Samedi 31 décembre : A la veillée du 31, nous présentons –sous forme de projections- les moments forts de l’année, pas seulement les prières et les activités à la paroisse, mais aussi les actions des Communautés dans les quartiers. Nous terminons la célébration à minuit pour nous souhaiter une bonne année 2017, puis nous nous retrouvons tous ensemble à la salle paroissiale pour un réveillon. Nous rassemblons tout ce que chacun a apporté. Nous passons un long temps ensemble, d’où un sommeil très écourté et c’est difficile de se lever le matin pour les messes de ce dimanche 1er Janvier 2017 que nous allons célébrer.
lundi 26 décembre : Je passe la matinée à ranger les choses, puis à accueillir les scouts et le Mouvement des enfants (CV-AV) de tout le secteur. Les deux groupes vont tenir leur camp de formation, et, jusqu’au 31 décembre, je vais naviguer entre les groupes, partager leurs activités, assurer des formations et des temps de prière, tout en maintenant la permanence à la paroisse. Heureusement, tout est sur le même lieu ! Préparation aux mariages, soutien aux familles nécessiteuses, accueil des réfugiés, etc… Avec tout cela, l’année se termine vite.
Dimanche
25 décembre : Nous continuons les célébrations de Noël.
A la grand’messe, je baptise 26 bébés pendant la
cérémonie, pour mieux manifester leur accueil dans l’Eglise.
C’est aussi l’occasion de faire revivre le baptême à toute la
communauté, avec toutes ses exigences dans la vie de chaque
jour.
La fête se prolonge tout au long de la journée.
Samedi
24 décembre : C’est la préparation matérielle de la
fête, tout en restant disponible pour les personnes qui se
présentent. Je passe aussi un bon temps avec les différents
intervenants de la Veillée de ce soir. Nous n’avons pas voulu en
rester à la seule représentation de la naissance de Jésus. Vu
tous les problèmes d’agressivité dans notre banlieue, nous
avons pris comme thème : « Jésus, Prince de la Paix.
Rejetons la violence ». Plusieurs groupes de jeunes
nous présentent des sketches sur les violences verbales, familiales
et dans la société, et les solutions qu’ils proposent.
Pour
ma part, je suis au studio d’une Télévision pour faire le
commentaire de la Veillée et de la Messe.
Vendredi
23 décembre : Nous fêtons Noël à la prison des femmes.
Une Association qui s’occupe des bébés est venue nous rejoindre,
car il y a aussi des bébés à la prison avec leurs mamans. Ce qui
est bien sûr un énorme problème. Nous avons une messe
internationale, en anglais, portugais et ouolof, où chacune a pu
parler dans sa langue, ou au moins une langue qu’elle comprend, et
participer à la prière personnellement. Comme d’habitude, nous
avons pris le temps de parler avec chacune et, après la messe, de
chanter et danser et de partager un bon repas. Nous n’avons pas
apporté des « cadeaux », mais bien plutôt des choses
utiles pour elles : nourriture, médicaments, produits
d’hygiène, savons, dentifrices, lunettes, radios, etc… selon
leurs demandes et nos moyens. En tout cas, une belle journée !
Ce sont les détenues qui nous ont fait entrer dans la Joie de
Noël.
Mais je dois rentrer avant la fin de la fête, car
malheureusement un enterrement m’attend. Puis, une réunion
des parents d’élèves, et ensuite les dernières confessions
dans une des paroisses du secteur. Cela fait beaucoup de choses,
mais aussi beaucoup de sensations différentes auxquelles il faut
s’adapter psychologiquement. Ce n’est pas toujours facile !
Jeudi 22 décembre : Nous sommes en préparation de Noël. L’après-midi, nous nous retrouvons avec une communauté de quartier où vit une femme âgée, alitée depuis longtemps et que la Communauté a suivi pendant plusieurs années : aujourd’hui, nous avons la grande joie de la baptiser. C’est une très grande joie pour nous tous.
Mardi
20 décembre : Nous avons enfin obtenu un rendez-vous avec
le maire de la circonscription urbaine, regroupant les huit communes
de notre paroisse. Nous abordons les différents problèmes de notre
banlieue en proposant nos réflexions et nos propositions. Le tout
se passe dans une bonne ambiance.
Le soir, je pars en ville
pour la dernière formation préparatoire à Noël, avec le thème
« vivre notre foi aux dimensions du monde ».
lundi
19 décembre : Normalement, c’est notre jour de repos,
mais les gens ne le respectent pas. Beaucoup d’étrangers
arrivent à la gare routière internationale et la première chose
qu’ils demandent pour avoir accueil et soutien, quelle que soit
leur religion, c’est : « Où est l’église
catholique ? ». Les gens défilent tout au long de la
journée.
Le soir, confessions dans une autre paroisse jusque
tard dans la nuit.
Dimanche 18 décembre (suite) Encore une journée très chargée ! Nous avons des ordinations de prêtres, mais en même temps nous devons tenir la réunion des équipes Caritas de notre secteur, et élire un nouveau Bureau après trois ans de fonctionnement. Il est nécessaire de changer les responsables pour que les choses avancent ! Et il nous faut choisir !
Dimanche 18 décembre : Encore une journée bien remplie. Après la messe du matin, rencontre du Conseil Paroissial où nous faisons le tour de nos activités, et il y en a beaucoup. En début d’après-midi, rencontre avec les parents des scouts. Puis aussitôt, on vient me chercher pour m’amener dans une autre paroisse où je dois assurer une formation sur le travail des communautés de quartier. Les gens se sont déjà mis au travail, aussi ils ont beaucoup de questions et la rencontre, très amicale, se prolonge tard dans la nuit. Heureusement, ils me ramènent en voiture, car il n'y a plus de transports publics.
Samedi 17 décembre : J’adapte mes conclusions à la situation et au travail en secteur rural. Je suis très heureux, par la même occasion, de revoir un certain nombre de frères et sœurs que je n’avais pas vus depuis longtemps. C’est très agréable.
Vendredi
16 décembre : Catéchèse préparatoire à Noël au
Collège.
Puis nous recevons la visite de notre Supérieur.
Aussitôt après l’avoir rencontré, je pars assurer la même
rencontre avec les religieux et religieuses sur les prisons, mais
cette fois-ci pour le secteur rural, à environ 90 km. Je pars donc
ce soir et dormirai dans une Communauté de Frères, en route (à
MBOUR), pour arriver à l’heure le lendemain matin. Cela me permet
de passer une soirée agréable avec eux.
Jeudi
15 décembre : Je passe la matinée à la prison des
femmes. Elles sont très nombreuses à vouloir me rencontrer
pour leurs différents problèmes, surtout que je n’ai pas pu les
voir la semaine dernière.
L’après-midi, émission à la
télévision sur l’Avent.
Le soir, confessions de Noël dans
une paroisse voisine jusque tard dans la nuit. Pendant 15 jours,
nous faisons le tour des 13 différentes paroisses de notre secteur.
Mercredi
14 décembre : Le matin, catéchèse. L’après-midi :
réunions des mouvements de jeunes et d’enfants.
Le soir,
rencontre des responsables des jeunes des 13 paroisses de notre
secteur, pour la préparation des Journées Mondiales de la
Jeunesse (JLMJ). C’est vraiment un gros événement qui nous
demande beaucoup de travail de préparation. Heureusement, les
jeunes sont motivés.
Mardi
13 décembre : Longue rencontre avec une chef d’entreprise
qui a entendu parler de nos différentes actions et qui a décidé
de nous soutenir. D’abord, elle nous apporte une somme importante
pour que des familles nécessiteuses puissent fêter Noël
dignement. Elle s’intéresse à nos actions envers les enfants de
la rue. Et elle est prête à soutenir également nos petits projets
de développement : fabrique de savon, teinture, petit élevage
de poulets, sérigraphie, etc.. C’est vraiment une très bonne
nouvelle. Elle nous a apporté un stock de jouets pour le Noël des
enfants.
Le soir, en partant pour une autre formation en ville,
je me fais saluer dans le car par un ancien camarade de l’école
primaire en 1950 ! Je ne sais vraiment pas comment il m’a
reconnu… même si les blancs qui parlent couramment le ouolof et
voyagent en transport public ne sont pas nombreux.
La
formation de ce soir porte sur l’engagement dans la société ;
il y a une très bonne participation et de nombreuses propositions
intéressantes.
lundi
12 décembre : Jour férié, j’en profite pour avancer
dans la rédaction des fiches pédagogiques de morale religieuse
pour les élèves musulmans. Le soir, je vais les porter à un
professeur musulman pour qu’il les lise, puis nous les corrigeons
ensemble.
Mon travail est entrecoupé d’un certain nombre de
visites. En particulier, celle d’une jeune fille
complètement bouleversée parce que son père est en train de
marier une deuxième femme. Nous voyons comment la famille peut
réagir.
Dimanche
11 décembre : Récollection des collégiens et
lycéens. C’est le temps fort du trimestre. Après mes
nombreux passages dans les établissements et les premières
rencontres, cette journée d’amitié et de réflexion va nous
permettre de mettre les aumôneries en place. Nous travaillons le
thème de l’année, les 3 V : Jésus Voie,
Vérité et
Vie. Je suis
frappé par la richesse et l’originalité de leurs remarques. Nous
faisons un excellent travail. Et à partir de là, nous voyons les
actions à mener dans les différentes écoles, avant de terminer
par une messe très animée.
Aussitôt après, nous tenons la
rencontre de la commission « Communication » des JMJ. Il
y a là un gros travail de communication et de sensibilisation à
faire, et il faut bien nous organiser pour cela.
Depuis hier,
c’est la célébration de la naissance du prophète Mohammed
dans tout le pays, avec un pèlerinage dans les principaux lieux de
prière. En particulier dans la confrérie soufie des tidjanes.
Nous les accompagnons de notre amitié et de nos prières.
Samedi 10 décembre : Le matin, rencontre de la Commission Justice et Paix. L’après-midi, mariage, puis rencontre avec les scouts. Le soir : messe.
Vendredi
9 décembre : Le matin, travail au bureau et
accueil. A midi, je pars dans un collège lancer une nouvelle
aumônerie. Ils ne sont pas nombreux, mais c’est un début.
Puis, je passe saluer les nombreux élèves musulmans (la majorité)
pour leur souhaiter une bonne fête, car bien sûr pour la plupart
ils n’étaient pas à la messe hier. Nous parlons de Marie qu’ils
connaissent bien eux aussi. C’est très sympathique.
La nuit,
fin de la préparation au mariage. Nous parlons de
l’engagement du couple dans la société. Les fiancés se
connaissent bien maintenant et la participation est très bonne.
Chacun donne la date de son mariage pour que nous puissions rester
en communion d’esprit et de prières.
Jeudi
8 décembre : Fête de l’Immaculée Conception. C’est
la fête de notre collège. Les élèves ont bien préparé
la messe, avec chants, danses et différents symboles, pour la joie
de tous. La journée se prolonge par une mini kermesse et une soirée
culturelle.
La nuit, réunion des communautés dans les
quartiers.
Mercredi
7 décembre : Journée de formation des jeunes sur la
sexualité, avec une ONG. On me demande de donner le point de
vue chrétien , un imam donnant le point de vue musulman. Ils ont
voulu inviter les autorités. Celles-ci arrivent avec trois heures
de retard et font des discours politiciens pendant plus d’une
heure. Les jeunes, découragés, ont commencé à partir. Il nous
faut les rattraper. Nous arrivons quand même à récupérer les
choses, non sans mal !
Le soir, rencontre de nos délégués
aux mairies avec les responsables des communautés de quartier,
hommes et femmes. Cette rencontre est très importante, pour assurer
une bonne coordination des actions et pour intensifier nos
engagements dans les quartiers et auprès des mairies.
Mardi
6 décembre : Nous tenons notre réunion communautaire
à nous trois, pour faire le point de notre vie commune et de nos
activités paroissiales. Cela fait beaucoup de réunions, mais c’est
nécessaire pour bien organiser nos activités.
L’après-midi,
je reçois un certain nombre de personnes : étrangers,
enfants de la rue, malades et handicapés, familles nécessiteuses,
personnes dans toutes sortes de difficultés.
Je dois m’arrêter
pour aller en ville poursuivre la formation des mardis
soirs. Nous réfléchissons à la vie d’une paroisse dans le
contexte économique et social du Sénégal.
Lundi
5 décembre : Rencontre des prêtres du secteur. Les
questions et les problèmes ne manquent pas. Mais c’est toujours
aussi une grande joie de se retrouver dans une ambiance amicale pour
partager ses soucis.
Au retour, réunion avec les cheftaines
des guides.
Dimanche 4 décembre : Rencontre de tous les religieux de la ville. On m’a demandé de parler de mon travail à la prison. Après l’avoir fait, j’essaie d’expliquer comment avoir le même comportement envers les autres personnes de la société qui souffrent. Au retour, je rejoins une de nos Commissions pour préparer les JMJ : celle des media et communication.
Samedi
3 décembre : Le matin, nous nous retrouvons pour
préparer le Noël des enfants. L’après-midi, célébration
de mariages. Vu le nombre de personnes qui se marient, nous faisons
des mariages groupés. En plus, cela permet de réduire les
dépenses.
Le soir, messe comme chaque samedi.
Vendredi
2 décembre : Je continue la tournée des collèges. Puis
je passe à la préparation du pèlerinage des familles.
Le
soir, nouvelle rencontre des fiancés. Aujourd’hui un avocat vient
leur parler du mariage civil et de leurs droits et devoirs. Car
beaucoup ne les connaissent pas et ils se retrouvent ensuite dans
des situations impossibles. Nous parlons des contrats de mariage, de
la situation des veuves, de l’héritage, des enfants qui n’ont
pas d’acte de naissance, etc.
Jeudi 1er décembre : Nous allons rencontrer le préfet, pour lui présenter notre nouvelle équipe. Au-delà du protocole, ce qui nous intéresse c’est de lui expliquer nos différentes activités ainsi que nos propositions, avec l’assurance de notre participation. La rencontre se passe dans une très bonne ambiance. Il est vrai que nous avons des relations amicales depuis longtemps, et il apprécie que les chrétiens participent à la vie de la préfecture.
Mercredi
30 novembre : C’est toujours une journée chargée. Le
matin, je passe d’abord dans plusieurs collèges de la ville.
J’ai enfin pu régler mes problèmes de pneus de vélo. J’ai dû
faire quatre commandes de suite, avec les références, et à chaque
fois on m’a servi des pneus qui n’étaient pas aux dimensions.
En effet, nous recevons des vélos d’Europe, de Chine et de
différents pays, chacun avec ses normes. Du coup, ayant trouvé des
pneus à la bonne dimension, j’en ai commandé deux jeux ! Au
moment de partir, je constate que les patins de frein ont disparu :
nouveau contretemps, et il faut que je rentre rapidement pour
continuer mes rencontres de morale (je n’aime pas ce titre,
j’essaie d’en faire des rencontres de partage et de réflexion
éducative) avec les élèves musulmans de notre collège.
Après
avoir mangé sur le pouce, je pars pour un autre lycée pour lancer
l’aumônerie. Entre temps, ils ont changé le jour des
rencontres, sans me prévenir ! Un déplacement pour rien.
Dès
mon retour, les scouts, les guides et les CV-AV (Mouvement
des enfants) m’attendent. C’est toujours une joie de travailler
avec eux.
Le soir, après le travail, réunion de quatre
heures avec la coordination des jeunes, regroupant les
différents groupes et mouvements, et il y en a beaucoup dans notre
grande paroisse. Nous évaluons la journée de lancement, chaque
groupe expliquant les actions menées en ce moment. Puis nous
évaluons la journée d’engagement du Christ-Roi. Ensuite, nous
passons à la préparation des JMJ (Journées Mondiales de la
Jeunesse) de notre diocèse qui aura lieu dans notre paroisse. Nous
ne voulons pas impliquer seulement les jeunes chrétiens, mais tous
les jeunes de la ville. Nous voyons donc comment rejoindre en
particulier les associations et organisations de jeunes sur les
terrains de foot ball et autres rencontres.
Mardi
29 novembre : Beaucoup de passages et de demandes. J’essaie
de jongler pour préparer mon intervention de ce soir. En effet, je
vais animer les Mardis de l’Avent dans une grande paroisse
de la ville, pour la préparation de Noël. De plus, cette année,
cette paroisse fête ses 50 ans. Nous centrons la réflexion sur
l’engagement de chacun des chrétiens, une meilleure animation des
Communautés de quartier, et une marche en avant de la paroisse,
chacun apportant ses propositions mais surtout sa participation,
chacun selon ses possibilités. Ce soir, je cherche d’abord à
situer la réflexion dans la vie globale de l’Eglise. Sous forme
de partage, nous nous rappelons les grandes orientations du Concile
Vatican 2. Puis nous regardons les actions, les paroles et les
documents du Pape François. Nous nous attardons spécialement à
son accueil des réfugiés, et ses paroles fortes : Allez à la
périphérie ! Luttez contre la civilisation du déchet (où on
rejette tous ceux qui ne sont pas « rentables »).
Construire des ponts et non pas des murs (aux jeunes JMJ), les
pauvres ont besoin de respect et pas seulement de soutien, etc….
Nous avons ensuite rappelé trois de ses textes importants :
sa lettre sur l’environnement (Loué, sois-tu) ; ses
conclusions du synode sur la famille ; et d’abord sa lettre
« La joie de l’Evangile ».
Dans un deuxième
temps, chacun a pu dire la Parole de Dieu qui le touche le plus, et
celles sur lesquelles nous pouvons bâtir nos engagements et notre
témoignage missionnaire. Un partage intéressant !
La
réflexion va se continuer les maris prochains.
lundi 28 novembre : Nous nous retrouvons tous les prêtres du diocèse autour de notre Archevêque, pour préparer l’année pastorale. Nous revoyons notre plan d’action et cherchons à préciser les actions concrètes que nous allons mener ensemble. Cette rencontre est très importante pour nous, car c’est l’occasion de nous retrouver dans la joie, d’accueillir les nouveaux, de partager nos soucis et nos peines. Mais c’est aussi l’occasion pour chacun d’apporter ses idées et ses propositions.
Dimanche
27 novembre : Journée très chargée. D’abord, je vais
dans une autre paroisse assurer une formation sur l’engagement
dans la famille, la Communauté de quartier et la Société. Les
participants ont des tas de choses à dire et de questions à
poser.
Je les laisse à midi pour rejoindre les servants de
messe. A 15 heures, rencontre des scouts. A 18 heures, rencontre des
responsables des CV-AV, mouvement des enfants ; et la nuit,
rencontre des responsables Guides de tout le secteur. Une journée
bien chargée !
Samedi 26 novembre : Visites des groupes de catéchèse. Les confrères sont partis à ZIGUINCHOR, dans le sud du pays, pour une rencontre régionale. A cause de ces activités, je ne peux malheureusement pas y participer.
Jeudi
24, vendredi 25 novembre : Accueil à la
paroisse et travail pour Internet (documents) et Facebook
(messages).
Le soir, préparation au mariage.
Mercredi 23 novembre : Aujourd’hui, les enfants du Mouvement des enfants CV-AV (Action Catholique des Enfants) sortent dans les quartiers à la rencontre des autres enfants. Nous y tenons beaucoup.
Mardi 22 novembre : Suite aux assassinats, dont celui de vendredi dernier, il y a tout un mouvement pour le retour à la peine de mort, supprimée il y a quelques années. Je suis interviewé par plusieurs journaux, radios et télévision , pour donner le point de vue chrétien sur la question, car il y a de fortes pressions de la part de certains musulmans intégristes qui veulent appliquer strictement et matériellement la charia . Heureusement, la plupart des musulmans sont beaucoup plus ouverts, spécialement ceux qui sont engagés avec nous dans les associations des droits de l’homme, et autres ONG.
lundi 21 novembre : Je commence la visite (qui durera toute la semaine et la suivante) des cours de morale au Collège, auprès des élèves musulmans. C’est très intéressant, mais cela demande attention et ouverture.
Dimanche
20 novembre : Deux activités importantes : nous avons
constitué deux groupes, et cela arrive souvent, vu le nombre de
nos activités et de nos équipes. D’abord, célébration de la
fin de l’année de la Miséricorde, à la Cathédrale. Et, à la
paroisse, célébration de l’engagement des membres des
différents mouvements et groupes de la paroisse, pour un an. Nous
prenons cette célébration très au sérieux et nous l’avons
préparée avec soin.
Nous passons toute la journée ensemble.
Après la messe, une réflexion sur la violence et l’insécurité
dans notre ville, et les moyens d’y remédier.
Après un
repas partagé, nous avons une après-midi culturelle où nous
continuons la réflexion par les chants, le théâtre, les poèmes
et autres activités. Et on termine la journée dans la joie, par la
danse.
Samedi
19 novembre : Ordination de SIX prêtres du diocèse.
En
même temps, rencontre des Caritas du secteur pour harmoniser
les actions.
L’après-midi, célébration d’un mariage
d’un couple que je connais bien pour l’avoir suivi depuis
plusieurs mois.
Vendredi
18 novembre Nous sommes très affectés par l’assassinat cette
nuit d’une grande responsable des femmes de Pikine, pour un vol.
Cela vient après plusieurs assassinats de jeunes à la suite
de bagarres en particulier. En effet, nous vivons dans la grande
banlieue où il y a beaucoup de pauvreté, de chômage, et donc
beaucoup de violences et d’insécurité. Nous cherchons à agir
sur cette question difficile depuis plusieurs années, mais il nous
faut approfondir la réflexion et trouver des solution s plus
adaptées.
Le soir, préparation au mariage. Nous parlons de la
sexualité du couple.
Jeudi
17 novembre : Travail personnel.
La nuit, dans une
Communauté de quartier, comme chaque jeudi, à tour de rôle. Nous
avons 13 communautés dans notre paroisse.
Mercredi 16 novembre : Rencontre du Bureau des jeunes pour préparer la journée de dimanche, après avoir accueilli en particulier des couples en difficulté.
Mardi 15 novembre : Journée consacrée aux Collèges.
Lundi
14 novembre : Le matin, contact avec les personnes qui
viennent avec leurs demandes, et préparation de la
célébration de plusieurs mariages.
A 15 heures, je
passe dans différentes classes du primaire de notre école
paroissiale, pour voir la réalisation des cours de morale
proposés aux élèves musulmans, pendant que les élèves chrétiens
sont en catéchèse. Pour cela, nous avons d’abord composé des
fiches pédagogiques. Maintenant, il faut voir comment ces fiches
sont utilisées. Nous avons déjà fait une rencontre des
enseignants, il faut maintenant évaluer la mise en pratique.
Dimanche
13 novembre : Nous tenons l’Assemblée Générale de
notre Paroisse, pour actualiser notre Plan d’Action. Les
années passées, nous avons mis l’accent sur l’importance de
travailler avec tous, chrétiens ou non, au service de la
population : rendre aux gens la conscience de leur dignité, la
lutte contre la pauvreté et pour le développement, l’action pour
la justice et la paix, la lutte contre les violences, et le respect
de la Création. Cette année, nous allons continuer ces actions,
mais nous sentons le besoin de donner une base spirituelle à ces
actions pour agir dans la foi et mieux travailler avec les autres
croyants, tout en continuant la collaboration avec les pouvoirs
publics. Nous avons donc pris comme thème d’année :
Jésus,
Chemin, Vérité, et Vie, pour tous. La réflexion a été très
intéressante et approfondie. Nous nous sommes séparés ensuite en
petits groupes, selon les différentes activités, pour préciser
les actions à mener. Il va falloir maintenant passer à l’action,
tout en continuant la réflexion.
Samedi
12 novembre : Rencontre des responsables des Mouvements
de jeunes, pour faire le point du démarrage des
activités.
Parmi les différentes personnes que nous essayons
d’aider, un père de famille qui vient nous voir pour son fils
paralysé qui a besoin de soins réguliers et coûteux.
Vendredi
11 novembre : Pendant tous ces jours, dès que j’ai un
moment de libre, je me mets à la rédaction de mes différents
documents et à la préparation de mes interventions.
Ce matin,
je pars au Centre de formation des jeunes filles, où
j’interviens depuis plusieurs années. Nous commençons par une
messe. La plupart des élèves sont des musulmanes, mais beaucoup
tiennent à participer à notre prière. Bien sûr, nous en tenons
compte dans notre célébration.
Parmi les visites du soir, un
confrère me parle de son opération de la hanche. Il n’y
avait pas assez de gaz et l’anesthésie a pris fin au milieu de
l’opération. Et il a été recousu à vif, au milieu de grandes
souffrances. Cela est un exemple supplémentaire des mauvaises
conditions de fonctionnement des hôpitaux et de la Santé en
général.
La nuit, deuxième réunion de préparation des
fiancés au mariage. Il y a plus d’une centaine de participants.
Aujourd’hui, nous parlons de l’éducation des enfants.
Jeudi
10 novembre : Une longue émission à notre Radio locale,
en ouolof, sur l’éducation sexuelle des jeunes, en lien
avec l’ONG Médecins du Monde.
Ensuite, rencontre avec la
Coordination des Jeunes, qui se poursuit jusque dans la nuit.
Mercredi 9 novembre : Rencontre des responsables des Mouvements, pour lancer la préparation des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) qui auront lieu dans notre paroisse pour le diocèse de Dakar. C’est un gros travail. Heureusement que nous pouvons compter sur l’expérience des rencontres passées, en particulier pour le nombre des Commissions et leur contenu.
Mardi 8 novembre : Visite dans les Collèges et chez les malades. Le soir, messe de lancement pour les aumôneries des Collèges et Lycées.
Lundi 7 novembre : Normalement, c’est notre jour de repos, mais les visites diverses, chacun avec ses besoins, ne manquent pas. Et bien sûr, il n’est pas question de fermer la porte et de renvoyer les gens.
Dimanche 6 novembre : En lien avec la rencontre COP 22 à Marrakech sur l’environnement, nous menons une réflexion à ce sujet avec toute la paroisse. La discussion est très intéressante et nous veillons à parvenir à des conclusions pratiques et à proposer des actions concrètes. Il nous faudra bien sûr continuer à suivre tout cela. Du coup, je n’ai pas le temps de visionner mes interventions d’aujourd’hui à la télévision et dans les radios. C’est presque toujours le cas, mais je le regrette car parfois au moment du montage les techniciens changent l’orientation et le sens de ce qui est dit.
Samedi 5 novembre 2016 : Aujourd’hui, c’est le jubilé des prisonniers . Nous nous retrouvons un certain nombre de chrétiens à la prison des femmes pour une messe. Plusieurs musulmanes se joignent à nous. Ensuite nous partageons un repas avec toutes, après les avoir écoutées et leur avoir adressé des paroles d’encouragements. Nous continuons la journée dans les chants et les danses. Nous avons cherché ensemble comment bien terminer cette année de la Miséricorde et mieux vivre ensemble dans cette prison.
Vendredi 4
novembre : 1ère
rencontre des prêtres de notre secteur :13 paroisses. Nous
nous partageons les responsabilités. Je garde la
responsabilité des Commissions de la Famille et Justice et Paix.
On me demande de participer aussi à la Commission de la Jeunesse,
des anglophones et la Caritas. Je ne serai pas au chômage !
Le soir, première rencontre de préparation au mariage.
Ils sont une bonne centaine de fiancés. Un certain nombre prennent
la parole et cela nous donne un partage intéressant ! C’est
un bon début.
Jeudi 3
novembre : Comme
chaque trimestre, je me retrouve avec l’ONG Médecins du Monde
pour une formation sur la Régulation des Naissances, où je
donne le point de vue chrétien, à côté d’un Imam et d’une
médecin. Nous nous connaissons bien maintenant, et c’est très
agréable de travailler ensemble.
Le soir, je pars en ville
enregistrer une émission à la télévision sur l’inculturation,
un sujet délicat mais important. Après l’émission, nous restons
manger ensemble pour partager nos impressions.
Mercredi 2
novembre : Les
activités reprennent. Je reçois des jeunes en difficulté, pris
dans leurs problèmes de vie amoureuse qui sont toujours compliqués.
Les écouter leur permet au moins de se libérer et de trouver un
chemin. Mais ce n’est pas facile de rester toujours disponible et
à l’écoute.
L’après-midi, je reçois un de nos
séminaristes, avant d’aller rencontrer le Mouvement des
enfants. Le soir, nous avons la grande prière pour les morts.
Puis
je vais rencontrer les chefs Scouts et Guides de nos deux
paroisses pour faire l’unité entre nous et préparer le programme
de l’année.
Mardi 1er novembre : Fête de la Toussaint que nous célébrons avec joie. L’après-midi, les gens se rendent dans les cimetières pour prier pour nos différents défunts. C’est très important ici, car la mort est très présente dans notre société.
lundi 31 octobre : Le soir, comme chaque mois, nous nous retrouvons avec les délégués de la paroisse auprès de nos huit Mairies, pour réfléchir à ce que nous pouvons apporter au fonctionnement de nos communes. Et comment participer à ce qui se fait dans les différentes Mairies, en particulier pour la santé, l’éducation et l’emploi des jeunes. En effet, il y a tout un travail au niveau du pays pour la décentralisation et la responsabilisation des communes. Cela nous semble très important de participer à la mise en pratique effective de cette action.
Dimanche
30 octobre : Réunion
du Conseil Paroissial. C’est un moment intense, surtout que
c’est la première de l’année pastorale. Nous faisons
l’évaluation des activités des vacances et préparons le
trimestre jusqu’à Noël. Nous présentons le calendrier et le
partage des responsabilités, avant de passer aux activités des
différents groupes, pas seulement à la paroisse, mais aussi dans
les quartiers et la ville tout entière. Car certains chrétiens
ont tendance à se replier sur la paroisse et ont beaucoup de mal à
s’engager dans la société.
Puis nous passons aux questions
pratiques, qui ne manquent pas.
Après la rencontre, je
retrouve ceux avec qui nous travaillons plus spécialement, pour
repréciser les actions à mener.
Samedi 29
octobre : C’est
samedi : accueil. Beaucoup de gens viennent nous voir.
C’est important de rester disponible aux demandes de toutes sortes
qui nous sont adressées.
Dans la nuit de ce samedi, le courant
a sauté cinq fois de suite, et mon ordinateur en a pris un coup. Je
suis complètement coincé dans mon travail. Heureusement, lundi
matin, un ami vient régler le problème… en attendant une autre
fois !
Vendredi
28 octobre : Le
matin, travail au Collège pour préparer l’année scolaire
aux différents niveaux : parents d’élèves, personnel,
enseignants et élèves. Il y a beaucoup d’idées et de
propositions, mais les moyens ne suivent pas.
Puis je reçois
longuement une animatrice du Mouvement ATD, pour réfléchir à
notre collaboration.
L’après-midi, je visite les groupes de
catéchèse. Il y en a beaucoup. Le problème c’est de trouver
suffisamment de catéchistes et de les former.
Je reçois
aussi une jeune fille musulmane qui veut devenir chrétienne.
Le
soir, rencontre des jeunes mariés du doyenné. En effet,
nous avons une bonne préparation au mariage, mais ensuite les
couples se retrouvent sans soutien et plus ou moins abandonnés.
Nous voudrions assurer un suivi à ces jeunes couples. Ce soir, nous
avons un bon temps de partage.
Jeudi 27
octobre : Nous nous retrouvons tous les prêtres et
religieuses de Dakar pour travailler les orientations du diocèse.
Après présentation, chacun peut réagir pour demander des
précisions et proposer des solutions. C’est un temps de partage
très important et très intéressant.
Le soir, formation
des fiancés dans l’un des secteurs, sur le sens chrétien du
mariage et le sacrement. Je suis très heureux de l’ambiance et de
la participation des présents. C’est toujours une grande joie
pour moi de me retrouver avec des fiancés au début de leur
amour.
Le seul problème pour cette rencontre : la
circulation et ses bouchons ! Il me faut plus de deux heures
pour rentrer !
Mercredi 26 octobre : Rencontre des responsables du Mouvement des enfants (CV-AV). Ils sont vraiment décidés à accompagner les enfants en les écoutant et en les soutenant dans les actions que ces enfants veulent mener. Nous voulons aussi nous ouvrir davantage aux enfants musulmans et mieux travailler avec eux. Ils nous font le compte-rendu du dernier Conseil National du Mouvement, et nous allons travailler le document pour voir comment le mettre en pratique.
Mardi 25
octobre : Le
dernier week-end, la coordination des jeunes s’est retrouvée
pour préparer les formations et les activités de cette année.
Aujourd’hui, nous cherchons à coordonner les différentes
activités pour constituer le calendrier paroissial. Cela
nous demande un gros travail qui nous prend beaucoup de temps.
Le
soir, nous nous rencontrons dans une Communauté de quartier pour la
bénédiction d’une maison.
Lundi 24 octobre : Rencontre des délégués aux Mairies. Nous faisons le point de notre travail avec les huit communes et la Mairie centrale de notre ville, le sous-préfet et le préfet : dans les deux sens, apporter notre collaboration à la vie des communes et partager dans nos communautés de quartier les actions proposées par les différentes municipalités. Puis nous passons à des points particuliers : la Couverture Médicale Universelle, le soutien de l’Etat aux familles nécessiteuses (bourses familiales), les actes de naissance à fournir aux enfants qui n’en ont pas, le soutien aux personnes âgées, etc.
Dimanche
23 octobre : Après
la messe, rencontre de la Caritas. Après un temps de
formation et de sensibilisation des différents acteurs, nous
voyons les activités à mener tout au long de cette année
pastorale : les aides aux personnes nécessiteuses, l’accueil
des étrangers, le lancement et le financement de nouveaux projets,
les dettes des personnes aidées non remboursées, le travail en
collaboration avec les autres Caritas.
L’après-midi,
rencontre de la Commission des Média.
Samedi 22
octobre : Messe
d’ouverture du Collège sur le thème d’année de la
Miséricorde. Les élèves ont préparé différentes
interventions : demandes de pardon, offrande des actions
menées, merci… avec de beaux chants par la chorale des élèves,
avec des danses, des tableaux, procession et autres objets
symboliques. Une messe très animée et où les élèves ont très
bien participé.
Rencontre de la Commission Justice et Paix.
Il faut la relancer car les problèmes sont nombreux et souvent
délicats et difficiles à régler.
Après-midi :
lancement du catéchisme dans nos deux lieux de culte.
Vendredi
21 octobre :
Enregistrement d’émissions radio et télé sur
l’environnement, le 1er novembre, la question des
avortements, etc.
Je passe à notre Collège pour saluer
et contacter la direction, le personnel, les enseignants et les
élèves.
Jeudi 20 octobre : Travail personnel sur les documents qui me sont demandés, coupé par les nombreuses visites et demandes.
Mercredi
19 octobre :
Préparation du premier Conseil paroissial de cette
nouvelle année pastorale.
Le soir, rencontre de l’équipe
apostolique (prêtres et religieuses) pour nous répartir les
différentes activités, aumôneries et responsabilités, mais
surtout pour passer ensemble un moment de prière et d’amitié.
En effet, nous travaillons ensemble tout au long de l’année et
nous avons besoin de temps forts pour approfondir nos relations et
notre travail.
Mardi 18
octobre : Réunion de l’équipe liturgique, avec
toutes ses composantes pour préparer l’année (il y a beaucoup de
choses à voir) et améliorer nos façons de prier.
Préparation
de la messe d’ouverture de notre Collège, avec l’équipe
d’animation.
Évaluation de notre Fête patronale et travail
au bureau. Mais je dois vite sortir car semble-t-il pour des raisons
de sécurité tous les propriétaires de téléphone doivent
se faire identifier. Les Sénégalais peuvent le faire à partir de
leur téléphone, mais les étrangers doivent aller à l’agence.
J’y suis déjà allé la semaine dernière pour présenter mon
document, on m’a dit qu’il n’était pas valable, qu’il
fallait le refaire. J’y suis retourné, mais il n’y avait pas de
connexion. J’y retourne pour une 3ème fois, et, comme
précédemment, il y a une longue file d’attente. J’ai le n°
206 et les choses avancent très doucement, car ils ont pris des
étudiants pour faire les opérations alors qu’ils n’ont pas la
formation requise. Tout ceci pour lutter contre le terrorisme. Je ne
pense pas que ce soit la bonne solution.
Lundi
17 octobre : Matin : préparation de
documents.
Après-midi : rencontre à ATD Quart-Monde.
La
nuit : rencontre sur les Droits de l’Homme.
Dimanche 16 octobre : Baptême de 30 bébés ensemble, après une préparation dans chaque communauté. Pour moi, je pars dans une autre paroisse assurer la formation des accompagnateurs des malades. Cela me permet de rencontrer des confrères avec qui nous échangeons longuement sur nos activités. C’est toujours intéressant et enrichissant. De plus, le groupe est très sympathique. Nous parlons aussi des enfants de la rue et de l’animation des prisons.
Vendredi 14 octobre :: Grande marche de l’opposition pour manifester contre les « dérives autoritaires et l’achat des consciences ». Les manifestants veulent marcher jusqu’au Ministère de l’Intérieur. La marche est autorisée mais pas l’itinéraire. Les marcheurs veulent forcer le barrage. La police réplique et disperse la marche. Heureusement, il n’y a pas de blessés. Mais les tensions sont fortes dans le pays, avec beaucoup d’accusations, pas toujours justifiées.
Vendredi 2
septembre : Une femme du Togo nous arrive, enceinte,
avec une petite fille et en mauvaise santé. D’abord, je l’écoute
pour mieux comprendre ses problèmes. Le lendemain, nous allons au
dispensaire des Sœurs, où on la prend en charge avec l’aide de
la Caritas. Le dimanche, nous allons à la réunion de la Communauté
de son quartier, où je la présente. Comme nous parlons en ouolof,
une étudiante se charge de traduire les choses. Une famille accepte
de la loger. Une autre, qui tient un petit commerce au marché,
accepte de la prendre avec elle, pour qu’elle puisse gagner sa
vie. Des jeunes garderont sa petite fille pendant la fin de ces
vacances et ensuite la communauté la prendra en charge pour qu’elle
aille dans un Jardin d’Enfants. Cela nous arrive assez souvent
d’aider ainsi des gens, en nous mettant tous ensemble.
Tout
ce mois de septembre, je jongle entre repos et
activités : accueil des personnes en difficultés de toutes
sortes et qui ne diminuent pas malheureusement ;
correspondances sur Internet et facebook ; préparation de
documents et des commentaires d’Evangile ; émissions à la
radio et la télévision. Tout cela en me forçant, sans avoir la
forme, ni même parfois le moral. Heureusement, un confrère est
venu me rejoindre, mais il faut tenir la paroisse et aussi la
maison, car le secrétaire paroissial et la cuisinière sont en
congés. Un curé et un vicaire vont venir, mais seulement en
octobre. Il faut donc tenir le coup d’ici là. Le palud a
« bouffé » mes globules et avec mon pied tordu et
douloureux j’ai de la peine à marcher.
En même temps, il
nous faut poser les bases du travail de l’année prochaine.
Je reçois donc à tour de rôle les différents groupes pour
évaluer les activités de l’année passée et préparer l’année
qui vient. C’est à chaque fois un gros travail de préparation
et de réflexion, et ensuite il faut en faire les compte rendus pour
préciser et communiquer les décisions. Heureusement, nous avons
une bonne équipe de laïcs et les choses se passent dans une bonne
ambiance, même si parfois il faut se montrer ferme. Je rencontre
ainsi tour à tour nos cinq chorales, le groupe de réflexions des
anciens, les responsables de communauté, les catéchistes, le
conseil pastoral, le conseil économique, la coordination des
jeunes, les Mouvements, sans oublier le travail régulier avec les
communautés de quartier, la Caritas et Justice et Paix. Mais j’ai
dû arrêter d’aller à la prison, à 25 km.
- Des
étudiants en vacances viennent me voir pour des renseignements
ou des documents. Certains veulent même me laisser leur mémoire
pour que je le lise ! On ne peut pas tout faire.
- Depuis
Juillet, profitant des vacances où il y a moins d’activités,
nous avons lancé tout une série de travaux. Depuis
plusieurs années, nous avons fait de nombreuses recherches de
fonds : soutiens de bienfaiteurs, mais surtout cotisations des
paroissiens, kermesses, concerts, repas et fêtes payants, etc.
Nous
nous sommes donc lancés dans les travaux : réfection de nos
deux églises, de la grande salle de réunions et du secrétariat.
Pour nos chambres, on verra plus tard ! Nous nous sommes
lancés, mais les choses n’avancent pas vite. Il y a sans cesse
des problèmes et des blocages ; et il faut suivre les choses
de près. Nous voudrions bien que l’église au moins soit prête
pour notre fête patronale.
Cette fête demande aussi
une grande préparation et de nombreuses réunions. Nous avons
commencé par deux réunions du conseil paroissial pour recueillir
les propositions. Ensuite, nous avons mis en place différentes
commissions, mais encore faut-il en assurer le suivi et la
coordination, ce qui n’est pas toujours évident !
- Et
pendant ce temps-là, la vie continue. Les migrants et autres
étrangers continuent d’arriver à la nouvelle gare
internationale qu’on vient de construire, pas loin de la paroisse.
Et les gens de PIKINE, musulmans comme chrétiens, qui viennent nous
voir pour les problèmes de toutes sortes : famille,
santé, travail, logement, nourriture, papiers. Les problèmes ne
manquent pas, malheureusement. Et puis des tas de gens qui sont
venus chercher du travail en ville pendant les vacances et qui n’ont
même pas de quoi retourner chez eux. En effet, de nombreux élèves
viennent chercher du travail, employées de maison pour les filles,
petits boulots pour les garçons, mais souvent ils ne trouvent
rien.
- Tabaski : Nous avons vécu la fête du
sacrifice d’Abraham en lien avec les musulmans, la grande majorité
des habitants (90 % des Sénégalais). C’est toute une semaine de
prières et de conférences, puis la fête. Nous sommes en communion
avec eux. Et le jour de la fête, de nombreuses familles amies, mais
aussi les imams du quartier nous offrent notre part du mouton
sacrifié. Ce sera notre tour à Pâques !
- Pour la
fête patronale nous fêtons le 60ème anniversaire
de la paroisse, qui a commencé avec le déguerpissement
forcé des populations de la ville de Dakar, donc avec une
population très pauvre et complètement démunie qui devait
s’installer sur un territoire non aménagé. Ensuite, il y a eu
deux grandes vagues d’arrivée depuis les villages lors des
grandes sécheresses de 1970 puis 1990. De nombreux migrants et
réfugiés continuent à s’ajouter sans cesse. Au cours de ces
deux sécheresses, les lacs et marigots avaient disparu, si bien que
les gens ont construit des bas fonds et des zones inondables, et
maintenant à chaque saison des pluies les quartiers sont
complètement inondés et les habitants doivent abandonner
leurs maisons pour aller se réfugier dans les écoles qui sont en
hauteur… et c’est tout un problème au moment de la rentrée
scolaire.
La ville est surpeuplée et composée surtout de gens
sans formation professionnelle, ce qui entraîne un taux énorme de
chômage, avec toutes ses conséquences : délinquance et
violence. Les jeunes n’ayant pas de travail se tournent vers
la lutte traditionnelle et le football dans l’espoir de pouvoir
ainsi partir en Europe. Quand ils ne cherchent pas oubli et
consolation dans la drogue ! Ce sont toutes ces questions que
nous abordons dans les journaux, la radio et la télévision
au cours de nombreux enregistrements et émissions faits à
l’occasion de cette fête.
Pour la célébration, nous
visualisons nos différents objectifs et décisions d’actions au
cours de la liturgie par les décorations, les affiches et tableaux
apportés en procession, les danses, la Parole de Dieu mimée et
gestuée. Mais nous ne voulons pas nous limiter à la liturgie. Nous
avons d’abord un don du sang, puis un concert religieux payant
qui nous permet de couvrir les frais de la fête. Après la grand
messe en effet tout le monde reste manger, et cela dans une grande
amitié. Nous avons aussi invité un certain nombre de nécessiteux
soutenus par la Caritas, musulmans comme chrétiens. La fête se
continue par une après-midi culturelle où les différents groupes
et Mouvements viennent présenter leurs réalisations, et les
différentes ethnies de la paroisse viennent danser et présenter
les valeurs de leur culture. Les maires et chefs religieux musulmans
ont participé à notre fête et nous en sommes très heureux. Cela
nous a permis d’approfondir nos relations d’amitié pour
travailler ensemble dans de bonnes conditions.
Ce n’est pas
la fête tous les jours, et pendant tout ce mois les activités ont
continué. Nous avons organisé pour plus de 250 enfants des
activités de vacances à la paroisse. Il y a bien des
colonies de vacances, mais qui coûtent. Vu le nombre de moyens de
notre part et du côté des parents, nous accueillons les enfants
l’après-midi. Les animateurs sont essentiellement des
responsables de Mouvements (Scouts, CV-AV, …) qui acceptent de
travailler bénévolement. A la fin du mois, nous faisons une
évaluation des activités pour voir comment mieux accueillir,
suivre et éduquer les enfants au niveau humain et de la foi,
ensemble chrétiens et musulmans. Et voir comment faire vivre par
tous les objectifs de notre Plan Pastoral tout au long de l’année,
spécialement au niveau du témoignage, du service et de la dignité
de tous, de la vie en famille et en communauté, du développement
et de l’environnement, de la défense des droits des plus faibles,
etc…. Nous faisons ainsi l’évaluation, à tour de rôle, des
différentes actions menées pendant ces vacances.
- Les
travaux continuent, après la réfection des bureaux et des
salles d’accueil et de réunions, il nous faut passer à
l’entretien et aux réparations des toits qui coulent en cette
saison des pluies, du château d’eau, du poulailler, de la
cuisine et de beaucoup d’autres choses.
- Les
rencontres et soutiens
se poursuivent. Une mère vient me voir, en pleurs. Son
fils a été ramassé au cours d’une rafle. Cela fait plusieurs
mois. Son jugement a été reporté déjà quatre fois. Un autre a
été pris en train de fumer un joint de chanvre indien. Depuis, il
est en prison. J’essaie de les consoler et de les encourager, et
avec la Caritas nous voyons quoi faire pour les aider.
- Suite
au Synode de la famille, nous voulons assurer un suivi pour les
nouveaux mariés. Avec des responsables des Foyers Notre-Dame,
nous recensons tous ceux que nous avons préparés au mariage et
préparons une première rencontre pour fin octobre. En même temps,
nous inscrivons les nouveaux qui vont suivre la préparation au
mariage.
- Le samedi 10 septembre, j’ai assisté au premier
engagement (profession religieuse) d’une jeune fille que
j’ai suivie depuis le temps où j’étais en Guinée. C’est une
grande joie pour nous tous.
- Au début du mois, nous avons
subi des grosses pluies qui ont entraîné des inondations dans les
quartiers, et aussi dans nos chambres. Les pluies se sont arrêtées
maintenant, et les paysans sont très inquiets pour leurs
récoltes.
- Les enfants de deux de nos communautés ont
décidé d’organiser une fête avec chants, danses et théâtres.
Et avec l’argent récolté, ils vont acheter des fournitures
pour les enfants les plus pauvres. Bien sûr, nous sommes très
heureux de cette initiative et nous les encourageons.
- Les
réfugiés et autres migrants continuent de venir chaque jour, ce
qui est pour nous un problème et une grande souffrance. Nous sommes
débordés et manquons cruellement de moyens. En effet, nous
recevons au Sénégal plus de réfugiés et migrants qu’en France,
même si on en parle moins.
- Pendant ces vacances, j’ai reçu
de nombreuses visites de « jeunes » avec qui j’ai
travaillé dans le nord du pays (la région de Saint-Louis) dans les
années 80-90. Ils sont maintenant mariés et même grands pères,
et certains pensent à la retraite ! A chaque fois, je suis
touché par leur amitié, leur fidélité et par le bon souvenir
qu’ils ont gardé de ce que nous avons vécu ensemble. Ils me
rappellent des faits qui les ont marqués et dont je ne me souviens
même pas ! Plus nombreux sont encore ceux qui me contactent
sur Facebook.
- En 2017, les JMJ (Journées Mondiales de la
Jeunesse) du diocèse auront lieu dans notre paroisse où nous
accueillerons plus de 15.000 jeunes. Nous sommes déjà en pleine
préparation et recherche de fonds. La chorale prépare un concert
pour cela, et les Mouvements de jeunes des animations et soirées
festives (chants, danses, jeux, repas payants, etc…).
- On
continue à me demander de nombreux documents, ce qui
nécessite aussi temps et réflexions. D’abord, des compte rendus
de nos différentes rencontres, formations et activités. Mais aussi
un article sur l’éducation, pour une de nos Revues. Une retraite
de l’Avent, sur notre site spiritain, et même un livre. Sans
oublier mes commentaires de l’Evangile de chaque jour, mes
émissions à la radio et à la télévision, en français et en
ouolof, et tous les contacts sur Internet et Facebook.
-
Plusieurs jeunes garçons et filles musulmans viennent me
voir. Ils voudraient devenir chrétiens, mais les familles s’y
opposent absolument. La pression sociale et le poids de la famille
sont très lourds. Nous essayons de les soutenir et de les aider à
mieux vivre leur foi. Nous cherchons un chrétien pour les
accompagner personnellement. Et certains viennent assister
clandestinement à la messe. On se contacte aussi souvent par
Facebook.
- Avec la rentrée scolaire, de nombreuses
personnes viennent nous voir car ils n’ont pas les moyens
d’acheter les fournitures ou même d’inscrire leurs enfants à
l’école. C’est pour cela que l’école a beaucoup de peine à
démarrer : les enseignants sont sur place, mais pas les
élèves. Et pourtant, ils ont une très grande soif de
s’instruire.
- Je dois retourner à la Police des étrangers
pour faire viser, comme chaque trois mois, mon récépissé car je
n’ai toujours pas de carte de séjour au bout de 5 ans,
bien que j’aie refait mon dossier deux fois ! Heureusement,
je connais les policiers et cela se passe sans problème. Mais j’ai
pitié de ceux qui doivent attendre des heures avant d’être reçus
au bureau.
- C’est aussi la rentrée pour la paroisse.
Nos étudiants (séminaristes) sont revenus de leurs stages. Ils
vont reprendre leurs études mais aussi continuer leurs activités
pastorales. Nous allons en recevoir deux chez nous, un Malgache et
un Tanzanien, qui vont suivre spécialement les Mouvements de
jeunes. Et un de nos jeunes va entrer au postulat (1ère
année de notre séminaire).
Nous cherchons à vivre le mieux
possible les journées mondiales : la journée contre la peine
de mort ; la journée de la jeune fille, et spécialement
contre l’excision et le mariage forcé ; la journée de
l’alimentation qui pose beaucoup de problèmes : pas
seulement de pauvreté et de faim, mais aussi de mauvaise qualité
de la nourriture. Nous avons spécialement porté notre attention
sur la journée du 17 octobre, sur la lutte contre la misère.
D’abord nous avons participé à un grand rassemblement, le samedi
15, que l’une de nos chorales a animé. On a donné la parole aux
personnes dans la plus grande pauvreté qui étaient accompagnées
par deux de nos communautés. Le mardi 18, nous nous sommes
retrouvés avec les responsables pour voir comment continuer les
activités.
- Un jeune de Sierra Leone arrive par la
route. Il est venu chercher du travail, mais n’a rien trouvé. Il
ne parle même pas français ! Je ne connais pas de famille
sierra léonaise qui pourrait l’accueillir. Je le mets en lien
avec une famille nigériane.
- Pour préparer cette nouvelle
année pastorale, presque chaque soir nous avons tenu une rencontre
avec un groupe différent pour faire le point de leurs
activités, apporter une formation supplémentaire et préparer les
activités de l’année pastorale qui commence : catéchistes,
responsables des malades, différents responsables des communautés,
lecteurs, servants de messes, chorales, agents de la Caritas,
membres de Justice et Paix, projets de développement, mouvements de
jeunes, enfants de la rue, enseignants, ministres de la communion,
préparateurs aux baptêmes, bureau du Conseil Paroissial, Conseil
Economique, amicales des jeunes, Conseil pastoral des jeunes,
Scouts, groupes de prières et Charismatiques, et j’en oublie.
-
Mon confrère, l’ancien curé, est parti travailler en Pologne. Le
nouveau curé, un Sénégalais, vient d’arriver avec un autre
confrère Centrafricain. Nous nous réunissons pour mettre en place
notre équipe, nous répartir les tâches et organiser notre
vie de communauté.
Maintenant, il nous faut relancer les
Communautés de quartiers et préparer les JMJ Nous
commençons par une veillée de prière pour cela, qui prolonge la
semaine de réflexion que nous avons eue pour préparer la fête
nationale.
Jeudi 1er septembre : Aujourd’hui, je me consacre aux émissions radios du dimanche sur les différentes chaînes sur lesquelles j’interviens. Mais je dois m’y reprendre à quatre fois pour les envoyer à cause des coupures de courant et aussi de mon ordinateur qui se plante. Ensuite, je prépare le programme en français et en ouolof pour le mois de septembre. Je suis déjà en retard
Mercredi 31 août : Toujours le suivi des travaux. Il faut aussi relancer les activités. Je tiens donc deux séances avec le secrétaire de la paroisse, puis avec le responsable de Justice et Paix. Entre les deux, un enterrement.
Mardi 30 août : Je passe toute la journée entre les confessions, l’accueil et les affaires en cours, et autres documents à classer. Notre secrétaire est en congé, mais nous avons deux séminaristes en stage, qu’il a initiés au secrétariat, ce qui fait qu’ils nous rendent bien service. Ils sont en stage pratique, aussi nous cherchons à les former dans les différents domaines, en particulier leur apprendre à conduire car ils en auront besoin. En même temps, nous veillons à la vie de communauté et à la prière.
lundi 29
août : A partir de maintenant, il me faut jongler entre
les périodes de repos, l’accueil et les différentes activités
paroissiales. Ce n’est pas toujours évident !
Nous
accueillons un étudiant centrafricain qui prépare un mémoire sur
les conditions de vie des personnes du 3ème
âge. Nous lui facilitons les contacts.
Les travaux
de réfection de l’église et des différentes salles de réunion
se poursuivent. Nous avons été aidés par une paroisse de la
région de Bordeaux.
Dimanche 28 août Le groupe des anciens a assuré un café pédagogique sur le thème de « Miséricordieux comme Marie ». En effet, notre paroisse s’appelle « Notre Dame du Cap Vert » (le « Cap Vert » est la Presqu’Ile de Dakar) et nous sommes dans l’année de la miséricorde. Nous voyons donc comment vivre la miséricorde dans notre vie de chaque jour. Nous avons bien averti les différents groupes de la paroisse. Ils ont répondu nombreux. Cela nous donne une bonne base de départ pour cette année.
Information : Dans mon dernier envoi, je vous ai raconté mon voyage en Guinée. A mon retour, suite à ce que j’avais mangé en route, j’ai fait une intoxication alimentaire qui m’a beaucoup affaibli. Du coup, j’ai subi une grosse crise de paludisme. Après une semaine de soins sous perfusion, j’ai dû prendre un long temps de convalescence. Je n’ai pu retourner en paroisse que le 27 Août, à condition de reprendre les activités tout en continuant à me reposer au maximum. Ce qui n’est pas facile car le confrère avec qui je travaillais l’an dernier a été nommé en Pologne. Un autre confrère venu de France a assuré les affaires courantes. Actuellement, je suis avec un confrère de Centrafrique, en attendant la venue du nouveau curé.
Jeudi
28 juillet 2016 :
Il est temps pour moi de retourner au Sénégal. J’ai
pris mon billet depuis hier et suis sur place dès 6 heures 30. Mais
il faut le temps de remplir la voiture et de charger ; nous
quittons la ville vers 9 heures. La sortie est toujours aussi
difficile, pas seulement à cause de l’état de la route.
Plusieurs policiers nous demandent le « mot de passe »,
c’est-à-dire une somme d’argent pour nous laisser passer. C’est
devenu une habitude. Et cela se continue au poste de contrôle
suivant. La voiture est arrêtée parce que la photo du permis de
conduire du chauffeur a été altérée par la pluie et elle n’est
pas claire. Après discussion et remise d’argent, nous pouvons
continuer. Nous sommes dans une Renault 21 (break) 10 adultes (3
devant, 4 au milieu, 3 derrière sur un siège remplissant le
coffre) et 5 enfants sur les genoux, serrés beaucoup plus
que des sardines et sans huile pour amortir les pressions et les
chocs ! Les premiers kilomètres sont en goudron, mais ensuite
c’est une piste de latérite, très dure, pleine de trous et de
crevasses, remplies d’eau. Nous roulons la plupart du temps en
1ère et en 2ème. Partis à 9 heures de
Conakry, nous arrivons à la frontière (environ 700 km) à 3
heures du matin. Les postes de contrôle sont fermés. Nous nous
couchons par terre en attendant 8 heures. Heureusement il ne pleut
plus. Il nous faudra passer trois fois de suite les mêmes contrôles
de gendarmerie, de douane et de police. A chaque fois, il nous faut
descendre de voiture, ce qui est toute une expédition. Et ceux qui
ne sont pas en règle sont à nouveau taxés.
Frontière du
Sénégal. Nouvelles formalités et nouvelles complications.
D’abord, lavage des mains et prise de température :
prévention d’Ebola. C’est une très bonne chose ! Puis
contrôle du carnet sanitaire contre la fièvre jaune. Je
suis en règle. Mais l’agent remarque sur mon carnet une ancienne
vaccination contre le DT CAB qui bien sûr n’est plus valable.
Après une longue discussion et promesse de vaccination, il me
laisse enfin passer. Mais c’est notre voiture qui est retenue !
Son assurance CDAO pour entrer au Sénégal est périmée. Il nous
faut trouver une autre voiture pour rejoindre le garage sénégalais
et prendre un nouveau taxi pour Dakar. Comme on ne la trouve pas, je
pars à pied. Je trouve un bus en partance…. mais il faut
deux heures avant qu’il soit rempli, ce qui est impératif pour
qu’il parte. Nous sommes 77 passagers. Arrivé tard, je suis sur
un strapontin , mais quand même moins serré que dans un taxi.
L’inconvénient, c’est que tout est plus long.
A mi-route,
nous sommes arrêtés par un contrôle douanier. En effet,
beaucoup de passagers qui viennent de Guinée, du Mali, de Gambie,
de Sierra Léone, de Côte d’Ivoire et de beaucoup plus loin, en
profitent pour faire du commerce, car certains produits coûtent
moins cher dans ces pays. Sans parler des objets chinois. On
contrôle la valise d’une femme qui n’a pas déclaré ses
tissus. Les douaniers font alors descendre tous les bagages. Cela
prend du temps, car il y en a beaucoup. Ils découvrent qu’une
commerçante a chargé huit sacs de fruits, taros et ignames à
vendre, mais elle n’en a déclaré que trois ! Alors commence
un gros palabre comme on sait le faire ici. D’abord la
femme cherche à se défendre. Elle n’est pas écoutée bien sûr.
Alors les anciens qui parlent sa langue, le poular, se rassemblent.
Ils choisissent un porte parole qui parle ouolof (la langue
nationale) et le français (la langue officielle) pour s’expliquer
avec le douanier de grade inférieur qui a arrêté le bus et fait
descendre les affaires. Avec lui, les anciens remontent les
douaniers un par un, en suivant leur grade. Comme ils n’arrivent
pas à s’entendre, nouvelle concertation. Finalement, il va y
avoir trois heures de va et vient, jusqu’à ce que les douaniers
acceptent une amande de 60.000 Fr CFA (85 euros, ce qui est énorme
par rapport au niveau de vie et des bénéfices espérés). C’est
sûr que cette commerçante va en être pour ses frais ! Et je
ne pense pas qu’on lui ait donné un reçu ! Il faut bien
s’occuper pendant ce temps-là. Les douaniers ouvrent les sacs et
valises un par un, sur la route. Tout le monde est autour et en
regarde le contenu. Mais sans commentaires et avec respect.
Ils savent bien qu’ils ont intérêt à se taire.
Ensuite, il
faut bien s’occuper. L’un du groupe des apprentis dit à ses
camarades : « Le blanc là, il parle ouolof », mais
ils n’osent pas s’approcher de moi ; je suis, le seul blanc
du voyage. Alors je vais leur parler. D’autres personnes peuhles
me testent en me saluant dans leur langue. Alors d’autres viennent
me parler en soussou, en baga (langues que je connais aussi, ayant
travaillé chez eux). Puis une famille sierra léonaise s’adresse
à moi en anglais local (créole). Tout cela avec beaucoup de
joie et d’exclamations. Du coup, le chauffeur me paye les
trois verres de thé traditionnel. Et les anciens viennent me tenir
au courant des tractations. Enfin, on rembarque les bagages et on
repart. Il fait nuit déjà.
Une fois encore j’admire la
patience et la bonté des gens. Personne ne fait le moindre
reproche à la commerçante qui nous a causé un tel retard. Pour
moi, cela fait trois jours de voyage très fatigants, mais plein de
partages et d’amitié. Des gens m’ont demandé : pourquoi
tu ne prends pas l’avion ? (1 heure 15 de vol). D’abord,
les lignes africaines coûtent très cher. Et pour le travail que je
fais, un tel voyage me semble très important pour partager la
vie des gens, connaître leurs difficultés et approfondir leur
culture.
Une passagère est malade et a envie de vomir. On
s’arrête dans un petit village pour qu’elle puisse vomir.
Arrivés dans une ville, on lui propose de se faire soigner dans le
dispensaire du lieu. Mais elle préfère recevoir des médicaments
et continuer le voyage avec nous. Avant de repartir, les apprentis
du bus me prennent en photo avec eux sur leur téléphone
mobile « pour avoir un souvenir ».
Nous sommes
arrêtés par des policiers ou gendarmes. Nous avons nos papiers en
règle, mais c’est énervant parce que cela nous fait perdre
beaucoup de temps et surtout nous nous demandons ce qu’ils vont
encore trouver.
Nous subissons une très grosse pluie. Et en
arrivant à la grande ville du Centre (KAOLACK) nous voyons des
maisons et des quartiers complètement inondés. En effet, venus
tenter leur chance en ville, des gens ont construit des baraques
dans les bas-fonds. Suite à la sécheresse ces bas-fonds étaient
secs. Mais les pluies sont revenues. Et les gens n’ont pas les
moyens d’aller construire ailleurs. Que faire ?
La ville
de KAOLACK est complètement inondée. En plus, des gros
camions partent pour des travaux. Nous mettons deux heures pour
traverser la ville. A la sortie, grosse question : doit-on
s’arrêter pour manger, car nous n’avons rien pris depuis ce
matin. Mais certains sont pressés d’arriver. Finalement, on
trouve un marchand de pain et on s’arrête pour manger. Avec tout
cela, nous arrivons à 1 heure du matin. Je voulais rentrer à pied,
puisque je connais bien la ville et que je n’étais pas trop
chargé. Mais les gens de la gare routière m’arrêtent à cause
de la grande insécurité du quartier. Et un chauffeur de
taxi me ramène jusqu’à l’église. Je ne le connais pas,
mais lui me connaît !
Mercredi
27 juillet :
Il continue à
pleuvoir. Et plusieurs quartiers ont fait des barrages, comme dans
le nôtre. Il y a d’énormes bouchons dans toute la ville.
Au bout de trente minutes, j’arrive enfin à trouver un « taxi »
qui se faufile sans aucun respect du Code de la route, comme
beaucoup d’autres, ce qui ne fait qu’augmenter les bouchons !
Finalement, je descends et continue à pied, jusqu’à ce que
j’attrape un autre taxi qui me laisse pas trop loin de
l’Archevêché. Je suis très en retard, mais l’Evêque a eu les
mêmes problèmes, ce n’est pas grave ! J’ai même le
temps de parler avec le Vicaire général et plusieurs prêtres de
passage.
L’Archevêque m’a invité à manger. Nous sommes
très heureux de nous rencontrer, après 5 ans. Ce n’est pas une
séance de travail, mais une rencontre amicale. Nous parlons de
choses et d’autres, et en particulier d’Ebola et des
moyens mis en place pour se protéger et éviter son retour. Nous
parlons aussi du Comité national pour la Réconciliation, dont il
est le co-président, avec l’imam de la grande mosquée de
Conakry. C’est ce qui se fait dans plusieurs pays d’Afrique, en
particulier la Centrafrique. D’ailleurs, après le repas, les deux
co-présidents doivent rencontrer le Président de la République,
avant d’animer une rencontre demain avec les parlementaires de la
région de KINDIA. Il me prend avec lui en voiture une partie du
chemin, ce qui me permet de sortir des bouchons et d’arriver plus
facilement à notre communauté, toujours en travaux, mais
pour une nuit nous nous débrouillons en mettant des matelas par
terre. J’y retrouve l’ancien curé de Pikine où je travaille
actuellement, et un de nos étudiants sénégalais venu en stage de
vacances en Guinée. Comme nous, ils ne vont en famille que tous les
trois ans. Nous parlons de son stage. Je retrouve aussi un de mes
anciens étudiants ghanéens ; il travaille actuellement dans
un quartier populaire du nord de la Belgique : après avoir
appris le français, il lui faut apprendre le flamand. Il est venu
en congés en Guinée où il a travaillé il y a quelques années.
Je parle aussi avec un autre confrère ghanéen qui travaille en
Guinée. Un de nos frères guinéens travaillant au Sénégal l’a
emmené dans sa famille, en Guinée Forestière qu’il ne
connaissait pas encore, et nous échangeons ses impressions. Nous
vivons toujours en communauté internationale, ce qui est une
grande richesse, même si ce
n’est pas toujours facile de se comprendre entre gens de cultures
différentes.
Mardi
26 juillet : Je
me repose un peu et termine de lire les livres que j’avais
amenés. Je les laisse à ma famille d’accueil et en échange ils
m’en donnent d’autres. Je vais ensuite faire quelques visites et
je rencontre en particulier un enseignant qui m’avait contacté
par Face Book. Il veut ouvrir une école élémentaire dans la
banlieue et nous en parlons ensemble. Mais celui que je suis
venu contacter, c’est bien sûr l’Archevêque, avec qui j’ai
collaboré pendant 15 ans. Il était parti à une rencontre en
Angola. Je lui ai laissé un message ; il me rappelle dès son
retour et me donne un rendez-vous pour demain midi.
La nuit, il y
a une très forte pluie qui dure et le quartier où je suis est
inondé. La population est très en colère et accuse le
gouvernement d’être responsable et de ne pas faire ce qu’il
faut. Les jeunes décident de faire un barrage sur l’autoroute
pour exiger une intervention des services publics, et les policiers
viennent les déloger à coups de grenades lacrymogènes. Je
retrouve la même réaction de la population qu’au Sénégal. De
tout attendre du Gouvernement. C’est vrai que le Gouvernement a
une responsabilité dans cette situation, par manque de
prévision et d’organisation et pas seulement par manque de
moyens. Et parce que la priorité est donnée au bien-être des
classes sociales les plus riches et aux habitants du Centre de la
capitale, plus qu’aux gens des banlieues. Mais c’est vrai aussi
que la population s’est installée dans les bas-fonds –faute de
place ailleurs- qui sont inondés à la saison des pluies. On a bien
fait des caniveaux, mais comme il n’y a pas de ramassage des
ordures organisé, les gens les jettent dans ces caniveaux qui se
retrouvent bouchés. Les choses ne sont jamais simples.
Lundi
25 juillet :Je
pars à l’Archevêché en ville pour rencontrer mes
anciens collaborateurs. Ils sont très surpris, mais
aussi très joyeux, car ma venue n’a pas été annoncée. Je fais
ainsi le tour des différents services, accompagné par l’un ou
l’autre. A chaque fois, ils prennent soin de m’expliquer où ils
en sont. Je passe un bon moment à l’OCPH (Office Catholique pour
la Promotion Humaine), l’équivalent de la Caritas/Secours
Catholique. Nous parlons de leurs projets. En particulier de
l’atelier des enfants de la rue à relancer, et des centres aérés
pour les enfants des banlieues, car le temps des vacances est
arrivé. Bien sûr, ils me gardent pour le repas.
Je veux
rentrer en « taxi » : voitures qui prennent
deux clients devant et quatre derrière, mais elles sont rares, en
particulier dans la direction où je vais, et les clients nombreux.
Finalement, je me rabats sur un minibus, complètement bourré, où
j’arrive à me faufiler. Je suis debout au milieu, mais tout de
suite quelqu’un me cède sa place. J’entends deux personnes qui
parlent en kissi. Je les salue dans leur langue et nous continuons
la conversation, à leur grande joie, et au grand étonnement des
autres voyageurs qui ne nous comprennent pas. Ce n’est pas souvent
qu’ils voient un blanc dans ces moyens de transport populaire, et
encore moins l’entendre parler une de leurs langues.
Enfin
arrivé, j’écoute les nouvelles, car là où j’étais, à
MONGO, je ne pouvais pas les recevoir sur mon petit téléphone.
Ici, j’apprends avec stupeur l’assassinat du Père Jacques
HAMEL, en Normandie. Bien sûr, je partage la tristesse de tous.
Je prie pour lui et je suis révolté par cet acte barbare, mais je
ne peux m’empêcher de me poser un certain nombre de questions.
D’abord, on ne parle pratiquement que de cela aux informations
pendant deux jours. One ne peut avoir aucune autre nouvelle du
monde. Bien sûr, cette mort est dramatique, mais chaque jour des
prêtres et des chrétiens sont assassinés par l’Etat islamique
DAECH au Moyen Orient, par Boko Haram au Nigéria, ou Al Qaïda
(AQMI) au Mali ( mais encore plus de musulmans). Et nous-mêmes,
nous avons eu plusieurs confrères tués, mais comme ce n’est pas
en France, on n’en parle pas. Ces pays n’ont pas la même
influence, ni les mêmes moyens médiatiques ou autres.
Je suis
frappé aussi par la légèreté et la banalité des
questions des journalistes, qui en plus se contentent tous de
répéter sans cesse pratiquement les mêmes choses.
Je suis
aussi scandalisé par l’utilisation politique faite par
certains de cette mort tragique. Par contre, j’apprécie les
déclarations pleines de bon sens, de confiance et de recherche
de paix et de foi des évêques de Rouen et Paris, mais aussi
des responsables religieux musulmans et juifs, et de la population
du village, chrétiens, musulmans et non croyants ensemble.
Une
autre chose qui me frappe, ce sont les solutions proposées :
augmenter le nombre de policiers et de gendarmes, comme si c’était
une solution, contre des terroristes prêts à se faire sauter pour
tuer d’autres personnes. Certes, on a besoin de sécurité, et les
gros efforts faits sont importants et nécessaires, mais je suis
frappé par cette recherche de sécurité et d’assurance à tout
prix de nombreux français et de leur difficulté à dépasser la
peur.
Après tout, il y a beaucoup plus de morts dans les
accidents de circulation, et ils sont tout autant imprévus que les
attentats. Ne faudrait-il pas faire le même effort d’éducation
et de prévention que pour les accidents routiers. Mais je n’ai
entendu parler que de protection, mais pas d’attaquer les
vraies causes : les problèmes des banlieues, la
marginalisation, le manque d’éducation et le chômage des jeunes.
Car la plupart de ces gens qui font des attentats sont des
francophones et des français nés en France. Ce ne sont pas des
réfugiés ou autres terroristes qui viennent de Syrie. Au
contraire, ce sont nos jeunes Français qui partent en Syrie. Ces
jeunes ne cherchent pas à vivre la foi musulmane, ils utilisent
l’Islam comme moyen pour exercer leur soif de vengeance et de
nihilisme. Et c’est dramatique pour la religion musulmane. D’où
l’importance de rester unis. Car DAECH tue beaucoup plus de
musulmans que de chrétiens et fait tout pour opposer chiites et
sunnites. Comme il fait tout pour casser la société française et
exacerber les oppositions entre droite et gauche, entre français
« de souche » (quelle souche ?) et les autres. Et
trop souvent nous tombons dans le panneau.
Un détail personnel,
anecdotique et sans importance. Je reçois plusieurs coups de
téléphone de gens qui en entendant le nom du Père HAMEL ont pensé
que c’était moi (le Père Armel). Déjà, quand le Frère Joseph
avait été assassiné à KATACO où j’étais curé, beaucoup
avait cru que c’était moi.
Dimanche 24 juillet : Je me lève tôt car je veux assister à la messe dans mon ancienne paroisse. Comme c’est assez loin, mes amis m’ont trouvé un chauffeur qui va me transporter avec leur propre voiture. Nous arrivons juste à temps pour la messe. J’y trouve un prêtre âgé (86 ans) que je connais bien, qui continue à rendre des services. Malheureusement, le curé, mon ancien vicaire, est absent. Il est parti assister à la première messe d’un nouveau prêtre, un de nos jeunes. J’essaierai de le rencontrer plus tard, et je laisse mon numéro de téléphone. A la sortie de la messe, ce sont les nombreuses salutations avec les paroissiens. Ils sont surpris de ma présence, non annoncée, mais très heureux de me revoir… et moi aussi ! Ensuite, je pars dans une autre paroisse dont j’avais aussi la responsabilité. Là, il y a une grande célébration : Fête des enfants et anniversaire de la chorale. Le curé me donne la parole à la fin de la messe, et je leur dis un mot de salutations et d’encouragement, en soussou, avant de continuer en français pour leur expliquer mon travail actuel au Sénégal. Nous en reparlons avec plusieurs après la messe. Je partage avec tous le repas de la fête (très simple mais plein d’amitié), mais je ne reste pas au théâtre des enfants, ni au concert des sept chorales qui se sont réunies, car j’ai besoin de me reposer.
Samedi
23 juillet :
Tôt le
matin, je me rends à la gare routière pour aller à
Conakry. Je trouve un « clando » (« taxi
clandestin »), c’est-à-dire quelqu’un qui fait le
transport avec sa voiture personnellement, en donnant de l’argent
au Syndicat officiel des transporteurs. Heureusement, les
transactions ne durent pas trop longtemps. Mais ensuite le
transporteur disparaît pendant plus d’une heure, sans
explication. Enfin, nous partons. Les trente premiers kilomètres
sont très mauvais. Ensuite, la piste s’améliore, jusqu’à
l’arrivée au goudron.
En Guinée, depuis la dictature de Sékou
Touré et ensuite les attaques rebelles, il faut absolument un ordre
de mission pour circuler et les barrages sont très nombreux :
pratiquement à chaque ville. Beaucoup de gens, en particulier les
transporteurs qui se font rançonner, demandent leur suppression.
Mais c’est devenu un moyen, pour les policiers et autres agents,
de se faire de l’argent en taxant les voyageurs qui ne sont pas en
règle. Heureusement, nous voyageons avec un sous officier de
l’armée. Nous sommes sept dans une voiture de tourisme :
trois à l’avant, quatre à l’arrière. Le militaire se met à
l’avant à la portière et ainsi nous pouvons passer les barrages
sans problème !
Sur la route, je repense à cette jeune
femme très engagée dans la communauté. Elle s’occupe en
particulier du Mouvement des Enfants (les CV-AV). Du fait de ses
qualités d’animatrice, elle a été choisie par les villages de
la sous-préfecture comme agent communautaire chargée des
différents projets mis en place. Elle ne reçoit pas de salaire
régulier, mais simplement des gratifications et seulement quand
elle dirige un projet. Elle s’est formée peu à peu sur le tas
dans les actions de développement que nous avions lancées après
les attaques rebelles. Elle s’est beaucoup investie dans la lutte
contre Ebola. Elle est veuve et a trois enfants. Sa grande soeur est
décédée, et elle a accueilli chez elle ses quatre enfants. Elle
fait tout pour les envoyer à l’école, ce qui coûte cher. Un
commerçant a fourni un groupe électrogène pour apporter
l’électricité à la sous-préfecture. Elle a monté une
installation pour charger les téléphones portables. Avec les
petits bénéfices, elle vient de lancer un petit commerce. C’est
ainsi que de nombreuses personnes arrivent à survivre en se
débrouillant et grâce aussi à la solidarité. Par exemple encore,
une amie qui porte le même prénom qu’elle a accepté
d’accueillir son fils chez elle et de prendre en charge les frais
scolaires. En effet, quand on a le même prénom on est « homo »
(homonyme) et on se considère comme de la même famille. Cela
résout bien des problèmes.
Je pense aussi à cet agent
agronome déflaté qui nous avait aidés, quand je suis arrivé
à Mongo, à planter des bananiers, à trouver des plants de café
sélectionnés et à faire venir des semences de palmiers nains de
Côte d’Ivoire pour faire de l’huile de palme et faire vivre la
Mission. Par la même occasion, il s’est formé au lancement et à
l’organisation de petits projets de développement. Jusqu’à
maintenant, il assure l’animation des écoles maternelles,
l’aménagement des sources pour avoir une eau propre et la mise à
niveau des bas-fonds pour la culture irriguée du riz, grâce au
soutien continu d’une association (Appel Détresse) qui nous a
aidés dès le début pour ces différents projets. Cela fait ma
joie de constater que de nombreuses actions se poursuivent jusqu’à
maintenant grâce à de nombreuses personnes engagées et
l’encadrement de ceux qui m’ont succédé.
Au niveau du pays,
les choses avancent aussi. Ainsi, dans toutes les sous-préfectures,
on a installé des lampadaires à panneaux solaires pour
l’éclairage public, ce qui transforme complètement la vie
sociale. A GUECKEDOU où j’ai dormi, une ONG fournit du matériel
à des groupes de jeunes volontaires pour l’aménagement de
leur quartier. Il y a ainsi des tas de choses qui se mettent en
place.
Quand le militaire est descendu, je passe devant et le
chauffeur, musulman, engage avec moi une discussion religieuse.
Il commence par me dire que nous avons les mêmes prophètes et
me demande « pourquoi on ne parle pas de Mohammed dans
l’Evangile ? » Je lui explique que l’Evangile a été
écrit six siècles avant la naissance du Prophète. Alors il me
pose la question classique : « Pourquoi vous les
chrétiens vous ne reconnaissez pas le prophète Mohammed, alors que
nous les musulmans nous reconnaissons Jésus ? ». Je lui
réponds que nous respectons Mohammed, mais que c’est Jésus que
nous suivons ». Il continue : « Mais si vous croyez
en Dieu, pourquoi vous n’êtes pas musulmans ? » Je lui
dis que dans le Coran, on affirme qu’il ne faut forcer personne en
matière de religion. Et que c’est Dieu qui a voulu plusieurs
religions pour qu’elles se concurrencent dans le bien. Mais
évidemment cela ne le convainc pas. Convaincu de sa foi, il
n’arrive pas à comprendre qu’on puisse être croyant d’une
autre religion. Mais cette discussion se passe avec beaucoup de
respect. Et nous continuons en parlant de la prière.
A 50 km de
Conakry, la capitale, contrôle des papiers. On me demande de
descendre et d’aller me présenter au poste de police. Mais nous
sommes arrêtés dans une grande flaque d’eau. Finalement, le
policier a pitié de moi et il nous laisse partir.
Le chauffeur
m’explique qu’il est chauffeur de bus. Mais la Société a des
problèmes financiers et il y a une compression du
personnel. Alors il fait du transport avec se voiture personnelle en
attendant.
Il fait nuit quand nous arrivons à Conakry. C’est
un samedi soir, il y a un bouchon énorme. D’abord, la
route est complètement défoncée. De plus, elle est bloquée à
cause des nombreuses voitures en panne, arrêtées parfois en plein
milieu de la route. Car beaucoup de voitures particulières sont des
voitures réformées en Europe, envoyées en Afrique, et donc
vieilles et en mauvais état. De plus, il y a de nombreux camions
qui veulent sortir de la ville pour voyager la nuit. Mais surtout il
y a la grande indiscipline des conducteurs. Chacun se débrouille
pour passer devant les autres, en roulant de tous les côtés, à
cinq ou six de front, et les véhicules circulant dans les deux
directions se retrouvent face à face et tout est bloqué. Il n’y
a aucun policier. Ils ont arrêté leur service à 18 heures. Ce
sont des jeunes du quartier qui essaient d’arranger les choses,
moyennant un peu d’argent. Il nous faut plus de deux heures pour
en sortir.
Notre maison d’accueil est en pleine réfection, et
les confrères ne peuvent pas me loger. Je connais encore beaucoup
de jeunes à Conakry, j’ai prévu les choses et récupéré
plusieurs numéros, car ils ont changé depuis mon départ il y a 5
ans. Je téléphone à une famille qui accepte aussitôt de
me recevoir. Comme ils ont déménagé, nous convenons d’un point
de rencontre et leur grand fils vient me récupérer. Ils m’ont
attendu jusqu’à plus de minuit et m’ont préparé un bon repas.
J’en ai bien besoin, car nous ne nous sommes arrêtés qu’une
seule fois pour faire rapidement le plein d’essence et nous
n’avons rien mangé de la journée.
Il y a de l’électricité,
ce qui est un progrès par rapport aux années passées, même
si les coupures de courant sont encore nombreuses. Mes amis habitent
au 3ème étage et l’eau n’y arrive pas. Un musulman
du quartier a fait un forage et il distribue de l’eau gratuitement
entre 17 et 19 heures à tout le
quartier.
Vendredi
22 juillet :
Nous rentrons,
toujours en moto, et sous la pluie. Nous mangeons ensemble puis je
prends un long temps de partage avec mon confrère actuellement
en charge de la paroisse. Il est seul prêtre depuis deux
ans, ce qui bien sûr est très difficile. En avril, un prêtre
belge déjà âgé est venu le rejoindre, après une semaine de
retraite et un petit séjour dans notre Communauté de Pikine au
Sénégal. Malheureusement, il est tombé malade. On l’a évacué
à Conakry pour le soigner, mais il est mort à son arrivée. Bien
sûr, cela a causé une très grande tristesse et n’a pas arrangé
la situation.
En fin d’après-midi, je pars pour la Préfecture,
toujours sous la pluie et en moto. A mon arrivée, je suis accueilli
par le curé guinéen, un ami de longue date avec qui nous avons
longuement travaillé, en particulier pour les traductions en kissi.
Avec lui, nous allons saluer la famille de la jeune fille qui
doit faire se profession religieuse ici, en septembre, et que je
suis actuellement au Sénégal. Je leur donne des nouvelles, et je
prends des nouvelles de la famille que je lui transmettrai. Puis
nous posons les bases de la cérémonie à venir. Ensuite, je
rejoins la Communauté des religieuses guinéennes
qui m’accueillent pour la nuit. Là encore, nous avons beaucoup de
choses à nous dire.
Mercredi
20 juillet :
Le matin,
je fais le tour du village pour saluer les gens. Après le repas du
midi, c’est la séparation. Chacun retourne chez soi. Pour moi,
j’ai décidé de rester encore trois jours sur place. Je prends le
temps de parler avec nos deux étudiants qui sont venus à MONGO
pour leur stage de vacances. Puis je pars en moto dans une
sous-préfecture à 40 km. C’est la saison des pluies. Les pistes
sont défoncées et pleines de boue. Mais en moto on arrive quand
même à passer. Le soir, de nombreuses personnes viennent me voir,
à tour de rôle, et nous échangeons des nouvelles avec joie.
C’est
la saison des gros travaux. Les gens sont occupés au repiquage
du riz. J’avais
donc prévu de dire la messe tôt le matin. Mais la pluie commence à
tomber la nuit et nous ne pouvons commencer la messe qu’à 10
heures30. A la sortie, nous apprenons une très mauvaise
nouvelle :
Ebola. C’est dans la région qu’Ebola
a démarré. Il y a eu beaucoup de morts, en particulier dans le
personnel de santé. Si bien que les dispensaires ne fonctionnent
plus et que les autres maladies ne sont pas soignées et se
développent. D’autant plus que beaucoup, même s’ils ne sont
pas tombés malades, ont été affaiblis par Ebola.
Les gens
continuent à prendre des précautions : lavage et désinfection
des mains en particulier. Et ceux qui ont survécu à Ebola sont
suivis régulièrement, car le germe est encore présent. Mais cela
ne va pas sans poser de graves problèmes. En effet, ces personnes
suivies sont craintes et se sentent rejetées de la société. A la
dernière visite du contrôle, l’une de ces personnes suivies a
préféré se cacher avec toute sa famille. Et complètement
découragée, ce matin elle s’est pendue. Bien sûr, cela fait un
grand coup dans toute la sous-préfecture.
L’après-midi, je
continue dans une autre sous-préfecture. C’est tout ce que je
pourrai faire, car il me faut retourner au Sénégal. Le voyage est
difficile car la pluie a recommencé à tomber. Même programme :
rencontres le soir et messe le matin. N’étant plus responsable de
ces communautés, je me garde bien de faire une réunion de
communauté et de donner des conseils et directives, me contentant
de donner et de recevoir des nouvelles. Je ne veux pas prendre la
place de mes successeurs. Et, en
plus, la situation a changé depuis mon départ.
Mardi
19 juillet :
Première
Messe de Martin TONGUINO. Il m’a demandé de lire l’Evangile et
de faire l’homélie dans la langue kissi. J’ai pris soin de la
préparer sérieusement, avec l’aide d’un ami prêtre guinéen.
Après dix ans sans pratique de cette langue, parlant maintenant
ouolof, ça ne sort plus aussi facilement qu’avant et je n’ai
plus le ton et l’accent local. Malgré tout, les gens sont très
heureux et étonnés aussi de m’entendre parler clairement dans
leur langue. Et après l’accueil local de hier, ce sont les
retrouvailles avec les gens des communautés de toute la
paroisse.
La nuit, profitant de notre rencontre, nous tenons une
réunion entre spiritains de Guinée et des autres pays de la
région, présents à cette
ordination, pour réfléchir à nos différentes activités.
Lundi
18 juillet :
Après la messe et
le petit déjeuner, nous continuons notre descente vers le sud,
jusqu’à MONGO, le village d’origine de notre jeune
confrère, qui va y célébrer sa première messe. L’après-midi,
il est accueilli par tout le village et les autorités
locales.
C’est la saison des pluies. La nuit, nous avons prévu
une veillée de prière, mais une grosse pluie se déclare.
Nous nous réfugions dans l’église, où nous attendons plus d’une
heure avant de pouvoir commencer la prière, avec l’aide du
haut-parleur portatif à piles. Ici, à Mongo, il n’y a ni courant
électrique ni connexion Internet. Mais, grande innovation qui
transforme et améliore beaucoup de choses, il y a maintenant la
connexion pour les téléphones portables.
Après la veillée de
prière, tous se rassemblent pour la veillée culturelle qui se
termine tard dans la nuit. Et qui se prolonge jusqu’au matin dans
les chants et les danses.
Dimanche 17 juillet : Ils dont 4 jeunes à être ordonnés prêtres : 3, pour le diocèse et 1 pour les Spiritains. C’est une grande messe solennelle et très festive, comme les kissiens savent les organiser avec chants, procession, danses, battements des mains et instruments traditionnels. Et aussi des grands moments d’émotion et un grand temps de silence pendant la longue imposition des mains par les prêtres venus très nombreux (une cinquantaine). Sont venus également, le Secrétaire général (protestant) de l’Union des différentes religions chrétiennes de Guinée, et aussi le Ministre (catholique) du Commerce. Après la cérémonie, je prends un bon moment pour parler avec chacun d’eux, avant le repas partagé dans la grande cour, tous ensemble. Ce qui me permet de rencontrer de très nombreuses personnes, car toutes les paroisses ont envoyé des représentants. Et pendant 10 ans je les ai parcourues toutes, en tant que responsable de la catéchèse, puis de l’OCPH (Office Catholique de la Promotion Humaine) et de la Commission Justice et Paix. La plupart m’appellent par le nom traditionnel que l’on m’a donné : « SAA MONGO MILLIMOUNO ». Les rencontres se poursuivent jusqu’à la nuit.
Samedi
16 juillet :
Après la messe entre nous, je pars faire un tour en
ville, pour m’imprégner de l’ambiance actuelle. En route,
des tas de gens m’interpellent : guinéens et réfugiés
restés sur place. Nous échangeons des nouvelles de part et
d’autres.
A midi, avec notre Supérieur, je suis invité à
manger par l’Evêque. Nous prenons un bon temps pour parler
de la vie du diocèse et de mes activités au Sénégal.
L’après-midi,
je rencontre la mère d’une détenue guinéenne que je
visite chaque semaine en prison au Sénégal. Elle est évidemment
très triste et se met à pleurer en me voyant. J’essaie de la
consoler le mieux possible, je lui donne des nouvelles de sa fille
et la rassure en lui disant qu’elle va bien et qu’elle n’est
pas abandonnée. En effet, sa fille est très courageuse. Elle a
appris la couture en prison et m’a remis toute une valise d’habits
et une autre de broderies à vendre pour aider sa mère à vivre. En
plus, elle m’a remis tout son pécule. Cela est une grande
consolation pour sa mère.
Après le repas chez l’Evêque, nous
allons dans un quartier où vient de s’ouvrir une nouvelle
paroisse, pour assister à une veillée préparatoire aux
ordinations. Après un temps de prière, nous passons à la veillée
culturelle : chants, danses, ballet, théâtre. Ils
ont bien préparé les choses. Mais je regrette beaucoup qu’au
lieu de chanter au son des instruments traditionnels ils se
contentent de danser sur des chants d’artistes, enregistrés. La
technique moderne est en train de tuer la culture et toute
créativité. De même, je remarque qu’à la messe les gens ne
chantent plus. Ils se contentent d’écouter la chorale. Et
pourtant presque tous les chants sont dans leur propre langue, le
kissi. C’est vraiment triste.
Vendredi
15 juillet :
Nous sommes au nord de la Guinée. Nous allons traverser
tout le pays en diagonale jusqu’à Kissidougou, au sud-est. Je
revis, tout au long de la route que j’ai fait souvent, des tas de
souvenirs. Je suis heureux de constater que l’on a beaucoup
travaillé sur la route : il ne reste que 30 km de mauvaise
piste. Même là, on a construit un pont, ce qui nous évite de
passer par un bac problématique et dangereux, après plusieurs
heures d’attente.
Un autre convoi de spiritains vient de
Conakry. N’ayant pas de véhicule, ils ont emprunté une voiture.
Mais ils ont des problèmes de route. D’abord, ils aident les
journalistes, venus pour l’ordination, dont la voiture a fait
plusieurs tonneaux . Heureusement, il n’y a pas de blessé
grave, mais la voiture est inutilisable. Et par chance elle a été
arrêtée par un arbre, ce qui lui a évité de tomber dans le
ravin. Ensuite, nos confrères tombent en panne. Heureusement
que maintenant il y a les téléphones portables, et par chance il y
a de la connexion là où ils sont arrêtés. Nous nous étions
justement donné rendez-vous à 30 km plus loin, dans la ville de
FARANAH. Nous cherchons donc un mécanicien et nous allons les
rejoindre. Mais la réparation ne tient pas et ils tombent à
nouveau en panne : pas de démarreur. Nous les prenons donc en
remorque pendant 30 km et nous n’arriverons à KISSIDOUGOU
qu’après minuit, fatigués mais heureux.
Nous sommes reçus
dans une Communauté de religieuses malgaches, que j’avais
moi-même accueillies il y a 15 ans lors de leur arrivée en Guinée.
C’est une très grande joie de nous retrouver. Nous sommes une
dizaine de confrères : 5 viendront demain, 3 religieuses sont
arrivées de Conakry, Boffa et Kataco où j’ai également
travaillé. C’est la joie des retrouvailles. Nous mettons des
matelas et des nattes par terre et il n’y a pas besoin de nous
bercer pour nous endormir.
Jeudi
14 juillet 2016 :
Tôt le matin, je pars en voiture avec des confrères pour
assister à l’ordination sacerdotale d’un de nos diacres. Je le
connais bien : c’est le troisième des jeunes que j’ai
formé et baptisé quand j’étais à MONGO dans
la Guinée Forestière, au sud du pays. Nous y avons vécu
ensemble des expériences très fortes. En effet, je suis allé
rouvrir une ancienne Mission après trente ans de fermeture,
sous la dictature de Sékou Touré. Et en même temps, assurer un
suivi et un soutien à plus de 250.000 réfugiés du Libéria, puis
de Sierra Léone, répartis en plus de 50 camps, chassés par une
guerre civile atroce, marquée par l’exploitation des richesses
naturelles (les diamants de la mort), la drogue, mais surtout les
exécutions, les mutilations et les tortures, accomplies par des
enfants soldats endoctrinés et forcés, sans parler de l’esclavage
sexuel des jeunes filles prises en otage, et tant d’autres choses.
Et en 2001, nous avons subi nous-mêmes les attaques rebelles qui
ont brûlé les camps de réfugiés et dévasté les villages
guinéens. Toutes les ONG et même les autorités locales ayant fui,
nous avons dû assurer la prise en charge du déplacement des
réfugiés vers le nord, la distribution de la nourriture fournie
par le PAM (Projet Alimentaire Mondial) et le matériel du HCR (Haut
Commissariat pour les Réfugiés) des Nations-Unies. Et en même
temps lancer des projets socio-économiques et des actions
humanitaires pour reconstruire les villages guinéens. Jusqu’à
ce que les ONG reviennent peu à peu. Cela avec le soutien des
Caritas de différents pays, en particulier le Secours Catholique
français. Vous pouvez trouver tout cela dans mon site :
http://armel.duteil.free.fr
Bien
sûr, tout cela a créé des liens très forts et une très grande
amitié entre nous. Aussi je suis très heureux de cette opportunité
qui m’est donnée de pouvoir y retourner.
Parti tôt le matin,
nous arrivons à Tambacounda à midi. Nous y faisons une
pause pour saluer les Sœurs, car j’ai été le curé non
seulement de la ville mais de toute la région en 1979-80. Les sœurs
et les prêtres ont changé depuis, mais nous sommes heureux de nous
rencontrer, d’autant plus que nous avons continué les relations
entre nous.
Le passage à la frontière nous prend
beaucoup de temps. D’abord les douaniers sont en pause jusqu’à
15 heures et il nous faut repasser trois fois de suite (en trois
endroits différents) aux formalités de police, de gendarmerie et
de douane. Nous n’arrivons à KOUNDARA qu’en fin de soirée.
Nous allons laisser notre voiture de tourisme, pour continuer avec
la voiture tout terrain de la Mission . Nous avons d’ailleurs
apporté cinq pneus neufs de Dakar, que nous montons aussitôt.
Pendant ce temps, je prends un bon moment pour parler avec un de nos
étudiants qui assure une année de stage pour sa formation
missionnaire pratique. C’est un journaliste de formation, nous
parlons donc des émissions à la radio locale. Et aussi du Collège
où il assure l’éducation et des cours. Après le repas, je vais
passer un moment chez les Sœurs. Leur responsable de Dakar est
justement de passage. Elle me demande de préparer la profession
religieuse, en Septembre à GUECKEDOU, d’une jeune fille de la
région Kissi, et que je suis depuis le temps où elle était au
Collège.
Mardi
12 juillet :
On m’a demandé de participer à une session régionale sur
le thème « Justice, Paix, Droits humains et Développement »
pour la Commission Justice, Paix et Respect de la Création, du
Sénégal, Mauritanie, Guinée Bissao et Iles du Cap Vert. Nous
commençons par faire le tour des différents diocèses pour
présenter les actions menées et ensuite les évaluer. A partir de
là, nous préparons un plan d’action pour les trois années à
venir, en tenant compte de nos différentes réalités et en
cherchant comment soutenir le travail à la base, plutôt qu’à
faire des grandes déclarations. Nos actions seront menées
essentiellement dans quatre directions : 1) Développer la
Bonne Gouvernance et les Actions Citoyennes ; 2) Veiller à
la gestion équitable des Ressources Naturelles ; 3)
Réorganiser et Réactiver nos Commissions Justice et Paix à tous
les niveaux ; 4) Aider les prisonniers et leurs familles dans
toute leur vie.
Le plan d’action est clair. Il reste maintenant
à agir.
Lundi
11 juillet :
Notre curé va nous quitter. Il va servir en Pologne.
Moi-même, je pars pour deux semaines en Guinée. Aussi, nous nous
asseyons avec notre responsable régional et le confrère qui va
assurer l’intérim , pour préparer les activités et
donner les informations nécessaires. Il y a beaucoup de choses à
voir. Cela nous prend toute la journée. Nous terminons juste à
temps pour que j’aille rencontrer le Bureau des femmes
catholiques.
Nous avons beaucoup de choses à faire. Nous
travaillons le compte-rendu de la dernière réunion du secteur.
Puis nous reprenons les objectifs de l’association pour voir à
nouveau comment les mettre en pratique. A partir de là, nous
préparons les activités des vacances. Nos réunions de
formation, l’éducation des jeunes filles, nos responsabilités
de femme, de mère, mais aussi de citoyennes. Puis nous passons à
des questions plus précises : que faire contre les inondations
(c’est la saison des pluies), le relancement d’un secteur
défaillant, la fête de Sainte Anne, le patronage de la paroisse,
etc… Nous réfléchissons à nouveau la condition des veuves
et voyons comment faire évoluer les coutumes au moment du deuil.
Ensuite, nous passons aux formations économiques :
fabrique de savon artisanal, teinture, fabrication d’eau de Javel,
transformation de produits locaux, jus de fruits, etc… Avant de
passer aux « divers » qui permettent à chacune
d’intervenir. Nous abordons en particulier la question de nos
engagements dans nos Communes et la distribution des moustiquaires
(lutte contre le paludisme). Une bonne réunion, et le travail ne
manque pas.
Dimanche 10 juillet : Après les messes paroissiales, de nombreux groupes se réunissent pour la journée : les servants de messe, les chorales, les catéchumènes, les responsables de mouvements, la Caritas et Justice et Paix, les scouts. Il y a de l’animation de tous les côtés, mais chaque groupe s’organise pour ses activités sans déranger les autres. Et tout se passe bien.
Samedi 9 juillet : Je descends en ville pour bénir un mariage. C’est un des nombreux couples que j’ai eus en session. Nous avons bien préparé la cérémonie comme d’habitude, je fais participer les parents, les témoins et toute l’assemblée. Nous introduisons un certain nombre de rites traditionnels. La chorale prend des chants que tout le monde connaît, aussi le mariage se passe dans une grande simplicité et également une grande joie.
Mardi 5 à Vendredi 8 juillet : Comme je dois partir en Guinée Conakry pour deux semaines, il faut que je prépare mes émissions radio et autres interventions à l’avance, pour tout ce temps où je serai absent, en plus de mon travail ordinaire sur Internet et Face Book. Tout en assurant les activités paroissiales : messes, confessions, et l’accueil des nombreuses personnes, chacune avec son problème : malades, manque d’entente dans les familles, soutien au moment des décès, aide aux réfugiés et migrants, secours aux personnes nécessiteuses. Et en même temps, travail avec un certain nombre de responsables : Conseil paroissial, Caritas, Catéchèse, Justice et Paix. Nous préparons les activités de vacances et la Journée mondiale de lutte contre la misère, en lien avec ATD Quart Monde. Sans oublier les préparations au mariage et le travail d’administration avec le secrétaire de la paroisse. A l’instant, une jeune femme arrive : elle veut participer à un mariage, mais elle n’a ni chaussures, ni robe. Je vais voir au magasin de la Caritas. Pendant ce temps, une mère de famille arrive. Elle ne peut nourrir ses enfants. Je puise de l’huile et du riz dans notre réserve fournie par l’Association des femmes catholiques. Un jeune arrive qui demande de l’argent. Après y avoir réfléchi avec le responsable de la Caritas, nous refusons, mais nous voyons avec lui comment il peut trouver du travail. Et, en attendant, nous lui donnons des habits et de la nourriture. Puis arrive une femme avec son bébé malade. Je l’oriente, avec un mot, vers le dispensaire des Sœurs. Elles aussi font beaucoup pour les malades et les personnes nécessiteuses.
Mardi
5 juillet :
Je passe à l’Ambassade de Guinée pour avoir un
visa. Je suis très bien accueilli, car je parle plusieurs langues
du pays, ayant travaillé là-bas dans plusieurs régions :
selon les personnes successives, je passe du soussou au pulaar, puis
au malinka, pour terminer par le kissi. Il n’y a personne qui
parle baga !
Puis rapidement, je descends en ville pour
participer à une session régionale de la Commission Justice et
Paix. Là, on m’apprend qu’elle a été reportée, mais
je n’ai pas été prévenu. C’est la 3ème fois que
ça m’arrive en deux jours, car déjà hier soir je me suis méfié.
J’ai téléphoné pour me renseigner à propos de la formation des
femmes catholiques et là aussi j’apprends qu’elle a été
reportée. Ce n’est pas facile de travailler dans ces conditions !
J’en profite quand même, comme je suis en ville, pour passer voir
des amis dans plusieurs services : deux communautés de
religieuses avec qui je travaille, mon imprimeur, l’aumônerie de
l’Université, la CARITAS diocésaine, le PARI (Point d’Accueil
des Réfugiés et Immigrés), une librairie qui vend mes livres…..
Finalement, je suis content de cette occasion car cela fait
longtemps que je devais faire tout cela.
Lundi
4 juillet :
Je prépare les émissions radio de la semaine et un
nouvel envoi de documents par Internet.
L’après-midi,
rencontre du Bureau des femmes catholiques.
Avec notre confrère
et les deux étudiants venus pour les vacances, nous organisons
notre vie commune et commençons par un grand nettoyage de la
maison. Elle en avait besoin !
Dimanche 3 juillet : Je pars en ville pour une formation des groupes de prière charismatique de la ville. Déjà la rencontre avait été reportée, mais quand j’arrive j’apprends par hasard qu’elle est supprimée. On a oublié de me prévenir ! Je le regrette d’autant plus que c’est la journée d’amitié de nos Communautés de quartiers à la paroisse. Le temps de revenir, la grand messe est terminée. Je vais quand même les saluer à la salle où ils se réunissent.
Samedi
2 juillet :
Comme chaque samedi, de nombreuses réunions.
Rencontre de la Caritas du secteur et préparation de la réunion du
Bureau des femmes catholiques. Le tout coupé de nombreuses
demandes. En particulier, un homme expulsé de son logement
parce qu’il ne peut pas payer. Comme c’est la saison des
pluies, il préfère retourner dans son village cultiver l’arachide.
Mais il n’a pas de quoi payer le voyage.
L’après-midi,
mariage. Ce sont des gens très pauvres. Il n’y a ni
chorale, ni robe de mariée, encore moins de demoiselles d’honneur.
Nous nous mettons dans le chœur, autour de l’autel, et nous avons
une célébration très simple mais très belle et très priante,
avec la participation de tous. Ils sont très heureux d’avoir eu
une belle cérémonie. Nous avons tout fait pour cela, et c’était
très important pour nous.
Vendredi
1er
juillet : Un
jeune fille musulmane vient me voir. Elle est très attirée par
Jésus Christ, et impressionnée par une amie chrétienne. Mais sa
famille s’oppose absolument à ce qu’elle devienne chrétienne.
Elles sont nombreuses dans ce cas. Je lui propose de vivre sa foi
musulmane le mieux possible « à la manière de Jésus
Christ » et de Marie dont on parle souvent avec admiration
dans le Coran, et de lire l’Evangile quand elle le
peut.
Aujourd’hui, nous accueillons des frères qui vont vivre
avec nous pendant cette saison des pluies, temps des vacances.
D’abord un confrère Centrafricain qui vient de terminer des
études. Nous nous connaissons bien et il va nous donner un bon coup
de main, sinon je serais seul pour deux paroisses, sans compter
toutes les activités extérieures. Nous recevons aussi deux de nos
jeunes en formation. Ils vont pouvoir s’initier peu à peu au
travail pastoral, avant de poursuivre leurs études en octobre. Nous
sommes heureux de les accueillir et nous prenons le temps de faire
connaissance et de leur présenter les différentes activités.
Le
soir, rencontre de préparation des JMJ (Journées Mondiales de
la Jeunesse) de l’année prochaine. Ce grand rassemblement
diocésain aura lieu chez nous, et il faut commencer tout de suite à
le préparer, car ce sera un grand évènement auquel nous
souhaitons d’ailleurs inviter les jeunes musulmans amis qui le
désirent.
Jeudi
30 juin : Je
vais à la prison. Aujourd’hui, je commence par célébrer
la messe avec les détenues catholiques. Nous partageons la Parole
de Dieu en quatre langues : ouolof, anglais, portugais et
créole, et pour la prière chacune la fait dans sa langue
maternelle : et il y en a beaucoup ! Après la messe, je
reçois les détenues une par une, chacune avec ses besoins, ses
tristesses et ses problèmes. Normalement, je dois arrêter à midi,
mais il y a beaucoup de monde et la responsable me laisse continuer
jusqu’à 14 heures. Je la remercie beaucoup pour cela.
Mon
confrère est parti à une rencontre sur les problèmes financiers
du diocèse qui sont énormes. Je me dépêche de rentrer car il y a
un enterrement à célébrer. Nous le faisons dans la salle
paroissiale, car notre église est en pleine réfection :
peinture, éclairage, sonorisation. Elle en avait bien besoin, mais
il nous fallait d’abord récolter l’argent nécessaire pour
commencer les travaux. On verra ensuite, peu à peu.
Pour
l’enterrement, heureusement que nous avons un haut parleur
portatif, car beaucoup de personnes sont à l’extérieur dans la
cour. Et à la fin des obsèques, des paroissiens attendent déjà
pour la messe du soir !
Après le repas, je sors participer
à la réunion d’une Communauté de quartier pour évaluer
ensemble les activités de l’année. Il y a beaucoup de choses à
dire.
Nous arrivons à la fin du Ramadan. Aujourd’hui, c’est
« la nuit du Destin », une grande nuit de prières.
Autour des mosquées et dans la rue des groupes se constituent pour
réciter le Coran en chantant.
Mercredi
29 juin :
C’est le Ramadan. Un groupe de jeunes musulmans
vient nous voir. Le dimanche, ils rencontrent les enfants des écoles
coraniques pour parler avec eux, les conseiller et leur apporter à
manger. Ils viennent pour nous demander si nous pouvons les aider :
nous leur donnons des habits que nous avons recueillis pendant le
Carême avec la Caritas. C’est souvent que nous avons ainsi
l’occasion de travailler ensemble chrétiens et musulmans.
Tout
au long de la journée, d’autres personnes viennent nous voir :
des gens chassés de leur logement, des malades, des chômeurs. Nous
ne pouvons pas tout résoudre, mais nous faisons pour le mieux, au
moins pour les accueillir et voir déjà ce qu’ils peuvent faire
par eux-mêmes.
Mardi
28 juin :
Réunion à ATD/ Quart Monde. Au retour, nouveau
problème. En effet, nous sommes juste à côté de la grande gare
internationale de Dakar. Beaucoup de gens, quand ils ont des
problèmes, demandent où est l’Eglise Catholique et viennent nous
voir. Là, c’est un couple avec deux enfants qui m’attendent.
Ils ont été expulsés de Mauritanie et se retrouvent sans
rien. Ils nous demandent de les faire rentrer au pays. Ils ont
essayé de parler avec les transporteurs en leur disant qu’ils
paieraient en arrivant au pays, mais bien sûr ceux-ci ont refusé.
Nous n’avons pas les moyens de prendre ces frais en charge qui
dépassent de beaucoup nos possibilités. Nous arrivons finalement à
trouver le minimum pour faire rentrer la mère et les deux enfants.
Arrivée au pays, elle cherchera de l’argent pour faire venir son
mari. C’est toujours aussi compliqué.
Dès que c’est réglé,
je me mets à l’enregistrement de mes émissions radio, en
français et en ouolof.
Lundi 27 juin : Un Ivoirien arrive. Il était venu au Sénégal pensant y trouver du travail et le bonheur. Ils sont nombreux à venir ainsi tenter leur chance chez nous. Il dormait à la belle étoile dans un square. Il a été agressé et volé. Par la suite, comme il n’avait plus de papiers, il a été arrêté par la police en patrouille et mis en prison pour trois mois. Il vient de sortir et nous demande de l’aider à rentrer au pays. Nous nous arrangeons pour lui payer le voyage dans un camion qui rentre au pays. Mais ils sont arrêtés en cours de route par la police et comme il n’a toujours pas de papier, il est renvoyé à Dakar. On lui demande, pour le laisser partir, des photos, un carnet de vaccinations et un laisser passer. Il faut à nouveau beaucoup d’argent pour établir ces pièces, et sans aucune sécurité pour la suite. C’est chaque jour que de telles choses nous arrivent.
Dimanche
26 juin :
C’est la fin de l’année scolaire et aussi de la
catéchèse. D’abord, nous prions pour tous ceux qui se préparent
aux examens. Les enfants animent la messe, avec une procession
d’offertoire où ils viennent offrir le travail de cette année. A
la fin de la messe, nous confions les catéchistes qui ont terminé
leur formation, aux responsables de leur communauté. Et nous
insistons pour que les activités continuent pendant les vacances,
en particulier pour la prière des enfants le dimanche.
Après la
messe, comme chaque dimanche, il y a beaucoup de réunions et de
rencontres. Avant de rejoindre l’équipe de la Caritas, je passe
voir le groupe des mandjaques qui préparent leur rassemblement. Je
les laisse continuer pour rejoindre les jeunes qui font l’évaluation
de leur marche pèlerinage. Nous ne faisons pas l’évaluation
seulement de la nourriture, des dépenses ou de l’ambiance, mais à
partir des quatre objectifs de notre Plan Pastoral : la
communion, la sanctification, le témoignage et le service.
Après
un petit temps de repos, je me mets à l’ordinateur pour préparer
les interventions de la semaine.
Samedi 25 juin : Je suis invité dans une paroisse voisine pour lancer une équipe « Justice et Paix » . Il y a une bonne trentaine de personnes. Nous essayons de leur donner les principes de base et des exemples d’actions concrètes qu’ils peuvent démarrer tout de suite. Mais nous voyons aussi comment ils peuvent faire passer l’information et sensibiliser toute la paroisse dans ce sens. Nous choisissons des responsables pour cela. Je les laisse conclure, car je suis invité par une équipe « Sant Egidio » en début d’après-midi pour une intervention sur « les religions, acteurs de paix ? ». J’interviens avec un représentant des religions traditionnelles, un enseignant musulman et moi-même, chacun donnant le point de vue de sa religion. Puis nous mettons nos réflexions en commun avec les participants. Cette rencontre se passe très bien, dans un excellent esprit de compréhension et de respect mutuel.
Vendredi 24 juin : Je termine mes commentaires et commence à répondre aux nombreux messages qui m’attendent, avant de partir en ville à la rencontre des animateurs des différentes radios locales. C’est important de partager nos expériences et de coordonner nos actions.
Jeudi
23 juin :
C’est le moment des vacances. Les passages sont nombreux.
Je reçois deux de nos séminaristes, l’un qui revient de
NOUADHIBOU, en Mauritanie, l’autre de GABU en Guinée Bissao. Je
suis heureux de partager avec eux leurs joies et leurs découvertes.
Deux autres qui étaient en stage chez nous viennent partager notre
repas avant de partir l’un en Guinée, à MONGO où j’ai
travaillé, l’autre au Congo… où j’ai aussi travaillé dans
les années 60-70 !
Une jeune femme vient me remercier. Elle
cherchait du travail depuis longtemps sans en trouver. Nous avons
pu l’aider et elle vient nous remercier. Nous partageons sa joie.
Mercredi 22 juin : Je me remets au travail de rédaction de mes commentaires d’Evangile et à leur enregistrement. La nuit, j’essaie de les envoyer par Internet, mais je dois m’y remettre à plusieurs fois car la connection est très faible. Dans la journée, accueil d’une mère de famille expulsée de sa maison, d’une femme atteinte d’un cancer du sein, d’une autre qui demande de la nourriture pour ses enfants, et d’un couple qui se prépare au mariage. Avant d’aller célébrer la messe dans un quartier.
Mardi
21 juin Ces
jours-ci, je me consacre à la préparation du planning de mes
émissions quotidiennes (commentaires de l’Evangile de chaque
jour) et d’en mettre au point les textes pour les faire envoyer à
mes différents correspondants par Internet. J’ai d’ailleurs un
sale coup : la batterie d’ordinateur ne charge plus ; au
bout de trois heures, coupure de courant : je perds tout mon
travail ! Il va falloir tout reprendre, et cela ne va pas
m’avancer ! De toutes façons, je devais m’arrêter pour
participer à une rencontre d’ATD quart monde. C’est pour
prolonger le séminaire dont je vous ai déjà parlé et voir
comment aider les plus nécessiteux, les personnes qui vivent dans
l’extrême pauvreté à tous les niveaux : logement,
nourriture, école et formation, habitat, ….
A mon retour, je
salue Jean, responsable d’une association de BORDEAUX qui
soutient notre dispensaire. Puis je reçois les personnes qui
m’attendent. D’abord un jeune qui quitte notre séminaire. Nous
voyons ensemble comment il peut profiter au mieux de la formation
reçue et quelle orientation il va pouvoir prendre. Je vais envoyer
un mail à sa famille, pour qu’il soit accueilli sans subir de
reproches. Il repart rassuré et en paix. Et je reçois les autres
personnes qui attendent. Je ne mange pas de bonne heure ce soir !
Lundi 20 juin : Nous nous retrouvons tous les prêtres de la ville + banlieue pour entendre les comptes rendus des différents secteurs, les évaluer et en tirer des orientations pour l’année prochaine. Cela nous permet de nous retrouver aussi dans la joie et de partager nos soucis.
Dimanche 19 juin : Nous tenons notre Conseil paroissial où nous faisons l’évaluation des activités des deux mois passés, pour en tirer les conclusions et voir comment continuer nos actions. Nous avons spécialement travaillé la question de Justice et Paix, de la Caritas, et des actions de développement, et tout le travail des Communautés de quartiers qui est notre priorité. Nous prévoyons aussi les activités de vacances avec tous les groupes, pour que les actions ne s’arrêtent pas. Puis nous commençons à voir comment nous allons organiser les JMJ diocésaines (Journées Mondiales de la Jeunesse) qui auront lieu dans notre paroisse l’année prochaine. C’est un très gros travail à préparer.
Samedi
18 juin : L’après-midi, mariage. Nous
l’avons très bien préparé, avec une très bonne participation
des deux fiancés. En effet, ces jeunes sont de deux ethnies
différentes, ce qui n’est pas toujours évident. Car souvent les
familles s’opposent fermement au mariage. Nous avons cherché à
donner la place aux deux ethnies : les parents ont introduit
les fiancés dans l’église. Devant toute l’assemblée, ils ont
accepté ce mariage, donné des conseils et béni leurs enfants,
chacun dans sa langue. Et nous avons introduit des rites
traditionnels dans la célébration du sacrement. Il y a eu de très
bonnes interventions des témoins et des participants dans la
célébration et les prières. Bien sûr, également les chants et
les danses, comme toujours, et une très grande joie.
Puis il a
fallu quitter rapidement l’église, pour commencer la messe du
samedi soir.
Samedi 18 juin : Je vais essayer de régler un problème de mariage dans une famille. Il s’agit de deux jeunes qui ont participé aux rencontres de préparation au mariage et qui veulent se marier simplement, mais la famille demande au fiancé une somme très élevée qui dépasse de beaucoup ses moyens. En effet, le système de la dot existe toujours et pour certains parents c’est devenu un moyen de s’enrichir sur le dos de leur fille, ce qui entraîne beaucoup de problèmes. Bien sûr, je n’aborde pas la question de front, mais comme je connais la famille on se comprend à demi-mot. Les deux familles doivent se rencontrer ce soir, et j’ai bon espoir que les choses vont s’arranger. Pas facile !
Vendredi
17 juin :
Visites, et travail personnel. Depuis une semaine, nous
accueillons un ami français d’une association basée à
BORDEAUX. Cette Association soutient la paroisse depuis plusieurs
années, en particulier nos deux dispensaires. Il est venu voir la
situation et étudier en particulier l’électricité solaire,
spécialement pour pouvoir conserver les vaccins, car nous avons
souvent des coupures de courant. Et aussi l’installation d’une
écographie qui pourra nous rendre de grands services. C’est
l’occasion en même temps pour parler d’un certain nombre de
choses intéressantes.
A midi, je souhaitais rencontrer une
aumônerie de collège, mais à cause de la grève des
enseignants qui continue, je dois y renoncer.
Après-midi,
nombreuses visites : un voyageur qui n’a plus d’argent pour
retourner chez lui ; une catéchiste du collège venue faire le
point de l’année ; une jeune fille qui a des difficultés
dans sa famille ; des malades et nécessiteux.
A 17 heures,
avec les responsables de la Caritas nous étudions deux petits
projets : un projet d’élevage par un étudiant handicapé
qui, vu les difficultés, préfère retourner travailler dans son
village. Et un père de famille au chômage qui veut lancer un
atelier de sérigraphie. Nous nous assurons de la validité de ces
deux activités et de l’assurance de remboursement de l’argent
de manière à pouvoir financer d’autres projets à l’avenir,
car nos moyens sont limités.
Jeudi
16 juin :
Visite à la prison. Là aussi c’est le temps du Ramadan.
La vie est donc bouleversée et ce n’est pas facile. Mais les non
musulmanes acceptent cela de bon cœur, dans l’entente avec les
autres détenues.
Les problèmes et besoins sont toujours
nombreux : solitude, besoin de parler et de se confier,
nouvelles de la famille (chaque semaine, je fais au moins une
cinquantaine d’appels dans de nombreux pays différents, sans
parler des nombreux messages que j’envoie lorsqu’elles peuvent
me donner une adresse mail) car les familles sont souvent très
inquiètes elles aussi. Et il y a également les besoins en
nourriture, médicaments, lunettes, produits d’hygiène, habits,
surtout pour les étrangères ou les Sénégalaises qui viennent des
villages éloignés et qui ne reçoivent aucune visite ni
soutien.
Je vais en Guinée, pour l’ordination d’un jeune que
j’ai formé. Une des détenues vient de cette région (la Guinée
forestière, au sud-est du pays). Je connais sa famille et nous
parlons sa langue quand je viens la voir. Elle me confie une valise
pleine d’habits qu’elle a cousus et brodés pendant son séjour,
ainsi que tout l’argent de son pécule pour que je l’emporte
pour aider sa mère. Elle n’accepte même pas que je lui fasse un
reçu. Il y a beaucoup de confiance entre nous et cela me touche
beaucoup.
Une autre détenue d’Afrique du Sud m’offre un sac
qu’elle a brodé avec un beau dessin ; et une autre me remet
un bonnet qu’elle a tricoté pour me protéger du
soleil.
Après-midi : Avec un groupe de jeune de San
Egidio, nous préparons une rencontre sur « les
religions, acteurs de paix ». Nous interviendrons à
trois : un représentant de la religion traditionnelle, un imam
musulman, et moi-même, avant de donner la parole aux participants.
C’est très important, dans le contexte actuel, aussi nous
préparons cette rencontre le mieux possible.
La nuit, rencontre
dans une Communauté de quartier.
Mercredi
15 juin :
Enregistrement d’une émission à la radio. Prévue à 10
heures, nous devons attendre jusqu’à 13 heures. Ajoutons deux
heures de voyage, aller-retour, cela fait toute une journée pour 15
minutes d’émission. Ce n’est pas rentable !
La nuit,
travail sur Internet : connexion très lente et plusieurs
coupures.
Mardi
14 juin :
Accueil. Parmi les visites, un mari qui a des problèmes de
sexualité, un jeune qui se dit marabouté, une femme renvoyée, une
autre qui a des problèmes d’argent, sans oublier les malades de
toutes sortes et les nombreuses demandes d’aide.
Après-midi :
préparation de la célébration de mariage de samedi.
Lundi 13 juin : Aujourd’hui, sortie-détente des prêtres du secteur. Mais mon confrère est parti faire ses adieux dans une paroisse de l’Est (KEDOUGOU) où il a travaillé une dizaine d’années, et il y a un enterrement à la paroisse, des préparations au mariage, une rencontre avec les handicapés, et la messe quotidienne le soir. De toutes façons, il y a une rencontre générale lundi prochain : nous nous reverrons.
Dimanche 12 juin : Comme j’ai célébré la messe le samedi soir, je prends une journée de repos. J’en ai bien besoin . De nombreuses personnes viennent frapper à ma chambre bien que la porte soit fermée, mais, exceptionnellement, je ne réponds pas. On ne peut pas tout faire !
Samedi
11 juin :
Réunion de secteur des responsables des femmes
catholiques. Entre autres choses, nous insistons pour que dans
chaque activité de recherche de fonds (kermesse, repas,
soirée dansante…) on cherche la Communion et pas seulement
l’argent, et qu’il y ait une dimension de formation,
d’entr’aide, de soutien au développement et des plus pauvres,
et de prière, conformément à notre 3ème Plan d’Action
Pastoral. Et nous réfléchissons aussi aux activités de
vacances.
L’après-midi, rencontre de la Commission des
Vocations, des Mouvements de jeunes et de la Catéchèse, comme
chaque samedi.
Vendredi 10 juin : Visite d’une Association d’handicapés de l’intérieur du pays (THIADIAYE).Nous les avons déjà aidés en habits, nourriture et autres moyens. Maintenant, ils nous demandent de prendre l’eau et l’électricité. Cela dépasse nos possibilités. De plus, nous leur expliquons qu’ils doivent contacter la Caritas locale, car nous sommes déjà submergés par les demandes sur place.
Jeudi
9 juin :
Travail sur Internet, le matin. Ca n’avance pas vite. Je
travaille en particulier le dossier d’une Association que nous
voulons lancer pour travailler avec les gens qui vivent dans
l’extrême pauvreté. C’est une priorité pour nous.
Après le repas, je reçois une jeune fille qui se prépare à être
religieuse missionnaire.
Puis les visites se succèdent
jusqu’au moment où je dois partir en ville pour une formation des
fiancés (préparation au mariage). Aujourd’hui, nous parlons de
l’amour et du sacrement.
Mercredi
8 juin :
L’une des Radios où j’envoie mes émissions a perdu tous
les enregistrements de commentaires d’Evangile de l’
année dernière que j’utilisais à nouveau cette année, puisque
ce sont les mêmes textes. Heureusement que je les avais copiés sur
une clé. Je pars donc en ville pour leur apporter mes copies.
Notre
doyen (90 ans) est encore à l’hôpital, après son
opération. Je profite d’être en ville pour aller le voir. Nous
prenons un bon moment pour parler car nous nous connaissons bien.
Nous avons vécu 15 ans ensemble à St Louis du Sénégal. Puis je
rentre chez nous, mais retardé par de nombreux bouchons j’arrive
après le repas. Pas grave !
Messe le soir dans notre 2ème
secteur. Je reste dîner chez les Sœurs. Nous prenons le
temps de parler longuement pendant et après le repas.
Mardi
7 juin : Je
retourne au Collège, cette fois-ci pour faire l’évaluation des
cours de morale avec les élèves musulmans, qui bien sûr ne
suivent pas les cours de catéchèse des chrétiens. Mais nous avons
mené avec eux une réflexion qui permette non seulement une
formation aux mêmes valeurs mais des actions communes avec leurs
camarades chrétiens. D’abord une réflexion sur les thèmes de
la miséricorde, de la paix et de la famille, et aussi des DVD sur
la vie des prophètes de l’Ancien Testament qui nous sont
communs.
L’après-midi, je retravaille un article que l’on
m’a demandé sur la non-violence, pour la concrétiser et
ajouter des pistes d’action concrètes.
Et le soir, comme
chaque fois que je n’ai pas réunion ou formation, je travaille
sur Internet : réponses aux mails et aux nombreux
messages sur Face Book. Je suis interrompu par deux coupures de
courant, mais qui ne durent pas longtemps. La batterie de mon
ordinateur ne charge pas, aussi je fais attention pour enregistrer
mon travail au fur et à mesure, sinon je perds tout. Pas facile !
Lundi
6 juin :
Réunion mensuelle des prêtres du secteur (doyenné). Nous
faisons l’évaluation de l’année et préparons les orientations
et le travail de l’année prochaine. Les idées ne manquent pas.
Il faudra voir comment les mettre en pratique.
Au retour, je pars
au Collège pour faire le point de l’année et tirer les
premières conclusions de l’année. J’amène aussi la liste des
actions menées par les élèves durant cette Année de la
Miséricorde. Elles vont être affichées dans chacune des
classes.
Dans les écoles publiques, la grève se poursuit
et cela devient dramatique. Les professeurs ont décidé de retenir
les notes et de boycotter les épreuves du baccalauréat, à cause
du manque d’entente avec le Gouvernement sur les questions de
salaire et d’avancement. Ce sont les élèves et le pays qui
subissent les conséquences.
Puis j’accueille une jeune fille
dont la mère est gravement malade. Enfin, une mère de famille qui
va se faire opérer et qui est très inquiète.
Aujourd’hui
commence le Ramadan. C’est un grand événement qui va marquer
profondément tout le pays, à plus de 90% musulman. J’assure les
amis de mon soutien et de ma prière. En parlant, j’essaie de leur
donner aussi avec respect un sens plus spirituel du jeûne et une
dimension plus approfondie du Carême que la simple privation de
nourriture. Beaucoup sont très réceptifs à cette dimension. De
même qu’ils ont prié pour nous pendant notre Carême.
Dimanche
5 juin :
Après la messe dans notre 2ème secteur, je
rejoins la kermesse qui est parrainée par une (des rares) ministre
chrétienne. Je la connais déjà, en particulier par
l’intermédiaire de la JOC. Malgré la foule, nous prenons un
moment pour parler ensemble. A midi, je rejoins un ami que je
prépare au mariage, pour rencontrer sa mère et des parents venus
de Casamance au sud du pays. Ils ont eu de la peine à venir, car il
y a des tensions entre le Sénégal et la Gambie et la frontière
est bloquée.
Un jeune m’appelle ; il se dit possédé par un
mauvais esprit. Je l’écoute et cherche à lui redonner un
peu de paix.
Samedi
4 juin : Nous
commençons une neuvaine de prières pour les examens. Au
lieu de reprendre une prière « traditionnelle »,
inadaptée à notre situation et à notre culture, nous avons
composé une prière spéciale, avec les élèves eux-mêmes.
Je
voulais sortir, je trouve mon vélo à nouveau crevé. En réparant,
le vulcaniseur casse un des freins. Je pars chez un mécanicien. Il
me connaît de vue, et en m’entendant parler ouolof avec des gens
de passage qui me connaissent bien, il me fait la réparation
gratuitement. De telles choses arrivent chaque jour. Cela
entretient l’amitié, et c’est bon pour le moral !
Le
ramadan commence lundi. De nombreux amis musulmans nous
demandent de prier pour eux, comme ils ont prié pour nous pendant
le Carême. Déjà dimanche dernier, une trentaine d’élèves
musulmans ont participé à la récollection, avec l’autorisation
de leurs parents. Et hier, une vingtaine de jeunes filles musulmanes
ont voulu venir à la messe du Centre. Pendant ce temps-là, une
attaque de Boko Amam a tué une vingtaine de soldats au Niger. Et
les Chefs d’États d’Afrique de l’Ouest sont réunis à Dakar
pour voir comment lutter contre le terrorisme. Ils viennent d’élire
à leur tête une femme, Helen SURLEAF, la Président du
Libéria.
Réunion de la Caritas du secteur. Pendant ce temps-là,
nous sommes en pleine préparation de la Kermesse.
L’après-midi,
je reçois un couple mixte (chrétienne-musulman) pour
préparer leur mariage. Nous nous connaissons déjà et ils sont
décidés à bien s’engager, dans le sérieux et le respect de la
liberté de chacun. Pour la célébration, nous voyons comment
intégrer les rites du mariage traditionnel et donner leur place aux
deux familles, tout en fêtant ce mariage de la façon la plus
simple possible, comme témoignage et pour réagir contre les
dépenses excessives qui accompagnent de plus en plus les mariages
et autres cérémonies.
La nuit, je trouve un moment pour mes
émissions radio car j’ai pris du retard, et en plus je
dois en revoir certaines.
Vendredi
3 juin : On
approche de la fin de l’année. Aujourd’hui, je célèbre deux
eucharisties de clôture. D’abord à notre collège, pour dire
merci pour l’année, prier pour les examens et préparer les
vacances. Nous avons une belle célébration avec des images
et tableaux, chants animés, théâtre, et une excellente
participation des élèves. Il est vrai que je les connais bien
maintenant, et nous avons bien préparé la cérémonie avec la
Commission Liturgie, en introduisant des gestes, danses et symboles
appropriés.
Je veux partir tout de suite au Foyer des jeunes
filles, où je dois dire aussi la Messe de clôture. Mais je trouve
mon vélo crevé. Je me replie sur les transports publics, mais il
n’y en a pas beaucoup, et pas de ligne directe. Du coup j’arrive
en retard. Heureusement, elles sont patientes ! Là encore, une
belle célébration, où nous reprenons toutes les activités dans
la joie, qui se termine par les danses et une remise de cadeau :
une belle chemise, faite par les filles elles-mêmes. Et une série
de photos sur les téléphones portables.
Il reste deux
activités : la journée de sanctification des prêtres,
journée de prières et de réflexion, et une rencontre organisée
par le Mouvement de la JOCF pour les jeunes travailleuses sur le
travail décent pour les salariées mais surtout pour toutes
celles qui font des petits métiers, sans aucune assurance,
protection, sécurité ni salaire régulier. Un énorme problème.
Jeudi
2 juin :
Comme chaque jeudi, je vais à la prison. Les femmes
m’attendent avec joie. Je fais connaissance avec la nouvelle
assistante sociale, qui arrive aujourd’hui, après un long temps
de vacances. Nous allons pouvoir travailler ensemble. Un des gardes
(musulman) doit passer un examen à la fin du mois. Il me demande de
prier pour lui. Je vais le faire bien sûr ! Les demandes des
femmes sont variées, à tous les niveaux. Je vais faire au mieux
pour les aider.
A midi, nous recevons à table la nouvelle
catéchiste du Collège. Nous allons pouvoir faire
connaissance. Elle est très motivée et très humaine. Elle s’est
mise tout de suite au travail et nous a bien aidés dimanche à la
récollection.
A mon retour, des gens m’attendaient. En
particulier une dame étrangère, abandonnée par son mari et qui
cherche du travail. Ceux qui cherchent ainsi du travail sont
très nombreux et nous ne savons pas comment les aider. C’est
vraiment triste.
Mercredi
1er
juin : Tôt
le matin, je pars en ville pour enregistrer une émission à la
télévision sur l’écologie. Je pars de la Lettre du Pape sur
le respect de la Création, « Loué sois-tu ». Il y a
beaucoup de choses à dire, je vais à l’essentiel.
L’émission
a beaucoup duré, aussi j’arrive en retard à la Police des
étrangers pour ma demande de carte de séjour. Cela
fait 5 ans que j’attends, en retournant tout les trois mois pour
un tampon ! Mon dossier a été perdu, et j’ai dû en refaire
tous les papiers…. et il y en a beaucoup : casier judiciaire,
acte de naissance, certificat de résidence, photocopies des cinq
premières pages du passeport, visite médicale, etc…
Heureusement, je connais les policiers et ils acceptent de me
prendre en charge bien que ce soit la pause. Cela m’arrange
bien.
Les délégués spiritains des 4 pays d’Afrique de
l’Ouest de notre Province sont venus, comme chaque trimestre,
pour leur Conseil. Je pensais les rencontrer à midi, c’est raté !
Je rentre à Pikine, car j’ai la messe ce soir dans notre 2ème
secteur, à Thiaroye.
La nuit, je réponds aux messages les plus
urgents. Les autres attendront un peu !
Mardi 31 mai : Après le travail, je retrouve le personnel de notre dispensaire pour une réflexion sur le mariage et la famille, à partir de la Lettre du Pape « La joie de l’amour ». Les réactions sont nombreuses, car les problèmes ne manquent pas.
Lundi
30 mai : Le
secrétaire et la cuisinière étant de repos, je me charge de leur
travail, surtout pour accueillir les gens. Pour le repas,
notre cuisinière a déjà préparé quelque chose que nous ferons
réchauffer. Nous aurons aussi à faire la vaisselle, ce qui n’est
pas trop difficile ! D’ailleurs, nous faisons cela tous les
soirs. Mais le plus important, c’est le suivi des réparations
de l’église. En effet, elle a plus de 50 ans et le climat et
la mer ne la ménagent pas ! Nous avons voulu refaire
simplement la peinture et l’installation électrique, mais nous
avons découvert des fissures dans les murs. De plus, le sol a
travaillé et une partie des fondations a commencé à glisser. Cela
ne va pas être simple.
En même temps, il y a la préparation
de la kermesse. C’est également un très gros travail, mais
qui nous aidera à vivre et aussi pour la réfection de
l’église.
Puis, j’ai un certain nombre de rendez-vous
prévus : préparation des fiancés au mariage, rencontre de
couples qui ne s’entendent pas.
Comme chaque lundi, mon
confrère et moi-même nous célébrons ensemble l’Eucharistie.
Les autres jours, nous sommes chacun dans un secteur, en
alternant.
Conférence nationale. Il y a beaucoup
de tensions et de grèves dans le pays, en particulier dans
l’enseignement et la santé. Et des bagarres et oppositions entre
les partis politiques (plus de 250 partis actuellement). Le
Président de la République a décidé de lancer une concertation
nationale en invitant des représentants des différentes couches et
organisations de la Société. Un dialogue de 8 heures, où on a
écouté plus de 50 intervenants. Après cette première
rencontre, des réflexions vont être organisées sur les thèmes
retenus, avec les personnes concernées. Le responsable des laïcs
catholiques est intervenu lui aussi. Je vais le voir et nous tirons
les premières conclusions de cette rencontre, et voyons comment
envisager la suite.
Aujourd’hui, l’ancien dictateur du Tchad,
Hissein Habre, a été condamné à la perpétuité. Son
procès a duré de longs mois. C’est un grand soulagement pour les
familles des milliers de personnes qu’il a fait tuer. Et un grand
signe d’espoir de voir qu’un dictateur africain est jugé en
Afrique, par un tribunal de l’Union Africaine. Les choses
avancent !
Ce lundi, des élèves (filles) sont venues me
voir. Elles préparent un exposé sur le naufrage du bateau
Diolla, en 1992, complètement surchargé. Il y a eu près de
2.000 morts. Beaucoup plus que pour le Titanic. Chaque année, nous
organisons un Cérémonie entre chrétiens et musulmans, avec les
familles et les orphelins, en leur souvenir.
Dimanche 29 mai : Récollection des élèves. Le Collège a mis à notre disposition trois cars. Ils sont remplis. Nous allons au Monastère de KEUR MOUSSA, à 55 km. Le thème de notre rencontre est : Etre chrétien, c’est quoi ? ». Les élèves répondent, en petits groupes, à deux questions : 1) Qu’est-ce qui me plaît dans Jésus ? 2) Comment vivre comme Jésus, en famille, à l’école et dans le quartier ? - Après avoir assisté à la messe du Monastère, nous partageons nos idées, puis ce que nous avons apporté à manger. Ensuite nous prions à l’occasion des examens à venir, avant de voir comment bien vivre nos vacances. Après ce temps intense de réflexion , les élèves se défoulent en chantant durant tout le retour. Encore une belle journée qui laissera des traces et portera du fruit.
Samedi
28 mai :
Notre Commission des Vocations part ce matin au grand
séminaire pour rencontrer les jeunes qui se préparent à la
prêtrise et parler avec eux. Pour échanger nos idées. Nous leurs
apportons de la nourriture, car ils sont 70 environ et ce n’est
pas facile de nourrir ces jeunes. Notre échange est très
intéressant de part et d’autre.
L’après-midi, je rencontre
un couple mixte, chrétienne et musulman, pour préparer leur
mariage. C’est un couple très mûr et qui vit une vie de couple
très enrichissante.
Vendredi
27 mai :
Après la prière du matin, à 6 heures, je retourne me
coucher pour être à peu près en forme, car aujourd’hui j’ai
trois séances au Collège avec les élèves de 4ème et
3ème, de 10 à 13 heures.
Les élèves des collèges
publics ont repris les cours ce matin (fin de la grève des
enseignants). Je pars donc aussitôt à la pause pour rencontrer
deux aumôneries de collège.
Jeudi
26 mai : Un
étudiant doit faire une conférence sur les drogues et le
tabagisme, en ouolof. Bien que ce soit sa langue, il ne sait pas
très bien comment se débrouiller. En effet, jusqu’à maintenant,
on étudie en français et on n’étudie pas les langues
nationales, ce qui est vraiment très dommage. Les gens ne savent ni
lire ni écrire leur propre langue. Je lui fais part de mon
expérience et lui donne quelques conseils.
A midi, je rencontre
à nouveau deux classes, sur la Miséricorde.
L’après-midi, je
pars enregistrer une émission à la télévision sur la
non-violence, à partir d’un article que j’ai écrit. Cette
émission m’intéresse, car, après une introduction, les
participants interviennent pour apporter leurs contributions et
poser des questions. Cela donne une émission très suivie et très
intéressante ; certaines interventions sont vraiment très
riches.
Mais je rentre tard : bouchons et manque de car.
Mercredi
25 mai : Ce
matin : travail personnel, interrompu par de nombreuses
visites : soutien et conseils.
A 10 heures, le nouveau
responsable de la Caritas d’une paroisse voisine vient me
voir pour savoir comment nous travaillons. Je lui explique nos
différentes activités, avec les étapes que nous avons suivies
depuis mon arrivée à Pikine, il y a deux ans et demi. Nous parlons
longuement, car il est décidé à faire quelque chose. Mais je dois
le quitter pour une nouvelle intervention sur la Miséricorde, au
Collège. Il me demande de venir faire une formation dans sa
paroisse.
L’après-midi, rencontre trimestrielle de notre
équipe apostolique : prêtres et religieuses. Nous
faisons le tour de nos activités, pas seulement à la paroisse mais
aussi nos activités professionnelles (enseignement, santé,
formation des jeunes filles, accueil des immigrés) et nos
activités dans les quartiers et la Société Civile. C’est
important et très encourageant d’entendre chacun parler de ses
efforts et de ses soucis. De plus, au fur et à mesure chacun
apporte ses idées et ses propositions. Cela nous permet de bien
avancer ensemble. Le partage commencé par un temps de prière se
termine par un repas pris ensemble dans la joie.
Mardi
24 mai : Je
prépare mes émissions à la radio. J’arrête pour une longue
conversation avec une étudiante musulmane qui est très
marquée par Jésus Christ. Il n’est pas possible pour elle de
devenir chrétienne car sa famille s’y oppose absolument. Nous
cherchons comment elle peut vivre les valeurs de l’Evangile, et
surtout vivre avec Jésus-Christ, dans sa foi musulmane. Je la
laisse à midi, pour rencontrer deux nouvelles classes au
Collège.
L’après-midi, réunion du Bureau des Femmes
catholiques. Nous cherchons comment agir selon nos quatre
objectifs : Formation humaine et formation chrétienne,
engagement dans la paroisse et dans le quartier. Puis nous abordons
la question de l’alphabétisation, et celle du soutien des
veuves. Avant de passer à la préparation de la kermesse, ce qui
est un gros travail.
Lundi
23 mai :
Journée de repos et donc d’accueil. Pour les jeunes, ce
sont souvent des questions de mariage.
A midi, je retourne au
Collège pour les évaluations des actions de miséricorde, avec
deux autres classes. Nous intervenons à deux : un
enseignant musulman et moi-même. Les jeunes se connaissent
bien, c’est important qu’ils puissent partager entre eux en
profondeur.
Dimanche 22 mai : Je suis invité dans une autre paroisse . Après la messe, nous nous retrouvons pour réfléchir sur le thème : « Engagement et Politique ». Nous prenons le temps d’écouter un certain nombre de témoignages. Et nous insistons sur l’engagement dans le quartier, les Communes et la Société Civile. Nous avons un partage très intéressant. Mais il va falloir passer à l’action ! En attendant, je vais leur envoyer au moins quelques documents de formation.
Samedi 21 mai : La fin de l’année approche. Nous avons décidé de réserver cette journée pour nous retrouver entre religieux hommes et femmes pour une journée d’amitié, mieux nous connaître et resserrer les liens entre nous : cela nous permettra de mieux travailler ensemble. Nous prenons aussi un temps pour prier ensemble. Nous passons une très bonne journée.
Vendredi
20 mai :
Aujourd’hui, et toute la semaine suivante, en prenant les
classes deux par deux, ensemble chrétiens et musulmans, nous
faisons l’évaluation avec les élèves des actions de
miséricorde qu’ils ont menées pendant l’année au Collège,
dans la famille et dans le quartier. Ils ont vraiment fait des
actions intéressantes que nous cherchons à mettre en valeur.
Puis
je rejoins les élèves d’un Collège public à la pause de
midi (aumônerie) pour parler de leur vie à l’école, et de la
grève des enseignants qui perturbe énormément les cours.
Jeudi
19 mai :
Matin : visite à la prison.
Après-midi :
enterrement d’un père de famille, puis réunion des
femmes.
Nuit : Rencontre dans une Communauté de
quartier.
Mercredi
18 mai : Je
pars en ville, en ayant regroupé plusieurs activités à cause des
nombreux bouchons qui font perdre beaucoup de temps. D’abord, je
passe en vitesse à notre Maison principale voir un confrère âgé
et malade. Ensuite, je vais au Tribunal chercher un extrait de
casier judiciaire (je dois refaire ma carte de séjour). Je
suis avec une voiture et pas en vélo cette fois-ci, car nous
amenons des habits qui ont été rassemblés pendant le Carême.
Nous les apportons à la Caritas diocésaine ; avec la
saison sèche, plusieurs villages ont brûlé et les gens sont dans
le besoin. Au Tribunal, on me fait passer de bureau en bureau, et il
faudra revenir demain pour des pièces que j’avais déjà
fournies, mais le dossier a été égaré ! Et il faut refaire
toutes les démarches. Nous avons passé beaucoup de temps ici, nous
reprenons la voiture et nous sommes coincés en plein bouchon, je ne
peux donc pas faire les autres démarches que j’avais prévues.
Pour une fois que je viens en voiture !... au moins en vélo
on peut se faufiler entre les véhicules !
L’après-midi,
réunion des différents mouvements de jeunes. Mais je les
laisse pour accueillir les gens qui sont venus demander conseils
et assistance : une femme étrangère chassée par son
mari avec ses cinq enfants et qui veut retourner au BURKINA FASO ;
une autre qui doit être opérée mais n’a pas d’argent ;
une jeune désemparée ; une jeune mariée qui ne peut pas
avoir d’enfant ; d’autres malades, des nécessiteux. Nous
voyons avec les responsables de la Caritas comment faire au
mieux.
Ce n’est que la nuit que je peux me mettre à mon
ordinateur pour accueillir d’autres problèmes et d’autres
demandes sur Internet et sur Face Book.
Mardi 17 mai : Je m’isole toute la journée pour finaliser un article que l’on m’a demandé sur la violence. C’est un gros boulot.
Samedi
14 mai :
Aujourd’hui, un certain nombre de personnes ne travaillent
pas, aussi les visites sont nombreuses et variées.
Plus
de 200 jeunes se préparent depuis plusieurs semaines pour récupérer
des fonds pour la marche pèlerinage. Chaque année,
profitant du congé du lundi de Pentecôte, se tient le pèlerinage
national à 70 km de Dakar : Notre-Dame de POPENGUINE. La
grande célébration a lieu le lundi, avec plus de 100000
personnes. Les chrétiens sont très minoritaires dans le pays,
mais ils tiennent d’autant plus à se regrouper à cette occasion.
Les jeunes, eux, marchent en priant depuis le samedi. Ils sont
environ 10000, dans une ambiance de joie extraordinaire, venus de
tout le pays, et même des pays environnants. Ils ont vécu déjà
une neuvaine de prières et de réunions pratiques, et ils ont un
carnet pour les aider à la prière et la réflexion tout au long de
la route. Le thème de cette année est : « Avec Marie,
soyons témoins de la Miséricorde de Dieu ». Bien sûr, j’ai
préparé mes interventions aux différentes radios et télévisions
dans ce sens, pour marquer l’évènement.
A l’issue de ce
grand rassemblement, nous rentrons très fatigués, mais heureux.
Vendredi
13 mai :
Comme d’habitude, je pars au Foyer des jeunes filles.
L’une d’entre elles fête son anniversaire. Elle a préparé des
petits gâteaux et nous la fêtons dans la joie. Puis nous
réfléchissons ensemble à la vie en famille. Ce n’est pas facile
pour les filles. Au retour des cours, elles doivent assurer le
travail de la maison, tandis que les frères se reposent et même
se font parfois servir par elles. Et ce n’est pas facile pour une
fille de parler avec son frère, qui s’impose souvent comme chef
de famille. Il faut trouver la manière et souvent passer par un
intermédiaire, surtout s’il s’agit de leur mariage. Difficile
de faire évoluer les mentalités !
A la pause du midi, je
voulais aller rencontrer des élèves, mais les enseignants
sont de nouveau en grève pour des questions de salaires et
d’avancement. Cela dure depuis le début de l’année. Le
Gouvernement a signé des accords, mais il n’arrive pas à les
respecter. Les élèves n’y peuvent rien, et leurs parents ont de
la peine à se mobiliser. Cela est très inquiétant pour l’avenir
du pays, car les arrêts de travail se répètent pratiquement
chaque année.
La nuit, nouvelle rencontre de préparation au
mariage. Nous réfléchissons à la sexualité du couple.
Jeudi
12 mai : Le
matin, nouvelle visite à la prison des femmes. Beaucoup de
joies, mais aussi beaucoup de souffrances, surtout pour les
étrangères qui n’ont ni nouvelles de la famille, ni visite, ni
nourriture, médicaments ou soutien.
Au retour, j’apprends que
notre doyen a été hospitalisé d’urgence. Je me dépêche
d’aller aux nouvelles. Puis je rentre pour la réunion des
femmes. Après un temps de prière, elles passent à la préparation
de la kermesse. C’est un gros travail, mais grâce aux
services bénévoles, aux dons et à la participation de beaucoup,
cela nous donne des moyens de vivre et de travailler.
La nuit,
comme chaque jeudi où je suis libre, je participe à la réunion
d’une communauté de quartier.
Mercredi
11 mai : Je
vais au Port récupérer trois colis de livres pour nos
étudiants. Comme d’habitude les formalités sont longues et
compliquées. J’y passe toute la matinée.
L’après-midi,
confessions pour les adultes qui vont recevoir la Confirmation
dimanche, en ouolof, car la plupart ne comprennent pas le
français. Même le ouolof n’est pas leur langue maternelle.
La
nuit, je profite du silence pour enregistrer mes émissions radios.
Mardi
10 mai : Les
visites continuent : problèmes de familles, de mariage, de
maladies et de chômage. Nous ne pouvons pas tout solutionner, mais
au moins accueillir, écouter et conseiller. Et essayer de les
mettre en relation avec des gens qui peuvent les aider, et d’abord
avec nos communautés de quartiers.
Aujourd’hui, nous sommes en
lien avec la célébration de l’abolition de l’esclavage. Au
long de la journée, je tiens aussi plusieurs séances de travail
avec la Caritas et Justice et Paix. Je rencontre aussi deux couples
pour la préparation au mariage.
Lundi
9 mai :
Journée de repos pour les différents travailleurs de la
paroisse, aussi en plus de la permanence nous devons
accueillir les gens, régler les problèmes matériels et de
secrétariat, faire la cuisine (ou plutôt réchauffer ce que notre
cuisinière a préparé la veille), ou, le plus souvent, les restes
du dimanche, tout cela en accueillant les personnes qui viennent
pour leurs problèmes particuliers.
Et ainsi, je n’avance pas
beaucoup dans mon travail personnel.
Dimanche
8 mai : Je
pars à l’Ile de Gorée, au large de Dakar, d’où ont été
emmenés de nombreux esclaves vers l’Amérique. Je dois assurer
une Journée de formation sur le mariage et la famille, pour mettre
en pratique le Synode de la famille, dans la ligne du Pape François
« La joie de l’amour ». Car il est essentiel d’en
tirer les conclusions et de passer à l’action.
Je suis invité
par un confrère que je connais bien. Nous avons travaillé
plusieurs années ensemble à mon ancienne paroisse, à la prison et
à l’hôpital. Nous nous comprenons et nous nous complétons
parfaitement. Je suis très heureux de travailler avec lui et de
retrouver cette communauté que je connais bien. Je suis accompagné
par un de nos séminaristes qui vient avec moi chaque week end pour
sa formation pratique. Lui aussi apprécie cette formation où nous
ne manquons pas d’aborder les questions concrètes de
l’avortement, de l’homosexualité, du divorce et de beaucoup
d’autres choses. Les participants montrent une grande soif de
comprendre, mais aussi un esprit très ouvert.
Ensuite, pendant
le repas, nous prenons un bon moment pour parler de nos activités
actuelles. Nous avons beaucoup de choses à nous dire et nous
pouvons parler en toute confiance.
Avant de partir, je montre à
l’étudiant qui m’accompagne, originaire de Guinée Bissao,
cette Ile historique, base de départ de la colonisation de
l’Afrique de l’Ouest, longtemps disputée par les différentes
puissances coloniales, et aussi hélas point de départ des esclaves
vers l’Amérique.
Puis nous reprenons la chaloupe vers
Dakar.
C’est la journée des media. Au retour, je passe
à la rencontre des intervenants dans les différents journaux,
radios et télévisions. Je n’ai malheureusement pas pu y
participer, mais ceux avec qui je travaille sont présents. Ils me
feront le compte-rendu.
J’étais aussi invité à une fête de
mariage, mais ce n’est pas ma priorité.
Samedi
7 mai :
Réunion de la Caritas du secteur. Nous évaluons en
particulier la visite à la prison. Et l’après-midi, rencontre de
la Caritas paroissiale où nous préparons nos activités locales.
Entre temps, j’assiste au départ de la centaine de jeunes qui
vont recevoir le Sacrement de Confirmation. Pour les adultes, ce
sera samedi prochain, à la fête de Pentecôte.
Nous avons aussi
deux mariages aujourd’hui.
Vendredi 6 mai : Je descends en ville, au Centre de formation des jeunes filles, comme tous les 15 jours. A la pause du midi, je pars chez une amie qui m’aide à saisir mes documents, avec beaucoup de gentillesse et de compétence. D’habitude j’enregistre mes textes sur un vieux magnétophone à cassettes que j’utilise depuis plus de 50 ans, alors que j’étais au Congo. C’était du bon matériel, simple mais solide. Et il est vraiment arrivé à bout de souffle ! Il est impossible de trouver des pièces de rechange, donc il va falloir examiner sérieusement la question. En attendant, je dicte directement mes textes. En deux heures, nous arrivons à avancer le travail le plus urgent, et je continuerai moi-même pour le reste.
Jeudi 5 mai : Fête de l’Ascension. Au cours de la grand messe, nous célébrons la première étape du baptême des catéchumènes enfants, jeunes et adultes. Ils sont présentés par les catéchistes et accueillis par les responsables de Communautés, avant d’entrer dans l’église, reçus par toute la Communauté. Une grande joie !
Mercredi 4 mai : Le matin, accueil de personnes nécessiteuses et travail avec la Caritas. L’après-midi, réunion des différents Mouvements de jeunes et d’enfants. Puis je vais bénir une maison et prier avec une famille en difficulté.
Mardi
3 mai :
Depuis que je me suis mis sur Face Book, je reçois de
nombreux messages, spécialement des jeunes, chacun avec son
problème, avec une grande liberté de parole. Et ceux qui habitent
à Dakar et environs viennent me voir. Aujourd’hui, j’en
accueille une dizaine : problèmes de chômage, de maladie, de
mariage, difficultés de relations en famille, dans le quartier ou
au travail pour ceux qui ont la chance d’en avoir et qui doivent
accepter des conditions difficiles : travail bénévole non
payé, stagiaires renvoyés à la fin du stage, salaires non payés,
pas de sécurité sociale, etc…
Avec cela, la journée passe
vite et ce n’est que la nuit que je peux me mettre à la rédaction
de documents et à la préparation de mes différentes
interventions. Et le lendemain, il faut me lever de bonne heure car
c’est moi qui assure la prière et la messe du matin au Centre,
cette semaine.
Lundi 2 mai : Comme chaque mois, nous nous retrouvons tous les prêtres des dix paroisses de notre secteur. Aujourd’hui nous travaillons spécialement au sujet de la Commission Justice et Paix : en quoi elle consiste ? Comment agir nous-mêmes dans ce sens ? Comment former les gens à la justice et à la paix ? Comment lancer une équipe ?.... Les questions ne manquent pas. Je vais envoyer les documents nécessaires pour continuer la réflexion et passer à l’action. Il reste la question si importante du respect de l’environnement que nous n’avons pas eu le temps d’aborder. Ce sera pour une autre fois, car il nous faut ensuite réfléchir aux différentes questions pratiques de notre travail pastoral.
Dimanche 1er mai : C’est la Fête du Travail ; avec ses défilés et ses discours, suivis de la remise des cahiers de doléances au Président de la République. Comme le gouvernement cherche à agir au niveau social, chaque groupe professionnel se réveille avec ses revendications. Et, bien sûr, ce sont ceux qui ont déjà le plus de privilèges et le plus de pouvoir qui parlent le plus fort, en pensant d’abord à eux-mêmes plus qu’aux nécessiteux, et même plus qu’au bien du pays. Mais le Président a été clair et courageux. Il affirme officiellement : « Cette année sera une année sans cahiers de doléances. On se repose un peu. Il y a des limites dans les revendications. …. On ne pourra pas aligner la hausse des salaires sur les salaires les plus élevés ». Car il y a deux problèmes. D’abord, que ces manifestations tournent souvent au folklore et à des grandes déclarations qui ne vont jamais être appliquées. Mais au moins ça se passe dans la joie et sans violence. Ensuite, c’est que ce sont seulement les travailleurs salariés, avec tous les avantages que cela comporte (retraite, assurance maladie, mais aussi habitat et toutes sortes de primes et d’avantages), alors que la très grande majorité de la population, sans salaire assuré, ni sécurité, travaille dans le secteur informel : ce sont les pêcheurs, les paysans et les travailleurs des mines qui assurent les revenus du pays. Mais cet argent reste en ville, pour une classe privilégiée qui est au pouvoir, et ne retourne pas à la base dans les villages où il n’y a ni eau, ni électricité, ni école, ni dispensaire. Sans parler de tous les chômeurs et tous ceux qui se débrouillent dans le secteur informel pour faire subsister leur famille, on ne sait comment. La situation est donc complètement différente de ce qui se passe en Europe, d’où l’importance de nos actions avec la Caritas, Justice et Paix, ATD Quart Monde, pour la défense des plus pauvres, les petits projets, la lutte pour un travail décent, la recherche d’un logement pour les plus pauvres (car les logements dits sociaux ne sont accessibles qu’aux plus riches), et tant d’autres choses.
Samedi
30 avril : Ce
matin, je retourne à la prison, accompagner l’équipe de
la Caritas de notre secteur. Ils ont apporté un certain nombre de
produits (nourriture, produits d’hygiène, médicaments…), sans
oublier des choses pour les bébés qui sont avec leurs mères, de
0 à 3 ans . La directrice leur fait visiter les chambres et les
différentes installations. Ils prennent le temps de parler avec les
détenues. Celles-ci improvisent une danse pour les remercier.
Pendant ce temps, j’accueille celles qui veulent me voir, chacune
selon son désir et ses besoins.
Le soir, nous organisons un
repas de bienfaisance au profit de la paroisse ; il nous faut
collecter des fonds, nous en avons bien besoin !
Tout ce
week end, je participe à la retraite de Confirmation pour les
jeunes (les adultes ont déjà reçu le Sacrement). Ils sont
environ 120.
Vendredi
29 avril :
Après un moment de travail sur Internet, je pars en ville
participer à une messe pour le papa d’un confrère, décédé au
Cameroun. Il dirige le Centre de Formation religieuse. Les
étudiants, comme les professeurs, sont venus nombreux.
Profitant
d’être en ville, je pars à notre Maison centrale visiter notre
confrère le plus âgé qui est malade.
Au repas, j’ai
l’occasion de partager longuement avec les confrères présents.
Et avec les responsables d’une chorale Gospel lancée par un
confrère à Metz, venus au Sénégal apporter leurs bénéfices
pour soutenir une école dans le sud, en Casamance (construction de
classes et forage d’un puits).
Puis je rentre juste à temps
pour la messe à Pikine.
Le soir, nouvelle rencontre de
préparation au mariage. Nous parlons de l’éducation des
enfants.
Jeudi
28 avril :
L’ONG « Médecins du Monde » organise une
rencontre sur la régulation des naissances. Elle me demande
de présenter la dimension culturelle, sociale et religieuse de la
question. J’interviens avec une gynécologue musulmane que je
connais bien. Et nous travaillons également bien ensemble. Nous
formons le personnel des treize dispensaires et les « personnes
ressources » animateurs de quartier. Ceux-ci devront ensuite
répercuter la formation à la base.
15 heures. Je vais jeter un
coup d’œil aux « Journées culturelles »
de notre Collège. Mais je suis très déçu. L’animation se
résume, - avec une sono branchée toute la journée, au maximum,
qui inonde tout le quartier (alors que nous avons un enterrement à
l’église, juste à côté)- à un match de football et à un
« artiste » que l’on paye très cher : chaque
élève doit cotiser 1.000 francs CFA. Au lieu de développer la
créativité des élèves en composant des chants, des poèmes ou
théâtre par eux-mêmes. Je me demande quelle culture on veut faire
vivre aux élèves et quel avenir on prépare pour eux et avec
eux.
A mon retour, un réfugié sierra léonais m’attend,
plein d’espoir, car il a entendu que je parle sa langue.
Mercredi 27 avril : Travail à la maison ; préparation de la rencontre de demain et messe dans notre 2ème secteur.
Mardi
26 avril :Comme
chaque jour, mon travail pour les media est interrompu
plusieurs fois par des visites et des demandes d’aide. Ce
matin, une famille qui arrive du Libéria avec un bébé malade :
je l’oriente tout de suite vers notre dispensaire. Ensuite, un
Nigérian expulsé de Mauritanie parce qu’il n’avait pas de
papiers en règle, pourtant il travaillait régulièrement dans une
usine de poissonnerie à NOUADHIBOU. Nous avons dans cette ville une
communauté qui soutient activement tous les travailleurs étrangers
et les migrants voulant aller en Europe et bloqués à la frontière.
Je reçois également un vieillard venu chez son fils à Dakar pour
se faire soigner et ne l’a pas trouvé (son fils a déménagé et
on ne sait pas où il est). Entre temps, j’apprends le décès
d’une femme du quartier. Nous avons beaucoup de décès en ce
moment.
L’après-midi, travail avec le responsable de Caritas.
Il y a beaucoup de choses à voir.
Le soir, je vais assister
à la messe dans une paroisse voisine, pour la mère décédée
d’une jeune fille de notre paroisse, très engagée dans les
activités.
Lundi
25 avril :
Jour de congé pour notre secrétaire. Comme chaque lundi,
nous assurons donc le travail à sa place et cela nous demande de
rester au courant des problèmes. En même temps, nous sommes
présents pour accueillir, écouter, soutenir les personnes qui se
présentent et souhaitent nous parler.
A la pause du midi, je
pars à notre Collège rencontrer l’équipe liturgique pour
préparer les activités du 3ème trimestre : les
prières du mois de mai, l’évaluation de l’année de la
Miséricorde, la récollection des collégiens, la préparation des
examens, la messe d’actions de grâces à la fin de l’année, et
la préparation des vacances.
Le soir, nous tenons une réunion
importante pour évaluer nos engagements dans la société. Nous
rassemblons nos délégués auprès des mairies, les responsables
des Commissions –dont Caritas et Justice et Paix-, les
responsables des Communautés de quartiers, les responsables des
femmes et ceux des Mouvements de jeunes, pour voir ce que chacun
fait et comment coordonner nos actions. Nous abordons en particulier
les questions des enfants mendiants des écoles coraniques
(talibés), la lutte contre le paludisme et la Campagne de
vaccination contre la poliomyélite. Nous annonçons le lancement de
la formation sur la régulation des naissances, et nous revoyons le
travail de la Caritas pour rejoindre les plus pauvres et les
exclus de la société. Avec les femmes, nous abordons le problème
des veuves dont les conditions de vie sont très difficiles,
marquées par des coutumes traditionnelles qui les font souffrir.
Avec Justice et Paix nous expliquons ce qu’est la carte
d’égalité des chances en faveur des handicapés. Nous avons une
équipe de handisport qui vient jouer chaque jour sur notre terrain
de basket. Puis nous parlons des cartes d’identité qui sont très
difficiles à obtenir.
Avec les délégués aux mairies nous
reprenons les actions en cours : pour la santé (Couverture
Médicale Universelle), le soutien économique (Bourses familiales),
la participation aux formations gratuites organisées par les
mairies (permis de conduire, informatique….), le soutien aux
étudiants, la participation aux activités (maison de la femme,
boutique des droits, lutte contre les violences faites aux femmes,
etc…). Enfin, nous insistons sur l’importance pour les
Mouvements et organisations chrétiennes de travailler avec les
ONG et associations dans les quartiers. Ce qui n’est pas
facile quand on est une toute petite minorité, surtout pour se
faire élire à des postes de responsabilités.
Dimanche
24 avril :
Journée de formation des Catéchistes de toute la ville.
Nous réfléchissons sur le thème : Miséricorde – Pardon –
Réconciliation, dans les différents secteurs de notre vie :
en catéchèse, en famille, au travail, dans la Communauté dans le
quartier. Après une réflexion en petits groupes, nous mettons en
commun nos idées et nos décisions. C’est tout cela que nous
célébrons à la messe, avant de partager ensemble un repas, 8 à
10 personnes autour de chaque plat. C’est toujours une grande joie
de nous retrouver ainsi et de partager nos joies et nos soucis.
A
17 heures, je rejoins les femmes du secteur de Thiaroye pour
relancer leurs groupements. Car le mari de la présidente est décédé
et, à cause des coutumes, celle-ci ne pouvait plus assumer ses
responsabilités et, par respect, les femmes n’ont pas voulu la
remplacer. Finalement, nous avons mis en place un nouveau Bureau.
Maintenant, il faut se mettre au travail, et les problèmes ne
manquent pas.
Samedi 23 avril : Ce matin, rencontre des responsables des groupements de femmes des treize paroisses de notre secteur. Nous reprenons la réunion de formation du mois passé pour voir comment mettre en action nos décisions.
Vendredi
22 avril :
Comme tous les 15 jours, je retrouve les jeunes filles
chrétiennes et musulmanes du foyer de DERKLEY. Aujourd’hui
nous parlons de la vie dans le quartier. En effet, grâce à l’acte
3 de la Décentralisation, il y a beaucoup de choses possibles au
niveau des communes. Nous passons donc en revue les différentes
activités organisées par les mairies et les délégués de
quartiers. Nous voyons les bonnes choses vécues, puis ce qui ne va
pas. Comment participer aux premières et réagir contre les
dernières. Nous concluons sur l’importance de nous tenir au
courant et de participer aux activités proposées. Par exemple il
y a deux jours, c’était la journée nationale des tabilés (les
enfants qui mendient). Ce week-end, c’est la vaccination
de tous les bébés et enfants jusqu’à 5 ans contre la
poliomyélite. Lundi, journée de lutte contre le paludisme et
distribution de plus de 8 millions de moustiquaires imprégnées.
C’était le jour de la signature du traité pour la défense de
l’environnement par 175 pays, à New York. Nous voyons comment
protéger l’environnement à partir des petites choses dans les
quartiers : ne plus jeter les eaux sales dans la rue, organiser
le ramassage des ordures, faire des opérations de nettoyage,
planter un arbre dans sa cour, etc.
Le soir, 2ème
séance de préparation au mariage. Nous parlons de la vie du couple
et des relations avec les beaux-parents. Les fiancés se connaissent
maintenant et l’ambiance est bien détendue. Ils sont plus de 50,
et chacune et chacun tiennent à participer activement. C’est très
agréable.
Jeudi
21 avril : Ce
matin, je reçois plusieurs visites. D’abord un jeune qui a des
problèmes dans sa famille, ne trouve pas de travail et veut
partir en Europe. Puis une jeune femme qui se dit possédée par un
mauvais esprit. Nous avons souvent ces cas-là et nous sommes
très démunis devant ces situations, car les croyances
traditionnelles sont encore très fortes. Nous cherchons à voir ce
qu’il est possible de faire.
Ensuite, des étudiants en
sociologie viennent me demander l’opinion de l’Eglise Catholique
sur la laïcité. J’insiste bien sûr sur l’importance
de la laïcité comme base de la démocratie et des opinions de tous
car il y a des tendances chez certains à faire du Sénégal une
république islamique. Mais j’insiste aussi sur l’importance de
mettre en place une laïcité sénégalaise correspondant aux
valeurs et aux cultures du pays. Et qui reconnaisse les différentes
religions et accepte la pratique de la religion non seulement à
titre personnel mais public et communautaire, conformément à la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le Sénégal est
très marqué par la France depuis la colonisation, mais la laïcité
« à la française » n’est pas adaptée à nos
réalités sénégalaises et elle est d’ailleurs très différente
de la façon dont elle est vécue dans les autres pays européens ou
aux Etats-Unis par exemple.
L’après-midi, rencontre des
veuves de notre 2ème secteur de Thiaroye. Nous
reprenons nos trois points d’actions : 1°) Comment
peuvent-elles d’abord se soutenir entre elles ? 2°)
Comment changer les coutumes concernant le veuvage et la façon de
vivre le deuil ? 3°) Quels projets économiques mettre en
place pour répondre à leurs besoins : soit entre elles, soit
en participant aux activités organisées à la paroisse ou dans les
quartiers ?
Mercredi
20 avril : Le
matin, enterrement d’une mère de famille, décédée de
maladie. Il y a une grande émotion. Aux messes du dimanche, nous
célébrons en ouolof la langue nationale comprise pratiquement par
tous, mais aujourd’hui, ce sont surtout les gens de l’ethnie
mandjaque qui sont venus je célèbre donc dans cette langue, avec
l’aide du chef de chorale et du catéchiste qui parlent cette
langue.
L’après-midi, je pars en ville pour la mise en place
d’une organisation en faveur des plus pauvres en ce qui
concerne l’attribution d’un logement. C’est une décision du
séminaire organisé par ATD Quart Monde il y a deux mois, dont je
vous ai déjà parlé. Nous décidons de faire une enquête pour
voir les différentes façons dont les problèmes se posent et ce
qui se fait déjà par les gens eux-mêmes, les organisations
locales et l’Etat. En effet, en ville, de nombreuses personnes
dorment dans les rues, construisent des baraques, logent dans des
maisons en cours de construction, ou dans des zones inondables dont
ils peuvent être expulsés à tout moment, avec en plus tous les
problèmes d’insécurité et de santé qui se posent (pas
d’évacuation d’eau, pas de ramassage des ordures…). Dans les
villages, beaucoup vivent encore dans des cases qui risquent à tout
moment de prendre feu. Nous posons les bases d’une association
pour être reconnus et pouvoir ainsi travailler plus
efficacement.
Notre réunion se poursuit assez tard, et notre car
se trouve coincé dans les bouchons au retour. Cela fait encore une
bonne journée !
Mardi
19 avril : Le
matin, je me mets au bureau. Puis à 10 heures, je pars à notre
collège. Le 3ème trimestre est maintenant bien
lancé. Je rencontre les responsables des différentes activités,
après avoir fait le point avec le directeurs et les préfets des
études des trois niveaux : élémentaire, collège et lycée.
Nous prévoyons les prières du mois de mai, la fin de l’année,
les examens et compositions, et les vacances. Puis je rencontre les
enseignants à la pause, ensuite les responsables à la catéchèse
et celui du centre de documentation. Nous choisissons les dates des
récollections (sorties de prière). A midi, avec les professeurs de
morale nous voyons comment continuer avec les élèves notre
formation sur la miséricorde et recueillir les actions qu’ils ont
menées. Cela fait beaucoup de choses à mener de front qui vont se
préciser au fur et à mesure.
J’ai eu l’occasion de
participer à une émission radio sur l’excision , en compagnie
d’un iman. Aujourd’hui il m’a invité à une émission
musulmane pour donner le point de vue chrétien sur la
miséricorde. Bien sûr, nous n’avons pas les mêmes idées sur
l’éducation, la punition des voleurs et même le pardon. Mais
l’émission se passe dans une bonne ambiance et le respect mutuel.
Plusieurs auditeurs nous appellent au cours de l’émission. Le
tout en ouolof, avec des citations et interventions en arabe.
Au
retour, je m’arrête dans une paroisse du secteur qui vient
d’accueillir un nouveau prêtre. Nous prenons un temps pour parler
ensemble, nous donner des nouvelles et préparer nos actions
communes.
Lundi
18 avril :
Les Libanais sont nombreux au Sénégal depuis plus de 80
ans. Ils sont très actifs et donc assez aisés. Une dame libanaise
chrétienne nous a contactés par l’intermédiaire de la fille de
la présidente paroissiale des Femmes catholiques. Elle veut
soutenir des actions humanitaires et de développement, mais
« avec des gens sûrs ». Je viens donc la rencontrer.
Elle s’intéresse spécialement à l’accompagnement des enfants
de la rue, et des femmes en prison. Elle ne souhaite pas distribuer
de l’argent, mais plutôt donner des moyens aux gens de s’en
sortir. Nous lui parlons de nos activités auprès des étudiants et
des handicapés, des soutiens aux veuves, de nos formations en
fabrique de savon artisanal, teinture, etc… et de nos petits
projets de développement. Elle est intéressée et va venir
voir sur le terrain ce que nous faisons déjà, ce qui est un signe
de sérieux de sa part et une assurance pour nous.
Comme je suis
descendu en ville, j’en profite pour passer chez la dame qui
m’aide pour saisir mes textes. En effet, le vieux magnétophone
sur lequel j’enregistrais mes documents est complètement foutu,
après plusieurs réparations. Il va falloir trouver un autre
système. En attendant, je lui dicte directement mon texte le plus
urgent. Les réparations ne coutaient pas cher, adaptées au niveau
de vie local, 2 ou 3 euros, mais le résultat n’était pas
toujours évident ! Bien que les artisans de toutes
sortes, mécaniciens, électriciens, etc…, soient très ingénieux
et arrivent à faire parfois des merveilles avec les moyens du
bord.
Je rentre rapidement, car nous avons cet après-midi une
rencontre de veuves. Elles ont beaucoup de problèmes :
des problèmes matériels, mais aussi les traditions, au moment du
décès et du veuvage, qui les écrasent. Nous voyons ensemble
d’abord comment elles peuvent se soutenir et s’encourager. Nous
voyons ensuite comment faire évoluer les coutumes, bien que ce soit
difficile. Nous allons continuer la réflexion au niveau des
communautés. Mais il faudra du temps. Dans un 3ème
temps, nous leur fournirons des produits à vendre pour qu’elles
puissent en tirer un bénéfice. Ce n’est pas grand-chose, mais
cela pourra les aider, et au moins elles vont faire quelque chose
par elles-mêmes au lieu d’attendre des dons et des cadeaux qui de
toutes façons se font de plus en plus rares.
Le soir, nous
reprenons tout cela avec les responsables de Caritas pour
voir comment organiser les choses et leur assurer un suivi.
Dimanche
17 avril :
Trois rencontres importantes le même jour :
-
Jumelage. Notre projet de femmes (restauration, couture,
teinture) reçoit leurs homologues d’une autre paroisse.
-
La Caritas du secteur vient nous apporter son soutien. Du riz
pour les familles nécessiteuses. Et quatre communautés de
quartiers se sont mises ensemble pour un repas festif afin de
récupérer des fonds pour leurs différentes activités.
- Nous
passons juste les saluer, car nous tenons en même temps notre
Conseil paroissial qui n’a pu être réuni depuis plusieurs
mois, du fait de nos trop nombreuses activités. Nous évaluons nos
différentes actions depuis le début du Carême. En particulier, la
visite de l’Icône de la Miséricorde dans les communautés de
quartiers, dans les différentes familles avec des temps de prières,
des réconciliations et des soutiens aux familles démunies et aux
plus fatigués, comme on les appelle en ouolof. Pour terminer cette
Année de la Miséricorde nous allons mettre l’accent sur
les actions de miséricorde à mettre en place : une par mois
et par communauté. Nous passons ensuite en revue nos différentes
activités : la Caritas, Justice et Paix, la vie des
communautés de quartiers et le travail avec les mairies,
l’association des femmes et les mouvements de jeunes, la
catéchèse, les prières, etc….
Je déjeune rapidement (à 14
h 30) pour partir dans une autre paroisse animer une rencontre de
jeunes organisée par le groupe oecuménique « MCA » sur
le thème de l’éducation sexuelle. La question les
intéresse.
La nuit, travail sur Internet.
Samedi
16 avril :
Nombreuses activités et rencontres, comme chaque samedi :
catéchèse, rencontre des femmes catholiques, etc… Le soir, je
célèbre la messe anticipée du dimanche.
Toute la nuit, un
groupe « After Work » anime une rencontre de jeunes
réunis dans notre Foyer, avec différentes activités.
Vendredi
15 avril :
Les activités continuent : internet, facebook,
email, interventions à préparer, documents à rédiger, émissions
radio quotidiennes et émissions télévisées.
Ce vendredi soir,
nous commençons un nouveau cycle de préparation au mariage. Le
mari du couple qui devait intervenir a une baisse de tension. Je
dois le remplacer au pied levé, mais j’ai l’habitude, il n’y
a pas de problème. Pour une première séance, cela se passe très
bien. Les 52 participants sont très heureux de faire connaissance
pour ce parcours qu’ils vont suivre ensemble. Je leur explique
qu’ils commencent une initiation, ils entrent dans le bois sacré
et constituent une classe d’âge. En effet, c’est important pour
nous de baser notre formation sur les cultures sénégalaises et sur
les valeurs traditionnelles et le mariage coutumier
Jeudi 14 avril : Après 15 jours d’absence, je retourne à la prison des femmes. Je suis accompagné de l’un de nos stagiaires qui travaille en Guinée Bissao et que j’ai mis en contact avec la famille d’une détenue. Il a amené des photos et aussi de la nourriture. C’est une très grande joie pour elle qui est si loin de son pays et coupée de toute relation. On donne l’autorisation à notre stagiaire de parler aussi avec les autres détenues de langue portugaise. Elles en sont très heureuses. Pendant ce temps, je rencontre les autres femmes qui le souhaitent, chacune avec ses préoccupations : j’essaie de rester ouvert à tous les soucis et à aider le mieux possible, selon les besoins de chacune. Déjà, le fait de les écouter est très important car elles ont un grand besoin d’être accueillies et soutenues.
Mercredi
13 avril : Je
me remets à mes enregistrements et préparations des émissions
radio. C’est le plus pressé. Mais il me faut en même temps
accueillir différentes visites : migrants, malades, gens qui
cherchent du travail, problèmes conjugaux, etc.
Je pars à la
banque retirer de l’argent pour une détenue que je vais visiter
demain. On me demande de revenir l’après-midi car il n’y a pas
d’argent. Je reviens l’après-midi… le responsable n’est pas
là ! Je pars pour des papiers à la Mairie. Le chargé
d’affaires n’est pas là. Après plusieurs navettes, je rentre
à la maison. Cela arrive souvent !
Notre nouveau confrère
part pour la Guinée tôt demain matin, car la route sera longue.
Ce soir, nous prenons le temps de parler longuement.
Lundi
11, mardi 12 avril :
J’accueille 15 jeunes confrères, prêtres depuis moins de
5 ans. En effet, après cette retraite vécue tous ensemble, où
nous avons réfléchi à notre vie de religieux et notre vie de
communauté, nous nous retrouvons, pendant deux jours, par groupes,
pour réfléchir à notre vocation missionnaire et à notre
travail : un groupe des stagiaires en formation, un groupe des
plus de 5 ans de sacerdoce, le conseil des responsables, et mon
groupe.
Nous nous connaissons, aussi nous sommes à l’aise pour
parler franchement et sans détours de nos problèmes, de nos
aspirations, mais aussi de nos manques et nos limites. Nous parlons
d’abord des choses positives chez nous mais aussi chez les gens
avec qui nous travaillons et au milieu desquels nous vivons. Nous
veillons à ce que chacun s’exprime, ainsi la participation donne
une très bonne ambiance. C’est une joie de travailler dans ces
conditions. Ce n’est pas toujours le cas sur le terrain, avec la
fatigue et le stress souvent présents. Ainsi, nous pouvons faire un
certain nombre de propositions importantes pour l’amélioration de
notre vie et de notre travail. Au bout de ces deux jours nous sommes
tristes de nous séparer.
La Maison qui nous accueille, avec
beaucoup de gentillesse et de délicatesse, est une communauté
de religieuses. J’en connais la plupart et ai travaillé avec
certaines d’entre elles au Sénégal, en Guinée et au Congo.
Nous
terminons la session à 18 heures, à l’heure de la sortie des
écoles et des bureaux. Il nous faut trois heures, du fait des
bouchons, pour arriver à ma grande banlieue de Pikine. En arrivant,
je trouve un stagiaire de Guinée Bissao, et un prêtre belge qui va
partir travailler dans le sud de la Guinée, à Mongo, là où j’ai
travaillé pendant 10 ans, durant la guerre du Libéria. Il va
passer quelques jours avec nous pour s’initier à l’Afrique et
se préparer à travailler sur le terrain.
Dimanche
10 avril : A
la grand messe, nous clôturons la visite de l’Icône de la
Miséricorde dans les différentes communautés et les familles.
Après l’Evangile, chaque communauté explique ce qui a été vécu
au fil de cette Année de la Miséricorde et les actions menées :
les réconciliations, les aides aux nécessiteux, etc… Cela fait
un très bel ensemble. A la fin de la messe, six de nos étudiants
venus des différents pays se présentent avec un confrère qui
a autrefois travaillé dans la paroisse, à la grande joie de tous.
Les conversations se poursuivent longuement à la porte de l’église.
Et nous nous retrouvons nombreux à table. Heureusement, nous avions
prévu les choses. Et notre cuisinière a l’habitude de
s’adapter !
Mon magnétophone sur lequel
j’enregistre mes documents est bloqué. Il n’est pas aussi vieux
que moi, mais presque ! Je pars en ville retrouver des amis
chez qui j’en essaie 4 : ou bien ils lisent mais
n’enregistrent pas, ou bien ils ne marchent même pas. Pourtant je
voulais enregistrer un document important pour un confrère qui part
en Guinée. Tant pis.
Samedi 9 avril : Notre retraite est terminée. Nous revenons à la paroisse avec plusieurs confrères de l’intérieur et d’ autres pays. De nombreux problèmes restés en attente nous attendent. Nous les prenons par ordre de priorité.
Lundi 4 à Samedi 9 avril : Retraite
Dimanche
3 avril :
Nous célébrons le dimanche de la Miséricorde. Nous
accueillons un camp de formation des responsables du Mouvement
des Enfants pendant plusieurs jours. Nous avons bien sûr
participé à cette formation. Et aujourd’hui ils sont présents à
notre célébration. Ils nous présentent l’Evangile par un
théâtre religieux, nous disent comment ils vivent la Miséricorde,
nous donnent des intentions de prière, chantent plusieurs de leurs
chants et animent notre célébration . Une très belle prière.
Pendant le même temps, les différents groupes de prières,
apôtres de la Miséricorde… se retrouvent autour de notre
évêque, à Popenguine, lieu du pèlerinage national.
L’après-midi,
nous partons au Foyer de Charité pour une semaine de prière
(retraite) pour les Spiritains de l’Afrique de l’Ouest.
C’est
essentiel pour nous de nous retrouver pour un temps de ressourcement
spirituel personnel et communautaire. C’est aussi une grande joie
de nous retrouver et de partager nos activités, nos soucis, nos
joies et nos peines. Et, ce qui n’est pas négligeable, cela nous
donne une semaine où nous pouvons nous reposer un peu plus. Le
thème de notre retraite : Comment renouveler notre vie de
religieux missionnaires, vivre la miséricorde de Dieu et apporter
la réconciliation.
Samedi
2 avril : Je
pars tôt le matin, à 75 km, pour intervenir à la rencontre des
Bureaux des religieux/ses des 7 diocèses du Sénégal. On me
demande de réfléchir comment être davantage en lien et mieux
travailler avec la population.
Je commence par donner la
dimension communautaire et ouverte à tous de notre relation avec le
Christ. Puis l’approfondissement de nos trois vœux quand nous les
vivons en lien avec les populations. Ensuite, je passe à
l’insertion de nos communautés dans le quartier et notre travail
avec les autorités et forces vives du quartier. Et notre
participation à la vie de la société. Et j’aborde les façons
de travailler pour l’éducation, sans nous limiter à nos écoles
et à un enseignement formel. Puis les autres secteurs où nous
vivons et travaillons : la santé, les prisons, les enfants de
la rue, le tourisme, etc… En insistant sur l’importance et
comment travailler avec les plus pauvres, les étrangers et les
rejetés de la société, car cela doit être notre priorité. Et
c’est cela qui nous enrichit et nous rend heureux.
Vendredi
1er avril :
Ici, il n’y a pas de « poisson d’avril ». Ce
n’est pas la culture sénégalaise !
Je reçois un certain
nombre de personnes en difficulté. En particulier, une jeune fille
en pleurs qui a été chassée de la maison, et ne sait pas où
aller.
Jeudi
31 mars :
C’est le jour de mon anniversaire. Sur Facebook, je suis
submergé de messages. Je commence à répondre aux premiers, mais
je dois m’arrêter car je n’arrive pas à suivre. J’envoie un
message de remerciements général.
Cela ne m’empêche pas de
continuer mes activités, bien sûr. Le soir, réunion du Bureau
des Femmes. Nous faisons le point des activités de nos deux
équipes : les formations sur la vie conjugale et l’engagement
des femmes dans le quartier. Nous abordons la question des veuves et
de l’évolution des coutumes à leur sujet, car certaines
traditions les font beaucoup souffrir. Puis les formations
économiques : la fabrication de savon artisanal est bien
lancée. Nous pensons à de nouvelles formations, en particulier en
teinture. Puis nous passons aux activités concrètes : la
célébration du 30ème anniversaire de l’association
des femmes, la kermesse de la paroisse, et la soirée pour récupérer
des fonds. Nous terminons avec les questions pratiques :
cotisations, etc… Une bonne réunion.
Mercredi
30 mars : Je
pars tôt en ville pour enregistrer une émission à la télé, sur
le thème de la Miséricorde, car dimanche est le dimanche de la
Miséricorde. Une journaliste d’une autre chaîne m’écoute et
me « kidnappe » pour faire également un interview chez
elle. Mais bien sûr les choses ne sont pas prêtes. Et au total,
cela me prend toute la journée.
J’arrive juste à temps à la
paroisse pour la messe du soir.
Mardi
29 mars : Je
m’isole pour travailler sur Internet, répondre aux mails et sur
Face Book, puis préparer mes futures interventions, sinon je serai
débordé et ne pourrai pas faire mon travail sérieusement. Je
n’arrive pas au bout, mais au moins j’ai déblayé l’essentiel
et le plus pressé.
L’après-midi, je vais rencontrer un groupe
d’handicapés. Ils viennent chaque jour jouer sur le terrain
de basket de la paroisse, juste après les élèves du Collège (aux
heures de cours) et avant l’équipe du quartier, ce qui leur
permet des contacts intéressants avec d’autres jeunes.
Aujourd’hui, je les rencontre avec le responsable de Justice et
Paix, pour les mettre au courant des cartes d’égalité des
chances. C’est une initiative du Gouvernement pour aider les
handicapés, mais beaucoup ne sont pas au courant, ou ne savent pas
comment faire.
Lundi 28 mars : C’est un jour férié, ici aussi au Sénégal. Les gens en profitent pour venir nous voir, chacun avec son problème. Nous essayons de rester calmes et ouverts à tous. Ce n’est pas toujours facile.
Dimanche
27 mars :
Grand messe de Pâques. Après la messe, baptême de 16
bébés, dans la joie.
Dès l’après-midi, je continue la
rédaction des commentaires d’Evangile du mois d’avril, car je
suis en retard pour ce travail. Je continue le lendemain et je les
envoie la nuit. Heureusement que Jean-Jacques est rapide. Il va les
envoyer sans tarder.
Journée de joie. Beaucoup de gens viennent
nous visiter. Depuis quelques jours, nous recevons beaucoup de
cadeaux, surtout de la nourriture. On nous apporte en particulier du
NGALAKH : c’est le plat traditionnel du Vendredi Saint que
les chrétiens offrent spécialement aux musulmans, en signe
d’amitié et de partage. A leur tour, les musulmans nous
offrent un morceau de mouton qu’ils ont sacrifié le jour de la
Tabaski (Aïd el Kebir / Aïd El Fitr), en souvenir du sacrifice
d’Abraham. Cela maintient des bonnes relations qui permettent une
vie commune dans la paix. C’est très important pour nous.
Samedi
26 mars : Le
matin, nous préparons les cérémonies pour ce Dimanche de Pâques,
en restant disponibles pour les confessions et les demandes
diverses.
La nuit, grande célébration de la Résurrection du
Christ, avec 36 baptêmes de jeunes et d’adultes et 5
mariages. Comme d’habitude, la cérémonie est animée, avec des
gestes, danses, symboles et rites divers.
Vendredi
25 mars :
Toute la matinée, je fais mes enregistrements de Pâques
pour la radio, interrompus par les visites et demandes
d’aides.
L’après-midi, les jeunes ont préparé un chemin de
Croix vivant depuis le début du Carême : c’est la base de
la grande prière de ce Vendredi Saint, qui se continue à
l’église.
Le soir, nous accueillons un jeune Polonais qui
visite l’Afrique en vélo et dont le groupe soutient une école de
sourds muets.
Jeudi
24 mars : Comme chaque jeudi, je vais à la prison
des femmes. Je commence par rencontrer les chrétiennes pour
préparer les fêtes de Pâques. Puis j’accueille les autres
femmes qui le souhaitent, pour leurs problèmes de toutes sortes :
nourriture, santé, relations entre elles, contacts avec leurs
familles. Elles ont surtout besoin de parler et de se confier.
Une
Sœur est venue à la prière. Je la revois après la visite. Elle
est d’accord pour continuer à venir à la prison. Je lui explique
d’abord les différentes activités et nous voyons ensemble
comment elle pourra y participer.
De retour à l’église de
Pikine, je rencontre beaucoup de gens qui m’attendent. Le soir,
nous avons la grande prière du Jeudi Saint, avec la cérémonie du
lavement des pieds qui touche beaucoup de gens. Nous avons choisi 4
hommes, 4 femmes et 4 jeunes : deux garçons et deux filles.
Nous continuons la prière jusqu’à minuit.
Mercredi
23 mars : Je
pars en ville pour une rencontre spéciale avec les filles du
Foyer et du Centre de formation où j’interviens. Cette
fois-ci, je regroupe seulement les filles chrétiennes pour nous
préparer aux fêtes de Pâques. Il y a un certain nombre de choses
à préciser pour vivre ces fêtes en vérité et le mieux
possible.
C’est ma 1ère après-midi (à peu près)
libre et j’ai donné rendez-vous à un certain nombre de
personnes qui ont demandé à me voir, suite à mes différentes
interventions. D’autres se sont invitées elles-mêmes :
chômeurs en recherche de travail, familles en difficulté, malades
physiques ou psychologiques. J’attendais aussi les responsables de
la Caritas, mais eux ils ne sont pas venus.
Pour les
confessions de Pâques, très nombreuses, nous allons tous les
prêtres ensemble dans chaque paroisse à tour de rôle. Mais il y a
toujours des gens qui ne sont pas libres ce jour-là. Ils font la
queue à la porte de mon bureau. Je les laisse un moment pour
préparer les cérémonies du Samedi Saint ( baptêmes des jeunes et
d’adultes, et mariages).
Pendant ce temps, les jeunes ont fait
un grand nettoyage de l’église et ensuite ils préparent le
Chemin de Croix vivant du Vendredi Saint.
Mardi
22 mars : Tous les prêtres, nous nous réunissons
autour de notre archevêque pour célébrer le Mardi Saint. Durant
toute la matinée, nous abordons un certain nombre de problèmes et
surtout nous reprécisons notre travail et nos façons de
travailler. En effet, nous avons un nouvel évêque et c’est pour
nous tous l’occasion de prendre un nouvel élan. Nous abordons en
particulier toutes les questions sociales et celles de
l’écologie.
Je laisse l’assemblée avant le repas (il
est déjà 14 h 30) pour aller célébrer l’enterrement
d’une dame âgée qui a été assassinée. Bien sûr, il y a une
très grande souffrance. Elle avait un fils adoptif musulman, et les
musulmans sont venus nombreux. Nous prions tous ensemble.
Je
retourne en ville pour la messe chrismale autour de l’évêque qui
bénit les huiles saintes avec lesquelles nous donnerons les
sacrements cette année. Il y a beaucoup de monde.
Lundi
21 mars :
Avec tout cela, j’ai des tas de choses en retard, je
commence par les plus urgentes. On m’appelle au téléphone pour
me demander une série d’émissions radio sur la Semaine Sainte.
Je commence par celle du Mardi Saint et l’explication de la Messe
Chrismale. Pour le reste, on verra plus tard !
Je passe
ensuite dans deux collèges. Au retour, une jeune fille m’attend.
Son grand frère vient d’être arrêté. Il est en prison et sa
mère est en pleurs. Il n’y a pas grand-chose à faire, à part
les consoler.
Dimanche
20 mars :
Fête des Rameaux. Plusieurs célébrations, très
bien suivies. C’est une cérémonie très parlante, qui plaît
beaucoup aux gens.
Aujourd’hui, referendum pour une
amélioration de la Constitution, dans le sens d’une plus grande
participation des différentes couches de la population.
Malheureusement, les choses ont été très mal expliquées,
politisées et détournées en un vote pour ou contre le Président.
C’est dommage ! La démocratie, ce n’est vraiment pas
facile. Il y a même eu quelques bagarres, pendant la trop courte
campagne électorale de 8 jours, heureusement rapidement arrêtées.
Le vote s’est passé sans violence.
Après la Messe et tout
l’après-midi, des gens viennent me voir avec leurs différents
problèmes : soucis, chômage, manque d’entente dans les
familles, problèmes psychologiques ou maladie. La plupart d’entre
eux ne sont libres que le dimanche. Pour beaucoup, nous n’avons
pas de solutions immédiates, mais nous cherchons à les
accompagner. Et d’abord à les accueillir et les écouter.
Puis
on m’appelle pour la rencontre des scouts et guides.
Samedi
19 mars : Le
matin, récollection avec les enfants des écoles primaires. Plus
d’une centaine. Nous reprenons avec eux le thème de la
Miséricorde, en l’adaptant à leur niveau, avec chants,
théâtres, dessins et autres activités. Ils participent très
bien. C’est un vrai plaisir ! Il restera à assurer le suivi
et la mise en pratique.
Je pars rapidement en ville, rejoindre
les hommes d’un groupe « Jeune Espérance ».
Ils font un gros effort pour la formation des hommes. Ils m’ont
demandé une conférence sur Saint Joseph, que nous célébrons
aujourd’hui. Bien sûr, je ne fais pas de conférence ; nous
reprenons les textes d’Evangile qui nous parlent de Joseph, et
chacun des participants dit comment il le comprend et à quoi cela
l’appelle. Le partage est très riche. Nous terminons par une
messe, pleine de joie.
Vendredi
18 mars : Au
Centre de formation des jeunes filles, nous parlons du referendum
de dimanche. En effet, il y a beaucoup de confusion et beaucoup de
gens ne savent pas exactement sur quoi on va voter. Ils pensent
qu’il faut approuver –ou non- l’action du Président, alors
qu’il s’agit d’un changement de Constitution ! De plus,
de nombreux jeunes, spécialement les filles, ne sont pas motivés
et certains n’ont même pas leur carte électorale. Nous
réfléchissons à tout cela.
A la pause de midi, je vais
rencontrer une dame qui a besoin de moi. Puis je passe dans un
Jardin d’enfants, avant de rencontrer deux animatrices, visiteuses
de prison.
Au retour, Chemin de Croix. Puis je visite une femme
très âgée, qui ne se lève plus. Elle demande à être
baptisée. Nous parlons longuement avec, puis je prie avec toute
la famille. Nous allons lui envoyer quelqu’un pour la préparer au
baptême et la former dans la foi chrétienne.
Jeudi
17 mars :
Nous accueillons une ancienne responsable de l’UNICEF avec
qui j’avais beaucoup travaillé autrefois. Elle était gravement
malade et est revenue au pays. Nous sommes heureux de la revoir.
Le
soir, célébration de la miséricorde. La communauté qui avait
reçu l’Icône est passée dans les différentes familles du
quartier, pendant trois semaines. Ce soir, ils apportent l’Icône
de la Miséricorde en procession dans la ville, dans une autre
communauté. Ils expliquent les différentes actions qu’ils
ont menées pour la réconciliation et pour aider les personnes en
difficulté. La communauté qui reçoit présente à son tour son
plan d’action. Puis nous célébrons l’Eucharistie tous
ensemble, dans la joie.
Mercredi 16 mars : Je pars en ville pour enregistrer une émission spéciale sur Pâques à la télévision, à 10 heures. Les techniciens n’arrivent qu’à 12 heures ! En attendant, nous discutons entre nous, avec les gens de la Caritas sur leurs projets, et avec un confrère sur la formation de nos séminaristes. Le temps de rentrer en vélo jusqu’à Pikine, c’est l’heure de la confession des enfants.
Mardi
15 mars :Une
journée très triste. Nous enterrons un jeune, mort
subitement en revenant du terrain de sport. L’assistance est très
nombreuse.
Après-midi : rencontre du Bureau des Femmes
catholiques, avant de partir pour les confessions.
Lundi
14 mars :
J’aurais besoin de me reposer, mais avec toutes ces
activités, j’ai des tas de choses à reprendre : répondre
aux mails, documents et interventions à préparer. Et, bien que ce
soit théoriquement notre jour de repos, beaucoup de gens viennent
nous voir, chacun avec son problème. De plus, c’est aussi le jour
de repos du secrétaire de la paroisse.
L’après-midi, nous
commençons les confessions de Pâques. D’abord les
enfants, puis les adultes à partir de 18 heures jusqu’à 23
heures environ. Nous nous retrouvons tous les prêtres des dix
paroisses de notre secteur, car il y a beaucoup de monde et chaque
jour nous allons dans une autre paroisse.
Dimanche
13 mars :J’accueille
d’abord un prêtre venu assurer les messes au centre et je pars à
l’autre église pour célébrer l’Eucharistie dans notre 2ème
paroisse.
Puis je reviens animer la récollection des adultes
catéchumènes mandjaques qui se préparent au baptême. Ils
seront baptisés la nuit de Pâques. Ces jeunes et adultes sont très
nombreux. Ils sont regroupés par langue, chaque groupe dans une
paroisse différente : mandjaques, sérères, diolas, ouolof,
autres en français. Je ne parle pas bien le mandjaque (ethnie qui
vient de Guinée Bissao). J’ai quand même préparé quelque chose
dans cette langue, et pour le reste je parle en ouolof et un
catéchiste traduit dans leur langue. Les ethnies sont très
nombreuses, il n’est pas possible de parler toutes les langues. Le
ouolof est compris pratiquement par tout le monde, mais nous
cherchons à enseigner les gens dans leur propre langue pour
évangéliser leur culture. Une belle journée. Les catéchumènes
venus des différentes paroisses sont très heureux de se retrouver
ensemble et de prier dans leur propre langue. Ils ont mis en place
une chorale pour l’occasion, qui anime très bien la célébration.
Samedi
12 mars : Tôt
le matin, nous partons avec les femmes de Pikine à la rencontre
générale de toutes les femmes du secteur. Je dois animer
une réflexion sur le pardon et la réconciliation dans le couple,
la famille et le quartier. Nous nous rappelons ensemble ce que la
Parole de Dieu nous dit à ce sujet, puis nous nous mettons en
petits groupes, chacun avec une question précise, pour réfléchir
aux différents aspects de la question. Je suis frappé par la
profondeur et la qualité des réponses et des solutions apportées.
Il est vrai que ce sont des mères de famille et qu’elles ont
l’habitude de se retrouver déjà dans leurs différentes
paroisses.
Je les laisse après la messe élire leur nouveau
Bureau, pour aller assister au départ des jeunes pour le
regroupement de tout le diocèse des JMJ (Journées Mondiales de
la Jeunesse), à 150 km der Dakar. Ils feront le voyage en deux
étapes, avec une veillée de prière ce soir.
Je reste assurer
la permanence dans nos deux paroisses. Je prépare d’abord
un enterrement pour mardi, puis essaye de régler un problème de
mariage. Pas facile
Vendredi
11 mars : Dès
mon lever, des gens m’attendent. L’un d’entre eux est même
venu frapper à ma porte et m’a réveillé tôt le matin. Moi qui
comptais me reposer un peu,… c’est foutu !
Les premiers
cas réglés (ou non, mais au moins accueillis), je pars dans notre
Collège : rencontre avec les élèves et les enseignants à
la récréation , puis avec les préfets et la direction sur
l’animation de l’école, les cours d’instruction civique, la
morale et la catéchèse, l’élaboration de fiches pédagogiques,
la récollection des élèves chrétiens, etc.
A la pause de
midi, comme chaque vendredi, je vais rencontrer une aumônerie de
collège (ou de lycée). Un problème à régler : la mère de
la responsable ne veut plus qu’elle participe aux activités. Il
va falloir voir pourquoi.
Au retour, je reçois une jeune
Guinéenne qui se prépare à la vie religieuse. Nous reparlons
d’Ebola et du dernier voyage en Guinée pour l’enterrement de
son père.
Accueil d’une maman avec 4 enfants, chassée par son
mari, et maintenant expulsée de son logement. Nous lui trouvons un
travail provisoire mais très difficile (passer du sable au
tamis et trier des cailloux) pour gagner de l’argent et commencer
un petit commerce au marché. Avec les responsables de la
communauté, nous trouvons une famille qui accepte de l’accueillir
pour le moment avec ses enfants. Et la Caritas va fournir les 20.000
francs qui manquent pour payer son ex-logeur -qui l’a fait
convoquer déjà trois fois à la police-, pour terminer l’affaire.
Il reste à régler la question de l’école pour les trois plus
grands enfants, et des soins pour la dernière qui est
malade.
Ensuite, je dois renvoyer quelqu’un qui voulait me
truander. Cela arrive de temps en temps, et ce n’est pas toujours
facile de distinguer le vrai du faux.
Puis un homme qui doit
subir une opération et qui, comme la plupart des gens, n’a ni
assurance ni sécurité sociale. Et malheureusement, la somme
nécessaire dépasse de beaucoup nos possibilités.
Le soir,
prière du Chemin de Croix. Après la prière, c’est
l’occasion de nous rencontrer avec de très nombreuses personnes,
car les gens aiment beaucoup cette prière. C’est vrai que la mort
est très présente dans le pays, ce qui explique que beaucoup de
personnes, même non chrétiens, sont touchées par la mort du
Christ.
Jeudi
10 mars :
Visite à la prison des femmes. Je ne sais pas si c’est
l’effet du Carême, mais je trouve un climat plus apaisé que
d’habitude. Les femmes qui veulent me voir sont nombreuses. Je ne
peux malheureusement pas donner à chacune autant de temps que je
voudrais, mais j’essaye au moins de les accueillir le mieux
possible, chacune selon ses besoins : encouragements, écoute,
conseils, aide matérielle en habits, produits d’hygiène (savon,
dentifrice…) ou de santé (médicaments), nourriture surtout pour
les étrangères et les sénégalaises qui n’ont pas de famille à
Dakar pour leur apporter à manger, contacts avec leurs familles
(visite, mails, appels téléphoniques pour transmettre les
nouvelles, pour demander de l’argent ou des photos) . Et aussi
prières, échanges religieux avec les musulmanes, chapelet et Bible
pour les chrétiennes (il y a aussi des protestantes de différentes
Eglises). Et beaucoup d’autres choses encore, certaines
confidentielles.
J’apprends une mauvaise nouvelle. La
responsable du Service social est nommée ailleurs. Nous allons
beaucoup la regretter, car elle était très humaine et faisait tout
son possible pour rendre la vie plus supportable aux détenues. Il y
a des libérations et des nouvelles venues chaque semaine. Ce n’est
pas toujours facile de suivre ces mouvements. Je m’assois avec une
gardienne pour faire le point. Surtout que mon carnet de notes est
plein et que je vais devoir en commencer un nouveau.
L’après-midi,
rencontre des femmes de la paroisse. Nous faisons le point de
la formation à la fabrication du savon. Puis nous abordons la vie
des femmes. Là aussi, il y a des choses à faire.
Mercredi
9 mars : Le
matin, rencontre avec trois classes de Terminale, toujours sur le
thème de cette année : la miséricorde.
L’après-midi,
enregistrement à la télévision, émission catholique :
présentation des lectures du dimanche. L’Evangile me plaît
beaucoup : Jésus et la femme adultère. Il y a bien des choses
à dire.
Je rentre à la paroisse, juste à temps pour la Messe
et la conférence de Carême.
Mardi
8 mars : Le
matin, travail au bureau et permanence. A midi, je reçois un ami
alsacien qui a lancé une association pour soutenir un
village du Nord Sénégal. Il vient donc régulièrement et à
chacun de ses voyages nous nous retrouvons pour faire le point de
ses activités. C’est toujours avec plaisir que je l’accueille
et je suis dans l’admiration de voir ce qu’il arrive à faire
dans les différents domaines : agriculture, éducation, santé,
etc….
L’après-midi, accueil de plusieurs personnes en
difficulté, puis travail avec une ONG pour la formation des femmes
(EQUITAC). Le soir, je me mets à Facebook. C’est la Journée
mondiale de la femme : les messages sont très nombreux, et
il y a beaucoup à dire.
Lundi
7 mars :
Réunion du doyenné. Comme chaque mois, nous nous retrouvons
ensemble, tous les prêtres du secteur. Au menu, l’animation des
jeunes et des différents mouvements. En particulier, la Journée
Mondiale de la Jeunesse (JMJ) et la marche pèlerinage national de
la Pentecôte. Puis nous passons à la préparation des fêtes de
Pâques, avant de faire le tour de nos différentes commissions. Je
suis spécialement chargé des Commissions de la Famille et de
Justice et Paix.
A notre retour, comme toujours, des gens nous
attendent.
Le soir, nous partageons le repas dans la Communauté
des Sœurs.
Dimanche
6 mars :
Pèlerinage paroissial. Nous allons à POPENGUINE, lieu de
notre sanctuaire marial national. Ca démarre mal, car les
chauffeurs de nos cars n’ont pas payé les taxes et le convoi est
bloqué par la police. Cela n’enlève pas notre bonne humeur. A
l’arrivée, nous commençons par une marche en 13 étapes. A
chacune, une des communautés présente son saint patron , et
comment vivre aujourd’hui à son exemple.
Ensuite, une grand
messe solennelle très animée. Après le repas, nous entrons dans
la basilique, en passant par la porte de la miséricorde.
Nous
avons bien préparé cette journée qui est un temps fort du Carême,
et nous sommes heureux de nous retrouver très nombreux, pour prier
tous ensemble. Nous rentrons, dans la joie, au début de la nuit.
Samedi
5 mars : En
plus de la rencontre du secteur de la Caritas et de la catéchèse
des enfants (à suivre, mais les catéchistes s’en occupent très
bien), travail avec le Bureau des femmes catholiques et
confessions. Il y a aussi la recollection de Carême des
enseignants, mais on ne peut pas tout suivre !
L’après-midi,
travail sur Facebook et sur Internet, puis préparation des
émissions radios de la semaine.
A la messe du soir, nouvelle
prière pour les catéchumènes (2ème scrutin).
Vendredi
4 mars : Je
retourne pour le dernier jour de notre séminaire, convoqué par ATD
Quart Monde, où nous tirons les conclusions générales et
proposons des orientations pour sensibiliser les ministères et les
ONG aux conditions de vie de ceux qui sont dans l’extrême
pauvreté. Et pour trouver des méthodes de réflexion et d’action
adaptées à ces personnes.
Je m’échappe avant la cérémonie
protocolaire de clôture pour rejoindre le Foyer de jeunes filles
où je vais le vendredi. Aujourd’hui, elles réfléchissent à la
question : « Un garçon dit : je veux te marier ;
Que fais-tu ? ». La discussion est très animée mais
très enrichissante, les points de vue des chrétiennes et des
musulmanes se complétant.
Après la séance finale du séminaire,
je pars animer le Chemin de Croix dans un secteur.
Toute
la nuit, prière avec un groupe charismatique.
Jeudi
3 mars :
Depuis un an nous avons un nouvel évêque. Il a pris le
temps de découvrir les réalités. Aujourd’hui, après tout un
temps d’enquêtes, réflexions et recherches, nous nous
retrouvons autour de lui pour réévaluer notre plan d’action
pastoral. Nous nous retrouvons à plus de 200 prêtres, religieux,
et laïcs pour apporter et entendre les diverses conclusions.
Maintenant, il va falloir nous mettre à l’action !
Le
soir, rencontre entre deux communautés, après avoir fait passer
l’icône de la miséricorde dans les différentes maisons de leurs
quartiers.
Rencontres autour de l’Icône de la Miséricorde :
La Communauté qui a reçu l’Icône vient la remettre à la
suivante, dans une célébration de joie et de reconnaissance. Les
gens expliquent ce qu’ils ont pu faire pendant ces deux semaines
et donnent quelques orientations et pistes d’action à la
communauté qui reçoit l’icône. C’est un moment très intense
et d’une grande profondeur.
Mercredi
2 mars : Je
m’échappe du séminaire pour une intervention auprès des élèves
de seconde et première d’un Collège de la ville,, sur
la miséricorde. Je suis rodé maintenant. Non seulement je possède
bien le thème, mais j’ai eu le temps de mettre au point un
certain nombre de moyens d’animation. Puis je retourne au
séminaire.
Je suis venu à vélo (une douzaine de kilomètres)
ce qui me permet de rentrer assez tôt pour la conférence de
Carême en traversant sans peine les bouchons très nombreux en
me faufilant entre les voitures.
Après la messe, je prends un
moment avec le groupe de veuves.
Mardi
1er
mars : Je
reçois une dame qui vient de loin. Elle a des problèmes de vision
et j’ai réussi à lui faire faire des lunettes adaptées.
Elle est bien sûr très contente.
Puis, pendant 4 jours, je vais
suivre un séminaire organisé par le Mouvement ATD/Quart Monde
(Aide à Toute détresse) pour travailler le document des Nations
Unies : « Directives sur l’extrême pauvreté et les
droits de l’Homme ». Ils ont invité des représentants
des différents ministères et d’un certain nombre d’ ONG. En
effet, nous nous sommes aperçus que les droits des pauvres ne sont
pas toujours respectés. Et que les actions en faveur des pauvres ne
rejoignent presque jamais les plus pauvres : ceux qui sont
exclus de la société et totalement marginalisés, qui sont
complètement découragés, qui n’ont pas les moyens d’envoyer
leurs enfants à l’école parce qu’ils doivent travailler et se
débrouiller pour gagner un peu de nourriture au jour le jour, qui
n’osent même pas aller au dispensaire quand ils sont malades
parce qu’ils ont été trop souvent humiliés et rejetés.
Comment les rejoindre ? Comment gagner leur confiance et les
responsabiliser peu à peu ? Comment dégager des leaders
progressivement qui pourront lentement motiver leurs frères et
sœurs pour qu’ils s’organisent peu à peu, trouvent le courage
et l’espoir pour réagir, prendre leur vie en mains et lancer
eux-mêmes les activités qui leur permettront de s’en sortir ?
Et comment aider les ministères et les ONG à travailler dans ce
sens ?... Il faudra beaucoup de temps, de patience, de courage
et d’espérance pour y arriver.
Le soir, nous assurons une
permanence comme chaque semaine pour les couples et familles
en difficultés.
Lundi
29 février :
Je travaille à mes documents, tout en accueillant les
personnes qui se présentent : un malade, un handicapé, un
chef scout, un jeune qui veut lancer un atelier de soudure, une
catéchiste. Puis un groupe de jeunes qui veulent lancer un groupe
de soutien au Président, en vue du prochain référendum. En
effet, nous avons poussé les jeunes à s’engager dans la société,
tout en gardant notre indépendance par rapport au pouvoir
politique, et à respecter la liberté de choix de chacun.
A 14
heures, réunion avec l’équipe de catéchistes du Collège pour
faire le point des activités du Carême et préparer la
récollection des élèves de l’élémentaire.
Dimanche
28 février :
J’assure les deux messes de 7 heures et 10 heures. A cette
dernière, nous prions ensemble pour les enfants et les adultes qui
vont être baptisés à Pâques, avec toute la
Communauté.
Puis je vais suivre la formation des femmes pour
la fabrication du savon. La formatrice vient du nord, de
Saint-Louis. J’ai travaillé avec elle autrefois, quand elle était
jeune fille, responsable de la JOCF.
Samedi
27 février :
Pendant que différents groupes se réunissent, je finis de
mettre au point mes commentaires des évangiles du mois de
mars. En fait, je n’arrive qu’au 21, mais il faut que je les
envoie sans tarder à Jean-Jacques qui se chargera de les envoyer
par mail. C’est un gros travail dont je le remercie
beaucoup.
Toute la nuit, nous marchons en priant et chantant dans
toute la ville, en nous arrêtant dans chacune de nos 13 communautés
pour un temps de méditation sur les œuvres de miséricorde
corporelles et spirituelles, à partir des textes que nous avons
composés.
Vendredi
26 février :
Le matin, dernière intervention au Collège auprès des
élèves chrétiens et musulmans ensemble, sur la
miséricorde.
Le soir, au Chemin de Croix, je commente la Lettre
de Carême du Pape, en essayant de l’appliquer à notre
situation et à nos problèmes.
Jeudi
25 février :
Visite à la prison. A chaque fois, je rencontre toutes
celles qui le veulent. Mais aujourd’hui, comme c’est le Carême,
je regroupe les femmes chrétiennes pour un temps de prière et de
réconciliation. Et je leur impose les cendres, comme elles me l’ont
demandé, car je n’ai pas pu le faire le jour des Cendres.
Ensuite, j’accueille toutes celles qui le désirent, si bien que
je rentre tard à la Communauté et trouve beaucoup de gens qui
m’attendent.
Le soir, je pars en ville pour une préparation
des fiancés au mariage. Ils sont plus d’une centaine, aussi
je les fais d’abord parler entre eux, après avoir présenté le
thème du jour : Comment vivre notre amour en chrétiens. La
discussion est animée !
Mercredi
24 février :
Accueil et visite des Collèges.
L’après-midi, nous
accueillons le groupe des femmes balayeuses. Ce sont des
femmes qui n’ont pas beaucoup de moyens. Nous voyons comment
mettre en place une organisation pour leur permettre de gagner un
peu d’argent.
Le soir, conférence de Carême au centre.
J’aborde la question de la Miséricorde, notre thème d’année .
Mardi
23 février :
Je poursuis mon travail de composition de documents,
en particulier pour la marche de nuit dans la ville, samedi
prochain.
Le soir, nous tenons une réunion importante dirigée
par les responsables de la Commission Justice et Paix, avec les
délégués de la paroisse auprès des mairies, la Caritas, les
responsables des communautés de quartiers, des jeunes, et des
femmes, pour voir comment améliorer notre travail avec les
mairies. En effet, les Communes ont davantage de responsabilités
et de moyens suite à la mise en place de l’acte 3 de la
décentralisation. Nous abordons d’abord l’importance de
travailler ensemble et cherchons les meilleurs moyens pour cela, aux
différents niveaux. Puis nous passons aux questions pratiques :
la possibilité d’avoir un acte de naissance et une carte
d’identité (car de nombreux enfants n’ont pas été déclarés
à leur naissance), la participation à la CMU (Couverture Médicale
Universelle), la participation aux activités de développement
spécialement pour les jeunes et les femmes, les bourses familiales
(soutien aux familles nécessiteuses), etc… Et comment apporter
nos idées, nos expériences et nos façons de travailler. Dans un
2ème temps, nous réfléchissons au prochain référendum
visant à une amélioration de la Constitution du pays.
Lundi
22 février :
Travail avec le responsable d’une des radios avec
lesquelles je collabore.
L’après-midi, préparation du
matériel à distribuer aux veuves. Nous leur fournissons du
matériel d’hygiène et de santé à vendre. Elles en garderont
les bénéfices, ce qui les aidera à vivre. D’autres vendent des
fruits et des légumes qu’elles trouveront au marché. Il nous
semble important qu’elles s’organisent et se prennent en main,
au lieu d’attendre des cadeaux.
Dimanche
21 février :
Dans tout le diocèse, c’est la journée Caritas.
Nous organisons un repas payant pour récupérer des fonds pour nos
projets et le soutien aux personnes nécessiteuses tout au long de
l’année. Mais plus profondément, nous cherchons à faire
réfléchir les personnes comme les groupes à l’importance
d’aider ceux qui sont dans le besoin et plus largement de
participer au développement du pays. Nous reprenons tout cela dans
la prière, au cours d’une messe très animée, avec un théâtre
religieux, une procession d’offertoire dansée, et des
interventions des membres de la Caritas.
L’après-midi, je
reçois les responsables d’un groupe qui nous propose une
rencontre pour former les enfants au partage et à
l’évangélisation. Nous posons les bases de notre
collaboration et nous reverrons avec les responsables des mouvements
d’enfants.
Samedi
20 février :
J’assure une formation sur l’écoute dans une
paroisse voisine pour les membres de la Commission Justice et Paix,
les visiteurs de prison, la Caritas, et les responsables de
Communautés de quartiers et de Mouvements.
Le soir, comme c’est
samedi, je me mets au téléphone comme chaque semaine pour
appeler les parents et amis des détenues de la prison, à la fois
pour transmettre leurs salutations et leurs besoins, et pour avoir
des nouvelles de leurs famille, nouvelles que je leur transmettrai
jeudi prochain lors de ma visite à la prison. Quand c’est
possible, j’utilise Internet, qui est moins vivant certes, mais
revient beaucoup moins cher. Cela demande beaucoup de temps, mais
c’est très important pour les prisonnières, comme pour leurs
familles.
Vendredi
19 février :
Rencontre au foyer des jeunes filles. Aujourd’hui nous
parlons de la volonté d’introduire au Sénégal l’avortement
médicalisé. La réflexion est très riche et approfondie. Il
faut dire que l’avortement n’est pas autorisé au Sénégal, ni
accepté par la population.
A la pause de midi, je pars à la
Librairie Clair Afrique qui commercialise mes livres, puis je vais
manger à notre Maison centrale où je retrouve un certain nombre de
confrères, avec joie.
A 18 h 30, Chemin de Croix et
messe, comme chaque vendredi de Carême.
La nuit, si je n’ai
pas de réunions, je réponds à mes mails et consulte mon site et
mon blog. Après beaucoup d’hésitations, je me suis mis sur Face
Book. En effet, je me suis aperçu que beaucoup de jeunes
n’avaient pas d’adresse mail mais correspondaient sur Face Book.
J’ai donc décidé de m’y mettre. Cela me prend du temps, mais
en plus des nouvelles échangées, de nombreux jeunes me posent
leurs problèmes, n’ayant pas toujours sur place quelqu’un à
qui parler… ou n’osant pas parler à eux, ils profitent de la
distance et l’incognito fourni par Face Book.
Jeudi
18 février :
Matin : travail personnel, préparation des activités,
et accueil.
A 15h : réunion des femmes catholiques.
Nous préparons une formation à la fabrication de savon artisanal
avec les produits locaux. Cela va leur permettre de se faire un peu
d’argent.
A 18 h : je pars en ville pour enregistrer une
émission à la télévision sur la mise en œuvre de la
lettre de Carême du Pape. A cause des bouchons, j’arrive très en
retard, car même en vélo c’est difficile d’avancer.
Heureusement, les techniciens sont patients, et tout se termine
bien.
Mercredi
17 février :
Les élèves sont libres. C’est le jour de rencontres des
Mouvements de jeunes. Nous nous retrouvons avec les responsables des
Mouvements, des Femmes et de la Caritas,
pour élaborer les actions, et chacun va ensuite retrouver son
groupe.
Je reçois ensuite des visites. En particulier deux
personnes qui se plaignent d’être poursuivies par des mauvais
esprits. Cela arrive souvent vu les conditions très difficiles dans
lesquelles beaucoup de gens vivent. Cela les perturbe très
profondément, et c’est très difficile de les aider à s’en
sortir.
Le soir, conférence de Carême que nous allons
faire chaque mercredi, avec un temps de prière, pour permettre à
chacun de grandir dans la foi et d’agir ensemble. Aujourd’hui,
nous approfondissons le thème de cette année : la
miséricorde.
Mardi
16 février :
Un ami musulman, que j’ai accueilli dans un de nos
centres d’accueil quand il était étudiant, vient me voir 30 ans
plus tard. Je ne sais pas comment il a su que j’habite Pikine. Il
arrive d’Italie, et il me ramène un chapelet, une petite statue
et des images. Venant d’un musulman, cela me touche évidemment
beaucoup. J’accueille aussi un jeune chômeur qui ne peut pas se
marier, car il n’a pas la possibilité de prendre en charge une
famille.
En même temps que je continue les textes de méditation
sur la miséricorde pour la nuit de prière, j’élabore des fiches
pédagogiques pour l’éducation morale des enfants musulmans.
Je reprends l’essentiel de notre partage sur la miséricorde. Puis
je prépare une fiche sur la paix et une sur l’environnement. Le
but est de leur faire vivre ensemble les mêmes valeurs avec leurs
camarades chrétiens qui vont mener la même réflexion en
catéchèse.
Lundi
15 février :
On m’a demandé un article sur la violence. Je
commence à m’y mettre.
L’après-midi, rencontre avec les
responsables d’ATD-QUART MONDE. Nous préparons un séminaire pour
travailler et faire connaître le dernier document des Nations Unies
sur les gens vivant dans l’extrême pauvreté et les droits de
l’homme. Nous inviterons des personnes des différents
ministères et des ONG travaillant dans ce domaine. En effet, ces
organisations mettent en œuvre des actions de développement, mais
les gens les plus défavorisés n’en profitent pas car ils sont
écrasés, démobilisés et vivent en dehors de la société.
Pourtant, leur donner leur place et leur permettre de prendre leurs
responsabilités profiterait à toute la société, et ferait
avancer tout le monde.
Samedi, nous aurons une marche de
prière la nuit dans la ville, avec 10 étapes, dans 10 de nos
communautés de quartiers. A chaque étape, nous réfléchirons à
une des œuvres de miséricorde. Pour permettre la prière, la
méditation et l’engagement, je rédige un texte, complété,
pour leur part, par chaque communauté. C’est un gros travail pour
offrir une réflexion concrète et opérationnelle, adaptée à nos
réalités et conditions de vie : composition, saisie et
impression, sans compter la préparation pratique de la marche. Je
vais devoir y travailler à tous mes moments libres cette semaine.
Dimanche
14 février :
A la grand’ messe, « appel décisif »,
c’est-à-dire accueil dans la communauté et admission des
catéchumènes qui vont être baptisés à Pâques, en présence des
parents, des parrains et marraines, mais aussi des catéchistes et
des responsables de communautés de quartiers. Toute la Communauté
est dans la joie.
La fête de la Saint Valentin prend de
plus en plus d’importance : soirées dansantes et cadeaux, et
toutes les déformations possibles. Nous avons proposé aux jeunes
une réflexion sur l’amour et les fiançailles. Les jeunes ont
répondu nombreux à l’appel et nous avons un échange très
intéressant.
L’après-midi, émission à notre radio
communautaire. Puis le responsable d’une nouvelle radio en
ligne sur Internet vient me voir pour me demander mes
enregistrements. Bien sûr, j’accepte et nous mettons au point
notre façon de travailler.
Samedi
13 février :
Enregistrement pour la radio. Puis réunion de la
Commission Justice et Paix, en même temps que la rencontre
de la Caritas du secteur. Cela arrive souvent que les choses
se chevauchent, vu le nombre de nos occupations et activités.
A
13 heures, je reçois les responsables d’un groupe charismatique,
puis je rencontre un couple mixte (chrétien et musulmane)
qui souhaite se marier.
Après-midi, comme chaque semaine,
catéchèse des enfants et des adultes.
Vendredi
12 février :
Nouvelle rencontre avec les élèves chrétiens et musulmans
de notre Collège pour leur faire vivre ensemble les mêmes valeurs.
Par exemple, la miséricorde pour aujourd’hui. Nous présentons ce
thème ensemble, avec un éducateur musulman, en faisant participer
les jeunes au maximum : chants, dessins, poèmes, théâtre,
etc… Les jeunes sont très intéressés et participent très bien.
Nous allons ainsi faire le tour des différentes
classes.
L’après-midi, accueil avec de nombreuses visites,
et préparation des activités à venir, jusque tard la nuit,
coupée par le Chemin de Croix suivi de l’Eucharistie.
Jeudi
11 février :
Comme chaque jeudi matin, je vais à la prison des
femmes.
Après-midi : réunion des femmes. Nous continuons
la mise en place de l’association.
Puis je réponds à une
demande d’émissions radio en ouolof, en secteur rural.
La
nuit, dernière rencontre du trimestre de préparation au
mariage. Jeudi exceptionnellement, car en ce temps de Carême,
les chrétiens vont suivre le Chemin de Croix dans chacune de leur
paroisse.
Mercredi
10 février :
Mercredi des Cendres. Je commence par une célébration dans
notre Collège. C’est une cérémonie qui attire beaucoup de gens,
par sa symbolique qui leur parle fortement. J’ai une nouvelle
célébration à 14 h, à la pause du «midi » pour les
élèves, mais aussi pour les mères de famille qui, le soir, seront
prises par le travail à la maison. Et à 18 h 30, c’est la
cérémonie pour les travailleurs.
Entre temps, j’enregistre
des émissions radios. Avec le Carême, j’ai beaucoup de
demandes supplémentaires.
L’après-midi, rencontre des
veuves . Comme chaque fois, nous parlons de leurs conditions de
vie très difficiles et des coutumes et traditions à faire évoluer.
Puis nous évaluons les petits projets économiques que nous avons
lancés pour les aider à vivre.
A 20 heures, je reçois un
technicien de la radio pour coordonner les choses. Et j’ai la
surprise de recevoir la visite de deux amies guinéennes venues
se faire soigner à Dakar. Nous avons beaucoup de choses à nous
dire.
Mardi
9 février :
Je voulais continuer à régler les choses en retard, mais il
n’y a pas de courant, donc par d’Internet, ni Face Book, dont
nous sommes de plus en plus dépendants. Nous en profitons pour nous
asseoir avec mon confrère, pour faire le point de nos
différentes activités. L’après-midi, je reçois plusieurs
responsables de communautés et de Mouvements, qui peuvent se
libérer.
La nuit, je sors dans le quartier.
Lundi
8 février :
Journée de « repos », où les gens en profitent
pour venir nous voir et où nous essayons de classer les affaires et
régler les choses en retard. J’en profite pour réparer mon vélo
et changer un pneu : fabrication chinoise, pas chère, mais il
n’a pas duré plus de trois mois !
Je cherche des DVD sur
l’Ancien Testament utilisables avec les élèves musulmans :
nous avons les mêmes premiers Prophètes. C’est important que
ces élèves connaissent le point de vue chrétien sur ces
prophètes, et aussi l’inverse, bien sûr. Notre Collège a
l’électricité et une salle de projection, ce que n’a aucun
autre collège privé ou public de notre ville.
A midi, je reçois
comme chaque mois une jeune fille qui se prépare à la vie
religieuse. Je la connais depuis la Guinée. Elle me présente
en disant « c’est mon papa ». Ce n’est pas une
dépendance affective, mais plutôt un signe très fort de confiance
et d’amitié. Beaucoup de chrétiens ici utilisent cette formule,
envers les prêtres et religieux qui les ont formés. Je reçois
aussi un jeune prêtre, à sa demande.
Je vais chercher l’argent
qu’on m’a envoyé depuis l’Afrique du Sud, par Western
Union pour une détenue. Mais il n’y a pas d’argent. Je
reviendrai demain.
Et puis, il y a toutes les activités de
Carême qu’il faut préparer.
Dimanche 7 février : Je vais dans une paroisse voisine pour une formation des responsables de Communauté et des Associations de Jeunes. C’est vraiment la base de nos activités. Je n’ai pas de problèmes, je suis bien rodé sur cette question. On met du temps à commencer (les gens sont souvent en retard) mais nous travaillons très bien, à la satisfaction de tous.
Samedi
6 février :
Journée de formation des catéchistes. En même
temps, je reçois la visite d’un de nos jeunes en formation qui
vient du nord du pays. Nous prenons un moment pour parler de ses
activités.
Le soir, nous préparons la Journée Caritas.
Vendredi
5 février :
Le centre des jeunes filles où j’allais l’an
dernier avait des problèmes. Les choses sont réglées et j’ai la
grande joie de pouvoir y retourner. J’y suis accueilli aussi avec
joie, tant par les élèves que par les éducatrices. Je les
rencontre par groupes, ensemble chrétiennes et musulmanes. C’est
très important pour partager entre elles, mais aussi pour
construire l’avenir du pays dans l’entente et le respect
mutuels. Pour cette 1ère rencontre, nous abordons la
question de la miséricorde.
A la pause, je vais au Bureau de
Police pour renouveler ma carte de séjour. Démarche à faire
tous les trois mois. Mais je suis très bien reçu. Il est vrai que
je les connais maintenant ! J’en profite pour passer saluer
mes confrères à la paroisse voisine. Puis je tiens une séance de
travail avec la responsable du CAEDHU (Centre Africain d’Education
aux Droits Humains) avant de retourner rencontrer un autre
groupe de jeunes filles, puis regagner rapidement ma paroisse.
Jeudi
4 février :
Nouvelle rencontre commune des élèves chrétiens et
musulmans sur le thème de la miséricorde.
Accueil et
permanence : toujours autant de problèmes auxquels nous ne
pouvons malheureusement pas toujours répondre. Nous faisons pour le
mieux, avec l’aide de nos communautés et des personnes de bonne
volonté.
La nuit : nouvelle rencontre de préparation au
mariage avec les fiancés. C’est la dernière de la
formation : questions libres et témoignages divers.
Mercredi 3 février : Préparation du Carême et visite dans les collèges. Le soir, nous allons dans un quartier pour recevoir le tableau de Jésus Miséricordieux et faire le passage d’une communauté à l’autre, après une procession dans le quartier, comme nous le ferons chaque semaine, avec nos 13 communautés de quartier, en cette Année de la Miséricorde.
Mardi
2 février 2016 :
Une amie d’enfance est décédée. Pendant la nuit, à la
demande de ses enfants et de l’aumônerie de l’hôpital où
elle était engagée, je prépare la célébration et rédige
l’homélie, en lien avec eux, grâce à Internet. Heureusement, il
y a de la connexion ! Ici, à Pikine, nous prions aussi pour
elle et nous sommes en lien avec les cérémonies. Elle est enterrée
un 2 février, jour de la lumière et jour de l’Evangélisation
pour tous les peuples. C’est un signe important pour nous, elle
qui est née à Shangaï, nous avons grandi ensemble à Dakar, elle
est venue travailler avec moi dans les camps de réfugiés en Guinée
et en Sierra Léone, pendant la guerre du Libéria. Nous croyons que
Dieu va la faire entrer dans sa Lumière.
Ce jour, c’est aussi
l’anniversaire de la mort de notre 2ème fondateur, un
Juif, fils de rabbin converti. Nous nous retrouvons les spiritains
de la ville avec les laïcs de la fraternité spiritaine, les sœurs
spiritaines et des amis, pour prier ensemble et réfléchir aussi à
notre engagement, à notre propre prise en charge. En effet,
nous travaillons avec des populations pauvres, qui ne peuvent pas
nous prendre en charge. Il nous faut donc travailler par nous-mêmes.
Nous terminons par un repas partagé.
Lundi 1er février : Rencontre de tous les prêtres du secteur. D’abord nous prenons un temps de réflexion sur notre travail et nos relations avec les musulmans, guidés par l’un d’entre nous qui a reçu une formation dans ce domaine. Nous abordons la question du suivi des groupes de prières car quelques-uns nous posent des problèmes avec un certain nombre de déviations. Nous terminons par le tour et l’évaluation de nos différentes activités. Suivi par un repas fraternel qui nous permet de prolonger notre réflexion et de resserrer nos liens.
Dimanche
31 janvier :
Réunion de la Caritas. Nous faisons d’abord le tour
des activités. Puis nous examinons les demandes de soutien qui nous
ont été faites. Nous sommes contents car nous voyons que les gens
cherchent à se prendre de plus en plus en main et que les choses
avancent peu à peu. Dans un 3ème temps, nous préparons
la journée de la Caritas qui aura lieu pendant le Carême. C’est
à la fois un temps de prière pour nous ouvrir davantage à ceux
qui ont des problèmes autour de nous, et un moyen de récolter des
fonds pour nos différentes activités.
L’après-midi, je pars
rejoindre des jeunes de tout le secteur qui ont une journée de
réflexion sur la vocation et leur avenir. Les échanges sont
très intéressants.
Au retour, je reçois des parents pour
préparer le baptême de leur bébé.
Samedi
30 janvier :
Ce matin, deux activités en même temps. Cela arrive
souvent. Je lance la rencontre du secteur des femmes responsables
de nos 13 paroisses pour préparer une journée de formation
ouverte à toutes. Je les laisse continuer, elles en sont tout à
fait capables, pour aller bénir plusieurs mariages célébrés
ensemble.
Au Sénégal, les gens savent faire la fête. Mais cela
a un coût. Des personnes s’endettent à mort pour se marier, mais
aussi pour les baptêmes, les premières communions et même les
enterrements. C’est pourquoi nous avons lancé toute une réflexion
pour fêter ces événements d’une manière digne et dans la
joie, mais de la façon la plus simple possible. C’est ce que
nous faisons aujourd’hui pour ce mariage. Une messe très animée,
avec une grande participation de toute l’assemblée (pas de
chorale, ni de grandes décorations, ni de demoiselles d’honneur
en grande tenue), mais en intégrant les rites traditionnels du
mariage coutumier. A la sortie, pas de grand repas mais un pot
d’amitié avec des jus de fabrication locale (pas d’alcool) dans
la salle paroissiale, en prenant le temps de chanter et de danser
avant de nous séparer dans la joie.
Après le mariage, je pars
à une cinquantaine de kilomètres participer à une formation
sur le leadership (comment être un meneur), organisée par
YMCA, un mouvement œcuménique de jeunes, catholiques et
protestants avec un certain nombre de musulmans que nous accueillons
avec joie et reconnaissance. J’interviens pour expliquer ce qu’est
un leader chrétien. Je ne veux pas faire de théorie : je pars
donc de l’engagement de Moïse (prophète commun aux chrétiens et
aux musulmans), puis celui de Jésus (que les musulmans connaissent
bien). Comment ils ont été responsables, ont conduit et libéré
les gens. Cela nous permet un échange très intéressant. A partir
de là, nous relisons deux passages de l’Evangile : les
disciples d’Emmaüs et le bon Samaritain, pour en tirer des
conclusions sur notre vie. Dans un 2ème temps, nous
abordons la question de l’engagement citoyen en tant que
chrétiens.
Une journée très enrichissante. Je rentre tard la
nuit, après avoir attendu les transports publics pendant longtemps.
Vendredi
29 janvier :
Le matin, je dois laisser la formation pour participer à la
rencontre de la Commission de la famille dont je suis
responsable pour notre secteur. Avec les transformations sociales et
la mondialisation, la famille est gravement perturbée et le mariage
difficile, sans oublier l’éducation des enfants qui pose aussi
beaucoup de problèmes. Nous définissons d’abord notre rôle et
nos orientations. Puis nous voyons comment les mettre en pratique et
quel programme suivre, avec quels moyens. Il y aura beaucoup de
choses à préciser et à mettre en place. Cela se fera au fur et à
mesure.
Dès la fin de la réunion, je pars rejoindre la
formation aux projets pour la 2ème fois. Nous
terminons la formation et j’annonce le décès d’une amie
d’enfance à laquelle j’étais très attaché. Nous avons
grandi ensemble à Dakar. Nos deux familles étaient très amies.
Elle était la cheftaine de louveteau de mes frères. Nous nous
étions perdus de vue pendant près de 50 ans. Je l’ai retrouvée
en pleine dépression et de plus en plus malade. Encore valide, elle
était venue plusieurs fois me rejoindre en Guinée forestière dans
les camps de réfugiés du Libéria et de Sierra Léone (elle était
professeur d’anglais). Lors de mes derniers congés, je l’ai
accompagnée. Elle ne pouvait ni parler, ni manger. Son départ me
rend très triste, mais je le vis dans la paix, car elle va pouvoir
enfin vivre en paix, dans la lumière, et se reposer dans la joie
avec tous ses parents et amis qui l’ont précédée, …. en
attendant de la retrouver. Dites merci pour sa belle vie et si vous
le voulez, priez pour elle. Pour moi, je suis tout de suite entouré
de l’amitié de mes confrères.
La vie continue. Le soir
nouvelle rencontre de préparation au mariage. Nous parlons de
l’éducation des enfants. Les participants se connaissent
maintenant très bien. Ils sont à l’aise et s’expriment sans
peine. Comme chaque fois, ils se retrouvent en petits groupes par
paroisse (il y en a 13) pour tirer des conclusions de la formation
d’aujourd’hui, comment la vivre entre eux, avec leur famille et
ceux qui les entourent.
Jeudi
28 janvier :
Après la prière et le petit déjeuner, je pars en ville
pour une session de deux jours sur la mise en place de petits
projets économiques. En effet, nous avons de plus en plus de
peine à vivre comme missionnaires car nous travaillons en priorité
avec des populations pauvres. La plupart d’entre nous viennent
aussi de pays pauvres (Afrique, Asie, Amérique du Sud) et n’ont
donc pas le soutien de parents ou d’amis, comme les anciens
missionnaires qui venaient d’Europe. Nous ne pouvons pas être à
la charge des gens qui nous accueillent déjà avec beaucoup
d’amitié et de générosité. Il faut donc trouver les moyens de
gagner notre vie et surtout les moyens pour faire notre travail
missionnaire et social. Tout en continuant à compter sur nos
parents et amis. Je tiens à cette occasion à remercier tous ceux
qui nous soutiennent, à tous les niveaux : matériel, amitié,
prière.
Pendant deux jours, nous nous retrouvons autour d’un
confrère basé à BRUXELLES, responsable de l’organisation
Kibanda qui assure la composition et le suivi de petits projets
économiques et la formation des différents acteurs. Il a une
grande expérience dans ce domaine dans de nombreux pays. Je suis
heureux de le revoir, car nous avons travaillé ensemble au Sénégal
et surtout en Guinée, au moment de la guerre du Libéria/Sierra
Léone. Je suis heureux de me retrouver aussi avec les économes de
nos différentes communautés du Sénégal. La même formation va se
faire dans les autres pays de la région où nous travaillons :
Guinée, Guinée Bissao, Mauritanie.
Mercredi
27 janvier :
Le matin, travail à la maison.
A midi, je commence avec
les classes de 5ème.
A 14 heures, je vais célébrer
l’Eucharistie dans une classe, dans un Collège/Lycée public.
Il y a eu, à midi, les élections du gouvernement scolaire (les
responsables des élèves). Avec les jeunes de l’aumônerie, nous
nous retrouvons d’abord avec le Proviseur (musulman) qui encourage
les élèves chrétiens à prendre leurs places et à apporter leur
spécificité dans la vie de l’école. Il affirme l’importance
pour eux de prendre des responsabilités et des initiatives. En
effet, étant une petite minorité, ils auraient parfois tendance à
se replier sur eux-mêmes. Nous parlons du rôle du gouvernement
scolaire, pour qu’il ne se limite pas à organiser des
compétitions sportives ou des soirées dansantes, mais prenne
vraiment en compte la marche de l’école et la vie des élèves.
Après cette rencontre, nous partons dans une classe dire la messe :
célébration sous forme de partage libre et d’échanges tout au
long de la liturgie, dans une grande joie et spontanéité.
Après
la messe, au moment de partir je m’aperçois que la roue avant de
mon vélo est crevée. Il va falloir que je le pousse dans le
sable…. mais tout de suite, plusieurs enfants me rejoignent et se
chargent de pousser mon vélo jusqu’au stade où ils se rendent.
Ils sont aussitôt remplacés par un autre groupe de jeunes qui
m’accompagnent jusqu’au marché. Je reprends mon vélo pour
continuer, et un autre jeune arrive en courant et me tape sur
l’épaule en me disant : « Miséricorde ». C’est
un des élèves qui a assisté à mon intervention hier ! Et il
m’accompagne jusqu’à l’église.
Le temps de réparer mon
vélo, j’arrive en retard à notre rencontre de l’équipe
apostolique. C’est l’ensemble des prêtres et religieuses de
la paroisse. Nous commençons par le tour de nos activités, qui
sont nombreuses et variées : deux dispensaires, 21 jardins
d’enfants, deux écoles élémentaires et deux collèges, un
centre d’accueil des réfugiés et immigrés, un centre de
formation féminine, etc… en plus des différentes activités
paroissiales. Cela nous prend du temps car nous tenons à
approfondir les choses, surtout qu’il y a des changements de
personnes. Puis nous voyons le calendrier des activités
paroissiales, pas seulement pour nous mettre au courant, mais pour
donner notre avis et voir comment y participer. Nous reprenons cela
dans la prière, avant de manger ensemble, dans la joie. Et de
rentrer nous coucher car il est tard.
Mardi
26 janvier :
A 12 heures, deux nouvelles classes de 6ème. A
14 heures, à la pause, après le repas, rencontre avec les
enseignants et le personnel sur le même thème de la
Miséricorde. Pour que tout le monde avance en même temps, pas
seulement pour que les adultes continuent à former et à suivre les
élèves, mais qu’ils vivent eux-mêmes la Miséricorde dans les
différents secteurs de leur vie.
A 15 heures, je rencontre la
petite chorale des élèves qui prépare la messe du Mercredi
des Cendres et le temps du Carême. Je les encourage mais je les
invite aussi à vivre ce qu’ils chantent.
Puis je retrouve les
gens qui m’attendent à la paroisse : écoute, confessions,
préparation d’activités.
Lundi
25 janvier :
Je reprends mes visites dans les collèges et lycées
pour contacter élèves et enseignants. Cela va me prendre beaucoup
de temps…. il y a du monde à rencontrer !
A midi, je
commence une série d’interventions dans notre grand Collège
catholique de la ville. L’idée est de faire vivre les mêmes
valeurs à tous les élèves chrétiens et musulmans (la grande
majorité) pour bâtir un avenir commun. Nous allons commencer par
le thème de la Miséricorde. En effet, pour les chrétiens, nous
sommes dans l’année de la Miséricorde. Dans l’Islam,
l’un des noms de Dieu c’est : « le Miséricordieux –
Rahman », et la plupart des sourates du Coran commencent par
ces mots : « Au nom de Dieu, le Compatissant, le
Miséricordieux ». Nous intervenons donc à deux :
moi-même et un professeur musulman, pour présenter d’une façon
complémentaire le point de vue des deux religions. Cela d’une
façon animée et pédagogique bien sûr : affiches, chants,
théâtre, histoires. Ensuite, les élèves se retrouvent en petits
groupes, pour décider ce qu’ils veulent faire dans leur famille,
dans leur école et dans leur quartier. Le suivi sera assuré par
les professeurs de morale. Nous allons préparer des fiches
pédagogiques pour cela, et dans trois mois nous ferons l’évaluation
du travail, des actions que les élèves ont menés. C’est
vraiment une grosse action que nous lançons et qui va durer toute
l’année. Pour arriver au bout, nous prenons les classes de même
niveau deux par deux. Ce n’est pas l’idéal (plus de 100 élèves
et pas de groupe structuré), mais je suis limité par le temps. Par
contre, le suivi se fera dans chaque classe spécialement. Nous
commençons par les 6ème. Tout se passe bien et il y a
vraiment une bonne compréhension et complémentarité entre
l’enseignant musulman et moi-même : nous nous connaissions
déjà et nous avons bien préparé notre intervention.
Dimanche
24 janvier :
Réunion du Conseil Paroissial. Nous évaluons les
différentes activités de Noël et préparons le Carême. Puis nous
faisons le tour des différentes commissions, avant d’aborder
certaines questions précises. En particulier le travail avec les
mairies, l’animation des quartiers, la condition des veuves, le
travail dans les prisons et avec les jeunes dans la
rue…
L’après-midi : émission sur la radio locale en
direct. Maintenant, les auditeurs ont la possibilité d’intervenir
par téléphone, ce qui anime beaucoup l’émission. Surtout que
plusieurs personnes se sont présentées comme volontaires pour
prendre en charge cette émission.
Samedi 23 janvier : Je devais me rendre à la prison des jeunes, en ville, dans laquelle j’ai travaillé les années passées. La rencontre est annulée au dernier moment. Cela aussi arrive souvent, à cause d’un manque de prévision et de préparation. Ca ne facilite pas le travail. J’en profite quand même pour régler l’une ou l’autre question qui traîne depuis longtemps. Et pour aller saluer les enfants du catéchisme. Et rester disponible pour accueillir les personnes qui se présentent.
Vendredi
22 janvier :
Visite dans les collèges et lycées. A la pause et à
midi, contacts avec les enseignants.
A 14 heures, rencontre dans
un Collège pour le démarrage d’une nouvelle aumônerie. Les
jeunes se prennent bien en main. Et les élèves d’un autre
collège sont venus les rejoindre.
A 18 heures : rencontre
du nouveau Bureau des Femmes Catholiques, pour choisir nos
orientations et prévoir les activités en conséquence. La réunion
dure longtemps, car les choses n’avancent pas vite.
Je les
abandonne pour la rencontre de préparation au mariage.
Aujourd’hui, nous parlons du droit civil et du droit religieux
(Canon). Un certain nombre de fiancés sont venus nous rejoindre,
alors que nous sommes à la 3ème séance ! Les
choses traînent toujours et la plupart du temps les gens viennent
en retard. C’est une mentalité qui s’est créée contre
laquelle il est vraiment très difficile de lutter. Par contre, les
participants commencent à se connaître et la rencontre est de plus
en plus animée. Surtout que les intervenants sont des laïcs mariés
qui ont des choses à dire et qui savent les faire passer.
Jeudi
21 janvier :
Matin,
visite à la prison.
15 heures : enterrement.
En langue mandjaque, la langue du défunt et de sa famille et de
la majorité des gens présents. C’est une occasion pour prier et
célébrer dans leur langue.
La nuit, rencontre dans une
communauté de quartier, comme chaque jeudi.
Mercredi
20 janvier :
Enregistrement de mes émissions radios en français
et en ouolof, de chaque jour, en plus des émissions du
dimanche.
L’après-midi, visite des Mouvements, et réunion
du secteur sur les vocations pour préparer la rencontre de
dimanche à la paroisse et la grande sortie de tout le secteur.
Mardi 19 janvier : J’ai pris beaucoup de retard sur Face Book et Internet. Heureusement, il y a du courant et de la connexion, aussi j’avance peu à peu.
Lundi 18 janvier : Après cette fête, il y a beaucoup de choses à ranger et à classer.
Dimanche
17 janvier :
Nous célébrons mon 50ème
anniversaire d’ordination sacerdotale. L’Archevêque a tenu
à venir présider cette cérémonie. Nous tenons à célébrer dans
cette fête tout ce qui se vit dans la paroisse. Je rappelle donc
notre plan pastoral avec ses quatre objectifs : d’abord
la communion, puis la sanctification, le témoignage et le service
(charité, développement, droits humains, justice et paix….),
avec affiches, dessins et danses. Nous célébrons nos trois
orientations de l’année sous forme de théâtre :
miséricorde, famille et environnement. Nous avons tenu, malgré les
pressions et les demandes opposées, à faire les choses le plus
simplement possible. Comme cadeaux, pas de choses
personnelles (habits ou chaussures), mais des articles utiles pour
les prisonniers : savons, dentifrice, eau de javel, lait,
sucre, café, que je porterai au fur et à mesure dans les prisons.
Les détenues vont être heureuses !
A la procession
d’offertoire des responsables ont apporté des objets
symboliques de mon travail : un enregistreur pour offrir mes
émissions radio, un clavier d’ordinateur pour les mails et le
travail sur Internet, le sac que je porte rempli chaque jeudi à la
prison, et un bagage des réfugiés qui nous arrivent chaque jour de
partout. Tout cela avec le pain et le vin pour l’Eucharistie.
Après
la messe, nous nous retrouvons tous ensemble dans la cour pour un
pot d’amitié : des jus locaux faits sur place par
l’association des femmes, à partir de plantes : baobab,
bissap, tamarin…. (pas d’alcool) et de petits biscuits fabriqués
également par elles. Cela a permis à beaucoup de monde de se
rencontrer et de se parler. Nous n’avons pas fait de grand
banquet. Simplement un repas avec l’évêque et quelques
responsables de la paroisse, ce qui a permis un échange très
intéressant à bâtons rompus mais avec beaucoup de sérieux sur
des sujets importants.
Samedi 16 janvier : Accueil (les gens sont plus libres ce jour-là) et suivi des groupes de catéchèse.
Vendredi
15 janvier :
Je finis de mettre au point mes articles. A midi, je vais
dans un collège de la ville. Les élèves sont encore jeunes mais
ils se sont très bien organisés et ont pris eux-mêmes leur
aumônerie en mains, car, avec 13 lycées et collèges, je ne
peux évidemment pas venir à chaque réunion. Aujourd’hui, nous
voyons comment ils peuvent participer à la vie du Collège, car les
élèves chrétiens étant une toute petite minorité le danger est
qu’ils se replient sur eux-mêmes.
A 16 heures, réunion de
tout le secteur pour la Commission des Vocations. Nous
préparons la rencontre générale des enfants et des jeunes de tout
le secteur, pour les aider à préparer leur avenir et réfléchir à
leurs engagements futurs.
A 18 heures, prière au Saint
Sacrement. Puis je vais dans le quartier prier avec la Communauté
pour un malade.
A 20 heures, préparation au mariage de
plus de 50 fiancés. Nous parlons de la sexualité dans le couple.
La rencontre est très animée.
Jeudi
14 janvier :
J’interromps mon travail pour aller donner le Sacrement
des malades à une grand’mère. Toute la communauté est là
pour la prière. Et nous continuons par la réunion hebdomadaire à
laquelle notre doyenne est heureuse d’assister.
Dans la
journée, j’ai été interviewé à la radio et à la télévision.
En effet, une association de femmes juristes a fait déposer une loi
pour légaliser l’avortement médicalisé. Cela entraîne
de grands remous dans la société, car cette loi ne correspond ni
aux valeurs traditionnelles du Sénégal, ni à l’enseignement de
l’Islam. On vient me demander le point de vue de l’Eglise. Dans
la foulée, je me mets à la rédaction d’un article à publier
dans différents journaux.
Mercredi
13 janvier :
Retour au grand Collège. Je me mets tout de suite au travail
et passe dans plusieurs classes pour contacter élèves et
professeurs. Il me faudra du temps pour arriver au bout.
16
heures : rencontre générale des Femmes Catholiques. C’est
une rencontre importante que nous avons préparée avec soin. En
effet, depuis plus d’un an il n’y a plus de Bureau et il existe
de nombreuses tensions entre elles. Nous commençons par donner la
parole à tout le monde en exigeant que l’on parle sans
agressivité et sans attaques personnelles. Cela demande plusieurs
heures, mais finalement elles acceptent de passer aux élections. La
transmission avec l’ancien Bureau se passe bien, dans la demande
de pardon et la réconciliation. Mais ça n’a pas été facile.
Mardi
12 janvier :
Travail sur Internet et sur Face Book.
14
heures : J’ai été nommé aumônier de notre grand Collège.
Après bien des reports et des difficultés, j’ai réussi à
enfin trouver une heure de rencontre, à la pause de midi. C’est
une prise de contact. Je leur demande ce qu’ils attendent d’un
aumônier ; ils sont étonnés de ma démarche. Ils pensaient
que j’allais venir avec un plan d’action tout fait à l’avance
et me limiter aux questions uniquement religieuses. Malgré tout,
nous arrivons à dégager un certain nombre de pistes, qu’il va
falloir approfondir.
Lundi
11 janvier :
Je m’enferme dans ma chambre pour classer mes affaires et
régler les différents problèmes en attente :
commencer à préparer mes futures interventions et mes émissions
radio et télés. Je regrette de devoir faire ainsi, mais c’est la
seule solution pour m’en sortir.
Le soir, travail sur les
petits projets de développement avec les responsables de la
Caritas.
Dimanche
10 janvier :
Comme hier soir, aux trois messes j’explique comment vivre
le mieux possible cette année de la miséricorde :
accueillir la miséricorde de Dieu, être miséricordieux, mais
aussi former ceux qui nous entourent et bâtir une société de
réconciliation et un pays de miséricorde. J’exprime ainsi le
résultat de nos réflexions dans les différentes communautés de
quartier. Les gens apprécient.
A 14 heures, je rejoins notre
radio locale pour l’émission en direct.
Samedi
9 janvier :
Aujourd’hui deux réunions importantes avec les délégués
du secteur de la Caritas et des Associations des Femmes
Catholiques. Avec chaque groupe, nous faisons le point des
activités du 1er trimestre et préparons celles du 2ème
trimestre, en faisant le tour de chaque groupe et de chaque
paroisse. Un gros travail, mais très utile. Cela nous permet de
nous encourager et de nous donner des idées. C’est
important.
Nous célébrons deux mariages à la paroisse. Je n’ai
pas le temps d’y assister, mais je vais les saluer le soir, après
la messe.
A la pause de midi, je reçois un enseignant. Nous
étudions la possibilité de lancer une aumônerie dans son
collège. Son soutien est important car jusqu’à maintenant je
n’arrivais pas à le faire. Espérons que cela va marcher.
Vendredi
8 janvier :
Nouveau passage dans les collèges. Il faut suivre et
relancer les affaires, si on veut que ça avance.
A 14 heures,
pendant que les élèves musulmans vont prier à la mosquée, je
rencontre les élèves chrétiens d’un collège. C’est ce qui se
fait dans les différents collèges et lycées, dans le respect
mutuel et sans problème. Personnellement, je fais le tour chaque
vendredi.
Jeudi
7 janvier :
Après l’accueil de deux migrants et le nettoyage de ma
chambre (elle en a bien besoin), je pars pour la prison comme
chaque jeudi. Nous sommes heureux de nous revoir, car à cause des
fêtes cela fait trois semaines que je n’étais pas venu. Donc les
joies mais aussi les problèmes se sont accumulés. Je vais voir
comment les solutionner peu à peu.
L’après-midi, enterrement
d’une vieille paroissienne. Il y a beaucoup de monde. Nous
faisons une célébration très simple à la demande de sa famille.
Il n’y a pas de chorale, mais tout le monde chante et nous avons
une prière pleine de paix et d’espérance.
A 17 heures,
rencontre de fiancés. Nous terminons le dossier et préparons
la cérémonie en tenant compte des rites et traditions de leur
ethnie.
La nuit, célébration de la miséricorde comme
hier, dans un autre quartier. Nous regrettons qu’il n’y ait pas
beaucoup d’enfants.
Mercredi
6 janvier :
Suite de l’accueil, préparation de mariages, de
baptêmes et aussi malheureusement d’enterrements.
L’après-midi,
réunion des femmes pour relancer les activités qui étaient au
point mort, suite à des tensions entre elles. Nous sommes contents
car elles sont venues nombreuses et nous pouvons poser les bases
pour un redémarrage. Nous nous mettons d’accord sur un certain
,nombre d’activités à mener et nous préparons les élections
d’un nouveau Bureau pour mercredi prochain. Elections qui devaient
se faire depuis l’année dernière. Mais le mari de la présidente
était décédé. Et à cause des lois et interdits du veuvage, par
respect pour elle et son mari, il a fallu attendre une année
qu’elle enlève le deuil pour pouvoir procéder à ces élections.
Nous saisissons l’occasion pour annoncer une réflexion
approfondie sur les coutumes et interdits au temps de deuil qui
bloquent beaucoup de choses, et surtout qui font souffrir beaucoup
de femmes.
Immédiatement après, je pars dans le quartier pour
une célébration sur la Miséricorde. Comme prévu, une
Communauté de chacun de nos deux secteurs a reçu un grand tableau
de Jésus Miséricordieux. Pendant deux semaines, ils sont passés
dans les maisons du quartier pour un temps de prières, de
récollections, mais aussi d’aide aux nécessiteux. Aujourd’hui,
ils vont remettre le tableau à la Communauté suivante au cours
d’une messe, après être venus en procession. La messe est à la
fois très fervente et très animée, avec la lecture des passages
importants de la lettre du Pape. Après une demande de pardon
communautaire, nous offrons les actions de miséricorde vécues au
cours de ces deux semaines. Nous terminons par une célébration de
la paix, suivie par un repas pris ensemble où nous continuons notre
partage, dans l’amitié.
Mardi
5 janvier :
Les cours ont repris hier. Je fais donc le tour d’un
certain nombre de lycées et collèges de la ville pour
relancer les activités, et je reçois des réponses plus ou moins
positives, selon le cas. Puis je vais au Collège catholique, dont
j’assure également l’aumônerie. Nous prévoyons une rencontre
avec les enseignants et le personnel, ainsi que des rencontres sur
la Miséricorde pour tous les élèves chrétiens et
musulmans ensemble. Pour les chrétiens, c’est l’année de la
Miséricorde. Pour les musulmans, la plupart des sourates du Coran
commencent par ces mots : « Dieu est le compatissant et
le miséricordieux ». Affaire à suivre.
A mon retour,
beaucoup de personnes m’attendent. Un migrant âgé, venu du Mali,
un autre vieillard qui vit seul et expulsé parce qu’il ne peut
pas payer son loyer, un malade pour cause d’alcoolisme :
après l’avoir envoyé à notre dispensaire et lui avoir acheté
les médicaments, je le mets en rapport avec la responsable de la
Communauté de son quartier pour une prise en charge et un suivi.
Ici, il y a des centres pour le suivi des personnes qui se droguent,
mais pas pour les alcooliques, malheureusement. Ensuite, une femme
atteinte du cancer, mais nous n’avons, hélas, pas les moyens de
la prendre en charge. Il y a aussi notre vieil ami guinéen qui
n’est toujours pas pris en charge par la mairie, ni le dispensaire
central. En attendant, je vais lui acheter les médicaments les plus
importants : je n’ai pas assez pour tout payer ! Cela me
donne l’occasion de parler longuement avec le pharmacien.
La
nuit, profitant du silence, j’enregistre mes émissions
radio pour la radio catholique (deux émissions par jour, en
français et en ouolof) et pour la radio municipale (émissions du
dimanche).
Lundi
4 janvier : Rangement et classement. Il y a beaucoup
à faire, après toutes ces fêtes, tout en restant disponible pour
l’accueil et le soutien des nombreuses personnes qui
viennent.
Je pars à la rencontre mensuelle des prêtres du
secteur (13 paroisses). Nous abordons les différentes activités de
notre travail pastoral, la vie des Mouvements et des Commissions,
etc.. Les sujets et les préoccupations ne manquent pas. Aujourd’hui
nous nous arrêtons sur l’Evangélisation des coutumes, des
traditions et de la culture. En particulier, les rites de la
naissance, de l’initiation (circoncision), des fiançailles et du
mariage traditionnel, de la maladie, de la mort et du veuvage. Sans
attendre la célébration des sacrements (baptême, mariage…) ou
l’enterrement à l’église. Nous avons composé un livre de
célébrations pour cela, pour les familles et les communautés de
quartier, que je présente et que nous évaluons ensemble, avant
d’en voir l’utilisation la meilleure.
Le soir, rencontre de
nos délégués auprès des mairies. Nous faisons le tour des
activités des différentes communes (13) pour y étudier notre
collaboration possible. En particulier, notre participation aux
activités des jeunes et des femmes. Mais surtout le soutien des
familles nécessiteuses, des malades, des personnes âgées et des
enfants dans la rue. Nous nous arrêtons spécialement à la mise en
place de la C.M.U. (Couverture Médicale Universelle). Une
formation a été assurée dans chaque mairie. Il nous reste à
faire passer l’information dans les quartiers et à pousser les
gens à s’inscrire, pour qu’ils soient pris en charge pour les
médicaments et les opérations. La difficulté, c’est de les
convaincre à cotiser à l’avance. Souvent, ils attendent que la
maladie soit là pour faire appel à la solidarité de la famille et
aux voisins, mais souvent sans obtenir une aide suffisante. Ce qui
cause bien des drames.
Dimanche 3 janvier : Fête de l’Epiphanie. Nous avons choisi de célébrer la Journée mondiale de la paix, parce que le 1er janvier les gens ont la tête à autre chose, mais aussi pour lui donner une dimension plus internationale. Nous avons préparé la messe avec la Commission Justice et Paix. L’homélie reprend, explique et adapte la Lettre du Pape François à notre situation locale. Elle est suivie d’une prière universelle, composée dans le même sens. Puis les enfants nous présentent un petit théâtre pour actualiser le thème. Suit une procession d’offertoire où nous venons déposer au pied de la Croix des armes (en signe de paix), des sacs en plastique (en signe de lutte pour la propreté et le respect de l’environnement) et du bois mort (en signe de lutte contre le déboisement, les feux de brousse et l’avancée du désert). A la fin de la messe, les responsables des communautés reçoivent une colombe avec le thème de la journée : « Gagne sur l’indifférence et remporte la paix ». Puis nous écoutons un résumé de la Lettre, nous récitons ensemble la prière de St François, et terminons par un chant de paix, en nous donnant tous la main. Nous sommes venus en habits blancs, en signe de paix. Une très belle célébration, refaite à nos 5 messes et appréciée par tous.
Samedi 2 janvier : Les activités reprennent avec les rencontres et les visites. Le soir, messe du dimanche anticipée, comme d’habitude.
Vendredi
1er
janvier 2016 : Nous nous retrouvons pour la
Messe. C’est l’occasion de rencontrer des amis qui vivent ou
travaillent ailleurs et qui sont revenus chez nous pour les fêtes.
Chacun exprime ses vœux à sa manière.
Le même jour a lieu le
pèlerinage des enfants auquel ont participé ceux qui
avaient les moyens de payer le déplacement.
L’après-midi,
émission en direct à la radio locale comme chaque
dimanche.