Armel Duteil

Comptes rendus 2015

Commission Justice et Paix, Comptes-rendus 2015




Paroisse de Pikine, réunion du comité Justice et Paix le 31 janvier 2015

Compte-rendu à lire à la prochaine réunion de CEB. Vous contactez le délégué de la paroisse auprès de votre mairie, et vous voyez ensemble quelles actions vous aller mener. Merci

Ordre du jour :

  • Évaluation de la journée de la paix

  • Informations sur le quotidien

  • Collectivités communes

  • Fête Patronale

  • Divers

1. Journée de la Paix du 4/1/ 2015

L’absence des membres de certaines structures lors de l’assemblée est regrettable. La célébration de la cérémonie a été appréciée surtout la mise en scène du Message du Pape. Il est décidé que l’activité soit annuelle et paroissiale. Bien étudier et réfléchir sur la Lettre du Pape en vue de notre vie dans ce monde actuel. Nous verrons à la prochaine réunion, comment la mettre en pratique. Il faudrait le faire chaque année, le jour même.

2. Informations sur la vie quotidienne.

Le cas de l’enfant de 2 ans décédé par suite de noyade au bassin de rétention de Djidah Thiaroye Kaw aux alentours des CEB St François d’Assise, Ste Angèle Merici et St Maximilien Kolbé nous demande d’aller à la Mairie et y tenir une rencontre au sujet de la sécurité des lieux.

L’activité du Set Setal (nettoyage du quartier) de la date du 26 janvier 2015 s’est tenue à la Corniche de la ville de Pikine, organisée par Mr Moussa TINE, Responsable de » Entente Cadak-car ». Il serait important de rencontrer l’Organisation et de voir le programme d’activités pour y participer. Aussi de se renseigner dans les autres Mairies en compagnie du délégué. La liste des Responsables des relations avec les mairies a été distribuée à l’assistance.

3. La vie des communes

Le retard du paiement des salaires est la cause des grèves des agents municipaux. A cette période de l’année scolaire, on a besoin des extraits de naissance pour la préparation des dossiers des examens et concours. L’usage des faux-papiers est fréquent au sein des communes. Les principaux acteurs sont les agents, les bénévoles, y compris les directeurs des écoles privées laïques. Mais c’est aussi la faute des parents. Il est important de sensibiliser ces derniers à demander leur Volet et de vérifier la signature du juge pour s’assurer de l’enregistrement du dossier. Et de sensibiliser les directeurs d’écoles qui trompent les parents d’élèves pour s’enrichir au moment des examens. Ce sont des explications à donner aux familles des nouveau-nés et à nos membres dans les CEB. On peut contacter Mme Stéphanie SAGNA (AQUITAS) pour les filles sans papiers.

4. Relations avec les mairies

Il est important de tenir un bon lien avec les Maires. La collaboration entre les représentants de la paroisse et les conseillers municipaux par les entretiens au sein des communes est favorable à cela. Il est demandé à ce que les jeunes chrétiens soient présents dans les activités organisées par la Mairie, notre commune

  1. Établir un Plan d’action en réunions de communautés: qu’est-ce que nous proposons pour faire avancer nos quartier et notre commune, puis aller le proposer à la Mairie.

  2. Voir notre participation aux actions telles que : les bourses aux familles nécessiteuses, la CMU (la couverture médicale universelle), l’emploi des jeunes, les petits projets de développement et les autres actions en cours dans les communes.

Continuer la prise de contact avec les employés chrétiens dans les communes pour une meilleure connaissance dans les liaisons à tenir. Au sujet des droits juridiques et des dossiers d’état civil, les membres de justice et paix vont les prendre en charge. Mais veiller à ne devenir ni des mendiants, ni des assistés, ni des profiteurs. Travailler avbec les mairies, et ne pas y aller seulement pour demander de l’aide

5. Fête Patronale

La CEB St François de Sales s’est rassemblée à la Commune de Guinaw-Rails Nord lors de sa fête patronale. Cela montre que certaines célébrations des CEB peuvent être faites dans les mairies. Au point de vue financier, au moins une partie de l’argent récolté doit être réservée pour le besoin des nécessiteux et les projets de développement à réaliser. Insister sur la présence des jeunes aux conférences, prières et autres activtiés, et pas seulement au repas et à la soirée dansante. Pour le repas, nous rappelons qu’en Conseil Paroissial, on a demandé de faire un « plat-bouteille » : chacun amène quelque chose, et on partage le tout ensemble. On doit obligatoirement faire un compte-rendu financier après chaque activité, auprès de tous les membres, avec une copie à la paroisse.

Dans la Commune de Guinaw-Rails Sud, la communauté chrétienne a rencontré la commission religieuse. Notre présence est marquante dans la municipalité. Nous n’avons pas à demander seulement des dons, mais d’abord de représenter dignement la CEB. Et d’apporter les idées des CEB pour une meilleure marche de la commune. Au sujet des Badièni-Gox (femmes responsables=marraines dans les quartiers), il est à demander aux femmes catholiques de s’engager.

6. Divers

Une Boutique de Droits (Maison de Justice) a été mise en place pour le règlement des conflits et la défense des droits spécialement des femmes à Icotaf (Maison de la Femme). Une rencontre se tiendra dimanche 15 Février à la salle Bertrand, après la messe de 10 h. De même que la présentation de la CMU Couverture Médicale Universelle) pour mettre en place une mutuelle qui sera reconnue par la préfecture : Assemblée Générale pour la présentation des statuts et la participation aux cotisations mensuelles de 1000frs/mois.

L’explication de la cérémonie de la journée de prière pour les malades du 11/2/2015 dans les lieux de cultes de Pikine et Thiaroye a été faite.

En conclusion, il est demandé de respecter la ponctualité, la régularité et la présence d’un délégué de chaque groupe.

Préparation au synode

Il est important que les enfants et les jeunes prennent leur part et donnent leurs idées pour la préparation de la 2° session du synode sur la famille. Mais le questionnaire n’est pas adapté à leur vie, ni à leur capacités de réflexion. C’est pourquoi je propose ces questions (à améliorer et à adapter d’après les réalités de chaque paroisse), qui pourront être distribuées aux enfants de la catéchèse, aux CV-AV, louveteaux et jeannettes, et aux jeunes des mouvements, amicales, servants, lecteurs et autres groupes par l’intermédiaire de la CPJ.

Pour les enfants

  • Que vivons-nous de bon dans nos familles ?

  • Qu’est-ce qui ne va pas dans nos familles, et qui nous fait souffrir ?

  • Quelles sont nos idées pour que nos familles marchent mieux ?

Pour les jeunes

  • Quelle est notre place de jeunes dans notre famille ? Comment y prenons-nous nos responsabilités ? Est-ce que nous ne sommes pas trop souvent absents ? Pourquoi ?

  • La sexualité : Comment vivre une vraie amitié entre garçons et filles, et découvrir l’autre sexe en groupe, sans nous lancer tout de suite dans le copinage ? Comment nous aider entre jeunes, à mieux vivre notre sexualité ?

  • Comment nous préparer au mariage et à fonder une famille heureuse ?


Rencontre avec les « jeunes artisans de paix » de Keur Massar et des parcelles assainies

Nous avons commencé par lire et réfléchir à Eph 2,14 – 16 : "le CHRIST est notre paix, IL a abattu les murs qui nous séparaient. De tous, IL a fait un seul peuple". Ensuite nous avons réfléchi à la lettre pour la journée mondiale de la paix du Pape François du 01er Janvier 2014. Voici les idées principales que nous avons relevées:

  1. Tous nous voulons la fraternité. Mais nous ne faisons pas souvent attention aux souffrances des autres.

  2. Nous sommes tous frères mais parfois nous ne prenons pas nos responsabilités. Nous disons comme Caïn le disait à Dieu, au sujet d’Abel : "est ce que je suis responsable de mon frère?" Plus grave que cela, il y a ce que le Pape appelle la mentalité du déchet: on regarde les autres comme des ordures, comme des choses qu'on peut jeter quand on en a plus besoin. Et non pas comme des personnes humaines, que nous devons aimer et respecter. Nous sommes frères de JESUS. Nous pensons donc à sa vie, à tout ce qu'Il a fait pour aider les gens, pour vivre en frère avec tous, surtout au moment de sa mort. Nous pensons à sa résurrection qui nous rassemble tous, et qui fait de nous des enfants de DIEU et les frères de JESUS. Avec JESUS, c'est possible de faire grandir la paix au milieu de nous.

  3. Le développement est le nouveau nom de la paix. Il est donc important que nous nous engagions, pour faire avancer le pays, pour le bien et le bonheur de tous. Ne pas penser d'abord à nous-mêmes, mais penser aux autres. Comme on le disait déjà dans l'Ancien Testament, et comme on le dit dans toutes les religions : " aime ton prochain comme toi même,... tout ce que tu veux que les autres fassent pour toi, fais-le pour eux". Ne pas chercher l'argent, mais penser aux pauvres. Ne pas chercher notre profit, ni notre intérêt, mais chercher le bien de tous. Il ne s'agit pas seulement de faire l'aumône, ou de donner des choses, de l'argent, de la nourriture, des habits, ou des médicaments. Il s'agit de nous donner nous-mêmes : de donner notre temps, nos idées, nos conseils, notre amitié, tout ce que nous sommes. Quand tu partages ton repas, tu perds de la nourriture, mais tu gagnes une chose beaucoup plus importante : tu gagnes l'amour, l'amitié, et tu as la joie dans ton cœur. La joie d'avoir partagé la joie de DIEU, qui te bénit. Cela est beaucoup plus important, que la petite nourriture ou la somme d'argent que tu as donnée.

  4. Les différentes choses à faire pour la paix
    -lutter contre la pauvreté,
    -chercher la justice pour tous; reconnaître un frère dans l'autre ; arrêter d'humilier les petits ;
    -accueillir, saluer et parler avec les pauvres, les étrangers, les enfants de la rue, les handicapés…
    -partager les joies et aussi les souffrances de nos frères;
    -travailler dans nos quartiers pour lutter contre les inondations
    -apprendre aux gens à se laver les mains pour lutter contre Ebola.

Le Pape François, dans sa lettre du 1° janvier, demande que tous puissent se faire soigner, que tous soient éduqués, que tous puissent apprendre un travail, que tous puissent développer leurs qualités. Nous nous demandons ce que nous pouvons faire pour cela, là où nous vivons : les petites choses que nous sommes capables de faire.

Le Pape François nous demande aussi , de respecter notre environnement, de ne plus jeter les eaux sales et les ordures dans la rue, d'arrêter les feux de brousse et de couper les arbres sans en replanter, de chercher la propreté et de ne pas casser notre terre. Nos usines avec leurs gaz, leurs fumées, leurs saletés, salissent et cassent la terre. Mais nous-mêmes aussi nous le faisons, en jetant nos pots de café touba, nos plastiques et n'importe quoi, dans les rues. Ou dans les canaux dans lesquels doit passer l'eau. Ils sont bouchés, et cela cause les inondations dans nos quartiers, qui entrainent les maladies : paludisme,…

Le Pape nous demande d'avoir une façon de vivre simple, de lutter contre la société de consommation,

Il nous demande de lutter contre la guerre. Nous savons qu'il y a encore la guerre en Casamance. Et il y a beaucoup de disputes, d’injures et de bagarre dans nos familles, dans nos groupes, dans nos mouvements, dans nos paroisses. Et aussi bien sûr, dans nos écoles, dans nos lieux de travail, dans nos quartiers. Il y a beaucoup de violences dans les rues, et à l’université. Il nous faut lutter contre toutes les violences, aussi bien dans paroles que dans nos actions.

Le Pape nous invite à lutter, à notre niveau et avec nos moyens, contre la drogue et l'alcool. La drogue est entrée dans nos écoles, et dans les soirées. On vend de petites doses d'alcool à cent francs. Et aussi de lutter contre la corruption. Et donc nous-mêmes, d'être sérieux pour les questions d'argent. Et pour la sexualité, même si nous ne pouvons pas lutter contre l'homosexualité et la prostitution, nous pouvons être sérieux dans notre propre groupe "Artisans de la Paix", entre garçons et filles. Et apporter une véritable amitié, dans les groupes où les garçons et les filles se retrouvent ensemble.

Nous voulons aimer les petits, surtout ceux qui ne sont pas aimés, ceux qui sont rejetés de leur famille, les enfants qui se retrouvent dans la rue, les jeunes filles enceintes qui sont chassées de leur famille, les malades du Sida et d’Ebola auxquels personne ne veut plus parler, et même les homosexuels. Même si nous ne sommes pas d'accord avec ce qu'ils font, ce sont des hommes et des femmes comme nous, JESUS nous demande de les respecter. Ce n’est pas normal de les insulter, de les frapper ni de les mettre en prison.

Le Pape François nous demande aussi de lutter contre l'exploitation des travailleurs. Il y a trop de gens qui les font souffrir inutilement : ils les payent mal ou pas du tout, et ils profitent d'eux pour s'enrichir. Même si nous ne sommes pas des patrons, nous pouvons au moins respecter les employées de maison "les mbindanes, les coxers ( à la gare routière), les apprentis, et tous ceux qui font des petits métiers. Sans oublier non plus les immigrés et les prisonniers, dont le Pape nous parle aussi dans sa lettre du 1° Janvier. Tous nous pouvons faire quelque chose, à notre niveau.

Nous nous sommes ensuite retrouvés en petits groupes pour répondre à ces deux questions :

  • quels sont les manques de fraternités que nous voyons autour de nous?

  • que faire pour faire grandir la fraternité là où nous sommes?

Dans les différents groupes, on a d'abord cherché à expliquer, ce qu'est une véritable fraternité. Ensuite, nous avons cité les manques de fraternité

A la maison, dans nos familles. Souvent on ne respecte pas les petits. Les parents et les aînés ne les écoutent pas. Il y a un manque d'éducation de base des enfants. Souvent, on ne prie pas dans nos familles, et même on ne pratique pas la religion. Quand il y a des problèmes, on va chez les féticheurs et les charlatans. Au moment de la mort, il y a des accusations de sorcellerie. Et ainsi on s'éloigne de la Parole et de l'Amour du CHRIST. Il y a beaucoup de séparations (divorces), même dans les jeunes couples. Ceux-ci manquent de soutien et de conseil s, et on ne les prépare pas assez au mariage.

Problèmes dans la communauté - les conflits de génération entre jeunes et responsables, les jalousie et les mauvaises paroles, les refus de partager, le manque de respect envers les petits métiers et les chômeurs, le manque de confiance parce qu'on a été trahi, le refus du pardon, l’esprit matérialiste (la soif de l’argent), les injustices qui créent des frustrations (jalousies et rancunes) et qui entraînent des querelles et des violences, le manque de communication (partage des idées) et de connaissance : on ne se salue même pas.

Dans les écoles, manque d'engagement dans la classe, et de partage des responsabilités entre les élèves. Des élèves sont isolés et restent tout seuls.

Que faire? : Accueillir les autres, les regarder avec un coeur bon.

  • Avoir une formation de base à la fraternité: être éduqué à la paix : c'est cela notre but.

  • communication, pardon et prière: on a apporté le témoignage d'un couple qui fêtait ses cinquante ans de mariage. Ils ont duré ensemble parce qu'ils se parlaient. Mais souvent il y a le manque de courage pour se dire la vérité.

  • Ecouter les gens, et s'asseoir à coté d'eux quand ils sont tristes.

  • S'ouvrir aux autres, ne pas rester isolé quand on a des problèmes.

  • Changer de comportement : éviter la violence et lutter contre la violence autour de nous. Eviter les violences dans nos paroles, qui entrainent les bagarres.

  • Faire la médiation, quand il y a des disputes : réconcilier les gens.

  • Lire la Parole de DIEU et la mettre en pratique, faire des partages d'Evangile.

  • Pardonner et tolérer.

  • responsabiliser les élèves dans la classe: donner une charge à chacun des élèves.

  • Dans les familles, mettre tout le monde au même pied d'égalité, ne pas faire de préférence entre les enfants, quelle que soit leur mère.

  • Intégrer les enfants dans la société.

  • travailler à la propreté dans les rues et les quartiers, pour avoir un environnement sain.

  • Développer l'esprit de partage, Ne plus chercher son propre intérêt, ne plus exploiter les autres.

  • Aider les nécessiteux et les personnes âgées.

Les enfants ont dit : respecter nos parents, bien travailler à l'école, écouter les grands, suivre la religion, prier en famille.

Éducation et formation dans tous les domaines: garder les vertus traditionnelles sénégalaises, en voyant comment les vivre dans le monde d'aujourd'hui. Mettre l'esprit de famille dans la C.E.B, qui est notre famille chrétienne. Avoir une vie simple, ne pas chercher à avoir les choses les plus belles ou les plus modernes. Sinon, les pauvres veulent faire comme les riches, alors qu'ils n'en ont pas les moyens. Alors les filles partent avec des hommes riches. Les garçons vendent de la drogue ou font des tas d'autres choses pour avoir de l'argent.


Symposium sur « La démocratie sénégalaise à l'épreuve de la violence politique »

J’ai été invité à ce colloque à l’Université de Dakar, les 27 et 28 mai pour donner le point de vue de l’Eglise catholique à ce sujet. Voici donc le résumé de mes 2 interventions.

1ère intervention

Par rapport à la violence, je voudrais rappeler dès le départ, que pour moi il ne s’agit pas seulement d’un problème, encore moins d’une théorie, mais bien de personnes qui en sont victimes. Il est absolument nécessaire d’être attentifs à ces personnes. Et d’agir pour elles. Pas seulement d’en parler.

Quand quelqu’un utilise la violence, c’est qu’il a une raison pour cela. Mais il doit se demander : est-ce que cette raison est valable ? La religion, dans la mesure où elle demande à chacun de prendre sa vie en main, est un élément important pour pouvoir analyser la situation de même que ses motivations, devant Dieu et à partir de la Parole de Dieu. C’est ce que, en langage religieux, on appelle la conversion. C’est le sens du carême, aussi bien chez les musulmans que chez les chrétiens : Il ne s’agit pas d’abord de se priver de nourriture mais d’arrêter ses mauvais désirs, ses mauvais sentiments et ses mauvaises tendances. Et donc la violence

L’une des causes de la violence, à mon avis, c’est que les gens cherchent leur avantage personnel : l’argent, le pouvoir, le profit, etc. Et quand ils voient qu’ils ne peuvent pas obtenir ce qu’ils désirent, ils se révoltent. L’un des rôles de la religion c’est de rappeler la dimension sociale et communautaire de la vie de l’homme. L’une de ses responsabilités, c’est d’éduquer au sens du bien commun : chercher le bien de tous, spécialement de ceux dont les besoins sont plus grands, avant de chercher mon intérêt personnel. En tout cas, on ne peut pas être un bon croyant, si on n’est pas un bon citoyen. Cette recherche du bien commun est la base de la Doctrine Sociale de l’Eglise.

Il est important aussi de penser aux conséquences de ce que l’on fait. C’est là toute la place de la morale, et du rôle éducatif de la religion.

Enfin, je soulignerai le rôle de la réconciliation et du pardon. Chrétiens et musulmans, nous sommes ensemble, pour affirmer que Dieu est le Compatissant et le Miséricordieux. Si nous croyons en un tel Dieu, cela doit se traduire dans notre vie, et dans nos actions. Dans la prière que Jésus nous a enseignée, nous disons : « pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Et les jours des grandes fêtes religieuses, on se rencontre en se demandant pardon (Baal ma akh). L’un des rôles essentiels de la religion, c’est d’apporter la paix et la réconciliation. Mais bien sûr, pas n’importe quelle paix, et pas dans n’importe quelles conditions. Jésus disait « Je ne vous donne pas la paix, comme le monde la donne ».

Cela suppose un équilibre de la part des croyants dans leur engagement : garder la neutralité, pour pouvoir réconcilier les gens. Mais en même temps, chercher en priorité la justice. Et défendre avec courage, les pauvres et les petits de la société. Quelles que soient les oppositions et les incompréhensions.

Tout cela nous montre qu’on ne peut pas réduire la religion, aux seules prières ou pratiques religieuses. Il s’agit d’acquérir tout un état d’esprit marqué par la foi, de se demander ce que Dieu veut pour le monde, et comment agir avec Lui dans ce sens.

Une dernière réflexion : on voit souvent la violence, uniquement dans les bagarres, les coups, les casses etc. On dit : « ces gens se sont battus, ils sont violents ». On leur donne tort. Mais on oublie souvent la violence organisée et institutionnalisée, la violence des structures, c’est-à-dire les injustices. Ainsi, par rapport aux femmes, la vraie violence qu’on leur fait, beaucoup plus que les coups qu’on peut leur donner, c’est le fait qu’on ne les laisse pas prendre toute leur place, ni toute leur responsabilité, aussi bien dans la famille que dans la société. La violence qui est souvent faite aux gens, ce ne sont pas d’abord les répressions policières, mais c’est la pauvreté qui leur enlève tous les moyens d’agir et de vivre dans la dignité, et qui les poussent à se révolter. La violence, c’est le mépris des pauvres, des petits, des analphabètes, des handicapés, des gens du monde rural etc. Au-delà de ce symposium qui cherche à éviter la violence dans les élections, il est essentiel que l’on s’engage à construire une société plus juste, et à supprimer les causes profondes et structurelles de la violence.

2ème intervention

Je partirai de cette phrase bien connue de l’Evangile de Jésus Christ : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Cela note toute l’importance de la séparation des religions et de l’Etat, et l’importance de la laïcité telle qu’elle est affirmée dans la Constitution du Sénégal.

Toutes les religions sont pour la paix. Mais quand elles s’engagent dans le domaine politique au niveau des partis, elles descendent dans l’arène. Et à ce moment-là, elles en arrivent facilement à utiliser des formes de violence.

Un autre problème, c’est que souvent la religion est récupérée et utilisée, pour des intérêts économiques ou politiques. Souvent les violences se situent par exemple, entre éleveurs et paysans, entre différentes classes sociales, entre différentes ethnies. Mais si chaque groupe utilise la religion pour affirmer ses droits et obtenir ce qu’il veut, à ce moment-là, la violence devient beaucoup plus profonde car elle touche le fond du cœur des personnes. Il est donc absolument essentiel de lutter contre ces récupérations de la religion pour des intérêts inavoués.

Quel peut être le rôle des religions à ce niveau ?

  • Ce sera l’éducation, l’acceptation de l’autre, la recherche du bien commun, la formation morale, la conversion, le pardon, la réconciliation etc., autant de choses dont j’ai déjà parlé dans ma première intervention.

  • La première responsabilité des religieux, c’est de défendre les personnes qui sont traitées injustement. Jésus Christ disait « Heureux ceux qui luttent pour la justice, le Royaume de Dieu est à eux. Heureux ceux qui construisent le paix, ils sont enfants de Dieu ».

  • Dans la mesure où les chefs religieux sont reconnus et ont une influence, ils ont bien sûr le devoir d’intervenir auprès des pouvoirs publics, non pas pour des avantages matériels ou autres pour leur propre groupe religieux, mais pour rappeler les droits de l’homme et la dignité humaine. Tout homme est créé par Dieu. C’est cela sa dignité, que l’on doit absolument respecter toujours et partout. Comme on le dit en wolof « Tout homme est fils d’Adam ».

  • Il est bien évident que dans la religion catholique, pour les élections, il n’y a pas de « ndigal ». C’est à chacun de se former, de réfléchir, de prendre ses responsabilités, de s’engager dans la vie politique. Et à partir de là, de choisir le candidat pour lequel il veut voter.

  • Ce qui me semble très important, c’est l’éducation à la non violence. On n’en a pratiquement pas parlé dans ce symposium. Il s’agit bien de la non violence évangélique, et de la non violence active. La non violence évangélique à la suite de Jésus Christ qui a préféré être tué plutôt que de tuer, et qui a dit cette phrase bien connue de tous : « Celui qui frappe par l’épée mourra par l’épée ». Mais il s’agit d’une non violence active : il n’est pas question de se laisser frapper sans réagir. Au contraire, il faut réagir le plus fortement possible, mais par la non violence, par des moyens appropriés et non pas en frappant et en écrasant. Car la violence entraîne encore plus de violence. Il y a des témoins bien connus qui ont utilisés cette non violence évangélique, comme par exemple Martin Luther King, ou en Afrique du Sud Desmond Tutu. Mais aussi des non chrétiens comme Gandhi. Et cette action non violente est efficace, même au niveau politique et au niveau structurel. C’est grâce à elle que Nelson Mandela a pu faire tomber le régime d’apartheid en Afrique du Sud. D’autres exemples sont connus comme la chute de Marcos aux Philippines, et d’autres dictateurs dans différents pays d’Amérique du Sud. A l‘inverse on voit bien que lorsqu’on utilise la guerre et la violence, en Syrie, entre Israéliens et Palestiniens, en Irak, en Afghanistan, ou en Centrafrique, on n’arrive à aucun résultat valable.

  • Enfin, il ne faudrait pas oublier nos traditions et nos valeurs culturelles. Dans toutes les langues du Sénégal lorsqu’on se rencontre, on se souhaite la paix. Beaucoup de nos villages s’appellent le village de la paix : Darou Salam. On dit que le Sénégal est le pays de la téranga (l’hospitalité). On parle souvent des valeurs traditionnelles comme le respect, la patience, le courage, l’éducation… (cër, mu¨n, suttural, teggin, yar, kërsa…). Pourtant il y a la violence dans le pays, elle est bien réelle, il faut en tenir compte. Où est le problème ? N’est-ce pas que trop souvent, quand on parle de valeurs traditionnelles, on se limite à des incantations, en faisant allusion à une société parfaite qui n’a jamais existé. De toute façon le monde a changé, la violence est là. Il s’agit donc de chercher, comment vivre nos valeurs traditionnelles de dialogue et de paix, dans les conditions actuelles. Et de chercher les moyens concrets et réalisables, pour cela

Voici la présentation de ce symposium

il s'agit d'un symposium sur «la démocratie sénégalaise à l’épreuve de la violence politique» qu’organise le Cadre de recherche et d’actions sur les  violences politiques, les 27 et 28 mai 2014 à l’Université de Dakar UCAD II, à 9h à la salle des Ateliers.

Ce symposium vise d’une part, à initier une réflexion transdisciplinaire et multidimensionnelle sur les violences politiques au Sénégal et d’autre part, à servir de plateforme de dialogue politico-citoyen entre les différents acteurs.

L’un des objectifs est de sensibiliser les acteurs sur l’impact négatif de la violence politique sur la paix, la sécurité, la stabilité sociale et institutionnelle. Cette rencontre constitue une des étapes importantes de nos activités.

Cet événement réunira les acteurs politiques, les chercheurs universitaires, les forces de défense et de sécurité, les organisations de la société civile, les autorités religieuses, la presse et les différents partenaires. 


Réunion du 23 mai 2015 du comité Justice et Paix

  1. L’ONG EQUITAS tiendra une séance de formation sur les droits de femmes, en vue de meilleures conditions de vie, sur les violences féminines qui s’accentuent dans notre territoire et partout dans le monde. Du 10 au 14 août 2015.

  2. Le rapport remis lors de la réunion des délégués auprès des maires des communes, présente un nombre de 12 commissions au sein des mairies. La participation aux activités des communes et aux séances de formation, favorisent la présence chrétienne en ces commissions dans les mairies. Si bien que les relations entre les responsables puissent aboutir à une bonne collaboration. En particulier pour l’inscription aux bourses familiales.

  3. La sensibilisation des usagers de drogue dans notre environnement est importante. Organiser des rencontres dans les CEB, Mairies ou ailleurs, en invitant les membres de SOPPI-JIKKO, pour des séances d’information, en servant d’intermédiaires.

  4. Le jour de la fête des Mères (31mai 2015), nous prendrons la parole pour mieux expliquer leur rôle aux mamans et nos devoirs envers elles.

  5. A l’approche de la Grande Kermesse Paroissiale, nous allons sensibiliser sur la violence. Faire passer l’annonce à l’Eglise, à la coordination des jeunes, et aux structures.