Armel Duteil

Groupes cooperatifs


Les groupements coopératifs

Groupement coopératif
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Malgré de nombreuses possibilités et richesse potentielles, la situation économique de la Guinée est dramatique. Nous cherchons à former des gens consciencieux et compétents pour qu'ils s'engagent dans le développement du pays. En même temps, nous cherchons à permettre aux populations à la base de lancer des petites activités qui leur permettent de vivre : aagriculture, élevage, artisanat.

Groupement coopératif
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Nous ne soutenons pas une personne en particulier, nous leurs demandons de se mettre ensemble et de prendre dans leurs groupes des jeunes afin de les former et de leur permettre de gagner leurs vies. Nous leur fournissons les moyens de travailler, mais aussi une formation pour améliorer leur façon de travailler : nouvelles techniques, nouvelles semences, aménagement des rizières, fabrication de compost, races de petit bétail améliorées,... Mais dans tout cela, nous veillons à ne pas faire des bénificaires des assistés. Ils ne sont pas les employés de la Mission, ils travaillent par eux mêmes et pour eux mêmes.

Groupement coopératif
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Le groupement est placé sous la responsabilité de toute la communauté, qui présente la demande d'aide et se porte garant pour le suivi. C'est ce soucis de participation qui nous pousse à demander aux interessés des efforts importants. Par exemple, pour un groupement d'élevage, pour recevoir des animaux de notre part, les bénificiaires doivent d'abord construire un enclos et préparer la nourriture des animaux, mais également acquérir par eux mêmes 3 ou 4 animaux et commencer l'élevage. Ce n'est qu'à de moment là que nous intervenons pour leur donner un nombre équivalent d'animaux qui augmentera leur troupeau. Quand ces animaux auront des petits, ils nous en rendront le nombre donné, ce qui nous permettra de lancer un nouveau groupement d'élevage et donc de multiplier les actions.

Groupement coopératif
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Pour les groupements artisanaux, les gens doivent d'eux mêmes fournir une partie des outils et commencer le travail. Ce n'est qu'à ce moment là que nous complétons les outils dont ils ont besoin, et là encore, quand le groupement fonctionne, ils doivent rembourser peu à peu les outils qu'on leur a donné, sur les bénéfices réalisés, ce qui nous permet de relancer de nouveaux groupements. Mais malgré cette auto prise en charge, nos moyens sont insuffisants et nous avons encore besoin d'aide pour continuer notre travail de développement.

Groupement coopératif
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Intervention à l'assemblée de l'ANPR

(Association National de la Promotion Féminine)

N.B. Toute cette rencontre a été faite sous forme de dialogue avec participation directe de toutes les femmes présentes. Ce qui suit est une synthèse de leurs réponses.

Nous avons commencé par le chant l’Esprit de Dieu repose sur moi, et la lecture commentée de Luc 4, 13-21 sur la mission de Jésus-Christ.

1) Qu’est-ce qu’une femme ?

La femme est d’abord une mère, c’est celle qui donne la vie. Pas seulement celle qui met des enfants au monde, mais celle qui les fait vivre dans leur corps, dans leur esprit et dans leur cœur. Et il ne s’agit pas seulement de faire vivre des enfants, mais de faire vivre toute la famille, et même la société toute entière, chacune là où elle vit : Mettre notre pays au monde et faire grandir la vraie vie, qui vient de Jésus (Jean 10,10).

La femme est épouse. Épouse ne veut pas dire soumise. Dès le début du monde (Genèse 1 et 2), Dieu fait la femme pour être « une aide semblable à l’homme et qui lui convient », quelqu’un avec qui parler, et donc une amie. Cela pose toute la question du partage entre mari et femme, et de la prise en commun des responsabilités. Lorsque Jésus est resté au Temple (Luc 2,41-52), c’est Marie qui lui a parlé, et non pas Joseph. Mais elle dit bien : « Regarde ton père et moi nous te cherchions plein de tristesse ». Saint Paul, dans Ephésiens 5,23, dit que l’homme est le chef de la femme. Mais il précise bien : « il est le chef de la femme, comme le Christ est le Chef de l’Eglise, qui a donné sa vie pour Elle ». L’homme ne doit donc pas se faire servir par sa femme, mais se mettre à son service, et au service de toute la famille, ensemble avec elle. Et la femme n’obéit pas à son mari par peur, ou parce qu’elle est forcée. Mais « comme l’Eglise aime le Christ « (24), dans l’amour et la confiance. Cela suppose que l’homme et la femme parlent ensemble de tous leurs projets, qu’ils agissent ensemble, et qu’ils fassent le point ensemble.

La femme est une personne humaine, libre et responsable. Elle doit tout faire pour développer ses qualités, pour mieux vivre et mieux servir. Il est donc important qu’elle prenne sa place dans la société, aussi bien que les hommes. Nous avons alors posé la question : quelles sont les qualités que l’on reconnaît aux femmes ? Les participantes ont parlé, par exemple, de la patience. Et d’être capable de sentir les choses de l’intérieur. Cela vient en particulier de l’expérience de la grossesse : La femme est patiente pendant 9 mois. Elle apprend à sentir la vie qui grandit en elle. Et quand elle a accouché, elle doit sentir ce que son bébé veut. Car il est trop faible, et il n’a pas encore la possibilité de parler. Mais bien sûr, il y a des hommes qui sont patients eux aussi, comme nous le montre la parabole du semeur. Ce qui est important, c’est de développer chacun et chacune, nos qualités personnelles. Et de les mettre en commun dans la complémentarité.

La femme est aussi une citoyenne. Elle doit donc prendre ses responsabilités dans la société, à égalité avec l’homme et ensemble avec lui ; « Vous pouvez faire beaucoup de choses dans le quartier, avec les autres femmes, et dans les associations » (voir plus bas).

Enfin, la femme est fille de Dieu. Elle doit donc agir en croyante, chacune dans sa religion et dans le respect des autres. C’est cela qui fait sa force et sa joie. Bien sûr, notre exemple c’est Marie. Marie, une femme simple, mais qui a su prendre ses responsabilités tout au long de sa vie. Une femme courageuse, qui n’a pas eu peur de se tenir debout au pied de la croix, devant tout le monde. Alors qu’on la regardait, comme la mère du condamné à mort. Marie attentive à Cana, pour que les noces se passent bien. Et d’abord Marie charitable, et qui pense aux autres dans son cœur. Ce n’est pas l’ange qui lui a dit d’aller aider Elisabeth, c’est elle-même qui y a pensé. Elle n’a pas hésité à faire un long chemin dans la montagne, pour rejoindre sa cousine Elisabeth, vieille et enceinte, et qui n’avait jamais accouché. Marie, l’épouse de Joseph et l’éducatrice de Jésus. L’amie aussi de ses voisines, dans le petit village de Nazareth, dans sa vie de tous les jours. Mais aussi Marie, capable de rassembler les apôtres autour d’elle, au moment de la Pentecôte pour accueillir l’Esprit Saint, alors qu’ils étaient dispersés et découragés. Marie donc, une villageoise, une « broussarde » qui ne savait sans doute ni lire, ni écrire. Mais qui pourtant est la plus grande des saintes, et la meilleure des femmes, parce qu’elle a été fidèle dans les petites choses. C’est elle qui vous apprendra à réunir les autres femmes dans vos associations. Pour ensemble écouter le Saint Esprit, et savoir ce que vous avez à faire. C’est elle aussi qui vous permettra de travailler ensemble, chrétiennes et musulmanes. Car Marie est aussi une sainte femme dans l’Islam. Elle est reconnue comme la mère de Jésus, la jeune fille vierge dont on parle plusieurs fois dans le Coran. Voilà donc votre dignité de fille de Dieu. Mais comme le dit le proverbe : « si tu veux que les autres te respecte, il faut d’abord te respecter toi-même ».

2) Votre association

Une association c’est important. D’abord pour se donner des idées, de la force et du courage. Comme le dit le proverbe : « une seule main ne peut pas applaudir ». C’est en association que vous allez réfléchir à vos problèmes de femmes, et y chercher des solutions. Mais c’est déjà important d’en parler entre vous. C’est votre association qui vous permettra de trouver votre dignité, et de prendre votre place de femme libre et autonome dans la société. Votre association vous permettra d’être de meilleures femmes.

Mais plus profondément que cela, c’est grâce à votre association que Jésus sera présent dans vos quartiers et villages. Comme Il le disait lui-même : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Mat 18,20). Et cela aussi nous pouvons le partager avec nos amies musulmanes, dans la mesure où l’on dit de même dans le Coran : » il n’y a pas de rencontre à trois, sans que Dieu ne soit le quatrième. Ni de rencontre à cinq, sans que Dieu ne soit le sixième ».

Il y a des conditions, pour qu’une association marche. La première, c’est de bien travailler, comme le demande Dieu à l’homme et à la femme dès le début du monde, dans le Livre de la Genèse : « Multipliez-vous et remplissez la terre, toute la terre est à vous ». Jésus lui-même a été un travailleur. Et Saint Paul disait aux Thessaloniciens (2° Th 3,6-18): « Celui qui ne travaille pas, qu’il ne mange pas non plus ». Votre travail vous permettra de faire vivre votre famille, dans la ligne du dernier Synode des Evêques sur la famille, et les orientations qu’ils nous ont données.

Dans votre travail, il sera important de respecter la création, comme nous l’a demandé notre Pape François dans sa lettre « Loué Sois-Tu », sur l’écologie. Et déjà nos évêques dans leur lettre de Carême de 2.013. Vous êtes en relation, non seulement entre vous et avec Dieu, mais aussi avec toutes les créatures. Et par votre travail, vous sauvez la création (voir Romains 8,18-25), et vous sauvez le monde avec Jésus Christ. Pierre disait : « nous attendons des cieux nouveaux, mais aussi une terre nouvelle, où la justice habitera » (2° Pi 3,13). Par le travail de votre association, vous participez à construire cette terre nouvelle.

Nous sommes dans l’année de la Miséricorde. Nous voulons donc travailler dans la justice et dans le respect de la création, mais aussi dans la miséricorde entre nous et envers les autres. C’est pour cela que dans vos projets et dans vos activités, il est important de ne pas oublier les femmes nécessiteuses.

Pour que votre association puisse fonctionner, une autre condition, c’est que l’on sache bien utiliser l’argent. D’abord bien sûr ne pas le voler, ni le détourner : qu’il n’y ait pas de corruption. Mais qu’il soit utilisé aussi d’une façon efficace, pour le bien de vos familles, des nécessiteux, et du pays tout entier. Il ne suffit donc pas d’être sérieux dans le travail et l’utilisation de l’argent. Il faut vous demander : comment vous gagnez votre argent ? Et ensuite, comment vous l’utilisez ? Nous devons reconnaître que notre Eglise est, trop souvent, devenue une Eglise d’argent et de fêtes, de nguel, de khawaré, de yendoo, de concerts et de soirées dansantes. Où l’on cherche de l’argent, non pas pour le bien des autres, mais pour la fête. Où cet argent que l’on a gagné est dépensé inutilement, dans des sorties, des repas, des tenues et tant d’autres choses sans véritable importance. Mais pas pour aider les nécessiteux du groupe ou de l’extérieur, ni pour le développement du pays. C’est important de réfléchir sérieusement à cette question. Pas seulement pour la bonne marche de votre association, mais aussi pour le bien de l’Eglise et de toute la société. Il y a trop de dépenses inutiles, de gaspillage, et des dépenses de prestige pour se montrer, à tous les niveaux.

Et bien sûr, si l’on veut que l’association marche, cela demande que l’on travaille ensemble, pour le bien de tous. Que l’on ne cherche pas seulement son propre intérêt, et que l’on lutte contre l’individualisme. Cela aussi c’est nécessaire, pas seulement pour que votre association marche bien. Mais c’est l’un des plus grands services que nous pouvons rendre, à notre société toute entière.

Je ne vais pas faire l’évaluation de votre association. Des gens de Caritas l’ont faite, et ils vont la partager avec vous, pour y réfléchir et en tirer des conséquences. Je relève seulement dans cette évaluation, les problèmes de formation. Il faut se former. Dieu nous a donné une intelligence pour cela. Il est donc important que vous mettiez en place par exemple, des actions d’alphabétisation pour les femmes qui ne savent ni lire et écrire.

Dans l’évaluation, je note aussi qu’il y a trop de dépenses de fonctionnement, et pas assez d’argent qui va aux projets eux-mêmes.

D’autre part, c’est important que vous deveniez autonomes, et non dépendantes d’une aide de l’extérieur.

Enfin, vous saurez tirer les conséquences de votre expérience, pour mieux préparer l’avenir de votre association, et avancer ensemble. Rappelons-nous ces proverbes : »Yalla, Yalla, beyil sa tool » (il ne suffit pas de dire ! mon Dieu, mon Dieu, cultive ton champ). Et « Dimbali, na ca fekk loxol borom » (si tu veux qu’on t’aide, il faut qu’on te trouve au travail). « Nit, nit, ay garabam » (l’homme est le remède de l’homme). Et bien sûr, tout cela, vous les responsables diocésaines, il s’agira de le partager avec tous ceux et toutes celles avec qui vous travaillez. Comme le dit ce chant : «  Aduna, potu ndaa la. Ku ci naan, jox sa morom naan ! » (le monde c’est comme la calebasse : quand tu as fini de boire, tu donnes à boire aux autres).

3) L’apostolat

Vous êtes des femmes, membres d’une association, vous êtes aussi des chrétiennes. Cela veut dire que par vos activités, vous continuez le travail de Jésus Christ, qui construit et sauve le monde. A la messe, nous avons lu l’évangile des disciples de Jean Baptiste, qui viennent demander à Jésus s’il est vraiment le Messie (Luc 7). Et la réponse de Jésus : « Allez dire à Jean Baptiste, ce que vous avez vu et entendu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas, à cause de moi » (Luc 7, 18-25). Et juste avant, on nous dit que Jésus guérit beaucoup de malades, d’infirmes, de possédés des démons, et Il rend la vue à beaucoup d’aveugles. C’est cela le but profond de notre association : ouvrir les yeux de celles qui ne voient pas clair dans leur vie, et ne savent pas où aller. Faire vivre celles qui sont mortes dans leur cœur, ou dans leur esprit. Chasser tous les esprits mauvais : pas seulement les démons et les rab, mais l’esprit d’égoïsme, l’esprit de vengeance et de méchanceté, l’esprit de pouvoir et de domination, l’esprit de cupidité et de soif de l’argent. Mettre les femmes debout dans toute leur vie, pour qu’elles marchent dans le chemin de Dieu, et avancent dans la vie. Enlever la lèpre de la corruption, qui rend malade notre société. Et surtout, que votre association soit ouverte aux pauvres, aux petits, aux veuves, aux chefs de famille : qu’elle leur annonce, et leur permette de vivre en vérité, la Bonne Nouvelle de l’Evangile.

Nous remarquons aussi que dans cet évangile, Jésus agit avec ses apôtres, en équipe. Et de même, Jean et ses disciples. C’est donc ensemble, en association, que nous devons travailler nous aussi, si nous voulons véritablement être des vrais chrétiens.

Notre Eglise nous propose cette année trois chemins. D’abord la miséricorde : être miséricordieux comme le Père, envers nos frères et nos sœurs. Les aimer de tout notre cœur et tout faire pour les aider. Ensuite le Synode de la famille : pour faire vivre les familles, et les rendre plus heureuses. Enfin, le respect de la création, suite à la lettre du Pape François et de la grande rencontre des Nations Unies à Paris (COP 21). Cela est vraiment urgent, si nous voulons que notre terre puisse continuer à vivre. Sinon nous allons la détruire complètement.

Quels moyens avons-nous pour agir en chrétiennes, dans notre association et dans toute notre vie ? Ce sont l’Evangile, l’amour de Jésus Christ, et le Saint Esprit. Les vivre à tous les niveaux : au niveau personnel, en famille, dans nos CEB, dans nos quartiers et dans toute la société.

Pour cela la CEB a un rôle important : c’est la famille chrétienne, c’est la communauté de quartier. C’est là que nous vivons et agissons avec tous, pour faire naître et grandir le Royaume de Dieu dans nos quartiers. Mais pour cela, il est important que nos CEB ne soient pas seulement des groupes de prière, mais une famille chrétienne engagée envers tous, dans la vie et les problèmes de chaque jour. Jésus nous dit bien : « Vous êtes le sel de la terre », pas seulement de l’Eglise. « Vous êtes la lumière du monde », pas seulement la lumière de la paroisse (Mat 5, 12-15). Notre Eglise est trop centrée sur elle-même. Notre Eglise est tournée vers la paroisse, alors que c’est la paroisse qui devrait être tournée vers le monde. Nous sommes le levain dans la pâte (Luc 13,20). Et Jésus nous dit : « Allez dans le monde entier » (Marc 15,15). Notre Pape François nous rappelle sans cesse, qu’il nous faut aller jusqu’à la périphérie, vers ceux qui sont le plus loin, vers ceux qui sont rejetés de notre société. Et de lutter contre la civilisation du déchet, cette civilisation moderne, où tous les gens qui ne sont pas rentables et qui ne peuvent pas travailler, parce qu’ils sont malades, infirmes, analphabètes, tous ceux qui n’ont pas été à l’école ou qui n’ont pas beaucoup de moyens, on les rejette comme des ordures, comme des déchets. Parce qu’on ne peut pas en profiter, et qu’ils ne peuvent rien nous apporter. C’est dans cette ligne-là que nous devons être chrétiennes aujourd’hui.

Pour nous aider, nous avons aussi le 3ème Plan d’Action Pastorale avec les quatre objectifs : la communion, la sanctification, le témoignage et le service. Je n’ai pas le temps d’expliquer tout cela, vous les connaissez vous-même. Simplement. Il faut bien nous rappeler que ces quatre objectifs, nous ne devons pas les vivre seulement entre chrétiens, mais bien avec tous. Et que dans toutes nos activités, même les rencontres de prières ou nos fêtes d’associations, nous ne devons pas seulement chercher la communion, ni même la prière et la liturgie avec des messes, mais bien les quatre objectifs ensemble.

Pour cela, l’Eglise nous propose des commissions, dont nous devons faire partie. C’est cela qui fera vivre notre association de promotion féminine. En particulier, la commission de la famille, la Caritas pour le service de la charité, la commission Justice et Paix, pour les droits humains et la réconciliation.

Dans nos actions, nous penserons spécialement aux femmes qui souffrent le plus, en particulier les femmes chef de famille, et les veuves. Pas seulement pour les aider matériellement par nos projets. Mais pour les libérer de toutes les coutumes et situations qui les écrasent.

Enfin, encore une fois, nous cherchons l’évangélisation de nos sœurs musulmanes. Pas pour les faire changer de religion, mais les aider à vivre les valeurs de l’Evangile : les aider à vivre à la manière de Jésus Christ, qu’elles connaissent déjà comme un prophète, et dont on parle très souvent dans le Coran. A ce moment-là, elles ne sont pas baptisées, elles ne sont pas dans l’Eglise, mais elles sont dans le Royaume de Dieu : un royaume de grâce et de vérité, un royaume d’amour, de justice et de paix, comme on le chante à la fête du Christ-Roi. Jésus disait : » Heureux ceux qui construisent la paix. Ils sont enfants de Dieu » (Mat 5,9). Si nous vivons cela avec nos sœurs musulmanes, ensemble, nous construisons le Royaume de Dieu. Et nous pouvons dire en vérité : « Notre Père qui es aux cieux, que ton Règne vienne, sur la terre comme au ciel ».

4) L’engagement dans la société

Nous sommes des femmes, des travailleuses, des chrétiennes. N’oublions pas que nous sommes aussi des citoyennes. C’est pour cela qu’il est absolument nécessaire que nous travaillions en lien avec les mairies, aussi bien dans notre association de promotion féminine que dans nos associations de femmes catholiques, dans nos CEB, et dans nos différentes activités. Les mairies font déjà beaucoup de choses pour les formations, pour l’alphabétisation, pour le soutien des femmes nécessiteuses, pour la santé avec la mise en place de la CMU (Couverture Médicale Universelle), etc…Mais trop souvent, nous restons à l’écart de tout cela. Alors que nous avons la possibilité, avec l’Acte 3 de la Décentralisation, d’être vraiment des citoyennes actives. Et cela profitera à nos familles, et à notre propre association. Tout le monde a le droit d’aller assister au Conseil municipal. Nous avons le droit de demander à nos maires ce qu’ils font. Nous avons encore plus le droit de leur faire connaître les besoins, que nous avons découvert, en travaillant entre femmes. Et aussi de leur apporter nos idées, nos propositions et notre soutien. En tout cas, il me semble absolument nécessaire que chaque association de promotion féminine fasse partie de la commission de la femme, dans chacune de nos mairies. De même que les jeunes doivent participer à la commission de la jeunesse. Chacune des commissions de ces mairies, c’est important d’y participer.

On parle souvent d’engagement politique des chrétiens. C’est vrai que c’est important. Mais nous ne pouvons pas toutes nous engager dans la politique. Pour cela il faut une formation. Il faut le courage, pour supporter les critiques et les attaques. Il faut le sérieux pour résister à la corruption. Nous ne pouvons pas toutes nous engager dans la politique. Mais d’abord, nous devons soutenir nos amies chrétiennes, qui se sont engagées dans la politique. Alors que trop souvent nous les critiquons, en disant même qu’elles ont trahi l’Eglise. Nous ne pouvons pas toutes faire de la politique. Mais nous pouvons toutes nous engager dans la société, dans nos quartiers, en travaillant avec les responsables des CEB. Et aussi avec les délégués de quartier, avec les marraines de quartier « badièni gokh », avec les imams. Ou encore, avec les nombreuses associations qui agissent autour de nous : que nous participions aux activités des différentes ONG qui nous entourent. Nous restons trop souvent à l’écart, entre chrétiennes. Nous y perdons beaucoup. Et les autres aussi y perdent beaucoup, parce que nous ne leur apportons pas les richesses de l’Evangile.

Il y a des tas de possibilités autour de nous. Par exemple, les boutiques des droits et les maisons de justice, mpour lutter contre les violences faites aux femmes, leur procurer des avocats gratuitement, et aussi des moyens de vivre. Actuellement, tout le problème du droit foncier (la propriété de la terre) est en réflexion. Jusqu’à maintenant, la femme dans la famille n’a pas le droit de posséder la terre. Est-ce que nous participons à cette réflexion, pour que nous ayons enfin nos droits ? Il y a encore trop de mariages forcés, d’excisions, de violences faites aux femmes. Est-ce que nous ne restons pas trop souvent à côté de tout cela ? Nous voyons que dans notre pays, des avocats et des médecins poussent les députés à faire légaliser l’avortement. Et l’homosexualité. Est-ce que nous allons rester regarder à rien faire ?

Nous avons terminé en offrant tous nos efforts à la prière et à la protection de Marie.


Rencontre de le JOCF sur « Amour et vérité dans le monde du travail »

Nous avons d’abord partagé ce que nous comprenons de ces mots AMOUR, VERITE et PARDON, dans le MONDE DU TRAVAIL. Voici certaines des choses que nous avons dites.

Pour nous chrétiens, l’amour c’est bien sûr le premier commandement de Jésus. Et quand Jésus nous dit : « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous aimés », ce n’est pas un commandement, ce n’est pas seulement un exemple, c’est la possibilité de changer de vie. Quand Jésus nous dit « aimez-vous les uns les autres », Il nous donne en même temps les moyens de nous aimer en vérité.

Jésus était un travailleur. Il ne travaillait pas dans les bureaux, Il faisait un petit métier, c’était un charpentier de village. Il est donc spécialement proche de tous ceux qui sont dans le secteur informel, et qui se débrouillent comme ils peuvent, pour vivre et faire vivre la famille. On a appelé Jésus l’ami des petits et des pauvres. Il est l’ami de ceux qui se débrouillent comme les coxers dans les cars rapides, comme les petits porteurs au marché, comme les mamans qui vendent des arachides ou des beignets aux stations-service, pour pouvoir payer la nourriture et les fournitures de leurs enfants.

Ce qui est important dans tout cela, c’est de reconnaître Jésus dans chacun de nos frères. En wolof, on dit « Nun nepp ay doomi Adama lanu » (tout homme est fils d’Adam). Nous les chrétiens nous disons que tout homme est fils de Dieu. C’est cela la dignité de tous les travailleurs, de tous les hommes et les femmes. Il s’agit donc de reconnaître dans chaque travailleur un frère et une sœur de Jésus. Et grâce à cela de l’aimer, de le respecter. Je ne peux pas croire en Dieu, si je ne respecte pas les travailleurs, mes frères et mes sœurs, les enfants de Dieu.

Plus largement ces qualités : l’amour, la vérité et le pardon, ce sont les qualités de Dieu Lui-même. Jésus a dit devant Pilate au moment où on le condamnait à mort : « Je suis venu rendre témoignage à la vérité » (Jean 18,3-7).  Et Il a aimé jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Par rapport à la vérité, il ne s’agit pas seulement de laisser le mensonge, mais d’être vrai dans tout ce que nous vivons, d’être clairs, d’être dignes de confiance, de faire le mieux possible ce que nous faisons. Jésus disait : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jean 3,19).

Travailleurs chrétiens, nous sommes appelés à être les témoins de Jésus travailleur. Notre responsabilité c’est de permettre à tous les travailleurs d’entrer dans le Royaume de Dieu. Pour cela, il ne s’agit pas de parler sans arrêt de prière, ou de répéter des phrases de l’Evangile, parfois à tort et à travers. Nous serons témoins de la vérité de Dieu, si nous aidons nos frères et nos sœurs travailleurs à entrer dans la lumière. Etre vrai dans toute notre vie, cela peut nous paraître difficile. En fait, c’est une grande joie. Comme nous le dit aussi Jésus : « La vérité nous rendra libres (Jean 8,32). Il n’y a pas de vraie liberté sans vérité, aussi bien dans notre travail que dans le reste de notre vie. Vivre dans la vérité c’est aussi travailler avec tous, sans rejeter personne, sans mensonge et sans jalousie entre travailleurs. C’est aider tous les travailleurs, quelle qu soit lur etnie ou leur religions à vivre dans la vérité.

Nous avons également parlé de l’importance du pardon dans le travail. D’abord, en remarquant que l’amour c’est un sentiment profond, que l’on doit vivre en vérité et dans le pardon. Jésus a pardonné tout au long de sa vie. Il est important, quand il y a des problèmes et des jalousies entre travailleurs, de savoir se pardonner. Et aussi entre patron et travailleurs. Ce ne sont pas seulement les travailleurs qui doivent supporter et pardonner au patron les mauvaises choses qu’il fait, les injustices et les colères. Le patron doit aussi savoir demander pardon quand il a mal agi envers les travailleurs. Pour beaucoup, pardonner c’est s’humilier. Alors que l’humilité, la franchise et la sincérité sont nécessaires dans la vie. Un patron qui demande pardon à ses travailleurs ne s’abaisse pas. Au contraire, il grandit parce qu’il devient comme Dieu qui nous pardonne toujours.

Le pardon est très important dans l’Islam, autant que dans l’Evangile. Tous les versets du Coran commencent par cette phrase : « Au nom de Dieu, le compatissant, le Miséricordieux ». Pardonner c’est agir comme Dieu, et nous rapprocher de Lui. Il s’agit de pardonner comme Dieu, mais aussi avec l’aide de Dieu. C’est Dieu qui nous apprend à pardonner, et qui nous aide à le faire. Et alors nous pouvons dire en vérité : « pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi, à ceux qui nous ont offensés ». Dieu est toujours prêt à nous pardonner, Il n’attend pas que nous lui demandions pardon, Il vient lui-même nous proposer son pardon. C’est aussi cela que nous avons à faire, quand nous avons eu un problème ou une opposition au travail. Et pour cela, nous commençons par prier dans notre cœur, pour recevoir la lumière et la force de l’Esprit Saint.

Nous avons aussi relevé le comportement de Jésus. Il ne condamne pas la femme adultère (Jean 8,1), Il ne l’humilie pas. Alors que tous les hommes voulaient la tuer à coups de cailloux, Jésus lui dit : « Je ne te condamne pas, va en paix ». Mais en même temps Il l’aide à changer sa vie et lui dit: « Ne pèche plus ». Quand la prostituée vient chez Simon le pharisien (Luc 7,36), Simon ne voit dans cette femme qu’une prostituée, qui vend son corps pour de l’argent. Non seulement Il méprise cette femme, mais il méprise Jésus. Il se dit : » si Jésus était un prophète il saurait que cette femme est une prostituée ». Jésus sait bien qu’elle se prostitue, mais Il l’accueille. Quand Il regarde cette femme il ne regarde pas son péché, Il regarde son cœur. Il comprend sa souffrance et sa tristesse. Il voit sa volonté de changer de vie. C’est pour cela qu’Il dit à Simon : « Il lui sera beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé ». Jésus ne voit pas le péché de cette femme, Il voit son amour. C’est de cette façon-là que nous devons regarder nous aussi nos frères et nos sœurs travailleurs, quand ils nous font du mal ou qu’ils nous font souffrir.

II) Que penser de cela ?


Nous avons constaté que souvent, il n’y a pas d’amour dans le monde du travail. Pourquoi cela ? Voici quelques réponses que les participants ont apportées. Du côté du travailleur, si tu arrives en retard, ou que tu ne fais pas bien ton travail, tu énerves le patron et cela amène des disputes. A l’inverse du côté du patron, le travailleur travaille bien mais son patron ne le paye pas normalement. Il lui parle mal, sans respect. Il paye mieux, d’autres qui travaillent moins et qui sont moins sérieux que ce travailleur. Et alors c’est la haine, les oppositions entre les gens. Il y a donc des manques de pardon des deux côtés. Et aussi des manques de respect de la parole donnée. Souvent il y a de l’hypocrisie. On fait semblant de s’aimer, mais dans le cœur c’est la rancune.

Certains patrons trompent les gens. Ils leur promettent un CDI (un contrat à durée indéterminée) mais ils ne le donnent jamais. Ils prennent des gens comme bénévoles (comme volontaires) et les font travailler sans les payer, pendant un ou même deux ou trois ans. Et au bout de trois ans, ils les renvoient en leur disant qu’ils n’ont pas de quoi les payer. Ils l’ont donc exploité jusqu’au bout. Et quand ils ont renvoyé ce travailleur, ils prennent à nouveau un autre bénévole, qu’ils vont faire travailler ainsi sans le payer. Il y a du travail mais le patron préfère exploiter des gens en recherche d’emploi, plutôt que prendre des travailleurs, de les inscrire à l’inspection du travail, et de le payer normalement.

A diplôme égal, on ne donne pas le même salaire à tous les travailleurs, même s’ils font le même travail. Il y a en particulier des inégalités entre les travailleurs hommes et femmes.

Du côté des travailleurs, certains travailleurs ne font pas ce qu’ils doivent faire. 0n dirait qu’ils n’aiment pas leur travail, et ne le font simplement que pour gagner de l’argent, mais que leur vie est ailleurs. Dans ces conditions, ce n’est pas possible d’être heureux dans son travail.

Certains travailleurs sont méchants, ils n’hésitent pas à mentir et dire du mal de l’autre, pour lui nuire. Des travailleurs font la sorcellerie et le maraboutage, pour prendre la place de ceux qui sont au-dessus d’eux, pour les faire les renvoyer, ou pour leur apporter le malheur. Ce qui tue le monde du travail c’est l’injustice et la discrimination. On méprise l’autre, surtout s’il appartient à une autre ethnie ou vient d’un autre pays

III) Que faire ?

D’abord, vivre notre travail dans la foi. Le premier travailleur c’est Dieu. C’est Lui qui a créé le monde et continue à faire vivre le monde. Si Dieu oubliait le monde, le monde disparaîtrait tout de suite. Dieu est Amour, Dieu est Vérité. C’est avec Dieu et grâce à Dieu, que l’on peut vivre dans l’amour et dans la vérité. Cela nous demande de connaître en vérité la Parole de Dieu. Pas seulement réciter par cœur des passages du Coran ou de la Bible, mais les comprendre, les méditer, voir comment les appliquer à notre vie, et être capable aussi de les expliquer aux autres.

Pour mettre l’amour et la vérité dans le monde du travail, ne comptons pas seulement sur nos propres forces, mais sur l’aide de Dieu. Et donc sur la prière. Dans chacune de nos religions, la prière est importante. Mais là encore, il ne s’agit pas seulement de réciter des prières par cœur. Il s’agit d’écouter Dieu qui nous parle dans notre cœur,. Et pour cela, nous tenir en silence devant Dieu. Puis, prier Dieu en lui disant : « Dieu, montre-moi ce que je dois faire. Et donne-moi la force de le faire ». Et pour les chrétiens, prier et écouter le Saint Esprit. Et nous demander : » si Jésus était là, qu’est-ce qu’il ferait ? ». Nous avons une chance. Cette semaine nous allons commencer le Ramadan du côté des musulmans, et du côté des chrétiens, nous allons aller au pèlerinage national à Popenguine, comme chaque année,. C’est un appel de Dieu pour nous respecter, et surtout pour travailler ensemble, chrétiens et musulmans. Et nous appuyer les uns sur les autres, pour rendre meilleur le monde du travail.

C’est vrai que certains patrons ne nous aiment pas. Ils ne nous respectent pas, et même ils nous font souffrir et ils nous exploitent. Ce n’est pas normal. Il faut agir pour que les droits des travailleurs soient respectés, que le Code du Travail soit mis en pratique, et qu’on arrête de nous tromper. C’est pour cela que notre mouvement de la JOC est tellement important, pour réfléchir ensemble. Et voir comment agir ensemble le mieux possible « pour un travail décent ».

La première chose, c’est de nous aimer entre travailleurs. C’est le commandement le plus important que Dieu a donné au prophète Moïse, Moïse qui est un prophète commun à nous tous. Dieu a parlé à tous les hommes, et pour tous les travailleurs en disant : « Aime Dieu de tout ton cœur, aimes ton prochain comme toi-même ». Et nous avons l’exemple de Jésus, le Fils de Marie, dont on parle souvent dans le Coran : « Insa, Ibn Mariama ». Jésus qui nous dit : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ».

Sans oublier de garder les 10 commandements dans le travail. D’abord « Tu adoreras Dieu seul, et tu le serviras de tout ton cœur »: Tu ne feras pas de l’argent ton Dieu. Tu ne feras ni maraboutage, ni sorcellerie, ni magie. Et ensuite : « Tu ne voleras pas. Tu respecteras ce qui appartient à ton frère et ta soeur. Tu ne voleras pas. Tu ne feras pas l’adultère », même pas pour avoir un travail ou pour avoir une meilleure place (« la promotion canapé »).

Mais si tu veux qu’on te respecte, il faut aussi te respecter toi-même, et être sérieux dans ton travail. Nous aimons les travailleurs, mais aussi notre travail. Il y a des travailleurs qui en font le moins possible. Et même s’ils font bien leur travail, ils n’aiment pas leur travail. Ils attendent que le travail soit fini pour avoir des loisirs, pour vivre en famille, retrouver les autres… Tout cela est important, mais la plus grande partie de leur vie, ils la passent justement au travail. Il ne faut pas que ce soit du temps perdu. Quand tu travailles sérieusement, tu travailles comme Dieu, tu travailles avec Dieu, tu construis le Royaume de Dieu. Saint Pierre nous dit (2° Pierre 3,13): « Nous espérons des cieux nouveaux et une terre nouvelle ». Cette terre nouvelle que Dieu nous a promise, c’est par notre travail que nous la construisons.