Armel Duteil

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Bulletin du Ministere Spiritain pour les Refugies No. 1 (20 juin 2008)

Chers Confreres, Spiritains Associes, et Amis,

Mes salutations de Kigoma en Tanzanie. Je vous ecris comme Coordinateur de la Congregation de Saint Esprit pour le Ministere des Refugies.

Je pensais que vous seriez interesses d’entendre les nouvelles des initiatives du Centre d’Assistance Pastorale pour les Refugies sous la direction du Pere Stan Augustijns, C.S.Sp. dans l’Archidiocese de Durban qui offre ses services aux victimes de recentes attaques contre les refugies et d’autres immigres la. Les emails ci-dessous donnent un compte rendu de leurs efforts en lien avec l’archidiocese d’adresser les besoins physiques et spirituels aux affectes.

Notez bien que le Centre d’Assistance Pastorale pour les Refugies est une initiative Spiritaine qui etait commence il y a dix ans par le Pere Pierre Sakodi, C.S.Sp. et qui continue a grandir sous la direction de Stan Augustijns.

Paul Flamm, C.S.Sp.

LES E-MAILS DU PERE STAN AUGUSTIJNS DU 26 AU 12 JUIN 2008:

26 mai 2008 (email a Jean Paul Hoch)

Bien cher Pere Jean-Paul, chers confreres,

Voici un petit compte rendu de notre pastorale dans la situation qui vousa ete montre via les mass media... Le Refugee Pastoral Care et la Paroisse Cathedrale a recu et herberge et nourit etc. plus de 815 de ces victimes de xenophobie, la plupart d'entre eux du Zimbabwe ainsi qu'un bon nombre du Mozambique, surtout des jeunes hommes (seulement 20 femmes et 15 enfants et bebes). Ces gens traumatises, parce que chasses de leurs maisons avec des fusils se sentent bien acceuillis dans notre salle paroissiale.

Notre Cardinal a passe la journee du Samedi dernier avec eux et avec nous: nous avons discute et prie ensemble. La plupart d'entre eux veut rentrer dans leur pays et nous etudions comment les aider a rentrer le plus vite possible. La ville de Durban, differents departements d'etat, "eglises", particuliers nous assitent avec des aides humanitaires... Avec le Cardinal, nous avons encore une fois reaffirme que: notre but est la pastorale qui implique une aide humanitaire ce que le Cardinal va reafirmer a la Conference episcopale.

Sur l'initiative de la Refugee Pastoral Care notre Cardinal presidera une celebration Eucharistique de solidarite avec les Zimbabweens et refugies. (cf. l'attache) Jeudi prochain, le 29 Mai. Je vous invite a vous unir par vos prieres dans cette Eucharistie. Les 'refugies' du Zimbabwe chanteront a la fin une chant d'action de grace pour notre assistance...

Notre procession avec le Saint Sacrement dans la ville de Durban, Dimanche dernier (Corpus Christi) a vraiement impressione la ville: les gens qui s'arretaient et nous regardaient de leurs appartements, 'des voitures, taxis et bus qui donnaient priorite au Seigneur' et la police qui nous accompagnaient d'une maniere digne... Beacoup de ces 'refugies' marchaient avec nous en priant et en chantant... Tout les matins nous avons un service de prieres avec ces 'refugies' et les paroissiens en toutes leurs langues... Nous recevons beacoup d'aides des personnes privees avec commentaire: c'est une expression de regret du mal fait a nos freres et soeurs etrangers...

Avec mes excuses du 'style' de ce message: je suis fort occupe! Avec mes meilleurs voeux.

Stan Augustijns.

28 mai 2008: email aux Peres Pierre Sakodi, CSSp et Paul Flamm, CSSp

Pierre et Paul, Salut:

Hier, j’ai envoye ce message-ci au Cardinal Wilfrid Napier: ‘ Mes salutations Pere Cardinal. Seulement un mot pour vous informer que tout est sous controle et que nous sommes en train d’asseoir un plan de reintegration (des refugies) dans leurs precedentes communautes et d’assister ceux qui voudraient retourner dans leurs pays d’origine.

Nos services de priere sont d’une grande assistance sur le chemin de la reintegration et comme preparation aux ateliers planifies concernant ‘’Le toucher guerissant du Christ’’ (Healing Touch of Christ) que nous comptons commencer a partir de la semaine prochaine.

Le Pere Stephen Tully (notre Cure), Makusha (le responsable (chairperson) de notre Centre d’assistance Pastorale pour les Refugies (RPC) et Coordinateur d’assistance rapide) et moi, sommes convaincus de la necessite de cette sorte d’assistance de guerison apres leur traumatisme. Tous les mielleurs a vous et prions les uns pour les autres.

Stan.

6 juin 2008: email a Paul Flamm, CSSp

Cher Paul.

Salutations de Durban. Voici une copie de notre lettre envoyee a notre Cardinal.

Hier, nous avons recu la visite du Ministre du gouvernement local qui a visite nos deplaces. En choeur, ils ont exprime leur reconnaissance pour l’herbergement confortable et la nourriture, etc.... Ils ont recu l’assistance de la Paroisse, du Centre Pastoral des Refugies, de l’archidiocese et d’autres plusieurs personnes.

Le ministre etait tres reconnaissant pour cette assistance importante et a dit a ceux (presque tous) qui voulaient retourner dans leurs pays que le gouvernement payerait leur transport, et cela serait pret le vendredi suivant (une semaine apres). Esperons et prions.

Si c’est le contraire, nous devons trouver une autre voie pour les ramener dans leurs pays d’origine.

Bien plus, le Ministre a rassure que les communautes locales seront preparees a recevoir ceux qui voudraient retourner dans leurs communautes. Mais, il n’a pas assure le remboursement des biens materiels, etc...voles a ceux qui font le business.

Il etait tres au courant du danger, etc... pour ceux qui retorneraient au Zimbabwe. Ils reviendront ou retourneront, mais au moins ils auront l’opportunite de revoir leurs familles encore, de leur apporter une assistance materielle (le gros colis qu’ils prendront avec eux).

Nous avons donc encore le meme nombre de la population.

J’etais tres content d’entendre le testament de Makusha pendant les nouvelles de 7.30 au soir a SABC 3, insistant sur notre pastorale de guerison de memoires.

Aujourd’hui, nous finissons notre deuxieme atelier et reellement, nous sentons comment les peuples sont en train de faire sortir leur traumatisme: la guerison dans la foi et la paix.

Nous remercions Dieu et nos facilitateurs. Ensemble avec le Pere Stephen, je suis de plus en plus convaincu que les structures de notre Centre d’assistance Pastorale pour les Refugies (RPC) (organise depuis plus de six ans) et celles de la paroisse mettent ce ministere possible.

Votre sincerement dans le Christ.

12 juin 2008: email a Paul Flamm, CSSp

Salut Paul,

Demain plusieurs de nos desplaces apres les attaques xenophobiques seront amenes chez eux (leurs pays) par le gouvernement. Nous prions ensembles tous les jours avec nos ateliers sur le toucher guerissant du Christ qui guerrit reellement. Plusieurs autres nouvelles seront envoyees ulterieurement.

Priere de fermeture prepare par le Counseil Eocumenique Chretien de KWAZULU-NATAL pour LA MESSE DE SOLIDARITE AVEC LES ZIMBABWEENS ET LES REFUGIES presidee par le Cardinal Wilfrid NAPIER, OFM le 29/05/2008:

O Dieu, notre Createur, Guide et Protecteur.

Nous venons a toi dans la priere et avec des coeurs pleins de reconnaissance pour le beau pays et le peuple du Zimbabwe.

Nous sommes tout de meme conscients de la situation politique difficile qu’ils sont en train de vivre. Nous prions pour que tu manifestes ta presence au Zimbabwe.

Donnes la force et le courage a ce peuple, pour qu’il decouvre les defis de cette situation difficile.

Que la justice se repande comme l’eau et que la droiture soit comme une source intarissable.

Nous prions pour que tu enleves des dirigeants de ce pays, les coeurs de pierre, pour qu’ils soient libres de la peur, de la faim du pouvoir et de l’esprit de controle.

Nous prions pour la paix et la stabilite politique au Zimbabwe.

Nous prions pour que les leaders internationaux puissent intervenir et assurer une solution rapide aux crises du Zimbabwe.

Seigneur, le peuple du Zimbabwe aspire au changement, a la bonne gouvernance et a une vie meilleure.

Nous prions pour que le gouvernement sud-african offre plus de solutions pratiques qu’une diplomatie tacite.

Nous prions pour que les sud-africains traitent leurs freres et soeurs africains comme des etres humains.

Nous prions pour que le bon leadership, la justice, la paix et la securite soient au Zimbabwe.

Nous le demandons ainsi par le Christ Notre Seigneur. Amen.




PROJET PILOTE DE CAMP AERE 2008

ACTIVACANCES 2008 AU FOYER DE L’ESPERANCE –SONFONIA GARE

Sous Commission Pastorale des Mineurs

La problématique

La structure SOS MINEURS EN PRISON/ESF travaille depuis 1990 , au nom de l’Eglise Catholique à l’accueil, à la protection et à la réinsertion socioprofessionnelle des mineurs de la rue et des mineurs privés de liberté, en garde à vue ou en prison, groupe cible traditionnel. Mais ces dernières années, suite aux guerres, aux troubles sociopolitiques, l’accueil s’est étendu aux enfants réfugiés et aux enfants des familles fragilisées ou éclatées.

  • Notons que depuis 2003, le Foyer de l’Espérance organisait durant les trois à quatre mois de vacances les « ACTI VACANCES » des activités de vacances avec les supports suivants : cours de soutien, alphabétisation fonctionnelle, initiation manuelle dans les ateliers de couture, broderie, pour les filles, initiation à l’informatique, bibliothèque , activités sportives etc. au profit de tous les enfants et jeunes des environs de Sonfonia (Haute banlieue située à près de 35 km du Centre ville).

L’avantage, les bénéficiaires du Foyer n’étaient plus stigmatisés et considérés comme des  enfants prisonniers ou délinquants. Mais suite aux difficultés financières récurrentes, il n’y a pas eu d’ACTI VACANCES 2006 ni 2007.

Par ailleurs, avant 2004, les bénéficiaires accueillis au Foyer de l’Espérance ne pouvaient être reçus que quelques semaines. Depuis, tous les projets exécutés visent à donner à chaque mineur, le temps nécessaire à la stabilisation indispensable à la réinsertion familiale, tant qu’elle est réalisable.
En 2007, le Projet « Alternative à la détention des mineurs » (CF. Rapports 2007) a révélé, suite aux troubles sociopolitiques de janvier et février 2007 qu’a connus la Guinée l’urgence d’un accompagnement plus personnalisé des mineurs venant de tous horizons, dont les plus fragilisés sont ceux de la rue, de la garde à vue et de la prison

Notre expérience en la matière a montré que pendant les vacances, de nombreux enfants se réfugient dans la rue, faute d’encadrement familial.

Par ailleurs, les difficultés économiques se sont accrues, l’instabilité politique s’y est ajoutée

Et les actes de violence gratuite fragilisent et terrorisent les populations.

Que faire pour apporter un plus à la protection des mineurs qui sont la frange la plus exposée  en cas d’aggravation de la situation sociopolitique ? D’où ce projet de CAMP AERE voulu par la Commission de la Pastorale Sociale qui a décidé depuis cette année 2008 de mettre en place une série d’actions en faveur des mineurs et des jeunes.

QUI SONT LES BENEFICIAIRES ?

Cette première édition accueillera les enfants pauvres ciblés et choisis par les CCB / Communauté Chrétienne de Base et les Mouvements d’Action Catholiques à qui des lettres d’information seront adressés en ce sens et pouce faire.

Outre deux Animateurs stagiaires attendus de chaque paroisse, l’objectif principal de ce CAMP AERE est d’offrir un cadre sécurisant à 150 mineurs des quartiers pauvres et proches du Foyer de l’Espérance et permettre ainsi de soulager un peu les parents de plus en plus démunis et désemparés , car souvent incapables de contenir les enfants, les classes étant fermées pour près de quatre mois.

Ces enfants choisis par les CCB de la Paroisse Saint Charles LWANGA de Sonfonia devront s’ajouter aux pensionnaires du Foyer de l’Espérance dont la plupart viennent de la rue, de la prison ou de la garde à vue.

Mais la réussite d’une telle activité nécessite la réalisation et la mise en place d’un certain nombre d’activités et d’infrastructures telle que recommandée par les évaluations effectuées par le projet « Alternatives à la détention » en 2007. Ce sont :

  • la construction d’une infirmerie au sein du Foyer et équipement en trousses d’urgence et médicaments d’urgence
  • Le ré-aménagement de la cuisine au feu de bois par l’érection d’une cheminée et la construction de foyers améliorés afin de combattre la fumée et de réduire la consommation de bois de chauffe.
  • L’équipement du Foyer en deux jeux d’alimentation solaire /cf. Pro forma
  • L’abonnement du Foyer à Canal + Horizons.

Cela fait, les conditions d’un accueil sérieux auront été réunies car :

  • Le Foyer est doté d’une infirmerie où les mineurs peuvent recevoir les premiers soins
  • Grâce aux foyers améliorés et la cheminée, les filles ne sont plus exposées à la fumée et nous économisons bois de chauffe et charbon

Grâce à l’énergie solaire, le Foyer offre régulièrement des loisirs aux enfants.
Les risques d’incendie liés à l’utilisation de bougies ou de lampe à pétrole sont écartés.

Sur tous ces plans, les conditions d’accueil et de vie du Foyer de l’Espérance sont améliorées.

En dehors de l’amélioration des conditions d’accueil du Foyer de l’Espérance, il est nécessaire de penser déjà à la démultiplication cette première expérience de CAMP AERE. En effet, les programmes de la Commission de la Pastorale mettent un accent particulier sur l’accompagnement des populations fragilisées et marginalisées par les crises à répétition que connaît la Guinée. Or, comment organiser un CAMP AERE dans chaque paroisse en 2009 si les jeunes n’y sont pas préparés ?

C’est dire que le deuxième objectif de cette première édition pour les jeunes des paroisses sera de les préparer d’une manière sérieuse et responsable pour l’année prochaine.

SOS MINEURS EN PRISON/ ESF, structure technique de la Commission de la Pastorale Sociale a fait ses preuves depuis 1990 en matière d’appui aux mineurs de toutes les catégories sociales, comme le montrent ses réalisations, l’on parle de plus en plus d’emploi des jeunes. C’est peut-être un créneau d’insertion informelle que dessinera ce CAP AERE pour la vingtaine de Stagiaires qui seront initiés.

Avec l’espoir que les moyens financiers et humains ne manqueront pas, nous espérons que ce CAMP sera une réussite.

Activités prévues au profit des mineurs, filles et garçons pendant 30 jours

Objectifs :

  • Accueillir et occuper 150 mineurs des quartiers pauvres de Sonfonia pendant un mois, du matin au soir au sein du Foyer de l’Espérance.
  • Apporter un appui appréciable aux familles pauvres dont les enfants sont plus exposés aux vices pendant les vacances grâce à une série d’activités.
  • Aider les mineurs à rattraper leur retard scolaire par
  • les cours de soutien scolaire
  • l’alphabétisation fonctionnelle pour les non scolarisés

Organiser des activités culturelles et des loisirs favorisant la socialisation des bénéficiaires par

  • les jeux de société et activités sportives
  • l’animation culturelle : chants et danses
  • les séances de télé et de projection de films appropriés

Poursuivre la sensibilisation des mineurs sur les thèmes d’actualité par des causeries/ débats sur le SIDA, la morale chrétienne, la foi, l’éducation à la propreté, la tolérance, l’éducation aux attitudes /gestes de paix

Tous ces thèmes seront centrés sur la Parole de Dieu et des références tirées de manière précise et adaptée de la Bible.

  • Soulager les familles financièrement par la fourniture de trois repas par jour.
  • Le petit déjeuner à 8h30
  • Le déjeuner à 14h
  • Le gouter à 17h pour les externes et le souper pour les internes du Foyer à 19h.

TROIS GRANDS TEMPS FORTS MEUBLENT UNE JOURNEE DU CAMP AERE :

TRAVAIL/OCCUPATION UTILE :

  • Cours de soutien scolaire, alphabétisation fonctionnelle, activités manuelles dans les ateliers, petits services de propreté,
  • Ateliers de théâtre, musique (instruments et chants)
  • Causeries suivies de débats.
  • Education à la tolérance et à la paix

NOURRITURE :

  • Trois repas réuniront Encadreurs et mineurs dans la journée dans le réfectoire du Foyer de l’Espérance.

LES LOISIRS :

  • Activités sportives : mini foot, volley Ball et basketball

Activités prévues pour les jeunes, à raison de deux jeunes par paroisse 

  • Accueillir et initier aux techniques de prise en charge d’enfants en situations précaires deux jeunes de chaque paroisse de Conakry et les préparer à l’organisation du Camp aéré 2009 dans leur paroisse, par les activités suivantes :
  • Initiation à l’écoute
  • Initiation à l’enquête sociale dans le cadre de la prévention de la délinquance
  • Initiation aux techniques de surveillance
  • Initiation aux techniques de prise en charge d’enfant en situation difficile

  • Organisation d’une causerie etc.

A la fin de la formation, les jeunes seront capables :

  • De préparer des activés indispensables à l’organisation d’un CAMP AERE dans leur paroisse respective à travers plusieurs activités d’occupation utile d’enfants en situation précaire, de toutes catégories sociales et de confessions différentes.

Les différentes étapes de préparation et de réalisation

Etape 1 : Les préparatifs

Information, éducation et communication / IEC

  • Recherche du financement par la Commission de la Pastorale Sociale
  • Lettre d’information dans les Paroisses et surtout les CCB d’où viendront les Animateurs Stagiaires (2 par paroisse)
  • Recrutement du personnel spécialisé (chant, initiation aux instruments de musique)
  • Recrutement des Animateurs Stagiaires.
  • Communiqués radiodiffusés

Etape 2: La mise en place des divers volets du Camp aéré

  • Le stage théorique : Initiation/Formation de deux (2) encadreurs par paroisse aux techniques d’animation du groupe cible attendu
  • Historique de la Pastorale Sociale
  • Bref survol de la psychologie de l’enfant et de l’adolescent en rapport avec les activités prévues par le camp aéré.
  • La méthode de travail de SOS MINEURS EN PRISON/ESF : rue, garde à vue, prison, foyer
  • Education religieuse : les attitudes positives en présence d’enfants musulmans
  • Connaissance du groupe cible
  • Les techniques de communication

Tous ces thèmes théoriques se compléteront par le stage pratique.

  • Mise en place de la logistique
  • L’approvisionnement en vivres
  • L a constitution des Equipes d’animation
  • L’installation des Stagiaires internes
  • L’élaboration de l’emploi du temps
  • activité : découverte du Foyer de l’Espérance
  • La mise en commun de la journée/ révision et réajustement

L’ouverture du camp aéré

  • L’accueil des bénéficiaires
  • La constitution des différentes classes (ateliers)
  • La revue à mi parcours et les réajustements nécessaires

La clôture du Camp aéré

  • Le bilan critique : échecs et réussites
  • Test des Stagiaires sur l’organisation d’un camp aéré dans leur paroisse pour les vacances 2008-2009
  • Evaluation du Camp Aéré
  • Départ du Foyer de l’Espérance.



Commission de la pastorale sociale, sous-commission « Enfants et jeunes en situation difficile »

Aux Curés des Paroisses
Aux Conseils paroissiaux
Aux Communautés Chrétiennes de Base / CCB
Aux Jeunes diplômés sans emploi

Objet : Sessions d’initiation à l’encadrement des enfants

La Commission de la Pastorale Sociale souhaite organiser des Camps aérés dans les quartiers pour les enfants.
Le but, c’est les occuper utilement, mais en même temps, leur apporter une éducation.

Cela suppose que des Educateurs soient sérieusement formés à cet effet.

Dans une première étape, le Foyer de l’Espérance, sis en la paroisse Charles Lwanga de Sofonia gare propose aux jeunes âgés de 22 à 30 ans des weekends d’initiation à l’organisation des camps aérés pour les enfants en situation difficile.

Les candidats désignés par les CCB, obligatoirement deux (2) jeunes filles et un (1) jeune homme par paroisse sont priés de s’inscrire avant le mercredi 6 août 2008.

Les activités de formation ont lieu du vendredi matin au dimanche après la célébration eucharistique. Les Candidats seront nourris et logés sur place, aux frais de la Sous-commission, mais aucun paiement de per diem n’a été prévu.

Une fois les quatre (4) weekends de formation achevés, des certificats d’aptitude seront délivrés aux méritants qui, réunis en équipes d’Animateurs devront se préparer pour l’organisation des Camps aérés dans leur paroisse pendant les vacances 2008-2009, sous la responsabilité de la Commission de la Pastorale Sociale…

Conditions de participation :

  • Fournir deux photos d’identité et un Curriculum Vitae
  • Produire une lettre de recommandation de sa CCB
  • Prévoir les frais de transport aller et retour.
  • S’engager au respect strict du règlement en vigueur au Foyer de l’Espérance
  • Inscription et autres renseignements : 60.21.22.94 / 64.60.58.40/ 62.25.14.46.

P.O. Père Armel Duteil,
L’Equipe de la Sous-commission de la Pastorale Sociale
Foyer de l’Espérance




Mise en place de commissions paroissiales de pastorale sociale

Depuis 2007, la Commission diocésaine de Pastorale sociale a été redynamisée mais pour aboutir à une mobilisation des personnes à la base, il nous faut à tout prix mettre en place des commissions paroissiales. C’est à ce travail que nous nous sommes attelés depuis Janvier 2008. Les animateurs de l’OCPH (Organisation catholique pour la promotion humaine) ont commencé à faire le tour des paroisses pour cela. Après un premier contact avec le curé et le conseil paroissial, ils demandent aux personnes intéressées, averties à l’avance, de rester après la messe du dimanche pour leur expliquer ce qu’est la pastorale sociale et les différentes activités possibles. Après avoir répondu aux questions des participants, les animateurs mettent en place une équipe provisoire qui peut ainsi s’organiser immédiatement et lancer une première réflexion à partir des deux questions suivantes,  en impliquant le maximum de personnes, chrétiennes ou non : 1°) Quels sont les gens qui souffrent autour de nous ? 2°) Que pouvons-nous faire par nous-mêmes avec les petits moyens qui sont les nôtres ? - En effet, il nous semble absolument essentiel que les gens commencent à agir avec leurs propres moyens pour manifester leur engagement sans demander tout de suite des aides extérieures. Par la suite, quand ce sera vraiment nécessaire, on pourra alors chercher du soutien pour prolonger et élargir l’action déjà commencée par eux-mêmes.

Au bout d’un mois, les animateurs de l’OCPH reviennent pour évaluer les débuts des activités, réfléchir sur les réponses aux deux questions présentées et assurer un temps de formation : comment mettre en place du Commission de Pastorale sociale et que faire dans une réunion. On précise à nouveau le but et les moyens de la Commission.

Nous espérons que de cette façon nous allons réussir à réunir un certain nombre de personnes, ce qui n’était pas le cas dans le passé, comme je l’ai expliqué dans ma circulaire de Mars 2008. Bien sûr, il nous faudra assurer ensuite un suivi et une formation continue de ces commissions paroissiales.




Urgences et actions caritatives

De plus en plus de personnes viennent nous voir à l’Archevêché pour des cas d’urgences souvent dramatiques. Hier c’est d’abord une dame bulgare mariée à un guinéen Mr Diallo depuis 20 ans. Son mari l’a abandonnée et il est parti au Mali en emmenant leur fille. Elle n’a plus de maison, on lui a tout volé et elle se retrouve à la rue sans aucun moyen. Et nous ne trouvons personne pour l’accueillir

Une dame Aminata, qui a accueilli une trentaine d’enfants abandonnés dans son orphelinat. Elle était soutenue par une ONG allemande Children for a better world EV. Celle ci du , jour au lendemain coupe toutes les subventions sans aucun préavis. Aminata se retrouve sans rien pour nourrir ses enfants. Il y a parmi eux des enfants abandonnés envoyés par le ministère des affaires sociales, mais celui ci ne fournit aucun fond malgré les subsides qu’il reçoit. Chaque jour des étrangers passent n ous voir, de passage en Guinée avec ou sans papier demandant aide et assistance. Nous en avons parlé en décembre à Cotonou : voici ci joint le papier que nous avons tiré pour les CCB. Là aussi ilo faudrait prévoir quelque chose ! Que faire.

Il y a aussi tout le problème des mendiants de la mosquée sénégalaise qui ont été expulsés et se retrouvent sans rien à la cité "solidarité" de Taouya. Leur place a été tout de suite remplacée par des magasins.


Travail avec les médias

Au Sénégal, à côté de la Radio nationale, il existe un certain nombre de radios communautaires et de radios privées. L’importance des médias, aussi bien pour la formation que pour l’éducation et l’évangélisation, est maintenant reconnue en théorie dans l’Eglise. Mais elle a parfois beaucoup de peine à se mettre en place. Ici, à Dakar, depuis plusieurs années, on cherche à démarrer une radio catholique, mais les choses trainent.

A la radio comme à la télévision nationale, il existe des émissions catholiques, en particulier le dimanche. Mais elles s’adressent aux chrétiens et consistent souvent à lire les textes liturgiques du dimanche suivis d’une homélie et de la liste des saints de la semaine. Et aussi à la télévision, à passer les grandes célébrations liturgiques catholiques : fêtes paroissiales, professions religieuses, ordinations, pèlerinages etc. Ce qui donne une idée juste ni de l’Eglise, ni de l’Evangile. De plus ces émissions sont pour la plupart en français qui est la langue officielle du pays, mais que beaucoup de gens ont de la peine à comprendre.

Il m’a semblé plus intéressant d’assurer des émissions dans des radios non chrétiennes pour une diffusion plus large, et ainsi toucher la population dans sa diversité culturelle et religieuse, sans se limiter au public chrétien. Cela en présentant l’Evangile et les activités de l’Eglise d’une manière plus compréhensible. Il est très difficile de prendre la parole sur les radios ou télévisions nationales. D’abord parce qu’il y a déjà des émissions catholiques « officielles ». Mais aussi parce que cela coute cher. Rapidement après mon arrivée à Dakar, j’ai été contacté par des laïcs chrétiens qui m’ont demandé d’animer avec eux une émission à la radio communautaire AFIA (La paix), soutenue par l’ONG ENDA.

Pour cette émission, nous avons gardé l’Evangile du dimanche, mais en cherchant à l’appliquer à la réalité concrète de chaque jour, et non pas sous forme d’homélie. Nous faisons ces émissions en ouolof, la langue populaire comprise par la majorité des gens. De plus, les auditeurs peuvent intervenir directement à partir de leur téléphone portable, soit pour poser des questions, soit pour apporter leur contribution. C’est ainsi que chaque dimanche, un imam avec qui nous avons de très bonnes relations, intervient pour donner son point de vue sur Jésus et sa compréhension de l’évangile du jour. La deuxième partie aborde les questions d’actualités et la vie du pays dans les différents domaines, non seulement religieux et culturel mais aussi économique, social et politique. C’est ainsi que nous avons eu des émissions de réflexion au moment des élections présidentielles et législatives, à partir des documents et des actions menées en particulier par la commission Justice et Paix. Nous pensons faire la même chose cette année pour aider les gens à réfléchir et à se former pour les élections locales et régionales, et apporter sur toutes ces questions un éclairage chrétien mais ouvert aux musulmans et une réflexion de base pour tous. 

Le diocèse de Dakar a mis en place le SEDICOM (Service Diocésain de la Communication). Les responsables m’ont demandé d’animer deux émissions à la Radio Municipale de Dakar. Chaque semaine, j’invite un ou plusieurs chrétiens engagés dans la société. Dans une première émission, ils disent comment ils comprennent l’évangile du jour, et surtout, comment ils le vivent. Ce n’est donc pas moi qui intervient mais des laïcs. Mon rôle consiste à préparer l’émission avec eux, à les interviewer et éventuellement approfondir la réflexion avec eux.

Dans une deuxième émission, toujours en wolof, ces laïcs expliquent leurs engagements dans la société. D’abord ce qu’ils font, ensuite leurs motivations (pourquoi ils le font), puis les résultats de leur action, mais aussi les difficultés qu’ils rencontrent. Dans un deuxième temps, ils donnent la dimension chrétienne de leur engagement, comment dans cet engagement ils vivent la Parole de Dieu, et comment leur foi les soutient. Enfin, comment ils travaillent avec les autres croyants du pays, en particulier les musulmans. Ainsi des laïcs ont expliqué leur travail auprès des réfugiés et des émigrés, ou en prison, leur engagement politique, l’éducation aux droits humains, l’animation de la jeunesse, comment ils vivent leur mariage et leur vie de famille, le travail auprès des enfants de la rue, l’engagement dans la société civile. Ils ont parlé aussi des abus sexuels, la préparation des élections, l’action contre les inondations, etc. De même, des chrétiens ont expliqué leur engagement, par exemple dans le scoutisme, dans la JEC (les étudiants), la JOC (les travailleurs), la Commission Justice et Paix, la Caritas, l’action des chrétiens pour l’abolition de la torture, etc. D’autres sont intervenus sur les questions économiques, l’éducation à la santé, l’agriculture, en particulier des gens travaillant au ministère, mais aussi ce qui se fait à la base dans des écoles communautaires de quartier pour les familles nécessiteuses, par rapport à l’écologie et l’environnement, dans des centres de formation féminine et des centres d’apprentissage technique. Enfin nous avons abordé des questions comme celles de l’éducation sexuelle des jeunes, de l’insécurité dans les quartiers, des medias et de beaucoup d’autres choses. Il nous arrive aussi, au moment des grandes fêtes religieuses, d’expliquer la signification de ces fêtes, et comment les vivre en vérité. Sans oublier les autres questions du viol, de la violence, de la drogue, de l’homosexualité, et de beaucoup d’autres questions qui sont d’actualité, et qui posent problème dans la société sénégalaise d’aujourd’hui.

Ces deux émissions qui passent sur la radio municipale sont très écoutées, et je dois dire qu’elles sont aussi très appréciées par les responsables de la radio et la municipalité elle-même, dans la mesure où elles abordent des problèmes concrets sans agressivité, mais en présentant des actions précises, et donc possibles, à toute la population, essentiellement aux musulmans qui sont très largement majoritaires (environ 90% de la population). Cela ne nous empêche pas de donner le point de vue chrétien sur ces différentes questions, et il est accueilli avec beaucoup d’attention, dans la mesure où nous cherchons à présenter le Christ et son évangile d’une façon ouverte et compréhensible par les musulmans, et où nous leur proposons de vivre les valeurs de l’évangile en fonction de leur propre foi et dans le respect de leur religion. Ce qui me semble être le véritable sens de l’évangélisation.

Nous n’avons pas de studio personnel ni même d’appareils d’enregistrement. Non seulement par manque de moyens mais aussi parce que nous préférions aller enregistrer dans les radios communautaires ou municipale, ce qui nous permet d’avoir des contacts très amicaux avec les différents techniciens. Et c’est grâce à cela qu’ensuite, ils n’hésitent pas à nous contacter, soit pour des explications au moment des fêtes religieuses, soit plus largement pour donner notre point de vue chrétien sur tel ou tel problème qu’ils abordent dans leurs propres émissions. C’est ainsi que j’ai été interviewé de nombreuses fois dans les radios et télévisions nationales, en particulier sur mon travail dans les prisons, avec les enfants de la rue, dans la Commission Justice et Paix et dans les communautés de quartiers. On m’a aussi demandé par exemple, toute une série d’émissions pendant le carême sur les témoins de la foi : Abraham le père des croyants, chrétiens comme musulmans ; Judith, l’engagement de la femme dans la société ; Job, le problème de la souffrance et du mal ; Amos, les injustices dans la société ; Joseph, le travail et la famille, la plupart de ces personnages étant connus des musulmans et même cités dans le Coran.

Je suis heureux dans ce travail, à cause de tous les contacts, directs et indirects, qu’il permet. Et je crois qu’ainsi l’Evangile est annoncé d’une façon compréhensible à tous, et que le Royaume de Dieu grandit parmi nous.


Formation à la pastorale des malades

Pour cette formation, nous avons commencé par un partage à partir de l’Evangile de Luc 5, 17-28 : Jésus guérit un homme paralysé. Dès le début de l’Evangile, nous voyons que des gens viennent à Jésus. Pourquoi viennent-ils vers Jésus ? Parce qu’ils ont reconnu en Jésus un Sauveur, un homme de Dieu. Jésus porte témoignage à l’amour de Dieu et c’est cela l’important. Pour accompagner les malades, la première chose ce n’est pas de parler et d’avoir de belles paroles. C’est notre façon de vivre, de leur montrer de l’amour, de la compassion, de la miséricorde. Nos gestes parlent plus et sont plus forts que nos paroles. C’est par notre vie que nous portons témoignage. Nous ne pouvons pas être des accompagnateurs des malades, si d’abord nous ne vivons pas en hommes bons dans l’amitié de tous.

Les gens viennent de partout : de Judée, de Galilée et de Jérusalem. Car Jésus a accueilli tous les malades. Pas seulement ceux de sa race, ni de sa religion les juifs, comme cet homme paralysé. Il a guéri le serviteur du centurion romain qui était non seulement un païen, un romain, mais un officier de l’armée coloniale qui avait tué certainement plusieurs juifs au cours de cette guerre de colonisation. De même, il guérit la fille de la syrienne, la femme cananéenne, et le lépreux samaritain, aussi bien que tous les autres. Jésus nous envoie vers tous les malades, pas seulement vers ceux qui reçoivent la communion, pas seulement les chrétiens mais tous les malades, sans choisir et sans rejeter personne. Nous voulons tous les aider à grandir dans la foi et dans l’espérance. En respectant bien sûr leur conscience, leur cœur et leur religion.

La puissance du Seigneur était avec Jésus, et lui faisait guérir les malades (v.17). Si nous guérissons les malades, ce n’est pas par notre puissance à nous. Si nous savons les consoler, ce n’est pas par nos propres forces, c’est grâce à Dieu. C’est pour cela qu’il est tellement important de prier avant d’aller rencontrer les malades, de prier avec eux et avec leur famille, et ensuite, lorsque nous les avons quittés de continuer à prier pour eux. Pas seulement personnellement d’ailleurs, mais prier et aller prier chez les malades, en communauté, en CEB.

Au verset 18, on nous dit que des gens arrivent, qui portent sur une natte un homme paralysé. Cet homme n’est pas arrivé tout seul, puisqu’il était paralysé. Il ne pouvait pas marcher, ce sont ses amis qui l’ont apporté à Jésus. Notre travail, ce n’est pas seulement d’aller voir les malades personnellement mais d’aller les voir en communauté, demander à la CEB d’aller prier chez eux, avec eux et avec leurs familles. Il ne suffit pas de prier pour les malades en réunion de communauté. Il s’agit d’aller prier chez les malades, de les conseiller, les encourager, pour les apporter à Jésus comme ces quatre hommes. Sans doute qu’ils avaient déjà tout fait pour le soigner, qu’ils avaient cherché des médicaments, et aujourd’hui ils l’amènent à Jésus. C’est là notre travail, notre responsabilité : amener les malades jusqu’à Jésus.

Nous remarquons le comportement de Jésus. Jésus devait déjà être très fatigué. D’abord parce qu’Il est complètement serré par cette foule, puisque ceux qui portent le malade ne peuvent pas arriver jusqu’à Lui. Et puis il y a aussi les pharisiens et les enseignants de la loi qui sont contre Lui, qui l’attaquent et qui le critiquent. Jésus avait de quoi perdre son calme. En plus, Il annonce la Parole de Dieu, Il fait son travail de Messie. Et d’un seul coup, on fait descendre un malade par le toit juste devant lui. Il y avait de quoi s’énerver, ou au moins de dire : « laissez-moi faire mon travail. Vous ne voyez pas que je suis entrain d’annoncer l’Evangile, et d’enseigner la Parole de Dieu ». Non ! Jésus s’arrête d’enseigner, Il accueille ce malade qu’Il n’avait pas prévu. Jésus est toujours disponible. Et quand Il regarde ce malade, Il ne dit pas « il est malade à cause de ses péchés », comme les juifs le disaient, et comme beaucoup continuent à le dire jusqu’à aujourd’hui. Il ne dit pas : « c’est un homme mauvais ». Il voit la foi de ceux qui le portent. Et Il dit au malade : « Mon ami ». C’est cette attitude que nous voulons avoir dans la pastorale des malades : venir plein d’amitié auprès des malades, et les accueillir tels qu’ils sont.

Nous remarquons que Jésus ne dit pas «  en voyant la foi du malade », mais il dit : « en voyant leur foi », c’est-à-dire la foi de ceux qui l’ont apporté. Notre foi est importante pour guérir les malades. Bien sûr c’est important que le malade prie, qu’il garde l’espérance, qu’il ait confiance en Dieu, qu’il garde la foi, et qu’il ne parte pas dans d’autres religions ou sur d’autres chemins. Mais notre foi à nous est importante. Notre foi personnelle, et notre foi à nous ensemble. Notre foi de la communauté chrétienne et du groupe des accompagnateurs des malades. C’est en voyant leur foi, que Jésus dit à ce malade « Tes péchés sont pardonnés ».

Ensuite, il y a toute la discussion avec les pharisiens et les maîtres de la loi, qui ne croient pas en Jésus. Nous remarquons que quand ce malade vient, Jésus ne commence pas par le guérir dans son corps, Il le guérit d’abord dans son cœur, Il lui pardonne ses péchés. Cela rejoint profondément les valeurs de nos cultures traditionnelles. Dans la tradition, quand on allait porter un malade chez un guérisseur, avant de chercher à le guérir, on demandait à toute la famille de venir, pour que la famille se réconcilie. On demandait aussi à la famille de se réconcilier avec les ancêtres, et de faire un sacrifice si nécessaire. On disait que le malade ne peut pas guérir, s’il n’y a pas d’abord la paix dans la famille et avec les ancêtres. Cette valeur importante que les anciens nous ont laissée, c’est important de la garder : que nous cherchions d’abord à guérir le malade dans son cœur, lui apporter la paix. C’est la première chose que nous cherchons : rassembler la famille autour du malade pour qu’elle s’en occupe, et pour qu’elle soit unie pour cela. Car nous savons bien qu’au moment de la maladie il y a souvent beaucoup de désunion.

Et bien sûr, nous les aiderons à garder la foi, comme Jésus l’a fait. S’ils sont chrétiens, qu’ils continuent à prier. Nous savons qu’il y a trop de malades en cas de maladie, et surtout leurs parents, quui vont chez les devins, pour chercher qui a envoyé la maladie au malade. Alors ce sont les accusations de sorcellerie, le maraboutage et les malédictions. C’est la division de la famille et la souffrance. Il y a d’autres qui vont offrir des sacrifices traditionnels pour guérir le malade, oubliant que le seul sacrifice qui nous sauve, c’est le sacrifice de Jésus Christ. C’est seulement le corps de Jésus que nous recevons dans la communion, qui peut mettre la communion dans la famille en cas de maladie. C’est seulement le sang de Jésus Christ que nous offrons au sacrifice de la messe, qui peut nous pardonner nos péchés, comme Jésus a pardonné les péchés de ce paralysé. Mais par contre nous pouvons très bien aller chez les guérisseurs traditionnels, si c’est seulement pour nous soigner par les plantes.

Jésus dit au paralysé : « Tes péchés sont pardonnés ». Si le malade est chrétien et qu’il peut se confesser, c’est important que nous en parlions au prêtre. Nous, nous ne pouvons pas pardonner les péchés, mais les prêtres ont reçu ce pouvoir de la part de Jésus Christ. A nous de les aider. Et de les préparer à la confession et la communion. Nous travaillons donc en lien avec les prêtres. Mais également avec la Légion de Marie, la Caritas, la Commission Justice et Paix, chacun intervenant dans sa ligne. C’est dans la complémentarité, tous ensemble, que nous pourrons vraiment aider les malades.

Entrer dans la pastorale des malades c’est une question de foi, pas seulement de technique d’écoute, ou de technique psychologique pour apprendre à parler. Bien sûr, c’est important. Mais il faut d’abord avoir la foi, pour faire grandir la foi du malade et de sa famille. Nous voulons toucher d’abord le cœur du malade, et le cœur de ses parents. Pour ensemble nous tourner vers le Seigneur. A ce moment-là, si Dieu le veut, et s’Il guérit, comme toute la foule, nous pouvons louer Dieu. Et dire : » aujourd’hui nous avons vu des choses merveilleuses ». Cela aussi c’est important dans notre travail. Nous prions avec le malade et avec sa famille, pas seulement pour demander sa guérison, mais aussi pour dire merci. C’est la parabole des 10 lépreux que nous connaissons bien. Seul le lépreux samaritain revient dire merci à Dieu.

Il y a trop de gens qui prient quand ils sont malades, mais quand ils sont guéris, ils recommencent à vivre comme autrefois. Ils ne disent pas merci à Dieu, ils ne changent pas non plus leur vie. Alors que la maladie peut être une grande occasion de conversion. Beaucoup de gens passent leur vie à s’amuser et à faire la fête, qui ne prient plus, qui ne pensent qu’à leur plaisir. Quand ils sont malades, ils commencent à réfléchir, et à changer leur vie. Et s’ils guérissent c’est important qu’ils tirent les conclusions de leur maladie, et qu’ils en fassent une occasion de changer, pour pouvoir à nouveau vivre avec Jésus Christ, et marcher dans le chemin de Dieu.

Jésus dit au paralysé : « Lève-toi, prends ta natte et rentre chez toi ». Pourquoi Jésus dit-il cela ? Le paralysé pourrait très bien laisser sa natte sur place, il n’en avait plus besoin. En rentrant chez lui, il ramène sa natte. Il la verra tous les jours, il se rappellera la guérison que Dieu lui a donné, il pourra dire merci à Dieu. Quand Jésus dit : « prends ta natte et va chez toi », cela montre que Jésus l’a vraiment guéri, dans son cœur et dans son corps. Et qu’il est capable de vivre à nouveau comme un homme libre, et comme un croyant. Il porte sa natte pour montrer qu’il est capable de porter le poids de la vie, qu’il est capable de prendre ses responsabilités. Il était couché, maintenant il est debout. Car Dieu veut des hommes debout. Il marche, il avance dans la vie, avec Dieu et grâce à Dieu, et dans la confiance. La natte c’est donc un signe.

Comme on pourrait voir un autre signe dans la paille du toit de cette maison, que les gens ont enlevé pour pouvoir faire tomber le paralysé devant Jésus. Que représente cette paille ? Ce sont toutes les mauvaises habitudes, ce sont toutes les mauvaises pensées au moment de la maladie, ce sont tous les mauvais comportements, les accusations et le retour aux croyances traditionnelles, au maraboutage et au fétichisme. C’est tout cela que nous devons enlever patiemment, avec la famille et avec le malade, pour qu’ils puissent vraiment rencontrer Jésus.

Bien sûr, il ne suffit pas de le guérir dans son cœur. Il faut aussi le guérir dans son corps, comme Jésus l’a fait. Nous ne pouvons pas faire des miracles comme Jésus, mais nous aidons le malade à se soigner. D’abord, nous nous assurons qu’effectivement la famille le fait soigner, qu’il a été au dispensaire, qu’on l’a amené voir un docteur, et que l’on fait ce qu’il faut pour le soigner. Il y a trop de malades dont on ne prend pas soin comme il faut, et même qu’on laisse mourir. Et c’est seulement après leur mort qu’on va dépenser une grosse somme d’argent, pour faire un grand repas au moment de l’enterrement, et un tombeau qui coûte très cher. C’est pendant qu’il est encore vivant, et qu’il est malade, qu’il faut s’en occuper. C’est important que nous en parlions aussi à la CEB, pour voir ce que nous pouvons faire pour lui, et déjà avec la caisse des accompagnateurs des malades. Pas seulement pour acheter des médicaments au malade, mais aussi pour lui donner de la nourriture, du savon, des produits d’hygiène, des habits, et tout ce dont il pourrait avoir besoin.

Il ne s’agit pas de les aider personnellement, ni même dans notre groupe ou dans notre communauté. Actuellement dans le pays des tas de choses ont été décidées, en particulier depuis l’Acte 3 de la Décentralisation, spécialement pour la santé : les soins gratuits pour les enfants de 0 à 5 ans, les césariennes gratuites, la carte d’égalité des chances pour les handicapés, les bourses familiales pour les familles nécessiteuses, le plan Sésame pour les personnes âgées, et beaucoup d’autres choses encore. Ce sont de très bonnes choses qui ont été décidées et votées. Mais souvent, elles ne sont pas appliquées, à cause des détournements d’argent, et des privilèges que se donnent des chefs de quartier ou les responsables des communes. Et à cause de la politique : on aide d’abord les gens de son parti. Il y a tellement de choses qui sont bloquées, comme la Couverture Médicale Universelle, pour des raisons politiciennes et des manques d’entente. Si nous sommes accompagnateurs de malades, nous ne pouvons pas nous contenter d’aller prier avec eux, de les conseiller, et de les encourager. Il s’agit de connaitre ce qui a été décidé au niveau du pays. Pas seulement de les connaître, mais de nous y engager. Pour que ce qui a été décidé soit vraiment mis en pratique, et voir ce qui se fait vraiment dans les municipalités. Nous ne pouvons pas être des ministres ou des députés, mais ces choses- là sont à notre portée : la commune c’est à notre taille, et c’est notre devoir de chrétien d’intervenir.

Après ce partage à partir de l’Evangile, nous sommes partis en carrefours.

En voici quelques conclusions

Lorsqu’on accompagne un malade, c’est important de voir les progrès qu’il peut faire dans son corps mais aussi dans son cœur de l’acceptation de la maladie, de le lui dire et de le dire à la famille parce que celle-ci parfois trop prise par les soucis ne voit pas les progrès qui sont accomplis. L’accompagnement des personnes âgées suppose aussi toute une psychologie car parfois ces personnes âgées, à cause de la maladie, sont difficiles, agressives et il y a des tensions entre elles et leurs enfants. A nous de les aider. Nous avons dit aussi à ce sujet d’aider les familles à continuer à prendre en charge les grands-parents. Des hospices de vieillards comme cela se fait en Europe n’est certainement pas la bonne solution, même si malheureusement, de plus en plus d’enfants, spécialement en ville, abandonnent leurs parents âgées, en particulier ceux qui sont au village.

Nous avons parlé de l’écoute. Souvent les malades n’ont pas toujours envie de parler mais c’est important de garder ce sens de l’écoute, mais pas seulement ouvrir nos oreilles mais aussi ouvrir nos yeux pour voir les réactions du malade et de sa famille pour comprendre ce qu’il veut dire ou ce dont parfois lui-même ne se rend pas compte, ouvrir les oreilles mais surtout ouvrir les yeux. Et si nous ne savons pas quoi dire, nous asseoir simplement à côté du malade, en silence. Souvent nous parlons trop, nous parlons beaucoup trop. Si nous restons en silence à côté du malade, il saura qu’il y a au moins quelqu’un qui pense à lui, qui fait attention à lui, qui l’aime, qu’il n’est pas complètement oublié, et tout cela est très important. Et bien sûr il est essentiel d’écouter non seulement le malade mais d’écouter aussi toute sa famille. Lorsqu’il y a de grosses tensions entre le malade et sa famille, cela devient très difficile. Nous ne pouvons pas toujours résoudre les questions nous-mêmes mais nous pouvons voir s’il y a quelqu’un qui peut aider à réduire ces tensions et à remettre la paix dans la famille. Cela aussi fait partie de notre tradition. Lorsqu’il y a un problème, on cherche un intermédiaire, un réconciliateur et dans chacune de nos CEB normalement, il y a des sages, des conseillers qui peuvent jouer ce rôle et apporter la réconciliation dans la famille.

A partir de là, nous avons longuement réfléchi sur les difficultés que nous rencontrons dans nos visites auprès des malades d’où l’importance de ne pas y aller tout seul mais de nous faire accompagner, surtout si nous ne parlons pas la langue du malade. Mais là souvent, il y aura quelqu’un de sa famille qui pourra servir d’interprète. C’est pour cela qu’il est important de prévenir la famille à l’avance pour qu’elle se prépare, pour qu’elle prépare le malade, déjà en lui faisant la toilette, en lui mettant un habit propre, en balayant la maison, en achetant une bougie qu’on pourra allumer et en préparant un pagne ou un tissus blanc avec une image ou une statue. Toutes ces préparations sont très importantes pour le malade et aussi pour sa famille, et c’est une façon très valable de faire participer la famille à notre travail auprès de ces malades. Nous chercherons à apprendre peu à peu à la famille à parler aux malades avec bonté, avec amour, apprendre aussi à le conseiller, apprendre à prier avec lui. Cela se fera progressivement, beaucoup plus en le faisant nous-mêmes avec les parents que par des discours ou des grandes théories.

Il y a aussi des familles qui cachent leurs malades parce qu’ils ont honte ou bien parce qu’ils ne veulent pas qu’on aille prier pour lui. C’est là qu’il est important d’avoir un suivi, d’avoir le sens des étapes, de ne pas forcer les choses, et au début de se contenter de passer avec simplement des salutations et lorsqu’il y aura un climat d’amitié, alors ce sera plus facile d’aller plus loin. Et là aussi, la communauté de quartier a un rôle important pour nous faire connaître les malades du quartier. il est donc essentiel, non seulement de travailler avec la communauté mais de faire partie nous-mêmes de la communauté de notre quartier et une fois que nous aurons parlé de tout cela sérieusement dans une réunion, par la suite il suffira dans une réunion de nous demander quels sont les gens qui sont tombés malades cette semaine et que vous avez repérés et les choses se feront tout de suite et rapidement.

Après ce partage de la Parole de Dieu, nous nous sommes retrouvés en petits groupes pour réfléchir. Voilà ce qui a été dit dans la mise en commun. Je la rapporte telle quelle même si cela entraîne beaucoup de répétitions.

  • L’importance de la prise en charge du malade par la famille. Déjà pour tout ce qui concerne la tradition, les croyances ancestrales, les façons traditionnelles de traiter la maladie. Il faut chercher peu à peu à avoir les informations nécessaires à ce sujet pour mieux approcher le malade et le conseiller et le soutenir d’une façon la plus valable possible. Voir comment la famille vit cette maladie, est-ce que c’est tourné vers la « mystique » et les cérémonies traditionnelles ou vers la foi chrétienne et voir comment nous approcher de la famille en conséquence.

  • Si le malade décède, il est important de continuer à voir la famille pour vivre ce temps du deuil dans la foi et nous avons parlé de Marie qui était debout au pied de la croix pendant que son fils Jésus mourrait.

  • Nous avons signalé également le livre de prières des communautés pour les malades et pour les décès.

  • Même si on ne peut pas voir le malade parce qu’on nous en empêche, commencer par parler avec la famille et sentir comment sont les relations et chercher les moyens de la réconciliation si c’est nécessaire.

  • Il faut savoir prendre le temps de parler avec les malades et s’il reçoit la communion, ne pas se limiter aux visites lorsqu’on apporte la communion mais avoir d’autres visites « désintéressées », simplement pour visiter le malade et la famille pour créer des liens d’amitié. Lorsque nous ne savons pas comment faire ou que nous ne savons pas bien mesurer la situation, cela serait utile de demander à un autre accompagnateur de malades, d’aller visiter la famille pour qu’il puisse nous donner son point de vue pour éviter de nous tromper et de faire des erreurs dans notre comportement, tout cela bien sûr dans le secret et la confidentialité.

  • Le suivi avec le malade et sa famille quand il est guérit est également très important.

  • Nous retrouver ensemble parfois en réunion et prier pour le malade que nous suivons.

  • Avant de proposer la communion et le sacrement de réconciliation au malade, il faut d’abord le vivre nous-mêmes c’est-à-dire aller régulièrement à la messe bien sûr et nous confesser régulièrement sinon comment le demander aux autres.

  • Il est important de parler de tout cela en conseil paroissial.

  • Nous avons parlé aussi de l’accompagnement des drogués. Même si nous ne sommes pas des spécialistes, les repérer, leur parler ainsi qu’avec leurs familles, les orienter vers des organisations qui peuvent les libérer comme « SOPI JIKO » à Grand MBao et aussi lorsqu’ils ont suivi un traitement, de continuer à les soutenir et à les accompagner pour qu’ils ne retombent pas dans la drogue à nouveau. Faire comprendre aux chrétiens que tous les malades ont besoin d’être soutenus, pas seulement ceux qui peuvent recevoir la communion. Tout malade, même s’il a du mal à s’exprimer, a besoin de parler, ce qu’il sent et comment il le vit. C’est l’importance de l’écoute et d’abord de l’accueil : être attentif, disponible et plein d’amitié. Voir comment le malade est pris en charge : corporel, psychologique et spirituel etc. et peu à peu en parler avec lui et avec sa famille.

  • Chercher aussi des bienfaiteurs qui peuvent aider les malades pour leurs soins, pour les plus pauvres.

  • Notre engagement est très difficile, il faut être très courageux, persévérant, bien se préparer, prier, nous soutenir les uns les autres, partager nos expériences pour peu à peu apprendre à mieux faire.

  • Etre ouvert à tous sans nous limiter aux chrétiens. Il y a des musulmans aussi qui nous demandent de prier pour eux. En tout cas c’est important d’encourager les malades non chrétiens que nous voyons autour de nous, en respectant leur foi et leur conscience.

Rencontre des ministres de la communion

Voici ce qui a été dit dans une autre rencontre plus spécifique pour les ministres de la communion. Il est absolument nécessaire de travailler ensemble avec les accompagnateurs des malades des CEB, et donc d’organiser des rencontres et des formations communes. Utiliser les livrets et les chemins de prières que nous avons pour donner la communion mais en cherchant à varier ces prières et à les enrichir, en particulier lire l’Evangile du jour ou du dimanche à cette occasion pour ne pas toujours faire la même chose, prévenir à l’avance que l’on va venir donner la communion et demander aux parents et aux voisins chrétiens de venir prier avec nous. Ne pas donner la communion tout seul si possible. Choisir le meilleur moment pour cela, pas obligatoirement après la messe. Il y a des malades qui nous demandent de prier pour eux et même de leur donner la communion mais qui, en même temps à des pasteurs ou à des gens d’autres sectes de venir leur dire des prières. Ajouter maintenant le commentaire de l’Evangile de Matthieu, chap. 2, 1 à 12 du 16 janvier 2015.


Formation dans les centres sociaux

Dernières formations dans un centre social pour jeunes filles (2022) 

  1. vacances,

  2. le vote,

  3. Le Viol,

  4. Les ASC (Associations Socio-Culturelles), 

1- Vacances

Voici quelques réflexions faites par les jeunes filles chrétiennes et musulmanes ensemble, d'un centre social avant le départ en vacances.

Les vacances, c'est d'abord un temps de repos. Mais se reposer, ça ne veut pas dire rester dormir, couchée pendant toute la journée. Se reposer, c'est aussi faire des choses nouvelles, changer d'activités, lire, regarder des choses importantes et intéressantes à la télévision ou au téléphone. Des choses éducatives qui peuvent nous former et nous donner des nouvelles idées : des conférences, des réunions ou d'autres choses.

Si les vacances se sont un temps de repos, il faut que ce soit un temps de repos pour toute la famille. Pendant que nous allions au cours, c'étaient les autres parents qui devaient s'occuper de la maison, de la cuisine de tous les autres travaux. Ils ont travaillé pour nous. Maintenant que nous sommes en vacances, nous prenons notre part du travail de la maison. Pour que nos autres parents qui travaillaient pendant que nous étions au cours se reposent eux aussi. Tout le monde a le droit d'avoir des vacances. Et le soir, nous en profitons pour prendre un moment pour parler ensemble en famille.

Si nous allons au village,

il est très important de connaître la vie au village : se renseigner, regarder comment les gens vivent, les aider aussi dans leurs activités, dans leurs travaux. Cela va nous former et nous donner des idées nouvelles. Par exemple, auprès des anciens : apprendre les contes, les proverbes, les traditions de la famille et du village. Et mieux apprendre notre langue. Mais aussi nous former, en partageant leurs travaux

C'est important aussi de dire la vérité. Il y a des filles qui viennent au village et qui racontent des tas de choses fausses sur la ville, en disant : « en ville, il y a la lumière. On va au cinéma, on va au restaurant chaque semaine, il n'y a pas de problème ». Au contraire, c'est important d'expliquer les problèmes de la ville aux jeunes des villages. Il y a trop de jeunes qui quittent le village pour venir en ville, et qui se trompent. Ils se retrouvent seuls et sans travail. Ils ont faim, et ils se mettent à voler, ils ont des problèmes : ils fument le yamba et prennent de la drogue, pour oublier leurs problèmes. Même les filles.

C'est important aussi de s'habiller d'une manière simple, et de vivre une vie simple pour pouvoir être à l'aise avec les autres, avoir des bonnes rencontres et une véritable amitié.

Si nous restons en ville.

Ce que nous avons appris au centre, nous l'expliquons à nos parents, à la maison, et nous le mettons en pratique.

Pendant les vacances, nous continuons à être sérieuses, mais aussi prudentes. Des jeunes pendant les vacances se laissent entraîner dans l'alcool, dans la drogue, dans les amusements, les ambiances, les soirées dansantes, …Certaines se retrouvent même enceintes et elles sont renvoyées du centre de formation. Il faut donc continuer à s’éduquer soi-même, et aussi éduquer ceux qui nous entourent.

Par exemple pour les soirées dansantes. C'est normal que les parents soient au courant. Et pour nous de savoir où on va danser, avec qui on va danser et quelle danse on va danser. Et d’abord où on va trouver l’argent pour payer le taxi et pour acheter à boire.

Chercher du travail :

c’est une autre chose importante pendant les vacances, surtout si tu as terminé ta formation. Mais même si tu dois continuer, tu cherches du travail et tu commences à travailler pendant les vacances, pour connaître déjà les conditions pour bien travailler, et les problèmes qui se posent. A ce moment-là, quand tu auras fini ta formation, ce sera beaucoup plus facile de trouver du travail, et de travailler dans de bonnes conditions, parce que tu auras l'habitude.

En ville, pendant les vacances, il y a beaucoup de réunions et d’activités des groupes, des mouvements et des associations. Par exemple les scouts, la Croix Rouge, le patronage, les colonies de vacances, et beaucoup d’autres choses. Il y a des formations et des projets économiques pour gagner sa vie. Et la préparation des élections législatives. Nous voyons à quelles choses nous pouvons participer.

La prière :

Enfin, nous n’oublions pas Dieu pendant les vacances ? Nous continuons à prier personnellement, en famille et ensemble à la mosquée ou l’église. Même si c’est possible, tu apprends le Coran si tu es musulmane ou l'Évangile, si tu es chrétienne.

En tout cas, bonnes vacances à tous et à toutes.

2- Le vote

La municipalité c’est la commune. Les élections municipales c’est pour élire les maires avec leurs conseillers. Elire, cela veut dire nommer. C’est pour cela que l’on parle des élus. Et des élections municipales. Cette élection est très importante puisque les maires avec leurs conseillers doivent organiser la vie sociale dans notre quartier ou dans notre village, pour la santé, les écoles, le ramassage des ordures, l’eau, l’électricité, les routes, … C’est pour cela qu’il est important de bien choisir ceux pour qui on va voter.

La première chose c’est de se renseigner. Le moyen le plus simple c’est d’écouter les informations, ce qu’on dit à ce sujet à la radio, ou à la télévision si on en a, pour se mettre au courant.

Mais nous savons bien que souvent ceux qui se présentent pour les élections, ils font beaucoup de promesses, qu’ils ne tiennent pas ensuite. C’est donc important de participer aux réunions qui sont faites dans les différents quartiers par les candidats (les meetings).

Mais surtout, il faut voir quelles sont leurs compétences (ce qu’ils sont capables de faire) et leur valeur. Et pour cela d’essayer de savoir comment ils se conduisent dans la vie de chaque jour, dans leur vie de famille et dans leur travail. Quel travail font-ils ? Comment le font-ils ?

Ensuite, pour’ le candidat que je choisis : Dans son quartier, quelles sont ses relations ? Et puis aussi quelles sont les choses qu’il fait : ses engagements. Dans quelle organisation ? Dans quelle association ? Commet il tient ses responsabilités ? Parce que la façon dont il se conduit dans la vie de tous les jours, c’est de la même façon qu’il se conduira, ou qu’elle se conduira, quand il ou elle sera élu comme maire. C’est cela qui nous permettra de savoir si vraiment il veut se mettre au service de la commune.

Et donc nous nous demandons pourquoi il se présente. Est-ce que c’est pour commander, et pour avoir le pouvoir ? Pour être respecté et honoré ? Et même pour se servir, profiter de son poste pour gagner de l’argent et pour d’autres choses. Ou bien, veut-il vraiment se mettre au service des autres ? C’est pour cela qu’il est important de voir ce qu’il a fait jusque là.

Les conditions pour voter :

  • d’abord, il faut être sénégalais

  • être majeur, c’est-à-dire avoir 18 ans

  • avoir la carte d’identité et la carte d’électeur

  • et aller s’inscrire dans sa mairie sur les listes électorales.

Comment voter :

  • quand on arrive, on va d’abord se présenter à la table où on organise les élections, pour voir si son nom est inscrit sur la liste de la commune, dans cet endroit où on vient voter,

  • à ce moment là, si on est inscrit, on passe à l’autre table où on prend un papier de chacun des partis ou des candidats qui se présentent,

  • ensuite on va derrière un rideau pour ne pas faire connaître le vote qu’on va faire et garder le secret. C’est ce qu’on appelle un isoloir. Dans l’isoloir parmi tous les papiers des différents candidats, on choisit le papier du candidat pour lequel on veut voter. On peut choisir, si on sait lire, à partir de ce qui est écrit (le nom du parti), mais aussi à partir de sa photo ou bien à partir de la couleur du parti ou du candidat. Mais pour cela il faut bien sûr se renseigner à l’avance. On met dans l’enveloppe que l’on nous a donnée, un seul papier pour un seul candidat. On jette les autres papiers dans la poubelle qui est dans l’isoloir. On ferme l’enveloppe et on va mettre cette enveloppe dans la boîte qui reçoit les différents votes (l’urne).

  • Ensuite on se présente à nouveau à la table pour mettre de l’encre sur son doigt. C’est une encre qui ne s’efface pas facilement. Elle montre que l’on a voté. C’est pour empêcher les gens d’aller voter plusieurs fois. Si tu viens avec de l’encre sur ton doigt, on saura que tu as voté et que tu ne pourras pas voter à nouveau.

3- le viol

Un jeune lycéen a violé une de ses camarades de classe mineure de 15 ans. Il en a ensuite publié des photos sur les médias, et les a envoyées aussi à ses différents camarades. Cet élève a continué à aller en classe. Et donc la jeune fille était obligée de le rencontrer chaque jour, sous le regard de ses autres camarades qui avaient vu ces photos.

Le père de ce jeune ayant une grande influence dans le pays a essayé de bloquer cette affaire, pour empêcher l’arrestation de son fils. Cela arrive souvent : des responsables ou des parents des viols n’hésitent pas à proposer de l’argent à la famille de la jeune fille violée, pour terminr l’affaire.

Souvent la famille fait tout elle aussi, pour cacher ce qui est arrivé, et garder la réputation et l’honneur de la famille (soutoura en wolof).

Dans cet affaire il y a un certain nombre de choses graves : la publication de la photo de la jeune fille, l’envoi aux copains, le fait que cette jeune fille est mineure, etc…

Après avoir parlé ensemble de cette question, les jeunes filles du centre ont noté qu’il est d’abord important d’être prudente, et de faire attention dans ces relations, de ne pas sortir n’importe où dans les soirées dansantes et dans la nuit, de ne pas s’habiller n’importe comment, de ne pas provoquer les garçons. Sans avoir peur, mais en étant calme, naturelle et sérieuse.

Nous avons noté aussi l’importance d’être vraie dans sa vie de famille et dans ses relations de quartier, en étant à l’aise et sans avoir honte pour autant

Et aussi d’apprendre à utiliser les médias d’une façon intelligente, qui peut aider et éduquer, et non pas faire tomber dans le danger.

.Il est nécessaire aussi de savoir résister aux chantages des garçons : « si tu m’aimes, il faut me le montrer ». Et éviter de copier les mauvais comportements, et les filles qui se vantent d’avoir beaucoup de copains (même si ne n’est pas vrai) et surtout celles qui sortent avec plusieurs garçons (le mbarane).

Après avoir réfléchit à cette question, il est important d’en parler autour de nous aux autres filles. Et d’abord dans la famille aux petites sœurs, aux nièces, et aux cousines.

En résumé : être prudente, choisir ses relations, réfléchir à la façon dont on vit, avoir des amies filles.

4- Les ASC (Associations Socio-Culturelles) 

Comme leur nom l’indique ce sont des associations, et donc des regroupements de personnes qui vivent ensemble, et qui décident d’avoir des activités communes. Socio cela veut dire qu’ils veulent s’engager dans la société, et mener des actions sociales c’est-à-dire des actions qui vont aider les gens. Culturelles c’est-à-dire qu’ils visent à respecter et à mieux faire vivre les cultures traditionnelles. Mais aussi la culture moderne qui nous vient de l’étranger actuellement. Ils cherchent donc la formation et l’éducation.

Au début, ces ASC se sont lancé dans un certain nombre d’activités de développements comme par exemple les opérations de nettoyage de quartier ou de village (SET SETAL). Et aussi des des réflexions et des conseils, par exemple au cours des tours de thé et de conférences. Ces ASC se sont souvent mises à la disposition des chefs de quartiers ou de villages, pour mettre en pratique des projets que prévus par les autorités. Cela ce continue encore dans les villages.

Malheureusement en ville, les ASC se sont tourné de plus en plus vers des soirées dansantes et des compétitions sportives. Ces soirées dansantes sont parfois l’occasion de libertinage sexuel. Les matches de football se terminent souvent dans la violence, à cause de la concurrence entre les équipes des ASC des différents quartiers. Il s’y mêle les problèmes d’argent, de corruption et de maraboutage et fétichisme. Ce n’est plus un sport populaire éducatif. Ni à l’esprit d’équipe ni au courage dans l’effort. Cela se termine assez souvent par des bagarres et même des meurtres, certains jeunes excités sortant facilement le couteau et blessant ou même tuant d’autres jeunes.

Il est important de participer à ces ASC. Mais il est urgent de les rendre meilleures pour qu’elles retrouvent leur rôle d’éducation. On doit aussi se demander quelle place et quelle responsabilité on y donne aux filles. Souvent elles sont là seulement pour danser, ou pour applaudir.

A côté des ASC, on peut aussi participer aux ONG qui travaillent dans les quartiers pour des actions de développement et pour des actions sociales : alphabétisation, éducation à la santé, groupement féminin, petit projet économique, transformation des produits et beaucoup d’autres choses. Il ya aussi les mouvements de jeunesse, comme les scouts, la Croix Rouge et les CV-AV les autres mouvements d’action catholique, et toutes les organisations et associations. L’important, c’est de s’engager et de faire quelque chose pour les autres.


Pastorale à l'hôpital

 

1-Hôpital :

J’interviens spécialement dans les 3 hôpitaux de Fann : le CHU, l’hôpital Royer pour enfants, et l’hôpital de l’ordre de Malte.

Chaque vendredi, je célèbre l’eucharistie avec les personnels de santé catholique qui peuvent se libérer à 13 heures au moment de la pause, pendant que les musulmans vont prier à la mosquée. Y assistent également les volontaires-visiteurs d’hôpital, en particulier des membres de la Légion de Marie et des étudiants élèves des facultés de médecine et de pharmacie voisines et d’autres bénévoles. Après l‘eucharistie nous nous organisons en petits groupes pour visiter les malades et leurs parents accompagnateurs présents dans les différents services. Cela nous permet de rencontrer aussi personnellement les différents soignants médecins et infirmiers, et de partager leurs efforts et leurs soucis.

Nous prenons le temps de parler avec ceux qui le veulent, et de prier pour ceux qui le désirent. Beaucoup de musulmans nous demandent de prier aussi pour eux et de les bénir. Egalement les chefs de service qui nous prient de bénir leurs bureaux et lieux de travail, quelle que soit leur religion. C’est pourquoi nous voulons mettre en place des équipes de visiteurs mxites chrétiens-musulmans.

Personnellement, lors de ces visites, je me consacre plus spécialement aux catholiques pour les confesser, leur apporter la communion et leur donner le sacrement des malades. J’assure aussi les absoutes et enterrements en cas de décès à l’hôpital.

Tout ce travail est mené au sein de la commission diocésaine de la santé, dirigée par un aumônier diocésain, en coordination avec les autres aumôneries d’hôpitaux et en lien avec les équipes de pastorale de la santé des différentes paroisses.

2-

Le 13e colloque plaidoyer pour le dialogue interreligieux s’est déroulé du 1er au 2 décembre à Dakar sur le thème « Religion et santé ». L’objectif de cette rencontre organisée par la Fondation Konrad Adenauer était de montrer le rôle de la religion dans la prise en charge des maladies, notamment en cette période de pandémie de Covid-19.

Voici en résumé quelques-unes de mes réflexions.

D’abord tout croyant a le devoir de se tenir en bonne santé, pour lui-même et pour la santé des autres. Et donc chercher l’hygiène pas seulement du corps, mais aussi alimentaire (une nourriture saine mais aussi équilibrée), écologique, psychique, mentale et spirituelle. Cela est encore plus nécessaire pour les responsables religieux. Car nos actions et notre comportement parlent plus fort et sont plus influents que nos discours. C’est une exigence de vérité envers nous-mêmes et de responsabilité envers les autres, et pas seulement pour montrer l’exemple. Ainsi si je porte la masque, respecte les gestes barrière et me fais vacciner, ce n’est ps seulement pour me protéger, c‘est surtout pour ne pas donner la maladie aux autres au cas où je serais infecté.

-Pour les chrétiens, la base de cet engagement c’est le Christ Lui-même. Il a enseigné l’Evangile, mais il s’est aussi beaucoup investi dans le soin des malades et la santé : dans leurs corps par ses nombreuses guérisons miraculeuses, mais aussi dans leur esprit en chassant les mauvais esprits, et dans leurs cœurs en leur apportant la paix et la confiance. Bien plus, comme au paralysé, il leur apporte le salut de Dieu, en leur disant : » tes péchés sont pardonnés, Et il leur permet de vivre une nouvelle, comme il le dit encore par exemple au paralysé : « Lève-toi, prends ta civière (c’est-à-dire porte le poids et les soucis de la vie) et marche (c’est-à-dire avance dans la vie, prends tes responsabilités dans la société et va vers es autres). Car son engagement avait une dimension sociale pas seulement par son enseignement et ses conseils, mais d’abord par ses actions. Ainsi en guérissant les lépreux, il les rendait purs aux yeux de la société et il leur permettait de retourner vivre dans leur famille et leur village. Le Coran rapporte aussi des miracles de Jésus et dans la Torah (l’Ancien Testament) on lit également les récits des guérisons opérées par les Prophètes. Et cette dimension sociale de la santé nous la rencontrons en particulier dans l’enseignement du prophète Moïse (Moussa).

Depuis toujours l'Eglise s'est engagée pour la santé. Dans tout le pays il y a des dispensaires privés catholiques ouverts à tous sans aucune distinction et reconnus pour la quallité de leur accueil et de leurs soins. Et aussi pour les médicaments à prix très réduits qui permettent aux plus nécessIteux de se faire soigner eux aussi.

L'Eglise a même lancé des structures plus importantes, comme  l'hôpital St Jean de Dieu à Thiès, et les hôpitaux Dalal Xel à Thies et à Fatick). On peut aussi citer le structures qui accueillent les bébés orphelins ou abandonnés à leur naissance comme la Pouponnière des soeurs franciscaines à Médina/Dakar 

-On connaît le travail de la Caritas, pas seulement pour l’achât de médicaments ou de nourriture pour les malades et le soutien de leurs familles, mais pour une prise en charge globale des malades et de leurs parents. Et aussi tout son engagement pour le développement, pour créer un environnement vivable et une société habitable où il fait bon vivre.

-Dans toutes les paroisses catholiques existe une commission pour la pastorale de la santé. Ces commissions sont coordonnées au niveau de chaque diocèse pour organiser leurs actions, et en particulier un grand pèlerinage des malades et de leurs familles chaque année.

Dans les paroisses, le soutien et l’accompagnement des malades et de leurs familles à tous les niveaux sont assurés en priorité par les communautés chrétiennes de quartier (CEB : Communautés Ecclésiales de base).

Chaque chrétien est encouragé à visiter et soutenir les malades qu’il connaît, aussi bien dans le quartier qu’à l’hôpital, selon la parole de Jésus : « J’étais malade et tu m’as visité…Tout ce que tu fais au plus petit de mes frères, c’est à moi que tu le fais » (Mat 25,31-40).

Dans chaque paroisse, on choisit des personnes qui vont chez les malades chaque dimanche prier avec eux et leur apporter la communion. Les prêtres visitent eux aussi régulièrement les chez eux. Ils accueillent et réconfortent également leurs parents.

-Dans les hôpitaux, il existe plusieurs groupes qui interviennent. D’abord une amicale du personnel de santé (APES) qui regroupe les agents de santé chrétiens pour des rencontres amicales mais surtout des prières et des formations aussi bien au niveau de la foi que des questions médicales.

Il existe aussi des visiteurs des malades regroupant des personnes de différentes organisations (Légion de Marie, Sant Egidio, élèves écoles de santé, volontaires). Ils se retrouvent pour la prière et la messe le vendredi à la pause avec les membres de l’Apes, et ils passent ensuite dans les différents services, avec l’accord des responsables, pour rencontrer les malades et leurs parents accompagnant, sans distinction de langue ou de religion, répondre dans la mesure du possible à leurs besoins, les encourager et prier avec eux s’ils le souhaitent. Dans certains hôpitaux, ces visiteurs sont chrétiens et musulmans, et c’est ensemble qu’ils passent saluer, encourager et prier pour les malades, avec leurs parents.

3-

Sous l’égide de la fondation Konrad Adenauer, les responsables religieux sénégalais ont échangé, les 1er et 2 décembre, sur les rapports entre la religion et santé, notamment en ces périodes de pandémie où il est question de préserver la vie des personnes humaines. Au cours de cette rencontre, il a notamment été souligné que dans les livres saints, on trouve des remèdes, des manières de se soigner, sur le plan physique et psychologique, par la prière.

Le nonce apostolique au Sénégal, Mgr Michaël Banach, un des participants à ce colloque, a souligné que dans les textes bibliques, la santé a un lien étroit avec la plénitude. Le représentant du pape François au Sénégal a, en outre, estimé que la recommandation « d’apprendre à vivre avec le virus du Covid-19 et d’adapter les comportements individuels et collectifs ne touche pas seulement la santé publique. Il touche aussi le domaine religieux. Car, la religion est un phénomène social qui a un lien étroit avec la santé ».

De son côté, l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, Ben Bourgel a soutenu que la Torah regorge de prescriptions individuelles ou collectives, en matière de conseils alimentaires, de prophylaxie. C’est le cas, selon lui, de l’isolement des personnes infectées, des ablutions et des bains après avoir été en contact avec des êtres ou choses impures, et d’hygiène en général. Pour l’imam Thierno Ka de l’institut islamique de Dakar, l’islam a ordonné à tout malade « de se soigner et de rechercher des remèdes ».

Rôle des religieux

Les intervenants ont soutenu que la religion peut contribuer au traitement de la crise du Covid-19. Depuis l’apparition de la pandémie, les religieux ont prêché par l’exemple, en se vaccinant. Ils ont interdit pendant de longs mois les rassemblements et ont promu le respect des gestes barrières, pour casser la chaîne de contamination du Covid-19.

 Au Sénégal, les chefs religieux appellent les populations à se faire vacciner contre le Covid-19


Animation en prison

 

« Souvenez-vous des prisonniers comme si vous étiez prisonniers avec eux, 

et de ceux qui sont maltraités comme si vous étiez dans leur corps. »

Hébreux 13:3

Aumonerie de la prison de Rebeuss, Noël en prison  (homélie),

Dans les prisons, souvent, on se contentait d’aller dire la messe une fois par semaine dans les prisons. Cela était très limité puisqu’on ne s’adressait qu’aux chrétiens et uniquement pour la prière et sans répondre à leurs autres besoins. Actuellement dans certaines prisons, quelques personnes ont été formées pour l’écoute, c’est-à-dire rencontrer les détenus qui le souhaitent personnellement, aussi bien chrétiens que musulmans, et quelle que soit leur origine. Ces rencontres permettent d’accueillir les détenus, de les aider à mûrir en prison et de s’intégrer à la vie sociale pour vivre en paix avec les autres. A partir de là, souvent, on est amené à répondre à d’autres besoins, qui demandent alors des moyens financiers : fournir l’argent nécessaire pour que les prisonniers puissent téléphoner à leurs familles, préparer leur réinsertion au moment de leur libération et avant cela, travailler avec le service social et les greffiers pour alléger leurs peines : peines alternatives, réduction de peine, liberté conditionnelle…, Et aussi répondre à leurs besoins matériels en médicaments, en produits d’hygiène : savon, dentifrice, etc. fournir des habits, des lunettes, du café et du lait et d’autres produits de première nécessité. Dans certaines prisons il y a une formation offerte pour les détenus condamnés à de longue peine. Pour les hommes des ateliers de petite mécanique, d’informatique, de menuiserie pour les artisans déjà formés mais ces ateliers ne peuvent accueillir que très peu de personne. Et de même chez les femmes, culture sur table, formation à la couture et à la broderie, transformation de produits alimentaires, formation en coiffure etc. Toutes ces actions sont diversifiées pour permettre d’acquérir une véritable formation, et pouvoir travailler à la sortie. Il faudrait aussi que ces aumôneries puissent s’investir davantage dans les problèmes que rencontrent les détenus, en particulier développer une commission judiciaire à la fois pour travailler avec les avocats car beaucoup se contentent de recevoir de l’argent et ensuite disparaissent sans faire leur travail. Et aussi pour travailler avec des juristes pour revoir les lois et condamnations, en particulier la criminalisation des femmes et jeunes filles qui ont avorté, des jeunes qui ont consommé ou des personnes qui ont vendu du yamba (cannabis), ce qui amène des personnes à faire de nombreuses années en prison avant d’être jugées et d’être condamnées à de longues années de détention. Et réfléchir à une justice éducative et libératrice et non pas punitive dans des « maisons d’arrêt et de correction ». En commençant par une commission culturelle.

Il faudrait aussi travailler en lien avec l’Observatoire des prisons. Le problème général est, que trop souvent, nous faisons de bonnes choses, mais nous travaillons presqu’uniquement avec les organisations de l’Eglise, et pas suffisamment avec les services publics et avec les autres organisations laïques. Il faudrait déjà travailler davantage avec les paroisses d’origine des détenus pour leur réinsertion à leurs sortie, et déjà pendant que le chef de famille est en prison : voir avec les CEB et les Caritas comment soutenir les familles des détenus. Trop souvent, lorsque le chef de famille est en prison, la mère n’a pas de quoi payer le loyer et elle est renvoyée, elle ne peut plus envoyer les enfants à l’école, ils vont traîner dans la rue ou le quartier et c’est la porte ouverte à la délinquance.

Extraits de mon journal

Mercredi 8 janvier :

Je retourne à la grande prison de Dakar pour rencontrer personnellement les détenus qui le souhaitent. Cela fait longtemps que je ne suis pas venu, aussi il y a beaucoup de volontaires. Je ne peux pas recevoir tout le monde. Je consacre un long temps à un marin écossais, arrêté avec le reste de l’équipage, en dehors des eaux territoriales et accusé de trafic de drogue. Il est vrai qu’il y a d’énormes problèmes de drogues, qui deviennent de plus en plus inquiétants. D’abord le Sénégal est devenu un pays de passage de la drogue vers l’Europe à partir de l’Amérique du Sud. Avec l’utilisation de femmes (mules) pour cela. Sur place, traditionnellement, on cultive et consomme du cannabis. Cette consommation a toujours été condamnée, elle a été criminalisée. Si bien qu’un jeune qui a été surpris à fumer un joint, ou une mère de famille qui vend de la Marie Juana (Yamba) pour se faire un peu d’argent et faire vivre sa famille se retrouvent condamnés à 10 ans de prison, après y avoir passé 3 ou 4 ans avant d’être jugés. En plus, les jeunes dans la rue se « guinzent » avec du diluant ou de l’essence. Mais les autres jeunes se droguent aussi avec des médicaments vendus dans la rue, de même que des petits sachets d’alcool à prix très réduit. Mais de plus en plus de jeunes qui en ont les moyens…. ou qui volent ou détournent de l’argent, commencent à se droguer aux drogues dures (cocaïne, héroïne). Des équipes et des centres sont mis en place pour la prévention et le suivi des personnes qui se droguent. Il y a là un problème auquel nous cherchons à nous consacrer, malgré nos moyens limités, d’abord en participant à ce qui se fait déjà.

Mardi 14 janvier :

A la prison des femmes, j’essaie de voir avec l’assistante sociale plusieurs cas : une femme de Sierra Leone qui a beaucoup de problèmes car personne ne parle anglais. Deux autres sont là depuis 2 ans mais n’ont même pas été appelées au tribunal pour une première constitution de dossier (« enquête »). Ce ne sont que trois exemples parmi tous les problèmes rencontrés que la discrétion me demande de taire.

Aumonerie de la prison de Rebeuss

Réunion du 5 novembre 2019 :

La rencontre a commencé par la lecture de la lettre de notre évêque pour le lancement de cette année pastorale qui nous rappelle le thème de cette année « JESUS NOTRE VIE ». A la suite des années précédentes : Jésus Chemin et Jésus Vérité. C’est Jésus qui nous fait vivre et qui fait vivre tous les hommes, comme il le disait lui-même : Jean 10, 10 « Je suis venu pour qu’ils aient la vie en abondance ». La condition pour apporter cette vie de Jésus Christ à nos frères et à nos sœurs, c’est de se mettre totalement à leur service. Le service sera le thème essentiel de cette année.

Il s’agit de mettre en pratique les œuvres de miséricorde, et en particulier celle qui concerne les prisonniers. Nous nous sommes demandé quels engagements et quelles actions nous allons mener cette année dans la grande prison de Rebeuss (maison d’arrêt), au pavillon spécial des prisonniers grands malades et au Cap Manuel prison des courtes peines, au nom de l’Evangile.

Nous sommes partis des actions que nous menons déjà d’une manière ordinaire, dont l’Eucharistie le samedi pour les chrétiens. Mais il est important que les prisonniers s’organisent, pour qu’ils prient par eux-mêmes : organiser des groupes de prières aux moments où ils sortent dans la cour, ou par chambre s’ils ne peuvent pas se retrouver tous ensemble, pour prier le chapelet mais surtout pour partager la Parole de Dieu. Nous allons aussi acheter des médicaments dans le cadre de l’assistance matérielle aux détenus. Il reste tous les autres besoins matériels des détenus, en particulier les produits d’hygiène : savon, dentifrice, brosse à dents mais aussi des lunettes, et des habits pour ceux qui ont été arrêtés dans la rue. Le Père Armel a un stock de ces produits. Beaucoup de détenus demandent également de la nourriture, en particulier du lait et du café. Il nous semble difficile de nous engager dans cette voie, étant donné le grand nombre des prisonniers à la prison de Rebeuss (près de 2.000).

L’écoute :

C’est un moment très important qui nous permet de rencontrer tous les détenus, sans distinction d’ethnie et de religion, en français, en ouolof, en anglais mais aussi en espagnol et en portugais si c’est nécessaire, ou en italien selon les compétences de chacun. Et aussi dans les langues africaines que nous connaissons. Cette action a été interrompue pendant l’hivernage et a connu de nombreuses difficultés pour recommencer. En fait, elle n’a pas encore recommencée jusqu’à maintenant puisqu’on nous a dit, plusieurs fois de suite, car la salle n’était pas libre. Il est important que ces activités d’écoute puissent reprendre. Et également que l’on puisse recommencer les formations à l’écoute, car cela demande à la fois la foi et un esprit de prière mais aussi des conséquences psychologiques et pédagogiques.

Nous nous sommes spécialement arrêtés au problème de l’assistance judiciaire. Lorsque des détenus sont jugés, s’ils n’ont pas d’avocat, l’Etat leur fournit un avocat commis d’office, pris en charge par l’Etat. Mais cet avocat se contente souvent d’être présent lors du jugement et il n’intervient plus du tout pour le suivi du dossier, les appels, l’amélioration des conditions de vie, les libertés provisoires ou les réductions de peines. Un certain nombre de détenus, avec l’aide d’amis et de parents, cherchent un avocat. Mais très souvent lorsqu’un avocat a reçu son argent, il disparaît. Il ne revient plus voir le détenu à la prison, il ne répond plus au téléphone, et même parfois il change de puce pour qu’on ne puisse plus l’atteindre. Cela est vraiment un grand problème. Nous essayons de faire certaines choses, par exemple lorsque le détenu connaît le numéro de téléphone de l’avocat, nous cherchons à lui téléphoner pour qu’il sache qu’il y a des gens qui soutiennent son client.

Noel en prison  (homélie)

Dans les prisons, il y a des personnes à qui on ne donne pas leur place : on les renvoie, on les met à côté, on refuse de leur parler, on les insulte, on les humilie. Il faut qu’aujourd’hui, il y ait de la place pour tout le monde. Ne faisons pas comme les habitants de Bethléem qui ont refusé d’accueillir Marie et Joseph. Nous nous accueillons les uns les autres nous rappelant cette parole de Jésus à ses apôtres : « Celui qui vous accueille, c’est moi qu’il accueille. » Nous sommes venus ici pour prier et fêter la fête de Noël. Mais même si nous prions très bien et beaucoup, si nous ne savons pas nous accueillir les uns les autres, pas seulement les chrétiens mais tous ceux qui sont dans cette prison, et si nous ne nous accueillons pas, nous ne pouvons pas accueillir Jésus qui vient à nous à Noël. Et notre fête de Noël n’a pas de sens. Aujourd’hui nous nous demandons : comment nous accueillons-nous les uns les autres ?

A Noel, Dieu nous envoie son propre Fils pour nous sauver, Jésus, descendant du roi David, le roi du monde. Jésus ne vient pas comme un chef, comme un puissant. Il ne vient pas avec des soldats pour faire la guerre aux romains, comme le pensaient certains juifs. Il vient comme un bébé, tout petit, faible et sans force. C’est cela l’humilité de Dieu. Dieu s’est abaissé pour être auprès des plus petits et des plus faibles, comme nous le dira Jésus à la fin du monde : « Tout ce que tu as fait au plus petit de ceux-ci qui sont mes frères, c’est à moi que tu l’as fait ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que pour fêter Noël, nous devons laisser la violence, la méchanceté, la haine, les insultes. ET que nous devons nous faire petits, pas seulement devant Dieu, mais aussi devant les uns et les autres : savoir nous abaisser pour nous mettre à leur service, et ensuite nous relever ensemble. Et pour vivre notre vie dans la paix et dans l’humilité. Sans humilité il n’y a pas de paix.

Enfin, regardons ce que les bergers ont fait quand les anges leur ont parlé. D’abord ils disent : allons voir ce bébé qui vient de naître. Nous aussi, allons vers Jésus pour le prier, pour l’aimer, pour vivre toute notre vie et toutes nos difficultés avec Lui. Et aussi pour vivre comme Lui, pour être ses témoins devant nos frères, les témoins de l’amour. Pas en faisant de grands discours, pas par des paroles, mais par notre exemple, par tous nos petits gestes d’amour, de service et d’amitié, pour nous soutenir, nous encourager et nous aider les uns les autres. Puis nous ferons comme les bergers : après avoir vu Jésus, ils sont partis faire connaître sa naissance dans leur village. Nous aussi, allons faire connaître Jésus Christ par nos paroles, nos chants et nos danses, mais surtout par le témoignage de notre vie

Suite de mon journal

Mardi 4 fevrier :

Normalement, je devrais aller à la prison des femmes, mais la demande d’autorisation de visite déposée depuis décembre n’est toujours pas revenue. De toutes façons j’ai beaucoup de travail en retard, suite à mon voyage dans les mines d’or de KEDOUGOU.

Jeudi 6 fevrier :

L’autorisation pour la 2ème prison des hommes est arrivée, aussi nous pouvons rencontrer, en écoute, les détenus qui le désirent. Ils sont nombreux, car nous avons été longtemps absents, chacun avec son problème. Nous recevons aussi de nombreuses demandes d’aides de toutes sortes : habits, savons, dentifrice et produits d’hygiène, médicaments, lunettes, cahiers et crayons-billes pour l’alphabétisation, livres, café, lait et sucre, etc…. Il y a aussi d’autres demandes, comme des montres ou des radios, que nous ne pouvons pas satisfaire, faute de moyens. Il nous faut aller à l’essentiel. Nous consacrons la majeure partie de notre argent aux appels téléphoniques, pour que les détenus puissent garder les contacts avec leurs familles et leurs avocats.

Samedi 8 fevrier :

Cette nuit, nous avons enfin reçu l’autorisation du Ministère de revenir dans les autres prisons. Je vais donc dire la messe et mercredi j’irai pour l’écoute. Nous sommes très heureux de nous retrouver et de prier, dans la joie. Après la messe, il nous reste encore le temps de nous saluer et de parler ensemble.

Mercredi 12 fevrier :

Il nous faut attendre longtemps avant que les prisonniers soient appelés pour l’écoute. Il faut relancer la machine ! Aussi nous n’avons pas le temps d’accueillir tous ceux qui le désirent. Nous continuerons la semaine prochaine. Nous recevons de nombreuses demandes, en plus de l’écoute : médicaments, habits, lunettes, savons, etc…

De retour à la Maison, j’appelle les avocats dont j’ai pu obtenir les numéros de téléphone pour les relancer et les pousser à suivre leurs dossiers. Ce que malheureusement beaucoup ne font pas, du moment qu’ils ont touché leur argent. Et beaucoup ne répondent pas aux appels. Aujourd’hui, je suis heureux car deux avocats me répondent d’une façon positive ! L’un accepte de m’expliquer clairement la situation d’un groupe de huit personnes arrêtées ensemble, pour que je puisse voir avec ces personnes la meilleure façon de faire. Un deuxième avocat me dit qu’elle n’a pas pu obtenir une libération conditionnelle et m’explique ce qu’elle va essayer de faire maintenant. Je suis vraiment heureux et encouragé de ce qu’elle veuille faire tout son possible. Ce sera également un grand encouragement pour le détenu à qui je ferai le compte rendu de cet entretien.

Jeudi 13 fevrier :

A la deuxième grande prison, nous avons bien reçu l’autorisation de visite, mais à notre arrivée on nous dit que ce n’est pas possible d’assurer l’écoute aujourd’hui, sans nous donner d’explications. Comme les chrétiens ont pu se réunir pour la prière de chaque semaine, je vais les rejoindre. Puis je vais au poste de garde pour faire enregistrer et distribuer les colis que j’avais préparés, suite aux différentes demandes des prisonniers.

Lundi 17 fevrier :

Je passe d’abord à la prison des grands malades située dans un hôpital, où les prisonniers ont beaucoup de difficultés et risquent de se décourager. J’essaie de leur remonter le moral et de voir avec l’assistant social comment on peut régler leurs problèmes judiciaires. Puis je pars à la deuxième prison, celle des courtes peines. Là, le problème est surtout celui de la réinsertion. Je leur laisse de l’argent pour qu’ils puissent téléphoner à leurs familles. Nous voyons ensemble ce qu’ils vont pouvoir faire à leur sortie. Pour les étrangers, il faut leur trouver une maison pour dormir et manger avant leur retour au pays. Après la prison, je vais au PARI (Point d’Accueil des Réfugiés et Immigrants) pour trouver les moyens de leur payer le voyage de retour au pays.

Nous avons un problème pour aider les prisonniers dans leurs besoins matériels. En effet, l’administration a ouvert une boutique, et de notre côté, des amis nous donnent des savons et autres produits d’hygiène, ou du café, du sucre et du lait. Mais on ne nous autorise pas à les remettre aux prisonniers, parce qu’ils feraient concurrence à la boutique ! Evidemment, cela ne nous arrange pas. Mais il y a ainsi beaucoup d’autres choses que nous devons accepter.

Mardi 18 fevrier :

Je vais à la prison des femmes, où je ne m’étais pas rendu depuis longtemps. Je consacre un temps important à une jeune femme qui vient d’être arrêtée et se trouve en prison avec son bébé. Et une autre qui a de grands problèmes psychologiques. Je l’écoute longuement, puis je vais voir l’assistante sociale. Il faudrait la libérer pour qu’elle puisse être soignée

Mercredi 19 fevrier :

Hier, à la prison des femmes, j’en ai rencontré plusieurs dont le mari (ou le frère) est dans la prison des hommes. Je les fais appeler pour leur apporter nouvelles et encouragements. Mardi prochain, je donnerai les réponses aux femmes. Après cela, je rencontre les détenus qui le demandent, chacun avec son problème. Souvent, quand quelqu’un commet un délit, les policiers embarquent tous ceux qui habitent ensemble, surtout si ce sont des étrangers, en disant qu’ils sont complices. Et ils peuvent faire trois ou quatre ans avant d’être jugés ! Et puis il y a toujours le problème des avocats qui prennent l’argent des détenus et qui disparaissent !...... J’ai pu obtenir quelques-uns de leurs numéros de téléphone et je vais les relancer…. en espérant qu’ils décrochent !

Jeudi 20 fevrier :

A la prison, de nombreux prisonniers veulent nous voir car nous n’avons pas pu les rencontrer la semaine dernière. Mais les choses sont très lentes et il nous faut attendre plus d’une heure avant de pouvoir commencer. Du coup, nous ne pouvons même pas recevoir la moitié des volontaires. Espérons que ça ira mieux la semaine prochaine 

Mardi 25 fevrier :

Nous nous retrouvons à la prison des courtes peines pour la rencontre d’écoute. On nous demande des cahiers et des bics pour l’alphabétisation. Et aussi des livres en anglais pour la bibliothèque. Les détenus que nous recevons nous font part de leurs besoins. Comme ils sont tous en attente de libération, ils nous posent le problème de leur retour au pays, surtout les étrangers qui veulent retourner dans leur pays d’origine. Cela coûte évidemment très cher. Nous allons voir la possibilité d’une aide avec la Caritas et l’OIM (Office International des Migrants) des Nations Unies. Mais le problème se pose aussi pour les Sénégalais. Quand ils sont libérés, ils doivent se débrouiller par eux-mêmes et la plupart n’en ont pas les moyens. C’est souvent une grande cause de souffrances et de difficultés.

Mercredi 26 fevrier :

Mercredi des Cendres. J’avais d’abord rendez-vous avec mon cardiologue, mais il est très pris par une opération d’urgence. Cela me donne le temps de préparer les différents colis pour répondre aux besoins des prisonniers que je visiterai ces jours-ci. Cela me demande chaque semaine beaucoup de temps, d’abord pour acheter les choses, puis pour confectionner les paquets selon les normes de la Prison, mais c’est important pour répondre aux besoins des détenus. Ensuite, il faudra encore beaucoup de patience pour faire enregistrer ces paquets qui seront vidés et contrôlés, pour vérifier s’ils ne contiennent pas des choses interdites.

Jeudi 27 fevrier :

Les activités continuent. Ce matin, écoute des détenus dans la 2ème prison de Dakar. Les demandes sont toujours aussi nombreuses que les souffrances. Nous déposons de l’argent au Service Social pour que les prisonniers puissent téléphoner à leurs familles et pour acheter des produits de première nécessité à la boutique de la prison.

L’après-midi, je travaille à mes enregistrements des commentaires de l’Evangile qui passent chaque jour à la radio et qui sont très écoutés. Je les prépare donc avec soin. Le soir, nous tenons la rencontre de l’aumônerie des prisons. A mi-parcours de l’année, il y a beaucoup de choses à repréciser et même à relancer. Nous allons refaire une formation « à l’écoute » pour les nouveaux membres. Nous voulons prévoir des rencontres avec les avocats pour les pousser à mieux faire le travail ; réfléchir avec des juristes sur des lois qui nous posent problème, comme la criminalisation des avortements ou de l’homosexualité, du cannabis et du viol dont l’application très stricte amène à casser pour toujours et injustement un certain nombre de vies. Nous demandons comment faire accélérer la justice, pour que les personnes n’attendent pas 3 à 4 ans avant d’être jugées et d’être parfois déclarées innocentes. Nous prévoyons aussi d’organiser des rencontres entre les chefs de chambres et les responsables des gardes et aussi entre les différentes ONG qui interviennent dans les prisons, pour une meilleure coordination et mieux répondre aux besoins des détenus.

Le CORONAVIRUS (Covid 19) est arrivé au Sénégal par un Français travaillant au Sénégal, parti en vacances en France. Puis par un franco-sénégalais venu de France au Sénégal pour un enterrement, avec sa femme. Enfin, une employée des Nations-Unies, de retour d’un voyage de travail a été le 3° cas.

Ils ont aussitôt été mis en isolement. Le 1er n’a pas contaminé sa famille et il est guéri. Les autres, à ce jour, sont en attente. Nous avons la chance d’avoir à DAKAR un Institut Pasteur très actif, et des hôpitaux qui se sont préparés à accueillir les malades. Ils ont été très efficaces pour lutter contre Ebola l’année passée. Les services de santé ont aussitôt sensibilisé la population aux précautions minimum : se laver souvent les mains, tousser dans son coude, etc.. Les grandes rencontres ne sont pas supprimées, mais, comme ailleurs, dans les églises on a supprimé le geste de paix et on reçoit la Communion dans la main. Pour le moment, il n’y a pas de panique, ce qui est une bonne chose. Les visites dans les prisons et les hôpitaux sont supprimées, ce que nous regrettons beaucoup car les prisonniers et les malades vont se retrouver encore plus seuls et abandonnés. Il n’y a pas de confinement, ce qui serait très difficile, car la population, à la recherche de moyens de vivre au jour le jour, est très mobile. De plus, les contacts physiques et signes d’amitié (salutations, compassion) sont très importants dans la culture locale. Et il y a un mélange de confiance et de passivité : « C’est une question de chance. Si Dieu le veut, je ne serai pas malade ». Tous les chefs religieux, musulmans comme chrétiens, ont demandé des prières, ce qui est important, mais ne supprime pas les précautions à prendre et la lutte contre la maladie. Il est important que tous s’y mettent ensemble, chacun selon ses responsabilités et ses capacités.

Vendredi 6 mars :

A la chapelle de l’hôpital, Chemin de Croix, la grande prière des Vendredis de Carême, pendant que les musulmans vont prier à la Mosquée. Malheureusement, nous ne sommes plus autorisés à visiter les malades dans les différents services, suite à l’épidémie du Coronavirus.

J’apprends avec beaucoup de tristesse la mort du doyen des prêtres sénégalais. C’était un grand frère et un ami pour moi depuis le Collège où nous avons fait nos études ensemble. Il était très actif et nous avons beaucoup travaillé ensemble. Il est décédé, épuisé, dans son lit. Il a vécu à plein, il est mort heureux et nous lui sommes reconnaissants. Son exemple continue de nous inspirer et il est encore présent parmi nous.

Note finale :

A cause de la pandémie du coronavirus nous avons dû arrêter la plupart de nos activités. Je vous ai envoyés déjà un certain nombre de nos réflexions à ce sujet. Voici la situation au 20 avril : Les déplacements sont limités, et il faut porter un masque. Nous ne sommes pas confinés, mais les regroupements sont interdits et les activités très réduites, selon les possibilités et conformément aux réalités du pays, car les gens ont besoin d'aller travailler pour trouver à manger pour vivre. Pas question ici de télétravail, ni d’assurance sociale, sauf pour quelques privilégiés. L’état a dégagé le maximum d’argent possible et distribue de la nourriture à un million de familles nécessiteuses, ce qui fait la moitié de la population totale du pays. Les médecins et agents de santé font des merveilles avec les petits moyens qu’ils ont. Nous gardons l’espérance et vivons cela en paix Mais cela va avoir un impact très lourd sur la situation économique du pays. Les décès ne seront pas causés seulement par le coronavirus, mais surtout par la pauvreté

Pour moi, les visites en prison et à l'hôpital sont supprimées.  Cela me permet au moins de me reposer, mais je souffre beaucoup de ce que les prisonniers comme les malades hospitalisés n'aient pas de visite ni de soutien. Je pense aussi beaucoup à tous les groupes jeunes et adultes qui ne peuvent plus se retrouver, et toutes les familles séparées à cause de ceux qui sont « coincés » loin de chez eux. Les rencontres amicales me manquent beaucoup

Merci beaucoup pour vos encouragements, vos conseils et votre soutien. Je suis heureux de savoir que  ca se passe à peu près bien chez vous. Bon courage. Je pense bien à vous tous. Même séparés par les kilomètres, je me sens toujours très proche de vous.


Pastorale à l'hôpital

 

Extrait de mon journal que vous pouvez consulter sur mon site http://armel.duteil.free.fr  :

Lundi 14 janvier :

à 11 heures, le responsable de la pastorale de santé du diocèse vient me rejoindre. Nous revoyons notre dernière réunion pour réorganiser notre travail dans les hôpitaux et les quartiers auprès des malades. Pour cela nous faisons un certain nombre de propositions que nous présenterons à l’ensemble des aumôniers pour les améliorations et mise en pratique. Nous nous retrouverons samedi prochain pour préparer le pèlerinage des malades.

Vendredi 18 janvier :

en pleine nuit, j’ai été réveillé par l’étudiant venant du kenya pour apprendre le français, présent dans notre communauté. Il se sentait mal. Je le conduis donc aux urgences de l’hôpital dont je suis l’aumônier. Je suis bien accueilli car on me connaît. Le médecin demande que l’on fasse une radio. Je vais au service de radiologie. On me dit : « Il n’y a pas de film. Revenez demain ». C’est le problème habituel. On construit des hôpitaux, souvent avec une aide extérieure, mais ensuite il n’y a pas les moyens pour le fonctionnement. Cela est un problème général et très grave. Le matin, je ramène donc notre étudiant. Finalement, les films arrivent et il est pris en charge vers 15 heures.

Après la messe, avec la responsable des agents de santé catholiques nous préparons une réunion du bureau pour organiser les activités de cette année. Ensuite, nous nous divisons en plusieurs équipes pour visiter les malades, pendant que de leur côté les musulmans terminent leur prière à la Mosquée. J’ai la joie d’apprendre que certains sont guéris et retournés chez eux, en même temps qu’on me présente de nouveaux malades. J’essaie de m’adapter le mieux possible à chaque nouveau cas, de même que je découvre des nouveaux soignants : des étudiants sénégalais, mais aussi des médecins de différents pays venus faire un stage pratique au Sénégal. Certains malades sont là depuis plusieurs mois ou sont revenus après une rechute. C’est plus difficile de les garder dans l’espérance.

Samedi 19 janvier :

Je ne peux pas aller à la prison (le curé de la Cathédrale me remplace), car nous avons une rencontre de la pastorale des malades, pour préparer leur pèlerinage. Des délégués sont venus des différentes paroisses de la ville. Nous faisons d’abord l’évaluation de nos différentes activités dans les hôpitaux, cliniques et dispensaires, mais aussi dans les familles et les quartiers auprès des malades, handicapés et personnes âgées, qui sont souvent seules et parfois même abandonnées, car la solidarité traditionnelle joue de moins en moins, malheureusement. Ensuite, nous préparons le pèlerinage dans ses différentes dimensions, ce qui est un gros travail. Heureusement, certains d’entre nous ont une longue expérience et cela arrange bien les choses. Comme à chaque fois que c’est possible, nous restons manger ensemble, ce qui nous permet de continuer notre partage d’une façon plus libre, et de parler de beaucoup d’autres choses encore.

Ensuite, je rejoins directement mon ancienne paroisse où je dis la messe. En effet, le curé a fait un AVC et pour le moment il ne peut pas assurer ce service. Cela me permet de rencontrer, à la sortie de la messe, de nombreux amis que je n’ai pas vus depuis quelque temps.

C’est aussi le 60ème anniversaire de l’ouverture du dispensaire de la paroisse. Même si j’arrive en retard, je revois tout de même beaucoup de monde et j’encourage le personnel avec qui nous avons beaucoup travaillé dans le passé.

Dimanche 20 janvier :

l’après-midi, je reçois un appel téléphonique m’annonçant le décès d’une petite fille que j’ai suivie à l’hôpital pendant plusieurs semaines. Je pensais la visiter à nouveau demain. Cela me rend très triste. Juste avant de mourir, en se sentant partir, elle a demandé à sa mère qui la veillait d’allumer une bougie. Je lui avais apporté la Communion et vous avions prié ensemble avec elle et toute sa famille. Elle a beaucoup souffert, car les soins palliatifs ne sont pas encore mis en pratique, faute de moyens et de formation.

Vendredi 25 janvier :

a midi, je pars dire la messe à l’hôpital. J’ai la joie de voir tout un groupe d’étudiants. Ce sont les jeunes qui viennent habituellement qui ont invité leurs camarades. Du coup, nous pouvons organiser trois équipes, qui vont visiter les trois hôpitaux du secteur. Cela nous donne un bon coup de main. Les malades et leurs familles sont heureux.

Dimanche 27 janvier :

Nous continuons la prière pour l’unité. Ce dimanche, je suis invité à prêcher dans le Temple de l’Eglise protestante. Je les connais bien, aussi je me sens à l’aise, et je suis d’ailleurs très bien accueilli. Ils tiennent à ce que j’assiste même à leur assemblée générale annuelle et me demandent mon avis, ce que je fais, mais bien sûr avec retenue et discrétion.

Ensuite, je profite d’être en ville pour faire quelques visites de familles que je n’ai pas rencontrées depuis longtemps. Mais surtout je vais voir un ami de longue date, venu depuis St LOUIS, au nord du pays, pour être hospitalisé à Dakar. Tous ses parents de Dakar se sont rassemblés autour de lui. Après avoir parlé ensemble et échangé conseils et encouragements, nous prenons le temps de prier ensemble.

Vendredi 1er fevrier :

je pars à l’hôpital. Il y a eu un décès. Nous accueillons le défunt avec sa famille à la messe, tout en continuant à prier pour les malades. Plusieurs équipes vont ensuite visiter les différents services, les malades et leurs familles, comme chaque semaine.

Vendredi 8 fevrier :

visites à l’hôpital, avec une équipe de volontaires qui viennent de plus en plus nombreux. En particulier, des étudiants qui, peu à peu, invitent d’autres camarades. Jusqu’à maintenant, ce sont tous des chrétiens. Nous avons décidé de solliciter aussi des amis musulmans pour nous accompagner, car la majorité des malades sont des musulmans. De mon côté, je continuerai à visiter spécialement les malades chrétiens, pour les sacrements : baptême en danger de mort, confessions, communion, sacrement des malades. Mais quand je vais prier pour les malades chrétiens, souvent les musulmans me demandent de prier pour eux. Et aussi les médecins, infirmier(e)s, et autres agents de santé. Ils me demandent aussi bien de bénir leurs bureaux. La laïcité sénégalaise, ce n’est pas la laïcité française !

Aujourd’hui, il y a eu un décès à l’hôpital. Nous accueillons le défunt avec sa famille et ses amis ; nous prions tous ensemble. Ensuite, ils vont ramener le défunt à son village d’origine, comme cela se fait très souvent. Même ceux qui sont en ville passent chez nous pour une première prière.

Vendredi 15 fevrier :

Au Centre social des jeunes filles, nous réfléchissons aux élections présidentielles au Sénégal et voyons comment nous y préparer et mobiliser les personnes, spécialement les jeunes filles.

A l’Hôpital, après la messe, pendant que les volontaires vont visiter les malades et leurs familles, nous tenons la réunion du bureau du personnel de santé. Nous sommes arrivés au milieu de l’année scolaire et il est important de voir où nous en sommes, à tous points de vue. Malheureusement beaucoup sont absents. Nous échangeons donc un certain nombre d’idées et nous nous retrouverons mercredi prochain pour finaliser les choses. Je retourne donc visiter les malades.

Propositions pour l’animation des hopitaux

Faire la liste des différents hôpitaux et centres de santé. Préciser sur quelle paroisse ils se trouvent.

Demander aux paroisses – ou sinon aux doyennés – de nommer un aumônier (pas seulement pour dire la messe, mais pour visiter les malades).

Pour chaque structure, mettre en place une équipe de visiteurs (délégués auprès des malades des CEB, Légion de Marie, groupes de prières, etc…) pour visiter tous les malades, musulmans comme chrétiens, dans les différents hôpitaux.

Assurer une formation aux différentes équipes (prêtres et laïcs ensemble).

Chaque équipe va se présenter au Directeur de l’Hôpital

A chaque visite, se présenter au major de chaque service

N.B. Il est absolument nécessaire d’assurer une coordination et une collaboration entre les aumôneries des hôpitaux, les aumôneries des écoles de santé, les dispensaires privés catholiques, la pastorale paroissiale des malades (à domicile) et la pastorale des agents de santé

Vous pouvez me demander les commentaires de ces évangiles, Et aussi ceux de chaque jour. Voici quelques réflexions spécialement pour les visiteurs, et les malades eux-mêmes.

Evangile a l’hopital : matthieu 9, 27 -31 – jésus guérit deux aveugles

Tandis que Jésus s’en allait, deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! » Quand il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » Ils lui répondirent : « Oui, Seigneur. » Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! » Leurs yeux s’ouvrirent, et Jésus leur dit avec fermeté : « Attention ! que personne ne le sache ! » Mais, une fois sortis, ils parlèrent de lui dans toute la région.

Cet évangile s’adresse d’abord à nous qui travaillons à l’hôpital, ou qui venons visiter les malades. Tous nous sommes des aveugles, nous avons besoin que le Seigneur ouvre les yeux de notre cœur, pour voir ceux qui souffrent autour de nous et pour connaitre les chemins dans lesquels marcher. En venant dans cette église pour rencontrer Jésus, comme les aveugles l’ont suivi dans sa maison, nous lui disons nous aussi : « Fils de David, prends pitié de nous ».

Les malades que nous allons visiter eux aussi disent au Seigneur : « Seigneur prends pitié de nous ». La pitié du Seigneur, c’est aussi par notre amitié qu’elle va arriver jusqu’à eux. Et nous les encourageons à prier pour qu’eux aussi ils croient en Jésus, qui peut vraiment les guérir et les sauver.

Chacun d’entre nous, comme ces aveugles, là où nous vivons nous parlons du Seigneur et nous venons faire connaître son amour autour de nous.

Evangile à l’hôpital (Luc 5,12-16) Jésus guérit un lépreux

 Jésus était dans une ville quand survint un homme couvert de lèpre ; voyant Jésus, il tomba face contre terre et le supplia : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. » Jésus étendit la main et le toucha en disant : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta. Alors Jésus lui ordonna de ne le dire à personne : « Va plutôt te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour tous un témoignage. » De plus en plus, on parlait de Jésus. De grandes foules accouraient pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. Mais lui se retirait dans les endroits déserts, et il priait.

Vous pouvez me demander le commentaire général de cet évangile. Voici quelques réflexions pour les visiteurs, et les malades eux mêmes.

Pour nous les visiteurs, nous aussi nous disons au seigneur : » Seigneur si tu le veux, tu peux me purifier ». Nous sommes tous marqués par la lèpre du péché. Nous avons besoin d’être purifiés et d’avoir un cœur pur, pour pouvoir annoncer l’évangile aux malades de cet Hôpital ou dans leur maison. Jésus dit au lépreux guéri : » va offrir le sacrifice demandé par Moïse ». Nous sommes venus célébrer cette Eucharistie, pour offrir le sacrifice de Jésus, qui sauve les malades, et qui sauve le monde entier.

Avant de guérir les malades Jésus se retirait et priait. Nous sommes venus prier. Que le seigneur prenne en pitié les malades que nous allons visiter.

Pour les malades, nous les aidons à faire cette même prière : « Seigneur, si tu veux tu peux me purifier ». Me purifier, me guérir dans mon corps, mais aussi dans mon cœur, et dans mon esprit. Et nous les aidons à prier le père dans la confiance, comme Jésus quelle que soit leur religion.

Extrait de mon journal que vous pouvez consulter sur mon site http://armel.duteil.free.fr


Mines d'or artisanales

Reunion justice et paix du 16 octobre 2019 : la situation à kédougou

NB : voir aussi dans le dossier « Missionnaires spiritains » la présentation des mines d’or

Nous nous sommes retrouvés pour réfléchir à la situation de Kédougou avec les confrères qui y travaillent.

Dans le diocèse, la Caritas cherche à changer ses orientations : ne plus se contenter de distribuer de l’argent ou de la nourriture aux personnes nécessiteuses, mais les aider à se prendre en mains et à lancer de petites activités qui leur permettront de faire vivre leurs familles. De nombreuses personnes ont de la peine à comprendre ces nouvelles orientations, préférant continuer à demander des aumônes, ce qui, bien sûr, ne les responsabilise pas et n’est pas une solution d’avenir.

Le problème se pose en particulier pour les nombreux migrants qui viennent dans la région et qui n’ont ni travail, ni soutien sur place, ni terres à cultiver. Il faudrait donc faire appel aux bonnes volontés pour mettre en place une caisse paroissiale. Une réunion est prévue pour la mise en place d’une commission diocésaine « Justice et paix ».

Dans la région il y a de l’or et des usines étrangères en concurrence avec les mines artisanales organisées par des orpailleurs sénégalais ou venant de pays environnants, spécialement le Mali et la Guinée. Cela entraîne de nombreux problèmes. Les sociétés occidentales qui veulent extraire de l’or s’adressent directement au gouvernement à la capitale, pour obtenir un terrain et des droits d’exploitation, sans même que la population locale ne soit informée. Ces sociétés arrivent alors sur place et cherchent à délocaliser les habitants. Même si il y a un dédommagement pour cela, cela ne résout évidemment pas tous les problèmes. Parfois l’usine s’établit sur un cimetière, ce que les populations ne peuvent pas accepter, par respect pour leurs morts. Il y a bien des compensations prévues, mais souvent le nouveau village est construit loin des terres traditionnelles de culture. De toute façon, les gens ne peuvent plus cultiver les terres que leurs ancêtres leur ont laissées et qui ont toute une histoire. L’usine construit souvent des maisons dans le style occidental, ce qui ne respecte pas la culture des gens, si bien qu’ils refusent d’y habiter, et même parfois vont les casser.

Ces grandes sociétés minières ne tiennent pas toujours leurs promesses. Par exemple pour l’aménagement d’un forage, la construction d’une école ou d’un dispensaire. Les aides apportées ne sont pas toujours adaptées. Aussi une de ces sociétés a loué pour 20 millions CFA des logements pour les étudiants originaires du Sénégal Oriental qui étudient à Dakar. Ne vaudrait-il pas mieux construire directement des bâtiments qui seraient alors disponibles pour toujours ?

Les problèmes fonciers. Une partie de ceux qui vivent en ville ont des titres de propriété, mais pas en secteur rural où la terre est une propriété nationale, suite à l’article 3 de la décentralisation. La gestion du territoire national est confiée aux communes, si bien que de nombreux maires vendent des terrains sans consultation de la population, pour avoir de l’argent pour la commune ou pour eux-mêmes. Cela entraîne des cas de plus en plus nombreux d’expulsion et d’accaparement de terres par des sociétés étrangères mais aussi par des cadres sénégalais venus de la ville. Au Sénégal Oriental, des maires et des chefs de services ont été arrêtés pour corruption, de même que des responsables du parc national qui avaient autorisé en secret des mines dans le parc dont le territoire est absolument protégé. Ce problème foncier n’est pas propre à Kédougou là où il y a des mines, mais se retrouve dans tout le pays. Il est important d’y réfléchir avec les populations et de les aider à s’organiser et à se défendre. 

Tous ces problèmes ont entraîné des révoltes de la population. Pour aider à régler les problèmes et calmer les gens, les autorités religieuses sont souvent convoquées en même temps que les autres, dans des rencontres de réflexion et de conciliation. Cela est une opportunité pour nous, pour intervenir pour plus de justice et pour défendre les populations.

Nous avons aussi des rencontres régulières avec le Gouverneur de la Région et ses différents services, avec lesquels nous avons su créer des relations d’amitié. Mais il ne suffit pas que les missionnaires assurent ces contacts. Il est absolument essentiel de mettre en place une commission Justice et Paix qui pourra établir des contacts plus officiels et plus suivis et qui ne se limitent pas aux prêtres, mais donnent place aux laïcs et aux représentants de la population.

Mettre en place d’une commission paroissiale Justice et Paix –

Cette commission pourra se situer à deux niveaux : d’abord un responsable Justice et Paix dans chaque CEB de quartier ou de village, qui rendra sa communauté attentive aux problèmes de Justice, de Paix et de respect de la création qui se posent à la base au sein de sa communauté. Ce responsable veillera en particulier à ce que dans la réunion de communauté, on aborde ces questions de justice, de paix et de respect de l’environnement, sans se limiter à la prière et au partage d’Evangile. Cela demande aussi le choix de « sages » pour régler les problèmes et réconcilier les gens (voir la formation que nous avons proposé sur la mise en place des CEB).

Ces responsables Justice et Paix de CEB feront partie de la Commission paroissiale, pour faire remonter les problèmes de la base et faire descendre rapidement et directement les orientations et décisions de la commission. Il serait bon, étant donné les réalités régionales, d’inviter également dans cette commission des personnes ayant une formation plus poussée et des responsabilités plus grandes dans le domaine social, en particulier les chrétiens qui travaillent dans les différents services à Kédougou, de manière à pouvoir intervenir au niveau de la région. Les confrères de Kedougou vont commencer tout de suite à contacter ces différentes personnes, pour mettre en place une commission Justice et Paix, aussi rapidement que possible, de manière à organiser une première formation.

Les mines d’or artisanales

Les mines d’or artisanales posent toutes sortes de problèmes (voir nos comptes rendus de visite à Bantako). Elles sont très dangereuses et entraînent de nombreuses morts par éboulement. Il y a de nombreuses bagarres entre les orpailleurs, et des attaques pour voler leurs réserves d’or. Les enfants et les jeunes ont abandonné l’école pour s’enrichir dans les mines. Quand ils ont la chance de trouver un peu d’or, ils sont immédiatement riches. Pour les enfants qui sont plus petits, on les fait même descendre dans les puits. Les femmes y travaillent aussi, spécialement pour remonter à la main les seaux contenant les pierres aurifères. Elles viennent avec leurs bébés qui marchent et jouent dans les eaux polluées par le mercure utilisé pour fixer l’or, ce qui est très dangereux pour la santé de ces enfants.

Il y a en plus tout un système d’exploitation qu’il faudrait étudier sérieusement et voir comment y remédier. Par exemple des enseignants qui ont un salaire régulier et donc de l’argent liquide, achètent du matériel (cordes, seaux, marteaux, etc…) qu’ils louent aux orpailleurs et se font payer en or. Le chef de village taxe également les orpailleurs en demandant sa part de cailloux. Il a fait venir un concasseur du Burkina Faso pour dégager l’or des cailloux aurifères.

Comme il y a de l’argent, la prostitution s’est multipliée, volontaire ou non. On trouve des femmes à qui l’on promettait un travail, à leur arrivée, on a pris leur passeport et on les oblige à « rembourser » les frais du voyage en se prostituant pendant des mois.

Les tensions entre les différentes ethnies sont parfois très vives, exacerbées par la concurrence dans la recherche de l’or. Les problèmes sont énormes et il y a donc tout un travail d’enquête à faire puis de réflexion et ensuite d’organisation pour la défense des personnes

Quelle action dans le secteur de Bantako :

Une ONG allemande (les casques verts) a construit une maison polyvalente. Nous voulons mener une action à partir de cet endroit, dans la ligne de ce que nous venons de décrire. La première chose c’est évidemment de se mettre d’abord à l’écoute de la population pour connaître leurs problèmes, et ensuite savoir ce qu’ils veulent faire d’abord eux-mêmes pour répondre à leurs besoins. A partir de là nous pourrons voir comment entrer dans leur action et la soutenir. Les premiers contacts seront à mener avec le chef de village et ses conseillers. Mais il serait important de contacter également les différentes organisations existantes : les femmes, les jeunes, les responsables des différentes nationalités présentes, etc… pour avoir une vision la plus complète possible de la réalité, et la participation d’un maximum de personnes, en évitant la récupération par le seul chef de village et son entourage qui cherchent d’abord leurs propres avantages. Et pas toujours à respecter les droits des différentes personnes. Cela demande de notre côté beaucoup d’écoute et de disponibilité, en même temps que la volonté de mobiliser les gens et de se mettre à leur service. Ces contacts et écoutes sont à faire le plus rapidement possible, pour qu’une rencontre générale et avec les différents groupes puissent se faire au moment de la venue à Bantako des responsables Justice et Paix. Et pour la mise en place à la même occasion de la commission paroissiale à Kédougou. Déjà des contacts ont été pris avec les femmes qui désirent la mise en place d’un jardin d’enfants pour s’occuper des bébés et enfants, pendant qu’elles vont à la mine. Et ainsi protéger ces enfants du danger du mercure, et surtout leur apporter une première éducation de base. Cela posera sans doute la question de la nourriture à midi… à moins que les enfants attendent le soir comme leurs parents, et leurs grands frères. C’est d’abord aux mères de décider ce qu’elles veulent faire et comment elles veulent le faire. La question est donc d’abord celle de la prise de parole puis de la participation et de la prise en charge des mamans du soin de leurs enfants. Nous avons également rapidement abordé la question de la gestion du forage pour lequel il serait bon de mettre en place un comité de suivi, et ne pas en laisser le fonctionnement et les bénéfices sous la responsabilité d’une seule personne avec tous les dangers de détournement que cela entraîne. Le reste des questions sera donc abordé la descente sur le terrain à Kédougou.

Suivi des activites prevues a bantako 

Comme nous commençons une nouvelle année pastorale, il me semble important d‘évaluer les activités prévues dans le cadre de Justice et Paix, pour voir comment les continuer avec les adaptations nécessaires. Je me permets de partager avec toi la reprise de mon voyage à Bantako, pensant que cela peut aussi vous intéresser. Je remets en pièces jointes les compte-rendus de ce séjour. 

Est-ce que la Commission Justice et Paix prévue à Bantako et à Kédougou s’est réunie régulièrement ? 

Quelle est la situation actuelle du Jardin d’enfants et les propositions pour cette année ? Un certain nombre d’enfants n’avaient pas d’acte de naissance

  • Suite à la réunion avec les femmes que nous avons tenue au mois de mars, quelles sont les activités que les femmes ont pu mener ? Qu’est-ce qui n’a pas été fait, pourquoi ? Quelles solutions trouver ? Quelles nouvelles propositions d’actions ont elles fait ? 

  • Mêmes questions par rapport aux jeunes. 

  • Mêmes questions par rapport aux différents groupes culturels : burkinabé, guinéen, anglophone, e 

  • (voir en pièce jointe le compte rendu des réunions et ce qui avait été décidé). 

  • En particulier, est-ce que les femmes ont commencé un jardin communautaireà partir d’un puits (sans attendre de forage), dans un groupement ouvert à toutes sans distinction d’ethnie ou de religion ? 

  • Est-ce que l’une ou l’autre formation professionnelle a été organisée ? Par exemple teinture, fabrique de savon artisanal, etc… 

  • Est-ce que des cours d’alphabétisation ont été mis en place ? 

  • Pour les jeunes, est-ce qu’ils ont fini d’aménager leur terrain de football ? Ont-ils commencé des actions de reboisement

  • Est-ce qu’ils ont une salle à leur disposition au centre pour se réunir (au moins une classe de jardin d’enfants en dehors des heures de cours) ? Est-ce que les livres envoyés sont à la disposition des jeunes et ont commencé à être lus ? 

  • Est-ce qu’on a prévu pour cette année une formation en électromécanique comme demandé ? 

  • Pour l’accompagnement des prostituées, comme on l’a dit, ce sera difficile à Kédougou même. Et les sœurs du Bon Pasteur n’ont pas de personnel disponible pour venir s’établir à Bantako. On pourra cependant tenir compte du document qui a été envoyé. Et comme on le leur avait proposé, chercher à les intégrer sans distinction ni ségrégation, dans le groupement général des femmes de Bantako, pour qu’elles puissent participer si elles le veulent, aux activités prévues. 

  • On avait également prévu d’ouvrir une petite pharmacie ar nous n’avons pas les moyens ni l’autorisation de construire un dispensaire. Est-ce que le problème de l’inondation du dispensaire pendant l’hivernage a été réglé (assainissement, écoulement des eaux, etc.) ? Ce que l’on avait simplement prévu, c’est la vente de médicaments qui manquent beaucoup à Bantako. Mais il faudrait d’abord trouver quelqu’un qui a un minimum de compétences et de connaissances pharmaceutiques pour la vente de ces médicaments. Ce serait une bonne chose d’avoir une personne dynamique qui pourrait participer également à l’animation du groupement des femmes. Il faudrait aussi voir comment elle pourrait être prise en charge. Est-ce qu’il serait possible de la prendre en charge à partir de la vente de l’eau du forage ? Pour l’achat des médicaments, on pourrait contacter l’organisation des dispensaires privés catholiques pour avoir des médicaments à prix réduit. On avait dit que la vente se ferait par une fenêtre du centre pour que les gens restent à l’extérieur et ne perturbent pas le jardin d’enfant pendant les cours. 

  • A Kédougou, le document de la commission Justice et Paix spiritaine, sur des écoles missionnaires et évangélisatrices, a été distribué. Est-ce qu’il a été travaillé et utilisé par la suite ? 

  • Il serait important également d’organiser une rencontre de réflexion au sujet des abus sexuels des mineurs, et des personnes vulnérables. Pour ne pas stigmatiser les enseignants, cette réflexion pourrait être élargie aux responsables des CEB et des mouvements, pour que tous soient formés sur cette question, pour laquelle la congrégation nous demande absolument d’intervenir. 

 

Pour toutes ces actions possibles on verra ce qu’il est possible de faire, en essayant de progresser selon les possibilités. Et en faisant une évaluation par exemple chaque trimestre.