- Dimanche 13 décembre: Par les media nous suivons l'évolution de la Coronavirus et les différents évènements heureux et dramatiques dans le monde. Paix, solidarité, espérance, et bon courage pour les construire ensemble, malgré les problèmes et les souffrances qui nous atteignent.
Au Sénégal aussi les rencontres publiques sont interdites. Le nombre de cas positifs et de décès augmente, suite à un laisser-aller dans le respect des gestes barrières. Le gouvernement vient de réagir. Nous essayons de vivre cela d'une manière positive, comme une occasion de vivre Noel d'une façon plus intérieure et plus profonde, et si possible plus intense. Et en essayant de multiplier nos gestes de solidarité devant les problèmes économiques et la pauvreté qui grandissent. Vous pouvez lire les dernières nouvelles sur mon site : http://armel.duteil.free.fr
Les prisons sont toujours fermées, mais nous essayons de voir avec les assistants sociaux comment envoyer au moins de l'argent et des produits de première nécessité pour que ce soit Noel malgré tout, pour eux aussi. Les interventions dans les hôpitaux et les centres de formation ont repris, et nous y faisons participer nos étudiants en formation, pour qu'ils ne se fassent pas enfermer dans les études, ni prendre par la course au diplôme.
Nous venons de vivre un temps de réflexion sur l'écologie, l'environnement et le respect de la création avec les religieux et religieuses du diocèse de Dakar, suivi de l'Assemblée Générale des responsables. Demain et pour toute la semaine je commence une formation à "Justice et Paix" avec les jeunes religieux.
Par ailleurs, je suis invité à intervenir dans plusieurs émissions de télévision et radio à l'occasion de Noel et du Nouvel AN.
Je confie tout cela à votre amitié et à vos prières."
- Mardi 31 novembre: Quelques nouvelles du Sénégal :
Bonjour à vous tous.
J'espère que ce message vous trouvera en paix et dans l’espérance. Nous pensons bien à vous qui êtes Europe face à une reprise de covid19.
Chez nous, on a ré-ouvert les églises, les écoles et les hôpitaux. Il reste seulement les prisons et j'ai beaucoup de pitié pour les prisonniers confinés sans visite ni soutien.
Et il faut pousser les gens à ne pas abandonner les mesures de précaution.
En effet, il commence à y avoir un laisser-aller par rapport aux mesures-barrière, et l’on a très peur que la maladie reprenne, car le coronavirus est toujours présent et le nombre de cas positifs augmente de jour en jour.
Mais le problème, c’est surtout la pauvreté qui augmente.
Selon l’Agence Nationale de la Statistique : « le chiffre d’affaire des industries a baissé de 45 %.
Pour 70% des entreprises, l’impact négatif de la crise sanitaire est supérieur à 25%.
La baisse des commandes est de 66,3% «. Concrètement, ce sont des gens qui perdent leur travail, des familles qui sont expulsées parce qu’elles ne peuvent plus payer le loyer, des parents qui viennent nous voir parce qu’ils ne peuvent même plus nourrir leurs enfants, des enfants qui ne peuvent pas s’inscrire à l’école parce qu’ils n’ont pas de quoi s’acheter la tenue et les fournitures.
Pour les départs clandestins en pirogues, très souvent ce sont les parents qui se cotisent et poussent leurs enfants à partir, en espérant qu'ils arriveront et auront un bon travail en Europe et pourront leur envoyer de l'argent en retour.
Les émigrés qui viennent en congés aussi bien que les touristes qui viennent en vacances, donnent une idée absolument idyllique de l'Europe.
Et ce que l'on montre dans les media : belles maisons, belles voitures, loisirs, argent à gogo, tout cela n'arrange rien.
Samedi, nous avons prévu de réfléchir sérieusement à cette question dans notre commission d'action sociale des religieux.
Et de parler sérieusement avec les jeunes et leurs parents.
Mais en même temps soutenir toutes les actions menées pour donner du travail sur place aux jeunes.
Distribuer de l'argent ne sert à rien. Ce qu'il faut c'est éduquer et former les jeunes, les conscientiser et les motiver par une véritable formation civique qui leur fasse aimer leur pays et pour qu'ils cherchent à travailler sur place au lieu de partir clandestinement en Europe par la mer ou le désert avec tous les risques que cela comporte. Et ensuite les accompagner dans leurs efforts.
Pour cela conscientiser aussi les parents, les responsables de mouvements et d'associations de jeunes et les enseignants.
- Lundi 14 septembre: Comme partout dans le monde, le coronavirus est bien présent et agissant au Sénégal, même si les cas sont moins nombreux qu’ailleurs.
Le pays a été classé deuxième par une enquête internationale (Judd Devermont, Directeur du programme Afrique au Centre d'Etudes Stratégiques et Internationales), derrière la Nouvelle Zélande pour la gestion de la pandémie, grâce en particulier à une information, claire qui dure jusqu’à maintenant, une action rapide et énergique dès le début (couvre-feu et état d’urgence) un engagement important de tout le personnel de santé appuyé sur l’expérience acquise au moment de la crise Ebola, et cela malgré des moyens limités. Et après de gros efforts d’information et de sensibilisation pour le respect des gestes barrières : masques, distanciation physique ; nombre limité de passagers dans les bus et cars, fermeture des bars, restaurants et aussi des églises et mosquées, résultats des tests en 24 heures, vérification de la température dans chaque magasin. . Les hôtels ont été transformés en unités de quarantaine. Les scientifiques s'empressent de mettre au point un respirateur à faible coût …
Mais cela n’a pas empêché la pauvreté de s’étendre dans le pays. Et les précautions à prendre nécessairement ont énormément limité les activités économiques. De nombreuses personnes sont au chômage, et la majorité des gens travaillant dans le domaine informel se retrouvent sans ressources, ni moyens de faire vivre leurs familles. Les chiffres sont effarants. Mais, réels ! L’épidémie de Covid-19 a lourdement impacté les ménages sénégalais. Les pertes de revenus de ces ménages sénégalais dues à la Covid-19 sont estimées à 681 milliards de F CFA par mois. (1 milliard d’euro). L’étude réalisée par l’African economic research consortium (Aerc), basé à Nairobi, évalue cette perte sur 2 millions 672 mille Sénégalais pour une population totale d’environ 14 millions d’habitants. Selon l’économiste sénégalais, le Professeur Abdoulaye Seck, enseignant à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) qui a participé à cette étude, ces pertes concernent 7,9% du Pib. « Nous avons essayé de savoir quel pourrait être l’impact de cette crise en terme de pauvreté. Et nous avons pu montrer qu’effectivement la pauvreté augmente de 17%. C’est-à-dire qu’on passerait de 38% à près de 55%.
S’ajoutant à cela, des pluies très fortes et nombreuses ont causé des inondations et énormément de dégâts : des pertes de vie humaines, d’aliments et de matériel gâchés par les eaux, de maisons écroulées (beaucoup sont construites en briques en terre : banco) et de nombreuses détériorations. Nous n’avions vraiment pas besoin de cela ! Cela a entraîné de nombreuses polémiques. En effet, plusieurs milliards avaient été consacrés à l’aménagement de stations de pompages, caniveaux d’évacuation, assainissements des quartiers, etc. mais sans résultats probants. Beaucoup se posent des questions sur l’utilisation de l’argent débloqué. Actuellement de grosses actions de pompages sont organisées et des soutiens aux victimes.
Mais il faudrait attaquer les causes. Beaucoup de gens veulent venir habiter la capitale à cause des avantages qu’ils peuvent y trouver. Mais comme la presqu’ile de Dakar est envahie, ils vont s’établir sur des terrains inondables. Les maires accordent des permis de construire pour avoir de l’argent, l’état n’arrive pas à aménager les nouveaux quartiers ni à assurer le développement des villes à l’intérieur pour permettre aux populations d’y rester et d’y vivre. Et plus profondément, ces inondations sont les résultats de l’échauffement de la terre. Cela demande une action intense et efficace au niveau de l’écologie, pas seulement au Sénégal mais au niveau international. Ce sont les pays occidentaux industrialisés qui polluent, et ce sont les pays les plus pauvres qui en subissent les conséquences les plus dramatiques.
Ces inondations risquent aussi d’entraîner des problèmes de santé, en particulier diarrhées et même choléra, et paludisme. Surtout qu’on nous annonce l’arrivée d’un moustique asiatique spécialement virulent quimenace les villes africaines
Dans tout cela nous nous sentons solidaires du Mali et des autres pays du Sahel qui sont en plus victimes du terrorisme, des attentats et de fortes tensions politiques. Et nous sommes inquiets de l’évolution de la pandémie en Europe.
Les élèves des classes d‘examens qui avaient repris les cours ont passé les différents examens. Et les autres classes arrêtées depuis mai vont reprendre en novembre, avec les précautions nécessaires. Est-ce que ce sera suffisant ?
Pour moi, je prends des précautions et ma santé se maintient. Je ne peux malheureusement plus aller dans les prisons qui sont fermées avec aucune autorisation de visites. L’accès est difficile également dans les hôpitaux. Je me concentre sur mon travail de formation, en particulier par les media.
Je vais passer 15 jours en Côte d’Ivoire (j’y avais fait une année de formation en 1975), pour visiter les familles de nos étudiants ivoiriens qui se préparent à un engagement missionnaire. Cela va me permettre de rencontrer un certain nombre de groupes et de personnes, ce dont je me réjouis beaucoup. - Samedi 29 août: C’est le dernier jour de notre séjour en Côte d’Ivoire. Nous l’avons réservé pour un pèlerinage au lieu où les premiers missionnaires du père Libermann, donc nos anciens grands frères de la congrégation, sont venus dans le but de relancer l’évangélisation de la Côte d’Ivoire, qui avait été déjà commencée puis arrêtée à cause des maladies et des morts, par les capucins au 17ème siècle et les dominicains au 18ème siècle. Nos confrères venus en 1842, après un court séjour au Libéria au Cap des palmes, sont tombés rapidement malades, un d’entre eux est enterré à Assainie, les autres au Cap des palmes, les autres décédés en mer, pendant leur venue, ou leur retour vers l’Europe après avoir travaillé aussi dans un 2ème poste à Grand Bassam. Les deux survivants, le père Bessieux et le frère Grégoire s’étant alors embarqués pour le Gabon où ils ont pu commencer leur action d’évangélisation et de développement dans de meilleures conditions. Suite à ces maladies et ces nombreux décès, la présence des spiritains en Côte d’Ivoire ne pourra pas continuer. Il faudra attendre l’arrivée des premiers missionnaires de la Société des Missions Africaines le siècle suivant pour qu’ils puissent s’établir et rester présents pour leurs activités. Pour ce pèlerinage, nous sommes accompagnés par une délégation (deux voitures pleines : un aumônier et les responsables diocésains des Fraternités du Saint Esprit). A l’arrivée nous sommes très émus en voyant que l’évêque de Grand Bassam a fait placer une stèle en souvenir de nos premiers missionnaires.
A Assinie, nous n’avons pas retrouvé la tombe du spiritain qui y est enterré puisque la bande de terre entre la Lagune et la mer sur lequel ils s’étaient établis a été emportée par la mer. De toute façon cela remonte à trop longtemps. Puis nous sommes partis sur le terrain du centre futur de prière et de formation des Fraternités. Des briques sont déjà prêtes pour la construction. Ils veulent avancer progressivement. Ensuite, ils voudraient construire des salles de réunions. C’est donc un très grand projet pour lequel ils ont déjà des plans. Nous conseillons de planter tout de suite des arbres fruitiers qui pourraient servir à financer le fonctionnement du centre et à la nourriture des pèlerins. Et lorsque ce sera commencé, d’avoir aussi des jardins et également une ferme. Tout de suite, ils ont dit qu’ils pourraient donner une place aux spiritains pour qu’ils puissent y établir, à leur choix, soit une communauté soit un centre de repos. Les choses sont donc bien avancées. Ils veulent construire une maison avant le mois de Décembre pour que, comme le maire qui a donné le terrain le demande, « il puisse la voir avant de mourir ». Déjà depuis plusieurs années, ils viennent sur le site (ils ont reçu ce terrain en 2006) : ils logent, avec la permission du maire avec qui ils entretiennent de bonnes relations, dans l’école du village. Mais pour les formations, ils les font sur le terrain même. Nous retournons le plus rapidement possible à Abidjan à cause des nombreux bouchons, pour récupérer les résultats de nos tests, et pouvoir prendre l’avion le lendemain matin. Du coup nous ne pouvons pas manger ensemble comme nous l’avions prévu, mais cela n’était pas un problème, ni notre priorité.
Le test de Guy est prêt, mais on ne retrouve pas le mien, alors que nous les avons faits ensemble. Nous retournons donc la nuit au service d’hygiène, où là, en donnant « quelque chose », on retrouve le document, qu’il faut encore imprimer et aller faire signer auprès d’un responsable. Cela ne nous empêchera pas d’avoir les mêmes problèmes que pour le voyage aller pour les formalités dont je vous ai parlé dans un autre document que je peux vous envoyer également. Je vous redis toute mon amitié. Je continue à bien penser à vous et à être de tout cœur avec vous. A très bientôt. - Vendredi 28 août: Pour moi, ça va. Je continue à beaucoup travailler au niveau des media. La semaine passée j'ai animé une retraite pour les soeurs missionnaires spiritaines. Pour la suite, on m’a demandé ma participation à la rédaction d’un manuel sur « Justice et Paix ».
Sinon, je suis toujours coincé : les prisons et hôpitaux sont interdits d'accès, de même que les centres sociaux, et seules les classes d'examen sont ouvertes. Ma santé est bonne de même que le moral. Je travaille à des documents et assure des formations. Le mois passé, j'ai participé à la préparation à leurs engagements de nos futurs diacres qui après leurs voeux définitifs et leur ordination comme diacres vont partir pour une année de travail pastoral (diaconat), avant d'être ordonnés prêtres et d'être envoyés un peu partout dans le monde.
Au Sénégal, la pandémie progresse, malgré les précautions prises. Beaucoup de cas viennent de l’extérieur, et la population est fatiguée de respecter les gestes barrière et il y a beaucoup de laisser aller. Il y a un gros travail de conscientisation à faire.
Moi ça va, mais je ronge mon frein de ne plus pouvoir aller ni dans les prisons, ni dans les hôpitaux, ni dans les centres sociaux.
Je n'ai pas de congés cette année : il faut laisser la place aux autres confrères ! Chacun son tour. Pour moi ce sera l'année prochaine. Et il y a de quoi s’occuper sur place, en particulier pour les activités pastorales de nos étudiants qui sont en vacances.
Nous devons déménager notre séminaire qui risque de s’écrouler (trop ancien). Il nous faut trouver des solutions de rechange en attendant d’avoir les moyens d’en construire un nouveau.
Pour le coronavirus, le 13 juillet, le pays totalisait 8.135 cas dont 5.446 guéris, 2.540 sous traitement et un total de 150 décès depuis l’apparition de la maladie au Sénégal, le 2 mars. Le 16-8, nous sommes rendus à 253 décès. Mais le nombre ne fait qu'augmenter chaque jour, ce qui prouve que la maladie est là et se répand. Pour permettre aux gens de travailler pour gagner leur vie, les rassemblements et les activités sont autorisés, en respectant les gestes-barrière : se tenir à distance, porter un masque, se laver les mains...Mais certaines personnes ne croient pas à la présence de la maladie et ne prennent pas les précautions demandées. Les évêques ont décidé de garder les églises fermées pour éviter que la maladie se répande. Mais depuis mars, ça commence à faire lourd. Les gens auraient vraiment envie et besoin de se retrouver.
Nous continuons nos efforts de protection, de prévention, de sensibilisation et d'éducation face à la pandémie du Coronavirus.
Nous avons envoyé un questionnaire avec la commission d'action sociale sur la façon dont nous vivons et agissons en ce temps de pandémie. Nous avons reçu de nombreuses réponses. Ces réponses sont une source de méditation et d'inspiration pour nous tous. Je continue à les publier au fur et à mesure dans mes envois hebdomadaires sur internet.
Nous prions pour que le Seigneur écoute nos prières, qu'Il protège les malades, soutienne ceux qui les soignent et donne sa paix aux familles touchées par un décès. Qu'Il nous garde dans la paix et l'espérance, qu'Il nous aide à être témoins de son Evangile et de sa miséricorde en ce temps de pandémie et à conscientiser ceux qui en ont besoin.
Je pense bien à vous tous. Bon courage et bonne continuation - Mercredi 26 août: La communauté d’accueil me demande de présider la messe au Sanctuaire marial. Je ne suis pas habitué à la manière de faire du pays, et je ne suis pas très à l’aise. La célébration est très fervente mais là encore je la trouve un peu figée et pas suffisamment familiale. Et pour moi c’est important d’être à l’aise «dans la maison de mon Père » pour prier dans la paix et la confiance. Une autre chose me gêne, c’est qu’il y a beaucoup de paroles, surtout par le prêtre. Et j’ai parfois l’impression qu’il prie à la place des fidèles. En tout cas, les temps de silence et de prière personnelle me manquent. Il est vrai que nous sommes dans un sanctuaire national et qui se croit sans doute obligé de tenir un certain standing. Mais les fidèles sont très sympathiques et viennent me saluer à la sortie. Mais là aussi, avec de grands signes de respect auxquels je ne suis pas habitué. C’est vrai qu’ils ne me connaissent pas, mais comme le dit très souvent notre pape François « Attention au cléricalisme » et aussi « Allons aux périphéries ».
A midi, je mange avec une enseignante invitée dans la communauté, ce qui me permet de parler avec elle de l’éducation et des problèmes scolaires du pays. Nous parlons aussi du travail dans les prisons, et également de la position des différentes Eglises du pays, face au coronavirus. Ils sont très étonnés d’apprendre que jusqu’à maintenant, au Sénégal, il n’y a toujours pas de messe en paroisses, ni de célébrations communautaires des sacrements, depuis le mois de mars. C’est vrai que nos évêques ont voulu marquer leur engagement par rapport à la santé. C’est important de prendre des précautions, d’autant plus que du côté des confréries musulmanes, ils ont ouvert les mosquées et organisent des grandes manifestations religieuses au cours desquelles il n’est pas possible de garder la distanciation physique, ni les autres gestes barrières demandés, même si l’on porte des masques, ce qui souvent n’est pas le cas. Mais pour les chrétiens, on peut se poser la question de la reprise des messes dans les paroisses dans la mesure où tout au long de la semaine, ils se trouvent en contact avec d’autres personnes et avec la maladie qui est présente dans le pays. En effet, le gouvernement a assoupli les mesures qui étaient prises. On peut aller maintenant librement dans les marchés et dans les rues, le port du masque étant obligatoire seulement dans les magasins et autres espaces fermés. De même on ne limite plus le nombre de places dans les taxis, les bus et les cars qui sont très souvent surchargés. Surtout la confrérie musulmane mouride organise un grand rassemblement pour fêter le souvenir du départ de leur fondateur en exil au Gabon au temps de la colonisation. Ils ont refusé de limiter cette cérémonie et que les gens prient en privé. Ce qui veut dire que plusieurs millions de personnes vont se déplacer non seulement à l’intérieur du pays mais venant de nombreux autres pays étrangers, alors que normalement les frontières sont fermées et que l’accès leur en est interdit. De très nombreuses demandes ont été faites pour qu’ils suppriment cette manifestation, mais ils tiennent à tout prix à la faire, car c’est une occasion de récupérer de nombreuses aumônes et beaucoup d’argent. Nous sommes donc très inquiets que cette manifestation, de même que d’autres grands rassemblements qui vont suivre dans les autres confréries musulmanes du pays, entraînent un redémarrage de la covid 19, même si jusqu’à maintenant on a réussi à limiter l’expansion de cette maladie. Pour les chrétiens, nous avons peur qu’à la suite de cet arrêt des prières communautaires, ils prennent l’habitude de se contenter de regarder la messe à la télévision et de ne plus se retrouver en communauté chrétienne, ni d’agir dans les quartiers, les mouvements de jeunesse et d’adultes, les CEB (communautés de base) qui depuis plusieurs mois ne se réunissent plus. Et pour les chrétiens qui habitent dans les villages, la situation est encore plus difficile, car ils ne peuvent pas regarder les messes et autres prières à la télévision, puisqu’ils n’ont même pas l’électricité dans leur village. - Mardi 25 août: Je passe une journée très agréable chez les frères marianistes. Je les ai bien connus au Congo dans les années 1960 et je suis bien content de retrouver l’un de leur frère encore vivant, ici en Côte d’Ivoire. En effet, nous avons vécu des moments très durs au moment de la révolution dans la république populaire marxiste du Congo. Où plusieurs de nos confrères étaient arrêtés et torturés, et où le cardinal Emile Biayenda a été assassiné. Nous ne manquons pas de nous rappeler ces évènements qui nous ont beaucoup marqués. Ici, je suis très bien accueilli et je me sens à l’aise. Ils sont responsables du Sanctuaire Marial National. A 11 h, je vais assister à la messe, pour participer à la vie de l’Eglise locale et m’intégrer à la prière avec l’assemblée. La liturgie est ici très solennelle, un peu figée à mon goût, à la manière des groupes charismatiques très émotionnels. Ici aussi, les fidèles ne chantent pratiquement pas, se contentant de battre des mains pour participer aux chants. Mais on sent un véritable esprit de prière.
Le soir, avec toute la communauté, nous sommes invités chez une responsable de la Fraternité marianiste. Je passe une soirée très sympathique, car nous avons le temps d’échanger de nombreuses nouvelles sur nos deux pays : le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Nous n’avons pas de Communauté spiritaine en Côte d’Ivoire, mais un certain nombre de nos confrères viennent y faire des études ou recevoir une formation. En ce moment un confrère du Gabon prépare un doctorat en philosophie pour ensuite enseigner dans nos maisons de formation. Il vient me visiter l’après-midi. Nous ne nous connaissons pas, car nous ne sommes pas de la même Province (moi de l’Afrique du Nord-Ouest et lui de la Province d’Afrique Centrale). C’est souvent le cas quand nous ne sommes pas du même âge, ou quand nous ne travaillons pas dans le même pays. Nous sommes heureux de nous connaître. Nous avons le temps de parler de beaucoup de choses, en particulier de la formation des étudiants, de la situation de nos différents pays, ainsi que des activités que nous y menons.
Depuis hier soir, mon ordinateur était à nouveau bloqué. Et si je me débrouille pour saisir et envoyer des documents, je ne suis pas un technicien. Par chance un ami qui accompagne mon confrère s’y connait, il règle le problème. Le soir en rentrant, je peux lire et répondre normalement aux nombreux messages qui me sont adressés, et envoyer également mes documents. - Lundi 24 août: Un frère vient nous conduire à la Gare routière. Il y a énormément de monde, car c’est toujours la rentrée scolaire et du redémarrage de nombreuses activités. Heureusement que les choses sont bien organisées. Chacun a son ticket et les entrées se font progressivement par ordre d’inscription. On paye une assurance de 30 centimes pour chacune de nos valises à qui nous donnons une valeur, pour être remboursé en cas de perte. Le car est plein à bloc. Heureusement la vidéo est en panne, ce qui me permet de lire tranquillement et de travailler à ce compte rendu. En effet au voyage aller, des cassettes vidéo étaient branchées très fort, et il était très difficile de se concentrer, et même de se parler. Mais au bout d’un moment, je laisse le livre que j’ai amené avec moi et je m’endors parce que je suis très fatigué par ces nombreuses visites amicales, très agréables mais qui demandent aussi beaucoup d’attention pour répondre aux attentes et aux demandes.
Nouvelles explications politiques : Nous arrivons dans un pays qui est en pleine tension politique. Comme dans plusieurs autres pays de l’Afrique de l’Ouest, d’après l’ancienne Constitution, le Président n’a le droit de faire que deux mandats de six ans, puis laisser la place à quelqu’un d’autre. Mais plusieurs présidents, comme ici en Côte d’Ivoire et également en Guinée Conakry, plusieurs ont fait voter une nouvelle constitution. Ils disent que s’ils se présentent c’est pour une nouvelle investiture et un nouveau mandat, et donc que les deux présidentielles précédentes n’entrent pas en ligne de compte. Les opposants disent qu’il s’agit là d’un troisième mandat et donc que les anciens présidents n’ont pas le droit de se représenter. Ainsi en Côte d’Ivoire, cela entraîne une crise importante. Il n’y a pas de renouvellement de la classe politique. Les mêmes problèmes se posent dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest par exemple au Sénégal. Sauf au Niger ou en Guinée Bissau où les président ont promis de ne pas se représenter. Il y a de grands risques de tension et même de violences et de mort. En face de cela, le président s’appuie sur ces réalisations. C’est vrai que de bonnes choses ont été faites pendant son mandat : constructions de routes, développement d’entreprises, etc. Un seul exemple, il cherche à développer les productions nationales en les transformant sur place, pour qu’elles aient davantage de valeur, au lieu d’exporter des produits bruts ou des matières premières à des prix très bas, ce qui ne permet pas au pays de vivre. L’année dernière la Côte d’Ivoire s’était unie avec le Ghana pour arrêter leur vente de cacao de manière à obtenir un prix de vente plus juste. Maintenant il a un projet pour transformer le cacao sur place. - Dimanche 23 août: Contacts et visites malgré quelques retards et rendez-vous supprimés au dernier moment. Nous allons voir en particulier les frères de Saint Viateur à leur collège. J’y suis intervenu plusieurs fois dans les années 1980 pour des interventions avec Simone Sarrazin auprès des élèves en éducation sexuelle. Simone est une éducatrice et conseillère conjugale avec qui nous avons écrit de nombreux livres d’éducation pour les jeunes. Elle était à Bouaké. Son mari était venu travailler comme technicien de la culture du coton. Nous nous étions connus et avions commencé à travailler ensemble au Congo dans les années 1969-75. J’y rencontre un frère assez âgé puisque nous avons travaillé ensemble en 1982. Et c’est un de ces frères qui nous a conduit jusqu’à Yamoussoukro avec beaucoup de gentillesse. Je suis très heureux d’avoir fait sa connaissance.
Ensuite nous allons voir l’aumônier de l’hôpital CHU. Une nouvelle occasion de partager notre activité commune. C’est également lui qui suit la Fraternité de Bouaké et nous voyons ensemble comment soutenir cette Fraternité naissante.
A midi nous mangeons avec la famille. Ils ont invité les prêtres de la Cathédrale : une nouvelle occasion de partager des tas de choses. Le soir, ce sont déjà les adieux car nous partons demain matin de bonne heure pour Abidjan, où nous passerons également une semaine. Nous sommes tristes de nous séparer mais surtout très heureux de nous être connus. On me donne en souvenir deux photos prises au cours de la rencontre familiale du dimanche, de même que deux belles chemises ivoiriennes que je vais porter avec joie en souvenir. - Samedi 22 août: Mon confrère a prévu une visite à la basilique de Yamoussoukro. Un frère s’est libéré pour nous y conduire. Cette basilique a été construite sur ses fonds personnels par l’ancien président Houphouët Boigny, ce qui a posé un certain nombre de questions, en particulier d’où venait cet argent car la construction a coûté évidemment très cher. Bien sûr, le président avait de grands champs dans lesquels travaillaient les émigrés venus de la Haute Volta, le Burkina Faso actuel, et qui l’ont beaucoup enrichi. La basilique est construite à l’image de la basilique Saint Pierre de Rome, en face de la Présidence dans la ville d’origine du président. Elle est même plus grande que la basilique de Rome. Les chrétiens sont très fiers de cette grande église, mais personnellement je ne peux pas m’empêcher d’être mal à l’aise devant ce bâtiment énorme avec même des ascenseurs pour monter aux chapelles qui sont installées sur des colonnes en hauteur. Cela coûte évidemment très cher pour son entretien. On a même fait venir du marbre d’Italie et il y a également des ascenseurs pour la visiter. Je me demande surtout où est l’inculturation de l’Evangile dans cette basilique construite sur le modèle de Rome au Moyen Age, avec juste à côté une résidence papale absolument vide qui attend un voyage problématique du pape ou de l’un de ses successeurs, mais que pour le moment il faut entretenir à grands frais. Pour équilibrer cela, le pape Jean Paul 2 a demandé pour qu’il y ait au moins un hôpital à côté, pour donner une dimension sociale à cet espace. Passant devant, je n’y vois pas beaucoup d’activité. En tout cas, cela ne correspond pas à « l’Eglise, hôpital de campagne » demandé par le pape François, c’est-à-dire présente et agissante, là où les gens souffrent, dans la mesure où l’hôpital de Yamoussoukro est construit dans un périmètre réservé, à l’écart sur un terrain de l’Eglise. Nous sommes très loin d’une Eglise pauvre pour les pauvres, demandée par le pape François.
Pour donner une dimension sociale à cet espace, le pape Jean Paul 2 a demandé qu’on y construire un hôpital. Mais en passant devant, je n’y vois pas beaucoup d’activités. En tout cas, cela ne correspond pas à « l’hôpital de campagne » demandé par le pape François, c’est-à-dire présent et agissant là où les gens souffrent dans la mesure où cet hôpital est dans un périmètre réservé à l’écart, sur un terrain de l’Eglise. Nous sommes très loin de l’église pauvre pour les pauvres demandée par le pape François.
Au retour, nous amenons avec nous la sœur de Guy qui est choriste et qui vient à l’avance pour chanter à l’ordination de l’évêque l’auxiliaire de Bouaké qui va être consacré le dimanche 3 octobre. Déjà, en permanence les chorales font des répétitions de chants et se préparent à ce qui sera une grande fête. - Vendredi 21 août: Le matin, nous rencontrons longuement un étudiant qui voudrait devenir spiritain, pour bien lui expliquer quelle est notre vocation et notre façon de travailler. Il nous pose beaucoup de questions mais nous lui disons qu’il nous faut d’abord prendre le temps de nous connaître. C’est pour cela que nous lui demandons de continuer sa formation en gestion à l’Université. Cette formation pourra beaucoup lui servir s’il devient spiritain pour la mise en place de projets de développement pour aider les populations. Nous lui expliquons que de toute façon nous ne pouvons pas l’accueillir dans nos maisons de formation pour le moment, car il est nécessaire que nous ayons d’abord une communauté spiritaine en Côte d’Ivoire pour suivre les différents candidats. En attendant, nous lui demandons de prendre contact avec la Fraternité du Saint Esprit de Bouaké pour qu’il commence à y participer, de prendre des engagements à l’université et dans son quartier, et de continuer à être en contact avec nous par WhatsApp, FaceBook, et mails sur internet pour mieux nous connaître. Ensuite, le Vicaire général me demande de présider l’Eucharistie à midi, ce que je fais avec joie. L’après-midi, je prends un moment pour travailler à l’ordinateur avant de passer la soirée avec la famille de Guy.
- Vendredi 21 août: Compte rendu de mon voyage en Côte d'Ivoire.
Merci si vous avez eu le courage de lire ce document jusqu’au bout. Je ne vous ai pas parlé de la situation économique, sociale ou politique du pays, car je pense que vous êtes au courant de ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire par les media. J’ai préféré vous donner des nouvelles plus précises et plus concrètes de ce que l’on dit et vit sur le terrain, dans la réalité de chaque jour.
Je suis très heureux de revenir en Côte d’Ivoire. En effet, j’y ai déjà passé une année de Formation et de Recyclage en 1975, depuis le Congo, pour travailler à la Pastorale des Jeunes à l’ISCR, l’Institut de Culture Religieuse. Et me former aux problèmes de Développement avec les Jésuites à l’INADES (Institut Africain de Développement Economique et Social). Pendant les weekends j’allais en banlieue à Koumassi et les vacances dans les centres sociaux de l’Ouest, dans le diocèse de Man à Zouenoula et Trokpadrou. Je ne savais pas que 25 ans plus tard ‘allais me retrouver en Guinée, de l’autre côté de la frontière, dans les camps de réfugiés pendant la guerre du Libéria et Sierra Leone. Tous les ans au moment de mes congés, je suis revenu en Côte d’Ivoire pour travailler avec une Conseillère conjugale à la rédaction de mes livres d’éducation pour les jeunes et les couples. Et entre temps, j’étais souvent invité au centre Chappoulie de Yopougon pour des sessions en tant qu’aumônier national de la JEC et de la JOC. Je suis donc très heureux de retrouver la Côte d’Ivoire, même si c’est dans un climat de grande tension, juste avant les élections présidentielles qui présentent beaucoup de problèmes.
En effet, aux dernières élections présidentielles, en 2010, il y a eu une grande opposition entre Laurent GBAGBO et Alassane OUATTARA. Et une rébellion s’est mise en place à partir de Bouaké, là où je vais aller. Cela a entrainé beaucoup de casses, de vols, mais aussi de morts. On parle de 3000 morts au total. Les gens sont donc très inquiets pour ces nouvelles élections, d’autant plus que les choses ne sont pas claires. Le Président actuel a affirmé qu’il ne se représenterait pas, car il a été élu selon l’ancienne constitution pour deux mandats. Mais entre-temps, son dauphin qui devait prendre la suite est décédé brusquement il y a quelques mois. Prétextant de ne pas avoir le temps (ou de ne pas avoir préparé un autre successeur), le Président a décidé de se présenter à nouveau, affirmant qu’il en avait le droit puisque entre-temps une nouvelle Constitution a été votée sous sa direction en 2016. Donc selon lui, c’est un nouveau premier mandat et non pas un troisième mandat. (Le même problème se pose en Guinée, et certains commencent à en parler au Sénégal : la démocratie et le respect des libertés et des engagements ne sont jamais faciles !).Tous les partis d’opposition se sont opposés à cela. 46 candidats ont présenté un dossier pour ces élections présidentielles, seuls 4 ont été retenus et 2 grands leaders, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, ont été écartés à cause de différentes condamnations passées, bien qu’entretemps la Cour de Justice de l’Union Africaine ait demandé que Guillaume Soro soit libéré de sa peine, et que Laurent Gbagbo soit inscrit à nouveau sur la liste des candidats aux présidentielles.
Devant la volonté du président Ouattara de se présenter pour un troisième mandat, les différents partis d’opposition se sont mis ensemble, en réclamant une nouvelle commission électorale nationale indépendante, jugeant que celle-ci était nommée par le président actuel avec des membres de son camp. Ils demandent de revoir également la Cour Constitutionnelle pour les mêmes raisons, et ils ont décidé un mouvement de désobéissance civile, ce qui fait que tout le monde est très inquiet, en ayant peur de nouvelles contestations, de grande violence et donc de nombreux blessés et même des morts. L’archevêque Cardinal d’Abidjan, Monseigneur KUTWA, de son côté, a affirmé publiquement que cette troisième candidature du président Ouattara n’était pas nécessaire, ce qui a bien sûr entraîné des remous et beaucoup de problèmes des deux côtés. Les élections devaient avoir lieu à la fin du mois d’octobre et de nombreuses personnes se sont levées, d’abord pour garder la paix, mais aussi retarder les élections pour avoir le temps de faire une réconciliation, ce que le président et son parti refusent absolument. Nous parlons bien sûr de tout cela dès notre rencontre avec les personnes avec qui nous mangeons dès notre arrivée, car c’est vraiment un grand souci de la part de tout le monde, et bien sûr chacun a ses opinions sur cette question, même si les discussions se font sans violence et sans agressivité. (Finalement le président Ouattara a été déclaré élu, mais jusqu’à ce jour les tensions sont vives).
Dès le lendemain matin, nous prenons la route pour Bouaké à 450 kms au nord d’Abidjan, rejoindre la famille de Guy car pour nous il est très important de connaître les parents de nos confrères. Et aussi, dans ce cas précis, leur préciser et leur expliquer à nouveau quel est le sens de notre vocation missionnaire, pour qu’ils la comprennent le mieux possible et qu’ils l’acceptent si possible. Nous voyageons en car. Les voyageurs sont très nombreux car c’est la rentrée des classes et donc les cars ne suffisent pas. Nous partons après deux heures d’attente. Le car est climatisé et nous voyageons dans de bonnes conditions mais nous n’arrivons que le soir. Nous allons directement dans la famille de Guy qui nous attend avec impatience. L’accueil est très amical. Comme on le fait traditionnellement en Côte d’Ivoire, on nous donne d’abord un verre d’eau pour nous accueillir. Ensuite nous répondons à leurs premières questions « on se donne les nouvelles, et nous prenons le repas ensemble. Après cela, Guy me conduit à la Cathédrale où je vais loger. L’évêque est malade et absent, mais là aussi je reçois un accueil très sympathique de la part du Vicaire Général. Je suis également très bien accueilli par les autres confrères, et tout de suite je me sens à l’aise. Je me présente et nous parlons déjà rapidement de nos engagements réciproques. Je continuerai les jours suivants en particulier avec le Vicaire Général au sujet de la vie de l’Eglise en Côte d’Ivoire et au Sénégal, et avec le responsable diocésain de la Caritas (Secours Catholique) car nous avons des soucis et des points communs. - Jeudi 20 août: Nous participons à la grand’messe à la Cathédrale. Une belle cérémonie mais un peu trop solenelle à mon goût. Ainsi, seuls des solistes chantent au micro et il n’y a donc pas de participation véritable de l’assemblée. Je trouve cela très dommage. Les eucharisties ont repris en Côte d’Ivoire avec un nombre limité. Les fidèles gardent la distanciation physique entre eux et ne s’assoient que un banc sur deux.
Nous mangeons dans la famille de Guy. Après le repas, nous rencontrons d’abord les membres d’une nouvelle Fraternité du Saint Esprit qui se met en place, lancée par un membre qui vient d’être nommé à Bouaké depuis Abidjan. Nous voyons avec eux comment construire leur Fraternité sur des bases solides, en leur proposant quelques conseils et des orientations. Nous leur demandons de prendre un contact pour nous avec leur aumônier pour pouvoir nous présenter et parler avec lui. Nous demanderons aussi aux responsables d’Abidjan de venir les visiter, et d’organiser une séance de formation.
Ensuite c’est le moment le plus important de la journée : la rencontre avec les parents de Guy. Les anciens se sont déplacés et nous nous retrouvons tous ensemble. C’est l’un des buts principaux de notre visite pour expliquer notre vocation religieuse et missionnaire au service des plus pauvres, et donc que Guy ne servira pas en Côte d’Ivoire. Il sera envoyé dans une communauté internationale auprès de personnes nécessiteuses dans un autre pays. Après un temps d’écoute et les explications nécessaires, les anciens, responsables de la famille, nous donnent leur accord et nous assurent de leur soutien. Puis dans un deuxième temps, nous posons les premières bases pour la cérémonie d’ordination qui aura lieu en juillet l’année prochaine, en abordant les différents aspects financiers : accueil, transports, nourriture, etc. pour que tout se passe le mieux possible mais aussi dans la simplicité, conformément à notre vocation. Nous terminons par un très beau témoignage du père et de la mère de Guy, qui l’encouragent dans sa vocation et nous prions tous ensemble. Nous continuons ensemble la soirée dans la détente pour faire connaissance avec les différents membres de sa famille, en particulier ses frères et sœurs.
A mon retour à la Cathédrale, nouveau problème avec la connexion internet. Guy se déplace et vient me dépanner. Je peux alors lire mes messages et envoyer mes documents. En plus il me montre comment relancer l’ordinateur après les coupures de courant, ce qui me servira de nombreuses fois par la suite. Le soir, je regarde à la télévision, le grand meeting organisé par le Premier Ministre à Yopougon un des lieux forts de l’opposition. Cela repasse plusieurs fois à la télévision. Heureusement il n’y a pas de violence car les choses sont bien organisées. Par contre les meetings de l’opposition ne passent pas à la télévision. En effet pour le moment, il n’y a que trois chaînes de télévision en Côte d’Ivoire et ce sont toutes les trois des chaînes gouvernementales. Mais en fait, ils ne peuvent pas empêcher l’information de passer sur les raisons sociaux, internet, WhatsApp etc… si bien que les gens sont malgré tout au courant de tout ce qui se passe de tous les côtés. - Jeudi 20 août: COMPTE RENDU DE MON VOYAGE EN COTE D’IVOIRE
Ce voyage avait trois objectifs :
1)Notre responsable provincial m’a demandé d’aller rencontrer la famille de notre diacre Guy Levis Kouadio. En effet nous ne l’avions pas fait depuis le début de la formation de Guy chez nous et sa venue au Sénégal. J’ai été accueilli chaleureusement. Nous avons tenu deux rencontres familiales, une à Bouaké et une à Abidjan qui nous ont permis d’expliquer clairement notre spiritualité et les caractéristiques de notre apostolat missionnaire spiritain.
A Abidjan, nous avons également rencontré la famille de Dieudonné Datte Yao, au noviciat au Cameroun.Tous ont compris et accepté la vocation missionnaire spiritain de leur fils.
A Bouaké, comme demandé, nous avons rencontré le vicaire général (l’évêque malade étant absent) pour poser les bases de l’ordination sacerdotale de Guy. Il nous a accordé un excellent accueil et a tenu à ce que je sois logé au presbytère de la cathédrale.
2)A la demande de l’aumônier international des Fraternités du Saint Esprit, nous avons aussi rencontré ces fraternités, qui nous ont étonné et apporté beaucoup de joie. Ce sont les responsables diocésains d’Abidjan et Yopougon qui m’ont accueilli avec Guy à mon arrivée, au cours d’un repas où nous avons fait connaissance. Ils ont ensuite organisé une rencontre générale le dimanche 27 septembre au sanctuaire marial national avec les délégués de la quarantaine de fraternités des 3 diocèses d’Abidjan, Grand Bassam et Yopougon. Ces fraternités ont fait notre admiration. Elles ont été lancées depuis 30 ans et sont toujours animées par les laïcs, avec le soutien de quelques aumôniers diocésains. Elles demandent un soutien plus fort de la part de la congrégation, à laquelle ces Fraternités sont confiées par le Vatican. Elles sont en train d’essaimer dans tout le pays.
Ces fraternités ont commencé à construire un centre spirituel à Assinie, sur un terrain de 30 hectares qui leur a été donné par le maire. Depuis 2006, elles y organisent des rencontres de formation et de prières. Elles vont inaugurer une grotte avec une grande statue de « Notre Dame du Saint Esprit, Mère de l’Eglise » en décembre, et un grand chemin de Croix itinérant et une chapelle pour le lundi de la Pentecôte 2021, date de la célébration de leur 30° anniversaire.
3) Assinie et Grand Bassam : A la demande du père provincial, nous sommes également allés en pèlerinage à Assinie et Grand Bassam où les pères du saint cœur de Marie du père Libermann, futurs spiritains, ont commencé une mission d’évangélisation en 1842, sous la conduite de Monseigneur Baron, un américain d’origine irlandaise. Malheureusement, à cause des maladies et des morts, cette mission a été arrêtée, les 2 survivants, le père Bessieux et le frère Grégoire, partant s’établir au Gabon. Les tombes ont disparu, pas seulement à cause du temps qui a passé mais parce que la bande de terre où ils s’étaient établis entre la lagune et la mer a été emportée par l’Océan. Mais nous avons été très émus de voir que l’évêque émérite de Grand Bassam, monseigneur Dacoury, a fait ériger une stèle rappelant le séjour de ces premiers missionnaires capucins, dominicains et spiritains à Assinie, là où certains ont été enterrés.
Voici donc quelques notes sur ma visite.
Guy m’attend à l’arrivée à l’aéroport, ce qui favorise grandement non seulement l’accueil, mais déjà le passage au service sanitaire et à la police, où j’ai eu de nombreux problèmes (voir mon autre document à ce sujet). A cause du retard pris, nous nous dirigeons directement, pris en charge par un membre des Fraternités, à un repas avec les délégués diocésains des Fraternités des trois diocèses d’Abidjan, de Grand Bassam et de Yopougon. L’aumônier vient nous rejoindre un peu plus tard. Le repas est très sympathique. Ces nombreuses Fraternités se préparent à fêter le 30ème anniversaire de leur Fondation et ils sont très heureux de nous accueillir, car ils souhaiteraient avoir une communauté de Spiritains en Côte d’Ivoire pour les accompagner. En attendant, ils ont déjà des aumôniers des différentes paroisses. Ils ont déjà obtenu un terrain de 30 hectares pour y construire un centre spirituel pour des prières, des pèlerinages et des retraites, à la mémoire des spiritains qui ont travaillé et qui y sont morts, à 50 kms d’Abidjan, à Assinie et Grand Bassam. Leur séjour s’est terminé par la maladie et par la mort au bout de 3 ans et donc leur travail d’évangélisation est pratiquement méconnu en Côte d’Ivoire. Déjà ils y organisent un pèlerinage chaque année, à partir de la Cathédrale du Saint Esprit de Grand Bassam, avec le soutien de l’ancien archevêque Monseigneur DACOURY.
Pour moi-même, je suis très heureux de revenir en Côte d’Ivoire. En effet j’y ai déjà passé une année de Formation et de Recyclage en 1975, pour travailler à la Pastorale des Jeunes à l’ISCR, l’Institut de Culture Religieuse, et aux problèmes de Développement avec les Jésuites à l’INADES, en soirée à Marcory à la catéchèse des jeunes, pendant les weekends en banlieue à Koumassi, et pendant les vacances dans les centres sociaux de l’Ouest, dans le diocèse de Man à Zouenoula et Trokpadrou. Ensuite, tous les ans, je suis revenu à Bouaké pour travailler avec Simonne une Conseillère conjugale amie, à la rédaction de nos livres d’éducation pour les jeunes et les couples. Entre temps, j’étais plusieurs fois invité au centre Chappoulie de Yopougon pour des sessions en tant qu’aumônier de la JEC et de la JOC. Je suis donc très heureux de retrouver la Côte d’Ivoire, même si c’est dans un climat de grande tension, juste avant les élections présidentielles qui présentent beaucoup de problèmes.
En effet, aux dernières élections présidentielles, il y a eu une grande opposition entre Laurent GBAGBO et Alassane OUATTARA, et une rébellion qui s’est mise en place de Bouaké, là où je vais aller. Cela a entrainé beaucoup de casses, de vols, de violences aussi de morts, on parle de 3000 morts au total. Depuis, vous avez dû suivre les tensions qui se sont développées jusqu’aux élections présentielles, le président en place tenant à faire un troisième mandat malgré l’avis de l’opposition et d’une grande partie de la population. (A suivre) - Mercredi 19 août: Aujourd’hui, après ces deux jours de voyage fatigants, nous restons au calme. La connexion Wi Fi à la Cathédrale est très faible. Pourtant beaucoup de messages m’attendent et je voudrais envoyer mes commentaires de l’Evangile de chaque jour, de même qu’un certain nombre de documents. Un ami de Guy, avec qui il a fait précédemment ses études, me prête très gentiment sa tablette et nous achetons ce qu’il faut pour la connexion à internet, ce qui me permet de travailler tranquillement en toute sécurité. Le repas de midi me permet de prendre contact avec toute l’équipe de la Cathédrale et je peux travailler le temps qu’il faut à l’ordinateur. Et quand arrive le soir, Guy vient me prendre pour un nouveau repas sympathique en famille.
- Lundi 17 août: LES JOIES DU VOYAGE
Du début à la fin de mon voyage en Côte d’Ivoire, les choses ont été compliquées, pas seulement à cause de la covid 19 mais aussi de problèmes d’organisation et de relations. D’abord, cela a été très difficile d’avoir une place dans l’avion d’AIR IVOIRE car de nombreux vols avaient été annulés faute de passagers ou d’autorisation. En effet, les frontières ne s’ouvrent que peu à peu et comme les avions ne sont pas remplis, le prix des billets a augmenté énormément. Pour le moment, les relations ordinaires par avion entre la France et l’Europe ne sont pas encore établies, même si elles le sont à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest.
Ensuite, pour voyager il faut un visa. J’ai donc été à l’Ambassade de Côte d’Ivoire. Une première fois, j’ai été refoulé parce que je ne portais pas des chaussures fermées (malgré la chaleur et en plus de la saison des pluies avec toutes les inondations dans la ville !). Et alors qu’à cause de mes varices, j’ai une attestation pour laquelle je ne dois pas porter de chaussures fermées, au risque d’avoir des plaies qui auront beaucoup de peine à guérir. Je suis donc retourné une deuxième fois à l’ambassade avec des chaussures fermées malgré tout. Là j’ai pu entrer mais il m’a fallu un long moment avant d’être reçu. On m’a indiqué les différents documents qu’il fallait avoir pour obtenir le visa et pour voyager. Comme je m’y étais pris suffisamment à l’avance, j’ai pu me procurer ces différents documents. Ensuite on m’a dit que le visa était accordé à l’arrivée à Abidjan au coût de 90.000 FCFA (environ 130 euros) et donc il valait mieux le prendre en ligne à partir de Dakar (seulement 60 euros). Pour cela, il m’a fallu aller scanner les différents documents. Ensuite, j’ai essayé trois fois de suite d’obtenir mon visa sur internet mais sans succès. Découragé, j’ai demandé à un confrère qui s’y connait en informatique, qui a réussi à faire entrer tous les renseignements nécessaires, mais au moment du paiement par ligne par la carte visa (de 100 euros au lieu de 60 euros annoncés à l’ambassade), le paiement a été refusé. Je me suis dit que je serai donc obligé de prendre le visa à l’arrivée pour 130 euros.
Ensuite, j’ai rempli avec beaucoup d’attention (car pour moi les questions n’étaient pas claires, et donc les réponses à donner pas évidentes) une fiche de demande avec des tas renseignements que j’ai pu me fournir grâce à notre étudiant nouvellement ordonné diacre dont j’allais visiter la famille, qui m’a donné les différents numéros de téléphone et autres coordonnées nécessaires par mail. Je ne sais pas comment quelqu’un qui n’a pas une famille ou un ami qu’il appelle sur place pour avoir les réponses à toutes ces questions qui sont posées. Il me fallait aussi avoir un ordre de mission que je me suis fait établir par notre responsable. Puis je suis parti à l’Institut Pasteur de Dakar pour me faire faire un test et obtenir une attestation comme quoi je suis négatif à la covid 19, en payant là aussi 40 000 FCFA (environ 55 euros). Ce test il faut le passer seulement deux jours avant de partir (au moins au Sénégal) pour prouver que l’on n’a pas eu le temps d’attraper la maladie juste avant le départ.
Il me fallait aussi une invitation légalisée de la part de la famille de Guy qui allait m’accueillir à Bouaké. Ils l’ont fait établir à la mairie de Bouaké et ils l’ont envoyé par Internet et je l’ai scannée et imprimée. Je suis également parti au Service d’Hygiène pour me faire vacciner contre la fièvre jaune parce que ma dernière vaccination arrivait presqu’à la date limite. Heureusement que mon passeport était encore valide.
Je me croyais donc prêt pour prendre l’avion. Mais arrivé à l’aéroport, on m’a dit que l’invitation, pourtant légalisée par la mairie de Bouaké ne suffisait pas, il fallait qu’elle soit légalisée par le service de l’immigration à Abidjan. Mais on n’a rien dit à ma famille d’accueil à la mairie de Bouaké, où on a légalisé le document. Cela veut dire que mes amis auraient dû faire 500 km aller-retour de Bouaké à Abidjan pour légaliser ce document, avec tous les frais de transport et de séjour que cela supposait. Donc, pas question de prendre l’avion. Les agents de sécurité sont très gentils, d’ailleurs je connais bien leur responsable, et ils sont désolés, mais ils n’y peuvent rien. Je vis donc voir le chef de l’agence, et après une longue discussion en ouolof, il me laisse partir, à mes risques et périls, « à la grâce de Dieu ». Je prends le risque, car je ne peux pas annuler ce voyage.
En effet, à l’arrivée, les problèmes se posent à nouveau. D’abord on m’annonce qu’on n’accorde plus de visa à l’arrivée. Il fallait le prendre à l’ambassade à Dakar. Ensuite, comme le document d’invitation légalisé n’est pas valable, on va me garder au poste de police et me renvoyer à Dakar par le premier avion. Heureusement, Guy m’attend à l’aéroport. Je lui signale le problème et il contacte un policier ami qui peut résoudre la question, à condition de lui donner « les moyens » pour cela. Ce que je fais n’ayant pas d’autre solution. L’avantage, c’est qu’il me fait passer devant tout le monde, en faisant réduire les formalités au grand minimum. Cela me permet aussi de récupérer sans délai mes bagages qui ont bien suivi. Tant mieux, car l’avion avait plus d’une heure de retard, et j’étais attendu pour le rendez-vous de cette nuit.
Le retour sera tout aussi compliqué, mais je vous le raconterai une autre fois ! - Mardi 11 août: Comme beaucoup de monde, nous cherchons à nous protéger contre la pandémie de la covid 19. La maladie se répand, spécialement au moment des fêtes et des enterrements. Contrairement aux autres religions, les évêques catholiques ont décidé de garder les églises fermées et d'interdire les rassemblements, pour préserver la santé de la population et limiter l'expansion de la pandémie, ce qui avec le temps devient de plus en plus lourd à supporter.
Dans la vie sociale, nous ne sommes pas confinés, car il faut continuer à travailler pour vivre et faire vivre la famille, bien que de nombreuses activités économiques soient limitées ou même mortes, ce qui cause de grandes souffrances et augmente la pauvreté. Les rencontres à la plage ou au sport, dans les dancings et autres manifestations sont interdites, et le masque est obligatoire malgré la chaleur. Et aussi de garder la séparation physique, mais pas la distanciation sociale. Au contraire, il nous faut chercher à augmenter notre amitié et nos relations, mais d'une manière nouvelle, ce qui nous demande de faire preuve d'imagination - Mercredi 1 janvier:
- Mercredi 1 janvier: Prisons :
Nous espérions l'ouverture prochaine des prisons, et reprendre les messes, les séances d'écoute et le soutien des détenus. Mais avec la 2° crise du coronavirus, nous ne pouvons toujours pas entrer dans les prisons depuis mars 2020. Même les familles ne sont pas autorisées. Ils peuvent apporter de la nourriture à la porte, mais seulement les samedis et dimanches pour éviter la contagion
Et les détenus ont toujours les mêmes problèmes : des mois et des années avant d'être jugés, des avocats qui les abandonnent après avoir touché leur argent ou les trompent, des conditions de vie désastreuses dans une promiscuité totale et une vie sociale en prison cahotique, des difficultés à la sortie, pour se ré-insérer dans la société et trouver du travail.
Chaque année, dans notre plan d'action nous prévoyons de prendre contact et de travailler avec l'Observatoire des prisons, des juges et des avocats pour réfléchir à ces problèmes et trouver des solutions.
C'est absolument essentiel. Mais j'ai l'impression que nous le reportons d'une année sur l'autre sans le faire.
Est-ce que cette année nous allons enfin nous y mettre ?
Pour aller plus loin, nous voulons lancer 2 groupes de réflexion sur les prisons :
Un avec des juges sur les lois actuelles en particulier la criminalisation de l'avortement, de la drogue (y compris le yamba : canabis), du viol, de l'homosexualité. Et aussi sur la durée de l'emprisonnement préventif avant tout jugement, et sur les longues peines, etc....
Un autre groupe avec des avocats sur le comportement et la recherche de l'argent de certains et leur manque d'engagement, la recherche d'avocats pour prendre en charge gratuitement un dossier, etc...
Emploi des jeunes : encore une nouvelle structure !
Distribuer de l'argent ne sert à rien. Ce qu'il faut c'est éduquer et former les jeunes, les conscientiser et les motiver par une véritable formation civique qui leur fasse aimer leur pays et pour qu'ils cherchent à travailler sur place au lieu de partir clandestinement en Europe par la mer ou le désert avec tous les risques que cela comporte. Et ensuite les accompagner dans leurs efforts. Pour cela conscientiser aussi les parents, les responsables de mouvements et d'associations de jeunes et les enseignants.
Cadeaux :
remise de cadeaux, le jeudi 30 décembre dernier, dans les locaux de la radio FEM FM à Dakar.
"Un moment de communion avec les enfants." Mais quoi après ? Toujours des cadeaux et de la mendicité et presque rien pour la formation et les moyens pour s'en sortir. Quand allons-nous changer de mentalité ?
Diplome :
Diary Sow une étudiante sénégalaise brillante a disparu en France.
‘’Elle a pu se retrouver désarmée durant cette deuxième année de prépa, se retrouver confrontée avec son titre de meilleure élève du Sénégal devant des gens meilleurs qu’elle. Et ça n’aide pas qu’on continue à lui coller cette étiquette. Toute cette pression peut contribuer à lui faire perdre confiance’’
Arrêtons de mettre la pression sur les jeunes pour satisfaire leurs désirs ou ceux de leurs parents. Laissons-les vivre leur vie dans la paix et préparer leur avenir dans le calme et la confiance. Aidons-les à découvrir leur vocation personnelle et à la mettre en pratique tranquillement. La valeur d’une personne, ce n’est pas ses diplômes, mais ses qualités, sa foi et la valeur de ce qu’elle vit, personnellement et avec les autres. Arrêtons de parler d’écoles d’excellence. Arrêtons le système des notes en classe où on apprend à dépasser les autres et l’individualisme. Apprenons aux élèves à travailler ensemble. Vivons en communauté.
Gestes barrières :
Plus important que le couvre-feu c'est d'arrêter les magals (grandes fêtes et manifestations) et les grands rassemblements aux baptêmes et mariages, et surtout aux enterrements. Et aussi garder la distance sociale dans les transports. Mais le couvre-feu oblige tout le monde à rentrer en même temps : cela regroupe les gens et augmente les contacts qui transmettent la maladie.
Les gens ont besoin de travailler pour gagner leur vie, même la nuit, spécialement pour les petits métiers. Respectons les gestes barrières de jour comme de nuit.
COVID 19 :
Selon les Nations unies, environ 30 millions des habitants du Sahel en Afrique, soit 9 % de la population, ont basculé cette année dans la pauvreté, en raison des fermetures de frontières et de la diminution de l’activité.
Et ce, alors que la moitié de la population vit déjà dans le dénuement. Quelque 24 millions de Sahéliens ont besoin d’aide humanitaire et de protection. C’est un million de plus qu’en 2019. Il ne faut pas se voiler la face?: une régression est possible en matière de développement, en particulier dans l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD).
Réflexion-action au sujet de la pendémie de coronavirus
(Réponses d’un groupe de religieux du scolasticat piariste de NDA-Dakar)
Quelle conversion et transformation de notre vie et de notre société cela nous demande-t-il ?
Quelles leçons en tirer ?
au niveau personnel
Nous devons adopter une attitude éthique et morale, pour garder la vie humaine. Continuer à être respectueux des normes de sécurité (nous avons perdu de nos membres et des familiers ; la Covid 19 continue à être présente).
Nous devons faire une attention particulière à la nature, une plus grande protection. Revoir notre manière de faire envers elle.
Sensibiliser tous ceux qui sont en contact avec nous pour qu’ils respectent aussi les normes et les soins de prévention.
Etudier la psychologie actuelle pour mieux comprendre les effets du virus sur les enfants, les jeunes, les adultes et les vieux.
Nous devrons toujours être bien informés sur la réalité ; ne jamais vivre « hors terre », ou tournant le dos aux souffrances humaines, et aux besoins de ceux qui nous sont proches, ainsi que de ceux qui sont loin.
Apprendre à vivre davantage au jour le jour, comme les pauvres, ouverts à la surprise, à l’imprévu de Dieu, dans la confiance en sa Providence, sans aucune peur de l’avenir.
Faire une nouvelle conversion vers les plus petits et les plus pauvres. Ceci signifie, au niveau économique, réduire davantage notre train de vie ; donner, mais pas seulement du superflu.
au niveau de nos communautés religieuses
Comme dans le cas antérieur, être bien informés sur les besoins de tous ceux qui nous entourent, de notre société, de notre pays, de notre planète.
Maintenir une prière personnelle et en communauté plus accentuée, surtout en solidarité de compassion avec ceux qui souffrent.
Réfléchir ensemble comme à présent sur la signification pour notre vie chrétienne de cette pandémie et trouver la réponse adéquate, attentifs à la voix de l’Esprit. Que nous dit la Parole de Dieu dans la situation actuelle.
Renoncer à un train de vie « normal » pour goûter un train de vie plus austère, plus proche des gens simples de notre société.
Faire de nouveaux projets de sensibilisation et d’aide, pas tout seuls mais avec les autres groupes de notre société, religieux ou laïcs, chrétiens et non chrétiens. Sans engagement en des actions concrètes en faveur des nécessiteux, il n’y aura pas de foi vraiment chrétienne. Engagement aussi dans les groupes, mouvements, etc.
Une attention plus particulière aux plus démunis. Avancer ensemble avec les autres car la réalité de l’union, de la totalité, doit être beaucoup plus forte.
au niveau des différentes structures de nos paroisses et de l’Église
Si l’Église doit être proche des hommes et des femmes de notre temps, elle devra surtout être proche des pauvres et des petits. En conséquence, il se peut que nous entrions dans une période d’une plus grande austérité. Ensemble avec les petits et les pauvres cheminer avec eux vers un monde plus humain, plus égal, plus fraternel.
Si l’État n’est pas prêt à une santé publique pour tous, peut-être créer des Mutuelles de Santé pour les plus petits.
au niveau de la société :
économique, c’est le moment d’unifier toutes les voix de la terre pour demander exiger que tous les budgets destinés à l’arment soient investis en santé publique et éducation. Et que le glorieux corps militaire soit destiné à des actions de volontariat social.
social, faire de sorte que les salaires deviennent plus homogènes : que les riches gagnent moins (à travers des impôts ou en se fixant des salaires « normaux ») ; qu’il n’y ait pas de grands salaires pour les footballeurs, ni pour les banquiers, les ministres, etc. Que l’Église devienne plus pauvre en son patrimoine, au service des plus nécessiteux. Que les prêtres et les religieux renoncent à des salaires venant de l’État ou de l’évêché par leur condition de prêtres ou religieux, mais qu’ils gagnent un salaire simple par leur travail ; faire un salaire minimal global pour tous ceux qui sont pauvres, mais en leur donnant en même temps l’occasion d’un travail digne, si petit soit-il ; limiter le prix des locations et éliminer la spéculation dans la construction d’habitat. Elaborer une politique bien engagée, dans laquelle tout le monde participe, et d’attention à l’environnement, à notre mère Terre. Éviter la vente de la terre « aux grands » et augmenter le nombre des agriculteurs en leur facilitant le nécessaire (eau, engrais…)
la santé : augmenter les budgets ; augmenter aussi le personnel (qualifié ; et l’auxiliaire, moins qualifié, le recruter parmi les sans travail, parmi les pauvres…)
l'éducation : comme pour la santé : budget et personnel.
Faire que le numérique arrive à tous et faire une bonne formation dans son utilisation.
Eliminer de l’éducation toute sorte de peur et de crainte pour redonner la joie et la confiance.
Favoriser la collectivité, la socialisation des enfants, la solidarité entre élèves, le travail pour le bien commun, les valeurs humaines
pour une meilleure collaboration entre les différentes religions : inventer et réaliser des projets communs, des actions sociales à partager.
-
Merci
pour vos nouvelles,
J’espère que vous gardez courage et
espérance malgré les difficultés du moment. Je prie pour vous pour
que vous puissiez garder la paix et la confiance.
Au Sénégal,
nous sommes pris entre 2 feux : la maladie qui est présente et même
augmente et dont il faut se protéger, et le chômage que les
barrières entrainent et donc la pauvreté.
Nous allons entrer
dans la saison des pluies. Mais au Sénégal ça se limite souvent à
quelques pluies, pourvu qu'elles soient bien réparties pour que ce
que l'on a semé ne crève pas.
Mais
à chaque fois, dans les villes ce sont des inondations, faute de
moyens d'évacuation des eaux.
Le nord est envahi par des
oiseaux qui mangent les récoltes, qui sont déjà insuffisantes pour
nourrir la population.
La
population supporte de plus en plus mal les restrictions d'activités
avec leurs conséquences graves sur les moyens de vivre. Le
gouvernement doit trouver l'équilibre : d’un côté, limiter les
activités et les déplacements pour réduire l'augmentation des
personnes touchées et de l’autre, laisser aux gens la possibilité
de travailler et de se déplacer pour gagner leur vie. Pas
facile !
Les
transporteurs qui n'avaient plus le droit de circuler ont manifesté
dans plusieurs villes pour pouvoir à nouveau travailler. Finalement,
le ministre leur a donné la permission de reprendre les transports.
Les restaurants sont ouverts de même que
les
salles de sports. Les réunions privées sont également autorisées.
Et le couvre-feu est ramené de 23 heures à 5 heures du matin.
Pour
moi, je ne peux aller ni dans les prisons ni dans les hôpitaux. Et
les écoles et les centres sociaux sont fermés. Pas facile.
Bonne
continuation et bonjour à vous tous
- Nouvelles pendant le semi-confinement
"Voici quelques nouvelles du moment. Bonne réception et bonne continuation, dans la joie du printemps qui arrive et l’espérance de la résurrection.
J'espère que vous allez bien et que vous gardez le moral. Ici ça va. Les déplacements sont limités, et il faut porter un masque. Nous ne sommes pas confinés, mais les regroupements sont interdits et les activités très réduites, selon les possibilités et conformément aux réalités du pays, car les gens ont besoin d'aller travailler pour trouver à manger pour vivre. Pas question ici de télétravail, ni d’assurance sociale, sauf pour quelques privilégiés. L’état a dégagé le maximum d’argent possible et distribue de la nourriture à un million de familles nécessiteuses, ce qui fait la moitié de la population totale du pays. Les médecins et agents de santé font des merveilles avec les petits moyens qu’ils ont. Nous gardons l’espérance et vivons cela en paix Mais cela va avoir un impact très lourd sur la situation économique du pays. Les décès ne seront pas causés seulement par le coronavirus, mais surtout par la pauvreté.
Pour moi, les visites en prison et à l'hôpital sont supprimées. Cela me permet au moins de me reposer, mais je souffre beaucoup de ce que les prisonniers comme les malades hospitalisés n'aient pas de visite ni de soutien.
Dimanche
8 mars :
C’est la Journée
de la femme. Nous
laissons de côté les manifestations et autres festivités :
conférences, discours, soirées dansantes et manifestations qui ne
changent rien aux conditions concrètes de vie des femmes. Nous
tenons aujourd’hui notre rencontre trimestrielle de formation
des catéchistes.
Nous commençons par prendre un long temps pour écouter ces dames
parler de leur vie et de leurs problèmes. Même si nous connaissons
ces problèmes, il est important de les entendre à nouveau de la
part de celles qui les subissent et de réfléchir ensemble à ce
que nous pouvons faire pour changer les choses.
Puis nous
abordons le 2ème
thème de notre formation : « Jésus, le Vivant, nous
fait vivre ». Nous cherchons ensemble comment mieux vivre et
réussir notre vie ; comment faire mieux vivre les catéchumènes
et ceux dont nous avons la responsabilité, et comment lutter contre
toutes les forces de mort présentes dans notre Société. Nous
évaluerons tout cela le trimestre prochain.
Dès mon retour à
la Communauté, je prépare le compte-rendu de la formation
d’aujourd’hui pour ne rien perdre d’important. Puis après un
moment de repos le soir, je prépare les activités de la semaine.
En plus des activités habituelles, je dois assurer une formation
des jeunes religieuses sur l’écologie, la session des
responsables de la Promotion Féminine, sur Justice et Paix, et les
objectifs du développement durable et inclusif, l’Assemblée
générale des Agents de la Santé, la Journée de solidarité à
l’Hôpital, la rencontre de la Commission d’Action sociale, et
une récollection des religieuses missionnaires franciscaines, sans
oublier les Journées diocésaines de la Jeunesse.
Tout cela
sera dans mon prochain courrier, mais il faut d’abord le préparer.
A bientôt !
Samedi
7 mars :
Nous terminons le cycle de ce trimestre de préparation
au mariage des
fiancés. L’ambiance est toujours aussi amicale et chaleureuse.
C’est toujours une grande joie et un « rajeunissement »
de partager l’amour naissant de ces fiancés, qui font mon
admiration devant la fraîcheur de leur amour et leur volonté de
s’engager, non seulement en couple et avec leurs deux familles,
mais aussi dans l’Eglise et dans la Société : dans les
quartiers, au travail et dans les différentes associations et
organisations. Cela est un grand encouragement pour moi.
Dans
la ville, il y a partout des
constructions .
La seule ville de DAKAR comprend avec sa banlieue plus de 7 millions
d’habitants (pour 14 millions dans tout le pays), pour 2,3 % de la
superficie. Cela est dû en particulier à la
grande pauvreté du monde rural, aux
très faibles possibilités de développement et de moyens pour
gagner sa vie (emplois) dans les villages. Cela entraîne un énorme
exode rural, pas seulement vers les villes et la capitale, avec
toutes ses conséquences de délinquance et de violences, chômage,
drogues, maladies..., mais aussi de fuite vers l’Europe avec tous
les dangers de mort dans le désert ou en mer, ou d’esclavage en
Lybie et ailleurs.
mais en plus, on se demande d’où vient
tout cet argent pour les immeubles qui sortent sans cesse de terre.
De plus, on construit surtout des banques et des bureaux mais très
peu de logements. Et ces logements coûtent très cher, ne sont pas
accessibles à la majorité des gens qui continuent à habiter dans
des taudis et supportent la promiscuité.Dans les prisons
et des hôpitaux, c’est
la même chose. On construit de nombreux bureaux, on refait les murs
avec des beaux tableaux, on met des carreaux par terre partout (la
terre ne peut plus respirer), on achète des tas de motos et
voitures (le Président s’en est plaint et a arrêté tout nouvel
achat, les achats précédents dépassent 50 milliards de francs
CFA),… mais les conditions de vie des détenus ou la prise en
charge des malades ne s’améliorent pas et les moyens manquent
toujours autant.
L’après-midi, nous tenons notre première
réunion de Justice
et Paix des
religieux du Sénégal. Nous sommes tous plus ou moins impliqués et
il y a beaucoup d’actions engagées à la base dans nombre de ces
domaines. Nous sentons le besoin de coordonner les actions et
d’approfondir les réflexions et les analyses pour attaquer
vraiment les causes profondes des problèmes. Et avant d’agir
auprès des autres, nous voulons d’abord nous mettre en cause et
analyser nos propres comportements. Après le tour des actions
menées, pour la prochaine réunion nous décidons de voir nos
manquements par rapport à la Justice
et la Paix dans
nos propres communautés. Et ensuite de voir cette question au sujet
de nos employés et de n os collaborateurs dans nos écoles, nos
postes de santé et nos autres activités. Nous y analyserons les
actions menées ainsi que les manques, les problèmes qui se posent
et les solutions possibles.
Vendredi
6 mars :
Le matin, rencontre avec les filles du deuxième Centre Social où
j’interviens. Puis le Chemin de Croix, la grande prière des
Vendredis de Carême, pendant que les musulmans vont prier à la
Mosquée. Malheureusement, nous ne sommes pas autorisés ensuite à
visiter les malades dans les différents services.
J’apprends
avec beaucoup de tristesse la
mort du doyen
des prêtres sénégalais. C’était un grand frère et un ami pour
moi depuis le Collège où nous avons fait nos études ensemble. Il
était très actif et nous avons beaucoup travaillé ensemble. Il
est décédé, épuisé, dans son lit. Il a vécu à plein, il est
mort heureux et nous lui sommes reconnaissants. Son exemple continue
de nous inspirer et il est encore présent parmi nous.
Jeudi
5 mars :
Le Bureau des religieux et religieuses se réunit chez nous pour
évaluer la marche et les actions des différentes congrégations.
Pour ma part, nous examinons les activités de la Commission
d’action
sociale, pour la justice, la paix et l’environnement (écologie).
Et je demande des précisions sur les deux jours de formation que je
dois assurer sur « Justice et Paix, Développement durable et
inclusif ». Un gros morceau que je dois préparer
sérieusement.
Le soir, je rejoins la Communauté
anglophone.
Nous commençons par échanger des nouvelles de notre vie ici et
aussi de nos pays d’origine, spécialement du CAMEROUN anglophone
en sécession et du NIGERIA marqué par les attentats terroristes.
Puis nous méditons sur l’Evangile de Dimanche prochain. La parole
est à tout le monde, chacun dit ce qu’il comprend de cette Parole
de Dieu et à quoi elle nous appelle. Nous terminons par un temps de
prière, avant de partager ce que chacun a apporté.
Mercredi
4 mars :
Au Centre social des Jeunes Filles, nous parlons aujourd’hui du
Carême
et du Ramadan.
Chacune explique comment elle vit ce temps de conversion dans sa
propre religion. Ensuite, nous en tirons des conclusions pour notre
vie commune : l’importance de mieux nous connaître, de nous
accueillir et nous respecter ; non seulement accepter nos
différences mais construire à partir de nos différences. Nous
allons continuer dans ce sens.
Le soir, je suis invité dans
une Communauté
de quartier
pour les aider à s’organiser et préparer leurs activités
futures. Je participe à ces activités depuis les années 1960
lorsque nous avons commencé à mettre en place ces communautés de
quartiers (CEB/CCB) au CONGO. C’est une joie pour moi de
partager tout cela, d’autant plus que cette Communauté semble
avoir vraiment la volonté de s’engager et d’agir.
Le
CORONAVIRUS (Covid 19)
est arrivé au Sénégal par un Français travaillant au Sénégal,
parti en vacances en France. Puis un franco-sénégalais est venu de
France au Sénégal pour un enterrement, avec sa femme. Enfin, une
employée des Nations-Unies, de retour d’un voyage de
travail.
Ils ont aussitôt été mis en isolement. Le 1er
n’a pas contaminé sa famille et il est guéri. Les autres, à ce
jour, sont en attente. Nous avons la chance d’avoir à DAKAR un
Institut Pasteur très efficace, et des hôpitaux qui se sont
préparés à accueillir les malades. Les services de santé ont
sensibilisé la population aux précautions minimum : se laver
souvent les mains, tousser dans son coude, etc.. Les grandes
rencontres ne sont pas supprimées, mais, comme ailleurs, dans les
églises on a supprimé le geste de paix et on reçoit la Communion
dans la main. Pour le moment, il n’y a pas de panique, ce qui est
une bonne chose. Les visites dans les prisons et les hôpitaux sont
supprimées, ce que nous regrettons beaucoup car les prisonniers et
les malades vont se retrouver encore plus seuls et abandonnés. Il
n’y a pas de confinement, ce qui serait très difficile, car la
population , à la recherche de moyens de vivre, est très mobile.
De plus, les contacts physiques et signes d’amitié (salutations,
compassion) sont très importants dans la culture locale. Et il y a
un mélange de confiance et de passivité : « C’est une
question de chance. Si Dieu le veut, je ne serai pas malade ».
Tous les chefs religieux, musulmans comme chrétiens, ont demandé
des prières, ce qui est important, et ne supprime pas les
précautions à prendre et la lutte contre la maladie. Il est
important que tous s’y mettent ensemble, chacun selon ses
responsabilités et ses capacités.
Mardi
3 mars :
Visite des femmes à la prison, et travail à la maison
(préparation de documents).
Lundi
2 mars :
Après la messe du matin, je me mets à la rédaction du
compte-rendu de la rencontre d’hier, pour le diffuser par
Internet. mais il faudra encore saisir toutes les adresses mails…
sans faire d’erreur.
Un ami allemand est venu dans le cadre
de son ONG pour construire le Centre Social de BANTAKO, dont je vous
ai parlé le mois dernier. Il va maintenant mettre en place un
garage pour la formation d’apprentis en mécanique. Il a besoin
d’une carte de séjour pour étranger, et pour cela il a besoin
d’un certificat médical de visite et contre-visite. Il nous faut
donc voir deux médecins, mais le Lundi matin ils sont en pleine
consultation. Nous devons attendre plusieurs heures… et je suis en
retard pour aller à la prison, où les heures de visites sont
strictes.
Dimanche
1er
mars :
Je me lève de bonne heure pour attendre le car qui va me conduire à
25 km, au Foyer de Charité pour l’Assemble générale et la
récollection des aumôneries des hôpitaux. Je dois attendre
longtemps, car comme d’habitude, le car est très en retard.
Le
thème du diocèse cette année : « Jésus notre vie ».
Nous voyons donc ensemble comment vivre, en tant que chrétien,
comme agent de santé et comment faire vivre les hôpitaux où nous
travaillons ensemble avec les autres agents de santé. Et comment
faire grandir la santé dans les quartiers, à partir de nos
communautés de quartiers. Les échanges sont très approfondis et
très riches, à la joie de tout le monde. Nous avons aussi la
messe et des temps de prière, et un repas pris ensemble dans
l’amitié. Nous tenons aussi une Assemblée générale avec une
évaluation des activités de l’année et la mise en place d’un
nouveau bureau.
Samedi
29 février :
Nous recevons le Nonce dans notre communauté. Nous parlons de la
vie de l’Eglise et de l’évolution de la société au Sénégal,
en Mauritanie et dans les deux Guinées. Il m’encourage à
continuer mes émissions à la radio et je l’invite dans la
communauté anglophone et les prisons.
L’après-midi et la
nuit, je travaille à mes documents.
Vendredi
28 février :
Aujourd’hui, les filles du Centre Social sont en composition. J’en
profite donc pour aller à l’hôpital.
Après un long temps d’attente, je suis reçu par le cardiologue
qui est très compétent et engagé. Nous sommes devenus des amis
maintenant et nous prenons un moment pour parler de la marche du
service, avant qu’il me renouvelle mon ordonnance après avoir
fait un électrocardiogramme. Il me donne rendez-vous dans deux mois
car il tient à me suivre de près… ce que j’apprécie
beaucoup.
Pendant tout le Carême, nous assurons le Chemin de
Croix à la Chapelle de l’Hôpital. C’est une prière appréciée
par beaucoup, et il y a beaucoup de monde. Je commente ensuite le
message des Evêques du Sénégal. Il parle de l’animation
des jeunes,
suite au Synode des jeunes à ROME et du document du Pape :
« Le Christ vit ». Puis nous terminons par la messe.
Ensuite, avec les volontaires, nous allons visiter les malades et
leurs parents et amis présents dans les différents services.
Jeudi
27 février :
Les activités continuent. Ce matin, écoute
des détenus
dans la 2ème
prison de Dakar. Les demandes sont toujours aussi nombreuses que les
souffrances. Nous déposons de l’argent au Service Social pour que
les prisonniers puissent téléphoner à leurs familles et pour
acheter des produits de première nécessité à la boutique de la
prison.
L’après-midi, je travaille à mes enregistrements
des commentaires de l’Evangile qui passent chaque jour à la radio
et
qui sont très écoutés. Je les prépare donc avec soin. Le soir,
nous tenons la rencontre de l’aumônerie
des prisons. A
mi-parcours de l’année, il y a beaucoup de choses à repréciser
et même à relancer. Nous allons refaire une formation
« à l’écoute » pour les nouveaux membres. Nous
voulons prévoir des rencontres avec les avocats pour les pousser à
mieux faire le travail ; réfléchir avec des juristes sur des
lois qui nous posent problème, comme la criminalisation des
avortements ou de l’homosexualité, du cannabis et du viol dont
l’application très stricte amène à casser pour toujours et
injustement un certain nombre de vies. Nous demandons comment faire
accélérer la justice, pour que les personnes n’attendent pas 3 à
4 ans avant d’être jugées et d’être parfois déclarées
innocentes. Nous prévoyons aussi d’organiser des rencontres entre
les chefs de chambres et les responsables des gardes et aussi entre
les différentes ONG qui interviennent dans les prisons, pour une
meilleure coordination et mieux répondre aux besoins des détenus.
Mercredi
26 février :
Mercredi des Cendres. J’avais d’abord rendez-vous avec mon
cardiologue, mais il est très pris par une opération d’urgence.
Cela me donne le temps de préparer les différents colis pour
répondre aux besoins des prisonniers
que
je visiterai ces jours-ci. Ce qui me demande chaque semaine beaucoup
de temps, d’abord pour acheter les choses, puis pour confectionner
les paquets selon les normes de la Prison, mais c’est important
pour répondre aux besoins des détenus. Ensuite, il faudra encore
beaucoup de patience pour faire enregistrer ces paquets qui seront
vidés et contrôlés, pour vérifier s’ils ne contiennent pas des
choses interdites.
Comme chaque année, il y a beaucoup de
monde pour la cérémonie des Cendres, d’entrée en Carême. C’est
une cérémonie qui touche beaucoup les gens. Je commente le message
du Pape François à cette occasion, pour présenter la façon de
vivre le Carême d’une manière renouvelée et adaptée à nos
réalités locales.
Je passe ensuite dans les différents
services de l’hôpital.
Du
coup je n’aurai plus le temps d’aller à la prison aujourd’hui.
Mardi
25 février :
Nous nous retrouvons à la prison des courtes peines pour la
rencontre d’écoute. On nous demande des cahiers et des bics pour
l’alphabétisation. Et aussi des livres en anglais pour la
bibliothèque. Les détenus que nous recevons nous font part de
leurs besoins. Comme ils sont tous en attente de libération, ils
nous posent le problème de leur retour au pays, surtout les
étrangers qui veulent retourner dans leur pays d’origine. Cela
coûte évidemment très cher. Nous allons voir la possibilité
d’une aide avec la Caritas et l’OIM (Office International des
Migrants) des Nations Unies. mais le problème se pose aussi pour
les Sénégalais. Quand ils sont libérés, ils doivent se
débrouiller par eux-mêmes et la plupart n’en ont pas les moyens.
C’est souvent une grande cause de souffrances et de difficultés.
A
la maison, nous tenons notre réunion mensuelle de communauté. Nous
réglons les différents problèmes de notre vie en commun et de nos
activités pastorales. Nous prenons un temps pour accueillir notre
étudiant venu du PARAGUAY pour apprendre le français et continuer
sa formation parmi nous.
C’est le Mardi-Gras, et pour les
musulmans c’est une fête chrétienne, ce qui nous gêne beaucoup.
D’abord parce que c’est une fête païenne ; ensuite cela
n’a rien à voir avec la culture et les traditions sénégalaises.
Ce sont surtout les Sœurs européennes des Jardins d’enfants qui
ont lancé cette habitude qui pèse lourd sur les familles
nécessiteuses. mais leurs enfants font de la surenchère et veulent
être aussi bien déguisés que leurs camarades. En tout cas, je
n’ai voulu participer à aucune de ces fêtes, me consacrant
plutôt à la préparation du Carême.
Lundi
24 février :
Mon vélo est très ancien et me donne de plus en plus de soucis. Le
PARI (Point d’Accueil pour les Réfugiés et Immigrés) me propose
un vélo qui était inutilisé, pour visiter les membres de la
Communauté anglophone, les étrangers dans la ville et les détenus
(hommes et femmes) des différentes prisons. Cela me touche
beaucoup, pour le soutien mais aussi pour l’intérêt qu’ils
portent à mon apostolat.
Dimanche
23 février :
Après la messe avec les anglophones, je pars à la paroisse où
trois jeunes prêtres célèbrent leur première messe. C’est une
grande joie pour tout le monde et une grande fête. Cela me donne
l’occasion de retrouver un certain nombre de personnes que je
n’avais pas vues depuis très longtemps. Un vrai plaisir.
Samedi
22 février :
Je suis invité par une amie de longue date. Elle était responsable
de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et nous avons beaucoup
travaillé ensemble pour les droits de l’enfant. Aujourd’hui,
elle m’a invité dans son groupe de prière, en particulier pour
deux personnes gravement malades. Nous nous retrouvons dans la joie
pour un long temps de prière.
Vendredi
21 février :
On refait la peinture de la Chapelle de l’Hôpital,
aussi nous prions dans la cour avant d’aller rencontrer les
malades et leurs familles, au son des hauts parleurs de la mosquée
voisine qui assure la grande prière du Vendredi. Je trouve que le
fait de prier chaque Vendredi l’un à côté de l’autre a une
grande signification. Ensuite, nous nous retrouvons dans les
différents services où nous sommes presque toujours bien
accueillis et attendus pour la prière.
Après la visite, je
vais rencontrer le Directeur de l’Hôpital de l’Ordre de Malte,
l’un des trois hôpitaux que je visite, avec l’hôpital des
enfants et l’hôpital universitaire. A l’Ordre de Malte, ils
accueillent spécialement les lépreux et tous ceux qui ont des
problèmes orthopédiques. A côté, il y a aussi l’hôpital
psychiatrique, que je visite également.
Jeudi
20 février :
Avant d’aller pour l’écoute à l’autre grande prison des
hommes, je passe d’abord visiter une Sœur, au sujet des mines
d’or de BANTAKO, où j’ ai rencontré un certain nombre de
femmes qui se prostituent, dont certaines voudraient s’en sortir.
mais j’ai besoin d’y voir plus clair pour adopter la meilleure
démarche à suivre, car c’est bien sûr une action délicate qui
demande beaucoup de tact.
A la prison, de nombreux prisonniers
veulent nous voir car nous n’avons pas pu les rencontrer la
semaine dernière. mais les choses sont très lentes et il nous faut
attendre plus d’une heure avant de pouvoir commencer. Du coup,
nous ne pouvons même pas recevoir la moitié des volontaires.
Espérons que ça ira mieux la semaine prochaine !
Mercredi
19 février :
Hier, à la prison
des femmes, j’en ai rencontré plusieurs dont le mari (ou le
frère) est dans la prison des hommes . Je les fais appeler
pour leur apporter nouvelles et encouragements. Mardi prochain, je
donnerai les réponses aux femmes. Après cela, je rencontre les
volontaires, chacun avec son problème. Quand quelqu’un commet un
délit, les policiers embarquent tous ceux qui habitent ensemble,
surtout si ce sont des étrangers, en disant qu’ils sont
complices. Et ils peuvent faire trois ou quatre ans avant d’être
jugés ! Et puis il y a toujours le problème des avocats qui
prennent l’argent des détenus et qui disparaissent !......
J’ai pu obtenir quelques-uns de leurs numéros de téléphone et
je vais les relancer…. en espérant qu’ils décrochent !
Mardi
18 février :
Je vais à la prison des femmes, où je ne m’étais pas rendu
depuis longtemps. Je consacre un temps important à une jeune femme
qui vient d’être arrêtée et se trouve en prison avec son bébé.
Et une autre qui a de grands problèmes psychologiques. Je l’écoute
longuement, puis je vais voir l’assistante sociale. Il faudrait la
libérer pour qu’elle puisse être soignée.
Ensuite, je pars
chez les Sœurs spiritaines où j’interviens chaque semaine. La
responsable dit nous quitter pour aller travailler en Centrafrique.
Les filles ont tenu à faire une fête pour la remercier et c’est
l’occasion pour les formateurs et ceux qui soutiennent le Centre
de se retrouver avec les filles pour un temps d’amitié et de
partage.
Lundi
17 février :
Après la Messe et avoir envoyé mes commentaires d’Evangile sur
Face Book, comme chaque matin, je pars à l’hôpital
pour
consulter mon médecin-traitant au sujet de ma cheville qui est
gonflée et me fait mal depuis la semaine dernière. Il me faut
d’abord faire plusieurs démarches pour récupérer les résultats
des analyses. Ensuite, après plusieurs heures d’attente, je suis
reçu par le médecin qui, après avoir vu les résultats, me dit
que ça va et que ce n’était qu’une inflammation et que ça va
mieux. Donc ce n’est pas la peine de prendre de médicaments. Si
la cheville me faisait à nouveau mal et enflait, je pourrais
toujours revenir !
Je rentre juste à temps pour
accueillir Raymond, un ami qui lancé une
association en
Alsace pour aider un gros village dans le nord du pays (GAMADJI). Il
me soutient aussi dans mes actions. Il m’a apporté des bics pour
l’alphabétisation, des lunettes et des savons (fabrication
artisanale par les jeunes filles de GAMADJI) pour les prisons, et
des médicaments pour les dispensaires et hôpitaux. Il vient avec
une de ses animatrices sénégalaises. Nous prenons un long temps
pour parler de leurs actions et des problèmes soulevés. mais je
dois les laisser pour aller rencontrer les détenus.
Je passe
d’abord à la prison
des grands malades située
dans un hôpital, où les prisonniers ont beaucoup de difficultés
et risquent de se décourager. J’essaie de leur remonter le moral
et de voir avec l’assistant social comment on peut régler leurs
problèmes judiciaires. Puis je pars à la deuxième prison, celle
des courtes
peines. Là,
le problème est surtout celui de la réinsertion. Je leur laisse de
l’argent pour qu’ils puissent téléphoner à leurs familles.
Nous voyons ensemble ce qu’ils vont pouvoir faire à leur sortie.
Pour les étrangers, il faut leur trouver une maison pour dormir et
manger avant leur retour au pays. Après la prison, je
vais au PARI (Plan d’Accueil des Réfugiés et Immigrants) pour
trouver les moyens de leur payer le voyage de retour au pays.
Nous avons un problème pour aider les prisonniers dans leurs
besoins matériels. En effet, l’administration a ouvert une
boutique, et
de notre côté, des amis nous donnent des savons et autres produits
d’hygiène, ou du café, du sucre et du lait. mais on ne nous
autorise pas à les remettre aux prisonniers, parce qu’ils
feraient concurrence à la boutique ! Evidemment, cela ne nous
arrange pas. mais il y a ainsi beaucoup d’autres choses que nous
devons accepter.
Le soir nous nous retrouvons tous ensemble à
la paroisse, responsables avec les jeunes, pour réfléchir à la
pastorale des jeunes, en
lien avec les transformations actuelles de la société, la
mondialisation et la perte des valeurs traditionnelles, l’influence
des media et réseaux sociaux. Les jeunes sont très divers dans
notre paroisse : beaucoup d’étrangers venus faire des études
universitaires et aussi beaucoup de jeunes Sénégalais venus des
villages chercher du travail. Cela entraîne une grande diversité.
Nous leur donnons la parole et écoutons leurs propositions.
Dimanche
16 février :
Après la messe avec la Communauté anglophone, je me mets tout de
suite à la rédaction
des comptes-rendus
des deux rencontres de hier, pour ne pas oublier les choses. Sinon
je serai pris par les activités suivantes.
Samedi
15 février :
La Communauté anglophone a décidé de prendre trois jours de
récollection.
Comme ils sont occupés pendant la journée, nous nous retrouvons
sur WhatsApp. Nous communiquons un texte d’Evangile et chacun
envoie ses réactions. Aujourd’hui, nous nous retrouvons pour
prier et réfléchir ensemble toute la matinée. Le thème de cette
récollection est : le service = Servir Dieu et servir nos
frères, personnellement et ensemble : à la maison, dans la
communauté, dans le quartier et aussi les familles et les amis qui
sont loin. Nous avons un échange très intéressant et très riche.
Il est vrai que nous nous connaissons bien, depuis de nombreuses
années, et nous sommes vraiment à l’aise les uns avec les
autres. Nous continuons pour un temps de prière et la messe, puis
nous partageons un petit repas avant de nous séparer.
L’année
dernière, je vous ai parlé plusieurs fois de la rédaction
d’un
plan d’action social des
religieux du Sénégal. Pour plus d’efficacité, nous avons divisé
notre Commission en trois volets : 1) justice et paix ;
2) environnement ; 3) action sociale. Nous nous retrouvons
pour lancer les activités de ce 3ème
volet. Nous voulons partir du terrain et des réalités concrètes.
Nous sommes une dizaine et chacun explique ce qu’il fait à la
base, dans l’informel, pour aider les nécessiteux et les
marginaux à se prendre eux-mêmes en charge. A partir de là, nous
dégageons des orientations et des principes pour notre action et
nos engagements. Nous allons continuer à réfléchir et en parler
autour de nous pour venir proposer des lignes d’action la
prochaine fois. C’est au fur et à mesure que nous allons ainsi
construire notre plan d’action.
Vendredi
14 février :
Messe à l’hôpital,
et visite aux malades, après ma prise de sang. Comme d’habitude,
les visiteurs passent saluer tous les malades, quelle que soit leur
religion, dans les différentes langues que nous connaissons. De mon
côté, je me consacre davantage aux chrétiens pour les Sacrements.
mais il arrive souvent que les malades musulmans me demandent de
prier aussi pour eux. Ce que je fais avec joie, mais bien sûr dans
le respect de leur foi et de leur religion.
Jeudi
13 février :
A la deuxième
grande prison,
nous avons bien reçu l’autorisation de visite, mais à notre
arrivée on nous dit que ce n’est pas possible d’assurer
l’écoute aujourd’hui, sans nous donner d’explications. Comme
les chrétiens ont pu se réunir pour la prière de chaque semaine,
je vais les rejoindre. Puis je vais au poste de garde pour faire
enregistrer et distribuer les colis que j’avais préparés, suite
aux différentes demandes des prisonniers.
Mercredi
12 février :
Il nous faut attendre avant que les
prisonniers
soient appelés pour l’écoute. Il faut relancer la machine !
Aussi nous n’avons pas le temps d’accueillir tous ceux qui le
désirent. Nous continuerons la semaine prochaine. Nous recevons de
nombreuses demandes, en plus de l’écoute : médicaments,
habits, lunettes, savons, etc…
De retour à la maison,
j’appelle les
avocats dont
j’ai pu obtenir les numéros de téléphone pour les relancer et
les pousser à suivre leurs dossiers. Ce que malheureusement
beaucoup ne font pas, du moment qu’ils ont touché leur argent. Et
beaucoup ne répondent pas aux appels. Aujourd’hui, je suis
heureux car deux avocats me répondent d’une façon positive !
L’un accepte de m’expliquer clairement la situation d’un
groupe de huit personnes arrêtées ensemble, pour que je puisse
voir avec ces personnes la meilleure façon de faire. Un deuxième
avocat me dit qu’elle n’a pas pu obtenir une libération
conditionnelle et m’explique ce qu’elle va essayer de faire
maintenant. Je suis vraiment heureux et encouragé de ce qu’elle
veuille faire tout son possible. Ce sera également un grand
encouragement pour le détenu à qui je ferai le compte rendu de cet
entretien.
Mardi
11 février :
Sur les trois prises de sang, ils en oublient une ! Je reviens
donc le Mercredi. Puis j’attends les résultats pour le Vendredi.
Là, on me dit qu’on a perdu l’éprouvette et qu’il faut faire
une nouvelle prise de sang. Ce que je fais. maintenant, il me faut
attendre Lundi pour avoir les résultats et ensuite prendre un
rendez-vous avec le spécialiste. Heureusement, l’inflammation de
la cheville a diminué et j’arrive à assurer mes activités en
attendant. Je me remets donc au travail le Mercredi, maintenant que
nous avons reçu les autorisations pour intervenir dans les prisons,
ce qui n’était pas possible depuis début janvier. Et aussi à
cause de mon absence pour mission dans les mines d’or.
Lundi
10 février :
Je devais aller à la Prison des malades, puis à celle des courtes
peines, mais depuis Jeudi dernier ma cheville droite est enflée. Je
peux encore faire certains mouvements et me déplacer en vélo en
appuyant plus fort sur la pédale gauche, bien assis sur la selle,
mais mon pied droit me fait très mal quand je me tiens debout ou
que je marche. Je décide donc d’aller à l’hôpital où je suis
aumônier et connais tout le monde. On m’oriente vers l’Hôpital
de l’Ordre de Malte. J’espérais être soigné directement, mais
on me demande d’aller d’abord faire une radio et des analyses.
J’arrive à faire la radio le jour même. Pour les analyses, c’est
trop tard ; il me faut attendre le lendemain.
Dimanche
9 février :
Aujourd’hui, c’est la fête de notre paroisse et aussi le
Dimanche
de la santé. Notre
communauté anglophone participe à la fête de la paroisse.
L’aumônerie de l’hôpital part au grand pèlerinage des malades
au sanctuaire national, à 70 kilomètres, accompagnant malades et
infirmes.
Samedi
8 février :
Cette nuit, nous avons enfin reçu l’autorisation du Ministère de
revenir dans les prisons. Je vais donc dire la messe et Mercredi
j’irai pour l’écoute. Nous sommes très heureux de nous
retrouver et de prier, dans la joie. Après la messe, il nous reste
encore le temps de nous saluer et de parler ensemble.
L’après-midi,
je pars au Postulat où neuf jeunes filles se préparent à devenir
religieuses
spiritaines missionnaires. Nous
nous retrouverons chaque premier Samedi du mois pour réfléchir à
l’écologie
à partir du document du Pape FRANCOIS « Loué sois-tu ».
C’est un thème important et qui les intéresse. J’essaie de les
faire participer au maximum. La prochaine fois l’une d’entre
elles nous présentera ce qui se fait dans son pays, au
PARAGUAY.
Vendredi
7 février :
Avec retard, nous célébrons la messe de lancement de notre
aumônerie
de l’hôpital .
Malheureusement, il y a beaucoup d’absents. Il va falloir chercher
les moyens de nous remotiver et de relancer les activités. Nous
faisons d’abord le bilan de l’année passée. Notre amicale des
agents de santé marche bien mais elle se limite trop aux activités
religieuses et de loisirs, alors qu’il y a beaucoup de problèmes
dans le fonctionnement des hôpitaux et postes de santé. Et
beaucoup de questions qui se posent suite à l’évolution de la
médecine et qui demandent une réflexion et un engagement
important.
Jeudi
6 février :
L’autorisation pour la 2ème
prison
des hommes est
arrivée, aussi nous pouvons rencontrer, en écoute, les détenus
qui le désirent. Ils sont nombreux, car nous avons été longtemps
absents, chacun avec son problème. Nous recevons aussi de
nombreuses demandes d’aides de toutes sortes : habits,
savons, dentifrice et produits d’hygiène, médicaments, lunettes,
cahiers et crayons-billes pour l’alphabétisation, livres, café,
lait et sucre, etc…. Il y a aussi d’autres demandes, comme des
montres ou des radios, que nous ne pouvons pas satisfaire, faute de
moyens. Il nous faut aller à l’essentiel. Nous consacrons la
majeure partie de notre argent aux appels téléphoniques, pour que
les détenus puissent garder les contacts avec leurs familles et
leurs avocats.
Le soir, préparation
au mariage d’une
soixantaine de fiancés. J’aime beaucoup ces rencontres, surtout
quand le groupe participe bien, comme ce soir. J’ai recueilli
leurs adresses mail de manière à rester en contact avec eux et
leur envoyer des documents.
Mardi
4 février :
Normalement, je devrais aller à la prison des femmes, mais la
demande d’autorisation de visite déposée depuis décembre n’est
toujours pas revenue. De toutes façons j’ai beaucoup de travail
en retard, suite à mon voyage dans les mines d’or de KEDOUGOU.
Lundi
3 février :
Rencontre
mensuelle des prêtres
du secteur. Nous allons dans l’Ile de Gorée, un des points de
départ des esclaves pour l’Amérique, autrefois. C’est toujours
une grande tristesse de nous retrouver sur ce lieu.
Dimanche
2 février :
C’est l’anniversaire de la mort de notre deuxième
fondateur,
un juif
fils
de Rabbin alsacien converti Jacob baptisé François LIBERMANN. Nous
nous réunissons, nos cinq communautés de Dakar, avec nos étudiants
pour un temps de prière et de réflexion. Cette pause nous permet
de nous retrouver car sinon chacun est pris de son côté par ses
activités habituelles. mais il est très important de nous
rencontrer régulièrement pour partager les engagements de chacun
et avoir une action d’ensemble.
Samedi
1er
février 2020 :
Je rentre à 6 h 30, après avoir voyagé toute la nuit depuis
KEDOUGOU. Demain, c’est la Journée
mondiale des religieux et religieuses.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec les prêtres du diocèse et
les grands séminaristes pour une journée d’amitié :
prière, conférence, partage, et repas. La journée se termine par
un match de football : résultat, 3 à 3 = match nul !