Armel Duteil

Comptes rendus 2017


Fiche 6 – Marie Modèle de communauté

Préparation de la marche et du pèlerinage : « Marie, mère et éducatrice, modèle de la famille et de la communauté ».

La famille est la base de la société, elle doit donc être engagée dans la société, comme nous l’a expliqué le pape François dans sa lettre « La joie de l’Amour ».

Notre CEB, c’est la famille chrétienne dans notre quartier. Nos mouvements, nos chorales, nos groupes et nos différentes entités font partie de l’Eglise, Famille de Dieu. Tout ce que nous venons de dire dans nos fiches précédentes sur la famille, nous cherchons donc à le vivre, pas seulement dans notre propre famille mais dans notre CEB et les différents groupes et mouvements dont nous faisons partie, et dans le quartier ou le village avec tous, comme Marie à Nazareth.

Notre 3ème Plan d’Action Pastoral nous propose quatre objectifs :

  1. La communion entre nous et avec tous,

  2. la sanctification par la Parole de Dieu, la catéchèse et les sacrements,

  3. le témoignage de l’Evangile et de l’amour de Dieu, auprès de tous les hommes.

  4. Et enfin le service qui recouvre les Droits de l’Homme et la Doctrine Sociale de l’Eglise, le respect de la dignité des plus pauvres, la lutte pour le développement et le respect de la création, l’action pour la paix et pour la justice dans la société. Nous prions Marie pour qu’elle nous aide à faire tout cela et nous cherchons à le vivre avec Jésus, comme nous le demande le thème de cette année « Jésus notre Voie, notre Vérité et notre Vie ».

Cela nous montre que nous ne pouvons pas rester entre nous, chrétiens. Jésus nous dit (Mat 5, 13-16) : « Vous êtes le sel de la terre (de toute la terre, pas seulement de notre paroisse) » Vous êtes la lumière du monde » (du monde, et pas seulement de l’Eglise). « Vous êtes la levure dans la pâte » (dans la pâte, pas en dehors, sur l’étagère : Mat 13,33). Avant de retourner vers son Père, Jésus dit à ses apôtres : « Allez dans le monde entier, annoncez la Bonne Nouvelle à toute la Création » (pas seulement à tous les hommes, mais à toute la Création - Marc 16,15: l’environnement, l’écologie. Voir la lettre du pape François : « Loué sois-tu »). Est-ce que nos communautés/CEB et nos mouvements sont la lumière de nos quartiers ? Que faire pour cela ? Est-ce qu’ils sont au service de notre terre et de notre pays ? Est-ce qu’ils font grandir la société comme la levure dans la pâte ?

Dans nos CEB

Nous avons pris comme programme pour chaque mois,

  • 1ère réunion : le partage de la Parole de Dieu

  • 2ème réunion : l’engagement dans la paroisse

  • 3ème réunion : l’engagement dans le quartier

  • 4ème réunion : la formation et la célébration, en particulier par l’Eucharistie.

  1. Quand Jésus s’est perdu au Temple « Marie gardait tout ce qu’elle avait entendu, dans son cœur » (Luc 2, 51). Marie priait et méditait la Parole de Dieu.

  2. L’engagement dans la paroisse : Marie priait avec les autres croyants. Elle est venue avec son fils Jésus et son mari Joseph au pèlerinage de Jérusalem (Luc 2). Et d’abord elle a présenté Jésus au Temple quand il est né, en obéissant à la loi de Moïse. Elle priait à la synagogue de Nazareth (Matthieu 13, 57). C’est autour d’elle que les apôtres vont se réunir, pour se préparer à accueillir le Saint Esprit le jour de la Pentecôte (Acte des Apôtres 1, 14)

  3. L’engagement dans le quartier. Marie a vécu au village de Nazareth en partageant la vie des autres villageois. Elle participait à la vie sociale, c’est pour cela qu’elle a été au mariage de Cana où elle a retrouvé son fils Jésus et les apôtres. D’ailleurs, c’est elle qui a vu que le vin allait manquer et qui a évité que les mariés aient honte et que leur mariage se termine dans de mauvaises conditions (Jean 2).

  4. Le service. Repensons à la visitation, à la naissance de Jean Baptiste et à Cana. Comment Marie a-t-elle vécu cela ? Que nous enseigne-t-elle ?

Nous cherchons à vivre tout cela comme Marie et avec elle.

Bien sûr, Marie n’était pas dans une CEB, ça n’existait pas encore. Mais elle priait à la synagogue, elle participait à la vie de sa communauté religieuse, et aussi à la vie du village et à la vie sociale. Que nous enseigne la vie de Marie ?

La Visitation : Luc 1,39-56

« En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth ». Dans cet Evangile, nous retrouvons l’amour de Marie. Dès que Marie apprend par l’ange Gabriel, qu’Elisabeth sa vieille cousine qui n’a jamais accouché est enceinte, aussitôt elle se lève. Elle marche à pieds longtemps, dans les montagnes, pour venir la rejoindre et l’aider. Ce n’est pas l’ange qui lui a dit : va aider ta cousine Elisabeth. C’est elle-même, Marie, qui y a pensé dans son cœur. Marie faisait attention aux autres, elle les aidait de tout son cœur, elle était là chaque fois qu’ils en avaient besoin Même ceux qui sont loin

Marie à Noel (Luc 2)

« Joseph part à Bethléem avec Marie. L’Empereur Auguste a donné l’ordre à tous les habitants de l’empire romain, de se faire inscrire» : Joseph et Marie sont de bons citoyens, engagés dans la société, et faisant leur devoir. Et nous, sommes-nous des bons citoyens, engagés dans nos quartiers et nos mairies ? Sans oublier de vous faire recenser, si nécessaire, pour les élections qui viennent.

« Il n’y a pas de place pour eux, dans la maison de passage « : Aujourd’hui encore, il y a des tas de gens, qui sont rejetés. Il n’y a pas de place pour eux, dans la société : les analphabètes qui n’ont pas été à l’école et ne parlent pas français, les réfugiés, les handicapés, les prisonniers, les personnes qui ont des problèmes psychologiques et qu’on traite de fous, les veuves et les orphelins, étrangers et les « vagabonds », les personnes qui se droguent ou qui se prostituent, les enfants de la rue, les malades du Sida, d’Ebola, et tous les autres malades, les homosexuels, les paysans et les pauvres, et beaucoup d’autres encore. Savons-nous les accueillir, en reconnaissant en eux Jésus-Christ ? Est-ce qu’il y a de la place pour eux dans notre maison, et surtout dans notre cœur ? Est-ce qu’il y a une commission Justice et Paix dans notre paroisse ? Sommes-nous engagés, avec le souci de notre peuple tout entier, pour faire avancer notre pays. Et construire « une terre nouvelle où la justice habitera » (2° Pi 3,13)

Il n’y a pas eu de place pour Marie pour accoucher, à la case de passage. Cherchons-nous dans nos familles et nos CEB à être ouverts à tous, pour dépasser le racisme, l’égocentrisme, le népotisme, les divisions entre les classes sociales, entre gens de la ville et gens de la campagne… ?

« Marie met au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppe dans des bouts de pagne. Puis elle le couche, là où on donne à manger aux animaux » : Jésus aurait pu être le fils d’Hérode, le fils de l’Empereur ou le fils du Grand Prêtre. Il a voulu naître pauvre, pour être du côté des pauvres. Marie et Joseph, bien que descendants de David, sont des pauvres. Et nous ? Est-ce que nous sommes du côté des pauvres ? Est-ce que nous savons lutter contre la société de consommation, et les dépenses inutiles ? Est-ce que nous savons partager ! Et surtout, cherchons-nous à donner aux pauvres, la formation et les moyens de s’en sortir, par eux-mêmes ? Quel est le travail de la Caritas dans notre paroisse ?

« Un ange du Seigneur apparaît aux bergers. Et la gloire du Seigneur brille autour d’eux » : Dieu n’a pas envoyé son ange chez les riches, les puissants et les forts. Il l’a envoyé à des bergers, qui étaient considérés comme des paresseux et des voleurs. On les traitait de mauvais croyants, parce que, à cause de leur travail, ils ne pouvaient pas garder tous les commandements de la loi juive, ni assister aux prières. Pourtant, c’est à eux que Dieu envoie son ange, pour annoncer la naissance d’un sauveur. Et nous, à qui sommes-nous envoyés ? Quel message de Dieu, et quelle lumière allons-nous apporter à ceux qui sont rejetés ? Est-ce que nos CEB sont accueillantes pour eux ?

« Les bergers dormaient dans les champs, en pleine nuit » : Il y a encore beaucoup de gens qui dorment ou qui trainent dans les rues, la nuit, autour de nous : les enfants de la rue, les clochards et SDF qui n’ont pas de maisons, ceux qui ont des problèmes sociaux ou psychologiques, les prostituées, les délinquants... Est-ce que nos mouvements sont des anges de Dieu pour eux, pour leur apporter un peu d’espoir et de paix !

L’ange dit aux bergers : « N’ayez pas peur » : Savons-nous redonner confiance à nos frères et à ns sœurs ? Les aidons-nous à se libérer de toutes les peurs : la peur de l’avenir, de la pauvreté, la peur des autres, la peur des sorciers et des esprits mauvais….Que fait notre Conseil paroissial pour cela ?

L’ange dit aux bergers : « Je vous apporte une bonne nouvelle, qui réjouira tout le peuple : Cette nuit, dans la ville de David, un Sauveur est né. C’est le Christ, le Seigneur  ».  L’Evangile est pour tous. Mais il y a trop de divisions, de séparations et d’oppositions dans notre société. Que la Bonne Nouvelle soit pour tous ! Comme l’ange Gabriel l‘a dit à Marie : Le nom de Jésus veut dire «Dieu sauve ». Comment continuer son action de salut, dans notre communauté paroissiale, pour sauver nos frères et sœurs avec Jésus ? Et pour relever ceux qui sont découragés, écrasés, opprimés ! Comme Jésus le disait lui-même « L’Esprit de Dieu repose sur moi ….» (Luc 4, 14 à 21 et Luc 7, 18 à 23).

« Une troupe nombreuse d’anges du ciel arrive, en louant Dieu et en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime » : Est-ce que notre vie est une louange à Dieu, nous les choristes ? Par nos chants d’action de grâces. Mais d’abord par nos actions, faites pour Dieu et avec Lui ! Sommes-nous des jeunes, des hommes et des femmes, qui construisent la paix. Avons-nous la paix en nous-mêmes, pour pouvoir la porter aux autres ! A tous les autres : sans regarder leur place dans la société, leur race, ou leur religion.

Les bergers disent « Allons jusqu’à Bethléem, pour voir ce qui est arrivé. Et ils se dépêchent d’aller vers Marie, et Jésus qui vient de naître » : Les bergers se mettent en marche. Que cette année nous trouve debout. Que notre paroisse et chacune de nos entités et structures se lève, pour aller vers Dieu et vers nos frères !

Les bergers disent « Allons » : Ils y vont tous ensemble, en communauté. Que nous sachions soutenir les groupes et les communautés qui sont autour de nous ! Et aussi les associations et les organisations de jeunes et d’adultes. Les ONG avec leurs projets. Les mairies et leurs actions suite à l’acte 3 de la décentralisation : la CMU et les autres réalisations. Que nous sachions vivre nous-mêmes en communauté, en union avec nos frères ! Et que nous soyons pressés d’agir, pour aider tous ceux qui sont dans le besoin, en travaillant avec les chefs de quartiers, les marraines (bajèni gox), les imams, et toutes les personnes de bonne volonté

« Les bergers trouvent Marie et Joseph » : Ils trouvent une famille, des parents autour d’un bébé. Que nous aussi, nous sachions vivre en famille, comme Marie et Joseph. Que nous sachions aider les autres parents, à prendre en charge et à éduquer leurs enfants ! Que nous sachions soutenir les familles, qui souffrent autour de nous !

« Marie gardait tout cela dans son cœur » : Que nous aussi, nous sachions méditer, prier en silence, accueillir la Parole de Dieu, la comprendre, écouter le Saint Esprit dans notre cœur ! Que nous soyons des hommes et des femmes de prière !

« Tous ceux qui entendaient ce que les bergers disaient, ils étaient très étonnés. Ils célébraient la grandeur de Dieu. Ils le louaient, pour tout ce qu’ils avaient entendu « : La Parole de Dieu, nous ne pouvons pas la garder pour nous-mêmes. L’Evangile est pour tous. Pas seulement pour les chrétiens. Nous voulons la partager, avec tous ceux qui nous entourent. Nous voulons apporter la joie à nos frères, et les faire entrer dans le bonheur de Dieu. AMEN !

Meilleur cadeau

Marie et Joseph au Temple (Luc 2,22-38)

Marie et Joseph ont la foi. Ils pratiquent leur religion. Ils viennent offrir leur fils Jésus à Dieu. Ils vivent en communauté. Et « Quand les parents de Jésus ont fait, tout ce que la loi du Seigneur demande, ils retournent dans leur village de Nazareth ». Comme eux, nous aussi, nous voulons faire ce que Dieu nous demande. Mais notre foi, nous ne la vivons pas seulement dans l’église (au Temple). Nous devons la vivre dans notre ville ou notre village, dans toutes les activités de notre vie : Famille, travail, quartier. Comme Marie et Joseph qui retournent à leur village de Nazareth, pour vivre avec leurs frères, quand ils ont fini de faire, ce que la Loi de Dieu leur demande.

L’Épiphanie (Matthieu 2,1-12)

« Des savants païens viennent adorer Jésus. Ils voient l’enfant, avec sa mère Marie. Ils se mettent à genoux, et ils adorent l’enfant. Ils ouvrent leurs bagages, et ils lui offrent des cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (du parfum). Marie et Joseph les ont accueillis. Nous ne pouvons pas croire en Dieu qui est le Père de tous les hommes, si nous n’aimons pas tous les hommes, quelles que soit leur langue. Si nous voulons marcher dans le chemin de Dieu, à l’exemple de Marie, il nous faut accueillir les autres religions. Et travailler ensemble, pour construire le Royaume de Dieu.

Et que faire pour que dans notre société, les chefs pensent aux enfants et aux petits. Et qu’ils mettent les richesses du pays au service des plus pauvres comme les rois mages, qui adorent l’Enfant Jésus et qui posent leurs cadeaux aux pieds de Marie.

Les mages n’ont pas trouvé Jésus au temple, ils l’ont trouvé dans une maison. Dieu est présent dans nos maisons, dans nos quartiers et nos lieux de travail. Pas seulement dans nos églises ou dans nos mosquées. Eglise domestique marche traverser

Cadeaux pas à Hérode, à une famille pauvre

La fuite en Égypte :

«  Un ange du Seigneur apparaît à Joseph, dans un rêve. Il lui dit : » Lève-toi. Prends l’enfant et sa mère, et pars en Égypte. Reste là-bas, jusqu’à ce que je te dise de revenir. Car le roi Hérode va chercher l’enfant, pour le tuer ». Jésus est un enfant de réfugié. Il doit s’enfuir en Egypte avec sa mère et son père, devant les soldats d’Hérode. Dieu veut être du côté des pauvres. Il protège les petits de la société. Il y a beaucoup de réfugiés et d’émigrés parmi nous. Fuir : dictature, pauvreté, guerre

Comment les accueillons-nous ? Savons-nous reconnaître Jésus en eux ? Victimes de la violence.

Retour de Joseph et Marie

« Quand Hérode est mort, un ange dit à Joseph : « Lève-toi ! Prends l’enfant et sa mère ». Joseph retourne dans le pays d’Israël. Mais il apprend qu’Archélaüs est roi de la Judée, à la suite de son père Hérode. Alors il a peur d’aller habiter dans cette région. Et il part dans la province de Galilée, dans une ville, appelée Nazareth ». C’est dans notre société telle qu’elle est que nous devons vivre notre foi, et aimer les autres. Comme Joseph et Marie ont fait grandir Jésus dans la société de leur temps, un pays qui était colonisé, et commandé par des rois mauvais. PAUSE

Le mariage de Cana  (Jean 2,1-11)

« Il y a un mariage dans la ville de Cana, en Galilée. La mère de Jésus est là. On a aussi invité Jésus et ses disciples, à ce mariage. Le vin est fini. La mère de Jésus lui dit : «Ils n’ont plus de vin ». Nous regardons Marie. Elle a su voir tout de suite, que le vin manquait. Nous aussi nous faisons attention, à ce qui se passe autour de nous. Nous regardons les gens avec amour, comme Marie. Nous savons voir leurs besoins et leurs soucis. Et nous faisons tout pour les aider, en nous appuyant sur la prière et la puissance de Jésus.

Marie nous dit, à nous aussi « faites tout ce que Jésus vous dira ». Avons-nous confiance en Jésus, comme Marie ? Nous voulons aider nos frères, comme Jésus a su le faire ce jour-là. Pas seulement par la prière, mais dans leurs besoins de chaque jour.

Cet Évangile nous encourage dans notre mariage. C’est difficile de se comprendre entre mari et femme, et avec nos enfants. Le mariage et la vie de famille ne sont pas toujours simples. Mais Jésus est avec nous, comme Il était à Cana. Il vient nous aider. A condition que nous vivions notre amour, unis à Lui. Lorsque c’est difficile, nous nous parlons, nous cherchons à nous comprendre, comme Dieu nous comprend et nous parle. Et quand il y a des problèmes, nous décidons de tout faire pour nous pardonner, comme Dieu nous pardonne. En même temps, nous gardons espoir. Car Jésus est présent dans notre mariage, comme Il l’était à Cana. Mais bien sûr, l’amour c’est comme un feu, il faut l’entretenir. Il faut le faire vivre chaque jour à nouveau, sinon il s’éteint et il meurt. Que nous dit cet Évangile de Cana, sur notre mariage ? Le partager aider les autres mariages comme Marie à Cana, Comment est-ce que je vais vivre mon mariage ?aider

La mort de Jésus (Jean 19,25)

Laisser libres de partir. Quand Jésus est arrêté, aussitôt Marie arrive. Elle n’a pas peur de se tenir au pied de la croix, et d’être montrée du doigt et insultée, comme la mère du condamné à mort. Elle ne pense qu’à Jésus et à son devoir. Et quand Jésus la voit, Il la confie à Jean le disciple qu’Il aime. C’est comme cela que Marie est devenue notre mère (Jean 19, 26). Et nous, savons-nous être près de ceux qui souffrent ? Est-ce que nous préparons les gens à bien mourir ? Est-ce que nous aidons les familles en deuil ? Est-ce que nous défendons les veuves et les orphelins ? Aidons-nous les familles à vivre leur deuil dans la foi, sans accusations et sans retourner aux sacrifices et aux coutumes traditionnels ? dépenses

Enterrer dans la foi

Le jour de la Pentecôte (Actes 1,14+ 2,1-13)

Marie est là avec les apôtres, pour se préparer à accueillir le Saint Esprit. Que nous aussi, nous sachions rassembler nos frères dans la prière, pour accueillir le Saint Esprit. Ecouter pour la Cté Et aller sans peur, annoncer l’Evangile dans le monde.

Comment nous engager en communauté dans la société, à l’exemple de Marie ?


Réflexions après un séjour en France

Je suis revenu en France cet été pour me reposer. J’ai eu la joie de rencontrer parents et amis en regrettant de ne pas visiter tous ceux que j’aurais voulu revoir, faute de temps. J’ai été heureux de partager leur vie, ce qui m’a permis de voir de nouvelles façons de penser et d’agir qui vont me permettre d’enrichir mon expérience et d’en faire profiter ceux avec qui je travaille au Sénégal. C’est toujours enrichissant de vivre dans une autre culture et de découvrir des choses nouvelles.

Depuis deux ans, (depuis mes derniers congés) beaucoup de choses ont changé en France et en Europe aux niveaux politique, économique et social. Vous les connaissez mieux que moi.

D’abord j’ai vu un souci écologique de l’environnement, surtout du côté des jeunes. Mais cela me pose quand même des questions. J’ai vu des gens faire du compost, mais prendre leur voiture pour aller faire leurs courses au coin de la rue, sans se poser la question de la pollution. De nombreux jeunes cherchent à voyager au loin dans d’autres pays, mais sans se rendre compte de la pollution qu’entraîne un vol d’avion.

J’ai parlé avec des jeunes venus au Sénégal construire une école, comme s’il n’y avait pas de maçons au chômage au pays. Je leur ai demandé : « avez-vous parlé avec le chef de village ? Et avec l’imam ? » . Réponse : non. On travaillait. On a parlé seulement avec les maçons. Je crois à l’importance de la découverte des autres cultures, à condition que ce soit une vraie découverte qui transforme réellement nos mentalités et nos façons de vivre au retour. Et avec le coût du voyage par avion de tout ce groupe, il y avait de quoi construire une école supplémentaire.

Ce qu’il y a de nouveau en particulier en Europe, c’est l’arrivée de réfugiés et d’émigrés. Et la multiplication des attentats. Je comprends très bien que cela déstabilise de nombreuses personnes et les inquiète profondément. C’est normal. Mais je regrette malgré tout le climat de peur qui s’installe et qui semble se répandre. Des attentats, il y en aura malheureusement d’autres et on ne peut pas y faire grand-chose, au moins à court terme. Mais si nous voulons continuer à vivre dans la paix et à nous faire confiance les uns les autres, il me semble nécessaire de tout faire pour dépasser cette peur qui nous prend au ventre. En même temps, il nous faut bien sûr chercher des solutions. Mais la recherche de la simple sécurité ne suffira certainement pas pour cela.

Nous sommes affrontés au même problème en Afrique de l’Ouest et nous faisons de gros efforts, en particulier avec les jeunes, pour lutter contre la violence et créer des espaces de dialogue et d’accueil réciproque. Nous cherchons aussi à chercher des solutions aux problèmes des jeunes, en particulier le chômage et ses conséquences : la drogue, le désespoir, l’agressivité et la délinquance. Nous pensons que nous ne pourrons pas sortir de la violence si nous n’éduquons pas en profondeur, et sans résoudre ces problèmes si graves des jeunes qui les désespèrent et qui, trop souvent, les marginalisent. C’est un travail très difficile et qui sera très long. Raison de plus de s’y atteler tout de suite, de chercher aussi à y voir plus clair. Vivant dans un pays à 95 % musulman, il est évident pour moi que l’Islam n’est pas la cause des attentats ni de la violence. Il est utilisé par des jeunes désespérés comme un moyen pour faire sortir la violence qui est en eux, quitte à déformer complètement cette religion. Mais cette violence a d’autres causes, en particulier le chômage, la pauvreté, la marginalisation et la promiscuité. C’est contre cela qu’il faut lutter d’abord. Cela demande un gros effort de réflexion et de créativité, d’éducation et de formation, que la peur risque justement de bloquer.

Pour certains, musulman voudrait dire terroriste, alors que les musulmans sont justement les premières victimes de ce terrorisme. Pas seulement en Syrie, en Irak et en Afghanistan, mais même chez nous. La solution n’est certainement pas de rejeter les musulmans, mais de chercher ensemble, entre croyants, avec tous les habitants, à faire grandir la paix et l’accueil réciproque, pour construire notre société comme Dieu le veut. C’est difficile, il nous faudra beaucoup de temps et d’efforts. Raison de plus pour nous y mettre tout de suite, en commençant par des petites choses que nous pouvons réaliser à la base dans la vie de tous les jours.

Cela m’amène au troisième grand problème que j’ai rencontré cet été, celui des émigrés et des réfugiés. Certains auraient l’impression que la France est submergée par ces personnes déplacées. Mais les pays africains accueillent beaucoup plus d’émigrés et d’étrangers chez eux que les pays européens, malgré leur pauvreté et leur manque de moyens..

L’émigration a toujours existé. Il ne faut pas oublier l’histoire. L’Afrique est le berceau de l’humanité. Les africains ont émigré en Europe au temps de l’Homo Sapiens. La migration fait donc partie de l’histoire de l’humanité.

Aussi loin que l’on peut remonter dans l’Histoire de France, il y a toujours eu des migrations : les Francs, les Wisigoths, les Burgondes, les Huns etc. C’est suite à ces migrations que la France est ce qu’elle est aujourd’hui. De même que l’arrivée en France des musulmans au temps de Charlemagne, et pour de nombreuses années jusqu’à Charles Martel, a été un grand enrichissement culturel pour notre pays. Sans parler des philosophes et savants arabes du Moyen Age qui nous ont apporté toute la richesse de la culture, de la philosophie et de la démocratie grecque. Et au temps de la colonisation, les européens n’ont pas hésité à émigrer sans demander aux populations locales ce qu’elles en pensaient : pour envahir les Etats Unis en exterminant les habitants locaux (les Indiens). Et de même les espagnols en Amérique Centrale et du Sud, les hollandais en Afrique du Sud, les français au Canada et en Algérie. Sans parler de la colonisation par les français en Afrique de l’Ouest et Centrale, les anglais au Kenya et en Afrique de l’Est, les allemands en Namibie et au Cameroun, etc.

Au siècle dernier, les espagnols, les italiens et les portugais sont venus nombreux chez nous, pour participer au développement de notre pays. Après la deuxième guerre mondiale, c’est nous-mêmes qui avons fait venir des africains du nord ou d’Afrique Noire parce que nous avions besoin de main-d’œuvre, pour reconstruire le pays.

En tout cas, la migration est un droit humain et il faut bien reconnaître que la France fait beaucoup moins pour accueillir émigrés et réfugiés que par exemple l’Allemagne ou l’Italie…. et aussi beaucoup moins que le Sénégal où je vis. Une gare routière internationale a été construite sur le territoire de notre paroisse. Chaque jour que nous recevons, soit des gens venant du Sud jusqu’au Congo et la Centrafrique voulant partir en Europe (nous faisons tout notre possible pour les en dissuader), soit des gens expulsés du Maroc, d’Algérie et de Lybie n’ayant pas pu passer en Europe, qui reviennent chez nous. Nous faisons le maximum pour les accueillir et les aider. Mais nous avons beaucoup moins de moyens financiers que la France pour les accueillir. Mais j’ai eu aussi la grande joie de rencontrer en France des familles et des paroisses qui accueillent des réfugiés et des émigrés, et je ne sais comment les remercier pour cela.

En même temps, je suis très inquiet de la politique actuelle du gouvernement français qui voudrait accueillir seulement des réfugiés, et encore uniquement ceux à qui on accordera le droit d’asile, et qui voudrait renvoyer tous les émigrés économiques dans leur pays. S’ils viennent chez nous, ce n’est pas par plaisir, mais bien à cause du sous-développement causé en particulier par le réchauffement de la terre dont, nous les pays développés nous sommes les principaux responsables, qui cause l’avancée du désert et ses conséquences : non seulement les ouragans ou la diminution des récoltes, mais aussi la descente des éleveurs vers le sud et les tensions et bagarres avec les cultivateurs. Sans parler des autres problèmes économiques, en particulier l’exploitation du tiers-monde qui se continue encore aujourd’hui, même si c’est d’une façon plus cachée. Bien sûr, il faut s’attaquer à toutes ces causes, mais ce n’est pas en quelques années que l’on pourra résoudre tous ces problèmes. Que vont devenir tous ces émigrés et aussi leurs familles pendant ce temps-là ? car ces émigrés présents en Europe nourrissent leurs familles au pays. Au Sénégal, la somme d’argent envoyée au pays par leurs émigrés est plus importante que toute l’aide au développement de la part des pays développés.

Je suis frappé aussi par le manque de réalisme de certaines solutions proposées. Par exemple on parle de hot spot pour trier les candidats à l’émigration dans les zones de départ et choisir ceux qui pourront bénéficier du droit d’asile. Mais que vont faire les autres ? Croit-on vraiment que ceux à qui on refusera ce droit d’asile vont retourner tranquillement chez eux ? Ils chercheront à passer clandestinement comme ils le font déjà aujourd’hui. La solution proposée est donc absolument irréaliste et irréalisable.

J’ai souvent entendu dire : « on n’est plus chez nous ». C’est sûr qu’accueillir des étrangers ce n’est pas facile. Cela demande un gros effort d’ouverture et d’adaptation. Des problèmes et même des souffrances. Mais est-ce que ce n’est pas en même temps un enrichissement ? Nous avons tous à y gagner. Les étrangers venant chez nous peuvent ouvrir notre cœur, et nous apporter leurs valeurs et leurs richesses culturelles. Mais pour cela il faudrait éviter de créer des îlots d’émigrés et des zones défavorisées, pour ne pas laisser le communautarisme se développer. Le problème c’est de savoir si nous voulons nous enfermer sur nous-mêmes, et ce sera la mort lente, ou si nous acceptons de nous ouvrir aux autres personnes et aux autres cultures. Nous ne sommes plus chez nous, mais nous n’hésitons pas à aller travailler dans les autres pays, dans des conditions incomparablement meilleures. De toute façon c’est impossible de revenir en arrière. L’émigration ne va pas s’arrêter, quels que soient les murs et les fermetures de frontières que l’on mettra en place. Il vaut mieux être réaliste, accepter les choses et voir comment les organiser le mieux possible pour le bien de tous. Ne plus être chez nous mais créer un nouveau chez nous, plus riche et plus humain, même si pour cela il faut passer par les douleurs de l’accouchement d’une nouvelle société. Il ne s’agit plus d’assimiler les gens, de faire des émigrés qui viennent chez nous des français comme nous, mais de les aider à vivre chez nous le mieux possible, et d’accueillir leurs valeurs dont nous avons tellement besoin. Tout en leur demandant bien sûr, de respecter nos valeurs et nos façons de vivre. Relisons les messages de ces dernières années du pape François, pour la journée mondiale des migrants