Jeudi 31 Décembre 2009 : De 22 h. à minuit : veillée en trois temps pour la fin de l’année : 1. demande de pardon ; 2. offrande de tout ce que nous avons fait ; 3. préparation de l’année qui vient et vœux de bonne année… que je renouvelle pour tous.
Mardi
22 Décembre : Comme j’ai
de la peine à me déplacer, je reste à la maison
pour classer les différentes affaires. Cela tombe bien car
mes confrères de Kataco et de Boffa, les deux paroisses où
j’ai travaillé les années précédentes,
arrivent. Nous faisons le point du travail du trimestre précédent,
des fêtes à venir et de la préparation de
l’année prochaine. J’en profite pour organiser
une deuxième expédition des produits du conteneur, en
particulier vers les dispensaires.
J’écoute la
radio. On annonce l’exécution en Chine d’un
militant des droits de l’homme, sur RFI (Radio France
Intrernational : « la radio du monde »).
Bien sûr, ça me révolte. Mais le journaliste
ajoute : « C’est le 1er européen
exécuté en 50 ans ». Et s’il avait
été chinois ou africain, est-ce que cela n’aurait
pas été aussi grave ? Est-ce que toute vie
humaine n’a pas la même valeur ? S’il
s’agissait encore d’une radio française
s’adressant à des français… mais c’est
une radio internationale, émettant en Afrique et pour
l’Afrique. Et c’est la même chose quand il y a un
accident ou une guerre : tant de blessés français,
tant de morts européens… Et les autres alors ?
Nous
préparons Noël dans une situation très tendue
et très difficile. Ce n’est pas simple d’être
le plus près possible de ceux qui souffrent et sont traités
injustement, sans se faire récupérer. Ni de s’engager
à fond pour l’avenir du pays, tout en restant
indépendant et cependant constructif. C’est pourquoi
nous nous retrouvons régulièrement pour échanger
nos points de vue et chercher ensemble des solutions valables et
acceptables par tous. Car les chrétiens sont conduits eux
aussi par des intérêts ethniques, économiques ou
autres. Nous avons bien besoin de la lumière de l’Evangile
du message de Noël. De même, on nous demande des prières
pour la santé du Président, ce qui est normal. Mais
certains cherchent à cette occasion à compromettre
l’Eglise et à faire croire qu’elle soutient
absolument le président, le CNDD et tout ce qu’ils
font. Rien n’est simple. J’ai apprécié que
l’Archevêque, dans son homélie de Noël, ait
demandé de prier aussi bien pour la santé de tous les
blessés du 28 Septembre que pour celle du Président.
Et pour tous les morts, de quelque côté qu’ils
soient.
Les deux semaines qui suivent ont été
difficiles pour moi. Mon palud me fatigue beaucoup et traîne
en longueur, car à la fin de ce trimestre, avec ma plaie à
la cheville, toutes les activités et les nombreux problèmes,
j’arrive à être très fatigué. Je
suis donc couché, pour cause de palud. Je me lève pour
les messes et différentes prières et, aussitôt,
je retourne me coucher. Comme les paroissiens ne veulent pas que je
rentre en taxi collectif, ils se relaient pour me ramener, à
tour de rôle. Heureusement que nous avions préparé
les cérémonies à l’avance.
A
NOEL, pour la veillée, ils présentaient
toujours les mêmes tableaux bibliques. En réunion du
Conseil Paroissial, nous avions décidé de changer, et
nous avons demandé à chacun des groupes paroissiaux de
nous présenter comment vivre Noël aujourd’hui, à
chacun selon ses orientations. Ce fut très réussi et
apprécié par tous.
Pour la préparation de
Noël, nous avions demandé à chaque famille de
prendre ensemble un temps de réconciliation pour vivre Noël
dans la paix et, à partir des familles, mettre la paix dans
les quartiers. Comme point d’attention pendant l’Avent,
nous avions choisi les handicapés qui sont malheureusement
nombreux à Conakry, avec pour objectifs : les connaître,
créer des liens d’amitié, les soutenir de toutes
les manières possibles.
Depuis Octobre, nous avions
préparé la fête des enfants pour le jour de
Noël et pour cela nous avions contacté les enfants
du quartier vivant dans la rue, ceux des orphelinats, les enfants
travailleurs au marché et à la gare routière,
ceux de la cité des mendiants, etc… Nous avons voulu
que ce soit un jour de fête pour eux tous. Mais nous ne
voulons pas nous limiter au repas et aux cadeaux. Nous allons donc
voir comment continuer à travailler avec eux tout au long de
l’année.
Le jour de Noël, baptême des
bébés. Bien sûr, je fais participer et donne
la parole et un rôle aux parents, parrains et marraines,
catéchistes et responsable de Communautés. Pour une
première fois, ça étonne les gens, mais ils
apprécient.
Lundi 21 Décembre 2009 au Mercredi 13 Janvier 2010 : Je fais la navette entre mon lit et les trois paroisses de notre secteur. Mon palud me fatigue énormément, mais il n’est pas question de négliger la préparation de Noël : réconciliations, prières, rencontres, confessions. Heureusement que les gens sont patients et compréhensifs. Et que beaucoup prennent leur part au travail et font même le maximum : cela fait du bien et encourage !
Dimanche
20 Décembre 2009 :
Rencontre de la Commission diocésaine de Pastorale
sociale.
Dans cette paroisse, les choses ont beaucoup de
peine à se mettre en place. Les gens ne se mobilisent pas et
ne s’organisent pas. Ils sont prêts à faire
l’aumône et à aider leurs concitoyens autour
d’eux, mais pas à avoir une action d’ensemble, à
attaquer les vraies causes de la pauvreté ou à lancer
des action de développement. Il y a toute une éducation
à faire et une réflexion qui demandera beaucoup de
temps et d’efforts. Malgré tout, nous faisons le tour
des différentes paroisses représentées pour
voir ce qu’elles font déjà et préparer
les actions futures. Puis nous prenons un temps de formation, à
partir des documents et comptes rendus que nous avons préparés
et que vous pouvez retrouver à la rubrique « Pastorale
sociale ».
Je rentre avec la fièvre : une
crise de palud que je sentais venir depuis plusieurs jours.
J’ai l’habitude, c’est la même chose chaque
année avec le changement de saison et la fatigue du premier
trimestre. J’ai les médicaments nécessaires en
réserve, mais la crise va durer plusieurs jours et je ne
serai pas en forme pour Noël. Tant pis ! Il faudra quand
même tout faire pour apporter la joie à tous.
En
attendant, il y a tous les préparatifs de la fête, et
aussi les confessions à assurer dans les différentes
paroisses de notre secteur. En effet, nous nous regroupons, tous les
prêtres du secteur, pour faire successivement le tour des
différentes paroisses (une par jour). Mais pour aujourd’hui,
je déclare forfait ! Et, pour la suite, j’essaie
d’alterner un temps de repos après chaque
activité (quand c’est possible). Ca me permet au moins
d’écouter la radio. En particulier le compte-rendu de
la Commission d’enquête des Nations Unies au
sujet de la tuerie, des coups et viols du 28 Septembre. Ils sont
déclarés « crime contre l’humanité ».
Mais nous avons de la peine à comprendre les accusations
portées par exemple contre le lieutenant PIVI qui n’était
pas présent au stade ce jour-là (même s’il
a été cause de nombreuses violences dans le passé) ;
ou contre le capitaine THIEGBORO, alors que dès le lendemain
les chefs de l’opposition avaient affirmé que ce
dernier les avait protégés et qu’ils l’avaient
remercié. Il est vrai qu’il ne s’agit que d’une
enquête et d’accusations. De même, contre le
Président Dadis CAMARA ; c’est lui-même qui
a demandé cette enquête de l’ONU et il s’est
présenté devant elle. S’il était aussi
coupable qu’on le dit, l’aurait-il fait ? On a
l’impression que l’ONU est manipulée par un
certain nombre de grandes puissances, en fonction de leurs intérêts
ou du moins de motifs que nous n’arrivons pas à
comprendre. On nous annonce la venue d’un T.P.I. (Tribunal
Pénal International). Espérons qu’ils feront une
enquête plus sérieuse, suivie d’un jugement
impartial !
Un ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire
affirme : « Bernard KOUCHNER en fait trop ».
Et c’est vrai qu’il vient d’affirmer à
l’Assemblée Nationale que le Président Dadis
« ferait mieux de rester dans son lit au Maroc ».
Je pense que ce n’est pas ainsi que l’on parle d’un
Chef d’Etat devant des députés. Les Guinéens
ressentent cela comme un manque de respect grave et une immixtion
inadmissible dans la vie de leur pays. Le ministre guinéen
des Affaires étrangères l’a dit calmement, mais
avec force.
Bien plus, Bernard KOUCHNER affirme que « le
retour de Dadis en Guinée entraînerait une guerre
civile ». A partir de quoi dit-il cela ? Alors que
nous faisons tout pour rétablir de bonnes relations sociales,
on n’a pas besoin que l’on vienne nous parler de guerre
civile. Que cherche-t-on ? C’est vraiment de la
provocation !
Enfin, ce même ministre affirme que la
population vit dans la terreur et que « les mères
n’osent plus aller au marché avec leurs enfants ».
C’est complètement faux, comme j’en suis témoin.
Les enfants vont normalement à l’école, sans
problème. Et même si les mères ne vont plus au
marché, ce n’est pas à cause de l’insécurité,
mais de la pauvreté. Et de cela, l’Union Européenne
en est en grande partie responsable, car elle a bloqué toute
aide économique à la Guinée depuis plus d’un
an maintenant. Il y a des choses qui nous font honte et nous
révoltent. A l’inverse, j’apprécie les
députés maliens venus sur place voir eux-mêmes
ce qui se passe en Guinée et qui affirment : « Ce
n’est pas le moment d’abandonner la population » !
En tout cas, nous sommes fatigués des contre vérités
et affirmations tendancieuses sur la Guinée de la part non
seulement de média, mais aussi de responsables occidentaux.
Samedi
19 Décembre : Plusieurs
rencontres tout au long de la matinée.
A 14 heures, un
nouveau mariage mixte : une chrétienne avec un
musulman, entourés d’une très nombreuse
assistance. Nous introduisons bien sûr les rites
traditionnels, mais cette fois-ci, les jeunes mariés sont
d’une autre ethnie : ce ne sont plus des guerzés,
ce sont des tomas, du sud de la Guinée. (J’ai déjà
parlé longuement, il y a quelques jours, de ces mariages
mixtes).
Je ne peux pas rester longtemps à la fête,
car nous avons une rencontre des catéchistes : le
trimestre se termine, il faut en faire l’évaluation,
organiser l’accueil des nouveaux catéchumènes et
préparer le prochain trimestre avec les différentes
cérémonies (étapes du baptême).
Vendredi
18 Décembre : Journée
chargée. D’abord avec CRS pour revoir notre
plan d’action pour l’année 2010 et son
financement. Beaucoup de choses ont évolué depuis le
moment où nous avions rédigé le projet. Il va
falloir revoir le projet pour l’adapter aux réalités
actuelles : situations de violence, pauvreté
grandissante, etc…
Ensuite, nous nous retrouvons avec les
volontaires pour faire le tour de leurs activités. Ils ont
trouvé de nouveaux blessés du 28 Septembre
et familles en deuil qui se cachaient jusqu’à
maintenant. Puis nous organisons la distribution de nourriture et de
soutien aux 81 familles que nous suivons actuellement.
Et les
problèmes de chaque jour à régler : une
femme renvoyée par son mari, une jeune fille reniée
par son père, un directeur d’école à la
recherche de livres scolaires (que je vais pouvoir lui donner, j’en
ai quelques-uns en réserve), et la suite de la distribution
du matériel médical et aliments pour bébés
reçus dans le conteneur d’Appel Détresse.
Après
tout cela, nous nous asseyons avec Raoul pour commencer à
analyser les différents petits projets de développement
qu’on nous a soumis.
Mais il est temps que j’aille
dans un quartier de la paroisse, dans la grande banlieue, pour la
réunion de la Communauté, suivie de la Messe. Une
journée bien remplie.
Jeudi
17 Décembre : Le matin,
rencontre avec Philippe qui arrive de France. Il a longtemps
travaillé en Guinée, à l’OCPH et à
KATACO, où j’ai moi-même servi. Actuellement, il
est responsable en France de la D.C.C. (Délégation
Catholique à la Coopération). Ils préparent des
personnes à partir en coopération, pour deux ans
généralement. Nous étudions avec lui la
possibilité de faire venir un coopérant pour la
gestion du centre de formation au développement de WONKIFON
que nous sommes en train de lancer et dont j’ai déjà
parlé plus haut. Nous parlons ensuite de la situation de la
Guinée et des différentes activités. Pour nous,
ces visites sont importantes. Elles nous permettent de faire le
point et de voir plus clair dans ce que nous faisons.
L’après-midi,
nous nous retrouvons avec les responsables des Centres aérés
de l’année dernière pour élaborer un
programme de formation à partir de janvier jusqu’en
août. Le problème va être maintenant de trouver
des volontaires pour être éducateurs et surtout
mobiliser les paroisses pour qu’elles les soutiennent.
Le
soir, rencontre avec le Conseil économique et le Conseil
paroissial autour de notre évêque, au sujet des
questions financières de la paroisse. Il est venu avec un
Frère, arrivé du Burkina Faso pour nous aider pour
toutes ces questions financières. C’est très
important, car il faut que progressivement nous arrivions à
nous prendre en charge, sans toujours dépendre de l’extérieur
même si, en même temps, nous restons très
reconnaissants à tous ceux qui continuent à nous
aider, pour nous permettre d’aider ceux qui en ont besoin et
qui sont nombreux autour de nous.
Mercredi
16 Décembre : Travail à
l’Archevêché : organisation des activités
de la jeunesse au niveau de la ville. Il y a des choses à
réorganiser. Un certain nombre de responsables paroissiaux
sont en place depuis longtemps. Ils se sont mariés. Il ne
sont plus jeunes et sont déphasés. Mais ils ne veulent
pas laisser la place ! Cela en traîne beaucoup de
lourdeur, et dans certaines paroisses les activités n’ont
pas encore démarré.
De plus, la Commission a pris
l’habitude d’organiser des activités comme des
conférences, des grandes manifestations, des soirées
dansantes, des compétitions de foot-ball, mais du coup il n’y
a plus d’actions à la base, ni d’engagement réel
dans la vie du pays. Il va falloir revoir tout ça.
A
l’Atelier, un professeur à la retraite d’un
lycée technique vient nous voir en disant : je n’ai
pas d’argent à vous donner, mais j’ai une
expérience dans l’enseignement. Je peux vous donner des
documents et des conseils. Ce que nous acceptons avec
joie.
Rencontre avec les Sœurs, sur l’éducation
à la paix dans leur école. Le 8 Décembre,
elles ont fait une marche pour la paix dans la ville de COYAH avec
leurs élèves. Je leur ai laissé aussi des
fiches d’éducation à la paix pour les
différentes classes. Je leur donne rendez-vous pour leur
expliquer nos jeux sur les droits de l’homme et les droits de
l’enfant la semaine prochaine.
L’OCPH
(Organisation Catholique pour la Promotion Humaine), la Caritas
Guinéenne, équivalente du Secours Catholique, ne
marchait plus depuis quelques années, à la fois par le
laisser aller et par manque de moyens. Les responsables s’étaient
fonctionnarisés, ils voulaient des projets grandioses au lieu
de commencer par des petites actions que les gens peuvent prendre
eux-mêmes en main. Nous avions dû arrêter les
choses l’année dernière. Après avoir
longuement réfléchi, nous allons maintenant relancer
les activités avec un nouveau responsable. Il a une longue
expérience professionnelle et a travaillé longtemps
dans la Commission Justice et Paix.
Mardi
15 Décembre : Je reste à
la maison pour préparer un certain nombre de documents et
réponses à des courriers importants.
A 11 heures,
arrive Bernadette, une jeune journaliste. Elle vient enregistrer une
émission radio. Elle est un peu intimidée car
elle débute dans le travail. Je lui donne des indications
pour monter l’émission et pour son animation. Depuis
que l’autorisation en a été donnée, il y
a deux ans, de nombreuses radios libres, comme des journaux
indépendants, se sont lancés, ce qui est un excellente
chose. Le problème, c’est que ces radios et journaux
n’ont pas toujours les moyens de fonctionner… ni
parfois les compétences nécessaires : on passe
surtout de la musique, entremêlée d’enquêtes
ou d’interviews plus ou moins valables, avec souvent des
débordements. C’est pourquoi il me semble utile de
prendre le temps nécessaire pour aider et former les jeunes
journalistes qui se lancent.
Pour cette émission sur
l’Avent, dans un premier temps je cherche à
expliquer ce que veut dire « Jésus vient nous
sauver » dans les circonstances actuelles du pays. Et je
propose des lignes d’actions possibles, aux niveaux personnel
et communautaire. Ce ne sont ni les besoins, ni les possibilités
qui manquent. Dans un 2ème temps, j’essaie
de montrer en quoi les trois lectures de ce 4ème
dimanche de l’Avent nous concernent et comment les mettre en
pratique. L’enregistrement se passe bien, et nous nous
reverrons.
Lundi
14 Décembre : Comme
chaque semaine, celle-ci commence également par une rencontre
avec l’évêque pour organiser la semaine :
les différents problèmes à régler (et
ils sont nombreux), les personnes à rencontrer, les actions à
mettre en place. Sans oublier la préparation de Noël et
les activités des vacances.
Nous nous arrêtons sur
le thème d’année du diocèse, dans le
cadre de « l’Année du Sacerdoce » :
« Vivre la messe ». Comme
on le voit, il ne s’agit pas seulement d’aller à
la messe, mais de VIVRE la messe dans toutes ses dimensions, et
tout au long de la semaine, dans nos différentes activités
et dans nos engagements. Et aussi de donner toute sa place aux laïcs
et au sacerdoce des fidèles, selon le texte de Pierre (1ère
lettre, 2, v. 5). Et de voir comment vivre la messe en particulier
en famille et dans nos communautés de quartier.
Nous
revoyons le livret que nous avons préparé et qui
présente un point spécifique chaque dimanche, avant de
commencer la prière.
Parallèlement à cela,
nous lançons un effort de partage d’Evangile et
de prière, à partir de la Parole de Dieu dans tous les
groupes et Mouvements, avec un questionnaire simple pour cela.
Nous
avons également noté que de nombreux groupes n’ont
pas de programme d’action précis. Ils passent leur
temps à discuter de petites choses plus ou moins inutiles, ou
de tenues, de cotisations, ou préparation de fêtes. Et
de participer à des manifestations au niveau de la ville :
matchs de foot, soirées dansantes, conférences….
Nous avons donc composé un schéma de réunion
pour chaque Mouvement, en respectant l’esprit et les
orientations de chacun. Cela a été un très gros
travail. Après Noël, dans ma paroisse il va falloir
faire le tour de chaque groupe pour voir comment ces programmes sont
mis en œuvre
Suite de la distribution des colis
du conteneur aux différents bénéficiaires.
Cela va nous prendre encore plusieurs jours, pour que ces colis
soient distribués aux personnes qui en ont vraiment besoin et
leur arrivent dans les meilleures conditions possibles.
Lundi 14 Décembre : C’est dur de redémarrer la semaine, sans jour de repos. Mais il y a beaucoup à faire avec la préparation de Noël. C’est important que ce soit une occasion de joie pour tous.
Dimanche
13 Décembre : Comme
d’habitude, je vais dans une paroisse différente.
Aujourd’hui, à St Etienne où 100 enfants, avec
jeunes et adultes font leur entrée dans l’Eglise,
première étape vers le baptême. Belle cérémonie,
pleine d’espoir. Après la messe, rencontre diocésaine
mensuelle des Commissions de Justice et Paix. Nous sommes bien
accueillis par les responsables de la paroisse (J.M. :
lien avec L 64). Les
choses se mettent en place lentement. Les gens connaissent
maintenant la Commission et comprennent son rôle. Mais il est
difficile de trouver des volontaires qui s’engagent vraiment.
Et beaucoup de commissions ont fini de faire leur plan d’action
mais n’ont pas vraiment commencé le travail. Cependant,
par de telles rencontres les gens s’encouragent mutuellement
et les choses se précisent.
Une nouvelle
complètement aberrante : le groupe international de
contact avec la Guinée (Union Africaine, Union
Européenne, ONU) demande l’envoi de troupes étrangères
« pour protéger les civils » alors que
nous vivons normalement. Et au moment même où le
Général KOUYATE est en train de reprendre l’armée
en mains. Nous ne comprenons absolument pas cette décision.
Les militaires au pouvoir, de toutes façons n’accepteront
pas la venue de militaires étrangers en Guinée. Au
lieu d’envoyer des soldats, il vaudrait mieux soutenir les
efforts de paix : on se demande ce que les gens cherchent !
Samedi
12 Décembre : Rencontre
du Conseil paroissial. C’est un moment très fort
de la vie de la paroisse. Les représentants de tous les
groupes sont là. Il y a donc beaucoup de choses à
régler. Surtout que la paroisse est en pleine
restructuration. Mais les choses avancent bien et les gens sont
heureux de participer à la réflexion et à la
mise en place des décisions. Les deux points sur lesquels
nous nous arrêtons sont la mise en place de la catéchèse
dans les quartiers (avant, tout se faisait à l’église)
et l’organisation des communautés de quartier
pour ne plus se limiter à la vie interne de l’Eglise,
mais s’engager avec tous les habitants pour l’avancée
du quartier. Dans cette action, les Commissions Justice et Paix et
de Pastorale sociale ont, bien sûr, un grand rôle à
jouer, mais aussi la Commission de la Famille. Sans oublier celle
des Relations avec les autres religions. Justement, les premiers
pèlerins musulmans commencent à revenir de La Mecque,
et c’est important de les accueillir. Pour que ce pèlerinage
serve non seulement à leur conversion et à l’avancée
de la communauté, mais aussi à une meilleure entente
entre chrétiens et musulmans et à la paix dans le
pays.
Ensuite, nous passons aux questions économiques,
toujours compliquées. Puis à l’organisation des
différentes fêtes : Noël, 31 Décembre,
1er Janvier, Fête de la Ste Famille, de
l’Epiphanie. Je vous expliquerai au fur et à mesure
comment nous les aurons vécues. Mais déjà nous
cherchons comment animer ces fêtes avec la participation du
maximum de personnes et en intégrant les valeurs culturelles
et les rites traditionnels, ce qui est plus difficile en ville que
dans les villages, car nous travaillons avec plus de dix ethnies
différentes, ensemble.
Dans les « divers »,
reviennent la place faite aux jeunes dans l’Eglise et la
Société (dans la société traditionnelle,
ils doivent être soumis aux anciens), et les conditions de vie
faites aux veuves et aux orphelins.
L’après-midi,
travail à la paroisse suivi de la messe et de nombreuses
rencontres : catéchèse, préparations aux
mariages et aux baptêmes, réunions de différents
groupes et mouvements.
Vendredi
11 Décembre : Nous
partons de bonne heure avec John, mon confrère, pour vider le
conteneur. Il faudrait une grande salle pour pouvoir trier et
classer les colis, mais nous n’avons qu’un petit
magasin. On va se débrouiller. Et aussi pour trouver des
occasions pour expédier les colis dans les différents
endroits.
Comme chaque jour, nous recevons des appels de
personnes travaillant dans des ONG ou autres organisations qui
souhaiteraient venir, mais sont inquiètes de la situation.
Nous avons beau les rassurer et leur dire que nous les prendrons en
charge, elles ont de la peine à nous croire.
Ma vieille
voiture de Kataco, en panne depuis septembre 2008, a enfin pu
être ramenée au garage de la Procure. Il faut être
patient ! Maintenant, il ne reste plus qu’à la
réparer !
Toujours des problèmes de visa !
Une de nos Sœurs guinéennes doit aller se former en
médecine en Haïti. Mais elle doit juste passer trois
jours par la France. Depuis Octobre, elle n’arrive pas à
obtenir de visa. On me demande d’intervenir. Et aussi de
préparer le voyage vers la France d’un prêtre
guinéen qui ne peut pas être soigné sur place.
Là, le problème est plus sérieux, car bien sûr
il n’est pas inscrit à la Sécurité
sociale. Et les frais d’hôpitaux sont énormes.
Jeudi
10 Décembre : Ce matin,
réunion de notre Communauté spiritaine, comme
chaque mois, pour revoir non seulement nos activités
pastorales, mais notre vie religieuse : vie ensemble, vie de
prière, etc…
Ensuite, Xec, mon confrère
salésien, vient nous rejoindre pour une dernière
lecture de notre demande de soutien pour les centres aérés.
Puis
séance de travail avec l’évêque. Ce soir,
la famille du Président Dadis a demandé une messe pour
lui ; les autorités seront là : c’est
l’occasion de dire un certain nombre de choses.
Juste un
temps pour souffler avant d’aller visiter les différents
groupes à la paroisse. En Guinée, le jour libre n’est
pas le mercredi, mais le jeudi. C’est le jour anniversaire de
la déclaration universelle des Droits de l’Homme. Cette
célébration passe complètement inaperçue
ici. Il faut dire que nous sommes dans un grand climat de tension.
Et, après tout, l’important ce ne sont pas les grandes
célébrations qui comptent, mais la réalité
des actions menées sur le terrain.
La soirée se
termine par la mise en place du conseil économique. Il
y a des absents et des démissions. Nous mettons en place un
bureau provisoire pour examiner les comptes de la paroisse des deux
dernières années et rouvrir le compte à la
banque, car depuis octobre tout est bloqué.
Mercredi
9 Décembre : Nous
revoyons l’appel de l’évêque pour le
mettre en forme et l’envoyer aux journaux et radios libres,
ainsi qu’aux ambassades. Ensuite, je rencontre l’ambassadeur
de France, puis le Nonce (représentant du Pape en Guinée).
Je ne peux pas me faire soigner car le médecin est parti
soigner les prisonniers, ce qui est une très bonne chose.
Le
conteneur, envoyé par l’ONG « Appel
Détresse » est arrivé et grâce au
travail de la Procure il est sorti sans trop de problèmes.
Cela va nous permettre d’aider un certain nombre de paroisses
et communautés dans leurs activités, pour soutenir les
gens en difficulté.
Nous avons la joie de voir revenir
chez nous le Père André qui faisait une grande
dépression. Il a été soigné par un
guérisseur traditionnel et ça va beaucoup mieux.
Espérons que ça dure.
Le soir, rencontre de la
Commission diocésaine de la Jeunesse, pour faire le
point des activités depuis octobre. Bien sûr, les
choses sont très différentes selon les paroisses.
Mardi
8 Décembre : Activités
ordinaires. Je tire et multiplie les comptes rendus des rencontres
Justice et Paix et de Pastorale sociale ; cela fait longtemps
que ça traînait !
Le gros de la journée,
c’est la réunion des volontaires. Après une
semaine, nous voyons ce que nous avons pu faire pendant la semaine.
Nous faisons le tour des différents cas. Nous avons pu
trouver sept nouvelles personnes que nous pourrons aider.
Ensuite,
c’est la messe du 8 Décembre, fête de l’Immaculée
Conception et fête de l’archidiocèse. Les gens
sont très nombreux à venir et la messe très
animée. L’évêque lance un appel
très important que je vous ai déjà envoyé
sur la situation du pays, appelant à l’unité.
Après la messe, une procession mariale, clôturée
par un salut au Saint Sacrement. Un paroissien me ramène, ce
qui m’arrange bien.
Lundi
7 Décembre : Comme chaque
semaine, beaucoup de choses à voir, de problèmes à
régler et de personnes à rencontrer. Mais avant tout
cela, nous nous retrouvons avec notre évêque pour
rédiger une déclaration sur la situation actuelle du
pays. La situation est très complexe et il faut bien peser
ses mots. Ensuite, travail sur Internet, comme chaque jour.
Heureusement que ça existe, même si ça ne marche
pas très bien, car la poste fonctionne très mal.
Heureusement aussi qu’il y a les téléphones
portables, car les fixes ne fonctionnent plus.
A l’atelier,
l’un des deux formateurs est malade. Palud ! C’est
courant, surtout en cette saison. Il faut donc nous organiser. Mais
notre problème actuel, c’est le manque de commandes.
C’est le signe d’une crise économique grave, dont
les conséquences vont se faire sentir de plus en plus. Cette
crise est due en particulier aux sanctions économiques des
pays occidentaux qui ont arrêté toute aide économique
au pays depuis la prise de pouvoir par les militaires. Mais ce ne
sont pas les militaires qui en souffrent, c’est la
population.
Nous apprenons qu’il y a des vaccins
disponibles au dispensaire St Gabriel. Il n’y en avait plus
dans le pays depuis plusieurs mois. Nous allons faire vacciner nos
apprentis contre le tétanos, mais aussi la fièvre
jaune. Ils ont fait aussi le test SIDA. Tout cela est un « luxe »
pour la plupart des gens ! Mais nous y tenons pour nos jeunes
qui viennent de la rue et de situations familiales difficiles. C’est
une façon pour nous de les valoriser et de les respecter.
Comme aussi de leur assurer une hygiène, une protection
(lunettes pour la soudure, gants, chaussures, tenues de travail…)
et une sécurité qui n’existent pas dans la
plupart des ateliers de la ville. Ce qui d’ailleurs leur pose
problème quand ils passent au travail. Mais il faut faire
avancer les choses, et ça passe aussi par cela.
Je vais
faire soigner ma cheville. On désinfecte la plaie et puis on
« m’oublie », malgré plusieurs
appels. Au bout de deux heures, je m’en vais. C’est la
2ème fois que cela m’arrive. Et la semaine
dernière, quand je suis venu, c’était le jour de
repos du médecin.
Avec tout ça, j’ai pris du
retard. Impossible de trouver une place dans les taxis collectifs.
Je me rabats sur les mini-bus où on est encore plus serré,
surtout aux heures de pointe. Et où on voyage courbé,
car ils sont trop bas pour qu’on puisse se tenir debout.
Heureusement, dès que j’entre, un jeune me donne
aussitôt sa place. Déjà ce matin, j’étais
sur le bord de la route, sans trouver de place ; un
automobiliste s’est arrêté et m’a invité
à monter en me disant : « J’ai fait mes
études en Allemagne de l’Est. J’allais à
l’Université en stop et on me prenait toujours. Alors
c’est normal que je le fasse moi-même. Ce n’est
pas bon de faire souffrir les étrangers ».
Avant
cela, à l’imprimerie, nous terminons de mettre au point
la vente de l’agenda liturgique pour demain. Et comme chaque
jour, les rencontres. D’abord avec Philippe qui vient
d’OUROUS, à la frontière du Sénégal.
Nous en profitons pour préparer une session de formation
« Justice et Paix ». En effet, il est
impossible de les contacter par téléphone : il
n’y a pas de réseau. J’en profite pour envoyer à
mes confrères de KOUNDARA des hosties, du vin de messe et une
clé USB avec des documents.
Dimanche
6 Décembre : C’est
le premier dimanche du mois, je suis donc dans la paroisse de TAOUYA
dont on m’a confié la responsabilité cette
année. C’est le seul dimanche où je suis présent
chaque mois, aussi il y a toujours beaucoup à faire. Comme
nous sommes dans l’Avent, nous avons prévu une liturgie
pénitentielle (demande de pardon et démarche de
conversion), à partir de l’Annonciation (l’annonce
de l’ange à Marie) ; nous avons préparé
et décoré une statue de la Vierge. Les gens qui savent
écrire ont écrit leurs demandes de pardon sur une
feuille de papier ; les autres sont venus avec une feuille
d’arbre sèche sur laquelle ils font leur demande de
pardon en silence. Puis nous brûlons tout cela devant l’autel,
pour montrer que le par le Christ, Dieu nous libère et nous
purifie par le feu de son amour et le feu de l’Esprit-Saint.
Après une longue prière spontanée dans les
différentes langues parlées dans la paroisse et une
conclusion par moi-même en soussou, les enfants présentent
un petit sketch pour nous aider à actualiser l’Evangile
de ce jour et à le mettre en pratique.
2ème
partie de la célébration : l’engagement
des différents responsables, chacun avec une lecture et
un geste adapté. Pour les catéchistes, l’importance
de l’enseignement et du témoignage (2 Tim 4, 1-5) :
ils viennent poser leurs mains sur l’Evangile. Pour les
responsables des communautés, lecture des conseils de St Paul
(1ère Tim 3, 1-7) : ils viennent poser leurs
mains sur la croix. Pour les responsables de la chorale, des
servants de messe, des lectures, des groupes de prières,
d’autres conseils de St Paul (1ère Tim 3,
8-13) : ils se passent l’un à l’autre le
cierge allumé de l’autel, pour montrer qu’ils
veulent travailler ensemble et éclairer leurs frères.
Le tout accompagné de chants adaptés pendant qu’ils
viennent signer leurs engagements sur l’autel. La joie
s’exprime alors dans la danse.
Après la messe,
nombreux contacts et demandes, car je n’étais pas là
hier après-midi. Les jeunes sont patients et attendent. Au
bout de 30 minutes, nous commençons la grande rencontre
mensuelle des jeunes. Le thème de ce mois c’était
l’engagement dans l’Eglise. Chaque groupe et mouvement
vient dire à son tour ce qu’il a fait pendant le mois
passé. Puis nous passons aux actions individuelles. Je suis
frappé par l’engagement des jeunes et leur
disponibilité. C’est facile de travailler avec eux.
Dans mes postes précédents, en secteur rural, à
MONGO et à KATACO, le travail avec les jeunes était
très difficile. Car dès qu’ils entraient au
Lycée, ils partaient en ville. De même que ceux qui
étaient formés et pouvaient trouver un travail à
l’extérieur.
La deuxième partie de la réunion
porte sur la préparation de Noël. Pour la veillée,
nous avons demandé à chaque groupe de préparer
un sketch ou un texte chanté et dansé. Le jour de
Noël, grande sortie avec repas pour les enfants, où nous
inviterons les enfants mendiants de la cité « Solidarité »,
les enfants handicapés, les enfants qui travaillent au marché
et les petites vendeuses, etc… Mais nous ne voulons pas nous
limiter à des cadeaux le jour de Noël. Nous commençons
à penser ce que nous allons faire pour eux et avec eux tout
au long de l’année. Pour nous préparer à
la fête, nous avons prévu aussi deux conférences
organisées par les jeunes eux-mêmes.
Le soir, nous
nous retrouvons auprès de deux Sœurs qui fêtent
leurs 50 ans de vie religieuse. C’est l’occasion de
vivre ensemble, avec leurs familles, autour de l’évêque,
une soirée très sympathique.
Samedi
5 Décembre : Le matin,
travail avec les enfants de la rue, puis les apprentis de l’atelier
de soudure. Mais d’abord, nous nous sommes longuement
rencontrés avec l’Archevêque pour faire le point
de la situation, voir quoi dire aux différentes radios qui
nous interrogent et commencer à préparer une
déclaration sur la situation du pays. Il me reste un peu de
temps pour travailler à l’Internet, aussi bien pour
répondre aux nombreux messages que pour étudier les
documents reçus. Ils sont nombreux, aussi je me contente de
les enregistrer. Je les travaillerai plus tard.
Rencontre des
religieux(ses).
A 16 heures, nous nous rencontrons à
plus d’une vingtaine. Ceux qui sont à l’extérieur
de la ville de Conakry n’ont pas pu venir, à cause des
barrages. En effet, la ville est bouclée pour empêcher
les soldats qui ont tiré sur le Président de
s’échapper ; déjà plusieurs ont été
arrêtés.
Nous commençons par travailler les
passages les plus significatifs, et qui nous concernent le plus, du
Message final du 2ème Synode pour l’Afrique.
Puis, nous étudions les propositions des évêques
concernant les religieux. Enfin, je présente la session pour
les religieux qui s’est déroulée à Bamako
en Juillet 2009, dont je vous ai déjà envoyé le
compte-rendu en son temps, où nous avions appris à
analyser l’organisation de la société, pour
pouvoir agir sur les causes profondes et réelles (souvent
cachées) des problèmes de pauvreté et des
manques de justice et de paix.
A partir de là, nous nous
retrouvons en carrefour pour voir ce que nous pouvons faire dans ce
domaine de justice et paix, dans les conditions actuelles, selon nos
possibilités. Je vous enverrai, dès que possible, les
résultats de notre réflexion et le compte rendu de la
rencontre. En plus de la réflexion que nous avons menée,
il est très important pour tous de nous retrouver de temps en
temps pour renforcer nos liens d’amitié et pour nous
encourager.
Pour terminer, nous prenons un pot ensemble, ce qui
nous permet de continuer nos échanges d’une façon
plus décontractée. Dommage que la bière ne
soit pas fraîche !
Vendredi
4 Décembre : Nous
préparons un dossier de demande de soutien pour les Centres
aérés que nous voulons organiser de nouveau en 2010.
Comme toujours, quand il s’agit de faire des demandes à
des ONG, c’est toujours compliqué et en plus ce n’est
pas mon fort. D’ailleurs, nous ne finissons pas le dossier. Il
faudra le reprendre un autre jour.
Nous suivons les nouvelles. Le
Président a été évacué au Maroc.
Mais, contrairement à ce que disent les radios et télévisions
étrangères, sans doute influencées par les
« forces vives » de l’opposition vivant
à l’étranger, la situation est calme. Bien sûr,
il y a des militaires aux carrefours, mais c’est normal. Et ça
vaut mieux pour rétablir le calme. En tout cas, les magasins
et les marchés sont ouverts et chacun continue ses
occupations. Le n° 3 du CNDD (Comité National pour la
Démocratie et le Développement), qui était au
LIBAN, revient pour reprendre les choses. Nous espérons que
aussi bien l’anarchie que les chocs entre militaires vont
pouvoir être évités.
Jeudi 3 Décembre : Le matin, permanence à la paroisse. L’après-midi, rencontre avec les responsables de la liturgie et de la chorale. Nous recevons des coups de fils nous disant que les militaires se tirent dessus au quartier des affaires, au « centre ». Nous sommes à plus de 17 km, aussi nous continuons notre réunion régulièrement. C’est en écoutant la radio, de retour à la communauté, que nous apprenons que c’est sur le Président qu’on a tiré, mais qu’il est toujours vivant. Nous sommes très inquiets pour la suite.
Mercredi
2 Décembre : Il me faut remonter de bonne
heure en ville. Nouvelle séance d’Internet, travail à
l’atelier, rencontre avec l’évêque pour
différents problèmes, soins au dispensaire, et enfin
enregistrement d’une radio libre sur le travail de la
Commission Justice et Paix. Ce soir, il y aura peut-être du
courant dans notre quartier (c’est un jour sur deux…
quand ça marche). Je pourrai regarder les informations
nationales et travailler à l’ordinateur.
Il me
faudra aussi prendre des contacts pour la mise en place de la
Commission économique de la paroisse, qu’il faut à
tout prix rénover. L’ancienne commission ne marche pas,
il faut donc absolument en installer une nouvelle. Le problème,
c’est de trouver des gens compétents qui ont aussi le
temps et la volonté de s’engager.
Mardi
1er
Décembre : Journée
Mondiale contre le SIDA.
On en parle à
toutes les radios, mais la situation n’est vraiment pas la
même en Afrique et en Europe. En Guinée, très
peu de malades peuvent avoir la trithérapie. Même les
moyens de dépistages et la possibilité d’avoir
des condoms sont limités. Sur les radios occidentales, on ne
parle que de condoms. Sur les chaînes africaines, on parle des
trois moyens de lutte ensemble : protection, abstinence et
fidélité. Et nous cherchons à agir
effectivement à ces trois niveaux ensemble. Actuellement,
l’information et la sensibilisation. Le problème est
celui de la maîtrise sexuelle responsable et de permettre de
vivre une vie de couple dans l’amour et une vie de couple
réussie…. Et de donner aux gens les moyens de vivre
cela à tous les niveaux.
Comme chaque matin, je passe
plusieurs heures sur Internet. Il faut de la patience, car c’est
vraiment très lent.
A 10 heures, nous nous retrouvons avec
les volontaires. Il s’agit de donner à chacun l’argent
pour les soins des blessés légers et graves ayant
besoin d’une intervention chirurgicale ; de la nourriture
et de l’argent aux veuves et aux orphelins ; un soutien
aux femmes et jeunes filles violées ; du matériel
scolaire pour les enfants des blessés ou familles en deuil,
etc… C’est tout une organisation qui nous prend
plusieurs heures. Après cela, chacun part faire ses
distributions et suivis.
Ensuite, travail avec les foyers St
Joseph : c’est tout un ensemble de foyers pour
enfants de la rue, filles comme garçons, malades du SIDA ;
femmes abandonnées et personnes âgées malades.
Le Père Etienne fait un travail extraordinaire avec bon
nombre d’éducateurs et d’éducatrices. Mais
les actions auraient besoin d’être organisées
pour davantage de résultats et une meilleure éducation.
Nous réfléchissons à cela ensemble, pour
dégager des pistes d’actions. Je lui remets aussi six
de nos jeux sur les droits de l’homme, auxquels j’avais
initié les éducateurs le mois dernier.
Au retour,
Michel, du dispensaire St Gabriel qui est monté en ville, me
prend dans sa voiture et me ramène jusque chez moi. C’est
plus agréable que dans les taxis, serrés à sept
dans une berline !
Lundi
30 Novembre : Achat de riz et de
matériel scolaire pour les victimes du 28 Septembre.
A
l’atelier soudure, un ancien vient nous visiter. Cela
nous fait toujours plaisir de voir des jeunes qui s’en
sortent, trouvent du travail après la formation reçue
et se prennent en main. Nous lui demandons ce qu’il pense de
la formation que nous assurons. Puis nous parlons de ses conditions
de travail : il se plaint du manque d’entente entre les
travailleurs, spécialement les jeunes. C’est vrai qu’à
l’atelier nous veillons à la qualité des
relations et le passage au monde du travail est parfois
difficile.
Ensuite, nous examinons un certain nombre de projets
pastoraux (pour le travail de l’Eglise) que nous voulons
soumettre aux OPM (Oeuvres Pontificales Missionnaires). Il y a aussi
des projets de développement que nous étudierons plus
tard :
- Projet sel : Parmi ces projets, un me
semble intéressant. C’est la fabrique de sel par
évaporation naturelle à la chaleur du soleil. En
effet, jusqu’à maintenant, on obtient le sel en faisant
chauffer l’eau de mer. Cela demande beaucoup de bois et
augmente la déforestation et toutes ses conséquences :
érosion, appauvrissement des sols, etc… Avec un
matériel très simple (planches et bâches), on
peut obtenir du sel de très bonne qualité. Mais il va
falloir étudier les possibilités concrètes et
les motivations des intéressés, car c’est
souvent là que ça pêche. Affaire à
suivre.
Après cela, avec un chauffeur, nous allons
chercher la vieille « Express » dont je me
servais à Kataco. Nous avons trouvé un petit fonds
pour la remettre en état.
Dimanche
29 Novembre : Aujourd’hui,
je suis dans la grande banlieue, au km 36. En effet, Conakry
est une presqu’île. La ville est donc très
allongée. J’essaie d’assurer une bonne
participation des chrétiens à la messe. Ils n’en
ont pas l’habitude, mais ils répondent bien.
Après
la messe, rencontre avec les deux Commissions de « Justice
et Paix » et « Pastorale sociale ».
J’étais venu les voir il y a deux ans (il me faut ce
temps pour faire des paroisses). Depuis, plusieurs formateurs
étaient passés les voir, mais jusqu’à
maintenant les Commissions n’ont toujours rien fait. Il faut
donc essayer de les motiver et recommencer depuis le début.
C’est cela qui est fatiguant et parfois décourageant.
Espérons que cette fois-ci sera la bonne !
Je passe
faire un tour à la fête des enfants (CV.AV) des
différentes paroisses qui se sont réunis. Le thème
d’action de cette année, c’est : « Les
droits des enfants : dépassons nos différences ».
En effet, il faut à tout prix rétablir la justice et
le droit dans le pays et apprendre à vivre ensemble. En
commençant par les enfants, car ils peuvent faire beaucoup,
pas seulement entre eux mais aussi dans leurs familles et auprès
des adultes.
Repas fraternel : Le soir, Xec, un
confrère salésien espagnol, vient préparer une
demande de soutien pour nos Centres aérés. Il est
venu avec Cisco et nous terminons la soirée ensemble. Nos
deux paroisses sont voisines et nous travaillons beaucoup ensemble,
spécialement pour les jeunes. Cela nous offre une soirée
très agréable.
Samedi
28 Novembre : Lendemain de
fête.
Les gens se visitent de famille en famille pour
se souhaiter la paix et les enfants pour recevoir des cadeaux.
Malgré l’état de pauvreté généralisé,
tout le monde cherche à être bien habillé et il
y a un climat de joie dans l’air.
Cela me donne le temps de
terminer mes demandes de soutien à CRS, pour chacune des deux
Commissions de Justice et Paix et Pastorale sociale, qui traînaient
depuis longtemps. Mais il me faut quand même monter en ville
pour soigner ma cheville. Michel, un ami, s’est brûlé
le pied. Il doit aussi aller se faire soigner. Il me prend dans sa
voiture climatisée : c’est quand mieux que d’être
comprimés à quatre sur la banquette arrière
d’un taxi surchauffé ! Et à la sortie,
Michel m’invite dans un restaurant libanais en ville : un
vrai jour de fête ! J’en profite pour ouvrir ma
boîte mail. Le serveur n’est pas surchargé, je
peux donc accéder plus facilement à mes messages.
Mais
il me faut rentrer rapidement à la paroisse pour visiter les
différents groupes de catéchèse. Le nombre
augmente à chaque séance, mais on est déjà
en décembre ! Les choses mettent vraiment du temps à
se mettre en place, mais il est vrai que nous avions beaucoup de
points à revoir dans la paroisse. Et surtout les gens ne
s’organisent pas encore eux-mêmes et n’ont pas
pris leurs responsabilités. Ca viendra ! Je salue aussi
les mouvements et groupes de prière qui se rassemblent
aujourd’hui. Dès la fin de la catéchèse,
nous nous retrouvons pour faire le point de la situation, voir
comment mieux responsabiliser les parrains et les marraines ainsi
que les parents, voir où en sont les cotisations et les
inscriptions. Puis nous abordons la question de la pédagogie
et du suivi des catéchumènes, car c’est cela le
plus important. Il ne faut pas l’oublier.
Le Bureau du
Conseil paroissial assiste à la fin de la réunion.
Puis avec eux, nous faisons le tour des activités de la
paroisse. Nous nous arrêtons en particulier sur la question de
la célébration des mariages et l’inculturation.
Et nous traçons des orientations pour les semaines qui
viennent et le temps de l’Avent.
Vendredi
27 Novembre : Fête de
la Tabaski
Aujourd’hui, fête de la Tabaski,
sacrifice du mouton en souvenir d’Abraham. Depuis hier, tout
le monde se préparait à la fête : 90 % des
Guinéens sont musulmans et l’ambiance religieuse se
faisait vraiment sentir. Nous prions pour eux et en union avec
eux.
C’est une journée chômée et payée.
Cela me laisse le temps de travailler certains documents, en
particulier pour les CV-AV, le Mouvement des enfants. Et
l’évaluation des Centres Aérés d’Août
dernier, toujours inachevée.
L’après-midi, je
bénis mon premier mariage dans la paroisse de TAOUYA.
C’est un mariage entre un musulman et une chrétienne.
J’ai déjà parlé, plus haut, des
problèmes que ça pose. En positif, cela permet une
collaboration entre chrétiens et musulmans. Et quand le
couple marche, cela permet un enrichissement pas seulement du couple
mais aussi des deux familles, de leurs amis et de leurs communautés.
Nous avons bien préparé la cérémonie, en
reprenant un certain nombre de rites traditionnels : la remise
de la noix de cola, signe d’engagement ; les barres de
fer, symbole du mariage selon la coutume. Les parents ont commencé
par accepter le mariage de leurs enfants et leur donner des
bénédictions. Puis, ce sont les témoins et les
responsables de la communauté du quartier qui leur donnent
des conseils et assurent de leur soutien. C’est le mari,
musulman, qui a demandé de lui-même à lire
l’Evangile, avant que nous partagions la Parole de Dieu. La
cérémonie se prolonge dans la joie, avant la
procession d’offertoire, où beaucoup apportent leurs
offrandes en dansant.
J’ai le temps de passer dans la
famille pour partager leur joie, avant d’aller rencontrer une
communauté de quartier.
Cette communauté de
quartier ne marche pas très bien. Le responsable veut
tout commander et refuse tous les efforts de participation que nous
avons faits. Du coup, les gens sont démobilisés. Déjà
que beaucoup sont réticents au départ : ils se
contentent de venir assister à la messe, mais refusent d’en
faire plus et de s’engager dans la communauté et le
quartier. Il faut donc reprendre les choses à la base.
Heureusement qu’il y a un noyau de jeunes qui semblent motivés
et sur lesquels nous allons pouvoir nous appuyer.
Jeudi
26 Novembre :
Le matin, je
monte en ville me faire soigner au dispensaire. Depuis quatre mois,
l’ulcère que j’ai à la cheville ne se
cicatrise pas. Aujourd’hui, nous commençons un nouveau
traitement. J’espère que ça va marcher.
Dimanche
22 Novembre : De très
bonne heure, nous partons à KINDIA pour le centenaire. Il n’y
a que 136 km mais il nous faut 4 heures pour les faire, vu l’état
de la route. Beaucoup de monde est venu depuis jeudi, début
de la célébration, et c’est l ’occasion
de revoir de nombreux amis. Et aussi de régler certains
problèmes, car les communications sont très difficiles
et c’est également souvent difficile de se parler, même
au téléphone ; il n’y a pas de réseau
partout.
Une grande reconnaissance est faite aux missionnaires
pour leur travail courageux, dans des conditions très dures
en ce temps-là. Ce n’est pas pour rien que la paroisse
s’appelle « La Croix Glorieuse ». La
volonté de tous, c’est que cette grande fête ne
soit pas seulement une belle cérémonie, mais
l’occasion d’un nouveau départ. A la procession
d’entrée, le Supérieur des Spiritains portait un
cierge, symbole de l’Evangile apporté par les premiers
missionnaires, mais aussi signe qu’ils ont passé le
flambeau à l’Eglise locale.
A cette fête, les
survivants des maçons qui ont construit l’église
et des premiers enseignants de l’école, musulmans et
chrétiens, ont été spécialement honorés.
Le préfet était là, avec aussi une délégation
présidentielle et ministérielle. Ils ont beaucoup
participé à la fête et vont soutenir les
réalisations prévues : réaménagement
d’un collège, ateliers, etc… La ville fêtera
son propre centenaire dans trois ans.
Une délégation
de la paroisse de Notre Dame des Champs de PARIS est venue. Ils
accueillent régulièrement des prêtres guinéens
qui étudient en France, et nous soutiennent beaucoup dans nos
actions sur place. Nous les en remercions.
Gérard,
l’archiviste général des Spiritains, est là
également. Il a travaillé de longues années en
Guinée, jusqu’à son expulsion avec tous les
autres missionnaires, par Sékou Touré. C’est lui
qui fait la conférence sur le Père LACAN, le fondateur
de la paroisse.
Ces invités reçoivent un pagne du
centenaire à l’effigie du Père LACAN, avec la
devise de la paroisse. Et aussi une belle statue, fabriquée
par les sculpteurs de la paroisse dans le bois de l’un des
arbres plantés par les premiers missionnaires. Tout un
symbole.
Mais nous ne vivons pas dans le passé et
n’oublions pas la situation actuelle dans nos prières.
L’Evêque a des paroles spécialement fortes,
demandant au gouvernement comme à l’opposition, et à
tous les citoyens, de chercher le bien réel du pays et une
vraie démocratie, et non pas leurs intérêts
partisans. Dans la vérité, à la suite du Christ
Roi, dont c’est la fête aujourd’hui, venu sur
terre pour rendre témoignage à la Vérité.
Pour construire ensemble en Guinée « un Royaume de
justice, de paix, de pardon, d’amour et de vérité »,
comme le dit justement la Préface de ce jour. L’évêque
insiste spécialement sur la nécessité d’une
vie de famille épanouissante et l’engagement dans les
communautés de quartier, pour y arriver. Tout cela, dans la
ligne du 2ème Synode pour l’Afrique qui
vient de se terminer.
Bien sûr, nous célébrons
la fête dans notre culture guinéenne, avec, en
particulier, une procession de l’Evangile et une danse
d’offertoire, où de nombreuses personnes –notamment
les 83 jeunes qui reçoivent la Confirmation aujourd’hui-
apportent leur offrande.
Le repas qui suit nous permet de nous
retrouver à nouveau. Et le soir, c’est la veillée
culturelle avec théâtre et danses.
Samedi 21 Novembre : Je prends une journée de repos. J’en ai bien besoin.
Vendredi 20 Novembre : Yves-Marie part à KINDIA pour le début des célébrations du Centenaire. Je ne pourrai y aller que dimanche car j’ai trop de travail en retard et je dois faire soigner ma cheville. Je passe toute la matinée à essayer d'ouvrir ma boîte mail, sans succès. Yahoo coupe sans arrêt. J’ai l’impression d’avoir perdu tout mon temps ; car ce ne sont pas les activités qui manquent ni les personnes qui attendent pour me voir.
Jeudi
19 Novembre : Rencontre des
spiritains.
Nous nous retrouvons toute la journée.
D’abord, pour nous donner des nouvelles les uns des autres, et
recevoir celles de nos frères d’un peu partout dans le
monde, en particulier des malades. Et spécialement de nos
confrères d’Afrique de l’Ouest, notre
« fondation ». Nous échangeons sur les
grandes orientations de notre congrégation et préparons
la visite de nos responsables internationaux, l’année
prochaine.
Ensuite nous faisons le tour de nos activités
sur place, en nous apportant appui et conseils, sous la direction
d’Yves-Marie, notre responsable. Le tout terminé par un
bon repas fraternel. L’après-midi est consacré
aux contacts personnels et informels. Le soir, nous regardons
ensemble les informations à la télévision
guinéenne (ce soir, il y a du courant) et nous échangeons
longuement sur la situation du pays et la rencontre sur l’avenir
de la Guinée à OUAGADOUGOU, autour du Président
Blaise COMPAORE
Mercredi
18 Novembre : Avec Pascal, le
stagiaire de MONGO, nous allons à la Rencontre des éducateurs
des enfants de la rue, de neuf Foyers différents. Je vais
leur présenter un jeu sur les droits de l’homme qu’ils
vont pouvoir utiliser dans leurs différents foyers. Et tout
de suite, nous faisons un premier exercice avec les enfants, ce qui
nous permet de faire l’évaluation du jeu et de répondre
aux questions des éducateurs.
A midi, avec CRS, nous
voyons comment répartir l’argent qui vient d’arriver
et les différentes opérations à faire, ce qui
n’est pas une mince affaire.
A 17 heures, nous nous
retrouvons à la paroisse avec les responsables des scouts,
des CV-AV (Mouvement des enfants) et des Enfants de Chœur,
pour présenter un nouveau jeu sur les droits de l’enfant,
qu’ils vont pouvoir utiliser tout au long de l’année.
En fait, il ne s’agit pas d’un simple jeu mais d’un
moyen éducatif avec des méthodes actives (théâtre,
jeux, danses, poèmes, enquêtes….). Le but étant
de faire des enfants des acteurs de leurs propres droits,
responsables de leurs camarades et engagés dans leurs
familles, écoles, quartiers, selon la méthode de
l’Action Catholique : les enfants eux-mêmes sont
les apôtres des enfants.
Au retour, nous accueillons notre
nouveau responsable. Il vient du Sénégal pour les
célébrations du Centenaire de KINDIA. Nous en
profitons pour nous retrouver ensemble, les Spiritains de la région
avec lui. Il y a beaucoup de choses à voir, car c’est
un nouveau départ que nous prenons.
Mardi 17 Novembre : J’ai emprunté l’ordinateur portable de l’atelier Savoir-Fer, et je reste à la maison pour travailler à saisir tous les documents en retard et ils sont nombreux. En même temps, j’essaie de récupérer les documents perdus par mail et auprès des amis. Heureusement que j’avais un certain nombre de choses sur mes clés. Et je cherche à trouver un ordinateur portable d’occasion en ville. Je prends un temps de lecture personnelle car c’est nécessaire pour moi de continuer à me former.
Lundi
16 Novembre : Cette semaine,
nous célébrons le Centenaire de la fondation d’une
des paroisses de Guinée : KINDIA, fondée par
les Spiritains bien sûr comme la plupart des paroisses de
Guinée. C’est un événement très
important pour l’Eglise, mais aussi pour le pays. Le curé
actuel de Kindia a travaillé plusieurs années dans une
paroisse de Paris et nous en accueillons la délégation
ce matin, avec joie, en les remerciant de leur accueil et de leur
soutien. Avec eux, vient un confrère, Gérard VIEIRA,
qui a travaillé de longues années en Guinée en
particulier dans la catéchèse, jusqu’à
son expulsion en 1967, comme tous les autre missionnaires, par Sékou
Touré. Il a été ensuite notre responsable
religieux pour l’Afrique de l’Ouest francophone, quand
je travaillais à St Louis du Sénégal. Et c’est
lui qui m’a demandé de venir en Guinée pour
travailler dans les Camps de Réfugiés à MONGO.
Nous restons en contact régulier par Internet ; il est
maintenant responsable des Archives générales de notre
Congrégation. C’est dire que je suis très
heureux de le revoir et que nous avons beaucoup de choses à
nous dire. Pour ces fêtes du centenaire, il va assurer une
conférence sur le Père LACAN, le fondateur de la
paroisse de KINDIA. Nous allons tous ensemble rencontrer l’évêque
et nous nous retrouverons à midi pour le repas.
Aussitôt
après, nous rencontrons les volontaires. Nous avons
fini les premiers contacts avec les blessés et les familles
des morts du 28 Septembre, et évalué leurs besoins,
ainsi que ce que nos possibilités nous permettront de faire.
Aujourd’hui, nous travaillons le projet d’engagement des
volontaires, qui est important pour que les conditions de travail
soient claires. Ensuite, nous nous répartissons les blessés
et les familles en deuil, afin que chaque volontaire suive
personnellement six ou sept personnes. Ils vont faire une nouvelle
tournée et apporter à chacun ce dont il a besoin. Les
choses vont enfin pouvoir commencer ; en effet, il nous a fallu
beaucoup de temps pour découvrir les gens, car beaucoup se
cachent par peur d’être repérés, et il
nous faut absolument travailler dans la discrétion. Il y a
même des tentatives, de différents côtés,
pour récupérer des listes d’adresses et les
utiliser pour des intérêts politiques ou autres. Bien
sûr, nous nous y refusons absolument. Par ailleurs, les moyens
ont mis du temps à arriver. Maintenant ils sont là et
nous remercions l’Association Guinée Solidarité
de Provence, l’Association Raoul Follereau, et surtout CRS (la
Caritas des Etats-Unis)
Rapidement, je pars pour la paroisse où
nous tenons une réunion des catéchistes. La catéchèse
est maintenant lancée, mais il y a beaucoup de choses à
mettre au point. Et surtout, il faut assurer la formation continue
des catéchistes. Ce soir, nous travaillons les premiers
documents que j’ai préparés. Malheureusement,
les catéchistes sont peu nombreux à venir. Il faut
dire qu’ils ont leur travail et les moyens de transport sont
très compliqués. La prochaine fois, nous essaierons de
nous retrouver le samedi après-midi, après la
catéchèse. On verra ce que ça donne.
Nous
nous rendons ensuite chez l’Evêque, qui a invité
les spiritains de Conakry, les supérieur(e)s des
religieux(ses) et les responsables du diocèse, pour
accueillir le Père Gérard VIEIRA. C’est une
soirée très sympathique qui renforce nos liens
d’amitié.
Dimanche 15 Novembre : Rencontre des délégués de pastorale sociale des différentes paroisses de la ville. Les participants, cette fois-ci, sont assez nombreux et c’est encourageant. Nous cherchons à mettre en place la Commission de la paroisse de COLEAH qui nous accueille et qui n’a pas fonctionné l’année dernière. Après le tour des activités des différentes paroisses, nous tirons les conclusions nécessaires pour la suite du travail de cette année. Ensuite, nous abordons un certain nombre de questions : la préparation des Centres aérés pour l’année prochaine, la rédaction des plans d’action paroissiaux, etc… Je vous en enverrai le compte-rendu…. quand j’aurai le temps de le rédiger ! Les membres du Conseil Paroissial ont participé activement à toute la réunion, ce qui est un signe d’engagement important.
Samedi
14 Novembre : L’après
Synode.
Toute la matinée, formation sur le 2ème
Synode pour l’Afrique. Nous étudions le message final,
et les 56 propositions des évêques, puis nous
commençons à voir comment les mettre concrètement
en œuvre, dans nos conditions de vie actuelles.
Ensuite,
nous nous retrouvons auprès de l’évêque
pour voir justement le suivi à donner au Synode en tenant compte de la situation du pays.
Nous
examinons également les réactions à la dernière
déclaration de l’évêque, qui sont très
diverses et vont un peu dans tous les sens, chacun retenant, comme
d’habitude, ce qui va dans son sens et peut soutenir ses
propres choix.
L’après-midi, comme chaque samedi,
présence à la paroisse : catéchismes,
réunions de différents groupes, préparations au
baptême et au mariage, contacts personnels.
Vendredi
13 Novembre : Pascal va mieux.
Hermann, curé de BOFFA, vient me voir. Nous y avons travaillé
ensemble avant qu’il me succède. Nous parlons de la
paroisse, des constructions, de l’organisation du prochain
pèlerinage diocésain, du stagiaire (à Boffa,
c’est un Camerounais), et du travail en général.
Nous profitons ainsi à chaque fois de nos rencontres pour
faire le tour de nos activités.
Le reste de la journée,
je prépare des documents pour la formation des catéchistes
de lundi prochain.
Jeudi
12 Novembre : Ce matin, Pascal
s’est retrouvé avec une grosse crise de paludisme.
Nous l’amenons à la Clinique voisine qui nous
connaît bien et où il sera bien soigné
(perfusion, analyse, etc…). C’est l’avantage
d’être en ville.
Puis il me faut monter à
l’archevêché pour les activités
« ordinaires », sans oublier de me faire
soigner, pour ma cheville. Le nouvel ambassadeur de France vient
juste de venir saluer l’archevêque et de s’entretenir
avec lui de la situation du pays. Il dit à
l’archevêque qu’il n’apprécie pas mes
prises de position. Tout le monde ne peut être d’accord….
Mais en plus j’ai justement l’impression que nous ne
vivons pas dans le même monde ! Il est vrai que nous ne
vivons pas avec, ni ne rencontrons, les mêmes personnes. Nous
reprenons tout cela longuement avec l’archevêque. Car sa
dernière déclaration entraîne, elle aussi, de
nombreux remous. C’est inévitable. Nous cherchons
ensemble comment tout cela participe à construire le pays
plutôt qu’à apporter la division.
Avec CRS,
nous continuons à organiser le soutien des blessés et
familles en deuil du 28 Septembre. Il y a tant à faire !
Ensuite, visite de l’atelier de soudure. La confection de
la grande Croix en tôle pour le Centenaire de la paroisse de
Kindia avance bien et les apprentis sont très fiers d’y
travailler, en particulier les musulmans. D’ailleurs, ils
iront tous ensemble sur place pour l’installation de la croix
et assisteront à la célébration. Ils l’ont
bien mérité !
Les Enfants de Chœur.
Le soir, première rencontre générale avec eux.
J’avais déjà bien travaillé avec ce
groupe pour mettre en place une formation à la prière,
qui s’est bien passée. Jusqu’à maintenant,
ils ne recevaient qu’une formation « liturgique »
très théorique (connaître les noms des vases
sacrés et des linges liturgiques) qui n’avait pas
grand-chose à voir avec leur vie de jeunes et d’enfants.
Ensemble nous élaborons un programme d’action pour
l’année : Le dimanche, réflexions
sur le programme général des jeunes ; le mois
prochain : l’engagement dans la société. Le
mercredi soir : lecture de l’Evangile, partage et
prière. Et un certain nombre d’activités pour
les jeunes : compétition de foot ball, soirées,
etc…
Après cela, préparation au mariage.
Les gens voient que la paroisse se réveille, et du coup ils
se réveillent eux aussi.
Mercredi
11 Novembre : Après la
célébration de la chute du mur de Berlin, qui
n’a pas résolu tous les problèmes ni les
inégalités, nous suivons de loin l’anniversaire
du 11 Novembre, en regrettant toutes ces morts inutiles. Et pour
nous, ici, nous sommes encore loin de l’armistice,
malheureusement. Nous cherchons simplement à faire tomber
patiemment les murs entre les ethnies et les religions.
Réunion
de communauté. Ce matin, nous nous réunissons pour
faire le point de notre vie de communauté et de nos
différentes activités. Il y a beaucoup de choses à
voir et c’est important d’en parler ensemble, même
si nous ne sommes pas toujours d’accord. Mais c’est ce
qui fait avancer les choses.
Après cette réunion,
je m’assois avec Emmanuel, le stagiaire, pour évaluer
les différentes activités de la paroisse de TAOUYA. Là
encore, nous sommes nouveaux tous les deux ; c’est
essentiel pour nous d’échanger nos impressions et nos
expériences passées. Puis je prends un temps avec
Pascal, le stagiaire sénégalais qui travaille à
MONGO. Il est venu à Conakry chercher l’argent pour les
projets de développement de la paroisse que nous envoie Appel
Détresse, une association qui nous soutient depuis de
nombreuses années déjà. Nous lui en sommes très
reconnaissants. Pascal va en profiter pour m’accompagner dans
un certain nombre d’activités, car le travail en ville
à Conakry n’est évidemment pas le même que
dans les villages de Mongo et c’est important pour sa
formation et son apostolat futur.
Pastorale sociale. Le
soir, rencontre avec la Commission de Pastorale sociale qui a de la
peine à se mettre en place. Des responsables ont été
choisis, mais ils ne s’engagent pas. Nous décidons de
refaire le tour des différents groupes et communautés
de quartier, pour expliquer ce qu’est la Commission et motiver
les gens. Heureusement, nous pouvons compter sur deux ou trois
personnes convaincues.
Mardi
10 Novembre. Contrat de soutien
aux blessés et familles en deuil.
Avec CRS nous
rencontrons l’Archevêque pour signer le protocole
d’accord et obtenir les moyens pour aider les différentes
victimes de la tuerie du 28 Septembre. Les blessés légers
seront soignés au dispensaire catholique d’Etat St
Gabriel. Les blessés graves seront pris en charge par des ONG
internationales médicales qui pourront vraiment les suivre,
le tout dans la discrétion. Car jusqu’à
maintenant, beaucoup ont peur d’aller se faire soigner dans
les dispensaires par crainte de se faire repérer et arrêter.
Les familles ayant perdu un membre recevront une assistance en
nourriture. Les enfants de ces familles recevront aussi une aide en
matériel scolaire. Les jeunes filles violées recevront
des soins spéciaux dans la discrétion. Et les cas des
personnes disparues seront signalés au CICR, toujours dans la
confidentialité. Cela va être un gros travail.
Tout
de suite après la signature, nous nous retrouvons avec les
volontaires pour préciser le travail et donner les premières
orientations. Cela demande beaucoup de précision et aussi
beaucoup de temps. Nous assurons la prise en charge des volontaires
pour leur nourriture, les déplacements, les cartes
téléphoniques et une gratification pour le travail.
Mais certains voudraient beaucoup plus et voudraient aussi être
embauchés définitivement comme travailleurs salariés.
Malheureusement, nous ne pouvons pas assurer tout cela.
Cette
question du bénévolat est très complexe, car
les gens sont pauvres et souvent en chômage ; ils sont
donc à la recherche d’argent pour eux et leur famille.
Mais, d’un autre côté, peu de gens, même
ayant un salaire régulier, acceptent de faire un travail
gratuitement ou de mener une action bénévole.
Problèmes
d’ordinateur. Je voudrais bien ouvrir ma boîte pour
envoyer mon courrier et aussi pour chercher à récupérer
certains documents. En effet, la carte mère de mon ordinateur
a lâché, mon ordinateur est foutu et beaucoup de
documents perdus. Je suis bloqué dans mon travail. Je me
débrouille en amenant l’ordinateur de l’atelier
Savoir-Fer la nuit.
Mardi
10 Novembre : Les Moines de
SEGEYA
Longue conversation avec les moines de Segeya. Ces
moines sont venus du Monastère de KEUR MOUSSA au Sénégal
depuis une dizaine d’années et ont fondé un
prieuré en Guinée. Tout de suite, ils se sont mis au
travail et ont maintenant une grosse exploitation agricole qui fait
l’admiration de tous et entraîne le développement
du secteur, car ils ont le souci de faire profiter les autres
paysans de leur expérience. Avec eux, nous parlons de deux
jeunes qui veulent être missionnaires spiritains et qui ont
vécu deux semaines de prière et de réflexion au
Monastère.
Lundi 9 Novembre : Je reste à la maison pour mettre au clair tout cela et rédiger quelques comptes rendus parmi tous ceux qui sont en retard.
Dimanche
8 Novembre : Rencontre
« Justice et Paix ».
Rencontre des
délégués des paroisses de la ville.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une paroisse de la
grande banlieue. L’Evangile est celui de l’aumône
de la pauvre veuve. Nous réfléchissons sur la place
donnée aux femmes dans notre communauté et la société
en général. Et à la défense des veuves
et des pauvres. Bien sûr, les femmes prennent une place
importante dans notre partage.
Après la messe, réunion.
Il y a un certain nombre de nouveaux et nouvelles. Heureusement, car
les membres de la Commission créée l’année
dernière n’ont pratiquement rien fait et ne sont même
pas présents aujourd’hui. C’est cela qui est
épuisant. Malgré tout, les choses avancent peu à
peu.
Les délégués des différentes
paroisses ne sont pas nombreux non plus. Il est vrai que les gens
vivent actuellement dans un climat de peur et de découragement
général, contre lequel nous essayons de réagir
malgré tout. Pas facile de redonner un peu d’espérance
dans un tel contexte.
Nous reprenons donc le travail de mise en
place des Commissions. Nous voyons comment faire un plan d’action
pour cette année. Puis nous abordons un certain nombre de
questions dont le soutien de deux orphelinats pour enfants
abandonnés et d’un foyer de jeunes filles en
difficulté.
Nous commençons à penser aux Centres aérés
de l’année prochaine, en voyant comment faire pour
qu’ils touchent davantage les enfants en difficultés,
en danger moral et de familles pauvres. Il va falloir revoir nos
objectifs et réorganiser la formation dans ce sens.
Samedi
7 Novembre : 2ème
rencontre du Conseil Paroissial élargi.
Les
représentants de tous les groupes sont là et ils sont
nombreux. Plus de 30. La 1ère fois, en accord avec
le Bureau, je leur avais fait un certain nombre de propositions,
conformément aux orientations données par l’évêque.
Ils en ont discuté dans chaque groupe et maintenant nous
accueillons leurs réactions, avant de prendre des
décisions.
Nous faisons le tour de chacune des communautés
de quartier, des commissions, des mouvements de jeunes et d’adultes
et des autres groupes. Mais avant cela, je prends le temps de
présenter rapidement le message final du 2ème
Synode pour l’Afrique et les propositions des évêques
qui sont très intéressantes. En fait, ce qui va nous
prendre le plus de temps, ce sont les problèmes économiques
qui sont toujours complexes et où les différents
intérêts s’affrontent.
La conciliation au
Burkina Faso.
Le président du Burkina Faso a fini de
recevoir les « forces vives » de l’opposition.
Cette semaine, il va recevoir les militaires et le gouvernement.
Pour le moment, les positions sont inconciliables, chaque groupe
voulant prendre ou garder le pouvoir. Espérons que chacun va
accepter de mettre de l’eau dans son vin.
Après-midi.
C’est samedi ; plusieurs groupes et mouvements tiennent
leur réunion. C’est aussi le jour du catéchisme,
qui a bien de mal à démarrer. Il y a donc beaucoup de
choses à régler. En même temps, la préparation
des mariages chrétiens-musulmans se continue. Un nouveau
couple est venu s’ajouter. Et pour couronner le tout, les
inscriptions des baptêmes de bébés. Là
aussi il faut prendre le temps d’accueillir et de parler avec
les gens. Ca fait vraiment beaucoup.
Vendredi 6 Novembre : Journée « ordinaire » à l’archevêché, avec de nombreuses visites et occupations habituelles.
Jeudi
5 Novembre : Travail avec le
Conseil économique de la paroisse. Il s’agit de
finaliser les comptes de l’année dernière pour
les présenter au Conseil paroissial et à toute la
communauté. Et aussi de refaire ce Conseil, suite à
des problèmes internes, de problèmes de personnes et
de déménagements. Les questions d’argent sont
toujours difficiles.
Le soir, rencontre avec les catéchistes
qui ne sont pas venus à la réunion de lundi. Cela
arrive très souvent et fait perdre beaucoup de temps. Les
gens ne répondent pas aux invitations et il faut reprendre le
travail un par un.
Mercredi
4 Novembre : Je reste à
la maison pour rédiger un certain nombre de documents en
retard. Et pour recevoir un certain nombre de personnes. En
particulier, un jeune qui voudrait être spiritain. Nous
parlons longuement mais il me semble plus chercher une situation
sociale et une sécurité qu’à être
missionnaire au service des plus pauvres, dans l’amitié
et l’ouverture à tous. Nous continuerons notre
réflexion, mais je pense que les bases nécessaires à
une vie religieuse et missionnaire n’existent pas… au
moins pour le moment.
A ce moment-là, je suis appelé
par CRS d’urgence. Ils ont lancé un grand programme
de vaccinations, d’éducation sanitaire et de lutte
contre le paludisme, en particulier en distribuant des
moustiquaires imprégnées de produits qui chassent les
moustiques. En effet, le paludisme tue plus que le SIDA en Guinée,
surtout les bébés. Le projet est en cours, mais on a
besoin de personnes engagées et sérieuses pour
superviser les distributions, payer les travailleurs, etc… On
sollicite les Commissions de « Justice et Paix »
pour assurer cette supervision. Bien sûr, j’accepte…
en espérant que les gens choisis seront compétents et
surtout sauront résister aux pressions et aux tentatives de
corruption. Ce qui n’est pas facile.
Mardi
3 Novembre : Travail à
l’Archevêché.
En arrivant au cyber-café,
une mauvaise surprise : mon ordinateur portable ne
marche plus. La carte mère est fichue. C’est vrai que
je le promène partout, pour trouver du courant ou un réseau
internet, et cela ne l’arrange pas. Le problème va être
de m’en procurer un autre.
Je pars donc à l’Atelier
où les jeunes préparent une grande croix pour
le centenaire de la paroisse de Kindia, fondée par un
spiritain, le Père LACAN ; c’est un gros travail
de plusieurs semaines, pour former à la main en tôle un
Christ plus grand que grandeur nature et une croix de plus de 6
mètres de haut. Ce sont des jeunes musulmans qui font ce
travail. Ils sont très heureux et même fiers de le
faire.
Je me retrouve ensuite avec les responsables diocésains
de la jeunesse pour évaluer l’avancée du
thème d’action de ce mois de Novembre :
l’engagement dans l’Eglise.
Puis, c’est le
problème de l’impression de l’agenda
liturgique 2010. Il est prêt au tirage depuis début
octobre, mais notre machine nous a lâchés. En effet,
notre imprimerie est très vieille, et, malgré de très
nombreuses démarches, nous n’avons pas trouvé de
financement pour acheter de nouvelles machines. On va essayer de
bricoler quelque chose sur place.
Après cela, je vais
soigner ma cheville au dispensaire de l’ambassade de
France, où je suis très bien soigné et
accueilli. Mais il s’agit d’un ulcère, donc il
faut beaucoup de temps pour qu’il se cicatrise. De plus, le
médicament utilisé étant terminé, il a
fallu passer commande pour une nouvelle livraison. Et pendant ce
temps, la plaie s’est réinfectée. Patience !
Mais ces soins me prennent beaucoup de temps et me fatiguent
beaucoup, m’empêchant de travailler comme d’habitude,
alors qu’il y a tant à faire en ce moment. Par
ailleurs, certains s’étonnent que j’aille me
faire soigner à l’ambassade, alors que je ne suis pas
d’accord avec la politique qu’elle mène en
Guinée. Mais je pense qu’il ne faut pas mélanger
les choses !
Lundi
2 Novembre : Evaluation des
actions.
Ce matin, nous nous retrouvons à CRS pour
faire l’évaluation des activités de toute
l’année. C’est un gros travail, mais c’est
important pour voir où l’on va. Et évaluer le
travail nous permet de l’améliorer. Il s’agissait,
en premier lieu, de mettre en place des commissions de justice et
paix et de pastorale sociale dans chacune des paroisses. Les
formateurs ont vraiment bien travaillé et les commissions
sont en place. Il reste cependant un certain nombre de problèmes :
d’abord il faudra que les commissions se mettent effectivement
au travail. Mais nous notons qu’un certain nombre de
responsables de paroisse n’ont pas compris ce que nous
cherchons ; et pour certains, c’est un moyen de gagner de
l’argent et de l’influence, plutôt que se mettre
au service du pays et des pauvres. Il va falloir remotiver les gens
et réorienter les choses. Nous prévoyons plusieurs
sessions de formation pour cela.
A 16 heures, nous nous
retrouvons au cimetière pour la prière pour les morts.
A 18 heures, nous sommes à l’église paroissiale
pour une prière spéciale pour les défunts de la
paroisse et pour les membres de leurs familles, et une intercession
pour les veuves. L’Eucharistie se prolonge dans les
salutations et les discussions amicales.
Discours du
Président.
Je rentre ensuite rapidement à la
Communauté pour pouvoir suivre le discours du Président.
Il ne se manifestait pratiquement plus depuis le 28 Septembre. Il a
beaucoup changé son comportement : il n’a plus son
béret rouge, il parle assis et calmement. Mais dans le
contenu, il reste des problèmes et il n’a pas beaucoup
changé : il continue à mettre la faute des
tueries sur les partis d’opposition qui ont maintenu la
manifestation contre sa candidature alors qu’il l’avait
interdite. Bien sûr, il a présenté ses
condoléances aux familles des tués mais il n’a
exprimé aucune demande de pardon, se contentant de dire que
c’est un événement malheureux et imprévu.
Et aucun regret exprimé de la part de l’armée.
On se contente de dire : il faut mettre en place le
dialogue, s’asseoir à la même table et se
pardonner. Mais il n’y a pas de réconciliation sans
justice ! Au contraire, on a fait monter en grade d’office
tous les militaires avec augmentation de salaire (sans doute pour se
concilier l’armée). Et les militaires ont fêté
la fête de l’armée le 1er Novembre
sans arrière-pensée. Mais le problème, c’est
que si on enlève le Président Dadis, qui aura
l’autorité pour tenir les militaires en main et qu’ils
acceptent un gouvernement démocratique ? Et du côté
de l’opposition, ils sont divisés entre eux, et de
toutes façons on ne voit pas très bien qui pourrait
être président actuellement. Nous espérons que
les rencontres avec le Président Blaise COMPAORE, le
médiateur choisi par la Conférence des Etats d’Afrique
de l’Ouest (CEDAO), pourra faire quelque chose. Nous suivons
les événements dans l’inquiétude et la
prière.
Discours de l’Evêque.
Juste
après le discours du Président, c’est le
discours de l’Evêque : c’est peut-être
voulu, pour récupérer ce que l’Evêque va
dire. D’autant que la situation est très
délicate.
L’évêque a essayé de
juger les choses calmement et en se mettant au-dessus de la mêlée,
mais ce n’est jamais facile. Et comme toujours, chacun
cherche dans ce que l’évêque a dit ce qui peut
conforter ses options et être utilisé à son
avantage ; et, au contraire, supporte très mal les
critiques que l’évêque fait à son
camp.
Pour moi, au-delà de la forme, dont on pourrait
corriger certaines expressions, le fonds me semble valable et assez
équilibré. Je regrette simplement que l’on n’ait
pas condamné les tueries qui sont absolument indéfendables.
C’est pourquoi nous attendons impatiemment les résultats
de la Commission d’enquête nationale et surtout celle de
l’O.N.U.
Dans sa déclaration, l’évêque
demandait que l’on ne cherche pas à récupérer
la religion pour des fins politiques. Et c’est justement cela
qui nous inquiète. D’abord le président lui-même
demande des prières et des « récitations de
la Bible et du Coran » dans toutes les églises et
les mosquées, pour la paix et le dialogue. Nous pensons que
ce n’est pas à lui de décider cela. Et pour la
paix, il faudrait d’abord reconnaître de quel côté
est la faute et au moins demander pardon. Ce n’est pas celui
qui a été tué qui doit demander pardon –ou
qui a eu tort-, mais bien celui qui a tué.
Autre chose. Le
lendemain, la déclaration de l’évêque est
reprise à la télévision nationale avec des
commentaires d’un journaliste. Le problème, c’est
que pendant ces commentaires on passe des photos non pas de
l’évêque ou de l’Eglise catholique mais du
président Dadis et de ses premiers meetings, du temps où
il avait beaucoup de succès. On a le sentiment que le pouvoir
veut récupérer le discours de l’archevêque
et donner l’impression que l’Eglise soutient
inconditionnellement le pouvoir en place. Alors que, bien sûr,
il ne peut pas en être question.
De même, de nombreux
groupes organisent des rencontres de prière pour la paix et
le pays, jusque dans le camp militaire siège du CNDD (le
Comité militaire au pouvoir) et où loge le Président.
Cela aussi nous semble équivoque et nous met mal à
l’aise. Bien sûr, il faut prier pour le pays, mais
encore faut-il que les objectifs et les motivations soient clairs.
Dimanche
1er
Novembre – Toussaint. Vers une prière
plus ouverte et plus enracinée dans la culture.
Je
rappelle que tous ces saints que nous fêtons, ce ne sont pas
seulement les saints chrétiens anonymes, mais aussi les
saints des autres religions. Et également les ancêtres
qui ont écouté la voix de Dieu dans leur cœur et
vécu selon leur conscience. Et nous leur faisons une
libation, en signe de respect, avec de l’eau bénite,
devant l’autel. Et en suivant la 1ère
lecture, nous amenons des pagnes blancs et des palmes devant
l’autel.
C’est mon 2ème dimanche à
TAOUYA. En accord avec le Conseil paroissial et après
discussion en assemblée, nous commençons un certain
nombre de choses. D’abord, une liturgie de la Parole spéciale
pour les enfants qui leur soit adaptée, avec une seule
lecture (l’Evangile), des explications conformes à leur
âge et à ce qu’ils vivent, et surtout une
meilleure participation de leur part. Ils viennent nous rejoindre au
moment du Credo pour participer avec nous au sacrifice de
l’Eucharistie. La Prière Universelle est spontanée
et dans les douze langues principales de la paroisse (six,
chaque dimanche en alternant) pour que chacun puisse entendre au
moins une prière dans sa langue. Moi-même, j’introduis
des prières et la lecture de l’Evangile en soussou, qui
est la langue commune de Conakry. Tout cela passe très
bien.
Dans l’homélie, à partir des
béatitudes, j’insiste sur la nécessité de
s’ouvrir à tous et de vivre notre foi à
l’intérieur de nos cultures africaines. Là, ça
passe moins bien. Il y a encore beaucoup de réticences à
ce niveau et même de blocages.
Rencontre des
jeunes.
Après la messe, rencontre générale
des jeunes. C’est une action prolongée et suivie sur
tout le diocèse. En septembre 2008, notre évêque
avait un message aux jeunes. A Pâques (avril 2009), nous avons
tenu deux grands forums avec les jeunes de KATACODI, dans le
Bagataye (plus de 700 jeunes) et à CONAKRY. Voir
les « Nouvelles » de cette époque.
A partir des rapports, des interventions et des propositions des
jeunes, nous avons donc élaboré un plan d’action
en cinq temps : un thème d’action chaque mois. Et
nous allons rédiger chaque mois un dossier pour donner aux
responsables paroissiaux de la jeunesse les éléments
nécessaires pour mener cette action. Les cinq grands thèmes
retenus sont :
1) L’engagement des jeunes dans
l’Eglise,
2) L’engagement dans la société,
3)
La mise en œuvre du Synode : Réconciliation,
Justice et Paix,
4) Témoignage et Evangélisation,
5)
Les problèmes de la jeunesse : drogue, violence,
sorcellerie et magie, chômage, etc…
Aujourd’hui,
les responsables des jeunes de la paroisse présentent le
premier thème. Ils ont très bien préparé
les choses, si bien que je peux me « dédoubler »
et aller suivre l’assemblée des femmes dont c’est
en même temps la réunion générale,
puisque c’est le seul dimanche où je suis là et
que, elles aussi ont grand besoin d’organisation et
d’orientations. Après que les responsables-jeunes aient
présenté le thème à leurs camarades,
nous avons une réflexion commune, à partir de
l’Evangile, sur les engagements importants à prendre et
les choses à faire. Je suis frappé par le sérieux
et la profondeur de leur réflexion. Et la qualité de
leurs témoignages et de leur foi chrétienne. C’est
très réconfortant. Il est vrai que nous sommes en
ville et qu’il y a parmi eux un certain nombre de jeunes
cadres et d’étudiants, qui ont donc reçu une
formation et ont l’habitude de réfléchir. Cela
me change des villages de Kataco et Boffa, où tous les jeunes
scolarisés étaient partis en ville et où il
fallait travailler dans une langue que je ne parlais pas
parfaitement, ce qui est toujours difficile et un de nos handicaps.
Nous décidons donc d’un certain nombre d’actions
à mener personnellement, à deux ou trois, ou en groupe
et mouvements. Bien sûr, il faudra agir. Nous ferons le bilan
le mois prochain.
Rencontre des femmes.
Les femmes de
la paroisse ont de la peine à se mobiliser. Elles ont aussi
de la peine à s’organiser car ce sont les hommes qui
commandent la plupart du temps. De plus, les femmes ont été
rassemblées en fraternité qui s’occupe de la
préparation des fêtes, des repas et autres activités
paroissiales. Mais elles n’ont pas été formées
à prendre en charge leurs problèmes de femmes. Ni à
travailler dans le quartier (pas seulement à la paroisse). Ni
à agir ensemble avec les autres femmes (musulmanes et
autres). Avec elles, avant même de décider des actions
à mener, il va falloir assurer tout un travail de
sensibilisation et de prise de conscience des problèmes. Et
ensuite leur donner une formation. Il y a des femmes tout à
fait capables pour cela. Il suffit de les repérer et de les
motiver.
Samedi
31 Octobre : Tous les samedis, surtout en ce
début d’année scolaire, je suis pris maintenant
par ma grande et nouvelle paroisse. Je ne plus aussi disponible pour
les Commissions des Justice et Paix et pour la Pastorale sociale,
alors qu’il y a tant à faire, surtout avec les
événements actuels. Le travail en retard s’accumule
sur mon bureau et cela me pose un réel problème. Que
faire ? A la paroisse, beaucoup de questions étaient
restées en suspend. Souvent, justement parce que ce sont des
problèmes délicats. Heureusement, avec le Bureau du
Conseil paroissial, le courant passe bien et nous collaborons
facilement. Pourtant, ce n’était pas évident
pour eux, ni pour personne, d’accueillir un nouveau curé
envoyé pour remettre de l’ordre avec tout ce que cela
comporte.
Préparation d’un document.
Notre
archevêque vient de revenir du 2ème Synode
pour l’Afrique. C’est donc l’occasion de faire une
déclaration sur la situation du pays, à la lumière
des textes du synode. En effet, la situation est toujours aussi
délicate et tendue. L’insécurité grandit.
Un directeur de banque a été agressé. Du coup,
toutes les banques sont fermées. Les « forces
vives » de l’opposition, comme les membres du
gouvernement et des militaires, se préparent à
rencontrer le médiateur, Blaise COMPAORE, Président du
Burkina Faso, mais au lieu de chercher le dialogue, et pour cela
reconnaître ses torts, on a l’impression que
l’opposition fait de la surenchère et que les
militaires n’ont rien compris et font de la provocation. Il
est important que l’Eglise intervienne en se tenant au-dessus
de la mêlée et en proposant des solutions, mais il nous
faut bien examiner tous les aspects et réfléchir à
ce que nous allons dire.
Le Conseil économique.
Après
cela, nous nous retrouvons avec le responsable économique. La
paroisse de Taouya est une très grosse paroisse mais jeune.
Beaucoup de choses sont donc à mettre en place. Pour le
moment, la priorité est la construction du presbytère
.Et il y a aussi et surtout la prise en charge des différentes
activités, notamment en ce début d’année
scolaire. Le conseil est devenu inefficace suite à des
problèmes de personnes. Il va donc falloir d’abord
régler tous ces problèmes, ce qui n’est jamais
facile, d’autant plus qu’ un certain nombre
d’opérations pas très claires réalisées
dans le passé font qu’il y a un blocage sur toutes ces
questions financières. Mais je ferai tout pour assainir les
choses. C’est une question de crédibilité pour
la paroisse et ses responsables, et même pour toute l’Eglise
de Guinée. Il va seulement me falloir beaucoup de tact et de
patience….. et ce n’est pas mon fort !
Permanence
au presbytère.
Aujourd’hui, je me suis libéré
pour la paroisse. De nombreuses personnes viennent me voir, car
c’est une paroisse difficile (c’est d’ailleurs
pour cela que j’y ai été nommé) et les
problèmes ne manquent pas. Nous préparons trois
mariages qui sont restés à la traîne, car ce
sont des cas difficiles : mariages de chrétiennes
avec des musulmans. J’en ai déjà parlé
début octobre : il s’agit de faire respecter la
liberté et la religion de ces femmes. Nous acceptons que le
mari reste musulman ; il faudrait que lui, et surtout ses
parents et ses chefs religieux, acceptent que la femme puisse rester
chrétienne.
Puis c’est le tour des parents qui
veulent baptiser leurs bébés. Jusqu’à
maintenant, on donnait le baptême sur simple demande. Mais
nous sentons la nécessité absolue d’une
formation plus approfondie des chrétiens à tous les
niveaux. Je demande donc une préparation des parents et
parrains/marraines, avec plusieurs rencontres pour cela. Tout comme
pour le mariage. Et je tiens à ce que ce soit des laïcs,
parents et couples mariés à l’Eglise, qui
fassent ces préparations. Je leur ai remis des schémas
de rencontres pour cela et j’ai commencé à les
former. Mais cette exigence de préparation sérieuse à
la célébration des sacrements a du mal à
passer. Nous allons en reparler samedi prochain au Conseil
paroissial. Je prends déjà le temps de rencontrer les
parents et de parler avec eux.
Avant la messe, j’ai juste
le temps de saluer les groupes de catéchisme et les
Mouvements de jeunesse qui se réunissent le samedi, pour
que nous fassions connaissance. Et aussi pour assurer leur lancement
effectif.
Ce soir, à la Messe, il y a une prière
spéciale pour une veuve qui finit son veuvage. Mais c’est
surtout la clôture du Mois du Rosaire. Chaque jour, les
chrétiens se sont retrouvés dans les quartiers
populaires pour prier ensemble le chapelet. Ce soir, nous sommes
donc tous ensemble à l’église. Notre prière
démarre à partir de l’Evangile de la visite de
Marie à Elisabeth : nous réfléchissons à
la disponibilité, au sens du service de Marie et surtout aux
paroles de son chant : « Dieu renverse les puissants
de leurs trônes. Il élève les petits. Il donne à
manger à ceux qui ont faim et renvoie les riches les mains
vides. Il se souvient de son peuple avec nous ». Des
paroles qui nous parlent beaucoup au milieu de tout ce que nous
vivons
Vendredi
30 Octobre : Je pars de bonne
heure pour pouvoir ouvrir ma boîte mail et ouvrir mon
courrier, toujours aussi abondant. Mais il n’y a pas de
courant, même en plein centre ville. Tout est bloqué.
Je passe donc un moment à l’atelier de soudure où
ils préparent une grande croix pour le centenaire de la
paroisse de KINDIA.
L’après-midi, rencontre de
formation avec les CV-AV, le mouvement des enfants. Le soir,
rencontre dans une communauté de quartier. Je
recueille leurs conclusions après les deux réunions
tenues par moi-même et par Emmanuel, le stagiaire. Elles sont,
en gros, positives. Nous mettons donc en place un bureau et nous
tenons notre première réunion en suivant le programme
élaboré ensemble. La secrétaire en particulier
est très dynamique et fait bien avancer les choses. C’est
bon signe pour la suite. Comme d’habitude, la communauté
nous a préparé un repas que je ramène en taxi à
la maison. Il sent très bon et les autres voyageurs en
salivent pendant tout le voyage.
Jeudi
29 Octobre : Avec Igbé,
ce matin nous continuons notre réflexion en abordant la
question des projets de développement, en privilégiant
les femmes (un projet de jardinage) et les jeunes filles (en centre
de couture). Pour ces jeunes filles, il s’agit à la
fois d’apporter un complément de formation pour celles
qui ont quitté l’école (ou même n’y
sont jamais allées) et leur donner un moyen de gagner un
minimum d’argent. Nous espérons que cela permettra de
réduire en même temps le nombre de jeunes filles
enceintes, qui est élevé malheureusement.
Le
dispensaire St Gabriel.
A midi, nous allons avec les
responsables de CRS voir l’équipe animatrice du
dispensaire St Gabriel pour qu’elle assure le suivi des
blessés du 28 Septembre, CRS prenant en charge les frais.
En effet, ce dispensaire catholique est reconnu pour la qualité
de ses soins, mais aussi le sérieux et la conscience
professionnelle des agents de santé, ainsi que le coût
très réduit des soins étant donné que
tous les médicaments arrivent directement aux malades, sans
être détournés et revendus à prix fort.
De plus, les malades sont tranquilles, car les médicaments
sont sûrs, il ne s’agit pas de faux médicaments
venus du Nigeria ou de Chine, ou même fabriqués sur
place. C’est d’ailleurs à cause de tout cela, que
ce dispensaire privé catholique a été intégré
dans la fonction publique, pour avoir une influence très
positive sur les autres dispensaires de la ville. Ce dispensaire
était dirigé par des volontaires européens
d’une association. Après les événements
du 28 Septembre, ils ont pris peur et sont tous rentrés,
poussés en particulier par leurs parents, sans doute paniqués
par ce qui se disait dans les médias européens sur la
Guinée. Les responsables de l’association m’ont
alors demandé le suivi du dispensaire. Une équipe de
direction a été mise en place à partir du
personnel guinéen qui travaille très bien. Donc, nous
sommes sûrs que les blessés seront très bien
pris en charge. Reste à trouver le moyen de débloquer
le conteneur de médicaments qui est en attente au port.
Mercredi
28 Octobre : Nouvelle réunion
avec les volontaires pour préparer les actions à
mener et se répartir le travail.
Aujourd’hui, cela
fait un mois qu’a eu lieu la tuerie du 28 Septembre. Pour
marquer ce triste anniversaire, les « forces vives »,
c’est-à-dire l’opposition, ont décidé
une « ville morte ». Nous regrettons beaucoup
cette décision, car elle continue à se situer dans la
ligne de la confrontation, au lieu de chercher des voies pour le
dialogue, qui est pourtant la seule solution valable et qui est
encore possible malgré tout. D’ailleurs beaucoup de
gens continuent à vaquer à leurs occupations, car ils
sont fatigués de toutes ces manifestations et oppositions
stériles. Beaucoup vivent dans la pauvreté et ont
besoin de travailler pour vivre. La rentrée scolaire vient
juste d’être faite et on arrête les cours !
Et les forces vives qui demandent cette ville morte ne s’entendent
pas entre elles et n’ont pas de programme ni de solution à
proposer. En fait, ce sont surtout les banques, les commerces et les
stations services qui ont fermé, mais c’est par peur
d’être attaqués et pillés, et non pas par
soutien à l’opposition. En effet, les gens commencent à
être très fatigués, et comme toujours, ce sont
les plus pauvres qui subissent les conséquences. Selon nos
moyens, nous continuons à chercher des voies constructives et
des solutions de dialogue, tout en veillant à trouver des
solutions constructives pour bâtir le pays. Ce n’est pas
facile de mobiliser les gens !
Formation des
éducateurs.
En tout cas, les formateurs et les
apprentis de notre atelier de soudure sont tous venus au travail.
Moi-même, je vais assurer la formation prévue des
éducateurs des foyers des enfants de la rue. Après
avoir réfléchi, il y a 15 jours, à notre façon
de travailler et notre organisation, aujourd’hui nous
réfléchissons à notre engagement d’éducateurs
et voyons comment vivre cet engagement dans la foi. Nous
commençons par une messe, où nous prenons largement le
temps de partager la Parole de Dieu (Col. 3 et Matthieu 22) :
les qualités de l’éducateur selon St Paul, et
Jésus qui nous envoie sur les routes et les chemins à
la recherche de nos frères et sœurs.
Je dois les
abandonner après la messe, car notre archevêque, qui
revient du 2ème Synode pour l’Afrique après
presqu’un mois d’absence, souhaite me rencontrer. Je
laisse donc les éducateurs en carrefours, avec un
questionnaire à réfléchir. Ils m’enverront
leurs réponses que je travaillerai la prochaine fois avec eux
tous.
La tension augmente.
Au retour, notre taxi est
dépassé par une escorte militaire qui nous fait nous
ranger d’une façon très agressive et en nous
insultant. C’est ceci qui m’inquiète beaucoup.
Suite à toutes les attaques médiatiques et
diplomatiques contre la Guinée, les militaires se sentent
agressés. Et ils répondent par des attaques verbales,
mais aussi physiques, et même des arrestations arbitraires.
Tout cela augmente la peur et l’insécurité. Nous
sommes pris dans un cercle vicieux et un enchaînement sans
fin. La volonté d’imposer des solutions par la force et
de prendre parti à priori pour l’opposition de la part
des pays et organisations étrangères, au lieu de
chercher des chemins de dialogue, ne favorisent vraiment pas les
choses et n’aident pas à la réconciliation. Nous
nous retrouvons tout à fait dans le message final du 2ème
synode pour l’Afrique qui vient de se terminer (n° 36 et
37)
N° 36 – Le Synode s’attriste en
remarquant que c’est la honte qui caractérise plus d’un
pays africain. Nous pensons en particulier au cas lamentable de la
Somalie empêtrée dans de violents conflits depuis près
de deux décennies, avec des conséquences sur les
nations avoisinantes. Nous n’oublions pas non plus la tragédie
des millions de personnes dans la région des Grands Lacs et
la durable crise au nord de l’Ouganda, au sud Soudan, au
Darfour, en Guinée Conakry, et en d’autres endroits.
Les gouvernants de ces nations doivent prendre leur responsabilité
devant leurs prestations génératrices de douleur. En
bien des cas, on se trouve devant la situation de soif du pouvoir et
des richesses au détriment du peuple et de la nation. Quel
que soit le niveau de responsabilité attribuable aux intérêts
étrangers, on ne peut nier une honteuse et tragique
complicité des leaders locaux : des politiciens qui
trahissent et mettent leurs nations aux enchères, des hommes
d’affaires éhontés qui se coalisent avec les
multinationales voraces, des africains vendeurs et trafiquants
d’armes qui spéculent sur les armes légères
cause de la destruction de vies humaines, des agents locaux
d’organisations internationales qui se font payer pour
diffuser des idéologies nocives auxquelles ils n’adhèrent
pas eux-mêmes.
N° 37 – Les conséquences
néfastes de toutes ces menées ne sont cachées
pour personnes : pauvreté, misère et maladie, des
réfugiés dedans, dehors et outre-mer, recherche d’une
meilleure vie qui conduit la fuite des cerveaux, migrations
clandestines, trafics d’hommes, guerres, effusion de sang,
souvent par personnes interposées, atrocité d’enfants
soldats, l’indicible violence faite aux femmes. Comment
peut-on être fier de régner sur un tel chaos ?
Qu’est devenue la pudeur traditionnelle africaine ? Ce
Synode le proclame haut et fort : le temps est venu de changer
des habitudes pour l’amour du présent et des
générations futures.
En ce moment, nous
avons l’impression d’être assis sur une bombe. Et
au lieu de la désamorcer, on augmente encore la température.
Cela nous fait penser à l’ancien président des
Etats-Unis, Bush. Lui aussi il a voulu imposer des solutions de
force. Et nous avons vu à quoi cela a abouti en Irak et en
Afghanistan. Nous ne voulons pas que la même chose arrive en
Guinée, et pourtant nous en prenons le chemin.
Aide à
un orphelinat.
A cause de tout cela, les problèmes à
la base et les difficultés quotidiennes ne font qu’augmenter,
pour le plus grand mal des populations déjà en
situation de détresse. Plusieurs personnes viennent me voir,
avec leurs problèmes personnels ou communautaires. Parmi eux,
Charles, responsable d’un orphelinat où 37 enfants ont
été accueillis. Depuis un an, une association
allemande qui les soutenait a arrêté de les aider. Ils
sont reconnus par le Ministères des affaires sociales, mais
qui ne leur fournit aucune aide. La Communauté Sant Egidio
prend en charge la scolarité des enfants dans une école
privée, car l’enseignement dans les écoles
publiques est malheureusement très mauvais. Mais il reste à
assurer le logement et surtout la nourriture, les frais de santé,
l’habillement, et tous les autres frais. Nous cherchons des
moyens sur place et des actions pour gagner un peu d’argent et
ne pas compter seulement sur l’extérieur, même si
cette aide extérieure restera nécessaire sans doute
pour longtemps encore.
Malgré toutes nos difficultés,
la vie reste agréable et les gens sont très
attentionnés. Je me promène sans arrêt avec mon
sac plein de papiers. Et les gens m’arrêtent pour me
dire : « Attention, ton sac n’est pas
fermé ! ». L’autre jour, tous les taxis
collectifs étaient rares et donc pleins. J’ai réussi
à entrer dans un « car rapide » où
j’étais debout et courbé, le car rapide n’étant
pas assez haut pour se tenir debout. Tout de suite, un jeune m’a
donné sa place pour que je puisse m’asseoir. Comme je
venais d’un endroit que je connais mal, il m’a expliqué
l’itinéraire et à l’arrivée, il m’a
dit : « Je sais que c’est difficile de vivre
en pays étranger. Est-ce que je peux vous payer votre
transport ? ». Bien sûr, j’ai
accepté !
Kataco.
Le soir, j’ai la
joie d’accueillir Igbé, un confrère nigérian,
qui a pris la responsabilité de Kataco, après que nous
ayons travaillé ensemble d’abord à Mongo, puis à
Kataco. Nous réfléchissons ensemble toute la soirée
sur la façon de travailler et préparer les formations
et les actions pour cette nouvelle année pastorale.
Mardi
27 Octobre : Travail à
la maison.
Après-midi : rencontre avec CRS.
Longue séance pour évaluer nos moyens et voir comment
répondre aux différents besoins.
Lundi
26 Octobre : Soutien aux
blessés.
Rencontre des volontaires. Nous avons terminé
les rencontres des blessés et des familles en deuil qui nous
avaient été signalés. Nous évaluons les
différents besoins.
La journée se continue avec les
activités ordinaires.
Dimanche
25 Octobre : La Commission
« Justice et Paix ».
Aujourd’hui,
je suis dans la paroisse de BONFI pour rencontrer la Commission
paroissiale. L’Evangile de la guérison de l’aveugle
nous permet de réfléchir avec toute la communauté
à la nécessité d’ouvrir nos yeux, non
seulement sur notre propre vie, mais sur ce qui se passe dans le
pays. Et de regarder les événements avec le regard du
Christ, ce qui n’est pas toujours évident. Ni de
regarder les autres avec le regard de Dieu, surtout s’ils sont
d’une autre ethnie ou d’une autre religion.
Après
la messe, réunion de la Commission avec, en plus, un certain
nombre de volontaires intéressés. La formation est
faite, la commission est mise en place, il reste à passer à
l’action, ce qui est toujours difficile. Nous revoyons les
orientations et, comme beaucoup de travail m’attend à
la maison, je les laisse préparer leur plan d’action
qu’ils me transmettront. A la rencontre, ont participé
deux jeunes : un Guinéen qui veut devenir missionnaire
spiritain et pour lequel il est donc important de se former et de
s’engager dans ce domaine ; et un étudiant
sénégalais qui est prêt à faire quelque
chose au niveau de l’Université.
Le soir, il y a du
courant. Je peux donc regarder la télévision
guinéenne. Elle a beaucoup évolué depuis ces
derniers temps et présente davantage la réalité
des choses sans cacher les problèmes.
On nous annonce
entre autres les sanctions européennes contre les auteurs
présumés de la tuerie du 28 Septembre :
interdictions de voyager, blocage de leurs fonds, suppression de
visas, etc… Il est absolument nécessaire que les
responsables soient punis. Mais il faudrait mieux attendre qu’ils
soient au moins jugés et reconnus coupables. D’autant
plus que la Commission d’enquête indépendante
nationale, mais aussi la Commission de l’ONU, ont commencé
leur travail. Cela exaspère beaucoup de Guinéens et
les confirme dans l’idée que l’Union Européenne,
la France en particulier, s’acharne contre la Guinée et
pour des raisons autres que celles mises en avant. Et cela le jour
même où on déroule le tapis rouge à Paris
pour recevoir le Président de Mauritanie, qui, justement, est
arrivé au pouvoir par un coup d’état et s’est
ensuite présenté aux élections présidentielles.
Justement ce que l’on veut interdire au Président
guinéen.
Samedi
24 Octobre : Séance
de travail avec Marc pour tirer les conclusions de sa visite aux
blessés et familles en deuil : évaluer les
besoins, voir ce qu’il est possible de faire. Préparation
du programme de visites des Commissions dans les paroisses pour
Novembre.
Mariage inter-religieux
Après-midi, à
la paroisse : Préparation d’un mariage mixte
(musulman – chrétienne).
Il y en a plusieurs en
préparation. C’est toujours une question délicate.
Quand ça marche, ça peut être une vie très
riche et permettant une ouverture aux deux religions pour un
dialogue en profondeur. Mais la femme n’a pas toujours la
liberté et la responsabilité nécessaires pour
cela. Par ailleurs, l’idée est encore forte que la
femme doit suivre la religion de son mari. Et même si le mari
est d’accord pour que sa femme continue à pratiquer sa
religion, la famille de celui-ci, elle, exerce souvent des pressions
très fortes sur la partie chrétienne. D’où
la nécessité de construire un tel mariage sur des
bases solides. Et que la partie chrétienne soit engagée
dans un groupe et garde un lien fort avec sa communauté.
D’autant plus que les chrétiens ne sont qu’une
petite minorité (5 %).
Le Mouvement des
enfants.
Ensuite, travail avec les responsables des CV-AV
(Action catholique de l’enfance). Il y a un gros travail
d’organisation et surtout de formation à faire. Ils se
contentent de participer à de grandes fêtes et
manifestations de masse. Mais j’ai l’impression qu’il
n’y a pas une véritable éducation des enfants ;
donc pas de responsabilisation de ceux-ci pour qu’ils
deviennent actifs et construisent eux-mêmes leur avenir dans
leur famille, leur école et leur quartier, ce qui est
pourtant le but du Mouvement. Il va falloir reprendre les choses à
la base et d’abord assurer la formation des responsables du
Mouvement. Encore du travail en perspective.
Les femmes.
Après
cela, c’est le tour des femmes. Je suis obligé de voir
les gens à la suite, le même jour, car je ne suis
presque jamais dans la paroisse à cause de mes autres
responsabilités. Les femmes sont organisées en
fraternités. Cela leur permet de se retrouver entre elles, ce
qui est très bon. Mais elles ne sont pas suffisamment
reconnues et n’ont pas une autorité réelle au
niveau de la paroisse. Dans les Communautés de quartier et au
Conseil paroissial, j’ai demandé que leur responsable
ne soit plus seulement présidente des femmes, mais présidente
de toute la communauté, à égalité avec
le président (homme) et travaillant ensemble, en
collaboration avec les deux responsables de la jeunesse (là
encore, un garçon et une fille). C’est une petite
(grande !) révolution, et il va falloir prendre les
moyens pour que cela passe effectivement dans les actes.
Il
va falloir prendre les moyens pour cela. La première
chose, c’est d’organiser les femmes elles-mêmes !
De les former, et à, partir de là, d’élaborer
un programme d’action valable. En effet, jusqu’à
maintenant les femmes sont très engagées dans la
paroisse. Mais c’est surtout pour le nettoyage de l’église
et la préparation des repas et des fêtes. Je voudrais
qu’elles s’engagent davantage dans leurs quartiers et
travaillent à transformer leur vie, en s’attaquant à
leurs différents problèmes et en cherchant des
solutions, toutes les femmes ensemble, pas seulement les
chrétiennes. Les problèmes ne manquent pas :
d’abord, tout ce qui touche le mariage lui-même :
éducation sexuelle, fiançailles et préparation
au mariage, vie conjugale, éducation des enfants, relations
avec les deux grandes familles, soutien aux couples en difficultés
et familles désunies. Et puis, il y a tous les problèmes
de santé : grossesses précoces et non
désirées, accouchements difficiles, régulation
des naissances, maladies des enfants, SIDA. Egalement les problèmes
économiques : pauvreté, malnutrition avec
toutes les conséquences. D’où la nécessité
de lancer des groupements de femmes avec des petits projets de
développement : teinture, couture, fabrique de savon
artisanal, tissage, etc… Ce sont souvent les mères
qui nourrissent et font vivre la famille. Enfin, il y a tout
l’engagement au niveau social pour la promotion de la
femme et de la famille, et déjà l’aménagement
des quartiers, l’amélioration des écoles et
postes de santé, etc… Il y a du pain sur la
planche !!
Ce soir, nous commençons par élaborer
un programme de réunion où seront abordés ces
différents points. On verra si les femmes vont accepter de se
mobiliser dans ce sens ; car c’est plus exigeant que
d’organiser simplement des fêtes avec tenues et
cotisations pour les repas !
Messe pour les défunts.
A
18 heures, messe du 30ème jour après le
décès d’un des piliers et fondateurs de la
messe, d’ailleurs originaire de la paroisse de Kataco d’où
je viens. En Guinée, comme partout en Afrique Noire, le
respect et les prières pour les morts sont très
importants. Il y a d’abord, au moins chez les chrétiens,
la prière du 8ème jour, puis celle du 30ème
jour (don c un mois après le décès), puis le
1er anniversaire de la mort. Tout cela permet une
progression très importante dans le deuil. Même s’il
y a des choses à revoir, par exemple pour les cérémonies
où s’introduisent parfois des affaires de sorcellerie,
des peurs, des malédictions et des accusations. Il y a aussi
la question de l’héritage et les tensions entre
familles, même si le rôle et la responsabilité de
chacun sont déterminés à l’avance par la
Coutume. Et encore la condition faite aux veuves et aux orphelins.
Nous en parlons au cours de l’homélie et après
la messe.
Ce soir, trois familles sont regroupées pour la
prière, car nous sommes en ville où tout le monde est
sur place, ce n’est pas comme en secteur rural où les
villages sont dispersés. A la fin de la messe, je bénis
les boissons et les biscuits qui vont être distribués à
la sortie (le « sacrifice ») en signe de
partage et d’amitié. Après la messe, nous nous
retrouvons dans une des familles, pour un repas et une rencontre
familiale. Hervé, le défunt, était très
connu et avait fait beaucoup de choses, aussi les gens sont-ils très
nombreux. Ce qui me permet de parler avec beaucoup de monde. Je
rentre assez tard dans la nuit, sans rencontrer aucun problème.
Vendredi
23 Octobre : Journée à
l’Archevêché.
Tôt le matin, je pars
pour l’évêché où déjà
des gens m’attendent. J’échange assez longuement
avec un prêtre français venu enseigner au Grand
Séminaire. Il connaît déjà l’Afrique,
car il a enseigné au Mali. Mais la Guinée se trouve
dans un e situation spéciale et difficile. De plus, il a des
problèmes de santé et doit rentrer en France. Je parle
aussi avec trois prêtres guinéens malades, venus se
faire soigner à Conakry. Je les connais et je prends le temps
de parler avec eux.
Aujourd’hui, au menu : Travail
avec la Commission de la jeunesse : lancement des activités
et préparation des documents. Courrier internet à
relever et auquel répondre : c’est toujours très
long. J’ai dû rouvrir Yahoo 12 fois, ça bloquait
à chaque fois. Rédaction d’un projet pour un
Foyer de jeunes filles en situation difficile. Rencontre avec le
nonce sur la situation du pays.
A mon retour, très fortes
pluies. Ici aussi le climat est perturbé. La saison des
pluies devrait être terminée depuis le début du
mois, mais continue à pleuvoir abondamment.
Jeudi
22 Octobre : Travail à
la maison.
Je reste à la maison. J’ai un tas de
comptes rendus et de documents à composer et à saisir,
mais je n’arrive pas à m’en sortir. Et
aujourd’hui encore, j’ai l’impression que je n’ai
rien fait.
Ce matin, Emmanuel, notre stagiaire, commence ses
cours à l’auto-école. Il a besoin du permis pour
son service à la Maison d’Accueil.
L’après-midi,
il me fait le compte rendu de la réunion dans la 1ère
communauté de quartier. Pour ce 2ème
passage, je préfère le laisser aller seul avec les
membres du Conseil paroissial pour recueillir les réactions
des gens à ce que je leur ai dit lors de mon premier passage.
En ma présence, ils n’oseraient pas parler aussi
librement. Et il faut qu’ils apprennent à s’organiser
sans la présence obligatoire du curé à chaque
fois. Mais bien sûr, il faut reprendre tout cela avec Emmanuel
et approfondir sa formation. C’est pour cela qu’il est
en stage !
Ensuite, je prépare un compte rendu
d’activités pour les différents organismes qui
nous aident (Secours Catholique, Caritas Allemagne, Raoul Follereau,
etc…) et j’en profite pour les remercier ici.
Mercredi 21 Octobre (suite) : La journée se passe vite avec les différents contacts, les visites, le passage à la banque, les soins au dispensaire, les messages à recevoir et à envoyer, les communications téléphoniques, les contacts avec les bénévoles pour le suivi du travail : une journée ordinaire qui passe vite.
Mercredi
21 Octobre : L’atelier
« Savoir-Fer »
Ce matin, réunion
du Conseil d’administration. Le mois dernier, le travail a
été très perturbé avec tout ce qui s’est
passé. Il faut donc le réorganiser, accueillir les
nouveaux candidats et les initier, car venant d’un milieu
difficile ils ont de la peine à s’adapter à un
rythme de travail régulier.
Mais aujourd’hui, notre
souci ce sont surtout ceux qui ont trouvé un travail après
leur formation. Certains sont mal payés ; d’autres
n’ont pas de masque ni de gants pour souder ; d’autres
sont maltraités. Nous voulons les laisser se défendre
et prendre leurs responsabilités au maximum, mais pour nous
il est parfois nécessaire d’intervenir. Au moins à
Conakry. En effet, un de nos anciens a des problèmes, mais
c’est à MACENTA, à plus de 600 km ! C’est
difficile de faire quelque chose !
Nous nous interrogeons
aussi par rapport à nous-mêmes. Par exemple, pour la
formation : les besoins et la technique évoluent et,
dans l’un ou l’autre cas, nous voyons qu’il y a
des manques dans la formation donnée. La première
chose, c’est de permettre aux formateurs de se recycler. Nous
allons nous y mettre. Et visiter chacun de nos anciens. Il y a aussi
les problèmes financiers, qui ne manquent jamais ! Mais
dans l’ensemble, nous sommes satisfaits. Les jeunes évoluent
bien, les formateurs font bien leur travail et nous arrivons à
maintenir l’équilibre entre la formation (l’essentiel)
et la production (pour faire marcher l’atelier). Avec le
départ de certains Français imposé par
l’ambassade, quelques-uns des travaux que nous avons faits ne
seront jamais payés. Tant pis !
Mardi
20 Octobre : Je reste à
la maison, car nous avons notre réunion de Communauté.
Nous sommes trois : John, le supérieur, nigérian,
qui a longtemps travaillé au Congo ; Emmanuel, également
nigérian, en formation et qui effectue son stage missionnaire
avec moi, dans la paroisse de Taouya.
John, lui, est curé
de la paroisse de Lambanyi. Je l’ai remplacé les trois
mois passés, pendant qu’il était en congés.
Nous habitons en banlieue, dans un quartier populaire et réputé
« chaud », ce qui correspond bien à
notre vocation. Mais à cause de mes responsabilités je
monte presque chaque jour à l’archevêché,
au centre ville, en fait à la pointe extrême de la
presqu’île de Conakry, à près de 20 km, en
« taxi » : en fait une voiture ordinaire
où nous nous entassons à 6 ou 7 (3 devant, 4
derrière), sur des routes impossibles et donc des tas de
bouchons… et de pannes, car ces « taxis »
sont dans un état abominable. Mais on arrive toujours à
se débrouiller !
Avec Emmanuel, nous avons déjà
organisé le travail à la paroisse la semaine dernière.
Il reste toute la question des comptes et des finances, aussi bien
pour les deux paroisses que pour la communauté. Je ne suis
pas un expert en la matière, mais avec Emmanuel nous essayons
de nous débrouiller.
« C’est Dieu qui
m’a choisi ».
Avec tout cela, le temps a
passé et je ne pourrai faire le quart de ce que j’avais
prévu. Je vais donc au plus pressé. D’abord une
réflexion sur la question du pouvoir et des élections.
En effet, la plupart des chrétiens sont originaires de la
Forêt (du sud), comme le président militaire actuel
Dadis CAMARA. En plus, il se présente comme chrétien
dans un pays où il y a environ 90 % de musulmans. Le danger
c’est que les chrétiens soutiennent Dadis uniquement
parce qu’il est de leur région et de leur religion. Les
peuhls musulmans de leur côté disent : c’est
notre tour d’avoir un président (en effet, le premier
président Sékou Touré était malinké,
le deuxième Lansana Conté, soussou). Or les peuhls
sont l’ethnie la plus nombreuse. On risque une guerre tribale
et religieuse. D’où la nécessité de faire
réfléchir les gens sur des bases solides.
Le
travail ordinaire continue, malgré la situation. Je reprends
donc le plan d’action de Justice et Paix de la paroisse de
Lambanyi, pour le communiquer aux autres paroisses.
La
communauté métisse.
A 18 heures, messe à
la paroisse pour le premier anniversaire du décès de
M. CURTIS. Comme son nom l’indique, c’est un métis
descendant des anglais qui ont colonisé la Guinée en
alternance avec les Français, les Hollandais et les
Portugais. On retrouve à Conakry, comme dans la plupart des
capitales de l’Afrique de l’Ouest, des familles métisses
qui ont la nationalité de l’ancien colonisateur. Au
moment de l’indépendance, beaucoup sont rentrés
en France (ou en Angleterre) ; certains ont préféré
rester dans leur pays. La plupart sont chrétiens, mais ils
sont souvent traditionnels et coupés de la culture africaine.
Ce qui fait qu’ils ont parfois de la peine à comprendre
nos orientations et nos recherches et à entrer dans nos
façons de travailler. Ce soir, c’est l’occasion
pour eux de se retrouver et de prier ensemble. En fait, la femme du
défunt est partie pour une autre messe à Paris avec
ses enfants venus de différentes villes de France, mais aussi
des USA et autres pays.
La rencontre est sympathique, mais bien
sûr il n’est pas question de partage d’Evangile ni
de tam tam. Je fais donc une homélie et une messe classique.
C’est vrai qu’il n’est pas toujours facile de
s’adapter à la mentalité et aux désirs
des gens
Lundi
19 Octobre : Début de
semaine.
Aujourd’hui, rentrée des classes. Elle
a été plusieurs fois reportée…. comme
chaque année, à la fois par manque de moyens et par
manque d’organisation et de prévision, aussi bien du
côté des parents que du côté de
l’administration. En tout cas, tout se passe dans la
tranquillité, sans pression.
Par contre, Internet marche
toujours aussi mal. Je passe un temps fou, sans arriver à
envoyer des pièces jointes et sans pouvoir faire d’envoi
groupé. Même la photocopieuse n’a plus
d’encre.
Je continue à me faire soigner la cheville.
Je suis très bien soigné, mais la plaie ne se ferme
pas vite ! C’est la vieillesse.
A 14 heures, réunion
de la Commission « Justice et Paix » pour le
suivi des blessés et le soutien des familles en deuil. Les
volontaires bénévoles ont très bien travaillé.
Ils sont allés voir les familles qui nous ont été
signalées par les paroisses pour les soutenir et connaître
leurs besoins réels. Avec le responsable, nous élaborons
un premier plan d’entr’aide. Et posons les premières
bases pour un comité de pilotage pour organiser l’éducation
à la paix et à la non-violence. Et ensuite, les
actions au niveau des jeunes.
Après cela, je me sens
fatigué, mais je ne peux pas oublier que je suis curé
de paroisse. A 17 h 30, je vais donc prendre un premier contact avec
le groupe du renouveau charismatique. C’est un groupe de
prière qui rassemble chaque lundi une cinquantaine de
personnes. Ils prient dans la joie et l’action de grâces,
avec de nombreux chants et danses, ce qui ne les empêche pas
de lire l’Evangile. Ils organisent chaque mois une nuit de
prières pour le pays, au Palais du Peuple, à laquelle
participe beaucoup de monde. Nous nous retrouvons avec les
responsables, après la prière.
Réflexions
sur la situation du pays.
Je me lève à 4 heures
du matin pour répondre en direct à « Radio
Notre-Dame », décalage horaire oblige. Je sors
profondément frustré de cette interview :
comment, en trois minutes, apporter un éclairage valable et
équitable sur une situation aussi complexe que celle de la
Guinée ? Et surtout, je sens que je me heurte à
des préjugés et des idées toutes faites. Quand
je dis que la ville est calme et que je circule sans problème
et sans danger, même de nuit, à pied et par les
transports publics, je me trouve devant un mur d’incompréhension
de la part du journaliste.
Et pourtant nous continuons nos
réunions, même de nuit, sans problèmes (voir
aux dates précédentes). On me dit : « Mais
alors pourquoi l’Ambassade de France demande-t-elle aux
Français de rentrer ? ». C’est
justement ce que ni nous, ni même nos amis qui travaillent à
l’Ambassade, ne comprenons. Et cela a été très
bien organisé. On a commencé par fermer l’école
française de Conakry ; du coup, les parents ont dû
envoyer leurs enfants à Dakar ou en France…
accompagnés de leurs mères, pour continuer leurs
études. Et c’est ainsi qu’on a créé
un mouvement de peur, puis de panique injustifiée chez les
Français, et un climat d’incompréhension puis
d’opposition aux Français de la part des
Guinéens.
Ensuite on a fermé les Services
techniques de l’Ambassade ou, par exemple, le Centre culturel
français ; et les gens ont été obligés
de partir à leur tour. Puis, les familles des militaires….
sans leur demander leur avis.
C’est vrai qu’il y a eu
la tuerie du 28 Septembre qui est absolument inadmissible et
épouvantable. Mais on ne parle que de ça, sans voir
tout ce qui s’est passé depuis l’Indépendance
et surtout sans voir tout ce qui se fait pour rétablir la
paix et le dialogue dans le pays. Pour le passé, il y a eu la
dictature de Sékou Touré avec des pendaisons en
public, puis le régime corrompu de Lansana Conté ;
mais à ce moment-là ni la France, ni l’Union
Européenne, ni l’Union Africaine, ni l’ONU n’ont
fait quoi que ce soit, car grâce à cette corruption
généralisée on pouvait exploiter les richesses,
minières et autres, du pays, sans honte.
Mais quand le
président Dadis arrive et prétend réviser tous
les contrats pour respecter les intérêts légitimes
du pays et défendre le bien de la population, alors là
les multinationales, et les pays occidentaux qui les soutiennent, ne
sont plus d’accord. Et quand cette tuerie arrive, au lieu de
pleurer les morts et de chercher les moyens pour que cela n’arrive
plus jamais, on a l’impression que certains en sont heureux,
pour pouvoir chasser le président et défendre leurs
intérêts égoïstes. On parle des droits de
l’homme, mais dans le fond on pense à l’or, au
diamant et à la bauxite. Et quand en plus le président
reçoit de l’argent de la Lybie et signe des contrats
avec les Chinois, alors on ne se retient plus,on nomme un médiateur,
Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Mais avant
même qu’il commence son travail, on a déjà
décidé que le président Dadis doit s’en
aller, de même que tout le CNDD (Comité National pour
le Développement et la Démocratie).
On veut un
gouvernement d’unité nationale, mais avec qui ?
Les partis politiques sont tous unis contre Dadis. Mais dès
que celui-ci sera parti, ils vont se battre entre eux, c’est
sûr. La plupart n’ont même pas de programme.
Comment faire un gouvernement d’unité nationale avec
les chefs des partis politiques qui pour la plupart sont des anciens
premiers ministres de Lansana Conté qui ont mis le pays à
plat et fait preuve de leur incompétence. On demande le
dialogue, tout en voulant le départ de Dadis. Mais alors,
avec qui va-t-on dialoguer ? Avec les soldats qui ont tué
et violé le 28 Septembre ? Ne vaudrait-il pas mieux
soutenir les efforts qui sont faits aussi bien pour le redressement
du pays que pour le dialogue, en corrigeant les erreurs ? Il
faut absolument réformer l’armée, libérer
ceux qui sont arrêtés sans jugement et juger les
auteurs de brigandage et de meurtres. Tout le monde est d’accord
là-dessus. Mais on sait en même temps qu’il ne
sera pas possible de réformer cette armée en un jour,
malheureusement. Elle a été désorganisée
dès l’Indépendance par Sékou Touré,
et dominée par les milices populaires. Depuis les guerres du
Liberia et de Sierra Leone, beaucoup de soldats guinéens sont
des drogués, des voleurs et des violeurs. Le président
est le premier à s’en plaindre. Actuellement, il fait
construire des casernes pour que les militaires ne se promènent
pas armés partout dans la ville. Il vient de leur interdire
de sortir la nuit avec leurs armes. Il leur a ordonné
officiellement de ne pas répondre aux provocations et
d’abandonner la violence. Les militaires se sentent maintenant
sous contrôle et savent qu’ils ne peuvent plus se
permettre n’importe quoi. Et, surtout, la population s’est
réveillée et n’accepte plus n’importe quoi
des militaires.
Le président a mis en place une Commission
nationale indépendante pour juger les auteurs de la tuerie du
28 Septembre. Il a accepté de collaborer avec une Commission
internationale. L’envoyé de l’ONU est déjà
sur place. Et on attend le médiateur.
Au lieu de se
bloquer sur le 28 Septembre, malgré l’horreur de ce qui
s’est passé, il faut voir d’où on vient et
tout ce qui a déjà été fait de positif.
Et soutenir les efforts actuels pour reconstruire le pays.
C’est ce que nous essayons de faire. Mais du côté
des media et des gouvernements étrangers, on ne reçoit
que des critiques négatives, alors que nous avons tellement
besoin de soutien et de compréhension ! La seule
solution pour le moment, c’est de créer des liens
et de renouer le dialogue à tous les niveaux et avec tous.
C’est ce que nous essayons de faire, comme je l’ai
longuement expliqué dans toutes les pages précédentes
et les documents que j’ai envoyés. Une solution de
force et imposée ne servira à rien. Les gens ne
l’accepteront pas.
Et je tiens à affirmer que ce que
je dis c’est l’opinion de presque tout le monde ici, y
compris les gens de l’Ambassade de France. Mais, à
l’extérieur, on préfère chercher ses
intérêts, au lieu d’écouter les personnes
qui sont sur place
La seule solution, c’est le dialogue,
sinon on va aboutir rapidement à une guerre ethnique aux
conséquences irrémédiables. Le problème
actuel, ce n’est pas de savoir si le président Dadis
doit partir ou rester. Le problème, c’est de rétablir
le dialogue et de reconstruire. Ensuite, ce sont les élections
qui désigneront le président.
En tout cas, nous
avons besoin de votre amitié, de votre soutien et de votre
prière.
Dimanche
18 Octobre : Rencontre de
Pastorale sociale.
Je pars à la paroisse de DABOMPA.
Je suis bien accueilli par le curé guinéen. Nous
concélébrons : il me demande de présider
et de prêcher et il insiste pour la mise en place d’une
Commission « Justice et Paix » dans sa
paroisse. Nous avions déjà essayé l’année
dernière, mais les gens ne s’étaient pas
engagés.
Nous nous retrouvons donc avec les volontaires.
Il y a là quelques responsables d’ONG qui veulent tout
de suite mettre en place une grosse structure avec un programme,
des statuts, un bureau. C’est ce qui se passe fréquemment,
et quand le bureau et les structures sont en place, les gens sont
contents, ils ont un titre et une fonction, et ils ne font plus
rien ! C’est d’ailleurs ce qui s »’est
passé l’année dernière. J’arrive à
renverser la perspective en leur demandant : « Comment
voyez-vous la situation du pays ? Dans cette situation,
qu’êtes-vous arrivés à faire ? ».
Ainsi, on arrive à parler de choses concrètes et
d’actions précises. Car effectivement ils font déjà
des tas de choses (Je mettrai bientôt le compte rendu sur
mon site… dès que j’aurai un moment pour le
rédiger !). La plupart des actions tournent autour
de l’aide apportée aux blessés et aux familles
qui ont perdu un parent le 28 Septembre ; de nombreux efforts
nécessaires pour renouer le dialogue entre tous au niveau
personnel ou entre associations. Mais il y a aussi d’autres
actions en faveur par exemple des filles mères et des femmes
abandonnées ou renvoyées par leur mari, ou pour la
défense des enfants de la rue. A partir de là, nous
pouvons mettre en place la Commission et expliquer comment élaborer
leur plan d’action. Espérons qu’ils se mettront
vraiment au travail cette fois-ci !
A la rencontre, il y
avait un éducateur des Foyers des enfants de la rue. Nous
rentrons ensemble et nous parlons longuement sur les difficultés
de son travail, les relations avec les enfants et entre éducateurs
qui n’ont pas le même caractère, ni la même
conception du travail.
Le soir, nous nous retrouvons entre amis
français et italiens et nous ne pouvons pas nous empêcher
de partager notre déception par rapport à la politique
de nos pays respectifs envers la Guinée.
Samedi
17 Octobre : Ce matin, réunion
des éducateurs pour l’évaluation des centres
aérés du mois d’Août. Malgré le
manque de moyens, les éducateurs ont très bien
travaillé ; je les encourage beaucoup et les remercie.
Je mettrai bientôt le compte rendu de notre réunion sur
mon site. Nous évaluons la marche des Centres en positif et
en négatif, en nous attachant surtout à l’éducation
donnée aux enfants et à leur prise de responsabilité
dans leur milieu de vie. A partir de là, nous voyons comment
réajuster la formation pour qu’elle corresponde
davantage aux besoins et soit mieux adaptée. Enfin, nous
tirons des conclusions pour les Centres aérés de
l’année prochaine. Nous repartons pleins de force et de
courage.
Une rencontre.
Au retour, dans le taxi, je me
trouve assis à côté d’un jeune musulman
responsable d’un comité local de la paix. Nous parlons
ensemble pendant tout le trajet pour partager nos efforts pour la
paix et envisager une collaboration. Il part à Labbé,
dans le Fouta Djallon, centre du pays et aussi de l’opposition,
pour assurer rencontres et formation. Nous nous verrons à son
retour.
Bernard KOUCHNER s’est attaqué sans
mesure ni réalisme à la Guinée. France 24 et
RFI (les medias français pour l’Afrique) assurent un
véritable matraquage médiatique en ne parlant que des
tueries et en en repassant les images en boucle à chaque fois
qu’on parle de la Guinée, comme s’il n’y
avait aucun effort de paix ni dialogue dans le pays. L’ambassade
demande aux français de quitter la Guinée, en se
basant sur des rumeurs infondées. Malgré tout, en tant
que Français, je me déplace sans problème.
Dans
le taxi dont je parle, le chauffeur achète deux sachets d’eau
fraîche et il m’en donne un. Il y a loin entre les
discours officiels et la réalité.
Le soir, après
la messe, nous nous retrouvons avec le Bureau du Conseil paroissial
pour le point de toutes les rencontres de ces trois semaines et
préparer les semaines qui suivent. Conformément à
mon désir, je ne parle plus avec une seule personne, le
vice-président (toujours un homme !) mais avec une
équipe de quatre, à égalité : un
homme, une femme, un jeune garçon et une jeune fille). Les
choses avancent.
Vendredi
16 Octobre :
Départ
tôt le matin, car à partir de 7 heures il est
pratiquement impossible d’avoir une place dans un taxi
collectif. En fait, aujourd’hui, je ne prendrai pas le taxi.
Au carrefour où je me tiens en attente, une voiture
s’arrête : « Montez mon Père, je
vous emmène ». Je ne sais pas qui c’est,
mais lui me connaît ! Et cela m’arrive très
souvent ! Les gens me connaissent, même si je ne me
souviens pas d’eux. Avant d’arriver au carrefour où
j’attendais le taxi, un homme m’a abordé. Nous
avions travaillé ensemble avec Handicap International pour
fabriquer sur place des appareillages avec du matériel local
pour les handicapés, suite aux attaques rebelles venue du
Libéria en 2001. Il a voulu m’offrir un petit
déjeuner. Comme je n’avais vraiment pas le temps, il
m’a offert un pain ! Hier, c’est un garagiste que
j’avais protégé au cours de ces mêmes
attaques. Nous avons parlé dans sa langue (le Kissi)….
et il m’a payé mon déplacement. Et au moment de
monter dans la voiture, c’est un anglophone, réfugié
du Sierra Léone, qui me serre la main (et ne veut plus la
lâcher) et me remercie chaleureusement en « créole »
anglais.
L’ambiance à Conakry.
Arrivé
à l’archevêché, l’ambiance est
autre ! L’ambassade de France demande aux Français
de quitter le pays. Cela apparaît comme un abandon de la
Guinée au milieu de tous ses problèmes. France 24
continue à passer en boucle les tueries du 28 septembre à
chaque fois qu’on parle de la Guinée. Cela ne fait que
nous enfoncer dans notre détresse et augmenter la peur de
tous. RFI nous transmet sans cesse les réactions –et
même les menaces- de l’Union Européenne, ce qui
ne nous apaise pas et ne nous aide pas dans nos efforts de paix et
de réconciliation. En tout cas, aujourd’hui, à
cause de tout cela, je dois supporter de nombreuses agressions
verbales : « les étrangers, vous êtes
contre nous » ; « les français,
rentrez chez vous ; vous voulez casser tous nos efforts et
détruire notre pays ». C’est sûr qu’il
y a eu des tueries et qu’il faudra en juger les responsables.
C’est sûr qu’il faut réorganiser l’armée
et la nettoyer de tous ses éléments troubles. Mais
pourquoi cet acharnement contre le pays, sans proposer aucune
solution constructive ! Nous en arrivons à nous demander
s’il n’y a pas des intentions inavouées derrière
tout cela. Par exemple, chasser à tout prix le président
parce qu’il veut revoir les contrats miniers signés par
plusieurs sociétés multinationales, grâce à
la corruption, au détriment du pays et de la population
guinéenne ? Et qui va-t-on mettre à la place ?
Un homme de paille ? Avec quels moyens ? Derrière
les grandes déclarations pour les droits de l’homme,
beaucoup se demande s’il n’y a pas de gros intérêts
économiques cachés. D’autant plus que les
chinois viennent de signer un énorme contrat avec la Guinée.
Et la Lybie est derrière. C’est vrai que eux, ils ne se
préoccupent pas des droits de l’homme ! Mais de
toutes façons, c’est la population qui est prise en
otage et qui souffre.
C’est sur toutes ces questions que
nous réfléchissons ce matin, avec les différents
services et Commissions. J’aurais de nombreux messages et
documents à envoyer, mais tout est bloqué :
Internet (mails), téléphone, SMS : est-ce que ces
services sont simplement saturés à cause de demandes
trop nombreuses, en panne, ou bloqués par les pouvoirs
publics ?
Les membres du Conseil chrétien (regroupant
les différentes Eglises) se retrouvent aussi pour voir ce
qu’il est possible de faire pour la paix et le maintien du
pays.
Des Frères salésiens sont venus de Kankan.
J’en profite pour voir avec eux comme mettre les Commissions
en place et soutenir leurs activités dans cette région
du pays.
Le soir, malgré la situation, nous nous
retrouvons dans une communauté de quartier où nous
tenons notre réunion après le chapelet, suivi de
l’Eucharistie. Quand nous nous quittons, il fait nuit depuis
longtemps, mais chacun rentre chez lui sans problème. Notre
seul problème, c’est de ne pas renverser la sauce du
plat que la communauté a préparé pour notre
repas !
Jeudi
15 Octobre : Le travail
paroissial.
Comme chaque jour, la journée commence par
la prière et la messe. Aussitôt après, nous nous
retrouvons avec Emmanuel, notre stagiaire, pour faire le point des
activités de la paroisse, depuis notre arrivée. Chaque
groupe nous a envoyé son rapport d’activités,
que nous avons étudié séparément et
maintenant nous en parlons ensemble, en abordant les différents
points les uns après les autres. Il y a beaucoup de choses à
dire. Nous partagerons nos réflexions avec le Bureau du
Conseil paroissial, samedi soir après la messe.
Le
dispensaire St Gabriel.
C’est un très gros
dispensaire, catholique mais intégré dans la fonction
publique et connu pour le sérieux, l’honnêteté,
la compétence de son personnel, et la qualité de ses
soins et de son accueil. Les volontaires de la FIDESCO qui
l’animaient sont rentrés en Europe après les
événements du 28 septembre. Les Guinéens se
sont organisés et ont continué le travail sans
difficulté. Je suis venu les saluer et les remercier. Et
aussi leur apporter mon soutien et voir leurs problèmes. En
fait, le gros problème, c’est celui des médicaments.
Il y a un conteneur au port, mais dans les conditions actuelles,
c’est très difficile de le faire sortir. Sinon, ils
continuent à se regrouper chaque matin pour une prière
de louange, ensemble chrétiens et musulmans. Et chacun
s’organise et prend ses responsabilités.
De mon
côté, je leur explique nos différentes actions
dans les quartiers et leur demande d’y participer chacun où
il vit et agit, ce qu’ils acceptent avec joie.
Séance
de travail avec CRS.
Nous faisons le point des nouvelles et
de l’évolution du pays. Puis nous évaluons
l’action des volontaires. Je leur explique nos projets de
formation des jeunes, définis hier (voir plus haut).
Nous pensons contacter les différents chefs religieux, pour
les impliquer et mettre en place un Comité de pilotage
interreligieux. Et à diversifier nos actions de
sensibilisation à travers le chant, le théâtre,
etc. Il y a aussi tous les postes de secours et de volontaires à
mettre en place pour pouvoir répondre immédiatement
aux besoins, avec des personnes disponibles sur place, au cas où
des nouveaux troubles apparaîtraient. La situation n’est
pas sûre, et il faut tout prévoir. Nous travaillons nos
documents, en particulier une page sur la Parole de Dieu et des
prières sur le pardon et la réconciliation pour nous
permettre de mieux vivre nos problèmes dans la foi. Nous
prévoyons un texte semblable, commun aux chrétiens et
aux musulmans.
Tout cela me fait du travail pour ce soir. Bonne
nuit à tout le monde !
Mercredi
14 Octobre : Les Foyers de
enfants de la rue.
Journée chargée ! Je me
retrouve au Centre de ces foyers (il y en a 8) tôt le matin.
Nous nous rencontrons avec les éducateurs chrétiens et
nous prenons le temps de partager longuement la Parole de Dieu :
Lettre de St Jacques, 2, sur l’attention aux pauvres ; St
Luc XIV, sur l’accueil de tous ceux qui souffrent. C’est
essentiel pour nous de baser notre action sur la Parole de Dieu.
En
Juillet, à BAMAKO, j’avais contacté des
Associations travaillant avec les enfants de la rue, et ramené
un certain nombre de documents que je leur avais distribués.
C’est à partir de cela que nous menons notre réflexion
d’aujourd’hui.
La plupart de nos enfants sont
musulmans. Nous voyons comment les éduquer dans le respect de
leur foi et en collaboration avec leurs parents. Et comment
travailler avec les responsables musulmans. Ce n’est pas
toujours évident.
Puis nous réfléchissons
comment intégrer davantage le travail des foyers dans
l’action de l’Eglise. Ce n’est pas simple non
plus. Souvent les gens ont peur de ces enfants dont nous nous
occupons. Ils disent que ce sont des voleurs et des drogués !
Après
cela, nous abordons les problèmes internes :
l’organisation, la marche des foyers, l’éducation
des enfants, la formation des éducateurs, les problèmes
financiers. Cela nous amène à aborder des questions de
fond : l’équilibre entre le suivi dans la rue et
les foyers ; comment ne pas faire de nos enfants des assistés ?
comment permettre un retour en famille réussi, etc…
Il faut nous arrêter, malgré l’intérêt
de tous, car l’équipe des volontaires m’attend en
ville et je suis déjà très en retard. Je leur
téléphone pour leur demander de commencer la réunion
sans m’attendre. Ils me feront le compte rendu.
Réunion
des volontaires.
Les volontaires sont passés dans les
paroisses recueillir les noms des personnes blessées non
soignées et des familles en deuil. Nous en faisons la liste.
Cette semaine, ils vont recenser leurs besoins et leur apporter les
premiers soutiens.
Nous allons continuer nos actions pour
renforcer le dialogue et la paix dans les quartiers. Mais nous
constatons que de nombreux jeunes sont encore révoltés
et prêts à en découdre à nouveau. Nous
allons organiser une formation à la paix et à la non
violence, regroupant des jeunes chrétiens et musulmans des 99
quartiers de la ville de Conakry. Ensuite, ils iront deux par deux
(un chrétien et un musulman) rencontrer les chefs de
quartier, les imams des 400 mosquées de la ville, les prêtres
et pasteurs des 30 églises chrétiennes, pour qu’ils
s’adressent tous aux jeunes et les poussent au calme, usant
pour cela de leur influence.
Nous organiserons aussi dans les
quartiers le maximum de rencontres entre associations de jeunesse
chrétiennes et musulmanes pour retisser des liens d’amitiés
entre eux
Ensuite, nous retravaillons nos réflexions sur
la situation du pays. A chaque lecture, nous ajoutons des nuances et
des corrections, car il faut vraiment bien préciser ce que
nous allons dire, vu la situation.
Nous précisons tout
cela avec le vicaire général et le secrétaire
épiscopal, puisque les évêques sont à
Rome pour le synode.
Il me reste encore à rencontrer les
responsables des jeunes des différentes paroisses de la ville
pour préparer le programme de l’année scolaire.
L’année scolaire doit commencer demain, mais avec tout
ce qui se passe nous ne savons pas ce qui va se passer. On verra
bien.
Internet ne fonctionne toujours pas. Donc pas de
possibilité de recevoir de courrier ni surtout d’envoyer
nos messages, ce qui est beaucoup plus embêtant dans la
situation actuelle.
Kennedy, un confère nigérian, a
dû arriver de Boffa. Il va partir en congés. Je serai
heureux de le voir ce soir et de parler un peu avec lui. Et aussi
avec les Frères salésiens venus de Kankan, un diocèse
où j’ai travaillé pendant 10 ans, avant de venir
à Conakry. Ils vont m’apporter des nouvelles des amis.
Nous essayons d’avoir des informations sur l’évolution
de la Guinée à partir de la télévision
nationale et des télévisions étrangères,
mais le courant saute sans arrêt. De plus, nous sommes souvent
déçus par la qualité des informations données
qui sont souvent approximatives, quand elles ne sont pas
tendancieuses et même très malveillantes. Par exemple,
ce soir, l’interview d’un artiste guinéen vivant
en France qui manifestement ne connaît pas grand-chose sur la
situation réelle du pays. Et un compte rendu très
orienté et partisan de la rencontre à ABUJA (Nigeria)
du Gouvernement et de l’opposition guinéenne avec le
groupe de contact de l’Union Africaine CEDEAO.
Mardi
13 Octobre : Je reste à
la maison et prépare les différents documents, appels
et déclarations. Et aussi un recueil de prières et de
la Parole de Dieu, pour nous aider à vivre tous ces
événements tragiques dans la foi. C’est vraiment
très important pour nous tous.
A 17 heures, rencontre avec
la troisième communauté de quartier de ma nouvelle
paroisse. Le téléphone arabe a déjà
fonctionné, un certain nombre des idées sont déjà
passées. La réflexion est donc plus facile et plus
approfondie.
Lundi 12 et Mardi 13 Octobre : La situation reste tendue. Les syndicats ont demandé que ces deux jours soient des jours de recueillement et de compassion, en souvenir des morts du 28 Septembre. Les militaires qui ont peur d’une nouvelle manifestation interdisent tout rassemblement. Du coup, cela se transforme en deux jours de ville morte. J’arrive cependant à attraper un taxi pour monter au centre ville. J’espère que le serveur internet, en panne depuis jeudi, sera réparé, car j’ai énormément de documents à envoyer, en particulier des envois groupés. Malheureusement, le serveur ne fonctionne toujours pas ; je suis venu pour rien. Et j’ai toutes les peines du monde à trouver un taxi collectif pour rentrer.
Dimanche 11 Octobre : Je suis dans la paroisse de NONGO aujourd’hui. Là encore, nous prions fortement pour le pays. Et nous voyons comment continuer notre action de consolidation du dialogue dans les quartiers et du soutien des familles des blessés et des morts du 28 Septembre. Mais aujourd’hui, toute la journée, nous tenons notre réunion diocésaine de pastorale sociale. Nous mettons en place la Commission paroissiale pour les actions de « charité et de développement ». Puis nous évaluons et réorientons le travail des commissions des différentes paroisses. Enfin, nous retravaillons longuement le texte sur la situation du pays, élaboré dimanche dernier avec la Commission « Justice et Paix ». La question est très délicate. Je reprendrai à nouveau ce texte lundi avec l’équipe des volontaires, avant d’en faire une rédaction finale et de la multiplier. Cela fait encore une journée bien remplie, car la nuit il me faut retravailler toutes mes notes et les mettre en ordre.
Samedi
10 Octobre : Conseil
paroissial.
Première rencontre avec le Conseil
paroissial de la paroisse. J’ai demandé que toutes les
communautés, les mouvements et autres groupes soient
représentés, aussi il y a du monde. En fait, nous nous
sommes rencontrés plusieurs fois avec l’évêque,
les prêtres qui étaient là les années
précédentes, et le Bureau du Conseil paroissial. Je
suis donc déjà assez bien au courant de la situation.
Mais je tiens à ce qu’ensemble ils me présentent
la paroisse, son fonctionnement et les actions menées, puis
que chacun fasse ses propositions. Après les avoir écoutés,
je leur propose mes orientations. Chaque groupe y réfléchira
et nous nous retrouverons ensemble dans un mois pour qu’ils
réagissent à mes propositions après en avoir
parlé entre eux.
Aujourd’hui, nous réfléchissons
à la catéchèse puisque c’est la rentrée
scolaire. Nous voulons la décentraliser, pour qu’elle
soit faite dans les quartiers, et prise en charge par les
communautés. Mais pour cela, il nous faut trouver des
nouveaux catéchistes. La mise en place et l’animation
de ces communautés de quartier sont vraiment notre priorité,
à la fois pour que les chrétiens se prennent en main
et que les communautés s’engagent pour faire avancer le
quartier et pas seulement dans l’église.
Pour les
jeunes, il y a beaucoup de mouvements. Ils marchent bien, même
s’il va falloir revoir leurs orientations et leurs activités.
Mais notre préoccupation actuelle, c’est surtout la
coordination entre les différents mouvements pour arriver à
une action d’ensemble au niveau de la jeunesse. Il va y avoir
de gros efforts à faire à ce niveau.
C’est la
rentrée des classes, et donc la rentrée du catéchisme.
C’est une activité importante qu’il nous faut
bien organiser. Il nous manque des catéchistes. Mais surtout
nous voulons que les communautés, les parrains et marraines,
et d’abord les parents, prennent sérieusement en charge
l’éducation de leurs enfants. Nous commençons
par décentraliser la catéchèse, pour qu’elle
se fasse dans les communautés de quartier ; nous allons
lancer des réunions de parents et parrains ; et nous
demandons à chaque catéchumène d’avoir un
parrain ou une marraine dès le début de la catéchèse.
C’est toute une mentalité à changer. Il s’agit
de responsabiliser les gens, pour qu’ils prennent vraiment en
charge, non seulement leur vie chrétienne, mais aussi la vie
du quartier et la vie du pays tout entier.
Pour les Commissions,
nous mettons en place d’abord celle de « Justice et
Paix », essentielle dans les circonstances actuelles. Et
celle de « Pastorale sociale » pour le travail
avec les pauvres et les démunis, et le lancement de petits
projets leur permettant de gagner leur vie. Nous continuerons
ensuite avec la Commission pour les relations avec les musulmans, la
Commission de la famille, etc… Reste la question de
l’inculturation. Pour cela, nous organisons nos communautés
en tenant davantage compte de la culture guinéenne :
complémentarité homme femme, classes d’âges,
place des anciens et rôle des « sages »
(conseillers), organisation de la réconciliation « sous
l’arbre à palabre ». Nous veillons à
introduire les rites traditionnels et les objets symboliques dans
les prières et les célébrations.
La
question de la langue est beaucoup plus difficile. En effet, nous
sommes en ville et les langues sont multiples : nous allons
commencer par faire la prière universelle dans les
principales langues parlées. L’homélie sera
résumée en soussou, la langue véhiculaire, de
même qu’un certain nombre de prières. Ce sont là
de nombreux changements, mais le Bureau du Conseil paroissial a bien
compris ce que nous cherchons, et il l’explique bien, ce qui
aide beaucoup. Car dans la mentalité traditionnelle ce n’est
pas toujours facile de changer les choses.
Vendredi
9 Octobre : Rencontres diverses…
et nombreuses visites et contacts. Travail à partir des mails
reçus.
De l’Hôpital Ignace Deen, on nous
demande des fonds pour un blessé à la tête…
plus de 10 jours après les événements. Il nous
demande aussi des médicaments, du matériel et des
médicaments pour 75 hospitalisés et 1600 blessés
traités en ambulatoire. Actuellement, chaque jour on montre à
la télévision des entreprises ou associations qui
viennent apporter des dons et visiter les malades. C’est
surtout pour se montrer, mais au moins cela apporte quelque chose.
Encore faut-il que tous ces dons ne disparaissent pas.
Le soir,
prise de contact et formation dans une deuxième communauté
de quartier. Il y a du monde et les questions nombreuses, ce qui est
bon signe. Mais avant cela, nous avons une nouvelle rencontre à
CRS pour organiser notre action, et aussi pour étudier un
projet de lettre des évêques des Etats-Unis pour
soutenir l’Eglise de Guinée. Il nous faut bien étudier
les termes, car la situation est très délicate. Et
souvent, quand on ne connaît pas la culture ni la situation du
pays de l’intérieur, en voulant aider on amène
involontairement des problèmes. C’est souvent le cas
avec les média étrangers qui, même avec les
meilleures intentions, enveniment souvent les problèmes.
Jeudi
8 Octobre : On me réclame
la Conférence sur la Paix que j’ai faite fin septembre.
Je l’avais faite à partir de notes en sténo. Je
vais donc l’enregistrer sur cassette et Jocelyne la mettra au
clair et me la renverra par mail, comme elle le fait régulièrement.
Cela me rend souvent de grands services et je l’en remercie en
mon nom… et au vôtre, car vous allez en profiter.
Après
cela, il me faut préparer les documents de travail pour les
deux commissions de Justice et Paix et de Pastorale sociale. Et
m’atteler à la préparation des prochains envois
groupés par mail.
Mercredi
7 Octobre : De bonne heure, je
vais faire soigner ma cheville au dispensaire. J’apprends
qu’un Français qui travaille à l’intérieur
du pays à un projet d’élevage a été
hospitalisé dans une clinique de la ville. Il est seul et
abandonné par sa famille. Je vais donc le voir. Finalement,
son état de santé est meilleur qu’annoncé
et nous voyons comment l’accueillir dans notre maison
d’accueil à sa sortie de clinique.
Ensuite, à
la Commission « Justice et Paix », nous
préparons une émission pour la télévision,
afin de faire passer notre message et proposer nos actions. Nous en
faisons l’enregistrement qui sera diffusé dimanche
soir.
Le
soir, messe d’adieu du Frère Yvon, spiritain de Kipe.
Il a travaillé pendant 7 ans dans les paroisses de TAOUYA,
NONGO et LAMBANYI et les paroissiens, en particulier les jeunes avec
lesquels il a spécialement travaillé, tiennent à
le remercier. Nous avons une cérémonie très
chaleureuse. Yvon va maintenant continuer sa mission au Sénégal.
Mardi
6 Octobre : Ce matin, je reste à
la maison : j’ai besoin de faire le point et de prier sur
tout cela, et ensuite de mettre par écrit toutes nos
réflexions, en particulier celles de dimanche, de la
Commission.
Le soir, rencontre dans la première CCB de la
paroisse. D’abord, prière du chapelet commenté,
avec lecture de la Parole de Dieu, chants et intentions de prière.
Puis, temps de formation : je leur explique ce qu’est une
Communauté de quartier et la ligne selon laquelle je voudrais
que nous travaillions cette année. Puis nous terminons par
l’Eucharistie.
Lundi
5 Octobre :D’abord lecture
des mails, réponses, et préparation des documents.
Puis réunion de l’équipe de volontaires pour
faire le point des activités. Les différents
dispensaires ont été visités et l’appel a
été lancé dans les églises pour
restaurer le dialogue et construire la paix dans le pays. Nous
préparons la descente dans les quartiers qui devient
maintenant nécessaire.
Le président COMPAORE, nommé
facilitateur, est arrivé. Aujourd’hui, il rencontre les
différentes composantes de la Nation pour voir comment sortir
de cette crise.
Dimanche
4 Octobre : Premier dimanche à
TAOUYA. Je suis heureux de me retrouver là, même si je
sais que ce sera difficile. Les gens participent bien au partage de
la Parole de Dieu au moment de l’homélie et la prière
est vivante. Pour ce même jour, vu la situation, j’ai
prévu une rencontre générale des Commissions
« Justice et Paix » de la ville. Au moment des
annonces, nous lisons notre appel à la population guinéenne
en reprenant les trois points : soutien
de toute sorte aux blessés et familles des tués,
lutter contre les rumeurs et chercher la vérité,
renforcer le dialogue et la paix.
Après la messe, jusqu’au
soir, rencontre des Commissions des différentes paroisses.
Nous organisons la Commission de TAOUYA, faisons le tour des autres
paroisses et surtout préparons une nouvelle réflexion
sur les événements du pays, car les choses évoluent
vite. Voilà une nouvelle journée bien remplie.
Samedi 3 Octobre : Le Président propose un gouvernement d’unité nationale. Les forces vives (l’opposition), elles, demandent son départ. Le Président annonce une enquête nationale sur les tueries. L’opposition réclame une enquête internationale. Le Président Blaise COMPAORE, du Burkina Faso, est nommé médiateur par la CEDEAO (Communauté Economique des états d’Afrique de l’Ouest). Le secrétaire d’état des affaires religieuses fait une nouvelle déclaration au nom des chefs religieux de Guinée. De nombreuses personnes et entreprises viennent offrir de l’argent, de la nourriture et des médicaments dans les hôpitaux pour les blessés. De notre côté, nous continuons à travailler avec C.R.S. Le soir, messe du dimanche anticipée, à ma nouvelle paroisse de TAOUYA.
Vendredi
2 Octobre : Restitution des
corps.
Les corps des morts du lundi, qui étaient
conservés dans les morgues des hôpitaux, sont rendus
aux familles. Mais cela se passe mal. En effet, on a parlé de
157 morts. On n’en remet que 38 aux familles. Le bruit court
que des militaires ont enterré de nombreux corps la nuit,
pour cacher le nombre de morts et cacher qu’ils ont été
tués par balles. Les familles se révoltent, des jeunes
commencent à lancer des pierres, les militaires les
dispersent à coup de grenades lacrymogènes, et on ne
peut pas terminer la prière à la Grande Mosquée.
Beaucoup de corps ne sont pas réclamés et sont
enterrés au cimetière de la Mosquée. Ainsi,
après cette tuerie du lundi, les corps n’ont même
pas pu être inhumés dans la paix et la prière.
Fête
de l’Indépendance.
C’est aujourd’hui
le 51ème anniversaire de l’indépendance
de la Guinée. Elle est vécue dans la peur. Peu de
monde s’est déplacé : les militaires sont
plus nombreux que les civils ! Après la cérémonie,
le président fait une déclaration à la presse,
où il rejette la responsabilité des atrocités
commises sur les partis politiques : « Ils
n’auraient pas dû maintenir cette manifestation,
puisqu’elle avait été interdite ».
Elle
se passe dans un triste contexte ! Bien sûr, nous prions
beaucoup pour le pays. Le soir, comme chaque soir pendant ce mois
d’Octobre, toutes les communautés du pays se retrouvent
pour prier le chapelet. Les intentions de prières ne manquent
pas.
A la place des martyrs, pour la célébration
officielle de la fête, les militaires du service d’ordre
sont plus nombreux que les participants ! En fait, la
population a peur et cela risque de durer. Nous allons faire le
maximum pour rétablir la paix et le dialogue.
Mois du
Rosaire.
Depuis hier, les Communautés chrétiennes
se réunissent dans chaque quartier pour réciter le
chapelet.
Jeudi
1er
Octobre : Actions
d’urgence.
Nous nous retrouvons avec la Caritas
Américaine (C.R.S.) et la Communauté Sant Egidio pour
voir ce que nous allons faire. D’abord, il y a l’action
urgente à mener pour les blessés et pour les familles
des morts. Nous avons regroupé un groupe de jeunes bénévoles
qui avaient déjà travaillé (bénévolement)
en 2007 lors de l’état de siège où nous
avions également déploré beaucoup de blessés
et de morts. Ils ont donc l’habitude (malheureusement !)
et savent ce qu’il faut faire. Avant hier, ils ont visité
les deux grands hôpitaux de la ville. Hier, nous avons fait le
point des blessés à aider, à tous les niveaux.
A partir d’aujourd’hui, ils vont faire le tour des
dispensaires des quartiers pour recenser les blessés et les
besoins. Avec C.R.S., nous commençons à penser comment
mettre en place des postes de secours, avec des personnels de santé
bénévoles et disponibles, des stocks de médicaments
en réserve, et nous voyons aussi comment former des
secouristes dans chaque quartier, en cas de nouveaux problèmes.
Nous
voudrions mettre en place des équipes de différentes
ethnies, regroupant des chrétiens des différentes
Eglises et des musulmans. Cela nous semble très important
pour maintenir le dialogue et contribuer à l’unité
du pays et l’entente dans la population.
Enfin, dimanche
dans chaque église, un appel sera lancé,
d’abord pour repérer les personnes blessées dans
les quartiers. En effet, beaucoup de blessés n’osent
pas aller se faire soigner dans les hôpitaux, par peur d’être
repérés et emmenés par les militaires. Nous
allons aussi visiter toutes les familles en deuil. Et voir comment
aider toutes ces personnes, en particulier celles dont le chef de
famille a été blessé et tué et qui ne
peuvent donc plus nourrir leurs enfants.
Nous demandons aussi à
chaque chrétien de recréer le tissu social en parlant
avec tout le monde dans le quartier, en particulier ceux qui parlent
une autre langue ou sont d’une autre religion, pour rétablir
le dialogue et la paix qui ont été cassés par
ces événements, et ainsi reconstruire peu à peu
la paix. Pour tout cela, nous travaillons en particulier avec la
Communauté Sant Egidio.
Nous allons ensuite présenter
notre réflexion et nos propositions d’action à
l’archevêque, qui les approuve totalement en particulier
les efforts de dialogue et de paix et la collaboration avec les
musulmans.
Après cela, nous nous retrouvons avec l’équipe
des volontaires bénévoles pour organiser cette
action dans les quartiers.
Je
trouve quand même un moment pour faire soigner ma plaie à
la cheville. Le médecin me reproche de ne pas en prendre soin
suffisamment. Mais comment faire avec tout le travail a assurer et
quand il faut aller dans les quartiers qui ne sont pas nettoyés,
où les caniveaux sont bouchés et où on doit
marcher sans cesse dans des eaux polluées ! Et c’est
vrai qu’en plus la chaleur n’arrange pas les
choses.
Malgré les tueries, il y a
toutes les activités, car la vie continue. Deux de nos
évêques partent demain à Rome pour le 2ème
Synode pour l’Afrique. Nous nous retrouvons donc pour mettre
le dernier point aux interventions. Le soir, nous participons avec
notre évêque au Conseil paroissial de TAOUYA.
Rappel.
Curé d’une nouvelle paroisse.
Je suis arrivé
en GUINEE en 1996, venant de St Louis du Sénégal. Je
suis venu rouvrir la Mission de MONGO, fermée depuis 1967
suite à l’expulsion de tous les missionnaires par Sékou
Touré. Pendant 10 années à Mongo, j’ai
travaillé spécialement dans les camps de réfugiés
du Libéria et de Sierra Léone, venus à cause de
la guerre. (Voir mon site, rubrique « MONGO »).
Puis, je suis venu dans la capitale pour lancer les Commissions de
« Justice et Paix » et de « Pastorale
sociale ». Mais on m’a demandé de réanimer
la paroisse de KATACO, fermée à cause de menaces de
mort contre les missionnaires. Ce qui se terminera par l’assassinat
du Frère Joseph, en Avril 2008. En Septembre 2008, l’évêque
me confiera en plus la paroisse de BOFFA dont le curé, un
jeune confrère spiritain sénégalais, venait de
mourir. Kataco se trouve à 250 km de Conakry, avec neuf
communautés de village, sur un rayon de 75 km, avec des
pistes très mauvaises. Cela devenait trop difficile : on
ne peut pas tout faire ! J’ai donc demandé à
être libéré de ces deux paroisses pour me
consacrer au travail de « Justice et Paix » et
de « Pastorale sociale » au niveau national,
ce qui est déjà immense. L’évêque
m’a libéré de Kataco et Boffa, mais à la
place il me demande de prendre en charge la paroisse de TAOUYA, une
grosse paroisse de la ville qui a beaucoup de problèmes. En
fait, c’est une situation plus que boiteuse, car, à
cause de mes autres responsabilités, je ne pourrai être
dans la paroisse que le premier dimanche du mois ; les autres
dimanches, ce sera un prêtre du Grand Séminaire (à
35 km) qui viendra assurer la messe. Cela va me faire un gros
supplément de travail, mais nous manquons cruellement de
personnel.
Donc, ce soir, l’archevêque vient me
présenter au Conseil paroissial et donner ses premières
directives. Après, nous verrons ensemble ! En fait, je
connais déjà cette paroisse car j’y suis passé
plusieurs fois pour justice et paix et la pastorale sociale. Mais
c’est vrai qu’il y a beaucoup de problèmes et
qu’il faudra du doigté. En tout cas, ça commence
bien. La rencontre se passe dans un très bon climat.
Simplement, les paroissiens regrettent que je ne puisse pas être
à plein temps, surtout pour assurer une formation de base.
Mais je ne peux pas être partout !
Jeudi 1er Octobre : Nous nous retrouvons avec l’équipe de volontaires pour faire le point de la tournée dans les hôpitaux et rédiger un rapport. Avec l’archevêque, nous préparons une déclaration présentant nos condoléances aux familles et appelant gouvernement et opposition au dialogue. Nous préparons également la rencontre avec le Président Dadis CAMARA des chefs religieux.
L’action des chefs religieux. Les évêques de Guinée ont beaucoup agi, soit au nom de l’Eglise Catholique, soit au sein du Conseil Chrétien regroupant les Eglises Catholique, Anglicane et Protestante de Guinée, soit avec les Chefs Religieux musulmans, au sein du Conseil Interreligieux. Déjà, en février 2007, lors des précédentes tueries, ce conseil avait été érigé en Comité de Veille pour tout le pays, pour veiller à la bonne marche du pays et prodiguer ses conseils aux différentes responsables politiques et autres. Beaucoup dans le pays demandent que ce Comité de Veille soit réactivé. Dès le lendemain des massacres, les chefs religieux ont été voir le Président pour qu’il libère les leaders politiques qui étaient soignés sur son ordre à la clinique Pasteur, où ils étaient sous surveillance militaire. Le Président a accepté, à condition que ce soit eux-mêmes les chefs religieux qui les prennent en charge. Le lendemain, ces mêmes responsables sont retournés réfléchir avec le Président à la situation politique et sur ce qu’il serait possible de faire. Ils sont allés également dans les hôpitaux visiter les blessés et aussi les chefs de partis, plusieurs fois, chez eux. Enfin, ils ont préparé deux déclarations communes qui sont passées à la radio et à la télévision nationales, la première le mercredi, sur la situation du pays ; et la deuxième après l’enterrement des morts du 28 septembre (voir plus loin).
Mercredi
30 Septembre : Soutien aux
blessés et aux familles.
On commence à circuler
un peu, bien qu’avec beaucoup de difficultés. Je
rassemble des jeunes volontaires qui habitent autour de
l’archevêché, pour lancer toute de suite une
action auprès des blessés. Nous nous répartissons
en deux équipes pour aller dans les deux grands hôpitaux
de la ville pour visiter les blessés, les encourager mais
aussi voir leurs besoins en médicaments et également
en pagne, savon, habits, nourriture, etc… C’est la
priorité. Nous travaillons en lien avec M.S.F. (Médecins
sans Frontières) et la Croix Rouge Internationale, et avec le
soutien de CRS (Caritas Américaine) et les Caritas
d’Allemagne et de France (Secours Catholique). Demain nous
allons visiter les dispensaires de la ville. Mais nous voulons
surtout travailler dans les quartiers, à partir des
paroisses, en concertation avec les chefs de quartiers et les imams,
pour agir tous ensemble, chrétiens et musulmans, et mobiliser
le maximum de personnes. En effet, dans les quartiers, il y a
beaucoup de blessés qui ne vont pas se faire soigner dans les
dispensaires ou hôpitaux, par peur d’être repérés
et emmenés par les militaires.
Il y a aussi toutes les
familles en deuil à soutenir et encourager. Et aussi à
aider. En effet, parmi les blessés et les morts il y a un
certain nombre de chefs de famille, et leurs enfants n’ont
plus de quoi vivre. Avec la Commission « Justice et
Paix », nous rédigeons un « APPEL »
pour lancer cette action envoyé par mail, sur notre blog et
sur mon site. Et mon interview sur internet : www.radiovaticana
Mardi
29 Septembre : Après
les tueries.
Nous avons arrêté notre session de
formation des jeunes. La ville est morte et les gens ont très
peur. Dès le matin, je me retrouve avec notre évêque
pour réfléchir à la situation et voir ce qu’il
est possible de faire. Puis nous allons à la grande mosquée
pour rencontrer les chefs religieux musulmans. Ensuite, nous montons
à l’archevêché travailler avec nos
différents services.
Des tas de rumeurs circulent. Par
exemple, qu’on a empoisonné le service des eaux de
Conakry (ce qui était faux, heureusement). Avec des
responsables de justice et paix, après une longue réflexion
car la situation est délicate, nous jetons les bases d’un
appel aux autorités et à toute la population. Toute la
journée se passe en contacts, pour mieux comprendre ce qui
s’est passé et voir que faire. Le soir, il a fallu
rentrer à la maison. Mais il n’y avait pas de moyen de
transport pour notre quartier qui est un quartier « chaud » :
c’est d’ailleurs pour cela que nous l’avons
choisi, pour être plus près des populations
marginalisées et appauvries. Je suis donc passé par
l’aéroport, un quartier plus protégé.
Mais ensuite, il m’a fallu faire plus de 3 km à pied :
aucun moyen de transport ne circulait. J’ai dû parler
avec les jeunes pour traverser leurs barricades et ensuite avec
militaires, gendarmes et policiers pour passer leurs différents
barrages, et ensuite traverser un grand point tout seul.
Le soir,
il y a du courant dans notre quartier (c’est un jour sur deux,
en alternance, de 18 à 24 heures, ou de 24 h à 6
heures). Comme il a beaucoup plu, les barrages sont pleins et il y a
aussi de l’électricité de temps en temps dans la
journée. Nous pouvons donc écouter le discours du
Président. Il met la faute sur les chefs des partis
politiques en les rendant responsables des tueries et en niant la
responsabilité des militaires. C’est vrai que les
partis politiques ont, pour le moins, manqué de prudence. Et
qu’organiser une aussi grande manifestation dans le contexte
actuel, était très risqué. C’est vrai que
les partis n’ont pas d’accès aux médias
publics. Mais il reste quand même les radios libres, les
journaux privés et internet. Et surtout ils n’ont
présenté aucun programme pour le pays, leur but
principal semblant être le pouvoir pour s’enrichir sans
grand souci du bien commun. Ils sont tous unis contre Dadis, mais il
n’y a pas d’unité entre eux. Et les chefs des
principaux partis sont des anciens premiers ministres qui ont
détourné des sommes énormes, et mis le pays à
plat du temps de l’ancien président, Lansana Conté.
C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de gens
mettaient leur espoir dans Dadis CAMARA. Mais maintenant, en qui
mettre notre confiance ? Même si le président
Dadis n’a pas commandé ces tueries et ces horreurs, ce
qui est vrai c’est qu’il ne maîtrise pas son
armée, et c’est très inquiétant. Nous ne
savons plus à quel saint nous vouer. La France et l’Union
Européenne refusent tout contact avec le président
Dadis, alors que le président Blaise COMPAORE du Burkina Faso
est envoyé lui comme médiateur par l’Union
Africaine. Le président Dadis propose un gouvernement d’union
nationale, ce que l’opposition refuse absolument ne voulant
plus traiter avec le président. Tout le processus de
transition est bloqué.
Lundi
28 Septembre (suite) : La
manifestation sanglante.
D’après ce qui se dit
et ce que j’ai moi-même constaté puisque j’étais
sur place, la manifestation a commencé d’une façon
très pacifique. Mais des provocateurs ont lancé des
pierres sur les marcheurs. Ceux-ci ont répliqué. Les
policiers sont intervenus. Alors les manifestants ont brûlé
deux voitures, attaqué le commissariat et libéré
les détenus.
Le bruit a couru qu’un policier avait
été tué. Alors les militaires sont intervenus
avec la violence que j’ai décrite plus haut, en tirant
à balles réelles. Ce qui est absolument inadmissible.
Et ce qui est inquiétant, c’est que le Président
s’appuie sur les militaires, mais qu’il ne tient pas son
armée en main.
De leur côté, les leaders
politiques ont manqué de prudence et ont refusé
d’écouter les conseils. Or, on sait bien comment se
terminent les marches en villes et les grands rassemblements. Il
faudrait vraiment trouver d’autres moyens de manifester et de
s’opposer.
Le soir, je n’ai évidemment pas pu
rentrer chez moi. Je suis resté dormir dans la paroisse où
avait lieu la formation. Et nous avons suivi les informations sur
les télévisions et radios étrangères
(BBC et RFI). En effet, c’est souvent par ces radios que nous
avons des nouvelles, même si nous pouvons en avoir aussi en
Guinée grâce aux radios libres qui ont été
autorisées ces dernières années. Cependant,
nous restons prudents et circonspects, car les radios étrangères
ont tendance à exagérer et à tirer des
conclusions à partir d’une interview qui n’est
pas toujours crédible. Et à donner le point de vue des
pays européens. Or, on sait qu’en politique il n’y
a pas d’amis, il n’y a que des intérêts. Et
les intérêts de la France sont bien présents en
Guinée !
Mardi
29 septembre : Réflexion
et secours
Nous nous retrouvons pour réfléchir
à la situation, prévoir une déclaration et voir
que faire. Première action : réconforter les
blessés en allant les visiter dans les deux hôpitaux de
la ville, contacter leurs familles, veiller à éviter
les représailles, acheter des médicaments pour les
soigner et mettre en place une équipe d’intervention.
Les Caritas (Secours Catholiques des Etats-Unis et d’Allemagne)
nous soutiennent. Je vous en reparlerai. » (Armel
Duteil)
Lundi
28 septembre : Manifestation
sanglante.
Depuis Juin nous avions prévu une session
de trois jours de réflexion et formation pour des jeunes
garçons voulant être religieux (frères, prêtres
ou moines) avec la collaboration des différentes
congrégations religieuses travaillant en Guinée. Cette
formation est très importante pour l’africanisation
(l’inculturation) de l’Eglise en Guinée. Du fait
de la manifestation prévue, seuls 15 jeunes ont pu arriver à
la session, à cause du manque de moyens de déplacements,
les avenues étant bloquées par les forces de
l’ordre.
La rencontre débute très bien, mais
très vite nous devons travailler au son des kalachnikovs, des
grenades lacrymogènes et du sifflement des roquettes. A
partir de 9 heures, nous voyons une grande foule vers le stade et
deux heures plus tard les derniers arrivants se font refluer. Nous
ne savons pas ce qui se passe au stade. Aussi nous continuons la
formation et nous travaillons même très bien, avec une
très bonne participation des jeunes et un grand sérieux
dans la réflexion. A 16 h 30, nous profitons d’une
accalmie pour nous faufiler, mais à la sortie, devant le
portail nous apercevons trois morts étendus sur la route. Et
ce n’est que le soir que nous apprenons ce qui s’est
passé au stade. Il s’agissait d’une manifestation
organisée par les « forces vives » (les
partis politiques, les syndicats et les organisations de la société
civile, ensemble) contre la dictature militaire et la candidature du
Président actuel (Dadis CAMARA) aux prochaines élections
présidentielles, puisqu’après avoir pris le
pouvoir le 28 décembre 2008, il avait promis de rendre le
pouvoir et de ne pas se présenter aux élections. La
manifestation était prévue dans le grand stade de
Conakry, et cela depuis longtemps mais a été interdite
au dernier moment, alors qu’ils n’ont pas accès
aux médias officiels (télévision et radio) et
n’ont pas la possibilité de tenir les meetings, alors
que le président actuel a toutes ces possibilités, ce
qui entraîne un déséquilibre grave. C’est
pourquoi les forces vives ont voulu tenir ce meeting à tout
prix. Les participants ont donc forcé les portes du stade
pour se rassembler. Les militaires les ont alors enfermés
dans le stade et la répression a commencé. Plusieurs
centaines de personnes ont été blessées à
coups de crosse, dont les leaders des partis politiques qui ont dû
être hospitalisés. Suite à la charge des
militaires, les gens se sont repliés au fond du stade, et
plus de 50 sont morts étouffés sous la pression des
militaires. Puis ceux-ci ont tiré à balle réelle
sur ceux qui cherchaient à s’enfuir. Au total, on parle
aujourd’hui de 187 morts. Et le nombre va encore augmenter,
car beaucoup de blessés graves ne peuvent pas recevoir les
soins, même les plus élémentaires, et beaucoup
vont mourir. C’est pour cela que nous avons demandé aux
commissions « Justice et Paix » et de
« Pastorale sociale » d’aller dans les
hôpitaux mais aussi dans les quartiers repérer les
blessés qui n’ont pas pu se faire soigner faute de
moyens, et de soutenir les familles qui ont perdu un des leurs, même
si jusqu’à maintenant on ne peut pas récupérer
les corps. D’ailleurs les militaires ont emporté de
nombreux corps, à la fois pour qu’on ne voie pas qu’ils
ont été tués par balle, et pour « diminuer
le nombre de morts déclarés » (Voir notre
papier : « Appel » déjà
envoyé et mis sur mon site). Cette tuerie a été
accompagnée d’atrocités sadiques et innommables,
en particulier des viols en public et enlèvements qui se
continuent dans les commissariats et les camps.
Dimanche
27 septembre :
Dernière
messe, toujours aussi animée mais dans l’anxiété.
Au début de la messe, nous lisons la déclaration des
chefs religieux qui demandent des prières dans toutes
mosquées et églises, pour que la manifestation des
partis d’opposition demain se passe dans le calme et que le
pays retrouve la paix.
Au moment de l’homélie, nous
réfléchissons à notre responsabilité de
chrétiens dans le pays. A la fin de l’Eucharistie, je
confie au conseil paroissial les décisions d’hier
devant toute la communauté. Puis nous nous donnons la paix et
les responsables vont donner la paix à tous, pour nous
séparer dans la réconciliation et la joie. Et après
la lecture de l’appel de l’Eglise catholique pour la
paix dans le pays, je leur remets le plan d’action de la
paroisse.
Après la messe, grandes salutations. Cela ne
nous empêche pas de tenir une rencontre des catéchistes
pour organiser la rentrée du catéchisme, animer les
parents et former les parrains et marraines. La journée se
termine par un repas, dans la joie, où nous échangeons
nos souvenirs, spécialement des trois mois passés, et
partageons nos projets.
Samedi
26 septembre : Suite à la
déclaration de l’Eglise Catholique, les chefs religieux
des différentes religions de Guinée se retrouvent ce
matin à leur tour pour rédiger un appel au calme et à
la paix et demander des prières dans toutes les églises
et mosquées pour le pays. Cet appel commun est évidemment
très fort et important. Il va être lu à la radio
nationale et dans les radios libres. Espérons qu’il
soit entendu !
A la paroisse, réunion du Conseil
paroissial avec les différents groupes et mouvements. Il
s’agit de faire l’évaluation du travail de ces
trois mois passés (temps des vacances !)
Conseil
paroissial.
Pendant 2 mois ½, j’ai
pris en charge la paroisse de Lambanyi, alors que mon confrère
John était en congés au Nigeria. Nous avons eu un
certain nombre d’activités (Voir les « Nouvelles »).
J’ai assuré aussi un certain nombre de formations, en
particulier pour les jeunes, les communautés de quartier et
les commissions. Ceci afin de les rendre plus opérationnels.
Nous avons ainsi fait des plans d’actions. Aujourd’hui,
il s’agit de faire l’évaluation de tout cela. Et
à partir de là de faire des propositions pour l’année
pastorale et scolaire qui commence. Chaque groupe est représenté
et chacun présente ses propositions qui sont ensuite
discutées par tous, puis approuvées. Pour les jeunes,
nous notons qu’ils sont bien organisés en mouvement et
qu’ils travaillent. Mais qu’il y a trop de choses, et
elles vont dans tous les sens. Il faudra donc assurer une
coordination entre les différents mouvements pour assurer une
action auprès de toute la jeunesse. Et aussi que les jeunes
soient présents dans les communautés de quartier et
participent aux activités générales de la
paroisse.
Pour les communautés de quartier, elles sont
surtout centrées sur la prière. En plus, elles ne se
réunissent pas souvent et certains n’y participent pas.
Il va falloir qu’elles prennent en charge l’animation du
quartier et s’engagent pour le développement et le
soutien des pauvres, pour la justice, la paix et la réconciliation.
Et déjà pour le suivi de la catéchèse,
le soutien des parents et des parrains et marraines, la formation
des catéchistes.
Les commissions « Justice et
paix » et de « Pastorale sociale »
sont maintenant en place. Il ne leur reste plus qu’à
travailler.
Nous mettons en place la commission de la famille,
avec un homme et une femme dans chaque communauté.Le tout se
fait sans cacher les exigences, mais avec beaucoup d’amitié.
A partir de là, nous dégageons des orientations que le
conseil paroissial présentera à John, le curé,
qui revient la semaine prochaine.
Vendredi
25 septembre : Les événements
importants arrivent au niveau politique : la grande
manifestation des opposants au président militaire actuel,
Dadis CAMARA, partis politiques, syndicats, organisations de la
société civile, prévue pour le lundi 28, avec
marche dans la ville, pendant que le président prépare
deux grands meetings à l’intérieur du pays dans
le Fouta Djallon, à Mamon et Labé.
Nous organisons
donc la distribution de l’appel au calme de l’Eglise
catholique dans les radios et journaux libres de Conakry, les partis
politiques, les syndicats, les associations et organisations de la
société civile. Il faut faire du porte à porte
car internet fonctionne très mal en Guinée. C’est
un gros travail, mais absolument nécessaire.
Cela ne nous
empêche pas de nous retrouver avec la commission diocésaine
de la jeunesse, pour le lancement de l’année. Nous
finalisons le document de base du mois d’octobre pour les
jeunes.
Pour ce premier mois, le thème de réflexion
et d’action est : l’engagement dans l’Eglise.
Suivra, l’engagement dans la société, le mois
prochain, etc..
La maison d’accueil.
Et comme
chaque jour, il y a les rencontres avec tous les gens qui passent à
l’Archevêché et ses différents services,
où se trouve également la maison d’accueil, avec
de nombreux passages.
C’est toujours une occasion de
contacts très intéressants et d’échanges
enrichissants. En particulier, avec les prêtres de l’intérieur
et des autres diocèses qui viennent pour se faire soigner,
qui partent en Europe et aux Etats-Unis, ou qui en reviennent. C’est
un des moyens qui nous permet de rester ouverts et au courant de ce
qui se passe ailleurs. C’est très important pour nous.
Nous rencontrons aussi beaucoup de personnes qui soutiennent des
actions en Guinée et qui viennent les visiter, ou y
travailler. Cela nous permet de les introduire aux réalités
du pays pour mieux les comprendre et s’y insérer. Et
nous les aidons aussi pour tous les problèmes de visa,
transport et autres, grâce à nos relations et à
la connaissance que nous avons du pays.
Nous apprenons une triste
nouvelle : le décès de l’ancien vicaire
général du diocèse de NZEREKORE. Il avait le
diabète depuis longtemps. Je suis vraiment touché, car
il était très sympathique et nous nous entendions très
bien. Demain, nous allons prier pour lui avec toute la paroisse.
Jeudi
24 septembre : Animation des
jeunes.
Au programme aujourd’hui : préparer
le document de travail pour les jeunes pour le mois d’Octobre.
Nous repartons du message de l’évêque aux jeunes
de l’an dernier, des rencontres forum des jeunes de Pâques
(voir « nouvelles » d’Avril 2009) et les
deux sessions bibliques (voir nouvelles fin Juillet et fin Août).
Nous cherchons à mobiliser tous les jeunes, en regroupant
toutes les bonnes volontés et en regroupant les différents
mouvements, groupes et commissions. Nous proposons un thème
d’action par mois pour l’ensemble du diocèse.
Nous espérons ainsi lancer une dynamique, aider les jeunes à
mieux se former et agir plus efficacement, dans les différents
secteurs : la vie de l’Eglise, la vie du pays et
l’engagement dans la société guinéenne,
l’évangélisation et les relations avec les
autres religions, et des points spécifiques : la
violence, la drogue, la sorcellerie, le chômage des jeunes,
etc…
Mercredi
23 septembre : Réflexion
dans le cadre du Conseil chrétien.
Un conseil qui
regroupe les différentes Eglises chrétiennes et qui
est très écouté au niveau du pays. Nous menons
une réflexion plus large sur la situation générale
du pays, avec des propositions de solutions.
Petit problème
de santé.
Depuis le mois dernier, je me suis accroché
la cheville. La plaie s’est infectée et n’arrive
pas à cicatriser, malgré les soins dans plusieurs
dispensaires. C’est assez douloureux et m’empêche
même de dormir. Ce matin, je me suis fait « secouer »
sérieusement par une sœur infirmière de la
Commission justice et paix qui travaille à l’hôpital.
Je vais donc au dispensaire de l’Ambassade de France qui a
davantage de moyens. J’y retrouve un médecin ami, d’une
de nos paroisses. Je suis très bien accueilli et muni de
médicaments. Je pense que cela va s’arranger
maintenant. En plus, je suis content car il y a des gens qui
s’occupent de moi. Il faut dire que les plaies ont de la peine
à guérir car c’est la saison des pluies :
il fait chaud et humide ; et nous marchons sans arrêt
dans l’eau, la plupart du temps polluée. J’ai
quand même pris trois comprimés de FANSIDAR, comme dose
préventive contre le palud. ; car à chaque petit
problème de santé, le palud se réveille !
Visite
au CRS (Secours Catholique américain ).
En début
d’après-midi, je vais rencontrer CRS. Nous parlons du
travail des ONG et de la collaboration avec les organisations de
l’ONU, de la lutte contre le paludisme, le suivi des écoles
de brousse et surtout de la relance des activités de
pastorale sociale et de justice et paix. Au lieu de prévoir
une grande organisation, nous privilégions des actions à
la base, au niveau des paroisses. Nous nous retrouverons jeudi
prochain pour finaliser le projet.
Enfin, nous continuons la mise
au point de l’agenda liturgique pour l’année
prochaine.
Mardi
22 septembre : Problème
avec mon ordinateur et avec internet. Cela arrive souvent !
Une
grande manifestation de l’opposition est prévue pour le
lundi 28. Nous avons peur que cela tourne à la confrontation,
avec casse d’un côté et répression de
l’autre. Nous préparons un appel au calme et à
la responsabilité au nom de l’Eglise Catholique (voir
mon blog et mon site).
Lundi
21 septembre : Nous étudions
un gros projet sur le SIDA qui est assez difficile. D’abord,
parce que le problème est complexe, et surtout parce que nous
ne voulons pas nous limiter aux actions habituelles qui sont
inefficaces ou à des conférences qui n’aboutissent
à aucune réalisation concrète.
Ensuite,
prise de contact avec les deux nouveaux volontaires qui vont
venir travailler au nord, à la mission catholique de KOUNDARA
pour la direction de l’école primaire et la formation
des enseignants. Nous parlons de la situation du pays, de leurs
conditions de travail, et du travail de l’Eglise en
particulier dans l’enseignement.
Dimanche
20 septembre : Deux messes, en
anglais puis en français/soussou, comme d’habitude. En
ce moment où aussi bien les chefs politiques que les
militaires cherchent à prendre ou à garder le pouvoir,
la Parole de l’Evangile d’aujourd’hui est la
bienvenue : «ue
le plus grand parmi vous se fasse le serviteur de ses frères ».
Mais il s’agit de la mettre en pratique, chacun à notre
niveau. Et aussi cette autre parole : « Celui qui
accueille un enfant, c’est moi qu’il accueille ».
Ensemble, nous avons réfléchi à l’accueil
des enfants mais aussi de tous les petits de la société,
étrangers et marginalisés.
Après la messe,
les responsables des Commissions « Justice et Paix »
et « Pastorale sociale » de la paroisse
présentent le plan d’action pour les mois qui viennent.
(Voir le blog : http://justice.paix.guinee.free.fr
) Ils ont bien travaillé. Bien sûr, il restera
toujours à réaliser ce qui a été
proposé. C’est toute la question du suivi qui est
toujours importante.
Samedi
19 septembre : Rencontre sur
la Paix.
Conférence au Palais du Peuple :
rencontre interreligieuse sur la Paix, organisée par la
Communauté Sant Egidio, à la suite de la grande
rencontre interreligieuse d’Assise organisée par
Jean-Paul II, en 1994. Le thème en est : Religions et
Culture en dialogue. Pour un Humanisme de Paix.
De nombreux
intervenants prennent la parole, après l’introduction
de l’archevêque de Conakry : l’imam RATIB de
la grande mosquée de Conakry, l’évêque
anglican, le secrétaire de la Commission nationale
interreligieuse, la présidente des femmes musulmanes de
Guinée, mais aussi le secrétaire national du CNDD
(Comité National pour le Développement et la
Démocratie) qui dirige le pays, le président du
Conseil Economique et Social. On m’a demandé de
développer le thème choisi. Je vais mettre cette
conférence sur mon site. C’est un événement
très important, car comme on le voit, il regroupait des
représentants et des autorités des différents
éléments de la nation. De plus, il se situait la
veille de la fin du ramadan. A la fin de la conférence, nous
avons d’ailleurs distribué le message du Vatican aux
musulmans pour la fête de la fin du ramadan. La rencontre
s’est terminée par une célébration de la
lumière avec chants sur la paix où le représentant
de chaque groupe est venu allumer une bougie. Après cela,
nous avons pris le temps de faire connaissance et de nouer des
contacts intéressants.
Vendredi 18 septembre : Synthèse des comptes rendus des centres aérés. (Voir nouvelles du 16 au 28 Août).
Jeudi
17 septembre : Avec les deux
commissions de pastorale sociale et justice et paix, nous
réfléchissons à la situation du pays pour
préparer une déclaration. Mais c’est très
complexe. Il va falloir élargir et approfondir la
réflexion.
Le soir, je travaille un certain nombre de
documents, en particulier sur le développement rural et la
mise en place de petits projets.
Mercredi
16 septembre : Je termine mon
chapitre pour notre manuel pratique sur la réconciliation.
Le thème : « La Parole de Dieu sur la
réconciliation dans les différentes religions
africaines ». C’est ce que nous avons travaillé
le mois dernier à Abidjan. (Voir les nouvelles, du 10 au 15
Août). C’est urgent, mais depuis un mois je n’ai
pas pu m’asseoir calmement pour y travailler. Or nous voulions
que ce manuel soit prêt pour le présenter pour le début
du 2ème Synode pour l’Afrique.
La
situation du pays.
Les tensions s’exacerbent. En
réponse à la visite des présidents du Sénégal,
Abdoulaye WADE, et du Liberia, Madame Helen Sirleaf JOHNSON, venus
soutenir le président-militaire, Dadis CAMARA, il y a eu une
très grosse manifestation d’un parti politique,
dimanche (voir plus haut). Ce qui nous inquiète, c’est
que les partis sont fortement ethniques en Guinée. Ici, il
s’agissait d’un parti peuhl qui réclame le
pouvoir après Sékou Touré (MALINKF) et Lansana
Conté (SOUSSOU). Maintenant, en réponse aux nombreux
groupes de soutien suscités pour soutenir Dadis CAMARA, des
jeunes manifestent contre lui dans la rue et brûlent des
pneus. Heureusement, cela se passe sans casse et il n’y a pas
de répression policière. C’est un signe d’espoir
et de maturité. L’ambassadrice du Sénégal
rencontre les forces vives, incluant les partis d’opposition :
en effet, suite aux visites du président sénégalais
venu soutenir Dadis CAMARA, de nombreux Sénégalais
vivant en Guinée sont l’objet d’attaques verbales
dans la rue. Les forces vives la rassurent, car beaucoup sont très
reconnaissants aux Sénégalais pour l’accueil
qu’ils ont accordé aux opposants guinéens du
temps de Sékou Touré.
Mardi 15 septembre : Travail à la maison pour classer différents documents et en travailler d’autres. C’est important de se tenir au courant ! Et surtout, il me faut préparer la conférence de samedi. Le soir, préparation au mariage. Le couple est très sympathique et nous commençons à nous connaître ; nous avons un échange très intéressant.
Lundi
14 septembre : Aujourd’hui,
début d’évaluation des activités de
vacances et préparation du prochain Synode.
Séance
de travail avec l’archevêque, (revenu de deux semaines
de Congrès au Canada sur les questions économiques et
sociales), pour voir ce qu’il est possible de faire, en
particulier dans le secteur rural, avec les groupements de
paysans.
Visite des ateliers soudure, menuiserie, mécanique
auto et électricité (formation des jeunes en
difficulté).
Mise au point, pour des veuves, d’un
projet de fabrique de savon.
Rencontre avec la commission de la
jeunesse et différents responsables de mouvements.
Je mets
deux heures avant d’avoir une place dans un taxi collectif
pour rentrer. Les gens préparent les fêtes de la fin du
ramadan et sont montés très nombreux en ville pour les
achats. Avant de partir, j’ai récupéré le
message du secrétariat d’état pour les relations
avec l’Islam, sur le site du Vatican, et je l’ai envoyé
à ma liste des quelque 500 correspondants en Guinée.
J’en ai tiré aussi des photocopies à distribuer
directement.
Appel aux prêtres, conseils paroissiaux et commissions Justice et Paix Pastorale Sociale
Mardi 29 septembre : Message du webmaster d'Armel.
J'ai eu des nouvelles
d'Armel suite aux récents événements en Guinée.
"[...]je tiens à vous rassurer tout de suite et à vous dire que tout
va bien pour moi. Je suis en sécurité, mais nous sommes
débordés de boulot.[...]Pensez à nous car la situation
est difficile [...]
J'en profite pour signaler que suite à un problème de PC j'ai perdu toutes
les adresses mails et je ne suis plus en mesure de vous envoyer les mails
pour annoncer les modifications sur le site. Renvoyez moi donc vos adresses
mails." (Le Webmaster)
Dimanche
13 septembre : Messe
à la paroisse de LAMBANYI
Au début, un
rite pénitentiel, inspiré des gestes traditionnels de
pacification, avec les responsables de la paroisse, des communautés
de quartiers, de mouvements et de commissions.
Après la
2ème lecture de St Jacques, nous
apportons à l’autel des habits et de la nourriture pour
visualiser et actualiser la lecture ;
et pour montrer notre engagement à donner des habits à
ceux qui sont nus et à manger à ceux qui ont faim.
Nous aimons utiliser des objets symboliques de cette façon
dans nos liturgies.
Après la messe, les délégués
pour les deux commissions de Pastorale sociale
et de Justice et Paix ont amené les
résultats des enquêtes menées dans les
différents groupes et ils en font la synthèse, chaque
commission de son côté. Ensuite, ils établissent
un calendrier : un type d’actions différent à
mener chaque mois, dans chaque groupe, à la base. Par
exemple, pour justice et paix :
l’insécurité dans les quartiers, les
recrutements préférentiels, les grossesses non
désirées, les enfants travailleurs, la discrimination
des enfants dans les familles, l’ethnocentrisme, etc…
Ou pour la pastorale sociale,
les différentes personnes à aider : les veuves,
les orphelins, les handicapés, etc.. et les petits projets de
développement comme la commercialisation des produits du
village, la fabrique de savon artisanal à partir de l’huile
de palme, etc… mais aussi l’alphabétisation et
le rattrapage scolaire. Pour chaque question, il s’agit de
voir les actions à mener et les moyens à notre
disposition.
La rencontre se passe bien, les participants sont
motivés, et j’espère que ces deux commissions
paroissiales vont pouvoir démarrer et travailler réellement
(pas seulement faire des réunions !).
Je les laisse
terminer le travail et je pars rencontrer notre évêque
qui rentre du Canada avec Yves Marie notre nouveau responsable.
L’évêque a invité tous les spiritains de
Conakry à manger. Nous abordons un certain nombre de points
importants de la vie du diocèse.
Samedi
12 septembre : Récollection
au dispensaire St Gabriel.
C’est un dispensaire
privé catholique mais intégré dans la Santé
publique. Il est très important, pas seulement à cause
du nombre de malades soignés, mais par le sérieux de
son travail et la compétence de ses agents de santé.
Cette
récollection est prévue depuis longtemps. Elle va
réunir tout le personnel, une soixantaine de personnes, aussi
bien chrétiens que musulmans, pour voir comment être
soignants en tant que croyants et résoudre les problèmes
de santé avec l’aide de notre foi commune en Dieu.
Après un exposé devant tout le personnel,
entrecoupé de nombreuses interventions toutes très
positives, nous nous sommes divisés autour de quatre
questions :
1°) Qu’est-ce que Dieu nous dit sur la
maladie ? En deux groupes : un groupe de chrétiens
et un de musulmans, pour respecter les différences de
religion.
2°) Que pensons-nous de la sorcellerie, des
sacrifices traditionnels et de la médecine
traditionnelle ?
3°) Comment aider les malades (à
tous les niveaux) ?
4°) Que faire pour la santé
en Guinée (au niveau du pays et de la société) ?
Le
tout s’est passé dans une très bonne ambiance,
avec beaucoup de respect et d’amitié. Après la
prise de photo, nécessaire à chaque rencontre, nous
nous sommes retrouvés entre chrétiens pour célébrer
l’Eucharistie.
Vendredi
11 septembre : Formation
de la 5ème CCB
(Communauté de quartier) de la paroisse de LAMBANYI.
Toujours
les mêmes problèmes.
1°) Les chrétiens
n’ont pas compris ce qu’est une CCB. Ils en font un
simple groupe de prière, alors que ce devrait être un
moyen de vivre sa vie chrétienne en communauté, dans
toutes ses dimensions, et un moyen d’animer le quartier avec
tous, chrétiens ou non.
2°) La communauté ne se
réunit pas régulièrement et il y a beaucoup
d’absences, car ce n’est pas une priorité pour
eux.
3°) Les responsables élus ne sont pas
suffisamment engagés et ne tiennent pas leurs responsabilités
J’espère que cette formation va lancer les
activités et donner un souffle nouveau.
Jeudi 10 septembre : Il faut reprendre le travail. Je pars donc de très bonne heure pour l’Archevêché où de nombreuses questions m’attendent. En particulier, ouvrir ma boîte mail. Dès que je termine, je pars à CRS, où nous avons plusieurs choses à régler : le travail de Justice et Paix , de Pastorale sociale , les élections, etc…
Mercredi
9 septembre : Comme
nous sommes tous là (les Spiritains de Guinée), nous
nous retrouvons avec nos jeunes confrères et nos jeunes en
formation, autour d’Yves-Marie notre nouveau responsable pour
l’Afrique de l’Ouest et du Nord (FANO). Nous abordons
nos différents problèmes, en particulier notre manque
cruel de personnel (malgré les jeunes qui nous rejoignent)
qui nous empêche de répondre aux très nombreux
appels que nous recevons. Puis nous précisons les
orientations de notre dernière rencontre de Dakar (Chapitre),
en particulier sur la vie de prières, essentielle pour notre
engagement. Et la vie religieuse et communautaire, base de notre
travail missionnaire. Et le rappel de nos priorités :
l’Evangélisation dans le respect et le dialogue avec
les autres religions et le service des plus pauvres. Nous voyons
aussi comment maintenir le travail pour la justice et la paix, sans
nous laisser totalement absorber par le travail paroissial. ;
et nous réfléchissons à la nouvelle
organisation à mettre en place pour toutes ces
actions.
Enfin, nous préparons le 300ème
anniversaire de la mort de notre fondateur, Claude POULLART des
PLACES, un jeune breton plein d’avenir qui s’est
consacré totalement à la formation d’étudiants
sans moyens, pour le service des plus pauvres et les missions.
C’est l’occasion de nous resituer face à notre
vocation.
Après un repas très fraternel, nous nous
dispersons pour rejoindre nos différents postes en Guinée
et, pour les nouveaux engagés, leurs lieux de formation au
Sénégal, au Ghana et au Cameroun.
Mardi
8 septembre : Aujourd’hui,
engagement religieux et missionnaire de six de nos jeunes
frères : deux Sénégalais et
quatre Guinéens, dont l’un originaire de MONGO et que
j’ai donc suivi depuis son enfance. C’est une grande
joie pour nous tous et nous sommes très entourés par
la paroisse de Boffa et de nombreux prêtres, frères,
sœurs et laïcs qui sont venus participer à cette
profession religieuse.
La cérémonie est
très émouvante, à la fois solennelle par le
sérieux de l’engagement et très simple et
fraternelle par l’ambiance amicale qui règne entre
tous. Bien sûr, la joie a éclaté avec les chants
et les danses de tout le monde.
Pour moi, j’ai la joie de
revoir des gens de MONGO et d’avoir des nouvelles des nombreux
amis que j’y ai laissés. Je retrouve également
le Conseil paroissial et les responsables de Justice et
Paix de BOFFA, car il y a toujours des choses à
préciser et des actions à mettre en place. Cela permet
aussi de rencontrer les autorités : préfet, maire
et député, et autres responsables.
Lundi
7 septembre : Notre
nouveau responsable est arrivé du Sénégal, de
même que plusieurs confrères. La journée passe
vite, car nous avons beaucoup à nous dire. Et à 16
heures, nous partons pour le noviciat de BOFFA, à 150 km.
D’abord, nous ratons le rendez-vous avec les parents d’un
des novices, originaire de MONGO, où j’ai travaillé
10 ans dans les camps de réfugiés, qui doit faire sa
profession (engagement religieux) demain. Ils ne connaissent pas la
ville et nous n’arrivons pas à les trouver.
A 15 km
de Boffa, à un barrage de gendarmerie, nous n’arrivons
pas à redémarrer. C’est une vieille voiture et
la distance était trop longue pour elle. Elle a chauffé.
Il faut attendre qu’elle se refroidisse et remettre de l’eau
dans le radiateur. Mais, à ce moment-là, nous nous
apercevons que le radiateur fuit. Il ne reste plus qu’à
nous faire remorquer.
Dimanche
6 septembre : Messe
à LAMBANYI.
Aujourd’hui, nous accueillons
deux prêtres du diocèse de Nzerekore qui partagent
notre prière. Il y a très peu de monde, car il pleut
très fort. Mais les anglophones sont venus aussi nombreux que
d’habitude. Je donne l’eucharistie aux délégués
choisis par leurs communautés pour aller la porter aux
malades. Après la messe, différents contacts : il
y a toujours des choses à régler !
Samedi 5 septembre : Journée en communauté pour accueillir les confrères et les stagiaires qui viennent des différents postes de la Guinée pour assister à l’engagement de nos six jeunes novices, mardi prochain. Mais je dois m’échapper pour voir avec CRS la préparation des prochaines élections législatives.
Vendredi
4 septembre : Je
m’occupe à nouveau de notre étranger
car il n’a pas été reçu à
l’ambassade hier. Je lui écris aussi quelques lettres,
en particulier au sujet de son hypothétique parfumerie. Il
aurait aussi été contacté par des trafiquants
de drogues originaires de Hollande. Comme souvent, la situation est
très difficile, mais en plus elle n’est pas claire du
tout !
Ensuite, je commence à travailler les
documents et comptes rendus des Centres aérés.
A 17
heures, rencontre de formation de la 4ème
Commission de quartier de LAMBANYI, suivie de la Messe et Communion
aux différents malades.
Mardi
1er
septembre : L’atelier
de soudure Savoir Fer :
Rencontre avec les formateurs de cet atelier (enfants de la rue)
pour préparer la rentrée et organiser toute l’année
scolaire. Pour cela, nous reprenons le rapport de fin d’année
des deux formateurs, avec leurs suggestions. Ils font bien leur
travail, mais ne peuvent pas tout faire ! Avec eux, nous allons
intensifier la formation, les préparations des cours, etc..
Et nous allons chercher un éducateur de plus pour suivre les
jeunes dans leurs familles et leurs quartiers, soutenir ceux qui ont
commencé à travailler.
Ensuite, je passe à
l’Imprimerie pour préparer le calendrier
liturgique de l’année prochaine.
Un
cas difficile : Je reçois un coup de
téléphone de l’Ambassade de France, me demandant
d’accueillir et de prendre en charge un Français. Cela
nous arrive souvent d’être appelés pour des cas
difficiles . En effet, un certain nombre de Français
viennent tenter leur chance en Guinée. Certains sont des
aventuriers, d’autres vont chercher à travailler
vraiment, sans aucune préparation ni moyens au départ.
Or les conditions sont très difficiles en Guinée pour
les étrangers, tout comme en France d’ailleurs, même
si c’est dans d’autres circonstances. La personne
d’aujourd’hui a essayé de relancer une parfumerie
dans les montagnes du Fouta Djallon, où il y a beaucoup de
fleurs très parfumées. Une parfumerie existait il y a
10 ans. Elle ne fonctionne plus, mais les fleurs sont toujours là !
Cette personne a été arrêtée par des
coupeurs de route qui l’ont
entièrement dépouillée. Elle n’a donc
plus rien. Nous lui trouvons des habits. Ensuite, il faut régler
sa situation. Ce matin, je le ramène donc à
l’Ambassade de France. Après toutes mes démarches
pour différents visas, ils me connaissent, mais je ne
voudrais pas qu’ils se déchargent sur nous de leurs
responsabilités auprès des Français. En effet,
les cas de ce genre sont fréquents.
Je me retrouve ensuite
au secrétariat général de la lutte
contre le SIDA. J’ai un premier contact avec le
directeur des programmes qui, vu notre expérience passée,
nous demande de faire de nouvelles propositions. En effet, nous
avions une activité de prévention auprès des
jeunes ; et une autre d’appui auprès des malades
du SIDA. Mais nous avons dû arrêter faute de moyens.
Nous allons donc essayer de relancer les activités. Ensuite,
avec un imam nous posons les premiers jalons pour une éducation
religieuse par rapport au SIDA.
Je passe ensuite au
cyber, mais au bout d’une heure j’abandonne.
Je ne peux ni enregistrer mon courrier, ni ouvrir ma boîte
mail. Le serveur est saturé.
Je m’arrête donc
à l’atelier de soudure, saluer les
apprentis. Ils sont tous revenus. Ce qui est très
encourageant pour nous. Trois d’entre eux ont fini leur
formation. Nous allons essayer de leur trouver une bonne place, mais
nous leur demandons de chercher de leur côté. Nous les
préparons en leur apprenant à se présenter et à
s’exprimer clairement en français, ce qui n’est
pas facile pour eux.
A 15 heures, réunion de la
Commission de Pastorale sociale sur
les problèmes du monde rural et le soutien des paysans, dans
le prolongement de ma session à BAMAKO. Nous avons demandé
un rendez-vous au Ministère de l’Agriculture.
Puis,
une responsable du Mouvement des enfants (CV-AV)
de BOFFA vient me voir pour l’inscription de 13 enfants à
la colonie de vacances. Elle est suivie d’une animatrice qui
m’apporte l’évaluation du Centre aéré
de SIMBAYA. Cela va me faire de la lecture, et du travail.
Après
un passage à la Procure et au secrétariat de
l’Archevêché, il est temps de rentrer…. Et
de se battre pour trouver une place dans un taxi collectif. Ils sont
trop rares et les clients trop nombreux. Je me rabats sur un minibus
surchargé, où je voyage debout. Il n’est pas
nécessaire de s’accrocher, nous sommes tellement serrés
que nous nous tenons les uns les autres.
Lundi
31 août : Réunion
de communauté.
Le matin, nous tenons notre
rencontre mensuelle de communauté pour évaluer le mois
passé. C’est une réunion très importante
pour nous, non seulement pour faire le point de nos activités,
mais pour mieux nous connaître, partager nos joies et nos
soucis, et former peu à peu notre communauté. D’autant
plus que Emmanuel, notre nouveau stagiaire nigérian, vient
d’arriver. Il faut donc revoir ensemble notre vie
commune.
Pour le travail pastoral, j’assure un remplacement
à LAMBANYI. Je ne connais donc pas bien la paroisse. J’essaye
d’y apporter le maximum de formation et d’ouverture.
Mais il faut tenir compte de l’histoire de la paroisse. Et
aussi de la mentalité et de la sensibilité des
personnes. Les conseils du Frère Yvon, qui est là
depuis longtemps, me sont très précieux. De même
que son soutien fraternel.
Ensuite, nous allons à
l’aéroport accompagner Henri Jo, un frère
guinéen qui repart travailler comme enseignant au nord du
Sénégal.
Le soir, rencontre avec un jeune couple
qui se prépare au mariage. Le mari, médecin militaire,
responsable au niveau national de la lutte contre le SIDA, est
encore catéchumène. Notre première rencontre
est très sympathique. Je commence par lui parler, pour
dégeler la glace, du temps où j’étais
militaire, engagé dans l’infanterie de marine (la
coloniale ), ayant fait escale en 1963 à
Conakry, en route pour le Congo.
Dimanche
30 Août : Dans
la paroisse de LAMBANYI avec les activités habituelles.
Messe en anglais, suivie de la réunion de la communauté
anglophone. Puis la grand’messe en français-soussou, au
cours de laquelle je donne encore une place spéciale aux
enfants : dimanche dernier, ils avaient porté la paix
aux adultes ; et, comme nous avions réfléchi au
mariage, les hommes sont allés serrer la main de leur femme
au moment de l’offertoire. Aujourd’hui, les responsables
de communautés se lavent les mains avec moi au moment de la
prière pénitentielle ; et, pour la prière
du Credo, les enfants viennent en procession poser les main sur la
Croix pour montrer leur foi et leur engagement. A la fin de la
messe, je remets la communion à la personne choisie dans
chaque communauté pour les malades, en demandant aux autres
chrétiens de les accompagner pour une prière
communautaire dans les maisons.
Le moment des annonces est
important le dimanche. Dimanche dernier, ce sont les enfants qui
nous ont fait le compte rendu de leur formation dans le mouvement
des enfants (CV-AV). Le dimanche précédent, les scouts
nous avaient parlé de leur camp. Aujourd’hui, c’est
le compte rendu des Centres aérés,Dimanche
prochain, ce sera le compte rendu de la session biblique des
jeunes
Après la messe, chaque groupe et mouvement se
retrouvent comme d’habitude. Pour moi, je rencontre les
responsables de Justice et Paix et de
Pastorale sociale pour voir où ils
en sont dans les deux enquêtes dans les quartiers
que nous avons demandées : l’une sur les
situations de pauvreté et les possibilités de petits
projets de développement ; l’autre pour repérer
les gens qui sont exploités ou humiliés et qu’il
faudrait défendre. Il faut poursuivre les enquêtes.
Samedi 29 Août : Clôture du Centre aéré de Simbaya.
Vendredi
28 Août : Nous accueillons
les novices dans notre communauté. Ils viennent
préparer leur engagement dans la vie religieuse, le 8
Septembre prochain.
Puis je vais à la clôture du
Centre aéré de Nongo. Malheureusement, la fête
est perturbée par de fortes pluies. Nous invitons les enfants
à partager ce qu’ils ont appris et à continuer
par eux-mêmes ce qu’ils ont fait au Centre. Au retour,
je prépare mon courrier et classe un certain nombre de
documents.
Jeudi
27 Août : Je vais visiter le
4ème Centre aéré à
Nongo. Nous avons d’abord une rencontre avec les enfants. Ici,
ils sont plus âgés. La réflexion est plus
approfondie. Ils ont apprécié spécialement les
jeux ou les droits de l’homme et de l’enfant. Ensuite,
nous nous retrouvons avec les éducateurs pour préparer
la rencontre avec les parents demain, l’évaluation du
Centre aéré et la suite du travail l’année
prochaine.
Après cela, avec le père Xec, salésien
espagnol, nous travaillons sur les comptes de l’atelier
Savoir Fer et préparons la réunion
avec les formateurs, ainsi que l’ouverture et le travail de
l’année prochaine.
Mercredi
26 Août : Retour
en ville.
Je quitte Coyah tôt pour aller visiter
le Centre aéré de Simbaya. Je suis accompagné
d’Emmanuel, notre stagiaire. Il a participé à la
session biblique depuis le début. Il vient avec moi pour
découvrir les centres aérés.
A l’entrée
de Conakry, du kilomètre 36 (Conakry est une longue
presqu’ïle, ce qui ne favorise pas la circulation) nous
sommes arrêtés par un gros embouteillage (c’est
fréquent !). Et comme à chaque fois, contrôle
des pièces d’identité par les policiers,
contrôle de la voiture par la gendarmerie, contrôle des
bagages par les douaniers et contrôle des personnes par les
militaires. C’est vrai qu’il y a de l’insécurité
dans le pays et spécialement dans la ville de Conakry. Mais
c’est surtout le moyen pour ces quatre groupes de taxer
chauffeur et passagers et de se faire de l’argent pour
compléter leur salaire. Certes, il est insuffisant pour
vivre, mais c’est malheureusement le cas de la majorité
des Guinéens. Et cela ne justifie pas ce racket organisé
sur des gens encore plus pauvres et qui n’ont même pas
de salaire.
Visite du 3ème
Centre aéré.
Il y a un peu plus de
problèmes dans ce Centre. En effet, il
n’était pas prévu à l’origine. La
paroisse ne s’est pas impliquée, ni la commission de
pastorale sociale, ni le conseil paroissial. Les jeunes éducateurs
se sont débrouillés par eux-mêmes, mais ils ont
eu de la peine à trouver une école disponible. Ils se
sont adressés surtout aux chrétiens, sans contacter ni
impliquer les chefs de quartier, ni les imams. Des parents ont voulu
se débarrasser de leurs jeunes
enfants. Résultat : les éducateurs sont débordés.
Les activités prévues pour des enfants et jeunes de 7
à 15 ans ne sont pas adaptées, ni les moyens
pédagogiques. Les parents ont imposé leur vision
utilitaire : des cours de vacances gratuits, au détriment
de toute la dimension éducative que nous voulions donner et
qu’ils n’ont sans doute pas compris. Je remercie bien
sûr les éducateurs pour tous les efforts qu’ils
ont fournis et je les encourage ; d’autant plus qu’ils
ont accepté de travailler bénévolement, ce qui
n’est pas évident. Mais dans un deuxième temps,
nous examinons les différents problèmes et nous
essayons de voir ce qu’il faut faire et de redresser la barre.
Nous tirons aussi les première conclusions pour la suite :
comment continuer ce Centre aéré tout au long de
l’année, avec des temps forts à Noël et à
Pâques ? Comment améliorer la formation donnée
aux éducateurs ? Comment mieux faire comprendre nos
objectifs aux parents ? Comment mieux les impliquer, de même
que la commission de pastorale sociale, les autorités du
quartier, les responsables religieux chrétiens et
musulmans ?
Cette première réflexion sera
continuée par différentes évaluations. D’abord
avec les enfants, ensuite les éducateurs (par centre aéré),
puis tous les éducateurs ensemble avec l’équipe
d’animation, durant tout un week-end. C’est nécessaire
si nous voulons améliorer notre travail pour la suite.
Je
remonte rapidement à l’Archevêché où
on me demande d’urgence pour différents problèmes.
Je termine juste à temps pour sauter dans un minibus, passer
à la paroisse avec le responsable de l’atelier Savoir
Fer pour étudier la fabrication de deux portails
coulissants et rejoindre la CCB pour une réunion de
formation, comme celle de vendredi dernier,
Aujourd’hui
encore, les participants me disent apprendre des choses nouvelles et
découvrir des nouvelles dimensions à la CCB, en
particulier pour ce qui concerne les actions pour la justice, la
paix et la réconciliation, l’aide aux pauvres et le
développement. Il faudra sans doute encore du temps pour
arriver à des réalisations concrètes.
Mardi
25 Août : Deuxième
session biblique.
Je vais rejoindre la session
biblique des jeunes à 50 km de Conakry, à Coyah, qui
se déroule dans les locaux du grand séminaire qui
vient de s’ouvrir cette année, dans la communauté
de St Jean. Je reprends mon intervention de Kamsar (lien
avec Nouvelles du vendredi 7 Août). En route vers
la gare routière, je suis attrapé
par un gros orage : nous sommes en pleine saison des pluies et
à Conakry il pleut beaucoup. Heureusement, il ne fait pas
froid et se faire tremper, ça rafraîchit ! Arrivé
à la gare routière, je m’abrite sous un hangar
où je suis très bien accueilli. Il y a déjà
beaucoup de monde, mais on me fait de la place. On me fait même
asseoir sur une caisse. Cela va durer plus de deux heures. Nous
engageons une conversation très amicale : les gens avec
les éléments de français qu’ils
possèdent ; moi, en poulaar (la langue des peuhls) et en
soussou (la langue de Conakry) avec le peu que je possède. Il
n’y a ni sissiens, ni bagas (les deux langues de Guinée
que je parle) dans le groupe. Nous parlons même en ouolof avec
des personnes qui ont travaillé au Sénégal et
en anglais avec des Sierra Léonais et un Libérien,
avec beaucoup de gestes et de rires nous arrivons à nous
comprendre !
Avec les jeunes de la session, nous faisons le
point sur les actions menées depuis les deux forums de
Pâques. Puis ils travaillent en carrefours sur les trois
questions :
1) comment travailler avec les musulmans (la
majorité de la population : 90 %)
2) comment nous
engager dans la société, en lien avec tout ce qui se
passe actuellement dans le pays ?
3) que faire pour la
justice, la paix et la réconciliation, en rapport avec le
2ème Synode pour l’Afrique ?
Nous
n’avons pas le temps de travailler les réponses, mais
je les conserve précieusement. Nous les retravaillerons plus
tard : cela nous fait une bonne base de départ pour
l’année prochaine. Je préfère leur
expliquer notre plan de travail (un thème d’action par
mois) pour l’année qui vient. Les jeunes commencent à
être fatigués (c’est la 2ème
semaine de formation) et cette rencontre a lieu l’après-midi
à la place du sport et du théâtre ; malgré
tout, ils s’y mettent bien et nous sommes satisfaits du
travail accompli.
Ce voyage me permet d’échanger
aussi, au moment des repas, avec l’équipe des
formateurs (prêtres, sœurs et laïcs) et avec les
deux communautés des Frères et Sœurs de St Jean.
L’année dernière dans leur école primaire
les sœurs ont fait un excellent travail d’éducation
des élèves à la paix et à la
réconciliation. Elles me demandent nos deux jeux d’éducation
aux droits de l’homme et de l’enfant pour la prochaine
année scolaire.
La nuit, rencontre avec les animateurs
pour évaluer le travail de la journée.
Lundi
24 Août : Reprise
des activités habituelles à l’archevêché :
réunions, contacts, visites. Nouvelle longue réunion à
écouter d’autres membres des deux familles sur notre
problème de mariage. Ensuite, un dossier pour une demande de
voiture pour la paroisse de Dalaba. Nos routes sont très
mauvaises et malgré la débrouillardise des mécaniciens
locaux, et notre volonté de les faire durer au maximum, il y
a souvent des problèmes. Et encore plus pour en avoir une
neuve !
La nuit, je prépare mon intervention de
demain.
Dimanche
23 Août : Messe
à la paroisse de Lambayi animée comme d’habitude.
Nous sommes partis de la lettre de Paul sur le mariage. Dès
le début du partage, des jeunes nous posent des questions
très pertinentes. La réflexion dure assez longtemps,
mais c’est à la grande satisfaction de tous. Après
la messe, nous nous retrouvons avec les femmes pour voir leur
engagement dans la communauté et dans le quartier.
Réunion
avec les femmes. Elles sont pour la plupart très
dévouées. Pour les fêtes, elles prennent en
charge la nourriture et le service. Elles cotisent pour la paroisse
régulièrement. Elles se visitent et se soutiennent en
cas de maladie et de décès. Je les encourage à
continuer. Mais nous cherchons comment aller plus loin. En effet,
elles sont très centrées sur les activités
paroissiales liturgiques. Nous réfléchissons à
ce qu’elles s’engagent davantage dans les quartiers et
qu’elles s’organisent pour cela ; qu’elles
aient le souci de la promotion et de la formation de leurs sœurs ;
et de la défense des femmes rabaissées ou exploitées ;
et également qu’elles aient le souci de travailler avec
toutes les femmes et en particulier les associations de femmes
musulmanes. Elles me disent avoir beaucoup apprécié la
réflexion qui leur a ouvert les yeux et présenté
de nouvelles pistes. Reste maintenant à passer à la
pratique.
L’après-midi est calme. Pas d’activités
de prévues. J’en profite pour travailler plusieurs
dossiers délicats.
Samedi
22 Août : SOS Mineurs –
Les enfants de la rue.
Ce matin, réunion avec
tous les éducateurs des enfants de la rue et de la prison =
SOS mineurs. Nous avons beaucoup de questions à aborder. Le
Foyer des enfants est bien tenu. Mais que deviennent les enfants
retournés dans leur famille ? S’ils quittent à
nouveau leur famille et se retrouvent dans la rue au bout de
quelques mois, ce n’est pas la peine ! Quelles autres
possibilités valables leur offrir ? Nous formons les
enfants à la soudure et la menuiserie. Les filles à la
couture et la broderie. Est-ce suffisant pour qu’ils puissent
gagner leur vie ou au moins entrer en apprentissage quand ils
quittent le Foyer ? Quel suivi leur apporter ? Et quel
soutien apporter aux enfants travailleurs dans les quartiers ?
Il faudrait développer cet aspect également ou sinon
travailler en collaboration avec d’autres associations
davantage engagées dans ce domaine. Nous nous attardons sur
cette question de la collaboration qui n’est pas facile. Car
souvent, c’est plutôt la compétition et la
concurrence. J’invite les éducateurs à ne pas se
décourager et à persévérer dans ce sens,
malgré les difficultés, car cela me semble
essentiel.
Nous abordons ensuite la question de l’accueil
au Foyer des enfants condamnés pour qu’ils y terminent
leur temps au lieu de rester en prison. Cette question est très
délicate car ils risquent de voler ou d’être
violents avec les autres enfants du Foyer plus jeunes, ou envers les
filles. Ils risquent aussi de s’évader.
Autre
point : le soutien espéré du CCFD
(Comité contre la Faim et pour le Développement) avec
des points litigieux. L’installation solaire pour avoir
l’énergie nécessaire aux travaux (ordinateurs)
et aux loisirs des enfants (télévision) mais qui coûte
cher. Le financement d’un jardin potager et d’un petit
élevage pour gagner des fonds nécessaires au
fonctionnement de l’association. Le lancement d’activités
génératrices de revenus (AGR) pour permettre aux
jeunes de s’établir et de démarrer dans la vie.
Nous abordons alors la question de la vie d’équipe qui
est aussi essentielle, aussi bien pour le soutien des éducateurs
que pour le bien des enfants. Dans la même ligne, nous
abordons la question de la formation continue et je leur donne
quelques documents de même que les coordonnées
d’associations en lien avec des enfants travailleurs, pour
voir comment travailler avec eux.
Pour terminer, nous examinons
les cas plus difficiles de certains enfants. Et nous abordons la
question du quartier des mineurs de la prison centrale.
En effet, nous y avions construit des salles d’alphabétisation
et des ateliers de formation (soudure, menuiserie). Mais à la
suite de mesures frauduleuses, une autre ONG a récupéré
les bâtiments avec le soutien du régisseur. Cela nous
bloque énormément dans notre travail auprès des
enfants. Nous cherchons comment rétablir la situation dans
les meilleures conditions possibles, dans le dialogue et l’entente.
Pour terminer, nous voyons les modalités de la participation
de SOS Mineurs à la Commission de Pastorale sociale chaque
mois.
Après la réunion avec SOS Mineurs, je me
prépare à aller à la morgue de l’hôpital
Ignace Deen pour la levée du corps d’un jeune
sénégalais, venu en Guinée pour lancer une
entreprise. Il a été assassiné et volé.
Nous attendions les parents qui sont finalement arrivés du
Sénégal hier vendredi. Mais au moment de partir pour
l’hôpital, je reçois un coup de téléphone
m’informant que le procureur n’a pas donné le
permis d’inhumer. Il doit y avoir d’abord enquête
et autopsie, puisque c’est un cas d’assassinat. Il faut
dire que l’insécurité est grande en ce moment,
surtout vis-à-vis des étrangers.
Le soir, je passe
un long temps à regarder une nouvelle intervention
du Président DADIS CAMARA à la télévision.
C’est nécessaire pour notre travail de Justice et Paix.
Ainsi, j’ai suivi sa rencontre avec les forces
vives de la nation constituées par les
syndicats, les partis politiques et les organisations de la société
civile, en présence du corps diplomatique où il a
accepté le report des élections présidentielles
jusqu’en janvier 2010, alors qu’elles devaient avoir
lieu avant fin 2009. Puis j’ai suivi la rencontre du président
avec la presse, où il a laissé entendre qu’il
pourrait se présenter aux élections présidentielles.
Ce soir, c’est la retransmission de sa rencontre avec les
femmes, venues le soutenir dans sa démarche. Alors que les
forces vives s’y opposent absolument. La situation est donc
très indécise en ce moment.
Vendredi
21 Août : Une
communauté chrétienne de quartier.
Nous
reprenons notre problème de mariage d’avant-hier. Cela
nous tient jusqu’à 16 heures. Je suis obligé
d’annuler le conseil d’administration de Savoir Fer, et
aussi la visite du 3ème de nos
Centres aérés, ce que je regrette beaucoup. Mais il y
a des priorités. J’ai juste le temps d’aller à
YATAYA, un quartier de Conakry, pour rencontrer la première
des cinq communautés de base de la paroisse de LAMBANYI dont
j’ai la responsabilité pendant les vacances. J’y
tiens beaucoup car pour moi il est très important d’expliquer
ce qu’est réellement une communauté de quartier,
(lien avec la rubrique
Activités paroissiales page …..)
et de mettre en place ces communautés pour qu’elles
puissent commencer à travailler à la rentrée
d’octobre : créer un esprit de famille et de
bonnes relations dans le quartier, partager la Parole de Dieu,
organiser la catéchèse, lutter contre les injustices,
aider les pauvres, développer le quartier, réconcilier
les gens…. Et travailler pour gagner les moyens financiers
d’assurer tout cela. Et d’abord former les responsables
pour que chacun connaisse bien son travail.
La rencontre se passe
bien, même si les gens arrivent les uns après les
autres… comme d’habitude ! Ils sont intéressés
et posent beaucoup de questions, car un certain nombre de choses
leur paraissent nouvelles. Après la messe, je fais le tour du
quartier, très étendu, pour donner la communion à
sept malades. La plupart des personnes présentes à la
messe m’accompagnent à pied, ce que j’apprécie
beaucoup. Je les remercie et je leur demande de venir prier
régulièrement chez ces malades. Nous rentrons tard,
mais heureux.
Jeudi
20 Août : Visite
du Centre aéré de KOUNTIYAH
Aujourd’hui,
je trouve enfin le temps d’aller visiter un 2ème
Centre aéré. Malgré la pluie, éducateurs
et enfants sont venus. Malgré le manque de moyens, ils se
sont mis très sérieusement au travail, avec beaucoup
de courage. Je prends d’abord le temps de visiter chacun des
trois groupes. Je salue les enfants et je les écoute. Ils ont
toujours des choses originales à dire. Je les interroge sur
ce qu’ils ont appris, mais surtout ce qu’ils vivent
ensemble. Ensuite, nous nous retrouvons avec les éducateurs
pour faire le point et améliorer les activités. Ca
marche bien, mais on peut toujours mieux faire. Les parents
insistent surtout sur l’aspect scolaire. D’autant plus
que nous avons privilégié les enfants de familles
démunies qui ne pourraient pas payer de cours de vacances à
leurs enfants. Mais je rappelle aux éducateurs l’importance
de l’éducation à donner aux enfants, à
partir des moyens pédagogiques qu’on leur a fournis :
jeux éducatifs et sur les droits de l’enfant, chants,
théâtre, etc.. et au climat d’écoute et
communautaire à apporter : accueil, écoute, joie,
danses…. Auprès des enfants, nous insistons sur
l’importance de partager ce qu’ils vivent à la
maison et dans leur quartier et à le reproduire. Nous voulons
vraiment en faire des acteurs actifs et responsables et des
animateurs des droits de l’enfant. Les enfants comprennent
bien cela.
Il nous reste à préparer ensuite la
dernière semaine, la clôture où nous voulons
inviter parents et autorités et donner la parole aux enfants
avec les moyens de s’exprimer : chants, danses, théâtre,
jeux, tout en présentant aux adultes ce qui a été
vécu. Nous posons aussi les jalons de l’évolution
du Centre et de l’évaluation générale
avec les différents éducateurs.
Cette rencontre m’a
vraiment regonflé et encouragé, car nous avons dû
travailler avec très peu de moyens et je ne savais vraiment
pas si ça allait marcher. Les éducateurs en
particulier, étudiants pour la plupart, ont accepté de
travailler bénévolement, ce qui est très
appréciable vu l’état de pauvreté
générale, car le temps des vacances est celui où
ils cherchent de l’argent pour financer leurs études.
Les
élections présidentielles.
L’après-midi,
nous nous retrouvons avec tout un groupe pour réfléchir
à la conférence de presse d’hier soir du
président de la république. Ce qu’il a dit n’est
pas facile à décrypter. Et pourtant il a abordé
un nombre de choses importantes. Les questions habituelles :
les futures élections, la lutte contre la corruption et
l’ethnocentrisme, l’engagement pour le développement
du pays et le patriotisme, le problème des sociétés
minières, l’insécurité…., mais
aussi des points nouveaux comme l’audit des différents
gouvernements qui se sont succédés depuis
l’indépendance, pour juger les responsables de
corruption et de détournements. Ce n’est pas une mince
affaire ! Ensuite, il demande à tous les journalistes
présents s’ils sont d’accord pour qu’on
démarre une enquête sérieuse, promise depuis
longtemps, mais jamais réalisée, sur les tueries de
2006 et 2007, en particulier quand les militaires ont tiré
sur la foule qui marchait pacifiquement vers le centre ville et ont
fait plus de 180 morts. Ces deux dernières choses sont très
importantes, mais sont-elles réalisables en si peu de temps,
avant que le président (et les militaires) ne laissent le
pouvoir au plus tard en février 2010 ? Nous nous
demandons si ce ne sont pas des manœuvres qui cachent des
desseins inavoués.
La nuit, je prépare ma prochaine
circulaire aux amis
Mercredi
19 Août : Il
y a un gros problème de mariage qui a
été jusqu’aux coups et à la gendarmerie.
Cela fait un gros palabre qui prend toute la journée. Et il
faudra encore suivre les affaires.
Messe anniversaire.
A 17 heures, messe anniversaire de l’ancien jeune chef de la
chorale, Bernard, décédé l’an dernier.
C’était un jeune très engagé. Il y a donc
beaucoup de monde. Nous commençons par le rite de la lumière,
signe de la résurrection. Dans le partage d’Evangile
(Matthieu 26, 30-45) nous relevons l’importance de commencer
dès aujourd’hui une vie éternelle à
travers nos engagements pour construire une terre nouvelle et de
lutter contre toutes les forces de mort qui sont en nous et autour
de nous et qui tuent la société. La prière
d’intentions qui suit est très émouvante,
surtout celle de la mère de Bernard. Ensuite, les membres de
la famille viennent poser les mains sur la Croix, pour montrer
qu’ils veulent vivre ce temps de deuil et de tristesse dans la
foi et l’espérance. Puis suivent des témoignages.
A la fin de la célébration, les participants viennent
faire le signe de la croix avec l’eau bénite, en
souvenir de notre baptême qui nous a déjà fait
ressusciter à une vie éternelle. A la fin de la
messe, distribution d’offrandes aux participants (le
sacrifice ). Puis nous prolongeons la
soirée dans la maison de Bernard, autour de la famille. Hier
soir, nous y avions déjà tenu une veillée de
prières.
Mardi
18 Août : Une
journée bien remplie.
Je monte tôt à
l’Archevêché car après 10 jours d’absence
beaucoup de choses m’attendent. D’abord je vais au
P.A.M. (Projet Alimentaire Mondial de l’ONU) où j’avais
demandé de la nourriture pour les Centres aérés.
On me répond que ce n’est pas possible car ce n’est
pas un projet gouvernemental. Même réponse à
l’UNICEF pour le financement (simple reproduction) de nos jeux
sur les droits de l’enfant. Sans doute aussi que les montants
ne sont pas assez importants ! Je retourne rendre mon passeport
à l’ambassade de France, où on me dit que ce
n’est pas nécessaire et qu’on aurait dû me
le remettre directement le mois dernier ! (voir le
feuilleton dans les nouvelles passées !).
Au cyber, je n’arrive pas à enregistrer mes messages
(serveur saturé, courant trop faible). Je me rabats sur
Yahoo, mais c’est très lent et ça bloque sans
arrêt. Il faut tout reprendre à zéro. Je me
contente de lire les mails essentiels. Avec la Commission de la
jeunesse, nous évaluons la session biblique de KAMSAR,
préparons celle de COYAH qui commence jeudi et commençons
à poser les jalons pour l’année prochaine. Avec
l’archevêque, nous examinons un certain nombre de
questions. Le projet hydraulique pour creuser des puits ou des
forages dans les villages qui n’ont pas d’eau. Nous
élaborons le projet de calendrier diocésain pour 2010,
avec photos et textes. Nous pensons y aborder les thèmes de
la doctrine sociale de l’Eglise en lien avec les événements
du pays et les prochaines élections, celui de la jeunesse à
partir de nos deux forums, et celui du 2ème
synode pour l’Afrique. Il va nous falloir choisir et préciser
les choses. (Liens avec
Justice et Paix et Pastorale
sociale ). Il nous faut aussi relancer la
pastorale de l’enfant pour le suivi et le soutien des femmes
enceintes et des bébés. Nous préparons aussi le
prochain synode à partir des documents que nous avons reçus
et travaillés. Nous commençons à étudier
les comptes rendus d’activités de l’année
pastorale passée des différentes paroisses, pour en
dégager les questions de fonds et les lacunes, afin de
décider des formations à mettre en place pour l’année
prochaine.
Nous pensons aussi au Ramadan que les musulmans vont
commencer. Nous sommes évidemment concernés par ce
temps de jeûne et de prière.
L’après-midi,
nous nous retrouvons pour étudier la participation de notre
Commission Justice et Paix à la
préparation des élections et à la formation
d’observateurs indépendants et commencer à
choisir des personnes volontaires engagées et compétentes
pour ce travail.
Lundi
17 Août : Les
Centres aérés.
Après
l’Eucharistie célébrée ensemble comme
chaque matin, précédée de l’Office des
Laudes, je pars rapidement pour la ville voisine de DUBREKA pour
visiter le 1er des quatre centres aérés
que nous avons lancés cette année. Nous avions formé
les éducateurs en Juin et Juillet. Les Centres aérés
ont démarré début Août, pendant que
j’étais à Kamsar à la session biblique,
puis en Côte d’Ivoire. Je suis donc pressé de les
visiter. Nous avions prévu 50 enfants, mais ils sont
maintenant plus de 150 ! Preuve à la fois que ça
marche bien et que cette expérience correspond à un
besoin réel. De plus, cela a permis des contacts très
intéressants avec les autorités civiles, les
responsables religieux musulmans et les parents. En effet, la
plupart des enfants sont musulmans.
La matinée est occupée
par l’alphabétisation ou des cours de vacances, par
niveau. De midi à 14 heures, jeux éducatifs sur les
droits de l’homme et les droits des enfants. Ces jeux
intéressent beaucoup les enfants. Et nous insistons pour que
le soir ils partagent en famille ou avec leurs camarades ce qu’ils
ont vécu le matin. Ceci a été possible grâce
au soutien de Michel, un ancien volontaire ayant longtemps travaillé
en Guinée. Grand merci à lui. Nous cherchons un
soutien pour l’année prochaine, d’autant plus que
nous voudrions élargir cette expérience à
d’autres villes et quartiers.
A 14 heures, les enfants
rentrent à la maison. Nous aurions voulu leur fournir un
repas le midi, mais nous n’en avons pas les moyens.
Je
passe d’abord dans les différents groupes pour écouter
ce que les enfants ont à nous dire. Ensuite, je leur demande
comment ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris. Et nous
parlons de leur vie communautaire et des actions en équipe.
A
14 heures, nous nous retrouvons avec les éducateurs pour
faire le point, réorienter les choses et améliorer
l’éducation donnée. Je leur laisse mes
observations par écrit. Ensuite, nous préparons la
fête du dernier jour, où nous voulons partager avec les
parents, les autorités et les autres adultes ce que les
enfants ont vécu. Nous cherchons aussi comment aider les
enfants à continuer à vivre tout cela pendant la fin
des vacances et aussi pendant l’année prochaine. Les
enfants ont déjà repéré des enfants
vraiment nécessiteux dont il faudra soutenir les familles. Et
aussi des enfants à problèmes ou ayant une vie
difficile qu’il faudra continuer à suivre. C’est
d’ailleurs l’un des buts de ces Centres aérés.
Je
rentre à la communauté tout heureux.
Dimanche
16 Août : (suite)
Après
la Messe, nous nous retrouvons avec les responsables de CCB. Nous
faisons le programme des eucharisties dans les quartiers. Nous leur
distribuons ensuite le rapport d’activités de l’année
passée de la paroisse et, à partir de là, nous
traçons déjà quelques orientations pour l’année
prochaine. Puis, après qu’ils aient donné leurs
réactions à la présentation des CCB à la
fin de la messe, nous préparons le programme d’activités
pour les deux mois qui viennent.
Ensuite, nous rentrons à
la maison et nous retrouvons Kenedy, responsable du noviciat de
Boffa. Il est venu avec Célestin, originaire de Mongo, où
j’ai travaillé 10 ans. Il doit faire ses vaccinations
et demander un visa pour le Cameroun où il va continuer ses
études de théologie.
Et enfin, un peu de repos
après cette nuit écoutée.
Dimanche
16 Août 2009 : Je
ne suis vraiment pas en forme pour présider les deux
Eucharisties, mais il faut le faire. Le matin, je croise à la
maison Armand qui rentre au Cameroun pour prendre en charge le
Noviciat. A la paroisse, le vice-président du Conseil
paroissial m’accueille en me souhaitant ma fête. Ca fait
plaisir !
A l’homélie, nous réfléchissons
ensemble à la messe comme sacrifice. C’est important.
En effet, on continue à faire des sacrifices dans les
circonstances importantes de la vie : les sacrifices
traditionnels aux ancêtres, mais aussi le sacrifice du mouton
chez les musulmans. Et ces sacrifices sont souvent accompagnés
de malédictions ou d’accusation de sorcellerie. Il est
donc important de réfléchir à tout cela.
Pour
préparer la rentrée pastorale, chaque dimanche nous
tenons une rencontre avec un groupe différent. Dimanche
dernier, c’étaient les jeunes. Aujourd’hui, ce
sont les responsables des CCB, communautés de quartiers. A la
fin de la messe, j’explique à nouveau à tous le
rôle d’une CCB, car je veux que tout le monde comprenne
bien ce qui est en jeu et s’engage, non seulement dans
l’Eglise mais également dans la société,
concrètement pour l’avancée du quartier.
Samedi
15 Août : Retour
en Guinée.
La
session s’est terminée par une célébration
avec la présence très active d’un groupe de
jeunes filles participant à un camp sur les
vocations.
L’après-midi, je suis accueilli chez les
Sœurs où je peux me reposer avant qu’elles me
conduisent à l’aéroport. Il y a trois jours,
j’ai appris que l’avion est retardé de 3 heures,
ce qui me fait arriver à Conakry à 2 heures du matin,
heure où il n’y a plus de taxi. Pendant trois jours, je
téléphone pour avoir des renseignements : le
standard ne décroche pas. Il faut dire que c’est le 15
Août ! Par précaution, je pars tôt à
l’aéroport, au cas où l’annonce du retard
serait une fausse nouvelle. A l’aéroport, le vol n’est
pas affiché. J’attends donc pendant 3 heures. Toujours
rien. Je me renseigne, on me dit qu’il y a bien un départ,
mais pas à l’heure indiquée et que
l’enregistrement n’est pas commencé. Comme je me
méfie, je retourne 10 minutes plus tard, et on me dit de me
dépêcher car l’enregistrement est terminé !
Je me dépêche… au guichet on me dit qu’il
n’y a pas de place, l’avion est plein, alors que j’ai
un billet en règle et que j’ai confirmé mon
retour il y a quatre jours. J’attends au guichet. Personne ne
s’occupe de moi. Finalement, on me met en classe « Affaires ».
Mais à la sortie, nouveau problème : ils n’ont
pas été prévenus. Finalement, je monte dans
l’avion et là on me remet dans la classe « Tourisme »,
car en fait il y avait de la place ! Finalement nous
décollons ; même si c’est avec retard, c’est
avec soulagement, car il y a quelques mois, dans l’autre sens,
l’avion avait été supprimé sans que
soyons prévenus et sans personne à l’aéroport
pour nous informer.
Mardi
11 Août : Session
sur la réconciliation.
Je
viens encore plus tôt qu’hier et heureusement, car j’ai
juste le temps de me faire enregistrer : l’avion décolle
une heure avant l’heure annoncée.
A l’arrivée,
comme je suis en avance, personne n’est là pour
m’accueillir. J’attends donc et enfin Célestine
et son frère viennent gentiment me prendre, car la session se
passe en dehors de la ville, chez les Frères de Chaminade,
dans un lieu très calme et propice au travail. La session
est déjà commencée, mais je suis très
bien accueilli et je n’ai donc aucun mal à m’intégrer
au groupe. Je ne connais que Maria, l’animatrice ; mais
c’est l’heure du repas, nous pouvons tout de suite faire
connaissance.
Nous sommes là, des personnes engagées
et des formateurs expérimentés, de différents
pays d’Afrique Noire, réunis par le M.I.R. (Mouvement
International pour la Réconciliation) et la Congrégation
des Sœurs de la Providence, pour composer un manuel africain
de pédagogie pratique pour la réconciliation,
s’adressant à des animateurs et responsables de
groupes. Nous commençons donc par analyser nos expériences,
à partir d’un certain nombre de réconciliations
que nous avons vécues nous-mêmes ou organisées.
Car nous voulons partir de notre vie et des réalités
concrètes : problèmes de couples ou de
communautés, vie en foyer de jeunes filles, problèmes
entre adultes, réconciliations suite à la guerre
civile et la rébellion et aux meurtres dans nos différents
pays, tensions entre personnes de différentes nationalités,
etc… Nous en tirons des conclusions pratiques pour
l’élaboration de notre manuel. Après réflexion,
nous organisons les différents éléments et les
rassemblons en onze têtes de chapitres. Chaque participant
rédige un chapitre, en relation avec les autres. Ces
différentes réactions vont être rapidement
envoyées pour correction et évaluation à
chacun. Puis Maria, Thérèse et Nicole se chargeront de
la rédaction finale. En cinq jours, nous avons abattu un
travail énorme, et je pense de qualité, qui sera utile
à beaucoup d’éducateurs et de responsables de
groupes à la base.
J’ai beaucoup aimé cette
méthode qui part du concret et d’expériences
vécues ; c’est la même méthode que
nous avons utilisée lors de notre dernière rencontre
« Justice et Paix » des religieux, à
Bamako (voir les
« Nouvelles » du 11 au 24 Juillet, et la page
« Session de Bamako » dans la rubrique
« Justice et Paix »).
Ce
que nous avons apprécié, c’est l’excellente
ambiance qui régnait entre nous : religieux(ses) et
laïcs, catholiques et protestants, jeunes et vieux (j’ai
eu droit au titre de « NANA » « grand-père »
en baoulé), entre Blancs et Noirs. Nous avons pu, non
seulement échanger nos expériences mais partager notre
vie en toute confiance pour nous soutenir et nous encourager en
toute fraternité. J’ai reçu de vrai(e)s ami(e)s
pour une amitié profonde et vraie qui va durer, puisque nous
avons décidé de nous retrouver l’an prochain
pour continuer à travailler ensemble.
Pour couper nos
séances de travail intense et animer nos veillées,
nous avons regardé et ensuite discuté largement à
partir de certains films : des dessins animés (la
prophétie des grenouilles ; AZUR et ASNAR) et des
documentaires (La marche des sans terre en Inde, la Commission
Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud), ce
qui a largement contribué à notre formation
continue.
Tous ont particulièrement apprécié
nos temps de prière très intense et nos eucharisties.
Nous avons prié ensemble, catholiques et protestants, d’une
façon très libre, avec de nombreux partages, gestes et
symboles, en faisant le lien entre notre vie et la Parole de Dieu.
Cela nous a marqués en profondeur. (J’en
reparle dans ma Circulaire d’Août 2009)
Maintenant,
nous nous sentons pleins de courage, d’idées et de
confiance pour notre travail futur, sans parler du manuel que nous
avons composé. Nous avons décidé de ne pas
prendre de droits d’auteurs, et de mettre ce travail à
la disposition de tous. Dans un 1er
temps, nous allons l’envoyer par mail à un maximum de
personnes pour qu’elles puissent non seulement l’utiliser,
mais aussi apporter leurs corrections et améliorations. Il
sera disponible sur différents sites, dont le mien. Nous
allons le présenter au moment du Synode, les 17-18 Octobre à
Rome et dans nos différents pays. Ensuite, nous le
publierons. C’est un gros travail, mais nous sommes
suffisamment motiver pour le mener à bien.
Samedi
8 Août : Messe
les pieds dans l’eau, avec une pluie battante. Le bruit de la
pluie sur les tôles est assourdissant. Je demande à un
crieur de répéter plus fort
ce que je dis, car il n’y a pas de micro. Et aussitôt
après, retour sur Conakry toujours sous la pluie.
En
route, la courroie du ventilateur lâche. Heureusement, un
motard nous croise. Il revient avec un mécanicien qui a
réussi à trouver une autre courroie à Boffa,
pas très distant. Le voyage se termine sans problème.
Je vais directement à l’Archevêché, où
j’ai laissé l’ordinateur à Bernard, pour
préparer une lettre à envoyer dans toutes les
paroisses de Guinée, pour la préparation des élections
et pour demander les noms et les coordonnées des candidats
aux rôles de formateurs, superviseurs ou observateurs des
dites élections. Il faut que je fasse cela aujourd’hui
avant de partir pour la Côte d’Ivoire, car le grand
problème c’est la communication. La poste ne fonctionne
pas. J’en profiterai également pour enregistrer mon
courrier sur mon ordinateur et je le lirai de retour à la
maison.
J’espère trouver une occasion par des gens
de passage qui rentrent en France pour y faire poster mon courrier
écrit. En particulier une demande de soutien pour notre
travail de Justice et Paix, et Pastorale sociale, à
l’Organisation Aide aux Eglises d’Afrique .
Vendredi
7 Août : Nous
commençons par la prière et la messe. Pour cette
session, il y a 4 niveaux (pour 4 années successives). Le
matin : 1°) Initiation à la Bible. 2°) L’Ancien
Testament. 3°) Le Nouveau Testament. 4°) La messe et les
sacrements.
L’après-midi : Sport et conférences
débats sur des thèmes d’actualité
intéressant les jeunes.
Le soir : veillée
culturelle, chants et danses.
Mais la première journée
est différente. Nous travaillons dans la ligne de la lettre
de l’archevêque aux jeunes, de septembre 2008, qui leur
proposait cinq points de réflexion : 1. L’engagement
dans l’Eglise. 2. L’Evangélisation et le
témoignage dans un monde musulman. 3. La justice, la paix et
la réconciliation, pour la préparation du 2ème
Synode pour l’Afrique. 4. Le comportement des jeunes face à
la drogue, la violence, la sorcellerie, l’argent. 5.
L’engagement dans la Société.
Nous avons
réfléchi à tous ces problèmes lors des
deux forums des jeunes à Katacodi, pour le Bagataye, et à
Conakry et avons dégagé des pistes d’actions.
Aujourd’hui, il s’agit de préciser les choses et
de préparer les actions de l’année
prochaine.
Dans un premier temps, les jeunes répondent aux
deux questions : Qu’avons-nous retenu du forum ?
Quelles actions avons-nous menées ? – Nous avons
alors rappelé les décisions du forum et évalué
les actions menées. Suite à cela, nous prenons un long
temps de formation, jusqu’à 14 h 30, sur des questions
de fond importantes pour mener des actions de qualité :
la doctrine sociale de l’Eglise,
L’après-midi,
les jeunes repartent en carrefours pour travailler, à partir
de la formation reçue, trois questions qu’ils avaient
moins bien comprises et pour lesquelles les actions menées
étaient insuffisantes : Quelles actions mener 1) pour
l’Evangélisation ; 2) pour la justice et la paix
(en lien avec le Synode) ; 3) pour faire avancer le pays (dans
la situation actuelle, avec la préparation des élections…).
La mise en commun des réponses permet de préciser les
choses et d’élaborer un plan d’action.
Il ne
reste plus qu’à expliquer la méthode de travail
pour l’année prochaine. Chaque mois, nous travaillerons
un des cinq thèmes cités plus haut, l’un après
l’autre, avec un dossier élaboré essentiellement
à partir des réflexions des jeunes, au cours des
différentes rencontres que nous avons eues. Et, à la
fin de chaque mois, les responsables des jeunes des différentes
paroisses nous enverront les résultats de leurs réflexions
et la liste des actions menées.
Le travail est tellement
intéressant que nous continuons jusqu’à 19
heures. Il faut dire que cela touche directement la vie des jeunes
et ils se sentent concernés à plein. Et que j’ai
été très bien soutenu par Igbé, mon
confrère de K ataco, très proche des jeunes, et par
Charles, le responsable diocésain des jeunes, avec qui nous
collaborons très bien. Il y a une grande complicité
entre nous, et les jeunes l’ont bien sentie.
Jeudi
6 Août : La
session biblique
Il pleut comme ce n’est pas
possible ! Nous quittons Conakry très tard et le voyage
est plus long que d’habitude. Comme il est d’usage, j’ai
apporté du travail avec moi. Je prépare le calendrier
diocésain 2010, le calendrier liturgique et l’annuaire
du diocèse, la session biblique avec les rapports de deux
forums des jeunes et le document Suggestions pour le
2ème Synode pour l’Afrique .
Au retour, je travaillerai les rapports d’activités de
différentes paroisses pour préparer la prochaine année
pastorale. Et j’écrirai les nouvelles (que vous lisez
maintenant !).
A l’arrivée, il faut tout mettre
en place. Les jeunes sont déjà là –une
bonne centaine- car ils viennent des cinq paroisses de la région
de Kataco, le Bagataï, dont je suis encore responsable pour le
moment. Mais l’intendance n’a pas suivi, malgré
toutes les organisations mises en place et les réunions de
préparation que nous avons faites. A 22 h 30, nous nous
débrouillons pour leur remettre un petit sandwich car
beaucoup n’ont pas mangé depuis le matin. Mais cela ne
les empêche pas de garder le sourire, dans la joie de
retrouver des amis !
Mercredi
5 Août : Préparation
des Elections.
Ce matin, première rencontre de
lancement de la formation d’observateurs indépendants
pour les prochaines élections, dont la responsabilité
a été confiée au Secours Catholique Américain.
J’y participe en tant que responsable de Justice
et Paix . Nous nous retrouvons à 17 représentants
d’Organisations diverses, syndicats, presse, avocats, ONG
diverses, Fédérations de Femmes et de Jeunes, et des
représentants des religions traditionnelles, musulmanes et
chrétiennes. L’ambiance est très bonne. Il
fallait choisir 10 personnes pour le ROSE national
(un joli nom… en espérant qu’il n’y aura
pas trop d’épines ! = Réseau des
Organisations de la Société civile pour les
Elections). Sur les 17 représentants, le choix des 10 s’est
fait sans problème, ni jalousie ou compétition
inutile. La majorité d’entre eux sont des jeunes. Je
fais exception, à cause de la place spéciale de
Justice et Paix . Et sur les 10, il y a 6
femmes ou jeunes filles, ce qui est exceptionnel pour la Guinée…
et aussi pour la France d’ailleurs.
Nous commençons
par relire le projet en détail pour bien le comprendre, puis
l’amender. Et ensuite, nous mettons en forme un programme de
formation pour les différents futurs intervenants : 8
ROSE pour les 8 régions du pays, 14 formateurs, 1026
animateurs (3 par sous-préfecture) qui mettront en place des
cellules de la société civile, 114 superviseurs, etc…
Ils ne se contenteront pas d’un travail d’observation au
moment des élections, mais vont suivre tout le processus à
partir d’aujourd’hui : les inscriptions sur les
listes électorales, la remise des cartes, la campagne
électorale, de manière à signaler au fur et à
mesure les erreurs et les disfonctionnements, et de pouvoir les
corriger. Ainsi, nous espérons que les choses se passeront
correctement, pour le bien du pays.
Récupération
du passeport.
En désespoir de cause, je demande
à rencontrer l’ambassadeur pour me faire remettre mon
passeport. C’est la dernière date limite, car il me
faudra encore avoir mon visa d’entrée/sortie en Guinée
(heureusement, j’ai déjà une autorisation de
séjour en règle) et un visa pour la Côte
d’Ivoire (j’avais prévu les photos à
l’avance). Comme je le connais bien, l’ambassadeur
accepte de me recevoir immédiatement sans rendez-vous, et me
conduit lui-même chez le consul où après
discussions et tractations je peux enfin –provisoirement-
récupérer mon passeport. Je file à l’archevêché
où un employé très serviable –et sérieux-
pourra s’occuper de mes visas, car je dois partir à la
session biblique. J’arrive juste à temps pour faire un
emprunt à la Procure, car la caisse de notre communauté
est vide et comme je serai absent il faut laisser quelque chose au
moins pour le marché. Etant à l’Archevêché,
j’en profite pour ouvrir ma boîte mail et répondre
aux courriers les plus pressés. A ce moment, l’archevêque
m’appelle pour un certain nombre de questions, en particulier
la préparation du prochain Synode pour l’Afrique.
Je
rentre donc la nuit, et sous la pluie (il pleut beaucoup en ce
moment. Tant mieux !). Je mets beaucoup de temps à
trouver une place dans un taxi collectif, car ils sont tous pleins.
Et ensuite, ce sont les embouteillages, aggravés par les
routes inondées. J’arrive très tard et il me
faut encore préparer mes bagages pour le voyage de demain, et
prendre congé de Richard.
Mardi
4 AoûtUne
journée passée dans les bureaux, sous une grosse
pluie, avec Richard, pour légaliser la photocopie de son
diplôme. A cause de la pluie, les employés n’étaient
pas là. Quand ils arrivent, ils nous disent de revenir
demain, il n’y a pas de signature aujourd’hui !
Puis,
je vais à l’ambassade de France pour récupérer
mon passeport (l’ancien est toujours valide, mais du fait de
tous mes déplacements il n’y a plus de place pour les
visas ; or, je dois aller en Côte d’Ivoire pour
une rencontre de militants de la Non Violence Active, afin d’écrire
un livre). Mon nouveau passeport est bien arrivé depuis trois
semaines, mais je ne peux pas l’avoir parce que l’ordinateur
de l’ambassade de France au service des passeports est en
panne depuis ce temps-là. J’ai beau aller à
l’ambassade chaque jour, il n’y a rien à faire !
A l’Archevêché, le cyber ne marche pas. Et à
la procure, pas moyen d’avoir le chèque pour acheter le
billet d’avion. Il y a des jours comme ça !
Lundi
3 Août : Le
travail habituel reprend ; je consulte ma boîte mail
avant l’ouverture des bureaux. Puis les différentes
rencontres habituelles. Ensuite, au menu ce matin, la suite de
l’évaluation de l’atelier Savoir
Fer et de la prochaine session biblique des jeunes.
Puis visite au doyen des prêtres de Guinée, qui se
remet peu à peu.
La politique européenne.
En
début d’après-midi, l’archevêque
m’appelle. Il doit rencontrer le secrétaire d’état
français à la coopération, venu en Guinée
rappeler au Président de la République la nécessité
de tenir les élections législatives et présidentielles
avant décembre 2009. Nous préparons cette rencontre.
Personnellement, je ne suis absolument pas d’accord avec la
politique européenne, par rapport à la Guinée.
Pendant 50 ans, le pays s’est complètement décomposé.
Bien sûr, le 23 décembre 2008, les militaires ont pris
le pouvoir. Mais il n’y avait plus aucune autorité dans
le pays. On était au bord de la guerre civile. Au contraire,
quand les militaires ont pris ce pouvoir, il n’y a eu aucun
mort, même pas de blessé. Et depuis, le Président
essaye de relever le pays et d’y mettre de l’ordre :
respect de l’Etat et des lois, honnêteté, mise au
travail, lutte contre la drogue, la corruption et les détournements.
Il faut donc lui laisser la chance… et le temps de réaliser
ce qu’il a entrepris. C’est vrai que certaines méthodes
utilisées sont contestables. Nous réagissons contre
elles.Mais il ne faut pas tout casser. Or, la communauté
européenne vient d’arrêter, à l’avance
et sans preuves, toute aide économique à la Guinée
pendant deux ans, parce qu’elle pense que les élections
pourraient ne pas avoir lieu en décembre. On aurait pu au
moins attendre cette date ! On risque de casser tous les
efforts du pays. Si, par exemple, les salaires ne peuvent plus être
payés, cela va entraîner grèves, manifestations,
révoltes et peut-être même un vrai coup d’état
cette fois-ci. De toutes façons, c’est encore la
population qui va souffrir et le pays qui va encore s’appauvrir.
On veut des élections à tout prix en 2009. Mais il
ne suffit pas d’avoir des élections pour avoir une
vraie démocratie. Il faut d’abord remettre le pays en
ordre. Pour le moment, les chefs de partis ce sont justement ceux
qui ont mis le pays à plat les années précédentes,
en particulier les anciens premiers ministres. Il me semble qu’on
voyage en l’air dans de grands principes de démocratie
théorique, sans absolument se rendre compte des réalités
locales. Et que l’Europe, comme les Etats-Unis, continuent à
se mettre au dessus des autres pays pour régenter le monde,
sans écouter les autres. Malheureusement, cela ne date pas
d’aujourd’hui !
Dimanche
2 Août :Dimanche
en paroisse.
Première messe en anglais. Après
cette messe, nos deux stagiaires se retrouvent longuement avec les
anglophones, conformément à ce qu’on avait
décidé dimanche dernier, pour organiser leur
communauté et décider des actions à mener.
Pendant ce temps-là, je dis la deuxième messe en
français/soussou. De l’Evangile, je retiens trois
phrases : 1) Croyez en moi… Celui qui vient à moi
n’aura plus jamais faim, dit Jésus. Ici, ce sont des
phrases qui parlent aux gens qui vivent dans la faim et la pauvreté,
et au milieu des sectes, de la magie, du fétichisme et de la
sorcellerie. 2) Cherchez la nourriture qui ne pourrit pas. 3)
Faites les œuvres de Dieu 4) ajouté à St
Paul : Laissez les habitudes païennes. Devenez des hommes
et des femmes nouveaux.
Aujourd’hui, je suis spécialement
frappé par la profondeur et l’originalité des
interventions des participants lors du partage de la Parole de Dieu
(grâce à un micro sans fil, transportable). Ils
apportent des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé
et vraiment enracinées dans leur vie et leur culture. La
Prière Universelle se fait en sept langues, car je tiens à
ce que l’on prie, au moins à un moment, dans la langue
même des différents participants, pas seulement dans la
langue véhiculaire, le soussou.
A la fin de la messe, nous
faisons le compte rendu du Conseil paroissial d’hier, auquel
j’ajoute quelques commentaires et orientations. Tous restent.
Ca les intéresse car ils se sentent directement
concernés.
Après cela, nous nous retrouvons encore
avec les délégués de Justice et
Paix et de la Pastorale sociale
de chaque CCB et Mouvement, de manière à les lancer
véritablement, car dans cette paroisse, jusqu’à
maintenant, ces deux commissions n’existent que sur le
papier.
L’après-midi, je prends un temps de repos.
Ce n’est pas du luxe !
Samedi
1er
Août : Conseil
paroissial
Nous abordons un certain nombre de
problèmes, car il y a beaucoup de choses à régler :
l’évaluation de la fête patronale et la
préparation du 15 Août, avec une veillée de
prière toute la nuit. J’ai fait ensuite de compte rendu
de mes différents contacts avec les CCB (Communautés
de quartier), les Mouvements et les Commissions de la paroisse. Nous
en avons tiré les conclusions et vu comment faire avancer les
choses. En gros, il y a un important manque d’organisation et
de motivation auquel il faudra trouver une solution. Et aussi,
réfléchir aux orientations : les chrétiens
se retrouvent à la paroisse, mais s’engagent peu dans
leurs quartiers et leurs lieux de travail, et même dans leur
vie familiale. Et leur vie chrétienne se limite souvent à
la prière et aux sacrements. Il y a là tout une
éducation à faire et une mentalité à
faire évoluer peu à peu. Nous abordons ensuite la
question des jeunes. Leur bureau est inefficace : trop
d’absentéisme et de laisser aller. Il y a aussi
différents groupes ou associations ayant les mêmes
objectifs (ou même parfois sans objectifs clairs) lancés
par une personne par ambition personnelle, et qui se font
concurrence, amenant disputes et jalousies. Il y a aussi trop
d’activités, si bien que les parents qui n’arrivent
déjà pas à nourrir leurs enfants, sont
incapables de payer les cotisations nécessaires et d’en
supporter les frais.
Nous voyons comment réorganiser tout
cela et nous donnons la priorité à la formation, en
particulier aux sessions bibliques. Il nous faut aussi penser à
la rentrée prochaine et chercher en particulier des nouveaux
catéchistes. Là aussi, il faut repenser les choses.
Les communautés ne s’impliquent pas suffisamment dans
l’éducation des enfants. Elles laissent souvent le
catéchiste se débrouiller tout seul. Et les parents
également.
Nous prévoyons des rencontres de
parents. Et aussi un suivi des parrains et des marraines pour qu’ils
prennent leurs filleuls en charge dès le début de la
catéchèse. Nous abordons aussi la question de la
communion aux malades et cherchons des volontaires pour la leur
apporter. Enfin, nous relisons le rapport d’activités
de cette année que nous allons remettre à l’archevêque
lundi. Cela nous amène à un certain nombre de
réflexions qui remettent en cause le plan d’action de
la paroisse. Il faudra le revoir, pour une plus grande implication
des CCB (Communautés de base) dans les quartiers et un
travail plus ouvert avec tous les habitants, musulmans comme
chrétiens. Un plus grand engagement des chrétiens dans
la Société ; et une plus grande attention aux
problèmes sociaux : la pauvreté, l’éducation
des jeunes, la vie dans les quartiers avec les problèmes de
vol, de drogue, de délinquance et d’insécurité,
l’implication de la paroisse dans l’action pour la
défense des droits des personnes et la réconciliation
entre tous. Sans oublier la question du développement à
la base par des petits projets, la réflexion sur l’évolution
du pays et la préparation des élections.
Il faudra
reprendre tout cela à la base, pour que les chrétiens
eux-mêmes, et pas seulement les responsables, donnent leur
point de vue et apportent leurs idées et leurs
propositions.
Le soir, je me ménage un temps de travail
tranquille à la maison.
Vendredi
31 Juillet : Je
monte tôt le matin pour pouvoir ouvrir ma boîte mail. A
partir de 8 heures, dès que les bureaux ouvrent, les circuits
sont saturés. Ensuite, avec Bernard, nous faisons
l’évaluation du travail de cette année à
l’atelier Savoir Fer . Mais nous
n’arrivons pas à faire des tirages, le courant est trop
faible. Finalement, nous y parvenons en utilisant le régulateur
du frigidaire de la maison d’accueil.
Je vais voir le doyen
des prêtres guinéens qui est très fatigué
en ce moment, et accueille les personnes qui se présentent :
le vicaire général de Nzérékore, le
responsable de l’OCPH, des parents qui veulent inscrire leurs
enfants à l’internat de Boffa, plusieurs personnes qui
ont des problèmes. Ensuite, il faut s’occuper des
lunettes de l’un de nos novices, et du financement de notre
maison d’accueil, car nous attendons des visiteurs.
A
midi, nous nous retrouvons avec l’aumônier de la prison
et un éducateur de rue, pour préparer notre
intervention au cours d’un séminaire organisé à
l’ambassade des Etats-Unis avec d’autres ONG travaillant
pour les droits humains, des régisseurs et gardiens de
prison, des responsables de partis politiques, des avocats,
gendarmes, journalistes et professeurs, et les forces de défense
et de sécurité, sur le thème : Justice
et Droits du Citoyen en conflit avec la loi . Enfin,
comme je l’ai signalé dans mon site plusieurs fois, il
y a un certain nombre de problèmes à ce niveau :
par exemple, pour les prisonniers, surtout les plus pauvres et sans
soutien, et pour les enfants de la rue ; il a été
demandé à l’Eglise Catholique d’intervenir
spécialement et de partager sa réflexion et ses
expériences.
Nous terminons juste à temps pour que
je puisse dire la messe du soir à Lambanyi. Les enfants sont
là, à répéter les danses pour un
festival qu’ils organisent. Ils viennent aussi participer à
l’eucharistie en y apportant tout leur dynamisme. Nous
partageons la Parole de Dieu et je suis dans l’admiration de
leur spontanéité et de la profondeur de leurs
interventions. Ca réjouit le cœur.
A mon retour, je
retrouve Richard qui a passé toute sa journée à
faire réparer sa voiture sous la pluie (ici les garages sont
en plein air, sur le bord de la route) ; je vais à
l’ambassade du Nigeria, où je pensais faire légaliser
son diplôme en son nom (voir journée du 30.07) ;
mais ce n’est pas possible. Richard part donc tout de suite
avec sa voiture jusqu’à Koundara et reviendra lundi en
taxi brousse (car le carburant coûte vraiment trop cher) : 4
jours de voyage sur des routes très mauvaises, avec tous les
frais que cela comporte… c’est un visa qui nous coûtera
très cher, à tous points de vue !
Le soir,
nous parlons longuement de la vie au noviciat et de la formation qui
y est donnée.
Jeudi
30 Juillet : Problèmes
de visa.
Avec Richard, nous retournons à
l'ambassade de France pour son visa. Nous avions déposé
sa demande, il y a 2 mois mais sans réponse. Grâce à
une intervention très appréciée, nous avons
obtenu un nouveau rendez-vous pour ce matin. Je dois dire qu’au
Service des visas nous sommes très mal reçus et sans
aucune politesse. Ensuite, on nous dit que la demande a été
égarée. Il faut donc la refaire, avec des photos
spéciales qui ne peuvent être
faites que dans un seul laboratoire de photos dans toute la ville de
Conakry. De plus, il n’y a pas de formulaire au Consulat. Il
faut aller dans un cybercafé pour en télécharger
un. Une vraie course contre la montre, pour revenir avant la
fermeture du Consulat. Nous y arrivons juste à temps, payons
99 € pour la demande de visa (pour faire moins de 100 !),
fournissons tous les papiers demandés (nous n’avons pas
oublié de faire les photocopies nécessaires) et quand
tout est fini, on nous dit qu’il faut aussi l’original
du diplôme de baccalauréat de Richard, avec une
photocopie légalisée. Et Richard a passé son
baccalauréat au Nigéria et fait ses études de
théologie en Irlande ! On ne nous avait rien dit la
première fois à ce sujet. Richard a bien l’original
de son diplôme à Koundara, mais il faudra le faire
venir par taxi brousse, à nos risques et périls, la
semaine prochaine (il n’y a qu’un taxi brousse par
semaine) ; mais où légaliser la photocopie ?
C’est à cause de toutes ces difficultés prévues
que j’ai voulu accompagner Richard (nigérian) en tant
que Français connu à Conakry. Mais je pense à
tous les guinéens qui doivent se débrouiller par
eux-mêmes. Je ne sais vraiment pas comment ils arrivent à
s’en sortir !
Comme nous sommes en ville, j’en
profite pour passer au cybercafé de l’archevêché.
Depuis cette nuit, il ne fait que pleuvoir. C’est bon pour les
paysans (et nous nous en réjouissons), mais pas pour
internet. Au bout de deux heures, je n’ai réussi à
ouvrir que deux messages ! J’abandonne et je rentre
travailler à la maison.
A la maison, j’ai la joie de
trouver Kennedy, responsable des novices de Boffa, venu faire des
courses avec un des novices que je connais depuis Mongo, ancien chef
scout. Je suis rentré avec Richard et le cardan d’une
des roues arrières a lâché juste devant la
porte.
Mercredi
29 Juillet : Retour
à l’Archevêché.
Aujourd’hui,
internet fonctionne ; alors j’en profite Heureusement que
je me suis levé tôt. J’ai pu venir en ville, sans
problèmes. Mais à partir de 7 heures, tout est
bouché. De même, les mails passent jusqu’à
8 heures, même si c’est très lent. Mais ensuite,
le serveur est saturé. Et de plus, aujourd’hui, il y a
du courant (pas en banlieue où nous habitons, mais au centre
ville où se trouvent banques, services et ministères).
Puis
je participe à une rencontre sur la planification familiale.
Je les abandonne à midi car nous avons un repas avec les
apprentis de l’atelier. Ce soir, ils partent en congés
et nous avons voulu marquer le coup. Ils sont un peu intimidés
de manger avec leurs formateurs et les responsables de
l’Association, mais le climat se dégèle peu à
peu. A la fin, je les remercie pour le bon travail effectué
tout au long de l’année et les encourage pour l’avenir.
Un premier apprenti se lève et se lance dans un petit
discours en français (ils ont des cours d’alphabétisation,
mais ce n’est pas leur langue). Du coup, un 2ème,
puis un 3ème… et tout le
monde dit son petit mot. C’est très sympathique !
L’un des apprentis en profite pour glisser avec humour
quelques remarques bien senties à un des deux formateurs qui
est un peu dur avec eux. Et tous sourient en cachette. Tout cela
dans une excellente ambiance. Mais il faut les quitter, eux
aussi.
Avec un journaliste de notre commission, nous allons
contacter trois radios libres ; à la fois pour des
émissions religieuses et pour des émissions à
caractère social, à partir du travail de nos deux
commissions : Justice et Paix et
Pastorale sociale . Il
faudra du temps, mais les premiers contacts sont pris. On verra pour
la suite. Cela nous semble important, car ces radios sont écoutées
(au moins sur Conakry), et les journaux sont rares et coûtent
cher.
Rencontre des jeunes.
A 16 heures,
je retourne à ma paroisse de banlieue pour rencontrer les
jeunes, afin de finaliser les activités de vacances. Il y a
beaucoup de choses prévues : un camp de formation pour
les scouts ; un camp de formation religieuse pour les enfants
(CV-AV) ; trois sessions bibliques pour les jeunes ; un
festival des jeunes avec danses et théâtres ; une
rencontre internationale des Fondacio ; un congrès de
Sant Egidio ; une colonie de vacances à l’extérieur ;
un centre aéré sur la paroisse. Il faut chercher à
coordonner tout cela et bien préparer les différentes
activités pour en tirer un minimum de profit.
Dans un
2ème temps, nous préparons la
fête du 15 Août au cours de laquelle nous aurons un
temps de réflexion sur la fête, une veillée de
prière toute la nuit avec chants et théâtre
religieux, et la célébration du jour. Nous voulons que
les jeunes y aient une part active.
Enfin, il est important de
redynamiser l’équipe animatrice. L’année
dernière, l’ancienne équipe n’avait pas
bien travaillé. Une nouvelle équipe a été
mise en place, mais il faut maintenant la former avant la rentrée
scolaire.
Le soir, Richard, notre responsable régional et
chargé de la mission du nord, à la frontière du
Sénégal, Koundara, arrive. Son remplaçant,
Lucius, est déjà là ; de même que le
stagiaire, Peter. Après le repas, nous tenons donc une
réunion pour préparer la passation de service et le
travail de l’an prochain, dans les différents
domaines : travail pastoral, évangélisation,
développement. Richard va suivre une formation à
l’Institut Catholique de Paris, en théologie, pour
être ensuite formateur au Nigéria. Lucius le remplace.
Et comme nous ne sommes pas assez nombreux pour répondre à
tous les appels, nous devons laisser la paroisse de Dalaba où
se trouvait Lucius, à notre grand regret, car nous y faisions
un travail important en milieu musulman (Peuhls) et auprès
des étudiants de l’Institut d’Elevage.
Mardi
28 Juillet : Aujourd’hui,
je reste à la maison. Deux choses au programme :
terminer le rapport d’activités
annuel des deux Commissions Justice
et Paix et Pastorale Sociale , pour C.R.S.
(Catholic Relief Services = Secours Catholique américain).
C’est un très gros travail, car je ne suis pas un
spécialiste en comptabilité. Mais surtout, c’est
toujours difficile d’obtenir les pièces justificatives.
Souvent, je dois d’ailleurs les faire moi-même, car
beaucoup de gens ne savent pas écrire.
Communautés
et Mouvements.
J’assure l’animation de la
paroisse St Jacques de LAMBANYI pendant les congés de mon
confrère John. C’est important pour moi de connaître
au moins les responsables des différents groupes, mouvements
et commissions. Comme je reste à la maison, je leur ai donné
rendez-vous pour aujourd’hui. Ils arrivent les uns après
les autres, ce qui me fait des récréations dans mon
travail de comptabilité ! Je vois les responsables des
communautés de quartier et des Mouvements et Communautés
(Fondacio, venue de France qui travaille auprès des
nécessiteux ; Sant Egidio, venu d’Italie,
spécialement engagé pour la paix et auprès des
prisonniers ; les scouts et les CV-AV). Ils ont besoin de
formation et d’organisation. Pour les communautés,
elles ont beaucoup de peine à se réunir. Dans ces
conditions, il est difficile d’avoir des actions suivies et
efficaces. D’ailleurs, pour l’année prochaine,
nous avons prévu un cycle de formation sur toute l’année,
pour les responsables de communautés et de mouvements Il y en
a vraiment besoin.
Lundi 27 Juillet : Je remonte en ville pour les différentes activités. Je n’avance pas beaucoup car internet ne fonctionne pas. Presque tout le monde est sur le même serveur et il est sans cesse saturé. Avec les coupures de courant en plus, ce qui n’arrange rien. Mais cela ne m’empêche pas de continuer les activités ordinaires : l’Atelier Savoir Fer (lien avec le site), réflexion sur le travail de l’OCPH (Organisation Catholique pour la Promotion Humaine) avec Jacques, réflexion avec les éducateurs des centres aérés, mise au point des activités de vacances des scouts avec leur aumônier, et accueil de différentes personnes chacune avec son problème. A ce rythme, la journée passe vite.
Dimanche
26 Juillet : Les
centres aérés (suite)
Les éducateurs
ont bien travaillé hier, et ce matin nous avons pu revoir
ensemble les programmes d’activités et les projets
financiers des quatre centres aérés. En fait, le
budget est très serré, car nous n’avons pas pu
avoir de financement. A ce niveau également, la crise
financière mondiale se fait sentir ! C’est un ami,
Michel, ayant travaillé de nombreuses années au
dispensaire St Gabriel à Conakry, qui a décidé
de nous aider personnellement. Nous le remercions beaucoup car cela
va nous permettre de faire une première expérience,
que nous pourrons présenter ensuite à certains
organismes, comme le CCFD, pour un financement possible. Grâce
à lui, nous avons pu assurer la formation de 40 éducateurs,
ce qui est énorme. Pour les quatre centres aérés,
le reste de l’argent nous permettra de prendre en charge les
transports des éducateurs, mais ils devront travailler
bénévolement et se débrouiller
pour les repas du midi. Nous aurions voulu assurer ce repas, surtout
aux enfants, car ils sont nécessiteux et venant d’un
milieu très pauvre ils ne mangent pas souvent à leur
faim. Malheureusement, ce ne sera pas possible. Nous offrirons un
repas seulement pour le dernier jour. Nous ne pourrons pas assurer
non plus les soins de santé, même les plus
élémentaires. Au contraire, nous demandons aux enfants
de trouver un bic et un cahier pour l’alphabétisation
et le rattrapage scolaire, et de payer 1.000 francs guinéens
(environ 15 centimes d’euro) par semaine. En effet, même
s’ils sont pauvres nous voulons que les parents participent à
l’éducation de leurs enfants, même
financièrement. Nous ne voulons surtout pas en faire des
assistés !
La fête patronale.
A
9 heures, je suis à la paroisse. Avant la célébration
de la fête, nous nous retrouvons avec les anglophones. Comme
tous les étrangers dans tous les pays, ils ont beaucoup de
problèmes d’insertion et de survie. Il est donc
important de les aider à s’organiser, pour qu’ils
puissent se défendre, répondre à leurs besoins,
bâtir une communauté, accueillir et aider les nouveaux.
Nous tenons une réunion dans ce sens. Nos deux stagiaires
(nigérian et ghanéen) participent. D’autant plus
que l’un d’entre eux, Emmanuel, pourra les accompagner
tout au long de l’année.
La célébration
se passe très bien, avec une procession de l’Evangile
et une excellente participation, des jeunes en particulier. Ils ont
bien préparé la cérémonie. Spécialement
la prière universelle, en sept langues. Nous sommes à
la Capitale où les différentes ethnies sont
représentées.
Les jeunes et les enfants ont préparé
des théâtres, chants et danses pour présenter
leur vie et leurs actions. Le repas qui suit est plus frugal encore
que d’habitude. D’abord parce que la pauvreté
augmente. Ensuite, parce que les fidèles ont déjà
beaucoup cotisé cette année. En effet, jusqu’à
maintenant, nous prions dans un hangar. Or, ils veulent commencer à
construire leur église, ce qui va demander beaucoup
d’efforts. Mais cela n’empêche pas de fêter
notre patron, St Jacques, dan la joie. A l’homélie,
faite en français, soussou (la langue véhiculaire) et
anglais, je parle du service de nos frères, surtout les plus
nécessiteux, et du service du pays, à partir de
l’Evangile. Dans un 2ème
temps, nous voyons comment vivre en apôtres, au service de
tous, à la suite de St Jacques. Le tout, sous forme de
dialogue et de partage avec toute l’assemblée, grâce
à un micro portatif. La technique, ça aide !
Au
retour, nous saluons la communauté voisine des salésiens.
Ils sont très impliqués dans la préparation des
centres aérés et du travail auprès des jeunes,
en général. Nous nous entendons très bien et
sommes vraiment sur la même longueur d’onde. Florent, un
nouveau stagiaire malien, travaillant généralement au
Togo, nous a spécialement aidés. Je le présente
à Emmanuel, notre nouveau stagiaire, pour qu’ils se
connaissent et puissent travailler ensemble.
Samedi
25 Juillet : La
paroisse de LAMBANYI.
Conseil paroissial élargi
aux responsables de communautés de quartier, de commissions
et de mouvements. C’est une première prise de contact
avec la paroisse. Nous faisons le tour des différents groupes
et de leurs activités pour apporter un certain nombre de
remarques et proposer des orientations. Certains groupes marchent
bien, d’autres non. C’est normal. Mais en général,
les chrétiens de cette paroisse sont très orientés
sur la liturgie et la prière, en délaissant leur
engagement de chrétiens dans la société. Ils
sont centrés sur la paroisse, beaucoup moins sur la vie du
quartier, même les communautés de base. Ils ont
tendance à se retrouver seulement entre chrétiens
plutôt qu’entre tous et de travailler avec les
musulmans, par exemple. La commission de liturgie marche bien, mais
pas celle de la pastorale sociale ; et la commission justice et
paix n’existe pas. Il y a donc du travail à faire, mais
cela ne pourra se réaliser que peu à peu, avec
beaucoup de patience.
Les centres aérés.
Dès
la fin de la réunion, je pars pour le dernier week end de
formation des éducateurs qui vont animer les centres aérés
dans les différents quartiers, au mois d’Août. Il
y a donc beaucoup de questions à mettre au point. D’abord,
nous précisons un certain nombre de choses sur l’organisation
(horaires), les programmes, la composition des équipes, les
finances, les différentes fonctions à remplir.
Ensuite, initiation au jeu sur les droits de l’homme, avec
exercice pratique. Comme pour le jeu sur les droits de l’enfant
de la semaine dernière, cela se passe très bien. Les
éducateurs se prennent au jeu (c’est le cas de le
dire !) et sont enthousiasmés. Cette éducation
aux droits humains est très importante, surtout dans la
situation où nous nous trouvons actuellement en Guinée.
La soirée, chaque équipe va se retrouver pour
finaliser leur programme d’activités et leur budget. Et
nous en ferons l’évaluation demain matin à 7
heures, avant que je parte à la paroisse St Jacques pour la
fête patronale. Il ne faudra pas perdre de temps !
Vendredi
24 Juillet : Je
suis monté en ville. La journée commence par la mise
au point et l’impression de documents pour les trois sessions
bibliques des jeunes. La première session commence ce soir
dans le Fouta Djallon, à Labbé (300 km de Conakry),
dans une région montagneuse au centre de la Guinée.
Cette session a beau avoir lieu tous les ans, et la date être
fixée à l’avance, c’est toujours au
dernier moment que les choses se font.
Ensuite, je retire des
documents pour le P.A.M. (Projet Alimentaire Mondial des Nations
Unies). Nous sommes en pleine saison des pluies et les documents que
j’avais laissés avant mon départ ont été
mouillés. Je vais aux bureaux du PAM demander de la
nourriture pour nos centres aérés. Dommage… le
responsable est absent ; il est en conférence .
Cela aussi, ça arrive souvent. Je reviendrai lundi !
Je
ne peux pas ouvrir ma boîte mail. Problème de serveur
et d’électricité. Il y a des jours comme ça,
mais je trouve qu’ils sont quand même un peu trop
fréquents ! Surtout pendant la saison des pluies. J’ai
donc le temps de passer rapidement dans les bureaux et les ateliers,
avant de partir pour la paroisse, où il y a la messe chaque
vendredi soir ; après toutes les rencontres
d’aujourd’hui, je ne manquerai pas d’intentions de
prières !
Les jeunes sont venus préparer la
fête de la paroisse (débroussage, nettoyage,
aménagement…). Aussi, ils sont nombreux à la
messe et participent très bien. C’est une bonne façon
pour nous de nous préparer à la fête.
Jeudi 23 Juillet : Je reste à nouveau à la maison ; ce n’est pas mon habitude, mais il va falloir que je prépare le compte-rendu d’activités et financier de nos deux commissions Justice et Paix et Pastorale sociale , pour CRS (Catholic Relief Services = Secours Catholique américain). C’est un gros travail, surtout qu’il est toujours difficile d’obtenir les comptes rendus et les pièces justificatives des commissions paroissiales. Heureusement, ils sont compréhensifs ! Il faut dire qu’ils connaissent la quantité… et la qualité du travail que nous fournissons (cela sans nous vanter, ce sont eux qui le disent !).
Mercredi 22 Juillet :
L’atelier
de soudure Savoir Fer
Avec
Xec, prêtre salésien espagnol de la paroisse voisine,
nous montons à l’Atelier Savoir Fer ,
où nous tenons notre réunion du Conseil
d’administration. Au programme, l’évaluation du
mois passé sur laquelle nous portons une attention spéciale
à l’éducation des apprentis et pas seulement au
travail ou à l’organisation de l’atelier. Cela
nous amène à étudier un certain nombre de cas
personnels. Ensuite, nous préparons la période des
congés et surtout la prochaine rentrée et les
orientations pour l’année prochaine. Il nous faudra
encore plus de rigueur dans la formation et le travail, et pour cela
nous préparons l’élaboration d’un certain
nombre de fiches de travail. Nous étudions aussi
spécialement le problème des vaccinations et des
soins, car la santé des apprentis nous inquiète
souvent, et ils n’ont pas les moyens de se faire soigner.
Bernard, le coopérant, termine son temps. Il faut donc faire
la passation de service avec Abdoulaye et Hervé, les deux
formateurs guinéens qui vont prendre la direction complète
de l’atelier à la rentrée. Bernard reste en
Guinée ; il pourra apporter son appui et passer de temps
en temps.
Une autre question, c’est celle de la sécurité.
L’installation électrique est très vieille, des
prises sont arrachées. Bernard va acheter le matériel
nécessaire et refaire l’installation avec les
apprentis, ce qui leur fera une bonne initiation. De même,
nous allons abattre une cloison pour améliorer l’aération
de l’atelier. Nous en profiterons pour initier les apprentis à
la maçonnerie. Nous ne voulons pas qu’ils se limitent à
la soudure.
Les centres aérés.
L’après-midi, nous retrouvons avec Xec et Emile le
responsable de l ’Association SOS
Mineurs des enfants de la rue pour terminer la mise au
point de l’organisation des centres aérés du
mois d’Août et finaliser la dernière formation du
prochain week end, de manière à ce que tout soit bien
en ordre. Et demain, je ferai le tour des paroisses retenues pour
préciser les choses en fonction de leurs réalités
locales propres.
La nuit, je lis mon courrier enregistré
ce matin sur ordinateur et je prépare mes réponses.
Elles ne partiront que vendredi au plus tôt car le cyber de
l’Archevêché a été foudroyé.
Espérons que les réparations ne tarderont pas trop, et
d’abord que l’on trouvera les pièces
nécessaires.
Mardi
21 Juillet : Je reste à la
maison. D’abord, nous tenons notre réunion de
communauté avec le Frère Yvon, Peter et Emmanuel, nos
deux stagiaires. Nous prenons le temps de leur présenter la
Guinée, la paroisse et le travail pastoral que nous essayons
de faire. Nous voyons ensemble comment organiser ce temps de
vacances, jusqu’à la rentrée scolaire.
Et
tout l’après-midi, je rédige le compte rendu de
la session de Bamako qu’on m’a demandé.
Lundi 20 Juillet : Le soir, avec Peter, nous parlons longuement pour nous connaître et pour poser les bases de son séjour en Guinée.
Dimanche
19 Juillet : Travail en
paroisse.
Notre confrère John est parti au
Nigeria pour des congés, après 4 ans. Je vais prendre
en charge la paroisse pendant son absence. A 7h30, messe en anglais
avec les Africains anglophones du secteur. Comme je l’ai
souvent écrit, ils ont beaucoup de problèmes et sont
sujets de beaucoup de brimades. La messe du dimanche est l’occasion
pour eux de se retrouver pour s’encourager et se réconforter.
Mais il faudra aller plus loin dans l’organisation et les
actions à mener. Nous prévoyons une rencontre pour
cela dimanche prochain.
A 9 heures, messe avec la communauté
guinéenne. Comme d’habitude, j’essaie d’animer
la célébration avec chants et danses, mais surtout par
la participation des gens au moment de l’homélie
(partage de la Parole de Dieu), de la prière universelle
spontanée dans les différentes langues, et aussi la
participation des enfants tous réunis autour de l’autel.
A
la fin de la célébration, nous présentons nos
deux nouveaux stagiaires : Emmanuel, nigerian, qui va
travailler avec nous à Conakry pendant un an, et Peter,
Ghanéen, qui servira au nord, à KOUNDARA. Tous les
deux viennent de faire une année à St Louis du Sénégal
pour apprendre le français, là où j’ai
travaillé 16 ans. Nous aurons donc des souvenirs communs.
Là
aussi, il faut organiser les activités des vacances. Vendredi
après la messe, nous nous retrouverons avec les jeunes et
samedi avec le conseil paroissial. Dimanche prochain, c’est la
fête de la paroisse. La 1ère
dame sera là, car c’est sa paroisse.
Après
avoir salué les fidèles, je pars rapidement à
la paroisse d’HAMDALLAYE où l’église va
être consacrée. Elle a été construite
grâce à une grande mobilisation des chrétiens,
comme d’habitude, spécialement des femmes. Mais aussi
avec l’aide de l’ancienne Ambassadeur de France qui a
suivi le chantier avec beaucoup d’attention et l’a
financé. Merci à elle. Je tenais à être
présent à cet événement.
Ce fut une
grande fête, comme les Guinéens savent en organiser.
J’étais assis à côté de l’évêque
anglican. Nous avons bien parlé ensemble. C’était
vraiment sympathique. Et cela m’a permis de rencontrer
beaucoup d’amis. Une vraie joie.
Samedi
18 Juillet : Formation
pour les Centres aérés.
Le retour a été
mouvementé… comme presque toujours ! L’avion
n’avait pas trop de retard, mais, arrivé à
Conakry, impossible d’atterrir à cause d’une
tornade. L’avion a été dérouté sur
Abidjan, pour faire demi-tour au bout d’une demi-heure, car la
tornade avait diminué. Heureusement pour moi, car j’avais
une formation à assurer pour les éducateurs des
centres aérés prévus pour le mois d’Août
dans les quartiers. On ne nous a rien donné à manger
dans l’avion, malgré le retard, mais de toutes façons
on a bien mangé pendant la session comme cela arrive
souvent : on parle de ceux qui ont faim mais on continue à
bien manger ! Un jour de jeûne ne me fera pas de mal.
Toutefois, avec la fatigue du voyage en plus, c’est quand même
un peu dur d’assurer le travail.
15 à 19
heures : Formation des éducateurs.
Je
crois qu’elle est bienvenue. En effet, jusqu’à
maintenant, la formation a été surtout théorique.
J’arrive avec un jeu sur les droits des enfants, ce qui leur
donne un moyen pratique et pédagogique de faire vivre ces
droits (pas seulement de les enseigner) et de faire des enfants les
acteurs de leurs propres droits… sans oublier leurs devoirs,
bien sûr ! D’ailleurs les droits des uns sont les
devoirs des autres.
La formation se passe très bien. Les
éducateurs participent activement à la formation, et
l’évaluation est très positive. Ca réconforte
de tant d’efforts… et de travail pour la mise au point
de ce jeu.
Le soir, j’ai de la peine à rentrer. Je
suis dans un quartier éloigné, il fait nuit et il
pleut (c’est la saison !). J’ai du mal à
trouver un taxi .
Du
5 au 18 Juillet : Session
de formation sur les questions de Justice et Paix, pour
les religieux/ses d’Afrique de l’Ouest.
Pas seulement
pour parler des problèmes qui pourtant sont tellement
nombreux, mais surtout pour acquérir une méthode
d’analyse et d’action sur les problèmes sociaux
de nos pays. Je mettrai une présentation de la session et son
compte rendu dès que possible sur mon site. Pour aujourd’hui,
ce que je note c’est la grande fraternité qui nous a
réunis, venus de plus de 15 pays différents d’Afrique
de l’Ouest où nous travaillons, occidentaux et
africains ensemble. Etant tous engagés dans ce domaine de
justice et paix, nous avions beaucoup à nous dire, mais la
grande diversité de nos engagements a été un
vrai enrichissement et une base pour continuer à travailler
dans la complémentarité, grâce à
l’internet en particulier. Mais pour cela il fallait d’abord
nous connaître et avoir travaillé ensemble.
Pour
moi, j’ai retrouvé des amis du Sénégal et
ai pu parler à nouveau en ouolof. Ca a été dur
de nous séparer !
Dimanche
5 Juillet : Ordinations.
Ordinations
de deux nouveaux prêtres pour le diocèse. C’est
une grande joie. L’un d’eux, Louis Jacques, a fait son
stage pastoral à Kataco, il y a trois ans. Nous nous
connaissons très bien. Le second, Denis, vient d’une
petite ethnie du nord de la Guinée, avec laquelle j’ai
travaillé en 1976 à TAMBACOUNDA, au Sénégal,
où cette ethnie est également présente. Cette
cérémonie d’ordinations est l’occasion
d’un grand rassemblement et donc de grandes retrouvailles et
l’occasion de faire la connaissance des deux grandes familles
des nouveaux prêtres. Mais je ne pourrai pas rester longtemps
à la fête, car il me faudra préparer mes
bagages. En effet, demain, je pars au Mali pour une session
Justice et Paix pour les religieux de
l’Afrique de l’Ouest francophone. De nouvelles
retrouvailles en perspective, dont je me réjouis à
l’avance !
Cette semaine, dans la communauté,
il y a beaucoup de passages : les étudiants qui viennent
en vacances et nous donneront un coup de main dans nos différents
postes, les stagiaires qui rentrent chez eux, les confrères
qui passent pour des congés ou des sessions. C’est à
chaque fois l’occasion d’échanges enrichissants.
Lundi
29 Juin au 4 Juillet
Retraite des prêtres.
Notre
retraite s’est très bien passée. Au milieu de
tout ce qui se vit dans le pays, il est très important de
pouvoir s’arrêter, pour faire le point et évaluer
notre action dans la paix. Mais surtout d’avoir un long temps
de prière pour offrir notre travail à Dieu et écouter
ce qu’il a à nous dire. Et aussi de nous retrouver
ensemble, tous les prêtres du diocèse, dans une
ambiance décontractée, avec le temps de nous parler
tranquillement.
La retraite était prêchée par
Armand, un confrère spiritain camerounais, maître des
novices à Boffa, qui nous a dit des choses très
profondes mais d’une manière animée et pleine de
joie. Tous l’ont apprécié. Nous avons aussi prié
avec une grande participation de tous, et à partir de notre
vie et de nos problèmes.
Jusqu’au mois de Juin
2010, nous sommes dans l’ Année du
Sacerdoce . La veillée de prière sur ce
thème qui a terminé cette retraite a beaucoup marqué
les participants.
Les plantations.
Cette
année, la saison des pluies a mal commencé. Les pluies
sont rares et les paysans sont très inquiets ; certains
ont déjà semé deux fois, mais tout a crevé.
Mais, en retournant à Conakry, nous avons été
surpris par une pluie diluvienne. Les bougies de la plupart des
voitures a essence ont été noyées et il a fallu
que ça sèche… et que les eaux aient le temps de
s’écouler, pendant plusieurs heures. Là,
vraiment, la pluie était trop forte et ce n’est pas bon
non plus pour les plantations. Maintenant, beaucoup de paysans n’ont
plus de semences pour semer une nouvelle fois.
Dès mon
retour, après avoir rangé rapidement mes affaires, je
suis parti à l’Archevêché. C’est
samedi après-midi, mais Bernard, de l’atelier, et les
animateurs de nos deux Commissions, sont revenus spécialement
pour que nous puissions faire l’évaluation de
toute la semaine. J’en profite pour enregistrer mes
mails dans mon ordinateur. Pour les réponses, on verra plus
tard !
Car à 19 heures, à la Cathédrale,
nous avons la grande célébration du lancement
de l’année du Sacerdoce, avec les chrétiens
de la capitale. Nous ne voulons pas utiliser cette année pour
nous mettre en avant, mais au contraire pour revoir notre
collaboration avec les laïcs, dans un véritable esprit
de service. Ce n’est pas facile. D’autant plus qu’étant
une minorité, les chrétiens ont tendance à
faire de nous leurs chefs, pour les mener et les protéger.
29
Juin au 4 Juillet : La
retraite des prêtres.
Cette retraite d’une
semaine de tous les prêtres est très importante pour
nous. C’est un temps fort de prière qui nous permet de
faire le point de tout notre travail de l’année face au
Christ, mais aussi de nous retrouver et de bâtir notre amitié
d’une façon bien plus profonde que dans nos rencontres
habituelles, et tous ensemble, autour de notre évêque.
Le thème de notre réflexion cette année est :
Prêtre à la suite de St Paul
(car c’est l’année de St Paul), avec deux
conférences par jour : cela aussi va nourrir notre
prière tout long de l’année. Bien sûr,
chaque matin nous avons la messe et nous prions le bréviaire
(la prière de l’Office) ensemble, en communauté.
Mais c’est essentiel de faire le point régulièrement.
Lundi
29 Juin : Fête
de Saints Pierre et Paul.
Nous prenons un bon temps
de prière. Puis je pars à CRS. Le Gouvernement
américain nous donne un fonds pour la formation
d’observateurs indépendants pour les élections.
C’est très important mais aussi une lourde
responsabilité pour notre petite Commission Justice
et Paix . Nous allons commencer tout de suite la
préparation, bien que ce soit la saison des pluies et donc la
période de gros travail dans les rizières. Et aussi le
temps des vacances.
Ensuite, je monte aux bureaux de
l’archevêché pour lancer les activités car
je vais être absent pendant trois semaines pratiquement. J’en
profite pour parler des autres projets en cours : SOS mineurs
et le foyer, les centres aérés des vacances, les
petits projets des paroisses (fabrique de savon, teinturerie,
jardins potagers) et une formation à Kankan sur les droits
humains, etc…
Avec Winfried, nous allons dans une
imprimerie que je connais pour faire imprimer la prière du
CENTENAIRE DE LA PAROISSE de MONGO et le livret de la
célébration.
Après avoir répondu à
mon courrier (e.mail) et imprimé quelques documents, je vais
prendre un car pour rejoindre le lieu de la retraite.
Dimanche
28 Juin : Commission
de Pastorale sociale .
Dernière
rencontre de la Commission diocésaine de l’année
pastorale. Dans l’Evangile de ce jour, Jésus guérit
la femme qui perdait du sang et ressuscite la fille de Jaïre.
Aujourd’hui, Jésus vient guérir la Guinée
qui a perdu tellement de sang ces longues dernières années,
dans les guerres civiles et les répressions. Il veut
ressusciter sa fille, La Guinée.
Nous commençons
par organiser la commission paroissiale ; puis nous
retravaillons le document sur la situation du pays en Juin 2009 et
en tirons les conclusions : que pouvons-nous faire à
notre niveau devant cette situation ?
Ensuite, nous faisons
le tour des différentes paroisses avec leur délégué.
A partir de là, c’est l’évaluation de
toute l’année, la préparation des activités
de vacances en particulier les centres aérés, les
cours de rattrapage et l’alphabétisation par des
étudiants bénévoles. Enfin, les orientations
pour l’année prochaine. Vous recevrez bientôt le
compte-rendu complet.
Je passe rapidement au cyber-café
(sans café !) enregistrer mon courrier auquel je
répondrai cette nuit. Je suis pressé car Emile, le
responsable de SOS mineurs est là pour faire le point de la
réunion d’hier. Et surtout Martin, un jeune de Mongo,
entré chez les Spiritains, arrive du Sénégal et
passe me voir avant de partir chez lui. Je ne veux surtout pas le
manquer.
Samedi
27 Juin : Rencontre SOS
Mineurs.
Je travaille régulièrement avec
eux. Je connais donc bien le responsable et les éducateurs.
Mais aujourd’hui, nous prenons toute la journée pour
faire l’évaluation de toute l’année, voir
les activités de vacances et déjà prévoir
les orientations pour l’année prochaine. Nous abordons
tout à tour les activités du Foyer, le suivi des
enfants dans les quartiers, dans les commissariats (garde à
vue) et le travail à la prison. Nous réfléchissons
spécialement à la collaboration possible avec les
autres organisations qui travaillent dans le même sens, à
tous les niveaux. Nous n’oublions pas la vie communautaire et
le travail en équipe, ainsi que la question de la formation
continue. Puis nous abordons des points plus précis. La
scolarisation des enfants : faut-il les envoyer à
l’école officielle qui est
très loin et compte des effectifs pléthoriques et donc
enseigne mal ; ou donner leur chance aux enfants en les mettant
dans une école privée qui coûte très
cher ; ou faire une école de la dernière
chance au Foyer, mais c’est rendre l’intégration
des enfants plus difficile. Ce n’est pas simple. De même
pour l’alphabétisation de ceux qui
n’ont jamais été à l’école.
Ou de la formation dans les ateliers du Foyer
ou ceux de la prison. Ce n’est qu’une première
initiation. Il faudrait intensifier nos liens avec les artisans de
la ville pour que les enfants et les jeunes puissent ensuite gagner
leur vie et s’établir. Et déjà créer
des liens avec les autres associations qui travaillent dans les
quartiers, comme à la prison. Ce travail en collaboration me
semble très important mais difficile, certaines organisations
cherchant à travailler seules, par peur qu’on prenne
leur place, en oubliant l’intérêt primordial des
enfants. Et ensuite, reste toute la question du suivi des jeunes.
Aussi bien ceux qui sortent de prison que ceux qui sont au
travail.
Une autre question, celle de la
participation des parents, quand on arrive à
retrouver leurs traces. Ils ont tendance à se décharger
de leurs responsabilités, en disant : on vous fait
confiance, on vous donne notre enfant. Ce qui bien sûr n’est
pas une solution. Et nous ne voulons surtout pas faire de leurs
enfants des assistés.
Nous avons aussi parlé pour
la même raison, des relations avec les autorités
locales dans les quartiers, le personnel de la Justice et
celui de la Prison. Là aussi, nous avons tout un travail de
réflexion et même de formation et d’éducation
à mener. En particulier avec le Tribunal pour enfants qui
vient juste de se mettre en place. Restent les liens à
assurer avec les différents ministères, en particulier
celui des Affaires sociales, et les avocats.
Nous avons aussi en
projet le lancement d’un foyer pour jeunes filles enceintes et
renvoyées de leurs familles. Nous en reparlerons.
L’ensemble
constitue un gros travail. Nos éducateurs sont jeunes, mais
ils sont dynamiques et de bonne volonté. Aussi les choses
avancent, grâce également à l’engagement
et l’expérience d’Emile, le responsable du
projet.
Pour tout cela, il faut des moyens bien
sûr. Nous sommes sans cesse à la recherche de
financements, mais nous voulons aussi compter sur nos propres
forces. C’est pourquoi, nous allons commencer un jardin
potager et un petit élevage sur un terrain que nous avons
déjà trouvé.
Nous terminons notre rencontre
en abordant les questions pratiques et financières, les jours
de repos, etc..
L’après-midi, nous recevons une
association : FUNDACIO, un groupe de jeunes qui vient visiter
le Foyer dans le cadre du mois de l’enfant .
Et aussi deux architectes russes travaillant à Conakry, venus
initier les enfants au dessin. Toutes ces visites et interventions
sont très importantes pour nous et pour les enfants.
Le
soir, Winfried et Zacharie, mes deux successeurs à Mongo,
arrivent. Zacharie va suivre une formation pour être Maître
des Novices. Winfried l’a conduit à Conakry et va en
profiter pour y rencontrer les chrétiens originaires de
Mongo, en vue de la préparation des Fêtes du Centenaire
de la paroisse. Bien sûr, je suis très heureux de leur
venue ; ils me donnent des nouvelles de Mongo et nous parlons
un bon moment. Ca fait du bien !
Vendredi
26 Juin : Education aux
Droits de l’Homme.
J’enregistre mon
courrier électronique sur mon ordinateur. Comme à
chaque fois, je suis venu tôt, afin de le faire avant que le
circuit ne soit saturé. Je lirai mon courrier et y répondrai
quand j’aurai le temps, dans la journée ou ce soir. Car
dès 8 heures, je me retrouve à l’atelier
Savoir Fer pour lancer avec les formateurs
notre jeu sur les droits humains pour les apprentis. C’est une
manière très pédagogique de les enseigner, avec
des chants, des danses, théâtres, enquêtes. On ne
cherche pas d’abord à leur inculquer un
savoir , mais plutôt à les aider à
réfléchir par eux-mêmes, à trouver leurs
propres solutions et à passer à l’action. Et
cela sert en même temps à leur formation :
apprentissage du français, expression orale, lecture,
écriture, dessin, etc… Le jeu est bien rôdé
(depuis les années 90 !), bien que je découvre
toujours des petites choses à améliorer. Aussi, ça
se passe sans problèmes.
Entre temps, le père, très
handicapé, d’un enfant vient nous voir. Son enfant
manquait très souvent, ne travaillait pas et ne s’entendait
pas avec les autres. Nous avons tout fait pour qu’il change,
sans succès. Son père nous demande le reprendre. Nous
ne pouvons pas accepter, car sans un minimum d’exigences les
jeunes ne pourront pas s’en sortir. Et il nous faut aussi
veiller à la qualité de la vie communautaire de
l’atelier.
A la fin du jeu, trois jeunes adolescents
m’attendent : ils viennent d’être libérés,
sans aucune préparation, ni d’eux-mêmes, ni de
leurs familles. Ils sortent de prison, mais n’ont pas d’argent
pour retourner dans leur village
Quelques projets :
Ensuite, nous continuons à travailler un certain
nombre de questions : le projet hydraulique, qui est très
important. C’est nécessaire de continuer à faire
des forages car, aussi bien en ville que dans les villages, les gens
n’ont pas d’eau potable. Mais notre matériel est
complètement usé.
Puis, il y a l’audit du
projet du retour en Guinée de jeunes partis plus ou moins
clandestinement en Hollande. Cela, c’est le désir des
Hollandais. Mais ces jeunes n’avaient pas du tout le désir
de revenir en Guinée. Surtout dans les circonstances
actuelles. Le projet n’a pas marché, mais des sommes
d’argent très importantes ont été
dépensées, qui auraient pu être utilisées
de manière beaucoup plus efficaces ici sur place. C’est
le cas de nombreux projets menés en Europe pour le retour des
immigrés.
Ensuite, il nous faut préparer les
activités pour les deux mois qui viennent. Et récupérer
une vieille armoire, une table et des chaises que nous allons
rafistoler pour notre bureau. Il faut se débrouiller !
Jeudi 25 Juin : Aujourd’hui, travail à la maison. Il y avait beaucoup de choses en retard sur mon bureau ! Le tout ponctué par un certain nombre de coups de téléphone : questions, demandes d’aide, demande d’intervention. Le soir, nous mangeons avec François. Il vient de passer un mois en Guinée en donnant un coup de main au dispensaire St Gabriel. Nous faisons le tour de ses découvertes et partageons ses réflexions.
Mercredi
24 Juin : La situation du
pays.
Chaque jour, les choses évoluent.
Hier soir, le président a convoqué les forces
vives de la nation : société civile,
syndicats et partis politiques, en présence du Corps
diplomatique et des Organisations internationales pour un
dialogue au Palais du Peuple. Le problème,
c’est que ce dialogue a lieu au
Palais du Peuple, en présence de nombreux jeunes et femmes
qui crient, chantent et dansent en l’honneur du président.
Mais cela ne facilite pas une réflexion en profondeur.
D’autant plus que le président parle pendant 3 heures,
et le dialogue se limite à trois interventions de deux
minutes de représentants qui
dans un tel état de tension ne peuvent qu’approuver ce
qu’a dit le président. Les forces vives ont donc
refusé, avec raison, de répondre à l’invitation
du président, en demandant un lieu de rencontre plus
approprié à une réflexion sérieuse. Cela
me semble très positif car ça montre que les gens
commencent à réagir.
Atelier Savoir
Fer.
Le matin, je présente aux formateurs de
l’atelier Savoir Fer un jeu sur les
droits de l’homme pour qu’ils le préparent pour
vendredi prochain. Cela va améliorer notre pédagogie
et notre façon de travailler. Ensuite, nous examinons la
question de leurs impôts et de la sécurité
sociale. C’est vrai que la plupart des gens travaillent dans
le secteur informel et se débrouillent .
Mais nous tenons à respecter les droits de nos formateurs…
Cependant, sans nous faire exploiter. Car on nous demande de payer
des arriérés depuis 2001 (des millions), alors que
nous n’avons pris l’atelier en charge qu’en
Janvier 2009 ! Il est vrai que les gens pensent qu’il y a
de l’argent à récupérer lorsqu’ils
voient des blancs ou qu’ils savent qu’il s’agit
d’une organisation d’Eglise et donc internationale.
Mais, comme nous connaissons bien le pays, les coutumes et la
langue, il n’est pas question de nous laisser faire.
A
midi, l’évêque m’invite à un repas
d’adieu avec des Sœurs. L’une d’entre elles
retourne chez elle aux Philippines ; une 2ème
volontaire, venue donner un coup de main à l’école,
termine son année scolaire et retourne en France ; une
3ème, étudiante en droit, est
venue pour un mois en Guinée, spécialement pour voir
la situation des droits humains. Nous sommes un peu tristes de la
séparation, mais cela ne nous empêche pas d’échanger
beaucoup de choses pendant le repas.
Pendant ce temps, j’ai
branché mon ordinateur pour enregistrer mon courrier. Je le
lirai et y répondrai ce soir. Après avoir rempli
quelques documents, je peux rentrer à la maison.
Mardi
23 Juin : Centres
aérés
Nous nous retrouvons d’abord
pour préparer les Centre aérés du mois d’Août.
Il y a beaucoup de choses à régler. D’abord pour
la formation des éducateurs que nous allons réaliser
en Juillet. Faire le recrutement après avoir défini
les critères de choix, établir le programme de
formation, les conditions matérielles, etc…
Heureusement, nous sommes une bonne équipe de
formateurs.
Notre priorité, c’est bien sûr
l’éducation de ces enfants des quartiers populaires,
souvent abandonnés à eux-mêmes. Pour les éduquer
et former, pas question de les faire jouer simplement au foot pour
occuper le temps. Nous jouerons au ballon, mais en veillant au jeu
d’équipe et au comportement de chacun. En y ajoutant
des jeux éducatifs de cours de rattrapage pour ceux qui vont
à l’école et une alphabétisation de base
pour les autres. Evidemment, nous ferons tout cela en lien avec les
parents, même si ce ne sera pas facile de les réunir.
Et en impliquant les différentes organisations du quartier et
les conseils paroissiaux des paroisses. Nous pouvons faire tout cela
grâce à Michel, un ancien Volontaire chrétien
qui a travaillé plusieurs années à Conakry, au
dispensaire St Gabriel.
Lundi 22 Juin : Reprise des activités de la semaine avec sa cohorte de petits problèmes. Petits pour nous, mais importants pour ceux qui en subissent les conséquences.
Dimanche
21 Juin : Justice
et Paix.
Réunion d’évaluation de
fin d’année de la Commission diocésaine
Justice et Paix . Les délégués
des paroisses sont venus nombreux. Dans un premier temps, nous
rédigeons un texte sur la situation du pays (que vous aurez
reçu quand vous lirez ces nouvelles). Nous allons le
distribuer largement pour faire avancer la réflexion. Cela
nous semble nécessaire dans la situation actuelle du
pays.
Ensuite, nous faisons le tour des activités des
paroisses, puis nous évaluons l’année. Enfin,
nous préparons les activités de vacances, en
particulier les Centres aérés. Enfin, nous donnons des
orientations pour l’année prochaine.
Avant la messe,
je retrouve le boxeur tchadien que j’avais accueilli il y a 15
jours. Il a pris contact avec la fédération de boxe et
a reçu une aide de sa famille. Il vient prier dans cette
paroisse. Je le présente à la communauté pour
qu’il puisse se faire des amis. L’Evangile du jour,
c’est la tempête apaisée. Notre pays est en
pleine tempête : c’est l’occasion de voir
comment continuer l’action du Christ pour apaiser le pays. Au
cours de l’homélie, chacun donne ses idées, même
les enfants.
Après la réunion, je rencontre une
enseignante qui me conduit chez son père, un vieil ami que
j’ai connu il y a plus de 10 ans, à Mongo, et que je
n’ai pas revu depuis. Quelle joie !
Samedi
20 Juin : Journée
avec les enfants à notre Centre des
handicapés.
C’est la fin de l’année.
Nous faisons donc la fête. Les parents et amis sont là.
Nous parlons avec eux. Ensuite, nous regardons plusieurs saynètes
que les enfants ont préparées pour montrer leur vie et
leurs actions, et exprimer leurs soucis et leurs besoins.
Vendredi 19 Juin :
Problèmes
à l’atelier.
En arrivant à
l’atelier, j’apprends qu’il y a eu une grosse
tension entre les apprentis et les formateurs. Les apprentis
voulaient une demi-heure avant la fin du travail pour avoir le temps
de se laver. En effet, nous venons de construire quatre douches avec
eau courante. Mais ils sont 17. Il faut donc beaucoup de temps pour
que tous puissent se doucher. Les formateurs ont voulu montrer leur
autorité. Ils ont repris les tenues de travail, et la
situation s’est enflammée. En fait, cela a été
l’occasion de faire sortir beaucoup de problèmes, de
tensions et de rancoeurs. Il me faut donc commencer à voir
les uns et les autres à part, et même faire plusieurs
fois la navette pour faire évoluer les positions, avant
d’avoir une rencontre commune de réconciliation. Pour
les douches, le problème c’est qu’il est très
difficile d’avoir un car pour rentrer chez soi le soir après
le travail, et il est nécessaire d’arriver assez tôt
pour avoir une place. Ils préfèrent donc se laver
rapidement les pieds avec un arrosoir et terminer leur toilette en
arrivant chez eux, plutôt que de faire la queue devant les
douches. Nos belles douches vont rester inutilisées !
Cela me conforte une fois de plus dans l’idée qu’il
ne suffit pas de faire des bonnes choses pour aider les gens, même
avec les meilleures intentions. Il faut d’abord parler avec
les intéressés, et les écouter. Car ce sont eux
qui connaissent le mieux leurs problèmes, et sont donc les
mieux placés pour trouver des solutions adaptées et
efficaces.
Après cela, je retrouve plusieurs personnes qui
m’attendent. En particulier une femme abandonnée par
son mari. Une de plus ! Puis je vais rejoindre l’archevêque
qui m’attend.
Jeudi
18 Juin : Avec
Igbé, mon vicaire venu de Kataco, nous cherchons une pompe
pour notre puits. L’ancienne, trop vieille et épuisée,
a rendu l’âme !
Nous parlons avec une amie
française, mariée officiellement au consulat de France
à CONAKRY. Elle voudrait aller en France, après
plusieurs années de travail dans une ONG de l’Union
Européenne en Guinée, avec son mari, bien sûr.
Mais il n’arrive pas à obtenir son visa. Alors que
c’est un simple séjour de vacances et qu’il a son
travail en Guinée. Elle est vraiment très
déçue !
Comptes rendus et
revues.
Aujourd’hui, je ne monte pas à
l’archevêché. Je reste à la maison pour
pouvoir travailler tranquillement. En effet il faut que je termine
le compte-rendu des deux rencontres des jeunes de Katacodi et
Conakry. Et à partir de là, rédiger un numéro
spécial de la revue du diocèse. C’est un très
gros travail et il faut le faire avec soin, car ces documents vont
servir de base pour le travail auprès des jeunes. Le premier
problème, c’est d’obtenir les documents de base
des différents groupes et intervenants. Merci à
Jocelyne qui saisit sur son ordinateur les notes enregistrées
sur cassettes que je lui envoie. Ca m’avance beaucoup dans le
travail.
Le soir, Emile vient me rejoindre. Nous réfléchissons
avec lui à la meilleure façon de travailler avec ses
éducateurs, auprès des enfants en rupture, arrêtés
dans les commissariats ou mis en prison. Ce n’est pas simple.
Mercredi
17 Juin : Les
foyers d’enfants en difficulté.
Conseil
autour de l’évêque au sujet de notre travail avec
les enfants de la rue et autres enfants en difficulté. Des
tensions sont apparues dans un foyer à partir de divergences
sur les façons de travailler. Rapidement, des problèmes
d’argent se sont greffés là-dessus. Et les
problèmes se sont étendus aux autres foyers et maisons
d’éducation. Il nous faut donc analyser nos façons
de travailler et réorganiser le travail. Nous avons d’abord
écouté les points de vue de chacun et accueilli toutes
les propositions. Je suis délégué avec
Sébastien pour rédiger des propositions pour une
nouvelle méthode de travail.
Après cela, diverses
petites choses, mais qui prennent beaucoup de temps : visite à
l’atelier, aller réserver les billets d’avions de
retour des stagiaires, ouvrir ma boîte mail.
Mardi 16 Juin :
Le
projet hydraulique.
Il était soutenu par la
Conférence Episcopale italienne. Le projet de trois ans se
termine. Comme à chaque fois dans ces cas-là, il nous
faut voir comment le travail va pouvoir continuer, sans soutien.
Surtout que le matériel est maintenant très ancien et
en mauvais état : le compresseur et la 4x4 pour les
déplacements sont en panne et il manque des pièces
pour la foreuse. Pas facile !
Projet SIDA.
Un autre projet se termine : l’appui aux personnes vivant
avec le SIDA (voir rubrique SIDA dans mon
site). J’en ai parlé plus haut. Comme chaque fois, ce
qui est normal, il faut non seulement évaluer le projet, mais
en faire l’audit pour vérifier que les comptes sont
clairs. Cela nous prend beaucoup de temps.
Projet
Palud. : Des choses se terminent, d’autres
commencent ! En particulier une action d’envergure de
lutte contre le palud et la bilharziose, qui concerne les deux
diocèses de Kankan et Conakry. Il faut donc coordonner les
activités. Le palud reste la cause principale de décès
en Guinée, beaucoup plus que le SIDA ; Il n’y a
toujours pas de vaccin ! L’action principale sera une
action de prévention. Distribuer 75.000 moustiquaires
imprégnées d’un produit qui chasse durablement
les moustiques. Et surtout, sensibiliser les populations pour
qu’elles utilisent ces moustiquaires.
Education
aux droits de l’enfant. A 17 heures, rendez-vous à
l’UNICEF. Depuis mes années au Sénégal,
puis dans les camps de réfugiés, nous avons beaucoup
travaillé à l’éducation des droits de
l’homme et de l’enfant, avec des jeux pédagogiques,
composés spécialement pour cela et très bien
adaptés. Mon rêve, c’est de les utiliser
maintenant dans la région de Conakry. Mais il faut former des
animateurs et ensuite, même s’ils sont bénévoles,
leur donner au moins les frais de déplacement. Et même
un peu plus. L’UNICEF travaille surtout avec les
gouvernements. Mais vu l’importance et l’originalité
de ces jeux, on peut envisager un soutien de leur part. Je prends
donc le temps nécessaire pour leur présenter les jeux
en détail et leur en expliquer la pédagogie.
Je
rentre tard à la maison et je trouve Cosmus qui m’attend.
Après une année d’apprentissage du français
à St Louis du Sénégal, (que je connais depuis
ma jeunesse et où j’ai travaillé durant16 ans),
il vient de terminer son année de stage missionnaire à
Mongo (où je viens de vivre 10 ans avec les réfugiés
et ai réouvert la Mission après 30 ans de fermeture).
Nous avons donc beaucoup de choses à partager. Il rentre chez
lui, au Kenya, pour terminer ses études de théologie.
Lundi
15 juin : Atelier
Savoir Fer.
Les activités reprennent. D’abord
la réunion mensuelle de l’atelier de soudure Savoir
Fer. Il y a toujours des problèmes à régler sur
la vie de l’atelier, la formation donnée, les relations
entres les apprentis, les commandes à trouver pour faire
tourner l’atelier, l’éducation à donner,
etc… Quand je pourrai, je mettrai les comptes rendus de
réunions sur mon site. Aujourd’hui, nous terminons de
régler les problèmes de santé, grâce au
dispensaire Saint Gabriel. Test de dépistage du SIDA,
vaccination contre le tétanos et la fièvre jaune,
assurance en cas d’accident, etc. Nous sommes heureux de
pouvoir en faire profiter nos apprentis, car ce n’est pas le
cas pour la plupart des gens.
Puis, nous passons au Foyer
de l’Espérance, une autre de nos actions en
faveur des enfants de la rue.
Avec l’évêque,
nous évoquons l’avenir. Plusieurs de nos confrères
spiritains sont rappelés dans leurs Provinces d’origine
en particulier pour la formation de nos jeunes. Du coup, par manque
de personnel, nous devons laisser deux paroisses : une à
Conakry et l’autre en secteur rural musulman peuhl, à
Dalaba. C’est une grande souffrance pour nous. Et un grand
problème pour l’évêque.
Puis nous
abordons la question de la catéchèse qui d’ailleurs
a été soulevée au Forum des Jeunes. C’est
sûr qu’il faut revoir toute notre formation. Et en
particulier sur la doctrine sociale de l’Eglise et
l’engagement dans la société.
Il me reste
assez de temps pour aller à l’Ambassade de France afin
de faire prolonger mon passeport qui est plein, suite à mes
nombreux voyages.
Dimanche
14 juin : Comme
à chaque fois que je suis à Conakry, je vais dans une
paroisse pour évaluer le travail de nos
deux commissions : Justice et Paix
et Pastorale sociale .
Moïse,
notre procureur, vient d’arriver du
Sénégal. Il vient pour assurer une semaine de prière
au noviciat. Il en profite pour rencontrer chacun d’entre
nous. Malgré la fatigue, nous prenons un temps pour cela.
A
la messe ce matin, il y a eu un mariage devant toute la communauté.
La mariée a d’abord été baptisée.
Tout cela dans leur langue (kissi) et en suivant leurs coutumes,
sous forme de dialogue et en veillant spécialement à
la participation des enfants.
Dans cette paroisse, les
Commissions ont beaucoup de mal à démarrer. Il y a
deux ou trois personnes vraiment motivées et engagées,
mais elles ne trouvent pas de volontaires pour travailler avec
elles. A la longue, cela devient décourageant. J’essaie
bien de les soutenir, mais ce n’est pas toujours facile et il
faut sans cesse recommencer.
Samedi 13 juin : Je commence à rédiger en sténo puis à enregistrer au magnétophone les notes que j’ai travaillées hier en taxi.
Vendredi
12 juin : Le
matin, à la messe, je suis content de rencontrer certains de
mes paroissiens et de célébrer la messe en soussou.
Ensuite, je vais visiter Georges, le responsable local de Justice
et Paix , pour faire le point des actions menées
et le tour des problèmes, en particulier à la prison
où il n’y a plus d’eau, la source étant
épuisée. On devine les problèmes : gale,
maladies, etc…
Le noviciat. A 10
heures, je retrouve les six novices de cette année. Après
leur stage dont je viens de parler, ils se retrouvent pour une année
de prière et de formation spirituelle. Mais cela ne les
empêche pas d’avoir des engagements à la paroisse
et en ville. Nous voyons donc ensemble ce qu’ils ont fait à
la prison, à l’hôpital, au collège et au
lycée, avec les enfants de l’école primaire, et
avec les Mouvements de jeunes (ACE, Scouts, JEC). Nous en tirons des
conclusions pour leur travail de l’année prochaine et
pour leur propre engagement. Nous nous connaissons biens. L’un
d’entre eux, Célestin, vient de MONGO. L’échange
est donc à la fois très libre et très
approfondi, dans un esprit très fraternel. Et je trouve très
important ce temps d’évaluation, qui m’éclaire
également beaucoup.
Après le repas partagé
ensemble, il est temps de partir. Armand, Camerounais, responsable
des novices, m’accompagne à pied à la gare
routière. Nous avons ainsi le temps de parler ensemble du
noviciat. Puis il va voir si la voiture est réparée.
Dans
le taxi, comme au cours de mes voyages des deux jours précédents,
je relis les notes de la rencontre des 700 jeunes du Bagataye (voir
les nouvelles du 15 avril), que j’ai enfin fini de récupérer.
Je veux en faire une synthèse qui constituera un dossier de
base de travail pour les jeunes, pour les années qui
viennent. J’en tirerai aussi un numéro spécial
de la revue diocésaine.
Après plusieurs changements
de taxi –il faut profiter de chaque occasion qui se présente
sinon on risque de se trouver en plan-, j’arrive le soir sans
encombre à Conakry, heureux de pouvoir souffler un peu.
Mercredi
10 juin : Notre
confrère, Richard FAGAH, doit partir faire une formation, à
PARIS, sur la spiritualité et le charisme de nos fondateurs,
pour nous permettre à tous d’approfondir notre vocation
et notre façon d’être missionnaires. Comme il est
nigérian, il a besoin d’un visa.
Même s’il va pour des études bien précises,
qu’il sera inscrit officiellement à l’Institut
Catholique de Paris et sera pris en charge totalement par notre
congrégation, qu’il ne restera qu’un temps bien
déterminé et reviendra ensuite avec nous, c’est
tout un problème ! Un vrai parcours du combattant !
Pour faciliter les choses, je l’accompagne. Nous y passons
toute la matinée pour obtenir le papier de demande de visa,
que nous remplissons. On nous convoquera pour la suite ! Le
problème, c’est que Richard travaille à
KOUNDARA, à la frontière du Sénégal :
18 heures de voyage sur des routes très mauvaises. Ce n’est
pas simple. D’ailleurs en venant, les amortisseurs ont lâché.
Nous devions partir ensemble à 15 heures pour KATACO, pour y
passer la nuit et parler avec les confrères. Mais il a fallu
chercher les pièces de rechange, d’occasion, au marché,
et la voiture n’a été prête qu’à
23 heures. Nous ne partons donc que le jeudi matin, à 4 h 30.
Malgré le retard, nous passons par Kataco où Igbé
nous attend. Ainsi, de Kataco à Kamsar, nous avons le temps
de parler avec Richard, notre responsable pour la Guinée et
de faire le tour des activités de Kataco.
A Kamsar, a lieu
la réunion de doyenné. Elle
regroupe les prêtres, frères et sœurs de nos cinq
paroisses du Bagataye, avec une trentaine de communautés de
villages. Après un temps de retrouvailles, nous faisons le
tour de nos différentes paroisses et communautés. Mais
le but de cette réunion, c’est d’abord de faire
l’évaluation de notre travail de toute l’année.
Par exemple, nos réunions de doyenné, la vie de nos
communautés, la formation des différentes personnes et
groupes, le vécu de l’année de St Paul,
missionnaire et fondateur de communautés, notre engagement
dans la vie du pays, les commissions Justice et Paix ,
etc.. Comme d’habitude, l’ambiance est très
bonne. Nous sommes très heureux de nous rencontrer et de
partager un repas pour lequel chacun a apporté un plat. Mais
il a fallu nous séparer, à grands regrets, à 16
heures pour arriver à BOFFA avant la nuit, car la route,
autrefois goudronnée, est pleine de trous et de crevasses. Et
nous sommes tombés deux fois en panne : la 1ère
fois, à mi-route, problème d’allumage dû à
un câble détaché à cause des secousses.
Nous avons mis du temps à trouver la panne et comme nous
étions en pleine brousse il n’y avait pas de mécanicien
dans le coin. La 2ème panne était
plus grave ; mais c’était à l’entrée
de BOFFA, nous étions arrivés !
Les
stagiaires.
A midi, j’ai pris un temps important
avec Ugotsuku, notre stagiaire nigerian de Kataco. Ce soir, c’est
le tour de Bulus, stagiaire à Boffa. Tous les deux ont
d’abord fait une année à Dakar pour apprendre le
français. Puis, ils nous ont rejoints en Guinée. Bulus
était chargé spécialement de l’internat
et de l’école primaire de Boffa, et de l’animation
des jeunes. Ugotsuku après l’avoir soutenu est parti
rejoindre Igbé, le vicaire de Kataco, pour un travail
pastoral auprès des jeunes et des communautés
chrétiennes de base. C’est un principe chez nous. Les
jeunes en formation doivent obligatoirement faire un stage dans un
pays étranger pour avoir une expérience missionnaire
dans une autre culture, et voir s’ils sont capables de
s’adapter. Ils étaient suivis chacun par un vicaire, et
malgré mes nombreux déplacements et mes multiples
occupations, j’ai essayé de les accompagner le mieux
possible. Cependant, il est important de faire régulièrement
le point de leur évolution et de leurs engagements car ce
n’est pas toujours facile de vivre et travailler dans une
autre culture. Nous sommes très satisfaits de leur engagement
et de leur travail, nous avons vécu heureux ensemble, avec
eux, en communauté. Nous voyons que la relève est
assurée, même s’ils travailleront d’une
manière différente de la nôtre ; il y a
plusieurs façons d’être missionnaire ! Avec
Bulus, nous prions ensemble et nous parlons longuement…
malgré ma fatigue et mon manque de sommeil.
Mardi
9 juin : La
situation du pays.
Avant-hier, selon son habitude, le
Président a convoqué des gens en masse au
Palais du Peuple pour les interroger. Comme cela se fait,
l’enregistrement (plusieurs heures) est passé à
la télévision le soir. C’est un moyen pour le
Président de faire passer ses idées, d’expliquer
son projet pour le pays, et ainsi d’assurer sa popularité.
Cela plaît beaucoup aux gens. Cette fois-ci, il avait convoqué
les magistrats en grève pour deux raisons :
1°) faire supprimer le secrétariat d’état à
la sécurité dirigé par les militaires qui
arrêtent les gens et les enferment dans les camps militaires,
sans jugement. Ce qui, bien sûr, est contre la justice et son
indépendance ; 2°) des augmentations de salaire.
Le
Président ne veut absolument pas de grève qui pourrait
entraîner des désordres dans le pays, et par ailleurs,
la situation financière du pays est dramatique. Il n’est
donc pas d’accord avec les revendications des avocats.
Il
est intervenu, selon son habitude, à la manière
militaire, en appelant deux magistrats à la tribune et en les
humiliant en public et en mettant à la retraite anticipée
tous les magistrats de Conakry qui n’étaient pas
présents à la réunion.
Note :
Bien sûr, le droit de grève est un droit des
travailleurs qu’il faut respecter. Mais vu l’état
de pauvreté du pays, la demande de 3.500.000 francs guinéens
de salaire mensuel pour les magistrats semble vraiment exagérée,
alors que la plupart des salariés ne reçoivent que de
300 à 500.000 FG par mois (enseignants, etc..). Ils auraient
dû poser d’abord le problème du secrétariat
d’état à la sécurité. En tout cas,
la population soutient le Président, car il est clair que la
Justice est corrompue jusqu’à maintenant ; et que,
non seulement ces magistrats demandent beaucoup d’argent aux
gens, mais souvent ils donnent raison à celui qui a payé
le plus cher.
Le but de cette réunion était
ensuite de rassembler les anciens premiers
ministres et anciens ministres des finances pour mettre en
place une Commission qui va étudier les problèmes
financiers, car les caisses de l’état sont
vides. Mais on peut se demander si ces personnalités de
l’ancien régime de Lansanna Conté, pendant
lequel il y a eu tellement de corruption et de détournements
d’argent, sont les mieux placées pour accomplir cette
mission en vérité et en toute justice ! En tout
cas, pendant la séance, le ministre chargé des douanes
a été limogé d’office, sur place !
Tout ceci se fait dans le but d’assainir le pays, dont les
problèmes sont énormes. C’est pourquoi la
population soutient le président, qui veut vraiment sauver le
pays ; mais la façon de faire pose beaucoup de questions
par rapport aux libertés et au respect des personnes. Il y a
beaucoup à redire à ce niveau… sans briser
l’élan du pays pour autant !
Nous nous
retrouvons avec plusieurs membres de la Commission pour en faire une
évaluation et voir comment nous situer face à tout
cela.
Ensuite, travail à l’imprimerie pour ré-éditer
un livret de prières, qui est très demandé.
C’est un grand besoin.
Les voyages vers l’Europe
et les Etats-Unis.
Nous faisons le point avec
Marie-Antoinette, une de nos formatrices en Pastorale sociale. Son
fils est aux Etats-Unis depuis de nombreuses années ; il
s’y est marié et a deux enfants. Marie-Antoinette
aurait voulu voir et connaître sa belle-fille et ses
petits-enfants. Nous avons fourni tous les papiers nécessaires
et donné l’assurance qu’elle reviendrait en
Guinée au bout d’un mois. Malgré tout, sa
demande a été refusée. Et ce n’est pas la
seule. Il devient presque impossible de partir en Europe ou aux
Etats-Unis. Ce n’est pas normal et cela nous fait beaucoup
souffrir.
Ensuite, à l’Atelier,
nous voyons la question des salaires des formateurs.
Lundi
8 juin : Problème
de bourse.
Aujourd’hui, une bonne partie de la
journée est prise par ce problème d’un étudiant,
père de famille, parti continuer ses études au Canada,
avec une bourse du gouvernement. Malheureusement, sa bourse ne lui a
pas été payée. Il a dû faire des petits
métiers, tout en continuant ses études. Il a dû
s’endetter. Il est revenu en Guinée régler son
problème ; sans succès. Maintenant, il se demande
comment trouver les moyens de retourner au Canada passer son
doctorat. Nous allons voir, avec un juriste de la Commission, ce que
nous pouvons faire.
Le soir, je continue à préparer
mon courrier sur mon ordinateur.
Dimanche
7 juin : Justice
et Paix – Pastorale sociale.
Le curé de
la paroisse de Simbaya est malade. Je vais donc le remplacer. A la
fin de la messe, j’annonce la rencontre de nos Commissions et
j’en profite pour relever l’importance des deux
Commissions, ainsi que pour faire quelques réflexions dont
j’ai déjà parlé dans ces Nouvelles :
les arrestations des gens par les militaires, enfermés dans
les camps sans jugement ; le comportement envers les
prostituées à qui on rase la tête et que l’on
présente en public ; les jugements populaires :
celui qui tue, on le tue . Autant de choses
que bien sûr nous ne pouvons pas accepter. Reste à voir
la manière la meilleure et la plus efficace
d’intervenir.
Après la messe, nous tenons une
réunion avec les deux commissions. Celle de Pastorale
sociale qui a démarré depuis longtemps
intervient pour aider un certain nombre de personnes, spécialement
en cas de maladie ou de décès. Mais elle a de la peine
à lancer des vrais projets de développement, même
limités.
Pour la commission de Justice et
Paix , l’information est passée. Il faut
maintenant entrer dans l’action. Premier problème :
celui d’un étudiant envoyé faire des études
au Canada avec une bourse du gouvernement, mais dont la bourse n’est
pas payée. Demain, je vais chercher à rencontrer un
juriste et un professeur de l’enseignement supérieur,
membres de la commission, pour voir ce qu’on peut
faire.
L’ambiance de la messe comme de ces rencontres est
très sympathique et décontractée. Je les
quitte, en saluant les scouts qui ont leur réunion à
côté.
Samedi
6 juin : Je rédige le
compte-rendu de la session de Kissidougou sur Justice
et Paix et Culture traditionnelle ; en
particulier par rapport aux questions de sorcellerie et de
maraboutage - fétichisme .
C’est une question assez délicate. Nous avons très
bien réfléchi, mais il faut voir maintenant comment
rédiger les choses. ( voir L 59 : Formation à
Justice et Paix à
Kissidougou).
Puis je reçois François,
petit-fils d’une amie de l’ONG Appel Détresse qui
nous aide beaucoup. Il est venu passer un mois ici pour découvrir
la Guinée et l’Afrique. Il donne un coup de main au
dispensaire St Gabriel. Nous passons un bon moment ensemble à
partager ses découvertes.
Nous voulons partir ensemble à
la rencontre de la communauté de l’Emmanuel, mais il
n’y a pas moyen de trouver un taxi. Nous faisons demi tour et
nous nous débrouillons pour trouver quelque chose à
manger. Du coup, j’ai du temps pour finir mon papier sur la
sorcellerie. Et la nuit, je commence à travailler le
compte-rendu de la rencontre des spiritains à Boffa, fin
janvier, que je n’ai pas eu le temps de revoir jusqu’à
maintenant.
Vendredi
5 juin : Lettre
au Président.
Ce matin, j’avais prévu
de travailler à un programme d’éducation aux
droits de l’enfant, avec Eugénie. Mais l’archevêque
m’appelle. La grande sœur du Président de la
République est décédée. Nous devons
aller lui présenter nos condoléances. Mais c’est
une occasion pour lui faire part de nos réflexions et de nos
inquiétudes sur la situation et l’avenir du pays. C’est
assez délicat. Nous réfléchissons longuement et
rédigeons une lettre que nous lui remettrons à cette
occasion.
Jeudi
4 juin : L’équipe
des Forages.
Rencontre avec l’équipe des
Puits et forages . Le matériel, très
vieux et usé, a été bricolé et nous
espérons qu’il va pouvoir tenir quelque temps. Mais le
soutien de la Conférence épiscopale italienne est
terminé ; il va falloir nous débrouiller par nos
propres moyens, car les demandes et le besoin en eau potable ne
manquent pas !
La prostitution.
Nous
sommes invités à deux conférences : une
sur la prostitution, et une sur les droits humains. Par rapport à
la prostitution, il y a tout une action de moralisation de la part
des autorités militaires qui nous interpelle beaucoup :
les prostituées sont arrêtées par les militaires
(alors que ce sont souvent les militaires qui sont leurs clients !),
emmenées dans les camps où on leur rase la tête
et les présente à la foule. Bien sûr, nous ne
pouvons pas accepter de telles pratiques ! Même si on ne
peut accepter la prostitution qui est une grave exploitation de la
personne humaine, nous ne pouvons pas non plus accepter de telles
façons de faire. D’abord, les prostituées pour
la plupart vont continuer mais en se cachant, et elles n’auront
même pas de suivi médical. De plus, la solution ne peut
être qu’une véritable éducation sexuelle
et au respect de la dignité de la femme. Ensuite, que l’on
engage une vraie lutte contre la pauvreté, car si la plupart
des femmes et jeunes filles se prostituent c’est par manque de
moyens économiques. Il y a du pain sur la planche !
Avec Charlotte et Irène, nous préparons
notre intervention dans ce sens.
Les droits
humains.
Deuxième conférence à
préparer. Comme je l’ai souvent expliqué les
militaires au pouvoir (CNDD) essayent vraiment de relever le pays et
de moraliser la vie publique. Mais les moyens sont souvent
contestables. On accuse des gens en direct à la télévision
devant la foule, sans qu’ils puissent se défendre et
avant d’être jugés ; les militaires arrêtent
des gens et les gardent dans les camps, sans jugement : c’est
la porte ouverte à toutes les vengeances. Bien pire, certains
militaires rançonnent les gens aux barrages routiers et même
commettent des vols à main armée dans les quartiers.
Face à cette insécurité, certains responsables
prônent le talion : Celui qui tue, on le
tue. Celui qui vole, on le brûle . On veut mettre
en place des comités de défense et la sécurité
dans les quartiers. On risque d’arriver à une justice
(ou plutôt une injustice !) populaire, avec tous les
risques de règlement de comptes. Il nous faut chercher les
meilleurs moyens de réagir, en nous faisant comprendre et
accepter. Nous prenons un long temps avec Charles, qui va
représenter l’Eglise Catholique, pour préparer
tout cela.
La vie monastique.
Je suis
souvent en relation avec des sœurs contemplatives
bénédictines, venues en Guinée depuis quelques
années. Avant de partir, nous réfléchissons à
leur implantation. Comment éviter de transporter un monastère
tout fait clé en main de l’Europe
à la Guinée, mais l’enraciner dans la culture du
pays. Et l’inculturer dans la vie de l’Eglise locale ?
Comment vivre la pauvreté religieuse là où tout
le monde est pauvre et ne rêve qu’à une chose :
sortir de la pauvreté ? Que peut signifier et comment
vivre une vie contemplative dans les cultures d’Afrique
Noire ?
Mercredi
3 juin : Je vais
donner un coup de main à Armand, venu du Noviciat de Boffa,
pour qu’il puisse retirer de l’argent de la banque.
C’est une véritable course d’obstacles. Et comme
je connais maintenant beaucoup de gens, je peux lui favoriser les
affaires. Mais cela nous prend quand même beaucoup de
temps.
Article sur le Synode. Puis, je
rentre à la maison. En effet, je dois rédiger un
article sur le Synode pour notre revue Pentecôte
sur le Monde et à l’Archevêché
ce n’est pas possible de travailler tranquillement. Je suis
sans cesse interpellé par l’une ou l’autre
personne. Après avoir composé mon article en sténo,
je l’enregistre sur cassette que Bernadette, qui rentre en
France, postera, et la semaine prochaine Jocelyne saisira le texte
sur son ordinateur puis me l’enverra par mail pour relecture
et correction. Vous le trouverez bientôt sur mon site.
La
nuit, j’ai encore le temps de relire la synthèse
de deux rencontres des jeunes du mois d’Avril. Nous
allons en tirer un numéro spécial de notre revue
diocésaine et deux dossiers qui seront remis à chaque
paroisse. Il y aura beaucoup de travail à faire pour que ce
soit prêt.
Nous approchons de la fin de l’année
scolaire, il y a donc toutes sortes d’évaluations à
faire des différents groupes, et de comptes rendus à
rédiger pour les Organisations qui nous soutiennent.
Mardi
2 juin : Chaque
jour, des personnes en difficultés
viennent nous voir. Aujourd’hui, c’est d’abord un
boxeur tchadien qui était parti tenter sa chance en Egypte.
Comme ça n’a pas marché, il est venu essayer en
Guinée (je ne sais vraiment pas pourquoi !). A la
frontière du Liberia, les policiers lui ont tout pris :
papiers, téléphone, argent… Cela arrive
souvent, malheureusement. Je lui prête mon téléphone
pour qu’il puisse appeler sa famille au Tchad. Ensuite,
j’appelle le responsable de la paroisse où il s’est
réfugié. En effet, à la Commission de Pastorale
sociale, nous n’avons pas de moyens pour aider de telles
personnes. Au niveau de la paroisse, ils vont voir si quelqu’un
peut l’accueillir pour lui donner le temps de se retourner.
Les gens sont pauvres mais très accueillants et ils font tout
ce qu’ils peuvent quand il s’agit d’aider
quelqu’un.
Puis, nous nous retrouvons avec Bernadette,
l’ancienne Ambassadeur de France en Guinée, qui m’a
décoré de la Légion d’Honneur. Elle s’est
engagée dans la construction d’une église
dans un quartier populaire. Notre atelier participe à la
construction pour les travaux de soudure. Cela nous intéresse
et est un grand soutien pour l’atelier de nos jeunes. Merci à
elle. A partir de là, nous échangeons sur la vie
actuelle de Conakry et ce qu’il est possible de
faire.
Ensuite, je me retrouve avec Etienne. C’est un
ancien Volontaire qui a justement dirigé cet atelier
Savoir-Fer. Nous analysons avec lui l’évolution
de l’atelier et comment ils vont pouvoir se prendre en charge
par eux-mêmes. Ce n’est pas une mince affaire !
Je
peux enfin passer à l’internet et commencer à
regarder les nombreux messages qui me sont arrivés pendant
que j’étais à Kissidougou. Internet est un grand
avantage et transforme complètement notre façon de
travailler.
Lundi
1er
juin (suite) : Gros problème
ce matin, c’est l’avenir des malades du SIDA que nous
soutenions. Nous ne pouvons plus les prendre en charge, mais nous ne
voulons surtout pas les abandonner. Nous nous retrouvons avec deux
ONG qui acceptent de les suivre et nous voyons ensemble comment la
passation peut se faire dans les meilleures conditions
possibles.
Ensuite, je me consacre à l’atelier
Savoir Fer .
Lundi 1er juin : Le lundi de Pentecôte n’est pas férié, alors on reprend le travail avec courage ! Tout un tas de mails m’attendent ; et les problèmes quotidiens...
Samedi
30 mai : Nous
avons travaillé beaucoup et très bien. Les
participants ont fait le maximum pour se former très
sérieusement, avec courage, dans des conditions matérielles
difficiles, et sans aucune récrimination. Bien sûr, il
faudra passer aux réalisations concrètes. Et dans le
domaine de justice et paix, c’est délicat et difficile
d’agir ; mais les débuts sont prometteurs et
encourageants.
Nous terminons à 11 heures pour que chacun
puisse retourner chez lui pour la fête de Pentecôte.
Tous me demandent de les accompagner ; il est vrai que je
connais bien toutes les paroisses pour les avoir sillonnées
pendant 10 ans, quand je travaillais dans le diocèse de
Kankan, en tant que responsable de l’Evangélisation et
du laïcat, puis de la catéchèse et de l’animation
des communautés de base. Bien sûr, les gens de MONGO
insistent tout particulièrement ; et c’est vrai
que nous avons vécu ensemble des choses extraordinaires !
Je leur promets de venir pour la célébration du
centenaire de la paroisse de Mongo, en février 2010.
Avec
les participants de KISSIDOUGOU, nous allons saluer officiellement
les autorités, en signe de respect. C’est très
important ici, surtout que les autorités ont changé
depuis fin décembre. Cela permet aux personnes de Kissidougou
de prendre contact, de se faire connaître, et, pour moi, de
leur présenter le travail de la Commission Justice
et Paix , ainsi que de poser les bases d’une
collaboration future. Nous rencontrons successivement le préfet
et le maire, puis le président du tribunal car le travail à
la prison est très important pour nous.
A 17 heures, je
pars à la gare routière retenir ma place.
Voyage
retour : Nous allons voyager toute la nuit. Nous
sommes quatre, très serrés, sur la banquette arrière,
dans une petite voiture. Avec ma grande taille, les genoux
commencent déjà à me faire mal, conséquence
de ma chute dans les caniveaux de notre quartier, l’année
dernière, en rentrant la nuit. Toutes les heures, je demande
au chauffeur de s’arrêter afin que je puisse me lever
pour me décoincer les articulations, ce qu’il accepte
sans problème, de même que les passagers.
Dans la
voiture, seul sur la banquette avant, est assis un militaire,
portant son fusil. En effet, en Guinée, les militaires pour
la plupart ne logent pas dans des casernes mais chez eux, dans le
quartier. Ils se promènent donc avec leurs armes. On s’y
habitue ! L’avantage pour ce voyage, c’est qu’avec
un militaire à l’avant nous avons passé tous les
barrages sans encombre et évité ainsi de nous faire
taxer tout le long de la route. mais je me dis qu’en Europe,
on est aussi taxé sur les autoroutes !.... sauf qu’il
n’y a pas beaucoup d’autoroutes en Guinée.
A 8
heures, j’arrive bien fatigué à Conakry.
Jeudi
28 – Samedi 30 mai :
Session Justice et Paix .
Le
but étant le même (mettre en place des Commissions
paroissiales), nous suivons le même schéma de base que
lors des sessions précédentes mais chaque session a
son originalité. Nous sommes en secteur rural, et cette
fois-ci nous nous attardons plus spécialement sur les
coutumes rétrogrades et les aspects négatifs de la
culture traditionnelle. En particulier les problèmes de
sorcellerie, magie et maraboutage qui font
beaucoup souffrir un grand nombre de personnes. La discussion est
passionnée, mais enrichissante. La réflexion simple,
mais approfondie.
A cette session, j’ai
le plaisir de rencontrer un certain nombre d’amis avec qui
j’ai travaillé de 1996 à 2006, en particulier
les sept délégués de MONGO. Nous parlons
longuement de leurs familles et de l’évolution des
choses. Je suis très heureux de voir qu’ils restent
très engagés et actifs. Et surtout nous pouvons
partager longuement avec Winfried, mon confrère ghanéen
qui m’a succédé à Mongo et qui est
actuellement responsable justice et paix pour le diocèse.
Nous sommes évidemment sur la même longueur d’onde.
Bien plus, nous nous comprenons parfaitement. D’ailleurs nous
nous sommes compris et estimés dès son arrivée
à Mongo. Et il a compris immédiatement la méthode
selon laquelle nous avions travaillé, tout en gardant sa
liberté d’action bien sûr, et toute sa
créativité.
Comme quoi, les différences de
peau, d’âge, de culture, de formation… et de tout
ce qu’on veut, n’empêchent pas de se rencontrer en
profondeur ni de s’enrichir mutuellement quand on le décide
des deux côtés et qu’on prend les moyens pour
cela.
Mercredi
27 mai : Voyage.
Le
président du conseil militaire a rencontré les
syndicats des chauffeurs de taxis. Il a assuré de son soutien
les classes les plus pauvres de la population, mais rien de clair
n’est décidé. C’est difficile pour les
militaires de revenir en arrière. Il aurait mieux valu
discuter avant !
Le soir, j’ai toutes les peines du
monde à trouver un taxi pour aller à la gare routière.
Je vais voyager toute la nuit pour KISSIDOUGOU, à plus de 500
km de Conakry.
A l’arrivée, une surprise m’attend.
La session de formation justice et paix pour la mise en place de
Commissions paroissiales dans le diocèse a été
reportée du mardi au jeudi, au dernier moment, et annoncée
pour le jeudi 27 , alors que le jeudi était
le 28 ; de plus l’information n’était pas
bien passée car, d’une part, de nombreuses personnes
habitent en des lieux où il n’y a pas de réseau
téléphonique, et, d’autre part, les lettres font
souvent poches restantes ou sont
égarées !
A mon arrivée, je trouve une
quinzaine de personnes, certaines étant là depuis
mardi. Malgré la fatigue, je décide donc de commencer
le travail. Les autres participants arriveront au compte-gouttes
jusqu’au vendredi soir. Pas facile de travailler dans ces
conditions !
Les réfugiés.
A
la gare routière, dès ma descente de taxi, je suis
salué en anglais : ce sont des Sierra-Léonais,
anciens réfugiés, avec qui j’ai travaillé
dans les camps dans les années 2000. Ils ont décidé
de rester en Guinée au lieu de retourner dans un pays
dévasté. mais leur vie n’est pas facile. Nous
parlons un bon moment pour échanger sur leur vie (je ne sais
pas encore que les sessionistes m’attendent à la
paroisse). En route, je rencontre le fils d’un catéchiste
libérien. Il vit toujours dans un ancien camp de réfugiés,
à 70 km de Kissidougou, avec des concitoyens qui, eux aussi,
ont décidé de rester. Les villageois de KOUNTAYA leur
ont donné des terrains pour cultiver ; mais il n’y
a ni école, ni dispensaire, ni soutien du H.C.R., bien sûr
(c’est terminé depuis 3 ans). Il y a de nombreux
catholiques et le catéchiste continue d’animer la
communauté, malgré l’isolement et le manque de
soutien.
Je vais également saluer Moussa, un mécanicien
libérien, lui aussi venu au moment de la guerre civile en
Guinée, un grand ami : il a fait des miracles avec notre
voiture quand je travaillais à Mongo et qu’il ne
trouvait aucune pièce de rechange. Je prends aussi le temps
de parler avec les apprentis. En Guinée, comme dans de
nombreux pays d’Afrique Noire, les apprentis ne sont pas payés
et, en plus, issus de familles pauvres, ils doivent se débrouiller
pour trouver à manger et s’habiller ; à la
fin de leur apprentissage, il doivent payer pour pouvoir sortir
et s’installer.
Mardi
26 mai : Transport
en commun en taxis. Nouvelle réglementation.
Je
me lève de bonne heure pour être tôt au travail ;
je suis à 18 km des bureaux de l’Archevêché,
en banlieue. mais il n’y a pas de taxi, aussi je dois
retourner à la maison : 15 minutes à pied pour
rejoindre la grande route. Cela ne m’étonne pas, car le
CNDD au pouvoir a fixé le nombre des passagers des taxis à
4 (qui suivent des lignes fixées et font le plein de
passagers : pour une berline, il y avait 3 personnes devant,
avec le chauffeur, et 4 derrière !) Bien sûr, on
est très serré, mais on supporte. Cette réduction
du nombre de passagers de 6 à 4 est bonne ; cependant,
elle entraîne un certain nombre de problèmes :
-
Le problème de fond, qui est d’abord celui du très
mauvais état des taxis, n’est pas résolu ;
ce sont souvent des voitures hors d’usage en Europe que l’on
récupère et que l’on fait durer le plus
longtemps possible, avec tous les inconvénients que cela
entraîne, malgré la très grande ingéniosité
des mécaniciens guinéens qui parviennent à
faire circuler des voitures avec des moyens de fortune mais souvent
au détriment de la sécurité.
- Déjà
les taxis ne sont pas assez nombreux. Il faut attendre de longues
minutes, et on est une dizaine à se battre
pour une seule place disponible. Comme toujours, les plus faibles
sont éliminés !
- Enfin, comment les
chauffeurs vont-ils s’en sortir : 4 personnes au lieu de
6, cela fait des recettes en moins. Et les tarifs sont déjà
réduits au maximum. mais si on augmente les prix, comment les
gens pourront-ils payer ? Car la population devient de plus en
plus pauvre.
Lundi
25 mai : Aujourd’hui,
c’est férié : Fête de l’Union
Africaine. Elle a de la peine à fonctionner ; c’est
important comme étape vers l’unité
africaine.
J’en profite pour rédiger (en sténo)
et saisir sur mon ordinateur les comptes rendus de la formation à
NZEREKORE et de la réunion d’hier. Je suis très
heureux de cette possibilité, car souvent les choses
traînent. A partir de demain, je chercherai la possibilité
d’imprimer les documents.
C’est aussi l’occasion
de régler toutes mes affaires en retard et de me reposer un
peu. mais d’abord, avec John mon confrère, nous allons
saluer la famille de Félix, avec qui j’ai beaucoup
travaillé à Mongo dans les camps des réfugiés.
Sa femme, atteinte du cancer, vient de décéder après
de longs mois de maladie. Comme toujours dans ces cas-là, il
est très entouré par la famille, les voisins et les
amis.
Dimanche
24 mai : Réunion
de la Commission diocésaine de Justice et Paix
à Ste Thérèse d’ENTAG.
C’est
la première fois que je viens ici, car, en effet, nous
faisons nos rencontres chaque fois dans une paroisse différente,
pour mobiliser les gens. La réunion s’est très
bien passée. Il faut dire que j’ai la chance de
travailler avec des personnes très motivées. Bien
après, à la base, c’est plus difficile car autre
chose est de passer de la théorie à la pratique,
et il faut assurer le suivi.
Vendredi
22 mai : Avec
C.R.S., nous voyons comment continuer le suivi
des personnes vivant avec le SIDA, sous une autre forme.
Puis nous préparons les activités à venir dans
les trois diocèses du pays. Les projets ne manquent pas. Ce
sont les moyens qui manquent, et ce n’est pas facile de
choisir les priorités.
Avec le Nonce,
nous parlons de la vie de l’Eglise et du pays.
Il souhaite avoir le point de vue de nos deux Commissions. Nous
évoquons aussi la création de nouveaux diocèses.
C’est vrai que trois diocèses pour toute la Guinée,
ce n’est pas beaucoup !
Ensuite, c’est une
séance de travail avec l’Archevêque
pour le point des activités des différents groupes.
Nous essayons de réorganiser l’O.C.P.H.
(Organisation Catholique pour la Promotion Humaine = le Secours
Catholique de Guinée). Nous préparons aussi la
prochaine retraite des prêtres, en
Juillet ; cette année est l’année du
Sacerdoce. Nous voyons également comment continuer le travail
du Projet Hydraulique du diocèse, car le
soutien des diocèses d’Italie s’est terminé
(action des chrétiens d’Italie pour le remboursement de
la dette) et nous n’avons pas trouvé d’autre
soutien. Heureusement, grâce à la qualité de son
travail, le projet est maintenant bien connu : ils vont pouvoir
trouver des clients sans problème. Le hic ,
c’est que le matériel est complètement usé.
Il faudrait acheter une foreuse et un compresseur. mais ces machines
coûtent une fortune qui dépasse nos possibilités !
Nous avons trouvé un technicien qui a réussi à
bricoler les machines, ce qui nous fait
espérer qu’elles dureront un peu. Ensuite, le Projet
pourra toujours continuer à creuser des puits et entretenir
les forages déjà existants (soufflage, etc…).
Reste
la question de la mise en place du Centre de formation
rural des catéchistes pour leur donner des moyens
de vivre et en faire des animateurs ruraux de leurs villages.
Après
cela, je me retrouve à l’internat, pour régler
différents problèmes. En particulier, inscrire un
prêtre guinéen à l’Institut catholique de
Paris pour une formation l’année prochaine.
Puis,
rencontre avec Gilbert, envoyé du C.C.F.D. Nous évoquons
d’abord l’ensemble du travail en Pastorale
sociale et Justice et Paix et
nous travaillons plus spécialement deux projets : les
activités de vacances d’une part, et, d’autre
part, le soutien à l’Association SOS Mineurs pour les
enfants de la rue. Nous revoyons les objectifs,
les actions menées et les stratégies et façons
de travailler. Cela nous demande beaucoup de temps, mais c’est
important.
Pour les activités de vacances, nous allons
pouvoir assurer la formation des éducateurs et mettre en
place une première expérience, grâce au soutien
de Michel, un ancien de Guinée.
Jeudi
21 mai : Fête
de l’Ascension. Elle n’est pas chômée en
Guinée.
Aujourd’hui, ce qui me préoccupe,
c’est toujours la question de l’Orphelinat dirigé
par Aminata, que nous n’arrivons pas à faire prendre en
charge. Et aussi cette jeune fille, victime de menaces de mort et
que des religieuses ont accepté d’accueillir et de
cacher. Cela demande beaucoup de rencontres et de démarches ;
mais j’ai quand même le temps de classer tous mes
papiers et de revoir les affaires en cours.
Pour le courrier, la
préparation des projets et la première rédaction
(en sténo) des différents courriers et comptes rendus,
je les fais chaque matin et chaque soir dans les taxis de la ville.
J’ai une heure à la suite où je suis
tranquille, malgré le bruit de la radio du taxi (mais j’ai
pris l’habitude de me concentrer) et les coups de téléphone
(ici le portable est roi et ne coûte pas cher… ce qui
explique sans doute aussi qu’il ne marche pas très
bien !). Nous sommes un peu serrés (4 sur la même
banquette), mais là encore j’ai l’habitude et je
prépare tout mon matériel à l’avance, car
quand on est coincé il n’est plus possible d’ouvrir
son sac pour en sortir un papier.
Mercredi
20 mai : Jour
ordinaire , avec son lot de rencontres :
une mère avec son enfant handicapé qui a grandi et à
qui il faut refaire un appareillage à sa taille ; les
éducateurs qui suivent les malades du SIDA : avec eux
nous préparons une rencontre de sensibilisation pour les
jeunes de notre atelier de soudure et ensuite
avec les volontaires un test de dépistage.
Puis ce sont
les rencontres habituelles avec les différents services :
la Procure, les Commissions, et en premier lieu
l’Archevêque.
Aujourd’hui, à l’atelier
Savoir Fer , nous accueillons notre
première fille, comme apprentie. Elle est, elle aussi, d’une
famille nécessiteuse, et orpheline. C’est une étape
importante et une ouverture significative pour nous. Première
chose à mettre au point : sa présence en tant que
fille ne sera pas, pour les garçons, l’occasion de se
rabattre sur elle pour le balayage !
Ensuite, avec les
formateurs, nous revoyons la possibilité de placer nos
anciens élèves. Aujourd’hui deux sont pris dans
un grand atelier d’électricité. Nous sommes très
heureux pour eux. Ils vont pouvoir gagner leur vie, et en même
temps se perfectionner.
Pendant ce temps, la tante de nos jeunes
nous attend. Nous tenons à développer au maximum les
contacts avec les familles, même si les jeunes sont souvent en
rupture, pour un travail d’éducation en commun. Il nous
reste à voir la situation de Mamadou, blessé après
une agression dans le quartier.
Rencontre avec Philippe,
responsable de Guinée Solidarité Provence. Ils ont
déjà lancé un centre pour handicapés.
Avec lui, nous voyons la possibilité d’ouvrir un centre
d’appareillage et aussi un laboratoire d’analyses, en
secteur rural, qui serait très utile ; ce qui suppose
une alimentation en électricité par panneaux solaires.
Nous évoquons aussi la possibilité de micro-crédits
et d’assurance maladies.
De nombreux prêtres du
diocèse de Kankan sont de passage à Conakry : la
plupart pour raisons de santé (opérations, soins
spéciaux, etc…). Je suis très heureux de les
rencontrer, bien sûr. Et également des moines
bénédictins sénégalais, montés à
la capitale. Ils ont fondé un monastère en Guinée.
Nous sommes heureux de nous retrouver et de parler en ouoloff.
Mardi 19 mai : C’est dur de se lever ce matin, mais de toutes façons je suis réveillé par plusieurs coups de téléphone. Les activités reprennent ! Cependant je me réserve le temps d’ouvrir ma boîte mail et de répondre aux messages les plus urgents (le reste, on verra demain) ! Et surtout d’enregistrer sur cassette audio les textes que j’ai rédigés en sténo pendant le voyage pour les deux prochains numéros de la revue du diocèse. Jean-Louis, notre procureur, rentre en France et expédiera la cassette à Jocelyne par la poste, pour qu’elle la saisisse et me renvoie les documents par mail. C’est ça la collaboration !
Lundi
18 mai : Retour
à Conakry.
Il se passe bien, en gros. Nous
n’avons pas d’argent pour acheter le carburant, aussi
nous allons à la gare routière chercher des clients,
qui nous payent le voyage à prix réduit, ce qui
arrange tout le monde. mais nous ne voulons pas faire du tort aux
transporteurs. Nous attendons donc que les taxis brousse réguliers
soient remplis et partis, et, avec l’accord du syndicat,
prenons les clients restés en rade. Nous emmenons trois
femmes venues du Liberia avec leurs enfants et qui sont complètement
perdues. Elles peuvent me parler en anglais et surtout je vais
pouvoir leur éviter toutes les tracasseries policières
et racket qu’elles auraient subies si elles avaient voyagé
en taxi-brousse ordinaire.
Le voyage est très long, plus
de 24 heures. On est en train de refaire la route, mais le travail
ne fait que commencer et va être bien ralenti, car la saison
des pluies est commencée. Nous dépassons quelques
camions embourbés ; nous arrivons à passer sans
trop de problèmes, à part quelques petits ennuis
ordinaires : amortisseurs (silent –
blocks à changer), crevaisons en pleine nuit. Je m’arrange
avec le chauffeur qui accepte de s’arrêter dans les
différentes paroisses que nous traversons (pour lui, ça
lui fait des pauses !). Je peux ainsi saluer des confrères
que je n’ai pas revus depuis mon départ de Mongo, il y
a 2 ans ½. Et rapidement, je les informe sur la prochaine
formation de Justice et Paix pour le
diocèse de Kankan. Dans un village, je rencontre d’ailleurs
l’évêque de Kankan, en tournée
pastorale.
Nous arrivons à Conakry en pleine nuit. Il n’y
a pas de taxi. Aussi mes passagers sont très heureux que nous
fassions les crochets nécessaires pour les amener jusque chez
eux.
Vendredi
15 mai : Session
Justice et Paix .
Dès
l’heure prévue, tous les participants sont là.
Nous allons travailler avec beaucoup d’intensité, de 8
à 22 heures. Les participants m’ont dit : Nous
sommes venus pour cela, il n’y a pas de problèmes .
Et ils acceptent de bon cœur les conditions difficiles de
travail.
Nous commençons par un temps de réflexion,
menée en commun avec participation de tous : Qu’est-ce
que la justice ? Qu’est-ce que la paix ? La
dimension traditionnelle de ces deux
termes : car nous voulons enraciner notre action dans la
culture et la religion traditionnelles, avec leurs valeurs. La
dimension chrétienne ? Le point de vue de
l’Islam.
Ensuite, nous prenons le temps d’analyser la
situation en petits groupes (carrefours) : quelles injustices
et manques de paix voyons-nous ? Comment le Christ a-t-il réagi
face à ces réalités ? Que nous dit la
Parole de Dieu sur cela (dans les différentes religions) ?
Que faire concrètement ? Quelles actions mener ?
Nous
utilisons la méthode de l’Action Catholique : Voir
– Réfléchir – Agir. La mise en commun est
l’occasion de débats intéressants et
approfondis.
Puis nous passons à l’aspect
pratique :
Comment mettre en place une Commission
paroissiale Justice et Paix . Comment
agir : avec qui ? selon quelle stratégie ?
quels moyens et méthodes utiliser ?
Nous abordons
ensuite un certain nombre de points importants :
Notre
engagement dans l’évolution actuelle du pays.
Le
travail dans les prisons.
La protection de
l’environnement.
L’impact des sociétés
minières sur l’environnement, le développement
du pays et la vie des populations.
La
formation d’observateurs indépendants pour les
prochaines élections.
La migration des jeunes vers
l’Europe. (Voir la rubrique Justice et
Paix ).
Le travail en pastorale sociale. (Voir la
rubrique de ce nom).
Pour terminer cette formation, chaque
paroisse (catholique ou protestante) présente son plan
d’action et les actions par lesquelles ils comptent
commencer.
Après la session, nous avons une dernière
séance de travail avec la commission diocésaine pour
évaluer la formation donnée et préparer le
travail des mois qui viennent.
En soirée, il me reste un
peu de temps pour rendre visite à des amis
connus l’année dernière. Nous sommes très
heureux de nous retrouver. Et nous terminons la soirée avec
deux prêtres guinéens qui ont fait des études,
comme moi, à Abidjan (une année de recyclage en
1975-76). Nous mangeons ensemble un bon plat d’attiéké
(un plat traditionnel ivoirien), à la main, comme il se doit,
dans la même assiette, c’est meilleur ! Ce qui ne
m’empêche pas de parler ouolof avec la serveuse qui a
travaillé au Sénégal. L’Afrique est
vraiment internationale !
Jeudi
14 mai : L’équipe
diocésaine de Justice et Paix
vient me rejoindre tôt le matin et nous mettons au point le
programme de la formation. C’est un peu
tard, mais les communications sont très compliquées
entre Conakry et Nzerekore : le téléphone passe
difficilement et coupe sans arrêt. Un seul cyber fonctionne,
quand il n’est pas en panne. Les participants ont pu être
prévenus par la radio rurale, car la poste ne fonctionne pas.
Nous avons prévu la nourriture bien sûr, mais nous
devons faire au plus juste car nos fonds sont très limités
et le coût de la vie a beaucoup augmenté.
Ensuite,
nous allons rencontrer les autorités pour les informer de la
formation et leur expliquer le but de la Commission. Nous
rencontrons successivement le préfet, le maire et la
présidente du tribunal, et encore beaucoup d’autres
personnes. Nous sommes guidés par le responsable de la
société civile, qui nous présente également
un certain nombre d’ONG et d’Associations que nous
invitons.
Mardi 13 mai : Voyage toute la journée. Nous coupons la route en nous arrêtant visiter l’un ou l’autre prêtre. Dans une des paroisses, l’une des jeunes filles de la chorale vient juste de mourir. Nous prions avec la famille avant de continuer notre route. Nous arrivons en pleine nuit. *
Mardi
12 mai : Nouveaux essais pour avoir
une place dans l’avion d’une société
minière : Rio Tinto. Même réponse :
pas de place ! Donc il va falloir descendre par la route, et
d’abord trouver une voiture ! Avant de partir, je
récupère les différents documents et comptes
rendus des deux rencontres des jeunes de Katacodi et Conakry (voir
Nouvelles d’Avril) et aussi du
pèlerinage de BOFFA ; je les travaillerai dans le taxi
brousse en allant à Nzerekore (j’aurai le temps, il y a
18 heures de route !).
Fin du projet SIDA.
Nous
nous retrouvons autour de l’Evêque avec 18 animateurs
qui suivent les personnes vivant avec le SIDA. Malheureusement, le
projet doit s’arrêter par manque de moyens mais aussi à
cause d’une mauvaise gestion de la part de l’équipe
responsable de l’OCPH. Cela me fait très mal car ces
animateurs étaient très bien formés, suivaient
et soutenaient très bien ces personnes et leurs familles. Ils
ne se contentaient pas de leur apporter de la nourriture adaptée
à leur condition physique et à assurer leur suivi au
point de vue santé et médicaments (fournis
gratuitement par l’hôpital), mais voyaient avec elles
tous les problèmes psychologiques, affectifs et moraux :
faut-il en parler à la famles et aussi des animateurs ayant
très bien travaillé qui vont en pâtir parce que
d’autres n’ont pas fait leur travail sérieusement.
Et que l’on n’a pas eu le courage de prendre les
décisions nécessaires à temps.
Après
cela, nous réfléchissons avec les membres de Justice
et Paix puis de la Pastorale sociale
comment assurer le suivi pendant mon absence. Nous préparons
aussi les prochaines rencontres des deux commissions
diocésaines.
Mardi soir : bien
que devant partir très tôt le lendemain matin, je ne
veux pas annuler ma rencontre avec l’équipe de
volontaires de la FIDESCO qui dirigent et animent le dispensaire St
Gabriel . Un très gros dispensaire
(plusieurs centaines de consultations par jour) reconnu dans toute
la ville de Conakry pour la qualité de l’accueil et des
soins, et le sérieux de la gestion qui permet d’offrir
des médicaments à très bas prix, sans
détournement ni corruption. Nous célébrons
l’Eucharistie ensemble, puis nous échangeons longuement
sur le travail au dispensaire et les autres questions de notre
engagement qui nous touchent.ille ? peut-on se remarier ?
doit-on avoir encore des enfants ?... Ils étaient
devenus de vrais amis et savaient très bien les encourager et
leur redonner la force de vivre. Et c’est à ces
personnes atteintes du SIDA que nous pensons d’abord. Nous
voyons comment elles pourront être prises en charge par une
autre association. mais toute cette affaire nous fait beaucoup
souffrir, car ce sont encore des pauvres, leurs familles et aussi
des animateurs ayant très bien travaillé qui vont en
pâtir parce que d’autres n’ont pas fait leur
travail sérieusement. Et que l’on n’a pas eu le
courage de prendre les décisions nécessaires à
temps.
Après cela, nous réfléchissons avec
les membres de Justice et Paix puis de la
Pastorale sociale comment assurer le suivi
pendant mon absence. Nous préparons aussi les prochaines
rencontres des deux commissions diocésaines.
Mardi
soir : bien que devant partir très tôt
le lendemain matin, je ne veux pas annuler ma rencontre avec
l’équipe de volontaires de la FIDESCO qui dirigent et
animent le dispensaire St Gabriel . Un très
gros dispensaire (plusieurs centaines de consultations par jour)
reconnu dans toute la ville de Conakry pour la qualité de
l’accueil et des soins, et le sérieux de la gestion qui
permet d’offrir des médicaments à très
bas prix, sans détournement ni corruption. Nous célébrons
l’Eucharistie ensemble, puis nous échangeons longuement
sur le travail au dispensaire et les autres questions de notre
engagement qui nous touchent.
Lundi
11 mai : Rencontre pour la
Pastorale de l’Enfant.
Une action qui vient du
Brésil pour le suivi des femmes enceintes, des jeunes et de
leurs bébés : pesage, soin… A partir de
cette action pour la santé, nous greffons une éducation
de la femme pour qu’elle connaisse ses droits et prenne
davantage de place, non seulement dans son foyer, mais aussi dans
son quartier. Ensemble, femmes et maris réfléchissent
à une meilleure éducation de leurs enfants. Les mères
se retrouvent chaque mois pour une fête la
célébration de la vie qui leur permet de
se connaître dans la joie et, à partir de là,
d’agir ensemble dans le quartier.
Je dois descendre à
Nzerekore, tout à fait au sud du pays, avec le nouvel évêque,
Monseigneur Raphaël GUILAVOGUI, pour une formation à
Justice et Paix . La distance est longue et
la route très mauvaise. Quatre fois, je vais au PAM (Projet
Alimentaire Mondial de l’ONU) pour partir par avion. mais à
la fin, on me dit qu’il n’y a plus de place ! A mon
retour, plusieurs personnes m’attendent avec chacune son
problème et ses souffrances.
Dimanche 10 mai : L’après-midi, avec XEC, un salésien catalan, et Emile, un béninois responsable de SOS-mineurs, une ONG qui travaille pour les enfants de la rue, nous préparons un programme pour activités de vacances dans les quartiers populaires de Conakry, en faveur des enfants nécessiteux et en difficultés.
Samedi 9 mai : Réunion du conseil épiscopal, autour de l’évêque de Conakry, pour tirer les conclusions de la rencontre des évêques de Guinée qui vient de se terminer, et voir la mise en pratique des décisions : nous nous attardons spécialement sur les actions à mener dans les paroisses et au travail en équipe entre prêtres.
Vendredi
8 mai : La matinée,
préparation du programme d’activités des deux
commissions pour le mois de mai.
Puis, rencontre pour l’accueil
et le soutien des mendiants chassés du centre ville et la
scolarisation de leurs enfants, avec Nadine, une Française
très engagée, veuve d’un Guinéen torturé
et tué du temps de Sékou Touré, fondatrice de
l’ONG Guinée Solidarité qui nous aide pour le
transport du matériel depuis la France.
Ensuite, travail
avec Roberto, un prêtre du Prado, aumônier des prisons.
Il s’agit de préparer une rencontre avec le Ministre de
la Justice au sujet de la situation des prisonniers en général
qui est vraiment déplorable. Et en particulier, celle des
mineurs. Nous voudrions relancer les ateliers de formation pour les
enfants prisonniers, mais pour cela, il nous faut récupérer
les bâtiments que nous avons construits et qui ont été
détournés de leur but initial.
Enfin, évaluation
de notre travail auprès des enfants de la rue.
Il me reste
un peu de temps pour ouvrir ma boîte mail au cyber (sans
café !) de l’Archevêché et commencer
à répondre au courrier, et imprimer quelques
documents. mais le débit est incroyablement faible et ça
n’avance pas vite, comme très souvent. La suite sera
pour demain !
Jeudi
7 mai : Après la rencontre
avec C.R.S., les activités se multiplient : travail sur
les projets avec l’O.C.P.H. nationale (Organisation catholique
pour la promotion humaine).
Jean-Paul revient d’une session
de Justice et Paix, au Cameroun, sur le problème des mines et
de la détérioration de l’environnement. Je
profite de son passage à Conakry pour finir de préparer
la session de formation que je vais assurer chez lui à
Nzerekore la semaine prochaine.
Puis, avec Suzanne, de la
Pastorale sociale, nous étudions comment soutenir un groupe
de femmes qui se sont mises ensemble pour gagner leur vie et faire
vivre leur famille en fabriquant du savon à partir de l’huile
de palme.
Enfin, ce sont les affaires courantes en retard à
régler à la procure et au secrétariat de
l’archevêché. Avant de rencontrer le
Nonce.
L’après-midi, nous nous retrouvons avec la
Commission de la Jeunesse pour tirer les conclusions des deux
rencontres de Katacodi (voir les Nouvelles
des 1er-4 Avril) et de Conakry (17-19
Avril).
Lundi
11 mai : La situation du
pays.
Les choses continuent à évoluer en
Guinée. Le C.N.D.D. (Comité National pour le
Développement et la Démocratie), composé des
militaires qui ont pris le pouvoir fin décembre, continue de
lutter efficacement contre la drogue et la corruption, et cherche à
remettre le pays en état de marche. Cela est
positif.
Beaucoup d’affaires passent en direct à la
télévision. Et l’on n’hésite pas à
y convoquer aussi bien les responsables étrangers des grosses
sociétés minières que les ministres actuels ou
anciens et à les accuser en public. Ce qui plaît
beaucoup à la population (on appelle cela le Dadis
show , Dadis étant le prénom du
président), et augmente la popularité du président
et du CNDD, mais cela tourne souvent à des attaques très
violentes, car le président est très coléreux.
De plus, même si les personnes sont fautives, il ne s’agit
pas d’un jugement équitable. Pour la population, les
personnes qui passent ainsi à la télévision
sont considérées comme coupables. Les droits des gens
ne sont pas respectés et, ensuite, on ne sait même pas
si elles peuvent bénéficier d’un vrai
jugement.
Même chez les militaires où nombreux sont
ceux impliqués dans des affaires de drogue ou de brigandage.
Et c’est sûr que le premier nettoyage et changement de
mentalité seraient à faire au sein de l’armée.
En tout cas, le président a été obligé
d’interrompre au dernier moment un voyage en Lybie. Suite à
cela, on a demandé à tous les corps d’armée
de jurer fidélité au président et au CNDD, sur
la Bible et le Coran, et de promettre d’arrêter toutes
les formes de pillage et de vagabondage. Cette manière de
faire peut étonner, mais il est vrai que la Guinée est
un pays de croyants, à majorité musulmane ; et
que cette façon de faire paraît normale.
Cela ne
suffit pas pour ramener la sécurité dans le pays. Il y
a encore beaucoup de vols avec attaques à main armée.
La dernière vient d’avoir lieu dans la nuit du samedi à
dimanche, au grand marché de Madina. De nombreux magasins ont
été pillés par des voleurs en tenue et armés.
Les militaires disent : Ce sont des civils
déguisés en militaires ! Impossible
de savoir. mais l’insécurité et les vols
existent bel et bien.
Plus grave, les caisses de l’Etat
sont vides, alors que le pays est dans un état de sous
développement très important. Les fonctionnaires ne
seront plus payés, et ce sont encore les plus pauvres qui
souffriront le plus. En effet, depuis la prise de pouvoir par les
militaires, l’Union Européenne, les Etats-Unis (Banque
mondiale, Fonds Monétaire International) ont arrêté
toute aide et soutien au pays, parce que, pour eux, il s’agit
d’un coup d’état. De notre côté,
nous pensons qu’il s’agit plutôt d’une
période de transition, pendant laquelle les militaires
essayent vraiment de nettoyer et de relancer le pays. mais, si on
leur coupe tous les fonds, le pays va tomber encore plus bas et
toute la population va se révolter. La situation sera encore
beaucoup plus grave. Bien sûr, les principes sur la démocratie
sont importants, mais il faut voir aussi les réalités
concrètes et les possibilités pratiques. Car le coup
d’état a été mené
sans aucun coup de feu ni blessé. Les objectifs poursuivis
sont tout à fait valables, même si l’on peut être
réticent sur la manière de faire, et la population est
d’accord et soutient ces efforts. A notre avis, cela vaudrait
donc la peine de soutenir le CNDD, tout en cherchant à
améliorer ses façons de faire, et c’est ce que
nous faisons depuis le début.
A ce niveau, de nombreux
contacts sont déjà pris. Les responsables du pays
viennent de rencontrer l’Union Européenne à
Bruxelles. Le groupe de contact conjoint de l’Union Africaine
et l’ONU viennent de revenir à Conakry pour la 3ème
fois, en particulier pour s’assurer que des élections
législatives et présidentielle auront bien lieu
respectivement en Octobre et en Novembre-Décembre 2009.
Le
1er mai, les quatre syndicats qui avaient
déjà mené les manifestations en Janvier-Février
2007 contre le régime de Lansana Conte, ont défilé
ensemble. Ils ont décidé de s’engager
dans un nouveau rôle qui ne consiste pas seulement dans la
revendication, mais aussi dans la réflexion et les
propositions d’idées concrètes menant à
des actions syndicales positives pour la promotion du dialogue
social et du travail décent . …….
pour atteindre les objectifs fixés, qui cadrent parfaitement
avec les précédents accords tripartites signés
entre les syndicalistes, le gouvernement et le patronat guinéen.
Ces accords concernent le retour à l’ordre républicain
par la tenue de bonnes élections, la restauration de
l’autorité de l’Etat, la lutte contre la
corruption, le narcotrafic et le grand banditisme, la promotion
d’une justice indépendante et équitable, le
plein emploi, le rétablissement des équilibres macro
économiques, la mobilisation des fonds pour la construction
des infrastructures, la fourniture des services sociaux de
base .
Les 12 points du cahier
de charge de revendication. Dans ce cahier de charge, les
syndicalistes ont adressé un cahier de charge au gouvernement
guinéen, dans lequel ils ont demandé la résolution
urgente des multiples problèmes auxquels sont confrontés
les travailleurs, toutes sensibilités confondues, pour une
meilleure amélioration de leurs conditions de vie et de
travail.
Ce sont d’abord : le respect et l’application
des accords tripartites issus des négociations de 2006 et
2007, la poursuite de la révision des conventions minières,
halieutiques et forestières, la relance de la commission
d’enquête sur les tueries de 2006 et 2007, qui statuera
sur le jugement des auteurs des crimes odieux et l’assistance
des familles des victimes.
Ensuite, la sécurisation des
populations de Conakry et du pays profond, et de nos frontières,
la poursuite de l’assainissement du fichier de la fonction
publique, la protection sociale des travailleurs, le relèvement
de leur salaire ainsi que ceux des retraités, la réduction
des RTS et le renforcement de la sécurisation de nos
frontières contre les sorties frauduleuses de nos
produits.
Enfin, les syndicalistes ont également demandé
l’arrêt des tracasseries policières sur les
routes, le relèvement et la régularisation de la
situation salariale et l’immatriculation à la Caisse
Nationale de la Sécurité Sociale des travailleurs
contractuels. (…..).
L’Etat a annoncé que le
gouvernement s’engagera à assurer un examen judicieux
du cahier de charge en vue de trouver les solutions aux différents
problèmes posés, notamment la promotion de l’emploi
jeunes, la revalorisation des niveaux de salaire, en privilégiant
les retraités .
Une autre chose très
importante est la mise en place d’un Comité
National de Transition chargé de préparer
les futures élections, mais surtout de préparer une
nouvelle Constitution pour éviter de retomber dans les mêmes
problèmes que par le passé avec les deux présidents
précédents. Déjà, le mois dernier, les
syndicats et les partis politiques ont été autorisés
à reprendre leurs activités. Tout cela est très
positif. Reste à voir la réalisation pratique. En
effet, ce Comité de transition est uniquement consultatif et
l’on ne sait pas dans quelle mesure le CNDD (les militaires)
est prêt à l’écouter. De même, le
président actuel, Moussa Dadis CAMARA a souvent les nerfs à
fleur de peau. Il est sur la défensive et a beaucoup de mal à
accepter les critiques et même parfois les propositions des
partis politiques, préférant s’appuyer sur la
société civile et les jeunes. Il est vrai que ces
partis n’ont fait preuve ni de courage ni même
d’initiatives sous le régime précédent,
mais il y a là un danger de démagogie et de pouvoir
personnel. Par ailleurs, la population supporte de plus en plus les
exactions de certains militaires et cela porte préjudice au
pouvoir actuel. mais surtout les gens deviennent de plus en plus
pauvres, car on a fait plus pour lutter contre la corruption que
pour mettre les gens au travail et surtout leur donner les moyens de
travailler. C’est cela notre souci. C’est sûr
qu’il faut revoir les contrats des sociétés
minières, car ils sont établis vraiment au détriment
du pays, par exemple. mais notre souffrance c’est de voir les
gens devenir de plus en plus malheureux, sans que l’on puisse
faire quoi que ce soit.
Jeudi
7 mai : Après
toute cette absence, de nombreux documents m’attendaient ;
je les travaillerai au fur et à mesure, la nuit. Il me faut
parer au plus pressé.
La 1ère
chose, nous nous retrouvons au C.R.S. (Secours Catholique Américain)
pour faire le point de nos différentes activités en
cours : lutte contre le paludisme, travail avec les enfants de
la rue, activités de vacances dans les quartiers, formation
d’observateurs pour les élections, projets de
développement dans le nord du pays, écoles de brousse,
etc… Les activités ne manquent pas et les projets
encore moins !
Semaine
du 26 avril au 6 mai : Séjour
à Dakar
Problèmes d’avion.
A la fin de
notre rencontre, nous apprenons que la Compagnie Air Sénégal
International a fait faillite. Elle était soutenue par Royal
Air Maroc, mais les deux Compagnies ne se sont pas entendues. Or,
j’ai un billet d’Air Sénégal pour mon
retour à Conakry, prévu pour le lundi 27. Avant même
la fin de notre rencontre, le dimanche 26 je pars à 4 heures
du matin… au cas où il y aurait un désistement
sur le vol d’Air Mali, mais nous sommes plus de 20 à
attendre et il n’y a qu’une place libre en classe
affaires, avec un fort supplément à payer. Je laisse
la place à mon confrère camerounais, Armand, car il
doit assurer une conférence et l’animation de la 1ère
journée du pèlerinage diocésain de Boffa.
Normalement, en tant que curé, je devrais y être et
faire l’ouverture. Ils se passeront de moi !
Et je
m’empresse d’aller prendre un nouveau billet. La 1ère
place que je peux trouver, c’est pour le mercredi 6 mai !
Je la réserve immédiatement. Bien sûr, tout cela
ne m’arrange pas du tout. mais ça ne sert à rien
de s’énerver, il vaut mieux prendre les choses du bon
côté. Air Sénégal a promis de nous faire
rentrer par les autres Compagnies. J’en parle à un ami
sénégalais (il a plus de chances que moi d’obtenir
une place !). Il va chaque jour à l’agence, et à
chaque fois on lui dit : revenez demain .
Ce sera demain jusqu’au 6 mai !
En
fait, Air Sénégal a bien loué un avion mais
c’est pour ramener en France les touristes venus au Sénégal,
et autres hommes et femmes d’affaires. Il faut préserver
les bonnes relations qui sont rentables ; et ce n’est pas
le cas des voyageurs qui vont à Conakry : ils peuvent
attendre !
Je ne crois même pas que notre billet sera
remboursé.
Préparation du Synode.
Heureusement,
comme toujours j’ai amené des dossiers avec moi et de
la lecture. Je travaille les réactions des Commissions de
Justice et Paix de Guinée au document de travail du prochain
synode pour l’Afrique : réconciliation, justice et
paix. (Mettre un lien avec la rubrique Justice
et Paix , Synode – de mon site). J’ai
profité de la présence à notre rencontre de
Winfried, mon successeur à Mongo, responsable de la
Commission Justice et Paix du diocèse
de Kankan, pour finaliser le document. Je l’envoie à
saisir à Jocelyne qui saisit toutes ces nouvelles (merci à
elle !), et aussi à Jean-Jacques qui en fait la
diffusion. Dès la réception du document sur mon
ordinateur, je le transmets rapidement à Accra, au
secrétariat panafricain de Justice et Paix qui préparera
une synthèse générale pour toute
l’Afrique.
Compte-rendu.
Ensuite, je prépare
le compte-rendu narratif et financier pour les six derniers mois des
activités des deux Commissions : Justice
et Paix et Pastorale sociale pour
C.R.S. qui nous donne un coup de main pour nos activités.
C’est un gros travail à faire tranquillement et d’un
seul coup, à la suite. Aussi, finalement je suis heureux de
ce temps libre qui me permet de le faire. Heureusement que j’ai
amené les documents avec moi.. Et je peux
également mettre à jour mon courrier qui restait en
souffrance !
Visites.
J’apprécie ce
temps pour faire un certain nombre de visites :
Chez mes
camarades de classe des années 50 à Dakar, qui
me donnent des nouvelles de tous les anciens et me montrent les
photos de l’époque qu’ils ont conservées
avec soin. Nous les regardons avec beaucoup d’émotion.
Je
vais aussi chez Gisèle. Nous avons travaillé plus de
10 ans (dans les années 80-90) quand j’étais à
St Louis, à l’éducation aux droits humains, à
la réalisation de jeux pédagogiques sur les droits de
l’homme et de l’enfant, et à la formation de
formateurs, à partir d’Amnesty International. Je reçois
quelques appels téléphoniques d’anciens
collaborateurs, toujours actifs. Et nous allons présenter nos
condoléances à une des formatrices de l’équipe
qui vient de perdre sa mère âgée. Malgré
ces tristes circonstances, nous sommes très heureux de nous
revoir et prenons le temps de parler ensemble.
Le samedi soir, le
moment où ils sont un peu plus libres, je vais passer la
soirée chez Félicien et Bénédicta, deux
amis togolais, tous deux médecins. Avec eux, nous avons
travaillé pendant 16 ans à l’éducation
familiale : éducation sexuelle des jeunes, préparation
au mariage, formation des couples, régulation des naissances,
etc… Ils me disent où en sont ces actions qui se
continuent jusqu’à maintenant. Un certain nombre des
premiers éducateurs, grâce à la formation reçue,
ont pris des responsabilités au niveau du pays. L’une
d’entre eux vient d’être nommée Ministre
d’Etat… de la famille, la femme et l’enfant, bien
sûr !
Je voudrais bien monter à St Louis revoir
les amis avec qui j’ai travaillé de 1980 à 1996,
avant de partir dans les camps de réfugiés de Mongo en
Guinée, mais j’y renonce, car chaque jour on me promet
une place pour Conakry et je ne voudrais pas la manquer, pour
rejoindre le pèlerinage de Boffa qui est un moment très
important de prière mais aussi de rencontres, de partage et
de formation pour le diocèse et même tout le pays.
Je
vais aussi rencontrer les jeunes en formation au philisophat (1er
cycle) et au théologat (2ème cycle) ;
parmi eux, il y a des jeunes Guinéens de Mongo et Kataco que
je connais bien. Là encore, nous sommes très heureux
de nous retrouver.
Repos…
Finalement, comme je
ne pars toujours pas, je prends plusieurs jours de repos, qui me
font beaucoup de bien. Plusieurs confrères sont encore à
notre maison régionale pour des soins, des courses ou autres
activités. Nous prenons le temps de parler ensemble de nos
différentes activités. C’est très
agréable, cela nous permet de mieux nous connaître et
nous donne force et courage pour l’avenir.
Mercredi
6 mai, départ sans problème pour Conakry.
Enfin ! Je voyage en compagnie de responsables des Frères
du Sacré-Cœur, venus visiter les communautés et
leurs collèges en Guinée.
Mardi
14 avril : L’Evêque
a été appelé d’urgence au MALI pour la
commission d’Afrique de l’Ouest des relations avec les
musulmans et le regroupement des deux Conférences des Evêques
d’Afrique de l’Ouest (francophone et anglophone). L’un
ion se fait. C’est une très bonne chose, mais c’est
du boulot ! Le vicaire général qui devait
remplacer l’Archevêque me téléphone à
2 heures du matin qu’il est malade et ne peut pas venir. Je
vais donc présider la célébration. Avec Igbé,
le vicaire, nous préparons une cérémonie en
langue baga. Nous y mettons beaucoup de soins car nous voulons que
cette célébration marque vraiment une étape et
un progrès pour la paroisse. Et qu’elle soit l’occasion
d’une vraie réconciliation et d’un nouveau
départ.
Nous commençons par une longue demande de
pardon où chacun vient se laver les mains devant l’autel,
pour montrer qu’on veut laisser le passé. Puis un temps
de réconciliation à l’intérieur des deux
familles des jeunes responsables de l’assassinat, avec les
autres familles, entre les différents quartiers de Kataco,
avec les autres communautés de la paroisse. Comme Evangile,
je repars de l’Evangile du semeur : le Frère
Joseph a été semé dans notre terre :
qu’allons-nous faire de cette semence ? Comment
allons-nous continuer ce qu’il a fait ? Quelle terre
allons-nous être ? Pour porter quels fruits ? –
A la fin de l’Eucharistie, nous reprenons les différents
engagements pris au moment de l’ouverture de l’église.
Puis nous terminons notre célébration par une prière
autour de la tombe du Frère Joseph, où un ancien
s’adresse à tous pour affirmer la volonté de
changement et de réconciliation.
Lundi 13 avril : Malgré les fatigues de la veille, il nous faut partir tôt pour Kataco, pour préparer la veillée mortuaire du Frère Joseph DOUET (1er anniversaire de sa mort). Nous en profitons pour tenir une réunion avec les Frères regroupés à cette occasion, au sujet de leurs activités : école primaire, collège, internat, et tout le travail d’éducation qui tourne autour.
Dimanche
de Pâques, dans une autre paroisse : Ste
Odile.
Ce matin, en plus du baptême des
bébés,, il y a les mariages des nouveaux baptisés
de la veille, où, là encore, nous partons des rites du
mariage traditionnel : offrande de la noix de cola (signe
d’engagement), du vin de palme, bénédiction des
objets de travail, etc.. Cette fois-ci, ce sont bien sûr les
témoins et les parents des mariés qui sont intervenus,
avec les conseils et les bénédictions traditionnels.
Au moment de partir, on me donne une partie des offrandes de la
messe : ce ne sont pas des fleurs, mais des choses plus
utilitaires et plus utiles : 1 litre d’huile, 3 boîtes
de lait, du savon et des fruits. Cela nous permettra d’améliorer
notre repas pascal de ce soir !
Samedi Saint : Très belle cérémonie de la veillée pascale, avec chants, danses, lectures partagées et commentées par l’assemblée. Baptême de 90 enfants, jeunes et adultes, où les catéchistes, parents, parrains et marraines, responsables de communautés sont intervenus, chacun selon ses responsabilités. Nous avons repris les rites de l’initiation traditionnelle, comme je le faisais déjà à Mongo. Et un certain nombre de symboles expliqués selon les valeurs culturelles et la vie de tous les jours : la noix de cola, les palmes, le fagot symbole d’unité, mais aussi l’eau, la lumière et le feu, les pierres, etc… La sortie des nouveaux baptisés, en blanc (après qu’ils aient changé d’habits), en dansant devant toute la communauté qui chantait et tapait dans les mains, a été spécialement émouvante. Nous avons terminé tard dans la nuit, mais cela ne nous a pas empêché de partager le repas de la fête avant de nous séparer.
Vendredi Saint : A la fin de la cérémonie, nous avons fait une veillée mortuaire pour Jésus, notre grand frère qui vient de mourir, comme on le fait au village : la Croix enveloppée dans un beau pagne, sur une natte, entourée de bougies, avec les chants mortuaires traditionnels.
Jeudi
Saint, 9 avril : Comme
ce sont les vacances, l’internat est fermé. Bulus,
notre stagiaire, peut se reposer un peu, car en période
scolaire il est pris 24 heures sur 24 ! Pour se changer les
idées, il est venu à Conakry. Il m’accompagne
toute la journée pour découvrir les différentes
activités de nos deux commissions. Sa présence
m’intéresse aussi, car nous pouvons parler ensemble de
nos différentes activités et c’est toujours
enrichissant d’avoir l’avis de quelqu’un d’autre.
Surtout quand il est impliqué et intéressé.
Aujourd’hui,
comme habituellement, de nombreuses personnes se présentent :
une mère qui n’a pas les moyens de changer l’appareil
de son enfant handicapé et qui a grandi, des mendiants
chassés par la police, des enfants de la rue, des malades du
SIDA. Et, en même temps, il faut préparer le livret des
marcheurs du prochain pèlerinage et le message des évêques
à la nation, (Aspirations au changement. Effort de tous et de
chacun) que je vous enverrai dès qu’il sera publié.
Sur
mon mail, je reçois un questionnaire pour préparer le
prochain synode et une demande pour préparer une coordination
des Commissions Justice et Paix de
l’Afrique de l’Ouest. Il faudra trouver un moment pour
réfléchir calmement à tout cela, et rédiger
quelque chose qui se tient.
Jeudi soir : A Kataco, comme l’église centrale vient d’être réouverte, toutes les communautés vont se regrouper à Kataco-Centre.
Mardi
7 avril :
Comme
chaque année, nous nous retrouvons toute la journée
autour de notre Evêque pour faire le point de notre travail,
depuis la session d’Octobre. La rencontre se
terminera par la messe chrismale avec l’ensemble des
chrétiens. Le détail au prochain courrier.
En
attendant, bonnes fêtes de Pâques et toute mon amitié
et ma reconnaissance pour les soutiens de toutes sortes que vous
nous apportez.
Lundi 6 avril : Reprise du travail à Conakry. J’aurais bien voulu me reposer un peu, mais comme j’ai été beaucoup absent de la capitale, il y a des tas de choses à faire.
Mercredi
1er
avril : Réouverture
de l’église de Kataco
Tôt le
matin, avec l’Archevêque, nous quittons Conakry. A notre
arrivée à Kataco, nous écoutons le compte-rendu
des responsables, sur les trois jours de préparation. Puis
nous commençons l’Eucharistie qui se déroule
dans la joie bien sûr. Dans son homélie, l’Evêque
insiste sur la vérité et l’humilité
nécessaires pour construire des communautés vivantes.
Et il donne ensuite un certain nombre d’orientations
pratiques pour la vie des communautés de base.
Le
Forum des jeunes
A 15 heures, nous partons en
marche pèlerinage vers Katacodi, à 10 km, pour une
grande rencontre des jeunes de toute la région du BAGATAYE.
Elle n’avait pas pu avoir lieu fin décembre à
cause de la prise du pouvoir par les militaires. Le thème en
est : Jeunesse missionnaire, avenir de l’Eglise
et du Pays . En Septembre 2008, l’Evêque
avait envoyé un message aux jeunes, suite à
l’assassinat du Frère Joseph par deux jeunes drogués,
venus le voler, sans doute poussés par des anciens
qui se voyaient perdre leur pouvoir traditionnel, du fait de notre
travail de développement
Ce message de l’Evêque
appelait les jeunes à se reprendre en mains et à
réagir contre le vol, la drogue et les pratiques
fétichistes traditionnelles. Il les
encourageait à s’engager plus activement dans les
mouvements d’action catholique et les actions de
développement. Le message les appelait à animer les
communautés de base de quartiers et de villages et à
travailler pour la justice, la paix et la réconciliation.
Enfin, l’Evêque invitait les jeunes à s’impliquer
davantage dans la société et la vie du pays.
Depuis
Octobre, les jeunes ont travaillé ce message. La rencontre a
ainsi commencé par l’écoute des rapports des
cinq paroisses du pays baga (notre doyenné, qui s’étend
sur plus de 200 km, chaque paroisse regroupant de nombreuses
communautés, lieux de culte). Ces rapports ont été
sérieusement analysés pour dégager les
problèmes essentiels des jeunes et chercher des solutions,
pendant trois jours de travail intense. L’analyse de la vie
des jeunes nous a permis d’accueillir leurs questions et
propositions sur les parents et la vie de famille, les médias,
les conseils paroissiaux, les prêtres, les catéchistes,
la pauvreté, le chômage et le sous-développement,
etc…
Les homélies ont été aussi un
temps fort de réflexion : l’une, sur la vie et
l’action du Christ, en particulier pour relever et
responsabiliser les gens ; son engagement en faveur des pauvres
et des petits et pour défendre les droits des enfants, des
femmes, des rejetés, des étrangers, des exploités,
etc… (les païens et les pécheurs ).
La seconde, sur les béatitudes. La 3ème
sur l’Espérance, basée sur la mort et la
résurrection du Christ.
Tout cela a abouti à un
plan d’action, dont nous évaluerons la mise en pratique
périodiquement. En tout cas, voilà tracée une
ligne de travail précise pour les mois qui viennent, ce qui
est une grande chance.
La rencontre avait lieu dans un Collège
conçu et construit par le Frère Joseph lui-même,
à environ 10 km de la ville de Kamsar. Le samedi, nous avons
rejoint la ville au cours d’une marche pénitentielle.
Le soir, nous avons eu une veillée de prière qui s’est
prolongée jusqu’à minuit.
Le lendemain, Fête
des Rameaux : procession à travers la ville où
les musulmans nous ont encouragés et regardé passer
avec beaucoup de respect. La célébration a été
marquée par une demande de pardon à partir de la vie
des jeunes, une offrande de leurs travaux à l’offertoire,
une lecture du plan d’action et une cérémonie
d’engagement au cours de laquelle on a remis aux responsables
du sel et un cierge allumé : Vous êtes
le sel de la terre. Vous êtes la lumière du
monde .
Tous sont sortis en dansant et en agitant les
palmes des rameaux.
Après un repas frugal (de l’eau
seulement comme boisson, du riz, nourriture de base de chaque jour)
mais plein de joie, nous avons repris la route de Conakry…. 5
heures de route !
Mardi 31 Mars : La Commission de Pastorale sociale se réunit pour examiner les cas qui nous ont été présentés : une femme seule et sans travail, avec 5 enfants ; l’orphelinat que nous suivons depuis le mois dernier ; une école primaire qui accueille essentiellement des orphelins, du SIDA en particulier, et beaucoup d’autres cas encore. Cela nous amène à revoir le fonctionnement de nos commissions paroissiales.
Lundi 30 Mars : Longue séance de travail sur nos différents projets de développement. L’après-midi, nous devions enregistrer deux nouvelles émissions de télévision (une, sur Justice et Paix , une sur l’Evangélisation et le Royaume de Dieu) mais la caméra, tombée en panne jeudi dernier, n’est toujours pas réparée. On ne sait d’ailleurs pas quand elle le sera et il n’y en a qu’une à la Télévision nationale pour les émissions religieuses !
Vendredi
27 – Dimanche 29 Mars :
La situation à Kataco.
La
route, goudronnée, est pleine de trous. C’est pire
qu’une piste ! Nous n’arrivons qu’à 17
h 30 (partis à 13 heures). Après le Chemin de Croix,
nous nous retrouvons avec la communauté de Kataco-centre et
les représentants des neuf communautés de village,
pour lancer la réflexion. Nous sommes venus évaluer la
situation à la suite de la fermeture de l’église
de Kataco-centre, après l’assassinat du Frère
Joseph. Il ne s’agissait pas d’une punition collective,
mais d’une décision longuement mûrie et prise en
concertation avec tous, (en vue de marquer la gravité de cet
assassinat, point d’aboutissement d’une longue série
de menaces et d’actions négatives de blocage de notre
action missionnaire) en vue de créer une réflexion
approfondie, un changement de comportement et un réveil de
la communauté. Il fallait donc évaluer la vie de cette
communauté, tout au long de cette année.
Cette
évaluation est très délicate. Nous la préparons
sérieusement la nuit. Le matin, nous nous retrouvons avec
toute la population. Le Sous-Préfet, la Président du
district et les autres autorités locales (chefs de village et
de quartier, etc..) viennent nous assurer de leur soutien. Le
responsable local de la ligue islamique et les imans de toute la
région nous saluent et nous assurent de leurs prières.
Puis nous commençons la réflexion. Pour nous, il
s’agit de voir ce qui a été vécu tout au
long de l’année passée, pour évaluer la
volonté de changement de la communauté chrétienne
et de toute la population. Mais c’est très difficile,
les différents intervenants préférant
s’orienter vers des demandes de pardon, avec beaucoup de
pleurs et de lamentations, et de promesses renouvelées pour
l’avenir. Ou, simplement, à demander la réouverture
de l’église. Peu à peu, nous arrivons cependant
à cerner la réalité au bout de plusieurs heures
d’écoute et de partage. Bien sûr, les choses sont
mélangées :
la communauté de
Kataco-centre a continué à prier chaque dimanche (dans
la salle du Centre Culturel), mais n’a pas accepté
d’aller participer à l’eucharistie dans les
villages voisins) ;
on ne vend plus et ne fume plus de
drogue (chanvre indien) dans le village ; mais les jeunes ont
toujours de la peine à se réunir et à
s’engager. Ils ne veulent pas travailler, mais préfèrent
le football. Ils attendent de l’aide et des cadeaux, plutôt
que s’engager et d’agir par eux-mêmes… Bien
sûr, certains jeunes sont vraiment engagés, cependant
ils ont de la peine à entraîner les autres.
Au
niveau des adultes, les femmes sont beaucoup plus investies que les
hommes. Et les communautés ont de la peine à se
réunir, et surtout à dépasser le stade de la
prière, pour s’engager dans les quartiers et
transformer la société.
Mais il vaut mieux voir ce
qui va bien, plutôt que ce qui va mal, et le soutenir. Et une
mesure, aussi éducative se veut-elle, ne peut pas durer
éternellement. L’Evêque, après avoir
longuement écouté les différents groupes
(hommes, femmes, jeunes, responsables des communautés
chrétiennes, responsables administratifs et musulmans) et
largement pris conseil, a décidé d’ouvrir à
nouveau l’église de Kataco-centre. Les différents
groupes ont pris d’abord un certain nombre d’engagements
et l’ouverture de l’église ne se fera que
mercredi prochain, après trois jours de démarche
pénitentielle et de préparation spirituelle. Demain,
nous irons donc dans la communauté voisine de Maré
pour célébrer l’eucharistie.
Cette réflexion
a duré très longtemps. Il a fallu que les positions
évoluent peu à peu et que la réconciliation et
le partage puissent se faire. Si bien que nous n’avons mangé
qu’à 1 heure… du matin ! Il faut dire
qu’entre deux rencontres, nous avons intercalé une
réunion de mise au point de la grande rencontre des jeunes de
mercredi, avec les animateurs et le comité d’organisation.
Le
dimanche, à Maré, la joie était grande et la
célébration intense, pleine de joie et très
belle. Avec regret il a fallu se quitter plus tôt que nous
l’aurions voulu pour dépasser les plus mauvais tronçons
de la route avant la nuit.
Vendredi
27 Mars : Préparation
du pèlerinage diocésain.
C’est un
grand événement, avec plusieurs milliers de personnes,
qu’il nous faut donc préparer sérieusement,
d’abord au niveau matériel. Cela demande beaucoup de
temps et ce n’est pas tellement mon truc ,
mais il faut bien le faire ! Mais c’est aussi l’occasion
de se retrouver, de travailler ensemble, et de faire avancer
beaucoup de choses. Les chrétiens de Boffa acceptent de
travailler bénévolement, car nos moyens sont très
limités. Ils vont débrousser le sanctuaire, avec
l’aide des élèves et tous les habitants de la
ville, musulmans comme chrétiens, car c’est toute la
ville qui se mobilise à cette occasion. Et c’est un
très gros travail. Nous avons besoin de la participation de
tous. Ils vont aussi préparer des latrines et un nouveau
parcours pour la procession mariale (à défricher),
tout cela gratuitement, comme participation volontaire de la
paroisse, soutenue par tout les citoyens de la ville, pourtant en
grande majorité musulmans.
Là encore, il a fallu
régler certains problèmes et désamorcer
certaines tensions, en particulier entre les responsables de Boffa
et le Comité d’organisation venu de Conakry. La lutte
pour le pouvoir existe partout et à tous les niveaux !
Nous avons réglé les problèmes et nous avons
décidé de nous retrouver après le pèlerinage
pour une journée de prière, en vue d’une
réconciliation en profondeur.
Sans plus attendre, nous
partons pour Kataco.
Jeudi
26 Mars : Kataco.
Le
Conseil épiscopal se réunit pour voir ce que l’on
va faire par rapport à Kataco. En effet, l’église
a été fermée pour une année, pour
pousser la communauté à se reprendre et à
repartir sur des nouvelles bases. Il s’agit : d’évaluer
la vie de cette communauté et les efforts faits ; de
voir comment réconcilier les différentes personnes
concernées ; de prévoir un temps fort de pardon
et de pénitence, pour ensuite ouvrir l’église
afin de pouvoir y célébrer les fêtes de Pâques.
Puis, ensuite, la première messe anniversaire de l’assassinat
du Frère Joseph, d’autant plus que sa famille va venir
au pays prier sur sa tombe et participer à notre grand
pèlerinage diocésain de Boffa.
Tout cela est très
délicat et nous voulons arriver à une vraie guérison
des cœurs, profonde et durable, pour repartir dans la paix et
l’espérance. Nous faisons donc des propositions pour
toutes ces cérémonies et activités.
Dans un
deuxième temps, nous réfléchissons au travail
avec les enfants de la rue, le suivi dans les quartiers et
l’animation des foyers, car il y a des tensions entre
éducateurs et responsables, en ce moment.
Mercredi
25 Mars : Atelier
Savoir Fer
Rencontre de l’équipe
d’animation de l’atelier de soudure des enfants de la
rue. Les choses avancent très bien. Les apprentis sont bien
formés et bien suivis par les formateurs, si bien que leur
travail est apprécié. C’est une très
bonne chose en soi, cependant le danger c’est qu’ils
soient trop pris par la production au détriment du temps
nécessaire à la formation professionnelle, qui est
notre priorité et essentielle pour l’avenir de ces
jeunes.
Mardi 24 Mars : Travail personnel et lecture, courrier.
Lundi 23 Mars : Reprise des activités – Internet.
Dimanche 22 Mars : Je vais donc à Sangoya, dans une grosse paroisse de Conakry qui n’a pas de prêtre cette année. Il faut dire qu’il y a plus de 25 paroisses pour toute la ville et les prêtres ne sont pas encore assez nombreux, malgré un nombre important de vocations.
Samedi 21 Mars : La rencontre a été annulée au dernier moment. C’est dommage, d’autant plus que j’avais prévu un travail avec la paroisse, un arrêt dans un Centre de handicapés tenu par deux jeunes coopérants français envoyés par l’ONG Guinée-Solidarité qui assure des transports de containeurs pour nous, et une rencontre avec la Commission Justice et Paix de Mamou. Mais de telles choses arrivent souvent. C’est toujours difficile d’organiser de telles activités.
Vendredi 20 Mars : Départ pour Dalaba, au Centre du pays, dans le Fouta Djallon, pour une réflexion avec les étudiants sur les Droits de l’Homme.
Jeudi
19 Mars : Fête
de St Joseph ouvrier. Il a du travail à faire pour soutenir
les travailleurs de Guinée, surtout ceux du secteur informel,
des petits métiers et de tous ceux qui se débrouillent
pour survivre. Sans parler des chômeurs ! Et pour
protéger les syndicats de Guinée engagés dans
la reconstruction du pays.
Aujourd’hui, je travaille avec
mes deux commissions pour trois choses importantes : 1)
Réorganiser l’OCPH (Caritas, le Secours Catholique de
Guinée). 2) Préparer notre rencontre avec le Ministre
de la décentralisation. 3) Préparer deux émissions
de télévision, à partir du travail de chacune
des deux commissions de Justice et Paix et
de Pastorale sociale .
Mercredi 18 Mars : Je termine mes cours sur Justice et Paix. Mais pas moyen de rentrer. La ville est bloquée par l’enterrement du Ministre de la décentralisation, un homme très actif, sérieux et compétent, décédé brusquement. Cela a créé un grand choc.
Dimanche 1er
mars : Réunion mensuelle de
Justice et Paix à la
paroisse de Dabompa.
C’est la première fois que nous
allons dans cette paroisse et nous sommes très bien
accueillis. Comme d’habitude, nous cherchons à mieux
organiser la commission paroissiale. Puis nous faisons le tour des
activités avec les délégués de chacune
des autres paroisses. Enfin, nous préparons les activités
du mois à venir.
Samedi 28 février : Emission
à la télévision.
Pendant le Carême,
nous avons une demi-heure d’émission religieuse chaque
jour à la télévision nationale. Les musulmans
en ont autant pendant le Ramadan. On m’a
confié deux émissions. Je les prépare ce matin.
Je veux qu’elles soient animées. J’ai donc invité
des jeunes de la chorale de la paroisse de Lambanyi pour qu’ils
interviennent. Nos moyens sont limités, mais je me débrouille
pour trouver des images et photos, et je prépare des papiers
avec les renseignements nécessaires écrits au
feutre.
Vendredi 27 février : Deux
cas dramatiques.
Chaque jour, quand je monte à mon
bureau, des gens se présentent dans des situations plus ou
moins dramatiques. Mais ce matin, deux cas très sérieux
que nous examinons ensemble avec l’équipe de pastorale
sociale :
D’abord le cas d’une femme bulgare qui
s’était mariée pendant ses études
d’architecture avec un étudiant guinéen, en
Bulgarie. Ils sont venus vivre en Guinée. Mais il est parti
au Mali avec leur fille, rejoindre une autre femme. La femme bulgare
se retrouve à la rue et sans rien. Elle a fait une crise de
nerfs terrible. On l’a conduite inconsciente dans une clinique
où elle a été soignée, mais comme elle
n’avait rien pour payer, on lui a pris son passeport.
Elle
vient nous voir, complètement découragée et
n’ayant plus rien. Mais nous n’avons pas de centre
d’accueil et il est très difficile de trouver une
famille pour l’accueillir car toutes les familles sont
surchargées à Conakry et les maisons surpeuplées.
Le
2ème cas est tout aussi sérieux.
Une femme a commencé à recueillir des enfants
abandonnés, parfois dès la naissance, dans son
quartier. Au fil du temps, le Ministère des affaires sociales
lui à même confié certains enfants. Cette dame
était soutenue par une ONG allemande. Mais, du jour au
lendemain et sans aucun préavis, cette ONG a envoyé un
mail disant que l’aide était immédiatement et
totalement suspendue. Les enfants se sont retrouvés sans
rien.
Ils sont venus nous voir. Nous nous débattons de
tous les côtés pour leur trouver quelque chose. En même
temps, nous contactons journaux et radios libres pour faire
connaître leur problème. Pour lundi, nous prévoyons
une marche vers le Ministère des affaires sociales pour
qu’ils fassent quelque chose. Nous les avons déjà
contactés, mais ils nous ont dit que le chef de service était
en voyage et qu’il fallait attendre son retour ! Nous
allons voir aussi si nous pouvons obtenir un rendez-vous à
l’UNICEF. Ce n’est vraiment pas facile.
Le soir,
rencontre avec Concern Universal , une ONG
catholique américaine à qui nous nous sommes adressés
pour soutenir des petits projets de développement en zone
rurale. Nous parlons longuement de la situation du pays, mais pour
nos projets ils n’ont pas encore les moyens de nous aider.
Patience ! Mais pendant ce temps-là, ce sont les gens
qui souffrent.
Jeudi 26 février : Dernière série d’intervention au collège sur Justice et Paix . A la pose de midi, rencontre avec les volontaires pour mettre en place une Commission Justice et paix au niveau des lycéens.
Mercredi 25 février : De
8 heures à 15 heures, interventions dans six classes du
Collège de Dixim pour Justice et Paix .
Il ne s’agit pas seulement de présenter la commission
et ses actions, mais d’apprendre aux jeunes à voir et à
analyser ce qui les entoure et ce qu’ils vivent eux-mêmes,
pour y découvrir ce qui se fait de bien, mais aussi les
injustices et apprendre à s’organiser pour lutter
ensemble contre elles. Ce n’est pas facile, mais les jeunes
réagissent très bien pour la plupart, souvent avec
beaucoup de créativité et d’originalité.
A
la pose de midi, je commence une série d’interventions
avec les lycéens sur la sexualité. C’est
un thème qui les intéresse et les touche directement.
Comme il y a beaucoup de volontaires, je vais revenir chaque
semaine.
A la fin de mon dernier cours, on me demande au
téléphone pour diriger deux célébrations
des Cendres. Un confrère est malade et il me faut le
remplacer à pied lever. Je saute donc dans un taxi. Je n’ai
rien préparé à l’avance, mais j’ai
déjà célébré cette cérémonie
tellement d’années (et en tellement de langues !)
qu’il n’y aura pas de problèmes. De toutes
façons, je viens de préparer une émission pour
la télé sur le Carême, donc j’ai des
choses à dire ! La cérémonie se passe sans
problème, mais je prends soin de bien donner le sens des
centres dans la vie de chaque jour. Les cendres du foyer signe du
feu de l’amour qui s’est éteint dans nos foyers
et dans nos cœurs ; les cendres des champs brûlés
pour les semailles, signe que nous voulons nous préparer pour
les semailles dans nos vies et nos quartiers ; les cendres du
fourneau du forgeron qui met le fer au feu pour en faire des outils
solides et bien à main, signe que nous voulons être des
bons instruments dans les mains du Christ, au service du Royaume.
Comme il y a énormément de monde, car c’est une
cérémonie qui parle beaucoup aux gens (même des
musulmans y participent), on a prévu six personnes pour
m’aider à distribuer les cendres. Mais ils n’ont
choisi que des hommes ! Dans la culture locale, c’est
normal. Mais il faut quand même que les choses évoluent !
Je demande donc qu’on ajoute six femmes. Ce que les gens
acceptent d’ailleurs sans problème.
La cérémonie
terminée, je saute dans un nouveau taxi pour rejoindre la
2ème paroisse où l’on
m’attend patiemment depuis une heure. Il y a plus de 2.000
personnes, mais grâce à une batterie et un micro sans
fil et donc transportable, le gens peuvent intervenir pour le
partage de la Parole de Dieu.
Mardi 24 février : Aujourd’hui, travail, le matin, avec le C.R.S. pour revoir toutes actions que nous menons ensemble. Et l’après-midi, c’est le tour de l’OCPH nationale !
Lundi 23 février : La
semaine commence avec les différentes activités à
organiser. Aujourd’hui, le gros travail c’est de
terminer la correction de la lettre de Carême du diocèse,
d’en préparer l’impression et la distribution. Et
aussi celle du message du Pape. Pour cette lettre, nous avons voulu
faire un texte pratique, avec des questionnaires opérationnels
en douze parties, une par semaine, jusqu’au pèlerinage
de Boffa qui est le sommet de l’année pastorale. Vous
trouverez cette lettre dans mon site. (Mettre un lien :
activités paroissiales :
lettre de Carême 2009). Puis, c’est le travail sur les
banques alimentaires (lien : Pastorale sociale)
avec le délégué de IPHD venu des Etats-Unis et
le responsable national. Ensuite, la préparation de la
distribution de nourriture et de la rencontre des personnes vivant
avec le VIH Sida. Puis une nouvelle réflexion avec Philippe
de la DCC (Délégation Catholique à la
Coopération) pour voir la possibilité d’accueillir
des coopérants et là où ils seraient les plus
utiles et efficaces, avec le soutien et le suivi à leur
apporter. Enfin, c’est la préparation d’un projet
d’école de catéchistes travaillant en zone
rurale. Le but est de les former en couple, ensemble mari et femme,
de les former à leur responsabilité de catéchistes
capables d’animer toute la vie chrétienne de leur
village et pas seulement la catéchèse : prières
du dimanche et autres prières, préparation au baptême
et au mariage, soin des malades et enterrements, mais aussi l’aide
aux pauvres et le développement du village (la pastorale
sociale), l’animation des jeunes, les mouvements d’action
catholique, justice et paix, etc… Ils ont beaucoup de choses
à faire. Il leur faut donc une formation sérieuse et
il est important qu’ils vivent tout cela en couple.
n même
temps, nous voulons leur donner une formation de base (lecture,
écriture, calcul) plus poussée, et surtout une
formation technique. Spécialement dans les domaines de
l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat
(mécanique, menuiserie, etc…). Cela non seulement pour
leur permettre de mieux vivre, mais surtout leur permettre d’être
des moteurs, agents de développement dans leur village. Ceci
en les formant à de nouvelles techniques d’agriculture
et d’élevage, simples et adaptées aux réalités
du pays, et aux techniques de transformation des produits, etc…
C’est une œuvre de longue haleine, mais justement c’est
pour cela qu’il faut la construire sur des bases solides.
vec
tout cela, sans parler des petits problèmes ordinaires et des
nombreuses visites, la journée passe vite.
Dimanche 22 février : Pastorale
sociale.
Toute la journée, réunion de la
commission diocésaine : évaluation de la mise en
place des commissions paroissiales et des actions menées. Les
choses avancent et un certain nombre de groupements de développement
se mettent en place, pris en charge par les personnes elles-mêmes.
C’est un grand espoir pour nous. Nous prenons deux temps de
formation : 1. sur le développement intégral
(plan d’action du diocèse) ; 2. sur la façon
de travailler avec les malades et les pauvres, à partir de la
guérison du paralytique dans l’Evangile de ce jour.
(Mettre un lien avec Pastorale sociale , L
56).
Samedi 21 février : La
Société civile guinéenne.
Depuis les
manifestations de 2006, l’état de siège, et les
tueries de 2007, la Société civile s’est encore
mieux organisée et la population s’est réveillée.
Et cela est encore plus vrai depuis la prise de pouvoir par les
militaires le 23 décembre dernier. (Mettre un lien avec la
Situation du pays ) Il est important que
notre Commission Justice et Paix s’y
engage et que les chrétiens prennent leur part de
responsabilité dans ce mouvement. Mais cela demande une
réflexion approfondie. C’est pourquoi nous avons
organisé une rencontre avec Madame Saran Daraba,
vice-présidente du CNOSC (Coordination Nationale des
Organisations de la Société Civile). C’est une
femme très dynamique et engagée. Je l’ai connue
quand je travaillais dans les Camps de réfugiés, en
2000-2001 à Mongo, au moment des attaques rebelles, car elle
est également responsable des femmes de la Rivière
Mano, une organisation regroupant des femmes du Libéria,
Sierra Leone, Guinée, et maintenant Côte d’Ivoire,
qui ont beaucoup travaillé pour le retour de la paix et
maintenant pour la réconciliation et la reconstruction de ces
quatre pays. Le deuxième intervenant est Michel Kamano, le
responsable national du Conseil économique et social, un
autre ami de longue date, depuis mon arrivée en Guinée
en 1996.
Nous voyons ce qu’est la Société
civile actuellement en Guinée et son évolution depuis
l’Indépendance jusqu’à la prise de pouvoir
actuelle par les militaires. Comment y participer ? Quelles
motivations nous apporte notre foi et quelles actions mener ?
Il est clair que, vu la situation actuelle, il y a beaucoup à
faire ; il faut être vigilants et ne pas se laisser
récupérer. Nous y veillons dans notre Commission.
(Mettre un lien avec Justice et Paix :
société civile).
Parmi les actions menées :
réinsertion des volontaires soldats
pendant les attaques rebelles, en leur donnant une formation
technique afin qu’ils trouvent un emploi ; mobilisation
des femmes ; revalorisation des cultures traditionnelles ;
emploi des jeunes ; lutte contre la drogue ; etc. Le
travail ne manque pas !
Le soir, nous terminons la mise au
point de la Lettre du Carême pour le
diocèse . En ce moment décisif pour la vie
du pays, il y a beaucoup à dire… et à faire.
Nous travaillons le document le plus sérieusement possible,
en équipe, dans la Commission, en partant des lettres de St
Paul, puisque cette année lui est consacrée. Notre
thème d’année est : Paul,
missionnaire, fondateur de communautés . (Site :
lien avec la lettre de Carême : activités
paroissiales ).
Jeudi 19 février : Rencontre
de doyenné, comme chaque trimestre.
Nous sommes toujours
aussi heureux de nous retrouver entre Prêtres, Frères
et Sœurs, dans une ambiance très fraternelle.
Aujourd’hui, nous avons un ordre du jour très chargé,
aussi après avoir pris le temps de nous saluer et d’échanger
des nouvelles, nous nous mettons sérieusement au travail.
1.
La situation du pays.
Le pays est en pleine transformation.
C’est notre devoir de prendre part à sa reconstruction,
à travers tous les appels qui sont lancés par les
militaires du CNDD (Comité National pour la Démocratie
et le Développement) : conscience professionnelle et
remise au travail ; vérité et transparence ;
lutte contre la drogue, la corruption et l’insécurité,
etc.. Nous nous disons que la première chose à faire
c’est d’abord de vivre nous-mêmes tout cela et de
nous engager personnellement avant de vouloir conseiller les autres.
Au niveau de Justice et Paix , nous nous
interrogeons en particulier sur les salaires que nous donnons à
nos différents employés et travailleurs. La faiblesse
de nos moyens financiers ne doit pas être une excuse pour ne
pas les payer normalement.
Nous voyons ensuite comment engager
nos communautés et mouvements dans cette lutte pour une
société nouvelle : en commençant par la
clarté dans les finances. Nous ne pouvons pas nous limiter à
des discours et des conférences. Il faut vraiment nous mettre
à l’action et agir efficacement.
Dans cette action,
nous voulons donner une place spéciale aux jeunes, en les
écoutant et en les responsabilisant. Nous décidons que
dans chaque réunion de CCB (Communauté Chrétienne
de Base) et chaque groupe ou mouvement, on prenne un temps pour
faire le point sur notre participation à la vie du pays et à
l’avancée de la société guinéenne.
Mais il n’est pas question de rester entre nous. Nous allons
nous engager dans les différentes structures du pays et
organisations de la société. Pas seulement au niveau
national ou des commissions, mais à tous les niveaux, en
partant de la base.
1ère action :
une formation dans les universités d’état sur
les Droits de l’Homme, et Justice et Paix .
Nous allons commencer dans les universités de Boké et
Dalaba. Ce sera une base pour élaborer nos propositions pour
la reconstruction du pays, puisque le CNDD a demandé à
tous leurs propositions pour renouveler la société
guinéenne. C’est important d’apporter notre
contribution.
2. Le plan stratégique.
Nous faisons le
point sur la mise en pratique des quatre objectifs :
a) la
communion (entre tous et à tous les niveaux) ;
b) la
liturgie (prière, catéchèse, sacrements) ;
c)
le témoignage de vie (l’engagement dans la société
et l’évangélisation) ;
d) le service des
hommes (rendre à tous leur dignité, la justice, la
paix, le développement de tout l’homme et de tous les
hommes).
Ce Plan recoupe les différents domaines où
nous devons agir. Mais il n’est pas suffisamment mis en
pratique, parce que trop compliqué. Les chrétiens, de
plus, n’ont pas l’habitude travailler à partir
d’un plan d’action et d’une programmation. Et
puis, il est trop compliqué. Nous voyons comment le
reformuler pour le présenter d’une façon simple
et plus opérationnelle.
3. Les orientations et la session
pastorale d’Octobre 2008.
Nous reprenons ces orientations
point par point :
a) la communion entre prêtres ;
b)
les conseils paroissiaux ;
c) la catéchèse et
la formation des catéchistes ;
d) la collaboration
entre prêtres, religieux et religieuses.
Pour ce dernier
point, nous relisons et commentons le compte rendu de la réunion
des religieuses du 24 janvier : Fête de la vie consacrée.
4. Le travail avec les jeunes.
La grande rencontre des jeunes
prévue à Noël n’a pu avoir lieu à
cause de la prise de pouvoir par les militaires. Et ce n’est
pas facile de trouver une nouvelle date. Mais cela ne doit pas nous
empêcher d’écouter les jeunes et de passer à
l’action. Pour cela, nous reprenons le message aux jeunes de
notre Evêque (site : lien avec le message à tous
les jeunes : activités paroissiales )
et nous élaborons un plan d’action. Puis nous nous
arrêtons un moment sur la marche du scoutisme.
Le
scoutisme. Nous croyons à ce mouvement qui peut
être un moyen important d’éducation des jeunes et
d’engagement dans le développement du pays. Mais il
rencontre bien des problèmes. Au temps de Sékou Touré,
il a été supprimé et remplacé par la
jeunesse du parti et depuis il a beaucoup de mal à
se relever. Trop souvent, il se limite à des rassemblements,
des chants et danses et des services d’ordre (ce qui
d’ailleurs plaît beaucoup aux jeunes). Les activités
se limitent à des choses formelles, comme le morse ou les
nœuds, alors que cherchons un scoutisme de développement
pour le service du pays. Mais beaucoup ne connaissent même pas
la loi ou la B.A. pour le service des gens. Par conséquent,
l’engagement de la promesse et la pédagogie du
mouvement ne sont pas mis en œuvre. Cela va demander du temps,
mais les choses avancent peu à peu.
5. La paroisse de
Kataco.
Suite à l’assassinat du Frère Joseph,
l’église de Kataco-Centre a été fermée.
Malgré tout, nous sommes restés sur place :
l’école, l’internat et le dispensaire continuent
à fonctionner. En même temps, nous avons cherché
comment réanimer le Centre. Aujourd’hui, nous voyons où
nous en sommes. Tout n’est pas parfait, mais il y a des signes
de réveil. Nous allons contacter l’Evêque pour
voir comment soutenir ce réveil et que faire à
l’avenir.
Nous commençons aussi à préparer
le 1er anniversaire de la mort du Frère
Joseph, le 8 Avril.
Nous prévoyons également une
recollection (journée de prière) entre nous, et la
prochaine rencontre (évaluation de l’année
pastorale).
Après les Divers …
affamés, nous partageons un repas très fraternel,
frugal mais apprécié.
Mercredi 18 février : Voyage.
Longue
attente à la gare routière…. Comme d’habitude :
tant que le taxi brousse n’est pas plein, on ne part pas !
Il faut dire que le prix du voyage ne coûte pas cher, 3 €
pour 150 km ce qui veut dire que les bénéfices sont
minimes pour les transporteurs… même si cela fait très
cher pour les gens, étant donné leur très
faible niveau de vie.
Du coup, j’arrive trop tard pour mon
intervention au Noviciat. Nous ferons cela ce soir, ce qui me donne
le temps de rencontrer les Sœurs, les enseignants et les
paroissiens venus assister à la formation donnée
chaque mercredi soir.
Au Noviciat : Royaume de Dieu et
Evangélisation : rencontre en soirée avec les
novices.
Aujourd’hui, nous reprenons le compte rendu de la
rencontre des religieux et religieuses du 24 janvier (voir à
cette date).
Cela nous permet d’approfondir un certain
nombre de principes de base et de fournir un cadre à notre
engagement missionnaire : Que signifie être
missionnaire aujourd’hui ? (Cela n’a
rien à voir ni avec le prosélytisme, ni avec les
missionnaires de séminaires
scientifiques ou autres). Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ?
Un Royaume ouvert à tous, plus grand que l’Eglise, et
qui est déjà là, partout où naissent et
grandissent la justice, la paix, l’amour, le service des plus
pauvres, le pardon, la vérité, la joie, etc. La
paix, la joie et la justice de Jésus bien sûr, par
n’importe laquelle ! Que signifie Evangélisation
? Ce n’est pas convertir, surtout pas de force, ni baptiser,
mais permettre à tout homme de vivre dans l’esprit de
l’Evangile, quelle que soit sa religion ou sa foi, en Dieu ou
en l’homme. Et enfin, vivre notre vocation dans le monde
moderne en sachant lire les signes des temps ,
c’est-à-dire les appels que Dieu nous envoie à
travers la vie des hommes d’aujourd’hui. Notre partage
se poursuit jusqu’à minuit. Une réflexion très
pratique, à partir d’exemples concrets, tirés en
particulier des expériences vécues par les novices
pendant leur stage de l’an passé. Il nous semble très
important de leur fournir un cadre de réflexion et d’action
à partir duquel centrer leur engagement.
Mardi 17 février : Je me
prépare à partir pour Kataco : grosse panne sur
la voiture ! J’appelle le mécanicien qui a déjà
réparé ce véhicule. Le téléphone,
c’est quand même une belle invention ; et j’ai
de la chance, car là où je suis arrêté il
y a du réseau ! Je vais quand même attendre
plusieurs heures. Le bloc moteur est cassé. C’est une
pièce d’occasion que nous avions achetée à
la casse, car nous n’avions pas assez d’argent pour
acheter un moteur neuf. Il n’aura pas duré
longtemps.
La coopération. Philippe m’attendait à
l’Archevêché. Il est envoyé par la DCC
(Délégation Catholique pour la Coopération). Il
vient nous demander si nous aurions besoin de coopérants
pour nous aider pendant deux ans dans nos différentes
activités. En fait les besoins ne manquent pas. Mais nous
avons besoin de gens qui ont une sérieuse expérience
professionnelle et qui peuvent s’adapter au contexte difficile
de la Guinée. Et nous n’avons pas toujours les moyens
de les prendre en charge. Par ailleurs, quand c’est possible,
nous préférons donner du travail aux Guinéens
qui en ont bien besoin ! Il n’empêche que ces
coopérants peuvent être très utiles pour former
des gens ou pour lancer des nouvelles activités, jusqu’à
ce que des Guinéens puissent prendre les choses en mains.
Avec Philippe, nous faisons connaissance et nous découvrons
que la similitude de nos activités fait que nous avons de
nombreux amis communs. Puis je lui présente la situation
actuelle de la Guinée, et nous faisons le tour des écoles,
dispensaires, centres de formation, aumônerie et autres
activités de développement où des coopérants
seraient les bienvenus. Je l’emmène dans un premier
centre professionnel, et je dois le laisser pour poursuivre mes
autres activités. Il y a en particulier plusieurs confrères
venus de l’intérieur avec lesquels je dois parler pour
voir comment les choses avancent. Je termine la journée à
l’Atelier de soudure des enfants de la rue.
Lundi 16 février : Reprise des cours sur les droits humains, au Collège de Dixinn.
Vendredi 13 février : La
Prison : préparation des différentes activités
à venir et début de la formation pour animateurs de
prison.
Pendant cette session, nous partageons notre expériences,
en particulier à Conakry, afin d’élargir notre
action à toute la Guinée. Nous analysons la situation
des prisonniers avec tous leurs problèmes de nourriture, de
santé (maladies et manque total d’hygiène, d’où
gale, tuberculose, diphtérie et des maladies qui se
répandent, promiscuité (même si les mineurs ont
un quartier à part, ils sont souvent envoyés rendre
service aux prisonniers adultes), manque d’eau
potable et de latrines, manque de suivi des femmes enceintes et qui
accouchent en prison. Il est très difficile d’agir à
ce niveau car souvent quand on apporte nourriture ou médicaments,
ces produits sont détournés. De même que ceux
qui sont fournis par le gouvernement. Ces derniers temps, il y a de
plus en plus de prisonniers dénutris et donc de malades. A
Boffa, la prison n’a reçu aucune nourriture depuis la
prise de pouvoir par les militaires fin décembre. De plus, le
personnel de la prison est mal formé (et aussi très
mal payé), se laisse peu à peu entraîner à
la violence et devient de plus en plus inhumain : coups,
brimades injustifiées, punitions arbitraires, etc….
Découragé, il ne fait plus son travail sérieusement.
De nombreux groupes et associations interviennent avec beaucoup de
bonne volonté et même de générosité,
mais en ordre dispersé et sans organisation ni suivi. Et
malgré toutes leurs interventions et leurs plaintes, cela ne
change rien au mauvais fonctionnement de la prison : un
pansement sur une jambe de bois !
Face à tout cela,
nous nous interrogeons sur nos motivations : Pourquoi
allons-nous travailler à la prison ? Après un
long temps de partage, nous cherchons comment améliorer nos
façons de travailler, comment transformer la vie de la
prison, en particulier pour davantage de respect des prisonniers. Et
il y a tous les autres problèmes : les personnes
arrêtées et qui font des mois et même des années
de prison sans être jugées et, pour à la fin,
être déclarées innocentes ou condamnées à
quelques mois avec sursis ; des peines disproportionnées,
par exemple des années de prison pour le vol d’un
simple magnétophone ! Un mineur a même été
condamné à mort, et pourtant la Guinée a signé
la Convention des droits de l’enfant. Et personne ne se soucie
de ces condamnés à mort.
Les juges condamnent mais
ne s’inquiètent pas des conditions de vie ensuite à
la prison. Il y a aussi toute la question de la formation
professionnelle en prison. Grâce au soutien de Caritas
Allemagne, nous allons pouvoir commencer quelque chose au moins pour
les mineurs. Il y a aussi tout le problème de la réinsertion
des prisonniers à leur sortie. Nous avons également
parlé des amendes que les prisonniers doivent payer pour
sortir : étant trop pauvres, ils restent sans fin en
prison. Sans parler des procès truqués et des
personnes incarcérées par jalousie ou vengeance !
Il
faut vraiment changer complètement le système
carcéral. Et commencer par mieux former les gardiens et
donner à l’administration un minimum de sens humain.
Cela demande d’établir un minimum de bonnes relations
avec eux.
Jeudi 12 février : La
Société civile.
Depuis le coup d’état,
la population se réveille et s’organise. Ce matin, nous
recevons les responsables d’une deuxième organisation
de la société civile. Nous, ce sont les deux
commissions de Justice et Paix et
Pastorale sociale . Je parle de deuxième
organisation. La première existe toujours, mais elle est peu
à peu devenue un club fermé. Et qui ne joue plus son
rôle puisque plusieurs de ses membres sont devenus ministres.
De toutes façons, après tant d’années de
parti unique, nous croyons à l’importance de la
pluralité. Nous voyons ensemble, pendant plusieurs heures,
comment organiser notre collaboration pour construire la société
guinéenne.
Rencontre au Ministère.
L’après-midi,
nous rencontrons le Ministre des audits, de la transparence et de la
bonne gouvernance. Il a du pain sur la planche ! Nous
l’intéressons dans la mesure où nous sommes
implantés dans tout le pays et pouvons donc faire connaître
les orientations du nouveau gouvernement et les actions menées,
lorsque, bien sûr, nous les jugeons valables. Et aussi dans la
mesure où nous avons apporté déjà à
de nombreuses personnes une formation de base sur le développement,
les problèmes de société, l’engagement
des laïcs, les droits humains et surtout des questions qui le
concernent encore plus directement, comme la lutte contre la
corruption. (site : lien avec la rubrique Justice
et Paix où vous pourrez trouver des comptes
rendus de tout cela). Au Ministère, ils préparent un
plan d’action et nous proposent de nous envoyer la
première ébauche, afin que nous réagissions sur
leur projet.
Mercredi 11 février : La
banque alimentaire.
Je retourne à Kataco. Je suis heureux
d’y retrouver Igbé, mon confrère, et Tchuku, le
stagiaire. Mais aujourd’hui je viens pour la banque
alimentaire. (site : lien avec la rubrique Projets ).
C’est un moyen important pour aider les paysans : d’abord
pour conserver leurs récoltes et leurs semences en lieu sûr.
Mais surtout, pour avoir une quantité de riz à mettre
sur le marché à la période de soudure, au prix
normal. Et ainsi lutter contre un système qui profite du
manque de riz pour le vendre à un prix exorbitant. La banque
accorde aussi des crédits aux paysans à un taux
réduit, ce qui leur permet de travailler. Normalement,
cette banque dépend du groupement des paysans et c’est
le comité directeur qui la dirige et donne les orientations.
Et aussi paie l’administrateur, qui est un technicien, et les
autres travailleurs. Mais peu à peu, cet administrateur de la
banque, au lieu de se mettre au service des paysans et de les
former, a pris leur place et a voulu tout gérer lui-même,
à sa manière, y compris l’argent. Ce qui cause
évidemment bien des problèmes.
Nous venons de
Conakry (250 km), mais à notre arrivée,
l’administrateur est absent ! Nous tenons cependant une
longue réunion avec les membres du groupement pour leur
rappeler leurs droits, mais aussi leurs responsabilités. Et
pour préparer un audit des finances et des différentes
activités. La plupart des paysans sont analphabètes.
Souvent les techniciens profitant de leur
formation, s’imposent à eux, au lieu de les former et
de les responsabiliser. De plus, ils ont l’habitude de
travailler entre parents, sur leur propriété
familiale. Ce n’est pas toujours facile pour eux de travailler
en groupement. Enfin, les questions d’argent sont toujours
délicates et à suivre de près !
Au
retour, nous tombons en panne : une durite a éclaté.
Il nous faut plusieurs heures pour bricoler
une réparation qui nous amènera jusqu’à
Conakry. Et cela, grâce à un mécanicien qui,
nous voyant en panne, s’est arrêté spontanément.
Nos routes sont tellement mauvaises et les voitures en si mauvais
état, les pannes sont fréquentes et la solidarité
entre chauffeurs, habituelle.
Lundi 9 février : Reprise
des activités ordinaires, avec de nombreuses visites,
contacts, personnes à rencontrer et problèmes à
régler. Et un temps inévitable au cyber pour ouvrir ma
boîte, lire les messages mails reçus et envoyer ceux
que j’ai préparés sur ma clé.
Je
rentre plus tôt que d’habitude pour faire réparer
la voiture de Kataco. Il faut changer la batterie, mais aussi
arranger les vitres qui sont coincées. Tous ces mécanismes
électriques et sophistiqués ne sont vraiment pas
adaptés à nos conditions de vie. Depuis deux ans, nous
devons aussi changer les amortisseurs, car la voiture a 275.000 km
et sur nos routes, ce n’est pas rien ! Mais ce sera pour
une autre fois : les fonds que nous avions pour cela ont été
utilisés pour refaire le moteur.
Dimanche 8 février :
Lancement de la Commission Justice et
Paix dans une nouvelle paroisse : Bonfi. Les laïcs
semblent motivés. Il est vrai que la situation du pays pousse
à s’engager.
La nuit, j’enregistre sur une
cassette audio une nouvelle circulaire que Jocelyne, une amie de
très longue date de la JOC et de l’ACO, saisira pour
vous. Et que Jean-Jacques, à votre adresse mail, et
Marie-Cécile (avec l’aide du service missionnaire de
Cholet) à votre adresse postale, vous feront parvenir comme
toutes les autres nouvelles. Merci à eux tous !
Samedi 7 février : Pendant tout ce temps, les mails et les courriers se sont accumulés. Il faut répondre à tout cela. J’arrive enfin à saisir les conclusions de la rencontre de Cotonou, de début décembre, sur les migrants. Je n’avais pas pu le faire jusqu’à aujourd’hui !
Vendredi 6 février : Nous nous retrouvons dans notre communauté de Kipe pour tirer les conclusions de notre rencontre spiritaine pour notre travail dans la ville de Conakry. Il y a bien des choses à préciser.
Mercredi 4 février :
Sans tarder, nous nous retrouvons toute la journée
avec Serge, notre responsable, pour tirer les conclusions pratiques
de notre rencontre, pour la paroisse de Boffa. Nous revoyons la
répartition du travail, car je suis de plus en plus sollicité
pour Justice et Paix dans toute la Guinée.
Cela suppose que mes confrères acceptent de prendre une plus
grande part du travail à Boffa et à Kataco. Ce qu’ils
acceptent de bon cœur, et je leur en suis très
reconnaissant. De toutes façons, l’année est
bien lancée, l’école et l’internat
marchent bien car les enfants sont maintenant habitués…
et responsabilisés. Le deuxième stagiaire va donc
pouvoir rejoindre Kataco et retrouver Igbé qui sera ainsi
plus libre pour aller dans les villages.
Le soir, départ
pour Conakry avec Serge et un plombier pour acheter du matériel.
En effet, notre maison est très vieille et il y a toujours
des choses à réparer. Et les installations de
l’internat ne sont pas terminées ; il faut aussi
refaire les toilettes.
Avant de partir, je fais un saut dans la
famille de Jeannette, une chrétienne mariée avec un
musulman, que j’ai enterrée avant-hier. Cela a été
l’occasion de rencontres, de collaboration et de prières
communes entre chrétiens et musulmans. Hier soir, à la
rencontre de la communauté de quartier, nous en avons parlé
longuement, de même que d’un autre problème de
mariage. Les choses sont souvent difficiles à ce niveau. Nous
avons terminé cette réunion en analysant trois cas
d’injustices au tribunal, au commissariat et dans le quartier.
Nous avons aussi préparé une réconciliation
dans une famille et vu comment nous allions soutenir la famille de
Jeannette. Je suis vraiment très heureux de cette réunion
et je vois que les choses se mettent en place peu à peu. Mais
bien sûr, il faudra suivre les affaires et soutenir les
actions. Le problème, c’est toujours l’organisation
et le suivi.
Mardi 3 février : Les activités reprennent ! Et il faut mettre nos décisions en pratique. Je vois donc avec les six novices comment relancer leurs activités, en particulier celles des enfants (avec le mouvement CV-AV = ACE), celles des élèves du lycée et du collège (mouvement JEC), les actions à l’hôpital où il y a tant à faire, les malades qui arrivent étant souvent très démunis et se retrouvant seuls quand ils viennent de villages éloignés, sans médicament (qu’il faut payer), sans nourriture et sans réconfort. Enfin, le travail à la prison. Depuis le coup d’état, les prisonniers ne reçoivent plus aucune nourriture. Dimanche, à la messe, nous avons fait une quête spéciale pour eux. Hier, j’ai vu le préfet pour ce problème. Aujourd’hui, je vois le juge qui fait le maximum pour racler les fonds de tiroirs du tribunal afin de leur fournir quelque chose. Nous faisons appel à toutes les bonnes volontés. Dimanche dernier, ce sont les protestants qui ont préparé un repas pour les prisonniers.
Dimanche 1er février : Tous les confrères sont partis visiter un secteur rural où trois communautés se sont regroupées, sauf deux qui sont partis dans un autre secteur pour une célébration du 30ème jour (fête de funérailles, pour célébrer le 1er temps du deuil, 30 jours après la mort). Dans la culture guinéenne, c’est une célébration très importante et l’occasion de soutenir la famille en deuil. Pour moi, je reste à Boffa-Centre où je n’ai pas célébré l’Eucharistie depuis Noël. Après la messe, nous tenons une rencontre extraordinaire du conseil paroissial qui se prolonge jusqu’à 14 heures ; et à 15 heures, c’est l’assemblée générale des jeunes pour organiser les activités du trimestre. Le temps passe vite, car tout cela se fait dans une très bonne ambiance.
Vendredi 30 janvier : Rencontre
des spiritains de Guinée.
Au programme :
1)
Rétrospective de la présence spiritaine en Guinée
depuis le retour des missionnaires, après Sékou Touré
(mort en 1984). Notre mission.
2) Notre présence en Guinée
aujourd’hui : identité et témoignage, et la
nouvelle situation du pays.
3) Préparation du Chapitre de
la Fano (Fondation d’Afrique du Nord-Ouest), c’est-à-dire
la rencontre (tous les 3 ans) pour faire le point de notre travail
missionnaire, donner de nouvelles orientations et choisir un nouveau
responsable pour cela.
Il serait trop long de reprendre tous les
débats. Je vous ferai part des conclusions et du document que
nous publierons à la suite de cette rencontre. Mais c’est
très important pour nous de nous retrouver ainsi. Cela nous
soutient beaucoup. Et comme nous nous connaissons bien, les échanges
sont directs et francs, ce qui permet d’aller plus loin. Et ça
fait du bien de nous retrouver entre amis, dans un groupe très
international, où nous nous entendons très bien et
nous nous enrichissons grâce à nos différences.
Les débats sont parfois vifs, mais nous ne sommes pas des
enfants de chœur !
Jeudi 29 janvier : Avant de partir pour notre rencontre de Boffa, plusieurs rencontres : avec l’Evêque pour la pastorale sociale, (lien avec le secrétaire de la Conférence Episcopale de Guinée, pour la préparation du prochain synode pour l’Afrique : Réconciliation, justice et paix - Lien avec Justice et Paix , page Synode). Puis une interview pour KTO, la télévision catholique française, qui passera fin février en France, sur notre travail social, en particulier dans le domaine de la santé. Rencontre aussi de Winfred, spiritain, mon successeur à Mongo, également responsable diocésain de Justice et Paix , venu pour voir la suite du travail dans le diocèse de Kankan. Puis nous allons ensemble rencontrer les responsables de CRS (Secours Catholique Américain). Là, une mauvaise nouvelle nous attend. Nous avions fait une demande au département d’état américain pour faire un gros travail d’éducation civique et de préparation civique, portant sur trois points : 1. Formation d’observateurs indépendants pour les élections. 2. Mise en place d’équipes de résolution des conflits (pendant les campagnes électorales, au moment des élections, mais aussi tout au long de la vie du pays). 3. A partir de là, mettre en place des cellules de la société civile dans toutes les sous-préfectures du pays, car ce qu’on appelle actuellement la société civile se limite à la capitale Conakry, et est récupérée par un groupe de politiciens. Alors que nous voulons donner la parole à la population, à la base. Nous avions beaucoup travaillé pour préparer ce projet. Et nous sommes très déçus par leur réponse : ils acceptent le 1er point, mais refusent le 2ème et le 3ème. En gros, ils prétendent soutenir et construire la démocratie, mais refusent tout soutien à un travail de formation et d’éducation en profondeur, et à la mise en place de structures pouvant construire et soutenir la démocratie. Ils se contentent d’observateurs le jour des élections, qui, à la limite, peuvent être utilisés pour cautionner n’importe quelle manipulation ou pression. C’est décourageant ! Et malheureusement c’est ce qui nous arrive souvent de la part des gouvernements, des organisations des Nations Unies ou des grosses ONG. Nous allons donc chercher à faire le maximum au cours de la formation de ces observateurs pour qu’ils puissent continuer à travailler par la suite pour la démocratie, bénévolement et avec nos petits moyens.
Mercredi 28 janvier : Travail à l’atelier des enfants de la rue. Puis avec l’association SOS-mineurs en prison.
Mardi 27 janvier : Travail à Internet. Séance de travail avec Serge, notre responsable venu du Sénégal. Le soir, tous les spiritains sont invités par notre Evêque.
Lundi 26 janvier : Arrivée
de nos confrères depuis Mongo, pour la rencontre des
spiritains de jeudi. Ils vont en profiter pour prendre des contacts
et faire un certain nombre d’achats à Conakry, car dans
les villages il manque beaucoup de choses. Nous les accueillons avec
joie ; nous avons beaucoup de choses à partager.
Puis,
je continue les activités ordinaires. Ce matin, je rencontre
en particulier un émigrant togolais, expulsé de
Belgique, mais qui ne peut plus vivre au Togo et qui vient chercher
refuge en Guinée. C’est chaque jour que de telles
personnes arrivent et viennent nous voir, car ils comptent sur
l’Eglise pour être accueillis et soutenus.
Malheureusement, nous sommes souvent très démunis
devant de telles souffrances. Avec parfois une étincelle de
joie : ainsi, hier, nous avons reçu un appel
téléphonique des cinq Camerounais qui avaient été
arrêtés et torturés en décembre (voir
les nouvelles de décembre 2008). Nous
avions réussi à les faire libérer, à les
protéger et même à leur obtenir des laisser
passer. Hélas, ils avaient été arrêtés
à la frontière sénégalaise et ramenés
à la prison de Boké, capitale de la région.
J’avais appris, (voir journée du 17 janvier) qu’ils
avaient été relâchés et avaient rejoint
leur ambassade à Dakar, en passant par le Mali. Mais hier
nous avons été tellement heureux de les entendre, car
nous avions été très inquiets pour eux. Quel
soulagement !
Je travaille ensuite avec deux Français
qui soutiennent des actions de développement au Burkina Faso
et qui s’intéressent à la Guinée. Puis
avec un entrepreneur Sénégalais qui, avec tout un
groupe, serait prêt à lancer des logements sociaux et
des actions de développement, maraîchage en
particulier.
Ensuite, nous cherchons à relancer le projet
hydraulique (lien avec Projets - Forages
et puits). En effet, le travail est bloqué : déjà,
pendant 10 ans, nous avons réussi à le maintenir en
état, à coup d’imagination et de
débrouillardise. Mais maintenant, la foreuse est totalement
hors d’état, de même que le compresseur.
Jusqu’alors, nous n’avons pas trouvé de
financement pour ce matériel qui coûte très
cher. Pour les techniciens pour faire marcher ce travail, eux ils ne
manquent pas.
Dimanche 25 janvier : Réunion
mensuelle de la Commission diocésaine Justice et
Paix à la paroisse Ste Rita de
Sangoya.
L’accueil est sympathique, le Conseil paroissial
engagé et nombreux ceux qui restent après la messe
pour la mise en place de la commission paroissiale. (Lien avec L 51
pastorale sociale, et L 52, justice et paix). Ensuite, la commission
diocésaine travaille jusqu’au soir, comme
d’habitude.
Nota : Le matin, à la messe, nous
n’avons pas manqué de prier pour tous les morts tués
par l’armée, alors qu’ils manifestaient
pacifiquement en janvier-février 2007. Triste
anniversaire !
Samedi 24 janvier :
Rencontre des religieux et religieuses.
C’est
un temps fort de réflexion pour notre vie et nos engagements.
Demain, nous fêterons l’engagement définitif et
les noces d’argent et d’or de plusieurs religieuses.
C’est important pour nous et pour l’Eglise de Guinée.
Nous en profitons pour nous retrouver ensemble et revoir notre vie
et nos engagements. D’abord pour être fidèles à
notre vocation. Mais surtout pour voir comment mieux vivre notre
vocation dans le monde actuel, suite à tout ce qui se vit
dans le pays : misère de plus en plus grande,
corruption, coup d’état, etc… Il y a là
autant d’appels de Dieu pour être proches de tous les
déshérités et écrasés du pays. Ce
n’est pas facile de voir clair et de savoir ce que nous devons
faire… ni de le faire ensuite ! Pour cela, nous avons
besoin non seulement de nous retrouver, mais d’y réfléchir
sérieusement. Cela ne nous a pas empêchés de
faire un bon repas et de faire la fête ! Pour le repas,
les Sœurs ont apporté le solide, et les Frères
le liquide ! A chacun ses compétences !
Vendredi 23 janvier : Pour être sûr de pouvoir le faire, je commence par aller dans un Cyber pour expédier le courrier que j’ai préparé. Puis reprise des rencontres. Aujourd’hui, nous travaillons spécialement avec deux volontaires de Caritas Italie qui travaillent pour le développement (santé spécialement) et voudraient s’engager davantage avec Justice et Paix dans le diocèse de Nzerekore.
Jeudi 22 janvier : Je reste à la maison pour travailler un certain nombre de dossiers et continuer à répondre à mon nombreux courrier de Noël-1er janvier. Bonne année à tous !
Mercredi 21 janvier : (Suite)
La
journée se continue par une réunion de l’OCPH.
Nous préparons en particulier les visites à
l’intérieur du pays. Puis ce sont plusieurs rencontres,
en particulier avec la fraternité des femmes et les
responsables du Centre des handicapés de Kipe. Puis je passe
un moment avec un groupe de Français de Cérence, venus
comme chaque année visiter la paroisse de Kamsar avec
laquelle ils sont jumelés et qu’ils soutiennent
activement.
Jeudi
18 janvier : A 6 h 30, comme à
Ourous, je préside l’Eucharistie quotidienne. Quand un
étranger arrive, on l’honore !
Après un
petit déjeuner pris rapidement, c’est le départ
pour la gare routière. Départ pour Conakry. En route,
en passant dans les différentes préfectures, à
Pita, Dalaba, Mamou, Kindia et Coyah, j’adresse une salutation
au téléphone aux confrères. Déjà
hier soir, à Labbé, profitant de ce qu’il y
avait du réseau, j’ai téléphoné à
Conakry pour annuler mes rendez-vous d’aujourd’hui.
Le
voyage est long mais se passe bien. L’ambiance est bonne et
les voyageurs très sympathiques. En cours de route, ils ne
manquent pas de m’offrir morceau de pain et banane. Et même
du papier, car ils voient que j’écris beaucoup. En
effet, je profite du voyage pour rédiger un certain nombre de
notes que je saisirai à l’ordinateur à Conakry
quand il y aura du courant. Je rédige aussi ces nouvelles que
vous lirez bientôt. Ce n’est pas facile d’écrire
car nous sommes très serrés (quatre sur une banquette
de berline), mais j’ai l’entraînement ! Merci
à Jocelyne qui déchiffre ces lignes ma écrites
( ndlr : Mais non, mais non, Armel, tout va bien, pas
de difficulté !) et à Jean-Jacques qui vous les
envoie rapidement par mail.
Mercredi
14 janvier : Tôt
le matin, je retourne à la gare routière. Toujours pas
de taxi-brousse pour Conakry. Demain, peut-être ! Mais
une voiture arrive pour LABBE ; De là, je pourrai sans
doute avoir un taxi-brousse demain pour Conakry. Cela fait un grand
détour, mais il faut à tout prix que je rentre à
Conakry. Et puis, cela me permettra de voir les confrères à
Labbé et de préparer la suite des activités,
car ils n’ont pas pu venir à la formation de Dalaba,
la semaine dernière.
En fait, le taxi-brousse est plein,
mais un jeune accepte de voyager sur le toit et de me céder
sa place à l’intérieur du taxi. En Guinée,
on respecte les vieux et on accueille les étrangers. Mais
cela n’a rien d’extraordinaire cependant. En route,
quand les barrages seront passés, nous prendrons ainsi trois
autres personnes sur le toit ! Le voyage dure toute la
journée.
Soirée à Labbé. Le
soir, quand j’arrive, Victor est sorti dans une communauté
de quartier, mais je suis bien accueilli au presbytère par la
famille qui y habite. On m’offre tout de suite un verre d’eau.
Ca fait du bien ! Comme Victor tarde à rentrer, ils
m’invitent à manger avec eux. En fait, quand leur père
arrivera, je m’apercevrai que je connais leur mère.
Elle est agent de santé et, depuis de nombreuses années,
travaille à MONGO où j’ai sévi pendant 10
ans !. Elle m’a souvent accueilli
chez elle, lors de mes tournées dans les villages.
Malheureusement, je ne la verrai pas. Au cours d’un de ses
déplacements de travail, elle a eu un accident de moto. Elle
s’est faite opérer et actuellement elle est partie à
l’hôpital de Conakry pour une visite de contrôle.
Victor
est arrivé. C’est un jeune prêtre, ordonné
en 2005. Il est le seul prêtre, assisté d’un
séminariste stagiaire, pour cette grosse préfecture.
Nous ne sommes pas assez nombreux !
Nous prenons le temps de
parler. Entre temps, il a fait appeler des membres du Conseil
paroissial. Quand ils sont arrivés, nous reprenons en résumé
les sessions de Dalaba et Ourous, puis nous voyons ensemble comment
mettre en place les deux commissions de Justice et Paix et de
Pastorale Sociale. A 22 heures, nous apprenons par la radio la mise
en place du nouveau gouvernement. Nous
échangeons longuement sur la situation du pays et sur ce que
nous avons à faire, pour que les choses se passent le mieux
possible.
Dans ce nouveau gouvernement, dix ministres sont
militaires. Ils tiennent les ministères clés :
sûreté, intérieur, mais aussi finances,
industrie, commerce. Signe qu’ils veulent garder le pouvoir
mais aussi maintenir l’ordre et la sécurité, et
aussi tenir l’économie, remettre le pays au travail,
lutter contre la corruption, assainir le secteur des mines pour que
les richesses nationales profitent véritablement au pays. En
tout cas, c’est ce qu’ils affirment et nous allons y
veiller. Aussi bien le Premier Ministre que la population sont
satisfaits. Affaire à suivre !
Mardi
13 janvier : Toujours pas de taxi-brousse.
Je vais donc voir les Sœurs. Elles aussi, elles ont la visite
de leur Supérieure générale, ce qui ne les
empêche pas de m’accueillir et de me consacrer tout le
temps nécessaire. C’est la saison sèche, on peut
circuler plus facilement, aussi les différents responsables
en profitent pour visiter leurs frères et leurs sœurs.
Serge, le nôtre, arrivera après-demain à
Koundara.
Ensuite, je m’assieds avec Claire et Aurélien,
un jeune couple de coopérants français, enseignants,
venus prendre la direction de l’école primaire et la
formation pédagogique. Nous retrouvons les mêmes
problèmes : salaires trop bas, formation insuffisante,
problèmes d’organisation. De plus, Aurélien
vient de faire deux crises successives de palu. Il a dû aller
se faire soigner à Tambacounda, au Sénégal.
Mais cela ne l’empêche pas de garder le moral, avec le
soutien de Claire. Ils sont heureux de leur séjour et
travaillent très bien. Ils ont été préparés
et envoyés par la D.C.C. (Délégation Catholique
à la Coopération).
Je repasse à la gare
routière : toujours pas de taxi-brousse en vue. On a
même remboursé les billets de plusieurs personnes. Je
rentre donc à la communauté et profite de ce
contre-temps pour me reposer et me détendre un peu. Ca fait
du bien et ce n’est pas du luxe !
Richard, lui, est
parti à VELINGARA, au Sénégal, là où
se trouve le cyber le plus proche. Il reviendra tard dans la nuit.
Tout cela pour envoyer un mail urgent. Une journée entière
sur des mauvaises pistes, ça fait beaucoup de fatigue ;
et au prix où est le carburant c’est un mail qui coûte
très cher. Pendant ce temps, je consacre un bon temps pour
faire le point, successivement avec les deux stagiaires. Ils avaient
besoin de parler et les visites sont rares à Koundara.
Lundi
12 janvier : Normalement, j’aurais
dû retourner à KOUNDARA hier soir, car c’est le
lundi que le taxi-brousse régulier quitte Koundara pour
Conakry. Mais j’ai préféré rester pour
voir les activités d’OUROUS et surtout parler avec les
uns et les autres. D’abord, je parle longuement avec Philippe.
Il est le seul prêtre à Ourous, avec un secteur rural
important, le secteur de Youkoun Koun, le long de la frontière
sénégalaise. Il est content d’avoir la visite
d’un confrère et de pouvoir échanger des idées
sur ses activités pastorales. C’est un jeune prêtre
et le secteur est difficile. J’essaye de le conseiller et de
l’encourager de mon mieux, après l’avoir
longuement écouté.
Ensuite, avec le Frère
Jean-François, nous faisons le tour des écoles
de brousse (dont j’ai parlé le vendredi 9
javnier) ce qui me permet de voir les difficultés sur le
terrain : cinq éducateurs sur douze ont quitté le
secteur cette année pour la ville, espérant y trouver
un travail plus rémunérateur. Et il est vrai que le
dernier trimestre, ils n’ont pas été payés,
faute de moyens. La veille de ma venue, notre Evêque a fait
racler les fonds de tiroir de l’économat du diocèse.
Cela m’a permis d’amener 3 millions de francs guinéens
(environ 500 euros), comme premier soutien. Dès mon retour,
j’irai voir les responsables de C.R.S. (Catholic Relief
Services = le Secours Catholique américain) qui soutient ces
écoles. Les rapports financiers n’ont pas été
fournis à temps, suite à une incompréhension
(Jean-François vient d’arriver et ne connaît pas
bien le fonctionnement de l’accord avec CRS). Il y a des
difficultés de communication, mais aussi un manque de suivi
de part et d’autre. Il faudra mettre les choses au point. Nous
remercions beaucoup les ONG qui nous aident, mais c’est vrai
que leur fonctionnement, parfois lourd et compliqué, est
inadapté à nos réalités et à nos
possibilités.
Sur les cinq enseignants que nous visitons,
deux sont malades (ce qui arrive souvent, vu le mauvais état
de santé général de la population, conséquence
de la grande pauvreté, d’où sous-alimentation,
manque de moyens ou de possibilités : pas de dispensaire
ni de médicament pour se soigner, etc…). Un autre
éducateur n’est pas revenu des vacances de Noël et
le dernier présent est nettement incompétent. Le
problème de la formation de ces éducateurs est notre
grand souci, car il est très difficile de trouver des gens
ayant la base nécessaire pour être formés
efficacement. Ceux qui sont un peu formés partent en ville
où il y a plus de possibilités de progrès
social qu’au village. Et quand malgré tout nous
arrivons à former des personnes, elles n’ont qu’un
désir, c’est de partir à leur tour en ville. Il
faut donc reprendre les choses à zéro à chaque
fois, et c’est vraiment décourageant.
Visite
des Sœurs. Je vais ensuite visiter les Sœurs.
Elles sont deux jeunes de la Congrégation locale de Notre
Dame de Guinée. Elles tiennent un dispensaire et un
jardin d’enfants, ce qui complète bien le
travail social de la paroisse. On y retrouve les mêmes
problèmes et aussi le coût et le manque de
médicaments.
Avant de quitter Ourous, j’ai le temps
de parler avec Raphaël, le responsable de la Banque
alimentaire. C’est un moyen important pour nous
pour permettre aux paysans de conserver récoltes et semences
et surtout d’avoir des crédits pour leurs cultures
(outils, engrais, paiement de travailleurs). Mais surtout de
commercialiser du riz à bas prix au moment de la soudure,
pour lutter contre les prix usuraires pratiqués par les
commerçants. Malheureusement, ce dernier volet ne fonctionne
pas à Ourous. C’est un autre problème que je
devrai régler à mon retour à Conakry.
Dès
mon retour à KOUNDARA, je passe à la gare routière
pour réserver une place pour Conakry. Mais il n’y a pas
de taxi-brousse prévu. Et déjà 18 clients
attendent leur tour avant moi, alors qu’il n’y aura que
10 places ! On verra demain. La nuit, je relis les notes prises
pendant ces trois jours, pour les classer et ne rien oublier des
choses à faire.
Samedi
10 et dimanche 11 janvier. la
session est très animée. Il faut dire que les
problèmes ne manquent pas. Elle est marquée par ce qui
se passe actuellement dans le pays et qui motive beaucoup les
participants. L’année dernière, il s’agissait
plus d’une sensibilisation et d’une formation de base.
Et aussi d’une préparation du 2ème
Synode pour l’Afrique. Cette année, il s’agit de
passer à l’action. Nous voyons donc comment mettre en
place nos commissions paroissiales. Nous travaillons beaucoup, car
nous n’avons qu’un week end. Dès 7 h 30 du matin,
le dimanche, nous sommes déjà au travail. Et la Messe
est l’occasion de mobiliser toute la communauté du
Centre. Pour les communautés de l’intérieur, ce
sont les participants qui s’en chargeront dans les semaines à
venir.
Dans les divers , nous abordons
un certain nombre de questions. En particulier la mise en place
d’une équipe d’animateurs de prison et d’une
aumônerie dans chaque préfecture du pays. Nous
prévoyons une session de formation pour cela. Ainsi que la
formation d’observateurs indépendants pour les
prochaines élections et d’équipes de
conciliateurs pour la résolution des conflits. Nous cherchons
aussi à mettre en place des cellules de la société
civile dans chaque sous-préfecture. Actuellement, ce qu’on
appelle la société civile
est un club fermé, sans véritable indépendance
et composé uniquement de personnes vivant dans la capitale,
Conakry.
La session se termine par un bon plat de riz avec de la
viande, ce qui n’arrive pas tous les jours.
Mais c’est
la période des récoltes, où il y a un peu
d’argent et des initiations traditionnelles.
Aujourd’hui, les garçons d’un village
voisin terminent leur initiation et sortent solennellement. On a tué
une vache pour l’occasion et nous en profitons dans la joie.
Arrosé par du vin de palme, le repas célèbre en
beauté l’amitié et l’engagement que nous
avons vécus pendant ces deux jours.
Sur le chemin du
retour, Emmanuel, le stagiaire ghanéen venu chercher les
participants de Koundara, s’arrêtera à la fête
de l’initiation car il faut qu’il découvre la
culture locale. Et tous seront heureux de participer à la
danse !
Pour moi, je vais rencontrer le Frère
Jean-Paul, responsable provincial des Frères de St Gabriel,
venu du Sénégal pour visiter ses frères
d’Ourous, de Katacodi et de Kataco. A Ourous, ils sont deux
Frères : l’un responsable de l’école
primaire, l’autre des écoles de brousse. Ils voudraient
récupérer l’ancienne école de la Mission
catholique, nationalisée du temps de Sékou Touré,
pour en faire un Collège. Mais, malgré les décisions
gouvernementales, les tractations traînent. Et il faudra la
restaurer, car elle est dans un très mauvais état, à
la fois par manque de moyens, par négligence et laisser
aller. Avec Jean-Paul, nous parlons aussi de la situation de Kataco
qu’il va visiter, où un nouveau Frère, Charles,
est venu prendre la direction de l’école primaire.
L’ancien directeur, Zachary, a repris l’internat qui
était dirigé par le Frère Joseph.
Jean-Paul
est venu avec trois autres responsables de province des frères :
l’un de Singapour – Malaisie, l’autre d’Inde,
et le troisième d’Espagne. Ils sont venus participer à
une rencontre au Sénégal, pour voir comment adapter
l’organisation et le fonctionnement de leur Congrégation
aux réalités actuelles : mondialisation,
internet, transformations des mentalités et des sociétés,
etc… Ils en profitent pour venir en Guinée connaître
les réalités sur le terrain et faire un pèlerinage
à la tombe du Frère Joseph.
Nous nous retrouvons
tous ensemble, avec les Sœurs, pour une soirée amicale.
Cette vie fraternelle est très importante pour nous. C’est
ce qui nous permet de tenir le coup.
Vendredi 9 janvier : A 18 heures, départ pour OUROUS, avec huit délégués de Koundara, pour la formation Justice et Paix. La route n’est pas bonne, mais il n’y a que 25 km. Il nous faut quand même plus d’une heure pour les faire. Malgré la fatigue, nous nous retrouvons ensemble, la nuit, pour élaborer le programme de la session, à partir des préoccupations des participants. duteil)
Vendredi
9 janvier (suite) - 10 heures :
Intervention au Collège, sur Justice et
Paix.
Richard m’amène au Collège,
où les cours se prolongent jusqu’à 14 heures :
journée continue car certains élèves viennent à
pied de très loin. Je vais donc avoir une heure avec chacune
des classes pour une réflexion en commun sur Justice et Paix.
Les questions des élèves ne manquent pas, étant
donné la situation actuelle du pays, suite au coup d’état
militaire. Les élèves participent bien et apportent
des réflexions intéressantes. La démarche est
simple : Qu’est-ce que la justice ? Qu’est-ce
que la paix ? Pourquoi une Commission ? Lancée par
Paul VI, suite au Concile Vatican II, elle est le thème du
2ème Synode pour l’Afrique en
Novembre 2009 : Réconciliation, Justice et Paix. C’est
aussi le 4ème objectif du Plan
Stratégique de tous les diocèses d’Afrique de
l’Ouest : Dignité de l’homme Noir, Justice,
Paix et Développement Intégral. Mais bien sûr,
il s’agit de travailler avec tous. D’ailleurs, par
exemple, la grosse majorité des élèves du
Collège sont musulmans. L’urgence et l’importance
de cette commission se sont accrues avec les événements
actuels en Guinée. Mais si nous voulons que le pays avance et
se transforme en profondeur, il faut que tout le monde s’y
mette, en commençant par la base. Le groupe des militaires
qui ont pris le pouvoir, même s’il s’appelle CNDD
(Comité National de Démocratie et de Développement),
ne pourra rien faire sans la participation active de la
population.
Nous continuons par une réflexion sur les
Droits de l’Homme qui sont une base d’action solide et
commune à tous : Comment vivre ces Droits de l’Homme
en vérité en Guinée, d’une manière
adaptée à notre situation actuelle et dans le respect
des différentes cultures guinéennes ? Il ne reste
plus qu’à passer aux conclusions et à la mise à
l’action : Nous, jeunes, quels manques de justice et de
paix subissons-nous ? Qu’allons-nous faire dans notre
Collège, nos familles, nos quartiers et nos villages ?
Pour terminer sur une note positive et garder l’espérance,
nous relevons ce qui se fait déjà actuellement pour la
justice et la paix.
16 heures : La Pastorale
Sociale.
Nous nous retrouvons avec les responsables
des Communautés de quartier et des Mouvements de Koundara,
pour voir comment travailler dans les quatre directions que je viens
de signaler plus haut et quels moyens prendre pour les réaliser.
Nous ne faisons que déblayer le terrain et je leur demande de
continuer la réflexion et de mobiliser les bonnes volontés,
car le mois prochain je leur enverrai l’équipe de
l’OCPH pour finaliser le plan d’action et lancer les
activités. Duteil
Vendredi
9 janvier : Projets
de développement.
Richard, le curé
spiritain nigérien, de son côté est rentré
de tournée. Nous nous asseyons pour faire le point des
différentes actions de développement à
réaliser, voir ce qu’ils font et dans quelle mesure
nous pourrons les soutenir à partir de Conakry. Les efforts
portent dans quatre directions : l’éducation, la
santé, la sécurité alimentaire (petits projets
et groupements) et l’hydraulique (puits et forages).
1°)
Au niveau de l’éducation,
depuis une vingtaine d’années, il y a une école
primaire tenue par la Mission qui marche très bien (100 % de
résultats aux examens) et qui est très appréciée.
Le problème est le financement. Nous sommes pris entre deux
feux, comme à Boffa, Kataco et partout. Ou bien, nous
demandons une scolarité relativement élevée et
nous n’aurons que des élèves de familles aisées.
Ou bien, nous donnons la priorité aux enfants des villages et
familles modestes (ce que nous avons choisi), mais nous sommes sans
arrêt sur la corde raide et nous ne pouvons pas payer
suffisamment les enseignants. Nous arrivons à former des
volontaires sur le tas mais dès
qu’ils sont formés ils passent le concours de l’école
normale pour entrer dans l’enseignement public, ou partent
dans des écoles publiques, où ils seront mieux payés.
Les écoles de brousse : Dans
les villages, les écoles primaires sont rares. Nous avons
donc lancé ce que nous appelons des écoles de brousse.
Les villageois construisent un hangar et trouvent un volontaire qui
a fait un minimum d’études et que nous formons. Nous
avons au moins les deux premières années, parfois le
cycle primaire complet, pour donner une base solide aux enfants. A
partir de là, étant plus âgés, ils
peuvent aller continuer leurs études dans un Centre en
logeant chez un tuteur qui souvent les logera et les nourrira,
moyennant des services (travail à la maison ou dans ses
champs), ce qui ne favorise pas les études. Et va même
parfois jusqu’à une véritable exploitation des
enfants.
Malgré le peu de moyens de ces écoles de
brousse, grâce au sérieux et à la rigueur, les
élèves très motivés arrivent à
avoir un niveau supérieur aux écoles officielles .
On nous demande donc dans de nombreux villages, mais nous ne pouvons
pas répondre à tous les appels.
Le
collège : Nous avons voulu continuer la
formation de nos élèves du primaire et avons donc
lancé également un Collège, malgré des
difficultés encore plus grandes, mais c’est important
pour nous. Nous avions un directeur (Principal) venu du Sénégal
et très compétent. Malheureusement, il nous devenait
impossible de le payer. Nous avons dû nous en séparer.
C’est Richard, le curé, qui assure la direction et les
cours d’anglais, en plus de son travail pastoral, ce qui fait
beaucoup (trop !), car il doit aussi faire des tournées
pastorales dans les villages pour animer les communautés.
Pour cette année, les deux stagiaires le soutiennent au
collège, mais qu’en sera-t-il l’année
prochaine ?
Pour améliorer encore la qualité
du Collège, nous voudrions lancer une formation de base en
informatique. Pour cela nous cherchons des panneaux solaires et des
batteries… mais aussi des ordinateurs ! Pour ceux qui
pourraient nous en fournir, même usagés, mais encore en
état de marche, ne manquez pas de nous le signaler. (mon
adresse mail : armelduteil@yahoo.fr).
2°)
La santé : C’est
la responsabilité des Sœurs. En plus de l’éducation
sanitaire à Koundara-Centre, elles animent une Case de Santé
à PAHOUNCA. Pour les médicaments, elles sont aidées
par une petite association française. Mais nous voudrions
étendre cette action à d’autres villages.
3°)
La sécurité alimentaire :
C’est la base, bien sûr. Là encore, nous avons de
nombreuses demandes de soutien. En priorité, nous voudrions
soutenir un groupe de veuves pour la culture maraîchère.
Nous avons déjà trouvé un terrain. Reste à
trouver un financement pour le matériel. Pour vendre les
produits, il n’y aura pas de problème, il y a un gros
marché sur place et la demande est forte.
Deuxième
projet prioritaire : un groupement de femmes pour la
fabrication de savon artisanal à partir d’huile de
palme à GAOUAL. Les femmes sont motivées et nous ne
voulons pas limiter notre action à KOUNDARA Centre.
Agir
par nous-mêmes. Il y aurait encore beaucoup
d’autres choses à faire, mais nous ne voulons pas
plaquer des projets artificiellement. C’est aux gens de voir
eux-mêmes leurs besoins, de décider ce qu’ils
veulent faire… et de se mettre au travail avec leurs propres
moyens, même s’ils sont limités. C’est pour
cela que je suis venu donner cette formation. Ensuite, nous verrons
comment appuyer ce qu’ils auront commencé par
eux-mêmes, avec l’aide de nombreux amis, en particulier
vous qui me lisez !
4°) Puits
et forages : De nombreux villages n’ont
pas d’eau potable. Ils se contentent de l’eau des
rivières ou des marigots, qui est souvent polluée.
D’où maladies et mortalité infantile. Il
faudrait creuser puits et forages. Nous avions une équipe à
Kataco qui travaillait très bien.1 Le
matériel nous avait été fourni par
l’Organisation catholique allemande MISEREOR. Le projet est
terminé depuis 10 ans. A force de bricolage et d’ingéniosité,
nous avons réussi à faire durer les machines jusqu’à
l’année dernière. Mais en commençant un
nouveau plan de forages à KOUNDARA, la foreuse s’est
cassée irrémédiablement et il nous a fallu
rendre le compresseur que nous avions emprunté. Il faudrait
remplacer ce matériel défaillant, mais il coûte
très cher. Et jusqu’à maintenant, malgré
tous nos efforts, nous n’avons pas trouvé d’organisme
de financement. Pourtant, le besoin en eau potable est immense dans
la région. Avec le matériel qui nous reste, nous
pourrons au moins réparer et réhabiliter les anciens
forages et creuser des puits là où l’eau n’est
pas très profonde. C’est le maximum de ce que nous
pouvons faire pour le moment. Mais les populations que nous avions
mobilisées pour cotiser leur participation locale et mettre
en place des comités de gestion sont très déçues.
Et nous aussi.
Jeudi
8 janvier : OUROUS
et KOUNDARA. Tournée.
Le but de ma tournée
est d’assurer une formation à Justice et Paix et, à
la suite, de mettre en place une Commission dans ces deux paroisses.
Tout comme la semaine dernière à DALABA. Ces deux
paroisses sont situées tout à fait au nord du pays, à
la frontière du Sénégal et de Guinée
Bissao. Loin de Conakry, la région est souvent oubliée.
Le climat est chaud. Le travail de la terre est difficile et produit
peu. A la saison sèche, les gens partent travailler au
Sénégal pour gagner un peu d’argent. Surtout les
jeunes. Je les ai connus et accueillis quand j’étais
curé de TAMBACOUNDA, en 79-80.
La population est composée
d’ethnies minoritaires, au milieu des Peuhls (Coniaguis,
Bassaris, etc…), marginalisées et même souvent
méprisées. Les deux paroisses catholiques sont
fortement engagées pour les droits de ces populations, pour
l’éducation, la santé et le développement.
C’est pour partager et soutenir tous ces efforts que je viens
et que ce voyage est tellement important pour tous.
Partis à
6 h 30, nous arrivons à minuit : 18 heures pour 800 km.
Il faut dire que la route est très mauvaise, il y a des
rivières à traverser sur des bacs de fortune et les
nombreux arrêts aux barrages des militaires. Mais, Emmanuel,
le stagiaire ghanéen, est encore debout pour m’attendre.
Mercredi
7 janvier : Nouvelles et
vœux.
Départ à 6 h 30, comme
chaque matin, pour arriver au centre ville avant les bouchons de la
rentrée des écoles et le début du travail. Du
coup, j’ai un peu de temps pour consulter ma boîte mail.
Et d’abord remettre à Bernard les différents
messages que j’ai enregistrés sur ma clé, à
partir de mon ordinateur. Il se charge lui-même de les
envoyer, soit à mes différents correspondants et amis,
soit aux organismes avec lesquels nous collaborons, soit pour
transmettre des documents en Guinée, en envoi groupé,
aux personnes avec qui nous travaillons et dont nous avons les
adresses mails. Et nous en avons déjà un certain
nombre (environ 200), malgré tous les problèmes du
pays. Son aide me rend bien service car d’abord je ne suis pas
très fort en informatique (j’apprends des trucs
au fur et à mesure, mais je n’ai pas le temps de me
former) et je n’ai pas le temps de faire tout ce travail.
Merci à Bernard. Vous-mêmes vous profiterez de son
travail, sans oublier mes amis de France qui prennent ensuite le
relais : Jocelyne, Jean-Jacques, Solène et Jean-Michel,
le Service missionnaire de Cholet, et tant d’autres !
Merci aussi à toutes les personnes et associations qui nous
soutiennent dans nos actions de toutes les façons possibles
(prière, amitié, conseils, argent, matériel,
etc…). A tous, une bonne année 2009 pleine d’amitié,
de rencontres enrichissantes, d’accueil et de partage, dans la
paix et l’espérance, pour le soutien, le respect et le
bonheur de tous. Et pensez à nous qui vivons dans des
conditions difficiles.
Réunion de
l’O.C.P.H.
Nous tenons une longue séance
de travail pour revoir la mise en place des Commissions de Justice
et Paix et de Pastorale sociale
dans les différentes paroisses, groupes et associations. Nous
évaluons les différentes activités menées
en 2008 et commençons à préparer les actions
pour 2009. Nous accueillons, dans notre équipe, Charlotte qui
depuis quelque temps travaillait déjà bénévolement
à Justice et Paix. Elle est la bienvenue et nous mettons des
espoirs en elle, car il est nécessaire de
renouveler l’équipe. Mais nous n’avons
pas le temps de terminer notre réunion car je suis convoqué,
avec d’autres personnes, autour de notre Evêque et son
vicaire général pour régler un certain nombre
de tensions. C’est inévitable que le type d’action
Justice et Paix que nous menons entraîne
des jalousies, des suspicions et même des attaques, parfois
violentes. Et que nos activités en Pastorale sociale
suscitent des envies, des frustrations et nous amènent
nous-mêmes à faire des mécontents, mais aussi à
sévir dans la mesure où il y a de l’argent en
jeu. Nous le savons, cela ne nous étonne pas, mais ce n’est
pas toujours facile à porter. Heureusement que nous pouvons
nous retrouver ensemble et en parler franchement. A ce niveau, je
dois dire que je suis très bien soutenu par les deux
commissions diocésaines, au sein desquelles existe une
excellente collaboration, et je les remercie de tout cœur.
Avant
de rentrer, il nous faut encore imprimer et distribuer les
différents programmes d’activités pour les
semaines qui viennent, car demain, à 6 h 30, je pars pour le
nord, à KOUNDARA et OUROUS. Et je n’ai pas encore fini
de préparer cette tournée. Nuit courte en
perspective !
Mardi
6 janvier : Reprise des
activités.
Les affaires à régler
son nombreuses, car depuis mi-décembre, je ne suis
pratiquement plus à Conakry. La première chose,
réunion des volontaires qui accompagnent les
malades du sida et leurs familles. Le P.A.M. (Projet
alimentaire mondial) des Nations Unies n’a toujours pas fourni
la nourriture de Novembre-Décembre. De plus, cet appui en
nourriture ne s’adresse qu’aux personnes gravement
dénutries et ne dure qu’un an. Après cette
année, les personnes vivant avec le VIH, livrées à
elles-mêmes, même si elles étaient bien retapées,
retombent rapidement dans le même état de malnutrition.
Nous avons bien cherché à lancer des petits projets
pour qu’elles puissent gagner leur vie, mais ce n’est
pas facile ! Nous ne cherchons pas seulement à fournir
de la nourriture, même si c’est la première
chose, nous voyons aussi comment aider ces personnes dans toute leur
vie, en particulier dans leur vie conjugale et dans leurs relations
avec leurs familles et leurs connaissances. Et d’abord comment
vivre leur situation dans la paix. Ce n’est pas facile,
surtout dans les conditions de vie très dures de la société
guinéenne actuelle. De plus, vu leur état, ces
personnes sont souvent très agressives. Nous réfléchissons
donc en équipe comment porter tout cela et quelles solutions
proposer.
Imprimerie. Nous préparons
l’impression de l’homélie de Noël et du
message du 1er janvier de notre Evêque,
de même que le message du Pape.
Nous
ferons déposer ces messages dans les différentes
ambassades, auprès des membres du Gouvernement, des partis
politiques, des journaux et radio libres. De son côté,
Bernard va les envoyer par mail aux adresses que nous avons pu
recueillir dans le pays, là où il y a des
cybers.
Pastorale des enfants. Nous recevons
la visite de l’ambassadeur du Brésil. Dans ce pays, il
existe toute une action de l’Eglise Catholique soutenue par le
gouvernement brésilien, pour le soutien des femmes enceintes
et des enfants de 0 à 6 ans dans les différents
domaines : santé, éducation , droits civiques,
etc… Ils viennent nous proposer leur service pour travailler
dans le même sens en Guinée. Nous acceptons le
principe, cependant il va falloir voir les modalités. Ce
projet semble sérieux mais nous voyons des tas de personnes
passer avec des projets bidons, montés uniquement pour
récupérer de l’argent. On fait des promesses aux
gens qui n’aboutissent pas, et ensuite ils sont encore plus
découragés qu’avant. Et nous avons perdu leur
confiance.
Rencontres à CRS (Caritas/ Secours
Catholique américain). Là aussi, il y a des
tas de choses à voir. D’abord, la disparition
de nos cinq amis camerounais qui ont été
torturés par les militaires le mois dernier (voir journée
du 30 Décembre). Après les avoir accueillis à
l’Archevêché et protégés, nous
avions réussi à leur obtenir un laisser passer pour
quitter la Guinée, où ils continuaient à être
menacés, afin de rejoindre l’ambassade du Cameroun au
Sénégal (il n’y a pas d’ambassade de ce
pays en Guinée et le président de la communauté
camerounaise à Conakry est lui-même menacé).
Mais la police sénégalaise à la frontière
a mis en doute la véracité de leur laisser passer et
les ont remis aux services d’émigration guinéens.
Et depuis, nous n’avons plus aucune nouvelle, malgré
les recherches que nous avons faites dans toutes les directions :
à partir de Conakry et de Koundara (la mission catholique
proche de la frontière), à partir des services
d’émigration, mais aussi des chauffeurs de
taxis-brousse, de personnes ayant voyagé avec eux jusqu’à
leur arrestation à la frontière, et d’autres
personnes encore. Sans aucun résultat. Nous sommes très
inquiets. Nous avions déjà contacté la Croix
Rouge Internationale (CICR), nous décidons de contacter le
gouvernement camerounais, par l’intermédiaire de
Justice et Paix du Cameroun, pour qu’il
intervienne auprès des autorités sénégalaises
et guinéennes. Et aussi la déléguée aux
droits de l’homme de l’ambassade des Etats-Unis qui est
très active et , elle aussi, très préoccupée
par le sort des nombreuses personnes arrêtées sans
jugement et emmenées au camp militaire Alpha Yaya, siège
des militaires actuellement au pouvoir. Nous ne pouvons pas
abandonner cette affaire.
Avec CRS, qui nous soutient
financièrement, techniquement -mais aussi moralement !-
dans nos actions, nous abordons un certain nombre d’autres
questions :
Le soutien aux personnes vivant avec
le VIH-Sida (voir plus haut).
Les écoles
de brousse de KOUNDARA. Comme je pars les visiter, j’en
parlerai plus loin. Mais le problème urgent, c’est que
les enseignants ne sont pas payés depuis Octobre. Nous ne
pouvons par leur demander de continuer à travailler ainsi
sans salaire, car ils doivent vivre avec leur famille. Nous
cherchons comment régler le problème. (En attendant,
notre Evêque décide, malgré les problèmes
financiers du diocèse, de débloquer 3 millions de
francs guinéens pour ne pas laisser les enseignants sans
rien, jusqu’à ce que le problème soit réglé).
Le
trafic des enfants.
C’est un problème
très grave. Nous décidons de confier les actions que
nous allons mener à SOS mineurs . La
semaine prochaine, nous allons en tracer les grandes lignes d’action
pour l’ambassade des Etats-Unis qui est prête à
soutenir un tel projet.
Les élections.
Formation
d’observateurs indépendants pour les futures élections
législatives et présidentielles, d’équipes
de résolution des conflits et de cellules de la société
civile à la base, dans les sous-préfectures de tout le
pays. Il y a là un gros travail de formation à
réaliser en priorité. Lui aussi devait être
soutenu par les Etats-Unis. Suite au putsch, les Etats-Unis ne
soutiennent plus la Guinée, sauf pour les
actions humanitaires et la démocratie . Nous
pensons donc que ce programme va pouvoir se réaliser malgré
tout.
Autre programme : lutte contre le paludisme.
Nous avons déjà lancé une action pour les
moustiquaires imprégnées d’un produit qui chasse
les moustiques, dans la région du Fouta Djallon et aussi le
diocèse de Kankan. Nous voudrions intensifier notre action en
entrant dans le programme des Nations Unies de lutte contre le
paludisme, la tuberculose et le SIDA.
Pour le projet
d’alphabétisation fonctionnelle et
le soutien du foyer de l’espérance des enfants de la
rue, nous n’avons pas trouvé de soutien.
Par
rapport au SIDA , il y a aussi tout le travail de
prévention . Il y avait un programme
avec trente jeunes volontaires formés, mais il est arrêté
depuis deux ans, faute de moyens, l’organisation qui le
soutenait ayant retiré sa participation. J’ai déjà
tenu une réunion avec ces volontaires. La prochaine est
prévue pour le 17. Nous verrons comment relancer les
activités et d’abord quelles sont les propositions des
jeunes, à partir de ce qu’ils ont réussi à
continuer par leurs propres moyens. Dans un deuxième temps,
je leur proposerai une réflexion sur l’enseignement de
l’Eglise par rapport au SIDA et aux moyens de protection, car
la formation qu’on leur a donnée me semble vraiment
très fermée et irréaliste, pour ne pas dire
erronée. Notre travail est de comprendre, soutenir et libérer
les gens, pas de les écraser et décourager, encore
moins de les condamner. Il est important de revenir à
l’exemple du Christ et à son Evangile qui est une
Bonne Nouvelle. Il ne faudrait quand même pas l’oublier !
Et assurer une saine éducation sexuelle.
Il fait nuit
quand nous terminons. J’aurai du mal à trouver un car
pour rentrer à KIPE dans notre communauté, qui se
trouve dans un quartier populaire à 15 km du Centre. Et je
n’ai pas eu un moment pour ouvrir ma boîte mail dans un
cyber-café. Pourtant, j’ai énormément de
messages à l’occasion de Noël et du Nouvel An, qui
me font bien plaisir et m’encouragent beaucoup. Merci à
tous ceux qui pensent à nous, nous encouragent et nous
soutiennent. J’ai aussi beaucoup de documents de travail. Il
faudrait qu’au moins je puisse les mettre sur ma clé,
s’ils sont en pièces jointes ce qui me permettrait de
les consulter sur notre ordinateur à Kipe, car bien sûr
nous n’avons pas internet à la maison. Et puis, il y a
aussi toutes les questions au sujet du putsch et de la
situation actuelle du pays.
A ce sujet, ça
évolue vite. Le Président du Comité militaire
insiste toujours sur la lutte contre la corruption. Il vient de
nommer un premier ministre civil (un des quatre qui avaient été
proposés après l’état de siège de
février 2007 pour être déjà premier
ministre), reconnu pour son sérieux et qui semble bien
accepté. Tout cela est positif et mérite d’être
soutenu. Mais d’autres choses nous inquiètent beaucoup.
En particulier les arrestations et détentions sans jugement
au camp militaire. Toutes ne sont pas motivées par la lutte
contre la corruption. Il nous faut rester attentifs car le président
et les membres du CNDD (Comité National pour la Démocratie
et le Développement) sont soumis à toutes sortes de
pressions, souvent de personnes ni claires ni désintéressées.
A l’inverse, notre Evêque est très souvent
visité, par exemple aujourd’hui par le secrétaire
d’état à la coopération de France, mais
aussi par le secrétaire de l’OCI (Organisation des
Etats Islamiques). Il est souvent consulté par le président
et le comité, et maintenant le premier ministre, car à
cause de son action passée et de son engagement au service du
pays, l’Eglise Catholique est respectée et reconnue
dans le pays. Simplement, il nous faut à la fois rester
vigilants et garder notre indépendance et notre liberté,
tout en nous mettant au service du pays. Ce n’est pas facile.
Du
2 au 5 janvier : La
session Justice et Paix de DALABA s’est bien
passée. Les participants étaient convaincus et très
actifs. Malheureusement, ils étaient très peu
nombreux. En effet, le carburant est bloqué dans les stations
services. On ne peut s’en procurer qu’au marché
noir, difficilement et beaucoup plus cher. Du coup, peu de
taxis-brousses ont circulé. Et les gens n’ont pas pu
venir. Derrière tout cela, il y a une complicité des
pompistes qui disent que le carburant est terminé mais qui le
vendent la nuit à des petits marchands du quartier, avec
bénéfice bien sûr, pour les uns comme pour les
autres. Le pays est loin d’être stabilisé !
Malgré
la fatigue du voyage… et des fêtes (mais nous avons
choisi ces dates pour que les personnes soient disponibles, les
cours et beaucoup d’activités ne reprenant vraiment que
le 5), nous avons une première séance le vendredi nuit
pour faire le tour des questions et des problèmes à
traiter. Et aussi organiser le programme de la session. Il faut
trier, car les problèmes sont nombreux ! L’année
dernière, c’était la première session, et
donc une session d’initiation et aussi de préparation
au 2ème Synode pour l’Afrique.
Cette année, ce sera plus opérationnel :
Comment mettre en place un commission paroissiale Justice
et Paix . Mais bien sûr tout cela dans le contexte
actuel du pays, la préparation des élections, etc…
Vous en trouverez le compte-rendu sur mon site, référence
L 51 : Session Justice et Paix de Dalaba.
Le
4 janvier : La communauté
chrétienne de Dalaba.
Le dimanche, nous
participons à la Messe de la Paroisse et, à la demande
du curé, je parle de justice et paix dans le cadre de
l’Epiphanie. A la fin de la messe, l’un des participants
fait le compte-rendu de la session, que tous écoutent avec
beaucoup d’attention. La paroisse se situe dans le Fouta
Djallon, peuplé presque uniquement de Peuhls, islamisés
depuis longtemps et de tendance dure. Les chrétiens sont donc
une toute petite minorité, étrangers à la
région, venus pour des raisons d’études ou de
service (fonctionnaires). En effet à Dalaba, depuis quelques
années, il y a un Institut supérieur de médecine
vétérinaire. Cette minorité chrétienne
est soumise à toutes sortes de pressions : on demande
aux étudiants de se convertir à l’Islam pour
avoir un logement ; ils sont victimes de toutes sortes de
brimades, ils doivent payer les produits plus cher au marché.
Ne parlant pas la langue (le poular) les relations n’en sont
que plus difficiles. Tout cela est ressorti tout au long de la
session et ça n’a pas été facile d’en
parler avec sérénité et objectivité, car
il y a quand même des gens très accueillants et
serviables. Ainsi l’un des étudiants nous a raconté
combien il avait été bien accueilli et
qu’actuellement ils sont cinq à loger gratuitement dans
une maison qui leur a été offerte.
Nous parlons
aussi de la vie des étudiants. L’année
dernière, suite à des mauvais résultats et des
fraudes aux examens, les étudiants se sont révoltés.
Ils ont brûlé tous les documents du secrétariat,
y compris les dossiers des étudiants ce qui a entraîné
de nombreux problèmes. La police est intervenue, de nombreux
étudiants ont été mis en prison, un peu pris au
hasard il faut le dire. Libérés sans jugement et
seulement après plusieurs mois, ils ont été
exclus définitivement de l’Université. Cette
année, la situation est plus calme, mais les problèmes
restent. D’abord les problèmes de nourriture, de
logement, de médicaments. La prise en charge des étudiants
est théorique. Ils doivent se débrouiller comme ils
peuvent en se soutenant les uns les autres. La paroisse a mis en
place une Caisse de Solidarité.
Les études sont
uniquement théoriques. Il n’y a pas de ferme école
(alors qu’on est en pleine région d’élevage),
ni même de travail en laboratoire. Malgré leur bonne
volonté, ces étudiants auront de la peine à
être vétérinaires performants. Et c’est
toute l’économie qui en souffrira. Tout cela à
cause du manque de moyens. C’est vraiment un cercle vicieux.
C’est cela le sous-développement !
Les
relations avec les protestants sont très bonnes,
en particulier à cause de la situation minoritaire partagée
par tous. Au moment de partir, Mathieu, responsable de la communauté
protestante, vient me voir. Il regrette de ne pas avoir participé
à la formation, comme l’année dernière ;
il n’était pas au courant ! Nous prévoyons
une prochaine rencontre avec les étudiants (l’année
dernière, j’étais intervenu deux jours, sur les
questions de sexualité). Nous parlons de l’organisation
de la Prière pour l’Unité qui va commencer
bientôt.
Sur le chemin du retour, je passe la nuit à
MAMOU pour rendre visite à un jeune prêtre
guinéen qui est seul en paroisse. Je lui fais le
compte-rendu de la formation et nous voyons que faire dans sa
paroisse pour Justice et Paix. Nous parlons bien sûr de la
situation du pays et des nouveaux responsables, et je lui explique
ce que nous voulons faire à l’occasion des prochaines
élections, dans tout le pays : former des observateurs
indépendants, mettre en place des équipes de
résolution des conflits et également dans chaque
Sous-Préfecture une organisation de la société
civile. C’est un travail énorme mais essentiel. Nous
préparons la prochaine visite de la paroisse par l’OCPH,
pour mettre en place des projets de développement et lancer
des activités économiques et des petits projets. Tout
cela ne nous empêche pas de parler de nos activités
pastorales, de la vie de la ville, de nos soucis et de notre vie
quotidienne. Nous passons une soirée très agréable.
Et tôt le matin (6 heures) je me remets en route pour Conakry
où nous arrivons à 13 heures, toujours avec les mêmes
problèmes de carburant et les barrages des militaires. Mais
ça me fait sept heures à pouvoir travailler sans être
dérangé (ou pas trop !).
Vendredi 2 janvier 2009 :
Session Justice et Paix dans le doyenné du
Fouta.
Tôt le matin je pars pour la gare routière,
car la route est longue. Et j’ai bien fait. Nous sommes tombés
sur un taxi-brousse en mauvais état : problèmes
de suspension. Arrivés au kilomètre 36, point d’entrée
de la ville, nous refusons d’aller plus loin et demandons au
chauffeur d’appeler un autre taxi brousse. Cela met du temps.
Et quand il arrive, il dit qu’il n’a pas de carburant.
Or, suite aux rumeurs d’avant-hier, les stations services sont
fermées. Il faut acheter du carburant au marché, le
double du prix normal. C’est ainsi que les revendeurs se font
de l’argent, à chaque fois qu’il y a des
problèmes ou simplement pénurie. Enfin, on part. Les
barrages des militaires se sont multipliés sur la route. Et
le chauffeur n’a pas les papiers de la voiture. Il s’en
sort en donnant de l’argent aux gendarmes.
La session va
regrouper les volontaires de cinq paroisses du Fouta Djallon pour
une formation en Justice et paix. Ensuite, ils devront s’organiser
par eux-mêmes car ils sont loin de Conakry et nous n’aurons
pas le temps de les visiter souvent.
Finalement, le carburant a
baissé de 5.500 FG à 4.800 (environ 0, 60 € par
litre) le gas-oil. C’est mieux que rien. En ce temps de grande
pauvreté, toute baisse est bonne à prendre.
Jeudi 1er janvier 2009 :
Bonne année à tous. Amour, paix et
joie pour tous. Réconciliation et Vérité pour
la Paix. Le message de Benoît XVI nous rejoint au cœur
de nos problèmes : pour vivre vraiment dans la paix,
luttons contre la pauvreté.
Je célèbre
l’Eucharistie dans une paroisse de la ville. Après la
messe, nous mettons en place une commission paroissiale de Justice
et Paix . Ce n’est pas parce que c’est le
1er janvier que nous allons nous arrêter ! Au contraire,
l’année nouvelle est l’occasion de commencer des
choses nouvelles.
Après cette rencontre avec Madeleine de
Laurentia nous réfléchissons au fonctionnement de
l’OCPH. Puis je vais saluer la communauté anglophone.
Nous parlons des conditions de vie difficile des étrangers en
Guinée et des problèmes des migrants et de leurs
souffrances.
Nous sommes toujours à la recherche de nos
amis camerounais. Je parle avec Gérard qui revient des
services d’émigration. Sans résultat. Il est
vrai que ce ne sont pas les meilleurs jours pour les recherches.
Nous allons continuer.
Comme je suis en ville et qu’il me
reste un peu de temps, je vais ouvrir ma boîte mail à
nouveau, sans arriver au bout de mes messages. Et je regrette de ne
pouvoir répondre à chacun que quelques mots, faute de
temps. Que faire ?