Vendredi
31 Décembre 2010 : Nous
terminons l’année par une longue veillée de
prière où nous faisons le bilan de l’année
passée et pensons à l’année qui vient. En
3ème temps, une demande de pardon à Dieu et
aux frères et sœurs, un temps d’action de grâces
pour dire merci pour toutes les bonnes choses vécues en 2010,
et un temps de réflexion sur ce que nous voulons vivre cette
année 2011, à partir de la Parole de Dieu, avec des
temps de silence et de méditation, et d’interventions
libres. J’ai été frappé par la qualité
des interventions et la profondeur des prières. Le tout
accompagné de gestes et de symboles. A la fin de la messe, à
minuit, nous nous sommes souhaités une bonne année
dans la joie et en dansant. Après cela, les volontaires sont
restés prier toute la nuit.
Au cours de l’homélie,
j’ai expliqué le thème d’action du diocèse
pour cette année : « Evangélisation et
Promotion Humaine ». (Voir mon site et notre blog).
Mercredi 29 Décembre : Mon palud n’est pas terminé, mais il y a beaucoup de choses à régler avant la fin de l’année, aussi je monte en ville de bonne heure. Je passe d’abord déposer des documents dans plusieurs ambassades, puis je monte à l’archevêché. Nous travaillons aux vœux de Nouvel An et au Message à la Nation. Avec l’entrée en fonction du nouveau Président, il faut réfléchir à ce que nous proposons et bien peser nos mots. Nous préparons ensuite la rencontre des différents responsables paroissiaux, des religieux et des Commissions, autour de l’évêque, le dimanche 2 janvier.
Mardi
28 Décembre : Malgré
ma fièvre et mon palud, je monte à l’archevêché
car il y a plusieurs choses à organiser : le retour du
Cardinal à Conakry, les fêtes de fin d’année,
le Message du 1er Janvier, mais aussi des choses plus
importantes et à plus long terme, comme la mise en action du
thème d’année : « Evangélisation
et Promotion Humaine », et les formations nécessaires
à assurer pour cela auprès des femmes, des jeunes, des
cadres, et aussi des enfants car ils sont tout à fait
capables et nous voulons les rendre actifs auprès des autres
enfants.
Nous allons aussi à la prison pour la « Messe
de Noël » avec les prisonniers. Là, nous
avons un problème car les gardiens sont en grève :
ils n’ont pas été payés depuis 6 mois.
Nous les soutenons dans leurs revendications, et nous obtenons en
même temps l’autorisation de laisser les prisonniers qui
le veulent venir à la messe. Ensuite, les Sœurs de la
charité offrent à tous un bon repas.
Nous nous
retrouvons ensuite à l’archevêché avec le
personnel. Nous profitons de ces jours creux pour célébrer
à la fois Noël et le 1er Janvier, car aux
dates de ces fêtes, nous serons bien occupés.
Avant
de partir, je mets en forme le Message de Noël et j’en
prépare l’expédition.
Je suis content
d’arriver à la maison, après un parcours dans un
bus bondé, pour me coucher et reprendre des forces.
Lundi 27 décembre : Je continue à me reposer. Mais le mardi, il faut bien reprendre le boulot.
Dimanche 26 décembre : Le lendemain, je reste couché. Heureusement que j’ai un vicaire cette année qui pourra animer la fête de la Ste Famille. C’est l’équipe de préparation au mariage qui assure l’homélie. Les familles ont apporté des objets de leurs maisons à bénir. Et il y a une grande procession d’offertoire avec les offrandes qu’ils ont apportées.
Samedi 25 décembre :
Ce matin, baptême de huit bébés. Cela
donne une dimension supplémentaire à notre fête.
Les parents et parrains ont été bien préparés
par Noël, le responsable des catéchistes. Le baptême
se termine devant la crèche.
Dans mon homélie,
je rappelle en particulier qui est ce bébé que nous
fêtons. Un enfant pauvre, qui n’a pas où loger,
déplacé et bientôt menacé de mort par
Hérode. Un bébé adoré par des pauvres,
eux aussi rejetés de la société. Nous ne
pouvons pas accueillir Jésus à Noël, si nous
n’accueillons pas les enfants qui souffrent et les petits de
la société.
Isaïe dit : « Le
peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever
une grande lumière ». Cette parole est d’actualité
pour nous. Les anges nous annoncent « une Bonne Nouvelle
pour tout le peuple ». C’est fête de Noël
pour nous, c’est à la fois le signe réel que
Dieu est avec nous (Emmanuel) et que Jésus vient nous sauver.
C’est aussi un engagement à sauver le peuple de Guinée
et à reconstruire le pays. Tous ensemble. En donnant sa place
à chacun et en lui permettant de prendre ses responsabilités,
de prendre la parole et de prendre sa vie en main. Pour terminer,
j’aborde rapidement les questions de la paix et de la
réconciliation. Mais j’y reviendrai le 1er
Janvier. Après avoir repris le thème d’année
« Evangélisation et promotion humaine »,
le 31 décembre.
A la fin de la messe, le vice-président
insiste sur l’importance de prendre en charge la vie de la
paroisse à tous les niveaux : aussi bien la vie des
communautés que les questions financières.
Un de
nos catéchumènes est artiste peintre. Il a fait
gratuitement 8 magnifiques tableaux sur la vie du Christ, dont un
bien sûr sur Noël. Ils vont orner notre église.
Nous les présentons à toute la communauté à
la fin de la messe.
A la sortie, ce sont les chants et les
danses, les salutations et les souhaits. Nous nous retrouvons
ensuite pour manger ensemble chez le vice président, avant de
partir à la plage pour la grande fête des
enfants.
Noël, fête des enfants.
Depuis 9 ans, la
paroisse organise une grande kermesse pour les enfants, avec des
jeux et des cadeaux. Cette fête est ouverte à tous,
mais on y invite spécialement les enfants de familles
pauvres, les enfants de la cité des mendiants, les enfants
travailleurs du marché et de la gare routière et les
enfants de la rue. Nous invitons aussi les autorités pour
essayer de les sensibiliser aux problèmes de ces enfants. De
même que les parents en général. A cette
occasion, les groupes paroissiaux continuent les chants et théâtres
de la veillée et un certain nombre d’autres groupes
viennent nous aider à animer cette fête. Les enfants
sont venus nombreux et sont très joyeux. L’ambiance est
excellente. La radio et la télévision sont là,
pour répercuter le sens de la fête. Le soir, je rentre
fatigué et fiévreux. C’est le tribut à
payer à Noël !
Vendredi 24 décembre : La messe est précédée d’une longue veillée où les différents groupes et mouvements de la paroisse viennent présenter quelque chose sur le thème « Noël, aujourd’hui ». Il y a des chants, des danses, des poèmes, des saynettes sur comment vivre Noël cette année, et que signifie Noël pour nous. La messe qui suit est une grande messe, très joyeuse, pleine de joie mais aussi de prière pour le pays.
Jeudi 23 décembre :
Avec les fêtes de Noël, je suis obligé de
me partager entre la paroisse et mes autres activités. Ce
matin, je laisse donc la paroisse pour aller travailler le message
de Noël à l’archevêché. Ensuite, je
pars au dispensaire St Gabriel. C’est un dispensaire
catholique mais, à cause de ses performances, intégré
dans la fonction publique (c’est le seul !). C’est
le plus grand dispensaire de la ville (voir mon site). Nous
avons un temps de rencontre avec tous les agents de santé,
chrétiens comme musulmans. Puis, je célèbre
l’eucharistie, préparée par eux, où nous
reprenons ce qui a été vécu dans le
dispensaire, tout au long de ce trimestre, dans la prière,
pour l’offrir à Dieu. La prière se prolonge dans
un repas plein d’amitié.
Malheureusement, je ne peux
pas rester jusqu’à la fin, car les jeunes m’attendent
pour finir de préparer la conférence de demain sur la
paix et la réconciliation et la fête des enfants du 25.
Je trouve la paroisse en pleine effervescence pour la préparation
de la fête. Cela fait plaisir. J’accueille ensuite les
gens qui viennent se confesser pour Noël.
Mercredi 22 décembre : Dernières
mises au point à l’archevêché pour Noël.
Mais il faut aussi penser aux autres activités. Je vais
récupérer des médicaments pour le dispensaire
de Kataco. Et en déchargeant une pièce pour Mongo, je
casse mes lunettes !
Le soir, messe pour le mari, le père,
la mère et le frère de notre présidente, tous
morts un 21 ou un 22 décembre. Il y a beaucoup de monde.
Après la messe, nous nous retrouvons avec la famille pour un
repas, ce qui nous permet de rencontrer différentes personnes
et de parler ensemble.
Mardi 21 décembre : Nous tenons notre réunion d’équipe hebdomadaire. Il y a beaucoup de choses à mettre au point pour Noël.
Lundi 20 décembre : Il faut
reprendre le travail, car de nombreuses activités sont
restées en plan çà cause de toutes ces
festivités. D’abord nous faisons le point avec
l’archevêque. Puis, séance de travail avec
Alexandre, le responsable de l’OCPH de Nzérékoré,
qui revient de Dakar, où s’est tenue une rencontre
internationale pour préparer la relance de l’OCPH (le
Secours catholique, Caritas de Guinée). Nous préparons
un programme d’activités, avec une préparation à
la base, un travail de chaque diocèse et une rencontre
générale. Cela va nous mener jusque fin février.
Le
soir, confessions préparatoires à Noël, à
Nongo. Nous nous organisons, les prêtres des trois paroisses
voisines, pour passer ensemble, successivement dans les trois
paroisses.
Dimanche 19 décembre : Grand messe d’actions de grâces du nouveau cardinal. C’est une très grande manifestations, attendue depuis très longtemps. Il y a une foule énorme et aussi de très nombreuses autorités. Vous trouverez bientôt son homélie sur mon site. Il profite de l’occasion pour dire un certain nombre de choses sur la vie du pays, qui est en pleine transition. Il en redit un certain nombre que nous avons souvent exprimé, mais le fait que cela vienne de lui, en une occasion solennelle, leur donne davantage de poids. Et c’est un encouragement pour ceux qui se sont engagés dans la construction du pays.
Samedi 18 décembre : Rencontre
du Conseil économique avec le Conseil paroissial. Nous
examinons tous les projets économiques que nous avons
travaillés samedi dernier (voir plus haut). Une fois
acceptés, nous voyons comment les mettre en œuvre. Nous
allons choisir des jeunes et des femmes volontaires. Après
une formation, elles vont faire des enquêtes préliminaires
et une étude de marché, pour voir si ces projets sont
rentables.
Après cela, j’ai un certain nombre de
rencontres de toutes sortes, avec des gens qui viennent chacun avec
son problème.
A 15 heures, mariage entre un chrétien
et une musulmane. Je redonne le sens du mariage chrétien.
Puis je les invite, à travers l’alliance entre leurs
deux familles, à augmenter la rencontre entre chrétiens
et musulmans. Je ne vais pas participer à la fête de
mariage, car nous avons une rencontre des catéchistes. C’est
las fin du trimestre. Il nous faut donc faire le point et évaluer
les actions de ces trois mois. J’insiste sur la participation
des catéchumènes à leur propre formation et à
la mise en pratique de l’enseignement reçu. Car
certains catéchistes considèrent la catéchèse
plus comme des cours et des connaissances à transmettre, que
comme une initiation à la vie chrétienne. Nous
insistons sur le rôle de la communauté et la place des
parents, mais aussi des parrains et marraines. Nous voyons aussi
comment assurer une meilleure formation des catéchistes. Cela
fait encore une bonne journée.
Vendredi 17 décembre : Grande rencontre du Cardinal avec les prêtres du pays. Ensuite, il visite le dispensaire St Gabriel (voir mon site) avant de dire la messe dans une paroisse de banlieue.
Jeudi 16 décembre : Le
responsable du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour
le Développement) est là depuis une semaine, mais à
cause de nos nombreuses activités réciproques, nous
n’avons pas pu nous rencontrer. Nous arrivons à nous
parler au moins par téléphone.
Demain, le Cardinal
rencontre tous les prêtres du pays. Aussi, beaucoup sont
venus. Je prends le temps de saluer ceux qui sont déjà
arrivés. C’est une grande joie pour moi de revoir en
particulier les prêtres de Kankan, puisque j’ai vécu
10 ans dans ce diocèse, travaillant dans les camps de
réfugiés. Mais aussi les prêtres du diocèse
de Nzérékoré, puisque je vais régulièrement
travailler avec eux pour « Justice et Paix ».
Je profite de cette occasion, car nos possibilités de
rencontres sont rares, les conditions de déplacement étant
très difficiles.
A la communauté, je retrouve les
confrères spiritains de notre diocèse. Nous pouvons
ainsi partager notre vie et nos soucis dans la joie de nous
retrouver.
Le soir, avec les confrères, nous parlons de
nos différentes activités. Puis je me retrouve avec
Lucien pour parler des écoles de brousse qu’il est en
train de lancer à KOUNDARA et du Centre de formation agricole
de WONKIFON, où nous voulons envoyer des jeunes catéchistes
en formation.
Mercredi 15 décembre : Aujourd’hui,
nous nous soucions du travail avec la jeunesse et pour les actions
de développement avec les responsables de la Commission de la
Jeunesse.
Cette nuit, à minuit, le courant est revenu.
Mais nous hésitons à acheter du poisson à
mettre au frigidaire, car nous ne sommes pas sûrs qu’il
y aura encore du courant les jours qui viennent. Quant à la
viande, elle est trop chère pour notre bourse.
Mardi 14 décembre : Je monte
à l’archevêché pour imprimer et multiplier
un certain nombre de documents. Nous nous retrouvons ensuite autour
de l’archevêque, pour évaluer le travail de
l’atelier Savoir-Fer des enfants de la rue. Puis nous
descendons à l’atelier afin d’examiner le cas de
plusieurs apprentis malades, et l’un d’entre eux,
blessé.
Ensuite, séance de travail avec CRS au
sujet des Commissions de « Justice et Paix »
et de « Pastorale sociale ».
Le soir, au
retour, nous passons au magasin de l’Association « Guinée
Solidarité » qui a bien voulu transporter depuis
la France un nombre des livres que j’ai écrits, qui
étaient à Paris. Ils vont nous être très
utiles ici, pour notre travail d’éducation. Je remercie
tous ceux qui ont participé à cet envoi et qui
participent ainsi à notre travail sur place.
Lundi 13 décembre : Suite du travail sur le livre pour la réconciliation.
Dimanche 12 décembre : Aujourd’hui,
à la messe, nous accueillons dans notre communauté les
nouveaux catéchumènes de cette année. Puis à
lieu le lancement des activités des CV-AV (Action catholique
de l’Enfance) et des scouts.
Après la messe, réunion
générale des jeunes. Nous faisons le point des actions
pour la justice et la paix, menées par les jeunes depuis un
mois. Après la réunion, nous restons avec le Bureau
des jeunes, pour préparer la journée des enfants, le
jour de Noël.
Au niveau du pays, le président par
intérim, le général KONATE, revient du Maroc,
où il est allé se faire soigner. Le candidat perdant à
l’élection présidentielle, Dallein DIALLO,
accepte officiellement sa défaite, malgré ses
réticences et les recours qu’il avait adressés à
la Cour Suprême. En faisant cela, il a certainement évité
au pays une guerre civile inter ethnique. Et tous l’admirent
et le remercient.
Samedi 11 décembre : Séance
de travail, sur la mise en place d’activités pour faire
vivre la paroisse. En effet, le pays est pauvre, mais les frais sont
élevés. De toutes façons, la paroisse ne peut
pas vivre seulement des quêtes. Il faut donc mettre en place
des activités qui puissent nous rapporter des fonds, mais
aussi être utiles aux populations. Nous pensons, en
particulier, à une garderie et un jardin d’enfants,
des cours d’alphabétisation, des micros crédits,
une école pour les sourds-muets. Nous pensons aussi à
une bibliothèque et un cyber-café. Mais il ne suffit
pas d’avoir de beaux projets, il faut s’assurer de leur
rentabilité et faire ce qu’il faut pour cela.
Le
soir, je rédige et saisis la demande pour l’UNICEF.
Vendredi 10 décembre : Nous travaillons avec l’UNICEF sur notre jeu d’éducation sur les droits de l’enfant. Nous voudrions le multiplier mais aussi assurer une formation des éducateurs et leur prise en charge pour l’utilisation du jeu. Il me faut d’abord en expliquer l’utilisation et les objectifs pédagogiques et autres.
Jeudi 9 décembre : Ce n’est
qu’aujourd’hui que nous trouvons un moment pour tenir
notre réunion d’équipe. Et pourtant, il y a
énormément de choses à voir, avec la
préparation de Noël et le temps de l’Avent d’une
part, et tout ce qui se passe au niveau du pays –et donc dans
les quartiers- d’autre part. Et il ne faut pas rater tout
cela.
L’après-midi je continue à travailler à
notre livre sur la réconciliation. Ca n’avance pas
vite !
Mercredi 8 décembre : Fête de l’Immaculée Conception de Marie. C’est la fête du diocèse. Et aussi le 31ème anniversaire de la consécration épiscopale du cardinal. Et la fête de la congrégation des Sœurs de Guinée. C’est donc une très grande cérémonie… La première, car elles vont se succéder, presque sans interruption, jusqu’à Noël…. Au détriment de nombreuses activités et formations, malheureusement. C’est une constante. On préfère les fêtes plutôt que les engagements concrets dans la société et la vie de chaque jour. On prie, on chante et on danse, ce qui est bien, mais les actions ne suivent pas toujours. Conséquence : la prière est souvent dans les nuages et pas toujours engagée, ni même proche de la vie des hommes.
Mardi 7 décembre : Il ne faut pas que toutes ces
fêtes interrompent toutes nos activités. Nous essayons
de faire le maximum entre deux rencontres ou cérémonies.
En veillant à ne pas nous laisser prendre par les officiels
ou les autorités, pour rester disponibles, et surtout
attentifs aux problèmes plus douloureux ou délicats.
Il
y a aussi le suivi des différentes activités.
Aujourd’hui, je vais à CRS (Caritas américaine)
pour préparer la visite du responsable des écoles de
brousse, sur le terrain, à OUROUS et KOUNDARA. C’est un
secteur, à la frontière du Sénégal, très
pauvre et plutôt abandonné. Beaucoup d’enfants
n’ont pas la possibilité d’aller à
l’école. C’est pourquoi nous avons lancé
ces écoles communautaires. Les bâtiments sont de
simples hangars, bâtis par les parents ; les
installations sont très simples, mais cela n’empêche
pas un enseignement de qualité, car les résultats sont
meilleurs que dans les écoles officielles. Ces écoles
sont prises en charge par la communauté. Nous assurons
l’organisation des écoles, la formation des enseignants
et le suivi. Les enseignants sont payés par les parents, soit
en nature, soit en argent, soit en travail dans leurs champs. Cela
demande un gros effort financier et un grand engagement des
parents, surtout par rapport aux écoles officielles où
l’enseignement est gratuit, mais où il n’y a pas
assez d’écoles et où de larges secteurs sont
négligés, en particulier dans le secteur rural et
auprès d’ethnies minoritaires, comme les CONIAGUIS, et
surtout les BASSARIS, dans ce cas précis.
Depuis 10 jours,
nous n’avons pas d’électricité. Au début,
il n’y avait aucune explication ; finalement, on nous a
dit que le gas oil acheté était de mauvaise qualité
et que cela a endommagé les moteurs ! D’habitude,
nous n’avons le courant que de 18 à 24 heures, ou de 0
h à 6 heures, en alternance. Ce n’est pas beaucoup,
mais nous nous organisons en conséquence. Mais là,
toute la viande et le poisson que nous avions en réserve a
pourri ; nous ne pouvions plus charger nos batteries de
téléphone ou d’ordinateur portable, et, bien
sûr, plus d’émission télévisée.
Pour les nouvelles, nous avons au moins les postes à
transistor. Mais bien sûr cela ne facilite pas le
travail.
Nous avons eu le courant à nouveau pendant deux
jours, et hier… plus rien ! Espérons que cela ne
durera pas.
Mais les gens sont toujours aussi sympathiques. Nous
parlons dans les « taxis » pendant les
déplacements. Avant-hier, et aujourd’hui, deux
personnes m’ont payé mon transport, spontanément.
Lundi 6 décembre : Il y a une occasion pour la
France. Aussi, je reste à la communauté pour préparer
mon courrier, car il ne faut pas rater les occasions, elles sont
rares !
Un voyageur polonais arrive chez nous. Il vient du
Sénégal, à vélo, en direction de la
Sierra Léone. Il a demandé où se trouvait la
mission catholique. Et il est heureux d’arriver chez nous, car
il ne parle qu’anglais. Nous allons pouvoir l’aider à
régler un certain nombre de problèmes.
Je continue
en anglais avec Dominic, notre confrère nigérian, qui
vient du Malawi et prend en charge la communauté anglophone.
Nous préparons une récollection et une veillée
pour vendredi.
L’arrivée du Cardinal : Robert
SARAH, ancien archevêque de Conakry, avait été
nommé à ROME comme secrétaire de la
Congrégation pour l’Evangélisation. Il vient
d’être nommé président du Conseil
pontifical COR UNUM, chargé des œuvres de développement
dans l’Eglise. En même temps, il a été
nommé Cardinal. C’est une grande joie pour l’Eglise
et les chrétiens, car c’est le premier cardinal
guinéen. C’est aussi un grand honneur pour tout le
pays. Aussi bien pour les musulmans que pour les chrétiens.
Et c’est vrai que, pour le pays tout entier, c’est une
occasion de retrouver sa dignité, après tous les
malheurs et toutes les souffrances que nous avons connues depuis
l’indépendance. D’autant plus qu’au temps
du régime de Lansana CONTE, Mgr SARAH s’était
déjà fait connaître pour son impartialité
et son courage pour défendre la vérité. Et,
jusqu’à maintenant, les gens lui en sont très
reconnaissants. Il devait arriver hier soir, mais à cause de
l’état d’urgence, les avions ne peuvent plus
atterrir la nuit.
Il est accueilli par les autorités en
place, du pays. Et il va aller saluer Alpha CONDE, le président
élu, mais aussi Dallein DIALLO, son adversaire. Il remercie
spécialement ce dernier d’avoir accepté sa
défaite et le verdict de la Cour Constitutionnelle ce
qui a certainement évité à la Guinée une
guerre civile inter ethnique. Et tous lui en sont reconnaissants. Le
Cardinal restera en Guinée jusqu’après Noël.
Les différentes organisations et les responsables du pays
viennent recevoir de lui, non seulement des conseils, mais aussi ses
bénédictions et accueillir ses prières. En
effet, la Guinée est un pays de croyants. La prière
et le Nom de Dieu sont présents dans toute la vie économique
et politique du pays. Le problème serait que l’on dise
un peu trop facilement « si Dieu le veut », et
que l’on ne prenne pas suffisamment ses responsabilités.
Le cardinal sera à Conakry jusqu’au 21 décembre,
date de l’investiture du nouveau président de la
République, Alpha CONDE. Puis il ira célébrer
Noël dans sa région d’origine, à la
frontière du Sénégal, à OUROUS.
Dimanche 5 décembre : Aujourd’hui, nous
avons une célébration pénitentielle avec toute
la paroisse. Nous avons une réflexion sur les différents
aspects de notre vie avec Marie, à partir du texte de la
visite de l’ange (l’Annonciation). Nous introduisons
dans la cérémonie un certain nombre de rites inspirés
de la tradition, comme le lavement des mains. Les personnes qui
savent écrire ont écrit à l’avance leurs
demandes de pardon, et nous brûlons les papiers devant
l’autel, pour montrer que Dieu purifie nos cœurs. Les
gens apprécient.
Après la messe, nous nous
retrouvons avec les enfants des différents mouvements et
groupes. C’est un moyen de faire l’unité entre
eux et de les mettre à l’action tous ensemble. L’année
dernière, nous avions réfléchi et agi
successivement dans la famille, à l’école et
dans le quartier. Cette année, les enfants eux aussi sont
sensibles à ce qui se passe dans le pays. Suite aux tensions
entre ethnies aggravées par les élections, les enfants
décident de travailler à la réconciliation à
leur niveau, entre enfants.
1ère résolution :
apprendre les salutations dans les différentes langues, pour
se saluer et se parler. Et, chaque 2ème dimanche,
nous jouerons avec le jeu sur « les droits de
l’enfant ».
Pendant tout ce temps, les futurs
mariés de samedi prochain ont attendu. Nous prenons le temps
de bien préparer la cérémonie. Lui est
chrétien ; sa fiancée est musulmane. Nous voyons
comment intégrer dans la cérémonie un certain
nombre de rites traditionnels du mariage. Et nous réfléchissons
à la manière de faire intervenir les responsables de
la communauté. Et faire participer les parents, y compris les
musulmans.
Suite de Samedi 4 décembre : Après le Conseil paroissial, les questions sont nombreuses. Il faut aussi voir les différents responsables pour les questions pratiques. La Commission des Vocations, spécialement, ne fonctionne pas. Et avant que ce soit terminé, les catéchumènes arrivent, et ceux qui se préparent au mariage. A 18 heures, je n’ai pas fini. Les derniers devront attendre après la messe !
Samedi
4 décembre : Aujourd’hui, nous pouvons enfin
tenir notre Conseil Paroissial. Il a été
retardé à cause de tout ce qui se passait dans le
pays. Heureusement, les activités ont démarré
et nous avons suivi les choses. Mais il est important de se
retrouver tous ensemble et de faire le point régulièrement.
Nous évaluons donc le travail depuis Octobre et, à
partir de là, tirons des conclusions sur notre façon
de travailler dans chacun des groupes, puis donnons des orientations
pour la suite. Pour le temps de l’Avent nous proposons
la prière en famille chaque soir à partir de la Parole
de Dieu. En communauté, un temps de réconciliation qui
sera lancé par une célébration pénitentielle
dimanche prochain. Enfin, un effort financier : une cotisation
de 1.000 fr par personne. Nous avons une dette de 35 millions pour
la construction du presbytère !
Nous préparons
aussi les fêtes de Noël avec, en particulier, une
participation de tous les groupes à la veillée par une
pièce de théâtre, un chant, une danse, un poème,
etc. Le jour de Noël, nous baptiserons les bébés.
Après la messe, une grande rencontre à la plage avec
les enfants, en invitant les enfants de la rue, les enfants
travailleurs du marché et de la gare routière, les
enfants mendiants, etc… Le problème, c’est le
suivi : ne pas se limiter à un repas et des cadeaux le
jour de Noël, mais accompagner ces enfants tout au long de la
vie. Et aussi faire réfléchir les autorités et
soutenir les parents.
Nous préparons également les
fêtes de fin d’année, pour les passer dans
l’amitié et la prière. Et aussi inviter les
voisins musulmans pour partager notre joie.
Le grand problème
dans tout cela, ce n’est pas tellement de motiver les gens,
ils le sont déjà. Mais c’est de les organiser et
de prévoir les choses suffisamment à l’avance ;
et surtout de passer à l’action. On a trop
tendance à faire de grandes déclarations ou des
conférences qui ne sont pas suivies d’effet. C’est
pourquoi nous demandons à chaque groupe de nous faire un plan
d’action concret et précis.
Enfin, le dernier point
est la question financière. Nous ne pouvons pas faire
vivre la paroisse uniquement avec des quêtes et des
cotisations. Nous voulons ouvrir une garderie d’enfants et une
école maternelle, puisque nous avons des bâtiments
libres pendant la semaine ; et aussi aider les femmes chefs de
famille en lançant des micro-crédits. Mais là
encore, il nous faut trouver des fonds !
Vendredi
3 décembre : Ce matin, les gens on encore peur. Ils
craignent que des bagarres éclatent. Beaucoup restent chez
eux, ayant peur pour eux-mêmes et pour leur voiture. Mais la
situation reste calme. A parti de midi, la population commence à
sortir. Et le soir, on met de la musique et on commence à
danser dans les cours. Mais les frontières restent fermées,
le couvre-feu et l’état d’urgence son maintenus,
pendant au moins une semaine encore. Je reste moi aussi à la
maison. J’en profite pour avancer un peu dans les corrections
de notre livre sur la réconciliation. Cela fait longtemps que
le travail est en plan !
Pendant la journée,
plusieurs Journaux et Radios m’appellent pour avoir des
nouvelles du pays et mon point de vue sur la situation. Je reçois
aussi plusieurs appels de gens de l’intérieur. Je suis
heureux de pouvoir les rassurer.
A partir de ce moment, à
la radio et la télévision, les artistes rivalisent
dans leurs chants pour la paix et la réconciliation. Tout le
monde veut avoir un rendez-vous avec le nouveau Président.
Son opposant, Dallein DIALLO, reconnaît immédiatement
sa défaite. Il appelle à la réconciliation et
au travail en commun pour reconstruire le pays.
Le nouveau
Président, Alpha CONDE, est un opposant de longue date.
Il a même fait de la prison au temps de Lansana CONTE. Il est
exigeant. Il annonce immédiatement qu’il va lutter
contre la corruption et l’impunité. Ce qui est une très
bonne chose. Il annonce qu’il va reprendre l’Armée
en main et la mettre au service du développement du pays. Il
annonce la mise en place d’une Commission « Vérité
et réconciliation », un peu comme en Afrique du
Sud.
Il reste à voir comment cela va se faire
concrètement. Et si, au-delà des déclarations
et des belles intentions on arrivera à des réalisations
concrètes. En tout cas, l’espoir est là.
Jeudi
2 décembre : Après la
prière et la messe, c’est le départ de nos
confrères de l’extérieur. De mon côté,
je pars à la paroisse où nous tenons notre réunion
d’équipe avec trois jours de retard à cause de
tout ce qui s’est passé.
J’apprends l’arrivée
à la communauté de Raymond. Il est étudiant à
KANKAN et veut être missionnaire spiritain. Je le suis
depuis 10 ans, quand j’étais à MONGO. Il devait
arriver la semaine dernière, mais le car a eu un accident et
Raymond s’est retrouvé à l’hôpital.
Il a eu de la chance, ce n’est pas trop grave. Il va suivre
nos activités, à John et moi, dans nos deux paroisses.
Et il pourra aussi parler avec Hervé, le
stagiaire.
L’après-midi, séance de travail
avec Moïse, notre économe régional. Nous
avons de nombreux soucis. D’abord, comment trouver les moyens
de vivre ? Ensuite, pour nos jeunes comment assurer leur
formation qui coûte très cher ? Mais notre souci
immédiat, c’est notre maison. C’est une vieille
maison que nous avons achetée, n’ayant pas les
moyens d’en construire une neuve, et nous sommes sans arrêt
en travaux. A mon retour de congés, j’ai trouvé
le plafond qui coulait, suite à la dernière saison des
pluies. Il va falloir trouver des fonds pour refaire la toiture.
Nous avions des panneaux solaires pour l’électricité.
Bien sûr, ils étaient à l’extérieur
sur le toit pour capter le soleil, et ils ont été
volés. Nous nous débrouillons maintenant avec deux
batteries de voiture et un chargeur que nous laissons branché
en permanence pour l’éclairage. Mais c’est très
insuffisant, d’autant plus que la lumière de la ville
est très rare (4 heures la nuit, rien la journée). Et
depuis 8 jours, le transformateur du quartier est en panne, donc
nous sommes dans le noir complet. Je recharge mon ordinateur quand
je monte à l’archevêché (à 17
km).
Après cela, j’étudie le plan d’action
et le budget de SOS mineurs, notre association pour les enfants dans
la rue et en prison.
Toute la journée, tout le monde est
très tendu. En effet, c’est ce soir que la Cour Suprême
doit annoncer les résultats définitifs de l’élection
présidentielle. C’était prévu à
15 heures, puis à 18 heures. A 20 heures, aux informations à
la télévision : toujours rien. Finalement, c’est
à minuit (dernière limite) que l’on annonce la
nomination de Alpha CONDE, comme Président de la République.
La décision est accueillie avec un grand silence dans toute
la ville. Il faut dire que les deux candidats ont appelé au
calme et à la retenue, acceptant à l’avance la
proclamation des résultats.
Mercredi
1er décembre : Journée
mondiale contre le SIDA. C’est une chose importante
mais ici pratiquement personne n’en parle. Nous sommes
complètement pris par nos problèmes de pauvreté
et d’insécurité.
Ce matin, il y avait des
bouchons autour des gares routières. De nombreux chefs de
famille font partir femmes et enfants au village, par peur des
représailles et des émeutes dans les grandes villes.
En effet, c’est demain qu’on doit proclamer les
résultats définitifs de l’élection
présidentielle.
A l’arrivée à la
maison, je trouve Moïse, notre économe régional,
venu assurer une semaine de formation au Noviciat, avec Zacharie, le
Maître des novices. Depuis ce matin, Hermann, le curé
de BOFFA, est déjà là et Dominic, le nouvel
aumônier de la communauté anglophone, est maintenant
installé chez nous. Avec John et moi, nous formons une
communauté très internationale (Sénégalais,
Nigérian, Malawi, etc.). Nous avons bien des choses à
nous dire car nos occupations sont très variées ;
nous passons une excellente soirée.
Mardi 30 novembre : Rédaction de la lettre de lancement de l’année pastorale sur le thème : « Evangélisation et Promotion Humaine ». Nous sommes interrompus par trois enfants de l’atelier qui sont malades. Et pendant que nous réglons la question, un autre arrive qui vient de se blesser.
Lundi
29 novembre : Préparation du discours d’ouverture
de la première rencontre à DAKAR, du Forum pour
relancer l’OCPH (Organisation Catholique pour la Promotion
Humaine) de Guinée. C’est un texte important. Nous
faisons trois rédactions successives. Cela nous permet de
faire le point des différentes activités. Nous
travaillons ensemble avec les délégués des deux
autres diocèses : KANKAN et NZEREKORE.
A midi, nous
fêtons la St André avec notre archiviste. Puis c’est
la reprise des activités. Aujourd’hui, au menu, en
particulier le Centre d’agriculture de WONKIFON. Il nous faut
faire un plan d’activités et de formation pour l’année,
établir les coûts… et chercher où trouver
l’argent !
Dimanche 28 novembre : Aujourd’hui, je suis à SONFONIA, à l’entrée de la ville. Le vicaire de cette paroisse a été mon stagiaire à KATACO ; nous nous connaissons bien. Après la mise en place des deux Commissions « Justice et Paix » et « Pastorale sociale », nous prenons le temps d’analyser la situation de la paroisse et les activités qui sont menées. Après cela, nous mangeons chez le vice-président du Conseil Paroissial avec un certain nombre de responsables.
Samedi
27 novembre : Ce matin, réunion importante
d’évaluation des Centres aérés.
C’est une activité, très importante pour nous,
d’éducation et de responsabilisation d’enfants
et de familles en difficulté. Chaque Centre a d’abord
fait son propre rapport. Puis nous avons fait une synthèse de
tous les rapports que chacun a travaillée personnellement.
Aujourd’hui, nous allons tirer les conclusions pour améliorer
notre travail, voir les besoins en formation et préparer
déjà l’année prochaine. Il faut s’y
prendre à temps ! (Voir mon site, rubrique « Centres
aérés » et l’album
photos).
L’après-midi, travail normal à
la paroisse : catéchèse, préparation au
mariage, mouvements et enfin messe.
Vendredi
26 novembre : L’Evêque est de retour. En 10
jours, beaucoup d’affaires étaient restées en
suspens. Nous avons donc beaucoup de choses à nous dire. Mais
d’abord, il y a une grande complicité entre nous.
C’était déjà mon évêque en
1996, quand il était à KANKAN et moi à MONGO
(voir mon site).
Aujourd’hui, l’Annuaire du
diocèse est publié. C’était un gros
travail qui valait la peine, car il va rendre de nombreux
services.
Puis nous avons un long temps de réflexion sur
le rôle et la place d’une communauté
anglophone à Conakry .Jusqu’à maintenant,
c’était une paroisse anglophone, très centrée
sur la prière et la liturgie. Nous voudrions qu’elle
prenne davantage en charge les problèmes économiques
et sociaux des nombreux étrangers vivant à Conakry. De
plus, elle était surtout centrée sur les anglophones
d’Afrique de l’Ouest. Nous souhaiterions qu’elle
s’ouvre également aux travailleurs asiatiques présents
en Guinée et aussi aux nombreux pêcheurs et marins,
anglophones, travaillant sans aucune sécurité et
souvent exploités par les armateurs. Là aussi, il y a
beaucoup de choses à faire.
Jeudi 25 novembre : Je consacre toute la journée à la rédaction de ma lettre-circulaire. C’est un gros travail que vous recevrez par mail, mais pour moi c’est essentiel de garder le contact avec vous tous. Et cela me permet de m’arrêter un peu, de faire le point sur ce que nous vivons en ce moment.
Mercredi 24 novembre : Rencontres diverses à l’Archevêché. Il y a toujours autant de misères et de souffrances que nous ne pouvons pas toutes soulager, malheureusement. Ensuite, une longue réflexion avec les responsables du Mouvement de l’Enfance missionnaire et les orientations à donner à ce Mouvement. Puis, il me faut trouver de l’argent pour la paroisse… ce qui n’est pas simple. (Voir mon site, rubrique « TAOUYAH »).
Mardi
23 novembre : Malgré les tensions dans le quartier
et les problèmes dans la ville, nous tenons notre réunion
d’équipe. Pour nous, c’est très important.
Nous parlons de notre vie et échangeons sur la situation du
pays. Notre stagiaire me demande : « Pourquoi tu
n’achètes pas une voiture ? ». Je lui
réponds qu’une voiture coûte très cher et
qu’il est plus économique de se déplacer en taxi
(bien sûr, il s’agit du taxi collectif de la ville).
Mais surtout que, pour moi, un prêtre doit partager les
conditions de vie de son peuple… surtout si elles sont
difficiles ; et que voyager dans les transports publics permet
non seulement de comprendre mais de partager les conditions de vie
des gens. Il me regarde avec des grands yeux…. Je crois qu’il
n’a pas compris ce que je voulais dire.
Après notre
réunion, je rencontre un certain nombre de personnes. Elles
savaient que je serais là et elles sont venues me rencontrer.
Ensuite, nous mangeons tous ensemble. Pour nous, le partage et
l’accueil de l’étranger sont
essentiels !
Aussitôt après, je pars dans une
Radio libre. Normalement, je parle la nuit, en direct. Mais avec
l’insécurité actuelle, ce n’est pas
possible. Il nous faut donc enregistrer l’émission à
l’avance. Pour l’essentiel, je reprends mon homélie
de dimanche dernier, comme appel à la paix et à la
réconciliation.
Comme j’ai chargé ma batterie
ce matin, ce soir je peux enfin commencer à saisir le
compte-rendu de notre rencontre Justice et Paix de la semaine
dernière ; je l’enverrai ensuite par mail.
Lundi 22 novembre : Nous parlons assez longuement avec Yves-Marie de sa tournée en Guinée. Puis nous recevons ensemble le jeune frère d’une Guinéenne dont Yves Marie a fait la connaissance en France et dont nous soutenons la famille. Ils ont perdu un fils l’année dernière, au cours de la tuerie du 28 Septembre. De plus, cette femme avait organisé les femmes de son quartier pour résister aux exactions et viols des militaires. Très menacée et risquant la mort, elle a réussi à s’échapper et à remonter, à travers le désert, jusqu’en Afrique du Nord. Après deux essais infructueux et dangereux qui l’avaient complètement découragée, elle a enfin réussi à traverser le détroit de Gibraltar. Arrivée en France, elle a été accueillie par des Guinéens et soutenue par une association. Ce qui lui a permis, après beaucoup de difficultés, d’obtenir l’asile politique en France. Ses enfants ont réussi à se réfugier au Sénégal. Bien sûr, elle voudrait les faire venir auprès d’elle, mais sera-ce possible ? Yves-Marie montre des photos de cette femme à son jeune frère qui est à la fois heureux et rassuré. Nous aurions voulu aller saluer ses parents, mais ceux-ci ont dû fuir leur quartier à cause de l’insécurité actuelle et aller se cacher à l’intérieur du pays. Des cas comme celui-ci ne sont pas rares, malheureusement.
Dimanche
21 novembre : Fête du Christ-Roi. C’est
l’occasion de nous demander : Comment faire grandir le
Royaume de Dieu en Guinée, dans la situation actuelle. Je
reprends la réflexion d’hier pour lancer un appel
au nom de la Commission « Justice et Paix »
de TAOUYAH, appel que je saisis à l’ordinateur
l’après-midi et que j’envoie tout de suite par
mail dans tout le pays… ou, plutôt, dans les villes où
il y a au moins un cyber-café. Au niveau de la paroisse, les
réactions sont très positives.
Au cours de la
messe, aujourd’hui, nous avons prévu l’engagement
des responsables de communauté, des catéchistes et
des responsables des différents groupes et mouvements. Nous
lisons d’abord les conseils de Paul, dans sa lettre à
Tite. Toute la communauté prie pour les responsables et
s’engage à les soutenir.
Après la messe,
réunion générale des femmes. Elles sont
nombreuses mais ont de la peine à s’engager et à
prendre en mains leurs problèmes. Comme dans la société,
elles restent en retrait et sous la dépendance des hommes.
Elles ont plus tendance à s’occuper de l’église
et des fêtes que de prendre en charge leur vie de famille ou
de femmes dans le quartier. Il faudra du temps pour que ça
change. La première chose, c’est de les mobiliser.
Albert, le vicaire, va passer, avec une équipe de cinq femmes
responsables, dans toutes les communautés de quartier, pour
cela.
La journée n’est pas encore terminée.
Nous travaillons avec le comptable pour finaliser les comptes de
l’année dernière et faire le point de la
situation financière actuelle, pour le prochain Conseil
Paroissial.
De retour à la Communauté, j’accueille
Yves-Marie, notre responsable pour l’Afrique de l’Ouest,
qui vient de visiter nos deux Communautés de BOFFA et KATACO.
Nous entourons aussi Kennedy, du Noviciat, qui part au GHANA pour
l’enterrement de sa mère.
Samedi
20 novembre : Avec le Conseil Chrétien, qui regroupe
les Eglises catholique, protestante et anglicane, nous rencontrons,
à sa demande, Dallein DIALLO, un des deux candidats retenus
aux élections présidentielles. Il estime que les
forces de sécurité ne sont pas neutres et ne protègent
pas les Peuhls, et même les briment. Il a très peur des
réactions après la proclamation définitive des
résultats de l’élection
présidentielle.
Ensuite, je me dépêche de
repartir dans ma paroisse où les deux Commissions de
« Justice et Paix » et de « Pastorale
sociale » se retrouvent pour élaborer leur premier
plan d’action. Ce n’est pas facile, car ce sont deux
Commissions difficiles et délicates, donc qui demandent un
grand engagement. Pour Justice et Paix, nous nous préparons à
la proclamation des résultats définitifs, et aux
violences qui risquent de suivre. Avec la Pastorale sociale, nous
allons agir par rapport aux veuves. Il y a encore de nombreux
interdits et coutumes qui les briment. Et de nombreux problèmes
au moment de la mort : expulsions, héritage, remariage
plus ou moins imposé, retraite du mari défunt. Il ne
s’agit donc pas seulement de les aider au niveau matériel,
mais à tous les niveaux : culturel, psychologique,
social, etc… D’abord les accueillir et les écouter,
ensuite les soutenir et les aider à passer à l’action.
Vendredi
19 novembre : J’arrive à aller à
l’archevêché. J’apprends que de nombreuses
personnes se sont réfugiées à la…
gendarmerie. Il faut faire quelque chose. D’autant plus que la
semaine dernière, lorsque les Peuhls ont été
attaqués à Siguiri, les forces de l’ordre n’ont
rien fait pour les protéger. Je prends donc contact avec
plusieurs radios libres pour faire connaître la situation. Je
rencontre aussi un Commissaire de police, puis un membre de la Cour
Suprême. J’ai été averti de tout cela par
une responsable justice et paix de l’intérieur qui m’a
donné plusieurs n° de téléphone de
personnes sur place à PITA. Il faut faire jouer tous les
moyens et toutes les relations pour protéger les
gens.
Aujourd’hui, pas de courant, même au Centre
Ville. Impossible de travailler à l’ordinateur (j’ai
déjà vidé mon ordinateur cette nuit), ni sur
Internet. Et j’apprends que le Gouvernement fait bloquer tous
les services SMS, car certains les utilisaient pour des provocations
ou pour organiser des manifestations. Je prends donc le temps de
passer moi-même dans les ateliers et les différents
services.
La rencontre de communauté prévue dans un
quartier est supprimée, à cause du couvre-feu.
On
nous annonce que la reprise des cours qui devait se faire dans les
écoles et universités lundi prochain est reportée
jusqu’à une date ultérieure. Il n’y a
pratiquement pas eu de cours depuis la rentrée. Cela ne va
pas améliorer le niveau des élèves.
Jeudi 18 novembre : Les activités sont très ralenties. Nous ne pouvons pas retirer d’argent à la banque pour la paroisse. Lucius, notre confrère venu de KOUNDARA, au nord, pour notre rencontre, n’arrive pas à faire réparer la voiture. Nous nous débrouillons pour la cuisine, car notre cuisinière n’est pas venue. Très peu de « taxis » circulent. Je préfère rester à la maison : ce n’est pas le travail qui manque !
Mercredi
17 novembre : Suite aux attaques des Peuhls à
GUECKEDOU et KISSIDOUGOU dans le sud (la Forêt), les
populations peuhles attaquent les forestiers à LABBE et PITA.
A Labbé, l’Imam intervient fortement pour apaiser la
situation. Finalement, le président déclare l’état
d’urgence accompagné d’un couvre-feu de 18 heures
à 6 heures du matin. Du coup, après quelques
interventions musclées des militaires, les gens se
calment.
Un avion était prévu pour emmener une
centaine de Guinéens et une délégation
officielle à ROME pour la cérémonie de
nomination de Cardinal de Mgr Robert SARAH, ancien archevêque
de Conakry. Mais dès l’annonce de l’état
d’urgence, l’Ambassade de France est fermée et
les passeports y sont bloqués. De plus, l’avion d’Air
France fait demi-tour. Les voyageurs passent la nuit à
l’aéroport. Le lendemain, il faut trouver des places
dans les avions d’Air-Maroc. Certains arriveront à la
fin des cérémonies !
Mardi
16 novembre : Aujourd’hui, c’est la fête
de la TABASKI (l’AID EL KEBIR), commémoration du
sacrifice d’Abraham. C’est une grande fête pour
les musulmans. Malheureusement, beaucoup ne pourront pas la fêter
dignement. D’abord, la plupart des familles n’ont pas
les moyens d’acheter un mouton cette année, à
cause de l’appauvrissement général ; de
plus, beaucoup de gens ont peur d’aller même à la
Mosquée à cause de l’insécurité
régnante ; enfin, de nombreuses mères de famille
sont refoulées par les militaires et ne peuvent même
pas arriver au marché.
De notre côté, avec le
vicaire et le stagiaire, nous tenons notre réunion d’équipe
hebdomadaire. Et le soir à la messe, nous prions spécialement
en union avec les musulmans. En réunion d’équipe,
nous voyons tour à tour notre vie de prière et
communautaire, nos activités, puis les questions matérielles
et financières. Le gros point, c’est aujourd’hui,
c’est l’animation des jeunes, les plans d’action
des différents mouvements, la coordination entre eux et la
mise en place du Bureau de la jeunesse.
Les bagarres continuent
dans les quartiers. On compte déjà un mort (il y en
aura une dizaine au total) ; à la radio, on lance de
nombreux appels au calme, mais qui ne suffisent pas à ramener
la paix.
Lundi
15 novembre : Notre responsable pour l’Afrique de
l’Ouest, Yves-Marie, part visiter notre Mission de MONGO, dans
la Forêt, en plein sud. Finalement, tous se passe bien. Après
un voyage de plus de 12 heures (850 km) il arrive sans problème,
en pleine nuit.
Nous sommes plusieurs restés à
Conakry et nous poursuivons nos échanges sur notre travail
en ville, à Kataco, à Boffa et à Koundara.
Puis
je pars à l’Archevêché, comme d’habitude.
Aujourd’hui, la grande préoccupation c’est le
voyage à Rome pour assister à la nomination de
Monseigneur Robert SARAH, ancien archevêque de Conakry,
comme Cardinal, nomination considérée comme un
grand honneur, pas seulement pour l’Eglise catholique, mais
pour toute la Guinée. De nombreux musulmans viennent nous
féliciter. Le Gouvernement a affrété un avion
entier, avec une délégation officielle importante.
Ainsi, chaque paroisse et organisation pourront être
représentées. En fait, les choses ne se passent pas
aussi bien que prévu. C’est très difficile
d’obtenir des visas pour l’Italie, même pour 5
jours seulement. Ainsi, John, notre confrère nigérian
qui était le délégué des spiritains, n’a
pas pu avoir de visa, malgré tous les documents fournis.
Ensuite, l’avion d’Air France a fait demi-tour à
cause de l’état d’urgence. Il a fallu s’arranger
avec Air Maroc, et beaucoup sont arrivés à Rome en
retard, après le début des cérémonies.
Je
prends le temps de parler avec les pèlerins en attente,
surtout que beaucoup viennent des deux autres diocèses, à
l’intérieur du pays. Et ce n’est pas toujours
facile de nous rencontrer ! Cela permet de faire le point sur
un certain nombre d’activités.
Après cela,
nous réfléchissons à la mise en place de la
communauté anglophone, suite à l’arrivée
de Dominic, un spiritain nigérian, qui en prendra la
responsabilité.
Et il y a toujours des documents à
préparer. Aujourd’hui, c’est, en particulier, le
compte rendu du Conseil Episcopal. Et un appel de la Commission
Justice et Paix.
Pendant ce temps, la tension monte dans la
ville, dans l’attente annoncée des résultats
provisoires de l’élection présidentielle. Chacun
des deux candidats se déclare vainqueur et les bagarres
éclatent entre les deux camps. Les routes sont barrées
par des jeunes, avec des gros cailloux et des pneus brûlés.
Je ne peux pas rentrer directement chez moi. Heureusement, un
chrétien me propose de me faire quitter le Centre et passe
par l’autoroute qui est gardé par les gendarmes. A
l’aéroport, je trouve enfin un taxi, mais il fait
demi-tour à mi-chemin. Il nous faut continuer à pied ;
je suis accompagné par un jeune qui habite dans le même
quartier. Arrivés au rond-point Bambeto les soldats tirent en
l’air pour disperser les manifestants. Nous passons
successivement devant des groupes de jeunes, de policiers, de
gendarmes et de militaires qui nous laissent avancer. Nous
traversons plusieurs barrages. Un peu plus loin, tout un groupe de
jeunes a été arrêté. L’un d’entre
eux cherche à s’enfuir. Il est rattrapé et
fortement battu et déshabillé. C’est impossible
d’intervenir malheureusement, sinon nous allons nous faire
tabasser nous aussi et sans aucun résultat. Nous poursuivons
notre route la mort dans l’âme. Nous faisons signe à
des voitures qui font demi-tour de l’autre côté
de la Place, mais les gens ont peur de s’arrêter. Alors
nous continuons à pied. Heureusement, à deux on
s’encourage. Mais à l’arrivée, nous devons
dialoguer pour traverser un autre barrage.
Le soir, les résultats
provisoires du 2ème tour de l’élection
présidentielle sont proclamés. Pour les partisans
d’Alpha CONDE c’est la joie. Ils en profitent pour
provoquer le camp adverse, ce qui n’arrange évidemment
pas les choses.
Dimanche
14 novembre : Nous sommes toujours en état de
tension. Il y a des bagarres entre des groupes de jeunes, partisans
des deux candidats à la présidentielle. Et aussi des
casses. Ce soir, je ne pourrai pas assurer mon émission à
la radio, car les studios ont été saccagés.
Nous
tenons notre rencontre mensuelle de la Commission de Pastorale
sociale dans une nouvelle paroisse, avec un délégué
de chaque quartier. C’est encore le début de l’année.
Il y a beaucoup de choses à mettre au point. Nous repartons
de notre réunion d’évaluation de Juin, point par
point (Lettre 75). Nous retravaillons spécialement :
« Comment mettre en place un plan d’action concret
et efficace, avec une ouverture à tous et la participation du
maximum de personnes » (Voir la lettre 78).
Rappel
des événements :
Pour aider à
comprendre ce qui se passe, je rappelle que le 2ème
tour de l’élection présidentielle –après
plusieurs reports- a eu lieu le 7 novembre. Au dernier meeting tenu
par l’un des deux candidats, Alpha CONDE, des gens ont été
intoxiqués par de l’eau polluée. Aussitôt,
on a accusé les Peuhls, qui pour la plupart soutiennent
l’autre candidat, Dallein DIALLO, d’être
responsables. Ils ont été attaqués dans le Sud
(à Nzérékoré, Gueckedou et Kissidougou)
et l’Est (Siguiri). Beaucoup sont alors rentrés dans
leur région d’origine dans le Fouta Djallon. A leur
arrivée, leurs parents ont à leur tour attaqué
les gens originaires du Sud et de l’Est, vivant parmi eux.
Cela a entraîné un grand climat d’insécurité,
et les résultats provisoires du 2ème tour
étaient attendus pour le 15 novembre au soir avec beaucoup
d’inquiétudes. Le 15 au matin, chacun des deux
candidats s’est déclaré vainqueur, ce qui a
entraîné des bagarres entre jeunes, partisans des deux
camps. Ces bagarres se sont intensifiées le mardi 16, bien
que ce soit la grande Fête musulmane de la Tabaski (Aïd
el Kebir), commémoration du Sacrifice d’Abraham. Les
gens n’ont pas pu prier normalement, ni même aller au
marché pour préparer la fête. Les forces de
l’ordre ont brimé, avec beaucoup de violence comme à
leur habitude, les partisans du candidat déclaré
perdant, ce qui a augmenté encore les exactions et les
oppositions ethniques, avec de nombreuses casses, des vols, des
viols et des morts. Les personnes arrêtées ont été
frappées, dépouillées et ont dû payer
pour être relâchées. A cela, se sont ajoutées
de fausses rumeurs, et la tension et les oppositions ethniques se
sont répandues dans tout le pays, les deux alliances
politiques et les différents partis étant à
forte tendance ethnique.
Le 17, l’état d’urgence
est proclamé, avec couvre-feu de 18 heures à 6 heures
du matin dans tout le pays. Cela a amené un peu de calme,
mais ne résout bien sûr aucun problème. Il nous
faut continuer à vivre et à faire vivre dans ces
conditions difficiles. La vie économique est bloquée,
les prix augmentent, les gens deviennent de plus en plus pauvres et
découragés. C’est dans ces conditions que nous
devons travailler. (Voir l’Appel de la Commission « Justice
et Paix »).
Samedi
13 novembre : Notre rencontre se poursuit
toute la matinée, après la messe : nous centrons
notre réflexion sur la Guinée. L’après-midi,
il me faut retourner m’occuper de ma paroisse. Ce soir, nous
célébrons le 10ème anniversaire
d’une Fraternité de jeunes femmes « Emmanuel ».
Avec un engagement de tout un groupe pour assurer un nouveau départ
et un travail auprès des jeunes filles (préparation au
mariage et soutien dans la vie) et des jeunes couples, spécialement
les couples mixtes, chrétiens et musulmans. C’est une
chose très importante pour nous. Dans cette fraternité,
la plupart de ces jeunes femmes ont fait des études et ont un
travail salarié, ce qui est rare. Il s’agit maintenant
de les former et de les soutenir pour qu’elles puissent jouer
leur rôle le mieux possible.
Après la messe, repas.
Il y a beaucoup de monde et une ambiance agréable :
danses, etc… Cela me permet de rencontrer de nombreux amis,
certains que je n’ai pas vus depuis longtemps, ce qui me fait
plaisir.
A mon retour, certains confrères sont encore
debout. Malgré l’heure, nous prenons le temps de parler
un peu ensemble.
Vendredi
12 novembre : Dès 8 heures,
rencontre des formateurs pour les Centres aérés. Nous
préparons la rencontre d’évaluation que nous
espérons tenir le 27 novembre, si la situation est calme.
Aujourd’hui, nous mettons au point le rapport final pour le
transmettre aux 11 équipes d’animateurs, afin qu’ils
aient le temps de le travailler avant le 27. Nous mettons aussi au
point le travail à la base et préparons en particulier
des cours d’alphabétisation et une formation des
alphabétiseurs.
Depuis hier soir, j’accueille avec
joie, mais aussi avec beaucoup de travail supplémentaire, les
confrères de toute la Guinée venus à Conakry
pour rencontrer notre responsable pour l’Afrique de l’Ouest.
C’est très agréable de nous retrouver et nous
pouvons échanger des nouvelles dans l’amitié.
A
10 heures, je pars accueillir Yves-Marie à l’aéroport.
Il arrive de Dakar. Et sans même passer par la maison, nous
allons directement à l’archevêché
rencontrer l’Evêque. Avec toutes nos activités en
Guinée, il y a beaucoup de problèmes à
aborder.
Le midi, nous nous retrouvons à nouveau avec les
Frères de St Gabriel et les représentants de plusieurs
congrégations. Cela intensifie nos relations amicales, qui
sont très importantes pour nous.
Pendant qu’Yves-Marie
continue sa rencontre avec l’Evêque, je continue avec
Bernard le travail pour Savoir-Fer.
A notre retour, il fait déjà
nuit. Les confrères nous attendent. Nous commençons
par un temps de prière, suivi du repas. Nous n’avons
pas abusé sur l’apéritif, si bien que nous
sommes en état de travailler assez longuement le soir !
D’abord pour recevoir les nouvelles des quatre pays de la
région où nous travaillons : Mauritanie, Guinée
Bissao, Sénégal et Guinée. Puis, pour réagir
à tout cela.
Jeudi
11 novembre : Ici personne ne pense à la fin de la
Première Guerre mondiale. Nous sommes dans un autre monde. On
célèbre plutôt l’anniversaire de
l’indépendance de l’Angola. Et en Guinée,
on attend les résultats progressifs, préfecture par
préfecture, du 2ème tour de l’élection
présidentielle, avec anxiété. En se demandant
quelles seront les réactions du pardon.
Je suis toujours à
la recherche d’une batterie pour mon ordinateur.
J’apprends que quelqu’un a un ordinateur qui a grillé ;
je vais voir si la batterie est récupérable.
Bernard,
qui suit l’atelier Savoir-Fer rentre en France jusqu’en
Janvier. Il y a donc beaucoup de choses à mettre au point :
contrats, salaires, organisation du travail, etc.. Nous n’avons
pas le temps de finir car le Supérieur général
et le Régional (Afrique de l’Ouest) des Frères
de St Gabriel arrivent rencontrer l’Evêque qui me
demande de venir, car je connais bien Kataco et Ourous où les
Frères travaillent. Et, en plus, nous devons réfléchir
à leurs actions dans l’enseignement et les projets de
développement dont j’ai la responsabilité. Je
suis heureux de revoir les Frères ; nous nous
connaissons depuis ma jeunesse au Sénégal et nous
avons ensuite beaucoup collaboré. Dans les années 90,
j’intervenais régulièrement pour la formation de
leurs jeunes frères, les novices en particulier. De plus, à
KATACO, j’étais très lié avec le Frère
Joseph qui a été assassiné en Avril 2008. Et
nous continuons à travailler avec les Frères. C’est
dire que je suis très heureux de les revoir et notre
rencontre se passe dans une très bonne ambiance.
Mercredi
10 novembre : Deux gros morceaux
ce matin : 1°) Rencontre du bureau et des formateurs
de Savoir-Fer, notre atelier de soudure pour les enfants de
la rue. C’est une action importante, à laquelle nous
tenons beaucoup, mais qui est très difficile et souvent
délicate.
2°) Rencontre du Conseil épiscopal
du diocèse, autour de l’évêque. Nous
adoptons le thème de cette année pastorale :
« Evangélisation et Promotion Humaine ».
Nous en analysons les différents aspects et préparons
un plan de travail pour la première année et un
document pour lancer la réflexion à la base et les
actions à mener aux différents niveaux. Les moments de
l’Avent et du Carême seront des temps forts et le
pèlerinage et la marche diocésaine de BOFFA seront le
sommet de cette première année. A la fin de l’année,
nous ferons une première évaluation. Ce qui nous
permettra de relancer les choses pour une deuxième année,
lors de la session pastorale de lancement de l’année.
Ensuite,
nous abordons un certain nombre de points spéciaux qui ont
été soulevés au cours de la session de
lancement d’Octobre dernier : 1. La vie et les problèmes
des jeunes et des femmes ; 2. Le mariage et la vie de famille ;
3. L’aumônerie des Universités.
Enfin, un
échange sur le nombre et les attributions des commissions
diocésaines.
3°) A 18 heures, messe pour le
10ème anniversaire d’une fraternité
de jeunes femmes de la paroisse, « Emmanuel ».
C’est l’occasion de faire le point de leurs activités.
Nous leur demandons de porter spécialement le souci et
d’assurer le soutien des jeunes femmes de nos quartiers dans
toute leur vie (pas seulement les prières) et des femmes
musulmanes aussi bien que des chrétiennes. D’ailleurs,
l’une des charges que nous leur confions c’est
l’accompagnement des couples mixtes (chrétiens –
musulmans)
4°) A 20 heures, nous profitons de notre
présence pour tenir une réunion du Conseil
Economique avec le Bureau de la paroisse. Il nous faut non
seulement faire un programme financier clair et précis pour
l’année selon nos moyens, mais chercher aussi comment
trouver des moyens pour les activités que nous voulons mener.
Mardi
9 novembre : Il faut bien
reprendre les activités habituelles. Après un temps de
réflexion avec l’Archevêque sur la situation du
pays et les différentes activités, je fais donc le
tour des services ; et je reçois les personnes qui se
présentent. Je vous ai souvent parlé de tout cela.
Le
soir, la CENI proclame des premiers résultats partiels de
l’élection présidentielle. Il n’y a que 10
% des résultats, mais chacun en tire déjà ses
propres conclusions, selon ses orientations et ses désirs.
Lundi
8 novembre : Le 2ème
tour de l’élection s’est bien passé, sans
aucun heurt. Les gens étaient fiers de voter « les
premières élections démocratiques du pays »,
et ils ont tenu à ce que cela se passe bien. Maintenant,
c’est l’attente, avec un peu d’anxiété.
Les gens se retrouvent entre amis pour faire leurs pronostics, mais
les partis, comme les média, acceptent de ne pas publier des
résultats fantaisistes ou partisans, mais d’attendre
les résultats officiels de la CENI ; c’est un
grand progrès qui évite beaucoup de problèmes.
Aujourd’hui, les activités sont réduites.
Beaucoup de commerçants hésitent à ouvrir leurs
magasins. Nous en profitons pour faire une réunion
d’équipe. En effet, nous sommes encore en début
d’année et nous sommes nouveaux ; il y a donc
beaucoup de choses à régler et il faut nous rôder !
L’après-midi, j’écris ma
lettre-circulaire. Cela me prend beaucoup de temps, mais me
permet de faire le point des mois passés. Vous la recevrez
bientôt, grâce à Jocelyne, Jean-Jacques et
Jean-Michel. Je me lève la nuit pour commencer à
l’enregistrer sur cassette, mais je n’arrive pas
jusqu’au bout ; je suis trop fatigué et je
retourne me coucher.
Samedi
6 novembre : Comme chaque
samedi, je me consacre à ma grosse paroisse : accueil,
contacts, préparation au mariage, catéchèse,
réflexions avec les différents
responsables.
Aujourd’hui, l’assistance à la
messe est beaucoup plus nombreuse. En effet, demain ce sont les
élections. Il n’y aura pas de messe, car la circulation
des taxis et particuliers est interdite, par raison de sécurité.
Nous réfléchissons à partir de l’Evangile
d’aujourd’hui : « Dieu est le Dieu des
vivants, par des morts », et des conseils de Paul à
Timothée. Nous prions longuement pour le pays. Et les
secrétaires des communautés de quartier viennent
partager leurs réflexions sur la lettre de
l’évêque.
Aujourd’hui, nous n’aurons
l’électricité que de minuit à 6 heures du
matin. J’ai des textes à enregistrer sur cassette audio
au magnétophone. Et la batterie de mon ordinateur est morte.
Je ne peux donc travailler qu’en direct sur le courant. Si
bien qu’un jour sur deux, je me lève à 2 heures
du matin. Je pense alors à tous les travailleurs de nuit et
je prie pour eux. Mais au moins demain je pourrai me recoucher, car
les activités sont arrêtées. Je vais en profiter
pour faire les comptes de la maison qui traînent depuis
longtemps, en fait depuis mon départ en congés. Et il
y a encore plusieurs autres choses qui traînent.
Samedi 6 novembre : Je prends la voiture de la communauté pour aller faire les courses avec notre cuisinière. Cela demande du temps, mais c’est nécessaire ! Les gens sont très gentils. Comme elle sait que je parle plusieurs langues, elle vient me saluer dans sa langue que je ne connais pas ; et elle m’apprend les premières salutations. Hier le comptable : « Toi, on ne sait pas si tu es français ou sénégalais (je parle souvent en ouolof avec les Sénégalais assez nombreux en Guinée). Non, maintenant tu es des nôtres, tu es devenu guinéen ! ». Et un autre m’a payé le transport dans le taxi. Ca encourage !
Vendredi
5 novembre : Nous nous retrouvons avec l’archevêque
et les responsables « Justice et Paix » pour
rédiger un appel à la population, en nous situant au
niveau de la foi, en repartant du Message commun du début des
élections des responsables religieux, chrétiens et
musulmans, basé sur les trois mots : paix, unité
et responsabilité. Nous faisons trois rédactions
successives, car nous ne voulons pas être trop long mais
fournir un texte percutant autant que possible.
Ensuite, nous
reprenons la réunion de hier avec CRS pour assurer un suivi
et lancer des actions de développement (voir mon site
« Travail social humanitaire).
A midi, je vais
représenter l’archevêque à l’inauguration
de la salle d’allemand au Collège catholique Ste Marie
de DIXINN. Cette réception est simple, amicale et
décontractée, sans trop de protocole.
Ce soir, je
rejoins une communauté de quartier pour lire et réfléchir
à la dernière déclaration de l’archevêque :
« Il est temps de nous ressaisir » pour le
2ème tour de l’élection
présidentielle de dimanche. Les gens ne sont pas très
nombreux, mais il y a un bon groupe de jeunes décidés
et quelques adultes ; la réflexion est très
intéressante. C’est à travers de tels groupes
qu’une formation en profondeur pourra se faire, beaucoup plus
que par des grandes manifestations bruyantes mais finalement
inefficaces.
Après cela, je rejoins mon vicaire et mon
stagiaire pour passer un moment ensemble. Je profite de toutes les
occasions où je suis à la paroisse pour le faire, car
j’habite en communauté dans un autre quartier, à
cause de mes autres responsabilités. Nous mangeons ensemble,
puis je rentre, toujours avec les mêmes problèmes pour
trouver une place dans un taxi collectif.
Jeudi
4 novembre : Départ à 6 heures du matin et
journée « ordinaire » à
l’archevêché. Travail avec l’évêque,
à la procure, aux ateliers, au bureau, accueil, contacts,
soutiens divers. Sans oublier les problèmes techniques :
batterie de l’ordinateur fichue, photocopieuse en panne. Je
trouve un moment pour travailler à notre manuel sur la
réconciliation, mais ça n’avance pas
vite !
L’après-midi, travail à CRS où
nous reprenons nos différentes actions et projets. Les choses
avancent peu à peu mais doivent être reprises sans
cesse pour les améliorer et les réorienter si
nécessaire. Les deux forums nationaux pour les Commissions de
justice et paix et pastorale sociale, l’OCPH (Organisation
catholique pour la promotion humaine), la recherche d’un
nouveau comptable (le 1er test ne nous a pas permis de
trouver quelqu’un qui corresponde à nos objectifs), la
définition des responsabilités, les écoles de
brousse, etc….
Ce soir, il n’y a pas de courant dans
notre quartier. Nous regardons la télévision à
partir d’une batterie pour voir les dernières
dispositions avant les élections. Après cela, je
commence à préparer des notes. En effet, plusieurs
radios veulent nous interviewer sur les élections de
dimanche. C’est assez délicat. Il nous faut bien
réfléchir et peser nos mots car tout ce que nous
allons dire pourra être interprété dans un sens
ou dans l’autre, selon les auditeurs.
Mercredi
3 novembre : Ce matin, réunion d’équipe.
Comme le vicaire et le stagiaire viennent d’arriver, il y
a beaucoup de choses à préciser et d’abord il
faut souder notre équipe. Deux jeunes camerounaises arrivent
coup sur coup. La première devait partir travailler en
France, mais celui que devait organiser son voyage l’a trompée
et a dépensé son argent. Elle se retrouve seule et
sans moyens dans une ville où elle ne connaît personne.
La deuxième est une élève qui est venue
« tenter sa chance » en Guinée ;
mais elle rencontre des tas de problèmes pour ses études.
Je les mets en contact entre elles. Après avoir parlé,
mangé et prié longtemps avec elles, je prépare
une rencontre pour samedi avec les Camerounais de notre paroisse et
je leur donne les coordonnées d’un prêtre
camerounais qui travaille dans une paroisse voisine, à 30
km.
Le soir, j’ai la joie de trouver Blaise à la
Communauté. Il avait fait son stage avec moi à MONGO,
il y a quelques années. Il a été ordonné
prêtre en Juillet et part comme missionnaire au Brésil.
Nous nous donnons des nouvelles de la préfecture d’où
il vient. Demain, nous verrons pour son billet d’avion.
Mardi
2 novembre : Nous avons besoin d’un comptable compétent
et formé pour nos différents projets. Ce matin, nous
organisons un test avec 8 candidats, avec le soutien de CRS (Secours
catholique américain), dans le Centre professionnel des
Frères de St Jean Baptiste de la Salle. Pour éviter
toutes pressions religieuses ou autres, nous gardons le secret sur
l’identité des candidats. Le test se passe dans de
bonnes conditions.
Ensuite, il me faut chercher une puce pour mon
téléphone portable et encaisser un chèque. J’y
passe tout le reste de ma journée. Cela arrive souvent. La
moindre formalité ou activité dure un temps fou, par
manque de moyens et de compétences, et aussi par laisser
aller.
J’arrive juste à temps pour dire la messe du
2 novembre pour les défunts. Il n’y a pas beau coup de
monde. Il est vrai que certains étaient au cimetière,
pour prier sur les tombes, mais pour beaucoup, il n’ont pas
compris le sens et l’importance de l’eucharistie,
sacrifice de la mort et de la résurrection du Christ. Il a
fallu que je réponde aussi largement aux questions
« classiques » : pourquoi et comment
prier pour les morts ? Quelle différence entre la
Toussaint et le 2 novembre, les saints et les morts, etc… Des
choses toujours à reprendre et qui risquent de rester au
niveau des discussions stériles qui ne débouchent pas
sur la vie, ni sur un engagement réel.
Lundi
1er novembre : En Guinée, la fête n’est
pas fériée. Nous travaillons donc comme d’habitude.
L’après-midi, nous allons visiter un Centre de
formation agricole que nous sommes en train de lancer. Fabien, un
volontaire envoyé par la Délégation Catholique
pour la Coopération (DCC) vient d’y rejoindre deux
Guinéens. D’abord, il nous faut deux heures et demi
pour sortir de la ville : bouchons, routes défoncées.
Nous pensons y accueillir des catéchistes et leurs femmes et
les former à un certain nombre de techniques d’élevage
et d’agriculture améliorées. Ceci à la
fois pour leur permettre de vivre et d’être des agents
de développement dans leurs villages. En même temps, ce
Centre cherchera à former les jeunes des villages
environnants. Nous venons voir les installations et apprécier
les possibilités d’accueil. Nous voyons par quelles
activités nous allons commencer et quel plan de formation
mettre en place. Quand nous rentrons, il fait nuit depuis
longtemps.
Aujourd’hui, c’est la fête de
l’armée guinéenne : 52ème
anniversaire de sa création. A la radio nationale et dans
les discours officiels, on loue l’armée guinéenne
qui a soutenu l’Angola et la Guinée Bissao, ce qui est
exact. Ils ont aussi participé à certaines
interventions de l’ONU. Mais quand ils disent qu’ils
défendent et protègent le pays, tout le monde sait que
c’est faux. Ce qui est grave, c’est que les media
officiels perdent toute crédibilité, en disant des
choses que eux-mêmes savent fausses. Par contre, sur les
radios libres le ton est tout différent et il y a beaucoup de
critiques, fondées. Par exemple, celles des enfants des
victimes du Camp Boiro au temps de Sékou Touré.
Dimanche
31 Octobre : Rencontre diocésaine « Justice
et Paix ».
Chaque paroisse envoie un délégué.
Nous participons à l’Eucharistie avec les paroissiens.
L’Evangile d’aujourd’hui c’est la rencontre
de Jésus avec Zachée : un voleur, collaborateur
des Romains, qui détourne l’argent de ses frères
mais qui, non seulement partage avec les pauvres, mais paient ses
torts. Nous réfléchissons ensemble à notre
façon de vivre dans la situation actuelle du pays, en cette
période d’élections. Que faire, pas seulement
pour partager avec les pauvres, mais pour les aider à gagner
leur vie et à se prendre en mains. Pas seulement payer ses
dettes et réparer ses torts, mais lutter contre les
injustices et construire un pays où chacun pourra vivre dans
la paix et la liberté.
Après la messe, nous tenons
une première rencontre avec les paroissiens, pour relancer la
Commission paroissiale. Cela fait deux ans que nous nous y sommes
attelés, sans succès. Nous espérons qu’avec
un nouveau curé et de nouveaux éléments, cela
va pouvoir marcher.
Après la deuxième messe, nous
nous retrouvons avec les délégués des
différentes paroisses de la ville, pour relancer les
activités. Nous abordons les différents aspects :
actions à mener, comment faire un plan d’action, les
formations, comment travailler avec tous, etc… Vous recevrez
bientôt le compte-rendu.
Dimanche soir : émission
à la radio. Comme toujours, en direct, avec des questions des
auditeurs. Ce soir nous parlons de la Toussaint : (Tous saints,
tous appelés à la sainteté) : qu’est-ce
que cela veut dire pour nous aujourd’hui ? Puis
du 2 novembre : jour de prière pour les morts. La mort
est très présente ici dans notre pays. Et, d’autre
part, selon la tradition africaine « les morts ne sont
pas morts», ils vivent au milieu de nous. Nous terminons par
une réflexion et une prière pour le pays.
Samedi 30 Octobre : Aujourd’hui, je suis dans ma paroisse. Surtout en ce début d’année, avec l’arrivée d’un vicaire et d’un stagiaire, il y a beaucoup de choses à préciser. Mais l’essentiel de la matinée se passe à la relance de la Commission paroissiale de Justice et Paix. Il y a eu des déménagements et des démissions. Nous voyons les activités possibles pour cette année.
Jeudi
28 Octobre : Je reste travailler à
la maison pour mettre les choses en place. Les deux candidats à
l’élection présidentielle doivent partir
ensemble à l’intérieur du pays pour essayer
d’apaiser les gens. Mais les partisans d’Alpha
CONDE l’empêchent de partir. Ils ont peur pour sa
sécurité, et reprochent aux partisans de Dallein
DIALLO de ne pas avoir de pitié pour les personnes
intoxiquées au dernier meeting.
Le soir, nous apprenons
que l’élection est reportée au 7 novembre.
Mercredi
27 Octobre : Séance de travail à CRS. Il y
a beaucoup de choses à voir. Nous préparons un test
pour choisir un comptable pour nos différentes activités.
Nous avons besoin de comptes clairs et bien faits. Puis nous posons
les bases de deux forums, pour revoir nos orientations et nos façons
de travailler dans la situation actuelle, et pour remotiver et
relancer nos actions pour nos deux Commissions de pastorale sociale
et de justice et paix. (Voir mon site, à ces deux
rubriques). Ensuite, ce sont les questions pratiques des
projets terminés : rapports financiers et rapports
d’activités. Une bonne chose de faite !
Puis
travail avec l’archevêque : réflexion sur la
vie du travail et les activités à mener pendant ces 10
jours qui restent jusqu’au 2ème tour de
l’élection présidentielle.
Ensuite,
préparation des activités de la jeunesse pour
cette année avec le responsable diocésain. Pendant ce
temps, nous apprenons que les magasins des peuhls, supporters de
Dallein DIALLO, ont été pillés par les
partisans d’Alpha CONDE. Ils rentrent en camion du FOUTA, dans
leur région d’origine. Ce qui a entraîné
des brimades en retour. La situation s’aggrave et nous
inquiète beaucoup. (Voir ma note : Situation du
pays).
Mardi
26 octobre : La journée
commence par la prière et la réunion ordinaire de la
communauté spiritaine : notre vie communautaire, nos
engagements, la marche de la maison. Puis je rejoins ma paroisse
pour une première réunion avec nos nouveaux vicaire et
stagiaire. La semaine dernière, je leur avais présenté
la paroisse et ses différentes activités. Pendant la
semaine, ils ont visité les groupes, rencontré les
personnes et contacté les responsables. Aujourd’hui,
ils me font part de leurs questions et de leurs réflexions.
Cela se passe dans une très bonne ambiance et ils sont très
heureux de ce temps de partage et de la confiance qu’il y a
entre nous. Ils sont jeunes et sont heureux d’être avec
un « ancien » pour se former progressivement.
Notre équipe va se souder peu à peu.
Le reste de la
journée est consacré à la rédaction du
thème d’action diocésain de cette année :
« Evangélisation et Promotion de la Famille »
dans le cadre du 2ème Synode pour l’Afrique.
J’ai des problèmes pour saisir le document, car le
courant coupe 4 fois. Heureusement que j’ai enregistré
mon texte au fur et à mesure.
Le soir, à la
télévision, le nouveau président de la CENI
propose une nouvelle date pour les élections. Mais
tout le monde n’est pas d’accord !
Lundi 25 octobre : Au cyber de l’archevêché, je m’installe à l’ordinateur pour ouvrir mes mails et travailler sur Internet. Bernard vient me rejoindre pour travailler sur notre blog justice et paix. Cela nous prend plusieurs heures. Ensuite, je passe à la préparation de l’annuaire diocésain et du calendrier 2011 : nous ne sommes pas en avance ! Avec l’OCPH, nous réfléchissons à la situation du pays et aux actions à mener, à la rédaction des statuts de Savoir-Fer (enfants de la rue, apprentissage de la soudure), au travail des deux Commissions de Justice et Paix et de Pastorale sociale. Enfin, rencontre avec Dominic qui, ne parlant pas français et venant d’arriver, est complètement perdu. Il est venu du Nigeria apprendre le français et prendre en charge la communauté anglophone. Les choses vont se faire, mais, comme pour tout, il faut du temps.
Dimanche
24 octobre : Comme les élections
n’ont pas lieu, les gens sont venus nombreux à la
messe. A partir de l’Evangile du pharisien et du
publicain, je trace des pistes pour l’engagement des chrétiens
en ce moment des élections, dans le service de nos frères
et l’engagement. A la fin de la messe, je présente le
nouveau vicaire à la communauté.
Bien sûr,
nous prions pour le pays, car cette nuit les tensions se sont
continuées dans nos quartiers.
Après la messe,
réunion des parents, des parrains et des marraines des
catéchumènes. C’est vraiment très
important pour nous. En effet, les parents sont souvent dépassés
par leurs enfants, la plupart étant analphabètes et ne
parlant pas français. Ils démissionnent devant leurs
enfants. Et les catéchumènes considèrent la
catéchèse plus comme un simple moyen de « gagner
les sacrements » que comme une initiation à la vie
avec le Christ et un apprentissage à la vie communautaire.
Dans ce cas-là, bien sûr, il n’y a pas besoin de
parrain. Alors que nous en demandons un dès le début
de la catéchèse, comme soutien et témoin.
Malheureusement, il n’y a pas encore de réponse. Très
peu de parents et parrains restent à la rencontre. Nous
réfléchissons avec ceux qui sont là, mais il y
a encore beaucoup à faire !
Le soir, émission
religieuse sur une radio libre. Je reprends nos réflexions
de ce matin sur notre engagement dans la vie du pays. . Et comme
nous sommes dans le mois du Rosaire, je reprends les différentes
étapes de la vie de Marie, pour chercher ce à quoi
cela nous appelle dans notre situation actuelle.
Samedi
23 octobre : Aujourd’hui,
je suis en paroisse. Ce matin est consacré à la
pastorale sociale de la paroisse. Nous rappelons les actions
menées l’année dernière et voyons
l’évolution de la situation. La Commission va devoir
préparer un plan d’action (Voir dans mon site la
rubrique : « Travail social et humanitaire »).
Nous prenons un temps pour parler et manger ensemble, avec le
vicaire et le stagiaire.
L’après-midi, rencontre
avec l’équipe Sant Egidio qui travaille surtout
pour l’éducation à la paix et le soutien des
enfants en difficulté. Puis nous faisons le tour des groupes
de catéchèse ; les activités se
mettent en place peu à peu, mais il faut encore réorganiser
les choses. Et comme nous avons voulu que la catéchèse
se fasse dans les quartiers, les groupes sont dispersés ;
il faut du temps pour les visiter.
Vendredi
22 octobre : Ce matin, je passe
beaucoup de temps sur Internet, d’abord pour ouvrir ma boîte
mail, puis pour obtenir des renseignements sur la Guinée et
le reste du monde. C’est très long car Internet ne
fonctionne pas vite, il n’y a pas souvent de réseau et
par contre les coupures de courant sont nombreuses.
Ensuite,
travail à la Procure pour les questions financières et
matérielles.
Aujourd’hui, a lieu un grand meeting
de l’un des candidats à l’élection
présidentielle, Alpha CONDE. Il y a énormément
de jeunes. Un accident grave se produit : des jeunes sont
intoxiqués en buvant de l’eau polluée et des
yaourts de mauvaise qualité. Une centaine de personnes sont
atteintes. Aussitôt des accusations fusent. Ce sont les peuhls
qui veulent nous empoisonner : les peuhls forment la majorité
du parti de l’autre candidat à la présidence,
Dallein DIALLO. La tension monte rapidement. Le meeting se disperse.
Les participants retournent en banlieue, en traversant des quartiers
à majorité peuhle. Ce sont les insultes, quelques
bagarres et les jets de pierre. Heureusement, un certain nombre de
personnes, en particulier des anciens, tentent de calmer tout cela.
Pour nous, nous faisons la route au milieu des manifestants, au
rythme de la marche. On nous demande pour quel parti nous sommes ;
Je réponds : « pour la Guinée et tous
les Guinéens », avec un large sourire ; cela
suffit à calmer le jeu. Et nous parlons ainsi sur la
route.
En effet, il nous faut à tout prix aller à
l’aéroport pour retrouver un confrère nigérian.
Il vient d’arriver pour assurer l’aumônerie des
anglophones à CONAKRY. A sa descente d’avion, on
lui a pris son passeport, bien qu’il soit en règle et
qu’en tant que nigérian il n’ait pas besoin de
visa. Après discussion avec les policiers, nous arrivons à
le libérer. Igbé, notre confrère nigérian
avec qui j’ai travaillé à Mongo et à
Kataco, le prend en charge. Pour moi, je regarde comment sont
l’ambiance et la circulation. Les taxis circulent ; j’en
profite pour rentrer à la maison sans problème. Par
contre, la nuit, la tension s’étend dans les quartiers.
On parle de 5 morts, suite aux intoxications, ce qui va s’avérer
complètement faux. Mais la rumeur s’est répandue
dans tout le pays, avivant les agressivités. Et on ne peut
pas récupérer les choses, ni revenir en arrière.
D’autant plus que les problèmes continuent. Des
bulletins de vote ont disparu, des fausses listes électorales
circulent, 17 ordinateurs programmés devant servir au
comptage des voix ont été volés. Du coup, on
décide de revenir au comptage manuel. Et le soir, le nouveau
président de la CENI annonce que les élections ne
pourront pas avoir lieu après-demain dimanche, car les choses
ne sont pas prêtes… Ce qui est vrai, mais les gens en
ont marre et voudraient que les élections aient lieu le plus
vite possible. On a l’impression de ne pas pouvoir s’en
sortir.
Jeudi
21 octobre : En écoutant
la radio, comme plusieurs fois par jour, j’entends le ministre
français des affaires étrangères qui parle
en disant que c’est grâce à la France qu’on
a trouvé une solution au manque de sérieux et
d’efficacité de la Commission électorale (CENI)
et qu’il est d’accord pour que les élections
soient retardées d’une semaine. Je suis toujours très
mal à l’aise avec ces grandes déclarations,
relent de colonialisme. Il y a des tas de pays et d’Organisations
qui se sont penchés sur la Guinée, et ce n’est
certainement pas grâce à la France seule que la
solution a été trouvée, ni par elle en premier.
Et les Guinéens acceptent très mal –avec raison
d’ailleurs- qu’un ministre français leur dise ce
qu’ils ont à faire. Que diraient les Français si
un ministre guinéen venait leur dire à quelle date ils
doivent fixer leurs élections ?
Ce matin, je reste
travailler dans ma communauté car si je monte à
l’archevêché je n’ai pas un moment de
libre. Et j’ai un tas de documents en retard à
régler.
L’après-midi, nous nous retrouvons
avec les responsables des Centres aérés pour
préparer ensemble le compte-rendu final, à partir des
rapports des onze centres aérés de cet été.
Il y a des choses à revoir et la synthèse n’est
pas facile, car tous les centres n’ont pas fonctionné
de la même façon et les points sont différents.
Nous nous répartissons le travail pour la rédaction
finale.
Mercredi
20 octobre : Un nouveau
président de la CENI (Commission électorale) a été
élu. Il s’agit d’un général malien,
représentant de la francophonie depuis 2 ans auprès de
la CENI. En tant que malien, il est neutre. Il a l’autorité
d’un militaire et il connaît bien les problèmes.
Il a été bien accueilli par les différents
responsables du pays et par les deux candidats. Mais la population
regrette que l’on n’ait pas choisi un Guinéen. Il
est vrai que les membres de la CENI ne s’entendaient pas et
que rien n’avançait.
En tout cas, cette nomination
apaise les gens… au moins pour un temps, car les problèmes
de fond ne sont pas réglés.
Nos problèmes ne
sont pas réglés non plus. Nous nous retrouvons avec le
bureau pour régler les problèmes des formateurs de
l’atelier de soudure « Savoir-Fer »
pour la formation des enfants de la rue (Voir le site).
Pendant ce temps-là, ce sont les jeunes qui en subissent les
conséquences.
Ensuite, travail à la Procure et
différents contacts. Avec tout cela, la journée passe
vite. Au retour, je ramène les bagages de mon vicaire. Il va
pouvoir s’installer dans un beau presbytère tout
neuf ! Il faut dire que les paroissiens ont fait un effort
énorme. Il reste encore des aménagements intérieurs
à faire et beaucoup de matériel à acheter :
cela se réalisera peu à peu. Jusqu’à
maintenant, la construction a coûté 12.000 euros, ce
qui fait quand même plus de 100 millions de francs guinéens.
Les paroissiens eux-mêmes ont fourni la moitié de la
somme par des cotisations, travaux et autres activités, ce
qui représente un effort énorme. Cela est très
important pour nous. Nous avons besoin de l’aide extérieure,
mais nous voulons que les Guinéens fassent tout ce qu’ils
peuvent de leur côté. Il ne faut surtout pas qu’ils
deviennent des assistés.
C’est mercredi. Plusieurs
groupes et Mouvements tiennent leur réunion à la
paroisse : les CV-AV (enfants), scouts, choristes, Sant Egidio.
Je vais leur présenter les nouveau vicaire et stagiaire et,
sans plus attendre, nous donnons aux différents groupes les
orientations de base en fonction des objectifs du Mouvement, leur
thème de campagne d’année et les réalités
de la paroisse, et nous leur demandons de préparer leur
programme d’activités le plus vite possible.
Le
soir, nous disons la messe pour le 2ème
anniversaire de la mort d’un paroissien qui était un
des piliers de la paroisse. Il y a beaucoup de monde. Sa femme
est musulmane. Elle est présente à la prière
et nous donne un très beau témoignage sur leur vie de
couple et sur l’importance de la foi et de l’entente
entre chrétiens et musulmans.
Après la messe,
je prends le temps de saluer les différents participants.
Puis, sans tarder, nous nous retrouvons avec le Conseil
économique pour régler les questions financières
et matérielles de la paroisse. En ce début d’année,
il y en a beaucoup !
Ce soir, nous apprenons la nomination
de l’ancien archevêque de Conakry, Robert SARAH,
comme cardinal. Il travaillait depuis quelques années à
Rome, comme secrétaire de la Congrégation pour
l’Evangélisation. Il a été nommé
récemment responsable de Cor Unum, l’organisation du
Vatican qui organise l’aide de l’Eglise aux pauvres, les
actions humanitaires et de développement. Cette nomination
est une grande joie et une fierté pour tous les Guinéens,
musulmans comme chrétiens, et un encouragement au milieu de
nos problèmes, de même qu’une reconnaissance de
nos efforts. Et par rapport aux actions de charité et de
développement de l’Eglise, nous sommes heureux que ce
soit un africain qui connaît bien nos problèmes.
Mardi
19 octobre : Malgré la
tension, je monte à l’archevêché. Le
procureur du diocèse est arrivé et nous avons beaucoup
de choses à traiter ensemble. A commencer par la mise en
place d’un Centre de développement agricole,
préparé depuis plusieurs années. Un jeune
français, coopérant volontaire, envoyé par la
DCC (Délégation à la Coopération
Catholique) est déjà arrivé. (Voir mon
site : projets et travail social).
Pendant ce temps-là,
la tension est encore montée en ville. Les jeunes des
quartiers populaires ont continué à manifester contre
le président nommé de la CENI. Ils ont attaqué
les forces de l’ordre à coups de pierre et les
militaires ont tiré à balles réelles. On parle
de 30 blessés. Du coup la tension renaît et la crainte
que les événements passés ne se renouvellent !
C’est vrai que certains jeunes provoquent les militaires.
Pourtant, ils savent que ceux-ci sont très violents. Ils
poursuivent les gens jusque dans leurs maisons, ils les frappent et
volent tout ce qu’ils possèdent. On parle aussi de
plusieurs cas de viols.
Ce qui fait que je suis appelé par
plusieurs journaux et radios d’Europe qui me demandent
ce qui se passe réellement et veulent avoir mon avis sur la
situation. Pendant ce temps, la population continue ses occupations
avec beaucoup de calme et de courage. Mais tout cela entraîne
beaucoup de problèmes et bloque le développement du
pays. Rien ne fonctionne normalement et tout le monde a de plus en
plus de mal à vivre.
Le soir, les taxis ne
circulent pratiquement pas. Je trouve une occasion pour aller
jusqu’à l’aéroport. De là, je dois
continuer à pied pour traverser la grande place de BAMBETO ;
elle est complètement vide de passants, mais la police
veille. Et de l’autre côté, j’ai la chance
de trouver un taxi qui passe par là et me conduit jusque près
de notre communauté. Je suis heureux d’être
arrivé ainsi, dans de bonnes conditions. Mais je me pose des
questions sur l’impact de toutes ces formations et
séminaires que nous avons organisés sur les droits
humains, la démocratie, la réconciliation et la paix.
Il faut du temps et beaucoup d’efforts pour que les choses
évoluent.
Lundi
18 octobre : Aujourd’hui
j’accueille mon vicaire. En effet, la situation de l’année
dernière était intenable. Je ne pouvais pas à
la fois tenir cette grande paroisse de Taouyah et assurer en plus le
travail de « Justice et Paix » et la
« Pastorale sociale » (action humanitaire et
projets de développement dans tous les domaines), à
moi tout seul. Avec un vicaire et un grand séminariste en
stage, ce sera plus facile. En même temps, je pourrai les
former et préparer la relève.
C’est son curé,
accompagné du président du conseil économique
de sa paroisse, qui nous amène notre vicaire. Les anciens de
notre paroisse sont là pour les accueillir, selon la
politesse et la coutume guinéennes. Nous pouvons bien
l’accueillir car les dernières années les
chrétiens ont fourni de gros efforts pour construire le
presbytère et pour l’aménager.
Le soir, le
groupe charismatique continue la Neuvaine de prières pour le
pays, pendant que l’on récite le chapelet dans les
communautés de quartier. Nous ne pouvons pas rester à
l’écart de ce qui se passe dans le pays. Ce soir, des
partisans de Dallein DIALLO ont jeté des pierres sur les
forces de l’ordre qui ont répliqué à
coups de grenades lacrymogènes. Ce n’est pas de bon
augure !
Dimanche
17 octobre : Je me lève
tôt car je vais aller dire la messe à 7 heures pour la
communauté anglophone qui est sur notre paroisse (nigérians,
libériens, sierra léonais, etc…). Après
la messe, nous nous retrouvons tous ensemble pour voir comment
relancer les activités de la communauté :
l’accueil des nouveaux, le soutien aux nécessiteux, la
défense des réfugiés ; car, comme
partout, les étrangers sont souvent exploités et
persécutés. Et aussi bien sûr, la prière,
la catéchèse et les autres activités.
Après
la grand messe paroissiale, nous tenons la réunion
générale des jeunes. D’abord, nous faisons
le point des activités de vacances. Puis nous lançons
l’année pastorale en donnant des orientations générales
et en demandant à chaque groupe et mouvement de faire
leur plan d’action. Pour cela, nous insistons sur la nécessité
de se rappeler le but et les méthodes d’action de
chaque mouvement, et d’assurer un suivi dans leurs activités.
Car souvent, ils se contentent d’actions ponctuelles, et
surtout de fêtes, soirées dansantes, célébrations,
anniversaires et matchs de foot-ball, au lieu de réfléchir
à leur vie de jeunes et d’analyser leurs problèmes
afin d’en dégager des actions précises en
attaquant les causes profondes de leurs difficultés. Puis
nous leur demandons de préparer le renouvellement du bureau
pour cette année. Le tout se passe dans une très bonne
ambiance, comme d’habitude. Un paroissien vient nous apporter
de l’eau à boire que nous acceptons avec bonheur, car
c’est la fin de la saison des pluies et il fait très
chaud, très lourd ; et même en ville, ce n’est
pas facile de trouver de l’eau potable.
Emission radio
et premières manifestations. Le soir, je dois animer une
émission en direct, avec des questions des auditeurs, sur la
déclaration de l’évêque. Je prends le taxi
collectif. Mais arrivé au grand rond-point de BAMBETO, je
dois continuer à pied. Les partisans de Dallein DIALLO, l’un
des deux candidats à l’élection présidentielle,
attendent leur leader. Ils ont envahi toute la chaussée et il
est impossible de circuler. On sent même une certaine
agressivité, car ils reprochent au président par
intérim de ne pas changer le président de la CENI (la
Commission électorale nationale). Je continue donc à
pied en me faufilant entre les différents groupes et j’arrive
juste à temps pour mon émission. Heureusement que
j’avais prévu large !
L’émission
radio se passe bien, bien que j’aie quelques difficultés
à m’entendre avec la journaliste. De même, les
questions en direct cherchent à me faire glisser dans le
domaine politique et à me récupérer, en me
faisant prendre parti. Bien sûr, je ne me laisse pas faire.
Nous passons des extraits de la déclaration de l’archevêque
que je commente avec des exemples et en français plus simple.
A la fin, je propose un certain nombre d’actions pour la
campagne électorale, les élections et surtout
l’acceptation des résultats et la reconstruction du
pays, qui que soit le vainqueur.
Samedi 16 octobre : Après la rencontre des catéchistes, je dis la messe du samedi soir, à la suite de laquelle le groupe charismatique se retrouve pour une longue prière pour le pays.
Samedi
16 octobre : Réunion
du Conseil paroissial.
C’est l’organe de
réflexion et d’orientation de la paroisse. Chaque
groupe, mouvement et communauté de base y envoient deux
délégués (un homme, une femme). Ils ont
préparé, par écrit, les réponses aux
deux questions suivantes : Que pensez-vous des activités
de l’année dernière ? Que proposez-vous
pour cette année ?
Les réponses de chacun
permettent de faire le tour des différentes activités
et ainsi, après avoir examiné tous les secteurs de la
vie de la paroisse, de tracer des pistes pour cette année.
Nous commençons par un partage sur l’Evangile de
demain, dimanche : l’histoire de la veuve et du juge
corrompu. Nous nous interrogeons à partir de là, sur
notre vie de prière, notre lutte pour la justice et la
pratique de notre foi. Le compte-rendu sera lu demain aux annonces,
à toute l’assemblée, avec les commentaires et
explications nécessaires. Cela va prendre du temps, mais il
faut savoir ce que l’on veut. Et pour nous, c’est
essentiel que tous soient au courant, non seulement des décisions
prises, mais aussi de la réflexion qui a été
menée. Le tout se termine par une prière où
chacun participe.
Rencontre des catéchistes. Comme
pour toutes les autres activités, il y a un certain nombre de
problèmes à régler : la mise en place des
groupes, la mobilisation des communautés, l’élaboration
des programmes, la recherche des documents, la sensibilisation des
parents, le choix des parrains et marraines (chaque catéchumène
doit avoir un parrain ou une marraine, dès le début de
la catéchèse), la recherche de nouveaux catéchistes,
leur formation, la catéchèse dans les différentes
langues (français, soussou, baga, kissi, loma, gbele), les
inscriptions, les problèmes financiers, etc…
Heureusement, dans l’équipe chacun connaît son
rôle et les choses avancent vite.
Vendredi 15 octobre : Nous organisons la distribution de la déclaration sur les élections dans les ambassades, les ONG, les radios et journaux pour qu’elle puisse avoir l’impact maximum. Le midi, tous les Spiritains partagent le repas avec l’Evêque à l’occasion du départ de notre grand frère Gérard. Après avoir animé la session pastorale, il a assuré trois jours de formation au Noviciat. Ce repas nous permet d’échanger sur un certain nombre de choses qui se passent dans le pays et d’intensifier nos relations d’amitié. Le soir, réunion et messe dans la dernière communauté de quartier de la paroisse. Cette fois-ci, la communauté a préparé un certain nombre de questions et fait plusieurs propositions. Nous laissons donc de côté le programme habituel de réunion pour parler de tout cela.
Jeudi
14 octobre : Je peux enfin
trouver une journée, ou plutôt une matinée, pour
classer mes différents documents et commencer à
travailler personnellement. Mais ça n’avance pas vite
et il faudra que j’arrive à dégager d’autres
moments.
Le soir, je me retrouve dans une autre communauté
de quartier. C’est la plus nombreuse, mais c’est celle
qui marche le moins bien. Nous essayons de motiver les gens ;
ce n’est pas simple !
La nuit, je voulais voir
l’interview de l’évêque à la
télévision ; hélas, pas de courant !
Je n’étais pas le seul dans mon cas, et cela arrive
souvent.
Mercredi
13 octobre : Aujourd’hui,
ce qui m’occupe c’est l’organisation de l’école
primaire de BOKE où il y a de gros problèmes
financiers. Nous y nommons une nouvelle directrice pour régler
toutes ces questions, et nous traçons une ligne
directrice.
Puis, c’est la réunion avec les
formateurs des deux Commissions « Justice et Paix »
et « Pastorale sociale ». Nous faisons
l’évaluation des trois mois passés, en
particulier celle des centres aérés. C’est
important pour en tirer les conclusions et préparer l’année
prochaine. Et nous nous apercevons qu’il y a une grande
différence entres les rapports qu’on nous a fournis et
ce qui s’est passé réellement. (Voir mon
site).
Nous choisissons les dates des premières
rencontres diocésaines, malgré l’approche des
élections. Ce sera plus compliqué, mais ce n’est
surtout pas le moment de relâcher nos efforts. Et nous fixons
les premières orientations pour cette année.
Suit
un long interview pour la radio missionnaire « MISNA »
au Vatican, où j’explique non seulement la situation
actuelle du pays, mais aussi tous les efforts de l’Eglise :
l’intervention de l’archevêque à la
télévision, la déclaration sur le 2ème
tour de l’élection présidentielle, la formation
d’observateurs indépendants pour ces élections,
la formation des populations, etc…(Voir mon site :
situation du pays et Justice et paix » :
déclarations).
Mardi
12 octobre : Le matin, longue
matinée avec C.R.S. (la Caritas américaine) qui
nous soutient dans plusieurs de nos activités. Nous faisons
le tour des problèmes les plus urgents. D’abord, le
2ème tour de l’élection
présidentielle, le gros problème actuel. Nous voyons
en particulier la possibilité d’une intervention à
la télévision de l’archevêque de CONAKRY
et de l’imam de la Grande Mosquée, pour un appel à
la paix, à l’entente et à l’acceptation
des résultats de l’élection.
Mais il nous
faut aussi penser au travail et aux questions pratiques. Nous sommes
au début de l’année scolaire. Nous voyons donc
comment relancer les écoles de brousse dans le nord du
pays, dans les paroisses de OUROUS et KOUNDARA. C’est une
action lancée depuis quelque temps et que nous voulons
élargir. En effet, dans ce secteur, il y a très peu
d’écoles publiques. Nous avons donc demandé aux
parents de s’organiser pour construire un hangar et de cotiser
pour prendre en charge un enseignant. Comme les cotisations ne
suffisent pas, les parents vont aussi travailler gratuitement dans
le champ de l’enseignant. De notre côté, nous
organisons ces écoles et nous donnons aux enseignants la
formation nécessaire.
Nous voulons aussi intensifier le
travail des deux Commissions : Justice et Paix et Pastorale
sociale, en reprenant le travail à la base. Pour cela,
nous allons assurer deux forums différents, un pour chaque
Commission, avec l’aide des Caritas des pays voisins, pour
expliquer à nouveau le sens de ces Commissions, en revoir les
orientations pratiques et décider d’actions concrètes.
C’est un très gros travail.
Il y a aussi toutes les
questions pratiques des comptes rendus financiers et autres.
A la
fin, nous retrouvons Sébastien, responsable des relations
entre chrétiens et musulmans pour voir comment améliorer
notre travail à ce niveau, en particulier avec les jeunes. Et
quelles formations organiser. Et aussi la formation des
séminaristes, puisqu’il est directeur du Petit
Séminaire.
Le soir, je me rends dans un quartier pour dire
la messe anniversaire du 8ème jour du décès
d’Eugénie qui a été longtemps malade.
Toute la communauté est présente. Nous avons décidé
de célébrer ces eucharisties dans la maison même
(la cour) des défunts, plutôt qu’à
l’église.
Lundi
11 octobre : Après cette
grand messe et ces retrouvailles de dimanche, je commence à
prendre contact avec les différents groupes et communautés
dans ma paroisse, tout en continuant mon travail à
l’archevêché. La priorité pour nous est la
mise en place des communautés de base dans chaque
quartier. C’est pourquoi cette semaine, chaque soir, je
vais passer dans un quartier.
Par ailleurs, le mois d’octobre
est consacré à la prière du chapelet.
C’est une prière simple, qui plaît beaucoup aux
gens, et est tout à fait accessible aux analphabètes
qui sont la majorité. Même ceux qui ne savent pas lire
peuvent se rappeler les différents épisodes de la vie
du Christ. Et chacun peut présenter ses intentions de prière
à toute la communauté. En ce moment, nous prions
beaucoup pour le pays. Tout ce mois, nous nous retrouvons chaque
jour pour la prière, dans chaque quartier. Pour nous qui
vivons en plein secteur musulman, ce témoignage de la prière
est très important. Mais bien sûr, nous ne nous
contentons pas de prier le chapelet. A partir des intentions de
prières, nous voyons ce que nous pouvons faire pour les
mettre en pratique. Après le chapelet, nous tenons donc notre
réunion habituelle de communauté, selon le programme
prévu : lutte pour la justice, actions pour la paix,
travail avec les pauvres, réconciliation, etc.. à
partir de la Parole de Dieu (Voir mon site : « activités
paroissiales » - réunions de CCB). Puis nous
terminons par la célébration de l’eucharistie,
en choisissant les textes de la Parole de Dieu à méditer
en fonction des choses dont nous avons parlé.
Le problème,
c’est pour rentrer la nuit. Car nous prenons le temps pour
toutes ces activités et pour resserrer nos liens d’amitié.
Les « taxis » sont rares et remplis depuis la
ville. Mais c’est la même chose pour tous les habitants
de Conakry qui n’ont pas de voiture. Et pour moi, c’est
important de partager les conditions de vie des gens pour comprendre
leurs difficultés.
Lundi
11 Octobre : Je me lève de bonne heure
pour monter à l’archevêché, mais cela ne
suffit pas pour éviter les bouchons et j’ai beaucoup de
peine à trouver un taxi.
C’est la reprise de contact
avec les différents services de l’archevêché
et les ateliers. Il y aura beaucoup de choses à régler.
Mais aujourd’hui, ce qui compte c’est la joie des
retrouvailles.
Entre temps, aujourd’hui commence la
Campagne électorale pour le 2ème tour de
l’élection présidentielle, prévue le 24
Octobre. Nous sommes inquiets car la situation est très
tendue et nous avons peur qu’il y ait de nouveaux
affrontements entre les supporters des deux candidats. Nous allons
relancer nos appels à la paix et à la réconciliation.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec plusieurs organisations
qui ont fourni des membres à former comme observateurs
indépendants pour les élections. Notre association a
reçu la supervision du centre du pays, la région des
peuhls dans le Fouta Djallon. Nous tirons les conclusions du 1er
tour, pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs.
Dimanche
10 Octobre : Zacharie, responsable du noviciat,
m’accompagne à la paroisse, où il a fait son
stage il y a 10 ans ; et aujourd’hui, nous allons
présenter Hervé, qui sera en stage chez nous cette
année. Je suis très heureux de retrouver ma paroisse.
Et les paroissiens sont heureux aussi de me revoir. Nous animons la
messe comme d’habitude : chants et danses, mais aussi
participation animée et réflexion commune à
l’homélie. Lectures en français (langue
officielle) et en soussou (langue populaire). A la fin de la messe,
je leur fais le compte-rendu de mes congés : mes
différentes rencontres, ce que j’ai partagé et
ce que j’ai reçu, à tous les niveaux (Voir
mes « Nouvelles » de Juin à Septembre).
Ensuite, c’est au tour de Zacharie de les saluer et de leur
parler de la vie religieuse. Puis Hervé, le stagiaire, se
présente. Notre prière est aussi marquée
aujourd’hui par le retour des pèlerins partis à
Jérusalem, Rome et Lourdes. Nous les accueillons et ils
partagent avec nous ce qu’ils ont vécu. Cela fait
beaucoup pour un seul jour.
A 13 h, nous nous retrouvons tous
autour de l’évêque avec Gérard qui a animé
la session pastorale la semaine dernière. Repas très
sympathique qui nous unit encore un plus les uns aux
autres.
L’après-midi, je continue à classer
mes affaires, mais je n’arrive pas encore au bout.
Samedi
9 Octobre : Tout de suite après le repas,
nous nous retrouvons avec notre évêque pour préciser
mon travail à la paroisse de TAOUYAH et avec les Commissions
nationales de « Justice et Paix » et de
« Pastorale sociale ». Nous préparons
un grand forum, avec l’aide des Caritas des pays voisins,
pour remettre les choses en place et avancer.
Je pars ensuite à
ma paroisse. Là, j’ai une bonne surprise : tous
les groupes de catéchèse sont en place. L’année
dernière, lors de mon arrivée, la catéchèse
n’avait commencé qu’en novembre, mais cette année
ils se sont organisés et ont commencé la formation
sans attendre mon retour.
A la Messe, nous terminons la grande
Neuvaine de jeûne et de prières pour le pays. Il y a du
monde. C’est vrai que nous sommes très inquiets pour
l’avenir du pays. Chacun cherche son intérêt et
les tensions sont très vives. Nous ne savons pas comment se
passera le 2ème tour de l’élection
présidentielle. Il faut donc mobiliser toutes nos énergies,
matérielles, humaines et spirituelles.
Le soir, nous nous
retrouvons entre spiritains. Comme ils sont encore tous là,
nous pouvons échanger nos réactions, nos espoirs et
parler de choses et d’autres.
4
au 9 Octobre : Session
pastorale.
Nous nous retrouvons, comme chaque année,
tous les prêtres autour de notre évêque, pour
évaluer l’an passé et préparer l’année
qui vient. C’est un gros travail de réflexion et aussi
de partage. C’est une occasion de nous retrouver tous ensemble
pendant une semaine, et c’est toujours une grande joie.
Dans
la partie du travail pastoral, nous faisons l’évaluation
de la vie des différentes paroisses. Puis nous abordons un
certain nombre de problèmes, après avoir réfléchi
au thème de notre travail de cette année. Nous
réfléchissons à notre façon de
travailler entre prêtres, avec les religieux et religieuses,
et les laïcs. Nous nous arrêtons à certains
problèmes plus spécifiques : la famille et le
mariage –en particulier les mariages entre chrétiens et
musulmans-, l’animation des jeunes avec leurs problèmes
d’études ou de travail (ou plutôt de chômage…).
Et puis, plus largement, toutes les questions du développement
humain et de la société. Cela nous fait bien du
travail et il faudra préciser et évaluer les choses au
fur et à mesure. Comme, par exemple, au sujet de l’engagement
des femmes
Mardi
5 Octobre : Arrivée en
Guinée. (3 heures 40, heure française)
L’avion
est en avance ! J’appelle le confrère qui devait
m’attendre. Le téléphone ne passe pas. Il n’y
avait pas de courant pour rechercher sa batterie. Nous finissons par
nous retrouver. Aucun problème pour passer les formalités
à la police, la santé ou la douane. Il suffit de dire
que je travaille à la Mission catholique. Ils savent le
travail que nous faisons et ils nous font confiance. Et j’ai
la joie de voir que l’aéroport a été bien
aménagé et que nous sommes moins harcelés par
les porteurs, les marchands, les changeurs de billets et autres
personnes qui exercent des activités autour de l’aéroport.
Par contre, à l’extérieur, c’est autre
chose. Il fait nuit, nous sommes arrêtés à de
nombreux barrages et à chaque fois il faut nous expliquer
pour pouvoir passer.
Session pastorale de lancement d’année.
Elle est commencée depuis hier déjà. Il faut
donc me lever de bonne heure, ce qui ne me fait pas beaucoup de
sommeil ! Mais la joie de revoir les confrères prêtres
de tout le diocèse compense facilement le manque de
sommeil.
Pour la semaine, nous avons deux jours de réflexion
et de prières, à partir de la 1ère
Lettre de Pierre. Ce qui est un temps fort pour commencer l’année.
Puis deux jours sur la façon de garder et protéger nos
archives. Les quatre journées sont animées par un
confrère spiritain, responsable des archives de notre
Congrégation. Il connaît bien la Guinée car il y
a travaillé de longues années, jusqu’à
son expulsion avec tous les autres missionnaires, par Sékou
Touré. Il est revenu de nombreuses fois ensuite, quand il
était responsable de l’Afrique de l’Ouest pour la
catéchèse d’abord, pour les spiritains ensuite.
Nous sommes tous très heureux de le revoir, ou de le
connaître pour les plus jeunes.
Reprise des contacts.
Avant de commencer la session le matin, et à la pause du
midi, je passe à l’Archevêché à une
demi-heure de marche, pour reprendre contact avec les différents
services et saluer les responsables ou employés : le
secrétariat, la maison d’accueil, la procure et la
comptabilité, l’OCPH (Organisation catholique pour la
promotion humaine = Caritas = Secours catholique), les
Commissions Justice et Paix et de Pastorale Sociale. (Voir mon
site). C’est une grande joie de revoir toutes ces
personnes avec qui j’ai travaillé les années
passées.
Il y a aussi des personnes nouvelles :
Fabien, un volontaire français, qui vient travailler à
la mise en place d’un Centre de formation d’agriculture
et d’élevage ; deux couples, qui viennent au
Dispensaire St Gabriel (Voir la page « Santé »
dans mon site).
Pendant tout ce temps, jusque dans la nuit,
je reçois des tas de coups de téléphone, pleins
d’amitié ; mais ça ne facilite pas le
repos. J’essaie d’ouvrir ma boîte mail, mais il
faut un temps énorme. La boîte ne s’ouvre pas –ou
je ne peux pas ouvrir les pièces jointes ou les photos. Et je
sais que de nombreux messages ont été perdus ou
renvoyés. Les serveurs sont de plus en plus engorgés
et les réseaux sautent sans cesse. La situation ne s’est
pas améliorée en quelques mois !
A
Paris, du 29/9 au 4/10 : En plus de ces partages
et de ces accueils, j’ai aussi un certain nombre de rencontres
à faire. Dès mon arrivée le mercredi 29
septembre à PARIS, je vais au CCFD (Comité catholique
contre la faim et pour le développement). Pour le moment, ils
vont continuer à soutenir l’action auprès des
enfants de la rue, mais ils ne peuvent pas sourtenir de nouveaux
projets en Guinée, étant donné la situation
actuelle du pays. Malgré tout, je suis heureux de mieux
connaître leurs orientations et leur façon de
travailler. Cela nous aidera à réfléchir et à
améliorer nos manières de faire. De même que
nous serons prêts à accueillir en Guinée les
personnes qu’ils enverront. (Voir mon site, page « SOS
mineurs).
Le jeudi 30, en soirée, je vais retrouver la
famille de la mariée du 7 Août (voir les
« Nouvelles » à cette date). Ce
sont des amis avec qui nous avons beaucoup travaillé à
St Louis du Sénégal dans un groupe de réflexion
et d’action mixte, c’est-à-dire composé de
Sénégalais et d’étrangers. Après
la grande fête du mariage, nous avons senti le besoin de nous
retrouver en famille, entre nous.
Le vendredi 1er
Octobre, à midi, je suis au Secours Catholique, la Caritas
française. Je retrouve la responsable pour l’Afrique de
l’Ouest. Nous nous connaissons biens car elle était
venue nous voir à Mongo, juste après les attaques
rebelles. Nous sommes heureux de nous revoir après plusieurs
années, et d’échanger nos idées sur la
Guinée et le travail de la Caritas… même si, là
encore, ils n’envisagent pas d’actions pour nous
soutenir dans la situation actuelle. Car nous ne faisons pas partie
de leurs priorités. Et il est vrai que les besoins sont
énormes et ils ne peuvent pas tout faire. (Voir les
circulaires de 1996 à 2006 dans mon site, et le moteur de
recherche à : MONGO). Le soir, nous dînons
chez Sandrine, une amie que j’ai connue au cours d’une
session sur les méthodes d’actions non violentes
évangéliques, organisée par le M.I.R.
(Mouvement international pour la réconciliation. Toute
son équipe de l’ACAT (Action des Chrétiens
contre la Torture), et aussis sa sœur, journaliste au
Journal « La Croix », son beau-frère,
éducateur, s’intéressent à ce que nous
cherchons à faire en Guinée. Et je ne manque pas de
m’intéresser aussi à leurs actions, et à
leur problème de renouvellement du groupe, la plupart étant
assez âgés.
Samedi
2 Octobre, c’est le jour anniversaire de la mort de notre
fondateur, Claude Poullart des Places. Je suis heureux de fêter
cet anniversaire dans notre communauté centrale de la Maison
Mère : d’abord l’Eucharistie, puis un bon
repas, avec tout ce que cela signifie comme joie et partage
fraternel.
Aussitôt après, je pars retrouver un
groupe « Tiers Monde » qui réfléchit
aux questions du développement et de l’organisation du
monde et de la société française. Il y a
beaucoup à faire à ce niveau ! Ils collaborent
avec le CCFD, ce qui ne les empêche pas de nous soutenir
directement. Nous avions travaillé déjà dans le
même sens avec Alain et Liliane, de 1976 à 1979, quand
j’étais venu travailler pendant 3 ans dans la banlieue
parisienne en animation missionnaire et formation au développement,
et aussi avec les jeunes français, les étudiants
africains et les travailleurs immigrés. L’année
dernière, ils nous ont soutenus pour les jardins d’enfants
de Mongo.(Voir l’album photos et cette page dans mon
site). Pour l’année prochaine, je leur propose de
soutenir les centres aérés que, depuis 2 ans,
nous avons lancés dans les quartiers populaires de CONAKRY,
pour le soutien scolaire des enfants de familles pauvres et
l’alphabétisation des enfants travailleurs,
l’éducation et les actions dans le quartier en faveur
des droits des enfants. Et aussi des jeux, chants, danses et
théâtres et des activités manuelles, le tout
avec une visée éducative. Voir la nouvelle
rubrique : Centres aérés). Ils vont réfléchir
entre eux et me feront part de leur décision.
Les
déplacements en banlieue parisienne étant longs et
compliqués, Alain me conduit en voiture de l’Hay-les-Roses
à Ste Geneviève des Bois, chez ma nièce. Ce
soir je me retrouve en famille, avec mon frère et ma
belle-sœur que je n’ai pas encore rencontrés,
deux de mes nièces et leur famille. Mon frère et sa
femme arrivent de notre île de HOUAT : ils nous amènent
des moules, des crabes et autres crustacés qu’ils ont
péchés eux-mêmes. Tout le monde apprécie.
Et ils nous donnent des nouvelles de toute la famille. Ca fait
plaisir !
Pendant tous ces jours, je reçois des tas
de coups de téléphone de nombreux amis qui me
souhaitent un bon retour en Guinée… et me promettent
des nouvelles par mail. Ca encourage !
Dimanche
3 Octobre, avec mon neveu Jean-Michel nous travaillons
longuement sur notre site. Nous profitons d’être
ensemble pour régler un certain nombre de questions. C’est
plus facile et il y a beaucoup de choses à voir. A midi, nous
recevons certaines des personnes qui nous aident depuis deux ans.
L’année dernière, ils avaient soutenu la
rénovation de l’internat de BOFFA et la construction
d’un château d’eau pour l’école.
Cela nous avait rendu un grand service, en nous permettant de
relancer notre travail d’éducation. (Voir les
rubriques Boffa et projets – éducation + l’album
photos). Cette année, ils ont soutenu les centres
aérés du mois d’août dans les
quartiers de Conakry. Je peux ainsi leur expliquer ce que nous avons
fait grâce à eux et répondre à leurs
nombreuses questions.
Un voyage/chantier en Afrique.
L’après-midi, des scouts-routiers viennent
nous rejoindre. Ils envisagent de faire un chantier avec des jeunes
en Guinée. Nous parlons ensemble des conditions pour une
telle action. Chercher à connaître le pays avant de
partir : pas seulement la théorie, mais par des
rencontres des gens du pays vivant en France. Et surtout que ce ne
soit pas une parenthèse dans leur vie, comme un beau
souvenir, mais que cette action se prolonge à leur retour par
une coopération avec étrangers et gens des autres
religions et les pauvres de notre société. J’insiste
sur l’état d’esprit qui me semble nécessaire :
ne pas aller seulement pour aider, mais aussi pour recevoir.
Chercher non seulement à voir ce qui se passe, mais essayer
de comprendre les choses et découvrir les causes des
problèmes. Pas seulement découvrir un pays, mais
rencontrer les gens en profondeur. Un chantier avec des jeunes me
semble une bonne possibilité pour cela. Je vais voir s’il
est possible d’organiser quelque chose en Guinée. Mais
vu la situation actuelle du pays, j’hésite à
les accueillir chez nous. Je vais sans doute les orienter vers un
autre pays.
Lundi
4 Octobre, de retour à notre Maison-Mère, je fais
le dernier tour de nos différents services. Je pars
pour 3 ans, il est donc important de bien préciser les
choses : adresses, façons de travailler. Je remets à
notre secrétariat tout un lot de timbres-poste que
l’on m’a donnés. Ces timbres seront vendus et la
somme recueillie servira à participer aux frais de santé
des missionnaires spiritains qui rentrent en France se faire soigner
et opérer. Ces frais sont toujours très élevés.
Et
puis, passage obligé par la Procure des Missions pour régler
toutes les questions financières, qui ne sont pas simples,
étant donné les distances et les difficultés de
communication avec la Guinée ainsi que la dévaluation
de la monnaie guinéenne. Et aussi les relations et
remerciements aux différentes personnes qui nous
aident. Enfin, la dernière rencontre avec les
confrères qui ont travaillé en Guinée, des
Guinéens vivant en France, des personnes en relation avec le
pays pour y apporter les salutations et nouvelles mais aussi les
lettres et paquets, les questions et demandes de renseignements. Car
je serai attendu pour tout cela à Conakry par
beaucoup.
Bagages.
Tout cela m’amène à
l’heure du repas. Il me reste peu de temps pour faire mes
bagages, que j’ai accumulés à chacun de mes
passages à Paris pendant ces congés. En effet, le
départ de l’avion a été avancé.
Heureusement que j’avais téléphoné la
semaine dernière à la Compagnie ! Ils avaient
avancé l’heure du départ depuis Casablanca et je
n’avais pas été prévenu. Ca n’a pas
été facile d’obtenir des nouveaux billets. J’ai
droit à deux valises de 23 kg ; quand je les pèse,
elles font chacune plus de 40 kg alors que j’ai déjà
essayé d’éliminer le maximum de choses. C’est
vrai que j’ai beaucoup de livres et d’appareils qui
pèsent lourd. Il me faut à nouveau faire un tri
sérieux et laisser des livres et matériel… que
j’avais déjà laissés il y a deux ans !
Un
confrère me conduit à Orly-Sud, ce qui me permet
d’éviter de monter mes valises une par une dans les
escaliers du métro. Mais je n’échappe pas à
la fouille au corps à l’aéroport, pieds nus et
sans ceinture, le passage au portillon, les sacs à vider et à
refaire sur place. Mais enfin, nous arrivons à décoller
pour un voyage de nuit, avec changement d’avion à
Casablanca et arrivée à 3 h 40 à Conakry (heure
française).
29
Septembre au 4 Octobre : Séjour dans notre
Maison Mère.
C’est toujours pour moi une grande
joie d’y séjourner. D’abord nous y sommes très
bien accueillis. C’est l’occasion de parler avec un
certain nombre de confrères. D’abord notre équipe
des trois responsables pour la France, mais aussi ceux des
différents services, les responsables du secrétariat,
de l’économat, de la procure, de la librairie et des
expéditions, les responsables de la Commission « Justice
et Paix » et de la revue « Pentecôte sur
le monde », Monseigneur GAILLOT, etc…Je suis
heureux de parler avec le personnel de la maison : africains,
portugais et autres étrangers que je connais bien après
tant d’années. Et puis, il y a tous les confrères
de passage, venus du monde entier, certains que je n’ai pas
revus depuis de très nombreuses années. C’est
toujours une grande joie de les revoir et d’échanger
nos expériences, très variées mais toutes
intéressantes. Il y a aussi les autres personnes de passage,
en particulier beaucoup d’africains : des personnes ayant
travaillé en Guinée, des prêtres guinéen
s en formation ou en poste en France, les Guinéens qui
reviennent de leur pèlerinage à Jérusalem, Rome
et Lourdes et qui retournent en Guinée ; et tant
d’autres. Je suis particulièrement heureux de
rencontrer Monseigneur Louis PORTELLA, évêque de
KINKALA, au Congo, un de mes anciens élèves au
séminaire de Brazzaville, et que je n’avais pas revu
depuis 1975. Il y a beaucoup de tensions au Congo et il est très
intéressé par notre travail de Justice et Paix et par
le manuel que nous sommes en train de composer. Nous allons
d’ailleurs lui demander d’en rédiger la
préface.
Retrouvailles. A la rue Lhomond, je
retrouve spécialement Albert qui a fait son stage avec moi à
Mongo avant d’être ordonné prêtre au GHANA
et d’aller travailler au nord du BENIN. Il y a aussi Richard,
lui aussi ancien stagiaire à Mongo, nigérian, revenu
travailler en Guinée à Koundara. Il se forme
actuellement pour mieux comprendre et faire comprendre la vie, la
spiritualité et les orientations de nos fondateurs. Enfin,
Winfried, ghanéen lui aussi, qui m’a succédé
à Mongo. Il fait des études en anthropologie à
l’Institut catholique de Paris. Nous nous retrouvons ensemble,
pas seulement pour revivre les bons moments de Mongo, mais pour
partager notre vie future et actuelle. Tous les trois, après
leur formation, retourneront dans leur pays d’origine, pour
former nos jeunes. Il faut bien préparer l’avenir, mais
cela fait un gros trou en Guinée.
Heureusement, Jean,
français, qui avait travaillé autrefois à
Koundara avec Winfried, revient en Guinée, à Mongo où
nous avons tous travaillé. Ces trois dernières années,
il tenait une paroisse dans le sud de Paris à Fontenay aux
Roses. En effet, nous avons maintenant quelques paroisses en France
où il y a de nombreux étrangers sans papiers, et des
français (de souche ou non !) en difficulté.
Notre Province de France a accepté un grand sacrifice en
libérant Jean. Nous nous retrouvons pour plusieurs séances
de travail à trois, avec Winfried, pour préparer le
départ de Jean vers la Guinée en Janvier
2011.
Accueil. En même temps, comme je suis à
Paris, un certain nombre de personnes viennent me voir. D’abord
René, dominicain, ancien chercheur au CNRS, qui a beaucoup
travaillé sur l’Afrique. C’est un grand ami
depuis très longtemps et c’est toujours une joie pour
moi de parler avec lui.
Puis Michel, responsable de l’ONG
Appel Détresse vient nous voir. Ils soutiennent en
particulier Mongo. Jean, Winfried et moi tenons une réunion
avec lui pour la suite de nos activités.
Ensuite, Maria,
avec qui nous avons travaillé en Août en Côte
d’Ivoire. Nous faisons le point de notre travail sur notre
manuel sur la Réconciliation, l’Education à la
paix et la non violence. Le plus difficile, c’est de le
réécrire en français courant
Mardi
21 Septembre : Nous nous retrouvons avec tous les
membres de la section à l’entrepôt où ils
se réunissent chaque mardi pour travailler. C’est
l’occasion d’être tous ensemble et de parler. Des
journalistes des deux journaux « Ouest France »
et « Le Télégramme » viennent
m’interviewer, et un autre de la radio « Rivages »
(voir mon site). Toutes ces activités me semblent
importantes, non seulement pour expliquer ce que nous faisons en
Guinée et soutenir ce qui nous aident, mais surtout pour
réfléchir ensemble aux problèmes du
développement et à la façon dont nous
construisons le monde et ainsi pousser jeunes comme adultes à
s’engager en France, là où ils vivent. Nous
sommes tous solidaires. Et c’est notre civilisation
occidentale que nous exportons dans le Tiers Monde. Il est donc
important de la transformer et de la faire évoluer. Nous
terminons cette matinée très agréable et pleine
d’amitié par un repas partagé où chacun a
apporté quelque chose et où tous mangent dans la
joie.
Décès et maladies. Mais il y a aussi
la tristesse. Par deux fois, à Paris, j’avais voulu
voir Jean, un ami d’enfance du Sénégal, lui
aussi gravement malade d’un cancer. Cela n’a pas été
possible, vu son état, mais nous avons pu au moins chaque
fois nous parler au téléphone. J’ai été
frappé par son courage et la façon dont il vivait sa
maladie dans la foi. Et aussi par son amitié profonde et
l’intérêt qu’il continuait à porter
à mon travail, malgré ses souffrances. J’ai
appris son décès la semaine dernière. Bien sûr,
j’ai prié et célébré la messe
pour lui. Mais malheureusement, je n’ai pas pu assister à
son enterrement, car je devais intervenir à Rosporden et il
n’était pas possible de changer le programme au dernier
moment. Je continue à penser à lui, avec beaucoup de
tristesse mais aussi dans la paix et la reconnaissance pour tout ce
qu’il a vécu. Dans le même temps, un de mes
frères se fait opérer à Nantes. Et j’apprends
le décès, coup sur coup, de deux cousins à
l’Ile d’Houat. Je les avais visités et avais
parlé longuement avec eux au mois d’août.
Au
cours de ces congés, j’ai ainsi appris le départ
de plusieurs amis et parents. Ce qui n’est pas étonnant
vu mon âge. J’ai rencontré de nombreuses
personnes âgées. Elles sont de plus en plus nombreuses.
Certaines vieillissent bien. Mais beaucoup, surtout si elles sont
malades, perdent la mémoire ou souffrent, vivent assez mal
leur vieillesse. Plusieurs, se sentant diminuées, ont même
refusé de me voir. Prolonger la vie, c’est sans doute
une bonne chose, mais à condition d’arriver à
vivre sa vieillesse, sinon en bonne santé, au moins dans la
paix. Les façons de vivre la vieillesse et la mort sont bien
différentes en Guinée, et dans toute l’Afrique
Noire d’ailleurs.
Aumônerie de l’Hôpital.
A Brest, j’ai aussi l’occasion de rencontrer les
visiteurs des malades ainsi que ceux et celles qui vont leur donner
la Communion le dimanche. Nous parlons longuement de la Guinée,
mais ils m’expliquent aussi ce qu’ils font à
l’hôpital, les difficultés qu’ils
rencontrent, et aussi leurs joies dans cet apostolat. J’avais
déjà entendu parler de tout cela par l’un
d’entre eux ; je suis content de connaître toute
l’équipe.
Travaux divers. Les jours suivants,
je suis très occupé à répondre aux
nombreux mails que je reçois, à préparer des
documents pour l’année prochaine, et à
travailler sur Internet. Et surtout je profite d’avoir un peu
de temps libre pour travailler au Manuel sur l’éducation
à la paix et la réconciliation que nous avons
travaillé à ABIDJAN (voir les « Nouvelles »
de fin Août). Nous avons proposé un certain nombre
de corrections qu’il faut maintenant rédiger. Et
surtout, il faut le mettre en français simple pour qu’il
puisse être utilisé par des responsables de groupes, de
mouvements ou de communautés qui n’ont pas fait
beaucoup d’études en français. C’est un
très gros travail et très délicat, bien que
j’aie l’habitude de le faire. Heureusement que Jocelyne,
qui saisit également ces « Nouvelles »
et d’autres documents de mon site, est là pour saisir
le texte de ce manuel que j’enregistre pour elle sur des
cassettes que je lui envoie par la poste. Merci à elle.
Je
m’intéresse aux Fraternités spiritaines
qui viennent de tenir leur Assemblée générale
dans notre Maison de CHEVILLY LARUE, près de Paris. Là
même où j’ai terminé mes études de
théologie et ai été ordonné prêtre.
Ces fraternités sont composées de laïcs qui
veulent partager notre action missionnaire là où ils
sont et vivre la spiritualité de nos fondateurs, Claude
Poullart des Places et le Père LIBERMANN.
Je trouve un
moment pour aller voir le film « Des hommes et des
dieux » que j’apprécie beaucoup et où
je retrouve un certain nombre de situations que j’ai vécues
moi-même : la révolution en 1963 au Congo, les
massacres en Mauritanie et au Sénégal dans les années
90 et les attaques rebelles en Guinée en 2000-2001. Et bien
sûr la rencontre avec l’Islam et le travail commun,
ainsi que l’amitié avec les musulmans.
16
au 20 Septembre : ROSPORDEN et CONCARNEAU.
Il y a
quelques mois, à l’Archevêché de Conakry,
j’avais rencontré Mona, membre d’une association
qui soutient des actions de développement dans un village du
Fouta Djallon, au centre de la Guinée. Nous ne nous étions
parlé que cinq minutes, mais le courant était passé.
Aussi, quand Mona apprend que je suis en congés, elle
m’invite chez elle à Rosporden. Le jeudi soir, nous
regardons les photos du village et des actions menées :
construction d’un dispensaire et soutien de l’infirmier
et des sages-femmes, aménagement des bas-fonds pour la
culture du riz, en vue d’arriver à la suffisance
alimentaire, soutien des femmes et des jeunes. Je lis les différents
comptes rendus et nous en parlons ensemble.
Intervention dans
un Lycée. Le vendredi 17, je passe la journée
dans un lycée technique de Concarneau, où je travaille
spécialement avec cinq classes de 5ème.
J’ai apporté des DVD sur le dispensaire St Gabriel de
Conakry et les fêtes du Centenaire de la paroisse de MONGO
(voir mon site aux rubriques de ces noms), et toute une série
de diapos présentant les différents aspects de la vie,
de la géographie et de l’histoire de la Guinée,
et nos différentes activités aussi bien auprès
des réfugiés que des Guinéens (voir dans mon
site l’Album photos). Les professeurs sont intéressés ;
nous continuons notre réflexion avec eux et voyons comment
ils vont prolonger cette intervention avec les élèves.
Je regrette simplement de ne pas pouvoir parler également
avec les autres professeurs.
Samedi 18, nous continuons à
parler avec Mona. J’en profite aussi pour passer de nombreux
coups de téléphone. En effet, le temps passe vite, je
vais bientôt retourner en Guinée et il y a beaucoup de
parents et d’amis que je n’ai pas pu rencontrer. Je veux
au moins leur parler au téléphone, grâce à
Mona qui met son appareil à ma disposition. Cela me fait très
plaisir d’avoir ainsi quelques nouvelles et d’échanger
avec les uns et les autres.
Le soir, je vais dire la messe à
l’église de Rosporden, puis nous nous rencontrons avec
des amis de Mona et la directrice du collège où je
vais aller lundi. Une soirée très agréable.
Dimanche
19, je dis à nouveau la messe à l’église
de Rosporden. Je leur parle de la Guinée. A la fin de
l’homélie les gens applaudissent, comme ils l’avaient
déjà fait la veille au soir. Cela ne m’étonne
pas, car en Guinée nous avons l’habitude des messes
animées où les gens participent. Mais il paraît
qu’en Bretagne, ce n’est pas tellement l’habitude.
Lundi
20, je passe la journée dans un autre collège de
la région. Les élèves se forment à
l’hôtellerie. Cette fois-ci, je travaille avec les
classes de 4ème. Et surtout, je parle longuement
non seulement avec les professeurs mais aussi avec la directrice et
l’aumônière du collège pour voir comment
continuer la réflexion. Puis le repas de midi avec les
professeurs est très sympathique. Comme vendredi, Mona est
venue avec moi. Elle explique le travail de son association, en
Bretagne comme en Guinée. Cela est important pour proposer
aux élèves des actions possibles, et ne pas se
contenter d’un simple témoignage. Mais là
encore, il me faut repartir, car on m’attend à
Brest.
Le soir, nous nous retrouvons en famille avec deux amies
d’enfance du Sénégal où j’ai
grandi : nous étions scouts et guides ensemble et nos
familles étaient amies. Depuis 2004, nous nous sommes
retrouvés. Jacqueline est l’une des responsables de la
section de BREST de l’ONG « Appel Détresse ».
(J’ai rencontré les responsables nationaux à
AURAY à la mi-août – voir les « Nouvelles »
précédentes). Cette section de Brest a beaucoup
contribué à remplir le containeur que nous avons reçu
à Conakry cette année, avec beaucoup de matériel
mais aussi du lait et de la panure (faite avec du pain qu’ils
récupèrent, font sécher et réduisent en
poudre). Cela fournit une bonne nourriture pour les bébés,
spécialement pour les enfants dénutris dans
différents dispensaires du pays.
Mais la section de Brest
a aidé encore davantage la mission de Mongo, qui avait
beaucoup souffert des attaques rebelles, venues de Sierra Léone,
pendant la guerre du Libéria en 2000-2001. (Voir dans mon
site les circulaires de 1996 à 2006, et « MONGO »
sur le moteur de recherche du site). Ils nous ont spécialement
aidés pour les jardins d’enfants, l’aménagement
des bas-fonds pour la culture du riz et l’aménagement
des sources pour avoir de l’eau potable dans les villages.
Nous passons une soirée très agréable ensemble.
Les
11-12 Septembre, visite aux amis du Père BIENVENU.
Gustave Bienvenu, spiritain, avait été expulsé
de Guinée par Sékou Touré, en 1967, comme tous
les missionnaires. Il avait travaillé alors au Sénégal
avec les Mandjaques, puis était revenu en Guinée, dès
que cela avait été possible. (Voir mon site,
rubrique « Père Bienvenu et Kataco). C’est
lui qui m’avait amené en Guinée en 1996. Malade,
il était rentré en France. Je lui ai succédé
à Kataco en 2006 où il y avait beaucoup de problèmes
et où le Frère Joseph DOUET a été
assassiné en avril 2008. (Voir dans mon site la rubrique
qui porte son nom).
Les amis du village d’origine du
père BIENVENU, St Georges de Roeillet, en Normandie,
s’étaient organisés pour le soutenir, en
particulier pour l’école et l’internat. Ils ont
continué à le faire après son départ de
Guinée. Ils sont maintenant devenus mes amis. Et bien
qu’ayant quitté Kataco pour Conakry, vu mes
responsabilités je continue à suivre ce qui s’y
passe. C’est donc avec joie que nous allons les visiter, à
deux ; comme à chaque fois, nous sommes très bien
accueillis. Le dimanche, je concélèbre l’Eucharistie
avec le curé de St Georges. A l’homélie, je leur
parle de notre travail en Guinée, aussi bien dans les
quartiers et villages que dans les communautés chrétiennes,
pour le développement, la justice et la paix, et
l’évangélisation. Avant la Communion, je leur
souhaite la paix au nom des chrétiens de Guinée.
Après
la messe et un temps de partage amical, nous nous retrouvons à
la mairie avec les membres de l’association. Nous faisons le
point des actions menées ; je leur donne les nouvelles
de Kataco ; nous voyons comment continuer notre collaboration
et ils me remettent l’argent du parrainage de l’école
primaire et du jardin d’enfants, pour permettre à des
enfants de familles pauvres de faire des études eux aussi. Il
y a deux mois, ils nous avaient déjà envoyé une
forte somme d’argent pour refaire le toit de l’école
primaire. Cet argent, ils l’ont gagné spécialement
en vendant de la ferraille et en organisant une fête et un
repas (« la poule au blanc »). Comme les
choses sont claires, la rencontre ne dure pas longtemps et nous nous
retrouvons ensuite pour un repas très joyeux et amical. Sans
tarder, le maire nous conduit à Avranches prendre le train,
ce qui nous permet de continuer à parler pendant le
trajet.
Les jours suivants, je passe beaucoup de temps à
travailler sur ordinateur.
Septembre.- A mon retour de Côte d’Ivoire, je continue mes visites aux amis et aux personnes qui nous soutiennent dans nos différentes actions en Guinée. Je ne peux pas tout raconter. Je note simplement quelques rencontres, parmi beaucoup d’autres !
Samedi
4 septembre : Rédaction d’un manuel
sur la Réconciliation.
Retour de Côte d’Ivoire.
L’année dernière, nous nous étions
rencontrés à 9 personnes engagées d’une
façon ou l’autre dans les actions non violentes, la
médiation et la réconciliation et la lutte pour la
justice et la paix, dans différents pays d’Afrique.
Nous avions composé un manuel pour des responsables de
groupes, de mouvements et de communautés de base pour les
aider dans leurs démarches de réconciliations (Voir
« Nouvelles » du 9 au 15 Août 2009).
Chacun a relu et corrigé ce projet et essayé de
l’utiliser tout au long de l’année. Nous nous
réunissons cette année pour faire une mise au point
finale, avant son impression.
Nous travaillons dur pendant une
semaine, malgré la maladie de Maria (crise de palud) et la
fatigue de tous. Mais comme nous nous connaissons bien maintenant et
que nous formons une équipe très unie, nous
travaillons dans la joie et l’amitié et sans crainte de
dire chacun ce que nous pensons, sûrs d’être
compris et accepté. Ce qui arrange tout. Nous prenons quand
même le temps de partager ensemble ce que chacun a vécu
tout au long de l’année, et de voir comment continuer
notre propre formation. Tout ce travail s’appuie sur des temps
de prière très intense et des eucharisties très
animées, ou nous partageons la Parole de Dieu, avec de
nombreux gestes et symboles où nous exprimons notre foi.
La
Commission : Vérité, Justice et
Réconciliation.
Nous regrettons beaucoup l’absence
de Sam, Pasteur protestant et membre de notre équipe. Il est
retenu au Togo par le travail de la commission « Vérité,
Justice et Réconciliation ». Cette commission a
été mise en place pour faire la vérité
suer tous les assassinats, tortures et disparitions qui ont eu lieu
dans le pays depuis l’indépendance en 1960, et en
particulier au moment des élections présidentielles de
2005. Un peu comme cela s’est fait en Afrique du Sud, après
les crimes de l’apartheid, avec l’évêque
anglican Desmond TUTU. Mais ici, à la recherche de la Vérité,
on a ajouté la notion de Justice et de réparation sans
lesquelles il ne peut pas y avoir de vraie réconciliation.
C’est un travail très délicat et difficile.
Surtout que certaines des personnes qui ont commandé et
organisé ces assassinats au Togo sont encore au pouvoir
aujourd’hui ! De loin, par mail et téléphone,
nous soutenons Sam de notre amitié et de notre prière.
(Voir mon site, rubrique « Justice et Paix »).
Les
voyages en avion.
Je vous ai souvent parlé de nos
problèmes, lors de nos voyages en avion. Cette fois-ci,
encore, ça n’a pas manqué, en commençant
par la France, à Orly ! D’abord, il a fallu
enlever sa ceinture à cause de la boucle métallique,
et aussi les chaussures et donc se promener pieds nus en tenant son
pantalon d’une main et ses bagages de l’autre…
pour ensuite se reculotter devant tout le monde. J’avais amené
un pot de confiture pour améliorer les petits déjeuners
de notre session (Si on « bosse comme des dingues »,
il faut bien prendre des forces et maintenir le moral !), bien
sûr on me l’a kidnappé. Si encore la policière
l’avait gardé pour elle, ou, mieux, donné à
l’un des roms ou autre nécessiteux gravitant autour de
l’aéroport, français de souche ou non…
Même pas ! On l’a mis à la poubelle !
Et j’ai vraiment eu mal quand j’ai vu qu’on jetait
aussi à la poubelle les produits de beauté de la
vieille dame qui venait après moi. Notre recherche de la
sécurité à tout prix va nous tuer. Pas
seulement nous, mais notre société tout entière.
Que peut valoir une vie où tout est prévu, organisé,
assuré (avec compensation financière et procès
sans fin, bien sûr), aseptisé, et garanti à
l’avance ? Que vaut une vie sans aucun risque ? Il
paraît que le premier des trois mots de la devise de la
République française c’est : « Liberté » !
(Je préfère ne pas parler de l’égalité
et encore moins de la fraternité. Je serais trop
virulent).
Au retour, l’aéroport où nous
faisons escale est en restauration. Et deux avions partent à
quelques minutes d’intervalle. Tout le monde se télescope.
Nous qui sommes en transit, nous sommes conduits en plein milieu de
ceux qui enregistrent les bagages, mais en sens inverse. Tout le
monde se bouscule. Il faut donc refaire toutes formalités qui
ont déjà été faites à Abidjan.
Nos passeports sont vérifiés quatre fois. Certains
voyageurs doivent repasser 5 à 6 fois de suite sous le
portique de contrôle ; d’autres sont bloqués
parce que la photo de leur passeport n’est pas assez
ressemblante. Et il n’y a pas de toilettes en service. Il fait
très chaud. Les bébés et les enfants pleurent.
Des passagers se trompent de bus pour aller à leur avion.
Nous sommes serrés comme des sardines et l’on doit
faire l’appel, un par un, comme à l’école
primaire. Ce cirque a duré trois heures et l’avion
décolle avec plus d’une heure de retard, à 2
heures du matin. Mais j’ai admiré le calme et la
patience des passagers !
J’étais quand même
étonné par tout cela et je me demandais d’où
ça venait. C’est en arrivant à Orly que j’ai
compris. Tous les Africains qui étaient devant moi ont été
arrêtés, des policiers leur ont posé des tas de
questions, ont regardé leur visage et les photos de leur
passeport sous toutes les coutures, et on les a mis de côté
pour les faire attendre. Quant à moi, on m’a salué
avec un grand sourire « bonjour monsieur », et
on m’a fait passer immédiatement (parce que je suis
blanc et Français de souche ; comme si cela voulait dire
quelque chose).Alors ce n’est pas étonnant qu’on
nous en fasse autant en Afrique ! C’est la même
chose pour le prix de visa. A Orly, j’ai même vu une
maman être retenue, parce que son bébé de 3 ans
ne voulait pas tourner la tête vers la policière pour
qu’elle vérifie la correspondance avec la photo. Pas
étonnant : il avait peur de cette policière toute
blanche et il s’est mis à pleurer !
C’est
vrai qu’il y a des Africains délinquants qui veulent
entrer en France. Mais les touristes français, jeunes mais
aussi adultes, qui vont en Afrique, profitant de leur argent et de
la pauvreté locale, pour la drogue ou le tourisme sexuel,
sont-ils des anges ? On est en train de se lancer dans une
escalade qui risque de se terminer très mal.
Le travail
continue !
Au cours de notre rencontre, nous avons prévu
beaucoup de corrections à notre manuel. De plus, nous voulons
le mettre en français simple, pour qu’il soit compris
et utilisé par le maximum de personnes. Cela fait beaucoup de
travail. Dès mon arrivée dans l’avion, je me
mets au boulot. Je commence par le chapitre 11 qu’il faut
réécrire. En même temps dans mes déplacements,
je lis un livre de proverbes africains, car c’est un moyen
d’enseignement et de sagesse très important en Afrique.
Pour chaque chapitre, nous avons prévu des pistes de
réflexion chrétienne à partir de la Parole de
Dieu ; et aussi des citations du Coran et des réflexions
musulmanes. Cela se fera peu à peu.
Visites aux amis
malades ou âgés.
A chacun de mes passages à
Paris, je cherche à en visiter l’un ou l’autre.
C’est toujours une grande joie de nous retrouver, mais aussi
une grande tristesse de les voir ainsi, diminués dans leurs
forces. En même temps, je suis dans l’admiration en
voyant comment certains portent leur vieillesse et leurs souffrances
dans la foi et avec beaucoup de courage.
Un décès.
Ce matin, 4 Septembre, en arrivant à Orly je reçois
un coup de téléphone de mon Ile (HOUAT) m’annonçant
le décès d’une tante, la doyenne de l’île.
A chaque fois que je quitte mon île, je me fis que lorsque je
reviendrai dans 2 ou 3 ans, un certain nombre de parents nous auront
ainsi quittés.
J’avais l’intention d’aller
voir un ancien camarade de classe de Dakar, ami de longue date,
gravement malade. Mais je suis très triste car il est trop
malade pour me recevoir. Il m’envoie cependant un message
plein d’amitié, de courage et de foi, qui
m’impressionne beaucoup et me réconforte.
Eucharistie
et repas.
Je vais donc à la messe de notre
maison-mère. Nous prions en particulier pour six jeunes qui
ont fait hier leur entrée au noviciat, pour se préparer
pendant une année à s’engager dans la vie
religieuse.. Et ce matin, trois autres reçoivent le diaconat
(deviennent diacres) dernière étape avant d’être
prêtre et missionnaire. A la sortie de la messe, nous prenons
l’apéritif avec ceux et celles qui sont venus à
la messe chez nous. Je parle avec quatre religieuses ivoiriennes qui
viennent d’arriver en France et vont travailler dans une de
nos maisons des Apprentis d’Auteuil, près de Bordeaux.
Comme j’arrive de Côte d’Ivoire, nous échangeons
des nouvelles.
Au repas, comme toujours c’est la joie de se
rencontrer avec des confrères et de parler ensemble des pays
où nous avons chacun travaillé, parfois ensemble, mais
aussi du présent et même du futur.
Dans le
métro.
Sans terminer le repas, je pars rapidement à
la gare Montparnasse pour ne pas rater mon train. Dans le métro,
je rencontre une Camerounaise avec sa fille, submergée de
bagages ; le gros sac en particulier qu’elle a mis sur un
petit chariot est beaucoup trop lourd pour le chariot. Comme elle va
elle aussi à Montparnasse, je lui donne un coup de main, bien
que je sois moi-même chargé. Je lui dois bien ça,
car moi-même j’ai été très souvent
aidé par des Africains dans le métro.
Samedi
21 août :En
route vers Vierzon, j’ai deux heures d’attente à
la gare à LYON. J’en profite pour rencontrer la
responsable d’une association de Villefranche qui soutient des
projets en Guinée, près de Kissidougou, un secteur que
je connais bien pour y avoir travaillé dix ans. Ils
soutiennent en particulier une plantation de palmiers à
huile. Mais les choses ne sont pas faciles, ni du côté
de la France, ni du côté de la Guinée. Nous
cherchons ensemble des pistes pour régler au mieux les
problèmes.
A Vierzon, ce sont Marie-Josiane et
Jean-Jacques qui m’accueillent. Nous nous connaissons aussi
depuis longtemps : la mère de Marie-Josiane et mon père
étaient frère et sœur de lait. C’est
Jean-Jacques qui se charge de l’expédition par mails
des différents messages que vous recevez par Internet. Ces
amis, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, me rendent de
très grands services. Sans eux, je ne pourrais pas mener mes
activités comme je le fais et je les en remercie beaucoup.
Le
soir, je vais célébrer l’Eucharistie du samedi
soir. Je suis très bien accueilli à la paroisse et à
l’homélie j’essaie de partager ce que nous vivons
en Guinée ; j’explique en quoi nous sommes
solidaires, vivant dans le même monde, et par conséquent
appelés à agir chacun là où nous vivons,
en particulier pour et avec les étrangers présents
parmi nous. Le soir, nous dînons avec le curé de la
paroisse et pouvons continuer notre partage. Le lendemain, avec
Jean-Jacques nous revoyons la liste de mes correspondants et prenons
le temps, tous les trois, de parler de notre vie et de nos amis. Et
après le repas, je continue mon voyage.
Vendredi 20 août : A l’arrivée à Chalon-sur-Saône, Jocelyne m’attend. C’est une ancienne responsable de la JOC ; Nous avons fait une session ensemble au CFEI de Nogent-sur-Marne, en 1965, quand elle se préparait à partir pour le Sénégal et moi pour le Congo. Depuis, nous sommes restés en contact. C’est elle qui saisit les « Nouvelles » que vous lisez maintenant et quelques autres documents que vous trouvez sur mon site. Nous sommes très heureux de nous retrouver à nouveau. Nous parlons du Sénégal bien sûr, de ses engagements actuels dans l’Eglise (préparation et célébration des obsèques au Crématorium) et dans le quartier (soutien scolaire aux enfants très majoritairement issus de l’immigration) ; etc... Et nous mettons au point la saisie des prochains documents.
Vendredi
20 août : Avant de
voyager, je passe saluer Robert, responsable des éditions
Kasthala. C’est un ami de longue date que je revois toujours
avec joie. J’apprécie beaucoup son travail, pour donner
la parole aux gens du Tiers Monde et faire connaître leurs
actions. Nous parlons de l’Afrique… et de l’Europe,
la France en particulier. Il me remet un livre sur l’intégration
de la Guinée dans l’Afrique de l’Ouest. C’est
important et ça m’intéresse.
A la gare, le
TGV a plus d’ 1 heure 30 de retard. Je vais donc rater ma
correspondance. Il n’y a pas qu’en Afrique qu’il y
a des problèmes de transport ! J’en ai profité
pour écrire ces nouvelles que vous lisez maintenant. Et je
m’aperçois qu’il y a un autre TGV en partance
pour Dijon. Je saute dedans et je m’explique avec le
contrôleur… mais je raterai quand même ma
correspondance !
Mardi
17 août : Formation de
jeunes religieuses à Justice et Paix.
Les responsables
des sœurs de St Joseph de Cluny m’ont demandé de
venir assurer une formation à Justice et Paix pour les jeunes
sœurs africaines avant leur engagement définitif
(profession perpétuelle). Bien sûr, j’ai
accepté ! D’abord parce que c’est ma
branche et que c’est très important, en soi et pour la
mise en pratique du dernier synode pour l’Afrique. Ensuite,
parce que je suis très uni à ces sœurs, ayant
toujours travaillé avec elles, depuis le début de mon
travail missionnaire. En arrivant, j’ai la surprise de voir
que toutes ces sœurs viennent du Sénégal, du
Congo et de Guinée, trois pays où j’ai travaillé
environ 15 ans. Je parle avec chacune d’elles, dans sa langue,
et nous en sommes très heureux.
La session se passe très
bien. Nous travaillons beaucoup mais dans la joie, car les sœurs
sont très ouvertes et coopératives. Je suis frappé
par leur sérieux, leur engagement et leur volonté de
passer à l’action. Nous nous ménageons de longs
temps de prière, où chacun participe. Nous avons
choisi des lectures, des chants et des symboles en lien avec le
thème de Justice et Paix pour cela. Pour moi-même,
cette session me rajeunit et m’encourage dans mon travail, en
même temps qu’elle me permet d’en découvrir
de nouvelles dimensions.
Lundi
16 août : Mais dès le lendemain, après
avoir salué les parents et les amis venus dans l’île
en ce temps de vacances, il me faut repartir, avec beaucoup de
regrets. A Quiberon, je vais voir un parent gravement malade, puis,
avec parents et amis, je célèbre l’Eucharistie
pour Annick, une cousine religieuse, décédée
l’année dernière. Bien sûr, étant
en Guinée, je n’ai pas pu assister à son
enterrement.
De nombreux pêcheurs de HOUAT sont venus
s’installer à Quiberon, sur le continent, où il
leur est plus facile de vendre leur pêche ou de trouver du
travail. Comme chaque fois que je viens en congés, nous nous
retrouvons donc avec la grande famille pour une soirée très
animée et joyeuse.
Mon grand-père Ferdinand.
Les 28-29 août aura lieu à HOUAT les « cousinades »,
c’est-à-dire la rencontre de tous les cousins
descendants de notre arrière-arrière grand’mère
que tout le monde appelait « la parisienne ».
En effet, Marianne, sa mère, avait abrité en 1813, des
chouans, bretons opposés à l’Empereur Napoléon.
Elle avait été emmenée en prison à Paris
où elle avait accouché de Marie-Françoise, « la
parisienne ». Les cousinades de cette année seront
centrées sur la vie de mon grand-père qui était
aussi mon parrain. Il a pêché et travaillé sur
toutes les mers du monde, a eu une vie très mouvementée :
torpillé pendant la 1ère guerre mondiale et
échappé de l’éruption du Mont Pelé
à la Martinique. Excellent pêcheur dans les conditions
très dures de cette époque, après avoir pêché
à Terre Neuve et été patron de pêche à
Cherbourg et au Havre, il a terminé capitaine de port à
Lorient. Non content d’améliorer les techniques de
pêche, il a toujours eu le souci de l’évolution
de son île, par exemple en y lançant l’élevage
du mouton et des chèvres. (Voir
le site : www.histoiresdehouat.eu).
Bien
sûr, j’aurais beaucoup aimé participer à
cette fête, mais je serai en route pour la Côte
d’Ivoire !
La
fête du 15 août : Bénédiction
de la mer et prière pour les morts, péris en mer.
Depuis très longtemps, le jour de l’Assomption de Marie
donne lieu à une grande prière pour bénir la
mer et prier pour tous ceux qui y travaillent : les pêcheurs,
les marins du Commerce et les marins militaires, les plaisanciers
qui prennent des vacances sur la mer. Nous élargissons notre
prière aux pêcheurs et marins de tous les pays, en
pensant spécialement à ceux qui travaillent sous des
pavillons de complaisance, qui travaillent très dur, sont
souvent exploités et parfois abandonnés par leurs
armateurs et capitaines dans des ports, sans aucune ressource. Cela
me fait regretter encore plus qu’il n’y ait pas
d’aumônier de la mer en Guinée. Il va falloir
faire quelque chose !
Après la grand messe, nous
descendons jusqu’au port en procession, en chantant des
cantiques bretons. Nous montons à bord de la vedette qui fait
le voyage entre Quiberon et les îles, et que la Compagnie de
navigation a mis à notre disposition. Nous sommes accompagnés
par les bateaux de pêche, les bateaux de plaisance et des
canots de sauvetage, tous décorés de nombreux
pavillons et du drapeau breton. Les bateaux de HOUAT et HOEDIC se
retrouvent en mer entre les deux îles, pour prier pour les
morts, péris en mer. Nous n’oublions pas tous les
« BOAT PEOPLE » et tous ceux qui quittent les
côtes d’Afrique en pirogue pour rejoindre l’Europe
et qui se noient. Avec le doyen de l’île, pêcheur
retraité et ancien maire, nous jetons une gerbe en leur
honneur.
A cette occasion, Bernard, qui travaille avec nous à
Conakry au Projet hydraulique et à l’Atelier de soudure
« Savoir-Fer » pour les enfants de la rue, est
venu me rejoindre. (Voir mon site, rubriques « Puits »
et « Projets »). Je suis heureux de
l’accueillir dans ma famille.
Mardi
10 août : Marie-Claire, une cousine, m’attend
à Auray pour m’accompagner à l’Ile de
HOUAT dont je suis originaire du côté maternel (famille
SCOUARNEC), comme elle. Nous passons la matinée à St
Pierre de Quiberon avec mon frère, pêcheur sur les
chalutiers, actuellement en convalescence, et retraité. Sa
fille qui travaille à Nantes vient nous rejoindre avec son
mari congolais, que je ne connaissais pas encore. Je suis heureux de
lui parler dans sa langue, le lari, que je n’avais plus parlée
depuis que j’ai quitté le Congo, en 1975, mais que je
retrouve vite. Du coup, son jeune frère m’appelle de
Houat pour parler aussi avec moi. Le monde est petit ! A midi,
repas avec Mamie, une amie de la famille depuis longtemps et qui
parraine un enfant de l’internat de Boffa (voir mon site,
« Boffa et internat »). L’après-midi,
nous prenons le bateau pour Houat. Je passe d’abord saluer
Jean-Noël, le curé de l’Ile, avec qui je suis très
ami et qui va me loger. Puis je pars rejoindre ma famille (sœur,
neveux et nièces). C’est l’anniversaire de mon
neveu, nous sommes tous réunis avec conjoints, enfants et
cousins. Nous passons une soirée très agréable.
Dès le lendemain, avec la famille, les parents et les
amis, je célèbre la messe pour ma mère, décédée
il y a 3 ans et dont nous avons ramené les Cendres dans notre
Ile.
A Houat,
je suis chez moi. C’est l’origine de ma famille
et depuis ma jeunesse j’y ai pratiqué plusieurs saisons
de pêche à la sardine, aux crabes, homards (casiers),
au filet, à la ligne et au chalut. Nous nous connaissons tous
et sommes tous parents, au moins par alliance. Je vais d’abord
prier au cimetière, spécialement sur les tombes de
ceux et celles qui sont morts depuis mes derniers congés ;
je vais saluer les personnes âgées et visiter les
malades. Je suis ainsi bien occupé, car je n’ai pu me
réserver que 5 jours dans mon île, et je ne peux pas
répondre aux nombreuses invitations qui me sont faites. Mais
je prends le temps de suivre les championnats d’Europe de
natation et surtout d’aller nager dans la mer… même
si l’eau est beaucoup plus froide qu’en Guinée !
Je passe la soirée du 9 août avec Michel, président, et Danièle, responsable des projets de l’Association Appel Détresse, qui nous soutient beaucoup depuis Mongo (pour les jardins d’enfants et les petits projets de développement, aménagement des sources et des bas-fonds), pour Kataco et Boffa (école primaire, internat et parrainage) et maintenant pour toute la Guinée (matériel, dispensaires, nourriture pour bébés et enfants dénutris). (Voir « Appel Détresse » sur le moteur de recherche du site). Nous nous connaissons bien maintenant et en plus d’un repas très amical en (grande) famille avec des amis grecs, nous prenons le temps de régler rapidement un certain nombre de problèmes : la succession de Winfried à Mongo (Ghanéen, il vient suivre une formation en sociologie à l’Institut catholique de Paris, remplacé par Jean, un Français, ancien de Koundara), les projets futurs, la façon de les présenter, les priorités, la coordination des besoins et des projets pour la Guinée, etc… C’est beaucoup plus facile quand on peut se rencontrer et parler directement !
Dimanche
8 août : Visites.
Tôt
le matin, je suis parti, par train, à NIORT, chez Jean-Louis
et Jacqueline qui viennent régulièrement à
Conakry et nous aident beaucoup dans la marche du diocèse.
Comme ils ont une imprimerie, ils m’ont multiplié les
livrets qui vont servir pour la session que je faire en Côte
d ’Ivoire le mois prochain pour la mise au point d’un
manuel sur la non violence active, dans la ligne de Gandhi et Martin
Luther King, et la réconciliation. Bien sûr, j’étais
très heureux de les revoir et nous avons pu parler de
nombreuses choses que nous avons en commun. (Voir mon site,
rubrique « Pastorale sociale »).
Dès
le lendemain matin, en route pour rencontrer la famille du Frère
Joseph avec qui je travaillais à Kataco et qui a été
assassiné il y a 2 ans. Ils sont venus l’an dernier en
Guinée, à Kataco, prier sur sa tombe et rencontrer le
village. Ce qui a permis une meilleure compréhension des
choses et une demande de pardon, suivie d’une réconciliation.
Les assassins du Frère ont été arrêtés
et sont en prison depuis 2 ans, mais à cause des
perturbations de la vie politique et de la justice, ils n’ont
pas encore été jugés. Nous parlons de tout
cela. Et de leur dernière visite au Sénégal sur
les pas du Frère Joseph. Cela renforce nos liens d’amitié
et je les remercie de leur accueil. (Voir mon site, rubrique
« Frère Joseph Douet »). A midi,
ils me conduisent à Nantes pour prendre le train d’Auray
Samedi
7 août :
Mariage.
Lorsque je travaillais au Sénégal,
nous avions mis en place un groupe de réflexion sur
nos engagements et la vie du pays, composé à la fois
de volontaires et coopérants étrangers, et de
Sénégalais engagés. Cela nous avait beaucoup
soutenus et permis de voir plus clair dans ce que nous avions à
faire, grâce à une réflexion en commun
permettant un enrichissement mutuel. Il régnait dans le
groupe une véritable amitié qui s’est continuée
jusqu’à maintenant. Je m’occupais aussi des
enfants des membres du groupe. Si bien que Marie Elise, l’une
d’entre eux, devant se marier, m’a demandé de
bénir leur mariage, à l’occasion de mes congés.
Ce que j’ai accepté avec joie. Cela m’a permis de
retrouver une famille que j’aime beaucoup et de rencontrer de
nombreuses personnes. Les connaissant bien, j’étais
très à l’aise et j’ai pu « personnaliser »
la cérémonie qui s’est passée
dans une très bonne ambiance, très « contractée » :
à l’accueil, après avoir rappelé nos
liens mutuels, j’ai proposé aux participants de vivre
cette célébration non seulement dans l’amitié,
mais comme un engagement de tous et de chacun pour aimer
plus et mieux, unis aux jeunes mariés.
Après m’être
présenté, je leur ai proposé d’élargir
leur prière non seulement au Sénégal et à
la Guinée, mais aussi à tous les pays qu’ils
avaient eux-mêmes visités et à tous les
étrangers avec qui ils étaient en contact.
Comme
j’aime bien le faire, j’ai utilisé plusieurs
symboles pour visualiser les choses : un habit tissé
par un réfugié de Sierra Leone avec qui je vivais
pendant la guerre du Liberia ; et une bougie (allumée au
cierge pascal de l’église, signe de l’amour du
Christ et d’une vie nouvelle), symbole du travail des artisans
avec qui je vis actuellement.
Les mariés avaient choisi
comme Evangile la parabole de la maison bâtie sur le roc,
signifiant ainsi qu’ils voulaient non seulement bâtir
sérieusement leur foyer (ils ont suivi une préparation
au mariage avec d’autres couples, qu’ils ont beaucoup
appréciée), mais le construire sur le Christ, notre
rocher. Après l’homélie, j’ai donc posé
devant l’autel une pierre appartenant à la mariée
et chargée de souvenirs, symbole du Christ, la pierre
angulaire, sur laquelle Dieu veut bâtir son Eglise (1 Pierre
2, 4-10). Et j’ai proposé aux participants qui le
voulaient de venir déposer sur cette pierre un petit caillou,
signe de leur engagement à bâtir eux aussi leur vie sur
le roc. Beaucoup ont accepté cette démarche.
D’ailleurs j’ai été très frappé
à la fois du sérieux et de la « décontraction »
de la cérémonie.
Bien sûr, j’ai cherché
à faire participer le maximum de personnes. D’abord,
comme d’habitude, par les lectures, la prière
universelle et les chants (accompagnés par plusieurs amis
musiciens). Les mariés ont expliqué pourquoi ils
avaient choisi les lectures de ce jour (1ère
lecture : 1ère Cor 13, sur l’amour) et
ont donné leur témoignage. Ils ont lu comme prière
un poème qu’ils aiment beaucoup. La grand mère a
parlé longuement, avec beaucoup d’émotion.
Lors
de l’homélie, à partir de la 1ère
lecture, j’ai rappelé combien l’amour de ces
jeunes mariés était important pour nous, et aussi pour
l’Eglise et pour Dieu Lui-même. C’est un grand
encouragement pour tous et un appel à mieux aimer. Mais aussi
combien ils avaient besoin, eux aussi, de notre amour et de notre
soutien à tous, pas seulement ceux de leurs parents ou
témoins. J’ai ensuite cherché à donner le
sens chrétien et la profondeur de leur amour et de leur
mariage. D’abord, comme moyen de rendre l’amour
du Christ présent dans le monde ; Dieu est Amour et
Jésus disait : « Quand 2 ou 3 sont réunis
en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Quand nous
nous aimons, l’amour du Christ est présent parmi les
hommes. Un chant dit : « Où sont amour et
charité, Dieu est présent ». Mais notre
amour est aussi un signe de l’amour de Dieu. Dieu
lui-même a choisi l’amour de l’homme et de la
femme, et l’amour des parents pour leurs enfants, comme le
meilleur moyen de faire connaître son amour aux hommes. Dieu
disait à son peuple : « Comme un fiancé
aime sa fiancée, c’est ainsi que je t’aime
Israël…. Israël je t’ai éduquée
comme mon enfant…. Je te tiens comme un bébé
sur le sein de sa mère ».
Ces témoignages
de Dieu-Amour, de leur part comme mariés, de mon côté
en tant que religieux missionnaire, sont complémentaires et
ont besoin de s’appuyer l’un sur l’autre. Comme
j’avais longuement parlé le matin avec Marie-Elise,
j’ai pu concrétiser tout cela et l’appliquer à
notre vie de tous les jours. Je n’ai pas manqué non
plus de lire le beau texte que chacun des deux mariés avait
composé sur leur amour. Et nous leur avons remis deux icônes
comme souvenirs de leur mariage : l’une sur la Sainte
Famille, l’autre sur la Résurrection, cette dernière
ayant beaucoup voyagé avec moi et avec laquelle j’ai
beaucoup prié. J’étais heureux de la leur
offrir.
J’ai eu la joie de célébrer ce
mariage avec Aniceto, spiritain comme moi, angolais, ayant d’abord
travaillé au Mexique et maintenant missionnaire en France.
Nous nous sommes ensuite retrouvés avec tous les parents et
les invités pour un repas et une soirée très
agréable où j’ai pu parler avec beaucoup de gens
sympathiques qui étaient intéressés par nos
activités.
Eté
2010 – Congés en
France
N.B. IMPORTANT : Mon
site (armel.duteil.free.fr) comporte désormais un moteur de
recherche (page d’accueil, en haut à gauche) qui vous
permet de trouver les choses qui vous intéressent à
partir des mots importants.
Me voici donc rentré en
congés, jusqu’au 4 Octobre. Vous pouvez me joindre sur
mon portable.
Dès mon arrivée et au cours de mes
différentes tournées, je passe chaque fois à la
Maison mère des Spiritains à Paris, où je suis
toujours bien accueilli. C’est une grande joie de rencontrer
les confrères qui travaillent en France et un peu partout
dans le monde, parfois après de nombreuses années sans
nous voir.
Après un temps de repos dont j’avais bien
besoin, j’ai commencé mes visites aux amis et aux
différentes personnes qui nous aident dans notre travail, et
les sessions qu’on me demande d’animer. Malheureusement,
à cause de ces différentes activités je n’aurai
pas le temps de rencontrer tous les amis que je désirerais
voir. Je le regrette beaucoup et je leur demande de m’excuser.
Il reste les contacts par mail ou par téléphone.
Les
élections en Guinée.
Pendant tout ce temps, par
lettre, téléphone et sur les sites Internet, je reste
en contact avec la Guinée en cette période importante
de la saison des pluies et des cultures, mais surtout des élections
présidentielles si importantes pour la vie du pays, les
premières élections libres depuis 52 ans
d’indépendance. Bien sûr, tout n’a pas été
parfait dans leur organisation. Ce n’était pas possible
dans la situation actuelle du pays, et malgré un long temps
de préparation auquel nous avons très activement
participé (voir dans mon site les rubriques :
« Nouvelles », « Situation du
pays » et « Justice et Paix) : suivi
des différentes étapes, réflexion sur les
programmes des partis, formation des électeurs, observation
des élections, etc… Malgré les imperfections,
les résultats du premier tour ont été
finalement acceptés par tous, en particulier les 22 candidats
éliminés au premier tour. C’est vrai que
l’essentiel était de garder la paix dans le pays et
d’éviter tout recours à la violence.
Pour le
moment, le deuxième tour des élections est prévu
pour le 19 Septembre, après le ramadam, la plupart des
Guinéens étant musulmans. Ce 2ème
tour avait été d’abord prévu pour le 15
août, mais reporté par respect de la fête
chrétienne. Déjà une réflexion sérieuse
a été menée pour réparer les erreurs et
les manques du 1er tour (Voir dans mon site la
rubrique « Situation du pays »).
Les
Centres aérés.
Même si tous attendent les
prochaines élections, les activités continuent. A la
paroisse de TAOUYAH, les différents groupes ont terminé
l’évaluation de leurs activités de cette année.
(Voir dans mon site la rubrique « Taouyah »).
Ils sont maintenant lancés dans les activités de
vacances et les sessions de formation prévues. Pour nous,
l’une des activités principales est, pour la 2ème
année, les centres aérés dans dix
quartiers populaires de CONAKRY où des éducateurs
bénévoles –que nous avons formés tout au
long de l’année- encadrent des enfants en difficultés
et issus de familles pauvres, pour leur apporter un soutien scolaire
ou une alphabétisation de base, et une éducation aux
droits de l’homme et de l’enfant, suivies d’activités
concrètes à leur niveau pour les aider à se
prendre en mains et à s’engager. Le tout dans le cadre
d’une vie communautaire entre enfants et jeunes de plusieurs
ethnies, cultures et religions, avec des chants, des danses, des
activités manuelles, du sport et des jeux. Tout a bien
démarré et va pouvoir se poursuive dans de bonnes
conditions. (Voir dans mon site, rubrique « Centres
aérés »).
Je reste également
en contact avec notre évêque, les différents
services, les Commissions de « Pastorale sociale »
et de « Justice et paix », les responsables de
la paroisse de Taouyah et tous les amis.
Je profite aussi de la
facilité d’accès à Internet pour
travailler un certain nombre de documents, et pour envoyer plusieurs
comptes rendus et réflexions.
Jeudi 5 août, je rencontre mon neveu, Jean-Michel, pour travailler sur mon site et préparer les nouvelles et autres informations à y mettre.
Impressions
sur
la
société
française
Chaque
retour en congés est l’occasion pour moi de voir
l’évolution de la société. Bien sûr,
cette année je remarque la persistance du chômage, la
crise financière et tous les problèmes économiques.
Je vois les conséquences des inondations, de la sécheresse
et de la fonte des glaciers dans les Alpes, signes que nous sommes
en train non seulement de polluer notre terre, mais même de la
casser, au risque de la détériorer complètement.
A mon dernier voyage, j’avais déjà réagi
contre l’ « émigration choisie »
qui augmente la fuite des cerveaux et le sous-développement
des pays pauvres, en faisant venir chez nous des enseignants,
médecins, ingénieurs et autres personnes dont la
formation ne nous a rien coûté (et que nous pouvons de
plus payer moins cher et même exploiter), au lieu de leur
donner les moyens de travailler dans leur pays, qui les a formés
à grands frais et qui en a tellement besoin. Plutôt que
de faire venir des gens qui ont besoin de formation, et en les
aidant à s’installer ensuite dans leur propre pays.
Mais, ce qui m’inquiète beaucoup plus et qui me semble
plus grave encore, c’est l’évolution de la
société actuelle, surtout qu’elle se fait sous
la direction du gouvernement et des responsables du pays.
1)
On continue à mettre des gens au chômage, même
dans des entreprises qui font des bénéfices et dont
les actionnaires reçoivent des dividendes de plus en plus
importants. Et que les PDG des entreprises en difficulté
reçoivent des ponts d’or à leur départ,
alors même qu’ils sont parfois responsables de ces
difficultés.
2) Il y a eu la
crise financière. Ce sont souvent les états et la
population qui ont payé les frais des imprudences des
banques. Et je ne suis pas sûr que les mêmes manques de
réflexion, de responsabilité et de prévision ne
vont pas continuer. Mais, en plus, il y a tous les cas de
corruption. Et malheureusement l’exemple vient d’en
haut, alors que ces personnes devraient être au service du
pays.
3) Après l’émigration
choisie, on cherche maintenant à renvoyer les étrangers
dont on n’a pas besoin. On fixe même à l’avance
le nombre des expulsions à atteindre, comme si on pouvait
compter les immigrés comme un troupeau de vaches ou les
recenser comme des moutons. Sans hésiter parfois à
casser des familles. Et sans se soucier des dangers et souffrances
qui attendent ces expulsés à leur retour dans leur
pays en guerre ou en dictature.
4) On
se plaint des exactions des gens du voyage, qui sont parfois
réelles, mais on supprime la moitié de leurs zones de
stationnement. Où vont-ils aller ? Cela ne peut
qu’augmenter les occupations sauvages, ce qui va entraîner
de nouvelles expulsions par la force et dans des conditions
déplorables, et augmenter encore la violence et la
délinquance. De plus, on met dans le même sac les Roms
(dont la plupart ne viennent pas de Roumanie), les Tsiganes, les
Gitans et tous les gens du voyage dont un certain nombre sont
Français, comme nous. Tous les gens du voyage sont-ils des
voleurs et des paresseux ? On en fait des boucs émissaires,
victimes de nos problèmes de société.
5)
On parle de déchoir de la nationalité française
des délinquants d’origine étrangère,
sous prétexte qu’ils ne respectent pas les valeurs de
la République. Mais, en agissant ainsi, est-ce qu’on ne
casse pas profondément la République en tuant notre
tradition d’accueil de l’étranger, et notre
devise : liberté, égalité, fraternité ?
Qu’est devenue la France, soi-disant « patrie des
droits de l’homme » ? Nos responsables, à
commencer par notre président, ont-ils oublié que pour
beaucoup ils sont, eux aussi, d’origine étrangère ?
Est-ce que tous les Français ne sont pas égaux devant
la loi ? Bien sûr, il faut lutter contre la délinquance.
Mais est-ce que les lois actuelles ne suffisent pas (condamnation à
perpétuité pour le meurtre d’un policier), sans
avoir besoin de faire des exclus et des apatrides ? S’ils
ne sont plus Français, qui vont-ils être ? Et que
vont devenir leurs femmes et leurs enfants ? Et on expulse même
des pères de famille sans papier, n’ayant commis aucune
délinquance, en cassant complètement les familles.
Après avoir déjà durci les conditions du
regroupement familial des étrangers venus travailler chez
nous et pour nous. S’ils sont venus en France, ce n’est
pas par plaisir, mais souvent à cause de la pauvreté
et pour faire vivre leur famille, ou à cause de persécutions
chez eux. Et ils ont dû venir souvent en étant déjà
exploités par des passeurs, et au péril de leur vie.
Mais au lieu de les aider et de les réconforter à leur
arrivée chez nous, on en fait des « sans papiers »
et des illégaux, en attendant de les renvoyer le plus vite
possible. Il paraît que la France est à l’origine
des droits de l’homme qui affirment le droit de toute personne
à se déplacer et à être accueillie dans
un autre pays. Et la France a signé les déclarations
nombreuses de l’ONU affirmant les droits des personnes
déplacées, des réfugiés, des immigrés
et des étrangers en général. D’ailleurs,
la commission des droits de l’homme de l’ONU vient de
condamner la France pour sa politique actuelle.
6) En France
même, on veut punir les parents des enfants qui se
livrent à la délinquance. Depuis quand punit-on les
parents à cause de leurs enfants ? Est-ce en les mettant
en prison qu’on va les aider à mieux éduquer
leurs enfants ? Ils ont déjà suffisamment de
problèmes comme ça. Ils n’ont pas besoin de
condamnation mais de soutien. Bien sûr, c’est plus
simple de réprimer que d’éduquer et soutenir.
Mais la répression ne peut qu’entraîner des
réactions négatives d’agressivité et de
désespoir. La répression entraîne
obligatoirement la violence en réponse. « Qui sème
le vent récolte la tempête ». Nous allons
tomber dans un cycle infernal de violences-répressions-nouvelles
violences. Même si ton enfant se conduit mal, tu ne le
rejettes pas ; comment la « mère patrie »
peut-elle rejeter ainsi certains de ses enfants ? Et oublier
que les parents et grands parents des étrangers qui viennent
chez nous ont justement donné leur vie pour cette même
« mère patrie », en particulier pendant
les deux guerres mondiales ? (Et ce n’est que maintenant
qu’ils sont presque tous morts que l’on attribue aux
anciens combattants venus des Colonies la même retraite qu’aux
anciens combattants de la métropole).
Et pourquoi alors ne
pas enlever la nationalité française également
aux Français « de souche » (quelle
souche ?) qui commettent des délits graves ?
Les
conséquences
1° - Dans tout cela, ce qui me
semble très grave, c’est qu’on casse la société
française et qu’on lui fait perdre ses valeurs
fondamentales. Et cela va retomber sur tous les français.
Si, sous prétexte de sécurité, on expulse
les étrangers, pour la même raison on empêchera
les syndicats de fonctionner, aux gens de s’exprimer librement
ou de manifester. En tout cas, ce n’est certainement pas par
l’expulsion et la répression que nous réglerons
nos nombreux problèmes, économiques et autres. Si
quelqu’un commet des actions mauvaises, on doit le punir,
c’est normal. Mais alors il faut punir aussi bien les
français, qu’ils soient de souche et d’origine
étrangère, que les étrangers vivant avec nous,
sans distinction. Et cela en respectant leur dignité et les
droits de l’homme. Il est temps que ce système
s’arrête, sinon bientôt ce seront les « français
de souche » qui vont souffrir, même s’ils ne
commettent aucune délinquance. Ce dont nous avons besoin en
temps de crise, c’est de solidarité et non pas de rejet
d’une partie des citoyens. C’est vrai qu’il y a de
la violence, de l’insécurité et de la
délinquance. Il faut à tout prix lutter contre cela.
Mais pas n’importe comment, ni dans n’importe quelles
conditions. Il faut nous interroger sur la valeur et les
conséquences des moyens utilisés, au risque qu’il
y a de perdre notre âme et de nous entraîner dans la
peur et le désespoir, tous ensemble. J’ai bien peur que
la France ne soit en train de perdre l’espérance, la
confiance en elle-même et dans l’avenir.
2° -
Quand va-t-on s’arrêter de faire une nouvelle loi à
chaque fois qu’un nouveau problème apparaît ?
Alors que les lois précédentes existent, qu’elles
sont suffisantes, et que souvent elles ne sont même pas
appliquées.
3° - Quand va-t-on arrêter de
généraliser et de mettre tout le monde dans le
même sac ? Comme si tous les étrangers étaient
des délinquants (et tous les délinquants des
étrangers), comme si tous les musulmans étaient des
terroristes, et tous les hommes musulmans des « machos »
sous prétexte que certains imposent le voile intégral
à leurs femmes. D’ailleurs, ce sont parfois les femmes,
et pas toujours d’origine étrangère, qui
décident de le faire. Là aussi, ne faudrait-il pas
chercher pourquoi ? Et se demander si interdire le voile va
libérer ces femmes ou au contraire les enfermer davantage à
la maison, sous la dépendance totale de leur mari. Là
aussi, il y a un vrai problème. Il faut à tout prix
faire quelque chose. Mais aussi réfléchir à la
valeur et aux conséquences des moyens utilisés. Ces
femmes ont-elles besoin d’être condamnées et
punies, ou plutôt d’être défendues et
libérées.
4° - Nous mettons en place une
société qui écrase au lieu de libérer
et de faire grandir. Une société qui punit au lieu
d’éduquer. Encore une fois, on ne peut pas construire
un avenir sur la peur et la recherche de la sécurité à
tout prix. En tout cas, après tout ce que nous avons subi des
militaires en Guinée, je n’apprécie vraiment pas
de voir des militaires français armés dans les gares
et autres lieux publics.
5° - On motive tout cela par la
peur, en se basant sur la nécessité de la sécurité.
Mais j’ai l’impression que cette recherche de la
sécurité n’est qu’un faux argument, qui
cache en réalité la recherche de voix pour les futures
élections et la soif de pouvoir de la part de
certains, à tout prix et sans se poser de questions sur les
moyens utilisés. La recherche de la sécurité va
nous tuer.
6° - Derrière tout cela, se cache la
soif de l’argent. Les différences et inégalités
sociales ne font qu’augmenter, comme je le disais au début.
L’argent est nécessaire mais ne doit pas être
le but dernier d’une société.
7° -
Tout cela risque non seulement de faire exploser notre société,
mais aussi de casser notre foi chrétienne. Déjà
les prophètes disaient que « Dieu ne fait pas
retomber les fautes des parents sur les enfants », …
ni les fautes des enfants sur les parents ! Moïse disait
(et cela s’adresse donc à tous les croyants juifs et
musulmans et pas seulement chrétiens) : « Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. Tu soutiendras la veuve
et l’orphelin. Tu accueilleras l’étranger, car tu
as été toi-même étranger en terre
d’Egypte ». Jésus disait : « Heureux
les pauvres de cœur ». Et aussi, au jeune homme
riche : « Donne ce que tu as aux pauvres ; puis
viens, et suis-moi ». Il disait aussi : « Que
le plus grand se mette au service de ses frères ».
Et il a lavé les pieds de ses disciples, avant de donner sa
vie pour tous, sans exclusion. A la fin du monde, il nous
demandera : « J’avais faim, est-ce que tu m’as
donné à manger ? J’étais étranger,
est-ce que tu m’as accueilli ? … Tout ce que tu
fais au plus petit de tes frères, c’est à moi
que tu le fais ». Tous les hommes sont enfants de Dieu.
C’est même la base de leur dignité et de leurs
droits !
En tout cas, pour moi les choses sont claires. On
ne peut pas être chrétien tout seul, encore moins en
excluant les autres. Même si nous ne pouvons pas porter toute
la misère du monde, qu’au moins nous fassions le
maximum de ce que nous pouvons. Catholique veut dire universel, et
donc ouvert à tous.
On ne peut pas être chrétien
en ne vivant que pour l’argent et le pouvoir. Et en fermant
son cœur aux autres. Sous aucun prétexte.
On ne peut
pas être chrétien en utilisant la peur et la
répression, mais seulement en faisant grandir la paix et
l’espérance. Même si les moyens pour y arriver ne
sont pas évidents. Il nous faut donc chercher. Et lutter pour
cela. Tous ensemble. Car nous avons besoin de tous. Et qui d’entre
nous n’est pas d’origine étrangère ?
Sans
doute que beaucoup ne seront pas d’accord avec moi. Ce ne sont
d’ailleurs que mes premières impressions à mon
arrivée en France. Je serais donc heureux de recevoir les
réactions des uns et des autres.
Dimanche
13 juin :
Rencontre diocésaine des deux Commissions.
Je
retourne dans ma paroisse de TAOUYAH car après la messe,
toujours bien animée par la chorale, nous nous retrouvons
avec les délégués de toutes les paroisses de la
ville (25) aux deux Commissions de « Justice et Paix »
et de « Pastorale sociale ».
Une reprise
en main. A la fin de la messe, je les présente à
la Communauté. Puis nous prenons le temps de lire devant tout
le monde le compte rendu du Conseil paroissial de samedi dernier,
pour que tout le monde soit au courant. J’y ajoute quelques
réflexions et orientations pour motiver les gens. En effet,
c’est la fin de l’année et après le temps
fort du pèlerinage de Boffa, les gens ont tendance à
s’endormir. D’autant plus que les vacances arrivent et
la saison des pluies a commencé, ce qui bloque certaines
activités. En plus, c’est la période des examens
et la Campagne électorale occupe beaucoup les esprits. Mais
il n’est pas question d’abandonner toute action. Au
contraire, il faut organiser les activités de
vacances.
Evaluation du travail des deux Commissions. Nous
faisons le tour et chacune des paroisses nous dresse le bilan de ses
activités, les problèmes qu’ils ont rencontrés
et les solutions qu’ils ont trouvées. A partir de là,
nous voyons les questions qui se posent et traçons des
orientations pour l’année prochaine. Nous sommes bien
décidés à continuer à travailler, mais
en précisant les actions à mener et les moyens que
nous avons pour cela. Et pour mieux et plus l’approfondir,
nous garderons le même thème d’action pendant
tout un trimestre, au lieu d’en changer chaque mois comme nous
l’avons fait cette année. Nous allons aussi intensifier
la formation. Pour cela, après la rencontre générale,
nous restons un certain temps pour préparer ces formations à
donner.
Bernard vient ensuite me rejoindre, pour travailler au
dossier « Savoir-Fer ».
Je devais
avoir une émission en direct sur l’engagement du
chrétien dans la Société, mais la journaliste
qui devait m’interviewer est partie en voyage… en
omettant de me prévenir. Cela, hélas, arrive souvent !
Vendredi
11 juin :
Nous nous retrouvons avec le Bureau de «Savoir-Fer »
pour tirer les conclusions de la rencontre d’hier et tracer
les grandes lignes du document que nous allons leur envoyer. Puis
nous allons à l’atelier pour préciser les choses
sur le terrain.
Entre temps, je reçois de nombreux appels
au Skype, mais je n’ai pas le temps d’y répondre
malheureusement. Mes correspondants vont être déçus,
mais que faire ?
Chaque midi, je me contente d’un
sandwich préparé le matin à la maison avant de
partir. Je suis souvent invité à manger, mais à
cause de tout le travail à faire et de toutes les personnes à
recevoir, je ne peux pas répondre à ces invitations.
Aujourd’hui, je fais une exception.
En effet, Dominique,
un volontaire français que je connais depuis longtemps,
arrive de KISSIDOUGOU pour rentrer se reposer en France. Quand je
suis venu travailler dans les camps de réfugiés, il
dirigeait la menuiserie et le garage de la Mission, où il
formait un certain nombre de jeunes apprentis. Puis il a dirigé
le Projet Hydraulique, et ensuite assuré un intérim à
Savoir-Fer. Depuis plusieurs années, il vit dans un village
où il travaille avec des paysans pour améliorer les
cultures et les façons de travailler. Bernard nous invite à
manger dans un restaurant chinois. Ainsi, nous prendrons le temps
de nous retrouver et de parler ensemble.
La coupe du monde.
Aujourd’hui, la coupe du monde a commencé. Tout le
monde a déserté les bureaux. Aussi, je préfère
rentrer à la Communauté ; cela me permettra de
travailler tranquillement et de façon suivie à
certains documents. Je vais d’ailleurs continuer toute la
journée de demain. Interrompu, malgré tout, par un
certain nombre de visites et de problèmes à
régler.
C’est la 1ère fois que la
coupe du monde a lieu en Afrique. Les radios et télévisions
en ont fait un grand événement africain ; ici,
chacun se sent concerné et il règne une véritable
ambiance de fête. De plus, c’est l’occasion de
fêter Nelson MANDELA et tout ce qu’il a fait pour sortir
le pays de l’apartheid. Ca vaut la peine de soutenir tout
cela. Mais il ne faudrait pas que l’événement
occulte les problèmes, nombreux et graves, de l’Afrique
du Sud ! De plus, bien qu’étant tout à fait
pour le sport, je préfère soutenir les équipes
de jeunes dans la banlieue de Conakry, plutôt que de soutenir
ces grandes manifestations. D’autant plus que c’est
devenu une affaire d’argent. Dans ces conditions, ce n’est
pas étonnant que les équipes européennes soient
aux premières places, car elles ont beaucoup plus de moyens
que les autres pays. Et jusqu’au fond des village de Guinée,
le rêve des jeunes c’est « de devenir
footballeur pour aller en Europe et gagner beaucoup d’argent ».
A tel point que beaucoup de ces jeunes passent tout leur temps à
jouer au ballon pour s’entraîner et refusent d’aller
travailler aux champs. Ce n’est pas cela qui va faire avancer
le pays !
Jeudi
10 juin :
Audit de l’atelier de soudure « Savoir-Fer ».
Réunion du Bureau de l’atelier Savoir-Fer. L’ambassade
de France nous a accordé un soutien. Ils ont envoyé un
technicien faire un audit de nos activités et de notre
comptabilité. Aujourd’hui a lieu la restitution avec
les responsables de l’ambassade. En fait, il n’y a pas
de problème et cela se passe donc très bien.
Simplement, nous expliquons l’évolution de l’atelier :
prise en charge de l’OCPH, nouveaux investissements et achat
de matériel, élargissement du Bureau, recrutement d’un
éducateur pour suivre les jeunes dans les quartiers, et leurs
familles, voir leurs problèmes de santé et d’emploi,
leurs conditions de travail et leurs salaires, etc… A partir
de là, nous allons refaire nos prévisions pour
l’utilisation de l’argent de la 2ème
tranche. Ainsi l’audit nous a proposé de prendre un
comptable. Cela va bien nous aider pour l’atelier et les
autres projets et activités. (Voir mon site, rubrique
« Savoir-Fer »).
Travail avec C.R.S.
(Caritas. Secours catholique des Etats-Unis), longue séance
de travail. Au programme, l’évaluation des deux
Commissions « Justice et Paix » et « Pastorale
sociale », étude des comptes rendus d’activités
et financiers pour la 2ème tranche, pour le
travail des vacances. Puis nous poursuivons la réflexion pour
relancer l’OCPH (Organisation catholique pour la promotion
humaine). Enfin, nous continuons la mise au point de nos
interventions pendant cette période de transition du pays et
de la Campagne électorale. Elaboration de messages pour la
radio et la télévision, journée de prière
et de jeûne, affiches à composer, célébration
pour la paix, etc… (Voir mon site, rubrique « Situation
du pays »).
Puis, retour à l’archevêché
pour parler de tout cela avec l’évêque afin
d’avoir ses réactions, recevoir ses directives et
travailler avec lui les différentes interventions qu’il
va devoir faire lui-même ou organiser.
Avec tout cela, le
travail ordinaire n’est pas fait. Je m’y mets donc
au plus vite et travaille jusqu’à 20 heures, puisque la
circulation est bloquée par de nombreux bouchons, causés
par les meetings et autres manifestations de la Campagne électorale.
Et Internet est toujours aussi lent, et même souvent
bloqué !
Mercredi
9 juin : Le
Chapitre général. La journée commence par
la prière, suivie d’une réunion de Communauté.
Après avoir fait le point de notre vie communautaire et réglé
un certain nombre de questions pratiques, nous répondons au
questionnaire reçu de nos responsables pour préparer
notre Chapitre Général, c’est-à-dire la
rencontre générale de tous les pays où nous
travaillons, pour évaluer notre travail et tracer des pistes
d’actions pour les années à venir. C’est
une rencontre très importante et nous y mettons tout notre
cœur pour bien la préparer. Comme on nous l’a
demandé, nous proposons cinq pistes de réflexion qui
nous semblent importantes, à partir de » ce que
nous vivons en Guinée. (Voir mon site, rubrique
« Spiritains »).
Hermann s’est
remis un peu de ses contusions. Il décide donc de rentrer
demain à BOFFA, où le travail l’attend.
Mardi
8 juin : Les
centres aérés. Séance de travail avec Xec,
mon confrère salésien espagnol de la paroisse voisine,
et Richard, formateur de la pastorale sociale, pour analyser les
demandes des paroisses pour les Centres aérés de cet
été, et mettre au point les dernières
formations. Notre grand problème est celui des finances. Nous
comptions sur le CCFD qui, après nous avoir fait espérer
très longtemps, nous dit au dernier moment qu’il ne
pourra pas nous aider. Heureusement que des amis se sont
généreusement mobilisés. Nous pourrons au moins
assurer l’essentiel : la prise en charge des éducateurs,
le minimum de matériel pour les activités et au moins
un repas pour le dernier jour. Nous aurions voulu assurer un repas
chaque jour aux enfants, car nous nous adressons à des
enfants de familles très pauvres qui ne mangent pas chaque
jour à leur faim. Dommage ! (Voir mon site, rubriques
« Jeunes » et « Album
photos »).
Ensuite, je passe un bon moment avec
Hermann, notre confrère blessé. Il faut aussi voir
toutes les questions de soins, d’assurances et autres.
Il
me reste le temps de saisir sur mon ordinateur différents
comptes rendus, en particulier celui de la dernière réunion
diocésaine de « Justice et Paix ».
Lundi 7 juin : Nouvelle semaine. Nous continuons la reprise en main de l’atelier Savoir-Fer, en exigeant de vraies factures et des pièces justificatives. Ce n’est pas facile, mais nous semble absolument nécessaires. Ensuite rencontre ordinaire avec l’évêque.
Dimanche
6 juin :
Baptêmes et Première Communion. C’est
un peu la fin de l’année pastorale et la conclusion de
l’année. Nous avons un e très belle célébration
avec beaucoup de monde. C’est dimanche, aussi les gens sont
venus nombreux. Avec une excellente participation de tous, des
chants, danses, théâtre, etc.. Je veille aussi à
bien marquer l’engagement et à responsabiliser les
différentes personnes qui ont participé à la
formation des baptisés : parents, parrains et marraines,
catéchistes, responsables de communauté et de
Mouvements, etc..
Emission radio. J’ai juste le
temps de prendre une douche avant de rejoindre une radio libre pour
une émission religieuse en direct. Heureusement, j’ai
pris mes précautions car le grand carrefour de BAMBETO est
complètement bloqué par une manifestation de soutien à
l’un des candidats à la présidentielle.
Impossible d’avoir un taxi. Je vais donc à pied, sous
la pluie : ça rafraîchit les idées !
Aujourd’hui, le thème de l’émission, c’est
le mariage. Je reçois plusieurs coups de téléphone
en direct, en particulier de musulmans, sur le mariage entre
personnes de religions différentes. C’est un sujet
sensible.
Samedi
5 juin :
Réunion du Conseil paroissial. Il n’y a
pas beaucoup de monde ; c’est la fin de l’année,
la période des examens, le début de la saison des
pluies et des travaux des champs. Et, en plus, beaucoup de nos
responsables sont engagés dans la Campagne électorale.
Malgré tout, les différentes communautés sont
représentées. Nous faisons le bilan de l’année
et en tirons les premières conclusions pour l’année
prochaine. Puis nous évaluons le dernier pèlerinage de
Boffa. Nous nous apercevons que nous nous sommes trop laissés
prendre par la préparation matérielle, en négligeant
la préparation spirituelle, malgré les moyens qui nous
avaient été donnés : questions à
partir des lectures de chaque dimanche, livret de préparation
du pèlerinage, etc… Nous voyons don c comment
prolonger les enseignements du pèlerinage pour ne pas en
perdre les acquis. Enfin, nous réfléchissons aux
activités que l’on va pour voir mener pendant les
vacances. Là nous sentons la nécessité de
coordonner les activités
Célébration des
étapes du baptême. Là, je suis très
déçu. D’abord j’avais demandé que
ces catéchumènes fassent la retraite en même
temps que ceux qui se préparaient au baptême et à
la Première Communion. Mais on m’a dit que cela ne se
faisait pas à CONAKRY (contrairement à ce que j’ai
toujours fait). J’ai accepté à contre-cœur.
Les catéchumènes n’ont donc pas été
préparés, ni même évalués. Et
plusieurs sont même arrivés en retard ! Plus
grave, la chorale n’est pas venue, bien que demandée.
Ni les parents, ni les parrains ne sont venus. Pas même les
catéchistes, ni même les responsable de communauté.
Je me suis retrouvé avec les catéchumènes et
deux catéchistes. Cela m’a complètement
découragé. Et montre qu’il y a beaucoup à
faire pour que la paroisse devienne une vraie famille, où
chacun se sente responsables des autres. Nous allons prendre les
dispositions nécessaires pour un premier progrès dans
ce sens. Et trouver des nouvelles façons de vivre en
communauté en ville. Vaste chantier !
Nous célébrons
malgré tout ces étapes, avec des gestes significatifs
et des symboles, tirés à la fois de l’Evangile
(l’arbre, la vigne, les pierres, l’eau vive) et des
cultures guinéennes (les bénédictions
traditionnelles, la noix de kola). La célébration a eu
lieu en trois langues : français, kissi,
guerzé.
Accident. Au retour, une mauvaise nouvelle
nous attend. Notre Supérieur a bien essayé de nous
prévenir par téléphone depuis le Sénégal,
mais ça ne passait pas. Notre responsable spiritain pour la
Guinée revenait de Dakar, d’une rencontre des
différents responsables de l’Afrique de l’Ouest
(Conseil). En arrivant à la ville de BOKE, il a été
ébloui par une voiture venant d’en face, pleins phares,
et a percuté un jeune cycliste sortant d’une soirée
dansante et roulant complètement à gauche. Le jeune a
été gravement blessé au bassin. Aussitôt,
le curé de Boké, un prêtre guinéen, et
Igbé, notre confrère de Kataco, ont prévenu
l’hôpital et la gendarmerie. On les a transportés
en ambulance à Boke pour les premiers soins. Et aujourd’hui,
on les a amenés à Conakry, où le jeune a été
hospitalisé à l’hôpital militaire. Notre
confrère, après de nouveaux soins, a pu venir dans
notre communauté. Mais il faudra qu’il se fasse soigner
l’œil droit qui a reçu des éclats de verre
du pare-brise. Nous avons été bien aidés et
soutenus par beaucoup de gens qui nous ont montré leur
amitié. Cela nous a beaucoup encouragés.
Mercredi
2 juin :
Retraite préparatoire au baptême et à
la Première Communion. C’est la première que
je l’anime dans ma nouvelle paroisse. Ce n’est pas
nouveau pour moi, mais ça l’est pour eux. En effet,
nous ne considérons pas la retraite comme une révision
du catéchisme, mais comme une véritable initiation.
Nous insistons donc beaucoup sur la vie communautaire et la mise en
pratique de l’Evangile. Nous demandons aux catéchumènes
d’enseigner et de diriger eux-mêmes les prières.
Différents chrétiens engagés viennent donner
leurs témoignages et animer les réflexions. A travers
cela, nous espérons former des chrétiens conscients et
engagés. En tout cas, les catéchumènes ont été
très heureux, ont très bien participé et nous
ont beaucoup remerciés. Cela fait plaisir. Nous avons
spécialement travaillé les Béatitudes, la
charité et la lutte pour la justice.
Messe du 30ème
jour. Le jeudi soir, je laisse les catéchumènes
avec les catéchistes, pour célébrer la messe du
30ème jour du décès de la mère
du Ministre de l’enseignement supérieur. Il y a
beaucoup de monde. J’insiste sur l’importance de
terminer le deuil et de recommencer à vivre dans l’Espérance.
Et à lutter contre les forces de mort, d’essuyer les
larmes de ceux qui pleurent et de construire une terre nouvelle,
surtout en cette période de transition. (à partir du
Livre de l’Apocalypse, 21, 1-4).
Le vendredi après-midi,
je laisse à nouveau la retraite. Nous nous retrouvons
avec CRS et la Communauté Sant Egidio pour voir comment faire
passer un certain nombre de messages pour la paix, le respect et la
justice pour tous dans le pays, spécialement en ce temps des
élections. Ces messages seront basés à la fois
sur la Bible, le Coran, la Déclaration universelle des Droits
de l’homme, et la Convention des Droits de l’enfant.
Nous prévoyons aussi des posters à mettre dans la
ville et des interventions des chefs religieux, chrétiens et
musulmans, si possible ensemble, à la radio et à la
télévision. Nous travaillons intensément et
rapidement, car je dois rentrer dire la messe et clôturer la
retraite. Heureusement que Bernard vient me prendre avec sa voiture,
car je n’arrivais pas à avoir de taxi.
Mardi
1er
juin :
L’Université catholique.
Depuis une
dizaine d’années, on a mis en place en Afrique de
l’Ouest francophone une Université catholique. Comme
chacun des pays ne pouvait pas avoir une Université complète,
on a décidé de répartir les facultés
dans les différents pays. En Guinée, nous avons
commencé il y a deux ans, et nous avons trois facultés :
Economie, Sciences juridiques, Sciences politiques. Les choses
démarrent doucement et les problèmes sont énormes.
Mais face à la corruption et au laisser aller, il nous semble
absolument nécessaire de former des étudiants dans un
autre sens, pour transformer peu à peu le pays.
Après
la conférence, nous prenons le temps de parler avec
l’intervenant. Pour réagir contre les dérives de
la grande finance internationale, ils proposent un contrat social.
C’est une bonne idée, mais comment arriver à
changer l’organisation économique actuelle !... Et
pourtant, c’est certainement nécessaire.
La journée
se termine dans la joie : d’abord, nous nous retrouvons
avec Jean-Louis et Jaqueline, autour d’un apéritif
offert par l’évêque. Ils m’ont apporté
fromage, saucisson et chocolat, qui nous manquent beaucoup ici. Ca
tombe d’autant mieux que c’est l’anniversaire de
notre stagiaire. Nous pouvons donc continuer la fête dans la
joie.
Réunion du Bureau de « Savoir-Fer »,
suivie de la rencontre avec les formateurs. Malgré toutes
les personnes qui les poussaient à la révolte, ils
acceptent enfin de faire partie de l’Association et de
travailler en collaboration. Nous espérons que le mauvais cap
est passé, et que nous allons enfin pouvoir travailler en
paix.
Ensuite, rencontre avec l’archevêque.
Beaucoup de choses à voir, car il y a quelque temps que nous
ne nous étions pas vus. Mais le point essentiel, ce sont bien
sûr la Campagne électorale et les élections.
Nous cherchons les meilleures façons de servir le pays et de
former les gens, pour que les choses se passent le mieux
possible.
Avec la Procure, nous étudions la question des
foyers St Joseph : ce sont à la fois des foyers
pour les enfants de la rue, les malades du Sida, les personnes âgées
abandonnées, les veuves et les orphelins rejetés, les
incurables. Ces personnes étant très nombreuses, le
nombre des foyers n’ont fait qu’augmenter, mais nous
sommes arrivés à un point de saturation et nous
n’arrivons plus à prendre en charge toutes ces
personnes, ce qui nous pose d’énormes problèmes.
Nous ne savons plus comment faire. (Voir mon site, rubrique
« Pastorale sociale »).
Avec l’OCPH,
nous réfléchissons aux demandes de soutien à
faire l’année prochaine, pour les projets de
développement.
Puis je pars à C.R.S. :
Deux points importants : 1) La
remise sur pied de l’OCPH (Caritas Guinée), en lien
avec Caritas Internationale et Caritas Afrique, le soutien de
Caritas sœurs (Sénégal et Côte d’Ivoire),
et la participation de Caritas européennes sœurs
(Italie, France, Allemagne et aussi Canada). 2)
C’est de préciser les points pratiques et de chercher
les moyens pour que l’Eglise puisse jouer un rôle
positif en cette période de transition. Il va falloir
continuer la réflexion.
Je rentre à la maison, car
il me faut préparer la retraite qui commence demain. J’ai
déjà mis de côté un certain nombre de
documents au fur et à mesure, mais il va falloir classer et
organiser tout ça.
Lundi 31 mai : Retour aux activités habituelles. Il y a bien sûr des tas de choses à voir. Je travaille en particulier avec Jean-Louis, venu une semaine nous aider : la question des enfants de la rue, des foyers, de l’Atelier, les conclusions et les comptes rendus du Congrès de Maputo, etc… Avec les éternels problèmes de coupures de courant, Internet bloqué, les messages mails qui n’arrivent pas. Et j’ai à peine commencé mon travail qu’on me demande d’aller participer à une conférence sur l’économie, avec des experts venus du Canada à l’Université. Je trouve quand même un moment pour aller au dispensaire faire soigner ma cheville et me faire enlever les points de suture à la tête. Plus d’une heure d’attente, c’est le prix à payer ! Mais ça valait la peine.
Dimanche
30 mai : Lever à 6
heures, car je pars dans une paroisse à 30 km de Conakry,
COYAH. On a retardé la messe jusqu’à 11 heures ;
de 9 h à 11 heures, nous avons une réflexion sur
l’engagement politique du chrétien en cette période
de transition, et pour les élections. Je vous enverrai le
compte rendu bientôt. Le sujet intéresse beaucoup et
nous retrouvons pendant deux heures à nouveau, après
la messe, pour répondre aux questions et écouter les
contributions des participants. (Voir mon site, rubrique
« Situation du pays »).
Après un
repas rapide, nous abordons le deuxième travail de la
journée : Formation sur « Justice et
Paix » et fonctionnement de la Commission. Des
délégués de deux paroisses, situées à
30 et 50 km, sont venus nous rejoindre. Nous espérons que
cette fois-ci, les Commissions vont vraiment démarrer. (Voir
mon site, rubrique « Justice et Paix »).
Au
retour, nous sommes pris dans un groupe d’une centaine de
motards, à l’effigie de l’un des candidats. Ils
reviennent d’un meeting à 250 km (MAMOU). La campagne
est vraiment commencée, avec tous les désordres
qu’elle provoque. Les partisans envahissent la route, les
voitures essayent de passer de tous les côtés et nous
nous trouvons coincés dans un immense bouchon pendant de
longues minutes. La circulation est toujours chaotique en temps
normal, mais avec l’indiscipline des conducteurs et des
militants, elle devient vraiment impossible.
Emission radio :
la Trinité.
On me demande de faire une émission
en directe sur la Sainte Trinité. Ce n’est pas évident,
surtout dans un pays à grande majorité musulmane où
Dieu est l’Unique, dans tous les sens. Je repars de mon
homélie de ce matin, en réaffirmant l’unicité
de Dieu, mais aussi sa richesse. Et aussi la chance que nous avons
de connaître Dieu personnellement et de l’intérieur,
grâce à Jésus-Christ. A partir de l’Evangile
du jour, j’explique que Dieu est Amour, qu’il est
famille, et qu’il est accueil et don total dans le respect
complet de l’autre et la reconnaissance de sa différence.
A partir de là, je tire les conclusions pour la vie de
famille et la vie sociale. Et aussi, bien sûr, pour la période
électorale que nous vivons actuellement, pour qu’elle
se passe dans l’entente et le respect des différences
de chacun.
Dimanche
23 mai : Pentecôte,
fête des Spiritains. Je vais la passer en grande
partie dans le ciel ! Je pars seulement pour un Congrès,
aussi j’ai pris le minimum de bagage : juste un sac de
cabine, pas de bagage de soute. Du coup, impossible d’apporter
du liquide ou quelque chose de pointu, etc… A Conakry, on
m’avait seulement demandé d’enlever les piles de
ma lampe-torche et de mon poste radio. A l’aéroport de
Dakar, on me les prend. Il paraît que c’est dangereux !
Je serai quitte pour en acheter d’autres à Maputo, et
de les laisser avant de prendre le vol du retour !
8 heures
de vol jusqu’à JOHANNESBURG, ça fait long. Là,
je pensais être pris en charge par la Compagnie, puisque je
continue avec eux demain matin, jusqu’à MAPUTO (il n’y
a pas d’avion dans cette direction aujourd’hui), mais on
me dit que non. Je vais donc passer l’après-midi et la
nuit sur un banc de l’aéroport. Heureusement que j’ai
amené de quoi manger et récupéré des
petites bouteilles d’eau dans l’avion. J’avais
prévu le coup, ce n’est pas la première fois !
J’ai aussi de la lecture et du travail. Et je ne suis pas le
seul à « dormir » sur les bancs à
l’aéroport. Mais avec la lumière vive, les
appels des hauts parleurs et les voyageurs qui passent sans cesse en
parlant fort, c’est pratiquement impossible de dormir. Tout
cela, pour dire que les voyages en Afrique ne sont pas rapides, même
par avion : 3 jours pour aller de Conakry à Maputo, et 3
jours pour revenir, avec des départs ou des arrivées à
2 ou 3 heures du matin et deux nuits dans les aéroports.
Déjà, pour avoir une correspondance depuis Conakry, il
faut aller à Dakar ou Abidjan. Et pour aller dormir dans un
hôtel, il faut d’abord payer 25 dollars de visa pour
sortir de l’aéroport. En plus, les voyages en avion en
Afrique sont les plus chers du monde… sauf pour les
touristes, parce que, eux, ils partent d’Europe et en plus ils
ont des vols directs.
Heureusement, mon palud s’atténue,
la fièvre diminue, mais il va rester la fatigue. Et la soif.
En effet, il me restait deux bouteilles d’eau, mais on me les
a prises, sans un mot, au moment de l’enregistrement pour
Maputo. Je suis aussi frappé par l’aspect tendu, le
manque de sourires et de dialogue de la part de tous les
travailleurs ici.
A l’arrivée à MAPUTO,
nouveau problème. Comme il n’y a pas d’ambassade
du Mozambique en Guinée, je n’ai pas pu prendre mon
visa à Conakry. Je le demande à l’arrivée.
Ils acceptent (moyennant encore 25 dollars !... et si tu as
oublié ton carnet de vaccinations, c’est 100 dollars ;
mais alors on te laisse entrer malgré tout). Les responsables
du Congrès sont bien venus me prendre à l’aéroport,
mais il faut du temps pour établir le visa. Ne me voyant pas
sortir de l’aéroport, ils pensent que je ne suis pas
venu et s’en vont. Je me retrouve seul, sans argent
mozambicain, ni puce du pays pour appeler au téléphone.
Quand un autre « oublié » me repère,
grâce à mon tee shirt de CRS. Lui, il a le téléphone.
Je ne parle pas portugais, mais avec l’espagnol je me fais
comprendre et on revient nous chercher. Je vais attraper « le
train en marche » car, avec tous ces problèmes, je
suis arrivé en retard.
Le CONGRES DE MUMEMO
(Maputo).
C’est dans la banlieue de Maputo, dans un
grand Centre d’Accueil tenu par les Sœurs franciscaines.
Nous sommes plus nombreux que prévu, aussi elles ont beaucoup
de mal à nous loger et à nous nourrir. Nous les
remercions beaucoup pour tous les efforts qu’elles déploient
avec toutes les jeunes filles du Centre. Elles sont vraiment très
sympathiques et accueillantes, malgré la barrière de
la langue. Le sourire remplace beaucoup de paroles.
Le Congrès
s’adresse aux évêques d’Afrique
(responsables des deux commissions de Justice et Paix, et Caritas),
même si tous ne sont pas venus. Pour moi, je représente
les évêques de Guinée. Ce Congrès se
passe en trois langues : français, anglais et portugais
(heureusement que j’ai pu me passer de la traduction
simultanée, car elle ne fonctionnait pas très bien).
Il y a eu d’ailleurs un certain nombre de problèmes
techniques : sonorisation, ordinateurs « bloqués »,
etc… Mais comme il régnait une très bonne
ambiance, on a fait avec. Le Mozambique est un pays pauvre, mais
les gens se débrouillent très bien.
Le but du
Congrès était double : voir comment mettre
en pratique et assurer le suivi du 2ème
Synode pour l’Afrique qui a eu lieu en Octobre dernier
(Voir mon site, rubrique « Synode »)
dont le thème était : « L’Eglise
au service de la réconciliation, la justice et la paix en
Afrique ». « Vous êtes le sel de la
terre. Vous êtes la lumière du monde ».
Comme on ne peut pas agir sur tout en même temps, nous avons
vu quelles étaient les actions les plus importantes à
mener à partir de nos réalités locales. Au
niveau du Continent, nous avons choisi trois points principaux :
1) La bonne gouvernance dans nos pays, avec tout ce qu’elle
demande aux niveaux politique (élections, corruption…),
économique (partage des richesses et développement
humain), social (attention aux plus pauvres, etc…). 2) La
promotion de la femme. 3) La construction de la paix.
Pour
l’Afrique de l’Ouest, nous avions souligné la
lutte contre la pauvreté et les problèmes des jeunes
(chômage qui entraîne drogue et violence, migration
« sauvage » pour quitter le pays, etc…).
Nous n’oublierons pas ces deux points. Je vous enverrai
bientôt le compte rendu de la rencontre.
Le deuxième
but était de voir comment mieux travailler ensemble :
Evêques, Commissions de Justice et Paix, Caritas (Secours
Catholique), et OCPH (Organisation Catholique pour la Promotion
Humaine, en Guinée). Nous avons été rejoints
par des représentants des Caritas européennes et
américaines et nous avons travaillé tous
ensemble.
J’ai apprécié la simplicité
de nos évêques, ce qui fait que l’ambiance était
très amicale. Par contre, on aurait pu améliorer nos
méthodes de travail pour que la réflexion aille plus
loin. Et aussi mieux s’organiser pour perdre moins de temps.
Mais c’est toujours difficile de travailler avec un groupe
international de plus de 100 personnes. On l’a bien vu, quand
il s’est agi d’approuver la déclaration finale,
que je vous enverrai également.
Ce qui est sans doute le
plus intéressant dans ce genre de Congrès, ce sont les
rencontres et les échanges entre nous. Beaucoup se
connaissaient déjà et nous avons été
heureux d’échanger nos idées, de partager nos
problèmes et de chercher ensemble des solutions. Pour la
Guinée, j’ai posé les bases de la visite
d’autres Caritas voisines et de responsables panafricains et
internationaux, en Octobre, pour nous aider à améliorer
nos méthodes de travail.
Les ennuis continuent.
Pour
la petite histoire, le Centre venait juste d’être
terminé. Le dallage du couloir était très
glissant et il y avait deux marches non signalées, juste à
la sortie de ma chambre. Je ne les ai pas vues et je suis tombé
sur la tête (au sens propre… pas au sens figuré,
j’espère ! Ce sera à vous de juger dans
quelle mesure je suis fêlé !). Heureusement, il y
a un hôpital dans le Centre et on m’y a conduit
aussitôt. Je savais que les Bretons ont la tête dure….
mais aussi le cuir : l’infirmière a eu du mal à
me recoudre et je l’ai senti passer, après le choc sur
la tête en tombant sur le carrelage. C’est une
expérience que je n’avais pas encore faite, et je ne
suis pas pressé de la renouveler. Mais au moins, cela m’a
permis de faire soigner ma cheville qui avait commencé à
s’infecter, en même temps. Et d’avoir des
anti-biotiques pour cela. J’ai donc terminé le Congrès
avec pansement sur la tête et j’ai été
« chouchouté » par tout le monde, y
compris les évêques ! Ce n’est pas
désagréable.
Un vrai « cadeau »
dans le transport, avant le retour aux réalités
habituelles !
Comme il y avait une cinquantaine
d’évêques et cardinaux, le gouvernement
mozambicain a tenu à bien faire les choses. Et même
nous, le « tiers état » et le bas
peuple, nous avons été escortés par les
motards, avec feux et sirènes, pour aller à
l’aéroport. Nous avons d’abord été
très étonnés et ensuite nous avons bien rigolé
de voir toutes les voitures jusqu’aux gros camions se ranger
pour laisser le passage. Alors, pour « être à
la hauteur », nous nous sommes donnés des noms de
présidents. Cela aussi c’est une expérience à
faire, car je ne suis pas près de la renouveler en roulant en
taxi collectif dans les bouchons de Conakry. A l’aéroport,
après les formalités d’embarquement, il nous a
fallu attendre, car les policiers n’étaient pas
arrivés. Ensuite, il y avait bien un car devant la sortie,
mais le chauffeur n’en a pas ouvert les portes. Alors nous
sommes allés à pied jusqu’à l’avion…
et le chauffeur est venu nous rejoindre à vide ! Une
fois installés dans l’avion, il nous a fallu attendre
plus d’une demi-heure que le camion arrive avec le carburant
pour faire le plein des réservoirs. Nous avons finalement
décollé. Heureusement que j’avais suffisamment
de temps pour la correspondance à Johannesburg. A mon arrivée
à DAKAR, celui qui devait venir me chercher s’est
trompé de jour. Mais, là, je suis chez moi ; je
vais donc à pied, à 3 heures du matin, à la
paroisse voisine, tenue par des spiritains. Je réveille Moïse
qui m’accueille avec joie, bien que je l’aie réveillé
en pleine nuit. Et le lendemain matin, je continue en « car
rapide » jusqu’en ville, à notre
maison.
Rencontre fraternelle.
En ce moment se tient le
Conseil de la circonscription. J’ai donc la joie de revoir les
délégués des différents pays d’Afrique
de l’Ouest où nous travaillons. Et de parler avec eux
de nos différents engagements, de nos questions, et de nous
donner des nouvelles des uns et des autres. Je rencontre aussi nos
étudiants en théologie, dont quatre Guinéens
que je connais bien. Je leur donne des nouvelles du pays et nous
partageons nos soucis et nos espoirs sur l’évolution
actuelle du pays. La journée passe vite et le lendemain il
faut penser à partir, après que nous nous soyons
rencontrés avec Yves Marie, notre responsable. C’est
Yvon, avec qui nous avons travaillé à Conakry et que
je connais depuis son premier stage au Sénégal dans
les années 90, qui m’amène à
l’aéroport.
Je suis heureux de revenir à
Conakry et de me retrouver dans ma Communauté. J’ai
beaucoup de choses à raconter. Emmanuel me fait le compte
rendu de la fête de la Pentecôte et des activités
de la paroisse. Puis je monte rapidement ranger mes affaires et
préparer le travail de demain.
Samedi
22 mai : Je me lève tard
et avec difficulté. Mais il y a la réunion du Conseil
paroissial. C’est important et nous avons déjà
pris beaucoup de retard. Mais c’est la fin de l’année,
la période des compositions et examens, et beaucoup de gens
sont pris –et même certains, perturbés- par tout
ce que nous vivons actuellement dans la pays. Aussi, peu de
personnes sont venues. Après réflexion, nous
repoussons la rencontre dans 15 jours, mais tenons une réunion
du Bureau pour régler les questions urgentes des baptêmes,
mariages, préparation de la retraite des catéchumènes
pour le baptême. Nous faisons aussi le point sur la vie de nos
Communautés pour préciser ce que nous dirons à
la prochaine réunion, car il y a des choses à dire, en
particulier sur le refus d’engagement de certains. Aussitôt
après, je retourne me coucher !
Les joies du
voyage.
Bernard est venu me prendre pour m’amener à
l’aéroport. Comme depuis deux jours je n’ai pas
eu accès à Internet, il amène sa clé.
Impossible d’avoir la connexion, malgré tous nos
efforts. Il y a vraiment des jours où rien ne marche !
Pas
grand-chose à dire sur le voyage, sauf que l’on nous
fait venir de plus en plus tôt à l’aéroport,
sans qu’il y ait plus de sécurité pour autant !
J’ai passé trois fois plus de temps à l’aéroport
pour les formalités de l’embarquement que dans l’avion,
pour aller de Conakry à Dakar. Je suis heureux de me
retrouver dans cette ville que je connais bien. Et je vais
tranquillement à pied à la paroisse voisine pour
passer une partie de la nuit (demain matin, départ à 4
heures). J’y retrouve plusieurs confrères ; nous
sommes heureux de nous rencontrer et de nous donner des nouvelles.
Nous parlons longuement du prochain Conseil des Spiritains d’Afrique
de l’Ouest. Ensuite, Moïse me prête son ordinateur
pour consulter mon courrier que je n’ai pas lu depuis
plusieurs jours. Cela ne me laisse pas beaucoup de sommeil, mais
c’est bon de se retrouver entre confrères.
Vendredi 21 mai : Malgré la fièvre, je me lève. En effet, ce matin je dis la messe pour trois familles… sans oublier toutes les autres intentions de prière : un anniversaire, un anniversaire de mariage et une fête. Après la messe, j’avais promis de visiter une femme âgée et malade, et de voir, à sa demande, la question de son mariage. Mais quand nous arrivons, elle n’est pas prête, et son mari, qui est musulman, est sorti. Je retourne donc me coucher pour toute la journée, mais j’aurais préféré rester au lit. J’annule tous mes rendez-vous et autres activités, malgré mon départ prochain pour le MOZAMBIQUE, et tout ce qu’il y a à faire avant cela. L’après-midi, un paroissien m’amène un médicament traditionnel, à base de plante. La nouvelle de ma crise de palud s’est répandue ! Je suis très touché de son geste et je le remercie beaucoup.
Jeudi
20 mai : Le matin, nous
célébrons tous ensemble. Puis je pars en banlieue à
la recherche d’un jeune qui ne connaît pas la ville et
n’a pas de téléphone portable. Pas facile. Il
vient de MONGO avec une somme d’argent pour l’Imprimerie :
c’est pour payer l’impression du livret sur le
Centenaire de Mongo. A l’intérieur du pays, il n’y
a pas de banque. Il faut tout transporter en liquide ! Comme je
parle sa langue, je trouve facilement des compatriotes qui le
repèrent finalement et me conduisent jusqu’à
lui.
Tout cela a pris du temps. Quand j’arrive à
l’archevêché, beaucoup de monde… et de
problèmes m’attendent. Je veille à rester,
malgré tout, calme et accueillant.
Nous avons, en
particulier, un problème de terrain. Quand Sékou
Touré a expulsé les missionnaires, il avait en même
temps réquisitionné tous les biens de l’Eglise,
en particulier les dispensaires et les écoles. Beaucoup de
personnes nous demandent de reprendre l’enseignement ;
nous voulons récupérer nos terrains, mais des gens se
sont installés dessus. C’est un problème très
délicat.
La Commission diocésaine de la
Jeunesse.
Nous nous retrouvons autour de l’évêque
pour faire le point du dernier pèlerinage de BOFFA et plus
largement évaluer le travail de toute l’année.
Suite aux deux grands rassemblements des jeunes de KATACODI et
CONAKRY l’an dernier, les jeunes avaient décidé
d’un plan d’action en cinq points : engagement dans
l’Eglise, dans la Société, Evangélisation,
Justice et paix, Problèmes des jeunes (chômage, drogue,
violence). (Voir mon site, rubrique « Jeunes »).
Mais, à part certains groupes, la plupart des jeunes ne
sont pas passés à l’action. Et la Commission
diocésaine n’a pas joué son rôle. D’abord,
ils ne sont plus jeunes : ils sont maintenant adultes et
mariés. Ils se retrouvent entre eux chaque semaine, mais ne
descendent pas sur le terrain. Et ils se contentent de proposer des
activités religieuses (sans aborder les problèmes des
jeunes) : marche pénitentielle, session biblique,
pèlerinage. Il ne faudrait pas se limiter à cela, mais
donner à ces activités un contenu plus large. Nous
nous retrouvons donc pour réfléchir à tout cela
et nous décidons que l’archevêque descendra à
la base lui-même, pour travailler avec les responsables
paroissiaux de la jeunesse directement. Nous reverrons ensemble le
plan d’action. Avant cela, nous nous étions d’abord
retrouvés pendant deux heures de prière, suivie de la
messe, comme nous le faisons chaque jeudi pendant cette année
du sacerdoce.
Emission à la radio.
A la sortie,
le responsable des groupes de prière de Conakry, qui anime
une émission radio chaque jeudi et dimanche sur une radio
libre de la vie, m’attend. Il me demande d’animer une
émission sur l’engagement des chrétiens dans
ce temps de transition du pays et de préparation aux
élections. Ils m’ont prévenu un peu tard, mais
de toutes façons je sais quoi dire, car je baigne chaque jour
dans la question.
Crise de Palud.
Je rentre le soir
bien fatigué et une crise de palud se déclenche. Je ne
peux pas me plaindre, car cela fait pas mal de temps que je n’en
avais pas eue ! Mais le temps change et la saison des pluies
est arrivée… avec la virulence des moustiques. Comme
je me connais et que j’ai toujours de médicaments avec
moi, je prends aussitôt trois comprimés de Fansidar, et
je me couche.
Mercredi 19 mai :
Le matin, réunion de notre communauté
spiritaine. Nous examinons notre vie commune et nos différents
engagements. Ensuite, nous reprenons le questionnaire sur notre
style de vie et notre solidarité avec les plus pauvres. Cela
fait partie d’une réflexion en profondeur sur notre vie
religieuse.
A 10 h, je devais enregistrer une émission
radio sur le mariage. Mais la technicienne ne vient pas…
sans même me prévenir. Cela arrive souvent, mais j’ai
de la peine à m’y habituer !
Messe au
dispensaire : A 14 h, retour au dispensaire St Gabriel.
Cette fois-ci, c’est pour célébrer l’eucharistie
avec le personnel chrétien. Ils ont très bien préparé
la célébration. Comme 1ère lecture,
nous prenons un texte de Jacques, 5, et nous nous demandons
comment prendre en charge les malades, en lien avec les communautés
chrétiennes de quartier. Et aussi au niveau de la foi, dans
la prière communautaire. Après l’Evangile,
(Jean, 9) nous méditons sur l’attitude du Christ devant
les malades et son accueil (à partir de la guérison de
l’aveugle né). Et quel comportement avoir devant la
médecine traditionnelle (la boue et la salive), les
accusations de sorcellerie et les pratiques « fétichistes »
en cas de maladie. A l’offertoire, nous venons offrir nos
instruments de travail en procession dansée. Au début
de la messe, nous avions déjà posé sur l’autel
la feuille d’engagement des employés, au début
du travail. Nous terminons dans la joie et prenons ensemble le pot
de l’amitié.
Le soir, choix des catéchumènes
dans une troisième communauté de quartier.
A mon
retour, je trouve Igbé, notre confrère
nigérian, qui est resté à Kataco. Nous parlons
longuement de la vie à Kataco, des communautés,
des projets de développement, des femmes, de l’animation
des jeunes et de la vie de tous les jours. Nous préparons la
prochaine réunion de doyenné lors de la bénédiction
d’une nouvelle église à TAIGBE. J’ai aussi
la joie de lui remettre de la nourriture pour bébés et
du matériel pour le dispensaire.
Pendant notre
conversation, je reçois un appel de Winfried qui quitte la
Mission de MONGO pour aller se former. Pour le moment, nous
n’avons trouvé qu’un prêtre intérimaire.
Nous avons de gros problèmes de personnel ; certes, il y
a de nombreux jeunes qui se présentent, mais il faut le temps
pour qu’ils se forment !
Mardi
18 mai :
Problèmes à l’atelier. Nous
passons presque toute la matinée à parler du problème
des formateurs de l’atelier « Savoir-Fer ».
Nous sommes fatigués de tout ce temps perdu et cette énergie
dépensée pour de faux problèmes.
Ensuite,
nous nous retrouvons avec l’archevêque pour une
longue séance de travail. Cela faisait très
longtemps que nous n’avions pu le faire. Depuis Pâques,
chaque fois qu’il rentrait de voyage c’est moi qui étais
en tournée. Pour aujourd’hui, nous nous limitons aux
questions essentielles et urgentes.
L’archevêque
revient d’une visite d’un grand collège de LILLE
(St Jude) où enseigne depuis longtemps un professeur guinéen
qui a lancé un jumelage avec nous. Nous faisons le tour des
différentes actions de développement. Nous préparons
l’accueil de Caritas d’autres pays africains qui doivent
venir nous aider à améliorer nos façons de
travailler. Nous revoyons ce que je vais faire à Maputo
pendant le Congrès Panafricain de mise en œuvre du 2ème
Synode pour l’Afrique. Et, bien sûr, la place de
l’Eglise et l’engagement des chrétiens dans cette
période de transition pour le pays.
L’après-midi,
rencontre au dispensaire St Gabriel, avec l’équipe
des responsables et le responsable de la FIDESCO (Communauté
de l’Emmanuel) venu de France. En effet, le dispensaire est
animé par une équipe de volontaires envoyés par
Fidesco. (Voir mon site, rubrique « Développement,
santé). Ce dispensaire est très réputé
sur toute la ville du fait du sérieux de ses agents de
santé, à la fois au niveau de la conscience
professionnelle et du refus de la corruption. Grâce à
cela les gens peuvent être soignés beaucoup moins cher
qu’ailleurs. Pour moins d’1,50 euro (12.000 francs
guinéens), ils sont reçus, auscultés et
soignés ; et pour la même somme minime, chacun
reçoit les médicaments dont il a besoin, quelle que
soit sa maladie. Ce qui fait que St Gabriel est le dispensaire qui
reçoit le plus de malades sur toute la ville (18.000 par
mois). Et si cela peut se faire, c’est parce qu’il y a
une qualité de relation et une grande collaboration entre les
agents de santé. Et cette entente et vie d’équipe
s’appuient sur une vie de prière et un partage au
niveau de la foi, entre chrétiens et musulmans.
Nous
prenons un temps important pour examiner les comptes de
l’année du dispensaire. En gros, il arrive à
fonctionner même avec cette somme modique de 12.000 francs
guinéens, grâce à de grandes mesures d’économie
et une bonne gestion. Mais bien sûr, cela ne couvre pas les
frais de construction de nouvelles structures (il nous faut des
aides extérieures pour ce secteur), ni la prise en charge des
volontaires (assurée par Fidesco). L’achat des seuls
médicaments se monte à 22 % du budget total et les
charges du personnel 20 %. Deux tiers (2/3) du budget est fourni
par les tickets de 12.000 francs et 1/3 par les
partenaires.
Ensuite, il nous faut réfléchir à
nos orientations. La demande première des malades
c’est bien sûr d’être soignés. Et
nous risquons de nous laisser entièrement prendre par ces
soins. Nous décidons donc d’intensifier les causeries
d’éducation à la santé, dans les
différentes langues locales, soit enregistrées sur
cassette, soit animées en direct par un(e) infirmier(e). De
continuer à enseigner aux mamans des enfants dénutris
à mieux nourrir leurs bébés, de parler avec les
femmes enceintes au moment des visites prénatales, et avec
les mamans au moment des vaccinations, etc…
Nous avons
réfléchi spécialement à notre travail de
prévention du SIDA et les soins aux personnes séro-positives.
Les tests et la nourriture sont fournis par le PAM (Projet
Alimentaire Mondial des Nations Unies) et les vaccins par l’UNICEF.
Mais malheureusement, il y a très souvent des ruptures de
stocks –et sans préavis- qui posent beaucoup de
problèmes.
Ce qui nous semble important, c’est qu’il
y a un travail de coopération avec les autres organisations
catholiques (comme le Centre DREAM de Sant Egidio, pour les sidéens,
ou non).
Nous voyons comment mettre en place une information et
une permanence pour la régulation des naissances.
Vient
ensuite la question des salaires et de l’inscription des
travailleurs à la Sécurité sociale. Malgré
tous les problèmes de fonctionnement de cette Caisse, c’est
une priorité pour nous. L’année dernière,
pendant le Ramadan, nous avons eu une journée de prière
(récollection) commune entre chrétiens et musulmans, à
partir des textes de la Bible et du Coran, mais aussi la pratique de
notre foi, sur le thème : Comment travailler pour la
santé en tant que croyants ?
Dès la fin de la
réunion, je pars dans une autre Communauté de
quartier, pour l’admission des catéchumènes aux
sacrements.
Lundi
17 mai :
Reprise des activités, comme chaque semaine, avec tous
les dossiers à lire, les gens à rencontrer, Internet…
et les coupures de courant.
Pastorale sociale :
L’après-midi, réunion avec CRS (Caritas des
Etats-Unis). Nous sommes tous pris par des tas d’affaires et
c’est difficile nous rencontrer. Pourtant, beaucoup de choses
se passent dans le pays et au niveau de l’Eglise. Nous
abordons les différents points, successivement. Nous nous
arrêtons spécialement à la relance de l’OCPH
(Caritas de Guinée), et au soutien à apporter au
nouveau responsable, de même qu’aux équipes de
base. (Voir mon site, rubrique « Pastorale
sociale »).
La deuxième chose importante,
c’est de voir notre rôle dans l’évolution
actuelle du pays : Que faire pour que la campagne électorale
se passe dans la paix et déjà penser à
l’après-élections ? Quels messages adresser
à la population et comment les faire passer ? Avec quels
moyens ? (Voir mon site : « La situation du
pays »).
Interrogation des catéchumènes.
Je me dépêche de rejoindre une de nos communautés
où je vais choisir les catéchumènes qui se
préparent au baptême. Toute cette semaine, je passerai
successivement dans les différentes communautés.
Autrefois, c’était le catéchiste qui choisissait
les catéchumènes à partir de leurs notes de
présences et de leurs connaissances. Ce qui était très
limité et entraînait beaucoup de problèmes. Nous
avons décidé de changer de façon de faire.
D’abord, nous demandons au catéchumène de nous
raconter un passage de l’Evangile et de nous faire prier. Puis
nous lui demandons ce qu’il fait pour rendre service et aider
les autres, pour les conseiller et leur faire connaître la
Parole de Dieu. Avec les responsables, nous évaluons son
engagement dans la communauté ; puis, avec ses parents
et ses parrain et marraine, nous voyons comment il vit en famille,
dans le quartier et à l’école. Pour les adultes,
nous parlons surtout du mariage et du travail ; cela demande
beaucoup plus de temps, mais nous semble plus vrai comme démarche,
et permet aussi de mieux faire connaître ce qu’est la
vie chrétienne et ses engagements. De plus, les différentes
personnes concernées peuvent mieux jouer leur rôle et
mieux connaître leurs responsabilités. Tous sont
satisfaits de cette façon de faire. (Voir mon site,
rubrique « Activités paroissiales »).
Dimanche
16 mai : Commission
« Justice et Paix ». Rencontre
diocésaine dans la paroisse de Nongo. Nous célébrons
l’Ascension : « Les anges demandent aux
disciples : pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? ».
Excellente occasion pour rappeler les exigences de nos engagements,
avec le Christ qui « est avec nous jusqu’à
la fin du monde » et la force du Saint Esprit. Joseph, un
des formateurs, adresse la parole à toute l’assemblée
et il a été très écouté. Ce qui
fait qu’un certain nombre de personnes participent à la
rencontre après la messe. Mais c’est la fin de l’année,
la lassitude se fait sentir. Après le grand pèlerinage
de Boffa, il y a toujours un temps d’arrêt. Et puis, la
campagne électorale est commencée qui, à la
fois, mobilise et inquiète les gens. C’est aussi la
période des examens. Et comme l’action pour la justice
et la paix est à la fois difficile et dangereuse, les
volontaires ne se disputent pas. Nous passons une bonne partie de la
réunion à re-motiver les participants.
Le deuxième
problème, c’est le passage de la théorie à
l’action. C’est pourquoi nous travaillons à
l’élaboration de plans d’actions, et concrets,
pour chaque paroisse, en précisant les méthodes à
utiliser, les moyens à prendre, les personnes sur qui
s’appuyer, les groupes à aider successivement (un par
mois), etc… Après cela, nous abordons la question de
la transition, de la campagne électorale, des élections
et comment y tenir notre place. (Voir
« Justice et Paix » et « Situation
du pays »).
Ensuite,
séance de
travail pour la
préparation des
centres aérés,
avec les responsables.
Samedi
15 mai : Formation
des éducateurs. Aussitôt
après la prière, je pars pour le collège de
DIXINN où a lieu la formation des éducateurs pour nos
centres aérés du mois d’Août. Nous avons
une formation par mois avec, à chaque fois, un thème
différent : la psychologie de l’enfant, les
techniques d’animation, l’éducation des enfants,
la place de la famille et de la communauté, le soutien
scolaire. Aujourd’hui, ce sera : les droits de l’enfant,
à partir d’un jeu que nous avons composé pour
une formation et une mise à l’action des enfants. La
formation les intéresse, surtout dans sa méthode à
partir d’un droit.
Mariage
à la paroisse
d’une chrétienne avec un musulman. Le mariage a été
longuement et sérieusement préparé par les
fiancés et aussi par les deux familles. C’est
l’occasion de renforcer les liens entre les deux religions.
Nous veillons à la participation de tous, et à
intégrer les rites traditionnels du mariage. Mais il y a
cependant une chose qui nous inquiète beaucoup : ces
mariages deviennent de plus en plus, spécialement en ville,
des occasions de se montrer et d’étaler sa richesse.
Les familles s’endettent considérablement et le mariage
perd son sens. Ensuite, les mariés ont de la peine à
vivre. A cause de tout cela, ceux qui ont des moyens limités
ne veulent pas se marier, par peur de la moquerie des gens. Cela
devient un vrai problème.
Réunion
des catéchistes. Pendant
que les gens partent au vin d’honneur, nous nous retrouvons
avec les catéchistes pour préparer la retraite des
catéchumènes. Je les remercie pour leur engagement.
Il
y a, là aussi, beaucoup de choses à voir et un certain
nombre de blocages, spécialement par rapport à la
formation religieuse. Les gens veulent baptiser leurs bébés,
mais refusent la préparation au baptême. Ils veulent la
première communion de leurs enfants, mais pas la retraite
préparatoire. Alors que la formation est pour nous une
priorité. Aussi bien au point de vue humain, dans un pays qui
a vécu deux dictatures –avec tout ce que cela comporte
de corruption , de violence, d’idéologie, de perte du
sens civique et du sens moral- qu’au point de vue chrétien.
Il faut tout reprendre à la base et il faudra beaucoup de
temps pour que les choses changent. (Voir
« Activités paroissiales »).
Vendredi
14 mai : Voyage.
Je
dois aller à une session « Justice et Paix »
au Mozambique, mais depuis trois semaines il n’y a pas moyen
de trouver un itinéraire valable depuis Conakry. Cependant,
il faut bien se décider. A l’aller, je passerai une
nuit à l’aéroport de Johannesburg, deux nuits en
route au retour, et arrivée à Conakry à 2
heures du matin !
Le soir, une rencontre et une messe dans
une communauté de quartier sont prévues. Mais je suis
trop fatigué. Je leur demande de faire la réunion
entre eux et je rentre me coucher. Surtout que j’ai une
journée très chargée demain.
Jeudi
13 mai : Réunion.
Fête de
l’Ascension. Elle n’est pas chômée en
Guinée. Le matin, nous avons notre réunion de
communauté habituelle, suivie d’une séance de
travail avec Emmanuel pour préparer les activités de
la paroisse. Ensuite, je travaille les documents que j’ai en
retard. Je suis content car j’ai bien avancé.
Nous
avons décidé, malgré nos problèmes
financiers, d’augmenter nos travailleurs, car la vie devient
de plus en plus chère. Et nous nous débrouillons comme
nous pouvons. Nous nous sommes arrangés avec un dispensaire
catholique pour faire soigner nos travailleurs car même les
médecins des dispensaires publics font payer les visites
médicales et les médicaments sont hors de prix. J’ai
pu trouver des lunettes convenables pour notre cuisinière
(dans un stock que j’ai reçu et confié aux Sœurs
de mère Térésa), car elle n’avait pas les
moyens d’acheter des lunettes neuves.
Messe
de l’Ascension.
Je pars de bonne heure pour préparer la messe du soir à
la paroisse. Mais aujourd’hui encore, toute la circulation est
bloquée. Cette fois-ci, c’est à cause d’un
meeting politique. La campagne électorale commence ! Je
suis bon pour faire 5 km à pied pour arriver à
l’église. Comme tout le monde est en retard, ce n’est
pas grave ! Cela ne nous empêche pas de prier. La chorale
prend des chants connus de tous, au lieu de nous faire un concert,
et la foule chante. Peu à peu, les choses avancent.
Il y a
longtemps que je n’étais pas venu dans ma paroisse, car
j’étais sans cesse sur les routes. Après la
messe, beaucoup de gens viennent me voir, aussi bien pour des
problèmes personnels, matériels (depuis un mois, il
n’y a pas de courant au presbytère, et pas moyen
d’avoir un réparateur) que paroissiaux (baptêmes,
mariages…), et surtout beaucoup de cas sociaux et de misères,
auxquels il est toujours aussi difficile de réponde et aussi
triste de ne pas pouvoir répondre.
Au retour, nous partons
à quatre, à pied à nouveau ; mais
quelqu’un d’une autre paroisse qui me connaît nous
prend en voiture. C’est très gentil, mais comme le
bouchon n’est pas résorbé nous nous faisons
dépasser par les piétons, et prenons deux heures pour
rentrer.
Mercredi
12 mai : Education
aux droits humains. Ce
matin, je rencontre les éducateurs des différents
foyers des enfants de la rue de la ville pour une matinée de
formation sur les droits humains. Nous voyons d’abord comment
ils ont utilisé le jeu que leur avais remis et expliqué
il y a trois mois. A partir de là, nous tirons des
conclusions pour mieux vivre avec les enfants et les jeunes dont
nous avons la responsabilité. (Voir
« Justice et Paix », et notre blog).
J’aurais
voulu retourner à la Communauté, mais je n’ai
pas pu travailler hier sur Internet,
je remonte donc en ville pour tenter ma chance. Entre
les coupures,
j’arrive à faire passer quelques mails. Et je peux
prendre quelques contacts avec un responsable d’ONG de
Nzérékoré, le vicaire général de
Kankan, et le bureau du Projet hydraulique au sujet du creusage de
puits et de forages. Puis une visite à l’atelier pour
contacter les jeunes et essayer de ne pas couper les liens avec les
formateurs.
Et, pendant
les coupures, j’ai
avancé plusieurs dossiers.
Le soir, avec Kennedy, nous
parlons de MONGO où il part demain. Mais il est déjà
tard, car pour finir la journée, nous sommes tombés
sur un embouteillage monstre qui a duré plus de deux heures :
des chauffeurs en voulant forcer le passage ont tout bloqué !
Mardi
11 mai : La
technique n’est pas au point ! Tôt
le matin, je pars à l’archevêché.
Malheureusement dès mon arrivée le courant s’arrête
et le serveur Internet est saturé. C’est beau la
technique, quand ça marche ! Et comme elle ne marche pas
souvent, nous sommes souvent bloqués. Ca nous laisse au moins
la possibilité de nous rencontrer pour d’autres
problèmes.
Problèmes
à « Savoir-Fer ».
D’abord,
nous nous retrouvons, les différents responsables de
l’archevêché, pour la question des formateurs de
l’atelier Savoir-Fer des enfants de la rue. Ils continuent à
faire de l’opposition et à refuser les nouvelles
orientations pour une plus grande responsabilisation et éducation
des jeunes, pour des questions matérielles et de préséance.
Il faut dire que, malheureusement, ils sont soutenus par des gens de
l’extérieur qui veulent saboter le projet. Cela nous
fait perdre inutilement beaucoup de temps et d’énergie
et, hélas, ce sont les jeunes qui en subissent les
conséquences. (Voir
rubrique « Savoir-Fer »).
Avec
Bernard, nous continuons la mise au point de la vidéo
sur le Centenaire de MONGO.
Education aux droits de l’Enfant :
UNICEF.
Quand
j’étais au Sénégal, nous avions composé
des jeux sur les droits de l’homme et les droits de l’enfant.
A Mongo, nous les avions adaptés et traduits en quatre
langues (anglais, kissi, kono et mende) pour les utiliser aussi bien
dans les camps de réfugiés que dans les villages
guinéens. Je m’étais adressé à
plusieurs organisations pour faire multiplier les jeux, sans succès.
Arrivé à Conakry, nous nous sommes adressés à
l’UNICEF, sans réponse. Le mois dernier, à
Dakar, j’ai retrouvé les responsables de l’Unicef
avec qui nous avions travaillé depuis les années 1990.
Ils m’ont encouragé à relancer les choses.
Aussi, ce midi je reprends contact avec eux. On verra ! (Voir
rubrique « Jeunes »).
Formation
à la pastorale sociale.
Nous
avons mis en place des commissions paroissiales. Les gens sont
motivés et ils ont besoin de formation. Ils sont d’ailleurs
les premiers à la demander. Ce soir, après le travail,
nous commençons donc un cycle de formation, en réfléchissant
à la mise en place de petits projets de développement :
comment faire pour qu’ils ne soient pas parachutés,
mais naissent vraiment de la communauté et de la base ?
Comment s’assurer qu’ils correspondent à un vrai
besoin ? Comment ne pas se limiter à la seule dimension
économique mais qu’ils visent à aboutir à
un développement intégral de tout l’homme ?
Comment arriver à une véritable participation des
bénéficiaires ? Comment compter d’abord sur
nos propres forces pour ne pas faire des gens des assistés et
même des mendiants ? Comment organiser nos actions en
fonction de nos possibilités ?
Ce ne sont pas des
questions nouvelles, mais il nous faut nous les reposer sans cesse.
(Voir rubrique
« Pastorale sociale »).
Lundi
10 mai : Conclusions
de la session
Le
matin, je travaille avec le responsable diocésain et quelques
membres de « Justice et Paix ». Je leur laisse
un certain nombre de documents à partir de ma clé USB.
J’insiste sur la nécessité de travailler avec
tous, en collaboration avec les autorités, les responsables
des autres religions et les ONG et associations de la ville.
Ensuite, une séance de travail avec le vicaire général,
adjoint de l’évêque (absent), puis avec le
responsable de l’OCPH (Organisation Catholique pour la
Promotion Humaine) pour une collaboration avec la Commission
« Justice et Paix ».
A midi, repas avec une
dame venue de France qui, avec son association, soutient une
paroisse du diocèse, NGOUEKE. Elle est venue voir ce
qui se passe sur le terrain.
A l’aéroport, l’avion
a 2 heures de retard. Puis il faut faire le plein de carburant, à
partir de deux fûts en réserve. J’ai le temps
d’acheter des fruits, qui sont meilleurs et moins cher qu’à
Conakry. J’ai été très heureux de me
retrouver dans cette région de la Forêt, au sud du
pays, où j’ai passé dix années difficiles
mais exaltantes, de 1996 à 2006 ; (Voir
rubrique « MONGO »).
A
NZEREKORE, pour une fois j’ai eu le temps de regarder la
télévision guinéenne et je suis complètement
effaré. D’abord un film brésilien dans la haute
société, puis le PMU (course de chevaux à
Enghein) et tout de suite après les informations, le loto et
un film indien avec bijoux, belles maisons, belles voitures…
et après on demande aux jeunes Guinéens de rester chez
eux et de ne pas partir à l’étranger ! Je
suis pour la mondialisation, mais pas comme ça
Jeudi
6 mai : Problèmes
de personnel. Nous
célébrons la messe tous ensemble le matin. Puis je
règle rapidement la question du chargeur de batterie de mon
téléphone portable. L’ancien ne marche plus :
il m’a lâché hier et la batterie est vide.
Bernard m’avait déjà donné un téléphone
en remplacement du mien, défectueux qui ne pouvait être
réparé, malgré toute la débrouillardise
des réparateurs. Aujourd’hui il m’apporte son
chargeur. Heureusement, car je pars à NZEREKORE, au sud-est
du pays, près de la Côte d’Ivoire, où
j’aurais été complètement isolé.
La batterie à peine rechargée, je reçois un
appel de Winfried, mon successeur à MONGO, qui est venu dans
la ville de GUECKEDOU où il y a du réseau, et il en
profite pour m’appeler. Je lui passe alors Kennedy qui va
aller assurer l’intérim à MONGO jusqu’en
Septembre. En effet, Winfried va suivre une formation en sciences
humaines à Strasbourg, pour ensuite travailler à la
formation de nos grands séminaristes anglophones et
francophones d’Afrique de l’Ouest. Mais nous avons de
graves problèmes de personnel et pour le moment nous n’avons
trouvé personne pour remplacer Winfried à Mongo. Ce
n’est pas simple et ça me rend triste pour Mongo, cette
paroisse où j’ai vécu dix années
difficiles mais exaltantes et qui est un secteur très
important que nous ne pouvons pas abandonner.
(Voir rubrique « Spiritains »).
Un
retraité volontaire.
Comme
Bernard est venu, nous en profitons pour voir comment faire un DVD
sur le Centenaire de Mongo, que je voudrais mettre sur mon
site.
Nous préparons le travail des jours suivants et
parlons du projet hydraulique, qui est très important pour
apporter de l’eau potable dans les villages. Mais le matériel
est très ancien et complètement usé. Depuis
quelques années, nous essayons de le bricoler, mais après
de nouvelles réparations la foreuse et le compresseur
viennent de nous lâcher. Et nous n’avons trouvé
aucun financement pour acheter du nouveau matériel qui coûte
évidemment très cher. Nous allons donc nous orienter
vers le soufflage et l’entretien des anciens forages, ce qui
est également très utile.
Je rappelle que Bernard
est un volontaire, formé et soutenu par le SCD (Service pour
la Coopération et le Développement) venu travailler en
Guinée à « Savoir-Fer »,
l’atelier de formation à la soudure pour jeunes de la
rue et de familles nécessiteuses. Ancien enseignant de
Collège technique catholique en France, il a maintenant
atteint l’âge de la retraite et a décidé
de rester travailler bénévolement avec nous. Nous le
remercions car il nous aide beaucoup, en particulier au niveau
information.
Voyage
à NZEREKORE.
Ensuite,
je me dépêche d’aller à l’aéroport
où (moyennant finances bien sûr) j’ai pu avoir,
au titre de l’OCPH, une place dans l’avion du PAM
(Projet Alimentaire Mondial des Nations Unies) : 2 heures
d’avion, à l’aise, c’est quand même
mieux que 24 heures, serrés à quatre sur une banquette
dans un taxi, dans la chaleur et la poussière, sur des
mauvaises routes en pleine saison des pluies qui a maintenant
commencé (Nous avons supporté un orage de plusieurs
heures pendant la marche pèlerinage, en pleine nuit, qui
nous avait complètement transpercés. Heureusement
qu’il ne faisait pas froid et que nous marchions !)
Dans
les nuages, nous avons été fortement secoués
car c’est un petit avion. Personnellement, je me sentais très
à l’aise, car cela me rappelait mes nombreux voyages en
bateau sur une mer agitée, mais ma voisine était
beaucoup moins calme et j’ai essayé de la
tranquilliser.
Les prêtres ont envoyé quelqu’un
me chercher, notre lieu de formation se trouvant à une
quinzaine de kilomètres de l’aéroport. Et j’ai
été heureux de revoir des confrères que j’avais
déjà connus les deux années précédentes.
La chambre était prête et j’ai commencé
par me doucher et me reposer, avant de passer une soirée
tranquille.
Session
« Justice et Paix ».
Le
lendemain, préparation de la session avec le responsable
diocésain de Justice et Paix. Je rencontre aussi le vicaire
général. Puis nous accueillons les participants à
la session, la plupart venant de loin, sur des routes mauvaises.
Nous faisons le tour de leurs activités, ce qui me permet de
savoir où ils en sont. Puis, je leur demande quelles sont
leurs attentes. A partir de là, nous élaborons
ensemble le programme de la session.
Le soir nous regardons
ensemble et commentons les informations de la télévision
(le diocèse possède un groupe électrogène :
nous avons donc du courant).
C’est la troisième fois
que je viens à NZEREKORE pour une formation « Justice
et Paix ». La première fois, surtout une
information ; l’année dernière, c’était
plutôt : comment mettre en place une Commission ;
cette année, nous évaluons le travail de ces
commissions, étudions les méthodes à suivre,
les moyens à utiliser et repérons les personnes avec
qui travailler. Nous apprenons à faire une analyse sociale
pour agir sur les causes profondes des problèmes et faisons
une première initiation aux méthodes d’action
non violentes. Les participants sont moins nombreux que l’année
dernière mais très engagés et nous travaillons
intensément jusqu’au dimanche midi. Ensuite, les
participants doivent retourner chez eux. A la messe, je redis
l’essentiel de ce que nous avons travaillé, pour que
toute la communauté soit au courant et puisse participer plus
facilement aux actions qui vont être proposées.
Comme
l’avion ne retourne que demain à Conakry, j’en
profite pour faire quelques visites amicales. Le soir, Jean-Pierre,
actuellement directeur du séminaire, (nous avons beaucoup
sympathisé lors de mes derniers voyages) m’emmène
dans un restaurant manger de l’atiéké, un plat
ivoirien que nous apprécions tous les deux.
Mercredi
5 mai : Une
journée passée à ne rien faire. D’abord
deux heures à la banque pour sortir l’argent de la
paroisse. Ensuite, je voulais me mettre à Internet, mais
impossible de travailler, le courant saute sans arrêt. Puis
aller-retour à l’agence (depuis 5 jours) pour obtenir
un billet pour Mapuko (Mozambique) où je vais participer à
une rencontre panafricaine sur Justice et Paix et la mise en place
du synode. Ce n’est pas encore aujourd’hui que j’aurai
mon billet. Et au retour, il faudra que je passe au moins deux nuits
à Dakar avant d’avoir un avion pour Conakry. Ce qui,
finalement, n’est pas pour me déplaire.
Une
réunion de Communauté de quartier.
Après
tout ce temps perdu, coupé heureusement par des rencontres,
je pars dans un quartier pour une rencontre de Communauté,
suivie de l’Eucharistie. Cela me console, car la communauté
marche bien. La responsable me fait un compte rendu clair de la vie
de la Communauté et de ses différentes activités :
réunions, visites dans le quartier, prières –en
particulier pour les bébés, les malades et les morts-
dans les différentes maisons, pour les chrétiens, mais
aussi participation aux mêmes prières, par amitié,
chez les musulmans.
La grosse question actuellement, en cette
période de « transition » avec révision
de la Constitution et reprise en main de l’armée en vue
des élections présidentielles, puis législatives,
est la participation des chrétiens à tout cela (voir
l’homélie de l’archevêque à BOFFA,
et la rubrique « Situation du pays ») :
la participation à la campagne électorale, la
réflexion sur les programmes des différents partis, la
supervision des élections, l’acceptation des résultats,
etc…
La Commission de pastorale sociale continue son
travail d’assainissement du quartier. Cela demande du temps,
car il faut travailler avec la voirie, les autorités locales
et aussi mobiliser les musulmans, en passant par leurs imams.
La
Commission « Justice et Paix » a plus de mal à
passer à l’action. Mais c’est général.
Il faudra encore du temps pour que les choses se mettent en
place.
Quant à la catéchèse, elle se passe
bien ; toutefois beaucoup de catéchumènes ne
participent pas aux réunions de communauté, ce qui est
très inquiétant. Et certains parrains et marraines ne
suivent pas leurs catéchumènes. Nous préparons
ensemble la retraite des enfants et les différentes étapes
du baptême (la première semaine de juin).
Toute la
réunion se passe dans une ambiance très amicale. C’est
réconfortant. Nous terminons par une messe fraternelle où
chacun participe, en particulier pour partager la Parole de Dieu. Et
un membre de la Communauté me ramène en voiture :
pas besoin d’attendre un taxi de longues minutes, dans la
nuit. C’est agréable ! (Voir
Réunion de Communauté).
Retrouvailles.
De
retour à la maison, je trouve Hermann, le curé de
Boffa, et Kennedy, chargé du Noviciat, descendus à
Conakry. Nous prenons le temps de parler ensemble et de partager nos
joies et nos soucis. Bien sûr, nous échangeons nos
idées sur le pèlerinage qui vient de se terminer et
apprécions les améliorations qui ont été
faites.
Emmanuel nous rejoint plus tard. Il est allé
régler le problème du paiement du logement d’un
Nigerian, gravement malade, qui n’a pas pu travailler depuis
longtemps et qui a donc beaucoup de dettes. Nous préparons
son retour au Nigeria mais, là encore, ce n’est pas
facile.
Mardi
4 mai :
Reprise du travail. Après
la retraite au Sénégal, la formation dans le Fouta et
la marche pèlerinage, il est temps de se remettre au boulot.
Il y a beaucoup de choses à préparer et à
régler. D’abord, nous prenons un temps avec Emmanuel,
le stagiaire, pour préparer les deux derniers mois de l’année
scolaire où il va y avoir beaucoup de travail à faire
pour conclure les activités des différents mouvements
et groupes avant les vacances.
Ensuite, j’enregistre mon
homélie du pèlerinage sur cassette pour que Jocelyne
puisse la saisir, et je vous l’enverrai dès que
possible.
Conseil
économique.
Le
soir, après le travail, jusque tard la nuit, réunion
du Conseil économique et du Bureau du Conseil paroissial. Là
aussi, il y a beaucoup de choses à voir et nous nous séparons
sans avoir épuisé l’ordre du jour… mais
l’ordre du jour nous a épuisés ! En effet,
il s’agissait d’abord de revoir tous les comptes rendus
de l’année 2009, puis ceux de janvier à avril
2010, et enfin d’étudier le budget prévisionnel
pour la fin de l’année. Avec toutes les activités
qu’il y a sur la paroisse, cela fait beaucoup de choses à
voir… et à prévoir.
Et il restait toutes les
questions pastorales :
l’évaluation
du Carême et du pèlerinage de BOFFA, des activités
des jeunes, la question du baptême des bébés, la
marche des communautés, des mouvements et autres groupes, le
programme de travail pour mai et juin, etc… d’autant
plus que je vais être souvent absent. (Voir
la rubrique « Activités paroissiales »).
1er
mai : Il a
été célébré dans le calme et la
tristesse, suite au décès par accident sur la route de
l’un des responsables les plus importants du pays. Avec
beaucoup de courage, il avait mobilisé les travailleurs
contre la dictature du président Lansana Conté. Les
travailleurs se sont d’abord rassemblés au palais du
peuple, avant de marcher jusqu’au cimetière pour un
temps de prière et une visite de condoléances aux
familles.
Aux dernières nouvelles, certaines banques ont
repris le travail.
Incendie.
Pendant que nous étions au pèlerinage, le feu
s’est déclaré de nuit dans la menuiserie de la
cour de l’Archevêché, et s’est répandu
dans plusieurs menuiseries et autres entreprises plus importantes du
quartier. Il faut dire que les installations électriques sont
très anciennes et très déficientes, avec
souvent des fils à nu. Les pompiers ont mis longtemps à
venir et il n’y avait pas d’eau. Heureusement que les
habitants du quartier ont faire la chaîne avec des seaux
d’eau ! Et quand les pompiers sont arrivés, ils
ont au moins évité que le feu ne se propage davantage.
Ce qui nous fait de la peine, c’est que nous avions ouvert la
cour de l’Archevêché à des petits artisans
pour qu’ils forment des apprentis. Ils ont tout perdu et ce ne
sera pas facile de les aider à redémarrer.
Radios
et journaux.
Nous
préparons les documents, articles et enregistrements du
pèlerinage, pour les mails, sites, journaux et radios. C’est
du travail, mais il ne faut pas traîner. Cela me laisse juste
le temps de lire mes mails et les nouvelles du pays sur Internet, ce
que je n’avais pas pu faire depuis une semaine. Le tout
interrompu, mais c’est normal, par les appels téléphoniques,
les visites et les réunions, prévues ou improvisées,
rapides ou plus longues, parfois sans vraies raisons. Mais il est
essentiel de rester calme et de ne pas s’énerver, pour
être disponible envers ceux qui en ont le plus besoin et qu’il
n’est pas toujours facile de repérer au premier abord.
Vendredi
20 avril – aamedi 1er
mai : La
célébration à BOFFA.
Chaque
matin, conférence suivie de questions ; travail en
carrefours par paroisses/doyennés ; mise en commun et
débat.
Les
jeunes.
Egalement,
rencontre des jeunes sur la mise en œuvre du message aux
jeunes de l’évêque avec ses cinq points :
1) engagement dans l’Eglise ; 2) engagement dans la
société, spécialement en cette période
de transition ; 3) justice et paix (mise en œuvre du
2ème
synode pour l’Afrique) ; 4) l’évangélisation :
vivre tous ensemble et construire le pays selon les valeurs de
l’Evangile ; 5) les problèmes et difficultés
des jeunes : drogue, violence, chômage, etc…
Cela
nous permet de faire le point des actions menées, de les
relancer et de les réorienter. Et aussi de mieux les
organiser. En effet, il y a beaucoup de jeunes qui s’engagent,
mais souvent à titre personnel. Il est important de les
organiser pour un travail d’ensemble et plus d’efficacité.
En plus des rencontres générales, les jeunes ont donc
travaillé entre eux, avec beaucoup de courage et de
dynamisme. C’est une grande espérance pour nous.
Mais
il reste qu’il nous faut revoir les secteurs où les
jeunes s’investissent avec beaucoup de générosité.
Car ils s’orientent surtout vers des cérémonies,
des fêtes, des kermesses ou des compétitions de
football. Et pour trouver des soutiens et du travail, lancer des
projets de développement, ils ont trop tendance à
travailler seuls et en ordre dispersé. Nous avons cherché
comment assurer une coordination entre les organisations de jeunesse
et les commissions diocésaines. Ce sera à suivre et à
organiser. (Voir mon
site, rubrique « Jeunesse »).
Les
après-midi sont consacrés à la prière :
chemin de croix, célébration pénitentielles,
etc…
Et le soir, ce sont des soirées culturelles
avec chants, danses, théâtres, pour présenter la
réflexion et le message du pèlerinage d’une
manière animée. (Voir
les photos des pèlerinages passés dans l’album
photos de mon site).
Mais
malgré toutes les préparations et l’organisation,
il y a toujours des imprévus. Ainsi, le vendredi, le doyen
des prêtres guinéens qui devait faire l’homélie
est tombé malade. On m’a demandé de le remplacer
au pied levé. Ce n’était pas évident,
d’autant plus que le thème de la journée était
plutôt ardu : La Croix Glorieuse. Je ne voulais pas faire
une « belle homélie » théologique
avec des envolées mystiques, mais rejoindre la vie des gens
et donner un éclairage réaliste, mais positif et
encourageant sur la situation actuelle du pays. Vu les réactions
des gens, je crois que j’y suis arrivé.
Le dimanche
2 Mai, grande célébration, en présence de
nombreuses autorités, où la joie a éclaté
avec chants, danses et procession d’offrandes. Et aussi une
quête spéciale pour le grand séminaire. En
effet, jusqu’en 2008, les futurs prêtres allaient se
former au Mali. Mais bien sûr ici il nous faut faire
fonctionner ce séminaire, et cela entraîne beaucoup de
frais.
Le retour à CONAKRY se fait sans problème.
Nous avons demandé aux gens de rouler doucement et d’être
prudents. D’ailleurs, pendant la marche et le pèlerinage,
il n’y avait que de l’eau à boire. C’est
une décision générale. Ce qui n’empêche
pas quelques « irréductibles » d’aller
boire au moins une bière en ville !
Sur la route,
nous nous arrêtons pour acheter des mangues dans les villages.
C’est la saison, il faut en profiter.
Mercredi
28 – Jeudi 29 avril :
La marche pèlerinage.
Le
soir, le vice-président vient me prendre pour rejoindre les
marcheurs, jeunes et adultes, qui sont partis de CONAKRY depuis
dimanche soir. A cause de la chaleur, nous marchons la nuit. Je suis
frappé par la qualité du silence pendant la première
heure de marche, pour permettre la méditation et la prière
personnelle. Ensuite, pendant plus d’une heure, ce sont des
prières spontanées et libres partagées par
groupes (paroisses) grâce à un haut parleur portatif à
piles, de la part des participants tout en marchant.
J’ai
remarqué aussi la grande discipline des marcheurs, trois par
trois, chacun gardant sa place tout au long de la marche. Nous
marchions sur la route nationale, et ainsi il n’y a eu aucun
accident ni problème de circulation.
Après les
prières, avant les pauses, la marche se continuait par des
partages en petits groupes, sur le thème du pèlerinage.
Il
a fallu bien sûr tout une organisation, et des bénévoles,
pour assurer l’eau à boire et les repas à ces
marcheurs (près de 2.000 personnes).
L’entrée
dans la ville de BOFFA a été très
impressionnante. Déjà tout le long de la route, les
populations musulmanes nous ont remerciés et encouragés ;
nous ont offert des cadeaux, de l’eau et de la nourriture, et
nous ont demandé de prier pour eux. A BOFFA, toute la
population était sur la route ; les autorités
(Préfet, sous-préfets, maires) nous attendaient à
l’entrée de la ville. Chaque paroisse animait la marche
jusqu’au sanctuaire, avec ses chants, ses instruments et ses
danses, en rivalisant d’ambiance (les trois marches du sud, de
l’est et du nord s’étant regroupées à
l’entrée de la ville). C’était très
émouvant. La marche s’est terminée par une
prière autour de la grotte. Il était 10 heures, et
après une nuit de marche on avait envie de manger… et
de dormir. Car à 16 heures, le deuxième temps devait
commencer, ensemble marcheurs et autres personnes nous ayant
rejoints en voiture, par une messe présidée par le
nonce.
Mercredi
28 avril : Problèmes
économiques.
Nous
préparons des documents : comment lancer un projet de
développement ? Et ensuite, les statuts et le règlement
intérieur de l’atelier Savoir-Fer (voir
mon site, rubrique « Pastorale sociale).
Puis il y a les visites et les rencontres, le courrier mail et le
travail sur Internet. Il nous faut trouver aussi le temps d’aller
à la banque pour retirer l’argent nécessaire au
pèlerinage. Ce n’est pas une mince affaire car les
banques sont en grève depuis 15 jours, ce qui a posé
des problèmes énormes aux gens et complètement
désorganisé la vie économique. En effet, il y
a deux mois, le nouveau gouvernement d’union nationale a
décidé d’augmenter les salaires des
fonctionnaires de 50 %. Il est vrai que les fonctionnaires étaient
très mal payés : 400.000 francs guinéens
par mois, soit 50 euros : ce qui ne permet d’acheter que
deux sacs de riz. Où trouver tout le reste ? Mais comme
je l’ai expliqué dans les « Nouvelles »
à ce moment-là, ce sont les seuls fonctionnaires qui
ont été augmentés, ni les autres salariés,
ni surtout les gens du secteur informel qui sont la majorité,
les chômeurs et les jeunes diplômés sans emploi
qui sont beaucoup plus nombreux encore qu’en Europe, et plus
encore les paysans (la Guinée est essentiellement un pays
rural), sans parler des handicapés, des marginaux, des
réfugiés et autres étrangers.
Dans le même
temps, le prix du carburant a presque doublé d’un seul
coup. De ce fait, tous les produits importés ont augmenté
en premier lieu, ensuite les produits locaux. Ce sont encore les
pauvres qui payent la facture et se retrouvent encore plus pauvres…
comme d’habitude.
Cela a eu deux conséquences :
1 – augmenter l’inflation et dévaluer encore
davantage la monnaie guinéenne. Alors que les caisses sont
vides. Vidées à la fois par les militaires qui avaient
pris le pouvoir et ceux qui l’entouraient et à cause du
blocage de toute l’aide économique par l’Union
Européenne, les Etats-Unis, la Banque Mondiale et le FMI
(Fonds Monétaire International) car ils travaillent
ensemble !
2 – les autres salariés, non
fonctionnaires, ont demandé à leur tour des
augmentations de salaire allant jusqu’à 100 %. L’usine
d’alumine de Fria, l’une des principales sources des
revenus du pays, est arrêtée. Et les employés de
banque sont en grève, alors qu’ils sont déjà
les mieux payés du pays. (Voir
sur mon site la rubrique : « Situation du pays).
A
cela s’ajoute l’action des ONG étrangères.
Les Guinéens qui ont la chance d’y entrer sont payés
au prix international, ce qui se comprend. Mais alors, en deux ou
trois jours de séminaire, ils reçoivent en « per
diem » ou en frais d’hôtel, plus qu’un
grand fonctionnaire pour un mois de travail. Résultat, c’est
la course aux séminaires et les fonctionnaires du pays font
tout pour quitter la fonction publique et entrer dans les ONG
étrangères. Le monde n’est vraiment pas en
équilibre, et les inégalités se retrouvent à
tous les niveaux.
Mardi
27 avril :
Rencontre avec C.R.S. : Cela fait longtemps que nous ne
nous étions pas rencontrés pour une séance de
travail. Nous réfléchissons à la formation
d’observateurs indépendants qui s’avère de
plus en plus difficile, au moins pour les présidentielles. Il
est vrai que ce que nous avions prévu c’est
l’observation des élections législatives, dont
la date n’est pas fixée pour le moment.
Pour les
élections présidentielles, nous allons surtout
travailler avec les différents chefs religieux, pas seulement
les musulmans, mais aussi les sages des religions traditionnelles.
Pour que, en restant évidemment impartiaux, et au-dessus de
la mêlée, ils puissent délivrer un certain
nombre de messages pour que la Campagne se passe dans la paix, que
les élections se déroulent dans le calme et la clarté
et que les gens acceptent les résultats. En effet, la Guinée
est un pays de croyants et les responsables religieux sont écoutés,
surtout quand ils parlent ensemble.
Nous abordons ensuite le
fonctionnement de l’OCPH (Caritas Guinée) et nous
préparons l’évaluation que nous devons reporter
au 11 Mai à cause de la surcharge d’activités
que nous avons en ce moment.
Nous cherchons aussi que faire pour
soutenir les actions auprès des enfants de la rue.
Nous
aurions besoin d’une caisse de soutien, pour répondre
aux cas les plus dramatiques qui se présentent à nous.
Malheureusement, nous ne trouvons aucune solution pour avoir les
fonds nécessaires.
Nous examinons ensuite la situation des
écoles de brousse du nord du pays, enclavé et
abandonné (OUROUS et KOUNDARA) et préparons
l’ouverture de nouvelles classes pour Octobre 2010.
Lundi
26 avril :
Travail à la maison : classement et rédaction
de documents.
Réunion avec notre stagiaire pour faire le
point de nos sessions au Sénégal.
Rencontre avec le
vice-président du Conseil paroissial, sur le déroulement
de la marche pèlerinage vers Boffa.
Dimanche
25 avril : A
la messe, je reprends la réflexion sur Justice et Paix, à
partir des trois lectures. Comme il y a un certain nombre de
chrétiens kissiens (originaires de la Forêt, où
j’ai travaillé 10 ans dans les camps de réfugiés),
le curé me demande de leur dire quelques mots dans leur
langue, ce que je fais avec plaisir. Et j’ajoute aussi quelque
chose en baga (la langue de Kataco) et en soussou (la langue de
Boffa) où j’ai également travaillé. Pas
de jaloux !
A la fin de la messe, une ONG du quartier vient
présenter son action de développement et elle reçoit
le soutien de la communauté.
La veille au soir, je
suis allé dormir au Centre des Handicapés, ce qui m’a
permis de parler avec Arnaud et Marie-Anne de notre vie en Guinée
et de nos différentes activités : une soirée
très agréable.
Retour à Conakry sans
problème, mais toujours autant de barrages militaires !
A mon arrivée, je suis heureux de trouver Emmanuel notre
stagiaire, revenu du Sénégal par la route : trois
jours de voyage.
Vendredi
23 au Dimanche 25 avril : Session
« Justice et Paix ». Nous commençons
par faire le tour des commissions (cinq paroisses du doyenné)
pour connaître et évaluer leurs activités. Je
leur demande les sujets qu’ils voudraient voir aborder. C’est
un temps important pour moi, pour nous accueillir, nous connaître
et partir de ce qui se fait déjà. Et aussi pour
répondre aux préoccupations et problèmes des
participants.
Le lendemain, le travail est très approfondi
et donc aussi plus long. En effet, le FOUTA DJALLON est une région
essentiellement musulmane. Les chrétiens sont très
minoritaires, mais avec des postes de responsabilité et un
niveau de formation supérieure à la moyenne, ce qui
permet d’aller plus loin dans la réflexion, même
si certains ont souvent tendance à être longs. Il me
faut canaliser les débats… ce que chacun accepte sans
difficulté.
A côté des Guinéens, il y
a un couple de jeunes volontaires français, envoyés
par l’ONG Guinée Solidarité, et qui travaillent
à la formation de jeunes handicapés en couture,
réparations de machines à coudre, etc.. Il y a aussi
un enseignant camerounais. Et un Guinéen musulman qui
enrichit notre réflexion religieuse du point de vue de
l’Islam, que je vous enverrai d’ailleurs sans
tarder.
J’assure donc la formation de base. Qu’est-ce
que Justice et Paix ? Quels sont les problèmes et les
situations d’injustice, de manques de paix autour de nous
(enquête) ? Que nous disent la Parole de Dieu (chrétiens
et musulmans) et la vie des prophètes et de Jésus ?
A partir de là, quelles actions mener.
Dans un deuxième
temps : Comment mettre en place une commission « Justice
et paix », et comment travailleur : plan d’actions,
moyens, méthodes, calendrier ; avec qui agir ?
Comment ? Programmation et Evaluation, etc…
A partir
de là, nous pouvons approfondir un certain nombre de
questions : 1) Le message final du 2ème
Synode pour l’Afrique ; 2) Comment faire un
analyse spéciale (voir le document : « Agir
sur les causes »). Initiation aux méthodes non
violentes (Non-violence active dans la ligne des Gandhi, Martin
Luther King, Desmond Tutu, etc…) à la suite de ce qui
se fait au Rwanda, au Congo ou au Togo, par exemple. Le travail dans
les prisons. Différence et coordination entre Justice et Paix
et Pastorale sociale, etc….
Mais ce qui retient
spécialement notre attention, c’est la période
de transition que nous vivons actuellement dans le pays. Comment
revoir les listes électorales, comment avoir une campagne
électorale pacifiée et respectueuse des autres,
comment avoir des élections libres et transparentes et que
les gens acceptent les résultats sans révolte ni
violence, etc… Et aussi, que doivent faire les chrétiens
dans tout cela ? Comment nous situer face aux partis, aux
religions et aux ethnies. Nous préparons quelques notes que
je vous enverrai et que nous essaierons de partager la semaine
prochaine au pèlerinage diocésain de Boffa.
Vendredi
23 avril : Tôt
le matin, je pars à la gare routière, pour être
sûr d’avoir une place. Ensuite, il faut attendre que le
taxi soit plein pour partir (10 personnes). Un vieux me salue très
gentiment, en me disant : puisque nous allons voyager ensemble,
il faut que nous fassions connaissance. Je me présente, mais
il a de la peine à croire que j’ai passé presque
toute ma vie en Afrique. Il me dit : « Puisque tu es
blanc, tu viens de France ». C’est logique !
Le
voyage se passe bien, malgré les barrages des militaires où
il faut à chaque fois descendre et aller présenter ses
papiers… et même le carnet de vaccinations (mais ça,
c’est seulement pour les étrangers !). Tout le
monde se plie à ces formalités avec résignation,
en sachant qu’elles n’ont comme seul but que d’extorquer
de l’argent aux passagers qui ne sont pas en règle !
A
l’arrivée, je suis bien accueilli par Alphonse, le curé
que je connais, puisque je l’avais eu en formation au Sénégal
dans les années 90.
A la prison de MAMOU. Avec la
Légion de Marie, la Communauté Sant Egidio et la
Commission de « Pastorale sociale », nous
allons apporter aux prisonniers un repas et des habits récoltés
pendant le Carême. Pour le repas, nous avions apporté
14 plats, mais arrivés devant les prisonniers il n’y en
a plus que 13. Les gardiens se sont servis au passage… ce
qui, malheureusement, arrive régulièrement, malgré
nos remarques et nos réactions. On me donne la parole devant
tous les prisonniers rassemblés dans la cour. Après
les salutations et les encouragements, je leur demande d’organiser
leur vie en commun et de laisser toute lutte de pouvoir et
exploitation des plus faibles, pour pouvoir vivre en paix ce moment
très difficile. Je leur demande de réfléchir à
leur situation et d’en tirer les conséquences pour
préparer leur vie future. Alphonse dit sa tristesse de voir
des gens dans cette prison depuis plusieurs années sans être
jugés. Mais aussi de voir des récidivistes revenir en
prison pour la 3ème et 4ème
fois. Ce qui nous pose question sur le suivi des prisonniers, en
prison et à leur sortie.
Jeudi
22 avril : A
l’archevêché, après ces dix jours, du
travail m’attend, avec des tas de problèmes à
régler et de documents en attente. Ca se réglera au
fur et à mesure. Mais je suis très heureux de
l’accueil qui m’est fait et des nombreuses salutations
après cette absence pourtant courte.
Rencontre avec
« Paix et Développement ». Il me
faut rester disponible en même temps aux personnes qui se
présentent. D’abord, une responsable de l’ONG
canadienne « Paix et Développement »,
venue visiter les associations qu’ils soutiennent en Guinée.
Bien sûr, elle cherche à mieux comprendre les réalités
du pays, ce qui n’est pas toujours facile. Nous parlons aussi
de nos projets, en particulier les Centres aérés des
enfants pendant les vacances, et la formation d’observateurs
indépendants pour les prochaines élections.
Entre
les coupures de courant, j’essaie de lire mon courrier sur
Internet. C’est très lent et en plus je ne peux plus
enregistrer mon courrier. Le serveur Yahoo ne fonctionne plus depuis
un mois.
Départ impossible. Deuxième
problème à régler : un couple libérien
était venu en Guinée, dans l’espoir de partir
pour les Etats-Unis. Ils se sont adressés à un passeur
qui, bien sûr, a disparu avec toutes leurs économies.
Ils se retrouvent en prison. La Communauté Sant Egidio les a
soutenus et a réussi à les faire sortir. La femme,
infirmière, a voulu travailler dans un clinique, mais ce
qu’on lui proposait ne suffisait même pas à payer
son transport. Découragés, ils veulent rentrer au
Liberia. Mais là aussi, il faut de l’argent !
C’est chaque jour que nous rencontrons des gens qui quittent
leur pays à cause de tous les problèmes qu’ils
rencontrent et vont tenter leur chance ailleurs. Et là, ils
se retrouvent dans des situations impossibles.
Réception
du Nonce. Le soir, réception organisée par le
Nonce pour le 5ème anniversaire de l’élection
du Pape Benoît 16. Cela permet au moins quelques rencontres
intéressantes pour notre travail : l’ambassadeur
des Etats-Unis, la représentante de la Croix Rouge, etc…
Les discours du Nonce et du Ministre des Affaires étrangères
de Guinée me semblent intéressants. Je demande
pourquoi la radio et la télévision ne sont pas là
pour répercuter le message. On me répond que ce n’est
pas la tradition, mais que pour la messe de samedi la télévision
sera là. Je me demande où sont nos priorités.
Il me semble qu’il aurait mieux valu diffuser la réflexion
sur la situation du pays et les appels pour plus de justice sociale
et pour des élections claires, dont les résultats
seront acceptés dans la paix, après une Campagne
électorale sans violence, si possible, plutôt que de
diffuser une messe à des auditeurs dont plus de 90 % sont
musulmans. Ce qui me choque aussi, c’est que cette réception
ait lieu dans un grand hôtel de la place, avec une profusion
de nourriture beaucoup trop sophistiquée et trop abondante.
Bien sûr, les serveurs, les policiers et même un certain
nombre d’invités repartiront avec des sacs plastiques
bien remplis, mais on aurait pu utiliser tout cet argent pour des
choses plus urgentes et plus importantes, malgré tout le
respect que je porte à Benoît 16 !
Rencontre
des curés… en voiture. A l’aller comme au
retour, les trois curés de notre secteur, nous étions
dans la même voiture. Nous en profitons pour parler de notre
travail, car il n’est pas aisé de nous retrouver
ensemble, avec nos multiples occupations. Nous parlons en
particulier de plusieurs nigérians qui veulent, eux aussi,
rentrer chez eux, ou qui sont sérieusement malades et n’ont
pas les moyens de se soigner. Ce n’est pas facile de trouver
de l’aide et nous regrettons beaucoup que leurs différentes
ambassades ne fassent rien pour eux. Elles ne veulent pas les
écouter, même pas les rencontrer.
Après la
réception, il me faut encore préparer tous mes bagages
et documents pour la session « Justice et Paix »
que je commence demain à MAMOU pour tout le secteur du FOUTA.
Heureusement, pendant la journée j’ai réussi,
entre les nombreuses coupures de courant, à photocopier ce
dont j’avais besoin.
Mercredi 21 avril : Dès 5 heures, je me rends à l’aéroport pour être sûr d’être pris. Les bureaux ne s’ouvrent qu’à 6 h 30. Après plusieurs vérifications, mon billet est accepté. Mais, au moment du départ, nouvelle alerte : le billet est refusé. Finalement, on m’en donne un autre et je peux partir.
Samedi
17 avril :
Education aux droits humains. Nous nous séparons
après une dernière Eucharistie et un adieu à
toute l’équipe du Foyer de Charité qui nous a
très bien pris en charge, comme d’habitude. J’ai
le temps, avant de prendre l’avion, de rencontrer les amis du
CAEDHU (Centre Africain pour l’Education aux Droits Humains).
Nous avons beaucoup travaillé ensemble, de 1990 à
1996, quand j’étais à St Louis du Sénégal.
Ils viennent de rééditer en l’adaptant le jeu
sur les droits des enfants. Nous parlons ensemble de nos divers
engagements et de nos actions en Sénégal et en Guinée
(Voir mon site, rubrique « Justice et Paix »).
Pas
d’avion. Je me hâte de partir à l’aéroport…
pour rien, puisqu’il n’y a pas d’avion ! Je
n’ai vraiment pas de chance quand je viens au Sénégal !
L’année dernière, c’est la Compagnie Air
Sénégal qui avait fait faillite ; cette année,
c’est le nuage de cendres venu d’Islande.
Bien sûr,
j’avais de nombreuses activités et déjà
la rencontre diocésaine de « Pastorale sociale »,
le dimanche matin à Conakry. Mais ça ne sert à
rien de s’énerver. Je me dis que ça va me faire
des jours de repos supplémentaires. Ce n’est pas du
luxe. Et le frère Yvon, ainsi que Jeanne, la secrétaire,
vont s’occuper de mon billet. En effet, comme la situation ne
s’améliore pas en Europe et que le vol suivant annoncé
pour le mercredi me semble très hypothétique, je
préfère prendre un autre billet sur la compagnie Air
Mali. Circulant en Afrique, elle n’a pas de problème de
nuage ! Mais là, il faut se débrouiller pour
avoir une place dans le troisième avion, les deux premiers
(dimanche et lundi) s’étant remplis déjà
pendant que nous étions en retraite.
Rencontres à
Dakar. Comme la plupart des confrères sont encore là,
nous prenons le temps de parler de nos différentes activités
et de partager nos soucis et nos espoirs.
Je passe aussi dans nos
deux maisons de formation, où je partage le repas, pour
rencontrer les jeunes que j’ai connus en Guinée, à
Mongo, à Boffa ou au noviciat. Au philosophat, nous
travaillons avec Martin sur son mémoire sur la
non-violence. C’est une question très importante pour
nous et je lui avais envoyé un certain nombre de documents.
Au théologat, avec Daniel, nous parlons de la paroisse
d’OUROUS dont il est originaire, et des écoles de
brousse que nous voulons lancer dans le secteur bassari, ses
parents. (Voir mon site, « Nouvelles » du
12 au 14 Mars). Avec Blaise, guinéen qui a fait
son stage à Mongo, qui va être ordonné prêtre
en Juillet et partir travailler au Brésil, nous parlons
surtout du travail missionnaire, des communautés de base, de
justice et paix, et des relations à intensifier en direct,
sans passer par l’Europe, entre Amérique du Sud et
Afrique. (Voir mon site, rubrique « Activités
paroissiales ».
Mardi
20 avril : A
midi, je retourne chez Gisèle, du CAEDHU, avec le directeur
du grand séminaire. Cette fois-ci, nous parlons surtout de la
formation des séminaristes. Education aux Droits de l’Homme,
mais aussi formation en français que Gisèle apporte en
particulier aux séminaristes étrangers.
Une
entreprise familiale. Nous en profitons pour visiter la petite
entreprise de fabrique de jus de fruits et sirops que les enfants de
Gisèle ont lancé depuis 6 ans. Ce n’est pas
facile de démarrer une telle activité, mais ils le
font avec beaucoup de courage et de sérieux, en particulier
au point de vue hygiène, pour fournir des produits de
qualité, qui sont d’ailleurs contrôlés
régulièrement. Sylvie, médecin nutritionniste,
est bien placée pour cela. Ils ont maintenant plus de 20
employés.
Droits de l’enfant dans les écoles.
Au cours du repas, Minouche vient nous rejoindre. Elle est
responsable de l’UNICEF pour le Sénégal. Nous
avons beaucoup travaillé ensemble pour les droits de l’enfant
quand j’étais à St Louis du Sénégal.
Nous sommes heureux de nous revoir et de parler un peu ensemble.
Minouche continue à soutenir le CAEDHU et ils ont obtenu du
Ministère que le jeu sur les droits de l’enfant soit
remis dans toutes les écoles. Cela suppose un énorme
travail de formation des enseignants, après avoir mis au
point une pédagogie adaptée.
Lundi
12 avril : Fin de la visite.
La journée se passe en rencontres. Et le soir, rencontre
générale avec nos trois responsables venus de Rome
qui, pendant quinze jours, ont visité toutes les communautés
de Mauritanie, Sénégal, Guinée Bissao et Guinée
Conakry. C’était une grande joie pour nous de les
rencontrer personnellement. Mais nous apprécions beaucoup
également d’avoir leurs réactions et leurs
propositions d’action. Nous aurons l’occasion d’y
réfléchir en profondeur.
La retraite.
Aussitôt après, nous entrons en retraite : une
semaine de prière et de silence. Le prédicateur,
Christian de Mane, est un ami de longue date. Il m’a connu,
avec toute ma famille, lorsque j’étais élève
à Dakar, dans les années 50 Et nous nous sommes
retrouvés ensuite au Congo Brazzaville.
Cette année
est le 300ème anniversaire de la mort de notre
fondateur, Claude POULLART DES PLACES. Christian nous fait prier à
partir de la vie et des écrits de notre père Claude.
Ce qui permet de revoir nos engagements avec les pauvres et notre
engagement missionnaire, sans oublier notre vie de prière et
notre vie communautaire. Et je peux aussi décompresser un
peu, même si une semaine de repos est insuffisante.
Heureusement que les congés sont pour bientôt.
Le
vendredi soir nous terminons ce temps de prière par une fête
fraternelle. En effet, cette retraite nous donne aussi l’occasion
de nous retrouver tous ensemble chaque année et de partager
soucis et joies, et ça nous renouvelle en courage avant de
retourner à nos engagements.
Lundi 12 avril : Le matin, travail à
Internet et envois de différents mails.
L’après-midi,
nous partons au « Cap des Biches », à
20 km environ de Dakar, dans un Foyer de Charité pour une
semaine de silence, de réflexion et de prière
(retraite). Cela nous fera du bien. Mais nous nous retrouvons
d’abord pour une dernière rencontre avec nos trois
responsables internationaux venus de Rome, qui ont visité
toutes nos communautés et rencontré personnellement
chacun des confrères. Ils nous donnent les conclusions de
leur visite.
Puis, nous entrons dans le silence et la prière.
Dimanche 11 avril : Je décompresse,
je n’ai même pas le courage de sortir et je reste couché
toute la journée. J’en avais besoin !
Le soir,
nous nous retrouvons avec plusieurs personnes qui nous aident pour
les questions économiques. Cela me permet de parler
longuement avec le responsable du Conseil Economique du Sénégal,
ancien responsable national puis membre de l’équipe
internationale de la JEC (Jeunesse Etudiante Chrétienne).
Nous échangeons longuement sur l’engagement des laïcs
dans la société, en particulier les cadres. J’ai
aussi la joie de revoir Marie-Angélique SAVANE, une
sociologue sénégalaise réputée ;
nous avions travaillé ensemble quand j’étais à
St Louis, de 1980 à 1996.
Samedi 10 avril : Dernière journée
avec nos responsables. Nous avons encore des choses à nous
dire et ils doivent également rencontrer l’archevêque.
Pendant ce temps, je travaille avec des sœurs qui tiennent une
école primaire et un jardin d’enfants. Je leur présente
trois jeux qu nous avons composés sur les droits de l’enfants
et les droits humains. Elles vont pouvoir les utiliser avec leurs
élèves.
Ensuite, nous mangeons tous ensemble, avec
l’archevêque, dans une ambiance très
décontractée. Nous profitons de ces moments pour nous
détendre, blaguer et même nous amuser. Cela améliore
nos relations et nous permet de travailler ensemble dans de
meilleures conditions.
Nous partons ensemble à l’aéroport
pour le Sénégal. A l’arrivée, grâce
à un confrère, nous sommes reçus au salon
d’honneur. J’avoue que je n’y suis pas à
l’aise et que je préfère l’ambiance plus
populaire de l’aéroport, où on peut sentir vivre
le pays et les gens. Le seul avantage, c’est que nous
attendons encore plus longtemps nos bagages… mais assis dans
un bon fauteuil, c’est vrai. Nous sommes heureux d’arriver
à la maison.
Vendredi 9 avril : Nouveaux « problèmes »
financiers. Cette fois-ci, ce sont les comptes pour la construction
du presbytère. Nous dépendons des gens qui nous aident
et nous leur sommes reconnaissants. C’est normal qu’ils
contrôlent l’utilisation de leur argent, mais il y a
vraiment trop de formalités. Du moment que les bâtiments
sont là et les activités visibles !
Je voulais
rentrer me reposer un peu, mais je me fais accaparer par un certain
nombre de vrais (et faux) problèmes. J’ai juste le
temps de passer par la communauté pour saluer nos Supérieurs
Jean-Paul et Yves-Marie qui rentrent d’une longue tournée
dans toute la Guinée pour visiter les confrères. Je
les installe et je repars aussitôt pour une rencontre dans une
de nos communautés de quartier, où nous parlons
longuement de la vie du quartier, de la préparation des
élections, des personnes à aider et aussi de la façon
dont nous avons vécu le Carême et les fêtes de
Pâques. Et d’autres choses encore.
Jeudi 8 avril : Toute la journée se passe à préparer le compte-rendu financier et d’activités de nos deux Commissions pour C.R.S. (Secours catholique américain). C’est normal et il faut bien le faire. Mais cela ne me plaît pas beaucoup, ça prend beaucoup de temps et c’est compliqué. Il y a toujours une pièce qui manque !
Mercredi 7 avril : Retour à l’archevêché : Réunion du Bureau de l’atelier des enfants de la rue. Nos problèmes ne sont pas terminés. Ceux qui ont lancé le projet et nous ont demandé de le reprendre n’acceptent pas les orientations que nous lui avons données, et à coups de mails ils montent la tête aux formateurs contre le coopérant actuel et le bureau. Nous avons fait preuve de patience pendant trois mois, mais si cela continue il va falloir prendre des décisions, ne serait-ce que pour le bien des jeunes.
Lundi 4 avril : Fête de
l’indépendance du Sénégal.
Je vis
en communion avec ce pays où j’ai passé mon
enfance et ma jeunesse. Et j’ai travaillé de 1979 à
1996 à Dakar mais aussi dans toute la région orientale
(Tambacounda) et surtout le nord de Saint Louis jusqu’à
Matam.
J’ai décidé de rester tranquille à
la maison, mais comme c’est férié de nombreux
amis, chrétiens et musulmans, viennent nous souhaiter de
bonnes fêtes de Pâques.
Bernard m’a prêté
sa clé Internet. Je travaille le soir (messages et documents)
mais la connexion est tellement lente, comme toujours, que je suis à
l’ordinateur jusqu’à 2 heures du matin. C’est
dur de me lever ; cependant de nombreuses activités
m’attendent à l’Archevêché et il me
faut partir dès 6 h 30 si je veux avoir un taxi collectif et
éviter les bouchons. Je trouve de nombreux dossiers, laissés
en attente pendant toute la Semaine Sainte et surtout il y a
les personnes à accueillir et les problèmes à
résoudre. A midi, nous mangeons avec l’archevêque
et un prêtre italien professeur au grand séminaire. La
formation des futurs prêtres nous inquiète
beaucoup.
Puis, c’est une rencontre avec le délégué
pour la Guinée de la Communauté Sant Egidio, venu de
Rome, sur toutes les questions de la paix en Guinée. Ensuite,
il y a tous les documents à tirer, puis les différentes
rencontres à organiser avant mon départ pour le
Sénégal. Enfin, je pars prendre livraison d’une
voiture offerte par un ami coopérant, membre d’une
communauté internationale. Cela nous rend un énorme
service, car même si nous circulons la plupart du temps avec
les transports publics, toutes nos activités font que une
voiture pour trois ce n’est pas du luxe ! Ce n’est
pas une voiture neuve mais elle est en très bon état ;
quant à nos deux anciennes voitures,… elles sont
complètement pourries et nous n’essaierons même
pas de les revendre car il faudrait d’abord les réparer
et cela nous coûterait bien plus cher que le prix que nous
pourrions en tirer !
Samedi-Saint
3 avril : Le matin, je décide de rester à
la maison, pour recevoir tranquillement un certain nombre de
personnes : la nouvelle responsable du groupe charismatique,
des futurs mariés, des personnes gravement malades et
perturbées psychologiquement. Cela me prend toute la journée.
Heureusement que j’avais préparé les cérémonies
à l’avance.
Le soir, nous allumons le feu sur le
terrain de football (c’est de la terre, on ne risque pas de
brûler l’herbe). La cérémonie commence par
un échange sur la signification du feu, à laquelle les
enfants participent activement, et le sens du Christ, Feu et Lumière
venu apporter le Feu de Dieu sur la terre et Lumière du
monde. Les lectures de la Veillée ne sont pas lues mais
racontées (proclamées par cœur), ce qui leur
donne une tout autre valeur. Il n’y a pas de baptême
d’adultes, mais seulement de bébés. En effet, la
catéchèse a commencé avec retard et les
catéchumènes ne sont pas prêts. On verra cela au
mois de juin. Ce qui ne nous empêche pas de fêter la
résurrection dans la joie ! Et après la
célébration, nous restons plus d’une heure à
chanter et danser en l’honneur du Christ Ressuscité.
Le
dimanche de Pâques, comme le samedi, ce sont les danses au
moment du « Gloire à Dieu », de
l’Evangile, au « Sanctus ». Et une
grande procession des offrandes que nous partagerons ensuite avec
les pauvres et les malades. Nous baptisons quatre bébés,
avec l’engagement de toute la communauté. A la fin de
la messe, nous bénissons les noix de cola. La cola est très
importante en Afrique de l’Ouest ; elle est signe
d’accueil et d’engagement, et présente à
toutes les cérémonies officielles, mariages, etc…
Aujourd’hui, les enfants iront offrir la cola aux personnes
âgées des autres ethnies et religions pour leur
souhaiter une bonne fête de Pâques de la part des
chrétiens.
Bien sûr, nous vivons cette fête
dans la joie, mais aussi dans une certaine incertitude quant à
l’avenir du pays, mais elle nous permet au moins de raviver
notre espérance et chercher à prendre un nouveau
départ, en cette période de transition où il
nous faut reprendre les choses en mains, reconstruire le pays
spécialement au niveau économique, réorganiser
l’armée et assurer une campagne électorale dans
la paix. C’est tout un programme. Voir les homélies
de Pâques que je vous ai déjà fait
parvenir.
Après la messe, nous inaugurons le 1er
étage de notre presbytère que l’on vient
de terminer, en présence des autorités et des nombreux
donateurs guinéens, de la paroisse ou d’ailleurs. Nous
commençons par une prière, à partir de
l’histoire de Zachée, et la bénédiction
de la maison, suivies de l’apéritif. L’entrepreneur
a très bien travaillé alors que jusqu’à
maintenant il nous reste encore le tiers des dépenses à
rembourser. Nous allons recueillir l’argent peu à peu.
L’entrepreneur a offert tout le mobilier, ce dont nous lui
sommes très reconnaissants. Mais je continue à penser
que la maison est trop grande et trop luxueuse pour un presbytère.
Et je regrette que l’argent de la paroisse soit utilisé
surtout pour des constructions mais très peu pour les actions
de développement, les Commissions, et l’aide aux
pauvres, qui reposent essentiellement sur des dons personnels.
Ce
Jour de Pâques, nous sommes invités un peu partout.
Nous prenons le repas de midi chez le vice-président de la
paroisse qui a invité ses parents et voisins, mais aussi les
jeunes et l’imam du quartier. C’est très
sympathique et j’ai de la peine à le quitter pour aller
saluer les autres familles.
Vendredi
2 avril : Questions
autour du presbytère.
Je
suis en train de préparer les cérémonies de
Pâques, quand le responsable du Conseil Economique m’appelle
pour qu’on aille retirer de l’argent à la banque
afin de continuer le travail au presbytère. Cela me pose
beaucoup de problèmes. Il est vrai que l’entrepreneur,
un chrétien de la paroisse, s’est beaucoup investi dans
ce travail qu’il a fait vite et bien. Il a lui-même fait
l’aménagement : chambres, salon et même une
télévision… en espérant qu’il y
ait du courant ! C’est un bâtiment à deux
étages, à mon avis beaucoup trop grand et on n’avait
pas besoin de tout cela. Je ne peux pas dire grand-chose, puisque
les chrétiens eux-mêmes ont cotisé. Et je
comprends leur réaction : ils sont une minorité,
ils ont besoin de se sentir reconnus et de gagner le respect des
gens. Mais je préférerais quand même qu’ils
engagent l’argent de la paroisse plutôt dans la
formation des catéchumènes mais aussi des cadres, dans
l’aide aux pauvres et les actions de développement,
sans parler de justice et paix !
A mon retour, je me dépêche
de faire les comptes de la communauté spiritaine, car c’est
la fin du trimestre. (Pour la paroisse, c’est un conseil
économique de laïcs qui s’en occupe… bien
d’ailleurs).
Chemin
de Croix dans la ville.
Impossible
d’ouvrir Internet ; je vais me coucher jusqu’à
14 h. et je pars à la paroisse. A 14 h 30, nous commençons
le Chemin de Croix dans le quartier. Il y a beaucoup de monde. Les
musulmans nous regardent passer avec respect et nous remercient.
Certains nous demandent de prier pour eux. L’église est
située en plein milieu du marché ; pendant notre
passage, les activités s’arrêtent sans que nous
n’ayons rien à demander, et sans policier. Ce respect,
les uns pour les autres, est habituel mais il me touche toujours
beaucoup.
Nous continuons la célébration. Pour la
Vénération de la Croix (une grande Croix posée
par terre, sur une natte), les gens viennent poser les mains avec
respect, en chantant des chants de deuil. Et après la
célébration liturgique, nous restons pour une veillée
mortuaire en l’honneur de notre grand frère Jésus
qui est mort, comme cela se fait ici.
C’est la première
fois que cette cérémonie se déroule ainsi dans
cette paroisse, mais tout le monde reste… et apprécie.
Jeudi 1er avril : Le matin, travail à la maison pour avancer dans tout ce que j’ai en attente. Je termine de revoir en particulier la conférence sur l’Evangélisation que j’ai faite à Mongo et que je vais mettre sur mon site. Le soir, à la paroisse, messe du Jeudi-Saint, comme dans toutes les paroisses du monde, suivie de l’adoration jusqu’à minuit.
Mercredi
31 mars : Travail
à l’Archevêché.
De
spécial aujourd’hui, je note une longue conversation
téléphonique avec des journalistes
du Vatican auxquels
j’explique comment nous allons célébrer Pâques
en Guinée cette année, et dans quel contexte. Vous en
aurez un compte-rendu dans ces « Nouvelles ».
Aujourd’hui, j’ai 70 ans.
A noter aussi une
rencontre des
formateurs de nos
deux commissions (voir
mon site, rubrique « Justice et Paix » et
« Pastorale sociale »).
En effet, nous avons beaucoup travaillé et évolué
tout au long de cette année. Il est nécessaire de
faire le point et d’évaluer notre travail et aussi de
commencer à penser comment nous allons travailler l’année
prochaine.
Mardi
30 mars : Rencontre
des prêtres.
Comme
chaque année, nous nous retrouvons tous les prêtres
autour de notre archevêque pour la journée. Toute la
matinée, nous travaillons ensemble. En premier lieu, nous
réfléchissons à
la période de transition que
nous vivons actuellement (Voir
le document L 69 sur la situation du pays).
Nous relevons surtout l’importance pour l’action
catholique d’intervenir en tant que telle, à cause de
son indépendance, de son souci du bien commun et de la
confiance qu’on lui fait, au souvenir de toutes les actions
déjà menées. Ensuite, nous réfléchissons
à notre responsabilité
en tant que prêtres
et aux actions que nous avons à mener. Nous signalons en
particulier l’importance pour nous d’intensifier nos
relations avec les imams, pour établir entre nous des liens
d’amitié. Ainsi, si des problèmes ou des
tensions apparaissent, nous nous connaîtrons suffisamment pour
être unis et agir ensemble, devant les difficultés.
Nous voyons ensuite quelle formation donner aux chrétiens
pour qu’ils puissent jouer leur rôle dans la situation
actuelle tellement délicate et tenir leur place dans le pays.
(Voir le document :
«élections, transition », envoyé
mi-mars).
A 16
heures, nous nous retrouvons à la Cathédrale avec une
nombreuse assistance, venue prier et participer à la messe
chrismale où
l’évêque va bénir les huiles saintes qui
serviront toute l’année pour les sacrements de baptême,
de confirmation, des malades et de l’ordination des
prêtres.
Après l’Eucharistie, un repas offert
par l’une des paroisses de la ville nous réunit tous
ensemble, dans la joie.
Lundi
29 mars : Retour
à l’Archevêché. J’essaie de
travailler sur Internet,
mais c’est d’une lenteur extrême et le courant
coupe sans cesse, ce qui n’arrange rien. Je perds vraiment mon
temps !
Un
journaliste de la
Revue « Jeune Afrique » que j’ai connu
quand il travaillait avec les réfugiés et que j’étais
moi-même à MONGO, vient me voir à propos de la
situation actuelle du pays. Nous parlons un certain temps. J’essaie
de lui donner un autre point de vue que celui des discours
officiels, et de lui faire comprendre ce que vit la population à
la base. Ce que d’ailleurs il apprécie.
Je voulais
faire un certain nombre de photocopies,
mais là encore, pas moyen. La situation économique se
détériore de plus en plus, même si les relations
diplomatiques avec l’étranger s’améliorent.
Mais ça reste au niveau diplomatique ! Nous travaillons
dans des conditions de plus en plus difficiles, car il n’y a
plus d’argent dans le pays, et les gens souffrent.
Nous
prenons le temps de voir notre malade du SIDA, qui a des réactions
toujours aussi agressives. Cela se comprend et nous l’acceptons
de bon cœur, mais ce n’est quand même pas facile !
Et il en a découragé beaucoup.
Dimanche
28 mars : Dimanche
des Rameaux.
Nous
faisons une procession depuis le terrain de football du quartier. La
file est longue et les gens ont de la peine à chanter, car
nous avons des problèmes avec la chorale. Au lieu de faire
chanter la foule et de prendre des chants populaires, elle se met en
valeur et nous fait un concert de chants inconnus. Je me retrouve
avec la communauté anglophone ; nous prenons un chant
populaire en anglais auquel tous répondent. Du coup, les
chrétiens guinéens se réveillent. Ils prennent
des chants connus de tous et commencent à danser, en agitant
leurs branches de palmier. Et, arrivés dans l’église,
la joie éclate. Mais j’aurais préféré
que ce soit également dans la rue ! Les chrétiens,
très minoritaires, ont de la peine à s’exprimer
en public, même si c’est dans le respect et la
simplicité.
C’est Yves-Marie qui préside la
célébration. Les gens sont heureux de voir une
nouvelle tête.
L’après-midi, nous nous
retrouvons entre spiritains pour continuer notre réflexion.
Puis Jean-Paul et Yves-Marie partent à KATACO, l’une de
mes anciennes paroisses, à 250 km. Ils reviendront vendredi
soir, pour partir à Mongo. Une longue journée de
voyage.
Samedi
27 mars :
A la paroisse.
Jean-Paul
y passe toute la journée. Le matin, rencontre avec le Conseil
paroissial. Chaque
groupe présente ses activités et nous réagissons
tous ensemble. L’après-midi, travail de réflexion
avec les formateurs et les membres
des deux Commissions paroissiales
de « Pastorale sociale » et « Justice
et Paix ». Jean-Paul nous encourage, nous donne quelques
idées et nous fait part de ses réflexions.
Après
la réunion, nous partons dans le quartier célébrer
l’Eucharistie pour le 30ème
jour de la mort de Gérard, qui était marié avec
une musulmane. C’est l’occasion de prier ensemble,
chrétiens et musulmans et de renforcer les liens entre les
deux familles.
Après la messe, la communauté se
réunit pour renouveler son bureau. Il est important que ce ne
soit pas les mêmes personnes qui durent trop longtemps, avec
le risque de s’imposer ou de bloquer toute avancée.
Pendant
ce temps, Yves-Marie, notre responsable pour l’Afrique de
l’Ouest, est arrivé par avion. Nous sommes heureux de
nous retrouver et parlons un bon moment ensemble.
Vendredi
26 mars : Reconnaissance
des foyers.
Je
reste à la maison pour étudier les dossiers des foyers
St Joseph. Nous voulons faire les choses en règle :
veiller à ce que les éducateurs soient bien sûr
inscrits à la sécurité sociale, avoir les
titres de propriété des maisons, rédiger des
statuts et, à partir de là, avoir une reconnaissance
officielle. Cela fait beaucoup de travail et nous semble important.
Nous réfléchissons aussi à une meilleure
collaboration avec l’OCPH pour une meilleure formation dans
les ateliers du projet.
La
marche pénitentielle.
A
partir de 14 heures, toutes les paroisses de la ville (27) se
retrouvent, en particulier les jeunes, pour une marche pénitentielle
de 4 km à travers la ville. C’est un grand événement
chaque année, préparée avec soin. Petite
minorité au milieu de 95 % de musulmans, la Communauté
chrétienne a besoin de se retrouver et de s’affirmer de
temps en temps. C’est normal. La marche se termine par une
grand’messe solennelle dans les jardins de l’Archevêché,
où l’évêque lance un appel pour plus de
justice dans le pays. Et ensuite, il rappelle son message aux jeunes
avec son exigence d’engagement dans la société.
Nous reparlerons de tout cela et le travaillerons lors du pèlerinage
de BOFFA, début Juin. J’en reparlerai. (Voir
le message sur mon site).
Repas
chez l’évêque.
Après
deux heures de bouchon, nous arrivons enfin chez l’évêque
qui a invité les spiritains et les responsables religieux, à
l’occasion de la venue de notre responsable international,
Jean Paul, Supérieur général. Comme d’habitude,
l’ambiance est très sympathique et détendue. Et
ça fait du bien de se retrouver ainsi, d’une manière
décontractée en dehors du travail et des problèmes.
Jeudi
25 mars : Journée
à l’Archevêché.
Jean-Paul
HOCH, le responsable international (Supérieur général)
des spiritains venu nous visiter, est arrivé hier soir. Après
la prière, nous allons rencontrer l’archevêque.
Puis nous visitons les différents services et ateliers de
l’archevêché. Je reste assurer mon travail
ordinaire pendant que Jean-Paul rentre dans la Communauté
avec mes deux autres confrères. Pour moi, nous nous
retrouvons l’après-midi, et nous prenons tout le temps
de parler ensemble.
Le soir, nous partons ensemble, avec
Jean-Paul à la paroisse pour les confessions de Pâques.
Cela me donne un sérieux coup de main, car les deux autres
prêtres étaient occupés, sinon je me serais
retrouvé seul.
Mercredi
24 mars : Réunion
de la communauté spiritaine.
Nous
tenons notre réunion mensuelle. Nous continuons notre
réflexion sur notre vœu de pauvreté et notre
solidarité avec les pauvres.
Le soir, réunion et
messe dans une communauté de quartier. Nous abordons les
différents aspects de la vie de la communauté et du
quartier. En particulier, l’accueil et l’aide aux
pauvres. Et également, comment nous vivons le Carême et
les efforts de réconciliation que nous avons décidé
d’accomplir.
Mardi
23 mars :
Formation des formateurs.
Nous
nous retrouvons avec les formateurs des deux commissions et le
nouveau responsable de l’OCPH. En effet, nous travaillons
beaucoup, mais il est important de nous former nous-mêmes. Et
de réfléchir aux orientations données aux
commissions.
Dans une deuxième temps, nous voyons comment
répondre à la question de dimanche : Comment
former les chrétiens à mieux s’engager dans la
vie du pays, selon les valeurs de l’Evangile et d’une
façon désintéressée, pour le service du
pays et le bien de tous. Nous préparons un questionnaire que
nous allons envoyer dans toutes les paroisses, en vue de
l’élaboration d’un plan d’action
diocésain.
Avant de rentrer, j’ai juste le temps
d’enregistrer mon courrier mail sur mon ordinateur. Je le
travaillerai cette nuit.
Lundi
22 mars : Un
malade difficile.
Le
responsable de la communauté anglophone vient me voir. Un de
ses membres est gravement malade du SIDA ; Il faut donc le
prendre en charge. Pendant le Carême, nous avons fait des
quêtes spéciales pour remplir une caisse d’entr’aide.
Je m’adresse donc au Conseil Paroissial pour débloquer
des fonds, ce qu’ils acceptent sans problème. Mais il
nous faut encore faire face aux autres problèmes : soins
médicaux, transport, nourriture, soutien moral, etc…
La difficulté, c’est que sa maladie lui a porté
sur le cerveau : il refuse de recevoir ceux qui veulent
l’aider ; il pense qu’on le persécute et
qu’on vole ses médicaments. C’est difficile de
l’aider. Nous voudrions l’aider à retourner au
Nigéria, mais il refuse de nous donner les coordonnées
de ses parents.
Il me reste un peu de temps pour commencer à
saisir le compte-rendu de la rencontre de la Pastorale sociale
d’hier ; mais des visiteurs arrivent et il me faut
arrêter le travail !
Dimanche
21 mars : Commission
diocésaine de Pastorale sociale.
Comme
toujours, nous travaillons avec la paroisse qui nous accueille, puis
nous faisons le tour des autres paroisses pour voir les différentes
activités menées pendant le mois. Les choses
progressent peu à peu. En réfléchissant
ensemble, nous arrivons à améliorer nos façons
de travailler, à passer de la théorie aux actions
concrètes, à élaborer des plans d’actions
plus précis en déterminant des méthodes plus
adaptées. Il reste que dans le contexte économique et
social actuel, les actions de développement aussi bien que
l’entr’aide sont très difficiles. C’est
l’intérêt de nos rencontres de nous soutenir et
de nous encourager. (Voir
mon site : « Pastorale sociale » et le
compte-rendu de cette rencontre L 67 que vous avez reçu).
Bien
sûr, nous prenons un temps pour réfléchir à
la situation du pays et à l’éducation des
populations. En particulier, une éducation à la paix
pour que la Campagne électorale se passe dans le calme et que
les gens acceptent les résultats. (Voir
le document L 68, envoyé par mail, et le site « Situation
du pays »).
Mais nous sommes très inquiets par la soif du pouvoir et la
course à l’argent qui se manifestent actuellement. Cela
peut s’expliquer par la situation de pauvreté
grandissante du pays (les caisses sont vides, la monnaie se dévalue
sans cesse, l’inflation augmente). Mais les inégalités
sociales ne font qu’augmenter et les pauvres deviennent de
plus en plus pauvres.
Ce qui nous inquiète aussi, c’est
l’armée. Normalement, pendant cette période de
transition, il est prévu une reprise en main de cette armée,
mais nous ne voyons pas grand-chose qui se fait. Et cela nous
inquiète beaucoup pour l’avenir.
Reste enfin la
question de l’engagement des chrétiens et des
communautés chrétiennes. Et d’abord, pour leur
formation. Pour qu’ils s’engagent vraiment pour le bien
du pays et pas par intérêt. Avec la Commission, nous
prenons un temps de réflexion sur tout cela. Et nous
recueillons des éléments pour une déclaration
pour la fête de l’Indépendance.
Le soir, je
suis bien fatigué, mais comme il n’y a pas
d’électricité en journée, je reste pour
travailler jusqu’à … tard (ou plutôt
tôt !) dans la nuit. Je voulais rester me reposer le
matin…. mais j’ai oublié de fermer mon
téléphone ! Je suis donc réveillé
de bonne heure.
Samedi
20 mars : Le
Frère Stéphane, responsable de
l’enseignement catholique,
vient travailler avec moi sur un programme d’éducation
à la paix, dans les différentes écoles. C’est
une nécessité, car les programmes officiels
d’instruction civique sont nettement insuffisants. Nous
revoyons aussi le programme de formation des écoles de
brousse, suite à ma dernière tournée.
Aussitôt
après, il faut passer à la pratique, car Marc, qui
vient d’ouvrir une école privée, vient me
demander un soutien.
Délégation
de l’O.N.U.
Le
soir, je reçois à l’improviste une délégation
de l’ONU venue enquêter sur la situation
de la femme en Guinée,
suite en particulier à la tuerie et aux viols du 28
Septembre. C’est l’émoi dans le quartier à
l’arrivée de quatre voitures de luxe, accompagnées
de motards. Ce n’est pas dans mes habitudes ! Assez
rapidement, j’essaie de dépasser les discours
théoriques et la simple description des faits, pour analyser
ce qui s’est passé et voir ce qu’il est possible
de faire. Je leur explique les actions que nous avons menées,
ce qui semble beaucoup les intéresser. Espérons que
tout cela servira à quelque chose et que ce ne sera pas un
dossier de plus qui va se perdre dans la nature.
Vendredi
19 mars : Travail
à C.R.S. (évaluation de ma tournée à
Ourous et projets de développement).
Nous
voyons comment prendre notre place et jouer notre rôle dans la
transition et la préparation des élections. Un nouvel
animateur vient d’arriver. Il faut donc lui expliquer nos
différents projets et notre façon de travailler ;
ce qui prend du temps, mais c’est nécessaire. (Voir
mon site : « Pastorale sociale »).
Le
soir, après le Chemin
de Croix, il y a une
Conférence faite par un chrétien laïc de la
paroisse. Aujourd’hui, le thème est : le
pardon et la réconciliation.
Nous prenons le temps d’en revoir le texte, car elle est
vraiment trop théorique et avec des mots beaucoup trop
compliqués. Alors que ce que nous cherchons, ce n’est
pas un enseignement théorique mais vivre tout cela en vérité,
dans notre quotidien.
Après la prière, nous nous
retrouvons avec les responsables du Mouvement des Enfants (CV-AV)
qui ne marche plus très bien depuis quelque temps. La
persévérance est toujours difficile. Et ils ont
tendance à organiser des fêtes et des manifestations
plus qu’à assurer une formation et à soutenir
les enfants dans leurs engagements.
Vendredi
19 Mars : Toute la matinée,
travail à CRS pour faire le point et tirer les
conclusions de mon séjour à OUROUS, en particulier
pour les écoles de brousse et les projets de développement.
CRS vient de recevoir un nouvel animateur : il faut le mettre
au courant et nous habituer à de nouvelles façons de
travailler. Egalement de mon côté, car pour l’OCPH
nous avons aussi un nouveau responsable. Espérons que ces
changements vont nous amener des idées nouvelles et que ce
sera au service des plus nécessiteux. (Voir mon site,
rubrique « Pastorale sociale »).
Pour
la formation des observateurs indépendants pour les
élections, les choses sont bloquées. Et tout le
monde veut se lancer dans ce secteur, car il est soutenu par de
nombreux pays occidentaux et ONG internationales ; il y a donc
de l’argent à récupérer. Nous préparons
d’ailleurs une déclaration à ce sujet, car avec
le gouvernement de transition c’est la course au pouvoir et à
l’argent de tous les côtés.
Jeudi
18 Mars : Un nouvel
éducateur.
Journée à l’archevêché
avec les activités habituelles. Aujourd’hui, nous avons
tout un travail avec Richard. Nous avons travaillé depuis
longtemps ensemble dans l’accompagnement des malades du SIDA,
mais le projet est maintenant arrêté, faute de
financement. Richard est maintenant formateur dans la Commission de
Pastorale sociale où nous apprécions ses qualités.
C’est pourquoi nous lui avons proposé le poste
d’éducateur, dont nous sentons de plus en plus la
nécessité. En effet, à l’atelier
« Savoir-Fer », nous avons deux bons
formateurs pour l’apprentissage de la soudure, mais les
apprentis viennent d’un milieu difficile. Ils ont donc besoin
d’être suivis et soutenus dans leurs familles et leurs
quartiers. Et aussi dans leurs milieux professionnels, quand ils
commencent à travailler ; car certains patrons,
profitant de leur origine sociale, ne se gênent pas pour les
exploiter. Il y a aussi tout le problème de recrutement des
nouveaux apprentis où nous voulons réagir également,
car nous nous apercevons que des filières se mettent en place
pour pouvoir taxer les familles. Richard ne va pas manquer de
travail !
Mercredi
17 Mars : Argent et pauvreté.
Réunion
de notre communauté spiritaine. Depuis l’année
dernière, nous avons entrepris une réflexion en
profondeur sur notre vie religieuse et missionnaire. Aujourd’hui,
nous parlons de notre pauvreté religieuse : notre style
de vie, notre solidarité avec les pauvres et notre lutte
contre la pauvreté. Ensuite, et avec la présence de
notre stagiaire –car cela aussi fait partie de sa formation-,
exercice pratique : nous étudions nos comptes et voyons
comment nous en sortir le mois qui vient avec ce que nous avons.
Puis nous parlons ensemble du travail à la paroisse ; il
y a toujours des choses à voir et à
organiser.
Après-midi à la paroisse :
catéchèse, préparations au mariage et au
baptême. En même temps, visite des différents
mouvements qui se trouvent en réunion : scouts, servants
de messe, Sant Egidio, et CV-AV. J’ai juste le temps de
visiter le chantier du presbytère avant la nuit. Puis je pars
pour la réunion d’une Communauté de quartier,
suivie de la messe. Je passe un bon temps à motiver les gens,
parce que cela fait plus d’un mois qu’ils ne se sont pas
réunis. Dans ces conditions, bien sûr, il n’y a
pas d’actions menées. Nous cherchons ensemble comment
motiver les personnes et comment répondre à leurs
vrais besoins. Il y a tout un effort d’éducation et de
formation à faire, mais c’est vrai que pour beaucoup la
vie chrétienne se limite à la prière et à
la messe du dimanche, et ils ne sentent pas la nécessité
de s’engager, pour le pays et pour les autres, mais d’abord
pour eux-mêmes et leurs familles.
Mardi
16 Mars : Je voudrais bien rester me reposer
un peu, mais après ces jours d’absence il y a beaucoup
de travail et de problèmes qui m’attendent. Et pour
avoir un taxi, il faut partir à 6 h 30, sinon ce sont les
bouchons et tous les taxis sont pleins.
Dès le matin,
encore dans le taxi, je reçois un coup de téléphone
de NZEREKORE, à l’extrême sud du pays : un
responsable « Justice et Paix » est en prison
pour une sombre histoire d’argent. Il a réussi à
s’arranger avec un gardien pour me téléphoner.
J’arrive à trouver un avocat, ami du Procureur de
Nzérékoré, pour prendre en main la situation,
et je passe plusieurs appels à Nzérékoré.
Cela prend un temps fou, car le téléphone marche très
mal : quand le réseau n’est pas saturé, il
saute.
Puis ce sont les activités ordinaires :
courrier mail, informations et recherches sur Internet dès
que possible (là aussi, à partir de 10 heures, c’est
saturé). Ensuite, préparation de la Commission de la
jeunesse qui doit passer dans chaque paroisse pour organiser et
mobiliser les jeunes. (Voir dans mon site, rubrique
« Jeunesse »).
Je dégage un
créneau pour parler avec Bernard, un prêtre guinéen,
qui se fait soigner en France et en même temps travaille
dans le diocèse de Poitiers. C’est lui qui m’avait
introduit à Mongo, en 1996. Il est venu pour les fêtes
du Centenaire de Mongo avec deux collaboratrices françaises.
Nous prenons le temps de parler, d’évaluer leur visite
et de penser à la suite de notre collaboration.
Nous
continuons à travailler, comme chaque jour, à l’OCPH
(Organisation Catholique pour la Promotion Humaine = Secours
Catholique) pour la mise en œuvre de nos projets de
développement, mais surtout pour la formation aussi bien des
animateurs que des bénéficiaires. Dimanche dernier, la
Commission « Justice et Paix » s’est
réunie sans moi puisque j’étais à
Koundara, ce qui est une excellente chose pour qu’ils se
prennent en charge davantage. Nous avions préparé une
réflexion sur la transition et les élections :
Que faire ? Comment y participer en tant que chrétiens
en mettant en pratique les valeurs de l’Evangile ? Nous
avons demandé à chaque paroisse de composer un plan
d’action dans ce sens. Vous avez déjà reçu
notre document à ce sujet dans votre boîte mail.
A
15 heures, je pars à la morgue : un Sénégalais
avait été tué dans un hôtel, en Juillet
dernier et on n’avait pas pu récupérer le corps,
car il fallait d’abord que l’enquête soit faite.
Et, en plus, les autorités réclamaient une somme très
importante. Ensuite, on ne trouvait plus le corps. Nous pensions
même qu’il avait été enlevé, comme
de nombreux corps que l’on a emportés et cachés
(enterrés clandestinement) après la tuerie du 28
Septembre. Finalement, on a retrouvé le corps. Nous allons
prier avec quelques amis, avant son rapatriement pour le Sénégal.
Lundi
15 Mars 2010 : Après
la fête qui a duré tard dans la nuit, c’est dur
de se lever, mais il le faut bien si je ne veux pas rater le taxi
brousse pour CONAKRY. J’attends quand même deux heures
avant qu’il soit rempli et parte. Celui-ci est en bon état,
nous n’avons pas d’ennuis en route ; puisque la
route n’est pas trop mauvaise je fais mon courrier (j’ai
trouvé la bonne position et la technique pour cela) ;
sinon je travaille un gros bouquin que j’ai amené
spécialement avec moi. Seize heures de route… ça
me laisse le temps de travailler tranquillement, sans interruption.
C’est rare et j’apprécie, malgré les
secousses, la chaleur, et la « compression ».
C’est vrai que la chair humaine est une matière
« compressible » ! L’ambiance est
agréable et malgré la barrière des langues
nous arrivons à communiquer. A chaque ville que nous
traversons, s’il y a du réseau, j’en profite pour
passer un coup de téléphone aux prêtres, sœurs
et responsables laïcs du lieu. Ce n’est pas tous les
jours que nous en avons l’occasion.
Le nouveau Gouvernement
a demandé aux militaires d’arrêter les barrages
et les tracasseries inutiles qui n’étaient que des
occasions de rançonner les gens. Surtout qu’on contrôle
les cartes d’identité des voyageurs par taxi, mais pas
les autres ! A l’aller, nous sommes passés sans
problème, mais au retour les barrages ont repris. On me
demande même ma carte de vaccinations… à moi, et
pas aux autres. Et il faut que je montre moi-même au militaire
où se trouve le cachet ! Et ensuite, ils voulaient faire
descendre tous les bagages de la galerie pour les vérifier.
Il a fallu discuter… et payer ! A l’arrivée,
un voyageur ne trouve plus son bagage : il était caché
sous un autre (en fait, les vols sont très rares dans les
taxis) ; mais cela fait une demi-heure de perdue.
Deuxième
arrêt : une femme est venue avec quatre jeunes enfants.
Son mari devait l’attendre et payer le billet. Il n’est
pas là. La femme retrouve un papier où est inscrit son
n° de téléphone. Le chauffeur l’appelle. Il
dit : « je viens »… et ne vient
pas. Une demi-heure plus tard, on l’appelle à nouveau…
il ne vient pas. On trouve quelqu’un qui sait où il
habite et qui va le chercher. Il arrive enfin, mais sans argent !
Commence alors un long palabre… et je ne rentre à la
maison qu’à 23 heures !
Vendredi
12 au Dimanche 14 Mars : Les
écoles de brousse.
Je
n’ai pas le courage de me lever pour la prière du
matin, à 6 h 30 ! Mais il faut quand même me
secouer, car je dois aller à OUROUS rencontrer le Frère
Jean-François qui assure une éducation de base à
700 enfants, avec 30 moniteurs, dans les villages reculés où
il n’y a pas d’école publique. C’est ce que
nous appelons les écoles de brousse, où nous ne
cherchons pas seulement à apporter une alphabétisation
mais une véritable éducation globale des enfants, et
une animation et responsabilisation des parents, en vue d’un
développement intégral du village à partir de
l’école. Pour l’enseignement, malgré les
difficultés, nous arrivons à assurer un travail de
qualité. Si bien que lorsque les parents peuvent trouver une
famille d’accueil dans les centres, les enfants peuvent entrer
à l’école publique et sont souvent parmi les
meilleurs élèves et les plus motivés. (Voir
dans mon site : « Pastorale sociale »).
Avec
Jean-François, nous parlons bien sûr des problèmes
économiques.
Pour le paiement des enseignants, nous recevons un soutien de C.R.S.
(Secours Catholique américain), mais c’est trop limité
et il est difficile de faire cotiser les parents, ce qui s’explique
facilement vu leur état de grande pauvreté, étant
donné qu’il s’agit justement des villages les
plus reculés. Nous demandons au moins aux parents de
construire un hangar pour l’enseignement, avec l’aménagement
(bancs, tables, etc…) car nous n’avons pas les moyens
de construire des écoles en dur. Nous leur demandons aussi de
travailler pour l’enseignant, en particulier de faire pour lui
un champ d’arachides, par exemple. Mais bien sûr, il est
très difficile de garder nos enseignants : quand ils
sont formés, beaucoup partent dans les centres, dans les
écoles officielles ; et c’est un gros problème
pour nous.
Nous abordons aussi la question de la formation
des enseignants, qui
est pour nous une priorité.
Le Gouvernement organise
actuellement des écoles
communautaires. Nous
allons voir comment assurer une coordination entre ces deux types
d’école.
Reste la participation
des parents à
l’éducation des enfants, en lien avec l’enseignant ;
en fait, il est très difficile de réunir les parents.
Et dans les réunions, on se limite souvent aux questions de
cotisations, sans aborder les vrais problèmes d’éducation.
Ce n’est pas facile de faire évoluer les choses.
A
la sortie de notre réunion, j’apprends le décès
d’un jeune prêtre de Nzérékore, parti
faire des études en Italie. Du coup, mon voyage est annulé
et ma session de formation supprimée. En effet, la mort est
vraiment très présente dans notre milieu. Et elle
frappe souvent des jeunes adultes et surtout les bébés,
ce qui est profondément injuste et nous pousse à nous
engager contre toutes les forces de mort autour de nous : la
pauvreté et le sous-développement, mais aussi la
violence. Ces choses vont souvent ensemble, malheureusement. Ici,
comme dans toute l’Afrique Noire, la mort est vécue
publiquement et communautairement. Aussi, quand il y a un décès
toutes les activités s’arrêtent. Et les familles
en deuil ne sont jamais laissées à elles-mêmes.
Le soir, j’apprends aussi le décès de la mère
d’un prêtre de Conakry et deux personnes à
Mongo.
Session
Justice et Paix.
Au
retour d’OUROUS, je ramène avec moi les participants à
la session. J’ai emprunté le 4x4 de mes confères
de KOUNDARA. C’est la seule voiture qui peut passer sur ces
mauvaises pistes… ça n’est pas pour frimer sur
les Champs Elysées ou la Promenade des Anglais ! Moi qui
depuis deux ans me laisse transporter en taxi collectif à
Conakry, je suis très heureux de me retrouver avec un volant
solide entre les mains et de m’affronter aux trous, au sable,
à la boue et aux passages difficiles de ces pistes du nord, à
la frontière du Sénégal. Ca me rappelle mes
tournées de brousse d’autrefois, au Congo, en Côte
d’Ivoire, au Sénégal et au sud de la Guinée,
et me rajeunit de 50 ans (47 ans, pour être exact, pour le
Congo).
La session se passe très bien et les gens sont
très intéressés, comme d’habitude. En
effet, nous abordons des sujets d’actualité et même
brûlants, alors les participants sont très motivés
et nous travaillons dur. (Voir
mon site aux « Nouvelles » du mois dernier, et
aux rubriques « Situation du pays » et
«Justice et Paix »).
Cette
fois-ci, je me trouve en secteur rural et nous abordons les
problèmes liés à la culture traditionnelle :
problèmes des veuves, des orphelins et des héritages ;
les initiations, avec les violences qu’elles entraînent,
la maladie, le « maraboutage », la magie et la
sorcellerie, le passage de la vie traditionnelle à la vie
moderne, la place des femmes et des veuves dans la société,
etc… Nous nous arrêtons très longtemps sur la
recherche de solutions et d’aménagement des relations
entre agriculteurs et éleveurs. Ils sont en conflit dans de
nombreux pays. Nous voudrions éviter cela en Guinée ;
il vaut mieux prévenir que guérir. Nous travaillons
dur, du vendredi au dimanche.
Appel
des catéchumènes.
A
la messe du dimanche, nous reprenons tout cela en résumé
avec toute la communauté. C’est aussi le Carême
et le temps des scrutins : prière pour les catéchumènes
qui se préparent au baptême pour Pâques. Ils sont
une bonne cinquantaine. Je donne bien sûr la parole aux
catéchumènes, mais surtout je donne leur place non
seulement aux catéchistes mais aussi aux responsables de
communautés. Je ne peux pas en faire autant pour les parrains
et marraines, car malheureusement le parrainage n’est pas mis
en place dans la paroisse, ce que je regrette beaucoup.
Il y eu
naissance de triplés dans le quartier. Bien sûr, c’est
rare et cela, qui apparaît miraculeux, va aussi poser des
problèmes économiques à la famille. A la fin de
la messe, on fait donc une quête spéciale pour les
soutenir. Chaque groupe vient à tour de rôle (ici les
classes d’âge sont une réalité très
vivante) : d’abord les enfants, puis les jeunes, ensuite
les femmes, enfin les hommes. De telles initiatives sont
fréquentes.
Après la messe, nous reprenons le
travail de la session pour terminer à 15 heures par un repas
pris tous ensemble dans la joie !
Les
petits projets.
Je
profite de mon voyage pour voir su place le projet de jardins
potagers, en faveur des veuves pour leur procurer des petits
revenus. (Voir dans
mon site, rubrique « Groupements »).
Puis nous allons visiter une école de brousse à SIN
THIOU-BORA. Je suis très satisfait. Le hangar est bien
construit et bien entretenu. Les élèves sont bien
formés (je les interroge, pour vérifier !), signe
que l’enseignant fait bien son travail. Nous tenons une longue
réunion avec les parents. Je les remercie car non seulement
ils cotisent pour payer l’enseignant : 45 élèves,
3.000 FG par mois et par élève = 135 000 FG,
(environ 17 euros par mois… ce ne sont pas des salaires
européens !) mais ils prennent également en
charge sa nourriture (sa femme est encore étudiante en
pharmacie dans le Fouta Djallon au centre du pays, avec ses deux
enfants, ce qui ne facilite pas les choses). Les parents ont offert
aussi à l’enseignant une part de leur récolte et
l’ont aidé dans son propre champ. Malgré tout,
il a l’intention de les laisser pour aller enseigner en ville
où il sera mieux payé, du moins l’espère-t-il.
Pas facile !
Les parents voudraient que nous leur
construisions une école « en dur »,
avec leur participation. Mais où trouver les fonds pour
cela ? Comme nous suivons le parcours des élèves,
l’année prochaine il nous faudra construire un nouvel
hangar et trouver un(e) 2ème
enseignant(e). Enfin, je les encourage à se réunir
régulièrement, pas seulement pour les problèmes
de cotisations, mais d’abord pour réfléchir tous
ensemble à l’éducation de leurs enfants.
Au
retour, avec le Frère Jean-François, d’OUROUS,
et Lucien, le curé de KOUNDARA, nous faisons le point de tout
cela pour une meilleure collaboration entre les deux paroisses et
pour étudier la possibilité d’une intégration
de ces écoles de brousse dans le système des écoles
communautaires lancé par le Gouvernement. Ils vont se
renseigner à ce sujet.
Soirée
communautaire.
C’est
l’anniversaire de Lucien. Le soir, nous nous retrouvons donc
ensemble, prêtres, sœurs, frères et laïcs
responsables des deux paroisses, pour fêter cet anniversaire
dans la joie. Nous formons une équipe internationale (huit
nationalités), très unie.
Jeudi
11 Mars : Voyage
à KOUNDARA.
Pour
ne pas rater mon taxi, je me lève à 5 h 30. Mais à
la gare routière les clients manquent : dix personnes
dans une berline, bien serrées et compressées, et un
tas de bagages sur le toit. Et pas question de partir avant que le
taxi soit plein. Il est vrai que le voyage ne coûte pas cher :
117.000 FG, soit 15 euros, pour plus de 600 km, alors que la Guinée
paie le carburant au prix international. Mais il faudra plus de 15
heures pour parcourir cette distance, sur des routes très
mauvaises. En attendant, le chauffeur va faire « la
chasse » aux clients et nous arrivons à quitter
Conakry vers 9 heures.
Une bonne nouvelle cependant : le
nouveau Gouvernement a supprimé les barrages, contrôles
d’identité et fouilles à l’entrée
des villes. Nous pouvons circuler en paix, sans tracasseries
policières, ni brimades des militaires. Ca change, et c’est
très agréable ! (Voir
dans mon site les « Nouvelles » du 17 au 24
Janvier).
Bien
sûr, comme à chaque voyage, nous tombons en panne.
Cette fois-ci, ce n’est pas grave, seulement le pot
d’échappement qui a lâché. Il faut dire
que la plupart des taxis sont dans un état lamentable et les
chauffeurs-mécaniciens font des prouesses pour les faire
marcher. Mais cela n’empêche pas de nombreux accidents,
souvent graves. Le pot d’échappement ne tient pas. Tous
les 10 km il faut s’arrêter pour resserrer les boulons.
Avec cela, nous arrivons la nuit au bac. Descendre avec une pente
très accusée sur le bac en très mauvais état,
en pleine nuit, avec une voiture qui n’a pas de démarreur,
ce n’est pas facile ! A la remontée, d’abord
une crevaison : ce n’est pas une panne, c’est
normal. Mais il faut pousser la voiture pour la faire redémarrer.
Un peu plus loin, nous passons un peu vite dans un trou et le
châssis casse…. il faut dire qu’en plus des dix
passagers, il y a plus de dix sacs de riz sur la galerie, avec tous
les autres bagages. Nous le bricolons avec des branches d’arbre
et des bouts de tissu pour les attacher. Mais maintenant, il nous
faut passer doucement dans les trous… et nous n’arrivons
qu’à 2 heures du matin.
Je voyage avec un habitant
originaire d’un village de MONGO, mais vivant depuis longtemps
à Conakry et voyageant comme moi vers la frontière
sénégalaise. Nous ne nous connaissons pas, mais il a
entendu parler de moi. A cause de ce que j’ai fait pour son
village, il me prend en charge pendant tout le voyage (repas…)
et me fait un cadeau à l’arrivée. Cela fait
chaud au cœur et suffit à rendre tout ce voyage
difficile, agréable.
Bien sûr, à l’arrivée
tout le village dort. Heureusement, il y a du réseau sur le
téléphone. Je peux réveiller un confrère
qui vient me chercher.
Mercredi
10 Mars : A
FRIA, quand j’ai animé la formation « Justice
et Paix », j’ai rencontré Emmanuel,
séminariste de Sierra Léone, en stage en Guinée.
Je l’avais invité à venir à CONAKRY. Il
est arrivé avant-hier. Nous partons ensemble à
l’Archevêché et je le présente aux
apprentis de l’Atelier
Savoir-Fer avec
qui il peut parler, pendant que nous tenons notre réunion
mensuelle avec les formateurs. Comme chaque mois, nous faisons le
point des activités à partir du compte rendu du mois
passé. Nous réfléchissons spécialement à
la formation que nous offrons aux apprentis. Nous avons fait appel à
une nouvelle enseignante pour évaluer la formation donnée
par les formateurs. Mais ils ont beaucoup de peine à accepter
ce qu’on leur demande et à assurer la préparation
de leurs cours.
Ensuite, nous faisons le tour des apprentis qui
sont maintenant au travail. Certains travaillent bien, d’autres
moins bien. Quelques-uns sont carrément exploités en
travaillant depuis plusieurs années, sans contrat. Dans la
situation économique actuelle, ce n’est pas facile de
les défendre. Ni de défendre leurs droits quand ils
sont dans le secteur informel.
Ensuite, nous préparons les
activités du moi à venir. Les choses sont maintenant
organisées. Le problème, c’est plutôt de
trouver des travaux à faire ; car il faut que l’atelier
tourne et la formation coûte cher. (Voir
mon site ; rubrique « Projets. Savoir-fer ».
A la fin de la
réunion, en accord avec le bureau, je déclare
clairement aux deux formateurs que s’ils ne changent pas leur
comportement, ils seront renvoyés, car malgré toutes
les concertations, médiations et conseils donnés
depuis trois mois, la situation ne fait qu’empirer. Et il est
important de marquer le coup, en premier lieu pour l’intérêt
de la formation des apprentis, mais aussi pour eux-mêmes.
(Voir les
« Nouvelles » de la semaine dernière).
La leçon semble comprise. Espérons !
Pendant
ce temps, Emmanuel est parti se faire établir une carte
d’étranger à l’ambassade de Sierra Léone
et nous le récupérons en route. Nous passons à
la gare routière pour réserver une place pour demain,
mais la réunion a duré longtemps et quand j’arrive
le premier taxi est plein. Je m’inscris dans un deuxième
taxi, en espérant qu’il se remplira avant demain. On
verra bien.
Je rentre à la maison pour travailler les
comptes rendus de la réunion du Conseil paroissial de samedi
et de la réunion des enfants, auxquelles je n’ai pas
assisté. Nous sommes invités chez les Sœurs de
Notre Dame de Guinée. Mes confrères y vont, mais je
dois y renoncer car il faut, en plus, que je prépare mon
voyage de demain.
Emission
radio.
De plus,
j’attends une journaliste pour une émission sur le
Carême. J’attendrai longtemps, et au bout de deux
heures, elle me téléphone pour me dire qu’elle
ne viendra pas, car il n’y a pas d’appareil de libre.
Heureusement que j’étais à la maison, j’ai
continué à travailler pendant tout ce temps-là.
De telles choses arrivent souvent, surtout avec les radios libres.
Ils se débrouillent avec les moyens du bord et n’ont
pas assez de matériel. Ils travaillent à deux ou trois
sur le même enregistreur… quand il n’est pas en
panne !
Emmanuel revient du repas. Nous avons un peu de
temps pour faire le point d’un certain nombre de choses et
d’évaluer nos activités. Puis je pars à
la paroisse où je ne suis pas passé depuis une semaine
et où plusieurs personnes m’attendent pour leur mariage
ou le baptême de leurs enfants. Il faut que je les voie au
moins une fois. Ensuite, ce sont les équipes de laïcs de
préparation au mariage et au baptême qui les prendront
en charge. Ils font d’ailleurs cela très bien, grâce
à la formation que nous leur avons donnée ; il
faut quand même le dire.
18
heures. Réunion de la Communauté de quartier Notre
Dame du Rosaire.
Ils
ont bien préparé la réunion et ils ont une
bonne secrétaire. Elle nous lit le compte rendu de la
dernière réunion (c’est rare qu’il soit
écrit !) et nous avons ainsi une base solide pour
travailler. Aujourd’hui, nous nous arrêtons d’abord
à la question des catéchumènes.
Ils viennent à la catéchèse, mais ne
participent pas aux activités de la Communauté. Il
faut redresser la barre car sinon, après leur baptême,
ils ne feront plus rien.
Ensuite, vient la question des
Commissions. Pour la Pastorale
sociale, ils ont
demandé que l’on agisse contre l’insalubrité
dans les quartiers, ce qui est une bonne chose. Cependant, ils n’ont
fait aucun plan d’action ni précisé aucune
méthode pour agir. Résultat, rien ne s’est fait.
Et c’est la même chose pour la Commission « Justice
et Paix »
qui avait proposé de lutter contre le phénomène
des chiens errants qui souvent attaquent et mordent les gens.
Enfin,
nous abordons la question des jeunes.
Pour les attirer et leur proposer une activité intéressante :
une compétition de football où nous veillons à
l’esprit sportif et au jeu collectif. De plus, chaque match
est précédé d’un temps de discussion et
de réflexion entre jeunes. Mais il nous faut aller plus loin.
En particulier pour la formation des jeunes à tous les
niveaux : religieux, mais aussi humain (éducation),
scolaire, etc. Nous proposons l’utilisation d’Internet,
quand c’est possible. Surtout nous décidons d’impliquer
davantage les parents et de travailler avec les Communautés.
A
la fin de la réunion, nous célébrons
l’Eucharistie.
Je suis bien fatigué, mais nous
continuons le travail avec le Bureau
du Conseil Paroissial,
dont les membres sont venus nous rejoindre. Je les remercie car ils
sont eux-mêmes très occupés et nous ne pouvons
nous rencontrer que la nuit. Au-delà de l’évaluation
des différentes activités et réunions, nous
réfléchissons aux orientations
de la paroisse et du diocèse.
Personnellement,
je trouve que la paroisse, et l’Eglise de Guinée en
général, se limitent beaucoup trop à la prière
et aux sacrements, et ne sont pas assez soucieuses de ce qui se
passe dans le pays. Les Communautés de base (CCB) ont
tendance à se centrer sur les questions de pratiques
chrétiennes, beaucoup plus qu’à s’engager
dans les quartiers. Le souci de la Commission diocésaine des
jeunes est plus d’organiser des manifestations religieuses
qu’à former les jeunes dans toute leur vie et à
les soutenir dans leurs engagements dans la société.
Les femmes catholiques sont très généreuses au
moment des fêtes chrétiennes et s’occupent bien
de l’aménagement de leur église ; mais
elles prennent beaucoup moins en compte les problèmes des
femmes et de toutes les femmes.
A la paroisse, depuis le début
de l’année, nous essayons de réagir contre tout
cela, mais il nous faut vraiment ramer à contre courant. Les
Commissions ont beaucoup de mal à fonctionner. En « Pastorale
sociale », les chrétiens sont plus tournés
vers l’aumône et les distributions de nourriture (ce qui
reste nécessaire) que vers de vraies actions de développement
permettant aux pauvres de prendre leur vie en main et de devenir
acteurs de leur propre avenir. Pour la Commission « Justice
et Paix », on reste au niveau de la sensibilisation et
des conférences (des discours), sans parvenir à des
actions de libération. Il y a vraiment beaucoup à
faire, ce qui ne me fait pas peur.
Ce
qui m’inquiète,
c’est qu’on ne s’oriente pas dans ce sens et que
les blocages sont nombreux, par paresse, laisser aller, mauvaises
habitudes ou même mauvaise volonté. Par exemple :
du côté des prêtres, qui ne s’engagent pas
dans la vie du pays et se conduisent souvent comme des notables. Or
l’Eglise de Guinée est encore très
cléricale.
Comment mettre en place une formation qui
permette de prendre de nouvelles orientations pour que l’Eglise
se mette au service des hommes et du Royaume de Dieu, Royaume de
justice et de paix, ouvert à tous les hommes, et d’abord
aux pauvres et aux écrasés de la société ?
C’est
ma grande préoccupation, et même ma souffrance
actuellement. Et elle s’est encore avivée lors du
Centenaire de MONGO où, pendant 10 ans, réfugiés
et Guinéens avons vécu des choses tellement fortes,
sans doute parce que nous étions dans une situation de guerre
terrible. Actuellement, j’ai souvent l’impression de ne
pas être compris, ni même accepté. Mais sans
doute que je suis trop pressé et donc que je porte trop de
choses, et même les gens.
Mardi
9 Mars : Bien
sûr, des tas de choses m’attendent à
l’archevêché, après ces cinq jours
d’absence ; aussi, je pars tôt. D’abord,
j’enregistre mon courrier sur mon ordinateur portable pour le
travailler plus tard. Puis je continue sur Internet pour savoir ce
qui s’est passé dans le pays et les réactions
aussi bien nationales qu’internationales. C’est
important pour notre travail afin de ne pas être à côté
de la plaque. Mais le système est toujours aussi lent. Puis,
c’est le tour des activités.
Le compresseur du
projet hydraulique qui
venait d’être réparé a lâché
à nouveau. Il faut dire qu’il est complètement
usé. Ils en ont emprunté un autre et ont terminé
leur forage. C’était un test pour vérifier si
les machines tiendraient le coup. On va pouvoir se lancer dans
d’autres forages ; ce ne sont pas les besoins qui
manquent. Mais notre matériel étant vraiment trop
vieux, nous ne pouvons pas nous engager pour des forages à
long terme, car nous avons très peur que le matériel
ne nous lâche. Par contre, notre équipe à une
grande expérience pour l’animation des villages et les
actions de développement. Nous pensons nous orienter vers le
creusement des puits mais avec une formation à l’entretien
et à la prise en charge par la communauté, une
éducation à l’hygiène de l’eau et à
la santé. Et pour les forages, nous allons plutôt nous
orienter vers l’entretien des forages déjà
existants : soufflage, etc… qui ne nous demande pas de
gros matériel (c’est ce qui nous manque le plus) et,
par ailleurs, nous avons les compétences pour cela. (Voir
mon site, rubrique « Projets »).
A
l’O.C.P.H.,
l’imprimante ne fonctionne pas. Je retourne au Projet
hydraulique, mais je n’ai pas le disque nécessaire pour
y adapter mon ordinateur.
A l’atelier,
on nous a donné un grand portail à repeindre (ce qui
plaît aux apprentis), mais il faut d’abord le gratter (…
ce qui leur plaît moins…).
Un Jésuite,
étudiant au Canada, vient me voir : il prépare
une thèse sur la
réconciliation à partir des pactes
et systèmes d’alliance traditionnels. C’est
d’actualité et important pour nous. Il a trouvé
dans mon site des choses qui l’intéressaient. Comme il
y a plus d’idées dans deux têtes que dans une,
j’appelle Raoul, de l’OCPH, pour qu’il vienne
réfléchir avec nous.
Ensuite, travail
avec les formateurs de
« Justice et Paix et de « Pastorale sociale »,
pour le point du travail de la semaine dernière et préparer
celui de la semaine qui vient.
Un volontaire allemand, venu
soutenir les enfants
de la rue pour leur
formation professionnelle, me contacte pour voir comment améliorer
cette formation, et soutenir leur éducation sans se limiter à
l’aspect technique. (Voir
mon site : rubriques « Justice et Paix »
et « Pastorale sociale»). Pendant
ce temps, arrivent plusieurs personnes
qui ont des besoins : des
réfugiés de Sierra Leone, une mère de famille
sans ressources, la directrice d’un orphelinat, etc…..
Il
y a encore tout le travail
de secrétariat.
Je trouve un ordinateur portable qui marche avec l’imprimante
pour brancher ma clé USB. Je confie ensuite les photocopies
au secrétaire de l’évêque, pendant que je
travaille à la Procure, où l’on m’annonce
que le versement annoncé n’est pas arrivé. Je
vais donc à la banque pour négocier un prêt, et
pars à la poste où le Receveur n’est plus là !
C’est ainsi que chaque jour, on perd du temps en masse, alors
qu’il y a des tas de choses à faire.
Action
contre le génocide.
Je
retourne à l’archevêché où m’attend
une délégation de l’ONU venue en Guinée
pour la prévention des génocides. Ils nous interrogent
longuement sur les situations de violence dans le pays et sur la
tuerie du 28 Septembre. Nous cherchons à aller plus loin :
ne pas se contenter de raconter ce qui s’est passé,
mais analyser la situation en profondeur et en trouver les causes
réelles. Et aussi, chercher des pistes d’actions. Pour
cela, nous leur avons expliqué les petites actions que nous
avions expérimentées : la mise en place de
conseils inter-religieux dans les camps de réfugiés
pour organiser la vie sociale, car souvent les ONG n’interviennent
qu’au niveau « technique » (santé,
agriculture….) et avaient tendance à décider
les choses elles-mêmes, sans consulter les réfugiés.
Après
les tueries du 28 Septembre, nous sommes passés par les
communautés chrétiennes de quartiers pour repérer
et soutenir, économiquement, psychologiquement et moralement
les blessés, femmes violées, familles en deuil. En
effet, beaucoup ne voulaient pas aller se faire soigner dans les
dispensaires et hôpitaux, par peur de se faire repérer
par les militaires, et enlever. Nous avons donc travaillé à
la base, avec la population mais aussi avec les chefs religieux
musulmans et les autorités locales. A partir de là,
notre objectif a été que chacun cherche à
intensifier ses relations et tisse des liens d’amitié
avec les gens des autres ethnies et des autres religions. Nous avons
voulu aussi passer par les jeunes. D’abord en formant les
responsables d’associations et mouvements de jeunes, ensemble
chrétiens et musulmans. A charge à eux ensuite,
d’aller rencontrer non seulement les différentes
associations de jeunes, mais aussi les adultes, en commençant
par leurs parents, et également les différents
responsables religieux, pour qu’ils laissent les solutions de
violence et apprennent à accepter leurs différences
pour mieux vivre ensemble, et d’abord se réconcilier.
Après
les bagarres de NZEREKORE (Voir
dans mon site les « Nouvelles » de Janvier),
entre une femme guerzé et un policier peuhl qui a dégénéré
en bagarres ethniques, rapidement traitées de conflit
religieux, immédiatement une délégation
gouvernementale, incluant les chefs religieux, a été
constituée pour apaiser les gens. Mais ensuite, un travail de
réflexion en profondeur a été accompli sur les
causes de ce conflit, avec différentes organisations de la
société civile, dont la Commission « Justice
et Paix », qui a abouti à un plan d’action
précis, dont nous suivons actuellement la mise en
pratique.
Il est important de continuer de telles actions à
la base, car depuis le régime de Sékou Touré
–et déjà au temps de la colonisation-, on a pris
l’habitude régler les problèmes par la violence.
Et cette violence reste sous jacente et toujours prête à
exploser. D’où la nécessité d’une
éducation à la paix et aux méthodes d’actions
non violentes. Et aussi de lutter contre la pauvreté, qui est
une grande violence faite aux personnes et qui entraîne
souvent la révolte. Nous espérons que cette visite
aura une suite et débouchera sur du concret.
Je suis
pressé de rentrer pour pouvoir parler un peu avec mes
confrères de BOFFA, KATACO et DAKAR qui sont encore là.
Mais tout de suite après le repas, je monte dans ma chambre,
profitant de ce qu’il y a de l’électricité.
Cette nuit, je vais enregistrer sur cassette de magnétophone
ma conférence de Mongo sur l’évangélisation.
Raymond, venu à cette occasion, la postera en France, car la
poste ici ne fonctionne pas bien. Jocelyne qui vous envoie toutes
ces nouvelles la saisira sur son ordinateur et me la renverra par
mail. Je pourrai ainsi la revoir puis vous la faire envoyer par
Jean-Jacques. C’est un peu compliqué, mais ça
marche ! Jean-Michel, ensuite, la mettra sur mon site et
Bernard sur notre blog « Justice et Paix ».
C’est grâce à toute une chaîne d’amis
que je peux ainsi travailler et communiquer.
Lundi 8 Mars 2010 : Nous avons dormi à
BROUADOU, par terre, dans une maison qui n’est pas utilisée
ordinairement. Même pas d’eau pour se laver le matin.
Dès 5 h 30, nous allons à KISSIDOUGOU chez les Sœurs
qui nous ont préparé un petit déjeuner. La
route sera longue.
Sur le chemin du retour, beaucoup d’arrêts
de toutes sortes : pauses, visites, achats de nourriture,
marché, etc… toujours dans la joie, car quels que
soient les problèmes les gens sont toujours sympathiques.
Nous arrivons le soir bien fatigués. Mais beaucoup moins que
nos deux confrères et les sœurs qui ont voyagé
dans un autre bus, qui est tombé en panne et ensuite a crevé.
Ce n’est pas grave en soi, mais la jante de la roue de secours
n’avait pas la bonne dimension ! Il a fallu aller en stop
négocier une autre jante dans la ville voisine.
Malgré
la fatigue, dès mon arrivée, je me mets à
l’ordinateur car avec tout cela j’ai pris beaucoup de
retard. Et il me faut préparer les courriers urgents, ainsi
que le document de préparation du Pèlerinage de BOFFA
que j’enverrai dès demain par mail.
Jeudi 4 Mars : En route vers
MONGO.
Malgré tout, nous nous levons tôt le
matin pour avoir le temps de prier et de célébrer
l’Eucharistie avant de partir. La route est toujours aussi
longue et comme nous n’en avons pas souvent l’occasion
nous nous arrêtons en de nombreux endroits, à commencer
par KINDIA dont nous avons célébré le
centenaire il y a quelques mois. (Voir les nouvelles
antérieurement). D’autant plus que le curé
est malade. Nous nous préparons un sandwich dans la voiture
pour ne pas perdre de temps. Mais la nuit, en arrivant à
Kissidougou, la faim se fait sérieusement sentir. Nous allons
déposer des médicaments chez les Sœurs ;
elles nous retiennent pour dîner : ça nous fait du
bien… le repas mais aussi l’amitié !
En
route, nous prenons ensuite Dominique pour l’amener à
Mongo. Il a travaillé plusieurs années dans les
ateliers de l’évêché de Kankan, et il
s’est établi maintenant au village de WALTO pour
travailler au développement à la base, dans
l’agriculture, l’élevage et la petite mécanique.
Nous arrivons à MONGO à 2 heures du matin et nous
devons réveiller le curé, en ayant pitié de
lui. Il ne va pas beaucoup dormir ces jours-ci !
Les
trois jours vont être très occupés…
surtout pour moi, car dès que nous terminons une prière,
une conférence ou une autre activité, je me retrouve
entouré, tout le monde voulant me serrer la main, me demander
de mes nouvelles et me donner des nouvelles de leur famille. C’est
une très grande joie. Il faut dire que nous avons vécu
10 années extraordinaires : pleines de souffrances et
d’épreuves pendant les attaques rebelles, mais aussi
pleines de réconfort, grâce à l’union qui
existait entre nous tous.
Pour ce Centenaire, on a composé
des nouveaux chants. Je suis touché par la profondeur
et la foi pleine de méditation de ces chants.
On m’a
demandé de faire une conférence sur
l’Evangélisation. Je suis parti de ce que nous
avons vécu dans les communautés de Mongo. Si je trouve
le temps, j’essaierai de la mettre par écrit, mais ce
ne sera pas facile.
J’ai été frappé en
particulier par la qualité de la prière du matin,
dirigée par les catéchistes, à partir de
l’histoire de l’enfant prodigue, avec une excellente
participation de tous. C’est le fruit d’une bonne
formation, mais surtout d’une longue pratique.
Un certain
nombre d’autorités sont venues participer à
cette grande manifestation. C’est l’occasion pour moi de
les rencontrer et d’aborder nombre de questions sur la vie du
pays.
A la messe du dimanche, pour la
procession de l’Evangile, nous avons mis en scène
l’arrivée des premiers missionnaires, l’étonnement
et la peur, puis la connaissance et l’inculturation, l’amitié
et l’apprivoisement, et enfin la proclamation de l’Evangile ;
le tout accompagné de danses et de gestes traditionnels, dans
la langue locale bien sûr, le kissi.
A la fin de la messe,
l’évêque m’a revêtu à
nouveau des habits traditionnels kissiens. Ce qui fut une grande
joie pour moi. Après la messe, « tout le monde »
a voulu me saluer : il y avait plus de 10.000 participants, si
bien que je n’ai pas eu le temps de manger ; mais il y a
des moments où on accepte facilement d’avoir le ventre
vide, quand le cœur est plein d’amitié. En tout
cas, les photographes ont fait fortune grâce à moi !
Tout le monde voulait me prendre en photo.
Au retour, nous nous
arrêtons chez Dominique pour voir ses installations. En guise
de repas du soir, nous avons préparé du nescafé
et un bout de pain ; mais les gens du village nous accueillent
et nous préparent un bon repas. Pour aller à la
pépinière nous devons traverser une rivière sur
un rail. Je ne suis pas très solide sur mes jambes, surtout
au retour, la nuit, mais j’arrive quand même à
traverser. Maintenant que je suis en ville, j’ai perdu
l’entraînement !
Mercredi 3 Mars : Visite à une
Française, malade.
C’est une dame qui s’était
mariée à un Guinéen, en France et qui l’avait
suivi en Guinée. Le mari est mort et elle est restée
au pays. Maintenant, elle est âgée et malade, ses amis
français sont rentrés, beaucoup de ses amis guinéens
sont morts, elle n’a plus de point de chute en France et elle
se retrouve seule et sans soutien, avec une petite retraite. Elles
sont plusieurs personnes dans cette situation. Nous cherchons à
les visiter et les soutenir autant que nous le pouvons.
Avec
C.R.S. : Un animateur qui était parti deux ans se
former aux Etats-Unis est revenu. C’est lui qui va suivre nos
projets maintenant. C’est une très bonne chose, mais
il faut lui expliquer tous ces projets. Nous y passons toute la
matinée, en essayant de poser des nouvelles bases et
d’améliorer nos façons de travailler,
spécialement pour la comptabilité, d’autant plus
que je ne suis pas un spécialiste dans cette
branche !
Arrivée de notre responsable. Le
responsable adjoint des spiritains d’Afrique de l’Ouest,
Jean-Claude, est arrivé hier soir. Nous avons pris un bon
moment pour parler ensemble et nous donner des nouvelles des uns et
des autres. L’évêque a tenu à le recevoir
et nous invite à manger ce midi. Ce soir, nous allons
ensemble pour la réunion et la prière dans une
Communauté de quartier et ensuite nous portons la Communion
aux malades dans le quartier.
La vie de la communauté.
En fait, cette communauté ne marche pas très bien. Il
y avait un certain nombre de jeunes décidés et actifs,
mais le responsable de la communauté les a découragés.
D’abord, il veut tout commander, seul, alors que nous avons
mis en place une équipe d’animation de quatre
personnes. De plus, il est très agressif et ne s’entend
pas avec la trésorière. Après réflexion
avec le bureau, nous décidons de le suspendre de ses
fonctions tant qu’ils ne se seront pas réconciliés.
Nous espérons que cela permettra de relancer la
communauté.
La nuit, nous accueillons trois autres
confrères de Boffa et Kataco qui vont venir avec nous pour la
célébration du Centenaire de MONGO. Nous parlons
ensemble jusque tard dans la nuit.
Mardi 2 Mars : Problèmes à
l’atelier « Savoir-Fer ». Nouvelle
journée à l’Archevêché avec
tout ce que cela comporte. Longue réflexion sur les
différents aspects de la pastorale sociale. Nous avons un
problème compliqué à l’atelier de
soudure des enfants de la rue, « Savoir-Fer ».
Cette action a été commencée par un couple de
coopérants. Ils ont demandé le soutien de l’Eglise
catholique puisque nous sommes bien implantés et dans la
durée dans le pays. Nous avons logé les volontaires
successifs venus de France, comme techniciens pour l’atelier,
et fourni les bâtiments. Mais les choses devenant de plus en
plus difficiles, il y a deux ans ils ont demandé à
l’archevêché de prendre en charge totalement
l’atelier, ce que nous avons accepté, vu l’importance
de cette action. Le problème, c’est qu’ils n’ont
pas accepté les orientations que nous avons prises et ont
voulu continuer à téléguider les affaires
depuis la France, alors que les gens changent et que la situation
évolue très vite en Guinée. Cela arrive assez
souvent : des gens commencent des actions, très
bien, mais ensuite ils ont beaucoup de peine à passer la
main. Comme nous ne voulions pas suivre les orientations passées,
non seulement ils nous ont coupé les vivres, mais ils ont
monté la tête des deux formateurs. Comme ils n’étaient
plus actifs, ils ont dissous leur association et ils ont décidé
de donner tous les outils de l’atelier aux deux formateurs,
alors que l’atelier ne leur appartient plus depuis deux ans.
Bien sûr, nous avons refusé. Du coup, nous sommes
arrivés à une situation de blocage. Non seulement les
formateurs ne travaillent plus, mais refusent tout conseil et
orientation. Ils ont même commencé à faire des
fausses factures, à cacher les bénéfices et à
détourner de l’argent. La situation est devenue
impossible.
Ce matin, nous nous sommes assis et il a fallu nous
expliquer clairement. On va voir ce que ça va donner. Mais ce
serait vraiment dommage qu’une action aussi importante
s’arrête pour des conflits de personnes.
Avec
l’évêque, nous allons présenter nos
condoléances à une famille de la paroisse. Puis
nous tenons la réunion du Bureau du Conseil paroissial,
pour préparer les activités à venir. D’autant
plus que je vais être absent, avec notre stagiaire, toute la
semaine qui vient et même pratiquement jusqu’à
Pâques. La réunion se passe très bien, comme
d’habitude ; chacun participe et donne son avis très
librement. Cette fois, Catherine est là. En effet, il est
souvent difficile d’avoir une jeune fille pour nos réunions
à tous les niveaux, car elles sont prises par le travail de
la maison, en plus de leurs études pour celles qui ont la
chance d’aller à l’école. Nous abordons la
vie de la paroisse et des différents groupes et
faisons l’évaluation des activités de Carême
à mi-parcours. Nous nous arrêtons plus spécialement
sur l’action avec les jeunes où nous devons tenir
l’équilibre entre les activités qui les attirent
(football, soirées dansantes, etc.) et leur engagement dans
la famille, le quartier et l’école. Ce qui nous
inquiète, c’est le manque de motivation des hommes en
général, des cadres en particulier : comment les
aider et les soutenir dans leurs engagements. Bien sûr, nous
abordons aussi les questions économiques qui sont toujours un
casse-tête.
Un enterrement. C’est souvent que
nos activités sont perturbées par des décès.
En effet, les morts imprévues sont nombreuses, de bébés,
d’enfants et d’adultes (pas seulement de personnes
âgées). Et dans ce cas, les activités s’arrêtent
pour participer à la veillée mortuaire, à
l’enterrement et aller ensuite visiter et soutenir la famille.
Lundi 1er Mars : Le matin, je reste travailler à la maison pour rédiger les conclusions de la session de BOKE. Mais cela n'empêche pas un certain nombre de personnes de venir me voir. L'après-midi, messe du 8ème jour dans la famille de Gérard. La famille est très reconnaissante pour tout ce que la Communauté a fait pour eux. A la fin de la messe, nous apprenons le décès d'une autre personne. Nous allons présenter les condoléances à la famille.
Dimanche
28 Février : Je
suis de retour la nuit à CONAKRY. En descendant du taxi, je
passe chez Bernard qui, très gentiment, me prête sa clé
internet pour que je puisse consulter mon courrier mail et
enregistrer le nécessaire sur ma clé USB cette nuit.
Cela me permet de bien avancer dans mon travail. Je lui rendrai sa
clé demain.
Pas de taxi pour rentrer à la
maison . En effet, le nouveau gouvernement vient d'annoncer une
hausse du carburant de 35 % : le litre à 6.500 francs
guinéens (environ 85 centimes d'euro). Ca se comprend, car il
était subventionné et le gouvernement n'a plus les
moyens de le faire ; mais comme à chaque fois, le prix de
tous les produits d'importation va augmenter dans la même
proportion, sinon plus. En particulier le riz, en grande partie
importé. Et le reste va suivre. Bien sûr, les salaires
des fonctionnaires sont également augmentés de 50 %...
mais tous les travailleurs ne sont pas fonctionnaires ! Que vont
faire les autres ? Ce sont toujours les mêmes qui sont oubliés
et marginalisés. Car les prix de transports seront les mêmes
pour tout le monde.
Vendrerdi
26 Février : Session
"Justice et Paix" à BOKE.
Dès
le matin, je pars pour la gare routière prendre le taxi
collectif pour Boké. D'abord, il faut attendre 2 heures pour
que le taxi soit plein. Ensuite, 4 h 1/2 de route, car la 2ème
partie du trajet est très mauvaise. Et quand j'arrive, les
gens sont là qui m'attendent. Ils sont arrivés dès
le matin. Nous nous mettons donc au travail. J'ai regroupé
les cinq paroisses de la région du Bagataye (200 km)
représentant une quarantaine de communautés de
quartiers ou de villages (CCB). Je connais bien les participants, en
particulier ceux de KATACO et BOFFA dont j'ai été le
curé de 2006 à 2009 (voir
mon site).
Nous sommes très heureux de nous retrouver et l'ambiance est
très sympathique. De plus, ils sont venus très
nombreux : plus de 50 délégués. Nous nous en
réjouissons, cependant nous allons avoir de la peine à
joindre les deux bouts pour les repas et le remboursement d'une
partie des frais de transport. Il faudra leur demander un effort
supplémentaire.
Je suis le programme habituel de formation
(voir
plus avant les sessions de KISSIDOUGOU et de KANKAN)
mais bien sûr en faisant participer les gens et en m'adaptant
aux réalités locales : Qu'est-ce que la justice et la
paix ? Comment mettre en place une Commission ? Quelles actions
mener ? etc... Cette fois-ci, nous nous arrêtons longuement
sur notre engagement dans le pays, suite à la mise en place
du gouvernement d'unité nationale, de la Commission
indépendante pour les élections et du Comité de
transition pour la révision de la Constitution. C'est
important d'être présents à tout cela. Pour
cette formation, il me faut jongler car parmi les participants il y
a des chefs de service, des étudiants et des gens de la ville
qui voudraient que l'on fasse tout en français, et les
villageois(es) de KATACO qui ne parlent pas cette langue, mais le
baga. Nous décidons de tout traduire en soussou, la langue
véhiculaire, comprise par tous ceux qui ne parlent pas
français (la majorité). Cela allonge les exposés
et ralentit la réflexion, mais permet à tous de
participer ce qui est l'essentiel, car souvent ceux qui ne parlent
pas français sont marginalisés, au moins
inconsciemment. Parmi les étudiants, et aussi les
paroissiens, il y a un certain nombre de Kissiens qui viennent du
sud (la "Forêt"), la région de MONGO où
j'ai travaillé 10 ans. Ils se font un plaisir de me parler en
kissien, pour montrer qu'eux aussi ils ont leur langue. Tout cela
avec beaucoup de rires et de joie.
Jeudi
25 Février : Visite
au dispensaire.
Ma
bronchite est terminée, mais je tousse encore beaucoup.
D'abord ça me fatigue, mais surtout cela fatigue les gens qui
doivent m'écouter, car avec le Carême et mes tournées
de "Justice et Paix" je tiens beaucoup de réunions
et au lieu d'écouter ce que je dis les gens me regardent
tousser.
Séance
de travail à C.R.S. :
Suivi des écoles de brousse, de la relance de l'OCPH, des
deux Commissions, du soutien des victimes du 28 Septembre, et de
beaucoup d'autres choses ! Ce ne sont pas les projets qui manquent !
Et je n'ai pas encore préparé le matériel pour
la session de demain.
Mercredi
24 Février : Réunion
spiritaine.
Nous
tenons notre réunion mensuelle de la communauté
spiritaine, pour revoir notre vie commune et nos différentes
activités. Nous attendons la visite de nos responsables
généraux qui vont venir de Rome et visiter toutes nos
communautés d'Afrique de l'Ouest francophone. C'est une
grande joie pour nous. Ce sera aussi l'occasion de faire avec eux le
point de notre travail missionnaire.
Décès
:
Pendant la réunion, j'apprends le décès d'un
membre d'une de nos communautés. Cela me rend très
triste. Mais, au moins, il a été bien entouré
par toute la communauté, qui a prié avec lui jusqu'aux
derniers moments.
Communauté
de quartier :
le soir, réunion et eucharistie dans un autre quartier. Il y
a un bon groupe de jeunes, mais pas beaucoup d'activités car
les gens ne viennent pas aux réunions. C'est vrai que la mise
en place de ces communautés est récente en ville : il
va falloir un peu de temps pour que les gens comprennent ce que nous
cherchons et s'y mettent. D'autant plus qu'ils avaient tendance à
se réunir que pour des prières et maintenant nous leur
demandons un engagement dans le quartier. (Voir
mon site : "Activités paroissiales", réunion
de communauté).
Mardi 23 Février : A l'Archevêché, après les rencontres ordinaires et l'ouverture de ma boîte mail, nous évaluons la semaine que Raoul vient de passer au titre de "Justice et Paix" avec la société civile à NZEREKORE, suite à des tensions entre chrétiens et musulmans (Voir plus haut). Nous cherchons quels moyens de prévention et quelles formations organiser pour éviter que de telles choses ne se reproduisent. Mais il y a aussi les problèmes matériels : l'atelier de soudure, la réparation des voitures, les achats pour Boké où je pars vendredi. Les membres du "projet hydraulique" ont essayé de réparer la foreuse et les autres machines. Le matériel est très vieux et nous n'avons pas les moyens d'en acheter du neuf. Aujourd'hui, nous commençons un nouveau forage ; nous verrons si les machines tiennent le coup !
Mardi
23 Février : La Cité
de la Solidarité.
C’est le nom d’une Cité
construite par le Gouvernement pour abriter les handicapés et
mendiants (les deux vont souvent ensemble) de la ville. Ils sont
actuellement 110 familles environ. Mai peu à peu, l’Etat
les a abandonnés et actuellement il ne les soutient plus. Les
associations et des personnes généreuses viennent
parfois les aider, mais c’est souvent ponctuel et
insuffisant.
Il y avait aussi environ 80 familles qui vivaient
sur les trottoirs dans le centre ville, autour de la mosquée
sénégalaise. L’année dernière, le
nouveau gouverneur de la région a décidé de les
expulser et on les a conduits à la Cité de la
Solidarité (la mal nommée), sans aucune préparation.
Les premiers occupants ont très mal accepté ces
nouveaux arrivants qui ne pouvaient qu’augmenter leurs
problèmes et leur pauvreté. Pour ces nouveaux, des ONG
ont fini par construire des hangars, dans lesquels ils logent
toujours actuellement, et les tensions restent très vives
entre les deux groupes.
Maintenant loin du centre ville, ces
mendiants n’ont plus aucun moyen de vivre et se trouvent
confrontés à de nombreux problèmes :
nourriture, santé, habillement, scolarisation des enfants.
Les fosses septiques sont bouchées, les bâtiments
dégradés parce que pas entretenus.
Nous sommes
venus avec des membres de la Légion de Marie et des deux
Commissions : « Justice et Paix » et
« Pastorale Sociale ». Nous commençons
par visiter les familles, après avoir salué les
responsables des deux quartiers. Après la visite, nous
parlons à nouveau avec les responsables. Puis nous nous
retrouvons à la paroisse pour tirer les conclusions. Nous
décidons d’organiser une rencontre des différentes
associations qui interviennent à la Cité pour
coordonner et améliorer les aides. Et aussi pour intervenir
auprès des pouvoirs publics. Nous décidons aussi
d’aller voir l’imam de la Cité pour voir avec lui
comment poser les bases d’une réconciliation. Il va
falloir maintenant prendre les contacts nécessaires pour
cela.
Améliorer l’éducation. A
l’Atelier « Savoir-Fer » des enfants de
la rue, les deux formateurs leur enseignent très bien la
soudure. Ils leur donnent aussi des cours d’alphabétisation
ou une scolarisation de base, selon leur niveau. Nous avons acheté
des manuels pour cela, mais les formateurs ont de la peine. Ils
manquent de pédagogie et ne préparent pas leurs cours.
Nous allons voir une directrice d’école expérimentée,
pour qu’elle vienne évaluer les formateurs, afin de
leur donner une formation supplémentaire et améliorer
les cours.
Nous parlons avec elle des Centres aérés
(activités de vacances pour enfants en difficultés).
Là aussi, il ne s’agit pas de faire des cours de
vacances, mais de donner aux enfants des bases pour qu’ils
puissent s’en sortir à l’école ; et
il nous faut également former les éducateurs en
conséquence.
Emission radio. Depuis une heure, une
journaliste, Bernadette, m’attend à la maison. Nous
enregistrons une émission sur le Carême qui passera sur
une radio libre. Ces radios libres se répandent de plus en
plus ; elles sont souvent éphémères, faute
de moyens, et de qualités inégales, mais c’est
important de les aider. Et c’est un gage de liberté
dans le pays, même si la plus grande partie du temps d’antenne
est occupé par de la musique ou des discussions plus ou moins
oiseuses, les débats politiques ayant été
interdits à cause des dérapages et du manque de
formation des journalistes.
A 15 heures, je vais saluer l'imam
du quartier où est bâtie l’église. Je
voulais le faire depuis mon arrivée, mais je n’avais
pas trouvé un moment libre où il était
disponible. La rencontre est très sympathique et agréable.
J’essaierai de le voir régulièrement. Il me faut
aussi rencontrer les autorités du quartier.
Rencontres
des Commissions. A 16 heures, après avoir fait les
groupes de catéchèse dans les différentes
langues, je rencontre les Commissions de la paroisse pour faire le
point de leur fonctionnement. C’est un peu le travail à
la chaîne, mais c’est le seul moment où je peux
les voir. Et ainsi elles peuvent se rencontrer entre elles, se
connaître, échanger des idées et poser les bases
d’une collaboration mutuelle. En fait, ces Commissions ont de
la peine à fonctionner, car cela demande un engagement
personnel, mais une fois que les Commissions sont mises en place,
les gens ont tendance à s’asseoir. Eternel
recommencement. Très peu de personnes s’engagent pour
« Justice et Paix ». Pour la « Pastorale
sociale », ils ont tendance à attendre que des
dons arrivent pour faire des distributions, au lieu de s’engager
dans une action de développement à la base. La
Commission des « Vocations » est au point mort
et celle de « la Famille » se limite à
la préparation des mariages, alors qu’il y aurait tout
un travail d’éducation et de formation des couples et
des parents à faire. La Commission d’organisation
n’organise pas grand-chose et laisse les choses traîner
et se détériorer. Courage !
Lundi 22 Février : Travail à la maison. Je prépare le compte rendu des dernières réunions et me repose un peu.
Dimanche
21 Février : Réunion
diocésaine de la Commission de "Pastorale sociale".
(Voir
le document L 67).
Là
aussi, les choses avancent. Un certain nombre de Commissions sont en
place. Il faut maintenant organiser leur façon de
travailler, car elles ne se limitent encorer qu'à des dons
(pas assez d'actions de développement) et attendent trop de
recevoir des dons de l'extérieur. Nous voyons comment faire
un plan d'action, comment mettre les gens à l'action et
comment travailler avec les autorités et les musulmans. Puis
nous faisons le tour des paroisses pour préciser les
activités. A TAOUYAH, c'est d'abord la visite des familles,
l'organisation de rattrapage scolaire, le soutien aux malades
(effort de Carême) et la salubrité dans les quartiers.
Nous reparlons avec tous de la Cité de la Solidarité (voir
plus haut)
et de la formation des éducateurs des Centres aérés.
Avec
le père Etienne et les éducateurs des Foyers St
Joseph, nous parlons longuement du travail avec les enfants de la
rue. Puis nous parlons de la formation et des moyens à
trouver pour approvisionner la Caisse.
Les
Foyers St Joseph :
Je m'y rends après la rencontre. Nous reprenons la réunion
avec l'évêque, prions ensemble et prenons un temps pour
la formation des formateurs.
Je rentre à la maison bien
fatigué. Encore une journée bien remplie !
Vendredi
19 Février : Charles,
responsable diocésain de la Jeunesse, a en même temps
des responsabilités et des problèmes dans sa paroisse,
où il n’y a pas de prêtre pour le moment. Nous en
parlons longuement ensemble.
Puis, avec Richard, nous
voyons comment soutenir les victimes de la tuerie du 28 Septembre
qui n’ont pas encore été aidées. Les
aides que nous avions reçues sont maintenant épuisées,
mais heureusement la plupart des blessés sont en voie de
guérison. Cependant, les traumatismes et souffrances
intérieurs n’en sont pas terminés pour
autant.
Ensuite, je passe un bon moment à chercher de
l’argent pour acheter des pagnes que nous allons imprimer pour
le Centenaire de MONGO. C’est urgent. En fait, c’est
que l’on fait les choses la plupart du temps au dernier
moment, souvent par manque de moyens. C’est cela le
sous-développement.
Prière à l’Hôpital.
A 15 heures, je vais à DONKA, le plus grand hôpital de
la ville, donner le Sacrement des malades à une vieille femme
de la paroisse qui souffre de problèmes cardiaques. Ce n’est
pas la première fois que je m’y rends, mais je suis
encore une fois choqué par l’état de
délabrement, le manque d’entretien et les horribles
conditions de vie des malades. Il n’y a pas de courant :
il fait une chaleur épouvantable. Quand le courant revient,
le ventilateur qu’on nous apporte ne fonctionne pas. Les
malades sont dans une salle commune, séparés les uns
des autres par une simple bâche. Un malade arrive, on lui fait
une première injection, entouré de ses parents, devant
tout le monde, en plein milieu de la salle. Et il faut nous faufiler
pour pouvoir sortir, après la prière. On comprend que
certains malades préfèrent rester à la maison !
… ce n’est pas seulement par manque de moyens
financiers.
Chemin de Croix à la paroisse à
17 heures. C’est une prière qui est très suivie,
la mort est tellement présente dans la vie de tous les
jours ! Elle est animée par chaque Communauté de
quartier, à tour de rôle. Pour ne pas toujours répéter
la même chose chaque vendredi nous méditons la passion
du Christ à partir d’un des quatre Evangiles à
tour de rôle, que nous divisons en 14 stations afin de ne pas
trop changer les habitudes.
Après le Chemin de Croix et
pour ne pas faire revenir les gens deux jours de suite, nous prenons
chaque vendredi un temps de formation. Aujourd’hui, c’est
moi qui commence. Par la suite, ce seront des laïcs de la
paroisse. Je voulais faire réfléchir sur le message
de Benoît XVI pour le Carême 2010 sur la justice.
J’avais bien préparé le commentaire, mais comme
j’étais pressé j’ai oublié mes
papiers à la maison. Je repars donc du Chemin de Croix que
nous venons de suivre, et nous abordons trois points de
réflexion :
1°) Pourquoi Jésus est-il
mort ? J’insiste sur sa volonté de servir Dieu et
ses frères jusqu’au bout, dans un amour total.
2°)
Le comportement des différents acteurs du Chemin de Croix :
les soldats, les prêtres juifs, Simon de Cyrène,
Véronique, les apôtres, les femmes, les deux voleurs,
et bien sûr Marie. Et nous, quel est notre comportement envers
nos frères et sœurs, tout au long de notre vie.
3°)
Les sept paroles de Jésus sur la Croix.
Après la
prière, nous nous retrouvons pour régler le problème
d’un garçon de la Communauté qui a « enceinté »
une fille et réconcilier les deux familles. C’est cela
aussi le Carême !
Jeudi
18 Février : Les
foyers pour enfants de la rue et malades.
Etienne a lancé
des foyers pour enfants de la rue (garçons et filles) à
CONAKRY et aussi à l’intérieur. Il vient d’en
ouvrir un à NZEREKORE (au sud est du pays). Il a également
des foyers pour personnes âgées et pour malades du
SIDA ; Il fait un travail extraordinaire, avec les moyens du
bord, et l’aide de nombreux bénévoles et de
personnes généreuses, en s’établissant où
il pouvait. Mais depuis quelque temps, nous sentons le besoin de
donner des bases plus solides à tout cela, pour garantir
l’avenir et pour la sécurité aussi bien des
enfants que des éducateurs : avoir des titres de
propriété des bâtiments, avoir des contrats de
travail pour les éducateurs et les inscrire à la
Sécurité Sociale. Et aussi rédiger des statuts
et se faire reconnaître par les autorités. Nous
travaillons à cela jusqu’à 15 heures. (Voir
site, rubrique « Pastorale sociale »).
A
15 heures, je m’éclipse pour aller au dispensaire, où
j’arrive juste avant la fermeture. En effet, depuis le coup de
froid que j’ai pris la nuit dans le taxi en revenant de
Kankan, je traîne une bronchite qui me fatigue beaucoup. Il
faut donc que je me décide à me faire soigner.
Puis
je pars rapidement en banlieue pour respecter mon rendez-vous avec
une enseignante. Mais quand j’arrive, je ne trouve personne.
Elle est partie à un enterrement, mais ne m’a rien dit.
Cela arrive souvent.
Mercredi
17 Février : Mercredi
des Cendres.
Cérémonie très suivie en
Afrique Noire. C’est un rite qui plaît mais qui n’est
pas toujours bien compris. Nous prenons le temps de donner le sens
du Carême et la signification des cendres. Et la resituant par
rapport à l’importance de l’écoute de la
Parole de Dieu et de la vie et l’engagement en Carême.
La célébration se poursuit par une rencontre des
catéchistes pendant que les responsables de Communauté
vont donner les cendres aux malades.
Hier, j’ai attendu
toute la journée sans pouvoir ouvrir ma boîte mail.
Bernard, qui travaille avec nous, me prête sa clé
Internet à brancher sur l’ordinateur. C’est une
belle invention mais qui coûte cher ! En tout cas, j’en
profite et travaille sur Internet jusqu’à 2 heures du
matin.
Mardi
16 Février : Je voulais
multiplier le compte-rendu, ouvrir ma boîte mail et travailler
sur Internet, mais, même au centre ville, de toute la journée
il n’y a pas de courant. Bien sûr, cela bloque toutes
les activités. Il est difficile à un pays de se
développer dans ces conditions.
Nous avons un nouveau
gouvernement. Il a fallu un mois pour le mettre en place,
mais il nous semble assez ouvert et représentatif. Les
militaires y sont moins nombreux et ce sont les plus modérés
qui sont restés. On verra ce qui se passera. Mais après
tout ce qui s’est passé en une année, les gens
sont assez septiques. Donc on regarde et on attend. De toutes
façons, il ne s’agit que d’un gouvernement de
transition, qui ne doit durer que six mois et préparer des
élections présidentielles acceptées par tous.
Il est à craindre que la population n’attende trop de
ce gouvernement et soit déçue s’il n’y a
pas de résultats concrets immédiats.
Mais le
deuxième problème qui nous préoccupe, c’est
qu’à côté de ce gouvernement issu
essentiellement de la société civile et de
l’opposition, il y a un conseil de la présidence de
plus de 20 membres, (certains ayant même un titre de
ministre), parmi lesquels se trouvent des militaires de tendance
beaucoup plus dure. Ne vont-ils pas bloquer l’avancée
du pays ? Est-ce que ça ne sera pas un gouvernement
parallèle qui imposera ses volontés ? Nous sommes
assez inquiets par rapport à cela. Quant aux élections,
elles ne pourront pas avoir lieu dans les 6 mois : les listes
électorales ne sont pas prêtes et l’on sera en
pleine saison des pluies et période de cultures.
Lundi 15 Février : Travail à la maison, pour saisir tout cela. Mais on vient m’avertir qu’il y a un enterrement. C’est Albert, un jeune qui avait des problèmes psychologiques, qui est mort hier. Il était très gentil et tout le monde l’aimait. Il y a beaucoup de monde et la cérémonie est très émouvante.
Dimanche
14 Février : Rencontre
diocésaine de « Justice et Paix »,
comme chaque deuxième dimanche du mois. Les participants sont
assez nombreux, les Commissions se mettent en place et les gens
semblent avoir compris ce qu’est justice et paix. (Voir le
compte-rendu déjà envoyé, L 66). Bien sûr,
même si on a fait un plan d’action, il reste à
le réaliser, mais au moins on a une base à partir de
laquelle travailler. La paroisse d’ENTAG est très
sympathique et j’en apprécie l’ambiance
fraternelle.
Nous réfléchissons à partir des
problèmes actuels. Nous avons un nouveau gouvernement et
venons de commencer une période de transition, préparatoire
aux élections présidentielles. Nous parlons longuement
du rôle de l’Eglise dans la situation politique actuelle
et de l’engagement des chrétiens dans le pays.
Nous
venons de vivre des tensions assez fortes à NZEREKORE, dans
le sud-est du pays, entre chrétiens et musulmans. C’est
un signal pour nous. En cette période de grandes difficultés
et de grande pauvreté, les tensions sont fortes et les
problèmes, même personnels, sont souvent placés
au niveau ethnique ou politique. Se sentant trop faible, on fait
appel à son groupe pour se défendre. Avec toutes les
conséquences que cela comporte. On se retrouve facilement
entraîné dans un circuit sans fin, si on ne fait pas
attention. Nous réfléchissons donc longuement aux
relations à établir entre croyants, chrétiens
et musulmans, aux contacts entre chefs religieux, chrétiens
et musulmans, et aux activités communes entre jeunes pour
faire grandir l’entente, la compréhension et
l’acceptation mutuelle.
Bien sûr, nous n’oublions
pas les contacts avec la gendarmerie et la police, pour la
protection et la défense des personnes arrêtées,
en particulier les enfants (enfants de la rue, enfants travailleurs
dans les marchés et les gares, enfants mendiants, ….).
Pour
terminer notre rencontre, nous prenons un temps de formation, à
partir de la lettre de Benoît 16 pour le Carême, qui
porte sur la justice et la paix, dans la ligne du 2ème
Synode pour l’Afrique.
Problème de mariage.
Malgré la fatigue, je pars dans une famille. Au moment de la
demande en mariage de sa fille, un père a refusé de la
reconnaître. Cela a entraîné de grandes tensions
et de multiples problèmes ; et ce n’est pas facile
de recoller les morceaux. J’essaie de poser au moins les
premières bases pour pouvoir arranger le problème peu
à peu. Mais il faudra beaucoup de tact et de patience.
Samedi
13 Février : Un samedi
bien chargé. Le matin, deuxième formation des futurs
éducateurs pour les activités des vacances du mois
d’Août (Centres aérés) (Voir mon
site, rubrique « Jeunesse »).
Ce matin, nous travaillons sur la psychologie de l’enfant et
comment travailler avec des enfants en situation difficile.
Après
cela, je travaille avec l’évêque sur la mise en
pratique du synode et la lettre de Carême de Benoît 16 :
tout cela porte sur les thèmes de la justice et de la paix.
Ill y a du travail à faire. Nous réfléchissons
aussi à la formation des jeunes prêtres.
Rencontre
imprévue. Je remonte vers la route principale pour
prendre un taxi collectif. Une voiture s’arrête. C’est
Sia Tolno, une chanteuse guinéenne bien connue. Nous ne nous
étions pas vus depuis longtemps. Elle était venue nous
rejoindre à MONGO, juste après les attaques rebelles
du Liberia et Sierra Leone en 2001, pour redonner courage et espoir
à la population dispersée, partie se cacher dans la
forêt. Elle avait été très courageuse et
je lui en suis très reconnaissant. (Voir mon
site, rubrique « Mongo »). Je
suis donc très heureux de la revoir. Elle a composé un
certain nombre de chants sur les droits des enfants. Nous parlons de
tout cela dans sa voiture pendant qu’elle m’avance sur
ma route.
A 14 heures, nouveau mariage entre une
catholique et un musulman. Ils sont de Kataco ; je me sens
à l’aise car je parle leur langue, le baga. Nous
célébrons leur amour, mais aussi l’alliance
entre deux familles, une chrétienne et une musulmane. Et nous
prions pour que cela dure et grandisse. Nous gardons bien sûr
les rites traditionnels. Aujourd’hui, en tant que Père
de la famille chrétienne, en plus des noix de cola, je reçois
une bouteille de vin de palme, que je dépose au pied de
l’autel. A l’offertoire, les deux familles apportent les
offrandes en dansant. Et à la fin de la messe, ce sont les
cadeaux aux mariés apportés aussi en procession.
Après
le mariage, réunion des catéchistes. Il nous
faut préparer le Carême et l’appel décisif
des catéchumènes qui attendent le baptême. Et
surtout, tout leur accompagnement par les communautés, les
parrains et les marraines. Nous réfléchissons aussi à
la mise en pratique de la lettre de Carême.
Vendredi 12 Février : Travail à la maison. Le tas de documents à traiter diminue peu à peu. Mais le travail n’avance pas vite. J’ai pris froid (ça arrive assez souvent en Afrique, avec les changements de température). Je tousse et cela me fatigue et m’empêche de me reposer la nuit.
Jeudi
11 Février : La
voiture de la Mission de DALABA (à 250 km) avait eu un
accident, mais nous n’avions pas les moyens de la réparer.
Nous avons trouvé un peu d’argent ; aussi un
confrère est parti la chercher, avec une « Express ».
DALABA est dans les montagnes (Fouta Djalon) et l’Express
n’était pas assez puissante. Ils ont mis deux jours à
rentrer, avec beaucoup de peine. Maintenant, il va falloir suivre
les réparations de près, à CONAKRY.
A 10
heures, réunion générale des volontaires qui
suivent les victimes du 28 Septembre. Nous faisons le point de la
situation des différents blessés, femmes violées,
familles en deuil que nous soutenons pour évaluer notre
action et voir comment l’améliorer. Ensuite, nous
organisons la distribution de riz et d’argent.
Malheureusement, ce sera la dernière, car nos fonds sont
épuisés. Mais nous remercions les personnes et les
associations qui nous ont permis de faire quelque chose…et
même beaucoup.
Mercredi
10 Février : Je reste à
la maison avec Emmanuel et j’en profite pour avancer quelques
nouveaux dossiers. Je commence la saisie des documents de « Justice
et Paix » et « Pastorale sociale »,
restés en plan depuis décembre. J’accueille
la femme d’un coopérant travaillant à
l’ambassade de France. Elle suit une chimio, mais malgré
tout elle veut continuer des activités, en particulier auprès
des enfants en leur projetant des dessins animés : ils
ont le matériel pour cela (groupe électrogène,
projecteur). Elle veut aussi s’intégrer dans le milieu
et apprendre le soussou. Je vais lui trouver un professeur et déjà
nous avons une conversation très intéressante sur les
réalités guinéennes. Dommage que tous les
coopérants n’aient pas les mêmes soucis, ni la
même ouverture.
L’après-midi, je pars à
la paroisse pour tenir la permanence, préparer les
mariages (il y en a un certain nombre en préparation), mais
aussi malheureusement des problèmes de divorce.
A 18
heures, très bonne réunion du bureau du Conseil
paroissial. Nous revoyons le contenu du dernier conseil
paroissial (voir dans les « Nouvelles »,
début de la journée du samedi 6 Février)
pour en tirer des orientations précises, en particulier pour
le Carême.
Mardi
9 Février : Rencontres
et contacts à l’Archevêché.
Il y a
du courant, aussi j’en profite pour faire des photocopies.
Mais je rentre vite car notre stagiaire a une forte crise de palud
(chacun son tour !), il est très fatigué et il va
falloir faire des analyses sérieuses.
Lundi 8 Février : Travail à la maison pour avancer les dossiers et documents. Mais il y a tellement de choses en retard !
Dimanche
7 Février : Aujourd’hui,
je suis dans ma paroisse. Nous sommes heureux de nous retrouver.
Comme je n’y célébrerai plus la messe jusqu’au
mois prochain, je lance déjà le Carême, à
partir de la rencontre du Conseil paroissial d’hier. Je pars
du texte d’Isaïe 58, que j’aime beaucoup. Pendant
la messe, les catéchumènes qui se préparent au
baptême, accompagnés de leurs parents, parrains et
marraines, viennent réciter le « Je crois en
Dieu » devant toute la communauté.
Rencontre
des enfants. Je vous ai déjà parlé de nos
rencontres de jeunes à la paroisse (Voir mon
site, rubrique « Jeunes »). Les
enfants participaient à ces réunions, mais elles
n’étaient pas adaptées pour eux. Nous avons donc
décidé de lancer quelque chose pour les enfants dont
les responsables seraient les enfants eux–mêmes. Il y a
déjà des Mouvements d’enfants : les CV.AV
(Action Catholique des Enfants), le scoutisme (louveteaux et
jeannettes), les enfants de chœur. Mais ce que nous voulons,
c’est rassembler tous les enfants dans la joie, pour qu’ils
se connaissent, créent des liens et passent à
l’action, avec aussi les enfants qui ne sont dans aucun
Mouvement. Nous avons parlé de tout cela ensemble, et avons
décidé de nous engager chaque mois dans un secteur
différent : la famille, l’école, le
quartier, les loisirs, etc… Je vous enverrai sans tarder le
compte-rendu de cette première réunion. L’ambiance
a été très bonne et les enfants sont très
motivés.
Samedi
6 Février (Suite) : Rencontre
des religieux.
La réflexion portait sur notre vie de
prières, notre vie communautaire et notre collaboration entre
prêtres et religieux. Que faire pour que chacun vive
profondément l’appel qu’il a reçu de Dieu,
au service de la communauté humaine et pour le bien de tout
le peuple de Dieu. Nous aurons le souci d’apporter… un
meilleur témoignage et une évangélisation plus
profonde, en étant solidaires les uns des autres, en nous
accueillant et en acceptant nos différences.
Voici
quelques conclusions : Nous sommes au service de tous les
hommes sans exception. Nous sommes au service d’un Royaume où
les pauvres ont la première place. Un Royaume de justice et
de paix, d’amour et de vérité, de pardon et de
joie… Il ne suffit pas de bien gérer nos œuvres,
en fermant les yeux sur toutes les pauvretés autour de nous.
Donner l’exemple ne suffit pas. Il s’agit de nous
engager avec les autres, ensemble, pour construire un monde de
justice et de paix.
Au-delà de cette réflexion
commune et des encouragements mutuels dont elle a été
l’occasion, nous avons beaucoup apprécié de nous
retrouver dans l’amitié (les occasions sont rares) et
de renforcer les liens entre nous. (Voir le site, rubrique
« Religieux »).
Le lendemain, la
paroisse de KALOUM nous a accueillis. Le Frère Charles a
parlé de la vocation des Frères, et Sœur Alice a
donné son témoignage après 50 ans de vie
religieuse (Voir site, à « Vie
religieuse »).
J’ai voulu
profiter de cette rencontre pour consulter ma boîte mail, mais
à aucun moment je n’ai pu avoir la connexion. Dommage !
Samedi 6 Février : Conseil
paroissial.
Cette fois, nous commençons par évaluer
la marche de la paroisse, des mouvements, des commissions et des
différents groupes. En gros, les choses avancent, les
activités se développent et les gens sont contents. Ce
sont les Commissions qui ont le plus de peine à
fonctionner. C’est vrai qu’elles supposent un engagement
plus important et que c’est plus exigeant que de simples
activités paroissiales. C’est l’une de nos
préoccupations, mais aussi de nos priorités. Après
avoir lancé les Commissions de « Justice et Paix »
et de « Pastorale sociale », nous allons
maintenant organiser les Commissions de « la Famille »
et des « Vocations ». Le problème,
c’est que les autres chrétiens se déchargent sur
les Commissions, comme si seuls leurs membres devraient agir. Alors
que le rôle des Commissions est justement de mettre tout le
monde à l’action, chacun là où il est. Il
faudra du temps pour y arriver, car pour un certain nombre de
chrétiens, la vie chrétienne se limite à la
messe du dimanche. Et il y a beaucoup de jeunes qui sont engagés
dans l’Eglise, les adultes hommes sont moins nombreux,
spécialement les cadres. Bien sûr, ils ont de
nombreuses occupations, mais le problème est plus profond.
Le
deuxième point, ce sont les questions économiques.
Beaucoup de choses n’étaient pas claires dans la
gestion depuis 2006. C’était plutôt une mauvaise
comptabilité et beaucoup de dépenses ou de dépôts
non inscrits plutôt que des détournements. Il n’empêche
que cela entraînait un certain nombre de problèmes. Il
a donc fallu mettre en place une nouvelle équipe, avec des
gens compétents mais aussi disponibles. Cela a pris du temps,
mais maintenant nous avons une bonne équipe. Tous les membres
ont travaillé très dur, nous avons pu régler
tous les cas litigieux à l’amiable et nous allons
pouvoir repartir sur des bases claires. C’était
nécessaire, si on veut exiger une gestion saine, avec des
comptes rendus financiers réguliers de chaque groupe. Sinon,
les gens refusent de participer et de cotiser, et cela peut se
comprendre !
Notre préoccupation, c’est la
construction du presbytère. Nous avons pu rassembler
20 millions de francs guinéens dans la paroisse (environ
2 500 €) ; l’évêque nous donne 30
millions. Il nous restera à trouver 35 millions, ce qui va
nous demander beaucoup de travail et d’efforts. Et nous ne
voudrions pas que cette recherche de l’argent bloque les
autres activités de la paroisse, l’aide aux pauvres,
les actions de développement ou la lutte pour la justice.
La
troisième partie de notre conseil paroissial, c’est la
préparation du Carême. Pour cela, la paroisse a
l’habitude d’organiser un certain nombre de choses que
je vais respecter, bien sûr. Le mardi gras, une grande
rencontre pour préparer l’entrée en Carême.
Ils m’ont demandé de l’animer et je l’ai
préparée avec la Commission des Jeunes : il y
aura une conférence avec des réflexions en petits
groupes, une projection de film et un repas pris en commun, chaque
groupe amenant sa part. Le lendemain, mercredi des Cendres, les
responsables de communauté iront apporter les Cendres aux
malades. Chaque vendredi, après le Chemin de Croix qui est
très suivi, un temps de formation sur la vie chrétienne
et l’engagement dans la société. Notre effort de
Carême portera cette année sur le soutien et le suivi
des malades à tous les niveaux. Pas seulement l’aide
économique, mais aussi le soutien psychologique, moral,
social et spirituel. Et la prise en charge des malades par leurs
familles et les Communautés. Aux différentes prières,
nous organiserons des quêtes et cotisations pour alimenter la
caisse de soutien de la Pastorale sociale. Dans les communautés
de quartier, chaque jour ils iront dans une famille pour une prière
à partir de la Parole de Dieu (partage d’Evangile). Et
j’irai célébrer la messe le mercredi, en
tournant, et participer à leur réunion communautaire.
Pour assurer une meilleure connaissance et des bonnes relations
entre jeunes, ils ont organisé un tournoi de football (filles
comme garçons) et un certain nombre de rencontres et de
réflexions en commun. Nous avons également remis à
chaque communauté un document de formation sur le Carême.
Et chaque dimanche, nous lirons une partie de la lettre de Carême
de notre évêque : « Vivre la messe en
famille ». (Voir mon site, rubrique « Activités
paroissiales»).
Mais à travers tout cela, le
plus important c’est d’arriver à une vraie vie
communautaire, une conversion de tous et de chacun, des actions de
vraie charité, un engagement plus profond et plus réel
des Communautés, et l’avancée du pays vers le
pardon et la réconciliation, en ce temps de transition si
important.
La rencontre des religieux. Aujourd’hui
nous fêtons la Journée mondiale des religieux. Je pars
les rejoindre dès la fin du Conseil paroissial. Cette année,
nous réfléchissons à notre engagement de
religieux dans nos paroisses et à la collaboration entre
prêtres et religieux. Pour nous, il ne s’agit pas
seulement d’avoir des activités et de donner un coup de
main à la paroisse, mais d’apporter notre charisme et
un esprit, et de travailler ensemble, religieux, prêtres et
laïcs. Les laïcs nous aidant à mieux vivre notre
vocation religieuse.
Vendredi 5 Février : Travail à
l’Archevêché.
Puis, le soir, comme chaque
vendredi, je me retrouve dans une communauté de quartier.
Nous commençons la réunion selon schéma
habituel :
1°) On se donne d’abord les
nouvelles : celles du quartier, mais aussi celles venues
d’ailleurs. C’est très important pour partager
notre vie, nous encourager et créer un esprit de famille.
2°) Puis c’est le partage de la Parole de Dieu.
Après la lecture, chacun dit ce qu’il en pense. C’est
très important que chacun ait la parole, pas seulement le
prêtre ou le catéchiste, pour arriver à un vrai
partage de la foi et que chacun devienne responsable dans la
communauté, les femmes comme les hommes, les enfants et les
jeunes autant que les adultes, et les personnes âgées.
Nous insistons pour qu’on ne se limite pas à la morale,
ni même aux actions à mener, même si c’est
important, mais plutôt qu’on s’attache à
regarder Dieu et se demander d’abord : qu’est-ce
que ce texte nous fait connaître de Jésus-Christ ?
et ensuite, quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte ?
Qu’est-ce qui nous donne force, joie, courage, espérance ?
Le tout se termine bien sûr par la prière.
3°)
Ensuite, on passe à la vie de la Communauté. D’abord,
quelles injustices avons-nous remarquées autour de
nous ? Quelles personnes fait-on souffrir injustement ?
Qu’allons-nous faire contre cela ? On travaille aussi à
partir du plan d’action fourni par la Commission paroissiale
de « Justice et Paix ».
4°) L’aide
aux pauvres. Quelles sont les personnes démunies autour
de nous ? Comment allons-nous les soutenir (en leur donnant les
moyens de se prendre en charge elles-mêmes ? Comment
fonctionnent les petits projets que nous avons initiés (avec
l’aide de la Commission de « Pastorale
sociale) ?
5°) La réconciliation. D’abord
comment aider à vivre ensemble les personnes qui ne
s’entendent pas ? Comment les réconcilier ?
Comment désamorcer les conflits latents autour de nous ?
Comment éduquer à la paix ?
6°) A partir
de là, nous pouvons élaborer notre programme de
prières communautaires pour les malades, les familles
en deuil, les nouveaux nés, la bénédiction des
maisons et des différents travaux, etc… Et ensuite,
organiser les travaux à faire et régler les
questions d’argent (cotisations, comptes rendus, etc…)
(Voir dans mon site la rubrique : « activités
paroissiales).
Bien sûr, cela marche plus ou moins
bien, d’après les communautés, et il faut du
temps pour que les gens s’y mettent. C’est encore très
nouveau, surtout en ville où on n’a pas la même
unité culturelle et partage de la vie que dans les villages.
Mais c’est d’autant plus important en ville, pour
permettre aux chrétiens, -souvent isolés et même
perdus dans une grande majorité musulmane de plus de 90 %,
parfois même fortement agressés, marginalisés et
rejetés quand ils cherchent un emploi ou un logement- leur
permettre donc de se retrouver entre gens de différentes
ethnies (car jusqu’à maintenant l’unité
nationale n’existe pas vraiment, c’est d’abord
l’ethnie qui compte). Et nous luttons pour que les chrétiens,
réunis en communauté, ne se renferment pas sur
eux-mêmes, mais au contraire s’ouvrent à toutes
les religions et travaillent avec tous. Et même cette mise en
place des communautés est plus récente en ville, au
moins nous avons des gens alphabétisés et formés
sur qui nous appuyer et qui peuvent plus facilement prendre des
responsabilités. Bien sûr, beaucoup ne viennent pas,
d’autres sont en retard (ça, c’est général),
mais les choses changeront au fur et à mesure que les
communautés se mettront en place. (Voir mon site :
« activités paroissiales »).
Jeudi 4 Février : Internet à
l’archevêché.
Il y a du courant, alors
j’en profite pour travailler sur Internet, à la
recherche de documents pour établir Cahier des charges,
termes de références, contrat… autant de mots
inconnus et de choses bizarres auxquels il faut bien que je
m’habitue dans mes nouvelles responsabilités. C’est
vrai que dans les ONG on utilise un vocabulaire spécial, la
plupart du temps inspiré de l’américain :
il n’y a plus de sexe féminin mais seulement du genre,
on fait de la surformation, on qualifie (pas pour qualifier mais
pour rendre meilleur) on capitalise (pas l’argent mais les
expériences), on ne travaille plus avec des gens mais avec
des groupes cibles (est-ce qu’il faut tirer dans le tas), il
faut vendre….. Il faut s’y faire. Mais l’homme et
ses valeurs risque de se perdre dans tout cela. Et ceux qui ne sont
pas dans le coup sont laissés sur le bord du chemin.
Avec
Bernard, je travaille sur mon site et sur le blog « Justice
et Paix ». J’ouvre mon courrier et reçois
des messages d’un peu partout dans le monde. C’est beau
Internet ! Par contre, je ne peux envoyer aucun message que
j’avais préparé en brouillon, ni aucun nouveau
message : pas de connexion, serveur saturé parce que
trop faible. La technique a ses limites ! Je me replie sur la
préparation de la formation pour les Centres aérés.
De toutes façons, ce n’est pas le travail qui manque,
et ça fait longtemps que je devais m’y mettre.
Heureusement que les bics fonctionnement mieux qu’Internet…
bien que parfois ils coulent dans ma poche : tant pis pour le
pantalon !
De retour à la maison, il y a encore du
courant. Mais je me réjouis trop vite. Quand je branche mon
ordinateur, je vois que le cordon d’alimentation est foutu. La
batterie est vide ! Et demain je ne pourrai m’en occuper.
Je téléphone à Bernard qui ira me chercher un
autre transformateur. Heureusement que le téléphone
fonctionne ! Pour trouver l’argent, on se débrouillera….
Comme d’habitude !
Mercredi 3 Février : Je décide de rester à la maison pour remettre en ordre et rédiger un certain nombre de documents en retard. Au moment où je veux imprimer les premiers à partir des panneaux solaires, le fusible saute. Je vais être bloqué pour longtemps, car on ne trouve pas ces fusibles à Conakry. Et du coup, il n’y a plus de courant pendant la journée, ce qui va nous handicaper longuement. Je commence à saisir sur l’ordinateur les comptes rendus des trois sessions de formation passées. Je devais aussi composer quelque chose sur le travail dans les prisons pour Caritas Allemagne, et également sur le travail avec les victimes du 28 Septembre pour les associations Raoul Follereau et Guinée Solidarité, mais la batterie est vide. Du coup, je me rabats sur la préparation des activités de la paroisse.
Mardi 2 Février : C’est
l’anniversaire de la mort de notre deuxième
fondateur (lors de la révolution française, la
plupart des spiritains avaient disparu), un juif converti, François
Jacob LIBERMANN : c’est donc un jour de fête
pour nous, qui nous appelle à approfondir notre charisme et
notre vocation missionnaire. Après un temps de prière,
nous poursuivons nos activités diverses et nous nous
retrouverons ce soir pour un repas un peu plus festif que
d’habitude. Il y a cinq communautés de spiritains = au
nord ouest, frontière du Sénégal, KOUNDARA,
chez les Peuhls, Bassaris et Coniaguis ; au nord de Conakry, à
KATACO, chez les Baga, et BOFFA, chez les Soussous, la dernière
plein sud, à MONGO, chez les Kissiens, entre le Liberia et la
Sierra Leone. J’ai travaillé dans ces trois dernières
Missions. (Voir mon site, à ces noms). A CONAKRY, dans
la banlieue, nous sommes trois qui, en plus de notre travail
missionnaire (développement, accueil des étrangers,
justice et paix, relations avec les autres religions, etc…)
tenons deux paroisses : à LAMBANYI (John) et TAOUYAH
(moi-même, aidé par un jeune Nigérian :
Emmanuel, en stage de formation missionnaire pour une année).
Mais bien sûr nous travaillons avec tous : prêtres
guinéens et laïcs, chrétiens et musulmans, aux
différents niveaux.
Pendant la journée, nous avons
une très longue réflexion avec l’Archevêque.
Vu mes deux longues absences il y a beaucoup de choses à
revoir. Et ensuite, je fais le tour des différents services
pour suivre l’avancée des activités.
Lundi 1er Février : Je reste à la maison pour classer mes papiers, travailler des documents et rédiger des textes qu’on m’a demandés. Pendant la journée, un Rwandais vient me voir. Il est venu rejoindre son frère mais, en arrivant, il apprend qu’il est mort. Il loge au marché, n’a rien à manger et cherche du travail. De tels cas arrivent chaque jour.
Vendredi 29 à Dimanche 31 Janvier : Je
pars pour Fria, à une centaine de kilomètres, pour une
session de formation et la mise en place d’une Commission de
« Justice et Paix ». Un peu comme je l’ai
fait à Kankan et Kissidougou (Voir les nouvelles de la
semaine dernière). Pour les personnes qui seraient
intéressées par le contenu de la formation donnée,
voir mon site, rubrique « Justice et Paix »,
page : formation.
Je suis frappé par l’engagement
des participants. Ils sont venus très nombreux pour une
paroisse (45 personnes). Toutes les communautés de base, les
groupes et mouvements divers ont envoyé un délégué.
Et le curé a participé à toute la formation. Et
cela bien que nous soyons en pleine Coupe d’Afrique…
mais bien sûr, nous avons aménagé l’horaire
en conséquence !
Vendredi 29 Janvier : Avec Bernard,
volontaire qui nous aide à suivre un certain nombre de
projets : l’atelier Savoir-Fer, le projet hydraulique,
etc….
La rencontre avec l’Archevêque se
passe très bien. Il est satisfait du travail accompli et des
orientations prises par la paroisse. Pour moi, je félicite
devant lui les responsables pour leur engagement. Nous nous sommes
lancés également dans la construction du presbytère.
Cela fait plus de 10 ans que les travaux sont commencés ;
chaque année nous faisons quelque chose, mais les prix
augmentent de plus en plus. Nous voudrions terminer les travaux
cette année. La paroisse a vidé entièrement sa
caisse (20 millions de francs guinéens, soit 2 500 €),
résultat des économies des trois années
passées ; l’évêque nous accorde 30
millions. Il nous faudra encore trouver 35 millions pour terminer la
première tranche. Il va falloir mobiliser toutes les troupes
et faire un vrai travail de fourmi. Sans que cette recherche
d’argent ne bloque les activités pastorales, les
projets de développement et l’aide aux pauvres.
Jeudi 28 Janvier : Retour à
l’Archevêché pour l’accueil des gens.
Premier problème : une jeune maman, malade du SIDA,
va accoucher. On va lui faire une césarienne pour éviter
à l’enfant d’être contaminé ;
ce sera pour elle la deuxième césarienne. Elle avait
eu des problèmes pour allaiter son premier bébé ;
il va nous falloir trouver du lait. Nous avons bien reçu du
lait en poudre par l’Association Appel Détresse, mais
dans ce cas précis, il ne fera pas l’affaire !
Mon
confrère de KATACO vient d’arriver. Sa voiture n’est
pas grande, mais nous en profitons pour envoyer un premier lot de
matériel reçu par le conteneur d’Appel Détresse.
Nous voyons aussi comment trouver un camion pour envoyer le reste.
Nous faisons appel à un ami du projet hydraulique, qui
dépend aussi de la pastorale sociale (voir mon site),
car c’est cela notre problème : comment faire
arriver à ceux qui en ont le plus besoin le matériel
que nous recevons, et veiller à ce qu’il soit utilisé
le mieux possible. En tout cas, merci encore à tous ceux qui
nous aident.
Avec Richard, nous étudions un projet que les
Salésiens vont lancer dans un quartier populaire, à
NONGO : un centre pour l’éducation des jeunes, au
point de vue culturel et sportif et pour l’alphabétisation
et la réinsertion scolaire. C’est Richard qui a mené
l’enquête préliminaire dans le quartier. Il est
formateur dans la Commission diocésaine de « Pastorale
Sociale » et passe chaque dimanche dans une nouvelle
paroisse pour animer la Commission de pastorale sociale. Il est
aussi formateur des futurs éducateurs des Centres aérés
pour les enfants pendant les vacances. A cause de ses capacités
et de son engagement, nous pensons l’intégrer dans
l’équipe des éducateurs de l’atelier des
enfants de la rue (dans mon site, voir la rubrique
« Savoir-Fer »). Il est aussi bien engagé
dans le soutien aux victimes du 28 Septembre. Je suis dans
l’admiration de voir les progrès et l’engagement
de ce jeune, et de beaucoup d’autres jeunes, avec lesquels
j’ai la joie de travailler au fil des jours.
Mercredi 27 Janvier : J’ai une
occasion pour faire partir mon courrier. J’en profite !
Puis je pars à C.R.S. pour le suivi des différents
projets que nous avons travaillés hier : nous faisons
une réévaluation pour les relancer et les améliorer
pour cette nouvelle année : les écoles de brousse
d’OUROUS et KOUNDARA, les Jardins d’enfants et le Centre
de formation national de LAMBANYI, le soutien aux victimes du 28
Septembre, le Centre des handicapés de KIPE, l’atelier
« Savoir-Fer » des enfants de la rue, les
Commissions (Voir mon site, à ces différentes
rubriques). Nous préparons aussi la lettre de
présentation des activités de la paroisse pour notre
rendez-vous avec l’évêque.
C.R.S. accepte de
prendre en charge le nouveau responsable de l’OCPH. Nous les
en remercions, car nous n’aurions pas les moyens de le faire
par nous-mêmes. Il va falloir préparer le Cahier des
charges et le contrat. C’est important de bien préciser
les choses pour éviter des problèmes inutiles. Mais
ces formalités administratives ne sont pas mon fort ; là
aussi je vais me faire aider !
Mardi 26 Janvier : Le centenaire de la
Mission de MONGO.
Winfried, mon successeur ghanéen à
MONGO, est arrivé à temps à Conakry. Il prépare
le centenaire de la paroisse de Mongo. Ce sera un événement
important et nous tenons à le préparer le mieux
possible. Il y a donc beaucoup de choses à prévoir et
à organiser. (Voir mon site, rubrique « Guinée
– Mongo »). Je passe toute ma journée à
revoir le livret de 60 pages que nous avons préparé
pour cette fête, et à relire les épreuves à
l’imprimerie. C’est un gros travail qui demande beaucoup
d’attention et de tension nerveuse.
Je prends quand même
un temps pour aller faire soigner au dispensaire ma deuxième
cheville, où j’ai une plaie qui commence à
s’infecter. Je veux me soigner tout de suite pour ne pas avoir
les mêmes problèmes qu’avec la première
cheville ! De plus, j’ai pris froid pendant le voyage de
nuit à Kankan, dans un taxi avec toutes les vitres ouvertes.
J’avais oublié qu’il fait frais en cette saison à
l’intérieur du pays, avec l’Harmattan qui
souffle. J’avais bien un deuxième tee shirt que
j’aurais pu passer par-dessus, mais il était dans mon
sac à dos, lui-même attaché sur le toit du
taxi ! Du coup, j’ai une bonne angine !
Lundi 25 Janvier : Le carburant est
rare et les files d’attente longues devant les
stations-service. Ce problème vient de ce que le pays manque
d’argent pour en acheter et que la situation du pays l’oblige
à le payer « cash », d’une part,
mais aussi de la spéculation : des gens s’arrangent
avec les responsables des stations pour acheter du carburant la nuit
et le revendre au prix fort au marché noir.
Le nouveau
gouvernement traîne à se mettre en place. Le
premier ministre a été nommé : Jean-Marie
DORE. Le président par intérim, le général
KONATE, lui a envoyé une feuille de route. Il a réduit
le nombre de militaires de 10 à 3 dans le gouvernement. Mais
les syndicalistes demandent aussi leur place. Et le général
a prévu un conseil à la présidence, de 20
membres : un gouvernement parallèle en quelque sorte et
qui risque de s’imposer au gouvernement officiel. En ce
moment, c’est la course aux postes. A cause de cela, le
gouvernement tarde à être mis en place. Et surtout,
cela nous inquiète beaucoup pour l’avenir. Beaucoup
semblent plus soucieux de l’argent que du bien du pays.
J’ai
voyagé toute la nuit, avec tous les problèmes dont
j’ai parlé la dernière fois. J’arrive très
fatigué, mais je pars à l’archevêché
car il y a bien des choses à voir et à faire…
comme d’habitude. D’abord, il faut finaliser la lettre
de l’évêque pour cette nouvelle année, qui
a déjà beaucoup tardé. Il y a aussi des
problèmes à l’atelier « Savoir-Fer »
avec les formateurs, au sujet des outils et du changement de statut
de l’atelier. Puis nous continuons la réflexion avec
Raoul, le nouveau responsable de l’OCPH (Organisation
Catholique pour la Promotion Humaine) qui ne marche plus et que nous
essayons de relancer, ce qui n’est pas facile car il faut
changer les habitudes de laisser aller et de recherche du profit à
tout prix.
Heureusement, Jacqueline me donne un bon coup de main
pour saisir sur son ordinateur le compte rendu financier et le
rapport d’activités de nos actions en faveur des
victimes du 28 Septembre que Jean a préparé pour moi
avec soin et rapidité. C’est une chance qu’il y
ait ainsi des gens qui nous apportent leur aide. C’est ce qui
nous permet de tenir le coup et de mener autant d’activités
à la fois ; car, comme dit le proverbe ici : « Il
faut cinq doigts pour bien se laver la figure » !
Mardi
19 Janvier 2010 : Tôt le
matin (à 5 h 30), Raphaël me conduit en moto à la
gare routière pour être sûr d’avoir le
premier taxi en partance pour KANKAN où je vais commencer une
deuxième session à partir de 15 heures.
J’arrive juste à temps. Comme je n’avais pas pu
faire de formation l’année dernière, il y a
davantage de choses à reprendre ; et d’abord poser
les bases nécessaires pour le travail. Mais comme les gens
sont motivés, cela avance vite. Cette fois, les différentes
paroisses ont envoyé des délégués, et,
avec le soutien de l’OCPH du diocèse pour assurer le
suivi, j’espère qu’il y aura une suite.
Nous
travaillons spécialement le document sur l’évolution
du pays depuis une année et la prise du pouvoir par les
militaires. C’est important de voir d’où l’on
vient pour réorienter les choses et préparer l’avenir.
Nous ne sommes pas tous d’accord, mais nous cherchons
ensemble.
Lundi
18 Janvier : Je monte de bonne
heure à l’Archevêché car il y a beaucoup
de choses à faire et je dois voyager cette nuit. Nous
commençons par la réunion du Bureau de
l’Association de l’Atelier « Savoir-Fer »
des Enfants de la rue. Cet atelier a été lancé
par des bénévoles français pour répondre
à un vrai besoin d’éducation et de formation
des jeunes en difficultés. Ils ont très bien travaillé
au début. Ils envoyaient des jeunes volontaires, logés
et soutenus par le diocèse. Mais ne pouvant plus assurer le
suivi et la charge de l’Atelier, ils étaient venus me
voir jusqu’à Kataco pour me demander de prendre la
relève de leur association. En accord avec l’évêque,
nous avons accepté. Mais ils ont eu de la peine à
accepter nos nouvelles orientations et surtout à abandonner
le pouvoir. Bien sûr, nous n’avons pas pu accepter de
nous laisser téléguider depuis la France, d’autant
plus que la situation évolue sans cesse en Guinée et
ils nous ont mis des bâtons dans les roues. Maintenant, ils
veulent nous reprendre le matériel qu’ils nous avaient
donné, alors même que leur association est dissoute !
C’est quand même dommage qu’une belle action de
solidarité se termine ainsi ! Comme si les difficultés
n’étaient pas assez nombreuses pour ne pas s’en
créer des supplémentaires inutilement. Nos deux
formateurs, Hervé et Abdoulaye, sont gravement perturbés
par cette affaire.
Après cela, nous allons à la
banque pour retirer de l’argent pour la construction du
presbytère, et d’abord pour assurer la réparation
du forage qui nous a été offert par le CNDD mais qui
ne fonctionne pas et qui devrait nous permettre d’avoir de
l’eau, non seulement pour le chantier mais aussi pour les
besoins des gens du quartier. Ce n’est qu’aujourd’hui
que nous pouvons enregistrer nos signatures car jusqu’à
présent nous n’avions pas pu mettre en place un Conseil
économique viable. Il nous reste maintenant à trouver
les finances pour terminer les constructions. Cela ne va pas être
facile.
Ensuite, je passe à la Caisse de Sécurité
sociale. Voilà quatre mois que j’essaie d’y
inscrire notre cuisinière, mais les papiers ne sont toujours
pas faits ! Patience !....
Ensuite, travail avec Raoul,
le nouveau responsable de l’O.C.P.H. Nous étudions
d’abord un certain nombre de petits projets, pour apprécier
leur viabilité. Puis, nous réfléchissons à
l’orientation à donner à l’OCPH pour
qu’elle soit vraiment efficace et au service des plus
pauvres : ne pas faire des gens des assistés, mais
qu’ils agissent par eux-mêmes ; mettre en place une
gestion claire, sans détournements d’argent ni coulage.
Nous commençons aussi à préparer le prochain
Contrat de Travail de Raoul.
Je voulais partir à la gare
routière, mais l’évêque me demande de
travailler une nouvelle fois le projet de lettre pastorale pour
cette année 2010. Après cela, son chauffeur me conduit
à la gare routière.
Voyage CONAKRY –
KISSIDOUGOU.
Finalement, il faut deux heures pour que le
taxi-brousse se remplisse (tant qu’il n’a pas fait
le plein, il ne part pas) et encore trois heures avant qu’il
ne parte : le temps que le chauffeur aille manger et régle
ses différentes affaires. Il fait nuit quand nous démarrons,
pour 14 heures de voyage, à 10 personnes dans une berline,
serrées plus que des sardines… La plupart des
voyageurs parlent kissi ; je me retrouve donc en famille. Le
chauffeur, pour ne pas s’endormir, met des cassettes de
musique en permanence à tue-tête. Pas facile de dormir
dans ces conditions. De plus, toutes les vitres sont baissées
et comme c’est la saison fraîche, avec la vitesse, il
fait très froid. J’ai bien en deuxième
tee-shirt, mais il est enfermé dans mon sac, sur le toit du
taxi, au milieu d’un nombre énorme d’autres sacs.
Je m’attache un mouchoir autour du coup, mais cela ne
m’empêchera pas de prendre froid. Je ne serai pas en
forme pour assurer ma session de formation !
Mais le pire,
ce sont les barrages des militaires : 18 pendant le voyage !
Il faut descendre pour passer en rang à des postes de
contrôle, en pleine brousse où, la nuit, on risque de
tomber et de se blesser. On nous demande de présenter nos
cartes d’identité, sous prétexte de lutter
contre l’insécurité. En fait, c’est un
véritable racket organisé. Il faut renouveler sans
cesse ses cartes d’identité, de sorte que beaucoup de
gens n’en ont pas, en particulier ceux qui habitent dans les
villages. Car alors il faut aller faire de nombreux voyages jusqu’à
la préfecture parce que la carte n’est jamais prête,
ce qui oblige à revenir. Ensuite, ce sont des tracasseries
sans fin : les militaires ne savent pas lire mon passeport
(pour les étrangers, en Guinée, en plus du visa de
séjour, il faut un visa d’entrée sortie ! :
tout cela coûte très cher, mais c’est un moyen de
gagner de l’argent pour l’Etat… ou pour les
gendarmes, militaires, douaniers ou policiers de toutes sortes, car
bien sûr l’argent va dans leur poche). Après le
passeport, on me demande en plus une carte d’identité,
puis un ordre de mission, puis mon carnet de vaccinations, et enfin
5.000 FG que je refuse de payer, puisque je suis en règle.
Mais il ne suffit pas d’être en règle. Au poste,
un malien, qui a pourtant ses papiers, et alors que la libre
circulation est décrétée entre les différents
pays d’Afrique de l’Ouest, se fait arrêter et
dépouiller de tout son argent. Au retour, ce sont des
Nigérians qui arrivent en Guinée et qui se font tout
voler par les militaires. C’est une véritable honte !
Et les gens sont vraiment fatigués de ce comportement des
militaires qui obligent à payer 5.000 FG à chaque
barrage quand la carte d’identité n’est pas en
règle. C’est déjà une somme importante,
et énorme quand elle est payée à chaque
barrage. C’est pourquoi à tous les arrêts, ce
sont des discussions sans fin. D’ailleurs au retour, le
chauffeur ne fera même pas contrôler les cartes. Il
donnera directement l’argent aux militaires qui le laisseront
passer, sans contrôle. Avec tout cela, au lieu d’arriver
à 4 heures du matin, nous arrivons juste à 10 heures.
Les gens m’attendent car la formation devait commencer à
8 heures. Heureusement qu’ils sont patients… et qu’ils
connaissent les réalités du pays.
A ma descente du
taxi, deux Sierra léonais viennent me saluer. Je les avais
connus dans les camps de réfugiés et ils sont restés
en Guinée. Je suis tout heureux de les revoir et de constater
que ça va à peu près bien pour eux.
Formation
à « Justice et Paix ».
Cette
formation va durer jusqu’à jeudi soir. J’étais
venu l’année dernière pour une première
formation ; je vois aussitôt que les gens en ont très
bien assimilé l’enseignement, mais la mise en pratique
n’a pas suivi et ils ne sont pas passés à
l’action. C’est toujours le même problème !
Il va falloir avancer dans la formation, mais d’abord les
remotiver. D’autant plus que les problèmes du pays sont
énormes et que la situation a bien empiré depuis
l’année dernière.
Cette année, après
avoir revu les explications de base et revu comment mettre en place
une Commission « Justice et Paix », nous
abordons des points nouveaux : comment bâtir un plan
d’action ; comment agir sur les causes ;
comment faire une analyse sociale. Nous voyons les méthodes
et moyens d’action à notre disposition et expliquons la
non-violence active, dans la ligne des Gandhi, Martin Luther
King, Nelson Mandela, et donc de l’Evangile (Voir la
Session d’Abidjan, « Nouvelles du 8 au 15 Août
2009).
Ensuite, nous travaillons des passages importants de
la Déclaration finale des évêques, à la
suite du 2ème Synode pour
l’Afrique.
Puis nous travaillons le document que je
vous ai déjà envoyé sur la situation
du pays au 23-12-2009, 1er anniversaire de la
prise du pouvoir par les militaires. La discussion est très
approfondie et intéressante. Les opinions sont diverses, la
discussion a lieu d’une manière très pacifique,
dans l’écoute mutuelle, sans se couper la parole, et
dans le respect de tous. Cela nous permet d’améliorer
notre texte et de préciser les actions à mener.
Comme
à chaque fois, les participants ont très bien
travaillé. Mais ils n’étaient pratiquement que
du Centre. La communication n’est pas passée. C’est
un problème que nous retrouvons en permanence, faute de
motivation des responsables, des prêtres en particulier. Le
2ème problème reste la mise en pratique de
la formation.
Le soir, il me reste un peu de temps. Je rencontre
la communauté anglophone, composée essentiellement des
anciens réfugiés avec qui je travaillais, et qui ont
décidé de rester en Guinée. J’ai été
très heureux de les revoir et de passer un moment avec
eux.
Je termine la journée chez les Sœurs, dont
l’une, Jeanne, est très engagée pour « Justice
et Paix ». Nous évaluons ensemble la session.
A
cette session, j’ai spécialement apprécié
la présence du curé, Raphaël, qui a suivi la
formation en permanence. C’est le premier prêtre dont
j’ai assisté à l’ordination à mon
arrivée en Guinée, en 1996. Nous nous entendons bien
et j’apprécie la façon dont il essaie de bâtir
sa paroisse. Nous avons d’ailleurs profité des pauses
pour parler ensemble.
Dimanche
17 Janvier : Réunion
de la Commission diocésaine de « Pastorale
Sociale », comme chaque mois.
Je concélèbre
avec le prêtre qui a fondé cette paroisse de Notre Dame
des Monts d’Hambdallaye. Il vient de rentrer de France après
ses études et est venu saluer ses ex-paroissiens. La joie est
grande ! C’est cette église qui a été
construite par l’ex-ambassadrice de France en Guinée,
qui, par ailleurs, m’avait décoré de la Légion
d’Honneur. Bien sûr, j’étais à
l’inauguration de l’église, à laquelle je
me sens très lié.
Pour la rencontre, j’ai
comme toujours une impression mitigée. Les participants sont
très sympathiques et semblent motivés, mais ils ont
toujours autant de mal à passer à l’action. Et
puis, j’ai l’impression de toujours recommencer à
zéro, car ce ne sont presque jamais les mêmes personnes
qui reviennent d’un mois sur l’autre.
L’une des
questions longuement abordée est celle des finances, car il
faut bien sûr des moyens pour aider les pauvres et pour lancer
des petits projets. Heureusement Suzanne est là, avec toute
l’expérience de son quartier de Yimbaya. Elle leur
explique comment se prendre en charge par des cotisations, des
quêtes, une participation de la paroisse, et d’autres
activités, pour avoir de l’argent. En effet, nous
insistons beaucoup sur la contribution locale. Nous n’aidons
les gens et groupements que s’ils ont commencé par
faire quelque chose par eux-mêmes. Un proverbe d’ici
affirme : « Si tu veux qu’on te lave le dos,
commence par te laver le ventre ! ». Et nous
insistons beaucoup sur le travail en commun, comme le dit un autre
proverbe : « Un seul doigt ne peut pas ramasser un
caillou par terre ». A Yimbaya, ils se sont lancés
dans la fabrication de savon artisanal à partir de l’huile
de palme : cela fournit un petit revenu à une vingtaine
de veuves. A Sangoya, ils ont lancé une petite boulangerie ;
à Hamdallaye, des femmes rassemblées en groupement
vendent des légumes venus du village ; ailleurs, c’est
un atelier de teinture.
Le soir, à mon retour, des gens
m’attendent pour des problèmes de mariages et autres.
Samedi
16 Janvier : Le matin, rencontre
du Conseil Paroissial de la paroisse de TAOUYAH. La paroisse est
en pleine évolution et il y a beaucoup de choses à
traiter. Le premier point, c’est d’évaluer la
façon dont nous avons vécu le temps de l’Avent,
la préparation de Noël et les différentes fêtes
(voir les « Nouvelles » du mois de
décembre) à tous les niveaux : matériel
et spirituel, personnel, familial et en communauté, par les
chrétiens et avec les autres, etc… Comme les
responsables de pratiquement tous les groupes sont venus, il y a
beaucoup d’interventions. Les innovations pour les prières
et les messes sont appréciées, de même que la
Veillée de Noël où différents groupes –y
compris d’adultes, pas seulement les enfants et les jeunes-
ont présenté comment vivre Noël aujourd’hui.
Au lieu de présenter toujours les mêmes tableaux de
Noël.
On a félicité les jeunes pour la Fête
des enfants du 25 décembre, très bien organisée,
et pour laquelle on a invité des enfants travailleurs, des
enfants de la rue, des enfants mendiants et handicapés. Il
faudra voir comment suivre et soutenir ces enfants tout au long de
l’année.
Pour la préparation spirituelle de
Noël, nous avions demandé à tous de créer
des liens et de soutenir les handicapés à tous les
niveaux. Et de prendre un temps de réconciliation en famille,
réunis tous ensemble. Cela n’a pratiquement pas été
fait. Il faudra revoir cela au moment du Carême.
Nous
abordons aussi les aspects matériels et financiers. Au
vu des activités réalisées, il n’y a pas
eu de détournement d’argent. Mais il reste toujours
difficile d’obtenir des comptes clairs et précis.
Pourtant, cela est très important. Non seulement pour
l’Eglise, mais aussi pour la vie du pays. Je n’ai pas
encore pu obtenir les comptes des différents groupes de
l’année passée. Nous décidons que toute
aide sera bloquée tant que ces comptes ne seront pas
présentés. Déjà, à mon arrivée
à la paroisse en Octobre, j’avais constaté que
le Conseil économique ne fonctionnait pas. Il nous a fallu
deux mois pour mettre en place un nouveau Conseil ; maintenant,
c’est fait. Nous leur avons demandé de reprendre tous
les comptes depuis 2006 pour vérification et
éclaircissements, afin de pouvoir élaborer un
programme économique valable et réaliste pour cette
année. C’est un gros travail. Heureusement que les
documents sont là.
A ce niveau, notre premier souci est de
remettre en état le forage qui nous a été
offert par le CNDD, mais dont certaines pièces sont
défectueuses. Les soucis d’économie ne sont pas
toujours rentables à long terme. Le remplacement des pièces
va nous coûter cher, nous allons donc faire des quêtes
spéciales car c’est nécessaire ; pas
seulement pour avoir de l’eau à la paroisse, mais
surtout pour fournir de l’eau aux gens du quartier qui n’en
ont pas.
Notre deuxième souci, c’est la construction
du presbytère. Dans un premier temps, nous voudrions au
moins aménager une chambre pour le prêtre qui vient
dire des messes chaque week-end depuis le Grand Séminaire
situé à 35 km de Conakry, puisque mes autres
responsabilités font que je ne suis dans la paroisse que le
premier dimanche de chaque mois. Nous avons mis un lit dans un futur
bureau, mais il n’y a ni eau, ni électricité, ni
cabinet.
Les nombreuses interventions et les problèmes
abordés nous empêchent d’aller au bout de l’ordre
du jour. Je me contente de donner quelques impressions sur la marche
de la paroisse et des différents Mouvements. Le responsable
de la Jeunesse donne des pistes pour la relance des activités
des jeunes à partir de demain. Et la vice-présidente
annonce le lancement d’une coordination des enfants pour la
paroisse pour le 1er dimanche de février. C’est
pour nous une nouvelle étape importante dans l’organisation
de la paroisse et dans laquelle nous mettons beaucoup d’espoir.
Il
nous reste beaucoup de points à aborder ; ce sera pour
la prochaine fois, car le temps est dépassé et nous
sommes fatigués. De plus, des gens nous attendent déjà
pour la catéchèse, la préparation des baptêmes
et des mariages, les contacts, les problèmes, les cas
sociaux, les souffrances à soulager, les gens à
défendre, les cas à solutionner, et tous les autres
soucis et difficultés.
J’ai bien avancé le
travail à la paroisse (sans l’avoir terminé…
car c’est un travail sans fin !) et cela fait plaisir de
voir que les choses avancent.
Vendredi
15 Janvier : Retour à
l’Archevêché. Activités diverses, avec
tous les imprévus… ça met du piment dans la
vie !
Avec Jean, nous préparons la suite du soutien
aux blessés du 28 septembre et aux familles en deuil.
Le
diocèse de NZEREKORE. J’apprends qu’Eléonora,
une volontaire du Secours Catholique d’Italie, vient de
rentrer. Elle travaille à l’extrême sud du
pays d’où la difficulté de nous rencontrer.
J’en profite donc pour parler avec elle de ce qui se passe
dans le diocèse de Conakry, des projets de développement
qui sont en cours, et du travail de « Justice et Paix ».
J’étais parti donner une première formation
l’année dernière, mais il faudrait assurer le
suivi et reprendre les choses. Ce n’est pas facile, vu les
distances, les difficultés de déplacement et de
communication, la situation actuelle du pays, et tout le travail qui
est le mien, sans parler de la fatigue et des problèmes de
santé. Eléonora m’explique ce qu’ils sont
en train de mettre en place ; je lui donne mon point de vue et
nous voyons ensemble ce qu’il est possible de faire. Nous
travaillons dans des conditions vraiment très difficiles. La
bonne volonté et le courage ne peuvent pas toujours surpasser
ces nombreux obstacles.
Dans la foulée, j’en profite
pour rencontrer David, le responsable de C.R.S. qui vient de
rentrer lui aussi d’Italie. Il partage avec Eleonora et moi
ses différents contacts au niveau de l’organisation
internationale et le bureau pour l’Afrique des Caritas
(Secours Catholique). Nous voyons les conclusions à en tirer
pour améliorer notre travail sur le terrain. Nous dégageons
des priorités pour cette année et préparons la
rencontre avec les évêques la semaine prochaine.
Puis
nous passons aux projets que nous avons en cours : les deux
commissions de « Justice et Paix » et de
« Pastorale Sociale), le soutien aux victimes du 28
septembre (voir les « Nouvelles »
antérieures), les écoles de brousse, les jardins
d’enfants, les enfants de la rue, etc…
Jeudi
14 Janvier : Réunion
mensuelle de notre communauté religieuse missionnaire
spiritaine.
Comme chaque mois, nous faisons le point de notre
vie de prière et de communauté, depuis « l’entente
fraternelle » toujours à améliorer
jusqu’aux « questions matérielles et
financières ». Nous cherchons à faire le
maximum pour nous-mêmes, et à vivre aussi simplement
que possible, en communion et à l’unisson des
Guinéens.
Ensuite, je me retrouve avec Emmanuel, notre
stagiaire, pour examiner les différentes activités
de la paroisse. C’est une très grande paroisse,
avec un certain nombre de problèmes et de tensions. Il y a
donc beaucoup à dire… et à faire. Emmanuel est
nigérian, il faut donc l’aider à entrer dans la
culture guinéenne et la vie du pays. Et aussi lui faire
comprendre nos façons de travailler en fonction des réalités
locales. Cela demande du temps, mais il est en formation. C’est
donc très important. Mais Emmanuel est très engagé
et a d’excellents contacts avec les gens ; nous nous
entendons donc bien. Il est en formation, mais il nous apporte aussi
son expérience du Nigeria et du Sénégal. Et
aussi un parfum de jeunesse.
A la fin de notre rencontre,
Georges, le responsable des CV-AV, le Mouvement des enfants,
vient nous rejoindre. Nous préparons le travail avec les
enfants. Cette année, notre thème d’action porte
sur « les droits de l’enfant ». Nous
voulons aider les enfants à devenir des acteurs actifs et
engagés de leurs droits (et aussi de leurs devoirs, cela va
ensemble. D’ailleurs les droits des autres, ce sont nos
devoirs !) Et tous les enfants ont des droits. Nous sommes donc
spécialement attentifs à ce que les enfants les plus
faibles ou démunis ne soient ni oubliés, ni
marginalisés.
Le soir, je travaille à un texte
« Vivre la messe dans toute notre vie ». C’est
le thème que notre évêque a choisi pour le
diocèse, cette année. J’aurais préféré
que l’on travaille à la mise en pratique du 2ème
synode pour l’Afrique, mais c’est l’évêque
qui décide ! Nous allons veiller à ce que, au
moins, ce texte rejoigne la vie des gens, aborde des choses
concrètes, et aboutisse à des actions avec tous, sans
se limiter à la seule liturgie. Ce n’est pas facile.
Mercredi
13 Janvier : Toute la matinée
avec un certain nombre de personnes engagées, ayant des
responsabilités dans la Société, nous
travaillons un document où nous essayons d’analyser
et d’évaluer ce qui s’est passé dans le
pays depuis la prise de pouvoir par les militaires du CNDD
(Comité National pour la Démocratie et le
Développement) le 23 décembre 2008, le lendemain de
la mort de l’ancien président Lansana CONTE. La
rédaction en est difficile car, bien sûr, les avis sont
partagés, mais surtout la situation est très délicate
et évolue sans cesse ; il faut donc bien réfléchir
à ce qu’on dit et bien peser les mots. Mais cette
réflexion nous semble absolument nécessaire au moment
où nous entamons une étape nouvelle et une période
de transition dans le pays.
L’après-midi, rencontre
de la Commission diocésaine de la Jeunesse, avec les
délégués de toutes les paroisses, autour de
l’Archevêque. Depuis 2 ans, et suite en particulier à
l’assassinat du Frère Joseph DOUET à Kataco
(Lien avec « Kataco »
dans mon site), nous avons lancé tout un travail de
réflexion et de formation avec les jeunes, pour répondre
à leurs problèmes (manque de formation, chômage,
pauvreté, etc…) et les aider à s’engager
dans la vie du pays. L’évêque a envoyé un
message aux jeunes qui a été lu personnellement
et en groupes, et ensuite travaillé dans des assemblées
générales (Forum) : plus de 700 jeunes à
Kataco pour le BAGATAI (région de Kataco et Boffa où
je travaillais alors). Nous avons poursuivi cette réflexion
au cours des vacances, pendant les trois sessions bibliques
d’une semaine, organisées pour les jeunes. Suite à
tout cela, nous avons rédigé un document reprenant les
réflexions et propositions des jeunes, en cinq points :
1) L’engagement dans l’Eglise ;
2)
L’engagement dans la Société ;
3)
Justice et Paix : mise en pratique du 2ème
synode pour l’Afrique ;
4) Les problèmes des
jeunes : chômage, drogue, violence, sorcellerie et
maraboutage ;
5) l’Evangélisation et le
dialogue avec les autres religions.
Aujourd’hui,
nous faisons le point du travail accompli. Comme toujours, les
actions menées sont variables selon les groupes. Puis nous
voyons comment continuer formation et actions.
Dans un deuxième
temps, nous examinons ce qu’il faudrait faire au niveau des
enfants. Il existe plusieurs mouvements d’enfants, mais il est
nécessaire de coordonner ce qui se fait et de proposer des
actions communes à tous les enfants. Et mieux adaptées
à la vie des enfants. Pour cela, nous posons les bases d’une
commission de l’enfance, animée par les enfants
eux-mêmes et distincte de la Commission de la jeunesse. Nous
allons partir de la base, en commençant par les paroisses
volontaires, pour avoir une base d’expériences
concrètes sur lesquelles bâtir cette commission.
Mardi 12 Janvier : Les fêtes sont terminées, il faut se remettre au boulot ! Je monte donc à l’Archevêché pour le travail avec les différents services, l’accueil des personnes en difficultés, les différents contacts, le suivi de l’atelier « Savoir-Fer » des enfants de la rue, le travail à l’imprimerie et à la procure, la réorganisation de l’OCPH (Organisation Catholique pour la Promotion Humaine, l’équivalent du Secours Catholique en France), etc… Bien sûr, comme chaque jour, nous prenons un temps de réflexion avec l’Archevêque sur la situation du pays qui évolue très vite en ce moment, et sur les différents problèmes en cours. (Voir mon site, à ces différentes rubriques).
Lundi 11 Janvier : La crise de palud m’a beaucoup fatigué ; je prends donc une journée de repos, ce qui me permet de classer un certain nombre de documents. Il faudrait aussi que je nettoie sérieusement ma chambre. Je dois le faire depuis longtemps, mais je n’en ai pas le courage !
Dimanche
10 Janvier : Première
rencontre de la Commission diocésaine de « Justice
et Paix » pour cette année. Nous sommes dans
le quartier de KOLOMA. Comme d’habitude, nous prenons un temps
pour rencontrer les responsables de la paroisse et pour travailler
avec la Commission paroissiale. Ensuite, les délégués
des différentes paroisses font le point de leur Commission,
puis nous y réfléchissons tous ensemble, pour
améliorer notre travail et tracer de nouvelles pistes
d’actions. Enfin, nous prenons un temps de formation qui porte
sur deux points : 1) L’analyse sociale : comprendre
ce qui se passe en réalité avec les différentes
structures, pour agir sur les causes des injustices. 2) Une
réflexion sur les méthodes d’action non
violentes, dans la ligne de Gandhi et Martin Luther King, mais aussi
d’Africains, comme Nelson Mandela et Desmond Tutu par exemple.
D’ailleurs de nombreux groupes d’actions non violentes
actives naissent et agissent actuellement un peu partout en
Afrique.
A la fin de la rencontre, nous distribuons les documents
que nous avons préparés pour la formation continue des
membres. Puis nous nous retrouvons avec les 32 animateurs diocésains
de la Commission pour évaluer tout cela et établir
notre plan de travail pour le mois.
Samedi
9 Janvier (suite) : Les
Centres aérés sont une expérience qui nous
semble très importante et à laquelle nous tenons
beaucoup. Nous l’avons lancée l’année
dernière dans quatre quartiers et nous voulons maintenant
l’étendre. En effet, beaucoup d’enfants traînent
pendant les vacances. Ils restent à ne rien faire, quand ils
ne se bagarrent pas. Ils passent leur temps à jouer aux
cartes pour un peu d’argent, ce qui les entraîne à
voler pour avoir l’argent nécessaire au jeu. Certains
sont même récupérés par des bandes qui
les entraînent dans la délinquance et la drogue. Leurs
parents, totalement pris par des activités de survie pour
faire vivre la famille, n’ont pas le temps de s’occuper
d’eux. C’est pourquoi nous voulons organiser ces centres
aérés avec trois types d’activités :
1°) Des activités scolaires : il ne s’agit
pas de vrais cours de vacances, mais plutôt de donner aux
enfants scolarisés les bases qui leur manquent :
apprentissage du français, lecture et écriture,
calcul ; et alphabétisation pour les enfants qui ne vont
pas à l’école.
2°) Education par le jeu.
En particulier par des jeux que nous avons composés sur « les
droits de l’enfant ». Pour qu’ils soient
formés, engagés et responsables des autres enfants. Et
actifs dans leurs familles, leurs écoles et leurs
quartiers.
3°) Des chants, danses, jeux, théâtres,
bricolage, activités manuelles, et tous les types de
formation qui sont possibles avec les petits moyens qui sont les
nôtres.
Bien sûr, nous nous adressons en priorité
aux enfants de familles nécessiteuses et aux enfants en
difficulté ou en danger moral, sans aucune distinction
d’ethnie ou de religion. Et nous cherchons à impliquer
le maximum de personnes. Ce qui nous amène à
travailler avec les autorités, les différentes
personnes ressources et responsables dans les quartiers, et aussi
les imans. Nous cherchons à impliquer également les
Mouvements de Jeunes (Scouts, CV.AV, …) et autres groupes
actifs (Communauté Sant Egidio, chorales….). Mais il
nous faut former en même temps des éducateurs pour
cela.
Les éducateurs travailleront bénévolement
avec les enfants pendant tout le mois d’Août. Ils sont
motivés pour cela. Mais bien sûr il nous faudra trouver
un minimum de moyens. L’année dernière, c’est
un ancien coopérant de Guinée qui nous avait aidés.
Pour cette année, des personnes se sont déjà
manifestées pour nous aider, à commencer par des
Guinéens ; nous espérons qu’il y en aura
d’autres, car les besoins ne manquent pas !
Samedi
9 Janvier 2010 : Aujourd’hui
début de la formation des éducateurs pour les
Centres aérés de l’été 2010.
Là, je ne peux pas y couper, il faut y aller ! Mais
comme ça se passe bien et que les participants sont vraiment
motivés et intéressés, je n’ai pas trop
de peine à suivre et à faire avancer le travail.
Il n’empêche que je suis bien fatigué et que je
n’irai pas à la paroisse ce soir. Emmanuel, le
stagiaire, assurera la permanence. Il faut que je me ménage
jusqu’à ce que j’aie repris des forces, car le
trimestre ne fait que commencer, et il va certainement se passer des
tas de choses.
Lundi
4 Janvier 2010 : J’essaye
de reprendre les activités, avec difficulté :
rencontres avec les paroissiens et à l’archevêché
(Justice et Paix, Pastorale sociale). Le soir, nous nous retrouvons
dans une famille pour une messe du 8ème jour après
l’enterrement. Il y a beaucoup de monde, car c’était
une vieille dame chrétienne d’une famille très
connue et qui a fait des tas de choses dans sa vie.
Le reste de
la semaine, j’espère pouvoir limiter les activités
et les alterner avec des temps de repos. Le vendredi soir (8
janvier), après une journée très chargée
à l’Archevêché, je dois renoncer à
aller dire la messe dans une communauté de quartier. Ils
feront la réunion de communauté sans moi… ce
qui n’est pas mal d’ailleurs.
Dimanche
3 Janvier 2010 : Réunion
générale des femmes.
Les choses se mettent en
place peu à peu. Les femmes ont tracé un programme
d’action avec des choses intéressantes. Mais je
voudrais qu’elles se centrent davantage sur leurs problèmes
de familles, qui ne manquent pas, pour chercher ensemble des
solutions, car personne d'autre ne le fera à leur
place.
Pendant la messe, nous accueillons les nouveaux
catéchumènes de cette année, en six
langues : français, soussou, gbele, loma, kissi et baga,
avec les différentes communautés, en reprenant les
rites d’accueil des différentes cultures guinéennes.
Dans la joie, et la danse !