Armel Duteil

Nouvelles de 2016

Samedi 31 décembre : A la veillée du 31, nous présentons –sous forme de projections- les moments forts de l’année, pas seulement les prières et les activités à la paroisse, mais aussi les actions des Communautés dans les quartiers. Nous terminons la célébration à minuit pour nous souhaiter une bonne année 2017, puis nous nous retrouvons tous ensemble à la salle paroissiale pour un réveillon. Nous rassemblons tout ce que chacun a apporté. Nous passons un long temps ensemble, d’où un sommeil très écourté et c’est difficile de se lever le matin pour les messes de ce dimanche 1er Janvier 2017 que nous allons célébrer.

  • lundi 26 décembre : Je passe la matinée à ranger les choses, puis à accueillir les scouts et le Mouvement des enfants (CV-AV) de tout le secteur. Les deux groupes vont tenir leur camp de formation, et, jusqu’au 31 décembre, je vais naviguer entre les groupes, partager leurs activités, assurer des formations et des temps de prière, tout en maintenant la permanence à la paroisse. Heureusement, tout est sur le même lieu ! Préparation aux mariages, soutien aux familles nécessiteuses, accueil des réfugiés, etc… Avec tout cela, l’année se termine vite.

  • Dimanche 25 décembre : Nous continuons les célébrations de Noël. A la grand’messe, je baptise 26 bébés pendant la cérémonie, pour mieux manifester leur accueil dans l’Eglise. C’est aussi l’occasion de faire revivre le baptême à toute la communauté, avec toutes ses exigences dans la vie de chaque jour.
    La fête se prolonge tout au long de la journée.

  • Samedi 24 décembre : C’est la préparation matérielle de la fête, tout en restant disponible pour les personnes qui se présentent. Je passe aussi un bon temps avec les différents intervenants de la Veillée de ce soir. Nous n’avons pas voulu en rester à la seule représentation de la naissance de Jésus. Vu tous les problèmes d’agressivité dans notre banlieue, nous avons pris comme thème : « Jésus, Prince de la Paix. Rejetons la violence ». Plusieurs groupes de jeunes nous présentent des sketches sur les violences verbales, familiales et dans la société, et les solutions qu’ils proposent.
    Pour ma part, je suis au studio d’une Télévision pour faire le commentaire de la Veillée et de la Messe.

  • Vendredi 23 décembre : Nous fêtons Noël à la prison des femmes. Une Association qui s’occupe des bébés est venue nous rejoindre, car il y a aussi des bébés à la prison avec leurs mamans. Ce qui est bien sûr un énorme problème. Nous avons une messe internationale, en anglais, portugais et ouolof, où chacune a pu parler dans sa langue, ou au moins une langue qu’elle comprend, et participer à la prière personnellement. Comme d’habitude, nous avons pris le temps de parler avec chacune et, après la messe, de chanter et danser et de partager un bon repas. Nous n’avons pas apporté des « cadeaux », mais bien plutôt des choses utiles pour elles : nourriture, médicaments, produits d’hygiène, savons, dentifrices, lunettes, radios, etc… selon leurs demandes et nos moyens. En tout cas, une belle journée ! Ce sont les détenues qui nous ont fait entrer dans la Joie de Noël.
    Mais je dois rentrer avant la fin de la fête, car malheureusement un enterrement m’attend. Puis, une réunion des parents d’élèves, et ensuite les dernières confessions dans une des paroisses du secteur. Cela fait beaucoup de choses, mais aussi beaucoup de sensations différentes auxquelles il faut s’adapter psychologiquement. Ce n’est pas toujours facile !

  • Jeudi 22 décembre : Nous sommes en préparation de Noël. L’après-midi, nous nous retrouvons avec une communauté de quartier où vit une femme âgée, alitée depuis longtemps et que la Communauté a suivi pendant plusieurs années : aujourd’hui, nous avons la grande joie de la baptiser. C’est une très grande joie pour nous tous.

  • Mardi 20 décembre : Nous avons enfin obtenu un rendez-vous avec le maire de la circonscription urbaine, regroupant les huit communes de notre paroisse. Nous abordons les différents problèmes de notre banlieue en proposant nos réflexions et nos propositions. Le tout se passe dans une bonne ambiance.
    Le soir, je pars en ville pour la dernière formation préparatoire à Noël, avec le thème « vivre notre foi aux dimensions du monde ».

  • lundi 19 décembre : Normalement, c’est notre jour de repos, mais les gens ne le respectent pas. Beaucoup d’étrangers arrivent à la gare routière internationale et la première chose qu’ils demandent pour avoir accueil et soutien, quelle que soit leur religion, c’est : « Où est l’église catholique ? ». Les gens défilent tout au long de la journée.
    Le soir, confessions dans une autre paroisse jusque tard dans la nuit.

  • Dimanche 18 décembre (suite) Encore une journée très chargée ! Nous avons des ordinations de prêtres, mais en même temps nous devons tenir la réunion des équipes Caritas de notre secteur, et élire un nouveau Bureau après trois ans de fonctionnement. Il est nécessaire de changer les responsables pour que les choses avancent ! Et il nous faut choisir !

  • Dimanche 18 décembre : Encore une journée bien remplie. Après la messe du matin, rencontre du Conseil Paroissial où nous faisons le tour de nos activités, et il y en a beaucoup. En début d’après-midi, rencontre avec les parents des scouts. Puis aussitôt, on vient me chercher pour m’amener dans une autre paroisse où je dois assurer une formation sur le travail des communautés de quartier. Les gens se sont déjà mis au travail, aussi ils ont beaucoup de questions et la rencontre, très amicale, se prolonge tard dans la nuit. Heureusement, ils me ramènent en voiture, car il n'y a plus de transports publics.

  • Samedi 17 décembre : J’adapte mes conclusions à la situation et au travail en secteur rural. Je suis très heureux, par la même occasion, de revoir un certain nombre de frères et sœurs que je n’avais pas vus depuis longtemps. C’est très agréable.

  • Vendredi 16 décembre : Catéchèse préparatoire à Noël au Collège.
    Puis nous recevons la visite de notre Supérieur. Aussitôt après l’avoir rencontré, je pars assurer la même rencontre avec les religieux et religieuses sur les prisons, mais cette fois-ci pour le secteur rural, à environ 90 km. Je pars donc ce soir et dormirai dans une Communauté de Frères, en route (à MBOUR), pour arriver à l’heure le lendemain matin. Cela me permet de passer une soirée agréable avec eux.

  • Jeudi 15 décembre : Je passe la matinée à la prison des femmes. Elles sont très nombreuses à vouloir me rencontrer pour leurs différents problèmes, surtout que je n’ai pas pu les voir la semaine dernière.
    L’après-midi, émission à la télévision sur l’Avent.
    Le soir, confessions de Noël dans une paroisse voisine jusque tard dans la nuit. Pendant 15 jours, nous faisons le tour des 13 différentes paroisses de notre secteur.

  • Mercredi 14 décembre : Le matin, catéchèse. L’après-midi : réunions des mouvements de jeunes et d’enfants.
    Le soir, rencontre des responsables des jeunes des 13 paroisses de notre secteur, pour la préparation des Journées Mondiales de la Jeunesse (JLMJ). C’est vraiment un gros événement qui nous demande beaucoup de travail de préparation. Heureusement, les jeunes sont motivés.

  • Mardi 13 décembre : Longue rencontre avec une chef d’entreprise qui a entendu parler de nos différentes actions et qui a décidé de nous soutenir. D’abord, elle nous apporte une somme importante pour que des familles nécessiteuses puissent fêter Noël dignement. Elle s’intéresse à nos actions envers les enfants de la rue. Et elle est prête à soutenir également nos petits projets de développement : fabrique de savon, teinture, petit élevage de poulets, sérigraphie, etc.. C’est vraiment une très bonne nouvelle. Elle nous a apporté un stock de jouets pour le Noël des enfants.
    Le soir, en partant pour une autre formation en ville, je me fais saluer dans le car par un ancien camarade de l’école primaire en 1950 ! Je ne sais vraiment pas comment il m’a reconnu… même si les blancs qui parlent couramment le ouolof et voyagent en transport public ne sont pas nombreux.
    La formation de ce soir porte sur l’engagement dans la société ; il y a une très bonne participation et de nombreuses propositions intéressantes.

  • lundi 12 décembre : Jour férié, j’en profite pour avancer dans la rédaction des fiches pédagogiques de morale religieuse pour les élèves musulmans. Le soir, je vais les porter à un professeur musulman pour qu’il les lise, puis nous les corrigeons ensemble.
    Mon travail est entrecoupé d’un certain nombre de visites. En particulier, celle d’une jeune fille complètement bouleversée parce que son père est en train de marier une deuxième femme. Nous voyons comment la famille peut réagir.

  • Dimanche 11 décembre : Récollection des collégiens et lycéens. C’est le temps fort du trimestre. Après mes nombreux passages dans les établissements et les premières rencontres, cette journée d’amitié et de réflexion va nous permettre de mettre les aumôneries en place. Nous travaillons le thème de l’année, les 3 V : Jésus Voie, Vérité et Vie. Je suis frappé par la richesse et l’originalité de leurs remarques. Nous faisons un excellent travail. Et à partir de là, nous voyons les actions à mener dans les différentes écoles, avant de terminer par une messe très animée.
    Aussitôt après, nous tenons la rencontre de la commission « Communication » des JMJ. Il y a là un gros travail de communication et de sensibilisation à faire, et il faut bien nous organiser pour cela.
    Depuis hier, c’est la célébration de la naissance du prophète Mohammed dans tout le pays, avec un pèlerinage dans les principaux lieux de prière. En particulier dans la confrérie soufie des tidjanes. Nous les accompagnons de notre amitié et de nos prières.

  • Samedi 10 décembre : Le matin, rencontre de la Commission Justice et Paix. L’après-midi, mariage, puis rencontre avec les scouts. Le soir : messe.

  • Vendredi 9 décembre : Le matin, travail au bureau et accueil. A midi, je pars dans un collège lancer une nouvelle aumônerie. Ils ne sont pas nombreux, mais c’est un début. Puis, je passe saluer les nombreux élèves musulmans (la majorité) pour leur souhaiter une bonne fête, car bien sûr pour la plupart ils n’étaient pas à la messe hier. Nous parlons de Marie qu’ils connaissent bien eux aussi. C’est très sympathique.
    La nuit, fin de la préparation au mariage. Nous parlons de l’engagement du couple dans la société. Les fiancés se connaissent bien maintenant et la participation est très bonne. Chacun donne la date de son mariage pour que nous puissions rester en communion d’esprit et de prières.

  • Jeudi 8 décembre : Fête de l’Immaculée Conception. C’est la fête de notre collège. Les élèves ont bien préparé la messe, avec chants, danses et différents symboles, pour la joie de tous. La journée se prolonge par une mini kermesse et une soirée culturelle.
    La nuit, réunion des communautés dans les quartiers.

  • Mercredi 7 décembre : Journée de formation des jeunes sur la sexualité, avec une ONG. On me demande de donner le point de vue chrétien , un imam donnant le point de vue musulman. Ils ont voulu inviter les autorités. Celles-ci arrivent avec trois heures de retard et font des discours politiciens pendant plus d’une heure. Les jeunes, découragés, ont commencé à partir. Il nous faut les rattraper. Nous arrivons quand même à récupérer les choses, non sans mal !
    Le soir, rencontre de nos délégués aux mairies avec les responsables des communautés de quartier, hommes et femmes. Cette rencontre est très importante, pour assurer une bonne coordination des actions et pour intensifier nos engagements dans les quartiers et auprès des mairies.

  • Mardi 6 décembre : Nous tenons notre réunion communautaire à nous trois, pour faire le point de notre vie commune et de nos activités paroissiales. Cela fait beaucoup de réunions, mais c’est nécessaire pour bien organiser nos activités.
    L’après-midi, je reçois un certain nombre de personnes : étrangers, enfants de la rue, malades et handicapés, familles nécessiteuses, personnes dans toutes sortes de difficultés.
    Je dois m’arrêter pour aller en ville poursuivre la formation des mardis soirs. Nous réfléchissons à la vie d’une paroisse dans le contexte économique et social du Sénégal.

  • Lundi 5 décembre : Rencontre des prêtres du secteur. Les questions et les problèmes ne manquent pas. Mais c’est toujours aussi une grande joie de se retrouver dans une ambiance amicale pour partager ses soucis.
    Au retour, réunion avec les cheftaines des guides.

  • Dimanche 4 décembre : Rencontre de tous les religieux de la ville. On m’a demandé de parler de mon travail à la prison. Après l’avoir fait, j’essaie d’expliquer comment avoir le même comportement envers les autres personnes de la société qui souffrent. Au retour, je rejoins une de nos Commissions pour préparer les JMJ : celle des media et communication.

  • Samedi 3 décembre : Le matin, nous nous retrouvons pour préparer le Noël des enfants. L’après-midi, célébration de mariages. Vu le nombre de personnes qui se marient, nous faisons des mariages groupés. En plus, cela permet de réduire les dépenses.
    Le soir, messe comme chaque samedi.

  • Vendredi 2 décembre : Je continue la tournée des collèges. Puis je passe à la préparation du pèlerinage des familles.
    Le soir, nouvelle rencontre des fiancés. Aujourd’hui un avocat vient leur parler du mariage civil et de leurs droits et devoirs. Car beaucoup ne les connaissent pas et ils se retrouvent ensuite dans des situations impossibles. Nous parlons des contrats de mariage, de la situation des veuves, de l’héritage, des enfants qui n’ont pas d’acte de naissance, etc.

  • Jeudi 1er décembre : Nous allons rencontrer le préfet, pour lui présenter notre nouvelle équipe. Au-delà du protocole, ce qui nous intéresse c’est de lui expliquer nos différentes activités ainsi que nos propositions, avec l’assurance de notre participation. La rencontre se passe dans une très bonne ambiance. Il est vrai que nous avons des relations amicales depuis longtemps, et il apprécie que les chrétiens participent à la vie de la préfecture.

  • Mercredi 30 novembre : C’est toujours une journée chargée. Le matin, je passe d’abord dans plusieurs collèges de la ville. J’ai enfin pu régler mes problèmes de pneus de vélo. J’ai dû faire quatre commandes de suite, avec les références, et à chaque fois on m’a servi des pneus qui n’étaient pas aux dimensions. En effet, nous recevons des vélos d’Europe, de Chine et de différents pays, chacun avec ses normes. Du coup, ayant trouvé des pneus à la bonne dimension, j’en ai commandé deux jeux ! Au moment de partir, je constate que les patins de frein ont disparu : nouveau contretemps, et il faut que je rentre rapidement pour continuer mes rencontres de morale (je n’aime pas ce titre, j’essaie d’en faire des rencontres de partage et de réflexion éducative) avec les élèves musulmans de notre collège.
    Après avoir mangé sur le pouce, je pars pour un autre lycée pour lancer l’aumônerie. Entre temps, ils ont changé le jour des rencontres, sans me prévenir ! Un déplacement pour rien.
    Dès mon retour, les scouts, les guides et les CV-AV (Mouvement des enfants) m’attendent. C’est toujours une joie de travailler avec eux.
    Le soir, après le travail, réunion de quatre heures avec la coordination des jeunes, regroupant les différents groupes et mouvements, et il y en a beaucoup dans notre grande paroisse. Nous évaluons la journée de lancement, chaque groupe expliquant les actions menées en ce moment. Puis nous évaluons la journée d’engagement du Christ-Roi. Ensuite, nous passons à la préparation des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) de notre diocèse qui aura lieu dans notre paroisse. Nous ne voulons pas impliquer seulement les jeunes chrétiens, mais tous les jeunes de la ville. Nous voyons donc comment rejoindre en particulier les associations et organisations de jeunes sur les terrains de foot ball et autres rencontres.

  • Mardi 29 novembre : Beaucoup de passages et de demandes. J’essaie de jongler pour préparer mon intervention de ce soir. En effet, je vais animer les Mardis de l’Avent dans une grande paroisse de la ville, pour la préparation de Noël. De plus, cette année, cette paroisse fête ses 50 ans. Nous centrons la réflexion sur l’engagement de chacun des chrétiens, une meilleure animation des Communautés de quartier, et une marche en avant de la paroisse, chacun apportant ses propositions mais surtout sa participation, chacun selon ses possibilités. Ce soir, je cherche d’abord à situer la réflexion dans la vie globale de l’Eglise. Sous forme de partage, nous nous rappelons les grandes orientations du Concile Vatican 2. Puis nous regardons les actions, les paroles et les documents du Pape François. Nous nous attardons spécialement à son accueil des réfugiés, et ses paroles fortes : Allez à la périphérie ! Luttez contre la civilisation du déchet (où on rejette tous ceux qui ne sont pas « rentables »). Construire des ponts et non pas des murs (aux jeunes JMJ), les pauvres ont besoin de respect et pas seulement de soutien, etc…. Nous avons ensuite rappelé trois de ses textes importants : sa lettre sur l’environnement (Loué, sois-tu) ; ses conclusions du synode sur la famille ; et d’abord sa lettre « La joie de l’Evangile ».
    Dans un deuxième temps, chacun a pu dire la Parole de Dieu qui le touche le plus, et celles sur lesquelles nous pouvons bâtir nos engagements et notre témoignage missionnaire. Un partage intéressant !
    La réflexion va se continuer les maris prochains.

  • lundi 28 novembre : Nous nous retrouvons tous les prêtres du diocèse autour de notre Archevêque, pour préparer l’année pastorale. Nous revoyons notre plan d’action et cherchons à préciser les actions concrètes que nous allons mener ensemble. Cette rencontre est très importante pour nous, car c’est l’occasion de nous retrouver dans la joie, d’accueillir les nouveaux, de partager nos soucis et nos peines. Mais c’est aussi l’occasion pour chacun d’apporter ses idées et ses propositions.

  • Dimanche 27 novembre : Journée très chargée. D’abord, je vais dans une autre paroisse assurer une formation sur l’engagement dans la famille, la Communauté de quartier et la Société. Les participants ont des tas de choses à dire et de questions à poser.
    Je les laisse à midi pour rejoindre les servants de messe. A 15 heures, rencontre des scouts. A 18 heures, rencontre des responsables des CV-AV, mouvement des enfants ; et la nuit, rencontre des responsables Guides de tout le secteur. Une journée bien chargée !

  • Samedi 26 novembre : Visites des groupes de catéchèse. Les confrères sont partis à ZIGUINCHOR, dans le sud du pays, pour une rencontre régionale. A cause de ces activités, je ne peux malheureusement pas y participer.

  • Jeudi 24, vendredi 25 novembre : Accueil à la paroisse et travail pour Internet (documents) et Facebook (messages).
    Le soir, préparation au mariage.

  • Mercredi 23 novembre : Aujourd’hui, les enfants du Mouvement des enfants CV-AV (Action Catholique des Enfants) sortent dans les quartiers à la rencontre des autres enfants. Nous y tenons beaucoup.

  • Mardi 22 novembre : Suite aux assassinats, dont celui de vendredi dernier, il y a tout un mouvement pour le retour à la peine de mort, supprimée il y a quelques années. Je suis interviewé par plusieurs journaux, radios et télévision , pour donner le point de vue chrétien sur la question, car il y a de fortes pressions de la part de certains musulmans intégristes qui veulent appliquer strictement et matériellement la charia . Heureusement, la plupart des musulmans sont beaucoup plus ouverts, spécialement ceux qui sont engagés avec nous dans les associations des droits de l’homme, et autres ONG.

  • lundi 21 novembre : Je commence la visite (qui durera toute la semaine et la suivante) des cours de morale au Collège, auprès des élèves musulmans. C’est très intéressant, mais cela demande attention et ouverture.

  • Dimanche 20 novembre : Deux activités importantes : nous avons constitué deux groupes, et cela arrive souvent, vu le nombre de nos activités et de nos équipes. D’abord, célébration de la fin de l’année de la Miséricorde, à la Cathédrale. Et, à la paroisse, célébration de l’engagement des membres des différents mouvements et groupes de la paroisse, pour un an. Nous prenons cette célébration très au sérieux et nous l’avons préparée avec soin.
    Nous passons toute la journée ensemble. Après la messe, une réflexion sur la violence et l’insécurité dans notre ville, et les moyens d’y remédier.
    Après un repas partagé, nous avons une après-midi culturelle où nous continuons la réflexion par les chants, le théâtre, les poèmes et autres activités. Et on termine la journée dans la joie, par la danse.

  • Samedi 19 novembre : Ordination de SIX prêtres du diocèse.
    En même temps, rencontre des Caritas du secteur pour harmoniser les actions.
    L’après-midi, célébration d’un mariage d’un couple que je connais bien pour l’avoir suivi depuis plusieurs mois.

  • Vendredi 18 novembre Nous sommes très affectés par l’assassinat cette nuit d’une grande responsable des femmes de Pikine, pour un vol. Cela vient après plusieurs assassinats de jeunes à la suite de bagarres en particulier. En effet, nous vivons dans la grande banlieue où il y a beaucoup de pauvreté, de chômage, et donc beaucoup de violences et d’insécurité. Nous cherchons à agir sur cette question difficile depuis plusieurs années, mais il nous faut approfondir la réflexion et trouver des solution s plus adaptées.
    Le soir, préparation au mariage. Nous parlons de la sexualité du couple.

  • Jeudi 17 novembre : Travail personnel.
    La nuit, dans une Communauté de quartier, comme chaque jeudi, à tour de rôle. Nous avons 13 communautés dans notre paroisse.

  • Mercredi 16 novembre : Rencontre du Bureau des jeunes pour préparer la journée de dimanche, après avoir accueilli en particulier des couples en difficulté.

  • Mardi 15 novembre : Journée consacrée aux Collèges.

  • Lundi 14 novembre : Le matin, contact avec les personnes qui viennent avec leurs demandes, et préparation de la célébration de plusieurs mariages.
    A 15 heures, je passe dans différentes classes du primaire de notre école paroissiale, pour voir la réalisation des cours de morale proposés aux élèves musulmans, pendant que les élèves chrétiens sont en catéchèse. Pour cela, nous avons d’abord composé des fiches pédagogiques. Maintenant, il faut voir comment ces fiches sont utilisées. Nous avons déjà fait une rencontre des enseignants, il faut maintenant évaluer la mise en pratique.

  • Dimanche 13 novembre : Nous tenons l’Assemblée Générale de notre Paroisse, pour actualiser notre Plan d’Action. Les années passées, nous avons mis l’accent sur l’importance de travailler avec tous, chrétiens ou non, au service de la population : rendre aux gens la conscience de leur dignité, la lutte contre la pauvreté et pour le développement, l’action pour la justice et la paix, la lutte contre les violences, et le respect de la Création. Cette année, nous allons continuer ces actions, mais nous sentons le besoin de donner une base spirituelle à ces actions pour agir dans la foi et mieux travailler avec les autres croyants, tout en continuant la collaboration avec les pouvoirs publics. Nous avons donc pris comme thème d’année :
    Jésus, Chemin, Vérité, et Vie, pour tous. La réflexion a été très intéressante et approfondie. Nous nous sommes séparés ensuite en petits groupes, selon les différentes activités, pour préciser les actions à mener. Il va falloir maintenant passer à l’action, tout en continuant la réflexion.

  • Samedi 12 novembre : Rencontre des responsables des Mouvements de jeunes, pour faire le point du démarrage des activités.
    Parmi les différentes personnes que nous essayons d’aider, un père de famille qui vient nous voir pour son fils paralysé qui a besoin de soins réguliers et coûteux.

  • Vendredi 11 novembre : Pendant tous ces jours, dès que j’ai un moment de libre, je me mets à la rédaction de mes différents documents et à la préparation de mes interventions.
    Ce matin, je pars au Centre de formation des jeunes filles, où j’interviens depuis plusieurs années. Nous commençons par une messe. La plupart des élèves sont des musulmanes, mais beaucoup tiennent à participer à notre prière. Bien sûr, nous en tenons compte dans notre célébration.
    Parmi les visites du soir, un confrère me parle de son opération de la hanche. Il n’y avait pas assez de gaz et l’anesthésie a pris fin au milieu de l’opération. Et il a été recousu à vif, au milieu de grandes souffrances. Cela est un exemple supplémentaire des mauvaises conditions de fonctionnement des hôpitaux et de la Santé en général.
    La nuit, deuxième réunion de préparation des fiancés au mariage. Il y a plus d’une centaine de participants. Aujourd’hui, nous parlons de l’éducation des enfants.

  • Jeudi 10 novembre : Une longue émission à notre Radio locale, en ouolof, sur l’éducation sexuelle des jeunes, en lien avec l’ONG Médecins du Monde.
    Ensuite, rencontre avec la Coordination des Jeunes, qui se poursuit jusque dans la nuit.

  • Mercredi 9 novembre : Rencontre des responsables des Mouvements, pour lancer la préparation des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) qui auront lieu dans notre paroisse pour le diocèse de Dakar. C’est un gros travail. Heureusement que nous pouvons compter sur l’expérience des rencontres passées, en particulier pour le nombre des Commissions et leur contenu.

  • Mardi 8 novembre : Visite dans les Collèges et chez les malades. Le soir, messe de lancement pour les aumôneries des Collèges et Lycées.

  • Lundi 7 novembre : Normalement, c’est notre jour de repos, mais les visites diverses, chacun avec ses besoins, ne manquent pas. Et bien sûr, il n’est pas question de fermer la porte et de renvoyer les gens.

  • Dimanche 6 novembre : En lien avec la rencontre COP 22 à Marrakech sur l’environnement, nous menons une réflexion à ce sujet avec toute la paroisse. La discussion est très intéressante et nous veillons à parvenir à des conclusions pratiques et à proposer des actions concrètes. Il nous faudra bien sûr continuer à suivre tout cela. Du coup, je n’ai pas le temps de visionner mes interventions d’aujourd’hui à la télévision et dans les radios. C’est presque toujours le cas, mais je le regrette car parfois au moment du montage les techniciens changent l’orientation et le sens de ce qui est dit.

  • Samedi 5 novembre 2016 : Aujourd’hui, c’est le jubilé des prisonniers . Nous nous retrouvons un certain nombre de chrétiens à la prison des femmes pour une messe. Plusieurs musulmanes se joignent à nous. Ensuite nous partageons un repas avec toutes, après les avoir écoutées et leur avoir adressé des paroles d’encouragements. Nous continuons la journée dans les chants et les danses. Nous avons cherché ensemble comment bien terminer cette année de la Miséricorde et mieux vivre ensemble dans cette prison.

  • Vendredi 4 novembre : 1ère rencontre des prêtres de notre secteur :13 paroisses. Nous nous partageons les responsabilités. Je garde la responsabilité des Commissions de la Famille et Justice et Paix. On me demande de participer aussi à la Commission de la Jeunesse, des anglophones et la Caritas. Je ne serai pas au chômage !
    Le soir, première rencontre de préparation au mariage. Ils sont une bonne centaine de fiancés. Un certain nombre prennent la parole et cela nous donne un partage intéressant ! C’est un bon début.

  • Jeudi 3 novembre : Comme chaque trimestre, je me retrouve avec l’ONG Médecins du Monde pour une formation sur la Régulation des Naissances, où je donne le point de vue chrétien, à côté d’un Imam et d’une médecin. Nous nous connaissons bien maintenant, et c’est très agréable de travailler ensemble.
    Le soir, je pars en ville enregistrer une émission à la télévision sur l’inculturation, un sujet délicat mais important. Après l’émission, nous restons manger ensemble pour partager nos impressions.

  • Mercredi 2 novembre : Les activités reprennent. Je reçois des jeunes en difficulté, pris dans leurs problèmes de vie amoureuse qui sont toujours compliqués. Les écouter leur permet au moins de se libérer et de trouver un chemin. Mais ce n’est pas facile de rester toujours disponible et à l’écoute.
    L’après-midi, je reçois un de nos séminaristes, avant d’aller rencontrer le Mouvement des enfants. Le soir, nous avons la grande prière pour les morts.
    Puis je vais rencontrer les chefs Scouts et Guides de nos deux paroisses pour faire l’unité entre nous et préparer le programme de l’année.

  • Mardi 1er novembre : Fête de la Toussaint que nous célébrons avec joie. L’après-midi, les gens se rendent dans les cimetières pour prier pour nos différents défunts. C’est très important ici, car la mort est très présente dans notre société.

  • lundi 31 octobre : Le soir, comme chaque mois, nous nous retrouvons avec les délégués de la paroisse auprès de nos huit Mairies, pour réfléchir à ce que nous pouvons apporter au fonctionnement de nos communes. Et comment participer à ce qui se fait dans les différentes Mairies, en particulier pour la santé, l’éducation et l’emploi des jeunes. En effet, il y a tout un travail au niveau du pays pour la décentralisation et la responsabilisation des communes. Cela nous semble très important de participer à la mise en pratique effective de cette action.

  • Dimanche 30 octobre : Réunion du Conseil Paroissial. C’est un moment intense, surtout que c’est la première de l’année pastorale. Nous faisons l’évaluation des activités des vacances et préparons le trimestre jusqu’à Noël. Nous présentons le calendrier et le partage des responsabilités, avant de passer aux activités des différents groupes, pas seulement à la paroisse, mais aussi dans les quartiers et la ville tout entière. Car certains chrétiens ont tendance à se replier sur la paroisse et ont beaucoup de mal à s’engager dans la société.
    Puis nous passons aux questions pratiques, qui ne manquent pas.
    Après la rencontre, je retrouve ceux avec qui nous travaillons plus spécialement, pour repréciser les actions à mener.

  • Samedi 29 octobre : C’est samedi : accueil. Beaucoup de gens viennent nous voir. C’est important de rester disponible aux demandes de toutes sortes qui nous sont adressées.
    Dans la nuit de ce samedi, le courant a sauté cinq fois de suite, et mon ordinateur en a pris un coup. Je suis complètement coincé dans mon travail. Heureusement, lundi matin, un ami vient régler le problème… en attendant une autre fois !

  • Vendredi 28 octobre : Le matin, travail au Collège pour préparer l’année scolaire aux différents niveaux : parents d’élèves, personnel, enseignants et élèves. Il y a beaucoup d’idées et de propositions, mais les moyens ne suivent pas.
    Puis je reçois longuement une animatrice du Mouvement ATD, pour réfléchir à notre collaboration.
    L’après-midi, je visite les groupes de catéchèse. Il y en a beaucoup. Le problème c’est de trouver suffisamment de catéchistes et de les former.
    Je reçois aussi une jeune fille musulmane qui veut devenir chrétienne.
    Le soir, rencontre des jeunes mariés du doyenné. En effet, nous avons une bonne préparation au mariage, mais ensuite les couples se retrouvent sans soutien et plus ou moins abandonnés. Nous voudrions assurer un suivi à ces jeunes couples. Ce soir, nous avons un bon temps de partage.

  • Jeudi 27 octobre : Nous nous retrouvons tous les prêtres et religieuses de Dakar pour travailler les orientations du diocèse. Après présentation, chacun peut réagir pour demander des précisions et proposer des solutions. C’est un temps de partage très important et très intéressant.
    Le soir, formation des fiancés dans l’un des secteurs, sur le sens chrétien du mariage et le sacrement. Je suis très heureux de l’ambiance et de la participation des présents. C’est toujours une grande joie pour moi de me retrouver avec des fiancés au début de leur amour.
    Le seul problème pour cette rencontre : la circulation et ses bouchons ! Il me faut plus de deux heures pour rentrer !

  • Mercredi 26 octobre : Rencontre des responsables du Mouvement des enfants (CV-AV). Ils sont vraiment décidés à accompagner les enfants en les écoutant et en les soutenant dans les actions que ces enfants veulent mener. Nous voulons aussi nous ouvrir davantage aux enfants musulmans et mieux travailler avec eux. Ils nous font le compte-rendu du dernier Conseil National du Mouvement, et nous allons travailler le document pour voir comment le mettre en pratique.

  • Mardi 25 octobre : Le dernier week-end, la coordination des jeunes s’est retrouvée pour préparer les formations et les activités de cette année. Aujourd’hui, nous cherchons à coordonner les différentes activités pour constituer le calendrier paroissial. Cela nous demande un gros travail qui nous prend beaucoup de temps.
    Le soir, nous nous rencontrons dans une Communauté de quartier pour la bénédiction d’une maison.

  • Lundi 24 octobre : Rencontre des délégués aux Mairies. Nous faisons le point de notre travail avec les huit communes et la Mairie centrale de notre ville, le sous-préfet et le préfet : dans les deux sens, apporter notre collaboration à la vie des communes et partager dans nos communautés de quartier les actions proposées par les différentes municipalités. Puis nous passons à des points particuliers : la Couverture Médicale Universelle, le soutien de l’Etat aux familles nécessiteuses (bourses familiales), les actes de naissance à fournir aux enfants qui n’en ont pas, le soutien aux personnes âgées, etc.

  • Dimanche 23 octobre : Après la messe, rencontre de la Caritas. Après un temps de formation et de sensibilisation des différents acteurs, nous voyons les activités à mener tout au long de cette année pastorale : les aides aux personnes nécessiteuses, l’accueil des étrangers, le lancement et le financement de nouveaux projets, les dettes des personnes aidées non remboursées, le travail en collaboration avec les autres Caritas.
    L’après-midi, rencontre de la Commission des Média.

  • Samedi 22 octobre : Messe d’ouverture du Collège sur le thème d’année de la Miséricorde. Les élèves ont préparé différentes interventions : demandes de pardon, offrande des actions menées, merci… avec de beaux chants par la chorale des élèves, avec des danses, des tableaux, procession et autres objets symboliques. Une messe très animée et où les élèves ont très bien participé.
    Rencontre de la Commission Justice et Paix. Il faut la relancer car les problèmes sont nombreux et souvent délicats et difficiles à régler.
    Après-midi : lancement du catéchisme dans nos deux lieux de culte.

  • Vendredi 21 octobre : Enregistrement d’émissions radio et télé sur l’environnement, le 1er novembre, la question des avortements, etc.
    Je passe à notre Collège pour saluer et contacter la direction, le personnel, les enseignants et les élèves.

  • Jeudi 20 octobre : Travail personnel sur les documents qui me sont demandés, coupé par les nombreuses visites et demandes.

  • Mercredi 19 octobre : Préparation du premier Conseil paroissial de cette nouvelle année pastorale.
    Le soir, rencontre de l’équipe apostolique (prêtres et religieuses) pour nous répartir les différentes activités, aumôneries et responsabilités, mais surtout pour passer ensemble un moment de prière et d’amitié. En effet, nous travaillons ensemble tout au long de l’année et nous avons besoin de temps forts pour approfondir nos relations et notre travail.

  • Mardi 18 octobre : Réunion de l’équipe liturgique, avec toutes ses composantes pour préparer l’année (il y a beaucoup de choses à voir) et améliorer nos façons de prier.
    Préparation de la messe d’ouverture de notre Collège, avec l’équipe d’animation.
    Évaluation de notre Fête patronale et travail au bureau. Mais je dois vite sortir car semble-t-il pour des raisons de sécurité tous les propriétaires de téléphone doivent se faire identifier. Les Sénégalais peuvent le faire à partir de leur téléphone, mais les étrangers doivent aller à l’agence. J’y suis déjà allé la semaine dernière pour présenter mon document, on m’a dit qu’il n’était pas valable, qu’il fallait le refaire. J’y suis retourné, mais il n’y avait pas de connexion. J’y retourne pour une 3ème fois, et, comme précédemment, il y a une longue file d’attente. J’ai le n° 206 et les choses avancent très doucement, car ils ont pris des étudiants pour faire les opérations alors qu’ils n’ont pas la formation requise. Tout ceci pour lutter contre le terrorisme. Je ne pense pas que ce soit la bonne solution.

  • Lundi 17 octobre : Matin : préparation de documents.
    Après-midi : rencontre à ATD Quart-Monde.
    La nuit : rencontre sur les Droits de l’Homme.

  • Dimanche 16 octobre : Baptême de 30 bébés ensemble, après une préparation dans chaque communauté. Pour moi, je pars dans une autre paroisse assurer la formation des accompagnateurs des malades. Cela me permet de rencontrer des confrères avec qui nous échangeons longuement sur nos activités. C’est toujours intéressant et enrichissant. De plus, le groupe est très sympathique. Nous parlons aussi des enfants de la rue et de l’animation des prisons.

  • Vendredi 14 octobre :: Grande marche de l’opposition pour manifester contre les « dérives autoritaires et l’achat des consciences ». Les manifestants veulent marcher jusqu’au Ministère de l’Intérieur. La marche est autorisée mais pas l’itinéraire. Les marcheurs veulent forcer le barrage. La police réplique et disperse la marche. Heureusement, il n’y a pas de blessés. Mais les tensions sont fortes dans le pays, avec beaucoup d’accusations, pas toujours justifiées.

  • Vendredi 2 septembre : Une femme du Togo nous arrive, enceinte, avec une petite fille et en mauvaise santé. D’abord, je l’écoute pour mieux comprendre ses problèmes. Le lendemain, nous allons au dispensaire des Sœurs, où on la prend en charge avec l’aide de la Caritas. Le dimanche, nous allons à la réunion de la Communauté de son quartier, où je la présente. Comme nous parlons en ouolof, une étudiante se charge de traduire les choses. Une famille accepte de la loger. Une autre, qui tient un petit commerce au marché, accepte de la prendre avec elle, pour qu’elle puisse gagner sa vie. Des jeunes garderont sa petite fille pendant la fin de ces vacances et ensuite la communauté la prendra en charge pour qu’elle aille dans un Jardin d’Enfants. Cela nous arrive assez souvent d’aider ainsi des gens, en nous mettant tous ensemble.
    Tout ce mois de septembre, je jongle entre repos et activités : accueil des personnes en difficultés de toutes sortes et qui ne diminuent pas malheureusement ; correspondances sur Internet et facebook ; préparation de documents et des commentaires d’Evangile ; émissions à la radio et la télévision. Tout cela en me forçant, sans avoir la forme, ni même parfois le moral. Heureusement, un confrère est venu me rejoindre, mais il faut tenir la paroisse et aussi la maison, car le secrétaire paroissial et la cuisinière sont en congés. Un curé et un vicaire vont venir, mais seulement en octobre. Il faut donc tenir le coup d’ici là. Le palud a « bouffé » mes globules et avec mon pied tordu et douloureux j’ai de la peine à marcher.
    En même temps, il nous faut poser les bases du travail de l’année prochaine. Je reçois donc à tour de rôle les différents groupes pour évaluer les activités de l’année passée et préparer l’année qui vient. C’est à chaque fois un gros travail de préparation et de réflexion, et ensuite il faut en faire les compte rendus pour préciser et communiquer les décisions. Heureusement, nous avons une bonne équipe de laïcs et les choses se passent dans une bonne ambiance, même si parfois il faut se montrer ferme. Je rencontre ainsi tour à tour nos cinq chorales, le groupe de réflexions des anciens, les responsables de communauté, les catéchistes, le conseil pastoral, le conseil économique, la coordination des jeunes, les Mouvements, sans oublier le travail régulier avec les communautés de quartier, la Caritas et Justice et Paix. Mais j’ai dû arrêter d’aller à la prison, à 25 km.
    - Des étudiants en vacances viennent me voir pour des renseignements ou des documents. Certains veulent même me laisser leur mémoire pour que je le lise ! On ne peut pas tout faire.
    - Depuis Juillet, profitant des vacances où il y a moins d’activités, nous avons lancé tout une série de travaux. Depuis plusieurs années, nous avons fait de nombreuses recherches de fonds : soutiens de bienfaiteurs, mais surtout cotisations des paroissiens, kermesses, concerts, repas et fêtes payants, etc.
    Nous nous sommes donc lancés dans les travaux : réfection de nos deux églises, de la grande salle de réunions et du secrétariat. Pour nos chambres, on verra plus tard ! Nous nous sommes lancés, mais les choses n’avancent pas vite. Il y a sans cesse des problèmes et des blocages ; et il faut suivre les choses de près. Nous voudrions bien que l’église au moins soit prête pour notre fête patronale.
    Cette fête demande aussi une grande préparation et de nombreuses réunions. Nous avons commencé par deux réunions du conseil paroissial pour recueillir les propositions. Ensuite, nous avons mis en place différentes commissions, mais encore faut-il en assurer le suivi et la coordination, ce qui n’est pas toujours évident !
    - Et pendant ce temps-là, la vie continue. Les migrants et autres étrangers continuent d’arriver à la nouvelle gare internationale qu’on vient de construire, pas loin de la paroisse. Et les gens de PIKINE, musulmans comme chrétiens, qui viennent nous voir pour les problèmes de toutes sortes : famille, santé, travail, logement, nourriture, papiers. Les problèmes ne manquent pas, malheureusement. Et puis des tas de gens qui sont venus chercher du travail en ville pendant les vacances et qui n’ont même pas de quoi retourner chez eux. En effet, de nombreux élèves viennent chercher du travail, employées de maison pour les filles, petits boulots pour les garçons, mais souvent ils ne trouvent rien.
    - Tabaski : Nous avons vécu la fête du sacrifice d’Abraham en lien avec les musulmans, la grande majorité des habitants (90 % des Sénégalais). C’est toute une semaine de prières et de conférences, puis la fête. Nous sommes en communion avec eux. Et le jour de la fête, de nombreuses familles amies, mais aussi les imams du quartier nous offrent notre part du mouton sacrifié. Ce sera notre tour à Pâques !
    - Pour la fête patronale nous fêtons le 60ème anniversaire de la paroisse, qui a commencé avec le déguerpissement forcé des populations de la ville de Dakar, donc avec une population très pauvre et complètement démunie qui devait s’installer sur un territoire non aménagé. Ensuite, il y a eu deux grandes vagues d’arrivée depuis les villages lors des grandes sécheresses de 1970 puis 1990. De nombreux migrants et réfugiés continuent à s’ajouter sans cesse. Au cours de ces deux sécheresses, les lacs et marigots avaient disparu, si bien que les gens ont construit des bas fonds et des zones inondables, et maintenant à chaque saison des pluies les quartiers sont complètement inondés et les habitants doivent abandonner leurs maisons pour aller se réfugier dans les écoles qui sont en hauteur… et c’est tout un problème au moment de la rentrée scolaire.
    La ville est surpeuplée et composée surtout de gens sans formation professionnelle, ce qui entraîne un taux énorme de chômage, avec toutes ses conséquences : délinquance et violence. Les jeunes n’ayant pas de travail se tournent vers la lutte traditionnelle et le football dans l’espoir de pouvoir ainsi partir en Europe. Quand ils ne cherchent pas oubli et consolation dans la drogue ! Ce sont toutes ces questions que nous abordons dans les journaux, la radio et la télévision au cours de nombreux enregistrements et émissions faits à l’occasion de cette fête.
    Pour la célébration, nous visualisons nos différents objectifs et décisions d’actions au cours de la liturgie par les décorations, les affiches et tableaux apportés en procession, les danses, la Parole de Dieu mimée et gestuée. Mais nous ne voulons pas nous limiter à la liturgie. Nous avons d’abord un don du sang, puis un concert religieux payant qui nous permet de couvrir les frais de la fête. Après la grand messe en effet tout le monde reste manger, et cela dans une grande amitié. Nous avons aussi invité un certain nombre de nécessiteux soutenus par la Caritas, musulmans comme chrétiens. La fête se continue par une après-midi culturelle où les différents groupes et Mouvements viennent présenter leurs réalisations, et les différentes ethnies de la paroisse viennent danser et présenter les valeurs de leur culture. Les maires et chefs religieux musulmans ont participé à notre fête et nous en sommes très heureux. Cela nous a permis d’approfondir nos relations d’amitié pour travailler ensemble dans de bonnes conditions.
    Ce n’est pas la fête tous les jours, et pendant tout ce mois les activités ont continué. Nous avons organisé pour plus de 250 enfants des activités de vacances à la paroisse. Il y a bien des colonies de vacances, mais qui coûtent. Vu le nombre de moyens de notre part et du côté des parents, nous accueillons les enfants l’après-midi. Les animateurs sont essentiellement des responsables de Mouvements (Scouts, CV-AV, …) qui acceptent de travailler bénévolement. A la fin du mois, nous faisons une évaluation des activités pour voir comment mieux accueillir, suivre et éduquer les enfants au niveau humain et de la foi, ensemble chrétiens et musulmans. Et voir comment faire vivre par tous les objectifs de notre Plan Pastoral tout au long de l’année, spécialement au niveau du témoignage, du service et de la dignité de tous, de la vie en famille et en communauté, du développement et de l’environnement, de la défense des droits des plus faibles, etc…. Nous faisons ainsi l’évaluation, à tour de rôle, des différentes actions menées pendant ces vacances.
    - Les travaux continuent, après la réfection des bureaux et des salles d’accueil et de réunions, il nous faut passer à l’entretien et aux réparations des toits qui coulent en cette saison des pluies, du château d’eau, du poulailler, de la cuisine et de beaucoup d’autres choses.
    - Les rencontres et soutiens se poursuivent. Une mère vient me voir, en pleurs. Son fils a été ramassé au cours d’une rafle. Cela fait plusieurs mois. Son jugement a été reporté déjà quatre fois. Un autre a été pris en train de fumer un joint de chanvre indien. Depuis, il est en prison. J’essaie de les consoler et de les encourager, et avec la Caritas nous voyons quoi faire pour les aider.
    - Suite au Synode de la famille, nous voulons assurer un suivi pour les nouveaux mariés. Avec des responsables des Foyers Notre-Dame, nous recensons tous ceux que nous avons préparés au mariage et préparons une première rencontre pour fin octobre. En même temps, nous inscrivons les nouveaux qui vont suivre la préparation au mariage.
    - Le samedi 10 septembre, j’ai assisté au premier engagement (profession religieuse) d’une jeune fille que j’ai suivie depuis le temps où j’étais en Guinée. C’est une grande joie pour nous tous.
    - Au début du mois, nous avons subi des grosses pluies qui ont entraîné des inondations dans les quartiers, et aussi dans nos chambres. Les pluies se sont arrêtées maintenant, et les paysans sont très inquiets pour leurs récoltes.
    - Les enfants de deux de nos communautés ont décidé d’organiser une fête avec chants, danses et théâtres. Et avec l’argent récolté, ils vont acheter des fournitures pour les enfants les plus pauvres. Bien sûr, nous sommes très heureux de cette initiative et nous les encourageons.
    - Les réfugiés et autres migrants continuent de venir chaque jour, ce qui est pour nous un problème et une grande souffrance. Nous sommes débordés et manquons cruellement de moyens. En effet, nous recevons au Sénégal plus de réfugiés et migrants qu’en France, même si on en parle moins.
    - Pendant ces vacances, j’ai reçu de nombreuses visites de « jeunes » avec qui j’ai travaillé dans le nord du pays (la région de Saint-Louis) dans les années 80-90. Ils sont maintenant mariés et même grands pères, et certains pensent à la retraite ! A chaque fois, je suis touché par leur amitié, leur fidélité et par le bon souvenir qu’ils ont gardé de ce que nous avons vécu ensemble. Ils me rappellent des faits qui les ont marqués et dont je ne me souviens même pas ! Plus nombreux sont encore ceux qui me contactent sur Facebook.
    - En 2017, les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) du diocèse auront lieu dans notre paroisse où nous accueillerons plus de 15.000 jeunes. Nous sommes déjà en pleine préparation et recherche de fonds. La chorale prépare un concert pour cela, et les Mouvements de jeunes des animations et soirées festives (chants, danses, jeux, repas payants, etc…).
    - On continue à me demander de nombreux documents, ce qui nécessite aussi temps et réflexions. D’abord, des compte rendus de nos différentes rencontres, formations et activités. Mais aussi un article sur l’éducation, pour une de nos Revues. Une retraite de l’Avent, sur notre site spiritain, et même un livre. Sans oublier mes commentaires de l’Evangile de chaque jour, mes émissions à la radio et à la télévision, en français et en ouolof, et tous les contacts sur Internet et Facebook.
    - Plusieurs jeunes garçons et filles musulmans viennent me voir. Ils voudraient devenir chrétiens, mais les familles s’y opposent absolument. La pression sociale et le poids de la famille sont très lourds. Nous essayons de les soutenir et de les aider à mieux vivre leur foi. Nous cherchons un chrétien pour les accompagner personnellement. Et certains viennent assister clandestinement à la messe. On se contacte aussi souvent par Facebook.
    - Avec la rentrée scolaire, de nombreuses personnes viennent nous voir car ils n’ont pas les moyens d’acheter les fournitures ou même d’inscrire leurs enfants à l’école. C’est pour cela que l’école a beaucoup de peine à démarrer : les enseignants sont sur place, mais pas les élèves. Et pourtant, ils ont une très grande soif de s’instruire.
    - Je dois retourner à la Police des étrangers pour faire viser, comme chaque trois mois, mon récépissé car je n’ai toujours pas de carte de séjour au bout de 5 ans, bien que j’aie refait mon dossier deux fois ! Heureusement, je connais les policiers et cela se passe sans problème. Mais j’ai pitié de ceux qui doivent attendre des heures avant d’être reçus au bureau.
    - C’est aussi la rentrée pour la paroisse. Nos étudiants (séminaristes) sont revenus de leurs stages. Ils vont reprendre leurs études mais aussi continuer leurs activités pastorales. Nous allons en recevoir deux chez nous, un Malgache et un Tanzanien, qui vont suivre spécialement les Mouvements de jeunes. Et un de nos jeunes va entrer au postulat (1ère année de notre séminaire).
    Nous cherchons à vivre le mieux possible les journées mondiales : la journée contre la peine de mort ; la journée de la jeune fille, et spécialement contre l’excision et le mariage forcé ; la journée de l’alimentation qui pose beaucoup de problèmes : pas seulement de pauvreté et de faim, mais aussi de mauvaise qualité de la nourriture. Nous avons spécialement porté notre attention sur la journée du 17 octobre, sur la lutte contre la misère. D’abord nous avons participé à un grand rassemblement, le samedi 15, que l’une de nos chorales a animé. On a donné la parole aux personnes dans la plus grande pauvreté qui étaient accompagnées par deux de nos communautés. Le mardi 18, nous nous sommes retrouvés avec les responsables pour voir comment continuer les activités.
    - Un jeune de Sierra Leone arrive par la route. Il est venu chercher du travail, mais n’a rien trouvé. Il ne parle même pas français ! Je ne connais pas de famille sierra léonaise qui pourrait l’accueillir. Je le mets en lien avec une famille nigériane.
    - Pour préparer cette nouvelle année pastorale, presque chaque soir nous avons tenu une rencontre avec un groupe différent pour faire le point de leurs activités, apporter une formation supplémentaire et préparer les activités de l’année pastorale qui commence : catéchistes, responsables des malades, différents responsables des communautés, lecteurs, servants de messes, chorales, agents de la Caritas, membres de Justice et Paix, projets de développement, mouvements de jeunes, enfants de la rue, enseignants, ministres de la communion, préparateurs aux baptêmes, bureau du Conseil Paroissial, Conseil Economique, amicales des jeunes, Conseil pastoral des jeunes, Scouts, groupes de prières et Charismatiques, et j’en oublie.
    - Mon confrère, l’ancien curé, est parti travailler en Pologne. Le nouveau curé, un Sénégalais, vient d’arriver avec un autre confrère Centrafricain. Nous nous réunissons pour mettre en place notre équipe, nous répartir les tâches et organiser notre vie de communauté.
    Maintenant, il nous faut relancer les Communautés de quartiers et préparer les JMJ Nous commençons par une veillée de prière pour cela, qui prolonge la semaine de réflexion que nous avons eue pour préparer la fête nationale.

  • Jeudi 1er septembre : Aujourd’hui, je me consacre aux émissions radios du dimanche sur les différentes chaînes sur lesquelles j’interviens. Mais je dois m’y reprendre à quatre fois pour les envoyer à cause des coupures de courant et aussi de mon ordinateur qui se plante. Ensuite, je prépare le programme en français et en ouolof pour le mois de septembre. Je suis déjà en retard

  • Mercredi 31 août : Toujours le suivi des travaux. Il faut aussi relancer les activités. Je tiens donc deux séances avec le secrétaire de la paroisse, puis avec le responsable de Justice et Paix. Entre les deux, un enterrement.

  • Mardi 30 août : Je passe toute la journée entre les confessions, l’accueil et les affaires en cours, et autres documents à classer. Notre secrétaire est en congé, mais nous avons deux séminaristes en stage, qu’il a initiés  au secrétariat, ce qui fait qu’ils nous rendent bien service. Ils sont en stage pratique, aussi nous cherchons à les former dans les différents domaines, en particulier leur apprendre à conduire car ils en auront besoin. En même temps, nous veillons à la vie de communauté et à la prière.

  • lundi 29 août : A partir de maintenant, il me faut jongler entre les périodes de repos, l’accueil et les différentes activités paroissiales. Ce n’est pas toujours évident !
    Nous accueillons un étudiant centrafricain qui prépare un mémoire sur les conditions de vie des personnes du 3ème âge. Nous lui facilitons les contacts.
    Les travaux de réfection de l’église et des différentes salles de réunion se poursuivent. Nous avons été aidés par une paroisse de la région de Bordeaux.

  • Dimanche 28 août Le groupe des anciens a assuré un café pédagogique sur le thème de « Miséricordieux comme Marie ». En effet, notre paroisse s’appelle « Notre Dame du Cap Vert » (le « Cap Vert » est la Presqu’Ile de Dakar) et nous sommes dans l’année de la miséricorde. Nous voyons donc comment vivre la miséricorde dans notre vie de chaque jour. Nous avons bien averti les différents groupes de la paroisse. Ils ont répondu nombreux. Cela nous donne une bonne base de départ pour cette année.

  • Information : Dans mon dernier envoi, je vous ai raconté mon voyage en Guinée. A mon retour, suite à ce que j’avais mangé en route, j’ai fait une intoxication alimentaire qui m’a beaucoup affaibli. Du coup, j’ai subi une grosse crise de paludisme. Après une semaine de soins sous perfusion, j’ai dû prendre un long temps de convalescence. Je n’ai pu retourner en paroisse que le 27 Août, à condition de reprendre les activités tout en continuant à me reposer au maximum. Ce qui n’est pas facile car le confrère avec qui je travaillais l’an dernier a été nommé en Pologne. Un autre confrère venu de France a assuré les affaires courantes. Actuellement, je suis avec un confrère de Centrafrique, en attendant la venue du nouveau curé.

  • Jeudi 28 juillet 2016 : Il est temps pour moi de retourner au Sénégal. J’ai pris mon billet depuis hier et suis sur place dès 6 heures 30. Mais il faut le temps de remplir la voiture et de charger ; nous quittons la ville vers 9 heures. La sortie est toujours aussi difficile, pas seulement à cause de l’état de la route. Plusieurs policiers nous demandent le « mot de passe », c’est-à-dire une somme d’argent pour nous laisser passer. C’est devenu une habitude. Et cela se continue au poste de contrôle suivant. La voiture est arrêtée parce que la photo du permis de conduire du chauffeur a été altérée par la pluie et elle n’est pas claire. Après discussion et remise d’argent, nous pouvons continuer. Nous sommes dans une Renault 21 (break) 10 adultes (3 devant, 4 au milieu, 3 derrière sur un siège remplissant le coffre) et 5 enfants sur les genoux, serrés beaucoup plus que des sardines et sans huile pour amortir les pressions et les chocs ! Les premiers kilomètres sont en goudron, mais ensuite c’est une piste de latérite, très dure, pleine de trous et de crevasses, remplies d’eau. Nous roulons la plupart du temps en 1ère et en 2ème. Partis à 9 heures de Conakry, nous arrivons à la frontière (environ 700 km) à 3 heures du matin. Les postes de contrôle sont fermés. Nous nous couchons par terre en attendant 8 heures. Heureusement il ne pleut plus. Il nous faudra passer trois fois de suite les mêmes contrôles de gendarmerie, de douane et de police. A chaque fois, il nous faut descendre de voiture, ce qui est toute une expédition. Et ceux qui ne sont pas en règle sont à nouveau taxés.
    Frontière du Sénégal. Nouvelles formalités et nouvelles complications. D’abord, lavage des mains et prise de température : prévention d’Ebola. C’est une très bonne chose ! Puis contrôle du carnet sanitaire contre la fièvre jaune. Je suis en règle. Mais l’agent remarque sur mon carnet une ancienne vaccination contre le DT CAB qui bien sûr n’est plus valable. Après une longue discussion et promesse de vaccination, il me laisse enfin passer. Mais c’est notre voiture qui est retenue ! Son assurance CDAO pour entrer au Sénégal est périmée. Il nous faut trouver une autre voiture pour rejoindre le garage sénégalais et prendre un nouveau taxi pour Dakar. Comme on ne la trouve pas, je pars à pied. Je trouve un bus en partance…. mais il faut deux heures avant qu’il soit rempli, ce qui est impératif pour qu’il parte. Nous sommes 77 passagers. Arrivé tard, je suis sur un strapontin , mais quand même moins serré que dans un taxi. L’inconvénient, c’est que tout est plus long.
    A mi-route, nous sommes arrêtés par un contrôle douanier. En effet, beaucoup de passagers qui viennent de Guinée, du Mali, de Gambie, de Sierra Léone, de Côte d’Ivoire et de beaucoup plus loin, en profitent pour faire du commerce, car certains produits coûtent moins cher dans ces pays. Sans parler des objets chinois. On contrôle la valise d’une femme qui n’a pas déclaré ses tissus. Les douaniers font alors descendre tous les bagages. Cela prend du temps, car il y en a beaucoup. Ils découvrent qu’une commerçante a chargé huit sacs de fruits, taros et ignames à vendre, mais elle n’en a déclaré que trois ! Alors commence un gros palabre comme on sait le faire ici. D’abord la femme cherche à se défendre. Elle n’est pas écoutée bien sûr. Alors les anciens qui parlent sa langue, le poular, se rassemblent. Ils choisissent un porte parole qui parle ouolof (la langue nationale) et le français (la langue officielle) pour s’expliquer avec le douanier de grade inférieur qui a arrêté le bus et fait descendre les affaires. Avec lui, les anciens remontent les douaniers un par un, en suivant leur grade. Comme ils n’arrivent pas à s’entendre, nouvelle concertation. Finalement, il va y avoir trois heures de va et vient, jusqu’à ce que les douaniers acceptent une amande de 60.000 Fr CFA (85 euros, ce qui est énorme par rapport au niveau de vie et des bénéfices espérés). C’est sûr que cette commerçante va en être pour ses frais ! Et je ne pense pas qu’on lui ait donné un reçu ! Il faut bien s’occuper pendant ce temps-là. Les douaniers ouvrent les sacs et valises un par un, sur la route. Tout le monde est autour et en regarde le contenu. Mais sans commentaires et avec respect. Ils savent bien qu’ils ont intérêt à se taire.
    Ensuite, il faut bien s’occuper. L’un du groupe des apprentis dit à ses camarades : « Le blanc là, il parle ouolof », mais ils n’osent pas s’approcher de moi ; je suis, le seul blanc du voyage. Alors je vais leur parler. D’autres personnes peuhles me testent en me saluant dans leur langue. Alors d’autres viennent me parler en soussou, en baga (langues que je connais aussi, ayant travaillé chez eux). Puis une famille sierra léonaise s’adresse à moi en anglais local (créole). Tout cela avec beaucoup de joie et d’exclamations. Du coup, le chauffeur me paye les trois verres de thé traditionnel. Et les anciens viennent me tenir au courant des tractations. Enfin, on rembarque les bagages et on repart. Il fait nuit déjà.
    Une fois encore j’admire la patience et la bonté des gens. Personne ne fait le moindre reproche à la commerçante qui nous a causé un tel retard. Pour moi, cela fait trois jours de voyage très fatigants, mais plein de partages et d’amitié. Des gens m’ont demandé : pourquoi tu ne prends pas l’avion ? (1 heure 15 de vol). D’abord, les lignes africaines coûtent très cher. Et pour le travail que je fais, un tel voyage me semble très important pour partager la vie des gens, connaître leurs difficultés et approfondir leur culture.
    Une passagère est malade et a envie de vomir. On s’arrête dans un petit village pour qu’elle puisse vomir. Arrivés dans une ville, on lui propose de se faire soigner dans le dispensaire du lieu. Mais elle préfère recevoir des médicaments et continuer le voyage avec nous. Avant de repartir, les apprentis du bus me prennent en photo avec eux sur leur téléphone mobile « pour avoir un souvenir ».
    Nous sommes arrêtés par des policiers ou gendarmes. Nous avons nos papiers en règle, mais c’est énervant parce que cela nous fait perdre beaucoup de temps et surtout nous nous demandons ce qu’ils vont encore trouver.
    Nous subissons une très grosse pluie. Et en arrivant à la grande ville du Centre (KAOLACK) nous voyons des maisons et des quartiers complètement inondés. En effet, venus tenter leur chance en ville, des gens ont construit des baraques dans les bas-fonds. Suite à la sécheresse ces bas-fonds étaient secs. Mais les pluies sont revenues. Et les gens n’ont pas les moyens d’aller construire ailleurs. Que faire ?
    La ville de KAOLACK est complètement inondée. En plus, des gros camions partent pour des travaux. Nous mettons deux heures pour traverser la ville. A la sortie, grosse question : doit-on s’arrêter pour manger, car nous n’avons rien pris depuis ce matin. Mais certains sont pressés d’arriver. Finalement, on trouve un marchand de pain et on s’arrête pour manger. Avec tout cela, nous arrivons à 1 heure du matin. Je voulais rentrer à pied, puisque je connais bien la ville et que je n’étais pas trop chargé. Mais les gens de la gare routière m’arrêtent à cause de la grande insécurité du quartier. Et un chauffeur de taxi me ramène jusqu’à l’église. Je ne le connais pas, mais lui me connaît !

  • Mercredi 27 juillet : Il continue à pleuvoir. Et plusieurs quartiers ont fait des barrages, comme dans le nôtre. Il y a d’énormes bouchons dans toute la ville. Au bout de trente minutes, j’arrive enfin à trouver un « taxi » qui se faufile sans aucun respect du Code de la route, comme beaucoup d’autres, ce qui ne fait qu’augmenter les bouchons ! Finalement, je descends et continue à pied, jusqu’à ce que j’attrape un autre taxi qui me laisse pas trop loin de l’Archevêché. Je suis très en retard, mais l’Evêque a eu les mêmes problèmes, ce n’est pas grave ! J’ai même le temps de parler avec le Vicaire général et plusieurs prêtres de passage.
    L’Archevêque m’a invité à manger. Nous sommes très heureux de nous rencontrer, après 5 ans. Ce n’est pas une séance de travail, mais une rencontre amicale. Nous parlons de choses et d’autres, et en particulier d’Ebola et des moyens mis en place pour se protéger et éviter son retour. Nous parlons aussi du Comité national pour la Réconciliation, dont il est le co-président, avec l’imam de la grande mosquée de Conakry. C’est ce qui se fait dans plusieurs pays d’Afrique, en particulier la Centrafrique. D’ailleurs, après le repas, les deux co-présidents doivent rencontrer le Président de la République, avant d’animer une rencontre demain avec les parlementaires de la région de KINDIA. Il me prend avec lui en voiture une partie du chemin, ce qui me permet de sortir des bouchons et d’arriver plus facilement à notre communauté, toujours en travaux, mais pour une nuit nous nous débrouillons en mettant des matelas par terre. J’y retrouve l’ancien curé de Pikine où je travaille actuellement, et un de nos étudiants sénégalais venu en stage de vacances en Guinée. Comme nous, ils ne vont en famille que tous les trois ans. Nous parlons de son stage. Je retrouve aussi un de mes anciens étudiants ghanéens ; il travaille actuellement dans un quartier populaire du nord de la Belgique : après avoir appris le français, il lui faut apprendre le flamand. Il est venu en congés en Guinée où il a travaillé il y a quelques années. Je parle aussi avec un autre confrère ghanéen qui travaille en Guinée. Un de nos frères guinéens travaillant au Sénégal l’a emmené dans sa famille, en Guinée Forestière qu’il ne connaissait pas encore, et nous échangeons ses impressions. Nous vivons toujours en communauté internationale, ce qui est une grande richesse, même si ce n’est pas toujours facile de se comprendre entre gens de cultures différentes.

  • Mardi 26 juillet : Je me repose un peu et termine de lire les livres que j’avais amenés. Je les laisse à ma famille d’accueil et en échange ils m’en donnent d’autres. Je vais ensuite faire quelques visites et je rencontre en particulier un enseignant qui m’avait contacté par Face Book. Il veut ouvrir une école élémentaire dans la banlieue et nous en parlons ensemble. Mais celui que je suis venu contacter, c’est bien sûr l’Archevêque, avec qui j’ai collaboré pendant 15 ans. Il était parti à une rencontre en Angola. Je lui ai laissé un message ; il me rappelle dès son retour et me donne un rendez-vous pour demain midi.
    La nuit, il y a une très forte pluie qui dure et le quartier où je suis est inondé. La population est très en colère et accuse le gouvernement d’être responsable et de ne pas faire ce qu’il faut. Les jeunes décident de faire un barrage sur l’autoroute pour exiger une intervention des services publics, et les policiers viennent les déloger à coups de grenades lacrymogènes. Je retrouve la même réaction de la population qu’au Sénégal. De tout attendre du Gouvernement. C’est vrai que le Gouvernement a une responsabilité  dans cette situation, par manque de prévision et d’organisation et pas seulement par manque de moyens. Et parce que la priorité est donnée au bien-être des classes sociales les plus riches et aux habitants du Centre de la capitale, plus qu’aux gens des banlieues. Mais c’est vrai aussi que la population s’est installée dans les bas-fonds –faute de place ailleurs- qui sont inondés à la saison des pluies. On a bien fait des caniveaux, mais comme il n’y a pas de ramassage des ordures organisé, les gens les jettent dans ces caniveaux qui se retrouvent bouchés. Les choses ne sont jamais simples.

  • Lundi 25 juillet :Je pars à l’Archevêché en ville pour rencontrer mes anciens collaborateurs. Ils sont très surpris, mais aussi très joyeux, car ma venue n’a pas été annoncée. Je fais ainsi le tour des différents services, accompagné par l’un ou l’autre. A chaque fois, ils prennent soin de m’expliquer où ils en sont. Je passe un bon moment à l’OCPH (Office Catholique pour la Promotion Humaine), l’équivalent de la Caritas/Secours Catholique. Nous parlons de leurs projets. En particulier de l’atelier des enfants de la rue à relancer, et des centres aérés pour les enfants des banlieues, car le temps des vacances est arrivé. Bien sûr, ils me gardent pour le repas.
    Je veux rentrer en « taxi » : voitures qui prennent deux clients devant et quatre derrière, mais elles sont rares, en particulier dans la direction où je vais, et les clients nombreux. Finalement, je me rabats sur un minibus, complètement bourré, où j’arrive à me faufiler. Je suis debout au milieu, mais tout de suite quelqu’un me cède sa place. J’entends deux personnes qui parlent en kissi. Je les salue dans leur langue et nous continuons la conversation, à leur grande joie, et au grand étonnement des autres voyageurs qui ne nous comprennent pas. Ce n’est pas souvent qu’ils voient un blanc dans ces moyens de transport populaire, et encore moins l’entendre parler une de leurs langues.
    Enfin arrivé, j’écoute les nouvelles, car là où j’étais, à MONGO, je ne pouvais pas les recevoir sur mon petit téléphone. Ici, j’apprends avec stupeur l’assassinat du Père Jacques HAMEL, en Normandie. Bien sûr, je partage la tristesse de tous. Je prie pour lui et je suis révolté par cet acte barbare, mais je ne peux m’empêcher de me poser un certain nombre de questions. D’abord, on ne parle pratiquement que de cela aux informations pendant deux jours. One ne peut avoir aucune autre nouvelle du monde. Bien sûr, cette mort est dramatique, mais chaque jour des prêtres et des chrétiens sont assassinés par l’Etat islamique DAECH au Moyen Orient, par Boko Haram au Nigéria, ou Al Qaïda (AQMI) au Mali ( mais encore plus de musulmans). Et nous-mêmes, nous avons eu plusieurs confrères tués, mais comme ce n’est pas en France, on n’en parle pas. Ces pays n’ont pas la même influence, ni les mêmes moyens médiatiques ou autres.
    Je suis frappé aussi par la légèreté et la banalité des questions des journalistes, qui en plus se contentent tous de répéter sans cesse pratiquement les mêmes choses.
    Je suis aussi scandalisé par l’utilisation politique faite par certains de cette mort tragique. Par contre, j’apprécie les déclarations pleines de bon sens, de confiance et de recherche de paix et de foi des évêques de Rouen et Paris, mais aussi des responsables religieux musulmans et juifs, et de la population du village, chrétiens, musulmans et non croyants ensemble.
    Une autre chose qui me frappe, ce sont les solutions proposées : augmenter le nombre de policiers et de gendarmes, comme si c’était une solution, contre des terroristes prêts à se faire sauter pour tuer d’autres personnes. Certes, on a besoin de sécurité, et les gros efforts faits sont importants et nécessaires, mais je suis frappé par cette recherche de sécurité et d’assurance à tout prix de nombreux français et de leur difficulté à dépasser la peur.
    Après tout, il y a beaucoup plus de morts dans les accidents de circulation, et ils sont tout autant imprévus que les attentats. Ne faudrait-il pas faire le même effort d’éducation et de prévention que pour les accidents routiers. Mais je n’ai entendu parler que de protection, mais pas d’attaquer les vraies causes : les problèmes des banlieues, la marginalisation, le manque d’éducation et le chômage des jeunes. Car la plupart de ces gens qui font des attentats sont des francophones et des français nés en France. Ce ne sont pas des réfugiés ou autres terroristes qui viennent de Syrie. Au contraire, ce sont nos jeunes Français qui partent en Syrie. Ces jeunes ne cherchent pas à vivre la foi musulmane, ils utilisent l’Islam comme moyen pour exercer leur soif de vengeance et de nihilisme. Et c’est dramatique pour la religion musulmane. D’où l’importance de rester unis. Car DAECH tue beaucoup plus de musulmans que de chrétiens et fait tout pour opposer chiites et sunnites. Comme il fait tout pour casser la société française et exacerber les oppositions entre droite et gauche, entre français « de souche » (quelle souche ?) et les autres. Et trop souvent nous tombons dans le panneau.
    Un détail personnel, anecdotique et sans importance. Je reçois plusieurs coups de téléphone de gens qui en entendant le nom du Père HAMEL ont pensé que c’était moi (le Père Armel). Déjà, quand le Frère Joseph avait été assassiné à KATACO où j’étais curé, beaucoup avait cru que c’était moi.

  • Dimanche 24 juillet : Je me lève tôt car je veux assister à la messe dans mon ancienne paroisse. Comme c’est assez loin, mes amis m’ont trouvé un chauffeur qui va me transporter avec leur propre voiture. Nous arrivons juste à temps pour la messe. J’y trouve un prêtre âgé (86 ans) que je connais bien, qui continue à rendre des services. Malheureusement, le curé, mon ancien vicaire, est absent. Il est parti assister à la première messe d’un nouveau prêtre, un de nos jeunes. J’essaierai de le rencontrer plus tard, et je laisse mon numéro de téléphone. A la sortie de la messe, ce sont les nombreuses salutations avec les paroissiens. Ils sont surpris de ma présence, non annoncée, mais très heureux de me revoir… et moi aussi ! Ensuite, je pars dans une autre paroisse dont j’avais aussi la responsabilité. Là, il y a une grande célébration : Fête des enfants et anniversaire de la chorale. Le curé me donne la parole à la fin de la messe, et je leur dis un mot de salutations et d’encouragement, en soussou, avant de continuer en français pour leur expliquer mon travail actuel au Sénégal. Nous en reparlons avec plusieurs après la messe. Je partage avec tous le repas de la fête (très simple mais plein d’amitié), mais je ne reste pas au théâtre des enfants, ni au concert des sept chorales qui se sont réunies, car j’ai besoin de me reposer.

  • Samedi 23 juillet : Tôt le matin, je me rends à la gare routière pour aller à Conakry. Je trouve un « clando » (« taxi clandestin »), c’est-à-dire quelqu’un qui fait le transport avec sa voiture personnellement, en donnant de l’argent au Syndicat officiel des transporteurs. Heureusement, les transactions ne durent pas trop longtemps. Mais ensuite le transporteur disparaît pendant plus d’une heure, sans explication. Enfin, nous partons. Les trente premiers kilomètres sont très mauvais. Ensuite, la piste s’améliore, jusqu’à l’arrivée au goudron.
    En Guinée, depuis la dictature de Sékou Touré et ensuite les attaques rebelles, il faut absolument un ordre de mission pour circuler et les barrages sont très nombreux : pratiquement à chaque ville. Beaucoup de gens, en particulier les transporteurs qui se font rançonner, demandent leur suppression. Mais c’est devenu un moyen, pour les policiers et autres agents, de se faire de l’argent en taxant les voyageurs qui ne sont pas en règle. Heureusement, nous voyageons avec un sous officier de l’armée. Nous sommes sept dans une voiture de tourisme : trois à l’avant, quatre à l’arrière. Le militaire se met à l’avant à la portière et ainsi nous pouvons passer les barrages sans problème !
    Sur la route, je repense à cette jeune femme très engagée dans la communauté. Elle s’occupe en particulier du Mouvement des Enfants (les CV-AV). Du fait de ses qualités d’animatrice, elle a été choisie par les villages de la sous-préfecture comme agent communautaire chargée des différents projets mis en place. Elle ne reçoit pas de salaire régulier, mais simplement des gratifications et seulement quand elle dirige un projet. Elle s’est formée peu à peu sur le tas dans les actions de développement que nous avions lancées après les attaques rebelles. Elle s’est beaucoup investie dans la lutte contre Ebola. Elle est veuve et a trois enfants. Sa grande soeur est décédée, et elle a accueilli chez elle ses quatre enfants. Elle fait tout pour les envoyer à l’école, ce qui coûte cher. Un commerçant a fourni un groupe électrogène pour apporter l’électricité à la sous-préfecture. Elle a monté une installation pour charger les téléphones portables. Avec les petits bénéfices, elle vient de lancer un petit commerce. C’est ainsi que de nombreuses personnes arrivent à survivre en se débrouillant et grâce aussi à la solidarité. Par exemple encore, une amie qui porte le même prénom qu’elle a accepté d’accueillir son fils chez elle et de prendre en charge les frais scolaires. En effet, quand on a le même prénom on est « homo » (homonyme) et on se considère comme de la même famille. Cela résout bien des problèmes.
    Je pense aussi à cet agent agronome déflaté qui nous avait aidés, quand je suis arrivé à Mongo, à planter des bananiers, à trouver des plants de café sélectionnés et à faire venir des semences de palmiers nains de Côte d’Ivoire pour faire de l’huile de palme et faire vivre la Mission. Par la même occasion, il s’est formé au lancement et à l’organisation de petits projets de développement. Jusqu’à maintenant, il assure l’animation des écoles maternelles, l’aménagement des sources pour avoir une eau propre et la mise à niveau des bas-fonds pour la culture irriguée du riz, grâce au soutien continu d’une association (Appel Détresse) qui nous a aidés dès le début pour ces différents projets. Cela fait ma joie de constater que de nombreuses actions se poursuivent jusqu’à maintenant grâce à de nombreuses personnes engagées et l’encadrement de ceux qui m’ont succédé.
    Au niveau du pays, les choses avancent aussi. Ainsi, dans toutes les sous-préfectures, on a installé des lampadaires à panneaux solaires pour l’éclairage public, ce qui transforme complètement la vie sociale. A GUECKEDOU où j’ai dormi, une ONG fournit du matériel à des groupes de jeunes volontaires pour l’aménagement de leur quartier. Il y a ainsi des tas de choses qui se mettent en place.
    Quand le militaire est descendu, je passe devant et le chauffeur, musulman, engage avec moi une discussion religieuse. Il commence par me dire que nous avons les mêmes prophètes et me demande « pourquoi on ne parle pas de Mohammed dans l’Evangile ? » Je lui explique que l’Evangile a été écrit six siècles avant la naissance du Prophète. Alors il me pose la question classique : « Pourquoi vous les chrétiens vous ne reconnaissez pas le prophète Mohammed, alors que nous les musulmans nous reconnaissons Jésus ? ». Je lui réponds que nous respectons Mohammed, mais que c’est Jésus que nous suivons ». Il continue : « Mais si vous croyez en Dieu, pourquoi vous n’êtes pas musulmans ? » Je lui dis que dans le Coran, on affirme qu’il ne faut forcer personne en matière de religion. Et que c’est Dieu qui a voulu plusieurs religions pour qu’elles se concurrencent dans le bien. Mais évidemment cela ne le convainc pas. Convaincu de sa foi, il n’arrive pas à comprendre qu’on puisse être croyant d’une autre religion. Mais cette discussion se passe avec beaucoup de respect. Et nous continuons en parlant de la prière.
    A 50 km de Conakry, la capitale, contrôle des papiers. On me demande de descendre et d’aller me présenter au poste de police. Mais nous sommes arrêtés dans une grande flaque d’eau. Finalement, le policier a pitié de moi et il nous laisse partir.
    Le chauffeur m’explique qu’il est chauffeur de bus. Mais la Société a des problèmes financiers et il y a une compression du personnel. Alors il fait du transport avec se voiture personnelle en attendant.
    Il fait nuit quand nous arrivons à Conakry. C’est un samedi soir, il y a un bouchon énorme. D’abord, la route est complètement défoncée. De plus, elle est bloquée à cause des nombreuses voitures en panne, arrêtées parfois en plein milieu de la route. Car beaucoup de voitures particulières sont des voitures réformées en Europe, envoyées en Afrique, et donc vieilles et en mauvais état. De plus, il y a de nombreux camions qui veulent sortir de la ville pour voyager la nuit. Mais surtout il y a la grande indiscipline des conducteurs. Chacun se débrouille pour passer devant les autres, en roulant de tous les côtés, à cinq ou six de front, et les véhicules circulant dans les deux directions se retrouvent face à face et tout est bloqué. Il n’y a aucun policier. Ils ont arrêté leur service à 18 heures. Ce sont des jeunes du quartier qui essaient d’arranger les choses, moyennant un peu d’argent. Il nous faut plus de deux heures pour en sortir.
    Notre maison d’accueil est en pleine réfection, et les confrères ne peuvent pas me loger. Je connais encore beaucoup de jeunes à Conakry, j’ai prévu les choses et récupéré plusieurs numéros, car ils ont changé depuis mon départ il y a 5 ans. Je téléphone à une famille qui accepte aussitôt de me recevoir. Comme ils ont déménagé, nous convenons d’un point de rencontre et leur grand fils vient me récupérer. Ils m’ont attendu jusqu’à plus de minuit et m’ont préparé un bon repas. J’en ai bien besoin, car nous ne nous sommes arrêtés qu’une seule fois pour faire rapidement le plein d’essence et nous n’avons rien mangé de la journée.
    Il y a de l’électricité, ce qui est un progrès par rapport aux années passées, même si les coupures de courant sont encore nombreuses. Mes amis habitent au 3ème étage et l’eau n’y arrive pas. Un musulman du quartier a fait un forage et il distribue de l’eau gratuitement entre 17 et 19 heures à tout le quartier.

  • Vendredi 22 juillet : Nous rentrons, toujours en moto, et sous la pluie. Nous mangeons ensemble puis je prends un long temps de partage avec mon confrère actuellement en charge de la paroisse. Il est seul prêtre depuis deux ans, ce qui bien sûr est très difficile. En avril, un prêtre belge déjà âgé est venu le rejoindre, après une semaine de retraite et un petit séjour dans notre Communauté de Pikine au Sénégal. Malheureusement, il est tombé malade. On l’a évacué à Conakry pour le soigner, mais il est mort à son arrivée. Bien sûr, cela a causé une très grande tristesse et n’a pas arrangé la situation.
    En fin d’après-midi, je pars pour la Préfecture, toujours sous la pluie et en moto. A mon arrivée, je suis accueilli par le curé guinéen, un ami de longue date avec qui nous avons longuement travaillé, en particulier pour les traductions en kissi. Avec lui, nous allons saluer la famille de la jeune fille qui doit faire se profession religieuse ici, en septembre, et que je suis actuellement au Sénégal. Je leur donne des nouvelles, et je prends des nouvelles de la famille que je lui transmettrai. Puis nous posons les bases de la cérémonie à venir. Ensuite, je rejoins la Communauté des religieuses guinéennes qui m’accueillent pour la nuit. Là encore, nous avons beaucoup de choses à nous dire.

  • Mercredi 20 juillet : Le matin, je fais le tour du village pour saluer les gens. Après le repas du midi, c’est la séparation. Chacun retourne chez soi. Pour moi, j’ai décidé de rester encore trois jours sur place. Je prends le temps de parler avec nos deux étudiants qui sont venus à MONGO pour leur stage de vacances. Puis je pars en moto dans une sous-préfecture à 40 km. C’est la saison des pluies. Les pistes sont défoncées et pleines de boue. Mais en moto on arrive quand même à passer. Le soir, de nombreuses personnes viennent me voir, à tour de rôle, et nous échangeons des nouvelles avec joie.
    C’est la saison des gros travaux. Les gens sont occupés au repiquage du riz. J’avais donc prévu de dire la messe tôt le matin. Mais la pluie commence à tomber la nuit et nous ne pouvons commencer la messe qu’à 10 heures30. A la sortie, nous apprenons une très mauvaise nouvelle :
    Ebola. C’est dans la région qu’Ebola a démarré. Il y a eu beaucoup de morts, en particulier dans le personnel de santé. Si bien que les dispensaires ne fonctionnent plus et que les autres maladies ne sont pas soignées et se développent. D’autant plus que beaucoup, même s’ils ne sont pas tombés malades, ont été affaiblis par Ebola.
    Les gens continuent à prendre des précautions : lavage et désinfection des mains en particulier. Et ceux qui ont survécu à Ebola sont suivis régulièrement, car le germe est encore présent. Mais cela ne va pas sans poser de graves problèmes. En effet, ces personnes suivies sont craintes et se sentent rejetées de la société. A la dernière visite du contrôle, l’une de ces personnes suivies a préféré se cacher avec toute sa famille. Et complètement découragée, ce matin elle s’est pendue. Bien sûr, cela fait un grand coup dans toute la sous-préfecture.
    L’après-midi, je continue dans une autre sous-préfecture. C’est tout ce que je pourrai faire, car il me faut retourner au Sénégal. Le voyage est difficile car la pluie a recommencé à tomber. Même programme : rencontres le soir et messe le matin. N’étant plus responsable de ces communautés, je me garde bien de faire une réunion de communauté et de donner des conseils et directives, me contentant de donner et de recevoir des nouvelles. Je ne veux pas prendre la place de mes successeurs. Et, en plus, la situation a changé depuis mon départ.

  • Mardi 19 juillet : Première Messe de Martin TONGUINO. Il m’a demandé de lire l’Evangile et de faire l’homélie dans la langue kissi. J’ai pris soin de la préparer sérieusement, avec l’aide d’un ami prêtre guinéen. Après dix ans sans pratique de cette langue, parlant maintenant ouolof, ça ne sort plus aussi facilement qu’avant et je n’ai plus le ton et l’accent local. Malgré tout, les gens sont très heureux et étonnés aussi de m’entendre parler clairement dans leur langue. Et après l’accueil local de hier, ce sont les retrouvailles avec les gens des communautés de toute la paroisse.
    La nuit, profitant de notre rencontre, nous tenons une réunion entre spiritains de Guinée et des autres pays de la région, présents à cette ordination, pour réfléchir à nos différentes activités.

  • Lundi 18 juillet : Après la messe et le petit déjeuner, nous continuons notre descente vers le sud, jusqu’à MONGO, le village d’origine de notre jeune confrère, qui va y célébrer sa première messe. L’après-midi, il est accueilli par tout le village et les autorités locales.
    C’est la saison des pluies. La nuit, nous avons prévu une veillée de prière, mais une grosse pluie se déclare. Nous nous réfugions dans l’église, où nous attendons plus d’une heure avant de pouvoir commencer la prière, avec l’aide du haut-parleur portatif à piles. Ici, à Mongo, il n’y a ni courant électrique ni connexion Internet. Mais, grande innovation qui transforme et améliore beaucoup de choses, il y a maintenant la connexion pour les téléphones portables.
    Après la veillée de prière, tous se rassemblent pour la veillée culturelle qui se termine tard dans la nuit. Et qui se prolonge jusqu’au matin dans les chants et les danses.

  • Dimanche 17 juillet : Ils dont 4 jeunes à être ordonnés prêtres : 3, pour le diocèse et 1 pour les Spiritains. C’est une grande messe solennelle et très festive, comme les kissiens savent les organiser avec chants, procession, danses, battements des mains et instruments traditionnels. Et aussi des grands moments d’émotion et un grand temps de silence pendant la longue imposition des mains par les prêtres venus très nombreux (une cinquantaine). Sont venus également, le Secrétaire général (protestant) de l’Union des différentes religions chrétiennes de Guinée, et aussi le Ministre (catholique) du Commerce. Après la cérémonie, je prends un bon moment pour parler avec chacun d’eux, avant le repas partagé dans la grande cour, tous ensemble. Ce qui me permet de rencontrer de très nombreuses personnes, car toutes les paroisses ont envoyé des représentants. Et pendant 10 ans je les ai parcourues toutes, en tant que responsable de la catéchèse, puis de l’OCPH (Office Catholique de la Promotion Humaine) et de la Commission Justice et Paix. La plupart m’appellent par le nom traditionnel que l’on m’a donné : « SAA MONGO MILLIMOUNO ». Les rencontres se poursuivent jusqu’à la nuit.

  • Samedi 16 juillet : Après la messe entre nous, je pars faire un tour en ville, pour m’imprégner de l’ambiance actuelle. En route, des tas de gens m’interpellent : guinéens et réfugiés restés sur place. Nous échangeons des nouvelles de part et d’autres.
    A midi, avec notre Supérieur, je suis invité à manger par l’Evêque. Nous prenons un bon temps pour parler de la vie du diocèse et de mes activités au Sénégal.
    L’après-midi, je rencontre la mère d’une détenue guinéenne que je visite chaque semaine en prison au Sénégal. Elle est évidemment très triste et se met à pleurer en me voyant. J’essaie de la consoler le mieux possible, je lui donne des nouvelles de sa fille et la rassure en lui disant qu’elle va bien et qu’elle n’est pas abandonnée. En effet, sa fille est très courageuse. Elle a appris la couture en prison et m’a remis toute une valise d’habits et une autre de broderies à vendre pour aider sa mère à vivre. En plus, elle m’a remis tout son pécule. Cela est une grande consolation pour sa mère.
    Après le repas chez l’Evêque, nous allons dans un quartier où vient de s’ouvrir une nouvelle paroisse, pour assister à une veillée préparatoire aux ordinations. Après un temps de prière, nous passons à la veillée culturelle : chants, danses, ballet, théâtre. Ils ont bien préparé les choses. Mais je regrette beaucoup qu’au lieu de chanter au son des instruments traditionnels ils se contentent de danser sur des chants d’artistes, enregistrés. La technique moderne est en train de tuer la culture et toute créativité. De même, je remarque qu’à la messe les gens ne chantent plus. Ils se contentent d’écouter la chorale. Et pourtant presque tous les chants sont dans leur propre langue, le kissi. C’est vraiment triste.

  • Vendredi 15 juillet : Nous sommes au nord de la Guinée. Nous allons traverser tout le pays en diagonale jusqu’à Kissidougou, au sud-est. Je revis, tout au long de la route que j’ai fait souvent, des tas de souvenirs. Je suis heureux de constater que l’on a beaucoup travaillé sur la route : il ne reste que 30 km de mauvaise piste. Même là, on a construit un pont, ce qui nous évite de passer par un bac problématique et dangereux, après plusieurs heures d’attente.
    Un autre convoi de spiritains vient de Conakry. N’ayant pas de véhicule, ils ont emprunté une voiture. Mais ils ont des problèmes de route. D’abord, ils aident les journalistes, venus pour l’ordination, dont la voiture a fait plusieurs tonneaux . Heureusement, il n’y a pas de blessé grave, mais la voiture est inutilisable. Et par chance elle a été arrêtée par un arbre, ce qui lui a évité de tomber dans le ravin. Ensuite, nos confrères tombent en panne. Heureusement que maintenant il y a les téléphones portables, et par chance il y a de la connexion là où ils sont arrêtés. Nous nous étions justement donné rendez-vous à 30 km plus loin, dans la ville de FARANAH. Nous cherchons donc un mécanicien et nous allons les rejoindre. Mais la réparation ne tient pas et ils tombent à nouveau en panne : pas de démarreur. Nous les prenons donc en remorque pendant 30 km et nous n’arriverons à KISSIDOUGOU qu’après minuit, fatigués mais heureux.
    Nous sommes reçus dans une Communauté de religieuses malgaches, que j’avais moi-même accueillies il y a 15 ans lors de leur arrivée en Guinée. C’est une très grande joie de nous retrouver. Nous sommes une dizaine de confrères : 5 viendront demain, 3 religieuses sont arrivées de Conakry, Boffa et Kataco où j’ai également travaillé. C’est la joie des retrouvailles. Nous mettons des matelas et des nattes par terre et il n’y a pas besoin de nous bercer pour nous endormir.

  • Jeudi 14 juillet 2016 : Tôt le matin, je pars en voiture avec des confrères pour assister à l’ordination sacerdotale d’un de nos diacres. Je le connais bien : c’est le troisième des jeunes que j’ai formé et baptisé quand j’étais à MONGO dans la Guinée Forestière, au sud du pays. Nous y avons vécu ensemble des expériences très fortes. En effet, je suis allé rouvrir une ancienne Mission après trente ans de fermeture, sous la dictature de Sékou Touré. Et en même temps, assurer un suivi et un soutien à plus de 250.000 réfugiés du Libéria, puis de Sierra Léone, répartis en plus de 50 camps, chassés par une guerre civile atroce, marquée par l’exploitation des richesses naturelles (les diamants de la mort), la drogue, mais surtout les exécutions, les mutilations et les tortures, accomplies par des enfants soldats endoctrinés et forcés, sans parler de l’esclavage sexuel des jeunes filles prises en otage, et tant d’autres choses. Et en 2001, nous avons subi nous-mêmes les attaques rebelles qui ont brûlé les camps de réfugiés et dévasté les villages guinéens. Toutes les ONG et même les autorités locales ayant fui, nous avons dû assurer la prise en charge du déplacement des réfugiés vers le nord, la distribution de la nourriture fournie par le PAM (Projet Alimentaire Mondial) et le matériel du HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés) des Nations-Unies. Et en même temps lancer des projets socio-économiques et des actions humanitaires pour reconstruire les villages guinéens. Jusqu’à ce que les ONG reviennent peu à peu. Cela avec le soutien des Caritas de différents pays, en particulier le Secours Catholique français. Vous pouvez trouver tout cela dans mon site : http://armel.duteil.free.fr
    Bien sûr, tout cela a créé des liens très forts et une très grande amitié entre nous. Aussi je suis très heureux de cette opportunité qui m’est donnée de pouvoir y retourner.
    Parti tôt le matin, nous arrivons à Tambacounda à midi. Nous y faisons une pause pour saluer les Sœurs, car j’ai été le curé non seulement de la ville mais de toute la région en 1979-80. Les sœurs et les prêtres ont changé depuis, mais nous sommes heureux de nous rencontrer, d’autant plus que nous avons continué les relations entre nous.
    Le passage à la frontière nous prend beaucoup de temps. D’abord les douaniers sont en pause jusqu’à 15 heures et il nous faut repasser trois fois de suite (en trois endroits différents) aux formalités de police, de gendarmerie et de douane. Nous n’arrivons à KOUNDARA qu’en fin de soirée. Nous allons laisser notre voiture de tourisme, pour continuer avec la voiture tout terrain de la Mission . Nous avons d’ailleurs apporté cinq pneus neufs de Dakar, que nous montons aussitôt. Pendant ce temps, je prends un bon moment pour parler avec un de nos étudiants qui assure une année de stage pour sa formation missionnaire pratique. C’est un journaliste de formation, nous parlons donc des émissions à la radio locale. Et aussi du Collège où il assure l’éducation et des cours. Après le repas, je vais passer un moment chez les Sœurs. Leur responsable de Dakar est justement de passage. Elle me demande de préparer la profession religieuse, en Septembre à GUECKEDOU, d’une jeune fille de la région Kissi, et que je suis depuis le temps où elle était au Collège.

  • Mardi 12 juillet : On m’a demandé de participer à une session régionale sur le thème « Justice, Paix, Droits humains et Développement » pour la Commission Justice, Paix et Respect de la Création, du Sénégal, Mauritanie, Guinée Bissao et Iles du Cap Vert. Nous commençons par faire le tour des différents diocèses pour présenter les actions menées et ensuite les évaluer. A partir de là, nous préparons un plan d’action pour les trois années à venir, en tenant compte de nos différentes réalités et en cherchant comment soutenir le travail à la base, plutôt qu’à faire des grandes déclarations. Nos actions seront menées essentiellement dans quatre directions : 1) Développer la Bonne Gouvernance et les Actions Citoyennes ; 2) Veiller à la gestion équitable des Ressources Naturelles ; 3) Réorganiser et Réactiver nos Commissions Justice et Paix à tous les niveaux ; 4) Aider les prisonniers et leurs familles dans toute leur vie.
    Le plan d’action est clair. Il reste maintenant à agir.

  • Lundi 11 juillet : Notre curé va nous quitter. Il va servir en Pologne. Moi-même, je pars pour deux semaines en Guinée. Aussi, nous nous asseyons avec notre responsable régional et le confrère qui va assurer l’intérim , pour préparer les activités et donner les informations nécessaires. Il y a beaucoup de choses à voir. Cela nous prend toute la journée. Nous terminons juste à temps pour que j’aille rencontrer le Bureau des femmes catholiques.
    Nous avons beaucoup de choses à faire. Nous travaillons le compte-rendu de la dernière réunion du secteur. Puis nous reprenons les objectifs de l’association pour voir à nouveau comment les mettre en pratique. A partir de là, nous préparons les activités des vacances. Nos réunions de formation, l’éducation des jeunes filles, nos responsabilités de femme, de mère, mais aussi de citoyennes. Puis nous passons à des questions plus précises : que faire contre les inondations (c’est la saison des pluies), le relancement d’un secteur défaillant, la fête de Sainte Anne, le patronage de la paroisse, etc… Nous réfléchissons à nouveau la condition des veuves et voyons comment faire évoluer les coutumes au moment du deuil. Ensuite, nous passons aux formations économiques : fabrique de savon artisanal, teinture, fabrication d’eau de Javel, transformation de produits locaux, jus de fruits, etc… Avant de passer aux « divers » qui permettent à chacune d’intervenir. Nous abordons en particulier la question de nos engagements dans nos Communes et la distribution des moustiquaires (lutte contre le paludisme). Une bonne réunion, et le travail ne manque pas.

  • Dimanche 10 juillet : Après les messes paroissiales, de nombreux groupes se réunissent pour la journée : les servants de messe, les chorales, les catéchumènes, les responsables de mouvements, la Caritas et Justice et Paix, les scouts. Il y a de l’animation de tous les côtés, mais chaque groupe s’organise pour ses activités sans déranger les autres. Et tout se passe bien.

  • Samedi 9 juillet : Je descends en ville pour bénir un mariage. C’est un des nombreux couples que j’ai eus en session. Nous avons bien préparé la cérémonie comme d’habitude, je fais participer les parents, les témoins et toute l’assemblée. Nous introduisons un certain nombre de rites traditionnels. La chorale prend des chants que tout le monde connaît, aussi le mariage se passe dans une grande simplicité et également une grande joie.

  • Mardi 5 à Vendredi 8 juillet : Comme je dois partir en Guinée Conakry pour deux semaines, il faut que je prépare mes émissions radio et autres interventions à l’avance, pour tout ce temps où je serai absent, en plus de mon travail ordinaire sur Internet et Face Book. Tout en assurant les activités paroissiales : messes, confessions, et l’accueil des nombreuses personnes, chacune avec son problème : malades, manque d’entente dans les familles, soutien au moment des décès, aide aux réfugiés et migrants, secours aux personnes nécessiteuses. Et en même temps, travail avec un certain nombre de responsables : Conseil paroissial, Caritas, Catéchèse, Justice et Paix. Nous préparons les activités de vacances et la Journée mondiale de lutte contre la misère, en lien avec ATD Quart Monde. Sans oublier les préparations au mariage et le travail d’administration avec le secrétaire de la paroisse. A l’instant, une jeune femme arrive : elle veut participer à un mariage, mais elle n’a ni chaussures, ni robe. Je vais voir au magasin de la Caritas. Pendant ce temps, une mère de famille arrive. Elle ne peut nourrir ses enfants. Je puise de l’huile et du riz dans notre réserve fournie par l’Association des femmes catholiques. Un jeune arrive qui demande de l’argent. Après y avoir réfléchi avec le responsable de la Caritas, nous refusons, mais nous voyons avec lui comment il peut trouver du travail. Et, en attendant, nous lui donnons des habits et de la nourriture. Puis arrive une femme avec son bébé malade. Je l’oriente, avec un mot, vers le dispensaire des Sœurs. Elles aussi font beaucoup pour les malades et les personnes nécessiteuses.

  • Mardi 5 juillet : Je passe à l’Ambassade de Guinée pour avoir un visa. Je suis très bien accueilli, car je parle plusieurs langues du pays, ayant travaillé là-bas dans plusieurs régions : selon les personnes successives, je passe du soussou au pulaar, puis au malinka, pour terminer par le kissi. Il n’y a personne qui parle baga !
    Puis rapidement, je descends en ville pour participer à une session régionale de la Commission Justice et Paix. Là, on m’apprend qu’elle a été reportée, mais je n’ai pas été prévenu. C’est la 3ème fois que ça m’arrive en deux jours, car déjà hier soir je me suis méfié. J’ai téléphoné pour me renseigner à propos de la formation des femmes catholiques et là aussi j’apprends qu’elle a été reportée. Ce n’est pas facile de travailler dans ces conditions ! J’en profite quand même, comme je suis en ville, pour passer voir des amis dans plusieurs services : deux communautés de religieuses avec qui je travaille, mon imprimeur, l’aumônerie de l’Université, la CARITAS diocésaine, le PARI (Point d’Accueil des Réfugiés et Immigrés), une librairie qui vend mes livres….. Finalement, je suis content de cette occasion car cela fait longtemps que je devais faire tout cela.

  • Lundi 4 juillet : Je prépare les émissions radio de la semaine et un nouvel envoi de documents par Internet.
    L’après-midi, rencontre du Bureau des femmes catholiques.
    Avec notre confrère et les deux étudiants venus pour les vacances, nous organisons notre vie commune et commençons par un grand nettoyage de la maison. Elle en avait besoin !

  • Dimanche 3 juillet : Je pars en ville pour une formation des groupes de prière charismatique de la ville. Déjà la rencontre avait été reportée, mais quand j’arrive j’apprends par hasard qu’elle est supprimée. On a oublié de me prévenir ! Je le regrette d’autant plus que c’est la journée d’amitié de nos Communautés de quartiers à la paroisse. Le temps de revenir, la grand messe est terminée. Je vais quand même les saluer à la salle où ils se réunissent.

  • Samedi 2 juillet : Comme chaque samedi, de nombreuses réunions. Rencontre de la Caritas du secteur et préparation de la réunion du Bureau des femmes catholiques. Le tout coupé de nombreuses demandes. En particulier, un homme expulsé de son logement parce qu’il ne peut pas payer. Comme c’est la saison des pluies, il préfère retourner dans son village cultiver l’arachide. Mais il n’a pas de quoi payer le voyage.
    L’après-midi, mariage. Ce sont des gens très pauvres. Il n’y a ni chorale, ni robe de mariée, encore moins de demoiselles d’honneur. Nous nous mettons dans le chœur, autour de l’autel, et nous avons une célébration très simple mais très belle et très priante, avec la participation de tous. Ils sont très heureux d’avoir eu une belle cérémonie. Nous avons tout fait pour cela, et c’était très important pour nous.

  • Vendredi 1er juillet : Un jeune fille musulmane vient me voir. Elle est très attirée par Jésus Christ, et impressionnée par une amie chrétienne. Mais sa famille s’oppose absolument à ce qu’elle devienne chrétienne. Elles sont nombreuses dans ce cas. Je lui propose de vivre sa foi musulmane le mieux possible « à la manière de Jésus Christ » et de Marie dont on parle souvent avec admiration dans le Coran, et de lire l’Evangile quand elle le peut.
    Aujourd’hui, nous accueillons des frères qui vont vivre avec nous pendant cette saison des pluies, temps des vacances. D’abord un confrère Centrafricain qui vient de terminer des études. Nous nous connaissons bien et il va nous donner un bon coup de main, sinon je serais seul pour deux paroisses, sans compter toutes les activités extérieures. Nous recevons aussi deux de nos jeunes en formation. Ils vont pouvoir s’initier peu à peu au travail pastoral, avant de poursuivre leurs études en octobre. Nous sommes heureux de les accueillir et nous prenons le temps de faire connaissance et de leur présenter les différentes activités.
    Le soir, rencontre de préparation des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) de l’année prochaine. Ce grand rassemblement diocésain aura lieu chez nous, et il faut commencer tout de suite à le préparer, car ce sera un grand évènement auquel nous souhaitons d’ailleurs inviter les jeunes musulmans amis qui le désirent.

  • Jeudi 30 juin : Je vais à la prison. Aujourd’hui, je commence par célébrer la messe avec les détenues catholiques. Nous partageons la Parole de Dieu en quatre langues : ouolof, anglais, portugais et créole, et pour la prière chacune la fait dans sa langue maternelle : et il y en a beaucoup ! Après la messe, je reçois les détenues une par une, chacune avec ses besoins, ses tristesses et ses problèmes. Normalement, je dois arrêter à midi, mais il y a beaucoup de monde et la responsable me laisse continuer jusqu’à 14 heures. Je la remercie beaucoup pour cela.
    Mon confrère est parti à une rencontre sur les problèmes financiers du diocèse qui sont énormes. Je me dépêche de rentrer car il y a un enterrement à célébrer. Nous le faisons dans la salle paroissiale, car notre église est en pleine réfection : peinture, éclairage, sonorisation. Elle en avait bien besoin, mais il nous fallait d’abord récolter l’argent nécessaire pour commencer les travaux. On verra ensuite, peu à peu.
    Pour l’enterrement, heureusement que nous avons un haut parleur portatif, car beaucoup de personnes sont à l’extérieur dans la cour. Et à la fin des obsèques, des paroissiens attendent déjà pour la messe du soir !
    Après le repas, je sors participer à la réunion d’une Communauté de quartier pour évaluer ensemble les activités de l’année. Il y a beaucoup de choses à dire.
    Nous arrivons à la fin du Ramadan. Aujourd’hui, c’est « la nuit du Destin », une grande nuit de prières. Autour des mosquées et dans la rue des groupes se constituent pour réciter le Coran en chantant.

  • Mercredi 29 juin : C’est le Ramadan. Un groupe de jeunes musulmans vient nous voir. Le dimanche, ils rencontrent les enfants des écoles coraniques pour parler avec eux, les conseiller et leur apporter à manger. Ils viennent pour nous demander si nous pouvons les aider : nous leur donnons des habits que nous avons recueillis pendant le Carême avec la Caritas. C’est souvent que nous avons ainsi l’occasion de travailler ensemble chrétiens et musulmans.
    Tout au long de la journée, d’autres personnes viennent nous voir : des gens chassés de leur logement, des malades, des chômeurs. Nous ne pouvons pas tout résoudre, mais nous faisons pour le mieux, au moins pour les accueillir et voir déjà ce qu’ils peuvent faire par eux-mêmes.

  • Mardi 28 juin : Réunion à ATD/ Quart Monde. Au retour, nouveau problème. En effet, nous sommes juste à côté de la grande gare internationale de Dakar. Beaucoup de gens, quand ils ont des problèmes, demandent où est l’Eglise Catholique et viennent nous voir. Là, c’est un couple avec deux enfants qui m’attendent. Ils ont été expulsés de Mauritanie et se retrouvent sans rien. Ils nous demandent de les faire rentrer au pays. Ils ont essayé de parler avec les transporteurs en leur disant qu’ils paieraient en arrivant au pays, mais bien sûr ceux-ci ont refusé. Nous n’avons pas les moyens de prendre ces frais en charge qui dépassent de beaucoup nos possibilités. Nous arrivons finalement à trouver le minimum pour faire rentrer la mère et les deux enfants. Arrivée au pays, elle cherchera de l’argent pour faire venir son mari. C’est toujours aussi compliqué.
    Dès que c’est réglé, je me mets à l’enregistrement de mes émissions radio, en français et en ouolof.

  • Lundi 27 juin : Un Ivoirien arrive. Il était venu au Sénégal pensant y trouver du travail et le bonheur. Ils sont nombreux à venir ainsi tenter leur chance chez nous. Il dormait à la belle étoile dans un square. Il a été agressé et volé. Par la suite, comme il n’avait plus de papiers, il a été arrêté par la police en patrouille et mis en prison pour trois mois. Il vient de sortir et nous demande de l’aider à rentrer au pays. Nous nous arrangeons pour lui payer le voyage dans un camion qui rentre au pays. Mais ils sont arrêtés en cours de route par la police et comme il n’a toujours pas de papier, il est renvoyé à Dakar. On lui demande, pour le laisser partir, des photos, un carnet de vaccinations et un laisser passer. Il faut à nouveau beaucoup d’argent pour établir ces pièces, et sans aucune sécurité pour la suite. C’est chaque jour que de telles choses nous arrivent.

  • Dimanche 26 juin : C’est la fin de l’année scolaire et aussi de la catéchèse. D’abord, nous prions pour tous ceux qui se préparent aux examens. Les enfants animent la messe, avec une procession d’offertoire où ils viennent offrir le travail de cette année. A la fin de la messe, nous confions les catéchistes qui ont terminé leur formation, aux responsables de leur communauté. Et nous insistons pour que les activités continuent pendant les vacances, en particulier pour la prière des enfants le dimanche.
    Après la messe, comme chaque dimanche, il y a beaucoup de réunions et de rencontres. Avant de rejoindre l’équipe de la Caritas, je passe voir le groupe des mandjaques qui préparent leur rassemblement. Je les laisse continuer pour rejoindre les jeunes qui font l’évaluation de leur marche pèlerinage. Nous ne faisons pas l’évaluation seulement de la nourriture, des dépenses ou de l’ambiance, mais à partir des quatre objectifs de notre Plan Pastoral : la communion, la sanctification, le témoignage et le service.
    Après un petit temps de repos, je me mets à l’ordinateur pour préparer les interventions de la semaine.

  • Samedi 25 juin : Je suis invité dans une paroisse voisine pour lancer une équipe « Justice et Paix » . Il y a une bonne trentaine de personnes. Nous essayons de leur donner les principes de base et des exemples d’actions concrètes qu’ils peuvent démarrer tout de suite. Mais nous voyons aussi comment ils peuvent faire passer l’information et sensibiliser toute la paroisse dans ce sens. Nous choisissons des responsables pour cela. Je les laisse conclure, car je suis invité par une équipe « Sant Egidio » en début d’après-midi pour une intervention sur « les religions, acteurs de paix ? ». J’interviens avec un représentant des religions traditionnelles, un enseignant musulman et moi-même, chacun donnant le point de vue de sa religion. Puis nous mettons nos réflexions en commun avec les participants. Cette rencontre se passe très bien, dans un excellent esprit de compréhension et de respect mutuel.

  • Vendredi 24 juin : Je termine mes commentaires et commence à répondre aux nombreux messages qui m’attendent, avant de partir en ville à la rencontre des animateurs des différentes radios locales. C’est important de partager nos expériences et de coordonner nos actions.

  • Jeudi 23 juin : C’est le moment des vacances. Les passages sont nombreux. Je reçois deux de nos séminaristes, l’un qui revient de NOUADHIBOU, en Mauritanie, l’autre de GABU en Guinée Bissao. Je suis heureux de partager avec eux leurs joies et leurs découvertes. Deux autres qui étaient en stage chez nous viennent partager notre repas avant de partir l’un en Guinée, à MONGO où j’ai travaillé, l’autre au Congo… où j’ai aussi travaillé dans les années 60-70 !
    Une jeune femme vient me remercier. Elle cherchait du travail depuis longtemps sans en trouver. Nous avons pu l’aider et elle vient nous remercier. Nous partageons sa joie.

  • Mercredi 22 juin : Je me remets au travail de rédaction de mes commentaires d’Evangile et à leur enregistrement. La nuit, j’essaie de les envoyer par Internet, mais je dois m’y remettre à plusieurs fois car la connection est très faible. Dans la journée, accueil d’une mère de famille expulsée de sa maison, d’une femme atteinte d’un cancer du sein, d’une autre qui demande de la nourriture pour ses enfants, et d’un couple qui se prépare au mariage. Avant d’aller célébrer la messe dans un quartier.

  • Mardi 21 juin Ces jours-ci, je me consacre à la préparation du planning de mes émissions quotidiennes (commentaires de l’Evangile de chaque jour) et d’en mettre au point les textes pour les faire envoyer à mes différents correspondants par Internet. J’ai d’ailleurs un sale coup : la batterie d’ordinateur ne charge plus ; au bout de trois heures, coupure de courant : je perds tout mon travail ! Il va falloir tout reprendre, et cela ne va pas m’avancer ! De toutes façons, je devais m’arrêter pour participer à une rencontre d’ATD quart monde. C’est pour prolonger le séminaire dont je vous ai déjà parlé et voir comment aider les plus nécessiteux, les personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté à tous les niveaux : logement, nourriture, école et formation, habitat, ….
    A mon retour, je salue Jean, responsable d’une association de BORDEAUX qui soutient notre dispensaire. Puis je reçois les personnes qui m’attendent. D’abord un jeune qui quitte notre séminaire. Nous voyons ensemble comment il peut profiter au mieux de la formation reçue et quelle orientation il va pouvoir prendre. Je vais envoyer un mail à sa famille, pour qu’il soit accueilli sans subir de reproches. Il repart rassuré et en paix. Et je reçois les autres personnes qui attendent. Je ne mange pas de bonne heure ce soir !

  • Lundi 20 juin : Nous nous retrouvons tous les prêtres de la ville + banlieue pour entendre les comptes rendus des différents secteurs, les évaluer et en tirer des orientations pour l’année prochaine. Cela nous permet de nous retrouver aussi dans la joie et de partager nos soucis.

  • Dimanche 19 juin : Nous tenons notre Conseil paroissial où nous faisons l’évaluation des activités des deux mois passés, pour en tirer les conclusions et voir comment continuer nos actions. Nous avons spécialement travaillé la question de Justice et Paix, de la Caritas, et des actions de développement, et tout le travail des Communautés de quartiers qui est notre priorité. Nous prévoyons aussi les activités de vacances avec tous les groupes, pour que les actions ne s’arrêtent pas. Puis nous commençons à voir comment nous allons organiser les JMJ diocésaines (Journées Mondiales de la Jeunesse) qui auront lieu dans notre paroisse l’année prochaine. C’est un très gros travail à préparer.

  • Samedi 18 juin : L’après-midi, mariage. Nous l’avons très bien préparé, avec une très bonne participation des deux fiancés. En effet, ces jeunes sont de deux ethnies différentes, ce qui n’est pas toujours évident. Car souvent les familles s’opposent fermement au mariage. Nous avons cherché à donner la place aux deux ethnies : les parents ont introduit les fiancés dans l’église. Devant toute l’assemblée, ils ont accepté ce mariage, donné des conseils et béni leurs enfants, chacun dans sa langue. Et nous avons introduit des rites traditionnels dans la célébration du sacrement. Il y a eu de très bonnes interventions des témoins et des participants dans la célébration et les prières. Bien sûr, également les chants et les danses, comme toujours, et une très grande joie.
    Puis il a fallu quitter rapidement l’église, pour commencer la messe du samedi soir.

  • Samedi 18 juin : Je vais essayer de régler un problème de mariage dans une famille. Il s’agit de deux jeunes qui ont participé aux rencontres de préparation au mariage et qui veulent se marier simplement, mais la famille demande au fiancé une somme très élevée qui dépasse de beaucoup ses moyens. En effet, le système de la dot existe toujours et pour certains parents c’est devenu un moyen de s’enrichir sur le dos de leur fille, ce qui entraîne beaucoup de problèmes. Bien sûr, je n’aborde pas la question de front, mais comme je connais la famille on se comprend à demi-mot. Les deux familles doivent se rencontrer ce soir, et j’ai bon espoir que les choses vont s’arranger. Pas facile !

  • Vendredi 17 juin : Visites, et travail personnel. Depuis une semaine, nous accueillons un ami français d’une association basée à BORDEAUX. Cette Association soutient la paroisse depuis plusieurs années, en particulier nos deux dispensaires. Il est venu voir la situation et étudier en particulier l’électricité solaire, spécialement pour pouvoir conserver les vaccins, car nous avons souvent des coupures de courant. Et aussi l’installation d’une écographie qui pourra nous rendre de grands services. C’est l’occasion en même temps pour parler d’un certain nombre de choses intéressantes.
    A midi, je souhaitais rencontrer une aumônerie de collège, mais à cause de la grève des enseignants qui continue, je dois y renoncer.
    Après-midi, nombreuses visites : un voyageur qui n’a plus d’argent pour retourner chez lui ; une catéchiste du collège venue faire le point de l’année ; une jeune fille qui a des difficultés dans sa famille ; des malades et nécessiteux.
    A 17 heures, avec les responsables de la Caritas nous étudions deux petits projets : un projet d’élevage par un étudiant handicapé qui, vu les difficultés, préfère retourner travailler dans son village. Et un père de famille au chômage qui veut lancer un atelier de sérigraphie. Nous nous assurons de la validité de ces deux activités et de l’assurance de remboursement de l’argent de manière à pouvoir financer d’autres projets à l’avenir, car nos moyens sont limités.

  • Jeudi 16 juin : Visite à la prison. Là aussi c’est le temps du Ramadan. La vie est donc bouleversée et ce n’est pas facile. Mais les non musulmanes acceptent cela de bon cœur, dans l’entente avec les autres détenues.
    Les problèmes et besoins sont toujours nombreux : solitude, besoin de parler et de se confier, nouvelles de la famille (chaque semaine, je fais au moins une cinquantaine d’appels dans de nombreux pays différents, sans parler des nombreux messages que j’envoie lorsqu’elles peuvent me donner une adresse mail) car les familles sont souvent très inquiètes elles aussi. Et il y a également les besoins en nourriture, médicaments, lunettes, produits d’hygiène, habits, surtout pour les étrangères ou les Sénégalaises qui viennent des villages éloignés et qui ne reçoivent aucune visite ni soutien.
    Je vais en Guinée, pour l’ordination d’un jeune que j’ai formé. Une des détenues vient de cette région (la Guinée forestière, au sud-est du pays). Je connais sa famille et nous parlons sa langue quand je viens la voir. Elle me confie une valise pleine d’habits qu’elle a cousus et brodés pendant son séjour, ainsi que tout l’argent de son pécule pour que je l’emporte pour aider sa mère. Elle n’accepte même pas que je lui fasse un reçu. Il y a beaucoup de confiance entre nous et cela me touche beaucoup.
    Une autre détenue d’Afrique du Sud m’offre un sac qu’elle a brodé avec un beau dessin ; et une autre me remet un bonnet qu’elle a tricoté pour me protéger du soleil.
    Après-midi : Avec un groupe de jeune de San Egidio, nous préparons une rencontre sur « les religions, acteurs de paix ». Nous interviendrons à trois : un représentant de la religion traditionnelle, un imam musulman, et moi-même, avant de donner la parole aux participants. C’est très important, dans le contexte actuel, aussi nous préparons cette rencontre le mieux possible.
    La nuit, rencontre dans une Communauté de quartier.

  • Mercredi 15 juin : Enregistrement d’une émission à la radio. Prévue à 10 heures, nous devons attendre jusqu’à 13 heures. Ajoutons deux heures de voyage, aller-retour, cela fait toute une journée pour 15 minutes d’émission. Ce n’est pas rentable !
    La nuit, travail sur Internet : connexion très lente et plusieurs coupures.

  • Mardi 14 juin : Accueil. Parmi les visites, un mari qui a des problèmes de sexualité, un jeune qui se dit marabouté, une femme renvoyée, une autre qui a des problèmes d’argent, sans oublier les malades de toutes sortes et les nombreuses demandes d’aide.
    Après-midi : préparation de la célébration de mariage de samedi.

  • Lundi 13 juin : Aujourd’hui, sortie-détente des prêtres du secteur. Mais mon confrère est parti faire ses adieux dans une paroisse de l’Est (KEDOUGOU) où il a travaillé une dizaine d’années, et il y a un enterrement à la paroisse, des préparations au mariage, une rencontre avec les handicapés, et la messe quotidienne le soir. De toutes façons, il y a une rencontre générale lundi prochain : nous nous reverrons.

  • Dimanche 12 juin : Comme j’ai célébré la messe le samedi soir, je prends une journée de repos. J’en ai bien besoin . De nombreuses personnes viennent frapper à ma chambre bien que la porte soit fermée, mais, exceptionnellement, je ne réponds pas. On ne peut pas tout faire !

  • Samedi 11 juin : Réunion de secteur des responsables des femmes catholiques. Entre autres choses, nous insistons pour que dans chaque activité de recherche de fonds (kermesse, repas, soirée dansante…) on cherche la Communion et pas seulement l’argent, et qu’il y ait une dimension de formation, d’entr’aide, de soutien au développement et des plus pauvres, et de prière, conformément à notre 3ème Plan d’Action Pastoral. Et nous réfléchissons aussi aux activités de vacances.
    L’après-midi, rencontre de la Commission des Vocations, des Mouvements de jeunes et de la Catéchèse, comme chaque samedi.

  • Vendredi 10 juin : Visite d’une Association d’handicapés de l’intérieur du pays (THIADIAYE).Nous les avons déjà aidés en habits, nourriture et autres moyens. Maintenant, ils nous demandent de prendre l’eau et l’électricité. Cela dépasse nos possibilités. De plus, nous leur expliquons qu’ils doivent contacter la Caritas locale, car nous sommes déjà submergés par les demandes sur place.

  • Jeudi 9 juin : Travail sur Internet, le matin. Ca n’avance pas vite. Je travaille en particulier le dossier d’une Association que nous voulons lancer pour travailler avec les gens qui vivent dans l’extrême pauvreté. C’est une priorité pour nous. Après le repas, je reçois une jeune fille qui se prépare à être religieuse missionnaire.
    Puis les visites se succèdent jusqu’au moment où je dois partir en ville pour une formation des fiancés (préparation au mariage). Aujourd’hui, nous parlons de l’amour et du sacrement.

  • Mercredi 8 juin : L’une des Radios où j’envoie mes émissions a perdu tous les enregistrements de commentaires d’Evangile de l’ année dernière que j’utilisais à nouveau cette année, puisque ce sont les mêmes textes. Heureusement que je les avais copiés sur une clé. Je pars donc en ville pour leur apporter mes copies.
    Notre doyen (90 ans) est encore à l’hôpital, après son opération. Je profite d’être en ville pour aller le voir. Nous prenons un bon moment pour parler car nous nous connaissons bien. Nous avons vécu 15 ans ensemble à St Louis du Sénégal. Puis je rentre chez nous, mais retardé par de nombreux bouchons j’arrive après le repas. Pas grave !
    Messe le soir dans notre 2ème secteur. Je reste dîner chez les Sœurs. Nous prenons le temps de parler longuement pendant et après le repas.

  • Mardi 7 juin : Je retourne au Collège, cette fois-ci pour faire l’évaluation des cours de morale avec les élèves musulmans, qui bien sûr ne suivent pas les cours de catéchèse des chrétiens. Mais nous avons mené avec eux une réflexion qui permette non seulement une formation aux mêmes valeurs mais des actions communes avec leurs camarades chrétiens. D’abord une réflexion sur les thèmes de la miséricorde, de la paix et de la famille, et aussi des DVD sur la vie des prophètes de l’Ancien Testament qui nous sont communs.
    L’après-midi, je retravaille un article que l’on m’a demandé sur la non-violence, pour la concrétiser et ajouter des pistes d’action concrètes.
    Et le soir, comme chaque fois que je n’ai pas réunion ou formation, je travaille sur Internet : réponses aux mails et aux nombreux messages sur Face Book. Je suis interrompu par deux coupures de courant, mais qui ne durent pas longtemps. La batterie de mon ordinateur ne charge pas, aussi je fais attention pour enregistrer mon travail au fur et à mesure, sinon je perds tout. Pas facile !

  • Lundi 6 juin : Réunion mensuelle des prêtres du secteur (doyenné). Nous faisons l’évaluation de l’année et préparons les orientations et le travail de l’année prochaine. Les idées ne manquent pas. Il faudra voir comment les mettre en pratique.
    Au retour, je pars au Collège pour faire le point de l’année et tirer les premières conclusions de l’année. J’amène aussi la liste des actions menées par les élèves durant cette Année de la Miséricorde. Elles vont être affichées dans chacune des classes.
    Dans les écoles publiques, la grève se poursuit et cela devient dramatique. Les professeurs ont décidé de retenir les notes et de boycotter les épreuves du baccalauréat, à cause du manque d’entente avec le Gouvernement sur les questions de salaire et d’avancement. Ce sont les élèves et le pays qui subissent les conséquences.
    Puis j’accueille une jeune fille dont la mère est gravement malade. Enfin, une mère de famille qui va se faire opérer et qui est très inquiète.
    Aujourd’hui commence le Ramadan. C’est un grand événement qui va marquer profondément tout le pays, à plus de 90% musulman. J’assure les amis de mon soutien et de ma prière. En parlant, j’essaie de leur donner aussi avec respect un sens plus spirituel du jeûne et une dimension plus approfondie du Carême que la simple privation de nourriture. Beaucoup sont très réceptifs à cette dimension. De même qu’ils ont prié pour nous pendant notre Carême.

  • Dimanche 5 juin : Après la messe dans notre 2ème secteur, je rejoins la kermesse qui est parrainée par une (des rares) ministre chrétienne. Je la connais déjà, en particulier par l’intermédiaire de la JOC. Malgré la foule, nous prenons un moment pour parler ensemble. A midi, je rejoins un ami que je prépare au mariage, pour rencontrer sa mère et des parents venus de Casamance au sud du pays. Ils ont eu de la peine à venir, car il y a des tensions entre le Sénégal et la Gambie et la frontière est bloquée.
    Un jeune m’appelle ; il se dit possédé par un mauvais esprit. Je l’écoute et cherche à lui redonner un peu de paix.

  • Samedi 4 juin : Nous commençons une neuvaine de prières pour les examens. Au lieu de reprendre une prière « traditionnelle », inadaptée à notre situation et à notre culture, nous avons composé une prière spéciale, avec les élèves eux-mêmes.
    Je voulais sortir, je trouve mon vélo à nouveau crevé. En réparant, le vulcaniseur casse un des freins. Je pars chez un mécanicien. Il me connaît de vue, et en m’entendant parler ouolof avec des gens de passage qui me connaissent bien, il me fait la réparation gratuitement. De telles choses arrivent chaque jour. Cela entretient l’amitié, et c’est bon pour le moral !
    Le ramadan commence lundi. De nombreux amis musulmans nous demandent de prier pour eux, comme ils ont prié pour nous pendant le Carême. Déjà dimanche dernier, une trentaine d’élèves musulmans ont participé à la récollection, avec l’autorisation de leurs parents. Et hier, une vingtaine de jeunes filles musulmanes ont voulu venir à la messe du Centre. Pendant ce temps-là, une attaque de Boko Amam a tué une vingtaine de soldats au Niger. Et les Chefs d’États d’Afrique de l’Ouest sont réunis à Dakar pour voir comment lutter contre le terrorisme. Ils viennent d’élire à leur tête une femme, Helen SURLEAF, la Président du Libéria.
    Réunion de la Caritas du secteur. Pendant ce temps-là, nous sommes en pleine préparation de la Kermesse.
    L’après-midi, je reçois un couple mixte (chrétienne-musulman) pour préparer leur mariage. Nous nous connaissons déjà et ils sont décidés à bien s’engager, dans le sérieux et le respect de la liberté de chacun. Pour la célébration, nous voyons comment intégrer les rites du mariage traditionnel et donner leur place aux deux familles, tout en fêtant ce mariage de la façon la plus simple possible, comme témoignage et pour réagir contre les dépenses excessives qui accompagnent de plus en plus les mariages et autres cérémonies.
    La nuit, je trouve un moment pour mes émissions radio car j’ai pris du retard, et en plus je dois en revoir certaines.

  • Vendredi 3 juin : On approche de la fin de l’année. Aujourd’hui, je célèbre deux eucharisties de clôture. D’abord à notre collège, pour dire merci pour l’année, prier pour les examens et préparer les vacances. Nous avons une belle célébration avec des images et tableaux, chants animés, théâtre, et une excellente participation des élèves. Il est vrai que je les connais bien maintenant, et nous avons bien préparé la cérémonie avec la Commission Liturgie, en introduisant des gestes, danses et symboles appropriés.
    Je veux partir tout de suite au Foyer des jeunes filles, où je dois dire aussi la Messe de clôture. Mais je trouve mon vélo crevé. Je me replie sur les transports publics, mais il n’y en a pas beaucoup, et pas de ligne directe. Du coup j’arrive en retard. Heureusement, elles sont patientes ! Là encore, une belle célébration, où nous reprenons toutes les activités dans la joie, qui se termine par les danses et une remise de cadeau : une belle chemise, faite par les filles elles-mêmes. Et une série de photos sur les téléphones portables.
    Il reste deux activités : la journée de sanctification des prêtres, journée de prières et de réflexion, et une rencontre organisée par le Mouvement de la JOCF pour les jeunes travailleuses sur le travail décent pour les salariées mais surtout pour toutes celles qui font des petits métiers, sans aucune assurance, protection, sécurité ni salaire régulier. Un énorme problème.

  • Jeudi 2 juin : Comme chaque jeudi, je vais à la prison. Les femmes m’attendent avec joie. Je fais connaissance avec la nouvelle assistante sociale, qui arrive aujourd’hui, après un long temps de vacances. Nous allons pouvoir travailler ensemble. Un des gardes (musulman) doit passer un examen à la fin du mois. Il me demande de prier pour lui. Je vais le faire bien sûr ! Les demandes des femmes sont variées, à tous les niveaux. Je vais faire au mieux pour les aider.
    A midi, nous recevons à table la nouvelle catéchiste du Collège. Nous allons pouvoir faire connaissance. Elle est très motivée et très humaine. Elle s’est mise tout de suite au travail et nous a bien aidés dimanche à la récollection.
    A mon retour, des gens m’attendaient. En particulier une dame étrangère, abandonnée par son mari et qui cherche du travail. Ceux qui cherchent ainsi du travail sont très nombreux et nous ne savons pas comment les aider. C’est vraiment triste.

  • Mercredi 1er juin : Tôt le matin, je pars en ville pour enregistrer une émission à la télévision sur l’écologie. Je pars de la Lettre du Pape sur le respect de la Création, « Loué sois-tu ». Il y a beaucoup de choses à dire, je vais à l’essentiel.
    L’émission a beaucoup duré, aussi j’arrive en retard à la Police des étrangers pour ma demande de carte de séjour. Cela fait 5 ans que j’attends, en retournant tout les trois mois pour un tampon ! Mon dossier a été perdu, et j’ai dû en refaire tous les papiers…. et il y en a beaucoup : casier judiciaire, acte de naissance, certificat de résidence, photocopies des cinq premières pages du passeport, visite médicale, etc… Heureusement, je connais les policiers et ils acceptent de me prendre en charge bien que ce soit la pause. Cela m’arrange bien.
    Les délégués spiritains des 4 pays d’Afrique de l’Ouest de notre Province sont venus, comme chaque trimestre, pour leur Conseil. Je pensais les rencontrer à midi, c’est raté ! Je rentre à Pikine, car j’ai la messe ce soir dans notre 2ème secteur, à Thiaroye.
    La nuit, je réponds aux messages les plus urgents. Les autres attendront un peu !

  • Mardi 31 mai : Après le travail, je retrouve le personnel de notre dispensaire pour une réflexion sur le mariage et la famille, à partir de la Lettre du Pape « La joie de l’amour ». Les réactions sont nombreuses, car les problèmes ne manquent pas.

  • Lundi 30 mai : Le secrétaire et la cuisinière étant de repos, je me charge de leur travail, surtout pour accueillir les gens. Pour le repas, notre cuisinière a déjà préparé quelque chose que nous ferons réchauffer. Nous aurons aussi à faire la vaisselle, ce qui n’est pas trop difficile ! D’ailleurs, nous faisons cela tous les soirs. Mais le plus important, c’est le suivi des réparations de l’église. En effet, elle a plus de 50 ans et le climat et la mer ne la ménagent pas ! Nous avons voulu refaire simplement la peinture et l’installation électrique, mais nous avons découvert des fissures dans les murs. De plus, le sol a travaillé et une partie des fondations a commencé à glisser. Cela ne va pas être simple.
    En même temps, il y a la préparation de la kermesse. C’est également un très gros travail, mais qui nous aidera à vivre et aussi pour la réfection de l’église.
    Puis, j’ai un certain nombre de rendez-vous prévus : préparation des fiancés au mariage, rencontre de couples qui ne s’entendent pas.
    Comme chaque lundi, mon confrère et moi-même nous célébrons ensemble l’Eucharistie. Les autres jours, nous sommes chacun dans un secteur, en alternant.
    Conférence nationale. Il y a beaucoup de tensions et de grèves dans le pays, en particulier dans l’enseignement et la santé. Et des bagarres et oppositions entre les partis politiques (plus de 250 partis actuellement). Le Président de la République a décidé de lancer une concertation nationale en invitant des représentants des différentes couches et organisations de la Société. Un dialogue de 8 heures, où on a écouté plus de 50 intervenants. Après cette première rencontre, des réflexions vont être organisées sur les thèmes retenus, avec les personnes concernées. Le responsable des laïcs catholiques est intervenu lui aussi. Je vais le voir et nous tirons les premières conclusions de cette rencontre, et voyons comment envisager la suite.
    Aujourd’hui, l’ancien dictateur du Tchad, Hissein Habre, a été condamné à la perpétuité. Son procès a duré de longs mois. C’est un grand soulagement pour les familles des milliers de personnes qu’il a fait tuer. Et un grand signe d’espoir de voir qu’un dictateur africain est jugé en Afrique, par un tribunal de l’Union Africaine. Les choses avancent !
    Ce lundi, des élèves (filles) sont venues me voir. Elles préparent un exposé sur le naufrage du bateau Diolla, en 1992, complètement surchargé. Il y a eu près de 2.000 morts. Beaucoup plus que pour le Titanic. Chaque année, nous organisons un Cérémonie entre chrétiens et musulmans, avec les familles et les orphelins, en leur souvenir.

  • Dimanche 29 mai : Récollection des élèves. Le Collège a mis à notre disposition trois cars. Ils sont remplis. Nous allons au Monastère de KEUR MOUSSA, à 55 km. Le thème de notre rencontre est : Etre chrétien, c’est quoi ? ». Les élèves répondent, en petits groupes, à deux questions : 1) Qu’est-ce qui me plaît dans Jésus ? 2) Comment vivre comme Jésus, en famille, à l’école et dans le quartier ? - Après avoir assisté à la messe du Monastère, nous partageons nos idées, puis ce que nous avons apporté à manger. Ensuite nous prions à l’occasion des examens à venir, avant de voir comment bien vivre nos vacances. Après ce temps intense de réflexion , les élèves se défoulent en chantant durant tout le retour. Encore une belle journée qui laissera des traces et portera du fruit.

  • Samedi 28 mai : Notre Commission des Vocations part ce matin au grand séminaire pour rencontrer les jeunes qui se préparent à la prêtrise et parler avec eux. Pour échanger nos idées. Nous leurs apportons de la nourriture, car ils sont 70 environ et ce n’est pas facile de nourrir ces jeunes. Notre échange est très intéressant de part et d’autre.
    L’après-midi, je rencontre un couple mixte, chrétienne et musulman, pour préparer leur mariage. C’est un couple très mûr et qui vit une vie de couple très enrichissante.

  • Vendredi 27 mai : Après la prière du matin, à 6 heures, je retourne me coucher pour être à peu près en forme, car aujourd’hui j’ai trois séances au Collège avec les élèves de 4ème et 3ème, de 10 à 13 heures.
    Les élèves des collèges publics ont repris les cours ce matin (fin de la grève des enseignants). Je pars donc aussitôt à la pause pour rencontrer deux aumôneries de collège.

  • Jeudi 26 mai : Un étudiant doit faire une conférence sur les drogues et le tabagisme, en ouolof. Bien que ce soit sa langue, il ne sait pas très bien comment se débrouiller. En effet, jusqu’à maintenant, on étudie en français et on n’étudie pas les langues nationales, ce qui est vraiment très dommage. Les gens ne savent ni lire ni écrire leur propre langue. Je lui fais part de mon expérience et lui donne quelques conseils.
    A midi, je rencontre à nouveau deux classes, sur la Miséricorde.
    L’après-midi, je pars enregistrer une émission à la télévision sur la non-violence, à partir d’un article que j’ai écrit. Cette émission m’intéresse, car, après une introduction, les participants interviennent pour apporter leurs contributions et poser des questions. Cela donne une émission très suivie et très intéressante ; certaines interventions sont vraiment très riches.
    Mais je rentre tard : bouchons et manque de car.

  • Mercredi 25 mai : Ce matin : travail personnel, interrompu par de nombreuses visites : soutien et conseils.
    A 10 heures, le nouveau responsable de la Caritas d’une paroisse voisine vient me voir pour savoir comment nous travaillons. Je lui explique nos différentes activités, avec les étapes que nous avons suivies depuis mon arrivée à Pikine, il y a deux ans et demi. Nous parlons longuement, car il est décidé à faire quelque chose. Mais je dois le quitter pour une nouvelle intervention sur la Miséricorde, au Collège. Il me demande de venir faire une formation dans sa paroisse.
    L’après-midi, rencontre trimestrielle de notre équipe apostolique : prêtres et religieuses. Nous faisons le tour de nos activités, pas seulement à la paroisse mais aussi nos activités professionnelles (enseignement, santé, formation des jeunes filles, accueil des immigrés) et nos activités dans les quartiers et la Société Civile. C’est important et très encourageant d’entendre chacun parler de ses efforts et de ses soucis. De plus, au fur et à mesure chacun apporte ses idées et ses propositions. Cela nous permet de bien avancer ensemble. Le partage commencé par un temps de prière se termine par un repas pris ensemble dans la joie.

  • Mardi 24 mai : Je prépare mes émissions à la radio. J’arrête pour une longue conversation avec une étudiante musulmane qui est très marquée par Jésus Christ. Il n’est pas possible pour elle de devenir chrétienne car sa famille s’y oppose absolument. Nous cherchons comment elle peut vivre les valeurs de l’Evangile, et surtout vivre avec Jésus-Christ, dans sa foi musulmane. Je la laisse à midi, pour rencontrer deux nouvelles classes au Collège.
    L’après-midi, réunion du Bureau des Femmes catholiques. Nous cherchons comment agir selon nos quatre objectifs : Formation humaine et formation chrétienne, engagement dans la paroisse et dans le quartier. Puis nous abordons la question de l’alphabétisation, et celle du soutien des veuves. Avant de passer à la préparation de la kermesse, ce qui est un gros travail.

  • Lundi 23 mai : Journée de repos et donc d’accueil. Pour les jeunes, ce sont souvent des questions de mariage.
    A midi, je retourne au Collège pour les évaluations des actions de miséricorde, avec deux autres classes. Nous intervenons à deux : un enseignant musulman et moi-même. Les jeunes se connaissent bien, c’est important qu’ils puissent partager entre eux en profondeur.

  • Dimanche 22 mai : Je suis invité dans une autre paroisse . Après la messe, nous nous retrouvons pour réfléchir sur le thème : « Engagement et Politique ». Nous prenons le temps d’écouter un certain nombre de témoignages. Et nous insistons sur l’engagement dans le quartier, les Communes et la Société Civile. Nous avons un partage très intéressant. Mais il va falloir passer à l’action ! En attendant, je vais leur envoyer au moins quelques documents de formation.

  • Samedi 21 mai : La fin de l’année approche. Nous avons décidé de réserver cette journée pour nous retrouver entre religieux hommes et femmes pour une journée d’amitié, mieux nous connaître et resserrer les liens entre nous : cela nous permettra de mieux travailler ensemble. Nous prenons aussi un temps pour prier ensemble. Nous passons une très bonne journée.

  • Vendredi 20 mai : Aujourd’hui, et toute la semaine suivante, en prenant les classes deux par deux, ensemble chrétiens et musulmans, nous faisons l’évaluation avec les élèves des actions de miséricorde qu’ils ont menées pendant l’année au Collège, dans la famille et dans le quartier. Ils ont vraiment fait des actions intéressantes que nous cherchons à mettre en valeur.
    Puis je rejoins les élèves d’un Collège public à la pause de midi (aumônerie) pour parler de leur vie à l’école, et de la grève des enseignants qui perturbe énormément les cours.

  • Jeudi 19 mai : Matin : visite à la prison.
    Après-midi : enterrement d’un père de famille, puis réunion des femmes.
    Nuit : Rencontre dans une Communauté de quartier.

  • Mercredi 18 mai : Je pars en ville, en ayant regroupé plusieurs activités à cause des nombreux bouchons qui font perdre beaucoup de temps. D’abord, je passe en vitesse à notre Maison principale voir un confrère âgé et malade. Ensuite, je vais au Tribunal chercher un extrait de casier judiciaire (je dois refaire ma carte de séjour). Je suis avec une voiture et pas en vélo cette fois-ci, car nous amenons des habits qui ont été rassemblés pendant le Carême. Nous les apportons à la Caritas diocésaine ; avec la saison sèche, plusieurs villages ont brûlé et les gens sont dans le besoin. Au Tribunal, on me fait passer de bureau en bureau, et il faudra revenir demain pour des pièces que j’avais déjà fournies, mais le dossier a été égaré ! Et il faut refaire toutes les démarches. Nous avons passé beaucoup de temps ici, nous reprenons la voiture et nous sommes coincés en plein bouchon, je ne peux donc pas faire les autres démarches que j’avais prévues. Pour une fois que je viens en voiture !... au moins en vélo on peut se faufiler entre les véhicules !
    L’après-midi, réunion des différents mouvements de jeunes. Mais je les laisse pour accueillir les gens qui sont venus demander conseils et assistance : une femme étrangère chassée par son mari avec ses cinq enfants et qui veut retourner au BURKINA FASO ; une autre qui doit être opérée mais n’a pas d’argent ; une jeune désemparée ; une jeune mariée qui ne peut pas avoir d’enfant ; d’autres malades, des nécessiteux. Nous voyons avec les responsables de la Caritas comment faire au mieux.
    Ce n’est que la nuit que je peux me mettre à mon ordinateur pour accueillir d’autres problèmes et d’autres demandes sur Internet et sur Face Book.

  • Mardi 17 mai : Je m’isole toute la journée pour finaliser un article que l’on m’a demandé sur la violence. C’est un gros boulot.

  • Samedi 14 mai : Aujourd’hui, un certain nombre de personnes ne travaillent pas, aussi les visites sont nombreuses et variées.
    Plus de 200 jeunes se préparent depuis plusieurs semaines pour récupérer des fonds pour la marche pèlerinage. Chaque année, profitant du congé du lundi de Pentecôte, se tient le pèlerinage national à 70 km de Dakar : Notre-Dame de POPENGUINE. La grande célébration a lieu le lundi, avec plus de 100000
    personnes. Les chrétiens sont très minoritaires dans le pays, mais ils tiennent d’autant plus à se regrouper à cette occasion. Les jeunes, eux, marchent en priant depuis le samedi. Ils sont environ 10000, dans une ambiance de joie extraordinaire, venus de tout le pays, et même des pays environnants. Ils ont vécu déjà une neuvaine de prières et de réunions pratiques, et ils ont un carnet pour les aider à la prière et la réflexion tout au long de la route. Le thème de cette année est : « Avec Marie, soyons témoins de la Miséricorde de Dieu ». Bien sûr, j’ai préparé mes interventions aux différentes radios et télévisions dans ce sens, pour marquer l’évènement.
    A l’issue de ce grand rassemblement, nous rentrons très fatigués, mais heureux.

  • Vendredi 13 mai : Comme d’habitude, je pars au Foyer des jeunes filles. L’une d’entre elles fête son anniversaire. Elle a préparé des petits gâteaux et nous la fêtons dans la joie. Puis nous réfléchissons ensemble à la vie en famille. Ce n’est pas facile pour les filles. Au retour des cours, elles doivent assurer le travail de la maison, tandis que les frères se reposent et même se font parfois servir par elles. Et ce n’est pas facile pour une fille de parler avec son frère, qui s’impose souvent comme chef de famille. Il faut trouver la manière et souvent passer par un intermédiaire, surtout s’il s’agit de leur mariage. Difficile de faire évoluer les mentalités !
    A la pause du midi, je voulais aller rencontrer des élèves, mais les enseignants sont de nouveau en grève pour des questions de salaires et d’avancement. Cela dure depuis le début de l’année. Le Gouvernement a signé des accords, mais il n’arrive pas à les respecter. Les élèves n’y peuvent rien, et leurs parents ont de la peine à se mobiliser. Cela est très inquiétant pour l’avenir du pays, car les arrêts de travail se répètent pratiquement chaque année.
    La nuit, nouvelle rencontre de préparation au mariage. Nous réfléchissons à la sexualité du couple.

  • Jeudi 12 mai : Le matin, nouvelle visite à la prison des femmes. Beaucoup de joies, mais aussi beaucoup de souffrances, surtout pour les étrangères qui n’ont ni nouvelles de la famille, ni visite, ni nourriture, médicaments ou soutien.
    Au retour, j’apprends que notre doyen a été hospitalisé d’urgence. Je me dépêche d’aller aux nouvelles. Puis je rentre pour la réunion des femmes. Après un temps de prière, elles passent à la préparation de la kermesse. C’est un gros travail, mais grâce aux services bénévoles, aux dons et à la participation de beaucoup, cela nous donne des moyens de vivre et de travailler.
    La nuit, comme chaque jeudi où je suis libre, je participe à la réunion d’une communauté de quartier.

  • Mercredi 11 mai : Je vais au Port récupérer trois colis de livres pour nos étudiants. Comme d’habitude les formalités sont longues et compliquées. J’y passe toute la matinée.
    L’après-midi, confessions pour les adultes qui vont recevoir la Confirmation dimanche, en ouolof, car la plupart ne comprennent pas le français. Même le ouolof n’est pas leur langue maternelle.
    La nuit, je profite du silence pour enregistrer mes émissions radios.

  • Mardi 10 mai : Les visites continuent : problèmes de familles, de mariage, de maladies et de chômage. Nous ne pouvons pas tout solutionner, mais au moins accueillir, écouter et conseiller. Et essayer de les mettre en relation avec des gens qui peuvent les aider, et d’abord avec nos communautés de quartiers.
    Aujourd’hui, nous sommes en lien avec la célébration de l’abolition de l’esclavage. Au long de la journée, je tiens aussi plusieurs séances de travail avec la Caritas et Justice et Paix. Je rencontre aussi deux couples pour la préparation au mariage.

  • Lundi 9 mai : Journée de repos pour les différents travailleurs de la paroisse, aussi en plus de la permanence nous devons accueillir les gens, régler les problèmes matériels et de secrétariat, faire la cuisine (ou plutôt réchauffer ce que notre cuisinière a préparé la veille), ou, le plus souvent, les restes du dimanche, tout cela en accueillant les personnes qui viennent pour leurs problèmes particuliers.
    Et ainsi, je n’avance pas beaucoup dans mon travail personnel.

  • Dimanche 8 mai : Je pars à l’Ile de Gorée, au large de Dakar, d’où ont été emmenés de nombreux esclaves vers l’Amérique. Je dois assurer une Journée de formation sur le mariage et la famille, pour mettre en pratique le Synode de la famille, dans la ligne du Pape François « La joie de l’amour ». Car il est essentiel d’en tirer les conclusions et de passer à l’action.
    Je suis invité par un confrère que je connais bien. Nous avons travaillé plusieurs années ensemble à mon ancienne paroisse, à la prison et à l’hôpital. Nous nous comprenons et nous nous complétons parfaitement. Je suis très heureux de travailler avec lui et de retrouver cette communauté que je connais bien. Je suis accompagné par un de nos séminaristes qui vient avec moi chaque week end pour sa formation pratique. Lui aussi apprécie cette formation où nous ne manquons pas d’aborder les questions concrètes de l’avortement, de l’homosexualité, du divorce et de beaucoup d’autres choses. Les participants montrent une grande soif de comprendre, mais aussi un esprit très ouvert.
    Ensuite, pendant le repas, nous prenons un bon moment pour parler de nos activités actuelles. Nous avons beaucoup de choses à nous dire et nous pouvons parler en toute confiance.
    Avant de partir, je montre à l’étudiant qui m’accompagne, originaire de Guinée Bissao, cette Ile historique, base de départ de la colonisation de l’Afrique de l’Ouest, longtemps disputée par les différentes puissances coloniales, et aussi hélas point de départ des esclaves vers l’Amérique.
    Puis nous reprenons la chaloupe vers Dakar.
    C’est la journée des media. Au retour, je passe à la rencontre des intervenants dans les différents journaux, radios et télévisions. Je n’ai malheureusement pas pu y participer, mais ceux avec qui je travaille sont présents. Ils me feront le compte-rendu.
    J’étais aussi invité à une fête de mariage, mais ce n’est pas ma priorité.

  • Samedi 7 mai : Réunion de la Caritas du secteur. Nous évaluons en particulier la visite à la prison. Et l’après-midi, rencontre de la Caritas paroissiale où nous préparons nos activités locales. Entre temps, j’assiste au départ de la centaine de jeunes qui vont recevoir le Sacrement de Confirmation. Pour les adultes, ce sera samedi prochain, à la fête de Pentecôte.
    Nous avons aussi deux mariages aujourd’hui.

  • Vendredi 6 mai : Je descends en ville, au Centre de formation des jeunes filles, comme tous les 15 jours. A la pause du midi, je pars chez une amie qui m’aide à saisir mes documents, avec beaucoup de gentillesse et de compétence. D’habitude j’enregistre mes textes sur un vieux magnétophone à cassettes que j’utilise depuis plus de 50 ans, alors que j’étais au Congo. C’était du bon matériel, simple mais solide. Et il est vraiment arrivé à bout de souffle ! Il est impossible de trouver des pièces de rechange, donc il va falloir examiner sérieusement la question. En attendant, je dicte directement mes textes. En deux heures, nous arrivons à avancer le travail le plus urgent, et je continuerai moi-même pour le reste.

  • Jeudi 5 mai : Fête de l’Ascension. Au cours de la grand messe, nous célébrons la première étape du baptême des catéchumènes enfants, jeunes et adultes. Ils sont présentés par les catéchistes et accueillis par les responsables de Communautés, avant d’entrer dans l’église, reçus par toute la Communauté. Une grande joie !

  • Mercredi 4 mai : Le matin, accueil de personnes nécessiteuses et travail avec la Caritas. L’après-midi, réunion des différents Mouvements de jeunes et d’enfants. Puis je vais bénir une maison et prier avec une famille en difficulté.

  • Mardi 3 mai : Depuis que je me suis mis sur Face Book, je reçois de nombreux messages, spécialement des jeunes, chacun avec son problème, avec une grande liberté de parole. Et ceux qui habitent à Dakar et environs viennent me voir. Aujourd’hui, j’en accueille une dizaine : problèmes de chômage, de maladie, de mariage, difficultés de relations en famille, dans le quartier ou au travail pour ceux qui ont la chance d’en avoir et qui doivent accepter des conditions difficiles : travail bénévole non payé, stagiaires renvoyés à la fin du stage, salaires non payés, pas de sécurité sociale, etc…
    Avec cela, la journée passe vite et ce n’est que la nuit que je peux me mettre à la rédaction de documents et à la préparation de mes différentes interventions. Et le lendemain, il faut me lever de bonne heure car c’est moi qui assure la prière et la messe du matin au Centre, cette semaine.

  • Lundi 2 mai : Comme chaque mois, nous nous retrouvons tous les prêtres des dix paroisses de notre secteur. Aujourd’hui nous travaillons spécialement au sujet de la Commission Justice et Paix : en quoi elle consiste ? Comment agir nous-mêmes dans ce sens ? Comment former les gens à la justice et à la paix ? Comment lancer une équipe ?.... Les questions ne manquent pas. Je vais envoyer les documents nécessaires pour continuer la réflexion et passer à l’action. Il reste la question si importante du respect de l’environnement que nous n’avons pas eu le temps d’aborder. Ce sera pour une autre fois, car il nous faut ensuite réfléchir aux différentes questions pratiques de notre travail pastoral.

  • Dimanche 1er mai : C’est la Fête du Travail ; avec ses défilés et ses discours, suivis de la remise des cahiers de doléances au Président de la République. Comme le gouvernement cherche à agir au niveau social, chaque groupe professionnel se réveille avec ses revendications. Et, bien sûr, ce sont ceux qui ont déjà le plus de privilèges et le plus de pouvoir qui parlent le plus fort, en pensant d’abord à eux-mêmes plus qu’aux nécessiteux, et même plus qu’au bien du pays. Mais le Président a été clair et courageux. Il affirme officiellement : « Cette année sera une année sans cahiers de doléances. On se repose un peu. Il y a des limites dans les revendications. …. On ne pourra pas aligner la hausse des salaires sur les salaires les plus élevés ». Car il y a deux problèmes. D’abord, que ces manifestations tournent souvent au folklore et à des grandes déclarations qui ne vont jamais être appliquées. Mais au moins ça se passe dans la joie et sans violence. Ensuite, c’est que ce sont seulement les travailleurs salariés, avec tous les avantages que cela comporte (retraite, assurance maladie, mais aussi habitat et toutes sortes de primes et d’avantages), alors que la très grande majorité de la population, sans salaire assuré, ni sécurité, travaille dans le secteur informel : ce sont les pêcheurs, les paysans et les travailleurs des mines qui assurent les revenus du pays. Mais cet argent reste en ville, pour une classe privilégiée qui est au pouvoir, et ne retourne pas à la base dans les villages où il n’y a ni eau, ni électricité, ni école, ni dispensaire. Sans parler de tous les chômeurs et tous ceux qui se débrouillent dans le secteur informel pour faire subsister leur famille, on ne sait comment. La situation est donc complètement différente de ce qui se passe en Europe, d’où l’importance de nos actions avec la Caritas, Justice et Paix, ATD Quart Monde, pour la défense des plus pauvres, les petits projets, la lutte pour un travail décent, la recherche d’un logement pour les plus pauvres (car les logements dits sociaux ne sont accessibles qu’aux plus riches), et tant d’autres choses.

  • Samedi 30 avril : Ce matin, je retourne à la prison, accompagner l’équipe de la Caritas de notre secteur. Ils ont apporté un certain nombre de produits (nourriture, produits d’hygiène, médicaments…), sans oublier des choses pour les bébés qui sont avec leurs mères, de 0 à 3 ans . La directrice leur fait visiter les chambres et les différentes installations. Ils prennent le temps de parler avec les détenues. Celles-ci improvisent une danse pour les remercier. Pendant ce temps, j’accueille celles qui veulent me voir, chacune selon son désir et ses besoins.
    Le soir, nous organisons un repas de bienfaisance au profit de la paroisse ; il nous faut collecter des fonds, nous en avons bien besoin !
    Tout ce week end, je participe à la retraite de Confirmation pour les jeunes (les adultes ont déjà reçu le Sacrement). Ils sont environ 120.

  • Vendredi 29 avril : Après un moment de travail sur Internet, je pars en ville participer à une messe pour le papa d’un confrère, décédé au Cameroun. Il dirige le Centre de Formation religieuse. Les étudiants, comme les professeurs, sont venus nombreux.
    Profitant d’être en ville, je pars à notre Maison centrale visiter notre confrère le plus âgé qui est malade.
    Au repas, j’ai l’occasion de partager longuement avec les confrères présents. Et avec les responsables d’une chorale Gospel lancée par un confrère à Metz, venus au Sénégal apporter leurs bénéfices pour soutenir une école dans le sud, en Casamance (construction de classes et forage d’un puits).
    Puis je rentre juste à temps pour la messe à Pikine.
    Le soir, nouvelle rencontre de préparation au mariage. Nous parlons de l’éducation des enfants.

  • Jeudi 28 avril : L’ONG « Médecins du Monde » organise une rencontre sur la régulation des naissances. Elle me demande de présenter la dimension culturelle, sociale et religieuse de la question. J’interviens avec une gynécologue musulmane que je connais bien. Et nous travaillons également bien ensemble. Nous formons le personnel des treize dispensaires et les « personnes ressources » animateurs de quartier. Ceux-ci devront ensuite répercuter la formation à la base.
    15 heures. Je vais jeter un coup d’œil aux «  Journées culturelles » de notre Collège. Mais je suis très déçu. L’animation se résume, - avec une sono branchée toute la journée, au maximum, qui inonde tout le quartier (alors que nous avons un enterrement à l’église, juste à côté)- à un match de football et à un « artiste » que l’on paye très cher : chaque élève doit cotiser 1.000 francs CFA. Au lieu de développer la créativité des élèves en composant des chants, des poèmes ou théâtre par eux-mêmes. Je me demande quelle culture on veut faire vivre aux élèves et quel avenir on prépare pour eux et avec eux.
    A mon retour, un réfugié sierra léonais m’attend, plein d’espoir, car il a entendu que je parle sa langue.

  • Mercredi 27 avril : Travail à la maison ; préparation de la rencontre de demain et messe dans notre 2ème secteur.

  • Mardi 26 avril :Comme chaque jour, mon travail pour les media est interrompu plusieurs fois par des visites et des demandes d’aide. Ce matin, une famille qui arrive du Libéria avec un bébé malade : je l’oriente tout de suite vers notre dispensaire. Ensuite, un Nigérian expulsé de Mauritanie parce qu’il n’avait pas de papiers en règle, pourtant il travaillait régulièrement dans une usine de poissonnerie à NOUADHIBOU. Nous avons dans cette ville une communauté qui soutient activement tous les travailleurs étrangers et les migrants voulant aller en Europe et bloqués à la frontière. Je reçois également un vieillard venu chez son fils à Dakar pour se faire soigner et ne l’a pas trouvé (son fils a déménagé et on ne sait pas où il est). Entre temps, j’apprends le décès d’une femme du quartier. Nous avons beaucoup de décès en ce moment.
    L’après-midi, travail avec le responsable de Caritas. Il y a beaucoup de choses à voir.
    Le soir, je vais assister à la messe dans une paroisse voisine, pour la mère décédée d’une jeune fille de notre paroisse, très engagée dans les activités.

  • Lundi 25 avril : Jour de congé pour notre secrétaire. Comme chaque lundi, nous assurons donc le travail à sa place et cela nous demande de rester au courant des problèmes. En même temps, nous sommes présents pour accueillir, écouter, soutenir les personnes qui se présentent et souhaitent nous parler.
    A la pause du midi, je pars à notre Collège rencontrer l’équipe liturgique pour préparer les activités du 3ème trimestre : les prières du mois de mai, l’évaluation de l’année de la Miséricorde, la récollection des collégiens, la préparation des examens, la messe d’actions de grâces à la fin de l’année, et la préparation des vacances.
    Le soir, nous tenons une réunion importante pour évaluer nos engagements dans la société. Nous rassemblons nos délégués auprès des mairies, les responsables des Commissions –dont Caritas et Justice et Paix-, les responsables des Communautés de quartiers, les responsables des femmes et ceux des Mouvements de jeunes, pour voir ce que chacun fait et comment coordonner nos actions. Nous abordons en particulier les questions des enfants mendiants des écoles coraniques (talibés), la lutte contre le paludisme et la Campagne de vaccination contre la poliomyélite. Nous annonçons le lancement de la formation sur la régulation des naissances, et nous revoyons le travail de la Caritas pour rejoindre les plus pauvres et les exclus de la société. Avec les femmes, nous abordons le problème des veuves dont les conditions de vie sont très difficiles, marquées par des coutumes traditionnelles qui les font souffrir. Avec Justice et Paix nous expliquons ce qu’est la carte d’égalité des chances en faveur des handicapés. Nous avons une équipe de handisport qui vient jouer chaque jour sur notre terrain de basket. Puis nous parlons des cartes d’identité qui sont très difficiles à obtenir.
    Avec les délégués aux mairies nous reprenons les actions en cours : pour la santé (Couverture Médicale Universelle), le soutien économique (Bourses familiales), la participation aux formations gratuites organisées par les mairies (permis de conduire, informatique….), le soutien aux étudiants, la participation aux activités (maison de la femme, boutique des droits, lutte contre les violences faites aux femmes, etc…). Enfin, nous insistons sur l’importance pour les Mouvements et organisations chrétiennes de travailler avec les ONG et associations dans les quartiers. Ce qui n’est pas facile quand on est une toute petite minorité, surtout pour se faire élire à des postes de responsabilités.

  • Dimanche 24 avril : Journée de formation des Catéchistes de toute la ville. Nous réfléchissons sur le thème : Miséricorde – Pardon – Réconciliation, dans les différents secteurs de notre vie : en catéchèse, en famille, au travail, dans la Communauté dans le quartier. Après une réflexion en petits groupes, nous mettons en commun nos idées et nos décisions. C’est tout cela que nous célébrons à la messe, avant de partager ensemble un repas, 8 à 10 personnes autour de chaque plat. C’est toujours une grande joie de nous retrouver ainsi et de partager nos joies et nos soucis.
    A 17 heures, je rejoins les femmes du secteur de Thiaroye pour relancer leurs groupements. Car le mari de la présidente est décédé et, à cause des coutumes, celle-ci ne pouvait plus assumer ses responsabilités et, par respect, les femmes n’ont pas voulu la remplacer. Finalement, nous avons mis en place un nouveau Bureau. Maintenant, il faut se mettre au travail, et les problèmes ne manquent pas.

  • Samedi 23 avril : Ce matin, rencontre des responsables des groupements de femmes des treize paroisses de notre secteur. Nous reprenons la réunion de formation du mois passé pour voir comment mettre en action nos décisions.

  • Vendredi 22 avril : Comme tous les 15 jours, je retrouve les jeunes filles chrétiennes et musulmanes du foyer de DERKLEY. Aujourd’hui nous parlons de la vie dans le quartier. En effet, grâce à l’acte 3 de la Décentralisation, il y a beaucoup de choses possibles au niveau des communes. Nous passons donc en revue les différentes activités organisées par les mairies et les délégués de quartiers. Nous voyons les bonnes choses vécues, puis ce qui ne va pas. Comment participer aux premières et réagir contre les dernières. Nous concluons sur l’importance de nous tenir au courant et de participer aux activités proposées. Par exemple il y a deux jours, c’était la journée nationale des tabilés (les enfants qui mendient). Ce week-end, c’est la vaccination de tous les bébés et enfants jusqu’à 5 ans contre la poliomyélite. Lundi, journée de lutte contre le paludisme et distribution de plus de 8 millions de moustiquaires imprégnées. C’était le jour de la signature du traité pour la défense de l’environnement par 175 pays, à New York. Nous voyons comment protéger l’environnement à partir des petites choses dans les quartiers : ne plus jeter les eaux sales dans la rue, organiser le ramassage des ordures, faire des opérations de nettoyage, planter un arbre dans sa cour, etc.
    Le soir, 2ème séance de préparation au mariage. Nous parlons de la vie du couple et des relations avec les beaux-parents. Les fiancés se connaissent maintenant et l’ambiance est bien détendue. Ils sont plus de 50, et chacune et chacun tiennent à participer activement. C’est très agréable.

  • Jeudi 21 avril : Ce matin, je reçois plusieurs visites. D’abord un jeune qui a des problèmes dans sa famille, ne trouve pas de travail et veut partir en Europe. Puis une jeune femme qui se dit possédée par un mauvais esprit. Nous avons souvent ces cas-là et nous sommes très démunis devant ces situations, car les croyances traditionnelles sont encore très fortes. Nous cherchons à voir ce qu’il est possible de faire.
    Ensuite, des étudiants en sociologie viennent me demander l’opinion de l’Eglise Catholique sur la laïcité. J’insiste bien sûr sur l’importance de la laïcité comme base de la démocratie et des opinions de tous car il y a des tendances chez certains à faire du Sénégal une république islamique. Mais j’insiste aussi sur l’importance de mettre en place une laïcité sénégalaise correspondant aux valeurs et aux cultures du pays. Et qui reconnaisse les différentes religions et accepte la pratique de la religion non seulement à titre personnel mais public et communautaire, conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le Sénégal est très marqué par la France depuis la colonisation, mais la laïcité « à la française » n’est pas adaptée à nos réalités sénégalaises et elle est d’ailleurs très différente de la façon dont elle est vécue dans les autres pays européens ou aux Etats-Unis par exemple.
    L’après-midi, rencontre des veuves de notre 2ème secteur de Thiaroye. Nous reprenons nos trois points d’actions : 1°) Comment peuvent-elles d’abord se soutenir entre elles ? 2°) Comment changer les coutumes concernant le veuvage et la façon de vivre le deuil ? 3°) Quels projets économiques mettre en place pour répondre à leurs besoins : soit entre elles, soit en participant aux activités organisées à la paroisse ou dans les quartiers ?

  • Mercredi 20 avril : Le matin, enterrement d’une mère de famille, décédée de maladie. Il y a une grande émotion. Aux messes du dimanche, nous célébrons en ouolof la langue nationale comprise pratiquement par tous, mais aujourd’hui, ce sont surtout les gens de l’ethnie mandjaque qui sont venus je célèbre donc dans cette langue, avec l’aide du chef de chorale et du catéchiste qui parlent cette langue.
    L’après-midi, je pars en ville pour la mise en place d’une organisation en faveur des plus pauvres en ce qui concerne l’attribution d’un logement. C’est une décision du séminaire organisé par ATD Quart Monde il y a deux mois, dont je vous ai déjà parlé. Nous décidons de faire une enquête pour voir les différentes façons dont les problèmes se posent et ce qui se fait déjà par les gens eux-mêmes, les organisations locales et l’Etat. En effet, en ville, de nombreuses personnes dorment dans les rues, construisent des baraques, logent dans des maisons en cours de construction, ou dans des zones inondables dont ils peuvent être expulsés à tout moment, avec en plus tous les problèmes d’insécurité et de santé qui se posent (pas d’évacuation d’eau, pas de ramassage des ordures…). Dans les villages, beaucoup vivent encore dans des cases qui risquent à tout moment de prendre feu. Nous posons les bases d’une association pour être reconnus et pouvoir ainsi travailler plus efficacement.
    Notre réunion se poursuit assez tard, et notre car se trouve coincé dans les bouchons au retour. Cela fait encore une bonne journée !

  • Mardi 19 avril : Le matin, je me mets au bureau. Puis à 10 heures, je pars à notre collège. Le 3ème trimestre est maintenant bien lancé. Je rencontre les responsables des différentes activités, après avoir fait le point avec le directeurs et les préfets des études des trois niveaux : élémentaire, collège et lycée. Nous prévoyons les prières du mois de mai, la fin de l’année, les examens et compositions, et les vacances. Puis je rencontre les enseignants à la pause, ensuite les responsables à la catéchèse et celui du centre de documentation. Nous choisissons les dates des récollections (sorties de prière). A midi, avec les professeurs de morale nous voyons comment continuer avec les élèves notre formation sur la miséricorde et recueillir les actions qu’ils ont menées. Cela fait beaucoup de choses à mener de front qui vont se préciser au fur et à mesure.
    J’ai eu l’occasion de participer à une émission radio sur l’excision , en compagnie d’un iman. Aujourd’hui il m’a invité à une émission musulmane pour donner le point de vue chrétien sur la miséricorde. Bien sûr, nous n’avons pas les mêmes idées sur l’éducation, la punition des voleurs et même le pardon. Mais l’émission se passe dans une bonne ambiance et le respect mutuel. Plusieurs auditeurs nous appellent au cours de l’émission. Le tout en ouolof, avec des citations et interventions en arabe.
    Au retour, je m’arrête dans une paroisse du secteur qui vient d’accueillir un nouveau prêtre. Nous prenons un temps pour parler ensemble, nous donner des nouvelles et préparer nos actions communes.

  • Lundi 18 avril : Les Libanais sont nombreux au Sénégal depuis plus de 80 ans. Ils sont très actifs et donc assez aisés. Une dame libanaise chrétienne nous a contactés par l’intermédiaire de la fille de la présidente paroissiale des Femmes catholiques. Elle veut soutenir des actions humanitaires et de développement, mais « avec des gens sûrs ». Je viens donc la rencontrer. Elle s’intéresse spécialement à l’accompagnement des enfants de la rue, et des femmes en prison. Elle ne souhaite pas distribuer de l’argent, mais plutôt donner des moyens aux gens de s’en sortir. Nous lui parlons de nos activités auprès des étudiants et des handicapés, des soutiens aux veuves, de nos formations en fabrique de savon artisanal, teinture, etc… et de nos petits projets de développement. Elle est intéressée et va venir voir sur le terrain ce que nous faisons déjà, ce qui est un signe de sérieux de sa part et une assurance pour nous.
    Comme je suis descendu en ville, j’en profite pour passer chez la dame qui m’aide pour saisir mes textes. En effet, le vieux magnétophone sur lequel j’enregistrais mes documents est complètement foutu, après plusieurs réparations. Il va falloir trouver un autre système. En attendant, je lui dicte directement mon texte le plus urgent. Les réparations ne coutaient pas cher, adaptées au niveau de vie local, 2 ou 3 euros, mais le résultat n’était pas toujours évident ! Bien que les artisans de toutes sortes, mécaniciens, électriciens, etc…, soient très ingénieux et arrivent à faire parfois des merveilles avec les moyens du bord.
    Je rentre rapidement, car nous avons cet après-midi une rencontre de veuves. Elles ont beaucoup de problèmes : des problèmes matériels, mais aussi les traditions, au moment du décès et du veuvage, qui les écrasent. Nous voyons ensemble d’abord comment elles peuvent se soutenir et s’encourager. Nous voyons ensuite comment faire évoluer les coutumes, bien que ce soit difficile. Nous allons continuer la réflexion au niveau des communautés. Mais il faudra du temps. Dans un 3ème temps, nous leur fournirons des produits à vendre pour qu’elles puissent en tirer un bénéfice. Ce n’est pas grand-chose, mais cela pourra les aider, et au moins elles vont faire quelque chose par elles-mêmes au lieu d’attendre des dons et des cadeaux qui de toutes façons se font de plus en plus rares.
    Le soir, nous reprenons tout cela avec les responsables de Caritas pour voir comment organiser les choses et leur assurer un suivi.

  • Dimanche 17 avril : Trois rencontres importantes le même jour :
    - Jumelage. Notre projet de femmes (restauration, couture, teinture) reçoit leurs homologues d’une autre paroisse.
    - La Caritas du secteur vient nous apporter son soutien. Du riz pour les familles nécessiteuses. Et quatre communautés de quartiers se sont mises ensemble pour un repas festif afin de récupérer des fonds pour leurs différentes activités.
    - Nous passons juste les saluer, car nous tenons en même temps notre Conseil paroissial qui n’a pu être réuni depuis plusieurs mois, du fait de nos trop nombreuses activités. Nous évaluons nos différentes actions depuis le début du Carême. En particulier, la visite de l’Icône de la Miséricorde dans les communautés de quartiers, dans les différentes familles avec des temps de prières, des réconciliations et des soutiens aux familles démunies et aux plus fatigués, comme on les appelle en ouolof. Pour terminer cette Année de la Miséricorde nous allons mettre l’accent sur les actions de miséricorde à mettre en place : une par mois et par communauté. Nous passons ensuite en revue nos différentes activités : la Caritas, Justice et Paix, la vie des communautés de quartiers et le travail avec les mairies, l’association des femmes et les mouvements de jeunes, la catéchèse, les prières, etc….
    Je déjeune rapidement (à 14 h 30) pour partir dans une autre paroisse animer une rencontre de jeunes organisée par le groupe oecuménique « MCA » sur le thème de l’éducation sexuelle. La question les intéresse.
    La nuit, travail sur Internet.

  • Samedi 16 avril : Nombreuses activités et rencontres, comme chaque samedi : catéchèse, rencontre des femmes catholiques, etc… Le soir, je célèbre la messe anticipée du dimanche.
    Toute la nuit, un groupe « After Work » anime une rencontre de jeunes réunis dans notre Foyer, avec différentes activités.

  • Vendredi 15 avril : Les activités continuent : internet, facebook, email, interventions à préparer, documents à rédiger, émissions radio quotidiennes et émissions télévisées.
    Ce vendredi soir, nous commençons un nouveau cycle de préparation au mariage. Le mari du couple qui devait intervenir a une baisse de tension. Je dois le remplacer au pied levé, mais j’ai l’habitude, il n’y a pas de problème. Pour une première séance, cela se passe très bien. Les 52 participants sont très heureux de faire connaissance pour ce parcours qu’ils vont suivre ensemble. Je leur explique qu’ils commencent une initiation, ils entrent dans le bois sacré et constituent une classe d’âge. En effet, c’est important pour nous de baser notre formation sur les cultures sénégalaises et sur les valeurs traditionnelles et le mariage coutumier

  • Jeudi 14 avril : Après 15 jours d’absence, je retourne à la prison des femmes. Je suis accompagné de l’un de nos stagiaires qui travaille en Guinée Bissao et que j’ai mis en contact avec la famille d’une détenue. Il a amené des photos et aussi de la nourriture. C’est une très grande joie pour elle qui est si loin de son pays et coupée de toute relation. On donne l’autorisation à notre stagiaire de parler aussi avec les autres détenues de langue portugaise. Elles en sont très heureuses. Pendant ce temps, je rencontre les autres femmes qui le souhaitent, chacune avec ses préoccupations : j’essaie de rester ouvert à tous les soucis et à aider le mieux possible, selon les besoins de chacune. Déjà, le fait de les écouter est très important car elles ont un grand besoin d’être accueillies et soutenues.

  • Mercredi 13 avril : Je me remets à mes enregistrements et préparations des émissions radio. C’est le plus pressé. Mais il me faut en même temps accueillir différentes visites : migrants, malades, gens qui cherchent du travail, problèmes conjugaux, etc.
    Je pars à la banque retirer de l’argent pour une détenue que je vais visiter demain. On me demande de revenir l’après-midi car il n’y a pas d’argent. Je reviens l’après-midi… le responsable n’est pas là ! Je pars pour des papiers à la Mairie. Le chargé d’affaires n’est pas là. Après plusieurs navettes, je rentre à la maison. Cela arrive souvent !
    Notre nouveau confrère part pour la Guinée tôt demain matin, car la route sera longue. Ce soir, nous prenons le temps de parler longuement.

  • Lundi 11, mardi 12 avril : J’accueille 15 jeunes confrères, prêtres depuis moins de 5 ans. En effet, après cette retraite vécue tous ensemble, où nous avons réfléchi à notre vie de religieux et notre vie de communauté, nous nous retrouvons, pendant deux jours, par groupes, pour réfléchir à notre vocation missionnaire et à notre travail : un groupe des stagiaires en formation, un groupe des plus de 5 ans de sacerdoce, le conseil des responsables, et mon groupe.
    Nous nous connaissons, aussi nous sommes à l’aise pour parler franchement et sans détours de nos problèmes, de nos aspirations, mais aussi de nos manques et nos limites. Nous parlons d’abord des choses positives chez nous mais aussi chez les gens avec qui nous travaillons et au milieu desquels nous vivons. Nous veillons à ce que chacun s’exprime, ainsi la participation donne une très bonne ambiance. C’est une joie de travailler dans ces conditions. Ce n’est pas toujours le cas sur le terrain, avec la fatigue et le stress souvent présents. Ainsi, nous pouvons faire un certain nombre de propositions importantes pour l’amélioration de notre vie et de notre travail. Au bout de ces deux jours nous sommes tristes de nous séparer.
    La Maison qui nous accueille, avec beaucoup de gentillesse et de délicatesse, est une communauté de religieuses. J’en connais la plupart et ai travaillé avec certaines d’entre elles au Sénégal, en Guinée et au Congo.
    Nous terminons la session à 18 heures, à l’heure de la sortie des écoles et des bureaux. Il nous faut trois heures, du fait des bouchons, pour arriver à ma grande banlieue de Pikine. En arrivant, je trouve un stagiaire de Guinée Bissao, et un prêtre belge qui va partir travailler dans le sud de la Guinée, à Mongo, là où j’ai travaillé pendant 10 ans, durant la guerre du Libéria. Il va passer quelques jours avec nous pour s’initier à l’Afrique et se préparer à travailler sur le terrain.

  • Dimanche 10 avril : A la grand messe, nous clôturons la visite de l’Icône de la Miséricorde dans les différentes communautés et les familles. Après l’Evangile, chaque communauté explique ce qui a été vécu au fil de cette Année de la Miséricorde et les actions menées : les réconciliations, les aides aux nécessiteux, etc… Cela fait un très bel ensemble. A la fin de la messe, six de nos étudiants venus des différents pays se présentent avec un confrère qui a autrefois travaillé dans la paroisse, à la grande joie de tous. Les conversations se poursuivent longuement à la porte de l’église. Et nous nous retrouvons nombreux à table. Heureusement, nous avions prévu les choses. Et notre cuisinière a l’habitude de s’adapter !
    Mon magnétophone sur lequel j’enregistre mes documents est bloqué. Il n’est pas aussi vieux que moi, mais presque ! Je pars en ville retrouver des amis chez qui j’en essaie 4 : ou bien ils lisent mais n’enregistrent pas, ou bien ils ne marchent même pas. Pourtant je voulais enregistrer un document important pour un confrère qui part en Guinée. Tant pis.

  • Samedi 9 avril : Notre retraite est terminée. Nous revenons à la paroisse avec plusieurs confrères de l’intérieur et d’ autres pays. De nombreux problèmes restés en attente nous attendent. Nous les prenons par ordre de priorité.

  • Lundi 4 à Samedi 9 avril : Retraite

  • Dimanche 3 avril : Nous célébrons le dimanche de la Miséricorde. Nous accueillons un camp de formation des responsables du Mouvement des Enfants pendant plusieurs jours. Nous avons bien sûr participé à cette formation. Et aujourd’hui ils sont présents à notre célébration. Ils nous présentent l’Evangile par un théâtre religieux, nous disent comment ils vivent la Miséricorde, nous donnent des intentions de prière, chantent plusieurs de leurs chants et animent notre célébration . Une très belle prière.
    Pendant le même temps, les différents groupes de prières, apôtres de la Miséricorde… se retrouvent autour de notre évêque, à Popenguine, lieu du pèlerinage national.
    L’après-midi, nous partons au Foyer de Charité pour une semaine de prière (retraite) pour les Spiritains de l’Afrique de l’Ouest.
    C’est essentiel pour nous de nous retrouver pour un temps de ressourcement spirituel personnel et communautaire. C’est aussi une grande joie de nous retrouver et de partager nos activités, nos soucis, nos joies et nos peines. Et, ce qui n’est pas négligeable, cela nous donne une semaine où nous pouvons nous reposer un peu plus. Le thème de notre retraite : Comment renouveler notre vie de religieux missionnaires, vivre la miséricorde de Dieu et apporter la réconciliation.

  • Samedi 2 avril : Je pars tôt le matin, à 75 km, pour intervenir à la rencontre des Bureaux des religieux/ses des 7 diocèses du Sénégal. On me demande de réfléchir comment être davantage en lien et mieux travailler avec la population.
    Je commence par donner la dimension communautaire et ouverte à tous de notre relation avec le Christ. Puis l’approfondissement de nos trois vœux quand nous les vivons en lien avec les populations. Ensuite, je passe à l’insertion de nos communautés dans le quartier et notre travail avec les autorités et forces vives du quartier. Et notre participation à la vie de la société. Et j’aborde les façons de travailler pour l’éducation, sans nous limiter à nos écoles et à un enseignement formel. Puis les autres secteurs où nous vivons et travaillons : la santé, les prisons, les enfants de la rue, le tourisme, etc… En insistant sur l’importance et comment travailler avec les plus pauvres, les étrangers et les rejetés de la société, car cela doit être notre priorité. Et c’est cela qui nous enrichit et nous rend heureux.

  • Vendredi 1er avril : Ici, il n’y a pas de « poisson d’avril ». Ce n’est pas la culture sénégalaise !
    Je reçois un certain nombre de personnes en difficulté. En particulier, une jeune fille en pleurs qui a été chassée de la maison, et ne sait pas où aller.

  • Jeudi 31 mars : C’est le jour de mon anniversaire. Sur Facebook, je suis submergé de messages. Je commence à répondre aux premiers, mais je dois m’arrêter car je n’arrive pas à suivre. J’envoie un message de remerciements général.
    Cela ne m’empêche pas de continuer mes activités, bien sûr. Le soir, réunion du Bureau des Femmes. Nous faisons le point des activités de nos deux équipes : les formations sur la vie conjugale et l’engagement des femmes dans le quartier. Nous abordons la question des veuves et de l’évolution des coutumes à leur sujet, car certaines traditions les font beaucoup souffrir. Puis les formations économiques : la fabrication de savon artisanal est bien lancée. Nous pensons à de nouvelles formations, en particulier en teinture. Puis nous passons aux activités concrètes : la célébration du 30ème anniversaire de l’association des femmes, la kermesse de la paroisse, et la soirée pour récupérer des fonds. Nous terminons avec les questions pratiques : cotisations, etc… Une bonne réunion.

  • Mercredi 30 mars : Je pars tôt en ville pour enregistrer une émission à la télé, sur le thème de la Miséricorde, car dimanche est le dimanche de la Miséricorde. Une journaliste d’une autre chaîne m’écoute et me « kidnappe » pour faire également un interview chez elle. Mais bien sûr les choses ne sont pas prêtes. Et au total, cela me prend toute la journée.
    J’arrive juste à temps à la paroisse pour la messe du soir.

  • Mardi 29 mars : Je m’isole pour travailler sur Internet, répondre aux mails et sur Face Book, puis préparer mes futures interventions, sinon je serai débordé et ne pourrai pas faire mon travail sérieusement. Je n’arrive pas au bout, mais au moins j’ai déblayé l’essentiel et le plus pressé.
    L’après-midi, je vais rencontrer un groupe d’handicapés. Ils viennent chaque jour jouer sur le terrain de basket de la paroisse, juste après les élèves du Collège (aux heures de cours) et avant l’équipe du quartier, ce qui leur permet des contacts intéressants avec d’autres jeunes. Aujourd’hui, je les rencontre avec le responsable de Justice et Paix, pour les mettre au courant des cartes d’égalité des chances. C’est une initiative du Gouvernement pour aider les handicapés, mais beaucoup ne sont pas au courant, ou ne savent pas comment faire.

  • Lundi 28 mars : C’est un jour férié, ici aussi au Sénégal. Les gens en profitent pour venir nous voir, chacun avec son problème. Nous essayons de rester calmes et ouverts à tous. Ce n’est pas toujours facile.

  • Dimanche 27 mars : Grand messe de Pâques. Après la messe, baptême de 16 bébés, dans la joie.
    Dès l’après-midi, je continue la rédaction des commentaires d’Evangile du mois d’avril, car je suis en retard pour ce travail. Je continue le lendemain et je les envoie la nuit. Heureusement que Jean-Jacques est rapide. Il va les envoyer sans tarder.
    Journée de joie. Beaucoup de gens viennent nous visiter. Depuis quelques jours, nous recevons beaucoup de cadeaux, surtout de la nourriture. On nous apporte en particulier du NGALAKH : c’est le plat traditionnel du Vendredi Saint que les chrétiens offrent spécialement aux musulmans, en signe d’amitié et de partage. A leur tour, les musulmans nous offrent un morceau de mouton qu’ils ont sacrifié le jour de la Tabaski (Aïd el Kebir / Aïd El Fitr), en souvenir du sacrifice d’Abraham. Cela maintient des bonnes relations qui permettent une vie commune dans la paix. C’est très important pour nous.

  • Samedi 26 mars : Le matin, nous préparons les cérémonies pour ce Dimanche de Pâques, en restant disponibles pour les confessions et les demandes diverses.
    La nuit, grande célébration de la Résurrection du Christ, avec 36 baptêmes de jeunes et d’adultes et 5 mariages. Comme d’habitude, la cérémonie est animée, avec des gestes, danses, symboles et rites divers.

  • Vendredi 25 mars : Toute la matinée, je fais mes enregistrements de Pâques pour la radio, interrompus par les visites et demandes d’aides.
    L’après-midi, les jeunes ont préparé un chemin de Croix vivant depuis le début du Carême : c’est la base de la grande prière de ce Vendredi Saint, qui se continue à l’église.
    Le soir, nous accueillons un jeune Polonais qui visite l’Afrique en vélo et dont le groupe soutient une école de sourds muets.

  • Jeudi 24 mars : Comme chaque jeudi, je vais à la prison des femmes. Je commence par rencontrer les chrétiennes pour préparer les fêtes de Pâques. Puis j’accueille les autres femmes qui le souhaitent, pour leurs problèmes de toutes sortes : nourriture, santé, relations entre elles, contacts avec leurs familles. Elles ont surtout besoin de parler et de se confier.
    Une Sœur est venue à la prière. Je la revois après la visite. Elle est d’accord pour continuer à venir à la prison. Je lui explique d’abord les différentes activités et nous voyons ensemble comment elle pourra y participer.
    De retour à l’église de Pikine, je rencontre beaucoup de gens qui m’attendent. Le soir, nous avons la grande prière du Jeudi Saint, avec la cérémonie du lavement des pieds qui touche beaucoup de gens. Nous avons choisi 4 hommes, 4 femmes et 4 jeunes : deux garçons et deux filles. Nous continuons la prière jusqu’à minuit.

  • Mercredi 23 mars : Je pars en ville pour une rencontre spéciale avec les filles du Foyer et du Centre de formation où j’interviens. Cette fois-ci, je regroupe seulement les filles chrétiennes pour nous préparer aux fêtes de Pâques. Il y a un certain nombre de choses à préciser pour vivre ces fêtes en vérité et le mieux possible.
    C’est ma 1ère après-midi (à peu près) libre et j’ai donné rendez-vous à un certain nombre de personnes qui ont demandé à me voir, suite à mes différentes interventions. D’autres se sont invitées elles-mêmes : chômeurs en recherche de travail, familles en difficulté, malades physiques ou psychologiques. J’attendais aussi les responsables de la Caritas, mais eux ils ne sont pas venus.
    Pour les confessions de Pâques, très nombreuses, nous allons tous les prêtres ensemble dans chaque paroisse à tour de rôle. Mais il y a toujours des gens qui ne sont pas libres ce jour-là. Ils font la queue à la porte de mon bureau. Je les laisse un moment pour préparer les cérémonies du Samedi Saint ( baptêmes des jeunes et d’adultes, et mariages).
    Pendant ce temps, les jeunes ont fait un grand nettoyage de l’église et ensuite ils préparent le Chemin de Croix vivant du Vendredi Saint.

  • Mardi 22 mars : Tous les prêtres, nous nous réunissons autour de notre archevêque pour célébrer le Mardi Saint. Durant toute la matinée, nous abordons un certain nombre de problèmes et surtout nous reprécisons notre travail et nos façons de travailler. En effet, nous avons un nouvel évêque et c’est pour nous tous l’occasion de prendre un nouvel élan. Nous abordons en particulier toutes les questions sociales et celles de l’écologie.
    Je laisse l’assemblée avant le repas (il est déjà 14 h 30) pour aller célébrer l’enterrement d’une dame âgée qui a été assassinée. Bien sûr, il y a une très grande souffrance. Elle avait un fils adoptif musulman, et les musulmans sont venus nombreux. Nous prions tous ensemble.
    Je retourne en ville pour la messe chrismale autour de l’évêque qui bénit les huiles saintes avec lesquelles nous donnerons les sacrements cette année. Il y a beaucoup de monde.

  • Lundi 21 mars : Avec tout cela, j’ai des tas de choses en retard, je commence par les plus urgentes. On m’appelle au téléphone pour me demander une série d’émissions radio sur la Semaine Sainte. Je commence par celle du Mardi Saint et l’explication de la Messe Chrismale. Pour le reste, on verra plus tard !
    Je passe ensuite dans deux collèges. Au retour, une jeune fille m’attend. Son grand frère vient d’être arrêté. Il est en prison et sa mère est en pleurs. Il n’y a pas grand-chose à faire, à part les consoler.

  • Dimanche 20 mars : Fête des Rameaux. Plusieurs célébrations, très bien suivies. C’est une cérémonie très parlante, qui plaît beaucoup aux gens.
    Aujourd’hui, referendum pour une amélioration de la Constitution, dans le sens d’une plus grande participation des différentes couches de la population. Malheureusement, les choses ont été très mal expliquées, politisées et détournées en un vote pour ou contre le Président. C’est dommage ! La démocratie, ce n’est vraiment pas facile. Il y a même eu quelques bagarres, pendant la trop courte campagne électorale de 8 jours, heureusement rapidement arrêtées. Le vote s’est passé sans violence.
    Après la Messe et tout l’après-midi, des gens viennent me voir avec leurs différents problèmes : soucis, chômage, manque d’entente dans les familles, problèmes psychologiques ou maladie. La plupart d’entre eux ne sont libres que le dimanche. Pour beaucoup, nous n’avons pas de solutions immédiates, mais nous cherchons à les accompagner. Et d’abord à les accueillir et les écouter.
    Puis on m’appelle pour la rencontre des scouts et guides.

  • Samedi 19 mars : Le matin, récollection avec les enfants des écoles primaires. Plus d’une centaine. Nous reprenons avec eux le thème de la Miséricorde, en l’adaptant à leur niveau, avec chants, théâtres, dessins et autres activités. Ils participent très bien. C’est un vrai plaisir ! Il restera à assurer le suivi et la mise en pratique.
    Je pars rapidement en ville, rejoindre les hommes d’un groupe « Jeune Espérance ». Ils font un gros effort pour la formation des hommes. Ils m’ont demandé une conférence sur Saint Joseph, que nous célébrons aujourd’hui. Bien sûr, je ne fais pas de conférence ; nous reprenons les textes d’Evangile qui nous parlent de Joseph, et chacun des participants dit comment il le comprend et à quoi cela l’appelle. Le partage est très riche. Nous terminons par une messe, pleine de joie.

  • Vendredi 18 mars : Au Centre de formation des jeunes filles, nous parlons du referendum de dimanche. En effet, il y a beaucoup de confusion et beaucoup de gens ne savent pas exactement sur quoi on va voter. Ils pensent qu’il faut approuver –ou non- l’action du Président, alors qu’il s’agit d’un changement de Constitution ! De plus, de nombreux jeunes, spécialement les filles, ne sont pas motivés et certains n’ont même pas leur carte électorale. Nous réfléchissons à tout cela.
    A la pause de midi, je vais rencontrer une dame qui a besoin de moi. Puis je passe dans un Jardin d’enfants, avant de rencontrer deux animatrices, visiteuses de prison.
    Au retour, Chemin de Croix. Puis je visite une femme très âgée, qui ne se lève plus. Elle demande à être baptisée. Nous parlons longuement avec, puis je prie avec toute la famille. Nous allons lui envoyer quelqu’un pour la préparer au baptême et la former dans la foi chrétienne.

  • Jeudi 17 mars : Nous accueillons une ancienne responsable de l’UNICEF avec qui j’avais beaucoup travaillé autrefois. Elle était gravement malade et est revenue au pays. Nous sommes heureux de la revoir.
    Le soir, célébration de la miséricorde. La communauté qui avait reçu l’Icône est passée dans les différentes familles du quartier, pendant trois semaines. Ce soir, ils apportent l’Icône de la Miséricorde en procession dans la ville, dans une autre communauté. Ils expliquent les différentes actions qu’ils ont menées pour la réconciliation et pour aider les personnes en difficulté. La communauté qui reçoit présente à son tour son plan d’action. Puis nous célébrons l’Eucharistie tous ensemble, dans la joie.

  • Mercredi 16 mars : Je pars en ville pour enregistrer une émission spéciale sur Pâques à la télévision, à 10 heures. Les techniciens n’arrivent qu’à 12 heures ! En attendant, nous discutons entre nous, avec les gens de la Caritas sur leurs projets, et avec un confrère sur la formation de nos séminaristes. Le temps de rentrer en vélo jusqu’à Pikine, c’est l’heure de la confession des enfants.

  • Mardi 15 mars :Une journée très triste. Nous enterrons un jeune, mort subitement en revenant du terrain de sport. L’assistance est très nombreuse.
    Après-midi : rencontre du Bureau des Femmes catholiques, avant de partir pour les confessions.

  • Lundi 14 mars : J’aurais besoin de me reposer, mais avec toutes ces activités, j’ai des tas de choses à reprendre : répondre aux mails, documents et interventions à préparer. Et, bien que ce soit théoriquement notre jour de repos, beaucoup de gens viennent nous voir, chacun avec son problème. De plus, c’est aussi le jour de repos du secrétaire de la paroisse.
    L’après-midi, nous commençons les confessions de Pâques. D’abord les enfants, puis les adultes à partir de 18 heures jusqu’à 23 heures environ. Nous nous retrouvons tous les prêtres des dix paroisses de notre secteur, car il y a beaucoup de monde et chaque jour nous allons dans une autre paroisse.

  • Dimanche 13 mars :J’accueille d’abord un prêtre venu assurer les messes au centre et je pars à l’autre église pour célébrer l’Eucharistie dans notre 2ème paroisse.
    Puis je reviens animer la récollection des adultes catéchumènes mandjaques qui se préparent au baptême. Ils seront baptisés la nuit de Pâques. Ces jeunes et adultes sont très nombreux. Ils sont regroupés par langue, chaque groupe dans une paroisse différente : mandjaques, sérères, diolas, ouolof, autres en français. Je ne parle pas bien le mandjaque (ethnie qui vient de Guinée Bissao). J’ai quand même préparé quelque chose dans cette langue, et pour le reste je parle en ouolof et un catéchiste traduit dans leur langue. Les ethnies sont très nombreuses, il n’est pas possible de parler toutes les langues. Le ouolof est compris pratiquement par tout le monde, mais nous cherchons à enseigner les gens dans leur propre langue pour évangéliser leur culture. Une belle journée. Les catéchumènes venus des différentes paroisses sont très heureux de se retrouver ensemble et de prier dans leur propre langue. Ils ont mis en place une chorale pour l’occasion, qui anime très bien la célébration.

  • Samedi 12 mars : Tôt le matin, nous partons avec les femmes de Pikine à la rencontre générale de toutes les femmes du secteur. Je dois animer une réflexion sur le pardon et la réconciliation dans le couple, la famille et le quartier. Nous nous rappelons ensemble ce que la Parole de Dieu nous dit à ce sujet, puis nous nous mettons en petits groupes, chacun avec une question précise, pour réfléchir aux différents aspects de la question. Je suis frappé par la profondeur et la qualité des réponses et des solutions apportées. Il est vrai que ce sont des mères de famille et qu’elles ont l’habitude de se retrouver déjà dans leurs différentes paroisses.
    Je les laisse après la messe élire leur nouveau Bureau, pour aller assister au départ des jeunes pour le regroupement de tout le diocèse des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse), à 150 km der Dakar. Ils feront le voyage en deux étapes, avec une veillée de prière ce soir.
    Je reste assurer la permanence dans nos deux paroisses. Je prépare d’abord un enterrement pour mardi, puis essaye de régler un problème de mariage. Pas facile 

  • Vendredi 11 mars : Dès mon lever, des gens m’attendent. L’un d’entre eux est même venu frapper à ma porte et m’a réveillé tôt le matin. Moi qui comptais me reposer un peu,… c’est foutu !
    Les premiers cas réglés (ou non, mais au moins accueillis), je pars dans notre Collège : rencontre avec les élèves et les enseignants à la récréation , puis avec les préfets et la direction sur l’animation de l’école, les cours d’instruction civique, la morale et la catéchèse, l’élaboration de fiches pédagogiques, la récollection des élèves chrétiens, etc.
    A la pause de midi, comme chaque vendredi, je vais rencontrer une aumônerie de collège (ou de lycée). Un problème à régler : la mère de la responsable ne veut plus qu’elle participe aux activités. Il va falloir voir pourquoi.
    Au retour, je reçois une jeune Guinéenne qui se prépare à la vie religieuse. Nous reparlons d’Ebola et du dernier voyage en Guinée pour l’enterrement de son père.
    Accueil d’une maman avec 4 enfants, chassée par son mari, et maintenant expulsée de son logement. Nous lui trouvons un travail provisoire mais très difficile (passer du sable au tamis et trier des cailloux) pour gagner de l’argent et commencer un petit commerce au marché. Avec les responsables de la communauté, nous trouvons une famille qui accepte de l’accueillir pour le moment avec ses enfants. Et la Caritas va fournir les 20.000 francs qui manquent pour payer son ex-logeur -qui l’a fait convoquer déjà trois fois à la police-, pour terminer l’affaire. Il reste à régler la question de l’école pour les trois plus grands enfants, et des soins pour la dernière qui est malade.
    Ensuite, je dois renvoyer quelqu’un qui voulait me truander. Cela arrive de temps en temps, et ce n’est pas toujours facile de distinguer le vrai du faux.
    Puis un homme qui doit subir une opération et qui, comme la plupart des gens, n’a ni assurance ni sécurité sociale. Et malheureusement, la somme nécessaire dépasse de beaucoup nos possibilités.
    Le soir, prière du Chemin de Croix. Après la prière, c’est l’occasion de nous rencontrer avec de très nombreuses personnes, car les gens aiment beaucoup cette prière. C’est vrai que la mort est très présente dans le pays, ce qui explique que beaucoup de personnes, même non chrétiens, sont touchées par la mort du Christ.

  • Jeudi 10 mars : Visite à la prison des femmes. Je ne sais pas si c’est l’effet du Carême, mais je trouve un climat plus apaisé que d’habitude. Les femmes qui veulent me voir sont nombreuses. Je ne peux malheureusement pas donner à chacune autant de temps que je voudrais, mais j’essaye au moins de les accueillir le mieux possible, chacune selon ses besoins : encouragements, écoute, conseils, aide matérielle en habits, produits d’hygiène (savon, dentifrice…) ou de santé (médicaments), nourriture surtout pour les étrangères et les sénégalaises qui n’ont pas de famille à Dakar pour leur apporter à manger, contacts avec leurs familles (visite, mails, appels téléphoniques pour transmettre les nouvelles, pour demander de l’argent ou des photos) . Et aussi prières, échanges religieux avec les musulmanes, chapelet et Bible pour les chrétiennes (il y a aussi des protestantes de différentes Eglises). Et beaucoup d’autres choses encore, certaines confidentielles.
    J’apprends une mauvaise nouvelle. La responsable du Service social est nommée ailleurs. Nous allons beaucoup la regretter, car elle était très humaine et faisait tout son possible pour rendre la vie plus supportable aux détenues. Il y a des libérations et des nouvelles venues chaque semaine. Ce n’est pas toujours facile de suivre ces mouvements. Je m’assois avec une gardienne pour faire le point. Surtout que mon carnet de notes est plein et que je vais devoir en commencer un nouveau.
    L’après-midi, rencontre des femmes de la paroisse. Nous faisons le point de la formation à la fabrication du savon. Puis nous abordons la vie des femmes. Là aussi, il y a des choses à faire.

  • Mercredi 9 mars : Le matin, rencontre avec trois classes de Terminale, toujours sur le thème de cette année : la miséricorde.
    L’après-midi, enregistrement à la télévision, émission catholique : présentation des lectures du dimanche. L’Evangile me plaît beaucoup : Jésus et la femme adultère. Il y a bien des choses à dire.
    Je rentre à la paroisse, juste à temps pour la Messe et la conférence de Carême.

  • Mardi 8 mars : Le matin, travail au bureau et permanence. A midi, je reçois un ami alsacien qui a lancé une association pour soutenir un village du Nord Sénégal. Il vient donc régulièrement et à chacun de ses voyages nous nous retrouvons pour faire le point de ses activités. C’est toujours avec plaisir que je l’accueille et je suis dans l’admiration de voir ce qu’il arrive à faire dans les différents domaines : agriculture, éducation, santé, etc….
    L’après-midi, accueil de plusieurs personnes en difficulté, puis travail avec une ONG pour la formation des femmes (EQUITAC). Le soir, je me mets à Facebook. C’est la Journée mondiale de la femme : les messages sont très nombreux, et il y a beaucoup à dire.

  • Lundi 7 mars : Réunion du doyenné. Comme chaque mois, nous nous retrouvons ensemble, tous les prêtres du secteur. Au menu, l’animation des jeunes et des différents mouvements. En particulier, la Journée Mondiale de la Jeunesse (JMJ) et la marche pèlerinage national de la Pentecôte. Puis nous passons à la préparation des fêtes de Pâques, avant de faire le tour de nos différentes commissions. Je suis spécialement chargé des Commissions de la Famille et de Justice et Paix.
    A notre retour, comme toujours, des gens nous attendent.
    Le soir, nous partageons le repas dans la Communauté des Sœurs.

  • Dimanche 6 mars : Pèlerinage paroissial. Nous allons à POPENGUINE, lieu de notre sanctuaire marial national. Ca démarre mal, car les chauffeurs de nos cars n’ont pas payé les taxes et le convoi est bloqué par la police. Cela n’enlève pas notre bonne humeur. A l’arrivée, nous commençons par une marche en 13 étapes. A chacune, une des communautés présente son saint patron , et comment vivre aujourd’hui à son exemple.
    Ensuite, une grand messe solennelle très animée. Après le repas, nous entrons dans la basilique, en passant par la porte de la miséricorde.
    Nous avons bien préparé cette journée qui est un temps fort du Carême, et nous sommes heureux de nous retrouver très nombreux, pour prier tous ensemble. Nous rentrons, dans la joie, au début de la nuit.

  • Samedi 5 mars : En plus de la rencontre du secteur de la Caritas et de la catéchèse des enfants (à suivre, mais les catéchistes s’en occupent très bien), travail avec le Bureau des femmes catholiques et confessions. Il y a aussi la recollection de Carême des enseignants, mais on ne peut pas tout suivre !
    L’après-midi, travail sur Facebook et sur Internet, puis préparation des émissions radios de la semaine.
    A la messe du soir, nouvelle prière pour les catéchumènes (2ème scrutin).

  • Vendredi 4 mars : Je retourne pour le dernier jour de notre séminaire, convoqué par ATD Quart Monde, où nous tirons les conclusions générales et proposons des orientations pour sensibiliser les ministères et les ONG aux conditions de vie de ceux qui sont dans l’extrême pauvreté. Et pour trouver des méthodes de réflexion et d’action adaptées à ces personnes.
    Je m’échappe avant la cérémonie protocolaire de clôture pour rejoindre le Foyer de jeunes filles où je vais le vendredi. Aujourd’hui, elles réfléchissent à la question : « Un garçon dit : je veux te marier ; Que fais-tu ? ». La discussion est très animée mais très enrichissante, les points de vue des chrétiennes et des musulmanes se complétant.
    Après la séance finale du séminaire, je pars animer le Chemin de Croix dans un secteur.
    Toute la nuit, prière avec un groupe charismatique.

  • Jeudi 3 mars : Depuis un an nous avons un nouvel évêque. Il a pris le temps de découvrir les réalités. Aujourd’hui, après tout un temps d’enquêtes, réflexions et recherches, nous nous retrouvons autour de lui pour réévaluer notre plan d’action pastoral. Nous nous retrouvons à plus de 200 prêtres, religieux, et laïcs pour apporter et entendre les diverses conclusions. Maintenant, il va falloir nous mettre à l’action !
    Le soir, rencontre entre deux communautés, après avoir fait passer l’icône de la miséricorde dans les différentes maisons de leurs quartiers.
    Rencontres autour de l’Icône de la Miséricorde : La Communauté qui a reçu l’Icône vient la remettre à la suivante, dans une célébration de joie et de reconnaissance. Les gens expliquent ce qu’ils ont pu faire pendant ces deux semaines et donnent quelques orientations et pistes d’action à la communauté qui reçoit l’icône. C’est un moment très intense et d’une grande profondeur.

  • Mercredi 2 mars : Je m’échappe du séminaire pour une intervention auprès des élèves de seconde et première d’un Collège de la ville,, sur la miséricorde. Je suis rodé maintenant. Non seulement je possède bien le thème, mais j’ai eu le temps de mettre au point un certain nombre de moyens d’animation. Puis je retourne au séminaire.
    Je suis venu à vélo (une douzaine de kilomètres) ce qui me permet de rentrer assez tôt pour la conférence de Carême en traversant sans peine les bouchons très nombreux en me faufilant entre les voitures.
    Après la messe, je prends un moment avec le groupe de veuves.

  • Mardi 1er mars : Je reçois une dame qui vient de loin. Elle a des problèmes de vision et j’ai réussi à lui faire faire des lunettes adaptées. Elle est bien sûr très contente.
    Puis, pendant 4 jours, je vais suivre un séminaire organisé par le Mouvement ATD/Quart Monde (Aide à Toute détresse) pour travailler le document des Nations Unies : « Directives sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme ». Ils ont invité des représentants des différents ministères et d’un certain nombre d’ ONG. En effet, nous nous sommes aperçus que les droits des pauvres ne sont pas toujours respectés. Et que les actions en faveur des pauvres ne rejoignent presque jamais les plus pauvres : ceux qui sont exclus de la société et totalement marginalisés, qui sont complètement découragés, qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école parce qu’ils doivent travailler et se débrouiller pour gagner un peu de nourriture au jour le jour, qui n’osent même pas aller au dispensaire quand ils sont malades parce qu’ils ont été trop souvent humiliés et rejetés. Comment les rejoindre ? Comment gagner leur confiance et les responsabiliser peu à peu ? Comment dégager des leaders progressivement qui pourront lentement motiver leurs frères et sœurs pour qu’ils s’organisent peu à peu, trouvent le courage et l’espoir pour réagir, prendre leur vie en mains et lancer eux-mêmes les activités qui leur permettront de s’en sortir ? Et comment aider les ministères et les ONG à travailler dans ce sens ?... Il faudra beaucoup de temps, de patience, de courage et d’espérance pour y arriver.
    Le soir, nous assurons une permanence comme chaque semaine pour les couples et familles en difficultés.

  • Lundi 29 février : Je travaille à mes documents, tout en accueillant les personnes qui se présentent : un malade, un handicapé, un chef scout, un jeune qui veut lancer un atelier de soudure, une catéchiste. Puis un groupe de jeunes qui veulent lancer un groupe de soutien au Président, en vue du prochain référendum. En effet, nous avons poussé les jeunes à s’engager dans la société, tout en gardant notre indépendance par rapport au pouvoir politique, et à respecter la liberté de choix de chacun.
    A 14 heures, réunion avec l’équipe de catéchistes du Collège pour faire le point des activités du Carême et préparer la récollection des élèves de l’élémentaire.

  • Dimanche 28 février : J’assure les deux messes de 7 heures et 10 heures. A cette dernière, nous prions ensemble pour les enfants et les adultes qui vont être baptisés à Pâques, avec toute la Communauté.
    Puis je vais suivre la formation des femmes pour la fabrication du savon. La formatrice vient du nord, de Saint-Louis. J’ai travaillé avec elle autrefois, quand elle était jeune fille, responsable de la JOCF.

  • Samedi 27 février : Pendant que différents groupes se réunissent, je finis de mettre au point mes commentaires des évangiles du mois de mars. En fait, je n’arrive qu’au 21, mais il faut que je les envoie sans tarder à Jean-Jacques qui se chargera de les envoyer par mail. C’est un gros travail dont je le remercie beaucoup.
    Toute la nuit, nous marchons en priant et chantant dans toute la ville, en nous arrêtant dans chacune de nos 13 communautés pour un temps de méditation sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles, à partir des textes que nous avons composés.

  • Vendredi 26 février : Le matin, dernière intervention au Collège auprès des élèves chrétiens et musulmans ensemble, sur la miséricorde.
    Le soir, au Chemin de Croix, je commente la Lettre de Carême du Pape, en essayant de l’appliquer à notre situation et à nos problèmes.

  • Jeudi 25 février : Visite à la prison. A chaque fois, je rencontre toutes celles qui le veulent. Mais aujourd’hui, comme c’est le Carême, je regroupe les femmes chrétiennes pour un temps de prière et de réconciliation. Et je leur impose les cendres, comme elles me l’ont demandé, car je n’ai pas pu le faire le jour des Cendres. Ensuite, j’accueille toutes celles qui le désirent, si bien que je rentre tard à la Communauté et trouve beaucoup de gens qui m’attendent.
    Le soir, je pars en ville pour une préparation des fiancés au mariage. Ils sont plus d’une centaine, aussi je les fais d’abord parler entre eux, après avoir présenté le thème du jour : Comment vivre notre amour en chrétiens. La discussion est animée !

  • Mercredi 24 février : Accueil et visite des Collèges.
    L’après-midi, nous accueillons le groupe des femmes balayeuses. Ce sont des femmes qui n’ont pas beaucoup de moyens. Nous voyons comment mettre en place une organisation pour leur permettre de gagner un peu d’argent.
    Le soir, conférence de Carême au centre. J’aborde la question de la Miséricorde, notre thème d’année .

  • Mardi 23 février : Je poursuis mon travail de composition de documents, en particulier pour la marche de nuit dans la ville, samedi prochain.
    Le soir, nous tenons une réunion importante dirigée par les responsables de la Commission Justice et Paix, avec les délégués de la paroisse auprès des mairies, la Caritas, les responsables des communautés de quartiers, des jeunes, et des femmes, pour voir comment améliorer notre travail avec les mairies. En effet, les Communes ont davantage de responsabilités et de moyens suite à la mise en place de l’acte 3 de la décentralisation. Nous abordons d’abord l’importance de travailler ensemble et cherchons les meilleurs moyens pour cela, aux différents niveaux. Puis nous passons aux questions pratiques : la possibilité d’avoir un acte de naissance et une carte d’identité (car de nombreux enfants n’ont pas été déclarés à leur naissance), la participation à la CMU (Couverture Médicale Universelle), la participation aux activités de développement spécialement pour les jeunes et les femmes, les bourses familiales (soutien aux familles nécessiteuses), etc… Et comment apporter nos idées, nos expériences et nos façons de travailler. Dans un 2ème temps, nous réfléchissons au prochain référendum visant à une amélioration de la Constitution du pays.

  • Lundi 22 février : Travail avec le responsable d’une des radios avec lesquelles je collabore.
    L’après-midi, préparation du matériel à distribuer aux veuves. Nous leur fournissons du matériel d’hygiène et de santé à vendre. Elles en garderont les bénéfices, ce qui les aidera à vivre. D’autres vendent des fruits et des légumes qu’elles trouveront au marché. Il nous semble important qu’elles s’organisent et se prennent en main, au lieu d’attendre des cadeaux.

  • Dimanche 21 février : Dans tout le diocèse, c’est la journée Caritas. Nous organisons un repas payant pour récupérer des fonds pour nos projets et le soutien aux personnes nécessiteuses tout au long de l’année. Mais plus profondément, nous cherchons à faire réfléchir les personnes comme les groupes à l’importance d’aider ceux qui sont dans le besoin et plus largement de participer au développement du pays. Nous reprenons tout cela dans la prière, au cours d’une messe très animée, avec un théâtre religieux, une procession d’offertoire dansée, et des interventions des membres de la Caritas.
    L’après-midi, je reçois les responsables d’un groupe qui nous propose une rencontre pour former les enfants au partage et à l’évangélisation. Nous posons les bases de notre collaboration et nous reverrons avec les responsables des mouvements d’enfants.

  • Samedi 20 février : J’assure une formation sur l’écoute dans une paroisse voisine pour les membres de la Commission Justice et Paix, les visiteurs de prison, la Caritas, et les responsables de Communautés de quartiers et de Mouvements.
    Le soir, comme c’est samedi, je me mets au téléphone comme chaque semaine pour appeler les parents et amis des détenues de la prison, à la fois pour transmettre leurs salutations et leurs besoins, et pour avoir des nouvelles de leurs famille, nouvelles que je leur transmettrai jeudi prochain lors de ma visite à la prison. Quand c’est possible, j’utilise Internet, qui est moins vivant certes, mais revient beaucoup moins cher. Cela demande beaucoup de temps, mais c’est très important pour les prisonnières, comme pour leurs familles.

  • Vendredi 19 février : Rencontre au foyer des jeunes filles. Aujourd’hui nous parlons de la volonté d’introduire au Sénégal l’avortement médicalisé. La réflexion est très riche et approfondie. Il faut dire que l’avortement n’est pas autorisé au Sénégal, ni accepté par la population.
    A la pause de midi, je pars à la Librairie Clair Afrique qui commercialise mes livres, puis je vais manger à notre Maison centrale où je retrouve un certain nombre de confrères, avec joie.
    A 18 h 30, Chemin de Croix et messe, comme chaque vendredi de Carême.
    La nuit, si je n’ai pas de réunions, je réponds à mes mails et consulte mon site et mon blog. Après beaucoup d’hésitations, je me suis mis sur Face Book. En effet, je me suis aperçu que beaucoup de jeunes n’avaient pas d’adresse mail mais correspondaient sur Face Book. J’ai donc décidé de m’y mettre. Cela me prend du temps, mais en plus des nouvelles échangées, de nombreux jeunes me posent leurs problèmes, n’ayant pas toujours sur place quelqu’un à qui parler… ou n’osant pas parler à eux, ils profitent de la distance et l’incognito fourni par Face Book.

  • Jeudi 18 février : Matin : travail personnel, préparation des activités, et accueil.
    A 15h : réunion des femmes catholiques. Nous préparons une formation à la fabrication de savon artisanal avec les produits locaux. Cela va leur permettre de se faire un peu d’argent.
    A 18 h : je pars en ville pour enregistrer une émission à la télévision sur la mise en œuvre de la lettre de Carême du Pape. A cause des bouchons, j’arrive très en retard, car même en vélo c’est difficile d’avancer. Heureusement, les techniciens sont patients, et tout se termine bien.

  • Mercredi 17 février : Les élèves sont libres. C’est le jour de rencontres des Mouvements de jeunes. Nous nous retrouvons avec les responsables des Mouvements, des Femmes et de la Caritas, pour élaborer les actions, et chacun va ensuite retrouver son groupe.
    Je reçois ensuite des visites. En particulier deux personnes qui se plaignent d’être poursuivies par des mauvais esprits. Cela arrive souvent vu les conditions très difficiles dans lesquelles beaucoup de gens vivent. Cela les perturbe très profondément, et c’est très difficile de les aider à s’en sortir.
    Le soir, conférence de Carême que nous allons faire chaque mercredi, avec un temps de prière, pour permettre à chacun de grandir dans la foi et d’agir ensemble. Aujourd’hui, nous approfondissons le thème de cette année : la miséricorde.

  • Mardi 16 février : Un ami musulman, que j’ai accueilli dans un de nos centres d’accueil quand il était étudiant, vient me voir 30 ans plus tard. Je ne sais pas comment il a su que j’habite Pikine. Il arrive d’Italie, et il me ramène un chapelet, une petite statue et des images. Venant d’un musulman, cela me touche évidemment beaucoup. J’accueille aussi un jeune chômeur qui ne peut pas se marier, car il n’a pas la possibilité de prendre en charge une famille.
    En même temps que je continue les textes de méditation sur la miséricorde pour la nuit de prière, j’élabore des fiches pédagogiques pour l’éducation morale des enfants musulmans. Je reprends l’essentiel de notre partage sur la miséricorde. Puis je prépare une fiche sur la paix et une sur l’environnement. Le but est de leur faire vivre ensemble les mêmes valeurs avec leurs camarades chrétiens qui vont mener la même réflexion en catéchèse.

  • Lundi 15 février : On m’a demandé un article sur la violence. Je commence à m’y mettre.
    L’après-midi, rencontre avec les responsables d’ATD-QUART MONDE. Nous préparons un séminaire pour travailler et faire connaître le dernier document des Nations Unies sur les gens vivant dans l’extrême pauvreté et les droits de l’homme. Nous inviterons des personnes des différents ministères et des ONG travaillant dans ce domaine. En effet, ces organisations mettent en œuvre des actions de développement, mais les gens les plus défavorisés n’en profitent pas car ils sont écrasés, démobilisés et vivent en dehors de la société. Pourtant, leur donner leur place et leur permettre de prendre leurs responsabilités profiterait à toute la société, et ferait avancer tout le monde.
    Samedi, nous aurons une marche de prière la nuit dans la ville, avec 10 étapes, dans 10 de nos communautés de quartiers. A chaque étape, nous réfléchirons à une des œuvres de miséricorde. Pour permettre la prière, la méditation et l’engagement, je rédige un texte, complété, pour leur part, par chaque communauté. C’est un gros travail pour offrir une réflexion concrète et opérationnelle, adaptée à nos réalités et conditions de vie : composition, saisie et impression, sans compter la préparation pratique de la marche. Je vais devoir y travailler à tous mes moments libres cette semaine.

  • Dimanche 14 février : A la grand’ messe, « appel décisif », c’est-à-dire accueil dans la communauté et admission des catéchumènes qui vont être baptisés à Pâques, en présence des parents, des parrains et marraines, mais aussi des catéchistes et des responsables de communautés de quartiers. Toute la Communauté est dans la joie.
    La fête de la Saint Valentin prend de plus en plus d’importance : soirées dansantes et cadeaux, et toutes les déformations possibles. Nous avons proposé aux jeunes une réflexion sur l’amour et les fiançailles. Les jeunes ont répondu nombreux à l’appel et nous avons un échange très intéressant.
    L’après-midi, émission à notre radio communautaire. Puis le responsable d’une nouvelle radio en ligne sur Internet vient me voir pour me demander mes enregistrements. Bien sûr, j’accepte et nous mettons au point notre façon de travailler.

  • Samedi 13 février : Enregistrement pour la radio. Puis réunion de la Commission Justice et Paix, en même temps que la rencontre de la Caritas du secteur. Cela arrive souvent que les choses se chevauchent, vu le nombre de nos occupations et activités.
    A 13 heures, je reçois les responsables d’un groupe charismatique, puis je rencontre un couple mixte (chrétien et musulmane) qui souhaite se marier.
    Après-midi, comme chaque semaine, catéchèse des enfants et des adultes.

  • Vendredi 12 février : Nouvelle rencontre avec les élèves chrétiens et musulmans de notre Collège pour leur faire vivre ensemble les mêmes valeurs. Par exemple, la miséricorde pour aujourd’hui. Nous présentons ce thème ensemble, avec un éducateur musulman, en faisant participer les jeunes au maximum : chants, dessins, poèmes, théâtre, etc… Les jeunes sont très intéressés et participent très bien. Nous allons ainsi faire le tour des différentes classes.
    L’après-midi, accueil avec de nombreuses visites, et préparation des activités à venir, jusque tard la nuit, coupée par le Chemin de Croix suivi de l’Eucharistie.

  • Jeudi 11 février : Comme chaque jeudi matin, je vais à la prison des femmes.
    Après-midi : réunion des femmes. Nous continuons la mise en place de l’association.
    Puis je réponds à une demande d’émissions radio en ouolof, en secteur rural.
    La nuit, dernière rencontre du trimestre de préparation au mariage. Jeudi exceptionnellement, car en ce temps de Carême, les chrétiens vont suivre le Chemin de Croix dans chacune de leur paroisse.

  • Mercredi 10 février : Mercredi des Cendres. Je commence par une célébration dans notre Collège. C’est une cérémonie qui attire beaucoup de gens, par sa symbolique qui leur parle fortement. J’ai une nouvelle célébration à 14 h, à la pause du «midi » pour les élèves, mais aussi pour les mères de famille qui, le soir, seront prises par le travail à la maison. Et à 18 h 30, c’est la cérémonie pour les travailleurs.
    Entre temps, j’enregistre des émissions radios. Avec le Carême, j’ai beaucoup de demandes supplémentaires.
    L’après-midi, rencontre des veuves . Comme chaque fois, nous parlons de leurs conditions de vie très difficiles et des coutumes et traditions à faire évoluer. Puis nous évaluons les petits projets économiques que nous avons lancés pour les aider à vivre.
    A 20 heures, je reçois un technicien de la radio pour coordonner les choses. Et j’ai la surprise de recevoir la visite de deux amies guinéennes venues se faire soigner à Dakar. Nous avons beaucoup de choses à nous dire.

  • Mardi 9 février : Je voulais continuer à régler les choses en retard, mais il n’y a pas de courant, donc par d’Internet, ni Face Book, dont nous sommes de plus en plus dépendants. Nous en profitons pour nous asseoir avec mon confrère, pour faire le point de nos différentes activités. L’après-midi, je reçois plusieurs responsables de communautés et de Mouvements, qui peuvent se libérer.
    La nuit, je sors dans le quartier.

  • Lundi 8 février : Journée de « repos », où les gens en profitent pour venir nous voir et où nous essayons de classer les affaires et régler les choses en retard. J’en profite pour réparer mon vélo et changer un pneu : fabrication chinoise, pas chère, mais il n’a pas duré plus de trois mois !
    Je cherche des DVD sur l’Ancien Testament utilisables avec les élèves musulmans : nous avons les mêmes premiers Prophètes. C’est important que ces élèves connaissent le point de vue chrétien sur ces prophètes, et aussi l’inverse, bien sûr. Notre Collège a l’électricité et une salle de projection, ce que n’a aucun autre collège privé ou public de notre ville.
    A midi, je reçois comme chaque mois une jeune fille qui se prépare à la vie religieuse. Je la connais depuis la Guinée. Elle me présente en disant « c’est mon papa ». Ce n’est pas une dépendance affective, mais plutôt un signe très fort de confiance et d’amitié. Beaucoup de chrétiens ici utilisent cette formule, envers les prêtres et religieux qui les ont formés. Je reçois aussi un jeune prêtre, à sa demande.
    Je vais chercher l’argent qu’on m’a envoyé depuis l’Afrique du Sud, par Western Union pour une détenue. Mais il n’y a pas d’argent. Je reviendrai demain.
    Et puis, il y a toutes les activités de Carême qu’il faut préparer.

  • Dimanche 7 février : Je vais dans une paroisse voisine pour une formation des responsables de Communauté et des Associations de Jeunes. C’est vraiment la base de nos activités. Je n’ai pas de problèmes, je suis bien rodé sur cette question. On met du temps à commencer (les gens sont souvent en retard) mais nous travaillons très bien, à la satisfaction de tous.

  • Samedi 6 février : Journée de formation des catéchistes. En même temps, je reçois la visite d’un de nos jeunes en formation qui vient du nord du pays. Nous prenons un moment pour parler de ses activités.
    Le soir, nous préparons la Journée Caritas.

  • Vendredi 5 février : Le centre des jeunes filles où j’allais l’an dernier avait des problèmes. Les choses sont réglées et j’ai la grande joie de pouvoir y retourner. J’y suis accueilli aussi avec joie, tant par les élèves que par les éducatrices. Je les rencontre par groupes, ensemble chrétiennes et musulmanes. C’est très important pour partager entre elles, mais aussi pour construire l’avenir du pays dans l’entente et le respect mutuels. Pour cette 1ère rencontre, nous abordons la question de la miséricorde.
    A la pause, je vais au Bureau de Police pour renouveler ma carte de séjour. Démarche à faire tous les trois mois. Mais je suis très bien reçu. Il est vrai que je les connais maintenant ! J’en profite pour passer saluer mes confrères à la paroisse voisine. Puis je tiens une séance de travail avec la responsable du CAEDHU (Centre Africain d’Education aux Droits Humains) avant de retourner rencontrer un autre groupe de jeunes filles, puis regagner rapidement ma paroisse.

  • Jeudi 4 février : Nouvelle rencontre commune des élèves chrétiens et musulmans sur le thème de la miséricorde.
    Accueil et permanence : toujours autant de problèmes auxquels nous ne pouvons malheureusement pas toujours répondre. Nous faisons pour le mieux, avec l’aide de nos communautés et des personnes de bonne volonté.
    La nuit : nouvelle rencontre de préparation au mariage avec les fiancés. C’est la dernière de la formation : questions libres et témoignages divers.

  • Mercredi 3 février : Préparation du Carême et visite dans les collèges. Le soir, nous allons dans un quartier pour recevoir le tableau de Jésus Miséricordieux et faire le passage d’une communauté à l’autre, après une procession dans le quartier, comme nous le ferons chaque semaine, avec nos 13 communautés de quartier, en cette Année de la Miséricorde.

  • Mardi 2 février 2016 : Une amie d’enfance est décédée. Pendant la nuit, à la demande de ses enfants et de l’aumônerie de l’hôpital où elle était engagée, je prépare la célébration et rédige l’homélie, en lien avec eux, grâce à Internet. Heureusement, il y a de la connexion ! Ici, à Pikine, nous prions aussi pour elle et nous sommes en lien avec les cérémonies. Elle est enterrée un 2 février, jour de la lumière et jour de l’Evangélisation pour tous les peuples. C’est un signe important pour nous, elle qui est née à Shangaï, nous avons grandi ensemble à Dakar, elle est venue travailler avec moi dans les camps de réfugiés en Guinée et en Sierra Léone, pendant la guerre du Libéria. Nous croyons que Dieu va la faire entrer dans sa Lumière.
    Ce jour, c’est aussi l’anniversaire de la mort de notre 2ème fondateur, un Juif, fils de rabbin converti. Nous nous retrouvons les spiritains de la ville avec les laïcs de la fraternité spiritaine, les sœurs spiritaines et des amis, pour prier ensemble et réfléchir aussi à notre engagement, à notre propre prise en charge. En effet, nous travaillons avec des populations pauvres, qui ne peuvent pas nous prendre en charge. Il nous faut donc travailler par nous-mêmes. Nous terminons par un repas partagé.

  • Lundi 1er février : Rencontre de tous les prêtres du secteur. D’abord nous prenons un temps de réflexion sur notre travail et nos relations avec les musulmans, guidés par l’un d’entre nous qui a reçu une formation dans ce domaine. Nous abordons la question du suivi des groupes de prières car quelques-uns nous posent des problèmes avec un certain nombre de déviations. Nous terminons par le tour et l’évaluation de nos différentes activités. Suivi par un repas fraternel qui nous permet de prolonger notre réflexion et de resserrer nos liens.

  • Dimanche 31 janvier : Réunion de la Caritas. Nous faisons d’abord le tour des activités. Puis nous examinons les demandes de soutien qui nous ont été faites. Nous sommes contents car nous voyons que les gens cherchent à se prendre de plus en plus en main et que les choses avancent peu à peu. Dans un 3ème temps, nous préparons la journée de la Caritas qui aura lieu pendant le Carême. C’est à la fois un temps de prière pour nous ouvrir davantage à ceux qui ont des problèmes autour de nous, et un moyen de récolter des fonds pour nos différentes activités.
    L’après-midi, je pars rejoindre des jeunes de tout le secteur qui ont une journée de réflexion sur la vocation et leur avenir. Les échanges sont très intéressants.
    Au retour, je reçois des parents pour préparer le baptême de leur bébé.

  • Samedi 30 janvier : Ce matin, deux activités en même temps. Cela arrive souvent. Je lance la rencontre du secteur des femmes responsables de nos 13 paroisses pour préparer une journée de formation ouverte à toutes. Je les laisse continuer, elles en sont tout à fait capables, pour aller bénir plusieurs mariages célébrés ensemble.
    Au Sénégal, les gens savent faire la fête. Mais cela a un coût. Des personnes s’endettent à mort pour se marier, mais aussi pour les baptêmes, les premières communions et même les enterrements. C’est pourquoi nous avons lancé toute une réflexion pour fêter ces événements d’une manière digne et dans la joie, mais de la façon la plus simple possible. C’est ce que nous faisons aujourd’hui pour ce mariage. Une messe très animée, avec une grande participation de toute l’assemblée (pas de chorale, ni de grandes décorations, ni de demoiselles d’honneur en grande tenue), mais en intégrant les rites traditionnels du mariage coutumier. A la sortie, pas de grand repas mais un pot d’amitié avec des jus de fabrication locale (pas d’alcool) dans la salle paroissiale, en prenant le temps de chanter et de danser avant de nous séparer dans la joie.
    Après le mariage, je pars à une cinquantaine de kilomètres participer à une formation sur le leadership (comment être un meneur), organisée par YMCA, un mouvement œcuménique de jeunes, catholiques et protestants avec un certain nombre de musulmans que nous accueillons avec joie et reconnaissance. J’interviens pour expliquer ce qu’est un leader chrétien. Je ne veux pas faire de théorie : je pars donc de l’engagement de Moïse (prophète commun aux chrétiens et aux musulmans), puis celui de Jésus (que les musulmans connaissent bien). Comment ils ont été responsables, ont conduit et libéré les gens. Cela nous permet un échange très intéressant. A partir de là, nous relisons deux passages de l’Evangile : les disciples d’Emmaüs et le bon Samaritain, pour en tirer des conclusions sur notre vie. Dans un 2ème temps, nous abordons la question de l’engagement citoyen en tant que chrétiens.
    Une journée très enrichissante. Je rentre tard la nuit, après avoir attendu les transports publics pendant longtemps.

  • Vendredi 29 janvier : Le matin, je dois laisser la formation pour participer à la rencontre de la Commission de la famille dont je suis responsable pour notre secteur. Avec les transformations sociales et la mondialisation, la famille est gravement perturbée et le mariage difficile, sans oublier l’éducation des enfants qui pose aussi beaucoup de problèmes. Nous définissons d’abord notre rôle et nos orientations. Puis nous voyons comment les mettre en pratique et quel programme suivre, avec quels moyens. Il y aura beaucoup de choses à préciser et à mettre en place. Cela se fera au fur et à mesure.
    Dès la fin de la réunion, je pars rejoindre la formation aux projets pour la 2ème fois. Nous terminons la formation et j’annonce le décès d’une amie d’enfance à laquelle j’étais très attaché. Nous avons grandi ensemble à Dakar. Nos deux familles étaient très amies. Elle était la cheftaine de louveteau de mes frères. Nous nous étions perdus de vue pendant près de 50 ans. Je l’ai retrouvée en pleine dépression et de plus en plus malade. Encore valide, elle était venue plusieurs fois me rejoindre en Guinée forestière dans les camps de réfugiés du Libéria et de Sierra Léone (elle était professeur d’anglais). Lors de mes derniers congés, je l’ai accompagnée. Elle ne pouvait ni parler, ni manger. Son départ me rend très triste, mais je le vis dans la paix, car elle va pouvoir enfin vivre en paix, dans la lumière, et se reposer dans la joie avec tous ses parents et amis qui l’ont précédée, …. en attendant de la retrouver. Dites merci pour sa belle vie et si vous le voulez, priez pour elle. Pour moi, je suis tout de suite entouré de l’amitié de mes confrères.
    La vie continue. Le soir nouvelle rencontre de préparation au mariage. Nous parlons de l’éducation des enfants. Les participants se connaissent maintenant très bien. Ils sont à l’aise et s’expriment sans peine. Comme chaque fois, ils se retrouvent en petits groupes par paroisse (il y en a 13) pour tirer des conclusions de la formation d’aujourd’hui, comment la vivre entre eux, avec leur famille et ceux qui les entourent.

  • Jeudi 28 janvier : Après la prière et le petit déjeuner, je pars en ville pour une session de deux jours sur la mise en place de petits projets économiques. En effet, nous avons de plus en plus de peine à vivre comme missionnaires car nous travaillons en priorité avec des populations pauvres. La plupart d’entre nous viennent aussi de pays pauvres (Afrique, Asie, Amérique du Sud) et n’ont donc pas le soutien de parents ou d’amis, comme les anciens missionnaires qui venaient d’Europe. Nous ne pouvons pas être à la charge des gens qui nous accueillent déjà avec beaucoup d’amitié et de générosité. Il faut donc trouver les moyens de gagner notre vie et surtout les moyens pour faire notre travail missionnaire et social. Tout en continuant à compter sur nos parents et amis. Je tiens à cette occasion à remercier tous ceux qui nous soutiennent, à tous les niveaux : matériel, amitié, prière.
    Pendant deux jours, nous nous retrouvons autour d’un confrère basé à BRUXELLES, responsable de l’organisation Kibanda qui assure la composition et le suivi de petits projets économiques et la formation des différents acteurs. Il a une grande expérience dans ce domaine dans de nombreux pays. Je suis heureux de le revoir, car nous avons travaillé ensemble au Sénégal et surtout en Guinée, au moment de la guerre du Libéria/Sierra Léone. Je suis heureux de me retrouver aussi avec les économes de nos différentes communautés du Sénégal. La même formation va se faire dans les autres pays de la région où nous travaillons : Guinée, Guinée Bissao, Mauritanie.

  • Mercredi 27 janvier : Le matin, travail à la maison.
    A midi, je commence avec les classes de 5ème.
    A 14 heures, je vais célébrer l’Eucharistie dans une classe, dans un Collège/Lycée public. Il y a eu, à midi, les élections du gouvernement scolaire (les responsables des élèves). Avec les jeunes de l’aumônerie, nous nous retrouvons d’abord avec le Proviseur (musulman) qui encourage les élèves chrétiens à prendre leurs places et à apporter leur spécificité dans la vie de l’école. Il affirme l’importance pour eux de prendre des responsabilités et des initiatives. En effet, étant une petite minorité, ils auraient parfois tendance à se replier sur eux-mêmes. Nous parlons du rôle du gouvernement scolaire, pour qu’il ne se limite pas à organiser des compétitions sportives ou des soirées dansantes, mais prenne vraiment en compte la marche de l’école et la vie des élèves. Après cette rencontre, nous partons dans une classe dire la messe : célébration sous forme de partage libre et d’échanges tout au long de la liturgie, dans une grande joie et spontanéité.
    Après la messe, au moment de partir je m’aperçois que la roue avant de mon vélo est crevée. Il va falloir que je le pousse dans le sable…. mais tout de suite, plusieurs enfants me rejoignent et se chargent de pousser mon vélo jusqu’au stade où ils se rendent. Ils sont aussitôt remplacés par un autre groupe de jeunes qui m’accompagnent jusqu’au marché. Je reprends mon vélo pour continuer, et un autre jeune arrive en courant et me tape sur l’épaule en me disant : « Miséricorde ». C’est un des élèves qui a assisté à mon intervention hier ! Et il m’accompagne jusqu’à l’église.
    Le temps de réparer mon vélo, j’arrive en retard à notre rencontre de l’équipe apostolique. C’est l’ensemble des prêtres et religieuses de la paroisse. Nous commençons par le tour de nos activités, qui sont nombreuses et variées : deux dispensaires, 21 jardins d’enfants, deux écoles élémentaires et deux collèges, un centre d’accueil des réfugiés et immigrés, un centre de formation féminine, etc… en plus des différentes activités paroissiales. Cela nous prend du temps car nous tenons à approfondir les choses, surtout qu’il y a des changements de personnes. Puis nous voyons le calendrier des activités paroissiales, pas seulement pour nous mettre au courant, mais pour donner notre avis et voir comment y participer. Nous reprenons cela dans la prière, avant de manger ensemble, dans la joie. Et de rentrer nous coucher car il est tard.

  • Mardi 26 janvier : A 12 heures, deux nouvelles classes de 6ème. A 14 heures, à la pause, après le repas, rencontre avec les enseignants et le personnel sur le même thème de la Miséricorde. Pour que tout le monde avance en même temps, pas seulement pour que les adultes continuent à former et à suivre les élèves, mais qu’ils vivent eux-mêmes la Miséricorde dans les différents secteurs de leur vie.
    A 15 heures, je rencontre la petite chorale des élèves qui prépare la messe du Mercredi des Cendres et le temps du Carême. Je les encourage mais je les invite aussi à vivre ce qu’ils chantent.
    Puis je retrouve les gens qui m’attendent à la paroisse : écoute, confessions, préparation d’activités.

  • Lundi 25 janvier : Je reprends mes visites dans les collèges et lycées pour contacter élèves et enseignants. Cela va me prendre beaucoup de temps…. il y a du monde à rencontrer !
    A midi, je commence une série d’interventions dans notre grand Collège catholique de la ville. L’idée est de faire vivre les mêmes valeurs à tous les élèves chrétiens et musulmans (la grande majorité) pour bâtir un avenir commun. Nous allons commencer par le thème de la Miséricorde. En effet, pour les chrétiens, nous sommes dans l’année de la Miséricorde. Dans l’Islam, l’un des noms de Dieu c’est : « le Miséricordieux – Rahman », et la plupart des sourates du Coran commencent par ces mots : « Au nom de Dieu, le Compatissant, le Miséricordieux ». Nous intervenons donc à deux : moi-même et un professeur musulman, pour présenter d’une façon complémentaire le point de vue des deux religions. Cela d’une façon animée et pédagogique bien sûr : affiches, chants, théâtre, histoires. Ensuite, les élèves se retrouvent en petits groupes, pour décider ce qu’ils veulent faire dans leur famille, dans leur école et dans leur quartier. Le suivi sera assuré par les professeurs de morale. Nous allons préparer des fiches pédagogiques pour cela, et dans trois mois nous ferons l’évaluation du travail, des actions que les élèves ont menés. C’est vraiment une grosse action que nous lançons et qui va durer toute l’année. Pour arriver au bout, nous prenons les classes de même niveau deux par deux. Ce n’est pas l’idéal (plus de 100 élèves et pas de groupe structuré), mais je suis limité par le temps. Par contre, le suivi se fera dans chaque classe spécialement. Nous commençons par les 6ème. Tout se passe bien et il y a vraiment une bonne compréhension et complémentarité entre l’enseignant musulman et moi-même : nous nous connaissions déjà et nous avons bien préparé notre intervention.

  • Dimanche 24 janvier : Réunion du Conseil Paroissial. Nous évaluons les différentes activités de Noël et préparons le Carême. Puis nous faisons le tour des différentes commissions, avant d’aborder certaines questions précises. En particulier le travail avec les mairies, l’animation des quartiers, la condition des veuves, le travail dans les prisons et avec les jeunes dans la rue…
    L’après-midi : émission sur la radio locale en direct. Maintenant, les auditeurs ont la possibilité d’intervenir par téléphone, ce qui anime beaucoup l’émission. Surtout que plusieurs personnes se sont présentées comme volontaires pour prendre en charge cette émission.

  • Samedi 23 janvier : Je devais me rendre à la prison des jeunes, en ville, dans laquelle j’ai travaillé les années passées. La rencontre est annulée au dernier moment. Cela aussi arrive souvent, à cause d’un manque de prévision et de préparation. Ca ne facilite pas le travail. J’en profite quand même pour régler l’une ou l’autre question qui traîne depuis longtemps. Et pour aller saluer les enfants du catéchisme. Et rester disponible pour accueillir les personnes qui se présentent.

  • Vendredi 22 janvier : Visite dans les collèges et lycées. A la pause et à midi, contacts avec les enseignants.
    A 14 heures, rencontre dans un Collège pour le démarrage d’une nouvelle aumônerie. Les jeunes se prennent bien en main. Et les élèves d’un autre collège sont venus les rejoindre.
    A 18 heures : rencontre du nouveau Bureau des Femmes Catholiques, pour choisir nos orientations et prévoir les activités en conséquence. La réunion dure longtemps, car les choses n’avancent pas vite.
    Je les abandonne pour la rencontre de préparation au mariage. Aujourd’hui, nous parlons du droit civil et du droit religieux (Canon). Un certain nombre de fiancés sont venus nous rejoindre, alors que nous sommes à la 3ème séance ! Les choses traînent toujours et la plupart du temps les gens viennent en retard. C’est une mentalité qui s’est créée contre laquelle il est vraiment très difficile de lutter. Par contre, les participants commencent à se connaître et la rencontre est de plus en plus animée. Surtout que les intervenants sont des laïcs mariés qui ont des choses à dire et qui savent les faire passer.

  • Jeudi 21 janvier :
    Matin, visite à la prison.
    15 heures : enterrement. En langue mandjaque, la langue du défunt et de sa famille et de la majorité des gens présents. C’est une occasion pour prier et célébrer dans leur langue.
    La nuit, rencontre dans une communauté de quartier, comme chaque jeudi.

  • Mercredi 20 janvier : Enregistrement de mes émissions radios en français et en ouolof, de chaque jour, en plus des émissions du dimanche.
    L’après-midi, visite des Mouvements, et réunion du secteur sur les vocations pour préparer la rencontre de dimanche à la paroisse et la grande sortie de tout le secteur.

  • Mardi 19 janvier : J’ai pris beaucoup de retard sur Face Book et Internet. Heureusement, il y a du courant et de la connexion, aussi j’avance peu à peu.

  • Lundi 18 janvier : Après cette fête, il y a beaucoup de choses à ranger et à classer.

  • Dimanche 17 janvier : Nous célébrons mon 50ème anniversaire d’ordination sacerdotale. L’Archevêque a tenu à venir présider cette cérémonie. Nous tenons à célébrer dans cette fête tout ce qui se vit dans la paroisse. Je rappelle donc notre plan pastoral avec ses quatre objectifs : d’abord la communion, puis la sanctification, le témoignage et le service (charité, développement, droits humains, justice et paix….), avec affiches, dessins et danses. Nous célébrons nos trois orientations de l’année sous forme de théâtre : miséricorde, famille et environnement. Nous avons tenu, malgré les pressions et les demandes opposées, à faire les choses le plus simplement possible. Comme cadeaux, pas de choses personnelles (habits ou chaussures), mais des articles utiles pour les prisonniers : savons, dentifrice, eau de javel, lait, sucre, café, que je porterai au fur et à mesure dans les prisons. Les détenues vont être heureuses !
    A la procession d’offertoire des responsables ont apporté des objets symboliques de mon travail : un enregistreur pour offrir mes émissions radio, un clavier d’ordinateur pour les mails et le travail sur Internet, le sac que je porte rempli chaque jeudi à la prison, et un bagage des réfugiés qui nous arrivent chaque jour de partout. Tout cela avec le pain et le vin pour l’Eucharistie.
    Après la messe, nous nous retrouvons tous ensemble dans la cour pour un pot d’amitié : des jus locaux faits sur place par l’association des femmes, à partir de plantes : baobab, bissap, tamarin…. (pas d’alcool) et de petits biscuits fabriqués également par elles. Cela a permis à beaucoup de monde de se rencontrer et de se parler. Nous n’avons pas fait de grand banquet. Simplement un repas avec l’évêque et quelques responsables de la paroisse, ce qui a permis un échange très intéressant à bâtons rompus mais avec beaucoup de sérieux sur des sujets importants.

  • Samedi 16 janvier : Accueil (les gens sont plus libres ce jour-là) et suivi des groupes de catéchèse.

  • Vendredi 15 janvier : Je finis de mettre au point mes articles. A midi, je vais dans un collège de la ville. Les élèves sont encore jeunes mais ils se sont très bien organisés et ont pris eux-mêmes leur aumônerie en mains, car, avec 13 lycées et collèges, je ne peux évidemment pas venir à chaque réunion. Aujourd’hui, nous voyons comment ils peuvent participer à la vie du Collège, car les élèves chrétiens étant une toute petite minorité le danger est qu’ils se replient sur eux-mêmes.
    A 16 heures, réunion de tout le secteur pour la Commission des Vocations. Nous préparons la rencontre générale des enfants et des jeunes de tout le secteur, pour les aider à préparer leur avenir et réfléchir à leurs engagements futurs.
    A 18 heures, prière au Saint Sacrement. Puis je vais dans le quartier prier avec la Communauté pour un malade.
    A 20 heures, préparation au mariage de plus de 50 fiancés. Nous parlons de la sexualité dans le couple. La rencontre est très animée.

  • Jeudi 14 janvier : J’interromps mon travail pour aller donner le Sacrement des malades à une grand’mère. Toute la communauté est là pour la prière. Et nous continuons par la réunion hebdomadaire à laquelle notre doyenne est heureuse d’assister.
    Dans la journée, j’ai été interviewé à la radio et à la télévision. En effet, une association de femmes juristes a fait déposer une loi pour légaliser l’avortement médicalisé. Cela entraîne de grands remous dans la société, car cette loi ne correspond ni aux valeurs traditionnelles du Sénégal, ni à l’enseignement de l’Islam. On vient me demander le point de vue de l’Eglise. Dans la foulée, je me mets à la rédaction d’un article à publier dans différents journaux.

  • Mercredi 13 janvier : Retour au grand Collège. Je me mets tout de suite au travail et passe dans plusieurs classes pour contacter élèves et professeurs. Il me faudra du temps pour arriver au bout.
    16 heures : rencontre générale des Femmes Catholiques. C’est une rencontre importante que nous avons préparée avec soin. En effet, depuis plus d’un an il n’y a plus de Bureau et il existe de nombreuses tensions entre elles. Nous commençons par donner la parole à tout le monde en exigeant que l’on parle sans agressivité et sans attaques personnelles. Cela demande plusieurs heures, mais finalement elles acceptent de passer aux élections. La transmission avec l’ancien Bureau se passe bien, dans la demande de pardon et la réconciliation. Mais ça n’a pas été facile.

  • Mardi 12 janvier : Travail sur Internet et sur Face Book.
    14 heures : J’ai été nommé aumônier de notre grand Collège. Après bien des reports et des difficultés, j’ai réussi à enfin trouver une heure de rencontre, à la pause de midi. C’est une prise de contact. Je leur demande ce qu’ils attendent d’un aumônier ; ils sont étonnés de ma démarche. Ils pensaient que j’allais venir avec un plan d’action tout fait à l’avance et me limiter aux questions uniquement religieuses. Malgré tout, nous arrivons à dégager un certain nombre de pistes, qu’il va falloir approfondir.

  • Lundi 11 janvier : Je m’enferme dans ma chambre pour classer mes affaires et régler les différents problèmes en attente : commencer à préparer mes futures interventions et mes émissions radio et télés. Je regrette de devoir faire ainsi, mais c’est la seule solution pour m’en sortir.
    Le soir, travail sur les petits projets de développement avec les responsables de la Caritas.

  • Dimanche 10 janvier : Comme hier soir, aux trois messes j’explique comment vivre le mieux possible cette année de la miséricorde : accueillir la miséricorde de Dieu, être miséricordieux, mais aussi former ceux qui nous entourent et bâtir une société de réconciliation et un pays de miséricorde. J’exprime ainsi le résultat de nos réflexions dans les différentes communautés de quartier. Les gens apprécient.
    A 14 heures, je rejoins notre radio locale pour l’émission en direct.

  • Samedi 9 janvier : Aujourd’hui deux réunions importantes avec les délégués du secteur de la Caritas et des Associations des Femmes Catholiques. Avec chaque groupe, nous faisons le point des activités du 1er trimestre et préparons celles du 2ème trimestre, en faisant le tour de chaque groupe et de chaque paroisse. Un gros travail, mais très utile. Cela nous permet de nous encourager et de nous donner des idées. C’est important.
    Nous célébrons deux mariages à la paroisse. Je n’ai pas le temps d’y assister, mais je vais les saluer le soir, après la messe.
    A la pause de midi, je reçois un enseignant. Nous étudions la possibilité de lancer une aumônerie dans son collège. Son soutien est important car jusqu’à maintenant je n’arrivais pas à le faire. Espérons que cela va marcher.

  • Vendredi 8 janvier : Nouveau passage dans les collèges. Il faut suivre et relancer les affaires, si on veut que ça avance.
    A 14 heures, pendant que les élèves musulmans vont prier à la mosquée, je rencontre les élèves chrétiens d’un collège. C’est ce qui se fait dans les différents collèges et lycées, dans le respect mutuel et sans problème. Personnellement, je fais le tour chaque vendredi.

  • Jeudi 7 janvier : Après l’accueil de deux migrants et le nettoyage de ma chambre (elle en a bien besoin), je pars pour la prison comme chaque jeudi. Nous sommes heureux de nous revoir, car à cause des fêtes cela fait trois semaines que je n’étais pas venu. Donc les joies mais aussi les problèmes se sont accumulés. Je vais voir comment les solutionner peu à peu.
    L’après-midi, enterrement d’une vieille paroissienne. Il y a beaucoup de monde. Nous faisons une célébration très simple à la demande de sa famille. Il n’y a pas de chorale, mais tout le monde chante et nous avons une prière pleine de paix et d’espérance.
    A 17 heures, rencontre de fiancés. Nous terminons le dossier et préparons la cérémonie en tenant compte des rites et traditions de leur ethnie.
    La nuit, célébration de la miséricorde comme hier, dans un autre quartier. Nous regrettons qu’il n’y ait pas beaucoup d’enfants.

  • Mercredi 6 janvier : Suite de l’accueil, préparation de mariages, de baptêmes et aussi malheureusement d’enterrements.
    L’après-midi, réunion des femmes pour relancer les activités qui étaient au point mort, suite à des tensions entre elles. Nous sommes contents car elles sont venues nombreuses et nous pouvons poser les bases pour un redémarrage. Nous nous mettons d’accord sur un certain ,nombre d’activités à mener et nous préparons les élections d’un nouveau Bureau pour mercredi prochain. Elections qui devaient se faire depuis l’année dernière. Mais le mari de la présidente était décédé. Et à cause des lois et interdits du veuvage, par respect pour elle et son mari, il a fallu attendre une année qu’elle enlève le deuil pour pouvoir procéder à ces élections. Nous saisissons l’occasion pour annoncer une réflexion approfondie sur les coutumes et interdits au temps de deuil qui bloquent beaucoup de choses, et surtout qui font souffrir beaucoup de femmes.
    Immédiatement après, je pars dans le quartier pour une célébration sur la Miséricorde. Comme prévu, une Communauté de chacun de nos deux secteurs a reçu un grand tableau de Jésus Miséricordieux. Pendant deux semaines, ils sont passés dans les maisons du quartier pour un temps de prières, de récollections, mais aussi d’aide aux nécessiteux. Aujourd’hui, ils vont remettre le tableau à la Communauté suivante au cours d’une messe, après être venus en procession. La messe est à la fois très fervente et très animée, avec la lecture des passages importants de la lettre du Pape. Après une demande de pardon communautaire, nous offrons les actions de miséricorde vécues au cours de ces deux semaines. Nous terminons par une célébration de la paix, suivie par un repas pris ensemble où nous continuons notre partage, dans l’amitié.

  • Mardi 5 janvier : Les cours ont repris hier. Je fais donc le tour d’un certain nombre de lycées et collèges de la ville pour relancer les activités, et je reçois des réponses plus ou moins positives, selon le cas. Puis je vais au Collège catholique, dont j’assure également l’aumônerie. Nous prévoyons une rencontre avec les enseignants et le personnel, ainsi que des rencontres sur la Miséricorde pour tous les élèves chrétiens et musulmans ensemble. Pour les chrétiens, c’est l’année de la Miséricorde. Pour les musulmans, la plupart des sourates du Coran commencent par ces mots : « Dieu est le compatissant et le miséricordieux ». Affaire à suivre.
    A mon retour, beaucoup de personnes m’attendent. Un migrant âgé, venu du Mali, un autre vieillard qui vit seul et expulsé parce qu’il ne peut pas payer son loyer, un malade pour cause d’alcoolisme : après l’avoir envoyé à notre dispensaire et lui avoir acheté les médicaments, je le mets en rapport avec la responsable de la Communauté de son quartier pour une prise en charge et un suivi. Ici, il y a des centres pour le suivi des personnes qui se droguent, mais pas pour les alcooliques, malheureusement. Ensuite, une femme atteinte du cancer, mais nous n’avons, hélas, pas les moyens de la prendre en charge. Il y a aussi notre vieil ami guinéen qui n’est toujours pas pris en charge par la mairie, ni le dispensaire central. En attendant, je vais lui acheter les médicaments les plus importants : je n’ai pas assez pour tout payer ! Cela me donne l’occasion de parler longuement avec le pharmacien.
    La nuit, profitant du silence, j’enregistre mes émissions radio pour la radio catholique (deux émissions par jour, en français et en ouolof) et pour la radio municipale (émissions du dimanche).

  • Lundi 4 janvier : Rangement et classement. Il y a beaucoup à faire, après toutes ces fêtes, tout en restant disponible pour l’accueil et le soutien des nombreuses personnes qui viennent.
    Je pars à la rencontre mensuelle des prêtres du secteur (13 paroisses). Nous abordons les différentes activités de notre travail pastoral, la vie des Mouvements et des Commissions, etc.. Les sujets et les préoccupations ne manquent pas. Aujourd’hui nous nous arrêtons sur l’Evangélisation des coutumes, des traditions et de la culture. En particulier, les rites de la naissance, de l’initiation (circoncision), des fiançailles et du mariage traditionnel, de la maladie, de la mort et du veuvage. Sans attendre la célébration des sacrements (baptême, mariage…) ou l’enterrement à l’église. Nous avons composé un livre de célébrations pour cela, pour les familles et les communautés de quartier, que je présente et que nous évaluons ensemble, avant d’en voir l’utilisation la meilleure.
    Le soir, rencontre de nos délégués auprès des mairies. Nous faisons le tour des activités des différentes communes (13) pour y étudier notre collaboration possible. En particulier, notre participation aux activités des jeunes et des femmes. Mais surtout le soutien des familles nécessiteuses, des malades, des personnes âgées et des enfants dans la rue. Nous nous arrêtons spécialement à la mise en place de la C.M.U. (Couverture Médicale Universelle). Une formation a été assurée dans chaque mairie. Il nous reste à faire passer l’information dans les quartiers et à pousser les gens à s’inscrire, pour qu’ils soient pris en charge pour les médicaments et les opérations. La difficulté, c’est de les convaincre à cotiser à l’avance. Souvent, ils attendent que la maladie soit là pour faire appel à la solidarité de la famille et aux voisins, mais souvent sans obtenir une aide suffisante. Ce qui cause bien des drames.

  • Dimanche 3 janvier : Fête de l’Epiphanie. Nous avons choisi de célébrer la Journée mondiale de la paix, parce que le 1er janvier les gens ont la tête à autre chose, mais aussi pour lui donner une dimension plus internationale. Nous avons préparé la messe avec la Commission Justice et Paix. L’homélie reprend, explique et adapte la Lettre du Pape François à notre situation locale. Elle est suivie d’une prière universelle, composée dans le même sens. Puis les enfants nous présentent un petit théâtre pour actualiser le thème. Suit une procession d’offertoire où nous venons déposer au pied de la Croix des armes (en signe de paix), des sacs en plastique (en signe de lutte pour la propreté et le respect de l’environnement) et du bois mort (en signe de lutte contre le déboisement, les feux de brousse et l’avancée du désert). A la fin de la messe, les responsables des communautés reçoivent une colombe avec le thème de la journée : « Gagne sur l’indifférence et remporte la paix ». Puis nous écoutons un résumé de la Lettre, nous récitons ensemble la prière de St François, et terminons par un chant de paix, en nous donnant tous la main. Nous sommes venus en habits blancs, en signe de paix. Une très belle célébration, refaite à nos 5 messes et appréciée par tous.

  • Samedi 2 janvier : Les activités reprennent avec les rencontres et les visites. Le soir, messe du dimanche anticipée, comme d’habitude.

  • Vendredi 1er janvier 2016 : Nous nous retrouvons pour la Messe. C’est l’occasion de rencontrer des amis qui vivent ou travaillent ailleurs et qui sont revenus chez nous pour les fêtes. Chacun exprime ses vœux à sa manière.
    Le même jour a lieu le pèlerinage des enfants auquel ont participé ceux qui avaient les moyens de payer le déplacement.
    L’après-midi, émission en direct à la radio locale comme chaque dimanche.