Armel Duteil

Nouvelles de 2013

  • Mardi 31 décembre : Dernier jour de l’année. Nous recevons de nombreuses visites, en particulier de gens qui n’ont pas la possibilité de fêter la fin de l’année. Et aussi de nombreux cas sociaux. Visite également d’un jeune laïc qui voudrait travailler davantage et s’engager avec nous, les spiritains. Nous en parlons ensemble longuement.
    A 21 heures, nous commençons une veillée de prières pour la fin de l’année. Pour demander pardon, rendre grâces à Dieu pour les bonnes choses que nous avons vécues cette année, et aussi offrir l’année nouvelle. La messe se termine juste à minuit, pour nous souhaiter une bonne année. Puis nous nous retrouvons tous ensemble pour un petit réveillon, chacun ayant apporté quelque chose.

  • Lundi 30 décembre : Journée consacrée aux émissions radio. Ce matin, pour les radios communautaires et la radio municipale. L’après-midi, je pars en ville pour une grande émission spéciale, en français et en ouolof, sur le Message du Pape François sur la fraternité à l’occasion de la journée mondiale de la paix. Nous intervenons à trois, avec une étudiante responsable de la JEC, et une femme responsable de l’association des Femmes Catholiques. Nous en sortons très satisfaits.
    Le soir, réunion d’une Communauté de quartier.

  • Dimanche 29 décembre : C’est la fête de la Sainte Famille. A la messe, les commentaires et l’homélie portent sur cette question. Elle est animée par les chrétiens mariés. Les enfants ont une liturgie de la Parole adaptée et viennent au moment de la profession de foi. Nous bénissons les mariés de cette année et accueillons les familles nouvellement venues.
    Après la messe, rencontre avec un nouveau groupe de jeunes, sur l’engagement dans le quartier et la Société Civile. Toujours aussi intéressant.
    Puis je pars pour mon émission radio, comme chaque dimanche, pendant que commence la fête de Noël des enfants. Les enfants chrétiens se retrouvent ensemble avec leurs camarades musulmans qu’ils ont invités. Ils présentent du théâtre, des chants et des danses. Malgré leur situation de pauvreté générale, nous avons tenu à leur demander une participation financière, pour lutter contre la mentalité d’assistés et de mendicité, qui a trop tendance à se développer. Au regret de tous, nous devons nous séparer à la tombée de la nuit,

  • Samedi 28 décembre : Je reçois une jeune fille guinéenne que j’avais connue et suivie quand j’étais en Guinée. Elle est maintenant en formation au Sénégal pour devenir religieuse. Elle a cherché mon adresse, et aujourd’hui elle me fait la surprise de venir me voir. Nous allons continuer nos rencontres régulièrement.
    L’après-midi, thé-débat. C’est traditionnel au Sénégal. On se retrouve un après-midi, et on parle ensemble sur un thème choisi à l’avance, en buvant une série de trois verres de thé (« les 3 normaux ») : le 1er, amer ; le 2ème, plus doux ; le 3ème, sucré. Aujourd’hui, il y a une cinquantaine de jeunes. Nous parlons ensemble de l’engagement des jeunes dans le quartier. Le thème a été choisi avec soin car les jeunes chrétiens sont très minoritaires et en conséquence ils ont tendance à se refermer sur eux-mêmes. Nous voyons comment il peuvent s’engager davantage dans les quartiers et travailler ensemble avec les jeunes musulmans.

  • Vendredi 27 décembre : Je devais partir au Sud du Sénégal, en Casamance. Malheureusement, il n’y a plus de place dans le bateau et le voyage en avion coûte trop cher. Ce sera pour une prochaine fois ! Je devais lancer une fraternité spiritaine et rencontrer des jeunes qui veulent devenir missionnaires.
    Je reste sur place et commence à liquider une partie du travail que j’ai en retard ; mais en fait, je n’avance pas beaucoup, car c’est la période des vacances et je reçois beaucoup de visites d’amis… mais aussi de nombreuses personnes qui viennent chacune avec son problème. Mais il n’est malheureusement pas possible d’aider tout le monde.

  • Jeudi 26 décembre : Jusqu’à maintenant, je travaille dans les radios municipales et communautaires. Le diocèse veut lancer, depuis longtemps, une radio catholique. Le démarrage est prévu pour le 1er Janvier, et on me demande de présenter la lettre du Pape sur la Fraternité, chemin et fondement de la paix. C’est un thème important et le message aborde beaucoup de points essentiels. Ce n’est pas facile de les présenter valablement, d’une manière adaptée à nos réalités de vie, et en ouolof.

  • Mercredi 25 décembre : Messe du jour. Le maire, musulman, vient assister à notre prière, car il tient à ce que les chrétiens, bien que très minoritaires, aient leur place dans la ville. A la sortie, il est interviewé par la télévision. Puis nous le recevons à la maison, où nous parlons de la vie de la municipalité et des choses à faire.
    Le midi, nous nous retrouvons avec les Frères et les Sœurs de notre paroisse. Nous sommes très nombreux et internationaux. A la fin du repas, chacun chante dans sa langue. Malheureusement, je ne peux pas rester jusqu’au bout, car je dois assurer une émission spéciale de Noël à notre radio communautaire.

  • Mardi 24 décembre : Enregistrement d’émissions spéciales pour plusieurs radios, sur la Fête de Noël. Des journalistes musulmans viennent aussi m’interviewer sur le sens de cette fête, et en quoi les musulmans sont concernés et peuvent vivre eux-mêmes le sens de la Fête. En effet, Jésus et Marie, ils connaissent. On en parle très souvent dans le Coran.
    Mais il y a toutes les préparations de la fête qui sont importantes, car c’est une grande fête. En même temps, il nous faut rester disponibles à tous ceux qui font appel à nous. Et puis, la vie continue. Je me retrouve avec quelques membres de la Commission Justice et Paix, pour préparer la Journée Mondiale de la Paix, du 1er Janvier.
    La Nuit, je célèbre la messe dans le quartier à Thiaroye. Nous commençons par une veillée très bien préparée par les jeunes. Les chorales ont bien préparé leurs chants et la célébration est très animée. A la fin de la messe, on me demande de danser pour dire merci à Dieu : je rentre dans la foule et fais danser tout la monde ! Le réveillon ne dure pas longtemps, car la messe a été longue, nous avons beaucoup travaillé, et il nous faut remettre cela demain…. ou plutôt… tout à l’heure !

  • Lundi 23 décembre : Depuis plus de 8 jours, nous n’avons plus de connexion Internet. Je vais dans une communauté de religieuses voisine. J’y travaille presque toute la journée, car les choses se sont accumulées.
    L’une des religieuses travaille avec les enfants de la rue. J’en profite pour parler avec elle des enfants de Pikine.

  • Dimanche 22 décembre : L’Evangile d’aujourd’hui, qui parle du mariage de Joseph et Marie, me donne l’occasion de parler, au cours des différentes messes, du mariage et de la sexualité. La question n’est pas simple et les problèmes nombreux, surtout que les gens sont divisés entre la culture traditionnelle et les tendances modernes étrangères.
    L’après-midi, émission radio en direct, en ouolof, comme chaque dimanche, pour la radio communautaire.

  • Samedi 21 décembre : L’après-midi, formation avec les scouts, au sujet de l’engagement. Nous voyons les choses à différents niveaux : en tant qu’homme, en tant que citoyen, en tant que chrétien, enfin en tant que scout. Chacun explique comment il comprend les choses et comment les vivre.

  • Vendredi 20 décembre : Nous sommes déjà en pleine préparation de Noël avec tout le travail que cela suppose, tout en continuant nos activités habituelles.

  • Jeudi 19 décembre : Depuis huit jours, nous n’avons plus de connexion Internet. Je pars donc en ville pour consulter mes mails dans un Cyber et envoyer mes émissions radio par Internet. Mais trois fois de suite, il y a coupure de courant et tout est à recommencer. A la fin, j’abandonne ! J’ai quand même pu lire et répondre à quelques messages.
    Au retour, je m’arrête dans plusieurs écoles pour voir la possibilité d’animations avec nos jeux éducatifs sur les droits de l’enfant.
    Cette nuit, je devais aller à une réunion de Communauté de quartier ; mais il fait plus frais le nuit, j’ai pris froid et je suis enrhumé, j’ai mal à la tête et j’ai de la fièvre. Je préfère me coucher, en espérant que le palud ne va pas en profiter pour une nouvelle attaque. Mais je dors mal. Vers 16 heures, j’en ai assez de me retourner dans mon lit. Il y a du courant. Alors je préfère me mettre à l’ordinateur et travailler à mes commentaires d’Evangile, car j’ai du retard et ceux qui s’occupent du site du diocèse attendent. Et il faut aussi que je les retravaille pour les livrets que je pense en tirer.
    L’après-midi, rencontre avec les Sœurs, puis confessions dans une autre paroisse du secteur. Je profite de la voiture d’un confrère. Il y a de nombreux bouchons et nous mettons presque 3 heures pour y arriver.
    Tous ces jours-ci, il y a un grand rassemblement des musulmans mourides en l’honneur du départ en exil de leur fondateur Cheikh Amadou BAMBA, au temps de la colonisation. Plusieurs centaines de milliers de pèlerins, venus de nombreux pays (on a parlé de 3 millions de personnes) ; c’est la Confrérie musulmane la plus nombreuse du pays. Elle donne une grande place à l’obéissance aux chefs religieux et au travail. Ils tiennent le commerce au Sénégal. Vu leur importance, le Président de la République et ses ministres, comme les chefs des partis d’opposition, ont fait le voyage. Le grand imam a fait plusieurs recommandations, appelant en particulier à la paix et à l’entente entre les religions aussi bien qu’entre les partis politiques.

  • Mercredi 18 décembre : Ce matin, je reçois beaucoup de monde : des gens dans le besoin, un prisonnier libéré, des jeunes qui ont des problèmes de famille, d’autres qui cherchent du travail. Puis on vient me chercher pour une femme que je connais, qui s’est battue avec une voisine et qui est arrêtée au Commissariat.
    Je rentre à temps pour célébrer l’enterrement.
    Aussitôt après, enregistrement de deux émissions pour la radio municipale, avant de travailler avec le responsable « Justice et Paix » et de partir aider pour les confessions dans une paroisse voisine. Encore une journée bien remplie !

  • Mardi 17 décembre : Le nombre de nos étudiants augmente. Il nous faut construire un nouveau Centre de philosophie. Nous nous retrouvons pour poser les bases du projet et voir comment trouver les moyens nécessaires.
    Je passe l’après-midi avec des éducatrices de Jardins d’enfants.
    Le soir, je vais à la veillée mortuaire dans une famille, dont je vais célébrer les obsèques de la mère demain. Je parle longuement avec eux et nous préparons la cérémonie ensemble, avant la prière.

  • Lundi 16 décembre : Dans nos quartiers, beaucoup d’enfants traînent dans la rue. Depuis longtemps, déjà à St Louis dans les années 1980, j’essaie de les accompagner. Les deux dernières années, à mon poste précédent, je travaillais avec une association des enfants de la rue. Ici, nous nous retrouvons avec des éducateurs pour commencer à voir ce qu’il serait possible de faire à Pikine.
    Ensuite, réunion du Bureau des Spiritains du Sénégal, dont je fais partie. Nous voyons les différents aspects de l’animation de notre région. Nous préparons en particulier un voyage dans le sud du pays, en Casamance. Puis nous travaillons les questions de vocations, de Justice et Paix, et des Fraternités spiritaines.
    L’après-midi, rencontre avec des éducateurs aux Droits Humains. Il y a 25 ans, j’ai participé au lancement du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Nous avons composé de nombreux jeux et autres instruments pédagogiques. Nous avons assuré de nombreuses sessions de formation pour enseignants, éducateurs, responsables de mouvements et d’associations, etc… Certains ont appris que je suis à Pikine. Ils viennent me voir pour lancer de nouvelles activités. Bien sûr, je suis d’accord. Nous réfléchissons ensemble à ce que nous pouvons faire.
    A 14 heures, à la sortie des classes, confession des enfants, puis des adultes, jusque tard dans la soirée.

  • Dimanche 15 décembre : Nous continuons les formations et la mise en place de nos Commissions. Aujourd’hui, c’est la Caritas. Pour beaucoup, c’est devenu un simple organisme d’assistance et de distribution . Au risque de faire des gens des mendiants ou des assistés. Nous commençons par voir quels sont les besoins des demandeurs et du pays tout entier. Puis nous réfléchissons : que faire pour aider les gens à retrouver leur dignité et à se prendre en mains ; comment aider le pays à avancer et comment mettre en place des projets de développement ; comment aider les gens à tous les niveaux, pas seulement au niveau matériel. Et encourager les personnes et les différents services à jouer leur rôle, à prendre leurs responsabilités.
    Dès la fin de la formation, je pars pour mon émission radio du dimanche.

  • Samedi 14 décembre : Un certain nombre de personnes ne travaillent pas. Beaucoup viennent nous voir pour préparer les activités de la semaine. Ce qui est très important.
    Ensuite, réunion de la Commission Justice et Paix de la paroisse. A ce niveau, les choses se précisent et les actions ont commencé. C’est un grand encouragement pour tous car cela correspond à un vrai besoin. Vous en recevrez bientôt le compte-rendu.

  • Vendredi 13 décembre : Messe tôt le matin dans un quartier, avant le départ au travail. Puis réunion des prêtres du doyenné pour voir comment réactiver les commissions Justice et Paix des différentes paroisses.
    Ensuite, je termine mon travail sur la Caritas qui traîne depuis longtemps. Vous avez dû le recevoir maintenant par mail.
    Le soir, confessions. Les gens sont très nombreux à se confesser. Nous en avons pour plusieurs heures, à environ 15 prêtres à chaque fois. Ensuite, les prêtres restent manger ensemble, ce qui approfondit nos liens

  • Jeudi 12 décembre : Je travaille à certains de mes documents, car j’ai beaucoup de retard, et avec l’arrivée de Noël je suis bien occupé.
    Un Congolais vient demander de l’aide. A l’annonce de son nom, je sais qu’il est lari, une ethnie Kongo dans laquelle j’ai travaillé durant les années 60-70. Je n’ai plus parlé sa langue depuis 1975, mais ça me revient immédiatement. Bien sûr, il en est très heureux, et moi aussi.
    Le soir, je vais assister à une nouvelle réunion de quartier. Les choses se mettent en place peu à peu.
    Puis je vais rencontrer le technicien radio qui monte mes émissions. J’ai de la peine à les envoyer en MP3 par Internet, car il ne fonctionne pas bien. Nous essayons de trouver une solution…

  • Mercredi 11 décembre : Le matin, enregistrement radio. Aujourd’hui, je reçois un jeune, responsable d’un nouveau parti politique. Nous préparons les élections locales, il me semble important de soutenir les jeunes qui s’engagent, et les nouveaux partis qui amènent des idées et des actions nouvelles… même s’ils n’ont pas beaucoup de chance face aux gros mastodontes traditionnels qui ont le soutien et les moyens financiers pour s’imposer.
    Un groupe de Camerounais qui vient d’arriver au Sénégal nous demande de les accueillir. Hier, c’était deux femmes de Centre Afrique, venues avec des enfants. On se demande comment elles ont pu arriver jusqu’ici ! Elles sont complètement traumatisées.
    L’après-midi, rencontre des Mouvements des enfants et des jeunes. Je passe faire un tour pour les saluer et travailler avec eux.
    Mon ordinateur est complètement foutu. J’en ai récupéré un ancien, mais malgré de nombreuses interventions d’un technicien, on n’arrive pas à la remettre en état. Cela me bloque beaucoup dans mon travail. Il va falloir trouver une solution.

  • Mardi 10 décembre : Journée de travail avec les délégués de la Caritas (Secours Catholique) de la ville. Un conférencier nous aide à réfléchir à la situation actuelle du Sénégal. A partir de là, nous voyons comment répondre au mieux à cette situation, en mettant à l’action le maximum de personnes et en travaillant avec les pouvoirs publics. Il y a du travail à faire ! En particulier, pour responsabiliser davantage les personnes nécessiteuses et leur donner les moyens d’agir par elles-mêmes pour s’en sortir. Mais nous manquons beaucoup d’imagination et de créativité pour agir efficacement avec les petits moyens qui sont les nôtres, sans toujours attendre l’aide de l’extérieur. Le problème va être comme toujours de mobiliser les gens sur le terrain et de passer à l’action.
    Le soir, je pars dans une paroisse voisine. Nous commençons les confessions de Noël. Chaque jour, nous partons tous ensemble dans une des 10 paroisses de notre doyenné, à tour de rôle. Ce qui favorise les choses mais aussi est un témoignage important de communion, en même temps qu’une joie de travailler ensemble

  • Lundi 9 décembre : Journée de travail à la paroisse. Je travaille sur mon ordinateur, tout en jetant un coup d’œil sur Internet, pour lire et envoyer des messages dès que la connexion revient.
    Le soir, messe solennelle pour la fête de l’Immaculée Conception. Puis je pars participer à la rencontre d’une Communauté de quartier. Nous avons lancé un programme et une nouvelle façon d’agir. Il faut le temps pour que les choses se mettent en place, mais les gens sont vraiment décidés et motivés pour faire avancer

  • Dimanche 8 décembre : En soirée, rencontre des Spiritains, comme chaque fois : missionnaires sur le terrain et étudiants. C’est une grande occasion de prière, de joie et de partage. Cette fois-ci, nous parlons en particulier de nos relations avec les familles de nos confrères partis travailler à l’extérieur. Puis de notre travail pour les vocations, et surtout pour Justice et Paix. Il y a encore du pain sur la planche.

  • Dimanche 8 décembre : 2ème Conseil paroissial. Depuis plusieurs mois, nous avons mis en place nos communautés de quartier. Elles ont démarré en octobre. Aujourd’hui, nous tenons notre première réunion d’évaluation. Je suis dans l’admiration devant l’engagement des gens. Nous avons pris des orientations nouvelles et lancé de nouvelles actions. Les communautés s’y sont mis avec beaucoup de créativité, en cherchant à s’adapter aux réalités locales.
    Nous passons ensuite aux commissions de Justice et Paix, et la Caritas (Secours Catholique).
    Puis nous prévoyons les différentes activités jusqu’en Février, en en confiant les responsabilités à différentes personnes. Nous prenons un temps pour réfléchir à l’inculturation de nos célébrations, mais aussi de nos communautés. Pour qu’elles soient davantage enracinées dans les cultures locales en y accueillant les valeurs et qualités traditionnelles. Et aussi pour animer les célébrations traditionnelles, dans un esprit chrétien.
    Nous parlons bien sûr des relations et du travail avec les musulmans. Nous voyons comment vivent les mouvements des élèves (JEC) et des jeunes travailleurs (JOC).
    Enfin, nous examinons notre engagement dans les médias : radio et télévision.
    Hier soir, nous avons accueilli des amis polonais qui nous soutiennent beaucoup. Ce midi, nous accueillons des amis sénégalais.
    Nous travaillons ensuite avec des catéchistes mandjaques, originaires de Guinée Bissao, pour voir comment mieux accueillir et mieux travailler avec les gens de cette ethnie.
    Puis je par animer l’émission radio du dimanche après-midi. Aujourd’hui, nous parlons de la vie dans les quartiers.

  • Samedi 7 décembre : Tôt ce matin, je reçois la visite d’un prisonnier qui a été libéré. Souvent, ils viennent me demander un soutien en argent, par exemple pour rentrer chez eux, ou une aide pour vivre, trouver un travail, etc… Lui, il ne me demande rien. Il a trouvé un travail au port. C’est un musulman, il vient seulement me remercier. Cela me touche beaucoup.
    A 10 heures, rencontre des responsables Caritas du doyenné. Nous passons beaucoup de temps à des questions de calendrier, d’organisation, d’élections et de protocole. Je réagis à cela pour que nous fassions de ces rencontres des évaluation de nos actions et de réflexion. Et aussi de reprendre le travail à la base. Le mois prochain, nous allons prendre un temps de réflexion et de formation sur ce qu’est la Caritas et sur les façons de travailler. Notre Caritas se limite souvent aux aides ponctuelles mais est trop peu engagée dans le développement, l’action sur les structures et le travail avec les autorités et la société civile.
    L’après-midi, mariage. Puis messe paroissiale. Je comptais travailler à l’ordinateur cette nuit, mais il n’y a pas de courant. Comme je suis assez fatigué, je vais me coucher

  • Vendredi 6 décembre : Comme chaque quinzaine, je vais au Centre des Jeunes Filles pour trois séances de formation. Au passage, je vais rencontrer le Bureau de l’aumônerie des prisons. Puis la secrétaire qui me donne un gros coup de main pour saisir mes textes. Je rentre rapidement pour recevoir les personnes qui m’attendent : contacts, besoins, confessions, pour terminer par la messe.

  • Jeudi 5 décembre : Ce matin, je termine le compte rendu de la rencontre Justice et Paix et je l’envoie pour vous par Internet à Jean-Jacques. Puis je prépare un autre document pour les élections à venir.
    L’après-midi, enregistrement d’une émission radio. Je reçois le responsable d’un mouvement d’éducation citoyenne. Il explique en détail le but et les actions menées.
    La nuit, je pars assister à une réunion de communauté chrétienne de quartier. Il me faut traverser un passage encore inondé depuis la saison des pluies. Je prends mon vélo sur l’épaule. Les gens sont venus nombreux. Nous sommes assis par terre en rond sur des nattes, à la lumière d’une bougie. Comme je vous l’ai expliqué, nous avons beaucoup travaillé ces deux derniers mois pour élaborer une méthode et un plan d’action, et pour former les responsables. Cela a bien marché et je suis très impressionné par le sérieux et l’engagement des gens.

  • Mercredi 4 décembre : Nombreuses visites. En particulier une Chaîne de Télévision vient m’interviewer sur le mariage, chose qui pose beaucoup de problèmes. Les gens sont divisés entre le mariage traditionnel, le mariage civil, et le mariage. Ce n’est pas simple. Nous commençons aujourd’hui une série de quinze émissions hebdomadaires. Cela va faire du travail, mais ça m’intéresse.
    L’après-midi, je reçois la visite d’un couple responsable de l’animation missionnaire à LILLE. Nous sommes en relation depuis longtemps, par lettres et Internet. Ils viennent nous visiter et voir comment nous travaillons. Nous échangeons longuement sur la vie de l’Eglise ici et en France. Je les quitte pour aller célébrer la messe du 8ème jour d’un ami d’enfance sénégalais à qui je suis allé donner le sacrement des malades la semaine dernière. Il a été enterré dans son village, en Casamance, au sud du pays. De nombreuses personnes qui n’avaient pas pu aller à son enterrement se retrouvent ce soir à cette messe. Après la célébration, je reste partager le repas avec les prêtres de la paroisse et plusieurs personnes. Je retrouve des Frères avec qui j’ai travaillé en Guinée et que je n’avais pas revus depuis mon départ.

  • Mardi 3 décembre : Il me faut me lever de bonne heure car c’est moi qui anime les prières et la messe cette semaine.
    Comme je dois rester en place, j’en ai profité pour donner un certain nombre de rendez-vous. Mais d’abord, le matin, nous nous retrouvons avec un architecte pour l’agrandissement de notre séminaire de philosophie… le moins cher possible, car nos moyens sont plus que limités. C’est un ami qui nous soutient beaucoup et il cherche les meilleures solutions possibles. Cela nous donne aussi l’occasion de parler ensemble. L’évêque de Mauritanie est là. Nous parlons des dernières élections que l’opposition a boycotté. Cela a permis à un parti islamique de prendre la place, ce qui ne nous réjouit pas, bien sûr.
    Le soir, j’accueille un couple qui se prépare au sacrement de mariage. C’est très intéressant et ils ont des choses à dire, puisqu’ils ont 4 enfants et plus de 10 ans de vie commune. Nous avons décidé qu’à partir de Janvier nous regrouperons les couples pour qu’ils se préparent ensemble au mariage, ce qui sera beaucoup plus enrichissant. Ils pourront ainsi se connaître, se revoir et se soutenir par la suite.

  • Lundi 2 décembre : Comme chaque mois, nous nous retrouvons tous les prêtres du secteur (doyenné, nous sommes une trentaine). Nous faisons le tour de nos douze paroisses et de nos différentes activités, ce qui nous demande du temps, mais est à la fois intéressant et important. Dans un 2ème temps, nous faisons le tour des différentes commissions. J’interviens spécialement pour celles dont j’ai la responsabilité : famille, Caritas, et Justice et Paix. Cela nous permet en même temps de mieux nous connaître et d’approfondir nos liens. Le tout se termine par un repas fraternel, simple, mais la chaleur fraternelle y est.
    A notre retour, beaucoup de personnes nous attendent comme à chaque fois que nous nous absentons.

  • Dimanche 1er décembre : Premier jour de l’an liturgique de l’Eglise. Nous fêtons l’année nouvelle dans la joie, mais cela ne nous empêche pas de travailler.
    Au Centre, nos 14 étudiants en théologie, dont 4 travaillent à la paroisse, viennent animer l’Eucharistie. Puis ils se présentent ; ils sont de 12 nationalités ce qui constitue une dimension internationale de communion et de complémentarité très importante et qui marque beaucoup les gens. Ensuite, les séminaristes rencontrent les jeunes de la paroisse.
    Pendant ce temps-là, je me retrouve avec les délégués Caritas de toutes les communautés, groupes et mouvements de la paroisse. Jusqu’à maintenant, la Caritas faisait surtout de l’accueil et du soutien matériel aux nécessiteux. C’est important et nous allons continuer bien sûr. Mais nous voulons élargir notre action et lancer des projets de développement, coopératives, AGR (Actions Génératrices de Revenus), GIE (Groupements d’Intérêt Economique), etc… Cela va nous demander de travailler avec les différents services des mairies et des différentes associations des quartiers. Ce qui est une très bonne chose. Nous voulons donner aux gens les moyens de s’en sortir par eux-mêmes, plutôt que de faire des distributions (sauf en ca de catastrophes bien sûr). Et aussi de les accompagner dans leurs démarches auprès des autorités et services sociaux. Vous en recevrez le compte-rendu bientôt dans votre boîte.
    L’après-midi, émission à une des radios communautaires de la ville. Notre équipe commence à se roder et nous faisons progressivement connaissance des responsables et techniciens.
    Le soir, nous sommes invités à une nuit de prière musulmane de la confrérie tidjane. Bien sûr, nous répondons à leur invitation, d’autant plus qu’ils étaient venus eux-mêmes à la fête de la paroisse en grand nombre.

  • Samedi 30 novembre : Je pars tôt pour aller à Dakar, participer à la rencontre de la Commission diocésaine de la famille. Nous travaillons le questionnaire reçu de Rome, préparatoire au Synode de la famille, en voyant à bien concrétiser les choses, selon nos réalités locales.
    Je les abandonne pour aller tenir ma conférence. La rencontre est organisée par une ONG (olympics) qui organise des activités sportives pour les handicapés profonds et déficients mentaux. Nous sommes quatre intervenants : un psychologue, une juriste, un imam et moi-même, pour la dimension chrétienne, tous travaillant bien sûr et engagés avec ces personnes. Après ces 4 interventions, de nombreuses personnes prennent la parole à leur tour. Elles ont des choses à dire, car ce sont pour la plupart des parents d’enfants ou adultes handicapés mentaux. Nous traçons des lignes d’actions. Mais le gros problème, c’est de mobiliser les pouvoirs publics, pour qu’ils lancent des actions suivies … et que l’argent prévu pour cela ne disparaisse pas ! Nous prenons nos contacts respectifs pour voir comment continuer à travailler ensemble.
    Je rentre rapidement, car je dois célébrer la messe dans notre 2ème secteur. Comme dimanche dernier, je dois présenter à tous ce que nous avons décidé pour la mise en place de nos communautés de quartier. Cela dure un peu longtemps, mais les participants sont très intéressés, car ils sentent le besoin d’avancer et d’améliorer les choses.

  • Vendredi 29 novembre : Nous n’avons pas encore fini le tour des mairies. Aujourd’hui, nous allons dans la 6ème (il en restera encore deux), toujours avec le même objectif. Là encore nous recevons un excellent accueil. De là je pars directement en ville, dans un Centre de formation de jeunes filles. J’y allais l’année dernière : c’était sur place. Malgré la distance maintenant, je vais continuer à y aller, car cela m’intéresse beaucoup… et elles aussi ! J’ai deux rencontres, de plus de 100 filles à chaque fois, chrétiennes et musulmanes ensemble. C’est cela qui m’intéresse, car c’est une occasion de partage et d’amitié très riche.
    A la pause du midi, je pars chercher un moto-pompe à la Caritas pour lutter contre les inondations. Cette machine nous était promise depuis longtemps. La saison des pluies est terminée, elle sera donc très utile l’année prochaine et nous aurons au moins du temps pour nous permettre de former un opérateur afin que la machine ne tombe pas en panne au bout de 15 jours.
    Puis je pars travailler au CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Comme j’ai changé de secteur, je revois la liste des gens que nous avons formés, qui habitent dans les quartiers. Déjà beaucoup agissent, mais je ne les connais pas. Nous allons nous retrouver pour organiser et approfondir nos actions. Ce m’intéresse beaucoup.
    Au retour, comme d’habitude, plusieurs personnes m’attendent. J’essaie de répondre au mieux aux besoins de chacun. Bien sûr, je ne peux pas tout faire. Pour les aides matérielles, je les oriente vers les communautés de quartier qui organisent régulièrement des activités pour remplir leur caisse.
    Je reçois un coup de téléphone de l’adjoint de l’évêque. Un confrère devait intervenir à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapes, pour présenter (à côté d’un imam) le point de vue chrétien, sur le thème : Droits humains, Handicap, Mental et Religion » . Ce confrère est coincé dans le sud du pays et ne peut pas revenir à temps. On me demande de le remplacer au pied levé demain matin. J’ai un certain nombre d’idées et une certaine pratique, mais je passe quand même plusieurs heures de la nuit à préparer mon intervention de demain.

  • Jeudi 28 novembre : L’après-midi, je fais l’enterrement. Je le prépare avec les responsables de communauté. La défunte est MANDJAQUE, originaire de Guinée Bissao. Nous leur demandons de préparer des prières dans leur langue. Avec les catéchistes, nous cherchons les rites de leur ethnie que l’on peut reprendre dans la liturgie. Et nous donnons la parole au chef de famille pendant la célébration.
    Là aussi il va falloir progresser. Nous nous sommes mis en contact avec nos confrères de Guinée Bissao, mais il va falloir faire le même travail avec les autres ethnies de la paroisse : SERERES, DIOLAS (dans leurs diversités), MANCAGNES, et toutes les autres, et d’abord dans la langue véhiculaire, comprise pratiquement pour tout le monde. Car si le français est la langue officielle, ce n’est pas la langue utilisée par les gens dans la vie courante, ni à la radio, par exemple.

  • Mercredi 27 novembre : Je participe à ma première veillée mortuaire dans la paroisse. Comme toujours, elle est animée par les laïcs, avec lecture de la Parole de Dieu et prières communautaires. Mais il y aurait encore des choses à améliorer. Et d’abord de composer un livret de prières, dans les langues principales de notre paroisse. Pas seulement pour les veillées mortuaires et les enterrements, mais aussi pour les naissances, mariages, les différentes circonstances de la vie, mais aussi les rites et célébrations traditionnels.

  • Mardi 26 novembre : J’arrive à me réserver ce jour, après la messe du matin et jusqu’à la prière du soir, pour travailler personnellement : Internet, réponses au courrier, rédaction de documents, lectures et enregistrements. J’ai de la chance, il n’y a pas trop de coupures d’électricité, et dès qu’elle revient je me mets sur Internet… quand il marche.

  • Lundi 25 novembre : Nous commençons la semaine par une réunion d’équipe.
    Puis je pars visiter le 5ème maire , accompagné du responsable Justice et Paix, celui de la Caritas et un Conseiller municipal membre de notre communauté de quartier. Nous abordons les mêmes questions, mais en cherchant à nous adapter au quartier, car chacun a ses réalités. Et surtout, il nous faudra assurer le suivi, sans nous contenter de promesses.
    Un Frère de notre Communauté est à l’hôpital suite à une phlébite. Je vais donc le voir et lui apporte à manger, car à l’hôpital la nourriture est insuffisante et même inexistante.
    Ensuite, je pars travailler avec notre procureur pour le soutien financier à l’aumônerie des prisons. Ce n’est pas facile de trouver des fonds.
    Puis je me rends au PARI, le Centre d’accueil des Réfugiés et Immigrés de la Caritas. Nous faisons le tour des activités et des actions possibles. Je trouve sur place une des intervenantes à la prison. Elle est découragée, car plusieurs détenus doivent faire plusieurs mois supplémentaires, pour des retards inexpliqués , et même des erreurs de noms ou la perte de dossiers. Elle est allée voir le directeur de la prison, sans résultat. Après la rencontre, je vais voir la femme et les enfants de l’un des prisonniers, pour les encourager. Je reçois un SMS me demandant une employée de maison. Je vais proposer ce travail à une autre de ces femmes.
    Le soir, rencontre des formateurs au séminaire de philosophie. En effet, le nombre des vocations augmente, ce dont nous nous réjouissons bien sûr. Mais notre maison est pleine. Il faut donc l’agrandir. Un architecte nous a fait une proposition de 198 millions CFA (environ 280.000 €). Bien sûr, nous n’avons absolument pas cet argent. Finalement, pour l’année prochaine, nous allons transformer le projet en le simplifiant complètement. Nous nous contenterons de construire deux chambres et un réfectoire et nous transformerons en chambre l’ancien réfectoire. Même pour cela, il va falloir nous débrouiller. Nous allons faire appel aux sociétés locales pour obtenir au moins du matériel : ciment, fer à béton, etc.

  • Dimanche 24 novembre : C’est la fête du Christ-Roi. C’est le jour où les responsables de nos communautés, mouvements et autres groupes s’engagent pour un an. Nous avons une très belle célébration, très vivante avec de nombreux gestes et symboles, et une très forte participation des paroissiens, qui ressortent très contents.
    Les jeunes sont restés pour passer la journée ensemble. Nous commençons par une réflexion sur l’engagement politique du chrétien. Nous allons avoir dans quelques mois les élections locales, il faut s’y préparer sérieusement, d’autant plus que les chrétiens étant une minorité ils ont de la peine à s’engager dans la société. Nous avons aussi l’acte 3 de la décentralisation. L’Etat va donner beaucoup plus de responsabilités aux Communes (aux quartiers et aux villages) pour plus de démocratie et de participation. Mais là aussi, il faut que les gens s’engagent et d’abord qu’ils soient formés. Nous travaillons également la question du problème foncier et de l’accaparement des terres.
    Nous continuons la journée avec du théâtre, des chants et des danses. La fête continue jusqu’au soir pour la grande joie de tous.

  • Samedi 23 novembre : Première réunion de l’équipe paroissiale « Justice et Paix ». Les membres sont les délégués des différents groupes des Communautés de quartier. Il y a beaucoup de nouveaux. La responsable rappelle d’abord les activités de l’an passé et la façon de travailler, de manière à ce que les nouveaux soient bien informés. Puis chaque délégué fait son rapport sur la réflexion menée dans sa communauté et qui concerne : les manques de justice, les manques de paix et les manques de respect de l’environnement. Nous décidons de travailler d’abord sur les questions d’environnement. Nous voyons les actions que nous pouvons mener et les personnes que nous devons contacter pour cela.
    Puis nous prenons un temps de formation : comment travailler en communauté ?
    Enfin, nous nous répartissons les visites à faire. Avec les responsables, nous allons continuer à voir les maires, le préfet et les sous-préfets. Les membres contacteront, chacun dans leur quartier, les associations et groupements, les imams et les délégués de quartier.
    Après tout cela, il est l’heure de nous séparer.
    Je pars aussitôt rencontrer un camarade de classe de l’école primaire à Dakar, ami d’enfance avec qui je suis entré à nouveau en relation depuis mon retour au Sénégal. Sa fille m’a téléphoné en me disant qu’il est gravement malade. Il habite aux fins fonds de la banlieue et le trajet est compliqué. Sa fille m’attend au rendez-vous fixé, puis nous continuons à pied. Toute la famille est là ; je donne le Sacrement des malades à cet ami, après une prière commune. Malheureusement, je dois rentrer rapidement car j’assure la prédication ce soir et demain.
    En effet, nous avons mis en place les communautés de quartier. Elles ont élu leurs responsables, que nous avons formés, mais il nous semble important que tout le monde soit impliqué et comprenne bien ce que nous cherchons. Pour cela, je vais prêcher à toutes les messes et expliquer les choses.

  • Vendredi 22 novembre : Je voulais travailler à mon livre, mais il n’y a pas de connexion Internet. Et quand elle revient, il y a coupure de courant. Du coup, je trie mes papiers et mets de l’ordre dans les nombreuses choses qui traînent, tout en accueillant les gens qui se présentent.

  • Jeudi 21 novembre : Première réunion de la Commission de la famille. Là encore, c’est une nouvelle commission que nous voulons lancer dans le secteur et dont on m’a confié la responsabilité. Pour la première fois, nous nous retrouvons entre prêtres pour faire l’état des lieux et voir à quels laïcs nous allons pouvoir passer le flambeau. Nous nous fixons déjà trois premiers objectifs : la formation des fiancés, le soutien des couples et la préparation du 2ème Synode sur la famille. Ca fait du pain sur la planche !
    Le climat change d’un seul coup. Il tombe une pluie froide alors que la saison des pluies est finie. Je devais participer à une réunion de Communauté de quartier, mais les rues sont inondées, et je dois faire demi-tour.

  • Mercredi 20 novembre : Toute la matinée, encore de nombreuses personnes viennent me voir, chacune avec son problème. Les nouvelles vont vite et je commence déjà à être connu.
    A 16 heures, nous tenons notre réunion d’équipe, comme tous les 15 jours.
    Le soir, enregistrement de l’émission radio. J’ai enfin trouver un enregistreur. Je peux donc éviter les déplacements si difficiles et envoyer mes émissions par Internet.

  • Mardi 19 novembre : Ce matin, plusieurs prisonniers libérés viennent me voir. Je ne les connais pas, pour la plupart, mais ils se passent le mot et viennent me rencontrer pour un soutien, trouver du travail, ou simplement avoir à manger, ou l’argent pour retourner chez eux. Bien sûr, il y a aussi les faux prisonniers et les faux réfugiés qui veulent profiter de nous. Ce n’est pas toujours facile d’y voir clair.
    L’après-midi, rencontre avec le 5ème maire de notre paroisse. Toujours le même accueil, et le souhait de collaboration. On verra à l’usage ! Le maire nous demande un document pour mettre par écrit nos projets. Je vais m’y mettre ; cela permettra de préciser les choses.

  • Lundi 18 novembre : Comme prévu, je participe à la réunion d’ATD-Quart Monde.

  • Dimanche 17 novembre : Pour cette année, notre priorité c’est de relancer les communautés de quartier. Aussi, après la messe de 7 heures, nous nous retrouvons à une cinquantaine de responsables pour travailler le document de base que nous avons préparé (et que je vous ai d’ailleurs déjà envoyé par Internet). Les gens participent très activement et efficacement, si bien qu’à 13 heures nous avons terminé. De toutes façons, nous n’avions pas les moyens d’offrir un repas à tout ce monde !
    A 15 heures, je pars pour ma première émission dans une radio communautaire du quartier. Nous ne sommes pas rodés, aussi ça flotte un peu, mais tout se passe dans la bonne humeur. Ensuite, je fais le tour du quartier avec l’un des animateurs. C’est l’un des quartiers les plus déshérités, encore inondé, plein d’ordures et absolument pas aménagé. Il s’appelle d’ailleurs (en ouolof) : « derrière les rails » ! Je rencontre plusieurs familles, en particulier la maman de l’animateur, gravement atteinte de la maladie d’Alzeihmer.

  • Samedi 16 novembre : Depuis l’année dernière, je prépare pour chaque jour un commentaire de l’Evangile et cela est communiqué sur le site de l’Eglise du Sénégal (seneglise.net). Cet été, un ami m’a fait rencontrer une directrice de Maison d’Edition qui m’a proposé de faire imprimer ces commentaires. Bien sûr, il y a un gros travail de présentation et de finition à faire. Je m’y mets ce matin.
    A midi, je pars pour la messe de rentrée des lycées et collèges de la ville. Les élèves ont bien préparé la célébration. Nous célébrons l’Eucharistie dans une salle de classe et nous traçons les premières lignes de nos activités de cette année.
    L’après-midi, réflexion avec la responsable locale d’ATD-Quart Monde (ATD = Agir Tous pour la Dignité). C’est une association qui travaille avec les familles nécessiteuses et les plus déshérités dans les quartiers. Un de nos étudiants travaille avec moi. La responsable nous invite à leur réunion d’équipe lundi prochain. Je suis heureux de cette collaboration.
    Les religieuses de notre 2ème paroisse (Thiaroye) fêtent le 50ème anniversaire de leur collège, mais je ne peux pas y aller car j’ai été invité à visiter l’un des quartiers les plus déshérités de notre secteur victime chaque année d’inondations. Je dois y rencontrer un certain nombre de familles et aussi les imams et les responsables du quartier.
    Le soir, il y a le match final de qualification pour le prochain mondial de football, entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Tout le monde est passionné. Malgré tout, l’église est pleine pour la messe. J’en suis très étonné, mais content !

  • Vendredi 15 novembre : A notre dernière réunion du doyenné, nous avons décidé de mettre en place une Commission Justice et Paix. Aujourd’hui nous tenons notre 1ère réunion pour réfléchir à notre organisation. La première chose, c’est de motiver les gens, ce qui n’est pas toujours facile !
    Puis je vais visiter une école de quartier. Le responsable m’a invité pour voir ensemble comment améliorer certaines choses.
    L’hivernage est fini et le temps a changé. Depuis j’ai de la fièvre et mal à la tête. Comme toujours, le palud se réveille. A mon retour, je passe au dispensaire de la Mission tenu par les Sœurs, et je vais me coucher.

  • Jeudi 14 novembre : Je rencontre la dame qui saisit certains des textes que je compose. Puis je pars rencontrer les fiancés qui se préparent au mariage. Ils sont plus d’une centaine. Aujourd’hui nous parlons de la vie du couple et du sacrement de mariage.

  • Mercredi 13 novembre : Séance de travail avec la responsable d’Afrique de l’Ouest des aumôneries des prisons.
    Rencontre avec la responsable diocésaine de Justice et Paix.
    Visite dans un Jardin d’enfants.
    Cette nuit, c’est la fête d’Achoura, appelée ici TamXarit, qui marque le début de l’année musulmane. Toute la ville est en effervescence. Il y a un temps de jeûne préparatoire et un temps de prières. Mais aussi un repas de fête spécial : un couscous de mil, et des festivités : des hommes s’habillent en femme et inversement.
    De mon côté, j’en profite pour visiter plusieurs malades, des amis et des personnes engagées : la trésorière de l’aumônerie des prisons, et une responsable de communauté de quartier, une communauté de religieuses pour préparer le travail de cette année pour les jeunes filles de leur centre de formation

  • Mardi 12 novembre : Visite d’une 4ème Mairie.

  • Lundi 11 novembre : Nouvelle semaine. Nous arrivons à débloquer Internet, après trois jours. Des tas de messages m’attendent : des mots d’amitié, mais aussi des questions à répondre et du travail.
    A 11 heures, je vais me présenter à la 3ème Mairie (il y en a 7 sur la paroisse). Le contact est très facile et nous prévoyons tout de suite une collaboration au niveau des projets de développement. Nous abordons aussi toutes les questions de sécurité et toutes les tensions dans les quartiers. C’est un quartier très pauvre où beaucoup de gens sont marginalisés, écrasés et exploités. Il y a donc beaucoup à faire, et ce sera plus facile en nous mettant ensemble.
    A 16 heures, enregistrement d’une émission radio. Aujourd’hui, je reçois le responsable d’une association « Développement et Solidarité à partir de Pikine ». Le titre dit bien ce qu’il dit. Pikine, c’est le nom de la ville où je travaille actuellement.
    Le soir, je reçois un couple qui ne s’entend plus. Cela arrive malheureusement. Après avoir écouté chacun parler devant l’autre, nous décidons de nous donner 15 jours de réflexion. Nous nous retrouverons dans deux semaines. Je suis très touché par la confiance qu’ils me font.

  • Dimanche 10 novembre : Première réunion du Conseil paroissial. Nous présentons le plan d’action de l’année à toute l’assemblée, pour explication et approbation par tous. Les questions et réactions permettent d’affiner et de préciser un certain nombre de choses et de les approfondir. Et en même temps, d’expliquer les buts recherchés et les motivations.
    Le soir, rencontre d’amitié de tous les spiritains de la ville de Dakar, comme chaque mois, avec un temps de prière, de réflexion sur notre travail, avant de partager le repas.

  • Samedi 9 novembre : Ce matin, première réunion de la Caritas du secteur. Cela me permet de connaître les responsables des autres paroisses et surtout les actions menées l’année dernière et le plan d’action pour l’année prochaine. Je suis heureux de voir qu’on cherche à dépasser la simple distribution de nourriture ou d’habits, et à aboutir à des vraies actions de développement pour aider les gens à se prendre eux-mêmes en main. Il y a beaucoup à faire, mais au moins la route est tracée et la direction me semble bonne.
    L’après-midi, visite d’un nouveau quartier avec beaucoup de contacts, qui se termine par la messe en paroisse.
    Le soir, je rejoins un groupe de réflexion. Il s’agit d’un simple partage d’amitié autour d’une bière et d’un premier contact. Le groupe va ensuite animé un « café théologique » chaque mois.

  • Vendredi 8 novembre : Je profite de ce qu’il y a du courant pour consulter mes mails et répondre à une partie, tandis que la suite devra attendre cette nuit.
    A 11 heures, je rencontre le responsable de la Caritas de notre secteur, pour qu’il me mette au courant des actions menées les années précédentes, et du programme d’actions de cette année. A partir de là, je lui pose un certain nombre de questions et nous cherchons à voir ce qu’il est possible de faire, aussi bien pour le soutien des familles nécessiteuses que pour des actions de développement (projets, activités génératrices de revenus, etc…) et humanitaires. Les choses vont se préciser peu à peu. Mais le plus important pour moi, c’est d’abord de continuer à découvrir les réalités du terrain, pour y voir un peu plus clair.
    Le soir, je retourne dans mon ancien secteur pour rencontrer le bureau de l’aumônerie des prisons, faire la passation de service, et passer le relai au nouvel aumônier. Tout se fait simplement, sans protocole. J’ai déjà rencontré le nouvel aumônier pour le mettre au courant. Nous reprenons donc le compte-rendu de la réunion de juin pour voir comment réaliser les actions prévues. Nous abordons aussi la question financière, car les besoins sont énormes. Je leur fais aussi le point de mes visites pendant les vacances et de mes contacts avec les paroisses et associations qui peuvent nous aider. Mais ce qui est important, c’est aussi la joie de nous retrouver, après plusieurs mois de séparation. En même temps, nous sommes tristes, car je ne vais plus travailler avec eux puisque je suis nommé ailleurs. Mais évidemment, je resterai en contact avec eux.

  • Jeudi 7 novembre : Un prisonnier que je voyais l’année dernière en prison a été libéré. A sa sortie, il a trouvé qu’on avait vidé complètement sa chambre et son magasin. Il vient me voir. Il n’a pas de quoi payer un avocat et de toutes façons cela risque de ne pas aboutir. Nous cherchons ensemble ce qu’il est possible de faire.
    Suite à nos différentes réunions, j’ai un gros travail de reprise et de rédaction à faire. Malheureusement, il n’y a ni courant, ni internet. Je commence quand même à rédiger les premiers documents.
    Depuis notre banlieue, aller jusqu’en ville le soir pour enregistrer nos émissions radio et revenir la nuit, cela prend énormément de temps, et dans des conditions très difficiles. J’ai donc fait appel à des amis pour récupérer quelques fonds et j’ai pu m’acheter un enregistreur. Aujourd’hui, notre ami technicien à qui j’avais confié l’achat de l’appareil, vient me l’apporter et me donner les explications nécessaires. Ainsi, je pourrai faire les enregistrements sur place, ou chez les gens, et je les enverrai par mail. Cela va vraiment me soulager et arranger bien des problèmes.
    Après la visite au Maire (en fait la mairie couvre toute la préfecture), je commence la tournée des 7 communes d’arrondissement de la paroisse. Comme vous le voyez, la paroisse est grande ! Le but n’est pas seulement de me présenter, mais surtout de présenter les activités de la paroisse. En particulier, la Commission Justice et Paix, la Caritas (Secours Catholique) et les amicales de jeunes. Ceci pour mettre en place une collaboration et participer aux activités des mairies. Nous ne voulons surtout pas que les chrétiens restent entre eux et que la paroisse soit fermée sur elle-même. Partout, l’accueil est très bon… d’autant plus qu’ils espèrent que nous allons pouvoir apporter aussi bien un savoir-faire que des moyens.
    Le soir, je rencontre un handicapé qui a lancé un Jardin d’enfants dans son quartier, soutenu par des amis français. Mais il rencontre de nombreux problèmes. D’abord les parents sont pauvres ; ils ont donc beaucoup de peine à payer la scolarité et commencent d’abord par payer pour les plus grands enfants qui sont à l’école primaire ou au collège. De plus, il y a beaucoup de concurrence, car de nombreuses personnes ouvrent des écoles privées pour gagner leur vie, parfois sans compétence réelle et sans autorisation. En ce moment, mon visiteur travaille comme comptable dans un collège pour avoir de quoi faire tourner son Jardin d’enfants. Le problème est encore plus compliqué par la présence de nombreuses « écoles coraniques » dans les quartiers,
    qui ne sont pas toujours bien organisées même si en général les relations sont bonnes entre les différents groupes et écoles.
    La nuit, je vais visiter une communauté de quartier. Il y en a 13. Elles se réunissent une fois par semaine. Il va donc me falloir du temps pour en faire le tour et découvrir les différents quartiers de la ville ! Mais à chaque fois l’accueil est très sympathique et cela me plaît beaucoup

  • Mercredi 6 novembre : Ce matin, réflexion avec plusieurs personnes (des élus locaux), pour évaluer la rencontre avec le maire. Nous prévoyons une tournée dans les cinq communes d’arrondissement.
    Tout l’après-midi, rencontre avec les deux communautés religieuses qui travaillent dans nos deux secteurs. Nous réfléchissons à nos objectifs et notre façon de travailler. Puis nous préparons notre programme d’action de l’année. Nous terminons par un repas pris en commun.

  • Mardi 5 novembre : Matin. Travail à la maison, et préparation du travail de la Caritas.
    L’après-midi, je vais voir une famille qui m’a invité. Le mari est au chômage depuis 4 ans. La femme, qui était déjà de santé fragile, a fait une dépression. En désespoir de cause, ils se sont tournés vers des guérisseurs traditionnels qui les ont entraînés dans des cérémonies « mystiques » qui les ont perturbés encore plus, de même que leurs enfants. Dès mon arrivée, la femme a pris contact avec moi. Après plusieurs rencontres, elle a décidé de se débarrasser de ses gris-gris et autres objets-magiques, et elle est venue me les remettre. Aujourd’hui, son mari est venu me chercher, et je pars dans leur famille. Nous avons un temps de prière tous ensemble avec les enfants. Puis nous voyons ensemble comment organiser leur vie de famille dans la paix. Ils sont pauvres et n’osent pas me garder à manger. Le mari a participé à une rencontre sur la santé, où on a distribué des tee-shirts : il m’offre le tee-shirt et la casquette qu’il a reçus. Cela me touche beaucoup et je rentre tout heureux.

  • Lundi 4 novembre : Je participe pour la première fois à la réunion de mon nouveau doyenné, qui regroupe une dizaine de paroisses. Je retrouve des confrères que j’ai croisés à un moment ou à un autre, mais que je ne connais pas vraiment. Pour la 1ère fois, j’espère d’écouter et de comprendre les choses. Mais ma réputation m’a précédé et on me confie tout de suite la Commission Justice et Paix, et celle de la famille, sans oublier les média. Nous choisissons tout de suite une date pour nous retrouver et préciser les actions à envisager.
    A 16 heures, nous sommes reçus par le maire et ses adjoints. C’est une première rencontre pour nous présenter et faire connaissance. Mais nous en profitons pour réfléchir à la vie des quartiers et à notre collaboration mutuelle. Nous visons, en particulier, l’aménagement du quartier, le lancement de projets de développement pour lutter contre le chômage des jeunes. Nous prenons un long temps à parler des prochaines élections locales et la préparation des personne.
    Puis je pars tout de suite enregistrer mes émissions radio. J’interroge un enseignant, responsable de Justice et paix. Nous parlons de ces deux questions, bien sûr. Au retour, il n’y a pas de bus, ni de car,…sans que nous sachions pourquoi. Nous nous retrouvons à 4 pour prendre un taxi ensemble… après avoir bien discuté sur le prix !

  • Dimanche 3 novembre : La paroisse de St Paul, où j’ai travaillé pendant deux ans, m’invite à célébrer une messe d’au revoir. Je suis évidemment très heureux de rencontrer tous ces amis, avec lesquels nous avons mené de très nombreuses actions dans des domaines très variés. L’Evangile du jour, -l’histoire de Zachée- m’amène à les encourager à continuer les actions caritatives et humanitaires et leurs engagements pour la justice, la paix et l’environnement que nous avons menés ensemble pendant deux ans, à la prison et dans les quartiers. A la fin de la messe, je reçois des tas de cadeaux des différents groupes avec lesquels j’ai travaillé, et cela me touche beaucoup.
    Je vais ensuite saluer les amis de la radio communautaire et ils me gardent plus d’une heure à animer l’émission religieuse avec eux, comme je le faisais chaque dimanche. J’en suis très heureux et je me sens revivre. Du coup, j’arrive en retard pour le repas de fête qui a été préparé pour moi et l’autre prêtre sénégalais qui quitte aussi la paroisse. Le repas se prolonge.. nous n’avons pas envie de nous séparer. Je rentre ensuite dans ma banlieue en vélo, ce qui me permet au moins de digérer !

  • Samedi 2 novembre : Le matin, accueil et travail de bureau. Le soir, je pars da ns le 2ème secteur rencontrer un groupe de personnes engagées dans le suivi de familles nécessiteuses. Nous prévoyons d’abord une visite de terrain pour voir les réalités et rencontrer les personnes responsables du quartier : délégués administratifs et aussi les imams bien sûr. C’est à partir de ces rencontres que nous pourrons mettre en place un plan d’action, avec la participation de tous.
    Ensuite, je célèbre la messe avant de rentrer… mais après avoir pris le temps de saluer toutes les personnes présentes.

  • Vendredi 1er novembre : Grand Messe dans le deuxième secteur pour ma première fois. Je suis très heureux de prendre contact avec ce 2ème secteur, car je n’avais rencontré que des personnes individuellement jusqu’à maintenant. C’est un jour de fête, la joie est dans les cœurs et la chorale fait un gros effort pour animer la cérémonie.
    Mais les gens pensent déjà aux morts. Le soir, de toute la ville, on se retrouve au cimetière pour la prière pour les défunts. Encore un temps très fort, où nous partageons notre amitié et notre foi.
    Chacun de notre équipe a ses occupations, et c’est très difficile de trouver un moment pour nous rencontrer ensemble. Nous profitons donc de ce jour de fête pour tenir notre réunion. Puis je me rends à la Radio Communautaire de Pikine où on me demande de venir participer aux émissions catholiques. A la sortie, un journaliste musulman m’attend pour m’interviewer sur ces fêtes de la Toussaint et des morts. En effet, les musulmans ne savent pas ce que sont les fêtes chrétiennes, mais ils s’y intéressent beaucoup. J’en profite pour visiter le studio et tout le centre culturel. Et cela me permet de rencontrer un certain nombre de chanteurs et autres artistes. Je viendrai les revoir car le courant est bien passé !

  • Jeudi 31 octobre : Tôt ce matin, je pars à l’Ambassade de France pour essayer de régler le problème de cette femme ivoirienne qui veut retourner en France avec son mari, pour vivre avec son mari avec qui elle s’est mariée en France. J’essaie de l’assister, mais on me refuse l’entrée au consulat… et on lui refuse son visa, alors qu’elle avait sa carte de séjour. Il va falloir que l’on cherche un autre moyen, mais nous sommes complètement découragés.
    A midi, je pars à notre maison centrale où je rencontre les confrères, ainsi que l’évêque de Mauritanie qui est de passage.
    Ensuite, avec notre responsable, nous travaillons la question des vocations (nous recevons de nombreux appels des pays environnants : Togo, Côte d’Ivoire, Bénin et Burkina Faso), et aussi l’organisation des Fraternités Spiritaines. Le soir, avec une centaine de fiancés, nouvelle rencontre de préparation au mariage. Nous abordons la question de la sexualité dans le couple. C’est une rencontre très animée, car les questions sont nombreuses.

  • Lundi 28 à Mercredi 30 octobre : Pendant ces trois jours, mon temps est bien occupé entre les réponses aux mails, et le travail que j’ai en cours : Mon chapitre 9 sur la Communauté politique d’après Vatican 2, et les commentaires de l’Evangile ; l’accueil des gens qui viennent, chacun avec son problème ; les contacts avec les autorités ; et les visites des quartiers. Tout cela est très intéressant, mais aussi très prenant.
    Lundi soir, je pars en ville avec un agent de santé pour nos deux enregistrements radio. Nous rentrons tard la nuit, par les transports publics bien remués et tassés.
    Mardi 29, nous préparons des émissions radio avec deux radios communautaires de mon nouveau secteur.
    Mercredi 30, à 18 h 30, réunion dans un quartier. Après l’Eucharistie, ils me donnent les nouvelles de leur communauté de quartier. A partir de là, nous voyons comment aller plus loin. Dans un deuxième temps, nous faisons le tour des activités des jeunes. Nous voyons alors comment répondre aux besoins des jeunes :
    Le chômage, le manque d’éducation sexuelle, la drogue et l’alcool, la violence dans les quartiers, etc.. Nous nous découvrons peu à peu et voyons plus clairement ce que nous allons pouvoir faire ensemble.

  • Dimanche 27 octobre : Réunion générale des Fraternités spiritaines de Dakar. Nous sommes heureux de nous retrouver ensemble. Dans un premier temps, après la prière, nous prenons la lecture de Luc 4, 16 : « L’Esprit de Dieu m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile aux pauvres, libérer les opprimés, relever les écrasés ». Puis nous voyons comment notre fondateur, Claude Poullart des Places, a progressivement découvert le monde de la pauvreté, s’est mis au service des pauvres pour aller jusqu’au dépouillement total. Je vous en enverrai le résumé dans quelque temps. Nous nous sommes mis en suite par petits groupes pour réfléchir à la question : Comment accueillir et nous mettre au service des pauvres dans le Sénégal d’aujourd’hui. Pour cette année, nous avons décidé de ne pas nous limiter à une formation spirituelle, mais de passer à des activités concrètes au niveau personnel et communautaires. Et de voir comment être missionnaires en famille, au travail et dans nos lieux de vie. Nous partageons nos premières expériences da ns ce sens et traçons des pistes d’actions pour le reste de l’année.
    Notre paroisse comporte deux secteurs. Dimanche dernier, nous avons procédé au renouvellement du Bureau de nos Communautés de quartiers du premier secteur. Nous passons maintenant au deuxième secteur. Comme dimanche dernier, cela se passe dans une très bonne ambiance et un très grand sérieux et esprit de responsabilité. Cela permet de faire le point des activités passées, de changer les responsables si nécessaires et de voir dans quel sens aller cette année. Nous donnons déjà des priorités pour l’année qui vient et nous reprendrons cela en profondeur au cours d’une session de formation.

  • Samedi 26 octobre : Les studios de la Radio Municipale sont en pleine ville de Dakar, et maintenant que je suis en grande banlieue c’est très difficile de m’y rendre : plus d’une heure debout, dans des cars pleins à bloc ; et retour en pleine nuit. Un de mes confrères me prête donc sa clé MP3 pour enregistrer nos deux émissions et je pourrai les envoyer par internet. Je fais donc l’enregistrement. Mais quad il s’agit de l’envoyer, il n’y a pas moyen. La clé est bloquée. Nous faisons appel à deux amis techniciens, sans succès. Il faut dire que la clé n’est pas neuve. Il va donc falloir aller en ville lundi prochain, et recommencer le travail. C’est la vie !
    L’après-midi, avec un étudiant spiritain que l’on m’a confié, nous allons visiter un autre quartier, complètement détruit lui aussi par les inondations. Nous visitons plusieurs familles. Et aussi la famille d’un handicapé. En route, comme toujours ici, les gens nous saluent. Je m’intègre peu à peu dans la vie du quartier. Nous terminons par la visite d’un Jardin d’enfants, tenu par la communauté du quartier et pris en charge par les parents. Il est ouvert aux parents qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants dans un Jardin d’enfants « officiel » qui coûte trop cher.

  • Vendredi 25 octobre : Le matin, travail avec un animateur de la radio communautaire du quartier. L’après-midi, nous recevons les responsables d’une organisation féminine. Elles travaillent à fournir des logements pour des femmes chefs de famille (qui ont beaucoup de peine à en trouver), et à la transformation et la vente des produits locaux. Nous voyons comment nous pourrions travailler ensemble.

  • Jeudi 24 octobre : La journée je travaille au Plan Pastoral du diocèse pour voir comment bien l’expliquer aux différents groupes, car la rédaction est assez compliquée, et si le Plan n’est pas bien compris il restera lettre morte. C’est un gros travail qui va me demander pas mal de temps.
    Le soir, je pars dans une communauté de quartier. Ils m’ont demandé une conférence sur le thème : « Heureuse, toi qui as cru ». Il s’agit d’une veillée mariale. Bien sûr, je n’ai pas fait de conférence ! J’ai pris la Parole de Dieu : nous lisons l’histoire de la Visitation de Marie chez Elisabeth. Puis, le chant de Marie, le Magnificat. Et chacun dit ensuite ce qu’il pense et ce qu’il a compris. Nous avons ainsi une réflexion très intéressante, animée et où chacun participe. Ensuite, nous passons aux conclusions : pas seulement la charité, à l’exemple de Marie, mais la lutte pour la Justice : « Il renverse les puissants, Il élève les humbles ; Il comble de bien les affamés : Il se souvient de son amour ». Cette rencontre m’a permis de connaître de nouvelles personnes. J’essaie ainsi de faire progressivement le tour des différentes communautés et de connaître peu à peu chacun des quartiers. L’accueil est toujours vraiment chaleureux.

  • Mercredi 23 octobre : Je reçois un ancien, un des premiers habitants de ce quartier de banlieue, quand ils ont été chassés des bidonvilles de la ville. Il connaît toute l’histoire de la banlieue. Il connaît tous les responsables des quartiers. Et surtout, il a travaillé longtemps dans le mouvement ATD Quart-Monde (ATD = Aide à Toute Détresse). Il a beaucoup travaillé pour les déshérités et les familles nécessiteuses, il connaît bien les problèmes, et va pouvoir beaucoup nous aider.
    D’ailleurs, je dois dire que j’ai été très bien accueilli, d’abord par les confrères. En ce moment, je regarde la situation et je fais part de mes réflexions, et à chaque fois nous nous asseyons pour réfléchir ensemble. Cela me semble très positif. Mais il y aura beaucoup à faire. Les gens manifestent beaucoup de bonne volonté, mais la paroisse était plutôt centrée sur elle-même et préoccupée d’organiser des prières et autres cérémonies religieuses. Bien sûr c’est important, mais insuffisant pour répondre à notre mission. En ce moment, ma préoccupation, c’est de réorganiser la Caritas (Secours Catholique) pour qu’elle cherche à organiser les gens et à lancer des groupements, des projets de développement et des actions humanitaires, et pas seulement des distributions d’habits ou de nourriture. Avec une équipe, nous cherchons aussi à relancer la Commission Justice et Paix avec une attention spéciale aux problèmes de l’environnement et de l’écologie.

  • Mardi 22 octobre : Le prêtre responsable de la préparation au mariage, avec qui je travaillais l’année dernière, est venu me demander si je peux continuer à travailler avec eux sur ce qui touche la psychologie de l’homme et de la femme et la vie de couple, la dimension chrétienne de la sexualité et la signification du sacrement du mariage. Ce sont des questions sur lesquelles j’ai longtemps travaillé et j’ai écrit plusieurs livres. Il y a des choses à dire… ou plutôt à réfléchir ensemble.
    Le nouvel aumônier des prisons vient me voir. Je lui explique notre façon de travailler les différentes commissions. Je lui remets les documents nécessaires et lui indique les différents contacts. Je suis très triste de devoir arrêter ce travail dans les prisons où j’ai vécu des choses très fortes et tellement reçu. Maintenant, il faut me tourner vers autre chose… sans voir encore clairement quoi faire. Espérons que cela va venir peu à peu.
    Ensuite, je travaille le Plan Pastoral des cinq années qui viennent, dont j’ai parlé plus haut. Aujourd’hui, je reprends les propositions d’actions des différents groupes de la paroisse, pour les analyser. En fait, il y a beaucoup de choses à revoir. Et d’abord, il faudra reprendre la formation à la base, car les gens n’ont pas vraiment compris ce que nous cherchons. J’ai l’impression que les choses ont été présentées d’une façon beaucoup trop compliquée. Nous allons revoir la question.
    L’après-midi, réunion dans une des communes de la paroisse, au sujet des inondations. En effet, la rentrée des classes a eu lieu, mais deux écoles sont encore occupées par des gens du quartier dont les maisons ont été inondées à la saison des pluies. Je les avais déjà visités et je vous en ai déjà parlé. Aujourd’hui, il doit y avoir une réunion avec le ministre. On demande aux familles de quitter l’école pour que les classes puissent commencer, mais on n’a pas évacué l’eau de leurs maisons comme prévu. Les familles ne savent ni où aller, ni que faire. Comme souvent, ce sont les plus nécessiteux qui doivent se débrouiller.

  • Lundi 21 octobre : Je continue à me reposer le matin. L’après-midi, je profite d’une occasion pour aller à notre Maison centrale. En effet, demain se tient le Conseil avec des délégués des différents pays où nous travaillons. Je suis très heureux de rencontrer en particulier le délégué de Guinée, avec qui j’ai travaillé de nombreuses années : il me donne des nouvelles des amis et du pays. Après de nombreuses années, des élections législatives ont pu enfin se tenir. Mais elles ont été marquées de nombreuses irrégularités et la tension est grande dans le pays. Je suis heureux de parler aussi avec le responsable de la Guinée Bissao. Nous parlons en particulier du stage de nos étudiants pendant les vacances.
    Ensuite, je pars à la radio, pour mes deux émissions radio. Aujourd’hui, j’interviewe le responsable de la coordination des jeunes de notre paroisse. Il nous parle de la vie des jeunes et de ce qu’ils font pour les aider dans leurs problèmes.

  • Dimanche 20 octobre : A la paroisse, lancement de l’année. L’après-midi, je me force à me lever, car dans chacune des Communautés de quartier nous tenons les élections, car il nous semble nécessaire de renouveler les responsables pour relancer les activités. Dans l’équipe d’animation, nous nous sommes partagé les communautés, c’est pourquoi je tiens à y aller.. Cela me permet d’ailleurs de mieux comprendre comment ils s’organisent et travaillent dans cette ville nouvelle pour moi. A partir de là, je commence à voir dans quel sens il faudrait s’orienter. La rencontre dure jusqu’à la nuit. Je rentre très fatigué mais heureux.

  • Samedi 19 octobre : La journée passe vite entre travail personnel, accueil, premiers contacts, et rencontres diverses. Il fait très chaud et je ne suis pas encore réadapté à la nourriture. Sans parler du palud ; les moustiques s’en donnent à cœur joie ! J’ai de la fièvre et dois me coucher.
    Aujourd’hui, à la Cathédrale, c’est le lancement de l’année pastorale pour tout le diocèse et la remise officielle du Plan Pastoral pour les 4 années qui viennent. Je ne peux pas y participer et je le regrette beaucoup.

  • Vendredi 18 octobre : Aujourd’hui, réunion du Bureau des Fraternités spiritaines (voir mon site). Nous faisons le point des activités de vacances et préparons la rencontre générale du 27. Vous en recevrez le compte rendu plus tard.

  • Jeudi 17 octobre : Tous les responsables pastoraux, prêtres, religieux et religieuses, se retrouvent autour de l’évêque pour préparer cette année pastorale. Nous lançons un nouveau plan d’action pour 5 ans, avec quatre objectifs : le communion (l’entente entre tous), la sanctification (foi, prière, sacrements), le témoignage (évangélisation, dialogue), et le service (développement et actions humanitaires, justice et paix, réconciliation). Un gros travail de réflexion et de formation a été fait dans ce sens tout au long de l’année dernière. L’originalité par rapport au plan précédent, c’est que l’on a donné seulement ces quatre orientations et que c’est chaque groupe qui va choisir ses propres actions au lieu que les activités soient décidées d’en haut ou dans un bureau. Mais bien sûr, il va falloir passer à l’action , et veiller au suivi des activités. L’avantage de cette rencontre c’est aussi de nous retrouver tous ensemble et de prendre un temps de partage… même si nos moyens ne nous permettent pas d’offrir un repas aux participants.
    Nous revenons assez vite, car un de nos séminaristes vient de perdre son beau-frère, et nous allons à l’enterrement pour l’entourer de notre amitié. Nous nous retrouvons nombreux autour de sa famille et des amis réunis.
    Des personnes viennent me voir pour réfléchir ensemble à leurs problèmes. Ce soir, un jeune amène son amie qui veut devenir chrétienne. Elle est vraiment décidée, mais son père, musulman, s’y oppose totalement. La situation semble bloquée. Nous essayons de voir ce qu’il est possible de faire, dans le respect de chacun, mais ce n’est pas simple !

  • Mercredi 16 octobre : La fête se célèbre avec une grande ferveur. Toute la ville est en prière. En effet, les musulmans sont plus de 90 % dans le pays.
    L’après-midi, les gens se visitent et se demandent pardon, pour commencer cette nouvelle année dans la paix. Les enfants reçoivent des cadeaux et toute la famille est en fête.
    Nous aussi, les chrétiens, nous recevons des cadeaux de nos amis musulmans, en particulier plusieurs gigots du mouton qui a été offert en sacrifice.

  • Mardi 15 octobre : Je continue mon installation et mes contacts. L’après-midi, je vais visiter un atelier de menuiserie lancé par la paroisse, pour participer à la formation des jeunes du quartier, car ils ont beaucoup de mal à trouver du travail. Puis je termine par la messe dans un quartier.
    Tous ces jours-ci, la ville est en pleine effervescence, car les gens se préparent à la fête de El Kebir, appelée ici « Tabaski » qui rappelle la foi et le sacrifice d’Abraham. Les cars, comme les marchés, sont pleins car chacun essaie de préparer la fête le mieux possible, malgré la situation économique très difficile.

  • Lundi 14 octobre : Avec le responsable Justice et Paix et l’un des deux séminaristes, nous allons visiter un quartier complètement inondé pendant cette saison des pluies. Les gens ont dû abandonner leurs maisons, en ayant souvent tout perdu. Ils se sont repliés dans deux écoles situées en hauteur, où les familles vivent dans une grande promiscuité. On leur a distribué des vivres et des produits sanitaires, on a pompé (en partie) l’eau des rues, mais ce n’est pas une solution à long terme. La même chose se reproduira l’année prochaine, comme cela s’est passé les années précédentes, si on ne trouve pas une solution.
    Le soir, visite d’un jeune que j’ai connu en Guinée, accompagné de son oncle, qui a de nombreuses difficultés d’adaptation et de travail. Ensuite, je travaille avec les responsables du Mouvement des enfants, les CV-AV.
    Puis je vais à la Radio municipale. En effet, j’ai repris mes émissions (partage d’Evangile en français, interview en ouolof). Aujourd’hui, je reçois un étudiant pour parler de la vie à l’Université qui a bien des problèmes.

  • Dimanche 13 octobre : Premières messes à la paroisse. Je mélange français et ouolof, pour que tout le monde puisse comprendre. Nous présentons les deux séminaristes spiritains qui vont travailler avec nous : l’un pour l’organisation de la catéchèse, l’autre avec la Caritas et la Commission Justice et Paix.
    Après la messe, nous tenons notre première rencontre avec les parents des enfants du catéchisme.
    L’après-midi, le groupe St Pierre des jeunes organise une conférence qui se prolonge par des chants et des danses, pour la joie de tous.

  • Samedi 12 octobre : Ce matin, je reçois un certain nombre de visites. L’après-midi, première séance de catéchisme.

  • Vendredi 11 octobre : Ce matin, je termine de mettre au point mon document sur l’Ecologie et l’Environnement, dans le cadre du 50ème anniversaire du Concile Vatican 2. Cela fait plusieurs mois que ça traîne. Il faut que je m’y mette !
    L’après-midi, séance de travail avec le responsable de la Coordination des jeunes. Puis, je vais visiter un Jardin d’Enfants, tenu par une amie. Elle me fait visiter l’école, avec les trois niveaux, et me parle de ses difficultés. Pas seulement pour l’éducation des enfants, mais aussi des familles, en particulier leur grande pauvreté, et aussi le manque de suivi des enfants.
    Nous attendons son mari qui rentre du travail et nous mangeons ensemble. Ensuite, ils me raccompagnent à pied, pour me faire connaître le quartier.

  • Jeudi 10 octobre : Le matin, nous travaillons au Cahier de charge des différents responsables des Communautés de quartier. En effet, en ce début d’année pastorale, nous allons relancer les communautés et faire de nouvelles élections pour choisir de nouveaux responsables. A partir de là, nous espérons prendre un nouveau départ. L’après-midi, rencontre des écoles communautaires de la grande banlieue. Nous avons lancé ces écoles, il y a une trentaine d’années, pour les enfants des familles nécessiteuses. Ces écoles sont prises en charge par les parents eux-mêmes. Nous avons trouvé une conseillère pédagogique qui a organisé des sessions de formation pour les éducatrices ; et elle passe dans chaque école à tour de rôle pour suivre les activités. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec elle pour faire le point des activités et lancer la nouvelle année. A la sortie de la réunion, plusieurs personnes m’attendent, chacune avec son problème.

  • Mercredi 9 octobre : Ce matin, je dirige la prière à la paroisse. Puis nous nous retrouvons entre confrères pour poser les bases du travail du trimestre. Ensuite, je continue à travailler à mes commentaires d’Evangile de chaque jour. Je suis interrompu par un Camerounais qui vient me voir. Aves sa femme congolaise, ils vivaient en Mauritanie, mais y travaillaient sans papiers. Ils ont été expulsés. Ils viennent d’arriver à Dakar avec leurs enfants, et ils n’ont plus de travail, pas de logement, ni de quoi manger. Malheureusement, ce n’est pas le seul cas et cela nous fait beaucoup de peine de ne pas pouvoir les aider comme ils en ont besoin.
    A 16 heures, rencontre avec les catéchistes. Ils m’ont demandé une formation sur le Concile Vatican 2. J’ai déjà beaucoup travaillé la question (voir mon site). Mon problème va être plutôt de le limiter. La rencontre se passe très bien, avec une très bonne participation de tous. Cela me permet aussi de commencer à faire connaissance avec eux, ce qui est très agréable.
    A 20 heures, je pars dans un quartier, invité par un groupe de jeunes. Après la messe, nous parlons longuement de la vie du quartier et de leurs différents engagements. Ils font déjà beaucoup de choses, mais il faudra organiser et approfondir les différentes activités. Nous terminons par un repas pris tous ensemble, dans la joie

  • Mardi 8 octobre : Le matin je continue à m’installer et je reçois déjà beaucoup de visites de la part des gens qui ont fait ma connaissance dimanche. L’après-midi, je pars rencontrer un jeune Togolais, candidat à la vie missionnaire chez nous, les spiritains. Nous avons correspondu pendant plus d’une année par mail. Il est venu à Dakar le mois dernier pour que nous puissions faire connaissance. Malheureusement, il est venu malade et malgré tous nos efforts nous n’avons pas pu le soigner. Il doit donc retourner au Togo. Bien sûr, nous sommes très tristes et nous le regrettons beaucoup. Nous allons continuer à le suivre et le soutenir. Ils sont en ce moment 13 jeunes Togolais qui veulent devenir spiritains, mais nous voulons aller progressivement pour que leur préparation se fasse sur des bases solides.
    Je suis en visite à la paroisse spiritaine de l’aéroport, où il y a beaucoup de passage. Je rencontre ainsi un confrère du Congo, un de la Réunion et un Sénégalais qui revient enseigner la théologie, après des études en France. Nous accueillons aussi deux jeunes des Seychelles qui viennent commencer leur formation religieuse au Sénégal. Je prends aussi un temps pour parler avec les confrères restés sur place, qui me donnent des nouvelles et me font le compte-rendu des activités de vacances. C’est toujours une grande joie de partager nos soucis et nos expériences. Le retour est difficile, car il se fait tard. J’ai bien un car direct jusqu’à ma nouvelle paroisse, mais je dois faire tout le voyage debout. Et vu les nombreux bouchons, cela me prends plus d’une heure et demie. A l’arrivée, je trouve un confrère tanzanien qui retourne en Guinée. Nous avons beaucoup de choses à nous dire.

  • Lundi 7 octobre : Ce matin, il pleut. C’est inhabituel, car normalement la saison des pluies est terminée. C’est bon pour les paysans, mais ça ne va pas arranger les gens des villes –et pas seulement à Dakar- où de nombreux quartiers sont inondés. Déjà la rentrée scolaire a été retardée d’une semaine à cause de ces inondations. Et aussi à cause du manque d’eau dans toute la ville. Impossible, dans ces conditions, de recevoir des centaines d’élèves dans une école !
    Personnellement, je suis bloqué dans mon travail, car il n’y a pas d’électricité et la plupart de mes documents sont dans mon ordinateur dont la batterie est HS. De même, je ne peux pas enregistrer mes documents sur magnétophone, pour les faire saisir par une amie secrétaire. Même en grande banlieue de Dakar nous vivons à deux niveaux : l’éclairage à la bougie et internet, quand ça marche ! Je profite donc de cette interruption pour faire un tour à pied afin de découvrir le quartier. Là au moins, on n’a pas besoin de courant !
    Puis je pars en ville. D’abord, je me rends au Séminaire où je vivais l’année dernière, pour récupérer mon vélo. Bien sûr, il est dégonflé. Mais, plus grave, on ne retrouve plus la clé de l’antivol. Je prends donc mon vélo sur l’épaule et pars chez un artisan du quartier que je connais bien, pour faire scier l’antivol. A partir de là, je peux me déplacer.
    Je vais d’abord au bureau de police des étrangers. En effet, ma carte de séjour n’est valable que jusqu’à demain. Heureusement, je connais bien un des policiers ; il arrange les choses immédiatement. C’est agréable et fait gagner du temps, en même temps que cela permet de retrouver des connaissances. Du coup, non seulement je suis en règle, mais j’ai le temps de régler d’autres problèmes. D’abord à la Poste, récupérer une lettre recommandée : elle contient une carte VISA de la Poste, mais maintenant que je suis rentré de congés, elle ne va pas me servir à grand chose !
    C’est l’heure du repas. Comme je suis en ville, je vais donc manger à notre Maison centrale. C’est l’occasion de revoir ou de connaître beaucoup de monde. Je suis heureux de revoir notre Frère économe, le Procureur et notre doyen. Je fais connaissance de jeunes spiritains ou laïcs qui vont travailler avec nous à l’Université de Saint Louis et en secteur rural. Je rencontre aussi des confrères de passage que je n’ai pas vus depuis longtemps (du Congo, du Gabon, de la Réunion, de Guinée et de Guinée Bissao). Et une amie française qui vient d’arriver avec tout un containeur pour aider des familles nécessiteuses et pour soutenir un certain nombre de projets. Après le repas, comme c’est le début de l’année, nous nous retrouvons à plusieurs formateurs, pour parler de la formation de nos étudiants, qui est une question très importante pour nous.
    Je passe ensuite chez une famille amie, dont je vous ai souvent parlé. Lui, un Sénégalais musulman ; elle, une Ivoirienne chrétienne. Ils se sont connus en France, où ils travaillaient et étaient en règle. Ils se sont même mariés en France. La femme est partie en Côte d’Ivoire à l’enterrement de sa grand’mère. Au retour, elle est passée au Sénégal où elle s’est retrouvée coincée. Le Consulat de France lui demande de refaire toutes les démarches pour un regroupement familial, et cela traîne depuis deux ans. Elle est de nouveau en pleine dépression. Son mari a laissé son travail en France pour venir la rejoindre. Et ils se retrouvent sans aucune ressource et sans aucune solution à leurs problèmes. Moi-même je suis découragé et je ne sais pas quoi faire pour les aider.
    Comme il me reste encore un peu de temps, je passe voir quelques amis, puisque j’ai changé de paroisse. D’abord une amie secrétaire qui saisit une partie des documents que je vous envoie. Puis une animatrice des prisons, avec qui nous avons beaucoup travaillé les années passées. Nous sommes très heureux de nous revoir. Nous échangeons des nouvelles car cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus, puis nous parlons de nos différentes activités.

  • Dimanche 6 octobre : Je suis juste arrivé pour la fête de la paroisse : Notre Dame du Cap Vert (du nom de la presqu’île de Dakar), en pleine préparation de la fête. Ce qui me permet de rencontrer déjà beaucoup de monde. La fête a été préparée par une neuvaine de prières.
    La grand messe a été présidée par le Père Abbé du monastère sénégalais de KEUR MOUSSA. La messe est très animée, avec beaucoup de gestes et de rites : des offrandes, une danse d’offertoire, etc.. A la fin de la messe, le curé me donne la parole pour me présenter. Je le fais en français et en ouolof. Je leur dis ma joie d’être là et je salue tout le monde. Je rappelle que j’ai participé à la préparation de la construction de l’église, dans les années 1950, avec les scouts. Je les salue aussi, au nom des anciens curés encore vivants que j’ai rencontrés pendant mes congés. J’insiste sur le fait que, bien qu’âgé, j’ai tout à découvrir sur la paroisse et la ville. Je leur demande aussi de me donner leurs idées et leurs propositions pour le travail à faire. Mais d’abord, de me faire visiter les quartiers, pour découvrir les réalités de la vie des gens, leurs problèmes et leurs réalisations. Et aussi de me faire rencontrer les différentes associations, ONG et groupes actifs dans les quartiers. Ensuite, je visiterai les différentes autorités pour connaître leurs orientations.
    Je leur rappelle aussi les choses qui me semblent prioritaires. D’abord le souci des plus pauvres et des minorités, et de la paix dans la vie de tous les jours. Et que l’Eglise s’ouvre à la société civile. Je rappelle les paroles de Jésus-Christ : « Vous êtes la lumière du monde » (et pas seulement de l’Eglise), ce qui suppose que nous nous laissions d’abord illuminer et éclairer nous-mêmes. « Vous êtes le sel de la terre » ….et pas seulement de la communauté chrétienne. Ce qui suppose que nous soyions vraiment le levain dans la pâte. Pour tout cela, il va falloir que nous nous mettions vraiment à l’écoute les uns des autres, mais surtout de l’Esprit-Saint. C’est pour cela que je compte travailler avec la Caritas (Secours Catholique), la Commission Justice et Paix et Respect de la Création, et les Communautés de quartiers. En travaillant avec tous, en particulier avec les musulmans.
    L’église de Pikine est très simple, mais aussi très belle. Nous sommes au bord de la mer. Notre église a la forme d’un bateau, avec un phare comme tabernacle, un autel bâti sur deux ancres, et de beaux vitraux dédiés à la pêche, ce qui permet de partir de la vie des gens. Je mets cela en valeur, en particulier l’importance de l’entente pour travailler ensemble dans la pirogue. Et je ne peux m’empêcher de faire allusion au bateau qui a coulé ces jours-ci à Lampaduzza au large de l’Italie, avec plusieurs centaines de morts. Nous prions pour eux. Mais il va falloir aussi faire réfléchir les jeunes qui veulent à tout prix partir en Europe ; et aussi leurs familles. Mais il faudrait d’abord que ces familles aient de quoi vivre ici, sur place.
    La journée se continue très bien. Chaque communauté de quartier a cotisé pour le repas. Aussi tous ceux qui sont venus à la fête peuvent manger, dans une très bonne ambiance. C’est l’occasion de nombreuses retrouvailles, car beaucoup d’anciens paroissiens en profitent pour revenir.
    La paroisse regroupe des gens venus de toutes les régions du Sénégal, et aussi d’autres pays. L’après-midi, ces différents groupes culturels viennent présenter une danse de leur pays, à tour de rôle : diolas, sérères, mandjaques, mancagnes, cap-verdiens. Puis suit un groupe de majorettes de la paroisse. Ensuite différents groupes et mouvements présentent des chants, des sketches et autres animations, toute la soirée jusqu’à 22 h 30, pour la plus grande joie de tous.

  • 2 au 5 octobre : Nous sommes une équipe de 4 : Marek, polonais, le curé ;  Joséphat, tanzanien, le vicaire ; et le Frère Henry-Jo, guinéen, enseignant. Je les connaissais déjà et j’ai été très bien accueilli Egalement par les deux communautés de religieuses qui tiennent 2 dispensaires, 21 centres éducatifs pour les enfants, 2 centres de formation féminine, et encore beaucoup d’autres choses. Et aussi par les chrétiens de la paroisse. J’en connais d’ailleurs un certain nombre, rencontrés au cours de formations et de sessions, certains depuis très longtemps. Bientôt j’irai rencontré les différentes autorités et responsables du quartier : politiques, religieux et autres.
    Je retrouve les conditions difficiles de la vie en banlieue de Dakar : grosse chaleur et temps très lourd qui rendent tous les efforts pénibles. Toute la presqu’île de Dakar (environ 3 millions d’habitants) a été privée d’eau pendant deux semaines, la conduite d’eau au départ du lac –qui alimente toute la ville- ayant éclaté. Une réparation provisoire a été faite, un peu d’eau arrive chez nous vers les 3 heures du matin, quand les quartiers précédents sont servis, mais pas question de prendre une douche. Et toute la journée il n’y a pas eu de courant. Et encore, nous sommes des privilégiés d’avoir ces installations, par rapport à la plupart des autres habitants du quartier.
    Dès mon arrivée, avec mes confrères nous commençons à réfléchir à deux questions. D’abord l’animation des Communautés de quartier. Ils ont fait cette année dernière un gros travail pour les mettre en place et en former les responsables, prévoir des élections, etc… Il reste à préciser les objectifs et à assurer le suivi. Ils comptent pour cela sur ma longue expérience depuis les années 1966 et suivantes, au Congo Brazzaville. Mais il faut que je découvre d’abord les réalités de la ville. On verra !
    Le deuxième point, c’est l’animation des Centres éducatifs de quartier. Ce sont des centres de formation des jeunes enfants, dans le secteur informel : alphabétisation et éducation, prise en charge par les parents eux-mêmes, la plupart étant des familles nécessiteuses qui n’ont pas les moyens de mettre leurs enfants à l’école publique. En effet, celle-ci est théoriquement gratuite, mais elle ne peut pas accueillir tous les enfants qui veulent apprendre. De plus, les parents doivent fournir la tenue, les fournitures, les assurances et les cotisations pour l’entretien de l’école…. et même parfois, si l’enfant est admis à l’école, une table-banc s’il en manque dans la classe.
    On m’a demandé tout de suite de préparer aussi une formation des catéchistes, à l’occasion de la rentrée, sur le Concile Vatican 2, dont c’est le 50ème anniversaire. J’ai déjà tout le nécessaire dans mon site. Le problème sera plutôt de me limiter. Et il reste aussi des documents écrits que je pourrai leur distribuer à la fin.

  • Mardi 1er octobre : De retour de congés, j’atterris à Dakar, en passant par la Belgique. Un de nos Frères, que je connais depuis la Guinée, est venu m’attendre.
    J’ai reçu une nouvelle affectation dans une paroisse tenue par mes frères en grande banlieue de Dakar, à PIKINE. Ce changement est difficile pour moi. Je vais regretter mon travail d’animation et de formation auprès de nos étudiants en théologie qui m’a apporté tellement de joie. Et aussi le travail à la paroisse : l’animation des Communautés de quartier, la Commission justice et Paix, les enfants de la rue, la radio communautaire, et tant d’autres choses ! Et surtout le travail dans les trois prisons (hommes, femmes et jeunes) avec ses 12 commissions et toute l’équipe de 60 laïcs qui s’y dévouent corps et âme. Les laisser au bout de seulement 8 mois, alors que les choses ne sont pas encore vraiment en place,… ce n’est pas facile. Je vais au moins garder les deux émission radio à la Radio municipale de Dakar (RMD) : partage d’Evangile et interviews de chrétiens engagés.
    Mais il faut se tourner vers l’avenir. La paroisse de PIKINE se trouve dans un milieu populaire, où il y a beaucoup à faire. Pour mon travail spécifique, il me faut d’abord beaucoup regarder et écouter, voir ce qui se fait déjà et découvrir les nouveaux appels. Les choses vont se préciser peu à peu, mais il faudra du temps. Et surtout beaucoup de disponibilité.

  • Juillet-Août-Septembre : Jusqu’à début Août, j’étais au Cameroun où on m’a demandé d’assurer une formation des formateurs des grands séminaires spiritains francophones sur les questions de Justice, de Paix et de Respect de la Création (écologie-environnement). La session s’est très bien passée ; il y avait beaucoup de choses à dire et les participants étaient très intéressés et participatifs. Il est vrai que ce sont des problèmes importants et que nous voulons former nos jeunes missionnaires pour qu’ils s’engagent véritablement et efficacement sur toutes ces questions. Ce qui m’a demandé un gros travail de préparation certes, mais le déroulement a été très intéressant car les participants avaient tous une grande et longue expérience.
    Le 15 Août, j’ai présidé la grand-messe puis la procession suivie de la prière en mer, dans l’Ile de HOUAT dont ma famille est originaire et où j’ai encore de nombreux parents. Il s’agissait non seulement de bénir la mer, mais surtout tous ceux qui y travaillent, marins et autres personnes. Et également de prier pour tous ceux qui sont morts en mer : pas seulement les marins et les pêcheurs, mais aussi tous les boat-people qui meurent en mer en essayant de rejoindre l’Europe, ou l’Amérique du Nord, ou l’un des pays d’Asie où ils espèrent pouvoir mieux vivre et trouver du travail pour aider leurs familles. Ou ceux qui partent à cause de la guerre, de la pauvreté, des persécutions ou du manque de liberté dans leur propre pays. Bien sûr j’ai fait prier tout spécialement pour le Sénégal et tous ses enfants qui ont disparu en mer en voulant partir pour l’Europe.
    Je voyage beaucoup pour rencontrer des amis, mais surtout les différents groupes et associations qui nous soutiennent dans nos différentes actions. Cela demande beaucoup d’efforts et de temps, mais c’est aussi très agréable !
    J’ai rencontré de nombreux problèmes de santé dans ma famille : mon frère très gravement malade d’un cancer, qui est décédé fin septembre ; une nièce handicapée, … Au cours de mes déplacements, j’ai aussi rencontré beaucoup d’amis, ou d’inconnus, malades ou très âgés. J’ai surtout été amené à suivre une amie en hôpital psychiatrique, et, à partir de là, à contacter de nombreux malades et travailler avec l’aumônerie de l’hôpital (contacts, écoute, conseils, soutien…) ; également des célébrations : messes, confessions, sacrement des malades, obsèques, l’aumônier de l’hôpital étant un laïc. Tout cela m’a beaucoup marqué. Je vous demande de penser à eux tous.

  • Vendredi 28 juin : A la prison des femmes où nous avons à peu près les mêmes problèmes… et les mêmes activités, mais en nous y prenant autrement, bien sûr ! Aujourd’hui, les chrétiennes se retrouvent pour un partage d’Evangile.
    Ensuite, je vais voir une religieuse amie qui accepte de saisir mes commentaires d’Evangile de chaque jour pour le site du diocèse. Puis je vais manger à notre maison centrale. Notre responsable a passé hier, avec succès, son doctorat en sociologie. Après le repas, je rends visite à mon amie réfugiée, bloquée au Sénégal et qui n’arrive pas à rejoindre son mari en France où ils se sont pourtant mariés.
    Enfin, je pars travailler avec la responsable du CAEDHU (Droits Humains).

  • Jeudi 27 juin : Séance d’écoute à la prison des hommes. Comme d’habitude, je fais le tour des différents services pour saluer le personnel et entretenir nos bonnes relations. Je passe un temps plus long chez le directeur, son adjoint et la greffière pour tous les cas que nous suivons : jugements en appel, demandes de libérations provisoires, réductions de peines, etc… Et aussi pour avoir la liste des libérables afin de préparer les sorties, réintégrations dans les familles et réinsertions dans la société. Puis je vais voir le responsable de la communauté chrétienne et le prêtre qui vient célébrer l’eucharistie les jeudis, l’assistante sociale et le chef de poste. Ensuite nous faisons le tour des ateliers, avant de recevoir les cas les plus difficiles. Une journée bien remplie… comme la plupart des jeudis !

  • Mercredi 26 juin : Le matin, je rends un certain nombre de visites que je voulais faire depuis longtemps. La plupart, des gens en difficultés et pour lesquels nous essayons de trouver des solutions, ou au moins de leur apporter un peu de réconfort.
    Le soir, enregistrement des mes deux émissions habituelles à la radio municipale. Aujourd’hui, je reçois la responsable justice et paix de notre paroisse. Elle fait une excellente synthèse des différentes actions dont je vous ai parlé au fur et à mesure.

  • Mardi 25 juin : Ce matin, nos premiers étudiants partent pour leur stage d’hivernage. Aujourd’hui, c’est le départ pour la Guinée et la Guinée Bissao ; demain, ce sera les partants pour la Mauritanie. Certains restent encore un moment à Dakar avant de partir, car on a encore besoin d’eux. Par exemple, au Port. Ces stages sont très importants pour qu’ils découvrent le secteur rural et d’autres cultures et activités. C’est complémentaire de leurs engagements en ville pendant l’année scolaire. Bien sûr, nous leur demandons de faire un rapport de stage et nous leur avons proposé une grille d’analyse pour cela.
    Le soir, fête de fin d’année de l’aumônerie des prisons. C’est l’occasion de nous retrouver les animateurs et animatrices de nos trois prisons (mineurs, femmes et hommes) des différentes commissions. Nous commençons par un temps de prière, de méditation et de partage, à partir de l’Evangile (Luc 10). D’abord, l’envoi en mission qui nous permet de réfléchir à notre mission ; puis le retour des disciples qui est pour nous l’occasion de dire merci à Dieu pour toutes les bonnes choses que nous avons vécues cette année. Le tout coupé de chants adaptés, d’interventions libres, de prières spontanées, de rites et de symboles. Nous nous sommes rassemblés chez la trésorière qui dirige un Jardin d’enfants et elle a très bien préparé l’endroit, ce qui est très agréable ! Ensuite, nous prenons le temps de nous présenter et de faire plus amplement connaissance. Chacun a apporté un peu à boire et à manger, nous mettons tout sur la table et nous partageons le repas. Sans oublier de prendre des photos pour garder le souvenir de cette belle soirée.

  • Lundi 24 juin : Nous nous retrouvons tous les prêtres, frères, sœurs et laïcs de la Ville de Dakar. Là aussi, chaque équipe présente son évaluation de l’année, sur les différentes activités religieuses mais aussi sociales et humanitaires. A partir de là, nous commençons par lancer une réflexion pour voir nos orientations et la valeur de nos actions. Puis nous commençons à tracer des pistes pour l’année prochaine.
    Mais le 2ème point est tout aussi important : c’est de nous retrouver dans l’amitié. Nous partageons le repas qui nous est offert par la paroisse qui nous accueille ; cela nous permet de mieux nous connaître, pour mieux travailler ensemble, et d’abord mieux nous comprendre.
    Le soir, rencontre de la commission Justice et Paix. Comme pour les autres groupes, c’est le bilan de fin d’année. Nous voyons comment prolonger notre action de nettoyage dans le cadre de la Journée mondiale de l’Environnement, pour une véritable éducation à l’écologie. Puis nous passons à la prévention des inondations qui vont certainement revenir encore cette année. Et nous évaluons notre action pour la réduction du coût des loyers : nous devrons trouver des personnes ressources et des techniciens pour mieux cibler nos actions. Il reste la question de la préparation des élections locales. Nous avons déjà composé un certain nombre de documents que nous avons distribués ; mais maintenant, il faut les travailler et les mettre en pratique. Ce n’est pas le plus facile.

  • Dimanche 23 juin : Toute la journée, rencontre des fraternités spiritaines, ces équipes de laïcs qui participent à notre spiritualité et à nos actions missionnaires. Nous faisons le point de nos activités de toute l’année, et, ,à partir de là, nous cherchons déjà quelles actions mener l’année prochaine. Nous ne nous contentons pas de prévoir nos actions, mais nous réfléchissons aussi à nos motivations.. Nous voyons aussi les formations à assurer. Mais nous ne voulons pas en rester aux formations. Nous avons donc prévu qu’une réunion sera consacrée à la réflexion et la formation. Et la réunion suivante, nous ferons le tour des actions menées au niveau personnel et tous ensemble.

  • Samedi 22 juin : Comme je dois partir en congés, c’est notre dernière rencontre générale à la prison des hommes. Il y a beaucoup d’émotion. A la fin de la réunion, ils me font quatre discours (dans nos quatre langues usuelles : français, anglais, espagnol et ouolof) très touchants. Ils m’offrent des cadeaux (sac, tissage, tableau, sculpture) fabriqués par les prisonniers eux-mêmes, bien sûr. Je mets ces discours dans mon livre de prières (bréviaire). Ainsi je prierai pour eux chaque jour, avec beaucoup d’émotion.
    Après la rencontre, nous nous asseyons avec toute l’équipe d’animation pour organiser les activités de vacances. Je n’ai aucune inquiétude ; ils sont formés et motivés, je peux partir en paix. Mais nous sommes tristes de nous séparer.
    L’après-midi, nos étudiants reçoivent les premières ordinations, en vue de devenir prêtres. Pour cette occasion, nous avons invité tous ceux qui les suivent dans leurs engagements. Et aussi notre communauté de quartier et nos amis. Cela fait beaucoup de monde, mais chacun a apporté sa contribution (en liquide et en solide !) et nous avons tout partagé dans la simplicité et la joie.
    Entre temps, je suis passé au dispensaire pour prendre des médicaments contre le palud. Il faut prendre ses précautions, parce qu’en France les médecins ne connaissent pas bien cette maladie et pour avoir des médicaments, c’est tout un problème !
    Je passe aussi récupérer mon magnétophone auprès de mon « secrétaire » bénévole qui saisit mes notes enregistrées sur magnétophone que je vous envoie ensuite par mail. J’ai préparé mes commentaires d’Evangile jusqu’au mois d’octobre afin qu’il n’y ait pas de problème jusqu’à mon retour.

  • Vendredi 21 juin : Rencontre à la prison des femmes. Après la rencontre, comme chaque fois un certain nombre de détenues viennent nous voir personnellement : chacune a son problème et ses difficultés propres.
    Nous voudrions élargir notre action, comme chez les hommes, mais la prison des femmes est beaucoup plus « sensible et sous contrôle ». De plus, il y a aussi une nouvelle directrice et il faut attendre qu’elle soit bien en place. En fait, les femmes sont beaucoup plus soutenues que les hommes par de nombreuses ONG et associations. Elles vivent dans des conditions moins dures et sont moins mal prises en charge au point de vue nourriture et santé. Elles peuvent aussi bénéficier d’une formation professionnelle : alphabétisation, micro-jardins, couture, coiffure, etc… Ce que nous voudrions mettre rapidement en place, ce sont des rencontres culturelles et éducatives, des rencontres religieuses entre chrétiennes et musulmanes, la mise en place d’une véritable écoute, et une organisation pour la réinsertion des libérées. Le travail ne manque pas. Les volontaires sont là. Il faut dépasser les lourdeurs et les lenteurs.
    A midi, nous recevons dans notre communauté un jeune lycéen qui voudrait devenir missionnaire spiritain. Cela fait une année que je le suis. Il est engagé dans le mouvement des élèves (la JEC) et intervient chaque semaine à la prison. Maintenant, il faut qu’il ait d’abord son bac !
    Tout l’après-midi, avec nos étudiants, nous tenons notre réunion d’évaluation de l’année. Nous abordons en détail nos différentes activités : prière, vie de communauté, engagements et activités pastorales, études, finances. Chacun peut donner son avis et ses propositions.
    La nuit, rencontre avec les responsables de l’amicale des jeunes du quartier.

  • Jeudi 20 juin : Rencontre avec la direction de la prison. Je leur rapporte les différents problèmes et questions des détenus. Je vous en ai déjà parlé. Il faut revenir sans arrêt sur les mêmes questions pour que ça avance un peu. Pendant ce temps, les animateurs et animatrices continuent de recevoir les prisonniers en écoute. A midi, nous nous retrouvons ensemble pour coordonner nos actions. Nous avons de plus en plus de demandes matérielles (argent, habits, nourriture, produits d’hygiène) et de santé (médicaments). Nous allons continuer à y répondre le mieux possible mais nous avons peur que cela étouffe nos séances d’écoute. Pourtant, ces rencontres gratuites et désintéressées nous semblent nécessaires. Et aussi les rencontres culturelles ouvertes à tous, qui permettent une avancée et une libération de la parole. Aujourd’hui, nous avons réussi à faire sauter un blocage qui venait de la direction. On va voir la suite.
    Le soir, rencontre à l’aumônerie de la mer. Je me retrouve dans mon élément, en tant qu’originaire d’une famille de pêcheurs de l’Ile d’Houat, et en tant qu’ancien aumônier de la mer, à Saint Louis. On m’a demandé de venir participer à la formation d’une trentaine de visiteurs des bateaux et du port, dans le cadre de l’aumônerie de la mer. J’interviens sur trois points : la doctrine sociale de l’Eglise, la question des migrants, et le soutien à apporter aux marins, spécialement du commerce (marine marchande) en partant de leurs conditions de vie et de travail concrets. Beaucoup de ces marins de passage au port de Dakar sont philippins. Nous avons justement un étudiant philippin chez nous. C’est une grande chance. Les participants sont très intéressés et la séance dépasse largement le temps prévu.

  • Mercredi 19 juin : Je termine de rencontrer les étudiants.
    A 15 heures : Réunion de notre Association des Droits de l’homme. Nous travaillons avec des gens d’une petite ethnie du Sénégal Oriental que nous soutenons matériellement, mais surtout dont nous essayons de défendre les droits.
    Le soir, enregistrement de mes émissions à la radio.

  • Mardi 18 juin : Je continue à recevoir personnellement les étudiants.
    L’après-midi, une longue rencontre avec un couple sénégalais. Ils étaient en France, où ils se sont même mariés. La femme est venue au Sénégal pour l’enterrement de sa grand’mère, avec leur jeune enfant. Mais elle est tombée malade, pendant longtemps. Maintenant, elle veut retourner en France rejoindre son mari avec leur enfant, mais on lui dit que le temps est passé et elle n’arrive pas à obtenir un rendez-vous avec le Consul, ni moi-même d’ailleurs, malgré tous nos efforts. On a vraiment l’impression que l’on fait tout pour embêter les gens et bloquer les choses. Car sans visa de retour, elle est complètement bloquée…. Jusqu’à quand ?
    Réunion du Bureau de l’aumônerie de la prison. Comme je pars en congés, nous nous retrouvons pour évaluer l’année et préparer les activités de vacances, car bien sûr il n’est pas question de les arrêter pendant cette période. Nous cherchons aussi comment améliorer les conditions de vie des prisonniers, par exemple pour trouver des ventilateurs. Nous prenons un long temps pour le lancement des ateliers de formation, pour lesquels nous avons reçu du matériel. Il y a des tas de petites choses qu’il faut régler. Puis nous abordons la question de la recherche de fonds et de l’utilisation du peu d’argent que nous avons déjà. Enfin, nous décidons de faire une fête de fin d’année, avec un temps de prière, un temps de partage et un repas partagé (chacun amènera quelque chose).

  • Lundi 17 juin : Travail à la maison et préparation de mes différentes interventions de la semaine.

  • Dimanche 16 juin : Messe à la paroisse, en plein quartier, au milieu du marché, dans une église qui n’est en fait qu’un grand hangar. Il y a plus de 2.000 personnes… et pas de sonorisation. Finalement, c’est une bonne chose, car tous les hauts parleurs sont muets ce qui nous permet de prier tranquillement… même s’il me faut crier pour me faire entendre ! Du coup, je n’ai plus beaucoup de voix quand je vais à la radio. Mais grâce au micro, j’arrive à m’en sortir.

  • Samedi 15 juin : Ce matin, à la prison des hommes, j’accueille deux Guinéens : un responsable d’ONG venu en formation au Sénégal et pour la mise en place d’une cellule de leur ONG. Nous nous connaissons car nous avions travaillé ensemble dans la Commission Justice et Paix. Il est accompagné d’un prêtre, intéressé par nos actions. Après la rencontre, nous prenons le temps de nous retrouver ensemble pour échanger nos impressions et réflexions, après avoir partagé le repas avec les étudiants. Puis, après les nouvelles, les échanges sur la vie à la prison et le partage de la Parole de Dieu, nous parlons des problèmes de l’environnement et du respect de la création. Et c’est un jeune animateur –qui vient de nous rejoindre- qui anime le débat. Nous l’avons préparé ensemble, et il s’en tire d’ailleurs très bien. A la fin de la séance, nous pouvons remettre à chacun un peu de café, de lait et du sucre. Il est fourni pour un détenu qui a reçu de l’argent de son neveu du Ghana, et il a tenu à offrir quelque chose à tout le groupe, au lieu de tout garder pour lui. Je suis toujours dans l’admiration devant la solidarité entre les prisonniers.
    L’un des grands problèmes actuellement, c’est la chaleur. Ils sont enfermés toute la nuit, très serrés les uns contre les autres, à plus de 100 dans une seule chambre. Et les ventilateurs sont en panne depuis de nombreuses années !
    L’après-midi, suite des rencontre avec les étudiants.

  • endredi 14 juin : Messe à la prison des femmes. L’Evangile est celui de la pécheresse pardonnée. Cet Evangile est vraiment très émouvant célébré dans un tel lieu. Nous avons eu une célébration très émouvante. Beaucoup ont demandé à se confesser. Nous avons décidé de continuer toute une réflexion sur le pardon et la réconciliation. Nous y mettons beaucoup d’espoir.
    Après la rencontre, nous traînons, volontairement, pour pouvoir parler personnellement avec les détenues qui le désirent. En essayant de deviner celles qui en ont le plus besoin, car nous ne pouvons malheureusement pas parler avec toutes.
    L’après-midi, je continue mes rencontres d’évaluation de fin d’année avec les étrangers.

  • Jeudi 13 juin : Le matin, écoute à la prison, comme d’habitude, avec les nombreux problèmes.
    L’après-midi, je commence à recevoir nos étudiants un par un, maintenant que les examens sont terminés. Nous faisons l’évaluation de toutes les activités et engagements pastoraux de cette année. Chacun a déjà préparé un compte-rendu écrit, à partir duquel nous pouvons partir pour l’approfondir. Nous voyons d’abord comment chacun a vécu ses engagements et ce qu’il a appris, comment il s’est formé, etc… Ensuite, ce qu’il a découvert du quartier où il a travaillé, les bonnes choses qu’il a eues à connaître. Ensuite, comment il voit la paroisse, son fonctionnement et ses différentes organisations. Enfin, nous abordons un certain nombre de points que nous avons travaillés tout au long de l’année : développement et actions humanitaires, justice et paix, relations chrétiens-musulmans, communautés de quartier, année de la foi, 3ème plan pastoral.
    Puis nous préparons ensemble leur stage de l’été.

  • Mardi 12 juin : Un grand Congrès Ouest-Africain de réflexion sur les prisons se tient à Dakar. Aujourd’hui, les participants viennent visiter la salle où sont exposées les œuvres des prisonniers : peintures, sculptures et autres objets. Cela nous donne l’occasion de rencontrer un certain nombre de responsables et de réfléchir avec eux en particulier à la réinsertion des détenus… car trop souvent on se contente de grandes conférences ou d’expositions. Ce qui ne peut évidemment pas suffire à assurer une véritable réinsertion des prisonniers, surtout les plus démunis. C’est pourquoi nous voulons plutôt assurer une formation de base aux prisonniers qui n’ont pas de métier, au lieu de vendre les tableaux ou les sculptures de professionnels, actuellement détenus, qui de toute façon auront de quoi vivre à leur sortie. Mais cela ne se voit pas. Et ce que les gens cherchent, ce sont des actions de prestige et des grandes choses qui se voient !
    Le soir, nous nous retrouvons avec toute l’équipe du Centre Saint Augustin où se forment nos étudiants futurs missionnaires, en philosophie et en théologie. Nous nous retrouvons ainsi : la direction , les enseignants et les formateurs et responsables des différentes Maisons religieuses. Car nous ne voulons pas former seulement des intellectuels avec des diplômes, mais former des pasteurs, des animateurs responsables, des missionnaires et agents de développement. C’est donc important et très intéressant de nous réunir ensemble en cette fin d’année, dans l’amitié, même si personnellement je regrette que nous n’ayons pas des rencontres de réflexion et de travail entre nous, tout au long de l’année.
    Nous fêtons les 80 ans de notre doyen et le départ de l’un d’entre nous après 20 années d’enseignement.

  • Mardi 11 juin : Je passe tout mon temps avec une société de transport pour faire venir des livres éducatifs, sans succès. Il faudra que je revienne.

  • Lundi 10 juin : Le matin, travail à la maison.
    L’après-midi, travail avec l’équipe pastorale d’une paroisse tenue par des confrères, en grande banlieue, à Pikine.

  • Dimanche 9 juin : Nous tenons l’Assemblée Générale du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains). Nous avons fait un énorme travail de formation d’éducateurs et de confection de matériel éducatif. Mais nous avons senti la nécessité de changer l’équipe dirigeante à la fois pour la renouveler, la redynamiser et mieux l’organiser. Nous avons mis en place une équipe de jeunes, les plus anciens continuant à suivre les activités et à apporter leur soutien.
    A 16 heures, je les laisse pour animer une réunion de jeunes dans un quartier de banlieue. Ils ont demandé une rencontre sur la sexualité des jeunes. Un sujet qui non seulement les intéresse mais les préoccupe beaucoup. Ils cherchent des points de références par rapport à tout ce qu’ils voient et entendent à la télévision et sur internet. La rencontre est animée et dure longtemps. Nous faisons ce que nous appelons un thé débat : au cours de la discussions, nous buvons le thé traditionnel et partageons des arachides ; cela met tout de suite une meilleure ambiance.
    Le retour est difficile car il y a une grande manifestation musulmane de la Conférence des Layènes. Il y a beaucoup de bouchons mais nous partageons leur joie.

  • Samedi 8 juin : A la prison des hommes, nous accueillons d’abord le responsable de l’Eglise protestante avec qui nous travaillons régulièrement. Il est venu apporter de la nourriture pour les familles des détenus, qui en ont bien besoin.
    Ensuite, nous faisons le point sur les maltraitances à la prison, le règlement et les conditions de vie. Chaque animateur parle ensuite de ses activités. Puis nous leur expliquons les actions que nous menons à l’extérieur : nettoyage des rues (protection de l’environnement), soutien aux employées de maison, etc… C’est important pour nous de les tenir au courant de ce qui se passe à l’extérieur et nous leur apportons chaque semaine des journaux pour cela. Nous abordons aussi la question de l’alphabétisation, pas seulement pour apprendre aux analphabètes à lire et à écrire, mais aussi pour que les anglophones puissent apprendre le français et inversement, et que tous puissent apprendre la langue nationale : le ouolof.
    Dès que la réunion est finie, je pars à la paroisse où les délégué des différents groupes, mouvements et CEB se retrouvent pour finaliser notre plan d’action pour les cinq années à venir. C’est l’aboutissement d’un très long travail de réflexion à la base et qui est très important pour nous.
    A 16 heures, je vais intervenir au forum sur les employées de maison organisé par la JOCF. Cela fait très longtemps que je travaille avec la JOCF sur cette question, et il y a beaucoup de choses à dire…. et à changer. D’abord, une écologiste intervient sur la question de l’environnement humain. Puis un responsable de quartier nous explique ce qu’ils font pour accueillir et soutenir ces travailleuses. J’interviens ensuite sur la dimension religieuse (chrétienne et musulmane), sur l’écologie humaine, la dignité des travailleuses et des employées de maison, le respect des enfants et des travailleuses. Les filles ont présenté des chants, des danses et du théâtre pour faire comprendre leur vie, leurs problèmes mais aussi leurs réalisations. Cela a beaucoup touché les gens.

  • Vendredi 7 juin :A la prison des hommes d’abord, puis à celle des femmes. Rencontre avec les directeurs, mais aussi le juge d’application des peines. Il y a beaucoup de choses à voir : les très mauvaises conditions de vie : nourriture, santé. Avec l’arrivée de la chaleur, c’est impossible de dormir enfermés à plus de 100 dans une seule chambre. Sans parler des mauvais traitements, dès le début des arrestations, où, en plus, on prend même leurs papiers personnels, si bien qu’ils n’ont même plus un numéro de téléphone pour entrer en contact avec leur famille. Et les problèmes qui attendent des années avant de passer en jugement.
    Ensuite, nous continuons la mise en place des ateliers de formation. Il y a des tas de choses à mettre au point.
    Le soir, rencontre de notre communauté de quartier. Nous nous donnons beaucoup de nouvelles et voyons comment animer notre quartier, avant de partager la Parole de Dieu.

  • Jeudi 6 juin : A la prison : Comme chaque jeudi, écoute, réinsertion, prière, ateliers. Quatre commissions se retrouvent, travaillant chacune de son côté. J’assure la coordination et les relations avec l’autorité et les différents services de la prison ; en revenant à l’écoute chaque fois que c’est possible. D’ailleurs, nous avons 3 jours et 3 équipes pour l’écoute chez les hommes (près de 1.000 détenus) les lundis, mercredis et jeudis, pour lesquels nous assurons la formation continue avec beaucoup de soin.
    L’aumônier des prisons de Ziguinchor (la région sud du pays) est venu nous visiter. Il me rend la visite que je leur avais faite après Pâques. Cela nous donne l’occasion de faire le tour des différents services pour le présenter et pour aborder un certain nombre de questions.
    Il est accompagné par le responsable du service des communications de l’Eglise. Il en profite pour faire des interviews et il nous demande des articles et documents que nous allons lui procurer bien sûr au fur et à mesure.
    L’après-midi, je reçois plusieurs jeunes qui avaient demandé à me voir.
    A 18 h 30 : Rencontre des fiancés (préparation au mariage). Ces rencontres sont toujours très intéressantes et j’aime beaucoup ces jeunes couples : ça rajeunit et ça fait du bien ! En tant que vieux célibataire, cela me rafraîchit dans mon engagement missionnaire. Aujourd’hui, nous parlons justement de la psychologie de l’homme et de la femme, de la vie du couple, mais aussi comment vivre notre amour en chrétiens et la signification du sacrement de mariage. Je leur laisse un certain nombre des livres que j’ai écrits à ce sujet, mais malheureusement je n’en ai pas assez.

  • Mercredi 5 juin : Journée de prière, de réflexion et de travail à la maison.
    Le soir, enregistrement à la radio. Aujourd’hui je reçois un missionnaire spiritain sénégalais.

  • Mardi 4 juin : Je passe la matinée à faire un certain nombre de courses et de démarches (banques, sociétés de transport, etc…) qui me prennent beaucoup de temps.
    Le midi, repas à notre maison centrale : rencontre avec les confrères.
    Après-midi : Après de nombreuses tractations et préparations, nous amenons les outils reçus de nos amis de l’ONG « Appel Détresse » : ordinateurs, machines à coudre, petit outillage. Ce que nous cherchons, c’est de lancer des ateliers de formation (et non pas de production, dont les bénéfices vont d’ailleurs plus à l’administration qu’aux détenus), pas seulement pour occuper les détenus d’une façon intelligente, mais surtout pour leur apporter une formation de base qui leur permettra de trouver plus facilement du travail à leur sortie et de gagner plus rapidement leur vie. Nous n’avons pas les moyens de payer des formateurs. Nous allons donc faire appel à des artisans formés et compétents, également détenus, volontaires pour former les autres. Car nous voulons que les détenus se prennent en mains, s’organisent et prennent leurs responsabilités. Ainsi, ils pourront participer et donner leur avis à l’administration et aux agents chargés des ateliers. De notre côté, nous avons trouvé un membre de l’aumônerie qui va suivre les activités, voir comment elles sont menées, veiller à ce que le matériel ne disparaisse pas et soit bien entretenu, etc… En même temps, nous allons appuyer les petits ateliers qui fonctionnent déjà pour leur fournir le matériel nécessaire et aider à la commercialisation.
    Cette remise du matériel est l’occasion de faire connaître le suivi de notre action, qui a d’ailleurs été relevée par plusieurs télévisions, radios, journaux et sites. En effet, ce qui fait notre originalité, c’est que nous avons une action qui se poursuit dans le temps depuis de nombreuses années, et qui cherche à prendre en charge toute la vie et tous les problèmes des prisonniers, de leurs familles et des victimes. Etant une organisation de l’Eglise Catholique, nous pouvons contacter les personnes sur toute l’étendue du pays. Car, malheureusement, il y a un certain nombre d’associations qui viennent apporter quelques cartons de savon ou sacs de riz pour passer à la télévision, et on ne les revoit plus.

  • Lundi 3 juin : Comme prévu, je vais rencontrer le directeur du Camp Pénal. Nous avons une longue réflexion sur la vie à la prison, en particulier sur les punitions, coups et brimades. Il m’assure que des décisions vont être prises et qu’une ligne de téléphone internationale sera mise en place. Nous abordons les autres problèmes : santé, nourriture. Et surtout les autorisations de nos animateurs/trices pour l’écoute, l’animation culturelle et les autres rencontres avec tous comme les rencontres entre chrétiens. La nouvelle administration veut reprendre les choses en main, mais parfois avec beaucoup d’autorité et sans tenir compte des réalités. Ce qui amène beaucoup de pesanteurs et de lenteurs et même des blocages. Il nous faut faire preuve de beaucoup de patience et d’adaptation.
    Le soir, rencontre de la Commission « Justice et Paix », après la messe animée par nous. Le point principal est la dernière mise au point de notre journée de grand nettoyage de mercredi prochain (voir plus loin). Mais nous voyons aussi les autres actions en cours : l’action contre la hausse des loyers, la prévention contre les inondations, la préparation des élection locales de l’année prochaine, etc…

  • Dimanche 2 juin : Aujourd’hui j’anime une journée de réflexion et de prière avec des religieuses. Nous commençons à réfléchir à partir de la mission du Christ, telle qu’il l’a présente Lui-même en Luc 4, 16-22 : « Annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile aux pauvres, délivrer les prisonniers, rendre la vue aux aveugles, libérer les opprimés et écrasés, …. ». Nous cherchons ce que cela veut dire au Sénégal en 2013 et à quoi cela nous appelle en tant que religieux/ses missionnaires.
    Je les laisse pour un temps de réflexion personnelle, pendant que je vais animer mes émissions radio en direct à notre radio-communautaire.

  • Samedi 1er juin : Rencontre à la prison des hommes. Il y a quelques jours, une série de fouille a eu lieu, en particulier pour récupérer les téléphones portables qui sont effectivement interdits. Cela a entraîné des réactions très vives de la part des détenus. Le directeur m’a donc demandé d’en parler lors de notre rencontre pour apaiser les tensions, en expliquant le règlement. Ce que je fais, mais bien sûr en écoutant les détenus. Ceux-ci m’expliquent qu’il y a bien un téléphone (payant) à leur disposition, mais qu’il n’y a pas l’international, ce qui fait que les détenus étrangers n’ont aucun moyen de communication avec leurs familles et leur pays. D’ailleurs quand ils sont arrêtés, dans les Commissariats de police et gendarmerie on leur prend tous leurs papiers même personnels, si bien qu’ils n’ont plus aucune adresse, ni numéro de téléphone. Mais ce dont ils se plaignent le plus, c’est qu’à l’occasion des fouilles, ils ont été frappés ; certains sont venus à la rencontre et quand un détenu a commencé à expliquer cela, le gardien s’est levé, l’a saisi brusquement avec violence et l’a ramené dans la prison. Bien sûr, il s’en suit de vives réactions que j’ai beaucoup de peine à calmer. Je prends l’engagement de rencontrer le directeur dès lundi matin, ce qui apaise le groupe et nous permet de continuer avec le partage des nouvelles, de la Parole de Dieu (en quatre groupes : français, anglais, espagnol, ouolof), des informations et réflexions sur la Journée mondiale de l’Environnement, et la prière.
    L’après-midi, je reçois deux jeunes qui veulent être missionnaires. Le premier, je l’avais déjà connu en Guinée. Il est à l’Université de Dakar. Il est spécialement engagé dans l’animation des jeunes et les collectivités éducatives. Le deuxième, également étudiant, est camerounais. Il est catéchiste et engagé dans la JEC (mouvement d’action catholique des élèves et étudiants) et intervient aussi à la prison. Tous les deux sont dans un groupe vocationnel. Avec chacun en particulier, nous faisons le point de sa vie et de ses engagements. Puis je les laisse pour aller célébrer la messe dans un quartier.

  • Vendredi 31 mai : Matinée à la prison des femmes. Aujourd’hui, j’ai la joie de leur apporter de la nourriture reçue dans le conteneur de nos amis d’Appel Détresse. Mais la direction a décidé de faire une fouille dans les chambres. Nous n’étions pas prévenus, cela prend beaucoup de temps et nous ne pouvons donc pas réunir les femmes. Nous rencontrons quand même la directrice et nous étudions avec elle la question de l’écoute qui a de la peine à se mettre en place, à l’inverse de chez les hommes. Nous voulons aussi organiser des rencontres entre chrétiennes et musulmanes, mais l’administration est réticente pour le moment. Nous allons continuer nos efforts.
    Le soir, rencontre du bureau des fraternités spiritaines. Nous préparons la prochaine rencontre générale de juin où nous ferons le bilan de l’année. Nous mettrons aussi en place notre nouvelle façon de travailler, davantage orientée vers des actions personnelles et communautaires et une évaluation de celles-ci. Nous espérons ainsi donner un nouveau souffle à nos actions.

  • Jeudi 30 mai : A la prison des hommes : écoute et réinsertion des libérés. Comme chaque semaine, nous rencontrons les différents responsables et services : direction, secrétariat, greffier, chef de poste, chef de cour, service social, ateliers, infirmerie, etc… Les questions à traiter ne manquent pas ! Aujourd’hui, c’est surtout le problème de la réduction des peines qui nous retient. Et aussi la question des jugements en appel qui traînent trop longtemps, 2 ou 3 ans ou même parfois beaucoup plus.
    A l’écoute, souvent les détenus viennent nous voir pour un petit problème matériel ou de santé. Mais à partir de là, la confiance s’instaure, le partage s’approfondit et nous abordons des problèmes plus personnels et plus approfondis.
    Ensuite, je passe au Centre professionnel des jeunes filles, pour leur apporter des documents de formation. Puis je vais travailler avec un secrétaire qui nous aide pour la rédaction de nos documents.

  • Mercredi 29 mai : Le matin, travail à la maison avant d’aller à la prison régler un certain nombre de problèmes avec les autorités.
    L’après-midi, travail sur you tube.
    Le soir, enregistrements à la radio. J’interviewe des étudiants de la JEC universitaire, un mouvement d’Action Catholique, sur la vie à l’université, les problèmes des étudiants, les actions qu’ils mènent à l’Université, dans leurs quartiers, dans la société, en particulier la paix en Casamance, où il y a une rébellion et un mouvement indépendantiste depuis plus de 30 ans.
    A 21 heures, rencontre avec la JOCF pour préparer notre journée d’étude sur les conditions de vie professionnelle des employées de maison. C’est un grand problème, car elles sont souvent exploitées et humiliées. La JOCF travaille depuis longtemps avec elles, mais il y a beaucoup à faire. En particulier avec les jeunes élèves qui viennent à Dakar pendant les grandes vacances pour travailler et gagner de quoi se payer leurs études, mais qui souvent ne gagnent pas l’argent nécessaire, ont honte de retourner au village et restent traîner en ville quand elles ne se retrouvent pas enceintes. Ou, le plus souvent, gravement malades, car elles vivent dans des conditions très mauvaises et même inhumaines au point de vue nourriture, santé, environnement.
    Après cela, je passe encore chez un responsable de l’aumônerie pour la mise au point de nos ateliers de formation à la prison.

  • Mardi 28 mai : Ce matin, je reçois un étudiant qui vient du nord du pays, de l’Université de St LOUIS. Il prépare une thèse sur l’avortement. L’avortement est pénalisé au Sénégal et il vient chercher des renseignements sur les détenues emprisonnées pour cause d’avortement. Bien sûr, je refuse absolument de répondre à ses questions, puisque moi-même je ne pose jamais de questions aux détenues ; je me contente de lui dire ce que je sais en général sur la question.
    17 heures. 3ème formation à l’aumônerie des prisons, sur la justice réparatrice : comment amener les détenus, non seulement à regretter librement ce qu’ils ont fait, mais aussi à demander pardon à leurs victimes et même, si possible, à réparer le mal qu’ils ont fait. Ce n’est pas facile !

  • Lundi 27 mai : Le matin, travail ordinaire à la maison.
    Le soir, nous fêtons le 310ème anniversaire de la fondation de notre Congrégation missionnaire du Saint-Esprit (spiritains). Nous décidons de marquer le coup. Nous invitons donc les autorités religieuses et civiles, nos amis et les membres de nos fraternités spiritaines de laïcs dont je vous ai déjà parlé. Nous sommes très heureux de nous retrouver ensemble.
    Nous commençons par notre doyen qui fête justement ses 86 ans aujourd’hui et qui a toute sa tête. C’est notre archiviste. Il nous parle de nos deux fondateurs et de l’histoire et des actions des spiritains au Sénégal. Il a vécu beaucoup de ces choses lui-même et il peut donc nous donner des témoignages vivants et très intéressants.
    Nous continuons par un temps de prière à partir de textes de nos fondateurs, suivi de l’Office du soir. Et bien sûr terminons par un repas fraternel qui dure longtemps car nous sommes très heureux d’être ensemble.

  • Dimanche 26 mai : Je célèbre la messe du matin à 7 heures. Je suis libre pour animer les émissions radio de ce jour.

  • Samedi 25 mai : Aujourd’hui, je ne vais pas à la prison, car dans le diocèse voisin de THIES, on ordonne un nouvel évêque, au bout de deux ans d’attente. Je l’ai connu avant de partir en Guinée, je me fais un devoir d’y aller. En plus, cela me permet de rencontrer des tas d’amis que je n’avais pas vus depuis des dizaines d’années. C’est une grande joie pour nous tous.
    Au retour, je rejoins la rencontre préparatoire de l’Assemblée Générale du CAEDHU (Droits Humains).

  • Vendredi 24 mai : A la prison des femmes. D’abord, nous rencontrons la nouvelle directrice. Il y a un certain nombre de choses à régler et à mettre au point : la vie dans la prison, l’écoute, la réinsertion, l’organisation des prières et des rencontres communes entre chrétiennes et musulmanes.
    Nous abordons aussi la question de l’autre prison des femmes de Rufisque, à 25 km de Dakar, où sont envoyées les détenues après leur jugement et condamnation. Certaines s’y retrouvent avec leur bébé ou leur jeune enfant. Cela nous cause beaucoup de soucis.
    Nous essayons de voir comment améliorer nos relation entre les différentes prisons. Ce n’est pas facile non plus !
    Ensuite, je travaille sur You Tube.
    Puis la préparation de la journée mondiale sur l’environnement. Notre grand souci, c’est d’obtenir le soutien nécessaire de la part de la Mairie, en particulier en matériel de nettoyage, pelles, brouettes, camions, etc…
    A 17h30, réunion de Bureau de l’aumônerie de la prison. Nous avons beaucoup d’activités à revoir (évaluer) et beaucoup d’autres à préparer. Je vous en ai parlé au fur et à mesure. Les deux autres points importants sont : 1°), l’utilisation de l’argent reçu, suite à nos différentes actions de Carême, car nos moyens sont limités et il faut les utiliser au mieux. Nous définissons nos priorités et regrettons de ne pas pouvoir prendre en charge un certain nombre de besoins, pourtant importants. 2°), l’utilisation de tout ce que nous avons reçu dans le conteneur, envoyé par nos amis de l’ONG « Appel Détresse ». Le point principal, c’est l’utilisation des outils pour lancer des ateliers de formation artisanale des détenus, en vue de préparer leur réinsertion dans la société.
    Ensuite, il nous reste toutes les questions concrètes : recherche de médecins pour des visites médicales et des avocats pour le soutien des prisonniers oubliés et abandonnés, et pour des rencontres de formation.
    La dernière question posée est celle de la coordination entre les aumôneries des différentes prisons de la ville. Car il y a là un besoin important.
    Il y avait pendant ce temps-là une réunion de coordination des jeunes, mais on ne peut pas être partout !
    Je me dépêche de partir à notre rencontre, à 21 heures, de la communauté de quartier. Nous parlons d’un thème important : la bonne gouvernance, la citoyenneté, la lutte contre la corruption, etc… Je ne veux surtout pas la manquer. La réflexion est très intéressante et les débats passionnés. Il nous va falloir maintenant partager nos réflexions.

  • Jeudi 23 mai : Séance d’écoute à la prison des hommes, avec toujours les mêmes problèmes. J’en ai souvent parlé ! Jusqu’à maintenant, je n’ai pas pu avoir la liste des détenus libérables en Juillet pour préparer leur retour en famille, leur trouver du travail, et déjà prendre en charge leur retour dans leur lieu d’origine.
    Le soir, réunion de notre commission justice et Paix. Le point principal, c’est la préparation de notre action pour l’environnement du mercredi 5 juin (journée mondiale).

  • Mercredi 22 mai : Je reçois un jeune, responsable du Mouvement des CV-AV, qui souhaiterait être missionnaire.
    Le soir, à la radio, j’interviewe des élèves sur ce qu’ils font avec le Mouvement de la JEC dans leurs écoles, leurs familles, leurs quartiers et la société en général, pour soutenir les élèves dans leurs problèmes et toute leur vie. Ca se passe bien… comme d’habitude.

  • Mardi 21 mai : Toute une série d’appels téléphoniques au GHANA pour obtenir un envoi d’argent pour un détenu, de la part d’un parent. Cela fait deux mois que ça dure : à chaque fois, il y a des complications. Le parent m’envoie le code PIN, mais pas de mot de passe. J’appelle la banque du Ghana qui me dit qu’il n’y a pas de mot de passe ! Ensuite, on refuse de me remettre l’argent car il est écrit « Père Armel »… et sur mon passeport on n’a pas mis « Père ». Nouveaux coups de téléphone… et nouveau refus, parce qu’il n’a indiqué que mon prénom usuel (le seul que je lui ai envoyé) alors que sur mon passeport on a mis mes trois prénoms, que je n’utilise jamais. Finalement, en fin de journée, j’arrive à recevoir l’argent. Une journée entière de perdue et j’ai peut-être dépensé plus en téléphone que la somme reçue pour le détenu. Mais je tenais à ce que la famille participe et soutienne leur parent, même si cela demande beaucoup d’argent et d’énergie.
    Ensuite, je prends le temps de travailler à la rédaction de documents sur notre action Justice et Paix, nos émissions aux différentes radios et l’évaluation des émissions radios du pèlerinage national, et aussi du carnet des marcheurs, pour voir comment améliorer tout cela l’année prochaine.

  • Dimanche 19 mai : Pentecôte. Confirmation des catéchumènes adultes de toute la ville, à la Cathédrale.
    De mon côté, j’assure mes 2 heures ½ d’émission radio.
    L’après-midi, un ami vient m’aider à ouvrir un blog où je pourrai mettre les différents documents et programmes que je transmets, au fur et à mesure.
    Le soir, une grande joie : un appel téléphonique d’un ancien camarade de l’école primaire, il y a 65 ans ! Nous allons organiser une rencontre.

  • Samedi 18 mai : Rencontre à la prison des hommes. Nous parlons des désirs des détenus et des conditions de la justice. D’abord, les appels : quand ils font appel, ils doivent attendre 2 ou 3 ans minimum avant de repasser en jugement. Ensuite, les libérations conditionnelles, les réductions de peine, etc… Nous décidons de faire appel à un avocat pour une formation sur toutes ces questions. Bien sûr, comme à chaque séance, les problèmes de nourriture et de médicaments reviennent sur le tapis. Puis nous abordons les questions de la drogue, de l’homosexualité dont on parle beaucoup actuellement. En positif, certains ambassadeurs ont commencé à venir visiter les détenus, suite au travail de notre commission.
    A la fin de la rencontre, je prends les noms de ceux qui voudront me rencontrer jeudi prochain. L’un d’eux avait une voiture. Il l’a faite remettre à un garagiste pour la vendre et avoir un peu d’argent pour nourrir sa famille ; mais le garagiste refuse de remettre l’argent, profitant de ce que le propriétaire est en prison. La femme vient du Nigéria ; nous allons lui chercher un emploi de professeur d’anglais.
    Le soir, je dis la messe à la paroisse.

  • Vendredi 17 mai : A la prison des femmes. D’abord, j’apprends une bonne nouvelle : un groupe de Rufisque, une ville voisine, nous propose son soutien. Avec les catholiques, je célèbre la messe de la Pentecôte. Ensuite, nous leur remettons des pots de crème vitamine que nous avons reçus. Puis nous prenons le temps de parler avec les nouvelles arrivées.
    L’Evangile de la Pentecôte leur parle beaucoup : Jésus qui apparaît aux apôtres enfermés dans une maison, et qui est avec elles qui sont aussi enfermées. Jésus qui leur montre ses mains percées, signe de ses souffrances, et qui leur dit : la paix soit avec vous. A elles qui souffrent et qui ont tellement besoin de paix. Et enfin, Jésus qui leur dit : « Vos péchés sont pardonnés » (Jean 20, 19-23). Cet Evangile les a beaucoup touchées.
    Nous terminons en mangeant ensemble des petits pots de crème reçus dans le conteneur.
    Notre action s’intensifie et s’approfondit. Mais pour intervenir dans les prisons, il nous faut un accord des autorités. Je vais donc voir le directeur de la prison pour établir une liste complémentaire d’intervenants. Espérons que les autorisations ne tarderont pas.
    L’après-midi, je vais participer aux obsèques de la sœur de la responsable des Fraternités Spiritaines. Nous sommes nombreux à l’entourer et à prier avec toute la famille.
    Le soir, je vais travailler avec la responsable de l’aumônerie de la prison des mineurs.

  • Jeudi 16 mai : Ecoute à la prison : nous sommes 3 aujourd’hui. L’une d’entre nous reçoit les libérables, pour préparer leur sortie, leur retour en famille et si possible leur trouver du travail. Pour les détenus, les problèmes abordés sont, en particulier, la perte des documents et papiers personnels retenus par les policiers, si bien qu’ils n’ont même plus un numéro de téléphone pour nous permettre de contacter leur famille ; et aussi la séparation de la famille, encore plus difficile à porter quand il y a maladie, décès ou problèmes de scolarité des enfants, logement, nourriture ; mais aussi le manque d’avocats, certains disparaissant une fois qu’ils sont payés ; sans oublier les problèmes internes : nourriture, manque d’hygiène, salubrité, maladies. Ce qui permet de supporter cela moins difficilement, ce sont l’entente et la grande solidarité entre les détenus. Et nous faisons tout bien sûr pour maintenir ce climat et même le faire grandir.
    Le soir, longue séance (plusieurs heures) de confessions pour les adultes qui vont recevoir la Confirmation dimanche. Nous sommes une dizaine de prêtres.

  • Mercredi 15 mai : Enregistrement hebdomadaire de deux émissions, français et ouolof, à la radio municipale. J’essaierai de les mettre ensuite sur « You Tube ». Et en plus, cette fois-ci, une émission spéciale pour la Pentecôte : 3 heures d’enregistrement !

  • Mardi 14 mai : Travail à la maison, car les choses en attente s’accumulent. Et j’ai un certain nombre d’articles et de documents à rédiger. Ce qui me demande le plus de temps, c’est la rédaction de commentaires de l’Evangile de chaque jour pour le site du diocèse (seneglise.net//prier). En effet, nous cherchons à présenter la Parole de Dieu d’une manière plus adaptée à notre vie et nos réalités.
    Je prends un temps pour aller chez un transitaire où deux palettes de mes livres sont en attente. Je ne sais pas si je pourrai les récupérer, car je n’ai pas d’argent pour payer les frais de magasinage.
    Le soir, rencontre avec les journalistes (radio, journaux et télévisions) qui couvriront le pèlerinage national de Popenguine, lundi prochain.

  • Lundi 13 mai : Comme chaque lundi, rencontres diverses : avec l’organisation des média catholiques, puis à la prison des femmes, puis celle des hommes. Les problèmes ne manquent pas. Aujourd’hui, nous passons plusieurs heures pour une reconnaissance de paternité, avec un détenu qui a violé et enceinté une jeune fille, mais refuse de reconnaître l’enfant. Peu à peu, il évolue et finit par accepter sa responsabilité.
    Après-midi, renouvellement des vœux (engagement religieux) d’un de nos étudiants philippins que nous entourons et fêtons dans la joie.
    La nuit, rencontre de la commission Justice et Paix pour continuer la grande opération de nettoyage du marché de notre quartier, à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement.

  • Dimanche 12 mai : Journée de prière pour les étudiants. De mon côté, j’assure 2 heures ½ d’émission radio, en direct, comme chaque dimanche (radio communautaire).

  • Samedi 11 mai : Confirmation des enfants.
    L’après-midi, rencontre du CAEDHU (droits humains) pour revoir les statuts de l’association. Nous ferons nos propositions à la prochaine assemblée générale, car nous avons besoin de prendre un nouveau départ.
    Le soir, messe dans un quartier. J’aime beaucoup ces messes où c’est possible de partager plus facilement et qui sont à la fois plus simples et plus animées.

  • Vendredi 10 mai : A la prison des femmes, nous parlons avec les détenues pour préparer la rencontre avec la nouvelle directrice et aborder un certain nombre de problèmes : la mise en place d’une écoute suivie des détenues, l’utilisation de la télévision, les temps de prière des catholiques (qui sont une petite minorité au milieu des musulmanes). Nous préparons des rencontres de partage entre chrétiennes et musulmanes, le suivi des détenues malades, l’aide des étrangères coupées de leur famille et sans soutien. Et il y a tous les problèmes de la vie de chaque jour à régler : les tensions, les jalousies, etc….
    A 11 heures, je me retrouve au Centre Professionnel des jeunes filles.
    Aujourd’hui, nous parlons de la sexualité pour une 2ème séance. En effet, elles ont demandé cette deuxième rencontre, en invitant leurs camarades musulmanes qui sont aussi intéressées qu’elles mais qui, souvent, n’ont pas l’occasion de parler de ces questions. Au début, elles sont un peu timides, mais je me charge de les mettre à l’aise. Je pars de leurs questions bien sûr, et nous dépassons largement le temps prévu ! On va voir pour continuer.
    Ensuite, je passe au dispensaire du quartier, tenu par des Sœurs. J’ai pu leur remettre du matériel médical, reçu dans le conteneur. Nous voyons ensemble comment l’utiliser au mieux. Je prends aussi le temps de parler avec les malades et avec le personnel de santé. Ensuite, un temps de réflexion avec une autre sœur qui travaille avec nous dans les prisons. Notre souci aujourd’hui, ce sont les problèmes de vision des prisonniers. Nous avons trouvé des ophtalmologues volontaires pour assurer des consultations gratuites à la prison, mais il en manque un et nous ne savons pas qui solliciter. Rien n’est simple !
    Le soir, rencontre de communauté. Avec les étudiants, nous travaillons à mettre au point notre organisation et façon de vivre. En particulier, quelles relations garder avec nos familles et comment les soutenir en cas de besoin. Ensuite, nous parlons de notre vie commune. Chacun prend la parole, sans contrainte, à tour de rôle. Cela demande du temps (14 étudiants et 2 formateurs) mais ça vaut la peine et nous ne voyons pas le temps passer.

  • Jeudi 9 mai : Fête de l’Ascension. C’est la Première Communion dans toutes les paroisses de la ville. Il y a une très grande inflation de la fête de Première Communion, avec un grand repas, beaucoup de dépenses…. Et les plus pauvres sont exclus. C’est pourquoi, au moins pour limiter tout cela, nous célébrons cette fête le même jour.
    Bien sûr, cela ne supprime pas les activités de la fête du dimanche, en particulier l’émission en direct à la radio communautaire.

  • Mercredi 8 mai : Le matin, contact avec le régisseur de la prison.
    L’après-midi, passage à la banque pour l’aumônerie des prisons, puis à l’Ambassade du Cameroun. En effet, je dois aller animer un séminaire pour les formateurs de nos séminaires, sur Justice et Paix. Il me faut un visa…. qui en plus n’est pas donné ! Je commence les premières démarches.
    Puis je pars à la radio pour l’enregistrement de mes deux émissions hebdomadaires. Aujourd’hui, je reçois un des responsables de la coordination des jeunes sur la marche-pèlerinage de la Pentecôte. Il nous explique, en français et en ouolof, le thème, le but et l’organisation de cette marche.
    Ensuite, je rencontre le responsable de notre commission économique de l’aumônerie des prisons. C’est lui qui a réceptionné notre conteneur et qui s’occupe de la répartition. Nous voyons comment partager les produits aux plus nécessiteux, selon leurs besoins. Il est déjà tard, mais prenons le temps qu’il faut, car c’est important pour nous.

  • Mardi 7 mai : Le matin, travail à la maison car les choses à régler en retard ne manquent pas ! L’après-midi, réflexion avec les étudiants autour de l’aumônier de l’hôpital sur la pastorale des malades et le soutien à apporter. Vu son expérience, l’aumônier nous dit des choses très concrètes et les étudiants sont très intéressés. Cela va certainement les aider dans leur apostolat futur, pas seulement pour aider et soutenir les malades mais aussi pour lutter pour la santé, l’hygiène, la prévention et l’éducation à la santé, dans un pays sain, où on peut vivre heureux. Nous avons aussi réfléchi longuement au soutien à apporter aux familles qui souvent n’ont pas les moyens de soigner leur parent. Parfois elles l’abandonnent par peur, ou bien se tournent vers la médecine traditionnelle –ce qui est une bonne chose-, mais aussi vers les sacrifices et même la recherche des causes invisibles de la maladie (sorciers, génies, esprits maléfiques, ancêtres)… Il y a là tout un travail de discernement à faire. Difficile, mais tellement important.
    Aumônerie des prisons : Nous abordons la 2ème formation à l’écoute. Aujourd’hui, après les principes, nous passons à un exercice pratique : un jeu de rôle (écoute d’un prisonnier par deux volontaires) que nous évaluons tous ensemble, pour améliorer notre façon d’écouter les prisonniers. Puis nous lançons un débat sur les différentes orientations que nous avons données. Comme tout cela est important, nous décidons de nous retrouver une 3ème fois pour réfléchir à la justice réparatrice, c’est-à-dire la réconciliation entre les détenus et leurs victimes et leurs familles. C’est une étape très difficile, mais qui nous tient vraiment à cœur.

  • Lundi 6 mai : Rencontre des prêtres du doyenné (8 paroisses de la banlieue). Nous avons d’abord une réflexion sur le Concile Vatican 2 dont c’est le 50ème anniversaire : Comment le vivre, aujourd’hui, au Sénégal ?
    Puis nous voyons ensemble comment mettre en pratique le plan d’action du diocèse, avant de passer aux questions diverses qui ne manquent pas : le pèlerinage national à Popenguine, mais aussi les micros-crédits pour les familles nécessiteuses et les parrainages d’élèves pauvres ; l’évaluation en communautés de quartier des différents engagements des membres au travail et dans le quartier, les rencontres avec les imams et des sessions de formation sur la paix, sur le bien commun et sur le leadership.
    Il nous reste à préparer les confirmations.
    Je pars ensuite à la banque pour récupérer l’argent envoyé depuis le Ghana par le fils d’un prisonnier. Mais je n’arrive pas à avoir cet argent après plus d’une heure d’attente. Le fils m’a bien envoyé son nom et le code de l’envoi, mais on me demande en plus un mot de passe. Il va falloir reprendre contact avec le Ghana, ce qui n’est vraiment pas facile !
    Puis je passe travailler avec la secrétaire de l’aumônerie des prisons, en particulier d’une part,pour les lettres de remerciements aux personnes qui ont apporté leur soutien pour la distribution des objets reçus dans le conteneur, et, d’autre part, pour la mise en place de recherche de fonds.
    Ensuite, je passe chez une amie qui a accepté de m’aider à saisir mes notes, pour les documents que j’envoie.
    Je termine juste à temps pour aller dire la messe, à la paroisse, suivie de la réunion du comité justice et paix. Après le compte rendu de la rencontre générale de vendredi dernier, nous passons aux questions locales : la sécurité dans les quartiers, la lutte contre l’utilisation des enfants pour la vente de la drogue, les précautions à prendre contre les inondations, et la préparation des élections locales.
    Dans un deuxième temps, nous passons à une action pratique : nous voulons marquer la journée mondiale de l’environnement du 5 juin. Nous allons faire une grande action de nettoyage dans la rue principale et le marché de notre quartier. Et, en particulier, ramasser les sacs en plastique et les pots de café que les gens jettent partout. Nous voulons mobiliser le maximum de personnes, de manière à les faire réfléchir aux questions de l’environnement à partir d’une action concrète. Nous nous partageons les responsabilités, les personnes à contacter et les choses à faire pour que tout se passe le mieux possible.

  • Dimanche 5 mai : Aujourd’hui, je célèbre la messe des enfants. J’en suis très heureux car ces messes sont très animées, avec une participation simple et spontanée des enfants. Nous veillons à leur proposer un certain nombre de gestes, de rites et d’animation.
    Puis je rejoins la radio pour notre émission du dimanche, en direct, avec de nombreux intervenants par téléphone. C’est très animé, et les questions sont parfois surprenantes.
    Le soir, nous tenons notre rencontre mensuelle des spiritains de Dakar : prière, partage et repas en commun.

  • Samedi 4 mai : Rencontre à la prison, comme chaque semaine. Nous devons attendre un long temps avant de pouvoir commencer notre rencontre, car de nouveaux détenus viennent d’arriver et il faut d’abord qu’ils passent à la fouille et soient installés. A la rencontre, je demande aux détenus de bien accueillir ces nouveaux. Mais, à ma grande surprise, on me dit que la plupart sont des récidivistes. Cela me rend très triste et m’interroge beaucoup sur la formation que nous essayons d’amener en prison. Il y a déjà de bonnes choses qui se font, mais il faut approfondir et améliorer encore.
    Nous prenons ensuite un temps pour parler de la vie de la prison : les améliorations apportées (voir jeudi 2 mai), mais aussi l’utilisation du conteneur (voir samedi 27 avril). Mais c’est difficile, car si certains prisonniers savent voir les bonnes choses qui se font, d’autres ne sont jamais satisfaits. Et en plus, il est très difficile de savoir la vérité. Il faut reconnaître aussi que les choses ne sont pas simples. Par exemple, la semaine dernière on a tué un bœuf ; mais un bœuf pour plus des 900 détenus, ça ne fait pas beaucoup. En plus, les intermédiaires sont nombreux : la Commission cuisine, le personnel pénitentiaire, les cuisiniers, le poste pour l’entrée de la nourriture, les chefs de chambre qui distribuent. Si chacun prend sa part au passage, ce n’est pas étonnant qu’à la fin il ne reste plus grand-chose pour les simples détenus de la base !
    Suite aux actions que nous avons menées, beaucoup de volontaires se présentent pour venir travailler avec nous. Mais il faut l’autorisation du Ministère de la Justice, qu’on ne nous donne qu’une fois par an, en Janvier. Il va falloir qu’ils attendent janvier prochain !
    A la sortie, nous allons rencontrer un médecin responsable d’une association pour voir dans quelle mesure certains d’entre eux peuvent venir faire des consultations médicales à la prison.
    Après-midi : C’est la grande Kermesse de la Cathédrale. J’y vais car cela me permet de rencontrer un certain nombre d’amis. Et nous terminons par le repas.

  • Vendredi 3 mai : Le soir : Je pars à la rencontre des équipes Justice et Paix de toute la ville. En effet, notre Comité a lancé, depuis deux ans, une action pour la baisse des loyers dont le prix ne fait que monter. Alors que nous vivons dans une banlieue populaire et où les gens sont pauvres. Nous sentons la nécessité de mener l’action au niveau national, avec une pétition ouverte à tous. Nous avons déjà rencontré des députés pour cela. Et nous sentons le besoin d’élargir notre action. Ce soir nous organisons cette rencontre au niveau de toute la capitale.
    Nous commençons par faire le tour de la vie des différents comités Justice et Paix. Puis nous travaillons à notre Plan d’Action pour les trois années qui viennent, avec une attention particulière aux élections prochaines, à la bonne gouvernance, à l’accaparement des terres par les sociétés étrangères mais aussi les riches du pays, à la situation des prisonniers, la paix en Casamance, et à un certain nombre de problèmes locaux selon les régions, comme celui de la recherche de l’or au Sénégal Oriental. Ensuite, nous abordons cette question des loyers, en cherchant à la situer dans un contexte plus large : la question des terrains, la construction de logements sociaux, etc… Pour avancer, nous décidons de mettre en place un groupe de travail, avec des gens compétents et spécialisés dans cette question.
    Enfin, dans une dernière étape, nous cherchons les problèmes actuels qui se posent concrètement à nous, et nous traçons déjà quelques pistes d’actions.
    La réunion a été très longue, mais tous sont satisfaits, car cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas retrouvés ensemble, et les sujets abordés sont d’importance !

  • Vendredi 3 mai : Rencontre à la prison des femmes toujours aussi sympathique. Une des détenues partage avec nous tout ce qu’elle a subi lors de son arrestation, se retrouvant seule femme au milieu d’une trentaine d’hommes, les brimades qu’elle a subies, les humiliations. Et ensuite, tous les efforts qu’elle a dû faire et le temps qu’il lui a fallu pour dépasser tout cela. Une autre relève le côté positif de la prison : son séjour lui a appris à se connaître, à se discipliner et s’organiser ; elle remercie pour l’éducation qu’elle y reçoit. Une troisième affirme : au moins, ici j’ai le temps de prier.
    A 11 heures, je pars rapidement au Centre des jeunes filles pour une formation. Nous réfléchissons à la sexualité, l’amour et le mariage. Au début, elles sont un peu timides et réservées car ce n’est pas tellement l’habitude de s’exprimer en public sur ces questions ; et les parents n’en parlent pas avec leurs enfants. Mais peu à peu, elles se sentent à l’aise. Elles me demandent de revenir une autre fois. Bien sûr j’accepte, mais je leur demande de préparer leurs questions à l’avance pour me permettre de mieux répondre à leurs attentes.
    Dès que j’ai fini, je pars pour trier les colis du conteneur que nous avons reçu. C’est un gros travail, mais c’est nécessaire pour répondre aux besoins de la manière la plus adaptée possible. Le travail est loin d’être terminé et ensuite il faudra livrer les cartons aux différents destinataires.

  • Jeudi 2 mai : Comme chaque jeudi, je passe la matinée à la prison des hommes. Nous rencontrons à chaque fois de nouvelles personnes avec chacune son problème. Nous avons enfin une salle où rencontrer les détenus tranquillement. Nous prenons aussi un long temps avec le nouveau directeur. Il nous fait visiter la cuisine : il y a une réelle amélioration, avec un peu de légumes. Aujourd’hui, ils ont reçu un bœuf. Pour 900 détenus, ce n’est pas énorme, mais c’est quand même très bien. Nous visitons aussi les travaux de réhabilitation de la prison : réparations, peintures, etc… Autre bonne nouvelle : un JAP (Juge d’Application des Peines) est nommé. Il va commencer son travail lundi prochain. Tout cela nous réjouit et nous encourage beaucoup, car nous espérons que les choses vont s’améliorer peu à peu.
    16 heures. Notre séminaire s’appelle : « Monseigneur Pierre Sagna », du nom de l’ancien évêque de Saint-Louis, spiritain comme nous. Aujourd’hui, je parle de lui aux étudiants, car ils ne le connaissent pas. Alors que de mon côté, je l’ai déjà connu dans les années 60, quand nous étions étudiants, et j’ai travaillé plus de 15 ans dans son diocèse. Je relève d’abord son engagement missionnaire dans le diocèse de St LOUIS, comprenant 99,8 % de musulmans. Sa très grande simplicité et son accueil pour tous qui frappait énormément. Et surtout sa joie permanente qui donnait le moral à tout le monde, quelles que soient les difficultés. Et surtout son grand courage pendant la longue maladie qui l’emportera. C’est un grand exemple qui nous inspire et nous entraîne. Les étudiants y sont très sensibles et me posent de nombreuses questions.

  • Mercredi 1er mai : Rencontre avec les jeunes travailleuses de la JOCF. Elles demandent en particulier un meilleur respect des employées de maison. Et qu’on réfléchisse à toutes ces jeunes filles et femmes qui viennent travailler en ville, parce qu’elles n’ont pas de quoi vivre au village.
    Le soir, enregistrement à la radio. Je reçois la responsable d’un centre comprenant un dispensaire, une école maternelle et un centre de formation professionnelle de jeunes filles. Elle a beaucoup de choses à dire.
    Et bien sûr, tout au long de la journée, je suis les différentes déclarations et démarches des syndicats et les réactions des autorités. Il va falloir réfléchir à tout cela.

  • Mardi 30 Avril : Travail à la maison.

  • Lundi 29 Avril : Je travaille à la maison, et passe toute la journée à rédiger un article pour des religieuses qu’on m’a demandé depuis longtemps sur « Vie religieuse et Justice ». J’avais déjà les bases, mais il faut synthétiser et rédiger les choses. Ce n’est pas encore terminé, mais au moins l’essentiel est fait. C’est la suite d’un premier article sur la Réconciliation.
    A 18 heures 30, je célèbre la messe à la paroisse, et ensuite nous tenons notre réunion de Justice et Paix ; Nous parlons d’abord de notre action contre l’augmentation du coût du loyer que nous voulons élargir. Nous allons organiser une rencontre élargie au niveau de la ville, avec les autres comités locaux de Justice et Paix. Puis nous abordons les questions locales. Nous les reprendrons au fur et à mesure : le manque de sécurité dans le quartier, la drogue, la prévention et les choses à faire en vue de la prochaine saison des pluies, afin d’éviter les inondations comme celles de l’année dernière.

  • Dimanche 28 Avril : Je pars à Gorée, l’Ile au large de Dakar. Cette Ile a été pendant longtemps le point de départ de nombreux esclaves. C’est un pèlerinage et un ressourcement que je fais à cette occasion.
    Mais je suis parti d’abord pour animer une rencontre sur le Concile Vatican 2, dont nous fêtons le 50ème anniversaire. En effet, j’ai beaucoup travaillé cette question. Vous pouvez consulter mon site à ce sujet : http://armel.duteil.free.fr. Le partage est très intéressant et animé. Et en plus, j’ai la joie de prendre le bateau et de faire une sortie en mer.
    Le soir, je retrouve un groupe de prière dont les membres m’ont demandé de leur faire une formation. Nous réfléchissons au lien à assurer entre la prière et la vie : quels engagements avoir et comment les apporter dans la prière ; comment la prière peut déboucher sur l’action ? Les réactions sont très diversifiées mais se complètent les unes les autres.

  • Samedi 27 Avril : Dès le matin, nous nous mettons en route pour la prison. Pour une première livraison, nous apportons une tonne de lait, une tonne de semoule de pain pour le petit déjeuner, des produits d’hygiène, des couvertures, des médicaments et matériel de santé. Nous avons reçu aussi des outils pour lancer des ateliers de formation. Mais pour cela, il faut bien étudier l’action : mettre les choses en place, assurer le suivi et la supervision de ces ateliers. Cela va se faire peu à peu. Pendant le déchargement, j’ai eu le temps d’assurer la rencontre des prisonniers du samedi.
    L’après-midi, rencontre des religieux.
    Le soir, dans notre communauté, nous fêtons les anniversaires du mois. Ce mois, il y en a 4. Nous les regroupons car nous n’avons pas les moyens de faire la fête à chaque fois. Chacun des 4 prend la parole pour partager ce qui fait l’essentiel de sa vie. Nous avons aussi deux invités qui se présentent en détail . Cela est coupé de chants, de jeux et de quizz. Nous passons une très bonne soirée qui renforce nos liens.

  • Vendredi 26 Avril : Je dois supprimer toutes mes activités ordinaires pour assurer la sortie du conteneur que des amis de l’ONG « Appel Détresse » nous ont envoyé depuis la France. Il est arrivé le 11 Mars, mais nous nous trouvons confrontés à des tas de problèmes administratifs. Le Ministère de la Justice nous a accordé l’exonération des frais de douane, mais il y a énormément de formalités à remplir. Et toutes les démarches à entreprendre auprès du débarquement, du port, du transitaire , etc… Aujourd’hui, nous arrivons au but, ce qui va nous demander toute la journée. Nous commençons à 8 heures, et le conteneur sort à minuit !

  • Jeudi 25 Avril : Tous les prêtres du diocèse se retrouvent pour la journée autour de notre évêque, le Cardinal Théodore Adrien SARR, pour préparer le plan d’action des trois années qui viennent. Nous travaillons en particulier le thème du service : rendre leur dignité à tous ; le développement humain et les actions humanitaires ; et toutes les actions de justice et de paix et de réconciliation. Nous assurons un travail très sérieux et approfondi, ce qui n’empêche pas de vivre une vraie journée d’amitié, avec la grande joie de retrouver des amis qu’on n’a pas vus depuis longtemps.

  • Mercredi 24 Avril : Je consacre ce matin à un certain nombre de visites qui étaient en attente depuis longtemps ! C’est important de garder le contact avec les gens pour maintenir les relations. Puis je vais voir un transitaire pour les livres de formation que j’ai écrits et que j’attends avec impatience, car il vont m’être bien utiles pour mes activités.
    A midi, je vais voir un ami qui m’aidera à saisir les commentaires d’Evangile de chaque jour, que nous mettons sur le site du diocèse : seneglise.net (cliquer sur « prions » sur la page d’accueil – clocher de droite).
    Le soir, enregistrement de mes deux émissions, comme chaque mercredi. Aujourd’hui, je reçois une responsable de « Régulation des naissances » qui nous explique son travail et les difficultés qu’elle rencontre

  • ardi 23 Avril : Ce matin, je commence par rencontrer les élèves du collège Notre-Dame du Liban. Ils veulent me remettre le résultat de leur action de Carême en faveur des prisonniers. Ils ont récupéré un million CFA (environ 1.500 €), sans compter des habits, des chaussures, du savon et autres produits d’hygiène. Nous les remercions beaucoup et ensuite nous leur expliquons nos actions en faveur des prisonniers mais aussi de leurs familles, dans la prison et à l’extérieur, pour la prévention, l’amélioration de la vie en prison, et aussi la réinsertion des prisonniers, sans oublier la réconciliation avec les victimes. Il y a ainsi de nombreuses écoles pas seulement privées (religieuses ou laïques) mais aussi officielles (gouvernementales), de nombreuses associations de quartiers et autres qui nous ont beaucoup soutenus. Ce qui est très utile car les besoins sont énormes. Et actuellement, chaque membre de l’aumônerie rencontre ces différents mouvements et associations qui nous soutiennent.
    Ensuite, je fais un certain nombre de visites que je devais faire depuis longtemps : un informaticien pour la préparation de mes différents documents, le responsable de la Commission nationale de Justice et Paix, deux responsables de la Légion de Marie, la paroisse voisine qui demande ma collaboration, une pharmacienne qui me propose des médicaments, une réfugiée pour ses problèmes de papiers tellement compliqués. Il me reste encore d’autres personnes à voir, mais ce sera pour une prochaine fois. Car je dois travailler avec notre Procureur, en particulier pour chercher des financements pour des voitures, notamment pour la Guinée où les routes sont souvent mauvaises et les voitures vieilles et en très mauvais état. Alors que nous en avons absolument besoin car les zones dans lesquelles nous travaillons sont souvent très vastes et c’est important que nous puissions aller dans les différents villages à la rencontre des populations. C’est un gros problème pour nous.
    Le soir, travail avec l’aumônerie des prisons. D’abord, à 17 heures, réunion du Bureau : évaluation de la fête de Pâques et conclusions pour l’année prochaine. Ensuite, préparation des activités du trimestre, avec la marche des différentes commissions. Notre souci, c’est de trouver des médecins et des avocats bénévoles pour intervenir à la prison. Et surtout de trouver quelqu’un pour suivre et superviser les ateliers de formation que nous voulons lancer dans les prisons. Nous n’avons pas le temps de terminer, nous continuerons la semaine prochaine.
    En effet, à partir de 18 heures, nous avons un temps de formation avec tous sur l’écoute des prisonniers. Cette formation est très importante pour nous tous. Des personnes de l’administration pénitentiaire sont venues nous rejoindre. Pour cette fois-ci, nous avons fait appel à un aumônier psychologue qui travaille au Cameroun, venu en congés au Sénégal.

  • Lundi 22 Avril : La visite de notre responsable se termine. Le matin, il commence par partager avec nous, les formateurs, ses réflexions et les conclusions de ses rencontres avec chacun. Nous faisons, à partir de là, le point de notre vie en communauté et de nos activités, et nous tirons des orientations pour la fin de l’année et l’année prochaine.
    A midi, je pars à la prison. Avec le Bureau de l’Aumônerie, nous nous retrouvons avec le nouveau directeur et son équipe (adjoint, assistante sociale, etc…). Cette rencontre était nécessaire pour nous faire connaître du nouveau directeur, avec la présentation des personnes, notre organisation, nos différentes commissions et les actions menées, avec les explications nécessaires. Ensuite, nous avons pu lui présenter nos besoins et un certain nombre de problèmes et de blocages qu’il faudra lever. Nous nous sommes mis d’accord, la voie est libre, maintenant il s’agit de passer à l’action.
    15 heures. Rencontre avec les étudiants. Nous leur faisons part de nos réflexions et conclusions de ce matin. Ensuite, chacun peut poser ses questions. Nous leur présentons aussi les activités de nos confrères en Mauritanie, les deux Guinées, le Cap Vert et le Sénégal. C’est l’occasion d’un large débat de plusieurs heures où chacun peut parler. Cela augmente notre cohésion. Mais nous avons de la chance. Dans l’ensemble, notre communauté marche bien et nous sommes heureux de vivre ensemble. Il faut dire que nous prenons les moyens pour cela. Et nous avons la chance d’être une communauté internationale (12 nationalités, 3 continents, pour 16 membres). Nous terminons en célébrant une Eucharistie de fête, suivie d’un repas amélioré pour l’occasion, plein de joie et d’amitié (sans excès, car notre régime est très spartiate ordinairement, et il ne faut pas grand-chose pour l’améliorer !).

  • Dimanche 21 Avril : C’est le dimanche du Bon Berger et Dimanche des Vocations. Il y a une grande rencontre des jeunes, à laquelle nos étudiants participent. De mon côté, j’anime la rencontre générale des Fraternités spiritaines. Comme je vous l’ai déjà expliqué, ce sont des équipes de laïcs qui travaillent avec nous et cherchent à vivre notre spiritualité, c’est-à-dire notre façon de vivre l’Evangile et d’être missionnaires, dans la ligne de nos fondateurs, Claude Poullart et François Libermann. Nous nous retrouvons ainsi tous ensemble chaque trimestre. Entre temps, chaque équipe se réunit pour un partage d’Evangile, suivi d’une réflexion commune sur un texte de nos fondateurs. Aujourd’hui, nous cherchons à mieux structurer nos équipes et à mieux organiser nos rencontres. Nous déterminons quatre lignes d’action : 1) Formation spirituelle à partir de la lettre du mois : partage d’Evangile et lettre spirituelle ; 2) Evaluation en équipe de nos engagements pour un soutien mutuel ; 3) Comment être missionnaires là où nous vivons et travaillons ; 4) Quelles actions mener au titre de la Fraternité.
    Comme actions de cette année, nous avons déjà réalisé un soutien aux jeunes en recherche de travail, une aide aux prisonniers, l’éducation sexuelle des jeunes, etc….

  • Samedi 20 Avril : A la prison des hommes. Nous parlons longuement de l’arrestation du fils de l’ancien président, Karim Wade. Indépendamment de la gravité de la présomption de détournement des fonds publics et de blanchiment d’argent, ils sont choqués par les bonnes conditions de vie à la prison : chambre personnelle, carrelée, avec télévision, toilette intérieure, etc… alors qu’eux sont une centaine par chambre, sans même la place de poser leur matelas…. quand ils en ont un.
    Ensuite, nous organisons les différentes prières animées par les prisonniers, en gardant l’équilibre entre les prières catholiques et œcuméniques. Après le partage de la Parole de Dieu, nous passons aux nouvelles. Je leur parle en particulier de mon séjour en Casamance et de mon travail à la prison de Ziguinchor.
    A la sortie, nous renouvelons les papiers de visite des nouveaux animateurs et animatrices.
    A 16 heures. Rencontre avec l’aumônier du Port. Nous voyons d’abord le travail effectué par nos deux étudiants. Puis nous analysons le projet d’actions au Port et la formation des visiteurs du Port à mettre en place en premier, pour qu’ils puissent assurer leurs responsabilités auprès des travailleurs du Port et des marins de passage. C’est un gros travail.
    Je dois partir avant la fin, pour célébrer l’Eucharistie à la paroisse. Il y a beaucoup de monde, comme d’habitude. Après la messe, nous prenons le temps de nous rencontrer, de régler différents problèmes et personnes à aider. Ca ne manque pas !

  • Vendredi 19 Avril : Aujourd’hui, à la prison de femmes, cette fois-ci je célèbre l’Eucharistie. Cela fait longtemps que je ne l’ai pas célébrée. Nous partageons la Parole de Dieu, mais les détenues ont de la peine à parler car la situation est tendue à la prison, suite à la reprise en mains et le changement de directrice, comme chez les hommes. Heureusement, elles se détendent peu à peu et retrouvent un peu de paix.
    Je passe ensuite à la poste récupérer un colis (merci à l’expéditeur) qui nous servira en particulier pour l’alphabétisation à la prison. Après cela, je m’arrête au CAEDHU (droits humains). Je vais rencontrer une immigrée qui a des tas de problèmes de papiers. Et je suis appelé d’urgence pour le conteneur. Il nous a été envoyé par des amis (Association Appel Détresse) pour la prison : de la nourriture, des outils et du matériel pour lancer des ateliers de formation. Le conteneur est arrivé depuis le 10 Mars. Le Ministre de la Justice, en reconnaissance de la valeur de notre travail et son importance, nous avait promis une exonération des frais de douane. Mais avec les aller-retour entre la douane et les deux Ministères (de la Finance et de la Justice), cela a pris un mois. Et c’était seulement pour la douane. Maintenant, on nous demande 1 million CFA (près de 1.500 €) pour le magasinage et la sortie du port. Je vais d’urgence rencontrer les responsables de la société Delmas pour qu’ils accordent une réduction. On attendra la réponse. Mais ce n’est pas facile d’aider les gens !
    Le soir, je reçois une dentiste qui est prête à venir soigner les dents à la prison. Nous nous en réjouissons, bien sûr.
    21 heures. Rencontre de notre communauté de quartier. Aujourd’hui un long temps de partage des nouvelles pour mieux nous connaître et faire grandir l’amitié entre nous. Puis nous partageons la Parole de Dieu (du dimanche suivant) et faisons l’évaluation de la marche de notre communauté.

  • Jeudi 18 Avril : Ecoute à la prison des hommes. Ce qui nous touche spécialement aujourd’hui, ce sont les conditions de vie très difficiles des détenus : pas seulement la solitude, mais le manque de soins et de nourriture. Surtout pour les étrangers, mais aussi ceux qui viennent des autres régions du Sénégal. En effet, tous les détenus condamnés à de longues peines (à partir de 10 ans) sont envoyés systématiquement à Dakar, où ils se retrouvent loin de leurs familles et sans aucun soutien.
    Par ailleurs, suite à la grève de la faim des détenus, on a nommé un nouveau directeur, chargé de remettre les choses en ordre. D’abord, cela ne facilite pas le travail. En plus, il faut à nouveau nous faire connaître et présenter nos actions. Beaucoup de temps perdu pour pas grand’chose, alors qu’il y a tant à faire.
    Je passe au Centre de Formation des Jeunes Filles pour préparer le programme de ce dernier trimestre. Nous décidons de parler ensemble du mariage.
    Puis je vais rencontrer la trésorière de l’aumônerie des prisons, pour voir ce que nous pouvons faire pour les prisonniers.
    Au retour, un jeune m’attend : il a été volé et n’a plus rien. Je lui cherche des habits et produits de première nécessité.
    L’après-midi, nous accueillons notre responsable. Il va passer une semaine avec nous, partager notre vie de communauté et rencontrer chacun personnellement.

  • Mercredi 17 Avril : Aujourd’hui, grande réunion toute la journée des formateurs de nos différentes maisons, pour revoir toute la formation donnée à nos étudiants et les différentes activités que nous proposons, à la fois en respectant davantage notre vocation religieuse et missionnaire, en cherchant une unification de toute la personne, au niveau personnel et communautaire. C’est un travail de longue haleine. Nous précisons les choses à faire pour la prochaine rencontre du 28 mai. Chacun sait ce qu’il a à faire d’ici là. Cette rencontre est aussi l’occasion pour les formateurs de rencontrer les étudiants…. Et inversement !Le soir, émission à la radio municipale comme d’habitude. Ce soir j’interviewe deux animateurs de jeunes, sur l’éducation sexuelle. C’est un problème qui touche les jeunes, comme partout. Et les parents sont souvent désemparés. Car il y a eu un très grand changement de culture et de façon de vivre. Les parents analphabètes se sentent démunis devant leurs enfants qui ont fait des études. Pour cette émission, nous cherchons à faire une première sensibilisation. Mais bien sûr, il faudra travailler sur le terrain, comme le font les éducateurs que j’interviewe.

  • Mardi 16 Avril : Il y a longtemps que je veux mettre mes émissions sur You Tube. Mais depuis octobre, je n’ai réussi à n’en mettre qu’une seule. Aujourd’hui, je vais retrouver une amie et nous mettons une seconde émission ; mais elle est très prise et moi-même je ne suis pas compétent. Il faudrait que je trouve quelqu’un pour m’aider.

  • Lundi 15 Avril : Le matin, je reste à la maison pour mettre un peu d’ordre dans mes affaires et pour commencer à voir les choses en retard, et il y en a beaucoup.
    L’après-midi, rencontre avec les étudiants sur nos engagements. Aujourd’hui, nous nous arrêtons à nos rencontres, partages et actions communes avec les musulmans. Chacun amène ses expériences que nous analysons tous ensemble sous les aspects positifs et négatifs. Nous en tirons les conclusions pour notre vie et nos actions futures.

  • Dimanche 14 Avril : Messe dans le quartier. La communauté fait un petit nombre (une centaine), ce qui permet une meilleure participation de tous, y compris des enfants.
    Ensuite, je pars animer 2 heures 30 d’émission religieuse en direct à la radio communautaire du quartier, avec de nombreuses interventions d’amis musulmans, et même d’imams. Je ressors toujours très heureux de ces émissions. Aujourd’hui, nous nous arrêtons spécialement aux actions menées à la prison et au soutien qu’on peut apporter à partir de la base, dans nos quartiers.
    L’après-midi, je vais trouver un ancien ami avec qui j’ai travaillé dans les années 1980 à St Louis, et que je viens de retrouver ; il accepte de me donner un coup de main pour le secrétariat. Cela va me rendre bien service.

  • Samedi 13 Avril : Je retrouve les prisonniers après 15 jours d’absence. Ils ont fait déjà l’évaluation de notre fête de Pâques en prison. Et ils ont rédigé une lettre de remerciements. Nous la lisons ensemble, pour que tous soient bien d’accord. A la suite du théâtre qu’ils ont présenté, ils décident de s’appeler « les enfants de coeur » (sans « h » car ce ne sont pas des enfants de choeur !). Ensuite, à leur demande, nous réfléchissons aux relations inter-religieuses dans la prison. En effet, dans la prison, il y a beaucoup de groupes religieux, depuis les grandes religions (Islam, Christianisme) qui comprennent déjà des subdivisions, jusqu’aux petits groupes et même aux sectes. De même, les intervenants extérieurs sont très variés. Et parfois, cela part dans tous les sens. Nous sommes pris entre deux feux : veiller à travailler ensemble dans la complémentarité, mais aussi garder la spécificité et la liberté de chaque groupe. Heureusement, il y a une bonne entente, du respect et pas d’agressivité entre les personnes et les groupes. Après ce temps de réflexion, nous confions le suivi au Bureau (le responsable avec ses quatre conseillers : deux anglophones et deux francophones) qui communiquera ses orientations aux différentes personnes. Nous évaluerons les choses tous ensemble à la prochaine rencontre. Puis, avec les chrétiens, toutes confessions confondues, nous faisons un partage d’Evangile comme d’habitude, avant de passer aux questions diverses, à la vie à la prison et aux problèmes divers.
    Je passe ensuite rencontrer une communauté religieuse avec laquelle je travaille, avant de retrouver les confrères venus à la retraite à notre maison générale. Nous prenons le temps de parler longuement, car nous ne sommes plus tenus au silence comme à la retraite qui était un temps de prière. Nous profitons également de ce déplacement important pour tenir des séances de travail. Et aussi pour mettre en place trois groupes de réflexion sur nos engagements : un pour les jeunes en premier stage sur le terrain, un pour les diacres qui sont en année de pratique avant d’être ordonnés prêtres, et le troisième pour les jeunes prêtres ordonnés depuis 1 à 6 ans. Cette réflexion va se continuer jusqu’à mardi soir.

  • 15 août 2013 – Fête de l'assomption dans l'ile de Houat dont ma famille est originaire

    Les photos de la procession
    • 9h30 : Accueil des parents et amis sur la place de l'église

    • 10h30 : Grande messe avec une grande participation et chants en breton. Entraînée par le chorale, toute la foule chante.

    • 11h30 : Visite des personnes agées et des malades.

    • 15h : Prière en mer avec 3 étapes

      1. Procession de l'église au port. Nous marchons derrière la croix avec la statue de Marie pour montrer que nous voulons avancer dans la vie du Christ, sous la protection de Marie.

      2. Bénédiction de la mer. Nous bénissons la mer pour la remercier de tout ce qu'elle nous donne. Nous prions pour que les Hommes sachent la respecter, arrêter de piller les fonds marins et de polluer la mer.

      3. Prière pour les périls en mer. Pour tous les marins qui meurent en mer, dans un travail très dur et dangereux. Mais aussi pour tous les migrants d'aFrique et d'Asis qui fuient leurs pays à cause de la pauvreté, de la guerre ou de la dictature, et qui se noient en mer à la recherche d'un monde meilleur pour aider leurs familles.

    • 17h : Rencontre avec des parents pêcheurs. Nous parlons de leurs conditions de travail difficiles, de la disparition du poisson, du chômage des jeunes qui quittent l'île, de l'organisation de la pêche pour l'Union Européenne et de tant d'autres choses, sans oublier de nous rappeler le bon temps où je faisais la pêche avec eux.

    • Photos
  • Samedi 13 avril : Avec Christian mon confrère, nous partons tôt le matin (6 heures) pour passer d’abord dans notre communauté et prier ensemble avec nos étudiants. Je suis très heureux de les revoir au bout de deux semaines. Nous prenons le temps de nous donner des nouvelles pendant le petit déjeuner. Puis je pars retrouver les détenus à la prison.

  • Lundi 8 au Samedi 13 avril : Nous nous retrouvons tous les spiritains de Mauritanie, Guinée Conakry, Guinée Bissao et Sénégal pour 5 jours de prière. C’est en même temps une grande joie et l’occasion de partager nos soucis et nos différents engagements. Et aussi un grand soutien et un grand enrichissement. Nous voyons comment vivre aujourd’hui les orientations du Concile Vatican 2, avec l’aide du responsable national de Justice et Paix.

  • Lundi 8 avril : Je passe juste à la maison déposer mes bagages et je vais retrouver mes confrères à la rencontre du doyenné. Aujourd’hui, nous nous formons à l’éducation sexuelle des jeunes, avec l’aide de trois animateurs. Les questions sont nombreuses et délicates. Car les jeunes ne profitent plus de l’éducation traditionnelle et les parents, souvent analphabètes, ne savent plus quoi leur dire ; ils sont démunis devant la société moderne qui les agresse. Quant aux jeunes, ils découvrent une façon moderne de vivre l’amour et le mariage. Mais ils se trouvent confrontés aussi à la pornographie, la prostitution, la drogue, la pédophilie, et tant d’autres problèmes. En prison, je rencontre plusieurs jeunes filles ou femmes condamnées pour infanticides, souvent victimes de la pression familiale. Il est donc absolument nécessaire de faire quelque chose. Nous y réfléchissons ensemble. Ensuite, nous passons aux « divers », qui sont nombreux. Parmi eux, la récupération dans les paroisses des dons faits par les différents groupes pendant le Carême pour les prisonniers. Puis nous préparons la prochaine réunion : mise en place de notre plan d’action à la lumière de Vatican 2.
    L’après-midi, j’ai juste le temps de saluer nos étudiants –que je n’ai pas vus depuis une semaine- et il est temps de partir commencer notre retraite.

  • Dimanche 7 avril : Nous continuons la formation. Ce matin, nous nous formons à l’écoute des prisonniers pour pouvoir mieux les aider. Nous n’avons pas le temps de réfléchir aux droits des prisonniers. Nous devons nous contenter de leur laisser quelques documents qu’ils travailleront ensuite. Nous prévoyons aussi une formation aux questions judiciaires. Car bien sûr il y aura un suivi. La prochaine rencontre est prévue pour mercredi prochain.
    La séparation est à la fois triste et chaleureuse. Je n’ai pas le temps de rester manger, car je dois prendre le bateau, mais l’aumônier tient au moins à me payer une bonne bière bien fraîche. Que j’apprécie et accepte avec joie.
    Le voyage retour en bateau se passe très bien. Comme à l’aller, je rencontre à bord un certain nombre d’amis et connaissances. Ce qui est très agréable.

  • Samedi 6 avril : Début de la session de formation avec une vingtaine de volontaires, la moitié travaillant déjà à la prison, le reste prêt à s’engager. Tous sont vraiment intéressés. En partant de nos expériences et connaissances, ce matin nous réfléchissons à ce qu’est une aumônerie des prisons et aux différentes commissions à mettre en place.
    L’après-midi, nous voyons plutôt ce que doit être un(e) animateur(trice) de prison, les motivations, les qualités nécessaires.
    La nuit, je rencontre deux jeunes du postulat, désirant être missionnaires chez le spiritains, et qui sont là pour une année de réflexion. Je les connais depuis la Guinée. En ce moment, ils sont dans une famille d’accueil en ville ; ils sont venus spécialement pour me rencontrer. Nous évoquons de nombreux souvenirs mais surtout nous parlons de la vie actuelle et de leur engagement futur.

  • Vendredi 5 avril : Nous allons visiter différents responsables. D’abord de l’administration pénitentiaire, le directeur de la prison et le responsable du service social. Nous cherchons ainsi à faire avancer les choses, en précisant nos façons de faire et nos objectifs. Puis nous rencontrons l’évêque et les responsables de la Caritas (Secours Catholique), et de Justice et Paix. Là aussi, pour améliorer nos façons de faire.
    Je termine la journée dans la paroisse de l’aumônier et prends le repas avec toute l’équipe.

  • Jeudi 4 avril : Aujourd’hui, c’est la fête nationale anniversaire de l’Indépendance. Pour raisons d’économies, il n’y a pas de grand défilé, mais une simple prise d’armes. Nous la regardons à la télévision.
    Puis nous nous retrouvons avec l’aumônier de la prison pour préparer la formation du week end. Nous prenons le temps nécessaire pour cela.

  • Mercredi 3 avril : Dès l’arrivée, je pars rapidement à la prison, où la fête de Pâques a commencé. Je vais y rester très heureux toute la journée. Après la messe, c’est la fête pour tous, dans la joie. Je suis très heureux de les voir joyeux tous ensemble, à chanter et danser. Et de voir les détenus hommes et femmes danser ensemble, entre eux et avec les membres de l’aumônerie. Et aussi avec le personnel, gardien et gardiennes. Spontanément, l’un ou l’autre se lève pour chanter du rap ou danser avec des mimiques et gestes qui font rire tout le monde. Ici aussi, des personnes généreuses ont financé le repas pour tous. Il faut que ce soit la fête pour tous, musulmans, animistes comme chrétiens.

  • Mardi 2 avril : Le matin, je classe mes papiers dont le bureau était submergé. Je suis tranquille, car nos étudiants sont partis en sortie jusqu’à vendredi. En effet, ils sont 14, de douze nationalités différentes, mais aucun n’est sénégalais. Nous avons donc voulu qu’ils découvrent les lieux historiques de l’Evangélisation et les actions de développement des premiers missionnaires. Ils vont aller sur la Petite Côte, où tout a commencé. Cette initiative a été très bien accueillie par les paroisses tenues maintenant par les prêtres du diocèse et nous avons dû choisir les endroits où nous irons. A JOAL, ils visiteront la maison natale de Léopold SENGHOR, le premier président du Sénégal. A FADIOUTH, ils rencontreront aussi l’imam et la communauté musulmane. A N’GAZOBIL, ils visiteront le cimetière des premiers missionnaires, la plupart morts de maladies ou d’épuisement au bout seulement de quelques années, ou même quelques mois.
    Je ne les accompagne malheureusement pas, car je dois aller assurer une formation des animateurs de la prison de Ziguinchor (dans le sud du pays, en Casamance) et organiser l’aumônerie.
    Je voyage en bateau (environ quatorze heures de voyage). On sent une ambiance de sérieux et de recueillement, car tous les voyageurs ont en mémoire le naufrage du Diolla, le bateau précédent, où plus de 2.500 personnes ont péri noyées. Sur ce nouveau navire, d’énormes progrès ont été faits, en particulier au point de vue sécurité. Pour ma part, je suis très heureux de faire ce voyage à bateau. Nous voyageons de nuit, et j’admire le port illuminé (où se trouve encore notre conteneur d’outils et de nourriture pour la prison, que nous avons de la peine à faire sortir). Puis nous passons devant l’Ile de Gorée, un lieu de départ pendant plusieurs siècles des esclaves vers l’Amérique. Un peu plus tard, quand nous sommes au large et que le bateau commence à rouler sérieusement, je monte sur le pont supérieur à l’avant, en plein vent pour respirer à fond l’air de la mer. Ce sont mes racines bretonnes de petit fils et filleul de pêcheur qui revivent.

  • Lundi 1er avril : Nous passons toute la journée pour fêter Pâques à la prison. Le Nonce a accepté de la présider, ce qui montre en même temps l’ouverture et l’accueil des autorités sénégalaises. Et ce qu’est la laïcité sénégalaise : non pas le refus de la religion, mais l’acceptation et le soutien de toutes les religions dans le respect et la complémentarité. Au Sénégal, il y a plus de 90 % de musulmans, mais nous, chrétiens, sommes reconnus et acceptés. Ce n’est pas de la tolérance, mais un accueil mutuel et une collaboration dans la foi de chacun. Ce qui nous permet de nous sentir à l’aise et de nous enrichir mutuellement.
    Au programme donc, accueil du Nonce par les autorités, et discours d’un prisonnier, réponse du nonce, et allocution du Directeur de l’Administration Pénitentiaire. Puis visite de la prison, avec les officiels et ambassadeurs, en commençant par les ateliers de production et de formation. Nous avons voulu que ces personnes aient une idée des activités et des conditions de vie des détenus. Les autres invités, pendant ce temps-là, ont pu acheter divers objets fabriqués par les prisonniers hommes et femmes. A partir de là, nous célébrons une messe solennelle, animée tout spécialement par les détenus : commentaires, lectures, intentions de prière, procession d’offertoire, engagement. Ils sont applaudis à la fin du chant de communion. A cette manifestation, une centaine de musulmans ont tenu à participer depuis le début, y compris à la messe ; ils ont suivi les lectures et l’homélie avec attention, écouté les prières avec respect. Et l’échange du geste de paix a été un moment très fort pour eux.
    Après la messe, le régisseur et le directeur adjoint nous demandent de prier pour eux, et au Nonce de bénir leurs bureaux.
    2ème temps : la fête. Les détenus ont composé plusieurs pièces de théâtre pour montrer leur vie, leurs espoirs, leurs difficultés et les bonnes choses qu’ils font, la solidarité et le règlement des conflits par eux-mêmes, le partage. Les invités apprécient et c’est une vraie découverte pour eux, qu’ils apprécient beaucoup.
    3ème temps : le repas. Nous avons tenu à offrir un repas à tous les détenus hommes et femmes : 1.200 repas au total ! Pendant plusieurs mois, nous avons dû prendre le temps de faire le tour non seulement de nos amis, mais des différentes sociétés et services de la ville. Beaucoup ont répondu, ce qui nous a permis d’avoir les fonds nécessaires. Tous les détenus n’ont pas pu être admis dans la Cour d’accueil où se passe la cérémonie, mais tous ont reçu un repas avec de la viande (c’est vraiment exceptionnel), et aussi un jus de fruit.
    4ème temps : remerciements. Pour que ce soit la fête pour tous, nous remercions les invités et ceux qui nous ont aidés, et avec les animateurs de l’aumônerie nous entrons dans la cour intérieure pour que tous les prisonniers puissent chanter et danser et voir la fin du théâtre. La fête s’arrête au moment de la prière musulmane du soir, dans la mosquée de la prison.
    Le soir, je reçois un jeune travailleur burkinabé. Son frère, grand séminariste au Burkina Faso, a demandé à devenir spiritain ; nous correspondons par mails depuis un an, mais nous ne nous sommes pas encore rencontrés. Comme son frère, mon visiteur, est venu travailler à Dakar, je l’invite chez nous. Il rencontre nos étudiants et partage le repas avec nous. Il pourra faire le lien entre nous et son frère séminariste.

  • Samedi 30 mars : Nous continuons à vivre la mort du Christ avec les prisonniers hommes toute la matinée, avant de passer l’après-midi aux préparations pratiques des fêtes de Pâques. Avant de partir à la Veillée pascale, où l’assemblée est bien sûr très nombreuse. Près de 200 jeunes et adultes reçoivent le baptême cette nuit, avec de nombreux mariages. Le lendemain, ce sera le baptême des bébés. Je viendrai seulement les rejoindre, car comme chaque dimanche j’anime l’émission religieuse à notre radio communautaire.

  • Vendredi 29 mars : Je laisse les animatrices diriger la réunion des femmes, pour rencontrer enfin le directeur de la prison des hommes…. au bout de 4 heures d’attente ! Il n’a pas beaucoup de temps et il a de la peine à comprendre ce que nous cherchons : donner la parole aux détenus et les écouter. Il pense surtout à la discipline et à l’ordre. Il va falloir être diplomate et jouer serré !
    L’après-midi, plusieurs interviews en français et en ouolof sur ces fêtes de Pâques. Puis la célébration du Vendredi Saint : un groupe de jeunes nous fait revivre les souffrances et la mort du Christ, par un théâtre plein de sérieux et de respect, qui touche beaucoup tous les participants. Ensuite, nous avons proposé aux communautés de quartier de faire une veillée mortuaire en souvenir de Jésus, notre grand frère qui est mort

  • Jeudi 28 mars : C’est le Jeudi Saint, fête de l’Eucharistie. Mais cela ne nous empêche pas de continuer nos activités, au contraire ! Ce matin, je suis donc à la prison. D’abord, je cherche à rencontrer le nouveau directeur qui vient d’être nommé. En effet, il n’est pas au courant de notre façon de travailler, ni de ce que nous avons prévu pour Pâques. Malheureusement, je n’arrive pas à le voir. Je rencontre personnellement un certain nombre de détenus qui l’ont demandé.
    A 14 heures, nous nous retrouvons prêtres, frères et sœurs de la paroisse pour fêter le Jeudi Saint. Et le soir, c’est la messe solennelle suivie de l’adoration, comme dans toutes les autres paroisses.

  • Mercredi 27 mars : Avec un confrère sénégalais, venu du Cameroun, nous préparons une formation à l’écoute pour les animateurs de prison. Nous tenons beaucoup à cette formation pour mieux assurer nos responsabilités.
    Puis je rencontre une association qui travaille avec les enfants de la rue. Aujourd’hui, c’est le jour où ils accueillent les jeunes dans leur centre pour qu’ils puissent se laver et laver leurs habits, et être soignés. A partir de là, ils reçoivent un bon repas, et peuvent rencontrer personnellement un éducateur. Puis il y a une causerie éducative commune et différentes activités : théâtre, sport, etc… C’est une journée de contacts très importante.
    Avec deux éducateurs, nous préparons une émission à la radio sur la sexualité des jeunes.
    A 11 heures, séance de travail avec le Nonce pour préparer en détail la messe du lundi de Pâques à la prison. C’est un grand événement, il y aura les autorités, il faut bien préparer les choses et réfléchir à ce qu’on va dire.
    Puis je vais manger à notre Maison centrale.
    Après-midi : travail avec les animateurs de l’aumônerie, puis émission radio comme chaque mercredi. Aujourd’hui, je reçois les responsables de la Journée Mondiale de la Jeunesse, qui nous font le compte-rendu de ce qui s’est passé et le suivi qu’ils ont mis en place.

  • Mardi 26 mars : Nos étudiants sont en vacances. Je travaille avec l’un d’eux pour mettre en place mes émissions radio sur « you tube ». Mais ça n’avance pas vite. Patience !
    Le soir, c’est la messe chrismale où l’on bénit les huiles pour le sacrement des malades, le baptême, la confirmation et l’ordination des prêtres. La plupart des prêtres du diocèse se retrouve autour de notre cardinal. Beaucoup des laïcs sont là également. La prière se poursuit par un repas de fête qui nous permet de nous retrouver et de partager notre vie.

  • Lundi 25 mars : Dernière mise au point de la liste des invités pour la fête de Pâques à la prison. Maintenant, il va falloir aller déposer toutes ces lettres !
    Puis je pars rencontrer la responsable de notre association des Droits Humains.
    Le soir, suite des confessions dans une autre paroisse qui, comme chaque fois, se termine par un repas entre tous les prêtres.

  • Dimanche 24 mars : Fête des Rameaux. C’est la Journée Mondiale de la Jeunesse. Pour le diocèse, la rencontre a lieu en secteur rural, à une centaine de kilomètres de Dakar. Nos étudiants y participent. Du coup, je suis seul aujourd’hui pour l’émission religieuse. Mais ça se passe sans problème, avec en particulier l’intervention d’un imam, comme d’habitude.

  • Samedi 23 mars : Rencontre à la prison. Le gros morceau, c’est la préparation de la fête de Pâques. Mais nous prenons d’abord le temps de partager l’Evangile de dimanche.
    Le soir, messe à la paroisse.

  • Vendredi 22 mars : A 8 heures, je vais voir le responsable de notre communauté de quartier qui est malade. Nous prions ensemble. Puis je continue à la prison des femmes.
    A 11 heures, rencontre dans un centre de jeunes filles sur la préparation au mariage.
    A 13 heures, Chemin de Croix dans une école catholique. Beaucoup de gens du quartier viennent prier avec nous. Les élèves ont très bien préparé les choses. Ensuite, nous continuons par une réflexion sur l’Ecologie, thème d’action du Carême dans le diocèse, cette année.
    A 17 h 30 : Réunion du Bureau des fraternités spiritaines de Dakar. Nous faisons le tour de la vie des équipes, mais le gros morceau c’est la préparation de la rencontre générale du mois prochain.
    Ce soir, pas de repas (ce n’est pas la première fois), je pars rejoindre la réunion de communauté. Nous parlons d’un problème difficile et délicat. Celui des enfants mendiants, en particulier ceux des écoles coraniques. Une de ces écoles a pris feu, 9 enfants sont morts ; cela a causé un grand choc. Du coup, on a reposé la question des enfants envoyés mendier dans les rues, mais on s’attaque à de nombreux intérêts financiers et des motivations cachées. Il faut aussi voir comment présenter les choses et mener les actions, pour que ce ne soit pas perçu comme une attaque contre l’Islam en tant que tel, mais bien contre la mendicité. De toutes façons, ce n’est jamais facile de changer les habitudes et les traditions. Vous recevrez le compte-rendu par mail.

  • Jeudi 21 mars : D’abord passage à la prison des femmes. Puis écoute à la prison des hommes. On m’a demandé de changer le jour, ce qui d’ailleurs permet une meilleure coordination entre les différents responsables.
    A midi, nous accueillons le responsable d’une autre congrégation missionnaire travaillant au Sénégal, les Oblats de Marie. Nous tenons une séance de travail avec lui, et ensuite il parle aux étudiants.
    Ensuite, je retrouve une femme de prisonnier. Comme son mari est en prison, il n’y a plus rien pour nourrir la famille. La grande fille est malade et il n’y a pas de quoi la soigner. Les autres enfants ont été renvoyés de l’école parce que la mère ne pouvait pas payer la scolarité. Nous lui avons trouvé un travail, mais son employeuse profite de la situation : elle la surcharge de travail et ne la paye presque pas. Elle est venue se plaindre chez moi. J’essaie de l’encourager et je vais aller voir sa patronne. Ca ne va pas être facile !
    Le soir, nouvelle séance de confessions dans notre paroisse.

  • Mercredi 20 mars : Je pars à la Police pour renouveler mon permis de séjour qui arrive à expiration. J’attends un long moment, mais le commissaire n’est toujours pas arrivé à 10 heures. Je reviendrai l’après-midi. Car je dois partir à la prison, pour l’écoute.
    A 13 heures, rencontre à l’école nationale des travailleurs sociaux. On me demande d’intervenir sur l’homosexualité en donnant un point de vue chrétien. C’est une question très discutée actuellement. Et toutes les discussions en France sur « le mariage pour tous » arrivent jusqu’à nous….. et entraînent beaucoup de blocages, en particulier de la part des confréries musulmanes : les musulmans sont plus de 90 % dans le pays. Et je dois tenir compte des mentalités pour les faire évoluer. Au moins pour que les homosexuels soient respectés et qu’on arrête de les frapper ou les emprisonner. C’est la première étape, mais déjà ce n’est pas facile. Heureusement, je suis soutenu par l’amicale des chrétiens de l’école (universitaire) qui a organisé la rencontre et m’a invité comme intervenant, à côté de psychologues et responsables religieux musulmans. De plus, j’ai la surprise de rencontrer parmi les professeurs, trois anciens lycéens de St Louis, des années 1980, que j’ai eu la chance de former et de suivre ; nous sommes très heureux de nous retrouver après tant d’années.
    18 heures. Enregistrement à la radio municipale, comme chaque semaine.

  • Mardi 19 mars : Je réussis à me garder ce jour pour travailler tranquillement à la maison.
    A 18 heures, dans la paroisse voisine, je termine le cycle de formation du Carême sur les grands témoins de la foi. Aujourd’hui, nous parlons de St Joseph : c’est normal, c’est le jour de sa fête. Je suis invité dans plusieurs des communautés des Frères et Sœurs de St Joseph ; mais pas question d’y aller ! L’année prochaine peut-être.

  • Lundi 18 mars : Après avoir lu les mails et répondu à quelques-uns, nous nous retrouvons avec les responsables de l’aumônerie, toujours pour cette fête de Pâques en prison. Le gros problème c’est la recherche de fonds, car nous voulons offrir un repas à tous : plus des 1.200 repas.
    L’autre problème, c’est aussi l’exonération du conteneur d’outils et de nourriture pour la prison que des amis nous ont envoyé. La Ministre de la Justice nous a promis l’exonération des frais de douane, mais cela nous demande beaucoup de démarches et de temps. Et nous risquons de payer des frais élevés de magasinage au port. Ce n’est pas simple !
    L’après-midi, je finis de recevoir les étudiants. Le soir, tous les prêtres du doyenné (7 paroisses) se retrouvent pour les confessions. Elles durent de 18 à 22 heures. En effet, les confessions sont très nombreuses. Chaque soir, nous allons tous nous retrouver dans une autre paroisse, en tournant.

  • Dimanche 17 mars : Nos étudiants sont en prière (récollection). Je vais animer deux heures trente d’émission religieuse à la radio communautaire, comme chaque dimanche.
    Aujourd’hui se tient la rencontre générale trimestrielle des fraternités spiritaines. Ces équipes de laïcs qui se forment à notre façon de vivre l’Evangile (notre spiritualité) et notre action missionnaire, et travaillent avec nous. Je ne pourrai pas y participer car j’anime une journée de prière avec une des communautés de quartier de la paroisse. Il y a vraiment beaucoup d’activités et de choses à faire.
    Quand arrive le soir, je suis content de me reposer un peu. Les nombreux mails que j’ai reçus attendront une réponse demain !

  • Samedi 16 mars : Le matin, à la prison, nous préparons la fête de Pâques. Nous avons réussi à motiver les détenus, maintenant il faut organiser les choses qui bien sûr seront contrôlées par l’administration pénitentiaire. Le discours d’accueil : les détenus n’avaient préparé que des remerciements ; nous les invitons à expliquer aussi quels sont leurs problèmes, et à profiter de l’occasion pour dire aux officiels ce qu’ils attendent d’eux. Car nous allons inviter les autorités, les ambassadeurs et bien sûr les journalistes. Nous revoyons le texte pour qu’il n’y ait ni attaques, ni agressivité. Puis c’est la préparation de la messe solennelle avec le Nonce, qui viendra spécialement. La chorale de notre paroisse animera la messe, mais les détenus chanteront deux chants : un en français, un en anglais. Nous préparons les commentaires des lectures, à partir de la vie des prisonniers. Pour la procession d’offertoire, les détenus (un homme et une femme) apporteront un objet fabriqué par eux dans chacune des deux prisons. Le personnel apportera leurs instruments de travail, les animatrices apporteront la Bible et la Croix, base de leur engagement à la prison. Ensuite, nous préparons les questions qu’ils vont poser au Nonce. Là, c’est plus difficile. Leur grand souci, c’est d’être libérés, ou déjà, de passer en jugement, d’obtenir la grâce ou une remise de peine. Il faut leur expliquer que ce n’est pas le rôle du Nonce… même s’il peut intervenir auprès des autorités. Nous nous orientons donc vers l’engagement de l’Eglise en faveur des prisonniers pour tous leurs problèmes, sans se limiter à la messe et aux prières : Donner plus de moyens à l’aumônerie. Voir quelles orientations donner à la Commission Justice et Paix. Et aussi sur ce que l’Evangile, le Concile Vatican 2, et le 2ème Synode pour l’Afrique disent sur les prisons. C’est un gros travail. Heureusement qu’ils avaient réfléchi à toutes ces questions déjà entre eux les jours précédents. Maintenant, il va falloir saisir tout cela et le proposer aux intéressés et aux autorités. Pour le reste du programme de la journée : théâtre, poèmes, rap, etc… c’est déjà lancé. Nous ferons le point avec le Service Social jeudi prochain.
    Pendant toute cette journée : « journée de formation avec les responsables des différents groupes de la paroisse, pour la mise en action de notre 3ème plan pastoral ». Je sais de quoi il s’agit, bien sûr, mais je vais les rejoindre dès que possible pour participer aux travaux et pouvoir mieux suivre les choses par la suite.
    En même temps, il y a le week end de formation et de prière pour les futurs mariés (fiancés). Mais on ne peut pas tout faire.
    Le soir, j’assure la messe paroissiale. Puis je rejoins la communauté où nous tenons notre fête mensuelle et souhaitons les anniversaires du mois. On les regroupe, car on ne peut pas faire la fête à chaque fois !

  • Vendredi 15 mars : Réunion à la prison des femmes. Nous avons obtenu la liste des détenues étrangères. Après la réunion, nous nous retrouvons avec la Commission pour organiser la visite des ambassades.
    A 11 heures, enregistrement d’une émission spéciale de Pâques à la radio nationale. Il faut s’y prendre à l’avance.
    A 13 heures, Chemin de Croix avec enseignement à la paroisse. Puis rencontre des étudiants ; et le soir réunion de notre Communauté : nous faisons le bilan du 1er trimestre. Ca se passe bien et nous sommes heureux ensemble, mais il y a toujours des choses à régler et à préciser ; puis nous préparons le trimestre qui vient.

  • Jeudi 14 mars : Aujourd’hui, je vais assister des détenus au tribunal. Malheureusement, leur jugement en appel est rejeté à plus tard, encore une fois ! Notre commission judiciaire commence à se décourager.
    Le soir, Conseil paroissial trimestriel. Nous évaluons les activités du trimestre, en particulier le Carême de cette année, le travail de la Caritas et celui de Justice et Paix. Puis nous préparons le trimestre à venir, en commençant par la Semaine Sainte et les baptêmes de la Nuit pascale. Plus de 200 dans notre paroisse ! Il y a beaucoup de choses à voir. La soirée se termine tard… le vendredi matin !

  • Mercredi 13 mars : La fête de Pâques en prison approche. C’est une rencontre importante, au cours de laquelle nous voulons donner la possibilité aux détenus non seulement de parler de leur vie et de leurs difficultés devant les autorités et les officiels (ambassadeurs, etc…), mais aussi des montrer leur solidarité et toutes les bonnes choses qu’ils font ensemble, par le théâtre, le rap, les poèmes, etc… Pour qu’on sache que beaucoup changent de vie et qu’ils soient davantage respectés. Mais cela demande beaucoup de temps, d’organisation et de démarches. J’aurai l’occasion de vous en reparler certainement.
    Le soir, je devais enregistrer une émission radio. Au dernier moment, celui que je devais interviewer me dit qu’il n’est pas libre ! Ce qui m’arrive assez souvent ! Je me replie sur une des membres de notre communauté de quartier, enseignante dans une école qui vient de faire toute une fête pour présenter leur formation et leur action en faveur de l’environnement. Elle accepte de venir au pied levé. Heureusement qu’il y a des gens disponibles !

  • Mercredi 13 mars : Interview pour le jour de Pâques à la radio nationale. Il vaut mieux s’y prendre à l’avance.
    Puis je pars faire un certain nombre de visites en ville. Il y a du vent et en vélo il faut appuyer fort sur les pédales…. Ça me fait du sport, et j’en ai besoin. Et puis je me déplace plus librement et surtout plus vite.
    Je passe ensuite dans une Communauté religieuse, dont je suis plusieurs jeunes sœurs. Et je rejoins notre Maison centrale, où je partage le repas avec les confrères. Sur le chemin du retour, je rencontre plusieurs personnes : prisonniers libérés, réfugiés, etc….

  • Mardi 12 mars : Suite des rencontres des étudiants. Ce soir, conférence de Carême. Nous allons réfléchir au problème du mal et la souffrance, à partir du Livre de Job.

  • Lundi 11 mars : Les conditions de vie à la prison sont vraiment trop difficiles : nourriture mauvaise et insuffisante ; nombreux cas de malnutrition. On leur fait des ordonnances prescrivant des vitamines qu’ils doivent payer eux-mêmes. Nombreux cas d’hémorroïdes. On ferait mieux d’améliorer la nourriture et de leur fournir quelques fruits et légumes ! Conditions de vie déplorables. Et en plus, des jugements qui traînent des mois et des années. Les détenus ont décidé de faire une grève de la faim. Après un temps d’attente, les autorités viennent les rencontrer. Un budget a bien été voté il y a plusieurs mois, mais l’argent n’est toujours pas versé.
    Tout au long de la semaine, je vais recevoir nos étudiants en théologie l’un après l’autre, pour faire le point de leurs différents engagements. Cela me demande beaucoup de temps, mais ça vaut la peine.
    Entre temps, je reçois un jeune travailleur, venu de son village chercher du travail à Dakar. Il était très mal payé et a été accusé par un camarade de travail. Il a été renvoyé, alors que sa famille comptait sur lui. Je l’écoute longuement et nous voyons ce que nous pouvons faire.

  • Dimanche 10 mars : Comme à chaque fois, les voyages sont assez « folkloriques ». A l’aller, pas de problème, sauf que je n’ai pas pu prendre le « taxi » en partance (7 places). Il ne restait qu’une des deux places à l’arrière, et comme je suis assez grand, je ne pouvais même pas m’asseoir : même complètement plié, ma tête touchait le plafond. J’ai donc attendu le taxi-brousse suivant. Pour arriver, deux changements avec attente à chaque fois. Une femme chrétienne que je ne connaissais même pas m’a payé le dernier tronçon. Au retour, c’était un car de 24 personnes qui était en 10 places, et j’étais le 1er client ! Quelques personnes sont arrivées et après discussions le chauffeur du car a accepté qu’un taxi nous amène. Au 2ème arrêt, je trouve bien un taxi 7 places, mais le chauffeur n’a pas ses papiers en règle et le taxi est emmené à la gendarmerie. Je me rabats sur un car… et il faudra attendre pendant deux heures qu’il ait fait le plein des voyageurs, pour partir ! Il fait « l’omnibus » et s’arrête dans tous les villages. J’arrive la nuit à Dakar, et le chauffeur nous laisse en plan, en banlieue. Nous devons nous débrouiller à nouveau pour aller en ville. Mais au moins, dans le car, on a pu bien discuter ; son coût est moins cher et l’ambiance est beaucoup plus populaire et décontractée.
    J’arrive quand même à temps pour la rencontre mensuelle des spiritains de Dakar. J’en suis très heureux bien sûr de pouvoir participer à cette rencontre qui nous permet de partager nos joies et nos soucis… qui ne manquent pas.
    Aujourd’hui, il y avait une journée de la Fraternité des Femmes Catholiques. Le matin, mise en place du Plan d’Action. L’après-midi, conférence sur le cancer du col de l’utérus. Je regrette de ne pas y participer.

  • Samedi 9 mars : Tôt le matin, je pars dans une paroisse rurale à une centaine de kilomètres de Dakar, où il y a une Communauté de nos sœurs missionnaires spiritaines et deux fraternités spiritaines de laïcs, l’une se réunissant en français, l’autre en langue sérère. Comme dans tous les villages, il y a un gros problème d’exode rural. Les jeunes qui sont allés à l’école ne veulent plus rester travailler la terre. Ils partent en ville, où ils se retrouvent au chômage, ou même dans la délinquance. Du côté des filles, elles viennent en ville pour gagner de l’argent, comme employées de maison, et préparer leur mariage. Mais il y a souvent les conséquences. Beaucoup se retrouvent enceintes. Et la plupart n’ont pas de travail, mais elles restent traîner en ville, parce qu’elles ont honte de retourner sans rien au village. Les fraternités m’ont invité pour parler aux jeunes sur ces questions de l’amour et de la sexualité à l’adolescence, car souvent leurs parents n’osent pas le faire. Mais je leur ai demandé d’être présents, pour pouvoir continuer ensuite le dialogue avec leurs enfants.
    Le dimanche matin, après la messe en langue sérère –que je ne comprends pas-, je rencontre les responsables des deux fraternités, en parlant ouolof, la langue nationale que presque tout le monde comprend. Nous faisons le point de nos différentes activités. (Voir mon site, et mes envois par mails).

  • Vendredi 8 mars : A la prison des femmes. Avant la rencontre avec les détenues, nous avons une longue conversation avec la nouvelle directrice. Nous nous connaissions déjà et nous allons pouvoir commencer un certain nombre d’activités qui étaient plus ou moins bloquées : écoute, réinsertion, commercialisation des produits, etc… Puis la rencontre avec les femmes, qui se passe difficilement. Les femmes sont très tristes. Suite à la grève de la faim chez les hommes, le règlement a été resserré. Elles sont tristes à cause de la séparation de leur famille, elles pensent sans arrêt à leurs enfants. De plus, la Fête de l’Indépendance approche, avec la possibilité de grâces, ce qui les rend toutes inquiètes et tendues. Nous essayons de les détendre et peu à peu l’atmosphère se détend et elles retrouvent un peu de paix. C’est la journée mondiale de la femme.
    Ensuite, séance de travail avec un groupe sur l’écologie à partir de la Lettre des Evêques pour ce temps de Carême.
    A 13 heures, j’anime un Chemin de Croix dans un Collège catholique. Beaucoup de gens viennent y participer. Après la prière, nous prenons un temps de formation et de réflexion sur l’écologie. Pratiquement, tout le monde est resté, et ils étaient nombreux. C’est encourageant.
    Le soir, rencontre dans une communauté d’un autre quartier. Ils me demandent de venir les aider à évaluer leurs actions, ce que je fais avec plaisir, surtout que je connais un certain nombre d’entre eux. J’en ai même formés, ou travaillé avec certains quand ils étaient jeunes.

  • Jeudi 7 mars : De nouveau à la prison, nous nous retrouvons réunies toutes les associations qui y interviennent autour du service social. Cela faisait longtemps que nous avions projeté cette rencontre, d’abord pour mieux nous connaître entre nous, ensuite pour mieux coordonner nos actions afin de ne pas nous chevaucher ou faire double emploi et laisser des besoins insatisfaits ou en attente. Nous avons partagé nos soucis, nos propositions d’actions et nos expériences, dans une très bonne ambiance. Bien sûr les choses ne sont pas simples et il nous faut être très attentifs pour que nos dons parviennent aux détenus, et que nos efforts ne soient pas détournés. Ce n’est pas toujours évident ! Nous avons décidé de nous voir régulièrement.
    16 heures : cours de ouolof à nos étudiants et religieuses.
    18 à 21 heures : préparation au mariage avec une centaine de fiancés. Il s’agit d’un cycle de six rencontres. Ce soir, nous parlons de l’amour, la vie de couple et le sacrement de mariage. Il y a de quoi dire et les questions sont nombreuses, ce qui permet d’approfondir les choses.
    21 h 30 : Rencontre de notre communauté de quartier. Au programme de ce soir, partage d’Evangile sur l’enfant prodigue, après l’échange des nouvelles. Puis prière pour les nombreuses personnes de nos familles dont les décès viennent de nous toucher : la réunion se tient pour cela dans une des familles en deuil.

  • Mercredi 6 mars : Comme chaque mercredi, rencontre d’écoute à la prison des hommes, suivie d’une longue rencontre avec l’administration pour préparer la fête du lundi de Pâques.
    Puis, travail à la maison.
    Le soir, enregistrement de deux émissions radio (français et ouolof) : aujourd’hui, sur un Centre professionnel tenu par les Frères de St Gabriel.

  • Mardi 5 mars : Comme prévu, nous allons rencontrer une des députés, sur tous les problèmes que je viens de citer.
    A 12 h 30, nous nous retrouvons avec le Bureau de l’aumônerie de la prison pour les différentes actions à mener. Nous sommes très inquiets des conditions de vie très difficiles des prisonniers, surtout chez les hommes. Nous avons complètement vidé nos caisses pour acheter des médicaments ou du savon. Mais nourrir 900 détenus dépasse vraiment nos possibilités. Une augmentation de la prise en charge journalière des détenus a été votée de 350 à 600 Fr CFA (moins d’UN euro !) tout compris. Le budget a été voté…. mais l’argent n’est toujours pas arrivé.
    17 heures. Réunion générale de l’aumônerie des prisons. Nous abordons tous ces problèmes. La réflexion est intense et très engagée. (Voir les prochains comptes rendus).
    Je les laisse terminer la rencontre car je dois animer la réunion de Carême de la paroisse, comme chaque mardi, sur les témoins de la foi. Après Abraham et Amos, une femme engagée pour son peuple : Judith.
    Le repas avec les confrères permet de prolonger le partage. Nous avons prévu un cycle de réflexion sur cinq grands témoins de la foi pendant le Carême : Abraham, le père des croyants et la question de l’inculturation ; Amos et la justice sociale ; Judith et l’engagement de la femme ; Job et le problème du mal et de la souffrance ; et enfin Joseph, sur l’amour et le mariage.

  • Lundi 4 mars : Pour moi, je suis en réunion de doyenné avec les prêtres de sept autres paroisses environnantes. On m’a demandé de faire le point de l’Année de la Foi. Je repars de la lettre de Benoît 16 pour nous rappeler sa signification, et je rappelle les propositions d’actions que nous avions prises en octobre. Puis je fais une synthèse des différentes actions que nous avons menées, pour en dégager des orientations mais aussi des questions. Jusqu’à maintenant, nous avons surtout travaillé à la prière et à l’enseignement de la foi. Il nous faudrait davantage passer à l’action, comme nous le rappelle St Jacques : il n’y a pas de vraie foi sans les œuvres. Nous allons nous engager davantage dans ce sens. Nous prenons un long temps pour échanger sur tout cela, avec un grand sérieux et dans une très bonne ambiance, comme d’habitude. Ensuite, nous abordons nos activités pastorales. Le gros morceau cette fois-ci, c’est bien sûr le Carême. Nous voyons en particulier l’action de carême avec tous, chrétiens et musulmans, de soutien des prisonniers.
    Tout cela se termine par un repas très sympathique qui nous permet d’échanger des nouvelles, mais surtout nos soucis et nos joies. Cependant, je ne peux pas rester trop longtemps, car nous avons un rendez-vous à 15 heures chez le Maire de notre Commune.
    Nous l’attendons jusqu’à 16 heures, sans aucune nouvelle. Il serait parti donner un cours à l’heure du rendez-vous qu’il nous a fixé ! Finalement, chacun repart à ses activités.
    Et nous nous retrouvons ensemble à 18 h 30 pour une nouvelle réunion de la Commission Justice et Paix. Nous préparons spécialement notre action pour la baisse des loyers, notre rencontre avec une députée, les choses à mettre en place avant la saison des pluies pour se protéger des inondations, et la préparation des élections locales de l’année prochaine. Je vous enverrai des comptes rendus par mail au fur et à mesure de la réalisation des actions.

  • Dimanche 3 mars : Aujourd’hui, c’est la pèlerinage du Carême pour la paroisse. Tous les six prêtres ont accompagné les pèlerins. Nous avons trouvé des remplaçants et j’assure la coordination. Les pèlerins sont partis hier à midi, car la route est très mauvaise et il y a 9 heures de marche. En fait, tout se passe la nuit : prière, réflexion, enseignement, partage ; la rencontre se termine par la messe à 7 heures du matin, pour que les gens puissent rentrer en début d’après-midi et se reposer avant de reprendre le travail tranquillement le lundi.

  • Samedi 2 mars (suite) : La rencontre à la prison se continue comme d’habitude avec le partage d’Evangile et les questions diverses. Nous prenons encore le temps de nous parler personnellement, avec l’autorisation des surveillants qui sont très compréhensifs avec nous.
    Le soir, prière et rencontre à la paroisse.
    Ensuite, fête dans la communauté. Chaque mois nous prenons ainsi le temps de fêter les anniversaires. Puis nous avons une veillée culturelle. Nous sommes 12 nationalités : chacun présente son identité culturelle avec des chants, des danses, des contes et des devinettes. Cela dure très longtemps, dans la joie, et nous n’avons pas envie de nous arrêter !

  • Samedi 2 mars: Rencontre à la prison des hommes, avec toutes les questions dont je vous parle chaque jour. Mais nous rencontrons un certain nombre de difficultés pour les mobiliser pour la fête de Pâques. Nous leur avons proposé de faire des pièces de théâtre pas seulement pour poser leurs problèmes mais aussi pour montrer les bonnes choses qu’ils vivent entre eux. Et également que chaque pays ou groupe montre sa culture à travers chants, danses, poèmes…. D’abord, ils demandent de l’argent… que bien sûr nous n’avons pas. Ensuite, ils disent qu’il n’y a pas d’entente entre eux. Enfin, que c’est trop difficile. En fait, comme le leur dit une animatrice, ils ont de la peine à prendre leurs responsabilités et à prendre leur vie en main. Pour tous leur problèmes, ils s’appuient sur nous et nous demandent d’agir à leur place. Bien sûr, nous n’acceptons pas. En les aidant au maximum, nous tenons surtout à les responsabiliser, mais ils ont été si souvent humiliés et manipulés qu’ils ont de la peine à le faire. Ils sont trop découragés et démotivés pour agir. Cependant, au fur et à mesure, des volontaires se manifestent et nous arrivons à organiser les choses. Maintenant, il va falloir passer à la pratique : l’administration et le service social sont d’accord. Donc, nous pensons que les choses vont se faire.

  • Vendredi 1er mars: Série d’enregistrements pour une émission quotidienne sur le Carême, dans une autre télévision.
    11 heures : rencontre dans un Centre de jeunes filles.
    18 h 30 : Chemin de Croix, enseignement et messe, comme chaque vendredi soir pendant le Carême.

  • Jeudi 28 février : Matin, enregistrement à une télévision pour dimanche (émission religieuse).
    16 heures : cours de ouolof chez les Sœurs.
    18 h 30 : messe à la paroisse à l’occasion du retrait de sa fonction de Benoît 16.

  • Mercredi 27 février : 9 heures. Rencontre à la prison avec les autorités. Nous voyons aussi le responsable des ateliers pour organiser la vente des objets, fabriqués par les détenus, lors de la fête de Pâques. Puis, activités ordinaires : passage à l’infirmerie, à la cuisine, dans la cour, etc… Et nos rencontres personnelles pour l’écoute et pour la réinsertion.
    A midi, nous recevons un ami d’Alsace. Depuis plusieurs années, il a lancé une association pour soutenir un village dans le nord du Sénégal. Il est venu les visiter comme chaque année. Avec nous, il partage son action et ses préoccupations. Cela permet à nos étudiants de s’ouvrir à d’autres réalités et à des actions nouvelles.
    17 heures. Enregistrement d’émission radio : partage d’Evangile en français et interview en ouolof du responsable d’un Centre d’accueil de la Caritas pour les réfugiés et immigrés.

  • Mardi 26 février : A 10 heures, nous nous retrouvons, la Commission Justice et Paix avec le Maire et ses adjoints. Nous présentons la Commission et son travail dans les quartiers et à la prison. Puis des activités que nous voulons mener : pour la baisse des loyers et le problème des logements, la prévention des inondations et les futures élections locales. Ils réagissent à nos propositions et nous font part de leurs projets en nous demandant notre collaboration.
    A 12 heures, séance de travail avec les responsables de l’aumônerie des prisons, pour le suivi de nos actions de Carême et la préparation de la fête de Pâques. Il y a beaucoup de choses à prévoir.
    18 heures. Comme chaque mardi de Carême, rencontre sur les grands Croyants. Cette semaine, Amos : que faire pour la justice dans notre société ? Cette rencontre intéresse beaucoup et amène de nombreuses propositions.

  • Lundi 25 février : Je vais rencontrer le directeur d’une société de la place qui me remet un chèque pour le fonctionnement d’un des ateliers que nous voulons lancer à la prison des hommes. Bien sûr, je le remercie. Je pars ensuite à la prison pour l’écoute des détenus.
    A 11 heures, je vais visiter un jardin d’enfants du quartier. Ils préparent leur fête sur le thème de l’environnement. Cela m’intéresse beaucoup et nous voyons ce qu’il est possible de faire dans ce sens.
    17 heures, avec nos étudiants rencontre de formation et d’évaluation de leurs activités et engagements. Après un tour de table, nous réfléchissons au Plan d’Action Pastoral pour les trois années à venir. Les quatre objectifs sont communs à toutes les Eglises de l’Afrique de l’Ouest : 1) Faire grandir la communion entre tous. 2) La vie chrétienne. 3) Le témoignage. 4) Le service : défendre la dignité de tout homme : justice, paix, développement (action humanitaire, projets…). Puis nous voyons nos engagements et nos soutiens aux prisons et nos actions de Carême.

  • Dimanche 24 février : Après la messe, je pars pour l’émission radio habituelle. Bien sûr, on m’interroge sur le départ du Pape Benoît 16. Je commence par relever son courage pour tenir son rôle malgré l’âge et les difficultés. Et aussi la qualité de son enseignement sur la foi (une foi éclairée et intelligente, lien entre foi et raison) et sur la charité, l’écologie humaine, et l’économie, ainsi que son amour pour l’Afrique. Les actions qu’il a menées, en particulier le 2ème Synode pour l’Afrique. C’est un chemin qu’il nous montre pour l’action : « Réconciliation, Justice et Paix ». Il nous a donné une grande responsabilité : que l’Afrique soit le poumon spirituel du monde. Qu’allons-nous faire pour répondre à cet appel ? Nous avons noté aussi son humilité et son courage pour laisser son autorité de pape, en reconnaissant sa fatigue et ses limites, sans s’accrocher à son pouvoir. Il y a tellement de gens qui ne veulent pas laisser leur place : pas seulement nos chefs d’états, mais aussi les chefs de familles, les responsables de groupes, d’associations et de mouvements, et tant d’autres personnes. Il nous adresse là un signal très fort. A mettre en pratique.
    Dans un 2ème temps, je commente la lettre des évêques du Sénégal pour un Carême écologique. Avec eux, j’explique tous les problèmes de l’Environnement au niveau mondial et au niveau du pays, avec leurs causes et leurs conséquences à tous les niveaux. Je rappelle que Dieu a créé le monde beau et bon. Et qu’il nous l’a confié, pas pour le salir et le casser, mais pour le protéger et le rendre meilleur. Nos évêques nous proposent des actions concrètes : nettoyer nos maisons, garder nos rues propres, mettre une poubelle devant nos maisons, ne plus utiliser de sacs plastiques, organiser le ramassage des ordures, ne pas boucher les caniveaux ce qui entraîne le débordement des eaux sales dans les rues et les inondations à la saison des pluies. Cela pour la ville. Il y a aussi toute l’action dans le monde rural : la lutte contre la chasse où on tue les petits et les femelles pleines, la pêche dans les rivières où on attrape même les tout petits poissons, les feux de brousse, le déboisement sans replanter des arbres, mais surtout l’accaparement des terres, pas seulement par les grandes sociétés étrangères mais aussi par les grands et riches du pays. Je termine sur l’importance pour tous de s’engager, pas obligatoirement dans les syndicats et partis politiques, mais déjà dans la société civile et les organisations du quartier. Suite à cela, j’ai reçu de nombreuses réactions.
    A 16 heures, je reçois une amie de LILLE, responsable d’une association qui soutient la ville de St Louis et les villages environnants du nord Sénégal, en particulier au niveau des écoles et de la santé. Nous nous connaissons depuis les années 80, quand j’étais moi-même à St Louis. Nous sommes très heureux de nous revoir. Elle m’explique ce qu’ils essaient de faire.
    A 18 heures, à la demande des familles concernées je vais bénir trois appartements dans un nouveau bâtiment que l’on a construit dans le quartier. C’est l’occasion de prier ensemble, mais aussi de nous connaître et de passer un bon moment d’amitié. Nous avons de la peine à nous séparer !

  • Samedi 23 février : A la prison des hommes. Avec les prisonniers nous préparons la fête de Pâques. La messe sera présidée par le Nonce, mais nous voulons que ce soit la fête pour tous, musulmans comme chrétiens. Nous voulons aussi faire venir les femmes des détenus et quelques membres de leurs familles (ceux de la région de Dakar). Cela fera près de 1.500 personnes. Nous inviterons les autorités et les ambassadeurs pour qu’ils puissent se rendre compte eux-mêmes des conditions de vie difficiles de leurs citoyens. Nous espérons que cela les motivera à agir. Mais nous voulons surtout donner la parole aux détenus par une intervention, des questions aux autorités, des poèmes, des scènes de théâtre, etc… Chaque ethnie et chaque pays présentera ensuite sa culture par des chants et danses, en tenue traditionnelle. Nous voulons que ce soit la fête pour tous. Vous en recevrez le compte-rendu.
    Nous continuons la rencontre à la prison par le partage d’Evangile. Puis nous faisons la liste des étrangers par pays. En effet, nous voulons faire le tour des ambassades pour qu’elles s’occupent de leurs citoyens. Nous terminons par les questions diverses, suivies de la prière et des contacts personnels.
    Le soir, messe à la paroisse, avec beaucoup de rencontres et de partages.

  • Vendredi 22 février : Programme habituel. La matin, à la prison des femmes nous évaluons deux choses : comment avons-nous vécu l’année de la foi jusqu’à maintenant. Après un temps d’approfondissement de la foi, il est important de passer aux actions, en prison comme ailleurs. Le temps du Carême est une bonne occasion pour cela. Nous voyons comment nous l’avons vécu jusqu’à maintenant. Le partage est très riche et animé, et grâce à la compréhension de l’administration nous dépassons largement le temps prévu.
    A la sortie, avec les animatrices, nous faisons le point de notre action de Carême en faveur des prisonniers.
    Puis je rencontre le responsable d’une organisation de micro-crédits. En effet, nous voudrions en faire bénéficier les femmes des détenus, pour qu’elles puissent faire vivre leur famille pendant que leur mari est en prison.
    Soirée : Chemin de Croix dans un quartier. Avant la prière, pendant tout ce temps de Carême, nous prenons un temps de formation et nous terminons par la messe. Les gens sont nombreux à venir et sont intéressés.
    Je mange rapidement avec l’équipe des prêtres qui reçoivent des Sœurs polonaises qui travaillent dans le sud du pays, en Casamance. Puis je pars animer la rencontre de la Communauté de quartier. Aujourd’hui, nous réfléchissons aux problèmes de l’environnement à partir de la lettre de nos évêques pour un Carême Ecologique. Il y a beaucoup à dire… et à faire, dans ce domaine. Vous en recevrez bientôt le compte-rendu.

  • Jeudi 21 février : Je retourne à la banque Western Union pour obtenir de l’argent pour les prisonniers. Elle est toujours bloquée. Cela ne nous arrange pas. Je retourne à la maison pour travailler, mais il n’y a pas de courant, ce qui arrive assez souvent ces temps-ci. Donc, plus d’ordinateur, ni de possibilité d’enregistrement, photocopies ou autres. Au moins, je peux classer tous les papiers en attente sur mon bureau… et il y en a beaucoup !
    L’après-midi, travail au service de la Communication du diocèse (SEDICOM). Puis réunion à la Mairie sur la mobilisation et l’organisation des femmes de la commune. Je suis invité en tant qu’aumônier de la Commission Justice et Paix. Au Sénégal, on ne limite pas la religion à la vie personnelle. Et la laïcité n’est pas le refus de la religion. Mais la reconnaissance publique de toutes les religions, pour la participation de tous dans la concertation . A ce sujet, notre grande préoccupation actuelle, c’est de travailler ensemble, chrétiens et musulmans, pour éviter toute forme d’intégrisme comme de terrorisme, pour que les problèmes du MALI n’arrivent pas chez nous.

  • Mercredi 20 février : Nous allons d’abord à la prison des femmes où une nouvelle directrice vient d’arriver. Mais nous nous connaissons déjà et nous pensons que nous allons pouvoir bien travailler ensemble. Nous abordons un certain nombre de problèmes : en particulier, l’écoute des femmes et la préparation de leur sortie, des rencontres éducatives et des rencontres religieuses entre chrétiennes et musulmanes, la commercialisation de la production des ateliers, etc… Nous allons pouvoir améliorer nos activités.
    Je continue chez les hommes : contacts avec l’administration et les différents services (greffier pour les libérables) le suivi des ateliers de productions, les problèmes de santé et de nourriture. Il ne reste pas beaucoup de temps pour l’écoute des détenus qui le demandent. On continuera la semaine prochaine. Mais je ne pars pas pour autant ; je reste un long moment à attendre avant de pouvoir rencontrer le directeur, car les choses doivent être décidées au niveau supérieur !
    Après cela, séance de travail avec les différents animateurs et animatrices pour faire le point et voir comment nous organiser.
    Je repars ensuite à la banque pour récupérer l’argent envoyé à des prisonniers, mais j’arrive trop tard, elle est fermée.
    Le soir je passe à notre service de Communication, pour laisser les enregistrements de mes différentes émissions radio à mettre sur You Tube. J’en profite pour ramener des photos dans mes deux clés. Puis je pars enregistrer mes deux émissions radio hebdomadaires. Cela fait encore une bonne journée ! Heureusement, les techniciens comme les journalistes sont accueillants et favorisent le travail.

  • Mardi 19 février : Ce matin, nouvel essai à l’hôpital, chez l’O.R.L. J’arrive à 9 heures comme prévu, je me présente au Secrétariat et j’attends. A 11 h 15, ayant un autre rendez-vous important, je retourne au secrétariat. On me dit : « ce n’est pas la peine d’attendre, le professeur ne vient pas aujourd’hui. Essayez mardi prochain ». Ils auraient quand même pu m’avertir !
    A 11 h 30, chez le Nonce, nous préparons la fête de Pâques que nous voulons célébrer à la prison le lundi, avec tous les prisonniers. C’est une grosse manifestation, il faut nous y prendre à l’avance.
    Je vais ensuite récupérer de l’argent pour un prisonnier qu’on m’a envoyé par Western Union. Je passe successivement dans quatre banques. Ca ne marche pas !
    Au retour, je veux me mettre à Internet, mais il n’y a pas de courant. Il y a des jours comme ça…..
    A 17 heures : réunion du Bureau de l’aumônerie de nos trois prisons. Il y a beaucoup de choses à régler. Je les laisse terminer, car dans la paroisse voisine je vais animer chaque mardi une réflexion sur les grands Croyants, dans le cadre de l’Année de la Foi. Aujourd’hui : Abraham. Vous en recevrez le compte rendu par mail dans quelque temps. Les gens sont venus nombreux et participent activement. Après la séance, je partage le repas de la communauté, ce qui nous permet de parler d’un certain nombre de choses, car nous ne nous voyons pas souvent.

  • Lundi 18 février : Après ma mise à jour (Internet, courrier, préparation de rencontres et formation), je trouve un moment pour travailler à mon document sur Vatican 2 (voir mon site).
    A 18 heures, nous nous retrouvons dans une de nos paroisses pour célébrer l’Eucharistie pour un de nos confrères mort en France, d’un cancer. Il a travaillé toute sa vie au Sénégal, aussi les gens sont venus nombreux prier pour lui. C’est toujours un grand réconfort pour nous.

  • Dimanche 17 février : Après la messe, nous tenons notre 1ère rencontre pour la mise en place d’une Fraternité spiritaine à la paroisse. Il s’agit de se retrouver d’abord pour vivre l’Evangile selon spiritualité de notre fondateur, le Père LIBERMANN, avec bien sûr une orientation missionnaire, de dialogue avec les autres religions et les engagements pour la Justice, la Paix et la Sauvegarde de la Création. Ces fraternités existent dans plusieurs paroisses, mais pas encore dans la nôtre.
    Ensuite, je vais voir une malade à l’hôpital. Elle ne peut plus parler, mais elle me tient longtemps la main et me regarde avec beaucoup d’intensité. Je lui parle lentement, car je crois qu’elle me comprend. Je repars très ému de cette visite.
    A 15 heures, rencontre avec les jeunes du quartier. Ils veulent organiser une journée pour financer la construction de notre nouvelle église.
    La nuit, marche de prière à l’occasion du Carême, dans la ville, jusqu’à minuit. Puis retour à l’église pour un temps de formation et de réflexion. Le tout se termine par la messe au petit matin. Les jeunes sont venus très nombreux.

  • Samedi 16 février : A la prison des hommes, nous parlons bien sûr du Carême chrétien. Surtout que les musulmans les regardent et leur posent beaucoup de questions. L’échange est très intéressant et nous permet d’approfondir les choses. Puis nous passons aux nouvelles. Un des détenus a perdu sa mère. Il a demandé l’autorisation d’aller assister (accompagné) à l’enterrement. Nous attendons la réponse, sans trop d’espoir. Et nous préparons la libération prochaine d’un autre détenu. Le travail n’est pas toujours facile. Nous sommes des bénévoles et prenons sur notre temps, mais il arrive souvent que l’on nous dise : ce n’est pas possible, ou, il y a un imprévu, revenez la semaine prochaine ! Avant-hier, deux animatrices sont venues pour une rencontre, mais à 16 heures on leur a dit que le repas de midi n’était pas encore prêt !
    A 16 heures, je vais avec une amie de notre Communauté de quartier voir sa tante à l’hôpital. Elle est musulmane, mais elle a demandé à me voir. C’est vrai que j’ai été la voir chez elle plusieurs fois pendant sa maladie.
    De retour, avec un de nos étudiants nous nous mettons au travail sur You Tube pour y mettre mes émissions radio. Je n’y connais pas grand-chose, mais lui il est compétent. C’est le principal.
    A 18 h 30, nous projetons un film sur les questions de la corruption et des détournements d’argent. Organisé par notre Centre d’éducation aux Droits de l’Homme.

  • Vendredi 15 février : Ce matin, à la prison des femmes, je célèbre la messe et donne les cendres.
    Puis j’anime 2 heures de réflexion dans un Centre professionnel de jeunes filles, suivie d’une autre rencontre avec le personnel d’un dispensaire, chrétiens et musulmans ensemble. Ensuite, je pars diriger le Chemin de Croix, précédé d’un enseignement et suivi de la messe. C’est le Carême, nous prenons le temps qu’il faut !

  • Jeudi 14 février : Ce matin, je pars à l’Ambassade de France pour essayer de régler le cas d’une réfugiée ivoirienne. Elle s’est mariée avec un Sénégalais en France, tous les deux ayant leurs papiers en règle. A cause des événements de Côte d’Ivoire, elle est rentrée au pays puis elle est venue au Sénégal. Maintenant, elle voudrait rejoindre son mari en France. Mais il n’y a pas moyen d’obtenir un rendez-vous au service des visas, car son visa est maintenant périmé. Il faut aller dans une banque acheter un code pour demander un rendez-vous par téléphone (à 5.000 F CFA) que l’on n’obtient jamais ! Et ensuite, il manque toujours un papier….
    Ensuite, comme je suis en ville, j’en profite pour faire un certain nombre de visites et pour prendre des contacts, en particulier pour mes prochaines émissions radio. Ce n’est pas facile de trouver des personnes qui acceptent d’être interviewées. Je passe visiter un dispensaire, une école professionnelle (en vue d’un soutien pour les ateliers des prisons), une communauté de religieuses dont je suis certains membres, une communauté de Frères dont le responsable revient de Guinée et me donne des nouvelles du pays et de nombreux amis qu’il a rencontrés. Puis je passe dans un centre de formation féminine, puis un collège. Cela me fait une journée bien remplie, et aussi très enrichissante.

  • Mercredi 13 février : Aujourd’hui, Mercredi des Cendres. Comme d’habitude, je vais à la prison le matin, pour l’écoute des prisonniers, la réinsertion et les rencontres avec les différents services pour tous les problèmes et questions qui se posent.
    Ce n’est pas facile de travailler car tout le personnel est convoqué pour un contrôle. En effet, on vérifie la présence effective de chacun au travail et cela pour pallier aux fraudes : des personnes qui perçoivent un salaire sans venir travailler  ; des fausses inscriptions ; des gens qui viennent toucher le salaire d’agents décédés. Le Gouvernement actuel a décidé de clarifier les choses, de refaire et d’informatiser le fichier des fonctionnaires, ce qui est une très bonne chose.
    Les Cendres sont très appréciées par les gens, parce que c’est une cérémonie très populaire et accessible à tous, baptisés ou non. Cela rejoint le besoin de sécurité et de protection, dans les difficultés de la vie actuelle. Et les gens viennent très nombreux parce qu’ils ont besoin de signes. A nous ensuite d’approfondir les choses pour en faire peu à peu une vraie démarche de foi. Les cérémonies durent jusque dans la nuit.

  • Mardi 12 février : Travail avec le service de la Communication du diocèse. Puis enregistrement de mes deux émissions à la radio.

  • Lundi 11 février : Travail à la maison : courrier, Internet, préparation de rencontres et réunions.
    Le soir, réunion de « Justice et Paix ». Nous voyons les actions en cours, en particulier la mobilisation contre l’augmentation du coût des loyers. Puis nous échangeons des idées pour la rédaction des premiers documents de préparation aux élections locales de Mars 2014. C’est un gros travail et il faut s’y prendre à temps !

  • Dimanche 10 février : Messe dans une Communauté de quartier. Les participants sont moins nombreux, mais cela nous permet davantage de partages et c’est plus familial.

  • Samedi 9 février : Malgré l’importance du Colloque, je vais à la prison des hommes, car c’est ma priorité. Surtout que j’ai été absent ces trois derniers samedis. Nous suivons le schéma habituel. D’abord les nouvelles des uns et des autres : c’est important pour créer un esprit de famille et de soutien mutuel. Puis nous partageons la Parole de Dieu, comme nous l’avons fait avec nos étudiants ce matin, car nous voulons en faire la base de toute notre vie. Nous avons mis en place un schéma pour cela. Les prisonniers sont maintenant bien habitués à cette démarche. A la suite, nous voyons les activités à venir et les problèmes à régler. Le premier, c’est l’arrêt de la distribution de savon et de pain depuis plusieurs mois. Et le problème des malades.
    Aujourd’hui, une jeune religieuse nigériane m’accompagne. Elle retrouve des détenus qu’elle a connus dans l’Est du pays, à Tambacounda. Elle va continuer à venir avec nous chaque samedi ; cela va renforcer notre équipe.
    Je vais ensuite rejoindre le Colloque et je rencontre un certain nombre des intervenants que j’ai connus au Mali et en Guinée. Nous sommes heureux de nous retrouver et d’échanger des nouvelles. Je revois de nombreux amis, certains perdus de vue depuis 1996, au moment de mon départ pour les camps de réfugiés de la guerre du Libéria et de Sierra Léone. Et puis, je parle avec les nombreux étudiants : les nôtres et ceux des autres instituts. Cela me permet aussi des contacts, en particulier pour mes émissions à la radio, mais également du travail supplémentaire car beaucoup me demandent des interventions ou des formations dans leurs différents groupes !

  • Vendredi 8 février : Matinée à la prison des femmes. Puis je pars au Colloque organisé par notre Centre de Philosophie et Théologie sur le thème « Saint Augustin et l’Afrique : quel Message aujourd’hui ? ». On aborde d’abord la vie d’Augustin, sa conversion, sa philosophie et sa théologie, avec toutes ses luttes. Pour réfléchir à partir de là à la vie religieuse, au service et au pouvoir, le problème du mal, le rapport entre foi et raison, avant d’arriver aux conclusions pratiques. Il y en a pour deux jours.
    Le soir, je vais rencontrer des jeunes religieuses pour réfléchir à leur vocation et prier avec elles.
    La nuit, rencontre de notre communauté chrétienne de quartier. Nous commençons par un partage sur l’Evangile du dimanche. Ensuite, les nouvelles de toutes sortes : familles, quartier, pays. Puis l’organisation de notre communauté. Enfin, nous revenons à l’élaboration de notre plan d’action, le 4ème objectif : la dignité de la personne humaine, la justice, la paix et la réconciliation, la charité et le développement (projets, micro-crédits,….). Les propositions ne manquent pas… ni les problèmes !

  • Jeudi 7 février : Travail à la maison. L’après-midi, avec une amie, nous continuons à mettre mes émissions sur You Tube. Cela n’avance pas vite. Puis je pars à la paroisse pour une rencontre sur le Concile Vatican 2, dont c’est le 50ème anniversaire.

  • Mercredi 6 février : Journée chargée ! Profitant de ce que nous nous levons de bonne heure et qu’Internet n’est pas encore saturé, je travaille à la maison tranquillement.
    Puis, à 9 heures, nous nous retrouvons à la prison des mineurs, avec les différents groupes et ONG qui y interviennent. En effet, nous avons senti le besoin de coordonner nos interventions pour ne pas faire double emploi et éviter la concurrence. Egalement pour pouvoir répondre aux différents besoins des jeunes. Et d’abord pour nous connaître entre nous. La réunion se passe dans une très bonne ambiance et la compréhension mutuelle. Nous faisons un nouveau planning d’activités, sous la direction du nouveau directeur de la prison, qui peut ainsi commencer dans de bonnes conditions.
    Rapidement, je pars à la prison des femmes où l’ancienne responsable fait ses adieux. Comme elle a très bien travaillé, il y a beaucoup de monde et la cérémonie est très chaleureuse. Mais nous ne sommes pas inquiets pour l’avenir car nous connaissons bien la nouvelle directrice avec laquelle nous avons déjà bien collaboré dans la prison où elle se trouvait précédemment.
    Entre temps, je suis passé à la prison des hommes pour apporter des médicaments. Plusieurs problèmes doivent être réglés. En effet, nous ne pouvons plus prendre les ordonnances en charge car notre Caisse est vide. Nous cherchons à aider au moins pour les urgences et les interventions chirurgicales. De plus, à l’infirmerie on prescrit surtout des fortifiants. Nous pensons qu’il vaudrait mieux améliorer la nourriture pour tous.
    A la sortie, je rencontre un détenu qui a été libéré. Pendant qu’il était en prison, son adjoint lui a pris tout son matériel (il avait 3 magasins). Nous faisons la liste de ce matériel et nous allons chercher un huissier pour régler le problème.

  • Mardi 5 février : Le matin, travail à la maison. Le soir : enregistrement de deux émissions radio. Aujourd’hui, nous parlons du Carême qui arrive, à la fois tant en direction des musulmans que des chrétiens. En conclusion, nous présentons les actions que nous allons mener pendant le Carême dans la Commission Justice et Paix et l’aumônerie des prisons.

  • Lundi 4 février : Nous tenons notre réunion de doyenné (rencontre des responsables de 7 paroisses de banlieue). Nous continuons notre travail du mois dernier, sur la mise en place de notre plan d’action à tous les niveaux et dans les différents domaines de la vie, pour les cinq années à venir.
    Puis nous passons aux activités concrètes. Je leur explique en détail toute l’action de Carême que nous allons mener en faveur des prisonniers.
    Au moment du repas, j’en profite pour régler un certain nombre de questions pratiques. Et de revoir les engagements de nos étudiants avec ceux qui les suivent, dans les différents quartiers.

  • Dimanche 3 février : Depuis hier, il y a le pèlerinage des religieux. A cause de toutes ces activités, je n’ai malheureusement pu y participer. Ce matin, j’ai la 1ère messe à 7 heures. Ensuite, j’anime 2 h 30 d’émissions religieuses, en deux langues : français et ouolof. Dans la première partie, j’essaie de commenter et d’appliquer concrètement les lectures du jour. Puis je continue d’expliquer la Lettre de Benoît 16, du 1er janvier : « Heureux les artisans de paix », dans ses différentes dimensions. Le tout entrecoupé des réactions et interventions des auditeurs, par téléphone.
    Puis je vais rejoindre le Collège où se tient la kermesse de la paroisse. C’est l’occasion de rencontrer beaucoup d’amis et d’échanger sur des tas de choses.

  • Samedi 2 février : Nous commençons par fêter « la Présentation de Jésus au Temple ». Ici, il n’y a pas de crêpes, mais des chants et le partage. C’est ce qui compte !
    C’est aussi une journée de récollection pour l’aumônerie des prisons. En plus de nos rencontres et formations ordinaires, nous avons tenu à nous retrouver pour cette journée de réflexion et de partage sur nos engagements et ce temps de prière et de méditation. Nous en avons besoin pour enraciner nos actions dans la foi, mais aussi pour mieux nous connaître et augmenter nos liens d’amitié. Nous nous retrouvons à plus de 40 personnes engagées à différents niveaux, et dans des Commissions diverses, dans 5 ou 6 prisons, de plusieurs églises chrétiennes, et notre partage est vraiment très riche et très profond. Nous avons commencé par nous présenter longuement pour bien nous connaître. Puis nous avons eu une réflexion sur la dimension religieuse de notre engagement, à partir de la Parole de Dieu. A la suite, un partage sur ces trois questions : 1) Pourquoi nous allons dans les prisons ? 2) Quelles sont les belles choses que nous y avons découvert ? 3) Sur quelle Parole de Dieu nous appuyons notre engagement ?
    Dans une étape suivante, nous essaierons de nous retrouver avec les autres personnes et groupes qui interviennent dans chaque prison. Pour le Camp Pénal, c’est prévu pour le 28, en accord avec le Régisseur.
    Après la récollection, réunion avec le Bureau pour préparer nos différentes actions de Carême : le soutien des prisons par les enfants et les jeunes, un concert pour obtenir des fonds, et un grand repas le jour de Pâques avec plus de 1000 détenus, hommes et femmes, quelques membres de leurs familles, et tout le personnel des prison. C’est un gros travail. Heureusement que les membres de l’aumônerie sont motivés.

  • Vendredi 1er février : nous retrouvons chez les femmes, à la prison. Aujourd’hui, nous partageons la Parole de Dieu : l’Evangile de Jésus à Nazareth (Luc 4, 14-21) : « L’Esprit de Dieu repose sur moi. Il m’a choisi pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils vont être libérés, rendre la vue aux aveugles, relever ceux qui sont écrasés, annoncer une année de grâces, de la part de Dieu ». Les femmes sont maintenant à l’aise et ont l’habitude de ce partage. Aussi ont-elles beaucoup de choses à dire. Nous les écoutons avec joie mais aussi avec beaucoup d’attention. A partir de là, nous partageons leurs soucis, leurs souffrances et aussi leurs joies.
    Ensuite, je passe au dispensaire du quartier rencontrer les malades, les mamans avec leurs bébés, ainsi que le personnel. Nous prévoyons notre prochaine rencontre.
    Après-midi : travail à la maison. Je profite de ce qu’il y a du courant pour travailler à l’ordinateurs et recharger les batteries.
    Demain, c’est le 160ème anniversaire de la mort de notre 2ème fondateur, juif converti, François LIBERMANN. Nous nous retrouvons donc à 16 heures avec tous les missionnaires spiritains de Dakar, pour réfléchir et partager sur nos différents engagements, à partir de textes de base de notre fondateur : comment être missionnaire dans le monde d’aujourd’hui ? Comment partager la vie du peuple auquel nous sommes envoyés et répondre à leurs appels et leurs besoins ?
    Nous continuons par la prière et un repas fraternel. Nous avons invité les membres de nos fraternités spiritaines, de même que les Sœurs missionnaires spiritaines. C’est une grande joie pour nous tous. Aussi la fête se prolonge tard, pour pouvoir en profiter au maximum.

  • Jeudi 31 janvier : Je voudrais passer une visite de contrôle pour mes oreilles car, avec l’âge, je n’entends plus très bien ce que les gens disent et bien sûr cela me gêne beaucoup dans mes rencontres et réunions. J’ai un rendez-vous pour ce matin ; j’y vais de bonne heure… et j’attends jusqu’à 14 heures ! Je me décourage et je m’en vais !
    Sur le chemin du retour, je passe dans une communauté religieuse qui veut me voir. Avec tout ça, j’ai raté plusieurs rendez-vous, en particulier ce midi au moment du repas. Il faut faire avec !
    J’ai quand même le temps de rencontrer des nouvelles personnes pour travailler dans les prisons et nous soutenir dans nos actions, en particulier pour la santé (des médecins) : nous en avons bien besoin.

  • Mercredi 30 janvier : Comme chaque mercredi, je vais à la prison des hommes pour l’écoute : nous sommes 4 animateurs pour cela et nous nous retrouvons avec les autres équipes qui interviennent : la Commission économique pour apporter un supplément absolument nécessaire en nourriture aux étrangers et aux Sénégalais qui ne reçoivent pas de visite de leur famille, et la Commission de réinsertion pour les prisonniers libérables. Aujourd’hui, il y a beaucoup de monde et j’initie à l’écoute une religieuse, nouvelle venue, mais qui a déjà une bonne expérience du travail en prison dans une autre ville. Et il y a beaucoup de monde à voir avec des cas toujours aussi difficiles à régler. Il va falloir nous organiser davantage pour répondre aux besoins et en particulier trouver quelqu’un pour s’occuper de la commercialisation des objets fabriqués dans les ateliers de la prison. Et quelqu’un d’autre pour trouver du travail pour les femmes et filles des détenus afin de leur permettre de faire vivre leurs familles. Il faudrait aussi quelqu’un de dégagé pour suivre les problèmes de santé et la recherche de médicaments. Il nous faudrait aussi quelqu’un pour aller contacter les ambassades qui abandonnent complètement leurs citoyens.
    Je suis ensuite reçu par le Régisseur de la prison, je dois dire sans aucune difficulté. Nous avons d’ailleurs d’excellentes relations avec tout le personnel pénitentiaire. Nous tenons une séance de travail sur plusieurs points : une rencontre générale de sensibilisation sur le SIDA qui sera suivie par des interventions plus ciblées ; la situation des détenus âgés ou malades et les possibilités de grâces ou de réductions de peines ; l’organisation d’une rencontre de tous ceux qui interviennent à la prison pour une meilleure coordination et complémentarité de nos actions ; et les mauvais traitements des personnes arrêtées par la police et le fait qu’on leur prend tous leurs documents personnels si bien qu’ils n’ont même plus les numéros de téléphone pour que nous puissions contacter leurs familles.
    A 15 heures, je me retrouve à la prison des mineurs. Nous rencontrons le nouveau directeur, qui nous reçoit très bien. Nous lui présentons nos différentes activités et voyons quels sont ses projets. Cela se fera au fur et à mesure. Avec nous est venue une Sœur qui tient un dispensaire dans le quartier et qui pourra aider. Puis il y a une rencontre avec le personnel, suivie d’une réunion générale avec tous les jeunes détenus. Nous tenons une réflexion animée et très intéressante avec eux, en attendant que les dentistes arrivent. En effet, des membres de leur Association viennent faire une séance d’éducation à la santé dentaire aux jeunes, et leur remettre brosses à dents et pâte dentifrice. Ils passeront ensuite à la prison des hommes. Mais ce qui nous intéresse surtout, c’est qu’ensuite ils sont prêts à venir donner des soins, par roulement.
    Je les laisse pour aller en ville retrouver le responsable du Service de la Communication (radio, télé, journaux) ; puis je passe à la direction des mouvements d’action catholique, mais je ne trouve personne ! Je vais donc contacter la directrice d’une école pour notre action de Carême.
    J’attends ensuite plus d’une heure un enseignant, responsable du mouvement des enfants, (CV-AV, l’équivalent de l’ACE en France) que je dois interviewer ce soir à mon émission radio. Il est coincé dans les transports publics ! Heureusement, le technicien nous a attendus.

  • Mardi 29 janvier : Il n’y a pas de courant et donc pas de connexion Internet. J’en profite pour travailler un article sur la réconciliation, à partir du 2ème Synode pour l’Afrique, que la coordination des religieuses d’Afrique (COSMAS) m’a demandé depuis longtemps. J’avais déjà des idées qui tournaient dans ma tête, mais il me faut m’asseoir et organiser mes pensées. Cela me prend toute la journée, jusqu’à la nuit (vous aurez bientôt cet article sur mon site).
    Avant de me coucher, comme chaque soir je lis le journal et je me mets au courant des nouvelles locales et internationales sur Internet, profitant que l’électricité soit enfin revenue. Malgré la fatigue et l’heure tardive, j’enregistre un certain nombre de documents dans mon ordinateur, que je travaillerai quand il n’y aura pas de courant, grâce à la batterie. Devant les problèmes, on apprend à s’organiser.

  • Lundi 28 janvier : Après avoir travaillé la matinée à la maison, je pars rencontrer une jeune fille qui veut devenir religieuse.
    Je réfléchis avec elle à sa vocation, aux conditions et à la façon de s’y préparer. Nous avons un échange très approfondi. Puis je passe à notre Maison régionale où je retrouve avec joie mes confrères. J’ai surtout le grand plaisir de rencontrer un ami de longue date qui travaille au Congo. Il est revenu pour des congés, et nous sommes très heureux de nous revoir. Je fais aussi la connaissance d’un autre confrère congolais qui fait des études sur l’écologie en Belgique. Sur le chemin du retour, je passe visiter et apporter une aide à une réfugiée de Côte d’Ivoire. Puis je vais travailler, jusqu’à la nuit, à la mise en place de mon site YOU TUBE : je veux en effet y mettre mes émissions radio : les partages d’Evangile en français et les interviews en ouolof sur la radio municipale et les interventions sur la radio communautaire de notre quartier. C’est une amie, membre de notre communauté de quartier, qui assure le travail, car moi-même j’en suis absolument incapable, mais c’est un travail qui demande beaucoup de temps.

  • Samedi 26 janvier : Je ne vais pas à la prison, car j’anime une journée de formation pour 5 équipes de Justice et Paix. Nous cherchons à faire une formation pratique qui permettra de travailler concrètement : quels sont les manques de justice et de paix autour de nous ? Comment les analyser et en découvrir les causes ? Comment monter un plan d’action ? Comment évaluer nos actions et les relancer ? Comment célébrer nos actions ?
    L’après-midi, nous avons une formation pratique sur « Comment faire une réconciliation », avec des exercices. C’est un grand encouragement nous retrouver ensemble, et cela va nous permettre de mener des actions communes. Nous pensons en particulier à la préparation des élections locales, aux choses à mettre en place pour se protéger des inondations, à la lutte contre l’augmentation des loyers, etc…
    Le soir, avec les étudiants, soirée communautaire. Nous nous réservons ainsi une soirée par mois pour travail à la maison.

  • Vendredi 25 janvier : Animation à la prison des femmes. Nous parlons de la vie à la prison. Elles ont beaucoup à dire car elles sont maintenant habituées à nous ; elles sont à l’aise et s’expriment sans problèmes. Nous parlons d’abord de la façon dont les musulmanes ont fêté l’anniversaire de la naissance du Prophète, et comment les chrétiennes ont participé à leur joie. A partir de là, nous parlons de l’entente et l’entr’aide entre les croyantes des deux religions dans la vie de chaque jour.
    Ensuite, nous parlons de leurs activités, qui sont autant de formations pour préparer leur sortie et leur réinsertion : jardinage , couture, fabrique de jus de fruits, salon de coiffure, pâtisserie, etc… et aussi l’alphabétisation en français, anglais et ouolof.
    Elles nous font aussi le compte-rendu de la visite des femmes juristes à la prison. On prépare ensuite les activités à venir. Nous parlons en particulier de fourneaux spéciaux qui servent de fours et qui économisent le bois, ce qui permet non seulement de gagner du temps –aller chercher du bois dans la forêt- et d’économiser de l’argent, mais aussi de diminuer le déboisement. Les femmes vont se former à l’utilisation de ces foyers et lors de leur sortie de prison chacune recevra un foyer qu’elle pourra emporter avec elle.
    Enfin, nous abordons la question des exercices physiques et même du sport. La direction est en train d’aménager un terrain de basket. Nous les poussons à y participer.
    Je passe à la prison des hommes pour demander la liste des détenus qui seront libérés durant les deux prochains mois, afin que nous puissions préparer leur sortie et leur réinsertion mercredi prochain.
    Puis je vais au Centre de formation des jeunes filles. Il y a 15 jours, nous avions réfléchi à l’année de la foi et décidé d’un certain nombre d’actions. Aujourd’hui, nous faisons l’évaluation des activités qu’elles ont menées dans le Centre, dans leurs familles et leurs quartiers. Nous avons un partage intéressant. Mais je leur fais constater qu’elles sont malgré tout plus engagées dans la paroisse que dans le quartier, et davantage dans l’Eglise que dans la Société. C’est d’ailleurs un problème général pour les chrétiens au Sénégal, et il y a beaucoup à faire dans ce sens.
    21 heures. Réunion de notre communauté de quartier Nous nous donnons des nouvelles, puis nous étudions le plan d’action des 5 années qui viennent, avec ses 4 objectifs communs à tous, pour voir comment les vivre dans notre communauté :. 1) la communion entre nous et avec les autres. 2) notre vie chrétienne. 3) le témoignage et l’évangélisation. 4) le service des hommes : redonner leur dignité aux méprisés, travailler pour la justice, la paix et le développement.
    Nous émettons un certain nombre de propositions. Il va falloir les préciser et les mettre en œuvre. (Voir le compte-rendu dans mon site, rubrique CEB/CCB). Nous y reviendrons à la prochaine réunion. Enfin, nous décidons de quelques actions à réaliser tout de suite : la fête de la paroisse, les actions de Carême, le soutien des prisonniers, etc….

  • Jeudi 24 janvier : Nous terminons notre séance à 21 h 30. Nous mangeons en vitesse et rentrons sur Dakar, car demain matin je dois être à la prison des femmes. Beaucoup de « bouchons » sur la route, si bien que nous arrivons après minuit ; en effet, cette nuit, c’était le Maouloud, célébration de la naissance du Prophète Mohammed et il y avait un grand pèlerinage organisé à TIVAOUANE. Aujourd’hui les gens rentrent et il faut être prudent sur la route !

  • Mercredi 23 janvier : Ce matin, nous nous levons très tôt pour aller à une cinquantaine de kilomètres participer à un colloque sur l’Apostolat des Laïcs, dans le cadre de l’année de la foi et pour le 125ème anniversaire du pèlerinage national de POPENGUINE. Pendant deux jours, nous avons travaillé avec des intervenants dont certains venus de France (Université catholique d’Angers…), l’évêque de Clermont-Ferrand, malade, s’étant désisté. Nous avons abordé les questions de notre foi d’Africains, avec les problèmes de magie, de maraboutage et de sorcellerie. Comment vivre notre foi dans le choc des cultures ? Le rôle des laïcs dans le développement du pays et face aux changements de la vie. Puis nous avons vu ce que la foi chrétienne a de spécifique face aux autres religions et quel salut elle apporte à l’Afrique d’aujourd’hui. Pour terminer avec une réflexion sur la foi au Sénégal.
    Bien sûr, il reste à mettre tout cela en pratique et passer à l’action.
    Comme dans toutes ces rencontres, qui regroupent des gens de tout le pays, c’est une grande joie de retrouver des amis et de s’en faire des nouveaux. Grâce à Internet qui se répand de plus en plus, nous pourrons communiquer et échanger des documents et comptes rendus d’activités.

  • Mardi 22 janvier : Après avoir reçu les étudiants, j’accueille les stagiaires (un Philippin, un Ghanéen et un Nigérian) qui, pour cette 1ère année, apprennent le français. Ils ne le maîtrisent pas encore, aussi nous parlons en anglais.
    Puis je continue à régler un certain nombre de questions par écrit, au téléphone et par Internet. Ca n’avance pas vite.
    L’après-midi, 2ème formation pour nos étudiants, sur le suivi des personnes vivant avec le VIH. Je les laisse continuer avec notre ami animateur, pendant que je reprends les démarches en vue de l’ouverture d’un CCP pour l’aumônerie des prisons, et cette fois elles aboutissent car j’ai enfin tous les documents nécessaires ! Puis, je passe dans deux écoles pour la mise en place de notre campagne de Carême, ce qui me permet de faire des nouvelles connaissances. Mais je dois me rendre rapidement à la radio pour mes deux émissions. Aujourd’hui, j’interviewe un Frère sur leurs écoles professionnelles et le travail de Caritas.

  • Lundi 21 janvier : Une bonne nouvelle : l’UNESCO avait des stocks de nourriture, en cas de problèmes dans le pays. Avant qu’elle ne soit périmée, ils nous la proposent pour les prisonniers. Bien sûr nous acceptons. C’est une très bonne nouvelle. Je contacte immédiatement le régisseur pour qu’il envoie la camionnette de la prison. Puis je termine de recevoir les étudiants.
    Après-midi : Rencontre mensuelle : après les contacts personnels avec chacun des étudiants, nous nous retrouvons ensemble pour en tirer des conclusions et tracer des orientations. Puis nous réfléchissons à la Nouvelle Evangélisation et à la façon dont elle est mise en pratique, et comment continuer à avancer.
    Je les laisse pour aller célébrer l’Eucharistie à la paroisse, suivie de la réunion « Justice et Paix » . Nous faisons le tour des problèmes du quartier et réfléchissons à ce qu’il est possible de faire. Puis nous voyons les problèmes plus larges sur lesquels nous allons devoir nous mettre ensemble au niveau de toute la ville, pour agir efficacement : la drogue (surtout chez les jeunes) ; la préparation des élections locales de l’année prochaine ; la prévention et les dispositions à prendre face aux inondations lors de la saison des pluies. Ce n’est pas le travail qui manque.

  • Dimanche 20 janvier : L’après-midi, rencontre avec les jeunes pour une formation sur la Bible. Nous lisons l’Evangile de dimanche prochain : la mission de Jésus conduit par l’Esprit, qui annonce la Bonne Nouvelle, guérit les malades et libère les opprimés. Mais nous ne voulons pas en rester à la théorie. Nous voyons donc ensemble les actions que nous allons mener, aux différents niveaux, tout au long de cette année. Nous sommes très heureux de nous retrouver.

  • Samedi 19 janvier : Un de mes grands amis est enterré aujourd’hui. Quand j’étais dans le nord du Sénégal, à St Louis, de 1980 à 1996, nous avons beaucoup travaillé au soutien des couples et à la régulation des naissances, à la préparation des fiancés au mariage et à l’éducation sexuelle des jeunes. Il était très engagé et a aidé énormément de gens à Dakar tout au long de sa vie. C’est pourquoi de nombreuses personnes, musulmanes comme chrétiennes, sont venues, et la Cathédrale est remplie. Il était malade depuis de nombreux mois, et l’année dernière nous avons déjà enterré sa femme. J’essaye de consoler ses enfants que j’ai vu grandir. Nous sommes tous très tristes. Pour assister à ses obsèques, nous avons supprimé notre rencontre de l’aumônerie des prisons et après l’enterrement nous nous retrouvons avec la famille, à la maison. Mais je les quitte pour aller dire la messe du samedi soir à la paroisse.

  • Vendredi 18 janvier : Ce matin, à la prison des femmes, je célèbre l’Eucharistie, préparée par les pensionnaires elles-mêmes. Nous prenons le temps de partager la Parole de Dieu, pour que chacun puisse donner ses idées. A la fin, j’accueille la responsable musulmane qui vient rencontrer les détenues de sa religion. Nous nous entendons très bien et nous avons eu l’occasion de tenir ensemble des rencontres communes entre chrétiennes et musulmanes.
    Puis je passe chercher des lunettes pour les détenus, avant de rencontrer la directrice d’une grande école du quartier (du Jardin d’enfants aux classes de Lycée) : Notre Dame du Liban, lancée il y a 50 ans par les Libanais chrétiens, mais bien sûr ouverte à tous. En effet, nous voulons proposer une action de Carême à tous les enfants et jeunes, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, pour soutenir tous les prisonniers, sans distinction. Mais nous ne voulons pas seulement demander de l’argent ou des dons (nourriture, habits, savons et produits d’hygiène, cahiers et bics pour l’alphabétisation, etc), mais aussi leur ouvrir le cœur et l’esprit à la vie et aux souffrances des prisonniers, ainsi que leur faire connaître ce que nous essayons de faire ensemble. C’est pourquoi, nous enverrons un animateur ou une animatrice rencontrer les jeunes qui s’engageront dans cette action. Cela se terminera par une grande fête à Pâques, avec un repas et un théâtre par les détenu(e)s pour partager leur vie et leurs espoirs avec tous ceux qui viendront, des chants et danses des différents groupes culturels pour valoriser leurs cultures diverses. Il y aura environ 1200 détenus et invités. C’est un gros travail. Nous nous y sommes déjà attelés.
    A midi, j’accueille un formateur d’une autre ONG qui viendra nous donner une formation sur « comment réconcilier les gens » samedi prochain. Il reste manger avec nous, ce qui lui permet de partager avec les étudiants ses activités et les raisons de son engagement.
    L’après-midi, je cherche des emplois pour les femmes des détenus afin qu’elles puissent faire vivre leur famille. Puis je continue à rencontrer nos étudiants. Cela me conduit jusqu’assez tard dans la nuit.

  • Jeudi 17 janvier : Après-midi : Formation de nos étudiants sur le SIDA par l’Association catholique Sida Service. C’est important que, comme futurs prêtres, ils soient préparés à suivre et soutenir aussi bien les personnes vivant avec le VIH que leurs familles, et à transformer la société, changer la mentalité des gens pour que ces personnes ne soient plus rejetées et humiliées. Les animateurs connaissent leur travail et les étudiants, qui posent beaucoup de questions, sont satisfaits de la rencontre. Nous continuerons la semaine prochaine.
    Je pars ensuite célébrer la messe à la paroisse, avant de rencontrer un étudiant.

  • Mercredi 16 janvier : Séance d’écoute à la prison avec son lot habituel de problèmes psychologiques, de santé, de solitude, de nourriture , et tant d’autres. Aujourd’hui, nous accueillons surtout des détenus étrangers. Nous avons eu la chance de recevoir des petits paquets de mil (céréale locale) : nous allons pouvoir en aider quelques-uns. L’infirmier major arrive avec un paquet d’ordonnances : nous allons devoir mobiliser nos amis pour les prendre en charge. Et aussi trouver des lunettes, des cahiers et des bics. Nous voulions aussi rencontrer les libérables pour préparer leur sortie, mais la liste n’est toujours pas prête. Ce sera pour la prochaine fois. Dommage !
    Après-midi : suite des rencontres avec nos séminaristes étudiants en théologie, sur leurs engagements sociaux et humanitaires.

  • Mardi 15 janvier : Je me suis réservé à nouveau cette matinée pour préparer deux articles que l’on m’a demandé : un sur le travail dans les prisons, un sur Justice et Paix. C’est important, mais ça demande beaucoup de temps pour la rédaction et la saisie des textes, même si vivant les réalités de l’intérieur je ne manque pas de choses à dire ! Mon problème serait plutôt de résumer et de limiter mon développement !
    Mais je commence par rédiger une demande de soutien. Nous avons besoin de fonds pour pouvoir travailler.
    L’après-midi, démarche pour ouvrir un compte postal ; hélas, il me manque encore une signature ! Il faudra que je retourne une 3ème fois.
    Ensuite, je vais visiter une des animatrices de prison, Gabonaise mariée à un Sénégalais. Jusqu’à maintenant, je ne connaissais pas sa maison. Nous nous donnons rendez-vous à une station service. Elle amène une amie Centrafricaine qui voudrait travailler, elle aussi, avec nous.
    Je pars ensuite voir le curé responsable de notre secteur (doyenné), pour préciser avec lui l’effort de Carême et la préparation de la fête de Pâques en prison. Nous présenterons notre projet aux sept paroisses de notre secteur.
    Sans tarder, je pars à la radio pour enregistrer mes deux émissions. Aujourd’hui j’interviewe une autre animatrice sur la prison des mineurs et au retour, je reçois encore un de nos étudiants, pour réfléchir à ses activités et engagements. Ce ne sera pas facile de me lever demain matin !

  • Lundi 14 janvier : Ce matin, je reste à la communauté pour régler un certain nombre de choses restées en suspends, et il y en a beaucoup. Je n’arrive pas à tout régler, mais, au moins, les plus urgentes.
    A partir d’aujourd’hui, je vais recevoir chacun de nos étudiants à tout de rôle, pour faire le point de leurs engagements. C’est très important pour leur avenir. Et déjà pour leur vie actuelle, pour qu’ils ne s’enferment pas dans les études et la course aux diplômes, ce qui n’est pas notre vocation.
    Le soir, réunion mensuelle de toute la communauté. A tour de rôle, chaque étudiant est appelé à faire un exposé sur le thème de son choix, que nous évaluons tous ensemble. Puis nous abordons la question des études et celle de la préparation du Carême. Nous préparons les deux rencontres sur le SIDA, et passons ensuite aux « divers » et à la prière finale.

  • Dimanche 13 janvier : Emission radio du dimanche. Les lectures du jour sont lues et commentées en français et en ouolof par les jeunes qui animent l’émission. Comme d’habitude, ils me demandent d’en tirer des conclusions pratiques, en ouolof. Suite à cela, un imam ajoute son propre commentaire. C’est une émission en direct et les gens interviennent ensuite par téléphone. Aujourd’hui, les questions tournent rapidement autour du mariage. Il y a beaucoup de réactions et de contributions, si bien que je n’ai pas le temps de commenter la Lettre de la Journée mondiale pour la Paix (1er janvier). Ce n’est pas grave. Ce sera pour la prochaine fois…. Peut-être !
    L’après-midi, au CAEDHU nous faisons le point de nos différentes rencontres de la semaine passée pour le démarrage de notre Centre.
    Puis je passe voir la responsable de l’aumônerie de la prison des jeunes qui était partie rejoindre sa fille à l’étranger, pour les fêtes. Nous préparons les activités de cette année qui commence.
    Pendant toute cette journée, nos étudiants étaient en récollection (journée de prière).

  • Samedi 12 janvier : En allant à la prison, un pneu éclate. J’ai de la peine à trouver une chambre à air et un nouveau pneu. Le réparateur me trouve une chambre à air encore bon ne et recoud mon pneu. Avec tout cela, j’arrive très en retard à la prison des hommes, mais l’étudiant qui m’accompagne m’a précédé et a commencé la rencontre. Ils ont abordé les problèmes qui reviennent sans cesse et pour lesquels nous nous sentons tellement démunis. Suite à cela, je leur fais part des petites avancées, et du compte-rendu de notre rencontre avec le directeur de l’administration pénitentiaires de mercredi dernier. Puis nous passons au partage d’Evangile du dimanche, que je pourrai envoyer à ceux qui le désirent. Ensuite, nous abordons les questions concrètes, avant quelques contacts personnels rapides, car ils doivent retourner dans la prison. Pour les cas plus compliqués, je les reverrai mercredi personnellement.
    Le soir, je vais dire la messe dans un quartier. J’aime beaucoup l’ambiance familiale d’un petit groupe, où chacun peut participer. Ensuite, je passe dans plusieurs familles, ce qui m’amène tard dans la nuit, mais qui est bien agréable. En tout cas, je n’ai pas faim, car j’ai dû partager trois repas !

  • Vendredi 11 janvier : Je commence par la prison des femmes, comme chaque semaine.
    Puis je vais dans un Centre de formation féminine pour les aider à vivre cette année de la foi. Je parle en deux langues (français et ouolof) afin que tout le monde comprenne bien. Evidemment, nous ne restons pas à la théorie et aux grandes idées, mais nous voyons comment vivre concrètement notre foi dans les circonstances actuelles et leurs conditions de vie réelles. Je suis dans l’admiration de la sincérité et la profondeur de leurs réponses.
    L’après-midi, nous nous retrouvons entre responsables des fraternités spiritaines, pour faire le point de la vie de nos équipes. Et pour préparer notre rencontre trimestrielle du dimanche 27.
    La nuit, rencontre de notre communauté de quartier. Après les nouvelles, nous partageons l’Evangile de dimanche. Puis nous écoutons le compte rendu du Conseil Paroissial de vendredi 14. Et nous cherchons comment mettre les orientations en pratique à notre niveau. Et quelles sont nos propositions d’actions pour le Plan Pastoral à mettre en place. (Voir mon site).

  • Jeudi 10 janvier : Après la prière et la messe, j’ai un peu de temps pour mettre à jour mon courrier. Puis nous partons au Ministère des Droits Humains présenter notre projet de Centre Educatif et les différents jeux et moyens pédagogiques que nous avons composés. Nous avons sérieusement préparé la rencontre à l’avance. Nous avons obtenu un accord de principe, maintenant il nous faut passer aux questions pratiques. Et d’abord trouver un terrain pour notre Centre. Ensuite, trouver les moyens pour construire. En ce qui concerne les programmes de formation, au bout de 25 ans, nous avons ce qu’il faut ! Et pour les animations, nous avons tous nos jeux éducatifs et autres moyens pédagogiques. Le Ministre est intéressé par notre travail et apprécie notre projet pour sa réflexion et sa visée. Du coup, il prend des contacts pour lancer les recherches de fonds. Pour commencer, nous aurons un centre chargé d’animer les formations et d’organiser les activités dans tout le pays. Et également pour une mise en pratique sur place : un jardin d’enfants, une école élémentaire et une école professionnelle. Nous avons déjà un entrepreneur pour superviser les ateliers. Espérons que ça va marcher, car nous ne voulons pas nous contenter de parler des droits de l’homme, mais former les gens et agir dans ce sens.
    En revenant de ce rendez-vous, je trouve mon vélo crevé. Cela m’arrive souvent, vu l’état des routes et les endroits reculés où je vais. Il me faut donc le pousser pendant un long trajet avant de trouver un réparateur. J’avais rendez-vous dans une équipe de prêtres pour travailler la question des activités à la prison des mineurs dont ils ont la responsabilité, et également réfléchir à la manière de relancer la Commission Justice et Paix de leur paroisse. Quand j’arrive, ils ont fini de manger et sont partis à la sieste. Je les réveille et on se met au travail.
    A 16 heures, cours de ouolof . Il est très important que nos étudiants apprennent la langue locale, pour se rendre proches de tous les pauvres de la société qui n’ont pas eu la possibilité d’aller à l’école pour apprendre le français.
    Le soir, nous nous retrouvons prêtres, frères et sœurs. En effet, nous avons demandé aux laïcs et aux communautés de quartier d’analyser la situation actuelle et de proposer des actions concrètes pour composer notre plan d’action pastoral pour les trois années qui viennent. C’est aux laïcs de le faire, car ce sont eux qui vivent les réalités de la vie et qui connaissent les problèmes. Mais nous avons senti la nécessité de nous retrouver aussi entre nous, pour apporter notre contribution. C’est l’occasion de nous retrouver dans l’amitié, car avec nos différents engagements ce n’est pas facile de nous réunir.

  • Mercredi 9 janvier : Le matin, rencontre au Centre des enfants de la rue. Puis je vais à la prison des hommes pour les séances d’écoute et les rencontres personnelles des détenus. En même temps, la Commission de réinsertion rencontre les libérables pour préparer leur sortie et leur retour en famille et dans la société.
    Nous partons ensuite, avec tout le Bureau, rencontrer le Directeur de l’Administration Pénitentiaire. Nous lui présentons d’abord nos vœux : il nous a d’ailleurs invités à la cérémonie officielle. Ensuite, dans son bureau, nous lui présentons le travail de nos différentes commissions. Je vous en ai déjà souvent parlé. Puis, nous abordons des questions diverses importantes et les orientations futures et actions à mettre en place : les problèmes des divorces quand le mari est en prison ; le soutien aux familles ; la prévention et l’éducation par rapport à la drogue et la prostitution ; la formation en milieu rural, etc… Car nous ne pouvons pas nous limiter aux actions simplement au niveau des prisons elles-mêmes. Cela se passe dans une ambiance très sympathique, d’autant plus que nous nous connaissons bien, ayant travaillé ensemble plusieurs années à ST LOUIS… mais nous ne nous étions pas vus depuis 30 ans !
    A 15 heures, je vais présenter un de nos étudiants à la Communauté des Frères de Taizé. Il va suivre leurs activités pour se former au niveau pastoral et pour se préparer à son stage missionnaire de l’année prochaine.
    Ensuite, séance de travail avec le Vicaire Général (l’adjoint de l’Evêque). Nous réfléchissons spécialement aux animations des prisons, au travail des Commissions Justice et Paix, aux sessions de préparation au mariage, aux journées mondiales de la jeunesse (JMJ), et à un certain nombre d’autres questions.
    Le soir, mes deux émissions radio comme d’habitude.

  • Mardi 8 janvier : Après la prière et la messe, je peux dégager un petit temps de réflexion personnelle. Puis je pars avec les autres responsables du CAEDHU rencontrer Moktar MBAW. Premier ministre de l’Education nationale au moment de l’Indépendance, il a été longtemps Secrétaire Général de l’UNESCO. Il a dirigé ces dernières années les Assises Nationales qui avaient préparé tout un programme de développement du pays, en vue des élections présidentielles. Le nouveau Président lui a confié la responsabilité de diriger la rédaction d’une nouvelle Constitution, plus adaptée aux besoins et à l’évolution actuelle du pays, et voir comment réorganiser les différentes structures gouvernementales. Nous sommes venus demander ses conseils et son soutien pour le Centre d’éducation aux droits humains que nous voulons mettre en place.
    Mais bien sûr nous abordons beaucoup d’autres questions : les prisons, mais aussi le développement du monde rural, l’éducation des jeunes, les réfugiés, les guerres civiles et rebellions autour de nous, tout le problème de la pauvreté.
    Ensuite, je pars à notre Maison régionale chercher des documents pour préparer les rencontres de Carême que je dois animer.
    Enfin, je vais rejoindre les autres responsables de nos maisons de formation spiritaines. Nous avons une journée de réflexion ensemble.

  • Lundi 7 janvier : C’est le début de l’année. Les rencontres et réunions se succèdent. Ce matin, nous nous retrouvons en doyenné, c’est-à-dire tous les prêtres de la banlieue de Dakar. Le travail principal d’aujourd’hui est de voir comment mettre en place notre plan d’action pour les cinq années qui viennent. C’est un gros boulot. Ce matin nous cherchons surtout à nous former et à élaborer une méthode de travail. Puis nous passons aux questions concrètes, car les activités continuent.
    En fin de travail, je pars pour rencontrer les responsables nationaux de la Société Civile avec notre Bureau du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains).
    Le soir, rencontre du Bureau de l’aumônerie des prisons. Nous faisons d’abord le point des activités de Noël et en tirons des conclusions pour les fêtes de Pâques. Ensuite, nous préparons notre rencontre avec le Directeur de l’Administration Pénitentiaire, prévue mercredi. C’est important et nous avons beaucoup de choses à lui dire. Ensuite, nous préparons la journée de réflexion et de prière (récollection) de l’aumônerie.
    Après ces trois morceaux, il nous reste encore un certain nombre de choses à voir : la recherche de médecins, la visite des jeunes dans nos prisons en continuation de la journée mondiale de la jeunesse, et un certain nombre d’autres questions. Nous ne sommes pas arrivés au bout ; la fin pour la prochaine fois.

  • Dimanche 6 janvier (suite) : A la radio communautaire, quand le courant est revenu, je commence par partager ce que nous avons dit chez les détenus, hommes et femmes. Rapidement, des auditeurs interviennent par téléphone. D’abord, comme chaque dimanche, un imam qui donne son point de vue de croyant musulman sur ce que nous disons. Puis plusieurs personnes apportent leurs idées et leurs commentaires sur ces trois questions : 1) Qu’est-ce que cette fête et l’Evangile du jour nous montrent sur Dieu et le Christ ?. 2) Quelle est la Bonne Nouvelle ? 3) Que faire pour mettre cette Parole de Dieu en pratique ? (Voir le compte-rendu dans mon site, à la rubrique « Partages d’Evangile »).
    A midi, nous nous retrouvons ensemble, prêtres et religieuses, pour « tirer les rois ». Mais c’est surtout l’occasion d’un moment de joies, pour vivre notre amitié et partager aussi nos soucis, ainsi que surtout nos raisons de vivre. En partageant des images avec des textes choisis par chacun, nous nous redisons notre idéal et nous nous adressons des appels les uns aux autres. Nous choisissons aussi parmi les pays actuellement en difficulté, un pays pour chacun qu’il va suivre cette année dans l’information et la prière. Cela autour d’un bon repas (ce n’est pas tous les jours la fête !), car les Sœurs sont de bonnes cuisinières.
    Le soir, rencontre entre les spiritains de Dakar, avec un temps de prière, un temps de partage et un repas. Cela nous permet en particulier de nous retrouver entre jeunes (étudiants) et anciens, de nombreux pays différents, et de continuer à créer entre nous un esprit commun.
    Chaque jour nous amène problèmes, souffrances et mauvaises nouvelles. J’apprends le décès d’un très grand ami avec qui nous avons travaillé de longues années pour l’éducation sexuelle des jeunes. Une autre est en train de mourir d’un cancer. La famille est complètement bouleversée.

  • Dimanche 6 janvier : Du coup, je n’étais pas tellement en forme ce matin. La radio non plus ! Ma première émission n’a pas pu passer : pas de courant général. La deuxième (de 10 heures) n’a pu commencer qu’à 11 h 30. En sortant, je trouve mon vélo crevé… Il y a des jours comme cela !
    A l’émission radio, je reprends ce que nous avons partagé avec les détenus, hommes et femmes. C’est important de faire passer leur parole et leurs espoirs.

  • Samedi 5 janvier : A la prison des hommes, nous faisons aussi le compte-rendu des fêtes de fin d’année. L’ambiance est différente de celle des femmes. Certains ont passé toute la nuit en prières. Beaucoup ont partagé la nourriture que certains ont reçue de leurs familles. Une longue discussion se lève au sujet des musulmans. En effet, comme je l’ai expliqué plus haut, le 1er janvier était aussi la grande fête de la confrérie musulmane mouride. Au Sénégal, les relations sont bonnes entre chrétiens et musulmans. Mais ce n’est pas la même chose au Niger où les chrétiens sont victimes d’attentats et de persécutions. Les détenus nigérians sont donc beaucoup plus critiques et même agressifs. Et ce n’est pas facile de les faire évoluer. Les réactions sont vives, mais dans le respect mutuel. La réflexion sur l’Evangile de l’Epiphanie avec l’appel des trois Mages non juifs, et donc d’une autre religion, nous aide d’ailleurs à avancer dans notre réflexion.
    L’après-midi, mariage de la fille d’une famille amie. Ils m’avaient accueilli en 1979 au Sénégal, à Tambacounda, où j’avais été nommé après le Congo et mon travail avec les immigrés, en France. J’ai rencontré leur fille au cours des réunions de préparation au mariage que j’anime ici actuellement. En 1979, elle n’était pas née, mais je suis heureux de bénir son mariage et revoir ses parents que je n’avais pas revus depuis 1980. Ce sont eux qui m’avaient introduit dans la société locale et dans la culture bambara. Avec Denis, le mari, nous avions commencé un travail d’évangélisation des bambaras et aussi des peuhls. Plusieurs personnes sont venues de Tambacounda et je suis très heureux de les revoir. La joie est partagée.
    Pendant la célébration, avant de parler j’ai d’abord demandé aux parents des mariés de leur donner la bénédiction traditionnelle, ce qu’ils ont fait avec plaisir, en français mais aussi en bambara et en diola (ils sont de deux ethnies différentes, ce qui est aussi un témoignage important et un appel d’ouverture pour tous). Ensuite, les témoins expriment pourquoi ils ont accepté cette responsabilité et comment ils pensent la vivre. Dans mon homélie, je leur dis d’abord : « Ce n’est pas à moi, un vieux célibataire de 73 ans de vous dire comment vous aimer. D’abord parce que vous vous aimez déjà. Et on apprend à aimer, en s’aimant (« C’est en forgeant qu’on devient forgeron »). Mais surtout ils ont choisi, comme 1ère lecture le beau texte sur l’amour (1 Cor 13) de Paul, et les conseils de leurs parents, amis et témoins. Je leur ai donc juste rappelé ce que nous nous étions dit au cours des rencontres de préparation au mariage. Après la première attirance, il faut construire notre amour, comme un mur, brique après brique. L’amour c’est un feu, il faut l’alimenter. Deux conditions sont essentielles : se parler en permanence (ce qui ne veut pas dire être toujours d’accord), et s’accepter, en cherchant sans cesse à mieux se comprendre (ce qui veut dire se pardonner quand c’est nécessaire). Mais j’ai préféré partager avec l’assemblée le sens chrétien de leur mariage. D’abord que l’Eglise, et chacun d’entre nous, jeunes ou âgés, nous avons besoin de la fraîcheur de leur amour. Et que leur engagement est à la fois un appel et un engagement pour nous tous. Je leur ai rappelé la chance qu’ils ont de pouvoir aimer le Christ et leurs frères, simplement en s’aimant, eux-mêmes et leurs enfants, à la lumière de Matthieu 25, 35-40 : « J’avais faim, tu m’as donné à manger ; j’avais soif, tu m’as donné à boire ; j’étais malade…., tu m’as accueilli, habillé…. Tout ce que tu fais au plus petit de mes frères (et d’abord à ton mari, ta femme et tes enfants), c’est à moi que tu le fais ». Sans oublier leur responsabilité : nous faire connaître qui est Dieu par leur amour, comme le dit Dieu Lui-même par le prophète : « Comme un fiancé aime sa fiancée, c’est ainsi que je t’aime Israël ». Et nous faire comprendre que Dieu est vraiment Père et Mère, en étant les meilleurs parents possible. Et surtout de rendre le Christ présent dans notre monde qui en a tellement besoin : « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis au milieu d’eux ».
    Ils avaient choisi comme Evangile le miracle de CANA. Je n’ai pas manqué de leur rappeler que, par ce sacrement, le Christ transforme leur amour humain dans son amour divin. A eux de rester branchés sur le Christ ! Tout cela, à l’aide de chants et de proverbes, avec une participation de toute l’assemblée. La cérémonie a duré le temps qu’il fallait, mais ensuite on a bien pris le temps de chanter et danser toute la nuit. Alors, pas de problème !

  • Vendredi 4 janvier : A la prison des femmes, elles nous racontent comment elles ont « fêté » la fin de l’année, enfermées dans leurs cellules, en essayant de chanter pour se donner un peu de joie, malgré tout. Et comment elles se sont tues à minuit, pour écouter les pétards et les cris de joie à l’extérieur. En pensant à leurs familles et à leurs enfants, pendant que les autres allaient danser à l’extérieur.
    Puis les animatrices leur expliquent comment elles ont passé les fêtes, pour partager avec elles. Ensuite, nous partageons l’Evangile de l’Epiphanie, pour nous préparer à la fête de dimanche. Vous pourrez en trouver le compte rendu sur mon site.
    Une religieuse est arrivée de THIES et elle est venue rejoindre notre équipe. Elle travaille depuis longtemps dans les prisons et elle va pouvoir beaucoup nous aider. Aussitôt, je vais la présenter à la directrice de la prison, et nous posons les bases pour commencer des rencontres d’écoute chez les femmes, ce que nous ne pouvions faire que chez les hommes jusqu’à maintenant.
    A midi, je vais manger à notre maison régionale pour rencontrer les confrères que je n’ai pas vus depuis longtemps. J’y trouve un de nos confrères de Guinée. Nous avons travaillé ensemble autrefois. Il me donne des nouvelles du pays, ce qui me fait extrêmement plaisir bien sûr. Déjà, tous ces temps-ci, je reçois des coups de fil et des mails de Guinée. Ca fait du bien et c’est bon pour le moral.
    Au retour, je passe chez une réfugiée de Côte d’Ivoire qui se retrouve seule avec son fils. Son mari est en France, mais elle n’arrive pas à avoir un visa pour le rejoindre, bien que mariée régulièrement avec lui. J’apporte au moins des cadeaux pour son fils.
    Le soir, réunion trimestrielle du Conseil Paroissial. Il a été très bien préparé par le Bureau, aussi les choses se passent sans problèmes, mais il y a de nombreux points à voir. Nous en avons pour 4 heures : la marche générale de la paroisse, la vie des communautés de quartier, les activités des différentes commissions. Puis nous passons à l’élaboration du plan pastoral de l’année. Après l’évaluation des activités passées, nous préparons les activités à venir : la fête patronale, la kermesse, le Carême, le pèlerinage paroissial, le pèlerinage des enfants. Et nous ne manquons pas de parler aussi des problèmes sociaux et économiques : le chômage des jeunes et des adultes. Et de l’importance de participer à la vie du quartier, aux conseils municipaux, etc…. Le travail ne manque pas.

  • Jeudi 3 janvier : Les activités n’ont pas encore repris. J’en profite pour rester travailler tranquillement à la maison.
    Le soir, nous sommes invités chez le responsable de notre communauté de quartier. Il vient de prendre sa retraite et partage avec nous ses projets.

  • Mercredi 2 janvier : Dès le lendemain, nous avons repris nos activités. Le matin, séance d’écoute et de rencontre des prisonniers à la prison.
    Le soir, messe à la paroisse. Comme à chaque fois, les gens m’attendent à la sortie, chacun avec son problème. Ce soir, je reste en particulier avec une jeune fille enceinte, abandonnée par son copain. Sa grossesse (la 1ère) ne se passe pas très bien. Elle doit se rendre à une visite médicale, mais elle n’a pas d’argent pour cela. Elle s’est proposée pour laver du linge dans les familles mais vu son état les gens refusent de lui donner du travail. Et la Caisse de la Caritas (Secours Catholique) est vide depuis longtemps. Elle a été vidée en Juillet au moment des inondations pour aider les sinistrés. Je vais faire appel à des bonnes volontés pour l’aider. Le problème, c’est qu’on retombe toujours sur les mêmes !

  • Mardi 1er janvier 2013 : Nous nous retrouvons à 10 heures. Dans notre célébration nous prenons trois temps de réflexion : au début, à la liturgie pénitentielle, nous faisons le point de l’année passée et demandons pardon à Dieu et aux frères et sœurs. A l’offertoire, nous offrons au Seigneur les belles choses que nous avons faites et celles dont nous avons été témoins tout au long de l’année 2012. Et à la fin de la célébration , après avoir remercié le Seigneur, nous avons pris des décisions et annoncé les lignes d’action choisies pour cette année qui commence.
    Le 2ème temps de notre célébration a été la réflexion sur la lettre de Benoît 16 pour la Journée Mondiale pour la Paix (1er janvier). Cette lettre est très riche et propose un nouveau chemin pour le développement économique et social du monde, sous ses différents aspects. Malheureusement, comme toujours, elle est écrite dans un français beaucoup trop compliqué. Nous avons donc pris le temps de la redire en français simple, avant d’en chercher les applications possibles dans notre vie de chaque jour. Cela a été long, mais tout le monde était content.