Armel Duteil

Nouvelles de 2008

  • Mercredi 31 décembre 2008 : « Rédaction du message du 1er Janvier.
    Toute la journée se passe à la rédaction du message de demain, à partir des nombreuses réflexions d’hier. Il y a beaucoup d’idées. Il faut choisir et aller à l’essentiel.
    Nous sommes toujours à la recherche de nos amis camerounais disparus. Roberto, l’aumônier de la prison, vient me rejoindre pour cela.
    Les messages de vœux et coups de téléphone arrivent nombreux pour l’année nouvelle. Cela fait plaisir !
    L’année nouvelle me trouve à ma table de travail, la tête pleine de pensées et d’amis. C’est une bonne façon de commencer l’année. Qu’elle soit pleine d’amitié, de rencontres épanouissantes et de partage pour nous tous. Pleine de force et aussi d’espérance devant les difficultés qui ne manqueront pas. 
    » (Armel Duteil)

  • Mardi 30 décembre : « Préparation d’un message.
    Les deux commissions « Justice et Paix » et « Pastorale sociale » se retrouvent autour de l’Evêque pour préparer un message à l’occasion du 1er Janvier aux autorités et au pays.
    Je suis spécialement frappé ce matin par la cohésion de notre équipe. Et aussi par le sérieux et l’engagement de chacun. Malgré les risques et les exigences. C’est très encourageant ! Nous insistons sur le rôle et la responsabilité des laïcs. Et ils nous assurent qu’ils sont prêts à prendre leurs responsabilités. Pourtant, ce n’est pas facile dans la situation actuelle.
    Après cette rencontre, nous nous réunissons pour mettre au point le programme de janvier avec les visites des paroisses pour la mise en place des commissions paroissiales et les rencontres des deux commissions diocésaines. Je communique les dernières informations au sujet des cinq camerounais dont j’ai parlé plus haut (voir jeudi 11 décembre). Comme ils étaient menacés, nous les avons abrités à l’Archevêché. La Croix Rouge Internationale (CICR) ayant fourni les fonds, nous avons cherché à les faire rentrer au Cameroun. Mais à cause du putsch, cela n’a pas été possible, l’aéroport étant fermé. Ils ont donc décidé de partir par la route au Sénégal, munis de laisser passer, pour rejoindre leur ambassade. En effet, il n’y a pas d’ambassade du Cameroun en Guinée. Malgré ces laisser-passer, ils ont été arrêtés à la frontière sénégalaise et remis à la police guinéenne pour vérification. Depuis, nous avons perdu leur trace. Nous faisons tout pour les retrouver.
    Ensuite, je travaille plus spécialement avec ceux qui vont visiter les paroisses le mois prochain. Puis, avec Charlotte qui va entrer dans l’équipe diocésaine de l’OCPH (Secours Catholique, Caritas Guinée : Organisation Catholique pour la Promotion Humaine). Charlotte est Guide et termine ses études universitaires. Très engagée, elle a suivi toutes nos formations et travaille efficacement dans sa paroisse et son Mouvement. C’est un défi que nous relevons. Ce n’est pas évident dans le contexte culturel où nous évoluons de confier une responsabilité diocésaine à une jeune fille. Mais j’ai confiance. Et c’est important pour faire évoluer les mentalités. A nous de la soutenir !
    Cela fait 15 jours que j’ai été absent de Conakry, il y a donc beaucoup de choses en suspend à traiter, surtout que je vais être à nouveau absent jusqu’au 5 janvier. Nous nous retrouvons d’abord avec l’équipe OCPH, puis avec le service santé, avec la Procure, puis le secrétariat de l’Archevêché et le Vicaire général. Il y a aussi des problèmes personnels à régler : d’abord celui d’un Français, venu travailler en Guinée pour une entreprise coréenne ; voilà 6 mois qu’il n’est pas payé et il n’a plus rien pour vivre. Ils ne sont pas rares les Européens qui viennent ici, attirés par des contrats mirobolants et qui se retrouvent sur le carreau. Ensuite, un handicapé venu de Kissidougou : il sollicite un coup de main pour construire un petit abri au marché et pouvoir ainsi gagner sa vie.
    Je n’ai pas ouvert ma boîte mail depuis plus de 15 jours. Il fait déjà nuit, mais je repique rapidement les pièces jointes sur ma clé car ce n’est pas tous les jours que je me retrouve près d’un cyber. Je pourrai les consulter plus tard sur mon ordinateur ou celui d’un copain et préparer mes réponses. 
    » (Armel Duteil)

  • Dimanche 28 décembre : « Fête de la Sainte Famille.
    Il y a beaucoup de choses à dire sur la famille vu tous les problèmes que nous vivons actuellement (pauvreté, instabilité, problèmes d’éducation, changements culturels…). Les interventions sont nombreuses au moment de l’homélie qui dure plus longtemps que d’habitude. Ce n’est pas grave, tout le monde est intéressé. Et après la messe, exceptionnellement, il n’y aura pas de réunion. Seulement des salutations et rencontres amicales. C’est Noël ! Les CV-AV (mouvement des enfants) et les scouts se réunissent bien, mais nous avions préparé ces réunions à l’avance. Je me contente donc d’aller les saluer avant de retrouver les novices. Après le repas, je trouve un moment pour parler avec Armand, le maître des novices, revenu de Dalaba, pour faire le compte-rendu et l’évaluation de la session que j’ai donnée aux novices, et voir comment la prolonger. Nous abordons aussi les autres aspects de la vie du noviciat ainsi que de la paroisse. Car ils sont sur place et nous donnent un sérieux coup de main.
    Après midi, quartier libre : je peux prendre un temps de repos.
    Annulation de la rencontre des jeunes. Normalement, nous devions partir à Kataco pour notre grande rencontre régionale. Mais à cause du coup d’état, il n’a pas été possible de préparer les choses normalement. Nous devons donc annuler cette rencontre au dernier moment. C’est vraiment dommage et nous ne savons pas quand nous pourrons la tenir maintenant. Cependant, nous y tenons beaucoup.
    Retour sur Conakry. Le soir, je prépare mes bagages, mais surtout je prépare papiers, livres et document pour travailler pendant le voyage. En effet, dans les taxis-brousse nous somme très serrés (10 personnes dans une berline-Break, au Sénégal c’était « seulement » 7), mais j’ai l’habitude et depuis le temps j’ai trouvé les moyens non seulement pour lire mais aussi écrire, même si ce n’est pas très facile. Selon la distance, cela me permet de travailler de 5 à 18 heures tranquille, sans être dérangé. Il suffit de bien préparer le matériel à l’avance. Même à Conakry, j’ai une heure de transport entre la banlieue de Kipe où j’habite jusqu’au centre ville. C’est pendant ce temps que je rédige ma correspondance et prépare mes différentes réunions ou formations. L’Evêque voudrait rencontrer les deux commissions « Justice et Paix » et « Pastorale sociale » mardi matin, pour réfléchir à la situation du pays et préparer un document pour le 1er Janvier. Je profite des moments où il y a du réseau au téléphone pour avertir les quelques membres que je peux contacter. Ils se chargeront de prévenir les autres depuis Conakry. En Guinée, le téléphone marche très mal. Mais depuis ces dernières années où les portables se sont généralisés et coûtent moins cher, on arrive quand même à transmettre quelques messages, même si c’est avec difficultés, ce qui était impossible autrefois. 
    » (Armel Duteil)

  • Samedi 27 décembre : « Nous prenons le temps d’aller saluer le nouveau Préfet, qui nous reçoit très bien avec son équipe. Ensuite, nous continuons notre réunion de communauté. Ce matin, nous abordons les questions de l’école et de l’internat. Là aussi, il y a beaucoup à dire… et à faire !
    Le midi, repas au noviciat comme chaque samedi. Demain ce sont eux qui viendront chez nous.
    Hermann apprend que son grand-père et une vieille tante religieuse viennent de mourir. A peine arrivé, il doit donc repartir à nouveau pour le Sénégal (en Casamance, en passant par Dakar… Ce n’est pas la route directe !). Il ramènera la voiture, une vieille Kangoo camionnette de plus de 250.000 km, à Conakry au garage. Nous avons un mal fou à la faire démarrer : problèmes d’allumage entre autres. (En fait, il tombera en panne, mais pourra se faire réparer en route, pour arriver à Conakry en pleine nuit). 
    » (Armel Duteil)

  • Vendredi 26 décembre : « Nous nous reposons un peu le matin et accueillons les nombreuses personnes venues nous visiter. L’après-midi, réunion de communauté : Hermann nous fait le compte-rendu de son séjour au Sénégal et nous amène les nouvelles des confrères et de notre Fondation d’Afrique de l’Ouest. En effet, au niveau des spiritains, notre district s’organise pour devenir une province missionnaire autonome, pour être plus adapté aux réalités et aux besoins du pays. C’est important et très intéressant, mais pas facile à mettre en place. Ensuite, nous examinons avec Hermann ce que nous avons fait depuis trois mois. C’est nécessaire pour qu’il puisse prendre la suite, car je ne pourrai pas être souvent à Boffa dans les mois qui viennent » (Armel Duteil)

  • Jeudi 25 décembre : « Fête de Noël.
    Avec Buzus, l’un des deux stagiaires, nous partons tôt car nous avons deux communautés à visiter à plus de 100 km, sur des routes très mauvaises (plus de 3 heures de route). Ugochukwu, le second stagiaire, est parti depuis hier avec Kennedy, l’un des deux formateurs du Noviciat, pour assurer la préparation et la célébration de Noël dans deux autres communautés. Armand, l’autre formateur, est parti donner un coup de main à Dalaba (400 km), une paroisse des montagnes du Fouta Djallon.
    Il ne s’agit pas seulement de dire la messe de Noël. Nous commençons par une réunion de communauté pour voir ce qui a été vécu depuis notre passage en juin, avec l’Evêque. Et préparer les activités des deux mois qui viennent.
    A Kudinde, la 1ère communauté, j’avais déjà assuré une formation de 5 jours pour les catéchistes. Mais les choses n’ont pas beaucoup avancé. Ce n’est pas facile de dépasser le laisser aller et de rejeter les habitudes passées. C’est un travail à reprendre sans cesse. Les chrétiens viennent régulièrement et nombreux à la prière du dimanche. Le problème, c’est leur engagement dans la vie du village en tant que chrétiens. Nous reprenons donc les différents point que nous avons fixés ensemble pour la vie de nos communautés : nouvelles du village, partage de la Parole de Dieu, catéchèse, lutte pour la justice, paix et réconciliation, soutien des pauvres et de ceux qui souffrent, développement, évangélisation, travail communautaire et questions financières.
    Chaque communauté est différente. La première est une communauté rurale, regroupant une quinzaine de villages. La seconde, Tugnifizy, sous-préfecture, est composée de fonctionnaires et personnes travaillant dans des services et ONG, et donc étrangers à la région. Les problèmes sont très différents et il faut s’adapter à chaque fois.
    Nous rentrons à la tombée de la nuit, bien fatigués mais heureux. Je retrouve Hermann, notre vicaire qui était parti se soigner au Sénégal, qui est rentré la nuit de Noël avec une voiture qui est restée deux mois au garage à Conakry mais est toujours en mauvais état, malgré cela. Hermann a célébré la messe du jour au Centre ; sinon, les catéchistes auraient dirigé une célébration de la Parole de Dieu et les Sœurs auraient donné la communion. C’est ce qui se fait habituellement.
    Pendant tout ce temps-là, nous suivons à la radio nationale, mais aussi sur RFI (Radio France Internationale), la BBC, radio Vatican et autres radios étrangères, les différentes déclarations du Comité militaire et de son Président, celles des partis politiques et anciens responsables du pays et celles des organisations internationales. C’est une belle invention que le transistor. Nous pouvons avoir des nouvelles un peu partout dans le pays, même sans électricité, simplement avec deux petites piles ! Nous remercions spécialement RFI qui malheureusement ne peut pas être captée en France, sauf en région parisienne, ce qui est scandaleux : question de monopole. RFI donne la parole aux Guinéens aussi bien de l’intérieur que de l’étranger, nous soutient beaucoup et nous donne des nouvelles claires et « indépendantes ». Mais aujourd’hui, c’est l’enterrement de l’ancien président Lansana CONTE que nous suivons sur la chaîne nationale. 
    » (Armel Duteil)

  • Mercredi 24 décembre : « Les putschistes s’organisent en Comité National pour la Démocratie et le Développement. Le gouvernement reconnaît ce Comité et l’ensemble des militaires se rallie à eux, sans effusion de sang. Merci à Dieu. Le capitaine, Moussa Dadis CAMARA est proclamé Président.
    A Boffa, je vais voir la directrice préfectorale de l’enseignement pour nous mettre d’accord sur les sanctions à prendre au niveau de notre école, suite aux fuites au moment des compositions. Puis nous allons présenter nos condoléances au Préfet, pour la mort du Président. 
    Ensuite, nous retrouvons les responsables du Conseil paroissial, de la Fraternité et du Groupe de Prière charismatique, pour tirer les conclusions pratiques suite à la réconciliation de samedi. Il faut que tout cela soit fait avant Noël, pour célébrer la fête dans la paix et l’entente.
    La Messe de « minuit » est célébrée à 19 heures, couvre-feu oblige ! La messe est très belle : les choristes l’ont bien préparée et tout le monde participe. L’ambiance est très priante et recueillie. Nous ne manquons pas d’intentions de prières cette année. Au moment de la communion, on vient chercher un des militaires chrétiens, le responsable du port, pour lui annoncer qu’il est nommé Préfet ! Tous les anciens préfets du pays sont ainsi changés et remplacés par des militaires.
    La coopération décentralisée. Après la messe, nous nous retrouvons chez un des responsables de la communauté pour un petit réveillon, avec trois jeunes Français qui travaillent à Boffa pour les puits et forages, et leurs responsables venus de Charente Maritime. (Mettre 2 liens, avec « pastorale sociale » et « album photos », page : Projet hydraulique – puits et forages). Je trouve cette idée de coopération décentralisée intéressante. J’y étais très impliqué pendant 10 ans au Sénégal, dans le cadre du Partenariat entre « Lille et la région du Nord » et « St Louis et la région du Fleuve ». Ce type de coopération permet des contacts directs entre personnes. Et cela permet à l’aide d’arriver directement à la base, au lieu d’être récupérée et détournée au sommet, au niveau des autorités. Le problème, c’est que les Français qui interviennent ne connaissent pas très bien la culture et les vrais problèmes africains. Ni les vrais problèmes du développement, les écueils à éviter et les solutions à trouver. C’est pour cela que nous sommes souvent consultés à ce niveau, car nous avons une bonne connaissance du terrain et sommes bien intégrés à la population dont nous parlons la langue. Cela est très important pour la participation de tous et la défense des plus faibles, en particulier des analphabètes qui ne peuvent pas s’exprimer en français, et qui sont très nombreux dans les villages. Cependant, je dois dire qu’avec le temps et l’expérience, cette coopération s’est beaucoup améliorée.
    Les voyages en Afrique. Je ne reste pas longtemps au réveillon, car la conversation tourne autour des différents pays que les responsables ont « faits » en venant en 4x4 depuis la Charente Maritime. Ce n’est pas mon « truc ». Je n’aime pas beaucoup que des gens qui passent trois jours dans un pays dont ils ne parlent même pas la langue, et qui prétendent tout en connaître, se permettent de tout juger avec une grande assurance ! Et les problèmes humains m’intéressent plus que les cascades, les animaux, les forêts… ou les grottes du pays dogon. Il n’empêche que ces voyages peuvent être très enrichissants et profitables pour tous s’ils sont bien préparés, avec des bons contacts dans le pays et vécus avec un minimum de respect… et d’humilité. Et aussi d’esprit critique par rapport à ce que les habitants peuvent raconter pour faire plaisir aux étrangers de passage. 
    » (Armel Duteil)

  • Mardi 23 décembre : « Mort du Président Lansana CONTE.
    A 3 heures du matin, notre Evëque m’annonce la nouvelle au téléphone. Nous voyons quelle attitude avoir : vigilance de notre part et demander calme et retenue à la population.
    La situation évolue vite : un groupe de militaires, dirigés par un capitaine, affirme avoir pris le pouvoir. Mais le président de l’Assemblée Nationale qui constitutionnellement doit assurer la transition, affirme tenir les choses en main. De même que le premier ministre. L’armée semble divisée. Heureusement, chacun reste sur sa réserve et il n’y a pas de mort !
    Réunion de communauté. Tout cela ne nous empêche pas de continuer notre travail. Aujourd’hui, l nous nous retrouvons avec les deux stagiaires pour faire le points de toutes les rencontres de la semaine passée et en tirer les conclusions pour nos activités paroissiales et notre vie de communauté. Suite à cela, je retrouve les responsables du Conseil Paroissial et des différentes commissions. 
    » (Armel Duteil)

  • Dimanche 21 décembre : « Aujourd’hui la messe est une célébration pénitentielle. Nous célébrons les réconciliations d’hier avec le rite de l’eau. Puis c’est un geste de pardon entre maris et épouses, entre parents et enfants et entre responsables et autres chrétiens. Alors la joie peut éclater et le geste de paix prend toute sa signification. La journée de demain lundi sera réservée aux confessions et aux rencontres personnelles.
    Après la messe, rencontre des deux commissions de « Justice et Paix » et « Pastorale sociale ». Il faut reconnaître que c’est nouveau à Boffa et c’est un engagement exigeant qui peut même être dangereux. Il faudra du temps pour arriver à des actions concrètes mais nous allons continuer. (Mettre un lien avec « Justice et Paix » et « Pastorale sociale »).
    Les jeunes. Depuis Octobre, ils se retrouvaient chaque dimanche pour réfléchir au message de l’Evêque aux jeunes. Aussi, nous nous retrouvons tous ensemble pour faire la lecture finale. C’est l’occasion de préciser un certain nombre de choses, en particulier sur l’Evangélisation (qui n’est absolument pas du prosélytisme) et sur le Royaume de Dieu, un Royaume de justice et de paix, ouvert à tous et à construire dans le monde (la société). Il nous faut approfondir tout cela, car les jeunes sont plus enclins à s’engager dans l’Eglise où ils se sentent à l’aise que dans la vie du pays. Il faut dire qu’ils ne sont qu’une petite minorité (5 % de chrétiens, et 90 % de musulmans), que les problèmes du pays sont énormes et l’engagement difficile et très risqué (corruption, impunité des auteurs de violences, laisser aller et découragement général, …). Mais on ne peut pas laisser les choses comme ça, il faut bien réagir.
    L’équipe des responsables va se retrouver tous les jours cette semaine pour mettre au point la rédaction finale, à partir des réactions du groupe. Cela va faire un très bon document qui pourra servir de base de réflexion pour l’ensemble des jeunes. 
    » (Armel Duteil)

  • Samedi 20 décembre : « La session se termine bien. Aux novices, …et à moi-même, de la vivre maintenant. J’aime beaucoup de telles sessions avec des jeunes missionnaires en formation ! Cela me rajeunit et me permet d’approfondir ma propre vocation missionnaire, pour mieux en vivre… ou, en tout cas, essayer !
    L’après-midi, rencontre du Conseil Paroissial. Cette rencontre est un peu le sommet de la semaine. Nous faisons le point des activités menées depuis mon départ de Boffa début novembre, en passant successivement en revue le travail du Conseil paroissial, des communautés de quartier, des Mouvements et des différents groupes. Et aussi le travail des différentes commissions. Personnellement, à ce niveau, je suis satisfait. En Novembre, nous avions assuré la formation de ces différents groupes et les avions organisés. Depuis, chacun s’est mis à l’action. Les choses ne sont pas parfaites bien sûr, il y a beaucoup à améliorer, mais au moins ça commence à bouger.
    Le 2ème point, c’est la préparation de la rencontre des jeunes. Après le compte rendu de la réunion de vendredi, nous voyons avec les jeunes ce qu’ils vont faire. Autrefois, dans le Conseil paroissial, il n’y avait que des personnes âgées, des hommes pour la plupart. Nous avons décidé de donner leur place aux femmes et aux jeunes. Chaque Mouvement et groupe de jeunes envoient maintenant au Conseil paroissial deux responsables, un garçon et une fille. Mais là encore, il a fallu mettre en place une responsable fille à côté du garçon. Cela ne se fera pas sans mal, et nous ferons ce qu’il faut pour y arriver.
    Le 3ème point, c’est bien sûr la préparation de la fête de Noël à tous les niveaux, avec tout ce que cela comporte : pas seulement le repas, ni même la messe, mais aussi la réconciliation pour vivre cette fête dans la paix. Nous demandons à chaque famille, à chaque communauté, groupe et Mouvement, de prendre un temps de réconciliation et de pardon. Nous voyons aussi que faire pour tous ceux qui n’ont pas les moyens de célébrer cette fête. Et aussi pour tous ceux qui sont seuls ou découragés, enlisés dans des problèmes de toutes sortes.
    4ème point : Cette réconciliation nous la commençons déjà sur place. Il y a des grosses tensions entre les différents responsables du Conseil paroissial : jalousies, rancunes, problèmes passés mal résolus. Cela amène des dissensions et disputes entre les différents groupes dont ils font partie. Nous décidons de prendre le taureau par les cornes. Cela va durer jusqu’à 16 heures. Mais il faut ce qu’il faut. Il nous faut régler les tensions entre les membres du Conseil paroissial, mais aussi entre communautés de quartier, fraternité et groupe charismatique. Heureusement, les gens n’ont pas perdu totalement les valeurs de leur culture traditionnelle, en particulier le sens du pardon et de la réconciliation, et l’habitude de régler les palabres sans condamner mais en cherchant à obtenir l’entente et l’accord de tous. Nous pouvons nous appuyer sur cette base pour régler les problèmes.
    5ème point : Il ne restait qu’à voir la question du repas pour le noviciat : les communautés et autres groupes se sont proposés de fournir le repas au Noviciat chaque samedi, à tour de rôle. Ils ont « tenu » pendant deux mois, mais pour le deuxième tour, cela devient un problème. Nouveau signe de pauvreté croissante. Il est de plus en plus difficile aux gens de trouver simplement la nourriture pour chaque jour. Quand nous récitons le Notre Père, ce n’est pas de la poésie ! 
    » (Armel Duteil)

  • Vendredi 19 décembre : « Préparation de la rencontre des jeunes.
    Nous avons prévu pour les vacances de Noël une grande rencontre des jeunes de la région (le pays baga : bagataye). Cette rencontre a été préparée depuis Octobre par un message aux jeunes de l’Archevêque.
    Il s’agit de donner la parole aux jeunes et de les écouter pour mieux connaître leur vie et leurs problèmes, et, à partir de là, leur permettre d’établir un plan d’action pour la suite. En effet, le Frère Joseph a été assassiné par deux jeunes qui se droguaient. Les jeunes rencontrent beaucoup de problèmes (mauvaise qualité de l’enseignement, chômage, etc..). Ils font face à l’ethnocentrisme, la corruption et le favoritisme. Les chrétiens sont une minorité (5 % de la population). Les jeunes chrétiens se sentent marginalisés et même rejetés et écrasés. Résultat, ils se découragent, ou se replient sur eux-mêmes ou l’Eglise. Ils ont donc beaucoup de peine à s’engager dans la vie du pays et les structures officielles ou les actions gouvernementales. Il y a tout un travail de réflexion et d’action à mener avec eux. Mais d’abord, il s’agit pour nous de les écouter et de comprendre leurs problèmes. Et à partir de là de leur permettre de trouver leurs propres solutions.
    Il s’agit d’une rencontre importante. Nous nous retrouvons prêtres, religieuses, frères et laïcs de toutes les paroisses de la région, autour de notre Evêque venu de Conakry (5 heures de voyage aller, autant pour le retour) pour cette journée.
    Cette rencontre est une nouvelle occasion pour nous de nous retrouver tous ensemble dans l’amitié, et ces occasions sont trop rares. En effet, chacun est pris par son travail et nous sommes très distants les uns des autres. Pour moi qui ai la responsabilité de toute la région, c’est l’occasion de revoir chacun et de partager ses soucis d’une manière amicale, décontractée et informelle. En particulier pour Kataco. Je suis toujours le responsable, mais je n’ai pas le temps d’y aller souvent. C’est Igbe, spiritain nigérian, mon vicaire depuis deux ans, qui assure le travail sur le terrain. Nous revoyons donc le travail pastoral effectué et les problèmes à régler. Il y en a un gros avec la banque alimentaire qui ne fonctionne plus normalement. Là, il faudra que j’y aille car c’est grave. Au retour, avec l’Archevêque, nous passons bien par Kataco, mais la nuit approche et la route est très mauvaise. Nous voulons rouler le plus possible tant qu’il fait jour. Nous rentrons donc tard et fatigués. Mais demain matin, il me faudra terminer la session de formation avec les novices. 
    » (Armel Duteil)

  • Jeudi 18 décembre : « Ce soir était prévue une réunion avec une autre communauté de quartier. Mais les enfants sont au catéchisme, les jeunes à la chorale pour la préparation de Noël et les adultes dans la famille de notre Sœur que nous venons d’enterrer. En effet, quand il y a un décès, après l’enterrement tout le monde va dans la famille pour continuer à prier avec elle, l’encourager et la soutenir, mais aussi travailler pour elle : aller puiser de l’eau et chercher du bois pour préparer le repas pour les gens venus d’ailleurs. Et cela se continuera les jours suivants. La mort est très présente parmi nous, mais elle est vécue en communauté. La réunion est reportée à mardi prochain (en fait, elle n’aura pas lieu à cause du putsch militaire). J’en profite pour voir quelques personnes en difficulté et régler quelques problèmes en retard. » (Armel Duteil)

  • Mercredi 17 décembre 2008 : « Rencontre avec l’équipe apostolique (prêtres et religieuses).
    Là aussi, suite à des maladies et différents problèmes, notre équipe s’est aussi distendue. Le problème est d’ailleurs général et nous en avons parlé à la session pastorale de lancement de l’année autour de notre Evêque.
    L’équipe des religieuses a changé et je suis également nouveau dans la paroisse. Nous faisons le tour des différentes activités de la paroisse et nous voyons donc comment répartir nos différentes responsabilités. Mais nous voulons baser notre engagement sur la prière : nous décidons de réciter ensemble l’office (le bréviaire) tous les matins à l’église, avant la messe, et tous les soirs chez les sœurs. C’est très important pour nous et nous y tenons.
    L’école primaire.
    A midi, j’ai été obligé de laisser la session pour venir régler un certain nombre de problèmes. D’abord la question des salaires. Nous avons prévu une augmentation de salaires à partir du 1er Janvier. Ils vont passer en moyenne de 150.000 à 200.000 francs guinéens (environ 30 euros). C’est insuffisant, mais c’est le maximum que nous pouvons faire sans trop augmenter la scolarité des élèves. Sinon, les parents pauvres n’enverront plus leurs enfants à l’école et l’enseignement sera réservé aux enfants de familles riches, ce que nous voulons à tout prix éviter. Nous sommes pris entre deux feux, et ce n’est pas facile de tenir les deux fronts en même temps.
    Il y a aussi des tensions à régler. Nos deux stagiaires nigérians, venus pour relever l’école et l’internat, font très bien leur travail, toutefois il y a beaucoup de choses à changer et ce n’est pas facile d’abandonner les habitudes passées et le laisser-aller. Nos deux stagiaires sont exigeants et ils ont raison, mais cela entraîne un certain nombre de tensions qu’il faut apaiser. Il faut du temps et beaucoup de tact !
    Les fuites aux compositions. Un des enseignants a vendu à l’avance à certains parents les sujets des compositions pour que leurs enfants aient de bonnes notes. Cela est absolument inadmissible. Nous parlons longuement du problème et décidons de commencer les compositions à la rentrée de janvier. Il va falloir sévir, car, en plus, nous nous sommes aperçus que ce n’est pas la première fois que cet enseignant fait le coup ! Je vais avertir l’inspectrice préfectorale de l’enseignement pour que les choses soient claires. Mais il nous faut chercher un nouvel enseignant compétent en pleine année scolaire. Et aussi un surveillant pour le dortoir. L’ancien a réussi un concours et va continuer des études. 
    » (Armel Duteil)

  • Mardi 16 décembre : « Les communautés de quartier.
    Ce soir, rencontre avec la communauté du quartier ALMAMIYA. Là, il y a vraiment beaucoup à faire. A mon dernier passage, j’avais longuement expliqué ce qu’est une telle communauté. Les gens m’ont assuré qu’ils avaient bien compris et qu’ils étaient d’accord. Mais pour passer à la réalité, c’est autre chose ! Au lieu de voir les situations d’injustice dans le quartier, les personnes à aider et les réconciliations à faire, on passe toute la réunion à parler du repas à préparer pour l’offrir aux novices samedi prochain. Et cela accompagné d’attaques personnelles, de jalousies et de sous-entendus. Je leur dis ce que j’en pense et nous voyons comment faire à l’avenir. Mais il faudra reprendre les choses en profondeur samedi, à la rencontre du conseil paroissial. 
    » (Armel Duteil)

  • Lundi 15 décembre : « Le matin, à 6 heures 30, je dis la messe pour la paroisse. Il n’y avait pas eu de messe en semaine depuis le 2 Novembre. (Le dimanche, les prêtres du Noviciat viennent). Et dès 8 heures, je pars justement au Noviciat pour commencer ma session sur le célibat consacré et la vie religieuse.
    Pendant toute la semaine, j’anime donc cette session sur le célibat consacré (religieux) avec les six novices. Ce temps de noviciat est un temps de formation spirituelle et de préparation à la vie religieuse et missionnaire. Il est important de poser des bases solides. En particulier pour qu’ils puissent vivre leur célibat d’une manière heureuse et épanouissante. Une semaine entière, ce n’est pas trop et cela se passe très bien car ces novices sont de jeunes adultes qui ont déjà terminé le premier cycle de leur formation et fait un stage en pays étranger. Ils sont, de plus, motivés et engagés. Cela me fait aussi du bien à moi-même de vivre cette session et ça me rajeunit !
    Mais je ne suis pas revenu à BOFFA depuis début Novembre. Il y a donc beaucoup de choses à voir. Il faut aussi continuer les formations, réorganiser les activités et relancer la paroisse. Aussi, chaque jour à 17h, je quitte le noviciat pour rencontrer un groupe différent. Ce lundi, je commence par les catéchistes.
    La catéchèse a commencé dès le lancement de l’année scolaire et se déroule normalement. Ce qui est un bon point. Mais il y a quand même beaucoup à améliorer. D’abord le suivi par les parents de la catéchèse donnée aux enfants. Ensuite, le soutien par les parrains et marraines, car chaque enfant (et adulte) doit avoir un parrain ou une marraine dès le début de sa catéchèse ; mais cela a de la peine à se mettre en place. Les problèmes ne manquent pas non plus du côté des catéchistes. La catéchèse est encore trop un enseignement théorique et moralisant. Alors qu’il s’agit de faire découvrir une personne, le Christ, et une Bonne Nouvelle, l’Evangile. Il ne suffit pas de les connaître théoriquement, mais d’en vivre. Nous voyons comment améliorer notre éducation religieuse. En effet, les catéchistes parlent trop et ne font pas assez participer les enfants. Nous cherchons aussi comment aider les enfants à vivre pendant la semaine ce qu’ils ont découvert pendant la catéchèse (mettre en pratique ce qu’ils ont appris). Et comment évaluer, la semaine suivante, ce qu’ils ont vécu ; ce n’est pas facile et les catéchistes n’y sont pas habitués. Ils auraient plutôt tendance à faire la catéchèse simplement comme on enseigne les matières profanes à l’école. C’est plus facile ! Mais, comme tous, nous cherchons à faire pour le mieux, j’ai bon espoir. Nous évaluerons tout cela à ma prochaine visite. 
    » (Armel Duteil)

  • Dimanche 14 décembre : « Justice et Paix.
    Ce matin, je pars dans une paroisse que je n’ai pas encore visitée à Conakry (il y en a 19 pour la capitale). J’y viens pour lancer une commission « Justice et Paix ». J’en dis quelques mots aux annonces et nous nous retrouvons avec les volontaires après la messe. Ils sont nombreux à être restés, beaucoup de jeunes, et ils semblent décidés. Nous mettons donc tout de suite en place les actions à mener. Dans toutes les communautés de quartier, les différents groupes et mouvements, ils vont d’abord mener une enquête pour voir les situations d’injustices et de manque de paix autour d’eux. Dans un mois, un délégué de chaque groupe viendra apporter les résultats de leur enquête et ils en feront une synthèse. A partir de là, ils décideront des premières actions à mener. Avant de les quitter, je me retrouve avec Joseph, membre de la commission diocésaine qui continuera à les suivre, et avec le conseil paroissial. Puis je pars à la gare routière, où j’attends 4 heures avant que le taxi-brousse pour BOFFA se remplisse. Car on ne part jamais avant que le taxi soit plein : il faut rentabiliser le voyage. C’est vrai que ça ne coûte pas cher : 20.000 FG, soit 3 € pour 150 km, bien qu’un litre d’essence coûte près d’1 €, malgré la dernière diminution. Alors, pour s’en sortir, il faut charger à bloc : 7 personnes dans une petite berline, 10 dans un break !
    J’arrive en pleine nuit, mais pas besoin de réveiller mes confrères, j’ai les clés ! 
    » (Armel Duteil)

  • Samedi 13 décembre : « Je retrouve les animateurs-jeunes pour la prévention du SIDA.
    C’est un groupe qui travaillait très bien, du temps où il était soutenu financièrement par une ONG américaine. Mais le soutien s’est arrêté et les activités aussi ! Et vu les conditions économiques dramatiques du pays, on ne peut par leur demander de travailler à plein temps, bénévolement. C’est un problème auquel nous nous trouvons confrontés en permanence. Il y a énormément à faire, mais les moyens manquent. Nous voyons comment relancer les activités malgré tout. Non pas à temps plein, mais en profitant des occasions qui se présentent dans leurs différentes activités. Pas seulement pour parler du SIDA, ce qui est facile, mais pour participer à une véritable éducation sexuelle des jeunes, ce qui est moins simple. Et aussi leur donner le courage et les accompagner pour passer un test de dépistage. C’est la première fois que je rencontre les membres de ce groupe et ils semblent très heureux de cette rencontre qui les relance. Nous allons continuer.
    Jeux éducatifs aux droits de l’homme et de l’enfant.
    Je vous en ai déjà parlé plusieurs fois. Nous les avions composés au Sénégal avec Amnesty International. Je les ai adaptés à Mongo à la culture des Kissiens, traduits en anglais pour les utiliser dans les camps de réfugiés du Libéria et Sierra Leone, et aussi en Kissi, en Kono et en Menda, trois langues de la Forêt.
    Depuis que je suis venu à Kataco, je n’ai pas eu la possibilité de les faire utiliser, faute de moyens pour prendre en charge les animateurs. Je suis maintenant sur une piste. Mais le pays a beaucoup changé à cause de tous les événements de ces deux dernières années, et puis Kataco ce n’est pas la Forêt du sud de la Guinée. Et Conakry non plus. Nous avons commencé à jouer ce jeu avec les enfants de l’internat de Boffa pour observer comment ils réagissaient ; maintenant, avec l’aide des deux commissions nous cherchons comment les repenser pour la situation nouvelle dans laquelle nous nous trouvons actuellement ; et il faut les repenser presque complètement. C’est à cela que j’occupe mes soirées depuis quelque temps, ainsi que mes quelques autres (rares) temps libres. 
    » (Armel Duteil)

  • Vendredi 12 décembre : « Ordination épiscopale du nouvel Evêque de NZEREKORE, Raphaël GUILAVOGUI.
    C’est une célébration très importante, car il n’y a que trois diocèses dans toute la Guinée (90 % des Guinéens sont musulmans) et nous attendions la nomination de cet évêque depuis longtemps. Bien sûr, je suis invité, mais il y a deux jours de voyage à faire, sur une route très mauvaise (c’est à la frontière de la Côte d’Ivoire) et je n’ai vraiment pas le temps d’y aller, vu tous mes engagements. Nous espérons que cette nomination permettra un nouveau démarrage du diocèse. Et qu’elle fera grandir les liens et une vraie collaboration entre tous les chrétiens de Guinée. Car il y a une grande mobilisation à cette occasion. C’est important que cela continue ! 
    » (Armel Duteil)

  • Jeudi 11 décembre : « Les actions et manifestations contre le SIDA se continuent. Dimanche, il y a eu un grand rassemblement dans la paroisse de Nong comme prévu. Un autre se prépare pour demain. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec les 12 animateurs qui suivent une centaine de personnes vivant avec le SIDA. Nous faisons le point sur les actions menées qui sont très délicates et ne vont pas sans poser de nombreux problèmes. Nous échangeons nos idées pour améliorer nos façons de faire.
    Je trouve un moment pour parler avec Nuno, responsable du SCD (Service de Coopération et de Développement) qui est venu visiter les volontaires envoyés par son Organisation, en Guinée. En particulier Bernard, responsable de l’atelier de soudure, Savoir-Fer, pour les enfants de la rue. (Mettre un lien avec « Savoir-Fer » - texte – rubrique « Pastorale sociale », et photos). Nous faisons le tour des activités, visitons l’atelier pour contacter les formateurs et apprentis, évaluons les façons de faire et allons voir l’Evêque pour préparer l’avenir.
    Je suis très heureux de revoir Nuno, car nous nous connaissons depuis plus de 30 ans et j’ai participé à plusieurs sessions de préparation au départ des volontaires, dans les années 1976-1979 et encore, lors de mes congés, plusieurs fois par la suite. Nous parlons de ces trois années que j’ai passées en France en animation missionnaire : d’abord avec les travailleurs immigrés, les étudiants africains et à propos des relations avec les autres religions ; mais aussi dans les écoles et quartiers, auprès des Français, sur les problèmes du développement, et dans les paroisses et Mouvements, sur la vie des autres Eglises. Je garde un excellent souvenir de ce travail, en particulier avec les jeunes, français ou étrangers.
    Souffrances de cinq camerounais. Je me prépare à partir au Lycée présenter la Commission Justice et Paix, quand arrivent deux camerounais qui me racontent leur histoire. Avec trois autres amis, ils mangeaient tranquillement chez eux, à côté d’un bar, quand arrivent des militaires, dont le meneur de la mutinerie d’il y a quelques mois. Ils étaient sans doute saouls et drogués, en tout cas ils ont sérieusement tabassé le propriétaire du bar. Quand ils se sont aperçus que ces cinq camerounais avaient été témoins de l’affaire, ils les ont furieusement frappés en les accusant d’avoir volé un rétroviseur de leur voiture. Ils leur ont tout pris : téléphones portables, argent, papiers, passeports… Et les ont amenés au camp. Là, ils ont continué à les frapper, à leur verser de l’acide de batterie sur le corps et à les menacer en leur disant que de toutes façons ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient, personne ne pourrait rien leur dire. Finalement, ces Camerounais ont été chassés du camp, mais ils continuent à être menacés et se retrouvent sans protection. Le certificat médical qu’ils ont fait établir à la sortie du camp a été pris par la police. Bien sûr, ils voudraient rentrer au Cameroun, mais ils n’ont plus aucun papier. Ils ont été voir une association des droits de l’homme qui leur a dit qu’on ne pouvait rien faire pour eux. Ils ont été au HCR, mais on leur a dit qu’ils ne sont pas déclarés comme réfugiés. Alors, ils sont venus me voir. Avec l’Evêque et Roberto, l’aumônier de prison, nous avons cherché ce que nous pourrions faire. En Guinée, il n’y a ni ambassade, ni même consulat du Cameroun. Il faudrait aller à Dakar ou Abidjan. Il y a bien une association des Camerounais, mais le président a été menacé par les militaires et depuis il a peur. Nous contactons le CICR (la Croix Rouge) pour qu’ils aient au moins un laisser-passer, mais ils ne peuvent pas les recevoir avant lundi prochain. Nous leur assurons le maximum de protection et de moyens de vivre. Mais il reste le coût du voyage pour le Cameroun : 2.000 € pour cinq personnes. Bien sûr, cela dépasse nos possibilités. Nous allons nous tourner les Caritas (Secours Catholique) d’Allemagne et des Etats-Unis. Roberto va suivre les affaires, car je dois absolument aller à BOFFA pour préparer les fêtes de Noël. 
    » (Armel Duteil)

  • Mercredi 10 décembre : « 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
    C’est important pour nous. Pour la première fois, cet anniversaire sera célébré en Guinée, à l’intérieur du pays, dans le Fouta Djalon, à Lake. A Conakry, une conférence est donnée à l’université par Andréa RICCARDI, le responsable de Sant Egidio, organisation qui travaille beaucoup pour la paix et la réconciliation en Afrique. Pour moi, plus prosaïquement, je continue mes interventions dans les différentes classes du lycée de Dixina pour présenter la commission « Justice et Paix ». (Mettre un lien avec cette rubrique) C’est important pour faire réfléchir les jeunes à la situation actuelle du pays et à leur responsabilité. J’espère installer une Commission Justice et Paix au sein du Lycée. On verra ! 
    » (Armel Duteil)

  • Mardi 9 décembre : « Au retour, bien des choses m’attendent. En particulier pour les activités contre le SIDA qui se continuent et pour la célébration du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, demain. Je prends d’abord le temps de saluer Jean-Louis et Jacqueline qui sont venus nous donner un coup de main pour la Procure et les autres services de l’Archevêché. Ils nous ramènent le calendrier 2009 sur le thème du prochain synode pour l’Afrique : Réconciliation, Justice et Paix qu’ils ont imprimé pour nous. Nous allons pouvoir le mettre en vente immédiatement. Jean-Louis et Jacqueline m’ont apporté quelques « victuailles » (saucisson, fromage) introuvables ici ! Cela permettra de marquer le coup pour les fêtes de Noël ! Ensuite, je me dépêche de rejoindre l’Evêque, car il y a de nombreux problèmes en suspend à régler ; ça se fera au fur et à mesure. » (Armel Duteil)

  • Lundi 8 décembre 2008 : « Nous avons du retard pour décoller, mais au moins nous arrivons à bon port. C’est la Tabaski, mais aussi la fête de l’Immaculée Conception, fête du diocèse. J’arrive juste à temps pour participer à l’Eucharistie qui est célébrée le soir. Une bonne façon d’atterrir en Guinée. » (Armel Duteil)

  • Dimanche 7 décembre : « Prière et visite en famille.
    Raymond, le directeur du Centre qui nous accueille, m’a demandé de présider l’Eucharistie. Je me sens à l’aise pour l’homélie, car dans la 2ème lecture, Pierre explique : Nous attendons une terre nouvelle où la justice habitera… pour la paix de tous !
    A midi, je suis donc reçu dans la famille d’Emile. La rencontre est très agréable malgré le décès récent de leur fille. Ensemble nous prions pour elle et je ramène un DVD de l’enterrement pour Emile.
    L’après-midi, nous partons à PORTO NOVO, la capitale, où se trouve un Centre de développement qui m’intéresse beaucoup car ils font des transformations et conservations de produits locaux : légumes, fruits, viande et poisson. Nous pensons d’ailleurs y envoyer l’une ou l’autre personne pour s’y former. Malheureusement, c’est dimanche, et le centre est fermé ! Dommage. 
    » (Armel Duteil)

  • Samedi 6 décembre 2008 : « Echanges sur la non violence.
    Nous échangeons un long moment avec Geneviève qui travaille depuis de longues années au Niger et assure des formations sur la Non Violence Active. Cela m’intéresse beaucoup, en particulier pour le travail en Justice et Paix. Nous échangeons de nombreuses idées et préoccupations et posons les premières bases d’une collaboration possible,…. si possible !
    L’après-midi, nous nous retrouvons avec Jean-Paul pour tirer les conclusions du Colloque et voir la suite à leur donner en Guinée. Il y a du travail à faire, aussi bien auprès des réfugiés et autres étrangers venus chez nous que pour ceux qui sont en transit pour l’Europe, la plupart du temps clandestinement, sans oublier ceux qui ont été expulsés et reviennent complètement démolis.
     » (Armel Duteil)

  • Jeudi 4 décembre 2008 : « Rencontre amicale.
    A mon départ de Conakry, Emile, responsable de l’Association SOS-Mineurs, m’a remis une lettre destinée à son grand frère vivant à Cotonou, pour présenter ses condoléances à la suite du décès de sa nièce, car il n’a pas pu venir à l’enterrement depuis la Guinée. J’achète une puce pour pouvoir les prévenir. Ils viennent me saluer et m’invitent pour le dimanche, si je suis encore là !... En effet, le vendredi, il y a bien un avion, mais pour le vol « Cotonou-Conakry » le billet revient à 1.500 dollars. En restant jusqu’à lundi, le billet ne coûtera que 700 dollars, mais ce n’est pas sûr qu’il y aura un avion, d’autant plus que c’est la fête de la Tabaski (Ard el Kebir, la fête du mouton), une grande fête musulmane. Je tente le coup et je décide d’attendre lundi, ce qui me permet de rester trois jours supplémentaires à Cotonou et de prendre un certain nombre de contacts.
     » (Armel Duteil)

  • Mercredi 3 décembre 2008 : « Livres et retrouvailles.
    Les expéditions coûtent très cher en Afrique. Profitant de ma venue à Cotonou, j’ai amené une valise de mes livres. (Jean-Michel : lien avec la liste de mes livres). A l’occasion d’une pause, je vais à la librairie Notre-Dame où nous avions un dépôt de nos livres dans le passé. J’ai la surprise d’y trouver comme directrice, Agnès, une vieille amie avec qui j’avais travaillé autrefois pour l’Action Catholique de l’Enfance. Et dont la sœur, enseignante, avait été ma collaboratrice à St Louis du Sénégal. Le monde est petit ! Ces livres les intéressent d’autant plus qu’ils préparent une semaine du livre africain, et ils m’en demandent d’autres. Je ne sais pas si je pourrai trouver une occasion pour les envoyer.
     » (Armel Duteil)

  • Mardi 2 décembre 2008 : « Rencontre sur les problèmes des migrants.
    Malgré la fatigue, nous rejoignons le groupe qui a commencé le travail depuis hier. Au moins, nous avons évité les discours protocolaires ! Je retrouve, avec beaucoup de joie, un certain nombre d’amis connus aux rencontres précédentes d’Abidjan et de Kinshasa. C’est cela le plus important : la possibilité d’échanger nos idées, nos questions, et nos réalisations.
    Le rencontre regroupe des responsables de Justice et Paix, de Pastorale sociale et de Caritas (Secours catholique) pour réfléchir à la situation des migrants : leurs problèmes aussi bien dans les pays de départ (en Afrique), de transit et d’arrivée (en Europe). Et ce que nous pouvons mettre en place pour que cela se passe moins mal ici et là-bas. Et aussi pour accueillir ceux qui sont expulsés d’Europe et reviennent chez nous humiliés, complètement perturbés, en très mauvais état de santé, rejetés par leur famille et leur milieu et sans aucun moyen pour redémarrer dans la vie. Ce qui fait qu’ils n’ont qu’un seul désir : repartir dès qu’ils seront en état de le faire, quitte à retrouver à nouveau de grandes souffrances et même la mort.
    Dès que possible, je mettrai les conclusions du Colloque, car ce serait beaucoup trop long de tout reprendre ici. 
    » (Armel Duteil)

  • Lundi 1er décembre 2008 : « Je passe toute la matinée à me battre pour trouver une place dans l’avion. Car il y en a un encore aujourd’hui, mais nous ne sommes pas sur la liste ! Ce n’est qu’à midi que nous arrivons à nous faire accepter par la Compagnie, puisque c’est elle qui a supprimé le vol, sans même nous prévenir ! Mais l’heure a passé. Nous sautons dans un taxi pour l’aéroport….. Heureusement, l’avion a plusieurs heures de retard. Nous pouvons donc partir…. et arrivons après minuit : l’équipe d’accueil a été très patiente et nous a attendus. Heureusement, car ni Jean-Paul ni moi ne connaissons Cotonou, l’argent guinéen n’est pas valable dans le reste de l’Afrique de l’Ouest francophone et le réseau téléphonique guinéen ne fonctionne pas au Bénin !Le lundi 1er décembre était aussi la Journée Mondiale contre le SIDA. » (Armel Duteil)

  • Dimanche 30 novembre 2008 : « Faux départ pour le Bénin.
    Avant mon départ, je devais célébrer l’Eucharistie dans la paroisse voisine. Le Frère Yvon devait m’y conduire. Mais la voiture, qui pourtant sort du garage, refuse de démarrer. Nous trouvons un voisin au bout d’un certain temps pour me conduire à l’aéroport, car pour la messe, c’est trop tard. J’ai téléphoné au catéchiste pour qu’il dirige une liturgie de la parole et donne la communion. Heureusement qu’il y a le téléphone portable… et que cette fois il a marché ! J’arrive donc à l’aéroport où Jean-Paul, mon compagnon de voyage, m’attend avec impatience. Nous retrouvons tout un groupe de personnes devant le comptoir de la Compagnie « Air-Ivoire » qui n’est même pas ouvert. Nous attendons plus d’une heure sans voir personne. Le vol est annulé. Mais la Compagnie ne nous a pas prévenus. Et elle n’a même pas envoyé un agent pour nous avertir. Il y a bien une autre compagnie, Air-Mali, qui part pour Cotonou, mais ils refusent les billets d’Air-Ivoire. Et, bien sûr, je n’ai pas d’argent pour acheter un autre billet. Déjà, le premier m’a été envoyé par les responsables du Colloque auquel je dois participer.
    De telles situations arrivent chaque jour. Le pays est en pleine décomposition. Cela fait un mois que nous cherchons à ouvrir un compte à la banque : il y a toujours un papier qui manque ou quelqu’un d’absent ! Et celui qui doit faire le travail commence par chercher quelqu’un d’autre qui pourra faire le travail à sa place, ou sinon un autre moment pour le faire. Ce n’est pas toujours facile de rester calme dans ces conditions ! 
    » (Armel Duteil)

  • Samedi 29 novembre 2008 : « Education aux droits de l’enfant.
    Nous nous retrouvons ensemble pour un séminaire de formation aux droits de l’enfant, avec 50 enseignants de l’école primaire. Après un temps de recherche sur la façon de faire vivre ces droits et de les faire respecter, nous présentons le jeu que j’ai composé autrefois avec Amnesty International au Sénégal et réactualisé et adapté en Guinée quand j’étais dans les camps de réfugiés. C’est un très bon moyen pour initier les enfants aux droits des autres enfants et les aider à les mettre en pratique. Tout cela se passe dans une très bonne ambiance, très joyeuse.
    Vendredi 28 novembre 2008 : Arrivée de Jean-Paul, responsable « Justice et Paix » du diocèse de NZEREKORE.
    Nous allons participer ensemble à un séminaire sur les migrants, au BENIN. Nous sommes heureux de nous revoir, car nous travaillons dans le même sens et nous nous entendons bien. Nous en profitons pour travailler ensemble, car Nzérékoré est loin (près de la frontière ivoirienne) et les routes en très mauvais état. Jean-Paul a mis plus de 24 heures pour arriver. Et en plus, ça coûte cher !
    Nous allons ensemble à CRS pour voir comment trouver des moyens pour coordonner le travail dans le diocèse, d’autant plus qu’un nouvel évêque vient d’y être nommé. Nous revoyons les différentes actions qui ont été menées, pour les analyser et les réorienter. Nous préparons notre participation et mon intervention au séminaire du Bénin. Jean-Paul m’accompagne au Lycée Ste Marie où je dois intervenir sur « Justice et Paix » ; il y participe activement, apportant son éclairage et le témoignage de leurs actions. 
    » (Armel Duteil)

  • Lundi 24 au vendredi 28 novembre 2008 : « Suite des activités.
    Les activités habituelles de Conakry reprennent, en plus de l’accueil des gens et des réunions diverses.
    Lundi, travail avec CRS ; mardi, conseil d’administration de Savoir-Fer ; mercredi, réunion de l’équipe OCPH ; jeudi, rencontre avec l’UNICEF ; vendredi, travail à l’Archevêché.
    Formation à Justice et paix dans les lycées.
    Aujourd’hui, je commence toute une série de rencontres avec les élèves du Lycée Ste Marie (une heure par classe). Ce n’est pas beaucoup, mais cela permet quand même de présenter la Commission Justice et Paix, ses bases humaines (la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme) et religieuses (dans l’Evangile et le Coran), de faire une première sensibilisation et de commencer à répondre aux deux questions :
    Nous, jeunes, quelles situations d’injustices et de manques de paix vivons-nous ?
    Que pouvons-nous faire ?
    L’objectif, c’est d’arriver à mettre en place une commission justice à l’intérieur du Lycée. 
    » (Armel Duteil)

  • Dimanche 23 novembre 2008 : « Lancement de « Justice et Paix ».
    Je me retrouve à nouveau dans la paroisse de LAMBANYI. Cette fois-ci, avec Charlotte, membre de la commission diocésaine, nous sommes venus mettre en place la Commission paroissiale de Justice et Paix. Les gens sont nombreux à rester après la messe, et leurs questions pertinentes montrent qu’ils sont très intéressés. Il faut dire que les problèmes sont nombreux et importants. Il y a donc beaucoup à faire.
    Depuis hier après-midi, les enfants CV-AV (ACE : Action Catholique de l’Enfance) du secteur se sont réunis pour une grande fête de lancement de l’année. J’aime beaucoup ce Mouvement qui donne leur place aux enfants, les forme et les responsabilise. Bien sûr, ce sont eux qui animent notre prière aujourd’hui. Ils le font très bien, à la grande joie de tous. Nous avions prévu une rencontre avec les jeunes sur leur engagement dans les quartiers et la vie du pays, mais il y a trop de choses à faire. Ce sera donc pour une autre fois. 
    » (Armel Duteil)

  • Samedi 22 novembre 2008 : « Nouvelle formation en Pastorale sociale.
    Nous voyons où en sont les différentes commissions paroissiales que nous avons lancées. Après un travail avec l’Evêque, je vais rejoindre un groupe d’anglophones. Ils cherchent à se regrouper pour pouvoir se soutenir et porter ensemble leurs problèmes. En effet, ici comme ailleurs, les étrangers sont souvent des boucs émissaires, victimes de toutes sortes de tracasseries policières, arrestations illicites, chantage et pillage. Et comme ils ne sont pas du pays, et parfois ne parlent même pas la langue locale, ils ont beaucoup de mal à s’en sortir. Et on les accuse de tous les maux : drogue, prostitution, etc. Nous parlons de leurs différents problèmes et voyons ce qu’il est possible de faire. Demain, je les mettrai en relation avec les chrétiens de LAMBANYI pour qu’ils soient connus et accueillis, aimés et soutenus. Pour eux, c’est déjà important d’être reconnus et de pouvoir parler de leurs problèmes. Et pour moi, je retrouve l’ambiance et la culture des gens avec qui je travaillais à Mongo dans les camps de réfugiés. 
    » (Armel Duteil)

  • Du 19 au 21 novembre 2008 : « Ce sont les activités habituelles : accueil, visites, rencontres, réunions avec les différents groupes et associations, réflexions sur nos actions avec les différents responsables. Nous reprenons aussi avec CRS les différents points que nous avions travaillés, car il y a toujours des détails à préciser si l’on veut avancer. Surtout sur des questions aussi délicates…. et dangereuses, que les prochaines élections. » (Armel Duteil)

  • Mardi 18 novembre 2008 : « Réunion de doyenné.
    D’abord, ce qui est important pour nous, c’est de nous retrouver pour resserrer nos liens d’amitié, nous soutenir les uns les autres et nous encourager mutuellement. Mais, plus profondément, nous ne pouvons pas faire grandir l’unité et amener la paix autour de nous, si nous ne sommes pas d’abord profondément unis entre nous. Certains sont partis en juillet, d’autres sont arrivés. Nous sommes heureux de les accueillir. Nous prenons donc le temps de faire connaissance. Ensuite, nous reprenons les orientations et décisions de la session de lancement de l’année pastorale pour voir comment les adapter et les mettre en pratique : pour le travail des catéchistes, celui des conseils paroissiaux et la responsabilisation des laïcs en général. Nous faisons le point de la catéchèse et de la marche de nos communautés de base.
    Dans un troisième temps, nous réfléchissons à l’animation des jeunes. C’est un point essentiel pour nous et nous lui accordons toute notre attention. En particulier, la marche des mouvements de jeunes. Cette année, notre Evêque a envoyé un message aux jeunes pour leur donner la parole et leur demander ce qu’ils veulent faire, non seulement dans l’Eglise, mais aussi dans le pays. Une grande rencontre de tous les jeunes du doyenné est prévue pendant les vacances de Noël. Nous la préparons activement, car c’est une grande affaire.
    Nous voyons ensuite comment mieux nous aider et travailler. Et en particulier soutenir Kataco dans la mesure où Igbé se retrouve souvent seul, car je dois relancer la paroisse voisine de Boffa et me consacrer aux deux commissions de « Justice et Paix » et de « Pastorale sociale ». (Voir les deux rubriques du même nom).
    Nous terminons en abordant les questions diverses qui nous tiennent à cœur. La rencontre se termine par un repas simple et fraternel, qui fait la joie de tous.
    Dès la fin de la réunion du doyenné, je devais partir pour la tournée des communautés de villages. J’ai tout préparé à l’avance. Le problème, c’est la voiture. Elle est très vieille et à chaque fois que nous sortons, il y a quelque chose qui lâche. Nous essayons toujours de la bricoler, mais sans succès. Elle est à nouveau au garage depuis deux jours. C’est une vieille Renault camionnette. Finalement, elle arrive et nous partons. Je suis accompagné de Bernard, responsable de Savoir-Fer, l’association qui forme des enfants de la rue en soudure, et de Véronique, qui vient de terminer ses études d’assistante sociale et qui est venue travailler pendant deux mois avec les enfants de la rue dans l’Association SOS Mineurs. Ils souhaitent tous deux partager la vie des communautés de village. Mais les choses ne se passent pas comme prévu ! Le mécanicien a enlevé la bobine et l’a remplacée par un bobinage de fils plus ou moins soudés les uns aux autres. Au bout de 30 km, ils ont chauffé et pris feu. Plus de circuit électrique. Heureusement, nous étions dans un coin où il y avait un peu de réseau. Nous avons réussi à joindre Kennedy, un confrère ghanéen nouvellement arrivé au noviciat. Il vient nous chercher et nous remorque jusqu’à Boffa. Je suis très déçu, car c’est la 2ème fois que je tombe en panne et que je dois ainsi annuler ma tournée. Cela ne me plaît pas du tout, car je sais qu’ils m’attendent et se sont préparés, et ils seront déçus. Et moi, ça ne me plaît pas du tout. Je passe la nuit à Boffa et nous retournons tous les trois à Conakry, car beaucoup de problèmes m’attendent et j’ai beaucoup de travail en retard. 
    » (Armel Duteil)

  • Lundi 17 novembre (suite) : « A 17 heures, réunion des parents d’élèves.
    Dès 16 heures, ils commencent à arriver, alors que je suis en réunion avec les catéchistes pour réajuster le programme et la façon d’enseigner en sissou, la langue de la région. Ils semblent vraiment intéressés, car en général les gens arrivent en retard ! Mais je crois que c ’est la première réunion du genre, où ils pourront poser leurs questions et faire leurs propositions. D’habitude, on les convoque pour leur faire un discours et leur demander de l’argent ! La salle est trop petite, de nombreux participants sont dehors, mais ils écoutent attentivement.
    Les choses tournent toujours autour de la question : comment mieux éduquer nos enfants ? Aussi bien en famille et dans le quartier qu’à l’école. On nous demande d’organiser des cours d’informatique : mais pour cela il faudra non seulement des appareils mais aussi du courant et des moyens. Ils demandent aussi une initiation à l’anglais. Cela sera plus facile, avec nos deux stagiaires nigérians. Nous leur annonçons que les enfants et enseignants sont maintenant assurés contre les accidents. Et que le salaire des enseignants va passer de 150.000 à 200.000 francs guinéens (environ 30 €) pour les plus bas. C’est bien normal, vu l’augmentation énorme du coût de la vie. Et ce salaire est possible grâce à l’effort fourni par les parents, car la scolarité est passée de 10.000 à 20.000 francs guinéens par mois cette année, en raison de toutes les augmentations subies. Cela, les parents le comprennent très bien, d’autant plus que nous leur donnons toutes les explications nécessaires sur l’organisation de l’école et l’utilisation de l’argent cette année.
    Bulus et Ugo Tshuky, les deux stagiaires, interviennent ensuite sur les questions de discipline, de propreté (malgré la pauvreté) et l’éducation en général.
    Mais la nuit tombe et il n’y a pas de courant. Nous devons donc nous séparer, au grand regret de tous. Jusqu’à la prochaine fois !
    La réunion du doyenné.
    Pendant ce temps, les prêtres, frères et sœurs de tout le bagataye (le pays baga) ont commencé à venir. Nous sommes bien sûr heureux de les accueillir. Et nous échangeons des nouvelles des vacances et autres. Cela fait très plaisir de se revoir ; la conversation joyeuse se poursuit pendant tout le repas.
    La nuit, chacun profite de cette rencontre pour échanger des idées, poser des questions et chercher des solutions à ses problèmes particuliers. Avec le Frère Charles, le nouveau responsable de l’école primaire de Kataco, nous faisons le point de la rentrée et voyons comment mieux faire fonctionner l’école. Et aussi comment l’aménager, grâce au soutien des amis du Père Bienvenu, un ancien curé de Kataco, décédé il y a 2 ans. Les besoins ne manquent pas : refaire les escaliers, cimenter le sol des classes, refaire la peinture, confectionner des tables bancs supplémentaires, mais surtout refaire le toit. Le nombre des enfants à l’école maternelle ne fait qu’augmenter également. Aussi, Sœur Renée, la directrice, demande une aide elle aussi, pour construire une nouvelle classe, et ce en complément de l’argent reçu de sa paroisse d’origine.
    Il reste à voir ensemble, Boffa et Kataco, comment organiser le travail des stagiaires cette année. Mais il est trop tard, nous reprendrons cela demain matin. 
    » (Armel Duteil)

  • Lundi 17 novembre 2008 : BOFFA: « Je suis arrivé à Boffa hier, accompagné de Véronique qui vient de terminer ses études d’assistante sociale. Elle a voulu voir ce qui se passait en Guinée et comment nous travaillons. Elle vit pendant 3 mois au Foyer de l’Espérance et participe au travail des éducateurs de SOS mineurs du foyer, dans la rue, dans les commissariats et à la prison. Je l’amène avec moi pour qu’elle puisse voir la vie et l’action des communautés chrétiennes dans les villages de Boffa. (Jean-Michel : mettre un lien avec SOS mineurs : Pastorale sociale).
    Le matin, célébration de l’Eucharistie pour une chrétienne qui a beaucoup travaillé dans la communauté. L’assistance est nombreuse. Puis nous passons toute la matinée à faire le tour des activités de la paroisse, avec les deux stagiaires qui assurent le suivi pendant mon absence. Il y a beaucoup de choses à mettre au point en ce début d’année pastorale.
    A 14 heures, j’apprends la maladie de Roland, le responsable de la communauté de Marara, une île de la mangrove. On l’a amené à l’hôpital en pirogue pendant la nuit. Je me prépare à aller lui donner le sacrement des malades quand j’apprends qu’il est décédé. Nous nous rendons immédiatement à l’hôpital où déjà de nombreuses personnes se sont rassemblées, en particulier des musulmans, car Roland vivait en bonnes relations avec tous et avait des responsabilités au niveau du secteur. Nous faisons une longue prière. Les gens restent autour de lui parce qu’il faut attendre l’heure de la marée pour pouvoir le reconduire dans l’île de Marara.
    L’après-midi, nous épluchons les comptes de l’école primaire et du dortoir. En effet, nous voulons que la scolarité soit la moins coûteuse possible pour permettre au maximum d’enfants d’être scolarisés, mais il faut bien que l’école tourne et que les enseignants soient payés. Nous sommes sur la corde raide !
    A 17 heures, je retrouve la 2ème communauté de quartier et nous tenons notre réunion, comme hier. Encore une bonne journée ! La nuit, nous prenons le temps de partager sur toutes nos activités avec les deux stagiaires.
     » (Armel Duteil)

  • Dimanche 16 novembre 2008 : « Rencontre diocésaine de « Justice et Paix » dans la paroisse de Nongo.
    Nous en profitons pour lancer la commission dans cette paroisse. Ensuite, nous faisons le point du travail des commissions qui existent déjà et préparons les activités du mois à venir. Puis nous mettons au point les actions à mener au niveau du diocèse. Et le travail des sous-commissions justice, santé et relations avec les pouvoirs publics. Comment organiser la commission dans les mouvements : scouts, femmes catholiques, Légion de Marie. Nous cherchons des volontaires pour lancer la commission dans les paroisses où elle n’existe pas encore. Nous préparons aussi les activités du 1er décembre et du mois sur la lutte contre le SIDA.
    Dès la fin de la rencontre, je saute dans un taxi, avec Véronique jeune Française venue travailler 3 mois avec les enfants de la rue à SOS mineurs. En effet, toute la semaine prochaine je suis à Boffa, l’une de mes deux paroisses.
    Une décision difficile. Depuis un an, dans le cadre de la Pastorale Sociale, j’ai pris la responsabilité de l’OCPH, le Secours catholique de Guinée (Caritas). En 2000-2001, au moment des attaques rebelles (j’étais alors dans les camps de réfugiés sierra léonais et libériens et travaillant avec les Guinéens déplacés par la guerre), l’OCPH a reçu beaucoup d’argent des Caritas étrangères. C’était normal, il y avait tellement à faire ! Et l’argent reçu a été bien utilisé, pour les réfugiés et déplacés à qui il était destiné, j’en suis témoin. Mais peu à peu les gens de l’OCPH ont pris les habitudes des grandes ONG. Gros salaires, rouler en 4x4 climatisées, rester assis dans leur bureau, etc… Ils ont perdu leur idéal et oublié les pauvres, alors qu’ils étaient à leur service. Depuis octobre 2007, j’ai essayé de remonter le courant, mais sans succès. Malgré mes conseils et mes encouragements, je n’ai pas pu redresser la barre. Les habitudes prises étaient trop ancrées. Les animateurs, choisis par relations personnelles et affinité, se pensaient intouchables, ne faisaient rien, attendant seulement leur salaire. Alors, la mort dans l’âme, j’ai pris la décision de renvoyer le responsable de l’équipe. Pour moi, c’est un échec. De plus, je sais que cela va me causer beaucoup de problèmes, car ceux qui le protègent vont intervenir et me créer des ennuis. D’autant plus que je suis étranger et que, dans l’Eglise comme dans le reste de la société, en Guinée comme ailleurs, l’étranger a presque toujours tort. C’est ainsi. Mais je ne pouvais pas garder quelqu’un qui était choisi pour aider les pauvres et qui ne pensait qu’à son intérêt personnel, qui, en un an, n’avait mis en place aucun projet, ni aucune équipe paroissiale, mais utilisait l’argent de l’OCPH uniquement pour son salaire. Pour moi, c’est une question de justice et de respect des pauvres qui ont le droit d’être respectés et aidés.
    Ce n’est pas un travail facile.
     » (Armel Duteil)

  • Samedi 15 novembre 2008 : « Formation à Justice et Paix.
    Au cours de cette formation, nous réfléchissons longuement à la situation du pays et, en particulier, à la préparation des élections. (Voir L 50)
     » (Armel Duteil)

  • Mardi 11 novembre 2008 : « Aujourd’hui, 11 Novembre, nous prions pour tous les morts de la Première guerre mondiale. Heureusement, une réflexion critique commence à se généraliser sur cette guerre inutile qui a causé tant de souffrances. Encore faut-il en tirer les conséquences pour aujourd’hui. » (Armel Duteil)

  • Lundi 10 novembre 2008 (suite) : « Semaine à CONAKRY.
    Nouvelle semaine avec son lot d’activités ordinaires, mais aussi d’imprévus, de rencontres inopinées et souvent fructueuses. Travail avec l’OCPH, l’atelier « Savoir-Fer », l’association SOS mineurs, etc… Chaque soir de cette semaine, rencontre d’une des cinq communautés de quartier de la paroisse St Jacques, de Lambanyi : comment mener des actions à la base pour justice et paix, le développement et le soutien des pauvres (pastorale sociale).
     » (Armel Duteil)

  • Lundi 10 novembre 2008 : « En ce moment, la situation est à nouveau très tendue à Conakry. Il y a un mois, la population s’était révoltée à Kindia où il y une grosse usine d’extraction de bauxite (CBK), avec tous les moyens modernes. La population voulait en recevoir quelques avantages en particulier eau, électricité et école. L’argent pour tout cela ayant été détourné, la population a manifesté et l’armée a tiré dans la foule à balles réelles. Bilan 10 morts, viols, vols, pillage des magasins par les militaires.
    La semaine suivante, même chose à Boke et Kamsar avec la CBG. Route et chemin de fer ont été bloqués par la population pour les mêmes raisons. Heureusement, cela s’est terminé sans morts ni violences.
    Lundi dernier, le 3-11, je suis descendu de Boffa et comme tout le monde, j’ai été bloqué à l’entrée de la ville de Conakry pêndant toute la journée. La circulation était complètement bloquée à cause de nombreux barrages mis en places par des jeunes et même des enfants, des pierres à la main. Ils manifestaient contre le prix du carburant, mais surtout contre le coût de la vie en général. Et c’est vrai que les gens n'arrivent plus à vivre. Dans de nombreuses familles, on ne fait plus qu’un seul repas par jour, sans viande ni poisson, juste quelques feuilles pour faire de la sauce. Cette année, à Boffa, les enfants de notre internat sont 2 fois moins nombreux que l’an dernier car de nombreux parents ne peuvent plus envoyer leurs enfants à l’école, même si nous ne demandons que 20.OOO francs guinéens par mois pour scolariser un enfant (environ 3 euros). Cette fois encore, les policiers ont tiré à balles réelles : 2 morts par balles perdues, dont un bébé.
    Le soir, nous avons réussi à nous faufiler dans les quartiers pour éviter les points chauds, là où il n’y a même pas de rues tracées. Nous avons roulé à plusieurs taxis-brousse en convoi, en étant obligés de descendre de voiture pour les alléger et de les pousser sur des ^pierrailles et rochers.
    Ce matin, nouvelle manifestation du côté de l’aéroport. Les écoles ont été fermées.
    La population voit que les dirigeants ne font rien pour le pays ou pour améliorer la situation. Leurs enfants font leurs études en Europe ou aux Etats Unis et reviendront au pays prendre les premières places ensuite. La population devient de plus en plus pauvre, mais à côté de cette grande masse de pauvreté, certaines personnes étalent sans honte leurs richesses, souvent acquises malhonnêtement ou par corruption. Les gens sont à bout de nerfs et prêts à tout. La situation peut éclater d’un jour à l’autre »
    (Armel Duteil)

  • Dimanche 9 novembre 2008 : « En paroisse, à LAMBANYI.
    Notre confrère John est parti se reposer au Sénégal. J’assure l’intérim. La liturgie est toujours aussi animée avec interventions des gens à l’homélie et une grande participation des enfants. A la prière universelle, je propose une intention libre et spontanée dans les six langues principales de notre assemblée, ce qui est accepté avec joie. Nous en profitons pour faire la rencontre diocésaine de pastorale sociale, -et d’abord d’expliquer le but de cette commission- et mettre en place une commission paroissiale. (Voir L 48, 7ème réunion de Pastorale sociale). »
    (Armel Duteil)

  • Samedi 8 novembre 2008 : « Récollection.
    Au milieu de toutes ces actions et réunions, il est important de s’arrêter un peu, de faire le point devant le Seigneur, de le prier et de l’écouter. Nous avons donc prévu cette journée de prière pour ceux qui travaillent en pastorale sociale. Nous partons de l’Evangile (Mtt 25, 30-45) : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. Venez les bénis de mon Père, entrez dans le Royaume. Tout ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Chacun présente ce qu’il fait et surtout les appels de Dieu qu’il perçoit par rapport à son travail et son engagement. Ce partage dans la confiance renforce les liens entre nous et approfondit notre engagement.
     »(Armel Duteil)

  • Vendredi 7 novembre 2008 : « Je travaille aujourd’hui avec Jorge, de Caritas Allemagne. Ils viennent de nous accorder une aide pour travailler auprès des enfants mineurs en prison. Et une autre pour former des animateurs de prison, dans toutes les prisons du diocèse.
    Le soir, rencontre avec Madeleine, responsable de notre sous-commission pour les relations avec les pouvoirs publics. Elle vient d’Afrique du sud où elle a participé à un séminaire sur ce thème : « Rôle de l’Eglise dans la vie publique en Afrique ». Nous préparons avec elle une rencontre avec les chrétiens engagés dans la politique (députés, …) et dans les structures de l’Etat. Nous verrons ensuite comment élargir notre action aux musulmans. (Je mettrai les documents concernant cette question dans la rubrique « Justice et Paix »).
     » (Armel Duteil)

  • Mardi 4 novembre 2008 : « Je suis bloqué dans notre quartier de Kipe, mais c’est à peu près calme. J’en profite pour classer mes papiers et faire avancer le travail en retard.
    Travail avec CRS (Catholic Relief Services).
    A partir de mercredi, nous pouvons reprendre les activités ordinaires avec l’OCPH, les différents services de l’Archevêché. Avec l’Archevêque, nous recevons le nouveau responsable de CRS, le Secours Catholique américain. Ils nous soutiennent déjà pour le lancement des commissions au niveau des paroisses.
    Aujourd’hui, nous voyons comment participer, avec leur soutien, à la région nord-ouest du pays. En effet, c’est une zone aride où il fait très chaud. Elle est oubliée car éloignée de Conakry. Beaucoup de fonctionnaires refusent de s’y établir et il y a très peu d’ONG ou associations qui y travaillent. La mission catholique (paroisses de Koundara et Ourous) y ont lancé des écoles de brousse à la fois pour scolariser les enfants et pour les former à l’agriculture et l’élevage ; elles fonctionnent très bien. Des projets soutiennent en particulier les femmes. Il y a déjà un projet pour les veuves à Koundara (maraîchage) et à Gaonal (teinture).
    A partir de là, nous voyons comment élargir notre action. Mais nous ne voulons pas décider des choses à faire dans un bureau, à la place des gens. Nous allons donc envoyer une mission de l’OCPH sur le terrain, à la fois pour écouter les gens et savoir ce qu’ils veulent faire par eux-mêmes, et les aider à s’organiser en mettant en place des commissions paroissiales de pastorale sociale.
    Préparation des élections.
    Les élections se préparent, même si nous ne savons pas quand elles auront lieu, avec CRS nous décidons de nous y préparer. Nous voulons mettre en place dans les 369 sous-préfectures du pays un groupe d’observateurs indépendants des élections (avant, pendant et après) qui seront en même temps le noyau sur lequel nous appuyer pour mettre en place une organisation de la société civile au niveau des sous-préfectures. Bien sûr, il va falloir former tous ces gens-là. C’est un gros travail. Les fonds sont fournis par le gouvernement américain. L’organisation et la réalisation sont confiées à CRS, avec participation de « Justice et Paix ».
    Plus précisément, Justice et Paix sera chargée d’installer une cellule pour la résolution des conflits. Après une formation de nos membres, nous les enverrons animer un séminaire dans chaque préfecture, et, à partir de là, mettre en place cette cellule pour résoudre les conflits, pas seulement au moment des élections, mais aussi par la suite. Cela demande un très gros travail de préparation et de formation, mais vu l’importance de la chose, nous avons décidé d’en relever le défi. D’autant que les organisations indépendantes et motivées ne sont pas tellement nombreuses en Guinée. (JM : mettre un lien avec « Justice et Paix »).
    Autres actions avec CRS.
    Nous revoyons aussi les autres projets que nous avons avec CRS. Une action de prévention contre le paludisme (éducation, prévention, utilisation des moustiquaires imprégnées de produit anti-moustiques). Un soutien au Foyer de l’Espérance pour les enfants de la rue. Un projet d’alphabétisation fonctionnelle dans les quartiers. Le lancement de jeux éducatifs sur les droits de l’homme et de l’enfant ; et d’autres projets pour les groupements productifs et coopératifs. 
    » (Armel Duteil)

  • Lundi 3 novembre 2008 : « Manifestations contre la vie chère.
    Tôt le matin, je trouve un taxi qui a du carburant pour descendre à Conakry. Pour entrer dans la ville, nous essayons trois itinéraires différents, et à chaque fois nous sommes bloqués par des barricades, des jets de pierres et autres manifestations. Par précaution, nous rebroussons chemin. Le taxi retourne à Boffa, mais je préfère rester à l’entrée de Conakry. Toute circulation est bloquée jusqu’au soir. A 17 heures, nous essayons de tenter notre chance avant la tombée de la nuit ; je trouve une place dans la voiture d’un ancien élève de l’école-internat de Boffa, avec qui j’ai fait connaissance dans la journée, qui me propose de m’amener. Nous nous organisons en convoi avec trois taxis qui connaissent bien la ville, pour pénétrer à l’intérieur des quartiers et nous faufiler entre les maisons, là où il n’y a pas de routes, et donc pas de barricades. Plusieurs fois nous sommes obligés de descendre des voitures pour les alléger, et même les pousser sur les rochers. Certains jeunes, en nous voyant arriver, ramassent des cailloux. Ce qui est très grave, c’est que ce sont souvent des enfants de 7 à 10 ans et que les parents les regardent faire et n’osent rien dire. C’est très inquiétant pour l’avenir. Heureusement, des gens compatissants nous protègent et nous indiquent par où passer, jusqu’à ce que nous arrivions dans des quartiers plus calmes. Car bien sûr c’est dans les quartiers les plus pauvres que les réactions sont les plus vives.
    Pourquoi ces manifestations populaires ?
    Ce qui les a déclenchées, c’est paradoxalement la baisse du carburant. En effet, le coût du baril de pétrole a été presque divisé par 3. Les gens auraient donc voulu que le prix de l’essence soit divisé par 3 ! Or, il est passé de 7500 à 5000 francs guinéens. La population a trouvé cette diminution insuffisante et elle espérait beaucoup mieux. En fait, ce qu’il y a derrière, c’est que les populations sont épuisées. Les gens n’arrivent plus à vivre car le coût de la vie a énormément augmenté mais les salaires n’ont pas bougé. Alors, ils sont à bout de forces. Et la moindre étincelle peut embraser la situation.
    Il y a des problèmes, surtout il y a des sociétés minières. Elles sont très modernes et organisées pour leurs cadres qui ont tout le confort possible ; elles font d’énormes bénéfices grâce à des contrats très profitables, obtenus par la corruption du gouvernement, mais ne font pratiquement rien au niveau social pour la population. Alors celle-ci se révolte et demande au moins de la lumière (électricité), de l’eau courante, des écoles et des routes là où les usines sont implantées. La plupart du temps sans succès.. Le mois dernier, des manifestations à Kindia s’étaient terminées par des morts et des pillages, l’armée ayant tiré sur la foule. Cette semaine, il y a eu à nouveau des manifestations à Boké et Kamsar (près de Kataco). La grand route a été coupée et un train de minerais arrêté sur les rails. Mais heureusement, cela n’a pas dégénéré.
     » (Armel Duteil)

  • Dimanche 2 novembre 2008 : « Comme prévu, à la Messe c’est l’engagement des catéchistes.
    Après la messe, nous allons prier pour les morts, d’abord au sanctuaire marial, au cimetière diocésain des prêtres, frères et sœurs. C’est très émouvant de voir ces nombreuses tombes de missionnaires très jeunes, qui, au bout de quelques mois de présence, sont morts d’épuisement ou de maladie (paludisme, bilieuse….). Nous continuons jusqu’au cimetière de la paroisse, où l’émotion est grande, en particulier devant les tombes de ceux qui sont décédés cette année. Certains ne sont pas enterrés au cimetière, mais dans la cour familiale. Leurs parents ont apporté un peu de la terre de leur tombe que nous bénissons au cours de la prière et qu’ils rapporteront chez eux.
    Nous avons pris le temps de prier, et, malgré tout, les volontaires délégués de leur groupe pour travailler dans la Commission de pastorale sociale-, prennent encore le temps de s’asseoir. Nous voyons comment mettre en place la Commission, maintenant que les membres ont été choisis : commencer par une enquête pour connaître les personnes en difficultés et recenser les situations de souffrances et de pauvreté sur notre territoire. A partir de là, choisir les premières actions à mener : les plus urgentes, mais sur lesquelles nous avons des moyens d’agir. Et aussi mettre en place une caisse pour avoir les moyens de mener nos actions. Tout ce travail se fait dans une très bonne ambiance.
    A 21 heures, retour de Conakry d’Hermann, le vicaire. Il était parti depuis plusieurs jours à Conakry pour réparer la voiture et le groupe électrogène. Mais pour la voiture, on n’a pas retrouvé de pièces de rechange : c’est une très vieille voiture ! Pour le groupe, il n’est pas prêt. Cela nous gêne beaucoup : d’abord pour l’éclairage, en particulier de l’internat pour les enfants. Mais, on peut encore trouver des bougies ou du pétrole pour les lampes dans le quartier. Par contre, nous n’avons pas d’électricité pour faire marcher nos différents appareils, en particulier la pompe pour remplir notre réservoir. Il va falloir organiser des « voyages » au puits du quartier.
    Nous sommes heureux d’accueillir Hermann qui est resté bloqué plusieurs jours à Conakry, où il n’y avait plus de carburant. On a parlé d’une baisse du carburant, alors toute vente a été arrêtée.
     » (Armel Duteil)

  • Samedi 1er novembre 2008 : « Toussaint.
    La fête n’est pas fériée en Guinée, mais comme c’est samedi, nous la célébrons à 9 h 30 comme le dimanche, car beaucoup de gens ne travaillent pas. Les élèves ont obtenu l’autorisation de venir assister à la prière.
    Après la messe, récollection des catéchistes pour se préparer. Demain, ils s’engageront pour un an devant toute la communauté et ils s’y préparent sérieusement. C’est Armand, le responsable du noviciat qui s’en occupe. Pendant ce temps-là, je tiens une autre rencontre pour lancer la Commission de « Justice et Paix » de la paroisse.
    Vers 14 heures, pour fêter la Toussaint, nous nous retrouvons tous ensemble au Noviciat dans la joie. Chaque semaine, en effet, une des communautés de la paroisse nous prépare le repas, ce qui est un bon soutien pour nous et nous permet aussi de donner son jour de congé à notre cuisinière.
    De retour à l’internat, nous jouons pour la première fois avec les enfants le jeu des droits de l’homme que j’avais composé au Sénégal avec l’équipe d’Amnesty International. Les éducateurs y participent bien sûr, et ils pourront continuer quand je serai absent.
    A 17 heures, nous nous retrouvons pour la clôture du mois du Rosaire. Nous ne nous contentons pas de réciter le chapelet. Nous commençons par un partage de la Parole de Dieu (Evangile de la visite de Marie à Elisabeth) avec une bonne participation. Ensuite, les participants ont proposé leurs intentions de prières en différentes langues pour demander l’intercession de Marie et le soutien de Dieu dans nos problèmes actuels.
    Enfin, je rencontre Marie-Louise, la responsable des sœurs, qui est à Boffa depuis plusieurs années et qui connaît donc bien la situation et les problèmes.
     » (Armel Duteil)

  • Vendredi 31 octobre : « BOFFA
    Nous avons finalement réussi à démarrer notre voiture et Hermann est descendu à Conakry pour essayer de la remettre en état de marche… une nouvelle fois, car elle est très vieille. Il descend aussi notre groupe électrogène qui revenait pourtant de réparation. Nous n’avons pas d’électricité pour faire marcher nos différents appareils et, en particulier, la pompe immergée de notre puits. Nous n’avons plus d’eau, ce qui pose de sérieuses difficultés pour les enfants de l’internat. En effet, l’eau de la ville n’arrive que par intermittence et seulement tous les 3 ou 4 jours.
    Les réparations durent car on ne trouve pas de pièces de rechange. Il faut donc en bricoler. A cause de tout cela, Hermann n’est pas revenu et je dois le remplacer au pied levé pour animer une journée de
    réflexion et de prière (récollection) au Noviciat sur le thème : Evangélisation et Témoignage. Cela ne me pose pas trop de problèmes, car c’est évidemment un thème auquel j’ai réfléchi depuis longtemps.
    A midi, je laisse le Noviciat pour rencontrer les enseignants sur la question de la
    sécurité sociale et des impôts. C’est une question complexe, car il est absolument nécessaire de respecter les droits des travailleurs, mais il faut bien voir les différents aspects de la question. En effet, le pays est tellement pauvre et désorganisé que les taxes sont très élevées mais que, en plus, beaucoup de travailleurs n’arrivent pas à toucher les allocations familiales, les remboursements des soins médicaux ou leur retraite,…. Et encore moins les veuves, au décès de leur mari. Quant à tous les travailleurs du secteur informel, bien sûr, ils ne touchent rien du tout !
    Et l’insécurité dans le travail est tellement grande que peu de travailleurs arrivent à cotiser 15 ans. Comme, en plus, les cotisations sont très élevées (ainsi que les impôts) pour ceux qui ont un travail régulier, et que la vie est très difficile, ils préfèrent ne pas être à la sécurité sociale et toucher davantage d’argent à la fin du mois. Bel exemple d’une très bonne chose (la sécurité sociale) mais qui, transportée telle quelle, est inadaptée, car les salariés sont très peu nombreux et les autres ne bénéficient pas de cette sécurité sociale. Pas facile de savoir ce qu’il faut faire !
    Pendant que nous évaluons tout cela, le Ministre des Transports arrive à la paroisse. Il était en ville pour la réhabilitation des transports publics : ils en ont bien besoin ! Il est musulman, mais il a tenu à visiter la Mission catholique. Nous l’accueillons simplement, sans protocole, et allons visiter le cimetière des missionnaires. C’est très impressionnant de voir le nombre de ces prêtres, frères et sœurs morts si jeunes au bout de quelques années et souvent quelques mois de maladie ou autres causes. Avec le ministre, nous évoquons leur travail de développement, d’éducation et de santé au profit du pays. Et aussi pour valoriser les cultures guinéennes (grammaires, dictionnaires, etc…). Le ministre nous transmet la demande du Président de la République de prier pour sa santé. Nous le ferons demain, à la messe de la Toussaint. Et aussi pour qu’il ait la sagesse nécessaire pour diriger le pays.
    Il est temps pour moi de retourner au Noviciat pour ma deuxième intervention.
     »(Armel Duteil)

  • Jeudi 30 octobre : « Boffa. Nouvelle formation au Noviciat.
    La semaine dernière, c’était sur « Justice et Paix ». Cette semaine, c’est sur la pastorale sociale. Toujours dans le cadre de leur préparation à leur futur travail missionnaire
    A 16 heures : Nouvelle rencontre avec
    les catéchistes et les catéchumènes. Les choses se mettent en place peu à peu.
    A 17 h 30, rencontre avec la première des deux
    communautés chrétiennes de base (CCB) de BOFFA Centre. C’est une rencontre très importante pour moi, car le bon fonctionnement de ces communautés de quartier est l’une des bases de notre travail missionnaire.
    Après un temps de présentation, je leur demande de me parler de leurs activités de l’an passé, que nous évaluons ensemble. Ensuite, je leur précise ce qu’est véritablement une CCB et je leur propose un schéma de réunion. Après une série de questions et d’explications, nous mettons au point un premier programme d’activités jusqu’à Noël. L’ambiance est très amicale, décontractée et les gens ont le souci de se former. Le problème, ce sera de vraiment passer à l’action ensuite.
     »(Armel Duteil)

  • Mercredi 29 octobre : « Boffa
    Comme il y a beaucoup de choses en suspend, je reprends les contacts. Puisque nous commençons une nouvelle année avec une nouvelle équipe, il nous a semblé nécessaire, depuis la tournée avec l’Evêque au mois de Juin, de renouveler le Conseil paroissial qui est en place depuis 10 ans, et de trouver des nouveaux responsables pour apporter du sang neuf et des idées nouvelles. C’est l’une des charges que notre Evêque m’a confiée pour Boffa. Mais il faut avancer prudemment et prendre le temps de réfléchir. Aussi, je profite de cette journée « libre » pour prendre un certain nombre de contacts et recueillir le maximum d’avis. Et la nuit, nouvelle séance de langue soussou, après avoir lu et classé nombre de dossiers et préparé divers contacts de travail. »(Armel Duteil)

  • Mardi 28 octobre : « Repos
    Je décide prendre une journée de repos, car depuis mon retour en Guinée je n’ai pas eu beaucoup le temps de souffler. J’en profite pour avancer dans la lecture du livre de Jean-Claude Guillebaud que Bernard, un volontaire français, m’a prêté. Je travaille aussi les documents sur la non-violence que j’ai ramenés de ma session en France et que je n’ai pas encore eu le temps de lire.
    En fait, dès lundi soir, j’avais prévu de faire le tour des communautés de village. Mais notre voiture est en panne et nous n’arrivons pas à la réparer sur place. De plus, ceux qui devaient m’accompagner pour cette tournée ne sont pas libres. Les gens sont encore trop pris par les travaux et ne seraient pas libres, car le riz est mûr et il faut le garder en permanence sinon il va être mangé par les oiseaux. Nous reportons la tournée de trois semaines. Je ne cache pas que je suis très heureux de ce temps de repos imprévu.
     »(Armel Duteil)

  • Lundi 27 octobre : « Après la messe du matin, la journée commence par le lever des Couleurs à l’école. C’est une cérémonie très importante pour donner aux enfants un début de conscience nationale. C’est le moment où je m’adresse pour la première fois officiellement aux élèves, en présence d’un certain nombre de parents, pour leur expliquer en langage simple notre projet éducatif et le fonctionnement de l’école cette année.
    Les stagiaires.
    Aussi bien à l’école qu’à l’internat, j’ai la chance d’être très bien secondé par Patrick BULUS, un jeune spiritain du Nigeria, formé et compétent dans ce domaine de l’éducation, envoyé à Boffa pour son stage missionnaire d’une année. Il vient de vivre un an à St LOUIS au Sénégal, à la fois pour apprendre le français et se perfectionner en audio-visuel et techniques de communication. Pendant l’absence d’Hermann, notre vicaire, il sera assisté de Flavian TSHUKU, un autre stagiaire nigérian qui, ensuite, rejoindra Kataco. En effet, nous ne sommes pas assez nombreux et il nous faut souvent jongler au niveau du personnel. Heureusement, tous sont de bonne volonté et s’adaptent de bon cœur aux situations, pour répondre aux urgences. Ainsi, comme le maître des novices prévu a dû renoncer au dernier moment, Armand, Camerounais, qui travaillait en France, est venu en deux jours à Conakry alors qu’il se préparait à aller enseigner la théologie à Dakar.
    Après un temps de travail avec le directeur et le secrétaire de l’école, nous nous retrouvons avec les stagiaires pour une réunion de communauté qui va durer jusqu’au soir. Nous sommes nouveaux tous les trois et il y a beaucoup de choses à régler.
     »(Armel Duteil)

  • Dimanche 26 octobre « Première messe en soussou.
    Ma prononciation n’est pas parfaite et je suis encore très loin de posséder la langue, mais même si je ne comprends pas tout ce que je lis, les gens, eux, le comprennent. C’est le principal. J’ai essayé d’animer la messe, non seulement par des danses et battements de mains, mais par une homélie (en soussou) dialoguée, des interventions libres et des prières spontanées, à partir de la Parole de Dieu. Comme j’ai expliqué les choses à l’avance, tout se passe bien et les gens répondent. Mon souci, c’est la participation des enfants. Je sais bien ce que je vais faire, mais il faut aller doucement (ce qui n’est pas mon fort !) et on ne peut pas tout changer en même temps.
    A la fin de la messe, assemblée générale de la paroisse au cours de laquelle nous transmettons les réflexions et propositions du Conseil paroissial. Tous en comprennent l’importance et tout le monde reste jusqu’au bout.
    Après-midi : Nouvelle séance de soussou. Il me faut préparer les textes de la Toussaint et les prières pour les morts pour le dimanche 2 novembre. Mes piles (ou plutôt celles de mon magnétophone !) seront bientôt usées.
     »(Armel Duteil)

  • Samedi 25 octobre : « Boffa
    Le matin, séance de travail avec le directeur et la secrétaire de l’école. Nous faisons le point de la rentrée et précisons un certain nombre de choses. Heureusement, Hermann mon confrère sénégalais, était là l’année dernière. Il peut donc nous apporter un certain nombre d’éclaircissements. Nous en profitons, car il doit rentrer au Sénégal se faire soigner dès la semaine prochaine.
    Hier, avec les novices, nous avons précisé les activités pastorales et les engagements qu’ils vont prendre cette année, chacun selon ses goûts et capacités. Il me faut donc prendre les contacts nécessaires pour cela avec les autorités. Accompagné de Georges, le responsable de « Justice et Paix » pour Boffa, je vais donc saluer le Préfet, que je retrouve avec joie. Nous faisons le tour des activités à mener et des dispositions à prendre pour cela. Comme deux des novices vont s’engager à la prison et à l’hôpital, avec l’autorisation du préfet, je vais donc contacter successivement, le juge, le régisseur de la prison, puis le directeur préfectoral de la santé. Avec chacun, nous évoquons les différents problèmes qui se posent et ce qu’il serait possible de faire dans un premier temps. En particulier, pour la santé, en faveur des sidéens et des tuberculeux. Et aussi l’éducation à la santé et la prévention. En particulier face au choléra. Les cas sont nombreux dans la Guinée Bissao voisine. Il est urgent d’assurer la protection nécessaire. Nous parlons aussi longuement des besoins de l’hôpital, où matériels et médicaments manquent cruellement. Ils viennent de recevoir de l’OMS ordinateur et imprimante. Mais il n’y a pas de courant pour les faire fonctionner. Il y avait bien des panneaux solaires, mais ils ont été volés, de même que ceux du lycée voisin. L’énergie solaire commence à se répandre et les panneaux sont très recherchés… et faciles à voler ! Nous terminons par une visite à l’hôpital.
    Comme c’est samedi, les gens sont plus libres et les visites vont se succéder. Nous nous asseyons d’abord avec les catéchistes puis, pour une longue réunion, avec le Conseil paroissial. La nuit, pour me détendre et mieux connaître les enfants, je participe à la veillée organisée par les enfants de l’internat.
    L’internat. Comme je l’explique par ailleurs, à Boffa comme à Kataco, nous avons une école primaire et un internat, de manière à ne pas nous limiter à un enseignement de qualité, mais à assurer en même temps une bonne éducation où les enfants apprennent à se prendre en main et à vivre ensemble entre jeunes d’ethnies et de religions différentes. Pendant les vacances, nous avons voulu améliorer les structures de l’internat pour que les enfants puissent y vivre dans des meilleures conditions d’hygiène, de santé, de logement et de nourriture. Nous avons donc commencé à réaménager cuisine et dortoir, mais avons dû arrêter faute de moyens. Il faudrait pourtant construire un château d’eau pour avoir de l’eau potable et éviter ainsi les diarrhées et autres problèmes intestinaux des années passées.
    Nous avons conçu cet internat spécialement pour permettre à des enfants de familles pauvres ou des villages de recevoir instruction et éducation comme les autres enfants. Mais il faut les loger, les nourrir et les prendre en charge, car leurs familles n’en ont pas les moyens. C’est pour cela que nous cherchons à mettre en place un système de parrainage pour soutenir ces enfants. D’ailleurs, même les familles moins démunies ont des problèmes pour assurer la scolarisation de leurs enfants, vue la dégradation du pays au niveau économique et la pauvreté qui s’étend. L’an dernier, nous avions 73 internes chez nous. Cette année, seules 37 familles ont pu nous envoyer leurs enfants, malgré la confiance qu’elles nous font et nos efforts pour réduire au maximum le coût de la pension.
     »(Armel Duteil)

  • Vendredi 24 octobre : « La matinée commence par la visite de l’école primaire : 12 classes. Là encore, il ne s’agit que d’un premier contact qu’il faudra approfondir. Mais cette rencontre est sympathique.
    Sans plus attendre, je pars à vélo au
    noviciat voisin pour une première formation des six jeunes en formation cette année. Armand, leur responsable camerounais, m’a demandé d’intervenir régulièrement, ce que j’ai accepté avec joie. D’ailleurs, je les connais bien, l’un étant même originaire de Mongo, la première mission où j’ai travaillé en Guinée. La relève prend forme ! Malgré tout, pour cette première rencontre, ils sont un peu timides ! L’atmosphère se détendra peu à peu, car je n’ai pas l’intention de leur donner des cours théoriques mais de mener une réflexion avec eux.
    Nous prenons le repas ensemble ce qui nous permet d’échanger des souvenirs, en particulier sur les camps de réfugiés et les attaques rebelles de 2001-2002. Le temps passe vite ! Ce matin, la réflexion a justement porté sur le travail de justice et paix : présentation de la commission et de ses activités, pour les préparer à leur travail futur.
    A 17 heures, première rencontre avec le
    bureau des jeunes. Je leur demande de me préparer une présentation de chaque groupe ou mouvement présent sur la paroisse, avec ses objectifs et ses propositions d’activités pour cette année. Nous nous retrouverons avec tous les jeunes le dimanche de la semaine prochaine.
    Dans le bureau, il y a deux responsables garçons. Je leur demande d’ajouter deux filles pour qu’elles soient en responsabilité à égalité avec les garçons. Il y a encore des choses à faire dans ce domaine !
    Tout au long de cette semaine, dès que j’ai un moment de libre, je saute sur mon magnétophone où, depuis Conakry, j’ai enregistré des textes en soussou, la langue de la région de Boffa. Encore une
    nouvelle langue à apprendre ! Heureusement, celle-ci a été très bien étudiée et il existe de nombreux documents, ce qui n’était pas le cas pour le baga, il y a deux ans, quand je suis arrivé à Kataco. Mais je tiens absolument à dire la messe en soussou dès mon premier dimanche à Boffa, comme je l’ai toujours fait dans mes postes précédents. Avec un catéchiste, j’enregistre donc les textes liturgiques sur mon petit magnétophone à piles et je les réécoute jusque tard dans la nuit. »(Armel Duteil)

  • Jeudi 23 octobre : « Arrivée à Boffa.
    Dès mon arrivée, je vais saluer les novices. Ensuite, je rejoins les deux stagiaires qui tiennent la mission. Nous sommes très heureux de nous revoir. Je vais aussi saluer les internes. Ils sont arrivés pendant mon absence. Ils me donnent un très bon accueil.
    A 16 heures, je vais rencontrer les catéchistes. Nous faisons l’évaluation de la catéchèse de l’année dernière et préparons la rentrée du catéchisme. Nous sommes déjà en retard. Nous allons chercher à commencer dès samedi, avec les enfants qui viendront. Et les autres s’ajouteront peu à peu ; sinon, rien ne commencera ! Les choses sont souvent difficiles à mettre en place, par laisser aller, imprévoyance ou manque d’organisation. Et il me faut aussi connaître les réalités. J’ai pratiquement tout à découvrir ; il me faudra du temps pour cela, même après la tournée de toute la paroisse en juin avec l’Evêque. Tout se fera peu à peu. Patience !
     »(Armel Duteil)

  • Jeudi 23 octobre : « L’Ambassade de France.
    Nous sommes reçus au Centre culturel français pour présenter un dossier que nous avons préparé en vue d’un soutien de l’ambassade à notre atelier « Savoir-fer » qui nous permettrait de le faire tourner pendant deux ans. Nous avons très bien préparé ce dossier, et vu le sérieux de notre travail et la garantie de la commission de pastorale sociale, il est accepté sans problème. Cela va nous permettre de continuer à former des jeunes en difficultés qui traînent dans la rue. On nous demande simplement quelques précisions et renseignements complémentaires sur l’utilisation des fonds prévus, le suivi et le soutien des jeunes après leurs deux années de formation, la possibilité pour eux de trouver du travail (vue la qualité de la formation reçue, ils en trouvent sans difficulté), la mise en place d’un conseil d’administration pour déterminer les orientations, évaluer la formation et continuer à chercher des fonds. La formation donnée est un équilibre entre formation et production, par alternance, à l’intérieur de l’atelier. Nous allons prendre des contacts avec le Ministère de l’Enseignement technique pour faire reconnaître la formation donnée et l’authentifier par un diplôme attribué aux jeunes. »(Armel Duteil)

  • Lundi 20 octobre : « Réflexion sur le SIDA.
    Nous avons un groupe de 12 volontaires qui suivent 137 personnes vivant avec le VIH, en mauvais état nutritionnel, suite à leur séropositivité, ce qui augmente encore leur manque de résistance aux maladies. Nous faisons une distribution de vivres, grâce à un don régulier du PAM (Projet Alimentaire Mondial des Etats-Unis). Il s’agit souvent de maïs, mais auquel les gens ne sont pas habitués puisque la base de la nourriture en Guinée c’est le riz. Il faut donc d’abord leur apprendre à préparer cette nourriture.
    Mais il n’est pas question de se limiter à distribuer de la nourriture. D’abord, nous les avons aidés à lancer des groupements (teinture, commercialisation d’huile de palme) qui leur permettent de gagner leur vie et de faire vivre leur famille.
    Dans une autre ligne, les volontaires cherchent à apporter à ces personnes un soutien psychologique, moral et spirituel, à elles et aussi à leur famille. Et les aider à résoudre un certain nombre de problèmes difficiles qui se posent à eux : faut-il faire connaître son état à son conjoint ou à sa famille ? Comment le faire ? Que faire si on veut se marier ? Ou, pour les veuves qui, selon la coutume, doivent être remariées dans la famille du mari défunt, si elles sont séropositives ? Que faire quand une femme séropositive est enceinte ? Comment encourager ses ami(e)s à passer un test de dépistage et à en accepter les résultats s’il est positif ?... Nous n’avons pas de réponses toutes faites, mais d’abord c’est important d’en parler ensemble, car ça reste un sujet tabou. Ainsi, pendant plus de trois heures, nous partageons nos soucis, nos idées et les expériences que nous avons vécues, réussies ou non. Cet échange est très profond et très riche. Chacun repart encouragé pour continuer ce travail qui est parfois très lourd.
    L’après-midi, nous devions recevoir des reporters de la télévision nationale pour une interview de l’atelier « Savoir-Fer », mais ils ne sont pas venus
     ! »(Armel Duteil)

  • Dimanche 19 octobre : « Rencontre de la Commission Justice et Paix dans la paroisse Saint Augustin à TAOUYA, selon le modèle habituel. »(Armel Duteil)

  • Samedi 18 octobre : « Rôle et responsabilité des laïcs.
    Formation sur l’engagement des laïcs dans l’Eglise et dans la Société. Cette fois-ci, nous nous adressons à tous, adultes comme jeunes. Il y a plus de 50 personnes, ce qui nous encourage car la communication n’était pas passée. Nous avons une très bonne formation qui débouche sur des engagements concrets.
    L’après-midi, rencontre avec un groupe de la paroisse N.D. des Champs de PARIS qui avait accueilli André, un prêtre guinéen malade. Il est guéri et ils sont venus l’accompagner pour son retour et ainsi découvrir un peu l’Eglise de Guinée. Nous leur expliquons notre travail pour Justice et Paix. Nous sommes heureux de partager avec eux nos soucis et nous sommes intéressés par leurs questions et leurs réactions
    . »(Armel Duteil)

  • Mercredi 15 octobre : « Les spiritains en Guinée.
    J’accueille Jean-Claude, un de nos responsables, qui vient d’assurer 10 jours de formation au Noviciat et qui retourne au Sénégal. Nous réfléchissons longuement à la formation à donner aux jeunes et à la vie de nos communautés spiritaines en Guinée. »(Armel Duteil)

  • Lundi 13 au vendredi 17 octobre : « Suite du travail
    Après toutes ces sessions et rencontres, le travail ordinaire a pris du retard. D’abord mon travail personnel (classement, réflexion, préparation des activités). Il faut aussi rédiger et saisir les différents comptes-rendus et autres documents à préparer. Et reprendre le travail à l’Archevêché, avec l’OCPH et les différentes organisations. Cela va être aussi la rentrée des classes, qui a été très retardée encore cette année à cause de nombreux problèmes économiques mais aussi par manque d’organisation.
    Pour moi, il s’agit en particulier d’organiser le recrutement de nouveaux apprentis pour l’atelier « Savoir-Fer » où nous proposons à des jeunes sortis de la rue une formation sur le travail du fer (soudure, etc…) pour leur donner les moyens de s’en sortir et qu’ils aient un métier en main. Jusqu’alors nous étions soutenus par une association française. Maintenant, nous cherchons à devenir une association guinéenne pour plus d’autonomie et de responsabilité. Mais, bien sûr, il nous faudra continuer à chercher des fonds, car un tel travail de formation ne peut pas être rentable, même si notre production est de qualité et recherchée, grâce à Bernard, un volontaire français venu nous aider. Il va nous quitter bientôt, mais les deux formateurs guinéens, Abdoulaye et Hervé, sont tout à fait capables de poursuivre l’action. Ils seront d’ailleurs soutenus par un comité que nous allons mettre en place.
    La communication. En même temps, je termine la mise au point du dernier numéro de la Revue du diocèse qui parlera en particulier du Frère Joseph. Nous préparons aussi un calendrier 2009 sur le thème du prochain Synode pour l’Afrique (Réconciliation, Justice et Paix), un agenda liturgique pour les messes et autres prières, et un pagne de Noël sur le même thème. Tous les moyens sont bons pour communiquer et éduquer !
    Je passe aussi beaucoup de temps à l’Internat, d’autant plus que les installations sont très anciennes, avec du matériel de récupération, que souvent il n’y a pas de réseau ou de très mauvaises connexions. Les conditions de travail sont rarement idéales.
     »(Armel Duteil)

  • Dimanche 12 Octobre : « Rencontre Justice et Paix à la paroisse Saint Kisito.
    Cette paroisse très populaire se trouve au km 36, c’est-à-dire à la sortie de la ville. L’année dernière nous avions déjà fait une formation. Depuis, les chrétiens se sont mis à l’action. Aujourd’hui, je viens les visiter, les encourager et les aider à structurer leurs activités. Après la messe, tous les participants acceptent de rester 30 minutes pour une nouvelle sensibilisation. Puis nous nous retrouvons avec la Commission pour approfondir la réflexion. En particulier, comment travailler avec les chefs de quartier et les autres autorités locales, et aussi avec les musulmans.
     »(Armel Duteil)

  • Samedi 11 octobre : « Les foyers St Joseph.
    Ce matin, je me suis levé à 3 heures du matin pour aller accueillir à l’aéroport Véronique, qui a terminé ses études d’assistante sociale et qui vient travailler avec nous avec les enfants en difficulté, à SOS mineurs.
    Pour l’aider à découvrir le travail et les réalités de la Guinée, je l’amène avec moi dans ma visite aux foyers Saint Joseph qui regroupent des foyers pour les enfants de la rue, pour les personnes âgées, pour les femmes abandonnées et les malades du SIDA.
    Rencontre avec les jeunes.
    Cette année, nous mettons l’accent sur la formation des jeunes pour qu’ils puissent prendre davantage leur place dans l’Eglise et s’engager davantage dans la Société. C’est pourquoi nous avons prévu cette rencontre d’aujourd’hui afin de leur présenter les deux commissions de « Justice et Paix » et de « Pastorale sociale ». Ensuite, l’Archevêque a présenté sa « Lettre aux jeunes » qui fixe une ligne de travail et propose des actions pour toute l’année, pour l’engagement des jeunes dans l’Eglise et dans la Société. A la fin de la rencontre, l’Evêque remet officiellement leur diplôme aux jeunes qui ont suivi leur formation d’éducateurs pour les centres aérés. »(Armel Duteil)

  • Lundi 6 au vendredi 10 octobre : « Session de lancement de l’année pastorale.
    Dès le lundi soir, tous les prêtres du diocèse se retrouvent autour de l’Evêque pour évaluer le travail de l’année dernière et préparer celui de l’année prochaine. Chaque paroisse avait envoyé à l’avance son rapport annuel, selon un questionnaire qui reprenait les différentes activités et engagements menés tout au long de l’année passée. Ces rapports ont été analysés, pour en tirer des lignes de réflexion. L’Evêque nous en présente la synthèse. C’est à partir de celle-ci que nous allons travailler pendant quatre jours.
    Nous travaillons dans une très bonne ambiance, ce qui resserre les liens entre nous et renforce le désir de travailler ensemble tout au long de l’année. Avec cette nouvelle méthode de travail, nous avons pu aboutir à des décisions précises. La dernière matinée est consacrée à une séance de travail entre prêtres et religieux(ses), particulièrement intéressante et prometteuse d’avenir.
     »(Armel Duteil)

  • Samedi 4 octobre : « Fête de St François d’Assise.
    Un Saint que j’aime beaucoup et que j’ai pris comme patron lors de ma profession religieuse. Nous prions ensemble. Le président du Conseil paroissial, plusieurs anciens et des responsables de communauté, viennent nous saluer. Mais il me faut déjà redescendre à Conakry. L’Evêque vient de me téléphoner qu’il a besoin de moi. Demain, ce sera la réunion de la commission diocésaine de pastorale sociale. La vie continue…
    Igba me conduit à Kamsar où je vais prendre un taxi-brousse pour Conakry. La route de Kataco-Kamsar (en terre) a été réparée il y a quelques mois. Malgré la saison des pluies, il n’y a pas eu trop de dégâts, si bien que nous arrivons à passer sans trop de problèmes.

  • Vendredi 3 octobre : « Installation à KATACO.
    Comme Igbe et moi avons été absents plusieurs mois, il nous faut remettre la maison en état. D’abord, il n’y a pas d’eau. Et malgré tous nos efforts, et ceux de mécaniciens, nous n’arrivons pas à faire redémarrer notre vieux groupe électrogène (pourtant, une chance, nous avions du carburant en réserve) pour faire fonctionner la pompe à eau. C’est vrai qu’il n’a pas tourné pendant plusieurs mois. Alors, les jeunes se mobilisent pour aller puiser de l’eau au puits du village et pour nettoyer la maison. Nous n’avons ni réserve alimentaire, ni cuisinière pour le moment, mais les Frères nous invitent à manger. Ce matin, nous nous sommes déjà retrouvés tous ensemble avec les Sœurs pour prier. Depuis plusieurs mois ils n’ont pas eu la messe à Kataco.
    Les gens se succèdent pour nous donner de leurs nouvelles et nous demander les nôtres, surtout sur les « funérailles » de ma mère et du Frère Joseph. A Kataco, pendant notre absence, deux anciens catéchistes sont décédés ; le deuxième, deux jours seulement avant notre arrivée. Ils ont beaucoup travaillé et tenu l’Eglise aux temps très difficiles de Sékou Touré. Je regrette beaucoup de ne pas avoir été là pour leur enterrement. Nous allons présenter nos condoléances à leur veuve et leur famille avec beaucoup d’émotion.
    Mais il faut aussi nous mettre au travail. Le responsable des catéchistes qui habite la communauté voisine de Mare est arrivé. Il nous fait le compte-rendu des activités de vacances. Avec lui, nous préparons la rentrée et les tournées de village.
    A 15 heures, rencontre avec l’équipe de la Banque alimentaire. La récolte n’a pas été bonne cette année et les cultivateurs ont de la peine à rembourser les crédits qui leur ont été faits. Il y a aussi un certain nombre de choses à revoir au niveau de l’organisation. Et nous tenons à avoir des comptes-rendus d’activités et des rapports financiers clairs et précis. C’est une nécessité pour que la confiance règne et que les choses avancent.
    L’équipe apostolique.
    Dès 16 heures, rencontre de l’équipe apostolique : prêtres, frères et sœurs. Nous accueillons le Frère Charles, sénégalais, qui va prendre la direction de l’école primaire, et Ugotshuku, notre stagiaire nigerian, qui va travailler avec nous cette année. Chacun se présente, raconte ce qu’il a fait durant les trois mois passés : ceux qui sont partis en congés et ceux qui sont restés. Cet échange est très important pour nous, pour mieux nous connaître et créer entre nous une ambiance fraternelle et un soutien mutuel dans la situation difficile qui est la nôtre à Kataco.
    Nous posons les premières bases de notre travail de cette année. Mais ce n’est pas compliqué car nous sommes rôdés et habitués les uns aux autres. C’est vrai que, devant m’occuper en plus de la paroisse voisine de Boffa, je serai souvent absent, mais mon confrère Igbe restera à Kataco en permanence avec le stagiaire. Ils pourront assurer le suivi du travail sans problèmes.
    La nuit, je passe plusieurs heures à analyser les différentes rencontres pour en tirer les conclusions et orientations les plus importantes.
     »(Armel Duteil)

  • Jeudi 2 octobre : « Retour à Kataco.
    Je ne participerai malheureusement pas aux cérémonies à Boffa car Igbe, mon confrère, est rentré de congés et nous devons monter à Kataco avec le nouveau stagiaire qui va vivre avec nous cette année. Sœur Rosa, la responsable du dispensaire qui était descendue à Conakry pour chercher des médicaments, remonte avec nous. Elle nous parle de ses congés en Inde et des tensions très fortes actuellement entre hindous et chrétiens, allant jusqu’aux assassinats.
    Notre arrivée, très tardive le soir, n’était pas annoncée. Cependant, les personnes qui sont là nous accueillent avec joie. La nouvelle se répand rapidement et le lendemain les visites sont nombreuses et les retrouvailles pleines d’amitié.
     »(Armel Duteil)

  • Mercredi 1er octobre : « Fête de la Korité (Aïd el Fita) qui marque la fin du Ramadan.
    Avec Armand et les deux stagiaires, conduits par le responsable du Conseil paroissial, nous allons souhaiter une bonne fête aux chefs religieux musulmans. L’imam ratib (principal) ne peut pas nous recevoir, mais nous avons un très long entretien avec son adjoint qui habite justement à côté de l’église ; nous sommes donc voisins. A la fin de notre conversation, nous lui remettons la lettre du Vatican aux musulmans à l’occasion de cette fête. Au passage, nous saluons le maire-adjoint, en promettant une vraie visite pour la prochaine fois à Madame le Maire, car c’est une femme qui administre Boffa.
    Rencontre avec le Préfet.
    Nous allons ensuite nous présenter au préfet, qui nous reçoit avec son secrétaire général, bien que ce soit un jour de fête. Nous avons ensemble une longue conversation et évoquons la vie du pays et la façon dont nous allons collaborer. En effet, il est musulman, mais la mission catholique a d’excellentes relations avec lui et la collaboration est très bonne. C’est normal, nous sommes au service du pays. De son côté, le préfet apporte son appui lors du pèlerinage annuel du diocèse à Boffa (voir les photos). Jusqu’à maintenant, je me contentais d’y participer. A partir de cette année, je serai beaucoup plus impliqué en tant que curé de Boffa. Heureusement, je ne serai pas seul pour cela !
    Le 50ème anniversaire de l’Indépendance.
    Demain, nous célébrons le 50ème anniversaire de l’indépendance du pays. Ce fut un grand événement : la Guinée a tracé la voie en demandant son indépendance deux ans avant tous les autres pays d’Afrique francophone. Malheureusement, les espoirs ont été vite déçus.
    Nous assurons le préfet de notre prière pour le pays et formulons des bénédictions, comme cela se fait traditionnellement ici. Demain, nous aurons une messe pour le pays à l’église paroissiale.
    Malheureusement, cette fête de l’Indépendance se passe dans une ambiance très morne. L’indépendance a débouché sur une dictature sanglante et la Guinée a dû supporter les conséquences des guerres du Liberia et de Sierra Leone, ce qui a entraîné plus de 500.000 réfugiés que le pays a accueillis de son mieux. (voir mes lettres-circulaires de 1996 à 2006). Actuellement, le pays se trouve dans une situation sociale, économique et politique déplorable. Les gens sont complètement découragés. Ils n’ont ni envie, ni les moyens de faire la fête. D’ailleurs, faute de moyens et par manque d’organisation, les préparatifs ne sont pas terminés. Beaucoup ont demandé qu’avant cette célébration, il y ait une réconciliation nationale, ce qui n’a pas eu lieu. On a seulement rendu à leurs familles les corps de trois jeunes tués il y a 8 ans. Mais il y a beaucoup de charniers cachés ou pas encore découverts jusqu’à maintenant. De nombreuses familles ne savent pas où ont été jetés les cadavres de leurs parents assassinés pour des raisons politiques. Comme je l’ai déjà souvent expliqué, le climat social est très tendu, car les droits des gens ne sont pas respectés et la situation économique ne fait que se dégrader. Dans un tel contexte, ce n’est pas facile de redonner confiance et espérance aux gens.
     »(Armel Duteil)

  • Samedi 30 Août : « Dans la famille du Père BIENVENU.
    Le Père BIENVENU est décédé il y a moins de deux ans. C’est un ancien curé de KATACO (voir la rubrique KATACO – Père BIENVENU). Tout son village s’est mobilisé pour former l’Association des amis du Père Bienvenu, en Normandie, à St Georges en Roeillet. Ils soutiennent en particulier l’école primaire de Kataco et en parrainent plusieurs élèves. Avec photos et documents, je leur explique ce qui s’est passé à Kataco et en Guinée tout au long de l’année dernière. Et nous préparons l’année qui vient. Merci a eux pour leur aide !
     »(Armel Duteil)

  • Mardi 26 Août : « La Fraternité Spiritaine.
    Je vais rencontrer Marie-Thérèse, Françoise et son mari, qui sont membres de la Fraternité Spiritaine de RENNES. Ils se réunissent chaque mois dans l’amitié pour prier et voir comment mieux vivre la spiritualité des missionnaires spiritains dans la ligne de nos fondateurs Claude POULLART DES PLACES et le Père François LIBERMANN, dans la fidélité au St Esprit. Cette fraternité les soutient beaucoup et les éclaire dans leur vie de chaque jour. Je suis heureux de partager tout cela avec eux. Nous prions ensemble pour une des membres de la Fraternité qui est en train de mourir du cancer.
    Note – Pour ceux qui sont intéressés par ces Fraternités, s’adresser au Père Etienne LEFEBVRE, 30 rue Lhomond, 75005 PARIS. Tél. 01 47 07 49 09. Mail : 1vicaire@spiritains.com »(Armel Duteil)

  • Lundi 25 Août : « Séance de travail.
    Nous nous retrouvons avec notre Evêque et Pierre MANSARE qui travaille à l’économat de Conakry, chez Jean-Louis et Jacqueline CAILLETON, avec parents et amis. Nous profitons de notre séjour dans leur imprimerie pour choisir des logos pour les lettres à en-tête des deux commissions : « Justice et Paix » et « Pastorale sociale ». Nous préparons le calendrier du diocèse pour l’année prochaine, sur le thème de Justice et Paix, en préparation du 2ème Synode pour l’Afrique. Nous préparons également le prochain numéro de la revue du diocèse pour la rentrée de l’année pastorale. Nous y parlerons en particulier de la célébration pour le Frère Joseph, de la session biblique pour les jeunes et du suivi à y apporter, ainsi que des problèmes de l’école guinéenne avec la déclaration de notre évêque à ce sujet. »(Armel Duteil)

  • Samedi 23 Août : « Célébration en souvenir du Frère Joseph.
    Je me retrouve avec Monseigneur Vincent COULIBALY, notre archevêque, venu spécialement de Conakry à Pins-en-Mauge dans le village du Frère Joseph DOUET, assassiné le 8 Avril à Kataco, (Voir la rubrique « Kataco – Frère Joseph), avec toute sa famille, de nombreux amis et des prêtres et laïcs guinéens présents en France en ce moment. La célébration est très intense et émouvante, avec de nombreux témoignages et la projection d’un diaporama sur la vie du Frère. Ensuite, nous nous retrouvons tous ensemble pour célébrer sa résurrection avec le Christ, au cours de l’Eucharistie (voir les photos).
    Le lendemain, je célèbre l’eucharistie du dimanche dans la paroisse, où je peux partager avec la communauté chrétienne notre travail missionnaire en Guinée. »(Armel Duteil)

  • Dimanche 17 Août : « Les cousinades.
    Après l’Eucharistie paroissiale, je dois partir et m’arrête pour un repas avec les nombreux parents de HOUAT qui se sont établis sur le continent, à Quiberon et alentours. C’est une retrouvaille pleine de joie. Nous en profitons pour préparer les « cousinades », grande rencontre de toute la famille dans l’Ile à la fin du mois. Malheureusement, je ne pourrai pas y participer. »(Armel Duteil)

  • Vendredi 15 Août : « Bénédiction de la mer.
    Je célèbre l’Eucharistie dans l’Ile voisine d’HOEDIC . Ensuite, procession jusqu’au port. Les bateaux des deux Iles se retrouvent au large pour bénir la mer et le travail des marins, et nous prions pour tous les péris en mer : les vacanciers qui se noient souvent par imprudence et mettent du même coup en danger la vie de leurs sauveteurs, les pêcheurs qui font un métier très dur et dangereux, tous les marins des pays pauvres qui sont embarqués sur des bateaux avec pavillons de complaisance : même si beaucoup n’en meurent pas, heureusement, la plupart sont lourdement exploités. C’est l’occasion de prier aussi pour tous ceux qui, en Afrique de l’Ouest s’embarquent dans des pirogues d’infortune pour aller en Europe en passant par les Canaries, espérant y trouver une vie moins pauvre, pour aider leur famille ou pour échapper à l’exploitation, les injustices ou les persécutions dont ils sont victimes dans leurs pays. Beaucoup se noient et ne terminent pas leur voyage.
    En bénissant la mer, nous prions pour que tous apprennent à mieux la respecter, à ne plus piller les fonds marins, à lutter contre la pollution de la mer et à faire en sorte que la mer permette à beaucoup de mieux vivre au lieu d’être une cause de mort.
     »(Armel Duteil)

  • Du 9 au 15 Août : « Séjour dans mon Ile.
    Je reste quelques jours dans mon île pour aider le curé qui a deux îles en charge, HOUAT et HOEDIC. C’est toujours une joie pour moi de célébrer l’Eucharistie avec mes parents dans une ambiance de prière mais aussi d’amitié et de simplicité familiale. Le premier dimanche, je partage ce que nous avons vécu en Guinée, tout au long de cette année et remercie tous ceux qui nous soutiennent, présents et absents, pour leur amitié, leurs prières et leur aide, mais aussi pour tout ce qu’ils font là où ils vivent, pour rendre le monde meilleur. En particulier, pour accueillir les étrangers en France et pour aider les pays sous-développés. »(Armel Duteil)

  • Samedi 9 Août : « Célébration des funérailles de ma mère, décédée en Mars (voir ma circulaire de Mars 2008) dans l’Ile de HOUAT, berceau de notre famille maternelle.
    Toute notre grande famille et beaucoup d’amis y participent et nous soutiennent de leur amitié et de leurs prières. Je suis bien sûr très ému, d’autant plus que je n’avais pas pu assister à son enterrement. Ses cendres, apportées depuis Toulon, reposeront dans le cimetière de HOUAT.
    Nous avons préparé la cérémonie soigneusement avec mes frères et sœurs, neveux et nièces, en cherchant la meilleure participation possible de toute l’assemblée, avec des objets symboliques rappelant sa vie, et des rites pour célébrer notre foi dans la résurrection (rite de la lumière). Marc, son 3
    e fils, dépose une gerbe de fleurs au pied de sa photo pour la remercier de tout ce qu’elle a vécu parmi nous. Nous disposons autour toutes les lettres d’amitié et de condoléances que nous avons reçues. Ses petits-enfants jouent de la musique (flûte, violon, harmonium) et offrent les dessins réalisés en son honneur. Suivent des témoignages des participants et des lectures.
    Cette prière nous a donné l’occasion de nous retrouver tous ensemble et nous a réunis davantage.
     »(Armel Duteil)

  • Du 26 Juillet au 2 Août : « Session sur la non violence active organisée par le M.I.R. (Mouvement International pour la Réconciliation).
    J’en ai bien besoin ! D’abord pour « digérer » toute la violence dans laquelle j’ai vécu tout au long de cette année et pour voir quelles méthodes non violentes nous pourrons utiliser en Guinée, et comment y former les gens pour ramener la paix et faire avancer le pays. (Voir ma circulaire de Juillet).

  • 24 et 25 Juillet : « Travail sur mon site.
    Profitant de mon séjour en France, je travaille avec mon neveu sur mon site pour l’organiser et y entrer nouveaux textes et photos supplémentaires. Merci à Jean-Michel ! »(Armel Duteil)

  • Dimanche 13 Juillet : « Départ pour la France.
    Avant mon départ, j’ai la joie de fêter, chez l’Evêque, l’anniversaire de Jean-Louis CAILLETON qui vient régulièrement à Conakry, nous aider pour la gestion des finances du diocèse, ce qui nous rend un très grand service.
    Le voyage : Je voyage avec Air Maroc, car cela coûte beaucoup moins cher qu’Air France. Mais il faut nous présenter à 23 h 30 pour décoller à 4h 30 le lendemain matin : une vraie nuit blanche ! De plus, l’avion est en retard et nous ne décollons qu’à 10 heures ! Du coup, nous ratons la correspondance à Casablanca. Heureusement, là encore, il y avait un autre avion en retard dans lequel j’ai pu avoir une place. Cela me fait arriver à Orly en fin d’après-midi. Nouvelle course (je me casse même la figure dans les escaliers mécaniques) pour attraper le train qui me fait arriver à Brest à 1 h 30 du matin. »(Armel Duteil)

  • Samedi 12 juillet : « Rencontre de la Commission de pastorale sociale.
    Vous trouverez les comptes rendus de ces deux rencontres dans ce site. » (Armel Duteil)

  • Vendredi 11 juillet : « Rencontre de la Commission « Justice et Paix » (Armel Duteil)

  • Jeudi 10 juillet : « Le matin, rencontre mensuelle avec l’OCPH pour faire le point des actions caritatives, humanitaires et de développement. L’après-midi, avec l’association « SOS-Mineurs » au Foyer de l’Espérance qui travaille avec les enfants de la rue et jeunes en difficulté. » (Armel Duteil)

  • Mercredi 9 juillet : « Je participe à la formation des éducateurs des Jardins d’enfants du diocèse. » (Armel Duteil)

  • Du 7 au 13 juillet : « Evaluation de l’année.
    Toute la semaine, je reste à CONAKRY. En effet, c’est la fin de l’année scolaire et pastorale. Il faut donc faire le point du travail de toute l’année, l’évaluer et en tirer les orientations pour l’année prochaine. Les besoins ne manquent pas, mais il nous faut trouver les moyens, financiers et autres, pour y répondre. Je passe donc un temps important à finir de rédiger des comptes rendus et à faire des demandes de soutien. Et aussi à visiter des ONG et des ambassades de la capitale.
    Les projets : les idées ne manquent pas. Des centres aérés dans les quartiers pour les enfants de familles démunies qui ne peuvent pas partir en vacances ; formation d’animateurs pour toutes les prisons du pays ; formation d’observateurs pour les élections législatives prévues en décembre pour qu’elles se passent le mieux possible et dans la transparence ; lancer des AGR (Activités génératrices de revenus) pour permettre aux personnes nécessiteuses de gagner leur vie par elles-mêmes, en lançant des groupements coopératifs pour se former et travailler ensemble. Malheureusement, dans l’immédiat nous ne recevons aucune réponse positive à nos demandes d’aides à différentes ONG ou ambassades. Il va falloir creuser un peu plus les choses et continuer à prospecter.
     » (Armel Duteil)

  • Dimanche 6 juillet : « Ordinations.
    Trois nouveaux prêtres sont ordonnés pour le diocèse. C’est une grande joie qui est fêtée grandiosement comme on sait le faire ici. L’Evêque en profite pour donner une nouvelle parole de l’Eglise sur la situation actuelle du pays et appeler chacun à se remettre en cause pour ensemble changer les choses. A partir de là, il propose aux nouveaux ordonnés ce que doit être le prêtre guinéen dans la situation actuelle. C’est un message important, vous le trouverez dans ce site. Nous en tirons des copies que nous adressons aux différents partis politiques, aux responsables syndicaux, aux personnes engagées dans la société, aux ambassades et bien sûr aux journaux, ainsi qu’aux radios privées puisqu’elles existent depuis deux ans maintenant. Cela a été une des exigences de l’Union Européenne, avec des élections libres que nous préparons avec soin.
     » (Armel Duteil)

  • Lundi 30 juin au samedi 5 juillet : "Retraite spirituelle.
    Le soir, nous partons dans une Communauté religieuse à 50 km de Conakry, pour une semaine de prière et de réflexion, avec tous les prêtres du diocèse. C’est très important pour nous de prendre ce temps d’arrêt devant Dieu, pour évaluer le travail de l’année et orienter celui de l’année prochaine. Je ressens ce besoin très profond de m’arrêter et de prendre le temps de prier longuement, après tout ce que nous avons vécu cette année à Kataco. Et cette retraite vécue en commun nous unit entre prêtres du diocèse pour mieux travailler ensemble tout au long de l’année qui vient.
    La situation du pays. Ce temps de retraite, nous le vivons en union avec tout le pays. La situation s’est stabilisée, mais aucun problème n’est réglé vraiment. La mutinerie des soldats et les tueries entre militaires et policiers sont terminées. Mais comment former les militaires à un minimum de discipline et pour qu’ils laissent le banditisme (meurtres, vols, viols, drogue, etc…) ; et surtout pour qu’ils aient le sens du bien commun et cherchent à servir le pays et non pas à se servir. Comment remettre en place la sécurité dans le pays quand les commissariats ont été saccagés et les archives pillées. La grève des enseignants est terminée, mais comment mettre en place une éducation valable pour tous les élèves ? C’est tout cela qui fait notre inquiétude de chaque jour. (Voir la rubrique « Justice et Paix »)."
    (Armel Duteil)

  • Lundi 30 juin : "La situation du pays.
    Aussitôt après, descente à Conakry où l’Evêque m’appelle pour discuter d’un certain nombre de problèmes concernant la situation du pays (justice et paix) et le travail social (pastorale sociale). Le message des Eglises sur la situation du pays de la semaine dernière (voir rubrique « Justice et Paix ») a été très bien accueilli. Il faut dire qu’il était attendu et espéré car il répondait à un vrai besoin et que son contenu comportait des pistes intéressantes, et même essentielles, pour l’avenir du pays. Il a été publié en intégralité dans de nombreux journaux et sur plusieurs radios nationales et locales. Mais maintenant, il s’agit de suivre les choses et de chercher les moyens pratiques à mettre en œuvre."
    (Armel Duteil)

  • Dimanche 29 juin : "Célébration des sacrements.
    Comme l’église de Kataco est fermée suite à l’assassinat du Frère Joseph, nous allons célébrer les sacrements (étapes du baptême, baptême et première communion) dans la communauté voisine de Maré. Très belle cérémonie, très joyeuse mais aussi pleine de respect et d’adoration. Les parents, les parrains et marraines, les responsables des communautés, les catéchistes interviennent à tour de rôle pour dire leur engagement et leur témoignage, à la suite et en soutien aux enfants. Dans la liturgie nous introduisons bien sûr un certain nombre de gestes et rites traditionnels et aussi de signes modernes ou évangéliques.
    Jésus est l’arbre, nous sommes les branches : les catéchumènes viennent en dansant avec une branche d’arbre qu’ils déposent au pied de la croix pour montrer qu’ils veulent vivre avec le Christ (Jean 15).
    St Pierre nous appelle à être les pierres vivantes de l’Eglise (1ère Pierre, 2) : pour la deuxième étape, les catéchumènes viennent apporter leur pierre à côté de la pierre du Christ à l’autel, pour montrer qu’ils veulent travailler dans l’Eglise et construire leurs communautés chrétiennes. Pour les baptisés, ce sera le rite du riz et des trois pierres (le foyer). Et à la suite de la Samaritaine, les présidentes de communauté leur offrent à boire en signe d’accueil. Les catéchistes, eux, leur offriront le sel. Pour les enfants qui reçoivent la première communion, ce sera le fagot, symbole de la communion. Et leur engagement sera scellé avec des noix de cola, comme dans tous les serments ou transactions au village, selon la tradition.
    Une partie des chrétiens de Kataco-centre est venue prier avec nous à Maré. C’est aussi une grande joie. Nous espérons que cette première démarche va servir de déclic au réveil et à la réconciliation, après toutes les épreuves passées.
    Visite à Boffa. Tout de suite après le repas, simple mais partagé avec toute la communauté, je pars pour Boffa, la paroisse voisine. C’est la première paroisse de la Guinée où se sont établis les premiers missionnaires, il y a environ 130 ans. Je viens de la visiter, avec notre évêque, la semaine dernière (voir plus haut) J’y reviens pour rencontrer Serge, notre responsable venu du Sénégal avec Hermann, le vicaire, jeune prêtre sénégalais. En effet, le curé a dû rentrer au Sénégal. L’an prochain, je vais donc assurer la responsabilité de Boffa, en plus de Kataco…. tout en gardant mon travail pour Justice et Paix, et la Pastorale sociale au niveau national. Au moins, je suis sûr de ne pas m’ennuyer ! Deux jeunes stagiaires, spiritains nigérian et ghanéen, viendront nous rejoindre pour s’initier au travail missionnaire, un à Kataco, un à Boffa. Avec Hermann et Serge nous nous retrouvons pour tirer les conclusions de notre visite de la paroisse, la semaine passée, et préparer l’année prochaine. Notre priorité : la mise en place de petites communautés chrétiennes de quartier ou de village, ouvertes aux musulmans, aux étrangers et aux nécessiteux de toutes sortes, engagées dans le développement du pays, luttant pour la justice et la paix et ayant le souci des plus pauvres. Cela passera par une formation en profondeur à tous les niveaux (humain et chrétien) pour tous ; pour permettre, en particulier, aux femmes et aux jeunes filles de prendre leur place dans la communauté et dans la société. (Voir la rubrique « Comptes rendus : qu’est-ce qu’une communauté chrétienne ? sur ce même site)."
    (Armel Duteil)

  • Dimanche 22 juin : "Retraite des enfants à Kataco.
    Aussitôt après la grand-messe, je pars pour Kataco où je dois commencer la retraite des enfants. Pas de chance, je tombe sur un taxi brousse « pourri ». Cinq arrêts successifs : problèmes d’allumage. Je continue en stop jusqu’à Colaboué où j’attrape un autre taxi.
    A Kataco, les enfants choisis par les communautés sont plus nombreux que prévu. Heureusement, les élèves qui n’ont pas d’examen sont déjà partis et les Frères acceptent de nous accueillir dans leur internat.
    La retraite préparatoire aux sacrements est un temps fort pour les enfants. Elle dure 8 jours pleins. Elle leur permet de vivre une expérience communautaire intense qui est une base importante pour construire des communautés chrétiennes solides. Il ne s’agit pas d’un simple enseignement mais d’une initiation à la vie chrétienne, dans la ligne de l’éducation traditionnelle. Les différents responsables des communautés et autres personnes des villages interviennent, chacun dans son domaine. Il y a des recherches en petits groupes, des activités et des actions dans le village, des échanges, des témoignages, des jeux, des chants et des danses, du théâtre. Cela plaît beaucoup aux enfants et je suis dans l’admiration devant leur sérieux, la qualité de leur engagement et la profondeur de leurs réflexions. De plus, le mélange entre enfants bagas de la région et les internes qui viennent des autres régions est très important pour l’avenir du pays. Bien sûr, nous réfléchissons avec eux à ce qui se passe au niveau du pays et à notre engagement pour la justice et la paix. Et aussi pour les droits humains, les droits de la femme et les droits de l’enfant. Nous avons également un temps d’éducation sexuelle, un autre d’éducation à la santé. Et des réflexions sur la vie en famille, à l’école et au village."
    (Armel Duteil)

  • Dimanche 14 septembre : Quelques nouvelles du site.
    Tout d'abord, beaucoup de nouvelles photos :
    • Prières du 30ème jour du décès du F. Joseph Douet
    • Communautés de Boffa
    • Pèlerinage de Boffa
    • Célébration en famille de la vie du F. Joseph Douet
    • Visite de l'évêque à Kataco en 2008
    Des nouvelles pages : Et bien d'autres choses, comme des photos pour illustrer certains articles, la rubrique "Questions/Réponses" o vous pouvez envoyer vos questions à Armel et o les questions les plus fréquentes seront publiées."
    (Jean-Michel)

  • Vendredi 20 juin : "Retour au Centre de BOFFA.
    Là, nous retrouvons les différents groupes pour faire le point de leurs activités. Mais nous tenons aussi une longue séance de travail avec le Conseil paroissial pour tirer les conclusions de notre tournée et préparer la prochaine année pastorale."
    (Armel Duteil)

  • Lundi 16 au Dimanche 22 juin : "Tournée dans la paroisse de BOFFA.
    Dans chaque village, le Chef de village avec les autorités, l’Imam avec la communauté musulmane nous attendent pour nous accueillir, ensemble avec les chrétiens. Dans ce secteur, les relations sont vraiment très bonnes et tous travaillent ensemble. Et quand il y a des problèmes, ils cherchent à les régler ensemble.
    Il n’empêche qu’il y a beaucoup à faire pour organiser et relever les communautés chrétiennes. Elles se réunissent pour prier à l’église et dans le village, et c’est très bien. Elles travaillent bénévolement, souvent un champ communautaire car nous sommes en secteur rural, pour remplir leur caisse. C’est bon. Mais elles ne s’engagent pas véritablement dans des projets de développement pour faire avancer les villages ni dans la formation de jeunes. Il y a aussi beaucoup à faire au niveau social, et pour justice et paix. Mais notre gros souci c’est l’éducation des enfants et des jeunes. Ils sont écartelés entre deux mondes et les parents se sentent impuissants. La mort de notre frère Joseph, assassiné par deux jeunes drogués, nous pousse à réfléchir encore davantage à cette question. Nous allons voir comment aider les enfants et les jeunes à s’organiser. Et leur redonner courage et espérance. De loin, nous continuons à suivre les événements de Conakry.
    Dans tous les villages, les chrétiens sont une minorité (moins de 1 %). Il leur font donc apprendre à être unis entre eux pour se soutenir et ouverts aux autres pour vivre en harmonie avec tous. Tout en apportant aux autres l’originalité de la vie chrétienne et la dynamique de l’Evangile, et en proposant à tous non seulement leurs activités mais le sens de leur vie."
    (Armel Duteil)

  • Lundi 16 au 22 juin : "La révolte des policiers.
    Dès 6 heures, Richard, un confrère nigérian, me conduit à la gare routière. Je pars tôt pour rejoindre notre évêque qui m’a demandé de l’accompagner dans sa tournée pastorale de la paroisse de Boffa. Pour ne pas arriver en retard, je descends en cours de route à un carrefour où il doit me prendre, pour que nous continuions ensemble. Mais jusqu’à 19 heures, toujours personne, et il n’y a pas de réseau pour que je l’appelle avec mon portable. Finalement, il n’arrivera que le lendemain avec beaucoup de difficultés. En effet, à la suite des militaires, les policiers se sont mis en grève pour réclamer eux aussi des augmentations de salaires. Les militaires ne sont pas contents : ils pillent et cassent les commissariats. Il y a des affrontements entre policiers et militaires : plus de 10 morts et de nombreux blessés. Nos problèmes continuent et le pays continue à se détériorer. Et nous sommes très inquiets. Malgré tout, nous assurons notre tournée comme prévu, car les gens nous attendent et il y a de nombreux problèmes."
    (Armel Duteil)

  • Vendredi 13 et dimanche 15 juin : "Session Justice et Paix.
    3 jours de travail très intensif avec 18 responsables de communauté. C’est très encourageant ! Le premier jour, nous recensons les situations d’injustices et de manque de paix de la région. Puis nous réfléchissons à la vie du Christ et à la Parole de Dieu, pour voir quelle lumière et quel chemin elles nous montrent. Le deuxième jour, nous cherchons les actions que nous pouvons mener avec nos petits moyens, ensemble avec ceux qui nous entourent. Nous voyons comment mettre en place une Commission Justice et Paix, comment l’organiser, et comment faire nos différentes réunions. Le troisième jour, nous le consacrons à répondre au questionnaire de préparation du prochain « Deuxième synode pour l’Afrique » (voir la rubrique de ce nom « Synode »)."
    (Armel Duteil)

  • Jeudi 12 juin : "Voyage.
    Lever dès 5 heures pour attraper le taxi brousse pour KOUNDARA, à la frontière du Sénégal et de Guinée Bissao. Une journée entière de voyage sur une route très mauvaise, sous la pluie, ce qui n’arrange pas la route mais c’est une bénédiction pour les paysans et finalement tout le monde est heureux. Il n’y a pas de réseau à mon téléphone portable pour appeler les confrères. Il faut me débrouiller la nuit et sous la pluie pour trouver l’église. Mais comme les gens, musulmans à la très grande majorité, sont très accueillants, il n’y a pas de problème."
    (Armel Duteil)

  • Mercredi 11 juin : "Suite des activités.
    Dès 7 heures, rencontre avec l’Archevêque pour le compte rendu de la réunion d’hier soir. Préparation d’une déclaration de la Conférence épiscopale sur la situation du pays et ce qu’il y a lieu de faire.
    Rencontre à l’Université de Sonfonia, faculté de droit, sur les droits de l’homme et « Justice et Paix ». Et la mise en place d’une Commission.
    Séance de travail au Foyer de l’Espérance avec l’Association SOS Mineurs : évaluation de leur travail auprès des enfants en difficulté à la prison (quartier des mineurs), dans la rue et les quartiers. Préparation d’un stage de formation pour 20 éducateurs.
    Rencontre avec Jeanne d’Arc sur les problèmes de santé.
    Réflexion avec les formatrices des sœurs de St Joseph de Cluny sur les vocations féminines et en particulier l’avenir des filles que j’ai envoyées chez elles depuis Mongo, du temps où je travaillais dans les camps de réfugiés.
    Il est temps d’aller se coucher ! La Coupe d’Europe de football bat son plein. Ce soir, il y a du courant et la télévision à Conakry. C’est une occasion. Mais ce n’est pas encore aujourd’hui que je regarderai un match !"
    (Armel Duteil)

  • Mardi 10 juin : "Justice et paix.
    Le matin, travail avec les responsables des Femmes catholiques pour préparer un séminaire régional (Afrique de l’Ouest) sur les trafics des personnes humaines : esclavage sous toutes ses formes, prostitutions, vente d’enfants, trafics d’organes, etc… Nous ne faisons pas encore grand chose dans ce domaine. Nous comptons sur cette rencontre pour nous donner idées, méthodes de travail, relations et soutien.
    Le soir, pas moyen d’ouvrir ma boîte : pas d’électricité dans la ville. Rencontre avec la Commission « Justice et Paix » pour faire le point de nos différentes actions et surtout réfléchir à la situation du pays. (voir la rubrique « Justice et Paix). Ce qui nous inquiète, c’est en particulier la montée de la violence et de l’individualisme = on perd le sens du bien commun : chaque personne, parti, groupe ou profession, cherche son propre intérêt au détriment des autres. La montée de l’ethnocentrisme, en particulier dans la politique et la fonction publique, et même le domaine économique = on aide ceux qui parlent notre langue. Et aussi la montée en flèche de la pauvreté, qui entraîne de grandes souffrances, mais aussi division, opposition. Et aussi égoïsme et arrogance de ceux qui continuent à s’enrichir."
    (Armel Duteil)

  • Lundi 9 juin : "La Pastorale sociale.
    Le matin, rencontre avec la Communauté Sant Egidio pour revoir les différentes activités, préparer celles de vacances, et coordonner nos actions. L’après-midi, travail avec l’O.C.P.H. (Organisation catholique pour la promotion humaine) pour la mise en place des commissions de pastorale sociale dans les paroisses, les formations à assurer et le suivi des projets : tournées dans le pays, organisation de centres aérés pendant les vacances dans les quartiers populaires de Conakry, lancement d’A.G.R. (Activités génératrices de revenus) pour les personnes atteintes par le VIH pour leur permettre de vivre et faire vivre leur famille. Préparation d’un projet de formation pour éducateurs aux droits de l’homme et de l’enfant.
    En soirée, rencontre de la Commission de Pastorale sociale, pour évaluer le travail mené, revoir les orientations et préparer le trimestre qui vient.
    Je n’ai même pas le temps d’ouvrir ma boîte Mail."
    (Armel Duteil)

  • Samedi 7 juin : "Préparation du « 2ème Synode pour l’Afrique ».
    Nous nous retrouvons à 35, des différentes paroisses de la ville pour répondre au questionnaire préparatoire, pendant toute la journée. Travail très intensif, et très intéressant. Les participants sont d’autant plus motivés que nous abordons des points essentiels pour la vie de l’Eglise et du pays. La réflexion est intense. Il faudra la poursuivre à la base, dans les paroisses, communautés et mouvements.
    Je passe toute la journée du lendemain à mettre en forme les réponses. J’en communiquerai le résultat sur mon site (rubrique Synode) dès qu’il sera prêt."
    (Armel Duteil)

  • Vendredi 6 juin : "La situation à CONAKRY.
    Arrivé à la capitale, je constate que les activités ont repris après la mutinerie des militaires qui a bloqué le pays pendant une semaine, il y a eu de la casse et des vols. Le pays n’avait vraiment pas besoin de cela ! Le climat reste très tendu et les gens ont peur que ça reprenne. De plus, les revendications des militaires ont lancé un processus, dont on ne sait pas jusqu’où il peut aller. Les enseignants ont déposé un préavis de grève pour le 19 juin, juste avant le début des examens (entrée en 6e de Collège, baccalauréat…) qui risquent de ne pas avoir lieu. Le personnel de la Santé parle de les suivre. Bien sûr, vu les problèmes économiques énormes du pays et l’augmentation en flèche du coût de la vie, on comprend leurs revendications de salaire…. mais, au moins, ils ont un salaire. Que va-t-on faire pour le monde rural ? Et ceux qui « se débrouillent » en ville dans l’informel ou les petits métiers ? Car ce sont eux qui ont le plus de besoins. Mais ils n’ont ni les armes ni le pouvoir pour s’imposer. C’est pourquoi nous cherchons à les aider à s’organiser. Et que nous travaillons à la mise en place d’une société civile efficace. Il faudra beaucoup de temps pour cela !"
    (Armel Duteil)

  • Vendredi 6 juin :"Prière avec les Frères et les Sœurs, et dès 8 heures départ pour Conakry, via Kamsar."(Armel Duteil)

  • Jeudi 5 juin : "Relancer KATACO.
    Il faut bien que la vie reprenne. Et je dois repartir à nouveau en déplacement demain. Aussi, toute la journée est occupée à préparer les différentes activités. Rencontre avec les communautés de Kataco-Centre pour leur relance et mise au point de la nouvelle organisation. Tournées du catéchiste central et des responsables du Conseil paroissial, préparation de la retraite des enfants et choix des catéchumènes, rencontre du bureau des parents d'élèves…. sans oublier le nettoyage et le rangement de la maison !"
    (Armel Duteil)

  • Lundi 2 juin :"Funérailles"du Frère Joseph".
    Je remonte en stop à Kamsar, car il faut que je rentre à Kataco pour préparer la célébration des "funérailles" de notre frère Joseph, tué le 8 Avril. Normalement, c'est la messe anniversaire du 30ème jour de son décès, mais vu les circonstances nous n'avons pas pu célébrer plus tôt. C'est un énorme travail de préparation (plusieurs centaines de personnes à loger et nourrir, venues de tout le diocèse, dont une vingtaine de prêtres et une quarantaine de religieux et religieuses). Mais notre frère Joseph mérite bien ça. Le 3 au soir, veillée de prières qui se termine auprès de sa tombe. Le 4, grand'messe solennelle. A la fin, les grandes décisions concernant la paroisse et la relance des communautés sont annoncées. (Voir la rubrique sur le Frère)."
    (Armel Duteil)

  • Vendredi 30 mai : "Je devais travailler toute la journée dans un lycée, sur les problèmes de justice et de paix. C'était de circonstance ! Mais les élèves n'ont pas pu venir. De même, la récollection (rencontre de réflexion et de prière) du samedi. Je décide donc de retourner à Kataco. J'arrive à attraper un taxi-brousse pour Baffa, la paroisse précédant Kataco. Cela me permet de partager la vie des prêtres, des sœurs, et de la communauté, et d'échanger quelques réflexions. J'y attendais les autres confrères pour la réunion du doyenné (les cinq paroisses de notre région du BAGATAI), mais, là encore, ils ne peuvent pas se déplacer. Nouvelle rencontre annulée."(Armel Duteil)

  • Mercredi 28 mai : "La mutinerie (suite).
    Les soldats continuent à tirer en l'air, même en plein jour. Les gens, pris de panique, quittent leur travail et rentrent chez eux. On ne peut plus circuler en voiture, car il n'y a plus de carburant. Les stations-service sont fermées, de peur d'être incendiées. Les gens marchent à pieds et gardent un calme extraordinaire. Mais ils sont très en colère contre les soldats. L'an passé, ces derniers ont tiré sur la foule qui manifestait contre la chèreté de la vie. Et maintenant, ils réclament une énorme somme d'argent et, en plus, des privilèges : riz à prix réduit, impunité des mutins, etc.. Bien plus, ils pillent les marchés et vident les boutiques abandonnées à cause des coups de feu."
    (Armel Duteil)

  • Du 27 au 31 mai : "L'avenir de KATACO.
    Malgré tout, nous essayons de continuer les activités. Il n'est pas question de tout laisser tomber ! Le mercredi, réunion du Conseil de l'évêque pour tirer les conclusions de la tournée à Kataco. Nous décidons de rester à Kataco et de continuer nos œuvres. Mais il faut marquer le coup, car ce qui s'est passé est très grave. Et aider les communautés à se reprendre. Pour faire réfléchir les gens de Kataco-Centre, leur église sera fermée pendant une année : ils iront prier dans les communautés voisines et nous essaierons pendant ce temps de réorganiser les communautés de Kataco-Centre, de faire réfléchir la population et de commencer un travail en profondeur d'éducation des jeunes. Nous espérons arriver à quelque chose !"
    (Armel Duteil)

  • Mardi 27 mai : "Mutinerie des soldats.
    Les soldats en profitent pour se révolter. Ils séquestrent le chef d'état major adjoint. Ils exigent le paiement de 7 millions d'arriérés dus depuis 1996. Même en francs guinéens, c'est une somme énorme. Et une exigence déraisonnable, vus l'état actuel du pays et la pauvreté généralisée de la population. Pour appuyer leurs revendications, ils tirent en l'air. Résultats : 3 personnes tuées par balles perdues, et plus de 10 blessés. Encore des morts et des souffrances inutiles de personnes innocentes. Ce n'est pas la première mutinerie des soldats de troupe et cela nous inquiète beaucoup. Ils demandent la mise à la retraite de tous les Généraux. Même si ces derniers sont corrompus, cela va-t-il régler les problèmes de la Guinée ? Plus grave, ils demandent la libération sans jugement des militaires responsables des tueries de l'an dernier. C'est à nouveau l'impunité qui s'installe dans le pays. Cela marque un retour en arrière très grave et très inquiétant du pays."
    (Armel Duteil)

  • Dimanche 25 mai : "La situation en Guinée : remplacement du Premier Ministre.
    A mon retour, en Octobre 2007, j'avais fait le point de la situation. (Voir "Nouvelles"). Après les grèves générales de Janvier-Février 2007 et ses conséquences tragiques (l'armée avait tiré sur des manifestants pacifiques : plus de 180 morts), on avait imposé au Président et à son clan au pouvoir depuis plus de 20 ans avec des résultats dramatiques pour le pays, un Premier Ministre et un gouvernement de consensus. Malheureusement, on n'a pas pu changer la Constitution et le président a gardé tout son pouvoir. Etant donné la dégradation de la situation internationale (augmentation du prix du pétrole, du riz importé, etc ….qui a entraîné une hausse générale du coût de la vie et la généralisation de la pauvreté -voir ma dernière circulaire-), le Premier Ministre n'a pas pu faire grand-chose et comme il avait fait de nombreuses promesses, la population n'était pas satisfaite. Le Président en a profité pour le limoger et pour nommer à sa place quelqu'un de son clan. Nous avons l'impression de retomber à zéro et d'avoir souffert pour rien pendant deux ans. Aussitôt, les gens de Kankan et Kouroussa, la région d'origine de l'ancien premier ministre, se sont révoltés. On attend le nouveau gouvernement qui va être nommé, mais déjà une grève générale est annoncée pour demain et tout le monde est inquiet."
    (Armel Duteil)

  • Jeudi 22 mai, au soir : "Justice et Paix à Kankan.
    Voyage toute la nuit pour Kankan (650 km), le diocèse du nord-est, pour une formation à justice et paix. C'est mon ancien diocèse. J'y rencontre de nombreux amis, ce qui me rend très heureux. Pour le travail, c'est autre chose : la ville est en ébullition, suite au limogeage du Premier Ministre. Résultat, les gens ont peur de se déplacer. Ceux des autres paroisses ne sont pas venus. Nous nous retrouvons à 9 personnes ! Malgré tout nous travaillons jusque tard dans la nuit, car dimanche, ce sera la Fête-Dieu, avec procession dans la ville, nous ne pourrons pas travailler.
    Comme une grève générale est prévue dans tout le pays pour lundi, je me dépêche de redescendre sur Conakry, un peu découragé je dois le dire. Et la fatigue du voyage n'arrange rien !"
    (Armel Duteil)

  • 19 au 22 mai : "A Conakry.
    Travail pour nos deux commissions. Mise en place de l'OCPH (Caritas) ; session justice et paix à l'Université de SONFONIA et Conseil épiscopal ; rencontre avec l'Ambassadeur de France au sujet de l'assassinat du Frère Joseph."
    (Armel Duteil)

  • Du 17 au 18 mai : "Session sur la sexualité avec les étudiants de DALABA.
    Dès le 16 à midi, je laisse la délégation pour arriver la nuit en taxi-brousse à CONAKRY. Le lendemain, départ à 6 heures (500 km) pour arriver juste à 16 heures et commencer la session. J'ai beaucoup travaillé cette question, écrit de nombreux livres et produit de nombreux montages diapos et vidéo, et assuré l'éducation sexuelle et affective des jeunes dans les écoles et les quartiers, pendant seize ans à St Louis du Sénégal. Aussi, je suis à l'aise dans ce domaine. Mais j'ai spécialement apprécié leur participation ainsi que le sérieux de leurs questions et de leur engagement."
    (Armel Duteil)

  • Du 13 au 16 mai : "Tournées dans les communautés avec l'Archevêque.
    Après Kataco-Centre, nous sommes passés dans les autres communautés de la paroisse, en les regroupant trois par trois sur un rayon de 70 km. A chaque fois, nous avons abordé deux points :
    1. que faire suite à l'assassinat du Frère Joseph ?

    2. la marche de nos communautés : jeunes, femmes, hommes.

    Lors de chaque réunion, nous avons fait l'évaluation de nos deux années de présence et tracé des lignes pour l'avenir, après la mort de notre frère Joseph DOUET."
    (Armel Duteil)

  • Les lundi 12 et mardi 13 Mai :" Rencontre de l’Archevêque avec les quatre communautés de Kataco-centre, pour évaluer le travail de ces deux dernières années. Et aussi pour tirer les conclusions de l’assassinat du frère Joseph. Voir comment relancer les communautés et donner à nouveau courage et espérance à la population. Ce n’est pas simple."(Armel Duteil)

  • Le dimanche 11 mai :" Confirmation donnée par l’Archevêque. Dans la ligne de l’inculturation, c’est le masque traditionnel baga de la fécondité qui nous a faits entrer dans l’église, qui a apporté l’Evangile et mené la procession des offrandes."(Armel Duteil)

  • Du 4 au 10 mai :" La retraite.
    Dès le dimanche, retour à KATACO pour préparer puis animer la retraite de confirmation. Cette année, ils ne sont que 30, car nous avons été exigeants dans le choix des confirmands. En effet, pour l’avenir de l’Eglise et du pays, il nous semble nécessaire d’assurer une formation solide et un engagement profond des chrétiens.
    Nous avons changé l’organisation de la retraite. Ne plus se contenter d’un enseignement (révision du catéchisme), mais en faire une vraie initiation : vie en commun, travaux et activités, témoignages de chrétiens engagés, implication des communautés. Et bien sûr engagement et prière personnelle. Les catéchistes ont apprécié cette façon de faire et nous allons chercher à l’améliorer pour la retraite de fin d’année pour les étapes, le baptême et la première communion."
    (Armel Duteil)

  • Le samedi 3 mai" La journée d’hier (vendredi) tout entière a été réservée à une recherche sur la justice et la paix. Après un exposé de ma part, les gens se sont retrouvés en groupes de réflexion pour voir les problèmes, mais aussi le positif et les avancées depuis 2 ans. La journée s’est terminée par une grand’messe solennelle très animée, et la nuit : chants, danses, ballets et théâtre, toujours sur le même thème.
    Le lendemain, chaque groupe est venu apporter le résultat de ses réflexions et ses propositions d’action. A suivi un débat général pour approfondir les propositions et préciser les moyens d’action. L’après-midi a été consacré à la réconciliation –avec confessions pour ceux qui le voulaient-, base nécessaire pour vivre la paix.
    Et le dimanche, la grande célébration finale, avec l’homélie de notre évêque donnant les orientations pour la fin de l’année et les engagements des différents groupes. Cela bien sûr dans la joie et la fête, comme d’habitude. Et la joie des retrouvailles, car toutes les paroisses étaient présentes."
    (Armel Duteil)

  • Le jeudi 1er mai :"Fête du Travail,pour qui ?
    Aujourd’hui, c’est la fête du Travail. Elle passe bien inaperçue. Pas de défilé, ni de discours. Nous ne sommes pas en ville mais dans un village. Cela me fait réfléchir et m’attriste. D’abord, c’est le signe que le monde rural n’est par organisé : pas de syndicat de pa ysans ni d’association active. Conséquence : les paysans sont marginalisés et exploités. Et ils n’ont pas les mêmes moyens de défendre leurs droits. Dernier exemple : le litre de gas oil est passé d’un seul coup de 4.300 à 7.000 Fg. Cela a entraîné une augmentation du coût de la vie, à commencer par le riz base de la nourriture locale et en grande partie importé. On a mis en place des mesures d’accompagnement, mais ce sont seulement les salariés qui en profitent, par les paysans, qui ne sont pas salariés, ni le secteur informel, tous ceux qui font des petits métiers et se débrouillent pour vivre. Et pourtant, c’est la majorité. La justice et la défense des droits, ce n’est pas pour tout le monde !
    Départ pour le pèlerinage diocésain. C’est la grande manifestation et le plus grand rassemblement chrétien de l’année. Il commence par une marche-pèlerinage de 4 jours depuis Conakry, et pour nous depuis Kataco : 150 km à pied. 
    Cette année, cette marche a été très soigneusement préparée. Nous avons composé un livret pour cela à partir de la lettre de l’Evêque pour le Carême qui a été travaillée dan s les différents groupes et communautés depuis Pâques. Trois thèmes principaux : Justice et Paix, la Communion, l’engagement. A partir de la Parole de Dieu et de la vie du Christ et bien sûr en lien avec ce qui se passe actuellement dans le pays. Un livret avec textes et questionnaires a été composé pour les marcheurs. Et demain, avec les autres personnes (non marcheurs) qui nous auront rejoints, nous aurons une journée entière de prière et de réflexion sur ces questions. Les conclusions principales seront reprises par l’archevêque dans son homélie de la messe de clôture."
    (Armel Duteil)

  • Le dimanche 27 avril 2008 :"Retour à Kataco.
    J’anime le messe dans un quartier de Conakry (LAMBANY) et aussitôt après, repars pour Kataco. Cette année, je ne ferai pas la marche pèlerinage avec les jeunes, car avant-hier je suis tombé dans un caniveau. En effet, la nuit les rues ne sont pas éclairées et les caniveaux ont à ciel ouvert. Je le sais bien, mais j’ai été ébloui par une voiture venant sur moi à grande vitesse. J’ai de nombreuses écorchures (ce n’est pas grave, je me suis bien désinfecté à l’alcool et ça repoussera !), mais surtout j’ai une grosse entorse à la cheville. Cela va au moins me fixer à Kataco quelque temps et me permettra d’être un peu plus tranquille que d’habitude ! Et aussi de me mettre à jour pour toutes les choses en retard et documents à travailler."
    (Armel Duteil)

  • Le samedi 26 avril 2008 : "Formation des laïcs.
    Dans toutes les Eglises d’Afrique de l’Ouest, nous faisons un très gros effort pour la formation des laïcs chrétiens, leur engagement dans la société et la mise en place d’un laïcat organisé. Après plusieurs ateliers, nous avons tenu une session de travail en Octobre 2007, suivie de nombreuses réflexions et séances de travail. Vous aurez bientôt quelques documents sur ce site, de même que pour les autres choses dont je parle dans ces nouvelles."
    (Armel Duteil)

  • Du 22 au 27 Avril 2008 : "Activités à CONAKRY.
    D’abord nous préparons un numéro spécial de la revue du diocèse sur la vie de notre Frère Joseph qui vient d’être assassiné. C’est un gros travail, mais nous le lui devons bien. Et cela servira de base pour que les gens se reprennent, pour que nos communautés en tirent les conséquences pour leur vie et leurs actions, et qu’ainsi la mort de Joseph ne soit pas inutile, mais serve au bien de tous et à l’avancée du pays.
    En même temps, il faut bien continuer le travail "ordinaire" en particulier pour "Justice et Paix" et pour la "Pastorale sociale" avec tout ce que cela comporte de réflexions, contacts, réunions, préparation et suivi des actions.
    Profitant de ce que je suis à Conakry, j’ouvre ma boîte Mail = toute une journée à internet pour récupérer des documents et en envoyer. Et répondre aux nombreux messages, en particulier les réactions à ma dernière circulaire et surtout les condoléances pour le décès de ma mère et celui du Frère Joseph. Je remercie de tout cœur ceux qui pensent à nous et regrette beaucoup de ne pas pouvoir leur répondre plus longuement. Il y a aussi toute la préparation du pèlerinage annuel à BOFFA, avec les homélies, le carnet pour la marche, les conférences et les carrefours, le livret d’animation. C’est une très grande manifestation nationale, et un temps fort qui marque tout l’année. Cette préparation est donc très importante."
    (Armel Duteil)

  • Du 8 au 11 mars 2008 :" Retour à Conakry. Le retour a été aussi difficile que l’aller. Il a fallu deux jours avant d’avoir un avion et départ au milieu de nombreuses tracasseries. Heureusement que nous étions en groupe pour conserver notre bonne humeur. "Crochet" par Nairobi : à nouveau un jour à attendre le premier avion pour Abidjan… et une nuit à dormir par terre dans le hall du transit, car même en payant, les originaires du Sénégal, Mali, Guinée… ne peuvent pas avoir de visa de transit. Bien sûr, pas question de nous quitter : nous sommes restés ensemble. Et pour moi, à Abidjan, à nouveau un jour (et une nuit par terre) à attendre un avion pour Conakry, en retard en plus !"(Armel Duteil)

  • Du 3 au 8 mars 2008 :" 1er Congrès panafricain des Commissions Justice et Paix.
    Ce fut une rencontre nécessaire et très importante.
    A la fin du Congrès j’ai eu une journée pour visiter mes confrères spiritains de Kinshasa. D’abord François LE HELLAYE, du même âge que moi et breton comme moi, que je n’avais pas vu depuis longtemps. Ensuite, des jeunes confrères congolais que je ne connaissais pas encore, mais qui m’ont accueilli comme des frères. Ils travaillent à la sortie de Kinshasa dans des quartiers populaires et déshérités. En ce moment, ils construisent une école professionnelle pour donner du travail aux jeunes. Ils travaillent avec les handicapés. Et ils sont très impliqués dans l’aménagement du quartier (assainissement, voirie, etc…).
    J’ai profité de mon séjour pour ramener de l’Imprimerie Médiaspaul un certain nombre de mes livres (mes 20 kg de bagages), imprimés à Kinshasa, car il est pratiquement impossible d’expédier des livres du Congo vers la Guinée."
    (Armel Duteil)

  • Du jeudi 28 février au samedi 1er mars 2008 :"Voyage pour Kinshasa. Je vais vous raconter cela pour vous montrer un peu les conditions dans lesquelles nous travaillons.
    D’abord, le Congrès a été décidé au dernier moment. J’ai dû annuler beaucoup de choses et n’ai pas pu accueillir les amies qui venaient me voir ; pourtant leur voyage était prévu depuis longtemps. En plus le cyber café de Kamsar ne marchait pas, ni celui de Kife à Conakry ; je n’ai pas pu avoir les renseignements nécessaires. Depuis Accra, on m’avait envoyé un billet ; mais je suis arrivé trop tard (problèmes de transport depuis Kataco) et la Compagnie a annulé le billet (pourtant il restait 3 jours avant le départ). Il a fallu téléphoner à Accra et Kinshasa (avec de nombreuses coupures) plusieurs fois, quand ça passait, pour commander un nouveau billet : il est finalement arrivé le jour du départ, mais la Compagnie ne pouvait pas le sortir de son ordinateur ! Au dernier moment, j’ai dû faire le tour de la ville pour récupérer l’argent, au moins pour le voyage "aller". Et j’ai réussi à entrer dans l’avion, alors que l’enregistrement était terminé.
    Mais les problèmes n’étaient pas finis. A Abidjan, j’avais plus de 24 heures d’attente, et aucune prise en charge par la compagnie. J’ai dormi par terre dans le couloir de la salle de transit… et réveillé plusieurs fois par des policiers ou autres gardiens me demandant ce que je faisais là… comme si ce n’était pas évident ! Et heureusement que j’avais pris mes précautions et apporté un bout de pain et de l’eau à boire, sinon je n’aurais rien eu, car, étant simplement en transit à Abidjan, je n’avais pas de visa pour sortir de l’aéroport ni même d’argent CFA (l’argent guinéen n’est pas convertible !).
    Deuxième nuit : voyage Abidjan-Kinshasa, en passant par Douala et…. Nairobi ! Si vous n’êtes pas forts en géographie, regardez une carte et vous verrez que ce n’est pas direct ! C’est le problème en Afrique : très peu de lignes aériennes, et donc ça coûte très cher et en plus il y a des tas de pertes de temps : deux escales en pleine nuit, là encore nous n’avons pas beaucoup dormi ! Je n’étais pas en forme à l’arrivée. Heureusement, nous avions 36 heures d’avance (pas d’avion le lendemain), ce qui nous donnait au moins le temps de nous reposer. Finalement, les problèmes de transport ne sont pas plus simples au niveau international que dans la mangrove de Kataco ! Et encore, j’ai eu la chance que mes bagages ne soient pas perdus en route, comme ce fut le cas pour plusieurs d’entre nous."
    (Armel Duteil)

  • Le mardi 26 février 2008 : "Descente à CONAKRY.

    Contacts avec différents groupes et suivi des contacts précédents. En particulier, avec le groupe des Volontaires Catholiques et avec l’OCPH (Organisation catholique pour la promotion humaine = Secours catholique – Caritas de Guinée) qui est en pleine transformation. Malheureusement, nous n’arrivons pas à sortir ce que j’ai saisi sur mon ordinateur et enregistré sur disquette. Cela ne m’arrange pas ! En même temps, je dois me battre pour obtenir un billet d’avion pour participer au Congrès panafricain "Justice et Paix" à KINSHASA au Congo."(Armel Duteil)

  • Le lundi 25 février : "Journée de repos : j’en avais besoin !"(Armel Duteil)

  • Le dimanche 24 février 2008 : "Je célèbre à Kataco-Centre. Cela faisait longtemps ! Bonne participation. Comme c’est le Carême, nous avons la bénédiction des catéchumènes, en préparation des baptêmes à Pâques : exorcismes et Scrutins, avec la participation des responsables de Communautés, des parents et des parrains et marraines."(Armel Duteil)

  • Le samedi 23 février 2008 : "Session de formation à Justice et Paix pour la région de Bagataï. Très bonne organisation et bonne ambiance, avec une majorité de jeunes, grâce à la bonne organisation des Sœurs."(Armel Duteil)

  • Le jeudi 21 février 2008 : "Rencontre des femmes à KAWAS.
    J’aime beaucoup ces rencontres des femmes. Il y a une très bonne ambiance et les femmes ont toujours une façon originale de voir les problèmes et de trouver des solutions. Nous voyons ensemble leur rôle de femmes et de mères dans la famille, dans la communauté chrétienne et dans le village. Puis nous réfléchissons à la condition des veuves, qui sont souvent brimées à cause des coutumes passées et aussi à cause de ce qui se fait chez les musulmans (car nous sommes une petite minorité au milieu des musulmans). Comment les défendre ? Comment aider les orphelins ? …. Je vais rédiger tout cela pour mon site le plus vite possible, dans la rubrique "Comptes rendus"."
    (Armel Duteil)

  • Le mercredi 20 février 2008 : "Rencontre mensuelle de l’équipe apostolique : prêtres, frères et sœurs. Comme d’habitude, nous faisons le tour de nos différentes activités et nous voyons ce qui a été réalisé et comment continuer le travail, en particulier le suivi de la dernière réunion du doyenné et de la dernière rencontre des parents d’élèves, et bien sûr comment bien vivre ce CAREME 2008."(Armel Duteil)

  • Le mardi 19 février 2008 : "Travail personnel : Me mettre au courant de tout ce qui s’est passé pendant la semaine, régler les affaires courantes, lire le courrier, composer sur mon ordinateur les comptes rendus des différentes rencontres de Conakry pour les imprimer et multiplier à ma prochaine descente à Conakry. Car bien sûr, à Kataco, je n’en ai pas la possibilité."(Armel Duteil)

  • Le 18 février 2008 : "Je pars à la gare routière et arrive enfin à KATACO. J’y retrouve mon confrère Igbe qui vient de rentrer d’une tournée dans les Iles. Il a beaucoup de travail, car comme je suis de plus en plus souvent à CONAKRY pour les commissions "Justice et paix" et "Pastorale sociale", une grosse partie du travail à Kataco retombe sur ses épaules. Mais il le fait avec courage et calme. Nous préparons les choses ensemble et les évaluons ensemble. En effet, malgré nos différences d’âges (68 et 32 ans) et de cultures (il est nigérian), ou plutôt grâce à nos différences, non seulement nous nous comprenons, mais nous nous complétons. Il faut dire que nous étions ensemble dans la Forêt du Sud-Guinée, au moment des attaques rebelles du Libéria et de Sierra Léone, en 2000/2001. Bien sûr, cela nous a fortement soudés.
    Il me fait le compte rendu de sa tournée. J’étais un peu inquiet, car notre pirogue fuit et nous n’avons pas réussi à la colmater complètement. Mais avec une boîte de conserve, il suffit d’écoper régulièrement, et ça marche ! Je lui demande en particulier des nouvelles du dispensaire qui a été financé par le Rotary Club de Rome. Dans les îles, il y a beaucoup de maladies (paludisme, choléra, dysenterie) ; les habitants n’ont pas d’eau potable, sauf de l’eau saumâtre ou de l’eau de pluie, conservée pendant des mois dans des fûts depuis la fin de la saison des pluies, jusqu’à l’arrivée des pluies l’année suivante. Et comme ils sont très éloignés et dispersés, c’est très difficile pour eux de se faire soigner. Colette, la responsable du dispensaire, fait de son mieux, mais elle a besoin d’être soutenue et que les choses soient organisées et structurées.
    Ensuite, séance de travail avec Nicolas, le catéchiste responsable. Nous traduisons en baga les fiches de catéchèse que j’ai composées sur la route, dans le taxi-brousse. Pas de repos car Nicolas doit partir rapidement à Bigori sur son vieux vélo, à 50 km, pour surveiller sa récolte de riz. J’essaierai de ne pas me coucher trop tard !"
    (Armel Duteil)

  • Le dimanche 17 février 2008 : "Je suis dans le dernier taxi brousse en partance pour KAMSAR. J’y arrive aux environs de minuit. Bien sûr, il n’y a plus de moyens d’aller à KATACO. Pas de problèmes ! Les amis ne manquent pas à Kamsar. Je vais réveiller une famille, qui m’accueille avec joie. La maison est petite, mais on peut toujours se serrer. La chair humaine est une matière compréhensible !"(Armel Duteil)

  • Le 16 février 2008 : "Matin : restitution sous forme de conférence : débat du Colloque d’Abidjan sur la corruption (voir la rubrique "Justice et Paix") Après-midi : rencontre avec le Wanep (Organisation ouest-africaine pour les droits de l’homme) sur les jeux que nous avons composés à Mongo sur les droits de l’homme et de l’enfant, en vue de leur utilisation généralisée."(Armel Duteil)

  • Le 15 février 2008 : " Commission "Justice et Paix"."(Armel Duteil)

  • Le 14 février 2008 : " Rencontre du Conseil épiscopal pour réfléchir à la marche du diocèse. Il y a bien des choses à voir."(Armel Duteil)

  • Le 13 février 2008 : "Grosse journée ! Nous en sommes encore à la mise en place du travail en "pastorale sociale" et "justice et paix". Toute la matinée, réflexion avec CRS (Catholic Relief Service), ONG catholique américaine qui nous soutient, pour préciser notre collaboration. L’après-midi, rencontre avec l’OCPH (Organisation Catholique pour la Promotion Humaine) : Secours catholique : Caritas de Guinée."(Armel Duteil)

  • Le 12 février 2008: " Descente à Conakry. A l’arrivée, je voulais travailler avec mon ordinateur, mais il n’y avait pas de courant en ville ! Finalement, je peux mieux m’arranger à Kataco avec ma batterie et mon panneau solaire !"(Armel Duteil)

  • Le 11 février 2008 : " Rencontre du doyenné. Comme tous les deux ans, nous évaluons l’ensemble de notre travail pastoral. Nous parlons bien sûr de la catéchèse et de la vie de nos différents groupes et mouvements. Notre rencontre est marquée spécialement par la préparation du Carême, avec la marche pénitentielle, la préparation de la retraite et la célébration des sacrements, la formation à Justice et Paix, la formation des cadres, les émissions à la radio et à la télévision."(Armel Duteil)

  • 10 février 2008 : " Retour enfin à Kataco, bien fatigué. Long partage avec Igbe, mon confrère, sur tout ce qui s’est passé à Kataco pendant la semaine. Suite à notre rencontre de Katangoro, les responsables des villages sont venus au Centre pour relancer les communautés assez peu actives depuis quelque temps. Ils se prennent en mains, sans attendre que nous soyons derrière. Cela nous encourage beaucoup. Le soir, dialogue et repas avec la Supérieure générale des sœurs de St Joseph de Cluny, venue nous visiter. Elle était là pendant mon absence et repart demain matin."(Armel Duteil)

  • Le 9 février 2008 : " formation à Justice et Paix pour les cinq paroisses du Fouta Djalon. La majorité des participants sont des étudiants des universités et centres de formation implantés dans la région : eaux et forêts, médecine animale, etc…Cette fois-ci, nous insistons davantage sur la stratégie à suivre : progressive et dans le dialogue. Et sur la nécessité de travailler avec tous, pas seulement entre chrétiens. Nous approfondissons la méthode à suivre pour la mise en place des commissions paroissiales et la participation des prêtres.
    Nous attendons trois heures et demie avant de pouvoir partir en taxi brousse. Et encore, après avoir payé les deux places inoccupées. En effet, un taxi ne part jamais sans être plein = 10 personnes pour un break : 3 devant (parfois 4), 4 au milieu et 3 derrière. Et s’il y a des clients supplémentaires, ils s’assoient sur le toit, ou se tiennent à l’extérieur, debout sur le pare-choc ! Vous voyez les dégâts en cas d’accidents ou simplement de freinage brusque. Notre taxi tombe en panne au bout de quelques kilomètres (plaquettes de frein bloquées). Nous retournons à pied chercher un autre taxi. Résultat : nous arrivons à 1 heure du matin au presbytère de Kindia, où les prêtres nous attendent encore et nous donnent aussitôt à manger. L’hospitalité africaine n’est pas un mot creux !"
    (Armel Duteil)

  • Le 8 février 2008 : " Le chauffeur des sœurs m’accompagne à Kindia où je vais prendre un taxi pour le Fouta Djalon. J’en profite pour visiter la paroisse, les juvénistes (jeunes filles qui se préparent à la vie religieuse) et le petit séminaire où je retrouve plusieurs jeunes de mon ancienne paroisse de Mongo, dans la forêt, qui se forment pour devenir prêtres. Cela fait plaisir de les voir ainsi progresser. Je parle aussi avec Sébastien. Nous avons travaillé ensemble dans le diocèse de Kankan, où il était responsable des relations entre chrétiens et musulmans. C’est très important. Nous voyons comment les choses évoluent et comment approfondir ces relations. Nous prévoyons en particulier une session commune entre chrétiens, musulmans et adeptes de la religion traditionnelle. Je voyage avec un sœur guinéenne : nous parlons de l’éducation des filles : comment leur permettre de mieux se former et ainsi de prendre leur place dans la société guinéenne.
    Dans le taxi brousse, je lis le journal pour me tenir au courant de ce qui se passe dans le pays. En voici quelques extraits : Le pays fait ce qu’il peut pour s’en sortir, mais (interview de l'ambassadeur des États-Unis en Guinée : Journal Le Lynx du 28.01.08) "plus de 50% du budget sont affectés au règlement de la dette extérieure. Il ne reste rien pour les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé publique qui sont pourtant des secteurs essentiels….". Malgré tout, il y a des progrès : "en janvier 2007, le taux d’inflation était de 40 %, aujourd’hui, il est de 15 %" ….. Des audits portant sur le travail des différents ministères et les aides extérieures : "Tout le monde attend la publication de ces audits. Mais le gouvernement manque de ressources pour améliorer la justice. Nous travaillons avec les ONG (Organisations Non Gouvernementales) et la société civile pour accroître les capacités locales et lutter contre la corruption. Nous sommes bien engagés avec toute la société guinéenne : partis politiques, gouvernement, syndicats, société civile et médias. Nous voulons travailler avec les militaires sur la question des relations civils-militaires et le maintien de la paix. Cette année, nous voulons intervenir dans le domaine de l’excision. Et aussi la promotion des droits humains. ….. Vous avez une société civile plus active qu’auparavant. Nous allons soutenir la commission électorale indépendante, aux prochaines élections"."
    (Armel Duteil)

  • Le 7 février 2008 : " En route pour les deux monastères des bénédictines françaises de FRIGUIAGBE et des bénédictines sénégalaises de SEGUEYA que je connais bien depuis le Sénégal. En chemin, je m’arrête dans une école primaire des Sœurs de St Jean. Elles ont lancé une enquête sur la réconciliation, menée par les enfants eux-mêmes, suite à de nombreuses violences et bagarres dans l’école. Nous parlons avec les enfants de la justice et de la paix. Pour eux, qu’est-ce que cela veut dire ? Que peuvent-ils faire ? Ils m’enverront les résultats de leur enquête, pour que je puisse la diffuser et l’utiliser. Au monastère, je suis dans l’admiration devant le travail énorme réalisé en quelques années par les moines sur leur domaine : un très grand bas-fonds avec plusieurs récoltes de riz par an, des plantations de bananes et d’ananas, élevage de toutes sortes d’animaux. Ils entretiennent d’excellentes relations avec les familles alentour et permettent aux paysans d’améliorer leurs méthodes de travail pour de meilleurs rendements. Ensemble, nous parlons de justice et paix bien sûr et réfléchissons à la situation actuelle de la Guinée , de ce qu’il est possible de faire et de leur place, en tant que moines contemplatifs, dans tout cela.
    Le soir, nous menons la même réflexion avec les sœurs bénédictines. Nous cherchons comment développer une vie monastique enracinée dans la culture guinéenne et comment accueillir, comprendre et accompagner les filles qui se présentent."
    (Armel Duteil)

  • Le 6 février 2008 : " Rédaction des documents et saisie sur ordinateur. Je me fais initier peu à peu à l’informatique, profitant de mon séjour à Conakry. Ca me change de la lampe à pétrole et de la polycopieuse manuelle de Mongo !
    Le soir, célébration des Cendres à LAMBANYI, autre quartier de la banlieue de Conakry. Comme toujours, cette cérémonie est très suivie car elle parle aux gens : il s’agit de purifier nos cœurs par les cendres, comme on met le feu aux mauvaises herbes pour les réduire en cendres afin de nettoyer et fertiliser le champ avant de l’ensemencer. De même, que le feu de Jésus Christ renaisse de nos cendres et que la Parole Dieu ensemencée dans nos cœurs fasse jaillir la vie du Christ aux fêtes de Pâques. L’assistance est nombreuse, la participation intense et la joie éclate, surtout au moment du geste de paix. Car si tout le monde ne peut pas communier, tous peuvent recevoir les cendres !"
    (Armel Duteil)

  • Le 5 février 2008 : " Mardi gras. Grande rencontre à Taouyah, préparatoire au Carême. Plus de 200 participants. Une majorité de jeunes. Ambiance amicale qui se termine par un repas en commun, chaque groupe ayant préparé quelque chose à manger. C’était la première fois ; l’expérience est à recommencer."(Armel Duteil)

  • Le 4 février 2008 : "Je continue mes contacts à Conakry avec différents groupes et responsables, avec un certain nombre de rendez-vous manqués qui font perdre beaucoup de temps et d’énergie. Les retards et absences, malgré les engagements pris, sont choses courantes ici. C’est important de garder son calme et son sourire malgré tout."(Armel Duteil)

  • Semaine du 3 au 9 Février "Travail à Conakry pour nos deux Commissions. "(Armel Duteil)

  • Le 3 février 2008 : " Messe à la paroisse de TAOUYAH, dans un quartier populaire de Conakry. L'évangile du jour est celui des Béatitudes (Mtt V, 1-12), si riche de sens et que j’aime tant. A l’homélie, faite sous forme de partage (grâce à un micro portatif qui marche, ce qu’on n’a pas à Kataco !), les gens ont vraiment bien participé et apporté beaucoup d’idées intéressantes. C’est l’inculturation en marche. L’après-midi, travail avec l’évêque, en particulier sur le travail de pastorale sociale, la finalisation de la lettre de Carême, et la préparation de la rencontre des évêques de l'ouest, à Abidjan."(Armel Duteil)

  • Le 2 février 2008 : " Aujourd’hui, journée mondiale des religieux. Nous nous retrouvons dans une ambiance très sympathique de réflexion, de partage et de prière. (Voir la rubrique "Justice et Paix"), justement sur le thème : justice et paix et vie religieuse. C’est aussi l’anniversaire de la mort, en1852, de notre deuxième fondateur, François LIBERMANN, une fête pour tous les spiritains du monde (voir le site en "liens") auxquels nous nous sentons spécialement unis en ce jour."(Armel Duteil)

  • Samedi 2 Février "Journée mondiale des religieux. On m'a demandé d'animer la réflexion sur le thème "Vie religieuse et justice et paix". Il y a des choses à réfléchir. "(Armel Duteil)

  • Jeudi 31 Janvier et Vendredi 1er Février "Au village de KATONGORO, rencontre des responsables de nos 13 communautés paroissiales et session de formation des catéchistes, puis préparation du Carême (Voir la rubrique Comptes rendus) "(Armel Duteil)

  • Jeudi 31 Janvier et Vendredi 1er Février "Au village de KATONGORO, rencontre des responsables de nos 13 communautés paroissiales et session de formation des catéchistes, puis préparation du Carême (Voir la rubrique Comptes rendus) "(Armel Duteil)

  • Mercredi 30 Janvier "Réunion des parents d'élèves (voir la rubrique "Ecole"). "(Armel Duteil)

  • Lundi 28 Janvier "De retour à KATACO, conduit par mon confrère Igbé venu me chercher à la ville voisine de Kamsar terminus des taxis brousses, je prends connaissance des nouvelles pendant ces trois semaines d'absence. Je visite les amis et dépouille mon important courrier. Puis il faut régler les affaires courantes, rédiger les comptes rendus des activités passées et préparer les rencontres à venir. Sans oublier les traductions en baga pour les prières et les lectures de chaque jour. "(Armel Duteil)

  • Le 13 janvier 2008 "Départ pour la Côte d’Ivoire pour participer à une session régionale Ouest-Africaine de Justice et Paix, sur la corruption. Vaste problème ! Comme je passe par Dakar, j’accompagne un jeune confrère sénégalais en pleine crise de paludisme avec complications, pour qu’il soit soigné efficacement au Sénégal."(Armel Duteil)

  • 12 Janvier 2008 : "Trois formations sur "Justice et paix". (voir cette rubrique). Suite à ces trois formations, nous espérons pouvoir lancer des équipes "Justice et paix" à Conakry, la capitale. Nous allons maintenant mettre en place des formations à l’intérieur du pays."(Armel Duteil)

  • 11 au 17 Janvier - Une semaine à CONAKRY

    " Pendant que nous étions en Côte d’Ivoire, les concertations de l’Eglise Catholique avec les différents acteurs et responsables du pays se sont continués tout azimuts. Car si la grève générale a été évitée, avec toutes ses conséquences, les problèmes ne sont pas résolus pour autant. La vie devient de plus en plus difficile, surtout pour les plus pauvres ; les grands projets de développement, de lutte contre la pauvreté ou d’emploi des jeunes ne donnent pas les résultats espérés. Les gens sont de plus en plus découragés, les prix augmentent de plus en plus et beaucoup sont tentés de se tourner vers la violence. Les différents groupes au pouvoir cherchent à manipuler les jeunes ou à les acheter. Les gens sont divisés entre le bien du pays et leur intérêt particulier, personnel ou de groupe. L’Eglise a été choisie par les différents responsables du pays et de la société civile pour amener les gens à se parler et à s’accepter pour chercher ensemble des solutions pour sortir le pays de la crise. Cette semaine, nous avons donc rencontré de nombreux responsables, en particulier des syndicats et de la coordination des jeunes, pour chercher ensemble les lignes d’actions qui nous semblent les meilleures pour l’avenir du pays et le bien de tous.

    En même temps, j’ai continué à prendre des contacts et à visiter différentes réalisations pour la mise en place effective de nos deux commissions : "Justice et Paix" et "Pastorale sociale". Dès ma descente d’avion, je vais à Sonfonia en grande banlieue, visiter le Foyer de l’Espérance qui suit dans le quartier et accueille des enfants en difficultés, et où des éducateurs les aident à se stabiliser et à voir plus clair dans ce qu’ils veulent faire. Ou bien ils suivent des cours d’alphabétisation ou de rattrapage scolaire, ou bien ils reçoivent une formation technique en menuiserie, ou soudure pour les garçons, en broderie et couture pour les filles, pour leur permettre de s’en sortir en gagnant leur vie. Toute une équipe d’éducateurs les suit dans la rue et dans les commissariats. Et aussi à la prison où ils ont fait construire un quartier spécial pour les mineurs.

    Mardi, je travaille avec les Responsables de Wanep, une association ouest africaine pour la défense des droits humains. Nous nous retrouverons la semaine prochaine pour mettre au point les jeux d’éducation aux droits de l’homme et de l’enfant que nous avions créés au Sénégal avec Amnesty International et adaptés à la Guinée et aux réfugiés quand j’étais à MONGO. Car c’est un excellent moyen pédagogique pour l’éducation des enfants et des adultes. Ensuite, il faudra former des éducateurs et trouver les moyens financiers pour les prendre en charge.

    Mercredi, visite du dispensaire St Gabriel, dont j’ai déjà parlé (voir aussi la page qui lui est consacrée) et d’autres responsables. A mes temps libres, je travaille à la rédaction de la lettre pour le Carême. Il me faut aussi reprendre les différentes interventions du Colloque d’ABIDJAN. Je profite d’être à Conakry pour saisir tout cela sur ordinateur et l’envoyer aux différentes personnes intéressées, par mail. A KATACO , ce ne sera pas possible.

    Jeudi, inauguration du Centre Dream pour les personnes vivant avec le VIH/sida (voir également plus haut).

    Vendredi, séance de travail avec Roberto, prêtre italien du Prado qui coordonne les activités à la prison. Puis rencontre avec le frère Alphonse, des frères du Sacré-Cœur qui travaille spécialement auprès des mendiants et assure la scolarité de plus de 800 infirmes et enfants de mendiants, pour les aider à s’instruire.

    Samedi, toute la journée, 3e réunion de la Commission de Pastorale sociale dont vous pourrez lire le compte rendu dans la rubrique du même nom.

    Dimanche, je célèbre la messe dans le quartier populaire de LAMBANYI et j’en profite pour sensibiliser les participants aux actions à mener dans les circonstances actuelles du pays et à la nécessité de la mise en place de nos deux commissions dans la paroisse. Dès la fin de la rencontre, je pars à la gare routière pour saisir au vol un taxi brousse qui me permettra d’arriver à la ville de Kamsar avant la nuit."(Armel Duteil)

  • 11 Janvier 2008 : "Le lendemain, je retrouve le groupe des volontaires lancé justement l’année dernière au moment de l’état de siège pour aider les blessés, les malades et les personnes arrêtées qui se retrouvaient seuls, abandonnés et soumis à toutes les brimades et vexations possibles. Mais le groupe s’est un peu endormi et il faut l’adapter à la situation actuelle. Ils resteront mobilisés pour les situations d’urgence qui pourraient se présenter et continueront leurs interventions à la prison, dans les hôpitaux et dans les familles nécessiteuses. J’ai dû aussi régler certaines tensions et problèmes entre personnes. Pour éviter cela, nous avons décidé de rédiger un document sur le statut des volontaires. Mais nous avons surtout décidé de descendre à la base et de susciter un groupe de volontaires dans chaque paroisse. On verra dans la suite. (Voir ce que j’ai déjà écrit sur ce groupe, dans ce site)."(Armel Duteil)

  • Le 10 Janvier 2008 : "Grève générale évitée. Je vous ai déjà parlé des événements de janvier et février 2007, cette grande protestation de la population guinéenne menée par les syndicalistes contre la mauvaise gouvernance du pays et la chèreté de la vie, frappant durement les couches les plus pauvres de la population, ayant abouti à une longue grève générale et à l’état de siège. Cette grève a été réprimée dans le sang (plus de 100 tués par les militaires lors d’une marche pacifique vers la présidence). Finalement, poussé de toutes parts, le président de la république a dû accepter, à contre cœur, un Premier ministre, Lansana Kouyaté, choisi parmi quatre personnes présentées par les syndicats et la société civile, alors que dans notre régime présidentiel fort, à tendance dictatoriale militaire, il n’y a pas de poste de Premier ministre. Ce Premier ministre a mis en place un gouvernement de consensus. Mais le président Lansana Conte est resté entouré de ses anciens ministres et amis, plus ou moins corrompus, qui continuent à faire pression sur lui pour enlever le gouvernement de consensus et revenir aux anciens ministres. Les relations entre président et premier ministre sont devenues de plus en plus tendues. Les décisions n’étaient plus prises. Le pays était bloqué. Et au début de cette année, ne pouvant enlever le premier ministre, le président a limogé le ministre de la communication, porte parole du gouvernement. Les syndicats, voyant que l’on violait les accords de février, alors que le gouvernement travaillait bien malgré des difficultés énormes, ont immédiatement annoncé une grève générale pour le 10 Janvier, date anniversaire de la grève de l’année dernière. Le problème est que la grève entraîne presque toujours des violences, de la casse, des voitures brûlées et des morts. Tout le monde a eu peur de revenir aux souffrances causées par la grève de l’an dernier, dont le coût économique a été très lourd pour le pays. Et nous n’avons vraiment pas besoin de cela dans le pays actuellement. Aussitôt, l’Archevêque de Conakry, Mgr Vincent Coulibaly, a invité les syndicalistes pour réfléchir avec eux. Cela a lancé tout un ensemble de concertations avec les différents responsables du pays et les représentants de la société. Tout cela a abouti à la suspension de la grève au dernier moment…. à condition que les choses changent et que les accords de mars 2007 soient vraiment respectés par les deux camps. Pour y veiller, le comité de veille, composé des chefs religieux chrétiens et musulmans a été réactivé, vu l’action bénéfique qu’il avait apportée pendant cette crise. Ils se sont aussitôt mis au travail pour rédiger une première déclaration qui a frappé les gens par sa vérité dans l’examen du problème, la justesse des propositions et l’appel au sérieux et à l’engagement de tous. Nous espérons donc que la crise est passée et que le pays va pouvoir avancer. Mais tous restent mobilisés."(Armel Duteil)

  • Le 7 Janvier 2008 : "Nouveau voyage à CONAKRY, cette fois pour 3 semaines. Du 7 au 10, suite à mon expérience de création des jardins d’enfants de MONGO, je participe à une session de réflexion sur les jardins d’enfants avec les responsables des trois diocèses de Guinée pour relancer ces jardins d’enfants en revoyant les orientations pédagogiques et les façons de travailler ainsi que la mise en place d’une meilleure coordination du travail entre tous. Pendant les temps libres et en soirée, je profite d’être à Conakry pour continuer mes contacts, d’abord avec mes confrères spiritains, avec les salésiens pour lancer une action élargie auprès des jeunes de la rue et autres jeunes en difficulté. L’association "savoir-fer" va continuer la formation de certains de ces jeunes et ouvrir un foyer. Je rencontre Maria, missionnaire laïque italienne, pour le travail à la prison et le centre des handicapés qui comporte une école ouverte à d’autres enfants de familles nécessiteuses. Je rencontre aussi les responsables des congrégations religieuses masculine et féminine au sujet de l’engagement des frères et sœurs dans le domaine social. Enfin, contacts avec des ONG, comme CRS (Catholic Relief Service), ONG américaine mise en place par les évêques des Etats-Unis. Nous parlons des actions de développement et de la formation nécessaire de ceux qui y sont engagés. Et de ce qui se fait pour "Justice et Paix". En particulier l’éducation des populations pour préparer les futures élections législatives. Elles sont très importantes, car dans le cadre du changement actuel du pays, elles peuvent marquer une étape importante et permettre des progrès signifiants. Je visite longuement le Centre Dream lancé par le groupe Sant Egidio (voir plus haut) qui soutient et soigne les personnes touchées par le SIDA ; Nous allons certainement continuer à travailler ensemble car nous voudrions élargir cette action très importante.
    Pour tout ce travail des deux commissions "Justice et Paix" et "Pastorale sociale" dont on vient de me donner la responsabilité, il faudra travailler avec l’O.C.P.H. l’Organisation Catholique pour la Promotion Humaine, l’équivalent des Caritas et du Secours Catholique. Je prends donc un long temps d’échange avec le responsable de l’OCPH et le délégué de la Caritas Allemande. Nous voyons en particulier la question des formations à mettre en place, par exemple pour l’éducation et les actions d’urgence , et le soutien des différentes actions que nous allons lancer.
    Dans de nombreux pays africains, en particulier au Sénégal et au Mali, les populations se mobilisent contre les accords économiques et commerciaux (APE = Accords de Partenariat Economique) que l’Europe veut imposer aux pays africains et autres (A.C.P. = Afrique, Caraïbes, Pacifique) en les livrant au libéralisme et à la concurrence sans limites, qui entraîneraient la perte des activités économiques africaines. En effet, pour le moment, elles sont encore trop faibles pour pouvoir entrer en concurrence avec les produits européens. Un véritable partenariat suppose un minimum d’équilibre entre les deux ! Les pays africains demandent donc un véritable partenariat Europe – Afrique. Voici un extrait de l’ "appel des peuples africains à l’opinion publique européenne et internationale":
    "La construction d’un nouveau Partenariat Europe-Afrique demande à la fois du temps, de la transparence, une prise en compte des déséquilibres économiques et politiques et les ambitions légitimes de chaque peuple… On doit se fonder sur des principes forts de respect, de solidarité et de confiance".
    Cela remet en cause également l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) qui pousse à une libéralisation au détriment des pauvres et des pays les plus faibles…. et même des pays européens qui doivent faire face, par exemple, à la concurrence des produits textiles chinois.
    Autre déclaration de l’Institut de recherche des productions agricoles du Mali : "Les APE mettent le marché africain sous tutelle. Ce serait la mort de l’agriculture africaine".
    Face à tout cela, nous nous demandons ce que veulent dire concrètement les déclarations sur la politique de civilisation du président SARKOZY qui serait "amour, ouverture aux autres, respect et diversité…. La politique de la civilisation, c’est la politique de la vie, la politique de l’homme, le respect de la diversité et des minorités". Ce n’est pas, en tout cas, ce que nous percevons de la politique française sur place en Afrique. Mais bien plutôt les expulsions des africains de France. Et de la part de l’Europe, qualifier ces accords économiques de Partenariat, c’est se moquer des gens. Ca n’est pas un Partenariat, c’est la loi du plus fort. "
    (Armel Duteil)



  • Le 6 Janvier 2008 : "Fête de l’Epiphanie.
    En tant que fête missionnaire, elle très importante pour nous : le Christ se fait connaître aux hommes de toutes langues et de toutes religions. A la messe, les femmes (car ce sont elles qui gèrent les greniers de riz) ont apporté les prémices de leur récolte de riz pour l’offrir à Dieu et lui dire merci. Ces offrandes seront distribuées aux personnes nécessiteuses, après la célébration.
    A Noël, nous avons mangé tous ensemble, prêtres, frères et sœurs, chez les sœurs. Le 1er janvier, c’était chez les frères. Aujourd’hui, c’est chez nous. C’est très important pour nous, tout comme nos prières communes et nos rencontres où nous réfléchissons ensemble à notre action. C’est tout cela qui nous permet, en renforçant nos liens d’amitié, de tenir le coup dans un secteur aussi difficile que KATACO."
    (Armel Duteil)


  • Du 2 au 5 Janvier 2008 : "Je suis venu dans la mission voisine de BOFFA , tenue par deux jeunes confrères sénégalais. Ils m’ont demandé d’assurer une session de formation pour les catéchistes, ce que j’ai accepté avec joie. Cela nous permettra en même temps d’échanger sur notre travail pastoral. Ce sera une session de formation pratique, avec exercices et évaluation au fur et à mesure : comment animer la prière sans prêtre, comment faire le catéchisme, comment animer les enterrements, les prières pour les malades et les bébés, les différentes bénédictions (des maisons, des semences des champs, des récoltes, etc…). Là-dessus, nous brancherons une recherche sur l’animation des prières, avec l’utilisation de symboles africains, de rites traditionnels, avec objets significatifs et gestes, pour assurer une meilleure participation des chrétiens. Cela nous amènera à une réflexion sur les coutumes, la culture et la religion traditionnelle. Et une recherche sur l’inculturation de l'évangile dans les cultures guinéennes. C’est un travail de longue haleine, mais essentiel pour nous : Permettre aux guinéens de devenir chrétiens, mais en restant eux-mêmes, avec toute la richesse de leur culture et les valeurs de leurs traditions. Pour cela, il n’est pas question de se contenter de la danse et du tam-tam. Il s’agit d’une conversion en profondeur qui ne pourra se faire que par les gens eux-mêmes, dans un travail de recherche communautaire. Déjà, nos communautés sont organisées et agissent selon les usages de la société traditionnelle, respectant l’ importance apportée aux relations humaines, le sens de l’accueil, le palabre et la volonté de réconciliation, pour régler les problèmes sous la direction d’anciens (les sages). Et aussi pour la bonne marche des activités et la répartition communautaire des responsables. Bien sûr, tout cela se fait dans les langues locales, par les gens eux-mêmes, dans la vie de tous les jours de la famille et du village. De même, l'évangile est annoncé conformément aux règles de la culture orale avec chants, danses, théâtre et utilisation des contes et proverbes. Nous veillons aussi à célébrer chrétiennement les différents rites traditionnels et étape de la vie : naissance, adolescence (circoncision –mais nous luttons bien sûr contre l’excision), mariage coutumier, rites de funérailles et culte des ancêtres, etc. En tout cas, la formation des catéchistes, des responsables et des laïcs en général est pour nous une priorité. Comme d’habitude, nous serons pris en charge par la communauté qui nous accueille. Et chaque communauté prend en charge son catéchiste, puisque lui-même travaille bénévolement pour la communauté."(Armel Duteil)

  • Mardi 1er janvier 2008 : "Bonne année ! Depuis Noël, j’ai pris quelques jours de repos, de prière et de visites des familles et amis. Bonne année à tous, avec beaucoup de joie, d’amitié, de rencontres et de partages… et le courage pour les difficultés qui ne manquent jamais."(Armel Duteil)