Armel Duteil

Synode

Synode pour l'Afrique




Introduction

Il y a 15 ans, a eu lieu à ROME, autour de Jean-Paul II, le premier synode spécial pour l’Afrique. Après ce temps, on a senti la nécessité de faire le point des actions menées et de lancer une nouvelle réflexion, tenant compte de l’évolution actuelle de l’Afrique, mais en la centrant davantage pour éviter la dispersion. D’où le thème choisi pour ce « 2ème Synode pour l’Afrique » qui aura lieu en 2009, du 4 au 25 Octobre : « JUSTICE, PAIX et RECONCILIATION ».

Le mot « synode » signifie : marchons ensemble. Dans le cas présent, il s’agit d’une rencontre d’évêques délégués des différents pays d’Afrique. Un premier document, appelé en latin : lineamenta, a été publié avec un questionnaire à travailler à la base et à renvoyer, sous forme de synthèse diocésaine et nationale, au Vatican en octobre 2008. Voici certaines de nos réflexions.

EXTRAIT DE LA REVUE « AFRIQUE ET PAROLE »

J’en viens maintenant au second Synode africain convoqué au Vatican par Benoît XVI, du 4 au 25 Octobre 2009, dont le thème sera : « L’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ». (….). Certains correspondants d’Afrique et Parole se mettent aussi au travail. Ainsi l’ami Armel DUTEIL a su trouver un moment, non seulement pour lire attentivement les Lineamenta de ce Synode mais aussi pour me faire part de ses réactions. Je crois faire œuvre utile en vous les communiquant. Ici encore, faites-moi part de vos remarques. (René LUNEAU)

Quelques réactions à propos des Lineamenta du 2ème Synode pour l’Afrique :

A la lecture du texte, je suis partagé entre deux sentiments. Je suis satisfait du document. A mon avis, il présente une analyse intéressante et originale de la culture africaine et une bonne réflexion surf la situation actuelle de l’Afrique (même si, bien sûr, on peut discuter certaines affirmations). Mais, en même temps, je ressens insatisfaction et inquiétude : qu’est-ce que ce texte va pouvoir produire concrètement ? (….).

1. Le premier problème qui reste posé : qu’en est-il d’un Concile Africain ? La question semble enterrée. Ou, au moins, d’un Synode qui se tiendrait en Afrique, et avec la participation de théologiens, de laïcs responsables de communautés, hommes mais aussi femmes et jeunes ? Tout reste décidé d’avance, et d’en haut, très encadré pour éviter tout dérapage… Mais si ces dérapages étaient justement les chemins par lesquels l’Esprit Saint voulait passer !Est-ce que les laïcs n’ont pas aussi reçu l’Esprit Saint… et le même que les évêques et cardinaux ? (…).

2. Malgré ce qu’affirment les Lineamenta,, je me demande quel a été l’impact de la publication en 1995 du document Ecclesia in Africa (…). D’abord il a été noyé au milieu de toutes les Encycliques et autres textes publiés par Jean-Paul II, la CERAO, les différents évêques, etc.. Mais cela ne vient-il pas aussi du fait que le premier synode se soit passé au loin (à Rome) et sans vraie participation de la base (les réponses au questionnaire ont été souvent rédigées par quelques personnes non représentatives, réunies à l’occasion, parlant soi-disant au nom des autres, mais pas par les communautés de base). (…). Comment faire pour que les chrétiens à la base se sentent concernés et impliqués (…) ?

Début Octobre 2006 nous avions la session pastorale des prêtres du diocèse –en Guinée- pour préparer le travail d’année. On n’a pas dit un seul mot sur le prochain synode. Qui va répondre au questionnaire des Lineamenta ? Pourtant le thème me semble très important : Réconciliation, justice et paix ? Mais sur quoi allons-nous nous appuyer ? Par exemple, il n’y a aucune commission « Justice et Paix » dans le diocèse ; les priorités proposées pour la réflexion et l’action (ch. I, II) : l’aspect sociopolitique, l’aspect socio-économique et l’aspect socioculturel sont essentiels ; mais à quoi cela correspond-il dans la vie concrète de notre Eglise ? Sur quelles actions des laïcs s’appuyer ? Le mois dernier, je parlais avec le responsable de notre doyenné, ancien responsable national des OPM, au sujet de l’engagement des femmes. Il m’a dit : « Les femmes de notre paroisse sont très engagées ; elles balaient l’église et lavent le linge d’autel » (sic).

Comme élément positif, le document souligne « le nombre croissant de missionnaires africains ». Je ne cherche à juger personne. De quel droit le ferais-je ? Il faudrait d’abord que je me juge moi-même. Mais sommes-nous vraiment missionnaires ? Je viens d’arriver dans une paroisse où ont travaillé des confrères pendant plus de 100 ans. Je remarque qu’il y a beaucoup de baptisés : ils viennent nombreux à la messe, même en semaine, ils se retrouvent matin et soir pour prier ensemble, ce qui est admirable, je le dis très sincèrement. Mais quel est leur engagement réel dans la vie du pays alors que nous sommes enfoncés dans des problèmes énormes de toutes sortes : corruption, incompétence, laxisme… ? Les anciens missionnaires ont sillonné tous les villages et formé des tas de chrétiens. Mais c’étaient eux les missionnaires ? Quelle est la dimension missionnaire de nos communautés ?

Nos liturgies sont vivantes, c’est vrai. Mais qu’y célèbre-t-on réellement ? On y célèbre Jésus ; mais quel Jésus ? Célèbre-t-on Jésus ressuscité, vivant, présent parmi nous et agissant dans notre monde aujourd’hui ? (….). Est-ce que nos liturgies sont non seulement inculturées, mais célèbrent ce que nous vivons dans toute notre vie avec le Christ, dans le souffle de l’Esprit, là où nous sommes ? Célébrons-nous la réconciliation, la justice et la paix ? Souvent nos liturgies sont intemporelles. La même liturgie pourrait être célébrée au Japon, au Brésil, ou… au 18ème siècle. De même, on dit souvent qu’il n’y a aucun problème entre chrétiens et musulmans et que nous avons le même Dieu. Qu’est-ce que cela veut dire ? N’est-ce pas un vœu pieux et une façon de se cacher les problèmes et de refuser de voir les tensions ? Même si chrétiens et musulmans s’entendent bien, est-ce qu’ensemble nous cherchons vraiment à construire le Royaume de Dieu ? Un royaume ouvert à tous, un royaume de réconciliation, de justice et de paix ?

Je continue mes réflexions au fur et à mesure de ma lecture du texte :

Chapitre 2 : « Jésus le Christ, Parole et Pain de vie, notre réconciliation, notre justice et notre paix ». Tout ce qui est dit est vrai mais me semble bien théorique. J’aurais beaucoup de peine à l’expliquer et à le faire vivre à nos communautés. J’aurais préféré que l’on montre comment Jésus a agi concrètement pour la réconciliation, la justice et la paix, dans l’Evangile. Ce serait plus facile à faire comprendre à nos communautés et à mettre en pratique.

Chapitre 4, I § 1 : Ce que l’on dit de l’évêque est très bien. Mais est-ce à partir de ces critères que l’on choisit les évêques ? A voir ce qui se passe dans mon pays, cela ne semble pas le cas.

Chapitre 4, II § 1 : Ce que l’on dit de l’engagement des laïcs dans le monde est très bien. Mais là encore, cela me semble très loin de nos réalités. Dans la paroisse où je travaillais précédemment, j’avais essayé de lancer une équipe de cadres chrétiens (groupe de réflexion). Nous avons dû arrêter, car tous étaient d’accord pour payer des cotisations pour la communauté ou acheter des tenues ou même s’engager dans la chorale ou comme catéchiste mais pas à se retrouver pour réfléchir sur leurs responsabilités dans leurs milieux de travail, à partir de l’Evangile. Ni voir comment s’engager en chrétiens dans les domaines politique, économique et social.

J’arrive dans une nouvelle paroisse. Mais je me pose de sérieuses questions sur la pastorale qui y était menée et sur la théologie qui la sous-tendait. Nous avons des chrétiens qui chantent et qui dansent (et j’apprécie cela), mais où est la dimension missionnaire et le témoignage de leur vie ? Quel est leur engagement par rapport à la justice, la paix, la réconciliation (avec tous, dans leur quartier ou leur village et pas seulement dans la communauté chrétienne), ce qui est justement le thème de ce prochain synode ? Quel est le souci du développement et des droits humains ? Comment s’étonner de ces lacunes quand la plupart des conseils paroissiaux ne parlent que de catéchèse et de sacrements, quand ils ne se limitent pas aux cotisations et à l’organisation des fêtes ? Comment les paroisses pourront-elles former et soutenir les chrétiens dans leurs engagements dans le monde ? Au moins, que l’on prenne vraiment la préparation de ce Synode au sérieux, ce qui alors permettra une avancée, car le thème choisi est vraiment essentiel. Mais cela demande de nombreux préalables et des changements que l’on n’est pas prêt à assumer. Et il faudra voir dans quel sens avancer. Par exemple, au n° 2 (n° 65), on nous parle de l’engagement de l’Eglise dans l’éducation. C’est vrai que d’excellentes choses se font dans nos écoles catholiques. Mais là encore, on pense surtout à créer des écoles catholiques (nous sommes presque toujours centrés sur nous-mêmes), beaucoup plus qu’à soutenir les enseignants qui travaillent dans les écoles publiques, qui sont pourtant le plus grand nombre. On s’occupe très bien des élèves de nos écoles catholiques mais est-ce dans ces écoles que se trouvent les élèves les plus pauvres et les plus défavorisés ? Dans le pays où je travaille, il y a de nombreuses universités disséminées dans tout le pays mais pas un seul aumônier d’université. On pense seulement à une future université catholique… qui ne voit pas le jour.

En positif, je relève dans le document une analyse sérieuse de la culture africaine et aussi réaliste. Par exemple, je n’ai pas souvent trouvé dans des textes officiels la mention claire de la sorcellerie (voir n° 72). J’ai apprécié aussi le paragraphe sur la guérison dans sa relation avec la politique, l’économie et la culture. De même plus haut (n° 51), que l’on fasse mention des saints modernes de l’Afrique mais aussi « des victimes des dictateurs, qui réclamaient plus de justice et de dignité humaine ». Ou encore la réflexion suivante (n° 75) : « Souvent la violence, venue des milieux pauvres, est une réaction à la marginalisation sociale croissante et aussi envers la société à chaque fois plus injuste et discriminatoire ». C’est très vrai. On accuse toujours les pauvres de violence, sans voir la violence institutionnelle dont ils sont victimes ; là aussi, il y aurait un travail énorme à faire pour changer les regards et les jugements, aussi bien des prêtres que des laïcs. Comment y arriver ? Ce Synode saura-t-il en déterminer les moyens ? (…).

Armel DUTEIL, 18 Novembre 2006.

Titres des documents cités

à consulter sur ce site à la rubrique « Justice et Paix

  • L 14 : Commission diocésaine de Justice et Paix – 19.11.07
  • L 18 : Commission diocésaine de Justice et Paix – 14.12.07
  • L 20 : Formation à Justice et Paix et Préparation du Deuxième Synode pour l’Afrique – 12.07
  • L 21 : 3ème réunion de la Commission Justice et Paix – 11.01.08
  • L 23 : Session Justice et Paix sur la corruption – 20.01.08
  • L 24 : Paroles de Dieu et de l’Eglise sur la corruption – 20.01.08
  • L 28 : Mettre en place une Commission Justice et Paix – Réunions
  • L 30 : Commission diocésaine Justice et Paix – 4ème réunion 15.02.08
  • L 31 : Justice et Paix : Rencontre à St Matthieu de KOUNTIA + Rencontre des religieux – 17.02.08
  • L 32 : Réunion des Femmes catholiques à KATACO + Veuves
  • L 33 : Premier Congrès des Commissions de Justice et Paix d’Afrique (KINSHASA)
  • L 35 : Réflexion sur le travail pastoral dans les prisons – 05.04.08
  • L 36 : 5ème réunion : Justice et Paix – 25.04.08
  • L 37 : Formation à Justice et Paix – Pèlerinage de BOFFA – 02.05.08



Le Synode sur l’Afrique Justice et Paix

Réponses au questionnaire pour le 2e Synode pour l’Afrique

Justice, Paix et Réconciliation

partie de la réponse à chaque question a été préparée pour le doyenné du Bagataï. La 2e partie notée C est la réflexion en groupe menée à Conakry (35 participants laïcs) : Question 1-19. Vos réactions seront les bienvenues. Par Mail : armelduteil@yahoo.fr

N’hésitez pas à partager ce document autour de vous.

Question 1 : Qu’avons-nous retenu d’Ecclesia in Africa, de sa préparation et de sa mise en oeuvre, pour la vie de nos Eglises particulières et celle de nos peuples ?

Pour la préparation de ‘’Ecclésia in Africa ‘’, il nous semble qu’il n’y a pas eu beaucoup de participation des laïcs et des communautés de base. Il n’y a que quelques personnes qui ont répondu rapidement et au dernier moment, la plupart du temps dans un bureau sans sensibilisation de la communauté et donc sans partir de la vie des chrétiens.

Pour la mise en œuvre, le document final s’est perdu au milieu des nombreux documents venus de Rome (Jean Paul II a beaucoup écrit) du SCEAM, de la CERAO, du Synode diocésain, et …, ce qui fait que l’on n’a pas eu le temps de l’exploiter et que les efforts ont été dispensés, alors que, les choses auraient dû être coordonnées. C’est la même chose pour ce présent synode. Le thème de Justice et Paix correspond au 4e objectif stratégique des diocèses d’Afrique de l’Ouest (CERAO). Mais il faudrait que pendant 4 ou 5 ans on donne la priorité et on centre tous nos efforts sur ce thème. Par exemple, nous venons de commencer l’année de Saint Paul. Que l’on voie spécialement ce que Paul a fait et dit par rapport à la justice et à la paix.

Malheureusement, les laïcs n’ont pas participé vraiment à la préparation de ce 1e synode pour l’Afrique. Ils n’ont donc pas été au courant non plus du document ‘’Ecclésia in Africa’’. Dans notre rencontre préparatoire, personne n’était au courant de ce document … ni même de l’existence de ce synode. Cela ne veut pas dire qu’il n’ a eu aucun effet, mais il y a un grand effort de communication à faire auprès du peuple de Dieu.

Question 2 : Que reste-t-il à faire en fonction du nouveau contexte africain ?

Bien se centrer sur le thème du synode. Le thème est clair et précis : justice, paix et réconciliation, mais certains voudraient nous entraîner dans d’autres directions. Par exemple, la culture africaine et l’inculturation (c’est important, mais ce n’est pas le thème du synode), ou bien les déviations théologiques modernes, la liturgie ou encore autre chose. Si l’on veut aborder ces questions, qu’on les aborde au moins sous l’angle de la justice et de la paix : que nous en disent nos cultures africaines sur ces deux points, comment les célébrer dans la liturgie, que nous disent les recherches théologiques actuelles, etc….c’est dans cette direction d’ailleurs que le questionnaire nous oriente, par exemple, la question 11 – chapitre 3.

Il nous faut donc tout faire pour connaître et travailler ce texte. Au 1er synode, les propositions approuvées par Jean Paul II demandaient la mise en place de 3 commissions d’études sur le mariage en Afrique sur les ancêtres et sur le monde des esprits. Nous n’avons vu que peu de choses en Guinée comme recherches dans ce domaine. Par ailleurs, par rapport aux thèmes de ce 1er synode : sur l’Inculturation presque rien n’a été fait. Le laïcat chrétien n’est pas suffisamment formé au niveau politique et économique : Les laïcs s’engagent à l’intérieur de l’Eglise, beaucoup plus que dans la société, malgré tous les problèmes sociaux que nous rencontrons. La commission ‘’Justice et Paix’’ vient juste d’être créée au niveau diocésain et n’existe pas au niveau paroissial. Les CCB n’existent que sur le papier. Les efforts d’engagement des chrétiens dans les médias sont nettement insuffisants, de même que pour le dialogue entre religions et l’Evangélisation (communautés chrétiennes de base).

Chapitre I :

Question 3. Quelles sont les évolutions positives qui se sont produites dans l’Eglise et dans la société depuis Ecclésia in Africa ?

  1. en relation avec le thème de la réconciliation ?

  2. en rapport au thème de la justice ?

  3. en rapport à la question de la paix ?

Dans l’archidiocèse, mise en place d’une commission diocésaine justice et paix et effort pour l’organisation de commissions paroissiales.

  • Démarrage du plan stratégique pastoral de la CERAO : 4e objectif : justice, paix, développement.

  • Année pastorale 2007-2008 sur le thème de la communion : réconciliation

  • Au niveau de la société : Réveil de la population et début de mise en place d’une société civile, suite à la grève générale de janvier/février 2007 - Demande d’un jugement des responsables des tueries à cette occasion - Demande de réconciliation à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance – Mise en place d’un gouvernement de consensus et d’un comité de suivi, etc… Importance accrue du conseil chrétien et de la structure de veille composée des chefs religieux du pays. Mais il est difficile de dire que ces évolutions soient la conséquence du 1er synode pour l’Afrique. Et le limogeage du 1er ministre a cassé cet élan.

En Guinée, la réconciliation est en cours. Mais jusqu’à l’année dernière, l’Eglise n’était pas tellement impliquée dans ces efforts. Depuis 2007, il y a eu une prise de conscience.

Les responsables religieux ont été appelés pour constituer une ‘structure de veille’ au niveau du pays. Mais il faut maintenant que les laïcs s’engagent et mettent des moyens d’action en place pour la justice, la paix et la réconciliation. Car c’est aux laïcs de s’engager dans la vie politique et les affaires socio-économiques du pays, en particulier à travers la commission de justice et paix.

Question 4 : Quelles sont les difficultés auxquelles votre Eglise particulière et votre société ont été confrontées dans votre région ?

  1. sur le plan socio-politique

  2. sur le plan socio-économique

  3. sur le plan socio-culturel

  4. sur le plan ecclésial

  5. dans la collaboration avec les musulmans sur les questions de justice, de paix et de réconciliation

  6. dans la collaboration avec les adeptes de la RTA sur le plan de la justice, de la paix et de la réconciliation

  7. dans la collaboration avec les autres chrétiens ?

Voir les documents ci-joints publiés par la commission diocésaine justice et paix suite aux formations, sessions, conférences et réunions qu’elle a organisées, sur différents points : cf. Feuilles L 31, verso L20 p 23 : carrefours = la situation - L 37 : pèlerinage de Boffa, L 39 : N’zérékoré L41 : Koundara. Tous ces documents se trouvent sur mon site : http://armel.duteil.free.fr. En voici les réponses doyenné par doyenné, ce qui explique les répétitions, mais qui sont significatives en montrant les problèmes les plus nombreux.

Sur le plan socio-politique :

  • au niveau du pays : Incompétence de certains députés – Certains dirigeant ne cherchent que le profit pour eux et leur clan. – Mauvaise gestion des richesses du pays et détournement, pas de compte rendus ni de contrôles – manque de respect de la loi et impunité (pas de sanction) – élection et nomination truquées – Chômage – la vie est difficile dans les villages –Manque d’efforts réels pour lutter contre la pauvreté et la chômage des jeunes : on se contente de séminaire et de déclaration sans suivi. –les causes de tout cela c’est en particulier la course à l’argent et le non engagement des chrétiens dans la vie publique.

  • Au niveau du pays : les jeunes ne trouvent pas de travail. Dans l’Eglise, on prend des travailleurs musulmans au lieu de prendre des chrétiens. On ne donne pas de travail aux chômeurs. A l’Université, on donne des cours le dimanche : Que fait le conseil chrétien et l’Archevêque contre tout cela ? Dans les hôpitaux on soigne les riches et on laisse les pauvres mourir. Corruption et manque de transparence à tous les niveaux. Manque de dialogue entre les religions. Nominations aux postes important d’après les relations, l’ethnie ou la religion, même si la personne est incompétente. Manque de respect de la laïcité : les rues sont occupées par la prière du vendredi, pas de cimetière chrétien, financement d’écoles islamiques par le gouvernement…On développe les villages des grands cadres, pas les autres.

  • Au niveau du pays : Pillage des richesses du pays ; mines… Retraites non payées, mauvaise gouvernance, non respect des droits et impunité, élection truquées, la force de l’armée qui entraîne la peur.

  • Au niveau du pays : Détournements et impunité, manque de responsabilité à tous les niveaux –grève avec viols, vols et violences qui ramènent le pays en arrière. –vie de plus en plus chère –santé : manque de centres de santé et de médicaments –manque de vérité, fausse rumeurs, mensonges, délations –on compte plus sur les relations et le piston que sur le travail et la compétence. –régionalisme –insécurité routière : mauvais état des routes et des véhicules, coupeurs de routes, surcharge…-manque de respect des lois et de dialogue social. (Voir aussi le document sur la corruption L23 + L24).

Sur le plan socio-économique :

  • Au travail : on cherche des pots de vin et autres avantages –mauvaise gestion des retraites, surtout pour les veuves. On triche et copie à l’école, on donne des notes imméritées, on rançonne les élèves, des enseignants font la cour à leurs élèves filles. –des médecins ne s’occupent pas des malades pauvres. –inégalités de salaire, en particulier pour les femmes ; -la corruption pour monter en garde, pour éviter les sanctions, pour réussir à l’école, pour obtenir des marchés, pour se faire soigner…-ethnocentrisme pour attribuer les postes –on marginalise les chrétiens et les autres minorités –les lois sociales ne sont pas appliquées pour tous.

  • Les situations d’injustice : grandes différences de richesse, travail mal payé ce qui pousse les gens à détourner de l’argent, des travailleurs exploités ce qui les pousse à voler pour se rattraper, les produits des paysans ne sont pas achetés à leur vrai prix. Favoritisme : on ne reconnaît pas la valeur des personnes, corruption, fraude, injustice : ceux qui veulent lutter contre cela sont mal vus. Les apprentis doivent payer leur apprentissage. On renvoie des travailleurs sans raisons valables, les filles mères sont exploitées et poussées à la prostitution. Les rues ne sont pas goudronnées. Insécurité dans les quartiers. Manque d’eau. La nourriture est de plus en plus chère au marché. Les prisonniers ne sont pas jugés ni soignés. Leur nourriture est détournée. Ce sont les pauvres que l’on met en prison.

  • Au travail : Mauvais traitement des travailleurs, abus d’autorité, manque de conscience professionnelle, vente des notes et des examens à l’école.

  • Dans le travail : on favorise ses parents même s’ils ne savent pas travailler ou sont paresseux –travail mal fait, incompétence, manque de sérieux, retards, absences. –mauvais partage de l’argent gagné, on ne prend pas soin du matériel, on ne paye pas bien ses travailleurs ou ce qu’on achète, des commerçants et autres artisans demandent trop cher, dettes non payées…

Sur le plan socio-culturel :

  • Au niveau personnel : Manque de conscience et de sérieux dans les activités quotidienne. Manque d’engagement dans ses responsabilités. Non respect de ses engagements.
    Dans la famille : Manque de dialogue entre mari et femme –Infidélité dans le mariage –on ne traite pas de la même façon les garçons et les filles – Mauvais traitement des enfants confiés ou adoptés. On favorise ses propres enfants. Inégalité entre les enfants à cause des divorces, des décès et de la polygamie. La polygamie est une injustice envers la femme, de même que l’excision et d’autres pratiques coutumières- la démission des parents dans l’éducation de leurs enfants. On laisse les enfants sortir, même la nuit, sans savoir ou ils vont. On laisse voir n’importe quoi à la télé, sans en parler avec eux, au lieu de s’en occuper. On ne cherche pas à savoir comment ils travaillent à l’école. On ne demande pas aux filles où elles trouvent l’argent ou les habits qu’elles rapportent. – l’irresponsabilité de certains pères de famille qui sont toujours dehors et laissent toute la charge de la famille à la mère. Conclusion : l’éducation en famille est à la base de tout, car la famille est la base de la société. La démission des parents entraîne la chute de toute la société.
    Dans les quartiers : le tribalisme, l’intolérance religieuse, les inégalités entre les couches sociales (riches et pauvres) –Les chefs cherchent leurs intérêts personnels –manque de justice dans les jugements –délinquance à tous les niveaux –manque de transparence dans la gestion des fonds.

  • Dans les familles : La polygamie. On fait souffrir les veuves e t les orphelins après la mort de leur père, on n’éduque pas bien les enfants, on ne les suit pas. Fraude et corruption aux examens. Les enseignants taxent les élèves et les parents – à l’hôpital : les riches sont soignés et les pauvres sont abandonnés. Les médicaments sont détournés ou vendus. Dans les écoles : les élèves sont trop nombreux par classe, les enseignants mal formés ou pas sérieux ; on ne termine pas les programmes. Il y a beaucoup de violences et de bagarres.

Les situations d’injustice et les manques de paix :

Au niveau personnel : on aide les gens par affinité. Orgueil qui nous fait écraser les autres pour prendre la 1ère place. Egoisme qui nous empêche d’aider les pauvres et de défendre ceux qui sont traités injustement…Manque d’amour. Manque d’engagement dans la vie concrète et au niveau politique, économique, social et culturel. Manque de formation qui empêche de s’engager. Le montant des bourses des étudiants dépend du niveau, alors que les frais sont les mêmes pour tous.

Au niveau de la famille : pas de mariage religieux, pas de prière en famille, pas de dialogue dans la famille (entre mari et femme, avec les enfants, avec les autres parents). Le père est souvent absent et ne prend pas ses responsabilités.

Des femmes ne respectent pas leur mari, surtout s’il est pauvre. Manque d’éducation des enfants. Abus d’autorité des pères et grands frères. Polygamie et divorce (injustice entre les femmes et leurs enfants). Différence entre les garçons et les filles, entre ses propres enfants et les autres. Infériorité de la femme. Injustice au moment de la mort pour l’héritage, mauvais traitements des veuves et des orphelins. Sorcellerie et malédictions. Participation obligée aux sacrifices traditionnels. Excision des filles. Mariages précoces et faible scolarisation des filles.

Au niveau personnel : corruption, favoritisme, mauvaise gestion de notre vie, vivre au dessus de nos moyens, méconnaissance de nos droits, l’indifférence, les contraintes (manque de liberté).

Au niveau de la famille : Inégalité entre mari et femme, manque de dialogue entre parents et enfants, mise à l’écart de certains membres, non respect du mariage qui entraîne incompréhension, dispute, violences et coups, divorce, polygamie avec toutes leur conséquences.

Dans le quartier : Choix arbitraire des chefs de quartier, enrichissement anormal des responsables, aucun respect des droits des pauvres, corruption.

Dans la famille : la polygamie qui vient soit du besoin de main d’œuvre (tradition) ou du désir sexuel et de montrer puissance, richesse… (Polygamie moderne). On ne s’entend pas au niveau financier et moral. Conséquence graves pour l’éducation des enfants : ils ne travaillent pas à l’école et deviennent voleurs ou drogués. Manque de responsabilité de la part du père. –manque de travail qui entraîne la pauvreté, d’oû problème de logement, nourriture, habillement. Mais aussi mauvaise gestion de l’argent de la famille. –Paresse de certains jeunes qui refusent le travail manuel et veulent tous être fonctionnaires, partir à l’étranger ou gagner de l’argent facile (vol, débrouille, drogue…).- on n’envoie pas les jeunes filles à l’école : on préfère les envoyer vendre au marché ou les garder pour les travaux ménagers.- manque de liberté pour la femme et mariage précoces pour avoir l’argent de la dot ou que la jeune fille reste dans la famille (tradition) – L’homme et la femme ne parlent pas ensemble (par exemple pour l’argent ou les sorties), ils ne travaillent pas ensemble (champ commun), dispute : par exemple au moment de l’héritage, mauvais traitement des veuves et des orphelins.

: conflit entre éleveurs et agriculteurs. Les éleveurs plus riches donnent des pots de vins pour avoir raison. Les autorités les acceptent et même les encouragent. Les agriculteurs sont découragés et n’osent pas commencer les semences, ce qui entraîne pauvreté et famine – division parce que chacun cherche son intérêt personnel : par exemple un forage fait par une ONG récupéré par la mosquée : les autres gens du quartier n’ont plus d’eau. Egoїsme - -violences, vols à main armée, alcoolisme – Manque de vérité : un même terrain vendu à plusieurs personnes.

Sur le plan ecclésial :

Dans les CCB, mouvement et associations chrétiens : beaucoup de chrétiens ne sont pas engagés et ne cherchent pas à se former. –les CCB ne s’occupent pas des problèmes de justice et de paix –favoritisme dans le choix des responsables –les pauvres et les étrangers n’ont pas vraiment leur place dans nos CCB et mouvements. Les enfants des nantis sont privilégiés, par exemple pour les JMJ ou autres voyages à l’étranger. –Manque de respect des principes et règlements –Mauvaise gestion de l’argent et manque de compte- rendus. -Médisance et calomnies –La catéchèse ne forme pas à la justice et à la paix, cela cause un mauvais comportement moral.

-dans l’Eglise : il y a des inégalités. Nos travailleurs sont mal payés et n’ont pas la sécurité sociale. Il y a des injustices dans nos communautés etc…A chacun de voir ce qu’il peut faire, avec les autres

Dans les CCB, communauté chrétiennes et paroisses : places réservées à l’église. On choisit les familles que l’on va visiter. Les sacrements sont donnés par affinité (relation, situation sociale, argent…). Favoritisme dans le choix des responsables, des parrains et des marraines. Les chrétiens ne prennent pas en charge leur Eglise. Les jeunes n’ont pas leur place dans la communauté. Manque de responsabilité des femmes. Manque d’attention aux personnes démunies : on participe davantage aux prières chez les riches que chez les pauvres. Manque d’engagement. Jalousie, même au niveau du clergé. Manque de transparence dans la gestion des biens. Mauvais partage des dons venus de l’extérieur. Mauvaise gestion de l’OCPH (caritas). Le gouvernement aide plus pour la construction des mosquées que des églises. Manque de communication et de compte-rendu des formations et des décisions.

Communautés /CCB et paroisses : Non respect des engagements, manque de transparence dans la gestion et détournement, mauvais traitement des aides- catéchistes, injustice dans le choix des responsables. On respecte plus les riches que les pauvres.

Dans la paroisse, CCB, mouvements…Manque d’engagement et de volonté de se former de certains responsables. Manque de rencontres. -dans les rencontres on ne parle que des cotisations, tenues, préparation des fêtes mais très peu des manques de paix et des injustices, ou bien on ne fait que danser et chanter (jeunes) on ne parle pas de la vie des gens ou du quartier.- on s’aide seulement à l’intérieur du groupe on ne pense pas au plus pauvres de l’extérieur. Ethnocentrisme dans les groupes de jeunes ou de femmes. – on ne réconcilie pas les familles divisées. Manque d’organisation et de travail en commun, refus des cotisations.

Avec les musulmans : voir ″ L 37 ; Boffa n°10

Avec les RTA (Religions Traditionnelles Africaines) : Dans le diocèse, nous avons très peu travaillé sur cette question. Est-ce le signe que notre Eglise, minoritaire au milieu des musulmans, n’est pas suffisamment attentive à cette question et que la réflexion sur l’inculturation n’est pas menée suffisamment en profondeur. Alors que les chrétiens, comme les musulmans d’ailleurs, vivent leur foi dans le cadre de la RTA. Mais déjà la commission pour les relations avec les musulmans est pratiquement inexistante.

Collaboration avec les autres chrétiens : Au sommet, il y a le ″ conseil chrétien″ et depuis l’an dernier la ″structure du veille″ mise en place après l’état de siège, pour veiller à l’évolution du pays et conseiller aussi bien les structures étatiques et politiques que la société civile. Mais les tensions et les problèmes n’y manquent pas, pour des questions de présence ou matérielles (problèmes de terrain, etc…). A la base, il existe des relations d’amitié et bonne entente, mais peu d’actions communes. Même la prière pour la semaine de l’unité est pratiquement inexistante.

La mal gouvernance, le manque d’entente entre les partis politiques qui sont à base ethnique et ou chacun cherche son intérêt personnel ou de groupe, plutôt que le bien commun.

En général, on note la dégradation des structures économiques, l’effondrement du pouvoir d’achat, la corruption, les détournements.

A ce sujet, nous avons analysé la dernière mutinerie des militaires de mai 2008 : ils exigent le paiement de 5 millions d’arriérés chacun, en ne pensant qu’à eux-mêmes et sans penser à la situation économique désastreuse du pays et à tous ceux qui n’ont même pas à manger. Et ce mouvement a entraîné des tas de grèves et revendication à la chaîne : policiers, enseignants…, chaque groupe social demandant à son tour des avantages pour lui-même. Les militaires ont demandé à avoir du riz à un prix privilégié (18.000 GNF, augmenté finalement à 55.000 GNF au lieu de 250.000 GNF), alors qu’ils sont salariés et ont déjà de nombreuses avantages et ont tous été montés en grade : que vont faire ceux qui sont en chômage et travaillent dans le secteur informel, dans les petits métiers ? De plus, cette action a paralysé la vie économique et appauvri davantage le pays. Cette fois-ci encore, il y’a eu des morts innocentes par balles perdues. Il y a eu des viols et des vols organisés dans les magasins et les marchés.

Ensuite, les soldats ont demandé que les mutins ne soient pas poursuivis et, beaucoup plus grave, ils ont fait libérer les militaires emprisonnés pour avoir tiré sur la foule, lors de la manifestation de février 2007. C’est très inquiétant pour l’avenir. Cela augmente la dégradation du pays : l’année dernière, les militaires ont tiré sur la foule et tué 186 personnes à Conakry (sans parler des morts dans les autres villes). Cette année, ce sont eux qui manifestent, et ils demandent l’impunité. Est-ce que l’armée est lă pour tuer la population ou pour la protéger ?

par rapport à la RTA, il faut nous approcher de la tradition dans laquelle certains gestes de respect sont enseignés comme l’obéissance et la franchise.

Question 5 : Comment avez- vous fait face à ces difficultés, tant celles qui viennent des Africains eux-mêmes que celles qui viennent des désordre internationaux ?

Nous avons fait face à ces difficultés, essentiellement par des sessions et des formations et la mise en place de la commission justice et paix, pour la réalisation des actions décidées. Le point culminant en a été le pèlerinage de Boffa en mai 2008 : voir les documents de la commission (aux différents niveau) : L 14 : Que faire ? // L 18, 6://L 21 verso // L20 p 3 bas-4 // L 37 Boffa // L39 N’zérékoré.// voir aussi la contribution de Koundara.

Chapitre II

Question 6 : Quel est l’impact de votre foi dans le Christ sur votre vie quotidienne ?

Il est très difficile (faut-il le faire ?) de juger de la foi des gens. Dans nos formations nous avons cherché à tout centrer sur le Christ. Voir L 20 p 2 // L 37 Boffa.

Mais il faut bien reconnaître que pour beaucoup de chrétiens, le Christ n’est pas encore une personne que l’on aime et avec qui l’on vit toute sa vie. Pour beaucoup de baptisés, la vie chrétienne se limite à une série de prière et de cérémonie pour ″avoir la chance″ et ″aller au ciel″.L’influence de l’Islam et de la religion Traditionnelle ( RTA) est ici très nette. Pour certains chrétiens, on peut même dire qu’en fait ils continuent à participer à la religion traditionnelle (dans son esprit et les orientations) sous le couvert de rites chrétiens (y compris les sacrements). Cette réflexion sur justice et paix peut être un excellent moyen pour faire découvrir l’action du Christ dans le monde et la force de sa parole.

Nous avons noté, par exemple, la prière en famille, la lecture de la parole de Dieu en CCB, les homélies du dimanche.

Mais est -ce que cette parole transforme vraiment notre vie et porte du fruit dans notre milieu de travail ou scolaire. Il reste beaucoup d’efforts à fournir, spécialement au niveau de la famille, au travail et, dans la société, au niveau économique et politique. Par exemple, dans la famille, il y a un grand besoin de réconciliation, beaucoup de couples n’ont pas célébré leur sacrement de mariage et ne peuvent pas communier, l’éducation des enfants est mal faite. Cependant on note une différence visible dans la façon de vivre des chrétiens et des musulmans. Et au moment des grands évènements du pays, les musulmans sont très attentifs à ce que disent les responsables de l’Eglise.

Question  7 : La parole de Dieu est-elle vraiment au cœur de la vie de votre famille, de votre communauté ecclésiale vivante, de votre CCB, de votre paroisse ?

De même, la parole de Dieu, même si certains textes sont connus, n’est pas encore vraiment la lumière à partir de laquelle la plupart des chrétiens réfléchissent à leurs problèmes et à ceux du pays. Cela s’est manifesté spécialement au pèlerinage de Boffa oû la réflexion sur les questions justice et paix s’est limitée très souvent au niveau humain, et non pas de la foi et de l’Evangile, par exemple la concurrence avec les musulmans. Dans la prière en famille, quand elle se fait on récite les prières traditionnelles, mais on ne prie pas à partir de la parole de Dieu, alors que même les analphabètes peuvent raconter des passages de la Bible par cœur. Même en réunion de communauté (CCB) ou en session, on se contente de réciter un Notre Père ou un je vous salue Marie. Dans la liturgie et dans l’Eucharistie en particulier, la parole de Dieu est souvent lue uniquement en français, langue que beaucoup de chrétien ne comprennent pas, en particulier les femmes. Et cette parole est rarement partagée et méditée : la chorale et ses nombreux chants envahit tout : il n’y a pratiquement pas de silence dans la liturgie). Pour les paroles de Dieu le plus souvent utilisées dans la commission voir L 20 p 3 N°3 // L 30 bas sur les corruption : L 24 // L 37 Boffa.

Nous espérons que le prochain synode sur la parole de Dieu va nous aider dans ce sens, mais la plupart des gens ne sont pas au courant de ce synode, qui n’a pas été préparé chez nous. Même pendant la messe, beaucoup de fidèles n’écoutent pas la parole de Dieu, ils attendent de recevoir la communion. Dans les familles, on lit très peu la parole de Dieu. Bien sûr, beaucoup sont analphabètes, mais est-ce que la parole de Dieu ne peut être racontée, comme aux 1er temps de l’Eglise.

Elle ne doit pas être obligatoirement lue dans un livre. Cette Parole devrait aussi être chantée, mais nous n’avons pratiquement pas de chants religieux à partir de la Parole de Dieu. Il y a une session biblique chaque année, mais seulement pour les jeunes et elle est insuffisante. Il faudrait une formation biblique continue et une intégration de la parole de Dieu dans toutes les activités et prières. Mais souvent les gens ne participent pas aux formations qui sont organisées. Dans nos réunions, on récite des prières par cœur, mais on ne lit pas la Parole de Dieu et on ne prie pas à partir d’elle. On a dit ‘’tout chrétien qui part au travail, le matin, devrait lire la Parole de Dieu du jour, avant de quitter sa maison, s’il sait lire. Mais surtout les chrétiens n’ont pas le souci de partager la Parole de Dieu : quand on l’écoute, on la garde pour soi. Nous avons longuement parlé du chapelet : c’est une prière populaire qui plait beaucoup aux gens, mais ne faudrait-il pas au moins commencer par une lecture de la Parole de Dieu et prendre le temps de la méditer, pas seulement lire des mystères que les gens ne comprennent même pas. De plus, beaucoup de chrétiens engagés ne viennent pas au chapelet.

De plus, la liturgie se fait du temps en français, langue que beaucoup de gens ne comprennent pas. Il faudrait au moins lire l’Evangile et le résumé de l’homélie en soussou (dans le diocèse de Conakry). Beaucoup de chrétiens viennent seulement pour prier et après la messe, ils continuent leur vie comme avant. Il n’y a pas de structures de formation des chrétiens après la confirmation, pour leur donner une base solide pour un engagement chrétien profond. Les mouvements et les commissions ne fonctionnent pas. De même il faudrait mieux former les catéchistes, mais il y a peu de volontaires pour être catéchistes.

Certains n’ont même pas de Bible chez eux sauf en français, car la Bible n’est pas traduite dans les langues guinéennes.

Question 8 : Comment votre foi au Christ Sauveur vous a-t-elle aidé à promouvoir les actions utiles à l’Eglise et à la société ?

Pourtant certains chrétiens ont vraiment assimilés la parole de Dieu, mais ils n’arrivent pas toujours à la partager avec leurs frères et sœurs, ni à la faire passer dans leur vie de quartier, encore moins dans la vie du pays. Quand on agit à ce niveau, c’est plus par charité (ce qui est déjà bien) que par engagement basé sur la foi au Christ. Nous insistons donc sur le fait que l’engagement pour la justice et la paix est une question de foi. Pas seulement de bonnes actions à mener. Il faudrait beaucoup approfondir cette réflexion. Pour que les décisions d’action soient vraiment prises à partir de la vie du Christ et de son Evangile, et non pas des idées de la majorité répandues autour de nous : ‘’Mes pensées ne sont pas vos pensées’’ dit le Seigneur.(voir L37 – Boffa)

En général, l’engagement des chrétiens n’est pas suffisant pour répondre aux besoins actuels de l’Eglise et de la société. Nous avons cependant relevé 2 expériences : celui de la légion de Marie qui visite les familles qui ne prient plus ou désunies, qui visite les prisonniers et cherche à aider matériellement les gens. Dans certaines entreprises comme EDG, des chrétiens se rassemblent et s’organisent. Par exemple, au moment du carême, ils demandent à des prêtres de venir leur donner la vision de l’Eglise sur le travail bien fait.

Question 9 : L’Eglise est –elle vraiment une famille au sein de votre communauté ecclésiale vivante ?

Les orientations données aux communautés / CCB sont claires : (Voir la feuille ci-jointe : site – rubrique - compte-rendus. 

En effet, la famille est une réalité à la fois très importants et très vivante en Afrique. Nos différentes cultures guinéennes aident beaucoup à ce que l’Eglise soit ressortie et vécue comme une famille. Mais il faut reconnaître que souvent l’action et les réunions de nos communautés / CCB se limitent à l’organisation de fêtes avec tenues et Tee-shirts et à la récupération de cotisations.

Si la plupart du temps, il y a une bonne ambiance dans la communauté (ou les groupe chrétien en question) cela ne se traduit pas souvent par un engagement dans la vie et dans la société, ni même à un soutien réel entre les personnes. Voir les réponses ‘’ au niveau de la CCB et de la paroisse dans les documents L 20 p 4 haut // L 21 p.2 haut // L 37 Boffa // L 38 religieux/ses // L 39 : N’zérékoré.

Cette notion de l’Eglise, famille de Dieu est très mal perçue par les chrétiens. Certains même ont des complexes pour entrer e communion avec les prêtres et les autres chrétiens. Il faudrait relancer les CCB pour mettre en pratique cette notion d’Eglise – famille de Dieu.

Question 10 : Que faites-vous pour réaliser et vivre au sein de votre communauté cette dimension familiale qui transcende et unit toutes les tribus et races?

Des choses se font pour une vie fraternelle. Le thème de cette année pastorale était la communion. Mais il faudrait mobiliser davantage les commissions de catéchèse et Evangélisation, de l’apostolat des laïcs, de la famille et de la jeunesse, les fraternités des femmes catholiques et les mouvements et bien sûr les commissions de pastorale sociale et de justice et paix, pour qu’elles travaillent à développer davantage la dimension familiale de l’Eglise.

En fait, très peu de CCB se réunissent. Et souvent, c’est pour parler de cotisations ou préparer les grandes fêtes religieuses, beaucoup moins pour une collaboration mutuelle ou une aide aux nécessiteux. On préfère se rencontrer dans les associations d’originaires du même village. C’est un scandale. Pour créer un Eglise – famille, il faudrait d’abord visiter les familles chrétiennes pour les connaître, les prêtres mais aussi les responsables de CCB. Très peu le font. Certains chrétiens ont des problèmes, mais ils n’ont personne à qui en parler.

Question 11 : Comment l’Eucharistie vous aide-t-elle à vivre vos engagements de paix, de réconciliation et justice et à consentir au sacrifice que cela implique (cf.Mame nobiscum Domine, 26 et 27) ?

L’Eucharistie, agit et transforme en profondeur le cœur et la vie de l’homme. Mais il faudrait certainement revoir la célébration de nos eucharisties pour que la justice et la paix y soient plus présentes : qu’on ne se limite pas à une intention à la prière universelle une fois de temps en temps. Mais d’abord que les introductions, les commentaires et les homélies soient plus proches de la vie et moins théoriques. Au moment de l’offertoire et surtout du sacrifice du christ (Par lui, avec lui…) que l’on fasse remonter vers le Père dans les mains du Christ tout ce que la communauté a fait pendant la semaine pour la justice, la paix et la réconciliation. Que cela soit vécu dans l’action de grâce dans la prière eucharistique qu’au moment de la prière pour les morts on pense (et cite) ceux qui sont tués injustement, qu’à la prière pour les vivants, on évoque les chrétiens persécutés à cause de leur foi, mais aussi les autres hommes arrêtés et torturés injustement, tous les pays en guerre et en particulier toutes les actions de justice et de paix menées partout dans le monde. Qu’on ne se contente pas de toujours réciter la 2e prière eucharistique ordinaire (parce que c’est la plus courte !!!) : on ne prie presque jamais les prières eucharistiques pour la réconciliation, pour les assemblées d’Eglise ni même celles pour les enfants qui sont très belles et beaucoup plus faciles à comprendre.

C’est par le corps et le sang de Jésus que nous sommes sauvés. Nous devons vivre l’Eucharistie dans nos milieux de travail, dans nos familles et dans toute la vie en société. Si nous avons foi dans l’Eucharistie, corps du Christ, nous pourrons suivre le chemin des béatitudes. Et nous poserons des gestes de paix, de justice et de réconciliation. Nous cherchons la paix en nous-même d’abord et avec les autres ensuite. Mais très peu de chrétiens cherchent à se réconcilier, avant de venir à la messe. A voir leur comportement dans l’Eglise, on se demande même parfois si certains chrétiens croient que Jésus est présent dans l’Eucharistie. Il y a un manque de formation de base des chrétiens en général, et pas seulement au sujet de l’Eucharistie.

Question 12 : l’image de l’Eglise-famille de Dieu donnée par Ecclésia in Africa vous a-t-elle aidé à être témoin de la réconciliation, de la justice et de la paix ? Comment votre Eglise particulière peut-elle, à son niveau, donner ce même témoignage ? Comment travaille-t-elle pour la réconciliation, la justice et la paix ?

Le fait de présenter l’Eglise comme Famille de Dieu a certainement poussé à mieux vivre la paix et la réconciliation. Ce n’est pas sûr pour la justice, car il y a encore beaucoup d’injustices dans nos familles, aussi bien dans la famille traditionnelle que dans les familles actuelle. (Voir au niveau de la famille dans L20, L21, L37 Boffa, L religieux /ses, etc.…). il nous faut continuer à mettre en place des communautés et des paroisses vivantes et se mobiliser pour supprimer tous ces défauts et manques cités. Mais pour cela, il faudrait, un engagement plus grand et plus soutenu en particulier des prêtres, mais aussi des religieux/ses sans se contenter de faire marcher leurs œuvres’’ (les activités de leur congrégation) et des laïcs responsables. Au niveau global, il faut dire que, poussée par les événements du pays, notre Eglise guinéenne s’est quelque peu réveillée et engagée, suite en particulier aux responsabilités qui lui ont été confiées au niveau du pays : Structure de veille : suivre ce qui passe pour faire avancer la société et en particulier chercher à améliorer la compréhension entre le président de la république et le gouvernement.

u sein de nos familles, il y a l’amour entre mari et femme et entre parents et enfants : l’image de l’Eglise-famille de Dieu nous appelle à mettre le même amour dans nos CCB. Qu’à partir de lâ les chrétiens regroupés dans les mouvements ou les fraternités des femmes catholiques agissent pour la réconciliation des parties en conflit. Que les chrétiens visitent les familles nécessiteuses et les prisonniers, ce qui permet de découvrir de nombreuses souffrances et structures d’injustice. Que l’on mette ce même esprit de famille entre les religions. Au niveau national nos responsables religieux interviennent officiellement à travers le conseil chrétien et actuellement la structure de veille. Voir aussi les réponses de Koundara

Question 13. la Doctrine sociale de l’Eglise est-elle suffisamment connue dans votre Eglise particulière ? Est-ce qu’il existe des initiatives pour la diffuser et la faire connaître ? Quelles sont ces initiatives ?

La doctrine sociale de l’Eglise n’est pas connue dans notre pays. Elle n’est pratiquement pas enseignée par les prêtres. Les responsables des communautés et des mouvements chrétiens n’y sont pas formés. On n’aborde pas explicitement cette question dans la catéchèse. La commission de justice et paix a lancé un cycle de formation sur cette doctrine (une rencontre par mois). Mais pour toute la ville-capitale de Conakry, seulement 5 à 6 personnes y participent. Les documents que nous avons produits sur cette question ne sont pas travaillés, ni même distribués aux chrétiens. C’est un problème de fond : les chrétiens ne lisent pas et ne participent pas aux formations données.

La doctrine sociale de l’Eglise n’est pas connue. La commission justice et paix a essayé de lancer un cycle de formation sur ce sujet, mais seulement 6 à 7 personnes maximum y ont participé pour toute la ville de Conakry. L’information ne passe pas au niveau des paroisses.

Finalement, la doctrine sociale de l’Eglise n’est transmise que par les homélies et autres interventions de notre évêque, ce qui ne suffit évidemment pas.

Chapitre IV

Question 14 : Comment répondez-vous tous (évêques, prêtres, personnes consacrées, laïcs et institutions ecclésiale de formation) à travers l’appel à la sainteté ?

C’est la responsabilité de chacun, selon les talents reçus et sa réponse à la grâce de Dieu.

Chacun doit se poser cette question, personnellement et en communauté, à l’occasion de ce synode. Notre action et nos engagements sont encore très timides : beaucoup de chrétiens se contentent de venir à la messe : c’est très important mais insuffisant.

Question 15 : Existe-t-il dans votre Eglise particulière des commissions « justice et paix » ? Sont-elles efficaces ?

Oui. Mais cette commission n’existe pas depuis octobre 2007. Elle est très petite et très fragile. Il n’y a pas de commission au niveau paroissial. Voici ce que nous avons proposé pour leur mise en place : L20 p 1+4 bas // L28 // L18, 3 // L21 FIN // L36.

La commission diocésaine justice et paix n’existe que depuis octobre 2007 et n’existe pas au niveau des paroisses. Elle se trouve confrontée à un grand manque d’intérêt. Non seulement les prêtres ne lisent pas les documents et ne les distribuent pas, mais ils n’annoncent même pas les formations. Il y a d’énormes problèmes de communication et d’information.

Question 16 : Existe-t-il dans votre Eglise particulière des programmes de formation?

Nous avons d’abord exécuté un premier programme de formation à justice et paix dans chaque doyenné, en partant des lineamenta de ce 2e synode (1er document de travail) voir L18 p 1+2 et L20 compte-rendu de la formation. Puis une formation à la doctrine sociale de l’Eglise

Ensuite les comptes-rendus de différents congrès comme la rencontre de Rome en octobre 2007 sur l’encyclique : le développement des peuples : L18, 1, le congrès -atelier de la CERAO (Afrique de l’ouest) à Abidjan en janvier 2008 sur la corruption et le 1er congrès panafricain du SCEAM sur justice te paix en mars 2008 à Kinshasa .

L’information a été transmise aux media télévision, journaux, radios (voir L30, 4 et L36). Et tous les documents L envoyés à chaque paroisse. Malheureusement, le résultat est très faible.

Les commissions qui pourraient mettre en œuvre ces programmes ne fonctionnent pas.

Question 17 : quelle peut être la contribution propre des évêques, des conférences épiscopales, des prêtres, des personnes consacrées, des instituts religieux, des universités catholiques, des grands séminaires et des catéchistes sur ces thèmes de réconciliation, de justice et paix ?

Voir la feuille L27 bas : Justice et paix et vie religieuse

Chacune de ces personnes doit apporter sa propre contribution selon sa responsabilité et ses capacités. Par exemple, l’évêque pour lancer et suivre la commission diocésaine et superviser les actions menées, le curé avec ses vicaires pour mettre en place et organiser une commission paroissiale, les religieux/ses pour y participer et les animer, les universités (encore inexistante dans notre diocèse), et les grands séminaires pour former les étudiants et publier des documents approfondis sur ces question, les catéchistes pour assurer la sensibilisation et la formation de base et le suivi dans les communautés / CCB et mouvements, en lien avec les responsables de ces communautés et mouvements. Mais le grand problème est celui de la motivation. Il faut reconnaître que dans notre diocèse, les prêtres ne s’intéressent pas du tout à justice et paix et que les religieux/ses ne sont pas engagés dans ce domaine. Par ailleurs, nous regrettons une démission au niveau des laïcs responsables de communauté ou de mouvement : ne sont –il pas responsables eux aussi ? Mais très souvent on les oublie et on ne parle que des catéchistes en particulier dans les documents romains (comme dans cette question 17).

Question 18 : Quelle est la responsabilité spécifique des laïcs dans ces domaines ? Dans la politique, dans l’armée, dans le monde de l’économie, dans l’éducation, de la jeunesse, dans la domaine de la santé, dans la famille, dans les milieux de la culture, dans les mass media, dans les organismes internationaux et au niveau de l’Eglise universelle ?

Très peu de laïcs se forment véritablement, surtout dans ces domaines. Ensuite, beaucoup ne sont pas engagés. Ceux qui le sont, s’engagent davantage dans les structures de l’Eglise (catéchèse, chorales communauté - CCB, écoles catholiques…) leur engagement se situe rarement dans la société et dans le monde en général, surtout dans le domaine de la politique, L38de l’économie et du monde du travail (syndicat…) ou dans les media (voir les documents, laïcs en général : L30 débat, Femmes : L32, Jeunes L30 (verso). Il y a lâ un problème très grave.

Il faut d’abord que les laïcs prennent véritablement conscience de leurs responsabilités dans ces différents domaines. Qu’ils se forment en conséquence. Ensuite qu’ils s’engagent. Pas tous seuls, mais si possible soutenus par un groupe de réflexion ou un mouvement, car le chrétien n’est pas en dehors de sa société : il doit se sentir responsable de la bonne marche de son milieu de vie. Il ne suffit pas de donner l’exemple, il s’agit de s’engager ensemble pour changer la société. Voir aussi les réponses de Koundara.

Question 19 : Dans la situation actuelle de l’Afrique, quel sens prennent pour vous ces appels de Jésus : » vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde » ?

La responsabilité propre du laïc est l’engagement dans le monde. Il s’agit d’amener le sel, la lumière et le levain de l’Evangile dans tous les secteurs de la société, personnellement et surtout en groupes constitués et organisés. Mais, comme le dit Jésus, le sel doit garder toute sa saveur et sa force, sinon on marche dessus : les laïcs doivent donc être décidés et engagés. La lumière éclaire toute la maison et chasse les ténèbres jusque dans les recoins. Il s’agit d’éclairer tous les hommes, pas seulement les chrétiens (vous êtes la lumière du monde, pas seulement de l’Eglise), de travailler avec tous et de s’attaquer à tous les coins d’ombre de la société. Le levain doit être dans la pâte et le sel dans les aliments. Il s’agit donc de partager la vie de nos frères et sœurs (voir le schéma 13 de Vatican 2 : les joies, les espoirs et les angoisses des hommes…). Dans notre situation de minorité, nous nous rappelons qu’il suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat et d’un peu de levure pour faire monter toute la pâte ( Jésus disait n’ayez pas peur, petit troupeau) – et que la lumière, comme la vie du Christ, grandit quand elle est partagée.

Nous commençons dans notre propre Eglise. Il y a des vols et des détournements dans nos CCB et paroisses. Il n’y a pas de bilans ni de compte-rendus des dépenses. Ne pas chercher) faire comme tout le monde, mais imiter Jésus. Or actuellement, il y a 3 dieux : le pouvoir, l’argent et les femmes. Oû est la virginité des filles ? Et le SIDA ? Qui est notre Dieu ?

Question 20 : Quelle est la situation actuelle dans votre Eglise particulière (diocèse et pays) en ce qui concerne :

  1. la santé, l’éducation, et les structures sociales ?

  2. les droits de l’homme et la démocratie ?

  3. les relations entre les différents groupes ethniques et religieux ?

Au niveau de l’Eglise : il y a quelques dispensaires et quelques écoles catholiques, de même que les actions sociales : à la prison, pour les handicapés, les enfants de la rue et jeunes en difficultés etc…mais elles sont limitées.

Au niveau du pays : l’enseignement se heurte à des problèmes énormes. L’action sociale est pratiquement inexistante et les postes de santé manquent non seulement de médicaments, de matériel et de personnel, mais beaucoup de ce personnel manque de formation et de conscience professionnelle, d’honnêteté et de souci des plus pauvres. (voir L32 bas)

sous bien des aspects le pays est à la limite de la dictature et les droits de l’homme, surtout ceux des plus pauvres sont souvent bafoués.

En 2007, la population s’est révoltée et les militaires ont tiré sur la foule : plus de 180 morts. Jusqu’à maintenant le pays est bloqué suite au manque d’entente et de dialogue entre le président de la république et le gouvernement. La situation est instable et l’avenir incertain. La vie est de plus en plus chère, Or le premier droit de l’homme c’est le droit à la nourriture et à une vie digne et la pauvreté est le premier des injustices.

Apparemment les différentes ethnies s’entendent bien. Mais on sent parfois une tension sourde et une certaine animosité qui pourraient facilement éclater en cas de problèmes. Un autre facteur inquiétant est que la plupart des partis politiques sont à tendance ethnique.

Entre les religions, il y a une bonne entente dans la vie ordinaire.

Mais cela ne supprime pas certaines brimades par exemple des musulmans qui refusent de loger des chrétiens ou le choix et la promotion des travailleurs selon la religion (et aussi selon l’ethnie). Les chrétiens, très minoritaires ont parfois tendance à voir surtout ce qui ne vas et se croient parfois persécutés. (Voir L 37 Boffa).

Question 21 : Que peut faire votre Eglise pour améliorer le système scolaire et sanitaire en vue de les rendre plus efficaces ?

Pour ces œuvres catholiques, l’Eglise a surtout besoin de financement, de formation (école normale, école d’infirmières), de formation continue et de suivit, mais aussi de mettre en place des structures moins lourdes qu’elle pourra prendre encharge plus facilement et qui seront plus facilement accessibles aux pauvres. Au niveau du pays, on a un besoin énorme de chrétiens engagés dans les structures de l’état dans tous ces domaines et d’une organisation de ces laïcs engagés et volontaires.

Question 22 : Que peut-elle faire pour améliorer la situation des droits de l’homme et promouvoir une société civile démocratique ?

Cela suppose une action auprès de tous et donc une ouverture de l’Eglise et un engagement des chrétiens dans la société, avec les autres citoyens du pays. Au lieu de vouloir rester dans les structures d’Eglise et de vouloir en profiter pour son intérêt personnel.

Question 23 : Pour préparer les chrétiens à la vie civile et politique ?

Il s’agit d’un très grand changement de mentalité. Cela passera par tout un travail organisé de formation et de réflexion. Mais il faudrait voir aussi comment motiver les personnes formées, pour qu’elles s’engagent vraiment et d’une manière désintéressée, pour le service de leurs frères et sœurs et le service du pays, et pas par intérêt personnel. C’est dire que cette action est à mener sans cesse et doit être reprise continuellement. Mais il faudrait d’abord que ce soit une priorité pour notre Eglise et qu’alors on dégage les moyens nécessaires pour cela. (voir sur la corruption L18 + 19 // L 36 bas // L23 // L24.

Question 24 : Face aux violences et haines provoquées par les guerres, quelles initiatives ont-elles été prises dans votre région ?

Au moment de la guerre au Libéria et en Sierre Leone et des attaques rebelles, l’Eglise a vraiment eu le souci des réfugiés et des personnes déplacées et a cherché à les aider véritablement, avec le soutien d’ONG chrétiennes ou non. Cette aide a été surtout une aide matérielle (distribution de vivres), un soutien moral et un suivi religieux (organisation de communautés chrétiennes / CCB. Très peu a été fait pour la guérison des traumatismes (certaines ONG l’on fait), soutien aux femmes et enfants persécutés, aux enfants soldats, etc.…Une éducation à la non violence fait cruellement défaut, il est certainement nécessaire que l’Eglise s’y engage.

Question 25 : Quelles sont les causes profondes de ces violences et de ces haines, de ces atteintes aux droits de l’homme ?

Elles sont multiples. Elles viennent à la fois du cœur de l’homme et de l’organisation sociale, surtout des inégalités entre riches et pauvres, du chômage des jeunes, de l’ethnocentrisme, de la corruption, de la volonté de puissance, etc…

Question 26 : Pour faire face à ces défis, quelles collaborations sont possibles avec les Eglises des autres continents. Avec les autres croyants du continent africain et des adeptes des nouveaux groupes ou mouvements religieux ?

Les Eglises des autres continents nous ont beaucoup soutenus dans nos actions. Les autres Eglises du continent ont agi également, mais chacun de son côté. Il n’y a pas eu vraiment d’actions œcuméniques au niveau national, ou dans les paroisses.

Du côté des réfugiés, dans les camps, il y avait une coordination des différentes religions pour soutenir les demandes sociales et pour une entente entre croyants, pouvant aller jusqu’à la prière en commun.

Question 27 : Quelles expériences positives de votre région sur le thème de la réconciliation, de la justice et de la paix serait-il utile de faire connaître aux autres continents ?

Pour le moment, nous n’avons pas d’actions suffisamment significatives qui méritent d’être signalées aux autres continents. Nous cherchons plutôt à partager nos expériences et à travailler ensemble avec les autres Eglises d’Afrique de l’Ouest. Voir cependant L30 verso (haut) Réconciliation pour le 50e anniversaire de l’indépendance +L 18, 8°.

Question 28 : Quelles ressources trouvez-vous dans les cultures africaines pour affronter ces défis : tension ethniques et religieuses : corruption ; mépris de la vie ; atteinte portées à la dignité de la femme ; mobilisation des enfants dans les luttes armées : situation des réfugiés et des migrants, etc.…?

Les cultures nègro africaines avec leurs pratiques de convivialité et de réconciliation aident certainement beaucoup à dépasser les tensions ethniques et religieuses. Par contre, ce n’est pas évident par rapport à la corruption, dans la mesure oû le monde de la technique et de l’argent est moderne. La société traditionnelle n’a pas d’expérience dans ce domaine, sauf au niveau des valeurs : honnêteté, sens du travail et du partage, dimension communautaire de la vie. Mais il faudrait voir comment vivre ces valeurs d’une manière au monde moderne, car la société traditionnelle est cassée par la vie actuelle, spécialement chez les jeunes. De plus, chacun, a tendance à penser plus à sa propre ethnie qu’au bien du pays tout entier. De même, on dit que la société traditionnelle respectait la vie. Mais actuellement, il y a les guerres, les avortements, les attaques à main armée, les violences qui se généralisent : il ne peut s’agir de vouloir revenir à une culture africaine idéalisée qui n’existe pas, mais de voir ce qu’il est possible de faire concrètement dans les circonstances actuelles, avec les moyens que nous avons vraiment…

Si dans la société traditionnelle, la femme était beaucoup respectée entant que mère, elle l’était moins en tant qu’épouse et surtout en tant que de personne humaine avec sa liberté et sa personnalité propre, surtout en cas de polygamie ou de mort du mari (veuve et orphelins). De même, pour les petits frères par rapport aux aînés. De plus, ces valeurs traditionnelles ont besoin d’être purifiées et adaptées à la vie actuelle pour pouvoir survivre. Et on ne peut pas se limiter à elles pour trouver des solutions durables à nos problèmes actuels. -Voir aussi les réponses de Koundara.

Question 29 : quelles évaluation faisons-nous de l’Evangélisation du continent tant pour ce qui est de sa diffusion que pour ce qui est de sa qualité ?

Dieu seul connaît les cœurs. Il est sûr que le nombre de baptisés augmente. Mais c’est pendant le 1er synode pour l’Afrique qu’a eu lieu le génocide du Rwanda. Cela doit nous appeler à l’humilité et à la clairvoyance. Il y a des chrétiens engagés et courageux, mais il y a aussi des baptisés qui se laissent prendre par la corruption, le mensonge, la recherche du pouvoir. Il n’est pas question de nous satisfaire à peu de frais! Jésus disait : restez éveillés ! et « il savait ce qu’il y a dans la cœur de l’homme ». (Jean)

Chapitre v :

Question 30 : Comment entendez-vous promouvoir dans votre milieu de vie une solide culture du travail assidu et bien fait ?

C’est un travail d’éducation qui devrait commencer par la catéchèse et une réflexion approfondie dans les communautés / CCB. L’exemple de religieux ou de laïcs engagés ne suffit pas. Il s’agit de donner le goût du travail bien fait à tous, chrétien ou non. Mais il faudrait d’abord que chacun puisse avoir un travail qui lui permette de faire vivre sa famille et de s’épanouir. C’est tout l’engagement de l’Eglise en faveur du développement et de la justice qui est en jeu.

Question 31 : Dans votre région y a-t-il d’autres questions ou expériences relative à la réconciliation, la justice et la paix, que vous désiriez aborder au synode ?

Ce qui nous inquiète spécialement c’est la question de l’éducation des jeunes et des enfants et celle de la famille. Beaucoup de parents se sentent dépassés par leurs enfants et renoncent à les éduquer. Beaucoup de jeunes se laissent attirer par ce qu’ils voient à la télévision et au cinéma. Pourtant la famille est la base de la société. Et c’est dans la famille que doit commencer l’éducation à la justice et à la paix.




Réponse aux questionnaires de préparation du 2e Synode pour l’Afrique. Contribution de la paroisse de Koundara.

Quest.4 : Quelles sont les difficultés auxquelles votre Eglise particulière et votre société ont été confrontées dans votre région

  1. sur le plan socio-politique

  2. sur le plan socio-économique

  3. sur le plan socio-culturel

  4. sur le plan Ecclésial

  5. dans la collaboration avec les musulmans sur les questions de justice, de paix et de réconciliation

  6. dans la collaboration avec les adeptes de la R.T.A. sur le plan de la justice, de la paix et de la réconciliation

  7. dans la collaboration avec les autres chrétiens 

Quest. 5 : Comment avez-vous fait face à ces difficultés, tant celles qui viennent des Africains eux-mêmes que celles qui viennent des désordres internationaux ?

4/5- Socio - Politique

  • Exploitation des enfants - enfants travailleurs – petites bonnes – Talibés

  • Droits de l’homme bafoués

  • Peu de liberté d’expression

  • Elections truquées (fausses)

  • Politiciens véreux (malhonnêtes)

  • Dirigeants corrompus

  • Manque d’autorité de l’état

4/5- Socio-économique :

  • Vie chère, pas assez d’eau, de routes, d’écoles, d’hôpitaux, de centres de formation, de moyens agricoles

  • Détournement, vols, gaspillages, mauvaise gestion et manque d’entretien

4/5- Socio – culturel :

  • Manque de centres culturels et sportifs, mauvais encadrement

  • Excision : inexistence de conférences, mais il faut aller progressivement en commençant par les familles chrétiennes. Cependant on remarque un grand manque d’initiatives.

4/5 - Eglise : Manque d’encadrement des enfants à la catéchèse, manque de suivi par les parents, pas de parrainage.

  • Chorale : manque d’instruments, de répétitions (classe de chants)

  • Femmes catholiques : manque d’intérêt de certaines ethnies.

4/5- Avec les musulmans : problèmes de relations à cause de notre différence de foi.

  • Pour les musulmans : œil pour œil, dent pour dent

  • Pour les chrétiens : tendre la joue gauche

Avec la scolarisation des musulmans dans les écoles catholiques, les choses commencent à changer.

  • Matches de Football entre les femmes catholiques et les musulmanes

  • On se rencontre aux baptêmes, aux décès. On s’invite pour les fêtes

  • Présence des autorités et des jeunes musulmans aux fêtes chrétiennes.

4/5- Avec les gens de la religion traditionnelle :

Participation aux sacrifices (cérémonies) traditionnelles, encouragements pour les bonnes actions et les soins traditionnels et pour supprimer les mauvaises pratiques : la sorcellerie, la marginalisation de la femme et de l’enfant, l’excision, la violence, sensibiliser et éduquer les gens de la religion traditionnelle. (Continuer à réfléchir sur cette question)

Avec les autres chrétiens : pas assez de rencontres, pas d’actions communes.

Quest.12 :L’image de l’Eglise – famille de Dieu, donnée par Ecclésia in Africa, vous a –t-elle aidé à être témoin de la réconciliation de la justice et de la paix ?

Comment votre Eglise particulière, peut-elle, à son niveau, donner ce même témoignage ? Comment travaille-t-elle pour la réconciliation, la justice et la paix ?

Oui cette image nous a aidés à être témoin de la réconciliation de la justice et de la paix par les différentes rencontres organisées au niveau des CCB, des groupes de mouvements catholiques, dans les familles, dans la paroisse et dans les services : Mais tous les chrétiens ne comprennent pas que c’est eux l’Eglise

L’Eglise particulière peut à son niveau donner ce même témoignage en participant à la réconciliation des personnes en conflit et en état de discorde, en faisant les visites dans les différentes familles et CCB, etc…

L’Eglise doit être sur le terrain là où les gens en ont le plus besoin pour porter attention à leurs problèmes (prisons, hôpitaux, camps de réfugiés, les personnes âgées, etc...)

Quest.18 : Quelle est la responsabilité des laïcs dans ces domaines ? Dans la politique, dans l’armée, dans le monde de l’économie, dans l’éducation de la jeunesse, dans le domaine de la santé, dans les familles, dans les milieux de la culture, dans les mass média, dans les organismes internationaux et au niveau de l’Eglise universelle ?

  • Dans la politique : le laïc doit s’engager pour défendre l’intérêt commun. Il doit développer l’esprit de conscience. Dire la vérité dans les réunions, développer l’esprit du dialogue- intéresser les laïcs à la politique ; demander l’avis des autres chrétiens s’il est engagé politiquement.

  • Dans l’armée : le laïc doit pouvoir faire éviter la violence dans les revendications des droits en favorisant le dialogue. Le militaire chrétien doit être un exemple, un modèle. Il doit avoir la maîtrise de soi et des autres en évitant la corruption à tous les niveaux.

  • Rejeter l’utilisation des armes comme une fin en soi ou pour ses intérêts personnels.

  • Eviter les tortures sous toutes les formes. Commencez par conseiller les cadres militaires au niveau personnel. Il y a des droits dans la guerre, on ne peut pas faire n’importe quoi : exemple tirer sur les civils et innocents

  • Dans le monde de l’économie : le chrétien doit s’intéresser à la vie économique.

  • Lutter contre le détournement des biens publics. Participer à la gestion du patrimoine. Etre acteur du développement par les petits projets.

  • Dans l’éducation de la jeunesse : voir avec les jeunes comment se prendre en charge, les encourager à agir par eux-mêmes : certains collégiens fuient l’école et se droguent, alors que les parents pensent qu’ils étudient. Faire des conférences éducatives sur des questions d’actualité, de la santé (VIH/SIDA) etc.…

  • Dans le domaine de la santé : comme dans tous les autres domaines, le chrétien doit être vrai, ne pas toujours chercher à faire plaisir – éviter la corruption – éviter de surtaxer les prix des médicaments – savoir accueillir les patients. Ne pas détourner les médicaments.

  • Dans la famille : chacun doit être facteur de paix – faire connaître à chacun son rôle et son devoir – s’asseoir et parler ensemble – réconcilier les membres – régler les conflits – s’occuper de l’éducation des enfants, de leur santé, de leur scolarité – prier ensemble .

  • Dans le milieu de la culture : s’intéresser aux autres cultures – maintenir les anciennes cultures, les mœurs, les coutumes – relancer les cultures qu’on a tendance à abandonner. Nos enfants ne connaissent plus leur culture, ils ne s’intéressent qu’aux cultures modernes étrangères. Les parents eux même abandonnent leur culture et leur langue, redynamiser nos cultures

  • Dans les mass média : faire des émissions, des magasines, des débats autour d’un thème éducatif. Faire participer la radio locale pour diffuser l’Evangile

  • Créer une radio privée catholique

  • Encourager la voix de l’Evangile à la radio.

  • Encourager les journalistes chrétiens à faire des productions au niveau de la radio

Quest. 28 : Quelles ressources trouvez-vous dans les cultures africaines pour affronter ces défis : tensions ethniques et religieuses : corruption ; mépris de la vie ; atteintes portées à la dignité de la femme ; mobilisation des enfants dans les luttes armées : situation des réfugiés et des migrants, etc. ?

  1. Tensions ethniques
    Dans la tradition africaine : Pour lutter contre ce fléau, il y avait une organisation structurée dénommée ‘’initiation des garçons. Elle rassemblait toutes les ethnies sans distinction : solidarité – réconciliation – égalité.
    Au niveau de l’Eglise : l’accueil de toute personne humaine et sans distinction de race, d’ethnie ou de religion : Ex : le baptême, le mariage mixte :

  2. Corruption :
    Dans les traditions africaines, une bonne éducation par les parents à la base a permis de méconnaître la corruption dans la tradition.
    Ressources de l’Eglise : l’enseignement de Jésus de par sa vie – aujourd’hui la catéchèse – prière et action.

  3. Mépris de la vie
    Dans la tradition africaine : deuil observé par tout un village, solidarité, aide matérielle, secours aux faibles.
    Respect pour les femmes pendant la grossesse – et tout au long de l’allaitement.
    valeur de l’Eglise : porter toute son attention à la vie – respect de l’environnement – favoriser le développement de tout ce qui vit

  4. Atteinte portée à la dignité de la femme
    Traditionnellement la femme n’est pas l’égale de l’homme. On croit et on dit qu’elle ne raisonne pas. Elle est toujours classée au dernier rang.
    En Eglise : Elle considère la valeur de la femme, elle lui donne sa place – la Sainte Vierge Marie modèle de la femme. Les femmes sont, religieuses, même si elles ne peuvent pas encore être prêtres

  5. L’utilisation de l’enfant (au combat)
    traditionnellement ils ne sont pas utilisés.
    En Eglise : Elle ne soutient pas cette mobilisation de la lutte armée (les enfants soldats).

  6. Situation des réfugiés et migrants :
    tradition : D’une manière générale le migrant et le réfugié est bien accueilli dans la tradition africaine.
    En Eglise : elle protège et soutient le réfugié et le migrant Exemple : leur prise en, charge au moment des guerres au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée Bissau.




Réponse aux questionnaires pour le 2e synode pour l’Afrique

Le samedi 7Juin 2008, au collège Sainte Marie de Dixinn a eu lieu une rencontre avec 35 représentants des différentes paroisses de la ville de Conakry, pour répondre aux questionnaires de préparation du 2e synode pour l’Afrique : Justice, paix ; réconciliation : voici le premier résultat de ce travail. Toutes les réactions et compléments seront les bienvenues par Mail : armelduteil@yahoo.fr. Ces réponses ont été travaillées en assemblée générale et feront l’objet d’un 2ème document. N’hésitez pas à partager ces réponses autour de vous.

Quest. 3 : Quelles sont les évolutions positives qui se sont produites dans l’Eglise et dans la société depuis le premier synode dan s le cas de la réconciliation ?

  • La réconciliation au Rwanda, en Sierra Léone, au Libéria et en Côte d’Ivoire

  • En rapport au thème de la Justice ? Après la réconciliation, il y a eu l’arrestation des responsables des massacres qui sont traduit en justice.
    Exemple : Charles Taylor, Fodé San kan

  • En rapport avec la question de la paix ?
    On se rend compte qu’il y a une évolution positive dan ces différents pays et que la paix est revenue dans ces pays.

Quest. 4 : Quelles sont les difficultés aux quelles votre Eglise particulière et votre société ont été confrontées dans votre région

  1. sur le plan socio-politique
  2. sur le plan socio-économique
  3. sur le plan socio-culturel
  4. sur le plan Ecclésial
  5. dans la collaboration avec les musulmans sur les questions de justice, de paix et de réconciliation
  6. dans la collaboration avec les adeptes de la R.T.A. sur le plan de la justice, de la paix et de la réconciliation
  7. dans la collaboration avec les autres chrétiens ?

Suite à l’arrivée de réfugiés

  1. Sur le plan politique : L’arrivée massive des réfugiés venant des pays limitrophes avec en positif l’implication de l’OCPH dans les camps de réfugiés.

  2. Sur le plan socio politique : Effondrement des structures économiques de l’état, la mauvaise gouvernance, l’entretien des réfugiés sur les plans matériels et financiers.

  3. Sur le plan socio-culturel : Il y a en un choc de culture, la prostitution et la drogue se sont développées. Les sectes se sont multipliées.

  4. Sur le plan Ecclésial : Les difficultés d’intégration des réfugiés dans nos communautés de prière, d’où la création de la communauté anglophone.

  5. Dans la collaboration avec les musulmans sur les questions de justice, de paix, et de réconciliation, on note la méconnaissance réciproque entre les deux communautés et un manque de volonté de collaboration.

  6. La violation des pratiques morales de l’Eglise. Exemple : la polygamie

  7. Une méconnaissance réciproque de nos différentes Eglises

Quest. 5 : Comment avez-vous fait face à ces difficultés, tant celles qui viennent des Africains eux-mêmes que celles qui viennent des désordres internationaux ?

  • Par la participation active de l’Eglise catholique dans la gestion des crises.

  • Par la formation permanente des fidèles.

Quest. 6 : Quel est l’impact de votre foi dans le christ sur votre vie quotidienne ?

  • Avoir la foi, c’est reconnaître Jésus, Dieu et Seigneur, unique médiateur entre Dieu et les hommes pour la gloire du seul Dieu, père fils et saint Esprit.

  • L’impact de notre foi, c’est la prière, la médiation de la parole de Dieu lue, écoutée et mise en pratique, le changement positif de notre comportement.

Quest. 7 : La parole de Dieu est*elle vraiment au cœur de la vie de votre famille, de votre communauté Ecclésiale vivante, de votre paroisse ?

  • La parole de Dieu n’est pas totalement au cœur de notre vie, car elle varie beaucoup d’une famille à une autre et on note l’absence totale de la connaissance de la Bible, dans la famille mais aussi dans la CCB et la Paroisse

  • Dans la paroisse c’est seulement dans les célébrations Eucharistiques et les groupes de prière que l’on entend la Parole de Dieu.

Quest. 8 : Comment votre foi au christ Sauveur vous a-t-elle aidé à promouvoir les actions utiles de l’Eglise et à la Société ?

  • L’engagement dans les activités de l’Eglise. Exemple : Catéchèse, Chorale, surtout les mouvements d’action catholique au sein de l’Eglise.

Quest. 9 : L’Eglise est –elle vraiment une famille au sein de votre communauté ecclésiale vivante ?

Oui l’Eglise est vraiment une famille au sein de notre communauté, dans la mesure ou nous vivons en communauté (en CCB) en collaboration mutuelle. Dans les CCB, les familles se connaissent.

Quest.10 : Que faites-vous pour réaliser et vivre au sein de votre communauté cette dimension familiale qui transcende et unit toutes les tribus et races ?

Nous nous réunissons pour discuter les problèmes de l’Eglise. Ensuite, nous nous retrouvons pour des prières. C’est ainsi qu’on arrive à résoudre les problèmes quotidiens des familles.

Quest.11 : Comment l’Eucharistie vous aide-t-elle à vivre vos engagements de paix, de réconciliation et de justice et à consentir aux sacrifices que cela implique (cf. Mame nobiscum Domine, 26 et 27) ?

Jésus nous dit : Avant d’apporter ton offrande à l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère.

L’Eucharistie nous aide d’abord à vivre nos engagements de paix : en se réconciliant avec nos frères, nos sœurs, nos voisins etc… Et à cultiver l’amour du prochain. Car « il n’y a pas plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ou son prochain » : et dans l’Eucharistie nous recevons l’amour de Jésus

  • L’Eucharistie nous aide à vivre dans la paix : d’abord pour qu’il ait la paix dans nos familles, dans nos CCB, dans nos Eglises et enfin dans nos sociétés, nous devons écouter avec beaucoup d’attention la parole de Dieu qui est la nourriture de l’âme.

  • L’Eucharistie c’est Jésus même en nous, ce qui fait du chrétien un instrument de paix et de justice de par son comportement dans la société. « Là oú il y a la joie, il y a l’amour et là oú il y a l’amour il y a Dieu ».

Quest.12 : L’image de l’Eglise – famille de Dieu, donnée par Ecclésia in Africa, vous a-t-elle aidé à être témoin de la réconciliation de la justice et de la paix ?Comment votre Eglise particulière, peut-elle, à son niveau, donner ce même témoignage ? Comment travail-elle pour la réconciliation, la justice et la paix ?

L’image de l’Eglise - Famille de Dieu donnée par Ecclésia in Africa nous a bel et bien aidés à être témoins de la réconciliation, de la justice et de la paix. En passant par des actes liturgiques – culturels- (chansons, Théâtre, activités sportives) et le dialogue interreligieux.

Quest.14 : Comment répondez-vous tous (Evêques, prêtres, personnes consacrées, laïcs et institutions ecclésiales de formation) à l’appel à la sainteté ?

Nous répondons à cet appel par :

  • Notre comportement dans notre milieu de vie (famille, travail……)

  • La prière pour être proche de Dieu, la joie de vivre.

  • Une démarche spirituelle en prenant appui sur l’exemple des Saints et par notre foi de chrétien.

  • L’écoute de la parole de Dieu, la reconnaissance d’abord de nos propres faiblesses et de notre volonté à chercher Dieu et Jésus toujours

Quest. 16 : Existe-t-il dans votre Eglise particulière des programmes de formation ?

Dans nos Eglises particulières, des programmes sont élaborés généralement, mais ne sont pas mis en œuvre. Il reste entendu que son importance pour l’épanouissement de l’Eglise est reconnue. Il faut une harmonisation des programmes au sein des Eglises.

Quest.17 : Quelle peut être la contribution propre des évêques, des conférences épiscopales, des prêtres, des personnes consacrées, des instituts religieux, des universités catholiques, des grands séminaires et des catéchistes sur ces thèmes de réconciliation, de justice et de paix ?

Contribution propre :

  • L’exemple d’unité et de témoignage ;

  • Sensibilisation à l’esprit de paix et de justice au delà même des religions et des races partout oú l’on se trouve.

  • Formation religieuse et humaine des citoyens. Dénonciation des travers et des mauvais comportements.

  • Témoignage à travers l’exemple d’une vie saine et sage.

Quest.18 : Quelle est la responsabilité des laïcs dans ces domaines ? Dans la politique dans l’armée, dans le monde de l’économie, dans l’éducation de la jeunesse, dans le domaine de la santé, dans les familles, dans les milieux de la culture, dans les mass média, dans les organismes internationaux et au niveau de l’Eglise universelle 

Responsabilité spécifique- Les attitudes générales :

  • Prier Dieu pour la paix et la réconciliation ; conseiller, sensibiliser sur la paix, la justice et la réconciliation, cultiver l’entente.

  • Formation des catholiques pour s’approprier l’enseignement de Jésus et aussi nous organiser.

  • S’engager pleinement dans les différents domaines pour apporter les valeurs des l’Eglise (l’amour, le pardon, la vérité…)

  • Etre des acteurs actifs et non passifs de la société.

Quest. 20 : Quelle est la situation actuelle dans votre Eglise particulière (diocèse et pays) en ce qui concerne :

  1. Sur le plan de la santé :
    On note une insuffisance de l’apport de l’Eglise :

    1. au niveau des infrastructures (constructions…)

    2. Au niveau de la sensibilisation des fidèles sur les IST, VIH/SIDA.

  2. sur le plan de l’Education :
    Il y a un apport significatif de l’Eglise en matière de l’éducation :

    1. Existence des établissements de la maternelle au lycée

    2. Existence des centres de formation professionnelle ;

    3. Toutefois il reste un effort à faire au niveau de l’enseignement supérieur

  3. Sur le plan des structures sociales :
    Existence de 3 à 4 structures sociales (OCPH…).
    Il faut signaler la création des nombreuses associations catholiques à caractère social (au sein des paroisses) qui ne sont pas dynamisées (Légion de Marie, Sainte Famille...).
    L’Eglise observe un certain mutisme par rapport aux concepts des droits de l’homme et de la démocratie.
    Au niveau des relations :

    1. sur le plan technique, à l’exception de certaines difficultés, on constate une harmonie au sein de l’Eglise entre les groupes

    2. sur le plan religieux, il y a la tolérance à tous les niveaux et une coexistence pacifique entre l’Eglise et les autres confessions religieuses (existence d’un conseil chrétien au niveau du pays).

Quest.21 : Que peut faire votre Eglise pour améliorer le système scolaire et sanitaire en vue de les rendre plus efficaces ?

  1. Sur le plan de la santé: construire des infrastructures de référence à l’image du dispensaire de Saint Gabriel

  2. Sur le plan de l’Education

    1. Construise des écoles d’excellence (à l’image du collège Sainte Marie) tout en y intégrant la dimension sociale (accessibilité pour les plus pauvres)

    2. Dynamiser l’OCPH par la création des structures paroissiales

    3. Création d’écoles de catéchisme

    4. Création d’une école Biblique

Quest.22 : Que peut-elle faire pour améliorer la situation des droits de l’homme et promouvoir une société civile démocratique ?

Sur le plan des droits de l’homme :

  • Dénoncer en cas de violation

  • S’impliquer dans les campagnes de sensibilisation

Pour la promotion des sociétés civiles démocratiques :

  • Prôner l’esprit de tolérance et de citoyenneté.

Quest. 23 : Pour préparer les chrétiens à la vie civile et politique ?

Pour préparer les chrétiens à la vie civile et politique, l’Eglise doit soutenir l’éducation religieuse et civique au niveau des familles et à l’école. Formation et sensibilisation à tous les niveaux, dans les familles, dans les paroisses, dans les CCB et organisations, engagement des fidèles chrétiens dans les structures/ civiles et politiques du pays.

Quest.24 : Face aux violences et haines provoquées par les guerres, quelles initiatives ont-elles été prises dans votre région ?

Sensibilisation de la population, dialogue et réconciliation entre toutes les composantes de la région pour une justice saine, acceptée par tous. Des ONG et autres organisations ont agi pour cela, mais l’Eglise n’y est pas beaucoup présente.

Quest.25 : Quelles sont les causes profondes des ces violences et de ces haines, de ces atteintes aux droits de l’homme ?

Causes profondes : racismes, ethnocentrisme, xénophobie, colonisation, mauvaise gouvernance, course au profit, injustices.

Quest.26 : Pour faire face à ces défis, quelles collaborations sont possibles avec les Eglises des autres continents, avec les autres croyants du continent africain et avec des adeptes des nouveaux groupes ou mouvement religieux ?

Création d’un espace de dialogue et de concertation pour harmoniser les actions de sensibilisation, d’information et de formation sur la justice et paix.

Quest.27 : Quelles expériences positives de votre région sur le thème de la réconciliation, de la justice, de la paix serait-il utile de faire connaître aux autres continents ?

L’expérience positive de notre région sur le thème de la réconciliation, de la justice, de la paix est la suivante :

La grève du janvier – février en Guinée, le rôle qu’ont joué les leaders religieux pendant cette période de crise en passant par la médiation (dialogue)

La chanson des femmes Toma (Guinée) sur Mano river Union, appelle à la réconciliation les frères de ces trois pays (La Guinée- Libéria- Sierra léonne).

L’intervention de la première dame de Guinée Henriette Conté pendant la grève du janvier-février 2007.

Quest.28 : Quelles ressources trouvez-vous dans les cultures africaines pour affronter ces défis : tensions ethniques et religieuses : corruption ; mépris de la vie ; atteintes portées à la dignité de la femme ; mobilisation des enfants dans les luttes armées : situation des réfugiés et des migrants, etc.… ?

Le principe de la réconciliation et de la gouvernance est une nouvelle approche pour la paix durable. Cependant il nous faudrait associer les principes religieux et spirituels pour arriver à nos fins, d’oû l’implication de nos leaders religieux.

Tout se réfère à l’esprit et au cœur, donc c’est dans le cœur et dans l’esprit aussi, que nous devons inculquer ces principes.

Ces principes sont entre autres :

  • Primauté du facteur religieux, condition préalable pour l’entente entre les religions ;

  • Admission de Dieu comme étant le créateur de l’humanité et tous les êtres.

  • Admettre que toutes les religions sont inspirées par Dieu

  • Admettre aussi que l’humanité est une famille (nous sommes descendant d’Adam et d’Eve).

Pour affronter ces défis, il faut une méthodologie de travail axée sur : l’éducation et la sensibilisation des populations supposées en conflit et surtout la jeunesse en ces lieux.

  • le dialogue interreligieux

  • l’éducation à la tolérance, pas seulement pour les élites, mais pour tout le monde.

  • L’organisation des services désintéressés ;

  • Accepter et soutenir les mariages mixtes etc.…

  • Reconnaître que la femme est la pierre angulaire de toutes les sociétés. Elle prend beaucoup de responsabilités avec mérite, par objectifs fondamentaux de la vie communautaire. Elle cultive la paix et l’amour.

En somme, nos problèmes ou les problèmes de l’Afrique actuels ne seront résolus que par la logique de l’amour.

NB : les situations des réfugiés doivent être gérées avec amour

Quest.29 : Quelle évaluation faisons-nous de l’évangélisation du continent tant pour ce qui est de sa diffusion que pour ce qui est de sa qualité ?

Diffusion :

  • Faiblesse de l’Evangélisation au niveau de la pastorale familiale

  • Faible niveau de l’engagement de l’Eglise vis-à-vis du monde rural.

Qualité :

  • Faible niveau de formation des agents pastoraux, particulièrement par rapport à la doctrine sociale de l’Eglise.

Quest.30 : Comment entendez-vous promouvoir dans votre milieu de vie une solide culture de travail assidu et bien fait ?

En famille : la famille est un cadre de vie qui est la première école pour inculquer très tôt la culture du travail aux membres de la famille. Ici le travail sera organisé de façon participative sans ségrégation mais pour les enfants, ne pas leur imposer des travaux au dessus de leur âge.
Ce milieu familial renferme toutes les valeurs pouvant permettre aux enfants de s’ouvrir plus tard au monde du travail. Puisque la famille demeure la première école de vie, les époux par leur exemple de vie, donneront concrètement aux membres de la famille le modèle de vie à suivre : Telle mère, telle fille ; tel père, tel fils.

La communauté paroissiale : La communauté est un ensemble constitué de plusieurs familles. Dans cette Eglise locale tous les membres sont responsables de toutes les fonctions qui concourent au bien être individuel et collectif.
Le Curé animateur principal et coordinateur se repose sur des responsables des différentes tâches, reparties dans des commissions :

  • La catéchèse

  • La liturgie et la chorale

  • Le service entretien matériel

  • La charité

  • La prière dans les groupes d’action catholique

  • La prise en charge des prêtres etc.…

Dans la famille, cellule de base, dans la communauté paroissiale, les prêtres et les membres du conseil paroissial doivent être des modèles pour les paroissiens

Les milieux de travail : Le milieu de travail, pour un chrétien est le lieu privilégié pour vivre les valeurs évangéliques (honnêteté, assiduité, solidarité, compétence etc.…)
Dans le milieu de travail souvent corrompu, le chrétien, sel et lumière, travaillera à contre courant pour vivre les valeurs évangéliques. C’est pourquoi, la formation continue est une exigence pour les époux, les jeunes, les travailleurs etc.…

Quest.31 : Dans votre région y a-t-il d’autres questions ou expériences relatives à la réconciliation, la justice et la paix, que vous désiriez aborder au synode ?

Notre groupe de travail suggère que le synode aborde la question de l’implication plus active des chrétiens, en général et des femmes chrétiennes en particulier dans la prévention et la résolution des conflits.

Quest.32 : Quels autres points importants, concernant le thème choisi, mériteraient d’être portés à l’attention du synode ?

  1. Que le synode aborde la question fondamentale de la gouvernance par les chefs d’état Africains

  2. Que la question de lutte contre la pauvreté soit examinée. Cette pauvreté est considérée comme un handicap pour participer à la vie de l’Eglise pleinement.




Collecte de propositions pour le 2nd synode pour l'Afrique

Les points à approfondir

La formation et l’engagement politique des chrétiens (La plupart sont plus engagés dans l’Eglise que dans la Société. Des cadres sont prêts à se retrouver pour préparer les fêtes religieuses et cotiser pour la paroisse, beaucoup plus qu’à se retrouver pour réfléchir à leur engagement dans leur milieu de vie).

Les actions possibles au niveau économique et social : on se limite souvent à des discours sans aboutir à des actions efficaces et bien organisées, par exemple face à la corruption, la mauvaise gouvernance. On cherche le « développement du pays » mais sans chercher suffisamment à voir les conséquences du type de développement mis en place, en particulier pour les pauvres, les marginaux, les étrangers, le monde rural, etc…

Il faudrait recentrer la réflexion sur le thème du Synode : réconciliation, justice et paix, qui est à la fois essentiel et difficile. Par exemple, ne pas se focaliser sur le problème de l’inculturation, même si les solutions doivent être adaptées aux réalités locales.

Au sujet de l’analyse de la vie des sociétés africaines, si je suis globalement d’accord avec ce qui est dit des domaines socio politiques et socio économiques (N° 22 à 29), l’analyse du domaine socio culturel est à approfondir et préciser, à mon avis( N° 30 à 33), pour voir ce que sont réellement devenues ces « valeurs africaines authentiques » dans le monde actuel, spécialement au niveau des jeunes.

Réflexions point par point

N°1 : Importance de la Parole de Dieu : « La partager et la réfléchir entre nous « (voir le dernier Synode). A commencer dans les prières. Dans les rencontres et réunions, on se contente souvent de réciter des prières par cœur, au lieu de prier à partir de la Parole de Dieu. Et quand on célèbre l’office, on se contente de réciter les textes imprimés sans aucune créativité, ni application de la Parole de Dieu à ce que nous vivons, en cherchant à être attentifs aux appels de l’Esprit.

N° 9 : Bien distinguer le rôle et les activités de la Commission « Justice et Paix », par rapport à la pastorale sociale, sinon on limite les actions à la seule action caritative, sans s’attaquer aux causes profondes des problèmes de la société. Viser à des vraies actions transformatrices : ne pas se limiter à la prière, même si elle est essentielle. On pense encore trop que du moment qu’on a parlé, les choses vont se réaliser (n° 10).

N° 11 : C’est vrai que tous les problèmes viennent du cœur humain, mais ce cœur est aussi formé (ou déformé) par le contexte et les influences sociales. Il faut veiller à ne pas se limiter à une action personnelle ou moralisante. C’est le cœur égoïste qui entraîne la corruption, mais un pays où la corruption sévit forme des gens égoïstes et corrompus. D’où l’importance de groupes de réflexion et d’action qui cherchent à attaquer les causes structurelles et transformer la société.

N° 12 : Les forces internationales. Comment nous organiser dans l’Eglise au niveau international, par exemple entre Commissions « Justice et Paix », mais aussi entre Eglises, mais aussi entre les organisations chrétiennes ou non qui luttent contre ces forces internationales qui exploitent les hommes. Par exemple, le mouvement alter mondialiste.

N° 18 : Dans la mesure où le document « Ecclesia in Aferica » n’a pas été suffisamment travaillé et mis en pratique, il faudrait voir dès maintenant dans chaque pays, selon les possibilités concrètes pour mettre en place des moyens efficaces pour faire connaître les décisions et orientations de ce 2ème Synode.

Autres points à approfondir :

Le pillage des fonds marins, la destruction de l’environnement, la pollution par les mines, les déchets chimiques, etc…

N°30 : Même si « les artistes et les musiciens donnent libre cours à leur génie », on peut s’interroger sur l’impact de leurs œuvres sur l’avenir des sociétés africaines. Ce n’est pas en dansant –ou en jouant au foot-ball- que l’on va construire l’Afrique. Quel est l’impact des soirées dansantes –et des vidéos clubs- sur la mentalité et la vie des jeunes ?

Les valeurs africaines. S’agit-il de valeurs africaines authentiques ou de valeurs d’un monde rural universel, mais qui va obligatoirement disparaître dans le monde moderne, au moins dans ses formes traditionnelles. Le problème est alors de chercher tous ensemble comment vivre ces valeurs traditionnelles dans le monde moderne, ce qui suppose une réflexion approfondie et de la créativité.

Est-ce que la femme doit être respectée seulement en tant que mère, ou d’abord comme épouse, égale et complémentaire de l’homme. Et surtout, en tant que personne humaine : ne pas voir seulement sa dignité, mais aussi sa liberté et sa responsabilité dans la société.

Ces valeurs africaines sont menacées par celles venues des autres continents, mais n’est-ce pas avec notre complicité ? A ce moment, au lieu d’accuser les autres continents, ne vaudrait-il pas mieux nous mettre ensemble pour chercher les chemins pour bâtir une culture moderne qui respecte et fasse grandir l’homme ? En nous rappelant que c’est une recherche continue et à renouveler sans cesse.

Il serait important de réfléchir spécialement aux problèmes des jeunes. Et au manque du sens du bien commun : trop souvent, chacun pense d’abord à sa famille ou à son ethnie. Egalement à la méconnaissance et la non application de la doctrine sociale de l’Eglise (voir en pièce jointe le document « Aspirations au changement : Conférence épiscopale de Guinée).

3° Réflexion Théologique

N° 34 : Ce numéro est très important. Il s’agit bien d’être sel de la terre (du pays, de la société) et pas seulement sel de la communauté chrétienne. Il s’agit d’être lumière du monde, et pas seulement de l’Eglise.

Il ne s’agit pas seulement de donner l’exemple, mais de s’engager vraiment avec les autres hommes et femmes, pour défendre les droits humains, les exploités et les écrasés de toutes sortes.

Veiller à la qualité de l’engagement plus qu’au grand nombre. Il suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat. Et une petite bougie peut éclairer toute la pièce. A ce sujet, ne faudrait-il pas être plus critique par rapport aux affirmations du n° 10 sur la croissance des communautés, des baptisés, des vocations sacerdotales et religieuses, etc… Que fait-on réellement dans ces communautés. Nos CCB sont-elles vraiment engagées ? Que font-elles concrètement dans les quartiers ? Comment les baptisés vivent-ils les exigences de justice, paix et réconciliation dans leur vie personnelle et communautaire ? Est-ce que le sacerdoce n’est pas pour un certain nombre de prêtres une promotion sociale, quand d’autres se consacrent à la recherche de l’argent ou a des prières de guérison, elles-mêmes sources d’argent. Est- ce que les congrégations religieuses ne se contentent pas trop souvent de faire tourner leurs œuvres traditionnelles (jardins d’enfants, écoles, dispensaires), sans créativité réelle. Par exemple, sans chercher des nouvelles formes d’éducation, ou en se limitant aux seuls élèves des écoles catholiques. Ou, dans les dispensaires, en cherchant à soigner le mieux possible dans leurs dispensaires catholiques, mais sans s’engager contre les causes profondes du manque de santé ou les structures officielles du pays. Cherchons-nous à être souples au souffle de l’Esprit-Saint qui nous appelle tous à être prophètes dans le monde d’aujourd’hui, pour tracer des voies nouvelles ? Les religieux cherchent-ils comment vivre le charisme de leurs fondateurs dans le monde actuel ?

N.B. : Ces réflexions théologiques sont importantes, mais elles auraient été plus compréhensibles pour les chrétiens de la base, si on avait montré simplement comment Jésus Lui-même a vécu et s’est engagé pour la justice et la paix. Il faudrait en tenir compte pour le document final : partir de Jésus, de sa vie et de ses paroles. Et voir comment vivre avec Jésus, dans son amour : c’est cela qui pourra entraîner à agir pour la justice et la paix, en reconnaissant Jésus dans chacun de nos frères.

Chapitre 2. Réconciliation, Justice et Paix : Un besoin urgent

N° 54 (fin) : Il me semble en effet très important que le Synode « réfléchisse aux raisons profondes des conflits en Afrique » ! Mais est-ce que l’expérience des Commissions « Justice et Paix » ne pourrait pas proposer une première réflexion à ce sujet, avec des pistes de solutions. Même chose pour la lutte contre les injustices. Voir n° 55 fin : Il ne suffit pas d’espérer des solutions seulement des pères synodaux.

N° 66 : Est-ce que les prêtres, en particulier, ne sont pas responsables de ce mépris des langues africaines. Dans toute la ville de Conakry, la liturgie se fait en français, alors que beaucoup de personnes, les plus simples, ne comprennent pas bien cette langue officielle, qu’il y a une langue véhiculaire, le soussou, et que tous les livres liturgiques sont traduits et imprimés dans cette langue.

Beaucoup de prêtres ne font pas l’effort d’apprendre la langue du milieu dans lequel ils travaillent. Tout cela pose déjà la question de la formation au séminaire.

N° 69 : Il serait important de signaler l’importance des méthodes d’action non violente selon l’Evangile, comme l’a déjà fait le Concile Vatican 2.

Chapitre 3 : Eglise, famille de dieu : Sel, lumière

N° 73 : Il faudrait qu’on se pose sérieusement la question : Pourquoi, malgré toutes ces belles déclarations, l’inculturation n’est pas encore passée à la base : un peu dans la liturgie, assez peu dans le mode d’organisation de l’Eglise-Famille et des CCB, dans les activités paroissiales, dans l’explication de la Parole de Dieu. Quant aux réflexions théologiques inculturées, elles ne sont pas descendues jusqu’au peuple de Dieu, pour la plupart.

N° 75 : Il ne faudrait pas avoir une conception de la vie avec le Christ., limitée aux sacrements. Il s’agit de nous laisser transformer totalement par le Christ et de vivre en union permanente avec Lui, dans la prière, la foi et les actes. Comme disait Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».

Pas seulement l’écoute de la Parole de Dieu, mais aussi l’écoute de l’Esprit Saint dans toute notre vie personnelle et communautaire.

La fraction du pain eucharistique, mais aussi vivre la communion dans toute notre vie, dans l’amour du Christ.

La pratique du sacrement de réconciliation, mais aussi vivre le pardon, la paix et la non violence le mieux possible (Voir le n° 76).

N° 81 : « Une communauté édifiée par l’Eucharistie devient un authentique sacrement d’unité, de fraternité et de réconciliation au cœur de l’humanité ». Oui, à condition que cette communion soit vraiment édifiée par l’Eucharistie. Mais de nombreux chrétiens se contentent de venir à la messe le dimanche, sans vivre une vraie fraternité pendant la semaine. Et combien de paroisses qui se réunissent le dimanche mais ne sont pas engagées au cœur de l’humanité. Il faudrait voir sérieusement comment vivre nos eucharisties en vérité et au cœur de l’humanité, pour être agents (pas seulement signes) d’unité, de fraternité et de réconciliation.

N° 83 : Ce qu’on dit sur la Parole de Dieu est vrai. Mais cette Parole est-elle vraiment méditée, intériorisée et mise en pratique ? Dans nos célébrations, on lit la Parole de Dieu, mais elle n’est pas toujours écoutée et encore moins comprise.

Le deuxième danger est de chercher dans la lecture de la Parole de Dieu, parfois même lue au hasard, une réponse et des solutions immédiates à nos problèmes.

N° 86 : Où les célébrations pénitentielles communautaires sont-elles vraiment mises en pratique ? Avec quelle inculturation (quels gestes traditionnels de pardon et de réconciliation ?). La plupart des chrétiens ne se confessent plus : là encore, il ne faut pas rêver, mais voir la situation en face, pour trouver des solutions à long terme.

N.B. : Dans tout ce chapitre 3 : l’Eglise, Famille de Dieu, sel de la terre et lumière du monde, (n° 70 à 102) : Si l’on parle bien d’inculturation, de réconciliation et de nos œuvres catholiques, la dimension justice et paix proprement dite me semble un peu oubliée ou détournée. J’ai peur que ce soit la même chose pendant le Synode. Pourtant, il y a bien des problèmes de justice et de paix dans nos familles, nos CCB, nos écoles, nos centres de santé, etc.

Je ne vois pas bien la coordination entre les chapitres 1 et 2 et ce 3ème chapitre. J’ai l’impression qu’il y a un glissement du thème de la justice et de la paix vers la réconciliation, l’inculturation et les œuvres de l’Eglise. A ce niveau, je trouve que les « lineamenta » allaient plus loin que cet « instrumentum laboris ».

Chapitre 4 : L’eglise famille de dieu à l'oeuvre :

Témoignages et nouvelles perspectives

Ce chapitre 4 présente les acteurs et les institutions, mais il ne propose pas d’engagements concrets ni même de pistes d’actions. Au mieux, il se contente de décrire les actions menées. Pour construire un monde de justice et de paix, suffit-il du témoignage de vie ? (n° 104)

N° 105 : Très bien, ce paragraphe sur Marie. Mais on présente plus Marie comme femme charitable ou qui souffre que comme « femme de justice ». A-t-on oublié qu’elle était une jeune fille juive (donc souvent méprisée ou dévalorisée), une « broussarde » de Nazareth souffrant de la dure colonisation de l’armée romaine, comme de la situation inférieure faite à la femme de son temps. Pense-t-on qu’elle a été réfugiée en Egypte, parce que le roi Hérode voulait tuer son fils ? Et qu’elle était debout au pied de la Croix, devant son fils condamné à mort injustement et la mort infamante d’un esclave. ?

N° 108 : L’action de l’épiscopat ne peut pas se limiter à la publication de lettres pastorales et autres documents, aussi importants soient-ils. Car les déclarations les plus belles, même si elles sont bien accueillies, ne sont pas toujours suivies d’action. Il est essentiel que les évêques suscitent, forment et soutiennent des commissions et autres mouvements et groupes d’actions, pour la justice et la paix. Et qui luttent véritablement et efficacement contre toutes les formes d’injustice et pas seulement chercher la réconciliation. Et de même, pour les prêtres.

N° 111 : Combien d’homélies appellent et forment vraiment les chrétiens à être artisans de justice et de paix ? Est-ce que la célébration des sacrements n’est pas souvent faite d’une façon rituelle et même formaliste ? Dans ce cas, cette célébration peut-elle être vraiment « un lieu d’éducation et de formation des chrétiens à la justice, la paix, et la réconciliation « ?

Il y a là tout un travail à faire au niveau de la liturgie pour qu’elle soit plus proche de la vie et pousse à s’engager dans la vie de chaque jour. Et déjà qu’elle permette une participation pleine et active de l’assemblée, comme le demande le Concile Vatican 2. A ce moment-là, les questions de justice, de paix et de réconciliation seront davantage présentes dans la liturgie. Car ce sont les laïcs qui vivent tous ces problèmes. Si c’est le prêtre seul qui prend la parole et dirige toute la célébration, ces problèmes seront peu abordés… ou pas du tout.

N° 112 : Les prêtres et Conseils paroissiaux.

Pour cela, il faudrait que les prêtres soient vraiment soucieux d’insuffler un esprit d’amour et de vérité, de justice et de paix aux chrétiens, au lieu de se contenter de dire la messe et de diriger les prières. Par exemple, être attentifs aux conflits dans les mariages et les familles, pas seulement préparer la célébration du sacrement de mariage. Qu’ils soient proches « des marginalisés et des esseulés, » véritablement et pas seulement en paroles. De même, pour les conseils paroissiaux : qu’ils se soucient des problèmes et de la vie concrète des gens, et pas seulement des cotisations ou de l’organisation des fêtes.

N° 113 : Les personnes consacrées.

Là encore, dans les exemples donnés, il s’agit plus d’actions caritatives que d’actions pour la justice et la paix : on retrouve ici la confusion entre pastorale sociale et justice et paix. Et le sujet de ce synode : « réconciliation, justice et paix » est suffisamment vaste, important et compliqué pour centrer la réflexion sur ce thème, sans vouloir aborder tous les problèmes.

Il faudrait que les instituts religieux fassent vraiment preuve de créativité. Et qu’ils analysent les situations de détresse, les injustices actuelles et les moyens d’y remédier, sans se contenter de faire tourner les œuvres traditionnelles. (Voir documents sur la vie religieuse, en pièces jointes).

N° 114 : Attention à ne pas limiter l’action des femmes pour la réconciliation, la justice et la paix, aux « actions de proximité ». Nous avons besoin de femmes militantes et engagées jusqu’au niveau national dans les secteurs sociaux, économiques et politiques… et à qui on confie des vraies et grandes responsabilités également dans l’Eglise, pas seulement « des actions de proximité. »

N° 116 : Les catéchistes.

Je suis frappé (et très triste) de voir le peu de place que les questions de justice et paix, et même la doctrine sociale de l’Eglise, tiennent dans les programmes de catéchèse. Il y a là quelque chose à revoir. De même que l’on ne parle pas, ou peu, des droits humains dans nos écoles catholiques ou nos réunions de CCB.

Je remarque aussi que dans les documents de l’Eglise, on parle des catéchistes, mais très rarement des responsables de CCB. Est-ce le signe que les CCB n’ont pas encore trouvé leur vraie place dans l’Eglise-famille de Dieu ?

N° 117 : Les femmes.

Une fois encore, que le synode ne se contente pas de vœux pieux. Que va-t-il proposer concrètement pour donner des responsabilités et une place plus visible aux femmes dans l’Eglise ? Quels moyens vont-ils prendre pour que les femmes aient aussi leur place dans la société ? Et pour que les décisions ne soient pas systématiquement bloquées par la suite, comme cela a été souvent le cas.

N° 118 : Pour les hommes, ne pas se limiter à être « artisans de réconciliation, de justice et de paix  dans les différentes associations et mouvements de fidèles laïcs ». Ils doivent être engagés dans la société, pas seulement dans les mouvements chrétiens : dans les associations de quartier, les syndicats, les associations des parents d’élèves.

Je remarque que dans ce document, on parle de la politique en général mais pas de l’engagement dans les partis politiques. On ne parle pas de syndicat non plus. Ne serait-ce pas la responsabilité des chrétiens d’animer tout cela ? Et d’abord de s’y engager. On parle de mouvements de fidèles laïcs, mais pas de mouvements d’action catholique en tant que tel. Ce n’est pas la même chose !

N° 126 : Et aussi que l’on apprenne aux futurs prêtres à travailler avec les laïcs dans le respect et la complémentarité.

N° 132 : Il ne suffit pas de veiller à ce que les « institutions ecclésiales de santé » fonctionnent bien. Il est au moins aussi important de soutenir les chrétiens travaillant dans les structures de santé d’état ou privées non catholiques pour qu’ils travaillent eux aussi pour la réconciliation, la justice et la paix., dans tous les problèmes de santé du pays et dans toutes les structures. De même, il ne suffit pas que nos écoles catholiques marchent bien et y pratiquent la justice et la paix (n° 133). Il faut agir dans toutes les écoles et universités du pays, par l’intermédiaire des chrétiens engagés dans ces écoles et universités non catholiques.

La contribution de notre commission aux préparatifs du synode

(N.B. : La Commission n’a été créée qu’en Octobre 2007 en Guinée).

Pour proposer des directives et motiver davantage les gens de notre pays, nous avons centré notre action sur la mise en place des commissions paroissiales de justice et paix, comprenant au moins un délégué de chaque CCB et de chaque mouvement ou association actif de la paroisse. Ceci pour une transmission directe des informations dans les deux sens, mais surtout une mise à l’action rapide de tous. Nous avons demandé à chaque CCB ou groupe de recenser d’abord les principales injustices ou manque de paix qu’ils vivent (supportent) ou dont ils sont témoins, dans les communautés chrétiennes, les familles, les lieux de travail et de loisirs, les quartiers ou villages, de manière à partir de la base et des réalités concrètes. Ensuite, on fait la synthèse de ces différentes enquêtes au niveau paroissial. Et à partir de là, on décide des actions à mener. (Voir les documents L 52 et L 28 , en pièces jointes).

Pour préparer ce 2ème synode, tout au long de l’année dernière nous avons travaillé la 1ère partie des lineamenta et répondu au questionnaire, doyenné par doyenné, en totalité ou aux questions les plus importantes, d’après le temps et le nombre de réunions possibles. (Voir en pièces jointes, les réponses aux questionnaires 1, 2 et 3). Cela nous a permis à la fois de sensibiliser les différents participants aux questions de justice et paix et de leur proposer un premier travail de réflexion et une formation, nécessaires pour la mise en place de commissions paroissiales.

Les défis actuels

Actuellement, les commissions paroissiales existent… au moins sur le papier ! Le problème, c’est qu’elles se mettent effectivement à l’action et ne se contentent pas de discussions ou de conférences. Qu’elles agissent dans la société tout entière (quartiers, travail, …) et pas seulement dans la communauté chrétienne. Qu’elles travaillent avec tous les volontaires (quitte à les motiver d’abord) et pas seulement avec les chrétiens.

Au niveau diocésain et national, nous voyons bien les gros problèmes qui existent, spécialement depuis la prise du pouvoir par les militaires depuis fin décembre 2008. Le problème, c’est que nous sommes trop peu nombreux et pas suffisamment disponibles pour réfléchir en profondeur. Nos actions sont donc très limitées. Cependant, notre commission participe à la réflexion des évêques et à la rédaction de documents largement diffusés, en particulier auprès des partis politiques, des syndicats, des journaux et radios, des ambassades et surtout des autorités. (Voir mon site : http://armel.duteil.free.fr et notre blog : http://justice.paix.guinee.free.fr

Notre grosse difficulté est celle du manque de soutien et de motivation d’un grand nombre de prêtres, qui ne comprennent pas l’importance de cette commission et ne s’y engagent pas, quand ils ne la bloquent pas parce que cela ne leur rapporte rien et leur demande des conversions et un travail supplémentaire.




En marche vers le deuxième synode pour l'Afrique

Le Concile de Vatican 2 avait demandé à ce que les Evêques se réunissent régulièrement autour du Pape, ce que l’on appelle « un Synode ». Les Evêques du monde entier se sont d’abord rassemblés de nombreuses fois, sur des questions importantes de la vie de l’Eglise, puis Jean-Paul II a décidé de faire un synode spécial pour chacun des cinq continents. C’est ainsi qu’en 1994 a eu lieu le « Premier Synode pour l’Afrique ». Avant sa mort, Jean-Paul II avait prévu un deuxième Synode pour l’Afrique, à la fois pour réfléchir à l’évolution du continent, voir ce qui avait pu être fait depuis le premier synode et comment améliorer les actions menées. Lorsque Benoît XVI a été élu Pape, aussitôt il a décidé de maintenir ce deuxième synode de l’Afrique et d’en lancer la préparation.

Qu’est-ce qu’un Synode ?

Le mot « Synode » vient du grec et signifie : marcher ensemble. Dans cette assemblée des Evêques autour du Pape, ce qui est important c’est tout le processus de réflexion et de responsabilisation qui a été mené à cette occasion, et le partage qui a été mis en place dans les deux sens, du haut vers le bas mais aussi du bas vers le haut, même si pour le moment les questions viennent presque toujours du sommet et que l’on demande surtout au bas plus des réponses aux questions posées que leurs propres propositions et points de vue. Mais c’est déjà un progrès énorme dans l’Eglise. Le thème de ce deuxième synode est : L’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14).

Comme déjà ce titre l’indique, ce deuxième synode interpelle les chrétiens sur leurs responsabilités et sur la situation du continent, avec son grand besoin de réconciliation, de justice et de paix. Il s’agit, en s’inspirant des Béatitudes, d’être « le sel de la terre », et Jésus dit bien « le sel de toute la terre », pas seulement le sel de l’Eglise ; il s’agit d’être « la lumière du monde », de tout le monde africain, pas seulement de l’Eglise. Les questions, c’est bien sûr, comment annoncer l’Evangile dans le monde actuel, mais surtout comment l’Evangile peut être une Bonne Nouvelle, et comment il peut transformer l’Afrique pour que tous puissent y vivre la réconciliation, la justice et la paix, face aux défis actuels que rencontre le continent.

Quelle Bonne Nouvelle annoncer ? Mais surtout quelle société construire qui soit le début du Royaume de Dieu sur la terre, « un Royaume de vie et de vérité, un Royaume de grâce et de sainteté, un Royaume de JUSTICE, d’AMOUR et de PAIX, comme le dit la Préface de la fête du Christ-Roi  et comme nous le prions également dans le Notre Père  : « Père, que ton règne vienne… sur la terre, comme au ciel ». Pour arriver à cela, on a bien sûr besoin de la collaboration de tous, et c’est pour cela que dans notre préparation du Synode, nous avons fait appel à tous les chrétiens, à toutes les communautés et organisations chrétiennes, mais aussi à tous les hommes de justice, de paix et de réconciliation du continent . Car le défi pour les chrétiens est celui-ci : comment travailler avec les autres au niveau personnel, dans la vie de chaque jour, dans la famille, dans la communauté chrétienne de base, dans les lieux de travail et les quartiers, dans la rue, au marché, au stade, et partout ? Comment s’organiser en communautés, en mouvements ou en associations, mais aussi collaborer avec toutes les associations non chrétiennes qui travaillent dans le même sens ? En s’appuyant sur la Parole de Dieu mais aussi sur la sagesse des anciens, en cherchant à vivre et à agir ensemble dans des actions concrètes, pour la réconciliation, la justice et la paix.

Depuis le premier synode

Le premier synode pour l’Afrique avait fait le tour de toutes les situations vécues dans le Continent, en positif, comme en négatif, en insistant sur certains problèmes nouveaux comme, par exemple, le SIDA, les guerres qui se développaient, et le manque de démocratie. Les Evêques l’avaient baptisé « un Synode de résurrection et d’Espérance ». Mais pendant ce premier synode avait éclaté le génocide du Rwanda, qui avait causé un très grand choc et montré que les plus belles déclarations ne suffisent pas pour transformer le monde.

Les prises de conscience et les actions n’ont pas manqué depuis 1994, si bien que Benoît XVI a pu affirmer que l’Afrique est la grande espérance de l’Eglise. Les linéamenta (premier document de préparation du présent synode présentant les grandes lignes de réflexions) de 2008 affirment : « l’Eglise grandit en nombre, il y a maintenant de nombreux missionnaires africains, les liturgies sont très vivantes. Mais aussi, ils notent que l’Eglise d’Afrique s’engage de plus en plus dans le développement du continent, dans l’éducation et la santé, mais aussi pour la défense des droits humains et l’émergence de l’état de droit dans le continent. C’est pourquoi l’Eglise jouit d’une grande crédibilité et même parfois reste l’unique réalité qui fonctionne encore bien dans le pays, et permet aux populations de vivre et d’espérer, en leur apportant réconciliation, justice et paix « (linéamenta, n° 6).

Au n° 7, les lineamenta notent : « L’avènement de la paix dans certains pays – L’opposition croissante à la corruption – La promotion de la femme africaine et de la dignité de toute personne humaine – L’engagement des laïcs chrétiens dans la société civile – La promotion et la défense des droits humains ».

N° 8 : Mais en même temps, on remarque « La détérioration généralisée de la qualité de la vie - L’insuffisance des moyens pour l’éducation des jeunes - Les carences des services sanitaires et sociaux élémentaires et l’épidémie du SIDA - Le fardeau de la dette - L’horreur des guerres alimentées par les trafics d’armes - Le spectacle honteux des réfugiés et des personnes déplacées ». (Exhortation du Premier Synode, de Jean-Paul II, le 14 Septembre 1995. Et à ce niveau on doit bien reconnaître que les choses n’ont fait qu’empirer, avec la crise économique mondiale actuelle et la montée du libéralisme).

Face à tout cela, la priorité a été donnée à la lutte pour la réconciliation, la justice et la paix, d’où le thème de ce deuxième synode.

Les lineamenta du Deuxième Synode

Pour favoriser un large débat, le secrétariat pour le Synode a donc envoyé des grandes lignes de réflexions, suivies d’un questionnaire. Bien sûr, ces questions étaient préparées à l’avance et donc orientées, mais chaque communauté avait la liberté d’y répondre à partir de sa vie propre, de ses problèmes et de la façon dont elle comprend et vit l’Evangile. Que disent ces lineamenta :

Chapitre I :

  1. Réflexions sur la situation de l’Eglise à l’aube du XXIème siècle, sous les trois aspects : politique, socio-économique, et culturel.

  2. Comment les religions peuvent-elles se mettre au service de la réconciliation, de la justice et de la paix en Afrique. On dit bien « les religions », pas seulement la religion catholique, mais d’abord les religions traditionnelles africaines, l’islam et les autres religions chrétiennes, comme cela est dit expressément, et un paragraphe est consacré à chacune de ces religions. Car chacun de ces groupes reçoit lui aussi l’appel de Dieu dans le cœur de chacune des personnes, et aussi au cœur de cette religion. Chaque groupe agit déjà pour la réconciliation, la justice et la paix. Il est donc important de se retrouver ensemble, mais aussi d’accueillir les appels et les interpellations qui nous viennent des autres religions qui sont autant d’appels de Dieu, Lui-même. A partir de là, on peut aborder les autres chapitres 

Chapitre II : Jésus-Christ, Parole et Pain de Vie : notre réconciliateur, notre justice et notre paix.

Chapitre III : L’Eglise, sacrement de réconciliation, de justice et de paix, en Afrique.

  1. Réflexions sur la mission de l’Eglise dans l’Afrique d’aujourd’hui.

  2. La doctrine sociale et sa mission évangélisatrice.

Chapitre IV : Le témoignage de l’Eglise qui reflète la lumière du Christ sur le monde.

  1. Le rôle des Evêques, des prêtres, des religieux et des laïcs.

  2. Les questions qui supposent une attention particulière : l’estime et l’acceptation mutuelles, la réconciliation et le pardon, réconciliation et guérison, violences et pauvreté, le commerce des armes, l’exploitation sauvage des ressources africaines, les sources subjectives et psychologiques de la guerre.

Comme on le voit, on ne se contente pas de définir les problèmes qui se posent et de les raconter. On veut analyser les situations pour pouvoir agir sur les causes et aussi mener tout une action de prévention des conflits en aval, et de guérison des traumatismes causés par le manque de paix, les persécutions, la guerre et les injustices. Il s’agit donc d’abord de recenser les situations d’injustice et de chercher à les corriger et à les désamorcer (travail de prévention). Mais aussi de promouvoir une véritable éducation à la réconciliation, à la justice, à la paix, en s’appuyant sur les richesses culturelles africaines, sur l’Evangile et sur l’apport des autres religions.

Chapitre V : Les ressources spirituelles pour promouvoir la réconciliation, la justice et la paix en Afrique.

  1. L’originalité du mode de vie du chrétien dans le monde, la vie liturgique comme foyer de spiritualité chrétienne, et une spiritualité de l’engagement dans le monde : le sens du travail bien fait, l’amour de Dieu et du prochain, la liberté chrétienne, le sens familial. Ces linementa se terminaient par des questions.

Comment avons-nous travaillé ces lineamenta ?

D’abord, nous avons demandé aux chrétiens d’y réfléchir dans beaucoup de Communautés Chrétiennes de Base (CCB) et d’en discuter autour d’eux avec tous ceux qui les entourent, quelles que soient leur culture ou leur religion ; puis de faire une synthèse de toutes ces réflexions dans la paroisse. Nous avons ensuite organisé des rencontres par doyenné dans les trois diocèses de Guinée (voir la synthèse de ces réponses par doyenné dans mon site : http://armel.duteil.free.fr).

Nos réponses au questionnaire ont été envoyées à Rome qui a élaboré un deuxième document, l’instrument de travail « Synthèse de toutes les réponses des différents pays africains ». C’est cet instrument de travail qui a été remis par Benoît XVI aux évêques d’Afrique lors de son dernier voyage au Cameroun

Mais pour ce travail de préparation, nous ne nous sommes pas contentés de rencontres ou de réflexions sous forme de sessions. Nous avons utilisé d’abord les homélies. Mais aussi dans les communautés, les mouvements, les associations et autres groupes, des débats. Et également des discussions dans les quartiers et les lieux de travail avec les non chrétiens. Pour lancer les idées, expliquer les lineamenta et recueillir les réactions des gens, nous avons également utilisé les chants, le théâtre et la danse.  Nous avons composé un calendrier reprenant des extraits de ces lineamenta (que l’on peut également consulter sur notre site) ; nous avons ouvert un blog (http://justice.paix.guinée.free.fr) pour permettre à tous, chrétiens et musulmans, de réagir et d’envoyer leurs commentaires.

Dans un autre sens, nous avons utilisé ces lineamenta, de même que la doctrine sociale de l’Eglise, pour composer un document, que nous avons envoyé aux nouvelles autorités du pays pour les aider dans leur travail de remise en marche de la Guinée, intitulé «  Aspirations au changement : efforts de tous et de chacun » (également sur mon site)

Importance de ce Synode.

D’abord, c’est de nous permettre de faire une analyse sérieuse de la situation dans laquelle nous vivons. Très souvent les médias occidentaux noircissent le tableau et ne parlent de l’Afrique que lorsqu’il s’agit de guerres, de maladies ou de famine. Ce qu’on a dit plus haut montre bien qu’il y a de grandes avancées et des actions très positives et très importantes. Mais il s’agit maintenant de les soutenir et de les prolonger.

Le 2ème défi, c’est celui de l’engagement. Suite à la dictature de Sékou Touré et à toutes les souffrances et persécutions qu’ils ont subies, les chrétiens guinéens ont eu tendance à se replier sur eux-mêmes et actuellement ils sont plus engagés dans l’Eglise que dans la Société. C’est pourquoi nous venons de tenir deux forums très importants avec les jeunes pour voir avec eux la situation du pays et comment ils peuvent s’y engager dans la ligne de l’Evangile. Ce 2ème Synode nous permettra certainement de soutenir cet engagement et de créer un nouveau climat aussi bien dans le pays que dans l’Eglise.

Dans notre réflexion sur ces lineamenta, nous avons essayé de voir comment les problèmes se posaient concrètement chez nous en Guinée, car c’est dans notre monde tel qu’il est que nous devons agir. Nous avons veillé aussi à mener notre réflexion d’une façon simple et concrète, pour que tous puissent comprendre ce que nous disions, l’assimiler, l’intégrer et le partager ensuite partout où ils vivent.

Ainsi nous avons trouvé que la réflexion théologique des lineamenta sur Jésus, parole et pain de vie, était beaucoup trop compliquée ; de même celle sur l’Eglise, sacrement de réconciliation. Nous avons donc préféré retourner à l’Evangile lui-même et voir comment dans l’Evangile Jésus était homme de paix, ami des petits et des pauvres, comment il a défendu les personnes qui étaient exploitées dans sa société juive. Nous avons cherché aussi quelles sont les paroles de Dieu qui nous parlent de réconciliation, de justice et de paix, et à quoi elles nous appellent et comment les mettre en pratique concrètement dans notre milieu.

Nous avons regardé aussi l’action de St Paul (nous sommes dans l’année de St Paul) et aussi ce que les autres apôtres ont fait pour la réconciliation, la justice et la paix. Et comment les premières communautés chrétiennes ont vécu cela, dans les Actes des Apôtres. Cela nous a permis de rester concrets et précis, proches de la vie pour aboutir à des propositions d’actions réalisable par tous, à la base, d’une manière réaliste.

Ce travail sur les lineamenta nous a permis de faire une analyse sociale et de voir les actions à mener. De sortir de la morale pour chercher à annoncer une Bonne Nouvelle qui libère, et aussi à aller plus loin dans nos actions pour que le Royaume de Dieu vienne véritablement en Guinée. Et que tous, mais d’abord les plus pauvres et les plus marginaux, puissent vivre dans la réconciliation, la justice et la paix. Ce que nous avons cherché, c’estt de donner la parole aux communautés de base, et à tous les chrétiens, spécialement ceux qui souvent n’ont pas le droit à la parole, pour toutes sortes de raisons. Et également d’accueillir les réactions des non-chrétiens qui nous entourent .

Il reste que, après tout ce travail de réflexion, nous sommes inquiets au moins à deux niveaux 

  • à lire l’instrument de travail et en le comparant aux lineamenta qui nous semblaient beaucoup plus complets et précis, nous avons peur que le thème du Synode soit plus ou moins détourné, que l’on parle surtout de l’Eglise famille de Dieu (thème que actuellement on utilise beaucoup en Afrique en présentant l’Eglise comme une famille), ou d’inculturation (enraciner l’Evangile dans la culture africaine). Ce sont deux choses importantes, mais déjà souvent débattues et souvent sans beaucoup d’applications concrètes. Nous avons donc peur que l’on ne se centre pas suffisamment et concrètement sur les thèmes précis de « l’Eglise en Afrique au service (une Eglise servante et non pas maîtresse ou enseignante) de la réconciliation, de la justice et de la paix » dans la situation actuelle pour être vraiment « sel de la terre africaine et lumière du monde africain » dans toutes ses dimensions économique, politique, sociale, et pas seulement culturelle.

  • Nous regrettons également que ce Synode se passe à Rome et pas en Afrique ; qu’il ne regroupe que les Evêques et non pas des prêtres, des religieuses et surtout des laïcs ; qu’il ne soit que consultatif et que le texte final soit promulgué par le Pape et non pas par les Evêques africains eux-mêmes.

  • A quand un concile africain en Afrique, regroupant toutes les forces vives de l’Eglise ?

L’instrument de travail

Nous avons maintenant reçu l’instrument de travail remis par Benoît XVI aux Evêques. Nous l’avons travaillé dans la commission nationale et les commissions diocésaines « Justice et Paix » et nous avons envoyé nos réactions au Secrétariat Panafricain du SCEAM ( Symposium des Conférences des Eglises d’Afrique et de Madagascar). (Voir également notre site). Malheureusement, nous n’avons pas pu faire le même travail à la base, car le temps était beaucoup trop limité pour cela, et en ce moment les étudiants sont pris par la préparation des examens et les paysans sont lancés dans la culture des champs car la saison des pluies a commencé.

Par contre, ce que nous avons fait depuis Octobre 2008, c’est de mettre en place des commissions « Justice et Paix » dans chaque paroisse. Nous leur avons donné une méthode d’analyse de la situation et un plan d’action. Maintenant qu’elles sont formées, nous avons bon espoir qu’elles seront en état de mettre en application les orientations qui nous seront données par le Synode.

Comme cela a déjà été expliqué dans les numéros précédents de la revue, la Guinée depuis le 23 décembre 2008 a connu une prise de pouvoir par les militaires qui, au sein du CNDD (Comité national pour le développement et la démocratie) essayent vraiment de relever le pays, après la dictature de Lansana CONTE. De très gros efforts sont faits pour la lutte contre la corruption, pour le respect de l’Etat et la mise en place d’un Etat de droit, avec une nouvelle Constitution et des élections libres et transparentes, pour une lutte contre la drogue et une remise au travail, pour qu’en ville les gens puissent avoir de l’eau et l’électricité (ce qu’ils n’ont pas jusqu’à maintenant, même dans la capitale), etc. La préparation et le suivi de ce Synode nous donnent donc l’occasion de participer efficacement à cet élan nouveau dans le pays, mais aussi d’y apporter notre contribution, car tout n’est pas simple ; il s’agit de remettre les gens au travail. Et le pays est de plus en plus pauvre car il a été boycotté par la CDEAO (Communauté Economiques des Etats d’Afrique de l’Ouest), l’Union Africaine, l’Union Européenne et les Nations Unies. Ce qui est absolument inadmissible, car c’est la population qui souffre de plus en plus et que l’on risque ainsi de briser tous les efforts qui s’opèrent. Mais il est vrai également que, actuellement, dans le cadre de cette lutte contre la drogue et la corruption, beaucoup de personnes sont arrêtées sans être jugées, et que l’on risque d’arriver à une chasse aux sorcières. Et que dans la volonté d’assainir le pays, on utilise parfois des méthodes à la limite de la dictature. C’est donc à nous les chrétiens de veiller à tout cela, de faire en sorte que l’on n’oublie pas le monde rural et les plus défavorisés de la ville. Nous pensons que ce Synode sera un moyen puissant à la fois pour présenter les orientations de l’Eglise et la richesse de l’Evangile à tous et pour nous motiver davantage dans notre volonté de construire notre pays avec tous.

Un Synode pour tous, et donc pour l’Europe aussi.

Ce 2ème Synode pour l’Afrique interpelle aussi les autres continents. Par exemple, en Europe, qu’avons-nous fait du 1er Synode pour l’Europe ? Et ne faudrait-il pas aussi un deuxième synode pour l’Europe, comme pour l’Afrique ? Est-ce que ces questions de réconciliation, de justice et de paix ne nous interrogent pas, nous aussi ? Est-ce que les problèmes, les façons d’agir et les solutions proposées en Afrique ne peuvent pas nous inspirer (car il ne s’agit pas de copier) et nous aider , nous aussi, là où nous sommes, à progresser ? De toutes façons, si nous sommes chrétiens, ce qui se passe en Afrique, comme dans tous les autres continents, nous intéresse. C’est pourquoi nous allons chercher à suivre ce qui va se passer à Rome pendant ce mois d’Octobre 2009. Et ensuite en Afrique dans les mois et les années qui viendront. Sans oublier que, nous qui sommes sur le terrain, nous comptons beaucoup sur votre soutien, votre amitié et votre prière.




Propositions du synode : Présentation de quelques thèmes marquants :

  • Introduction : Document présenté au Pape Benoît XVI (N°1).


Une église en Synode : (Voir le site des spiritains, page Justice et Paix)

  • Le synode de la nouvelle Pentecôte (N°2).

  • La communion ecclésiale (N°3).

  • La communion ecclésiale au niveau régional et continental (N°4).

Les thèmes du Synode

La réconciliation

  • Le sacrement de réconciliation  revêt une double dimension personnelle et communautaire. La réconciliation surmonte les crises, restaure la dignité des personnes et ouvre au développement et à la paix durable …(N°5).

  • La forme non - sacramentelle de célébrer la réconciliation. (N°6).

  • Inculturation du sacrement de réconciliation en faisant une étude sérieuse des cérémonies traditionnelles africaines de réconciliation. (N°7).

  • Pratiques pastorales de réconciliation (Un jour ou une semaine de réconciliation à célébrer ; Une année jubilaire extraordinaire). (N°8).

  • Spiritualité de réconciliation : une manière de vivre et une mission. (N°9).

  • Dialogue œcuménique. (N°10).

  • Dialogue interreligieux : Promouvoir le dialogue : Les croyants travaillent ensemble et ainsi réduisent intolérance religieuse et violence. (N°11).

  • L’Islam : Favoriser le dialogue de vie ; prendre en compte la pluralité ; affronter avec honnêteté nos incompréhensions ; une meilleure connaissance de l’Islam ; initiatives qui favorisent le respect, l’amitié, la collaboration et la réciprocité. (N° 12).

  • La religion traditionnelle Africaine : pour des études approfondies. (N°13).

La justice

  • La Justice : L’ancien testament montre, de manière vive, que la justice ne peut pas advenir par la seule force de la personne humaine. Elle est un don de Dieu. C’est Dieu qui justifie par le Christ. (N°14).

  • La sécurité dans la société : Promouvoir la justice par le respect des droits humains par l’éducation civique et la construction d’une culture de justice et de paix. Création de commissions pour la Justice et la paix dans les diocèses et paroisses. Adresse aux gouvernements pour :

    • Qu’ils offrent une juste distribution des fruits de la croissance.

    • Qu’ils assurent la sécurité dans la société à leurs citoyens. (N° 15)

  • Fuite des cerveaux (N°16).

  • La justice sociale et l’éradication de la pauvreté : Une économie au service des pauvres : (N°17)

    • Un engagement renouvelé au service des pauvres, orphelins et exclus.

    • Développer des relations de solidarité entre différents diocèses.

    • Des mesures de la part des dirigeants pour remédier à la pauvreté.

    • Une ultérieure suppression de la dette.

    • Plus de prudence des gouvernements Africains pour de nouveaux prêts.

    • Plus d’implication de l’Afrique dans les décisions commerciales internationales.

    • Promotion intégrale et développement humain.

  • Doctrine sociale de l’Église : à intégrer dans les diverses formations. (N°18).

  • L’éducation : insuffler en la jeunesse un sens profond de la vie. (N°19).

  • Protocole de Maputo concernant les femmes et la vie humaine. (N°20).

La paix

  • La paix est avant tout un don de Dieu, et par suite, le fruit de nos efforts. La paix doit commencer dans le cœur de l’homme comme grâce donnée. Suite de propositions du Synode. (N°21).

Autres éléments

  • La protection de l’environnement et la réconciliation avec la création. Il y a une détérioration irresponsable et une destruction insensée de la terre, qui est « notre mère ». (N°22).

  • Le commerce des armes : Embargo sur les armes légères, faire cesser le trafic illégal des armes et rendre plus transparent son commerce légal. Pour un traité sur le commerce des armes dans le cadre de l’O.N.U. (N°23).

  • La bonne gouvernance : respect de la démocratie ; respect du bien commun ; lois justes et favorables à la population. (N°24).

  • La politique : pour une éducation civique multi-dimensionelle. (N°25).

  • Les élections : libres, équitables et transparentes. Impartialité des chefs religieux. ( N°25).

  • La liberté religieuse est un droit humain fondamental. (N°27).

  • Les migrants et réfugiés : 15 millions de migrants sur le continent Africain. La migration à l’intérieur et à l’extérieur du continent Africain est un drame multi-diomensionnel. – à lire et à méditer - (N°28).

  • Les ressources naturelles : les peuple africains, au lieu de jouir des ressources naturelles comme d’une bénédiction et de parvenir à un réel développement, sont victimes des malversations publiques locales et de l’exploitation des puissances étrangères. (N°29).

  • La terre et l’eau : éduquer le peuple de Dieu pour les questions agraires et hydriques, pour des négociations transparentes sur les opérations concernant la terre. (N°30).

  • Mondialisation et aide internationale : Malheureusement l’aide n’arrive pas toujours au peuple pour lequel elle est destinée, et, parfois, elle est assortie de conditions qui ne tiennent pas compte des besoins du destinataire. (N°31).

  • Respect de la diversité ethnique. (N°32).

  • Inculturation : Pour une étude approfondie des traditions et cultures africaines. (N°33).

Promotions

Église

  • Évangélisation : Urgente nécessité de l’évangélisation, être témoin dans le service de la réconciliation, de la justice et de la paix. (N°34).

  • Communautés Ecclésiales Vivantes au-delà des frontières de sang, d’ethnies, de tribus, de cultures, de races, ouvrir des chemins de réconciliation. (N°35).

  • Défis lancés par les nouveaux mouvements religieux. (N°36).

  • Le laïcat : Formation initiale et permanente catéchétique orientée vers la conversion des cœurs, formation spirituelle, biblique, doctrinale et morale pour acquérir une conscience sociale chrétienne. (N°37).

  • La famille : la famille a une origine divine. La famille est le lieu propice d’apprentissage et de la pratique de la culture du pardon, de la paix, de la réconciliation et de l’harmonie. (N°38).

  • Les prêtres : Les prêtres doivent :

    • Cultiver une profonde vie spirituelle,

    • S’engager à conduire une vie évangélique fraternelle et communautaire

    • Vertus évangéliques de pauvreté, chasteté et obéissance

    • Retraites annuelles, vie de prière régulière, formation continue, accords avec diocèses d’origine et d’accueil. (N°39).

  • Les séminaristes : Une solide formation intellectuelle, morale, spirituelle et pastorale, croissance humaine et psychologique. ( N°40).

  • Les diacres permanents. (N°41).

  • La vie consacrée :Témoignage de vie de prière, vie commune, dans l’éducation, la santé, la promotion humaine et le service pastoral. L’église attend beaucoup du témoignage de communautés religieuses marquées par la diversité raciale, régionale ou ethnique. (N°42).

  • La catéchèse. (N°43)

  • Les catéchistes. (N°44).

En Christ

  • L’eucharistie, source de communion et de réconciliation pour construire une unité qui respecte la différence … (N°45)

  • La puissance de la Parole de Dieu : La lecture et la méditation de la parole de Dieu nous enracinent plus profondément dans le Christ et orientent notre ministère de serviteurs de la réconciliation, de la justice et de la paix. (N°46)

L’Église

  • Les femmes en Afrique : Les femmes en Afrique apportent une grande contribution à la famille, à la société et à l’Église avec leurs nombreux talents et ressources. Condamnation des violences faîtes aux femmes. (N°47).

  • La jeunesse : En Afrique, la jeunesse constitue la majorité de la population : on doit l’aimer, l’estimer et la respecter. Force et espérance de la société. (N°48).

  • Les enfants : objets d’un soin particulier de la part de leurs familles, de l’Église, de la société et des gouvernements. (N°49)

  • Personnes handicapées. (N°50).

  • VIH / SIDA : Les malades du Sida en Afrique sont victimes d’injustices. Condamnation de toute tentative de la part d’individus ou de groupes de disséminer le virus. Série de propositions … (N°51).

  • Le paludisme, pire assassin dans le continent africain et les îles. (N°52).

  • Drogue et alcool : gâchis du potentiel humain de l’Afrique. (N°53).

  • Souci pour les prisonniers : Profond souci au sujet de la criminalité et des effets des activités criminelles ; respect du système judiciaire ; améliorer la prévention. (N°54).

  • Abolition de la peine capitale : La dignité de la personne humaine exige que ses droits fondamentaux soient respectés quand bien même il ne respecterait pas les droits des autres … (N°55).

  • Les médias : La communication est une priorité pour le développement humain et l’évangélisation. (N°56).

  • Marie, notre Dame d’Afrique : Marie est le modèle dans le ministère de la réconciliation, de la justice et de la paix. (N°57).

Bonne suite de vos divers engagements !
P.Armel


Archidiocèse de Conakry - Année pastorale 2010-2011

Thème d'année : L’après Synode - Réconciliation, justice et paix – Evangélisation

En Octobre dernier a eu lieu le 2ème Synode pour l’Afrique. Il a été clôturé par un Message des Evêques africains et 96 propositions faites au Pape Benoît XVI. Celui-ci a permis que l’on fasse connaître immédiatement ces propositions, en attendant qu’il écrive lui-même un document à partir du travail de ce Synode. Il s’agit maintenant pour nous de mettre en œuvre ces propositions et ce Message, en essayant de connaître ce qui a été dit et de le mettre en pratique.

Pour nous aider dans notre réflexion, nous proposons donc un certain nombre de textes de ce Synode qui parlent des trois thèmes du Synode : Réconciliation, Justice, et Paix et de l’Evangélisation, le cadre dans lequel se situe notre action de cette année. Ensuite, nous vous proposons des questionnaires. Ces questions ne sont pas seulement à lire personnellement ; elles seront à travailler dans nos différents groupes paroissiaux, dans nos Commissions, dans nos Mouvements et surtout dans nos CCB.

A chaque fois que vous avez réfléchi à un chapitre, vous envoyez vos réponses écrites au Secrétariat de l’Archevêché, à la commission. Justice et Paix

La spiritualité de la réconciliation

Proposition n° 9 du 2ème Synode pour l’Afrique

St Paul écrit, 2ème aux Corinthiens, 5, 19-20 : « Par le Christ, c’est Dieu qui a réconcilié le monde (qui l’a réuni dans la paix). Dieu n’a pas regardé les fautes des hommes. Il a mis dans nos cœurs une Parole de réconciliation (de pardon et de paix). Dieu nous envoie vers les hommes comme des ambassadeurs pour le Christ ». La réconciliation comprend à la fois une manière de vivre la foi (une spiritualité) et une mission (un envoi par Dieu pour agir). Pour mettre en pratique la spiritualité de la réconciliation, de la justice et de la paix, l’Eglise a besoin de témoins (des gens qui d’abord vivent leur foi et ensuite disent ce qu’ils ont vécu). L’Eglise a besoin de témoins qui prennent leurs racines dans le Christ et qui se nourrissent de sa Parole et de ses sacrements ; ils cherchent la sainteté ; ils essaient de changer de plus en plus leur vie (la conversion) et ils prient avec beaucoup de force ; ils s’engagent dans les actions de réconciliation, de justice et de paix dans le monde, même si pour cela il faut en mourir. En suivant l’exemple des prophètes, ils donnent l’exemple d’une vie qui va totalement avec leur foi, grâce à leur courage dans la vérité, leur sacrifice et leur joie. Marie qui est la Mère de l’Eglise, famille de Dieu, est leur modèle, car elle a su accueillir la Parole de Dieu, elle a su écouter les besoins des hommes, avoir pitié d’eux et parler pour eux auprès de Dieu.

Les Pères du Synode recommandent :

  1. Que l’on garde le souvenir et qu’on rappelle fidèlement les actions des grands saints qui ont été des témoins de Dieu et qui ont donné leur vie au service de l’Eglise et du bien commun de tous les hommes et de toute la société. Ils ont défendu la Vérité et les droits des leurs.

  2. Que les membres de l’Eglise prennent de plus en plus leurs responsabilités dans ce qu’ils font, en changeant leur vie et en célébrant leur conversion dans le sacrement de la Réconciliation.

  3. Que l’Eglise, famille de Dieu, enfonce profondément ses racines dans le Seigneur par la célébration et l’adoration de l’Eucharistie, la prière et l’écoute de la Parole de Dieu. C’est ainsi que l’Eglise trouvera la force d’être le sel de la terre et la lumière du monde.

Quelques questions pour parler ensemble

  1. Comment comprenons-nous cette Parole de Dieu : « Nous sommes des ambassadeurs pour le Christ » ?

  2. Comment mettre en pratique la Réconciliation dans nos familles, nos CCB, nos quartiers et nos lieux de travail ?

  3. Comment être des vrais témoins du Christ ?

  4. Comment faire correspondre notre vie et la Parole de Dieu ?

  5. Comment l’exemple de Marie nous soutient et nous entraîne ?

  6. Que faire pour servir l’Evangile et le bien commun de la Société et de tous les hommes ?

  7. Comment défendre la Vérité et les Droits de l’homme ?

  8. Comment nous conduire en hommes et en femmes responsables, dans notre vie de famille et dans toute notre vie ?

  9. Comment être « sel de la terre » et « lumière du monde » personnellement, en famille et en communauté ?

Le Message des Evêques à la fin du Synode affirme (n° 8) : « St Paul explique que Dieu nous confie le message de la réconciliation…. Voilà le grand travail que nous avons reçu de notre Dieu, tendre et miséricordieux : l’Eglise en Afrique doit être l’instrument de la paix et de la réconciliation comme le veut le Corps du Christ car c’est Lui qui est notre paix et notre réconciliation, tous ensemble, en temps que famille de Dieu et chaque croyant personnellement. Mais cela ne sera possible que si nous-mêmes nous sommes réconciliés avec Dieu et notre manière de travailler à la réconciliation, à la justice et à la paix dans la Société doit dépasser les plans d’action et les manières dont les hommes s’occupent de ces problèmes…. C’est en cherchant la vraie réconciliation de Dieu que nous pourrons le cercle vicieux des injures, des vengeances et des punitions. Dans tout cela la vertu de pardon est très importante… Le vrai pardon fait grandir la justice, le changement de vie (la conversion) pour réparer le mal qu’on a fait. Nous nous laissons réconcilier par Dieu et nous apportons aux autres la réconciliation de Dieu. C’est cela qui conduit à une paix qui va jusqu’aux causes profondes des conflits (des oppositions et des méchancetés) ; c’est cela qui transforme les victimes et les ennemis, en amis, en frères et en sœurs (c’est ce qu’on appelle souvent la non violence évangélique) C’est elle seule qui rend possible une vraie réconciliation, c’est pourquoi dans notre travail chrétien de ces réconciliations nous devons donner une grande place à la prière et aux sacrements, spécialement au sacrement de réconciliation ».

  1. Quelle place donnons-nous au pardon dans notre vie ?

  2. Est-ce que nous cherchons à utiliser des méthodes non violentes au lieu d’agir avec méchanceté, vengeance, punition et insulte ?

  3. Est-ce que nous sommes capables de considérer nos ennemis d’autrefois comme des amis, des frères et des soeurs ?

Maintenant, nous faisons une prière d’intentions (prière universelle) et prenons un chant final.

La justice

Proposition n° 15 : « Le Synode demande à tous les membres de l’Eglise en Afrique de faire grandir la JUSTICE pour tous les hommes. L’Eglise leur demande de faire respecter les droits de l’homme par l’éducation des citoyens et en mettant en place une culture de justice et de paix. Pour cela, les diocèses et les paroisses doivent obligatoirement créer des commissions pour la Justice et la Paix, en travaillant ensemble avec les responsables des communautés locales qui pourront servir de médiateurs ».

Actuellement, les pays africains se sont mis en route pour diminuer la pauvreté et pour chercher une paix qui dure. C’est un grand espoir pour tous. Le Synode appelle les gouvernements à donner aux plus pauvres ce qui leur est nécessaire pour vivre. C’est le résultat de bonne distribution de l’argent du pays (les bénéfices de la croissance). Au nom de la justice, les Pères du Synode rappellent que l’on doit chercher le bien commun (le bien de tous et de toute la Société) pour que les personnes vivent bien. Les Evêques d’Afrique appellent les gouvernements africains à donner à leurs citoyens la sécurité dans la société. En effet, la vie est sacrée et il faut la protéger. Par conséquent, les gouvernements doivent mettre en place un système pour arrêter de tuer et de faire disparaître les gens dans le continent africain. En effet le manque de sécurité pour sa vie et pour les choses que l’on a, comme l’absence de calme dans la Société, poussent les gens à quitter le pays aussi bien les pauvres ( réfugiés clandestins) que les intellectuels (fuite des cerveaux) et cela augmente encore la pauvreté.

Questions pour réfléchir ensemble

  1. Est-ce que nous connaissons les Droits de l’homme et les autres doits des personnes ? Que disent-ils ?

  2. Que faisons-nous pour enseigner les devoirs des citoyens à ceux qui nous entourent, à nos amis et à ceux dont nous avons la responsabilité ?

  3. Que faisons-nous pour faire grandir la paix et la justice autour de nous ?

  4. Comment marche la Commission de Justice et Paix de notre paroisse et de notre CCB ?

  5. Est-ce que nous travaillons pour cela avec les autorités du quartier et les gens des autres religions ?

  6. Que faudrait-il faire dans le pays pour que les plus pauvres aient de quoi vivre et que les richesses du pays soient mieux partagées ?

  7. Comment arrêter de tuer les gens et permettre à tous de vivre dans la sécurité ?

Le Message final du 2ème Synode nous dit (n° 19) : « Chaque Evêque doit mettre en premier dans son plan d’action du diocèse la question de la réconciliation, de la justice et de la paix. Il doit mettre en place des Commissions de Justice et Paix à tous les niveaux. Pour cela nous devons former les esprits et changer les cœurs grâce à une catéchèse efficace à tous les niveaux et des formations permanentes pour tous les fidèles, surtout ceux qui occupent des postes de responsabilité. Nos diocèses doivent être des modèles de bonne gouvernance, de clarté et de bonne utilisation de l’argent. Il faut regarder avec sérieux les propositions que l’on nous fait par rapport aux micro finances ».

  1. Mettons-nous vraiment cela en pratique. Que faire pour y arriver ?

Prière universelle – Chant final

La paix

La paix, c’est d’abord un cadeau de Dieu. Ensuite, c’est le résultat de nos efforts. C’est pourquoi la paix doit commencer dans le cœur des hommes comme un cadeau donné par Dieu (Jean 14, 1) comme disait Jésus (Jean 14, 27) : « Je vous donne ma paix ». La paix est un bien pour tous. Elle demande que l’on respecte le droit des personnes humaines, mais aussi toute la création (la terre sur laquelle nous habitons). Nous mettons toutes nos forces au service de la paix. C’est pourquoi le Synode propose :

  1. Un groupe d’action africain pour la paix et la solidarité….

  2. Des Conseils pour rendre la paix plus solide dans les diocèses, les pays et les régions d’Afrique, à l’intérieur de la Commission Justice et Paix.

  3. Ces Conseils doivent avoir les moyens qu’il faut pour former les prêtres et les laïcs pour rendre la paix plus solide, parler avec les gens (dialogue) et les unir (efforts de médiation).

  4. Que les Commissions de Justice et Paix organisent au niveau des pays et de la région un groupe d’observation pour empêcher les conflits et leur trouver une solution.

  5. Que l’on mette en place des programmes de formation à tous les niveaux de l’enseignement (élémentaire, secondaire, supérieur et universitaire) pour une véritable formation à la culture de la paix.

  6. Que les formateurs dans les séminaires suivent des cours sur l’étude de la paix et comment trouver une solution au conflit (les oppositions violentes).

  7. Que l’on s’organise pour empêcher les conflits et les diriger quand ils sont arrivés. Qu’il y ait une organisation permanente du dialogue entre les ethnies pour une paix qui dure.

  8. Que l’on mette en place une semaine de prières pour la paix et la réconciliation en Afrique.

  9. Qu’il y ait une prière pour la paix et les élections.

Questions pour parler ensemble

  1. Que faisons-nous pour mettre la paix de Dieu dans nos cœurs et dans le cœur de nos frères et de nos sœurs ?

  2. Que faire pour mieux respecter les droits des personnes ?

  3. Que faire pour mieux respecter la création (la terre que Dieu nous a donnée) ?

  4. Que faisons-nous pour éduquer nos enfants et nos jeunes à la paix ?

  5. Que faisons-nous pour empêcher les bagarres violentes (le conflit entre nous) ?

  6. Que faisons-nous pour arrêter les conflits (les disputes et les oppositions de toutes sortes) ?

  7. Est-ce que nous essayons de parler en vérité avec les gens des autres ethnies et des autres religions ? Que faisons-nous pour cela ?

  8. Comment avons-nous fait la Neuvaine de prières à la Divine Miséricorde au moment des élections ?

  9. Est-ce que nous continuons à réciter la « Prière pour le pays » que nos évêques nous ont envoyée ?

Le Message final du 2ème Synode pour l’Afrique (n° 19) nous dit : « Nous devons continuer à lutter contre la pauvreté, car c’est la pauvreté qui nous arrête sur le chemin de la paix et de la réconciliation. En temps que chef de l’Eglise locale, l’Evêque a le devoir de rassembler tous les chrétiens ; il doit les amener à s’engager chacun à son niveau pour préparer, mettre en place et évaluer (juger) des méthodes et des programmes mis en place pour la réconciliation, la justice et la paix.

  • Que faisons-nous par rapport à cela dans notre diocèse, notre paroisse et notre CCB ?

Prière universelle – Chant final

L'évangélisation

Proposition 34 : Les Evêques du Synode affirment que l’évangélisation est nécessaire et qu’il faut la faire tout de suite. C’est non seulement le travail de l’Eglise, mais c’est sa véritable identité (ce qu’elle est en elle-même : évangélisatrice).

L’évangélisation c’est être témoin du Christ par la puissance de son Esprit. On évangélise d’abord par sa vie (l’exemple que l’on donne) avant d’évangéliser par sa parole. L’évangélisation demande d’être ouvert aux autres, de les respecter et de parler avec eux au sujet des valeurs de l’Evangile. C’est pourquoi le 2ème Synode pour l’Afrique demande à tous les membres de l’Eglise, famille de Dieu en Afrique, à être témoins de l’Evangile et à se mettre au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, en étant « sel de la terre » et « lumière du monde » (Matthieu, 5).

Questions pour réfléchir ensemble

  1. Quelles sont les valeurs de l’Evangile dont nous parle ce texte ?

  2. Comment mettre ces valeurs en pratique ?

  3. Quels exemples de vie avons-nous donnés à ceux qui ne sont pas chrétiens ? (Dire des choses précises et que l’on a vraiment faites)

  4. Comment être ouvert aux autres, les respecter et parler avec eux en s’accueillant mutuellement ?

  5. Comment être «sel de la terre» (de la terre et du pays, pas seulement de la communauté chrétienne) ?

  6. Comment être « lumière du monde » (du monde, et pas seulement de l’Eglise) ?

Le Message final du 2ème Synode explique au n° 23 : « Vous les catholiques africains qui travaillez dans la vie publique, le Synode vous réserve un message très important et très spécial : nous félicitons le courage de beaucoup d’entre vous qui n’ont pas peur des dangers et du manque de sécurité des politiques en Afrique. Vous vous donnez pour le service public de votre peuple pour faire grandir à la fois le bien de tous et le royaume de Dieu, un royaume de justice, d’amour et de paix…. L’Afrique a besoin de saints dans les plus hauts niveaux de la Politique. Des hommes politiques saints qui combattent la corruption et qui travaillent pour le bien du peuple. Des hommes politiques saints qui savent entraîner les autres hommes et les autres femmes de bonne volonté pour lutter ensemble contre les choses mauvaises qui font souffrir tout le pays. Le Synode a beaucoup recommandé que leurs Eglises locales augmentent leur apostolat, augmentent leur action pour accompagner dans la foi ceux qui travaillent au service de l’Etat. Il faut créer pour eux des aumôneries et des centres de réflexion pour pouvoir proposer la Lumière de l’Evangile aux députés et aux autres responsables du pays…. Le Synode demande aux politiciens catholiques qui se conduisent mal de changer de comportement ou sinon de laisser leur place, à la fois pour ne pas faire souffrir le peuple et pour ne pas donner une mauvaise réputation à l’Eglise ».

La CCB, famille des enfants de dieu

Proposition n° 35 : Le Synode redit qu’il soutient les CCB (Communauté Chrétienne de Base), ce sont elles qui construisent solidement l’Eglise famille de Dieu en Afrique. La base de la CCB c’est le partage de l’Evangile. Les chrétiens se réunissent en CCB pour célébrer le Seigneur présent dans leur vie et au milieu d’eux.0 Cela passe par la célébration de l’Eucharistie, la lecture de la Parole de Dieu et par le témoignage de la foi en servant nos frères dans l’Amour aux niveaux personnel et communautaire. Les CCB sont conduites par le prêtre, les responsables et les catéchistes. On y cherche à rendre sa foi plus profonde et à donner un témoignage chrétien. On y vit réellement et concrètement la parenté (la paternité, la maternité, la fraternité ouvertes à tous) en prenant soin les uns des autres. La CCB, famille de Dieu, dépasse les frontières du sang (la famille), de l’ethnie, de la tribu, et de la culture. A ce moment-là la CCB ouvre un chemin pour se réconcilier avec toute la famille humaine, mais sans laisser l’ethnie ou les cultures imposer leurs coutumes à la famille chrétienne.

Questions pour réfléchir ensemble

  1. Que faisons-nous réellement dans nos CCB ?

  2. Est-ce que nos CC B sont de vraies familles ?

  3. Faisons-nous des partages d’Evangile (écoute de la Parole de Dieu) à chaque réunion de CCB ?

  4. Comment notre CCB est témoin de la foi ?

  5. Comment notre CCB est-elle au service des hommes dans un vrai amour fraternel ?

  6. Comment résistons-nous aux sectes, aux coutumes païennes, à l’ethnocentrisme et aux mauvaises habitudes qui sont pratiqués autour de nous ?

Nous faisons maintenant une prière universelle (intentions libres) et nous terminons par un chant.


2ème synode pour l'Afrique et promotion de la famille

Introduction

En Octobre dernier a eu lieu le 2ème Synode pour l'Afrique. Il a été clôturé par un Message des Evêques africains et 96 propositions faites au Pape Benoît XVI. Celui-ci a permis que l'on fasse connaître immédiatement ces propositions, en attendant la publication d'un document à partir du travail de ce Synode. Il s'agit maintenant pour nous de mettre en œuvre ces propositions et ce Message en essayant de connaître ce qui a été dit et de le mettre en pratique. Voici quelques fiches de réflexion en ce qui concerne la famille (vous avez déjà reçu les fiches 1 à 5 sur Justice, Paix, Réconciliation, Evangélisation et CCB. Bon Travail !)

La famille

Proposition n° 38 : C'est Dieu qui a fait la famille. Elle est le sanctuaire de la vie. Elle est la cellule de base sur laquelle la Société et l'Eglise sont construites. Elle est le lieu pour apprendre, mettre en pratique le pardon, la paix, la réconciliation et l'entente. La famille est donc très importante. Mais la famille est attaquée par beaucoup de choses en ce moment : les avortements qui deviennent de plus en plus nombreux ; les mères et les naissances qui ne sont plus respectées : on a perdu leur valeur ; les idées sur le mariage et la famille sont devenues tordues ; les gens divorcent de plus en plus ; on ne respecte plus les lois de la morale. A cause de tout cela, la famille et la vie humaine ont besoin d'être protégées et défendues. C'est pourquoi les Pères du Synode invitent l'Eglise locale aux actions suivantes :

  1. faire connaître les enseignements du Vatican sur la famille,

  2. enseigner les vraies idées chrétiennes sur la famille dans la catéchèse,

  3. faire des programmes concrets et complets et développer la prière et l'écoute de la Parole de Dieu dans les familles,

  4. une formation pour les maris et les femmes pour faire grandir l'amour entre les mariés et être des parents responsables, comme l'Eglise l'enseigne.

  5. soutenir les parents dans leurs responsabilités de premiers éducateurs des enfants,

  6. suivre les couples (mari et femme) dans leur vie de foi (à travers des groupes de gens mariés)

  7. aider les mères à vivre leur engagement dans la prière, l'évangélisation, la charité et la vie de chaque jour,

  8. célébrer les fêtes de 25 ans et de 50 ans de mariage,

  9. trouver des couples modèles pour aider les jeunes couples (mari et femme),

  10. avoir des organisations pour conseiller les gens sur le mariage et la famille,

  11. faire une éducation et une formation au mariage et aux valeurs de la famille, par la radio, les journaux, et la télévision,

  12. créer des associations de familles au niveau du diocèse et du pays, et les soutenir au niveau de tout le continent.

Questions pour réfléchir ensemble

  1. Comment vivons-nous le pardon, la paix, la réconciliation et l'entente dans nos familles ? Que faisons-nous pour faire grandir ces qualités ?

  2. A notre avis, quels sont les dangers qui attaquent nos familles ? Que faire pour les protéger de ces dangers ?

  3. Qu'est-ce qu'on enseigne de la famille dans nos catéchèses ? Comment rendre meilleur cet enseignement.

  4. Est-ce que prions et lisons la Parole de Dieu dans nos familles. Comment faisons-nous ?

  5. Quelle préparation au mariage se fait dans nos paroisses ? Qui l'a fait ?

  6. Qu'est-ce qui se fait dans nos paroisses pour rendre meilleures nos familles ? Comment mieux faire ?

  7. Comment utiliser les journaux, la radio, la télévision pour soutenir et former les familles ?

  8. Quelles associations pour la famille y a-t-il en Guinée ? (Mouvements, Commissions, etc...).

Comment pourrions-nous mieux faire dans ce domaine ?

Voici ce que nos Evêques ont dit dans le Message final du 2ème Synode, au n° 24 : " Nous nous adressons maintenant à nos chères familles catholiques de l'Afrique. Nous vous remercions de rester fidèles, avec force, aux buts de la famille chrétienne et de conserver vivantes les plus belles qualités de notre famille africaine. Nous vous demandons de faire très attention aux idées mauvaises, venues d'ailleurs, et qui attaquent nos familles en se faisant appeler " la culture moderne ". Continuez à accueillir la naissance de vos enfants comme un cadeau de Dieu ; éduquez vos enfants pour qu'ils connaissent et aiment Dieu, qu'ils deviennent des acteurs de réconciliation, de justice et de paix. Nous savons que beaucoup de familles sont écrasées, beaucoup de parents ne peuvent bien s'occuper de leurs enfants à cause de la pauvreté : cela a des conséquences très mauvaises. Nous appelons les gouvernements et les autorités civiles à se rappeler que si les lois d'un pays cassent la famille, cela va tuer le pays. Beaucoup de familles demandent très peu de choses pour vivre et elles ont le droit de vivre".

En réunion, vous faites maintenant une prière universelle d'intentions, et vous terminez par un chant.

Les femmes

Proposition 47 : " Les femmes en Afrique apportent une grande participation à la famille, à la Société et à l'Eglise, par leurs nombreuses qualités et leurs possibilités ; mais leur valeur (leur dignité) et ce qu'elles apportent à la Société ne sont pas vraiment connus ni aimés. Plus, encore, leurs droits ne sont pas respectés ; dans certains pays d'Afrique il y a eu des progrès pour l'éducation et le développement des femmes. Pourtant, en général, le développement des filles et des femmes est loin derrière celui des garçons et des hommes. En général, les filles et les femmes sont traitées d'une manière injuste.

Les Pères du Synode condamnent tous les actes de violence et les méchancetés qui sont faites aux femmes, par exemple quand on frappe les femmes, quand les filles n'ont pas le droit à l'héritage de leurs parents, quand on fait souffrir les veuves à cause des coutumes, des mariages forcés, l'excision, la vente des femmes et beaucoup d'autres choses mauvaises, comme, par exemple, la prostitution (l'esclavage sexuel et le tourisme sexuel). Tous ces actes contre les femmes ne sont pas humains ; ils sont in justes, il faut les condamner.

Les Pères du Synode proposent :

  1. une formation humaine complète des filles et des femmes, pour l'école et pour le travail, aux niveaux moral, spirituel et de la théologie, etc...

  2. que l'on fasse des maisons d'accueil pour les filles et les femmes que l'on fait souffrir, pour qu'elles puissent être à l'abri et être suivies dans leurs problèmes ;

  3. que les Evêques des différents pays d'Afrique travaillent ensemble pour arrêter la vente des femmes

  4. que les femmes aient davantage leur place dans les organisations de l'Eglise et quand on décide les choses ;

  5. que l'on crée des Commissions au niveau des diocèses et du pays pour s'occuper des problèmes des femmes et les aider à mieux remplir leur mission dans l'Eglise et la Société.... ".

Questions pour réfléchir ensemble

  1. Quelle place on donne à la femme dans nos communautés chrétiennes et dans la vie du pays ? Qu'en pensons-nous ?

  2. Quelles sont les choses qui ne vont pas par rapport aux femmes dans le pays ?

  3. Comment former davantage les femmes et les jeunes filles à tous les niveaux ? Qu'avons-nous déjà fait pour cela ?

  4. Que faire pour les femmes et les jeunes filles qui sont frappées, renvoyées, écrasées ou utilisées sexuellement ?

  5. Dans notre CCB et dans notre paroisse, quelle place ont les femmes ? Est-ce qu'elles parlent autant que les hommes ? Est-ce qu'on les écoute ? Est-ce qu'elles participent aux discussions ? Que faire pour que tout cela avance ?

  6. Quel est le rôle de la femme dans l'Eglise ? Quel est son rôle dans la Société ? Que font les Fraternités des femmes catholiques pour mieux remplir ce rôle ?

Message final du Synode, n° 25 : " Le Synode a un mot spécial pour vous, chères femmes catholiques. Vous êtes la colonne vertébrale qui soutient notre Eglise locale. Dans beaucoup de pays, les organisations des femmes sont une grande force pour l'Eglise. Le 1er Synode pour l'Afrique a demandé : " Que les femmes soient bien formées pour pouvoir jouer leur rôle dans les activités de l'Eglise, selon leur valeur et leurs qualités " (EIA 121). Dans plusieurs pays on a fait des progrès en ce sens, mais il reste encore beaucoup à faire. Il faut reconnaître la participation des femmes dans l'Eglise et l'augmenter. Pas seulement dans leurs maisons, comme épouses et comme mères, mais aussi dans la Société. Le 2ème Synode demande aux Eglises locales d'aller plus loin que les déclarations générales du 1er Synode et de mettre en place de vraies organisations qui permettent aux femmes de vraiment participer au travail dans l'Eglise et aux différents niveaux. Le Vatican nous a donné un bon exemple quand il a nommé des femmes à des postes très élevés de l'Eglise. Partout en Afrique, on parle beaucoup des droits des femmes. Femmes catholiques, nous vous invitons à vous engager totalement dans les programmes de vos pays qui concernent les femmes, avec toute la force de votre foi ; cherchez des connaissances valables et formez-vous à la doctrine sociale de l'Eglise. Que Marie notre Mère, le siège de la Sagesse, vous aide dans cette action ".

Questions

  1. Quels sont les programmes de notre pays qui concernent les femmes ? Comment les femmes catholiques y sont-elles engagées ?

  2. Comment pourraient-elles mieux s'engager et agir davantage dans ces différentes choses ?

Vous faites maintenant une prière universelle d'intentions et vous terminez par un chant.

Les hommes catholiques

Le n° 26 du Message final du Synode dit : " Le Synode vous interroge également les hommes catholiques pour que vous jouiez votre rôle très important de pères responsables et de maris bons et fidèles, suivant l'exemple de St Joseph (Matthieu 2, 13-23). Prenez soin de vos familles, éduquez vos enfants, protégez la vie dès le début de la grossesse, organisez-vous en association et en groupe d'action catholique des hommes, rendez meilleure la qualité de votre vie chrétienne et de votre engagement dans l'Eglise. A ce moment-là, vous serez bien placés pour jouer votre rôle dans la Société d'une manière responsable et pour devenir des témoins qui agissent et qui font avancer la réconciliation, la justice et la paix en temps que " sel de la terre " et " lumière du monde ".

Questions pour parler ensemble

  1. Comment être un père de famille responsable ?

  2. Comment être un mari bon et fidèle ?

  3. Comment les pères peuvent-ils mieux éduquer leurs enfants ?

  4. En Guinée, il y a des Fraternités des femmes catholiques. Est-ce qu'il y a des Fraternités des hommes catholiques, ou d'autres associations ou groupes catholiques pour les hommes ? Pourquoi ? Que faire ?

  5. Quel est le rôle des hommes et maris chrétiens dans la Société ? Comment mieux remplir ce rôle ?

  6. Comment les hommes peuvent-ils être des témoins qui agissent et font avancer la réconciliation, la justice et la paix dans le pays ?

  7. Comment être " sel de la terre " et " lumière du monde " comme père de famille à la maison, dans le quartier, dans la communauté chrétienne, au travail et dans toute la Société ?

Voici ce que le Message dit également à propos des laÏcs, au n° 22 : " Ce synode s'adresse avec un grand amour aux fidèles laÏcs africains : " Vous êtes l'Eglise de Dieu dans les lieux publics de notre Société. Grâce à vous, les laÏcs mettent la vie et l'exemple de l'Eglise dans le monde ; vous participez au travail (à la mission) que Dieu a donné à son Eglise : être ambassadeur du Christ en travaillant pour la réconciliation entre Dieu et les hommes et des hommes entre eux. Pour cela, il faut laisser la foi chrétienne transformer toutes les différentes parties de votre vie : en famille, au travail, dans vos différents métiers, dans la politique et dans la vie publique... Pour cela nous voulons rappeler les conseils du 1er Synode sur l'importance des CCB. En plus de la prière, vous devez aussi très bien connaître votre foi chrétienne ; alors, dans les discussions vous pourrez " être prêts à expliquer votre foi à tous ceux qui vous demandent des raisons de l'Espérance qui est en vous " (1ère Pierre 3, 15 . Ceux qui ont une responsabilité dans la Société doivent avoir les connaissances nécessaires pour cela : la Bible, le catéchisme de l'Eglise catholique et la doctrine sociale de l'Eglise ".

Est-ce que les hommes chrétiens de chez nous sont vraiment formés dans la foi pour pouvoir tenir leurs responsabilités dans la Société, en temps que chrétiens ? Comment faire mieux ?

Vous faites une prière universelle d'intentions et vous terminez par un chant tous ensemble.

Les jeunes

Proposition 48 : " En Afrique aujourd'hui, la plus grande partie de la population, ce sont les jeunes. La jeunesse est un cadeau et un trésor de Dieu pour lequel l'Afrique lui dit merci. On doit aimer les jeunes, leur donner de la valeur et les respecter. Les jeunes sont la force et l'espérance de l'Eglise et de la Société. Mais dans beaucoup de pays, les jeunes rencontrent beaucoup de problèmes et de dangers. Les jeunes manquent de force parce qu'ils n'ont pas reçu une bonne formation ni une bonne éducation et aussi à cause du manque de travail (le chômage) parce qu'ils sont utilisés dans la politique, à cause de la drogue, etc... A cause de tout cela, beaucoup de jeunes se sentent insatisfaits et rejetés.

Les Pères du Synode se font beaucoup de soucis par rapport à la jeunesse et ils conseillent ceci :

  1. que l'Eglise locale cherche des moyens pour faire des écoles professionnelles (où on apprend un métier) et des lieux de formation humaine en travaillant avec d'autres organisations.

  2. que l'Eglise donne aux jeunes des conseils pour leur travail, pour se former aux entreprises et pour créer des emplois.

  3. que dans l'Eglise (après les sacrements) on continue à donner aux jeunes une formation sur las Bible et une bonne catéchèse pour qu'ils soient des vrais acteurs de réconciliation, de justice et de paix entre eux et qu'ils deviennent capables de réfléchir face à ce que les journaux, les radios et la télévision leur disent ".

Questions pour réfléchir ensemble.

  1. Est-ce que nous aimons vraiment les jeunes ? Est-ce que nous les respectons ? Est-ce que nous écoutons ce qu'ils ont à nous dire ? Est-ce que nous acceptons leurs conseils ?

  2. Quels sont les principaux problèmes des jeunes autour de nous ?

  3. Que fait notre paroisse et notre CCB pour trouver du travail aux jeunes, par exemple en lançant des petits projets (AGR : activités génératrices de revenus)

  4. Est-ce que, nous qui avons du travail, nous cherchons à conseiller les jeunes et, par exemple, à les prendre en stage avec nous pendant les vacances pour qu'ils puissent se former ? Ou pour prendre des apprentis pour leur enseigner le métier si nous avons un atelier ?

  5. Est-ce que les jeunes continuent la catéchèse (formation permanente) après le sacrement de confirmation ? Pourquoi ?

  6. Qu'est-ce qu'on dit dans les cours de catéchèse sur la réconciliation, la justice, la paix et la doctrine sociale de l'Eglise ?

  7. Comment aidons-nous les jeunes à réfléchir pour ne pas se laisser entraîner par tout ce qui se dit à la radio, dans les journaux et à la télévision ? Et pour qu'ils ne se laissent pas manipuler par les responsables politiques ?

  8. Que faisons-nous avec les jeunes par rapport aux problèmes de la drogue, des vols, de la violence et de la délinquance des jeunes ?

  9. Que font réellement nos commissions de la jeunesse dans nos paroisses et dans nos CCB. Font-elles quelque chose pour former les jeunes aux métiers et pour les aider à transformer la Société, en particulier le monde des jeunes au milieu duquel ils vivent ?

  10. Que faire pour les jeunes qui ont participé à la guerre et aux attaques violentes dans notre pays, pour les drogués, pour les enfants de la rue, pour les handicapés et pour tous les jeunes qui souffrent ?

  11. Dans notre pays, on pense à faire des collèges, des lycées et même des universités. Mais que fait-on pour les jeunes analphabètes ou ceux qui se sont arrêtés après l'école primaire, par exemple pour leur enseigner un métier ? Pour que tous les jeunes puissent préparer leur avenir.

Le Message final du 2ème Synode pour l'Afrique parle ainsi aux jeunes (n° 27) : " Nous nous adressons à vous, nos fils et nos filles les jeunes de nos communautés. Vous n'êtes pas seulement l'avenir de l'Eglise, vous êtes déjà là, nombreux avec nous. Dans plusieurs pays d'Afrique, plus de 60 % de la population a moins de 25 ans ; c'est à peu près la même chose dans l'Eglise. Vous devez donc être les premiers en avant pour changer en bien la Société et pour être des outils de la paix. Nous, les Evêques, nous sentons qu'il est nécessaire de faire très attention à vous les jeunes ; on ne s'occupe pas beaucoup de vous ; on vous laisse de côté et beaucoup de théorie (idéologie) et de sectes vous cherchent ; souvent on vient vous chercher et on vous utilise pour des actions violentes. Nous demandons fortement à toutes les Eglises locales de vous donner une première place dans leurs activités ".

Nous faisons maintenant une prière universelles intentions libres et nous terminons par un chant.

Les enfants

Proposition 49 : " Les enfants sont un cadeau de Dieu aux hommes. La famille doit faire très attention à eux et aussi l'Eglise, la Société et les gouvernements. Les enfants apportent une vie nouvelle ; ils sont des apôtres au milieu des autres enfants ; ils sont l'espérance de leur famille, de la société et de l'Eglise

Malheureusement il y a beaucoup d'enfants qui sont traités d'une manière très mauvaise. Ce sont, en particulier, les enfants tués par les avortements, les enfants sans parents (orphelins), les albinos, les enfants de la rue, les enfants abandonnés, les enfants soldats, les enfants prisonniers, les enfants travailleurs, les enfants handicapés dans leur corps ou dans leur esprit, les enfants qu'on traite de sorciers, les enfants vendus pour les plaisirs sexuels, les enfants qui souffrent dans leur cœur et ne reçoivent aucune éducation chrétienne et n'ont pas d'espoir dans la famille, etc... ".

Les Pères du Synode demandent aux Eglises locales de mettre en place une pastorale des enfants (des actions avec les enfants). Et de faire spécialement attention à ces enfants qui sont très faibles. Que dans les écoles catholiques on leur enseigne la Parole de Dieu. Qu'ils reçoivent un soutien psychologique, qu'on les forme pour la justice et la paix, à tenir un petit commerce pour devenir des personnes bonnes et en bonne santé, de la Société.

La proposition 49 parle spécialement des enfants handicapés.

Questions pour réfléchir ensemble

  1. Dans nos familles, est-ce que nous donnons leur place aux enfants. Est-ce qu'ils ont le droit à la parole, est-ce qu'ils sont écoutés ?

  2. Comment éduquons-nous nos enfants pour les préparer à l'avenir ?

  3. Dans notre Eglise, quelle place donnons-nous aux enfants ? Quelle activité leur proposons-nous ? Quelle responsabilité leur donnons-nous ?

  4. Comment les enfants participent-ils à l'évangélisation et sont-ils les apôtres des autres enfants ?

  5. Dans nos pays, comment les enfants sont-ils respectés ? Qu'est ce que l'Etat devrait faire encore pour les enfants ? Qu'allons-nous pour que cela se fasse ?

  6. Quels sont les enfants en difficulté dans notre société ? Que fait-on pour eux ? Que faire encore ?

  7. Comment nos enfants sont-ils éduqués dans nos écoles catholiques ; est-ce qu'on éduque ces enfants à la justice et à la paix ? Est-ce que les enfants les plus faibles sont soutenus ? Est-ce qu'on les prépare à trouver un métier ? Comment nous, les parents d'élèves, nous pouvons aider à tout cela ?

  8. Comment les enfants sont-ils éduqués dans les autres écoles ? Que faire pour rendre meilleur l'enseignement dans notre pays ?

Le Message final du 2ème Synode explique (n° 28) : " Jésus a dit " Laissez venir à moi les enfants.

Car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemble " (Matthieu 17, 14). Chers enfants, le Synode ne vous a pas oubliés. Nous faisons attention à vous et nous vous soutenons. Nous savons que votre courage et vos possibilités peuvent faire de vous des enfants qui travaillent avec force pour l'évangélisation, spécialement au milieu de vos camarades. Nous vous donnerons la place nécessaire, les moyens et le soutien pour organiser vos actions d'enfants chrétiens (l'apostolat... ").

Vous faites maintenant une prière universelle (intentions libres) et vous terminez par un chant.

Comment continuer notre réflexion ?

Nous pouvons continuer notre réflexion en abordant par exemple les points suivants :

  1. La place de la famille dans la société : Que faire pour que les familles soient mieux acceptées et mieux soutenues, spécialement les familles pauvres ?

Dans nos propres familles :

  1. notre vie conjugale (entre mari et femme) : utilisation de l'argent, le travail de chacun et l'aide mutuelle, les sorties, le partage des idées, les choses à décider ensemble, l'amour mutuel, notre vie sexuelle de couple, la régulation des naissances, notre vie de prières, etc....

  2. l'éducation de nos enfants :
    1. Que voulons-nous faire de nos enfants (quel type d'homme et de femme) ; quels conseils leur donner ; comment respecter leur liberté ? - 2. L'école. - 3. Le travail. - 4. Les camarades. - 5. Les sorties et loisirs. - 6. L'argent. - 7. L'éducation sexuelle et la préparation au mariage. - 8. L'éducation morale. - 9. L'éducation chrétienne.

  3. notre mariage, alliance entre deux familles : nos relations avec les " beaux-parents ".

  4. l'engagement de notre couple et de notre famille : 1. dans le quartier. - 2. dans la CCB et la paroisse. - 3. dans les associations laÏques : syndicats... - .4. au niveau du pays,

Bonne continuation !




Rencontre avec le cardinal Théodore-Adrien Sarr

N.B. Ceci n’est pas un texte officiel, mais des simples notes prises au cours d’une rencontre des responsables spiritains d’Afrique et des Iles, à Dakar en août 2011.

Introduction

Merci d’être venu nous rencontrer ! Présentation des participants. Présentation du cardinal.

Intervention du cardinal

J’ai participé aux 2 synodes pour l’Afrique. Je participe 2 fois par an aux rencontres du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et Madagascar (Sceam). Notre préoccupation, c’est que nous tous, chrétiens en Afrique, nous nous engagions dans un chemin de conversion évangélique, en particulier les religieux que vous êtes. Car même dans la vie des prêtres et des religieux, il y a des manques de conversion évidents et très graves. De même, le comportement de certains leaders politiques chrétiens laisse beaucoup à désirer. Et quand il y a des crises sociales graves, comme le génocide au Rwanda ou les problèmes de Côte d’Ivoire, les laïcs chrétiens n’arrivent pas à s’inspirer de l’Evangile pour résoudre ces problèmes.

Le 2° synode pour l’Afrique a affirmé que, si la conversion n’est pas d’abord vécue dans l’Eglise, celle-ci ne pourra pas être au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Ce 2° synode nous exhorte à nous convertir à l’Evangile, à la fois pour évangéliser et pour aider nos sociétés africaines à mieux vivre la réconciliation, la justice et la paix. Les pères du Synode ont relevé la soif de Dieu des peuples d’Afrique. Il faut donc que les baptisés d’Afrique approfondissent leur foi pour répondre à cette soif. Pour évangéliser les autres, l’Eglise doit commencer par s’évangéliser elle-même. Par exemple, les n°s 49 à 52 de l’Exhortation « L’Eglise en Afrique » parlent des problèmes du mariage et des vocations, des difficultés socio-politiques et des médias avec leurs conséquences. Les n°s 53-54 expliquent que pour répondre à ces défis, il faut une formation des agents de l’Evangélisation. Les questions sociales sont très importantes. Pour être au service de la réconciliation, de la justice et de la paix dans leur société, les chrétiens doivent d’abord vivre ces valeurs eux-mêmes, à l’intérieur de l’Eglise. Dans les débats, au Synode, nous avons essayé de voir comment est vécue la réconciliation dans nos cultures africaines Si nous vivons ces valeurs, nous pourrons être des agents de réconciliation dans nos sociétés. De même, le Christ est venu nous apporter une certaine conception de la justice qu’il nous faut accueillir, pour pouvoir la vivre dans notre société. Par exemple, nous connaissons les méfaits de la corruption dans la gouvernance de nos pays, et qui bloque beaucoup de choses. Mais comment lutter contre la corruption dans nos pays, si elle existe dans notre propre Eglise ? Or nous la voyons. De même pour la paix. Le Christ ne nous la donne pas, comme le monde la donne. L’Eglise peut rendre un très grand service à l’Afrique, en lui apportant la réconciliation, la justice et la paix. En tant que responsables religieux, vous devez faire attention, spécialement aux cas des religieux.

Au 1° synode pour l’Afrique, nous avons dit que les communautés religieuses internationales qui vivent authentiquement la fraternité que Jésus nous a apportée, au-delà des différences de cultures, portent un très grand témoignage, qui montre à tous les hommes la possibilité de se réconcilier, par Jésus Christ. La pratique des 3 vœux évangéliques doit témoigner de ce qu’est cette conversion profonde, à partir de l’Evangile. Nous avons tous la tentation de mettre l’accent sur les activités. Mais notre témoignage de vie est très important. Nous prêchons les vérités de la foi. Mais est-ce que nous les vivons ? Par exemple, dans nos différentes activités de formation et d’éducation. Et aussi, à travers les projets et l’animation des groupements, pour que les gens travaillent mieux à la justice dans les actions de développement. Nous pouvons beaucoup aider aux changements de mentalité et de comportement, dans nos pays. Nous prêtres, nous religieux, nous pouvons beaucoup apporter, pour que les Eglises d’Afrique soient vraiment au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, grâce à nos différentes activités. Mais n’oublions jamais le témoignage que nous avons à donner, pour que nos paroles soient mieux entendues. Il faut nous convertir en profondeur, pour que la réconciliation, la justice et la paix grandissent en Afrique. Nous, responsables religieux comme évêques, devons prendre le chemin de l’engagement chrétien.

Echange

  • - « On parle beaucoup de corruption. Que pouvons-nous faire ? »

  • Réponse : D’abord aider les gens à voir que la corruption existe vraiment. Les aider à comprendre les conséquences de cette corruption sur la vie de nos pays. Faisons descendre cette prise de conscience au niveau des gens simples, à la base. Aidons nos chrétiens à ne pas céder aux tentations de corruption, et à ne pas trouver normal aujourd’hui, des choses qui ne se faisaient pas autrefois, et à ne pas épouser les façons de faire de ceux qui les entourent. A ce moment-là, ils pourront sensibiliser les autres aux conséquences mauvaises de cette pratique sur la vie de nos sociétés. Revenons à la base avec les commissions de Justice et Paix, pour toucher le maximum de personnes, pour avoir des « masses critiques » qui réagissent contre ce phénomène. Sinon on en restera aux paroles de condamnation, et les gens ne changeront pas de comportement

  • « Est-ce que vous n’avez pas eu de déceptions, du côté des religieux ? »

  • Réponse : Oui. On a dû suspendre des évêques et des prêtres en Afrique. Mais aussi des religieux et des religieuses. C’est à nous tous de nous engager sur le chemin de la conversion. En Afrique de l’Ouest, nous avons précisé que c’est nous tous, qui devons nous engager.

  • Par rapport à la corruption, il serait important de demander aux gouvernements de payer normalement les fonctionnaires. Pour assurer des salaires justes, qui permettent de vivre (Nous avons donné un exemple de cette situation)

  • « La formation à Justice et Paix dans les grands séminaires. On forme les séminaristes selon les programmes du Vatican, sans les préparer suffisamment aux problèmes qu’ils vont trouver sur le terrain »

  • Réponse Pour la formation des séminaristes, on voudrait qu’ils apprennent tout au séminaire. Or les programmes sont déjà trop chargés. On ne peut pas tout enseigner, et il ne faut surtout pas oublier la formation permanente. C’est important de donner aux séminaristes les 1° éléments de base, en particulier sur Justice et Paix et le dialogue inter religieux. Mais pour une formation concrète et en profondeur, cela doit se faire surtout au cours de la formation permanente. Pour cela, il nous faut proposer un module de formation chaque année, pour une mise à jour effective des agents pastoraux engagés sur le terrain, pour bien évangéliser. Et pour réfléchir aux questions nouvelles qui se posent.

Merci au cardinal d’être venu partager notre travail et de nous avoir apporté ses réflexions.


Synode sur la famille

Tout au long de cette année, j’ai été appelé pour animer des rencontres sur le synode de la famille. Voici un résumé de nos réflexions. Et  d’abord le plan ;

  • La situation

  • Les conséquences de la pauvreté

  • Les efforts du gouvernement

  • Une rencontre de doyenne

  • Comment bâtir une famille africaine moderne ?

  • Réflexion avec plusieurs groupes de jeunes

  • Les bases de nos familles

  • Chacun a sa place dans la famille

  • Formation des catéchistes : L’Eglise domestique

  • Réflexions sur le message final (1ère session du Synode)

  • L’éducation sexuelle et Les fiançailles

  • Les difficultés des familles

  • La sexualité dans le couple

  • Vivre son mariage et son amour dans la foi

  • Mieux comprendre le sacrement du mariage

  • Les réponses au synode sur la famille

  • Jésus a douze ans dans le temple (Luc 2,41-52)

La situation

Pour voir comment mettre en pratique le message final de la première session de ce synode (voir plus bas), il est important de voir la situation réelle de la famille, pour vivre ce Synode selon nos réalités sénégalaises. Voici ce qu’un groupe a répondu à ce sujet :

  1. Le premier problème, c’est le problème de la pauvreté, et de la dépense quotidienne. Cela devient de plus en plus difficile de nourrir nos enfants, et de faire vivre nos familles. En particulier à cause du chômage, non seulement des jeunes, mais aussi des parents. Beaucoup de familles n’ont pas de quoi vivre. Quand le chef de famille est au chômage, il est découragé, et ses enfants ne le respectent plus. Les mamans sont vraiment très courageuses, par exemple pour aller vendre au marché, afin de gagner la nourriture de leurs enfants, et de leur payer l’école. Mais cela ne suffit pas.

  2. Le deuxième problème c’est celui de l’entente dans la famille : entre mari et femme, entre parents et enfants, avec les beaux parents et les deux familles en général. Il y a des difficultés à se comprendre, des différences de caractère et d’éducation: on n’arrive pas à accepter ces différences. Cela entraîne des disputes. Et cela va parfois jusqu’à la violence et les coups, les relations sexuelles imposées, et même l’inceste. Le chef de famille impose sa volonté, sans écouter les autres membres de la famille. Les filles sont commandées par les garçons, et traitées en inférieures. On trouve des petits frères, des neveux et des cousins qui viennent s’installer à la maison : ils se font nourrir sans rien faire, et ils se conduisent comme des profiteurs et des parasites. Et souvent les beaux-parents interviennent dans la vie du couple.

  3. Le troisième problème c’est : comment vivre les valeurs traditionnelles de la famille, dans le monde d’aujourd’hui. Et comment protéger nos enfants, face aux attaques de la société moderne contre la famille, qui arrivent jusqu’à nous, par la télévision et les autres médias.

  4. Comment éduquer nos enfants dans le monde d’aujourd’hui ? Et en particulier, comment leur assurer une véritable éducation sexuelle, qui les prépare à bâtir des familles heureuses. Les parents, surtout ceux qui n’ont pas été à l’école, se pensent impuissants pour l’éducation de leurs enfants. Quand les parents parlent à leurs enfants dans leur langue, ceux-ci leur répondent en français. Et ils sont éduqués surtout par leurs camarades, la rue et les medias.

  5. Il y a aussi l’influence de l’islam qui donne une place inférieure à la femme, et autorise la polygamie et le divorce.

  6. Il faudra réfléchir aussi sérieusement au problème des veuves et des orphelins, de l’héritage, et de la dot.

  7. La famille sénégalaise est aussi beaucoup attaquée de l’extérieur. Un certain nombre de gouvernements occidentaux conditionnent leur aide, à la mise en place de la contraception, que l’on veut imposer par tous les moyens : La contraception (contre la conception), et non pas une saine régulation des naissances. De même, on prône la santé reproductive des jeunes, au lieu de mettre en place une véritable éducation sexuelle, et une bonne préparation au mariage. Car les jeunes n’ont pas à se reproduire, mais à apprendre à découvrir et maîtriser leur sexualité. Distribuer des condoms, ce n’est pas une éducation. A l’école, on se limite la plupart du temps à une simple information, sans éducation réelle. Il ne suffit pas d’expliquer aux élèves, comment fonctionnent les appareils génitaux. Il faut apprendre à bien s’en servir ! Certains pays étrangers voudraient également nous faire reconnaître le mariage des homosexuels, et même l’adoption des enfants par des homosexuels. De même, il y a de fortes pressions pour légaliser l’avortement, en le justifiant par les cas d’abus sexuels, de viols et d’incestes. Effectivement, ces violences existent dans le pays, et on commence à en parler maintenant ouvertement. Mais il faut lutter contre elles, et non pas autoriser l’avortement. Il faut attaquer les causes, et non pas les conséquences (Vous pouvez me demander des documents sur ces questions).

Les conséquences de la pauvreté

La pauvreté cause une prostitution larvée, l’agressivité et l’insécurité dans nos quartiers. Les jeunes au chômage se tournent vers la lutte sportive ou la drogue, que ce soit pour avoir de l’argent, ou pour oublier leurs problèmes. La drogue est arrivée jusque dans nos collèges, et on utilise des enfants pour la vendre.

La pauvreté pousse aussi les gens à se tourner vers les charlatans et les marabouts, à faire des sacrifices aux esprits et aux génies, à chercher les protections et les bénédictions, et même à se tourner vers la sorcellerie.

Les inégalités sociales augmentent. Le PIB du pays augmente, le pays devient de plus en plus riche, mais le nombre de pauvres augmente également. Ce qui veut dire que l’argent du pays est récupéré par une classe sociale, qui s’enrichit sur le dos des plus pauvres.

Parmi les chrétiens de milieu aisé et ayant davantage de moyens, beaucoup sont charitables. Mais cette charité se limite trop souvent à l’aumône et aux dons, donc à des aides personnelles, en particulier pendant le carême. Mais ils ne sont pas prêts à réfléchir aux causes de la pauvreté, et à voir d’où vient leur argent. Ni à changer les structures du pays, pour permettre à chacun de vivre d’une manière digne. C’est tout le problème de nos cadres chrétiens, qui s’engagent dans l’Eglise, les chorales, etc…qui donnent de l’argent à la paroisse, mais qui ne s’engagent pas pour transformer la société.

Il y a de grands problèmes de pauvreté, et en même temps de dépenses excessives, qui causent beaucoup de difficultés aux gens. En particulier chez les chrétiens, au moment des baptêmes, des premières communions, des mariages, et déjà des fiançailles. Et surtout au moment des enterrements. L’argent a pris une place énorme, dans la vie de la paroisse, et les activités des différents groupes : Khaware, ngel, yeendöö, concerts…Et cet argent est ensuite utilisé pour des repas, des sorties et des fêtes, parfois pour les besoins du groupe et de la paroisse, mais pas pour les pauvres, ni pour le développement du pays. Nous sommes pourtant citoyens comme les autres.

Le gouvernement actuel a mis en place un certain nombre de mesures, pour lutter contre cette pauvreté. Par exemple les bourses familiales distribuées aux familles les plus nécessiteuses. Mais on peut se poser des questions sur le choix de ces familles, et sur les tensions, jalousies et disputes que cela entraîne. Surtout, au lieu de distribuer de l’argent qui va être consommé rapidement, ne vaudrait-il pas mieux donner aux gens une formation, et des moyens de travailler par eux-mêmes, en lançant un certain nombre de petits projets économiques, genre GIE ou AGR ?

Il y a de grandes déclarations, des séminaires qui coûtent très cher et qui souvent ne s’adressent pas aux intéressés eux-mêmes, et des financements annoncés pas toujours actualisés, pour des projets et des soutiens, en particulier aux femmes et aux jeunes. Mais on ne voit pas toujours les réalisations concrètes, et parfois on ne sait pas où passe cet argent.

La mendicité a été interdite dans le pays, depuis dix années. Mais elle continue à exister. De même, il y a deux ans, suite à la mort de neuf enfants talibés brûlés à la Medina, il y avait eu toute une réaction contre les conditions de vie des talibés. Mais rien n’a vraiment changé jusqu’à maintenant. Car des maîtres coraniques, qui s’enrichissent sur le dos de leurs talibés, et même des chefs religieux, s’opposent à une gestion claire des daaras.

On a déclaré la gratuité des césariennes, et des soins pour les enfants de moins de cinq ans. Souvent cela n’est pas appliqué : si les gens ne payent pas, ils ne sont pas soignés. De même le gouvernement a lancé la CMU (Couverture Médicale Universelle). Mais sa mise en place pose beaucoup de problèmes : elle n’est pas effective.

Que faire ? Tout cela nous montre qu’il y a des problèmes graves, et des essais de réponses. Mais ces réponses sont souvent inadaptées. Il faudrait attaquer les causes de la pauvreté, aussi bien que celles des déviations sexuelles, et non pas s’attaquer simplement aux conséquences. C’est un problème général, auquel la Commission Justice et Paix doit réfléchir sérieusement. On ne peut pas se contenter des dons de la Caritas.

Une rencontre de doyenne

Ces questions ont été abordées à la rencontre du doyenné de Grand Dakar, le lundi 2 mars. Après la présentation du message des évêques et du rapport final du Synode qui sert de Lineamenta, avec les 46 questions proposées, voici un certain nombre de réactions dans le débat.

  • La trop grande importance des fêtes, et les dépenses excessives à ces moments-là.

  • Il n’y a pas de suivi des couples après le mariage, sauf quelques petites actions avec les communautés Emmanuel et Jeune Espérance et les équipes Notre Dame, mais qui sont absolument insuffisantes. Et qui s’adressent à des couples aisés, ayant des moyens financiers importants.

  • Il faudrait davantage impliquer les CEB (communautés chrétiennes de quartier). Mais d’abord que ces CEB soient une vraie famille, engagée dans le quartier, et pas seulement un groupe de prières.

  • En plus de la pauvreté, il y a la promiscuité dans les maisons, ce qui ne permet pas une vie digne et respectueuse.

  • Il est important d’assurer une éducation sexuelle des enfants. Soutenir et défendre en particulier les jeunes filles de milieux pauvres, qui se laissent facilement entraîner, pour de l’argent dont elles ont besoin.

  • Lutter contre l’exploitation des employées de maison.

  • Au sujet de la condamnation des personnes qui utilisent ou vendent de la drogue, il serait nécessaire de distinguer entre le yamba (chanvre indien, marijuana) et les drogues dures.

  • A côté de la pauvreté matérielle, il y a aussi la pauvreté spirituelle. On fait beaucoup d’enfants, mais comment les éduque-t-on ?

  • Insister sur le fait que le mariage est un engagement, et préparer à cet engagement.

  • Tout ne vient pas de la pauvreté. Il y a des pauvres qui savent garder leur dignité, et vivre sérieusement.

  • Il faudrait réfléchir aussi aux dépenses effectuées au niveau du pays. Par exemple, les dépenses en armement qui sont très importantes, au détriment des dépenses sociales et pour le développement.

  • Il faudrait apprendre aux familles à mieux utiliser leur argent.

  • Les commissions Justice et Paix devraient apporter des moyens d’action par rapport à tous ces problèmes, mais elles sont pratiquement inexistantes.

  • Il faudrait, non seulement une réflexion, mais une action efficace par rapport aux medias, et leur influence sur les enfants.

  • Assurer une meilleure formation des séminaristes et des prêtres, mais aussi des laïcs, par rapport à tous ces problèmes de la famille.

  • Il y a le danger de la colonisation culturelle par l’Occident. Comment réagir face à cela ?

  • Surtout, il ne suffit pas de chercher des solutions pastorales, il faut à tout prix que l’Eglise, les CEB et les commissions, et les chrétiens en tant que citoyens, s’engagent pour trouver des solutions aux problèmes des familles, au niveau de l’Etat et de la société. Mais notre Eglise et nos chrétiens sont-ils vraiment engagés dans la société ? Se sentent-ils vraiment concernés, par les problèmes réels et concrets des gens ? Est-ce qu’on ne se contente pas trop facilement de prières, de neuvaines et de pèlerinages ?

En conclusion, on a parlé de l’importance de la Miséricorde par rapport à la loi, à la suite de Jésus (voir la femme adultère, la pécheresse, la samaritaine, Zachée, les publicains, l’enfant prodigue, la brebis perdue, etc.). Il faudrait mettre davantage en valeur le dimanche de la Miséricorde (2ème après Pâques) : pas simplement comme une occasion de réciter des prières, mais comme un engagement dans la société, pour une vraie miséricorde envers les plus nécessiteux, mais aussi les plus faibles, et ceux qui sont tombés dans le péché et les esclavages de toutes sortes.

Conclusion : ce qui est revenu dans cette réflexion le plus souvent, c’est la gravité de la pauvreté, et ses conséquences sur la famille. Mais aussi le manque d’engagement dans la société des chrétiens, des communautés, des mouvements et de l’Eglise en tant que telle. Des actions spéciales sont urgentes, en particulier dans les médias, dans l’accompagnement des nouveaux mariés, l’éducation sexuelle des jeunes et aussi l’éducation et la formation des parents (une école des parents).

Comment bâtir une famille africaine moderne ?

Un autre problème, c’est de savoir comment vivre nos valeurs traditionnelles dans le monde actuel. Sinon elles vont disparaître. Et comment réagir contre une civilisation moderne, marquée par la course à l’argent, l’individualisme, le mépris et le rejet des plus faibles. Car tout cela va directement contre la charité et la gratuité, enseignées par l’Evangile.

Nous n’avons aucun modèle devant nous. C’est à nous de chercher et d’être inventifs : chercher comment vivre nos valeurs traditionnelles, dans le monde actuel. Et savoir quelles choses accueillir, dans celles qui nous arrivent des autres cultures. Par exemple, on ne peut plus vivre, comme autrefois au village, où on avait une grande cour, pour accueillir tout le monde. Mais même si nous habitons dans un petit appartement au 3° étage, il est important que nous gardions la dimension communautaire de la famille. Et que nous luttions contre l’individualisme du monde moderne. Et aussi, contre la recherche de l’argent à tout prix, la perte du sens du partage et de la gratuité, la recherche du plaisir. Et surtout l’individualisme qui font que les pauvres, les handicapés, tous ceux qui ont des problèmes, ils ne sont plus respectés.

Nous respectons nos amis musulmans, nous cherchons à vivre ensemble. Mais il est essentiel en même temps, que nous gardions nos valeurs chrétiennes. Nous ne pouvons pas vivre le mariage et la vie de famille, comme les musulmans. Nous voulons nous aimer, comme Dieu nous aime. Pour le mari, avoir une seule femme parce que Dieu nous aime totalement. Nous n’acceptons pas le divorce, parce que Dieu nous aime pour toujours. Et quand il y a un problème, nous cherchons à nous pardonner et à nous entendre, comme Dieu nous pardonne. Nous veillons à donner à la femme toute sa place, et sa responsabilité dans la famille. Comme Marie a agi avec égalité et ensemble, avec Joseph (Luc 2,48).

Il est donc nécessaire de mener une réflexion sur nos coutumes, en particulier ce qui touche le mariage. Et d’assurer un lien et une progression entre les trois mariages, pour qu’il n’y en ait en fait qu’un seul : depuis le mariage traditionnel jusqu’au sacrement, en passant par le mariage civil. Il nous faut réfléchir aussi aux conditions de vie des veuves et des orphelins, à la dot, aux violences faites aux femmes, à l’inceste, etc. Sans oublier les problèmes des sectes, qui souvent attirent des couples en difficulté. Et le maraboutage et la sorcellerie dans la famille, quand il y a des problèmes, des maladies, le chômage et la pauvreté.

Nos familles ont besoin de soutien spirituel, pour prier ensemble. Et vivre leur foi d’une manière ouverte aux autres, et engagée dans le quartier. Nos familles sont souvent trop fermées sur elles-mêmes. Elles ne sont pas suffisamment évangélisatrices.

Réflexions avec plusieurs groupes de jeunes

Les bases de nos familles

Nous chrétiens, nous avons de la chance, parce que nous pouvons construire notre vie de famille sur trois pierres, comme un bon foyer traditionnel. La première pierre bien sûr, c’est la Trinité. Dieu est Amour, Dieu est Famille : Père Fils et Saint Esprit. Il nous permet de nous aimer comme Lui. Et de nous donner totalement l’un à l’autre, mari et femme, parents et enfants, entre nos deux familles, et avec tous ceux qui entourent.

Nous avons aussi l’exemple de la Sainte Famille de Nazareth. Mais en nous rappelant que cette famille était une famille élargie. Nous vivons donc l’amour de Dieu le mieux possible entre mari et femme, et entre parents et enfants. Mais sans oublier nos deux grandes familles, qui ont fait alliance au moment de notre mariage. Marie Joseph et Jésus ne vivaient pas seulement entre eux trois. Dès que Marie entend que sa cousine Elisabeth est enceinte, elle va la retrouver et l’aider. Quand Jésus commence son travail de Sauveur, ses frères viennent Le chercher. Et à chaque fois que Jésus a du temps, Il retourne dans son village à Nazareth. D’ailleurs les gens le disent bien : « Est-ce qu’Il n’est pas le fils de Marie ? Est-ce que ses frères (ses cousins) ne sont pas parmi nous : Jacques, Jean, José, Jude et Simon ? Est-ce que ses sœurs (ses cousines) ne vivent pas aussi au milieu de nous ? ». Et la sœur de Marie était à côté d’elle, au pied de la croix. C’est un appel à vivre en lien avec nos parents et nos amis. Déjà, quand Marie et Joseph repartent de Jérusalem, ils pensent que Jésus est avec leurs parents et amis (Luc 2,44).

Enfin, pour nous aider à réussir notre vie de famille, nous avons l’Eglise, la Famille de Dieu. Concrètement la famille de Dieu dans notre quartier, c’est la CEB. C’est pour cela qu’il est si important, de participer à nos réunions de communauté. Ce n’est pas pour rien que les évêques d’Afrique ont défini l’Eglise comme la famille de Dieu.

Il n’y a aucune famille parfaite. Nous acceptons donc notre famille telle qu’elle est. Mais en cherchant à la faire grandir et à la rendre meilleure, pour que tous soient plus heureux. Toutes les familles rencontrent des difficultés. Jésus Lui-même a beaucoup souffert, dans sa vie de famille. Joseph n’a pas trouvé de place à Bethléem, pour que Marie accouche en paix. Et Siméon dit à Marie, que son cœur va être transpercé par un couteau. Ils doivent s’enfuir en pleine nuit dans un pays étranger, parce que le roi Hérode veut tuer Jésus. Et ses frères diront qu’Il est fou : ils veulent l’empêcher de continuer sa mission, et le forcer à rentrer au village. Nathanael dit : » qu’est-ce qui peut sortir de bon de Nazareth ? » (Jean 1,4). Les gens de Nazareth refusent de croire en Jésus. Ils veulent même le tuer. (Luc 4,29). Ne nous décourageons donc pas, si notre vie de famille estmettre en comlère difficile

La famille est très importante. C’est dans la famille que l’on est pris en charge, nourri, logé, soigné et surtout éduqué, soutenu et encouragé. C’est dans la famille que l’on apprend à aimer, entre parents et enfants, entre frère et sœur, pour pouvoir aimer les autres. Que faire pour rendre notre famille meilleure ?

Chacun a sa place dans la famille. Chacun doit donc réfléchir sérieusement à ses responsabilités. Le chef de famille ne doit pas se conduire comme un chef, mais se mettre au service de toute sa famille, comme Jésus s’est mis au service des hommes. Et comme il a lavé les pieds de ses apôtres.

Le père et la mère n’ont pas un rôle spécial, comme on le dit parfois : le père punit, et la mère console. En fait, chacun doit faire les deux, et ils doivent le faire ensemble. C’est pour cela qu’il est si important que le père et la mère se parlent, et qu’ils voient ensemble comment éduquer leurs enfants. C’est pour cela aussi que l’homme, même s’il est le chef de famille, doit laisser la place qui lui revient à sa femme. Et que la mère doit prendre ses responsabilités dans la famille. Quand Jésus est resté au temple à Jérusalem, c’est Marie qui lui a demandé pourquoi il a fait cela, et non Joseph. Mais elle a dit : »ton père et moi, nous te cherchons » (Luc 2,48). Bien sûr, chacun joue son rôle à sa manière, et avec ses qualités personnelles.

Mais bien sûr pour cela, il faut d’abord qu’ils s’entendent. Et qu’ils prennent le temps de parler ensemble. Des enfants pleurent en disant : » papa et maman ne s’entendent pas. Ils se disputent devant tout le monde. Et nous, on a honte ». Paul disait : »Femmes, respectez vos maris…Maris, aimez vos femmes. Ne leur montrez pas un mauvais caractère » (Col 3,18-19). On peut relire tout ce chapitre 3, pour voir comment s’entendre, et s’aimer dans la famille.

Le plus important, c’est que les parents aiment vraiment leurs enfants, de tout leur cœur. Saint Paul les avertit : « Parents, ne fatiguez pas vos enfants, pour qu’ils ne se découragent pas » (Col 3,21).

Les parents doivent donc respecter leurs enfants. Ils ne doivent pas les obliger, à faire ce qu’ils ont décidé pour eux. Mais au contraire aider leurs enfants à répondre aux appels de Dieu (leur vocation), d’après les qualités que Dieu leur a données. Car nos enfants viennent de Dieu. Nous ne devons pas chercher à profiter d’eux. Ils ne sont pas pour nous, ils sont pour Dieu. Comme Jésus l’a dit à ses parents : « Est-ce que vous ne savez pas, que je dois être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2,49).

Les enfants doivent respecter les parents. Mais ils ont aussi le droit de parler. Et les parents ont le devoir de les écouter. Plus que cela, ils doivent voir les qualités de leurs enfants. Et les bonnes choses qu’ils font. Pour dire merci à Dieu, et essayer de faire la même chose. En effet, nos enfants nous font grandir. Jésus disait : « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu » (Mat 18,3).

Pour les jeunes, la première chose c’est d’obéir à leurs parents. Mais ils doivent aussi prendre leur part, dans la vie de la famille. Il y a des jeunes qui sont toujours dehors, aux répétitions de la chorale, dans les mouvements, ou simplement avec leurs camarades à parler dans le quartier. Ils ne sont jamais à la maison. La famille, ce n’’est pas un restaurant, où on vient quand on a faim, et on repart aussitôt après avoir mangé ! Un chrétien doit prier, mais il doit aussi travailler. C’est vrai aussi pour les jeunes. Le travail des élèves, c’est de bien apprendre à l’école. Et pour ceux qui ne sont plus à l’école, d’apprendre un métier.

Ensuite, être sérieux. Par exemple, il y a des jeunes filles qui n’hésitent pas à aller avec des hommes riches, pour se faire payer des habits pour les fêtes de Pâques et de Noël, si leurs parents sont trop pauvres pour cela. Ou bien des filles qui sortent bien habillées, en pagne, et qui vont se changer dans la maison de leurs camarades, pour aller en tenue indécente aux soirées dansantes. Il ne suffit pas d’être bien habillé quand on, va à l’Eglise. Il faut être bien habillé, et sérieux, dans toute sa vie. Que l’on soit garçon ou fille. Il y a aussi des garçons, qui ne pensent qu’à s’amuser pendant les vacances : jouer aux cartes, aux dames au ballon, etc… Et à la rentrée, ils demandent à leurs parents de leur payer les fournitures et la tenue pour l’école, alors qu’eux-mêmes n’ont rien fait, pendant tout ce temps de vacances. Les enfants doivent aussi prendre leurs responsabilités, et leur part dans la vie de la famille. Et s’ils sont élèves, ils doivent travailler sérieusement à l’école. Car leurs parents font de gros efforts pour cela. S’ils ne vont pas à l’école, qu’ils cherchent à se former et à travailler, même si c’est un travail informel, un petit métier, ou dans un projet (GIE, AGR). Qu’ils s’engagent aussi dans les associations et activités de jeunes du quartier, et qu’ils soient soutenus par leurs parents pour cela.

L’un des gros problèmes actuels c’est la violence, spécialement celle des jeunes. La base, là encore, c’est l’éducation à la paix et à la réconciliation dans les familles.

Au moment de l’adolescence, les jeunes cherchent à prendre leur indépendance. C’est normal. Ils préfèrent se retrouver entre copains, avec leur façon de parler et de s’habiller. Pour montrer qu’ils sont grands, et qu’ils sont libres, certains vont même jusqu’à s’opposer aux adultes. Même si c’est pour devenir esclaves de la mode, ou s’ils se croient obligés, de se conduire comme les autres jeunes de leur groupe. Ils se retrouvent aussi dans les mouvements de jeunes, les chorales, les amicales. Tout cela c’est bon. Mais il ne faut pas qu’ils soient toujours absents de leurs familles, ni en opposition à leurs parents. La famille, c’est la première responsabilité, aussi bien des enfants et des jeunes, que des parents. C’est leur premier lieu de vie. C’est là qu’ils doivent d’abord être présents pour aimer et agir. Ce n’est pas normal que des jeunes demandent à la famille aider, sans y prendre aucune responsabilité eux-mêmes.

La première chose c’est de se parler ensemble. Il y a des gens, aussi bien l’homme que la femme ou les enfants, qui parlent à leurs amis à l’extérieur. Mais ils ne se disent pas vraiment ce qu’ils ont dans leur cœur, entre eux. Et ils ne prient pas souvent en famille. Pourtant, c’est cela qui peut faire notre unité, nous donner le courage dans nos difficultés, et nous pousser à soutenir ceux qui souffrent autour de nous. Mais pour cela, il faut que les parents parlent avec leurs enfants, déjà quand ils sont petits. Pour qu’ils en prennent l’habitude, et qu’ils soient à l’aise. Et pour les jeunes, il ne faut pas attendre d’avoir des choses importantes, ou des problèmes, pour commencer à parler avec leurs parents. Et s’ils essayent de parler avec leurs parents, et que ce n’est pas possible, qu’ils supportent sans se mettre en colère ni se décourager. Qu’ils attendent que les choses s’arrangent. Et qu’ils offrent leurs souffrances à Dieu. Mais en même temps, qu’ils offrent à Dieu, les bonnes choses qui se vivent dans leur famille. . Et souvent, si c’est difficile de parler avec les parents, ce sera utile de passer par un intermédiaire : un grand frère, un oncle ou un ami.

Les parents doivent se rappeler que les jeunes, même s’ils sont des enfants, ils ont le droit de parler avec eux, de leur donner des idées, et même de les conseiller. Mais par exemple, une fille qui n’a jamais parlé avec son père, elle ne pourra pas le faire au moment du mariage, si son père veut la marier avec un homme qu’elle n’aime pas.

La meilleure solution c’est sans doute que, dans chaque famille, on prenne un temps, au moins une fois par mois, pour se parler. Il ne s’agit pas de faire des reproches aux autres, mais de s’écouter. Et de donner la parole à chacun, pour lui demander ce qu’il pense de la vie de la famille. Et qu’il fasse ses propositions pour que ça marche mieux, et d’abord pour qu’on s’aime davantage. Les enfants comme les jeunes peuvent apporter leurs bonnes idées. Alors, ils se sentent respectés, écoutés et accueillis. Et également la mère, par rapport au père, son mari.

Mais pour les enfants, bien sûr, si tes parents te demandent des choses mauvaises, tu ne peux pas les accepter. Tu as le devoir de refuser. Par exemple, si tu travailles dans une société, et que tes parents te demandent de prendre de l’argent dans la caisse parce qu’ils sont pauvres. Ou bien si tes parents veulent te marier à un polygame, à quelqu’un de beaucoup plus âgé que toi, ou à quelqu’un que tu n’aimes pas. Ou bien, si tu es marié, et que tes parents veulent te conduire chez un marabout ou un féticheur, quand ton enfant est malade. Ou si que tu n’as pas d’enfant, et que tes parents t’amènent une deuxième femme, ou bien qu’ils viennent de prendre, toi la femme, pour te marier avec un autre « pour que tu puisses faire grandir la famille ». Tout cela bien sûr nous ne pouvons pas l’accepter. Parce que Moïse a donné le commandement : »Tu respecteras ton père et ta mère ». Mais comme le disait Saint Pierre : « il vaut mieux obéir à Dieu, plutôt qu’obéir aux hommes ». Et Jésus a été clair : » Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, il n’est pas digne de moi ».

A cause de tout cela, il nous a semblé important que les enfants et les jeunes prennent part et donnent leurs idées, pour la préparation de la deuxième session du synode sur la famille. Mais le questionnaire officiel n’était pas adapté à leur vie, ni à leur capacité de réflexion. C’est pourquoi, nous leur avons proposé ces questions :

Pour les enfants : - Que vivons-nous de bon dans nos familles ? Qu’est-ce qui ne va pas dans nos familles, et qui nous fait souffrir ? Quelles sont nos idées pour que nos familles marchent mieux ?

Pour les jeunes : Quelle est notre place de jeunes dans notre famille ? Comment y prenons-nous nos responsabilités ? Est-ce que nous ne sommes pas trop souvent absents ? Pourquoi ?

Et sur la sexualité : Comment vivre une vraie amitié entre garçons et filles, et découvrir l’autre sexe en groupe, sans nous lancer tout de suite dans le copinage ? Comment nous aider entre jeunes, à mieux vivre notre sexualité ? Comment nous préparer au mariage, et à fonder une famille heureuse ?

Formation des catéchistes : L’Eglise domestique (à la maison)

Voir Vatican 2 : eglise petit « e » = bâtiment. Eglise grand « E »= Famille de Dieu

Faire de notre maison et de notre famille, une Eglise domestique. Jésus dit : »Quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Mat 18,20). Paul dit : »Votre corps est le Temple du Saint Esprit » (1° Cor 6,19). Quand on vit en famille avec Jésus, c’est déjà l’Eglise. Nous rassembler autour de Jésus pour prier et vivre dans l’amour. Vivre la charité et la justice comme Zachée, quand Jésus est venu dans sa maison (Luc 19). Faire connaître Jésus, Le faire aimer et montrer comment vivre avec Lui. Accueillir les pauvres et ceux qui souffrent dans notre maison, comme l’a fait Jésus. Voir 1° Pierre 3 : Femmes et maris. Eph 5,23-53. Col 3,12-21.

Notre famille, comme l’Eglise, est au Service du Royaume. Son rôle c’est de vivre et faire vivre la vérité, l’amour, le pardon, la justice et la paix. Le Royaume, ce n’est pas seulement la connaissance et la prière, c’est faire la volonté du Père. C’est vivre les Béatitudes (la loi du Royaume : Mat chap 5 à 7). Jésus est le nouveau Moïse et Il enseigne les béatitudes à toute la foule, pas seulement aux apôtres. La famille chrétienne doit s’engager dans le quartier et la société, pour être Sel de la terre et Lumière du Monde (Mat 5,13-15))

Questions des carrefours :

  1. La responsabilité du catéchiste dans sa famille. Comment vivre la vie chrétienne en famille ?

  2. Comment former les catéchumènes à bien vivre dans leur famille

1°Groupe :

  1. Vivre avec Jésus, être témoin dans notre famille (notre manière d’être, notre vie, pardon et amour, la paix, la vérité, la justice). Relations parents/enfants : cultiver la prière en famille, la communication, vivre le pardon et la réconciliation, mieux responsabiliser les enfants, savoir ce que vivent les enfants, l’écoute qui permet de développer la sagesse. Quand nous vivons ces actes, Dieu est présent dans notre famille.

  2. En venant à la catéchèse, on vit la même chose qu’à la maison : la prière, l’écoute de la parole, apprendre à se respecter, à s’aimer, à se pardonner. Apprendre aux catéchumènes l’importance de la famille, leur demander de vivre les mêmes vertus à la maison, et d’être à leur tour des évangélisateurs pour leur famille. Que cela devienne une manière d’être dans la société, à l’école, dans le quartier, la CEB. En tant que catéchiste, essayer de déceler leurs problèmes pour les aider à communiquer. Dialoguer avec eux pour apporter des solutions. Former des chrétiens missionnaires évangélisateurs. Le catéchiste n’est pas seulement enseignant mais éducateur, amener les enfants à s’exprimer.

2°Groupe :

  1. Quelle est la responsabilité du catéchiste dans la famille ? Il doit connaitre Jésus, pour pouvoir parler de lui et donner des exemples. Nous accueillir entre époux et entre enfants, pour pouvoir vivre la Parole et l’amour du Christ. Nous mettre au service des autres. Rassembler les membres de la famille par la prière et à travers nos actes. Vivre les béatitudes. Ne pas attendre que l’enfant soit en âge de la catéchèse pour lui parler de Jésus.

  2. Comment former les catéchumènes dans leur familles ? Etre un exemple pour le catéchumène, lui faire vivre les vertus évangéliques dans sa famille. L’inciter à fréquenter les CEB, le faire prier avec ses frères, lui apprendre le sens du partage et du pardon, l’habituer à aller à la messe, en allant nous-mêmes à la messe.

3°Groupe :

  1. A la base, les parents doivent faire connaitre le Christ aux enfants dès l’enfance, par le partage de la Parole de Dieu. Cultiver l’amour et la charité. Les enfants doivent refléter leurs parents, vivre la prière constante et continue. Donner de l’amour, transformer la vie et le cœur des enfants. Les responsabiliser dans leurs droits et devoirs dans la société.

  2. Il s’agit ici d’établir une relation de proximité Eglise-maison. Insister sur le choix de parrains et marraines, vivant leur foi au quotidien. Les parents doivent être un, dans l’éducation des enfants ; en ce sens que la vie chrétienne ne se limite pas à l’obtention des sacrements mais c’est un cheminement continu : vivre la Parole, afin de toujours mieux approcher Jésus-Christ.

4°Groupe

  1. Quelle est la responsabilité du catéchiste au sein de sa famille ? La responsabilité du catéchiste c’est de veiller à la bonne pratique de la religion, à l’éveil religieux à travers la lecture et la méditation de la Parole de Dieu, être à l’écoute même des plus petits afin de créer le dialogue. Il doit être un bon modèle à travers son comportement. Il doit s’assurer de l’épanouissement religieux au sein de sa famille.

  2. D’abord rendre visite aux catéchumènes, parler aux parents pour savoir comment ils vivent en famille. Etre ouvert à toute discussion les concernant, les laisser se confier parfois. Leur apprendre à mieux connaître Jésus, se former avant de pouvoir former. Cultiver l’amour du prochain et le partage (exemple de la Caritas). Leur inculquer la notion d’aller à l’église, les inciter à la rencontre de Jésus à travers la lecture de la Bible.

5°Groupe

  1. Quelle est notre responsabilité dans notre famille ? Les parents doivent être d’abord un exemple pour les enfants, pour vivre un amour allant dans le sens du partage et de l’assistance mutuelle. Travailler et se rendre utile dans la vie.

  2. Comment former les catéchumènes à vivre dans leur famille ? Le formateur doit être lui-même le témoin de Jésus-Christ, pour pouvoir le transmettre aux catéchumènes. Les aider à s’intégrer dans la famille chrétienne pour qu’ils participent aux activités aux CEB et en paroisse, dans la famille Eglise (Prière-Ecoute-Pratique).

6°Groupe

  1. 1ère question =se former pour devenir quelqu’un d’utile en société - Responsabilité spirituelle.
    Notre comportement dans notre vie spirituelle (prière-partage d’Evangile- l’amour, le pardon). Regard sur les fréquentations des enfants, leurs programmes télés et sites internet, et discuter avec eux. Etre à leur écoute, dialoguer, partager leurs idées qui sont parfois bonnes.

  2. La communion de l’homme avec Dieu pour avoir une vie nouvelle. Rencontrer les parents du catéchumène pour voir comment il vit dans sa famille. Connaître sa vie spirituelle. L’amener à s’engager dans les CEB et dans l’Eglise (mouvements, chorales, servants d’autel pour les enfants) qui aident aussi à la formation.

Réflexions sur le message final (1ère session du Synode sur la Famille, octobre 2014)

  1. La première chose qui me frappe, c’est le regard positif de ce message : « L’amour de l’homme et de la femme nous enseigne que chacun a besoin de l’autre pour être soi-même, chacun demeurant pourtant différent de l’autre, comme une aide qui lui corresponde, c’est-à-dire à la fois semblable et complémentaire ». L’amour c’est beau. Le mariage c’est bon. La famille c’est une très grande chose.
    « Il y a de la lumière qui brille dans les maisons des villes mais aussi des banlieues, jusque dans les petits villages et les bidonvilles, qui se reçoit lorsque l’homme et la femme se retrouvent l’un en face de l’autre, comme une aide qui lui convient (Genèse 2, 18). Quand l’homme et la femme s’acceptent et se complètent. Car chacun des deux a besoin de l’autre, d’abord pour être soi-même, comme le dit la femme du Cantiques des Cantiques : « Mon Bien Aimé est à moi, et moi je suis à lui… Je suis à mon Bien Aimé, et mon Bien Aimé est à moi (2, 16 + 6, 3) ».

  2. Ensuite ce message explique les conditions : D’abord, « pour que la vie de famille soit vraie, il faut commencer à aimer dès l’enfance. Ce chemin passe par la sexualité, la tendresse et la beauté du cœur : une beauté qui dure beaucoup longtemps que la jeunesse.».
    A ce sujet, il est donc important que les parents assurent eux-mêmes l’éducation sexuelle de leurs enfants. Qu’ils osent en parler sans honte, avec des mots simples. Même si cela ne se faisait pas autrefois, et si nous n’en avons pas l’habitude. Il y a trop de parents, qui ont peur de parler de la sexualité à leurs enfants. Si nous n’assurons pas l’éducation sexuelle de nos enfants, c’est la rue et les camarades, qui n’en connaissent pas plus qu’eux-mêmes, qui vont les « éduquer ». Et plus mauvais encore, les films pornographiques. Comment alors pourront-ils vivre leur sexualité, d’une façon humaine et respectueuse ? Autrefois, il y avait une véritable éducation sexuelle mais c’était surtout une préparation au mariage. Tandis que maintenant, comme les jeunes font des études et apprennent un métier, ils doivent passer plusieurs années, en étant déjà sexuellement formés (adolescents) avant de se marier. Il faut donc apprendre à nos jeunes à vivre leur sexualité avant le mariage. Autrefois, les parents n’osaient pas parler de sexualité directement à leurs enfants. Et les enfants n’osaient pas les interroger, par respect. C’étaient surtout les grands parents qui éduquaient les enfants, au niveau de la sexualité. Mais actuellement, quand les familles vivent en ville, elles sont coupées des grands parents, qui sont restés au village. C’est donc maintenant aux parents d’avoir le courage de parler eux-mêmes de la sexualité, et de faire l’éducation de leurs enfants. Même si cela est un peu difficile au début. Et même si cela n’entre pas dans nos traditions. La vie a changé, nous devons changer la façon d’éduquer nos enfants. « On n’arrose pas le riz d’aujourd’hui avec les pluies d’autrefois », et « quand le rythme du tam-tam change, le pas de la danse doit changer aussi ». Le chemin de la famille passe par la sexualité. L’éducation sexuelle commence dès la naissance. Et même pendant la grossesse, où la maman parle à son bébé, vivant déjà en elle. Et elle prie pour lui. Mais il faut ensuite une véritable éducation sexuelle. Les parents ne doivent pas accepter, qu’on se contente de distribuer des condoms aux adolescents, pour qu’ils n’attrapent pas le sida, une IST ou une grossesse indésirée. Ni que l’on continue à parler de santé reproductive des jeunes. Les jeunes n’ont pas à se reproduire, mais à apprendre à aimer, et à vivre leur sexualité dans la maîtrise de soi et le respect de l’autre, jusqu’au mariage
    Du côté des jeunes, il est important de vivre leur sexualité dans l’amitié et le respect. Ne pas se lancer tout de suite dans des relations sexuelles, mais prendre le temps de se connaître. Et ensuite voir comment bâtir leur vie commune. Un phénomène qui se développe de plus en plus au niveau des lycées et même des collèges et de l’école primaire, c’est le phénomène du copinage. Chaque garçon veut avoir sa copine, et chaque fille son copain. Cela risque d’être un appauvrissement très grave, même s’ils ne se lancent pas tout de suite dans les relations sexuelles. Car cela les empêche de vivre une véritable mixité. Cela les enferme trop vite dans une relation à deux, qui ne va pas obligatoirement aboutir au mariage, ni à une vie heureuse. En s’attachant trop tôt à une personne qu’on ne connaît pas bien, et avec qui on ne sera pas vraiment heureux. Parce qu’ensuite, on a changé dans ses attentes, et son idéal dans la vie. Et surtout, cela risque de préparer un mariage et un foyer égoïste, fermé sur lui-même, et non pas ouvert aux autres.
    C’est important qu’au moment de l’adolescence, les jeunes vivent une véritable mixité, mais une mixité ouverte : des relations entre garçons et filles en groupe, pour découvrir l’autre sexe, avec son comportement et ses habitudes. Et ainsi connaître un certain nombre de garçons et de filles différentes. Et plus tard, quand le temps du mariage sera venu, ils pourront choisir parmi les filles et les garçons avec qui ils sont en relation, celui ou celle avec qui ils voudront bâtir leur vie. C’est pourquoi, il est important que les jeunes participent à des mouvements ou à des groupes, pour apprendre à vivre ensemble. Pas seulement dans le respect, mais en ayant des activités et des engagements communs, et en travaillant ensemble. Pas seulement pour danser et s’amuser. Et bien sûr, quand ce copinage va jusqu’aux relations sexuelles, cela devient très dangereux. Pas seulement à cause d’une grossesse possible, qui va les empêcher de continuer leurs études, et de préparer leur avenir. Mais surtout, parce que cela les empêche de vivre une véritable sexualité responsable et adulte, même s’il n’y a pas de grossesse. Car ils n’ont pas encore la maturité, ni la capacité de le faire. Sans oublier, qu’utiliser des contraceptifs trop jeunes, cela a obligatoirement des conséquences, physiologiques (au niveau du corps), mais surtout psychologiques et affectives (au niveau de l’esprit et du cœur). D’ailleurs souvent les jeunes les utilisent très mal, parce qu’ils ne sont pas dans les bonnes conditions pour cela. Un copain (co-pain), c’est quelqu’un avec qui on partage le pain… mais pas les appareils génitaux !
    Les fiançailles : « Pour que la rencontre entre l’homme et la femme soit vraie, le chemin commence avec le temps des fiançailles, qui est un temps d’attente et de préparation. Il devient pleinement réel dans le sacrement de mariage, où Dieu donne sa marque, sa présence et sa grâce ». Comment assurer une progression entre les trois étapes du mariage : traditionnel, civil et religieux. Des jeunes se sont mariés dans la famille selon la coutume (mariage traditionnel). Ils ne sont pas arrivés jusqu’à la plénitude du mariage sacrement, et de l’amour du Christ. Mais ce ne sont pas des concubinaires. Ils se sont déjà engagés devant leurs deux familles. Et le mariage traditionnel est un vrai mariage, même si ce n’est pas encore le sacrement. L’Eglise en a parlé depuis longtemps, également en Afrique. Déjà la 5ème Assemblée plénière du SCEAM de juillet 1978, avait abordé tous ces problèmes, mais qu’a-t-on fait réellement depuis ce temps-là?
    Il n’y a pas beaucoup de vraies fiançailles chrétiennes, vécues dans la foi. Dans certaines paroisses, il y a des rencontres de préparation au mariage, mais pas partout. Et cela ne doit pas empêcher un suivi personnel des fiancés (pas seulement une bénédiction, le jour des fiançailles). Souvent pour cette célébration des fiançailles, la CEB n’est même pas invitée, encore moins impliquée. Pourtant nous avons fourni à chaque CEB un schéma de prière et de suivi des fiancés, mais cela se met très difficilement en place. (Voir notre livret : Célébrons ensemble, pour la célébration chrétienne des cérémonies traditionnelles). Mais il faudrait que les CEB viennent vraiment pour la prière, et pas seulement pour un repas ou un apéritif. Sinon les familles hésitent à les inviter, bien sûr. Les dépenses et les problèmes d’argent sont en train de tuer, non seulement le sacrement de mariage, mais aussi les fiançailles.

  3. Les difficultés des familles : Le message final de la Première Assemblée du Synode du 18 octobre 2014 explique encore : « nous voulons parler des souffrances de la vie. Pensons à la souffrance de la famille quand un enfant est handicapé, qu’il est gravement malade, que les personnes âgées perdent la mémoire, et lorsqu’un membre de la famille meurt. Nous admirons la fidélité généreuse de beaucoup de familles, qui vivent ces épreuves avec courage, et dont la foi et l’amour sont admirables. Elles ne regardent pas cette souffrance comme quelque chose de forcé, mais comme quelque chose qui leur a été donné. Et elles offrent leur souffrance avec le Christ qui a souffert Lui-même.
    Nous pensons aux difficultés économiques, causées par une mauvaise organisation de la société, et par l’amour trop grand de l’argent. Et aussi par une économie qui ne respecte pas les hommes mais qui, au contraire, les abaisse et leur enlève leur dignité. Nous pensons aux pères et aux mères de famille qui n’ont plus de travail, et qui n’arrivent plus à nourrir leur famille. Et à tous les jeunes qui se trouvent des journées entières à ne rien faire, sans espérance et livrés aux dangers de la drogue et de la violence.
    Nous pensons aussi à toutes les familles pauvres. A tous ceux qui montent dans des pirogues, pour aller chercher à l’étranger de quoi vivre. Aux familles de réfugiés, qui traversent les déserts. Et aussi à toutes les familles que l’on fait souffrir, à cause de leur foi ou simplement des valeurs spirituelles et des droits de l’homme. Et à toutes les familles qui souffrent de la méchanceté, des attentats et des guerres.
    Nous pensons aux femmes qui supportent la violence, qui sont exploitées et utilisées, aux enfants et aux jeunes qui souffrent des abus sexuels, même de la part de leurs propres parents, qui devraient au contraire bien s’occuper d’eux et les faire grandir dans la confiance. Nous pensons à toutes les familles qui sont en difficultés, qui sont humiliées, qui souffrent et qui ne sont pas respectées ».
    Tout cela devrait nous faire réfléchir, car ce sont nos problèmes à nous aussi. Le Pape François nous demande sans cesse d’aller à la périphérie de notre monde. C’est-à-dire vers ceux qui sont le plus loin, et ceux qui souffrent le plus. Il nous demande de changer notre société, la société du déchet, où on jette comme des ordures, les gens qui n’ont pas de moyens, ou qui ne sont pas rentables « parce qu’ils ne produisent rien » : les malades, les personnes âgées, les infirmes, les analphabètes, les chômeurs…. Le Pape a dit clairement à la rencontre de la FAO (Fonds des Nations Unies pour l’Agriculture et contre la Faim), que les pauvres n’ont pas besoin d’aumônes, ils ont besoin de respect. Et de moyens pour sortir de la pauvreté.
    Pour toutes ces choses, nous devons travailler avec nos municipalités. Nos communes sont devenues maintenant de plein droit. Le 3ème Acte de la Décentralisation se met en place. Est-ce que nous les chrétiens nous y prenons notre part, pour le bien des citoyens et de toutes les familles, chrétiennes ou non ?
    Il est important aussi de nous engager dans la société, et de travailler avec les autres, pour construire nos familles. C’est ainsi que dans notre paroisse de Pikine, un certain nombre d’amicales de jeunes travaillent avec les ASC de quartiers. De même, l’association des femmes catholiques, avec plusieurs groupements de femmes du quartier. Nous travaillons aussi avec l’ONG EQUITAS pour la formation des femmes, en particulier pour prendre leurs responsabilités dans la vie de la société, et pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Et aussi pour obtenir des actes de naissance aux enfants, spécialement les filles qui n’ont pas été déclarées à leur naissance. Car cela leur entraîne beaucoup de difficultés par la suite. La commission Justice et Paix travaille aussi avec l’association ATD/Quart-Monde. Et la Caritas avec l’association Soppi Djiko qui prend en charge des personnes qui se droguent et leurs familles. Au conseil paroissial, nous avons aussi décidé de lutter contre les violences et les bagarres dans les quartiers, et d’abord dans notre propre paroisse. Il y a eu des tentatives de viol. Et aussi des bagarres au couteau qui ont entraînés des blessures graves, à la fin de notre kermesse.
    Mais on doit reconnaître, qu’en général, nous sommes trop peu engagés dans nos quartiers, que ce soit pour le bien des familles, ou le bien du quartier en général. Chaque samedi, des groupes et des associations se réunissent dans la grande salle de notre paroisse. Mais il y a très peu de chrétiens qui participent à ces différentes activités : projets de développement, alphabétisation, éducation citoyenne, éducation pour la santé etc. Nous avons renoncé à mettre en place la mutuelle pour la CMU (Couverture Médicale Universelle). Pourtant cela pourrait beaucoup aider nos familles en cas de maladie. Pourtant en tant que chrétiens, nous devons construire notre famille, mais aussi aider les autres familles, surtout les familles les plus nécessiteuses. Il y a trop de familles qui s’engagent, uniquement au niveau de la paroisse, mais pas dans le quartier ni dans la société. Il y a trop de familles fermées sur elles-mêmes, et qui ne sont pas suffisamment accueillantes à ceux qui souffrent, aux divorcés, aux réfugiés loin de leurs familles, et à tous ceux qui souffrent, comme ce message du Synode le demande.
    L’amour dans la famille doit s’étendre à la communion fraternelle, et à la charité : se donner aux autres, être près de ceux qui sont abandonnés, et de ceux qui sont rejetés et mis de côté. Etre proches des pauvres, des personnes seules, des malades, des étrangers, des familles en difficulté, des talibés, des enfants de la rue, des handicapés, et de tous ceux qui attendent un peu d’encouragement. Ou même seulement de présence : avoir quelqu’un en silence à côté d’eux, pour ne plus être seuls. Il s’agit simplement de partager ce que l’on a : pas seulement son argent ou sa nourriture, mais son temps, son amitié, ses idées. D’être présent aux autres, de les aimer : « être plein de miséricorde et de bonté, et de leur apporter un témoignage de vérité et de lumière, pour qu’ils trouvent un sens à leur vie » (voir mes documents sur le sacrement de mariage).
    Le message du Synode nous donne des moyens pour cela : » Le chemin est souvent difficile, et on tombe parfois sur la route. Mais Dieu est toujours là, qui nous accompagne. Cet amour de Dieu, la famille le vit dans l’aide mutuelle. Et le dialogue entre mari et femme, entre parents et enfants, entre frères et sœurs. Elle le vit aussi, en écoutant ensemble la Parole de Dieu, et en partageant la prière commune. C’est un repos spirituel à mettre en place chaque jour. Il y a aussi l'engagement de chaque jour, pour l'éducation à la foi, à la beauté de la vie selon l’Evangile, et à la sainteté. Les grands-parents y participent souvent, avec beaucoup d'amour et de dévouement. Ainsi, la famille devient une vraie Église domestique, qui s'ouvre sur la communauté chrétienne. Les chrétiens mariés deviennent alors des maîtres, dans la foi et dans l'amour, auprès des jeunes couples, et plus jeunes qui ont besoin de soutien ».
    Il y a une autre façon de vivre l’amour, la communion fraternelle, la charité et le don. C’est en étant
    proches de tous ceux qui sont oubliés, ceux qui sont mis de côté, les pauvres, les personnes seules, les malades, les étrangers, les familles en difficultés. Rappelons-nous cette parole de Notre Seigneur : « Il y a plus de bonheur à donner, qu’à recevoir » (Actes 20,35). Il s’agit donc de partager ce que l’on a. Pas seulement notre argent, mais aussi nos qualités. D’être présents à ceux qui souffrent, de leur apporter notre amour, et d’avoir pitié d’eux. Et aussi de donner à la famille, un témoignage de vérité, de lumière et de sens de la vie». Jésus nous dira (Mat 25,31-46) : « J’ai eu faim, tu m’as donné à manger. J’avais soif, tu m’as donné à boire. J’étais étranger, tu m’as accueilli. J’étais nu, tu m’as habillé. J’étais malade et en prison, tu m’as visité ». Cela ne regarde pas seulement chacun de nous personnellement, mais notre vie de famille. Que dans notre famille, nous ayons un cœur ouvert, mais aussi une maison ouverte : pour accueillir ceux qui ont faim, de nourriture, mais aussi d’amour. Ceux qui ont soif, pas seulement d’eau, mais d’encouragements, de conseils, et de paix. En particulier, les étrangers que nous cherchons à accueillir. Et aussi les prisonniers, qui sortent de prison : s’ils ne sont pas soutenus, sans travail ni moyen de vivre, ils vont retomber dans la délinquance. Et déjà aider leurs familles, quand les chefs de famille sont en prison. Cela nous demande de sortir de notre famille. Ne pas rester enfermé sur nous-mêmes, et sur nos besoins. Aller voir les malades, les prisonniers, et ceux qui ont besoin de nous. C’est dans ce sens aussi que nous cherchons à éduquer nos enfants.
    Cela veut dire que la pastorale familiale ne peut pas se limiter à la préparation au mariage. Elle concerne l’éducation des enfants, le soutien des malades et des handicapés. D’abord ceux de nos propres familles mais aussi ceux et celles des autres familles. Et l’engagement dans la société. Il ne s’agit pas d’engagement politique, pour lequel nous ne sommes peut-être pas prêts, ni capables. Mais simplement d’engagement dans notre quartier, dans les petites choses, et dans la vie de tous les jours, avec ceux qui nous entourent, les délégués de quartier, les »badièni gox », les imams et les associations. Le Synode de la famille nous appelle à agir à deux niveaux : d’abord notre propre famille. Mais aussi aider les autres familles à trouver la paix et la joie. Par conséquent, il ne faut pas qu’à l’occasion de ce Synode, nous nous laissions simplement interroger sur la communion à donner ou non, aux divorcés-remariés. Ou que faire avec les homosexuels. C’est important. Nous ne pouvons pas dire que ce sont seulement des problèmes de l’occident. Car nous vivons à la dimension du monde, et ces problèmes sont venus jusqu’à nous. Mais il s’agit surtout de voir que faire pour toutes les familles nécessiteuses, pour les familles qui ont des malades parmi eux, pour les familles qui n’ont pas de quoi vivre, pour les familles séparées à cause de l’immigration, et celles qui ont des problèmes de toutes sortes. A nous de les découvrir Et ensuite de faire ce que nous pouvons. Pas tout seuls, mais avec ceux qui nous entourent. Qu’ils soient chrétiens ou non.
    Un autre point auquel nous devrions réfléchir sérieusement, c’est la question de l’argent. Il y a beaucoup de familles pauvres. Mais aussi beaucoup de familles qui dépensent beaucoup d’argent dans de grandes fêtes aux baptêmes, à la première communion, aux mariages. Et ensuite, elles n’ont plus rien pour vivre, et se retrouvent enfoncées dans des dettes sans fin. Il y a aussi les dépenses énormes que nous faisons dans les enterrements, parce que les gens nous forcent (la pression sociale). Il y a aussi tout l’argent que nous dépensons dans les CEB pour les fêtes patronales, et dans nos amicales pour faire la fête. Dans les chorales, l’argent que nous gagnons avec nos concerts est dépensé en repas, jumelage, fête ou sortie, au lieu d’aider les membres de nos groupes qui sont malades, qui vivent dans la pauvreté, les jeunes qui n’ont pas de quoi se payer des études et les fournitures, et les jeunes travailleurs qui n’ont pas d’outils pour gagner leur vie. Sans parler de toutes les familles nécessiteuses autour de nous. Zachée disait à Jésus : »La moitié de ce que j’ai, je vais le donner aux pauvres » (Luc 19,8). Nous au contraire, nous dépensons tout cet argent dans des soirées, des repas, des sorties et des danses. Cela est vraiment très grave. Dans beaucoup de nos groupes, même les mouvements d’action catholique, les activités principales sont devenues les xaware, les ngèl et les yendoo. Il faut vraiment nous poser la question : comment gagnons-nous cet argent dans nos groupes, nos mouvements, nos associations et nos CEB ? Et comment utilisons-nous cet argent ? Est-ce obligé à chaque fois qu’il y a une manifestation, des JMJ, des rencontres de mouvements, d’acheter des casquettes, des tee-shirts, des foulards et des tenues ? Tout cela fait souffrir les familles les plus pauvres. Nous avons beaucoup à changer à ce niveau. Même dans nos familles, on pense trop à l’argent. Et il n’y a pas assez de gratuité dans notre Eglise.

  4. La sexualité dans le couple : L’amour dans la famille passe par la fécondité : « Ce n’est pas seulement faire des enfants, mais aussi accueillir la vie de Dieu dans le baptême, éduquer nos enfants dans la vie humaine et dans la foi, leur apprendre la vie, l’amour et les valeurs qui nous font vivre. Et cela est possible avec les autres enfants, quand on ne peut pas en avoir soi-même. Les familles qui vivent cette aventure lumineuse deviennent pour tous un témoignage, en particulier pour les jeunes ». Quelle est la fécondité que nous cherchons ? Simplement faire des enfants ? Ou bien faire grandir la vie qui vient de Dieu, dans toutes ses dimensions ?
    Cela pose, le problème de la régulation des naissances. Des ONG voudraient nous imposer la contraception (contre la conception, et contre la vie), et la limitation et non pas la régulation des naissances. Et aussi la santé reproductive des jeunes. Avec la distribution de condoms et de contraceptifs, au lieu de leur assurer une véritable éducation sexuelle, et une saine préparation au mariage (voir plus haut). Mais d’un autre côté, beaucoup de couples regrettent que le synode n’ait proposé que les méthodes naturelles.
    Au cours de la première session du Synode, les évêques africains se sont plaints avec raison, que l’ONU et des pays occidentaux conditionnent leur aide économique à la légalisation de l’avortement, et à la reconnaissance du mariage homosexuel. Le mariage et la famille sont menacés. Il est important que nous soyons ouverts au monde, et que nous acceptions toutes les choses positives qui nous viennent de l’étranger. Mais nous ne devons pas tout accepter pour autant. Nous devons voir par nous-mêmes, comment bien vivre en famille : en gardant nos bonnes traditions, et en cherchant comment les vivre dans le monde d’aujourd’hui. Et surtout, si nous sommes chrétiens, en voyant comment vivre ces traditions, à la lumière de l’Evangile. En changeant ce qu’il est nécessaire de changer pour cela.
    Mais même si nous n’acceptons pas l’homosexualité, nous devons traiter les personnes homosexuelles d’une façon chrétienne et évangélique, et même simplement humaine, à la suite de Jésus Christ. Même si on est contre l’homosexualité, ce n’est pas normal d’insulter les homosexuels, encore moins de les frapper. Surtout qu’ils ne sont pas responsables de cette tendance, qu’ils ont en eux. Et ce n’est surtout pas normal de les mettre en prison. Ce n’est certainement pas cela qui va les aider, à vivre leur sexualité d’une manière libre et épanouissante. Ni de trouver leur propre façon de la vivre, dans la dignité et aussi à la lumière de l’Evangile, s’ils sont chrétiens. Mettre des homosexuels en prison, cela ne peut aboutir qu’à deux résultats : d’abord les faire souffrir encore plus. Car ils seront souvent traités d’une façon très méchante par les autres détenus, mis à l’écart, frappés et insultés. Ensuite, cela risque de pousser certains autres détenus, à devenir homosexuels eux aussi.
    C’est la même chose pour l’avortement. Quand une jeune fille ou une femme a avorté, on la met en prison. Est-ce cela la solution ? Elle va se retrouver avec des femmes criminelles, qui vont l’entraîner dans un chemin encore plus mauvais. Ce n’est certainement pas cela, qui va l’aider à s’en sortir. Mais trop souvent on se contente de punir les gens, au lieu de voir les causes de leurs problèmes. Si une femme mariée a avorté, bien sûr ce n’est pas normal. Et il n’est pas question de légaliser l’avortement (le faire autoriser par la loi), comme certaines personnes voudraient nous y pousser. Nous les chrétiens, que faisons-nous contre cela ?
    Mais par contre, il faut dépénaliser l’avortement. C'est-à-dire ne pas condamner les gens. D’ailleurs une femme qui a avorté, elle ne peut pas l’oublier, elle est triste, elle se culpabilise elle-même. Elle n’a pas besoin d’être condamnée, mais soutenue. Et surtout, il faut voir les causes des problèmes. Si une femme a avorté, n’est-ce pas par exemple, parce qu’elle n’est pas respectée par son mari ? Ou que celui-ci lui impose des relations sexuelles trop nombreuses, et même forcées, sans penser à sa santé, ni à l’éducation des enfants ? C’est peut être à cause de la pauvreté, ou parce qu’elle s’est retrouvée seule et abandonnée. Qu’est-ce qu’on fait, pour l’aider à trouver une solution à tous ces problèmes ? De même, il y a des parents qui renvoient leur fille de la maison si elle est enceinte. Bien sûr, ce n’est pas normal qu’elle soit enceinte avant d’être mariée. Mais si on la met dans la rue, que va-t-elle devenir seule, sans soutien et sans moyen de vivre ? Comment s’étonner alors qu’elle avorte ? Dans ce cas-là, qui est vraiment responsable ? De même, au lieu de mettre les prostituées en prison, il faudrait se demander pourquoi elles sont tombées dans la prostitution. Ce n’est certainement pas par plaisir, ni de gaieté de cœur.
    En tout cas, en tant que chrétien, il est absolument nécessaire de nous rappeler le comportement de Jésus Christ. Il n’a fait aucun reproche à la samaritaine, qui pourtant s’était mariée cinq fois. Et qui vivait avec un homme, qui n’était pas son mari (Jean 4). Jésus l’a fait grandir dans la foi. Non seulement Il l’a accueillie, mais Il l’a responsabilisée : après avoir découvert Jésus Christ, elle et allée le faire connaître aux autres habitants de son village, des païens eux aussi, des samaritains que les juifs n’aimaient pas et condamnaient.
    Quand on a amené à Jésus, une femme qui avait fait l’adultère, Jésus d’abord n’a rien dit (Jean 8,11). Il n’a pas répondu aux questions des gens, qui voulaient la tuer à coups de cailloux. Il priait dans son cœur, Il écrivait par terre. Ensuite, quand on l’a forcé à répondre, Il a dit clairement aux gens : » que celui qui n’a jamais péché, lui jette la première pierre ! ». Est-ce que nous-mêmes, nous sommes sans péché ? De plus, ces gens avaient apporté la femme. Mais est-ce qu’elle avait fait l’adultère toute seule ? Où était l’homme avec qui elle avait commis ce péché ? L’homme, on le laissait libre de continuer tranquillement sa vie, et même ses mauvaises actions. Est-ce que cela est normal ? Trop souvent dans notre société, on condamne la femme, et non pas l’homme. Bien sûr Jésus lui demande de changer. Et Il l’aide à changer de vie, en lui disant : « va et ne pèche plus ». Mais d’abord Il lui dit « Je ne te condamne pas ». Et Il lui rend la paix dans son cœur. Et c’est à cela, que cette femme peut changer de vie.
    Rappelons-nous aussi la prostituée (Luc 7,40). Jésus savait bien que cette femme, qui versait ses larmes sur ses pieds, et qui les essuyait avec ses cheveux, était une prostituée. Mais Il dit clairement à Simon : « Il lui sera beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé ». Jésus ne voit pas les mauvaises choses qu’elle a faites, mais son désir d’aimer, et de changer sa vie. C’est pour cela qu’Il lui dit : « Va en paix ! Tes péchés sont pardonnés ». N’est-ce pas cela l’attitude que nous devons avoir, nous aussi ?
    Notons tout de suite que Jésus a la même bonté et le même accueil, aussi pour les hommes. Pas seulement pour la sexualité, mais pour tous les domaines de la vie. Comme par exemple l’argent, avec Zachée (Luc 19). Jésus les accueille tous ensemble : » les publicains et les prostitué(e)s entreront avant vous, dans le Royaume de Dieu » (Mat 21,31)
    Nous sommes contre l’homosexualité. Mais nous accueillons et aidons les homosexuels. Nous sommes contre l’avortement et l’infanticide. Mais nous aimons et nous soutenons, les femmes qui ont tué leur enfant. Nous sommes contre l’adultère et la prostitution. Mais nous respectons les femmes qui se prostituent. Parce que tous et toutes sont des personnes humaines : des enfants de Dieu, que notre Père nous demande de respecter, d’accueillir, d’aider et d’aimer. Le Pape Jean Paul 2 a décidé que le 2ème dimanche de Pâques soit le dimanche de la Miséricorde. Et François a annoncé l’année de la Miséricorde, à partir du 8 décembre. C’est important que nous apprenions à vivre nous-mêmes, dans la miséricorde de Dieu. Mais aussi à être miséricordieux envers nos frères et nos sœurs, comme l’Eglise nous le demande. C’est cela l’un des grands débats du Concile par rapport à l’homosexualité, et aux divorcés remariés qui veulent recevoir la communion. Qu’est-ce qui est plus important, la loi ou la miséricorde ? Faut-il imposer des commandements et punir, ou bien accueillir les gens et les aider à changer, comme Jésus Christ l’a fait. Bien sûr ce n’est ni dans nos traditions, ni dans nos idées actuelles. Ce n’est pas ce qui se fait dans notre société. Mais n’est-ce pas à cela, que Jésus Christ nous appelle ? De même il nous faudrait réfléchir sérieusement aux autres problèmes dont j’ai parlé plus haut : l’inceste, la violence faite aux femmes et aux filles, l’excision, etc… (Vous pouvez me demander des documents sur ces différentes questions : armelduteil@hotmail.fr).

  5. Vivre son mariage et son amour dans la foi : « On assiste de plus en plus à la diminution de la foi, mais aussi des valeurs. Ce qu’on voit, c’est l’individualisme (on pense seulement à soi), et des relations de plus en plus petites et limitées. On ne partage plus assez ses idées, avec les autres membres de la famille. Il y a aussi toutes les difficultés de la vie, et la peur de l’avenir. Et le travail qui nous prend beaucoup de temps, et qui nous empêche d’avoir une vraie vie de famille. A cause de cela, il y a de nombreux problèmes dans les familles, et dans les mariages. Et souvent on manque de courage, de patience, de pardon, de réconciliation et même de sacrifices, pour trouver une solution à nos problèmes. On refuse de reconnaître ses torts, et de se remettre en question pour changer sa vie. Cela entraîne en particulier beaucoup de divorces, avec des nouvelles unions et des nouveaux mariages, qui créent des situations de famille très difficiles, et qui empêchent la vie chrétienne ».
    « Ce chemin passe par la tendresse, et la beauté du cœur ». C’est vrai que traditionnellement, l’homme et la femme ne se montrait pas tellement leur tendresse, surtout pas en public. Il y a là certainement quelque chose à chercher. Une réflexion se fait dans la société, sur la sexualité dans le couple. Mais cela se limite souvent à : comment arriver à l’orgasme, et avoir le maximum de plaisir. Alors que la sexualité touche toute la vie, et pas seulement la relation sexuelle. Et que la relation sexuelle elle-même est une union totale de deux personnes, dans leur corps, mais aussi dans leur cœur, leur esprit, et leur âme. Une sexualité réussie dans le couple, ne peut pas se limiter à la recherche du plaisir et de l’orgasme. Ce message nous dit bien que, c’est grâce à l’amour, que le mariage dure, « même lorsque la force et la fraîcheur de la jeunesse ont disparu ». Il s’agit que chacun dans la famille « donne sa vie, pour tous ses parents qu’il aime », à la suite de Jésus Christ.
    Il est important que dans nos groupes, nos mouvements, nous prenions le temps de réfléchir à tout cela. Pour bien préparer la 2ème session de ce Synode sur la famille, en octobre 2015. Nous avons reçu les questionnaires en français simple pour cela, nous y avons répondu le mieux possible. Nos évêques porteront nos réponses jusqu’à Rome. Mais commençons déjà à vivre nous-mêmes en vérité, ce que nous avons dit.

  6. Mieux comprendre le sacrement du mariage : » L’amour va avec « toujours », jusqu’à donner sa vie pour la personne qu’on aime (Jean 15, 13). C’est pour cela qu’on peut s’aimer toute la vie, malgré les nombreuses difficultés et les limites humaines. C’est l’un des plus beaux miracles, que Dieu fait dans nos cœurs ».  Tout cela demande un gros effort de réflexion et d’engagement. Car peu de chrétiens ont compris le sens de ce sacrement. Ce n’est pas seulement une bénédiction, pour avoir la grâce. C’est un engagement en Eglise, avec le soutien de toute la communauté. Pas seulement devant les deux témoins, et les deux familles réunies. C‘est cet engagement, et la prière de la communauté, qui nous permettent de rester fidèles. Le mariage, c’est d’abord pour nous rendre saints, et nous soutenir dans le chemin de Dieu. C’est pour rendre Jésus présent dans le monde, comme il Le disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis au milieu d’eux » (Mat 18,20). La famille est vraiment une Eglise, l’Eglise domestique, l’Eglise à la maison. On se marie, pas seulement pour faire des enfants, ni pour s’aimer et être heureux ensemble, mais aussi pour être témoin et signe de l’amour de Dieu dans le monde. Comme le disait Lui-même Dieu, par le prophète Isaïe : « Comme un fiancé aime sa fiancée, c’est comme cela que Je t’aime, Israël » (Isaïe 62,5). C’est l’un des meilleurs signes que Dieu a choisi, pour faire comprendre son amour pour les hommes : l’amour du fiancé et de la fiancée. Et aussi l’amour des parents pour leurs enfants : «Israël, même si une mère oubliait son enfant, Moi, Je ne t’oublierai jamais. J’ai creusé ton nom dans la paume de mes mains » (Isaïe 49,1+15). Et aussi « J’ai été un père pour toi, Je t’ai lavé quand tu baignais dans ton sang, Je t’ai porté, Je t’ai appris à marcher » (Osée 11,1-4). Dieu nous appelle à être les témoins de son amour devant tous les hommes, dans toute la société, en nous aimant mari et femme et en aimant nos enfants. Cela nous demande bien sûr, de nous aimer comme Dieu nous aime : nous aimer pour toujours, d’un amour total et unique. Comme Jésus a donné sa vie pour les hommes. Donc, pas de polygamie, ni de divorce. S’il y a un problème entre nous, nous cherchons à nous pardonner, et non pas à nous séparer. Ce n’est pas toujours facile. Mais avec l’aide du Christ, de la prière, et de la communauté, c’est possible. C’est cela la grâce du sacrement. (Voir mon document : LE SACREMENT ET LA CELEBRATION DU MARIAGE) .

Les réponses au synode sur la famille

Il ne s’agit pas ici d’une réponse complémentaire aux questions du Synode. Je voudrais simplement proposer quelques réflexions, à partir des réponses qui ont été faites, pour en tirer quelles conclusions pour notre formation et notre enseignement.

D’abord il me semble absolument essentiel de faire découvrir davantage Dieu, comme un Père qui nous aime. Et l’Evangile comme une Bonne Nouvelle, et pas seulement une morale ou des commandements.

Je trouve très intéressant de repartir de la famille africaine et des valeurs sénégalaises. Mais il ne faudrait pas oublier, que ces valeurs traditionnelles ont besoin d’être converties, elles aussi. Sinon, par exemple, le «diom» peut devenir rapidement de l’orgueil. Par ailleurs, si l’on veut préserver ces valeurs, il est essentiel de voir comment les vivre dans le monde d’aujourd’hui, et dans la société sénégalaise actuelle, avec ses réalités. Car le monde a changé.

Pour le sacrement de mariage, il serait important de le présenter, pas seulement comme une observation des dix commandements, ou des lois (pas d’adultère, pas de divorce, pas de polygamie), ni même comme une simple bénédiction, ou une aide un peu magique qui résout les problèmes. Il me semble important de le montrer davantage, comme un branchement de notre amour sur celui du Christ : comme la lampe a besoin d’être branchée pour éclairer. Et comme une transformation de notre amour dans l’amour du Christ : comme Jésus a changé l’eau en vin à Cana, et qu’Il change le pain dans son Corps à l’Eucharistie. Montrer que le mariage chrétien est d’abord un moyen de nous rendre saints, mari et femme, et entre parents et enfants, et donc d’aller ensemble vers Dieu. C’est un engagement, qui nous soutient et nous rend libres, pour répondre à l’amour de Dieu. « Pour nous aimer, comme le Christ aime l’Eglise » (Eph 5,21-33). En nous rappelant ce que les prophètes de l’Ancien Testament disaient déjà : il s’agit de vivre l’amour de Dieu, dans la tendresse et la fidélité : « Je te fiancerai à Moi pour toujours » (Osée 2,16-21). Les meilleurs signes que Dieu a choisis pour nous faire comprendre son amour sont : l’amour de l’homme et de la femme. « Comme un fiancé aime sa fiancée, c’est ainsi que Je t’aime Israël » (Isaïe 62,5). Et l’amour des parents pour leurs enfants. (Voir Isaïe 49, 5) « Même si une mère oubliait son enfant, Moi, Israël, je ne t’oublierai pas ». Car Dieu est notre mère, mais aussi notre Père : « Israël, j’ai été un Père pour toi » (Osée 11, 14). L’Eglise domestique n’est pas seulement une petite église à la maison, mais le moyen de rendre présent le Christ dans le quartier : « Quand 2 ou 3 sont réunis en mon Nom, Je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). A ce moment-là, la fidélité, comme l’indissolubilité (pas de divorce) ne sont plus comprises seulement comme un commandement, mais comme une façon de vivre l’amour de Dieu pour les hommes, et l’amour du Christ pour l’Eglise (Ephésiens 5). Je veux aimer comme Dieu. Je suis fidèle, parce que Dieu est fidèle. Et c’est Lui qui me rend fidèle. Je veux aimer de l’amour même de Jésus. Comme Lui, et grâce à Lui.

Je remarque aussi que, dans le questionnaire lui-même, il est beaucoup question de la famille chrétienne, et du sacrement. Mais beaucoup moins des réalités de la famille dans la société, et de ses difficultés dans le monde. Il me semble que c’est pourtant la base. C’est toutes les familles qu’il faut convertir. Nous devons annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toutes les familles, pas seulement aux familles chrétiennes. Jésus nous envoie dans le monde entier, à toute la création (Marc 16,15). Nous sommes le sel de la terre (Mat 5, 12-15).

Cela rejoint la question 14 : des familles plus missionnaires. Même pour cette question, on parle surtout de l’engagement dans l’Eglise, mais pas tellement de l’engagement dans la société (Vous êtes la Lumière du monde, et le levain dans la pâte). Pour le témoignage, on parle plus d’enseignement, que de partage de la vie et d’actions avec les autres familles non chrétiennes. Ni de l’accueil des différentes familles dans leur diversité culturelles et sociales, avec ce qu’elles peuvent nous apprendre. Pourtant, Jésus a admiré la foi des païens (voir la question 26).

Il est important également de travailler avec les pouvoirs publics. Au Sénégal, on a mis en place l’Acte 3 de la Décentralisation. Les mairies ont donc une grande responsabilité envers nos familles. En particulier, dans la mesure où elles prennent en charge l’enseignement élémentaire et les dispensaires. Il est donc essentiel que les familles soient en contact avec les mairies pour les soutenir dans leurs actions (CMU, bourses aux familles nécessiteuses et aux étudiants, formation des femmes, travail des jeunes, assises foraines pour les actes de naissances, maison de la femme, etc.). A nous de leur demander de jouer véritablement leur rôle envers les familles, en particulier pour les plus nécessiteux.

On a parlé plusieurs fois des chorales et mouvements, qui donneraient une formation spirituelle. A mon avis, c’est très peu souvent le cas. Même les servants d’autels, quand ils se réunissent, c’est plus pour parler des rites et des gestes à observer matériellement, ou apprendre les noms compliqués des différents objets liturgiques, qu’à faire un partage d’évangile. Dans les mouvements, on pense plus à faire des rassemblements et des sorties, qu’à offrir une véritable formation spirituelle. Il n’y a pratiquement plus de mouvements d’Action Catholique, pour aider enfants, jeunes et adultes, à s’engager dans les différents milieux de vie : le monde du travail, le monde scolaire, etc. Et quand on organise des formations spirituelles dans la paroisse, les choristes par exemple ne viennent pas. Ils restent entre eux, à faire leurs répétitions de chants. Et là, on n’explique même pas les chants, et on ne fait pas de partage d’Evangile. A Pikine, ces différents groupes n’ont pas répondu aux questionnaires du Synode, qu’on leur a pourtant proposé plusieurs fois. Ils ne pensent souvent qu’à leurs activités propres. Ils n’ont pratiquement pas le sens de la paroisse, encore moins de l’Eglise. Quelle est donc la véritable formation spirituelle qui est donnée ? Il faudrait y réfléchir sérieusement.

Question 45 : Là aussi, il me semble que la miséricorde ne trouve pas encore sa vraie place dans ces réponses. Il faudrait réfléchir davantage à l’attitude du Christ avec la samaritaine, la prostituée, la femme adultère. Et aussi avec les hommes comme Zachée, les samaritains, ou les publicains. Le deuxième dimanche de Pâques, le dimanche de la Miséricorde, devrait être l’occasion pour réfléchir profondément à la Miséricorde de Dieu. Et pas seulement pour faire des neuvaines et réciter des prières.

Question 30 : A propos de la préparation au mariage, il faudrait signaler les rencontres de mariés, qui commencent à se faire, en veillant qu’elles soient adaptées aussi, aux gens des banlieue et aux familles nécessiteuses.

Enfin pour l’éducation des enfants, on en reste aussi souvent à la morale et aux commandements : « Tu respecteras ton père et ta mère ». Alors que l’enseignement du Christ est clair. Jésus rappelle à ses parents : « Est-ce que vous ne savez pas que je dois être aux affaires de mon Père ». Il dit à ses apôtres : « Laissez venir à Moi les petits enfants ». Nos enfants ne sont pas pour nous, ils sont pour Dieu. Nous devons les faire grandir dans leur vocation, et non pas d’après nos propres idées. Et encore moins pour notre intérêt. Jésus va encore plus loin, quand Il dit : « Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu ». C’est cela notre joie. Car « celui qui accueille un enfant, c’est Moi qu’il accueille » (Luc 9,48).

Jésus à douze ans dans le temple (Luc 2,41-52)

  • Marie et Joseph vont ensemble en pèlerinage avec leur enfant : nous éduquons nos enfants dans la foi, et nous leur apprenons à prier.

  • Ils pensent que l’Enfant Jésus a marché pendant toute la journée avec leurs parents et leurs amis : nous apprenons à nos enfants à vivre en société, et nous les éduquons avec l’aide de nos parents et de nos amis, pas tout seuls.

  • Dans le Temple, Jésus pose des questions, et les prêtres Lui répondent : nous parlons avec nos enfants, et nous les écoutons.

  • Quand ils retrouvent Jésus dans le temple, c’est Marie qui parle : la mère doit prendre sa responsabilité dans le foyer, ensemble avec son mari. La mère et le père éduquent leurs enfants ensemble, chacun avec ses qualités. Comme le dit Marie « ton père et moi nous te cherchions ».

  • Jésus répond : « Est-ce que vous ne savez pas que je dois être aux affaires de mon père ? » : Nos enfants ne sont pas pour nous, ils viennent de Dieu, et ils sont pour Dieu. Nous devons les éduquer à servir Dieu, et à suivre le chemin du Christ. Nous voulons qu’ils répondent à l’appel de Dieu (leur vocation), à partir des qualités que Dieu leur a données.

  • Quand Jésus a parlé, Marie ne l’a pas compris. Souvent nous ne comprenons pas nos enfants. Cela ne doit ni nous étonner, ni nous décourager. C’est pour cela qu’il est important d’éduquer nos enfants ensemble, avec nos amis et nos voisins. Et avec l’aide des mouvements.

  • Et nous acceptons de souffrir, pour éduquer nos enfants. Comme Siméon l’a dit à Marie : « un couteau te transpercera le cœur ».

  • Jésus grandissait dans son corps, mais aussi en sagesse. Et Il plaisait à Dieu et aux hommes. C’est de cette façon que nous voulons éduquer nos enfants.


Famille et Justice et Paix

Quelques réflexions sous forme de notes, reprenant en résumé certains points des documents que je vous ai déjà envoyés, en espérant que vous pourrez en tirer quelque chose :

  1. La famille lieu de justice et de paix.

  2. Les problèmes de justice et paix dans la famille.

  3. Les attaques contre les familles.

  4. Participer à la vie sociale.

  5. La famille agent de justice et paix.

  6. La famille et le respect de la création.

Déjà envoyés : 4 documents : un article sur le synode, une catéchèse du Pape François sur " famille et pauvreté"; le compte-rendu d'une rencontre avec les jeunes artisans de Paix. Et la lettre de Carême de nos évêques sur l’écologie

1. La famille lieu de justice et de paix.

Normalement la famille est le lieu où l'on se sent à l'aise, parce qu'on y est connu, accueilli et respecté et que chacun y a sa place : grands - parents, parents et enfants ; oncles et tantes, cousins et cousines, alliés et amis…. La famille soutient chacune des personnes : même si elle n'a plus de travail, elle sera nourrie ; elle est prise en charge en cas de maladie. Et même s'il y a actuellement un certain nombre de problèmes dans les familles dus aux transformations actuelles et à la vie moderne et que la famille en est très affaiblie. Il n'empêche qu'elle reste encore un des lieux où l'on peut vivre en paix, et où la justice est respectée. C'est pour cela qu'il faut à tout prix faire le maximum pour défendre la famille. Comme le demande le message final de la première session du synode sur la famille.

Il est absolument nécessaires de garder les valeurs des différentes familles traditionnelles sénégalaise, chacune selon sa culture propre. Et la dimension sacrée de cette famille, lieu de continuation de la vie reçue des ancêtres

2 - Quelques problèmes de la famille.

Le premier problème c'est celui de la pauvreté avec toutes ses conséquences : lorsque le père n'a pas de travail, il n'est plus respecté ; lorsque les jeunes n'ont pas de travail, ils se tournent facilement vers la délinquance ; et pour beaucoup de famille la première question c'est celle de la dépense quotidienne.

Le deuxième problème c'est l'entente dans la famille. Jusqu'à maintenant beaucoup d'hommes se considèrent comme des « chefs de famille » (borom kër), et à partir de là ils pensent qu'ils peuvent tout imposer à leur femme et à leurs enfants, sans même les écouter. De même, les grands-frères imposent souvent leur volonté aux petits- frères, les garçons se font servir par les filles, et on n’éduque pas souvent les filles à prendre leurs responsabilités : on leur demande plutôt d'écouter, et d'obéir sans prendre la parole. Et de se former aux travaux ménagers, la cuisine, l'entretien de la maison, mais beaucoup moins à d'autres responsabilités. Lorsque il y a la polygamie, cela entraine bien sûr beaucoup d'autres problèmes de jalousie ...etc.

Le troisième problème c'est comment vivre les valeurs traditionnelles de la famille dans le monde d'aujourd'hui. Ces valeurs sont importantes mais on ne peut pas les vivre comme autrefois. Et en plus elles ont besoin d'être évangélisées pour être vécues dans un amour véritable.

Il y a aussi que beaucoup de parents se sentent démunis devant leurs enfants, surtout ceux qui n'ont pas fait d'études et qui ne parlent pas français : quand ils parlent aux enfants dans leur langue, ceux -ci répondent en français et les parents ne savent pas quoi faire. Même pour les parents ayant fait des études, ils se sentent très démunis sur la façon d'éduquer les enfants dans le monde d'aujourd'hui.

Nos familles chrétiennes sont également influencées par l'Islam où on donne une place inférieure à la femme même pour les questions matérielles et d'héritage, où l'on autorise la polygamie et le divorce, où la mariée n’est même pas présente à la mosquée le jour du mariage.

Un autre problème, ce sont les conditions de vie faites aux veuves et aux orphelins, avec tous les interdits qui faits aux veuves. Et déjà la façon dont se passent les enterrements avec les dépenses énormes, les disputes pour le partage de l'héritage, les accusations réciproques, etc

Je note que ce n’est pas le seul moment où se manifestent le maraboutage, les sacrifices traditionnels et les accusations de sorcellerie, mais dans toutes les difficultés de la vie : maladie, chômage, déceptions, injustices subies. Tout cela casse bien sûr la vie de la famille

Et ces dépenses inconsidérées et trop lourdes pour les familles se retrouvent déjà au moment des baptêmes, 1° communions, mariages, fêtes de Noël et de Pâques, fêtes de Mardi Gras, de Saint Valentin et du Père Noel même dans nos écoles catholiques, les khaware, ngel, yêndoo, soirées, sorties et cotisations sans fins de tous côtés…qui pèsent lourdement sur les familles, et empêchent par exemple beaucoup de jeunes de se marier à cause de la dot trop élevée exigée au mépris de la loi par les beaux-parents.

Les conséquences de la pauvreté sont connues, cela entraîne souvent une prostitution larvée, l'agressivité et l'insécurité dans les quartiers (attaques, vols..). Des jeunes se tournent vers la lutte, quand ce n'est pas vers la drogue pour avoir de l'argent, au lieu d'apprendre un métier. La pauvreté pousse aussi les gens à aller vers les charlatans, les marabouts et la magie.

Il faudrait parler aussi de toutes les violences faites aux femmes et aux enfants qui sont souvent frappés. Et également les cas d'incestes et de viols : c'est souvent dans la famille que ces chose- là se passent.

Par ailleurs les parents se sentent très démunis par rapport à l'éducation sexuelle des enfants, car autrefois cette éducation était essentiellement une préparation au mariage, et elle était faite par les grands-parents. Comment lutter contre le libertinage et la pornographie qui s’étale en plein, dans la rue aussi bien que dans les médias, et éduquer les enfants au respect, à la dignité, à la responsabilité, et un amour vrai.

Que faire par rapport à tout cela ? Il faudrait voir ces questions les unes après les autres. Ce n’est pas possible dans les limites de cet article. Cela demande une action concertée de toute la société : Paroisses, Mairies, ONG, ASC et organisations féminines, media… Pour une action à tous les niveaux : religieux, culturel, social, économique, syndical et politique.

Pour me limiter au niveau paroissial, l'une des réponses devrait être les équipes de foyers, et les commissions de la famille, mais malheureusement ces commissions n'existent pratiquement pas ou ne fonctionnent pas. Et les équipes de foyers s'adressent à une certaine classe sociale, et ne rejoignent pas les familles en milieu populaire.

La CEB c'est la famille chrétienne dans le quartier. Normalement la CEB devrait être le lieu où les familles se réunissent, échangent leurs problèmes, sont soutenues, éclairées et responsabilisées. Mais trop souvent nos CEB se limitent à des réunions de prière sans passage à l’action, ou à des partages d'évangile sans mise en pratique. Beaucoup de gens n'y participent pas de toute façon, peut-être justement à cause de ce manque de lien avec les problèmes réels de la famille et de la vie de chaque jour.

De même, les associations de femmes catholiques devraient avoir un rôle important dans ce domaine. Mais elles sont trop souvent prises par les fêtes, les xawarés, et les manifestations. Il ne semble pas qu'elles s'attaquent véritablement aux problèmes des familles, surtout les plus pauvres.

On peut se demander si nos mouvements de jeunesse jouent véritablement leur rôle de soutien, d’éducation, de formation à l’engagement et de préparation à leur avenir, des enfants et des jeunes. Et que dire de nos chorales, nos Amicales, nos groupes de prières et associations et jumelages de toutes sortes.

Les familles font souvent preuve d'une grande ingéniosité, en particulier les mamans qui vendent aux marchés et aux gares routières, pour trouver le minimum et faire vivre la famille; La CARITAS devrait pouvoir aider davantage pour lancer des petits projets, même des choses très simples comme des cultures de légumes sur table ou des petits poulaillers. Mais on attend trop que la CARITAS distribue des dons, et on se prend trop peu en charge.

3 - les agressions extérieures contre les familles.

Un certain nombre de gouvernements occidentaux et d'ONG conditionnent leur aide économique à la mise en place de la contraception, que l'on veut imposer par tous les moyens. Et également la reconnaissance de l'homosexualité et la légalisation de l'avortement. Bien sûr il n'est pas question d'accepter ces choses là;

Mais déjà dans l'organisation du pays lui-même, il y a un certain nombre de problèmes. Par exemple, l'inégalité des salaires de la femme, contre laquelle le Pape François a réagi fortement, qui ne permet pas à certaines femmes mères de famille de faire vivre leur famille dignement. Le droit à l'éducation pour tous n'est pas respecté véritablement. Sans oublier les problèmes des daaras, malgré la loi d'interdiction de la mendicité. Bien sûr le gouvernement a lancé un certain nombre de choses, par exemple pour l'organisation de ces daaras, mais il y a encore trop peu qui se fait.

4 - L'action du gouvernement.

Le gouvernement a lancé "l'Acte Trois de la Décentralisation", la mise en place de CMU (couverture médicale universelle), des bourses familiales pour les familles nécessiteuses, etc. ..Mais cela se limite trop à une aide d'urgence et caritative qui, même si elle est bonne et nécessaire, n'apporte pas de solutions aux problèmes de fond. Parce qu’elle n’attaque pas les causes de la pauvreté, des inégalités et des injustices.

Surtout un certain nombre de personnes et de familles chrétiennes, sont réticentes pour participer aux actions qui sont menées dans les quartiers et mairies. Ainsi les femmes catholiques se réunissent très peu dans les différentes "maisons de la femme" de leur municipalité. Leur association de femmes catholiques n'est pas inscrite et donc pas reconnue, dans les commissions municipales de la femme. Elles ne peuvent donc pas profiter des aides, des soutiens et des formations qui y sont assurées. De même, les amicales des jeunes de nos CEB, de même que les mouvements, ne sont pas inscrits dans les commissions de la jeunesse municipales, alors qu'un certain nombre de municipalité organisent des choses intéressantes, comme par exemple une formation en informatique, faire passer gratuitement le permis, des soutiens aux étudiants ...etc.

Les chrétiens sont très peu engagés non seulement dans la vie politique, mais même dans la vie de la société à la base. Beaucoup de CEB n'ont même pas de contact avec leur délégué de quartier. Les paroisses ne sont pas en lien avec les ONG, dont certaines sont pourtant actives et efficaces pour soutenir les familles.

Il y a donc un problème grave : c'est le manque d'engagement des familles dans la commission "Justice et Paix". Beaucoup ont tendance à penser que cet engagement est uniquement personnel et non pas un engagement des familles et des CEB. D'ailleurs dans beaucoup de paroisse, cette commission n'existe que de nom.

Heureusement il y a une aide et un soutien à la base : des familles même nécessiteuses qui s'aident entre elles, qui accueillent les étrangers, qui ont une maison ouverte, qui consolent les gens qui pleurent, qui participent aux enterrements, qui vont visiter les malades. Et là il faut reconnaître en particulier le rôle de la Légion de Marie. C’est cette solidarité qui sauve notre société, et il faut la maintenir à tout prix.

Mais il faudrait former les familles pour qu'elles deviennent véritablement des agents de justice et paix dans les quartiers : à la base, dans la vie de tous les jours. Pas seulement à l'intérieur de la paroisse, mais avec tous les habitants du quartier. Cela manque dramatiquement. Un seul exemple : dans nos préparations au mariage, on parle aux fiancés de méthode naturelle de régulation des naissances, du droit Canon et du code civil du mariage. Mais on ne voit pas avec les fiancés, comment former un couple et ensuite une famille ouverte à tous, dans le quartier, engagée dans la société et agissant avec les autres (souvent il n'y a pas même pas de réflexion sur l'amour vécu en chrétien, ou sur le sacrement de mariage comme façon de vivre l’Alliance du Christ avec les hommes). On ne forme pas des couples au service du Royaume, un « Royaume de grâce et de vérité, d’amour et de pardon, de Justice et de Paix » (préface du Christ ROI). Un Royaume ouvert à tous les hommes, et d’abord aux plus pauvres. Et ne pourrait-on pas dire malheureusement la même chose trop souvent de notre catéchèse, de nos mouvements et associations et de nos paroisses toutes entières ?

Une dernière remarque : la commission Justice et Paix s'appelle en fait JUSTICE- PAIX ET INTEGRITE DE LA CREATION (JPIC). On a trop oublié ce dernier aspect. Nos évêques ont publié il y a trois ans une lettre pour le Carême qui portait justement sur cette question de l'écologie. Et notre Pape François vient de publier une lettre encyclique très importante. Cet action pour le respect de l'environnement doit déjà être vécu par les familles à la base: ne pas jeter des plastiques ou des pots de café-touba partout, tenir une maison propre y compris le devant de la maison, ne pas jeter les ordures dans les caniveaux pour les boucher, ce qui entraine des inondations au moment de la saison des pluies, ne pas jeter les eaux sales dans la rue...Mais tout cela nécessite un engagement des familles auprès des mairies, pour que nous ayons au moins une organisation de ramassage des ordures, même si c'est avec des charrettes. Et aussi des égouts, pour l'écoulement des eaux. Ce serait important aussi que dans chaque famille, on plante au moins un arbre : Nous avons fait cela dans la CEB de la Zone de captage il y a trois ans et les familles ont très bien répondu. La CEB est même allée planter des arbres le long du lac de rétention et à la mosquée qui se construisait; ce dont les frères et sœurs musulmans nous ont beaucoup remercié.

Mais je dois m’arrêter ! Pour le reste, voyez les documents que je vous ai déjà envoyés. Encore une fois bon travail et bonne session!


Synode de la famille - La joie de l'amour

Cette formation se situe à la suite des deux sessions du synode sur la famille qui se sont tenues à Rome, et de l’Exhortation du Pape François sur la Joie de l’Amour. Elle a eu lieu pendant l’année de la miséricorde. Tout cela éclaire bien sûr notre vie de famille et l’enrichit.

La base de notre vie de famille, c’est Dieu Lui-même. Dieu est Amour, Dieu est une famille: Père, Fils et Saint Esprit. Jésus nous envoie son esprit d’amour, l’Esprit Saint, qui nous fait vivre dans le don de nous-mêmes à Dieu et à nos frères, dans la Vérité et la Force de l’Amour. Alors, nous nous cherchons à nous donner l’un à l’autre le plus possible, mari et femme, et à nous donner à nos enfants, comme le Père et le Fils sont Un, dans le Saint Esprit. Le deuxième fondement de notre famille, c’est l’amour  de Jésus pour son épouse l’Eglise, l’Eglise qui est notre famille, la famille des enfants de Dieu. Et enfin, bien sûr, l’exemple de la Sainte Famille, Joseph, Marie et leur fils Jésus. Mais en cherchant à les imiter dans notre culture, et notre vie de chaque jour, sans les idéaliser comme on le fait trop souvent: c’étaient des gens simples, des villageois, des pauvres, des travailleurs, des émigrés qui ont dû fuir leur pays. Jésus a été un orphelin et Marie une veuve très tôt. Ils vivaient en grande famille, et non pas un groupe de 3 fermé sur lui-même: dans l’Evangile on nous parle de sa cousine Elisabeth, des sœurs de Marie au pied de la Croix, des « frères et soeurs » (cousins) de Jésus à Nazareth…Ils ont vécu enracinés dans leur culture et leur foi juive (et non pas comme la petite famille toubab sans problèmes qu’on nous présente trop souvent). Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus nous dit qu’Il est venu nous montrer la gloire du Père, et qu’Il nous appelle nous aussi à rendre gloire à Dieu notre Père (Jean 17,20-26). Comment lui rendre gloire ? C’est d’abord par notre vie de famille, et l’amour dont nous sommes témoins dans le monde. Notre famille c’est une Eglise domestique, c’est l’Eglise à la maison (Vatican 2).  

Ce que je veux dire tout de suite, c’est que l’amour c’est beau, la famille c’est bon. Il y a des gens qui s’aiment vraiment jusqu’à la fin de leur vie vivant dans la paix. Des parents sont capables de se sacrifier pour leurs enfants, et font tout pour qu’ils soient heureux, en bonne santé, éduqués et vivant dans la foi et l‘amour. Ils sont notre admiration et nous en disons merci à Dieu. 

Nous savons aussi que dans nos familles, il y a des choses qui ne vont pas : l’homme qui s’impose en disant : je suis le chef de la famille, et cela va parfois jusqu’aux violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Les garçons qui se montrent supérieurs aux filles, et qui se font servir par elles. Et cela va même parfois jusqu’à l’inceste, que l’on essaie de cacher à tout prix. Il y a tous les problèmes de nos familles: cela devient de plus en plus difficile de nourrir et d’éduquer nos enfants. De nombreux parents n’ont pas de travail, ils sont au chômage, ils perdent leur dignité. Des familles sont divisées par des accusations. Mais aussi séparées parce que le père de famille est parti au loin, pour pouvoir nourrir la famille. Il y a toutes les souffrances dans le monde rural, toutes  les familles analphabètes parce qu’ils n’ont pas les moyens de se former. Et l’une des grandes souffrances, bien sûr c’est d’avoir un enfant handicapé. Sans parler de la mort qui nous touche tous, un jour ou l’autre. C’est vrai, notre vie est difficile: elle est difficile matériellement, elle est difficile psychologiquement, et aussi spirituellement. Déjà ce n’est pas toujours facile de s’entendre entre mari et femme, de s’entendre entre parents et enfants. Mais on nous dit (Luc 2,50) que Marie et Joseph eux-mêmes n’ont pas compris leur Fils, quand il est resté dans le temple de Jérusalem à 12 ans. 

Dans l’Evangile d’aujourd’hui (7° Pâques C), Jésus a prié pour nous, nous qui croyons à la Parole des Apôtres et qui sommes ses frères. Et nous savons que la prière de Jésus est efficace. Nous pouvons compter sur sa prière. Avec Jésus, c’est possible de s’aimer, avec Jésus notre mariage va réussir, avec Jésus nous pouvons vivre en paix dans la famille, quelle que soit nos difficultés. Jésus a prié pour que l’amour de Dieu descende sur nous. Jésus est là, comme Il l’a dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mat 18,20). Ce n’est pas pour rien que Jésus a fait son premier miracle à Cana, dans un mariage. Non seulement Il a béni tous nos mariages, mais Il a transformé notre amour. En effet, un miracle c’est un signe, par lequel Jésus veut nous enseigner et nous transformer. Quand Jésus change l’eau en vin dans un mariage, Il nous montre qu’Il change aussi notre amour dans son amour, comme Il change le pain dans son propre Corps, dans l’Eucharistie. Et si nous célébrons notre sacrement de mariage, à ce moment-là nous ne nous aimons plus avec notre petit amour humain, mais nous pouvons nous aimer avec l’amour de Jésus Christ Lui-même. Nous sommes branchés sur Jésus Christ.

Branchés sur Lui, nous sommes illuminés par le Saint Esprit et nous pouvons à notre tour éclairer nos frères, spécialement ceux qui souffrent dans leur sexualité et dans leur amour, ceux qui sont écrasés, rejetés, humiliés, ceux qui n’ont pas droit à la parole dans la société, tous les blessés de l’amour, les filles enceintes chassées par leurs parents, les enfants qui dorment dans la rue, ceux qui sont obligés de faire des petits métiers, les prostitués, les homosexuels, les émigrés qui sont loin de leurs femmes et qui ne peuvent pas mener une vie de couple normale. C’est vers tous ceux-là que nous sommes envoyés, sans choisir et sans chasser personne. Jésus nous dit bien : « Allez dans le monde entier, annoncer une Bonne Nouvelle, une parole de joie à tous  les hommes ».

Si nous nous aimons, bien sûr nous cherchons à éduquer nos enfants le mieux possible. Non pas d’après nos idées à nous, mais d’après les idées de Dieu. Nous ne les éduquons pas pour nous, nous les éduquons pour Dieu, car nos enfants viennent de Dieu. C’est par la force de Dieu que nous les avons mis au monde. Notre responsabilité c’est de les faire grandir, pour qu’ils retournent vers Dieu. Jésus le disait à ses parents, au Temple de Jérusalem : « Est-ce que vous ne savez pas, que je dois être dans la maison de mon Père ? » et faire le travail de mon Père. Il y a trop de parents qui veulent imposer leurs idées à leurs enfants et aussi le métier qu’ils doivent faire, ou la façon dont il doit travailler à l’école. Il y a trop de parents qui profitent de leurs enfants. Par exemple, quand leur garçon commence à travailler, ils exigent une partie de son salaire, Quand leur fille se marie, ils demandent une dot élevée, pour s’enrichir sur le dos de leur fille. Nous avons longuement réfléchi à l’éducation de nos enfants dans toute leur vie, dans les circonstances actuelles, et en particulier dans l’éducation sexuelle et dans la préparation au mariage.

Jésus nous dit : « Soyez un, pour que le monde croit que le Père m’a envoyé ». Nous sommes les témoins de l’amour de Dieu dans le monde. Dieu on ne peut pas le voir, l’amour de Dieu on ne le voit pas, mais notre amour à nous, les gens peuvent le voir. Si nous nous aimons vraiment en chrétiens, dans l’amour de Dieu, les gens qui nous voient vivre vont savoir que vraiment Dieu est amour. Nous voulons être les signes vivants de l’amour de Dieu. C’est pour cela que nous nous aimons pour toujours, et que nous ne nous séparons pas lorsqu’il y a des problèmes, mais que nous cherchons à nous pardonner. Si nous n’y arrivons pas tout seuls, nous demandons à nos témoins de mariage, nos amis, et les sages de la communauté chrétienne de nous réconcilier. C’est aussi pour cela que l’homme ne marie qu’une seule femme, parce que nous avons décidés de nous aimer comme Dieu nous aime. Quand Dieu nous aime, Il nous aime pour toujours, Il nous aime totalement, et quand nous pêchons, Il nous pardonne, Il ne nous rejette jamais. C’est cet amour-là que nous voulons vivre, car c’est la meilleure façon d’être heureux. C’est seulement cet amour-là qui peut nous remplir notre cœur pour toujours. Quand on s’aime, on a envie que ça dure pour toujours, on n’a pas envie de se séparer. Quand on aime vraiment sa femme ou son mari, on n’a pas envie d’aller chercher ailleurs. Si nous vivons cela en vérité, alors le monde croira que Dieu est amour. Si nous nous aimons comme Jésus nous aime, ils sauront que  Jésus est vraiment le Fils de Dieu, et qu’Il fait réussir notre amour.

Nous sommes responsables de tous nos frères, quels que soient leurs ethnies, leurs langues ou leurs religions. Dès le début de la Genèse, Dieu crée l’homme et la femme, Adam et Eve. Il les bénit, Il les unit devant Lui, et Il leur dit : « Soyez une seule chair, ayez des enfants, et dirigez le monde ». Adam et Eve ce sont les ancêtres de tous les hommes. C’est cet amour que Dieu demande à l’homme et à la femme, dès le début du monde, en vivant en famille. Nous avons donc à le faire connaitre, aussi bien à nos frères et sœurs musulmans qu’à nos frères et à nos sœurs chrétiens, pour que tous puissent être un dans l’amour. Notre responsabilité, c’est donc d’aimer ceux qui  ne sont pas aimés, de soutenir les familles qui souffrent, et tous ceux qui sont blessés dans leur amour. Notre Pape François nous dit sans cesse : « Allez à la périphérie, allez jusqu’au bout de la société, là où les gens sont écrasés ». Ceux qui sont complètement découragés, qui n’ont même plus confiance en eux-mêmes, qui n’ont même plus le courage de se relever. Il y a trop de familles découragées et écrasées dans notre société. C’est vers eux que le Seigneur nous envoie en premier. Notre Pape François nous demande aussi de » lutter contre la civilisation du déchet », c’est-à-dire de ne plus traiter les gens comme des déchets, comme des ordures. Et de ne pas faire passer l’argent avant l’homme. C’est pour cela que nous aidons ceux qui ne savent pas aimer, les femmes qui ont avorté, les prostitués, tous ceux qui ne peuvent pas vivre leur sexualité, leur amour et leur vie de famille d’une façon normale. Jésus nous demande de leur dire, comme Il a dit à la femme adultère: « Je ne te condamne pas. Va en paix mais ne pèche plus » (Jean 8,11). Mais pour cela, il faut les aider. Nous ne pouvons pas dire à une femme ou une jeune fille enceinte de ne pas avorter, si d’abord nous ne l’accueillons pas, nous ne  la soutenons pas et si nous ne lui donnons pas les moyens de vivre sa grossesse en bonne santé, dans la paix et aussi avec les moyens nécessaires pour cela. Et si jamais elle ne peut pas prendre son enfant en charge, trouver une famille d’accueil pour accueillir cet enfant.

Enfin, notre responsabilité s’étend à toute la société. Jésus nous le dit clairement : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde », pas seulement la lumière de la paroisse, de la communauté chrétienne, ni même de l’Eglise. C’est la société qu’il nous faut construire, pour que le Règne de Dieu vienne sur la terre. Nous en avons la possibilité. Nous ne pouvons pas être de grands politiciens, mais nous pouvons agir à la base, dans nos communes, surtout grâce à l’Acte 3 de  la Décentralisation qui a été mis en place. Dans chaque commune, il y a une commission de la femme, une commission des jeunes, une commission sociale. Nous pouvons agir à la base dans nos quartiers, avec les autres associations. Pas seulement dans l’amicale des jeunes chrétiens, mais avec les ASC et les autres groupes de jeunes des quartiers. Pas seulement dans l’association des femmes catholiques, mais avec les autres associations de femmes. Et aussi avec les ONG, les projets et les petits groupements qui se mettent en place: AGR, GIE….. Nous en sommes trop souvent absents. C’est pour cela que nous ne pouvons pas aider efficacement les familles nécessiteuses et celles qui ont des problèmes. Et d’abord nous-mêmes, quand nous en avons. Dans notre ville, il y a une maison de justice pour défendre les personnes et les familles qui ont des problèmes, et celles qui ne s’entendent pas. Pour se réconcilier, au lieu d’aller perdre notre temps et notre argent au tribunal. Il y a une boutique des droits, pour accueillir et aider les femmes et les jeunes filles victimes de violences. Est-ce que seulement nous les connaissons ? Est-ce que nous parlons avec les délégués de quartier et  les marraines, badjèni gokh. Il y a des actions qui sont menées au niveau du pays tout entier. Comme la Couverture Médicale Universelle, pour que tous aient une couverture sociale en cas de maladie ou d’opération. Il y a les césariennes gratuites, les soins gratuits pour les enfants de 0 à 5 ans, le Plan Sésame pour les personnes âgées, la carte d’égalité des droits pour les handicapés. Sans parler de tous les projets mis en place pour le monde rural, pour le travail des femmes, contre le chômage des jeunes, et beaucoup d’autres choses encore. Cela reste encore au niveau de la théorie, ce sont des lois qui ont été votées, mais qui ne sont pas mises en pratique. Mais justement, est-ce que ce n’est pas notre responsabilité à nous les chrétiens, d’agir ave »c les autres, pour que cela devienne réalité ? Jésus nous l’a dit : « Vous êtes le levain dans la pâte ». Et dans l’Evangile d’aujourd’hui Il prie le Père en disant : » Père, Je ne Te demande pas de les enlever du monde, mais de les garder de Satan »

Que Dieu notre Père nous aide à vivre dans son amour. Que Jésus nous rende attentifs aux pauvres et aux petits, comme Il l’a été Lui-même. Que l’Esprit Saint nous montre le chemin et nous aide, pour être heureux et rendre les autres heureux. Pour que le Royaume de Dieu grandisse en nous, dans notre famille et autour de nous ! 

 Dans le débat qui a suivi, chacun a pu apporter ses idées et son témoignage. On a abordé les questions de l’éducation sexuelle des jeunes, de l’avortement médicalisé, et de l’homosexualité. Je vous ai déjà envoyé des documents sur ces différents thèmes.

Par rapport à la question des divorcés-remariés

Nous sommes partis de l’Exhortation du Pape François sur la joie de l’Amour. Nous avons repris en particulier le n° 200, où il insiste sur notre devoir de coopérer pour faire grandir la Parole de Dieu. Notre responsabilité, c’est de semer. Le reste c’est l’œuvre de Dieu, nous le remettons entre ses mains. Et aussi de nous convertir pour être vraiment missionnaires (n° 201). Cela dans l’humilité (236), et en cherchant un vrai processus de libération (240), par rapport à nos frères divorcés-remariés, et pour tous nos frères et sœurs. Tout ce document du Pape François est placé sous le signe de l’humilité (n° 98): « Parfois, ceux qui pensent être les meilleurs dans leur vie de famille, deviennent orgueilleux et insupportables. L’humilité fait partie de l’amour. Pour pouvoir comprendre, excuser ou servir les autres de tout son cœur, il est nécessaire de guérir de l’orgueil et de cultiver l’humilité ».

Le Pape explique qu’une séparation peut devenir inévitable, mais cela ne peut être qu’une solution finale, un remède extrême, après que l’on ait essayé tout ce qui est possible, pour éviter cette séparation (n° 241). Et même là, elle n’est pas le dernier mot du chemin. Il nous faut accompagner ces personnes qui se sont séparées, pour les aider à dépasser cet échec (n° 242). Les personnes divorcées qui se remarient, doivent sentir qu’elles font toujours partie de l’Eglise. Il faut les encourager à participer à la vie de la communauté (n° 243). Le Pape rappelle qu’il y a un certain nombre de mariages qui n’ont jamais existé, et c’est pour cela qu’il a rendu plus faciles les reconnaissances de nullité de mariage (n° 244). Il rappelle aussi que, en cas de séparation et de divorce, il faut penser avant tout aux enfants (n° 245). Le Pape nous montre le chemin : « Le divorce est un mal, et le nombre d’augmentation de divorces nous inquiète beaucoup. C’est pour cela que notre travail le plus important, par rapport aux familles, c’est de faire grandir l’amour. Et d’aider les mariés à guérir leurs blessures, pour pouvoir arrêter l’augmentation des divorces à notre époque » (n° 246). Par conséquent, ce que le Pape demande, c’est d’accompagner ces personnes. De les écouter pour les comprendre et voir quel est vraiment leur problème. Et ensuite, d’accepter leur fragilité. Les Pères du Synode en 2015 ont beaucoup insisté sur l’importance de comprendre les situations.

Le Pape nous rappelle la nécessité de la gradualité, c’est-à-dire d’aller par étapes, au fur et à mesure des possibilités des gens. Il s’agit de comprendre les situations qui se présentent, et accepter qu’il y a des choses qui expliquent ce qu’ils ont fait. Ensuite, il faut établir un équilibre juste entre les normes et le discernement (la loi et la compréhension) pour développer ce que le Pape appelle « la logique de la miséricorde pastorale. Il n’y a pas de situation toute noire, ou toute blanche. Il n’y a pas un simple oui ou non. Il faut examiner la situation dans la miséricorde ». C’est pourquoi, les évêques ont cherché, à mieux comprendre les choses, par amour de la vérité (rapport final du Synode le 24 octobre 2015). 

Pour la question précise de la communion des divorcés-remariés (chap. 8), le Pape ne change pas la loi de l’Eglise (voir le n° 300). Mais il dit : « Si on tient compte de la très grande diversité des situations concrètes, on doit comprendre qu’on ne doit pas attendre du Synode ou de ce document, une nouvelle loi générale, du genre du droit canon, à appliquer à tous les cas. Il faut seulement un nouvel encouragement, pour un discernement (une compréhension) responsable, personnel et pastoral des cas particuliers ». Ces mots sont très importants, et ils doivent être tenus ensemble. Et au n° 351, le Pape rappelle que les divorcés-remariés, ont besoin de l’aide de l’Eglise. Et même, dans certains cas, l’aide des sacrements. Comme les autres personnes blessées dans leur amour. « Le confessionnal ne doit pas être une salle de torture, et l’Eucharistie est la nourriture pour les faibles, pas pour les purs et ceux qui se croient parfaits ». D’ailleurs dès le premier chapitre, le document a rappelé l’indissolubilité du mariage sacramentel valide. Donc pas de divorce. Mais il a surtout insisté sur l’importance de présenter la beauté du sacrement. L’indissolubilité du mariage (ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas, Matthieu 19, 6) ne doit pas être compris d’abord, comme un poids que l’on impose aux hommes. Mais bien plutôt comme un don, un cadeau fait aux personnes unies par le mariage, pour que leur mariage puisse durer: « La miséricorde de Dieu accompagne toujours le chemin de l’homme. Il le guérit par sa grâce. Il transforme le cœur dur en le ramenant vers son origine à travers le chemin de la croix. Jésus a annoncé  le sens du mariage, comme l’explication totale de la Parole de Dieu, pour retrouver le plan de Dieu depuis le début du monde. » (Matthieu 19, 3). Ce qui est important, c’est donc de vivre la vie de couple et de famille, dans la foi et la prière.