Armel Duteil

Nouvelles de 2012

  • Lundi 31 décembre : Nous terminons l’année dans la prière et la joie. Nous avons attendu minuit pour nous souhaiter une bonne année. C‘est ce que je vous souhaite à nouveau à tous.

  • Dimanche 30 décembre : Le matin, messe dans une école de quartier. Nous ne sommes pas très nombreux. Cela permet à chacun de s’exprimer sur l’Evangile, y compris les enfants, en cette fête de la Sainte Famille. Et c’est vrai qu’avec tous les bouleversements actuels, la situation de la famille est compliquée. Nous sommes pris entre deux cultures et surtout aux prises avec la pauvreté et l’insécurité, avec des tas de problèmes économiques et autres. C’est important d’en parler ensemble pour trouver un chemin.
    Je reprends cette réflexion à la radio communautaire. Un certain nombre d’auditeurs réagissent en direct par téléphone, y compris un imam. J’aime cette émission du dimanche où des gens de tous horizons n’hésitent pas à intervenir.

  • Samedi 29 décembre : Nous nous retrouvons le matin à la prison des hommes. Nous accueillons une étudiante qui va venir nous aider le samedi. Les détenus sont heureux de la connaître. Deux de nos étudiants qui ne sont pas partis en vacances au loin viennent nous rejoindre : un Ghanéen et un Congolais. Ils vont parler avec tous, et à la fin il rencontrent leurs compatriotes. Comme chaque samedi, je leur donne les nouvelles de mes activités et de l’extérieur. Puis ils me donnent les nouvelles de la prison. Ensuite, spontanément, plusieurs détenus nous présentent leurs vœux pour 2013 auxquels nous répondons avec joie. Nous appelons le régisseur, auquel les prisonniers adressent leurs vœux également.
    Un groupe de rappeurs est venu les voir et chanter avec un certain nombre de messages. Bien sûr il ne s’agit que de paroles et on ne les verra plus avant l’année prochaine. Le problème, c’est de passer des paroles aux actions et d’avoir des actions suivies. Ce que nous essayons de faire. Mais c’est déjà bien que les responsables des prisons aient accepté qu’ils viennent parler d’une façon critique sur ce qui se passe dans les prisons ! Le régisseur est revenu à la fin de la rencontre, pour assurer les détenus de ses efforts pour obtenir des réductions de peines, mais surtout des grâces et amnisties. Il a aussi remercié la communauté chrétienne des prisonniers pour son témoignage et son action positive dans la prison. Cela nous encourage !
    De retour, je nettoie ma chambre. Elle en a bien besoin
    Le soir, rencontre à la grosse paroisse de banlieue de PIKINE tenue par les spiritains. Ils fêtent le 50ème anniversaire de leur paroisse. Ils m’ont demandé d’animer une réflexion sur « Comment vivre notre foi, aujourd’hui, à Pikine ». Mais j’ai beaucoup de peine à trouver une place dans les transports publics. En effet, la plupart des cars sont partis à Touba, la deuxième ville du pays au centre du Sénégal. C’est le siège d’une grande confrérie musulmane sénégalaise, les mourides. Leur fondateur, Cheikh Amadou BAMBA avait été exilé au Gabon, du temps de la colonisation. Ils fêtent le 113ème anniversaire de son départ pour l’exil. C’est l’occasion d’un très grand rassemblement et de prières pendant plus d’une semaine.
    Notre rencontre sur la foi se passe très bien. Les participants amènent un certain nombre de réponses intéressantes. Je vous les enverrai bientôt. A la fin de la rencontre, j’ai la joie de retrouver un camarade de l’école primaire St Michel à Dakar. Nous nous étions perdus de vue depuis 1951 !
    Pour le retour la nuit, après un repas fraternel, mon confrère me ramène. Impossible de trouver un car.

  • Vendredi 28 décembre : Le matin, retour à la prison des femmes. Puis travail personnel : je peux lire des documents dont je voulais prendre connaissance depuis longtemps. Avant d’aller à la cérémonie de présentation des vœux au Cardinal, ce qui me permet de rencontrer des amis mais aussi de préciser certaines orientations de travail.

  • Jeudi 27 décembre : Le matin, réunion du CAEDHU, notre association d’éducation aux droits de l’homme. Après-midi, repos avant d’aller à la radio.

  • Mercredi 26 décembre : Aujourd’hui journée chargée, mais pleine de joie, dans les deux prisons, des hommes (matin) et des femmes (après-midi). Le matin, une chorale vient d’abord animer (c’est vraiment le mot !) la messe. Ils ont récupéré de l’argent à l’avance, si bien qu’ils peuvent nous offrir un repas, pas seulement aux 40 détenus chrétiens, mais aussi à 120 musulmans, car nous voulons que ce soit la fête pour tout le monde. La Chorale a également apporté des cadeaux ; pas des bonbons ni des chocolats, mais du savon, des brosses à dents et du dentifrice, ainsi que des habits. C’est de cela qu’ils ont besoin. C’est l’occasion aussi de les écouter exprimer leurs besoins et leurs souffrances, devant nous et devant les autorités de la prison qui ont tenu à assister à la fête et à partager notre repas : un plat unique, mangé à la main, par groupes de 7/8 autour d’un plat. Pas de hors d’œuvre ni de dessert : nous avons préféré garder le maximum d’argent pour les médicaments et les opérations. La Chorale continue d’animer la journée, à la grande joie des détenus. Je les quitte pour lancer la célébration de Noël à la prison des femmes. Elles sont moins nombreuses (70) et l’ambiance est beaucoup plus « féminine ». Les prières et remerciements sont dits en 4 langues différentes. La fête se prolonge jusqu’à la nuit…. Pour une fois, on fait une exception au règlement !

  • Mardi 25 décembre : Il faut me lever de bonne heure, pour une messe dans un quartier, suivie d’une nouvelle émission à la radio. Ensuite, je pars à la prison des mineurs. Ils sont presque tous musulmans, mais nous tenons à fêter Noël avec eux pour qu’ils aient un peu de joie. D’ailleurs, ils connaissent bien Jésus : on en parle souvent dans le Coran. Nous prenons un bon moment pour parler de leur vie et de leurs problèmes. Ils sont environ 65. Ensuite, nous partageons un repas que les animatrices de l’aumônerie ont préparé, grâce aux dons des paroissiens. Ensuite, nous restons encore un bon moment à chanter et à manger.
    De retour à la maison, il me reste à préparer une conférence sur l’Année de la Foi (pour samedi) et la messe pour la Paix, du 1er Janvier.

  • Lundi 24 décembre : Il y a toujours beaucoup de choses à faire, mais je prends le temps d’aller partager le repas avec la secrétaire de la Commission Justice et Paix, dont c’est le premier anniversaire de mariage. Elle a des problèmes de santé et j’essaye de l’encourager le mieux possible. Nous nous retrouvons ensuite avec toute la famille pour faire la fête. Cela me permet de faire connaissance avec leurs parents et nous passons un bon moment ensemble. Mais il me faut les laisser pour préparer les cérémonies de Noël, et aussi le départ de nos étudiants. En effet, ils vont aller passer des vacances dans des famille pour découvrir la culture sénégalaise et les conditions de vie des gens. C’est important, car ils sont tous étrangers.
    La Messe de Minuit rassemble beaucoup de monde, jusque dans les rues autour de l’église, comme d’habitude. La chorale a préparé de beaux chants et la messe est très belle. Nous mettons beaucoup de temps pour nous saluer à la sortie, et très nombreuses sont les personnes heureuses de retrouver des amis. Nous avons même un petit réveillon.

  • Dimanche 23 décembre : Après la messe, nouvelle émission radio sur Noël, dans une autre radio communautaire, celle de notre quartier. Cette fois-ci, c’est moi qui suis interrogé en direct avec des interventions des auditeurs. Cela se passe très bien car nous nous connaissons et je suis très à l’aise.
    Je pars ensuite rencontrer le premier Conseiller du Ministre de la Jeunesse et de l’Emploi. Je l’ai connu quand il était élève à St LOUIS. Il était dans un de nos foyers d’accueil. Nous avons beaucoup de choses à dire, car le chômage des jeunes est vraiment un grave problème ici.
    De retour à la maison, je lis les nombreux messages d’amis, sur Internet. Cela me fait très plaisir et m’encourage beaucoup, car les activités ne sont pas toujours faciles.

  • Samedi 22 décembre : A la prison des hommes , je leur fais le compte-rendu de mes trois derniers samedis d’absence : la formation sur les violences faites aux femmes ; la formation judiciaire sur le fonctionnement de la justice ; la formation des chefs religieux par rapport au SIDA. Ils sont très intéressés car ils se sentent concernés par ces questions.
    Puis nous revenons à leurs propres problèmes de jugements, d’appels et de grâces. Il y a des tas de choses à faire, mais les blocages sont nombreux. Des avocats disparaissent quand ils ont reçu leur argent, les témoins ne se présentent pas. Nous voyons ensuite comment il ont vécu le temps de l’Avent, et comment se préparer à Noël. Puis nous passons au partage d’Evangile et aux questions diverses. Après la rencontre, nous prenons le temps pour les rencontres personnelles. Les gardiens sont compréhensifs et nous laissent le temps pour cela.
    Le soir, nous fêtons Noël en communauté, car les étudiants vont se disperser et ensuite ils iront en vacances dans les familles. Pour ce soir, nous avons invité les Sœurs Spiritaines et nous passons une excellente soirée, dans la joie

  • Vendredi 21 décembre : Nous nous retrouvons à la Maison d’Arrêt des femmes. Les rencontres d’avant Noël sont toujours très difficiles, surtout chez les femmes. Elles pensent à leurs enfants et elles souffrent beaucoup d’être séparées de leur famille. Nous voyons avec elles comment elles ont vécu le temps de l’Avent et comment se préparer à Noël. Elles insistent spécialement sur le partage, le soutien mutuel, mais aussi la réconciliation et le pardon mutuel. Ensuite, chacune dit ce qu’elle sait de Noël et comment elle le sent. Beaucoup insistent, en tant que femmes, sur ce point : comment accueillir Jésus comme Marie a su le faire.
    Nous cherchons ensuite à les encourager pour leur vie actuelle. Mais le climat n’y est pas. Elles sont trop tristes. L’une d’entre elles dit : « Au dehors, même si les gens sont pauvres et ont des problèmes, quand il y a une naissance ils sont heureux. Nous aussi, même si nous avons des problèmes, nous devons être heureuses à cause de la naissance de Jésus ». Mais ce n’est pas encore la joie. Alors, nous demandons à chacune de chanter le chant de Noël qu’elle connaît, dans sa langue. Alors le climat se détend, et peu à peu la joie apparaît. Surtout qu’une amie vient nous visiter, ainsi qu’un prêtre de la paroisse voisine. Enfin, nous commençons à vivre la joie de Noël. Nous cherchons comment prolonger cette joie et la partager avec toutes celles qui vivent dans cette prison.
    Après la réunion, nous nous retrouvons ensemble, avec les responsables de l’aumônerie pour préparer la fête de Noël de mercredi et aussi nos activités futures. Nous finalisons la liste de nos animateurs pour avoir l’autorisation de visite des prisons de la part du Ministère de la Justice pour l’année prochaine.
    En ce temps de fêtes, je duis touché plus que jamais par les inégalités sociales et les différences qui augmentent entre les gens. Les soins de santé sont au prix de l’Europe, et la plupart des gens ne peuvent pas se soigner. J’ai voulu me faire détartrer les dents : pour un simple détartrage, on me demandait 36.000 francs CFA ! Plus que le salaire mensuel d’une employée de maison ! Des gens de notre quartier ont leurs enfants qui font des études au Canada ou aux Etats Unis (beaucoup moins en France, car ils n’arrivent pas à obtenir de visa) avec les frais énormes que cela comporte (logement, cours, ….) pendant que de très nombreux enfants ne peuvent même pas entrer à l’école primaire. Jusqu’à maintenant, les gens supportent en disant : « C’est Dieu qui l’a voulu ». Mais un jour, çà va éclater, si les choses ne changent pas. Heureusement, le Gouvernement actuel fait des efforts dans le domaine social et pour aider, en particulier, le monde rural.
    Toute la journée, confessions à la paroisse. A 22 h 30, nous nous retrouvons ensemble à manger pour reprendre des forces. Cela nous permet de partager et de passer un bon moment ensemble, ce qui est bien agréable !

  • Jeudi 20 décembre : En allant à la radio, crevaison sur mon vélo. Ce matin, je l’emmène à réparer. Le réparateur me demande le double du prix ordinaire. J’accepte, car c’est Noël pour tout le monde et il a besoin d’argent pour faire la fête lui aussi.
    Après-midi : cours de ouolof. Les progrès des étudiants sont lents. Ce n’est pas facile d’apprendre une langue et ils se contentent trop des cours, sans faire suffisamment d’efforts et d’exercices pratiques e n dehors. Il faut de la patience et de la persévérance.

  • Mercredi 19 décembre : Le matin, confessions de Noël des enfants. Cela dure plusieurs heures, et pourtant les prêtres des sept paroisses du doyenné sont là. Chaque jour, matin et soir, nous nous regroupons dans une paroisse en tournant pour faciliter notre tâche et nous soutenir mutuellement.
    A 15 heures, je vais dans un centre d’accueil des enfants de la rue où je travaille régulièrement. A l’occasion de Noël, ils ont préparé une grande fête avec danses, théâtres, chants, en invitant ceux qui les soutiennent. C’est l’occasion pour eux de perler de leur vie et de leurs problèmes, mais surtout de montrer ce qu’ils font pour s’en sortir. Il y a beaucoup de monde et une ambiance extraordinaire. Mais je ne peux malheureusement pas rester jusqu’à la fin car j’ai trois heures d’enregistrement à la radio municipale pour la fête de Noël. Nous apprécions ce temps qui nous est donné, dans un pays à 90 % musulman, de partager l’Evangile. Bien sûr, nous le faisons dans le respect de leur foi et en sachant que nous nous adressons à des auditeurs musulmans.

  • Mardi 18 décembre : Aujourd’hui, nous anticipons les fêtes de Noël à la prison des femmes de la ville de RUFISQUE, à 20 km de Dakar. C’est là que vont les femmes dont je m’occupe, après leur jugement. Je retrouve do nc un certain nombre de mes « anciennes » amies. Après la prière, nous avons un repas et une journée de danse et de fête avec toutes les femmes, musulmanes comme chrétiennes. De nombreuses personnes se sont cotisées pour cela, et aussi pour offrir des cadeaux aux bébés et enfants qui vivent en prison avec leurs mères.
    Le soir, je veux travailler sur Internet et répondre aux nombreux messages en attente, mais il n’y a pas de connexion. Cela arrive souvent. J’en profite pour lire quelques documents, parmi tous ceux qui sont en attente sur mon bureau.

  • Lundi 17 décembre : Rencontre avec nos étudiants. Aujourd’hui, nous parlons de l’année de la foi. Nous partageons nos expériences pour ne pas en rester au niveau des théories mais passer à la pratique.
    Puis je vais dire la messe à la paroisse, suivie de la réunion de la Commission Justice et Paix. Après avoir fait le tour de nos activités, nous préparons la Journée Mondiale de la Paix du 1er Janvier.

  • Dimanche 16 décembre : Aujourd’hui, je dis la messe des enfants. Je l’aime beaucoup car les enfants participent très bien et répondent librement aux différents gestes et rites que nous leur proposons. Et je suis toujours frappé et dans l’admiration de la fraîcheur et la profondeur de leurs réponses, au moment de l’homélie. C’est pour moi un vrai bain de jeunesse, en même temps qu’une vraie prière.
    L’après-midi, je reçois une jeune religieuse qui fait ses études en sciences sociales. Elle ne veut pas en rester à la théorie mais souhaite descendre sur le terrain. Je lui propose un certain nombre de pistes : travail à la prison, avec les personnes vivant avec le SIDA, avec les réfugiés, avec les femmes et jeunes filles qui viennent des villages chercher du travail en ville et qui se heurtent à de nombreux problèmes et dangers que cela comporte. Ce ne sont pas les problèmes qui manquent. Nous terminons par une visite dans un des foyers du quartier pour les enfants de la rue.

  • Samedi 15 décembre : Je descends avec Rita à Dakar, en compagnie d’un autre Pasteur évangélique. Nous venons participer à une session de formation organisée par la commission judiciaire de notre aumônerie des prisons. En effet, pour soutenir les prisonniers plus efficacement, nous avons absolument besoin d’y voir clair dans toutes les procédures. Nous sommes formés d’une façon très pratique, à partir de cas concrets avec un avocat et un procureur. Ce qui nous intéresse particulièrement, ce sont les points de vue différents de ces deux personnes qui, au tribunal, sont des deux côtés de la barrière. Et nous avons l’occasion d’aborder les différents problèmes qui nous préoccupent.
    15 heures. Je suis content de pouvoir me poser un peu, avant d’aller célébrer la messe du soir à la paroisse

  • Jeudi 13 décembre : Pour deux jours, je suis à THIES pour un séminaire des religieux, chrétiens et musulmans, sur le SIDA. C’est une association très dynamique et nous travaillons régulièrement ensemble pour faire réfléchir et éduquer les populations. Le thème de cette rencontre est de partager nos expériences non seulement pour la prévention et la lutte contre la transmission mère-enfant, mais aussi pour le soutien des personnes vivant avec le virus VIH. Et pour lutter contre toutes les formes de stigmatisations et d’exclusions qu’elles subissent dans les familles et la société. Cela me permet en même temps de revoir des amis que je n’ai plus revus depuis mon départ en Guinée en 1996. La présentation des différents problèmes est suivie d’une réflexion en petits groupes et en commun. Puis les équipes de chacune des 14 régions du Sénégal présentent leurs actions, leurs difficultés et leurs projets. Et c’est à partir de cela que nous mettons en place notre plan d’action national pour cette année.
    Une chose qui m’a beaucoup plu, même si c’était plus difficile pour moi, c’est que toute la réunion se soit passée en ouolof, la langue populaire et donc accessible à tous, y compris les analphabètes. J’ai travaillé au lancement de l’Association « Sida Service » dans les années 1990. De retour au Sénégal, j’ai pu constater combien ils avaient approfondi été élargi leur action. Aujourd’hui, nous sommes réunis au sein de l’Alliance Nationale des Religieux pour la lutte contre le SIDA. Je suis très impressionné par l’engagement des imams, la profondeur et le sérieux de leur réflexion et leur ouverture d’esprit pour faire sauter les blocages traditionnels et les tabous religieux. Nous allons certainement continuer à nous voir, car suite à mon intervention, ils m’ont demandé de travailler avec eux. Ce que je ferai avec joie. Nous avons tenu trois jours de travail intense, dans une excellente ambiance et la prière entre chrétiens et musulmans.
    La nuit, je dors à la paroisse. Cela me donne une autre grande joie : retrouver des confrères amis de longue date. Car c’est la première fois que je viens à THIES depuis mon retour au Sénégal. Le 2ème soir, je vais dormir chez Rita, responsable de la Fraternité des Prisons de l’Eglise évangélique. Elle travaille à Thiès, mais nous nous sommes retrouvés à Dakar au Camp Pénal où elle était venue rencontrer un prisonnier qu’elle suivait à Thiès. Depuis nous collaborons et nous avons beaucoup de choses à nous dire. Je parle aussi avec plusieurs personnes qu’elle accueille chez elle.

  • Mercredi 12 décembre : Avant de partir à la prison, je reprends les réunions d’hier et prépare un certain nombre de documents. Comme nous nous levons à 5 heures, après la prière et la messe il me reste un peu de temps avant 9 h.
    A la prison, rencontre d’abord avec le régisseur, le greffier et le chef de poste pour régler un certain nombre de problèmes. Nous avons réussi à avoir un peu de nourriture et de médicaments, pour aider les détenus en situation plus dramatique. Comme nous voulons que les choses soient claires et parviennent à leurs destinataires, nous passons par l’infirmerie et le service social… ce qui n’est pas une garantie absolue ! Enfin, nous nous consacrons à l’écoute des prisonniers, sénégalais et étrangers, en français, ouolof, anglais, espagnol… et autres langues locales. Mais sans négliger les problèmes psychologiques, de familles et de relations dans la prison ; ce qui revient sans cesse ce sont les problèmes de nourriture et de santé. Malheureusement, nos moyens sont très limités. Ce que nous cherchons surtout à faire, c’est de trouver du travail aux femmes et filles de détenus pour qu’ils aient les moyens de vivre. Ce qui nous touche beaucoup, c’est le nombre de séparations et de divorces quand les maris sont en prison. Et aussi la situation des enfants qui n’y sont pour rien mais qui subissent toutes les conséquences. La prison n’est vraiment pas une solution !
    Une bonne nouvelle quand même : huit militaires et policiers qui étaient retenus en otages depuis un an par les rebelles de Casamance au sud du pays viennent d’être libérés grâce en particulier à la médiation de l’Organisation catholique italienne de San Egidio. Cela nous apporte l’espoir que après 30 ans on va pouvoir enfin commencer des rencontres pour la paix.
    A midi, je mange à notre maison centrale et après le repas nous travaillons avec le procureur à un projet de soutien de nos frères de Guinée Bissao, qui travaillent dans une très grande pauvreté.
    Ensuite, temps de travail à la maison. Puis je pars enregistrer mes deux émissions radio. Aujourd’hui, nous abordons les problèmes de l’agriculture. Retour dans la nuit !

  • Mardi 11 décembre : Réunion générale de l’aumônerie des prisons. Comme vous pouvez vous en rendre compte par ces nouvelles, il y a beaucoup de choses à régler. Nous commençons par les informations générales, avant de passer aux nouvelles de chaque prison puis d’écouter les comptes rendus des différentes commissions. C’est important que chacun soit au courant des activités, pour les comprendre et les soutenir. C’est cela qui nous permet de créer un véritable esprit de famille entre nous et de partager nos soucis et nos joies. Aujourd’hui, les responsables de l’autre prison de Dakar et ceux de THIES (à 70 km) sont venus travailler avec nous. Il est tard, mais le Bureau reste encore pour préciser les choses et déterminer les moyens d’actions. Et après cela, je continue avec les responsables de Justice et Paix pour voir la suite du travail de la Commission. Nous sommes tous très occupés, alors pour éviter des déplacements supplémentaires et pertes de temps, nous réglons le maximum de choses quand nous pouvons nous retrouver. Trois réunions à la suite, ça fait beaucoup, mais quand ça se passe dans une bonne ambiance et aboutit à des résultats concrets, ça se digère bien.

  • Lundi 10 décembre : Je dirige la prière cette semaine dans la communauté. Je me retrouve ensuite avec une amie pour continuer à mettre en place mes émissions radio sur You Tube. Ca avance doucement. Après cela, longue réflexion sur le travail à la prison avec la communauté Point Cœur qui travaille avec nous. Pendant le repas, leur responsable nous explique leurs actions et leurs orientations.
    L’après-midi, avec la trésorière de l’aumônerie des prisons nous faisons les démarches pour ouvrir un Compte Courant Postal (CCP), afin de recueillir des fonds plus facilement. Nous en avons sérieusement besoin. Mais les papiers qu’on nous a d’abord demandés ne suffisent pas. Il faudra revenir.
    Le soir, réunion mensuelle de notre communauté des étudiants. Comme chaque fois, elle commence par une conférence de l’un d’eux, pour leur apprendre non seulement à réfléchir, mais aussi à présenter leurs idées et à diriger une réunion (à tour de rôle). Le thème d’aujourd’hui est « La globalisation ». Puis nous abordons la vie de notre communauté et les vacances de Noël. Nous souhaitons qu’ils sortent de la maison et partagent la vie d’une famille et du quartier. Nous terminons par les questions pratiques, après avoir réfléchi aux questions des vocations.
    Je reviens à hier soir. J’apprécie beaucoup les visites en famille, où je suis très bien reçu. Ce soir, je suis chez le doyen de notre communauté de quartier. Nous parlons des anciens missionnaires qu’il a connus autrefois, puis de ses différentes relations et activités : les jeunes qui se préparent au mariage, ses réflexions avec les religieux et religieuses. Et il fait beaucoup pour soutenir son village d’origine : l’école, les groupements de femmes, les jeunes, etc.. Il a une longue expérience et a beaucoup de choses à dire. Par exemple, il a été en Côte d’Ivoire avec la police de l’ONU. D’ailleurs ici, beaucoup de gens ont voyagé dans d’autres pays, ce qui leur permet d’avoir une vision ouverte des choses.

  • Dimanche 9 décembre : J’assure une 2ème messe. Nos étudiants restent dans la communauté pour une journée de retraite. Je suis enregistré à la radio communautaire du quartier. Puis l’après-midi, je prends un temps pour me reposer. Ensuite je vais visiter quelques familles dans le quartier.

  • Samedi 8 décembre : Le matin, j’anime un panel sur « les violences faites aux femmes » avec la participation de femmes engagées, de psychologue et d’avocate. J’apporte la réflexion religieuse. Ce panel est organisé par la Commission Justice et Paix. Il permet d’aborder beaucoup de problèmes importants et de donner la parole à un certain nombre de personnes. Pour ma part, j’essaie d’analyser les violences actuelles, suite au passage de la culture traditionnelle à la culture actuelle, et les violences dans la vie moderne, souvent présentée à tort comme un progrès et une libération. Là aussi il y a beaucoup de choses à dire. Et c’est difficile, car tout est à chercher ; nous n’avons pas de modèle à suivre et nous ne savons pas où nous allons. Les questions, les réactions et les contributions sont nombreuses. Depuis 9 heures nous continuons jusqu’à 14 h 30.
    Ensuite, je passe voir une famille de réfugiés. Puis, en fin d’après-midi, messe à la paroisse. Nous voyons comment vivre le temps de l’Avent dans les conditions qui sont les nôtres. Après la messe, j’assure plusieurs confessions. Puis je vais visiter quelques familles. L’une d’entre elles m’invite à rester pour le repas, ce qui nous permet de parler plus longuement.
    Le soir un gala (repas payant) est organisé pour financer la construction de notre nouvelle église.

  • Vendredi 7 décembre : Le matin, travail à la maison, courrier sur Internet, etc. Le soir, rencontre en ville autour de notre Cardinal Théodore Adrien SARR. Il fête plusieurs anniversaires ce mois-ci : naissance, ordination comme évêque, nomination comme Cardinal. C’est l’occasion pour nous de nous retrouver autour de lui et de créer un esprit de famille. La rencontre est très fraternelle, et on prend le temps pour cela : 3 heures pour la messe suivie de la procession à la Grotte pour la fête de l’Immaculée Conception, avec un très beau rite de la lumière. Heureusement, ensuite nous nous retrouvons autour d’un « pot » pour reprendre quelques forces avant de rentrer.

  • Jeudi 6 décembre : Je me retrouve avec une technicienne pour mettre mes émissions radio sur « You tube ». Mais il y a des coupures de courant, et lorsqu’il y a de l’électricité la connexion saute sans arrêt. De plus, mon ordinateur est une vieille brouette, ce qui fait qu’après un bon moment, nous renonçons. La technicienne viendra avec son matériel.
    L’après-midi, cours de ouolof et rencontres personnelles avec les étudiants. Le soir, messe dans la communauté

  • Mercredi 5 décembre : A 9 heures, rencontre de notre équipe avec les responsables de la prison. Tous les chefs de services sont présents. Nous avons une réunion très intéressante. Nous leur présentons nos commissions et nos différentes actions, ainsi que les problèmes que nous rencontrons. Ils nous posent des questions, nous proposent des solutions et participent tous d’une façon très coopérative. Cela nous encourage beaucoup. Il faut dire qu’ils apprécient notre manière de travailler et découvrent beaucoup de choses. D’ailleurs nous les invitons à nos rencontres de formation, ce qui nous permettra de mieux nous connaître et de mieux travailler ensemble.
    Le soir, je rencontre les stagiaires anglophones (un par jour), puis je vais célébrer l’Eucharistie à la paroisse. De nombreuses personnes viennent me voir et se confesser.

  • Mardi 4 décembre : Je reste à la communauté pour accueillir les gens et régler un certain nombre de choses en retard. Je n’en termine pas la moitié ! A 16 h, je pars avec une amie dentiste rencontrer le directeur de la prison, comme prévu. Il y a bien un fauteuil mais pas de matériel pour soigner. Il va falloir régler tout ça. Au moins le principe de l’éducation à la santé est acquis (SIDA, drogue…) et la sensibilisation à la santé dentaire.
    Le soir, enregistrement de mes deux émissions radio, comme d’habitude.

  • Lundi 3 décembre : Rencontre mensuelle de doyenné avec les prêtres de nos 7 paroisses. On me demande de présenter les communautés de quartier et comment elles peuvent fonctionner, suite aux formations que j’ai assurées et aux suggestions des laïcs. Les réactions sont nombreuses, mais tout le monde n’est pas convaincu ! Il y a encore du travail à faire. Ensuite chacun partage ses soucis et ses expériences. Nous terminons assez tard (à 16 heures) par un repas fraternel.
    18 h30. Rencontre de la Commission Justice et Paix. Nous travaillons le questionnaire envoyé à tous sur les engagements sociaux à mettre en place.

  • Dimanche 2 décembre : Je suis invité pour assurer une formation dans une autre paroisse. Le matin, nous voyons comment vivre ce temps de l’Avent, pratiquement. L’après-midi, quelles actions mener pour l’Année de la Foi. La réflexion est très animée et très concrète. Nous allons partager nos conclusions avec les autres paroisses. La messe est très participative, avec plusieurs rites, symboles et panneaux, comme nous aimons le faire.
    Malgré la fatigue, je vais travailler avec la secrétaire de l’aumônerie des prisons. Puis je vais rencontrer une religieuse responsable de sa Congrégation qui vient d’arriver de Tambacounda, à l’est du Sénégal. Nous nous connaissons bien, car j’ai travaillé là-bas. Nous parlons du travail des religieux et religieuses et de nos perspectives d’avenir. Il est alors temps de partir à notre Maison centrale où, comme chaque mois, nous nous retrouvons pour une soirée d’amitié et de partage entre spiritains de Dakar.

  • Samedi 1er décembre : Assemblée générale des religieux. Nous avons une réflexion sur notre place dans la Nouvelle Evangélisation. Cela nous amène à redéfinir notre rôle et nos façons de travailler. Cette assemblée nous permet aussi de nous retrouver et de partager soucis et joies.
    Depuis longtemps, j’ai des habits à réparer. Une animatrice me propose de s’en occuper. Je la remercie. Puis je vais célébrer la messe dans un quartier.

  • Vendredi 30 novembre : J’arrive à obtenir un rendez-vous avec le Directeur de la prison. Nous avons tellement de problèmes à aborder à la fois pour faire avancer les choses et pour être en accord avec l’administration et éviter les problèmes inutiles. Après les salutations d’usage, je le remercie pour son accueil et sa compréhension, en particulier pour la dernière réunion des chefs de chambre. Nous parlons des problèmes de nourriture. Pour la fête de la TamXarit (Achoura), les femmes ont reçu beaucoup de nourriture, mais pas les hommes. C’est ce qui se passe à chaque fois. On soutient beaucoup les femmes (ce qui est très bon), mais pas les hommes. Heureusement, la responsable de la prison des femmes a partagé avec les hommes. Le problème, c’est que les femmes sont moins de 100 et les hommes près de 900 !
    Nous voyons comment réorganiser l’alphabétisation en français, espagnol, anglais et ouolof, suite au départ des prisonniers alphabétiseurs volontaires (bénévoles). Nous préparons aussi une formation par rapport au SIDA, le but étant ensuite de mener une réflexion et des actions par rapport à la sexualité en prison. Il y a aussi le problème des prisonniers à qui on prend tous leurs papiers et téléphones où sont indiquées les adresses des parents et amis. A cause de cela, nous n’avons plus aucun moyen de contacter leurs familles et relations. Nous voyons aussi comment permettre aux chrétiens d’avoir un lieu pour se retrouver pour la prière et la catéchèse entre eux. Nous prévoyons déjà les fêtes de Noël : nous voudrions que ce soit une fête pour tous. Nous prévoyons un repas où nous ne pouvons pas inviter tout le monde : nous inviterons 50 musulmans (les catholiques sont moins de 50), spécialement les étrangers et ceux qui viennent de loin ou ne reçoivent aucune visite. Nous choisissons aussi une date pour une rencontre entre l’aumônerie et le personnel de la prison. Il nous restera encore beaucoup de choses à voir : les permissions de sorties, le manque de juges de l’application des peines, etc…
    Après cette rencontre, je pars à la maison des femmes. Les animatrices ont déjà commencé la rencontre. Je les laisse continuer, après avoir salué les femmes, car j’ai d’autres rendez-vous aujourd’hui.
    D’abord, je rencontre un confrère qui vient de Yaoundé et qui travaille aussi dans les prisons. Nous avions travaillé ensemble autrefois et nous sommes très heureux de nous retrouver après 20 ans. Nous allons profiter de sa venue pour faire une nouvelle formation à l’écoute. Puis je travaille avec l’aumônier de la prison des mineurs. Enfin, je passe voir les animateurs du Centre des Enfants de la rue voisin.
    Le soir, réunion de notre communauté de quartier. Nous réfléchissons aux problèmes de l’école, car l’année scolaire passée a connu 5 mois de grèves, et les problèmes ne sont pas réglés. La rentrée se fait difficilement et c’est important de voir ce que nous pouvons faire à notre niveau. Vous en recevrez le compte-rendu.
    Avant cela, nous passons voir une dentiste, secrétaire d’une association, pour qu’ils viennent faire une intervention sur la santé dentaire, puis ensuite soigner les détenus à tour de rôle. Nous avons déjà un fauteuil à la prison. Nous irons rencontrer le directeur de la prison à ce sujet.

  • Jeudi 29 novembre : Ce matin, je reste travailler à la maison, et j’accueille un certain nombre de personnes qui viennent me voir pour toutes sortes de problèmes ; ils ne manquent pas !
    A 16 heures, cours de ouolof pour nos étudiants.

  • Mercredi 28 novembre : Je passe d’abord au dispensaire du quartier que nous essayons de soutenir : refaire le toit qui fuit après l’hivernage, construire une salle pour fabriquer pommades et sirops à partir des produits locaux, refaire la salle de pharmacie qui a été forcée et dont on a volé tous les médicaments. Je vais contacter des amis pour nous envoyer du petit matériel médical, car malheureusement on ne peut plus nous envoyer de médicaments.
    Puis je pars à la prison pour nos séances d’écoute des prisonniers qui reste toujours importante. Nous sommes 6 aujourd’hui. Hélas, la liste des libérables n’est pas prête, si bien que la commission de réinsertion ne peut pas faire son travail. Nous allons aussi voir le directeur et son adjoint pour le suivi de nos actions, en particulier pour trouver du travail aux femmes et filles de prisonniers pour faire vivre leur famille. Nous prenons le temps de parler avec le Service Social. Puis nous visitons les ateliers, et terminons par l’Infirmerie, en apportant les médicaments que nous avons pu obtenir, mais surtout en examinant ce qu’il est possible pour soutenir les malades les plus atteints, à tout point de vue : psychologique, moral, ….
    Ensuite, je vais rencontrer la secrétaire de l’aumônerie des prisons pour mettre tout cela sur papier.
    A la suite, je me rends dans notre Maison spiritaine rencontrer les confrères et manger avec eux.
    Sur le chemin du retour, je passe par la Poste récupérer un colis qu’on m’a envoyé. J’en reçois ainsi de temps en temps, cela nous permet de donner un petit coup de main à un certain nombre de personnes dans le besoin. Puis je fais un certain nombre de visites, en particulier des étrangers réfugiés au Sénégal. Ca me fait une belle journée : pleine de fatigue, mais aussi de rencontres et de joie.

  • Mardi 27 novembre : La sœur d’un de nos étudiants est décédée brusquement. Nous nous rendons bien sûr à son enterrement. Les gens sont venus très nombreux entourer la famille.
    Je rentre rapidement pour aller enregistrer mes deux émissions radio. Ce soir, je reçois un médecin (femme) pour parler de la santé : prévention, éducation sanitaire, médecine publique et communautaire, etc… Elle a de la peine à s’exprimer en ouolof et en langage simple, mais nous nous en tirons !

  • Lundi 26 novembre : Réunion Justice et Paix. Nous continuons nos enquêtes sur les situations d’injustices et de manques de paix dans les quartiers. Nous allons contacter les maires et autres autorités locales. Et organiser notre action contre la hausse des loyers. La première chose, c’est de nous former. Nous allons mettre en place une rencontre de réflexion sur la législation (voir mon compte-rendu dans mon site). Nous élisons un nouveau Bureau pour cette année, et nous décidons aussi de lancer une action de conscientisation, spécialement auprès des jeunes, au sujet de la drogue et de la prostitution. Par rapport au problème du chômage des jeunes, nous lancerons des contacts auprès des chefs d’entreprises et ateliers pour qu’ils accueillent des jeunes en stage et leur trouvent ensuite du travail.
    Lorsque nous terminons la réunion, il fait nuit. Nous nous organisons pour raccompagner les femmes seules, car nous nous déplaçons à pied et il n’y a pas de lumière. Cela nous permet de mieux nous connaître et de continuer la réflexion.

  • Samedi 24 novembre : Aujourd’hui, c’est la TamXarit (Achoura) . Les musulmans fêtent ce début de leur année par un ou deux jours de jeûne. Nous nous associons à eux.
    A 10 heures, réunion à la prison. Nous sommes heureux car un des nôtres a appris sa libération. Nous nous réjouissons avec lui. Nous tirons les conclusions des années qu’il a passées parmi nous. Voici ce qu’il m’a écrit : : " J'ai acquis une autre dimension spirituelle dans cette prison. Me voilà libre à présent et je voudrais mettre à profit mon temps libre au service des nécessiteux, à savoir faire partie des gens qui soient capables de rendre visite au nom de Justice et Paix  aux malades et aux détenus. Je suis disponible pour accomplir la catéchèse. Pour cela, je reste à votre entière disposition ».
    La semaine passée, un certain nombre a suivi une session sur la non violence. C’est bien sûr important et très utile. Ils font le compte-rendu à tous et nous voyons comment mettre cette formation en pratique. Puis nous faisons le compte rendu de la rencontre de mercredi avec les chefs de chambre. Là aussi, il y a de nombreuses questions et réactions de la part de beaucoup.
    Après cela, il ne nous reste plus beaucoup de temps, mais nous parlons aux gardiens qui nous accordent un « supplément » pour nous donner des nouvelles. Les animatrices interviennent à leur tour sur la question des récidives.
    Nous terminons en cherchant comment vivre demain la fête du Christ Roi à la prison, puis la prière finale. Les détenus rentrent avec un peu plus de paix et de courage, en attendant notre prochaine rencontre.
    Tout de suite après le repas, je vais rejoindre le groupe des fiancés (heureusement que j’avais préparé mes affaires à l’avance !). Nous partons à une centaine pour le week end dans un Monastère à 50 km de Dakar. C’est la dernière étape de notre cycle de préparation au mariage. Arrivés sur place, on ne peut pas nous loger car nous sommes trop nombreux ! Il nous faut trouver un autre point de chute. Mais cela ne nous a pas empêchés de prendre un temps de formation et de réflexion en plein air, sous les arbres. Nous mangeons à 23 heures, mais tout se fait dans la bonne humeur.
    Le lendemain, nous laissons un temps pour que les couples puissent se retrouver et se parler un bon moment pour penser à leur vie future. Je suis très impressionné par la fraîcheur de leur amour : cela m’encourage beaucoup et m’accorde une grande joie à moi qui suis un vieux célibataire ! Nous offrons tout cela à la messe, avec des interventions libres et un certain nombre de rites et de gestes. Nous rentrons dans la joie. Beaucoup se donnent leurs adresses et vont continuer à se revoir.

  • Vendredi 23 novembre : Rencontre à la prison des femmes. Le personnel est parti faire du sport et ne sera de retour que dans une heure ou deux. Nous en profitions pour tenir une réunion entre nous (avec les animatrices) afin de régler différents problèmes. Nous préparons aussi les fêtes de Noël à venir dans la prison des femmes. Je les laisse pour aller voir le directeur, mais malheureusement il n’est pas là. Je lui écris un mot, après l’avoir attendu un bon moment et avoir parlé avec son adjoint. Celui-ci demande à la greffière d’établir la liste des libérables du mois de janvier pour que nous préparions leur sortie et leur réinsertion.
    A la sortie, une étudiante m’attend. Elle cherche du travail et un moyen de vivre. Nous avons commencé à faire cela pour les femmes de prisonniers, et la nouvelle s’est répandue ; ce qui fait que maintenant beaucoup de gens viennent nous demander de l’aide. Cela nous fait mal de ne pas pouvoir répondre à toutes ces sollicitations, pour soulager toutes ces misères.
    A 16 heures, rencontre avec l’Association « Sida Service ». Je les vois pour deux choses : une formation dans les prisons, et une autre avec nos étudiants. Nous traçons déjà les grandes lignes, qui sont bien sûr différentes dans les deux cas.
    A 17 heures, nous tenons notre première réunion des Fraternités spiritaines. Comme le nom l’indique, ce sont des fraternités : des groupes où on se retrouve dans l’amitié, pour se soutenir dans la fraternité. Ce sont des gens prêts à nous soutenir, nous les missionnaires spiritains, et à soutenir nos vocations et nos étudiants. Mais surtout des personnes qui veulent connaître et vivre notre spiritualité (notre façon de vivre la foi), dans la ligne de nos fondateurs Claude POULLART DES PLACES et François LIBERMANN, et de nos Saints bienheureux : Daniel BROTTIER qui a fondé les « Orphelins Apprentis d’Auteuil », et le père Jacques LAVAL, l’apôtre des esclaves libérés, à l’Ile Maurice. Pour être missionnaires là où ils vivent. Actuellement, il existe quatre fraternités sur Dakar et on m’a demandé d’en assurer la coordination. Pour cette première rencontre, nous faisons connaissance, puis nous voyons la façon de travailler. Nous prévoyons la prochaine rencontre générale (une par trimestre) et distribuons les responsabilités. La prochaine fois, nous verrons, après expérience, les choses à améliorer.

  • Jeudi 22 novembre : J’ai réussi à me garder cette journée, car j’ai énormément de choses qui traînent et de questions à régler. Elle est agrémentée de coups de fil, de visites et de messages mails.
    A 17 heures, cours de ouolof avec nos étudiants : cela je ne veux pas le manquer.

  • Mercredi 21 novembre : Rencontre à la prison. Nous sommes venus rencontrer les responsables des différents services. D’abord, un prisonnier libéré m’attend : on a volé tout ce qu’il avait dans sa maison, et il se retrouve à la rue.
    En attendant que les gens soient prêts, entre nous nous préparons la rencontre et faisons le point de nos différentes activités. Cela se passe très bien. Les responsables de chambre nous posent de nombreux problèmes. D’abord, nous leur demandons de nous signaler leurs femmes qui accepteraient de travailler comme employées de maison, pour faire vivre leurs familles pendant que les maris sont en prison. A partir de là, nous abordons différentes autres questions : la possibilité de micro crédits pour ces mêmes femmes, maintenant chefs de famille, la mise en place d’ateliers pour la formation des détenus, l’écoute et les problèmes de ,jugements (appels, remises de peine, grâces), et des autorisations de sortie, la question des médicaments, après que chacun des membres de l’aumônerie se soit présenté et ait expliqué ses responsabilités. Mais le plus important pour nous était de rencontrer les chefs de chambres et de les écouter. Le temps étant dépassé, la rencontre des différents responsables de service est remise à plus tard. Vous recevrez bientôt le compte-rendu de cette rencontre.
    Ensuite, nous descendons « sur le terrain » visiter l’infirmerie, les ateliers et le service social. Il y a beaucoup de choses à mettre en place et à organiser. Cela va se faire peu à peu.

  • Mardi 20 novembre : Nous nous retrouvons entre formateurs spiritains d’Afrique de l’Ouest. La 1ère question, c’est notre propre formation . Nous aurons une formation pour tous les francophones cet été à Yaoundé au Cameroun. Puis nous approfondissons notre projet de formation. Et nous préparons les prochaines sessions pour les étudiants des différents niveaux : étudiants, stagiaires, diacres et jeunes prêtres missionnaires. Nous voyons ensuite la mise en pratique de l’Année de la Foi et la Nouvelle Evangélisation.
    Je me retrouve ensuite à la Centrale des Œuvres (organisation des Mouvements d’Action catholique) pour voir l’organisation des laïcs, spécialement les jeunes. A midi, nous allons manger ensemble au restaurant tenu par les filles de la JOCF.
    Le soir, émissions radio.

  • Lundi 19 novembre : Travail à la maison. Au moins c’est plus décontracté que le travail à l’extérieur. Même si ce n’est pas du repos, au moins c’est de la détente. Cela me permet d’avancer mon travail sur le Concile Vatican 2.
    Je prends un temps d’exercice de lecture publique en français pour nos étudiants étrangers.

  • Dimanche 18 novembre : A nouveau, messe de 7 heures à la paroisse. Après cette semaine, encore plus chargée que d’habitude, ce n’est pas facile de me lever. Il va falloir que je trouve un moment pour me reposer cet après-midi.
    Après la messe, rencontre Justice et Paix. Au programme : préparation des émissions radio et de la prochaine réunion.
    Puis je pars à la radio communautaire du quartier Afia (la paix, en arabe). Je reprends d’abord mon homélie de la messe, sous forme de dialogue et en répondant aux questions des auditeurs. Puis nous abordons les questions Justice et Paix (voir mon site).
    L’après-midi, je passe toute une série de coups de téléphone pour préparer les activités à venir. Le téléphone portable, c’est une bonne invention,… mais ce n’est pas gratuit ! Je dois sortir acheter deux cartes de recharge.
    La nuit, conversations sur Skype pour rejoindre les amis lointains.

  • Samedi 17 novembre : Rencontre à la prison. Le grand sujet de discussion est l’interpellation de Karim WADE, le fils de l’ancien président. L’ancien régime libéral était un système d’argent, dont certains ont profité pour s’enrichir de façon anormale et même scandaleuse. Il a été marqué par de grandes réalisations de prestige, souvent inutiles, des détournements et blanchiment d’argent, et beaucoup de corruption. Déjà, à cette époque, des gens avaient réagi. Un gros travail a été réalisé par les Assises Nationales pour rédiger une nouvelle ligne de conduite, avec des propositions concrètes, que la Coalition arrivée au pouvoir et le nouveau président, Macky SAA, s’étaient engagés à respecter. La vie du pays a beaucoup changé, et de nombreux efforts sont faits dans les domaines économique, social, culturel et politique, malgré les moyens limités du pays. (Voir mon site, rubrique « situation du pays »). Dans ces domaines, les anciens ministres vont être audités. Ce qui est normal. De plus, une Cour contre l’enrichissement illicite a été mise en place. Toute la population se sent concernée et est très intéressée. Avec le danger de penser les gens coupables, avant qu’ils ne soient jugés. Le premier à être entendu est le propre fils de l’ancien président, qui a dirigé plusieurs ministères et assuré des responsabilités importantes. Ce sera ensuite le tour de plusieurs ministres. Il y a aussi le responsable d’un grand hôtel touristique et un promoteur de lutte traditionnelle qui sont accusés de trafic de drogue. Les prisonniers se sentent très concernés par tout cela, beaucoup étant condamnés pour des questions d’argent ou de drogue. Nous prenons donc un bon temps pour parler de tout cela. Puis nous nous donnons des nouvelles de la prison et de l’extérieur et nous abordons les problèmes concrets de santé et d’hygiène, de nourriture, mais aussi d’entente et de collaboration. Aujourd’hui, nous parlons spécialement des loisirs. Nous allons chercher des jeux de cartes, d’échecs, des jeux de dames et de scrabble, mais aussi des livres dans les différentes langues pour la Bibliothèque, des ballons et même des cordes à sauter, des guitares pour lancer un orchestre. Tout cela nous semble important, et nous allons nous y atteler.
    Ensuite, nous passons au partage de l’Evangile. Je pourrai vous en envoyer le compte-rendu, comme d’habitude. Et nous terminons par les salutations et les différents cas concrets et problèmes personnels. Aujourd’hui, comme à chaque visite, deux de nos étudiants m’accompagnent.
    L’après-midi, rencontre au CAEDHU (Centre d’Education aux Droits Humains). Nous avons déjà évalué les connaissances des gens que nous avons formés. Maintenant, nous voulons savoir comment ils ont mis en pratique la formation reçue, quelles actions ils ont menées et en quoi cette formation a transformé leur façon de vivre et de remplir leurs différents engagements. Cela nous aidera à mieux orienter nos formations. Ensuite, nous voyons quelles actions mener tout au long de cette année. Pour tout cela, nous allons descendre sur le terrain, dans les différents quartiers de la banlieue. Puis nous abordons la question de la recherche des fonds. C’est un problème très difficile dans la situation économique actuelle. Mais sans moyen, nous ne pouvons pas faire grand’chose. Nous prévoyons en particulier des olympiades, un défilé, un carnaval et une rencontre de masse des enfants, pour les former aux Droits Humains.
    Le soir, en Communauté, nous regardons le film « Des hommes et des dieux » que nos étudiants n’avaient pas encore vu.

  • Vendredi 16 novembre : Aujourd’hui je dis la messe à la prison des femmes. Ensuite, rencontre avec le personnel. Puis contacts personnels avec plusieurs détenues, avant de partir pour une séance de travail avec le directeur du Camp pénal des hommes.
    Après cela, je passe au dispensaire du quartier tenu par les Sœurs. Elles ont été volées : beaucoup de médicaments ont disparu. Il va falloir réparer le tort, et construire une autre salle pour la fabrication de sirops et autres médicaments locaux. Il manque aussi beaucoup de petit matériel : du coton, de la ouate, etc… Pour les médicaments, ce n’est malheureusement plus possible d’en faire venir.
    L’après-midi, je termine de rencontrer nos étudiants.
    Le soir, rencontre de notre communauté de quartier. C’est le début de l’année. Marie-Pierre nous fait le compte-rendu de la dernière formation. Puis de la rencontre de lancement de la paroisse. A partir de là, nous voyons comment nous allons nous organiser cette année (voir le prochain compte-rendu). Nous choisissons déjà nos premiers thèmes de réflexion et actions : 1. La rentrée scolaire et l’éducation. 2. La santé. Nous abordons ensuite le questionnaire pour la mise en place du plan pastoral de tout le pays. Nous faisons nos propositions pour les actions possibles, à la fois pour redynamiser les groupes, améliorer la communication, les actions à mener dans les paroisses et les actions au niveau social, sans oublier la recherche de fonds.

  • Jeudi 15 novembre : Ce matin, je vais assister à la conclusion d’un Congrès organisé par l’ACAT (Action des Chrétiens Contre la Torture), avec des délégués de sept pays d’Afrique de l’Ouest. Je collabore avec eux, ici, sur place. Le Congrès portait spécialement sur la suppression de la peine de mort. La réflexion a bien sûr été marquée par ce qui se passe dans la Gambie voisine, où 10 prisonniers ont été exécutés, dont 2 Sénégalais. Et où 20 autres attendent dans les couloirs de la mort. Pour l’avenir, ils ont décidé de travailler avec les chefs religieux des différentes religions qui ont une très grosse influence et peuvent beaucoup aider à la conscientisation. Et aussi avec les médias. Aujourd’hui, ils présentent leur plan d’action à la presse.
    Ensuite, je prépare des lettres de soutien pour Noël et règle le cas d’un étudiant étranger, avant de partir à notre Maison centrale où nous avons un certain nombre de choses à régler : l’achat d’une voiture d’occasion pour la maison des étudiants (nous n’avons pas de quoi acheter une neuve), une session de formation à Justice et Paix au Cameroun, les fraternités spiritaines de laïcs, une réunion des formateurs, les projets de développement, et beaucoup d’autres activités à mener.
    L’après-midi, je commence par u n cours de ouolof avec nos étudiants. En effet, pour leurs engagements, je trouve très important qu’ils apprennent la langue locale, même s’ils ne doivent pas rester longtemps ici.
    Ensuite, je continue à rencontrer personnellement les étudiants.
    La nuit, 2ème rencontre avec une centaine de jeunes se préparant au mariage. Comme jeudi dernier, l’ambiance est très amicale. Je me charge d’abord de les détendre et de les mettre à l’aise, car aujourd’hui nous abordons la question de la sexualité dans le couple. Ils ont acheté tous mes livres sur le sujet, et certains n’en ont pas eus !

  • Mercredi 14 novembre : Je vais d’abord à la prison pour régler un certain nombre de petits problèmes : passer à l’infirmerie, organiser les rencontres d’écoute d’aujourd’hui, voir le directeur de la prison et son adjoint pour la suite de notre collaboration, rencontres et activités à venir.
    Puis je pars participer à la seconde ,journée du Colloque inter religieux. Le thème d’aujourd’hui : « Le rôle des religions dans la construction de la nation, la promotion de citoyenneté, de la paix et du développement ». Il y a beaucoup de choses à réfléchir dans la situation actuelle du Sénégal.
    Nous écoutons d’abord un rabbin, venant directement d’un Kibboutz. C’était important pour nous de recevoir un éclairage de l’extérieur et de chercher à comprendre un point de vue étranger, même si nous ne pouvons pas accepter tout ce qu’il a dit sur le sionisme et les israéliens. Et que la religion juive nous interpelle aussi en tant que chrétiens et à partir du Nouveau Testament.
    Nous réfléchissons ensuite à « l’impact des valeurs et des religions traditionnelles dans la promotion de la citoyenneté », présenté par un maire du pays bassari, où j’ai moi-même travaillé en 1979-1980. Je m’y retrouve. Comment garder ces valeurs traditionnelles dans le monde moderne, spécialement en ville et auprès des jeunes, très marqués et attirés par les moyens techniques actuels, la musique, la mode et tout ce qui vient de l’occident. Comment intégrer le positif de ce qui vient de l’étranger dans les cultures sénégalaises actuelles, qui sont elles-mêmes complètement transformées.
    Enfin, à partir du témoignage d’un pasteur et l’action d’une ONG, nous parlons du « rôle des responsables religieux (pasteurs, prêtres et imams) dans la promotion de la paix et du développement ». Là, je regrette qu’on se soit surtout étendu sur la description des activités, sans chercher à voir et analyser les causes de la pauvreté. Car il est nécessaire d’agir sur ces causes.
    Comme hier, je rentre rapidement à la communauté pour rencontrer personnellement nos étudiants. Ce n’est pas fini, car hier j’ai dû m’arrêter pour aller enregistrer nos deux émissions radio hebdomadaires. Je vais continuer ce soir ! Après avoir fait un certain nombre de visites pour répondre aux appels qui viennent de m’être adressés.

  • Mardi 13 et mercredi 14 novembre : Je suis invité à un Congrès sur les relations inter religieuses. Ca m’intéresse beaucoup, mais à cause de mes responsabilités, je ne pourrai pas tout suivre, malheureusement. D’abord, je passe voir la femme d’un détenu pour qui nous venons de trouver du travail. Puis je pars chez la secrétaire de l’aumônerie pour préparer les demandes de soutien, pour les fêtes de Noël. Enfin, je vais introduire un étudiant allemand au CAEDHU (Centre des Droits Humains). Il est venu faire un stage dans une ONG de la place qui ne s’est pas intéressée à lui et même l’a carrément laissé tomber. Il se retrouve donc en plan. Ce n’est pas la première fois que je dois ainsi « repêcher » et recaser des jeunes stagiaires qui se retrouvent sur le carreau. Au moins, lui, va pouvoir faire quelque chose de valable dans une ONG qui travaille.
    Enfin, je rejoins le Colloque sur le dialogue inter religieux : « Religion, paix et développement ». Nous étudions d’abord la crise du Mali, le mouvement islamique au Sénégal, et le traitement des religions dans les médias. Avec débats, ateliers, échanges, suivis de rapports et de conclusions. Demain, nous travaillerons le rôle des religions dans la construction de la nation, la promotion de la citoyenneté, de la paix et du développement. Le problème, ce sera le suivi bien sûr.
    Je suis intervenu spécialement au sujet des médias, à partir de mes émissions religieuses en français et en ouolof à la radio de la Mairie de Dakar. En expliquant comment nous ne voulons pas faire de propagande religieuse mais de veiller à la compréhension, au refus de la violence verbale ou autre, et en montrant le positif. Pour cela, nous interviewons des chrétiens engagés dans la société : ils témoignent de ce qu’ils font, comment leur foi les soutient et comment ils travaillent ensemble, chrétiens et musulmans.
    A partir de mon travail dans les prisons, j’ai réagi contre le nombre de pages consacrées dans les journaux, mais aussi à la radio et la télévision, aux agressions, vols, viols, et aux comptes rendus des jugements détaillés et « croustillants » des tribunaux : inceste, prostitution, pédophilie, homosexualité, drogue. Toute cette publicité voyeuriste n’aide certainement pas les prisonniers, mais pas davantage les autres citoyens ni la société sénégalaise en tant que telle.
    Nous avons vu comment assurer une meilleure formation des responsables de ces émissions religieuses , musulmans comme chrétiens. Et aussi la nécessité de voir ce qui se passe également sur Internet. Et d’organiser des « associations des auditeurs » pour réagir sur la qualité et le contenu des émissions.

  • Lundi 12 novembre : Reprise des activités. Cette semaine, je vais recevoir personnellement chacun des étudiants pour faire le point de leurs activités et de leur engagement social. Ensuite, nous en tirerons les conclusions tous ensemble.
    Je reçois un certain nombre de visites de gens qui viennent me voir pour des conseils ou des aides diverses. D’autres m’apportent des choses pour les prisonniers (habits, savon, dentifrice, sucre, lait, nescafé).
    Le soir, nous tirons la liste actualisée avec contacts, adresses des spiritains d’Afrique de l’Ouest. Nous en avons besoin pour notre travail et pour nos relations.
    La nuit, nous tenons notre réunion mensuelle de communauté. Chaque fois, nous prenons un thème de réflexion, ce qui est une occasion de formation, mais un apprentissage pour les étudiants à parler en public et à échanger des idées. Nous examinons ensuite notre vie communautaire. Puis nous voyons comment nous allons vivre le temps de l’Avent personnellement, en communauté et à l’extérieur. Et comment améliorer nos prières communautaires. Enfin, nous abordons les questions concrètes : finances, matériel, organisation.

  • Dimanche 11 novembre : Chaque mois, nous consacrons un dimanche à la prière (récollection) avec les étudiants. C’est moi qui l’anime cette fois-ci. J’ai pris comme thème : « Vivre notre sexualité dans la foi et l’amour du Christ ». C’est un point important pour notre vie personnelle, en tant que religieux célibataires consacrés. Mais aussi pour notre société et tous ceux qui sont blessés dans leur amour.

  • Samedi 10 novembre : Ce matin, à la prison des hommes, deux de mes étudiants m’accompagnent. C’est important qu’ils s’initient à ce travail. Je reçois aussi une animatrice de prison, qui vient du Gabon. Nous espérons qu’elle nous apportera ses idées et ses propositions. Nous sommes très heureux de l’accueillir, et les prisonniers encore plus !
    En ce moment, dans le pays, on parle beaucoup du jugement d’Hissen Habré, l’ancien dictateur du Tchad, pour les crimes qu’il a commis à partir de 1982. Cela fait plus de 10 ans que nous attendions ce jugement, et nous sommes très heureux qu’il se tienne en Afrique. Mais nous sommes effarés de la façon dont ça se passe. D’abord, par le coût…. alors qu’il n’y a pas d’argent pour les prisons. Pour ce procès, on a choisi 18 juges, qui seront payés des millions. De plus, eux, mais aussi leurs familles, profiteront d’une exonération d’impôts et autres taxes pendant tout le temps du procès. Je ne peux pas m’empêcher de penser aux très nombreux prisonniers qui vivent dans des conditions tellement difficiles et qui attendent des mois et des années pour être jugés, sans véritable défense. Vraiment, la justice n’est pas la même pour tous. De plus on a donné des critères pour choisir ces 18 juges : intégrité, impartialité et expérience. Est-ce que tous les juges ne doivent pas être intègres et impartiaux ?
    Nous parlons bien sûr de la vie à la prison. Avec l’aide des responsables, nous arrivons à régler les tensions peu à peu, et un certain nombre de ceux qui s’étaient découragés commencent à revenir.
    Plusieurs sont condamnés pour viol. Souvent leur jugement, comme la façon de les traiter, ne sont pas clairs. Nous cherchons des avocats et des psychologues pour les suivre et régler leurs problèmes. Sans oublier bien sûr les victimes, qui ont droit à la protection, la défense et un soutien. Nous voudrions arriver à une demande explicite de pardon et même une réconciliation, mais c’est plus difficile.
    Malheureusement, nous n’avons plus les moyens de prendre en charge les ordonnances de chacun. Nous avons rencontré l’infirmier chef pour acheter les médicaments de première urgence qu’il utilisera pour le mieux.
    Les catholiques, venus pour la prière, m’amènent les noms de leurs camarades musulmans qui voudraient nous rencontrer. Je suis très heureux de cette initiative et de leur ouverture.
    Nous continuons à chercher du travail pour les femmes des détenus afin qu’elles puissent faire vivre leurs familles.
    Nous parlons aussi de la vie du pays. Cette semaine, nous avons appris la noyade de près de 100 personnes qui avaient quitté le Maroc en pirogue pour aller en Espagne. Parmi eux, 31 Sénégalais, dont 2 femmes et des enfants. Cela a causé un grand choc. De 1988 à 2009, on compte plus de 15.000 morts en mer, uniquement pour les cas connus, soit plus de 1.400 par an. Sans parler de tous ceux qui sont morts en route, en particulier dans le désert. Et tant qu’on ne pourra pas organiser sur place une vraie formation et des emplois, en particulier pour les jeunes, cela continuera.
    Puis nous partageons la Parole de Dieu : l’Evangile de dimanche suivant (voir les comptes rendus dans mon site).
    Au retour, travail avec une amie secrétaire qui accepte de saisir certains documents. Aujourd’hui, je lui demande de saisir un document pour un prisonnier qui vient d’être libéré : pendant son séjour en prison, on lui a volé tout ce qu’il avait ; il en a fait la liste. Quand elle sera imprimée, nous irons voir un huissier. Merci également à Jocelyne qui saisit ces « Nouvelles » que vous recevez.
    Je fais le point aussi avec les animatrices de la Maison des femmes. Un certain nombre des détenues le sont pour cause d’avortements. Elles doivent passer aux Assises. C’est un tribunal spécial qui se réunit très peu souvent, et les femmes traînent des années avant d’être jugées.
    Le soir, je vais célébrer la messe à la paroisse. A la sortie, je suis heureux de saluer de nombreux amis et connaissances.

  • Vendredi 9 novembre : Aujourd’hui je ne vais pas à la prison. En effet, toute la semaine, nos étudiants ont suivi une session de bioéthique, animée par une théologienne venue de l’Université Catholique d’ANGERS, Véronique Mangrond. Nous nous retrouvons donc entre professeurs et formateurs avec elle pour réfléchir comment mieux organiser la formation donnée. Et faire vivre notre Institut.
    Après le repas, séance de travail avec la secrétaire de l’aumônerie des prisons.

  • Jeudi 8 novembre : Pendant la journée, je continue mon travail sur le Concile Vatican 2. Ca n’avance pas vite ! En ce moment, je travaille les questions de la famille et du mariage.
    Le soir, rencontre des fiancés (préparation du mariage). Ils sont près de 100. J’ai beaucoup travaillé cette question autrefois et même écrit plusieurs livres. Je me retrouve dans mon ambiance et à l’aise. Surtout qu’il s’agit d’un public jeune. En plus, ils répondent et participent très bien. Nous travaillons la psychologie de l’homme et de la femme (sur laquelle je mets beaucoup de réserve !) dans le but de mieux se connaître et de se compléter. A partir de là, nous passons à la vie du couple : importance de se parler, de mieux vivre ensemble les différents aspects de la vie conjugale et familiale, de s’engager ensemble, de se pardonner, etc… Enfin, nous abordons la dimension chrétienne de l’amour et du mariage. La semaine prochaine, nous aborderons les questions de la sexualité.

  • Mercredi 7 novembre : Ecoute à la prison. En plus de l’accueil des nouveaux et le soutien psychologique de certains détenus, je rencontre les responsables de la communauté catholique (deux francophones et deux anglophones) car apparaissent des tensions, des oppositions de personnes et un certain découragement. Il faut donc les remotiver. Puis nous nous asseyons avec les responsables du service social, pour voir les problèmes généraux. La grande chaleur et les mauvaises conditions de vie entraînent beaucoup d’agressivité. Sans oublier les questions matérielles, car ils ne reçoivent aucun soutien de leur ministère. Nous faisons le point avec les agents de santé. Là aussi , leur ministère ne leur envoie pas de médicaments. Pour nous, nos moyens sont trop limités pour prendre en charge toutes les ordonnances. Nous voyons avec l’infirmier quels sont les médicaments les plus nécessaires et nous allons demander des cotisations aux membres de l’aumônerie et à nos amis et relations afin de pouvoir les acheter.
    Après le repas, je pars tout de suite chez le dentiste. Il doit m’arracher deux dents et me mettre un appareil sur la mâchoire du bas (j’en ai déjà un pour le haut) ; mais il me faut trouver un financement pour cela.
    Je rencontre ensuite les responsables des émissions catholiques pour reprendre la rencontre de samedi et voir que faire pour les émissions dont j’ai la responsabilité.
    Je passe à la Centrale des Œuvres inscrire deux personnes au week end de formation sur « Dieu notre Père », dans le cadre de l’année de la foi.
    Puis je vais enregistrer mes deux émissions radio, une en français et une en ouolof. Aujourd’hui, je reçois deux responsables JOCF, sur le travail avec les jeunes travailleuses et surtout (hélas !) les chômeuses et toutes celles qui « se débrouillent» et travaillent dans le secteur informel. Elles nous présentent leur plan d’action pour cette année : « Sauver notre vie dans l’entente et la collaboration ». Elles nous parlent de leurs actions pour aider leurs camarades : jeunes filles enceintes, etc… Et surtout ce qu’elles font avec les femmes des villages qui viennent travailler en ville pour nourrir leurs familles. Et aussi les enfants qui viennent à la capitale faire des petits métiers pour gagner un peu d’argent et se payer l’école et les fournitures. Mais elles vivent dans des conditions très dures et se font souvent tromper et exploiter. Beaucoup restent en ville, dans n’importe quelles conditions et abandonnent l’école. Ces deux responsables insistent sur les difficultés de leurs engagements, mais surtout elles expliquent comment leur foi chrétienne les soutient. Et en même temps comment elles travaillent avec les musulmanes.
    Comme toujours, je suis très bien accueilli par les techniciens de la radio. C’est très agréable. De plus, ils font tout leur possible pour améliorer notre travail au moment du montage. Aujourd’hui, en pleine émission, un des employés vient même nous apporter un verre du thé traditionnel.

  • Mardi 6 novembre : Le matin, travail personnel à la maison. L’après-midi, cours de ouolof. Il n’y a pas beaucoup de monde. Les gens se disent intéressés mais ne font pas les efforts nécessaires pour apprendre une langue nouvelle. Nous allons changer de lieu et réorganiser les horaires.

  • Lundi 5 novembre : Je vais à notre Maison centrale, rencontrer notre responsable, en particulier au sujet des fraternités spiritaines laïques. Puis je rencontre notre économe pour les questions économiques, en particulier pour trouver des voitures pour nos communautés travaillant dans 4 pays d’Afrique de l’Ouest, au moins des voitures d’occasion, car la plupart de nos véhicules sont complètement usés. Cela n’est pas étonnant, vu l’état des routes ! mais cela nous bloque beaucoup dans nos activités pastorales.
    Après avoir réparé mon vélo (lui aussi est bien fatigué !), je vais rencontrer quelques émigrés. Je n’ai pas beaucoup de moyens pour les aider, mais je cherche au moins à leur remonter le moral et à trouver des solutions à leurs problèmes, afin qu’ils reprennent un peu confiance et espérance.
    Puis je passe au CAEDHU (centre de formation aux Droits Humains) faire le point de la rencontre de samedi et en tirer des orientations et des activités à mener. Nous voulons en particulier faire l’évaluation des gens que nous avons formés ces dernières années, et voir ce qu’ils ont réalisé concrètement.
    A 18 heures, rencontre avec les techniciens du Ministère de la Justice. C’est la 3ème réunion, dans la collaboration que la Ministre nous a proposée (à l’aumônerie catholique des prisons). Nous abordons un certain nombre de questions. D’abord les rencontres d’échanges et de réflexion entre notre aumônerie et le personnel des différentes prisons de la région. Puis le travail avec les services sociaux. A partir de là, nous abordons des questions plus précises : la nourriture, la santé, l’amélioration des bâtiments et la construction de nouvelles prisons et de nouveaux tribunaux. Cela nous amène à aborder la question des jugements, des appels, des réductions de peines et des grâces. Avec tout ce qui s’y ajoute : retards, corruption, manque de clarté, influences extérieures. Puis nous passons à des questions plus précises : la formation professionnelle et le travail dans les prisons, la réinsertion avec le soutien et la participation d’ONG et d’entreprises étrangères et locales. Le Ministère a évidemment plus de pouvoir et de possibilités que nous. Sans oublier les questions concrètes, comme les rencontres personnelles des détenus avec leurs femmes, qui nécessitent un minimum d’intimité au lieu de se voir au parloir dans un grand groupe.

  • Dimanche 4 novembre : Après la messe, interview sur une autre radio communautaire, avec interventions des auditeurs. Thème : La Toussaint, la prière pour les morts, l’évangile d’aujourd’hui sur l’amour, la commission justice et paix, et toutes les questions posées par téléphone.
    Ensuite, visite des familles comme chaque dimanche. Je rencontre en particulier Elisabeth. Elle était conseillère du Ministre de la Jeunesse qui a été déplacé suite au dernier remaniement ministériel et qui se retrouve responsable de projets. Elisabeth se demande si elle va le suivre ou reprendre son travail ordinaire dans la société de médias et communications qu’elle a créée. Nous réfléchissons à la vie du pays et à l’engagement politique des chrétiens.

  • Samedi 3 novembre (suite) : Les hommes souffrent beaucoup en prison, mais leurs femmes souffrent encore plus. Le mari n’est plus là pour nourrir la famille, la femme se retrouve seule pour la nourriture, le loyer, l’école des enfants, etc… Nous cherchons à leur trouver du travail, mais ce n’est vraiment pas facile.
    Je vais rejoindre la rencontre des responsables des émissions catholiques (radio, télévision) et journaux. C’est important que nous nous mettions d’accord pour ne pas tous faire la même chose et assurer une complémentarité entre nos différentes émissions. Nous voyons également comment améliorer notre technique mais aussi le contenu de nos émissions, pour répondre davantage aux besoins de nos auditeurs.
    L’après-midi, rencontre au CAEDHU. Nous continuons de travailler à l’éducation aux Droits Humains et à la mise en place d’un Centre de Formation. Les choses avancent (trop !) lentement. Je laisse la réunion pour aller dire la messe à la paroisse. Ensuite, nous prenons un temps pour parler et manger avec les prêtres. Puis je rejoins notre communauté pour notre soirée détente du samedi.

  • Samedi 3 novembre : A la prison des hommes aujourd’hui j’ai des problèmes : on contrôle mes affaires, on vérifie mes papiers, on prend mon téléphone. Je ne dis rien, car tout cela est légal. Mais maintenant le personnel me connaît bien et il n’y a pas tous ces problèmes. Cependant nous sommes à la merci du chef de poste, et cela dépend de son humeur.
    Nous commençons par nous donner les nouvelles des jugements et des malades. Puis nous revenons sur la réunion de la semaine dernière pour essayer de réduire les tensions, de diminuer l’agressivité et les frustrations. Et aussi pour arrêter les jalousies entre les différentes ethnies et religions. Et aussi entre Sénégalais et étrangers. Nous parlons aussi des visites. Nous avons d’ailleurs abordé cette question avec le directeur de la prison. Les visites se font en commun au parloir. Nous voudrions que les prisonniers mariés puissent avoir davantage d’intimité et parler avec leur femme dans la discrétion.
    Nous voyons aussi comment ils ont vécu la Toussaint et la journée d’hier de prière pour les morts. Il y a eu quelques problèmes à ce sujet, car le responsable de la prière a été interrompu et il s’est mis en colère. Déjà depuis quelque temps il y a beaucoup d’agressivité et d’insatisfaction : il n’y a plus d’argent pour la nourriture des prisonniers, ce qui entraîne tensions et maladies ; il n’y a pas d’eau en ville et ce qui est supportable pour une famille de 7/8 personnes ne l’est pas pour une prison de 900 prisonniers, surtout dans les conditions de promiscuité qui sont les leurs. En ce moment, il fait très chaud, ce qui augmente l’agacement de tous. Nous reprenons les paroles de Dieu sur le pardon et la réconciliation, suivi d’un temps de prière. Ils me demandent de régler les problèmes. A la suite de Matthieu 18, 15-21, je leur demande de prendre d’abord leurs responsabilités eux-mêmes, personnellement, avec les responsables qu’ils ont choisis, et tous ensemble en communauté. Ce sont des adultes, je tiens à ce qu’ils prennent les choses en main, et je ne veux surtout pas les infantiliser. Plusieurs réagissent d’ailleurs positivement et nous nous retrouverons avec les responsables mercredi prochain. D’autres demandent à tout le groupe de se remobiliser en se conseillant et soutenant mutuellement, avec l’aide de Dieu. Le calme revenu, nous pouvons reprendre notre réunion dans la paix. Je prépare la liste des personnes à rencontrer mercredi en expliquant à nouveau qu’ils doivent se préparer à l’avance et qu’il s’agit de voir les gens qui ont des problèmes et que nous acceptons de rencontrer en particulier, mais pas pour de la nourriture ou des visites médicales, ce dont nous nous occupons par ailleurs.

  • Vendredi 2 novembre : A la prison des femmes nous reparlons de la Tabaski, à propos du sens de cette fête, de la foi et du sacrifice d’Abraham, et comment elles ont passé la fête ensemble, chrétiennes et musulmanes. Puis comment elles ont vécu la fête de la Toussaint. Et nous partageons longuement la Parole de Jésus (les Béatitudes). Nous continuerons lors de notre prochaine rencontre.
    Le soir, réunion de notre communauté de quartier. Marie-Pierre, la responsable, nous fait le compte-rendu de la formation de la semaine passée. A partir de là, nous préparons nos activités de cette année. Comme d’habitude je vous en enverrai le compte-rendu.

  • Jeudi 1er novembre : Toussaint.
    Je célèbre la messe de 9 heures. Après la messe, je rencontre un certain nombre de personnes à qui j’ai donné rendez-vous, profitant de ce jour de congé.
    L’après-midi, prière au cimetière. Plus de 2000 jeunes y sont venus deux dimanches de suite pour le nettoyer. Et une très grande foule se rassemble autour du Cardinal. La prière pour les morts, c’est important ici. Les gens retournent jusque dans leurs villages à cette occasion.
    Le soir, nouvel enregistrement à la radio, pour dimanche matin et soir.

  • Mercredi 31 octobre : Après avoir réglé un certain nombre de questions en attente, je me retrouve dans les réalités concrètes de la vie des détenus, en écoute. Nous partageons avec le service social, l’infirmerie, les différents services et bien sûr le directeur les différentes propositions que nous avons faites hier à notre réunion. Ensuite, nous voyons les prisonniers, chacun avec ses problèmes, qui sont tous différents mais aussi difficiles les uns que les autres. En particulier, pour les familles : pauvreté, manque de nourriture, manque de travail pour la femme qui se retrouve chef de famille, expulsion de la maison, enfants qui arrêtent les études par manque de moyens, couples qui se cassent. Et les problèmes des détenus ne sont pas moindre : matériel, santé, psychologique, difficulté de supporter cette grande promiscuité et la solitude.
    L’après-midi, je reprends tout cela. J’ai des nombreux messages à envoyer et des contacts à prendre pour préparer toutes les activités que nous avons prévues. L’aumônier de la prison des jeunes me rend visite et nous voyons que faire ensemble pour ces jeunes, selon les orientations prises hier. Puis je pars à la radio pour enregistrer deux émissions spéciales pour la Toussaint.

  • Mardi 30 octobre : Rencontre de lancement de l’aumônerie des prisons. Il y a beaucoup à dire et à faire. Et je vous en ai souvent parlé dans mes différents courriers : notre travail avec le ministère de la Justice, la commission judiciaire, les jugements en appel, les grâces, les remises de peine et la formation sur toutes ces questions dont nous avons besoin ; la lutte contre la corruption et l’arbitraire pour laquelle nous sommes tellement démunis (nous sommes acceptés, mais si nous intervenons trop directement et trop clairement, nous serons renvoyés. L’équilibre n’est pas facile à tenir !). Nous voyons que faire, pour les jeunes et les femmes aussi bien que pour les hommes, avec le ministère, avec la direction pénitentiaire, avec les responsables des prisons, mais aussi à la base avec le personnel. Nous allons essayer d’obtenir des rendez-vous et l’autorisation de faire des rencontres à ces différents niveaux. Et dans tout cela, ne pas nous laisser bloquer par les textes mais faire chercher le bien des personnes. Ce n’est pas simple. De plus
    il faut nous adapter à chaque prison et à ses réalités propres.
    Nous allons relancer les rencontres de formation ouvertes à tous les prisonniers. En particulier par rapport au SIDA. Puis, à partir de là, lancer une réflexion sur la sexualité en prison. Nous allons continuer à chercher des avocats et des médecins prêts à intervenir. Nous revenons bien sûr aux questions de formation professionnelle en prison, de réinsertion à la sortie, mais aussi à la recherche de travail et au soutien des femmes de détenus et de leurs familles, spécialement pour les jeunes : certains retournent en famille mais n’ont pas de travail ; d’autres retournent dans la rue. Nous allons nous mettre en lien avec des éducateurs pour les suivre. Le sort des autres prisons de la région de Dakar nous inquiète également.

  • Lundi 29 octobre : Nous nous retrouvons pour la première réunion de doyenné de l’année : les prêtres des 7 paroisses du secteur. Nous nous partageons les responsabilités et organisons le programme de rencontres et d’activités. Cela nous prend du temps, d’autant plus qu’à chaque fois nous réfléchissons aux difficultés et cherchons comment améliorer nos façons de travailler. Ensuite, je fais le compte-rendu de la formation des responsables de communauté du dimanche 14 octobre. Pas seulement pour qu’ils soient au courant, mais pour qu’ils s’impliquent vraiment dans cette action et mettent en pratique les orientations proposées.
    Nous décidons de réfléchir à la vie des mouvements de jeunes, à la nouvelle évangélisation, l’année de la foi, les communautés de quartier, l’animation de nos paroisses, l’accueil des étrangers, réfugiés et émigrés. Nous voulons travailler aussi le Concile de Vatican 2 dont c’est le 50ème anniversaire. Nous voyons ce que nous avons déjà fait pour l’année de la foi.
    Aujourd’hui, j’ai une journée bien chargée. Je laisse la réunion pour aller récupérer mon nouveau passeport (qui n’est pas donné !). Puis je rencontre un responsable pour régler un problème délicat d’un religieux. Et les étudiants m’attendent pour la rencontre hebdomadaire. Aussitôt après, je pars à la paroisse pour la messe, suivie par la réunion de la commission justice et paix.
    Avec nos étudiants, nous avons cherché comment participer aux activités de l’année de la foi dans les paroisses et dans nos différents engagements, mais d’abord dans notre propre vie personnelle et communautaire. Nous avons eu un échange très intéressant et très profond.

  • Dimanche 28 octobre : Après la messe du matin, j’ai un certain nombre de contacts, comme d’habitude. Les gens viennent parler et donner leurs nouvelles : c’est très sympathique. Je pars ensuite préparer mes émissions radio avec l’intervenante de mercredi.
    Le soir, rencontre avec les jeunes de la communauté de quartier. Nous reprenons les différents points d’action décidés à la réunion d’évaluation de juillet : activités de l’amicale, participation aux activités de quartier et rencontres avec les autres jeunes, participation à la communauté de quartier et à la vie paroissiale, activités caritatives et humanitaires, engagement pour justice et paix. On met en place un nouveau Bureau pour cela.
    Il me reste un peu de temps pour faire des visites de familles dans le quartier.

  • Samedi 27 octobre : Aujourd’hui est férié. Malgré tout, le directeur de la prison me donne l’autorisation de tenir notre réunion habituelle. Hier la fête a été difficile pour les prisonniers, car on n’a pas préparé de repas pour eux. On comptait sur ce que les parents et autres personnes apporteraient comme nourriture.
    Mais surtout, nous sentons un grand découragement, surtout du côté des anglophones. Ils sont loin de chez eux et abandonnés : ils ne viennent plus à nos rencontres. Tous souffrent de la mauvaise nourriture, ce qui entraîne des carences et des maladies. Et surtout, ils ont l’impression que la situation n’évolue pas. Ils attendent des mois, et même des années, sans passer en appel et lorsqu’ils sont convoqués ils sont renvoyés plusieurs fois, sans jugement.
    Il fait très chaud et cela influe sur les caractères, augmente les tensions. Il y a des problèmes actuellement par rapport aux responsables du groupe et entre les membres. Et comme toujours, surtout dans un groupe fermé, les conflits de personnes et les jalousies ne manquent pas. Nous abordons toutes ces questions dans notre rencontre en donnant la parole à tous. Les animateurs interviennent ensuite. Nous responsabilisons les plus motivés pour qu’ils contactent les découragés et les absents.
    La fête de la Tabaski est l’occasion de parler de nos relations entre chrétiens et musulmans. Un certain nombre de ces derniers viennent à nos rencontres et beaucoup  en « écoute », le mercredi.
    Nous terminons avec la question des malades : maladies, mais aussi chutes, dépression…. Nous voyons comment fournir médicaments et nourriture aux plus nécessiteux.
    Le soir, comme chaque samedi, nous passons la soirée ensemble, en communauté, avec les étudiants. Car toute la semaine, chacun est occupé par les études et les différentes activités. C’est un temps de partage important pour nous.

  • Vendredi 26 octobre : Le pays est à grande majorité musulmane. Toutes les confréries musulmanes se sont mises d’accord pour célébrer le sacrifice d’Abraham toutes ensemble le même jour. Le pays tout entier est animé, chacun se prépare à la fête. Nous partageons la joie de nos amis musulmans et nous parlons avec eux, pour que cette fête ne soit pas seulement la fête du mouton (et des beaux habits) mais vraiment une fête de la foi et une occasion de grandir ensemble dans la foi, chrétiens et musulmans, car nous sommes tous fils d’Abraham. En ce jour, quand les musulmans se rencontrent, ils se demandent mutuellement pardon, ce qui est très beau. Nous reprenons cette coutume à notre niveau.
    Personnellement, je suis invité l’après-midi par l’imam du quartier. Bien sûr, je m’y rends avec joie. Le matin, avec les étudiants, nous avons prié pour nos frères et sœurs musulmans.
    Dans la journée, je visite un certain nombre de familles musulmanes ; je ne peux pas participer à tous les repas, mais toutes tiennent à me remettre un morceau du mouton qu’ils ont sacrifié. Aux fêtes de Noël et de Pâques, ce sera notre tour !

  • Jeudi 25 octobre : Ma mauvaise grippe continue à me fatiguer. Comme j’ai la messe ce soir en paroisse, j’en profite pour me reposer ce matin. Puis, à midi, avec mon confrère du séminaire, nous allons manger chez une enseignante du théologat, en même temps responsable d’une association d’éducation aux droits humains.
    Après un temps sur Internet, je pars au Conseil Paroissial. Nous travaillons sur notre thème d’année et le calendrier des activités, avec en particulier les temps de formation. Nous reprenons les conclusions du Forum d’Evaluation de début juillet. Une équipe nous en propose une synthèse avec les objectifs visés, les résultats à atteindre. Chaque groupe, équipe, mouvement, communauté ou association va proposer des activités pour atteindre ces résultats, pour qu’il y ait une participation maximum de personnes.
    Puis nous réfléchissons plus précisément à la vie de nos communautés de quartier. (Voir le compte-rendu de la formation du 14 octobre que je vous ai déjà envoyé).

  • Mercredi 24 octobre : On m’a offert 10 sacs de riz, des moustiquaires, des tee-shirts et des pantalons, du savon et de l’eau de Javel. Immédiatement, je les fais distribuer dans les trois prisons où je travaille. Du coup, je suis bien accueilli bien sûr. Il va falloir maintenant s’assurer que ces dons arrivent bien aux destinataires. Mais nous avons confiance dans le nouveau directeur pour cela. Ensuite, nous reprenons notre travail en deux commissions : l’écoute et la réinsertion. Mais avant de rencontrer les détenus, nous nous retrouvons entre nous pour préparer nos propositions à la rencontre générale de l’aumônerie de mardi prochain. Une éducatrice, venue de France, nous rejoint pour s’informer sur ce que nous faisons et comment nous travaillons.
    Dans les contacts personnels, les mêmes problèmes reviennent : des gens qui attendent des années avant d’être jugés en appel ; la nourriture insuffisante qui entraîne de nombreuses maladies. La saison des pluies est terminée, il fait très chaud et cela entraîne aussi des tensions et des problèmes de relations entre les personnes. Je prends le temps d’écouter et d’essayer de régler un certain nombre de choses….ou, au moins, d’encourager et soutenir les personnes à mieux vivre leurs difficultés.
    Après un temps de travail personnel, je par à la radio pour enregistrer nos deux émissions du dimanche. D’abord, la voiture de mon invité est en panne. Avec la préparation de la fête de la Tabaski, nous avons beaucoup de peine à arriver par les transports publics. Et quand nous arrivons, les studios sont occupés. Mais grâce à la bonne volonté de chacun, on arrive à s’en sortir !

  • Mardi 23 octobre : Aujourd’hui, je me consacre à ma congrégation (mon ordre religieux et missionnaire des Spiritains). Nous travaillons d’abord avec l’économe sur les questions financières et la mise en place d’une Fondation pour lancer et soutenir des actions de développement. Puis, avec notre responsable, nous réfléchissons à la question des vocations, de l’animation des fraternités spiritaines (des groupes de laïcs qui nous soutiennent et cherchent à vivre notre spiritualité) ; et un certain nombre d’autres problèmes.
    Le soir, je donne mon premier cours de ouolof (pour cette année scolaire) à un certain nombre de personnes : nos étudiants, des religieux, des coopérants et d’autres personnes intéressées. En effet, la majorité de la population sénégalaise parle ouolof et beaucoup ne comprennent pas bien le français. Si l’on veut avoir de bons contacts avec les gens, surtout les plus simples, il est donc important d’avoir au moins quelques notions de ouolof.

  • Lundi 22 octobre : Rencontre de travail avec la responsable de l’aumônerie des prisons. Puis je pars à l’ONG Enda qui travaille dans de nombreuses actions de développement. Ils acceptent d’accueillir un de nos étudiants pour qu’il s’initie aux activités informelles : écoles communautaires, formation des apprentis, alphabétisation, écoles coraniques, etc… En effet, nous nous apercevons que souvent les écoles officielles (formelles, traditionnelles) n’apportent pas une vraie éducation, ne préparent pas les élèves au travail et à leur avenir, ne permettent pas une vraie participation des parents et, surtout, ne sont pas accessibles aux plus pauvres. C’est pourquoi nous voulons nous former à un autre type d’enseignement et d’éducation plus adapté à nos réalités et à nos besoins ; et que nous voulons former un de nos étudiants dans ce domaine. De même que nous avons orienté nos autres étudiants dans d’autres secteurs de travail social : familles nécessiteuses, enfants et jeunes en difficultés, mouvements d’action catholique, aumônerie des étudiants, animations des prisons, accueil des réfugiés et émigrés, enfants de la rue, handicapés, aumônerie de la mer, etc… Ils travailleront avec les responsables de ces différentes actions. De notre côté, nous reprendrons ces engagements ensemble en communauté. Je suis chargé de rencontrer chacun des étudiants personnellement pour évaluer ses engagements.

  • Dimanche 21 octobre : C’est le lancement de l’année pastorale dans tout le diocèse, avec beaucoup d’anniversaires et d’orientations. En ce moment, se tient le Synode sur l’Evangélisation, et le début de l’Année de la Foi. C’est aussi le 50ème anniversaire du Concile Vatican 2. Pour l’Afrique de l’Ouest, et en particulier notre diocèse, nous lançons aussi notre 3ème Plan d’Action Pastoral. Nous présentons cela à toute la paroisse et prenons le temps d’en parler ensemble. L’Evangile du jeune homme riche de ce jour nous fournit une base importante de réflexion.
    Après cette rencontre, nous nous asseyons avec le responsable de Justice et Paix pour préparer nos activités de cette année.
    La responsable de notre communauté de quartier que je devais rencontrer ce soir vient m’annoncer qu’une de ses nièces est décédée. Elle va partir à l’enterrement. C’est très souvent que des gens viennent ainsi m’annoncer les décès dans leurs familles. C’est à chaque fois un temps important de rencontre et de partage. La grippe qui s’est abattue sur Dakar fait que les gens sont très affaiblis et le palud et les autres maladies se réveillent.

  • Samedi 20 octobre : Ce matin, des membres de la Communauté du quartier sont venus prier avec nous. Nous en sommes très heureux. Puis nous prenons le petit déjeuner ensemble, ce qui nous permet de continuer notre partage.
    Avant de partir à la prison, je me dépêche d’envoyer le compte rendu de la formation de dimanche, pour que les prêtres et autres agents pastoraux aient le temps de le lire avant notre réunion de doyenné, du 29.
    J’annonce aussi la réunion générale de l’aumônerie des prisons du mardi 30, pour que chacune des commissions ait le temps de se réunir d’ici là.
    Puis je pars à la prison des hommes. Les tensions continuent. L’effort de réconciliation que nous avons fait il y a 15 jours n’a pas suffi. Il y a 2 ou 3 personnes qui s’opposent au responsable du groupe par jalousie. Ils mettent un mauvais esprit et bloquent les choses. Il va falloir que je les voie en particulier.
    En ce moment, il y a beaucoup de malades. La mauvaise grippe sévit aussi à la prison ! Nous abordons les problèmes de santé : le paludisme et le besoin de moustiquaires, le manque de savon et d’eau de Javel…. Et toujours les problèmes de nourriture et de jugements qui, malheureusement, n’avancent pas, malgré tous nos efforts et nos rencontres.
    Ensuite, je reprends avec eux ce que nous avons dit hier au sujet de l’année de la foi et de la Nouvelle Evangélisation. Beaucoup réagissent, posent des questions, et nous cherchons tous ensemble.
    Je leur demande aussi de parler entre eux et de nous apporter leurs propositions pour la marche de l’aumônerie cette année.
    Puis nous partageons nos réflexions sur l’Evangile de demain comme d’habitude. Ensuite, Adolf, de Tanzanie, dit adieu à la communauté. Il va laisser la prison pour travailler avec les familles nécessiteuses dans un quartier périphérique de Dakar (Pikine). Il tire les conclusions de son expérience de l’année passée, et propose des pistes pour cette année. Son « successeur », Pascal, étudiant guinéen, se présente à son tour. Adolf insiste sur la fraternité, le respect mutuel et l’égalité à maintenir entre tous, ainsi que l’importance de voir le positif et de porter les problèmes ensemble.
    Avant d’aborder la question des relations entre chrétiens et musulmans, et aussi de la drogue, dont nous avons souvent parlé cette année, nous pensons aux musulmans qui se préparent à la fête de la Tabaski (Aïd el Kebir) et nous voulons échanger avec eux pour que ce ne soit pas seulement la fête du mouton, mais la fête de la foi et du sacrifice d’Abraham. Nous sommes tous concernés, étant tous fils et filles d’Abraham.

  • Vendredi 19 octobre : On a ajouté une demi-heure aux cours de nos étudiants. Il faut donc nous lever 30 minutes plus tôt cette année, à 5 heures. L’avantage, c’est que ça me donne une heure de travail tranquille, de 7 à 8 heures, après la prière, la messe et le petit déjeuner, avant que le travail et les activités ne commencent en ville. Et en ce début d’année scolaire, où toutes les activités reprennent en même temps, il y a des tas de choses à préparer et à organiser. Ce matin, je termine le compte-rendu de la formation des responsables de communauté.
    Ma grippe m’a permis de créer des contacts avec le personnel du dispensaire. Je repasse les voir. Et je participe à la prière qu’ils font chaque matin avant de commencer leur travail.
    A la prison des femmes, nous parlons de l’année de la foi : 1) Comment nous réveiller ? Comment mieux vivre notre foi, chacun(e) à son niveau personnel. 2) Comment vivre notre foi ensemble, entre chrétiennes ? 3) Comment vivre notre foi avec les autre prévenues musulmanes et de religion traditionnelle. Bien sûr, l’essentiel c’est de revenir à Jésus Christ : mieux le connaître ; l’aimer davantage ; vivre et agir comme Lui.
    Après la réunion avec les femmes, nous rencontrons la directrice de la prison pour mettre au point notre façon de travailler. Nous sommes toujours sur la corde raide : d’un côté, nous voulons partager la vie et les difficultés des femmes et les aider au maximum ; d’un autre côté, il y a les « textes » et le règlement dont nous devons tenir compte. La plupart du temps, cela se passe bien grâce aux efforts et à la compréhension mutuelle. Mais avec certains responsables qui mettent le règlement –ou même leur promotion personnelle- avant le bien des personnes, cela devient difficile. Et sous prétexte qu’il faut la discipline et que tout marche bien, il y a le danger d’infantiliser des femmes adultes et mères de familles au lieu de les responsabiliser et de les préparer à leur sortie. Il ne suffit pas que les conditions matérielles soient les meilleures possibles pour que tout soit parfait ! Le personnel de la prison est d’ailleurs pris entre deux feux : d’un côté ils sont très heureux de ce que nous faisons car cela améliore beaucoup la vie en prison ainsi que le comportement de détenues, mais d’un autre côté ils sont inquiets car nous découvrons certains aspects de la prison qu’ils préfèreraient cacher. De plus, comme me le disait un autre régisseur de prison : « Nous comptons sur vous, car nous avons été formés plus à la répression qu’à l’éducation ». Quand il y a cette volonté mutuelle de se compléter et d’avancer ensemble, les choses sont beaucoup plus faciles.
    La ville de Dakar est en plein émoi. Les cimetières chrétiens ont été vandalisés. On a parlé de profanation. En fait, il ne s’agit pas d’attaque contre la religion chrétienne, mais de vol. On a volé les crucifix des tombes. Pour certains, c’est pour récupérer le plomb. Pour d’autres, c’est pour les revendre à l’occasion de la Toussaint. D’ailleurs, il semble que certains de ces voleurs soient des chrétiens. Il n’empêche que cela a beaucoup choqué toute la population, musulmans comme chrétiens. Et beaucoup de gens sont inquiets de constater que pour avoir de l’argent certains sont prêts à faire n’importe quoi. Surtout le manque de respect par rapport aux morts, alors que c’est une chose très importante dans la culture sénégalaise. Ce qui explique que les premiers à avoir réagi sont les chefs traditionnels et les chefs religieux musulmans de Dakar. Cela nous a beaucoup encouragés et soutenus. La question de la sécurisation des cimetières est posée, et celle de la sécurité en général dans la ville, car, comme partout, il y a de plus en plus d’agressions, et de violence dans la vie de tous les jours, au niveau personnel mais aussi collectif. Le dernier exemple, c’est le match de football entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire éliminatoire pour la coupe d’Afrique. Suite à un penalty contre le Sénégal, certains spectateurs se sont révoltés, ils ont commencé à jeter des pierres et des boîtes de jus de fruits et à casser le stade. Heureusement, le reste de la population s’est très bien contrôlé, et il n’y a pas de casse en ville. Les policiers ont très bien protégé les joueurs et les supporters ivoiriens. Ce qui est encore un signe d’espoir et un grand encouragement.
    Nos délégués des missionnaires spiritains se rassemblent depuis trois jours, venus de Guinée, Guinée Bissao, Mauritanie et du Sénégal, comme chaque trimestre, pour évaluer notre vie et nos actions. Je vais les rejoindre à midi, pour partager le repas avec eux et partager nos joies et nos soucis. Je vais ainsi avoir des nouvelles des différents endroits où j’ai travaillé ces dernières années. C’est une grande joie pour moi de pouvoir partager tout cela.
    Vendredi prochain, ce sera la fête de l’Aïd el Kebir (Tabaski) qui commémore le sacrifice d’Abraham. Toute la ville est en pleine préparation de cette grande fête, dans la peine et la difficulté car le coût de la vie ne fait qu’augmenter et les gens et les familles ont de plus en plus de peine à vivre. Nous, les chrétiens, nous nous sentons concernés par cette fête, étant nous aussi enfants d’Abraham. C’est un grands temps de communion qui se prépare.
    16 heures. Gabriel, chef scout et professeur de gestion, revient pour une deuxième fois cette semaine, continuer la formation commencée. C’est important pour nos étudiants, futurs missionnaires. A la fois pour avoir un minimum de compétence et pour apprendre à travailler avec des laïcs.
    Igbe, un confrère nigérian travaillant en Guinée, profite de sa participation à la rencontre de Dakar pour venir nous visiter au Théologat. Il connaît d’ailleurs plusieurs étudiants, pas seulement les Guinéens mais aussi ceux qui ont fait leur stage en Guinée, ainsi que bien sûr les étudiants nigérians. Nous passons une soirée très agréable.

  • Jeudi 18 octobre : Toute cette semaine, je dirige la prière et l’eucharistie. Ce matin, nous fêtons St Luc. Cette fête nous concerne directement en tant que missionnaires.
    Aujourd’hui, pas de petit déjeuner. Je reste à jeun pour aller faire faire des analyses, car la grippe m’a beaucoup fatigué. Mais ça va, j’ai un taux de glycémie normal, grâce au vélo.
    Je rejoins ensuite l’équipe de la paroisse qui prépare le travail de l’année. Nous avons une excellente réflexion sur la vie de la paroisse et des quartiers, à partir de l’évaluation de l’année dernière. A partir de là, nous traçons des pistes d’actions pour cette année, et nous nous répartissons les tâches. Je continue de travailler dans les prisons dont je prends la responsabilité, avec les enfants de la rue, l’animation des communautés de quartiers et les formations, sans oublier la commission justice et paix. Au repas, nous accueillons des confrères de passage et deux grands séminaristes de la paroisse, qui se préparent à rentrer.
    L’après-midi nous allons au port. Une nouvelle paroisse se met en place pour l’apostolat de la mer. Mes origines des îles de Bretagne (l’Ile de Houat), ma jeunesse à Dakar où mon père travaillait comme électricien à l’Arsenal du port, comme mon propre engagement avec les pêcheurs à St Louis du Sénégal, me rendent très sensible à ce travail. Aussi je suis très heureux d’y mener un de nos étudiants, John, un Sierra Léonais bilingue, pour pourvoir travailler avec le maximum de personnes. Nous allons voir les réalités sur le terrain.
    A 17 heures, rencontre des chrétiens engagés en politique. C’est une rencontre importante. Malheureusement, il n’y a pas beaucoup de participants. Les intéressés sont souvent engagés dans des tas de choses. Et de toutes façons ce n’est pas toujours facile de mobiliser les gens.
    Le soir, rencontre autour du cardinal de tous ceux qui assurent des émissions religieuses à la radio et à la télévision

  • Mercredi 17 octobre : Comme chaque mercredi, séance d’écoute à la prison. Mais nous nous trouvons confrontés à des tas de problèmes de maladies et de manque de médicaments. Nous commençons par nous occuper de cela. Puis il y a plusieurs cas compliqués de détournements. Enfin, il faut du temps pour avoir la liste des libérables et voir pour préparer leur réinsertion. Il y a aussi les détenus dont les avocats ont pris l’argent et ont disparu. Il nous faut retrouver leurs traces… ou chercher des nouveaux avocats que nous connaissons et sur qui nous pouvons compter. Je m’assure qu’un des détenus, en pleine dépression, a été réellement soigné. Je vais demander à un psychiatre ami de venir le consulter. A partir de là, je peux me consacrer aux cas « ordinaires ». Et ils ne manquent pas !
    Je n’ai pas le temps de terminer, car on m’a demandé, au dernier moment, d’aller célébrer la messe de rentrée dans un grand collège du quartier. Comme c’est important et ponctuel, malgré ma grippe, j’accepte avec joie car j’aime beaucoup ces prières avec les enfants, qui sont très décontractées, naturelles et familières. En plus, la messe a été très bien préparée et animée, avec des gestes et des symboles, et une excellente participation des enfants.
    Je rejoins mes étudiants et je sors avec 4 d’entre eux pour leur présenter leur lieu de travail social cette année : un, à la prison ; un, avec les enfants de la rue ; un, dans une ONG d’action citoyenne, et un avec les jeunes. Nous sommes très bien reçus partout.
    Je les laisse pour aller à notre rendez-vous au Ministère de la Justice, pour une rencontre que nous avons très bien préparée avec eux. Mais quand nous arrivons, le conseiller avec qui nous devons travailler a oublié, et il est absent. Nous rentrons très déçus, car c’était une rencontre très importante pour nous. Je rentre donc travailler à la communauté. Mais au bout de quelque temps, la fièvre me reprend et je me couche.

  • Mardi 16 octobre : Rencontre des formateurs tout de suite après le petit déjeuner, avant que chacun parte à ses occupations. Chaque semaine, nous nous retrouvons ainsi pour évaluer la vie de la communauté et préparer la semaine suivante. Et chaque mois nous rencontrons chaque étudiant, personnellement, pendant une heure.
    Puis je me mets tout de suite au compte rendu de la formation des responsables de communauté de dimanche dernier, tant que j’ai les choses dans la tête. Sinon, les choses vont s’accumuler et je ne trouverai plus le temps de le faire. Cela me prend toute la journée, car c’est un document qui va être utilisé par la suite et servira de base au travail de cette année.
    Nous avons des problèmes de téléphone qui seraient dus à l’humidité dans les murs. C’est la 3ème fois que le technicien revient pour cela.
    Cet après-midi, un ami technicien vient bénévolement former nos étudiants à la gestion. C’est important comme formation. Je les laisse pour aller avec une autre membre de la communauté à la radio. Aujourd’hui, nous parlons du suivi après les inondations, en reprenant ce que nous avons dit à notre dernière réunion. Car il faut se mettre à l’action tout de suite, sans attendre que les pluies reviennent.

  • Lundi 15 octobre : Rencontre de tous les prêtres, frères et sœurs de toute la ville, pour préparer cette nouvelle année pastorale. Il y a beaucoup de choses à faire. Après présentation de chaque action, chacun peut demander des précisions et apporter ses propositions. Mais cela nous permet aussi de nous retrouver et de faire connaissance avec les nouveaux venus.
    Mercredi, je suis également passé dans la communauté des frères de St Joseph. Après la rencontre et le repas, j’ai été rencontrer un frère âgé que j’avais bien connu autrefois avant mon départ en Guinée. Il y avait une grande amitié entre nous et il m’a toujours soutenu. Je tenais à le revoir, après 16 ans d’absence, et à le saluer. Nous avons pu échanger un peu, malgré ses difficultés pour parler. Il est mort quelques heures après. Ce soir a lieu sa veillée mortuaire, et son enterrement demain. Bien sûr, je suis très triste.
    Cela m’arrive assez souvent de recevoir l’annonce du décès de parents et amis. Je remercie tous ceux qui me signale ces événements tristes, mais aussi leurs joies. A chaque fois, nous prions pour les personnes concernées, avec toute notre communauté.

  • Dimanche 14 octobre : Malgré le grippe et ma fièvre, je pars animer une formation pour les responsables de communautés de quartiers du doyenné regroupant 7 grandes paroisses. C’est une formation très importante, prévue depuis longtemps et qui correspond à un vrai besoin. Il y a 60 participants : on y travaille très bien, dans une très bonne ambiance et une excellente participation de tous. Nous expliquons l’importance et le rôle de la communauté de quartier, à partir des actions précises qui sont déjà menées, pour ne pas faire de théorie. Puis, nous amenons un certain nombre d’éléments de formation : composition et rôle de l’équipe d’animation, comment faire un partage d’Evangile, schéma de réunions, etc… Dans un échange avec tous nous abordons différents points pratiques et difficultés que nous rencontrons. Nous terminons par une Eucharistie avec un certain nombre de gestes et de symboles, et des interventions libres aux différents moments. Vous en recevrez bientôt le compte rendu que pourrez aussi retrouver, comme d’habitude, sur mon site.

  • Samedi 13 octobre : Nous avons décidé que chaque samedi nous aurons une veillée de détente communautaire entre nous. Je me lève pour y participer (sans rester jusqu’au bout), après avoir célébré la messe du samedi soir à la paroisse.

  • Vendredi 12 octobre : Depuis 3 jours, le Premier Ministre du Canada est au Sénégal. Il visite les activités des ONG canadiennes et propose le soutien de son pays, en particulier pour l’énergie, qui manque beaucoup, et pose bien des problèmes au Sénégal. Aujourd’hui, c’est le Président français qui arrive. Il vient faire une grande conférence devant le Parlement au sujet de la Démocratie et des Droits Humains. Et il annonce la fin de la Françafrique, pour des relations plus égalitaires et plus respectueuses entre la France et l’Afrique. Tous les deux partent ensuite pour Kinshasa pour la rencontre de la francophonie.
    Ce matin, c’est aussi le lancement de la nouvelle année scolaire de notre Centre de Théologie. Je regrette de ne pas pouvoir y participer en même temps que nos étudiants.
    Ce soir, rencontre de la communauté de notre quartier. Là encore je serai absent. Mais ce n’est pas grave, les membres sont tout à fait capables de se débrouiller eux-mêmes.

  • Jeudi 11 octobre : La grippe m’oblige à rester tranquille à la maison et j’en profite pour lire un certain nombre de documents que je voulais travailler depuis longtemps sur le 50ème anniversaire du Concile Vatican 2, l’année de la foi, la nouvelle évangélisation, le document du 2ème synode pour l’Afrique.

  • Mercredi 10 octobre : Comme la fièvre ne tombe pas, je vais au dispensaire du quartier tenu par les religieuses. Je suis très bien accueilli, d’ailleurs je connais bien tout le personnel.
    Malgré la fièvre, je vais visiter le PARI (centre de soutien aux réfugiés et immigrés), l’aumônerie de l’université, deux paroisses, et le centre de la JOC, toujours pour préparer l’accueil et le travail de nos étudiants. Puis, je peux enfin me coucher.

  • Mardi 9 octobre : J’avais l’intention de rester travailler à la maison. Je reste là effectivement, mais couché. En effet une grippe très mauvaise est tombée sur le Sénégal et au cours de mes visites nombreuses je n’ai pas manqué d’attraper le virus. Je prends les premiers médicaments.

  • Lundi 8 octobre : Il y a de nombreuses visites à faire pour commencer cette nouvelle année. Je vais rencontrer les travailleuses de la JOCF pour préparer les deux émissions radio de mercredi. Je vais ensuite à la paroisse St Pierre pour préparer la formation des responsables des communautés de quartier de dimanche prochain. Puis je pars à notre maison centrale. Cela me permet de rencontrer un certain nombre de confrères de passage ou qui viennent d’arriver : du Cap Vert, de Pologne, de Centre Afrique ; et d’autres qui partent en mission ou en formation dans différents lieux et pays. C’est une très grande joie pour nous tous.
    Après avoir réparé mon vélo, je vais rencontrer plusieurs réfugiés et immigrés. Je termine dans une paroisse, pour préparer l’insertion et le travail pastoral d’un de nos étudiants, avec les responsables. Il va falloir que je fasse ainsi le tour pour nos 14 étudiants, ce qui demande beaucoup de temps et d’efforts. Mais c’est nécessaire si on veut leur apporter une formation solide.

  • Dimanche 7 octobre : J’assure la messe de 7 heures à la paroisse. Ensuite, je suis invité à l’émission religieuse de la radio communautaire du quartier. Nous parlons en particulier des droits de l’homme, des sinistrés des inondations, du travail à la prison, de la commission justice et paix, et beaucoup d’éducation. Cela en direct, avec intervention des auditeurs. C’était prévu pour une demi-heure, et nous durons trois heures.
    Ensuite, je pars dans le quartier visiter différentes familles : malades, personnes en difficultés, membres de la communauté, etc.. La journée passe vite !

  • Samedi 6 octobre : Réunion à la prison. Nous réglons un certain nombre de tensions dans la communauté, en particulier avec le responsable. Cela arrive. Ca permet de régler des problèmes et d’avancer. Et de reposer la question du rôle et du comportement de la communauté chrétienne dans la prison. C’est un appel à nous réveiller et à renouveler, pour chacun, le choix qu’il a fait d’être chrétien, face aux pressions nombreuses des musulmans… et même si des chrétiens ont laissé leur foi. Pour cela, il est plus important de voir les bonnes choses qui se vivent, plutôt que ce qui ne va pas. Nous avons réglé nos problèmes et terminé par un chant et une prière commune.
    A partir de là, dans la paix retrouvée, nous avons pu nous donner les nouvelles et partager la Parole de Dieu.
    Le soir, à la communauté, les étudiants se préparent à cette nouvelle année scolaire par une semaine de retraite ; c’est essentiel pour qu’ils fassent leurs études de théologie dans la foi et la prière.
    En même temps, les jeunes de notre communauté de quartier organisent une fête en vue de récupérer des fonds pour les différentes activités et soutenir un certain nombre de personnes dans le besoin. Ils travaillent en particulier au centre des enfants abandonnés qu’ils soutiennent. Et aussi au centre des enfants de la rue du quartier.

  • Samedi 6 octobre : Les prisonniers m’attendent et je suis très heureux de les revoir. Aujourd’hui, j’amène trois étudiants avec moi : celui qui y travaillait l’année dernière, pour les saluer, et deux nouveaux, pour leur présenter la maison et pour une première initiation. Je suis heureux aussi d’être accompagné de l’un des animateurs de l’Association des Enfants de la rue avec laquelle je travaille. Car je pense très important qu’il y ait un suivi et une coordination entre nos différentes activités.
    Deux de nos animatrices, mères de famille, qui ont été absentes pendant les vacances, sont là aujourd’hui. Tous sont très heureux de nous retrouver et de les revoir. En effet, c’est une prison d’hommes et la présence active de femmes est essentielle pour leur équilibre. Je suis dans l’admiration de ces animatrices, car ce n’est facile pour elles de se situer, et elles sont parfois soumises à de nombreuses provocations de toutes sortes.
    Dans la communauté chrétienne, il y a des tensions en ce moment. C’est obligé. Ce qui est bon, c’est qu’ils posent ouvertement le problème. D’abord, certains s’opposent au responsable qui a pourtant été choisi par tous, dans l’entente. Cela l’a découragé et il a refusé de diriger la prière, ce qui a amené une grosse tension. Et comme très souvent, les réactions ont été très agressives. Bien sûr, nous n’abordons pas le programme prévu, pour laisser le temps à chacun de s’exprimer et de donner son avis, afin d’arriver à une vraie réconciliation et à nous réveiller pour ré-organiser la communauté. C’est la vie, il y a des hauts et des bas ! Après un temps de réconciliation, de prière et de chants, nous passons au partage d’Evangile. (à suivre).

  • Vendredi 5 octobre : Après la prière et la messe, je pars aussitôt dans une grande Société de la place pour demander son soutien en faveur des ateliers de formation artisanale dans les prisons, afin de faciliter la sortie des détenus et leur permettre d’avoir de quoi faire vivre leur famille. Je suis très bien accueilli par le directeur. Je lui donne un certain nombre d’explications et lui laisse les documents nécessaires. On verra la suite !
    Comme chaque fois que je vais quelque part, je rencontre des personnes qui me reconnaissent. Ce sont des jeunes que j’ai aidés dans leur formation à St Louis (1980 à 1996), avant de partir en Guinée. Ils ont grandi et sont maintenant mariés et au travail. Bien sûr, moi je ne les reconnais pas ; mais c’est toujours intéressant de parler avec eux et de savoir ce qu’ils sont devenus.
    Je passe ensuite visiter quelques malades, puis des confrères des paroisses voisines pour les formations de cette année, un jardin d’enfants, et des animateurs de prison. Cela fait une matinée bien remplie.
    L’après-midi, le responsable de la formation pour l’Afrique de l’Ouest vient nous visiter et prendre contact avec nous. Nous nous retrouvons ensuite entre formateurs pour préciser un certain nombre de choses.
    Le soir, rencontre sur la liturgie. Nous avons des temps réguliers de prières, en particulier l’Office et l’Eucharistie. Mais nous ne voulons pas nous contenter de prières mécaniques. Nous cherchons d’abord à vivre des vrais temps de prières profondes et des célébrations de qualité. Mais aussi à prier à partir de nos engagements et de la vie de la Société. Car c’est l’action de Dieu dans le monde aujourd’hui, et le Christ qui s’est fait homme, que nous célébrons. Nous prenons un temps nécessaire pour cela.
    La nuit, rencontre d’une Communauté de quartier dans une autre paroisse où je suis invité en particulier pour réunir parents et jeunes.

  • Jeudi 4 octobre : Toute la matinée est consacrée à notre 1ère réunion de communauté des étudiants, pour le lancement de l’année. Nous faisons l’évaluation de l’année passée et traçons des pistes pour cette année. Nous revoyons le projet de vie de la communauté, en demandant à chacun ses propositions. Car il nous semble important que chacun participe et prenne ses responsabilités. Nous abordons successivement les études et la vie intellectuelle, la vie communautaire et les prières, les engagements et activités pastorales, la formation humaine et affective, les questions économiques et matérielles. Les avis sont bien sûr différents, mais il y a une bonne écoute réciproque et nous arrivons, en prenant le temps, à un minimum d’accord et d’orientations communes. Nous aurons une telle rencontre communautaire chaque mois.
    Le soir, nous nous retrouvons tous les animateurs des émissions catholiques à la radio et à la télévision pour faire l’évaluation de nos émissions ; sans oublier les questions techniques, les moyens financiers, les thèmes à aborder, les intervenants à contacter.
    De mon côté, je vais garder mon orientation : prendre des thèmes précis de la vie des gens, interviewer des gens qui agissent et font des choses intéressantes, m’adresser en priorité aux musulmans, parler en ouolof pour être compris des classes populaires et des analphabètes. Ensuite, nous cherchons à connaître l’impact de nos émissions et à avoir l’avis et les propositions des auditeurs.
    Ce soir, nous accueillons le dernier de nos étudiants pour cette année : Paschal, un Nigérian. Notre communauté est maintenant au complet.

  • Mercredi 3 octobre : Ecoute à la prison. Je rencontre plusieurs personnes malades et qui ont besoin d’opérations, de soins et de médicaments. Nos rencontres d’écoute deviennent des rencontres de santé, car il y a de gros manques au niveau de l’infirmerie. C’est donc une priorité. Mais cela ne m’empêche pas de rencontrer aussi des personnes qui ont des problèmes psychologiques (ils sont nombreux) et de solitude ; ils ont besoin de parler. Il y a aussi tous les jugements en appel, les demandes de grâces…. Nous avons beaucoup de difficultés à ce sujet, ainsi qu’avec les avocats. D’abord, ils demandent de fortes sommes : 1.000.000 Fr CFA (environ 1.500 €) dont 500.000 d’avance. Et quand ils ont reçu cette avance, ils disparaissent. L’une de nos actions est de trouver les contacts de ces avocats et de les suivre pour qu’ils fassent leur travail, en utilisant notre réputation et notre pouvoir pour cela.
    Pendant ce temps, la commission réinsertion rencontre les personnes libérables les deux mois suivants pour préparer leur retour en famille et dans la société, avec les différents problèmes qui se posent. Nous voudrions aussi faire libérer un prisonnier qui est devenu aveugle en prison.
    Je rencontre une dame qui travaille à la prison de Thiès (ville à 70 km de Dakar) et qui est venue visiter un prisonnier transféré. Nous nous asseyons tous ensemble pour voir comment améliorer notre travail. Elle nous demande notre soutien, ce que nous acceptons bien volontiers.
    Ensuite, je passe au Centre des Enfants de la rue du quartier. J’y ai invité le responsable des jeunes de notre quartier pour qu’il voit ce que nous faisons, et qu’avec ses camarades ils réfléchissent à ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes pour soutenir notre action et rencontrer les enfants.
    Le soir, enregistrement de deux émission radio : je reçois deux jeunes filles de la JOC à propos des activités qu’elles mènent à Dakar : un foyer de jeunes filles, un centre de formation, un soutien aux employées de maison et un restaurant pour financer ces différentes activités. Elles ont l’habitude de travailler ensemble, et cela se passe donc très bien.

  • Mardi 2 octobre : C’est l’anniversaire de la mort de notre fondateur Claude Poullart des Places. Nous célébrons l’ouverture de notre maison et de l’année scolaire et pastorale. Nous avons tenu à y inviter la C.E.B. de notre quartier. Chacun apporte quelque chose à boire et à manger et nous partageons tout cela. C’est l’occasion pour nous de créer de nouvelles relations et nous allons chercher tout au long de cette année à nous ouvrir encore davantage au quartier et aux personnes. C’est important pour nous. Déjà cette soirée se passe très bien, y compris au niveau des enfants et des jeunes, et c’est un excellent départ pour cette année.

  • Lundi 1er octobre : Un certain nombre de nos étudiants sont déjà venus, surtout les nouveaux. Aujourd’hui, tous sont arrivés. Nous avons préparé la maison tout au long de la semaine précédente pour accueillir tout le monde dans les meilleures conditions. Bien sûr, c’est nous-mêmes qui assurons ces travaux.
    Nous sommes deux formateurs qui avons travaillé plusieurs journées en vue d’organiser la nouvelle année ; le responsable qui vient d’arriver se joint à nous. Nous préparons notre projet communautaire, à partir de l’ancien, et nous le travaillerons avec les étudiants jeudi prochain, après qu’ils y aient eux-mêmes réfléchi.
    Nous réfléchissons spécialement aux activités pastorales pour leurs engagements mais aussi pour leur formation. Nous voulons élargir ces engagements en lien avec notre vocation missionnaire, pour ne pas travailler seulement dans les paroisses, mais aussi avec les prisonniers, les handicapés, les réfugiés et aussi les organisations chrétiennes ou non : les Mouvements, les associations comme les ASC (associations socio-culturelles des jeunes dans le quartier), Sida Service, les enfants de la rue. Sans oublier les activités sociales : écoles de quartier informelles et communautaires, etc… (Voir le document sur les activités pastorales).
    Je trouve un moment le soir pour faire quelques visites de familles dans le quartier : un malade, un nouveau-né, une famille en difficulté.

  • Dimanche 30 septembre : Je passe toute la journée avec une Coopérative d’Habitat, lancée par un groupe de chrétiens qui ont décidé de s’engager ensemble dans le secteur économique. Le but est de construire 5.000 logements à 40 km de Dakar, la ville étant saturée et de plus une bonne partie est inondée à la saison des pluies : des maisons s’écroulent causant déjà beaucoup de morts et obligeant les familles à quitter leurs quartiers, après avoir presque tout perdu. Cette année, de nombreux sinistrés ont été accueillis dans des écoles, où ils ont vécu dans la promiscuité et grande pauvreté. Et cela bloque la rentrée scolaire. (Voir mon document sur les inondations).
    Cette Coopérative a pour objectif d’offrir des maisons aux personnes démunies et nécessiteuses. Cela suppose de chercher des moyens financiers pour fournir des logements le moins cher possible. Nous réfléchissons aussi au choix des bénéficiaires, en étant ouverts à tous, sans ségrégation. Pour le nom de la Coopérative : « La Samaritaine », tiré de l’histoire du Bon Samaritain. Nous réfléchissons longuement à leur devise : « Lavez-vous les pieds les uns aux autres », à partir de l’Evangile de Jésus qui lave les pieds de ses disciples. (Voir mon compte-rendu).
    Journée très agréable, où je retrouve un certain nombre d’amis avec qui j’avais travaillé avant de partir en Guinée.

  • Samedi 29 septembre : Aujourd’hui à la prison nous nous réjouissons de la libération de plusieurs détenus, dont deux de notre groupe. Nous avions préparé leur réinsertion. Nous nous sommes rencontrés à nouveau après leur sortie. L’un d’entre eux était professeur d’anglais ; je lui établis des lettres de recommandation pour qu’il puisse retrouver un emploi.
    Puis nous nous donnons les autres nouvelles : les malades, en particulier ceux qui sont en cellule à l’hôpital. Puis le problème du pain, car le boulanger n’était plus payé depuis quelque temps… il n’y a donc plus de pain pour le petit déjeuner.
    Nous voyons aussi comment soutenir les familles des détenus, qui sont abandonnées puisque les chefs de famille sont en prison. Nous essayons de trouver du travail ou au moins des activités, selon leurs possibilités, pour gagner le minimum afin de faire vivre leurs familles.
    Plusieurs, surtout les étrangers, me donnent les numéros de téléphone de leurs parents ou amis pour que l’on tente de les contacter et qu’ils puissent envoyer de l’argent.
    Ensuite, nous partageons la Parole de Dieu, comme d’habitude (voir les comptes-rendus). Nous réfléchissons spécialement à l’ouverture à tous, quelles que soient leur langue et leur religion, à partir de cette parole du Christ : « Qui n’est pas contre nous est pour nous ». A l’importance de ne pas faire tomber les autres : non seulement changer notre vie, mais aider aussi les autres à changer. Et enfin, au partage et au soutien mutuel : « Celui qui donne même un verre d’eau à son frère ne perdra pas sa récompense ».
    Nous avons aussi des problèmes d’organisation, mais faute de temps pour réfléchir à cette question nous la reportons à la semaine suivante. Pour l’instant, il nous faut recevoir ceux –ils sont nombreux- qui ont des problèmes de vision et leur faire essayer des lunettes.
    Une des animatrices est revenue de vacances. Elle partage avec tous ce qu’elle a vécu avec sa famille. Nous parlons aussi de la vie du pays : les souffrances causées par les inondations, le 10ème anniversaire du naufrage du bateau « Le Joola » dans lequel ont péri plus de 1.800 personnes. Et le 3ème anniversaire de la tuerie et des viols à Conakry dans le stade du 28 septembre (Voir mon site « Nouvelles » de fin septembre 2009).
    Le soir, je célèbre l’Eucharistie à la paroisse, et je reprends la Parole de Dieu partagée ce matin à la prison.

  • Vendredi 28 septembre : Mon passeport est périmé. Cela m’handicape beaucoup car même sur place on me demande un passeport valide, par exemple à la banque pour retirer de l’argent envoyé par les familles des prisonniers. Cela dure depuis début Août. Il m’a fallu 15 jours pour obtenir des renseignements précis : ils ne décrochaient jamais au téléphone et ils ne reçoivent pas les gens sur place. En fait, le numéro donné avait changé et en plus c’était les vacances, tout le monde se trouvait en congé. Ensuite, il a encore fallu autant de temps pour avoir les papiers nécessaires (certificat de logement, etc…) ; les photos prises au Consulat de Conakry n’ont pas été acceptées à Dakar, donc j’ai dû les refaire et payer 58.400 CFA, presque 100 €. Maintenant, il faut attendre plusieurs semaines. On me préviendra par SMS. Et après cela, on dit du mal de l’administration sénégalaise, mais l’administration française n’est pas mieux ! Déjà il m’a fallu attendre une demi-heure avant d’être reçu, et ensuite on m’a reproché d’être en retard !.....
    Après cela, je passe aux ambassades du Brésil et de Gambie pour le suivi des prisonniers.
    Puis nous avons rendez-vous au restaurant des Filles Unies de la JOCF (Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine). C’est un restaurant que nous avons lancé dans les années 80 pour donner du travail à des filles au chômage et qui fonctionne toujours. Je me retrouve avec deux responsables de la JOC. Nous parlons de leurs différentes activités : le restaurant et aussi le foyer d’accueil de jeunes filles qui viennent de l’intérieur du pays. A partir de là, les jeunes de la JOC ont lancé à l’intérieur du pays de nombreuses actions de développement pour permettre aux populations de travailler et de vivre dans les villages. Je vais les enregistrer à la radio ; nous préparons ensemble l’émission. Puis, avec deux autres responsables, nous préparons une autre émission sur la JOCF, le thème de leur campagne d’année, les actions qu’elles ont menées l’an dernier et celles qu’elles ont prévues pour cette année.
    Ensuite, je vais voir les responsables de la radio. Nous faisons le point de nos différentes émissions (radio et télévision) : leurs orientations (ce sont des émissions religieuses catholiques, mais nos auditeurs sont en priorité musulmans qui sont 90 % de la population). Nous réfléchissons donc au contenu de ces émissions, aux intervenants possibles, aux façons de faire, etc… C’est très intéressant.
    Le soir, nous accueillons Christian, le nouveau responsable de notre Communauté. En fait, il connaît déjà la maison, dans laquelle il fut formateur. Il était parti 2 ans en France pour préparer un doctorat sur les Pères de l’Eglise qu’il a obtenu avec brio. Nous nous connaissons bien, nous pourrons donc facilement travailler ensemble.

  • Jeudi 27 septembre : Nous fêtons le 50ème anniversaire de la présence au Sénégal de Gisèle, fondatrice et responsable du CAEDHU, Centre Africain d’Education aux Droits Humains que nous avons fondé ensemble. Nous nous retrouvons avec beaucoup d’amis chrétiens et musulmans, certains que je rencontre pour la 1ère fois. Nous avons tellement de choses à partager. C’est une grande joie pour tous.
    Au retour, je visite l’une ou l’autre famille de réfugiés que nous essayons de suivre et de soutenir, mais ça n’avance pas vite. Le principal serait de leur trouver du travail, mais ce n’est vraiment pas facile.
    J’ai beaucoup de problèmes avec mon vélo en ce moment. Et passer dans l’eau et la boue ne l’arrange pas ! Trois crevaisons à la suite, la roue arrière est fichue et je casse sans cesse des rayons (ce n’est pas étonnant, vu l’état des routes !), les freins ne répondent pas bien (ça, c’est plus embêtant). Il est vrai qu’il a beaucoup souffert, il va falloir le remplacer. Mais ce n’est pas cela le plus grave !

  • Mercredi 26 septembre : Je conduis les étudiants au Centre des Enfants de la rue, et je continue à la prison pour rencontrer personnellement les détenus. Ce sont malheureusement toujours les mêmes problèmes dont je vous ai souvent parlé : problèmes de jugements, de santé, de nourriture, d’abandon de la famille, découragement et dépressions, de vie commune, etc… Nous faisons ce que nous pouvons avec nos petits moyens. Au retour, nous passons saluer les Frères de Taizé et nous prions avec eux.

  • Mardi 25 septembre : Le matin, rencontre avec un confrère formateur qui va faire une année de formation au Burkina Faso. Puis, à notre Maison centrale, je rencontre notre économe qui vient de rentrer. Il faut préparer la rentrée de nos étudiants. Je rejoins donc un ouvrier pour vérifier avec lui les installations des chambres. Il y a beaucoup de choses à revoir et à changer : lumière, robinets, serrures…. Les étudiants qui sont déjà là ont bien nettoyé toute la maison. Le soir, nous accueillons un autre étudiant qui arrive de Centrafrique. De plus, un Congolais et un Togolais reviennent de leur stage.
    Je rencontre un médecin psychiatre pour préparer notre émission à la radio de demain, sur les abus sexuels. C’est un sujet délicat mais important sur lequel il est important de mobiliser la population.

  • Lundi 24 septembre : Nous nous retrouvons avec les responsables nationaux de la Commission Justice et Paix. Il s’agit de mettre au point le plan d’action pour les trois années qui viennent. Pour cela, nous sommes revenus à la vision de la Commission « basée sur la personne humaine, sa dignité, la promotion de ses droits inaliénables dans une société de justice, de paix et de réconciliation ». Notre mission est alors de « promouvoir la justice sociale, les droits de l’homme, le respect du bien commun et de la démocratie ». Cela nous a amené 4 axes d’action : 1°) Par rapport à la Politique et la Bonne Gouvernance, en partenariat avec les autres membres de la Société civile : promouvoir la culture de la Responsabilité et la culture citoyenne. Mais aussi assurer le suivi des recommandations des observateurs des élections passées, car nous avons beaucoup travaillé à ce niveau. Je vous en ai beaucoup parlé. 2°) Protection de l’environnement et gestion transparente des ressources naturelles. 3°) L’action pour la réconciliation, la justice, la paix et les droits humains. Former des comités de veille pour la prise en charge des atteintes aux droits de l’homme et des situations d’injustice. Accompagner les populations dans leur plaidoyer et leurs actions en faveur de la paix et de la réconciliation. 4°) Former à la Doctrine Sociale de l’Eglise, en particulier les leaders de la Société.
    Bien sûr tout cela va nous demander d’abord de mettre en place et de rendre plus opérationnelles les Commissions Justice et Paix.
    Nous avons prévu ensuite un plan d’action pour les prisons. Pour cela, nous avons dû faire la synthèse de nos actions dont je vous ai parlé souvent, et dégager des priorités. Il s’agit de l’accompagnement global des prisonniers et leur réinsertion. En travaillant à 4 niveaux : 1. Avec les chrétiens. 2. Avec tous dans la prison pour les aider dans tous leurs problèmes : nourriture, santé, formation, problèmes psychologiques, vie communautaire… 3. Action à l’extérieur : réconciliation avec les victimes, soutien aux familles, réinsertion… 4. Action au niveau de la justice : avocats, jugements, amélioration de la justice et des lois, formation du personnel pénitentiaire, etc….
    Ce qui demande de mettre en place une aumônerie avec les différentes commissions dans toutes les prisons du pays. Et de travailler en réseau avec les différents groupes qui agissent dans les prisons et au niveau de la justice. Il s’agit de mettre en place une action globale de soutien matériel, psychologique et de formation. Le Ministère de la Justice nous demande de travailler avec lui, du fait de notre expérience et notre engagement dans ce domaine.
    Nous rentrons tard dans la nuit. De plus, un gros orage éclate. Notre quartier est complètement inondé, il y a des embouteillages énormes et bien sûr, en vélo, je suis complètement trempé. Heureusement, il ne fait pas froid. Mais avec la grande chaleur et l’humidité, il faudra du temps pour que ça sèche. A la maison, les étudiants m’attendent pour la messe. Et un de nos nouveau diacres est là depuis des heures pour récupérer ses bagages. Demain matin, il part pour la Mauritanie. Heureusement, ils sont patients !

  • Dimanche 23 septembre : Nous nous retrouvons tous aujourd’hui pour l’ordination diaconale. Les quatre jeunes diacres vont partir en stage pratique d’une année dans notre quatre pays de la région, avant d’être ordonnés prêtres. Trois étudiants viendront à leur place, de Guinée, Centrafrique et Nigéria. La vie continue !

  • Samedi 22 septembre : Engagement définitif dans la vie religieuse de quatre de nos étudiants. Je les ai connus et suivis depuis longtemps en Guinée, avant d’être leur formateur cette année. C’est donc une très grande joie pour nous. De nombreux parents et amis sont venus, en particulier les frères et soeurs qui font des études en même temps qu’eux. Et aussi quelques parents venus de Guinée, dont le président du Conseil Paroissial de TAOUYAH, la dernière paroisse où j’ai travaillé. Je suis très heureux d’avoir des nouvelles du pays, de l’Eglise et des amis et anciens collaborateurs, en particulier. La cérémonie est très belle et très émouvante, comme à chaque fois que des jeunes s’engagent pour la vie.
    Nous avons voulu faire les choses très simplement, sans apéritif ni repas. D’abord parce que nos moyens sont très limités ; et aussi pour réagir contre la tendance actuelle de faire des grandes réceptions nécessitant de trop grandes dépenses à l’occasion des fêtes religieuses ou autres.

  • Vendredi 21 septembre : Aujourd’hui, c’est notre ancien responsable qui rentre en France. Il a fini son temps et après ce gros travail dans quatre pays, il a besoin de se reposer. Nous le remercions pour tout ce qu’il a fait pour nous, malgré ses problèmes de santé et toutes les difficultés d’une telle responsabilité.
    Le matin, je vais à la prison des femmes. Nous faisons un partage d’Evangile (Marc 9. 30-37. Voir mon compte-rendu). Les détenues, comme les animatrices, apprécient la richesse de ce texte et participent activement à l’échange. Les choses avancent peu à peu.

  • Jeudi 20 septembre : Notre Procureur est de retour. Nous sommes heureux de l’accueillir.
    Nos étudiants vont commencer à revenir. Aujourd’hui j’accueille les deux premiers : un Philippin et un Nigérian. Ils vont d’abord faire une année de français avant de commencer leurs cours. C’est pourquoi, pour le moment, nous parlons et prions en anglais.
    Ce soir, messe dans une paroisse. En effet, les prêtres sénégalais et gambiens sont en session pendant une semaine pour réfléchir à l’évangélisation dans le contexte du pays : majorité de musulmans, religions traditionnelles. Bien sûr, ils abordent la question du film et des caricatures anti musulmanes, et ils n’approuvent pas les violences ni les morts causées par ce film et ces caricatures. Pas plus celles des manifestants que celle de l’Ambassadeur américain de Benghazi. Ils présentent leurs condoléances à toutes les familles. Mais ils ne comprennent pas que l’on parle de liberté d’expression pour ce film et ces caricatures, mais qu’il n’y ait plus de liberté d’expression pour ceux qui veulent manifester pacifiquement pour dire leur foi et demander le respect de leur opinion religieuse. C’est vraiment deux poids deux mesures. Cela est perçu comme la continuation du colonialisme et du mépris de la part des Européens et Américains par rapport aux autres continents et religions. Ce qui explique la violence des réactions. Il ne comprennent pas non plus que ce soit en pleine violence et réaction contre l’impérialisme américain causées par le film l’Innocence des musulmans, que Charlie Hebdo publie ces caricatures, sans aucune urgence ni nécessité. C’est vraiment de la provocation. Et les premiers à en supporter les conséquences, ce sont justement les Français vivant dans ce pays qui sont menacés à leur tour. Sans parler de la fermeture des écoles et des consulats ; et de tout ce que cela a coûté à l’Etat français. Ce n’est pas ce qui va faire avancer la liberté, la paix, le respect des autres, dans le monde. Et ici, sur place au Sénégal, nous avons l’impression que tous les efforts que nous faisons dans ce sens sont cassés inutilement, profondément et pour longtemps.
    Ce qui m’inquiète le plus, personnellement, c’est la totale méconnaissance et l’incompréhension des autres cultures et religions de beaucoup de Français. Nous sommes enfermés en nous-mêmes. Ce film donne l’occasion aux intégristes fanatiques de Lybie de se réveiller et de tuer un ambassadeur ; elle donne l’excuse à Boko Haram au Nigéria d’attaquer les chrétiens et leurs églises ; elle donne aux chiites d’Arabie Saoudite la possibilité de se révolter, de se réveiller et de donner plus de force à l’Iran. Qu’avons-nous à gagner dans tout cela ? A quoi ça sert de mettre de l’huile sur le feu ? Nous allons être les dindons de la farce et les arroseurs arrosés !

  • Mercredi 19 septembre : Je passe d’abord au Centre des enfants de la rue, puis je pars à la prison pour l’écoute des prisonniers. Les problèmes ne manquent pas. L’un des prisonniers ne voit plus : j’ai tout un stock de lunettes, il en trouve une paire qui lui convient. Pendant ce temps-là, la commission de réinsertion reçoit les détenus qui vont être libérés, en Octobre et Novembre, pour préparer leur retour en famille et dans la société. De mon côté, je vois comment soutenir la famille d’un prisonnier et trouver du travail pour sa femme. Il n’est malheureusement pas le seul dans ce cas. Les détenus souffrent beaucoup, mais leurs familles encore plus, car le père de famille n’est plus là pour les nourrir, payer l’école des enfants, etc… Beaucoup de détenus ne reçoivent aucune visite : c’est très dur pour eux. Nous essayons de leur remonter le moral autant que possible. Nous prenons le temps aussi d’accueillir les nouveaux venus, pour les aider à s’insérer le mieux possible et leur trouver les activités qui peuvent leur convenir, chacun selon ses possibilités. Nous rencontrons beaucoup d’injustices et d’exploitation, spécialement pour les étrangers, auxquels on fait porter le chapeau d’autant plus qu’ils ne connaissent pas la langue locale : le ouolof. Ce matin je reçois deux membres d’OLNG qui ont été condamnés pour détournements d’argent et pour blanchiment d’argent, alors que les responsables locaux se sont enfuis ou s’en sont sortis indemnes, et qu’eux-mêmes n’y étaient pour rien.
    Ensuite, je reçois un prisonnier qui a été opéré et qui a besoin de suivi, mais il n’y a pas de contrat avec l’hôpital pour le prendre en charge. Nous contactons les autorités pour voir que faire. La santé est un très grand problème. Aucun médecin ne vient jamais à la prison. Il y a seulement un infirmier qui rédige des ordonnances, mais n’a pas de médicaments. Ce sont les familles doivent les acheter. La plupart du temps, ces ordonnances prescrivent des vitamines, car les prisonniers sont mal nourris et anémiés, et évidemment ce n’est pas la solution. Si les prisonniers sont loin de chez eux, ils sont abandonnés. De même, s’ils doivent être opérés, il faut payer le kit. Nous avons mis en place une caisse de secours pour aider les cas les plus graves.
    La plupart des prisonniers n’ont pas les moyens des se payer un avocat. Et s’ils en ont un, ils se font exploiter : aujourd’hui, l’un d’entre eux va être transporté à St Louis, dans le nord, pour y être jugé, l’avocat lui demande un million de CFA !
    Je récupère plusieurs numéros de téléphone pour prévenir les familles et leur donner des nouvelles. C’est la même chose chaque vendredi
    Après ces rencontres personnelles, nous mettons en place l’alphabétisation : en français, ouolof, anglais et espagnol. Et nous préparons la séance d’animation culturelle de jeudi.
    A mon retour à la Communauté, je reçois un coup de fil de l’ambassade du Burkina Faso. Je leur avais signalé le cas de l’un de leurs concitoyens. Ils sont allés le visiter et vont chercher à régler son cas. En plus, ils demandent à me rencontrer pour établir une collaboration suivie. Cela me fait très plaisir, d’autant plus que la plupart des ambassades se désintéressent complètement de leurs ressortissants en disant que ce sont des délinquants et de toutes façons ils n’ont pas de papier en règle !
    18 heures. Enregistrement radio. Ce soir j’interviewe un responsable d’ONG, membre de la Commission Justice et Paix. Il explique ce que nous avons fait pour les dernières élections : sensibilisation, formation, observation, évaluation et suivi. J’en ai souvent parlé dans ces pages.

  • Mardi 18 septembre : Une Communauté de quartier m’invite pour leur apprendre à partager la Parole de Dieu. C’est vrai que j’ai mis au point une méthode depuis le Congo et cela les intéresse beaucoup. Je les connais bien, car nous nous sommes déjà rencontrés au moment des élections. Il y a beaucoup de jeunes et je passe une soirée très agréable.

  • Lundi 17 septembre : Nos quatre étudiants, en fin de formation, viennent de terminer un mois de réflexion. Ils passent à la Communauté et partent faire une semaine de retraite au Monastère des Bénédictins de Keur Moussa.
    10 heures. Séance de travail avec Justin qui revient du Conseil National du Mouvement des Enfants (CV-AV = ACE).
    12 heures
    . Je vais me faire soigner. Depuis quelque temps, j’ai des plaies aux jambes. Me promener dans les quartiers inondés n’arrange rien, ni ma mauvaise circulation sanguine (varices). Je suis très bien accueilli au dispensaire, tenu par les Sœurs de St Joseph de Cluny, et où plusieurs infirmières me connaissent. Mais il me faudra du temps pour que ça se termine. Patience ! J’en profite pour récupérer une paire de lunettes d’occasion, car les miennes sont cassées.
    Puis je vais accueillir une de nos animatrices de prison qui rentre de congés. Nous sommes heureux de nous revoir. Elle nous ramène en particulier des lunettes pour les prisonniers. Cela va faire des heureux !

  • Dimanche 16 septembre : Messe dans un Jardin d’enfants, dans le quartier (nous n’avons pas assez d’églises). La plupart des gens sont assis dans la rue, sur des bancs (heureusement, ce n’est pas une rue principale). Les passants, comme les voisins, respectent notre prière. Dans l’Evangile, Jésus dit : « Celui qui porte sa croix et me suit sera sauvé ». Ce ne sont pas les croix qui nous manquent en ce moment ! Nous en faisons le tour pour voir comment sauver nos frères et sœurs, et le pays tout entier.

  • Samedi 15 septembre : Aujourd’hui, je suis à la prison des hommes. Avant le partage d’Evangile (voir le compte-rendu), ils me donnent d’abord les nouvelles de la prison (malades, jugements….).
    Ensuite, nous parlons du film américain : « L’innocence des musulmans » qui suscite beaucoup de réactions, puisque le pays est à 90 % musulman. Nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’est pas normal d’insulter une autre religion, ni de manquer de respect à son fondateur. Surtout quand on sait la grande tension qu’il y a dans le monde avec les intégristes, même à côté de nous, par exemple au Mali ou au Nigeria. Il ne faut surtout pas jeter de l’huile sur le feu. Mais d’un autre côté, ce n’est pas normal d’attaquer des ambassades et de tuer des gens. Le problème c’est que dans l’Islam il n’y a pas de distinction entre la religion et l’Etat. Car ceux qu’on a tués n’y étaient pour rien. Et les foules musulmanes n’ont pas su se maîtriser, face à la provocation. Mais il faut dire qu’au Sénégal, les choses se sont passées dans le calme. Le Président de la République a réagi, de même que les responsables religieux, mais sans violence. Une ONG musulmane (JAMRA) a voulu apporter une lettre à l’ambassade des Etats-Unis à Dakar, pour dire leur désapprobation, mais aussi pour présenter leurs condoléances aux familles des tués. Malheureusement, ils ont été refoulés. Ils sont repartis sans faire d’histoires, mais très déçus. Vraiment, je regrette beaucoup cela. La conclusion, pour la prison, c’est que nous allons continuer à intensifier nos bonnes relations et notre compréhension mutuelle entre chrétiens et musulmans. Les dernières déclarations du Pape au Liban vont nous aider pour cela.

  • Vendredi 14 septembre : A la prison des femmes, nous parlons des condamnés à mort qui ont été exécutés en Gambie. Nous ne nous limitons pas à une discussion sur la peine de mort, mais nous réfléchissons à ce qu’est la démocratie. En effet, le président de Gambie est arrivé au pouvoir par un coup d’état, il se maintient au pouvoir par la terreur et il tue les gens comme sacrifices pour garder son pouvoir. Cela nous amène à parler du pardon et de la réconciliation. De l’importance de l’éducation contre la violence et la drogue. C’est la responsabilité de tous, en particulier des parents. Et ces femmes en prison sont aussi des mères de familles. Nous abordons aussi la question de la drogue qui est souvent une cause de la délinquance. Je suis très content, car les femmes parlent de plus en plus librement et ça n’a pas été facile car traditionnellement les femmes ne parlent pas beaucoup en public. Et les femmes qui sont en prison sont souvent d’un milieu très populaire ; beaucoup ne parlent même pas le ouolof, la langue véhiculaire, mais seulement la langue de leur ethnie. Maintenant, elles ont pris confiance et s’expriment beaucoup plus facilement : et elles s’entr’aident, certaines traduisent pour celles qui ont de la peine à s’exprimer en ouolof.

  • Jeudi 13 septembre : Rencontre au CAEDHU pour travailler à la mise en place d’un Centre d’Education aux Droits Humains, avec les moyens pédagogiques que nous avons composés, et une mise en pratique immédiate spécialement pour les petits (jardins d’enfants), les enfants (écoles primaires) et les apprentis.

  • Mercredi 12 septembre : Je retourne à la prison pour l’écoute. Nous réglons le problème d’un jeune détenu. Il est tailleur. Nous lui trouvons une place à l’atelier de la prison où il pourra voir une activité et même se former davantage dans son métier.
    J’ai apporté des médicaments pour quatre prisonniers, puisqu’il n’y a rien à l’infirmerie.
    Un autre problème : dans plusieurs chambrées, ils sont plus de 100, et les cabinets sont à l’intérieur de la chambre. En cette période d’hivernage, il fait très chaud et il n’y a pas d’air. De plus, il n’y a pas assez de place pour se coucher ; ils sont les uns sur les autres, et si quelqu’un se lève la nuit, à son retour il doit se battre pour se refaire une place. Tout cela entraîne tensions et bagarres qu’il n’est pas facile de régler.
    Et il y a tous ceux qui n’ont pas d’argent et dont la famille se retrouve abandonnée et sans moyens. Ce sont les mères et les enfants qui en supportent toutes les conséquences. Vraiment, la prison n’est pas une solution.
    Pendant le même temps, l’équipe de ré-insertion reçoit ceux qui vont être libérés le mois prochain, pour préparer leur sortie. L’un d’eux vient d’apprendre qu’il est condamné à 3 ans supplémentaires, sans même avoir été convoqué. En fait, cela fait 3 ans qu’il attendait sa libération, mais on lui a dit que ces 3 ans ne comptent pas, sans aucune explication. Evidemment, il est complètement découragé.

  • Mardi 11 septembre : Travail à la maison.

  • Lundi 10 septembre : Je vais exceptionnellement à la prison pour régler quelques problèmes urgents concernant les prisonniers : maladies, jugements et libérations imprévues, et autres difficultés. Mais surtout nous nous retrouvons les trois équipes qui tiennent des séances d’écoute (rencontres personnelles avec les prisonniers) les lundi, mercredi et jeudi. C’est important pour nous de faire régulièrement le point de ces rencontres. Nous examinons les problèmes rencontrés et cherchons ensemble les meilleures solutions dans la confidentialité et le respect des personnes, bien sûr. Nous nous sentons souvent démunis et tout petits devant les obstacles rencontrés. Mais même si nous n’avons rien à apporter, ni de solutions aux problèmes des détenus, les accueillir, les écouter et partager leurs souffrances est déjà très important pour eux, mais aussi pour nous. Spécialement pour ceux qui viennent de loin et ne reçoivent aucune visite.

  • Dimanche 9 septembre : Messe à 7 heures. Il me faut me lever de bonne heure, car j’habite un peu loin, dans le quartier. Je reprends le partage d’évangile de la prison : d’abord l’importance d’être ouvert à toutes les ethnies et toutes les religions ; puis, qui visite les détenus étrangers ? Cela dans l’humilité et la simplicité. Comme Jésus qui va à l’écart pour guérir le sourd-muet. L’importance d’accueillir les handicapés et de travailler avec eux. Sans oublier d’ouvrir les oreilles de notre cœur et d’annoncer à tous la Parole de Dieu.
    Je pars ensuite dans une autre paroisse pour rencontrer un groupe de jeunes venus de Gambie pour un jumelage. J’en profite pour récupérer un missel en anglais afin de dire la messe et les prières avec nos nouveaux étudiants philippin, nigérian et ghanéen qui ne connaissent pas encore le français.
    L’après-midi, je vais revoir le premier conseiller du ministre de l’agriculture. Nous continuons notre réflexion, en particulier sur les inondations dans les rizières (les digues ont été enlevées), le circuit de l’arachide qui pose beaucoup de problèmes et surtout l’accaparement des terres des paysans qui se développe de plus en plus et pose de gros problèmes. Pour moi, c’est très important de voir plus clair sur toutes ces questions, afin de pouvoir faire organiser des élections dans le bon sens, avec des actions concrètes et réalistes.

  • Samedi 8 septembre : Ce matin, les enfants de notre communauté de quartier ont une sortie ensemble pour mieux se connaître et passer une journée d’amitié ensemble. Il y a longtemps que l’on voulait l’organiser !
    A la prison, un nouveau groupe vient d’arriver. Bien sûr, chacun doit passer à la fouille, un par un, et nous devons attendre que tout soit fini pour commencer notre rencontre. Après le partage d’Evangile, nous parlons des inondations qui les touchent eux aussi. Nous leur expliquons tout ce qui se fait dans les quartiers et villages en ce moment. Et nous leur expliquons aussi ce qu’il faudra faire à l’avenir pour attaquer le problème à la base (autre type de construction, respect des voies d’évacuation des eaux, enlèvement des ordures, etc…), comme je l’ai déjà expliqué la dernière fois. Il y a aussi toute la question de la sécurité. Les personnes sinistrées ont été accueillies et prises en charge, avec un gros effort de solidarité, dans les écoles. Mais certains ne veulent pas laisser leurs maisons inondées, car la nuit certains viennent voler les meubles et même les portes, les fenêtres des maisons, ou les tôles du toit. De plus , la rentrée des classes arrive : on ne sait pas où loger toutes ces familles obligées de quitter leurs maisons.
    Beaucoup de prisonniers sont malades. A l’infirmerie, on leur fait une ordonnance, mais c’est la famille (ou les amis) qui doit acheter les médicaments. Or, beaucoup de familles sont pauvres ; et beaucoup de prisonniers sont étrangers ou ne reçoivent pas de visites. De même pour ceux qui doivent se faire opérer, il faut prendre en charge les frais de l’opération. Nous essayons de collecter l’argent pour cela autour de nous.
    Nous abordons ensuite les problèmes de justice. Et en effet, il y en a énormément. J’en ai souvent déjà parlé : les avocats demandent vraiment très cher, la plupart des gens ne peuvent pas payer. De juges reportent les jugements en appel jusqu’à 20 fois de suite pour la même personne, sans raison valable et sans explication ; les ambassades ne font absolument rien pour leurs ressortissants. Bien sûr, presque tous les détenus se disent innocents, mais il est évident qu’un certain nombre est accusé à tort, par intérêt, jalousie, méchanceté ou intérêt, et que leur cas n’est pas étudié sérieusement. Surtout les étrangers : ne parlant pas la langue locale, le ouolof, c’est facile de tout leur mettre sur le dos. Aujourd’hui, nous travaillons avec la responsable de l’ACAT Sénégal (Action des Chrétiens Contre la Torture). Si au moment des arrestations et dans les commissariats les coups pleuvent, en prison les détenus sont rarement frappés, et il n’y a pas trop de brimades ou de tortures psychologiques. Le gros problème, ce sont plutôt les conditions de vie difficiles et même inhumaines.
    15 heures : préparation des deux émissions radio de mercredi prochain.

  • Vendredi 7 septembre : Nous devions avoir notre réunion de communauté, mais le quartier est complètement inondé et les gens sont bloqués.
    Le matin, à la prison des femmes, nous avons célébré l’Eucharistie et partagé la Parole de Dieu, avant de parler de la vie à la prison.

  • Jeudi 6 septembre : Suite à notre entretien avec le Ministre de la Justice le mois dernier, elle nous demande de rencontrer un de ses techniciens pour finaliser notre première rencontre et voir ce qu’il est possible de faire concrètement pour les prisonniers. Nous abordons les problèmes l’un après l’autre. En particulier, la formation professionnelle des prisonniers en prison pour préparer leur sortie et leur permettre de faire vivre leur famille à leur sortie. Puis la relance de petits ateliers et d’un grand jardin. Et aussi la nécessité de construire de nouvelles prisons pour des meilleures conditions de vie. Et déjà, comment améliorer ces conditions de vie dans les circonstances actuelles. Nous abordons aussi le problème de la santé : non seulement pour soigner les détenus (SIDA, tuberculose, autres maladies) mais aussi pour la prévention, l’éducation sanitaire et l’hygiène. Pour cela, nous allons commencer par réunir toutes les associations qui travaillent dans les prisons.

  • Mercredi 5 septembre : Je dois remettre mon vélo en état, suite à mes nombreux déplacements « inondés » : freins à revoir, rayons cassés, éclairage. Malheureusement, le réparateur est malade. Je pars donc à la poste. A 9 h 30, le postier n’est pas arrivé ! A 10 heures, je pars à la prison pour un temps d’écoute des prisonniers et pour préparer la sortie des libérables. Mais la secrétaire du directeur fête la naissance de son bébé, ce matin. Du coup, la plupart du personnel est parti à la fête. Et nous ne pouvons pas voir les prisonniers, même pas un par un : manque de personnel de surveillance ! D’ailleurs la liste des libérables n’est même pas prête.
    Je décide donc d’aller en ville au Consulat de France pour renouveler mon passeport. En effet, depuis la mi-août, je téléphone chaque jour, ça ne décroche jamais ! Sur place, on finit par me donner un rendez-vous pour fin septembre ! Décidément, aujourd’hui rien ne marche ! L’ordinateur de l’amie qui saisit mes documents a grillé, suite à une coupure de courant au cours d’un orage. Là aussi je suis bloqué dans mon travail.
    Sur le chemin du retour, je vais manger à notre Maison centrale : là au moins les gens sont présents ! Puis je vais visiter plusieurs familles en difficultés que nous suivons et essayons de soutenir.
    Je passe également à l’Ambassade du Brésil pour essayer de régler le cas d’ un prisonnier équatorien qui traîne ici depuis 4 ans. Nous voudrions que soit réglé son problème : cela fait 21 fois qu’il passe en appel, sans jamais être jugé. Son affaire n’est pas claire, il a été victime d’un coup monté (fausse accusation de trafic de drogue : on lui a tout mis sur le dos, alors qu’il se rendait à une conférence). Un des 3 co-détenus est décédé en prison. Il faut refaire tout le dossier et les témoins se sont enfuis ! Nous voudrions soit le faire libérer, soit le faire rapatrier en Equateur, mais il n’y a pas d’ambassade de l’Equateur au Sénégal. Nous voulons passer par l’intermédiaire du Brésil : l’ambassadeur n’est pas là. Je laisse un mot pour demander un rendez-vous. Puis je passe à l’ambassade du Congo pour le cas d’un autre prisonnier.

  • Mardi 4 septembre : Nous accueillons un jeune philippin. Il va apprendre le français pendant une année à l’Université, avant d’aller en stage sur le terrain.

  • Lundi 3 septembre : Travail personnel à la maison.

  • Dimanche 2 septembre : Il a beaucoup plu cette nuit et ça continue. Je dois aller récupérer une voiture dans une autre paroisse. Pour y arriver, sous une grande pluie, je dois faire une bonne partie du chemin avec le vélo sur l’épaule, de l’eau jusqu’aux genoux. Arrivé à la voiture, j’hésite à partir. Heureusement, c’est une « diésel » et un jeune m’attend qui connaît bien le quartier. Nous devons traverser plusieurs marres d’eau, à vitesse réduite, en essayant de deviner les anciennes traces de passage pour ne pas tomber dans un trou. Nous sommes obligés de faire trois fois demi-tour. Nous dépassons plusieurs voitures abandonnées dans l’eau, mais finalement nous arrivons à l’église, où nous attendent des chrétiens courageux, complètement mouillés eux aussi. Heureusement, il ne fait pas froid ! Nous prenons le temps de nous saluer, ce qui permet à nos habits de finir de dégouliner. Bien sûr, il n’y a pas d’électricité, donc pas de sonorisation. Avec le bruit de la pluie qui tombe sur le toit, il n’est pas question de faire une homélie, mais au moins nous prions ensemble ! Et en attendant que la pluie se calme, nous prenons encore le temps de parler ensemble et de faire connaissance.
    Au retour, je passe voir un de mes « anciens jeunes » de St LOUIS, des années 80. Il est maintenant premier Conseiller du Ministre de l’Agriculture. Nous parlons de tous les problèmes dans ce domaine, et ils sont nombreux. Suite aux négligences passées, ils ont eu beaucoup de peine pour lancer la campagne agricole. L’un des objectifs, c’est de pousser les paysans à conserver leurs propres semences, en sélectionnant les meilleures, pour ne pas dépendre de l’extérieur. Et aussi de sélectionner de meilleures semences en général. La culture de l’arachide est complètement désorganisée. Bien sûr, il y a aussi le problème de l’accaparement des terres des paysans par des cadres et surtout de grandes sociétés internationales, en particulier pour la culture de bio-carburants. Mais le grand problème actuel, c’est celui des inondations qui ne touche pas seulement les villes mais aussi la campagne. De nombreuses plantations de riz ont été inondées et des récoltes perdues.

  • Samedi 1er septembre : A la prison des hommes. Nous sommes très heureux de nous revoir. En effet, à cause de la pluie et de mes diverses activités (voir plus haut), cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas revus. Nous avons donc beaucoup de choses à nous dire et à partager.
    Nous nous réjouissons pour ceux qui ont été graciés à l’occasion de la fête de la Korité (fin du Ramadan). Mais ils sont vraiment très peu nombreux, et nous en sommes déçus.
    Comme chaque samedi, nous partageons la Parole de Dieu (voir mon compte rendu). Cela nous permet de réfléchir profondément sur nos coutumes et la religion traditionnelle pour voir comment les vivre en chrétiens, dans la foi, mais en gardant tout le positif et les valeurs. Ce n’est pas évident. Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons voir un peu plus clair dans ce domaine.
    Aujourd’hui, un de nos étudiants est venu nous rejoindre. C’est important qu’ils ne se laissent pas enfermer dans leurs études, et qu’ils apprennent à voir –et à comprendre- la vie, les efforts et les difficultés des gens, y compris les prisonniers. Nous accueillons un prisonnier congolais, malade, qui vient de sortir de l’hôpital. Il n’est pas vraiment guéri ; nous allons tout faire pour le suivre et le soutenir.
    Mais surtout, nous passons un long temps sur la situation en Gambie, où 9 condamnés à mort ont été exécutés…. Et d’autres sont dans l’attente angoissante. D’autant plus qu’ils n’ont pas bénéficié d’un jugement équitable et que les droits de la défense n’ont pas été respectés. Bien sûr, cela touche profondément les prisonniers et nous les écoutons longuement sur cette question.
    Nous ne manquons pas non plus de partager avec eux les souffrances des gens suite aux inondations, et tous les efforts que nous fournissons pour les aider.
    D’ailleurs, le soir, je me retrouve avec plusieurs responsables pour faire le point des actions menées.
    Le soir, nous célébrons tout cela dans l’Eucharistie. Une messe bien animée, avec beaucoup de monde, comme d’habitude.

  • Vendredi 31 août : Rencontre à la Maison d’Arrêt des Femmes. Ensuite, travail à la maison…. à l’ordinateur et Internet, en jonglant avec les coupures de courant !

  • Jeudi 30 août : Aujourd’hui, je suis dans la Communauté des Frères de Taizé. Nous prions ensemble avec les gens du quartier. Puis nous prenons un temps pour partager nos soucis et nos activités. Nous terminons par un repas pris ensemble avec les personnes volontaires qui travaillent avec nous.

  • Mercredi 29 août : Je reçois un coup de téléphone de Mauritanie. C’est un jeune Camerounais qui était venu à Dakar, dans des conditions très difficiles, après avoir été trompé et abandonné au Togo. J’avais essayé de l’accueillir et de l’aider. Maintenant, il est en Mauritanie, où il a trouvé du travail. Il me téléphone pour me remercier et me donner des nouvelles. Ca fait plaisir.
    Je parviens à rencontrer la Sœur qui vient de Guinée, avec une amie sénégalaise qui l’accueille chez elle. C’est la sœur d’un confrère avec qui j’ai travaillé autrefois à Kataco, en Guinée. C’est une grande surprise. Nous avons beaucoup de choses à nous dire et je suis très heureux d’avoir des nouvelles fraîches et personnalisées.
    Ensuite, nous nous retrouvons avec plusieurs responsables de mouvements pour réfléchir à la manière d’organiser les jeunes dans la lutte contre les inondations et le soutien des personnes touchées par le désastre.

  • Mardi 28 août : Préparation de mes deux émissions radio. Ensuite, je rédige une lettre pour le Ministre de la Justice. Puis je vais rencontrer une des Conseillers techniques du Ministre de la Jeunesse. Je vois avec elle comment les jeunes de nos paroisses peuvent participer à la lutte contre les inondations et quel soutien on peut leur apporter. Il y a beaucoup à faire, c’est important que les jeunes se mobilisent, mais il faut leur donner un minimum des moyens pour cela.
    Je vais voir un technicien pour m’installer « You tube » pour y mettre mes émissions à la radio, mais ça ne passe pas. On reverra ça une autre fois… avec peut-être plus de chance, mais ce n’est quand même pas facile !

  • Lundi 27 août : Je passe la matinée au Centre des enfants de la rue. L’après-midi, visite à un certain nombre de familles et de personnes en difficulté. Je revois, en particulier, cette jeune femme ivoirienne en dépression qui, ayant tout perdu, a dû fuir son pays et que j’essaie de soutenir depuis qu’elle a débarqué ici. Et une autre femme, gambienne, avec 3 enfants, dont le mari a été arrêté et qui n’a rien pour vivre. Nous cherchons un travail pour elle, mais sans succès.
    Le soir, je vais rencontrer une Sœur qui arrive de Guinée. Elle va me donner des nouvelles précises et personnelles. Malheureusement, quand j’arrive au lieu de rendez-vous fixé, elle n’est pas là. Je suis très déçu.

  • Samedi 25 août : Aujourd’hui, je ne vais pas à la prison des hommes, car je suis invité à une rencontre de réflexion sur les abus sexuels, en particulier sur les enfants. Nous avons invité deux avocats, un psychologue, un médecin et un policier, pour avoir une vision aussi complète que possible du problème. Nous cherchons à voir les causes profondes et à trouver quelles actions il est possible de mener par rapport à l’éducation des garçons et des filles, les idées traditionnelles sur l’homme et la femme, le « culte » du secret dans les familles, mais aussi le problème de l’alcoolisme et de la drogue, le manque de véritable éducation sexuelle à l’école –et surtout dans la famille-, l’influence des médias et des films pornographiques, etc…. Et aussi le suivi des abuseurs sexuels dans la société et à la prison. Ces réflexions entraînent des réactions intéressantes et de nombreuses propositions de la part des participants. Je vais faire venir les différents intervenants à la radio, pour partager tout cela avec davantage de personnes.
    Le soir, messe à la paroisse ; il y a beaucoup de monde. Je partage notre réflexion de vendredi sur l’Evangile avec les femmes de la prison. Cela se passe très bien.

  • Jeudi 24 août : Le matin, un ancien camarade de classe de l’école primaire ici à Dakar vient me voir. Nous étions « Cœur Vaillant » et à la Chorale ensemble. Ensuite, j’ai continué avec les Scouts puis la JEC. Nous étions restés en contact et nous nous sommes retrouvés il y a 3 ans, après plus de 50 ans. Nous sommes très heureux de nous revoir aujourd’hui, d’autant plus que beaucoup de nos camarades sont déjà partis.
    A midi, nous partageons le repas chez une des animatrices de la prison. Nous sommes heureux de nous retrouver, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de parler de nos activités et de nos problèmes.
    Ensuite, la marche et la tenue de la maison : nettoyage (car chaque jour nous ne faisons que le minimum : balayage, vaisselle…). Puis je sors faire les courses, je passe à la poste où un colis m’attend depuis longtemps.
    A la prison des femmes, nous parlons de la façon dont elles ont passé le Ramadan à la prison avec les contraintes mais aussi les partages matériels, et également au niveau de la foi. Beaucoup de personnes sont venues leur apporter le repas de rupture de jeûne le soir, ce qui a bien amélioré leur nourriture. Elles ont fêté successivement dans la joie le 15 août (qui est férié au Sénégal, bien que pays à 90 % musulman) et la Korité (Aid el Fitr) fin du Ramadan.
    Et nous parlons aussi des autres choses. En particulier des inondations. De nombreuses maisons se sont écroulées, pour plusieurs raisons. D’abord, il y a 20 ans, le pays a subi une longue sécheresse ; les gens sont donc venus construire dans des bas-fonds asséchés. L’exode rural est très important au Sénégal et la banlieue de Dakar s’accroît sans cesse. Mais quand il pleut, comme cette année, les quartiers sont complètement inondés, et les constructions faites sur les voies d’évacuation des eaux empêchent les eaux de s’écouler.
    De plus, ces maisons ne sont pas solides, car les gens n’ont pas les moyens de construire. Quand ce ne sont pas des baraques faites de tôles et de bouts de bois, dans les parpaings il y a plus de sable que de ciment ! Il y a eu une trentaine de morts, surtout des enfants et des bébés, soit par noyade, soit dans des maisons écroulées. Beaucoup de nourriture et de machines et appareils sont perdus, beaucoup d’habits et de matériel ont été emportés. Le Plan ORSEC a été déclaré et il y a une très grande solidarité pour accueillir les sinistrés, les soutenir psychologiquement, et leur donner de la nourriture, des habits et des médicaments. Des collectes ont été organisées dans les quartiers et à la télévision (téléthon). Les jeunes de la Croix Rouge aident les agents de santé pour lutter contre le paludisme et éviter le choléra. Les associations et Mouvements aident les pompiers à évacuer l’eau, enlever les ordures, nettoyer les maisons et ouvrir des voies d’évacuation de l’eau. Dans notre communauté, comme dans les autres, nous avons fait une collecte. Les responsables des différentes religions ont appelé à l’engagement. Il y a une grande mobilisation dans tout le pays.
    Le Sénat devait être renouvelé. Le coût de son fonctionnement était évalué à 7 milliards de francs CFA (10 millions d’Euros) et, comme je l’ai déjà expliqué, ce Sénat était très contesté. Le Président en a profité pour le faire supprimer par l’Assemblée et les 7 milliards vont être consacrés au soutien des victimes des inondations. Dans la foulée, le Président va aussi supprimer le poste de vice-président qui avait été la cause d’une grosse révolte populaire contre l’ancien président, le 23 juin 2011 (origine du Mouvement M 23). Mais tout cela sont des mesures provisoires. La gravité de la situation va obliger de réfléchir au problème dans toutes ses dimensions. Ne plus construire sur les zones inondables, évacuer les anciennes, et construire des logements sociaux dans des endroits sûrs et donc plus éloignés du centre. Cela va coûter très cher et il faudra ruser de diplomatie, voir les problèmes, respecter les gens et les faire participer aux décisions. Il va falloir revoir tous les plans d’urbanisme ; ne plus laisser construire sur les voies d’eaux et avoir des constructions plus solides. Il faudra toute une éducation de la population pour cela, et aussi que les familles arrêtent de boucher les canaux d’évacuation en y jetant leurs ordures. Mais pour ça, il est nécessaire que les ordures soient ramassées régulièrement. Il y a donc beaucoup à faire, à tous les niveaux. Nous allons y réfléchir à notre prochaine réunion de Communauté. Mais nous tenons à faire participer aussi les prisonniers à cette réflexion et éducation.
    Au partage d’Evangile, nous réfléchissons sur trois points (Jean 8, 60-69) : la foi vécue, la prière d’écoute (méditation) et d’actions de grâces, et le courage. (Voir le compte-rendu).
    Après la réunion, je rencontre spécialement une jeune femme, pour l’écouter et lui remonter le moral. Elle est complètement découragée. Elle prétend avoir été accusée injustement, par jalousie ; elle n’a pas d’avocat et cela fait plus d’une année qu’elle attend d’être jugée. Elle s’est refermée sur elle et ne parle plus à personne. J’essaie au moins de l’écouter, puisqu’en privé elle accepte de s’exprimer. Mais il me faudra la revoir, car les choses ne pourront avancer que peu à peu.

  • Mercredi 23 août : En soirée, enregistrement à la radio : aujourd’hui, j’accueille un couple et nous parlons du mariage.

  • Vendredi 10 août : Messe à la prison des femmes. Nous prenons le temps de partager longuement l’Evangile. Les femmes ont maintenant l’habitude et partagent profondément leurs pensées, à l’aise les unes avec les autres.
    Ensuite, je continue les contacts pour mes émissions radio : cela prend beaucoup de temps, car il faut trouver des gens qui ont des choses à dire, qui acceptent de le faire et qui parlent couramment le ouolof.
    Je fais aussi des démarches pour pouvoir aller visiter les prisonniers qui sont soignés dans un quartier spécial à l’hôpital.
    L’après-midi, rencontre avec un des responsables de Caritas France, pour le suivi et le soutien d’une association de quartier qui accompagne les enfants dans la rue et les femmes en difficultés (APEF).
    Ensuite, séance de travail avec un confrère, aumônier de l’Université de St Louis. Nous voudrions mettre en place un jumelage, mais nous avons de la peine à trouver un correspondant. Si vous avez une idée !
    Au repas, nous parlons entre confrères de la catéchèse. Après, avec un confrère sénégalais travaillant au Gabon, venu en congé, nous travaillons sur un document. Et aussi sur le partage de notre expérience commune : il est aumônier de prison, lui aussi.
    21 heures. Réunion de notre communauté de quartier (C.E.B.) : (voir le compte-rendu à venir).
    Après les nouvelles, nous réfléchissons aujourd’hui au chômage des jeunes et au lancement de petits projets. Puis nous finalisons l’action de reboisement du quartier de demain. Les jeunes nous font le compte-rendu de leur rencontre de dimanche dernier et de leur programme d’action. Puis nous passons au « divers » : un accident routier qui a fait plus de 25 morts et autant de blessés graves. Cela pose la question de la sécurité routière, car les accidents sont très nombreux surtout de la part des camions, mais aussi des taxis et autres moyens de transport. Ils ne sont pas en état de marche, il n’y a pas de contrôle sérieux et les propriétaires pensent plus à leurs bénéfices qu’à la sécurité des passagers. Nous faisons ensuite le tour des événements du quartier : maladies et autres problèmes. La semaine prochaine, aura lieu l’examen du baccalauréat. Il a été très retardé car les enseignants ont été en grève pendant 5 mois. Nous terminons par la prière.

  • Jeudi 9 août : Visite du quartier avec les délégués de Caritas France.
    L’après-midi, nous allons à la prison des mineurs. Au programme, visite des jeunes puis entrevue avec la directrice et le responsable des services sociaux : réflexion sur les activités de la prison, le suivi des jeunes et des familles, la réinsertion, etc… Les éducatrices sont là et également un des délégués des fraternités maristes qui assurent le suivi des enfants, les activités sportives et autres : alphabétisation, micro-jardinage, etc.. Sans oublier celles qui assurent la catéchèse et la prière.
    Le soir, enregistrements de mes deux émissions radio. Aujourd’hui, je reçois un formateur du CAEDHU sur l’éducation aux droits humains.
    La nuit, fête de départ d’un ami sénégalais travaillant en France, venu rechercher sa femme ivoirienne qui avait dû quitter son pays et était tombée dans une dépression très grave. Elle est maintenant guérie. Son mari a pu refaire ses papiers. Il rentre en France pour reprendre son travail, afin de pouvoir faire vivre sa famille (ils ont un enfant) et continuer à soigner sa femme. En attendant, la communauté du quartier continuera à soutenir la femme et l’enfant. C’est un couple mixte (musulman et chrétienne), très uni, qui mérite d’être soutenu et qui a supporté énormément de problèmes.

  • Mercredi 8 août : Retour à la prison. La Commission de réinsertion n’arrive pas à obtenir la liste des prisonniers de septembre, malgré plusieurs demandes. Cela nous gêne beaucoup car nous n’aurons pas le temps de contacter leurs familles pour préparer leur retour. Les aider à retrouver un moyen de vivre et les réconcilier avec ceux à qui ils ont fait du mal. Tout cela demande beaucoup de temps. Mais nous rencontrons souvent des blocages du côté de l’administratif, ce qui est vraiment dommage. Comme vient de me le dire lui-même le nouveau directeur de la prison : « Nous sommes formés pour la répression, pas pour l’éducation ».
    Au point de vue santé, on me présente un certain nombre de malades qui ne sont pas soignés : un qui souffre des hémorroïdes, un autre de diabète, un autre d’hypertension. Nous allons voir comment leur trouver les médicaments nécessaires. Mais surtout, nous allons chercher des médecins volontaires, car celui qui est nommé ne passe pas à la prison. En écoute, beaucoup sont découragés, car ils ont fait appel, mais pendant des mois on ne les convoque pas. Et quand ils sont enfin convoqués, on les renvoie plusieurs fois de suite, sans aucune explication. Beaucoup sont aussi trompés par les avocats qui prennent leur argent et disparaissent.
    Une bonne nouvelle cependant : un des prisonniers va être libéré. Il fait des objets d’art à partir de cornes de zébus ou de moutons. Il est d’accord pour accueillir d’autres prisonniers à leur sortie, et leur apprendre le travail. Nous allons chercher le fonds et l’argent nécessaire.

  • Dimanche 5 août : Messe dans un quartier le matin. L’après midi, je vais rencontrer une équipe du Secours Catholique de la région parisienne (Caritas France). Ils viennent rencontrer des personnes, des familles et des associations travaillant avec les enfants en difficultés et ayant quitté leurs familles : enfants des écoles coraniques (daaras) obligés d’aller mendier et tombant souvent dans le vol et la délinquance, enfants dans la rue à cause de la pauvreté ou de difficultés familiales, enfants en prison, etc…
    Ils vont recueillir des témoignages et faire des interviews pour en tirer des documents, des photos, des films. Nous avons préparé leur séjour (un mois) et le programme par Internet. Mais il est important de finaliser les choses.
    Le lundi, ils préparent leur travail. Le mardi, contact avec un Foyer de Jeunes Filles venant des villages et tenu par le Mouvement de la JOCF. Le mercredi, rencontre de familles accueillant des enfants, et d’un Centre pour enfants de la rue. L’après-midi, à la prison des mineurs. Jeudi : séance de formation pour la rédaction de projets. Vendredi ; descente sur le terrain avec une autre association pour rencontrer des enfants, etc… Les possibilités ne manquent pas !

  • Samedi 4 août : Comme d’habitude, je pars à la prison des hommes pour notre réunion hebdomadaire. Mais comme il pleut (nous en sommes très heureux pour les paysans et tout le pays), le chef de poste n’autorise pas les prisonniers à sortir de leurs chambres pour venir à la salle de réunion. Au bout de 2 heures d’attente, avec les animatrices, nous retournons chez nous, tout tristes.

  • Vendredi 3 août : La congrégation des sœurs sénégalaises du Saint Cœur de Marie est en Assemblée Générale. Elles m’ont invité à réfléchir avec elles sur leurs différents engagements dans les écoles, les postes de santé, les foyers et centre de formation de femmes et jeunes filles. A partir de là, nous avons lancé une réflexion sur le changement d’activités et de méthodes de travail pour être plus près des nécessiteux et déshérités, et pour mieux répondre à leurs désirs et besoins. La recherche a été très intéressante et approfondie, si bien que j’ai supprimé ma 2ème conférence sur l’Evangélisation, pour ne pas arrêter la réflexion.
    L’après-midi, nous avons travaillé le document final du 2ème Synode pour l’Afrique : « L’engagement de l’Afrique ». J’ai été d’autant plus heureux de cette journée qu’elle m’a permis de revoir, après 16 ans, plusieurs sœurs avec lesquelles j’avais travaillé avant de partir en Guinée Conakry, dans les camps de réfugiés du Libéria et de Sierra Léone. Cette Congrégation est la première congrégation religieuse autochtone d’Afrique, fondée par un de nos premiers évêques missionnaires spiritains. J’ai donc été spécialement content de travailler avec les religieuses.

  • Jeudi 2 août : Je vais dans une paroisse de grande banlieue rencontrer les confrères. Deux de nos étudiants y sont en stage de vacances. Nous parlons des activités de la paroisse et aussi du stage.

  • Mercredi 1er août : Comme chaque mercredi, nous nous retrouvons à trois équipes à la prison des hommes : la formation, l’écoute et la réinsertion. Pour l’écoute, je rencontre certains nouveaux arrivés (pas tous à la fois, car ils sont très nombreux) ; cela se fera au fur et à mesure. Mais c’est très important de les aider à s’insérer. Et de répondre à leurs besoins matériels. Mais de voir aussi la question de leur dossier de jugement en appel, etc… De son côté, la commission de réinsertion accueille les libérables du mois prochain. Et la troisième équipe fait le tour des ateliers pour voir comment ça marche.
    Le soir, enregistrement à la radio, comme d’habitude. Après avoir pris le temps de la préparer, bien sûr.

  • Mardi 31 juillet : Nous rencontrons la Ministre de la Justice. C’est une rencontre que nous avons préparée longuement, en impliquant le maximum de personnes, et d’abord les prisonniers eux-mêmes : hommes, femmes et jeunes. Je vous en ai souvent parlé. Nous avons préparé un certain nombre de documents. Nous lui présentons d’abord les différents problèmes avec nos propositions. Nous recevons un très bon accueil et dans un 2ème temps, nous parlons librement ce qui nous permet d’aborder les questions d’une façon plus concrète et précise et plus décontractée. Evidemment, il nous faudra assurer le suivi, pour parvenir à des avancées précises. Même s’il y a un certain nombre de choses qui nous dépassent.

  • Lundi 30 juillet : Réunion au CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains) . Nous préparons notre programme de formation approfondie. Et en particulier d’une formation approfondie de notre responsable à la formation. Cela demande tout un dossier à établir et de nombreuses démarches à faire.
    Ensuite, nous allons rencontrer le directeur d’un grand collège de la banlieue. Ils ont déjà mobilisé leurs élèves pour soutenir les enfants du Sénégal Oriental qui vivent dans des conditions très difficiles. Aujourd’hui, nous le voyons pour participer à la formation de notre responsable à l’éducation.
    Après cela, je tourne dans le quartier rencontrer un certain nombre de personnes et de familles en difficulté.

  • Dimanche 29 juillet : Ce matin, je célèbre la messe à 7 heures : il faut me lever de bonne heure. Mais je suis heureux de rencontrer un certain nombre d’amis que je n’ai pas vus depuis quelques temps, car nous avons trois lieux de prières et de nombreuses messes que nous célébrons en tournant.
    L’après-midi, rencontre avec les jeunes de la communauté. Nous faisons le point de l’année passée et traçons des orientations pour l’année qui vient : nous relevons en particulier l’importance de ne pas se limiter aux rencontres, aux fêtes et aux sorties, mais de se prendre en charge et de se soutenir : groupes de travail pour les élèves, recherche de travail et lancement d’activités productives pour les autres. Ne pas se replier sur eux-mêmes, mais contacter les autres jeunes du quartier et travailler avec les Mouvements de jeunesse de la paroisse. Enfin, continuer leurs engagements dans le quartier : soutien aux bébés abandonnés et enfants de la rue (voir mon site ou mes mails sur les CEB : communautés de quartier).

  • Samedi 28 juillet : A la prison des hommes. Nous voyons d’abord comment ils vivent le temps du Ramadan, ensemble chrétiens et musulmans, dans l’entente et le respect mutuel. Nous abordons ensuite la question des grâces qui vont être accordées à la fin du Ramadan.
    Nous devons rencontrer le Ministre de la Justice ce mardi prochain. Nous écoutons donc ce que les prisonniers ont à nous dire à ce sujet, car ce sont eux qui connaissent le mieux les problèmes et les conditions. Leur principale souffrance, c’est bien sûr leur manque de liberté, mais aussi de nourriture et de médicaments. Ce qui les aide à supporter cela c’est le courage de chacun, mais aussi leur solidarité. Leurs principales demandes portent sur la lenteur des jugements et des appels, le manque de transparence et de respect, spécialement envers les étrangers. Et tous les problèmes d’argent et même de corruption. A la fin du Ramadan, comme chaque année, le Président va accorder la grâce à un certain nombre de prisonniers. Tous espèrent obtenir cette grâce, ou, au moins, une réduction de peine : cela crée un grand climat de tension. Bien sûr, beaucoup seront déçus et ce sera difficile de leur faire retrouver le moral ! Il y a aussi toutes les difficultés de relations avec l’administration, les chefs de chambre, etc… Et le manque d’avocats, car ils coûtent très cher. Les choses à faire ne manquent pas.

  • Vendredi 27 juillet : Cette nuit, j’attends mon confrère qui revient de notre Assemblée Générale en Tanzanie. L’avion devait arriver à 23 heures ; j’attends jusqu’à 2 heures du matin, puis je vais me coucher. Il n’arrivera que le lendemain, à 10 heures ! Joie des transports aériens, avec nuit passée à l’aéroport, sans possibilité de sortir. D’ailleurs les hôtels sont trop chers.
    Du coup, je ne suis pas très en forme pour aller à la prison des femmes ! Nous continuons notre partage sur le Ramadan
    21 heures. Réunion de Communauté (C.E.B.). Après les différentes nouvelles, nous partageons la Parole de Dieu (Voir le compte-rendu). Ensuite, nous réfléchissons à la Journée de la paroisse de samedi dernier. Puis nous préparons l’action de reboisement de samedi prochain. A la prochaine réunion, nous parlerons du chômage des jeunes et verrons comment lancer des petits projets de développement.

  • Jeudi 26 juillet : A midi, je vais retrouver les confrères. En particulier pour parler avec l’un d’entre deux qui vient du Gabon pour le mariage de sa sœur, et qui est aumônier de prison lui aussi.
    Le soir, enregistrement à la radio

  • Mercredi 25 juillet : Animation à la prison. Comme chaque semaine, nous nous retrouvons à trois équipes : une pour l’accueil des nouveaux arrivés, une pour l’écoute, et une pour la réinsertion des libérés à venir en septembre. Je passe aussi à l’infirmerie pour voir quelle solution trouver au manque chronique de médicaments. On me remet un certain nombre d’ordonnances. Je vais chercher des gens qui pourront les prendre en charge. Je recueille aussi un certain nombre de numéros de téléphone et mails à l’étranger, soit pour donner des nouvelles des prisonniers, soit pour faire venir de l’argent afin de payer un avocat ou s’acheter un minimum de nourriture. On nous amène un prisonnier malade. Nous l’accompagnons à l’infirmerie où nous voyons le cas de trois prisonniers qui attendent d’être opérés depuis plusieurs semaines. Nous nous inquiétons aussi de la situation de la famille d’un prisonnier nigérian : sa femme se retrouve sans rien, avec ses trois enfants. Elle était professeur d’anglais au Nigéria. Nous allons l’aider pour lui trouver du travail. Je vais aussi acheter des cahiers pour un autre prisonnier qui veut écrire un roman. Je l’encourage beaucoup dans ce sens. De même que j’encourage les autres à se former, à aller à l’alphabétisation, dans les ateliers ou à la bibliothèque. L’un d’entre eux, un étranger –et donc loin de chez lui, et sans visite ni soutien- se laisse complètement aller et n’arrive pas à réagir. Et il y a tous ceux qui attendent sans être jugés bien qu’ayant fait appel depuis longtemps. Et ceux que l’on reporte de convocation en convocation. Aujourd’hui, l’un d’entre eux vient d’être renvoyé pour la 13ème fois, sans aucune raison claire ; même son avocat n’y comprend rien. Un autre, dont le cas a été réuni à celui de deux autres, demande à avoir un jugement à part. Et encore beaucoup d’autres cas, tous plus compliqués les uns que les autres.

  • Lundi 23 juillet : Travail à la maison.

  • Samedi 21 juillet : Evaluation de l’année.
    Nous nous retrouvons toute la journée avec les responsables des différentes commissions, communautés et autres groupes, pour évaluer nos activités de l’année.
    La 1ère activité : la Commission « Justice et Paix », avec tout le travail de conscientisation et de formation pour les élections : présidentielle et législatives. Je vous en ai parlé régulièrement, de même que nos activités futures.
    La vie des Communautés de quartier. Elles étaient devenues peu à peu de simples réunions de prière. Nous avons fait un gros effort de réflexion et de formation pour partir de la Parole de Dieu et, de là, aboutir à des actions concrètes pour faire avancer le quartier en travaillant avec tous, au lieu de rester entre nous et de nous limiter aux actions religieuses : aménagement du quartier, sécurité, assainissement (saletés, pollution, ordures), santé (lutte contre le paludisme), reboisement, etc… A ce sujet, nous avons réfléchi longuement à tout ce qui touche la mentalité traditionnelle : fétichisme et protections diverses, magie, « maraboutages », sacrifices, sorcellerie. Face à tout cela, nous avons insisté sur la participation des communautés aux cérémonies traditionnelles de la naissance, de la circoncision, du mariage coutumier et de toutes les cérémonies et coutumes, souvent païennes, qui entourent la mort et le veuvage. Nous avons là un rôle important à jouer, pour faire avancer les choses et changer les mentalités.
    Le 3ème point, c’est la jeunesse. Les jeunes se réunissent régulièrement en amicales ; ils participent à des journées de prières et des pèlerinages, mais ils se soucient moins de leur engagement dans la société. En particulier pour s’organiser en groupes de travail, lancer des petits projets de développement et lutter contre le chômage. De plus, ils ont tendance à rester entre chrétiens. Nous voyons donc comment ils pourraient participer aux activités de vacances « navetanes », patronages et colonies de vacances, etc.. Il y a aussi tout le problème de l’éducation sexuelle des jeunes.
    Les autres activités de la paroisse. En particulier la catéchèse. Là aussi nous retrouvons la place des communautés de quartier.
    Et aussi la construction de notre nouvelle église. En effet, notre église a été construite en plein quartier, ce qui est une très bonne chose ; mais peu à peu des commerçants se sont établis autour et maintenant elle se trouve au milieu d’un grand marché. De plus, elle est devenue trop petite, car chaque année nous avons plusieurs centaines de baptêmes d’adultes. Au moment de la messe, la majorité des gens est dehors, debout dans la rue. Quand la nouvelle église sera prête, celle d’aujourd’hui servira pour les rencontres et les réunions.
    13 heures. Je quitte la rencontre pour rejoindre le CAEDHU. Tout au long de l’année, nous avons formé des animateurs à l’éducation aux Droits Humains. Aujourd’hui, nous les évaluons et les autorités leur remettront ensuite leurs diplômes au cours de la semaine. En effet, les activités de vacances vont commencer, et nous voulons que tous les efforts qu’ils ont fournis soient reconnus. D’autant plus qu’ils se sont vraiment donnés beaucoup de mal.
    Après cela, nous nous retrouvons entre formateurs pour tirer les conclusions des formations données et préparer la suite.
    Puis, je vais rencontrer une amie de longue date qui travaille auprès des enfants en difficultés dans un village Pilote et avec ATD.Quart Monde (Aide à toute Détresse) pour une collaboration et une formation pour nos étudiants.
    Le soir, je célèbre la messe à la paroisse. Et aussi le lendemain. J’apprécie toujours autant nos eucharisties joyeuses et priantes.

  • Samedi 21 juillet : Aujourd’hui, je ne vais pas à la prison. En effet, toute la journée nous faisons l’évaluation du travail de l’année à la paroisse. Mais ce n’est pas un problème, nous sommes une équipe et deux animatrices ont pris le relais.

  • Vendredi 20 juillet : Aujourd’hui, c’est le temps du Ramadam qui commence. Nous en parlons donc à la prison avec les femmes, car elles sont aussi concernées et la plupart d’entre elles sont musulmanes. Nous avons commencé par voir le grand changement social que le ramadan entraîne dans la vie courante : davantage d’entr’aide et de partages, les gens se demandent pardon, la façon de s’habiller en particulier des jeunes change également (mais ils ne se mettent pas en barka, ni même en voile pour autant !). Les appels à la prière se multiplient, et aussi les conférences et missions religieuses. Au moment de la rupture du jeûne, toutes les activités s’arrêtent, le pays étant à 90 % musulman. Cela se vit aussi dans la prison, bien sûr. Nous en parlons donc ensemble. Nous regardons comment les non-musulmans peuvent supporter les désagréments que cela amène, par respect pour les musulmans. Mais aussi comment faire respecter leur propre foi. Par exemple, ceux qui ne jeûnent pas, peuvent-ils avoir à manger ? Mais que l’on respecte les temps de prière des musulmans.
    A partir de là, nous parlons de nos différences. Il y a un seul Dieu. Nous sommes tous croyants. Mais nous ne suivons pas le même chemin. Il ne suffit pas de nous tolérer ni même de nous accepter différents, mais de construire ensemble le pays, à partir de nos différences. Nous voyons comment le faire concrètement à la maison des femmes. Et que chacun se laisse interpeler par la foi et la pratique religieuse des autres.

  • Jeudi 19 juillet : Je prépare la venue d’un groupe de jeunes de Caritas-France qui veulent découvrir le pays et ce qui se fait spécialement dans les situations de pauvreté. Je cherche un certain nombre de contacts et à préparer leur visite. Cela demande beaucoup de temps et d’efforts.

  • Mercredi 18 juillet : Rencontre d’écoute à la prison. En même temps, la commission de réinsertion est venue rencontrer les prisonniers libérables le mois prochain. Une autre équipe d’animateurs bénévoles rencontre les nouveaux arrivés. L’infirmier major vient nous poser un certain nombre de problèmes : des ordonnances (il n’y a pas de médicaments à la prison), et le financement de deux opérations (au ventre et à l’œil).
    A midi, rencontre avec un responsable de Projets de développement venu d’Irlande. Nous faisons le tour d’un certain nombre de possibilités. Il faudra en assurer le suivi.
    Après le repas, je pars dans une PMI où se tient une permanence juridique pour les femmes veuves ou chefs de famille, ayant des problèmes.
    Au retour, je dois passer prendre du courrier dans un quartier que je ne connais pas. Je tourne en rond pendant toute une heure, car il n’y a ni noms de rues, ni numéros. Avec l’aide d’habitants sympathiques, j’arrive à m’en sortir.
    Le soir, enregistrement de deux émissions à la radio, comme maintenant chaque semaine. Aujourd’hui, j’interviewe une candidate aux élections législatives. Elle nous dit, en ouolof pour être comprise du maximum de personnes, pourquoi elle s’est engagée dans la politique, comment elle comprend le rôle du député et les choses à faire pour le pays. Et comment sa foi et la Parole de Dieu la soutiennent dans ses engagements.

  • Mardi 17 juillet : Après la messe paroissiale, réunion de la Commission Justice et Paix. Nous évaluons les élections législatives, le travail du diocèse, de la paroisse et plus spécialement de notre commission : conscientisation, formation, observation des élections, etc. Puis nous voyons le suivi à assurer : contacts avec les députés, questions à poser au Parlement. Par exemple : le coût des loyers en ville. Et le problème de l’accaparement des terres.
    Nous recevons quelqu’un qui a été renvoyé de son travail, pour examiner ce que nous pouvons faire. Puis nous réfléchissons aux émissions à assurer à la radio. Enfin, nous abordons la question de la Caisse et de la Trésorerie. (Voir le compte-rendu de cette réunion).

  • Lundi 16 juillet : Travail à la maison sur le 50ème anniversaire du Concile Vatican 2. Ca avance doucement.

  • Dimanche 15 juillet : Messe dans un quartier. Une petite communauté sympathique où la participation est plus facile et plus intense. Je peux partager à l’homélie notre réflexion d’hier à la prison.
    La secrétaire de notre Commission Justice et Paix vient me chercher et m’emmène manger chez son beau-père (elle vient de se marier). Nous nous étions connus dans l’Est du pays, à TAMBACOUNDA, en 1979. Il a invité un certain nombre d’anciens de cette époque ; nous passons une après-midi très agréable.
    Nous parlons aussi de la situation du pays. J’ai déjà parlé des grèves. Les élections législatives sont terminées. Mais nous sommes très frappés par la course au pouvoir. Des gens font tout pour avoir une place dans les services de l’Etat. On ne cherche pas à servir le pays mais à profiter au maximum. Ainsi, le président WADE ayant perdu l’élection, beaucoup de personnes de son parti le quittent pour adhérer au parti du nouveau président, sans aucune honte, ni hésitation. On a appelé ce phénomène « la transhumance ». Cela nous inquiète beaucoup pour l’avenir du pays.
    L’autre chose importante, ce sont les audits pour contrôler les finances des différents ministères et services de l’Etat. C’est un fait très positif et important ; mais comme on a convoqué les responsables du septennat de l’ancien président, cela est apparu comme une manœuvre politique pour éliminer le parti qui a perdu le pouvoir. On aurait pu attendre la fin des élections législatives pour les convoquer !

  • Samedi 14 juillet : Rencontre à la prison des hommes. Comme d’habitude, nous commençons par parler des différents problèmes de la prison. Ce sont les mêmes plaintes qui reviennent (malheureusement) car les choses n’avancent pas vite. Au niveau de l’eau, des efforts sont faits. Les pompiers en ont apporté et, de plus, quand les prisonniers vont travailler à l’extérieur, ils emportent les bidons que nous leur avons fournis et ils reviennent avec de l’eau.
    Dans un 2ème temps, nous parlons des relations entre chrétiens et musulmans à la prison. On part de choses précises et des réalités, selon des exemples vécus : la façon dont les musulmans expriment et vivent leur foi, et la nôtre. Ce qui nous amène à préciser un certain nombre de choses, car il y a beaucoup de confusions. Par souci de s’entendre et d’éviter les tensions, les gens de bonne volonté disent : « chrétiens et musulmans, c’est pareil, il n’y a pas de différences ». C’est une bonne intention, mais ce n’est pas juste. Bien sûr, nous croyons dans le même Dieu, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais nous n’avons pas les mêmes idées sur Dieu. Nous allons tous vers Dieu, mais nous ne suivons pas le même chemin. Nous avons les mêmes premiers prophètes, mais nous ne sommes pas d’accord sur Jésus-Christ. Les chrétiens disent qu’Il est Fils de Dieu et les musulmans disent que Dieu n’a pas de Fils. Ils reconnaissent Jésus comme prophète, mais pour eux le plus grand et le dernier des prophètes c’est Mohammed.
    Tout cela ne doit pas nous empêcher de nous connaître d’abord, de nous respecter et de nous estimer ensuite, et enfin de travailler ensemble. En respectant la liberté et la foi de chacun.
    Dans un 3ème temps, nous partageons l’Evangile (Marc 6, 7-13). Nous relevons d’abord le pouvoir de Jésus sur les esprits mauvais et pour guérir les malades. Aujourd’hui encore, il peut chasser le mauvais esprit qu’il y a à la prison. Et nous guérir de nos maladies, dans notre cœur et dans notre corps. Car Jésus nous aime, comme il a aimé les hommes d’autrefois ; aujourd’hui encore, il veut nous guérir et nous libérer. Jésus est le Maître, mais il ne veut pas s’imposer, il n’écrase personne ; au contraire, il donne son pouvoir aux apôtres ; et c’est un grand exemple pour nous. Autour de nous, beaucoup de gens cherchent le pouvoir. Ils sont prêts à tout pour cela, aussi bien les politiciens que les chefs d’entreprises, mais aussi les employés et les fonctionnaires, également les chefs de famille, les hommes par rapport aux femmes, les grands frères par rapport aux petits frères. Et cela est vrai aussi dans la prison : l’administration et les gardiens font sentir leur pouvoir ; mais aussi les prisonniers : par exemple les chefs de chambre, les plus forts qui s’imposent, se font servir et friment, font souffrir et humilient les plus faibles.
    Ce à quoi le Seigneur nous appelle, c’est bien sûr d’abord d’arrêter d’écraser nos frères ; mais surtout de les responsabiliser et de les faire grandir, comme le Christ l’a fait avec ses apôtres. Et cela dans les petites choses, dans la vie de tous les jours. D’abord en laissant toutes les formes de jalousie.
    Jésus dit à ses apôtres : n’emporte ni argent, ni nourriture, seulement un bâton. Des simples sandales et un seul habit. Pourquoi cela ? Parce que l’Evangélisation ce n’est pas une question d’argent ou de moyens techniques. C’est une question d’amour et de témoignage de vie. Mais surtout, c’est parce que Dieu nous garde et nous protège dans toute notre vie. Et c’est en Lui que nous mettons notre confiance. Quels que soient nos problèmes, nos souffrances et nos questions, nous sommes en paix parce que nous nous tournons vers Jésus qui nous guérit de toutes nos maladies et faiblesses ; Il nous libère des esprits mauvais et de tout mal. Avec Lui, c’est possible de changer notre vie. Avec Jésus, nous gardons l’espérance. Il nous fait confiance et nous responsabilise. Avec Lui, nous pourrons guérir ceux qui souffrent dans leur cœur et dans leur corps. Nous pouvons changer les esprits et enlever les mauvaises idées de la tête et du cœur des gens.
    Alors, que faire ? Comment mettre cet Evangile en pratique ? D’abord, nous laissons la soif de l’argent. Nous en avons besoin, pour nous-mêmes et pour aider les autres, mais nous ne mettons pas notre cœur dans l’argent, nous ne lui donnons pas la première place. Et nous mettons notre confiance en Dieu, tout en faisant déjà ce que nous pouvons faire par nous-mêmes.
    Jésus envoie ses disciples deux par deux. On ne peut pas être chrétien tout seul Ce n’est qu’en communauté que nous pouvons annoncer l’Evangile et aider nos frères et nos sœurs. La première chose à faire pour cela, c’est de vivre dans l’amitié et de partager la vie des gens. « Quand vous êtes accueillis dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ ». Et aussi, rejetez toute agressivité. Si on refuse de nous accueillir, nous ne nous mettons pas en colère. Nous n’insultons pas les gens. Nous nous contentons de secouer la poussière de nos pieds et nous partons en paix et tranquilles. Car il y a trop d’agressivité entre nous à la prison.
    Nous sommes les apôtres d’aujourd’hui, là où nous sommes. Même si c’est en prison. Nous avons reçu l’onction d’huile (verset 13) au baptême. Nous ne nous décourageons pas ; nous ne restons pas assis à ne rien faire. D’abord, nous cherchons à profiter de ce séjour en prison pour nous convertir. Mais, comme les apôtres, nous disons à nos frères qu’il faut se convertir. Et nous les aidons pour cela. Nous chassons les esprits mauvais, et ces esprits mauvais ce ne sont pas d’abord les démons ou les revenants, ce sont les mauvaises idées que nous avons dans le cœur. C’est le mauvais esprit de vengeance, de jalousie et de rancune, de mensonge et de calomnie, de recherche du pouvoir à tout prix. Ce sont là les mauvaises pensées qu’il faut chasser. De même, guérir, c’est un symbole : nous ne sommes pas médecins, nous ne savons pas soigner. Mais nous pouvons guérir les cœurs. Et il y a beaucoup de gens qui sont malades autour de nous dans leur tête et dans leur cœur. Jésus dit aussi : « Ce sera pour eux un témoignage ». Il ne s’agit donc pas pour nous de prêcher aux autres et de nous contenter de conseils. C’est par notre façon de vivre qui les entraîne que nous pouvons les guérir et les libérer. Et quand Jésus nous demande de chasser les esprits mauvais, la première chose c’est de laisser nous-mêmes toutes les pratiques de maraboutage, de fétichistes et de sorcellerie. D’arrêter d’aller voir les charlatans, de faire des sacrifices ou de maudire les gens.
    Petite fête. Une de nos animatrices va partir en congés. Nous nous sommes cotisés : pas pour lui faire un cadeau, mais pour organiser une petite fête avec les prisonniers. Nous ne voulons pas inviter seulement les chrétiens et nos moyens sont limités. Nous nous contentons donc d’un sandwich accompagné d’un café, de manière à partager notre joie avec le maximum de personnes. Pas tous, malheureusement, car ils sont plus de 900 dans cette prison des hommes !

  • Vendredi 13 juillet : Je vais à notre Maison centrale où deux de nos confrères, Eugène et Henry, célèbrent leur fête. Nous sommes heureux de nous retrouver ensemble.
    Le soir, réunion de notre communauté de quartier. Après les nouvelles diverses, nous réfléchissons aux nombreux problèmes du monde rural : sécheresses chroniques et donc pauvreté qui augmente, cette année une grande famine que l’on a trop tardé à enrayer, des semences sélectionnées mais qu’il faut acheter et changer beaucoup plus souvent, l’achat des terres par les sociétés étrangères et les cadres du pays et ensuite les paysans n’ont plus de terre.
    Au sujet du monde rural, beaucoup de membres de la communauté sont déjà engagés, soit à partir de leur travail, soit pour soutenir leurs parents au village. Nous voyons ce que nous pouvons faire, spécialement pendant ce temps des vacances.
    Mais nous voulons aussi agir su place, dans notre quartier. Nous voulons lancer une opération d’assainissement du quartier. Pour cela, il nous faut d’abord mobiliser les différents groupes et associations du quartier. En attendant, nous allons faire une action de reboisement. Nous préparerons le matériel et contacterons les familles volontaires pour leur fournir les arbres à planter.
    Nous parlons ensemble de la vie du quartier, des différents problèmes qui se posent et de ce que nous pouvons faire. (Voir pour le détail, le compte-rendu de la réunion sur mon site).
    Au niveau du pays, le nouveau Président termine ses 100 premiers jours. Il a commencé à faire un certain nombre de bonnes choses, mais les problèmes sont nombreux dans le pays. Les gens sont très pressés de voir des solutions à leurs difficultés et, en plus, ils ont tendance à tout attendre du gouvernement. Il y a donc encore beaucoup à faire. Mais l’autre problème, c’est qu’il y a beaucoup de grèves dans les différents secteurs : transports, ramassage des ordures, aéroport, santé, enseignement, etc…

  • Jeudi 12 juillet : Enregistrement de mes deux émissions à la radio. Ce soir, j’interviewe Marie-Jeanne, visiteuse de prison. Le directeur m’attend pour me saluer personnellement. Il faut dire que c’est un de mes anciens « élèves » en 1980 à St Louis. Nous sommes très heureux de nous revoir, après tant d’années.

  • Mercredi 11 juillet : Séance d’écoute à la prison, avec son lot de problèmes, comme d’habitude. Aujourd’hui, deux demandes de prisonniers en fin de peine pour retourner dans leur région et pouvoir reprendre contact avec leur famille. Et deux cas de rapatriement au Libéria. Mais ce sera très difficile. On va toujours essayer.
    Je parle avec trois visiteuses qui sont allées au pavillon des prisonniers à l’hôpital de la ville rencontrer les prisonniers malades. Nous avions prévenu à l’avance et elles étaient munies de toutes les autorisations nécessaires. Malgré tout, elles sont refoulées pour la 4ème fois. Nous sommes découragés, d’autant plus que ce sont des bénévoles, qui n’ont pas beaucoup de moyens et qui payent de leur poche les frais de déplacement et autres.
    Les responsables de la réinsertion nous rejoignent pour préparer la sortie des prisonniers libérables. Là aussi, c’est compliqué. Nous avons toutes les peines du monde à avoir les noms au greffe. Les gens veulent souvent s’imposer et garder leur pouvoir, au lieu de se mettre vraiment au service des autres et de les aider. Malgré tout, nous essayons de faire pour le mieux.

  • Mardi 10 juillet : Avec les responsables de l’aumônerie, nous allons à la douane pour nous renseigner sur les formalités afin de faire venir un conteneur pour la prison. C’est toujours compliqué mais, comme nous connaissons le responsable, nous sommes très bien reçus. On verra la suite !

  • Lundi 9 juillet : travail à la maison.

  • Dimanche 8 juillet : J’écoute la première sortie de nos émissions religieuses. Il y aura des choses à revoir : durée des chants, son trop faible. Il faut le temps de se rôder
    Le matin, je retourne dire la messe chez un ami qui a subi une grave opération et qui est encore couché. Sa famille se retrouve autour de lui.
    Ensuite, je continue à une quinzaine de kilomètres pour participer à une formation sur les droits de l’homme.... ou plutôt des femmes !
    Il a plu la nuit. C’est la première pluie de l’hivernage à Dakar, cette année. Nous en sommes très heureux pour les paysans.... même si cela pose de gros problèmes en ville : de nombreux quartiers sont inondés et les égouts débordent, avec toutes les conséquences : pollution, maladies. Pour moi, je suis parti à vélo et je me suis fait bien arroser par les voitures ; je suis arrivé complètement crotté et plein de boue. Mais cela ne m’a pas empêché de faire la formation ! Nous avons travaillé la question : Comment éduquer aux Droits Humains. Les participants ont apporté une très bonne collaboration et des tas d’idées. Nous avons bénéficié de la présence de femmes juristes qui tiennent des permanences en ville pour aider les femmes en difficulté. Je prends leurs coordonnées et je vais aller les visiter et voir comment travailler avec elles.
    Le soir, je vais préparer mes émissions de radio avec celle que je vais interviewer.

  • Samedi 7 juillet : A la prison des hommes, une longue discussion au sujet d’un groupe religieux venu à la prison en se disant chrétien. Du coup, les gardiens ont appelé tous les prisonniers chrétiens. Mais nombre d’entre eux n’ont pas beaucoup aimé leur discours, et encore moins leur volonté de mettre la main sur eux. Cela nous amène à toute une réflexion sur la liberté de conscience et le respect des autres religions. Nous allons aussi revoir la question avec le service social et l’administration de la prison.
    Avec les chrétiens, nous partageons ensuite la Parole de Dieu (Marc 6, 1-6) : Jésus n’est pas reçu dans son village. Les prisonniers notent un certain nombre de choses sur Jésus : d’abord, il est vraiment homme, comme nous, et il connaît nos difficultés. Il a eu des problèmes avec sa famille et ses voisins. Il a travaillé de ses mains pour gagner sa vie. C’est un croyant : il va prier avec les autres à la synagogue. En même temps, il enseigne avec sagesse ; il aime les gens ; il guérit les malades. Et nous notons sa force de caractère : il est chassé de chez lui, mais il ne se décourage pas. Il va annoncer l’Evangile et guérir les gens dans les autres villages.
    Quand nous avons des problèmes de famille ou de travail, nous gardons courage nous aussi. Jésus est avec nous. Grâce à Lui et avec Lui, nous continuons à aimer.
    Jésus est étonné du manque de foi de ses compatriotes. Cet Evangile nous appelle à vitre notre foi en vérité. Etre chrétien, c’est suivre Jésus dans toute notre vie. Travailler comme Lui, mais aussi bien nous former et travailler pour les autres. Même à la prison nous pouvons apprendre un métier et nous aider les uns les autres. Nous entendre avec notre famille, malgré les problèmes et les incompréhensions. Et en prison aussi, nous avons souvent des problèmes avec nos familles. Il est important de nous réconcilier avec nos parents, nos amis et aussi ceux avec qui nous avons fait du mal. Mais il ne s’agit pas de ne penser qu’à nous-mêmes. Quels que soient nos problèmes, nous nous ouvrons aux autres comme Jésus. Pour leur annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus et les aider et les soutenir dans leurs souffrances et leurs maladies. Et il y a beaucoup de gens malades à la prison. Et de personnes qui souffrent dans leur corps et dans leur cœur. A nous d’en faire un lieu d’évangélisation et de guérison. – « Nul n’est prophète en son pays » - Même à la prison, il y a des gens qui nous conseillent, qui nous montrent le chemin de Dieu et qui peuvent nous aider à préparer notre avenir. Est-ce que nous savons les reconnaître ? Sommes-nous prêts à les écouter ?
    Aujourd’hui, il y a des ordinations de prêtres, dont un de nos jeunes confrères. Nous prions pour eux et aussi à nos très nombreuses autres intentions.
    Le soir, je vais assurer un remplacement dans la paroisse de l’aéroport. Je suis heureux de connaître cette autre paroisse. Je partage avec eux la réflexion de ce matin. A mon arrivée, deux Libériens qui viennent d’être libérés m’attendent. Je ne les connais pas, car ils viennent d’une autre prison, mais la communication passe bien entre eux, ce qui est une très bonne chose. Ils font des petits boulots pour gagner de quoi manger. Mais il reste le problème du logement. De plus ils voudraient rentrer chez eux, au Libéria. Je vais les mettre en lien avec le PARI. Et nous nous reverrons dans quelques jours.
    A la sortie, comme à chaque fois que je vais dans un autre quartier, je retrouve des amis d’autrefois. Aujourd’hui, c’est l’ancienne responsable des Guides du Sénégal. Nous étions ensemble en classe avec son mari. Nous partageons ce que nous avons vécu depuis les années 1950. Elle est maintenant à la retraite, bien sûr, mais reste très active. Elle est actuellement engagée avec ATD/Quart Monde (Aide à Toute Détresse). Je vois avec elle la possibilité de former nos étudiants à ce niveau et nous parlons de nos différents engagements.

  • Vendredi 6 juillet : Comme chaque vendredi, rencontre des femmes à la prison. Aujourd’hui, nous parlons des élections législatives. L’échange est très intéressant, c’est une vraie formation civique avec la participation de toutes. A partir de là, nous voyons comment vivre un peu plus de démocratie à la prison.
    Je pars ensuite accueillir une jeune fille française, étudiante en agriculture, qui vient faire un stage pratique de 3 mois dans une ONG en secteur rural, à environ 400 km de Dakar. C’est la 1ère fois qu’elle vient au Sénégal. Elle m’a été recommandée par son père, lui-même volontaire au Congo dans la paroisse où ,j’ai travaillé longtemps (KINDAMBA). Elle va passer quelques jours à Dakar, ce qui va lui permettre de découvrir le pays et surtout les gens et leur culture. Nous prenons un bon moment pour parler ensemble, puis je la conduis dans une famille qui accepte de la recevoir. Demain, elle ira à Gorée, Ile de départ des esclaves vers l’Amérique. Après la visite de l’île, elle participera à une rencontre des Assises Nationales, et, le dimanche, à une session de formation du CAEDHU sur les droits des femmes, avec des assistantes juridiques. Voilà qui lui permettra de commencer à s’imprégner des réalités et de connaître les gens, avec leurs réactions et leurs soucis.

  • Jeudi 5 juillet : On m’a demandé d’animer deux émissions à la radio de la Municipalité de Dakar. Il s’agit d’émissions religieuses (catholiques), car jusqu’à maintenant il n’y avait que des émissions musulmanes. Nous les ferons donc en ouolof pour être compris du maximum de personnes. Il n’est pas question de faire des sermons ou des cours de religion. Ni de parler tout seul. Le matin, nous partagerons donc à plusieurs l’Evangile du dimanche, chacun disant comment il le vit. Le soir, j’interviewerai différentes personnes sur leur engagement.
    Nous avions rendez-vous à 18 heures pour le 1er enregistrement, mais le technicien a oublié. J’arrive à avoir son n° de téléphone et à l’appeler. Il vient… avec 2 heures de retard ! Mais la suite se passe bien. Ce soir, j’interviewe un animateur du PARI, le centre de la Caritas pour les réfugiés et immigrés. Nous parlons aussi bien des réfugiés, venus des autres pays au Sénégal à cause de la guerre, de la dictature ou de la faim, que des émigrés sénégalais chassés d’Europe et qui reviennent au pays. Jacques explique les actions menées et aussi les difficultés. Et il explique comment il vit son engagement en chrétien, avant de lancer un appel aux auditeurs.

  • Mercredi 4 juillet : Matinée d’écoute à la prison avec son lot de problèmes et de souffrances. Je récupère des numéros de téléphone pour donner des nouvelles aux familles. Mais certains n° sont faux (les gens cherchent à les reconstituer par cœur, car la plupart du temps ils ont perdu leurs papiers) ; d’autres ne décrochent même pas ; d’autres enfin refusent tout contact avec leur parent prisonnier. Mais beaucoup sont heureux de ce contact, ils nous demandent de le conserver. Cela nous permettra de préparer le retour et la réinsertion. Mais souvent, notre premier travail est de retrouver nous-mêmes des traces de la famille et cela n’est pas une petite affaire !

  • Mardi 3 juillet : Le matin, je travaille à mon document sur le Concile Vatican 2. C’est un gros travail, qui n’avance pas vite !
    Le soir, rencontre de l’aumônerie de nos trois prisons. Nous faisons le tour de chacune de nos commissions pour évaluer leur travail : chacun apporte ses idées pour améliorer les activités. Puis nous abordons un certain nombre d’autres points : la venue d’un conteneur avec des outils pour lancer des ateliers ; le contenu de notre audience avec la ministre de la Justice ; les émissions radio ; les avocats et médecins à trouver qui accepteraient d’intervenir bénévolement ; la formation ; et encore beaucoup d’autres choses.
    Après cette rencontre, je rejoins le CAEDHU (droits humains) où nous organisons les formations à venir et préparons la prochaine Assemblée Générale. Avec moi, j’ai amené deux responsables de la commission de réinsertion. Ils expliquent leur travail et demandent aux membres du CAEDHU de chercher des emplois pour les prisonniers libérés. Un des membres se propose même d’entrer dans la commission.

  • Lundi 2 juillet  (suite) A midi, je vais manger à notre maison centrale pour rencontrer nos confrères, car cela fait quelque temps que je ne les ai pas vus. Je retrouve en particulier Elvis, le recteur du séminaire de théologie de Ngoya au Cameroun, qui est venu faire passer le baccalauréat de théologie à nos étudiants. La dernière fois que je l’ai rencontré, c’est dans les années 90. Il était alors lui-même étudiant au Gabon où j’animais une session sur la sexualité et le célibat religieux. Nous sommes heureux de nous revoir.
    Je rencontre aussi l’économe, pour la prise en charge des frais de juillet. Il va falloir faire des économies… comme d’habitude.
    Le soir, je vais dire la messe à la paroisse. Puis je visite un Centre d’accueil pour les enfants de la rue. J’ai l’intention d’y revenir en Août avec un groupe de jeunes Français (Club Caritas) qui viennent voir les réalités du Sénégal. Et l’année prochaine, je compte y envoyer un de nos étudiants pendant le week end afin qu’il se forme au travail social. Lorsque j’arrive, j’ai la grande surprise de découvrir que le responsable est un jeune que j’avais formé autrefois à St Louis. Nous sommes sur la même longueur d’ondes et nous avons beaucoup de choses à nous dire. Cela se présente bien !

  • Lundi 2 juillet : D’abord, passage à la banque, car il faut avoir de quoi vivre ce mois-ci : deux heures d’attente. Heureusement, j’ai prévu le coup et j’ai apporté du travail avec moi.
    Ensuite, je pars à l’ambassade du Nigéria rencontrer le Consul pour qu’il vienne au moins visiter ses concitoyens à la prison On me dit d’attendre, sans succès. Je laisse leurs noms et mes coordonnées (sans beaucoup d’espoir !) et je pars à l’ambassade de Chine. En effet, deux Chinois viennent d’être incarcérés : ils ne parlent ni français, ni anglais, ni portugais. Je vais demander un livre français-chinois pour que quelqu’un puisse leur apprendre au moins un peu de français. Là, je suis très bien reçu…. Mais il n’y a pas de livre pour eux. Je leur demande d’aller au moins les visiter.
    Le midi, je mange à notre Maison centrale. J’y rencontre les confrères habituels, mais aussi Elvis, directeur de notre Centre de Théologie du Cameroun. Il est venu faire passer le baccalauréat de théologie à nos étudiants. Je l’avais connu dans les années 90, quand j’avais animé une session sur la sexualité et le célibat consacré.
    Hier, après la messe, une jeune maman est venue me demander de prier pour son bébé. Bien sûr, j’ai accepté, mais je lui ai d’abord demandé quel était son problème. Son père a abandonné sa mère, alors qu’elle était toute petite. Elle-même a été enceintée par un garçon qui refuse de reconnaître le bébé. L’enfant est asthmatique, mais le père refuse de s’en occuper ! Nous nous retrouvons aujourd’hui pour voir ce qu’il est possible de faire.
    Ensuite, je remplace un autre confrère prêtre, pour dire la messe à la paroisse.
    Tout au long de la journée, nous avons suivi les résultats des élections législatives. Elles se sont passées dans le calme, ce qui est un point très positif.

  • Dimanche 1er juillet : Aujourd’hui, je célèbre la messe avec les enfants. Ils chantent très bien… et fort, et la messe est très animée, avec danses, gestes, symboles et images. L’Evangile est celui de la résurrection de la fille de Jaïre. Je demande donc à une fille de 12 ans de lire le texte ! Il n’y a qu’une lecture : pour les enfants, ça suffit bien ! Après avoir regardé et admiré Jésus, nous voyons comment vivre d’une vie nouvelle. Comment faire grandir la vie autour de nous. Et comment faire vivre nos familles. Et aussi comment faire vivre le pays tout entier. Car c’est aujourd’hui jour des élections législatives.
    L’après-midi, je vais préparer la prochaine émission radio avec une visiteuse de prison. Sa belle-sœur qui travaille à l’Institut Pasteur vient nous rejoindre. Nous parlons un bon moment de ses activités.

  • Samedi 30 juin : Il y a un grave problème d’eau à la prison. J’ai récupéré 15 bidons. Je vais les remplir d’eau pour les apporter. Donc, j’abandonne mon vélo pour notre vieille voiture !.... mais je préfère encore le vélo.
    Comme d’habitude, je rencontre tout un lot de problèmes. Un détenu a passé une visite médicale et doit être opéré. On lui demande 31.000 francs CFA… qu’il n’a pas, bien sûr. Une de nos visiteuses bénévoles se débrouille pour trouver la somme nécessaire. Trois autres détenus doivent passer en Appel : nous préparons leur passage au tribunal. Avec beaucoup de peine, j’arrive à obtenir la liste des personnes libérables le mois prochain. C’est tard, mais nous allons tout faire pour préparer leur sortie et leur réinsertion. L’un d’entre eux est gravement malade, il va falloir le faire soigner. Pendant la semaine, j’ai pu téléphoner à plusieurs de leurs familles. Je les fais appeler par le service social pour pouvoir leur donner quelques nouvelles. Je suis heureux de leur faire ce plaisir. Je revois deux prisonniers à qui j’ai pu faire envoyer un médecin car, comme je l’ai déjà expliqué, il n’y a qu’un infirmier dans les prisons, et le médecin qui devrait faire le tour des prisons, ne vient jamais. L’un de ces deux prisonniers a des problèmes à la mâchoire. Il ne peut pas parler. Mais comme il traîne cela depuis deux ans, il est trop tard pour envisager une opération. C’est vraiment dommage.
    Le régisseur de la prison va partir au Congo. Je suis présent quand son remplaçant arrive. On m’introduit aussitôt. On me présente et j’explique ce que nous faisons. C’est important pour que les choses puissent continuer. Je dois dire que je suis présenté d’une manière très positive. En conséquence, je suis très bien accueilli et c’est important pour l’avenir.
    Après tout cela, je voulais commencer notre rencontre générale, mais deux grands cars arrivent. Ils viennent de l’intérieur du pays, où les tribunaux ont siégé les semaines passées. C’est un autre problème : tous ceux qui sont condamnés à des longues peines sont envoyés à Dakar, au lieu d’être gardés dans leur région d’origine. Ils se retrouvent loin de leur famille, sans visite, ni nourriture, ni soutien. Ils sont plus de 60. Ils doivent d’abord passer à la fouille. Et nous devons attendre que ce soit fini avant de pouvoir commencer notre rencontre.
    A notre rencontre, nous commençons par leur distribuer un bidon d’eau à boire et du savon, offert par les visiteurs. Les prisonniers les remercient vivement, comme ils remercient pour les habits distribués l’année dernière. Ensuite, nous leur montrons les affiches « Justice et Paix » pour la préparation aux élections législatives. Nous en parlons ensemble longuement, en expliquant le rôle réel des députés. Ensuite, nous faisons le tour de la vie à la prison la semaine passée. A partir de là, nous leur demandons leurs idées pour notre prochaine rencontre avec la ministre de la Justice.
    Nous terminons par le partage d’Evangile : Jésus apaise la tempête. Il y a beaucoup de choses à apaiser à la prison !

  • Vendredi 29 juin : Nous fêtons les saints Pierre et Paul, un appel très fort pour nous à être apôtres d’aujourd’hui.
    Le soir, réunion avec la communauté de mon quartier. Avec tous les membres, je suis très à l’aise, nous nous connaissons bien et il y a un suivi. Vous en recevrez le compte-rendu comme d’habitude. Aujourd’hui, nous avons encore beaucoup de nouvelles à échanger. C’est très important pour créer un esprit de famille. Pour le partage d’Evangile, nous prenons le passage sur le sel de la terre et la lumière du monde, texte qui nous éclaire beaucoup sur notre responsabilité en ce temps des élections. Nous réfléchissons ensuite sur le rôle et le choix des candidats à partir des affiches.

  • Jeudi 28 juin : Le groupe des enfants de la rue avec qui je travaille se rassemble, comme chaque semaine. Mais aujourd’hui, un certain nombre d’entre eux va partir pour un camp de 10 jours dans le Centre d’Accueil des moines bénédictins de KEUR MOUSSA, à une cinquantaine de kilomètres de Dakar. Le but, c’est de vivre avec eux pour les connaître et réfléchir avec eux à leur vie.
    Pour ceux qui accepteront de retourner dans leur famille, nous contacterons leurs parents et nous irons avec les enfants pour faciliter leur retour auprès des parents et leur réinsertion. J’aurais dû partir avec eux pour ce camp. Malheureusement, mes différentes occupations ne me le permettent pas, ce que je regrette beaucoup. Je me contente de les visiter aujourd’hui, avant leur départ.
    Nous devions recevoir un conteneur pour les prisonniers. Mais l’organisation qui devait assurer la réception et les formalités refuse l’envoi de toute nourriture. Nous sommes très déçus et nous ne comprenons pas. Nous commençons des recherches pour trouver une nouvelle solution, car il n’est pas question pour nous d’abandonner.
    Ce matin a lieu la clôture de l’année scolaire pour nos étudiants. Cela commence par trois évaluations : celle du responsable des étudiants, celle du directeur du centre, et celle du président des différentes congrégations. Nous terminons par l’ Eucharistie, après la remise des bulletins à chaque étudiant. L’après-midi, je reçois chacun en particulier, pour faire le point de son travail et de son évolution tout au long de l’année. A partir de son propre point de vue et des remarques des professeurs. C’est vraiment un temps fort que j’assure avec beaucoup de soin.
    Ce même après-midi, un groupe de rappeurs vient à la prison. C’est un groupe qui joue un très grand rôle auprès des jeunes, en cherchant à les éduquer et les responsabiliser, pour qu’ils prennent leur vie en main. Ces rappeurs ont lancé le Mouvement « Y en a marre » qui a joué un grand rôle l’année dernière pour mobiliser jeunes et adultes pendant toute la campagne présidentielle, en particulier lors de la grande manifestation du 23 juin 2011. (Voir les Nouvelles dans mon site).
    Je commence à préparer mes futures émissions à la radio. Puis avec le responsable de notre communauté, nous allons visiter l’imam et le délégué du quartier pour leur présenter et expliquer nos affiches des élections législatives (voir mes mails et mon site). Cela est une bonne occasion de nous revoir et de parler ensemble.
    21 heures. Ce soir, je participe à la réunion de communauté de la Gendarmerie dans leur camp. La réflexion et le partage sont très intéressants, quoiqu’un peu différents de ceux des autres communautés, vu le caractère spécifique des participants. Mais ils ne sont pas seuls : ils sont là avec toute leur famille : femmes, enfants et jeunes.
    Depuis deux jours, chaque nuit je lis avec attention les nouvelles de notre assemblée générale en Tanzanie. Grâce à Internet, nous sommes au courant au fur et à mesure et nous pouvons intervenir à distance. Ensuite, je transmets ces documents à nos confrères d’Afrique de l’Ouest.

  • Mercredi 27 juin : La jeune femme en dépression s’est à nouveau enfuie, après avoir été très agitée toute la nuit. Nous l’envoyons donc dans le dispensaire des Frères qui acceptent de l’accueillir. Nous n’avons trouvé personne pour rester avec elle, nous chercherons sur place… Mais il nous faut au moins trouver un minimum d’argent. Nous faisons le tour du quartier pour récupérer le minimum nécessaire. Ils partent ensemble avec le mari et leur enfant.
    A 15 heures. Rencontre des formateurs des étudiants en théologie et philosophie. Nos différentes congrégations religieuses envoient leurs séminaristes au Centre St Augustin pour y faire leurs études en compagnie de jeunes sœurs et de laïcs. Aujourd’hui, nous nous retrouvons entre formateurs pour faire le point de cette année scolaire et pour préparer l’année suivante. Il faut s’y prendre à l’avance ! Nous échangeons nos différents points de vue et nous réfléchissons en profondeur à la formation que nous donnons et au type de prêtre, de religieux(ses) et de laïcs que nous visons. Selon nos orientations et notre histoire, bien sûr, nous n’avons pas tous les mêmes opinions. Nous essayons de nous comprendre et de nous compléter.
    Aussitôt après, je pars dans le quartier. Aujourd’hui, j’ai deux communautés à visiter. Mais d’abord je célèbre la messe chez les Frères de Taizé. Ils ont une communauté dans le quartier, où ils partagent la vie des gens, accueillent ceux qui sont dans le besoin, mettent un climat d’amitié dans tout le quartier et vont visiter les gens en difficulté. J’aime beaucoup célébrer l’Eucharistie chez eux. La liturgie est simple et il y a beaucoup d’enfants. Ensuite, les gens restent pour notre rencontre, après que nous ayons mangé tous ensemble. Nous commandons un plat chez la voisine qui tient un petit restaurant. Elle est très contente et nous aussi !

  • Mardi 26 juin : Travail à la maison. A 18 h 30, je célèbre l’Eucharistie à la paroisse. Après la messe, réunion de la Commission Justice et Paix. Il y a 23 communautés sur la paroisse, nous nous les partageons et chacun reçoit les affiches et le matériel d’animation (voir les mails que j’ai envoyés ou sur mon site). Je pensais pouvoir rentrer me reposer, mais un animateur est malade, et je vais le remplacer au pied levé. Cela fait un repas qui saute. Ce n’est pas la 1ère fois, et ça va me faire du bien. En plus, j’ai ainsi l’occasion de connaître une communauté que je n’ai pas encore rencontrée.

  • Lundi 25 juin : Je consulte rapidement ma boîte mails, puis je vais avec le Frère responsable des émissions radios et télés, à la Mairie. Ils nous ont demandé d’assurer deux émissions religieuses sur la radio locale de la municipalité, en ouolof, avec des nouvelles et des questions d’actualité. Cela m’intéresse, mais c’est un gros travail car il faudra chercher chaque semaine des intervenants. On va voir.
    Profitant de ce que je suis en ville, je vais à l’ambassade du Nigéria pour leur parler des problèmes des prisonniers nigérians, afin qu’ils aillent au moins les visiter. Mais souvent, ils ne s’en soucient pas.
    Je passe ensuite visiter trois paroisses qui se trouvent sur ma route, car il y a loin du centre ville à notre banlieue. Dans chacune, je suis invité à partager le repas… mais la 3ème fois, je cale ! Mais surtout, nous prenons un temps pour parler ensemble. Ensuite, je passe à une librairie où je voudrais mettre les livres que j’ai écrits en dépôt-vente, car on vient de m’en apporter un certain nombre, pris sur le stock que j’avais en Guinée.
    Je m’arrête au PARI, Centre d’accueil des réfugiés , dans le cadre de la Journée mondiale des réfugiés. J’en profite pour passer à la Caritas pour parler de nos différents projets.
    Avant de rentrer à la Communauté, je vais revoir le couple de réfugiés dont je vous ai déjà parlé. La situation ne s’arrange pas. La femme est en pleine dépression. Elle s’est enfuie et on l’a cherchée toute la nuit. L’ayant retrouvée, on lui a fait des injections pour l’apaiser. Le problème, c’est qu’une bande de jeunes délinquants l’ont repérée et ils la poussent à consommer de la drogue en voulant l’entraîner avec eux. Nous ne savons plus que faire.
    (la suite se passe le lendemain) Mardi matin, avec l’aide des responsables de la communauté de quartier, on l’amène à nouveau au dispensaire des Sœurs. Comme on ne peut pas faire confiance à l’hôpital psychiatrique de Dakar, les Sœurs contactent les Frères de Thiès, à 70 km de Dakar. Mais il faut trouver quelqu’un (une femme) pour la suivre et l’accompagner. Or, cette femme est Ivoirienne et n’a aucune famille ici. Le mari, Sénégalais d’origine, a grandi en France. Il ne parle pas ouolof et ne connaît personne à Dakar, sa famille étant originaire du Sénégal Oriental, à la frontière du Mali.
    L’après-midi, elle s’enfuit à nouveau. On décide que le mari va l’accompagner à Thiès, même si on n’a trouvé personne pour la prendre en charge. Nous nous débrouillons pour rassembler au moins l’argent du voyage.
    Lundi soir, nous nous retrouvons avec l’aumônerie des prisons, d’abord en réunion du Bureau, pour préparer notre prochaine réunion générale. Nous décidons de faire à nouveau le tour des commissions pour revoir leur mise en place, vérifier ce qu’elles ont vraiment fait et étudier les problèmes qui se posent. Nous préparons une lettre et un ordre du jour pour une rencontre avec la nouvelle ministre de la Justice. Il y a énormément de problèmes et de questions qui se posent, et il nous faut voir comment présenter les choses le mieux possible.
    Ensuite, nous préparons la livraison d’un conteneur de matériel pour lancer des ateliers. Pour abordons aussi la question de la catéchèse pour ceux qui demandent à être baptisés. Il faut aussi voir la question de l’ouverture d’un compte postal pour accueillir les dons. Ensuite, nous réfléchissons à notre participation aux émissions radio de la municipalité.
    Formation à l’écoute. Aujourd’hui, nous passons à la pratique, à partir d’un jeu de rôle : un jeune accusé faussement par jalousie et vengeance d’un autre membre de sa famille. Nous réfléchissons à son cas et à la manière dont l’entretien a été mené. Puis nous travaillons deux documents : un sur les principes de l’écoute et l’autre : le témoignage d’une visiteuse de prison.
    Cette semaine, nous reprenons à nouveau nos rencontres la nuit dans les différentes Communautés chrétiennes, pour préparer les élections législatives qui auront lieu le 1er juillet. Ce que nous cherchons, c’est non seulement à former les membres des communautés et leur donner des bases et des références pour choisir leur candidat, dans le respect de leur liberté , mais surtout leur donner les moyens de conscientiser les autres personnes autour d’eux : affiches, dépliants, documents, etc…

  • Dimanche 24 juin : Fête de Jean-Baptiste. Nous la fêtons dignement. Et nous ne manquons pas de réfléchir aux élections de dimanche prochain.
    Après la messe à la paroisse, je vais en dire une autre, chez un ami de longue date, gravement malade. Nous avons travaillé ensemble plus de 15 ans à l’ASPF (Association Sénégalaise pour la Promotion de la Famille : vie des couples, éducation des enfants, régulation des naissances, éducation sexuelle des jeunes). Il a été opéré du cœur et ne peut pas encore se déplacer. De plus, il vient de perdre sa femme. Sa nièce qui s’occupe de lui et ses deux enfants participent à notre prière. Nous mangeons ensemble et je retourne à la paroisse retrouver un groupe de jeunes.

  • Samedi 23 juin : A la prison des hommes. Nous partageons l’Evangile de la fête de Jean-Baptiste (Luc 1, 62-66+80). Nous commençons par remarquer la bonté et la miséricorde de Dieu. Après avoir parlé de la souffrance des femmes stériles, souvent rejetées par la famille et méprisées par la société parce qu’elles n’ont pas mis d’enfant au monde, nous admirons la pitié de Dieu pour Elisabeth. Nous relevons la fidélité de Dieu à sa promesse envers Zacharie, et son amour pour Jean-Baptiste (« la main de Dieu était sur lui »). Nous disons merci à Dieu qui écoute nos prières et qui nous fait grandir dans nos corps et nos esprits, comme Jean-Baptiste. Et qui est avec nous dans toute notre vie.
    Ensuite, nous relisons le chant de Zacharie dans la joie (n° 67 – 79) en français, anglais et ouolof, verset par verset. En prenant le temps de bien le méditer pour comprendre ce qu’il veut dire et à quoi il nous appelle dans notre vie, ici, à la prison. Nous reprendrons ce chant à la messe comme profession de foi, au Credo.
    Dans un 3ème temps, nous nous rappelons les différentes étapes de la vie de Jean-Baptiste :
    - Déjà avant sa naissance, quand il a bougé de joie dans le ventre de sa mère, animé par le St Esprit, lorsque Marie est venue visiter Elisabeth (Luc 1, 44).
    - Son enfance et son éducation dans la foi (Luc 1, 66 + 80),
    - Son séjour au désert, dans la prière, pour se préparer à sa mission,
    - Son refus de l’argent et du pouvoir : il est vêtu de peaux de bêtes et mange des sauterelles,
    - Sa foi qui le fait reconnaître et annoncer Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »,
    - Son obéissance pour baptiser Jésus,
    - Son courage pour conseiller les gens, sans peur, et les aider à se convertir (Luc 3) : les douaniers, les militaires, les pharisiens, tout le peuple,
    - Sa force, son sens de la justice et l’amour de la vérité devant Hérode, qui le conduiront jusqu’à la mort.
    Un autre jour, nous reviendrons sur le souci de Jean-Baptiste de connaître le Sauveur et la réponse de Jésus (Luc 7, 18-35).
    Nous passons ensuite aux conclusions pratiques : comment vivre tout cela à la prison ? Nous insistons sur l’importance de partager les peines mais aussi les joies, comme l’ont fait les voisins de Zacharie et Elisabeth. Mais aussi le sérieux et l’engagement de Jean-Baptiste. Son souci de conseiller les autres et de les aider à changer leur vie. Sa volonté de faire connaître le Christ qui nous libère et nous sauve.
    Ils parlent aussi de leur famille et de leurs enfants, qu’ils n’oublient pas, bien qu’ils soient séparés d’eux. Nous parlons de la vie de couple à partir de l’exemple de Zacharie et Elisabeth, et de l’éducation des enfants ; sans oublier les souffrances des couples stériles.
    Je recueille un certain nombre de numéros de téléphone, pour donner des nouvelles à leurs familles et préparer les ré-insertions pour ceux qui ont la chance de sortir bientôt.
    Nous abordons la question des élections législatives. Car même s’ils ne peuvent pas voter (ce qui d’ailleurs n’est pas normal), ils s’intéressent beaucoup à ce qui se vit dans le pays et ils se considèrent toujours comme des citoyens, non seulement intéressés mais engagés dans la vie du pays.
    Dernière étape de notre partage d’Evangile : nous fêtons Jean-Baptiste, et nous ne manquons pas de remarquer que les musulmans eux aussi reconnaissent Jean-Baptiste comme un prophète (ils l’appellent Yahya). Comme ils connaissent les autres prophètes : Abraham, Moïse, Jacob, David, Salomon, etc… Cette fête est un appel pour nous à mieux nous connaître et à avancer ensemble. Nous y reviendrons à notre prochaine rencontre : comment mieux nous comprendre et mieux vivre ensemble à la prison.
    Nous parlons aussi bien sûr de la vie des prisonniers. En particulier les malades. La nourriture est insuffisante, il n’y a qu’un infirmier mais pas de visite médicale et les médicaments sont insuffisants. La plupart du temps on ne leur donne que du paracétamol. Souvent, il n’y a même pas d’eau à la prison des journées entières. Avec l’arrivée de l’hivernage, il fait très chaud dans les chambrées (jusqu’à 100 prisonniers dans la même chambre). Résultat : beaucoup d’entre eux sont malades. Et deux ont été évacués à l’hôpital.
    Nous leur demandons de recenser leurs différents problèmes. Nous les étudierons sérieusement et en parlerons avec le directeur de la prison lors de la prochaine rencontre du personnel. Et nous allons demander un rendez-vous avec le ministre de la justice, le plus vite possible après les élections.
    L’étudiant qui vient avec moi à la prison va partir en vacances. Il salue et remercie tout le monde. Les prisonniers à leur tour le remercient. C’est un temps d’amitié et d’émotion très fort.
    Une animatrice partage ensuite ce qu’elle a vécu avec son fils qui avait échoué à son examen et comment elle a réussi à le motiver pour reprendre ses études. Elle l’a beaucoup soutenu et il a fini par avoir son diplôme. Cela intéresse beaucoup les participants et nous en parlons longuement.
    Les autres animatrices interviennent à leur tour :
    - une enseignante leur parle de son travail ; elle leur explique ce qu’elle fait à la prison des mineurs.
    - une autre est membre de la Légion de Marie. Elle leur explique ce qu’elle fait, en particulier dans ses visites aux malades à l’hôpital.
    - une troisième, responsable du Jardin d’enfants, partage ce qu’elle vit avec les enfants et leurs parents. Les prisonniers la remercient en plus car elle a payé un menuisier qui a fabriqué des bancs qui nous permettent de nous rencontrer plus facilement.
    Cela nous fait une rencontre bien remplie !

  • Vendredi 22 juin : Visite à la prison des femmes. Deux jeunes sœurs viennent nous rejoindre. Elles font des études en sciences sociales et c’est important qu’elles passent de la théorie à la pratique. Elles ont apporté avec elles des habits, du sucre, du lait et du savon.
    A la demande des femmes, nous faisons un partage d’Evangile. La semaine dernière, elles ont choisi elles-mêmes le texte de Matthieu, 28, 16-20 : Jésus envoie ses apôtres en mission. Elles ont dit : « Ici aussi nous sommes de toutes les races. Nous ne pouvons pas sortir, mais Jésus nous envoie en mission dans cette prison ». Comme elles ont préparé le texte à l’avance, elles n’ont pas peur de parler et le partage est très riche (en ouolof, français, anglais, portugais et créole). A la fin, nous décidons de lancer un groupe de catéchèse, pour celles qui ne sont pas baptisées.

  • Jeudi 21 juin : J’avais un rendez-vous pour commencer une émission radio hebdomadaire en ouolof sur la radio locale de la Mairie de Dakar. Mais le rendez-vous est reporté. Cela arrive souvent ! Patience !
    Le soir, départ de nos deux délégués à l’Assemblée générale des spiritains, en TANZANIE. J’assume la responsabilité de notre Maison de formation. Ce n’est pas un problème ; ils ne sont que 12 étudiants et ils ont l’habitude de prendre leurs responsabilités.
    La nuit, réunion dans une autre Communauté de quartier, toujours pour la préparation des législatives.

  • Mercredi 20 juin : A la prison je reçois aussi deux Chinois ; ils ne parlent ni anglais, ni français. Nous essayons de communiquer par gestes. Je leur trouve un prisonnier qui pourra leur enseigner un peu de vocabulaire français. Avec un autre, nous voyons comment lancer l’alphabétisation en ouolof. Un autre me demande d’intervenir pour faire sortir son argent qui est bloqué à la banque et dont il a évidemment besoin. Un autre voudrait pouvoir retourner dans sa région d’origine pour recevoir des visites et le soutien de sa famille. Un autre demande un minimum de matériel pour l’atelier de menuiserie-mécanique….. Ainsi chacune de nos visites amène son lot de demandes et de problèmes.
    Je passe ensuite au Centre des Enfants de la rue. En effet, pendant la semaine, les éducateurs vont les suivre sur le terrain, comme je vous l’ai déjà expliqué, mais le mercredi nous les accueillons au Centre. Ils peuvent faire leur toilette et laver leurs habits ; leurs plaies sont soignées, car il y a souvent des bagarres entre eux ; leur état de santé contrôlé pour détecter d’éventuelles maladies courantes dont ils pourraient être atteints..
    Ensuite, nous avons un temps de partage tous ensemble pour réfléchir à leur vie, répondre à leurs questions et chercher des solutions à leurs problèmes. Nous leur fournissons ensuite un bon repas, qui est suivi par des activités diverses. Aujourd’hui, c’est un match de foot avec les jeunes du quartier. Et ceux qui le veulent peuvent rencontrer un des éducateurs, pour leurs problèmes personnels. De notre côté, nous parlons personnellement avec ceux qui en ont besoin.
    Le soir, je vais à l’hôpital de notre quartier. J’ai appris qu’une amie de St LOUIS y est venue avec son mari qui souffre de problèmes cardiaques. Marie-Madeleine était une grande artiste de théâtre et animatrice de radio. Son mari, Yacouba, est un grand peintre. Mais ils se retrouvent aujourd’hui démunis et au milieu de grandes difficultés. Ils sont très surpris de ma visite à laquelle ils ne s’attendaient évidemment pas, car nous nous sommes quittés en 1996 ! Je prends soin de partager leurs soucis et de les encourager. Marie-Madeleine me rappelle ce que nous avons fait ensemble. En effet, elle s’est beaucoup donnée pour les enfants de la rue, pour la formation des apprentis et pour aider les jeunes, à leur sortie de l’école, à travailler et à prendre leur vie en mains. Nous sommes heureux de partager à nouveau tout cela.
    En soirée, je participe à deux réunions de Communautés de quartier, toujours pour la préparation des élections législatives, comme les jours passés et cela chaque jour jusqu’au 1er juillet.

  • Mercredi 20 juin :
    Ecoute, à la prison, avec sa liste de problèmes. Un prisonnier qui a subi des chocs : sa mâchoire est déplacée, il a beaucoup de tension et il ne parle plus. Un autre dont la famille a payé un avocat, mais ce dernier ne se présente pas. Un autre, qui n’a plus aucune nouvelle de sa famille. Un autre, qui est très triste car sa mère vient de mourir et bien sûr il ne pourra pas assister à l’enterrement. La semaine dernière, j’ai contacté la famille d’un autre et je peux au moins lui apporter quelques nouvelles. Un autre a été trompé par ses complices qui lui ont tout mis sur le dos ; nous allons essayer de lui trouver un avocat. Un autre, Congolais, va être bientôt libéré et, bien sûr, il voudrait retourner chez lui. Mais comment trouver l’argent du billet ?
    A chacun, je remets au moins un savon ou un tube de dentifrice. Ce n’est pas grand-chose, mais au moins un signe de soutien et d’amitié.

  • Mardi 19 juin : Le gros travail de cette semaine, c’est la réflexion et la préparation des élections législatives. Nous allons donc faire le tour de nos 23 communautés de quartier avec la Commission Justice et Paix, pour expliquer les affiches et les fiches de formation, et travailler ensemble le plan d’action. Le but, c’est qu’ensuite ils organisent des réunions de réflexion avec les habitants du quartier, ouvertes à tous. Et des rencontres avec les différents candidats. Il y a 24 partis ou coalitions de partis qui en présentent ! Ce n’est pas possible de voir tout le monde. (Voir les différents documents dans les mails que je vous ai envoyés, et dans mon site)
    15 heures. Rencontre des délégués des congrégations religieuses pour voir comment mieux participer au travail du diocèse, dans la ligne de nos vocations et possibilités.
    2ème réunion des religieux (hommes) du diocèse. Nous nous retrouvons pour voir quelle peut être notre place et notre travail spécifique en tant que religieux. Nous sommes plus nombreux que la dernière fois : 10 représentants. Chacun présente sa Congrégation et ses orientations : éducation des jeunes, enseignement, attention aux plus pauvres, soutien à l’Eglise locale, première Evangélisation, relation avec les autres religions, Justice et Paix.
    L’important pour nous c’est d’ouvrir le diocèse aux non chrétiens et à ce qui se passe dans la société. Avec un souci spécialement des jeunes. Mais par exemple pour l’éducation, nous nous limitons souvent aux écoles formelles, du primaire à l’université. Mais nous sentons le besoin de travailler à l’éducation de tous les jeunes, spécialement les enfants de la rue, les apprentis, les enfants non scolarisés ou dé-scolarisés, surtout les jeunes filles. Et aussi de ne pas rester enfermés dans nos paroisses et communautés. Etre davantage présents dans les quartiers, auprès des organisations laïques : associations de jeunes et de femmes, syndicats, centres culturels, écoles, postes de santé. Etre en contacts réguliers avec les imams et les délégués de quartier. Des questions nous préoccupent plus spécialement, comme en particulier le chômage des jeunes et leur éducation sexuelle. Il y a tous les problèmes des femmes, mais ce sont plutôt nos sœurs, les religieuses, qui les prennent en charge, bien que nous travaillions ensemble. Beaucoup d’entre nous ont la responsabilité de paroisses ; nous nous sommes redit que ce n’est pas obligé. Mais, si nous sommes en paroisse, il nous semble important d’intensifier notre soutien aux Mouvements d’Action Catholique et aux Communautés de quartier. Et de nous engager davantage dans les Commissions de Justice et Paix, et des relations avec les musulmans. Pour le travail auprès des prisonniers et des malades, nous y sommes déjà engagés ; mais les choses sont toujours à intensifier et à revoir. Nous nous posons aussi la question des médias et de notre participation aux émissions de radio et de télévision.
    Mais la question de fonds, reste la présence et le travail avec les petits et les pauvres, ceux qui sont mis à l’écart et écrasés.
    15 heures. Je repasse voir le couple dont j’ai déjà parlé. La femme et l’enfant vont mieux au point de vue santé, ce qui me réjouis beaucoup. Le problème qui reste, c’est les papiers. Lui est Sénégalais ; elle, est Ivoirienne. Leurs papiers français ne sont plus valables, alors qu’ils ont vécu de longues années en France et que leur enfant est né dans ce pays. Mais on fait tout pour bloquer les choses, aussi bien du côté des Services sénégalais que de l’ambassade de France. La première chose bien sûr c’est de trouver du travail, au moins pour le mari, car la jeune femme n‘est pas en état de travailler. Et pour le moment, prendre en charge la location de la maison et leur assurer un minimum de nourriture.
    21 heures. Comme tous les soirs en ce moment, je vais dans une Communauté de quartier pour animer une rencontre préparatoire aux élections législatives. A chaque fois, on se donne un point de rendez-vous et un responsable vient me chercher, car les rencontres se font dans les quartiers, dans des maisons particulières, et dans la banlieue il n’y a ni noms de rues ni numéros de maisons.
    Comme habituellement, la rencontre est très animée, avec une grande participation de tous. (Voir mes documents envoyés par mails, et sur le site).

  • Lundi 18 juin : Nous nous retrouvons tous les prêtres de Dakar et banlieue (plus de 3 millions d’habitants). Chacun des trois doyennés fait, à tour de rôle, le point des différentes activités réalisées, suivi d’un débat dont les conclusions permettront de poser les bases des activités à venir, l’année prochaine. Puis nous abordons un certain nombre de points précis, qui posent problème.
    En fin de journée, je revois la responsable du CAEDHU pour tirer les conclusions de la rencontre d’hier. Et je vais acheter des médicaments pour les prisonniers, grâce à des dons reçus. En effet, à l’infirmerie de la prison on donne des ordonnances, mais pas de médicaments.
    Au sujet de la prison, à chaque visite c’est une autre série de problèmes. Il y a trois choses dont nous nous soucions en particulier : d’abord, c’est de connaître suffisamment à l’avance les détenus qui vont être libérés, pour préparer leur réinsertion ; ensuite, c’est le suivi médical. Pour une prison de 900 personnes, il n’y a qu’un infirmier : nous cherchons des médecins qui accepteraient de venir pour des consultations régulières. Ensuite, il restera le problème des soins, mais ce n’est que par étapes que nous pourrons régler les problèmes. La 3ème chose, c’est de pouvoir rapprocher les prisonniers de leurs familles afin qu’ils puissent recevoir des visites et un soutien, à commencer par la nourriture. Mais tous ceux qui sont condamnés à plus de 3 ans sont envoyés systématiquement à Dakar, loin de leur région, et complètement isolés. Nous parlons sans cesse de ces problèmes, mais nous ne voyons pas beaucoup d’avancées.
    La nuit, je vais avec la responsable de Justice et Paix visiter un nouveau centre des enfants de la rue. Je compte y envoyer un de nos étudiants l’année prochaine, mais il nous faut d’abord examiner les choses sérieusement.

  • Dimanche 17 juin : Messe à 7 heures à la paroisse. Je reprends le partage d’Evangile de la Communauté, en insistant spécialement sur le respect de la terre et l’environnement, en lien avec la Conférence mondiale de Rio +20 de la semaine suivante. Et dans un 2ème temps, sur les relations entre chrétiens et musulmans.
    A midi, je vais à notre Maison centrale. En effet, notre responsable part pour notre Assemblée générale en TANZANIE. Et notre économe part en congés. Je vais donc les saluer et parler avec eux. Et nous organisons le programme de l’hivernage ; avec les congés, les voyages, les sessions et les stages des étudiants, il faut toute une organisation pour tenir les différents postes. Mais on y arrive !
    Je passe rapidement à la fête de fin d’année du Centre de formation des jeunes filles de Ouakam, tenu par nos Sœurs spiritaines. Je suis heureux de les saluer, mais je dois partir vite car à 15 heures nous tenons une rencontre du CAEDHU (Centre Africain pour l’Education aux Droits Humains) dont je suis l’un des fondateurs. Il s’agit de réorganiser l’antenne de Dakar et de prévoir les activités de l’hivernage : patronages, formations, rencontre, projection du film que nous avons réalisé sur les conditions de vie très difficiles des enfants et écoliers de la région de Kédougou, au Sénégal Oriental, dans le but de faire connaître ces difficultés, mais aussi pour recueillir des fonds auprès des enfants eux-mêmes, à Dakar et dans le reste du pays. Nous prévoyons aussi des visites sur le terrain et mettons en place un nouveau bureau, composé essentiellement de jeunes. Il est temps qu’ils prennent la tête… mais pour cela il faut que les anciens leur laissent la place.
    Nous voulions envoyer à Genève un de nos animateurs pour une formation approfondie sur les Droits Humains. Son dossier a été accepté, mais nous n’avons pas les moyens de payer le billet d’avion. Dommage !

  • Samedi 16 juin : Comme chaque samedi, je pars à la prison. Nous parlons des problèmes des prisonniers. En particulier pour les jugements et les remises de peine. Nous évaluons ensuite les séances d’animation culturelle que nous venons de lancer, pour recevoir leurs remarques et leurs propositions. Mais nous nous arrêtons surtout aux élections législatives C’est la grande question d’actualité du moment, et c’est important que les prisonniers se tiennent au courant. De plus, l’une de nos animatrices se présente comme candidate. Elle est passée à la télévision, en langue sérère, au sujet des femmes rurales. Nous réfléchissons longuement sur le rôle de député et sur les actions que la Commission Justice et Paix veut mener.
    12 heures. La cérémonie d’ordination est simple et très belle. Des membres de la Communauté de quartier sont venus y participer.

  • Vendredi 15 juin : A midi, je vais partager le repas avec un ancien qui souhaite des visites. J’en profite pour faire réparer mon vélo et mes lunettes.
    Le soir, rencontre de notre communauté de quartier. Vous pourrez en trouver le compte-rendu sur mon site (http://armel.duteil.free.fr). Comme un certain nombre de membres avaient été absents, nous prenons un temps suffisant pour nous donner des nouvelles. Après le partage d’Evangile, nous réfléchissons longuement sur les actions que nous pouvons mener pour les élections législatives. Ensuite, nous revenons sur l’équipe des jeunes et leurs différentes activités, avant de passer aux « Divers ».
    Demain, à midi, huit de nos étudiants vont recevoir les ordres mineurs, qui sont les premières étapes vers l’ordination sacerdotale. A partir de ce soir, ils entrent en prière (récollection) pour se préparer.

  • Jeudi 14 juin : Rencontre de fin d’année des prêtres du diocèse de Dakar, autour du Cardinal. Nous faisons le point de notre travail de toute l’année. Et surtout nous écoutons l’audit du plan pastoral des trois années passées, aux différents niveaux : la communion (entente), la prière, l’évangélisation et le service : dignité des personnes, action humanitaire et développement (Caritas), droits humains, justice et paix et réconciliation, etc… Ce travail d’évaluation s’est déroulé sur toute l’année et a été très bien mené depuis la base. Cela nous fournit une base très solide et très concrète pour que l’équipe d’animation puisse préparer le nouveau plan pour les trois années qui viennent. Nous prévoyons que cette équipe nous donne les grandes orientations. Mais que les actions concrètes à mener soient précisées par chaque paroisse, à partir des réalités et des possibilités locales. Dans un 2ème temps, l’équipe de formation permanente nous présente son plan d’action aux différents niveaux et avec les différents groupes et activités, en particulier sur la Parole de Dieu, la Doctrine sociale de l’Eglise et les Droits humains, etc…. Pour la formation à la base, nous utilisons les possibilités locales. Pour l’école des Cadres, l’équipe d’animation assurera cette formation au deuxième niveau, deux sections : engagement dans l’Eglise et engagement dans la Société.
    Après cette séance de travail intensif, nous partageons un repas fraternel qui nous permet de mieux nous connaître, car nous sommes nombreux. Et c’est une bonne occasion pour moi qui ai quitté le Sénégal depuis 1996. Il y a eu de nombreux jeunes prêtres ordonnés depuis ce temps-là ; c’est une grande chance et une grande espérance pour l’avenir.
    L’après-midi, un certain nombre d’entre nous (de la ville comme du secteur rural) vont assister aux obsèques du frère de l’un d’entre nous.

  • Mercredi 13 juin (suite) : Ce matin, je reprends contact avec l’Association l’APPEL et les enfants de la rue. Je vais à la maison d’accueil où nous rencontrons les enfants chaque mercredi. Je suis très heureux de les revoir, car du fait de toutes mes occupations j’avais un peu perdu contact avec eux. Nous parlons un bon moment ensemble, et je partage un bon temps aussi avec les éducateurs. Puis avec la responsable nous posons les bases du camp de la fin du mois. Je vous en reparlerai le moment venu.
    Je passe ensuite à la clinique voir un confrère qui nous a beaucoup aidés quand j’étais en Guinée. Il vient d’être opéré. Nous sommes heureux de nous revoir. J’en profite pour saluer les autres malades.
    Au retour, je passe un moment dans la Communauté des Frères de Taizé. Je suis toujours heureux de partager avec eux, car ils sont très fraternels et très proches des gens.
    A 13 heures, écoute à la prison, avec son lot de problèmes. En particulier, les détenus qui n’ont pas les moyens d’être défendus car les avocats demandent beaucoup d’argent. Plusieurs personnes que je rencontre aujourd’hui ont de graves problèmes de santé, mais à la prison il n’y a qu’une infirmerie, qui, en plus, manque gravement de médicaments.
    Je m’arrête plus longuement au cas d’un Sierra Léonais. On l’a fait venir au Sénégal pour travailler à un problème de développement. Il y a eu des cas de détournements et on lui a tout mis sur le dos, profitant du fait qu’il était étranger et qu’il ne comprenait pas le ouolof. Et lui non plus n’a pas d’avocat.
    Aujourd’hui, j’ai fait venir les membres de l’équipe chargée de la réinsertion des détenus. Je les présente à la direction puis au service social de la prison, et sans tarder nous nous mettons aussitôt au travail. Nous accueillons 4 détenus qui vont être libérés à la fin du mois. Nous voyons avec eux leurs différents problèmes : sortie = moyens financiers, habits, voyage, etc… Contacts avec la famille. Réconciliation avec les victimes. Recherche de travail et de moyens de vivre, etc… Chaque cas est spécial et nos moyens sont malheureusement limités.

  • Mercredi 13 juin : Comme je suis à la prison, je ne peux pas venir voir mes protégés. Mais je leur passe un coup de fil. La femme a été soignée, mais maintenant c’est l’enfant qui est malade. Il a de la fièvre et a vomi. Je téléphone à nouveau au chef de quartier, car le mari, devant tous les problèmes qui s’accumulent est complètement désemparé.
    Hier soir, par mail, j’ai contacté leur ami en France. Il est prêt à nous aider pour les médicaments. Et il va voir comment nous appuyer pour recommander le mari auprès de sociétés françaises établies à Dakar. Mais il nous faut d’abord faire son CV. Nous cherchons à trouver le maximum de solutions et de soutiens possibles. Mais sans prendre la place du mari, nous le soutenons pour qu’il prenne ses responsabilités et reprenne sa vie en main.
    Il fait mon admiration, car il aime vraiment sa femme et ne veut surtout pas la laisser, bien qu’il soit musulman et elle chrétienne, malgré l’opposition des deux familles.

  • Mardi 12 juin : Je retourne les voir. J’appelle le responsable de la communauté de quartier. A nouveau, je lui explique le problème. En attendant, la jeune femme a jeté à la fois les médicaments et l’ordonnance. Demain matin, ils l’amèneront au dispensaire des sœurs du quartier voisin pour lui faire une nouvelle ordonnance, lui trouver des médicaments et trouver une solution pour le suivi médical. Nous allons ensemble lui montrer la maison et le responsable de la communauté. Je les laisse continuer à régler les autres problèmes.
    Je vais à la Centrale des œuvres. Je rencontre les responsables des mouvements d’Action Catholique. Ensuite, travail avec la commission nationale Justice et Paix. Au programme, d’abord, notre plan d’action pour les 3 années qui viennent. Ensuite, les élections législatives : confection d’affiches, fiches de formation, pistes de travail etc…Quand j’ai terminé, je revois le responsable de la pastorale du diocèse, puis le frère conseiller de la JOCF (Jeunesse Ouvrière Féminine). Ensemble nous allons manger au restaurant des Filles Unies. C’est un centre pour jeunes filles que nous avons ouvert avec la JOCF dans les années 1990 et qui continue à bien fonctionner jusqu’à maintenant. Il y a d’abord un foyer tenu par elles-mêmes pour accueillir des jeunes filles qui viennent des villages chercher du travail en ville. Il y a aussi un centre de formation, principalement alphabétisation et couture. Pour couvrir les frais et faire marcher le centre, elles ont ouvert un restaurant. Cela leur permet de former d’autres jeunes filles. Elles travaillent très bien et elles ont beaucoup de clients. Elles m’accueillent très bien, c’est vrai que j’ai été longtemps aumônier national de la JOC. Mais je ne suis pas là seulement pour manger. Nous travaillons ensemble pour rédiger une lettre pour interroger les candidats aux futures législatives sur la situation des jeunes filles dans les villages, l’exode rural, les conditions de travail des employées de maison etc…

  • Lundi 11 juin : Reprise des activités. Le soir, messe à la paroisse, précédée de nombreuses confessions. Après la messe, réunion de la commission Justice et Paix pour préparer le passage dans les communautés de quartier en vue des élections législatives. Pendant la journée j’ai préparé la documentation nécessaire et répondu aux nombreux mails en retard. Heureusement il y avait du courant.
    Samedi, j’ai été appelé depuis la France. Une personne m’a téléphoné pour me signaler un couple en difficulté qu’il avait connu et aidé en France. Lui est musulman sénégalais, elle chrétienne ivoirienne. Ils se sont mariés, s’entendent très bien et ont un enfant. Ils avaient leurs papiers et un travail assurés tous les deux. Mais, loin de leurs pays, la femme a fait une dépression grave. Sa famille lui a donc demandé de rentrer en Côte d’Ivoire. Elle avait un magasin, mais qui a été pillé au moment des attaques à Abidjan, au temps du président Gbagbo. La femme est partie à Bamako au Mali. Ne trouvant personne pour l’aider, elle a continué jusqu’en Mauritanie. Ayant appris cela, son mari a laissé son travail en France et, aidé par des amis, est parti chercher sa femme, toujours en dépression. Ils sont rentrés au Sénégal dans le village d’origine du mari, à la frontière du Mali. Mais, au cours d’une autre crise, la jeune femme a mis le feu à leur maison. Ils ont dû fuir, car elle avait déjà causé un certain nombre de problèmes. Ils sont venus à Dakar, mais les problèmes ne font que s’accumuler. Ils ont été accueillis par un parent pour quelques jours. Mais celui-ci ne peut pas les prendre en charge, donc ils n’ont plus de logement. Ils n’ont plus de travail. Ils voudraient retourner en France, mais la femme a perdu ses papiers ; ceux du mari doivent être réactualisés. Mais l’ambassade de France de Dakar ne veut pas les prendre en charge car ils ne sont pas français. La première chose c’est de prendre en charge la femme, toujours malade. Nous l’amenons à l’hôpital psychiatrique de Fann. Le médecin responsable est absent, mais un autre lui fait une ordonnance. Nous nous cotisons pour acheter des médicaments. Après avoir fait une injection, nous retournons à la maison chercher des habits et de l’argent pour sa nourriture. Avec beaucoup d’inquiétude, car nous avons constaté que les malades sont traités sans beaucoup de douceur. A notre retour, la femme a disparu : elle s’est enfuie, étant sans surveillance. Nous la cherchons dans les quartiers environnants et ne la retrouvons qu’à 4H30 du matin, couchée par terre. Nous décidons donc de la reprendre à la maison. Surtout qu’on demande au mari 5.000 F CFA par jour pour la chambre, sans compter la nourriture et les frais médicaux, ce que le mari ne peut évidemment pas prendre en charge.
    Je continue tout de suite mon récit, écrivant ces notes après coup. Hier je leur ai téléphoné plusieurs fois pour les encourager, ne pouvant pas me libérer pour aller les voir. Le lundi 11 juin, je téléphone au curé de la paroisse où se trouve leur maison et je prends un rendez-vous avec le responsable de Justice et Paix. Je lui explique le problème et nous voyons ce qu’il est possible de faire. D’abord nous cherchons une infirmière pour faire les injections (à l’hôpital ils ont prévu des injections au lieu de demander des comprimés, il faut chercher et payer une infirmière à chaque fois ). Ensuite nous voyons l’avenir : il faut à tout prix trouver quelqu’un pour garder cette femme et leur enfant de 3 ans pour que le mari soit libre pour chercher du travail. Ce qui ne sera pas un mince affaire, vu les problèmes énormes à Dakar.

  • Dimanche 10 juin : Aujourd’hui je reste en communauté pour animer une journée de prière (récollection) avec nos étudiants. Je prends comme thème : notre vocation et notre mission comme religieux missionnaires spiritains. Quelle est notre identité et quelle formation pour cela ? Je pars du document de travail préparatoire à notre 20° chapitre général. Des délégués venus de tous les pays où nous travaillons font faire le point de notre vie et de notre engagement, les analyser, évaluer et tracer des voies nouvelles pour l’avenir. Ce sera l’occasion de renouveler l’équipe générale qui est à notre tête. Nous avons déjà répondu aux questionnaires de ce document. Mais aujourd’hui nous voulons les méditer dans la prière. Et nous avons deux temps de partage pour échanger nos réflexions au niveau de la foi. Cela nous donne ainsi une base solide pour notre vie actuelle en communauté et pour les engagements futurs des étudiants. Tout se passe avec beaucoup de sérieux et nous renforce dans nos convictions et nos engagements.

  • Samedi 9 juin : A la prison, nous commençons à faire le compte-rendu de notre rencontre de jeudi. Puis nous partageons nos tristesses (maladies, décès, la guerre dans plusieurs de nos pays), mais aussi nos joies. Ensuite nous faisons le point sur les passages au tribunal, et les libérations, pour préparer les réinsertions, l’accueil en famille et la réconciliation, les recherches d’avocats bénévoles pour les prisonniers démunis, les interventions possibles au ministère pour améliorer le fonctionnement de la justice, etc…
    Partage de la parole de Dieu (Marc 14 12-14 et 22-28), L’Evangile de la fête du Saint Sacrement. Nous regardons d’abord Jésus, le vrai croyant, qui pratique sa religion et prie avec ses apôtres, dans l’amitié. Jésus qui connaît tout (« ils trouvèrent toutes choses comme Jésus l’avait annoncé »), mais qui fait confiance à ses disciples et leur confie des responsabilités. Mais surtout Jésus qui nous aime : il donne sa vie pour nous. Il veut rester parmi nous après sa mort, par l’Eucharistie. Et qui nous remplit de son amour par la Communion. Il fait une nouvelle Alliance avec tous les hommes. Il nous fait entrer dans son Royaume, en attendant de nous réunir pour toujours dans la joie auprès de Son Père. « Jésus nous aime et nous sommes sauvés ».
    Que faire ? Croire à la présence de Jésus dans l’Eucharistie. Continuer la mission de Jésus : vivre en communion avec le Christ, mais aussi avec nos frères et sœurs. Ne pas garder l’amour de Jésus pour nous, ni Sa Parole. A partir de là, nous avons rappelé le déroulement de la messe - un chant pour dire merci à Dieu et nous unir – une demande de pardon pour préparer nos cœurs – Prière de l’Ecoute de la Parole de Jésus, notre vérité, notre chemin et notre vie – Nous y répondons en chantant notre foi et en priant pour le monde entier.
    Mais nous nous sommes surtout attachés au sacrifice qui a une grande signification en Afrique. D’abord parce que les sacrifices sont très importants, aussi bien dans les religions traditionnelles africaines que dans l‘Islam (le sacrifice d’Abraham = Aid el Kébir, Tabaski), que pour nous dans l’Ancien Testament ( l’Agneau Pascal qui libère et sauve le peuple d’Israël au temps de Moïse). Mais bien sûr, pour nous, le vrai sacrifice, le seul qui nous sauve, c’est celui du Christ. Ce n’est pas le sang des poulets, des moutons ou des taureaux qui peuvent nous laver de nos péchés. Ce ne sont pas les corps de ces animaux qui peuvent nourrir nos cœurs, mais bien celui de l’Agneau de Dieu qui remplit nos vies de son amour. La Communion = union avec Dieu et union entre nous (voir les 2 premières lectures de cette fête).
    Nous insistons d’abord sur la prière de l’Offertoire :
    1°) Tu es béni
    2°) Dieu de nos frères
    3°) Dieu de l’Univers
    4°) Toi qui nous donnes le pain : pain de l’amitié, signe des gestes de partage que nous vivons chaque jour
    5°) Fruit de la terre : Nous ne pouvons pas célébrer l’Eucharistie en vérité, si nous ne respectons pas notre terre, la terre que Dieu nous a confiée. Or, nous sommes en train de salir et casser la création de Dieu : par le réchauffement de la terre, les émissions de gaz qui attaquent la couche d’ozone, l’accaparement des terres et les bio-carburants, la disparition des espèces animales et végétales tec…et à la base par nos feux de brousse, les arbres que nous coupons sans en replanter d’autres, les ordures que nous jetons dans la rue, nos eaux polluées qui se déversent sur les routes. Nous parlons, bien sûr de la conférence de Rio + 20
    6°) Fruit du travail : si nous ne travaillons pas dans la semaine, qu’avons-nous à offrir le dimanche ?
    7°) Le travail des hommes, de tous les hommes. Paul nous dit que nous sommes les ambassadeurs de nos frères. C’est toute la vie, de tous nos frères que nous venons offrir au Père, dans les mains du Christ.
    8°) Ce vin, fruit du raisin écrasé, symbole de tous les hommes et les femmes qui sont écrasés dans le monde. Ce sont toutes les souffrances des hommes que nous portons, unies aux souffrances du Christ sur la Croix, pour qu’elles deviennent vie et espérance par nos actions unies à la Résurrection du Christ. C’est le sens de la grande prière de l’offrande eucharistique (le sacrifice du Christ) « Par Lui, avec Lui et en Lui » où nous offrons Dieu notre Père, au service du Royaume, unis au Corps et au Sang du Christ présents parmi nous. Nous sommes les membres de son Corps.
    Nous nous sommes aussi arrêtés au Notre Père, à la prière pour la Paix et à la Communion. Et ensuite l’envoi pour annoncer l’Evangile et construire le Royaume, en attendant le jour où nous boirons le « vin nouveau » avec le Christ, dans le Royaume du Père.
    Après cela, bien sûr, nous célébrons l’Eucharistie ! Et nous la prolongeons, comme chaque fois, par une rencontre d’amitié, où les prisonniers ne manquent pas d’exposer leurs soucis, leurs souffrances et leurs problèmes. Et où nous partageons avec eux ce que nous avons pu préparer pendant la semaine : nourriture, médicaments, petit matériel etc…
    A la sortie, nous parlons un bon moment avec le personnel pénitentiaire, avant de nous retrouver entre animateurs pour faire le point de notre rencontre et préparer la suivante.
    18 heures 30 : Messe dans un quartier. Comme nous ne sommes pas nombreux, chacun peut prendre la parole. Nous partageons la Parole de Dieu dans la simplicité et avec joie.

  • Vendredi 8 juin : Travail à la maison. Je finis de mettre au point le compte-rendu de notre dernière réunion de communauté de quartier qui traîne depuis quinze jours. Je me mets au compte-rendu de la réunion d’hier. Puis je me mets à la rédaction d’un document sur le 50° anniversaire du Concile Vatican II, le document « l’Eglise dans le monde de ce temps ». C’est un très gros travail qui n’avance pas vite.
    En début d’après-midi, le mari que j’ai rencontré la semaine dernière me briffe en urgence. Sa femme va très mal et il est complètement paniqué. Je saute sur mon vélo et le rejoins d’urgence. Je trouve un voisin très gentil qui les a accueillis entre temps, car ils ont été chassés par leur ancien propriétaire. Je le remercie et le félicite. Ensemble, nous amenons cette jeune femme à l’hôpital psychiatrique de la ville, en urgence. Je prends aussi un temps pour parler avec leur fils de 5 ans, qui, bien sûr, est très perturbé. Je reviendrai demain pour suivre les choses.
    21 heures : rencontre de notre communauté d’étudiants. La fin de l’année approche et demain ils vont commencer leurs examens. Nous faisons l’évaluation de notre année aux différents niveaux : notre vie de communauté, notre vie de prière, nos engagements et les études. Chacun apporte ses réflexions. C’est ce qui permettra de mieux organiser notre vie l’année prochaine.

  • Jeudi 7 juin : Retour à la prison. Après trois reports, nous nous retrouvons entre responsables de l’aumônerie de la prison, l’encadrement de la prison et le personnel pénitentiaire. Cela faisait longtemps que nous voulions organiser cette rencontre pour mieux nous connaître et nous comprendre, coordonner nos actions et voir comment améliorer les choses. D’ailleurs, effectivement, nous avons pu régler un certain nombre de problèmes d’organisation. Nous leur expliquons le fonctionnement de l’aumônerie. Car la plupart sont musulmans et ont de la peine à comprendre l’organisation de l’Eglise Catholique. Nous leur expliquons notre façon de travailler et nous leur présentons nos différentes commissions (voir mon site : rubrique prison). Deux choses les touchent spécialement : que nous travaillions tous bénévolement et que l’aide de toute sorte que nous apportons (nourriture, habits, produits d’hygiène, médicaments, outils, matériel scolaire etc…) soit le fruit de dons, de cotisations ou d’activités propres. En suite que nous travaillions avec tous sans aucune distinction de religion, de pays ou de niveau social. Ils nous demandent le compte-rendu pour pouvoir l’étudier entre eux avant la prochaine rencontre et aussi pour l’envoyer au ministère.
    Une de nos animatrices a un décès. Nous prions pour elle et allons à l’enterrement. La rencontre d’animation culturelle est donc supprimée, au grand regret des prisonniers.
    A 18 heures, rencontre avec les fiancés qui se préparent au mariage sur la sexualité dans le mariage.

  • Mercredi 6 juin : Rencontre à la prison : écoute. Là aussi les problèmes sont nombreux. Des prisonniers sont internés à Dakar, loin de leur région d’origine. En effet, on regroupe les prisonniers à Dakar, dans des prisons de plus de mille détenus, ce qui rend la vie difficile, alors qu’il y a des prisons dans les régions. Le résultat c’est qu’ils sont loin de leur famille, isolés et sans aucun soutien. Sans visite, et sans recevoir de nourriture ou autres produits nécessaires (santé…). Il y aurait là certainement quelque chose à faire et cela soulagerait le problème à Dakar en réduisant le nombre et en rendant la vie plus humaine.
    Un autre prisonnier est complètement désespéré. Son enfant a disparu et sa femme a perdu la tête.
    Un autre est découragé. Quelqu’un a porté plainte contre lui à la gendarmerie, mais il ne se présente jamais au tribunal. Cela fait cinq fois que le jugement de ce détenu est reporté, et il ne voit aucune solution.
    Un autre vient d’être renvoyé, parce que le juge avait un décès dans sa famille et a tout fait annuler.
    Enfin je parle avec un berger peuhl qui parle simplement quelques mots de oulof et qui se retrouve complètement perdu en ville, et en prison encore plus.
    Deux nouveaux visiteurs formés sont venus m’assister à partir d’aujourd’hui : notre équipe s’élargit et les animateurs acquièrent peu à peu de l’expérience. Et c’est très encourageant.

  • Mardi 5 juin : On me signale un couple en difficulté à Dakar. Ils viennent donc me voir au titre de Justice et Paix. En fait, quand le garçon me voit, il me reconnaît. Je l’ai connu quand il était élève à Saint Louis. Sa femme a eu un premier enfant avec un autre homme qui ne s’est jamais occupé de son enfant. Six ans plus tard, il réapparaît et veut prendre son enfant. Il va falloir régler cela avec doigté.
    L’après midi, je prépare mes prochaines interventions avec les étudiants et avec les fiancés (préparation au mariage).

  • Lundi 4 juin : Nous nous retrouvons, tous les prêtres du secteur, en réunion de doyenné pour évaluer notre travail de cette année. Mais je passe d’abord à la paroisse faire le point avec l’aumônier des jeunes.
    A la rencontre chaque paroisse présente ses activités avec son évaluation. Puis nous voyons les actions de certains groupes spéciaux au niveau global : les mouvements de jeunes (coordination des jeunes, scouts, CV-AV…), les différents groupes (charismatique, associations féminines), la Caritas (Secours Catholique et les projets de développement). Nous nous arrêtons en particulier aux réunions d’ensemble, aux rencontres de masse et aux activités générales : marches, pèlerinages etc… qui sont toujours difficiles à organiser et où on n’arrive pas toujours à une réflexion en profondeur ni à des actions concrètes et suivies. Sans oublier les chorales, le sport etc… Toutes ces activités demandent davantage de préparation et de réflexion. Nous n’oublions pas toute la question de la formation humaine et de la catéchèse, des préparations au mariage. Nous voyons aussi la question du renouvellement des formations données mais aussi des animateurs. Nous nous arrêtons aussi à la question des retraites, recollections et formations spirituelles. Et la formation des analphabètes et des personnes ne parlant pas français. Et nous continuons avec les commissions de Justice et Paix. Chaque paroisse a déjà envoyé à l’évêque l’évaluation du dernier Plan Pastoral de trois ans et nous attendons maintenant le prochain plan d’action pour les trois années à venir à partir de septembre.
    Dans un deuxième temps, nous écoutons un groupe de laïcs. Et ensuite une dame qui vient nous présenter son dernier livre et les problèmes qu’elle a eus pour l’éditer. Il y a là beaucoup de choses à faire.
    Ensuite nous faisons une évaluation globale de cette année et tirons des conclusions et précisons des orientations pour l’année prochaine : pour la pastorale des prisons et des malades, pour les mouvements d’action catholique (JOC, JEC …) et pour toutes les activités sociales dans les quartiers : formations féminines, soutien aux nécessiteux, enfants de la rue, familles pauvres, chômeurs, formation professionnelle et alphabétisation, malades et handicapés, migrants, prisons, etc…
    Nous nous arrêtons spécialement à la question des communautés de quartier. Nous décidons de partir de la base et de ce qui se fait déjà. Nous allons commencer à la rentrée par une rencontre des responsables : voir ce qui se vit, les difficultés, les solutions possibles, afin de tracer des orientations précises pour l’année qui vient. Il y a du pain sur la planche… et de l’espoir !

  • Dimanche 3 juin : Messe des enfants, toujours aussi animée. Je leur explique le sens des gestes et prières, au fur et à mesure.
    Puis je vais visiter le doyen des prêtres des Guinée à la clinique. Mais il vient de sortir. Je le regrette d’autant plus que je ne sais pas où il est parti. Je vais chercher.
    Je vais rejoindre la kermesse de la paroisse. Elle a été retardée à cause des élections présidentielles et avec la fin de l’année. Il y a moins de monde, ce qui ne nous arrange pas car nous avons besoin de fonds pour nos différentes activités. Les jeunes de notre jeune communauté tiennent un stand et sont très heureux de me le présenter. C’est aussi l’occasion de voir des amis et de faire de nouvelles rencontre très agréables. Un moment de détente, cela fait du bien ! Et un certain nombre de personnes en particulier des gens qui ont reçu mes mails et qui se proposent de nous rejoindre pour le travail à la prison et auprès des enfants de la rue.

  • Samedi 2 juin : Préparation des stages
    La fin de l’année approche ! Il nous faut donc préparer les vacances de nos étudiants. Ils vont partir en stage dans les trois pays environnants : Guinée, Guinée Bissao et Sénégal. Pour la Mauritanie c’est très difficile actuellement. Ils avaient bien des activités pastorales pendant l’année, mais c’était en ville. Nous voulons donc qu’ils descendent en secteur rural. Et qu’après une année d’études et d’enseignement de la catéchèse en paroisse, ils travaillent dans les quartiers dans le domaine social. Ce ne sont pas les problèmes qui manquent ! C’est important, et il nous faut bien préparer cela, à partir des réflexions de nos rencontres de mardi et mercredi.
    Dix heures : au camp pénal, prison des hommes
    Comme chaque fois, nous leur demandons les nouvelles de la prison et nous les laissons parler librement. La conversation s’oriente vers le pèlerinage national de Popenguine. Certains n’ont pas pu le suivre à la télévision bien qu’il y en ait une dans chaque chambrée. Il faut dire que 90% des prisonniers sont musulmans et que les émissions catholiques ne les intéressent pas. Que faire ! Certains voudraient utiliser la force. D’autres passer par l’autorité : les chefs de chambre, le poste de garde ou même le directeur de la prison.
    Cela nous mène à réfléchir aux relations entre chrétiens et musulmans. Nous reconnaissons qu’elles sont bonnes en général : il existe entre eux le respect, l’entente mais aussi les conseils et le partage. Et pour les émissions chrétiennes du Dimanche, plusieurs chefs de chambre les font passer et il n’y a pas de problèmes : les camarades musulmans sont d’accord… d’autant plus qu’ils regardent les émissions religieuses musulmanes le vendredi. Là où il y a problème, nous choisissons de parler ensemble pour trouver une solution dans le respect, l’amitié et la compréhension. Et de ne pas augmenter les problèmes en étant trop exigeants. Nous refusons donc toute solution de force… d’autant plus que nous sommes très minoritaires.
    Cela nous amène à réfléchir à l’Evangélisation, à partir de l’Evangile de demain, fête de la Trinité (Mat 28,16-20). Il ne s’agit pas de convertir les gens … surtout pas par la force ! mais de partager une Bonne Nouvelle (l’Evangile ) avec ceux qui le désirent. Et de leur apprendre à garder la Parole de Dieu « plus par notre exemple et le témoignage de notre vie que par nos paroles d’ailleurs » (Marc 16, 17-18). Il s’agit donc de proposer à ceux qui le veulent de vivre les valeurs de l’Evangile, et cela dans leur vie concrète, dans leur propre religion, s’ils ne souhaitent pas devenir chrétiens. Quant à ceux qui veulent être baptisés nous allons organiser des cours de catéchèse ! Certains détenus chrétiens de tendance plus traditionnelle ont de la peine à accepter ces orientations. Il va falloir avancer doucement avec eux, en respectant leur point de vue.
    Nous faisons aussi le point de notre première séance d’animation culturelle. Comme c’était la première fois, il a fallu du temps pour s’installer. Et il y avait aussi deux activités qui se télescopaient. Et puis, tout le monde ne comprend pas le ouolof. Il faudra prévoir des films en anglais et peut-être même en français (bien que langue officielle du Sénégal, il n’est parlé que par une minorité dans le pays et nous avons la chance d’avoir une langue devenu commune : le ouolof). Nous voyons aussi les thèmes qui les intéressent. En tout cas, ils ont apprécié la discussion après la projection.
    Enfin, nous préparons la prière du dimanche qu’ils feront entre eux, à l’intérieur de la prison.
    A la sortie de la prison, un jeune couple m’attend. Lui est sénégalais elle est ivoirienne. Ils ont dû quitter la Côte d’Ivoire à cause de la guerre. Ils ont tout perdu. Arrivés à Dakar, ils n’ont pas trouvé de travail. Ils sont obligés de se débrouiller pour vivre. La femme a fait une dépression grave et elle n’arrive pas à s’en sortir. Leur enfant est très perturbé. La famille du mari n’accepte pas sa femme, étrangère et d’une autre religion. Et le propriétaire de la maison où ils logent menace de les renvoyer, car cela fait plusieurs mois qu’ils n’ont pas payé leur loyer. Alors, ils sont venus me voir. Cela m’arrive très souvent qu’à la maison, à la sortie de la messe ou ailleurs, des gens viennent nous voir et nous poser leurs problèmes. Malheureusement nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voudrions pour eux. Mais parler ensemble leur donne un peu de réconfort. Et bien plus, en nous parlant, ils trouvent le courage de s’en sortir et même des solutions à leurs problèmes !

  • Vendredi 1° juin : A la maison d’arrêt : Aujourd’hui nous parlons de la vie à la prison. Nous sommes très heureux car les femmes sont à l’aise et parlent de plus en plus d’elles-mêmes, sans crainte. C’est un très grand progrès et le signe d’un début de libération intérieure. Elles expliquent d’abord aux nouvelles animatrices ce qu’elles font du matin au soir, selon les jours de la semaine. Avec les activités, en particulier la formation à la coiffure et au micro-jardinage, fabrique de jus de fruits, couture et teinture. Et aussi l’alphabétisation et les cours scolaires. Comment elles sont réparties et s’organisent pour leurs propres activités (lessive...) et les travaux communautaires : nettoyage, cuisine, vaisselle etc…Et aussi comment elles s’entraident. Elles cherchent non seulement à se connaître, mais aussi à se soutenir, échanger leurs idées et leurs soucis, et surtout pour se concilier et se réconcilier. Au niveau religieux, elles participent aux activités que nous organisons. Et il y a une très bonne entente entre chrétiennes et musulmanes. Mais le problème, c’est pour prier personnellement, car, bien sûr, elles ne sont jamais seules (elles logent en dortoir). Elles attendent donc que tout le monde soit endormi pour prier et méditer en silence. Ou pour réciter le chapelet, une prière simple, facile, et que toutes peuvent faire. Et nous venons juste de terminer le mois de mai !
    Elles nous parlent aussi d’elles-mêmes, de la fête des Mères (moi je n’osais pas car elles sont bien sûr, séparées de leur famille !). Elles parlent de leurs enfants, auxquelles elles pensent beaucoup, avec tristesse. Mais elles remercient aussi les détenues plus âgées. Elles disent : « Ce sont elles nos mamans. Nous voulons leur souhaiter une bonne fête. Et être heureuses avec elles ».
    Pour la prochaine fois, elles demandent que nous leur parlions de la vie des pays, des actions du nouveau gouvernement, des audits et des enquêtes financières sur le gouvernement précédent, des élections législatives, etc ….
    Elles sont en prison mais restent très ouvertes à ce qui se passe dans le pays. Même les étrangères. Et pour nous, cela aussi est un très bon signe.
    Nous terminons par une prière d’intentions libres. Elles sont nombreuses, car elles ont beaucoup de choses à dire et maintenant elles n’hésitent plus pour parler.
    Après la prière, nous prenons un temps pour parler librement. Puis nous passons dans les ateliers et saluons le personnel des différents services pour entretenir nos très bonnes relations. On nous parle de la fête de la semaine dernière. L’adjointe de la directrice est mutée. La prison a organisé une fête d’adieu. Elle a vraiment bien travaillé et les détenues lui ont préparé un cadeau. Tout se passe donc aussi bien que possible. Il va falloir nous habituer à sa remplaçante.
    Le doyen des prêtres de Guinée, que je connais bien, est venu à Dakar pour l’enterrement de sa sœur. Le voyage l’a beaucoup fatigué et le décès beaucoup touché. On a dû l’hospitaliser. Je m’empresse d’aller le visiter. Le Vicaire Général est venu de Conakry spécialement pour cela. Nous avons la joie de nous revoir et parler un moment ensemble. Cela me rappelle évidemment énormément de souvenirs et me touche beaucoup. Nous parlons en particulier de tous les efforts de réconciliation dans le pays.

  • Samedi 2 juin : Préparation des stages
    La fin de l’année approche ! Il nous faut donc préparer les vacances de nos étudiants. Ils vont partir en stage dans les trois pays environnants : Guinée, Guinée Bissao et Sénégal. Pour la Mauritanie c’est très difficile actuellement. Ils avaient bien des activités pastorales pendant l’année, mais c’était en ville. Nous voulons donc qu’ils descendent en secteur rural. Et qu’après une année d’études et d’enseignement de la catéchèse en paroisse, ils travaillent dans les quartiers dans le domaine social. Ce ne sont pas les problèmes qui manquent ! C’est important, et il nous faut bien préparer cela, à partir des réflexions de nos rencontres de mardi et mercredi.
    Dix heures : au camp pénal, prison des hommes
    Comme chaque fois, nous leur demandons les nouvelles de la prison et nous les laissons parler librement. La conversation s’oriente vers le pèlerinage national de Popenguine. Certains n’ont pas pu le suivre à la télévision bien qu’il y en ait une dans chaque chambrée. Il faut dire que 90% des prisonniers sont musulmans et que les émissions catholiques ne les intéressent pas. Que faire ! Certains voudraient utiliser la force. D’autres passer par l’autorité : les chefs de chambre, le poste de garde ou même le directeur de la prison.
    Cela nous mène à réfléchir aux relations entre chrétiens et musulmans. Nous reconnaissons qu’elles sont bonnes en général : il existe entre eux le respect, l’entente mais aussi les conseils et le partage. Et pour les émissions chrétiennes du Dimanche, plusieurs chefs de chambre les font passer et il n’y a pas de problèmes : les camarades musulmans sont d’accord… d’autant plus qu’ils regardent les émissions religieuses musulmanes le vendredi. Là où il y a problème, nous choisissons de parler ensemble pour trouver une solution dans le respect, l’amitié et la compréhension. Et de ne pas augmenter les problèmes en étant trop exigeants. Nous refusons donc toute solution de force… d’autant plus que nous sommes très minoritaires.
    Cela nous amène à réfléchir à l’Evangélisation, à partir de l’Evangile de demain, fête de la Trinité (Mat 28,16-20). Il ne s’agit pas de convertir les gens … surtout pas par la force ! mais de partager une Bonne Nouvelle (l’Evangile ) avec ceux qui le désirent. Et de leur apprendre à garder la Parole de Dieu « plus par notre exemple et le témoignage de notre vie que par nos paroles d’ailleurs » (Marc 16, 17-18). Il s’agit donc de proposer à ceux qui le veulent de vivre les valeurs de l’Evangile, et cela dans leur vie concrète, dans leur propre religion, s’ils ne souhaitent pas devenir chrétiens. Quant à ceux qui veulent être baptisés nous allons organiser des cours de catéchèse ! Certains détenus chrétiens de tendance plus traditionnelle ont de la peine à accepter ces orientations. Il va falloir avancer doucement avec eux, en respectant leur point de vue.
    Nous faisons aussi le point de notre première séance d’animation culturelle. Comme c’était la première fois, il a fallu du temps pour s’installer. Et il y avait aussi deux activités qui se télescopaient. Et puis, tout le monde ne comprend pas le ouolof. Il faudra prévoir des films en anglais et peut-être même en français (bien que langue officielle du Sénégal, il n’est parlé que par une minorité dans le pays et nous avons la chance d’avoir une langue devenu commune : le ouolof). Nous voyons aussi les thèmes qui les intéressent. En tout cas, ils ont apprécié la discussion après la projection.
    Enfin, nous préparons la prière du dimanche qu’ils feront entre eux, à l’intérieur de la prison.
    A la sortie de la prison, un jeune couple m’attend. Lui est sénégalais elle est ivoirienne. Ils ont dû quitter la Côte d’Ivoire à cause de la guerre. Ils ont tout perdu. Arrivés à Dakar, ils n’ont pas trouvé de travail. Ils sont obligés de se débrouiller pour vivre. La femme a fait une dépression grave et elle n’arrive pas à s’en sortir. Leur enfant est très perturbé. La famille du mari n’accepte pas sa femme, étrangère et d’une autre religion. Et le propriétaire de la maison où ils logent menace de les renvoyer, car cela fait plusieurs mois qu’ils n’ont pas payé leur loyer. Alors, ils sont venus me voir. Cela m’arrive très souvent qu’à la maison, à la sortie de la messe ou ailleurs, des gens viennent nous voir et nous poser leurs problèmes. Malheureusement nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voudrions pour eux. Mais parler ensemble leur donne un peu de réconfort. Et bien plus, en nous parlant, ils trouvent le courage de s’en sortir et même des solutions à leurs problèmes !

  • Jeudi 31 mai : Après-midi : Préparation d’une deuxième formation à la gestion pour nos étudiants.
    Soir : Visites dans le quartier et contacts avec des familles. Je suis toujours heureux de faire des nouvelles connaissances et je suis toujours très bien accueilli.

  • Mardi 29 mai : J’ai commencé à travailler tranquillement à la maison, mais on m’appelle. Le Conseil de la FANO (la Fondation des spiritains pour l’Afrique du Nord Ouest) se tient jusqu’à vendredi soir. Mais le secrétaire est empêché. On me demande de le relever au pied levé. Cela ne m’arrange pas du tout, car j’avais beaucoup d’activités prévues, dont certaines très importantes. Malgré tout j’accepte. Mais il va falloir annuler rendez-vous et rencontres de travail. Finalement, en parlant ensemble, on arrive à des compromis qui me permettent de tenir mes engagements les plus importants. Je maintiens une rencontre avec le directeur de la prison des hommes, une autre avec le personnel.
    Par ailleurs, je suis heureux de pouvoir commencer, le jeudi 31 mai, notre première séance d’animation culturelle, à la prison des hommes. C’était prévu depuis longtemps, mais il faut toujours beaucoup de temps pour mettre les choses en place. Il nous fallait aussi trouver le matériel et des films à projeter en ouolof, car la plupart ne comprennent pas le français. Nous ferons également des projections en anglais pour les anglophones qui sont nombreux (nigérians, sierra-léonais, libériens, etc…).
    Nous avons trouvé des DVD dans ces langues. Des pièces de théâtre intéressantes et éducatives qui nous permettent de lancer un débat, car bien sûr nous ne voulons pas nous contenter de « faire du cinéma » pour occuper le temps. Le problème, c’est de trouver des animateurs qui libres en semaine, car ces animations ne sont pas possibles en week-end. Nous allons continuer à chercher !
    Après un contact (ils sont réguliers) avec le régisseur de la prison, je vais voir le greffier pour avoir les noms des prisonniers libérables, pour préparer leur réinsertion. C’est important et il faut s’y prendre à l’avance.

  • Lundi 28 mai : Pèlerinage national à Popenguine
    Comme chaque lundi de Pentecôte, et pour la 123ème année. Les jeunes (environ 4.500 pour la seule ville de Dakar) sont partis depuis 3 jours, à pied, en marche pèlerinage, sur le thème : « Qu’ils soient un ». Et c’est vrai que le pays a un grand besoin d’unité en ce moment. C’est l’occasion de nous retrouver entre frères et sœurs de tous le Sénégal, mais aussi de Mauritanie, Cap Vert, Guinée Bissao, Guinée Conakry, Mali, autant de pays où les problèmes ne manquent pas non plus. Autant d’intentions de prières. Il y a énormément de monde, mais tout se passe dans le calme et la discipline, malgré la grande chaleur qui est arrivée.

  • Dimanche 27 mai : Nous célébrons la Pentecôte à la Mission. C’est aussi notre fête, pour tous les Spiritains. Le soir, nous nous retrouvons avec nos Sœurs spiritaines, les laïcs de nos fraternités et un certain nombre d’amis, pour célébrer le 309ème anniversaire de notre Congrégation. Nous commençons par regarder une vidéo sur l’assassinat de 20 de nos confrères au Congo, à Kongolo, en 1962. 2012, c’est le 50ème anniversaire. Après un temps de prière, nous partageons le repas ensemble.

  • Samedi 26 mai : Visite à la prison. Je les mets au courant des différentes activités que nous mettons en place : les visites, les parrainages, les animations culturelles, les ateliers, etc… Pas seulement pour qu’ils soient au courant et que tous puissent en profiter, mais d’abord pour qu’ils fassent leurs remarques et donnent leurs propositions. Ce qu’ils ne manquent pas de faire. Ensuite, nous abordons à nouveau la question des appels, des réductions de peine, recours en grâces et liberté provisoire, réinsertion et réconciliation avec les familles et les victimes. Ce sont toujours des questions difficiles et qui font beaucoup souffrir.
    Ensuite, nous partageons la Parole de Dieu : le récit de la Pentecôte. Il y a de nombreuses questions sur le Saint Esprit. Nous y reviendrons la prochaine fois. Pour aujourd’hui, nous tirons les conclusions de la visite du Cardinal dans notre paroisse, en particulier pour ce qui concerne la vie à la prison. L’heure est passée mais le personnel est compréhensif et nous prenons le temps de parler personnellement avec l’un ou l’autre.
    Le soir, nous célébrons la journée de l’Afrique, jour anniversaire de la fondation de l’Union Africaine. Nous passons un film sur la réconciliation en Afrique du Sud à la fin de l’apartheid.
    15 heures. Rencontre des religieux. Nous nous retrouvons entre délégués des congrégations religieuses masculines, à la demande du Cardinal, pour réfléchir à notre participation, en tant que religieux, au travail pastoral dans le diocèse de Dakar. Cela demande que nous re-précisions pour quoi nous sommes faits (notre charisme et notre mission) : Voir le compte rendu sur mon site. Nous allons retourner à la base pour travailler tout cela, avant de nous retrouver en Juin.

  • Vendredi 25 mai : Comme chaque vendredi, rencontre avec les femmes à la prison. Elles sont sur place, mais cela ne les empêche pas d’arriver avec 30 minutes de retard ! Nous nous donnons des nouvelles de la prison : 11 d’entre elles sont parties au Tribunal ce matin. Nous parlons d’une femme qui est malade ; puis d’une autre qui a fait se réconcilier deux détenues qui ne s’entendaient pas. Elle nous explique combien cela a été difficile, car elle est beaucoup plus jeune qu’elles.
    Nous parlons aussi du travail de Justice et Paix et de la préparation des élections législatives. Puis nous partageons la Parole de Dieu : l’histoire de la Pentecôte.
    A 15 heures, Gabriel, enseignant, (et aussi chef scout) et membre de notre communauté de quartier, vient assurer une formation à nos étudiants sur la gestion. C’est important car ils sont appelés à être responsables de paroisses, de groupes et Mouvements et de divers projets. Ils en sont très heureux et participent bien.
    21 heuresRéunion de communauté de quartier. Nous commençons par faire le point sur le déroulement de nos réunions. Avec le temps, l’ordre du jour devient de plus en plus chargé et les réunions s’allongent. Comme les gens se connaissent bien maintenant, il y a des apartés et cela alourdit les partages. Nous décidons de minuter nos réunions, d’avoir un responsable du timing et de répartir les thèmes sur deux réunions. Nous demandons aussi à chacun de mieux préparer les rencontres et de travailler les convocations ainsi que les comptes-rendus. Tout le monde est d’accord.
    Là aussi, nous partageons nos réflexions sur le récit de la Pentecôte (voir mon site, rubrique CEB/CCB). Mais d’abord nous nous donnons les nouvelles : rencontres, malades, voyages, actions menées, difficultés, questions que nous nous postons, etc… Puis la famille d’accueil se présente avec les enfants, leurs activités, etc… Et nous abordons les autres points prévus : 1) la prochaine campagne électorale des législatives. 2) les activités des jeunes dans le quartier et avec les enfants de la rue. 3) les problèmes de l’école et des examens. 4) le compte-rendu et les conclusions de la visite du Cardinal.

  • Jeudi 24 mai : Nous allons fêter le 50ème anniversaire du Concile Vatican 2. C’est important de voir où nous en sommes 50 ans après. Déjà, pendant l’Avent l’année dernière, j’ai présenté le document « L’Eglise dans le monde de ce temps » dans une paroisse. Vous pouvez consulter ces fiches dans mon site, rubrique Vatican, 50. A partir de là, on m’a demandé de développer cette recherche. C’est un gros travail. J’ai recueilli beaucoup de documentation. Avant de me lancer dans une première rédaction, il faut travailler tout cela. Je le fais au fur et à mesure de mes possibilités, en profitant des moments perdus : attente dans les bureaux, retards dans les réunions, etc… C’est pourquoi j’emmène toujours du travail avec moi. Ce matin, la réunion avec le personnel pénitentiaire est supprimée au dernier moment (ça arrive assez souvent !). J’ai donc un bon moment pour travailler tranquillement. Je coupe mon téléphone, il enregistrera les appels.
    Après-midi : réunion avec l’Association « Santé à la prison ».

  • Mercredi 23 mai : Rencontre à la prison. Nous passons aux choses concrètes. Nous avons préparé cela avec le directeur et ensuite avec le service social. Aujourd’hui, nous leur présentons d’abord l’équipe d’animation culturelle. Nous allons voir la salle polyvalente à l’intérieur de la prison et voyons comment installer le matériel. Nous passerons des CD à caractère éducatif, pour permettre une réflexion commune, mais simples et intéressants par exemple les pièces de théâtre qui sont transmises à la télévision. Nous le ferons en ouolof, la langue populaire. Après la projection, durant une demi-heure nous partagerons nos réflexions et tirerons des conclusions tous ensemble.
    Ensuite, nous présentons les visiteurs et ceux qui acceptent de prendre des détenus en parrainages. Pour chacun, nous précisons les jours où il peut venir, en fonction du règlement de la prison, connaître la ou les langues que chacun parle, les conditions des visites, etc… Toutes ces personnes ont bien sûr suivi la formation à l’écoute dont j’ai parlé plus haut. Tous sont satisfaits du bon accueil et de la compréhension. Nous allons pouvoir travailler pour le bien et l’avancée des prisonniers.

  • Mardi 22 mai : Cours de ouolof. Le soir, visite de quartier : rencontre de nouvelles personnes, préparation de la prochaine réunion de communauté dans la famille d’accueil, visite du chef de quartier : nous parlons des futures élections législatives, mais aussi de la vie du quartier : les ordures, les moustiques, la saison des pluies qui vient avec ses problèmes…. tout cela d’une manière décontractée car nous nous connaissons bien maintenant.

  • Lundi 21 mai : Je reste à la Communauté pour rédiger un certain nombre de notes et de comptes-rendus.
    A 17 heures réunion du bureau de l’aumônerie. Nous revoyons le compte-rendu de la dernière réunion générale pour en dégager des pistes d’actions concrètes (voir le compte rendu).
    A 18 heures, nous continuons avec tous notre formation à l’écoute. Après un temps de formation théorique, les participants abordent les problèmes qu’ils ont rencontrés dans leurs rencontres d’écoute. Et nous cherchons ensemble les meilleures façons de faire. Nous allons mettre tout cela en pratique jusqu’à la prochaine fois, fin juin.

  • Dimanche 20 mai : Partage d’Evangile (Jean 17, 11-19) de l’adieu de Jésus à ses apôtres. Nous remarquons l’amitié de Jésus pour nous. Il veut nous remplir de sa joie. Il prie pour nous et pour notre fidélité. Il veille sur nous pour qu’aucun d’entre nous ne se perde. Qu’est-ce que ça veut dire pour nous ? Jésus veut que nous restions dans le monde. Nous somme une minorité dans le pays. La grande tentation pour nous, c’est de nous replier sur nous-mêmes pour vivre notre foi en milieu fermé, entre nous. De nous engager seulement dans l’Eglise mais pas dans la société. Au contraire, Jésus nous envoie vers tous nos frères et nos sœurs, sans rejeter personne, en étant attentif à ceux qui en ont le plus besoin, à tous les niveaux. Mais Jésus est réaliste : ce n’est pas facile. C’est sûr que si nous vivons vraiment selon l’Evangile, beaucoup de gens seront contre nous… comme ils ont été contre Jésus. Car l’Evangile demande de changer beaucoup de choses et certains ne seront pas d’accord.
    Jésus nous en donne les conditions : la fidélité, vivre en vérité, être unis. C’est ce qu’il a vécu Lui-même. Avec Lui, c’est possible de le vivre nous-mêmes. Pour cela, Il nous envoie de Saint Esprit, que nous attendons à la Pentecôte.

  • Samedi 19 mai : Visite du Cardinal dans notre paroisse. Cette visite a été préparée par de nombreuses réunions, car nous ne voulons pas nous limiter à une grande fête, ni à une messe et des sacrements. Nous avons donc une première rencontre avec les responsables de communauté. Puis avec des groupes distincts : enfants, jeunes, femmes. Sans oublier les visites et descentes sur le terrain pour rencontrer les gens. Les repas offerts sont aussi une grande occasion de partage et d’échanges. A la fin, le Cardinal rencontrera chacun des 5 prêtres, en particulier, puis tous ensemble. Des comptes rendus vont être rédigés et travaillés par chacun et ensemble, pour en tirer des conclusions à mettre en pratique.

  • Vendredi 18 mai : Je retourne à la prison travailler avec le service social pour mettre au point les différentes activités projetées. Les choses avancent doucement et il faudra continuer à les reprendre, sans se décourager.
    Puis, rencontre avec toutes les femmes de la prison ensemble, au sujet du SIDA, en accord avec les autorités de la prison, et la participation de l’infirmière major. La première séance portait plus sur le SIDA, le virus, les moyens de transmission, les protections, etc… Aujourd’hui, nous abordons la question de la vie sexuelle, la dimension éducative, la prévention, etc… avec la dimension religieuse. A ce niveau, nous intervenons avec l’ « aumônière », responsable religieuse des musulmanes. Nous nous connaissons bien et nous avons l’habitude de travailler ensemble. C’est à la fois une grande joie et une grande richesse, qui, en plus, intensifie les bonnes relations entre détenues chrétiennes et musulmanes.
    A partir de là, nous pensons pouvoir commencer une réflexion sur la façon dont la sexualité est vécue à l’intérieur de la prison des femmes. Le même travail sera fait aussi à la prison des hommes.

  • Jeudi 17 mai : Fête de l’Ascension. C’est aussi le jour des Premières Communions. Il y a beaucoup de joie dans l’air ! Partage de la Parole de Dieu - L’Ascension : Jésus monte au Ciel. Il retourne vers le Père et nous prépare une place. Mais, en même temps, les anges nous disent : « Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Jésus reviendra, mais en attendant, allez annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toute la création » .Le Christ nous appelle donc à vivre en amitié avec tous les hommes, de toutes races et de toutes cultures, et partager notre foi et notre idéal entre personnes de différentes religions. Mais Jésus nous d’apporter son Evangile à toute la Création. Comme le dit Paul : la Création tout entière est dans les douleurs de l’enfantement et elle aspire à une terre nouvelle ». Et c’est nous les hommes qui cassons la terre et toute la création par nos industries et nos gaz toxiques, les feux de brousse et le déboisement, la pollution de toute sorte. Nous préparons la Conférence mondiale de Rio + (20 ans après la première sur l’environnement, le réchauffement de la terre, etc…). Il est temps de nous réveiller et de passer à l’action, avant que ce ne soit trop tard.
    Nous nous retrouvons avec les responsables des jeunes de notre communauté pour évaluer les activités et les réorienter. En effet, il y a quelques petits problèmes et tensions à régler.
    Je rejoins une famille où je suis invité. La maman est la seule chrétienne de sa famille. Mais tous ses parents musulmans ont tenu à participer à la fête. Pour moi c’est l’occasion de rencontrer des amis que je n’avais pas revus depuis des années, suite à mon départ en Guinée.

  • Mercredi 16 mai : Ecoute des prisonniers, comme chaque semaine.

  • Mardi 15 mai :A mon tour, je passe un long temps de réflexion avec le curé de la paroisse, pour faire le tour des différentes activités et problèmes. J’apprécie beaucoup ce temps de rencontre. Je reste partager le repas de midi, ce qui me permet de partager un bon temps d’amitié et de fraternité avec les cinq prêtres de la paroisse. Nous en profitons pour échanger nos soucis et nos découvertes. Nous nous retrouvons ensuite pour la confession des enfants qui attendent la Première Communion, et ceux qui attendent la Confirmation : ils sont 300 pour la paroisse.
    Après la messe, nous tenons notre rencontre de Justice et Paix. Vous en recevrez le compte-rendu par ailleurs. Nous travaillons la préparation des futures élections législatives et la prochaine Journée de l’Afrique. Nous voyons comment travailler ces questions d’injustices et de manque de paix dans nos communautés de quartier. Puis nous étudions quelques cas concrets et réfléchissons aux actions à mener pratiquement.

  • Lundi 14 mai : Ce matin, je commence avec la prison des jeunes (mineurs) , pour concrétiser le jumelage que nous mettons en place. Ensemble avec l’aumônier et deux animatrices, nous prenons un long temps de réflexion avec la directrice de la prison, son adjoint et le responsable du service social. Nous faisons ensuite le tour de la prison pour voir la situation réelle des jeunes et déjà proposer des premières actions concrètes : aménager la cour, organiser des activités physiques et sportives, fournir des moustiquaires car les moustiques vont se multiplier avec la saison des pluies, organiser des rencontres de réflexion, etc… Nous allons travailler ensemble avec les animateurs pour nous soutenir. Nous leur demandons aussi de rentrer dans nos différentes commissions pour plus d’efficacité et une collaboration mutuelle.
    Avec la responsable générale, nous allons ensuite voir le régisseur du Camp Pénal des hommes (plus de 900 détenus). Nous faisons avec lui le tour complet de la rencontre de l’aumônerie de mardi dernier (voir plus haut) pour voir ce que les différentes commissions peuvent faire concrètement. Nous le remercions sincèrement de son accueil et de sa compréhension. Entre autres, nous prévoyons une rencontre entre nos animateurs et le personnel pénitentiaire.
    17 heures. Rencontre avec les étudiants. Nous continuons notre réflexion sur la Catéchèse de lundi dernier. La semaine dernière, chacun avait fait le compte-rendu de ses activités, ses réalisations et ses difficultés. Aujourd’hui, je fais la synthèse et cherche à leur donner des points de réflexion et des pistes de travail. D’abord, comprendre que la catéchèse est une initiation et une conversion et pas jun simple enseignement scolaire. Ce qui pose toute la question de l’admission aux sacrements : ne pas se contenter d’une interrogation pour évaluer les connaissances théoriques (le par cœur) et les présences, mais aussi voir comment les catéchumènes, jeunes ou adultes, vivent en famille, au travail ou à l’école, et da ns le quartier. Voir s’ils savent prier personnellement, s’ils aident les autres et partagent l’Evangile avec eux. Et nous relevons l’importance des parrains dès le début de la catéchèse, le rôle des parents dans l’éducation chrétienne, la nécessité de la participation à la vie et aux actions de la communauté de quartier et aux Mouvements.
    Je leur fournis un certain nombre de documents et en particulier une grille d’évaluation que j’avais déjà utilisée au Congo, au Sénégal Oriental et en Guinée. En leur rappelant que le but de la Catéchèse n’est pas d’abord de recevoir les sacrements, mais de connaître Jésus Christ et de vivre avec Lui. Nous partageons un certain nombre de réflexions. Et je reverrai chacun des étudiants personnellement, pour faire le point concrètement de leurs activités et de leurs engagements.

  • Dimanche 13 mai : Je dis la messe tôt le matin, dans un quartier périphérique. J’aime beaucoup car les gens étant moins nombreux, nous pouvons partager plus facilement la Parole de Dieu et ils participent plus facilement, apportent leurs problèmes dans l’amitié et la prière.
    A 9 heures, je pars animer une journée de réflexion et de prière (récollection) avec nos étudiants du 1er cycle (philosophie), futurs missionnaires spiritains. Le matin, nous partageons un Evangile de la Résurrection. L’après-midi, nous examinons les différents secteurs de leur vie : leur formation, leur vie de prières et de communauté, leur engagement pastoral dans la paroisse et le quartier. Et nous reprenons tout cela dans la prière.

  • Samedi 12 mai : A la prison des hommes. Nous nous donnons d’abord les nouvelles de la prison, puis du pays : le travail du nouveau Gouvernement et bien sûr de la nouvelle Ministre de la Justice. Il y a d’ailleurs eu une rencontre des chefs de chambres au sujet de l’organisation de la prison, et aussi des remises de peine espérées par tous, mais qui dépendent en particulier du comportement de chacun. On leur a rappelé que l’usage du téléphone portable est interdit et qu’il y a un téléphone public fixe dans la prison. La nouvelle Ministre de la Justice ayant longtemps travaillé dans des associations des Droits Humains, nous espérons que les choses vont vraiment s’améliorer.
    Ensuite, une animatrice leur explique ce qui se vit dans sa Communauté de quartier (CEB). Cela intéresse beaucoup les prisonniers, dans la mesure où nous essayons également à mettre en place une communauté active dans la prison. Elle leur explique les différentes Commissions et leur fonctionnement, et comment ils peuvent participer aux actions menées. Bien sûr, ils sont surtout intéressées par les Commissions de suivi judiciaire et de la réinsertion.
    Un autre leur fait le compte-rendu de la rencontre mardi dernier de l’aumônerie des prisons (voir plus haut).
    Pour le partage d’Evangile (Jean 15, 9-17), nous sommes spécialement frappés par la très forte relation d’amour qui existe en Dieu entre le Père et le Fils. L’amour de Dieu est parfait et c’est vraiment la base de notre vie. Et l’Alliance que Dieu fait avec nous est une Alliance d’Amour. Dieu nous donne la paix sur la terre, y compris dans cette prison. Nous nous arrêtons surtout à l’amour de Jésus. Dans cet Evangile, Jésus ne nous dit pas qui aimer et comment aimer. Cela, c’est à chacun d’entre nous de le chercher, là où il vit. Jésus nous fait entrer dans le cœur de sa vie et de la nôtre, pour aimer comme Lui. Mais aussi pour aimer grâce à Lui et à son Esprit. Car ce n’est pas facile d’aimer ! Personne n’a aimé comme Jésus. Nous n’avons pas à attendre un autre pour nous montrer le chemin de l’amour. Nous n’avons pas à chercher un autre sauveur, même s’il y a autour de nous des tas de charlatans, de magiciens, de devins et de féticheurs de toutes sortes, et beaucoup de gens qui mettent leur confiance en eux. Nous n’avons pas besoin d’un autre prophète. Et celui qu’Il nous a promis, pour venir après Lui, ce n’est pas un autre prophète, c’est le Saint Esprit lui-même.
    La Bonne Nouvelle de cet Evangile, c’est que l’amour est le début et la fin de tout : « sans amour, on n’est rien du tout ». Mais pas un petit amour de rien du tout. Le plus grand amour possible. Et justement Jésus branche notre amour humain sur son amour de Fils de Dieu et le transforme complètement. Alors notre amour vient de Dieu et va vers Dieu. C’est donc très facile d’être chrétien, il suffit de nous laisser transformer par l’Esprit Saint pour aimer le mieux possible Dieu et nos frères et sœurs.
    Jésus nous donne Sa joie, une joie profonde que les problèmes et difficultés ne peuvent pas enlever. Il fait de nous ses amis, des vrais amis. Car il n’y a pas de meilleur ami plus sûr que Jésus-Christ.
    Que faire ? Bien sûr, garder les commandements de Dieu, mais par amour. Et non pas par peur d’être punis, ou malheureux. Aimer comme Jésus nous a aimés. « Par Lui, avec Lui, et comme Lui ». Nous avons cherché comment nous aimer dans la vie de la prison de chaque jour, sans rejeter ni oublier personne. Pour que, amis de Jésus, nous soyons aussi vraiment amis de tous. C’est dans la mesure où nous aimons en vérité que nos prières seront accueillies par Dieu. Et que nous cherchons la Volonté de Dieu et non pas nos propres désirs, nos propres intérêts ou même parfois notre volonté de vengeance.
    Nous parlons ensuite de la vie à la prison. Aujourd’hui, beaucoup sont absents à notre rencontre. En effet, il n’y a de l’eau à la prison que par intermittence, et il y en a en ce moment, aussi les prisonniers sont restés pour laver leur linge.
    Puis nous évaluons notre action auprès des camarades détenus par rapport au tabac et à la drogue. Les réactions sont diverses : « De toutes façons, c’est le gouvernement qui est responsable, car c’est lui qui vend les cigarettes et ça lui rapporte beaucoup ». « Mon temps d’arrêter de fumer n’est pas encore arrivé ». « Je connais les mauvais effets du tabac sur la santé, mais je n’arrive pas à arrêter ». « Le tabac me coûte cher. Comme je ne peux pas m’arrêter, quand je reçois un colis de ma famille je vends ce que j’ai reçu pour acheter des cigarettes »…. Nous allons continuer notre action.

  • Vendredi 11 mai : Ce matin, je vais rencontrer la Caritas, avec un confrère qui dirige un Centre pour enfants de la rue. Nous commençons par échanger des souvenirs car j’ai connu la responsable quand elle était enfant et musulmane, puis membre de la JOC et baptisée. Maintenant, elle est mariée et engagée dans un travail social important, en particulier la formation et ensuite l’aide au retour des femmes migrantes sénégalaises, -des femmes venues des villages de l’intérieur du pays en ville et qui se retrouvent là, seules, et confrontées à des tas de problèmes-. Le courant passe bien entre nous.
    Nous voyons ensemble comment mettre en place un certain nombre d’actions : le retour des enfants de la rue dans leurs familles et la réinsertion des prisonniers à leur sortie. Le soutien au point de vue des habits, etc… ; pour la nourriture, point très important, il n’y a pas de possibilité malheureusement. Nous voyons comment lancer des ateliers, à la fois pour les occuper, les former, leur procurer un peu d’argent, mais surtout les aider à apprendre un petit métier qui leur servira dans la vie. Nous privilégions des ateliers de fabrique de savon et de grésyl ce qui pourra servir directement aux prisonniers et améliorer leur cadre de vie.
    21 heures. Réunion de notre CEB (Communauté de quartier) . Après les nouvelles et la présentation détaillée de la famille qui nous accueille, nous parlons de l’Evangile de l’Ascension. Puis nous abordons la vie de la paroisse : la catéchèse des petits, les célébrations des baptêmes et des Premières Communions, puis les réunions des adolescents, les actions des jeunes (soutien de la Pouponnière des bébés abandonnés, première visite du Centre des enfants de la rue) et les actions des adultes (lutte contre les moustiques, récupération des ordures et assainissement du quartier, curage des caniveaux et nivelage du terrain en vue de la prochaine saison des pluies). Je vous enverrai le compte-rendu, comme d’habitude.

  • Jeudi 10 mai : Ce matin, je vais à la prison des mineurs pour concrétiser la coordination que nous mettons en place entre les différentes prison. Une des animatrices m’attend et m’introduit auprès des autorités. Je suis très bien accueilli. Je me présente. En fait, ils connaissaient mon travail depuis les années 80 à St LOUIS. Moi, je les avais oubliés ! Je suis toujours très étonné et dans l’admiration de constater la mémoire de la plupart des Sénégalais et la fidélité de leur amitié. C’est absolument extraordinaire. Sans arrêt, dans mes rencontres, ils me rappellent ce que nous avons fait ensemble ; ils n’ont rien oublié et ils en sont très reconnaissants. C’est vrai qu’à certains moments, nous avons vécu des choses assez extraordinaires !
    Le soir, messe à la paroisse, toujours aussi sympathique bien qu’avec beaucoup de sérieux. Les chrétiens sénégalais tiennent à garder le sens du sacré.

  • Mercredi 9 mai : Matin. Séance d’écoute à la prison. Je me consacre aux anglophones et hispanophones, car les animateurs qui parlent ces langues ne sont pas nombreux. Nous nous trouvons face à de nombreux cas. Je parle longuement avec un sud-américain, venu lancer une action de développement et qui s’est fait « truander ». Il s’est retrouvé en prison, condamné pour 8 ans. Bien sûr, il a fait appel. Mais son dossier était perdu. On l’a reconstitué, mais entre temps, un de ses co-détenus est mort. Il a fallu refaire le dossier. Cette année, au bout de 5 ans, il est repassé 6 fois en appel. Mais à chaque fois, on demande aux autres anciens accusés d’être là pour donner leur témoignage. Or, ils étaient 10, mais 7 ont été libérés au cours de leur comparution et parmi eux 5 étaient des étrangers qui sont retournés dans leur pays et on ne connaît même pas leurs adresses. Il est donc bien évident qu’ils ne viendront jamais témoigner. Cela fait 5 ans que cet homme est en prison, sans être jugé, et il n’y a aucune solution. De plus il fait de l’hypertension et il a du diabète. Il supporte avec courage tous ses problèmes . Il est bien soutenu par les autres prisonniers, malgré les problèmes de langues. De mon côté, je reste en contact avec sa famille par mail, pour leur donner des nouvelles et les soutenir.
    Ensuite, je rencontre quatre autres prisonniers, chacun avec ses problèmes : dépression, tentative de suicide… Ce qui me frappe, c’est leur courage : la nourriture est insuffisante, les médicaments manquent, ils n’ont pas d’argent même pour s’acheter du savon ou dentifrice, mais ils ne désespèrent pas. Et surtout, à chaque fois que leur famille arrive à leur envoyer quelque chose, ils partagent systématiquement ce qu’ils ont reçu avec les autres. Mais le plus dur, c’est la perte de la liberté. Chaque fois que je leur demande : « Qu’est-ce que nous pouvons faire pour toi ? », ils me répondent : « Je ne veux rien, seulement être libéré ».
    15 heures. Evaluation du travail des observateurs de l’élection présidentielle. Ils ont fait un excellent travail, et nous les remercions. Malheureusement, une telle action coûte cher ; nous ne pourrons sans doute pas la renouveler pour les élections législatives, car nous n’avons pas trouvé d’ONG pour financer ne serait-ce que les déplacements. C’est dommage.

  • Mardi 8 mai : Le matin, travail à la maison, car avec toutes ces activités beaucoup de choses sont restées en plan. Malheureusement, il n’y a pas de courant et Internet ne fonctionne pas. Cependant, j’ai de quoi m’occuper, rien que pour ranger tout ce que je n’ai pas pu classer. Pour les documents à lire et à travailler, ce sera au moment des vacances. Inch Allah !
    17 heures. Rencontre de l’aumônerie des prisons. Les choses se mettent en place peu à peu. Nous faisons le point du travail des différentes commissions, telles que nous les avons organisées : suivi judiciaire, réinsertion, formation religieuse et humaine, activités culturelles, enseignement et ateliers (formation professionnelle), écoute, communication, recherche de fonds, etc… Chaque commission fait son rapport d’activités : ce qui a été fait ; ce qui n’a pas été fait, pourquoi ? Nous reprécisons les objectifs et voyons comment améliorer nos actions. Nous mettons en place une formation des animateurs à l’écoute, sur le système judiciaire, sur la santé et le suivi médical, sur les projets à mettre en place. L’une des difficultés, c’est que pour des raisons d’effectif de personnel, limité les week ends pour repos hebdomadaire, nous ne pouvons pas intervenir les samedis et dimanches. Or, la plupart des membres de notre équipe travaillent et ne sont libres qu’en week end ! Il va falloir trouver d’autres volontaires.
    Nous distribuons un certain nombre de documents : liste de médicaments recherchés, lettre d’attestation, demande de soutien, etc…. pour permettre à chacun de faire son travail.
    20 heures. Après la réunion, je me dépêche d’aller rencontrer la secrétaire du CAEDHU pour faire le point des activités sur les Droits Humains.

  • Lundi 7 mai : Rencontre du doyenné. Avec la présence de trois responsables de jeunes et d’un sociologue nous examinons la situation actuelle de la jeunesse sénégalaise. A partir de là, nous évaluons notre façon de travailler avec les jeunes et traçons des pistes de travail pour l’avenir. Ensuite, nous évaluons le travail que nous avons assuré pour la sensibilisation des citoyens pour l’élection présidentielle. Et le travail des observateurs. A partir de là, nous voyons que faire pour les élections législatives qui arrivent. Il va falloir élargir et approfondir nos actions, non seulement pour que les citoyens votent après avoir sérieusement réfléchi à leur choix et que les élections se passent d’une façon transparente, mais que la société civile s’organise davantage, pour suivre les députés et les autres responsables du pays après ces élections.
    L’un d’entre nous nous présente le compte-rendu de la session sur le SIDA qu’il est allé suivre en notre nom. Nous voyons ensemble quelles actions mettre en place tant au point de vue suivi des malades et soutien des familles que de la prévention.
    Restent ensuite les questions diverses. Les vocations, les questions matérielles et financières, la préparation de la marche pèlerinage des jeunes, la sortie de fin d’année et le calendrier des différentes activités et formations.
    Tout cela se continue par un repas qui permet de se donner des nouvelles et d’augmenter notre fraternité. Après le repas, nous revoyons le travail et l’organisation de nos différentes commissions.
    A 17 heures. Rencontre mensuelle avec les étudiants de formation au travail pastoral. Nous faisons le tour des activités de chacun : travail en paroisse, travail avec les Mouvements de jeunes et d’adultes. Aujourd’hui nous nous arrêtons spécialement aux questions de la catéchèse. En effet, nous sommes à la fin de l’année et c’est important d’étudier le travail accompli. Chacun explique donc ce qu’il a fait avec les problèmes rencontrés et les solutions trouvées. Chacun participe activement et nous dépassons largement le temps prévu, mais personne ne s’en plaint.

  • Dimanche 6 mai : Aujourd’hui, nous avons une nouvelle formation aux Droits humains. Je commence donc la journée, tôt, par la messe de 7 heures où il y a d’ailleurs beaucoup de monde.
    A midi, rencontre avec le Supérieur et plusieurs confrères, pour reprendre les conclusions de notre Assemblée Générale. Puis nous passons à la kermesse de la Cathédrale, ce qui nous permet de rencontrer beaucoup de monde. Ensuite, nous allons voter à l’Ambassade de France.
    Le soir, visite du quartier. J’avais remarqué des nouveaux venus dans le quartier, en voyant l’aménagement d’une nouvelle maison. Je suis allé les voir et ils me demandent de les aider à connaître les gens du quartier. Nous sortons donc ensemble. Nous ne pouvons pas voir tout le monde. Nous saluons d’abord les enfants qui jouent au football dans une cour : ils transmettront nos salutations. D’ailleurs, s’il y a une bonne entente dans le quartier, c’est grâce aux enfants ; car c’est par eux et grâce à eux que les parents se rencontrent et se parlent, ce qui permet de surpasser les différences. En effet, il y a beaucoup d’étrangers qui sont venus dans ce nouveau quartier encore en construction, à tous les points de vue. Nous allons visiter une famille sénégalaise du sud (Casamance), une famille libanaise, une angolaise et une camerounaise. D’ailleurs, l’homme du couple que j’accompagne est lui-même d’origine béninoise. C’est une grande chance et une grande richesse pour nous tous. Nous terminons notre tournée chez une cousine de la femme, dont elle ne connaissait pas l’adresse. Ce qui les frappe, c’est la qualité des relations. Un seul exemple : pendant notre visite, un voisin vient dire à la famille qui nous accueille qu’il a accroché leur voiture. Ils descendent et règlent le problème à l’amiable. Dans d’autres cas, ils se seraient bien gardés de se faire connaître !

  • Samedi 5 mai : A la prison des hommes. Avec l’échange de nouvelles, nous parlons des difficultés de rencontres des prisonniers à l’intérieur de la prison, surtout pour les activités religieuses. Nous cherchons comment régler le problème pour le mieux, dans l’entente et le respect de tous.
    Puis nous partageons la Parole de Dieu. Aujourd’hui, c’est l’Evangile de la Vigne (Jean 15, 1-8). Quelques idées qui ressortent de notre partage : Jésus est le Fils du Père et Il nous conduit vers le Père. Il nous rend purs et clairs. « Sans Lui, nous ne pouvons rien faire ». Il est le tronc qui nous porte. Il nous fait vivre par la sève de l’Esprit Saint. Il fait l’unité entre nous qui sommes ses branches. Nous en sommes heureux et nous lui disons merci.
    Que faire ? Demeurer dans le Christ, vivre toute notre vie avec Lui. Ecouter sa Parole et partager son amour avec le Père et avec les autres. Porter du fruit. Même à la prison c’est possible. Nous en avons donné plusieurs exemples. La vie à la prison est difficile. Mais à nous de vivre cela d’une manière positive. C’est le Père, le vigneron, qui nous taille pour porter davantage de fruits. Mais porter du fruit, ce n’est pas d’abord être quelqu’un de bien. C’est en vivant le mieux possible avec les autres et en agissant ensemble pour rendre meilleures nos conditions de vie.
    Nous nous sommes attardés à la question de la prière. « Demandez ce que vous voudrez et vous l’aurez ». Jésus pose une première condition : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous ». Il ne s’agit donc pas de commander à Dieu dans nos prières, ni de lui dire ce qu’il doit faire pour nous ; mais de lui dire, comme Jésus nous l’a appris : « Père, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». Et comme Jésus l’a fait au moment de sa mort : « Que cette coupe de souffrances s’éloigne de moi….. mais ce que tu veux Père, pas ce que je veux, mais ce que tu veux….. Père pardonne-leur…. Je remets mon esprit entre tes mains ».
    La prière demande donc beaucoup de patience, de confiance et d’espérance. Nous avons terminé par une longue prière dans laquelle beaucoup ont parlé.
    Dans un 3ème temps, nous continuons notre réflexion sur le tabac et la drogue. Nous mettons en commun ce que nous avons essayé de faire dans ce domaine les jours passés. Plusieurs ont expliqué les conséquences dans leur vie : nervosité et excitation, dépendance, problèmes de santé, dépenses importantes sans oublier des choses plus pratiques : « ma bouche sentait mauvais, les autres me fuyaient et ne voulaient plus parler avec moi ; je ne trouvais plus de goût à la nourriture ». A partir de là, nous avons recherché les moyens de parvenir à un vrai changement dans ces comportements : prendre une forte décision de changer ; l’appui de la prière et des amis ; mais aussi penser aux conséquences sur les autres et d’abord dans nos familles ; l’importance de montrer le chemin aux autres. Un certain nombre ont expliqué comment ils sont parvenus à arrêter la drogue et le tabac.
    Le responsable de la communauté est libéré. Il commence par demander pardon pour ses limites et ses fautes. Il remercie chacun pour le soutien apporté et sa participation aux activités et demande de continuer à prier pour lui. Le nouveau responsable le remercie et le confie à Dieu. : nous n’avons rien à t’offrir comme cadeau, à part notre amitié et nos prières. Tout ceci se passe dans la simplicité, mais aussi dans une grande émotion.
    Après la rencontre générale, nous parlons avec ceux qui vont passer au tribunal les semaines qui viennent, pour préparer leur jugement. Nous voyons aussi avec les étrangers comment impliquer leurs ambassades pour un meilleur soutien et suivi.

  • Vendredi 4 mai : Sortant de la prison des femmes, je rencontre un ancien détenu, libéré le mois dernier. Il a réussi à trouver du travail. Il est donc venu apporter de la nourritures pour ses co-détenus qui sont encore en prison. Il me dit : « J’ai trop souffert en prison, il faut que je pense à mes frères ». Il remercie notre équipe pour ce qu’on a pu faire pour lui. Et il me remet un peu d’argent pour soutenir notre travail. Bien sûr, cela me touche beaucoup.
    Mes confrères de Guinée venus à notre assemblée générale m’ont amené un stock de mes livres que j’avais en dépôt à Conakry. Je vais donc à la Librairie Clair Afrique avec qui j’ai beaucoup travaillé dans le passé. Je leur propose un dépôt vente. C’est l’occasion de revoir des amis de longue date.

  • Jeudi 3 mai : Ce matin, messe solennelle en l’honneur des apôtres Philippe et Jacques. Nous cherchons à quoi leur vie nous appelle.
    15 heures. Une nouvelle ONG, appelée « Santé à la prison » se met en place. Ils veulent intervenir en particulier par rapport au SIDA mais aussi les différentes maladies chroniques : hypertensions (très fréquentes), hépatite B, paludisme, etc… sans oublier les solins dentaires par exemple. Ils me demandent de travailler en coordination avec eux. J’en suis très heureux, car c’est une action très importante. D’abord, nous voulons organiser une session de formation pour le personnel de santé des prisons de la région, sous la direction du médecin-chef, pour que cette formation ait un impact et un suivi. D’abord connaître la situation, les possibilités et les directives. Ensuite, les soins adaptés aux possibilités réelles et concrètes : hypertension, brûlures, hémorragies, agitations. Etudes des cas les plus fréquents et les plus délicats. Puis le VIH et le SIDA. A ce niveau, et pour la suite, nous ne voulons pas nous contenter de sensibilisation ou d’informations, mais aboutir à un changement de comportement. Ce sera l’occasion pour nous d’aborder la question de la sexualité et de la façon dont elle est vécue à la prison. Avec tous les blocages à faire sauter, par exemple, l’interdiction des condoms en prison… comme si on ne savait pas ce qui s’y passe. Heureusement, les femmes, comme les jeunes, sont dans une autre prison. Et surtout, à partir de là, nous pourrons élargir notre action aux autres maladies. Mais d’abord, il nous faut prendre contact avec le service social pour impliquer les personnels, à la fois pour qu’ils se forment et participent aux actions menées. Nous commençons à préparer des statuts pour obtenir une reconnaissance qui nous permettra d’intervenir plus facilement. Puis nous commençons à faire un plan de travail avec les différentes étapes à suivre et les moyens à trouver, car pour le moment nous n’avons encore rien.
    Ce soir, Georges, l’un des trois formateurs du Séminaire, nous quitte. Il va continuer des études en France, après deux ans de travail avec nous. Les étudiants l’ont beaucoup apprécié et ils tiennent à lui faire la fête ; nous restons avec lui jusqu’à l’heure de son départ, à 3 heures du matin. C’est dur de se lever le lendemain matin, mais ça valait la peine.

  • Mercredi 2 mai : Après-midi : « Ecoute » en anglais. Je rencontre cinq prisonniers anglophones de Gambie, Ghana, Nigeria et Sierra Leone, chacun avec ses problèmes propres. Je me sens à chaque fois démuni et impuissant ; mais pour eux c’est déjà important de pouvoir parler librement et dans la confiance. Et nous pouvons au moins donner des nouvelles à leurs familles.
    20 heures. Nous tenons notre réunion de communauté avec les étudiants. Nous évaluons notre vie en commun sous ses différents aspects : questions matérielles, prières, accueil, etc… Mais l’essentiel est consacré à notre dernière Assemblée Générale du 14 au 20 avril. Leur délégué fait un compte-rendu détaillé que les formateurs complètent, et nous en tirons ensemble les conclusions pour nos divers engagements.

  • Mardi 1er mai : Il est fêté au Sénégal comme partout. Nous commençons cette journée par une prière plus développée pour tous les travailleurs. Ensuite, chacun part dans son lieu d’engagement.
    Nous suivons aussi les différentes manifestations, rencontres et défilés. Et surtout les réponses du Gouvernement et du nouveau Président. Ils promettent de satisfaire les demandes. Déjà ils annoncent une réduction des taxes et cotisations des travailleurs à partir du 1er Janvier 2013. Et aussi une augmentation de 10 % de la pension des retraités. Mais il y a là un problème car cette décision ne vaut que pour les salariés qui ont été inscrits et ont cotisé à la Sécurit Sociale et Caisse de Retraite. Ce n’est qu’une très petite minorité des travailleurs, et donc des personnes âgées, la plupart étant dans le secteur informel, le monde rural…. ou chômeurs, qui ne reçoivent bien sûr aucun soutien. Pour tous les autres problèmes, j’en ai déjà parlé (grèves, etc…). Voir sur mon site l’article sur la situation du pays.
    C’est un jour férié. Je reçois donc un certain nombre de visites de personnes en difficulté. Et le soir, je vais donner mon cours de ouolof comme chaque mardi. Des Français, vivant au Sénégal, sont intéressés et sont venus nous rejoindre.

  • Lundi 30 avril : 16 heures. Rencontre avec les responsables de la Maison d’Arrêt des Jeunes (Fort B, dans le quartier de Hann). En effet, nous voudrions travailler davantage ensemble avec les animateurs des prisons des hommes et des femmes. Nous ferons le compte-rendu et chercherons à prendre les décisions pratiques lors notre réunion générale de mardi prochain. Mais déjà beaucoup de choses se font : des séances d’écoute, des activités sportives (football) des rencontres de réflexion. Nous voudrions développer cela, assurer la formation des animateurs et soutenir les actions du service social. Ce serait également important de nous retrouver avec les autres organisations qui interviennent dans la prison, et de commencer des cours d’alphabétisation et de formation générale. Pour lancer des ateliers, ce sera plus difficile parce que nous n’en avons pas les moyens et en plus on ne peut pas trouver parmi ces jeunes des gens formés qui acceptent de former les autres, comme nous pouvons le faire à la prison des hommes adultes. En dehors des prières, messes et rencontres spécifiques pour les chrétiens, nous souhaiterions des rencontres religieuses communes aux chrétiens et aux musulmans. Nous voudrions aussi trouver des médecins volontaires pour venir faire des consultations, en complément du travail de l’infirmier, et aussi des avocats pour les cas les plus difficiles. Pour les rencontres de réflexion et de formation du personnel, nous chercherons à faire les choses ensemble avec les autres prisons.
    18 heures. Nous partons dans une paroisse de banlieue tenue par des confrères. Nous allons célébrer l’Eucharistie pour un des anciens curés qui vient de mourir en France où il était parti en retraite pour cause de maladie. Beaucoup d’autres confrères et de paroissiens sont venus et cela nous réconforte beaucoup. Après la messe, nous restons tous ensemble pour un pot de l’amitié qui dure longtemps car nous sommes heureux de nous retrouver et nous avons beaucoup de choses à nous dire.

  • Dimanche 29 avril : Comme un marché s’est installé et s’est développé autour de notre église, nous sommes submergés par les magasins et leurs clients. De toutes façons, cette église ne répond plus aux nécessités, elle est devenue trop petite ! Nous avons décidé d’en construire une autre. Pour commencer à la financer, nous organisons une kermesse. C’est l’occasion de revoir un certain nombre de paroissiens, mais aussi des personnes avec qui j’avais travaillé avant mon départ pour la Guinée, en 1996, et c’est une grande joie de nous revoir.
    Je retrouve un jeune migrant camerounais. Il a quitté le Cameroun pour le Togo où on lui avait promis du travail ; or, quand il est arrivé là-bas, il a constaté que le patron était parti depuis deux mois ! Après avoir traîné plusieurs jours sans soutien, il rencontre une famille qui lui propose de venir travailler au Sénégal. Ils font ensemble un long voyage très pénible et très long par la route. Mais arrivés à Dakar, ils l’abandonnent. Ne connaissant personne, il arrive à l’église où il me trouve. Il n’a pas d’argent, pas de maison et rien à manger. Il est menuisier… ce ne sera pas facile de lui trouver un emploi car il y a énormément de chômage dans le pays ! Je prends contact avec la communauté des Camerounais à Dakar. Hélas ils sont submergés, ayant déjà accueilli chez eux plusieurs confrères. En plus, certains sont découragés, car ils ont accueilli des compatriotes.. qui sont partis, non seulement sans les saluer, mais en emportant en plus matériel et argent. Ce n’est pas facile d’être accueillant ! Et de mon côté je me retrouve démuni et sans moyens. Je fais ce que je peux pour l’aider, mais j’ai bien conscience que c’est insuffisant et j’en souffre. A Dakar, il existe un Centre d’accueil pour migrants et réfugiés, mais ils croulent sous le nombre. Et cela peut être une solution de facilité que d’orienter systématiquement et directement ces personnes vers un Centre, sans commencer par faire d’abord ce que nous pouvons sur le terrain.
    Le mois dernier, j’ai fait une intervention sur la sexualité et l’éducation affective des jeunes, dans un grand lycée. J’ai eu de nombreuses réactions et je leur ai envoyé les livres que j’ai écrits. Aujourd’hui, une élève vient me voir. Mais… c’est pour me poser la question de la vocation et de son engagement dans la vie religieuse. Nous parlons longuement et elle souhaite me revoir encore une autre fois. C’est vrai qu’elle s’engage sur un long chemin.
    Plusieurs de nos étudiants sont partis justement aujourd’hui à une rencontre de jeunes sur les vocations, car il les suivent dans leurs différents engagements. Nous ferons le point à notre prochaine rencontre.

  • Samedi 28 avril : C’est dur de se lever ce matin. Comme chaque samedi, à notre messe du matin, nous accueillons voisins et amis et nous partageons la Parole de Dieu en petits groupes. L’Eucharistie est présidée par Christian qui nous quitte ce soir. Christian est l’ancien responsable de notre Communauté et du Centre de Théologie. Il part en France pour préparer un doctorat en théologie. Il nous reviendra l’année prochaine. Mais nous restons en contact régulier. C’est pourquoi il a participé à notre Assemblée générale des Missionnaires spiritains d’Afrique de l’Ouest (FANO).
    A la prison des hommes. Après l’échange habituel des nouvelles, avec leur cortège de joies mais surtout de tristesses et de décès, nous voyons comment améliorer la vie à la prison, au point de vue relations, santé, partage. Aujourd’hui, il y a spécialement le cas de deux prisonniers qui ont des problèmes avec leur chef de chambre qui cherche à les exploiter : ils voudraient changer de chambre. Nous parlons aussi des ambassades qui, la plupart du temps, ne font rien pour leurs ressortissants sous prétexte qu’ils sont en situation illégale.
    Nous partageons sur l’Evangile de dimanche : le Bon Pasteur (Jean 10, 11-18). Ce qu’ils notent d’abord, c’est que Jésus est vraiment un berger, un pasteur. Il nous rassemble, il nous fait vivre, il nous conduit et il nous protège. Mais surtout qu’il est un bon berger. Il nous connaît chacun par notre nom et nous aime personnellement. Il connaît nos problèmes et nos souffrances. Il nous aide efficacement, ici, dans notre prison. Il a beaucoup souffert pour nous sauver. Il a donné sa vie pour nous, pas seulement au moment de sa mort, mais tout au long de sa vie, depuis le début. Et c’est librement et volontairement qu’il a donné sa vie pour nous. Il est vraiment le Fils de Dieu. Il connaît le Père et nous le fait connaître. Il a repris sa Vie, Il est Ressuscité. Non seulement Il nous ressuscitera, mais Il nous fait vivre d’une vie nouvelle, dès aujourd’hui. Il aime tous les hommes et il veut nous rassembler tous ensemble dans un seul troupeau, son troupeau : les hommes et les femmes de toutes langues et de toutes religions. Il nous rassemble déjà dans cette prison et nous permet de vaincre notre solitude et notre manque d’activité. Nous sommes heureux et nous disons merci au Christ et à notre Père qui ne nous abandonnent jamais.
    Que faire ? Chercher à mieux connaître le Christ et le suivre dans toute notre vie, avec amour et dans la paix. Nous avons aussi réfléchi à l’argent. Souvent, nous nous conduisons comme des mercenaires. Nous abandonnons nos frères et sœurs à cause de l’argent.
    Jésus nous appelle à être les bergers de nos frères. Nous aussi, nous voulons donner notre vie pour eux et les aider à adopter une vie nouvelle. Librement et volontairement, dans les petites choses de notre vie. Nous sommes capables de souffrir pour eux. Nous cherchons à faire connaître le Père aux autres par le témoignage de notre vie. Et nous cherchons à les rassembler pour vivre tous ensemble dans la paix et l’amitié, en nous soutenant les uns les autres. Car cela nous pouvons le faire en tout lieu et en toutes circonstances. Même à la prison. Nous terminons en priant en particulier pour les vocations.
    Après cela, nous réfléchissons à notre vie. Nous parlons spécialement de la drogue et du tabac. La semaine prochaine, nous ferons le point de ce que nous aurons pu faire. A la fin de la rencontre, comme à chaque fois, de nombreuses personnes viennent me voir pour leurs problèmes personnels.
    Puis nous partageons les différentes choses que nous avons pu amener pour eux (nourriture, savon, habits, dentifrices). Et nous terminons par une courte réunion des responsables.
    Après-midi : Travail personnel à la maison.
    Soir : Je dis la messe à la paroisse. Je fais l’homélie sous forme de partage, grâce à un micro baladeur. Chacun peut dire comment il va vivre cette Parole de Dieu, dans son milieu.

  • Vendredi 27 avril : Aujourd’hui, à la prison des femmes, nous recevons des membres de l’Ordre de Malte. Ils veulent travailler avec nous et nous présentent leurs actions, en particulier en faveur des lépreux et des handicapés. Mais aussi, au sujet des prisons, le soutien judiciaire et médical, l’écoute et la réinsertion. Les femmes sont très intéressées et leur posent un certain nombre de questions. Ensuite, elles expliquent à leur tour comment elles vivent et ce qu’elles font ensemble : les ateliers de coiffure, de couture, de jus de fruits, leurs projets (micro-jardinage), etc… Elle parlent un long moment sur leurs relations et leur soutien mutuel, entre chrétiennes et musulmanes.
    A midi, rencontre avec une femme médecin spécialisée dans la médecine en prison. Elle a une grande expérience car elle a travaillé dans de nombreux pays d’Afrique et Madagascar. Cela faisait quelque temps que je devais la rencontrer, mais nos occupations mutuelles ne nous l’avaient pas encore permis. En effet, nous essayons de réfléchir avec les prisonniers à leur santé et leur équilibre de vie. Nous avons longuement parlé déjà du tabac, de la drogue et du SIDA. Il nous faudra aller plus loin, en particulier au sujet de la sexualité. Nous travaillons aussi avec l’infirmerie pour fournir les médicaments. Et nous cherchons des médecins pour venir faire des consultations bénévolement.
    Mon interlocutrice intervient à un niveau supérieur : faire évoluer la législation par rapport à la santé en prison, formation du personnel de santé, une meilleure organisation structurelle. Cela est évidemment très important. Nous sommes très heureux de pouvoir travailler ensemble dans la complémentarité. Elle reste partager le repas avec nous, ce qui lui permet de parler avec les étudiants, de leur expliquer l’importance de l’action pour la santé en prison ; pour le présent et le futur ; pour les prisonniers, leur famille et toute la société.
    Elle nous partage aussi certaines de ses expériences. Cela pose la question de la collaboration entre les différentes associations, et c’est une question qui nous préoccupe, car souvent chaque association cherche à agir à part pour se faire connaître et pour son propre intérêt. D’un autre côté, l’administration cherche souvent à travailler avec chaque association à part, pour pouvoir en profiter. Nous espérons qu’avec la nouvelle responsable du service social, nous pourrons organiser des rencontres de concertation. Affaire à suivre.
    L’après-midi, je reçois les étudiants personnellement.
    Le soir, rencontre de notre communauté de quartier. Je vous enverrai le compte-rendu, que vous pourrez aussi trouver sur mon site. Voici simplement l’ordre du jour :
    - Programme habituel : nouvelles, présentation de la famille qui nous accueille.
    - Partage de la Parole de Dieu : Luc 24, 36-49.
    Nos activités :
    1) La préparation des  élections législatives.
    2) L’évaluation de la catéchèse de nos enfants
    3) Les fêtes de funérailles et autres (Marie Pierre)
    4) les groupes des adolescents (Elisabeth)
    5) Les moustiques, les ordures, le nivellement du quartier (Pierre et Léon)
    Nous avons beaucoup de choses à nous dire et la réunion dure plus de deux heures. Malgré tout, les participants ont de la peine à se séparer. Et nous restons à parler entre nous jusqu’à plus de minuit.

  • Jeudi 26 avril : Rencontre avec les animateurs et animatrices de la Maison d’Arrêt des jeunes.
    Réunion entre formateurs de notre séminaire de théologie, pour évaluer chacun de nos étudiants. En effet, la fin de l’année approche et nous tenons à suivre chacun des étudiants personnellement, en veillant à ce qu’ils ne s’enferment pas dans leurs études, mais que dès maintenant ils s’engagent dans l’Eglise, ainsi que dans les quartiers et toute la société. Certains sont déjà engagés auprès des réfugiés et immigrés, des handicapés, et à la prison. D’autres travaillent avec les Mouvements de jeunes et d’enfants (scouts, CV.AV, etc..). Pour l’année prochaine, nous pensons ajouter des engagements à l’hôpital, avec les enfants de la rue, avec des ONG (développement communautaire, alphabétisation, lutte contre le SIDA, animation de quartiers, etc..). Les choses se précisent peu à peu.
    16 heures : suite à une de mes interventions dans un lycée, une jeune fille vient me voir qui se pose la question de la vie religieuse.
    Ensemble avec nos étudiants, nous avons préparé depuis un mois la semaine des vocations.
    18 h 30 : Je retourne à la paroisse assurer un remplacement et dire la messe. Cela me permet un certain nombre de contacts à la sortie

  • Mercredi 25 avril : Nouveau travail à la prison. Je présente une nouvelle animatrice pour les rencontres d’écoute. Ensuite, le régisseur nous reçoit, puis les responsables du service social pour un certain nombre de questions délicates. Ensemble nous recherchons aussi comment diversifier et améliorer nos interventions à la prison, afin de connaître leur point de vue avant de reprendre les choses à notre prochaine réunion de l’aumônerie. Nous parlons d’un certain nombre de situations qui ne vont pas à la prison, y compris du côté des gardiens ; mais il nous faut aller doucement et parler avec beaucoup de tact pour nous faire accepter et pouvoir faire quelque chose. Nous réfléchissons aux problèmes de drogue et de tabagie. Nous allons aborder la question du SIDA et à partir de là aborder les problèmes de sexualité qui ne manquent évidemment pas ! Nous voulons aussi tenir des réunions communes de partage et de réflexion entre notre équipe et le personnel de la prison. Le régisseur est d’accord et même heureux de cela. Nous revoyons aussi la question de l’alphabétisation en différentes langues, et des ateliers.
    Au niveau du pays, le Gouvernement continue ses efforts de reprise en mains des affaires. Un certain nombre des anciens ministres et cadres étaient partis avec voitures et matériels. On les oblige à rendre tout cela. Une bagarre a éclaté chez un chef religieux, entre ses adeptes, qui a entraîné deux morts. On n’a pas hésité à l’arrêter, et le Pouvoir laisse la Justice faire son travail. Des responsables qui posaient problème ont été remplacés. Nous espérons que ces efforts vont se continuer.
    Le Gouvernement est aussi en train de mener une action contre les nombreuses autorisations de pêche accordées autrefois, grâce à des pots de vins et la corruption, à des bateaux étrangers qui pillent complètement les fonds marins. Et les pêches des professionnels sénégalais sont de plus en plus maigres : non seulement ils ont de la peine à vivre, mais cela pose un grave problème pour la population, le poisson étant la base de la nourriture avec le riz. Le Gouvernement semble aussi s’attaquer sérieusement au problème de la famine qui se développe, et décide de fournir aux paysans semences et intrants.
    A mon retour à la maison, un confrère aumônier d’une Université m’attend avec patience, car j’ai beaucoup duré à la prison et je suis en retard. Nous préparons un forum sur l’engagement des étudiants dans la société. Et une demande pour avoir une voiture, absolument nécessaire à son travail, l’Université se trouvant à 14 km de la ville… distance décidée volontairement pour que les étudiants ne puissent perturber la ville lorsqu’ils veulent manifester !
    Une étudiante en droit, petite fille d’amie d’enfance de Dakar, est venue en stage plusieurs mois au Sénégal. Je l’ai mise en contact avec plusieurs de nos associations. Elle part demain et vient me saluer. Nous faisons le point de son séjour.

  • Mardi 24 avril : Matin. Rencontre au CAEDHU. Nous évaluons le forum récent en GAMBIE des associations travaillant pour les droits humains. Nous voyons comment passer à l’action et mettre les décisions ou propositions en pratique. Les choses à faire ne manquent pas !
    Soir. Rencontre de la Commission Justice et Paix de la paroisse. En effet, après ces fêtes de Pâques, il nous faut relancer nos activités. Vous pourrez en voir le compte-rendu sur mon site. Nous commençons par évaluer la dernière campagne électorale présidentielle pour en tirer les conclusions, car il nous faut maintenant préparer les élections législatives. Il y a aussi toute l’action contre la hausse des loyers. Nous préparons également la Journée de l’Afrique. Sans oublier les activités pendant l’hivernage, car à l’occasion des vacances beaucoup retournent au village, et les difficultés du monde rural sont également à prendre en charge dans des activités pour la Justice et la Paix. Nous chercherons en particulier à soutenir la lutte des villageois contre l’accaparement de leurs terres par les sociétés étrangères ou les cadres de la ville

  • Lundi 23 avril : Ce matin, je vais à la prison avec une nouvelle éducatrice. Elle va commencer des séances d’écoute chaque lundi. Je la présente donc aux autorités et nous faisons ensemble la première séance pour mettre les choses en place. De nombreuses personnes ont demandé à nous rencontrer. Ce matin, nous en voyons quatre. Nous rencontrerons les autres au fur et à mesure. Il y aura 5 séances de 2 heures chaque semaine. Les problèmes ne manquent pas. Des problèmes psychologiques et même des traumatismes causés par l’arrestation ou les conditions de détention. Certains sont trop découragés pour participer aux activités organisées et se laissent aller. D’autres nous disent : « Je suis l’aîné de la famille ; mes parents sont vieux, ils vont bientôt mourir et je ne pourrai pas aller à leur enterrement ». « Ma famille est trop éloignée et je ne peux pas leur demander de venir me voir. D’ailleurs ils sont trop pauvres pour se payer le voyage ». Un autre : « Ma femme ne veut plus entendre parler de moi ». Ou bien, « On a complètement pillé mon atelier » ; « On m’a tout volé dans mon logement ». Ceux qui font appel doivent attendre des mois et même des années, et la plupart n’ont pas les moyens de se payer un avocat : « Je dis à ma famille que je vais bien pour qu’ils ne soient pas tristes ». « Mes enfants ont dû arrêter leurs études car je ne peux plus payer leur scolarité ». « Je ne veux pas que mes enfants viennent me voir, ils seraient trop malheureux »… etc. Et tant d’autres choses. Ce qui me frappe dans tout cela, c’est à la fois leur courage et leur dignité. Et le souci de leur famille, de leurs amis et du pays tout entier, au lieu de se replier sur eux-mêmes. Et aussi le soutien mutuel qu’ils s’apportent les uns aux autres.
    Un nouveau Gouvernement a été installé et il s’est mis tout de suite à l’action. Il faut dire qu’il y a de nombreuses choses à redresser. Les attentes de la population sont énormes mais parfois contradictoires. Par exemple, les écoles. L’ancien président, pour s’attirer une clientèle électorale, avait énormément augmenté les salaires et accordé des tas de primes. En particulier aux juristes, aux militaires, aux préfets et chefs des villages. Les policiers ont réagi et obtenu leur part. Immédiatement, les autres salariés ont manifesté. Mais bien sûr, pendant ce temps-là, les paysans, les petits métiers et tout le secteur informel, sans parler des nombreux chômeurs, étaient oubliés. C’était devenu la course à l’argent, aux faveurs et aux privilèges. Les agents de santé ont été longtemps en grève et maintiennent leurs revendications. Mais le problème est grave dans l’enseignement. Les cours à l’Université pour l’année universitaire 2011-2012 n’ont pas encore commencé, pour cause de grève des enseignants. Beaucoup de bacheliers n’ont pas été orientés et bloquent les cours qui ont lieu. Les collèges et lycées privés fonctionnent normalement.. Mais les écoles publiques sont fermées à cause de la grève des enseignants. Cependant en même temps ces enseignants continuent à donner des cours dans les établissements privés. Alors les élèves en colère attaquent ces établissements pour arrêter tout enseignement. Certains ont même brûlé les cars de transport des élèves, et les enseignants maintiennent leurs exigences financières. Que faire ? On parle maintenant d’une année blanche. Mais les élèves de nombreuses écoles privées ont étudié normalement et leurs parents ont payé cher, souvent en faisant de gros sacrifices, pour que leurs enfants soient formés. On parle de faire une 2ème session pour les élèves de l’enseignement public en septembre. Mais d’abord que vaudra une telle année scolaire ? Même si les professeurs « voient » tout le programme, les élèves auront-ils le temps d’assimiler ? Et les pluies vont commencer. Or beaucoup d’élèves étudient dans des abris qui laissent passer l’eau ; de plus, de nombreux quartiers sont inondés pendant l’hivernage. Et surtout, les parents paysans ont besoin de leurs familles pour les cultures. C’est d’ailleurs le seul moyen pour beaucoup d’élèves de gagner un peu d’argent pour acheter au moins quelques fournitures scolaires.
    On a l’impression d’être coincés de tous bords et de ne pas avoir de solution. Ce n’est qu’un exemple, mais nous nous retrouvons souvent confrontés à de telles situations.
    Une autre action importante et attendue par tous, c’est la lutte contre la corruption. De nombreuses opérations ont été menées et de nombreux contrats signés sans aucune clarté ; dans les différents ministères, le Gouvernement a commencé à faire l’audit des actions passées. Bien sûr, il faudra que ces enquêtes soient suivies d’actions. Mais les gens se sont maintenant « réveillés » et la société s’est organisée et elle veille. Ce qui nous donne confiance.
    Demain matin, nos confrères de Guinée vont rentrer. Ils sont passés nous voir. Nous leur confions nos espoirs et nos salutations pour tous ceux que nous connaissons au pays, et auxquels nous continuons à penser. Nous partageons une très agréable soirée ensemble.

  • Dimanche 22 avril : Aujourd’hui je célèbre la messe avec les enfants. J’aime beaucoup cette messe qui est très animée, avec des gestes, des images, etc…, avec lesquels les enfants participent très activement, spontanément et de bon cœur, pour les prières mais aussi pour l’homélie, par exemple.
    A midi, je pars à notre Maison régionale pour retrouver les confrères venus de loin et parler un peu avec eux de leurs différentes activités. D’autant plus que, pour ceux qui viennent de Guinée, j’ai travaillé avec eux dans le passé.Ensuite, avec les Français, nous allons à l’ambassade voter pour le futur président. Les choses sont très bien organisées et malgré le nombre important de Français au Sénégal, les opérations se déroulent rapidement.
    Première Communion. Je vais visiter plusieurs familles. En effet, de nombreux jeunes ont reçu la Confirmation et d’autres ont fait leur première Communion. A cette occasion, les familles ont organisé la fête. Nous y avons réfléchi au cours de notre réunion de communauté la semaine dernière, car certaines familles organisent un très grand repas avec carte d’invitation, et de nombreux cadeaux. D’abord, cela déforme complètement le sens de la cérémonie. Mais surtout les gens qui n’ont pas les moyens financiers nécessaires font des complexes et se croient obligés de renoncer à ces engagements. C’est la même chose pour les mariages, les baptêmes et même les enterrements et autres cérémonies du deuil. On a lancé une réflexion approfondie sur cette question, mais les choses mettent beaucoup de temps à changer.

  • Samedi 21 avril : A la prison des hommes. Nous échangeons les nouvelles. Puis nous préparons une liste de ceux qui veulent nous rencontrer personnellement (l’écoute) ; nous voyons les cas de ceux qui doivent passer en jugement, et d’autres cas difficiles ou même bloqués. Nous apportons des produits que nous avons pu obtenir : café, lait, savon…. Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à tous les besoins et il nous faut réfléchir à la manière d’agir la plus juste possible et en découvrant les vrais nécessiteux.
    Nous leur donnons aussi les nouvelles de l’extérieur. Le nouveau gouvernement vient de décider une réduction importante du prix de produits de première nécessité : riz, huile, sucre, lait. C’est évidemment une bonne chose, même si les décisions viennent d’en haut : les commerçants n’ont pas été consultés et n’ont pas eu le temps de s’y préparer. Mais il est vrai qu’ils s’arrangent entre eux et font de gros bénéfices. Ensuite, on se demande si cela pourra durer, en particulier pour le riz qui est devenu la nourriture de base. Mais tant que la plus grande partie du riz consommé est importée, le prix dépend du Commerce international. Bien sûr, l’Etat peut supprimer ou diminuer certaines taxes, seulement ses Caisses sont vides et il a cruellement besoin d’argent. La solution serait d’augmenter la production locale ; or cela va demander beaucoup de temps et d’efforts. Et, de plus, les intérêts ne sont pas les mêmes. Les gens de la ville veulent le riz le moins cher possible, mais les paysans qui le produisent ont besoin de vivre ! Nous réfléchissons longuement à cette question, car les prisonniers se sentent très concernés, en pensant à leurs familles. A partir de là, nous parlons de la situation générale du pays et des premières actions du gouvernement. Nous regardons également la situation en Guinée Bissao et au Mali, pays dont sont originaires plusieurs d’entre eux..Ils ne manquent pas de signaler tous les problèmes de détournements et de corruption contre lesquels le gouvernement actuel essaie de lutter. Nous parlons aussi des problèmes du monde rural dont beaucoup sont originaires : le manque de semences, et la famine qui s’annonce suite aux mauvaises récoltes de l’année dernière.
    A partir de tout cela, nous partageons la Parole de Dieu, l’Evangile du lendemain (Luc 24, 35-48) : l’apparition de Jésus. D’abord, nous parlons de l’image du Christ qui apparaît : un messager de paix qui vient enlever nos doutes. Il nous donne la foi, pas seulement les preuves de sa résurrection et aussi de ses souffrances. Il peut donc comprendre nos souffrances et nos difficultés. Il nous fait confiance et il nous prend comme ses témoins. Il est vraiment le Messie, envoyé par Dieu, qui accomplit les Ecritures. Et qui a fait tout ce que son Père lui demandait, jusqu’au bout. Ce n’est pas un revenant, il est vraiment homme (il montre ses mains, il mange avec les apôtres). Il est l’accomplissement de tout ce que l’homme peut espérer de Dieu, il est l’Homme nouveau, l’Homme parfait, notre Idéal, il est le médiateur et le vrai Chemin qui nous conduit au Père.
    La Bonne Nouvelle : Jésus ouvre notre esprit et notre cœur, comme aux apôtres. Il nous rend intelligents et nous donne la Sagesse. Il nous apporte la Joie de sa Résurrection comme aux apôtres : maintenant, nous sommes dans Sa lumière. Il nous pardonne et nous redonne confiance. Et surtout, il nous donne son Esprit Saint « une force qui vient d’en haut ».
    Que faire ? Nous avons cherché ensemble comment être témoin du Christ et continuer son action dans la prison. Nous sommes témoins par toute notre façon de vivre, pas d’abord par nos paroles. Et la première chose, c’est d’enlever la peur mais aussi la rancune de notre cœur pour pouvoir faire grandir la vie autour de nous. C’est en apportant le pardon et en aidant les autres à changer que nous croyons à la Résurrection de Jésus.
    Prière : Les volontaires ont fait ensuite une prière pour dire merci et demander la lumière et l’intelligence du St Esprit, pour mieux connaître la volonté de Dieu.
    Nous tirons un certain nombre de conclusions pratiques pour notre vie à la prison. Nous reprenons l’histoire de l’âne racontée par le Père Roberto la semaine dernière pour voir comment réagir devant nos problèmes, pour prendre notre vie en mains et chercher à vivre le mieux possible la situation difficile qui est la nôtre. Les autres peuvent nous aider, mais notre vie dépend de nous-mêmes.
    Un prisonnier nous explique combien il a changé depuis qu’il est en prison. Avant, il ne restait pas tranquille. Il courait toute la nuit. Il se droguait et n’arrivait plus à dormir. Maintenant, il est devenu plus calme, il dort bien la nuit, il a arrêté de fumer, même la cigarette. Et il va à la rencontre des autres. Les autres le remercient beaucoup et l’encouragent. Et à partir de cela, nous commençons une longue discussion sur le tabac, l’hygiène et l’équilibre de vie possible dans la situation de la prison. Nous continuerons cet échange et ces réflexions la prochaine fois.
    Je consacre l’après-midi à un certain nombre de visites.

  • Vendredi 20 avril : Pas facile de reprendre les activités ! A la prison des femmes nous parlons de ce qui se passe en Guinée Bissao ; certaines d’entre elles viennent de ce pays. Nous cherchons à comprendre les causes du coup militaire. L’utilisation de la force et de la violence, l’ethnocentrisme (l’ethnie balante, qui veut s’imposer aux autres et l’utilisation de la sorcellerie et de la magie). Nous en tirons les conclusions pour la vie à la prison : comment vivre en paix et résister à celles qui veulent s’imposer aux autres ; comment s’entendre avec toutes, quelles que soient leur langue, leur race ou leur religion ; comment profiter de ce temps pour nous former et reprendre notre vie en main au lieu de compter sur la chance, la magie, le maraboutage ou la sorcellerie ; comment laisser les accusations et les rancunes et retrouver la paix ?
    Nous passons ensuite à la Parole de Dieu. Aujourd’hui, nous parlons de l’histoire de Thomas (nous sommes dans le temps de la résurrection) Jean 20, 19-30 : Comment vivre ce temps dans la foi ? Comment en faire un temps de changement de vie et de conversion pour une vie nouvelle ? Comment nous laisser conduire par l’Esprit Saint et retrouver la paix ? Puis c’est la question pratique : Comment les chrétiennes peuvent-elles s’organiser entre elles par la prière du dimanche. En effet, nous ne voulons pas qu’elles se contentent de participer à nos rencontres, mais qu’elles prennent elles-mêmes leur vie en main et forment une vraie communauté. Les choses avancent peu à peu, mais cela ne va pas vite ! Pour terminer, chacune dit une prière dans sa langue, selon son cœur.
    11 heures. Toutes ces activités, il faut les préparer et les mettre en place. Je me retrouve avec la responsable d’une association « Santé à la prison » pour examiner ce que nous pouvons faire à ce niveau. Et aussi pour mettre en place l’animation culturelle que nous avons prévue.
    15 heures. Mes confrères de Guinée m’ont apporté les livres d’éducation que j’ai écrits pour les jeunes et les adultes, ainsi que mes documents personnels que j’avais dû laisser lors de mon départ précipité de Guinée, et qui vont me rendre bien service dans mes différentes activités ici. Il va me falloir plusieurs jours pour trier tout cela !
    18 heures. Nous prenons le temps de parler avec Christian. Il était enseignant à Dakar et est parti à Strasbourg pour préparer un doctorat en théologie. Il pense revenir en septembre. Il est venu participer à notre assemblée générale et en tenir le secrétariat. Nous avons beaucoup de choses à nous dire.
    Tout au long de ces journées, nos confrères, venus des différents pays où nous travaillons, viennent visiter –et encourager- nos étudiants. Chacun en connaît l’un ou l’autre et cela met de l’animation dans la maison, ce qui nous rend très heureux.

  • Samedi 14 – Jeudi 19 avril : Nous nous retrouvons entre missionnaires spiritains de Mauritanie, Sénégal, Guinée et Bissao au bout de 3 ans pour partager notre vie, évaluer nos activités et préparer les trois années qui viennent. Nous vivons là une semaine très intense avec beaucoup de réflexion et de travail. Mais ça se passe bien parce que nous nous connaissons bien et qu’il y a un grand esprit fraternel entre nous. Cela n’empêche pas les divergences et même les conflits, mais ce bon esprit nous permet justement de les surmonter, de trouver des solutions et de tracer des pistes pour l’avenir. Et c’est vraiment essentiel de nous retrouver régulièrement ensemble pour resserrer nos liens et avoir une vision commune au milieu de nos engagements divers. Cela nous demande de gros efforts : financiers d’abord, mais aussi beaucoup de fatigue pour nombre d’entre nous qui ont plusieurs jours de voyage sur des routes très mauvaises.
    Nous prenons un certain nombre de décisions. En premier pour notre vie communautaire et le partage de nos moyens financiers et autres, souvent très limités. Nous réfléchissons aux vocations missionnaires, à la formation de nos jeunes et aussi à la formation continue pour nous tous. Mais nous voyons surtout comment remplir notre mission de missionnaires : l’annonce de l’Evangile, la solidarité avec le monde des pauvres, le dialogue avec les gens des autres religions, l’engagement pour la justice, la paix, la réconciliation et le respect de la Création, le développement et l’éducation : pas seulement les écoles, mais l’éducation des enfants non scolarisés et surtout des enfants de la rue. L’éducation des adultes non alphabétisés et du secteur informel, etc… Tout un programme ! Nous ne risquons pas d’être au chômage !

  • Samedi 14 avril : A la prison des hommes, comme pour les femmes nous commençons par nous donner des nouvelles et voir comment continuer à vivre la joie de la Résurrection de lundi dernier. Mais nous abordons aussi les problèmes concrets de la vie à la prison, avec un équilibre pas toujours facile à tenir entre la discipline et le respect et la liberté des personnes.
    Le responsable de la communauté va bientôt être libéré. C’est l’occasion pour nous de renouveler notre organisation. Nous choisissons un nouveau responsable et lui ajoutons un adjoint, et aussi deux anglophones, car nombreux sont les hommes dans la prison parlant anglais. Pour ceux qui veulent être baptisés, nous choisissons aussi deux catéchistes. Nous ne voulons pas faire d’élection proprement dite, souvent source de conflits et de jalousie. Mais, selon la tradition africaine, après des propositions, chaque groupe se retrouve pour se concerter et un délégué donne le point de vue du groupe, pour ensuite arriver à un consensus de tous. Ce qui se fait d’ailleurs sans problème, grâce à ce processus.
    Comme chaque samedi, nous lisons l’Evangile du lendemain, dimanche. Et comme à chaque fois, je suis frappé par la simplicité, le concret et en même temps la force de leurs réactions. Aujourd’hui, il s’agit de l’apparition du Christ et de la foi de Thomas.
    1°) Nous nous arrêtons d’abord au comportement du Christ. Ce qui frappe les prisonniers dans cet Evangile, c’est à la fois sa proximité et sa toute puissance.
    Sa présence. Ils disent : « Quand Jésus était homme, avant sa mort, il n’était présent que là où était son corps Maintenant, il est réellement présent partout. C’est vraiment lui (Il dit : « voyez mes mains et mon côté »). Il devient présent, même quand les portes sont fermées, comme pour nous dans cette prison.
    Jésus nous aime. S’Il est mort, c’est pour nous. S’Il est ressuscité, c’est pour nous ressusciter à une vie nouvelle. Il est toujours présent avec nous. Il nous rejoint dans tous nos problèmes.
    Sa toute puissance. Jésus est plus fort que la mort. Cela veut dire qu’Il est plus fort que les sorciers, les génies et les esprits mauvais. Il nous appelle à croire en Lui et à laisser toutes les affaires de sorcellerie et de maraboutage. Il nous appelle à lutter contre toutes les forces de mort et à faire grandir la vie. Sous toutes ses formes. A la prison comme ailleurs.
    Jésus nous sauve du péché. Pas seulement nos péchés personnels, mais le péché du monde, comme nous le chantons à l’Agneau de Dieu de la messe. Nous venons de vivre une nouvelle élection présidentielle. Comment allons-nous lutter contre toutes les mauvaises choses du régime précédent ?
    Jésus ne nous sauve pas seulement du péché, mais de tout mal : la maladie, la faim et le sous-développement, la haine et la violence, la corruption, la drogue. Et cela en commençant entre nous, dans cette prison.
    2°) Ensemble nous voyons la Bonne Nouvelle que nous apporte l’Evangile. Nous relisons simplement les versets 19 à 23 de ce chapitre 20 de St Jean. Jésus nous libère de la peur, il nous donne non seulement la paix mais le Saint-Esprit lui-même. Il nous fait confiance en nous confiant son Evangile. Il nous pardonne nos péchés. Il veut que nous soyons heureux. Et il nous donne la vraie foi pour cela.
    3°) Que faire pour vivre cet Evangile à la prison ? Les réponses sont trop nombreuses pour que je les reprenne ici. Elles vont dans ce sens : Si Jésus est au milieu de nous, nous devons vivre et agir comme lui. Jésus nous demande d’annoncer l’Evangile pas seulement par nos paroles, mais d’abord par notre exemple et le témoignage de notre vie. Et en luttant contre toutes les choses mauvaises et les déviations présentes à la prison. Et aussi, nous pardonner les uns les autres et faire grandir la paix entre nous. Chercher à mieux vivre « une vie nouvelle dans la Lumière de la Résurrection ». Cela commence par une meilleure hygiène de vie, arrêter la drogue, faire du sport, etc…
    Nous voyons ensemble comment améliorer la santé, et d’abord la nourriture dont le manque entraîne de nombreuses maladies et problèmes.
    Nous avons deux visites aujourd’hui : d’abord trois animatrices de la Maison d’arrêt des jeunes qui nous expliquent ce qui se passe et comment elles travaillent dans cette Maison. Ensuite, Roberto, le prêtre espagnol qui a dit la messe chez les femmes le lundi de Pâques, et qui a tenu à venir aussi saluer les hommes. Il peut ainsi parler aux Espagnols, Equatoriens et Colombiens dans leur langue ; c’est une grande joie pour eux.
    Nous avons largement dépassé le temps, mais les gardiens sont compréhensifs et il n’y a pas de problèmes. Il est vrai qu’à chaque fois c’est difficile de nous séparer !

  • Vendredi 13 avril : A la prison des femmes comme d’habitude nous nous donnons des nouvelles de la Maison d’arrêt et de l’extérieur. Nous partageons la Parole de Dieu. Aujourd’hui, l’apparition de Jésus aux deux disciples d’Emmaüs : Jésus ressuscité marche avec nous et nous réconforte. Les femmes commencent à prendre l’habitude et elles n’ont plus peur de parler. Chacune parle dans sa langue et on cherche quelqu’un pour traduire aux autres ce qui est exprimé : souvent avec beaucoup de joie et de rires car la « traductrice » hésite ou se trompe !
    Mais l’essentiel de notre rencontre porte sur la fête de lundi : Comment prolonger la joie, la paix et l’espérance, et le vivre dans la prison ?
    21 heures : Rencontre de notre CEB (communauté de quartier). Nous accueillons de nouveaux membres. Vous en recevrez le compte-rendu dans quelque temps. Vous pourrez le trouver aussi dans mon site.

  • Mercredi 11 avril : A la prison des hommes, je retrouve la nouvelle responsable des services sociaux. Nous faisons le tour des ateliers, pour voir comment les relancer. Nous ne cherchons pas à faire de l’argent ni à travailler pour l’extérieur, mais plutôt de partir des possibilités internes (les artisans et autre formateurs volontaires, de la prison) pour former les autres prisonniers, afin qu’ils puissent plus facilement trouver du travail à leur sortie.
    Aujourd’hui, nous commençons nos rencontres personnelles d’écoute. Chaque lundi, mercredi et jeudi, un éducateur sera à disposition pour parler avec les prisonniers qui le désirent. Bien sûr, nous nous sommes formés pour cela, car nous nous retrouvons face à des problèmes très difficiles : des étrangers qui sont complètement coupés de leur famille et sans nouvelles d’elle ; des hommes rejetés par leur femme ou leurs parents ; des gens qui apprennent le décès de leurs parents longtemps après et qui de toutes façons ne pourront pas assister à leur enterrement. Mais il y a aussi des cas graves de maladies, des problèmes psychologiques, des grèves de la faim ou tentatives de suicide, des personnes qui affirment avec force et arguments qu’ils ne sont pas coupables. Bien sûr, tous ont tendance à dire qu’ils sont accusés injustement –nous ne sommes pas naïfs-, mais certains cas sont quand même troublants. D’autres sont renvoyés de séance en séance parce que leur dossier est incomplet ou que les témoins ne viennent pas, ou ont disparu, des gens qui ont fait appel et qui traînent des mois et même des années. Ce n’est pas facile d’y voir clair, d’être juste et de les aider !
    A 16 heures, réunion du CAEDHU pour préparer une rencontre pan-africaine sur les Droits de l’homme à BANJUL, en Gambie, où siège la Cour de l’Union Africaine.
    A 18 h 30, je célèbre à la paroisse la messe du 8ème jour du départ d’un pilier de notre Eglise. Son fils est le responsable des catéchumènes. Un autre est moine et il est venu accompagné par ses frères du monastère de KEUR MOUSSA. C’est donc l’occasion d’une prière très intense avec également de nombreux amis venus les accompagner et les soutenir. Après la messe, nous nous retrouvons à la maison familiale. C’est dans un quartier un peu isolé et que je ne connais pas bien, je me fais donc accompagner. Et pour traverser l’autoroute, je prends mon vélo sur l’épaule pour utiliser la passerelle.

  • Lundi 9 avril : Nous fêtons Pâques à la prison. Nous commençons par la messe avec les chrétiens où, comme d’habitude, chacun participe. Nous renouvelons notre engagement dans cette prison, et nous voyons comment entrer dans la Lumière de la Résurrection, le tout en trois langues : français, anglais et ouolof, et interventions libres en une quinzaine de langues européennes et africaines. Mais nous ne voulons pas que ce soit la fête seulement pour les chrétiens. La communauté s’est mobilisée pour préparer un repas ; malheureusement nous ne pouvons pas offrir un repas à 900 personnes ! Nous sommes obligés de nous limiter en invitant 50 musulmans. Nous parlons ensemble, et nous prions aussi ensemble. L’un d’eux nous remercie « parce que nous n’avons pas pensé seulement à ceux qui souffrent au dehors (les mendiants, les handicapés et les enfants de la rue), mais nous sommes venus jusque dans cette prison où la Lumière de Dieu est entrée aujourd’hui ». Nous faisons la fête jusqu’à 16 heures. Des prisonniers camerounais ont été graciés, mais ils se retrouvent dehors sans aucune préparation et sans soutien. Rapidement, j’ai réussi à contacter l’association des Camerounais de Dakar pour qu’ils les prennent en charge. Nous avons vu ensemble ce que nous pouvons faire. Maintenant, ils sont entrés avec nous et parlent avec les prisonniers camerounais qui sont très heureux de rencontrer des compatriotes et d’avoir des nouvelles du pays.
    Nous partons ensuite à la prison des femmes. Là c’est une autre ambiance. D’abord, elles sont beaucoup moins nombreuses. Plusieurs ont des bébés auxquels toutes sont très attentives. Le personnel est également féminin, ce qui donne un autre type de relations. Pour les chrétiennes, nous commençons par célébrer l’Eucharistie, présidée par un confrère espagnol, curé d’une paroisse voisine. La messe est animée par la chorale internationale des étudiants (Saint Dominique) qui s’est déplacée spécialement. Après la messe, nous nous retrouvons tous ensemble avec les pensionnaires musulmanes, pour un bon repas pris tous ensemble. D’ailleurs, beaucoup de ces dernières ont tenu à venir prier avec nous. Là aussi, la rencontre se termine dans la joie, la danse et la fête : le Christ ressuscité a visité ces deux prisons, aujourd’hui, et y a apporté la Vie et la Lumière. Des musulmanes nous disent : nous allons écrire cette date pour ne pas l’oublier ! Une autre dit : « Aujourd’hui, c’est comme si nous étions libres ».

  • Samedi 7 avril : A la prison des hommes, nous célébrons la mort du Christ aujourd’hui. Comme d’habitude nous commençons par les nouvelles de la prison, du pays et du monde. Une question arrive sur le tapis : celle de la grâce présidentielle. Evidemment, ceux qui sont libérés sont très heureux (une centaine cette fois-ci). Mais pour les autres, cela entraîne beaucoup de déceptions et de jalousies. Quelqu’un demande : pourquoi on gracie beaucoup de personnes, mais aucun des condamnés pour trafic de drogue. Nous menons toute une discussion sur la drogue, sa gravité et ses conséquences. Mais il est vrai que beaucoup de ceux qui se sont lancés dans le commerce de la drogue l’ont fait à cause de la pauvreté, et pour faire vivre leur famille. Dans un 2ème temps, les prisonniers insistent sur le fait que le Christ est ressuscité pour tous et qu’il faut s’entendre avec tous.
    Nous commençons notre célébration par le Chemin de Croix, la prière pour le monde et l’adoration de la Croix, en reprenant tous nos soucis et réflexions dans la prière.
    Ensuite, je prends contact avec la nouvelle responsable du service social de la prison. Une surprise m’attend : je l’ai connue et formée autrefois quand elle était éducatrice des jeunes. Aussi le courant passe immédiatement entre nous. Je lui explique ce que nous faisons et nos projets.
    Pendant la journée, comme d’habitude, de nombreuses visites. En particulier, celle du fils d’un ami d’enfance dont j’étais son chef scout ici, à Dakar, dans les années 50. Il vient d’arriver dans le cadre de la coopération française. Je lui donne un certain nombre d’adresses et de contacts.
    Le soir, Veillée de Pâques. Une très belle cérémonie qui parle beaucoup aux gens. Une chose me frappe spécialement : notre église est en plein marché, entourée de commerces généralement très bruyants, tenus par des musulmans (la très grande majorité de la population) ; mais ils respectent notre prière. Il y a plusieurs milliers de personnes, beaucoup sont dans la rue, l’église est dans l’obscurité pour la cérémonie du feu nouveau et de la lumière. Pourtant, il n’y a pas un bruit. Tout le monde prie, dans un silence très impressionnant. Et la lumière dans la nuit prend toute sa signification. La cérémonie se poursuit. Cette nuit, nous avons plus de 200 baptêmes d’adultes et de nombreux mariages. Les baptêmes des bébés sont pour demain dimanche.

  • Vendredi 6 avril : A la paroisse, les jeunes ont organisé un Chemin de Croix « vivant » (mimé). Comme il y a énormément de monde, cela se passe dans un grand Collège où chacun peut suivre à partir des étages et une grande cour pour la prière. Ce Chemin de Croix va être diffusé à la télévision ce soir, de même que toute la prière et l’homélie.
    Mais pour moi, je passe ce Vendredi Saint à la prison des femmes. Bien sûr, célébrer l’arrestation et les souffrances du Christ dans une prison, cela prend tout de suite une autre dimension. Une chose qui me touche beaucoup, c’est de voir les gardiennes et les prisonnières prier ensemble et se donner la « paix ». Et ça n’est pas un simple geste extérieur. Je sais que ce geste est d’abord le signe qu’elles sont réconciliées avec elles-mêmes, ce qui n’est pas le plus simple.
    A la sortie, en passant au parloir, je rencontre une femme d’Afrique du Sud que je connais bien. Je suis heureux pour elle, car elle ne reçoit jamais de visite. Et là, sa fille est venue la voir depuis l’Espagne, avec une amie, pour 5 jours. Comme elles ne parlent pas français, ce n’est pas facile. Je les accompagne pour des formalités et aussi pour acheter de la nourriture pour leur mère.
    Au retour, deux anciens prisonniers m’attendent. Ils ont été libérés par grâce présidentielle il y a deux jours, pour la fête de l’Indépendance. Ils sont étrangers, ne connaissent personne et comme leur sortie n’était pas prévue nous n’avons rien pu préparer. L’un voudrait rentrer dans son pays, l’autre rester ici. De toutes façons, il faut qu’ils trouvent un logement, un travail, et de quoi vivre en attendant.
    Au Sénégal, le Vendredi Saint, les chrétiens ont l’habitude de préparer un plat à base de mil et de « pain de singe » (le fruit du baobab) qu’ils vont offrir aux voisins. C’est un moment de rencontres et de partages avec les musulmans à l’occasion de Pâques. Ces derniers nous rendent la pareille en nous offrant du mouton à la fête de la Tabaski ( AID EL KEBIR).

  • Jeudi-Saint 5 avril : Les prêtres de la paroisse invitent à la fête les différentes communautés de la paroisse. C’est une bonne occasion pour nous retrouver calmement et prendre le temps de parler ensemble de nos différents soucis et occupations. Et le soir, nous nous retrouvons avec toute la paroisse pour fêter tous ensemble.

  • Mercredi 4 avril : Fête de l’Indépendance du Sénégal.
    Après tous les changements politiques que nous avons vécus, cette fête prend un accent tout particulier avec un nouveau Président entré en fonction avant-hier, et un nouveau gouvernement nommé hier. Le pays connaît de graves problèmes financiers d’autant plus que les fonds ont été dilapidés par les président et gouvernement sortants. Le nouveau président a décidé de limiter la célébration à une simple prise d’armes, ce que la population a accepté sans problème.
    Mais devant tous les problèmes sociaux, l’impatience est grande et les désirs énormes. Il va falloir gérer tout cela et apprendre à travailler par soi-même et à compter sur ses propres forces. Cela nous fait du boulot en perspective pour la commission Justice et Paix.

  • Mercredi 4 avril : Fête Nationale du Sénégal, avec notre nouveau Président.

  • Mardi 3 avril : Mardi-Saint. Comme partout dans le monde, nous nous retrouvons le soir autour de notre évêque pour nous engager à nouveau au service de l’Eglise et de nos frères. Au cours de cette messe, on bénit les huiles pour les sacrements de cette année : baptêmes, confirmations, ordinations des prêtres, et sacrement des malades. C’est l’occasion pour nous retrouver avec les prêtres de tout le diocèse dans la joie, au cours d’un repas amical. Cela ne nous arrive pas tous les jours ! Nous en sommes très heureux.

  • Lundi 2 avril : Comme nos étudiants sont en vacances, nous en profitons pour tenir notre réunion de communauté. C’est un temps fort pour nous. Aujourd’hui, nous réfléchissons spécialement à notre célibat et à notre vœu de chasteté. C’est important pour nous de voir comment vivre notre vie religieuse dans le monde actuel. Mais aussi d’en parler clairement entre nous, pour partager nos difficultés et nous soutenir mutuellement. Et vivre notre célibat dans la paix et la joie, d’une manière enrichissante qui nous fasse grandir ensemble. Ensuite, nous évaluons notre vie communautaire et nos différents engagements. Et nous voyons comment vivre cette semaine et aussi la Semaine Sainte suivante, durant lesquelles les étudiants vont être en vacances.
    Nous allons avoir un Chapitre général. Nos délégués, venus du monde entier vont se retrouver pendant un mois, en Juillet, à Bagamoyo en TANZANIE, pour évaluer notre engagement religieux et communautaire, et pour revoir nos activités missionnaires, avec tous les problèmes concrets que cela comporte : la formation des étudiants mais aussi la formation continue, les structures à mettre en place, les problèmes financiers. En resituant tout cela dans le cadre général de l’Eglise et de la vie du monde, en nous adaptant aux évolutions actuelles.
    Mais nous ne pouvons pas nous quitter sans voir les choses et activités concrètes de notre vie de chaque jour, avant de préparer les activités du mois.
    A la Messe qui termine notre réunion, nous prions spécialement pour un de nos anciens responsables qui est mort se matin.

  • Dimanche 1er avril : Fête des Rameaux, c’est la Journée Mondiale des Jeunes. Nos étudiants vont y participer. De mon côté, je vais animer deux retraites de catéchumènes adultes, chacune en plusieurs langues, les plus parlées dans la paroisse. Cela fait un certain nombre de va et vient, mais c’est important de bien les préparer au baptême pour le jour de Pâques. Ils sont plusieurs centaines ! A 11 heures, je les laisse en carrefours afin qu’ils réfléchissent entre eux et je vais dire la messe des enfants. Je l’aime beaucoup car elle est à la fois très animée, simple et naturelle. Les enfants viennent apporter les prières et les dessins qu’ils ont préparés à l’avance, nous dansons avec les rameaux, ils applaudissent le Christ qui vient parmi nous. L’homélie est partagée avec des images et des interventions des enfants.
    Je retrouve les catéchumènes pour une réflexion sur la vie du Christ et la vie chrétienne. Comme la plupart sont analphabètes, nous travaillons en plusieurs langues à partir d’images.
    Puis je rejoins, pour dire la Messe, un autre groupe que je préparais dans une autre langue : des mandjaques originaires de Guinée Bissao. Cela me fait une journée bien occupée.

  • Samedi 31 Mars : C’est mon anniversaire. Je ne sais pas comment les gens sont au courant, mais des prières et des vœux m’arrivent de toutes parts. Et aussi des cadeaux. Me voici habillé jusqu’à la fin de ma vie ! Et le dessert qu’on m’a apporté nous permet de faire la fête en communauté, avec nos étudiants. Pour la boisson, jus de fruits naturels fabriqués à la prison des femmes, à partir de produits locaux : bissap (« oseille rouge ») gingembre et fruits de baobabs.
    Bien sûr, j’ai commencé par la prison des hommes, comme chaque samedi. A mon arrivée, le directeur pénitentiaire vient faire une tournée dans nos deux prisons. Tout le monde est en grande tenue. Il y a un mélange de rigueur militaire et de joie. Après la revue, ils et elles rentrent au camp en chantant et en dansant. Mais cela me fait mal de voir ces femmes gardiennes (et aussi les hommes d’ailleurs) danser baïonnette au canon ! Elles ont d’autres choses plus importantes à faire que de faire la guerre.
    Pendant tout ce temps, j’attends de pouvoir rencontrer les prisonniers. Le directeur me reconnaît et me fait appeler, au grand étonnement des autorités. Il faut dire qu’il était régisseur de la prison de St LOUIS où je suis moi-même intervenu pendant 15 ans.
    Les prisonniers nous ont attendus patiemment. Eux aussi me souhaitent un bon anniversaire, et également au fils de l’une des animatrices qui est devenu majeur (18 ans) hier. Nous échangeons plusieurs nouvelles : les absents, les malades. Mais bien sûr l’essentiel tourne autour de l’élection. Ils sont très heureux du changement de président ; ils en attendent une amélioration de leur situation. Bien sûr je les écoute, mais je les invite quand même à la patience et au réalisme !
    Nous préparons ensuite les différentes activités de la Semaine Sainte : les prières, les rencontres et un repas le lundi de Pâques. Beaucoup de personnes ont cotisé et apporté leur soutien. En particulier la communauté de notre quartier. Nous voudrions que tous participent au repas et à la fête, mais ce sera difficile, ils sont plus de 900. Nous ferons le maximum.
    Nous lisons seulement l’Evangile des Rameaux : nous n’avons plus le temps d’en parler ensemble, car nous voulons prendre le temps de parler personnellement avec ceux qui le désirent : les malades, les étrangers, ceux qui ont fait appel mais ne sont pas jugés depuis des mois ; et voir également la question des médicaments et aides matérielles à apporter, les relations avec les familles… et tant d’autres choses !

  • Vendredi 30 Mars : Difficile de se lever ce matin ! Mais comme je dois aller à la prison des femmes je me retrouve plein de courage, car c’est toujours une joie pour moi. Nos rencontres se passent toujours bien et les femmes sont heureuses de nous voir. Aujourd’hui, nous parlons des élections, car bien sûr elles ont suivi avec beaucoup d’attention ce qui s’est passé dans le pays et nous en tirons les conclusions pour leur vie à la prison. D’abord, ce que le Gouvernement devrait faire pour les prisons. Mais surtout, comment vivre entre elles : refuser toutes les formes de corruption ; vivre leur foi, et cela dans le respect des autres croyants et de la cité. Nous faisons ainsi le tour des différentes choses qui se sont passées pendant ces élections, en positif, comme en négatif. Quelles conclusions en tirer pour la vie du pays ? Et aussi pour leur vie à la prison, pour vivre dans la vérité et la paix, respecter les autres et mériter la confiance, etc… Autant de problèmes qui se sont posés durant cette Campagne électorale, en particulier les oppositions et trahisons entre les différentes personnes. Il y avait justement deux femmes qui s’étaient disputées pour une affaire d’argent à la cantine. Ensemble, nous cherchons comment régler le problème et nous voyons celles qui sont les mieux placées pour les réconcilier. A partir de là, nous regardons comment nous avons vécu ce temps de Carême, le positif et le négatif, les changements et améliorations que nous avons pu apporter. Puis nous préparons la prochaine rencontre qui se passera le Vendredi Saint.
    Après la réunion, je rencontre la directrice de la prison et la responsable des services sociaux pour un meilleur accompagnement des femmes.
    Puis je passe à la prison des hommes pour la même chose. Spécialement pour mieux comprendre les prisonniers étrangers et leur donner leur place.
    A midi, à la paroisse, prière du vendredi de Carême. Nous profitons de la pause du midi et du temps de la prière musulmane pour nous rassembler jusqu’à 15 heures, à la place du repas comme chaque vendredi. Nous commençons par un enseignement. Cette année, nous réfléchissons à notre engagement dans l’Eglise et la société, selon la ligne de Vatican 2 (voir mon site, à cette rubrique). Puis nous suivons le Chemin de Croix, une prière que les chrétiens aiment beaucoup mais que nous avons améliorée en méditant à tour de rôle les quatre Evangiles de la mort de Jésus, et en terminant par la résurrection. Enfin, nous célébrons l’Eucharistie à partir de l’Evangile. Ensuite, confessions jusqu’à 17 heures.
    18 heures. Je me retrouve au Centre culturel allemand pour une rencontre sur l’engagement des jeunes, avec l’équipe des rappeurs « Y en a marre ». Je vous en ai déjà parlé. J’aime beaucoup ce groupe car ils sont vraiment engagés concrètement et d’une manière libre et réaliste. Au lieu de s’enfermer dans des revendications et contestations, ils font des propositions pratiques et cherchent à faire vraiment les choses. Ils ont mobilisé les jeunes pour qu’ils se fassent inscrire sur les listes électorales et aillent voter. Ils travaillent dans la Société Civile mais sans se faire récupérer par aucun parti ; ils gardent leur autonomie et leur liberté d’action. Lors de chaque meeting, ils veillent à la paix ; tout le monde s’asseoit pour éviter toute violence, et on nettoie la Place avant de partir. Au lieu de tout attendre du Gouvernement, ils poussent les jeunes à se mobiliser et à agir par eux-mêmes pour s’en sortir. Ils veulent construire ce qu’ils appellent un NTS (Nouveau Type de Sénégalais).
    En même temps, deux chercheurs européens nous parlent de l’engagement des jeunes et du mouvement « Indignez-vous » en Europe. Mais leur contribution est vraiment limitée. Il est vrai que l’un était allemand, l’autre espagnol et ils avaient de la peine à s’exprimer en français.
    Ensuite, on a donné la parole au public. La réflexion s’est poursuivie en passant des problèmes sociaux aux problèmes économiques, et à ce que l’on attend du nouveau président de la République. Mais plus largement, faut-il, par exemple, que le Sénégal reste dans la zone du Franc CFA qui est dirigé par la France dans le cadre de l’Europe, ou chercher à créer sa propre monnaie, ou mieux une monnaie ouest-africaine ? Et surtout, comment développer l’économie du pays au service de tous et non pas de quelques privilégiés ? Comment la libérer des contraintes et dominations de l’étranger et mettre en place une mondialisation plus humaine ? Mais aussi libérer l’économie sénégalaise des exploitations internes. Et que les citoyens se prennent en mains et comptent sur leurs propres forces, et non plus sur le gouvernement ou sur l’extérieur. De là, la réflexion s’est portée au niveau politique : quel gouvernement mettre en place ? Mais aussi, faut-il continuer à accepter la présence de l’armée française, par exemple ?
    Après une pause où chacun a pu échanger ses impressions, les rappeurs nous ont présenté un concert très apprécié.

  • Jeudi 29 Mars : Rencontre de doyenné : les prêtres des huit paroisses de notre secteur. A chaque réunion, nous travaillons un thème spécial. Aujourd’hui, nous réfléchissons au SIDA = pas seulement nous informer, mais voir surtout comment accueillir les gens, comment les soutenir et les suivre, les aider dans leurs relations familiales, au travail et partout. Nous ne voulons pas nous limiter aux sensibilisations et informations, il y en a eu énormément, mais plutôt assurer un véritable suivi et soutien de tous dans leur vie concrète. Nous voyons en particulier comment suivre les prisonniers. Et aussi assurer une véritable éducation sexuelle des jeunes, en profondeur et s’étendant à toute leur vie, pas seulement à la prévention du SIDA. Nous travaillons la nouvelle loi de 2010 du Sénégal à ce sujet, qui marque un très grand progrès. Mais nous voyons aussi comment faire avancer la législation, en particulier pour ce qui concerne les prisonniers.
    A 16 heures, rencontre des formateurs pour préparer notre réunion avec les étudiants, lundi prochain.
    17 h 30, je pars à la paroisse rejoindre les autres prêtres pour les confessions. Il y a énormément de monde et elles durent jusqu’à 22 heures. Ensuite, nous nous retrouvons tous ensemble pour un repas très fraternel… après que quelques confrères aient patienté dans  « les bouchons » car le presbytère est une petite maison dans le quartier, de l’autre côté de l’autoroute. Pour moi, avec mon vélo, je n’ai pas de problème : je commence par doubler les voitures, ensuite je prends mon vélo sur mon épaule et monte la passerelle pour traverser l’autoroute. Et comme j’arrive avant les autres, j’en profite pour donner un coup de main à la cuisinière ; nous sommes nombreux, elle a beaucoup de travail ce soir. Malgré tout, elle nous accueille avec un grand sourire.

  • Mercredi 28 Mars : Travail à la maison et rencontres personnelles, coupés par de nombreux appels téléphoniques : réunions à préparer, soutien aux prisonniers, contacts à prendre, visites à organiser…

  • Mardi 27 Mars : Réflexions avec le CAEDHU (Droits Humains) sur les élections, le suivi à apporter et la préparation des élections législatives. Comme vous le savez, l’élection présidentielle s’est passée dans le calme. Mais surtout le président sortant Abdoulaye Wade a écouté les conseils que lui ont donnés en particulier les chefs de l’armée et de la gendarmerie. Dès la sortie des premières tendances qui étaient claires, il a accepté sa défaite et téléphoné pour féliciter MACKY SALL son concurrent. Cela a permis de supprimer dès le départ toutes les volontés de violences et de refus des résultats. Quels que soient nos reproches envers l’ancien président, nous le remercions beaucoup d’avoir sauvé la paix au Sénégal.
    Ensuite, travail à l’aumônerie de la prison pour revoir les comptes-rendus et les différentes correspondances à envoyer. Et voici comment mettre en pratique les dernières rencontres et le travail des différentes commissions et suivre les activités.
    A midi, je mange à notre séminaire de 1er cycle (philosophie). Cela me permet de rencontrer à la fois les formateurs et les étudiants. Puis je donne mon 2ème cours de ouolof à des religieuses sénégalaises. Aujourd’hui, un retraité français vient rejoindre le groupe. Je cherche à donner une formation pratique et à leur apprendre à parler.

  • Lundi 26 Mars : Toute cette semaine, nous nous retrouvons chaque soir dans une des huit paroisses de notre secteur pour les confessions préparatoires à Pâques, en tournant.
    En Communauté, ce matin nous fêtons l’Annonciation, la fête de Marie.
    Travail à la maison. Comme chaque jour, un certain nombre de personnes viennent me voir : des malades, des personnes qui n’arrivent plus à nourrir leur famille, des chômeurs ou des gens qui ont perdu leur travail. Mais aussi des gens qui ont des problèmes psychologiques, suite à certaines cérémonies traditionnelles ou visites chez des marabouts ou féticheurs qui les perturbent. Et aussi des gens déstabilisés par des sectes. C’est important de rester disponible, mais c’est souvent décourageant de pas pouvoir aider suffisamment ces personnes.

  • Dimanche 25 Mars 2012 : 2ème tour de l’élection présidentielle.
    J’en ai déjà beaucoup parlé (voir aussi mon site) et nous avons beaucoup travaillé pour la préparer. Grâce à Dieu, les votes se passent bien, dans la paix. Bien sûr, nous prions spécialement à ce sujet. Dans l’homélie, je pars de l’Evangile : « Celui qui aime sa vie plus que lui, la perdra ». Et nous constatons que beaucoup d’électeurs aussi bien que les candidats, perdent non seulement leur vie mais aussi le pays pour l’argent avec la corruption, l’achat des consciences, l’achat ou la vente de cartes d’électeurs. Comment se décider –et décider les autres- à donner notre vie pour le pays et le bonheur de nos frères et sœurs ? Et d’en prendre les conditions ? « Si le grain de blé ne meurt pas en terre, il ne peut pas donner de fruit ».
    Au moment des annonces, nous insistons sur l’importance de voter dans la paix, sans répondre aux provocations. D’apprendre à bien voter et de l’expliquer aux autres. De réagir immédiatement à tout début de violence ou essai de corruption.
    L’après-midi, nous continuons nos visites de quartier.

  • Samedi 24 Mars A la prison des hommes. La veille ils ont suivi une formation sur la non-violence. L’un des participants nous en fait le compte-rendu très détaillé. Il a très bien suivi les choses. Il a demandé d’être une porte ouverte et non pas un mur. Ensemble, nous avons cherché à voir comment vivre la non-violence dans la prison : nous accepter, sentir les choses, nous mettre à la place des gens et entrer dans leur cœur (l’empathie). Certains viennent de la Casamance, la région sud du Sénégal où une guerre civile sévit depuis plus de 30 ans. Nous nous sentons tous concernés et partageons nos sentiments. Nous insistons aussi sur la nécessité de ne pas nous bloquer sur le passé et sur ce que nous avons fait et qui nous a entraînés ici. Rester ouvert au futur, à l’avenir et à une nouvelle vie. Et la nécessité de respecter la liberté des autres prisonniers : ne pas les forcer à aller là où on veut, ni leur imposer nos solutions. L’important c’est de les accueillir et de les écouter. Alors, ils verront plus clair dans leurs problèmes et trouveront d’eux-mêmes leurs propres solutions. Enfin, nous avons demandé aux « sages-conseillers », responsables de la réconciliation que nous avons choisis la dernière fois, ce qu’ils ont fait dans ce sens.
    Enfin, nous avons réfléchi à la non-violence évangélique, à partir de la vie et des paroles de Jésus. En notant bien que c’est une non-violence active et absolument pas de la passivité.
    Après cela, je leur fais le point de l’action de nos différentes commissions dont je vous ai souvent parlé. C’est normal qu’ils soient au courant.
    Puis, comme d’habitude, nous partageons l’Evangile du dimanche (Jean 12, 20-33) : Jésus est troublé face à la mort qui l’attend. Les prisonniers comprennent cette peur et cette souffrance. Car ils vivent une situation semblable. Et les paroles de l’Evangile retentissent donc profondément dans leur cœur et leur vie. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul…. Celui qui aime sa vie, la perd…. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive…. ». Mais ce qui les touche plus spécialement, ce sont ces paroles de Dieu : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore », et ce commentaire de Jésus : « C’est pour vous que cette Voix s’est faite entendre…. Maintenant le monde est jugé et Satan, le prince de ce monde, va être jeté dehors…. J’attirerai tous les hommes à moi quand je serai élevé de terre ». A partir de là, nous voyons comment nous donner à Dieu et aux autres. Comment suivre le Christ dans la vie à la prison. Et comment conduire nos frères au Christ, comme Philippe et André ont conduit les Grecs à Jésus ; comme Jésus, sans chercher à être libérés de cette situation, mais en la vivant le mieux possible, quelles qu’en soient les difficultés.
    Toute cette réflexion a été coupée de chants dans lesquels les prisonniers expriment avec force leur désir de vivre. Elle se termine par une prière où chacun donne ses intentions personnelles et communautaires.
    Après la rencontre, nous nous retrouvons entre animateurs pour évaluer notre travail. Cette année, nous avons de nouveaux animateurs, et pour se former ils font le tour des prisons et des équipes. Ils ont été frappés par l’ambiance d’amitié, de confiance et de simplicité. Une nouvelle animatrice explique : j’avais peur de venir et je me demandais comment j’allais me conduire ; quand je suis entrée, j’ai vu tout le monde à l’aise ; j’ai demandé à mon voisin : mais où sont les prisonniers ? il m’a répondu : mais c’est nous ! ». Un autre ajoute : « J’ai dit à un prisonnier : vous avez l’air heureux ! Il m’a répondu : c’est seulement à l’extérieur, mais dans notre cœur nous souffrons beaucoup et nous sommes très tristes ».
    Ils apprécient que les prisonniers prennent eux-mêmes en charge leur formation et leurs réflexions et qu’ils cherchent à passer à des actions concrètes. Ils apprécient également la méthode et le questionnaire utilisés pour le partage de l’Evangile. Nous insistons sur l’importance de l’écoute et l’importance de la souplesse au cours de nos interventions : laisser notre programme pour suivre les propositions et demandes des prisonniers. Et de prendre le temps, à la fin de nos rencontres, pour parler personnellement avec ceux qui le désirent, mais en respectant les règlements de la prison. Pour l’aide matérielle, passer par la commission économique, et le service social de la prison pour aider vraiment ceux qui en ont le plus besoin, car certains sont plus débrouillards et cherchent à en profiter.
    Le soir, réunion de notre communauté de quartier. Je vous enverrai le compte-rendu (voir aussi mon site). De nouveaux membres viennent nous rejoindre, suite à nos contacts dans le quartier. Nous nous orientons de plus en plus vers des actions concrètes, plus efficaces, grâce à la venue de nouveaux membres techniciens, en particulier pour l’assainissement : lutte contre les eaux polluées et les moustiques, pour le ramassage mais d’abord la bonne gestion des ordures par les ménages, etc… Il va falloir simplement mieux organiser nos rencontres pour ne pas déborder ni aller dans tous les sens, car les participants sont très intéressés et ont beaucoup de choses à dire.

  • Vendredi 23 Mars : A la prison des femmes. Nous sommes en Carême. Aujourd’hui, nous consacrons notre rencontre à la prière, en ouolof, pour que tout le monde puisse participer. En effet, même les étrangères ont appris le ouolof, au moins celles qui sont là depuis quelque temps. Mais, bien sûr, dans cette prière et Chemin de Croix terminé par l’Eucharistie, nous partons de la vie à la prison et nous y retournons pour terminer.
    Après la rencontre, nous nous retrouvons avec la responsable d’une ONG locale, avec laquelle nous collaborons, pour voir avec la responsable du service social de la prison comment mettre en place concrètement les actions que nous avons décidées pour soutenir les femmes : des avocats pour celles qui sont abandonnées ou oubliées, un soutien matériel pour les plus nécessiteuses, des visites pour celles qui sont seules et loin de leur famille. Bien sûr, nous ne pouvons pas aider tout le monde. Et l’une des difficultés, c’est justement de connaître celles qui ont le plus de besoins. Nous voyons aussi la possibilité de lancer le micro jardinage (culture sur planches) d’abord pour améliorer la nourriture mais surtout pour offrir une possibilité de nourrir la famille et d’avoir une petite source de revenus à la sortie de prison.
    Quand j’ai fini, je pars faire la même chose à la prison des hommes, où il y a beaucoup plus de monde et donc davantage de besoins.
    Je recueille aussi le règlement intérieur. En effet, comme de nouvelles personnes se sont présentées pour intervenir dans les prisons, il est important, afin d’éviter des problèmes inutiles, qu’elles connaissent ce que l’on peut faire et ce qui est interdit.
    A 14 heures, je vais diriger le Chemin de Croix dans un Collège du quartier. Les élèves catholiques et leurs parents sont là. Beaucoup de gens du quartier viennent nous rejoindre. Les animateurs ont photocopié un texte en français beaucoup trop compliqué. Comme je suis en avance, je revois rapidement les textes, car le français n’est pas la langue maternelle des gens. Nous terminons par l’Eucharistie.
    Le soir, rencontre avec une nouvelle visiteuse de prison.

  • Vendredi 23 mars : Le matin, je pars à la prison des femmes, comme chaque semaine. Nous sommes à l’avant-veille de l’élection, aussi les contrôles sont beaucoup plus serrés : on nous connaît bien, mais il faut montrer toutes nos autorisations !

  • Jeudi 22 mars : Je vérifie mon vélo. Il est à nouveau crevé. C’est vrai que je passe partout dans les quartiers, sur des routes de sable très mauvaises, jonchées de cailloux, pointes et morceaux de verre ou de fer.
    L’après-midi, je prends un long temps pour lire tranquillement quelques articles de fonds, car les jours ordinaires je n’ai souvent que le temps de lire l’un ou l’autre article.
    Le matin, j’ai travaillé avec un étudiant sur son mémoire qui porte sur le thème de l’inculturation de l’Evangile chez les bediks, une ethnie minoritaire du Sénégal Oriental : comment vivre sa foi dans sa culture. Il est venu me voir car j’ai beaucoup travaillé cette question dans les différents pays où j’ai été.
    L’un des vicaires de la paroisse a perdu son oncle. Je vais le remplacer à la messe du soir. Je rejoins ensuite le Conseil Pastoral qui a lieu chaque trimestre pour l’évaluation du trimestre passé et la préparation du trimestre suivant. Nous durons tard car c’est une très grosse paroisse et il y a beaucoup de choses à organiser et de problèmes à régler.

  • Mercredi 21 mars : Le matin, travail à la maison. Après-midi, contacts avec les étudiants. 21 heures : réunion de quartier.

  • Mardi 20 mars : Ce matin, nous recevons le vicaire général (l’adjoint de l’évêque) qui est en même temps notre curé. Nous parlons de la formation de nos étudiants et de notre rôle de religieux missionnaires dans le diocèse. Il apprécie notre engagement auprès des musulmans (dialogue) et au niveau social (prison, hôpital, émigrés et réfugiés, handicapés) et nous encourage à continuer. La rencontre est très fraternelle car nous nous connaissons depuis longtemps et avons beaucoup travaillé ensemble. Nous partageons le repas tous ensemble avec les étudiants ce qui lui permet de dialoguer aussi avec eux. Je les quitte avant la fin du repas, car j’ai rendez-vous avec une ONG qui accepterait de travailler à la prison. Cette ONG a été lancée par d’anciens volontaires américains (Les « Corps de la Paix ») qui ont beaucoup aimé le Sénégal où ils sont venus travailler et où ils sont restés. Ils seraient disposés à intervenir à la prison au niveau de la santé (maladies, SIDA, mais aussi prévention, éducation à la santé, hygiène, exercices physiques…). Il s’agirait surtout d’aider les prisonniers à prendre eux-mêmes leur santé en mains. Ils pourraient aussi nous aider pour les ateliers à mettre en place, en particulier le micro-jardinage (cultures sur planche). Nous parlons ensemble de tout cela. Je leur présente ce que nous souhaiterions. Ils vont y réfléchir, voir ce qu’ils peuvent faire et nous nous retrouverons dans 15 jours.
    16 heures. Des sœurs, religieuses venues d’autres pays et travaillant au Sénégal, m’ont contacté pour que leur donne des cours de ouolof. J’accueille leur demande avec plaisir, car c’est vraiment important qu’elles apprennent la langue locale pour travailler avec tous, spécialement les plus pauvres et ceux et celles qui ne parlent pas français parce qu’ils n’ont pas eu la possibilité d’aller à l’école. Nous commençons aujourd’hui. Il n’y a pas grand monde, mais j’espère que le groupe va s’élargir peu à peu.
    21 heures. Nous sommes dans la semaine du 2ème tour de l’élection présidentielle. Il y a eu beaucoup d’abstentions au 1er tour. Les violences ont repris. Il y a de nombreuses tentatives de corruption pour acheter des voix. Les deux candidats, surtout le président, font des promesses absolument irréalistes et irréalisables. Cela nous inquiète beaucoup, et nous nous demandons ce qui va se passer au moment de la proclamation des résultats : est-ce que les partisans du candidat perdant ne vont pas se révolter ? Il faut donc réfléchir tous ensemble à toutes ces questions, à l’avance. Avec les membres de notre Commission Justice et Paix, nous nous partageons le travail, pour tenir une rencontre de réflexion dans chacune de nos communautés de quartier. Comme il y en a 23, cela fait du travail et nous prend toute la semaine !

  • Lundi 19 mars : Fête de St Joseph. C’est une fête importante pour nous. Nous commençons la messe une demi-heure plus tôt, à 6 heures du matin, pour avoir le temps de célébrer dans la joie, sans précipitation, avant que les étudiants ne partent pour leurs études.
    A 12 heures, rencontre avec un médecin spécialisé dans la médecine en prison. En effet, je vous ai souvent parlé de nos actions en prison, mais nous ne sommes pas des spécialistes. C’est pourquoi nous cherchons à rencontrer des personnes compétentes, et à travailler avec elles. Cela se fait peu à peu. Et je  suis étonné de voir combien de gens acceptent d’aider avec joie !
    A 17 heures, je pars dans un centre du quartier. Avec une sœur psychologue nous allons recevoir une formation sur l’écoute, formation qui nous est nécessaire pour bien faire notre travail. Dans nos quartiers, il n’y a pas de nom de rue, ni de numéro. J’ai repéré l’endroit à l’avance. J’attends tout le monde au carrefour et nous partons tous ensemble. La rencontre se passe très bien. Nous allons la mettre en pratique et nous nous retrouverons dans deux mois pour évaluer ce que nous aurons fait et les difficultés rencontrées.
    La nuit, je continue mes rencontres avec les étudiants.

  • Dimanche 18 mars : Dans le cadre du Carême, toute la paroisse se retrouve pour une journée de prières (récollection) : 650 personnes participent et vont à l’Ile de Gorée : une Ile d’où partaient les esclaves pour l’Amérique. C’est un lieu qui nous aide à réfléchir en profondeur et qui nous appelle à la conversion et au changement sérieux.
    En même temps, notre association, le CAEDHU, organise une journée de formation aux Droits Humains. Je ne peux pas y participer, mais nous avons suffisamment d’éducateurs formés qui peuvent animer la formation.
    Le soir, nous allons voir le chef de quartier, comme prévu. Il nous reçoit très bien. C’est vrai que nous nous connaissions déjà et qu’il y a la confiance entre nous.

  • Samedi 17 mars : Ce matin, rencontre avec des élèves de Terminale sur l’engagement ( la même chose qu’il y a 15 jours) : un exposé, rencontres successives de 4 « témoins », une réflexion des élèves par petits groupes et des conclusions générales. La réflexion est beaucoup plus poussée que la dernière fois et l’ambiance très décontractée.
    A la sortie, je trouve mon vélo crevé. Cette fois-ci, c’est la roue arrière, mais il est vrai que le pneu arrière est très vieux. Je me décide de le changer, mais ce n’est pas facile d’en trouver un neuf un samedi midi. Cela me donne au moins le temps de parler avec les apprentis. Et aussi en poular avec un marchand d’oranges peuhl de Guinée. Nous parlons du pays.
    A 15 heures, rencontre avec le responsable de la Communauté « Point Cœur » qui intervient avec nous à la prison. Nous voyons comment coordonner nos actions dans la complémentarité.
    17 heures : Visites auprès de l’imam et du chef de quartier, au sujet des élections. Nous leur demandons d’intervenir pour que cela se passe dans la paix et la transparence. L’imam, en particulier, est très heureux de notre visite. Nous échangeons nos idées sur ce à quoi Dieu nous appelle en ce temps des élections. C’est un échange très intéressant et enrichissant. Je lui laisse nos affiches. Aussitôt il me dit qu’il veut les afficher dans les mosquées dont il a la responsabilité. Je lui apporterai d’autres affiches demain, de même que « les 10 Commandements de l’électeur », en ouolof.
    Nous allons voir le chef de quartier mais il est occupé, donc nous reviendrons demain. D’ailleurs je dois aller dire la messe dans un quartier que je ne connais pas… il ne faut pas traîner car je devrai chercher mon chemin. Quelqu’un qui me connaît me repère et vient me saluer. Et il me conduit à la Chapelle. Nous prenons le temps de parler pour nous connaître réciproquement.

  • Vendredi 16 mars : Comme chaque vendredi, je vais à la prison des femmes. Nous continuons à parler du droit des femmes, spécialement en prison.
    Je rencontre la directrice de la prison pour lui faire le compte-rendu de notre dernière réunion de l’aumônerie et examiner ce qu’il est possible de faire, et dans quelles conditions. Nous nous retrouverons vendredi prochain avec la responsable du service social pour voir comment concrétiser les choses. (Voir sur mon site, la rubrique « prison »).
    Ensuite, je vais à la prison des hommes où j’ai rendez-vous avec le directeur. Là, les choses sont moins compliquées. Le problème est de passer à l’action. L’une des questions qui se posent, c’est que les personnes volontaires pour intervenir à la prison travaillent et ne sont donc libres que les samedis et dimanches. Or, ces jours-là, le personnel pénitentiaire est réduit… et donc, aussi les activités. Je passe un long temps ensuite avec l’infirmier, puis avec les gens du service social. Mais il faudra encore revenir plusieurs fois avant que les choses ne prennent forme.
    13 heures : c’est le temps du Carême, nous avons un Chemin de Croix à la pause de midi (en plus de ceux du matin dans les écoles et de ceux du soir à la paroisse). Toujours selon le même principe : un enseignement, un chemin de Croix à partir de l’un des 4 évangiles, puis l’Eucharistie à partir de l’Offertoire.
    La nuit, rencontre avec une association de jeunes du quartier, sur les élections.

  • Jeudi 15 mars : Rencontre avec Xavier, venu visiter les Volontaires de la DCC (Délégation Catholique à la Coopération) travaillant en Guinée. Nous en parlons ensemble ; ainsi que de nos activités réciproques. Nous étions ensemble autrefois en Guinée.
    Le soir, nous partons avec tous nos étudiants dans une paroisse tenue par des spiritains, pour y célébrer une messe pour notre confrère Jonas dont le corps arrive à cette même heure au Ghana, venant du Brésil. Il sera enterré demain. Nous pensons spécialement à sa famille.

  • Mercredi 14 mars : Séance de travail avec le vicaire général. Il est à la fois secrétaire national de la Commission Justice et Paix, et curé de notre paroisse. Nous avons donc beaucoup de choses à nous dire.
    A 16 heures, rencontre avec les responsables des Mouvements de jeunes, toujours à propos des élections. C’est notre grand souci en ce moment.
    La nuit, rencontre dans une communauté de quartier. La plupart des participants sont des jeunes. Nous regrettons l’absence des adultes.

  • Mardi 13 mars : Toute la journée, travail personnel et rencontre avec les étudiants. Le soir, nous passons dans les groupes de catéchèse adultes pour les pousser à l’engager par rapport aux élections. Au passage, je visite plusieurs familles du quartier.

  • Lundi 12 mars : Hier mon vélo a crevé. J’étais loin de chez moi et j’ai dû rentrer à pied en le poussant. Je l’ai fait réparer ; mais le soir, devant sortir, je le retrouve à nouveau à plat. Nouveau voyage à pied ! Heureusement les gens sont patients et ils m’ont attendu, grâce au téléphone qui m’a permis de les prévenir. Le portable, c’est quand même une bonne invention. Ce matin, je repars donc faire réparer mon vélo. Puis je pars à la banque toucher un chèque que l’on m’a remis pour les besoins des prisonniers en nourriture, savon, habits et surtout médicaments. Nous avons aussi des frais importants, en particulier pour contacter les familles des prisonniers à l’étranger. Je pars dans une 1ère banque, agence de quartier, où on me dit qu’ils reçoivent l’argent mais ne peuvent pas en donner. Je pars dans une 2ème agence de la même société (celle de mon chèque) : même réponse. Je pars donc en ville. Là on me demande mes pièces, c’est normal ! Je présente ma carte d’identité consulaire : ils ne l’acceptent pas. Ensuite, ma carte de séjour du Ministère de l’Intérieur (du Sénégal) : nouveau refus. Je présente mon permis de conduire : il est aussi refusé. Il faut que je retourne à la maison pour prendre mon passeport que, enfin, ils acceptent. C’est beau, l’administration !
    11 h à 15 heures : Réunion du Bureau de l’aumônerie des prisons. Nous reprenons les réflexions de mardi pour les structurer et en tirer des pistes d’actions. Nous finalisons les différentes commissions : membres, objectifs, méthodes de travail, etc… C’est un gros travail. Nous voyons aussi comment continuer la formation. La première chose, c’est une formation à l’écoute, lundi prochain.
    A 15 h 30, rencontre avec le responsable de la maison de détention des jeunes du quartier voisin, qui a demandé notre collaboration.
    A 18 h 30, après la messe, nous allons visiter les classes des Cours du soir pour leur rappeler les principes de notre action pour le 2ème tour de l’élection présidentielle. Nous insistons sur la nécessité de conscientiser les autres et de rencontrer les différents groupes de leur quartier.
    La soirée, je la consacre à la rencontre de nos différents étudiants en théologie. Pendant environ une heure, nous faisons le point de leurs engagements de ces deux derniers mois, chacun à tour de rôle. Cela va me prendre toute la semaine, mais ça vaut la peine.

  • Dimanche 11 mars : Aujourd’hui, je reste à la Communauté. J’anime la journée de prière (récollection) avec nos étudiants, sur le thème du Carême : Comment vivre ce temps de Carême en vérité, dans un vrai engagement personnel, mais aussi communautaire, pas seulement au niveau de l’Eglise mais aussi du pays. Sans nous limiter aux pratiques traditionnelles : chapelet, Chemin de Croix et autres.
    Je ne veux pas m’en tenir à la formule classique d’une conférence où tout le monde se contente d’écouter bien sagement , sans rien dire. Nous partageons donc nos réflexions à partir d’un texte d’Isaïe (56, 1-12) qui nous appelle à travailler pour le développement, à nous engager pour la justice et à reconstruire le pays. Et après un long temps de prière personnelle, nous partageons les appels que nous avons sentis dans notre cœur. L’après-midi, nous nous retrouvons autour de la question « Qui est Jésus pour moi ? ». J’essaye aussi d’animer et de varier la façon de prier l’Office, pour prendre le temps de la méditation et la faire entrer dans nos différents engagements et que la vie du monde soit vraiment présente dans notre prière. Pas seulement prendre le livre du bréviaire et réciter des prières toutes faites à l’avance.
    Tout cela se passe dans un climat de confiance qui me réjouit beaucoup. C’est absolument nécessaire pour partager notre foi et nous soutenir dans nos différentes activités. Il faut dire qu’il y a une bonne ambiance dans notre communauté.

  • Samedi 10 mars : L’après-midi est occupé par un certain nombre de rencontres. Et le soir, nous tenons notre réunion de quartier, toujours aussi sympathique. Nous nous connaissons bien maintenant, nous sommes à l’aise les uns avec les autres et n’hésitons pas à nous confier nos problèmes. A chaque réunion, des nouvelles personnes viennent nous rejoindre et nous voyons de mieux en mieux les actions à mener et les engagements à prendre. Comme d’habitude, je vous enverrai le compte-rendu, à lire également sur mon site. Nous dépassons largement l’heure, mais personne ne s’en plaint.
    Avant cette rencontre, j’anime la messe du samedi soir. Le 2ème tour de l’élection présidentielle a lieu dans 15 jours. Il est important de réfléchir aux enjeux, de voir comment conscientiser ceux qui nous entourent, de lutter contre tous les essais de violences, de truquage et de corruption. L’Evangile du jour nous interpelle dans ce sens. Il ne suffit pas de nettoyer nos églises, c’est tout le pays qu’il faut nettoyer.

  • Samedi 10 mars : Comme chaque matin, nous nous retrouvons à la prison des hommes. Je suis toujours heureux de les retrouver, et eux aussi. Aujourd’hui, je viens avec 5 nouveaux visiteurs et visiteuses, qui ont reçu tout récemment leur autorisation que nous attendions depuis Janvier. Ils vont donc faire le tour des différentes prisons avec chacune des équipes pour s’initier au travail.
    Ce matin, ils prennent le temps de se présenter longuement, avec leur famille et leurs activités. C’est important pour que les prisonniers les connaissent et pour créer un esprit de famille et de confiance. Puis nous nous donnons les nouvelles. L’un d’eux nous annonce le décès de son frère au Cameroun et sa tristesse de ne pas être à l’enterrement avec sa famille. Les Congolais nous parlent de l’explosion d’un camp militaire à Brazzaville qui a dévasté tout le quartier et fait plus de 200 morts et plus de 2 000 blessés. C’est justement le camp où j’étais militaire, je connais donc beaucoup de ces familles qui ont été décimées. Je leur parle aussi de notre confrère ghanéen, Jonas, qui travaillait en Guinée Bissao. Il était parti se reposer, au bout de 4 ans, au Brésil et il s’est noyé. C’est un coup très dur pour nous tous, à commencer par sa famille, bien sûr.
    Après cela, nous partageons la Parole de Dieu : Jésus chasse les marchands du Temple. Les prisonniers disent aussitôt : « Notre prison aussi a besoin d’être purifiée ». Ils insistent ensuite sur l’importance de se préparer à Pâques, comme Jésus. Et l’importance de donner toute sa place à Dieu. Comme le disent les musulmans : « Dieu est Dieu. Et il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu ».
    A la suite de Jésus, les prisonniers disent : « Nous aussi, nous sommes le temple de Dieu. Nous avons le droit au respect ». Avec la conclusion : « Mais les autres ont droit aussi à notre respect. C’est à nous de nettoyer notre prison de toutes les affaires d’argent, de violence et de manque de respect ». Et un prisonnier dit aux animateurs : « C’est à vous de purifier le pays et de chasser tous les marchands du Temple qui exploitent le pays. Surtout en ce temps des élections.
    Cette semaine, deux prisonniers se sont disputés sérieusement. Nous leur parlons et ils acceptent de se réconcilier à la grande joie de tous. Nous choisissons alors 4 personnes (2 francophones et 2 anglophones) comme « conseillers », pour veiller à l’entente et réconcilier les gens.
    - Un prisonnier a tenté par deux fois de se suicider. Cela a causé un grand émoi. Il est actuellement au secret, mais nous nous préparons à l’accueillir et à le soutenir.
    - Un autre a été surpris avec un couteau. Du coup, pour venir à notre réunion, ils doivent non seulement présenter leur carte d’identité, mais passer à la fouille.
    Ensuite, je fais le compte-rendu de notre rencontre de l’aumônerie des prisons, du mardi 6, au cours de laquelle nous avons mis en place nos différentes commissions. Nous leur expliquons ce que nous voulons faire avec eux et leur demandons leur point de vue (Je vous enverrai bientôt le compte-rendu). Bien sûr, les prisonniers sont pressés de recevoir du soutien à tous les niveaux, mais il faut le temps de mettre les choses en place et nous devons passer par l’administration, qui n’est pas toujours rapide ! Comme d’habitude.

  • Vendredi 9 mars : Ce matin, je vais à la prison des femmes, comme chaque semaine. Elles commencent par nous raconter comment s’est passée la journée de la femme, hier. Elles en sont très heureuses. Après un temps de partage, nous voyons un certain nombre de femmes pour des cas personnels : l’une qui va sortir la semaine prochaine, on l’a déjà avertie qu’on ne la reprendrait plus à son travail, or son mari est chômeur. Nous cherchons un petit capital pour qu’elle puisse se débrouiller en faisant un petit commerce. Une autre, qui vient d’Afrique du nord, se retrouve complètement perdue bien qu’elle soit en milieu musulman. Une autre, hollandaise, n’a plus aucune nouvelle de son fils, mais comme nous avons des confrères en Hollande nous allons essayer de retrouver sa trace. Je reparle aussi avec une Cap Verdienne : son mari, que nous avons réussi à contacter, refuse de lui parler. Nous rencontrons encore d’autres femmes pour des cas plus personnels et souvent plus délicats et plus difficiles.
    J’ai beaucoup de travail à faire et de documents à rédiger, malheureusement il n’y a pas de courant électrique de toute la journée. Le gouvernement avait fait des efforts pendant la campagne électorale, mais les problèmes sont revenus.
    Le soir, je suis à l’église centrale. Avant le Chemin de Croix et la messe pendant le Carême, nous prenons un temps de formation. Cette année, nous avons pris comme thème :  «  l’Eglise, Peuple de Dieu », en cherchant à en tirer les conclusions pratiques pour notre vie de chaque jour. Et en insistant sur l’idée africaine de l’Eglise comme Famille de Dieu. Il y a beaucoup de monde et l’ambiance est très amicale. Je prends le temps de saluer les personnes, puis je pars rapidement dans notre communauté où nous tenons notre réunion mensuelle. Dans un 1er temps, nous réfléchissons à la façon dont nous vivons notre célibat et notre vie religieuse. Et à l’importance de l’amitié dans notre vie communautaire, pour répondre à notre besoin d’aimer et d’être aimés. Dans un 2ème temps, nous réfléchissons avec nos étudiants à leurs études. En effet, ils n’ont plus que 3 années d’études en théologie au lieu de 4, ce qui fait qu’ils ont beaucoup de travail. Et en conséquence, ils n’ont plus de temps pour leurs engagements religieux et sociaux, ce qui est très regrettable, surtout pour des futurs missionnaires. Dans un 3ème temps, nous parlons de notre vie concrète en communauté.

  • Jeudi 8 mars : Aujourd’hui, Journée mondiale de la femme ; il y a de nombreuses rencontres et réflexions un peu partout, qui portent spécialement sur le thème de cette année : la situation de la femme rurale. A ce niveau, beaucoup de choses en effet sont à améliorer.
    Après la messe du soir, la Commission Justice et Paix se retrouve avec des délégués des communautés de quartier, pour réfléchir aux actions possibles pendant cette campagne électorale. (Voir mon site : élection 2ème tour). Nous avons une très bonne réflexion, mais comme toujours le problème est de mettre les gens à l’action, à commencer par nous-mêmes. Tout de suite après la rencontre, nous passons à l’action. Nous faisons le tour des trois chorales de la paroisse qui ont leur répétition le jeudi soir. Nous arrêtons leurs chants (avec leur accord bien sûr) pour leur présenter à nouveau nos affiches et documents, leur rappeler nos lignes d’action et surtout leur demander d’en parler partout où ils vont, avec leurs amis et connaissances, et pour organiser des rencontre dans les différents quartiers.

  • Mercredi 7 mars : Je me retrouve dans un grand collège de la banlieue pour réfléchir avec les élèves à l’amitié, la mixité et la sexualité. J’ai fait ces types d’intervention pendant 16 ans à St LOUIS du SENEGAL, mais en 15 années les choses ont bien évolué et je n’ai plus mon matériel d’animation : diaporamas, cassettes-vidéo (les DVD n’existaient pas encore). Je me débrouille donc avec un tableau et de la craie, et tout se passe bien. J’ai retrouvé le rythme facilement. Beaucoup d’élèves m’ont laissé leur adresse mail pour continuer les contacts et leur envoyer des documents.
    Travail avec les éducateurs des enfants de la rue. Nous réfléchissons en particulier à la collaboration avec la Caritas.
    A 21 heures, rencontre dans une communauté de quartier sur le Carême. Nous partons du texte d’Isaïe 58, 1-12. Nous voyons comment vivre ce temps, non seulement au niveau personnel ou familial, mais aussi au niveau du pays tout entier : Que faire pour rebâtir le pays en ruine, à partir des traditions de nos ancêtres ? Comment aplanir la route spécialement en ce temps de tensions politiques et de gros problèmes économiques et sociaux ? Nous cherchons que faire dans ce temps préparatoire au 2ème tour de l’élection présidentielle (Voir mes différents messages sur mon site). Les gens prennent peu à peu l’habitude de parler et de donner leurs idées. Mais il y a encore du travail à faire, en particulier pour voir et partager ce qui se passe dans le quartier.

  • Mardi 6 mars : Ce matin, rencontre avec l’Ordre de Malte. Nous réfléchissons aux problèmes de santé du pays. Puis nous passons au problème précis qui m’a amené : obtenir un stock de médicaments pour les prisons. Ensuite, nous parlons du travail spécifique de l’Ordre de Malte ici : le suivi des lépreux et l’accompagnement des handicapés avec, bien sûr, les soins nécessaires et le soutien de leurs familles.
    En repartant de là, je passe au Centre d’Accueil pour les réfugiés et émigrés (le PARI) où l’un de nos étudiants intervient. J’en profite pour rencontrer le personnel de la Caritas que je connais bien. Je suis très heureux de les revoir. Avec les responsables, nous envisageons un certain nombre d’actions : le suivi des femmes migrantes. Il s’agit de femmes sénégalaises qui viennent de l’intérieur du pays chercher du travail à Dakar. Elles ne sont pas formées pour la plupart et se retrouvent confrontées à des tas de problèmes. A Caritas, ils cherchent à les contacter, à les accueillir et les soutenir, mais aussi à les former. Et ensuite, on les accompagne dans leur village d’origine pour réfléchir comment lancer un groupement de femmes avec un projet de développement dans leur village. Du coup, nous voyons comment lancer des formations dans les prisons, par exemple micro-jardinage, fabrique de savon artisanal à partir de l’huile de palme, fabrique de grésyl.
    Nous voyons aussi comment soutenir notre association pour les enfants de la rue et quelles activités on peut mettre en place avec eux.
    Je passe à la paroisse voisine de Médina et prends des nouvelles du curé, gravement malade, qui a été envoyé en Italie pour se faire soigner.
    Je termine ma sortie à notre Maison générale, où je partage le repas avec mes confrères. Nous parlons bien sûr de la situation du pays et du 2ème tour de l’élection présidentielle. Nous sommes très inquiets, comme je l’ai déjà expliqué. L’opposition ne s’est pas entendue et les deux premiers retenus sont deux « libéraux », ce qui veut dire que les choses ne vont sans doute pas changer. Malgré tout, nous avons de la peine devant le fait qu’après 12 ans un président de 86 ans se présente une 3ème fois. Ce qui nous inquiète ce sont tous les trafics d’influences, les pressions, les accusations et mensonges, et aussi les essais de truquage, de fraude, de détournements, de fausses cartes d’électeurs et de corruptions. Cela nous pousse à continuer et même à intensifier le travail de réflexion et de responsabilisation que nous avons mené dans la Commission Justice et Paix, ouvert à tous et en lien avec les autres ONG et Associations.
    17 heures. Rencontre des animateurs de prison. Suite à la lettre que je vous ai transmise, nous avons reçu un certain nombre de réponses de personnes prêtes à nous rejoindre et à aider les prisonniers des différentes façons possibles. Nous nous retrouvons aujourd’hui pour organiser tout cela. (Voir déjà la rubrique « Prison », dans mon site).
    Après une lecture de la Parole de Dieu (Isaïe 58, 1-12) et la « prière du prisonnier », nous passons à la présentation : plus de 30 personnes nous ont répondu. Nous lisons le compte-rendu de la dernière réunion, pour rappeler ce qui a été fait. Puis nous travaillons la lettre d’invitation. Cela nous permet d’expliquer nos actions, nos objectifs et nos façons de travailler. A partir de là, nous réorganisons nos différentes commissions et groupes de travail : parrainage, soutien économique, écoute, animation culturelle, rencontres de formation, ateliers de formation, santé et suivi médical, commission d’assistance juridique, de réinsertion, de réconciliation avec la famille et les victimes, etc… Chaque groupe va se réunir indépendamment et nous nous retrouverons tous ensemble dans deux mois pour faire le point de nos actions. C’est bien parti, nous nous séparons heureux et encouragés.

  • Lundi 5 mars : Comme chaque mois, nous nous retrouvons tous les prêtres de la « petite » banlieue, en réunion de doyenné. Aujourd’hui, nous rencontrons des responsables du Mouvement charismatique pour voir comment mieux travailler ensemble, avec nos différentes orientations.
    Nous continuons par la mise au point de nos différentes activités, avec un repas toujours aussi fraternel et agréable.
    L’après-midi, rencontre de notre responsable d’abord avec les formateurs, puis avec tous les étudiants ensemble. Nous mettons en commun toutes nos propositions et évaluations.

  • Dimanche 4 mars : Avec le CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains), nous organisons une session de formation des animateurs sur le Droit International. C’est d’actualité en ce temps d’élection présidentielle.
    De mon côté, j’anime la messe paroissiale de 9 heures. C’est la fête de la Transfiguration : comment nous laisser transfigurer par Dieu comme le Christ, en ce temps de Carême ? Et comment éclairer nos frères et sœurs et faire entrer notre pays dans la lumière ?
    Toute la journée, c’est la journée Caritas (Secours Catholique), avec un repas et autres activités pour recueillir des fonds pour le soutien des pauvres et le lancement de petits projets de développement. Le tout dans une grande joie.
    A 17 heures, nous visionnons un film sur les souffrances des enfants et des adultes du Sénégal Oriental, réalisé suite à la visite du CAEDHU dans la région. Nous allons le présenter dans les écoles et les quartiers, pour sensibiliser les gens et obtenir leur soutien. Cela fait une journée bien remplie !

  • Samedi 3 mars : Ce matin, je rencontre une soixantaine d’élèves de 1ère, sur le thème de l’engagement. Après un exposé par un sociologue, ils ont demandé à 4 témoins –dont je fais partie- de rencontrer les jeunes, en tournant. C’est très intéressant, mais je regrette que les élèves n’aient pas suffisamment le temps de parler. Je demande qu’on organise un temps où ils pourront se retrouver entre eux, tirer des conclusions et tracer des actions à mener. Déjà jeudi, Martin viendra voir avec eux ce qu’ils peuvent faire pour soutenir son association.
    Ces jours-ci, notre responsable vient visiter notre communauté et rencontrer chacun d’entre nous. Je partage avec lui mes activités et mes soucis. Et nous partageons nos réflexions sur notre travail de spiritains en Afrique de l’Ouest.

  • Vendredi 2 mars : Avec Martin, responsable d’une association pour les enfants de la rue de notre quartier avec laquelle je travaille, nous allons rencontrer un responsable de l’UNICEF, pour voir comment travailler ensemble. Pas seulement pour obtenir leur soutien, mais pour faire remonter les problèmes et aussi les actions des jeunes et des enfants. Ils en ont besoin pour mieux connaître la vie des enfants et y adapter leurs actions. La réponse se passe d’une façon sympathique et décontractée. Il est vrai que j’ai longtemps travaillé avec eux autrefois.
    A midi, rencontre avec l’animatrice diocésaine de Justice et Paix. Au programme : la sensibilisation de la population pour le 2ème tour de l’élection présidentielle, puis le travail dans les prisons.
    Nous sommes en Carême. Je vais animer le Chemin de Croix dans un quartier. Les chrétiens aiment bien cette façon de prier, que nous avons quand même essayé de faire évoluer : on médite la Passion et la Résurrection du Christ à partir des 4 Evangiles, à tour de rôle. Mais chaque fois nous commençons par un enseignement sur un thème d’actualité ; et nous terminons par l’Eucharistie à partir de l’offertoire. Les gens sont heureux de venir et de se retrouver dans la joie.

  • Jeudi 1er mars : A notre rencontre, nous abordons la marche de notre région de l’Afrique de l’Ouest : la visite dans le nord Sénégal, les problèmes de Guinée, le suivi en Mauritanie et l’animation au Sénégal en général. Nous avons une grande souffrance : un de nos confrères guinéens, parti en congés au Brésil, s’est noyé. C’est un coup très dur pour nous tous, et nous sommes très tristes pour lui et pour sa famille. Il tenait une grosse paroisse à Bissao, la capitale. Là aussi, il va y avoir de grosses difficultés. Nos confrères du Ghana, de leur côté, font tout pour entourer sa famille.
    Je prends le temps de parler avec le personnel de la maison ; j’aime beaucoup échanger des nouvelles avec eux et partager leurs expériences.
    A 17 heures, rencontre des formateurs pour préparer ce mois et le temps du Carême. Nous reprendrons tout cela vendredi ensemble, à notre réunion de communauté, avec tous les étudiants. Puis, nous les rencontrerons chacun personnellement pour faire le point de leur vie aux différents niveaux : études, activités pastorales et sociales, vie de communauté et prières.

  • Jeudi 1er Mars : Je sors faire des courses en ville, en particulier pour demander un téléviseur à Canal + pour des animations culturelles à la prison. J’en profite pour me regonfler (ou, plus exactement, pour gonfler les pneus de mon vélo. Pour moi, je ne suis pas encore dégonflé, grâce à Dieu !). Je reste manger le midi dans notre Maison régionale, où je peux rencontrer et parler avec notre responsable et d’autres confrères. C’est très agréable 

  • Mercredi 29 Février : Intervention dans un collège de banlieue sur l’amitié, les relations garçons et filles et la sexualité. C’est de leur âge et ils répondent très bien !

  • Mardi 28 Février : Les premiers résultats provisoires arrivent. Le président sortant ne passera pas au premier tour. Il n’a que, environ 30 % des voix, et il y a eu presque 50 % d’abstentions. C’est une bonne nouvelle pour beaucoup, pour les raisons que j’ai expliquées. Malheureusement, l’opposition était divisée, si bien que celui qui arrive en deuxième position, et sera retenu pour le deuxième tour, bien qu’ennemi personnel du président actuel, est libéral comme lui et même son ancien premier ministre. Cela veut dire que, hélas, les choses ne vont pas beaucoup changer dans le pays. On va continuer à faire des grandes constructions et autoroutes de prestige et de grands projets économiques qui profiteront comme d’habitude aux cadres, surtout aux plus riches d’entre eux. Les banlieues et les villages seront oubliés, les jeunes au chômage, le monde rural et les petits métiers du secteur informel seront laissés à eux-mêmes. Et la Casamance, en proie à une rébellion depuis plus de 30 ans, est complètement abandonnée. Pire, les populations ont voté majoritairement pour le président alors que pendant 12 ans il n’a rien fait pour la région. Ce n’est pas facile de conscientiser et de mettre les gens à l’action !
    Malgré tout, nous allons continuer notre travail de sensibilisation, de réflexion, de formation et d’actions dans la Commission Justice et Paix. Nos groupes et communautés ont fait du bon travail dans les quartiers et villages et cela a certainement beaucoup contribué à ce que ces élections se passent bien. Nos observateurs ont fait aussi un très bon travail et leurs conclusions seront présentées à la télévision demain. Nous préparons donc le deuxième tour, et ensuite ce seront les législatives. (Pour plus de précisions, voir mon site, rubrique : élections). Le matin, je prépare un message pour relancer les activités.
    La rencontre prévue pour l’aumônerie des prisons est supprimée. Les gens hésitent encore à se déplacer la nuit.

  • Dimanche 26 Février : Messe avec les enfants, à 11 heures. J’aime beaucoup célébrer cette messe, car elle est très animée. Les enfants participe nt bien ; nous gestuons le Notre Père et les enfants apportent leurs intentions de prières.
    L’après-midi, visite du quartier, accompagné du responsable des jeunes de notre communauté (un Congolais). Nous rencontrons trois familles camerounaises, une syrienne, une libanaise et deux angolaises, toutes très heureuse s de nous connaître et de savoir qu’il existe une communauté dans le quartier. En effet, les étrangers sont nombreux à Dakar, mais souvent ils sont isolés.

  • Samedi 25 Février : A la prison des hommes, nous parlons aussi du Carême. Mais d’abord, quelqu’un pose une question : « Est-ce bon pour un chrétien de présenter son nouveau-né aux ancêtres, le 8ème jour après la naissance ? » Même s’ils sont en prison, les gens continuent à réfléchir à leur vie et restent ouverts à ce qui se passe dans le monde. Et nous faisons le maximum pour les aider à cela. Par ailleurs, cette question de l’enracinement de la foi chrétienne dans les cultures africaines (l’inculturation) est difficile et a de la peine à se mettre en place. Plusieurs problèmes apparaissent dans notre réflexion commune. Pour certains, pour devenir chrétiens il faudrait laisser toutes les traditions. Ils ne font pas la distinction entre valeurs positives et mauvaises habitudes, entre magie été médecine traditionnelle (la pharmacopée), entre respect des ancêtres et « fétichisme » ou même sorcellerie. Ils sont souvent poussés dans ce sens par les sectes, et par une lecture « matérielle » de la Bible : « Il faut laisser nos traditions et suivre totalement la Bible ». Sans même faire la différence entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Cela nous amène à réfléchir à la médecine traditionnelle, à la magie et aux porte-bonheur, à la sorcellerie et aux sacrifices traditionnels, car toutes ces façons de faire et pratiques se retrouvent dans la prison. Ce qui nous ramène à leur vie et à leurs problèmes concrets : faut-il se tourner vers les pratiques magiques, les « marabouts » et les « charlatans » pour s’en sortir (et sortir de prison), ou prendre sa vie en mains et voir comment vivre –et même profiter- de ce temps en prison.
    Dans un 2ème temps, nous parlons du Carême. D’abord chacun explique comment il comprend ce temps du Carême. Car nous ne voulons pas venir avec un enseignement tout fait et déversé d’en haut. Mais que chacun puisse apporter ses idées, pour nous enrichir mutuellement. Puis nous cherchons ensemble comment vivre ce Carême à la prison, car bien sûr, ici, la priorité ce n’est pas le jeûne… ils sont déjà forcés de jeûner toute l’année. Comme d’habitude, je partagerai ces réflexions à la paroisse, à la messe de dimanche.
    Les nombreux musulmans qui nous entourent sont très intéressés par la façon dont nous vivons le carême, d’autant plus qu’ils ne vivent pas le Ramadan de la même façon. Sans arrêt, dans la rue, on me demande : « Est-ce que tu jeûnes ? Est-ce que ce n’est pas trop difficile ? (Car le jeûne chaque jour et toute la journée des musulmans est beaucoup plus exigeant, alors que de notre côté nous insistons beaucoup plus sur le changement de nos idées, de notre cœur et de nos façons de vivre (conversion) et sur le partage et le développement). Et les encouragements des musulmans pour bien vivre notre Carême est un grand soutien pour nous.
    La campagne électorale est terminée. Chacun retient son souffle dans l’attente des votes de demain. Mais la situation est calme et la vie continue. Le marché de notre quartier accueille autant de monde que d’habitude.
    21 heures : Réunion de notre communauté de quartier. Nous parlons aussi du Carême, mais d’une autre façon qu’à la prison. Et nous continuons la mise en place de notre communauté. Vous en aurez le compte-rendu sur mon site (rubrique CEB).

  • Vendredi 24 Février : N’ayant pas pu y aller mercredi, nous donnons les Cendres aujourd’hui à la prison des femmes. C’est une belle cérémonie, très émouvante, où prisonnières et gardienne, y compris la directrice, prient ensemble, partagent la Parole de Dieu et se donnent la paix. Nous voyons comment vivre ce temps du Carême en prison. Nous visitons ensuite les différents ateliers (couture, coiffure, fabrique de jus ….) ce qui nous donne le temps de parler avec le personnel longuement et en toute décontraction.
    15 heures. Marche des femmes en tenue blanche (en signe de paix) avec un foulard rouge (carton rouge contre la 3ème candidature du président Wade), en protestation contre toutes les victimes, blessés et morts, de cette campagne électorale. La marche se passe dans la paix et se disperse en toute tranquillité.

  • Jeudi 23 Février : Nouvelle manifestation. La Confrérie musulmane tidjane organise une grande prière en réaction à la grenade lacrymogène tombée dans une de leurs mosquées. Ne pouvant arriver à la Place de l’Indépendance, ils font la prière dans une avenue du Centre ville.

  • Mercredi 22 Février : Mercredi des Cendres. C’est une fête très symbolique et très aimée ici. Nous avons des célébrations tout au long de la journée et à chaque fois l’église est pleine. On se demande d’où viennent tous ces gens. Il est vrai que beaucoup de non chrétiens viennent aussi recevoir ces cendres. J’explique le sens des Cendres : d’abord signe de pénitence et de volonté de se convertir, comme chez les juifs ; mais aussi signe que l’Amour de Dieu et de nos frères est trop souvent mort dans notre cœur, comme le feu est mort dans ces cendres. Mais en même temps signe de la vie qui va grandir. Ici, les paysans brûlent leurs champs pour les nettoyer et pouvoir semer. Et les cendres sont un engrais. La formule traditionnelle pour donner les cendres était « Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Nous préférons la formule actuelle, la Parole du Christ Lui-même : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ».
    La vie continue. Ce matin, nous avons eu une réunion pour voir le suivi de notre travail à la prison. Les choses se mettent en place, peu à peu.
    Aujourd’hui, nouvelle manifestation de l’opposition, place de l’Indépendance ; elle est dispersée sans violence. Les choses semblent s’apaiser peu à peu, mais les tensions persistent.

  • Mardi 21 Février : Les violences continuent dans la ville. Les gens ont peur. La rencontre que je devais tenir dans une paroisse est supprimée.

  • Lundi 20 Février : Depuis quatre jours maintenant et jusqu’à vendredi prochain, fin de la campagne électorale, l’opposition a décidé de faire chaque jour une manifestation Place de l’Indépendance pour demander au président WADE de ne pas se présenter à l’élection pour une 3ème fois. Cela entraîne beaucoup de problèmes. En effet, les manifestations sont autorisées pendant la campagne électorale. Jusqu’à maintenant, l’opposition les organisait en banlieue, place de l’Obélisque. La place de l’Indépendance est proche du palais présidentiel, et les jeunes ont souvent voulu marcher sur la palais ; aussi les autorités interdisent les manifestations sur cette Place. L’opposition maintient sa décision et cherche à chaque fois à forcer les barrages de la police. Les policiers et gendarmes lancent des grenades lacrymogènes et les jeunes ripostent en jetant des pierres, ce qui entraîne des blessés des deux côtés. Cette semaine, les jeunes ont commencé en plus à barrer les routes et brûlé des pneus dans les différents quartiers. En plus, ils prennent tout ce qui leur tombe sous la main ; sur les marchés, ils brûlent les tables des commerçants ce qui a amené des réactions vives de ces derniers ; une grenade lacrymogène a atterri dans une Mosquée pendant la prière, d’où des réactions très vives.
    Pour éviter les affrontements directs avec la police, les jeunes ont décidé d’agir dans toute la ville en même temps ; quand la police intervient, ils se dispersent pour recommencer ailleurs, profitant de l’obscurité. La révolte se répand dans les différentes villes du pays. Il y a deux morts dans la ville de RUFISQUE.
    Les gens manifestent aussi à cause du manque d’eau et d’électricité et de l’augmentation du coût de la vie. Certains jeunes se révoltent aussi pour d’autres raisons que celle de la 3ème candidature du président Wade. Par exemple, les lycéens et les étudiants, qui n’ont pas cours depuis Novembre, les enseignants étant en grève. Ces manifestations sont réprimées elles aussi très durement par les forces de l’ordre, comme d’habitude.
    Ce n’est pas facile de comprendre non plus le comportement de l’opposition. Il y a trois ans, se sont tenues les Assises nationales qui ont fait une très bonne analyse de la situation du pays et proposé des pistes d’action très intéressantes dans les différents domaines : politique, économique, social, culturel, laïcité, etc… Tous les candidats ont signé la Charte de ces Assises, mais ils ne se sont entendus entre eux pour présenter un candidat unique, chacun voulant le pouvoir et tous les avantages qu’il donne : argent, prestige, services, etc… En plus, au lieu de se lancer dans la campagne électorale pour présenter leur programme dans tout le pays, ils se sont limités à des manifestations communes à Dakar pour s’opposer à la 3ème candidature du président Wade. Ce qui a entraîné répression policières, blessés et morts. Et maintenant, par peur d’élections truquées et de violences, ils veulent reporter les élections jusqu’à ce que le Président renonce à sa candidature, ce qu’il refuse absolument. Retarder l’élection ne pourrait que faire monter encore plus la tension. Il vaut mieux faire les choses une fois pour toutes et le plus vite possible. Il y a bien une médiation de l’Union Africaine, avec OBASANJO, l’ancien président du Nigeria ; il propose que le président Wade soit président deux ans seulement et ensuite qu’il démissionne…. Ce qui suppose à l’avance qu’il va être réélu, et cela l’opposition ne peut pas l’accepter. Les évêques du Sénégal ont proposé plusieurs fois une médiation, sans succès. Ils ont finalement rencontré le président et adressé un Message de paix et de réconciliation au parti présidentiel comme à l’opposition, mais leur appel n’a pas été entendu : chacun est resté sur ses positions.
    J’ai écrit de nombreux livres d’éducation pour les adultes et les jeunes. Ils sont en stock en France. Je voudrais en faire venir au Sénégal et pour cela je me suis adressé à la Marine Française qui a encore une base à Dakar. Aujourd’hui, quelqu’un vient me voir pour faire une 1ère enquête. J’espère que ça va marcher.
    A la pause de midi, je prépare la prochaine réunion à la prison avec un de nos étudiants pour qu’il puisse l’animer par lui-même.
    A 17 heures, rencontre mensuelle sur les activités chrétiennes (pastorales) et sociales (humanitaires) : à la prison, avec les handicapés, avec les réfugiés, avec les jeunes, etc… Ensuite, nous réfléchissons à la vie des Communautés de base. Je leur demande d’abord ce qu’ils ont découvert de ces communautés dans les différents endroits où ils sont engagés. Puis nous cherchons ensemble ce que devrait être une communauté de quartier (Voir dans mon site la rubrique CEB/CCB). A partir de là nous traçons des pistes d’actions pour le mois qui vient.
    Enfin, les étudiants reprennent les cours aujourd’hui. Nous voyons comment vivre ce trimestre. Nous préparons aussi la marche de Carême des jeunes.

  • Dimanche 19 Février : Je dis deux grands messes à la suite, car les confrères sont pris ailleurs. L’Evangile du jour parle de la guérison d’un paralysé. Actuellement, le Sénégal est malade et paralysé. Je reprends ce que nous avons dit hier avec les prisonniers pour relever le pays et le faire avancer (lève-toi et marche). Nous réfléchissons à la justice, la paix et la réconciliation à mettre en place (tes péchés sont pardonnés). En lien avec la 1ère lecture (Dieu va faire une terre nouvelle), je parle de la nécessité de non violence active évangélique. Cette Parole de Dieu est vraiment d’actualité pour nous et elle nous trace un chemin.
    A midi, je retourne à l’Institut pour le repas de la fête. C’est l’occasion de revoir un certain nombre de personnes dont certaines que je n’ai pas rencontrées depuis longtemps. Des amis, mais aussi le vicaire général adjoint du Cardinal, le responsable national de Justice et Paix, de nombreux confrères et sœurs, des responsables de Mouvements et de communautés, et aussi l’Ambassadeur du Cameroun. Avec lui, nous parlons du suivi des prisonniers camerounais par l’Association des Camerounais du Sénégal.
    L’après-midi, visite du quartier et rencontre du chef de quartier et de l’imam.

  • Samedi 18 Février : Aujourd’hui et demain, les militaires vont voter pour être libres le jour des élections. Une semaine à l’avance. Beaucoup ont peur d’un bourrage des urnes. Et beaucoup de bruits circulent sur un truquage informatique des résultats.
    C’est dans cette ambiance que je vais, comme chaque semaine, à la prison des hommes. Je les mets au coursant des efforts que nous faisons aux différents niveaux : pour les jugements, pour les faire parrainer et trouver des visiteurs, pour relancer les ateliers, mettre en place un service d’écoute, pour la santé, etc… Ce matin, nous nous arrêtons à la question de la santé. L’Ordre de Malte accepte de nous fournir des médicaments, mais les prisonniers ont peur qu’ils soient détournés. Et ils demandent un meilleur suivi médical.
    Dans un 2ème temps, nous passons au partage de la Parole de Dieu (l’Evangile de demain : la guérison du paralysé – Marc 2, 1-12). Je suis toujours frappé par le sérieux de leurs réflexions et la profondeur de leur foi, et par leurs conclusions très concrètes et pratiques. Ils insistent spécialement sur le séjour à la prison comme possibilité de conversion (tes péchés sont pardonnés) et de reprise de sa vie en mains (lève-toi et marche). Ils notent aussi leur responsabilité les uns en vers les autres : se pardonner mutuellement, mais aussi se soutenir comme les quatre porteurs ont porté le paralysé au Christ. Les idées sont nombreuses et il ne nous reste plus beaucoup de temps pour les chants et les questions diverses. Nous continuerons la prochaine fois, en particulier pour voir comment ils peuvent prendre eux-mêmes en charge leur santé : propreté, hygiène, exercices physiques, arrêt du tabac et de la drogue, etc… Les choses à mettre en place ne manquent pas.
    17 heures : Avec le responsable et le secrétaire de notre communauté, nous allons rendre visite au chef de quartier et à l’imam. Contacts très sympathiques. Bien sûr, nous parlons de la situation du pays.
    Entre ces activités, je fais l’aller-retour à l’Institut St Augustin où nos étudiants font leurs études de philosophie et de théologie et dont on fête le 25ème anniversaire. Le matin, conférences sur la paix et l’exhortation du 2ème Synode pour l’Afrique, « génies en herbe », remise de la Coupe de football, etc… suivis d’un repas fraternel. L’après-midi et la nuit : activités culturelles : en effet les étudiants sont de nombreuses nationalités africaines.
    De retour la nuit, je suis la fin des manifestations à Dakar et à l’intérieur du pays, avec leur lot d’arrestations, de blessés et un nouveau mort à Kaolack.

  • Vendredi 17 Février : Comme chaque vendredi, je vais à la prison des femmes. Aujourd’hui, nous parlons de la vie à la prison, de l’entente et de la réconciliation. Nous partons de l’Evangile (Mtt 18, 15-21). Je suis très heureux parce que toutes les femmes participent activement au partage, chacune dans sa langue. Après la rencontre, comme chaque semaine, nous restons pour parler avec celles qui le désirent. Beaucoup ont connu des problèmes très graves et difficiles : viol, suivi d’avortement, drogue, etc… Elles ont besoin de se soulager et de faire sortir tout cela de leur cœur, et elles se sentent libérées. Même si, souvent, nous nous sentons tout petits et impuissants devant tant de souffrances.
    Le championnat d’Afrique du Sud de football (la CAN) est terminé. Le Sénégal a été battu dans ses trois matchs et a donc été éliminé du 2ème tour. Dans un sens, c’est une bonne chose, car une victoire aurait été récupérée au point de vue politique. Ce qui nous choque aussi, c’est bien sûr l’utilisation des gris(-gris, fétiches et autres cérémonies magiques pour gagner. Mais surtout les dépenses énormes qui ont été faites à ces occasions pour les entraîneurs, les joueurs et aussi les supporters. Alors que les pays sont enfoncés dans le sous-développement et que les pauvres sont de plus en plus pauvres. L’entraîneur du Sénégal, après ce grand échec, demande 360 millions CFA (plus de 50.000 €) pour son licenciement. Et le pays avait consacré 7 milliards CFA pour cette CAN. Mais bien sûr les européens n’ont pas de leçon à donner à ce niveau !
    Ce qui nous inquiète, c’est aussi la récupération politique. Tout le monde espérait une victoire de la Côte d’Ivoire pour refaire l’unité du pays. Si l’unité du pays dépend d’un match de foot, c’est vraiment grave ! A la finale, il y avait plus de 10 chefs d’Etats. Est-ce qu’ils n’ont pas d’autres choses plus importantes à faire….. sans parler de toutes les dépenses : car, évidemment, chacun était accompagné par une suite importante.
    A l’inverse, j’ai beaucoup apprécié l’interview de KEITA, joueur malien. Au journaliste qui le félicitait d’être sélectionné pour la demi-finale, il disait : « nous ne pouvons pas être heureux, car il y a la rébellion touareg et la guerre au nord du pays ». Le journaliste a insisté : « Mais quand même vous avez gagné ». Kéita a répondu : « Le football ce n’est qu’un jeu. Le problème, c’est la guerre chez nous ».
    La Campagne électorale se poursuit avec beaucoup de tensions et de violences. Les affiches des candidats sont salies et déchirées. Les caravanes des candidats attaquées à coups de pierres. Il y a des morts au cours ou après les manifestations, d’un côté comme de l’autre. Et les forces de l’ordre interviennent d’une façon souvent démesurée. Jeudi, les jeunes de « Y en a marre » qui manifestaient pacifiquement, ont été chassés à coups de grenades lacrymogènes. Même le candidat Ibrahim FALL n’a pas pu tenir son meeting. Un autre candidat a été arrêté par la police, puis relâché. Des participants et des journalistes ont été blessés. Une grenade lacrymogène a atterri dans une Mosquée où les gens étaient en prière. Cela a beaucoup choqué et a entraîné de nouvelles violences, aussitôt réprimées. Nous sommes très inquiets pour l’avenir. Et déjà, pour demain, où un nouveau rassemblement est annoncé par l’opposition.

  • Jeudi 16 Février : Travail à la maison sur Internet, réponses aux nombreux courriers, rédactions de comptes rendus et de nouveaux documents. Mais je trouve que ça n’avance pas vite.
    Heureusement, je suis interrompu dans mon travail par plusieurs visites, sans parler des nombreux coups de téléphone. Ca me fait des récréations. Le téléphone portable, ça dérange souvent, mais c’est quand même une belle invention. Je reçois aussi quelques visites. A midi, un prêtre d’une paroisse voisine vient partager notre repas. En effet, un de nos étudiants travaille avec lui. Il vient donc rencontrer notre communauté et connaître les autres étudiants. Nous sommes très heureux de l’accueillir et nous prenons un bon moment pour parler ensemble. Ce prêtre a un frère qui habite justement dans le quartier. Nous ne le connaissons pas. Il va nous conduire chez lui, pour qu’il participe à la vie de la communauté de notre quartier.
    L’après-midi, Hélène, responsable de Justice et Paix et de l’Aumônerie des Prisons, vient travailler avec moi, pour faire le point.

  • Mercredi 15 Février : En 2009, pendant toute une année, les différents groupes de la société civile ont travaillé sur la situation du pays aux différents niveaux (politique, social), dans ses différentes composantes (économique, culturelle) : c’est ce qu’on a appelé les Assises Nationales. A la suite de cela, ils ont proposé des solutions pour redresser le pays, et donné des orientations pour une action citoyenne, avec la participation mais aussi le suivi et la supervision de tous. L’ensemble est présenté dans un livre : La Charte de Gouvernance Démocratique.
    Ils sont intéressés par ce que fait la Commission Justice et Paix pour les élections. Nous prévoyons aussi une collaboration pour qu’ils viennent présenter la Charte à nos différentes équipes et à toutes les personnes que nous pourrons rassembler. C’est un travail de fond très important pour faire participer le maximum de personnes à la construction du pays, après les élections.
    A 15 heures, je reçois un étudiant en théologie, comme chaque mois pour chacun d’entre eux en direction spirituelle, pour faire le point sur sa vie.
    A 16 heures, formation pour les observateurs aux élections présidentielles du 26. Cela se passe bien, car les personnes choisies sont déjà actives et engagées dans nos Commissions.
    A 18 h 30, rencontre dans une Communauté de quartier dans la paroisse où j’ai fait la formation, dimanche dernier, pour la mise en pratique. Nous nous donnons d’abord les nouvelles du quartier, puis nous partageons la Parole de Dieu. Ensuite, nous abordons la question de la Campagne électorale et des élections, puis voyons quelles actions nous pouvons mener. C’est notre habituel de nos réunions en ce moment.
    Dès la fin de la réunion, je pars en animer une autre, dans un autre quartier, avec le même programme, jusque tard dans la nuit. Heureusement, cette deuxième communauté n’est pas loin de notre maison.

  • Mardi 14 Février : Le matin, rencontre avec le directeur du séminaire des religieux (le Centre St Augustin) pour réfléchir avec les étudiants à la Campagne électorale et, plus profondément, à l’engagement. Et aussi leur demander de participer à l’effort de formation et de sensibilisation de la Commission Justice et Paix.
    A 10 heures, rencontre avec Anne, une amie d’enfance (nous avons fait nos études ensemble au Sénégal, de même qu’avec son mari). Elle est venue passer 3 semaines et retourne en France demain.
    A 18 h 30, messe à la paroisse. Après la messe, nous nous retrouvons avec tous les responsables de Mouvements qui travaillent avec les enfants, pour faire le point de notre action et préparer le temps du Carême

  • Dimanche 12 Février : Aujourd’hui, journée de formation des responsables de communauté (Voir le compte-rendu dans mon site, rubrique « CEB »). J’aime beaucoup ces formation, pas seulement parce que c’est important, mais parce que cela se passe toujours dans une ambiance sympathique et les gens sont très motivés. On devait terminer à 13 heures, on a continué jusqu’à 16 heures.
    A 16 heures, je passe au CAEDHU, Centre d’éducation aux Droits humains, où depuis ce matin, cinq écoles de football étaient rassemblées pour faire notre jeu sur les droits de l’enfant. Là aussi l’ambiance est très joyeuse. Nous tirons les conclusions avec les animateurs et préparons notre programme pour les deux mois qui viennent. En particulier une formation de base sur les Droits Humains et une autre sur le Droit international, avec l’aide d’une stagiaire de l’ONDH.
    Le soir, j’accueille les malades qui reviennent de leur pèlerinage.

  • Samedi 11 février : Ce matin, nous sommes très tristes. Nous enterrons notre amie Benedicta, le docteur qui me soignait, avec qui j’étais très lié, décédée brusquement, en l’absence de son mari Félicien parti se faire opérer en France, et qui est revenu d’urgence sans se faire soigner. Nous l’entourons, de même que leurs enfants et la famille, le mieux possible. Avec Félicien, nous avons travaillé de longues années ensemble avant mon départ en Guinée, au sein de l’ASPF (Association Sénégalaise pour la Promotion de la Famille) : préparation au mariage, suivi des couples, éducation des enfants, régulation des naissances, éducation sexuelle des jeunes, etc…
    Le soir, messe à la paroisse, avec de nombreuses rencontres amicales, comme d’habitude.

  • Vendredi 10 février : Aujourd’hui dans la ville, marche des femmes pour la paix. Ce qui est important, c’est que ce sont des femmes de différentes ethnies, religions, différents partis et orientations politiques.
    Les enfants de notre amie qui est décédée la semaine dernière viennent d’arriver du Canada. Vivant au loin, c’est un coup très dur pour eux. Je vais les rencontrer et les encourager. A 18 h 30, nous avons une veillée de prières tous ensemble.
    Mais avant, je rencontre un groupe de lycéens. Ils ont déjà eu un temps de réflexion sur les élections et la Campagne électorale. Aujourd’hui, nous voyons ce qu’ils ont fait concrètement à ce niveau. Puis nous travaillons la Lettre de la journée mondiale de la paix : « Eduquer les jeunes à la Justice et à la Paix ». Il y a beaucoup de choses à dire. Nous continuerons lors de notre prochaine rencontre.
    A 21 heures, réunion de notre communauté de quartier (Voir comptes rendus et programmes dans mon site, rubrique CEB). La communauté continue à grandir et prend forme. Nous nous connaissons de mieux en mieux, nous partageons de plus en plus en profondeur nos soucis, nos joies et nos activités. Nous sommes bien d’accord sur les objectifs. Il nous reste maintenant à préciser les actions à mener, personnellement et ensemble, selon nos trois axes prioritaires :
    1- La justice, pour faire avancer le quartier ;
    2- La charité, pour aider tous ceux qui souffrent et ont besoin de soutien ;
    3- La paix et la réconciliation.
    Demain, c’est la journée mondiale des malades. Nous voyons que faire pour eux et avec eux. A la prochaine réunion, nous réfléchirons « comment vivre le Carême ».
    Nous décidons qu’à chaque réunion, une famille se présentera, avec tous ses membres : sa vie de famille, son travail, ses engagements ; ceci pour mieux nous connaître, nous comprendre et nous soutenir. Il nous reste à aller plus loin dans le partage de Dieu et pour rendre nos prières plus concrètes. Mais nous sommes en route et les choses avancent peu à peu.

  • Jeudi 9 février : Le soir, je vais dire la messe dans le quartier, chez les Frères de Taizé. Toute la journée, j’ai travaillé sur Internet, et aux documents que l’on m’a demandés. Chez les Frères, comme chaque jour, il y a beaucoup de monde car leur communauté est très ouverte, spécialement aux gens nécessiteux du quartier, aux enfants et aux jeunes qui n’ont pas pu aller à l’école et n’ont pas de travail. Ils participent à un certain nombre d’activités manuelles qui leur permettent de gagner un peu d’argent et d’avoir une formation de base. Les personnes en difficultés sont toujours accueillies, consolées et encouragées. Les Frères ont une petite infirmerie pour donner les premiers soins, car les dispensaires sont souvent éloignés et il faut attendre longtemps, et aussi payer. Nous nous retrouvons pour célébrer l’Eucharistie, à la fois très animée et très simple, à la manière de Taizé !
    Après la messe nous restons longtemps à parler ensemble. Les Frères m’invitent à partager le dîner avec eux, ce que j’accepte avec joie. Nous pouvons ainsi également partager nos soucis et notre vie avec ceux qui nous entourent.

  • Mercredi 8 février : Je vais à notre Maison régionale. Nos confrères reviennent de Guinée, où un de nos jeunes confrères a été ordonné prêtre, au cours des fêtes du Centenaire de la paroisse d’OUROUS. Je suis heureux d’avoir des nouvelles de la Guinée. Nous prenons un temps avec notre responsable pour réfléchir aux différents projets de développement de nos confrères. Il y a aussi de gros problèmes financiers, déjà pour avoir de quoi manger. Et toutes nos voitures sont complètement finies. Mais nous n’avons pas les finances pour en acheter des neuves.
    Je suis heureux de parler avec Gérard notre ancien responsable qui est actuellement en France et qui y retourne ce soir.
    Nous accueillons aussi un jeune confrère camerounais qui va aller travailler en Mauritanie.
    Je prends ensuite le temps de parler avec l’économe, l’intendant de la Maison, et les autres confrères de la communauté, quitte à les empêcher de faire la sieste !
    J’arrive assez tôt pour voir la fin de la demi-finale de la Coupe d’Afrique de football. Le Ghana est éliminé ! Un de nos formateurs et plusieurs étudiants sont ghanéens ; ils sont très tristes… et nous avec eux ! Mais ce n’est pas l’essentiel !
    Je n’ai pas le temps de les consoler car je dois partir à une réunion de quartier où nous allons voir que faire pour que les élections se passent le mieux possible, dans la paix, la transparence, sans corruption et dans le respect des lois : c’est le thème principal de toutes nos rencontres actuellement.
    La réunion dépasse l’heure normale, mais personne ne s’en plaint !

  • Mardi 7 février : Ce matin, travail à la maison. En début d’après-midi, une longue interview au téléphone avec une journaliste d’une radio missionnaire du Vatican, sur la situation du pays et la Campagne électorale. Puis, plusieurs réflexions avec des gens qui viennent me voir. Et encore des communications téléphoniques. Enfin, travail sur internet : recherches et réponses aux messages.
    A 18 h 30, messe à la paroisse. Même en semaine, il y a beaucoup de monde ; après la messe, nous avons plus de temps pour nous voir et parler. Plusieurs jeunes viennent aussi se confesser. Ensuite, je rejoins la Commission « Justice et Paix » où nous évaluons les actions menées et préparons celles à venir.

  • Lundi 6 février : Réunion du doyenné.
    Rencontre des paroisses de la banlieue de Dakar. Aujourd’hui, le temps de formation porte sur le document : « L’engagement de l’Afrique » suite au 2ème Synode pour l’Afrique. Celui qui dirige la réflexion est un ami de très longue date, puisque nous avons fait nos études ensemble. Nous sommes très heureux de nous retrouver. Actuellement, il est chargé de la formation dans le diocèse et aussi à l’extérieur.
    Il fait le lien entre ce document et le Synode et notre plan d’action, qui est commun à tous les diocèses de l’Afrique de l’Ouest : francophones, anglophones et lusophones.
    Nous voyons ensuite comment mettre en place notre doyenné pour organiser, structurer et suivre les actions. Puis nous définissons les diverses formations à proposer aux différents groupes : communautés, mouvements, groupes divers. On me confie spécialement la formation des communautés, dans la ligne du service : rendre aux personnes leur dignité au milieu de tous les problèmes actuels du pays, la défense de la justice, la construction de la paix, spécialement en ce moment des élections et de la Campagne électorale, pour une meilleure marche du pays, la réconciliation, l’aide de tous ceux qui souffrent (malades, handicapés, familles nécessiteuses) en dépassant l’aumône, pour mettre en place des petits projets de développement.
    Dans un 2ème temps, nous préparons les activités du deuxième trimestre : le Carême, les baptêmes, premières Communions et Confirmations, etc…
    Mais l’essentiel c’est de nous retrouver, de vivre tout cela ensemble dans l’amitié et de partager nos joies et nos soucis. La rencontre se termine par un repas fraternel.

  • Lundi 6 Février : Ce matin et toute la journée nous nous retrouvons en doyenné avec tous les prêtres des six ou sept paroisses de la grande banlieue de Dakar, comme chaque mois.

  • Dimanche 5 Février : Ce matin, je dis la messe à la paroisse. L’Evangile parle de la mission de Jésus, avec ses trois composantes : prier, aider les malades et lutter contre les souffrances, et évangéliser. Bien sûr, j’applique cet évangile à la situation du pays ; ce ne sont pas seulement quelques personnes qui sont malades, mais le pays tout entier en ce moment. Et il y a vraiment beaucoup de maladies et de mauvais esprits à chasser de la tête et du cœur des gens. En même temps nous préparons la Journée mondiale des malades du 11 Février et le dimanche de la santé du 12 Février. A la fin de la messe, je prends le temps de saluer les gens. Ensuite, rapidement je pars à la paroisse voisine de Hann, sur laquelle est construit un collège dans lequel j’ai fait mes études. C’est aussi une paroisse avec laquelle je travaille régulièrement et je viens d’animer des sessions pour les responsables de communautés, et une autre pour les catéchistes. Je suis donc invité à participer à leur fête. A table, je suis, à côté du Cardinal ce qui nous permet de parler d’un certain nombre de choses et en même temps de rencontrer de nombreuses personnes, des amis que je salue avec joie et aussi des personnes ayant des responsabilités dans le pays et engagées en ce moment et avec qui nous pouvons parler un peu de la situation du pays actuelle et à venir.
    Après le repas, je pars rejoindre un ami de très longue date, avec lequel nous avons travaillé de longues années pour la régulation des naissances et l’éducation sexuelle des jeunes et des adultes. Il était parti se faire opérer en France, et pendant son absence sa femme est morte subitement. Elle était aussi une grande amie, c’était même ma sœur, et c’est elle qui me soignait depuis mon retour de Guinée. Cette mort subite a causé un choc à beaucoup de personnes et moi-même j’en suis profondément triste. Je vais donc passer un moment avec son mari pour le réconforter et partager sa peine, dans l’Espérance et dans la Foi.

  • Samedi 4 Février : Le 2 Février dans le monde entier est la Journée mondiale de la vie consacrée (les religieux et les religieuses). Nous célébrons cette Journée le samedi pour que le maximum de personnes puisse se libérer et y participer. La rencontre a lieu à MBOUR, environ 70 km de Dakar, pour permettre aux Frères et aux Sœurs de l’intérieur du pays d’y participer plus facilement ; mais c’est nous qui avons des problèmes : partis à 7 heures du matin nous n’arrivons qu’à 11 h 30. On m’a demandé de faire une conférence sur le thème « religieux et religieuses et la pastorale du tourisme ». Cette conférence était prévue à 9 h 30, nous arrivons avec 2 heures de retard ! Nous partons donc directement célébrer la messe avec les chrétiens de la ville de MBOUR, autour de notre Cardinal, et je ne peux tenir ma conférence qu’à 13 h 30. Evidemment les gens sont fatigués par le voyage et par cette célébration qui a été très belle, avec de nombreux gestes et plusieurs rites adaptés, mais, malgré tout, longue ; tout le monde commence à avoir faim. On me demande tout de même de faire cette conférence. Prévue pour ½ heure, elle dure 1 heure et lorsque je m’arrête les gens regrettent en demandant que cela puisse continuer. C’est effectivement un thème très important et une question dans laquelle nous voulons nous engager, car MBOUR se situe sur ce qu’on appelle « la Petite Côte », au centre du tourisme ; le village de Saly, par exemple, est le centre touristique le plus important d’Afrique au sud du Sahara, avec plus de 100.000 personnes par an ; il y a donc un gros travail à faire. Je vous ferai sans doute suivre cette conférence, lorsque j’aurai pu la faire saisir. Mais avant de nous séparer nous voyons concrètement le travail que nous faisons déjà pour l’accueil des touristes, pour leur permettre la rencontre de la culture sénégalaise avec ses richesses et toutes ses valeurs, mais aussi pour défendre ses paysans dont les terres sont souvent accaparées et aussi les travailleurs de tous ces hôtels qui sont souvent exploités. Il y a donc beaucoup de choses à faire et à dire.

  • Vendredi 3 Février : Aujourd’hui, je pars enregistrer l’émission pour la Journée des malades, sur une des chaînes de télévision du pays. Nous tenons ensuite une réunion avec plusieurs ONG, autour du directeur du Camp Pénal, la grande prison pour les hommes de Dakar, où nous voyons les différentes choses à mettre en place : d’abord des ateliers pour permettre aux prisonniers de se former, mais aussi tout ce qui concerne l’animation culturelle, la mise en place d’un service d’écoute avec des permanences pour que ceux qui le veulent puissent venir parler à des personnes de leur choix, et tout le reste du programme d’activités pour les prisons que je vous ai déjà envoyé.
    A 20 h 30, nous tenons notre rencontre de communauté, comme chaque mois. Nous continuons à préparer notre assemblée générale des Spiritains d’Afrique de l’Ouest en travaillant notre rapport sur la vie de nos communautés, les problèmes des finances et des biens matériels et l’animation de notre Fondation. Pendant deux heures nous échangeons nos idées puis rédigeons nos propositions avant de parler rapidement de notre vie de communauté : 12 étudiants en théologie et 3 formateurs. Sur cette question nous n’avons pas grand-chose à dire car notre communauté s’entend très bien et il y a un soutien mutuel à tous les niveaux entre nous et nous en sommes très heureux.
    Depuis le début de la semaine, les étudiants sont en examen de milieu d’année ; ils ont donc beaucoup de révisions et de travail de préparation à faire, mais cela ne nous a pas empêchés de tenir notre rencontre.

  • Jeudi 2 Février : Le grand pèlerinage à Tivaouane, pour la fête de la naissance du Prophète Mohamed commence aujourd’hui et le grand marabout des Tidjanes demande l’arrêt des manifestations pour que cette fête puisse se passer dans la paix. Le soir je célèbre l’Eucharistie à la paroisse. Ensuite, nous tenons une rencontre sur la pastorale de la santé pour préparer le travail de tous ceux qui visitent les malades chez eux et dans les hôpitaux. Nous préparons également une émission à la télévision qui passera dimanche prochain, sur la Journée Mondiale des malades et le dimanche de la Santé, de manière à sensibiliser le maximum de personnes à cette question. Au retour, je passe voir le responsable à la Justice de notre Communauté, et ensuite la responsable à la Charité pour faire un premier suivi de leurs activités.

  • Mercredi 1er Février : Tôt le matin, je vais à la paroisse pour assurer la messe. Ensuite je reçois un Pasteur protestant qui a des machines pour fabriquer des bics « artistiques », sculptés et décorés et qui serait d’accord pour venir à la prison enseigner ce travail aux prisonniers, à la fois pour leur donner du travail, leur faire gagner de l’argent et préparer leur réinsertion à la sortie. Ensuite, je continue à travailler à mes documents, et en particulier pour préparer la Conférence de samedi prochain.
    La tension continue dans le pays. Des étudiants à ZIGUINCHOR qui ont été reçus au bac. l’an dernier ne sont toujours pas orientés ; ils sont en colère de ne pas pouvoir faire des études, ils manifestent et font sortir les élèves de tous les lycées de la ville.

  • Mardi 31 Janvier : Malgré la tension qui monte dans la ville, je sors en choisissant mon itinéraire pour éviter les points chauds Je me dirige d’abord vers la Centrale des Œuvres, là où se trouvent les bureaux, les différents mouvements et associations d’action catholique. Je travaille en particulier avec le Frère Martin, responsable de la JOC, un ami de longue date puisque nous avons travaillé de nombreuses années dans ce Mouvement, puis je rencontre un des membres de l’Ordre de Malte pour étudier avec lui la possibilité d’avoir des médicaments pour la prison des hommes. Ensuite, le midi, j’ai la joie de manger avec une amie d’enfance ; nous avions fait nos études ensemble avec aussi son frère et son mari dans les années 50 au Sénégal, et elle est venue revoir le pays. C’est un grand moment de rencontre très fort, et très intéressant. Après le repas, j’étais invité par les étudiants de l’Université de Dakar pour une réflexion sur la paix, mais suite à la mort d’un des étudiants dans les manifestations d’hier, l’Université est en pleine révolte, les étudiants sont bouclés à l’intérieur par les Forces de l’ordre qui les empêchent même d’aller assister à l’enterrement de leur camarade ; les étudiants se révoltent et brûlent un bus. Bien sûr, dans ces conditions il n’est pas question de tenir une séance de réflexion à l’Université. Je vais donc à l’ambassade du Cameroun où je suis reçu par l’Ambassadeur, pour voir avec lui comment ils peuvent suivre et soutenir les prisonniers camerounais qui sont dans notre prison de Liberté 6 (vous avez dû le noter, c’est vraiment un comble, le Camp Pénal des hommes, avec plus de 900 prisonniers, et la Maison d’arrêt des femmes avec près de 100 femmes, se trouvent dans un quartier de la ville de Dakar qui s’appelle « LIBERTE 6 ». C’est vraiment contradictoire !).

  • Lundi 30 Janvier : Les manifestations continuent dans la ville de Dakar et s’étendent dans tout le reste du pays. Il y a deux morts à Podor, ce qui est très inquiétant (voir le document sur la situation du pays).
    La Secrétaire générale des Assises Nationales, qui fait un gros travail de réflexion pour proposer de nouvelles orientations du pays aux différents niveaux : économique, social, culturel, etc…, devait venir me voir pour que nous travaillions ensemble. Malheureusement à cause de toutes ces manifestations, ce n’est pas possible.
    L’après-midi nous nous retrouvons entre formateurs de notre Communauté pour faire le point de notre vie et de notre travail avec les étudiants et pour préparer la rencontre de Communauté de vendredi prochain.

  • Dimanche 29 Janvier : Malgré la fatigue, il faut me lever de bonne heure car aujourd’hui je dois animer une journée de formation des catéchistes dans la paroisse voisine. Heureusement, je possède bien cette question et j’ai pris soin de préparer ma session à l’avance, mais je ne suis vraiment pas en grande forme pour animer cette journée de formation. Les catéchistes venus nombreux sont de très bonne volonté, très actifs et coopérants, si bien que tout se passe bien. Nous terminons par la messe à 16 heures. Pour ceux que cela intéresse, je vous enverrai également le compte-rendu de cette rencontre, à part. (Voir tous ces documents sur mon site).

  • Samedi 28 Janvier : Comme chaque samedi, visite à la prison des hommes. Je vous enverrai le compte-rendu ce cette rencontre, à part.
    Soir. Comme je dois intervenir auprès des jeunes dans une autre paroisse, assez éloignée, je pars de bonne heure et j’en profite pour manger dans notre deuxième communauté des étudiants, ceux du 1er cycle (philosophie). Cela nous permet de prendre un repas ensemble et d’échanger un certain nombre d’idées et de nouvelles, car je suis parti exprès en avance. Je profite également pour aller saluer les Sœurs spiritaines qui habitent à côté ; nous parlons de leur travail auprès des jeunes filles : formation professionnelle, alphabétisation, engagement dans les communautés de quartier et je suis heureux de revoir une Sœur que je connais depuis longtemps et qui vient d’être nommée responsable pour tout le Sénégal.
    Après cela, à partir de 21 heures, un jeune vient me chercher ; il a organisé une rencontre de deux amicales de jeunes. Nous partons ensemble et marchons un long moment à pied puis enfin nous trouvons un taxi, je mets mon vélo dans le coffre, et nous n’arrivons pas trop en retard. Il y a une bonne soixantaine de jeunes. Avec eux, nous réfléchissons à la marche de leur amicale, la participation de ces amicales aux Communautés de quartiers ; je leur explique aussi ce qu’est le travail de la Commission Justice et Paix, et comment y participer, et ensuite nous abordons toute la question des élections et de la campagne électorale. Je leur présente les quatre affiches avec les quatre thèmes d’actions essentielles : refuser la violence et construire la paix ; lutter contre la corruption pour des élections transparentes ; aller voter et demander à ceux qui nous entourent de voter ; réfléchir au choix du candidat, choisir quelqu’un qui respectera les lois du pays, qui cherche vraiment l’avancée du Sénégal, connaître son programme d’actions, mais ne pas se limiter à son programme, voir comment il a vécu et ce qu’il a fait réellement jusqu’à maintenant, pour qu’il ne se contente pas de discours électoraux mais qu’il soit vraiment capable de mener des actions importantes.
    A partir de là, nous avons beaucoup de choses à dire sur l’engagement des jeunes, le travail de tous les jeunes ensemble, en particulier entre chrétiens et musulmans, si bien que la rencontre commencée à 21 heures se termine à 1 heure 30 du matin. Cela fait tard pour repartir en vélo, je passe donc par les grandes avenues qui sont éclairées pour ne pas avoir de problèmes, d’autant plus qu’il y a une grande tension dans la ville suite aux manifestations après la proclamation des candidatures à l’élection présidentielle. Il y a beaucoup de manifestations, de révoltes, de rues fermées, de barricades et de pneus brûlés un peu partout dans la ville ; beaucoup de gens, en particulier les jeunes, sont en colère parce que la candidature du président WADE a été acceptée alors que pour beaucoup elle ne respecte pas la Constitution, et que par contre d’autres candidats ont été renvoyés, comme Youssou NDOUR, chanteur très populaire. J’explique toute l’évolution de ces événements dans un autre document que vous recevrez sur la situation du pays.

  • Vendredi 27 Janvier : Comme chaque vendredi, nous nous retrouvons à la prison, à la Maison des Femmes. C’est qu’aujourd’hui nous avons un thème de réflexion tout trouvé et brûlant : c’est leur  journée libre  de vendredi dernier, déclarée « Prison sans femme » par le Président de la République. J’ai déjà parlé, plus haut, de cette nouvelle et je vous enverrai un document à part à ce sujet. En tout cas, les femmes ont des réactions très négatives par rapport à ce qui s’est passé ; elles nous disent qu’elles ont été utilisées et manipulées par le Président, dans un but électoral, pour qu’il puisse être réélu et elles sont très choquées et même traumatisées par ce qui s’est passé, n’acceptant pas d’avoir été utilisées de cette manière, au cours d’une journée où elles étaient soi-disant libres, où elles n’ont même pas pu rencontrer leurs familles et où le lendemain elles se sont retrouvées en prison, dans les mêmes conditions.
    A 21 heures, comme tous les 15 jours, nous nous retrouvons en réunion de quartier. Là encore, je vous en enverrai le compte-rendu à part.
    Au cours de cette réunion, nous apprenons l’annonce des candidatures qui sont acceptées par le Conseil Constitutionnel pour la prochaine élection présidentielle : trois candidats sont refusés, soi-disant parce que certaines des signatures qu’ils ont apportées n’ont pas été légalisées. En effet, chaque candidat doit fournir une liste de 10.000 signatures de personnes apportant leur soutien à sa candidature. Comme, en particulier la candidature du chanteur Youssou NDOUR a été refusée, par contre celle du président, Abdoulaye WADE qui est très contestée est acceptée, des manifestations et des émeutes éclatent dans la ville, en particulier dans les quartiers populaires, et un policier va être tué au cours de ces manifestations. Nous sommes très inquiets par la violence qui augmente et qui s’accompagne chaque fois de morts, d’un côté ou de l’autre.

  • Jeudi 26 Janvier : J’ai la grande joie d’accueillir une amie d’enfance ; nous avons été élèves dans le même collège autrefois à Dakar et j’ai été ensuite élève en même temps que son mari au lycée. Nous nous sommes régulièrement rencontrés tout au long de notre vie, en différents endroits, j’ai la joie de la revoir avec sa fille et sa petite fille. Elles sont venues revoir le Sénégal et leur petite fille fait un stage à l’Office National des Droits de l’Homme. Comme elle est intéressée par des contacts à la base et pas seulement de voir ce qui se fait dans une ONG, je lui propose un certain nombre de sorties sur le terrain.
    A midi, je vais dans notre Maison centrale pour rencontrer notre ancien responsable avec qui nous avons travaillé de nombreuses années et qui m’avait envoyé dans les camps de réfugiés en Guinée. Il va participer au Centenaire de la Fondation d’une Mission en Guinée, à OUROUS. Au cours de cette cérémonie, un de nos jeunes confrères guinéens sera ordonné prêtre. Nous prenons un temps assez long pour parler ensemble, en particulier du livre qu’il a écrit sur la Guinée et de mes propres documents que j’écris ; il était Archiviste général de notre Congrégation. Mais maintenant, vu son âge et ses problèmes de santé, il est en retraite bien que continuant à travailler et à donner un sérieux coup de main. J’en profite pour voir le plus ancien de nos confrères au Sénégal, l’économe, le frère Procureur, notre responsable qui vient de Guinée et qui nous donne de nombreuses nouvelles et les différentes personnes qui travaillent dans cette Maison. C’est important pour moi de garder contact avec ces personnes, mais aussi de pouvoir partager avec eux les différents engagements que j’ai pris.

  • Mercredi 25 Janvier : Comme les transporteurs n’ont pas été satisfaits et n’ont pas obtenu de résultat lors de la précédente grève, ils repartent en grève pour 3 jours. Ils demandent, en particulier, la diminution du prix du carburant qui a beaucoup augmenté alors que les tarifs des taxis et des transports, eux, n’ont pas augmenté, ce qui fait qu’ils travaillent dans des conditions très difficiles. Ils demandent aussi une réduction des différentes taxes et de ne plus être rançonnés ou importunés par les forces de police qui souvent cherchent à profiter d’eux. Finalement cette grève aura moins d’impact que les précédentes et elle sera arrêtée à la demande du Chef religieux de l’une des grandes Confréries musulmanes du pays, les tidjanes. En effet, ils sont dans la préparation de la fête de la naissance du Prophète par 10 jours de prières et les fidèles ont besoin de moyens de transport pour se rendre à TIVAOUANE, le centre de leur Confrérie.

  • Mardi 24 Janvier : Rencontre de la Commission Justice et Paix.
    Nous recevons de nombreuses demandes d’interventions ; nous essayons de nous répartir le travail de manière à répondre au maximum d’appels.

  • Lundi 23 Janvier : Je reste à la maison pour répondre aux nombreux messages qui viennent par mail, continuer à travailler les documents, en particulier par rapport à l’élection présidentielle et à la campagne électorale.

  • Mercredi 11 Janvier : Travail au bureau. Le soir, réunion de communauté dans un quartier pour la préparation des élections et le changement de façon de travailler. J’en parlerai dans mon prochain courrier.

  • Mardi 10 Janvier : Nous tenons notre 1ère réunion d’évaluation de l’aumônerie des prisons. Nous abordons les problèmes successivement, nous constituons une équipe pour chacun et voyons comment trouver des aides et des coopérateurs :
    1°) L’équipe judiciaire, pour trouver des avocats bénévoles, activer les jugements et les procédures d’appel, assister aux jugements et suivre les prisonniers. Nous voyons comment mettre en place une formation pour assumer ces responsabilités le mieux possible, comment accéder aux dossiers, etc…
    2°) Le soutien aux prisonniers : Nous avons une Caisse, mais il faut la remplir ! Nous prévoyons des activités pour cela et mettons en place une équipe. Nous allons écrire et diffuser largement une lettre de soutien pour recueillir de l’argent, de la nourriture, des matelas, des habits, du savon, etc…
    3°) Parrainage : Nous voyons comment parrainer les prisonniers. Surtout les étrangers pour les visiter et les malades pour leur acheter des médicaments. Bien sûr, il faudra s’assurer que tout cela leur arrive bien et n’est pas détourné en route.
    4°) Les ateliers et la formation : Ce sera un problème beaucoup plus compliqué, pour trouver des outils et des machines. Nous allons chercher d’abord à récupérer du petit matériel. Et voir parmi les prisonniers ceux qui accepteraient de former les autres. Car c’est cela notre but principal : pas seulement pour se faire un peu d’argent pour leur sortie et avoir un pécule, mais surtout pour se former pendant leur séjour à la prison et pouvoir travailler quand ils sortiront.
    5°) Cela nous a amenés à toute la question de la réinsertion. Et déjà de la réconciliation avec les victimes et les relations à maintenir ou recréer avec la famille. Mais là, nous sommes très courts. Il va falloir continuer à chercher, et trouver les moyens. Déjà, nous voyons que beaucoup de ceux qui sont sortis ont d’énormes problèmes et retombent dans la délinquance. A Noël, un prisonnier étranger a été gracié. Mais il n’a pas d’argent pour retourner dans son pays. Ici il ne connaît personne, il n’a rien à manger et ne sait pas où loger et il n’a pas de travail. De plus, il est malade. A la prison, on lui donnait des médicaments, et aussi (un peu) à manger. Maintenant, il n’a plus rien. Désespéré, il demande qu’on le reprenne en prison !
    6°) Nous terminons par la question de l’éducation et de l’animation culturelle à la prison. Nous avons l’autorisation de le faire dans la cour. Nous avons copié des DVD en ouolof. Il nous faut trouver maintenant une télévision et un lecteur de DVD. Et surtout des animateurs.
    Il est tard quand nous nous séparons, mais nous sommes satisfaits de cette rencontre.

  • Lundi 9 Janvier : Ce matin, prière en silence, office (bréviaire) et Eucharistie (messe), comme chaque jour. Nous fêtons le baptême du Christ et revivons les engagements de notre baptême.
    8 heures : Rencontre sur les prisons avec une responsable d’association qui intervient depuis de nombreuses années. Nous nous étions connus dans les années 80 au nord du Sénégal. Nous faisons le tour des différents problèmes et nous voyons comment collaborer pour plus d’efficacité.
    9 h 30 : Je rejoins la réunion des prêtres des différentes paroisses de la banlieue de Dakar (doyenné). Nous commençons par écouter un économiste sur l’histoire et la situation actuelle du pays. En effet, dans le cadre des élections et de la campagne électorale, il est important pour nous d’avoir une base solide, pour évaluer les programmes et les discours des candidats. Après cette réflexion, nous passons à l’action concrète : je leur explique ce que la Commission Justice et Paix a prévu comme action et préparé comme moyens (affiches, dépliants, tracts, …) pour sensibiliser et conscientiser le maximum de personnes pour ces élections. Tous sont d’accord pour multiplier et répercuter les informations, former les gens, suivre et évaluer les actions.
    Après cela, nous faisons le tour de chaque paroisse pour analyser les différentes actions menées et voir comment nous soutenir mutuellement dans nos responsabilités. Cela se passe dans une ambiance très simple et fraternelle, ce qui n’empêche pas d’être constructifs ! L’un des points qui nous retient c’est bien sûr la formation des laïcs et surtout des jeunes.
    Après le repas, nous prenons encore un moment d’échanges. Avec le délégué de l’évêque, nous parlons assez longuement du travail à l’hôpital et dans les prisons.
    18 heures : Je retrouve tous les étudiants ensemble pour faire le compte rendu. Et à partir de ce soir, je commence à les voir personnellement tout au long de la semaine pour faire le point de leurs activités, voir comment ils veulent vivre leurs engagements, comment ils ont vécu les vacances de Noël, avec les contacts qu’ils ont pu faire. Et à partir de là nous traçons une ligne d’activités avec chacun pour le trimestre qui vient.

  • Samedi 7 Janvier : Ordinations.
    Ce matin, notre Cardinal Théodore Adrien SARR ordonne un diacre et deux nouveaux prêtres. Beaucoup de monde assiste à la cérémonie. Cela me permet de rencontrer d’anciens amis et aussi de prendre des contacts. On me donne un rendez-vous pour travailler à un programme de formation sur les Communautés de Base. Cela fera beaucoup de travail, mais c’est important et le sujet m’intéresse. Le midi, je mange avec les prêtres de la paroisse et j’ai la grande surprise d’y trouver un ami d’enfance, sénégalais, des années 1950. Il s’est établi en France depuis longtemps et il est venu visiter sa famille. Du coup, il me passe quelques numéros de téléphone d’anciens amis, ainsi que le sien, pour que nous puissions nous parler quelques minutes. C’est une grande joie.
    15 heures. Je vais immédiatement rejoindre l’équipe du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Nous avons composé un Guide de l’animateur des Droits Humains et d’Education à la Paix. En reprenant les différentes conférences, formations et comptes rendus d’activités, nous avons composé un manuel. Chacun l’a travaillé de son côté et nous nous retrouvons pour partager nos remarques et critiques. A partir de ces corrections, nous pourrons faire une rédaction que nous allons remettre aux différents formateurs et éducateurs. Et nous ferons une deuxième version corrigée dans deux ans. Je suis en retard, mais malgré tout je suis quand même le premier ! Cela arrive souvent pour les réunions. L’heure solaire, c’est relatif ! Au retour, de nombreux messages m’attendent sur Internet.

  • Vendredi 6 Janvier : Le soir, réunion du Conseil paroissial. C’est une grosse paroisse et beaucoup de choses à faire. Nous commençons par faire le point de notre session de formation pour les responsables de communautés chrétiennes de quartier. En effet, ces communautés qui devaient être des communautés de réflexion et d’action, faute de suivi et de soutien, sont devenues peu à peu des groupes de prière. Nous rappelons ce que nous avons décidé à la session de formation : commencer par se donner les nouvelles, faire un partage de la Parole de Dieu et ensuite aborder, à chaque réunion, les trois points essentiels = lutter contre les injustices, aider les gens qui souffrent, prendre un temps de réconciliation. Avant de passer à la vie interne de la communauté : catéchèse des enfants, parrainages, etc.. Mais nous insistons surtout sur l’importance de la participation de tous, en créant un esprit de famille. Et ensuite, travailler avec tous les gens du quartier, sans distinction, pour avancer ensemble. Je vous ai déjà envoyé un certain nombre de documents sur ce thème, de même que le compte rendu de la session de formation (voir mon site).
    Dans un 2ème temps, nous expliquons comment mettre en place, à la base, une sensibilisation et réflexion dans les quartiers sur la Campagne électorale, le choix du candidat et l’élection du président. Nous présentons le matériel que nous avons préparé : affiches, dépliants, tracts, fiches pédagogiques. Nous expliquons comment utiliser ce matériel. Nous confions le travail à chaque communauté de quartier pour descendre sur le terrain. Ils vont commencer par faire une enquête pour connaître les différents groupes existants et les différents lieux où contacter les gens : gare routière, marchés, etc… Chacun mettra aussi à profit ses contacts personnels, familiaux et professionnels. (Voir les documents sur mon site également).
    En soirée, je quitte le Conseil pour rejoindre la maison où se tient notre réunion de Communauté. En effet, au début de ce nouveau trimestre, il nous faut préciser nos orientations et ce que nous allons faire durant ces trois mois. Nous évaluons aussi la façon dont nous avons vécu ce temps de Noël et les vacances qui ont suivi. Dans un 3ème temps, nous commençons à préparer l’Assemblée générale des spiritains d’Afrique de l’Ouest. Nous allons nous rencontrer tous ensemble après Pâques pour faire le point de notre action et tracer de nouvelles pistes pour les années à venir. Mais tout cela demande un gros travail de préparation et de réflexion. Et nous tenons à ce que les jeunes et les étudiants participent et puissent donner leurs idées. Nous aurons cinq rencontres. Aujourd’hui nous travaillons le 1er thème :
    Comment vivons-nous nos priorités missionnaires :
    1
    °) annonce de l’Evangile, solidarité avec le monde des pauvres, dialogue avec les gens des autres religions, l’engagement pour la Justice, la Paix et la Réconciliation, l’éducation et le développement.
    2°) nous évaluons ce que nous avons vécu pendant ces fêtes de Noël et ce temps de vacances.

  • Mardi 3 Janvier : Nous commençons un nouveau trimestre. Nous nous retrouvons entre formateurs pour faire le point et préparer de 2ème trimestre, dans notre Communauté et auprès des étudiants. 
    Le soir, je devais participer à une Conférence sur le dialogue social, en préparation des élections. Cette conférence est supprimée à cause de la grève des transporteurs. Certains sont même arrêtés par la police, pour atteinte à la liberté du travail, pour avoir cassé les vitres, - à coups de cailloux, souvent avec l’aide de jeunes et même d’enfants-, ou les carrosseries de taxis qui ne faisaient pas grève. Ou des chauffeurs qui ont fait descendre de force des passagers.
    Il y a un grand problème dans le pays. Le président actuel doit déposer sa candidature le 20 janvier. Et pour lui, c’est un chiffre magique qui doit lui porter chance. Et comme cela se fait souvent dans le pays, il a fait appel à des devins traditionnels (des marabouts) pour avoir la chance. Sur les conseils de ces gens, le président a demandé à chaque sénégalais et sénégalaise de faire un cadeau à quelqu’un cette journée du 20 (journée du partage). Bien plus, il a publié un décret pour faire sortir toutes les femmes des prisons ce jour-là : Aucune femme en prison. Cela pose un grand trouble dans tout le pays. Et aussi beaucoup de problèmes. D’abord au point de vue légal : le président prend une décision qui regarde la Justice, sans même la consulter. Ce qui montre bien que le pouvoir judiciaire n’est pas indépendant de l’exécutif. Et surtout, cela va poser des problèmes énormes. Les femmes condamnées à des peines légères vont être graciées. Mais les autres ? Celles qui sont en attente de jugement (et cela peut durer parfois des années) ? Et celles qui ont fait appel ? Elles ne peuvent pas encore être graciées ? Celles qui ont été condamnées à des peines lourdes devront sortir le 19 janvier à minuit et rentrer le 20 à minuit ! Alors qu’il n’y a pas de taxi la nuit. Et qui va les garder pendant toute cette journée ? A notre Maison d’arrêt, il n’y a que 13 gardiennes pour 90 pensionnaires ! Pour celle de notre groupe, nous allons les accueillir chez nous, et passer une journée de fête et de détente. Elles se sont engagées à rester ensemble et à ne pas chercher à s’enfuir. Mais le retour sera dur. D’ailleurs, elles auraient préféré rester à la prison.

  • Lundi 2 Janvier : Les problèmes ne manquent pas dans le pays, surtout au niveau des populations. D’autant plus que le président a plus cherché à développer la capitale –et encore, seulement le centre ville, et à faire des autoroutes et des constructions de prestige- qu’à développer le pays et aider, soutenir les classes les plus nécessiteuses. Depuis plusieurs semaines, les enseignants sont en grève, parce que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses…. D’ailleurs, on leur avait fait des promesses, comme souvent, que de toutes façons on ne pouvait pas tenir. A cause de l’augmentation du prix de la farine et du carburant, de nombreux boulangers ont fait faillite. Ce matin, ce sont les chauffeurs de taxis et de cars qui sont partis en grève. Toute la ville est bloquée. Les écoles –comme les bureaux ne fonctionnent pas. Surtout que la ville de Dakar est une presqu’île toute en longueur et beaucoup de gens viennent de la banlieue. Certains se débrouillent avec des amis, d’autres viennent à pied. Les charrettes, tirées par un cheval, d’habitude transportent des pierres, du sable, du fer ou du ciment… Ces jours-ci, elles transportent les gens même en pleine ville, comme dans les villages.

  • Dimanche 1er Janvier 2012 : Ce dimanche, nous fêtons beaucoup de choses en même temps. C’est le jour de la prière mondiale pour la paix et comme je suis dans la Commission Justice et Paix, le curé me demande de prêcher à la messe. J’aborde la question des vœux. Quels sont nos vœux ? Et surtout, comment nous allons les réaliser,  pour ne pas en rester aux vœux pieux et aux souhaits inutiles, mais passer ensemble à l’action ? D’abord, nous regarder avec amitié et attention quand nous présentons nos vœux pour ne pas rester à des salutations mécaniques.
    Dans un 2ème temps, nous réfléchissons à la Lettre de Benoît 16 de cette année, dans la suite du 2ème Synode pour l’Afrique : éduquer les jeunes à la Justice et la Paix.
    Après la messe, nous nous retrouvons avec tous les volontaires pour réfléchir à cette lettre et ensuite voir ce que nous allons faire pour que la Campagne électorale et les élections se passent sans violence et sans corruption et que les gens aient une base pour choisir le candidat pour qui ils vont voter. Je vous en ai déjà beaucoup parlé et envoyé certains de nos documents et comptes rendus.
    Tous sont intéressés car ce sont des problèmes actuels et importants. La rencontre se passe très bien et dure plus longtemps que prévu.
    Ensuite, je rejoins une des familles, dont la fille s’est mariée hier, et la fête se continue aujourd’hui ! Je suis heureux de partager leur joie, nous passons un bon moment ensemble. Je retrouve même des gens avec qui nous avons travaillé en 1979-80 à Tambacounda, à l’extrême est du pays, dans des nouveaux secteurs de développement les « Terres Neuves » C’est une grande joie de nous revoir et de partager ce que nous sommes devenus.