité et quelle formation pour cela ? Je pars du document de travail préparatoire à notre 20° chapitre général. Des délégués venus de tous les pays où nous travaillons font faire le point de notre vie et de notre engagement, les analyser, évaluer et tracer des voies nouvelles pour l’avenir. Ce sera l’occasion de renouveler l’équipe générale qui est à notre tête. Nous avons déjà répondu aux questionnaires de ce document. Mais aujourd’hui nous voulons les méditer dans la prière. Et nous avons deux temps de partage pour échanger nos réflexions au niveau de la foi. Cela nous donne ainsi une base solide pour notre vie actuelle en communauté et pour les engagements futurs des étudiants. Tout se passe avec beaucoup de sérieux et nous renforce dans nos convictions et nos engagements.
Samedi
9 juin : A
la prison, nous commençons à faire le compte-rendu de
notre rencontre de jeudi. Puis nous partageons nos tristesses
(maladies, décès, la guerre dans plusieurs de nos
pays), mais aussi nos joies. Ensuite nous faisons le point sur les
passages au tribunal, et les libérations, pour préparer
les réinsertions, l’accueil en famille et la
réconciliation, les recherches d’avocats bénévoles
pour les prisonniers démunis, les interventions possibles au
ministère pour améliorer le fonctionnement de la
justice, etc…
Partage
de la parole de Dieu (Marc
14 12-14 et 22-28), L’Evangile de la fête du Saint
Sacrement. Nous regardons d’abord Jésus, le vrai
croyant, qui pratique sa religion et prie avec ses apôtres,
dans l’amitié. Jésus qui connaît tout
(« ils
trouvèrent toutes choses comme Jésus l’avait
annoncé »),
mais qui fait confiance à ses disciples et leur confie des
responsabilités. Mais surtout Jésus qui nous aime :
il donne sa vie pour nous. Il veut rester parmi nous après sa
mort, par l’Eucharistie. Et qui nous remplit de son amour par
la Communion. Il fait une nouvelle Alliance avec tous les hommes. Il
nous fait entrer dans son Royaume, en attendant de nous réunir
pour toujours dans la joie auprès de Son Père. « Jésus
nous aime et nous sommes
sauvés ».
Que
faire ? Croire
à la présence de Jésus dans l’Eucharistie.
Continuer la mission de Jésus : vivre en communion avec
le Christ, mais aussi avec nos frères et sœurs. Ne pas
garder l’amour de Jésus pour nous, ni Sa Parole. A
partir de là, nous avons rappelé le déroulement
de la messe - un chant pour dire merci à Dieu et nous
unir – une demande de pardon pour préparer nos cœurs
– Prière de l’Ecoute de la Parole de Jésus,
notre vérité, notre chemin et notre vie – Nous y
répondons en chantant notre foi et en priant pour le monde
entier.
Mais nous nous sommes surtout attachés au
sacrifice
qui
a une grande signification en Afrique. D’abord parce que les
sacrifices sont très importants, aussi bien dans les
religions traditionnelles africaines que dans l‘Islam (le
sacrifice d’Abraham = Aid el Kébir, Tabaski), que pour
nous dans l’Ancien Testament ( l’Agneau Pascal qui
libère et sauve le peuple d’Israël au temps de
Moïse). Mais bien sûr, pour nous, le vrai sacrifice, le
seul qui nous sauve, c’est celui du Christ. Ce n’est pas
le sang des poulets, des moutons ou des taureaux qui peuvent nous
laver de nos péchés. Ce ne sont pas les corps de ces
animaux qui peuvent nourrir nos cœurs, mais bien celui de
l’Agneau de Dieu qui remplit nos vies de son amour. La
Communion = union avec Dieu et union entre nous (voir les 2
premières lectures de cette fête).
Nous insistons
d’abord sur la prière de l’Offertoire :
1°)
Tu
es béni
2°)
Dieu
de nos frères
3°) Dieu
de l’Univers
4°) Toi
qui nous donnes le pain :
pain de l’amitié, signe des gestes de partage que nous
vivons chaque jour
5°) Fruit
de la terre :
Nous ne pouvons pas célébrer l’Eucharistie en
vérité, si nous ne respectons pas notre terre, la
terre que Dieu nous a confiée. Or, nous sommes en train de
salir et casser la création de Dieu : par le
réchauffement de la terre, les émissions de gaz qui
attaquent la couche d’ozone, l’accaparement des terres
et les bio-carburants, la disparition des espèces animales et
végétales tec…et à la base par nos feux
de brousse, les arbres que nous coupons sans en replanter d’autres,
les ordures que nous jetons dans la rue, nos eaux polluées
qui se déversent sur les routes. Nous parlons, bien sûr
de la conférence de Rio + 20
6°) Fruit
du travail :
si nous ne travaillons pas dans la semaine, qu’avons-nous à
offrir le dimanche ?
7°) Le
travail des hommes,
de tous les hommes. Paul nous dit que nous sommes les ambassadeurs
de nos frères. C’est toute la vie, de tous nos frères
que nous venons offrir au Père, dans les mains du Christ.
8°) Ce vin, fruit du raisin écrasé, symbole de
tous les hommes et les femmes qui sont écrasés dans le
monde. Ce sont toutes les souffrances des hommes que nous portons,
unies aux souffrances du Christ sur la Croix, pour qu’elles
deviennent vie et espérance par nos actions unies à la
Résurrection du Christ. C’est le sens de la grande
prière de l’offrande eucharistique (le sacrifice du
Christ) « Par
Lui,
avec Lui et en Lui »
où nous offrons Dieu notre Père, au service du
Royaume, unis au Corps et au Sang du Christ présents parmi
nous. Nous sommes les membres de son Corps.
Nous nous sommes
aussi arrêtés au Notre Père, à la prière
pour la Paix et à la Communion. Et ensuite l’envoi pour
annoncer l’Evangile et construire le Royaume, en attendant le
jour où nous boirons le « vin nouveau »
avec le Christ, dans le Royaume du Père.
Après
cela, bien sûr, nous célébrons l’Eucharistie !
Et nous la prolongeons, comme chaque fois, par une rencontre
d’amitié, où les prisonniers ne manquent pas
d’exposer leurs soucis, leurs souffrances et leurs problèmes.
Et où nous partageons avec eux ce que nous avons pu préparer
pendant la semaine : nourriture, médicaments, petit
matériel etc…
A la sortie, nous parlons un bon
moment avec le personnel pénitentiaire, avant de nous
retrouver entre animateurs pour faire le point de notre rencontre et
préparer la suivante.
18 heures 30 : Messe dans un
quartier. Comme nous ne sommes pas nombreux, chacun peut prendre la
parole. Nous partageons la Parole de Dieu dans la simplicité
et avec joie.
Vendredi
8 juin : Travail
à la maison. Je finis de mettre au point le compte-rendu de
notre dernière réunion de communauté de
quartier qui traîne depuis quinze jours. Je me mets au
compte-rendu de la réunion d’hier. Puis je me mets à
la rédaction d’un document sur le 50°
anniversaire du Concile Vatican II,
le document « l’Eglise dans le monde de ce temps ».
C’est un très gros travail qui n’avance pas
vite.
En début d’après-midi, le mari que j’ai
rencontré la semaine dernière me briffe en urgence. Sa
femme va très mal et il est complètement paniqué.
Je saute sur mon vélo et le rejoins d’urgence. Je
trouve un voisin très gentil qui les a accueillis entre
temps, car ils ont été chassés par leur ancien
propriétaire. Je le remercie et le félicite. Ensemble,
nous amenons cette jeune femme à l’hôpital
psychiatrique de la ville, en urgence. Je prends aussi un temps pour
parler avec leur fils de 5 ans, qui, bien sûr, est très
perturbé. Je reviendrai demain pour suivre les choses.
21
heures : rencontre de notre communauté
d’étudiants.
La fin de l’année approche et demain ils vont commencer
leurs examens. Nous faisons l’évaluation de notre année
aux différents niveaux : notre vie de communauté,
notre vie de prière, nos engagements et les études.
Chacun apporte ses réflexions. C’est ce qui permettra
de mieux organiser notre vie l’année prochaine.
Jeudi
7 juin :
Retour
à
la prison. Après
trois reports, nous nous retrouvons entre responsables de
l’aumônerie de la prison, l’encadrement de la
prison et le personnel pénitentiaire. Cela faisait longtemps
que nous voulions organiser cette rencontre pour mieux nous
connaître et nous comprendre, coordonner nos actions et voir
comment améliorer les choses. D’ailleurs,
effectivement, nous avons pu régler un certain nombre de
problèmes d’organisation. Nous leur expliquons le
fonctionnement de l’aumônerie. Car la plupart sont
musulmans et ont de la peine à comprendre l’organisation
de l’Eglise Catholique. Nous leur expliquons notre façon
de travailler et nous leur présentons nos différentes
commissions (voir mon site : rubrique prison). Deux choses les
touchent spécialement : que nous travaillions tous
bénévolement et que l’aide de toute sorte que
nous apportons (nourriture, habits, produits d’hygiène,
médicaments, outils, matériel scolaire etc…)
soit le fruit de dons, de cotisations ou d’activités
propres. En suite que nous travaillions avec tous sans aucune
distinction de religion, de pays ou de niveau social. Ils nous
demandent le compte-rendu pour pouvoir l’étudier entre
eux avant la prochaine rencontre et aussi pour l’envoyer au
ministère.
Une de nos animatrices a un décès.
Nous prions pour elle et allons à l’enterrement. La
rencontre d’animation culturelle est donc supprimée, au
grand regret des prisonniers.
A 18 heures, rencontre avec les
fiancés qui se préparent au mariage sur la sexualité
dans le mariage.
Mercredi
6 juin :
Rencontre
à la
prison :
écoute. Là aussi les problèmes sont nombreux.
Des prisonniers sont internés à Dakar, loin de leur
région d’origine. En effet, on regroupe les prisonniers
à Dakar, dans des prisons de plus de mille détenus, ce
qui rend la vie difficile, alors qu’il y a des prisons dans
les régions. Le résultat c’est qu’ils sont
loin de leur famille, isolés et sans aucun soutien. Sans
visite, et sans recevoir de nourriture ou autres produits
nécessaires (santé…). Il y aurait là
certainement quelque chose à faire et cela soulagerait le
problème à Dakar en réduisant le nombre et en
rendant la vie plus humaine.
Un autre prisonnier est complètement
désespéré. Son enfant a disparu et sa femme a
perdu la tête.
Un autre est découragé.
Quelqu’un a porté plainte contre lui à la
gendarmerie, mais il ne se présente jamais au tribunal. Cela
fait cinq fois que le jugement de ce détenu est reporté,
et il ne voit aucune solution.
Un autre vient d’être
renvoyé, parce que le juge avait un décès dans
sa famille et a tout fait annuler.
Enfin je parle avec un berger
peuhl qui parle simplement quelques mots de oulof et qui se retrouve
complètement perdu en ville, et en prison encore plus.
Deux
nouveaux visiteurs formés sont venus m’assister à
partir d’aujourd’hui : notre équipe
s’élargit et les animateurs acquièrent peu à
peu de l’expérience. Et c’est très
encourageant.
Mardi
5 juin : On
me signale un couple en difficulté à Dakar. Ils
viennent donc me voir au titre de Justice et Paix. En fait, quand le
garçon me voit, il me reconnaît. Je l’ai connu
quand il était élève à Saint Louis. Sa
femme a eu un premier enfant avec un autre homme qui ne s’est
jamais occupé de son enfant. Six ans plus tard, il réapparaît
et veut prendre son enfant. Il va falloir régler cela avec
doigté.
L’après midi, je prépare mes
prochaines interventions avec les étudiants et avec les
fiancés (préparation au mariage).
Lundi
4 juin :
Nous
nous retrouvons, tous les prêtres du secteur, en réunion
de doyenné
pour évaluer notre travail de cette année. Mais je
passe d’abord à la paroisse faire le point avec
l’aumônier des jeunes.
A la rencontre chaque
paroisse présente ses activités avec son évaluation.
Puis nous voyons les actions de certains groupes spéciaux au
niveau global : les mouvements de jeunes (coordination des
jeunes, scouts, CV-AV…), les différents groupes
(charismatique, associations féminines), la Caritas (Secours
Catholique et les projets de développement). Nous nous
arrêtons en particulier aux réunions d’ensemble,
aux rencontres de masse et aux activités générales :
marches, pèlerinages etc… qui sont toujours
difficiles à organiser et où on n’arrive pas
toujours à une réflexion en profondeur ni à des
actions concrètes et suivies. Sans oublier les chorales, le
sport etc… Toutes ces activités demandent davantage de
préparation et de réflexion. Nous n’oublions pas
toute la question de la formation humaine et de la catéchèse,
des préparations au mariage. Nous voyons aussi la question du
renouvellement des formations données mais aussi des
animateurs. Nous nous arrêtons aussi à la question des
retraites, recollections et formations spirituelles. Et la formation
des analphabètes et des personnes ne parlant pas français.
Et nous continuons avec les commissions de Justice et Paix. Chaque
paroisse a déjà envoyé à l’évêque
l’évaluation du dernier Plan Pastoral de trois ans et
nous attendons maintenant le prochain plan d’action pour les
trois années à venir à partir de
septembre.
Dans un deuxième temps, nous écoutons un
groupe de laïcs. Et ensuite une dame qui vient nous présenter
son dernier livre et les problèmes qu’elle a eus pour
l’éditer. Il y a là beaucoup de choses à
faire.
Ensuite nous faisons une évaluation globale de
cette année et tirons des conclusions et précisons des
orientations pour l’année prochaine : pour la
pastorale des prisons et des malades, pour les mouvements d’action
catholique (JOC, JEC …) et pour toutes les activités
sociales dans les quartiers : formations féminines,
soutien aux nécessiteux, enfants de la rue, familles pauvres,
chômeurs, formation professionnelle et alphabétisation,
malades et handicapés, migrants, prisons, etc…
Nous
nous arrêtons spécialement à la question des
communautés de quartier. Nous décidons de partir de la
base et de ce qui se fait déjà. Nous allons commencer
à la rentrée par une rencontre des responsables :
voir ce qui se vit, les difficultés, les solutions possibles,
afin de tracer des orientations précises pour l’année
qui vient. Il y a du pain sur la planche… et de l’espoir !
Dimanche
3 juin :
Messe
des enfants, toujours aussi animée. Je leur explique le sens
des gestes et prières, au fur et à mesure.
Puis je
vais visiter le doyen des prêtres des Guinée à
la clinique. Mais il vient de sortir. Je le regrette d’autant
plus que je ne sais pas où il est parti. Je vais chercher.
Je
vais rejoindre la
kermesse
de la paroisse. Elle a été retardée à
cause des élections présidentielles et avec la fin de
l’année. Il y a moins de monde, ce qui ne nous arrange
pas car nous avons besoin de fonds pour nos différentes
activités. Les jeunes de notre jeune communauté
tiennent un stand et sont très heureux de me le présenter.
C’est aussi l’occasion de voir des amis et de faire de
nouvelles rencontre très agréables. Un moment de
détente, cela fait du bien ! Et un certain nombre de
personnes en particulier des gens qui ont reçu mes mails et
qui se proposent de nous rejoindre pour le travail à la
prison et auprès des enfants de la rue.
Samedi
2 juin : Préparation
des stages
La
fin de l’année approche ! Il nous faut donc
préparer les vacances de nos étudiants. Ils vont
partir en stage dans les trois pays environnants : Guinée,
Guinée Bissao et Sénégal. Pour la Mauritanie
c’est très difficile actuellement. Ils avaient bien des
activités pastorales pendant l’année, mais
c’était en ville. Nous voulons donc qu’ils
descendent en secteur rural. Et qu’après une année
d’études et d’enseignement de la catéchèse
en paroisse, ils travaillent dans les quartiers dans le domaine
social. Ce ne sont pas les problèmes qui manquent !
C’est important, et il nous faut bien préparer cela, à
partir des réflexions de nos rencontres de mardi et
mercredi.
Dix
heures : au camp pénal, prison des hommes
Comme
chaque fois, nous leur demandons les nouvelles de la prison et nous
les laissons parler librement. La conversation s’oriente vers
le pèlerinage national de Popenguine. Certains n’ont
pas pu le suivre à la télévision bien qu’il
y en ait une dans chaque chambrée. Il faut dire que 90% des
prisonniers sont musulmans et que les émissions catholiques
ne les intéressent pas. Que faire ! Certains voudraient
utiliser la force. D’autres passer par l’autorité :
les chefs de chambre, le poste de garde ou même le directeur
de la prison.
Cela nous mène à réfléchir
aux relations entre chrétiens et musulmans.
Nous reconnaissons qu’elles sont bonnes en général :
il existe entre eux le respect, l’entente mais aussi les
conseils et le partage. Et pour les émissions chrétiennes
du Dimanche, plusieurs chefs de chambre les font passer et il n’y
a pas de problèmes : les camarades musulmans sont
d’accord… d’autant plus qu’ils regardent
les émissions religieuses musulmanes le vendredi. Là
où il y a problème, nous choisissons de parler
ensemble pour trouver une solution dans le respect, l’amitié
et la compréhension. Et de ne pas augmenter les problèmes
en étant trop exigeants. Nous refusons donc toute solution de
force… d’autant plus que nous sommes très
minoritaires.
Cela nous amène à réfléchir
à l’Evangélisation,
à partir de l’Evangile de demain, fête de la
Trinité (Mat 28,16-20). Il ne s’agit pas de convertir
les gens … surtout pas par la force ! mais de partager
une Bonne Nouvelle (l’Evangile ) avec ceux qui le désirent.
Et de leur apprendre à garder la Parole de Dieu « plus
par notre exemple et le témoignage de notre vie que par nos
paroles d’ailleurs » (Marc 16, 17-18). Il
s’agit donc de proposer à ceux qui le veulent de vivre
les valeurs de l’Evangile, et cela dans leur vie concrète,
dans leur propre religion, s’ils ne souhaitent pas devenir
chrétiens. Quant à ceux qui veulent être
baptisés nous allons organiser des cours de catéchèse !
Certains détenus chrétiens de tendance plus
traditionnelle ont de la peine à accepter ces orientations.
Il va falloir avancer doucement avec eux, en respectant leur point
de vue.
Nous faisons aussi le point de notre première
séance d’animation
culturelle.
Comme c’était la première fois, il a fallu du
temps pour s’installer. Et il y avait aussi deux activités
qui se télescopaient. Et puis, tout le monde ne comprend pas
le ouolof. Il faudra prévoir des films en anglais et
peut-être même en français (bien que langue
officielle du Sénégal, il n’est parlé que
par une minorité dans le pays et nous avons la chance d’avoir
une langue devenu commune : le ouolof). Nous voyons aussi les
thèmes qui les intéressent. En tout cas, ils ont
apprécié la discussion après la
projection.
Enfin, nous préparons la prière du
dimanche qu’ils feront entre eux, à l’intérieur
de la prison.
A
la sortie de la prison,
un jeune couple m’attend. Lui est sénégalais
elle est ivoirienne. Ils ont dû quitter la Côte d’Ivoire
à cause de la guerre. Ils ont tout perdu. Arrivés à
Dakar, ils n’ont pas trouvé de travail. Ils sont
obligés de se débrouiller pour vivre. La femme a fait
une dépression grave et elle n’arrive pas à s’en
sortir. Leur enfant est très perturbé. La famille du
mari n’accepte pas sa femme, étrangère et d’une
autre religion. Et le propriétaire de la maison où ils
logent menace de les renvoyer, car cela fait plusieurs mois qu’ils
n’ont pas payé leur loyer. Alors, ils sont venus me
voir. Cela m’arrive très souvent qu’à la
maison, à la sortie de la messe ou ailleurs, des gens
viennent nous voir et nous poser leurs problèmes.
Malheureusement nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voudrions
pour eux. Mais parler ensemble leur donne un peu de réconfort.
Et bien plus, en nous parlant, ils trouvent le courage de s’en
sortir et même des solutions à leurs problèmes !
Vendredi
1° juin : A
la maison d’arrêt :
Aujourd’hui nous parlons de la vie à la prison. Nous
sommes très heureux car les femmes sont à l’aise
et parlent de plus en plus d’elles-mêmes, sans crainte.
C’est un très grand progrès et le signe d’un
début de libération intérieure. Elles
expliquent d’abord aux nouvelles animatrices ce qu’elles
font du matin au soir, selon les jours de la semaine. Avec les
activités, en particulier la formation à la coiffure
et au micro-jardinage, fabrique de jus de fruits, couture et
teinture. Et aussi l’alphabétisation et les cours
scolaires. Comment elles sont réparties et s’organisent
pour leurs propres activités (lessive...) et les travaux
communautaires : nettoyage, cuisine, vaisselle etc…Et
aussi comment elles s’entraident. Elles cherchent non
seulement à se connaître, mais aussi à se
soutenir, échanger leurs idées et leurs soucis, et
surtout pour se concilier et se réconcilier. Au niveau
religieux, elles participent aux activités que nous
organisons. Et il y a une très bonne entente entre
chrétiennes et musulmanes. Mais le problème, c’est
pour prier personnellement, car, bien sûr, elles ne sont
jamais seules (elles logent en dortoir). Elles attendent donc que
tout le monde soit endormi pour prier et méditer en silence.
Ou pour réciter le chapelet, une prière simple,
facile, et que toutes peuvent faire. Et nous venons juste de
terminer le mois de mai !
Elles nous parlent aussi
d’elles-mêmes, de la fête des Mères (moi je
n’osais pas car elles sont bien sûr, séparées
de leur famille !). Elles parlent de leurs enfants, auxquelles
elles pensent beaucoup, avec tristesse. Mais elles remercient aussi
les détenues plus âgées. Elles disent :
« Ce sont elles nos mamans. Nous voulons leur souhaiter
une bonne fête. Et être heureuses avec elles ».
Pour
la prochaine fois, elles demandent que nous leur parlions de la vie
des pays, des actions du nouveau gouvernement, des audits et des
enquêtes financières sur le gouvernement précédent,
des élections législatives, etc ….
Elles
sont en prison mais restent très ouvertes à ce qui se
passe dans le pays. Même les étrangères. Et pour
nous, cela aussi est un très bon signe.
Nous terminons par
une prière d’intentions libres. Elles sont nombreuses,
car elles ont beaucoup de choses à dire et maintenant elles
n’hésitent plus pour parler.
Après la prière,
nous prenons un temps pour parler librement. Puis nous passons dans
les ateliers et saluons le personnel des différents services
pour entretenir nos très bonnes relations. On nous parle de
la fête de la semaine dernière. L’adjointe de la
directrice est mutée. La prison a organisé une fête
d’adieu. Elle a vraiment bien travaillé et les détenues
lui ont préparé un cadeau. Tout se passe donc aussi
bien que possible. Il va falloir nous habituer à sa
remplaçante.
Le doyen des prêtres de Guinée,
que je connais bien, est venu à Dakar pour l’enterrement
de sa sœur. Le voyage l’a beaucoup fatigué et le
décès beaucoup touché. On a dû
l’hospitaliser. Je m’empresse d’aller le visiter.
Le Vicaire Général est venu de Conakry spécialement
pour cela. Nous avons la joie de nous revoir et parler un moment
ensemble. Cela me rappelle évidemment énormément
de souvenirs et me touche beaucoup. Nous parlons en particulier de
tous les efforts de réconciliation dans le pays.
Samedi
2 juin : Préparation
des stages
La
fin de l’année approche ! Il nous faut donc
préparer les vacances de nos étudiants. Ils vont
partir en stage dans les trois pays environnants : Guinée,
Guinée Bissao et Sénégal. Pour la Mauritanie
c’est très difficile actuellement. Ils avaient bien des
activités pastorales pendant l’année, mais
c’était en ville. Nous voulons donc qu’ils
descendent en secteur rural. Et qu’après une année
d’études et d’enseignement de la catéchèse
en paroisse, ils travaillent dans les quartiers dans le domaine
social. Ce ne sont pas les problèmes qui manquent !
C’est important, et il nous faut bien préparer cela, à
partir des réflexions de nos rencontres de mardi et
mercredi.
Dix
heures : au camp pénal, prison des hommes
Comme
chaque fois, nous leur demandons les nouvelles de la prison et nous
les laissons parler librement. La conversation s’oriente vers
le pèlerinage national de Popenguine. Certains n’ont
pas pu le suivre à la télévision bien qu’il
y en ait une dans chaque chambrée. Il faut dire que 90% des
prisonniers sont musulmans et que les émissions catholiques
ne les intéressent pas. Que faire ! Certains voudraient
utiliser la force. D’autres passer par l’autorité :
les chefs de chambre, le poste de garde ou même le directeur
de la prison.
Cela nous mène à réfléchir
aux relations entre chrétiens et musulmans.
Nous reconnaissons qu’elles sont bonnes en général :
il existe entre eux le respect, l’entente mais aussi les
conseils et le partage. Et pour les émissions chrétiennes
du Dimanche, plusieurs chefs de chambre les font passer et il n’y
a pas de problèmes : les camarades musulmans sont
d’accord… d’autant plus qu’ils regardent
les émissions religieuses musulmanes le vendredi. Là
où il y a problème, nous choisissons de parler
ensemble pour trouver une solution dans le respect, l’amitié
et la compréhension. Et de ne pas augmenter les problèmes
en étant trop exigeants. Nous refusons donc toute solution de
force… d’autant plus que nous sommes très
minoritaires.
Cela nous amène à réfléchir
à l’Evangélisation,
à partir de l’Evangile de demain, fête de la
Trinité (Mat 28,16-20). Il ne s’agit pas de convertir
les gens … surtout pas par la force ! mais de partager
une Bonne Nouvelle (l’Evangile ) avec ceux qui le désirent.
Et de leur apprendre à garder la Parole de Dieu « plus
par notre exemple et le témoignage de notre vie que par nos
paroles d’ailleurs » (Marc 16, 17-18). Il
s’agit donc de proposer à ceux qui le veulent de vivre
les valeurs de l’Evangile, et cela dans leur vie concrète,
dans leur propre religion, s’ils ne souhaitent pas devenir
chrétiens. Quant à ceux qui veulent être
baptisés nous allons organiser des cours de catéchèse !
Certains détenus chrétiens de tendance plus
traditionnelle ont de la peine à accepter ces orientations.
Il va falloir avancer doucement avec eux, en respectant leur point
de vue.
Nous faisons aussi le point de notre première
séance d’animation
culturelle.
Comme c’était la première fois, il a fallu du
temps pour s’installer. Et il y avait aussi deux activités
qui se télescopaient. Et puis, tout le monde ne comprend pas
le ouolof. Il faudra prévoir des films en anglais et
peut-être même en français (bien que langue
officielle du Sénégal, il n’est parlé que
par une minorité dans le pays et nous avons la chance d’avoir
une langue devenu commune : le ouolof). Nous voyons aussi les
thèmes qui les intéressent. En tout cas, ils ont
apprécié la discussion après la
projection.
Enfin, nous préparons la prière du
dimanche qu’ils feront entre eux, à l’intérieur
de la prison.
A
la sortie de la prison,
un jeune couple m’attend. Lui est sénégalais
elle est ivoirienne. Ils ont dû quitter la Côte d’Ivoire
à cause de la guerre. Ils ont tout perdu. Arrivés à
Dakar, ils n’ont pas trouvé de travail. Ils sont
obligés de se débrouiller pour vivre. La femme a fait
une dépression grave et elle n’arrive pas à s’en
sortir. Leur enfant est très perturbé. La famille du
mari n’accepte pas sa femme, étrangère et d’une
autre religion. Et le propriétaire de la maison où ils
logent menace de les renvoyer, car cela fait plusieurs mois qu’ils
n’ont pas payé leur loyer. Alors, ils sont venus me
voir. Cela m’arrive très souvent qu’à la
maison, à la sortie de la messe ou ailleurs, des gens
viennent nous voir et nous poser leurs problèmes.
Malheureusement nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voudrions
pour eux. Mais parler ensemble leur donne un peu de réconfort.
Et bien plus, en nous parlant, ils trouvent le courage de s’en
sortir et même des solutions à leurs problèmes !
Jeudi
31 mai :
Après-midi :
Préparation d’une deuxième formation à la
gestion pour nos étudiants.
Soir : Visites dans le
quartier et contacts avec des familles. Je suis toujours heureux de
faire des nouvelles connaissances et je suis toujours très
bien accueilli.
Mardi
29 mai :
J’ai
commencé à travailler tranquillement à la
maison, mais on m’appelle. Le Conseil de la FANO (la Fondation
des spiritains pour l’Afrique du Nord Ouest) se tient jusqu’à
vendredi soir. Mais le secrétaire est empêché.
On me demande de le relever au pied levé. Cela ne m’arrange
pas du tout, car j’avais beaucoup d’activités
prévues, dont certaines très importantes. Malgré
tout j’accepte. Mais il va falloir annuler rendez-vous et
rencontres de travail. Finalement, en parlant ensemble, on arrive à
des compromis qui me permettent de tenir mes engagements les plus
importants. Je maintiens une rencontre avec le directeur de la
prison des hommes, une autre avec le personnel.
Par ailleurs, je
suis heureux de pouvoir commencer, le jeudi 31 mai, notre première
séance d’animation culturelle, à la prison des
hommes. C’était prévu depuis longtemps, mais il
faut toujours beaucoup de temps pour mettre les choses en place. Il
nous fallait aussi trouver le matériel et des films à
projeter en ouolof, car la plupart ne comprennent pas le français.
Nous ferons également des projections en anglais pour les
anglophones qui sont nombreux (nigérians, sierra-léonais,
libériens, etc…).
Nous avons trouvé des DVD
dans ces langues. Des pièces de théâtre
intéressantes et éducatives qui nous permettent de
lancer un débat, car bien sûr nous ne voulons pas nous
contenter de « faire du cinéma » pour
occuper le temps. Le problème, c’est de trouver des
animateurs qui libres en semaine, car ces animations ne sont pas
possibles en week-end. Nous allons continuer à
chercher !
Après un contact (ils sont réguliers)
avec le régisseur de la prison, je vais voir le greffier pour
avoir les noms des prisonniers libérables, pour préparer
leur réinsertion. C’est important et il faut s’y
prendre à l’avance.
Lundi
28 mai :
Pèlerinage
national à Popenguine
Comme
chaque lundi de Pentecôte, et pour la 123ème
année. Les jeunes (environ 4.500 pour la seule ville de
Dakar) sont partis depuis 3 jours, à pied, en marche
pèlerinage, sur le thème : « Qu’ils
soient un ». Et c’est vrai que le pays a un grand
besoin d’unité en ce moment. C’est l’occasion
de nous retrouver entre frères et sœurs de tous le
Sénégal, mais aussi de Mauritanie, Cap Vert, Guinée
Bissao, Guinée Conakry, Mali, autant de pays où les
problèmes ne manquent pas non plus. Autant d’intentions
de prières. Il y a énormément de monde, mais
tout se passe dans le calme et la discipline, malgré la
grande chaleur qui est arrivée.
Dimanche 27 mai : Nous célébrons la Pentecôte à la Mission. C’est aussi notre fête, pour tous les Spiritains. Le soir, nous nous retrouvons avec nos Sœurs spiritaines, les laïcs de nos fraternités et un certain nombre d’amis, pour célébrer le 309ème anniversaire de notre Congrégation. Nous commençons par regarder une vidéo sur l’assassinat de 20 de nos confrères au Congo, à Kongolo, en 1962. 2012, c’est le 50ème anniversaire. Après un temps de prière, nous partageons le repas ensemble.
Samedi
26 mai :
Visite
à
la prison.
Je les mets au courant des différentes activités que
nous mettons en place : les visites, les parrainages, les
animations culturelles, les ateliers, etc… Pas seulement pour
qu’ils soient au courant et que tous puissent en profiter,
mais d’abord pour qu’ils fassent leurs remarques et
donnent leurs propositions. Ce qu’ils ne manquent pas de
faire. Ensuite, nous abordons à nouveau la question des
appels, des réductions de peine, recours en grâces et
liberté provisoire, réinsertion et réconciliation
avec les familles et les victimes. Ce sont toujours des questions
difficiles et qui font beaucoup souffrir.
Ensuite, nous
partageons la Parole de Dieu : le récit de la Pentecôte.
Il y a de nombreuses questions sur le Saint Esprit. Nous y
reviendrons la prochaine fois. Pour aujourd’hui, nous tirons
les conclusions de la visite du Cardinal dans notre paroisse, en
particulier pour ce qui concerne la vie à la prison. L’heure
est passée mais le personnel est compréhensif et nous
prenons le temps de parler personnellement avec l’un ou
l’autre.
Le soir, nous célébrons la
journée de l’Afrique, jour
anniversaire de la fondation de l’Union Africaine. Nous
passons un film sur la réconciliation en Afrique du Sud à
la fin de l’apartheid.
15
heures. Rencontre des religieux. Nous
nous
retrouvons
entre délégués des congrégations
religieuses masculines, à la demande du Cardinal, pour
réfléchir à notre participation, en tant que
religieux, au travail pastoral
dans
le diocèse de Dakar. Cela demande que nous re-précisions
pour quoi nous sommes faits (notre charisme et notre mission) :
Voir
le compte rendu sur mon site.
Nous allons retourner à la base pour travailler tout cela,
avant de nous retrouver en Juin.
Vendredi
25 mai :
Comme
chaque vendredi, rencontre avec les
femmes à la prison. Elles
sont sur place, mais cela ne les empêche pas d’arriver
avec 30 minutes de retard ! Nous nous donnons des nouvelles de
la prison : 11 d’entre elles sont parties au Tribunal ce
matin. Nous parlons d’une femme qui est malade ; puis
d’une autre qui a fait se réconcilier deux détenues
qui ne s’entendaient pas. Elle nous explique combien cela a
été difficile, car elle est beaucoup plus jeune
qu’elles.
Nous parlons aussi du travail de Justice et Paix
et de la préparation des élections législatives.
Puis nous partageons la Parole de Dieu : l’histoire de la
Pentecôte.
A 15
heures,
Gabriel, enseignant, (et aussi chef scout) et membre de notre
communauté de quartier, vient assurer une formation à
nos étudiants sur la
gestion.
C’est important car ils sont appelés à être
responsables de paroisses, de groupes et Mouvements et de divers
projets. Ils en sont très heureux et participent bien.
21
heures
– Réunion
de communauté de quartier.
Nous commençons par faire le point sur le déroulement
de nos réunions. Avec le temps, l’ordre du jour devient
de plus en plus chargé et les réunions s’allongent.
Comme les gens se connaissent bien maintenant, il y a des apartés
et cela alourdit les partages. Nous décidons de minuter nos
réunions, d’avoir un responsable du timing et de
répartir les thèmes sur deux réunions. Nous
demandons aussi à chacun de mieux préparer les
rencontres et de travailler les convocations ainsi que les
comptes-rendus. Tout le monde est d’accord.
Là
aussi, nous partageons nos réflexions sur le récit de
la Pentecôte (voir
mon site, rubrique CEB/CCB).
Mais d’abord nous nous donnons les nouvelles :
rencontres, malades, voyages, actions menées, difficultés,
questions que nous nous postons, etc… Puis la famille
d’accueil se présente avec les enfants, leurs
activités, etc… Et nous abordons les autres points
prévus : 1) la prochaine campagne électorale des
législatives. 2) les activités des jeunes dans le
quartier et avec les enfants de la rue. 3) les problèmes de
l’école et des examens. 4) le compte-rendu et les
conclusions de la visite du Cardinal.
Jeudi
24 mai :
Nous
allons fêter le 50ème
anniversaire du Concile Vatican 2. C’est
important de voir où nous en sommes 50 ans après.
Déjà, pendant l’Avent l’année
dernière, j’ai présenté le document
« L’Eglise dans le monde de ce temps »
dans une paroisse. Vous pouvez consulter ces fiches dans
mon site, rubrique Vatican, 50.
A partir de là, on m’a demandé de développer
cette recherche. C’est un gros travail. J’ai recueilli
beaucoup de documentation. Avant de me lancer dans une première
rédaction, il faut travailler tout cela. Je le fais au fur et
à mesure de mes possibilités, en profitant des moments
perdus : attente dans les bureaux, retards dans les réunions,
etc… C’est pourquoi j’emmène toujours du
travail avec moi. Ce matin, la réunion avec le personnel
pénitentiaire est supprimée au dernier moment (ça
arrive assez souvent !). J’ai donc un bon moment pour
travailler tranquillement. Je coupe mon téléphone, il
enregistrera les appels.
Après-midi : réunion
avec l’Association « Santé à la
prison ».
Mercredi
23 mai :
Rencontre
à
la prison. Nous
passons aux choses concrètes. Nous avons préparé
cela avec le directeur et ensuite avec le service social.
Aujourd’hui, nous leur présentons d’abord
l’équipe d’animation
culturelle. Nous
allons voir la salle polyvalente à l’intérieur
de la prison et voyons comment installer le matériel. Nous
passerons des CD à caractère éducatif, pour
permettre une réflexion commune, mais simples et intéressants
par exemple les pièces de théâtre qui sont
transmises à la télévision. Nous le ferons en
ouolof, la langue populaire. Après la projection, durant une
demi-heure nous partagerons nos réflexions et tirerons des
conclusions tous ensemble.
Ensuite, nous présentons les
visiteurs et
ceux qui acceptent de prendre des détenus en parrainages.
Pour chacun, nous précisons les jours où il peut
venir, en fonction du règlement de la prison, connaître
la ou les langues que chacun parle, les conditions des visites, etc…
Toutes ces personnes ont bien sûr suivi la formation à
l’écoute dont j’ai parlé plus haut. Tous
sont satisfaits du bon accueil et de la compréhension. Nous
allons pouvoir travailler pour le bien et l’avancée des
prisonniers.
Mardi 22 mai : Cours de ouolof. Le soir, visite de quartier : rencontre de nouvelles personnes, préparation de la prochaine réunion de communauté dans la famille d’accueil, visite du chef de quartier : nous parlons des futures élections législatives, mais aussi de la vie du quartier : les ordures, les moustiques, la saison des pluies qui vient avec ses problèmes…. tout cela d’une manière décontractée car nous nous connaissons bien maintenant.
Lundi
21 mai :
Je
reste à la Communauté pour rédiger un certain
nombre de notes et de comptes-rendus.
A
17 heures réunion
du bureau de l’aumônerie. Nous revoyons le compte-rendu
de la dernière réunion générale pour en
dégager des pistes d’actions concrètes (voir le
compte rendu).
A
18 heures,
nous continuons avec tous notre formation à l’écoute.
Après un temps de formation théorique, les
participants abordent les problèmes qu’ils ont
rencontrés dans leurs rencontres d’écoute. Et
nous cherchons ensemble les meilleures façons de faire. Nous
allons mettre tout cela en pratique jusqu’à la
prochaine fois, fin juin.
Dimanche
20 mai :
Partage
d’Evangile (Jean
17, 11-19) de l’adieu de Jésus à ses apôtres.
Nous remarquons l’amitié de Jésus pour nous. Il
veut nous remplir de sa joie. Il prie pour nous et pour notre
fidélité. Il veille sur nous pour qu’aucun
d’entre nous ne se perde. Qu’est-ce que ça veut
dire pour nous ? Jésus veut que nous restions dans le
monde. Nous somme une minorité dans le pays. La grande
tentation pour nous, c’est de nous replier sur nous-mêmes
pour vivre notre foi en milieu fermé, entre nous. De nous
engager seulement dans l’Eglise mais pas dans la société.
Au contraire, Jésus nous envoie vers tous nos frères
et nos sœurs, sans rejeter personne, en étant attentif
à ceux qui en ont le plus besoin, à tous les niveaux.
Mais Jésus est réaliste : ce n’est pas
facile. C’est sûr que si nous vivons vraiment selon
l’Evangile, beaucoup de gens seront contre nous… comme
ils ont été contre Jésus. Car l’Evangile
demande de changer beaucoup de choses et certains ne seront pas
d’accord.
Jésus nous en donne les conditions :
la fidélité, vivre en vérité, être
unis. C’est ce qu’il a vécu Lui-même. Avec
Lui, c’est possible de le vivre nous-mêmes. Pour cela,
Il nous envoie de Saint Esprit, que nous attendons à la
Pentecôte.
Samedi 19 mai : Visite du Cardinal dans notre paroisse. Cette visite a été préparée par de nombreuses réunions, car nous ne voulons pas nous limiter à une grande fête, ni à une messe et des sacrements. Nous avons donc une première rencontre avec les responsables de communauté. Puis avec des groupes distincts : enfants, jeunes, femmes. Sans oublier les visites et descentes sur le terrain pour rencontrer les gens. Les repas offerts sont aussi une grande occasion de partage et d’échanges. A la fin, le Cardinal rencontrera chacun des 5 prêtres, en particulier, puis tous ensemble. Des comptes rendus vont être rédigés et travaillés par chacun et ensemble, pour en tirer des conclusions à mettre en pratique.
Vendredi
18 mai :
Je
retourne à la prison travailler avec le service social pour
mettre au point les différentes activités projetées.
Les choses avancent doucement et il faudra continuer à les
reprendre, sans se décourager.
Puis, rencontre avec toutes
les
femmes de la prison ensemble,
au sujet du SIDA, en accord avec les autorités de la prison,
et la participation de l’infirmière major. La première
séance portait plus sur le SIDA, le virus, les moyens de
transmission, les protections, etc… Aujourd’hui, nous
abordons la question de la vie sexuelle, la dimension éducative,
la prévention, etc… avec la dimension religieuse. A ce
niveau, nous intervenons avec l’ « aumônière »,
responsable religieuse des musulmanes. Nous nous connaissons bien et
nous avons l’habitude de travailler ensemble. C’est à
la fois une grande joie et une grande richesse, qui, en plus,
intensifie les bonnes relations entre détenues chrétiennes
et musulmanes.
A partir de là, nous pensons pouvoir
commencer une réflexion sur la façon dont la sexualité
est vécue à l’intérieur de la prison des
femmes. Le même travail sera fait aussi à la prison des
hommes.
Jeudi
17 mai :
Fête
de l’Ascension. C’est aussi le jour des Premières
Communions. Il y a beaucoup de joie dans l’air ! Partage
de la Parole de Dieu - L’Ascension :
Jésus monte au Ciel. Il retourne vers le Père et nous
prépare une place. Mais, en même temps, les anges nous
disent : « Pourquoi restez-vous à regarder le
ciel ? Jésus reviendra, mais en attendant, allez
annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toute la
création » .Le Christ nous appelle donc à
vivre en amitié avec tous les hommes, de toutes races et de
toutes cultures, et partager notre foi et notre idéal entre
personnes de différentes religions. Mais Jésus nous
d’apporter son Evangile à toute la Création.
Comme le dit Paul : la Création tout entière est
dans les douleurs de l’enfantement et elle aspire à une
terre nouvelle ». Et c’est nous les hommes qui
cassons la terre et toute la création par nos industries et
nos gaz toxiques, les feux de brousse et le déboisement, la
pollution de toute sorte. Nous préparons la Conférence
mondiale de Rio + (20 ans après la première sur
l’environnement, le réchauffement de la terre, etc…).
Il est temps de nous réveiller et de passer à
l’action, avant que ce ne soit trop tard.
Nous nous
retrouvons avec les responsables des jeunes
de notre communauté pour
évaluer les activités et les réorienter. En
effet, il y a quelques petits problèmes et tensions à
régler.
Je rejoins une famille où je suis invité.
La maman est la seule chrétienne de sa famille. Mais tous ses
parents musulmans ont tenu à participer à la fête.
Pour moi c’est l’occasion de rencontrer des amis que je
n’avais pas revus depuis des années, suite à mon
départ en Guinée.
Mercredi 16 mai : Ecoute des prisonniers, comme chaque semaine.
Mardi
15 mai :A
mon tour, je passe un long temps de réflexion
avec le curé de
la paroisse, pour faire le tour des différentes activités
et problèmes. J’apprécie beaucoup ce temps de
rencontre. Je reste partager le repas de midi, ce qui me permet de
partager un bon temps d’amitié et de fraternité
avec les cinq prêtres de la paroisse. Nous en profitons pour
échanger nos soucis et nos découvertes. Nous nous
retrouvons ensuite pour la confession des enfants qui attendent la
Première Communion, et ceux qui attendent la Confirmation :
ils sont 300 pour la paroisse.
Après la messe, nous tenons
notre rencontre de Justice
et Paix. Vous
en recevrez le compte-rendu par ailleurs. Nous travaillons la
préparation des futures élections législatives
et la prochaine Journée de l’Afrique. Nous voyons
comment travailler ces questions d’injustices et de manque de
paix dans nos communautés de quartier. Puis nous étudions
quelques cas concrets et réfléchissons aux actions à
mener pratiquement.
Lundi
14 mai :
Ce
matin, je commence avec la
prison des jeunes (mineurs)
, pour concrétiser le jumelage que nous mettons en place.
Ensemble avec l’aumônier et deux animatrices, nous
prenons un long temps de réflexion avec la directrice de la
prison, son adjoint et le responsable du service social. Nous
faisons ensuite le tour de la prison pour voir la situation réelle
des jeunes et déjà proposer des premières
actions concrètes : aménager la cour, organiser
des activités physiques et sportives, fournir des
moustiquaires car les moustiques vont se multiplier avec la saison
des pluies, organiser des rencontres de réflexion, etc…
Nous allons travailler ensemble avec les animateurs pour nous
soutenir. Nous leur demandons aussi de rentrer dans nos différentes
commissions pour plus d’efficacité et une collaboration
mutuelle.
Avec la responsable générale, nous allons
ensuite voir le régisseur du Camp
Pénal des hommes
(plus de 900 détenus). Nous faisons avec lui le tour complet
de la rencontre de l’aumônerie de mardi dernier (voir
plus haut)
pour voir ce que les différentes commissions peuvent faire
concrètement. Nous le remercions sincèrement de son
accueil et de sa compréhension. Entre autres, nous prévoyons
une rencontre entre nos animateurs et le personnel pénitentiaire.
17
heures.
Rencontre
avec les étudiants. Nous
continuons notre réflexion sur la Catéchèse de
lundi dernier. La semaine dernière, chacun avait fait le
compte-rendu de ses activités, ses réalisations et ses
difficultés. Aujourd’hui, je fais la synthèse et
cherche à leur donner des points de réflexion et des
pistes de travail. D’abord, comprendre que la catéchèse
est une initiation et une conversion et pas jun simple enseignement
scolaire. Ce qui pose toute la question de l’admission aux
sacrements : ne pas se contenter d’une interrogation pour
évaluer les connaissances théoriques (le par cœur)
et les présences, mais aussi voir comment les catéchumènes,
jeunes ou adultes, vivent en famille, au travail ou à
l’école, et da ns le quartier. Voir s’ils savent
prier personnellement, s’ils aident les autres et partagent
l’Evangile avec eux. Et nous relevons l’importance des
parrains dès le début de la catéchèse,
le rôle des parents dans l’éducation chrétienne,
la nécessité de la participation à la vie et
aux actions de la communauté de quartier et aux Mouvements.
Je leur fournis un certain nombre de documents et en particulier
une grille d’évaluation que j’avais déjà
utilisée au Congo, au Sénégal Oriental et en
Guinée. En leur rappelant que le but de la Catéchèse
n’est pas d’abord de recevoir les sacrements, mais de
connaître Jésus Christ et de vivre avec Lui. Nous
partageons un certain nombre de réflexions. Et je reverrai
chacun des étudiants personnellement, pour faire le point
concrètement de leurs activités et de leurs
engagements.
Dimanche
13 mai :
Je dis la messe tôt le matin, dans un quartier périphérique.
J’aime beaucoup car les gens étant moins nombreux, nous
pouvons partager plus facilement la Parole de Dieu et ils
participent plus facilement, apportent leurs problèmes dans
l’amitié et la prière.
A
9 heures, je
pars animer une journée de
réflexion et de prière (récollection) avec
nos étudiants du 1er
cycle (philosophie), futurs missionnaires spiritains. Le matin, nous
partageons un Evangile de la Résurrection. L’après-midi,
nous examinons les différents secteurs de leur vie :
leur formation, leur vie de prières et de communauté,
leur engagement pastoral dans la paroisse et le quartier. Et nous
reprenons tout cela dans la prière.
Samedi
12 mai :
A
la prison des hommes. Nous
nous donnons d’abord les nouvelles de la prison, puis du
pays : le travail du nouveau Gouvernement et bien sûr de
la nouvelle Ministre de la Justice. Il y a d’ailleurs eu une
rencontre des chefs de chambres au sujet de l’organisation de
la prison, et aussi des remises de peine espérées par
tous, mais qui dépendent en particulier du comportement de
chacun. On leur a rappelé que l’usage du téléphone
portable est interdit et qu’il y a un téléphone
public fixe dans la prison. La nouvelle Ministre de la Justice ayant
longtemps travaillé dans des associations des Droits Humains,
nous espérons que les choses vont vraiment
s’améliorer.
Ensuite, une animatrice leur explique
ce qui se vit dans sa Communauté de quartier (CEB). Cela
intéresse beaucoup les prisonniers, dans la mesure où
nous essayons également à mettre en place une
communauté active dans la prison. Elle leur explique les
différentes Commissions et leur fonctionnement, et comment
ils peuvent participer aux actions menées. Bien sûr,
ils sont surtout intéressées par les Commissions de
suivi judiciaire et de la réinsertion.
Un autre leur fait
le compte-rendu de la rencontre mardi dernier de l’aumônerie
des prisons (voir
plus haut).
Pour
le partage
d’Evangile
(Jean 15, 9-17), nous sommes spécialement frappés par
la très forte relation d’amour qui existe en Dieu entre
le Père et le Fils. L’amour de Dieu est parfait et
c’est vraiment la base de notre vie. Et l’Alliance que
Dieu fait avec nous est une Alliance d’Amour. Dieu nous donne
la paix sur la terre, y compris dans cette prison. Nous nous
arrêtons surtout à l’amour de Jésus. Dans
cet Evangile, Jésus ne nous dit pas qui aimer et comment
aimer. Cela, c’est à chacun d’entre nous de le
chercher, là où il vit. Jésus nous fait entrer
dans le cœur de sa vie et de la nôtre, pour aimer comme
Lui. Mais aussi pour aimer grâce à Lui et à son
Esprit. Car ce n’est pas facile d’aimer ! Personne
n’a aimé comme Jésus. Nous n’avons pas à
attendre un autre pour nous montrer le chemin de l’amour. Nous
n’avons pas à chercher un autre sauveur, même
s’il y a autour de nous des tas de charlatans, de magiciens,
de devins et de féticheurs de toutes sortes, et beaucoup de
gens qui mettent leur confiance en eux. Nous n’avons pas
besoin d’un autre prophète. Et celui qu’Il nous a
promis, pour venir après Lui, ce n’est pas un autre
prophète, c’est le Saint Esprit lui-même.
La
Bonne
Nouvelle de
cet Evangile, c’est que l’amour est le début et
la fin de tout : « sans amour, on n’est rien
du tout ». Mais pas un petit amour de rien du tout. Le
plus grand amour possible. Et justement Jésus branche notre
amour humain sur son amour de Fils de Dieu et le transforme
complètement. Alors notre amour vient de Dieu et va vers
Dieu. C’est donc très facile d’être
chrétien, il suffit de nous laisser transformer par l’Esprit
Saint pour aimer le mieux possible Dieu et nos frères et
sœurs.
Jésus nous donne Sa joie, une joie profonde
que les problèmes et difficultés ne peuvent pas
enlever. Il fait de nous ses amis, des vrais amis. Car il n’y
a pas de meilleur ami plus sûr que Jésus-Christ.
Que
faire ?
Bien sûr, garder les commandements de Dieu, mais par amour. Et
non pas par peur d’être punis, ou malheureux. Aimer
comme Jésus nous a aimés. « Par Lui, avec
Lui, et comme Lui ». Nous avons cherché comment
nous aimer dans la vie de la prison de chaque jour, sans rejeter ni
oublier personne. Pour que, amis de Jésus, nous soyons aussi
vraiment amis de tous. C’est dans la mesure où nous
aimons en vérité que nos prières seront
accueillies par Dieu. Et que nous cherchons la Volonté de
Dieu et non pas nos propres désirs, nos propres intérêts
ou même parfois notre volonté de vengeance.
Nous
parlons ensuite de la vie
à la prison. Aujourd’hui,
beaucoup sont absents à notre rencontre. En effet, il n’y
a de l’eau à la prison que par intermittence, et il y
en a en ce moment, aussi les prisonniers sont restés pour
laver leur linge.
Puis nous évaluons notre
action auprès
des camarades détenus par rapport au tabac et à la
drogue. Les réactions sont diverses : « De
toutes façons, c’est le gouvernement qui est
responsable, car c’est lui qui vend les cigarettes et ça
lui rapporte beaucoup ». « Mon temps d’arrêter
de fumer n’est pas encore arrivé ». « Je
connais les mauvais effets du tabac sur la santé, mais je
n’arrive pas à arrêter ». « Le
tabac me coûte cher. Comme je ne peux pas m’arrêter,
quand je reçois un colis de ma famille je vends ce que j’ai
reçu pour acheter des cigarettes »…. Nous
allons continuer notre action.
Vendredi
11 mai :
Ce
matin, je vais rencontrer la Caritas, avec un confrère qui
dirige un Centre
pour enfants de la rue.
Nous commençons par échanger des souvenirs car j’ai
connu la responsable quand elle était enfant et musulmane,
puis membre de la JOC et baptisée. Maintenant, elle est
mariée et engagée dans un travail social important, en
particulier la formation et ensuite l’aide au retour des
femmes migrantes sénégalaises, -des femmes venues des
villages de l’intérieur du pays en ville et qui se
retrouvent là, seules, et confrontées à des tas
de problèmes-. Le courant passe bien entre nous.
Nous
voyons ensemble comment mettre en place un certain nombre
d’actions : le retour des enfants de la rue dans leurs
familles et la réinsertion des prisonniers à leur
sortie. Le soutien au point de vue des habits, etc… ;
pour la nourriture, point très important, il n’y a pas
de possibilité malheureusement. Nous voyons comment lancer
des ateliers, à la fois pour les occuper, les former, leur
procurer un peu d’argent, mais surtout les aider à
apprendre un petit métier qui leur servira dans la vie. Nous
privilégions des ateliers de fabrique de savon et de grésyl
ce qui pourra servir directement aux prisonniers et améliorer
leur cadre de vie.
21
heures.
Réunion de notre CEB
(Communauté de quartier) .
Après les nouvelles et la présentation détaillée
de la famille qui nous accueille, nous parlons de l’Evangile
de l’Ascension. Puis nous abordons la vie de la paroisse :
la catéchèse des petits, les célébrations
des baptêmes et des Premières Communions, puis les
réunions des adolescents, les actions des jeunes (soutien de
la Pouponnière des bébés abandonnés,
première visite du Centre des enfants de la rue) et les
actions des adultes (lutte contre les moustiques, récupération
des ordures et assainissement du quartier, curage des caniveaux et
nivelage du terrain en vue de la prochaine saison des pluies). Je
vous enverrai le compte-rendu, comme d’habitude.
Jeudi
10 mai :
Ce
matin, je vais à la prison
des mineurs pour
concrétiser la coordination que nous mettons en place entre
les différentes prison. Une des animatrices m’attend et
m’introduit auprès des autorités. Je suis très
bien accueilli. Je me présente. En fait, ils connaissaient
mon travail depuis les années 80 à St LOUIS. Moi, je
les avais oubliés ! Je suis toujours très étonné
et dans l’admiration de constater la mémoire de la
plupart des Sénégalais et la fidélité de
leur amitié. C’est absolument extraordinaire. Sans
arrêt, dans mes rencontres, ils me rappellent ce que nous
avons fait ensemble ; ils n’ont rien oublié et ils
en sont très reconnaissants. C’est vrai qu’à
certains moments, nous avons vécu des choses assez
extraordinaires !
Le soir, messe
à la paroisse, toujours
aussi sympathique bien qu’avec beaucoup de sérieux. Les
chrétiens sénégalais tiennent à garder
le sens du sacré.
Mercredi
9 mai :
Matin.
Séance d’écoute à la prison.
Je me consacre aux anglophones et hispanophones, car les animateurs
qui parlent ces langues ne sont pas nombreux. Nous nous trouvons
face à de nombreux cas. Je parle longuement avec un
sud-américain, venu lancer une action de développement
et qui s’est fait « truander ». Il s’est
retrouvé en prison, condamné pour 8 ans. Bien sûr,
il a fait appel. Mais son dossier était perdu. On l’a
reconstitué, mais entre temps, un de ses co-détenus
est mort. Il a fallu refaire le dossier. Cette année, au bout
de 5 ans, il est repassé 6 fois en appel. Mais à
chaque fois, on demande aux autres anciens accusés d’être
là pour donner leur témoignage. Or, ils étaient
10, mais 7 ont été libérés au cours de
leur comparution et parmi eux 5 étaient des étrangers
qui sont retournés dans leur pays et on ne connaît même
pas leurs adresses. Il est donc bien évident qu’ils ne
viendront jamais témoigner. Cela fait 5 ans que cet homme est
en prison, sans être jugé, et il n’y a aucune
solution. De plus il fait de l’hypertension et il a du
diabète. Il supporte avec courage tous ses problèmes .
Il est bien soutenu par les autres prisonniers, malgré les
problèmes de langues. De mon côté, je reste en
contact avec sa famille par mail, pour leur donner des nouvelles et
les soutenir.
Ensuite, je rencontre quatre autres prisonniers,
chacun avec ses problèmes : dépression, tentative
de suicide… Ce qui me frappe, c’est leur courage :
la nourriture est insuffisante, les médicaments manquent, ils
n’ont pas d’argent même pour s’acheter du
savon ou dentifrice, mais ils ne désespèrent pas. Et
surtout, à chaque fois que leur famille arrive à leur
envoyer quelque chose, ils partagent systématiquement ce
qu’ils ont reçu avec les autres. Mais le plus dur,
c’est la perte de la liberté. Chaque fois que je leur
demande : « Qu’est-ce que nous pouvons faire
pour toi ? », ils me répondent : « Je
ne veux rien, seulement être libéré ».
15
heures.
Evaluation du travail des observateurs
de l’élection présidentielle. Ils
ont fait un excellent travail, et nous les remercions.
Malheureusement, une telle action coûte cher ; nous ne
pourrons sans doute pas la renouveler pour les élections
législatives, car nous n’avons pas trouvé d’ONG
pour financer ne serait-ce que les déplacements. C’est
dommage.
Mardi
8 mai :
Le
matin,
travail à la maison, car avec toutes ces activités
beaucoup de choses sont restées en plan. Malheureusement, il
n’y a pas de courant et Internet ne fonctionne pas. Cependant,
j’ai de quoi m’occuper, rien que pour ranger tout ce que
je n’ai pas pu classer. Pour les documents à lire et à
travailler, ce sera au moment des vacances. Inch Allah !
17
heures.
Rencontre de l’aumônerie des prisons. Les choses se
mettent en place peu à peu. Nous faisons le point du travail
des différentes commissions, telles que nous les avons
organisées : suivi judiciaire, réinsertion,
formation religieuse et humaine, activités culturelles,
enseignement et ateliers (formation professionnelle), écoute,
communication, recherche de fonds, etc… Chaque commission
fait son rapport d’activités : ce qui a été
fait ; ce qui n’a pas été fait, pourquoi ?
Nous reprécisons les objectifs et voyons comment améliorer
nos actions. Nous mettons en place une formation des animateurs à
l’écoute, sur le système judiciaire, sur la
santé et le suivi médical, sur les projets à
mettre en place. L’une des difficultés, c’est que
pour des raisons d’effectif de personnel, limité les
week ends pour repos hebdomadaire, nous ne pouvons pas intervenir
les samedis et dimanches. Or, la plupart des membres de notre équipe
travaillent et ne sont libres qu’en week end ! Il va
falloir trouver d’autres volontaires.
Nous distribuons un
certain nombre de documents : liste de médicaments
recherchés, lettre d’attestation, demande de soutien,
etc…. pour permettre à chacun de faire son travail.
20
heures.
Après la réunion, je me dépêche d’aller
rencontrer la secrétaire du CAEDHU pour faire le point des
activités sur les Droits Humains.
Lundi
7 mai :
Rencontre
du doyenné. Avec
la présence de trois responsables
de jeunes et d’un sociologue
nous examinons la situation actuelle de la jeunesse sénégalaise.
A partir de là, nous évaluons notre façon de
travailler avec les jeunes et traçons des pistes de travail
pour l’avenir. Ensuite, nous évaluons le travail que
nous avons assuré pour la sensibilisation des citoyens pour
l’élection présidentielle. Et le travail des
observateurs. A partir de là, nous voyons que faire pour les
élections
législatives qui
arrivent. Il
va falloir élargir et approfondir nos actions, non seulement
pour que les citoyens votent après avoir sérieusement
réfléchi à leur choix et que les élections
se passent d’une façon transparente, mais que la
société civile s’organise davantage, pour suivre
les députés et les autres responsables du pays après
ces élections.
L’un d’entre nous nous présente
le compte-rendu de la session sur le SIDA qu’il est allé
suivre en notre nom. Nous voyons ensemble quelles actions mettre en
place tant au point de vue suivi des malades et soutien des familles
que de la prévention.
Restent ensuite les questions
diverses. Les vocations, les questions matérielles et
financières, la préparation de la marche pèlerinage
des jeunes, la sortie de fin d’année et le calendrier
des différentes activités et formations.
Tout cela
se continue par un repas qui permet de se donner des nouvelles et
d’augmenter notre fraternité. Après le repas,
nous revoyons le travail et l’organisation de nos différentes
commissions.
A
17 heures.
Rencontre mensuelle avec les étudiants de formation au
travail pastoral. Nous faisons le tour des activités de
chacun : travail en paroisse, travail avec les Mouvements de
jeunes et d’adultes. Aujourd’hui nous nous arrêtons
spécialement aux questions de la catéchèse. En
effet, nous sommes à la fin de l’année et c’est
important d’étudier le travail accompli. Chacun
explique donc ce qu’il a fait avec les problèmes
rencontrés et les solutions trouvées. Chacun participe
activement et nous dépassons largement le temps prévu,
mais personne ne s’en plaint.
Dimanche
6 mai :
Aujourd’hui,
nous avons une nouvelle formation aux Droits
humains.
Je commence donc la journée, tôt, par la messe de 7
heures où il y a d’ailleurs beaucoup de monde.
A
midi,
rencontre avec le Supérieur et plusieurs confrères,
pour reprendre les conclusions de notre Assemblée Générale.
Puis nous passons à la kermesse de la Cathédrale, ce
qui nous permet de rencontrer beaucoup de monde. Ensuite, nous
allons voter à l’Ambassade de France.
Le
soir,
visite
du quartier.
J’avais remarqué des nouveaux venus dans le quartier,
en voyant l’aménagement d’une nouvelle maison. Je
suis allé les voir et ils me demandent de les aider à
connaître les gens du quartier. Nous sortons donc ensemble.
Nous ne pouvons pas voir tout le monde. Nous saluons d’abord
les enfants qui jouent au football dans une cour : ils
transmettront nos salutations. D’ailleurs, s’il y a une
bonne entente dans le quartier, c’est grâce aux
enfants ; car c’est par eux et grâce à eux
que les parents se rencontrent et se parlent, ce qui permet de
surpasser les différences. En effet, il y a beaucoup
d’étrangers qui sont venus dans ce nouveau quartier
encore en construction, à tous les points de vue. Nous allons
visiter une famille sénégalaise du sud (Casamance),
une famille libanaise, une angolaise et une camerounaise.
D’ailleurs, l’homme du couple que j’accompagne est
lui-même d’origine béninoise. C’est une
grande chance et une grande richesse pour nous tous. Nous terminons
notre tournée chez une cousine de la femme, dont elle ne
connaissait pas l’adresse. Ce qui les frappe, c’est la
qualité des relations. Un seul exemple : pendant notre
visite, un voisin vient dire à la famille qui nous accueille
qu’il a accroché leur voiture. Ils descendent et
règlent le problème à l’amiable. Dans
d’autres cas, ils se seraient bien gardés de se faire
connaître !
Samedi
5 mai :
A
la prison des hommes.
Avec l’échange de nouvelles, nous parlons des
difficultés de rencontres des prisonniers à
l’intérieur de la prison, surtout pour les activités
religieuses. Nous cherchons comment régler le problème
pour le mieux, dans l’entente et le respect de tous.
Puis
nous partageons la Parole de Dieu. Aujourd’hui, c’est
l’Evangile
de la Vigne
(Jean 15, 1-8). Quelques idées qui ressortent de notre
partage : Jésus est le Fils du Père et Il nous
conduit vers le Père. Il nous rend purs et clairs. « Sans
Lui, nous ne pouvons rien faire ». Il est le tronc qui
nous porte. Il nous fait vivre par la sève de l’Esprit
Saint. Il fait l’unité entre nous qui sommes ses
branches. Nous en sommes heureux et nous lui disons merci.
Que
faire ? Demeurer dans le Christ, vivre toute notre vie avec
Lui. Ecouter sa Parole et partager son amour avec le Père et
avec les autres. Porter du fruit. Même à la prison
c’est possible. Nous en avons donné plusieurs exemples.
La vie à la prison est difficile. Mais à nous de vivre
cela d’une manière positive. C’est le Père,
le vigneron, qui nous taille pour porter davantage de fruits. Mais
porter du fruit, ce n’est pas d’abord être
quelqu’un de bien. C’est en vivant le mieux possible
avec les autres et en agissant ensemble pour rendre meilleures nos
conditions de vie.
Nous nous sommes attardés à la
question de la prière. « Demandez ce que vous
voudrez et vous l’aurez ». Jésus pose une
première condition : « Si vous demeurez en
moi et que mes paroles demeurent en vous ». Il ne s’agit
donc pas de commander à Dieu dans nos prières, ni de
lui dire ce qu’il doit faire pour nous ; mais de lui
dire, comme Jésus nous l’a appris : « Père,
que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ».
Et comme Jésus l’a fait au moment de sa mort :
« Que cette coupe de souffrances s’éloigne
de moi….. mais ce que tu veux Père, pas ce que je
veux, mais ce que tu veux….. Père pardonne-leur….
Je remets mon esprit entre tes mains ».
La prière
demande donc beaucoup de patience, de confiance et d’espérance.
Nous avons terminé par une longue prière dans laquelle
beaucoup ont parlé.
Dans un 3ème
temps, nous continuons notre réflexion sur le
tabac et la drogue. Nous
mettons en commun ce que nous avons essayé de faire dans ce
domaine les jours passés. Plusieurs ont expliqué les
conséquences dans leur vie : nervosité et
excitation, dépendance, problèmes de santé,
dépenses importantes sans oublier des choses plus pratiques :
« ma bouche sentait mauvais, les autres me fuyaient et ne
voulaient plus parler avec moi ; je ne trouvais plus de goût
à la nourriture ». A partir de là, nous
avons recherché les moyens de parvenir à un vrai
changement dans ces comportements : prendre une forte décision
de changer ; l’appui de la prière et des amis ;
mais aussi penser aux conséquences sur les autres et d’abord
dans nos familles ; l’importance de montrer le chemin aux
autres. Un certain nombre ont expliqué comment ils sont
parvenus à arrêter la drogue et le tabac.
Le
responsable de la communauté est libéré. Il
commence par demander pardon pour ses limites et ses fautes. Il
remercie chacun pour le soutien apporté et sa participation
aux activités et demande de continuer à prier pour
lui. Le nouveau responsable le remercie et le confie à
Dieu. : nous n’avons rien à t’offrir comme
cadeau, à part notre amitié et nos prières.
Tout ceci se passe dans la simplicité, mais aussi dans une
grande émotion.
Après la rencontre générale,
nous parlons avec ceux qui vont passer au tribunal les semaines qui
viennent, pour préparer leur jugement. Nous voyons aussi avec
les étrangers comment impliquer leurs ambassades pour un
meilleur soutien et suivi.
Vendredi
4 mai :
Sortant
de la prison
des femmes,
je rencontre un ancien détenu, libéré le mois
dernier. Il a réussi à trouver du travail. Il est donc
venu apporter de la nourritures pour ses co-détenus qui sont
encore en prison. Il me dit : « J’ai trop
souffert en prison, il faut que je pense à mes frères ».
Il remercie notre équipe pour ce qu’on a pu faire pour
lui. Et il me remet un peu d’argent pour soutenir notre
travail. Bien sûr, cela me touche beaucoup.
Mes confrères
de Guinée venus à notre assemblée générale
m’ont amené un stock de mes
livres
que j’avais en dépôt à Conakry. Je vais
donc à la Librairie Clair Afrique avec qui j’ai
beaucoup travaillé dans le passé. Je leur propose un
dépôt vente. C’est l’occasion de revoir des
amis de longue date.
Jeudi
3 mai :
Ce
matin, messe solennelle en l’honneur des apôtres
Philippe et Jacques. Nous cherchons à quoi leur vie nous
appelle.
15
heures.
Une nouvelle ONG, appelée « Santé
à la prison »
se met en place. Ils veulent intervenir en particulier par rapport
au SIDA mais aussi les différentes maladies chroniques :
hypertensions (très fréquentes), hépatite B,
paludisme, etc… sans oublier les solins dentaires par
exemple. Ils me demandent de travailler en coordination avec eux.
J’en suis très heureux, car c’est une action très
importante. D’abord, nous voulons organiser une session de
formation pour le personnel de santé des prisons de la
région, sous la direction du médecin-chef, pour que
cette formation ait un impact et un suivi. D’abord connaître
la situation, les possibilités et les directives. Ensuite,
les soins adaptés aux possibilités réelles et
concrètes : hypertension, brûlures, hémorragies,
agitations. Etudes des cas les plus fréquents et les plus
délicats. Puis le VIH et le SIDA. A ce niveau, et pour la
suite, nous ne voulons pas nous contenter de sensibilisation ou
d’informations, mais aboutir à un changement de
comportement. Ce sera l’occasion pour nous d’aborder la
question de la sexualité et de la façon dont elle est
vécue à la prison. Avec tous les blocages à
faire sauter, par exemple, l’interdiction des condoms en
prison… comme si on ne savait pas ce qui s’y passe.
Heureusement, les femmes, comme les jeunes, sont dans une autre
prison. Et surtout, à partir de là, nous pourrons
élargir notre action aux autres maladies. Mais d’abord,
il nous faut prendre contact avec le service social pour impliquer
les personnels, à la fois pour qu’ils se forment et
participent aux actions menées. Nous commençons à
préparer des statuts pour obtenir une reconnaissance qui nous
permettra d’intervenir plus facilement. Puis nous commençons
à faire un plan de travail avec les différentes étapes
à suivre et les moyens à trouver, car pour le moment
nous n’avons encore rien.
Ce soir, Georges, l’un des
trois formateurs du Séminaire, nous quitte. Il va continuer
des études en France, après deux ans de travail avec
nous. Les étudiants l’ont beaucoup apprécié
et ils tiennent à lui faire la fête ; nous restons
avec lui jusqu’à l’heure de son départ, à
3 heures du matin. C’est dur de se lever le lendemain matin,
mais ça valait la peine.
Mercredi
2 mai :
Après-midi :
« Ecoute » en anglais. Je rencontre cinq
prisonniers anglophones de Gambie, Ghana, Nigeria et Sierra Leone,
chacun avec ses problèmes propres. Je me sens à chaque
fois démuni et impuissant ; mais pour eux c’est
déjà important de pouvoir parler librement et dans la
confiance. Et nous pouvons au moins donner des nouvelles à
leurs familles.
20
heures.
Nous tenons notre
réunion de communauté
avec les étudiants. Nous évaluons notre vie en commun
sous ses différents aspects : questions matérielles,
prières, accueil, etc… Mais l’essentiel est
consacré à notre dernière Assemblée
Générale du 14 au 20 avril. Leur délégué
fait un compte-rendu détaillé que les formateurs
complètent, et nous en tirons ensemble les conclusions pour
nos divers engagements.
Mardi
1er
mai :
Il
est fêté au Sénégal comme partout. Nous
commençons cette journée par une prière plus
développée pour tous les travailleurs. Ensuite, chacun
part dans son lieu d’engagement.
Nous suivons aussi les
différentes manifestations, rencontres et défilés.
Et surtout les réponses du Gouvernement et du nouveau
Président. Ils promettent de satisfaire les demandes. Déjà
ils annoncent une réduction des taxes et cotisations des
travailleurs à partir du 1er
Janvier 2013. Et aussi une augmentation de 10 % de la pension des
retraités. Mais il y a là un problème car cette
décision ne vaut que pour les salariés qui ont été
inscrits et ont cotisé à la Sécurit Sociale et
Caisse de Retraite. Ce n’est qu’une très petite
minorité des travailleurs, et donc des personnes âgées,
la plupart étant dans le secteur informel, le monde rural….
ou chômeurs, qui ne reçoivent bien sûr aucun
soutien. Pour tous les autres problèmes, j’en ai déjà
parlé (grèves, etc…). Voir
sur mon site l’article sur la situation du pays.
C’est
un jour férié. Je reçois donc un certain nombre
de visites de personnes en difficulté. Et le soir, je vais
donner mon
cours de ouolof
comme chaque mardi. Des Français, vivant au Sénégal,
sont intéressés et sont venus nous rejoindre.
Lundi
30 avril :
16
heures.
Rencontre avec les responsables de la Maison
d’Arrêt des Jeunes
(Fort B, dans le quartier de Hann). En effet, nous voudrions
travailler davantage ensemble avec les animateurs des prisons des
hommes et des femmes. Nous ferons le compte-rendu et chercherons à
prendre les décisions pratiques lors notre réunion
générale de mardi prochain. Mais déjà
beaucoup de choses se font : des séances d’écoute,
des activités sportives (football) des rencontres de
réflexion. Nous voudrions développer cela, assurer la
formation des animateurs et soutenir les actions du service social.
Ce serait également important de nous retrouver avec les
autres organisations qui interviennent dans la prison, et de
commencer des cours d’alphabétisation et de formation
générale. Pour lancer des ateliers, ce sera plus
difficile parce que nous n’en avons pas les moyens et en plus
on ne peut pas trouver parmi ces jeunes des gens formés qui
acceptent de former les autres, comme nous pouvons le faire à
la prison des hommes adultes. En dehors des prières, messes
et rencontres spécifiques pour les chrétiens, nous
souhaiterions des rencontres religieuses communes aux chrétiens
et aux musulmans. Nous voudrions aussi trouver des médecins
volontaires pour venir faire des consultations, en complément
du travail de l’infirmier, et aussi des avocats pour les cas
les plus difficiles. Pour les rencontres de réflexion et de
formation du personnel, nous chercherons à faire les choses
ensemble avec les autres prisons.
18
heures.
Nous partons dans une paroisse de banlieue tenue par des confrères.
Nous allons célébrer l’Eucharistie pour un
des
anciens
curés qui vient de mourir
en France où il était parti en retraite pour cause de
maladie. Beaucoup d’autres confrères et de paroissiens
sont venus et cela nous réconforte beaucoup. Après la
messe, nous restons tous ensemble pour un pot de l’amitié
qui dure longtemps car nous sommes heureux de nous retrouver et nous
avons beaucoup de choses à nous dire.
Dimanche
29 avril :
Comme
un marché s’est installé et s’est
développé autour de notre église, nous sommes
submergés par les magasins et leurs clients. De toutes
façons, cette église ne répond plus aux
nécessités, elle est devenue trop petite ! Nous
avons décidé d’en construire une autre. Pour
commencer à la financer, nous organisons une kermesse. C’est
l’occasion de revoir un certain nombre de paroissiens, mais
aussi des personnes avec qui j’avais travaillé avant
mon départ pour la Guinée, en 1996, et c’est une
grande joie de nous revoir.
Je retrouve un jeune migrant
camerounais. Il a quitté le Cameroun pour le Togo où
on lui avait promis du travail ; or, quand il est arrivé
là-bas, il a constaté que le patron était parti
depuis deux mois ! Après avoir traîné
plusieurs jours sans soutien, il rencontre une famille qui lui
propose de venir travailler au Sénégal. Ils font
ensemble un long voyage très pénible et très
long par la route. Mais arrivés à Dakar, ils
l’abandonnent. Ne connaissant personne, il arrive à
l’église où il me trouve. Il n’a pas
d’argent, pas de maison et rien à manger. Il est
menuisier… ce ne sera pas facile de lui trouver un emploi car
il y a énormément de chômage dans le pays !
Je prends contact avec la communauté des Camerounais à
Dakar. Hélas ils sont submergés, ayant déjà
accueilli chez eux plusieurs confrères. En plus, certains
sont découragés, car ils ont accueilli des
compatriotes.. qui sont partis, non seulement sans les saluer, mais
en emportant en plus matériel et argent. Ce n’est pas
facile d’être accueillant ! Et de mon côté
je me retrouve démuni et sans moyens. Je fais ce que je peux
pour l’aider, mais j’ai bien conscience que c’est
insuffisant et j’en souffre. A Dakar, il existe un Centre
d’accueil pour migrants et réfugiés, mais ils
croulent sous le nombre. Et cela peut être une solution de
facilité que d’orienter systématiquement et
directement ces personnes vers un Centre, sans commencer par faire
d’abord ce que nous pouvons sur le terrain.
Le mois
dernier, j’ai fait une intervention sur la
sexualité
et l’éducation affective des jeunes, dans un grand
lycée. J’ai eu de nombreuses réactions et je
leur ai envoyé les livres que j’ai écrits.
Aujourd’hui, une élève vient me voir. Mais…
c’est pour me poser la question de la vocation et de son
engagement dans la vie religieuse. Nous parlons longuement et elle
souhaite me revoir encore une autre fois. C’est vrai qu’elle
s’engage sur un long chemin.
Plusieurs de nos étudiants
sont partis justement aujourd’hui à une rencontre de
jeunes sur les vocations, car il les suivent dans leurs différents
engagements. Nous ferons le point à notre prochaine
rencontre.
Samedi
28 avril :
C’est
dur de se lever ce matin. Comme chaque samedi, à notre messe
du matin, nous accueillons voisins et amis et nous partageons la
Parole de Dieu en petits groupes. L’Eucharistie est présidée
par Christian qui nous quitte ce soir. Christian est l’ancien
responsable de notre Communauté et du Centre de Théologie.
Il part en France pour préparer un doctorat en théologie.
Il nous reviendra l’année prochaine. Mais nous restons
en contact régulier. C’est pourquoi il a participé
à notre Assemblée générale des
Missionnaires spiritains d’Afrique de l’Ouest (FANO).
A
la prison des hommes.
Après l’échange habituel des nouvelles, avec
leur cortège de joies mais surtout de tristesses et de décès,
nous voyons comment améliorer la vie à la prison, au
point de vue relations, santé, partage. Aujourd’hui, il
y a spécialement le cas de deux prisonniers qui ont des
problèmes avec leur chef de chambre qui cherche à les
exploiter : ils voudraient changer de chambre. Nous parlons
aussi des ambassades qui, la plupart du temps, ne font rien pour
leurs ressortissants sous prétexte qu’ils sont en
situation illégale.
Nous partageons sur l’Evangile
de dimanche : le Bon Pasteur (Jean 10, 11-18). Ce qu’ils
notent d’abord, c’est que Jésus est vraiment un
berger, un pasteur. Il nous rassemble, il nous fait vivre, il nous
conduit et il nous protège. Mais surtout qu’il est un
bon
berger. Il nous connaît chacun par notre nom et nous aime
personnellement. Il connaît nos problèmes et nos
souffrances. Il nous aide efficacement, ici, dans notre prison. Il a
beaucoup souffert pour nous sauver. Il a donné sa vie pour
nous, pas seulement au moment de sa mort, mais tout au long de sa
vie, depuis le début. Et c’est librement et
volontairement qu’il a donné sa vie pour nous. Il est
vraiment le Fils de Dieu. Il connaît le Père et nous le
fait connaître. Il a repris sa Vie, Il est Ressuscité.
Non seulement Il nous ressuscitera, mais Il nous fait vivre d’une
vie nouvelle, dès aujourd’hui. Il aime tous les hommes
et il veut nous rassembler tous ensemble dans un seul troupeau, son
troupeau : les hommes et les femmes de toutes langues et de
toutes religions. Il nous rassemble déjà dans cette
prison et nous permet de vaincre notre solitude et notre manque
d’activité. Nous sommes heureux et nous disons merci au
Christ et à notre Père qui ne nous abandonnent
jamais.
Que
faire ?
Chercher à mieux connaître le Christ et le suivre dans
toute notre vie, avec amour et dans la paix. Nous avons aussi
réfléchi à l’argent. Souvent, nous nous
conduisons comme des mercenaires. Nous abandonnons nos frères
et sœurs à cause de l’argent.
Jésus
nous appelle à être les bergers de nos frères.
Nous aussi, nous voulons donner notre vie pour eux et les aider à
adopter une vie nouvelle. Librement et volontairement, dans les
petites choses de notre vie. Nous sommes capables de souffrir pour
eux. Nous cherchons à faire connaître le Père
aux autres par le témoignage de notre vie. Et nous cherchons
à les rassembler pour vivre tous ensemble dans la paix et
l’amitié, en nous soutenant les uns les autres. Car
cela nous pouvons le faire en tout lieu et en toutes circonstances.
Même à la prison. Nous terminons en priant en
particulier pour les vocations.
Après cela, nous
réfléchissons à notre
vie.
Nous parlons spécialement de la drogue et du tabac. La
semaine prochaine, nous ferons le point de ce que nous aurons pu
faire. A la fin de la rencontre, comme à chaque fois, de
nombreuses personnes viennent me voir pour leurs problèmes
personnels.
Puis nous partageons les différentes choses
que nous avons pu amener pour eux (nourriture, savon, habits,
dentifrices). Et nous terminons par une courte réunion des
responsables.
Après-midi :
Travail personnel à la maison.
Soir :
Je dis la messe à la paroisse. Je fais l’homélie
sous forme de partage, grâce à un micro baladeur.
Chacun peut dire comment il va vivre cette Parole de Dieu, dans son
milieu.
Vendredi
27 avril :
Aujourd’hui,
à la prison
des femmes,
nous recevons des membres de l’Ordre de Malte. Ils veulent
travailler avec nous et nous présentent leurs actions, en
particulier en faveur des lépreux et des handicapés.
Mais aussi, au sujet des prisons, le soutien judiciaire et médical,
l’écoute et la réinsertion. Les femmes sont très
intéressées et leur posent un certain nombre de
questions. Ensuite, elles expliquent à leur tour comment
elles vivent et ce qu’elles font ensemble : les ateliers
de coiffure, de couture, de jus de fruits, leurs projets
(micro-jardinage), etc… Elle parlent un long moment sur leurs
relations et leur soutien mutuel, entre chrétiennes et
musulmanes.
A
midi,
rencontre avec une femme médecin spécialisée
dans la médecine
en prison. Elle
a une grande expérience car elle a travaillé dans de
nombreux pays d’Afrique et Madagascar. Cela faisait quelque
temps que je devais la rencontrer, mais nos occupations mutuelles ne
nous l’avaient pas encore permis. En effet, nous essayons de
réfléchir avec les prisonniers à leur santé
et leur équilibre de vie. Nous avons longuement parlé
déjà du tabac, de la drogue et du SIDA. Il nous faudra
aller plus loin, en particulier au sujet de la sexualité.
Nous travaillons aussi avec l’infirmerie pour fournir les
médicaments. Et nous cherchons des médecins pour venir
faire des consultations bénévolement.
Mon
interlocutrice intervient à un niveau supérieur :
faire évoluer la législation par rapport à la
santé en prison, formation du personnel de santé, une
meilleure organisation structurelle. Cela est évidemment très
important. Nous sommes très heureux de pouvoir travailler
ensemble dans la complémentarité. Elle reste partager
le repas avec nous, ce qui lui permet de parler avec les étudiants,
de leur expliquer l’importance de l’action pour la santé
en prison ; pour le présent et le futur ; pour les
prisonniers, leur famille et toute la société.
Elle
nous partage aussi certaines de ses expériences. Cela pose la
question de la collaboration
entre
les différentes associations, et c’est une question qui
nous préoccupe, car souvent chaque association cherche à
agir à part pour se faire connaître et pour son propre
intérêt. D’un autre côté,
l’administration cherche souvent à travailler avec
chaque association à part, pour pouvoir en profiter. Nous
espérons qu’avec la nouvelle responsable du service
social, nous pourrons organiser des rencontres de concertation.
Affaire à suivre.
L’après-midi,
je reçois les étudiants personnellement.
Le
soir, rencontre de
notre communauté de quartier. Je vous enverrai le
compte-rendu, que vous pourrez aussi trouver sur mon site. Voici
simplement l’ordre du jour :
-
Programme
habituel : nouvelles,
présentation de la famille qui nous accueille.
- Partage
de la Parole de Dieu :
Luc 24, 36-49.
Nos
activités :
1)
La préparation des élections législatives.
2)
L’évaluation de la catéchèse de nos
enfants
3) Les fêtes de funérailles et autres (Marie
Pierre)
4) les groupes des adolescents (Elisabeth)
5) Les
moustiques, les ordures, le nivellement
du quartier (Pierre
et Léon)
Nous
avons beaucoup de choses à nous dire et la réunion
dure plus de deux heures. Malgré tout, les participants ont
de la peine à se séparer. Et nous restons à
parler entre nous jusqu’à plus de minuit.
Jeudi
26 avril :
Rencontre
avec les animateurs et animatrices de la Maison
d’Arrêt des jeunes.
Réunion
entre formateurs
de
notre séminaire de théologie, pour évaluer
chacun de nos étudiants. En effet, la fin de l’année
approche et nous tenons à suivre chacun des étudiants
personnellement, en veillant à ce qu’ils ne s’enferment
pas dans leurs études, mais que dès maintenant ils
s’engagent dans l’Eglise, ainsi que dans les quartiers
et toute la société. Certains sont déjà
engagés auprès des réfugiés et immigrés,
des handicapés, et à la prison. D’autres
travaillent avec les Mouvements de jeunes et d’enfants
(scouts, CV.AV, etc..). Pour l’année prochaine, nous
pensons ajouter des engagements à l’hôpital, avec
les enfants de la rue, avec des ONG (développement
communautaire, alphabétisation, lutte contre le SIDA,
animation de quartiers, etc..). Les choses se précisent peu à
peu.
16 heures : suite à une de mes interventions
dans un lycée, une jeune fille vient me voir qui se pose la
question de la vie
religieuse.
Ensemble
avec nos étudiants, nous avons préparé depuis
un mois la semaine des vocations.
18 h 30 : Je retourne à
la paroisse assurer un remplacement et dire la messe. Cela me permet
un certain nombre de contacts à la sortie
Mercredi
25 avril :
Nouveau travail à la
prison.
Je présente une nouvelle animatrice pour les rencontres
d’écoute. Ensuite, le régisseur nous reçoit,
puis les responsables du service social pour un certain nombre de
questions délicates. Ensemble nous recherchons aussi comment
diversifier et améliorer nos interventions à la
prison, afin de connaître leur point de vue avant de reprendre
les choses à notre prochaine réunion de l’aumônerie.
Nous parlons d’un certain nombre de situations qui ne vont pas
à la prison, y compris du côté des gardiens ;
mais il nous faut aller doucement et parler avec beaucoup de tact
pour nous faire accepter et pouvoir faire quelque chose. Nous
réfléchissons aux problèmes de drogue et de
tabagie. Nous allons aborder la question du SIDA et à partir
de là aborder les problèmes de sexualité qui ne
manquent évidemment pas ! Nous voulons aussi tenir des
réunions communes de partage et de réflexion entre
notre équipe et le personnel de la prison. Le régisseur
est d’accord et même heureux de cela. Nous revoyons
aussi la question de l’alphabétisation en différentes
langues, et des ateliers.
Au
niveau du pays, le
Gouvernement continue ses efforts de reprise en mains des affaires.
Un certain nombre des anciens ministres et cadres étaient
partis avec voitures et matériels. On les oblige à
rendre tout cela. Une bagarre a éclaté chez un chef
religieux, entre ses adeptes, qui a entraîné deux
morts. On n’a pas hésité à l’arrêter,
et le Pouvoir laisse la Justice faire son travail. Des responsables
qui posaient problème ont été remplacés.
Nous espérons que ces efforts vont se continuer.
Le
Gouvernement est aussi en train de mener une action contre les
nombreuses autorisations de pêche accordées autrefois,
grâce à des pots de vins et la corruption, à des
bateaux étrangers qui pillent complètement les fonds
marins. Et les pêches des professionnels sénégalais
sont de plus en plus maigres : non seulement ils ont de la
peine à vivre, mais cela pose un grave problème pour
la population, le poisson étant la base de la nourriture avec
le riz. Le Gouvernement semble aussi s’attaquer sérieusement
au problème de la famine qui se développe, et décide
de fournir aux paysans semences et intrants.
A mon retour à
la maison, un confrère aumônier
d’une Université
m’attend avec patience, car j’ai beaucoup duré à
la prison et je suis en retard. Nous préparons un forum sur
l’engagement des étudiants dans la société.
Et une demande pour avoir une voiture, absolument nécessaire
à son travail, l’Université se trouvant à
14 km de la ville… distance décidée
volontairement pour que les étudiants ne puissent perturber
la ville lorsqu’ils veulent manifester !
Une
étudiante en droit, petite fille d’amie d’enfance
de Dakar, est venue en stage plusieurs mois au Sénégal.
Je l’ai mise en contact avec plusieurs de nos associations.
Elle part demain et vient me saluer. Nous faisons le point de son
séjour.
Mardi
24 avril :
Matin.
Rencontre au CAEDHU. Nous évaluons le forum récent en
GAMBIE des associations travaillant pour les
droits humains.
Nous voyons comment passer à l’action et mettre les
décisions ou propositions en pratique. Les choses à
faire ne manquent pas !
Soir.
Rencontre de la Commission
Justice et Paix
de la paroisse. En effet, après ces fêtes de Pâques,
il nous faut relancer nos activités. Vous pourrez en voir le
compte-rendu sur mon site. Nous commençons par évaluer
la dernière campagne électorale présidentielle
pour en tirer les conclusions, car il nous faut maintenant préparer
les élections législatives. Il y a aussi toute
l’action contre la hausse des loyers. Nous préparons
également la Journée de l’Afrique. Sans oublier
les activités pendant l’hivernage, car à
l’occasion des vacances beaucoup retournent au village, et les
difficultés du monde rural sont également à
prendre en charge dans des activités pour la Justice et la
Paix. Nous chercherons en particulier à soutenir la lutte des
villageois contre l’accaparement de leurs terres par les
sociétés étrangères ou les cadres de la
ville
Lundi
23 avril :
Ce
matin, je vais à la prison avec une nouvelle éducatrice.
Elle va commencer des séances d’écoute chaque
lundi. Je la présente donc aux autorités et nous
faisons ensemble la première séance pour mettre les
choses en place. De nombreuses personnes ont demandé à
nous rencontrer. Ce matin, nous en voyons quatre. Nous rencontrerons
les autres au fur et à mesure. Il y aura 5 séances de
2 heures chaque semaine. Les problèmes ne manquent pas. Des
problèmes psychologiques et même des traumatismes
causés par l’arrestation ou les conditions de
détention. Certains sont trop découragés pour
participer aux activités organisées et se laissent
aller. D’autres nous disent : « Je suis l’aîné
de la famille ; mes parents sont vieux, ils vont bientôt
mourir et je ne pourrai pas aller à leur enterrement ».
« Ma famille est trop éloignée et je ne
peux pas leur demander de venir me voir. D’ailleurs ils sont
trop pauvres pour se payer le voyage ». Un autre :
« Ma femme ne veut plus entendre parler de moi ».
Ou bien, « On a complètement pillé mon
atelier » ; « On m’a tout volé
dans mon logement ». Ceux qui font appel doivent attendre
des mois et même des années, et la plupart n’ont
pas les moyens de se payer un avocat : « Je dis à
ma famille que je vais bien pour qu’ils ne soient pas
tristes ». « Mes enfants ont dû arrêter
leurs études car je ne peux plus payer leur scolarité ».
« Je ne veux pas que mes enfants viennent me voir, ils
seraient trop malheureux »… etc. Et tant d’autres
choses. Ce qui me frappe dans tout cela, c’est à la
fois leur courage et leur dignité. Et le souci de leur
famille, de leurs amis et du pays tout entier, au lieu de se replier
sur eux-mêmes. Et aussi le soutien mutuel qu’ils
s’apportent les uns aux autres.
Un
nouveau Gouvernement
a été installé et il s’est mis tout de
suite à l’action. Il faut dire qu’il y a de
nombreuses choses à redresser. Les attentes de la population
sont énormes mais parfois contradictoires. Par exemple, les
écoles. L’ancien président, pour s’attirer
une clientèle électorale, avait énormément
augmenté les salaires et accordé des tas de primes. En
particulier aux juristes, aux militaires, aux préfets et
chefs des villages. Les policiers ont réagi et obtenu leur
part. Immédiatement, les autres salariés ont
manifesté. Mais bien sûr, pendant ce temps-là,
les paysans, les petits métiers et tout le secteur informel,
sans parler des nombreux chômeurs, étaient oubliés.
C’était devenu la course à l’argent, aux
faveurs et aux privilèges. Les agents de santé ont été
longtemps en grève et maintiennent leurs revendications. Mais
le problème est grave dans l’enseignement.
Les
cours à l’Université pour l’année
universitaire 2011-2012 n’ont pas encore commencé, pour
cause de grève des enseignants. Beaucoup de bacheliers n’ont
pas été orientés et bloquent les cours qui ont
lieu. Les collèges et lycées privés
fonctionnent normalement.. Mais les écoles publiques sont
fermées à cause de la grève des enseignants.
Cependant en même temps ces enseignants continuent à
donner des cours dans les établissements privés. Alors
les élèves en colère attaquent ces
établissements pour arrêter tout enseignement. Certains
ont même brûlé les cars de transport des élèves,
et les enseignants maintiennent leurs exigences financières.
Que faire ? On parle maintenant d’une année
blanche. Mais les élèves de nombreuses écoles
privées ont étudié normalement et leurs parents
ont payé cher, souvent en faisant de gros sacrifices, pour
que leurs enfants soient formés. On parle de faire une 2ème
session pour les élèves de l’enseignement public
en septembre. Mais d’abord que vaudra une telle année
scolaire ? Même si les professeurs « voient »
tout le programme, les élèves auront-ils le temps
d’assimiler ? Et les pluies vont commencer. Or beaucoup
d’élèves étudient dans des abris qui
laissent passer l’eau ; de plus, de nombreux quartiers
sont inondés pendant l’hivernage. Et surtout, les
parents paysans ont besoin de leurs familles pour les cultures.
C’est d’ailleurs le seul moyen pour beaucoup d’élèves
de gagner un peu d’argent pour acheter au moins quelques
fournitures scolaires.
On a l’impression d’être
coincés de tous bords et de ne pas avoir de solution. Ce
n’est qu’un exemple, mais nous nous retrouvons souvent
confrontés à de telles situations.
Une autre action
importante et attendue par tous, c’est la lutte contre la
corruption. De nombreuses opérations ont été
menées et de nombreux contrats signés sans aucune
clarté ; dans les différents ministères,
le Gouvernement a commencé à faire l’audit des
actions passées. Bien sûr, il faudra que ces enquêtes
soient suivies d’actions. Mais les gens se sont maintenant
« réveillés » et la société
s’est organisée et elle veille. Ce qui nous donne
confiance.
Demain matin, nos confrères
de Guinée
vont rentrer. Ils sont passés nous voir. Nous leur confions
nos espoirs et nos salutations pour tous ceux que nous connaissons
au pays, et auxquels nous continuons à penser. Nous
partageons une très agréable soirée ensemble.
Dimanche
22 avril :
Aujourd’hui
je célèbre la
messe avec les enfants. J’aime
beaucoup cette messe qui est très animée, avec des
gestes, des images, etc…, avec lesquels les enfants
participent très activement, spontanément et de bon
cœur, pour les prières mais aussi pour l’homélie,
par exemple.
A midi, je pars à notre Maison régionale
pour retrouver
les confrères venus
de loin et parler un peu avec eux de leurs différentes
activités. D’autant plus que, pour ceux qui viennent de
Guinée, j’ai travaillé avec eux dans le
passé.Ensuite, avec les Français, nous allons à
l’ambassade voter
pour
le futur président. Les choses sont très bien
organisées et malgré le nombre important de Français
au Sénégal, les opérations se déroulent
rapidement.
Première
Communion. Je
vais visiter plusieurs familles. En effet, de nombreux jeunes ont
reçu la Confirmation et d’autres ont fait leur
première Communion. A cette occasion, les familles ont
organisé la fête. Nous y avons réfléchi
au cours de notre réunion de communauté la semaine
dernière, car certaines familles organisent un très
grand repas avec carte d’invitation, et de nombreux cadeaux.
D’abord, cela déforme complètement le sens de la
cérémonie. Mais surtout les gens qui n’ont pas
les moyens financiers nécessaires font des complexes et se
croient obligés de renoncer à ces engagements. C’est
la même chose pour les mariages, les baptêmes et même
les enterrements et autres cérémonies du deuil. On a
lancé une réflexion approfondie sur cette question,
mais les choses mettent beaucoup de temps à changer.
Samedi
21 avril :
A
la prison des hommes. Nous
échangeons les
nouvelles.
Puis nous préparons une liste de ceux qui veulent nous
rencontrer personnellement (l’écoute) ; nous
voyons les cas de ceux qui doivent passer en jugement, et d’autres
cas difficiles ou même bloqués. Nous apportons des
produits que nous avons pu obtenir : café, lait, savon….
Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à tous
les besoins et il nous faut réfléchir à la
manière d’agir la plus juste possible et en découvrant
les vrais nécessiteux.
Nous leur donnons aussi les
nouvelles de l’extérieur. Le nouveau gouvernement vient
de décider une réduction importante du prix
de produits de première nécessité : riz,
huile, sucre, lait. C’est évidemment une bonne chose,
même si les décisions viennent d’en haut :
les commerçants n’ont pas été consultés
et n’ont pas eu le temps de s’y préparer. Mais il
est vrai qu’ils s’arrangent entre eux et font de gros
bénéfices. Ensuite, on se demande si cela pourra
durer, en particulier pour le riz qui est devenu la nourriture de
base. Mais tant que la plus grande partie du riz consommé est
importée, le prix dépend du Commerce international.
Bien sûr, l’Etat peut supprimer ou diminuer certaines
taxes, seulement ses Caisses sont vides et il a cruellement besoin
d’argent. La solution serait d’augmenter la production
locale ; or cela va demander beaucoup de temps et d’efforts.
Et, de plus, les intérêts ne sont pas les mêmes.
Les gens de la ville veulent le riz le moins cher possible, mais les
paysans qui le produisent ont besoin de vivre ! Nous
réfléchissons longuement à cette question, car
les prisonniers se sentent très concernés, en pensant
à leurs familles. A partir de là, nous parlons de la
situation générale du pays et des premières
actions du gouvernement. Nous regardons également la
situation en Guinée Bissao et au Mali, pays dont sont
originaires plusieurs d’entre eux..Ils ne manquent pas de
signaler tous les problèmes de détournements et de
corruption contre lesquels le gouvernement actuel essaie de lutter.
Nous parlons aussi des problèmes du monde rural dont beaucoup
sont originaires : le manque de semences, et la famine qui
s’annonce suite aux mauvaises récoltes de l’année
dernière.
A partir de tout cela, nous partageons la Parole
de Dieu, l’Evangile du lendemain (Luc 24, 35-48) :
l’apparition de Jésus. D’abord, nous parlons de
l’image
du Christ
qui apparaît : un messager de paix qui vient enlever nos
doutes. Il nous donne la foi, pas seulement les preuves de sa
résurrection et aussi de ses souffrances. Il peut donc
comprendre nos souffrances et nos difficultés. Il nous fait
confiance et il nous prend comme ses témoins. Il est vraiment
le Messie, envoyé par Dieu, qui accomplit les Ecritures. Et
qui a fait tout ce que son Père lui demandait, jusqu’au
bout. Ce n’est pas un revenant, il est vraiment homme (il
montre ses mains, il mange avec les apôtres). Il est
l’accomplissement de tout ce que l’homme peut espérer
de Dieu, il est l’Homme nouveau, l’Homme parfait, notre
Idéal, il est le médiateur et le vrai Chemin qui nous
conduit au Père.
La
Bonne Nouvelle :
Jésus ouvre notre esprit et notre cœur, comme aux
apôtres. Il nous rend intelligents et nous donne la Sagesse.
Il nous apporte la Joie de sa Résurrection comme aux
apôtres : maintenant, nous sommes dans Sa lumière.
Il nous pardonne et nous redonne confiance. Et surtout, il nous
donne son Esprit Saint « une force qui vient d’en
haut ».
Que
faire ? Nous
avons cherché ensemble comment être témoin du
Christ et continuer son action dans la prison. Nous sommes témoins
par toute notre façon de vivre, pas d’abord par nos
paroles. Et la première chose, c’est d’enlever la
peur mais aussi la rancune de notre cœur pour pouvoir faire
grandir la vie autour de nous. C’est en apportant le pardon et
en aidant les autres à changer que nous croyons à la
Résurrection de Jésus.
Prière :
Les volontaires ont fait ensuite une prière pour dire merci
et demander la lumière et l’intelligence du St Esprit,
pour mieux connaître la volonté de Dieu.
Nous tirons
un certain nombre de conclusions pratiques pour notre vie à
la prison. Nous reprenons l’histoire de l’âne
racontée par le Père Roberto la semaine dernière
pour voir comment réagir devant nos problèmes, pour
prendre notre vie en mains et chercher à vivre le mieux
possible la situation difficile qui est la nôtre. Les autres
peuvent nous aider, mais notre vie dépend de nous-mêmes.
Un
prisonnier nous explique combien il a changé depuis qu’il
est en prison. Avant, il ne restait pas tranquille. Il courait toute
la nuit. Il se droguait et n’arrivait plus à dormir.
Maintenant, il est devenu plus calme, il dort bien la nuit, il a
arrêté de fumer, même la cigarette. Et il va à
la rencontre des autres. Les autres le remercient beaucoup et
l’encouragent. Et à partir de cela, nous commençons
une longue discussion sur le tabac, l’hygiène et
l’équilibre de vie possible dans la situation de la
prison. Nous continuerons cet échange et ces réflexions
la prochaine fois.
Je consacre l’après-midi à
un certain nombre de visites.
Vendredi
20 avril :
Pas
facile de reprendre les activités ! A la
prison des femmes
nous parlons de ce qui se passe en Guinée Bissao ;
certaines d’entre elles viennent de ce pays. Nous cherchons à
comprendre les causes du coup militaire. L’utilisation de la
force et de la violence, l’ethnocentrisme (l’ethnie
balante, qui veut s’imposer aux autres et l’utilisation
de la sorcellerie et de la magie). Nous en tirons les conclusions
pour la vie à la prison : comment vivre en paix et
résister à celles qui veulent s’imposer aux
autres ; comment s’entendre avec toutes, quelles que
soient leur langue, leur race ou leur religion ; comment
profiter de ce temps pour nous former et reprendre notre vie en main
au lieu de compter sur la chance, la magie, le maraboutage ou la
sorcellerie ; comment laisser les accusations et les rancunes
et retrouver la paix ?
Nous passons ensuite à la
Parole de Dieu. Aujourd’hui, nous parlons de l’histoire
de Thomas (nous sommes dans le temps de la résurrection) Jean
20, 19-30 : Comment vivre ce temps dans la foi ? Comment
en faire un temps de changement de vie et de conversion pour une vie
nouvelle ? Comment nous laisser conduire par l’Esprit
Saint et retrouver la paix ? Puis c’est la question
pratique : Comment les chrétiennes peuvent-elles
s’organiser entre elles par la prière du dimanche. En
effet, nous ne voulons pas qu’elles se contentent de
participer à nos rencontres, mais qu’elles prennent
elles-mêmes leur vie en main et forment une vraie communauté.
Les choses avancent peu à peu, mais cela ne va pas vite !
Pour terminer, chacune dit une prière dans sa langue, selon
son cœur.
11
heures. Toutes
ces activités, il faut les préparer et les mettre en
place. Je me retrouve avec la responsable d’une association
« Santé
à la prison »
pour examiner ce que nous pouvons faire à ce niveau. Et
aussi pour mettre en place l’animation culturelle que nous
avons prévue.
15
heures. Mes
confrères de Guinée m’ont apporté les
livres d’éducation que j’ai écrits pour
les jeunes et les adultes, ainsi que mes documents personnels que
j’avais dû laisser lors de mon départ précipité
de Guinée, et qui vont me rendre bien service dans mes
différentes activités ici. Il va me falloir plusieurs
jours pour trier tout cela !
18
heures. Nous
prenons le temps de parler avec Christian. Il était
enseignant à Dakar et est parti à Strasbourg pour
préparer un doctorat en théologie. Il pense revenir en
septembre. Il est venu participer à notre assemblée
générale et en tenir le secrétariat. Nous avons
beaucoup de choses à nous dire.
Tout au long de ces
journées, nos confrères, venus des différents
pays où nous travaillons, viennent visiter
–et
encourager- nos étudiants. Chacun en connaît l’un
ou l’autre et cela met de l’animation dans la maison, ce
qui nous rend très heureux.
Samedi
14 – Jeudi 19 avril :
Nous
nous retrouvons entre missionnaires
spiritains
de Mauritanie, Sénégal, Guinée et Bissao au
bout de 3 ans pour partager notre vie, évaluer nos activités
et préparer les trois années qui viennent. Nous vivons
là une semaine très intense avec beaucoup de réflexion
et de travail. Mais ça se passe bien parce que nous nous
connaissons bien et qu’il y a un grand esprit fraternel entre
nous. Cela n’empêche pas les divergences et même
les conflits, mais ce bon esprit nous permet justement de les
surmonter, de trouver des solutions et de tracer des pistes pour
l’avenir. Et c’est vraiment essentiel de nous retrouver
régulièrement ensemble pour resserrer nos liens et
avoir une vision commune au milieu de nos engagements divers. Cela
nous demande de gros efforts : financiers d’abord, mais
aussi beaucoup de fatigue pour nombre d’entre nous qui ont
plusieurs jours de voyage sur des routes très mauvaises.
Nous
prenons un certain nombre de décisions. En premier pour notre
vie communautaire et le partage de nos moyens financiers et autres,
souvent très limités. Nous réfléchissons
aux vocations missionnaires, à la formation de nos jeunes et
aussi à la formation continue pour nous tous. Mais nous
voyons surtout comment remplir notre mission de missionnaires :
l’annonce de l’Evangile, la solidarité avec le
monde des pauvres, le dialogue avec les gens des autres religions,
l’engagement pour la justice, la paix, la réconciliation
et le respect de la Création, le développement et
l’éducation : pas seulement les écoles,
mais l’éducation des enfants non scolarisés et
surtout des enfants de la rue. L’éducation des adultes
non alphabétisés et du secteur informel, etc…
Tout un programme ! Nous ne risquons pas d’être au
chômage !
Samedi
14 avril :
A
la prison des hommes,
comme pour les femmes nous commençons par nous donner des
nouvelles et voir comment continuer à vivre la joie de la
Résurrection de lundi dernier. Mais nous abordons aussi les
problèmes concrets de la vie à la prison, avec un
équilibre pas toujours facile à tenir entre la
discipline et le respect et la liberté des personnes.
Le
responsable de la communauté
va bientôt être libéré. C’est
l’occasion pour nous de renouveler notre organisation. Nous
choisissons un nouveau responsable et lui ajoutons un adjoint, et
aussi deux anglophones, car nombreux sont les hommes dans la prison
parlant anglais. Pour ceux qui veulent être baptisés,
nous choisissons aussi deux catéchistes. Nous ne voulons pas
faire d’élection proprement dite, souvent source de
conflits et de jalousie. Mais, selon la tradition africaine, après
des propositions, chaque groupe se retrouve pour se concerter et un
délégué donne le point de vue du groupe, pour
ensuite arriver à un consensus de tous. Ce qui se fait
d’ailleurs sans problème, grâce à ce
processus.
Comme chaque samedi, nous lisons l’Evangile
du lendemain,
dimanche. Et comme à chaque fois, je suis frappé par
la simplicité, le concret et en même temps la force de
leurs réactions. Aujourd’hui, il s’agit de
l’apparition du Christ et de la foi de Thomas.
1°)
Nous
nous arrêtons d’abord au comportement
du Christ.
Ce qui frappe les prisonniers dans cet Evangile, c’est à
la fois sa
proximité
et sa
toute puissance.
Sa
présence.
Ils disent : « Quand Jésus était
homme, avant sa mort, il n’était présent que là
où était son corps Maintenant, il est réellement
présent partout. C’est vraiment lui (Il dit :
« voyez mes mains et mon côté »).
Il devient présent, même quand les portes sont fermées,
comme pour nous dans cette prison.
Jésus nous aime. S’Il
est mort, c’est pour nous. S’Il est ressuscité,
c’est pour nous ressusciter à une vie nouvelle. Il est
toujours présent avec nous. Il nous rejoint dans tous nos
problèmes.
Sa
toute puissance.
Jésus est plus fort que la mort. Cela veut dire qu’Il
est plus fort que les sorciers, les génies et les esprits
mauvais. Il nous appelle à croire en Lui et à laisser
toutes les affaires de sorcellerie et de maraboutage. Il nous
appelle à lutter contre toutes les forces de mort et à
faire grandir la vie. Sous toutes ses formes. A la prison comme
ailleurs.
Jésus nous sauve du péché. Pas
seulement nos péchés personnels, mais le péché
du monde, comme nous le chantons à l’Agneau de Dieu de
la messe. Nous venons de vivre une nouvelle élection
présidentielle. Comment allons-nous lutter contre toutes les
mauvaises choses du régime précédent ?
Jésus
ne nous sauve pas seulement du péché, mais de tout
mal : la maladie, la faim et le sous-développement, la
haine et la violence, la corruption, la drogue. Et cela en
commençant entre nous, dans cette prison.
2°)
Ensemble
nous voyons la Bonne Nouvelle que nous apporte l’Evangile.
Nous relisons simplement les versets 19 à 23 de ce chapitre
20 de St Jean. Jésus nous libère de la peur, il nous
donne non seulement la paix mais le Saint-Esprit lui-même. Il
nous fait confiance en nous confiant son Evangile. Il nous pardonne
nos péchés. Il veut que nous soyons heureux. Et il
nous donne la vraie foi pour cela.
3°)
Que
faire pour vivre cet Evangile à la prison ? Les réponses
sont trop nombreuses pour que je les reprenne ici. Elles vont dans
ce sens : Si Jésus est au milieu de nous, nous devons
vivre et agir comme lui. Jésus nous demande d’annoncer
l’Evangile pas seulement par nos paroles, mais d’abord
par notre exemple et le témoignage de notre vie. Et en
luttant contre toutes les choses mauvaises et les déviations
présentes à la prison. Et aussi, nous pardonner les
uns les autres et faire grandir la paix entre nous. Chercher à
mieux vivre « une vie nouvelle dans la Lumière de
la Résurrection ». Cela commence par une
meilleure hygiène de vie, arrêter la drogue, faire du
sport, etc…
Nous voyons ensemble comment améliorer
la santé, et d’abord la nourriture dont le manque
entraîne de nombreuses maladies et problèmes.
Nous
avons deux
visites
aujourd’hui :
d’abord trois animatrices de la Maison d’arrêt des
jeunes qui nous expliquent ce qui se passe et comment elles
travaillent dans cette Maison. Ensuite, Roberto, le prêtre
espagnol qui a dit la messe chez les femmes le lundi de Pâques,
et qui a tenu à venir aussi saluer les hommes. Il peut ainsi
parler aux Espagnols, Equatoriens et Colombiens dans leur langue ;
c’est une grande joie pour eux.
Nous avons largement
dépassé le temps, mais les gardiens sont compréhensifs
et il n’y a pas de problèmes. Il est vrai qu’à
chaque fois c’est difficile de nous séparer !
Vendredi
13 avril :
A
la prison des femmes
comme d’habitude nous nous donnons des nouvelles de la Maison
d’arrêt et de l’extérieur. Nous partageons
la Parole de Dieu. Aujourd’hui, l’apparition de Jésus
aux deux disciples d’Emmaüs : Jésus
ressuscité marche avec nous et nous réconforte. Les
femmes commencent à prendre l’habitude et elles n’ont
plus peur de parler. Chacune parle dans sa langue et on cherche
quelqu’un pour traduire aux autres ce qui est exprimé :
souvent avec beaucoup de joie et de rires car la « traductrice »
hésite ou se trompe !
Mais l’essentiel de
notre rencontre porte sur la fête de lundi : Comment
prolonger la joie, la paix et l’espérance, et le vivre
dans la prison ?
21 heures : Rencontre
de notre CEB (communauté
de quartier). Nous accueillons de nouveaux membres.
Vous en recevrez le compte-rendu dans quelque temps. Vous pourrez le
trouver aussi dans mon site.
Mercredi
11 avril :
A
la prison des hommes, je retrouve la nouvelle responsable des
services sociaux. Nous faisons le tour des ateliers, pour voir
comment les relancer. Nous ne cherchons pas à faire de
l’argent ni à travailler pour l’extérieur,
mais plutôt de partir des possibilités internes (les
artisans et autre formateurs volontaires, de la prison) pour former
les autres prisonniers, afin qu’ils puissent plus facilement
trouver du travail à leur sortie.
Aujourd’hui, nous
commençons nos rencontres personnelles d’écoute.
Chaque lundi, mercredi et jeudi, un éducateur sera à
disposition pour parler avec les prisonniers qui le désirent.
Bien sûr, nous nous sommes formés pour cela, car nous
nous retrouvons face à des problèmes très
difficiles : des étrangers qui sont complètement
coupés de leur famille et sans nouvelles d’elle ;
des hommes rejetés par leur femme ou leurs parents ; des
gens qui apprennent le décès de leurs parents
longtemps après et qui de toutes façons ne pourront
pas assister à leur enterrement. Mais il y a aussi des cas
graves de maladies, des problèmes psychologiques, des grèves
de la faim ou tentatives de suicide, des personnes qui affirment
avec force et arguments qu’ils ne sont pas coupables. Bien
sûr, tous ont tendance à dire qu’ils sont accusés
injustement –nous ne sommes pas naïfs-, mais certains
cas sont quand même troublants. D’autres sont renvoyés
de séance en séance parce que leur dossier est
incomplet ou que les témoins ne viennent pas, ou ont disparu,
des gens qui ont fait appel et qui traînent des mois et même
des années. Ce n’est pas facile d’y voir clair,
d’être juste et de les aider !
A 16 heures,
réunion du CAEDHU pour préparer une rencontre
pan-africaine sur les Droits
de l’homme
à BANJUL, en Gambie, où siège la Cour de
l’Union Africaine.
A 18 h 30, je célèbre à
la paroisse la messe du 8ème
jour du départ d’un pilier de notre Eglise. Son fils
est le responsable des catéchumènes. Un autre est
moine et il est venu accompagné par ses frères du
monastère de KEUR MOUSSA. C’est donc l’occasion
d’une prière très intense avec également
de nombreux amis venus les accompagner et les soutenir. Après
la messe, nous nous retrouvons à la maison familiale. C’est
dans un quartier un peu isolé et que je ne connais pas bien,
je me fais donc accompagner. Et pour traverser l’autoroute, je
prends mon vélo sur l’épaule pour utiliser la
passerelle.
Lundi
9 avril :
Nous
fêtons Pâques
à la prison.
Nous commençons par la messe avec les chrétiens où,
comme d’habitude, chacun participe. Nous renouvelons notre
engagement dans cette prison, et nous voyons comment entrer dans la
Lumière de la Résurrection, le tout en trois langues :
français, anglais et ouolof, et interventions libres en une
quinzaine de langues européennes et africaines. Mais nous ne
voulons pas que ce soit la fête seulement pour les chrétiens.
La communauté s’est mobilisée pour préparer
un repas ; malheureusement nous ne pouvons pas offrir un repas
à 900 personnes ! Nous sommes obligés de nous
limiter en invitant 50 musulmans. Nous parlons ensemble, et nous
prions aussi ensemble. L’un d’eux nous remercie « parce
que nous n’avons pas pensé seulement à ceux qui
souffrent au dehors (les mendiants, les handicapés et les
enfants de la rue), mais nous sommes venus jusque dans cette prison
où la Lumière de Dieu est entrée aujourd’hui ».
Nous faisons la fête jusqu’à 16 heures. Des
prisonniers camerounais ont été graciés, mais
ils se retrouvent dehors sans aucune préparation et sans
soutien. Rapidement, j’ai réussi à contacter
l’association
des Camerounais
de Dakar pour qu’ils les prennent en charge. Nous avons vu
ensemble ce que nous pouvons faire. Maintenant, ils sont entrés
avec nous et parlent avec les prisonniers camerounais qui sont très
heureux de rencontrer des compatriotes et d’avoir des
nouvelles du pays.
Nous partons ensuite à la prison des
femmes. Là c’est une autre ambiance. D’abord,
elles sont beaucoup moins nombreuses. Plusieurs ont des bébés
auxquels toutes sont très attentives. Le personnel est
également féminin, ce qui donne un autre type de
relations. Pour les chrétiennes, nous commençons par
célébrer l’Eucharistie, présidée
par un confrère espagnol, curé d’une paroisse
voisine. La messe est animée par la chorale internationale
des étudiants (Saint Dominique) qui s’est déplacée
spécialement. Après la messe, nous nous retrouvons
tous ensemble avec les pensionnaires musulmanes, pour un bon repas
pris tous ensemble. D’ailleurs, beaucoup de ces dernières
ont tenu à venir prier avec nous. Là aussi, la
rencontre se termine dans la joie, la danse et la fête :
le Christ ressuscité a visité ces deux prisons,
aujourd’hui, et y a apporté la Vie et la Lumière.
Des musulmanes nous disent : nous allons écrire cette
date pour ne pas l’oublier ! Une autre dit :
« Aujourd’hui, c’est comme si nous étions
libres ».
Samedi
7 avril :
A la
prison
des hommes,
nous célébrons la mort du Christ aujourd’hui.
Comme d’habitude nous commençons par les nouvelles de
la prison, du pays et du monde. Une question arrive sur le tapis :
celle de la grâce présidentielle. Evidemment, ceux qui
sont libérés sont très heureux (une centaine
cette fois-ci). Mais pour les autres, cela entraîne beaucoup
de déceptions et de jalousies. Quelqu’un demande :
pourquoi on gracie beaucoup de personnes, mais aucun des condamnés
pour
trafic de drogue.
Nous menons toute une discussion sur la drogue, sa gravité et
ses conséquences. Mais il est vrai que beaucoup de ceux qui
se sont lancés dans le commerce de la drogue l’ont fait
à cause de la pauvreté, et pour faire vivre leur
famille. Dans un 2ème
temps, les prisonniers insistent sur le fait que le Christ est
ressuscité pour tous et qu’il faut s’entendre
avec tous.
Nous commençons notre célébration
par le Chemin de Croix, la prière pour le monde et
l’adoration de la Croix, en reprenant tous nos soucis et
réflexions dans la prière.
Ensuite, je prends
contact avec la nouvelle responsable du service
social
de la prison. Une surprise m’attend : je l’ai
connue et formée autrefois quand elle était éducatrice
des jeunes. Aussi le courant passe immédiatement entre nous.
Je lui explique ce que nous faisons et nos projets.
Pendant la
journée, comme d’habitude, de nombreuses visites. En
particulier, celle du fils d’un ami d’enfance dont
j’étais son chef scout ici, à Dakar, dans les
années 50. Il vient d’arriver dans le cadre de la
coopération française. Je lui donne un certain nombre
d’adresses et de contacts.
Le
soir, Veillée de Pâques.
Une très belle cérémonie qui parle beaucoup aux
gens. Une chose me frappe spécialement : notre église
est en plein marché, entourée de commerces
généralement très bruyants, tenus par des
musulmans (la très grande majorité de la population) ;
mais ils respectent notre prière. Il y a plusieurs milliers
de personnes, beaucoup sont dans la rue, l’église est
dans l’obscurité pour la cérémonie du feu
nouveau et de la lumière. Pourtant, il n’y a pas un
bruit. Tout le monde prie, dans un silence très
impressionnant. Et la lumière dans la nuit prend toute sa
signification. La cérémonie se poursuit. Cette nuit,
nous avons plus de 200 baptêmes d’adultes et de nombreux
mariages. Les baptêmes des bébés sont pour
demain dimanche.
Vendredi
6 avril :
A la
paroisse, les jeunes ont organisé un Chemin
de Croix
« vivant » (mimé). Comme il y a
énormément de monde, cela se passe dans un grand
Collège où chacun peut suivre à partir des
étages et une grande cour pour la prière. Ce Chemin de
Croix va être diffusé à la télévision
ce soir, de même que toute la prière et l’homélie.
Mais
pour moi, je passe ce Vendredi
Saint à la prison des femmes. Bien
sûr, célébrer l’arrestation et les
souffrances du Christ dans une prison, cela prend tout de suite une
autre dimension. Une chose qui me touche beaucoup, c’est de
voir les gardiennes et les prisonnières prier ensemble et se
donner la « paix ». Et ça n’est
pas un simple geste extérieur. Je sais que ce geste est
d’abord le signe qu’elles sont réconciliées
avec elles-mêmes, ce qui n’est pas le plus simple.
A
la sortie, en passant au parloir, je rencontre une femme d’Afrique
du Sud que je connais bien. Je suis heureux pour elle, car elle ne
reçoit jamais de visite.
Et là, sa fille est venue la voir depuis l’Espagne,
avec une amie, pour 5 jours. Comme elles ne parlent pas français,
ce n’est pas facile. Je les accompagne pour des formalités
et aussi pour acheter de la nourriture pour leur mère.
Au
retour, deux anciens prisonniers m’attendent. Ils ont été
libérés par grâce présidentielle il y a
deux jours, pour la fête de l’Indépendance. Ils
sont étrangers, ne connaissent personne et comme leur sortie
n’était pas prévue nous n’avons rien pu
préparer. L’un voudrait rentrer dans son pays, l’autre
rester ici. De toutes façons, il faut qu’ils trouvent
un logement, un travail, et de quoi vivre en attendant.
Au
Sénégal, le Vendredi Saint, les chrétiens ont
l’habitude de préparer un plat à base de mil et
de « pain de singe » (le fruit du baobab)
qu’ils vont offrir aux voisins. C’est un moment de
rencontres et de partages avec les musulmans à l’occasion
de Pâques. Ces derniers nous rendent la pareille en nous
offrant du mouton à la fête de la Tabaski ( AID EL
KEBIR).
Jeudi-Saint 5 avril : Les prêtres de la paroisse invitent à la fête les différentes communautés de la paroisse. C’est une bonne occasion pour nous retrouver calmement et prendre le temps de parler ensemble de nos différents soucis et occupations. Et le soir, nous nous retrouvons avec toute la paroisse pour fêter tous ensemble.
Mercredi
4 avril :
Fête
de l’Indépendance du Sénégal.
Après
tous les changements politiques que nous avons vécus, cette
fête prend un accent tout particulier avec un nouveau
Président entré en fonction avant-hier, et un nouveau
gouvernement nommé hier. Le pays connaît de graves
problèmes financiers d’autant plus que les fonds ont
été dilapidés par les président et
gouvernement sortants. Le nouveau président a décidé
de limiter la célébration à une simple prise
d’armes, ce que la population a accepté sans problème.
Mais devant tous les problèmes sociaux, l’impatience
est grande et les désirs énormes. Il va falloir gérer
tout cela et apprendre à travailler par soi-même et à
compter sur ses propres forces. Cela nous fait du boulot en
perspective pour la commission Justice et Paix.
Mercredi 4 avril : Fête Nationale du Sénégal, avec notre nouveau Président.
Mardi 3 avril : Mardi-Saint. Comme partout dans le monde, nous nous retrouvons le soir autour de notre évêque pour nous engager à nouveau au service de l’Eglise et de nos frères. Au cours de cette messe, on bénit les huiles pour les sacrements de cette année : baptêmes, confirmations, ordinations des prêtres, et sacrement des malades. C’est l’occasion pour nous retrouver avec les prêtres de tout le diocèse dans la joie, au cours d’un repas amical. Cela ne nous arrive pas tous les jours ! Nous en sommes très heureux.
Lundi
2 avril : Comme nos
étudiants sont en vacances, nous en profitons pour tenir
notre réunion de communauté.
C’est un temps fort pour nous.
Aujourd’hui, nous réfléchissons spécialement
à notre célibat
et à notre vœu de chasteté. C’est
important pour nous de voir comment vivre notre vie religieuse dans
le monde actuel. Mais aussi d’en parler clairement entre nous,
pour partager nos difficultés et nous soutenir mutuellement.
Et vivre notre célibat dans la paix et la joie, d’une
manière enrichissante qui nous fasse grandir ensemble.
Ensuite, nous évaluons notre vie communautaire et nos
différents engagements. Et nous voyons comment vivre cette
semaine et aussi la Semaine Sainte suivante, durant lesquelles les
étudiants vont être en vacances.
Nous allons avoir
un Chapitre général.
Nos délégués, venus du monde entier vont se
retrouver pendant un mois, en Juillet, à Bagamoyo en
TANZANIE, pour évaluer notre engagement religieux et
communautaire, et pour revoir nos activités missionnaires,
avec tous les problèmes concrets que cela comporte : la
formation des étudiants mais aussi la formation continue, les
structures à mettre en place, les problèmes
financiers. En resituant tout cela dans le cadre général
de l’Eglise et de la vie du monde, en nous adaptant aux
évolutions actuelles.
Mais nous ne pouvons pas nous
quitter sans voir les choses et activités concrètes de
notre vie de chaque jour, avant de préparer les activités
du mois.
A la Messe qui termine notre réunion, nous prions
spécialement pour un de nos anciens responsables qui est mort
se matin.
Dimanche
1er
avril : Fête des Rameaux, c’est
la Journée Mondiale des Jeunes. Nos étudiants vont y
participer. De mon côté, je vais animer deux retraites
de catéchumènes adultes,
chacune en plusieurs langues, les plus parlées dans la
paroisse. Cela fait un certain nombre de va et vient, mais c’est
important de bien les préparer au baptême pour le jour
de Pâques. Ils sont plusieurs centaines ! A 11 heures, je
les laisse en carrefours afin qu’ils réfléchissent
entre eux et je vais dire la messe des enfants. Je l’aime
beaucoup car elle est à la fois très animée,
simple et naturelle. Les enfants viennent apporter les prières
et les dessins qu’ils ont préparés à
l’avance, nous dansons avec les rameaux, ils applaudissent le
Christ qui vient parmi nous. L’homélie est partagée
avec des images et des interventions des enfants.
Je retrouve les
catéchumènes pour une réflexion sur la vie du
Christ et la vie chrétienne. Comme la plupart sont
analphabètes, nous travaillons en plusieurs langues à
partir d’images.
Puis je rejoins, pour dire la Messe, un
autre groupe que je préparais dans une autre langue :
des mandjaques originaires de Guinée Bissao. Cela me fait une
journée bien occupée.
Samedi
31 Mars : C’est mon anniversaire.
Je ne sais pas comment les gens sont au courant, mais des prières
et des vœux m’arrivent de toutes parts. Et aussi des
cadeaux. Me voici habillé jusqu’à la fin de ma
vie ! Et le dessert qu’on m’a apporté nous
permet de faire la fête en communauté, avec nos
étudiants. Pour la boisson, jus de fruits naturels fabriqués
à la prison des femmes, à partir de produits locaux :
bissap (« oseille rouge ») gingembre et fruits
de baobabs.
Bien sûr, j’ai commencé par la
prison des hommes,
comme chaque samedi. A mon arrivée, le directeur
pénitentiaire vient faire une tournée dans nos deux
prisons. Tout le monde est en grande tenue. Il y a un mélange
de rigueur militaire et de joie. Après la revue, ils et elles
rentrent au camp en chantant et en dansant. Mais cela me fait mal de
voir ces femmes gardiennes (et aussi les hommes d’ailleurs)
danser baïonnette au canon ! Elles ont d’autres
choses plus importantes à faire que de faire la
guerre.
Pendant tout ce temps, j’attends de pouvoir
rencontrer les prisonniers. Le directeur me reconnaît et me
fait appeler, au grand étonnement des autorités. Il
faut dire qu’il était régisseur de la prison de
St LOUIS où je suis moi-même intervenu pendant 15
ans.
Les prisonniers nous ont attendus patiemment. Eux aussi me
souhaitent un bon anniversaire, et également au fils de l’une
des animatrices qui est devenu majeur (18 ans) hier. Nous échangeons
plusieurs nouvelles : les absents, les malades. Mais bien sûr
l’essentiel tourne autour de l’élection. Ils sont
très heureux du changement de président ; ils en
attendent une amélioration de leur situation. Bien sûr
je les écoute, mais je les invite quand même à
la patience et au réalisme !
Nous préparons
ensuite les différentes activités de la Semaine
Sainte : les prières, les rencontres et un repas le
lundi de Pâques. Beaucoup de personnes ont cotisé et
apporté leur soutien. En particulier la communauté de
notre quartier. Nous voudrions que tous participent au repas et à
la fête, mais ce sera difficile, ils sont plus de 900. Nous
ferons le maximum.
Nous lisons seulement l’Evangile des
Rameaux : nous n’avons plus le temps d’en parler
ensemble, car nous voulons prendre le temps de parler
personnellement avec ceux qui le désirent : les malades,
les étrangers, ceux qui ont fait appel mais ne sont pas jugés
depuis des mois ; et voir également la question des
médicaments et aides matérielles à apporter,
les relations avec les familles… et tant d’autres
choses !
Vendredi
30 Mars : Difficile
de se lever ce matin ! Mais comme je dois aller à la
prison des femmes je
me retrouve plein de courage, car c’est toujours une joie pour
moi. Nos rencontres se passent toujours bien et les femmes sont
heureuses de nous voir. Aujourd’hui, nous parlons des
élections, car bien sûr elles ont suivi avec beaucoup
d’attention ce qui s’est passé dans le pays et
nous en tirons les conclusions pour leur vie à la prison.
D’abord, ce que le Gouvernement devrait faire pour les
prisons. Mais surtout, comment vivre entre elles : refuser
toutes les formes de corruption ; vivre leur foi, et cela dans
le respect des autres croyants et de la cité. Nous faisons
ainsi le tour des différentes choses qui se sont passées
pendant ces élections, en positif, comme en négatif.
Quelles conclusions en tirer pour la vie du pays ? Et aussi
pour leur vie à la prison, pour vivre dans la vérité
et la paix, respecter les autres et mériter la confiance,
etc… Autant de problèmes qui se sont posés
durant cette Campagne électorale, en particulier les
oppositions et trahisons entre les différentes personnes. Il
y avait justement deux femmes qui s’étaient disputées
pour une affaire d’argent à la cantine. Ensemble, nous
cherchons comment régler le problème et nous voyons
celles qui sont les mieux placées pour les réconcilier.
A partir de là, nous regardons comment nous avons vécu
ce temps de Carême, le positif et le négatif, les
changements et améliorations que nous avons pu apporter. Puis
nous préparons la prochaine rencontre qui se passera le
Vendredi Saint.
Après la réunion, je rencontre la
directrice de la prison et la responsable des services sociaux pour
un meilleur accompagnement des femmes.
Puis je passe à la
prison des hommes pour la même chose. Spécialement pour
mieux comprendre les prisonniers étrangers et leur donner
leur place.
A midi, à la paroisse,
prière du vendredi de Carême.
Nous profitons de la pause du midi et du temps de la prière
musulmane pour nous rassembler jusqu’à 15 heures, à
la place du repas comme chaque vendredi. Nous commençons par
un enseignement. Cette année, nous réfléchissons
à notre engagement dans l’Eglise et la société,
selon la ligne de Vatican 2 (voir
mon site, à cette rubrique). Puis
nous suivons le Chemin de Croix, une prière que les chrétiens
aiment beaucoup mais que nous avons améliorée en
méditant à tour de rôle les quatre Evangiles de
la mort de Jésus, et en terminant par la résurrection.
Enfin, nous célébrons l’Eucharistie à
partir de l’Evangile. Ensuite, confessions jusqu’à
17 heures.
18 heures. Je
me retrouve au Centre culturel allemand pour une rencontre sur
l’engagement des jeunes, avec l’équipe des
rappeurs « Y en a marre ». Je
vous en ai déjà parlé. J’aime beaucoup ce
groupe car ils sont vraiment engagés concrètement et
d’une manière libre et réaliste. Au lieu de
s’enfermer dans des revendications et contestations, ils font
des propositions pratiques et cherchent à faire vraiment les
choses. Ils ont mobilisé les jeunes pour qu’ils se
fassent inscrire sur les listes électorales et aillent voter.
Ils travaillent dans la Société Civile mais sans se
faire récupérer par aucun parti ; ils gardent
leur autonomie et leur liberté d’action. Lors de chaque
meeting, ils veillent à la paix ; tout le monde
s’asseoit pour éviter toute violence, et on nettoie la
Place avant de partir. Au lieu de tout attendre du Gouvernement, ils
poussent les jeunes à se mobiliser et à agir par
eux-mêmes pour s’en sortir. Ils veulent construire ce
qu’ils appellent un NTS (Nouveau Type de Sénégalais).
En
même temps, deux chercheurs européens nous parlent de
l’engagement des jeunes et du mouvement « Indignez-vous »
en Europe. Mais leur contribution est vraiment limitée. Il
est vrai que l’un était allemand, l’autre
espagnol et ils avaient de la peine à s’exprimer en
français.
Ensuite, on a donné la parole au public.
La réflexion s’est poursuivie en passant des problèmes
sociaux aux problèmes économiques, et à ce que
l’on attend du nouveau président de la République.
Mais plus largement, faut-il, par exemple, que le Sénégal
reste dans la zone du Franc CFA qui est dirigé par la France
dans le cadre de l’Europe, ou chercher à créer
sa propre monnaie, ou mieux une monnaie ouest-africaine ? Et
surtout, comment développer l’économie du pays
au service de tous et non pas de quelques privilégiés ?
Comment la libérer des contraintes et dominations de
l’étranger et mettre en place une mondialisation plus
humaine ? Mais aussi libérer l’économie
sénégalaise des exploitations internes. Et que les
citoyens se prennent en mains et comptent sur leurs propres forces,
et non plus sur le gouvernement ou sur l’extérieur. De
là, la réflexion s’est portée au niveau
politique : quel gouvernement mettre en place ? Mais
aussi, faut-il continuer à accepter la présence de
l’armée française, par exemple ?
Après
une pause où chacun a pu échanger ses impressions, les
rappeurs nous ont présenté un concert très
apprécié.
Jeudi
29 Mars : Rencontre
de doyenné : les prêtres
des huit paroisses de notre secteur. A chaque réunion, nous
travaillons un thème spécial. Aujourd’hui, nous
réfléchissons au SIDA = pas seulement nous informer,
mais voir surtout comment accueillir les gens, comment les soutenir
et les suivre, les aider dans leurs relations familiales, au travail
et partout. Nous ne voulons pas nous limiter aux sensibilisations et
informations, il y en a eu énormément, mais plutôt
assurer un véritable suivi et soutien de tous dans leur vie
concrète. Nous voyons en particulier comment suivre les
prisonniers. Et aussi assurer une véritable éducation
sexuelle des jeunes, en profondeur et s’étendant à
toute leur vie, pas seulement à la prévention du SIDA.
Nous travaillons la nouvelle loi de 2010 du Sénégal à
ce sujet, qui marque un très grand progrès. Mais nous
voyons aussi comment faire avancer la législation, en
particulier pour ce qui concerne les prisonniers.
A
16 heures, rencontre des formateurs pour
préparer notre réunion avec les étudiants,
lundi prochain.
17 h 30,
je pars à la paroisse rejoindre les autres prêtres pour
les confessions. Il y a énormément de monde et elles
durent jusqu’à 22 heures. Ensuite, nous nous retrouvons
tous ensemble pour un repas très fraternel… après
que quelques confrères aient patienté dans « les
bouchons » car le presbytère est une petite maison
dans le quartier, de l’autre côté de l’autoroute.
Pour moi, avec mon vélo, je n’ai pas de problème :
je commence par doubler les voitures, ensuite je prends mon vélo
sur mon épaule et monte la passerelle pour traverser
l’autoroute. Et comme j’arrive avant les autres, j’en
profite pour donner un coup de main à la cuisinière ;
nous sommes nombreux, elle a beaucoup de travail ce soir. Malgré
tout, elle nous accueille avec un grand sourire.
Mercredi 28 Mars : Travail à la maison et rencontres personnelles, coupés par de nombreux appels téléphoniques : réunions à préparer, soutien aux prisonniers, contacts à prendre, visites à organiser…
Mardi
27 Mars : Réflexions
avec le CAEDHU (Droits Humains) sur les élections, le suivi à
apporter et la préparation des élections législatives.
Comme vous le savez, l’élection
présidentielle s’est passée
dans le calme. Mais surtout le président sortant Abdoulaye
Wade a écouté les conseils que lui ont donnés
en particulier les chefs de l’armée et de la
gendarmerie. Dès la sortie des premières tendances qui
étaient claires, il a accepté sa défaite et
téléphoné pour féliciter MACKY SALL son
concurrent. Cela a permis de supprimer dès le départ
toutes les volontés de violences et de refus des résultats.
Quels que soient nos reproches envers l’ancien président,
nous le remercions beaucoup d’avoir sauvé la paix au
Sénégal.
Ensuite, travail à l’aumônerie
de la prison pour revoir les comptes-rendus
et les différentes correspondances à envoyer. Et voici
comment mettre en pratique les dernières rencontres et le
travail des différentes commissions et suivre les
activités.
A midi, je mange à notre
séminaire de 1er
cycle (philosophie). Cela me permet de rencontrer à la fois
les formateurs et les étudiants. Puis je donne mon 2ème
cours de ouolof à des religieuses sénégalaises.
Aujourd’hui, un retraité français vient
rejoindre le groupe. Je cherche à donner une formation
pratique et à leur apprendre à parler.
Lundi
26 Mars : Toute
cette semaine, nous nous retrouvons chaque soir dans une des huit
paroisses de notre secteur pour les confessions préparatoires
à Pâques, en tournant.
En Communauté, ce
matin nous fêtons l’Annonciation, la fête de
Marie.
Travail à la maison. Comme chaque jour, un certain
nombre de personnes viennent me voir : des malades, des
personnes qui n’arrivent plus à nourrir leur famille,
des chômeurs ou des gens qui ont perdu leur travail. Mais
aussi des gens qui ont des problèmes psychologiques, suite à
certaines cérémonies traditionnelles ou visites chez
des marabouts ou féticheurs qui les perturbent. Et aussi des
gens déstabilisés par des sectes. C’est
important de rester disponible, mais c’est souvent
décourageant de pas pouvoir aider suffisamment ces personnes.
Dimanche
25 Mars 2012 : 2ème
tour de l’élection présidentielle.
J’en
ai déjà beaucoup parlé (voir
aussi mon site) et nous avons beaucoup
travaillé pour la préparer. Grâce à Dieu,
les votes se passent bien, dans la paix. Bien sûr, nous prions
spécialement à ce sujet. Dans l’homélie,
je pars de l’Evangile : « Celui qui aime sa
vie plus que lui, la perdra ». Et nous constatons que
beaucoup d’électeurs aussi bien que les candidats,
perdent non seulement leur vie mais aussi le pays pour l’argent
avec la corruption, l’achat des consciences, l’achat ou
la vente de cartes d’électeurs. Comment se décider
–et décider les autres- à donner notre vie pour
le pays et le bonheur de nos frères et sœurs ? Et
d’en prendre les conditions ? « Si le grain de
blé ne meurt pas en terre, il ne peut pas donner de
fruit ».
Au moment des annonces, nous insistons sur
l’importance de voter dans la paix, sans répondre aux
provocations. D’apprendre à bien voter et de
l’expliquer aux autres. De réagir immédiatement
à tout début de violence ou essai de
corruption.
L’après-midi, nous continuons nos
visites de quartier.
Samedi
24 Mars A la prison des hommes. La
veille ils ont suivi une formation sur la non-violence.
L’un des participants nous en fait le compte-rendu très
détaillé. Il a très bien suivi les choses. Il a
demandé d’être une porte ouverte et non pas un
mur. Ensemble, nous avons cherché à voir comment vivre
la non-violence dans la prison : nous accepter, sentir les
choses, nous mettre à la place des gens et entrer dans leur
cœur (l’empathie). Certains viennent de la Casamance, la
région sud du Sénégal où une guerre
civile sévit depuis plus de 30 ans. Nous nous sentons tous
concernés et partageons nos sentiments. Nous insistons aussi
sur la nécessité de ne pas nous bloquer sur le passé
et sur ce que nous avons fait et qui nous a entraînés
ici. Rester ouvert au futur, à l’avenir et à une
nouvelle vie. Et la nécessité de respecter la liberté
des autres prisonniers : ne pas les forcer à aller là
où on veut, ni leur imposer nos solutions. L’important
c’est de les accueillir et de les écouter. Alors, ils
verront plus clair dans leurs problèmes et trouveront
d’eux-mêmes leurs propres solutions. Enfin, nous avons
demandé aux « sages-conseillers »,
responsables de la réconciliation que nous avons choisis la
dernière fois, ce qu’ils ont fait dans ce sens.
Enfin,
nous avons réfléchi à la non-violence
évangélique, à partir de la vie et des paroles
de Jésus. En notant bien que c’est une non-violence
active et absolument pas de la passivité.
Après
cela, je leur fais le point de l’action de nos
différentes commissions dont je vous
ai souvent parlé. C’est normal qu’ils soient au
courant.
Puis, comme d’habitude, nous partageons l’Evangile
du dimanche (Jean 12, 20-33) : Jésus est troublé
face à la mort qui l’attend. Les prisonniers
comprennent cette peur et cette souffrance. Car ils vivent une
situation semblable. Et les paroles de l’Evangile retentissent
donc profondément dans leur cœur et leur vie. « Si
le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste
seul…. Celui qui aime sa vie, la perd…. Si quelqu’un
veut me servir, qu’il me suive…. ». Mais ce
qui les touche plus spécialement, ce sont ces paroles de Dieu
: « Je l’ai glorifié et je le glorifierai
encore », et ce commentaire de Jésus :
« C’est pour vous que cette Voix s’est faite
entendre…. Maintenant le monde est jugé et Satan, le
prince de ce monde, va être jeté dehors….
J’attirerai tous les hommes à moi quand je serai élevé
de terre ». A partir de là, nous voyons comment
nous donner à Dieu et aux autres. Comment suivre le Christ
dans la vie à la prison. Et comment conduire nos frères
au Christ, comme Philippe et André ont conduit les Grecs à
Jésus ; comme Jésus, sans chercher à être
libérés de cette situation, mais en la vivant le mieux
possible, quelles qu’en soient les difficultés.
Toute
cette réflexion a été coupée de chants
dans lesquels les prisonniers expriment avec force leur désir
de vivre. Elle se termine par une prière où chacun
donne ses intentions personnelles et communautaires.
Après
la rencontre, nous nous retrouvons entre
animateurs pour évaluer notre travail. Cette
année, nous avons de nouveaux animateurs, et pour se former
ils font le tour des prisons et des équipes. Ils ont été
frappés par l’ambiance d’amitié, de
confiance et de simplicité. Une nouvelle animatrice
explique : j’avais peur de venir et je me demandais
comment j’allais me conduire ; quand je suis entrée,
j’ai vu tout le monde à l’aise ; j’ai
demandé à mon voisin : mais où sont les
prisonniers ? il m’a répondu : mais c’est
nous ! ». Un autre ajoute : « J’ai
dit à un prisonnier : vous avez l’air heureux !
Il m’a répondu : c’est seulement à
l’extérieur, mais dans notre cœur nous souffrons
beaucoup et nous sommes très tristes ».
Ils
apprécient que les prisonniers prennent eux-mêmes en
charge leur formation et leurs réflexions et qu’ils
cherchent à passer à des actions concrètes. Ils
apprécient également la méthode et le
questionnaire utilisés pour le partage de l’Evangile.
Nous insistons sur l’importance de l’écoute et
l’importance de la souplesse au cours de nos interventions :
laisser notre programme pour suivre les propositions et demandes des
prisonniers. Et de prendre le temps, à la fin de nos
rencontres, pour parler personnellement avec ceux qui le désirent,
mais en respectant les règlements de la prison. Pour l’aide
matérielle, passer par la commission économique, et le
service social de la prison pour aider vraiment ceux qui en ont le
plus besoin, car certains sont plus débrouillards et
cherchent à en profiter.
Le soir, réunion de notre
communauté de quartier.
Je vous enverrai le compte-rendu (voir aussi
mon site). De nouveaux membres viennent nous
rejoindre, suite à nos contacts dans le quartier. Nous nous
orientons de plus en plus vers des actions concrètes, plus
efficaces, grâce à la venue de nouveaux membres
techniciens, en particulier pour l’assainissement : lutte
contre les eaux polluées et les moustiques, pour le ramassage
mais d’abord la bonne gestion des ordures par les ménages,
etc… Il va falloir simplement mieux organiser nos rencontres
pour ne pas déborder ni aller dans tous les sens, car les
participants sont très intéressés et ont
beaucoup de choses à dire.
Vendredi
23 Mars : A la
prison des femmes. Nous
sommes en Carême. Aujourd’hui, nous consacrons notre
rencontre à la prière, en ouolof, pour que tout le
monde puisse participer. En effet, même les étrangères
ont appris le ouolof, au moins celles qui sont là depuis
quelque temps. Mais, bien sûr, dans cette prière et
Chemin de Croix terminé par l’Eucharistie, nous partons
de la vie à la prison
et nous y retournons pour terminer.
Après la rencontre,
nous nous retrouvons avec la responsable d’une ONG locale,
avec laquelle nous collaborons, pour voir avec la responsable du
service social de la prison comment
mettre en place concrètement les actions que nous avons
décidées pour soutenir les femmes : des avocats
pour celles qui sont abandonnées ou oubliées, un
soutien matériel pour les plus nécessiteuses, des
visites pour celles qui sont seules et loin de leur famille. Bien
sûr, nous ne pouvons pas aider tout le monde. Et l’une
des difficultés, c’est justement de connaître
celles qui ont le plus de besoins. Nous voyons aussi la possibilité
de lancer le micro jardinage (culture sur planches) d’abord
pour améliorer la nourriture mais surtout pour offrir une
possibilité de nourrir la famille et d’avoir une
petite source de revenus à la sortie de prison.
Quand j’ai
fini, je pars faire la même chose à la prison
des hommes, où il y a beaucoup plus
de monde et donc davantage de besoins.
Je recueille aussi le
règlement intérieur. En effet, comme de nouvelles
personnes se sont présentées pour intervenir dans les
prisons, il est important, afin d’éviter des problèmes
inutiles, qu’elles connaissent ce que l’on peut faire et
ce qui est interdit.
A 14 heures, je vais diriger le Chemin de
Croix dans un Collège du quartier. Les élèves
catholiques et leurs parents sont là. Beaucoup de gens du
quartier viennent nous rejoindre. Les animateurs ont photocopié
un texte en français beaucoup trop compliqué. Comme je
suis en avance, je revois rapidement les textes, car le français
n’est pas la langue maternelle des gens. Nous terminons par
l’Eucharistie.
Le soir, rencontre avec une nouvelle
visiteuse de prison.
Vendredi 23 mars : Le matin, je pars à la prison des femmes, comme chaque semaine. Nous sommes à l’avant-veille de l’élection, aussi les contrôles sont beaucoup plus serrés : on nous connaît bien, mais il faut montrer toutes nos autorisations !
Jeudi
22 mars :
Je
vérifie mon vélo. Il est à nouveau crevé.
C’est vrai que je passe partout dans les quartiers, sur des
routes de sable très mauvaises, jonchées de cailloux,
pointes et morceaux de verre ou de fer.
L’après-midi,
je prends un long temps pour lire
tranquillement quelques
articles de fonds,
car les jours ordinaires je n’ai souvent que le temps de lire
l’un ou l’autre article.
Le matin, j’ai
travaillé avec un étudiant sur son mémoire qui
porte sur le thème de l’inculturation de l’Evangile
chez les bediks, une ethnie minoritaire du Sénégal
Oriental : comment vivre sa foi dans sa culture. Il est venu me
voir car j’ai beaucoup travaillé cette question dans
les différents pays où j’ai été.
L’un
des vicaires de la paroisse a perdu son oncle. Je vais le remplacer
à la messe du soir. Je rejoins ensuite le Conseil Pastoral
qui a lieu chaque trimestre pour l’évaluation du
trimestre passé et la préparation du trimestre
suivant. Nous durons tard car c’est une très grosse
paroisse et il y a beaucoup de choses à organiser et de
problèmes à régler.
Mercredi 21 mars : Le matin, travail à la maison. Après-midi, contacts avec les étudiants. 21 heures : réunion de quartier.
Mardi
20 mars :
Ce
matin, nous recevons le vicaire général (l’adjoint
de l’évêque) qui est en même temps notre
curé. Nous parlons de la formation de nos étudiants et
de notre rôle de religieux missionnaires dans le diocèse.
Il apprécie notre engagement auprès des musulmans
(dialogue) et au niveau social (prison, hôpital, émigrés
et réfugiés, handicapés) et nous encourage à
continuer. La rencontre est très fraternelle car nous nous
connaissons depuis longtemps et avons beaucoup travaillé
ensemble. Nous partageons le repas tous ensemble avec les étudiants
ce qui lui permet de dialoguer aussi avec eux. Je les quitte avant
la fin du repas, car j’ai rendez-vous avec une ONG qui
accepterait de travailler à la prison. Cette ONG a été
lancée par d’anciens volontaires américains (Les
« Corps de la Paix ») qui ont beaucoup aimé
le Sénégal où ils sont venus travailler et où
ils sont restés. Ils seraient disposés à
intervenir à
la prison au niveau de la santé (maladies,
SIDA, mais aussi prévention, éducation à la
santé, hygiène, exercices physiques…). Il
s’agirait surtout d’aider les prisonniers à
prendre eux-mêmes leur santé en mains. Ils pourraient
aussi nous aider pour les ateliers à mettre en place, en
particulier le micro-jardinage (cultures sur planche). Nous parlons
ensemble de tout cela. Je leur présente ce que nous
souhaiterions. Ils vont y réfléchir, voir ce qu’ils
peuvent faire et nous nous retrouverons dans 15 jours.
16
heures.
Des sœurs, religieuses venues d’autres pays et
travaillant au Sénégal, m’ont contacté
pour que leur donne des cours
de ouolof. J’accueille
leur demande avec plaisir, car c’est vraiment important
qu’elles apprennent la langue locale pour travailler avec
tous, spécialement les plus pauvres et ceux et celles qui ne
parlent pas français parce qu’ils n’ont pas eu la
possibilité d’aller à l’école. Nous
commençons aujourd’hui. Il n’y a pas grand monde,
mais j’espère que le groupe va s’élargir
peu à peu.
21
heures.
Nous sommes dans la semaine du 2ème
tour de l’élection
présidentielle. Il
y a eu beaucoup d’abstentions au 1er
tour. Les violences ont repris. Il y a de nombreuses tentatives de
corruption pour acheter des voix. Les deux candidats, surtout le
président, font des promesses absolument irréalistes
et irréalisables. Cela nous inquiète beaucoup, et
nous nous demandons ce qui va se passer au moment de la proclamation
des résultats : est-ce que les partisans du candidat
perdant ne vont pas se révolter ? Il faut donc réfléchir
tous ensemble à toutes ces questions, à l’avance.
Avec les membres de notre Commission Justice et Paix, nous nous
partageons le travail, pour tenir une rencontre de réflexion
dans chacune de nos communautés de quartier. Comme il y en a
23, cela fait du travail et nous prend toute la semaine !
Lundi
19 mars :
Fête
de St Joseph.
C’est une fête importante pour nous. Nous commençons
la messe une demi-heure plus tôt, à 6 heures du matin,
pour avoir le temps de célébrer dans la joie, sans
précipitation, avant que les étudiants ne partent pour
leurs études.
A 12 heures, rencontre avec un
médecin spécialisé dans la médecine en
prison.
En effet, je vous ai souvent parlé de nos actions en prison,
mais nous ne sommes pas des spécialistes. C’est
pourquoi nous cherchons à rencontrer des personnes
compétentes, et à travailler avec elles. Cela se fait
peu à peu. Et je suis étonné de voir
combien de gens acceptent d’aider avec joie !
A 17
heures, je pars dans un centre du quartier. Avec une sœur
psychologue nous allons recevoir une formation
sur l’écoute, formation
qui nous est nécessaire pour bien faire notre travail. Dans
nos quartiers, il n’y a pas de nom de rue, ni de numéro.
J’ai repéré l’endroit à l’avance.
J’attends tout le monde au carrefour et nous partons tous
ensemble. La rencontre se passe très bien. Nous allons la
mettre en pratique et nous nous retrouverons dans deux mois pour
évaluer ce que nous aurons fait et les difficultés
rencontrées.
La nuit, je continue mes rencontres avec les
étudiants.
Dimanche
18 mars :
Dans
le cadre du Carême, toute la paroisse se retrouve pour une
journée
de prières (récollection) :
650 personnes participent et vont à l’Ile de Gorée :
une Ile d’où partaient les esclaves pour l’Amérique.
C’est un lieu qui nous aide à réfléchir
en profondeur et qui nous appelle à la conversion et au
changement sérieux.
En même temps, notre
association, le CAEDHU, organise une journée de formation
aux Droits Humains. Je
ne peux pas y participer, mais nous avons suffisamment d’éducateurs
formés qui peuvent animer la formation.
Le soir, nous
allons voir le chef de quartier, comme prévu. Il nous reçoit
très bien. C’est vrai que nous nous connaissions déjà
et qu’il y a la confiance entre nous.
Samedi
17 mars :
Ce
matin, rencontre avec des élèves
de Terminale sur
l’engagement ( la même chose qu’il y a 15
jours) : un exposé, rencontres successives de 4
« témoins », une réflexion des
élèves par petits groupes et des conclusions
générales. La réflexion est beaucoup plus
poussée que la dernière fois et l’ambiance très
décontractée.
A la sortie, je trouve mon vélo
crevé. Cette fois-ci, c’est la roue arrière,
mais il est vrai que le pneu arrière est très vieux.
Je me décide de le changer, mais ce n’est pas facile
d’en trouver un neuf un samedi midi. Cela me donne au moins le
temps de parler avec les apprentis. Et aussi en poular avec un
marchand d’oranges peuhl de Guinée. Nous parlons du
pays.
A
15 heures,
rencontre avec le responsable de la Communauté
« Point Cœur » qui
intervient avec nous à la prison. Nous voyons comment
coordonner nos actions dans la complémentarité.
17
heures :
Visites auprès de l’imam et du chef de quartier, au
sujet des élections. Nous leur demandons d’intervenir
pour que cela se passe dans la paix et la transparence. L’imam,
en particulier, est très heureux de notre visite. Nous
échangeons nos idées sur ce à quoi Dieu nous
appelle en ce temps des élections. C’est un échange
très intéressant et enrichissant. Je lui laisse nos
affiches. Aussitôt il me dit qu’il veut les afficher
dans les mosquées dont il a la responsabilité. Je lui
apporterai d’autres affiches demain, de même que « les
10 Commandements de l’électeur », en
ouolof.
Nous allons voir le
chef de quartier mais
il est occupé, donc nous reviendrons demain. D’ailleurs
je dois aller dire la messe dans un quartier que je ne connais pas…
il ne faut pas traîner car je devrai chercher mon chemin.
Quelqu’un qui me connaît me repère et vient me
saluer. Et il me conduit à la Chapelle. Nous prenons le temps
de parler pour nous connaître réciproquement.
Vendredi
16 mars :
Comme
chaque vendredi, je vais à la prison
des femmes. Nous
continuons à parler du droit des femmes, spécialement
en prison.
Je rencontre la directrice de la prison pour lui faire
le compte-rendu de notre dernière réunion de
l’aumônerie et examiner ce qu’il est possible de
faire, et dans quelles conditions. Nous nous retrouverons vendredi
prochain avec la responsable du service social pour voir comment
concrétiser les choses. (Voir
sur mon site, la rubrique « prison »).
Ensuite,
je vais à la prison
des hommes où
j’ai rendez-vous avec le directeur. Là, les choses sont
moins compliquées. Le problème est de passer à
l’action. L’une des questions qui se posent, c’est
que les personnes volontaires pour intervenir à la prison
travaillent et ne sont donc libres que les samedis et dimanches. Or,
ces jours-là, le personnel pénitentiaire est réduit…
et donc, aussi les activités. Je passe un long temps ensuite
avec l’infirmier, puis avec les gens du service social. Mais
il faudra encore revenir plusieurs fois avant que les choses ne
prennent forme.
13
heures :
c’est le temps du Carême, nous avons un Chemin
de Croix à
la pause de midi (en plus de ceux du matin dans les écoles et
de ceux du soir à la paroisse). Toujours selon le même
principe : un enseignement, un chemin de Croix à partir
de l’un des 4 évangiles, puis l’Eucharistie à
partir de l’Offertoire.
La nuit, rencontre avec une
association de jeunes du quartier, sur les élections.
Jeudi
15 mars :
Rencontre
avec Xavier, venu visiter les
Volontaires de
la DCC (Délégation Catholique à la
Coopération)
travaillant en Guinée. Nous en parlons ensemble ; ainsi
que de nos activités réciproques. Nous étions
ensemble autrefois en Guinée.
Le soir, nous partons avec
tous nos étudiants dans une paroisse tenue par des
spiritains, pour y célébrer une messe pour notre
confrère Jonas dont
le corps arrive à cette même heure au Ghana, venant du
Brésil. Il sera enterré demain. Nous pensons
spécialement à sa famille.
Mercredi
14 mars :
Séance
de travail avec
le vicaire général. Il est à la fois secrétaire
national de la Commission Justice et Paix, et curé de notre
paroisse. Nous avons donc beaucoup de choses à nous dire.
A
16 heures, rencontre avec les responsables des Mouvements de jeunes,
toujours à propos des élections. C’est notre
grand souci en ce moment.
La nuit, rencontre dans une communauté
de quartier. La plupart des participants sont des jeunes. Nous
regrettons l’absence des adultes.
Mardi 13 mars : Toute la journée, travail personnel et rencontre avec les étudiants. Le soir, nous passons dans les groupes de catéchèse adultes pour les pousser à l’engager par rapport aux élections. Au passage, je visite plusieurs familles du quartier.
Lundi
12 mars :
Hier
mon
vélo
a crevé. J’étais loin de chez moi et j’ai
dû rentrer à pied en le poussant. Je l’ai fait
réparer ; mais le soir, devant sortir, je le retrouve à
nouveau à plat. Nouveau voyage à pied !
Heureusement les gens sont patients et ils m’ont attendu,
grâce au téléphone qui m’a permis de les
prévenir. Le portable, c’est quand même une bonne
invention. Ce matin, je repars donc faire réparer mon vélo.
Puis je pars à
la banque
toucher un chèque que l’on m’a remis pour les
besoins des prisonniers en nourriture, savon, habits et surtout
médicaments. Nous avons aussi des frais importants, en
particulier pour contacter les familles des prisonniers à
l’étranger. Je pars dans une 1ère
banque, agence de quartier, où on me dit qu’ils
reçoivent l’argent mais ne peuvent pas en donner. Je
pars dans une 2ème
agence de la même société (celle de mon
chèque) : même réponse. Je pars donc en
ville. Là on me demande mes pièces, c’est
normal ! Je présente ma carte d’identité
consulaire : ils ne l’acceptent pas. Ensuite, ma carte de
séjour du Ministère de l’Intérieur (du
Sénégal) : nouveau refus. Je présente mon
permis de conduire : il est aussi refusé. Il faut que je
retourne à la maison pour prendre mon passeport que, enfin,
ils acceptent. C’est beau, l’administration !
11
h à 15 heures :
Réunion du
Bureau de l’aumônerie des prisons.
Nous reprenons les réflexions de mardi pour les structurer et
en tirer des pistes d’actions. Nous finalisons les différentes
commissions : membres, objectifs, méthodes de travail,
etc… C’est un gros travail. Nous voyons aussi comment
continuer la formation. La première chose, c’est une
formation à l’écoute, lundi prochain.
A
15 h 30,
rencontre avec le responsable de la
maison de détention des jeunes
du quartier voisin, qui a demandé notre collaboration.
A
18 h 30,
après la messe, nous allons visiter les classes des Cours
du soir pour
leur rappeler les principes de notre action pour le 2ème
tour de l’élection présidentielle. Nous
insistons sur la nécessité de conscientiser les autres
et de rencontrer les différents groupes de leur quartier.
La
soirée, je la consacre à la
rencontre de nos différents étudiants en
théologie. Pendant environ une heure, nous faisons le point
de leurs engagements de ces deux derniers mois, chacun à tour
de rôle. Cela va me prendre toute la semaine, mais ça
vaut la peine.
Dimanche
11 mars :
Aujourd’hui,
je reste à
la Communauté. J’anime
la journée de prière (récollection) avec nos
étudiants, sur le thème du Carême : Comment
vivre ce temps de Carême en vérité, dans un vrai
engagement personnel, mais aussi communautaire, pas seulement au
niveau de l’Eglise mais aussi du pays. Sans nous limiter aux
pratiques traditionnelles : chapelet, Chemin de Croix et
autres.
Je ne veux pas m’en tenir à la formule
classique d’une conférence où tout le monde se
contente d’écouter bien sagement , sans rien dire. Nous
partageons donc nos réflexions à partir d’un
texte d’Isaïe (56, 1-12) qui nous appelle à
travailler pour le développement, à nous engager pour
la justice et à reconstruire le pays. Et après un long
temps de prière personnelle, nous partageons les appels que
nous avons sentis dans notre cœur. L’après-midi,
nous nous retrouvons autour de la question « Qui est
Jésus pour moi ? ». J’essaye aussi
d’animer et de varier la façon de prier l’Office,
pour prendre le temps de la méditation et la faire entrer
dans nos différents engagements et que la vie du monde soit
vraiment présente dans notre prière. Pas seulement
prendre le livre du bréviaire et réciter des prières
toutes faites à l’avance.
Tout cela se passe dans un
climat de confiance qui me réjouit beaucoup. C’est
absolument nécessaire
pour partager notre foi et
nous soutenir dans nos différentes activités. Il faut
dire qu’il y a une bonne ambiance dans notre communauté.
Samedi
10 mars : L’après-midi
est occupé par un certain nombre de rencontres. Et le soir,
nous tenons notre réunion
de quartier,
toujours aussi sympathique. Nous nous connaissons bien maintenant,
nous sommes à l’aise les uns avec les autres et
n’hésitons pas à nous confier nos problèmes.
A chaque réunion, des nouvelles personnes viennent nous
rejoindre et nous voyons de mieux en mieux les actions à
mener et les engagements à prendre. Comme d’habitude,
je vous enverrai le compte-rendu, à lire également sur
mon site. Nous dépassons largement l’heure, mais
personne ne s’en plaint.
Avant cette rencontre, j’anime
la messe du samedi soir. Le 2ème
tour de l’élection
présidentielle
a lieu dans 15 jours. Il est important de réfléchir
aux enjeux, de voir comment conscientiser ceux qui nous entourent,
de lutter contre tous les essais de violences, de truquage et de
corruption. L’Evangile du jour nous interpelle dans ce sens.
Il ne suffit pas de nettoyer nos églises, c’est tout le
pays qu’il faut nettoyer.
Samedi
10 mars :
Comme
chaque matin, nous nous retrouvons à la prison
des hommes.
Je suis toujours heureux de les retrouver, et eux aussi.
Aujourd’hui, je viens avec 5 nouveaux visiteurs et
visiteuses, qui ont reçu tout récemment leur
autorisation que nous attendions depuis Janvier. Ils vont donc faire
le tour des différentes prisons avec chacune des équipes
pour s’initier au travail.
Ce matin, ils prennent le temps
de se présenter longuement, avec leur famille et leurs
activités. C’est important pour que les prisonniers les
connaissent et pour créer un esprit de famille et de
confiance. Puis nous nous donnons les nouvelles. L’un d’eux
nous annonce le décès de son frère au Cameroun
et sa tristesse de ne pas être à l’enterrement
avec sa famille. Les Congolais nous parlent de l’explosion
d’un camp militaire à Brazzaville qui a dévasté
tout le quartier et fait plus de 200 morts et plus de 2 000
blessés. C’est justement le camp où j’étais
militaire, je connais donc beaucoup de ces familles qui ont été
décimées. Je leur parle aussi de notre confrère
ghanéen, Jonas, qui travaillait en Guinée Bissao. Il
était parti se reposer, au bout de 4 ans, au Brésil et
il s’est noyé. C’est un coup très dur pour
nous tous, à commencer par sa famille, bien sûr.
Après
cela, nous partageons la Parole de Dieu : Jésus chasse
les marchands du Temple. Les prisonniers disent aussitôt :
« Notre prison aussi a besoin d’être
purifiée ». Ils insistent ensuite sur l’importance
de se préparer à Pâques, comme Jésus. Et
l’importance de donner toute sa place à Dieu. Comme le
disent les musulmans : « Dieu est Dieu. Et il n’y
a pas d’autre Dieu que Dieu ».
A la suite de
Jésus, les prisonniers disent : « Nous aussi,
nous sommes le temple de Dieu. Nous avons le droit au respect ».
Avec la conclusion : « Mais les autres ont droit
aussi à notre respect. C’est à nous de nettoyer
notre prison de toutes les affaires d’argent, de violence et
de manque de respect ». Et un prisonnier dit aux
animateurs : « C’est à vous de purifier
le pays et de chasser tous les marchands du Temple qui exploitent le
pays. Surtout en ce temps des élections.
Cette semaine,
deux prisonniers se sont disputés sérieusement. Nous
leur parlons et ils acceptent de se réconcilier à la
grande joie de tous. Nous choisissons alors 4 personnes (2
francophones et 2 anglophones) comme « conseillers »,
pour veiller à l’entente et réconcilier les
gens.
- Un prisonnier a tenté par deux fois de se
suicider. Cela a causé un grand émoi. Il est
actuellement au secret, mais nous nous préparons à
l’accueillir et à le soutenir.
- Un autre a été
surpris avec un couteau. Du coup, pour venir à notre réunion,
ils doivent non seulement présenter leur carte d’identité,
mais passer à la fouille.
Ensuite, je fais le compte-rendu
de notre rencontre de l’aumônerie des prisons, du mardi
6, au cours de laquelle nous avons mis en place nos différentes
commissions. Nous leur expliquons ce que nous voulons faire avec eux
et leur demandons leur point de vue (Je vous enverrai bientôt
le compte-rendu). Bien sûr, les prisonniers sont pressés
de recevoir du soutien à tous les niveaux, mais il faut le
temps de mettre les choses en place et nous devons passer par
l’administration, qui n’est pas toujours rapide !
Comme d’habitude.
Vendredi
9 mars :
Ce
matin, je vais à la prison des femmes, comme chaque semaine.
Elles commencent par nous raconter comment s’est passée
la journée de la femme, hier. Elles en sont très
heureuses. Après un temps de partage, nous voyons un certain
nombre de femmes pour des cas personnels : l’une qui va
sortir la semaine prochaine, on l’a déjà avertie
qu’on ne la reprendrait plus à son travail, or son mari
est chômeur. Nous cherchons un petit capital pour qu’elle
puisse se débrouiller en faisant un petit commerce. Une
autre, qui vient d’Afrique du nord, se retrouve complètement
perdue bien qu’elle soit en milieu musulman. Une autre,
hollandaise, n’a plus aucune nouvelle de son fils, mais comme
nous avons des confrères en Hollande nous allons essayer de
retrouver sa trace. Je reparle aussi avec une Cap Verdienne :
son mari, que nous avons réussi à contacter, refuse de
lui parler. Nous rencontrons encore d’autres femmes pour des
cas plus personnels et souvent plus délicats et plus
difficiles.
J’ai beaucoup de travail à faire et de
documents à rédiger, malheureusement il n’y a
pas
de courant électrique
de toute la journée. Le gouvernement avait fait des efforts
pendant la campagne électorale, mais les problèmes
sont revenus.
Le soir, je suis à l’église
centrale. Avant le Chemin de Croix et la messe pendant le Carême,
nous prenons un temps de formation. Cette année, nous avons
pris comme thème : « l’Eglise,
Peuple de Dieu », en cherchant à en tirer les
conclusions pratiques pour notre vie de chaque jour. Et en insistant
sur l’idée africaine de l’Eglise comme Famille de
Dieu. Il y a beaucoup de monde et l’ambiance est très
amicale. Je prends le temps de saluer les personnes, puis je pars
rapidement dans notre
communauté où
nous tenons notre réunion
mensuelle.
Dans un 1er
temps, nous réfléchissons à la façon
dont nous vivons notre célibat et notre vie religieuse. Et à
l’importance de l’amitié dans notre vie
communautaire, pour répondre à notre besoin d’aimer
et d’être aimés. Dans un 2ème
temps, nous réfléchissons avec nos étudiants à
leurs études. En effet, ils n’ont plus que 3 années
d’études en théologie au lieu de 4, ce qui fait
qu’ils ont beaucoup de travail. Et en conséquence, ils
n’ont plus de temps pour leurs engagements religieux et
sociaux, ce qui est très regrettable, surtout pour des futurs
missionnaires. Dans un 3ème
temps, nous parlons de notre vie concrète en communauté.
Jeudi
8 mars :
Aujourd’hui,
Journée
mondiale de la femme ; il
y a de nombreuses rencontres et réflexions un peu partout,
qui portent spécialement sur le thème de cette
année : la situation de la femme rurale. A ce niveau,
beaucoup de choses en effet sont à améliorer.
Après
la messe du soir, la
Commission Justice et Paix
se retrouve avec des délégués des communautés
de quartier, pour réfléchir aux actions possibles
pendant cette campagne électorale. (Voir
mon site : élection 2ème
tour).
Nous avons une très bonne réflexion, mais comme
toujours le problème est de mettre les gens à
l’action, à commencer par nous-mêmes. Tout de
suite après la rencontre, nous passons à l’action.
Nous faisons le tour des trois chorales de la paroisse qui ont leur
répétition le jeudi soir. Nous arrêtons leurs
chants (avec leur accord bien sûr) pour leur présenter
à nouveau nos affiches et documents, leur rappeler nos lignes
d’action et surtout leur demander d’en parler partout où
ils vont, avec leurs amis et connaissances, et pour organiser des
rencontre dans les différents quartiers.
Mercredi
7 mars :
Je me
retrouve dans un grand collège de la banlieue pour réfléchir
avec
les élèves à l’amitié, la mixité
et la sexualité. J’ai
fait ces types d’intervention pendant 16 ans à St LOUIS
du SENEGAL, mais en 15 années les choses ont bien évolué
et je n’ai plus mon matériel d’animation :
diaporamas, cassettes-vidéo (les DVD n’existaient pas
encore). Je me débrouille donc avec un tableau et de la
craie, et tout se passe bien. J’ai retrouvé le rythme
facilement. Beaucoup d’élèves m’ont laissé
leur adresse mail pour continuer les contacts et leur envoyer des
documents.
Travail
avec les éducateurs des enfants
de la rue.
Nous réfléchissons en particulier à la
collaboration avec la Caritas.
A
21 heures,
rencontre dans une communauté
de quartier
sur le Carême. Nous partons du texte d’Isaïe 58,
1-12. Nous voyons comment vivre ce temps, non seulement au niveau
personnel ou familial, mais aussi au niveau du pays tout entier :
Que faire pour rebâtir le pays en ruine, à partir des
traditions de nos ancêtres ? Comment aplanir la route
spécialement en ce temps de tensions politiques et de gros
problèmes économiques et sociaux ? Nous cherchons
que faire dans ce temps préparatoire au 2ème
tour de l’élection présidentielle (Voir
mes différents messages sur mon site).
Les gens prennent peu à peu l’habitude de parler et de
donner leurs idées. Mais il y a encore du travail à
faire, en particulier pour voir et partager ce qui se passe dans le
quartier.
Mardi
6 mars :
Ce
matin, rencontre avec l’Ordre
de Malte.
Nous réfléchissons aux problèmes de santé
du pays. Puis nous passons au problème précis qui m’a
amené : obtenir un stock de médicaments pour les
prisons. Ensuite, nous parlons du travail spécifique de
l’Ordre de Malte ici : le suivi des lépreux
et l’accompagnement des handicapés
avec, bien sûr, les soins nécessaires et le soutien de
leurs familles.
En repartant de là, je passe au Centre
d’Accueil pour les réfugiés
et émigrés (le
PARI) où l’un de nos étudiants intervient. J’en
profite pour rencontrer le personnel de la Caritas que je connais
bien. Je suis très heureux de les revoir. Avec les
responsables, nous envisageons un certain nombre d’actions :
le suivi des femmes
migrantes.
Il s’agit de femmes sénégalaises qui viennent de
l’intérieur du pays chercher du travail à Dakar.
Elles ne sont pas formées pour la plupart et se retrouvent
confrontées à des tas de problèmes. A Caritas,
ils cherchent à les contacter, à les accueillir et les
soutenir, mais aussi à les former. Et ensuite, on les
accompagne dans leur village d’origine pour réfléchir
comment lancer un groupement de femmes avec un projet de
développement dans leur village. Du coup, nous voyons
comment lancer des formations
dans les prisons,
par exemple micro-jardinage, fabrique de savon artisanal à
partir de l’huile de palme, fabrique de grésyl.
Nous
voyons aussi comment soutenir notre association pour les enfants
de la rue
et quelles activités on peut mettre en place avec eux.
Je
passe à la paroisse
voisine de Médina
et prends des nouvelles du curé, gravement malade, qui a été
envoyé en Italie pour se faire soigner.
Je termine ma
sortie à notre Maison générale, où je
partage le repas avec mes confrères. Nous parlons bien sûr
de la situation du pays et du 2ème
tour de l’élection
présidentielle. Nous
sommes très inquiets, comme je l’ai déjà
expliqué. L’opposition ne s’est pas entendue et
les deux premiers retenus sont deux « libéraux »,
ce qui veut dire que les choses ne vont sans doute pas changer.
Malgré tout, nous avons de la peine devant le fait qu’après
12 ans un président de 86 ans se présente une 3ème
fois. Ce qui nous inquiète ce sont tous les trafics
d’influences, les pressions, les accusations et mensonges, et
aussi les essais de truquage, de fraude, de détournements, de
fausses cartes d’électeurs et de corruptions. Cela nous
pousse à continuer et même à intensifier le
travail de réflexion et de responsabilisation que nous avons
mené dans la Commission Justice et Paix, ouvert à tous
et en lien avec les autres ONG et Associations.
17
heures.
Rencontre
des animateurs de prison.
Suite à la lettre que je vous ai transmise, nous avons reçu
un certain nombre de réponses de personnes prêtes à
nous rejoindre et à aider les prisonniers des différentes
façons possibles. Nous nous retrouvons aujourd’hui pour
organiser tout cela. (Voir
déjà la rubrique « Prison »,
dans mon site).
Après
une lecture de la Parole de Dieu (Isaïe 58, 1-12) et la
« prière du prisonnier », nous passons
à la présentation : plus de 30 personnes nous
ont répondu. Nous lisons le compte-rendu de la dernière
réunion, pour rappeler ce qui a été fait. Puis
nous travaillons la lettre d’invitation. Cela nous permet
d’expliquer nos actions, nos
objectifs et nos façons de travailler.
A partir de là, nous réorganisons nos différentes
commissions et groupes de travail : parrainage, soutien
économique, écoute, animation culturelle, rencontres
de formation, ateliers de formation, santé et suivi médical,
commission d’assistance juridique, de réinsertion, de
réconciliation avec la famille et les victimes, etc…
Chaque groupe va se réunir indépendamment et nous nous
retrouverons tous ensemble dans deux mois pour faire le point de nos
actions. C’est bien parti, nous nous séparons heureux
et encouragés.
Lundi
5 mars :
Comme
chaque mois, nous nous retrouvons tous les prêtres de la
« petite » banlieue, en réunion
de doyenné.
Aujourd’hui, nous rencontrons des responsables du Mouvement
charismatique
pour voir comment mieux travailler ensemble, avec nos différentes
orientations.
Nous continuons par la mise au point de nos
différentes activités, avec un repas toujours aussi
fraternel et agréable.
L’après-midi,
rencontre
de notre responsable d’abord
avec les formateurs, puis avec tous les étudiants ensemble.
Nous mettons en commun toutes nos propositions et évaluations.
Dimanche
4 mars :
Avec le CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits
Humains), nous organisons une session de formation des animateurs
sur le Droit
International.
C’est d’actualité en ce temps d’élection
présidentielle.
De mon côté, j’anime la
messe paroissiale de 9 heures. C’est la fête
de la Transfiguration :
comment nous laisser transfigurer par Dieu comme le Christ, en ce
temps de Carême ? Et comment éclairer nos frères
et sœurs et faire entrer notre pays dans la lumière ?
Toute
la journée, c’est la journée
Caritas
(Secours Catholique), avec un repas et autres activités pour
recueillir des fonds pour le soutien des pauvres et le lancement de
petits projets de développement. Le tout dans une grande
joie.
A 17 heures, nous visionnons un film sur les
souffrances des enfants et des adultes
du Sénégal Oriental, réalisé suite à
la visite du CAEDHU dans la région. Nous allons le présenter
dans les écoles et les quartiers, pour sensibiliser les gens
et obtenir leur soutien. Cela fait une journée bien remplie !
Samedi
3 mars :
Ce matin, je rencontre une soixantaine d’élèves
de 1ère,
sur le thème de l’engagement. Après un exposé
par un sociologue, ils ont demandé à 4 témoins
–dont je fais partie- de rencontrer les jeunes, en tournant.
C’est très intéressant, mais je regrette que les
élèves n’aient pas suffisamment le temps de
parler. Je demande qu’on organise un temps où ils
pourront se retrouver entre eux, tirer des conclusions et tracer des
actions à mener. Déjà jeudi, Martin viendra
voir avec eux ce qu’ils peuvent faire pour soutenir son
association.
Ces jours-ci, notre
responsable
vient visiter notre communauté et rencontrer chacun d’entre
nous. Je partage avec lui mes activités et mes soucis. Et
nous partageons nos réflexions sur notre travail de
spiritains en Afrique de l’Ouest.
Vendredi
2 mars : Avec
Martin, responsable d’une association pour les enfants de la
rue de notre quartier avec laquelle je travaille, nous allons
rencontrer un responsable de l’UNICEF, pour voir comment
travailler ensemble. Pas seulement pour obtenir leur soutien, mais
pour faire remonter les problèmes et aussi les actions des
jeunes et des enfants. Ils en ont besoin pour mieux connaître
la vie des enfants et y adapter leurs actions. La réponse se
passe d’une façon sympathique et décontractée.
Il est vrai que j’ai longtemps travaillé avec eux
autrefois.
A midi, rencontre avec l’animatrice diocésaine
de Justice
et Paix.
Au programme : la sensibilisation de la population pour le 2ème
tour de l’élection présidentielle, puis le
travail dans les prisons.
Nous sommes en Carême. Je vais
animer le Chemin de Croix dans un quartier. Les chrétiens
aiment bien cette façon de prier, que nous avons quand même
essayé de faire évoluer : on médite la
Passion et la Résurrection du Christ à partir des 4
Evangiles, à tour de rôle. Mais chaque fois nous
commençons par un enseignement sur un thème
d’actualité ; et nous terminons par l’Eucharistie
à partir de l’offertoire. Les gens sont heureux de
venir et de se retrouver dans la joie.
Jeudi
1er
mars : A
notre rencontre, nous abordons la marche de notre région
de l’Afrique de l’Ouest : la
visite dans le nord Sénégal, les problèmes de
Guinée, le suivi en Mauritanie et l’animation au
Sénégal en général. Nous avons une
grande souffrance : un de nos confrères guinéens,
parti en congés au Brésil, s’est noyé.
C’est un coup très dur pour nous tous, et nous sommes
très tristes pour lui et pour sa famille. Il tenait une
grosse paroisse à Bissao, la capitale. Là aussi, il va
y avoir de grosses difficultés. Nos confrères du
Ghana, de leur côté, font tout pour entourer sa
famille.
Je prends le temps de parler avec le personnel de la
maison ; j’aime beaucoup échanger des nouvelles
avec eux et partager leurs expériences.
A 17 heures,
rencontre
des formateurs
pour préparer ce mois et le temps du Carême. Nous
reprendrons tout cela vendredi ensemble, à notre réunion
de communauté, avec tous les étudiants. Puis, nous les
rencontrerons chacun personnellement pour faire le point de leur vie
aux différents niveaux : études, activités
pastorales et sociales, vie de communauté et prières.
Jeudi 1er Mars : Je sors faire des courses en ville, en particulier pour demander un téléviseur à Canal + pour des animations culturelles à la prison. J’en profite pour me regonfler (ou, plus exactement, pour gonfler les pneus de mon vélo. Pour moi, je ne suis pas encore dégonflé, grâce à Dieu !). Je reste manger le midi dans notre Maison régionale, où je peux rencontrer et parler avec notre responsable et d’autres confrères. C’est très agréable
Mercredi 29 Février : Intervention dans un collège de banlieue sur l’amitié, les relations garçons et filles et la sexualité. C’est de leur âge et ils répondent très bien !
Mardi
28 Février :
Les
premiers résultats provisoires arrivent. Le président
sortant ne passera pas au premier tour. Il n’a que, environ 30
% des voix, et il y a eu presque 50 % d’abstentions. C’est
une bonne nouvelle pour beaucoup, pour les raisons que j’ai
expliquées. Malheureusement, l’opposition était
divisée, si bien que celui qui arrive en deuxième
position, et sera retenu pour le deuxième tour, bien
qu’ennemi personnel du président actuel, est libéral
comme lui et même son ancien premier ministre. Cela veut dire
que, hélas, les choses ne vont pas beaucoup changer dans le
pays. On va continuer à faire des grandes constructions et
autoroutes de prestige et de grands projets économiques qui
profiteront comme d’habitude aux cadres, surtout aux plus
riches d’entre eux. Les banlieues et les villages seront
oubliés, les jeunes au chômage, le monde rural et les
petits métiers du secteur informel seront laissés à
eux-mêmes. Et la Casamance, en proie à une rébellion
depuis plus de 30 ans, est complètement abandonnée.
Pire, les populations ont voté majoritairement pour le
président alors que pendant 12 ans il n’a rien fait
pour la région. Ce n’est pas facile de conscientiser et
de mettre les gens à l’action !
Malgré
tout, nous allons continuer notre travail de sensibilisation, de
réflexion, de formation et d’actions dans la Commission
Justice et Paix. Nos groupes et communautés ont fait du bon
travail dans les quartiers et villages et cela a certainement
beaucoup contribué à ce que ces élections se
passent bien. Nos observateurs ont fait aussi un très bon
travail et leurs conclusions seront présentées à
la télévision demain. Nous préparons donc le
deuxième tour, et ensuite ce seront les législatives.
(Pour
plus de précisions, voir mon site, rubrique :
élections). Le
matin, je prépare un message pour relancer les activités.
La
rencontre prévue pour l’aumônerie des prisons est
supprimée. Les gens hésitent encore à se
déplacer la nuit.
Dimanche
26 Février :
Messe
avec les enfants, à 11 heures. J’aime beaucoup célébrer
cette messe, car elle est très animée. Les enfants
participe nt bien ; nous gestuons le Notre Père et les
enfants apportent leurs intentions de prières.
L’après-midi,
visite du quartier, accompagné du responsable des jeunes de
notre communauté (un Congolais). Nous rencontrons trois
familles camerounaises, une syrienne, une libanaise et deux
angolaises, toutes très heureuse s de nous connaître et
de savoir qu’il existe une communauté dans le quartier.
En effet, les étrangers sont nombreux à Dakar, mais
souvent ils sont isolés.
Samedi
25 Février :
A
la prison des hommes, nous parlons aussi du Carême. Mais
d’abord, quelqu’un pose une question : « Est-ce
bon pour un chrétien de présenter son nouveau-né
aux ancêtres, le 8ème
jour après la naissance ? » Même s’ils
sont en prison, les gens continuent à réfléchir
à leur vie et restent ouverts à ce qui se passe dans
le monde. Et nous faisons le maximum pour les aider à cela.
Par ailleurs, cette question de l’enracinement de la foi
chrétienne dans les cultures africaines (l’inculturation)
est difficile et a de la peine à se mettre en place.
Plusieurs problèmes apparaissent dans notre réflexion
commune. Pour certains, pour devenir chrétiens il faudrait
laisser toutes les traditions. Ils ne font pas la distinction entre
valeurs positives et mauvaises habitudes, entre magie été
médecine traditionnelle (la pharmacopée), entre
respect des ancêtres et « fétichisme »
ou même sorcellerie. Ils sont souvent poussés dans ce
sens par les sectes, et par une lecture « matérielle »
de la Bible : « Il faut laisser nos traditions et
suivre totalement la Bible ». Sans même faire la
différence entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Cela
nous amène à réfléchir à la
médecine traditionnelle, à la magie et aux
porte-bonheur, à la sorcellerie et aux sacrifices
traditionnels, car toutes ces façons de faire et pratiques se
retrouvent dans la prison. Ce qui nous ramène à leur
vie et à leurs problèmes concrets : faut-il se
tourner vers les pratiques magiques, les « marabouts »
et les « charlatans » pour s’en sortir
(et sortir de prison), ou prendre sa vie en mains et voir comment
vivre –et même profiter- de ce temps en prison.
Dans
un 2ème
temps, nous parlons du Carême. D’abord chacun explique
comment il comprend ce temps du Carême. Car nous ne voulons
pas venir avec un enseignement tout fait et déversé
d’en haut. Mais que chacun puisse apporter ses idées,
pour nous enrichir mutuellement. Puis nous cherchons ensemble
comment vivre ce Carême à la prison, car bien sûr,
ici, la priorité ce n’est pas le jeûne…
ils sont déjà forcés de jeûner toute
l’année. Comme d’habitude, je partagerai ces
réflexions à la paroisse, à la messe de
dimanche.
Les nombreux musulmans qui nous entourent sont très
intéressés par la façon dont nous vivons le
carême, d’autant plus qu’ils ne vivent pas le
Ramadan de la même façon. Sans arrêt, dans la
rue, on me demande : « Est-ce que tu jeûnes ?
Est-ce que ce n’est pas trop difficile ? (Car le jeûne
chaque jour et toute la journée des musulmans est beaucoup
plus exigeant, alors que de notre côté nous insistons
beaucoup plus sur le changement de nos idées, de notre cœur
et de nos façons de vivre (conversion) et sur le partage et
le développement). Et les encouragements des musulmans pour
bien vivre notre Carême est un grand soutien pour nous.
La
campagne électorale est terminée. Chacun retient son
souffle dans l’attente des votes de demain. Mais la situation
est calme et la vie continue. Le marché de notre quartier
accueille autant de monde que d’habitude.
21 heures :
Réunion de notre communauté de quartier. Nous parlons
aussi du Carême, mais d’une autre façon qu’à
la prison. Et nous continuons la mise en place de notre communauté.
Vous en aurez le compte-rendu sur mon site (rubrique
CEB).
Vendredi
24 Février :
N’ayant
pas pu y aller mercredi, nous donnons les Cendres aujourd’hui
à la prison des femmes. C’est une belle cérémonie,
très émouvante, où prisonnières et
gardienne, y compris la directrice, prient ensemble, partagent la
Parole de Dieu et se donnent la paix. Nous voyons comment vivre ce
temps du Carême en prison. Nous visitons ensuite les
différents ateliers (couture, coiffure, fabrique de jus ….)
ce qui nous donne le temps de parler avec le personnel longuement et
en toute décontraction.
15 heures. Marche des femmes en
tenue blanche (en signe de paix) avec un foulard rouge (carton rouge
contre la 3ème
candidature du président Wade), en protestation contre toutes
les victimes, blessés et morts, de cette campagne électorale.
La marche se passe dans la paix et se disperse en toute
tranquillité.
Jeudi 23 Février : Nouvelle manifestation. La Confrérie musulmane tidjane organise une grande prière en réaction à la grenade lacrymogène tombée dans une de leurs mosquées. Ne pouvant arriver à la Place de l’Indépendance, ils font la prière dans une avenue du Centre ville.
Mercredi
22 Février :
Mercredi
des Cendres.
C’est
une fête très symbolique et très aimée
ici. Nous avons des célébrations tout au long de la
journée et à chaque fois l’église est
pleine. On se demande d’où viennent tous ces gens. Il
est vrai que beaucoup de non chrétiens viennent aussi
recevoir ces cendres. J’explique le sens des Cendres :
d’abord signe de pénitence et de volonté de se
convertir, comme chez les juifs ; mais aussi signe que l’Amour
de Dieu et de nos frères est trop souvent mort dans notre
cœur, comme le feu est mort dans ces cendres. Mais en même
temps signe de la vie qui va grandir. Ici, les paysans brûlent
leurs champs pour les nettoyer et pouvoir semer. Et les cendres sont
un engrais. La formule traditionnelle pour donner les cendres était
« Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que
tu retourneras à la poussière ». Nous
préférons la formule actuelle, la Parole du Christ
Lui-même : « Convertissez-vous et croyez à
l’Evangile ».
La vie continue. Ce matin, nous
avons eu une réunion pour voir le suivi de notre travail à
la prison. Les choses se mettent en place, peu à
peu.
Aujourd’hui, nouvelle manifestation de l’opposition,
place de l’Indépendance ; elle est dispersée
sans violence. Les choses semblent s’apaiser peu à peu,
mais les tensions persistent.
Mardi 21 Février : Les violences continuent dans la ville. Les gens ont peur. La rencontre que je devais tenir dans une paroisse est supprimée.
Lundi
20 Février :
Depuis quatre jours maintenant et jusqu’à vendredi
prochain, fin de la campagne électorale, l’opposition a
décidé de faire chaque jour une manifestation Place de
l’Indépendance pour demander au président WADE
de ne pas se présenter à l’élection pour
une 3ème
fois. Cela entraîne beaucoup de problèmes. En effet,
les manifestations sont autorisées pendant la campagne
électorale. Jusqu’à maintenant, l’opposition
les organisait en banlieue, place de l’Obélisque. La
place de l’Indépendance est proche du palais
présidentiel, et les jeunes ont souvent voulu marcher sur la
palais ; aussi les autorités interdisent les
manifestations sur cette Place. L’opposition maintient sa
décision et cherche à chaque fois à forcer les
barrages de la police. Les policiers et gendarmes lancent des
grenades lacrymogènes et les jeunes ripostent en jetant des
pierres, ce qui entraîne des blessés des deux côtés.
Cette semaine, les jeunes ont commencé en plus à
barrer les routes et brûlé des pneus dans les
différents quartiers. En plus, ils prennent tout ce qui leur
tombe sous la main ; sur les marchés, ils brûlent
les tables des commerçants ce qui a amené des
réactions vives de ces derniers ; une grenade
lacrymogène a atterri dans une Mosquée pendant la
prière, d’où des réactions très
vives.
Pour éviter les affrontements directs avec la
police, les jeunes ont décidé d’agir dans toute
la ville en même temps ; quand la police intervient, ils
se dispersent pour recommencer ailleurs, profitant de l’obscurité.
La révolte se répand dans les différentes
villes du pays. Il y a deux morts dans la ville de RUFISQUE.
Les
gens manifestent aussi à cause du manque d’eau et
d’électricité et de l’augmentation du
coût de la vie. Certains jeunes se révoltent aussi pour
d’autres raisons que celle de la 3ème
candidature du président Wade. Par exemple, les lycéens
et les étudiants, qui n’ont pas cours depuis Novembre,
les enseignants étant en grève. Ces manifestations
sont réprimées elles aussi très durement par
les forces de l’ordre, comme d’habitude.
Ce n’est
pas facile de comprendre non plus le comportement de l’opposition.
Il y a trois ans, se sont tenues les Assises nationales qui ont fait
une très bonne analyse de la situation du pays et proposé
des pistes d’action très intéressantes dans les
différents domaines : politique, économique,
social, culturel, laïcité, etc… Tous les
candidats ont signé la Charte de ces Assises, mais ils ne se
sont entendus entre eux pour présenter un candidat unique,
chacun voulant le pouvoir et tous les avantages qu’il donne :
argent, prestige, services, etc… En plus, au lieu de se
lancer dans la campagne électorale pour présenter leur
programme dans tout le pays, ils se sont limités à des
manifestations communes à Dakar pour s’opposer à
la 3ème
candidature du président Wade. Ce qui a entraîné
répression policières, blessés et morts. Et
maintenant, par peur d’élections truquées et de
violences, ils veulent reporter les élections jusqu’à
ce que le Président renonce à sa candidature, ce qu’il
refuse absolument. Retarder l’élection ne pourrait que
faire monter encore plus la tension. Il vaut mieux faire les choses
une fois pour toutes et le plus vite possible. Il y a bien une
médiation de l’Union Africaine, avec OBASANJO, l’ancien
président du Nigeria ; il propose que le président
Wade soit président deux ans seulement et ensuite qu’il
démissionne…. Ce qui suppose à l’avance
qu’il va être réélu, et cela l’opposition
ne peut pas l’accepter. Les évêques du Sénégal
ont proposé plusieurs fois une médiation, sans succès.
Ils ont finalement rencontré le président et adressé
un Message de paix et de réconciliation au parti présidentiel
comme à l’opposition, mais leur appel n’a pas été
entendu : chacun est resté sur ses positions.
J’ai
écrit de nombreux livres d’éducation pour les
adultes et les jeunes. Ils sont en stock en France. Je voudrais en
faire venir au Sénégal et pour cela je me suis adressé
à la Marine Française qui a encore une base à
Dakar. Aujourd’hui, quelqu’un vient me voir pour faire
une 1ère
enquête. J’espère que ça va marcher.
A
la pause de midi, je prépare la prochaine réunion à
la prison avec un de nos étudiants pour qu’il puisse
l’animer par lui-même.
A 17 heures, rencontre
mensuelle sur les activités chrétiennes (pastorales)
et sociales (humanitaires) : à la prison, avec les
handicapés, avec les réfugiés, avec les jeunes,
etc… Ensuite, nous réfléchissons à la
vie des Communautés de base. Je leur demande d’abord ce
qu’ils ont découvert de ces communautés dans les
différents endroits où ils sont engagés. Puis
nous cherchons ensemble ce que devrait être une communauté
de quartier (Voir
dans mon site
la rubrique CEB/CCB).
A partir de là nous traçons des pistes d’actions
pour le mois qui vient.
Enfin, les étudiants reprennent
les cours aujourd’hui. Nous voyons comment vivre ce trimestre.
Nous préparons aussi la marche de Carême des jeunes.
Dimanche
19 Février :
Je dis deux grands messes à la suite, car les confrères
sont pris ailleurs. L’Evangile du jour parle de la guérison
d’un paralysé. Actuellement, le Sénégal
est malade et paralysé. Je reprends ce que nous avons dit
hier avec les prisonniers pour relever le pays et le faire avancer
(lève-toi et marche). Nous réfléchissons à
la justice, la paix et la réconciliation à mettre en
place (tes péchés sont pardonnés). En lien avec
la 1ère
lecture (Dieu va faire une terre nouvelle), je parle de la nécessité
de non violence active évangélique. Cette Parole de
Dieu est vraiment d’actualité pour nous et elle nous
trace un chemin.
A midi, je retourne à l’Institut
pour le repas de la fête. C’est l’occasion de
revoir un certain nombre de personnes dont certaines que je n’ai
pas rencontrées depuis longtemps. Des amis, mais aussi le
vicaire général adjoint du Cardinal, le responsable
national de Justice et Paix, de nombreux confrères et sœurs,
des responsables de Mouvements et de communautés, et aussi
l’Ambassadeur du Cameroun. Avec lui, nous parlons du suivi des
prisonniers camerounais par l’Association des Camerounais du
Sénégal.
L’après-midi, visite du
quartier et rencontre du chef de quartier et de l’imam.
Samedi
18 Février : Aujourd’hui
et demain, les militaires vont voter pour être libres le jour
des élections. Une semaine à l’avance. Beaucoup
ont peur d’un bourrage des urnes. Et beaucoup de bruits
circulent sur un truquage informatique des résultats.
C’est
dans cette ambiance que je vais, comme chaque semaine, à la
prison des hommes. Je les mets au coursant des efforts que nous
faisons aux différents niveaux : pour les jugements,
pour les faire parrainer et trouver des visiteurs, pour relancer les
ateliers, mettre en place un service d’écoute, pour la
santé, etc… Ce matin, nous nous arrêtons à
la question de la santé. L’Ordre de Malte accepte de
nous fournir des médicaments, mais les prisonniers ont peur
qu’ils soient détournés. Et ils demandent un
meilleur suivi médical.
Dans un 2ème
temps, nous passons au partage de la Parole de Dieu (l’Evangile
de demain : la guérison du paralysé – Marc
2, 1-12). Je suis toujours frappé par le sérieux de
leurs réflexions et la profondeur de leur foi, et par leurs
conclusions très concrètes et pratiques. Ils insistent
spécialement sur le séjour à la prison comme
possibilité de conversion (tes péchés sont
pardonnés) et de reprise de sa vie en mains (lève-toi
et marche). Ils notent aussi leur responsabilité les uns en
vers les autres : se pardonner mutuellement, mais aussi se
soutenir comme les quatre porteurs ont porté le paralysé
au Christ. Les idées sont nombreuses et il ne nous reste plus
beaucoup de temps pour les chants et les questions diverses. Nous
continuerons la prochaine fois, en particulier pour voir comment ils
peuvent prendre eux-mêmes en charge leur santé :
propreté, hygiène, exercices physiques, arrêt du
tabac et de la drogue, etc… Les choses à mettre en
place ne manquent pas.
17 heures : Avec le responsable et le
secrétaire de notre communauté, nous allons rendre
visite au chef de quartier et à l’imam. Contacts très
sympathiques. Bien sûr, nous parlons de la situation du
pays.
Entre ces activités, je fais l’aller-retour à
l’Institut St Augustin où nos étudiants font
leurs études de philosophie et de théologie et dont on
fête le 25ème
anniversaire. Le matin, conférences sur la paix et
l’exhortation du 2ème
Synode pour l’Afrique, « génies en herbe »,
remise de la Coupe de football, etc… suivis d’un repas
fraternel. L’après-midi et la nuit : activités
culturelles : en effet les étudiants sont de nombreuses
nationalités africaines.
De retour la nuit, je suis la fin
des manifestations à Dakar et à l’intérieur
du pays, avec leur lot d’arrestations, de blessés et un
nouveau mort à Kaolack.
Vendredi
17 Février :
Comme
chaque vendredi, je vais à la prison des femmes. Aujourd’hui,
nous parlons de la vie à la prison, de l’entente et de
la réconciliation. Nous partons de l’Evangile (Mtt 18,
15-21). Je suis très heureux parce que toutes les femmes
participent activement au partage, chacune dans sa langue. Après
la rencontre, comme chaque semaine, nous restons pour parler avec
celles qui le désirent. Beaucoup ont connu des problèmes
très graves et difficiles : viol, suivi d’avortement,
drogue, etc… Elles ont besoin de se soulager et de faire
sortir tout cela de leur cœur, et elles se sentent libérées.
Même si, souvent, nous nous sentons tout petits et impuissants
devant tant de souffrances.
Le championnat d’Afrique du Sud
de football (la CAN) est terminé. Le Sénégal a
été battu dans ses trois matchs et a donc été
éliminé du 2ème
tour. Dans un sens, c’est une bonne chose, car une victoire
aurait été récupérée au point de
vue politique. Ce qui nous choque aussi, c’est bien sûr
l’utilisation des gris(-gris, fétiches et autres
cérémonies magiques pour gagner. Mais surtout les
dépenses énormes qui ont été faites à
ces occasions pour les entraîneurs, les joueurs et aussi les
supporters. Alors que les pays sont enfoncés dans le
sous-développement et que les pauvres sont de plus en plus
pauvres. L’entraîneur du Sénégal, après
ce grand échec, demande 360 millions CFA (plus de 50.000 €)
pour son licenciement. Et le pays avait consacré 7 milliards
CFA pour cette CAN. Mais bien sûr les européens n’ont
pas de leçon à donner à ce niveau !
Ce
qui nous inquiète, c’est aussi la récupération
politique. Tout le monde espérait une victoire de la Côte
d’Ivoire pour refaire l’unité du pays. Si l’unité
du pays dépend d’un match de foot, c’est vraiment
grave ! A la finale, il y avait plus de 10 chefs d’Etats.
Est-ce qu’ils n’ont pas d’autres
choses plus importantes à faire….. sans parler de
toutes les dépenses : car, évidemment, chacun
était accompagné par une suite importante.
A
l’inverse, j’ai beaucoup apprécié
l’interview de KEITA, joueur malien. Au journaliste qui le
félicitait d’être sélectionné pour
la demi-finale, il disait : « nous ne pouvons pas
être heureux, car il y a la rébellion touareg et la
guerre au nord du pays ». Le journaliste a insisté :
« Mais quand même vous avez gagné ».
Kéita a répondu : « Le football ce
n’est qu’un jeu. Le problème, c’est la
guerre chez nous ».
La Campagne électorale se
poursuit avec beaucoup de tensions et de violences. Les affiches des
candidats sont salies et déchirées. Les caravanes des
candidats attaquées à coups de pierres. Il y a des
morts au cours ou après les manifestations, d’un côté
comme de l’autre. Et les forces de l’ordre interviennent
d’une façon souvent démesurée. Jeudi, les
jeunes de « Y en a marre » qui manifestaient
pacifiquement, ont été chassés à coups
de grenades lacrymogènes. Même le candidat Ibrahim FALL
n’a pas pu tenir son meeting. Un autre candidat a été
arrêté par la police, puis relâché. Des
participants et des journalistes ont été blessés.
Une grenade lacrymogène a atterri dans une Mosquée où
les gens étaient en prière. Cela a beaucoup choqué
et a entraîné de nouvelles violences, aussitôt
réprimées. Nous sommes très inquiets pour
l’avenir. Et déjà, pour demain, où un
nouveau rassemblement est annoncé par l’opposition.
Jeudi
16 Février :
Travail à la maison sur Internet, réponses aux
nombreux courriers, rédactions de comptes rendus et de
nouveaux documents. Mais je trouve que ça n’avance pas
vite.
Heureusement, je suis interrompu dans mon travail par
plusieurs visites, sans parler des nombreux coups de téléphone.
Ca me fait des récréations. Le téléphone
portable, ça dérange souvent, mais c’est quand
même une belle invention. Je reçois aussi quelques
visites. A midi, un prêtre d’une paroisse voisine vient
partager notre repas. En effet, un de nos étudiants travaille
avec lui. Il vient donc rencontrer notre communauté et
connaître les autres étudiants. Nous sommes très
heureux de l’accueillir et nous prenons un bon moment pour
parler ensemble. Ce prêtre a un frère qui habite
justement dans le quartier. Nous ne le connaissons pas. Il va nous
conduire chez lui, pour qu’il participe à la vie de la
communauté de notre quartier.
L’après-midi,
Hélène, responsable de Justice et Paix et de
l’Aumônerie des Prisons, vient travailler avec moi, pour
faire le point.
Mercredi
15 Février :
En 2009, pendant toute une année, les différents
groupes de la société civile ont travaillé sur
la situation du pays aux différents niveaux (politique,
social), dans ses différentes composantes (économique,
culturelle) : c’est ce qu’on a appelé les
Assises Nationales. A la suite de cela, ils ont proposé des
solutions pour redresser le pays, et donné des orientations
pour une action citoyenne, avec la participation mais aussi le suivi
et la supervision de tous. L’ensemble est présenté
dans un livre : La Charte de Gouvernance Démocratique.
Ils
sont intéressés par ce que fait la Commission Justice
et Paix pour les élections. Nous prévoyons aussi une
collaboration pour qu’ils viennent présenter la Charte
à nos différentes équipes et à toutes
les personnes que nous pourrons rassembler. C’est un travail
de fond très important pour faire participer le maximum de
personnes à la construction du pays, après les
élections.
A 15 heures, je reçois un étudiant
en théologie, comme chaque mois pour chacun d’entre eux
en direction spirituelle, pour faire le point sur sa vie.
A 16
heures, formation pour les observateurs aux élections
présidentielles du 26. Cela se passe bien, car les personnes
choisies sont déjà actives et engagées dans nos
Commissions.
A 18 h 30, rencontre dans une Communauté de
quartier dans la paroisse où j’ai fait la formation,
dimanche dernier, pour la mise en pratique. Nous nous donnons
d’abord les nouvelles du quartier, puis nous partageons la
Parole de Dieu. Ensuite, nous abordons la question de la Campagne
électorale et des élections, puis voyons quelles
actions nous pouvons mener. C’est notre habituel de nos
réunions en ce moment.
Dès la fin de la réunion,
je pars en animer une autre, dans un autre quartier, avec le même
programme, jusque tard dans la nuit. Heureusement, cette deuxième
communauté n’est pas loin de notre maison.
Mardi
14 Février :
Le
matin, rencontre avec le directeur du séminaire des religieux
(le Centre St Augustin) pour réfléchir avec les
étudiants à la Campagne électorale et, plus
profondément, à l’engagement. Et aussi leur
demander de participer à l’effort de formation et de
sensibilisation de la Commission Justice et Paix.
A 10 heures,
rencontre avec Anne, une amie d’enfance (nous avons fait nos
études ensemble au Sénégal, de même
qu’avec son mari). Elle est venue passer 3 semaines et
retourne en France demain.
A 18 h 30, messe à la
paroisse. Après la messe, nous nous retrouvons avec tous les
responsables de Mouvements qui travaillent avec les enfants, pour
faire le point de notre action et préparer le temps du Carême
Dimanche
12 Février : Aujourd’hui,
journée de formation des responsables de communauté
(Voir le compte-rendu dans mon site, rubrique « CEB »).
J’aime beaucoup ces formation, pas seulement parce que c’est
important, mais parce que cela se passe toujours dans une ambiance
sympathique et les gens sont très motivés. On devait
terminer à 13 heures, on a continué jusqu’à
16 heures.
A 16 heures, je passe au CAEDHU, Centre d’éducation
aux Droits humains, où depuis ce matin, cinq écoles de
football étaient rassemblées pour faire notre jeu sur
les droits de l’enfant. Là aussi l’ambiance est
très joyeuse. Nous tirons les conclusions avec les animateurs
et préparons notre programme pour les deux mois qui viennent.
En particulier une formation de base sur les Droits Humains et une
autre sur le Droit international, avec l’aide d’une
stagiaire de l’ONDH.
Le soir, j’accueille les
malades qui reviennent de leur pèlerinage.
Samedi
11 février :
Ce
matin, nous sommes très tristes. Nous enterrons notre amie
Benedicta, le docteur qui me soignait, avec qui j’étais
très lié, décédée brusquement, en
l’absence de son mari Félicien parti se faire opérer
en France, et qui est revenu d’urgence sans se faire soigner.
Nous l’entourons, de même que leurs enfants et la
famille, le mieux possible. Avec Félicien, nous avons
travaillé de longues années ensemble avant mon départ
en Guinée, au sein de l’ASPF (Association Sénégalaise
pour la Promotion de la Famille) : préparation au
mariage, suivi des couples, éducation des enfants, régulation
des naissances, éducation sexuelle des jeunes, etc…
Le
soir, messe à la paroisse, avec de nombreuses rencontres
amicales, comme d’habitude.
Vendredi
10 février :
Aujourd’hui
dans la ville, marche
des femmes pour la paix.
Ce qui est important, c’est que ce sont des femmes de
différentes ethnies, religions, différents partis et
orientations politiques.
Les enfants de notre
amie qui est décédée
la semaine dernière viennent d’arriver du Canada.
Vivant au loin, c’est un coup très dur pour eux. Je
vais les rencontrer et les encourager. A 18 h 30, nous avons une
veillée de prières tous ensemble.
Mais avant, je
rencontre un
groupe de lycéens.
Ils ont déjà eu un temps de réflexion sur les
élections et la Campagne électorale. Aujourd’hui,
nous voyons ce qu’ils ont fait concrètement à ce
niveau. Puis nous travaillons la Lettre de la journée
mondiale de la paix : « Eduquer les jeunes à
la Justice et à la Paix ». Il y a beaucoup de
choses à dire. Nous continuerons lors de notre prochaine
rencontre.
A 21 heures, réunion
de notre communauté de quartier
(Voir
comptes rendus et programmes dans mon site, rubrique CEB).
La communauté continue à grandir et prend forme. Nous
nous connaissons de mieux en mieux, nous partageons de plus en plus
en profondeur nos soucis, nos joies et nos activités. Nous
sommes bien d’accord sur les objectifs. Il nous reste
maintenant à préciser les actions à mener,
personnellement et ensemble, selon nos trois axes prioritaires :
1- La justice, pour faire avancer le quartier ;
2- La
charité, pour aider tous ceux qui souffrent et ont
besoin de soutien ;
3- La paix et la réconciliation.
Demain,
c’est la journée mondiale des malades. Nous voyons que
faire pour eux et avec eux. A la prochaine réunion, nous
réfléchirons « comment vivre le
Carême ».
Nous décidons qu’à
chaque réunion, une famille se présentera, avec tous
ses membres : sa vie de famille, son travail, ses engagements ;
ceci pour mieux nous connaître, nous comprendre et nous
soutenir. Il nous reste à aller plus loin dans le partage de
Dieu et pour rendre nos prières plus concrètes. Mais
nous sommes en route et les choses avancent peu à peu.
Jeudi
9 février :
Le
soir, je vais dire la
messe dans le quartier, chez les Frères de Taizé.
Toute la journée, j’ai travaillé sur Internet,
et aux documents que l’on m’a demandés. Chez les
Frères, comme chaque jour, il y a beaucoup de monde car leur
communauté est très ouverte, spécialement aux
gens nécessiteux du quartier, aux enfants et aux jeunes qui
n’ont pas pu aller à l’école et n’ont
pas de travail. Ils participent à un certain nombre
d’activités manuelles qui leur permettent de gagner un
peu d’argent et d’avoir une formation de base. Les
personnes en difficultés sont toujours accueillies, consolées
et encouragées. Les Frères ont une petite infirmerie
pour donner les premiers soins, car les dispensaires sont souvent
éloignés et il faut attendre longtemps, et aussi
payer. Nous nous retrouvons pour célébrer
l’Eucharistie, à la fois très animée et
très simple, à la manière de Taizé !
Après
la messe nous restons longtemps à parler ensemble. Les Frères
m’invitent à partager le dîner avec eux, ce que
j’accepte avec joie. Nous pouvons ainsi également
partager nos soucis et notre vie avec ceux qui nous entourent.
Mercredi
8 février :
Je
vais à notre Maison régionale. Nos confrères
reviennent de Guinée, où un de nos jeunes confrères
a été ordonné prêtre, au cours des fêtes
du Centenaire de la paroisse d’OUROUS. Je suis heureux d’avoir
des nouvelles de la Guinée. Nous prenons un temps avec notre
responsable pour réfléchir aux différents
projets
de développement de nos confrères. Il
y a aussi de gros problèmes financiers, déjà
pour avoir de quoi manger. Et toutes nos voitures sont complètement
finies. Mais nous n’avons pas les finances pour en acheter des
neuves.
Je suis heureux de parler avec Gérard notre ancien
responsable qui est actuellement en France et qui y retourne ce
soir.
Nous accueillons aussi un jeune
confrère camerounais
qui va aller travailler en Mauritanie.
Je prends ensuite le temps
de parler avec l’économe, l’intendant de la
Maison, et les autres confrères de la communauté,
quitte à les empêcher de faire la sieste !
J’arrive
assez tôt pour voir la fin de la demi-finale de la Coupe
d’Afrique
de football. Le Ghana est éliminé ! Un de nos
formateurs et plusieurs étudiants sont ghanéens ;
ils sont très tristes… et nous avec eux ! Mais ce
n’est pas l’essentiel !
Je n’ai pas le
temps de les consoler car je dois partir à une
réunion de quartier
où nous allons voir que faire pour que les élections
se passent le mieux possible, dans la paix, la transparence, sans
corruption et dans le respect des lois : c’est le thème
principal de toutes nos rencontres actuellement.
La réunion
dépasse l’heure normale, mais personne ne s’en
plaint !
Mardi
7 février :
Ce
matin, travail à la maison. En début d’après-midi,
une
longue interview
au téléphone avec une journaliste d’une radio
missionnaire du Vatican, sur la situation du pays et la Campagne
électorale. Puis, plusieurs réflexions
avec des gens
qui viennent me voir. Et encore des communications téléphoniques.
Enfin, travail sur internet : recherches et réponses aux
messages.
A 18 h 30, messe à la paroisse. Même en
semaine, il y a beaucoup de monde ; après la messe, nous
avons plus de temps pour nous voir et parler. Plusieurs jeunes
viennent aussi se confesser. Ensuite, je rejoins la
Commission « Justice et Paix »
où nous évaluons les actions menées et
préparons celles à venir.
Lundi
6 février :
Réunion
du doyenné.
Rencontre
des paroisses de la banlieue de Dakar. Aujourd’hui, le temps
de formation porte sur le document : « L’engagement
de l’Afrique » suite au 2ème
Synode pour l’Afrique. Celui qui dirige la réflexion
est un ami de très longue date, puisque nous avons fait nos
études ensemble. Nous sommes très heureux de nous
retrouver. Actuellement, il est chargé de la formation dans
le diocèse et aussi à l’extérieur.
Il
fait le lien entre ce document et le Synode et notre
plan d’action,
qui est commun à tous les diocèses de l’Afrique
de l’Ouest : francophones, anglophones et
lusophones.
Nous voyons ensuite comment mettre en place notre
doyenné pour organiser, structurer et suivre les actions.
Puis nous définissons les diverses formations à
proposer aux différents groupes : communautés,
mouvements, groupes divers. On me confie spécialement la
formation des communautés, dans la ligne du service :
rendre aux personnes leur dignité au milieu de tous les
problèmes actuels du pays, la défense de la justice,
la construction de la paix, spécialement en ce moment des
élections et de la Campagne électorale, pour une
meilleure marche du pays, la réconciliation, l’aide de
tous ceux qui souffrent (malades, handicapés, familles
nécessiteuses) en dépassant l’aumône, pour
mettre en place des petits projets de développement.
Dans
un 2ème
temps, nous préparons les activités du deuxième
trimestre : le Carême, les baptêmes, premières
Communions et Confirmations, etc…
Mais l’essentiel
c’est de nous retrouver, de vivre tout cela ensemble dans
l’amitié et de partager nos joies et nos soucis. La
rencontre se termine par un repas fraternel.
Lundi 6 Février : Ce matin et toute la journée nous nous retrouvons en doyenné avec tous les prêtres des six ou sept paroisses de la grande banlieue de Dakar, comme chaque mois.
Dimanche
5 Février : Ce matin, je dis la
messe à la paroisse. L’Evangile parle de la mission de
Jésus, avec ses trois composantes : prier, aider les
malades et lutter contre les souffrances, et évangéliser.
Bien sûr, j’applique cet évangile à la
situation du pays ; ce ne sont pas seulement quelques personnes
qui sont malades, mais le pays tout entier en ce moment. Et il y a
vraiment beaucoup de maladies et de mauvais esprits à chasser
de la tête et du cœur des gens. En même temps nous
préparons la Journée mondiale des malades du 11
Février et le dimanche de la santé du 12 Février.
A la fin de la messe, je prends le temps de saluer les gens.
Ensuite, rapidement je pars à la paroisse voisine de Hann,
sur laquelle est construit un collège dans lequel j’ai
fait mes études. C’est aussi une paroisse avec
laquelle je travaille régulièrement et je viens
d’animer des sessions pour les responsables de communautés,
et une autre pour les catéchistes. Je suis donc invité
à participer à leur fête. A table, je suis, à
côté du Cardinal ce qui nous permet de parler d’un
certain nombre de choses et en même temps de rencontrer de
nombreuses personnes, des amis que je salue avec joie et aussi des
personnes ayant des responsabilités dans le pays et engagées
en ce moment et avec qui nous pouvons parler un peu de la situation
du pays actuelle et à venir.
Après le repas, je
pars rejoindre un ami de très longue date, avec lequel nous
avons travaillé de longues années pour la régulation
des naissances et l’éducation sexuelle des jeunes et
des adultes. Il était parti se faire opérer en France,
et pendant son absence sa femme est morte subitement. Elle était
aussi une grande amie, c’était même ma sœur,
et c’est elle qui me soignait depuis mon retour de Guinée.
Cette mort subite a causé un choc à beaucoup de
personnes et moi-même j’en suis profondément
triste. Je vais donc passer un moment avec son mari pour le
réconforter et partager sa peine, dans l’Espérance
et dans la Foi.
Samedi 4 Février : Le 2 Février dans le monde entier est la Journée mondiale de la vie consacrée (les religieux et les religieuses). Nous célébrons cette Journée le samedi pour que le maximum de personnes puisse se libérer et y participer. La rencontre a lieu à MBOUR, environ 70 km de Dakar, pour permettre aux Frères et aux Sœurs de l’intérieur du pays d’y participer plus facilement ; mais c’est nous qui avons des problèmes : partis à 7 heures du matin nous n’arrivons qu’à 11 h 30. On m’a demandé de faire une conférence sur le thème « religieux et religieuses et la pastorale du tourisme ». Cette conférence était prévue à 9 h 30, nous arrivons avec 2 heures de retard ! Nous partons donc directement célébrer la messe avec les chrétiens de la ville de MBOUR, autour de notre Cardinal, et je ne peux tenir ma conférence qu’à 13 h 30. Evidemment les gens sont fatigués par le voyage et par cette célébration qui a été très belle, avec de nombreux gestes et plusieurs rites adaptés, mais, malgré tout, longue ; tout le monde commence à avoir faim. On me demande tout de même de faire cette conférence. Prévue pour ½ heure, elle dure 1 heure et lorsque je m’arrête les gens regrettent en demandant que cela puisse continuer. C’est effectivement un thème très important et une question dans laquelle nous voulons nous engager, car MBOUR se situe sur ce qu’on appelle « la Petite Côte », au centre du tourisme ; le village de Saly, par exemple, est le centre touristique le plus important d’Afrique au sud du Sahara, avec plus de 100.000 personnes par an ; il y a donc un gros travail à faire. Je vous ferai sans doute suivre cette conférence, lorsque j’aurai pu la faire saisir. Mais avant de nous séparer nous voyons concrètement le travail que nous faisons déjà pour l’accueil des touristes, pour leur permettre la rencontre de la culture sénégalaise avec ses richesses et toutes ses valeurs, mais aussi pour défendre ses paysans dont les terres sont souvent accaparées et aussi les travailleurs de tous ces hôtels qui sont souvent exploités. Il y a donc beaucoup de choses à faire et à dire.
Vendredi
3 Février : Aujourd’hui,
je pars enregistrer l’émission pour la Journée
des malades, sur une des chaînes de télévision
du pays. Nous tenons ensuite une réunion avec plusieurs ONG,
autour du directeur du Camp Pénal, la grande prison pour les
hommes de Dakar, où nous voyons les différentes choses
à mettre en place : d’abord des ateliers pour
permettre aux prisonniers de se former, mais aussi tout ce qui
concerne l’animation culturelle, la mise en place d’un
service d’écoute avec des permanences pour que ceux qui
le veulent puissent venir parler à des personnes de leur
choix, et tout le reste du programme d’activités pour
les prisons que je vous ai déjà envoyé.
A 20
h 30, nous tenons notre rencontre de communauté, comme chaque
mois. Nous continuons à préparer notre assemblée
générale des Spiritains d’Afrique de l’Ouest
en travaillant notre rapport sur la vie de nos communautés,
les problèmes des finances et des biens matériels et
l’animation de notre Fondation. Pendant deux heures nous
échangeons nos idées puis rédigeons nos
propositions avant de parler rapidement de notre vie de communauté
: 12 étudiants en théologie et 3 formateurs. Sur
cette question nous n’avons pas grand-chose à dire car
notre communauté s’entend très bien et il y a un
soutien mutuel à tous les niveaux entre nous et nous en
sommes très heureux.
Depuis le début de la semaine,
les étudiants sont en examen de milieu d’année ;
ils ont donc beaucoup de révisions et de travail de
préparation à faire, mais cela ne nous a pas empêchés
de tenir notre rencontre.
Jeudi 2 Février : Le grand pèlerinage à Tivaouane, pour la fête de la naissance du Prophète Mohamed commence aujourd’hui et le grand marabout des Tidjanes demande l’arrêt des manifestations pour que cette fête puisse se passer dans la paix. Le soir je célèbre l’Eucharistie à la paroisse. Ensuite, nous tenons une rencontre sur la pastorale de la santé pour préparer le travail de tous ceux qui visitent les malades chez eux et dans les hôpitaux. Nous préparons également une émission à la télévision qui passera dimanche prochain, sur la Journée Mondiale des malades et le dimanche de la Santé, de manière à sensibiliser le maximum de personnes à cette question. Au retour, je passe voir le responsable à la Justice de notre Communauté, et ensuite la responsable à la Charité pour faire un premier suivi de leurs activités.
Mercredi
1er
Février : Tôt le matin, je
vais à la paroisse pour assurer la messe. Ensuite je reçois
un Pasteur protestant qui a des machines pour fabriquer des bics
« artistiques », sculptés et décorés
et qui serait d’accord pour venir à la prison enseigner
ce travail aux prisonniers, à la fois pour leur donner du
travail, leur faire gagner de l’argent et préparer
leur réinsertion à la sortie. Ensuite, je continue à
travailler à mes documents, et en particulier pour préparer
la Conférence de samedi prochain.
La tension continue dans
le pays. Des étudiants à ZIGUINCHOR qui ont été
reçus au bac. l’an dernier ne sont toujours pas
orientés ; ils sont en colère de ne pas pouvoir
faire des études, ils manifestent et font sortir les élèves
de tous les lycées de la ville.
Mardi 31 Janvier : Malgré la tension qui monte dans la ville, je sors en choisissant mon itinéraire pour éviter les points chauds Je me dirige d’abord vers la Centrale des Œuvres, là où se trouvent les bureaux, les différents mouvements et associations d’action catholique. Je travaille en particulier avec le Frère Martin, responsable de la JOC, un ami de longue date puisque nous avons travaillé de nombreuses années dans ce Mouvement, puis je rencontre un des membres de l’Ordre de Malte pour étudier avec lui la possibilité d’avoir des médicaments pour la prison des hommes. Ensuite, le midi, j’ai la joie de manger avec une amie d’enfance ; nous avions fait nos études ensemble avec aussi son frère et son mari dans les années 50 au Sénégal, et elle est venue revoir le pays. C’est un grand moment de rencontre très fort, et très intéressant. Après le repas, j’étais invité par les étudiants de l’Université de Dakar pour une réflexion sur la paix, mais suite à la mort d’un des étudiants dans les manifestations d’hier, l’Université est en pleine révolte, les étudiants sont bouclés à l’intérieur par les Forces de l’ordre qui les empêchent même d’aller assister à l’enterrement de leur camarade ; les étudiants se révoltent et brûlent un bus. Bien sûr, dans ces conditions il n’est pas question de tenir une séance de réflexion à l’Université. Je vais donc à l’ambassade du Cameroun où je suis reçu par l’Ambassadeur, pour voir avec lui comment ils peuvent suivre et soutenir les prisonniers camerounais qui sont dans notre prison de Liberté 6 (vous avez dû le noter, c’est vraiment un comble, le Camp Pénal des hommes, avec plus de 900 prisonniers, et la Maison d’arrêt des femmes avec près de 100 femmes, se trouvent dans un quartier de la ville de Dakar qui s’appelle « LIBERTE 6 ». C’est vraiment contradictoire !).
Lundi
30 Janvier : Les manifestations
continuent dans la ville de Dakar et s’étendent dans
tout le reste du pays. Il y a deux morts à Podor, ce qui est
très inquiétant (voir le document sur la situation du
pays).
La Secrétaire générale des Assises
Nationales, qui fait un gros travail de réflexion pour
proposer de nouvelles orientations du pays aux différents
niveaux : économique, social, culturel, etc…,
devait venir me voir pour que nous travaillions ensemble.
Malheureusement à cause de toutes ces manifestations, ce
n’est pas possible.
L’après-midi nous nous
retrouvons entre formateurs de notre Communauté pour faire le
point de notre vie et de notre travail avec les étudiants et
pour préparer la rencontre de Communauté de vendredi
prochain.
Dimanche 29 Janvier : Malgré la fatigue, il faut me lever de bonne heure car aujourd’hui je dois animer une journée de formation des catéchistes dans la paroisse voisine. Heureusement, je possède bien cette question et j’ai pris soin de préparer ma session à l’avance, mais je ne suis vraiment pas en grande forme pour animer cette journée de formation. Les catéchistes venus nombreux sont de très bonne volonté, très actifs et coopérants, si bien que tout se passe bien. Nous terminons par la messe à 16 heures. Pour ceux que cela intéresse, je vous enverrai également le compte-rendu de cette rencontre, à part. (Voir tous ces documents sur mon site).
Samedi
28 Janvier : Comme chaque samedi,
visite à la prison des hommes. Je vous enverrai le
compte-rendu ce cette rencontre, à part.
Soir. Comme je
dois intervenir auprès des jeunes dans une autre paroisse,
assez éloignée, je pars de bonne heure et j’en
profite pour manger dans notre deuxième communauté des
étudiants, ceux du 1er
cycle (philosophie). Cela nous permet de prendre un repas ensemble
et d’échanger un certain nombre d’idées et
de nouvelles, car je suis parti exprès en avance. Je profite
également pour aller saluer les Sœurs spiritaines qui
habitent à côté ; nous parlons de leur
travail auprès des jeunes filles : formation
professionnelle, alphabétisation, engagement dans les
communautés de quartier et je suis heureux de revoir une Sœur
que je connais depuis longtemps et qui vient d’être
nommée responsable pour tout le Sénégal.
Après
cela, à partir de 21 heures, un jeune vient me chercher ;
il a organisé une rencontre de deux amicales de jeunes. Nous
partons ensemble et marchons un long moment à pied puis enfin
nous trouvons un taxi, je mets mon vélo dans le coffre, et
nous n’arrivons pas trop en retard. Il y a une bonne
soixantaine de jeunes. Avec eux, nous réfléchissons à
la marche de leur amicale, la participation de ces amicales aux
Communautés de quartiers ; je leur explique aussi ce
qu’est le travail de la Commission Justice et Paix, et comment
y participer, et ensuite nous abordons toute la question des
élections et de la campagne électorale. Je leur
présente les quatre affiches avec les quatre thèmes
d’actions essentielles : refuser la violence et
construire la paix ; lutter contre la corruption pour des
élections transparentes ; aller voter et demander à
ceux qui nous entourent de voter ; réfléchir au
choix du candidat, choisir quelqu’un qui respectera les lois
du pays, qui cherche vraiment l’avancée du Sénégal,
connaître son programme d’actions, mais ne pas se
limiter à son programme, voir comment il a vécu et ce
qu’il a fait réellement jusqu’à
maintenant, pour qu’il ne se contente pas de discours
électoraux mais qu’il soit vraiment capable de mener
des actions importantes.
A partir de là, nous avons
beaucoup de choses à dire sur l’engagement des jeunes,
le travail de tous les jeunes ensemble, en particulier entre
chrétiens et musulmans, si bien que la rencontre commencée
à 21 heures se termine à 1 heure 30 du matin. Cela
fait tard pour repartir en vélo, je passe donc par les
grandes avenues qui sont éclairées pour ne pas avoir
de problèmes, d’autant plus qu’il y a une grande
tension dans la ville suite aux manifestations après la
proclamation des candidatures à l’élection
présidentielle. Il y a beaucoup de manifestations, de
révoltes, de rues fermées, de barricades et de pneus
brûlés un peu partout dans la ville ; beaucoup de
gens, en particulier les jeunes, sont en colère parce que la
candidature du président WADE a été acceptée
alors que pour beaucoup elle ne respecte pas la Constitution, et que
par contre d’autres candidats ont été renvoyés,
comme Youssou NDOUR, chanteur très populaire. J’explique
toute l’évolution de ces événements dans
un autre document que vous recevrez sur la situation du pays.
Vendredi
27 Janvier : Comme chaque vendredi,
nous nous retrouvons à la prison, à la Maison des
Femmes. C’est qu’aujourd’hui nous avons un thème
de réflexion tout trouvé et brûlant : c’est
leur journée libre de vendredi dernier, déclarée
« Prison sans femme » par le Président
de la République. J’ai déjà parlé,
plus haut, de cette nouvelle et je vous enverrai un document à
part à ce sujet. En tout cas, les femmes ont des réactions
très négatives par rapport à ce qui s’est
passé ; elles nous disent qu’elles ont été
utilisées et manipulées par le Président, dans
un but électoral, pour qu’il puisse être réélu
et elles sont très choquées et même traumatisées
par ce qui s’est passé, n’acceptant pas d’avoir
été utilisées de cette manière, au cours
d’une journée où elles étaient soi-disant
libres, où elles n’ont même pas pu rencontrer
leurs familles et où le lendemain elles se sont retrouvées
en prison, dans les mêmes conditions.
A 21 heures, comme
tous les 15 jours, nous nous retrouvons en réunion de
quartier. Là encore, je vous en enverrai le compte-rendu à
part.
Au cours de cette réunion, nous apprenons l’annonce
des candidatures qui sont acceptées par le Conseil
Constitutionnel pour la prochaine élection présidentielle :
trois candidats sont refusés, soi-disant parce que certaines
des signatures qu’ils ont apportées n’ont pas été
légalisées. En effet, chaque candidat doit fournir une
liste de 10.000 signatures de personnes apportant leur soutien à
sa candidature. Comme, en particulier la candidature du chanteur
Youssou NDOUR a été refusée, par contre celle
du président, Abdoulaye WADE qui est très contestée
est acceptée, des manifestations et des émeutes
éclatent dans la ville, en particulier dans les quartiers
populaires, et un policier va être tué au cours de ces
manifestations. Nous sommes très inquiets par la violence qui
augmente et qui s’accompagne chaque fois de morts, d’un
côté ou de l’autre.
Jeudi
26 Janvier : J’ai la grande joie
d’accueillir une amie d’enfance ; nous avons été
élèves dans le même collège autrefois à
Dakar et j’ai été ensuite élève en
même temps que son mari au lycée. Nous nous sommes
régulièrement rencontrés tout au long de notre
vie, en différents endroits, j’ai la joie de la revoir
avec sa fille et sa petite fille. Elles sont venues revoir le
Sénégal et leur petite fille fait un stage à
l’Office National des Droits de l’Homme. Comme elle est
intéressée par des contacts à la base et pas
seulement de voir ce qui se fait dans une ONG, je lui propose un
certain nombre de sorties sur le terrain.
A midi, je vais dans
notre Maison centrale pour rencontrer notre ancien responsable avec
qui nous avons travaillé de nombreuses années et qui
m’avait envoyé dans les camps de réfugiés
en Guinée. Il va participer au Centenaire de la Fondation
d’une Mission en Guinée, à OUROUS. Au cours de
cette cérémonie, un de nos jeunes confrères
guinéens sera ordonné prêtre. Nous prenons un
temps assez long pour parler ensemble, en particulier du livre qu’il
a écrit sur la Guinée et de mes propres documents que
j’écris ; il était Archiviste général
de notre Congrégation. Mais maintenant, vu son âge et
ses problèmes de santé, il est en retraite bien que
continuant à travailler et à donner un sérieux
coup de main. J’en profite pour voir le plus ancien de nos
confrères au Sénégal, l’économe,
le frère Procureur, notre responsable qui vient de Guinée
et qui nous donne de nombreuses nouvelles et les différentes
personnes qui travaillent dans cette Maison. C’est important
pour moi de garder contact avec ces personnes, mais aussi de
pouvoir partager avec eux les différents engagements que
j’ai pris.
Mercredi 25 Janvier : Comme les transporteurs n’ont pas été satisfaits et n’ont pas obtenu de résultat lors de la précédente grève, ils repartent en grève pour 3 jours. Ils demandent, en particulier, la diminution du prix du carburant qui a beaucoup augmenté alors que les tarifs des taxis et des transports, eux, n’ont pas augmenté, ce qui fait qu’ils travaillent dans des conditions très difficiles. Ils demandent aussi une réduction des différentes taxes et de ne plus être rançonnés ou importunés par les forces de police qui souvent cherchent à profiter d’eux. Finalement cette grève aura moins d’impact que les précédentes et elle sera arrêtée à la demande du Chef religieux de l’une des grandes Confréries musulmanes du pays, les tidjanes. En effet, ils sont dans la préparation de la fête de la naissance du Prophète par 10 jours de prières et les fidèles ont besoin de moyens de transport pour se rendre à TIVAOUANE, le centre de leur Confrérie.
Mardi
24 Janvier : Rencontre de la
Commission Justice et Paix.
Nous recevons
de nombreuses demandes d’interventions ; nous essayons de
nous répartir le travail de manière à répondre
au maximum d’appels.
Lundi 23 Janvier : Je reste à la maison pour répondre aux nombreux messages qui viennent par mail, continuer à travailler les documents, en particulier par rapport à l’élection présidentielle et à la campagne électorale.
Mercredi 11 Janvier : Travail au bureau. Le soir, réunion de communauté dans un quartier pour la préparation des élections et le changement de façon de travailler. J’en parlerai dans mon prochain courrier.
Mardi 10 Janvier : Nous
tenons notre 1ère
réunion d’évaluation de l’aumônerie
des prisons. Nous
abordons les problèmes successivement, nous constituons une
équipe pour chacun et voyons comment trouver des aides et des
coopérateurs :
1°) L’équipe
judiciaire,
pour trouver des avocats bénévoles, activer les
jugements et les procédures d’appel, assister aux
jugements et suivre les prisonniers. Nous voyons comment mettre en
place une formation pour assumer ces responsabilités le mieux
possible, comment accéder aux dossiers, etc…
2°)
Le
soutien aux prisonniers :
Nous avons une Caisse, mais il faut la remplir ! Nous prévoyons
des activités pour cela et mettons en place une équipe.
Nous allons écrire et diffuser largement une lettre de
soutien pour recueillir de l’argent, de la nourriture, des
matelas, des habits, du savon, etc…
3°) Parrainage :
Nous voyons comment parrainer les prisonniers. Surtout les étrangers
pour les visiter et les malades pour leur acheter des médicaments.
Bien sûr, il faudra s’assurer que tout cela leur arrive
bien et n’est pas détourné en route.
4°)
Les
ateliers et la formation :
Ce sera un problème beaucoup plus compliqué, pour
trouver des outils et des machines. Nous allons chercher d’abord
à récupérer du petit matériel. Et voir
parmi les prisonniers ceux qui accepteraient de former les autres.
Car c’est cela notre but principal : pas seulement pour
se faire un peu d’argent pour leur sortie et avoir un pécule,
mais surtout pour se former pendant leur séjour à la
prison et pouvoir travailler quand ils sortiront.
5°) Cela
nous a amenés à toute la question
de la réinsertion.
Et déjà de la réconciliation avec les victimes
et les relations à maintenir ou recréer avec la
famille. Mais là, nous sommes très courts. Il va
falloir continuer à chercher, et trouver les moyens. Déjà,
nous voyons que beaucoup de ceux qui sont sortis ont d’énormes
problèmes et retombent dans la délinquance. A Noël,
un prisonnier étranger a été gracié.
Mais il n’a pas d’argent pour retourner dans son pays.
Ici il ne connaît personne, il n’a rien à manger
et ne sait pas où loger et il n’a pas de travail. De
plus, il est malade. A la prison, on lui donnait des médicaments,
et aussi (un peu) à manger. Maintenant, il n’a plus
rien. Désespéré, il demande qu’on le
reprenne en prison !
6°)
Nous terminons par la question de l’éducation
et de l’animation culturelle
à la prison. Nous avons l’autorisation de le faire dans
la cour. Nous avons copié des DVD en ouolof. Il nous faut
trouver maintenant une télévision et un lecteur de
DVD. Et surtout des animateurs.
Il est tard quand nous nous
séparons, mais nous sommes satisfaits de cette rencontre.
Lundi 9
Janvier :
Ce matin, prière
en silence, office
(bréviaire) et Eucharistie (messe), comme chaque jour. Nous
fêtons le baptême du Christ et revivons les engagements
de notre baptême.
8
heures :
Rencontre
sur les prisons
avec une responsable d’association qui intervient depuis de
nombreuses années. Nous nous étions connus dans les
années 80 au nord du Sénégal. Nous faisons le
tour des différents problèmes et nous voyons comment
collaborer pour plus d’efficacité.
9
h 30 :
Je rejoins la réunion des prêtres des différentes
paroisses de la banlieue de Dakar (doyenné). Nous commençons
par écouter un économiste sur l’histoire et la
situation actuelle du pays. En effet, dans le cadre des élections
et de la campagne électorale, il est important pour nous
d’avoir une base solide, pour évaluer les programmes et
les discours des candidats. Après cette réflexion,
nous passons à l’action concrète : je leur
explique ce que la Commission Justice et Paix a prévu comme
action et préparé comme moyens (affiches, dépliants,
tracts, …) pour sensibiliser et conscientiser le maximum de
personnes pour ces élections. Tous sont d’accord pour
multiplier et répercuter les informations, former les gens,
suivre et évaluer les actions.
Après cela, nous
faisons le
tour de chaque paroisse
pour analyser les différentes actions menées et voir
comment nous soutenir mutuellement dans nos responsabilités.
Cela se passe dans une ambiance très simple et fraternelle,
ce qui n’empêche pas d’être constructifs !
L’un des points qui nous retient c’est bien sûr la
formation des laïcs et surtout des jeunes.
Après le
repas, nous prenons encore un moment d’échanges. Avec
le délégué de l’évêque, nous
parlons assez longuement du travail à l’hôpital
et dans les prisons.
18
heures :
Je retrouve tous les étudiants ensemble pour faire le compte
rendu. Et à partir de ce soir, je commence à les voir
personnellement tout au long de la semaine pour faire le point de
leurs activités, voir comment ils veulent vivre leurs
engagements, comment ils ont vécu les vacances de Noël,
avec les contacts qu’ils ont pu faire. Et à partir de
là nous traçons une ligne d’activités
avec chacun pour le trimestre qui vient.
Samedi 7
Janvier :
Ordinations.
Ce
matin, notre Cardinal Théodore Adrien SARR ordonne un diacre
et deux nouveaux prêtres. Beaucoup de monde assiste à
la cérémonie. Cela me permet de rencontrer d’anciens
amis et aussi de prendre des contacts. On me donne un rendez-vous
pour travailler à un programme de formation sur les
Communautés de Base. Cela fera beaucoup de travail, mais
c’est important et le sujet m’intéresse. Le midi,
je mange avec les prêtres de la paroisse et j’ai la
grande surprise d’y trouver un ami d’enfance,
sénégalais, des années 1950. Il s’est
établi en France depuis longtemps et il est venu visiter sa
famille. Du coup, il me passe quelques numéros de téléphone
d’anciens amis, ainsi que le sien, pour que nous puissions
nous parler quelques minutes. C’est une grande joie.
15
heures.
Je vais immédiatement rejoindre l’équipe du
CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Nous
avons composé un
Guide de l’animateur des Droits Humains
et d’Education à la Paix. En reprenant les différentes
conférences, formations et comptes rendus d’activités,
nous avons composé un manuel. Chacun l’a travaillé
de son côté et nous nous retrouvons pour partager nos
remarques et critiques. A partir de ces corrections, nous pourrons
faire une rédaction que nous allons remettre aux différents
formateurs et éducateurs. Et nous ferons une deuxième
version corrigée dans deux ans. Je suis en retard, mais
malgré tout je suis quand même le premier ! Cela
arrive souvent pour les réunions. L’heure solaire,
c’est relatif ! Au retour, de nombreux messages
m’attendent sur Internet.
Vendredi 6
Janvier :
Le
soir, réunion du Conseil paroissial. C’est une grosse
paroisse et beaucoup de choses à faire. Nous commençons
par faire le point de notre session de formation pour les
responsables
de communautés chrétiennes de quartier.
En effet, ces communautés qui devaient être des
communautés de réflexion et d’action, faute de
suivi et de soutien, sont devenues peu à peu des groupes de
prière. Nous rappelons ce que nous avons décidé
à la session de formation : commencer par se donner les
nouvelles, faire un partage de la Parole de Dieu et ensuite aborder,
à chaque réunion, les trois points essentiels = lutter
contre les injustices, aider les gens qui souffrent, prendre un
temps de réconciliation. Avant de passer à la vie
interne de la communauté : catéchèse des
enfants, parrainages, etc.. Mais nous insistons surtout sur
l’importance de la participation de tous, en créant un
esprit de famille. Et ensuite, travailler avec tous les gens du
quartier, sans distinction, pour avancer ensemble. Je vous ai déjà
envoyé un certain nombre de documents sur ce thème, de
même que le compte rendu de la session de formation (voir
mon site).
Dans
un 2ème
temps, nous expliquons comment mettre en place, à la base,
une sensibilisation et réflexion dans les quartiers sur la
Campagne
électorale,
le choix du candidat et l’élection du président.
Nous présentons le matériel que nous avons préparé :
affiches, dépliants, tracts, fiches pédagogiques. Nous
expliquons comment utiliser ce matériel. Nous confions le
travail à chaque communauté de quartier pour descendre
sur le terrain. Ils vont commencer par faire une enquête pour
connaître les différents groupes existants et les
différents lieux où contacter les gens : gare
routière, marchés, etc… Chacun mettra aussi à
profit ses contacts personnels, familiaux et professionnels. (Voir
les documents sur mon site également).
En
soirée,
je quitte le Conseil pour rejoindre la maison où se tient
notre réunion
de Communauté.
En effet, au début de ce nouveau trimestre, il nous faut
préciser nos orientations et ce que nous allons faire durant
ces trois mois. Nous évaluons aussi la façon dont nous
avons vécu ce temps de Noël et les vacances qui ont
suivi. Dans un 3ème
temps, nous commençons à préparer l’Assemblée
générale des spiritains d’Afrique de l’Ouest.
Nous allons nous rencontrer tous ensemble après Pâques
pour faire le point de notre action et tracer de nouvelles pistes
pour les années à venir. Mais tout cela demande un
gros travail de préparation et de réflexion. Et nous
tenons à ce que les jeunes et les étudiants
participent et puissent donner leurs idées. Nous aurons cinq
rencontres. Aujourd’hui nous travaillons le 1er
thème :
Comment vivons-nous nos priorités
missionnaires :
1°)
annonce de l’Evangile, solidarité avec le monde des
pauvres, dialogue avec les gens des autres religions, l’engagement
pour la Justice, la Paix et la Réconciliation, l’éducation
et le développement.
2°)
nous évaluons ce que nous avons vécu pendant ces fêtes
de Noël et ce temps de vacances.
Mardi 3
Janvier :
Nous
commençons un nouveau trimestre. Nous nous retrouvons entre
formateurs
pour faire le point et préparer de 2ème
trimestre, dans notre Communauté et auprès des
étudiants.
Le soir, je devais participer à
une Conférence sur le dialogue social, en préparation
des élections. Cette conférence est supprimée à
cause de la grève des transporteurs. Certains sont même
arrêtés par la police, pour atteinte à la
liberté du travail, pour avoir cassé les vitres, - à
coups de cailloux, souvent avec l’aide de jeunes et même
d’enfants-, ou les carrosseries de taxis qui ne faisaient pas
grève. Ou des chauffeurs qui ont fait descendre de force des
passagers.
Il y a un grand problème dans le pays. Le
président actuel doit déposer sa candidature le 20
janvier. Et pour lui, c’est un chiffre magique qui doit lui
porter chance. Et comme cela se fait souvent dans le pays, il a fait
appel à des devins traditionnels (des marabouts) pour avoir
la chance. Sur les conseils de ces gens, le président a
demandé à chaque sénégalais et
sénégalaise de faire un cadeau à quelqu’un
cette journée du 20 (journée du partage). Bien plus,
il a publié un décret pour faire sortir toutes les
femmes des prisons ce jour-là : Aucune femme en prison.
Cela pose un grand trouble dans tout le pays. Et aussi beaucoup de
problèmes. D’abord au point de vue légal :
le président prend une décision qui regarde la
Justice, sans même la consulter. Ce qui montre bien que le
pouvoir judiciaire n’est pas indépendant de l’exécutif.
Et surtout, cela va poser des problèmes énormes. Les
femmes condamnées à des peines légères
vont être graciées. Mais les autres ? Celles qui
sont en attente de jugement (et cela peut durer parfois des
années) ? Et celles qui ont fait appel ? Elles ne
peuvent pas encore être graciées ? Celles qui ont
été condamnées à des peines lourdes
devront sortir le 19 janvier à minuit et rentrer le 20 à
minuit ! Alors qu’il n’y a pas de taxi la nuit. Et
qui va les garder pendant toute cette journée ? A notre
Maison d’arrêt, il n’y a que 13 gardiennes pour 90
pensionnaires ! Pour celle de notre groupe, nous allons les
accueillir chez nous, et passer une journée de fête et
de détente. Elles se sont engagées à rester
ensemble et à ne pas chercher à s’enfuir. Mais
le retour sera dur. D’ailleurs, elles auraient préféré
rester à la prison.
Lundi 2 Janvier : Les problèmes ne manquent pas dans le pays, surtout au niveau des populations. D’autant plus que le président a plus cherché à développer la capitale –et encore, seulement le centre ville, et à faire des autoroutes et des constructions de prestige- qu’à développer le pays et aider, soutenir les classes les plus nécessiteuses. Depuis plusieurs semaines, les enseignants sont en grève, parce que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses…. D’ailleurs, on leur avait fait des promesses, comme souvent, que de toutes façons on ne pouvait pas tenir. A cause de l’augmentation du prix de la farine et du carburant, de nombreux boulangers ont fait faillite. Ce matin, ce sont les chauffeurs de taxis et de cars qui sont partis en grève. Toute la ville est bloquée. Les écoles –comme les bureaux ne fonctionnent pas. Surtout que la ville de Dakar est une presqu’île toute en longueur et beaucoup de gens viennent de la banlieue. Certains se débrouillent avec des amis, d’autres viennent à pied. Les charrettes, tirées par un cheval, d’habitude transportent des pierres, du sable, du fer ou du ciment… Ces jours-ci, elles transportent les gens même en pleine ville, comme dans les villages.
Dimanche 1er
Janvier 2012 :
Ce
dimanche, nous fêtons beaucoup de choses en même temps.
C’est le jour de la prière mondiale pour la paix et
comme je suis dans la Commission Justice et Paix, le curé me
demande de prêcher à la messe. J’aborde la
question des vœux. Quels sont nos vœux ? Et surtout,
comment nous allons les réaliser, pour ne pas en rester
aux vœux pieux et aux souhaits inutiles, mais passer ensemble
à l’action ? D’abord, nous regarder avec
amitié et attention quand nous présentons nos vœux
pour ne pas rester à des salutations mécaniques.
Dans
un 2ème
temps, nous réfléchissons à la Lettre
de Benoît 16
de cette année, dans la suite du 2ème
Synode pour l’Afrique : éduquer les jeunes à
la Justice et la Paix.
Après la messe, nous nous
retrouvons avec tous les volontaires pour réfléchir à
cette lettre et ensuite voir ce que nous allons faire pour que la
Campagne
électorale
et les élections se passent sans violence et sans corruption
et que les gens aient une base pour choisir le candidat pour qui ils
vont voter. Je vous en ai déjà beaucoup parlé
et envoyé certains de nos documents et comptes rendus.
Tous
sont intéressés car ce sont des problèmes
actuels et importants. La rencontre se passe très bien et
dure plus longtemps que prévu.
Ensuite,
je rejoins une des familles, dont la fille s’est mariée
hier, et la fête se continue aujourd’hui !
Je suis heureux de partager leur joie, nous passons un bon moment
ensemble. Je retrouve même des gens avec qui nous avons
travaillé en 1979-80 à Tambacounda, à l’extrême
est du pays, dans des nouveaux secteurs de développement les
« Terres Neuves » C’est une grande joie
de nous revoir et de partager ce que nous sommes devenus.