Samedi
28 décembre :
Malgré tout, la vie continue. Ce matin, je pars à la
grande prison pour
célébrer les fêtes de Noël. Là aussi, il nous faut apporter la
paix et l’espérance. Et au-delà des simples plaisirs et
amusements, une joie profonde qui les aide à construire leur vie
dans les conditions qu’ils doivent supporter. La messe et le
partage de la Parole de Dieu se terminent tout naturellement dans
les chants et les danses.
Après la messe, les prisonniers nous
présentent un
long
sketch
qu’ils ont beaucoup travaillé. Au-delà du théâtre de Noël,
c’est toute leur vie avec les peines mais aussi leur volonté de
changer, et les bonnes choses qu’ils essayent de vivre. C’est
très émouvant. Les autorités de la prison, bien que musulmanes
ont tenu à être présentes et ont envoyé un représentant à la
messe, l’assistant
social quelqu’un
que nous connaissons bien et avec qui nous travaillons
régulièrement. Nous lui donnons la parole et il tient à
encourager, lui aussi, les détenus. Nous avons apporté des jus de
fruits faits à partir des plantes du pays, et un bon repas qu’ils
partagent avec les autres détenus.
Aujourd’hui, nous
unissons notre prière et les souffrances de nos étudiants et de
leurs familles, en cette fête des Saints Innocents, aux souffrances
et aux injustices subies par tous
les innocents
du monde, spécialement les plus vulnérables et les petits de la
société.
Le directeur de la prison, de même que le
représentant des détenus musulmans, viennent nous rejoindre pour
continuer la célébration. Grâce aux dons de nombreuses personnes
sensibles à notre action nous avons pu préparer un
bon repas de Noël aux
deux milliers de détenus, pour que la joie de Noël soit vécue et
partagée avec tous. La même chose se fait dans les prisons du
pays, comme je l’ai vécu d’ailleurs dans les autres pays où
j’ai travaillé antérieurement.
L’après-midi, j’accueille
à la maison plusieurs personnes venues partager
notre peine suite
à cet accident. Je reçois aussi un grand séminariste en vacances,
qui avait pris rendez-vous avec moi pour découvrir l’histoire de
l’Église
du Sénégal et évaluer les actions menées aujourd’hui dans la
Société. Cela me semble essentiel à l’époque que nous vivons.
Puis nous allons encourager les étudiants qui étaient partis en
vacances et que nous avons rappelés, pour vivre ensemble cette
épreuve.
Vendredi 27 décembre : Nous sommes pris par les formalités à faire à l’hôpital et à la police. On nous demande de faire une autopsie, dans un premier temps.
Jeudi 26 décembre : Nous apprenons une très triste nouvelle. Nos étudiants étaient en vacances dans des familles d’accueil. Ils sont sortis la nuit et ont eu un grave accident de voiture : quatre sont blessés, deux grièvement, et l’un finit par décéder. Cela nous fait un choc terrible. Ce jeune venait du Cameroun ; nous pensons beaucoup à sa famille. Nous sommes très tristes en ce temps de Noël. Et nous pensons à tous ceux qui ne peuvent pas vivre Noël dans la paix.
Mardi
24 décembre :
Depuis un an, nous avons ouvert, à la demande de l’Évêque,
une nouvelle paroisse à l’intérieur du pays, en région sérère.
Un de nos confrères y travaille avec un de nos étudiants
congolais, en stage pratique. Il a demandé un coup de main pour les
fêtes de Noël. Je suis heureux de passer ces fêtes en dehors de
la ville et de retrouver le secteur rural où j’ai travaillé de
nombreuses années au CONGO et en GUINEE. Je ne parle pas sérère,
à part les salutations, mais la plupart des gens comprennent le
ouolof, la langue nationale (le français est la langue officielle,
mais beaucoup ne le parlent pas).
Il y a maintenant un système
de bus bien
organisé et économique mis en place par le Gouvernement. Dans le
bus, je rencontre plusieurs personnes connues et nous nous saluons.
Avec les autres, nous commençons à parler ensemble pour faire
connaissance. Comme je ne sais pas où descendre, l’un va voir le
chauffeur ; une autre m’achète des gâteaux « pour la
fête ». Le voyage se passe donc très bien.
A l’arrivée,
je donne un coup de main pour les confessions, puis je vais
administrer le Sacrement des Malades à une personne en fin de vie.
Toute la famille est réunie pour une prière très fervente et
émouvante.
La paroisse est très peuplée, mais concentrée.
Les distances sont de 8 à 10 km entre les villages. Aussi tout le
monde se regroupe pour la messe
de minuit. Le
lendemain, pendant que le confrère va dans l’une des grosses
communautés, je reste au Centre. Je ne parle pas sérère, aussi je
célèbre en ouolof, langue nationale que beaucoup comprennent, et
un catéchiste fait les lectures en sérère puis traduit les
commentaires importants. A la messe, je
baptise 28 bébés. Nous
avons bien préparé la cérémonie avec la chorale (chants, danses
et rites traditionnels) en veillant à faire participer les enfants
présents. C’est vraiment la fête de Noël. On m’invite à
rester jusqu’au lendemain et à visiter les familles des baptisés,
mais je préfère rentrer pour me reposer. J’en ai besoin. La
chance est avec moi : je n’ai aucun problème à trouver un
car, bien que ce soit jour de fête ! Je pense à tous ceux
qui sont bloqués en France par les grèves. Ce n’est qu’en
arrivant à la Ville de Dakar que nous sommes bloqués par les
bouchons. Je finis par trouver un car qui me dépose pas trop loin
de chez nous.
Lundi
23 décembre :
Nos étudiants vont vivre ces vacances dans des familles
sénégalaises. C’est l’occasion pour ceux venus des autres
pays de découvrir la culture et leur façon de vivre. Les gens sont
très accueillants et nous n’avons aucune difficulté à trouver
des familles
d’accueil.
Avant de partir, certains d’entre eux viennent désherber la cour
de notre maison Provinciale qui en a bien besoin ! Les herbes
poussent vite ici. Je les laisse terminer pour aller à la
prison
des grands malades, puis à celle des courtes peines. Plusieurs
d’entre eux vont être libérés. mais le problème, c’est de
retourner chez eux. Grâce à notre caisse de soutien, nous pouvons
les aider à payer le voyage. Pour ceux qui restent, nous avons
apporté un stock de cahiers et de bics pour les cours
d’alphabétisation.
Nous
faisons le maximum pour organiser des activités et des formations,
afin qu’ils ne perdent pas inutilement leur temps en prison. Et
surtout, nous les aidons organiser la vie sociale afin qu’ils
puissent vivre dans les meilleures conditions possibles et supporter
ce temps difficile dans la paix et avec courage.
Je rentre
rapidement pour envoyer mes messages de Noël sur internet, face
book et whats, et ensuite préparer mon voyage de demain.
Dimanche 22 décembre : Le matin, messe avec les anglophones. L’après-midi, je reçois plusieurs personnes pour se préparer à Noël. Le soir, la soirée commune avec nos étudiants et les jeunes filles qui se préparent à être missionnaires spiritaines. Beaucoup de joie autour du repas partagé qui se continue avec les chants et les danses. Demain, ils seront en vacances.
Samedi 21 décembre : La messe à la Prison est plus émouvante encore que d’habitude. Nous sommes venus de bonne heure pour avoir la possibilité de confesser tous ceux qui le désirent, et ils sont nombreux. C’est vrai que malgré les conditions injustes et inadmissibles de la vie en prison, c’est l’occasion pour beaucoup de réfléchir à leur vie passée et de changer.
Vendredi 20 décembre : Après la visite des malades à l’Hôpital, je pars à la Caritas pour fêter Noël avec les enfants des migrants ; en effet, les fêtes de Noël ont commencé et je suis très heureux de les rencontrer en premier. La nuit, je pars rejoindre la Chorale de la Communauté anglophone.
Jeudi
19 décembre 2019 :
Deux responsables d’une Association viennent me voir. Ils
travaillent pour la guérison des traumatismes
auprès des migrants, et ils sont prêts à élargir leurs actions.
Nous voyons ensemble comment ils pourraient aussi prendre en charge
les détenus ayant des problèmes à leur sortie de prison
.
Le soir, je rencontre la communauté
anglophone
pour les confessions et le partage d’Evangile.
Mercredi
18 décembre 2019 :
Je me dépêche de partir à la 2ème
prison des hommes .
Après avoir introduit la prière en ouolof et en anglais, je laisse
les autres visiteurs continuer en français et je passe dans la cour
pour l’écoute.
Comme d’habitude, il faut plus d’une demi-heure pour finaliser
la liste de ceux qui veulent nous rencontrer, aller les appeler dans
les chambres, chercher des chaises et des bancs, faire l’appel….
Et quand tout cela est terminé, on nous annonce qu’il y a une
cérémonie et que ce ne sera pas possible de rencontrer les
détenus.
Cela arrive souvent, sans que l’on soit prévenu
alors qu’ils ont notre numéro de téléphone… Ca ne facilite
pas le travail. Je rentre à la Communauté et téléphone aux
parents des détenus rencontrés hier pour avoir les numéros de
téléphone de leurs avocats afin que je puisse intervenir et tenter
de faire avancer les procédures.
Mon frère et son épouse,
venus nous visiter, rentrent en France cette nuit. L’adjoint
de l’Evêque (Vicaire
Général) nous invite pour le repas de midi. mais nous mettons plus
d’une heure pour arriver à la Cathédrale, à cause des bouchons.
En vélo, il ne me faut pas un quart d’heure ! Je profite de
l’occasion pour régler un certain nombre de problèmes,
traiter de différentes questions : la prévention des abus
sexuels, et la formation des visiteurs de prison, entre autres. Cela
ne nous empêche pas de prendre un repas très joyeux et
décontracté. Il y a plusieurs confrères de passage, aussi le
partage est très intéressant.
On me demande d’aller
rencontrer un confrère en secteur rural du pays sérère, dans une
nouvelle
Mission
que nous venons d’ouvrir. J’en suis très heureux même si je ne
parle pas le sérère, la plupart des gens comprennent le ouolof qui
est la langue nationale la plus parlée. Je vous en ferai un
compte-rendu dans mon prochain courrier.
Le soir, je pars dans
la Communauté
anglophone pour
les confessions et le partage d’Evangile. Les amis veulent me
garder plus longtemps, mais je dois rentrer pour mon frère et son
épouse qui prennent l’avion pour la France, cette nuit.
Demain,
je serai à l’Hôpital
pour
que les malades qui ne peuvent pas sortir aient au moins une visite
et un peu d’amitié.
Lundi
16 décembre :
Dernière semaine avant Noël. Semaine très occupée
avec les confessions et les préparations
de la fête. Car,
bien sûr, il n’est pas question d’abandonner les activités
ordinaires. Cela fait beaucoup de fatigue, mais aussi beaucoup de
joie pour nous. Par contre à la prison
des femmes c’est
la tristesse, plus encore que chez les hommes. Elles pensent à
leurs enfants. Certaines sont là depuis 4 ans sans être jugées.
Malgré tout, elles préparent la fête. Elles confectionnent des
gâteaux et transforment des arachides, du mil et d’autres
produits, et aussi des boissons à partir de plantes locales, en
espérant qu’une partie de l’argent de la vente leur reviendra
(normalement 1/3 des bénéfices, le reste pour la marche de la
prison). D’autres femmes font de la broderie, de la couture et de
la teinture, pour elles-mêmes ou pour l’extérieur. Et le salon
de coiffure est plein. Celles qui s’y sont formées peuvent mettre
en pratique leurs connaissances.
mais tout cela ne m’empêche
pas de recevoir, une par une, les femmes qui le souhaitent, et de
régler quelques problèmes avec l’assistante sociale et la
greffière, après avoir présenté mes vœux pour le personnel à
la directrice.
Dimanche
15 décembre :
Nous fêtons le 70ème
anniversaire de notre
paroisse. Nous
avons tenu une série de conférences sur l’histoire de la
paroisse. En effet, il y a beaucoup de nouveaux venus qui ne
connaissaient pas la vie de la paroisse : migrants, étudiants….
Nous avons aussi très bien préparé la fête.
Nous allons
ensuite à notre paroisse
spiritaine où
le nouveau curé est mis en place. Une nouvelle occasion de nous
retrouver tous ensemble dans la joie, mais aussi de réfléchir
ensemble à nos différents engagements.
Pour terminer, je me
rends dans la Communauté
anglophone qui
anticipe la fête de Noël car un certain nombre d’entre eux vont
rentrer au pays (Sierra Leone, Nigeria, Cameroun, Ouganda….) pour
les fêtes. Beaucoup de joie et de danses avec les enfants. Ils se
sont aussi cotisés pour offrir du riz et de l’huile pour les
jeunes filles en formation chez les Sœurs qui nous accueillent
chaque Jeudi et chaque Dimanche.
Samedi 14 décembre : Je suis très heureux de pouvoir rencontrer spécialement les détenus chrétiens et de célébrer la messe avec eux, car il y a très longtemps que nous ne nous étions pas vus. Nous prenons le temps de parler avant la prière et de nous préparer ensemble à la fête de Noël. Bien sûr ils sont très tristes à l’approche des fêtes, car ils pensent à leurs familles. Nous essayons de les encourager. Et nous préparons aussi une fête à la prison : une messe solennelle, un repas meilleur que d’habitude, mais aussi des chants et des danses (ils ont une très bonne chorale) et du théâtre pour exprimer leur vie et sortir leurs problèmes de leur cœur. C’est très important.
Vendredi
13 décembre :Je
pars rapidement à l’Hôpital
car on m’a annoncé un bébé très malade. A mon arrivée, on me
dit qu’il est décédé. Je vais tout de suite rencontrer la
famille, plein de tristesse moi aussi.
Puis je continue la
tournée des Services, avec 4 visiteurs bénévoles. Nous passons
dans les différentes salles, saluer les malades et leurs parents,
sans distinction, les encourageant et les assurant de notre amitié
et de nos prières. Nous sommes très bien accueillis, que ce soit
par le personnel ou les malades, et ils nous sont très
reconnaissants de notre visite, bien que nous-mêmes nous ayons le
cœur lourd devant tant de souffrances, mais aussi de pauvreté. Car
les familles doivent acheter elles-mêmes les médicaments et elles
n’en ont pas les moyens la plupart du temps. Je laisse les
visiteurs continuer leur tournée et je passe dans les différentes
salles de réanimation, -où je suis exceptionnellement admis, après
avoir revêtu la tenue nécessaire-, pour prier spécialement pour
ceux qui sont en état critique.
Après cela, je pars au PARI
(Plan d’Action des Réfugiés et Immigrés) où nous envoyons 5 de
nos étudiants, garçons et filles, pour se former. A cette
rencontre nous examinons les dossiers des différentes personnes qui
se sont présentées pendant la semaine. Nous voyons ensemble ce
qu’il est possible de faire pour les aider. Nous demandons à
chacun de préciser ce qu’il veut faire et de présenter un petit
projet économique pour s’en sortir. Après avoir évalué la
viabilité du projet, nous voyons dans quelle mesure nous pouvons
l’aider. mais le premier problème, c’est d’abord un lieu
d’accueil. Et il y a aussi les nombreux cas de réfugiés ou de
migrants expulsés qui veulent rentrer au pays. Jusqu’à
maintenant, nous travaillons avec l’OIM des Nations Unies (Office
International des Migrations), mais actuellement ils n’ont plus
d’argent ! Pas facile !
Jeudi 12 décembre : Ecoute à la prison des condamnés. L’après-midi, je le consacre à la rédaction d’un document sur les écoles, qui va nous servir de base pour le travail dans nos différentes équipes.
Mercredi
11 décembre :
C’est le 70ème
anniversaire du grand Collège
de HANN.
Ayant été un des premiers élèves dans les années 1950, j’y
suis spécialement invité. J’y retrouve des anciens que je
n’avais pas revus depuis de nombreuses années. Après une messe
très bien animée, avec de nombreux rites et symboles par les
élèves, nous nous retrouvons pour un temps de partage.
Après
cela, je suis heureux de partir à la grande
prison de
Dakar, pour une nouvelle rencontre d’écoute. Les volontaires sont
nombreux et nous ne pouvons pas accueillir tout le monde.
Mardi
10 décembre :
Nous accueillons deux amis allemands, responsables d’une O.N.G.,
qui ont construit pour nous un Centre à BANTAKO où se trouvent les
mines d’or artisanales dont je vous ai souvent parlé et où il y
a tellement de problèmes. Ils nous aident aussi à mettre en place
un garage pour la formation de jeunes qui ont quitté l’école.
Nous précisons les choses toute la matinée en séance de
travail.
L’après-midi, je pars à la prison
des femmes.
Cela fait très longtemps que je n’étais pas venu, à cause de
mes problèmes de santé. Comme d’habitude j’ai apporté des
journaux et aussi tout un stock de lunettes que j’ai rapportées
de mes derniers congés. Elles ne sont pas numérotées, mais
chacune vient les essayer et si elle trouve une paire qui lui
convient, elle part avec. Après cette séance d’essayage, je suis
libre pour recevoir celles qui le désirent, une par une, chacune
avec ses problèmes. Je recueille en particulier les nu- méros de
téléphone d’un certain nombre d’avocats que je vais appeler
pendant la semaine pour qu’ils s’occupent un peu plus des
dossiers. C’est important qu’ils sentent qu’on suit les
affaires pour cela. Je prends aussi le temps de parler longuement
avec une maman qui porte son bébé au dos. En effet, quand une
femme enceinte, ou qui vient d’accoucher, est emprisonnée, elle
garde son bébé avec elle jusqu’à l’âge de 2 ans ; Puis
l’enfant est confié à la famille ou sinon dans un foyer.
Evidemment, même si à la prison avec sa mère, le bébé est
entouré de l’affection des détenues et des gardes, ce
n’est pas un lieu de vie pour lui.
Le soir, je vais dire la
messe dans une Communauté de Sœurs
âgées qui
ne peuvent plus se déplacer. Nous y retournerons à tour de rôle
chaque Mardi.
Lundi
9 décembre :
Je commence cette nouvelle semaine par la messe dans une Communauté
de religieuses. Je pars ensuite pour une visite
médicale. Je
fais le tour de plusieurs services avant de trouver mon médecin qui
est très occupé.
Ensuite, je vais avec mon frère rencontrer
la responsable du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits
Humains).
J’en profite pour aller récupérer un carton de savons
pour les prisonniers. Ces
savons sont offerts par une association de jeunes filles que nous
continuons à soutenir. Une bonne coopération.
Nous continuons
nos visites chez une de mes amies, visiteuse de prison. Elle nous a
invités à partager le repas. mais c’est la sortie de midi. Tous
les carrefours
sont bouchés. Nous
décidons de continuer à pied avec notre gros sac de savons
artisanaux. Et nous devons manger rapidement car nous retrouvons les
mêmes bouchons, et mon frère et sa femme doivent partir en car à
16 heures pour « la Petite Côte ». Avec eux je voyage
en taxi et j’ai de la peine à évaluer la durée des trajets car
je me déplace en vélo, ce qui me permet de dépasser les bouchons
sans problème !
Dimanche 8 décembre : Messe chez les anglophones. Puis je vais acheter les billets de bus pour mon frère et ma belle-sœur qui continuent leur visite du Sénégal demain. Nous passons la journée ensemble.
Samedi
7 décembre :
Je participe à la rencontre de la Commission
« communication » du
diocèse. Nous commençons par la messe, avec l’engagement des
responsables des différentes actions : radios, télévisions,
émissions sur Internet de toutes sortes. Suit un temps de
formation s’adressant aux différents communicateurs. Puis nous
passons au plan d’action pour voir les différentes actions à
mener, et surtout comment coordonner ces actions. Nous terminons par
répondre aux différentes questions diverses, avant de partager le
pot de l’amitié.
Le soir, j’accueille mon
frère et ma belle sœur
en visite au Sénégal, qui reviennent d’une tournée sur le
fleuve Sénégal.
Vendredi 6 décembre : Je tiens à aller célébrer la messe du Vendredi à l’Hôpital pour les malades et leurs familles, avec le personnel de la santé et les visiteurs. Je passe ensuite en cardiologie avant de rentrer me reposer.
Jeudi 5 décembre : Je pars à la rencontre d’écoute à la prison des condamnés. Les besoins sont toujours énormes et les hommes qui veulent parler, nombreux. Pas seulement en besoins matériels (habits, savons….) ou argent pour téléphoner à la famille, mais surtout besoin de partage, de soutien psychologique et de conseils. Nous faisons pour le mieux avec nos moyens limités. mais à chaque fois, nous vivons en même temps la joie de partager la vie des détenus et la tristesse de ne pas pouvoir les soulager des souffrances qui les écrasent.
Mercredi
4 décembre :
Je retourne à
l’hôpital chercher
les résultats des analyses. Les longues attentes me permettent de
lire tranquillement un livre que je voulais travailler depuis
longtemps. Comme ma jambe est toujours enflée, on décide de
continuer le traitement.
J’apprends un mauvaise nouvelle qui
me rend très triste. Une pirogue, partie il y a 10 jours de Gambie
à plus de 1.000 km remplie de 200 personnes, s’est trouvée à
court de carburant et s’est plantée sur un rocher au large de
NOUADHIBOU d’où je reviens. Environ 53 personnes ont pu
rejoindre la côte à la nage, 83 se sont noyées,
les autres ont disparu. Tous ces gens faisaient route vers les
Canaries espagnoles. Une deuxième pirogue a été arraisonnée par
la marine mauritanienne. La pauvreté continue avec tous les
malheurs qu’elle entraîne.
Mardi
3 décembre :
Nous tenons notre réunion mensuelle de Communauté ; et nous
voyons spécialement comment assurer une meilleure prise en charge
de nos
employés, sans
nous limiter à la loi et aux règlements en vigueur. Nous
continuons à réfléchir à l’aménagement
de notre maison qui
est très ancienne et déjà achetée d’occasion dans les années
60. N’ayant pas les moyens d’en construire une nouvelle nous
cherchons au moins à l’entretenir et à faire successivement les
réparations nécessaires. Puis nous prenons un long temps pour
revoir nos différents engagements.
Nous
ne pouvons pas tout faire, aussi nous privilégions les engagements
missionnaires dans la société et le service des plus nécessiteux.
mais ce n’est pas toujours facile de définir des priorités. Et
il faut réévaluer les choses au fur et à mesure pour rester
disponible, tout en répondant aux urgences.
Je pars ensuite à
l’Hôpital pour
une nouvelle série d’analyses. Je suis toujours aussi bien
accueilli. Il est vrai aussi que tout le monde me connaît puisque
je passe dans les différents services des trois hôpitaux où
j’interviens. Puis je rentre me coucher.
A la prison, les
femmes devront attendre la semaine prochaine.
Lundi
2 décembre :
Nous avons notre réunion de secteur. Le thème principal est la
préparation des Journées
Diocésaines de la Jeunesse.
Cela demande une grande organisation et une bonne préparation.
Aussi je tiens à y participer, ayant organisé les précédentes
Journées à PIKINE. Comme d’habitude, après un temps de prière,
nous faisons le tour de nos différentes activités et nous
continuons notre partage, dans un repas fraternel.
Normalement,
cet après-midi je devais visiter deux prisons. Je préfère
abandonner pour aller me reposer. Les autres membres de l’équipe
assureront les rencontres d’écoute.
Dimanche
1er
décembre :
Comme chaque Dimanche, je vais dire la messe avec la Communauté
anglophone. Puis je pars rejoindre la récollection (journée
de prière)
des religieux et religieuses du diocèse de Dakar. Le but est de
nous aider à bien nous préparer à Noël et mieux vivre le temps
de l’Avent. C’est une grande joie pour tous et toutes de nous
retrouver et de prier ensemble, mais aussi d’échanger sur nos
différentes activités. Nous élisons notre nouveau bureau pour
cette année. Puis on me demande de présenter le plan
d’action sociale des religieux, dont
je vous ai souvent parlé, pour une meilleure mise en pratique.
Après la messe, nous partageons la nourriture que chacun a
apportée, puis je rentre me reposer et préparer les activités de
la semaine.
Samedi
30 novembre :
Dimanche dernier, dans les différentes paroisses, les chrétiens
des différents Mouvements et activités, se sont engagés pour
cette nouvelle année pastorale. Aujourd’hui, nous avons notre
messe de lancement
de la pastorale de la santé.
Le personnel des différents hôpitaux se retrouve donc avec les
visiteurs et les ministres de la Communion. Après la messe, nous
préparons le programme de l’année, avant de partager un pot
fraternel. Puis je prends un temps de repos avant de rejoindre une
chorale
que
je connais bien et dont je suis régulièrement les activités. La
plupart sont des jeunes, et aujourd’hui nous partageons sur la
sexualité et la meilleure façon de la vivre dans la vie actuelle.
La rencontre est très sympathique.
Vendredi 29 novembre : Je suis très bien accueilli. D’ailleurs je ne connais pas tout le personnel mais tout le monde me connaît, car je passe dans tous les services visiter les malades et leurs familles, mais aussi le personnel, chaque Vendredi. Je laisse ensuite le laboratoire pour dire la Messe et faire mes visites, avant d’aller chercher les résultats des analyses. J’ai rendez-vous avec un médecin des maladies infectieuses Lundi prochain.
Jeudi
28 novembre :
Je vais faire les analyses qu’on m’a demandées. mais il y a
énormément de monde. Je décide d’aller à la prison des
condamnés, pour également l’écoute, car une autre éducatrice a
été seule pendant plusieurs semaines. Pendant ce temps, comme
chaque semaine, un catéchiste dirige la prière des détenus
chrétiens volontaires.
A 13 heures, je retourne au
laboratoire,
mais on me dit que les prises de sang sont terminées, il faudra
revenir demain. Je prends mes précautions et un rendez-vous précis
pour demain.
Mercredi 27 novembre : Je retourne donc à l’Hôpital où ils m’examinent sous toutes les coutures, soignent mes plaies et me vaccinent contre le tétanos. Ils me donnent aussi de nombreuses analyses à faire. Comme il me faut attendre demain, je vais l’après-midi pour l’écoute à la grande prison, car cela fait plus d’un mois que je n’ai pu y aller.
Mardi
26 novembre 2019 :
Mon séjour à NOUADHIBOU, au nord de la Mauritanie, s’est très
bien passé (Voir
le rapport que j’ai envoyé).
mais le voyage retour a été très long, sur des routes mauvaises.
Si bien qu’à mon arrivée j’ai fait une forte
crise de palud
qui m’a tenu couché plus d’une semaine. J’ai donc dû arrêter
mes activités tout ce temps-là.
En même temps, mon
frère
est revenu visiter le Sénégal où il avait grandi, comme moi, et
qu’il a quitté depuis 1957. Je l’ai accompagné dans la visite
de la ville, qui a beaucoup changé et s’est énormément étendue
depuis cette date, et nous sommes repassés sur les lieux de notre
enfance que je n’avais pas visités moi-même depuis très
longtemps, occupé par mes différentes activités.
Aujourd’hui,
Mardi, je suis venu à l’Hôpital, pas pour visiter les malades,
mais pour faire une échographie
et rencontrer moi-même mon cardiologue. Egalement pour faire
examiner ma jambe qui depuis mon retour est rouge et enflée. En
fait, il n’y a pas de thrombose mais seulement un eurésypèle.
Jeudi 26 juillet : LES MINES D’OR DE Bantako et LE CAMP VOCATIONNEL (voir lesautres documents)
Merredi 25 juillet : Après la messe du matin, je vais à la découverte du secteur et prendre les premiers contacts. En fait, cela se passe très bien car avec l’aide de l’un de nos deux étudiants qui sont venus en stage, je rencontre le Directeur du Collège catholique, un Frère que j’avais connu il y a trente ans à St LOUIS, au nord du pays. Il est très occupé, car ce sont les épreuves du BEPC qui ont commencé depuis longtemps. Nous allons voir une Sœur infirmière. C’est elle qui nous met à la recherche d’une cuisine et qui voit avec notre étudiant qui va assurer l’intendance. Ensemble ils préparent les menus et voient les achats à faire. La cuisinière de la paroisse est malade. Il va falloir trouver une solution.
Mardi 24 juillet : Après la messe du matin, nous
remplissons la glacière de poissons que nous avons achetés,
car c’est très difficile d’en trouver à l’intérieur du
pays. Je suis à la gare de bonne heure, mais l’embarquement dans
ce grand bus est très compliqué, et on se demande jusqu’au
dernier moment si on va réussir à embarquer, car les choses ne
sont jamais claires. Finalement, après plusieurs heures de retard,
nous pouvons enfin partir. Il est 10 heures.
J’arrive à 22
heures 30, dans un « bus climatisé », sauf que
la climatisation ne marche pas ! Quand on roule, il y a de
l’air, mais dès qu’on s’arrête il fait très chaud. Le car
ne s’arrête qu’une seule fois de toute la journée et il est
pratiquement impossible de descendre car les gens sont venus avec
beaucoup de bagages et le couloir central est complètement bouché.
Malgré tout, les voyageurs gardent le moral et le sourire et
discutent entre eux, en bambara, une des langues du Mali dont je
n’ai que quelques notions. mais une dame parle ouolof et me sert
d’interprète. Les gens sont étonnés de me voir (je suis le seul
blanc à bord, généralement les blancs voyagent en 4x4
personnelle) et me posent beaucoup de questions.
A 22 h 30, le
car me dépose en pleine nuit sur le bord de la route.
Heureusement, j’ai un numéro de téléphone (le portable, c’est
une belle invention !), mais je ne sais pas expliquer où je
suis, et je ne peux pas me déplacer, car en plus de mes affaires
personnelles et du matériel de la session, j’ai une grosse
glacière pleine de poissons… que j’ai eu de la peine à
récupérer dans le car au milieu de tous les bagages. Finalement,
mon confrère finit par me repérer sur la route.
Je suis
heureux de manger quelque chose et de prendre une douche.
Dimanche 22 juillet : Deux messes en ouolof. Les
gens sont contents, car ce n’est pas souvent qu’ils ont la messe
dans la langue nationale. A la sortie, ce sont les salutations et
les partages amicaux.
Sur le chemin du retour, je m’arrête
dans une communauté de religieuses avec qui j’ai travaillé
autrefois à TAMBACOUNDA. Je les attends un bon moment car elles
sont parties à une grand messe des Burkinabès de Dakar et la
cérémonie dure plus de 3 heures !
De passage à la gare
routière, je prends mon billet. En effet, je vais partir à
KEDOUGOU, à la frontière du Mali et de la Guinée, pour préparer
un camp avec des jeunes qui veulent devenir missionnaires
spiritains. Il faut s’y prendre à l’avance.
Samedi 21 juillet : Je vais à la grande prison
des hommes, toujours pour une messe « internationale »
en français, anglais et ouolof. Après la messe, j’ai le temps de
parler avec ceux qui le désirent. Aujourd’hui, je rencontre en
particulier des prisonniers venus de Casamance suite à une
sombre affaire de coupe clandestine de bois. Cela est assez
fréquent. Des gens viennent couper des arbres le long de la
frontière et les font passer rapidement en Gambie, d’où ils sont
achetés et exportés en particulier par des Chinois. Résultat, la
forêt de Casamance disparaît rapidement, ce qui est un grand
malheur. Ce trafic est favorisé par l’insécurité dans la
région. En effet, un mouvement indépendantiste est à l’œuvre
depuis plus de 30 ans. Les attaques entre rebelles et militaires ont
diminué, mais certains indépendantistes se sont transformés en
bandits qui attachent et rançonnent pour se procurer les moyens de
vivre en se cachant dans la forêt. Pendant tout ce temps, les
rebelles ont posé des mines anti personnelles qui ont blessé et
tué de nombreuses personnes. Une action de déminage est menée,
mais cela demande beaucoup de temps. Il y a aussi tout un travail de
réinsertion dans la société des jeunes qui ont quitté la
rébellion, mais cela n’est pas facile non plus.
Aujourd’hui,
le Président chinois commence au Sénégal une tournée qui le
mènera jusqu’en Afrique du Sud, à la rencontre de cinq pays
émergents (les BRICS). Au Sénégal, il va inaugurer le Musée des
Civilisations Noires et des arènes de lutte traditionnelle (le
sport national) construites par la Chine. Ce pays cherche à
s’implanter de plus en plus en Afrique et c’est l’occasion de
nombreuses réflexions et discussions. L’aide chinoise consiste
souvent, en priorité, en constructions de prestige. Les échanges
commerciaux ont maintenant dépassé 1.000 milliards de francs CFA,
mais ce sont souvent des prêts qui devront être remboursés, même
s’ils sont la plupart du temps sans intérêts. La Chine a
d’énormes besoins en matières premières et on lui reproche
souvent d’en importer sans chercher à les transformer sur place,
ce qui aiderait davantage au développement des pays africains. Les
Chinois ont bien des réalisations, spécialement des routes, et
dans le domaine de la santé, mais on leur reproche de venir avec
leurs techniciens au lieu de former les gens sur place, à l’inverse
de l’Inde. On a découvert du pétrole au Sénégal, aussi le
Président veut s’engager dans ce secteur et dans les finances.
Quinze nouveaux contrats vont être signés, mais beaucoup
contestent les termes « gagnant-gagnant » utilisés sans
cesse. La Directrice du Commerce, sénégalaise, a reconnu que la
balance commerciale est très déficitaire, avec un taux de
couverture de seulement 23 %. Le Gouvernement sénégalais, comme
les autres Gouvernements africains, apprécie que la Chine se limite
au niveau économique, sans intervenir au niveau politique. mais les
membres de la société civile lui reproche de soutenir même des
dictatures quand c’est son intérêt, sans grand souci des droits
de l’homme. Et les travailleurs sénégalais employés dans les
entreprises chinoises se plaignent souvent des conditions de travail
très dures qui leur sont imposées. Pour ce qui est de la
construction des arènes de lutte, nous avons cherché à
nous y opposer, sans succès, au moment de la Campagne
Présidentielle, car chaque compétition se termine par des bagarres
et des casses, à la grande souffrance de la population. Finalement,
le problème c’est que le Sénégal, face à la Chine aussi bien
que face à l’Europe, est en position d’infériorité et n’a
pas les moyens de défendre ses intérêts. Il faudrait au moins
développer la Coopération scientifique et technique pour que les
Sénégalais se forment et prennent les choses en main
progressivement.
Les problèmes internes ne manquent pas non
plus. Ainsi, de nombreux médecins spécialistes partent
immédiatement dans le privé bien qu’ayant bénéficié d’une
bourse d’études. L’Etat vient de leur imposer un service public
minimum de 5 ans. A la base, les Comités de santé des quartiers et
villages ont de la peine à se mettre en place. Et l’Etat n’a
pas les moyens d’assurer la Couverture Médicale Universelle (CMU)
qu’il a décidée. Cela arrive souvent : on décide de très
bonnes choses, par exemple au niveau social, mais on n’a pas les
moyens de les réaliser.
La malnutrition continue à
sévir dans le pays. Pas seulement dans le nord du pays, mais aussi
dans la banlieue de Dakar. La saison des pluies vient juste de
commencer et il faudra attendre plusieurs semaines avant les
premières récoltes… à condition que les pluies soient
régulières.
C’est la période des examens. Les
résultats du Baccalauréat ne sont pas bons (moins de 50 %) :
ce sont les conséquences des grèves des enseignants, spécialement
graves cette année. D’abord, pour satisfaire les
revendications le Gouvernement signe des accords qu’il ne peut
pas tenir et les gens repartent en grève, dans un cycle sans fin.
De plus, les syndicats sont de plus en plus politisés à l’approche
des élections présidentielles (en 2019). Toute la vie sociale est
perturbée et chaque secteur professionnel se met en grève à tour
de rôle pour obtenir des promesses d’avantages. Du côté du
Gouvernement comme de l’opposition, il faut tout faire pour
gagner. La situation est d’autant plus tendue que les deux
principaux opposants sont en prison pour des raisons de détournement
d’argent. Et les candidats s’opposent à la loi du parrainage
demandant 60.000 signatures pour pouvoir se présenter aux élections
présidentielles. Tout cela entraîne de nombreuses déclarations
avec beaucoup de violences verbales. Des candidats et des partis
n’hésitent pas à utiliser les jeunes pour leurs intérêts
partisans. Dans les communautés chrétiennes et avec les amicales
de jeunes des quartiers nous cherchons à faire réfléchir les
jeunes pour qu’ils ne se laissent pas manipuler ni entraîner dans
la violence. Un sociologue sénégalais écrit : « Les
Sénégalais n’ont pas la culture de l’Etat. Ils ont tendance à
tout casser quand ils sont mécontents. Et ils acceptent
difficilement de perdre. Il faut aller à la recherche de solutions
consensuelles, plutôt que vers la violence ».
Dans la
presse, on ne parle que des procès du fils de l’ancien
président et du maire de Dakar. Chaque camp a son lot d’avocats
qui amènent sans arrêt des nouveaux arguments, des appels, des
vices de forme et autres arguments, n’hésitant pas à remonter
jusqu’aux instances ouest-africaines et internationales. Cela
perturbe beaucoup la vie sociale et ne met pas les gens au travail.
Une grande marche est prévue pour le mois d’Août.
Avec le
début de la saison des pluies, les cas de paludisme et de
diarrhées sont de plus en plus nombreux. Dans les dispensaires
catholiques on cherche non seulement à soigner mais à assurer une
éducation sanitaire et à développer la prévention. Et pour les
mamans à utiliser les produits locaux pour lutter contre la
malnutrition des bébés.
En ce moment se tient, pour une
semaine, une université populaire de l’engagement citoyen. Des
Associations sont venues des différents pays d’Afrique,
spécialement des mouvements sociaux de jeunes rappeurs qui
utilisent la musique pour faire passer leurs messages, en cherchant
à donner la parole au maximum de jeunes. Les revendications portent
sur le chômage et la pauvreté, mais plus précisément sur le
manque d’eau en ville. Pour y remédier, on a fait d’urgence
sept grands forages dans la région de Dakar, mais beaucoup ont peur
que cela fasse remonter le sel dans la nappe phréatique et ne
diminue l’eau pour les cultures maraîchères.
Le Samedi soir
(21 juillet) je vais dans mon ancienne paroisse, avec quatre jeunes
qui se préparent à être ordonnés diacres. J’y retrouve deux de
nos étudiants qui sont en stage de vacances. Nous parlons de
leurs découvertes et de leurs différentes activités.
C’est
l’anniversaire du curé. A cette occasion, il a invité les
responsables de jeunes et un certain nombre d’autres personnes,
engagées de la paroisse. C’est une grande joie de nous retrouver
et de nous donner des nouvelles.
Vendredi 20 juillet : (Suite) Avant d’aller à
l’Hôpital, je passe au Centre d’Appareillage pour handicapés.
J’ai rencontré le responsable à la dernière réunion de
préparation au mariage. Il m’explique bien son travail et leurs
différentes actions. Ils essaient de fabriquer le maximum
d’appareils sur place.
A l’hôpital, je dis d’abord
la messe puis nous partageons les services à visiter, avec les
différents groupes venus à la prière. Ils vont visiter tous les
malades et leurs familles, sans distinctions : musulmans comme
chrétiens. Pour moi, je m’adresse à tous et prie pour tous ceux
qui le demandent. Quand il s’agit de chrétiens, il y a en plus la
confession, la communion et le sacrement des malades. Je prends le
temps de parler avec les différents agents de santé, selon
leur disponibilité. C’est même eux que je contacte en premier et
qui m’indiquent les cas les plus sérieux ou les malades qui
souhaitent me rencontrer. Beaucoup me demandent aussi de prier pour
eux et de bénir leur service.
De nombreux malades que j’ai
visités la semaine dernière sont absents : certains parce
qu’ils sont guéris, ce qui me réjouit beaucoup. D’autres parce
qu’ils sont décédés, ce qui me rend très triste, car nous
avions créé des liens rapides mais cependant profonds.
Le
soir, nouvelle séance de dédicace de mon dernier livre :
« S’enraciner en Dieu pour être vrai », dans une
Librairie Catholique avec qui je travaille souvent.
Vendredi 20 juillet : Avant d’aller à l’hôpital,
j’ai pris rendez-vous avec un kiné qui travaille dans un Centre
d’appareillage pour handicapés. Je suis très intéressé
de voir ce qu’ils font pour fabriquer les appareils à partir du
matériel et des possibilités locales. mais je suis encore plus
intéressé de connaître ce qu’ils font pour accompagner les
différentes personnes. Nous prenons le temps nécessaire pour
cela.
Ce soir, je présente et dédicace mon nouveau livre dans
une librairie de la ville : ClairAfrique. C’est l’occasion
de lancer des rencontres hebdomadaires que nous appelons « les
Vendredis de ClairAfrique ». Cela nous semble important de
permettre aux gens de se retrouver pour partager sur des thèmes de
vie.
Comme chaque année, se tiennent des compétitions
populaires de football dans les quartiers. mais souvent les
matchs se terminent par des violences. Une réunion s’est tenue
pour réfléchir ce problème. Pour dégager des terrains pouvant
servir pour les compétitions, on a décidé de retenir 3% des
recettes pour assurer la sécurité, et pour doter les terrains d’un
matériel de secours qui permette de faire face aux accidents. On
décide aussi de revenir à l’esprit qui régnait à l’origine
du lancement de ces ASC (Associations Socio Culturelles). Ne pas se
limiter au football, mais organiser des opérations de nettoyage des
quartiers, assurer des séances de formation et des soirées
culturelles. Et pour cela, nous avons besoin de former des jeunes
animateurs.
En ce moment, se tient aussi le jugement d’un
imam accusé de sermons subversifs. Le Gouvernement est très
attentif face au danger d’attentats terroristes, dont nous avons
été préservés jusqu’à maintenant. Il faut tout faire pour
s’en protéger.
Une réflexion importante est menée aussi au
sujet des mines d’or. Comme je vais aller dans le secteur, j’aurai
l’occasion de vous en parler.
Les élèves passent le
baccalauréat en ce moment. Pour éviter les fuites et envois de
corrigés des épreuves, les téléphones portables ont été
interdits. Certains élèves n’ont pas respecté cette
interdiction. Ils ont été immédiatement exclus et seront même
jugés.
Tout le long de la route, je regarde les nombreuses
nouvelles constructions. La Ville de Dakar est en pleine expansion.
mais certains entrepreneurs, pour faire davantage de bénéfices,
diminuent la quantité de ciment dans les briques. Des maisons
entraînent des décès. Et beaucoup pensent qu’un certain nombre
de ces constructions sont financées par les blanchiments d’argent
sale. Dakar est sur la route de la drogue entre l’Amérique du Sud
et l’Europe !
Et le problème des gros chalutiers
accompagnés de bateaux usines du Japon, de Chine, d’Ukraine et
d’ailleurs, qui viennent pêcher de nuit dans les eaux
territoriales, persiste malgré tous les Accords et Conventions. Le
poisson devient de plus en plus rare. Les fonds sont pillés, les
pêcheurs n’ont plus de quoi vivre et les populations manquent
cruellement de protéines.
Les problèmes
fonciers
Au moment de l’Indépendance, tout le
territoire du pays a été déclaré propriété nationale. En 2013,
a été mis en place l’acte 3 de la décentralisation :
toutes les communautés villageoises sont devenues communes de plein
exercice, comme les communes des villes. Cela a entraîné un
certain nombre de difficultés. Des maires ont commencé à vendre
des terrains à des particuliers, surtout des gens de la ville ayant
de l’argent, mais qui ne vont même pas mettre ces terrains en
valeur. Ceci pour avoir de l’argent pour la mairie… ou pour leur
poche ! Et actuellement beaucoup de jeunes n’ont plus de
terrain à cultiver, parce que leurs parents ont vendu leurs terres
pour avoir de l’argent. Le problème, c’est que les paysans qui
cultivent leurs terres depuis des siècles n’ont pas de titres
fonciers. Ce sont les gens qui viennent payer à la mairie qui
obtiennent les papiers nécessaires, et ils s’accaparent les
terrains, en chassant les paysans. Une réflexion est menée au
niveau du pays sur le régime foncier, mais elle n’a pas encore
abouti. En attendant, les gens s’organisent pour se défendre,
mais ce n’est pas facile. Comme me l’explique un chef de
famille : « Si tu n’as pas fait l’école, tu ne
connais pas les lois, tu ne peux pas te défendre. C’est pourquoi
je fais tout pour que mes enfants aillent à l’école et ne soient
plus paysans. Malheureusement, mes deux premiers enfants ont échoué
au bac. Le premier a été pris actuellement dans un projet de
développement, mais il n’y a aucune sécurité ».
La
paroisse de Kedougou
Elle se
trouve très loin de la capitale, à la frontière de la Guinée et
du Mali. La Communauté chrétienne est composée essentiellement de
petites ethnies minoritaires (bassaris, beudiks, coniaguis)
réfugiées dans les montagnes au moment de l’arrivée de l’Islam.
Ou bien de personnes ayant fui la Guinée au moment de la dictature
de Sékou Touré. C’est une paroisse très vaste, de population
très pauvre, avec de nombreux villages où il n’y a ni
dispensaire, ni école. C’est pourquoi la paroisse a lancé dans
les villages des « écoles de brousse » où l’on fait
l’alphabétisation et une première formation de base. Pour ceux
qui ont ensuite la possibilité de continuer des études, la
paroisse a ouvert en ville d’abord un internat pour les élèves
de l’école élémentaire, puis du collège, avec une
participation minimum des parents, en argent ou en nature (riz,
arachides…cultivés par eux). Cela pour permettre aux jeunes des
villages de se former eux aussi. Actuellement, il y a également
pour eux un Foyer pour les lycéens, soutenu par la paroisse. Et
quand ils viennent à Dakar poursuivre leurs études, nous
continuons à les accueillir et à les soutenir.
La paroisse
comprend aussi un certain nombre de chrétiens nommés dans la
région, comme fonctionnaires ou membres d’ONG diverses. La
plupart sont jeunes, car en première affectation : ce sont eux
que l’on envoie de préférence dans les régions éloignées.
Cela donne une paroisse jeune et dynamique. Et qui permet aux
chrétiens de s’engager plus facilement dans le domaine social. Le
problème est la formation et le suivi de ces personnes.
L’une
des préoccupations de la paroisse est le village de BANTAKO où
l’on exploite artisanalement de l’or, qui grandit sans cesse,
avec tous les problèmes de délinquance et de traite des personnes.
(voir l’autre document).
Jeudi 19 juillet : Départ pour la prison des
femmes. Pendant le trajet, il y a toujours quelque chose qui se
passe. A chaque arrêt des gens montent et descendent, avec souvent
des handicapés. Je suis frappé de la façon dont les gens les
aident à monter et descendre, car rien n’est aménagé pour eux.
Les gens laissent facilement leurs places aux personnes âgées et
aux mamans avec leurs bébés. Des vendeurs à la sauvette montent,
font leur publicité et descendent à la station suivante pour
monter dans un autre car. Des mendiants, enfants ou adultes mettent
de l’ambiance en chantant des versets du Coran . La plupart du
temps on mange debout, serrés les uns contre les autres mais dans
une bonne ambiance… et beaucoup de patience. Pour aller ou revenir
de la prison (25 km environ), il me faut 3 heures à cause des
nombreux bouchons.
A la prison, c’est toujours un
excellent accueil et les demandes pour les besoins essentiels :
nourriture, habits, savon, dentifrice et produits d’hygiène, mais
aussi cadenas pour la valise, écouteurs pour la radio et piles,
etc… Et surtout les demandes de soutien : téléphone aux
familles, contact avec les avocats, préparation de la sortie, vente
des produits qu’elles fabriquent pour avoir un peu d’argent :
couture, broderie, formation en alphabétisation, cultures de
légumes sur table, etc… Accueil des nouvelles pour les aider à
s’intégrer et avec les plus anciennes pour leur donner courage,
patience et espérance. Cela demande de rester ouvert et attentif
pour écouter chacune, en passant d’une langue à l’autre.
mais je suis dans l’admiration de la capacité d’adaptation des
nouvelles et la persévérance des plus anciennes. J’assure les
unes et les autres, musulmanes comme chrétiennes, de ma prière et
je leur demande de prier pour moi. En effet, nous préparons la
Tabaski et la Fête du 15 Août : une occasion de nous
rencontrer en profondeur et de prier ensemble.
La semaine
dernière, à une rencontre, j’ai eu, par sa sœur, le numéro de
téléphone d’un ami sénégalais avec qui nous avons
travaillé autrefois dans les lycées de SAINT LOUIS. Il était
professeur d’anglais. Il m’invitait souvent dans ses classes
pour faire des projections en anglais sur les Droits de l’Homme.
Nous sommes très heureux de nous revoir, mais nous n’en restons
pas à nous souvenir d’autrefois. Il est maintenant à la
retraite, mais engagé dans l’aménagement d’un nouveau
quartier « la Cité des enseignants », avec tous les
problèmes que cela comporte. Il travaille aussi à la mise en place
d’une Communauté chrétienne dans son nouveau quartier. Je parle
aussi avec sa fille qui a terminé ses études à l’Université
mais qui n’a toujours pas de travail. Ils sont nombreux
malheureusement dans son cas. Elle se prépare à son mariage avec
quelqu’un d’une autre ethnie. Bien sûr je l’encourage dans ce
sens. Il est important de faire sauter les barrières… même dans
le mariage. Surtout qu’ils s’y préparent bien et sont soutenus
par leurs parents.
Le soir, comme chaque Jeudi, partage de la
Parole de Dieu avec la Communauté anglophone. mais je passe d’abord
saluer les quatre jeunes qui se préparent au diaconat, dernière
étape avant d’être prêtres. Ils reviennent d’un stage
d’insertion de deux semaines en secteur rural. Là où je dois
aller animer un camp de jeunes qui veulent être missionnaires
spiritains. Je prends le temps de les écouter pour recueillir leurs
impressions qui m’intéressent beaucoup.
Mercredi 18 juillet : Je vais célébrer les
obsèques de la fille handicapée du responsable Justice et
Paix de PIKINE. C’est l’occasion de réfléchir à notre
comportement envers les handicapés avec les nombreuses personnes
venues à son enterrement, en même temps que nous prions pour elle
et entourons sa famille le mieux possible.
Au retour, je
m’arrête visiter une amie religieuse avec qui j’ai
beaucoup travaillé dans les années 1990 à TAMBACOUNDA, dans l’Est
du pays. Elle revient du Congo, avec de gros problèmes de santé.
De
retour à la maison, je donne un cours de lecture et de français à
un de nos étudiants, qui vient de Guinée Bissao. Puis je
branche mon ordinateur pour répondre aux mails reçus et
envoyer des messages sur Face Book, comme chaque nuit avant d’aller
me coucher et après avoir préparé la prière et la messe de
demain matin.
Lundi 16 juillet : Journée de travail à la maison.
Dimanche 15 juillet : Finale de la Coupe du Monde de
football. Je préfèrerais que ce soit la Croatie qui
gagne. D’abord, parce que la France a déjà gagné et parce que
la Croatie est un petit pays. Il ne faut pas que ce soit toujours
les mêmes –et les plus gros- qui gagnent. mais ce qui monopolise
l’opinion, ce sont deux autres choses, maintenant que le Sénégal
a été éliminé. C’est l’implantation des super marchés
Auchan, et le jugement du maire de Dakar. En effet, Auchan vient
d’établir un certain nombre de magasins de grande distribution.
C’est un phénomène nouveau au Sénégal. Cela plaît à un
certain nombre de personnes car ces magasins sont propres, les prix
sont affichés et les produits moins cher. Et il faut reconnaître
qu’ils cherchent aussi à commercialiser les produits locaux. mais
beaucoup de petits commerçants se plaignent en disant que cela va
les couler. Le Président a abordé la question au dernier Conseil
des Ministres et une grande réunion est prévue entre les
différents groupes concernés, autour du Ministre du Commerce, pour
chercher une solution et un terrain d’entente.
Ce qui met en
émoi la population, c’est aussi le jugement en appel du
maire de Dakar, qui est un des principaux leader politique du pays.
Il a été condamné pour utilisation des fonds secrets de la mairie
et ne veut pas dire à quoi ces fonds ont été utilisés. Si sa
condamnation est maintenue, il ne pourra pas se présenter à
l’élection présidentielle de l’année prochaine. Pas plus que
Karim Wade, lui aussi condamné et en exil au Qatar. Du coup, on
accuse le Président actuel d’influencer la justice pour éliminer
ses adversaires, et la tension est grande dans le pays.
Des
mesures sont en train d’être prises pour les éleveurs
qui ont perdu leur bétail : assurance des animaux, soins
meilleurs des bêtes, fournitures de nourriture pour le nord du pays
semi-désertique, vaccinations, formation des éleveurs, zones de
pâturage pour éviter les conflits avec les cultivateurs, etc. mais
il va falloir importer des moutons de Mauritanie et du Mali pour la
grande fête de la Tabaski (Aïd el Kebir) qui commémore le
sacrifice d’Abraham : occasion de prières pour un bon
hivernage et de bonnes récoltes. Nous prions à toutes ces
intentions à la messe des anglophones.
Samedi 14 juillet : C’est la Fête Nationale française. mais ici, cela passe absolument inaperçu… sauf pour les Français qui se retrouveront à l’Ambassade. Pour moi, j’ai une journée de formation avec les étudiants de l’Ecole Normale. C’est important, car ils sont appelés à prendre des responsabilités dans la vie du pays. Ils ont pris comme thème de réflexion : « Comment lutter contre les tentations dans la vie professionnelle ». C’est un thème qui m’intéresse, il permet d’aborder les différents types d’engagements et les différents secteurs de la vie du pays. Bien sûr, j’essaie d’aborder la question d’une façon positive. Et en effet, la réflexion est très riche et intéressante, même si, au début, c’est difficile de les faire parler. Comme toujours, ils s’attendaient à une conférence, plutôt qu’à une réflexion et un partage. mais avec des questions bien ciblées, ils s’y mettent peu à peu et cela nous conduit à une recherche très intéressante. Je vais d’ailleurs en tirer un document.
Vendredi 13 juillet : Jour de visite de l’Hôpital
universitaire où je rencontre surtout des adultes après la
messe pour les malades, avec les agents de santé qui ont pu se
libérer à la pause du midi. Pendant le même temps, les musulmans
se retrouvent à la Mosquée pour la prière du Vendredi. Ensuite,
c’est la visite dans les différents services. Je suis aidé par
trois groupes de la Légion de Marie et une équipe de Sant Egidio,
ce qui me soulage beaucoup, car l’Hôpital est très grand. Une
partie d’entre eux va à l’Hôpital de l’Ordre de Malte.
Ce
qui met en émoi la population, c’est aussi le jugement en
appel du maire de Dakar, qui est un des principaux leader politique
du pays. Il a été condamné pour utilisation des fonds secrets de
la mairie et ne veut pas dire à quoi ces fonds ont été utilisés.
Si sa condamnation est maintenue, il ne pourra pas se présenter à
l’élection présidentielle de l’année prochaine. Pas plus que
Karim Wade, lui aussi condamné et en exil au Qatar. Du coup, on
accuse le Président actuel d’influencer la justice pour éliminer
ses adversaires, et la tension est grande dans le pays.
Des
mesures sont en train d’être prises pour les éleveurs
qui ont perdu leur bétail : assurance des animaux, soins
meilleurs des bêtes, fournitures de nourriture pour le nord du pays
semi-désertique, vaccinations, formation des éleveurs, zones de
pâturage pour éviter les conflits avec les cultivateurs, etc. mais
il va falloir importer des moutons de Mauritanie et du Mali pour la
grande fête de la Tabaski (Aïd el Kebir) qui commémore le
sacrifice d’Abraham : occasion de prières pour un bon
hivernage et de bonnes récoltes. Nous prions à toutes ces
intentions à la messe des anglophones.
Jeudi 12 juillet : Rencontre des détenus qui le
désirent, en « écoute » à la prison. Je passe
d’abord à, la Chapelle de la prison où les chrétiens se
rassemblent pour lancer leur prière hebdomadaire. Aujourd’hui,
j’ai la joie de leur apporter quelque chose. En effet, un certain
nombre de ces prisonniers sont des étrangers. La communauté
anglophone est très soucieuse de leur sort. Ils ont cotisé de
l’argent pour eux et aujourd’hui ils m’ont remis pour eux des
sandwiches, mais aussi du lait, sucre et café pour les petits
déjeuners, des habits (car beaucoup de prisonniers arrêtés se
retrouvent sans habits en prison) et des produits d’hygiène :
savon, dentifrice, etc… Aujourd’hui, c’est la fête !
Après
cela, je reçois les détenus qui le désirent, musulmans comme
chrétiens : ceux qui en ont le plus besoin, choisis par le
service social, car ils sont plus de 1.000 dans cette prison.
Mercredi 11 juillet : Je commence à nettoyer ma chambre (elle en a besoin) quand on m’appelle au téléphone pour un enterrement à l’hôpital : un malade décédé. Après la messe, la famille emmènera son corps en Casamance, au sud du pays, pour qu’il soit enterré dans son village d’origine, comme cela se fait très souvent
Mardi 10 juillet : Le matin, je suis sur Face Book et ma boîte mails pour essayer de rattraper mon retard. mais j’arrête au moment du repas, car tout de suite après je pars à l’hôpital des enfants. C’est à chaque fois une grande souffrance de voir ces enfants et ces bébés malades ou prématurés. Et c’est plus difficile de communiquer avec eux qu’avec des adultes. Quand les parents sont là, j’essaie de leur apporter un peu de courage et de réconfort. Et pour ceux qui le veulent, musulmans comme chrétiens, de prier avec eux. C’est aussi souvent l’occasion de parler avec le personnel de santé, la plupart m’accueillant très bien et me remerciant pour mon passage.
Lundi 9 juillet : Journée de repos qui me permet de
régler un certain nombre de choses en attente. Nous avons la joie
d’accueillir un confrère camerounais travaillant au Gabon,
qui vient se reposer chez nous. Cela va nous permettre d’avoir des
nouvelles précises de ces deux pays. Et cela va encourager notre
économe, lui-même originaire du Gabon.
Pendant les vacances,
deux de nos étudiants sont en stage dans notre Communauté. Ils
nous aident pour l’accueil et le travail de la maison. Je les
connais déjà, mais il est important de bien les accueillir et de
préciser les activités à mener.
Dimanche 8 juillet : Je vais d’abord célébrer la
messe avec la Communauté anglophone. Pour eux, c’est de
voir comment vivre, et parfois simplement survivre, dans un pays
étranger. La plupart viennent du Nigeria et du Cameroun anglophone.
Ils sont très inquiets à cause des attentats et de la lutte pour
l’indépendance qui entraînent de nombreux morts.
Après
cela, je pars à mon ancienne paroisse de PIKINE qui organise
aujourd’hui une kermesse afin d’obtenir des fonds pour
fonctionner. C’est l’occasion de rencontrer de nombreux amis,
dans la joie.
Samedi 7 juillet : J’ai beaucoup de demandes pour
aujourd’hui : la prison, une rencontre avec une ONG, une
randonnée pédestre pour le respect de l’environnement, et la
rencontre finale, évaluation et messe, au Centre Social des jeunes
filles où j’interviens chaque semaine. C’est aujourd’hui
cette dernière intervention. D’abord un temps pour évaluer toute
l’année et préparer les vacances et l’année prochaine.
Spécialement pour celles de 4ème année qui ont terminé
leur formation et doivent s’insérer dans le monde du travail.
A
16 heures, je reçois une parente chinoise qui veut lancer une
fabrique de conserves et de jus de fruits, mais elle ne connaît pas
bien les réalités du pays. J’essaie de lui expliquer les
choses à faire et à ne pas faire, comment entrer en relation avec
les gens et les autorités, et les démarches à suivre. En effet,
actuellement, il y a des réactions contre le franc CFA pour la mise
en place d’une monnaie ouest africaine, contre l’ouverture de
supermarchés étrangers, accusés de tuer le petit commerce (ce
n’est pas nouveau !), et contre l’implantation de
nombreuses sociétés étrangères, en particulier françaises,
accusées de faire une concurrence inégale aux entreprises locales.
C’est une question très compliquée et délicate. Il est
nécessaire que les entreprises sénégalaises s’ouvrent à la
concurrence, mais cela doit se faire progressivement, vu leurs
moyens limités, absolument disproportionnés avec ceux des
grandes sociétés étrangères. C’est tout le problème
des accords commerciaux que l’Union Européenne veut imposer à
l’Afrique. Au lieu d’aider les pays africains, ils risquent de
les faire tomber dans une pauvreté encore plus grande. C’est
vraiment une question difficile. Il ne suffit pas de vouloir aider,
ni d’avoir de bonnes intentions pour que ça marche.
L’hivernage
(saison des pluies) a commencé. Après les premières pluies, les
paysans ont semé. Malheureusement, les pluies se sont arrêtées et
les semences risquent de sécher et crever dans la terre. Et la
plupart des paysans n’ont pas d’autres semences pour
semer à nouveau. Beaucoup sont très inquiets. Déjà que depuis
quelques mois une famine s’est déclarée dans le Ferlo, au nord
du pays, car, les récoltes de l’année dernière n’étaient pas
bonnes.
La vie politique est aussi très perturbée. En
effet, les élections présidentielles auront lieu l’année
prochaine, et les partis se sont mis en campagne d’une façon
parfois violente. De plus, les deux principaux opposants sont en
prison, condamnés pour détournement d’argent, ce qui met une
grosse tension dans le pays. Le gouvernement a fait voter une loi
sur le parrainage et la nécessité d’un nombre minimum de
signatures pour être candidat. mais beaucoup de partis s’opposent
à cette loi car tout le monde veut être président à cause des
nombreux avantages que cela comporte pour soi-même, sa famille et
son clan. Il y a plus de 300 partis actuellement au Sénégal !
Espérons que la paix et le bon sens vont triompher. Nous faisons
tout notre possible pour cela et nous réfléchissons comment nous
allons intervenir efficacement dans ce sens, par des rencontres de
réflexion, des documents sur Internet et des messages sur Face
Book.
Vendredi 6 juillet : Je me consacre à l’Hôpital et cela m’occupe toute la journée.
Jeudi 5 juillet : Je ne vais pas à la prison. En effet,
je dois assurer la formation de quatre jeunes qui se préparent à
être ordonnés prêtres. Nous passons la journée à
chercher les nouveaux chemins et nouvelles façons d’être
missionnaires dans le monde d’aujourd’hui. Nous menons une
réflexion très intéressante et très riche.
Le soir, comme
chaque Jeudi, je me retrouve avec la Communauté anglophone pour un
temps de prière et de partage de la Parole de Dieu, temps qui se
passe avec beaucoup de joie et de partage.
Mercredi 4 juillet : Je passe toute la journée à
travailler la lettre du Pape François, sur la sainteté, avec les
jeunes filles qui se préparent à être religieuses. Elles viennent
de nombreux pays d’Afrique : Sénégal, Guinée, Guinée
Bissao et Cap Vert, mais aussi Centrafrique, Nigéria, Mozambique,
etc…. Elles ont d’abord passé un an à apprendre le français.
maintenant, elles se débrouillent bien et notre partage est très
intéressant. En septembre, elles entreront en Noviciat pour se
préparer à la vie religieuse missionnaire chez les
Spiritaines. J’ai été très heureux de les suivre pendant ces
deux années. En octobre, nous recommencerons avec un nouveau
groupe.
Le soir, je vais en ville pour y rencontrer les
fiancés qui se préparent au mariage. C’est un autre niveau
social que celui des fiancés avec qui je travaille en banlieue.
J’essaie de m’adapter le mieux possible, même si je me sens
moins à l’aise.
Mardi 3 juillet 2018 : Nous venons d’entrer dans un
nouvel hivernage (une saison des pluies). mais cet hivernage a mal
commencé, comme je l’ai expliqué dans ma dernière lettre. A la
fin de la saison sèche, les animaux sont maigres, sous alimentés,
fragiles et même malades. La première pluie de l’hivernage a
apporté le froid auquel ces animaux n’ont pas résisté. Les
bergers ont allumé aussitôt des feux pour les réchauffer, mais
cela n’a pas suffi. Résultat dans le nord du pays : 23.000
moutons sont morts, 24 chèvres, plus de 500 vaches, et même
des chevaux. Le Président est allé aussitôt rencontrer les
bergers et a débloqué un milliard de francs CFA pour eux = 25.000
euros par animal. mais bien sûr cela ne compense pas les pertes,
car ces troupeaux sont les seuls moyens de vivre pour de nombreuses
familles. Des actions ont été aussitôt menées :
désinfection pour éviter les contaminations et l’expansion des
maladies, enterrement des cadavres, apport de nourriture pour les
animaux qui ont survécu et subventions pour l’achat de cette
nourriture, vaccinations et assurance pour les animaux restants.
De
plus, ce malheur n’est pas le seul : il y a un grand risque
de famine dans le nord du pays. En effet, il n’a pas beaucoup
plu l’année dernière, réduisant les possibilités de culture et
aussi d’irrigation à partir du fleuve Sénégal, et aussi les
cultures de décrue. Là aussi, on cherche des solutions.
Distribution de nourriture : c’est la première nécessité.
mais aussi, distribution de semences précoces pour avoir plus
rapidement des récoltes cette année. Libération d’une partie de
l’eau du barrage de MANANTALI pour rétablir le niveau du
fleuve, lutte contre les oiseaux qui mangent les récoltes.
Par
ailleurs, le Gouvernement organise une importation de moutons depuis
la Mauritanie et le Mali, pour la fête musulmane de la Tabaski,
alors que le pays visait l’autosuffisance cette année. (La fête
de l’Aïd el Kebir, appelée Tabaski au Sénégal, célèbre
le sacrifice d’Abraham. C’est l’une des fêtes les plus
importantes de l’Islam).
Mardi
14 mai : La semaine de retraite à Dakar ne m’a pas permis de
retrouver des forces. Je devais rentrer en congés en Juillet ; mes
confrères insistent pour que je rentre tout de suite pour me
reposer, ce que j’accepte puisque de toutes façons je ne suis pas
en état de travailler. Tout au long de l’année, je me suis
spécialement consacré à mettre en place des équipes de travail
dans les différentes prisons et à l’hôpital. Ainsi les choses
vont pouvoir continuer. Je profite de cette semaine pour les avertir
et mettre les choses en place. Bien sûr, on m’avait également
demandé un certain nombre de formations et de rencontres. Je dois
malheureusement les annuler. Et me faire remplacer pour les mariages
que je devais célébrer, ce que je regrette beaucoup. Je suis
triste de devoir ainsi partir sans pouvoir terminer l’année
scolaire, mais je pense que c’est nécessaire.
Dès qu’ils
apprennent l’annonce de mon départ, de nombreux amis et
collaborateurs viennent m’encourager et me souhaiter bon voyage.
Des groupes envoient même des délégations. Je suis très touché
par toutes ces visites… même si c’est un peu fatiguant et ne me
laisse pas beaucoup de temps pour me reposer.
Je vais voir le
cardiologue de l’hôpital qui, de lui-même, a demandé à me
rencontrer. Les choses se sont stabilisées grâce au nouveau
médicament que je prends. Il coûte très cher, mais ça vaut la
peine.
Samedi 18 mai : Un très grand merci pour votre amitié, vos encouragements et vos prières. Je rentrerai au mois de septembre, si Dieu le veut. Je me repose au maximum dans une communauté très agréable. Tout va bien. J'ai été très heureux de travailler avec vous tout au long de cette année et je vous remercie pour tous les efforts que vous fournissez pour le service du Seigneur et de vos frères. Je vais continuer à beaucoup prier pour vous pour que Dieu notre Père bénisse vos engagements, et je vous demande de prier pour moi pour que je retrouve la santé
Jeudi
1er août : Après deux mois et demi de repos total, je
retrouve peu à peu la forme, en prenant mes médicaments pour le
cœur et le diabète. Il me reste à régler le problème des
oreilles : je vais devoir me faire appareiller. J'ai la chance
d'être dans une communauté très agréable.
D’abord je
fais du vélo d'intérieur 3 fois par jour pour garder l’habitude.
Après presque 2 mois de repos, la forme commence à revenir mais
j'ai encore besoin de beaucoup dormir.
Je vais profiter de ce
mois d'Août de vacances pour aller rencontrer mes parents, des amis
et des gens qui nous soutiennent dans notre travail au Sénégal
dans les prisons, hôpitaux et centres sociaux. C'est important et
en même temps une grande joie. Même si malheureusement je ne
pourrai pas voir tous ceux que j’aimerais rencontrer
Le 15
Août, je serai dans l'île de mes ancêtres, l'île de Houat en
Bretagne, pour la fête et la grande célébration de la bénédiction
de la mer à laquelle participent beaucoup de bateaux venus de tout
autour. Nous prions ce jour-là spécialement pour les marins et
pêcheurs morts en mer, sans oublier tous les migrants qui se sont
noyés dans la mer Méditerranée et toutes les autres mers du
monde. Bien sûr, je ferai prier aussi pour un bon hivernage et pour
la paix dans nos pays d'Afrique de l'Ouest. Puis je reviendrai me
reposer dans notre communauté de Chevilly Larue, avec des étapes
chez différents amis
Cette fois-ci, comme le train coûte
cher, je vais essayer de voyager par occasion en m'inscrivant sur
internet (co-voiturage: blablacar). A mon retour, je vous dirai
comment ça s'est passé ! Mais déjà quand je fais les demandes,
les gens sont étonnés quand je leur dis que je suis dans ma quatre
vingtième année !
Voilà les nouvelles pour le moment.
A
nouveau un grand merci, pour les nouvelles que vous m'avez envoyées.
Nous restons en contact par mail et face book
Avec toute
mon amitié et ma prière fraternelle
Jeudi
29 août: Après 3 mois de repos complet, de sommeils prolongés et
de soins sans sortir de la communauté des anciens pour retrouver un
minimum de forme (oui, c’est vrai j’en ai été capable !),
j’ai décidé d’aller visiter parents et amis que je n’avais
pas vus certains depuis de nombreuses années, en particulier ceux
qui nous soutiennent dans nos différentes actions et engagements au
Sénégal, et que je tiens à remercier de tout cœur, pour leur
aide mais d’abord pour leur amitié. Ce fut bien sûr une grande
joie. J’ai tenu à rencontrer aussi certaines personnes en
difficultés qui s’étaient confiées à moi, pour accueillir et
partager leurs souffrances.
Ces rencontres m’ont permis de
mieux comprendre ce qui se passe actuellement en France aux
différents niveaux économiques, politique et social :
chômage, retraite, accueil des migrants, gilets jaunes, grèves …et
de l’évolution de la société en général. Je n’ai pas manqué
de partager ce que nous vivons au Sénégal avec les parents et
amis, avec différents groupes et dans plusieurs paroisses où on
m’a demandé de dire la messe et de commenter l’Evangile. A
chaque fois, j’ai remercié chaleureusement ceux qui accueillent
des migrants venus chercher une vie meilleure en France, et surtout
ceux qui luttent pour changer les lois sur les migrants, et rendre
meilleures la société et la mentalité des gens. Tout en
expliquant ce que nous faisons sur place au Sénégal pour aider les
gens, les jeunes en particulier, à mieux vivre sans tenter
l’aventure au péril de leur vie. Dans la communauté où je
séjourne, nous accueillons à tour de rôle des migrants pour les
aider à apprendre le français, avoir une carte de séjour et
trouver du travail. Ce n’est pas facile pour eux ! Nous
sommes très heureux de les accueillir car leur présence parmi nous
nous enrichit et ouvre notre cœur. Au sujet de la situation au
Sénégal, j’ai insisté sur cinq points :
La paix dans le pays où grâce à Dieu et nos propres efforts, nous avons été épargnés des coups d’état et des attentats. Et sur les bonnes relations et les actions menées en commun avec les musulmans dans un pays où ils sont 95 %.
Les efforts de développement du pays avec ces derniers temps la découverte de pétrole et de gaz et suite à cela la crainte de l’intervention de grandes sociétés et de pays étrangers amenant la corruption et l’augmentation des inégalités sociales entre ceux qui vont en profiter et les autres
L’avancée du désert qui fait que les éleveurs descendent dans le sud ce qui entraîne des tensions avec les agriculteurs, les arbres abattus en grand nombre et expédiés clandestinement dans des pays étrangers, mais aussi les efforts de reboisement
Les actions de soutien en particulier pour les malades, les personnes âgées, les enfants, les handicapés et les familles nécessiteuses. Et les formations, spécialement pour les jeunes et les femmes.
Les efforts pour l’accueil et la prise en charge des migrants : ceux qui viennent s’établir au Sénégal, ceux qui sont de passage en route à travers le désert et la mer vers l’Europe, et ceux qui reviennent misérables parce qu’ils ont été expulsés. A ce sujet, j’ai rappelé que les pays africains accueillent beaucoup plus de migrants que les pays européens malgré leur pauvreté, la plupart des migrants qui fuient leur pays s’établissant dans les pays environnants
Jeudi 16 mai : Un ami allemand est venu pour ouvrir un garage dans le sud du pays, et assurer une formation d’apprentis que nous allons ensuite prendre en charge. Il est venu à Dakar acheter le matériel nécessaire. Il insiste pour me conduire jusqu’au nouvel aéroport, situé à 35 km de Dakar, ce que j’accepte avec joie.
Mardi 14 mai : Je vais voir le cardiologue de l’hôpital qui, de lui-même, a demandé à me rencontrer. Les choses se sont stabilisées grâce au nouveau médicament que je prends. Il coûte très cher, mais ça vaut la peine.
Dimanche 28 avril : Nous nous retrouvons tous les spiritains de la région pour notre semaine de prière annuelle (retraite). Nous commençons par faire le point de nos activités, en faisant le tour de nos différentes activités. C’est très important pour nous tous, à la fois pour partager nos soucis et pour évaluer notre travail. Ce partage est aussi une base importante pour cette semaine de prière. Un prêtre jésuite va nous entretenir tout au long de cette semaine pour nous aider à prier et réfléchir.
Vendredi 3 mai, après-midi consacré à la présentation des objectifs et orientations pour l’année qui vient : problèmes financiers, nouveaux projets. On me demande de présenter le plan d’action sociale des religieux dont je vous ai déjà parlé.
Samedi matin 4 mai, messe de clôture. Beaucoup de confrères en fait vont rester encore quelques jours à Dakar pour des soins médicaux, achat de matériel, entretien des voitures, etc… Dans notre Maison centrale nous nous organisons pour accueillir aussi bien que possible les confrères de passage. Nous avons cherché des lieux d’accueil pour les autres en ville.
Du lundi 6 au mercredi 8
mai, nous nous
retrouvons par groupes pour une réflexion plus adaptée et
approfondie : l’équipe d’animation (Conseil provincial),
les jeunes en stage pastoral, les jeunes prêtres, les confrères
travaillant en secteur rural et de première évangélisation, les
confrères travaillant en ville.
La semaine de retraite ne m’a
pas permis de retrouver des forces. Je devais rentrer en congés en
Juillet ; mes confrères insistent pour que je rentre tout de
suite pour me reposer, ce que j’accepte puisque de toutes façons
je ne suis pas en état de travailler. Tout au long de l’année,
je me suis spécialement consacré à mettre en place des équipes
de travail dans les différentes prisons et à l’hôpital. Ainsi
les choses vont pouvoir continuer. Je profite de cette semaine pour
les avertir et mettre les choses en place. Bien sûr, on m’avait
également demandé un certain nombre de formations et de
rencontres. Je dois malheureusement les annuler. Et me faire
remplacer pour les mariages que je devais célébrer, ce que je
regrette beaucoup. Je suis triste de devoir ainsi partir sans
pouvoir terminer l’année scolaire, mais je pense que c’est
nécessaire.
Dès qu’ils apprennent l’annonce de mon
départ, de nombreux amis et collaborateurs viennent m’encourager
et me souhaiter bon voyage. Les groupes envoient même des
délégations. Je suis très touché par toutes ces visites… même
si c’est un peu fatiguant et ne me laisse pas beaucoup de temps
pour me reposer.
Samedi 27 avril :
C’est la Quinzaine
de la Jeunesse au
niveau national. Les centres sociaux, comme les écoles et les
différents groupes et mouvements de jeunes, sont en vacances et
occupés ailleurs. Mais les Universités qui viennent juste de
commencer la nouvelle année scolaire continuent à fonctionner. Je
suis invité dans un complexe universitaire pour une réflexion sur
la sexualité. Après un échange très intéressant, nous terminons
par la messe, où nous offrons les fruits de nos réflexions avec de
nombreuses interventions libres et spontanées des participants.
Nous avons choisi plusieurs gestes et symboles pour marquer notre
engagement. Et nous terminons la journée par un repas partagé.
Je
rentre à la maison complètement épuisé. En effet, depuis la fin
du Carême, je traîne une bronchite qui m’a beaucoup fatigué,
malgré les soins que je reçois à l’hôpital où je suis
aumônier et donc très bien suivi. Je ne peux pas participer aux
fêtes de Pâques, et j’ai annulé toutes mes interventions à
l’Hôpital, dans les Centres sociaux et les Prisons. J’ai
maintenu malgré tout deux interventions à la Prison centrale et à
l’Université, prévues depuis longtemps, car elles m’ont semblé
très importantes.
Mardi 23
avril :
Depuis le début de l’année, c’est la
saison fraîche.
Il y a un vent très frais et très froid qui nous amène beaucoup
de poussière, suite aux tempêtes de sable du nord. Sans parler de
la pollution de l’air en ville, où les voitures sont de plus en
plus nombreuses, la plupart des vieilles voitures venant d’Europe,
rachetées en 2ème
ou 3ème
main. Les « cars rapides », base des transports en
commun du pays, sont rafistolés pour durer et datent de plusieurs
années. Tout cela fait que j’ai pris froid dans mes déplacements
et ai commencé une bronchite
dont je n’arrive pas à me débarrasser, malgré les visites
médicales et les soins à l’hôpital de Fann où je suis
aumônier. Je dois donc arrêter la plupart de mes activités
ordinaires, bien que les demandes soient nombreuses, spécialement
en cette Semaine Sainte. Les confrères prêtres et surtout les
équipes de laïcs avec lesquelles je travaille régulièrement
prennent le relais. Je ne peux donc pas célébrer ces fêtes
de Pâques dans
les prisons ou à l’hôpital avec ceux et celles avec qui je
partage normalement la vie et les activités.
Malgré tout, je
tiens à conserver deux
activités spéciales et importantes .
D’abord à la grande prison de Rebeuss, où sont organisées des
journées culturelles en lien avec l’assistant social. Nous ne
voulons pas nous limiter à des matchs de football ou des
compétitions de lutte traditionnelle. La communauté des détenus
chrétiens a préparé plusieurs scènes de théâtre pour exprimer
leur vie et ainsi se libérer un peu de ce qui les écrase. Puis
nous consacrons toute la matinée à une réflexion
avec les détenus chrétiens.
Les musulmans se retrouvent au même moment avec leurs imams, autour
de la question : « Que pouvons-nous
faire nous-mêmes
pour rendre meilleure notre vie dans cette prison ? ». En
effet, on infantilise les détenus. On les oblige à se soumettre, à
suivre le règlement qui vient d’en haut et aux ordres qui leur
tombent dessus. Sans presque jamais leur donner la parole, demander
leur avis ou les faire participer aux décision.
Dans un 2ème
temps, les détenus se retrouvent en trois groupes linguistiques :
anglais, français et ouolof, pour faire
leurs propositions
aux responsables et aux différents services. L’aumônerie se
chargera de transmettre ces propositions, non seulement aux
responsables de la prison, mais aussi à l’Administration
Pénitentiaire, le ministère de la Justice et l’Observatoire des
Prisons.
Lundi 15 avril : Reprise des activités habituelles. Ecoute dans les prisons : le matin chez les femmes, l’après-midi chez les hommes ; le soir, activités de fin de Carême, confessions à la Cathédrale suivies d’un repas/partage entre confrères présents.
Dimanche 14 avril : Le matin, messe avec la communauté anglophone. Le soir, la communauté de Taizé a invité les gens du quartier, musulmans comme chrétiens, et en particulier les responsables et autorités, pour lire ensemble le document commun du Pape François et du Grand Imam de l’Université Al Azar, sur « la Fraternité Humaine pour la paix mondiale et la coexistence-commune ».C’est un document qui nous touche beaucoup et que nous cherchons à partager, car il nous fournit une base commune sur laquelle construire nos vie et nos actions communes.
Samedi 13 avril :
Aujourd’hui, à la prison de Rebeus nous célébrons la fête des
Rameaux avec beaucoup de joie. Pour cela, nous n’utilisons pas
des rameaux, mais des foulards. En effet, au Sénégal, le désert
avance rapidement. Dans tout le diocèse, pour marquer notre volonté
de respecter l’environnement, nous avons donc décidé d’utiliser
des foulards. D’autant plus que pour cette fête on coupait les
cœurs de palmiers, ce qui souvent les tuait. Cette proposition a
été longuement discutée pour être bien comprise, et elle a été
largement acceptée. C’est un geste important et concret qui a
beaucoup marqué non seulement les chrétiens mais toute la
population.
L’après-midi, je vais bénir une maison, chez
des amis que je connais bien. C’est l’occasion de réunir la
famille et de voir comment faire grandir l’entente et l’amitié
entre tous les membres.
Vendredi 12 avril : Pendant le temps de Carême, à l’hôpital nous accueillons les gens du quartier pour le Chemin de Croix. Ils sont nombreux à venir. Puis nous célébrons l’Eucharistie pour les malades et ensuite, avec les volontaires, nous visitons les malades et leurs parents dans les différents services.
Jeudi 11 avril :
Ce matin, écoute dans la deuxième grande prison.
Là, je rencontre
en particulier un jeune condamné à 10 ans. Toute sa vie risque
d’être perdue pour toujours. Puis, comme chaque jour, je
rencontre d’abord la communauté catholique des détenus pour
lancer leur prière. Aujourd’hui, d’autres prêtres sont venus
pour les confessions.
L’après-midi, je pars dans notre
paroisse de Médina, également pour les confessions. C’est la
priorité en cette fin de Carême.
Mercredi 10 avril : Je vais dans l’autre grande prison de DAKAR, pour des rencontres personnelles avec les personnes qui le désirent. Je rencontre à nouveau de graves problèmes. Un bateau a été arraisonné qui transportait de la drogue. L’armateur a disparu et les 17 membres d’équipage ont été mis en prison. Ils y sont depuis 4 ans, sans être jugés. Deux d’entre eux sont morts en prison. Bien sûr, ils sont complètement découragés et malheureusement nous n’avons pas beaucoup de solution pour leur rendre l’espérance. D’autant plus que les étrangers sont souvent stigmatisés et déclarés coupables à priori et systématiquement. Ainsi lorsqu’un étranger est soupçonné, nous seulement il est arrêté, mais aussi tous ceux qui vivent chez lui, car les étrangers s’accueillent et vivent souvent ensemble. Et là, ils font obligatoirement plusieurs années sans être jugés. Leur famille et leurs enfants souffrent énormément pendant tout ce temps-là. Je rentre découragé de cette rencontre.
Mardi 9 avril :
Journée à la
maison. Je règle les nombreuses questions en suspend. En
particulier, j’essaie de téléphoner aux différents avocats dont
j’ai pu avoir les coordonnées. Malheureusement, beaucoup de ces
derniers, quand ils ont touché l’argent, ne répondent même
plus, et même changent la puce de leur téléphone pour qu’on ne
puisse plus les contacter ! Aujourd’hui encore j’apprends
qu’un des détenus que je suis a été déclaré innocent après
avoir fait 4 ans de détention préventive. Quatre années de
perdues et de grandes souffrances pour toute la famille. Il faut
dire que le personnel de la
Justice est très
insuffisant, de même que les moyens mis à sa disposition, moins de
1 % du Budget national, sont faibles alors que les personnes
arrêtées sont de plus en plus nombreuses. En effet, on met
systématiquement les personnes en prison, sans chercher d’autres
peines alternatives, ni d’autres solutions. Résultat, les prisons
sont de plus en plus surchargées, et la plupart datent du temps de
la colonisation (plus de 60 ans) ! Un effort est fourni
actuellement pour le réaménagement , mais cela ne réduit ni le
manque de places, ni les installations inadaptées.
L’après-midi,
je pars dans mon ancienne paroisse de PIKINE où se tient une
réflexion sur le « Vivre
ensemble ».
Et le soir, confessions préparatoires à Pâques. Il y a beaucoup
de monde, mais tous les prêtres du secteur se sont rassemblés.
Nous nous retrouvons ainsi, tous ensemble, à tour de rôle dans une
paroisse.
Lundi 8 avril : Les activités habituelles reprennent. Après avoir rencontré les femmes en prison, je vais manger avec le Vicaire général, l’adjoint de l’Evêque. Nous faisons le point des activités dans les prisons et les hôpitaux et prévoyons une nouvelle réunion des responsables. Puis je continue dans deux autres prisons.
Dimanche 7 avril : Je retrouve ma communauté anglophone de OUAKAM pour une première messe. Puis je vais dans une autre communauté. Leur aumônier vient d’être nommé au CAMEROUN et ils n’ont pas de prêtre pour célébrer l’Eucharistie.
Samedi 6 avril : La journée commence par la levée de corps de l’ancienne Présidente de l’organisation du personnel catholique de l’Hôpital. C’est un moment d’émotion très fort. Je les laisse continuer l’enterrement, car les prisonniers de la prison de Rebeuss m’attendent, comme chaque samedi.
Vendredi 5 avril : Pendant que les jeunes sont en marche-pèlerinage, à pied, vers le lieu de rassemblement qui va durer jusqu’au dimanche 7, nous continuons nos activités. A l’Hôpital, nous accueillons les gens du quartier pour le Chemin de Croix. Puis avec l’équipe des visiteurs, nous nous répartissons dans les différents services pour encourager les malades et leurs familles qui viennent les visiter, et prier avec eux, pour ceux qui le veulent.
Lundi 4 avril 2019 :
Fête de l’Indépendance du Sénégal, avec un grand défilé des
différentes organisations de la Société Civile. Deux groupes de
majorettes de deux des plus grands lycées de la Ville assurent une
prestation attendue et très appréciée. Cette année, le Président
qui vient d’être réélu a décidé d’organiser un grand défilé
militaire, suite aux attaques terroristes dans les pays voisins. Le
Président a fait acheter beaucoup de matériel militaire, ce qui a
coûté très cher pour le pays, et ce que conteste un certain
nombre de personnes qui pensent que la meilleure façon de lutter
contre le terrorisme ce n’est pas seulement d’augmenter les
armements, mais bien plutôt d’attaquer les causes du phénomène :
la violence, la pauvreté, l’éducation. Même s’il est
important d’avoir aussi les moyens de se protéger.
De notre
côté, tout en suivant ces différentes manifestations, nous sommes
lancés en plein dans les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse).
Cette année, nous réunissons les jeunes de tout le pays (plusieurs
dizaines de milliers). Le thème, comme pour tous les autres pays,
ce sont les paroles de Marie : « Je suis la servante du
Seigneur, que tout m’arrive selon ce que Dieu a dit ». Par
la même occasion, nous prenons un temps de formation sur l’emploi
des jeunes, car le chômage est très important. Puis, l’Archevêque,
au cours d’une grand messe très animée, reprend, en l’appliquant
à nos réalités, l’exhortation du Pape François au jeunes,
suite au dernier synode. C’est aussi l’occasion pour les jeunes
de tout le pays de se retrouver dans la joie et d’échanger sur
les différentes actions et réalisations.
Dimanche 17 février : Après la messe avec les anglophones, je pars tout de suite à la paroisse voisine pour une conférence-débat organisée par la Commission Justice et Paix en préparation concrète des élections de dimanche prochain. Il y a beaucoup de rencontres et activités ce jour-là, il n’y a pas beaucoup de monde, mais les présents sont motivés et ils vont chercher à partager la réflexion dans les différents groupes où ils sont engagés, car la chose est importante.
Samedi 16 février : Nous tenons notre deuxième Assemblée Générale de la Commission Justice et Paix des religieux. Chaque Congrégation religieuse y envoie un(e) délégué(e). Nous voulons aider tout le monde à s’engager auprès des plus faibles et des nécessiteux, à travailler dans l’informel et en lien avec les autres organisations de la Société. En effet, il nous semble essentiel de sortir de nos structures et de rejoindre les marginaux et tous ceux qui sont rejetés. Suite à la première rencontre, nous avons envoyé un premier document, que les gens ont travaillé. Suite à leurs remarques et contributions, nous avons rédigé un deuxième texte que nous avons envoyé par Internet et nous évaluons aujourd’hui. Comme nous ne sommes pas encore satisfaits du texte, nous demandons aux délégués de le retravailler pendant 15 jours, avant de rédiger un dernier document qui sera présenté à nos responsables. Cela fait beaucoup de travail qui nous semble très important pour préciser à la fois nos orientations et le type d’actions dans lesquelles nous voulons nous engager.
Vendredi 15 février : Au Centre social des
jeunes filles, nous réfléchissons aux élections présidentielles
au Sénégal et voyons comment nous y préparer et mobiliser les
personnes, spécialement les jeunes filles.
A l’Hôpital,
après la messe, pendant que les volontaires vont visiter les
malades et leurs familles, nous tenons la réunion du bureau du
personnel de santé. Nous sommes arrivés au milieu de l’année
scolaire et il est important de voir où nous en sommes, à tous
points de vue. Malheureusement beaucoup sont absents. Nous
échangeons donc un certain nombre d’idées et nous nous
retrouverons mercredi prochain pour finaliser les choses. Je
retourne donc visiter les malades.
Jeudi 14 février : Séance d’écoute à la grande
prison des hommes. De là, je pars immédiatement à Radio
Espérance , la radio catholique, au Centre Ville qui se trouve
en hauteur et ce n’est pas facile d’y arriver. Je viens de loin,
il m’est difficile de monter la côte en vélo, avec la chaleur de
midi et surtout la poussière amenée par les vents de sable. Par
contre, le vélo me permet de me glisser entre les voitures dans les
bouchons qui sont très nombreux à cette heure de midi.
A la
Radio, je parle du pèlerinage des malades puis de la
pastorale des malades. Ce que nous essayons de faire, en impliquant
le maximum de personnes volontaires pour accompagner les malades et
handicapés, dans les quartiers et dans les hôpitaux, pour les
malades mais aussi leurs familles. Cette émission de radio nous
permet de sensibiliser un nombre important de personnes à tout
cela.
A 16 heures, nouvelle course à vélo pour rejoindre le
bureau de la Commission Justice et Paix des religieux/ses,
dont j’ai été nommé secrétaire. Le responsable sera absent
car il doit aller en Guinée. Il faut donc préparer sérieusement
la rencontre de samedi, d’autant plus que nous ne sommes pas
entièrement d’accord sur les objectifs, ni sur les moyens de les
atteindre. Ce sera le premier point de l’Assemblée Générale. La
réunion se passe bien et nous arrivons à nous mettre d’accord.
La
nuit, je suis heureux de me retrouver avec la communauté
anglophone pour un temps de prière, nous donner des nouvelles,
partager sur l’Evangile de dimanche prochain. Nous sommes
spécialement préoccupés par les violences au Cameroun anglophone
et la préparation des élections au Nigeria qui se fait dans une
situation tendue.
Mercredi 13 février : Le matin, avec les jeunes filles
du Centre social, nous continuons à parler de la vie dans le
quartier.
L’après-midi, nous continuons la séance
d’écoute à la grande prison. C’est la troisième fois
et les choses commencent à se mettre en place peu à peu. Nous
avons aussi trouvé deux nouvelles religieuses qui se joignent à
notre groupe d’animateurs. Cela va nous permettre d’accueillir
davantage de détenus, car ils sont très nombreux à vouloir nous
rencontrer. Le responsable du Service Social a changé. Nous prenons
le temps de nous présenter, de faire longuement connaissance et de
lui parler de nos actions. Puis nous nous retrouvons avec toute
l’équipe de l’aumônerie de la prison pour évaluer
notre travail et voir comment avancer. Maintenant que nous avons mis
en place l’écoute, nous cherchons à mettre en place une
Commission judiciaire pour soutenir les prisonniers qui n’ont
pas d’avocats, suivre leurs dossiers et les soutenir au moment du
jugement. Nous cherchons aussi à mettre en place une Commission
de réinsertion pour aider les prisonniers libérés à bien
redémarrer dans la vie. D’abord, être avertis à l’avance de
leur sortie pour préparer leur départ, organiser leur retour en
famille et voir quelles activités ils pourront avoir pour gagner
leur vie et ne pas retomber dans la délinquance. Pour cela, nous
avons la chance d’avoir des paroisses dans tout le pays et avec
lesquelles nous pouvons être en contact. Car certaines familles
refusent de recevoir leur parent à sa libération. Et de toutes
façons, elles ont besoin d’être préparées à ce retour. Il
faudrait que les détenus puissent recevoir une formation pendant
leur séjour en prison. Nous avons fourni des outils pour les
ateliers de la prison mais cela est absolument insuffisant pour
offrir une formation aux détenus qui le désirent.
Après
l’écoute à la prison centrale, nous nous retrouvons à la
Cathédrale, toute l’équipe de l’aumônerie.
Nous
faisons l’évaluation générale de notre Plan d’action élaboré
en Octobre, pour voir point par point ce que nous avons pu
réaliser : nous nous arrêtons spécialement aux Commissions
dont j’ai parlé lundi. Mais d’abord, nous prenons le temps
d’accueillir les nouveaux venus dans notre équipe. Puis nous
prenons un temps de formation, avant de passer aux questions
financières et de voir comment alimenter notre Caisse. Nous
manquons cruellement de moyens pour répondre à toutes les demandes
d’aide.
Mardi 12 février : Comme chaque semaine quand il n’y
a pas d’activité spéciale, journée à la maison pour accueillir
les gens et faire mon travail personnel. Il faut souvent me battre
pour garder ces jours libres.
Le soir, nouvelle conférence
préparatoire aux élections présidentielles.
Lundi 11 février : Nous tenons notre réunion mensuelle
des prêtres et religieuses du secteur. Comme d’habitude, nous
évaluons nos différentes activités et préparons celles du mois
suivant. Mais nous prenons surtout un temps de réflexion pour voir
comment préparer nos communautés aux élections présidentielles.
Comment ces personnes pourront y préparer parents et voisins dans
les quartiers. Et, le plus important, le choix et la formation des
1.000 observateurs qui ont été demandés à l’Eglise Catholique
C’est à la fois un gros travail et une grande responsabilité.
Dès
la fin de la réunion, je pars dans les deux prisons : la
prison des grands malades et la prison des courtes peines. Cela fait
une journée bien remplie.
Dimanche 10 février : Il y a de nombreuses fêtes, en particulier celle de notre paroisse et celle du Foyer de Charité où nous tenons de nombreuses formations. Mais là aussi, je donne la priorité à la Communauté anglophone. C’est plus important et je me sens très à l’aise avec eux car nous avons tissé des liens d’amitié très profonds. Et du coup, cela me donne du temps pour avancer dans mes documents, mes messages mails, et mes contacts sur Face Book. Mais le temps passe vite et je n’arrive pas au bout de ce que j’avais prévu.
Samedi 9 février : Ce samedi, je suis pris entre « deux
feux » : dans mon ancien secteur de PIKINE, ils me
demandent d’aider les superviseurs des élections présidentielles
à la formation des observateurs (nous devons en former 1.000 pour
l’ensemble du pays). Ou bien, aller à la prison. Finalement, je
choisis la prison, car un certain nombre de nouveaux détenus
sont arrivés.
A midi, la nièce vietnamienne d’une
belle-sœur vient prendre le repas avec nous. Avec son ami, ils
veulent lancer une entreprise de jus de fruits à partir des
fruits locaux. Ils viennent me voir pour mieux connaître la culture
sénégalaise, la mentalité des gens, le code du travail, et un
certain nombre d’autres choses pratiques.
Vendredi 8 février : Visites à l’hôpital, avec une
équipe de volontaires qui viennent de plus en plus nombreux. En
particulier, des étudiants qui, peu à peu, invitent d’autres
camarades. Jusqu’à maintenant, ce sont tous des chrétiens. Nous
avons décidé de solliciter aussi des amis musulmans pour nous
accompagner, car la majorité des malades sont des musulmans. De mon
côté, je continuerai à visiter spécialement les malades
chrétiens, pour les sacrements : baptême en danger de mort,
confessions, communion, sacrement des malades. Mais quand je vais
prier pour les malades chrétiens, souvent les musulmans me
demandent de prier pour eux. Et aussi les médecins, infirmier(e)s,
et autres agents de santé. Ils me demandent aussi bien de bénir
leurs bureaux. La laïcité sénégalaise, ce n’est pas la laïcité
française !
Aujourd’hui, il y a eu un décès à
l’hôpital. Nous accueillons le défunt avec sa famille et ses
amis ; nous prions tous ensemble. Ensuite, ils vont ramener le
défunt à son village d’origine, comme cela se fait très
souvent. Même ceux qui sont en ville passent chez nous pour une
première prière.
Jeudi 7 février : Je passe tôt le matin chez un jeune
étudiant qui m’aide à saisir mes cassettes sur lesquelles
j’enregistre mes documents ; cela me rend un très grand
service.
Puis je pars à la prison, comme d’habitude, pour
l’écoute. A mon retour, je vois plusieurs personnes qui
m’attendent : l’un vient d’avoir un bébé et veut lui
donner mon nom. En Afrique Noire, le nom est très important :
les homonymes. Donner son nom à un enfant c’est accepter une
responsabilité et de le prendre en charge… même parfois au
niveau financier. En fait, le père est un ancien détenu. Je l’ai
bien connu en prison et je l’ai aidé à sa sortie pour lancer un
jardin potager.
Je reçois ensuite un couple de fiancés qui me
demande de les accompagner personnellement, suite à la préparation
au mariage qu’ils ont suivie.
Puis, moins agréable, un
couple en instance de divorce.
Mercredi 6 février : Les filles du Centre Social ont
fabriqué des confitures. Aujourd’hui elles organisent une
vente pour recueillir des fonds pour le fonctionnement du Centre.
Je
pars ensuite à la rencontre d’évaluation de la Semaine pour
l’unité des chrétiens. Nous nous retrouvons avec les
pasteurs des différentes Eglises protestantes, luthériennes,
pentecôtiste et évangéliques. A partir de là, nous prévoyons un
certain nombre d’activités tout au long de l’année. Car
nous ne voulons pas nous limiter à une seule semaine de prière :
des actions pour la justice et la paix, des équipes de sport et des
concerts œcuméniques (mixtes), des conférences, rencontres,
émissions de radio et de télévision, etc… Maintenant il s’agit
de se mettre au travail pour assurer cette animation tout au long de
l’année.
Mardi 5 février : Je reste à la maison, car j’ai beaucoup de retard dans mon travail. Cela me permet d’accueillir un certain nombre de personnes, chacune avec son problème, ce qui ne manque pas !
Lundi 4 février : Pendant ces trois jours a lieu une
session de formation et d’évaluation pour les prêtres,
religieux et laïcs engagés. Malheureusement, vu mes nombreuses
occupations je ne peux y participer. On ne peut pas tout faire !
Jeudi dernier, à la sortie du Camp Pénal des prisonniers hommes,
comme j’avais reçu (enfin !) l’autorisation de visite des
prisons pour cette année je suis parti me présenter à la
directrice de la prison des femmes pour organiser l’écoute.
Elle me reconnaît, car je l’ai formée dans les années 80 à
SAINT LOUIS, quand elle était au Collège. Cela arrange bien les
affaires. Je retrouve aussi l’assistante sociale qui est revenue
au même poste. Elle est tout heureuse de me dire qu’elle a eu des
jumeaux.
C’est la première fois que je viens assurer une
rencontre d’écoute, après quatre années d’interruption. A
l’époque j’allais depuis mon ancienne paroisse à une autre
prison des femmes, à RUFISQUE. Je suis donc très heureux de cette
nouvelle possibilité. Malheureusement, les responsables de
l’Administration viennent pour une inspection, alors même que
j’accueillais la première femme. Je reste attendre plus d’une
heure, puis, découragé, je rentre à la maison. On verra la
semaine prochaine.
L’après-midi, je devais aller dans deux
autres prisons, en particulier celle des malades. Mais les
autorisations ne sont toujours pas arrivées. Comme on nous connaît
bien, on nous permet de continuer. Mais là, la directrice a changé
et ne nous connaît pas : elle ne nous autorise pas à
intervenir. Encore un problème à régler. Et ce sont les détenus
qui en supportent les conséquences. Ce n’est vraiment pas facile
de travailler.
Depuis vendredi, il n’y avait plus d’eau
dans toute la ville de Dakar : une grosse conduite avait été
cassée au cours de la construction d’un pont, par manque de
coordination entre les différents services ! A mon arrivée à
la prison, je tombe sur une corvée d’eau, car elle vient de
revenir et au bout de trois jours ils en ont sérieusement besoin.
Je suis très frappé de voir que les gardes se sont mises avec les
détenues pour transporter les seaux d’eau, sans problème et dans
une très bonne ambiance. C’est courant : elles parlent et
même rient ensemble, et les jours de fête tout le monde danse
aussi ensemble.
Dimanche 3 février : Messe avec la communauté
anglophone, suivie de l’Assemblée Générale mensuelle.
L’épouse du président vient d’accoucher et nous sommes heureux
d’accueillir le bébé.
L’après-midi –maintenant que mon
ordinateur est réparé- je me mets au travail. J’ai quelques
difficultés car le technicien a changé pas mal de choses et je ne
suis pas un spécialiste, m’étant formé peu à peu sur le tas.
Avec pas mal de tâtonnements, j’arrive à me débrouiller. Mais
des documents importants ont disparu et je vais voir si le
technicien peut les récupérer. De même que le logiciel avec
lequel j’enregistre mes émissions radio, ce qui m’inquiète
beaucoup plus.
Le soir : C’est l’anniversaire de la
mort de notre deuxième fondateur, le père François LIBERMANN,
un fils de rabbin converti et missionnaire au grand courage. Les
différentes communautés spiritaines se retrouvent avec nos deux
communautés d’étudiants, à cette occasion. Nous commençons par
une présentation du plan d’action sociale dont j’ai
parlé samedi, pour voir comment le mettre en pratique à nos
différents niveaux. Les étudiants commencent par nous partager
leurs réflexions, puis chacun explique comment il essaie de vivre
notre charisme (notre vocation missionnaire). Nous prenons ensuite
un temps de prière, nourrie de tout notre partage et en union avec
les spiritains qui célèbrent cette fête dans le monde entier.
Cette prière chantée est très intense et très touchante, car ce
n’est pas chaque jour que nous nous retrouvons ensemble avec une
vingtaine de nos étudiants et nos différents confrères !
Ensuite, le repas et les échanges nous permettent de mieux nous
connaître et de partager nos différentes activités. Pour ce
repas, chaque communauté a apporté quelque chose et nous mettons
le tout en commun. Chacun rentre heureux et encouragé dans sa
communauté, encouragé pour reprendre ses activités.
Samedi 2 février : C’est la Journée Mondiale de la
Vie consacrée. Les religieux et religieuses de DAKAR se
retrouvent très nombreux dans la grande banlieue de Dakar pour
descendre à la base et rencontrer les réalités locales. C’est
en même temps l’occasion de prier ensemble et de nous rencontrer
ensuite pour partager nos soucis mais aussi nos joies. Nous
présentons la Commission d’action sociale des religieux
que nous sommes en train de mettre en place : pour ne pas se
contenter de faire fonctionner le mieux possible nos écoles, nos
dispensaires ou nos centres sociaux ; mais sortir de nos
structures pour travailler à la base et rejoindre ceux qui vivent
dans l’extrême pauvreté (ceux qu’on appelle au Sénégal « les
plus fatigués »), ceux qui sont complètement marginalisés
et exclus de la société. Et de nous engager dans le secteur
informel pour accueillir et accompagner ceux qui se
« débrouillent ». Cela demande tout un changement de
mentalité et une forte conscientisation de chacun. Et aussi une
organisation et un soutien des actions qui sont déjà menées sur
le terrain par beaucoup de religieux. C’est pourquoi nous avons
commencé par recenser les actions menées à la base. C’est en
faisant une synthèse de toutes ces actions que nous avons rédigé
un premier plan d’action que nous présentons. Nous allons
continuer à le travailler à partir des réactions que nous avons
reçues.
Nous rentrons tard le soir, mais heureux de cette
journée qui nous a permis de retrouver des amis que nous n’avions
pas rencontrés depuis longtemps, et de partager notre vie et nos
espoirs.
Vendredi 1er février : Le
matin, intervention dans un deuxième Centre Social de jeunes
filles. Avec elles aussi nous parlons des prochaines élections
présidentielles car c’est la priorité actuellement. Les
questions et les interventions sont différentes mais toujours aussi
intéressantes.
Puis, sans tarder, je pars à l’Hôpital.
Il y a eu un décès. Nous accueillons le défunt avec sa famille à
la messe, tout en continuant à prier pour les malades. Plusieurs
équipes vont ensuite visiter les différents services, les malades
et leurs familles, comme chaque semaine.
Jeudi 31 janvier : Après la prière et la messe du
matin, je viens allumer mon ordinateur comme d’habitude,
mais malgré différents essais il refuse de démarrer. Bien sûr,
je suis très ennuyé car cela me bloque pour le travail sur mes
différents documents en préparation, également pour répondre aux
mails reçus et envoyer des messages sur Face Book, et enregistrer
mes émissions radios puis les envoyer.
Je pars à la deuxième
prison des hommes pour rencontrer les détenus, comme chaque
semaine. Je vois d’abord le groupe des chrétiens pour
lancer la prière, en trois langues. Puis l’équipe des visiteurs
continue avec eux, tandis qu’avec une éducatrice nous allons au
poste de garde pour assurer l’écoute et accueillir
personnellement les prisonniers qui le désirent, un par un, sans
distinction de religion ou autres.
Avec chacun, nous parlons de
sa vie et de ses problèmes qui sont à chaque fois différents.
Nous essayons de nous adapter le mieux possible à chacune des
personnes.
Comme chaque fois, j’ai apporté un stock de
lunettes avec moi. Ce sont des lunettes de récupération qui ne
sont pas chiffrées. Celui qui en a besoin –et aujourd’hui ils
sont nombreux- les essaie une par une, pendant que je parle au
suivant. Et s’il trouve une paire qui lui convient, il part avec.
Etant donné leurs conditions de vie : longs enfermements dans
les chambres, etc …, beaucoup ont des problèmes de vision.
En arrivant, comme chaque fois, j’ai laissé à l’entrée un
certain nombre de paquets pour répondre aux besoins les plus
élémentaires, selon nos possibilités : savon,
dentifrice, café ou thé, lait et sucre, bics et cahiers pour ceux
qui suivent les cours d’alphabétisation, habits et chaussures,
etc… Pour les médicaments nous demandons d’abord une
ordonnance à l’infirmerie. Mais même ainsi, nous ne pouvons pas
répondre à toutes les demandes car les médicaments coûtent cher.
Et il y a aussi beaucoup d’autres demandes que nous ne pouvons
pas satisfaire, en particulier des radios personnelles avec casque,
comme d’autres choses qui sont interdites. Dans les chambres, il y
a bien la télévision, mais à plus de 100/150 personnes par
chambrée ce n’est pas facile de se mettre d’accord sur le choix
de l’émission, ni même possible d’entendre et de la suivre.
Une autre forte demande, c’est de l’argent pour pouvoir
téléphoner à leur famille. Quand nous en avons les moyens,
nous laissons l’argent au Service Social de la prison où ils sont
ensuite appelés un à un pour téléphoner. C’est toute une
organisation à mettre en place, avec plus de 1.000 prisonniers.
Mercredi 30 janvier : Comme d’habitude, le matin je
vais dans un Centre social. Avec les filles, nous parlons de la
famille, ses joies et ses souffrances qui sont nombreuses. Et de
ce qu’elles peuvent faire pour améliorer leur vie de famille. Il
a d’abord fallu que je mette les choses au point, car après la
pause elles restaient discuter entre elles. Cela réglé, nous
avons un échange très intéressant et animé.
L’après-midi,
écoute prévue à la prison des hommes. Mais nous ne pouvons
pas rencontrer les prisonniers car une visite des autorités
pénitentiaires est prévue. Ce sera pour la semaine prochaine.
Le
soir, première séance d’une série de conférences pour
préparer les élections.
Mardi 29 janvier : Nous sommes appelés d’urgence, les coordinateurs des Commissions Justice et Paix, pour préparer les élections présidentielles du 24 février. Les fonds fournis par des ONG ayant beaucoup tardé, il nous faut agir très vite. Le Gouvernement a accordé à l’Eglise catholique 1.000 observateurs pour les élections présidentielles. Même si un certain nombre d’entre eux à déjà fait ce travail, il nous faut assurer une nouvelle formation d’approfondissement et mettre les nouveaux au niveau. Nous commençons par la formation des formateurs. Il nous faut aussi prévoir leur répartition, leurs voyages et leur prise en charge sur tout le pays. Heureusement, les gens sont très accueillants et les habitants les soutiendront. Mais de leur côté, il faudra bien observer et rendre compte aussi des tensions, des violences et des irrégularités. Alors ce sera à notre tour d’examiner leurs comptes-rendus et de les analyser.
Lundi 28 janvier : Le matin, travail à la maison. L’après-midi, « écoute » dans deux prisons, comme d’habitude.
Dimanche 27 janvier : Nous continuons la prière pour
l’unité. Ce dimanche, je suis invité à prêcher dans le Temple
de l’Eglise protestante. Je les connais bien, aussi je me
sens à l’aise, et je suis d’ailleurs très bien accueilli. Ils
tiennent à ce que j’assiste même à leur assemblée générale
annuelle et me demandent mon avis, ce que je fais, mais bien sûr
avec retenue et discrétion.
Ensuite, je profite d’être en
ville pour faire quelques visites de familles que je n’ai
pas rencontrées depuis longtemps. Mais surtout je vais voir un ami
de longue date, venu depuis St LOUIS, au nord du pays, pour être
hospitalisé à Dakar. Tous ses parents de Dakar se sont rassemblés
autour de lui. Après avoir parlé ensemble et échangé conseils et
encouragements, nous prenons le temps de prier ensemble.
Après
cela, je pars à Saint Paul de Grand Yoff, dans une des paroisses de
la grande banlieue où j’ai servi en 2011 à mon retour de Guinée,
pendant trois années. Aussi, j’y ai beaucoup d’amis. C’est la
fête de la paroisse qui se tient dans un Collège, faute de place à
l’église. La fête se continue jusque tard dans la nuit. Mais
ensuite, il nous faut tout nettoyer, jusqu’à 6 heures du matin,
pour que les cours puissent reprendre normalement à 8 heures.
Samedi 26 janvier : Prière à la grande prison, comme chaque samedi.
Vendredi 25 janvier : Je commence par organiser un
voyage pour deux Guinéens, ce qui n’est pas facile !
A
midi, je pars dire la messe à l’Hôpital. J’ai la joie
de voir tout un groupe d’étudiants. Ce sont les jeunes qui
viennent habituellement qui ont invité leurs camarades. Du coup,
nous pouvons organiser trois équipes, qui vont visiter les trois
hôpitaux du secteur. Cela nous donne un bon coup de main. Les
malades et leurs familles son heureux.
Le soir, je vais
dans un Temple méthodiste pour la clôture de la Semaine de prière
pour l’unité des chrétiens. Les prêtres et les pasteurs
des différentes Eglises s’y rencontrent. Nous nous connaissons
bien, et après la prière nous restons un bon moment à parler
ensemble.
Jeudi 24 janvier : Comme chaque semaine, je vais dans la
deuxième grande prison de Dakar pour rencontrer les
prisonniers.
Rappel : Hier soir, rencontre de
fiancés. Ils sont plus de 100. Nous parlons de l’amour, de la vie
conjugale et du sacrement de mariage. Le groupe est très dynamique
et beaucoup participent activement avec leurs questions mais aussi
leurs contributions. Je suis très heureux de cette rencontre qui me
redonne le moral. Ca fait du bien ! J’aime beaucoup ces
rencontres avec les fiancés.
Mercredi 23 janvier : Le matin, au Centre des Jeunes
Filles, nous abordons la question des élections. C’est une
question importante, d’abord parce que beaucoup de filles ne
savent pas voter, et certaines n’ont pas encore de carte
d’identité. Ensuite, avec toutes, nous voyons comment nous
préparer, connaître les programmes des candidats et comment
choisir. Ensuite, comment faire passer l’information auprès des
autres personnes et les conscientiser pour qu’elles votent. Et
surtout comment éviter la violence, avant, pendant, et après les
élections. Une discussion très intéressante.
Je mange avec
nos étudiants en philosophie. Puis je pars rapidement à la
prison de Rebeuss pour notre 2ème séance d’écoute
auprès des prisonniers volontaires. Le responsable du
service social était en congés. Il est de retour. Nous prenons le
temps de repréciser les choses, puis nous accueillons les détenus
qui se sont inscrits. Nous prenons le temps qu’il faut avec
chacun. Mais nous ne pouvons accueillir tout le monde dans le temps
qui nous est imparti. Nous reprendrons et terminerons cette liste la
prochaine fois.
Mardi 22 janvier : Je continue mon travail à la maison.
D’abord, les commentaires d’Evangile du mois de février que
j’enregistre chaque jour pour la radio et que j’enverrai
par mails et sur Face Book. Puis je finalise le projet
d’action sociale pour les plus nécessiteux et dans le
secteur informel des religieux et religieuses, à partir des
différentes remarques et propositions qui m’ont été faites.
Nous le présenterons ensuite pour approbation à tout le groupe,
avant sa mise en pratique. C’est vraiment un gros travail et très
important pour tous. Je passe ensuite à la rédaction de documents
pour les prochaines élections présidentielles afin de fournir
une base de travail aux paroisses et aux Commissions Justice et Paix
qui chercheront ensuite à le partager avec le maximum de citoyens,
et pour la formation des observateurs.
Le soir, je pars
assister à un panel dans le cadre de la Semaine de l’unité
des chrétiens : un représentant de chaque Eglise présente
leurs actions sociales, en particulier pour la Justice, la Paix et
le Respect de la Création (Ecologie et Environnement). Cela nous
amène à un échange intéressant.
La nuit, je vais rejoindre
le CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains).
Après la visite de terrain d’un de nos membres, nous nous
retrouvons pour voir comment lancer une formation et des actions en
faveur des droits humains auprès des ethnies minoritaires de l’Est
du Sénégal (bassaris, coniagjuis, bendiks, diankhankés,….) qui
sont souvent méprisées et oubliées.
Lundi 21 janvier : Une amie sénégalaise m’a envoyé
de l’argent pour soutenir notre travail auprès des prisonniers,
par téléphone. Ce matin, c’est la 3ème fois que je
retourne au cyber pour recevoir cet argent. Mais pour une
3ème fois on me dit qu’il n’y a pas de connexion. Il
y a de plus en plus de techniques modernes qui se mettent en place.
Le problème c’est que souvent ça ne marche pas.
Entre les
différentes interruptions dans mon travail, j’en profite pour me
mettre à jour dans mon courrier et mes envois.
L’après-midi,
je devais aller dans deux prisons, mais nous n’avons toujours pas
reçu l’autorisation pour l’année 2019.
Dimanche 20 janvier : Depuis plusieurs jours j’avais
des problèmes avec mon ordinateur : on me demandait de
renouveler ma licence et je ne savais pas comment faire. Je l’ai
donc apporté avec moi à PIKINE où j’ai gardé de nombreuses
relations. Un ami informaticien l’a pris en charge et aujourd’hui
il me le ramène. Il en a profité pour faire un certain nombre
de réglages.
Ce matin, je continue dans une autre paroisse en
formation. Le responsable est parti au PANAMA avec 3 jeunes,
participer aux J.M.J. (Journées Mondiales de la Jeunesse).
Après la messe, je tiens une première réunion de sensibilisation
sur les élections présidentielles du 24 février. En effet,
il y a beaucoup de tensions et d’agressivité. Il est donc
important de réfléchir avec les gens et voir comment assurer un
minimum de paix et de respect mutuel. De plus beaucoup d’électeurs
n’ont pas encore retiré leur nouvelle carte d’identité
informatisée nécessaire pour voter. D’autres ne savent pas
très bien voter. Une formation est nécessaire pour des
élections claires et aux résultats acceptés par tous. Il faut
aussi assurer des rencontres avec les représentants des différents
candidats pour connaître leurs programmes. Enfin, on a demandé à
l’Eglise de fournir 1.000 observateurs (sur 4.000 pour la Société
Civile) et il va falloir les former. Tout cela demande beaucoup de
travail et d’organisation. Il est temps de s’y mettre
sérieusement.
L’après-midi, je reçois un appel
téléphonique m’annonçant le décès d’une petite fille
que j’ai suivie à l’Hôpital pendant plusieurs semaines. Je
pensais la visiter à nouveau demain. Cela me rend très triste.
Juste avant de mourir, en se sentant partir, elle a demandé à sa
mère qui la veillait d’allumer une bougie. Je lui avais apporté
la Communion et vous avions prier ensemble avec elle et toute sa
famille. Elle a beaucoup souffert, car les soins palliatifs ne sont
pas encore mis en pratique, faute de moyens et de formation.
Je
suis resté manger avec les confrères et les amis de passage.
Depuis plusieurs jours, on me demandait de renouveler la licence de
mon ordinateur. Encore des frais supplémentaires !
Heureusement, je connais un ami informaticien qui va me mettre cela
en place, car pour moi ce n’est pas évident. Je vais le
rencontrer et j’attends donc tout l’après-midi qu’il effectue
les opérations ; je rentre tard le soir, pressé de me
reposer un peu.
Samedi 19 janvier : Je ne peux pas aller à la prison
(le curé de la Cathédrale me remplace), car nous avons une
rencontre de la pastorale des malades, pour préparer leur
pèlerinage. Des délégués sont venus des différentes paroisses
de la ville. Nous faisons d’abord l’évaluation de nos
différentes activités dans les hôpitaux, cliniques et
dispensaires, mais aussi dans les familles et les quartiers auprès
des malades, handicapés et personnes âgées, qui sont souvent
seules et parfois même abandonnées, car la solidarité
traditionnelle joue de moins en moins, malheureusement. Ensuite,
nous préparons le pèlerinage dans ses différentes dimensions, ce
qui est un gros travail. Heureusement, certains d’entre nous ont
une longue expérience et cela arrange bien les choses. Comme à
chaque fois que c’est possible, nous restons manger ensemble, ce
qui nous permet de continuer notre partage d’une façon plus
libre, et de parler de beaucoup d’autres choses encore.
Ensuite,
je rejoins directement mon ancienne paroisse où je dis la
messe. En effet, le curé a fait un AVC et pour le moment il ne peut
pas assurer ce service. Cela me permet de rencontrer, à la sortie
de la messe, de nombreux amis que je n’ai pas vus depuis quelque
temps.
C’est aussi le 60ème anniversaire de
l’ouverture du dispensaire de la paroisse. Même si
j’arrive en retard, je revois tout de même beaucoup de monde et
j’encourage le personnel avec qui nous avons beaucoup travaillé
dans le passé.
Vendredi 18 janvier : En pleine nuit, j’ai été
réveillé par l’étudiant venant du KENYA pour apprendre le
français, présent dans notre communauté. Il se sentait mal. Je le
conduis donc aux urgences de l’hôpital dont je suis
l’aumônier. Je suis bien accueilli car on me connaît. Le médecin
demande que l’on fasse une radio. Je vais au service de
radiologie. On me dit : « Il n’y a pas de film. Revenez
demain ». C’est le problème habituel. On construit des
hôpitaux, souvent avec une aide extérieure, mais ensuite il n’y
a pas les moyens pour le fonctionnement. Cela est un problème
général et très grave.
Le matin, je ramène donc notre
étudiant. Finalement, les films arrivent et il est pris en charge
vers 15 heures.
Entre temps, je pars dans un nouveau centre
social de jeunes filles beaucoup plus important que celui où je
vais déjà : plus nombreuses et d’un niveau « supérieur »,
comme je l’expliquais dans mon dernier envoi. A partir de la façon
dont elles ont vécu Noël, musulmanes comme chrétiennes, nous
abordons la question des relations et des engagements entre
croyants des deux religions. Dans un deuxième temps, nous
examinons les vœux que nous nous sommes donnés en ce début
d’année, et ce qu’il faut en penser. Comment les dire avec
sincérité et comment les mettre en pratique. Une réflexion très
intéressante.
Je pars ensuite à l’hôpital. Après la
messe, avec la responsable des agents de santé catholiques nous
préparons une réunion du bureau pour organiser les activités de
cette année. Ensuite, nous nous divisons en plusieurs équipes pour
visiter les malades, pendant que de leur côté les musulmans
terminent leur prière à la Mosquée. J’ai la joie d’apprendre
que certains sont guéris et retournés chez eux, en même temps
qu’on me présente de nouveaux malades. J’essaie de m’adapter
le mieux possible à chaque nouveau cas, de même que je découvre
des nouveaux soignants : des étudiants sénégalais, mais
aussi des médecins de différents pays venus faire un stage
pratique au Sénégal. Certains malades sont là depuis plusieurs
mois ou sont revenus après une rechute. C’est plus difficile de
les garder dans l’espérance.
Ce vendredi, nous commençons
la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Nous nous
rassemblons dans le Temple de l’Eglise protestante. Je
connais bien les gens car j’y suis venu plusieurs fois pour
participer à leur culte et faire l’homélie. Nous nous retrouvons
avec des pasteurs et des fidèles des différentes Eglises et
prenons tout notre temps pour prier, et ensuite échanger des
nouvelles. Nous allons continuer à nous rencontrer tout au long de
la semaine. Mais surtout nous continuerons prières et actions tout
au long de l’année.
Jeudi 17 janvier : Je vais au Camp Pénal, la deuxième
grande prison de Dakar où se trouvent ceux qui sont déjà jugés
et condamnés, un certain nombre à 100 ans et plus. En effet, tout
usage de drogue est criminalisé (et pas seulement pénalisé),
sans aucune distinction : les simples utilisateurs,
cultivateurs ou vendeurs de drogue « douce » comme la
marijuana (diamba) sont condamnés au même titre que les grands
dealers de cocaïne, d’héroïne ou autre drogue dure. La question
est posée depuis longtemps, mais sans solution.
Ce matin, je
vais donc à cette prison. Mais là, nouveau problème : il y a
une cérémonie officielle (on ne me dit pas laquelle !) et
donc je ne peux pas entrer dans la prison. Pourtant, j’y
viens chaque semaine et ils ont mes coordonnées. Ce n’est
vraiment pas facile de travailler !
12 heures. Je retourne
à notre séminaire pour rencontrer les étudiants de 2ème
année, sur leur engagement pastoral. Les étudiants aiment beaucoup
cette rencontre qui leur permet de voir plus clair dans leurs
engagements et de se sentir soutenus et accueillis. Ce contact me
plaît aussi beaucoup, et je suis frappé à chaque fois par leur
sérieux et leur volonté de mieux faire.
Le soir, rencontre de
la communauté anglophone ; nous échangeons nouvelles
et actions avant de partager sur l’Evangile du dimanche suivant,
puis de prendre un temps de prière. C’est toujours un temps de
joie et de partage où ces personnes vivant en pays étranger sont
heureuses de se retrouver pour se connaître et s’encourager.
Vendredi 16 janvier : Aujourd’hui, je ne vais pas au
Centre social des jeunes filles. Nous nous rencontrons avec les
Pasteurs des différentes Eglises protestantes de la ville
pour finaliser la semaine de prières pour l’unité des chrétiens,
à laquelle nous participons chaque année. Le problème c’est
que cette semaine est toujours préparée au dernier moment et
qu’elle n’a pas de suivi. De plus, on se contente d’une prière
dans un seul lieu de culte pour chaque Eglise au lieu de prier dans
chacune des paroisses, et aussi dans les écoles et différents
groupes et Mouvements. Il va falloir revoir sérieusement la
question… à condition que les responsables concernés
l’acceptent ! Le thème de cette année est très intéressant
et important : « Tu rechercheras la justice, rien que la
justice » (De 16 18-20). Nous prévoyons une action
commune pour la justice et les plus démunis, dans les semaines
qui viennent. Il y a beaucoup de choses à mettre au
point.
L’après-midi, je pars à la grande prison de Dakar
où sont détenus les hommes en attente de jugement (Maison
d’arrêt). Ils y sont plus de 2.000, plus du double des places
disponibles, ce qui entraîne des conditions de vie très difficiles
dans une très grande promiscuité. Certains attendent jusqu’à
6-7 ans avant d’être jugés (pour des crimes ou problèmes de
drogue), et la plupart font au moins 2 ou 3 ans, la justice manquant
de moyens et de personnels pour assurer son travail. Tout cela
entraîne beaucoup de tensions et de problèmes psychologiques.
Jusqu’à maintenant, on nous autorisait seulement à dire la messe
pour les chrétiens. On nous disait : « Vous êtes
l’aumônerie pour les catholiques » , alors que nous disions
que c’est l’aumônerie catholique pour tous les prisonniers. Les
responsables de la prison sont venus à notre prière de Noël et
ils ont été très impressionnés par le sérieux, le climat de
paix de la célébration, et la participation responsable des
détenus. En particulier, le théâtre après la messe où ils ont
exprimé leurs souffrances, mais aussi ce qu’ils font pour mieux
vivre. Du coup on nous a donné l’autorisation de rencontrer
personnellement « en écoute » les détenus qui le
désirent, quelles que soient leur nationalité ou leur religion,
comme nous le faisons dans les autres prisons de la ville. Nous
avions déjà une équipe de volontaires formés pour cela. Nous
pouvons donc commencer tout de suite. La semaine dernière, j’ai
rencontré le responsable du service social pour finaliser la
décision et bien préparer. Ce mercredi, nous venons donc en équipe
pour commencer nos rencontres « en écoute », dès
maintenant. La salle a été bien préparée pour avoir un minimum
de discrétion. Les candidats sont nombreux, nous ne pouvons pas
recevoir tout le monde, car nous voulons aussi prendre le temps
nécessaire avec chacun. De toutes façons nous allons revenir
chaque semaine.
Mardi 15 janvier : Rencontre avec le nouvel économe
de la maison, pour régler les questions pratiques, et il y en a
beaucoup à voir !
A midi, je vais rencontrer les
étudiants en philosophie. Après le repas, je reçois un par un
les étudiants de 3ème année pour évaluer leur
engagement pastoral et leur travail dans les quartiers. Je ferai
venir les autres un autre fois.
Lundi 14 janvier : Nous nous retrouvons en réunion de
communauté pour revoir notre projet communautaire, suite à
la venue de Michel et de Thomas, un de nos étudiants venu du Kenya
pour apprendre le français et qui continuera ensuite ses études en
théologie ici. Puis nous passons à l’organisation concrète de
notre vie de communauté : la réparation et l’entretien de
la maison, qui est très vieille ; la recherche de finances vu
notre manque de moyens, assurer un meilleur accueil, etc… La
réunion dure longtemps et l’ambiance est bonne. A 11 heures, le
responsable de la pastorale de santé du diocèse vient me
rejoindre. Nous revoyons notre dernière réunion pour réorganiser
notre travail dans les hôpitaux et les quartiers auprès des
malades. Pour cela nous faisons un certain nombre de propositions
que nous présenterons à l’ensemble des aumôniers pour les
améliorations et mise en pratique. Nous nous retrouverons samedi
prochain pour préparer le pèlerinage des malades.
A 15
heures, je vais aux deux prisons comme d’habitude, mais
nous ne pouvons pas entrer car notre autorisation s’est
terminée le 31 Décembre. Nous avons déposé la nouvelle liste
depuis le mois d’Octobre au Ministère, mais elle n’est toujours
pas signée. Nous avons souvent des difficultés de ce genre. On va
essayer de régler le problème à l’amiable, comme d’habitude.
Dimanche 13 janvier : Messe avec les anglophones qui se
prolonge dans les conversations amicales.
Cette nuit, nous
avons reçu deux couples d’amis qui soutiennent l’internat
des élèves de KEDOUGOU, à l’Est du Sénégal (700 km de
Dakar), grâce à l’association qu’ils ont lancée. Ils restent
d’abord trois jours à Dakar pour prendre des contacts et parler
avec nous. Mercredi, notre procureur les conduira sur le terrain,
pour deux semaines. Nous prenons le temps de parler très longuement
et nos repas sont très animés. Nous venons également
d’accueillir dans notre Communauté, Michel, un confrère qui
travaillait à PIKINE il y a 30 ans. Après avoir été formateur au
postulat des jeunes qui veulent devenir spiritains (religieux
missionnaires), il a travaillé de longues années en Guinée
Bissao auprès des mandjaques, dont il a appris la langue quand il
était à Pikine.
Nous avons à peu près le même âge et
après avoir formé un jeune confrères en Guinée Bissa (BAJOB)
pour prendre la suite, il est venu à Dakar pour vivre sa retraite…
active. Je suis très heureux de sa venue, car nous nous connaissons
bien . En plus, il va me soulager dans mon travail en prenant
l’animation et l’entretien de notre maison d’accueil en tant
qu’économe, et également l’organisation de nos archives que
viennent souvent consulter des chercheurs et des étudiants. En plus
il va travailler avec les mandjaques, très nombreux à Dakar, soit
établis, soit comme migrants. Et participer à la formation de nos
étudiants. Ce qui va beaucoup nous aider. C’est vraiment une
bonne nouvelle pour nous. Et, de son côté, il préfère rester au
Sénégal et avoir une retraite active, au lieu de rentrer dans une
maison de retraite en France.
Samedi 12 janvier : L’après-midi, je suis à la Communauté où j’accueille les nombreuses personnes qui souhaitent me voir pour l’une ou l’autre chose, très différentes les unes des autres. Avec cela, la journée passe vite et il est déjà tard avant de pouvoir me mettre à l’ordinateur pour répondre aux messages et envoyer des documents.
Samedi 5 janvier : Prière à la prison. Les détenus sont toujours aussi nombreux et heureux de venir à la messe. Les prières sont toujours très animées, en particulier par les anglophones. A la fin de chaque messe, nous arrivons à prendre un petit moment pour parler avec eux. Mais nous avons reçu l’autorisation de les recevoir personnellement en écoute. C’est une grande joie pour nous. Nous allons commencer mercredi prochain.
Vendredi 4 janvier : Le matin, rencontre des éducateurs à un des centres sociaux où j’interviens pour faire le point du trimestre passé. Cela nous semble important, d’autant plus que nous avons réorganisé le centre en le simplifiant pour accueillir les jeunes filles de milieu populaire et plus nécessiteuses, en réduisant la formation de 3 ans à 2 ans pour donner une formation de base qui permette à ces jeunes filles de tenir leur maison et d’exercer des petites activités économiques. Quitte à ce que celles qui veulent continuer et approfondir leur formation puissent aller dans un autre centre, d’un niveau de formation supérieure, pour avoir un travail professionnel ensuite.
Mais notre souci principal, c’est la préparation des élections présidentielles du mois de février. Il y a une tension très grande. Il y a une profusion de candidats. L’Assemblée a voté une loi instituant le parrainage des candidats. Sur les 27 candidats, 7 ont satisfait les exigences du parrainage mais 2 sont sujets à des condamnations. Tous ceux qui ont été repoussés sont évidemment très en colère et cela a causé tout un climat de violence. Pour le moment, ce sont des violences verbales mais nous avons très peur que la situation s’aggrave avec le temps.
Jeudi 3 janvier : Les activités reprennent avec une journée bien chargée. Le matin, je reprends l’écoute à la prison. Le soir, enregistrement d’une émission à la télévision, sur la Lettre du Pape, sur la journée mondiale de la paix, en réflexion des prochaines élections présidentielles qui entraînent déjà de graves tensions dans le pays qui sont inquiétantes.
Mercredi 2 janvier 2019 : La fête se continue. Les gens n’ont pas repris le travail. J’en profite pour lire et me reposer.