Armel Duteil

Missionnaires spiritains

Missionnaires spiritains


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Congregation du Saint Esprit
Fondation d’Afrique Nord-Ouest (FANO)
Région de Guinée CONAKRY

Rencontre spiritaine du 29 janvier 2009

Le but de cette rencontre était de faire l’évaluation de notre travail en Guinée et de tracer des orientations pour notre travail futur, en préparation de notre chapitre à Dakar en avril 2009 avec les confrères des autres pays de la Fano : Mauritanie, Sénégal et Guinée Bissao (voir plus loin)

Les personnes intéressées par les missionnaires spiritains (Congrégation du Saint Esprit) peuvent consulter le site : www.spiritains.org

LISTES DES PARTICIPANTS

  1. Père Serge BALLANGER, Supérieur de la Fondation

  1. Père Richard FAGAH, Supérieur régional de la Guinée

  2. Père AKAKPO Wilfried, Mongo ghanéen

  3. Père NDIONE Zacharie Guirane, Longo sénégalais

  4. Père IGBE Terkura, Kataco nigérian

  5. Père MANÉ Hermann, Boffa sénégalais

  6. Père DUTEIL Armel, Kataco, Boffa français

  7. Père FESSI Armand, Novicia camerounais

  8. Père DONG Kennedy, Noviciat ghanéen

  9. Père OGU EREGE John, Kipé nigérian

  10. Frère EDOUARD Yvon, Kipé français de Martinique

  11. Père SAGNA Lucius, Dalaba sénégalais

Les Stagiaires

  1. YANKEY Emmanuel, Koundara ghanéen

  2. MUTIE Cosmas, Longo ghanéen

  3. UGOCHUKWU CHUKWU Flavien, Kataco nigérian

  4. BULUS Patrick, Boffa nigérian

Les Novices

  1. MILLIMOUNO Raymond guinéen

  2. COLY Augustin sénégalais

  3. KOUNDOUNO Célestin guinéen

  4. LENO Odilon guinéen

  5. GOMIS Lazare sénégalais

  6. KAMANO Michel guinéen

Début : Prière par le Père Richard FAGAH, Régional de la Guinée

Mot d’accueil : LENO Odilon, doyen du noviciat

Rétrospective de la présence spiritaine en Guinée le retour des missionnaires après Sékou TOURÉ/Père Serges BALLANGER

Remerciement des confrères pour leur présence effective et personnelle et du Père Armand FESSI pour l’accueil.

Si nous lisons les 1ers livres du Père VIEIRA, c’est une déception pour les premiers missionnaires qui ont quitté leur pays pour une mission et qui ont été expulsés en 1967 à cause, entre autres raisons, de la lettre de Mgr Roger DEMILLEVILLE que refusait que les écoles catholiques soient laïcisées et que les mouvements d’action catholique soient supprimées en étant intégrés dans la Jeunesse unique du Parti pour des questions politiques.

Les confrères sont alors partis con tinuer leur travail d’Evangélisation dans d(autres pays. Ce sont tournés vers le Sénégal : DENOUAL1, Bienvenu GUSTAVE, René de DÉSERTS…

Mgr TCHIDIMBO2, archéveque de Conakry, arrêté et emprisonné au camp BOIRO, pendant de longues années, souffre et prie beaucoup pour l’Église de Guinée.

Le Père Bienvenu GUSTAVE, au Sénégal, s’est occupé de la communauté Mandjaque.

De 1967 à 1984, les communautés chrétiennes se débrouillent seules sous la juridiction de Mgr BARRY. Il n’y a que 3 prêtres guinéens pour tout le pays

Le problème a été le manque de prêtres.Dans un 1° tems, le Président accepte des prêtres africains parmi lesquels le Père Pierre SAGNA3 spiritain sénégalais pour le séminaire de Kindia.. Mais rapidement, il les expulse à leur tour

En Guinée, 2 jeunes qui voulaient devenir prêtres se forment au Sénégal et se font ordonner prêtres au compte du diocèse de Tambacounda :

À BROUADOU, les Frères spiritains4 furent acceptés comme coopérants techniciens parce qu’ils n’étaient pas prêtres.

En 1984, Salémata5 du côté du Sénégal était en lien avec Ourous du côté de la Guinée.

Présentation des missions spiritaines

KATACO.

Les Pères BESSON et GUSTAVE Bienvenu arrivent après 20 ans d’absence. Il faut noter que l’islam avait beaucoup progressé …..Plus tard le père Philippe ENGEL6 arrive avec des prêtres nigérians.

Le Père METTAN André, suisse, est de retour à Koundara. Il n’y avait que les fondations à l’époque…Il a mené une vie très précaire…Une année après, arrive le Père Gérard MEYER.

BOFFA.

Le Père METTAN arrive tout seul. L’internat n’existait pas encore.

C’est le Père UCHENNA qui, arrivé avec plein d’enthousiasme, lance l’internat.

KIPÉ

1998-1999 ; paroisse et maison d’accueil pour les spiritains ;

MONGO

C’est en 1994, année du sacre de Mgr Vincent COULIBALY qui demande que les spiritains reviennent à Mongo. Pour réouvrir la mission fermée depuis 18 ans mais surtout pour s’occuper des réfugiés libérians et sierra léonais dans les camps

DALABA.

Sous la demande de Mgr SARAH Robert, le Père HAAS Pierre, ancien supérieur général de la Congrégation accepte de tenir le Centre de formation de Dalaba, construit par Mlle Patricia HENINE, Ordre de Malte. Il fut relayé par les Pères Patrick HOLLANDE, Des DÉSERTS René, le Frère GOMÈS Carmo… en collaboration avec les sœurs de Notre Dame de Guinée, notamment la Sœur Célestine TCHIDIMBO7.

La FANO (Fondation d'Afrique de l'Ouest) a et ses souffrances et ses joies

Ses souffrances

  1. Décès de Mgr Pierre SAGNA, du Père Sylvain COLY,

  2. les départs imminents des Pères MALLYA Florentine Tanzanien, FAGAH Richard nigérian, Marek WALKUSH polonais appelés à travailler ailleurs. Pourrons-tenir toutes les paroisses à l’avenir ?

Nous allons vers un chapitre, élan nouveau pour l’avenir : quelques pistes de réflexion.

Fermeture des Missions avec les conséquences de déchirements et d’injustices infligeables aux confrères 

Comment maintenir les perspectives de la formation des formateurs ?

Au niveau de la formation : les autres circonscriptions se retirent du Consortium Saint Augustin de Dakar : quelles décisions alors prendre ?

Ses joies

  1. le noviciat, l’arrivée effective du Père Armand FESSI, camerounais

  2. les maisons de formation qui fonctionnent bien,

  3. le théologat avec le baccalauréat8 de théologie en accord avec le séminaire de Sébikhotane.

  4. Le retour prochain du Père Yves Marie FRADET

  5. la promesse d’un formateur par la Province du Nigeria

Terres de Mission 

  1. Mauritanie : Inquiète au départ se retrouve avec les nouveaux venus et aussi la bonne ambiance fraternelle qui existe entre confrères et entre les différents missionnaires autour de leur évêque.

  2. Guinée Bissau : Inquiétude quant à l’avenir : le groupe de Guinée Bissau se sent hyper-fragilisé.

  3. Le Sénégal : À côté des Départs évoqués, Mgr Ernest SAMBOU, évêque du diocèse de Saint Louis demande le renforcement de la communauté spiritaine de Richard Toll. Les communautés de Ziguinchor, le philosophat, le théologat, la communauté du Spem, vont très bien.

  4. Demande extérieures de personnel pour pouvoir tenir les missions déjà acquises.

Conclusions

Amour de la Guinée, un souci des populations délaissées qui ont fait le retour des Missionnaires.

  1. Nécessité d’enraciner l’Évangile par le clergé guinéen. Nécessité de la connaissance de Jésus-Christ

  2. Fragilité. Nous sommes dans les mains de Dieu qui appelle des Ouvriers pour la mission spiritaine en Guinée.

Le Père CASTI Mushi : un mail au supérieur pour l’encourager à œuvrer pour l’unité des confrères.

Question : Père AKAKPO Winfried : Les circonscriptions sœurs rappellent leurs membres, pourquoi ne pas faire aussi appel aux nôtres?

Réponse : /Père Serge BALLANGER: Respect des 6 ans de 1ère affectation. Évocation des difficultés liées au retour de certains confrères 

Père DIEMÉ Benoît : la charge de la formation dans la PAC

Père DIAMÉ Jean Pascal : La responsabilité d’un projet en Chine

PImageère CAMARA Moïse : confident du supérieur du Cap-Vert.

Ne surtout pas rompre le cordon ombilical avec les autres circonscriptions.

Notre présence en Guinée aujourd'hui

Identité et Témoignage/ Père Zacharie Guiran Ndione

Prière

Qui sommes-nous ?

La réponse est simple. Mais avant d’aller plus loin : quelques souvenirs :Les aînés n’avaient pas besoins de dire qui ils étaient :Leur vie, leur être, leurs actions, révélaient qui ils étaient

Grâce à leur simplicité de vie et leur amour du travail.

Le spiritain est une personne saisie en vue d’une mission auprès des pauvres de toutes sortes dans le monde d’aujourd’hui. Il est caractérisé par une disponibilité et une docilité sans failles

Apporter des réponses concrètes aux Signes des temps.(voir à quoi la vie du monde actuel nous appelle pour être fidèles à notre vocation : Si nos fondateurs revenaient dans le monde d’aujourd’hui, que feraient-ils ?

Option préférentielle pour les Pauvres. Être les défenseurs des Pauvres9. Notre mission, si elle n’est pas tendue vers les Pauvres serait incomplète et ne correspondrait aux intuitions des Fondateurs. Quels sont les pauvres et les situations de pauvreté aujourd’hui ? Quelles sont les injustices ?

Il est urgent que nous recherchions à redécouvrir le charisme de nos Fondateurs. Etre habité par l’esprit de patience qui nous pousse à accepter les travaux les plus durs.

Revoir nos insertions pastorales en divers horizon pour la consolidation et l’animation des communautés. Tous ces services qui nous sont demandés doivent se faire en communautés. Notre véritable témoignage réside dans la vie communautaire.

Le manque de personnel, le manque de clarté dans la gestion et la responsabilité minent notre témoignage. Ils salissent notre congrégation et poussent au découragement. Alors que quelles que soient les difficultés, les gens croient encore aux spiritains.

Toutes les missions spiritaines sont difficiles mais toujours assumées dans la modestie. Les gens approuvent le travail des spiritains : aller là où l'on trouve difficilement des ouvriers, dans le seul désir de donner leur place aux pauvres,

Esprit d’inventivité, de créativité, d’initiative. Nous continuons….

Il est important de renforcer le sens de notre appartenance à la congrégation qui est un don précieux. Notre témoignage auprès des Pauvres sera vrai et apprécié par les hommes.

Présentation des paroisses

BANLIEUE DE CONAKRY/ Père OGU EREGHE John

Jusqu’en 2007, 3 Paroisses : Taouyah, Lambanyi, Sonfonya desservies par les confrères Père Pierre DIAFFATE et Frère Yvon EDOUARD.

Demande adressée au Père Serges BALLANGER de retirer certaines paroisses, accueillie et appliquée par le supérieur et l’évêque.

TAOUYAH/ Père OGU EREGHE John

Les causes de notre retrait.

Scandale avec la violation du tabernacle ;

Conseil économique inexistant…Consultation pour la mise en place de ce conseil…Certains groupes ne sont pas représentés dans le conseil Début de la crise…

Les sonorisations défaillantes…

La méfiance entre les personnes à cause de malversations antérieures

Achat de la sonorisation sans consultation du Conseil Paroissial

Accusation d’avoir retiré de l’argent à la banque sans autorisation10.

Beaucoup de gens détournaient l’argent de la paroisse. Il fallait réagir.

La rigueur extrême du Père John

LAMBANYI/ Père OGU EREGHE John.

Une paroisse d’avenir car les fidèles contribuent énormément pour la vie de leur paroisse.

MONGO/ Père Winfried AKAKPO

Mission de 1ère évangélisation. C’est une mission qui a eu à vivre des conflits, des attaques rebelles. Soutenir la vie des communautés chrétiennes, malgré les différences, pour mieux témoigner…Continuer le travail du Père Armel

Pastorale. Maintenir la vitalité de toutes ces communautés déjà créées. Promouvoir la pastorale sociale féminine, soutenir les responsables de communautés.

Nous sommes au cœur de notre charisme : auprès des gens simples et accueillants. Nous travaillons avec eux.

  1. Aménagement des bas-fonds

  2. Palmeraie

  3. Saponification

  4. Jardins communautaires

  5. Projets hydrauliques

  6. Justice et paix

  7. Synode diocésain

  8. Éducation des enfants

  9. Les rites d’inculturation pour les baptêmes.

Il ne faut pas avoir peur de Mongo. C’est là que l’on peut acquérir des expériences missionnaires.

Plus de 50 baptisés adultes chaque année.

Difficultés :

  1. L’état des routes

  2. Le vol

  3. Relation obscure avec l’évêque (contrat)

Questions : Père Armand FESSI : Quels sont les moyens que vous mettez en place pour que cette communauté soit si soudée. ?

Réponse/ Père Winfried AKAKPO

Les Offices : prières communes

  • Les réunions communautaires

  • Le temps gratuit de partage à table.

  • Les charges sont réparties mais chacun s’intéresse à ce que font les autres.

  • Le planning pastoral.

Expérience de liberté avec l’évêque et les prêtres diocésains malgré quelques zones d’ombre.

Nous sommes des spiritains appelés à évangéliser. Où commence l’évangélisation ? Nous devons nous évangéliser les uns les autres.

BOFFA/ Père Hermann MANÉ

Mission très difficile pour moi, jeune de première affectation., malgré le soutien du Père Armel

Grand territoire et problèmes de santé.

  • 2 communautés en ville

  • 4 communautés en zone rurale

  • 1communauté dans les iles

Approfondissement de la foi. Dans cette lancée, travailler. Avec les sœurs de saint Joseph, savoir ce que les confrères avaient comme projet missionnaire. Le renouveler à partir de l’expérience et des conseils du Père Armel

  • Formation des catéchistes11

  • Création des CCB qui prennent en charge la catéchèse,

  • les commissions de Justice et Paix.

  • Mouvement d’évangélisation des Enfants par les enfants.

  • Pastorale des malades

  • Pastorale de la jeunesse.

  • Pastorale au niveau de l’école : Rigueur, annulation des examens du 1er trimestre à cause des fraudes.

  • Inculquer une éthique chrétienne.

  • Augmentation des salaires de 50 000 GNF pour les enseignants et 30 000 GNF pour les domestiques et diminution des domestiques non nécessaires.

Projets à réaliser.

Château d’eau pour l’école sur place et l’internat.

Aide aux Églises d’Afrique en bonne voie pour renflouer la caisse de l’internat.

Remerciements aux confrères.

Le père Armel
Lazare GOMIS pour son soutien l’an dernier
Patrick BULUS et CHUKWU les stagiaires,
les novices et les Pères Armand FESSI et Kennedy DONG

Le problème de Boffa n’est pas le manque de confrères mais les fidèles qui sont très peu engagés et divisés, bien que ce soit la 1° mission fondée en Guinée (vieux chrétiens qui refusent d’évoluer)

Avons-nous une place à Boffa, en tant que haut-lieu spirituel (lieu de pèlerinage diocésain annuel) ? Séparer la paroisse et le Centre marial qui est diocésain. Beaucoup plus d’implication des prêtres en place dans la commission du pèlerinage pour un supplément d’âme. La paroisse de Boffa accueille, avec tout ce que cela comporte comme charges matérielles et elle ne reçoit rien.

le 31 janvier 2009

Profitons de ce temps de silence, pour nous mettre en présence de Dieu. Prière :

Confier cette rencontre sous les auspices de la Vierge Marie conformément à la Tradition spiritaine.

Prière du Régional.

Seigneur, tu as donné à François Libermann
de se servir des difficultés pour inventer
de nouveaux chemins de missions
au XIXe siècle. Eclaire nos pasteurs
et éclaire-nous pour oser sortir
des sentiers battus et de nos habitudes
et pour discerner les nouveaux signes
de ta présence et de ton action dans le
monde d’aujourd’hui.

Arsène AUBERT in Prier 15 jours avec François LIBERMANN, p.104.

KATACO : Père Igbe TERKURA (suite de la présentation des paroisses)

Paroisse qui a connu beaucoup de difficultés depuis le départ de Bienvenu GUSTAVE.

2006 : 9 communautés à l’intérieur dont 2 îles. 1 presqu’Île

Nous sommes dans 3 sous-préfectures et 2 préfectures.

Notre travail spiritain : relance des communautés chrétiennes.

Avec le Père Armel, nous nous sommes dit qu’il fallait aller doucement, puisque nous étions vus comme des gens qui venaient imposer une nouvelle façon de vivre l’Evangile. Nous avons résolu certains problèmes mais les  difficultés restent.

Faut-il continuer de demeurer à Kataco ? Tournées dans les communautés et absence pratiquement du CENTRE. Mais cela est coûteux.

Agents pastoraux : bonne collaboration avec les Frères de saint Gabriel et les Sœurs de Joseph de Cluny. Précision des responsabilités :

  1. les Sœurs de Joseph de Cluny dans la diaconie des malades, jardin d’enfants, dispensaire

  2. les frères de saint Gabriel, la catéchèse, l’internat, l’école primaire

Mission de présence, d’évangélisation et de développement La mission devient de plus en plus difficile à cause de la fermeture de l’Église du centre au point qu’on a peu de contacts profonds avec les chrétiens, qui sont difficiles à voir dans les CCB. Ils prient dans un centre culturel. Contact avec Mgr Vincent COULIBALY qui veut que les chrétiens manifestent des signes de conversion.

Découverte d’une communauté balante.

Les écoles marchent bien.

La palmeraie est entretenue et l’on continue à veiller sur elle.

Les bagas ont besoin d’être ré-évangélisés. Il faut des idées nouvelles parce que depuis 1967 (expulsion des missionnaires), ils n’ont pas évolué et restent bloqués sur le passé. Importance d’entretenir de bonnes relations fraternelles avec les Bagas qui sont très fermés. Gagner leur confiance. Apprendre à rester parmi les Fidèles. Solidarité entre les Agents pastoraux et rayonnement vers les paroisses environnantes.

Nous travaillons ensemble, le Père Armel DUTEIL et le Père Igbé TERKURA,malgré les absences du P. Armel à cause de ses responsabilités diocésaines (pastorale sociale) et nationales (justice et paix)

Prise de parole du Père Richard FAGAH pour insister sur l’importance de ces engagements

Beaucoup d’échanges autour des engagements du Père Armel DUTEIL.

  1. Père OGU EREGHE John.

  2. Père TERKURA Igbé

  3. Père MANÉ Hermann.

Père Richard FAGAH : Que pouvons-nous faire pour aider les confrères. ?

Père Armel DUTEIL : J’ai essayé de donner mon avis et puis j’ai obéi à la décision du supérieur et de l’évêque. J’ai demandé à l’évêque de me décharger de Kataco et de Boffa, il n’a pas accepté, disant que la présence d’un ancien était nécessaire dans ces 2 paroisses.

Nous sommes des spiritains, religieux missionnaires. Ce n’est pas ce que nous faisons pour les gens qui est premier, mais ce que nous sommes dans notre spécificité spiritaine et notre vie spirituelle, personnelle et communautaire. Sinon, nous n’apporterons pas grand chose aux gens, comme l’a dit avec force le Père Libermann notre 2° fondateur. Tenir à cœur une programmation pastorale.

DALABA

Centre de formation spirituelle (retraites), de sessions et de repos
Paroisse en plein secteur musulman peuhl
umônerie de l’université (élevage)

KOUNDARA

Koundara est une très belle mission. Elle est en situation de première évangélisation.
La pastorale sociale. Il ne s’agit de remplir l’église de croyants. Le Royaume de Dieu est plus vaste que l’Eglise.
Le projet éducatif. Innovation : anglais comme 2ème langue, informatique.
La pastorale sacramentelle : catéchèse et accompagnement des catéchistes. C’est un gros morceau : récollection, formation liturgique et spirituelle.
Pastorale : collaboration avec les agents pastoraux dans l’animation des CCB (communautés de base)

Difficultés: vaste territoire. Animation du collège et des CCB. L’école est un lieu de mission. Le pays Bassari appelle, faudra-t-il répondre un jour ?

NOVICIAT SPIRITAIN/ Père Armand FESSI

Ma joie est grande de prendre la parole au cœur de cette réunion spiritaine.

Communauté de 8 membres. cfr Liste des participants.

Formation des novices à la vie religieuse spiritaine

Noviciat d’enracinement, d’enfouissement.

Le Christ est le Médiateur unique.

3 vertus théologales

4 Évangiles

9 Ouvertures : (Explication de la racine à 4 branches et 9 feuilles symbole du Noviciat)

Activités pastorales

  • Paroisse,

  • Fraternité Spiritaine,

  • Conférences,

  • JEC,

  • Scoutisme (Louveteaux),

  • Prison,

  • Diaconie des Malades,

  • CV-AV,

  • Chorale.

Collaboration au Noviciat :Père Hermann MANÉ, Père Armel DUTEIL12 Père Richard FAGAH

Père Igbé TERKURA

Mise en commun des carrefours

GROUPE I: LA MISSION DE LA FANO/ Père Armel DUTEIL(rapporteur)

Nous avons d’abord rappelé le préambule p. 5 et les Constats p. 6 du document préparatoire

Autres constats :

  1. Trop peu de durée dans les affectations. Trop de changement de postes. On n’a pas le temps de créer des liens, de connaître la culture et d’apprendre la langue locale pour devenir amoureux du peuple.

  2. L’inquiétude par rapport à l’avenir. Manque de personnel et manque de moyens (argent) en particulier pour les maisons de formation.

L’Urgence de la Mission de la FANO

A partir de nos lieux d’insertion, revoir l’implantation et l’organisation de nos communautés. Par exemple, à Koundara, avec tout le travail au Centre (paroisse, collège, etc. ), on n’a pas assez de temps pour aller dans les villages. On ne peut pas répondre à tous les appels. Pour cela, regrouper nos communautés, développer une politique des vocations et envoyer des confrères en formation. Revoir nos insertions, les anciens ont cherché à fonder les Églises locales et pour cela, dirigé des séminaires et ouvert des paroisses. Mais cela est (à peu près) réalisé actuellement. Il faudrait voir les situations actuelles pour y discerner les appels de l’Esprit en fonction de notre charisme. Voir ce qu’ont fait nos fondateurs : ils n’ont pas créé leur congrégation, ni formé des confrères, pour prendre en charge des paroisses, mais pour répondre à un besoin : l’accès des pauvres au sacerdoce pour le service des nécessiteux pour Claude Poullart DESPLACES, notre 1° fondateur..

Au temps du Père LIBERMANN, c’était la libération des esclaves et redonner la dignité à l’homme noir. Pour cela, en Afrique, Libermann a ouvert non seulement des paroisses mais des centres de formation professionnelle avec des frères et des Laïcs associés. Nous devons donc chercher quels sont les lieux où actuellement il y a des besoins correspondants à notre charisme.

De même, en France, Libermann ne s’est pas limité aux paroisses. Il a ouvert des écoles pour les pauvres. Il s’est soucié des marins exploités dans les ports. Il a rassemblé et soutenu les enfants travailleurs de Paris (les petits savoyards ramoneurs), il faisait des réunions avec les travailleurs adultes, etc.

De même, Daniel BROTTIER, rentrant en France, n’a pas été travailler en Paroisse. Il a cherché à répondre à un besoin ( les enfants orphelins, abandonnés et sans formation). Actuellement en Guinée, il serait urgent de former des laïcs pour qu’ils prennent leurs responsabilités et s’engagent dans la société (pas seulement dans l’Église) et voir à quoi la prise de pouvoir par les militaires nous appelle pour notre pastorale aujourd’hui. A ce sujet, on note que le mouvement des Intellectuels et Cadres catholiques ne s’est absolument pas manifesté.

Réponses aux autres questions

La Fano doit-elle maintenir tous les postes ? Non, puisque nous manquons de personnel. On ne peut tout faire. Il vaut mieux 3 communautés qui marchent bien que 10 qui ne marchent pas. C’est vrai que la Fano va grandir. Cependant il sera toujours temps de voir à ce moment-là. Il nous faut rester libre pour choisir des engagements nouveaux qui seront adaptés aux besoins de cette époque future. Les besoins ne manqueront certainement pas.

Bien sûr, nous avons besoin de paroisses pour avoir des moyens financiers pour soutenir les confrères travaillant en secteur de 1ère évangélisation et aussi pour avoir des vocations et aussi un pied à terre. Mais même dans ces paroisses, il est absolument nécessaire que nous développions des activités missionnaires, correspondant à notre charisme. Une paroisse spiritaine doit être différente d’une paroisse tenue par les prêtres diocésains. Et que nous donnions à nos jeunes en recherche de vocation une orientation spiritaine.

Nous ne sommes pas obligés de rester où nous sommes. Même si nous étions plus nombreux nous devrions revoir périodiquement si nos insertions correspondent toujours à notre charisme, adapté et vécu dans les réalités du monde actuel (les signes des temps).

Les constats l’affirment : nous sommes le plus souvent dans des structures paroissiales classiques. Nous sommes trop cléricaux, alors que nous devons d’abord être spiritains= notre être spiritain, ce n’est pas d’abord de dire la messe, ni même d’être prêtre. Êtant trop cléricaux, nous ne donnons pas assez de place aux frères et aux Laïcs. Nous sommes débordés par notre ministère paroissial et nous ne sommes plus libres pour réaliser notre vraie vocation spiritaine. Les premiers Missionnaires spiritains se sont avant tout consacrés aux pauvres et aux urgences de leurs temps. Il faut donc

  • relancer la vocation spiritaine et mieux affirmer la place des Frères. On a donné l’exemple d’un Frère ghanéen, aveugle de surcroît, qui a suscité une grande communauté devenue paroisse à partir d’une maison de formation.

  • Lancer aussi les fraternités spiritaines.

La Fano doit-elle fermer certains postes de Mission ? Lesquels ?

Nous n’avons pas voulu répondre à cette question car nous ne connaissons pas les réalités de Mauritanie ou de Guinée Bissau. Et nous avons déjà posé les principes plus haut. Il ne faudrait donc pas vouloir répondre à cette question au chapitre. Poser les principes et laisser le conseil décider.

La Fano doit-elle ouvrir d’autres postes de Mission ?

Oui, s’il y a de nouvelles demandes qui correspondent davantage à notre charisme spiritain et aux intuitions de nos Fondateurs ? Et si nous sommes dans des paroisses, ne pas nous contenter de la catéchèse et des sacrements. Lancer des activités missionnaires et pour les pauvres. Et que la catéchèse soit vraiment missionnaires et forme des Laïcs évangélisateurs. Nous avons pris l’exemple de Mongo. Le conseil élargi de Dakar en 1995 a accepté d’y envoyer des spiritains pour s’occuper des Réfugiés. Ce n’est que sur la demande pressante du nouvel évêque de Kankan que nous avons accepté de prendre la paroisse en charge en plus.. Mais nous avons tout fait pour en faire une paroisse missionnaire. Et pour que les Chrétiens guinéens de Mongo s’engagent avec nous au service des réfugiés. C’est pourquoi on y a envoyé le Père John AGBERAGBA, qui terminait en Angleterre une formation sur le travail auprès des Réfugiés, rejoindre le père Armel. Et nous pensons que c’est justement à cause de cette orientation et de ce choix que nous avons eu plusieurs vocations spiritaines parmi les jeunes de Mongo.

Au niveau du ministère, qu’est-ce qui est préoccupant dans votre région, de nos jours ? pourquoi ? comment mettre l’accent sur notre témoignage missionnaire ?

  • Il n’y a pas assez de confiance entre nous. Le comportement de certains confrères par rapport à l’argent, l’obéissance (individualisme, manque de partage communautaire) et la sexualité.

  • Le manque d’engagement missionnaire, de responsabilité et de sérieux. A cause de cela, on a dû remplacer certains confrères. Cela a causé un manque de suivi et d’approfondissement dans notre travail missionnaire.

  • Certains confrères ne se donnent pas suffisamment à l’inculturation, l’étude des langues, ni même au travail intellectuel (recherche et formation continue).

  • La pauvreté grandissante et la corruption dans le pays. Nous avons pris l’exemple des gendarmes dans les villages qui taxent les gens d’une façon honteuse.

  • Le durcissement de certains musulmans mais aussi de certains chrétiens ; intégrisme des 2 côtés. D’où l’importance pour nous de travailler avec tous, d’une manière ouverte.

Comment un projet missionnaire incarne-t-il le charisme du Groupe ?

Nous n’avons pas compris le sens de cette question. Est-ce que cela veut dire qu’il faut un projet pour vivre notre charisme ? Oui. Et tout projet missionnaire spiritain doit respecter notre charisme et les intuitions de nos fondateurs adaptées à notre temps : la priorité aux pauvres…en voyant quelles sont les nouvelles formes de pauvreté aujourd’hui ?

La nécessité de notre présence aux marges/ aux frontières de l’Église.

C’est évident ! On ne devrait pas même pas poser la question. Cela peut être vécu dans plusieurs directions.

  • Fonder de nouvelles Églises de 1ère évangélisation, des Églises missionnaires et ouvertes aux pauvres. Voir les nouvelles implantations en Asie ou en Australie par exemple.

  • travailler avec les non-chrétiens (musulmans, religions traditionnelles mais aussi athées, les religions asiatiques etc…)

  • Ne pas nous limiter aux actions de développement, mais à partir de là, partager ce qui nous fait vivre. Par exemple, si en travaillant avec nous, un musulman agit selon les valeurs de l’Évangile, il est évangélisé, il est donc entré dans le Royaume. Même s’il ne sera jamais baptisé et n’entrera jamais dans une église.

    N.B : Cela nous demande de revoir en profondeur notre théologie et notre spiritualité pour qu’elles soient vraiment missionnaires…même si au départ nous n’avons pas été formés dans ce sens. Ce qui pose aussi le problème de la Formation continue dans la Fano.

  • À l’intérieur de l’Église locale, répondre aux appels du temps présent= travailler avec les prostituées, les enfants de la rue, les malades du Sida, et conformément aux orientations des derniers chapitres généraux. Ne pas travailler seulement avec les ONG ou associations chrétiennes mais avec tous. D’autant plus que souvent l’Eglise a acquis un capital de confiance important.

C’est dans ce sens que la congrégation cherche

  • à avoir un poste d’observateur à l’ONU,

  • à être présente auprès des Organisations européennes (Bruxelles, strasbourg),

  • à travailler avec les grandes ONG par l’AEFJN

Tout cela pour défendre les Pauvres et être les avocats des Opprimés, et la voix des sans-voix : par exemple, aider les Parlementaires européens à voir les conséquences des lois qu’ils votent, sur la vie des paysans en Afrique.

En conclusion, nous devons nous ouvrir à d’autres formes d’apostolat même si elles ne sont pas comprises par certains confrères. Il faudrait faire un travail de fond pour faire comprendre à tous, comment est née notre congrégation et quel est notre charisme, avec la nécessité de comprendre les signes des temps. Nous avons pris l’exemple des Stagiaires. L’un, en plus de ses engagements dans sa paroisse, avec la permission de ses supérieurs, a été travailler à la prison avec les sœurs de la Charité. Il s’est engagé à suivre les dossiers des prisonniers pour qu’ils soient jugés rapidement et d’une manière juste. Un autre stagiaire s’est adonné à un travail auprès des Lépreux. Mais on se demande si cela n’a pas été accepté comme une façon d’occuper les stagiaires, car on ne sait pas toujours quoi leur donner à faire pendant leur stage. En tout cas, ces engagements n’ont pas été pris en compte par la communauté et n’ont pas été continuées après le départ de ces stagiaires, par exemple par des Laïcs soutenus par nous.

De même pendant leur stage, de nombreux stagiaires travaillent dans les écoles et internats. Certains ont été formés dans ce sens avant leur stage. Mais c’est comme une parenthèse dans leur vie. Quand ils sont ordonnés prêtres, on les oriente vers d’autres choses, en oubliant leur formation et leur engagement vécu pendant leur stage. A-t-on compris la dimension spiritaine et missionnaire de l’Éducation ? Et les possibilités d’Évangélisation mais d’abord de formation pour le Développement du pays, des élèves, spécialement des non-chrétiens, dans le sens donné plus haut (vivre et agir dans l’esprit de l’Évangile et redonner la dignité aux personnes surtout aux Pauvres et aux enfants des villages en leur offrant une vraie éducation).

Encore une fois, n’est-ce pas parce que nous nous limitons trop à un travail paroissial et à la liturgie, la catéchèse et les sacrements dans notre travail paroissial, que nous ne sommes pas assez missionnaires et pas assez fidèles à notre charisme ?

Le besoin de développer des Œuvres missionnaires spécifiques, spiritaines : Justice et Paix, Enfants de la rue, structures Caritas ?

Notre vocation, c’est d’être proche des Pauvres. Justice et Paix, c’est important pour nous parce que nous voyons que les pauvres sont de plus en plus opprimés. Nous devons donc être les défenseurs des Pauvres. Mais cette importance de justice et paix n’est pas encore comprise par certains confrères. Cela nde veut pas dire que chaque confrère doit être dégagé à plein-temps dans une commission Justice et Paix, mais que chaque confrère, là où il est, doit travailler dans ce sens, même s’il est en paroisse. Et de promouvoir des Œuvres missionnaires spiritaines. Par exemple à Koundara, il y a le travail paroissial mais l’on est attentif aux différentes pauvretés, on travaille au dialogue inter-religieux et à la 1ère évangélisation, on lutte contre le manque de formation et d’éducation. On a lancé un jardin potager pour des veuves. Et une coopérative de fabricatioin de savon artisanal pour les femmes de Gaoual. Claude Poullart Desplaces a commencé à aider des enfants pauvres, pas seulement pour les former et leur permettre d’accéder à la dignité de prêtre mais pour qu’ensuite ils aillent travailler avec les pauvres jusqu’en Inde et au Canada et leur redonner leur dignité. Et quand un confrère se consacre à Justice et Paix, qu’il soit soutenu par tous.

Maintenant devons-nous avoir des Œuvres spécifiques ?

Si rien n’existe dans un domaine, il faut le créer. Comme Daniel BROTTIER pour les Orphelins. Et maintenant ils travaillent avec les institutions de l’État ( DASS, etc.)

C’est donc important de travailler ensemble avec tous ceux qui oeuvrent dans le même sens, qu’ils soient chrétiens ou non.

D’abord certaines organisations sont plus présentes sur le terrain et mieux formées que nous. C’est important de profiter de leurs expériences. D’autres ont des moyens mais ne connaissent pas le milieu, sa langue, sa mentalité, ses problèmes. En travaillant avec elles c’est une occasion pour faire passer notre esprit et nos valeurs.

C’est un besoin de travailler en particulier avec les musulmans. Pas seulement en Mauritanie mais même à Boffa. Partout où nous sommes, comment travailler seulement avec les chrétiens en oubliant les autres ? Les injustices touchent tous les hommes et les membres des autres religions peuvent agir ensemble avec nous pour la justice. Nous devons tenir compte des réalités sociologiques du lieu où nous travaillons. Par exemple, à Dalaba, la population du lieu est musulmane à 99%. Comment ne pas en tenir compte ? Regardons la vie de Jésus : il a été accueillant et ouvert aux Étrangers. Bien plus, il a donné leur foi en exemple à ses frères croyants juifs. Nous sommes le sel de la terre (de toute la terre, pas seulement de l’Église), nous sommes la lumière du monde ( pas seulement de la communauté chrétienne). Jésus est mort pour tous les hommes ( pas seulement les chrétiens). L’Évangile est pour tous.

Nos liens avec l’église locale (évêques, prêtres diocésains, communautés religieuses) ?

En général, ils sont bons mais ils sont toujours à améliorer, en rendant meilleures nos relations avec l’évêque et chaque prêtre. Car nous sommes au service de l’Église locale. Nous avons noté cependant qu’en Guinée, certains prêtres n’apprécient pas que des jeunes se fassent spiritains, au lieu d’aller au séminaire diocésain. À nous d’être patients, et ne pas chercher à lancer des activités en dehors et à l’insu de l’Église locale. Mais en même temps, ne pas accepter d’être utilisé comme « bouche-trou » ou pour des Œuvres qui ne correspondent pas à notre charisme

Groupe II: La formation initiale et continue/ Odilon LÉNO

Dans le volet des constat, on a noté que la séparation du postulat et du philosophat est une bonne chose, en ce sens que cela donne beaucoup de possibilités d’abord aux jeunes Bissau-guinéens de continuer à apprendre le français mais cela aide aussi les Jeunes de guinée-Conakry à consolider leur niveau du français, assez bas à cause des troubles scolaires et universitaires qui ne finissent pas dans le pays.

Nos avons vu qu’il y a encore beaucoup de choses à faire au niveau de la sensibilisation et de l’animation des groupes vocationnels. Nous notons aussi le manque de fraternité spiritaine animée par un confrère. Les confrères de Longo encouragent les vocations en organisant chaque vacances des camps vocationnels auxquels des jeunes garçons et jeunes filles participent. Et ce sont ces jeunes eux-mêmes qui s’orientent pour être soit spiritain soit diocésain, soit religieuse locale ou missionnaire.

Nous avons dit aussi que pour mieux assurer le suivi de ces vocations, au niveau de la Région, il faut qu’un confrère soit déchargé de toute responsabilité paroissiale. Ce confrère pourra loger à Kipé. Et si ce confrère était le Régional, à travers cette animation, il pourrait aussi visiter les autres confrères dans leur Mission.

On a vu que la plupart des jeunes qui viennent chez nous viennent avec l’idée d’être prêtre sans penser à la vocation de frère qui n’est pas à négliger et qui et une vocation spiritaine. C’est pourquoi l’animateur de ces groupes vocationnels se chargera de sensibiliser les jeunes aspirants dans ce sens en leur présentant les deux vocations.

Les Frères spiritains pour pouvoir attirer les vocations de Frères doivent se sentir à l’aise et être fiers de leur vocation de Frères, en réalisant à travers leurs métiers des œuvres concrètes. Il faut qu’il y ait un planning pour la formation des Frères, c’est-à-dire ce qu’ils doivent étudier et se préparer à ce qu’ils feront après. Si on est frère, ce n’est pas parce qu’on est incapable de faire des études théologiques. C’est une vocation et un choix que nous devons encourager comme les Salésiens le font déjà.

Il y a aussi le manque des dépliants avec lesquels nous pouvons sensibiliser les jeunes pour la vocation des Pères et Frères spiritains.

Nous avons dit que la FANO est un jeune Fondation qui a en son sein toutes les structures de formation à savoir : le postulat, le philosophat, le noviciat, le théologat. Et avec ses petits moyens de bord, elle parvient à les gérer tant bien que mal.

Donc malgré toutes les difficultés nous avons préféré qu’on maintienne le théologat à Dakar et avec le temps on s’en sortira et les autres congrégations nous rejoindrons.

Mais notre inquiétude, c’est que nous sommes une congrégation missionnaire, ouverte au monde et à toutes les cultures et si nous gardons nos jeunes durant toute leur formation dans la Fano, ils n’auront pas le choc des autres cultures et ils seront enfermés. Donc nous sommes appelés à réfléchir sur cet aspect.

Le supérieur et l’évêque du Lieu doivent clarifier les choses, c’est-à-dire le statut de nos paroisses. Si par exemple, on a signé un contrat avec l’évêque et que le confrère qui est sur le terrain doit partir par exemple pour des raisons de formation, nous ne voyons pas pourquoi nous devrions obligatoirement continuer à gérer cette mission, d’autant plus que nous sommes en manque de personnels. Autre aspect, c’est que les évêques attendent que nous mettions tout en place pour nous demander ensuite de partir, comme cela a été le cas à Taouyah. C’est le défaut de ne pas avoir de contrat.

Les confrères qui reçoivent les stagiaires doivent pour la formation de ces jeunes, insister sur la Missiologie. Donner beaucoup plus de responsabilités à ces jeunes en suscitant en eux le sens du Bien commun et de la gestion, les pousser à la créativité et aux initiatives.

Groupe III: L’animation de la FANO / Père DONG Kennedy.

Le bilan que nous pouvons faire des visites du supérieur est ceci : nous remercions le supérieur pour ses visites ; il fait beaucoup de tournées dans les paroisses, chose qui est importante. Avec les longues distances, les mauvaises routes, le budget est lourd. Et il lui faut encore beaucoup d’efforts pour écouter les confrères sur le terrain. Il lui faut des moyens de transport et communication adaptés : ça peut-être une voiture tout terrain (4X4). Il est nécessaire qu’il ait un téléphone portable. Cela n’est pas un luxe.

Le supérieur n’a pas à régler les problèmes de beurre ou de sucre par exemple. La visite du supérieur doit être une occasion de renforcer la vie en communion à travers sa présence. Bien sûr, c’est une occasion de partager les réalités de la Mission mais il y a peu d’intérêt à lui raconter certains problèmes mineurs qui pourraient alimenter une certaine peur inutile de sa part.

Pour un supérieur, avoir des moyens de communications adaptés peut toujours faciliter le contact et le travail sur le terrain. Il est aussi important que la Fano ait un site internet. Par rapport au bulletin, qu’il soit enrichi pour qu’il soit bimensuel.

Par ailleurs, ses visites dans les communautés de base d’une paroisse, par exemple avec les confrères contribuent énormément au renforcement des liens avec l’Eglise locale. Toutefois, il lui faut encore une collaboration plus importante par rapport à la nomination des confrères, par le renforcement du dialogue et de la consultation.

Le bilan que nous pouvons faire de la vie de la Région est que ça marche tant bien que mal. Le Régional est là pour faciliter son travail, ses visites, etc…

Pour mieux se situer par rapport à la fonction du Régional, il serait nécessaire de définir clairement son rôle. Le titre de coordinateur ne serait-il pas préférable à celui de Régional ? Qu’il soit la 1ère personne à être consultée avant toute décision dans la Région, qu’il soit en lien étroit avec le supérieur principal et les confrères de la Région, qu’il serve de pont et que ses relations avec l’évêque soient solides, dans une bonne collaboration. Afin d’assurer une meilleure collaboration entre les confrères d’une Région et le clergé local, n’est-il pas possible de décharger le Régional d’un autre travail? N’est-il pas aussi possible de lui conférer le titre de supérieur régional au lieu du Régional ou du coordinateur régional.

Pour mieux faciliter la vie de la Région, on souhaiterait que les finances soient dupliquées. Pour une bonne animation de la Fano aujourd’hui, il faut tenir compte des distances entre les communautés spiritaines et des réalités par pays.

Que l’animation vocationnelle soit rattachée au postulat. Prendre au sérieux le lobbying auprès des organismes

Le mode d’élection du supérieur principal de la FANO : Au niveau des inconvénients, il se peut que la personne qui a plus de voix ne soit pas nommée par le supérieur Général. Les confrères ne peuvent pas connaître leur supérieur sur place et cela entraîne le retard de la transition.

Au niveau des avantages, c’est que le retard du résultat de l’élection peut diminuer les tensions entre confrères parce que c’est la maison généralice qui arbitre.

D’autres sujets qu’on souhaiterait aborder lors du chapitre d’avril 2009 à Dakar sont entre autres :

  • Le renforcement de l’animation vocationnelle

  • Mettre en place à Dakar une structure pour les projets et les lobbyings

  • Charger un confrère pour les vocations.

Groupe IV: La vie commune/ Datantan Lazare GOMIS

Les difficultés :

  • Les radios à des volumes hauts et surtout toute la journée. Si nous nous référons à la Règle de vie, il est préférable de voir la mentalité et le caractère des confrères avant l’affectation.

  • Le manque de dialogue ouvert dans la communauté par les confrères, préférant le faire dehors.

  • Les confrères qui pensent que c’est toujours la communauté où la congrégation qui doit leur donner, mais ne sont pas conscients de ce qu’ils doivent faire pour la congrégation. Ils sont insatisfaits.

  • Nous avons le problème de communication, du respect de l’autre, de la solidarité même dans les moments délicats, c’est-à-dire la difficulté à soutenir l’autre. Le manque d’humilité des confrères pour demander pardon, accepter leurs tort, être capable de se réconcilier. Il y a aussi le problème d’autorité entre curé et vicaire. Et cela s’établit sur des 2 côtés :le curé qui s’impose sur tout et le confrère se fâche parce qu’on ne fait pas appel à lui et vice-versa. En un mot, c’est la jalousie.

  • La prière communautaire, le nombre de confrères dans les communautés, l’unité dans toutes les situations, éviter les situations de solitude prolongée mais aussi avoir l’aptitude à la solitude, l’acceptation de la différence qui nécessite de laisser ses propres idées et de prendre du recul par rapport à sa propre culture. Savoir se faire accueillir et reconnaître les bonnes œuvres des autres.13Avoir le souci de l’autofinancement car par exemple l’immeuble de Dakar ne suffit pas pour nous permettre de vivre et de travailler

  • Ce que nous remarquons est que nous ne pensons à la Règle de Vie qu’au moment des élections. Mais elle est bafouée dans la vie quotidienne. Pour les confrères, la Règle de vie, c’est être responsables de ses actes.

  • Nous ne voulons pas diaboliser les moyens de communication modernes, mais il faut adopter en communauté une règle sur leur utilisation et aider les confrères à s’imposer des limites. La communauté doit se baser sur le plus pour la Mission.

Groupe V: Les finances / Michel KAMANO

Les proposition faites

  • Avoir une comptabilité harmonisée : un logiciel commun pour tous (si on le fait par logiciel ou par papier)

  • Sur la question d’autofinancement, que chaque confrère donne 60 000 FCFA pour la formation ;

  • Trouver un économe de la Fondation, différent du supérieur de la Fondation.

  • Trouver un frère pour la tâche de l’économat de la Fondation pour que les prêtres soient dans la pastorale.

  • Les magasins à Dakar ne sont pas recherchés. Il faut donc que nous nous occupions de nos Locataires pour ne pas qu’ils nous quittent.

  • Dans cette optique de l’autofinancement régional, le Père Jonas14 se lance de plus en plus dans cette idée grâce au don que le Portugal nous a fait d’un terrain et de 24 000 €, il y a déjà 4 ans.

  • Il faudrait qu’on instaure le parrainage des étudiants de notre fondation dès leur première année de Postulat.

  • Chercher des terrains dans nos lieux de Missions et les exploiter à fond sur tous les plans.

  • Soutenir l’idée de magasins, pas seulement à Dakar.

  • Conscientiser l’esprit des confrères sur nos biens pour que chacun contribuent à cet autofinancement ; éviter le pillage

  • Étude de faisabilité d’autofinancement dans chaque Région pour soutenir nos Missions

La question du bien commun : tous les biens doivent être sous le nom de la Congrégation15.

Justice et Paix

Que ce soit une action spiritaine soutenue par tous. Justice et Paix c’est l’action avec les Pauvres. (Avec eux et pas seulement pour eux) ; Analyser la situation politique actuelle de la Guinée : Lire la Lettre de Libermann après la Révolution de 1848.

Si on est au service de l’Église locale, penser au plan stratégique (plan d’action des diocèses) dont le 4° et au thème de Synode pour l’Afrique 2010.

Poullart Des Places a voulu être pauvre avec les pauvres. Former des prêtres pour aller vers les Pauvres.

Il a été dégagé pour ce travail de Justice et qu’il a besoin du soutien des Spiritains. Il a remercié les communautés et confrères spiritains qui l’ont soutenu et accueilli dans son travail.

Justice-Paix pour rendre à l’homme sa dignité. Nos paroisses spiritaines doivent aider nos Fidèles à y participer. Surtout qu’il y a beaucoup de choses qui se font dans le pays : lutte contre la corruption, la drogue…etc.etc.

Son travail actuellement est de passer dans les paroisses pour voir ce qui s’y fait.

Père Armel DUTEIL

Notes et renvois

1 Le collège de la mission catholique de Koundara porte son nom.

2 Grande figure pour l’Église de Guinée

3 Qui deviendra l’évêque de Saint Louis du Sénégal.

4 Frères jean Pierre BONGRAND, BONNAND et plus tard, Pit et HUIJBREGTS Jan.

5 Père Serges BALLANGER travaillait en ce temps-là à Salémata

6 C’est lui qui construit le presbytère de Koundara et le couvent des sœurs de Saint Charles d’Anger

7 Nièce de notre confrère, Mgr Raymond Marie TCHIDIMBO, actuellement en retraite en France.

8

9 Le Père Guirane Zacharie NDIONE citant le vénérable Père Libermann in N.D

10 Avec le comptable, retrait à la Banque pour payer les dettes accumulées… avec les pièces justificatives. Mécontentement du conseil paroissial et de quelques femmes... allant jusqu’à saisir l’évêque. Mais il est demeuré indécis.

11 Chaque catéchiste en zone rurale a un enfant à l’internat et à l’école gratuitement mais malheureusement certains n’assument pas leur responsabilités dans leur CCB.

12 Avec les sessions organisées au noviciat.

13 « Se laisser accueillir par les autres. Découvrir les efforts que les autres fournissent pour accueillir ». Père Armand FESSI.




14 Une dame qui travaille pour la justice et Paix se rallie au Père pour l’aider. Elle lui a proposé par exemple de construire un magasin afin de trouver des ressources financières pour la Région et pourquoi pas pour la Congrégation. Les travaux sont en bonne voie grâce à l’aide de cette femme ;

15 Certaines voitures de Missions spiritaines portent des noms de confrères.


Dossier n°1 : La mission dans la Fano

Nos priorités missionnaires

Notre chapitre réaffirme les priorités suivantes pour notre insertion missionnaire :

La première annonce de l’Evangile avec ce que cela comporte à la fois comme attitude (accueil, écoute, acculturation…) et comme théologie. Les précédents textes capitulaires qui s’y rapportent sont toujours à considérer.

La solidarité avec le monde des pauvres : Notre engagement missionnaire vis-à-vis des pauvres, peut s’exprimer aujourd’hui en terme de solidarité. Cette solidarité est principalement un souci constant, une préoccupation, une manière d’être et une proximité avec le monde des pauvres. Elle nous amène à vivre d’une manière plus simple et plus sobre, compte-tenue des conditions de vie des populations qui nous entourent.

Le dialogue avec les gens d’autres religions (islam, religions traditionnelles…) et aussi tout le travail de dialogue interculturel dans un contexte de globalisation mais aussi d’affrontements des identités.

L’engagement dans la justice, la paix et la réconciliation : Voir autour de nous les situations et personnes qui écrasent les gens et les empêchent de vivre dans la dignité et la paix. Rendre attentifs ceux avec qui nous travaillons à leurs situations de précarité, les regrouper et les former pour agir ensemble. Eduquer aux droits humains, au dialogue et aux méthodes d’action non violentes. Mettre en place des instances de réconciliation.

L’éducation : Les besoins en éducation de base se font sentir avec acuité dans certains pays de la FANO. Assurer une bonne éducation de base, c’est préparer l’avenir de toute une nation. Cela est nécessaire pour effectuer un changement des mentalités. L’éducation est un lieu d’évangélisation.

Le développement personnel et communautaire : Nous formerons les personnes et les familles pour leur permettre de faire face elles-mêmes aux exigences et aux réalités de la vie : éducation à la responsabilité, à la culture de la paix et au dialogue. Nous veillerons à mettre en place des collaborateurs capables de se prendre en charge et de travailler selon leur charisme propre.

Nos implantations missionnaires

Nos priorités missionnaires s’inscrivent dans nos implantations actuelles, que nous devons nous efforcer de maintenir. Il importe donc de faire des choix dans nos engagements pastoraux permettant la concrétisation de ces priorités et d’imprimer ainsi la marque de notre charisme spiritain.

L’importance de tenir nos implantations actuelles, c’est aussi notre volonté de respecter les engagements pris envers les diocèses avec lesquels – si ce n’est déjà fait – des contrats devront être conclus.

Toutefois, si nous ne pouvons pas garantir la vie communautaire (pas de confrère seul), il faudra se résoudre soit à se regrouper, tout en continuant à œuvrer dans le même champ missionnaire, soit confier celui-ci à d’autres agents pastoraux.

Aujourd’hui, il nous semble difficile d’ouvrir de nouveaux champs de mission, mais nous restons attentifs aux appels des Eglises locales.

Les moyens pour vivre notre mission

Il est indispensable que chaque communauté se dote d’un projet communautaire et d’un projet pastoral dans le souci d’éviter les projets personnels (sauf s’ils s’inscrivent dans le projet communautaire) et la prise en compte des projets d’action pastorale des diocèses dans lesquels nous travaillons.

Il faut promouvoir une spiritualité missionnaire en mesure d’aider les confrères à durer longuement au sein de la circonscription et suffisamment dans leurs implantations missionnaires, dans la nécessité d’apprendre la langue, de s’acculturer et d’aimer le peuple vers lequel chacun est envoyé. Il est aussi préconisé que soit proposé, pour les six années à venir, un thème annuel commun à toutes les communautés de la Fano et lié à nos priorités missionnaires.

L’utilisation des Technologies de l’Information et de la communication (TIC) (internet, création de sites web au niveau des communautés comme de l’administration de la Fano) et l’engagement dans les médias (radio, télévision, presse écrite) offrent des ressources considérables pour la mission qu’il nous faut particulièrement considérer.

Dans le cadre de la célébration du Tricentenaire du décès de Claude-François Poullart des Places, souvenons-nous de sa parole : « Je suis résolu de marcher dans le chemin que vous m’indiquerez ». A ce titre nous nous engageons :

  • à redécouvrir l’importance de notre vœu de pauvreté et de son option préférentielle pour les pauvres.

  • à redécouvrir l’importance et la signification de nos engagements dans le service de l’éducation.

  • à tenir des sessions de formation : avec un spécialiste, sur différents thèmes comme : la vocation d’adulte ; la vocation d’éducateur (aider les jeunes, éduquer chastement).


Dossier N°3 : La vie communautaire

« Pour le perfectionnement de la vie apostolique qui est son but, pour la stabilité et l’extension des œuvres qui en son l’objet et pour la sanctification de ses membres, la congrégation a pris pour sa règle fondamentale la vie commune. Tous ses membres vivront toujours en communauté. » (RVS n°27)

I. Le projet communautaire

Chaque communauté a l’obligation d’établir un projet communautaire.

Le projet communautaire vise un idéal vers lequel tendre : une vie fraternelle qui soit témoignage rayonnant de l’Amour de Dieu parmi les hommes.

Le projet communautaire est élaboré et approuvé par tous les membres de la communauté. Il est mis par écrit et remis à chaque membre de la communauté.

A tout changement de personnel impliquant l’arrivée d’un nouveau confrère, le projet communautaire sera révisé. Il le sera aussi, de manière systématique, au début de chaque année pastorale.

Le projet communautaire comprendra nécessairement les éléments suivants : organisation de la vie de prière et des repas, répartition des activités apostoliques et des taches communautaires, aménagement de temps de détentes, de loisirs et de sorties communautaires, usage des biens financiers et matériels, collaboration avec les personnes extérieures à la communauté, accueil des gens de passage. Pour faciliter l’élaboration du projet communautaire, le Supérieur Majeur et son Conseil proposeront un projet type aux communautés qui en feront la demande.

II. Vivre en communauté internationale et interculturelle

« La vie communautaire est un élément essentiel de la vocation spiritaine et un moyen privilégié de mettre en pratique les conseils évangéliques au service de la Bonne Nouvelle. » (RVS n°28).

La vie communautaire est constitutive de l’être spiritain. Pour chacun, elle est une force de soutien moral et physique, une source d’équilibre spirituel et social et un lieu d’épanouissement authentique.

De manière toujours plus accentuée, c’est dans l’internationalité et l’interculturalité qu’elle est devenue la première de nos priorités missionnaires. Auprès des peuples vers lesquels nous sommes envoyés, la vie en communauté est une affirmation concrète et véritable de l’universalité du salut accordé par le Christ. Elle « édifie le Corps du Christ et témoigne de la possibilité d’une authentique fraternité en Lui » (RVS n°28.1).

Quand elle est vécue dans un accueil mutuel, où chacun est accueilli pour ce qu’il est, la vie en communauté est une joie qui détermine profondément la singularité de notre vocation et de notre mission. Un confrère est toujours un don de Dieu, appelé à être accueilli comme tel.

La vie en communauté internationale et interculturelle, présente continuellement plusieurs défis à relever :

  • Tenir ses engagements envers la communauté, selon les exigences du projet communautaire.

  • Respecter l’autre dans sa différence culturelle, en se gardant de l’enfermer dans des préjugés.

  • Être attentif à la personnalité, aux sensibilités et aux goûts de l’autre.

  • S’efforcer de connaître le confrère dans les événements qui ont marqué son histoire et les liens qui le constituent (famille, amis,…).

  • Communiquer dans un esprit de franchise et de vérité.

  • Cultiver la confiance, l’humilité, la patience et la charité à l’égard du confrère.

  • Savoir toujours pardonner.

  • Faire preuve de transparence dans la gestion des finances et des biens communautaires.

La vie communautaire est effective quand elle est de toit, de table et d’oratoire.

III. La résolution des conflits

« Chacun a toujours le droit de faire appel contre une décision de son Supérieur en s’adressant aux Supérieurs plus élevés et même au Saint-Siège. Mais auparavant une solution est cherchée dans le dialogue fraternel. Pour le faciliter, le Chapitre de circonscription peut prévoir une instance de conciliation. S’il y a effectivement appel, il convient d’en avertir le Supérieur. » (RVS n°166.2)

Beaucoup de conflits peuvent se résoudre dans la prière, lieu de réconciliation et de conversion.

La discrétion dans le traitement des conflits est fortement recommandée. Il en va de la préservation de la dignité et de la réputation des personnes, mais aussi de l’image de la communauté, voire du témoignage que celle-ci manifeste.

Si un conflit s’installe entre deux confrères, il importe de ne pas le laisser perdurer au risque qu’il ne s’aggrave jusqu’à ne plus pouvoir être résolu.

Les confrères en conflit doivent s’efforcer de le régler à leur niveau dans un esprit d’écoute bienveillante, d’humilité et de remise en cause.

Dans la mesure où la résolution d’un conflit ne peut se faire entre les confrères concernés, il est de la responsabilité du supérieur local ou de tout autre médiateur (notamment dans les communautés de deux personnes) de chercher à le résoudre. Il saura lui-même s’y prédisposer dans la prière pour une attitude d’impartialité et d’écoute attentive.

Le processus adéquat est le suivant : le supérieur local ou tout autre médiateur doit entendre les deux parties séparément, en usant de douceur et de charité dans une recherche de la vérité ; puis les inviter en sa présence à une causerie franche et fraternelle ; si nécessaire les entretenir à nouveau séparément ; et achever le processus par une célébration de réconciliation, de pardon et de louange. (cf. RVS n°95). Par la suite, le Supérieur Majeur veillera à ce que tous les confrères concernés soient bien accompagnés. Dans le cas où la dignité et la réputation d’un confrère aurait était injustement atteinte, il s’assurera de sa pleine réhabilitation.

Un « comité de facilitateurs » (cf. RVS n°166.2) composée de confrères choisis par le Supérieur Majeur et son Conseil, en fonction des compétences requises, usant du même processus, se chargera d’œuvrer pour la résolution de conflits ne parvenant pas à se solutionner au niveau local. Ce comité rendra compte des résultats obtenus auprès du Supérieur Majeur et de son Conseil.

En cas d’échec des facilitateurs, il appartiendra au Supérieur Majeur et à son Conseil de prendre les décisions adéquates.

A tous les niveaux précités de résolution des conflits, si on l’estime opportun, on n’hésitera pas à faire appel à des spécialistes, tel un psychologue, pour apporter un éclairage susceptible d’aider à cette résolution.

L’acquisition d’outils de psychologie, notamment par le Supérieur Majeur et les membres de son Conseil, serait profitable.


Justice et Paix chez les spiritains et les spiritaines

Suite à la rencontre des 12 et 13 novembre à la rue Lhomond avec les délégués de toute la Province de France, voici les idées les plus importantes qui ont été partagées :

  • Chaque communauté spiritaine aura désormais un Eveilleur Justice et Paix désigné par sa communauté et qui aura comme Mission essentielle de rappeler à tous les confrères notre souci permanent de défendre la justice et la paix dans notre pays et dans les pays où nous travaillons pastoralement.

  • Cet éveilleur doit faire partie d'une Association laïque totalement indépendante de la Congrégation du St Esprit. Actuellement René est membre du Collectif Haiti de France qui représente environ 200 associations présentes en France et dans les DOM-TOM. Le CHF défend les droits humains des haïtiens dans notre pays et en Haiti et collabore à plusieurs projets de développement .

  • L'antenne Justice et paix de France est une des 13 antennes européennes de Africa-Europe and Justice Network – AEFJN- fondé en 1988 par une quarantaine d'Instituts Missionnaires. Le principal objectif de ce Réseau est de promouvoir des relations équitables entre l'Europe et l'Afrique.

  • Toutes les antennes Justice et Paix de la Province ont pour rôle d’aider l’équipe provinciale à stimuler les idées et les actions en vue d’une plus grande justice et paix à travers notre pays et ceux où nous avons des confrères qui y travaillent.

  • Notre mission , en tant que spiritains , est d'être présent, comme délégué de la communauté , dans les associations qui défendent la Justice et la Paix comme l'ACAT , Gisti –LA CIMADE ,les migrants- les restos du cœur, le CCFD , le Secours Catholique ….etc…..

  • Utiliser nos revues pour informer et former le monde.

  • Faire corps avec nos œuvres comme par ex. les OAA qui veulent défendre les jeunes qui vivent en milieux difficiles. Occasionnellement s’engager dans des activités des OAA..

  • Savoir partager et réfléchir en communauté spiritaine sur notre vécu aux niveaux justice et paix. Parfois nous avons du mal à avoir un regard positif sur le travail des autres spiritains ou confrères en pastorale. C’est si facile de critiquer ……

  • Favoriser des petites actions – en paroisses ou chez nos aînés – qui vont conscientiser la population et nos confrères sur nos responsabilités vis à vis de la justice et de la paix.

  • Se méfier des projets qui sont l'œuvre d'un seul homme. Voir comment intégrer ce projet dans la communauté la plus proche.

  • Ne jamais oublier que l'avenir de la Congrégation est multiethnique.

  • Aider nos communautés à s'ouvrir à l'étranger , aux migrants qui désirent travailler et s'intégrer dans notre société.

  • Ne pas avoir peur de partager, avec les autres communautés spiritaines , ce que nous faisons et ce que nous vivons .

  • Soutenir les confrères qui travaillent avec les migrants, les gitans et les roms, les SDF , les marginaux et tous les exclus de notre société .

  • Participer à la défense des sans-papiers : par exemple organiser une session sur ce sujet comme l’équipe cssp du Blanc-Mesnil en collaboration avec le SOS.

  • Recevoir un étudiant algérien pour une période définie , comme l'a fait cette même équipe de spiritains .

  • Dans les aumôneries de collèges et lycées où nous travaillons préparer un questionnaire sur l'accès à l'eau, comme à Blotzheim. Dans les décennies à venir le problème de l'eau va devenir crucial dans beaucoup de pays d'Afrique et ailleurs.

  • Durant nos repas communautaires, pourquoi ne pas proposer un thème Justice et Paix pour un jour précis. Par ex. quel soutien pouvons-nous apporter aux pauvres du quartier où nous vivons ?

  • Intégrer cet excellent Bulletin mensuel JPx dans nos liturgies.Nous pourrions aussi le diffuser dans les paroisses de nos secteurs pastoraux.

  • Aborder ce point délicat de la dépendance des Eglises du Sud par rapport à celles du Nord, dans les communautés ouvertes à cette problématique.

  • L’an passé nous avions pris comme thème : « A la rencontre de l'autre ». Cette année 2009-2010, normal que nous parlions du Synode de l’Afrique qui nous a transmis bien des messages sur les injustices et les guerres dont souffrent les peuples de ce Grand Continent.



Pour terminer ce rapport de tout ce qui s’est dit durant cette session, permettez-moi de citer Mgr Maurice E. Piat,cssp Evêque de Port-Louis –Ile Maurice :

« La grande interpellation que je retiens de ce Synode est l’importance cruciale du rôle prophétique de l’Eglise dans la société. Cela veut dire que l’Eglise a le devoir de rappeler à temps et à contretemps que la Paix et la Justice sont des dons de Dieu, des biens auxquels nous aspirons tous. Dénoncer, pas seulement les symptômes, mais les causes profondes. »

Père René Soler cssp
Marseille le 8-12-2009


Centenaire de Kindia (novembre 2009) Ouverture du centenaire

Monsieur le Gouverneur, Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire,

Messieurs les cadres du Gouvernorat, de la préfecture et de la commune urbaine de Kindia,

Nous sommes heureux de vous accueillir à nos côtés aujourd’hui pour la cérémonie de l’ouverture du centenaire de la Paroisse de Kindia. Nous sommes aussi heureux de constater que vous avez soutenu et encouragé les chrétiens de Kindia dans la préparation de ce grand événement pour l’Eglise et pour notre pays. En conséquence, nous prions le Seigneur Tout-Puissant de bénir tous vos efforts visant à construire ici une région, une préfecture et une commune où la réconciliation, la justice et la paix sont des valeurs recherchées par tous les citoyens. Nous prions le Seigneur Tout-Puissant de bénir chaque jour la région Kindia et tous ses habitants.

Chers Frères et Sœurs chrétiens,

Dieu nous rassemble aujourd’hui dans la joie. Car il s’agit pour nous de célébrer ensemble le centenaire de l’évangélisation de la paroisse de Kindia.

Fêter cent ans d’évangélisation d’un pays ou d’une préfecture ! Personne ne peut s’empêcher de se laisser impressionner par ce nombre d’années. Oui ! Mais on devra être davantage impressionné par les premiers moments de cette œuvre d’évangélisation. Car c’est pendant ces moments que des fondements solides ont été posés.

Se laisser impressionner par ces premiers moments de l’évangélisation, c’est évoquer la présence des spiritains en Guinée. Ces missionnaires qui ont porté la ceinture des héros ; et « oubliant leur peuple et de la maison de leur père », sont arrivés à Boffa, après un voyage périlleux, pour évangéliser notre pays.

Se laisser impressionner par les spiritains, c’est penser à leur courage. Car, en venant à Kindia au début du siècle dernier, ils ont accepté les dangers des moyens de transport, le manque de santé qui les exposait à des maladies alors mal contrôlées comme le paludisme, la fièvre bilieuse hématurique, le choléra, la dysenterie. En fondant au début du siècle dernier des paroisses en Afrique, ils quittaient leurs pays sans espoir de retour. En effet, quand la mort ne les terrassait pas pendant le voyage, elle les attendait à l’arrivée ou à leur poste de mission. Beaucoup d’entre eux sont morts, jeunes. Par exemple le Père Louis Sage, mort et inhumé à Kindia, en 1913, à l’âge de 33 ans. A noter que le plus jeune des missionnaires spiritains inhumés à Boffa avait 21 ans, et il est mort en 1907. A 21 ans, ils avaient atteint l’âge du martyr. La croix du Christ était leur seule fierté, comme nous le demande l’Apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (Ga 6,14).

Je suis donc heureux d’accueillir, pour cette fête du centenaire de Kindia, les spiritains qui furent les premiers à payer le prix de notre évangélisation. Car il convient qu’avec eux, les guinéens, chrétiens et musulmans, autorités civiles et autorités religieuses, s’arrêtent en ce mois de novembre, pour rendre gloire au Seigneur et lui rendre grâce. Parce qu’il a voulu la présence des missionnaires en Guinée, particulièrement au Kanya, et l’a soutenue jusqu’à ce jour malgré les difficultés qui ne manquent jamais dans toutes activités menées par les hommes. Soyez donc les bienvenus, chers Pères spiritains. Soyez les bienvenus au Kanya ! Soyez les bienvenus dans l’Archidiocèse de Conakry ! Soyez les bienvenus en Guinée !

Le Père Gérard VIEIRA est présent parmi nous aujourd’hui, en attendant l’arrivée du provincial de Dakar demain. Je prie donc respectueusement le Père VIEIRA de se lever pour que vous lui rendiez l’hommage de nos acclamations.

Je suis aussi heureux de vous accueillir, chers frères et sœurs venus de France, vous qui avez accueilli à Notre Dame des Champs le Père André et préparé avec nous la fête de ce jour. Je suis heureux de vous accueillir, Chers frères et sœurs, venus de nos différentes paroisses et de la ville de Kindia. Parce que votre présence est pour moi le signe éloquent de votre action de grâce qui monte vers Dieu pour tout ce qu’il a fait parmi nous, depuis l’arrivée des missionnaires. Votre présence est aussi le signe vivant de vos remerciements envers les missionnaires qui ont travaillé avec nous et pour nous.

Chers paroissiens de Kindia,

Depuis novembre 2008, soutenus et encouragés par vos prêtres, vous avez parcouru des étapes pour votre préparation à cette fête du centenaire. Je suis convaincu que cette marche vous a permis de grandir dans la foi, l’espérance et la charité, pour devenir davantage missionnaires à Kindia, en Guinée et dans le monde. Dans votre marche, vous avez été soutenus par la prière de vos frères et sœurs de Guinée et d’ailleurs. Merci à tous, pour ce qui a été fait et pour ce qui reste à faire. Après le 22 novembre 2009, nous commencerons la préparation du 2ème centenaire de Kindia.

Nous ne saurions oublier qu’au moment où nous célébrons le centenaire de votre paroisse, notre pays traverse une profonde crise. Nous ne saurions oublier aussi que les religions peuvent et doivent aider à la paix. Parlant de paix, le Pape Jean-Paul II disait ceci : « Les peuples doivent savoir qu’il existe une autre dimension de la paix et une autre manière de la faire avancer qui n’est pas le résultat de négociations, de discussions politiques ou de marchandages économiques. Elles viennent de la prière qui, dans les différentes religions, montre une relation avec une puissance supérieure qui dépasse nos seules possibilités humaines».

Ces paroles du Pape invitent chrétiens et musulmans à prier tous les jours pour la paix en Guinée, et à être partout des artisans de paix ou des modèles dans la recherche de la paix.

C’est en espérant fermement que notre pays continuera de vivre dans la paix, grâce à l’effort de tous ses fils musulmans et chrétiens, que je déclare ouvertes les célébrations religieuses du centenaire de la paroisse de Kindia.


Qu'est-ce que l'évangélisation ? Mars 2010 (L70)

Cette conférence a été faite dans le cadre du premier centenaire de la Mission Catholique de MONGO où le Père Armel a travaillé pendant 10 ans (1996-2006). Il était venu pour rouvrir la paroisse, qui était fermée depuis 30 ans, suite à l’expulsion des missionnaires par Sékou TOURE, avec ses 45 communautés et ses 37 camps de réfugiés (voir le site : http://armel.duteil .free.fr  rubrique : Mongo). Cette conférence a été faite en deux langues : français et kissi ; on ne donnera dans ce compte rendu succinct que les idées principales. En effet, cette conférence a été faite également sous forme de dialogue avec tous les participants, grâce à deux micros baladeurs qui permettaient à chacun de s’exprimer et de se faire entendre par tous. Bien sûr, il n’est pas possible de reprendre ici les interventions de chacun, ni leur participation, mais simplement les notes prises par un participant sur ce que le Père Armel a pu dire, en résumé.

N.B. : En réponse à la question : « Quelles sont les paroles de Dieu que vous connaissez qui parlent de l’évangélisation ? », les participants ont cité en particulier les passages suivants :

- une affirmation de Paul : « Malheur à moi si je n’annonce par l’Evangile » (1° Cor 9.16) ; le Seigneur ne m’a pas choisi pour baptiser, mais pour évangéliser (1° Cor 1.17) car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (Lettre à Tite).

  • Jésus lui-même au moment de quitter cette terre disait à ses apôtres : « Allez enseigner toutes les nations » (Marc 16,15)

  • Le Concile Vatican II rapporte que : « l’Esprit Saint donne à tous les hommes de prendre part au Mystère pascal (de ressusciter avec Jésus Christ) d’une façon que Dieu Lui-même connaît ».

Notes prises au cours de la Conférence : Quelques principes

  1. Jésus a dit : « Allez enseigner toutes les nations ». Il l’a dit, mais il l’a fait lui-même en premier. Cela veut dire que l’évangélisation, c’est Jésus lui-même. C’est d’abord le connaître, ensuite vivre avec lui, enfin continuer son travail. C’est le Christ qui est le noyau et le centre de toute l’évangélisation. Si on ne vit pas avec le Christ on ne peut ni être évangélisé, ni évangéliser ses frères.

  2. L’Evangile, ce n’est donc pas un livre à connaître, ni des choses à enseigner, c’est une personne ; et c’est là l’une de nos différences avec les musulmans. Pour les musulmans, le texte est sacré et ils font des récitations du Coran. Pour nous, nous ne faisons pas de récitation de l’Evangile parce que ce n’est pas le texte qui est important, c’est Jésus, Jésus qui disait : « Je suis la Vérité, le Chemin et la Vie ».

  3. L’Evangile, c’est une Bonne Nouvelle. Le Père a alors demandé aux participants  quelle était la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Ensuite il leur a demandé de citer les phrases des Béatitudes qu’ils connaissaient par cœur, puisque ces Béatitudes, le Sermon sur la montagne, est la base de l’Evangile et le discours programme de Jésus-Christ. Cela veut dire que Dieu veut que nous soyons heureux ; toutes les phrases des Béatitudes commencent par ce mot. Et que évangéliser ce n’est pas apporter aux hommes des commandements, encore moins des interdits, mais c’est les rendre heureux. En particulier, rendre heureux ceux qui ne le sont pas, ceux qui ne sont pas respectés, ceux qui sont méprisés, ceux qui sont écrasés, ceux qui n’ont pas leur place dans la société, ceux qui souffrent et qui sont pauvres. L’évangélisation, ce n’est pas amener des commandements, c’est rendre les hommes heureux.

  4. Enfin, l’évangélisation c’est un acte de foi, c’est un engagement ; comme on nous l’a dit au début de ce Carême : « Convertis-toi et crois à l’Evangile ».

Une remarque : on dit parfois « il faut s’évangéliser avant d’évangéliser les autres ». Je ne suis pas tellement d’accord avec cette formule. En fait, nous ne pouvons pas nous évangéliser nous-mêmes, nous nous laissons évangéliser par l’Esprit-Saint, l’Esprit de Jésus. Et lorsque nous sommes évangélisés par Dieu, alors nous pouvons apporter l’Esprit de l’Evangile à nos frères.

Autre chose : ce n’est pas d’abord par nos paroles que nous évangélisons, mais par notre témoignage de vie. Si nous sommes heureux d’être chrétiens et de vivre selon l’Evangile, les gens suivront notre chemin, car eux aussi ils ont envie d’être heureux. Il ne s’agit pas tellement de montrer l’exemple, car nous ne sommes pas toujours exemplaires. Ce qui est important, ce n’est pas d’être exemplaires, mais c’est de nous engager avec les autres, chrétiens et non chrétiens, pour construire ensemble le Royaume de Dieu. C’est de cela que l’Eglise, comme le monde, a besoin.

N.B. : Toute la conférence a été coupée par des chants sur l’évangélisation. Après un de ces chants, le Père Armel a demandé aux participants de dire par cœur ce que Jésus a fait lorsqu’il a envoyé ses disciples en mission. Puis il a ensuite repris ce texte en l'expliquant point par point. Voici certaines de ses remarques, à partir du chapitre10 de St Luc

L’envoi des disciples

  • Jésus envoie 70 disciples. Ce ne sont donc pas les apôtres seulement que Jésus envoie. Cela veut dire que « évangéliser » c’est la responsabilité de tous les chrétiens (les disciples) pas seulement des prêtres, des évêques et des religieux.
    Ensuite, le Christ envoie ses disciples deux par deux. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire d’abord qu’on ne peut pas être chrétien tout seul, mais on ne peut pas non plus évangéliser tout seul.
    L’évangélisation, ce n’est pas l’affaire d’une personne, même la plus motivée, c’est la responsabilité de toute la communauté ; c’est la communauté qui va évangéliser en s’appuyant sur les qualités et les charismes de chacun.

  • La première chose que Jésus dit c’est : « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson ». La base de l’évangélisation, c’est d’abord la prière, puisque ce n’est pas nous qui évangélisons mais c’est bien l’Esprit de Jésus, c’est Dieu qui travaille dans le cœur des hommes.

  • Ensuite l’évangélisation nous demande d’être courageux ; Jésus le dit clairement : « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Il faut donc que nous soyons décidés, motivés, convaincus et prêts à supporter les accusations et les oppositions dans la paix et dans le calme. Comme le disait déjà Jésus dans les Béatitudes : « Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice » ; « ils m’ont persécutés, ils vous persécuteront vous aussi ». Si nous annonçons l’Evangile, les gens ne seront pas d’accord et ils nous feront souffrir ; c’est obligé.

  • Une autre recommandation de Jésus : « Ne portez ni bourse, ni sac, ni soulier ». Si nous voulons évangéliser, il faut que nous soyons pauvres de cœur, détachés et généreux. Jésus nous avertit : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». Beaucoup de gens se lancent dans toutes sortes d’activités, pour avoir le pouvoir et l’argent. Si nous nous engageons dans l’évangélisation, c’est pour Dieu, et non pas pour un intérêt égoïste .

  • Jésus continue : « Dans toute maison où vous entrez, dites d’abord : que la paix soit sur cette maison ». La première façon d’évangéliser nos frères et nos sœurs, c’est de leur apporter la paix de Dieu. Et avec eux de travailler pour faire grandir la paix, la vraie paix de Jésus-Christ. Comme nous le disions, l’évangélisation, ce n’est pas des discours, ce sont des actions. La première action, c’est de construire la paix, tous ensemble, avec ceux qui nous reçoivent.

  • Jésus dit encore : « Demeurez dans cette maison-là, mangez et buvez ce qu’on vous donnera ». Qu’est-ce que cela veut dire ? L’évangélisation suppose que l’on prenne le temps d’abord de se connaître, de vivre ensemble, de partager nos idées, nos soucis et nos problèmes. C’est ensuite, lorsque nous avons vécu ensemble et que nous sommes demeurés longtemps dans une maison, que nous pouvons y apporter l’Evangile. D’ailleurs s’il n’y a pas une amitié entre nous, l’autre ne pourra pas nous écouter, il n’acceptera ni ce que nous dirons, ni notre témoignage de vie. A ce moment-là, l’Evangile ne pourra pas passer.

Le Père Armel a ensuite repris le retour des disciples, aux versets 17 à 21, en disant en particulier ceci : "Les 70 disciples reviennent dans la joie". L’Evangile est une Bonne Nouvelle. On ne peut l’annoncer que dans la joie. Ils disent eux-mêmes « les démons sont soumis à ton Nom ». Jésus répond « Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et sur les scorpions et sur toute la puissance de l’ennemi ». L’évangélisation, c’est l’action de Dieu ; nous croyons qu’Il est avec nous, Il nous soutient, Il nous protège. Mais Jésus ajoute : « Ne vous réjouissez pas que les démons vous soient soumis ; soyez heureux parce que vos noms sont écrits dans les cieux ». Par l’évangélisation, nous vivons avec Dieu, nous sommes avec Lui dans toute notre vie, sur la terre et après notre mort.

  • "Jésus tressaille dans le Saint Esprit". L’évangélisation, ce n’est pas notre œuvre, ce ne sont pas nos idées que nous devons transmettre, ce ne sont pas nos manières de faire ou de vivre que nous devons enseigner aux autres, mais c’est bien d’écouter le Saint Esprit dans notre cœur, c’est Lui qui nous montrera ce que nous avons à faire et ce que nous avons à dire, pour évangéliser.

  • Enfin, il y a la prière de Jésus : « Père je te rends grâce, parce que tu as caché ton Evangile à ceux qui se croient sages et intelligents ; et tu l’as fait connaître aux petits ». Comme Jésus disait déjà dans les Béatitudes : « Heureux les pauvres, le Royaume de Dieu est à eux ». L’Evangile s’adresse d’abord aux petits de la société, à tous ceux qui sont rejetés, mis à côté, marginalisés ; c’est à eux que nous devons d’abord nous adresser. C’est eux que l’Evangile va d’abord délivrer.

L'envoi en mission

Après avoir donné la parole aux participants, le Père continue : Jésus dit « Allez enseigner toutes les nations, de tous les peuples faites mes disciples ». Et Marc dit même « Allez enseigner l’Evangile à toute la Création »(Marc 16,15). Pas seulement aux hommes, mais à toutes les créatures, comme nous la montré par exemple St François. Ou comme le dit Paul aux Romains « La création tout entière attend d’être libérée de la corruption et de la mort" (Rom 8,22).L'évangélisation va ensemble avec le respect de la création. C'est-à-dire avec la lutte contre la pollution, contre les feux de brousse, contre la désertification, contre le déboisement et contre les saletés qui salissent notre terre, les déchets chimiques de nos usines et même les déchets atomiques envoyés chez nous par les pays riches. L'évangélisation ne va pas sans la protection de l'environnement. Il nous faut beaucoup réfléchir à tout cela. Car nous n'avons pas encore compris que notre foi nous demande de respecter la création que Dieu nous a donnée;

  • Jésus dit:"Allez enseigner toutes les nations. De tous les peuples faites des disciples" (On a chanté ce chant ensemble). Il ne s'agit pas seulement d'évangéliser les personnes une par une, individuellement. Il s'agit bien d'évangéliser tout le peuple ensemble. Evangéliser toute la nation guinéenne. Comme nous le rappelle ce que Jésus disait sur la montagne à tous ses disciples, dès le début de son enseignement de l'Evangile:"Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde" (Mat 5,13-15). Jésus ne dit pas: vous êtes le sel de la communauté chrétienne, mais bien le sel de toute la terre. Et à ce sujet, le père a fait remarquer qu’il suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat. Souvent, nous disons : nous les chrétiens nous sommes trop peu nombreux, nous ne pouvons pas évangéliser. Mais si nous avons la force de Jésus, nous pouvons donner le goût des choses de Dieu à tout le pays. A condition de ne pas être un sel pourri que l’on jette par terre et sur lequel on marche. A condition aussi d’être au milieu de nos frères et de partager leur vie ; si le sel n’est pas au milieu du riz, il ne donne lui pas de goût ; à condition d’être vraiment éclairés et allumés par le Christ, pour pouvoir, à notre tour, faire entrer nos frères dans la Lumière de Dieu. Comme disait Jésus : « Celui qui fait la Vérité vient à la lumière »(Jean 3,21), quelle que soit sa religion.

  • Il s’agit donc d’évangéliser tout le peuple et tout le pays. Notre pays, la Guinée, est en pleine transition. Nous avons maintenant un Gouvernement d’union nationale. La Commission nationale des élections indépendante se met en place. Un Comité de transition est en train de revoir la Constitution et de préparer les élections. Tout cela, ce sont autant d’appels que Dieu nous adresse à construire notre pays, dans la ligne du Synode, dont le thème était justement « Réconciliation, Justice et Paix  ». C’est tout cela que nous devons mettre en pratique pour faire grandir notre pays : la Guinée. Comme le disait déjà le prophète Isaïe, dans le chapitre 58 au début de notre Carême : « Si tu t’engages avec Dieu, ton pays qui était un désert deviendra un jardin bien arrosé, où les eaux ne manquent jamais ; tu rebâtiras les ruines anciennes ; tu rendras à nouveau fortes, les fondations d’autrefois ; on t’appellera celui qui répare les murs, celui qui remet en service les routes ». C’est cela l’évangélisation.

  • C’est Dieu qui nous a donné notre terre. A nous, non seulement de la garder, mais de la développer. Comme le disait déjà Dieu à Adam et Eve dès le début du monde : « Croissez et multipliez-vous ; toute la terre est à vous ; développez le monde ». Cela suppose donc que les chrétiens s’engagent dans la société et également dans la politique. A condition de s’engager dans la politique non pas pour gagner et détourner de l’argent, non pas par soif du pouvoir pour s’imposer aux autres, mais vraiment pour construire le pays selon l’Evangile. Et pour se mettre au service de nos frères, comme Jésus qui a dit : « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » (Mat 20,27; Luc 22,27). Il a lavé les pieds de ses apôtres, et il a dit : « le plus grand parmi vous, ce sera celui qui se fait petit devant ses frères ».

  • Jésus nous demande de construire le pays d’après les Béatitudes. Il disait : « Heureux les pauvres » (Mat 5,3). Nous pensons d’abord aux pauvres, dans nos projets de développement. Nous leur donnons leur place dans la société. Ensemble, nous cherchons à construire la paix. Nous avons faim et soif de justice. Et dans notre engagement, nous pensons à consoler ceux qui pleurent (voir Matthieu 5, 3-12).

  • En effet, nous sommes bien obligés de nous poser un certain nombre de questions quand nous voyons ce qui se passe dans le pays. En quittant CONAKRY pour venir à MONGO, nous avons traversé des quartiers populaires, des banlieues où les gens ont de la peine à vivre. Mais dans ces banlieues, nous avons vu aussi des grandes maisons pleines de luxe. Et nous avons croisé des voitures modernes tout-terrain qui coûtent des millions. Alors que dans ces quartiers, les gens n’ont pas de quoi vivre, manger, s’habiller ou se soigner. Le gouvernement vient de décider une augmentation de 50 % du salaire des fonctionnaires. Mais combien y a-t-il de fonctionnaires dans le pays ? Et les chômeurs, eux, que vont-ils faire ?... Car le prix du carburant a augmenté pour tout le monde, pas seulement pour les fonctionnaires. Et il a entraîné l’augmentation du coût de la vie pour la nourriture et pour tout ce dont nous avons besoin. Les pauvres vont devenir de plus en plus pauvres, et également le pays. Car tout cela ne peut que créer l’inflation et faire perdre sa valeur à notre monnaie.
    On a prévu des mesures d’accompagnement pour les militaires. Mais quelles mesures a-t-on prévu pour tous ceux qui sont dans le secteur informel, et qui se débrouillent en exerçant des petits métiers ? On est en train de mettre l’eau et l’électricité dans la ville de CONAKRY. C’est très bien. Mais que fait-on pour le monde rural ? Les villageois ont droit à l’eau et à l’électricité, comme ceux de la ville. La saison des pluies va commencer. Que fait-on pour aider les paysans, leur fournir des engrais, des semences et du petit matériel, pour qu’ils puissent cultiver. Et ainsi non seulement vivre mais nourrir tout le pays. L’évangélisation, c’est reconstruire le pays dans la justice, la paix, la réconciliation. Si nous ne faisons pas cela, nous ne sommes pas chrétiens. Et tout ce que nous pourrons dire ça ne sera que des discours inutiles et creux.

Évangéliser est plus large que baptiser

Paul disait : « Dieu ne m’a pas choisi pour baptiser mais pour évangéliser » (1° Cor). Qu’est-ce que cela veut dire ? Baptiser quelqu’un, c’est lui donner le sacrement qui le fait entrer dans l’Eglise. C’est quand il demande à devenir chrétien. Evangéliser quelqu’un, c’est lui permettre de vivre dans l’esprit de l’Evangile, quelle que soit sa religion. Un non chrétien qui met en pratique les valeurs de l’Evangile et écoute la voix de Dieu dans son coeur, il est déjà évangélisé. Il est déjà dans le Royaume de Dieu. Jésus disait:" Celui qui fait la vérité, il vient à la lumière". Et Jésus disait au :"Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu" En effet, qu’est-ce que l’évangélisation : c’est rendre présent et faire grandir le Royaume de Dieu parmi nous

Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ?

Les participants ont longuement échangé sur cette question. Ils ont rappelé ces paroles de Jésus : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice » (Matthieu 6,33). Le Royaume de Dieu, c’est quand nous changeons notre cœur et que nous commençons une vie nouvelle (Jean 3, 38). Le Royaume de Dieu, c’est quand nous donnons ce que nous avons aux pauvres (Matthieu 19, 21) et surtout quand nous avons un cœur de pauvre (Matthieu 5, 3 ; Jacques 2, 5). Le Royaume de Dieu, comme l’évangélisation, c’est Jésus. Quand Jésus est là, le Royaume de Dieu est là. Et Jésus disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux » (Mat 18,19). Le Royaume de Dieu est là quand il y a l’amitié, l’amour, la communion. Jésus disait : « Celui qui accueille un enfant, c’est moi qu’il accueille » (Mat 18,5; Mat 19,14). Quand nous accueillons un enfant, ou un petit de la société, un pauvre, un exclu, un humilié, Jésus est là, le Royaume de Dieu est là. St Paul expliquait : le Royaume de Dieu est justice, paix et joie (Romains 14, 17). Dans la prière nous disons : « Notre Père, que ton Royaume vienne, que ta volonté soit faite sur la terre ». Le Royaume de Dieu est ouvert à tous. Jésus accepte de guérir le serviteur de l’officier romain, qui était non seulement un païen et un étranger, mais un colonialiste qui faisait souffrir et tuait le peuple. Et Jésus s’écrie : « je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ». Il ajoute « ils viendront de l’est et de l’ouest, et prendront place à table au repas du Royaume » (Mat 15,21-28). Avant de recevoir la communion, c’est justement la prière de ce païen et de cet étranger que nous reprenons : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri"

C’est le Saint Esprit qui nous guide dans notre travail d’évangélisation."Le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience et la bonté" (Galates 5, 22). Le Royaume, c’est quand il y a l’amour. C’est ce que Jésus nous dira à la fin du monde (Matthieu 25, 34-40) : « Venez, vous les bénis de mon père, parce que j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’étais étranger, vous m’avez accueilli ; j’étais nu, vous m’avez habillé (et donc vous m’avez rendu ma dignité) ; j’étais en prison, vous êtes venu me visiter et me libérer ; j’étais malade, et vous m’avez soigné. Entrez dans le Royaume ». C’est cela l’évangélisation ; ce ne sont pas des paroles, mais aimer et aider les pauvres, les étrangers, les malades, les prisonniers, ceux qui pleurent, ceux qui sont rejetés. La Préface de la Fête du Christ-Roi nous explique ce qu’est le Royaume de Dieu: un Royaume d'amour et de vérité, de justice et de paix." Et l' Evangélisation, c'est faire venir le Royaume sur la terre

Après un temps de partage avec les participants, le Père Armel a expliqué la relation entre l’Eglise et le Royaume de Dieu. L’Eglise ne doit pas travailler pour elle-même, elle est au service du Royaume, un Royaume qui est plus grand que l’Eglise. Dans ce Royaume, tous les hommes ont leur place, "les hommes de toutes langues, de toutes cultures, de toutes races", mais aussi de toutes religions. Car Dieu a ouvert son Royaume à tous. C’est pour cela que nous devons aider tous les hommes à vivre selon l’Evangile, même s’ils ne connaissent pas Jésus, du moment qu’ils se laissent conduire par l’Esprit qui parle dans leur cœur et qui les conduit vers le Royaume de Dieu. Voir le document L 54 « Evangélisation et Royaume de Dieu", dans notre site, rubrique « Justice et Paix », à la 2ème page : formation.

Évangélisation et dialogue

  • L’évangélisation ne peut se faire que dans le dialogue. Mais un vrai dialogue, non pas une simple discussion, surtout pas une conversation banale. Ni une conversation agressive, où l’on veut convertir l’autre à ses idées ou à sa religion. Dans le dialogue, nous nous aidons les uns les autres à nous convertir à Dieu. Car tous nous avons besoin de conversion. Conversion veut dire : se tourner. Il s’agit de s’aider et de se soutenir, pour se tourner ensemble vers Dieu. Et non pas vouloir faire changer l’autre de religion. Le dialogue ne peut se faire que dans une rencontre profonde, où chacun offre à l’autre, dans la liberté, le meilleur de lui-même. Mais, en même temps, où chacun cherche à accueillir le meilleur de l’autre, pour nous rejoindre au plus profond de notre cœur.

  • Le dialogue ne peut se faire que dans l’humilité. Car Dieu seul est Vérité. Bien sûr, la Vérité existe : c’est Dieu Lui-même. Mais nous, nous ne voyons qu’une partie de la Vérité. Nous ne la comprenons que très imparfaitement. Bien plus, la Vérité de Dieu nous la recevons des autres. Il s’agit donc de nous éclairer mutuellement, en partageant notre foi, pour mieux comprendre qui est Dieu et ce qu’Il nous demande. Car les croyants des autres religions ont aussi beaucoup de choses à nous apprendre sur Dieu. Et beaucoup de choses à nous apporter.

  • L’évangélisation ne peut se faire que dans le respect de l’autre. Comme Jésus a respecté la Samaritaine. Alors que les Juifs méprisaient les étrangers et abaissaient les femmes. Surtout les femmes comme la Samaritaine « qui avait eu cinq maris. Et l’homme avec qui elle vivait n’était pas son mari » (Jean 4,18). L’évangélisation suppose l’accueil de l’autre, qui est étranger par sa langue et sa religion. Comme Jésus a accueilli les lépreux. Et le seul qui est venu lui dire merci, justement c’était un étranger et un païen, un Samaritain (Luc 17, 11-19).

  • L’évangélisation suppose que l’on admire les gens des autres religions. Comme Jésus a admiré la foi de la Syrienne, en disant «femme ta foi est grande! » (Mat 15,21-28). Nous croyons que Dieu travaille au cœur de tous les croyants. C’est pour cela que la foi de l’autre me pose question, mais aussi me fait grandir. Dans la mesure où, comme Jésus, je suis capable de la découvrir et de l’admirer. Jean-Paul 2 disait en 1981, aux musulmans des Philippines : « Je veux que vous soyez convaincus, que vos frères et sœurs chrétiens ont besoin de vous. Et qu’ils ont besoin de votre amour ». Nous n’évangélisons pas d’abord pour apporter quelque chose aux autres, mais pour recevoir de nos frères leur amour et leur foi. Et ainsi grandir ensemble dans l’amour et la foi. Déjà, le Psaume 86 disait de Jérusalem : « Jérusalem, tu es la ville de Dieu, en qui tout homme est né ». Dieu a créé Jérusalem pour tous les hommes ; tous les hommes sont appelés à entrer dans le Royaume.

C’est bien pour cela que les deux Conseils présents à Rome, le Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux, et la Congrégation pour l’évangélisation des peuples ont rédigé ensemble, il y a une vingtaine d’années un document très important, qui s’appelle justement « Dialogue et annonce ». On ne peut pas annoncer l’Evangile en dehors d'un vrai dialogue. Et nous sommes évangélisés par nos frères, tout autant que nous les évangélisons. D’ailleurs, dès le début de l’Evangile, Jean nous dit (Jean 1, 9) : « Jésus est le Verbe de Dieu ; il est la Lumière qui éclaire tout homme venu dans le monde ». Comme le disait le Concile Vatican II : « tout homme est associé au Mystère pascal par l’Esprit-Saint d’une manière que Dieu connaît » (même si nous, nous ne la connaissons pas ou ne la comprenons pas).

Dans la première prière eucharistique pour la Réconciliation, on affirme « Seigneur, ton Esprit travaille au cœur des hommes et les ennemis enfin se parlent ». C’est cela l’évangélisation, c’est l’Esprit qui travaille dans le cœur des hommes, de tous les hommes. Evangéliser ce n’est donc pas d’abord apporter un message. C’est surtout apprendre aux hommes à reconnaître Dieu présent dans leur vie, la leur et la nôtre. Leur apprendre à écouter la voix de Dieu dans leur cœur. Car l’Esprit Saint parle au cœur de tous les hommes. Et comme dit Jésus, « nous ne savons pas d’où il vient ni d’où il va »(Jean 3,8). Nous ne pouvons donc pas venir évangéliser nos frères avec des théories toutes faites, ou des idées préconçues. Nous nous mettons ensemble à l’écoute de ce que l’Esprit de Dieu dit à chacun de nous dans notre cœur. Nous le partageons. C’est ainsi que nous nous éclairons et que nous nous fortifions pour avancer ensemble. Nous ne cherchons donc pas tellement à dire aux autres, ce qu’ils doivent faire pour répondre à l’appel de Dieu. Nous cherchons plutôt à leur apprendre à écouter Dieu qui parle dans leur cœur. En même temps que nous-mêmes, nous essayons d’apprendre ce que Dieu nous dit à nous aussi, dans notre cœur.

Par conséquent, le vrai témoin de l’Evangile, ce n’est pas nous, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus. En vivant au milieu d’autres croyants, nous constatons dans la joie, qu’ils peuvent être de vrais témoins de Dieu, grâce à l’Esprit Saint. Même s’ils ne sont pas de notre religion. Le témoignage n’est pas seulement pour les disciples du Christ, il est pour tous ceux qui essaient de vivre en se laissant conduire par le Saint Esprit. Souvent, nous avons le cœur et la bouche beaucoup trop remplis de ce que nous voulons enseigner aux autres. Au lieu de rencontrer les personnes, leurs cultures et leurs religions et de les écouter. L’annonce de l’Evangile c'est le partage. Je ne vais pas évangéliser mes frères, mais ensemble nous cherchons à nous mettre à l’écoute de l’Esprit de Dieu, qui va tous nous évangéliser.

Faire toute chose nouvelle

Déjà, Dieu disait par la bouche du Prophète Isaïe: « Je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habitera » (Isaie 65,17; 66,22). Pierre et l'Apocalypse redisent la même chose (2° Pierre 3,13 ; Apoc 21,1) : c’est cela l’évangélisation. Il s’agit donc de créer toute chose nouvelle, comme Jésus nous disait : « Je vous donne un commandement nouveau, aimez-vous les uns les autres » (Jean 13,34). Il nous a fait entrer dans une alliance nouvelle, ouverte à tous les hommes. Son Evangile est une Bonne Nouvelle, qui nous appelle à vivre d’une vie nouvelle, à devenir des hommes et des femmes nouveaux. Cela veut dire aussi qu’il s’agit d’évangéliser les nouveaux secteurs de la vie et du monde. Par exemple les phénomènes de la mondialisation et de la globalisation. Pour que cela se fasse pour le bien de tous, et la libération des pauvres, et non pas leur exploitation et leur marginalisation. Il s’agit d’évangéliser les communications sociales, mais aussi les nouvelles pauvretés, qui apparaissent dans les pays même les plus riches. Il s’agit d’évangéliser nos communautés afin qu’elles deviennent des communautés comme Dieu le veut. Et la première communauté, c’est notre famille. Jean Paul II demandait une nouvelle évangélisation: il s’agit d’évangéliser la ville, d’évangéliser les migrations, avec tous ces Africains et autres habitants du monde qui n’hésitent pas à risquer la mort pour venir habiter en Europe ou aux Etats-Unis. Cela suppose l’information et l’inculturation. Le Père Armel a expliqué tout cela, en reprenant le message final de l’assemblée de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, du 16 au 18 Novembre 2.009.

Claude POULLARD DES PLACES, missionnaire des pauvres

Enfin, pour terminer, le Père Armel a présenté Claude POULLART DES PLACES, fondateur des Spiritains, comme un modèle d’évangélisation. Jésus disait, en commençant son apostolat, son travail de missionnaire, « Les pauvres sont évangélisés » (Lc 4,18). Il disait aux disciples de Jean-Baptiste : « La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Luc 7,22). Et la première des Béatitudes, c’est bien « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux » (Mat 5,3). POULLART DES PLACES est né dans une famille riche. Il était intelligent, il a fait de grandes études. Son père voulait qu'il soit juge, et même président du Parlement de Bretagne. Mais le jour même où il reçoit son diplôme, il décide de laisser tout cela et de devenir prêtre. Claude part à Paris. Au début, il va au grand séminaire, chez les Jésuites, pour recevoir une formation la meilleure possible, avec l’idée de son temps de devenir un prêtre avec un « bénéfice », c'est à dire une bonne place pour bien vivre. Mais Claude sait ouvrir les yeux et écouter ce que Dieu lui dit dans son cœur. Il voit autour de lui des jeunes de familles pauvres qui veulent être prêtres, mais qui n’ont pas les moyens de se payer leurs études au séminaire. Alors il décide non seulement de les aider, de leur faire l’aumône et de les nourrir, mais en plus de devenir pauvre, comme eux et avec eux. Il les forme pour qu’ils se mettent au service des plus pauvres.

C’est ainsi qu’en 1703 est née la Congrégation des Spiritains qui ont commencé la mission de MONGO, il y a 100 ans. Ils sont revenus rouvrir la paroisse en 1996. Et ils continuent à y travailler jusqu’à maintenant. Ce sont les fils de Claude POULLART DES PLACES, qui a fondé une Congrégation de prêtres pour se mettre au service des pauvres et des malades. Et pour être missionnaires et porter l’Evangile partout dans le monde. Cela en vivant ensemble, en communauté, et en partageant tout ce qu’ils ont. Claude POULLART DES PLACES mourra à Paris, durant le terrible hiver de 1709 qui vit mourir plus de 30.000 parisiens. Il mourut le 2 Octobre 1709 d'une pleurésie, étant trop pauvre pour se faire soigner à l’hôpital. Son corps fut déposé dans la fosse commune du cimetière de l’église de St Etienne du Mont, avec les autres pauvres, à l’ombre de la chapelle de la Vierge. A l’exemple et à la suite du Christ pauvre, lui qui s’est fait pauvre pour les hommes, pour tous les sauver.

Nous sommes donc réunis ici à MONGO pas seulement pour fêter le premier centenaire de la fondation de la paroisse, qui compte maintenant 47 communautés, mais pour fêter aussi le 3ème centenaire de la mort de POULLART DES PLACES, l’apôtre des pauvres, le formateur d’évangélisateurs pauvres au milieu des pauvres. La célébration d’aujourd’hui n’est pas la célébration de la fin du premier centenaire de la paroisse ; c’est la célébration du début du deuxième centenaire de la paroisse ; ce ne doit pas être une fin, une conclusion, mais un point de départ pour aller plus loin, sur des routes nouvelles, à la lumière de l’Evangile.


Les spiritains face aux défis de la mission en Afrique

N.B. Ceci n’est pas un texte officiel, mais des simples notes prises au cours d’une rencontre des responsables spiritains d’Afrique et des Iles, à Dakar en août 2011 (UCAI).

1°) La situation actuelle

  1. La société nous impose des façons de faire

  2. L’individualisme

  3. La sécularisation

  4. La fidélité dans la Congrégation du Saint-Esprit

  5. La liberté, beaucoup de dialogue

  6. La formation initiale et continu2) LES DÉFIS DE LA MISSION EN AFRIQUEe

  7. L’affectation missionnaire

Il nous faut regarder comment nous vivons, pour être des spiritains authentiques ; au milieu des difficultés et de ce qui passe dans la monde.

  1. la société nous impose certaines choses. Nous n’avons pas le choix. Nous religieux, nous acceptons souvent les modèles et les façons de vivre de la société, même si c’est avec honte et à notre corps défendant. Pourtant notre identité, c’est la vie religieuse. Le sacerdoce, c’est un service que nous offrons aux hommes, mais ce n’est pas notre identité.

  2. C’est très bon de développer notre personnalité. Cependant nos désirs personnels ne doivent pas passer avant notre vie religieuse. L’individualisme continue d’envahir nos communautés en Afrique. La Vie religieuse est « diocésanisée » (nous devenons des prêtres diocésains). Nous ne vivons plus comme des religieux. En effet, l’individualisme augmente dans la société et il nous influence, alors qu’il va contre notre identité spiritaine. Notre supérieur général a mis l’individualisme en question. Certains confrères veulent faire leurs propres affaires, à leur manière et où ils le veulent. Cela a des conséquences sur la formation. Nous devons être conscients de l’influence de la société sur nous. La nature de notre vie religieuse, c’est d’être communautaire, et non pas individualiste.

  3. Nous ne pouvons pas empêcher non plus la sécularisation. Mais il nous faut voir comment la vivre.

  4. Certains confrères préfèrent donner ce qu’ils ont au diocèse, plutôt qu’à la congrégation. Alors que nous avons nos activités propres qui demandent des moyens. Il nous faut être loyaux envers la Congrégation. Cela demande aussi la loyauté envers nos supérieurs.

  5. Le dialogue est bon. Mais s’il y en a trop, cela n’aide pas. On considère souvent le dialogue, comme un moyen d’imposer sa volonté a2) LES DÉFIS DE LA MISSION EN AFRIQUEux supérieurs. Alors que ce doit être un temps pour comprendre leur point de vue. Ils doivent nous écouter, mais finalement, c’est à eux de prendre la décision. Nous acceptons leur décision au lieu de la refuser et de continuer à vouloir imposer notre point de vue.

  6. La formation est une chose complexe. Pour la formation initiale, souvent il n’y a pas d’accord entre les générations. Souvent, les jeunes disent qu’on ne les comprend pas. Mais les anciens ont aussi de la peine à les comprendre. Cela entraîne des blocages. C’est un défi actuel. Maintenant nous avons des vocations en Afrique. Mais il nous faut être prudents. Comprendre les jeunes, cela ne veut pas dire, accepter tout ce qu’ils proposent.

Souvent on donne plus d’importance à la vie sacerdotale qu’à la vie religieuse missionnaire. Ce devrait être le contraire. Certains ne vivent en religieux que quand ils le veulent.

La formation des formateurs est donc très importante. Comment l’assurer ? En ce moment, nous mettons en place de nombreuses maisons de formation, mais cela demande des formateurs formés. Est-ce que nous n’avons pas trop multiplié nos maisons de formations ? Pour prendre l’exemple des jésuites : Ils sont 28.000 membres, mais ils n’ont que 2 maisons de formation en Afrique. Ne vaudrait-il pas mieux pour nous d’avoir seulement une maison de formation par région ? Si la formation n’est pas bonne, il y aura obligatoirement des conséquences.

2) Les défis de la mission en Afrique

  1. Relations et dialogue islamo-chrétien

  2. La Mondialisation

  1. le marché érigé en système, les conditions de vie défavorables des populations, les prix, les barrières douanières, l’inondation du marché avec les produits étrangers au premier rang desquels ceux qui viennent de la Chine.

  2. les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), l’imprimerie, le réseau de communication à la fois cher et précaire.

  3. les institutions internationales : le FMI, la Banque Mondiale, prêts et emprunts des bailleurs de fonds.

  4. l’extrême pauvreté. Mahatma Gandhi disait : « La pauvreté est la pire forme de violence ».
    Cette pauvreté vient avec l’analphabétisme, les problèmes de santé, l’augmentation de la mortalité maternelle et infantile.

  5. Les conflits : les problèmes interreligieux, les conflits intercommunautaires : des millions de victimes (enfants, femmes, etc.), les conflits tribaux et ethniques, les conflits de pouvoir, les problèmes de terre, de culture (la tradition contre la modernité occidentale).

  6. les réfugiés : des millions d’hommes sont obligés de quitter leur famille, causant une crise humanitaire majeure dans la région.

  7. la politique : la mal gouvernance, les systèmes multipartites qui conduisent à la polarisation.

  8. les injustices : une violation flagrante et systématique des droits humains – violence faite aux femmes et aux enfants.

  9. la corruption et le manque de gestion responsable, le manque de transparence en Afrique, le refus de rendre compte ont fait que, cette dernière décennie, la corruption se généralise.

  10. le manque d’expertise : la formation ne prépare pas à affronter les problèmes modernes.

  11. le manque de personnel s’accentue davantage.

  12. l’intégration dans les formes de vie diocésaines : un espace inadéquat et incapable d’offrir des opportunités, les politiques strictes, la marginalisation.

Comment accélérer ou faire passer à un stade supérieur la solidarité et les échanges entre les circonscriptions spiritaines d’Afrique ?

  • établir des systèmes de communication effective : les NTIC pourraient être d’un grand apport dans ce sens, la création d’un site internet.

  • un réseau propre de communication entre les circonscriptions : rencontres régulières, échanges d’idées et de programmes communs à adapter.

  • la formation du personnel à tous les niveaux : universités spiritaines d’Afrique, au Ghana et Nigeria par exemple.

  • Créer un fonds spécial pour financer les programmes, les réunions et les formations.

  • la collaboration avec d’autres organisations religieuses, ONG et institutions internationales.

  • Comment aider les circonscriptions en grande difficulté ?

  • la formation d’un conseil pour les spiritains en Afrique afin d’étudier/analyser les problèmes et suggérer des solutions appropriées,

D’après P. Peter Laast – supérieur du Ghana


Rencontre des spiritains d'Afrique

Les responsables spiritains des différents pays d’Afrique et des Iles africaines (U.C.A.I. : Union des Circonscriptions d’Afrique et des Iles) se sont réunis à DAKAR, du 15 au 21 Août 2011. En fait, sur les 40 participants prévus, seulement 22 ont pu venir, certains étant empêchés pour des raisons financières car les billets d’avion coûtent très cher, d’autres pour des problèmes de visas. Ce problème se pose d’ailleurs de plus en plus souvent et est une cause de grande difficulté, malgré tout ce qu’on peut dire et écrire sur l’Union Africaine. Moi-même je n’ai pas pu avoir de visa pour participer à la rencontre spiritaine de Justice et Paix, en ANGOLA, le mois dernier, alors que j’avais déjà acheté mon billet.

Cette fois-ci, comme j’étais sur place, j’ai eu la chance de participer à cette rencontre, en tant que secrétaire traducteur. Cela a été un énorme travail, car il fallait traduire les interventions faites en anglais (les plus nombreuses) ce qui reflète la situation de l’Afrique actuelle et l’importance de plus en plus grande de l’anglais dans le monde. Ensuite il a fallu résumer les documents puis les saisir pour préparer une déclaration finale. Je vous enverrai sans doute par la suite l’un ou l’autre extrait de ces documents pour vous donner une idée de notre travail. Aujourd’hui, je voudrais simplement vous donner quelques nouvelles.

Nous nous sommes d’abord tous rassemblés pour célébrer la fête du 15 Août dans la paroisse de Pikine, en banlieue de Dakar, tenue depuis le début par les spiritains, dans une très belle église en forme de grand bateau, la paroisse se trouvant dans la presqu’île, au bord de la mer. C’est la paroisse où je suis appelé à travailler maintenant. Après la procession dans le quartier, chaque responsable a présenté son pays, en le montrant sur une grande carte de l’Afrique et en y posant une bougie allumée, signe de l’évangélisation. Le secrétaire de l’UCAI, Florentine, un Tanzanien, a été tout spécialement accueilli puisqu’il a été curé de cette paroisse pendant de nombreuses années. Après une Eucharistie très joyeuse avec beaucoup de chants, la fête s’est prolongée par un repas, offert par la paroisse, au cours duquel un certain nombre de personnes ont pu s’exprimer.

L’après-midi a été consacrée à une visite des quartiers populaires de la banlieue pour que les participants membres de l’UCAI puissent avoir une première idée des conditions de vie dans la banlieue de Dakar, avec ses différents problèmes mais aussi ses réalisations. Il était important de voir les réalités avant de se lancer dans la réflexion et les échanges.

Du mardi 16 au vendredi 19, nous avons eu quatre jours de travail très intensif, au Cap des Biches, à la sortie de Dakar. Nous avons été très bien accueillis et pris en charge avec beaucoup d’amitié par les membres du Foyer de Charité, ce qui nous a permis de travailler dans de très bonnes conditions, malgré la chaleur et la pluie de ce temps de l’hivernage.

Le but de cette rencontre était essentiellement de présenter le travail missionnaire accompli dans chaque pays. Sur 22 responsables participants, 20 sont africains, ce qui est bien normal puisque nous travaillons en Afrique mais ce qui montre aussi l’évolution de notre Congrégation missionnaire. Actuellement, nous sommes 2.833 spiritains, dont 1.373 africains (il reste, environ, 800 européens) ; et sur les 537 étudiants, 498 sont africains. L’avenir est donc en Afrique et à partir de l’Afrique, car nos confrères africains travaillent maintenant dans le monde entier, et en particulier en Europe. A partir de là, il s’agissait de faire le point des activités menées, des problèmes rencontrés, des solutions apportées, et de chercher ensemble des orientations pour les deux années qui viennent, jusqu’à la prochaine rencontre prévue au Cameroun.

Le Cardinal Théodor Adrien SARR est venu nous rencontrer et nous dire comment il voyait la mise en œuvre du 2ème Synode pour l’Afrique, dont le thème était « Réconciliation, Justice et Paix ». Nous avons eu un temps de réflexion spécial sur les questions de justice, de paix et d’intégrité de la Création (respect de l’environnement) avec notre responsable, Gervase Taratara. Nous avons ensuite réfléchi successivement aux défis qui se posent à nous en tant que missionnaires, à la formation aussi bien de nos jeunes confrères avec les changements qui sont nécessaires suite à l’évolution actuelle du continent et à la formation continue pour les confrères déjà sur le terrain, avec la mise en place de trois Centres en Afrique pour cela. Ensuite, ont suivi des réflexions sur les finances, car elles sont nécessaires, et nous avons d’énormes problèmes dans ce domaine ; et pourtant malgré nos maigres moyens, il s’agit bien sûr de nous prendre en charge de plus en plus, sans toujours compter sur l’aide extérieure. Nous avons revu l’organisation de nos circonscriptions et la marche de l’Union, comment aider les circonscriptions en difficulté et comment devenir plus international, avec en particulier les échanges de personnel. Nous avons parlé également de nos dernières implantations au Libéria et au sud-Soudan, à celles qui sont prévues au Togo et en Côte d’Ivoire, sans oublier l’Inde et d’autres pays extérieurs.

Le premier assistant de notre Supérieur général était avec nous ; il nous a présenté les questions et les orientations du Conseil Général, et la préparation du prochain Chapitre général qui regroupera des délégués spiritains du monde entier, l’année prochaine, à BAGAMOYO en Tanzanie. Il ne restait plus alors qu’à lire, corriger et approuver la longue déclaration finale qui regroupait tout cela. Ce qui a demandé de longues réflexions, discussions et mises au point pour y arriver, mais ce sera une base importante pour nous, pour le travail des années qui viennent.

L’ambiance était très bonne et très amicale, car malgré la gravité des problèmes rencontrés et parfois des différences d’opinions, c’est toujours une grande joie de nous retrouver et de partager avec des confrères travaillant dans de nombreux pays différents et venant de cultures différentes. C’est un grand enrichissement et un grand soutien, en même temps qu’un grand espoir pour l’avenir. Et ces rencontres fraternelles, avec tous les échanges et réflexions qu’elles ont permis, sont sans doute aussi importantes que le travail de réflexion accompli.

Le samedi a été consacré à une découverte de l’Eglise du SENEGAL, avec en particulier une visite au cimetière de N’Gazobil où sont enterrés les premiers missionnaires spiritains au Sénégal, au 19ème siècle. Comme toujours, la lecture des plaques des tombes est très émouvante ; elles nous montrent que la plupart ont décédé au bout de quelques années, ou même seulement de quelques mois de travail, et âgés entre 25 et 30 ans. Le dimanche 21, nous avons clôturé tout cela par une grand’messe à la Cathédrale de Dakar, présidée par le Nonce, suivie d’une visite de l’Ile de Gorée, d’où sont partis de très nombreux esclaves pour l’Amérique du Nord et du Sud. Ceci pour ne pas oublier l’Histoire tragique de l’Afrique ni les grandes souffrances qui se prolongent, encore jusqu’à maintenant.

Pour moi, je vais continuer à travailler mes documents sur les Droits Humains en complément des fiches sur la Doctrine sociale de l’Eglise que je viens de vous envoyer, et je vais préparer mon insertion à Pikine.


Nguéniène : Fraternité Spiritaine Ste Marie Madeleine

Par Aloys Faye responsable.

NB : Les fraternités spiritaines, Ce sont des équipes de spiritualité missionnaire de laïcs qui travaillent et sont amis avec les spiritains. Pour vivre l'Evangile et être missionnaires à l'écoute du Saint Esprit, dans l’esprit de Claude Poullart des Places et François Libermann, nos fondateurs. Voir les 2 autres documents.

« Je faisais partie de la Fraternité Spiritaine de Nguéniène depuis le début en novembre 2010. Un jour Sœur Madeleine m’a dit : ‘Est-ce qu’on ne peut pas faire un groupe en sérère, il y a des personnes qui ne s’expriment pas bien en français et qui sont intéressées par la fraternité ?’. J’ai dit : ‘Oui, je suis d’accord’. Nous en avons parlé avec les gens, ils ont dit qu’ils attendaient cette fraternité.

On a commencé le dimanche 15 janvier 2012 de 15h30 à 17 heures. Nous étions six membres, plus la Sœur Madeleine. Je leur ai expliqué qui étaient Eugénie Caps et François Libermann, avec une même spiritualité et je leur ai demandé ce qu’eux-mêmes attendaient de cette Fraternité. Ils disaient que c’est très bon pour augmenter la foi, mieux comprendre la Parole de Dieu, pour mieux se connaître entre eux, parler de leurs problèmes les uns des autres. Par exemple : la femme qui désire le baptême et ne peut pas le recevoir parce que son mari a deux femmes, pourtant c’est elle la première. Cela nous permet de nous porter les uns les autres dans la prière. La spiritualité spiritaine les a intéressés.

Nous avons fixé nos rencontres au 2ème dimanche de chaque mois de 16h. à 17h30. Nous lisons la lettre mensuelle en sérère et nous partageons aussi en sérère, avec un résumé en français.

De nouveaux membres sont venus avec les mêmes besoins et attentes. Nous sommes maintenant au nombre de treize, dont deux appartiennent à d’autres villages.

Notre Fraternité a été baptisée en ce dimanche 15 avril 2012, 2ème dimanche de Pâques, sous le nom de Ste Marie Madeleine. Elle qui fut la 1ère messagère de Jésus le jour de sa résurrection nous inspire à être nous aussi des messagères et messagers de la Bonne Nouvelle.

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Aloys Faye, Cécile Dieng, Marie Madeleine Tene Sène, Monique Dione , Alphonse Faye, Khady Loum, Marie Jeanne Diouf, Marie Hélène Yatt, Marie Louise Kane, Edouard Loum, Agnès Yatt, Tening Sarr, Marie Thérèse Ndiaye, Marcel Sarr


Claude François Poullart des Places

Réflexions sur les vérités de la religion par une âme qui pense à se convertir

Introduction

Claude-François Poullart des Places avait 22 ans lorsqu’il écrivit ces pages. Il s’agit de réflexions écrites au jour le jour au cours d’une retraite. Cette retraite fut un tournant décisif dans la vie de Poullart. Ce fut à cette occasion qu’il se décida à quitter l’avenir brillant promis par son père pour se consacrer toute sa vie au service de Dieu.

Je donne ici les extraits par lesquels je voudrai essayer de mettre en lumière quelle foi en Dieu animait alors Poullart pour l’acheminer à la conversion et à un changement de vie.

Je souhaiterai faire un sacrifice entier à Dieu dans le travail des missions trop heureux si, après avoir embrasé tout le monde de l’amour de Dieu, j’avais pu donner jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour celui dont les bienfaits m’étaient toujours présents …

Je dois reconnaître, dans ce louable dessein, la grâce qui m’a éclairé au milieu de mes aveuglements… N’ai-je pas déjà tant refusé de ses grâces, auxquelles je n’ai point voulu ouvrir la porte de mon cœur, et le Seigneur n’a-t-il pas fait pour moi plus qu’il ne devait, puisque je ne pouvais rien exiger de lui, et qu’il m’a pourtant secouru souvent dans le danger, comme s’il n’y avait été obligé ? …

Je me trouve heureusement du nombre de ces enfants chéris à qui mon Père et mon Créateur présent si souvent des moyens faciles et admirables de me réconcilier avec lui …

Recherches d’un Dieu… poursuites admirables…

Qu’il m’en souvient à mon grand regret, de ces moments où, près de tomber dans le précipice j’y trouvais la main de Dieu qui m’arrêtait, qui s’opposait à ma chute, et que je ne laissais pas que de forcer ! Combien de fois ai-je trouvé la grâce comme un mur d’airain qui me servait d’obstacle et qui brisait jusqu’à des mille fois de suite mes efforts criminels et les démarches déréglées ! Les choses les plus aisées aux autres pour offenser le Seigneur me devenaient à moi plus difficiles….

Vous me cherchiez mon Dieu, et je vous fuyais… Je voulais me brouiller avec vous, et vous ne vouliez pas y consentir… Que vous êtes aimable, mon divin Sauveur ! Vous ne voulez point ma mort, vous ne voulez que ma conversion (cf. Ez 33,11) …

Il n’appartient qu’à vous ô mon Dieu de manier le cœur de l’homme. En reconnaissant votre puissance, que je reconnais efficacement votre amour ! Vous m’aimez, mon divin Sauveur, et vous m’en donnez des marques bien sensibles. Je sais que votre tendresse est infinie, puisqu’elle n’est pas épuisée par les ingratitudes innombrables que je vous ai fait paraître tant de fois… Si votre voix fait quelque fois impression sur mon esprit, le monde, un moment après, efface les caractères de votre grâce. Combien y a-t-il d’années que vous travaillez à rétablir ce que mes passions détruisent continuellement ! …

… à présent que je viens vous cherchez, que je suis près de suivre tous les saints ordres de votre divine Providence, descendez dans le cœur où il y a si longtemps que vous voulez entrer : il n’aura plus des oreilles que pour vous, et ne formera désormais d’autres affections que pour vous aimer comme il doit. Vous y trouverez une place qui ne sera point souillée d’aucune passion, et là, entouré des vertus, que votre loi me commande de pratiquer, vous pourrez me faire connaître votre sainte volonté …

Pour me mettre dans un état plus propre d’écouter vos sages conseils… Il faut que je change de nature pour ainsi dire, que je me dépouille du vieil Adam, pour me revêtir de Jésus-Christ (cf. Ga 3,27 ; Ep 4,22-24 ; Col 3,9-10)… Vous voulez, mon Dieu, que je sois un homme, mais vous voulez que je le sois selon votre cœur. …

J’ai besoin de votre secours pour e défendre du tentateur… C’est votre affaire, mon Dieu, de combattre pour moi. Je me confie entièrement à vous parce que je sais que vous prenez toujours le parti de ceux qui espèrent en vous, et qu’on a rien à craindre quand on fait ce qu’on peut et que vous nous conservez …

Prévenez le moment où je serai assez malheureux que de vous oublier, et puisque le péché vous est si désagréable, changez ma faiblesse en courage, et s’il faut qu’un faible roseau comme moi soit exposé à le fureur des vents et des plus fortes tempêtes, ceignez-moi de votre miséricorde et couvrez mon infirmité de la robe de justice (cf. Is 61,10) …

L’exemple de votre justice dans le châtiment des mauvais anges m’effraie et augmente mon amour tout à la fois. Je regarde en tremblant la vigueur avec laquelle vous vous êtes vengés de leur offense, et je regarde en excitant ma reconnaissance la patience avec laquelle vous avez souffert toues les crimes… Pourrai-je, moi, nombrer combien j’ai failli ? Leur péché n’a été qu’une faiblesse, les miens ont été des réflexions formées de vous offenser. Le leur n’a été qu’une pensée, les miens ont été des pensées et des actions. Ils ont bien moins péché que moi, et j’ai été plus épargné qu’eux. S’ils avaient eu un moment pour se reconnaître, ils en auraient profité. Combien d’occasions le Seigneur m’a-t-il offert dont je n’ai point voulu me servir ? Cette comparaison des péchés des hommes avec le péché des anges est probablement inspirée par les Exercices Spirituels de saint Ignace, 1ère semaine, 1er Exercice, 1er point …

Je suis étonné de sa miséricorde à mon égard par la connaissance que j’ai de sa justice. Il n’y a pas de comparaison entre l’injure que je fais à Dieu et entre celle que le plus grand de tous les rois de la terre aurait reçue du dernier de tous les coquins. Le langage de Claude Poullart se ressent inévitablement du climat et de le mentalité de la société dans laquelle il vit – distinction très tranchée entre les classes sociales, condition inférieure et méprisée de la paysannerie en face de la noblesse, etc. Ceci ne fait que souligner l’importance de la conversion qu’il va faire et qui l’amènera précisément à consacrer sa vie aux plus humbles et aux plus méprisés

… vous êtes le Père des miséricordes, vous recevez dans le sein d’Abraham les brebis qui cherchent leur pasteur qu’elles avaient perdu. Vous êtes la vigne et je suis un sarment que vous voudrez bien réunir à la souche pour le faire vivre de la même vie que le pied. Mes feuilles et mes fruits ne seront plus différents des vôtres ; je ne produirai plus de petites branches que vous ne connaissiez, pourvu, Seigneur, que vous me communiquiez votre grâce qui est l’aliment et la substance qui me fera porter les fleurs que vous aimez …

Je veux me rendre digne, mon Sauveur, de votre amour, à quelque prix que se puisse être …

Seigneur, je veux vous promettre de ne plus vous offenser. Vous connaissez mon intention, et vous êtes le vrai Dieu qui découvrez dans les plis et les replis du cœur ce qui y est le plus secrètement caché (Ps 7,10) …

Je n’ai point assez de présomption pour me fier à mon courage. Je suis homme et par conséquent je suis faible et je puis oublier au moment que je croirai veiller avec plus de précaution sur moi. Je déteste, Seigneur, par avance ces péchés, et je suis assez malheureux que d’être surpris, que la chute, ô mon Dieu, soit, au plus, imprévue et sans réflexion. Que j’en tire des sujets d’une humiliation profonde. Que le mal puisse me servir pour le bien, mais qu’il ne soit pas aussi un attrait pour m’arrêter dans le vice, et que le premier péché ne soit pas une amorce engageante pour m’entraîner dans le second …

Si je tombais dans ce désordre que vous retireriez vos grâces et je ne pourrai plus me relever (+ par la seule habitude de pécher, cela est devenu une nécessité). Bientôt, mon divin Sauveur, j’oublierai les promesses que je vous fais de ne vivre que pour vous. Je cesserais de vous aimer, parce que je cesserais de vous avoir avec moi. Je ne ressentirais plus de joie intérieure ni de repos de conscience ; mais j’aimerais mes inquiétudes, je baiserais mes chaînes, et toutes pesantes qu’elles fussent, je m’imaginerais qu’elles seraient légères et agréables pour n’abandonner pas mon crime et pour trouver plus de plaisir dans mon désordre (+ par l’habitude tout péché perd de son importance…+ on ne souffre pas de ce à quoi on est habitué…+ l’habitude enchaîne) …

Conservez-moi ô mon Dieu, la salutaire appréhension que j’ai de tomber jamais dans un aussi grand malheur… Quoi, mon Sauveur, vous offenser avec réflexion, commettre le crime gravement, n’en ressentir aucune douleur, ne point craindre de vous déplaire, attendre avec tranquillité vos jugements, vous irriter chaque jour de nouveau, chaque heure, chaque moment, être toujours devant vous et n’y être jamais que comme votre ennemi, commettre en votre présence le péché qui vous déplaît si fort et vivre malgré cela comme si vous n’y étiez point, qu’il n’y ait ni justice divine, ni punitions, ni enfer ! J’en frémis d’horreur ô mon Dieu. Soutenez-moi toujours dans la vertu pour que je bénisse votre saint nom à jamais. Si votre grâce m’abandonnait jusqu’à là, quelle gloire tireriez-vous de moi ? A la vérité, vous contenteriez votre vengeance, vous feriez tomber sur moi les carreaux [flèche d’arbalète – foudre, tonnerre] de votre colère et les foudres de votre indignation. Mais vous qui êtes le Dieu de douceur, l’agneau innocent et le pasteur aimable, qui voulez guérir l’âme et qui aimez sa santé, ne seriez-vous pas plus content que je sois l’objet de votre amour et de votre miséricorde ? Vous aurez le plaisir de ma fidélité, ma constance et mon courage à vous servir comme je dois (+ je veux triompher de mes ennemis. Je crie vers toi) …

Ne permettez jamais que je devienne aveugle, éclairez-moi de la même lumière dont vous avez éclairé un Augustin, un Paul, une Madeleine et tant d’autres saints personnages… Je vous ferai connaître à des cœurs qui ne vous connaissaient plus, et concevant moi-même le désordre des âmes qui sont dans la mauvaise habitude, je persuaderai, je convaincrai, je forcerai à changer de vie ; et vous serez loué éternellement par des bouches qui vous auraient éternellement maudit …

Votre grâce, mon Dieu, a des fonds inépuisables. Il ne faut que demander de tout son cœur et faire tout son possible, pour mériter que vous répandiez sur nos têtes les huiles sacrées, qui nous conservent dans le bien. Et comme vous avez donné tout ce qui est nécessaire, de votre côté, quand vous avez fait descendre votre grâce sur le pécheur, il ne faut plus que son consentement pour se servir des moyens salutaires que votre miséricorde lui a accordés. Il faut qu’il fasse pénitence, et qu’il use de l’austérité, qu’il mette la hache dans le bois et qu’il coupe les branches et le pied principal de l’arbre. Mais comme la souche qui reste encore peut produire de nouveaux rejetons dangereux, il faut qu’il ne demeure point tranquille qu’il n’ait renversé toute la terre pour arracher jusqu’aux moindres racines. Il lui ne coûtera de la peine, mais ne le mérite-t-il pas et peut-il lui ne coûter trop pour éviter des supplices éternels ? …

Un cœur, particulièrement qui s’est habitué à satisfaire ses passions, qui n’a jamais su en attacher une seule à la croix du Seigneur, qui a suivi en tout, au préjudice de la loi de son Dieu, ses appétits et ses convoitises : qu’un cœur pareil difficilement abandonne son vice pour embrasser la vertu ! Il est comme cet arbre que la violence des vents a fait pencher d’un côté : quand il tombe, c’est toujours du côté de sa pente. Rarement, presque jamais, il ne se redresse pour retomber de l’autre côté. Voilà l’image d’un homme qui a pris goût dans le péché et qui s’est formé une habitude ….

Pourquoi me souiller le cœur des choses de ce monde, puisqu’il faudra les abandonner ? Je m’attache à des biens terrestres et périssables qui s’attacheraient en vain à moi, puisqu’ils passent comme moi. Je ne suis rempli que des idées de la vie, et je serai bientôt obligé de tout quitter. Je ne dois vivre que pour mourir, et je ne dois bien vivre que pour bien mourir. L’éternité bienheureuse dépend de ma mort, comme ma mort dépend de ma vie. En quel état ai-je envie de mourir ? Dans le même état dans lequel je vis. Telle vie, telle fin. C’est à moi à prendre là-dessus mes mesures comme il me plaira. Il dépend de moi de mourir dans la grâce ou de n’y pas mourir, parce qu’il dépend de moi, avec le secours du ciel, de vivre saintement ou de vivre sans piété. Que je suis heureux de pouvoir décider de ma mort. Je veux mourir de la mort des justes ; par conséquent il faut que je mène une vie toute sainte et purement chrétienne (+ que je meure moi-même de la mort des justes / Nb 23,10) …

Je ne puis mieux me préparer à une bonne mort qu’en ne tombant plus dans le péché. J'espère que l’idée que j’aurai toujours désormais devant les yeux, qu’il faut mourir, me retiendra dans la vertu. Mais si j’étais assez malheureux pour qu’une vérité si terrible ne fût pas capable d’arrêter mes passions (il est vrai que la fréquentation du monde étouffe les meilleurs sentiments), il faut que je me souvienne encore que je n’en serai pas quitte, seulement pour mourir, mais qu’il faudra encore, outre cela, être jugé du Dieu vivant qui punit aussi vigoureusement les crimes qu’il récompense libéralement les vertus …

Il faut donc que je me souvienne que je suis toujours en votre présence, en quel qu’endroit du monde que ce puisse être, que vous me voyez, et que je ne puis vous offenser sans que vous ne soyez le témoin de mon infidélité. Quand je n’oublierai point que vous êtes partout, dans mes pensées, dans mes paroles, dans mon cœur, aussi bien que dans ma chambre, dans la rue ou tous les autres lieux, je serai toujours dans le respect et la soumission, je ne penserai point, je ne parlerai point, je ne désirerai point, ni n’agirai, qu’après vous avoir consulté et après avoir examiné s’il n’y a point de mal dans mes démarches, je ne manquerai point de lever mon cœur à vous pour vous les offrir, et par conséquent, je ne ferai plus rien qui puisse être contraire à votre gloire et qui ne soit infructueux pour mon salut …

Si je conserve, mon Dieu, toutes ces bonnes résolutions, ce ne serai qu’à votre sainte grâce à qui je serai redevable de la piété. Mais quelle pourra être ma reconnaissance pour une si grande faveur ? J’ai quelque chose de bien précieux que je suis assez heureux pour pouvoir vous offrir tous les jours… ce sera, mon Dieu, le sacrifice de la messe, qui est d’un mérite infini auprès de votre divine majesté. Je ne manquerai donc de ma vie d’assister à cet auguste mystère où Jésus Christ lui-même, en corps et âme, nous est présenté par les mains du prêtre… je suis ravi de savoir que vous ne pouviez rien refuser par les mérites du Précieux Sang de mon Sauveur. Je vous contraindrai mon Dieu, en vous offrant cette victime sans tache, à me redonner toutes les grâces dont j’ai besoin pour devenir un véritable saint et ne transgresser point votre loi qui ne m’oblige pas seulement à fuir le mal, mais à faire le bien …

Que rien au monde ne soit capable de m’éloigner de la vertu. Perdons respect humain, complaisance, faiblesse, amour propre, vanité, perdons tout ce que nous avons de mauvais et ne gardons que ce qui peut être bon. Qu’on dise tout ce qu’on voudra, qu’on m’approuve, qu’on s’en moque, qu’on me traite de visionnaire, d’hypocrite ou d’homme de bien, tout cela me doit être désormais indifférent. Je cherche mon Dieu. Il m’a donné la vie pour le servir fidèlement. Je dois bientôt aller lui rendre compte du temps que j’ai eu ici pour faire mon salut. Le monde ne me récompensera pas de l’attachement que j’aurais pour lui. Je serais seulement bien en peine s’il fallait y trouver un véritable ami qui m’aimât sans intérêt. Si je lui puis plaire, je suis trop heureux ; si je lui déplais, je suis le plus misérable homme du monde. J’ai tout gagné si je vis dans la grâce ; j’ai tout perdu si je la perds …

Conservez-moi, mon Dieu, de si saintes résolutions, et me donnez, s’il vous plaît la grâce de la persévérance finale.

Rien ne sera difficile si vous voulez bien me secourir et que je m’abandonne entièrement à vous. Je dois avoir de la défiance de moi-même et espérer tout de votre miséricorde… Que votre grâce, mon divin aître, m’éclaire dans toutes mes démarches, et que je la puisse mériter par un attachement inviolable et perpétuel pour tout ce qui peut vous plaire.


Vénérable François Marie Paul Libermann

« De la bouche de Libermann lui-même »
Récit de sa conversion au catholicisme
Recueilli par M. Gamon, en 1850

J’étais âgé d’environ vingt ans quand il plut à Dieu de commencer l’œuvre de ma conversion.

Mon Père, qui était un rabbin distingué, m’avait fait étudier jusqu’alors auprès de lui, la science talmudique. Il était content de mes progrès et se complaisait dans la pensée qu’il me laisserait un jour l’héritier de sa fonction, de sa science et de la considération dont il jouissait auprès de ses coreligionnaires. Vers le temps dont je parle, il se décida de m’envoyer à Metz, afin que j’y achevasse mes études. En agissant ainsi, il se proposait bien moins de me faire acquérir une science que je pouvais tout aussi sûrement trouver auprès de lui, que de me donner une occasion de faire connaître mon savoir, mes talents, et de me rendre recommandable parmi les rabbins, qui viennent en grand nombre se former dans cette ville. Il me donna des lettres pour deux professeurs de l’Ecole israélite, dont l’un avait été son élève et l’autre était son ami.

Là commence à se rendre sensible pour moi, l’action miséricordieuse de la Providence. Dieu, qui voulait me tirer de l’erreur dans laquelle j’étais plongé, y disposa mon cœur en me faisant éprouver des ennuis et des rebuts auxquels j’étais loin de m’attendre.

Celui des deux rabbins qui avait été l’élève de mon père et que, dans ma faille, on avait toujours traité comme un enfant de la maison, me reçut avec une hauteur et une morgue qui me blessèrent profondément et me firent, dès les premiers jours, renoncer à le voir.

L’autre, vieillard respectable, me porta d’abord de l’intérêt, mais cela ne dura pas. Je voulais l’instruire, et pour cela, je me mis a étudier le français et même le latin. Il n’en fallait pas tant pour me faire perdre les bonnes grâces de mon protecteur. Les anciens rabbins avaient, par esprit de fanatisme, une telle horreur pour toute langue différente de l’hébraïque et en craignaient tellement l’influence que mon père, en particulier, ne savait ni écrie ni en allemand ni en français. Mon nouveau maître était de la même école : aussi grande fut sa colère quand il s’aperçut que je ne marchais pas dans la même voie. Cependant, il ne m’en fit pas d’abord des reproches ouverts, mais il se montra à mon égard plein de dureté et de préventions ; il me rudoyait sans cesse, et n’avait jamais à m’adresser que des paroles assaisonnées de mauvaise humeur. Il est vrai qe je négligeais beaucoup l’étude tu Talmud, et que je n’en étudiais quelque chose que pour m’épargner de plus amers reproches et échapper à l’humiliation qu’une ignorance complète m’aurait attirée.

Dans une semblable position, je ne pouvais que m’ennuyer beaucoup. Je tombais bientôt dans une tristesse profonde. C’est l’état qui dispose le plus un cour dévoyé à se tourner vers le Seigneur et à s’ouvrir aux influences de la grâce. Jusque-là, j’avais vécu dans le judaïsme de bonne foi et sans soupçonner l’erreur ; mais dans ce temps, je tombais dans une sorte d’indifférence religieuse qui, en quelque mois, fit place à une absence complète de foi. Je lisais cependant la Bible, mais avec défiance ; ses miracles me rebutaient et je ne les croyais plus.

Cependant, mon frère aîné venait de passer au christianisme. J’attribuai d’abord sa démarche à des motifs naturels. Je pensais qu’il était où j’en étais moi-même, relativement au judaïsme : mais je le blâmais d’avoir, par son abjuration, donné du chagrin à mes parents. Néanmoins je ne me brouillai pas avec lui. Nous liâmes même, en ce temps, une correspondance. Je la commençai par une lettre dans laquelle je lui faisais quelques reproches sur sa démarche et je lui exposais mes pensées sur les miracles de la Bible. Je lui disais entre autres choses que la conduite de Dieu serait inexplicable si ces miracles étaient vrais ; qu’on ne comprendrait pas que Dieu en eût autant opéré pour nos pères idolâtres et prévaricateurs, tandis qu’il n’en faisait plus pour leurs enfants qui le servaient depuis si longtemps avec une si parfaite fidélité. Je concluais à rejeter ces anciens miracles comme une invention de l’imagination et de la crédulité de nos pères.

Mon frère me répondit qu’il croyait fermement les miracles de la Bible ; que Dieu n’en faisait plus aujourd’hui, parce qu’ils n’étaient plus aussi nécessaires, que le Messie étant venu, Dieu n’avait plus besoin de disposer son peuple à le recevoir, que tous les prodiges de l’ancien testament n’avaient eu d’autre fin que de préparer ce grand événement.

Cette lettre me fit quelque impression. Je me disais que mon frère avait bien, dans son temps, fait les mêmes études que moi. Cependant, je persistais à attribuer sa conversion à des motifs humains, et l’effet produit par sa lettre fut bientôt détruit. D’ailleurs, le doute qui s’était emparé de mon esprit était trop profond pour céder à un ébranlement aussi faible. La bonté de Dieu m’en préparait d’autres.

Un de mes condisciples me montra en ce temps un livre hébraïque non ponctué, qu’il ne pouvait pas lire, parce qu’il débutait dans l’étude de l’hébreu. Je le parcourus avidement. C’était l’évangile traduit en hébreu. Je fus très frappé de cette lecture. Cependant, là encore, les miracles si nombreux qu’opérait Jésus-Christ me rebutèrent.

Je me mis à lire L’Emile de Rousseau. Qui croirait que cet ouvrage, si propre à ébranler la foi d’un croyant, fut un des moyens dont Dieu se servit pour m’amener à la vraie religion. C’est dans la confession du vicaire savoyard que se trouve le passage qui me frappa. Là, Rousseau expose les raisons pour ou contre la divinité de Jésus-Christ et il conclut par ces mots : « Je n’ai pas été à même jusqu’ici de savoir ce que répondrait à cela un rabbin d’Amsterdam. » A cette interpellation, je ne pus m’empêcher d’avouer intérieurement que je ne voyais pas ce qu’il y aurait à répondre. Telles étaient mes dispositions à cette époque et toutefois l’œuvre de ma conversion ne faisait pas de grands progrès.

J’appris alors que deux autres de mes frères qui habitaient Paris, venaient pareillement d’embrasser le christianisme. Cela m’émut jusqu’au fond de l’âme. Je prévoyais bien que le plus jeune finirait bien par en faire autant. Grâce à Dieu, cela est en effet arrivé. J’aimais beaucoup mes frères, et je souffrais en prévoyant l’isolement dans lequel j’allais me trouver auprès de mon père.

J’avais un ami qui partageait mes dispositions à l’égard de la religion. Je le voyais souvent : nos études et nos promenades étaient presque communes. Il me conseilla d’aller à Paris, d’y voir M. Drach, qui dès lors, était converti, et d’examiner sérieusement ce que j’avais à faire avant de prendre les engagements qui sont liés à la profession de rabbin (un rabbin s’engage à ne jamais abandonner sa religion). Cette proposition était de mon goût ; j’y donnai une pleine adhésion ; mais il fallait la faire agréer à mon père, et cela n’était pas facile. Lui écrire mes projets eût été le moyen le plus sûr de les rendre inutiles. Je me décidai donc à aller le trouver.

J’arrivai à Saverne bien fatigué du voyage que j’avais fait à pied ; mon père me laissa reposer un peu avant de me parler de ses craintes ; mais le jour n’était pas encore terminé qu’il m’appelle auprès de lui. Il veut, sans plus tarder, éclaircir ses doutes.

Un moyen facile était à sa disposition. Il n’avait qu’à me questionner sur mes études et sur le Talmud en particulier. Mes réponses devaient lui donner la mesure de mon application. Il savait bien que l’on ne peut en imposer à ses examinateurs, sur un sujet qui demande tant de travail de mémoire, tant d’aisance, tant d’habitude.

Le Talmud, en effet, qui peut être saisi par un esprit d’une portée ordinaire, demande cependant quelque chose de très délié et de très exercé dans l’intelligence pour être bien rendu, bien présenté. Souvent même la plaisanterie s’y mêle et des subtilités s’y montrent presque partout. Il n’y aura jamais que celui qui a étudié longtemps et récemment ces choses, qui puisse les rendre avec cette facilité qui caractérise les habiles. Mon père était de ce nombre, et en dix minutes tous ces soupçons à mon sujet auraient été changés en de tristes réalités, si la bonté divine, qui voulait me convertir, n’était venue comme miraculeusement à mon secours.

La première demande qu’il me fit, était précisément une de ces questions sur lesquelles il est impossible de ne pas se laisser voir tel qu’on est. Or, depuis deux ans, j’avais négligé presque complètement l’étude du talmud, et ce que j’en avais appris, je l’avais lu comme un élève dégoûté qui veut sauver les apparences.

Cependant, à peine ai-je entendu la question, qu’une lumière abondante m’éclaire et me montre tout ce que je dois dire.

J’étais moi-même dans le plus grand étonnement, je ne pouvais m’expliquer une facilité si grande à rendre compte de choses qu’à peine j’avais lues. Je n’en revenais pas en voyant la vivacité et la promptitude avec lesquelles mon esprit saisissait tout ce qu’il y avait de plus confus et d’énigmatique dans ce passage qui allait décider de mon voyage.

Mais mon Père était encore plus émerveillé que moi-même : son cœur était enivré de joie, de bonheur et de satisfaction. Il me retrouvait digne de lui, et il voyait disparaître les appréhensions qu’on lui avait inspirées à mon sujet.

Il m’embrassa tendrement, m’inonda le visage de ses larmes : « Je soupçonnais bien qu’ils te calomniaient encore quand ils disaient que tu te livrais à l’étude du latin et négligeais les connaissances de ta profession ; » Et il me montra toutes les lettres qu’on lui avait écrites en ce sens. A souper, ce bon père voulut me régaler, et il alla chercher une bouteille de son vin le plus vieux afin de se réjouir avec moi de mes succès.

La permission de faire le voyage de Paris ne se fit pas attendre, et malgré les avis qu’on lui donnait que j’y allais pour rejoindre mes frères et faire comme eux, il ne put le croire.

Il me donna donc une lettre pour le rabbin Deutz ; mais comme j’étais d’autre part recommandé à M. Drach, c’est à celui-ci que je m’adressai ; cependant je portai un peu plus tard ma lettre à M. Deutz, je lui empruntais même un livre pour la forme, mais quelque temps après, je lui rendis et je n’allais plus le voir.

Je passais quelques jours auprès de mon frère et j’étais bien touché de voir le bonheur dont il jouissait. Néanmoins, j’étais encore bien loin de me sentir changé et converti.

M. Drach me trouva une place au collège Stanislas, et il m’y conduisit.

Là om me renferma dans une cellule, on me donna l’Histoire de la doctrine chrétienne par Lhomond, ainsi que l’Histoire de la religion par le même auteur, et on me laissa seul.

Ce moment fut extrêmement pénible pour moi. La vue de cette solitude profonde, de cette chambre où une simple lucarne me donnait du jour ; la pensée d’être si loin de ma famille, de mes connaissances, de mon pays, tout cela me plongea dans une tristesse profonde : mon cœur se sentit oppressé par la plus pénible mélancolie.

C’est alors que, me souvenant du Dieu de mes pères, je me jetai à genoux et je le conjurai de m’éclairer sur la véritable religion. Je le priai, si la croyance des chrétiens était vraie, de me le faire connaître, et si elle était fausse, de m’en éloigner tout aussitôt.

Le Seigneur, qui est près de ceux qui l’invoquent du fond du cœur, exauça ma prière.

Tout aussitôt, je fus éclairé, je vis la vérité ; la foi pénétra mon esprit et mon cœur.

M’étant mis à lire Lhomond, j’adhérai facilement à tout ce qui est raconté de la vie et de la mort de Jésus-Christ. Le mystère de l’Eucharistie lui-même, quoique assez imprudemment offert à mes méditations, ne me rebuta nullement. Je croyais tout sans peine. Dès ce moment-là, je en désirai rien tant que de me voir plongé dans la piscine sacrée.

Ce bonheur ne se fit pas attendre : om me prépara incontinent à ce sacrement admirable, et je le reçus la veille du jour de Noël. Ce jour aussi je fus admis à m’asseoir à la Table Sainte.

Je ne puis assez admirer le changement admirable qui s’opéra en moi au moment où l’eau du baptême coula sur mon front. Toutes mes incertitudes, mes craintes, tombèrent subitement. L’habit ecclésiastique pour lequel je me sentais quelque chose de cette répugnance extraordinaire qui est propre à la nation juive, ne se présenta plus à moi sous le même aspect ; je m’aimais plutôt que je ne la craignais. Mais surtout, je me sentais un courage et une force invincible pour pratiquer la foi chrétienne ; j’éprouvais une douce affection pour tout ce qui tenait à ma nouvelle croyance.

Je passai un an dans ce collège, pratiquant ma religion de bon cœur et avec joie. Je n’y étais cependant pas aussi à l’aise que je devais être au séminaire de Saint Sulpice. Au milieu de bons exemples que j’avais sous les yeux dans cette maison, je trouvai un jeune homme qui pouvait me faire beaucoup de mal. Par des motifs que je ne compris jamais, il était sans cesse à me parler de ma conversion, comme d’une action que j’avais faite à la légère et sans motifs. Il me demandait les raisons qui m’y avaient déterminé, les combattait, et, à force de chicanes, finissait par me réduire au silence. Cependant, mon cœur demeurait ferme, et quoique je ne pusse pas lui bien expliquer les motifs de ma foi, je sentais que je croyais fermement…


Assemblée générale

Pikine, le 27 Octobre 2013

Avec une vingtaine de minutes de retard, l’assemblée va démarrer par la proclamation : ‘’ La mission du Christ qui reprend le prophète Isaïe’’ ; cette proclamation qui nous conforte, nous aussi, dans notre mission ou du moins dans notre démarche d’évangélisation surtout dans le contexte géo-social de notre pays. En tout état de cause, nous sommes en devoir d’annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, de réconforter les aveugles, de consoler les malades etc. C’est en somme, la mission que Jésus a reçu dans Luc 4/ vers 16-21. Cette parole doit s’accomplir dans notre aujourd’hui sans une remise à demain. A cette proclamation s’en suivra la conférence dont le thème est << la bonne nouvelle aux pauvres : Claude-François Poullart des Places par le Père>>.

A l’entame de la conférence, il nous sera rappelé l’évènement Claude-François Poullart des Places : il est membre fondateur de la congrégation de l’Esprit- Spiritain- fondateur dont nous aspirons être disciple.

Toute sa vie durant, il va aimer les pauvres, assister les laissé pour compte et surtout se confondre aux misérables au point de périr avec eux. Comme Jésus, il va vécu avec eux pour redonner l’espoir et la joie.

Née au 17è siècle (1675-1709) dans une famille noble, il renonce au luxe de la noblesse pour entreprendre sa mission de justice et paix dans un contexte historique controversé ou la pauvreté et l’exploitation de l’homme battaient leur plein. Et pourtant, ses parents l’ont prédestiné à une brillante carrière politique. Il sait écouter les pauvres pour apprendre. Il consacre sa vie à la vierge Marie (St Cœur de Marie la congrégation). Il a vraiment aimé les pauvres au point de s’appauvrir. Il meurt donc pauvre et est enterré avec les pauvres dans une fosse commune. << Jésus m’a mis à part et m’a appelé par sa grâce pour être au service, de tous pour que je puisse annoncer aux pauvres sa déclaration.

La conférence était suivie de quelques réactions de l’assistance

_ Qui pour le compare au Père Libermann de par son dévouement aux pauvres.

_Qui pour son engagement par rapport aux œuvres de Dieu.

_Qui pour sa consécration au doux cœur de Marie etc.

Il est à retenir que l’intelligence et la connaissance de Dieu passent par entreprise de Dieu. C’est Dieu qui entreprend de nous mettre à son service. Dès lors, nous nous posons la question de savoir comment nous mettre sous service de Dieu et donc les pauvres dans le monde d’aujourd’hui.

Il s’en est suivi des carrefours dont les produits nous emmènent à conclure que :

Pour le Groupe1

_ Il faut prendre le temps d’écouter les pauvres et les misérables quand bien même on n’a pas les moyens matériels de les assister. La question de savoir qui est véritablement pauvre dans ce monde corrompu :peut -etre les chômeurs, les jeunes en manque d’emploi etc. Toute évidence le cas des ‘’Talibés’’ reste un débat à savoir, s’il faut donner l’aumône ou non aux talibés, le cas des Baye Fall étant une exclusion sans réserve. En somme, nous devoir d’assistance dans la mesure ou de par le baptême du Christ, nous sommes pauvres matériellement mais riches spirituellement. Mais sans tenir compte des religions.

Pour le Groupe 2 va plutôt se demander comment ressembler a Claude Poullart de par son don de soi. En résumé, il faut apprendre a voir, écouter, aider avec une main agile et libérale. mais en inculquant le droit dans toutes ses dimensions et ses formes. Il faut former les pauvres en vue de leur insertion dans la sociale, sans oublier l’éducation de la population a travers les images, les conseils etc.

Le Père Moise Camara, soutenu par le Père Drileil va objectiver de mener des actions missionnaires aux nécessiter, aux malades, assistance aux orphelins etc.

Il y sera également évoqué le 3è plan de l’action pastorale après l’accueil des nouveaux, il sera recommandé aux membres d’avoir des intentions communes de par la spiritualité des fondateurs (Liberman et Poulart) à travers les louanges, la compréhension, l’entre-aide, la motivation et surtout la prière.

Il sera rappelé aux membresla fraternité comment s’organiser pour les rencontres mensuelles

-un mois, la lettre

-un autre mois,des activités en famille ou en lieu de travail

Une idée germera d’ouvrir la fraternité à la famille spiritain et à la famille naturelle des spiritains.

En pêle-mêle, ont été présentées les différentes activités entreprises par les membres de la fraternité.

Entre autre, nous remarquons des visites à trois couples irréguliers dont un a fini par se marier et les deux autres inscrits à la catéchèse. De même, des visites ont conduit à des projets de mariage, baptême. En projet non réalisé, nous retenons des rencontres avec les musulmans Nguénine.

Des intentions de prière ont été confiées à la fraternité et aux spiritains. Il a été évoqué le cas des crises épileptiques d’une fille guérie etc.

A la fin, le Père Josophad nous a entretenu de la béatification des Pères fondateurs : Claude poullart et Libermann. Une béatification qui connait bien des avancées significatives.

Liste des présences

PRENOM ET NOM

NoTELEPHONE

ADRESSE

Emmanuel Diouf

77-411-03-52

NDA

(dioufemmanueldavid@yahoo.fr)

Serge joseph M. Demba

77-738-41-26

NDVC

Michel Devo

77-422-91-11

St Paul Grand-Yoff (micheldevo@gmail.com)

Alexis Ndzalouma

77-667-56-90

ndzaloumalexis@yahoo.fr

Joseph Miollany

77-237-19-68

Martyrs de l’ouganda ()

Edmond Ndione

77-251-52-21

bncodm@yahoo.fr

François FormoseGomis

77-518-86-01

Formose@hotmail.fr

Pierre ClaverNdiaye

77-374-45-93


P. Victor Diatta

78-124-65-06

akimviki@yahoo.fr

Jacques Mendy


NdorPikine (dymenj18@hotmail.com)

Robert Gomis

77-921-92-91


VéroniqueGomis

77-604-02-80

Pikine (beby@gmail.com)

P. MoiseCamara

77-456-57-64

Ouakam

Charles P.GNACADJA

77-902-22-02

ND Cap-vert

Fr. JosephetShirima

77-181-57-91

Josephet77@yahoo.fr

Fr. YvonEdouard

77-383-64-41

Yvonedouard@yahoo.fr

Pascal Millimono

77-506-97-84

St Abraham (nioumapaki@gmail.com)

Guy KadjipouMendy

77-087-16-16

NDCV Pikine (mkadjipou@yahoo.fr)

André Paul Mendes

77-315-95-48

NDCV Pikine

Marie Hélène Carvalho

76-859-89-94


IdrissaNda


Idrissou68@yahoo.fr

Maurice Nikiena

76-695-12-30


Nicolas BirameDieng

77-672-28-24

Notre Dame des Anges

Bernard Lopy

77-180-57-24

Ouakam (lopyguedon09@hotmail.com)

Paul Mau Mané

77-548-47-12

NDA

Jacques Sarr

77-543-44-19

Nguénine St Bernadette


La fraternité spiritaine

Les anciens ordres religieux, comme les franciscains, ont un tiers-ordre depuis très longtemps. Nous les spiritains, nous avons maintenant des associés depuis quelques années. Mais, en particulier depuis le Concile Vatican II, les différentes congrégations religieuses ont cherché à partager, non seulement leur apostolat mais aussi leur spiritualité avec des laïcs. C’est ce qu’on appelle les groupes de vie évangéliques, qui se rencontrent régulièrement, même au niveau international. C’est à ces groupes que la Fraternité spiritaine appartient.

Les Fraternités spiritaines existent au Sénégal depuis 1996.

Le nom officiel de ces fraternités est « Esprit et Mission ». Ce nom correspond bien au double objectif de la Fraternité : Esprit c’est la spiritualité. Pour partager et vivre cette spiritualité, nos Fraternités utilisent la lettre du mois des Fraternités spiritaines de France. Cette lettre comporte à chaque fois un commentaire de la Parole de Dieu suivie de questions de réflexions, et aussi de textes spirituels de nos fondateurs Claude Poullart des Places, François Marie Libermann et Eugénie Caps. Ce qui montre tout de suite que la fraternité est commune aux spiritains et aux spiritaines. Sans doute faudrait-il rédiger une lettre plus adaptée à nos réalités, à notre culture et à nos problèmes. Mais cela demande du travail et personne ne semble suffisamment disponible pour cela actuellement. Ce n’est pas le lieu d’expliquer la spiritualité spiritaine. Juste un extrait de la rencontre du 21-4-2013 : 1°) Quelques points essentiels de la spiritualité du père Libermann, c’est-à-dire sa façon de vivre l’Evangile, (voir le livret : »Tu as mis sur moi ta main ») : le désir de la sainteté ; la paix intérieure ; se laisser conduire par l’Esprit Saint ; la pauvreté spirituelle, la douceur et l’humilité de cœur ; l’union pratique (c’est-à-dire être unis à Dieu dans tout ce qu’on fait) ; la confiance et la patience devant les difficultés.

Comme je l’ai dit, le titre officiel des Fraternités est Esprit et Mission. Or, les rencontres de fraternité se limitaient souvent à des conférences, suivies de débats. C’est pourquoi, depuis l’année dernière, nous avons demandé de développer aussi la dimension missionnaire de nos fraternités. Actuellement, nous ne travaillons la lettre du mois qu’un mois sur deux. Le deuxième mois étant une réunion de partage sur deux thèmes qui correspondent à la dimension missionnaire de la Congrégation : être les défenseurs des pauvres, et évangéliser. Nous nous posons donc la question : qu’avons-nous, aussi bien au niveau personnel qu’ensemble en fraternité :

  • Pour être missionnaire et permettre à ceux qui nous entourent, musulmans comme chrétiens, de vivre dans l’esprit de l’Évangile ?

  • Pour agir avec les pauvres ?

Par exemple, voici des actions de la fraternité, menées tous ensemble à Nguéniène : «  la Fraternité a commencé une réflexion avec les jeunes, pour que les jeunes filles ne quittent pas le village pour aller chercher du travail en ville, avec tous les dangers et problèmes que cela comporte. Ils ont aussi décidé de réfléchir à la décentralisation et aux collectivités locales pour préparer les élections de 2014. En ville, ce pourra être venir en aide aux jeunes en chômage. Par exemple les former dans la transformation de fruits, la vente de jus de fruits et d’autres activités lucratives. Comme le fait par exemple Thérèse Fatima avec des élèves pendant les vacances, pour qu’ils s’achètent eux-mêmes leurs fournitures scolaires »

Cette nouvelle façon de faire se met en place peu à peu. C’est un choix qui semble satisfaire la plupart des membres, même s’il n’est pas facile à réaliser. «  Comment vivons-nous la dimension missionnaire de la fraternité, dans la vie sociale comme au sein de la communauté chrétienne ? 

Des débats, nous sommes arrivés à la conclusion qu’être missionnaire pose comme condition préalable la docilité à Dieu par l’entremise de son Esprit. Il s’agit d’admettre l’Esprit Saint comme lumière, compagnon et guide, dans la paix et le calme. Nous en voulons pour preuve, la manifestation du saint Esprit aux apôtres à la Pentecôte : avoir soif de Dieu, nous soutenir dans nos démarches vers les autres, faire de nos échecs une force de réussite, faire connaître Jésus, le faire aimer, avoir le sens de partage de ses biens matériels, agir pour les malades, les prisonniers, les pauvres et les laissés pour compte. Etre missionnaire, c’est somme toute, se doter de l’esprit de zèle pour la gloire de Dieu. Où peut-on être missionnaire? Eh bien, nous sommes missionnaires à la maison, à l’église, dans notre lieu de travail, au sein d’organisations non chrétiennes, dans les ASC (Associations Sportives et Culturelles), partout où le Seigneur nous envoie » (Rencontre de Pikine le 21-4-2013).

NB : On peut nous demander les comptes rendus des différentes rencontres

La spiritualité, non seulement du Père François Libermann, mais aussi celle de Claude Poullart des Places que nous sommes entrain de découvrir, de même que celle d’Eugénie Caps, sont très belles, très importantes et pourraient beaucoup aider des laïcs dans leur vie de chaque jour.

Nous comptons sur chacun pour faire naître une Fraternité là où il vit. Que l’Esprit nous guide et nos en donne le courage !


Fraternités Spiritaines : Esprit et Mission. Rencontre de Pikine du 21-4-2013.

Après avoir adopté l’ordre du jour, les membres répartis en 3 groupes ont muri des réflexions sur la spiritualité des fondateurs, les pas desquels ils ont choisi de suivre et dont ils partagent la spiritualité. Il s’agit des Pères François Libermann, Claude des Places, et Eugénie Caps.

Nous avons le loisir de vous présenter la mise en commun des réflexions faites.

D’abord, qui est Claude Poullart des Places ? Claude Poullart des Places est né dans une famille riche. Celui dont les parents avaient voulu faire un juge, mieux le président du tribunal de Bretagne, a renoncé au luxe de la bourgeoisie pour se mettre au service de Dieu. Il devient alors un grand missionnaire. D’abord au séminaire chez des Jésuites, il fonda l’école des pauvres écoliers dont la finalité était de former les pauvres c’est-à-dire aider les étudiants démunis qui vont à leur tour évangéliser les pauvres. Il fonda ensuite la congrégation du Saint Esprit pour en faire des missionnaires.

S’agissant de Père François Libermann, son chemin vers la croix de Jésus sera semé de diverses embûches. Issu d’une famille Juive, il va renoncer au titre de Rabin. Suite à des rumeurs, son père l’a rappelé à l’ordre en le soumettant à des questions au sujet de sa formation à Strasbourg : chose miraculeuse, Il répond avec brio aux questions, satisfaisant ainsi aux attentes de son père, qui le laisse alors partir à Paris, Car Dieu en a décidé ainsi. Il va découvrir le Christ. Il marche sur le chemin de Jésus qui le fascine fort. C’est l’invitation à être un Grand missionnaire. Une mission des plus séduisantes quoique semée d’entraves. Commence alors sa montée vers Golgota qui sera le passage le conduisant à la sainteté. Le Révérend Père Libermann a indéfectiblement choisi de suivre Jésus et de lui obéir mais surtout de croire en la providence. Il est baptisé le 24/12/1826. Son père déçu, le maudit, surtout que son frère Samson s’était déjà converti. Il doit être ordonné sous-diacre. C’est alors que commencent ses crises épileptiques. François Libermann est mis à l’écart mais il reste au séminaire et s’occupe de la formation des jeunes prêtres pendant deux ans. Un ami l’amène à Rome où il va présenter son projet de congrégation missionnaire au Pape. Peine perdue. Il y passe deux ans de misères et de peine. De là, il se rend en pèlerinage à Notre Dame de Lorette (construite avec les restes de la maison de la Vierge Marie et de Joseph). Il y reçoit une guérison miraculeuse : il est guéri de l’épilepsie. Il est ordonné prêtre et fonde la congrégation des pères de Saint Cœur de Marie. Il forme d’abord 10 prêtres qu’il envoie à Dakar. Ensuite, Rome demande la fusion de la congrégation de Poulart des Places avec sa congrégation et enfin meurt le 02/12/1852 en déclarant en substance : « soyez fervent, toujours fervents. Ayez de la charité, beaucoup de charité et l’union en Jésus Christ. Je suis heureux de me voir sacrifié pour Jésus. L’homme n’est rien sans le zèle pour la gloire de Dieu ». C’est l’expression d’un homme fasciné par l’Amour salvateur.

Quant à Eugénie Caps, ayant préalablement reçu une vocation missionnaire, elle est devenue religieuse par providence. En tout état de cause, du retour de la guerre de son frère revenu sain et sauf, dépend son engagement religieux, bien qu’elle soit soutien de famille. Elle été inspirée par une poésie de Monseigneur le Roi (Spiritain), et partage la spiritualité de Libermann et Poulart des Places C’est alors qu’elle se fie au Saint Cœur de Marie et obtient miraculeusement gain de cause. Et donc, elle s’engage après avoir rencontré son évêque. Comme pour Poulart des Places et François Libermann, des murs incommensurables se dressent sur son parcours : déboires financiers, brouilles familiales. Elle crée enfin la congrégation des sœurs de Saint de Marie qui deviendra plus tard la congrégation des sœurs spiritaines. Mais son souhait d’aller évangéliser les noirs (notamment au Cameroun) ne s’est jamais réalisé. En somme, le parcours presque identique des trois personnages, nous indique toute la démarche qui mène difficilement mais sûrement à la sainteté. Tour à tour, ils ont rencontré, contemplé et enfin se sont appuyés sur le Saint Cœur de Marie pour déplacer des montagnes.

Nous nous sommes épanchés principalement dans l’après-midi sur la question suivante : comment être missionnaire ?

Des débats, nous sommes arrivés à la conclusion qu’être missionnaire pose comme condition préalable la docilité à Dieu par l’entremise de son Esprit. Il s’agit d’admettre l’Esprit Saint comme lumière, compagnon et guide dans la paix et le calme. Nous en voulons pour preuve, la manifestation du saint Esprit aux apôtres à la Pentecôte. Alors qu’ils étaient timorés et prostrés, il est venu les revigorer d’abord à travers des vents impétueux, mais aussi en langue de feu se posant sur la tête de chacun des apôtres. N’est-ce pas une couronne royale pour de grandes missions ? Ainsi fortifiés et affranchis, ils ont accompli de grands exploits pour la gloire de Dieu. Il faut également être dévoué à la gloire de Dieu en s’efforçant de vaincre ses défauts, être extrêmement humble, docile et souple, avoir un désir ardent de souffrir (porter allégrement sa croix), avoir le courage de travailler sérieusement, vivre en communauté et en fraternité sans aucune ségrégation dans un ordre solide, même en petit nombre bien fervent, se vêtir de longanimité à toute épreuve, accepter les autres dans leur différence, avoir soif de Dieu, nous édifier dans nos démarches vers les autres, faire de nos échecs une force de réussite, faire connaître Jésus, le faire aimer, avoir le sens de partage de ses biens matériels, intercéder pour les malades, les prisonniers, les pauvres et les laissés pour compte.

Être missionnaire, c’est somme toute, se doter de l’esprit de zèle pour la gloire de Dieu.

Il s’en est suivi la question suivante : où peut-on être missionnaire?

Eh bien, nous sommes missionnaires à la maison, à l’église, dans notre lieu de travnail, au sein d’organisations non chrétiennes, dans les ASC (Associations Sportives et Culturelles) etc.

Nous avons clos nos travaux par un ré-aménagement de la fraternité spiritaine à savoir :

  • Trouver des voies et des moyens pour venir en aide aux jeunes en chômage en les utilisant dans la transformation de fruits, dans la vente de jus de fruits et dans diverses autres activités lucratives.

  • Paul Marc Mané a été choisi pour suppléer le poste de trésorier vacant

  • La poursuite des rencontres mensuelles, en petites fraternités ou fraternités de base, est maintenue.

  • Les cotisations mensuelles symboliques de 500 sont aussi maintenues.

La prochaine réunion du bureau est prévue le 31 Mai à Ouakam chez les sœurs spiritaines : ordre du jour : préparation de la prochaine assemblée générale prévue le 23 Juin à Ouakam.

Paul Marc Mané.


Fraternités Spiritaines : Esprit et Mission- Rencontre de Pikine du 21-4-2013 (2)

Cette rencontre des Fraternités de Pikine, Ouakam, Ngueniène et «Marthe et Marie » a été comme d’habitude préparée par une Réunion du bureau, où nous nous sommes donné des Nouvelles des fraternités.

Nguèniène

Avec le P. Christian, le dimanche 24 février 2013, nous avons reçu une formation sur le chemin de conversion de Claude François Poullart des Places, dispensée en même temps par Jacques Sarr en sérère. Avec le P. Armel, 46 jeunes ont répondu à l’invitation le samedi après-midi 9 mars à débattre sur le thème « Amour et sexualité ». Le lendemain, le P. Armel a pu rencontrer quelques membres de la fraternité, et un bilan du vécu des 2 fraternités a été fait. Le P. Armel a recommandé une plus grande intégration des membres de la Fraternité spiritaine dans la vie de la paroisse. Après Pâques, a eu lieu une rencontre de nos étudiants en théologie avec les jeunes de Nguèniène, pour témoigner de leur vocation et échanger avec eux.

Ouakam

Une récollection animée par le P. Jean François Diagne sur le thème : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,23), a réuni le dimanche 17 mars une dizaine de membres des Fraternités de Ouakam et Marthe et Marie.

Emmanuel a souligné le fait que lorsqu’il invite des jeunes à rejoindre la fraternité, ceux-ci souvent au chômage lui répondent qu’il leur faut d’abord trouver un travail. La fraternité ne pourrait-elle pas aider à cette recherche d’emploi ? Soeur Térèsa a rappelé que celle-ci est aussi un lieu où l’on peut puiser dans la prière et le partage fraternel l’énergie nécessaire pour sortir du chômage.

St Paul de Grand Yoff

Le P. Armel a essayé d’organiser une première rencontre. A ce sujet, on a noté qu’il ne faudrait pas que les Fraternités se limitent aux paroisses tenues par des spiritains. Il faudrait contacter nos amis laïcs vivant dans les autres paroisses. On a rappelé qu’au Cap des Biches, le P. Joseph Lambrecht avait demandé que la communauté spiritaine de Saint Louis soit aidée pour le lancement d’une fraternité.

Rencontre du dimanche 21 avril à Pikine



  1. Nous n’avons pas voulu faire à nouveau une conférence, mais plutôt que chacun partage ce qu’il connaît de la spiritualité de Claude Poullart, de François Libermann et d’Eugénie Caps ? Comment ces spiritualités nous aident-elles à faire grandir notre vie et notre foi chrétienne ? Vous pouvez nous demander l’ensemble des réponses apportées, et aussi un résumé de leur vie. Nous avons noté que nous connaissons très mal la vie et la spiritualité d’Eugénie Caps. Le père Armel a terminé la réflexion en rappelant quelques points essentiels de la spiritualité du père Libermann, c’est-à-dire sa façon de vivre l’Evangile, à partir du livret : »Tu as mis sur moi ta main » : le désir de la sainteté et la paix intérieure, la docilité à l’Esprit Saint, la pauvreté spirituelle, la douceur et l’humilité de cœur, l’union pratique (c’est-à-dire être unis à Dieu dans tout ce qu’on fait), la confiance et la patience devant les difficultés. Sœur Madeleine a été déléguée par la fraternité pour témoigner de celle-ci au moment des annonces de la messe de 10h00, à la paroisse de Pikine.

  2. L’après-midi, nous avons commencé avec la question : « Comment vivons-nous la dimension missionnaire de la fraternité, dans la vie sociale comme au sein de la communauté chrétienne ? »
    «Des débats, nous sommes arrivés à la conclusion qu’être missionnaire pose comme condition préalable la docilité à Dieu par l’entremise de son Esprit. Il s’agit d’admettre l’Esprit Saint comme lumière, compagnon et guide, dans la paix et le calme. Nous en voulons pour preuve, la manifestation du saint Esprit aux apôtres à la Pentecôte : avoir soif de Dieu, nous soutenir dans nos démarches vers les autres, faire de nos échecs une force de réussite, faire connaître Jésus, le faire aimer, avoir le sens de partage de ses biens matériels, agir pour les malades, les prisonniers, les pauvres et les laissés pour compte. Etre missionnaire, c’est somme toute, se doter de l’esprit de zèle pour la gloire de Dieu. Où peut-on être missionnaire? Eh bien, nous sommes missionnaires à la maison, à l’église, dans notre lieu de travail, au sein d’organisations non chrétiennes, dans les ASC (Associations Sportives et Culturelles), etc… »

  3. Nous avons ensuite proposé un réaménagement des réunions de la fraternité spiritaine pour que notre fraternité soit vraiment un groupe de réflexion et d’actions. Comme nous le rappelle notre titre : Esprit (Spiritualité) et Mission

1° réunion : Spiritualité: nous lisons la lettre du mois, comme d’habitude (un mois sur deux)

réunion : Mission (en alternant avec la 1°):

  1. nous disons comment nous avons été missionnaires pendant le mois

  2. nous voyons les actions que nous avons menées. Ces actions peuvent être de 2 sortes :

  • chacun dit les actions qu’il a menées dans sa famille, son quartier, son lieu de travail et partout. Ce ne sont pas des choses extraordinaires, mais des petites actions de chaque jour

  • des actions de la fraternité, menées tous ensemble. Par exemple à Nguéniène, la Fraternité a commencé une réflexion avec les jeunes, pour que les jeunes filles ne quittent pas le village pour aller chercher du travail en ville, avec tous les dangers et problèmes que cela comporte. Ils ont aussi décidé de travailler ensemble pour remplir la caisse. Et de réfléchir à la décentralisation et aux collectivités locales pour préparer les élections de 2014. En ville, ce pourra être venir en aide aux jeunes en chômage. Par exemple les former dans la transformation de fruits, la vente de jus de fruits et d’autres activités lucratives. Comme le fait par exemple Thérèse Fatima avec des élèves pendant les vacances, pour qu’ils s’achètent eux-mêmes leurs fournitures scolaires.

Nous allons essayer ce nouveau programme, et on en parlera à la prochaine réunion de bureau. Nous comptons sur chacun des confrères pour faire naître une Fraternité là où il vit. Que l’Esprit nous guide et nos en donne le courage !


Lancement de la nouvelle année pastorale à Pikine le 27 octobre 2013.

Les fraternités spiritaines de Dakar se sont réunies le 27 octobre 2013 à Pikine pour le lancement de la nouvelle année pastorale. Conformément à leur titre « Esprit des missions » à côté de la formation à la spiritualité spiritaine, nous avons décidés d’intensifier nos actions d’évangélisation missionnaire et aussi nos actions caritatives et humanitaires de soutien aux nécessiteux et démunis, aussi bien au niveau personnel qu’au niveau de la fraternité dans son ensemble.

Nous avons réfléchi à la façon dont Claude est passé de l’aide aux pauvres (l’aumône) au service des pauvres jusqu’à se dépouiller lui-même totalement et devenir pauvre au milieu de ses étudiants.

Nous avons vu aussi comment les fraternités peuvent entrer en contact avec les spiritains travaillant dans la FANO et aussi avec les familles des confrères travaillant à l’extérieur du pays. Nous avons vu aussi comment elles peuvent soutenir les vocations spiritaines.

De nouveaux membres sont venus d’autres paroisses, pour la première fois, participer à notre rencontre. Mais il faudrait d’abord que les confrères spiritains s’engagent vraiment et efficacement à lancer une fraternité là où ils travaillent. Pas seulement les prêtres responsables de paroisses mais aussi les étudiants à partir de leurs insertions pastorales. Ceux qui désirent recevoir le compte rendu de cette rencontre peuvent le demander à Armel.


Rencontre des fraternités à Pikine, le 27 Octobre 2013

1) La rencontre a démarré par la prière, à partir de Luc 4, 16-21

« La mission du Christ qui reprend le prophète Isaïe ». Cette Parole nous conforte, nous aussi, dans notre mission d’évangélisation, surtout dans le contexte social de notre pays. Jésus nous appelle à annoncer, et d’abord à vivre nous-mêmes, la Bonne Nouvelle aux pauvres, à réconforter les aveugles, à consoler les malades, etc. Cette parole doit s’accomplir dans notre monde aujourd’hui, sans attendre demain.

Le but de l’Évangile que nous avons lu, c’est aussi la mission des Spiritains d’aider tous les hommes, pas seulement les chrétiens, vivre avec Jésus qui est venu pour servir, vivre en frères de tous.

2) Conférence sur le thème « de l’aumône au service des pauvres » : Claude-François Poullart des Places » par le Père Armel.

A l’entame de la conférence, il nous sera rappelé brièvement qui est Claude-François Poullart des Places : il est le fondateur de la congrégation de l’Esprit- Spiritain, dont nous aspirons être disciples.

Toute sa vie durant, il va aimer les pauvres, assister les laissés pour compte, et surtout se confondre aux misérables, au point de périr avec eux. Comme Jésus, il va vivre avec eux, pour leur redonner l’espoir et la joie.

CLaude Poullard Desplaces

Le service des pauvres c’est la charité, c’est l’un des objectifs de notre Plan Pastoral. Aujourd’hui, on nous propose comme exemple, les étapes de la vie de Claude Poullard Desplaces, et ses progrès jusqu’à une pauvreté totale selon l’Evangile.

  • Premièrement, Claude est né dans une famille riche, et qui cherche à entrer dans la noblesse. Le rêve de son père, c’était que son fils réussisse le mieux possible dans la société, selon les idées des hommes.

  • Deuxièmement, quand il est étudiant, Claude rentre dans une congrégation mariale. Dans ce groupe ils prient Marie, mais ils vont aussi visiter les malades, et ils font le catéchisme aux orphelins à l’hôpital. A travers cet engagement, Claude sort de sa famille et de son monde de riches, qui cherchent à s’enrichir de plus en plus, il découvre les pauvres et leurs problèmes. Il dit alors qu’il aime beaucoup faire l’aumône. C’est la première étape.

  • Troisièmement, à la fin de ses études, il doit devenir avocat. Il pourra gagner beaucoup d’argent. Il a déjà une très bonne réputation,, et son père espère en faire un très grand avocat à la Cour de Bretagne. Mais lui renonce à ce succès, à cette vie de riche et au pouvoir, et il décide d’être prêtre. Il sait que cela fait beaucoup souffrir ses parents mais malgré tout, il répond à l’appel de Dieu.

  • Quatrièmement, Claude part étudier la théologie à Paris. Et là, il va souvent visiter les malades. Il partage ce qu’il a avec eux. Il entre en contact avec les enfants travailleurs et les artisans pauvres, qui sont nombreux dans la ville de Paris. Il s’intéresse à eux. Il ne se contente pas à leur faire l’aumône, il cherche à connaitre leurs problèmes et leurs difficultés. Il les écoute et à ce moment-là, il découvre leur richesse. Non pas une richesse en argent, mais toutes les qualités de leur cœur. C’est pourquoi il décide, pas seulement de les aider matériellement, mais de les soutenir pour qu’ils gardent et fassent grandir leurs valeurs de courage, de partage, de solidarité. A ce moment là, Claude se met vraiment à leur service, et il est heureux de le faire.

  • Cinquièmement, Claude avait loué une maison pour 4 à 5 étudiants, qui n’avaient pas d’endroit où habiter. Il décide maintenant à venir partager leur vie, et d’habiter avec eux. Il quitte donc le grand séminaire, pour vivre avec les pauvres. Il devient leur frère. A ce moment là, ce n’est plus lui qui les aide, ce sont les pauvres eux-mêmes qui l’accueillent chez eux.

  • Sixièmement, au moment d’être ordonné prêtre, il refuse tous les « bénéfices », c’est-à-dire l’argent que le diocèse donnait aux prêtres, pour qu’ils aient de quoi vivre facilement. Claude décide d’être pauvre lui-même, volontairement, pour suivre Jésus Christ.

  • Septièmement, mais ils ont besoin du minimum pour vivre, et donc il va chercher des aides des gens qui vont les soutenir. A ce moment là, il est en état de pauvreté. Ce n’est plus lui qui aide avec son argent personnel, il est celui qui demande et qui dépend des autres. Et il le fait de grand cœur.

  • Huitièmement, en 1709, il y a un grand froid. Maintenant, Claude est devenu complètement pauvre. Il partage tous les problèmes de la pauvreté. Il n’a pas de quoi payer l’hôpital pour se faire soigner, et il meurt à 30 ans. Il est enterré dans une fosse commune, avec les pauvres du quartier. Il n’a même pas de tombe pour reposer après sa mort. Il a vécu la pauvreté à la suite de Jésus Christ jusqu’au bout. Comme le disait Saint Paul (Galates 1,16), « Jésus m’a mis à part. Il m’a appelé par sa grâce. Il m’a fait partager l’abaissement du Christ, pour être serviteur et frère de tous. Pour que je l’annonce aux pauvres ». Il a suivi Jésus jusque dans la mort, il a donné sa vie aux autres.

La conférence a été suivie de quelques réactions de l’assistance

  • Qui, pour le comparer au Père Libermann, de par son dévouement aux pauvres.

  • Qui, pour son engagement par rapport aux œuvres de Dieu.

  • Qui, pour sa consécration au cœur de Marie etc.

3) Carrefours

L’intelligence et la connaissance de Dieu passent par l’Esprit Saint. C’est Dieu qui nous appelle à son service. Dès lors, nous nous posons la question : comment nous mettre au service des pauvres, dans le monde d’aujourd’hui ?

Quelques éléments de réponse :

1° groupe

Voir les situations de pauvreté, là où nous vivons et là où nous travaillons. Chacun doit voir dans son milieu de vie ce qui se passe.

Pour aider les pauvres, d’abord les écouter, et prendre son temps pour cela, quand bien même on n’a pas les moyens matériels de les assister.

Les aider à partir de ce qu’ils disent ou ce qu’ils veulent, et non pas leur imposer nos propres idées.

Il y a plusieurs sortes de pauvres : les pauvres matériels et les pauvres spirituels. Même les riches ont besoin de nous, car il leur manque souvent la parole de DIEU et beaucoup d’autres choses.

Ne pas donner seulement de la nourriture, mais donner plutôt les moyens de s’en sortir. C’est important de former les gens, pour qu’ils puissent travailler par eux-mêmes.

Par rapport aux musulmans, leur expliquer notre foi et que nous ne nous limitons pas à l’aumône.

Rassembler les jeunes démunis et nécessiteux (talibés, enfants de la rue, mendiants, infirmes…), comme Claude Poullart DESPLACES l’a fait.

Parmi les pauvres, il y a les malades, les veuves, les étrangers, les victimes des inondations, les drogués, les chômeurs, les jeunes en manque d’emploi. Tout cela parce que le monde est corrompu

Lorsque l’on voit un problème, le soumettre à la CEB (communauté chrétienne de quartier).

Réponses du 2° groupe :

Régler les problèmes de loyer avec les propriétaires.

S’engager dans la commission JUSTICE ET PAIX, pour connaître les droits des pauvres.

Travailler en groupe et non pas tout seul

Pour l’aide aux malades, passer par les services publics, et faire inscrire les pauvres sur les services sociaux de la mairie.

Éduquer la population par les médias, apprendre à regarder les problèmes.

Essayer de sortir les enfants de la rue.

Chercher du travail pour ceux qui en cherchent

Travailler avec les ONG, pour mener des actions auprès des nécessiteux et des malades, assister aux obsèques et aider la famille en deuil à tous les niveaux.

Réponses du 3° groupe :

Il y a différents types de pauvres et donc il faut chercher à chaque fois la façon adaptée de les aider. Il y a des pauvres à cause de la nature : les paysans, les handicapés, les prisonniers, les chômeurs, ceux qui sont licenciés. Il y a des pauvres à cause des familles nombreuses, cela n’est pas de leur faute. Il faut donc les assister, les aider, leur apprendre à s’organiser et leur permettre d’avoir un métier. Mais il y a aussi ceux qui ne veulent pas travailler. Nous partageons avec eux, mais en même temps nous les conseillons, pour qu’ils se mettent au travail. Et aussi les Baye Fall qui font l’aumône alors qu’ils pourraient très bien travailler, les mendiants. Ceux-là, dans quelle mesure faut-il leur faire l’aumône ? Ne faudrait-il pas les pousser à gagner leur vie ?

Il faut aussi sensibiliser les responsables religieux pour qu’ils arrêtent d’envoyer les talibés mendier. On en parle depuis des années, mais on n’arrive pas à changer les choses. Pourtant ce sont des problèmes énormes. Il faut faire une action politique pour que cela change. Il faudrait organiser les écoles coraniques, pour que les enfants n’aient plus besoin de mendier. D’abord faire prendre conscience que ce n’est pas normal de les mettre dans cette situation et que cela les pousse à la délinquance. Il faut aussi demander aux parents de garder leurs enfants avec eux, et de les éduquer eux-mêmes. Il y a déjà des familles musulmanes qui éduquent leurs enfants dans la foi musulmane, en les envoyant simplement à l’école coranique, sans les confier à des marabouts. C’est cela qu’il faudrait multiplier.

Il faut aussi organiser des groupes de réflexion et d’action, pour que les richesses du pays puissent vraiment être partagées avec tous, et au profit de tous.

La Commission Justice et Paix est très importante. Il faut apprendre à agir en groupe, mais l’action personnelle reste nécessaire. Par exemple pour trouver du travail, les deux démarches sont complémentaires.

Pour les familles nombreuses, il faut se poser sérieusement le problème de la régulation des naissances.

Après les carrefours, nous avons célébré l’eucharistie et mangé tous ensemble.

4°) Quelles sont les actions menées au niveau de la fraternité ?

NB : Nos fraternités s’appellent « Esprit et Mission ». A côté de la formation à la spiritualité spiritaine (Esprit), il est donc absolument nécessaire de mener des actions missionnaires d’Evangélisation et de service des pauvres (Mission). C’est pourquoi, nous avons décidé d’alterner : une réunion sur la lettre du mois, la suivante sur le partage de nos actions au niveau personnel et communautaire. Voici à titre d’exemples, quelques actions menées par la Fraternité de Nguéniène.

  1. Rencontres avec les musulmans sur le thème : le carême chrétien et le carême musulman.

  2. Éducation à la vie familiale des jeunes au collège, avec les parents.

  3. Rencontrer les membres de la fraternité qui sont en situation irrégulière, et qui ne sont pas mariés à l’Eglise. Déjà trois couples visités et conseillés ont accepté de se marier. Les autres suivent la catéchèse pour cela.

  4. Organiser des cours bibliques chaque samedi.

  5. Préparation des couples au mariage et au baptême de leurs enfants (Maurice).

  6. Accompagnement d’une femme qui part à Rome en pèlerinages (Hélène).

5°) Divers :

Il y sera évoqué le 3è plan d’action pastorale (thème de la prochaine rencontre)

L’accueil des nouveaux : il sera recommandé aux membres de leur présenter la spiritualité des fondateurs (Libermann et Poullart), de leur montrer la compréhension, l’entre-aide, et de les former pour la motivation et surtout la prière. On a distribué des feuilles d’explication sur les fraternités et la spiritualité des fondateurs.

Des intentions de prière ont été confiées à la fraternité.

Le Père Joséphat nous a entretenu des prières pour la béatification des Pères fondateurs : Claude Poullart et Libermann :

Prière pour la béatification Dieu, Père d'infinie bonté, nous te louons d'avoir donné à ton Église la Congrégation du Saint-Esprit, à travers l'oeuvre de Claude Poullart des Places. Que le témoignage de vie sainte qu'il nous a laissé - en particulier son amour pour les pauvres - soit la lumière de nos vies et nous conduise à vivre notre mission avec l'audace de l'amour répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint. Seigneur, nous Te demandons sa béatification, ainsi que la faveur particulière qu'aujourd'hui, par son intercession, nous attendons. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen

Prière pour la béatification: Père Saint, Tu es magnifique dans ton amour; accorde-nous la grâce de voir confirmé par l´Église le beau témoignage de foi et de sainteté que François Libermann nous a laissé. Illuminés par son témoignage missionnaire, nous nous sentons poussés par l'Esprit à proclamer la Bonne Nouvelle du salut avec un zèle nouveau. Accorde-nous, nous te le demandons par le Saint Coeur de Marie, sa béatification et les grâces que nous implorons par son intercession. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen .

Des lettres, des grâces, des dons ou vos demandes de prière, envoyez-les à : Béatification des Fondateurs Clivo di Cinna, 195 00136 ROMA ITALIA cssp3asg@yahoo.it ou csspsecreg2@yahoo.it

Cause de béatification
de Claude Poullart des Places
et de François Libermann

Fondateurs de la Famille spiritaine, priez pour nous

Il a été demandé de prier pour la guérison des crises épileptiques d’une jeune fille, etc.

Entrer en relation avec les maisons de formation, et les visiter, pour encourager les jeunes.

Chercher des vocations spiritaines.

Le Père Moise proposera d’ouvrir la fraternité à la famille spiritaine composée des parents et amis des spiritains, présents au Sénégal ou en mission dans les autres pays. Une 1° rencontre aura lieu fin décembre à Ziguinchor


Rencontre de la fraternité spiritaine du 26-1-14 sur le Pap

Le but de cette rencontre était de revoir le 3ème Plan d’Action Pastorale, à la lumière de la spiritualité spiritaine, pour en dégager la dimension missionnaire. Nous avons donc commencé par reprendre ce Plan point par point.

A. La vision (Matthieu 16, 16) « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant »

« Rencontrer Jésus-Christ Unique Sauveur ». Nous avons noté, qu’il ne s’agit pas seulement de rencontrer le Christ, mais bien de vivre toute notre vie avec Lui : Tu es le Fils du Dieu Vivant, et Tu nous fais vivre. Et de Le faire rencontrer par tous les hommes. Jésus est bien l’unique Sauveur. Cela veut dire, qu’Il est le Sauveur de tous les hommes. Car, dit Paul « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1° Tim 2,4). Quand Pierre a dit cette parole, Jésus lui a répondu « Je te donnerai les clés du Royaume ». Un Royaume qui est ouvert à tous les hommes. Jésus disait : « Vous êtes le sel de la terre » (de toute la terre pas seulement de l’Eglise). « Vous êtes la lumière du monde » (pas seulement de la communauté chrétienne). Et c’est à tous les hommes que Jésus dira à la fin du monde « Tout ce que tu as fait au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu l’as fait ». Tous les hommes sont les frères de Jésus, sans aucune distinction.

Notre responsabilité c’est donc de permettre à tous les hommes, de rencontrer Jésus-Christ, et d’entrer dans le Royaume. C’est toute la question, par exemple, de l’évangélisation des musulmans. Saint Paul disait « Le Christ ne m’a pas choisi pour baptiser, mais pour évangéliser »(1°Cor 1,17). Comment évangéliser les musulmans ! Il s’agit de leur permettre de vivre les valeurs de l’Evangile, dans leur propre foi. Et de vivre comme Jésus-Christ, dans leur propre religion. A ce moment-là, ils ne sont pas baptisés, et ils ne viennent pas prier avec nous dans nos églises. Ils ne sont pas dans l’Eglise. Mais ils sont dans le Royaume. Comme le dit le titre de la vision : « Jésus Christ, unique Sauveur, aîné d’une multitude de frères, modèle et source de vie pour tous ».

B. La mission « Bâtir l’Eglise famille de Dieu »

(Marc 3, 35) « Celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là est pour Moi, un frère, une sœur et une mère »

Cette mission nous demande d’abord, de ne pas nous enfermer dans notre famille biologique. Nous respectons notre père et notre mère, c’est un commandement de Dieu. Mais nous refusons le favoritisme (favoriser nos parents et nos amis) et l’ethnocentrisme (mettre en premier les gens de notre ethnie, ceux qui parlent notre langue). Car Jésus a élargit nos familles, pour que nous soyons frères de tous.

Bien sûr, nous gardons les valeurs et les qualités de la famille africaine traditionnelle : le soutien entre nous, l’amour, l’éducation, et tout le reste. Mais nous vivons ces valeurs dans la famille de Dieu, avec tous les chrétiens, pas seulement dans notre famille naturelle. C’est ce qui nous amènera parfois, à refuser ce que nous disent nos parents, s’ils veulent nous conduire sur un chemin, qui n’est pas le chemin de Dieu. Comme le disait Jésus déjà à 12 ans « Est-ce que vous ne savez pas, que je dois être dans la maison de mon Père ?».

Cela nous demande de vivre, en petits frères et petites sœurs de Jésus. De vivre avec Lui, et comme Lui. Mais là encore, notre mission nous demande, de dépasser les limites de notre Eglise. Car ceux qui font la volonté de Dieu, ce ne sont pas seulement les chrétiens. Comme le chantaient les anges à Noël (Luc 2,14) : » Paix aux hommes de bonne volonté » : à tous les hommes. « Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime», et Dieu aime tout le monde. C’est pourquoi à la Paroisse de Pikine, comme thème d’année, nous avons choisi « Bâtir notre société, sur Jésus-Christ » : pas seulement bâtir l’Eglise famille de Dieu. Comme le demande d’ailleurs le texte complet de la « mission » : « Enracinés en Jésus-Christ, comme frères de tous les hommes, animés par l’Esprit Saint qui nous envoie dans le monde entier, nourris et justifiés par et dans l’Eucharistie ». Et nous n’oublions pas qu’avant de recevoir la communion, nous disons la prière d’un païen, l’officier romain : « Seigneur, je ne suis pas digne que Tu viennes chez moi ». Et comme on le dit bien : « l’Eglise famille de Dieu est lieu et artisan de réconciliation, de justice et de paix dans le Sénégal et l’Afrique d’aujourd’hui pour l’avenir d’un monde nouveau ».

C. Les objectifs stratégiques

1. La communion

« Faire de nos communautés, des écoles et des maisons de communion fraternelle, en Jésus-Christ ».

Dans notre rencontre, nous avons noté que la communion a deux dimensions. D’abord la communion au Corps du Christ, et ensuite la communion avec nos frères. Les deux vont ensemble, comme nous le rappelle Jésus-Christ : « Si tu viens présenter ton offrande à l’autel, et là tu te rappelles que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, va d’abord te réconcilier avec ton frère » (Mat 5,23). Jésus nous dira à la fin du monde : «J’avais faim, et vous m’avez donné à manger...Tout ce que tu as fais au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu l’as fait ».

Au niveau de l’Eglise, nous avons noté, que beaucoup de personnes ne peuvent pas recevoir la communion au Corps du Christ. Et cela aux moments les plus importants de leur vie. Par exemple, quand ils commencent à vivre ensemble et à avoir des enfants, s’ils ne célèbrent pas tout de suite le sacrement du mariage. Il y a aussi celles qui ne peuvent pas être baptisées, parce qu’elles sont 2ème femme. Et aussi les femmes mariées avec des musulmans, avec un divorcé, ou simplement un chrétien qui ne veut pas célébrer le mariage. Nous espérons que le prochain Synode ouvrira pour eux, des chemins de miséricorde. En tout cas, nous devons les aimer, les soutenir, et vivre en communion avec eux.

Nous avons noté que nous manquons souvent de communion, dans nos paroisses, nos CEB et nos mouvements.

Mais aussi, que Jésus nous appelle à vivre la communion avec tous, chrétiens ou non, être solidaires de tous les hommes et de toutes les femmes qui sont enfants de Dieu et petits frères de Jésus.

2. La sanctification

« Cultiver le désir d’une vie, sanctifiée par la Parole de Dieu et les sacrements »

Nous préférons le titre « sanctification » à l’ancien titre » liturgie », car certains comprenaient qu’il s’agirait simplement de prières et de cérémonies. Il s’agit bien d’être saints, dans toute notre vie, et dans la lumière du Saint Esprit. Là encore, nous avons noté que la Parole de Dieu n’est pas seulement pour nous. Elle est pour tous les hommes. Jésus disait à ses apôtres : « Allez enseigner toutes les nations ». Et l’Eucharistie est le sacrement de la Nouvelle Alliance, une alliance offerte à tous en Jésus-Christ. « C’est le fruit de la terre, et du travail des hommes » (de toute la terre, et de tous les hommes). « C’est le sang de l’Alliance, qui sera versé pour nous les chrétiens, et pour toute la multitude des hommes, pour le pardon de tous les péchés ». C’est à tout le monde que Jésus dit, sur la montagne « Soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait » (Mat 5,48).

3. L’évangélisation :

« Rendre compte de notre foi en Jésus-Christ, et des valeurs chrétiennes »

Si on parle de valeurs, cela veut dire qu’elles ne doivent pas être vécues seulement entre chrétiens, personnellement et en communautés. Elles sont valables pour tous. Il ne s’agit donc pas seulement, de rendre compte des valeurs chrétiennes. Mais de proposer aux musulmans qui le veulent, de vivre dans l’esprit de l’Evangile. A la lumière de Jésus-Christ, qu’ils connaissent, et respectent comme prophète. Cela ne passe pas par des discours. Vouloir discuter de religion, cela conduit très souvent à ne pas nous comprendre, et même à nous disputer. Il s’agit du dialogue de vie : vivre et agir ensemble. Car quand nous agissons ensemble, nous sommes amenés naturellement, à partager nos idées, mais aussi les raisons qui nous font agir ainsi (nos motivations). Comme le disait Pierre (1ère Pierre 3,15). Même quand Jésus parle de la foi, par exemple avec la Samaritaine, Il en parle à partir de sa vie, pas en théorie. Et c’est à partir d’une demande concrète de l’officier romain (guérir son serviteur), qu’il admire sa foi, et le montre en exemple, à ceux de sa propre religion (Mat 8,5).

L’Evangélisation passe donc par le témoignage de notre vie. Même si nous ne sommes pas toujours exemplaires, nous sommes témoins de l’amour de Dieu.Et de ce que l’Esprit Saint fait en nous. Mais ce témoignage, pour être compris et accepté, demande que nous mettions d’abord une véritable amitié entre nous. Cela suppose aussi, que nous acceptions nos différences. Et donc aller beaucoup plus loin, que la simple tolérance. D’ailleurs, si l’autre devient comme moi, il n’a plus rien de nouveau à m’apporter.

Mais ce partage de la foi doit aller dans les deux sens. Nous témoignons de Jésus. Mais nous accueillons aussi, ce que Jésus veut nous dire par la vie de nos frères et de nos soeurs des autres religions. Car eux aussi peuvent nous apporter beaucoup. Et nous faire grandir dans notre foi, par leur propre foi. Par exemple, par l’importance qu’ils donnent à la prière, sans avoir peur de prier en public, le jeûne, l’aumône etc...D’ailleurs un partage doit toujours aller dans les deux sens. Jésus disait à la Samaritaine : « Ce n’est ni sur cette montagne, ni dans le temple de Jérusalem, qu’on est obligé de prier. Dieu veut des gens qui L’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4,21-24).

4. Le service

« S’engager au service de tout l’homme, et de tout homme »

Les résultats intermédiaires (R.I) sont : la réconciliation, la justice, la paix, le développement, la doctrine sociale et les droits humains, et rendre sa dignité à tout homme. Le résultat clé c’est : « l’engagement des fidèles du Christ au service de l’homme, de l’Eglise et de la cité est intensifié ». Il est bien évident que l’on ne peut vivre cela, qu’en agissant avec tous les autres citoyens du pays. Notre Eglise a besoin de sortir d’elle-même, pour se mettre véritablement au service des hommes, et au service du Royaume de Dieu. Nous nous mettons au service de tout homme, et de tous les hommes. Mais nous devons agir aussi, avec tous les hommes. Ce que nous oublions parfois. Nous retrouvons là, les dimensions essentielles de la spiritualité spiritaine : l’éducation, le service des pauvres, la lutte pour la justice et la paix, les relations avec les personnes des autres religions, l’ouverture missionnaire à tous, etc.

Réponses des carrefours

Comment vivre ces quatre objectifs, en tant que Fraternité Spiritaine (personnellement et ensemble) : au niveau de la spiritualité (foi et prière) dans la ligne de nos fondateurs, pour soutenir les pauvres, et pour évangéliser ? Donner des actions concrètes et dire l’engagement à avoir dans les structures

Nous vivons l’année pastorale, en communion avec les autres chrétiens. Nous participons aux rencontres qui sont organisées. Nous mettons nos actions en commun, lors de nos rencontres générales. Nous témoignons beaucoup, pendant les réunions mensuelles. Il y a aussi des réconciliations entreprises. Les actions ne se limitent par seulement à la fraternité. Des visites ont été rendues aux maisons de formation spiritaines. Il y a aussi la communion spirituelle : prier dans notre cœur, et la communion entre frères. mais nous constatons à ce niveau qu’il y a un manque de communion entre nous dans nos paroisses. Et aussi un manque de communion entre chrétiens et musulmans, malgré les apparences qu’on s’entend bien. Il faut donc faire de gros efforts pour faire grandir cette communion, pas seulement entre nous les chrétiens mais avec tous. Nous voulons vivre l’amour de Dieu et être solidaires envers notre prochain. Comme le disait Jésus.

Concernant la sanctification : Il y a la formation à travers les lettres du mois, pour mieux comprendre la parole de Dieu. Cela comprend non seulement la liturgie et la prière, avec les sacrements, mais aussi la catéchèse, et le partage de la Parole de Dieu par exemple en famille et en CEB. Comme le disait Jésus « soyez saints, comme votre Père du ciel est saint »

Pour l’évangélisation, un appel a été lancé pour un engagement dans les autres mouvements et les structures, de même que l’ouverture de l’Eglise aux autres. Les témoignages portent sur l’accompagnement des vocations, des visites et l’assistance dans la discrétion. Nous cherchons à mieux vivre l’Evangile, nous prions pour tous ceux qui souffrent. Nous parlons et agissons ensemble dans la vie de tous les jours, avec nos voisins musulmans. Et déjà dans nos familles et au travail, dans la simplicité. Le témoignage, nous essayons de le vivre dans la vie de tous les jours. Nous ne sommes pas exemplaires, mais malgré nos péchés et nos limites, nous pouvons quand même être des témoins de la miséricorde et du pardon de Dieu, et aussi de la conversion. Jésus disait « soyez mes témoins dans le monde entier ». Et Pierre précise « partagez votre foi mais avec douceur ».Ce qui est important, c’est l’amitié avec les musulmans, et partager l’éducation que nous avons reçue. Ne pas faire de la théorie, mais agir ensemble. Tt savoir que l’autre est comme moi : il a les mêmes besoins et les mêmes désirs.

Le service par des actions concrètes, comme le soutien des jeunes, inviter les jeunes à suivre des formations. Mais aussi à participer à des groupes de réflexion et à des commissions, pour agir sur les causes profondes des manques de justice et de paix . Nous cherchons à réconcilier ceux qui ne s’entendent pas autour de nous …

Mais il y a également des manquements, dus à un défaut de communication. C’est le cas, lors des décès de parents des spiritains, dont les membres de la fraternité ne sont pas suffisamment informés. Et aussi l’incapacité d’aider financièrement, ceux qui sont dans le besoin. Et parfois le manque d’engagement lors des rencontres.

Cependant, la prière et la foi portent du fruit, de même que l’expérience et le partage. On remarque une envie de s’enrichir spirituellement, et de ne pas se laisser prendre par les besoins matériels qui s’usent.

2ème partie : Notre façon de travailler

A Ouakam, nous avons décidé d’un plan d’action, mais nous n’avons pas encore commencé. Les actions prévues : recenser les sectes présentes dans le quartier ,et se renseigner sur elles. Nous avons remarqué deux groupes de protestants. D’abord « les chrétiens célestes ». Ils ont commencé au Gabon. Ils cherchent à faire des guérisons et des miracles. Ils ont été fondé par Chofa. Les sectes mettent souvent les chrétiens en danger. Elles les attirent par des promesses de guérisons, de travail, d’argent ou de chance dans le mariage. Il faut donc contacter ces chrétiens attirés par les sectes, pour les aider à réfléchir.

Reprendre nos réunions et chercher de nouveaux membres. Le problème, c’est que dans ces réunions nous parlons, mais sans passer à l’action . Les anciens partent, et nous ne recrutons pas de nouveaux membres. Il faut donc réfléchir sérieusement, pour voir ce qu’il est possible de faire.

Noter aussi projet de visite au centre de handicapés « l’Abri » pour les soutenir.

Fraternité Marthe et Marie : Nous avons fait des visites dans les maisons de formation, pour encourager les jeunes. Et aussi leur apporter notre soutien, au niveau matériel, comme au niveau spirituel. Nous avons prié avec eux. Nous faisons nos rencontres dans nos différentes maisons, à tour de rôle.

En général :Nous notons un manque de rigueur, dans le travail du bureau

Les nouvelles orientations sont bonnes, mais le problème c’est la fidélité aux réunions. Les gens viennent de temps en temps, donc ce n’est pas les mêmes à chaque fois. Dans ces conditions ce n’est pas possible de faire un travail suivi, régulier et en profondeur.

Il est vraiment important que nous prenions nos responsabilités : recontacter les anciens, chercher les causes du manque d’engagement, chercher de nouveaux membres.

Pour nos rencontres, il faudrait revoir le système des cotisations, et comment remplir la caisse. Il faudrait faire un ngeel (soirée), pour récupérer de l’argent : à voir la prochaine fois.

Pour ceux qui ont internet et reçoivent les Compte Rendus des réunions : tout faire pour les imprimer et les distribuer aux autres

Pour le soutien des pauvres, nous avons cité en particulier deux actions : l’aide pour un enterrement, pour une personne qui n’avait pas de famille. Et le soutien à une personne âgée et sans moyens. Il ne faut pas nous limiter à l’aide matérielle. Nous devons aussi conseiller les gens, les encourager, et les soutenir pour qu’ils retrouvent le courage et l’espérance.

Soutenir la mise en place de la famille spiritaine, regroupant les parents et amis des spiritains, en particulier de ceux qui travaillent au loin dans les autres pays

Continuer à prier pour la béatification de nos fondateurs.


Réflexions sur la vie religieuse

Dans cet article, après une présentation de la lettre du Pape François, je ferai un retour sur le forum des religieux de 2001 et la 2ème réunion des délégués des Congrégations religieuses du Sénégal (D’où venons-nous, page 2), puis j’aborderai la question de la vie religieuse sous ses différents aspects :

  • Notre consécration religieuse (page 4)

  • L’engagement de nos congrégations (page 6)

  • Nos engagements dans la paroisse (page 8)

  • Nos engagements dans la société (page 12) et enfin,

  • Notre engagement missionnaire, avec une réflexion sur l’évangélisation (page 13) et le Royaume de Dieu (page 15).

  • Pour terminer, une réflexion sur l’inculturation de la vie chrétienne et religieuse (page 19).

En la fête de la Présentation de la Vierge Marie, le 21 novembre 2014, le pape François a adressé une lettre apostolique aux religieux/ses pour l’ouverture de l’Année de la vie consacrée. Cette lettre de François a suscité de nombreuses réactions positives. Je citerai celle de Sœur Mercedes Leticia Casas Sanchez, fsps, présidente de la CLAR (Union des religieuses et religieux d’Amérique latine et des Caraïbes). Elle reprend pour son continent les propos du pape François : En premier lieu, elle nous invite à « renouveler notre fidélité à l’Évangile, à raviver le don de la prophétie et à nous renforcer dans l’espérance, afin de vivre dans l’aujourd’hui de l’humanité ». Dans un second temps, elle encourage ses frères et sœurs : « Nous réveillerons (le monde) lorsqu’on pourra voir une vie religieuse avec “la lumière dans le regard, la parole sur les lèvres et le feu dans le cœur »

Casas Sanchez indique l’importante de la Parole de Dieu pour les religieux : « Puisse cette année porter ses fruits de conversion et de joie, en nous qui vivons cette belle vocation. Puisse la Parole de Dieu, sous toutes ses formes, être au centre de notre cœur et de notre mission. Puisse-t-elle nourrir notre prière personnelle et communautaire, guider nos rencontres fraternelles. Puisse-t-elle constituer le point de départ et le contenu de notre mission évangélisatrice, ainsi que le critère nous incitant à vivre à partir des pauvres et pour les pauvres »

Sœur Mercedes Leticia continue : « Puisse la célébration de cette année de grâce rénover notre identité prophétique et la dynamiser avec audace et créativité, avec l’inquiétude de l’amour, avec la passion devenue compassion, décentrement, tendresse, consolation. Et puisse-t-elle raviver notre espérance, celle qui devance l’avenir et remplit de sens chacun de nos efforts. Pour nous rendre cohérents, transparents, dociles à l’Esprit, qui nous entraîne avec vivacité vers une vie religieuse significative, partageant les joies et les douleurs de l’humanité dont elle fait, elle aussi, partie.

Nous ne réveillerons le monde que dans la mesure où nous ferons preuve de communion, d’échange entre congrégations, de partage de notre charisme et notre mission, aux côtés des laïcs. Les gens se réveilleront lorsqu’ils verront un nouveau visage de la vie religieuse, avec de nouveaux gestes. Lorsqu’ils verront que les nouvelles générations et les anciennes se complètent et se soutiennent mutuellement. Lorsqu’ils nous verront heureux dans la simplicité, dans le service, et dans la qualité humaine de nos relations. Nous réveillerons le monde lorsque nous irons à sa rencontre, et que nous le toucherons avec la tendresse et la joie d’une mère, d’un père, d’une sœur ou d’un frère. Nous le réveillerons, lorsqu’on pourra voir une vie religieuse avec « la lumière dans le regard, la parole sur les lèvres et le feu dans le cœur ».

De son côté, le père Gilles Pagès, spiritain, écrit : » Le service de l’annonce de l’Evangile oblige parfois à dénoncer. Dénoncer ceux qui calomnient, parce que nous les dérangeons. Dénoncer les pensées uniques qui font des hommes des robots. Dénoncer les situations qui emprisonnent ou abaisse le frère, quel qu’il soit. Mais dénoncer aussi la qualité de nos propres vases quand ils se fendillent. Et quand nous dénonçons, est-ce pour proclamer le Royaume ou pour nous annoncer nous-mêmes ? Que nos renoncements favorisent notre disponibilité, et le don total de nous-mêmes. Surtout, qu’ils nous rendent dociles au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle ».

Venons-en au contenu de cette lettre. François y insiste sur le témoignage : « C’est votre vie qui doit parler, une vie de laquelle transparaissent la joie et la beauté de vivre l’Évangile, et de suivre le Christ ». Il nous demande de vivre dans l'action de grâce (regarder le passé avec reconnaissance) "là où il y a le religieux, il y a la joie", mais aussi de regarder vers l'avenir où l'Esprit nous envoie. Est-ce que nous nous laissons interpeler par l'Evangile ? Comment le mettre en pratique, dans le monde d’aujourd’hui ? "que notre don total dans le service de l'Eglise, des familles des jeunes, des personnes âgées, des pauvres, nous réalise comme personne, et donne une plénitude à notre vie". François continue : » J'attends que vous réveillez le monde », en rappelant que « l'année de la vie consacrée ne concerne pas seulement les personnes consacrées mais l'Eglise toute entière, et toutes les communautés chrétiennes, même celles appartenant à des églises de traditions différentes". Mais pour réveiller le monde, il faut d’abord que nous soyons nous-mêmes réveillés !

Dans cet article, je voudrais retenir un point particulier de cette lettre apostolique :"en regardant le passé on pourra découvrir des incohérences fruits des faiblesses humaines, parfois même l'oubli de certains aspects essentiels du charisme. Tout est instructif et devient en même temps appel à la conversion". François nous demande donc « de vivre le présent avec passion, dans une écoute attentive de ce que l'Esprit dit à notre Eglise aujourd'hui…J 'attends donc que vous sachiez créer d'autres lieux où se vit la logique évangélique du don, de la fraternité, de l'accueil, de la diversité et de l'amour réciproque. J’espère que tous les lieux que la charité, et la créativité ont fait naître, feront naître encore une créativité nouvelle pour devenir toujours une société inspirée de l'Evangile, et la ville sur la montagne qui dit la vérité et la puissance des paroles de JESUS...Pendant cette année, personne ne devrait se soustraire à une vérification sérieuse concernant sa présence dans la vie de l'Eglise, et sur la manière de répondre aux demandes nouvelles qui se lèvent autour de nous et aux cris des pauvres."

D'où venons nous ?

Un proverbe dit:" Si tu sais plus où aller, retourne là d'où tu viens". Il est important d'avoir un suivi dans nos réflexions et dans nos actions. Je ne veux pas remonter très loin, mais revenir simplement au forum des religieux de 2011, à Dakar.

Forum des religieux de 2011

Pendant le week-end du 1er Novembre 2011, a eu lieu une grande rencontre (forum) des religieux et religieuses de tout le Sénégal, sur le thème « Liberté, vérité et responsabilité pour une mission féconde et épanouissante ». Je reprends certaines de mes notes.

Le premier jour, nous avons surtout insisté sur notre identité religieuse, notre vie « interne » avec ses conditions : les trois vœux, la prière, la vie de communauté. Tout cela est très important. Mais qu’en est-il de notre présence dans le monde, comme nous le demande le titre de ce forum : « Pour une mission féconde et épanouissante » ?

On a dit aussi : « Témoigner du Christ dans les milieux défavorisés ». Sommes-nous vraiment présents dans ces milieux ? Est-ce que nous partageons la vie des défavorisés. Est-ce que nos communautés ne sont pas trop souvent des enclaves, avec un niveau de vie supérieur à celui de la plupart des gens, malgré notre vœu de pauvreté ?

Nous avons ensuite parlé de nous enraciner dans le Christ. C’est absolument nécessaire, mais quelle compréhension avons-nous de son Evangile, en particulier des Béatitudes et de sa mission ? (Voir, par exemple, Luc 4, 14 à 21 ; et Luc 7, 19 à 23). Pierre nous dit en reprenant le Prophète Isaïe (65, 17 + 66, 22) : « Nous attendons des cieux nouveaux et une terre nouvelle, où la justice habite (2ème de Pierre, 3, 13. Voir aussi Apocalypse 21, 1). Jésus disait à ses apôtres : « Qui vous accueille, m’accueille » (Mat 10,40). Et aussi : »Celui qui accueille un enfant en mon nom, c’est moi qu’il accueille » (Luc 9,48). C’est dans les hommes et les femmes qui nous entourent, et d’abord dans les petits de notre société, que nous pouvons rencontrer le Christ chaque jour. Pour cela, il est essentiel que nous gardions l’espérance. Mais n’avons-nous pas un regard trop négatif sur notre société ? Il est essentiel de voir le positif, les bonnes choses que font les gens. Il s’agit de nous laisser interpeler par le monde, et pas seulement par notre propre conscience.

Le 2° jour, nous avons dit : « Avançons au large, dans la vérité, la liberté et la responsabilité ».

Il n’y a pas de liberté sans libération. Comment d’abord nous laisser libérer nous-mêmes par le Christ, pour vivre à plein (Jean 10, 10) ? Que faisons-nous pour libérer nos communautés, nos congrégations et notre Eglise, de tout ce qui pèse sur elles, et qui alourdit leur pas ? Prenons-nous, chacun d’entre nous, nos responsabilités pour cela ? Vivons-nous dans la vérité de la vie religieuse ? (il ne s’agit pas seulement de dire la vérité, mais de faire la vérité, comme nous le demande le Christ).

Comment libérer notre société sénégalaise, au milieu de toutes les tensions actuelles et les risques de violences ? Que faisons-nous pour libérer en premier les écrasés, les opprimés, les étrangers et tous les rejetés ? Nous avons parlé de la dimension prophétique de la vie religieuse : en quoi sommes-nous vraiment prophètes actuellement ? Le baptême nous demande d’être « prêtres, prophètes, et rois ». Sommes-nous des « rois » ? C’est-à-dire cherchons-nous à organiser la société actuelle, pour y faire grandir le Royaume de Dieu ? Comment retrouver le prophétisme de la vie religieuse ? Comment également éduquer à la non violence active selon l’Evangile ? N’est-ce pas cela l’une de nos premières responsabilités ?

Nous avons parlé de la prière, mais la prière est aussi contemplation, pour savoir lire les signes des temps, et pour découvrir que faire pour libérer les pauvres, les prisonniers et les aveugles de toutes sortes, et tous les petits de la société (Luc 4, 14 à 21). Car ce sont ces petits qui doivent être nos préférés et nos favorisés. Savons-nous lire les « signes des temps » (Mt 16,2-3), pour découvrir les appels du Seigneur dans le monde d’aujourd’hui, comme nous le demande le document du Concile dont nous fêtons le 50ème anniversaire : « l’Eglise dans le monde de ce temps » ? Et aussi pour changer nos façons de faire, pour commencer des activités nouvelles et des nouvelles façons de vivre notre vie religieuse et nos engagements. Jésus disait : « le sage dans le Royaume de Dieu, c’est celui qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien » (Mat 13,52). Est-ce que nous savons faire du neuf ? Est-ce que nous essayons même de le faire ? Ou est-ce que nous ne nous contentons pas de faire marcher nos œuvres comme nous l’avons toujours fait ?

Le 3° jour, nous avons parlé de « repartir du Christ ». Le Christ a prié, il a vécu en communauté avec ses apôtres. Il a annoncé l’Evangile, pas seulement en paroles mais en actes. Il a nourri la foule, guéri les malades et chassé les esprits mauvais. Mais le Christ, c’est aussi celui qui a défendu tous ceux qui étaient traités injustement : les pauvres, les petits, les étrangers, les écrasés. Il les défend et Il les fait grandir. De même que les femmes et les enfants : Il défend la femme adultère (Jean 8,11), et aussi la prostituée  devant Simon, le pharisien (Luc 7,40). Il dit : » laissez venir à moi les petits enfants » (Mat 19,14). Il a su encourager et louer le 10ème lépreux samaritain, le seul venu lui dire merci (Luc 17,12). Et Il donne en exemple un autre païen, le bon samaritain (Luc 10,30). Repartir du Christ, cela veut donc dire aussi, pour nous : admirer la foi des non chrétiens, comme Jésus a admiré et donné en exemple la foi du centurion romain (Mat 8,5), de la syrienne (Marc 7,26). Et la samaritaine, qui a été sa première missionnaire (Jean 4)

Le Concile Vatican 2, dans le document « l’Eglise dans le monde de ce temps », reprend la méthode de l’Action catholique : « voir – réfléchir – agir ». Sommes-nous capables, pour repartir du Christ, de voir la vie de nos frères, et d’y réfléchir à la lumière de la Parole de Dieu, pour agir comme le Christ et avec Lui ? Il s’agit pour nous dans nos communautés, mais aussi avec tous dans la société. Déjà, est-ce que nous comprenons la langue des gens ? Pas seulement le wolof, mais aussi la façon dont ils parlent le français et ce qu’ils veulent dire (leur culture, la culture populaire). Nous ne pouvons pas annoncer Jésus-Christ aux hommes si nous ne parlons pas la langue des hommes. Mais trop souvent nous utilisons un langage religieux que les gens, en particulier les musulmans, ne comprennent pas, et ne peuvent pas comprendre.

Nous avons dit : il faut repartir du Christ. Cela suppose de connaître le Christ. Mais cela suppose aussi de partir, c’est-à-dire d’avancer. Est-ce que trop souvent nous ne restons pas à tourner autour du Christ, au lieu de repartir de lui, pour aller vers nos frères et dans le monde ? Aujourd’hui, Jésus nous dit, comme à Simon (Luc 5,4) : »Va au large ».Notre pape François nous demande sans cesse « d’aller à la périphérie ».

Réunions des religieux

Suite à l’Assemblée Générale du 28 Avril 2012, et à la demande du cardinal Théodore Adrien, se sont tenues des réunions des délégués des Congrégations masculines du Diocèse de Dakar, pour voir comment mieux participer au travail du diocèse, dans la ligne de nos vocations et selon nos possibilités. Voici quelques conclusions de la 2ème réunion : Quelle peut être notre place et notre travail spécifique en tant que religieux ? « L’important pour nous c’est d’ouvrir le diocèse aux non chrétiens et à ce qui se passe dans la société. Avec un souci spécialement des jeunes. Mais par exemple pour l’éducation, nous nous limitons souvent aux écoles formelles, du primaire à l’université. Nous sentons le besoin de travailler à l’éducation de tous les jeunes, spécialement les enfants de la rue, les apprentis, les enfants non scolarisés ou dé-scolarisés, surtout les jeunes filles. Et aussi de ne pas rester enfermés dans nos paroisses et communautés. Etre davantage présents dans les quartiers, auprès des organisations laïques : associations de jeunes et de femmes, syndicats, centres culturels, écoles, postes de santé. Etre en contacts réguliers avec les imams et les délégués de quartier. Des questions nous préoccupent plus spécialement, comme en particulier le chômage des jeunes et leur éducation sexuelle. Il y a tous les problèmes des femmes, mais ce sont plutôt nos sœurs, les religieuses, qui les prennent en charge, bien que nous travaillions ensemble. Beaucoup d’entre nous ont la responsabilité de paroisses ; nous nous sommes redit que ce n’est pas obligé. Mais, si nous sommes en paroisse, il nous semble important d’intensifier notre soutien aux Mouvements d’Action Catholique et aux Communautés de quartier (CEB). Et de nous engager davantage dans les Commissions de Justice et Paix, et des relations chrétiens-musulmans. Pour le travail auprès des prisonniers et des malades, nous y sommes déjà engagés ; mais les choses sont toujours à intensifier et à revoir. Nous nous posons aussi la question des médias et de notre participation aux émissions de radio et de télévision. Mais la question de fonds, reste la présence et le travail avec les petits et les pauvres, ceux qui sont mis à l’écart et écrasés ».

Notre consécration religieuse

Nous avons fait voeu de pauvreté, de chasteté (célibat consacré) et d’obéissance. Il faut nous demander : quels sont les nouveaux secteurs de la vie moderne qui ont besoin d’être évangélisés. Car le monde a changé. Il y a de nouveaux domaines de manque de foi, comme des nouveaux secteurs de pauvreté et d’injustices, dans lesquels nous devons nous engager. Mais encore faut-il en prendre conscience. Et donc de savoir lire les signes des temps, comme nous l’a rappelé le 2° concile du Vatican, à la suite de Jésus Lui-même (Mat 16,3).

Par exemple, voir les nouvelles formes de pauvreté qui apparaissent. Et les nouvelles maladies et problèmes actuels de santé, aussi bien dans le monde rural que dans les banlieues. Pas seulement le SIDA ou Ebola, mais aussi les maladies causées par la pauvreté et la détérioration de notre environnement : sous- alimentation, mais aussi choléra, trachome, poliomyélite…. Et aussi participer aux propositions actuelles, comme par exemple la CMU (couverture médicale universelle). Le pape François explique (EG n° 210) : » Il est indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés, les minorités, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées etc. Les migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église sans frontières qui se sent mère de tous ». Et les réfugiés et migrants ne manquent pas au Sénégal. Des sénégalais se sont encore noyés le 11 janvier 2.015, avec plus de 300 autres personnes, au large de Lampedusa, en voulant gagner l’Europe. Il nous faut relire le message de François du 1° janvier 2015, journée mondiale de la paix.

Dans son message au symposium international le 9 mars 2014, François exhorte spécialement les religieux et religieuses : « Soyez encore aujourd'hui, pour l’Église et pour le monde, les avant-postes de l’attention à tous les pauvres et à toutes les misères, matérielles, morales et spirituelles, comme dépassement de tout égoïsme, dans la logique de l’Évangile qui enseigne à faire confiance à la Providence de Dieu… Vivez et témoignez que le principe de gratuité et la logique du don trouvent leur place dans l’activité économique », souligne le pape. En rappelant que le charisme de base des Instituts « est inscrit en plein dans cette logique… Administrez les biens avec sagesse et transparence, donnez à la dimension spirituelle la priorité sur la dimension économique et le rendement, ne tolérez pas le gaspillage, et soyez attentifs à la bonne utilisation des ressources…Les instituts ont toujours été des voix prophétiques et des témoins vivants de la conformité à Celui qui s'est fait pauvre ... Votre pauvreté amoureuse n'est pas théorique. Elle s'apprend en touchant la chair du Christ pauvre, dans les humbles, dans les pauvres, dans les malades, dans les enfants. Cette pauvreté est solidarité, partage et charité. Elle s'exprime dans la sobriété, dans la recherche de la justice et dans la joie de l'essentiel. Elle défend contre les idoles matérielles qui obscurcissent le sens authentique de la vie religieuse ».

L’obéissance : « À travers le chemin persévérant dans l’obéissance mûrit la sagesse personnelle et communautaire. Et ainsi il devient possible d’adapter les règles des différents ordres religieux, aux temps actuels. Le vrai aggiornamento, en effet, est œuvre de la sagesse, forgée dans la docilité à l’Esprit Saint, et l’obéissance ». A ce moment-là, notre vœu d'obéissance ce ne sera pas seulement obéir à nos supérieurs, mais chercher ensemble en communauté à quoi le Seigneur nous appelle pour faire sa volonté. Cela demande donc qu'on parle en réunion de communauté de la vie de l'Eglise, et aussi de la vie de la société, pour y décerner les signes des temps, et les appels que l'Esprit nous adresse.

Par rapport à notre vœu de célibat consacré, je pense qu’il est absolument nécessaire, de voir sa signification suite à toutes les transformations actuelles de la façon de vivre la sexualité, le mariage et la famille, au Sénégal comme ailleurs. Le synode sur la famille nous le demande fortement. Comment être signes d’amour et de respect de soi et des autres dans des familles blessées par les grossesses indésirées, les avortements et même les incestes ? Cela se passe même dans nos propres familles. Comment être les témoins de l’amour et de la miséricorde du Christ, dans une société malade de la prostitution, de l’homosexualité et de la pédophilie ? Que faisons-nous par rapport aux essais de plus en plus forts et nombreux, pour une légalisation de l’avortement médicalisé ? Nous ne pouvons pas tout faire, ni tout solutionner. Mais si chacun commençait à faire ce qu’il peut là où il vit, les choses changeraient certainement. Il ne s’agit pas d’un poids à porter, mais d’une libération de nous-mêmes, et de nos frères et sœurs. C’est cela qui nous donnera la vraie joie de l’Evangile, et non pas de rester tranquilles dans notre coin.

Au sujet de la dimension prophétique et missionnaire, mais d’abord simplement sociale, de notre charisme de religieux, il s'agit de vivre notre charisme en vérité, comme l'a demandé l'Eglise au concile Vatican II. Il ne s'agit pas de continuer à mener les mêmes activités que nos fondateurs, mais de comprendre dans quel esprit ils l'ont fait, et à quel besoin ils voulaient répondre. A ce moment-là, nous voyons comment vivre cet esprit dans le monde d'aujourd'hui. François explique : Suivre son charisme, ce n’est pas « cultiver des nostalgies inutiles » mais « parcourir à nouveau le chemin des générations passées, pour y cueillir l’étincelle inspiratrice, les idéaux, les projets, les valeurs qui les ont mues ». C’est pourquoi, par exemple, les religieuses engagées dans la lutte contre la traite des êtres humains et aussi des sœurs qui œuvrent auprès des migrants ou des prisonniers, étaient au cœur des intentions de prière du pape pour le mois de février 2015.

Pour redécouvrir notre charisme, notre Pape François nous donne trois repères:

  1. L'Esprit Saint est toujours au départ d'un vrai charisme.

  2. Il s'agit d'un cadeau à l'Eglise, et non pas à un groupe particulier.

  3. Les fruits du charisme doivent être mis au service de toute l'Eglise :"plus un charisme tournera son regard vers le cœur de l'Evangile, plus son exercice sera au service de l'Eglise" (EG 130).

Mais actuellement il est difficile de voir quel est le vrai charisme de certaines congrégations. En effet, la plupart des religieux prêtres sont tout d'abord prêtres de paroisses, et donc appelés à avoir les mêmes activités que les prêtres diocésains. Les frères et les sœurs font presque tous la même chose : écoles, dispensaires, et centre de promotion féminine. Bien sûr, les congrégations religieuses ont besoin d'argent pour vivre, et c'est sans doute ce qui explique ces choix. Mais alors, est ce que nous répondons aux vrais besoins de notre société? Est-ce que nous traçons des pistes d'avenir, pour répondre aux besoins nouveaux qui apparaissent? Est-ce que nous sommes vraiment proches des pauvres ? Il y a là certainement des choses à revoir!

On rencontre aussi souvent une tension entre le charisme de la congrégation et les dons des personnes. Si on est religieux il n'est pas question de suivre individuellement un projet personnel. Mais en même temps, il est important que les supérieurs aident chacun à s'épanouir, et à développer les talents qu'il a reçus du Seigneur. Pour répondre à sa vocation personnelle, mais dans la ligne du charisme de sa congrégation, et en vivant ses activités en lien avec la communauté.

La communauté nous soutient dans notre vocation. Elle est aussi le premier lieu de témoignage, et le meilleur moyen de vivre la dimension prophétique de notre vie religieuse. Il ne s’agit pas seulement de faire des prières ensemble, mais aussi de tenir des réunions de communauté, où on partage ce qui nous interpelle dans la vie de l'Eglise et de la société.

Cela pose aussi la question de la prière : est ce que nous savons prier à partir de notre vie, en cherchant à lire les signes des temps, comme nous le demande le Concile Vatican II, et d'abord Jésus Christ Lui-même (Luc 12,56 et Mat 16,2) ? Est-ce que nous présentons nos engagements au Seigneur pas seulement dans la prière personnelle, mais aussi communautaire ? Ou est-ce que trop souvent nous ne nous contentons pas d'une prière mécanique de l'office, avec de très beaux chants mais sans aucune actualisation, ni commentaire, ni intentions de prière personnelle, ni partage de la Parole ? Comme si nous ne vivions pas dans une société, avec tous ses problèmes mais aussi ses aspirations et toutes les bonnes choses qui se font et qu'il est tellement important d'offrir au Seigneur. Notre prière de l'office est souvent intemporelle : on aurait pu dire la même chose au 20ème siècle, on pourrait réciter la même chose au Brésil ou au Japon sans aucun problème.

C'est très bien de réciter le chapelet, mais il faut aussi chanter en vérité le Magnificat et pouvoir dire sincèrement, parce que nous le faisons nous-mêmes : » DIEU disperse les orgueilleux, IL renverse les puissants de leur siège de chef et IL élève les petits. IL comble de bien les affamés et renvoie les riches les mains vides, IL relève Israël son serviteur »....et aussi chanter en vérité l'office du matin parce que comme DIEU et avec Lui, nous aussi, nous visitons et rachetons son peuple pour apporter son salut à ceux qui sont écrasés, les arracher de l'ennemi et de la main de leur oppresseurs, pour leur montrer l'Amour de DIEU et les rendre sans crainte; pour les servir dans la justice et la sainteté et vivre en sa présence tout au long de nos jours, pour marcher à la face du Seigneur et pour préparer son chemin pour donner à peuple surtout aux pauvres et aux petits de connaitre le salut, leur montrer la tendresse et l'Amour de notre DIEU; illuminer ceux qui habitent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort et conduire leur pas au chemin de la paix. Car en tant que religieux, nous sommes bien les prophètes d'aujourd’hui, à la suite de Jean Baptiste.

Les engagements de nos congrégations

Je voudrais maintenant partager quelques réflexions sur ce que pourrait être la vie religieuse aujourd’hui (ou demain ?) au Sénégal. D’abord dans l’Eglise, ensuite dans la société.

L’Eglise est reconnue dans le pays pour ses activités sociales, en particulier ses postes de santé, ses centres de formation féminine, ses écoles. Cela est très positif. On apprécie que, tous les gens bénéficient de ces services, sans distinction de religion ou autres. C’est un témoignage vivant et actif de l’amour du Christ, ouvert à tous. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous poser un certain nombre de questions.

Les activités sociales de l’Eglise intéressent les non chrétiens et même font leur admiration, pour le dévouement et le désintéressement de ses acteurs. Mais on peut se demander, si ce n’est pas d’abord pour en profiter. Est-ce que cela les amène à connaître et à rencontrer la personne de Jésus Christ, qui est pourtant la base et le fondement de nos engagements ? Que faire pour cela ?

Beaucoup d’entre nous sont engagés dans les écoles et les dispensaires. C’est notre première responsabilité. C’est là que nous devons d’abord nous engager. Et il faut le faire le mieux possible. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de dire : « nous avons nos écoles, nos dispensaires et nos centres de formation », sans nous poser de questions, ni voir les transformations à accomplir. Car il semble que l’on se contente souvent de continuer à exercer les formes traditionnelles de l’aide aux pauvres (éducation, santé, formation), mais que l’on ne soit pas suffisamment attentif aux besoins qui se font jour actuellement. Et qu’on ne cherche pas à répondre à ces besoins d’une façon adaptée.

L’enseignement

Dans nos écoles, on enseigne bien. Beaucoup d’élèves obtiennent leur diplôme. Mais est-ce que nos écoles sont accessibles aux pauvres ? Et avons-nous aussi le souci des autres écoles : les écoles publiques officielles, mais également les écoles privées laïques, qui souvent cherchent surtout à faire de l’argent. Que faisons-nous pour partager notre expérience, pour qu’elles marchent mieux ? Car nous sommes responsables aussi de ces élèves, et de ces enseignants. Déjà, il y a des enseignants chrétiens dans ces écoles, et aussi des élèves chrétiens. Que faisons-nous pour les soutenir, et les former à s’engager avec les autres ? Que font les religieux et religieuses enseignants pour soutenir la JEC, et le Mouvement des Equipes enseignantes ? Nous avons plus le souci des élèves de nos écoles catholiques, que des autres élèves du pays, spécialement les plus démunis. Alors que l’enseignement rencontre de graves problèmes : grèves incessantes, baisse de niveau, manque d’éducation, l’Eglise semble plus soucieuse de ses œuvres, que du bien commun et de l’avancée de tous.

Généralement, nous restons enfermés dans un enseignement de type classique pour obtenir des diplômes, sans trop chercher à nous investir dans les nouvelles formes d’éducation, comme par exemple les écoles communautaires prises en charge par les parents et le quartier, l’enseignement mixte (théorie et apprentissage d’un métier), enseignement dans les langues locales et adapté aux plus défavorisés, alphabétisation fonctionnelle, nouvelles méthodes d’enseignement, etc…Alors que des expériences très importantes sont déjà menées dans ce domaine, par exemple par ENDA. En commençant par nos jardins d’enfants, qui pour la plupart sont de type vraiment occidental et réservés à une certaine classe sociale.

Que faisons-nous aussi, pour tous les enfants qui ne pourront jamais aller à l’école ?

La catéchèse même sacramentelle, se fait dans nos écoles catholiques, mais parfois au risque de devenir une matière scolaire parmi d’autres, et d’être faite par des enseignants pas toujours motivés. On confond catéchèse et enseignement religieux. Et il reste la question : est-ce que notre catéchèse est vraiment une évangélisation et une conversion ? Car la catéchèse n’est pas faite d’abord pour recevoir les sacrements, mais pour rencontrer le Christ, et vivre avec Lui et comme Lui. On ne semble pas former les catéchumènes pour qu’ils soient évangélisateurs de leurs frères. Ni même pour qu’ils participent à la vie de leur paroisse, encore moins de la CEB. En tout cas, les thèmes enseignés en catéchèse devraient certainement être revus, pour répondre davantage aux besoins des enfants et à l’évolution actuelle de la société. Par exemple, est-ce que la doctrine sociale de l’Eglise est vraiment enseignée, en tant que telle? Pourtant, c’est la base de l’engagement dans la société, pour l’Evangélisation et la venue du Royaume. Et toutes les questions de l’éducation sexuelle, de la préparation au mariage et de la vie de famille, qui sont parmi les problèmes importants des adolescents.

Comment nous laissons-nous interpeler par la préparation de la 2° session du synode de la famille ? Cette préparation ne doit pas être laissée à nos évêques, mais se faire à la base, avec les enseignants, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes. C’est pour cela que le pape a envoyé un questionnaire, qui s’adresse à tous. A Pikine, nous avons repris le questionnaire préparatoire, en l’adaptant à la vie des jeunes, et au niveau de compréhension des enfants, pour qu’ils puissent eux-aussi apporter leur contribution.

Il reste aussi la question délicate de la prière dans nos écoles, et de l’éducation religieuse à proposer aux élèves musulmans.

Et enfin, le problème de l’argent, de la bonne gestion et de la transparence. Et aussi, la façon dont on le gagne ou l’obtient, et de son utilisation. On a parfois l’impression que la recherche de l’argent devient plus importante que l’éducation humaine et religieuse. Et on a de la peine à accepter qu’un collège catholique ait dépensé 400.000 francs pour payer l’intervention d’un « artiste » pendant 15 minutes, pour une fête du Mardi Gras. Une fête païenne ! Est-ce que cette fête légitimait une journée entière sans cours ?

On assiste ainsi à une paganisation des fêtes chrétiennes. Dans certains jardins d’enfants, et même écoles primaires, Noel ce n’est plus la fête de la naissance de Jésus, c’est la fête du père Noel. C’est la fête des cadeaux. Comme si le plus beau cadeau de Noel, ce n’était pas Jésus qui vient nous sauver. Même si on veut faire des cadeaux, est-ce qu’on ne peut pas au moins expliquer que c’est à cause de la naissance de Jésus. Même nos élèves musulmans connaissent Jésus. On en parle dans le Coran !

L’Eglise nous demande l’inculturation de l’Evangile. On parle de nos valeurs traditionnelles. Est-ce que nous cherchons à les faire vivre à nos élèves, d’une manière adaptée à notre monde moderne ? On a parfois l’impression qu’un certain nombre d’écoles, en commençant par les jardins d’enfants, sont des lieux de « toubabisation » et de perte de nos cultures.

Un jésuite, Philippe Lécrivain, écrit : « Aux consacrés, j’ai envie de dire : cessez de vous désespérer, de dire qu’il n’y a plus de vocations, et plus d’argent… Continuez à vous organiser pour mieux vous adapter à la société, mais d’être présents d’une autre manière ! »

Les dispensaires privés catholiques

Il faudrait mener la même réflexion. Tous admirent la qualité des soins, et le dévouement des agents de santé de nos établissements. Nos dispensaires sont propres et nous soignons bien. Nous arrivons à avoir des médicaments pour les gens à des prix accessibles, à la suite de nombreux efforts. Nous avons fait beaucoup de progrès pour dépasser les simples soins (médecine curative) et travailler au niveau de l’éducation à la santé, de l’hygiène, de la prévention, des vaccinations, de la lutte contre la dénutrition, le SIDA, etc.

Mais d’un autre côté, il nous arrive souvent de partir en congés aux mois de Juillet et Août, alors que c’est justement le moment où il y a le plus de malades. Et donc où les gens ont le plus besoin de nous.

Et surtout, agissons-nous suffisamment pour la santé, au niveau du pays ? Quel soutien apportons-nous aux établissements de santé publics ? Comment travaillons-nous avec eux ? Sommes-nous actifs, et pas seulement présents, dans les organisations de la santé publique et des ministères ? Sommes-nous attentifs à l‘action des syndicats ? Au moins pour suivre et encourager les chrétiens qui y sont engagés. Nos employés sont-ils engagés dans les syndicats de la santé ?

Participons-nous aux réflexions gouvernementales et aux programmes sur la santé ? Ou ne nous contentons-nous pas trop facilement de bien faire marcher nos propres dispensaires, sans penser aux autres ? Le levain doit être dans la pâte (Matthieu 13, 33). Par exemple, sommes-nous engagés pour la CMU (Couverture Médicale Universelle), pour que les plus pauvres puissent se faire soigner plus facilement ? Poussons-nous nos paroisses à mettre en place des mutuelles pour cela ?

Nous avons des Centres de formation féminine, où nous enseignons bien. Mais est-ce que nous aidons ces femmes et ces jeunes filles à gagner ensuite leur vie ? Comment nous sentons-nous concernés par le chômage des jeunes, et les souffrances et l’exploitation des femmes ? Que faisons-nous contre cela ?

Il est sûr qu’une véritable évangélisation se fait dans les écoles, les centres de formation et à partir des dispensaires et autres actions sociales de l’Eglise. Mais cette évangélisation aurait besoin d’être réfléchie en tant que telle. Et d’être davantage organisée pour aller plus loin, et surtout plus profond.

Nous n’avons pas à nous décourager, même si nous sommes une minorité dans le pays. Jésus nous dit : » N’ayez pas peur, petit troupeau » (Luc 12,32). Il suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat (Matthieu 5, 13). Mais encore faut-il que nous ayons gardé la force du sel, et que nous soyons présents au milieu des aliments et dans la pâte, et non pas sur l’étagère. Jésus nous dit : »Vous êtes la lumière du monde » : du monde, de toute notre société. Pas seulement de notre école, notre dispensaire ou notre centre.

Nos engagement dans la paroisse

Nous y sommes engagés en particulier dans les CEB et les mouvements. Quel peut être notre rôle ?

Les CEB : La CEB : (Communauté Ecclésiale de Base), c’est la famille chrétienne dans le quartier. Elle doit porter le souci de la vie de tous les habitants, et être engagée avec les autres personnes du quartier, pour y construire ensemble le Royaume de Dieu. Mais la plupart du temps, il n’y a pas eu une véritable formation et réflexion sur ce que doit être une communauté chrétienne de quartier. Non seulement les responsables n’ont pas été formés, mais souvent, ils sont abandonnés à eux-mêmes, les prêtres et les religieux n’ayant pas la volonté de participer à ces réunions de communautés. Comme les chrétiens, ne savaient pas quoi faire, pendant ces réunions, ils en sont venus à réciter le chapelet. Au lieu d’être une famille chrétienne qui prend en charge l’évangélisation de tous, les réunions des communautés sont devenues simplement des réunions de prières. Bien sûr la prière est essentielle à la vie chrétienne, mais elle doit déboucher sur une transformation de la vie, et une action dans le milieu où l’on se trouve.

Religieux et religieuses ont reçu une formation humaine et chrétienne. La plupart font un travail professionnel. N'est-ce pas leur responsabilité de partager cette formation avec les laïcs, et de les aider à vivre leur foi dans leur travail, et leur vie de quartier ? Souvent les religieux disent qu'ils sont trop fatigués pour aller aux réunions de CEB, la nuit. Et que leur premier devoir, c'est leur activité professionnelle. Et donc, ils n'ont pas le temps de s'engager ailleurs. Mais les laïcs qui participent aux réunions de CEB, ou qui s'engagent dans leurs mouvements, ils ont aussi leur travail professionnel. Et en plus, leur vie de famille avec tous les soucis dans le monde actuel. Pourtant ils trouvent le temps et le courage de participer aux activités de l’Eglise, en plus de leurs engagements dans la société : associatif, syndical, politique…Il est très difficile de trouver des frères et des sœurs pour accompagner les communautés de base (CEB). Comment s’étonner alors que celles-ci n’aient pas le souci de l’évangélisation de leur quartier ?

Les amicales ou associations : Ce qui attire beaucoup les jeunes dans le diocèse, mais aussi les adultes, ce sont des amicales ou associations, où on se retrouve pour faire des fêtes et organiser des soirées dansantes. Les activités principales sont des activités lucratives : repas et fêtes (xaware, ngonal, yendoo, ngel…,), concerts ou soirées payantes pour gagner de l’argent. Cet argent est surtout utilisé ensuite pour des repas et des sorties, ou pour acheter des tenues, tee-shirts et uniformes et organiser des fêtes pour les seuls membres. Mais pas pour aider les plus pauvres, même pas ceux qui appartiennent au groupe en question, qu’ils soient choristes, scouts, enfants de chœur, lecteurs ou autre chose. Encore moins pour le développement du pays, et le soutien de projets pour les plus démunis.

Quand Zachée a parlé avec Jésus, il lui a dit (Luc 19,2-7) : » Je vais donner la moitié de mon argent aux pauvres. Et si j’ai fait du mal à quelqu’un, je vais le payer 4 fois «. Il faudrait donc qu'à chaque fois que l'on fait une activité lucrative, la moitié aille aux pauvres. Que ce soit par l'intermédiaire de la Caritas, dans un projet, ou au moins pour les nécessiteux du groupe même. Par exemple dans les amicales, comme dans les mouvements, chorales et autres associations, il y a des jeunes venant de familles nécessiteuses, des malades, des étudiants qui n'arrivent pas à payer leur inscription, et des élèves qui n'ont pas les moyens de s'acheter les fournitures nécessaires. Il y a aussi des jeunes au chômage, et qui auraient besoin d'aide pour lancer une activité qui leur permettent de vivre. Mais tout l'argent récolté dans l'activité du groupe est "mangé" à nouveau, dans des fêtes, des sorties, et des jumelages. Ou d'autres choses qui n'aident, ni à l'Evangélisation, ni à la charité, ni à la justice dans la société. Notre Eglise est en train de devenir une entreprise commerciale, ou une société de loisirs qui organise des fêtes et des danses. Il manque gravement de gratuité dans nos mouvements et associations.

La plupart du temps aucun membre de ces amicales ou fraternités, associations et autres groupes ne participe au travail de la Caritas...quand celle-ci travaille vraiment dans la paroisse, et n’attend pas des dons venus d’ailleurs, pour faire des distributions. Mais sans former les gens, et sans mener d’action à la base, comme simplement commencer un petit poulailler, faire de la culture sur table, ou tout autre petit projet. Pire que cela, au lieu de mettre les gens debout, de faire jouer la solidarité traditionnelle et de les responsabiliser, on en fait des assistés et des mendiants. Nous-mêmes les religieux, que faisons-nous par rapport à tout cela? Que faisons-nous des talents que le Seigneur nous a donnés ? Car bien sûr Il nous en demandera des comptes! Où est la dimension prophétique de notre vocation?

Il faudrait aussi lutter contre les injustices, et comme le dit Zachée: " payer quatre fois, si on a fait du tort à quelqu'un". Et là aussi, commencer au moins à l'intérieur de nos paroisses. Il y a des manques de paix et des injustices, même dans nos CEB, nos mouvements, et nos groupes de lecteurs, d'enfants de chœur ou choristes. Est-ce que tout cela ne doit pas nous interroger, en tant que religieux, ayant fait vœu de pauvreté, vivant en communauté, et engagés pour la justice ? Jésus nous dit, à nous aussi : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et vous recevrez tout le reste en plus ». Quelle est notre participation aux commissions Justice et Paix, alors que dans toutes nos congrégations on a choisi un délégué pour cela ?

Au sujet de Justice et Paix, un danger nous guette. C’est d’être surtout prêts à défendre notre Eglise et à réclamer nos droits, plus qu’à défendre ceux qui sont exploités et mis à l’écart, qu’ils soient chrétiens ou non. Or le Seigneur nous appelle à agir au niveau personnel et de nos communautés (car il y a aussi des injustices dans nos communautés), mais aussi au niveau de la société. Il y a un grand paradoxe dans notre pays : le PIB (Produit Intérieur Brut) c’est-à-dire la richesse du pays augmente,, et en même temps le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté augmente également. C’est tout à fait anormal. Cela veut dire que les richesses du pays sont accaparées par certains, au détriment des plus pauvres et du reste de la population. Dieu dit à Abraham : « Quitte ton pays et la maison de ton père ». Il nous faut parfois sortir de nos communautés et nos paroisses, pour aller rencontrer le Seigneur, qui nous attend dans le monde.

Les chorales : Une autre activité qui attire les chrétiens, beaucoup plus que l’engagement dans leur milieu de vie, ce sont les chorales, où les gens passent de nombreuses heures en répétition de chants, plusieurs soirées par semaine, souvent au détriment de leur vie de famille, et de leurs études pour les élèves et les étudiants. On y fait une prière à toute vitesse…quand on la fait ! On ne lit même pas l’Evangile du dimanche suivant. Je ne parle pas d’un partage d’Evangile, mais au moins lire cette Parole de Dieu. Et choisir les chants à partir de cet Evangile, et pas seulement pour leur rythme. Prendre des chants que la foule peut chanter, même s’il faut en répéter au moins le refrain avant le début de l’eucharistie. Et mettre quelqu’un pour diriger la foule. La conséquence, c’est que les eucharisties se transforment en concerts, ce qui est tout à fait à l’opposé de « la participation pleine et active de l’assemblée » demandée par le décret sur la Liturgie du Concile Vatican 2. Dans nos assemblées, la foule ne chante plus. Les concerts religieux (choralies) se terminent en soirées dansantes. Et pour venir animer par exemple les mariages et autres sacrements, ces chorales se font payer. Mais quand on organise une formation, on ne voit aucun choriste. Ni les autres associations de jeunes d’ailleurs. Quel avenir préparons-nous, pour notre Eglise comme pour notre pays ?

Heureusement il y a des chorales qui font des concerts, par exemple pour aider les malades ou les prisonniers. Ce sont ces initiatives-là, que nous devons soutenir. Dans les chorales comme dans les associations de toutes sortes, il y a des religieux qui en font partie. Que font-ils vraiment pour que les choses changent ?

Même dans les CEB dont j'ai parlé plus haut, l'activité principale est devenu la préparation de la fête patronale, avec bien sûr une soirée, un grand repas, des ventes de t-shirts, des tenues ...etc. Mais quand on demande à ces CEB de soutenir un projet, ou d'aider des personnes en difficultés, ils nous disent : il n'y a pas d'argent dans la caisse. Mais où ont-ils trouvé tout cet argent pour la fête patronale? Avons-nous vraiment essayé de réfléchir avec eux sur ce problème?

Les groupes charismatiques : Ce qui attire aussi beaucoup les chrétiens jeunes et adultes, ce sont les groupes charismatiques. Ce n’est pas le lieu ici d’en faire l’évaluation. Ils ont certainement un rôle à jouer dans l’évangélisation, par leur joie et leur courage de présenter Jésus Christ et son Evangile, sans peur et sans complexe. Il est sûr qu’ils regroupent de nombreux jeunes et adultes, en proposant des formes de prières plus libres et plus animées, mais qui ne sont pas exemptes d’illusion et de sentimentalisme. Or, la foi ce n’est pas seulement une question d’affectivité forte : « avoir le cœur tout chaud ». Elle demande un engagement réel dans la vie.

Il est clair par ailleurs, que beaucoup de gens entrent dans ces mouvements plus par intérêt personnel, que par volonté de vivre vraiment avec le Christ. Par exemple, pour une guérison, trouver du travail, réussir son mariage, avoir des enfants, obtenir son examen, etc… comme on le dit sans complexe, dans les annonces des rencontres. Quand on promet tout cela, est-ce qu’on ne trompe pas les gens ? Et quand ils seront déçus de ne pas avoir ce qu’ils espéraient, ils abandonneront l’Eglise. L’un des signes de cela, c’est le nombre de bénédictions qui s’y pratiquent. Et aussi la recherche de signes extraordinaires, de révélations, de rêves, d’apparitions, de conseils, etc. L’Evangile de Jésus Christ ne suffit plus. Or l’évangélisation c’est bien cela : faire découvrir et aimer Jésus Christ, et vivre de son Evangile.

On peut aussi se poser des questions sur ce qui se dit dans ces groupes sur l’action de Satan et des démons, et plus largement, sur le péché et le mal dans le monde, et sur la recherche de protections. Comme si le monde n’était pas déjà sauvé par Jésus Christ. Il y a aussi l’illusion que, si on a réussi à rassembler beaucoup de monde, que l’on a des gens qui parlent en langues et qui entrent en transe, que l’on entend un certain nombre de témoignages plus ou moins extraordinaires ou miraculeux, on a assuré une véritable évangélisation et une transformation de la société. Les religieux et religieuses ne manquent pas dans ces groupes. Qu’y faisons-nous ?

Un certain nombre de catholiques quittent l’Eglise pour aller chez les marabouts, les musulmans ou chez les protestants, quand ils sont malades. Il y a bien les groupes charismatiques qui font des prières de guérison, mais avec tous les dangers de déviation dont j’ai parlé. A la session de Popenguine du 28-1-15, le Cardinal nous a dit qu’il cherche des gens pour remplir ce ministère de la guérison. Il pense aux catéchistes et aux responsables de communautés, pour que ce ministère ne soit pas monopolisé par les prêtres avec le danger de cléricalisme que cela comporte. Est-ce qu’il n’y aurait pas là un lieu d’engagement pour les religieux et religieuses qui, normalement sont mieux formés et davantage engagés dans la prière.

Les mouvements d’action catholique

Nos choix montrent nos priorités Un simple signe : il y a de moins en moins de sœurs et de frères engagés dans les mouvements d’action catholique. Beaucoup semblent davantage intéressés par les chorales. Quand ils ne limitent pas leur engagement aux œuvres de leur congrégation. N’est-ce pas inquiétant pour l’avenir de l’Eglise, et aussi de la société ?

On a même parfois l'impression que certains religieux et religieuses passent leur temps entre les enterrements et les mariages, les visites familiales, les pèlerinages et les voyages. Cela suffit-il pour faire venir le Royaume de Dieu, qui doit être notre préoccupation première ? Est-ce que c'est vraiment cela notre première responsabilité, en tant que religieux? Pendant tout ce temps, des mouvements d'action catholique diminuent comme la JEC et la JOC, ou les Equipes enseignantes, sans parler de ceux qui ont complètement disparus. Il ne reste actif que le mouvement des enfants, les CV/AV. Pour combien de temps et pour quelles activités? Si on perd le souci de l’Evangélisation des différents milieux de vie, comment s’étonner que l’Eglise se replie sur elle-même, qu’elle se concentre sur une prière et une liturgie coupées de la vie et sans actions concrètes, pour l’affaiblissement de l’Eglise et du Royaume. Cela ne semble pas inquiéter beaucoup d’entre nous.

On pourrait dire la même chose au sujet des Scouts et Guides, des Femmes Catholiques, etc…

De même, la commission pour les relations entre chrétiens et musulmans essaie de renaître. Elle avait pratiquement disparu; pourquoi ne nous sentons-nous pas concernés par cela? Est-ce que nous ne sommes pas responsables aussi de nos frères et de nos sœurs musulmans? Pourtant, ils sont nombreux dans nos écoles, nos dispensaires, et nos autres œuvres.

Jésus nous dira à la fin du monde : « J’étais prisonnier et tu m’as visité». Mais les aumôneries de prison ont beaucoup de peine elles aussi à trouver des religieux et religieuses, pour s’y engager, et travailler avec les laïcs. Jésus nous dira aussi : " j'étais étranger et tu m'as accueilli" (Mt 25,35). Ces paroles s'adressent à nous religieux, comme à tous les autres chrétiens. Que faisons-nous pour les prisonniers, les réfugiés, les émigrés de retour, et les étrangers présents parmi nous (les étrangers pauvres, pas seulement ceux qui sont dans les ONG ou les grandes organisations internationales) ? Est-ce que nous sommes présents, en tant que religieux, dans les Commissions Justice et Paix et les Aumôneries de prison ? Sinon, pourquoi ?

Et dans les aumôneries des lycées et des collèges ? Et l’aumônerie des malades, et dans les hôpitaux ?

A la session sur la Mission de l’Eglise le 28-1-2015, à Popenguine, les responsables laïcs ont demandé un meilleur encadrement des mouvements par les aumôniers et les conseillères. Pour les associations, on a remarqué qu’il y a des associations de femmes, mais pas d’associations d’hommes. C’est une faiblesse de notre Eglise. Est-ce que les religieux frères ne devraient pas s’engager davantage dans la pastorale, spécialement auprès des hommes ?

Il y aurait beaucoup d'autres choses encore à faire: comme par exemple participer à la préparation des fiancés au mariage, et au soutien des couples et des familles. Là aussi, les religieux ont un rôle irremplaçable à jouer, à côté et avec les laïcs. Mais la commission de la famille est pratiquement inexistante et les équipes de foyers chrétiens (comme les équipes Notre-Dame) très rares.

Et comment avons-nous répondu à l'appel du Cardinal qui demandait aux congrégations religieuses de s'implanter davantage en secteur rural ?

Dans les rencontres de doyenné, on ne voit pas beaucoup de religieux, même pas ceux qui sont engagés dans la pastorale paroissiale. Mais encore faudrait-il que les religieux prennent leur responsabilité et se fassent respecter dans leur vocation propre, pour ne pas être traités seulement comme des auxiliaires des prêtres, ou même des simples roues de secours ou des bouche-trous pour ce que les prêtres ne veulent pas faire. Nous sommes souvent mieux placés que les laïcs, pour lutter contre le cléricalisme.

L’engagement dans la société

Dans notre pays, nous avons la chance d’avoir un certain nombre d’ONG et autres organisations qui s’engagent pour les droits humains, et donc aussi pour la liberté de religion. Nous avons la possibilité de travailler avec elles Qu’est-ce qui nous empêche de pousser les chrétiens avec qui nous travaillons à entrer dans ces ONG, associations...et d'y entrer nous-mêmes ?

Cela pose la question de la formation. Nous demandons à nos jeunes frères et sœurs de se former au niveau professionnel pour nos œuvres: santé, enseignement, promotion féminine... C'est nécessaire. Nous en envoyons certains se former en philosophie et en théologie, c'est très bien. Mais ne faudrait-il pas aussi en former dans les sciences humaines, les droits de l'homme, problèmes économiques et politiques, l'animation des groupes, la sociologie en général...pour qu'ils puissent s'engager ensuite dans la société, pas seulement comme professeurs ou agents de santé. Et pas seulement dans nos œuvres catholiques, mais aussi dans les institutions officielles. Pour travailler avec les malades du Sida ou d’Ebola, avec les prostitués et les enfants de la rue, avec les émigrés et les marginaux, pour lutter pour les droits humains et aider les pauvres à se prendre en main, et tant d’autres choses. Notre pape François nous rappelle (La joie de l’Evangile=EG n°178) : » À partir du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement se développer dans toute l’action évangélisatrice ». Mais cela suppose que nos étudiants et étudiantes soient plus intéressés par une formation pastorale missionnaire que par les diplômes, comme l’a rappelé aussi fortement et plusieurs fois le pape François. Par exemple, le 27 novembre 2014. Le pape François a appelé les institutions religieuses à «renouveler leurs habitudes» et leurs structures si elles ne répondent plus à ce que Dieu demande aujourd’hui, pour faire avancer son Règne dans le monde». Le pape a aussi évoqué «des zones de faiblesse aujourd’hui dans la vie consacrée, telles que la résistance de certains secteurs au changement ou leur force d’attraction diminuée. Cela me préoccupe car cela dit quelque chose sur la sélection et la formation des candidats». Et le pontife d’insister sur «la fragilité de certains itinéraires de formation». 

Un autre problème, c'est que nos CEB et nos amicales, comme nos différentes associations, se retrouvent uniquement à la paroisse, entre chrétiens. Mais ils n'agissent pratiquement pas dans leur quartier. Ils ne sont pas engagés dans la société : Les jeunes des amicales chrétiennes ne travaillent pas avec les ASC de quartiers. Les femmes catholiques ne collaborent pas avec les autres associations féminines du quartier. De même, les responsables de CEB ne sont en contact suivi, ni avec les imams, ni avec les délégués de quartier. Comment alors travailler ensemble pour faire avancer les choses? Si nous sommes chrétiens, est-ce que nous ne sommes pas d'abord et aussi des citoyens, même les religieux? Nous sommes nés avant d'être baptisés, ou de devenir religieux. Engagés dans ces différents groupes et organisations, que faisons-nous pour que les choses changent? Et pour répondre aux appels du concile Vatican II, et de nos différents Papes ? Et actuellement du Pape François, qui nous demande sans arrêt d'aller à la périphérie, et de lutter contre la civilisation du déchet. Et pour répondre aussi aux appels de nos évêques, qui nous demandent de nous engager dans la société.

C'est l'objet, non seulement du troisième et quatrième objectif de notre 3° Plan d’Action Pastoral, mais aussi du premier: la communion. Mais le connaissons-nous vraiment ? Nous y sommes-nous engagés ? Certaines paroisses ont réduit la communion à l'entente entre chrétiens, et non pas à faire grandir la communion dans la société, entre tous les hommes. IL faudrait revoir la vision que nous avons de ce plan pastoral : nous avons une Eglise centrée sur elle-même, et non pas au service du Royaume de Dieu, comme Jésus nous l'a sans cesse demandé. Il nous a pourtant dit "allez dans le monde entier". Et Lui-même a sans cesse traversé le Jourdain et les frontières, pour aller à Tyr, à Sidon, dans la Décapole, chez les Générasiens, et dans beaucoup d'endroits encore.

Notre communauté vit dans un quartier. Participons-nous à la vie de ce quartier? Connaissons-nous le Maire et les délégués de notre quartier? Avons-nous participé au moins une fois, à un conseil municipal. Car il est ouvert à tous. L'acte trois de la décentralisation se met en place. Est-ce que nous savons ce que cela signifie? Connaissons-nous le plan d'actions et les projets de notre municipalité?

En conclusion, nous devons reconnaître que nous les religieux nous sommes davantage engagés dans l’Eglise que dans la société, et soucieux d’une vie de prière mais sans engagement collectif, pour lutter contre les injustices, Alors que les deux devraient aller ensemble. Et que la prière personnelle et communautaire devrait déboucher sur cet engagement et le nourrir. Comme Jésus qui monte sur la colline prier son Père, Mais qui descend ensuite nourrir la foule qui a faim. Et c'est seulement quand Il a nourri la foule, qu'Il lui enseigne qu'IL est le Pain de la Vie (Jean 6). Et de même, Il dit aux disciples de Jean Baptiste : « Allez raconter à Jean, ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient…et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Luc 7,22).

Notre pape François dit dans sa lettre sur la Joie de l’Evangile : Oui au défi d’une spiritualité missionnaire n°78 : « Aujourd’hui, on peut rencontrer chez beaucoup d’agents pastoraux, y compris des personnes consacrées, une préoccupation exagérée pour les espaces personnels d’autonomie et de détente, qui les conduit à vivre leurs tâches comme un simple appendice de la vie, comme si elles ne faisaient pas partie de leur identité. En même temps, la vie spirituelle se confond avec des moments religieux qui offrent un certain soulagement, mais qui ne nourrissent pas la rencontre avec les autres, l’engagement dans le monde, la passion pour l’évangélisation. Ainsi, on peut trouver chez beaucoup d’agents de l’évangélisation, bien qu’ils prient, une accentuation de l’individualisme, une crise d’identité et une baisse de ferveur. Ce sont trois maux qui se nourrissent l’un l’autre ».

L’évangélisation

Notre pape François nous rappelle (La joie de l’Evangile=EG n°178) : » À partir du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement s’exprimer et se développer dans toute l’action évangélisatrice ».

Les congrégations missionnaires sont présentes et nombreuses dans l’archidiocèse. Mais souvent on ne leur permet pas de vivre leur charisme missionnaire. Et d’ailleurs elles-mêmes ne le cherchent pas toujours. Pour les religieux prêtres, ce que l’on attend d’eux, c’est de tenir des paroisses, mais beaucoup moins de s’engager dans la société pour l’évangélisation en tant que telle. Le pape demande aux évêques « de respecter les missions de chacun : de ne pas demander aux religieux d’animer les communautés paroissiales mais de les laisser vivre et de les soutenir dans leurs missions propres…Que cette Année rappelle à tous que  l’Église n’est pas uniforme et que les uns ne vont pas sans les autres »

Nos écoles, centres de santé et centres de formation pourraient être l’occasion d’une évangélisation plus profonde, dans l’accueil et le respect des autres. Nos oeuvres sont comprises comme la mise en pratique de la charité du Christ, ce qui est très important et vrai, mais beaucoup moins comme une véritable évangélisation, dans le sens du dialogue et du partage de la foi. Car il est important de garder la gratuité de nos activités et le respect de la liberté des gens, pour éviter tout prosélytisme, comme Jésus Christ l’a fait lui-même. Et que les conversions ne soient pas causées par le désir de bénéficier des actions humanitaires et caritatives de l’Eglise. L’évangélisation doit se faire d’une façon désintéressée, dans l’amour de Dieu qui est gratuit (« ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le aussi gratuitement »).

Ce qui ralentit l’évangélisation, c’est d’abord qu’elle est difficile, dans un pays à très grande majorité musulmane, même si les gens sont très tolérants. L’Eglise catholique a été reconnue et soutenue au temps de la colonisation. Depuis, elle n’a pas pris suffisamment conscience qu’elle est une minorité, et elle n’en a pas tiré les conclusions qui s’imposaient. Jésus disait : « N’ayez pas peur, petit troupeau » (Luc 12,32). Il disait aussi « Vous êtes le sel de la terre ». Il suffit d’un peu de sel, pour donner du goût à tout le plat. Mais encore faut-il que le sel ne perde pas sa force, sinon on lui marche dessus (Mat 5,13). Et surtout qu’il ne reste pas dans la boîte sur l’étagère, mais qu’il soit vraiment au milieu de la nourriture, présent et agissant. Même si la lumière de l’Eglise n’est pas sous le boisseau, elle reste encore trop souvent enfermée dans la maison. Elle éclaire ceux qui sont dans la maison, mais elle n’est pas encore ouverte, sur une colline, pour éclairer tous les hommes (Mat 5,14). Et le levain est plus souvent partagé entre chrétiens, que présent dans la pâte humaine de la société (Mat 13,33).

Pourtant, nous vivons dans une culture tolérante, qui accepte les idées et la liberté des autres. Cela est renforcé dans le centre et le sud du pays par le fait que dans les mêmes familles il y a des chrétiens et des musulmans. La culture traditionnelle africaine commune à tous les croyants est ainsi une grande chance pour nous, et une base pour construire la paix, l’acceptation mutuelle et le dialogue, et donc pour permettre une véritable évangélisation.

Il est sûr qu’à travers les mouvements d’Action Catholique, et les activités sociales de l’Eglise, l’esprit de l’Evangile et la connaissance de Jésus Christ passent. Un certain nombre de musulmans vivent leur religion et comprennent le Coran, différemment et d’une façon plus spirituelle, grâce à leurs contacts avec les chrétiens. Par exemple au moment du Ramadan, pour ne pas se limiter au jeûne mais chercher une vraie conversion, grâce à la façon des chrétiens de vivre le Carême. Et aussi dans la façon de prier, plus personnelle et à partir de la vie, en dépassant la seule récitation de formules. Ou encore pour vivre leur foi dans l’amour, et pas seulement garder les 10 commandements d’une façon parfois moralisante ou extérieure. On peut se demander, à l‘inverse, dans quelle mesure la foi des chrétiens est purifiée et grandie, grâce à leur vie en commun avec les musulmans. En effet, les musulmans nous appellent à un respect de Dieu plus grand : « Dieu est Dieu, et il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu ». Ils prient 5 fois par jour, et nous rappellent l’importance de la prière, et aussi de manifester notre foi en public. Le sérieux avec lequel ils jeûnent pendant le Ramadan nous interroge sur la façon dont nous vivons le Carême. Et beaucoup d’autres choses encore. Mais combien de chrétiens, trop sûrs de leur foi, sont prêts à se laisser interpeler par les musulmans ? Or il ne peut pas y avoir d’évangélisation sans dialogue et accueil de l’autre.

Notre pape François écrit (La joie de l’Evangile=EG : Le dialogue interreligieux, n° 250) : » Une attitude d’ouverture en vérité et dans l’amour doit caractériser le dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes, malgré les divers obstacles et les difficultés, en particulier les fondamentalismes des deux parties. Ce dialogue interreligieux est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et par conséquent est un devoir pour les chrétiens, comme pour les autres communautés religieuses. Ce dialogue est, en premier lieu, une conversation sur la vie humaine, une « attitude d’ouverture envers eux partageant leurs joies et leurs peines. Ainsi, nous apprenons à accepter les autres dans leur manière différente d’être, de penser et de s’exprimer. De cette manière, nous pourrons assumer ensemble le devoir de servir la justice et la paix, qui devra devenir un critère de base de tous les échanges ». N° 251 : » L’Évangélisation et le dialogue interreligieux, loin de s’opposer, se soutiennent et s’alimentent réciproquement ».

Les possibilités ne manquent pas : Au niveau de l’Etat, nous avons la chance de vivre dans un pays laïc qui soutient une laïcité positive où l’Etat reconnait et soutient chacune des religions. Même s’il nous faut rester très attentifs, face au désir de certains d’islamiser la société, et au danger d’intégrisme de certains mouvements qui pourraient venir de pays voisins. Mais le danger vient aussi de certains chrétiens, qui sont eux aussi de tendance intégriste. Pour le moment, l’Eglise catholique est acceptée et reconnue dans le pays. Mais la communauté chrétienne reste trop centrée sur elle et enfermée dans ses problèmes, ce qui à mon avis, est en opposition directe avec une nouvelle évangélisation. On est prêt à accueillir les gens chez nous, mais beaucoup moins à aller vers eux, et encore moins à accueillir les valeurs et les richesses spirituelles qu’ils pourraient nous apporter.

Nous cherchons davantage à être exemplaires, qu’à permettre aux non chrétiens de vivre les valeurs de l’Evangile. On ne cherche donc pas tellement à permettre aux musulmans de mieux connaître Jésus Christ, en allant plus loin que ce qu’il en est dit dans le Coran, pour qu’ils vivent dans l’esprit de l’Evangile, à la manière de Jésus Christ, même s’ils restent musulmans.

Car l’Evangile s’adresse à tout le monde. C’est évident, si on regarde la vie de Jésus. Il traverse sans arrêt les frontières pour aller de l’autre côté du Jourdain (Marc 10, 1), en Samarie (Jean 4,4) ou dans la région de Génésareth (Marc 6, 53). Il guérit les malades et ceux qui sont possédés des esprits mauvais, sans rejeter personne. Il enseigne tout le monde, sans distinction de race ni de religion. Il aime tous les hommes, Il est accueillant à tous. Mais plus que cela, Il reconnaît l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des païens, et Il en rend grâce à Dieu son Père. Il remarque que c’est seulement le lépreux samaritain, qui vient lui dire merci d’être guéri. Il dit à la foule en montrant l’officier romain (Mat 8,10) « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ». Et Il en tire la conclusion : « Ils viendront de l’est et de l’ouest, et prendront place à table au repas du Royaume, avec Abraham (Ibrahima), Isaac (Issakha) et Jacob (Yakhouba ». Les musulmans sont eux aussi fils d’Abraham. Nous avons les mêmes 1° prophètes. Et nous ne pouvons pas oublier qu’avant de recevoir le Corps du Christ dans la communion, c’est la prière d’un païen, cet officier, que nous disons : » Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes chez moi, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Nous ne pouvons pas recevoir le Corps du Christ dans la communion, si nous ne sommes pas en communion avec tous, chrétiens ou non. De même, c’est la Samaritaine, une païenne, une femme de mauvaise vie, qui va faire connaître Jésus aux gens de son village, des samaritains, des païens eux aussi (Jean 4,28). C’est une femme syrienne qui fait comprendre à Jésus, qu’Il est envoyé par son Père à tous les hommes : « Même les chiens sous la table mangent les morceaux, que les enfants font tomber » (Marc 7,28).

Jésus dira lui-même : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12,32). Et avant de monter au ciel il dira à ses disciples « Allez annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toute la création». En leur disant que pour cela ils doivent « chasser les esprits mauvais et parler des langues nouvelles » (Marc 18,18). Il ne manque pas de rappeler aux pharisiens ce qu’a fait le prophète Jonas, pour appeler les païens de Ninive à la conversion. Et la reine de Saba qui est venue écouter le Roi Salomon. Et Il dit : « il y a plus ici que Salomon » (Matthieu 11, 20-25)). On pourrait continuer à citer de nombreux autres passages de l’Evangile qui vont dans le même sens. Les avons-nous compris ? Est-ce que trop souvent, nous ne les appliquons pas qu’à nous-mêmes les chrétiens, en oubliant les autres ? Nous aimons Jésus. Mais est-ce que nous cherchons à agir comme Lui ?

Paul a consacré toute son énergie à mettre en place des communautés chrétiennes, dans tout l’empire romain. Mais il voulait des communautés ouvertes et missionnaires, qui annoncent l’Evangile à tous. Il s’écrie « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile » (pas seulement malheur à moi si je n’implante pas l’Eglise : 1°Cor 9, 16). Et il affirme : « Dieu ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser » (1° Cor 1,17). Il ajoute : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1° Ti 2,4).

Le royaume de Dieu

Ce qui manque à mon avis pour une véritable évangélisation, c’est une théologie du Royaume de Dieu. Sans une réflexion profonde sur ce qu’est le Royaume de Dieu, son importance et les conditions de sa venue, on en restera toujours à une conception limitée de l’évangélisation, comme une simple implantation de l’Eglise. Et on se limitera à ceux qui sont déjà chrétiens, ou qui acceptent de le devenir. Mais alors qu’en sera-t-il de tous les autres hommes ? Le pape François écrit : « Évangéliser c’est rendre présent dans le monde le Royaume de Dieu. » (EG 176). Il ajoute n°180 : « Le Royaume nous appelle. En lisant les Écritures, il apparaît clairement que la proposition de l’Évangile ne consiste pas seulement en une relation personnelle avec Dieu. La proposition est le Royaume de Dieu (Luc 4, 43). Il s’agit d’aimer Dieu qui règne dans le monde. Dans la mesure où il réussira à régner parmi nous, la vie sociale sera un espace de fraternité, de justice, de paix, de dignité pour tous. Donc, aussi bien l’annonce que l’expérience chrétienne tendent à provoquer des conséquences sociales. Cherchons son Royaume : « Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus » (Mt 6, 33). Le projet de Jésus est d’instaurer le Royaume de son Père ; il demande à ses disciples : « Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 10, 7).

Je n’ai pas la place ici de présenter cette théologie du Royaume. Je me contente de quelques citations de l’Evangile, qui concernent plus directement l’évangélisation.

Dans l’Evangile, on parle très souvent de la Bonne Nouvelle du Royaume (Matthieu 4, 23 – Matthieu 9, 35 – Luc 4, 43 etc.). Ce qui montre bien que l’évangélisation est liée à la venue du Royaume. Le Royaume c’est vraiment ce qu’il y a de plus important. Comme le dit encore Jésus (Matthieu 6,33) : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et Dieu vous donnera tout le reste en plus ». Et ces paroles s’adressent à tous les hommes, comme les béatitudes. Pas seulement aux chrétiens. Jésus, le nouveau Moïse, les prononce en haut de la montagne, pour toute la foule. Le Royaume c’est un trésor, une perle fine (Matthieu 13, 44-45) pour lequel nous sommes prêts à tout laisser. C’est le sens de notre consécration religieuse.

Ce Royaume nous devons d’abord l’accueillir. Et en premier, accueillir Jésus et vivre avec Lui car le cœur du Royaume c’est Jésus. C’est Lui qui nous l’apporte dans le monde, il doit être accueilli par nous-mêmes et en communauté. C’est à partir de là que nous pourrons construire son Royaume avec Lui. Le Royaume, c’est d’abord Jésus lui-même. C’est Lui que nous aimons, c’est avec Lui que nous vivons, c’est autour de Lui que nous nous rassemblons. Jésus disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). Le Royaume, c’est vivre avec Jésus, et comme Lui.

Le Royaume de Dieu n’est pas au ciel, il est sur la terre, comme nous l’a dit Jésus dans la prière du Notre Père « Que Ton Règne vienne, Que Ta Volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ». Le Royaume, c’est donc commencer à vivre déjà sur la terre avec tous, comme nous vivrons au ciel. Le Royaume est pour tous, pas seulement pour les chrétiens. Et Dieu y appelle sans cesse de nouvelles personnes, comme le maître a appelé les ouvriers aux différentes heures de la journée (Matthieu 20,1). Le Royaume est pour tout le monde, car Jésus « a racheté pour Dieu, des hommes de toutes tribus, de toutes langues, de tous peuples et de toutes nations » (Apocalypse 5,10). Dieu le disait déjà, par la bouche d’Isaïe (56,7): »Ma maison s’appellera : maison de prière pour tous les peuples ». Et Jésus explique : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père » (Jean 14, 2).

La mission du 3ème PAP diocésain dit : « L’Eglise, lieu et artisan du Royaume ». Il ne faut donc pas opposer l’Eglise au Royaume de Dieu. L’Eglise doit être le premier lieu (le sacrement) du Royaume, pas seulement le signe. Elle doit aussi en être l’artisan pour faire grandir le Royaume de Dieu dans toute la société. La question qui se pose alors est : que faisons-nous, religieux, non seulement pour être lieu du Royaume dans nos communautés religieuses, mais artisans de ce Royaume dans les quartiers où nous vivons et là où nous travaillons ?

Le Royaume, comme l’Evangile, est d’abord pour les pauvres, et pour ceux que l’on fait souffrir à cause de la justice (comparer Matthieu 5, 3 + 10 et Luc 4, 18-21). C’est donc à eux que nous annonçons l’Evangile en premier. Et aussi aux pécheurs, et aux hommes et aux femmes de mauvaise vie. Jésus l’a dit avec force : « Les ramasseurs d’impôts et les prostituées arriveront avant vous, dans le Royaume de Dieu » (Matthieu 21, 31).

Quels sont les signes de ce Royaume, qui nous montrent ce que nous devons faire pour qu’il arrive parmi nous ? En premier, c’est l’Amour. Quand l’enseignant de la loi rappelle le commandement de Moïse « Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu de tout ton cœur… tu aimeras ton prochain comme toi-même », Jésus lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » (Matthieu 12, 34). Evangéliser et faire venir le Royaume, c’est pardonner et avoir pitié de nos frères (Matthieu 18, 23). Jésus dira à tous les hommes rassemblés à la fin du monde : « Venez, vous qui êtes les bénis de mon Père. Recevez le Royaume qu’Il a préparé pour vous, depuis le début du monde… car j’ai eu faim, vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif, j’étais étranger, nu, malade, en prison… Tout ce que tu as fait au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu l’as fait » (Matthieu 25, 40). Il ne s’agit donc pas seulement d’aimer, mais de reconnaître dans tout homme un enfant de Dieu, et un frère ou une sœur de Jésus. C’est de cette façon-là, que nous pouvons vraiment évangéliser. Et accueillir tous les hommes, dans le respect, et sans distinction.

Le Royaume c’est se faire petit devant Dieu et devant les hommes, comme un enfant (Matthieu 18, 1). Et se faire le serviteur de tous, comme Jésus a lavé les pieds de ses apôtres (Jean 13). » Le Royaume est comme un filet, qui attrape toutes sortes de poissons, et que les anges viendront trier à la fin du monde « (Matthieu 13, 47). Ce n’est donc pas à nous de choisir les gens.

Paul explique (1ère Cor 4, 20) : « le Royaume de Dieu ce n’est pas une affaire de paroles, mais de puissance. Ce n’est pas une question de nourriture ou de boisson, mais de justice, de paix et de joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14, 17). Le Seigneur nous demande donc d’écouter le Saint Esprit, pour « tirer de notre trésor, de l’ancien et du nouveau ». Et de nous adapter au monde de ce temps (Matthieu 13, 52). De commencer tout petit, comme la graine de moutarde, qui est la plus petite des graines (Matthieu 13, 21). Et ensuite de grandir peu à peu, et d’étendre nos bras pour accueillir nos frères, comme l’arbre étend ses branches pour que les oiseaux viennent se reposer. Et qu’ils puissent ensuite repartir librement poursuivre leur propre chemin (Matthieu 13, 31).

Il s’agit bien de partager la vie des hommes et de nous engager dans la société, comme le levain doit être mélangé à la pâte pour agir, et la faire lever toute entière (Matthieu 13, 33). Jésus a dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». t Il ajoute : « Je te donnerai les clés du Royaume ». Du Royaume, pas seulement les clés de l’Eglise (Matthieu 16, 19). L’Eglise doit donc être au service du Royaume : « Un règne sans limite et sans fin, règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix » (Préface du Christ Roi).

Il est donc absolument nécessaire que les membres des congrégations missionnaires retrouvent leur souffle et le souci de l’évangélisation, et qu’ils reviennent à leur charisme. Même s’ils travaillent en paroisse, que celle-ci soit ouverte à tous, avec le souci des plus pauvres. Qu’ils ne se laissent pas enfermer dans les activités paroissiales. Et qu’ils poussent les chrétiens à s’engager davantage dans la société, en groupe et pas seulement personnellement, comme Jésus a envoyé l’équipe des apôtres dans le monde.

Encore faut-il en prendre les moyens. D’abord un véritable renouvellement spirituel. Notre pape François a écrit (EG 79) : » Beaucoup d’agents pastoraux, même s’ils prient, développent une sorte de complexe d’infériorité, qui les conduit à relativiser ou à occulter leur identité chrétienne et leurs convictions. ..Ils finissent par étouffer la joie de la mission, par une espèce d’obsession pour être comme tous les autres et pour avoir ce que les autres possèdent. De cette façon, la tâche de l’évangélisation devient forcée et ils lui consacrent peu d’efforts et un temps très limité.

80. Il faut souligner le fait que, même celui qui apparemment dispose de solides convictions doctrinales et spirituelles, tombe souvent dans un style de vie qui porte à s’attacher à des sécurités économiques, ou à des espaces de pouvoir et de gloire humaine qu’il se procure de n’importe quelle manière, au lieu de donner sa vie pour les autres dans la mission. Ne nous laissons pas voler l’enthousiasme missionnaire ! »

Si des gens veulent devenir chrétiens et être baptisés, nous en sommes très heureux, et nous les accueillons avec joie. Mais l’évangélisation ne se limite pas au baptême. Notre responsabilité, c’est de faire grandir le Royaume de Dieu, un Royaume offert à tous les hommes. Notre travail c’est donc d’aider les non chrétiens qui nous entourent, à vivre dans l’esprit de l’Evangile, même s’ils ne deviennent pas chrétiens. Pour mettre en pratique, dans leur propre religion, les valeurs de l’Evangile qu’ils découvrent, grâce à notre amitié et à notre témoignage. Et pour vivre à la manière de Jésus Christ, chacun là où il est, autant qu’il le peut.. « Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint …Recherchons donc ce qui aide à la paix, et ce qui nous unit les uns aux autres pour construire ce Royaume» (Rom 13,17-19). A chaque fois que nous aidons les hommes et les femmes, quelle que soit leur religion, à vivre dans la justice, la paix et l’amour, le Royaume est là. Et ils sont dans le Royaume.

Les actes des apôtres nous présentent trois piliers de l’évangélisation et du témoignage :

Le premier pilier, c’est d’annoncer une Bonne Nouvelle dans la joie. Non pas des commandements, ou seulement de la morale, mais une parole qui libère et qui rend heureux, comme le Pape François nous l’explique dans sa lettre « La Joie de l’Evangile ». C’est faire connaître que Dieu et notre Père et qu’Il nous aime. Que Jésus est mort et ressuscité pour nous, qu’Il est vivant et qu’Il nous fait vivre d’une vie nouvelle. Qu’Il reviendra pour nous ressusciter et remplir notre vie totalement. Et qu’Il nous a envoyé son Esprit Saint, « qui souffle où Il veut (Jean 3,9), et qui veut des adorateurs en esprit et en vérité quel que soit le lieu (Jean 4,23) ». Car il parle dans le cœur de tous les hommes et de toutes les femmes.

Le deuxième pilier c’est donc le Saint Esprit. C’est Lui qui nous fait comprendre la Parole de Dieu, et qui nous donne la force de la mettre en pratique. C’est Lui qui nous conduit dans toute notre vie. Si nous l’écoutons dans notre cœur, Il nous montrera comment évangéliser.

Le troisième pilier c’est la communauté. On n’est pas chrétien pour soi, on est croyant avec les autres, comme le dit Pierre : « Autrefois vous n’étiez pas un peuple, maintenant vous êtes le peuple de Dieu » (1ère Pierre 2, 10). Evangéliser, cela nous demande donc d’être près des gens, de connaître leur vie et la vie de notre peuple. François a écrit : « La mission, c’est un amour pour Jésus, mais en même temps, c’est un grand amour pour son peuple » (La Joie de l’Evangile n° 268). « Nous partageons avec les autres l’espérance que Dieu a mise dans nos cœurs, mais avec douceur et avec respect «, comme le demande Pierre (1ère Pierre 3, 16), sans nous décourager, même si c’est difficile et que les gens refusent de nous écouter. Ils peuvent nous empêcher de parler mais ils ne peuvent pas nous empêcher de vivre, et donc de témoigner. (Voir mon document : Comment Jésus a-t-il évangélisé ?)

Une nouvelle étape de l’Evangélisation

Il est important de savoir lire les signes des temps, comme nous l’a rappelé le 2° concile du Vatican, à la suite de Jésus Lui-même (Mat 16,3). Lorsque les premiers missionnaires sont arrivés au Sénégal, ils se sont consacrés à implanter l’Eglise locale, ce qui est bien normal. Ils se sont donc donnés à la catéchèse, à l’organisation des paroisses et à ouvrir des séminaires. En même temps, ils ont eu le souci du développement humain, de l’éducation et de lancements de projets dans les différents secteurs de la vie. Ils n’ont donc pas oublié la dimension caritative et humanitaire : mise en place de dispensaires, d’écoles, de centres de formation professionnelle et technique etc. Maintenant, et déjà depuis de nombreuses années, l’Eglise est en place. Est-ce que tous les chrétiens, mais les congrégations religieuses en particulier, ne devraient pas se tourner plus directement vers une nouvelle évangélisation, d’ailleurs demandée par l’Eglise ? D’abord, rendre leurs paroisses, comme toutes leurs autres activités, beaucoup plus missionnaires. Mais ne faudrait-il pas passer en même temps à une deuxième étape ? 

D’abord, voir tous les nouveaux secteurs de la vie moderne qui ont besoin d’être évangélisés. Car le monde a changé. Il y a de nombreux domaines de manque de foi, comme des nouveaux secteurs de pauvreté et d’injustices, dans lesquels nous devons nous engager. Mais encore faut-il avoir des idées claires sur ce qu’il faut faire. . Simplement une citation (EG n° 20) : »Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ».

Ensuite, proposer à tous les hommes de vivre les valeurs de l’Evangile. Pas seulement les chrétiens mais tous les habitants du pays, à l’intérieur même de leurs différentes cultures et religions. Pour la venue du Royaume de Dieu. Maintenant, tous les gens ont choisi : ils sont déjà soit chrétiens, soit musulmans. Et on ne peut pas espérer baptiser beaucoup de musulmans pour les faire entrer dans l’Eglise. Mais nous pouvons leur permettre d’entrer dans le Royaume de Dieu, en offrant aux musulmans qui le veulent, de vivre à la manière de Jésus Christ, même s’ils restent musulmans. Et aussi à ceux qui pratiquent les religions traditionnelles ou ceux qui se disent incroyants, Quand nous travaillons avec eux dans l’amour et en vérité, pour la justice et pour la paix, nous les évangélisons. Ils ne sont pas chrétiens, ils ne sont pas dans l’Eglise, mais ils sont dans le Royaume de Dieu. Nous n’avons pas besoin de parler pour cela. Il suffit de nous engager ensemble. Comme le dit Jésus : » Celui qui fait la vérité, il vient à la lumière ».

Le document Lumen Gentium du concile Vatican II affirme : “L’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain” (LG 1). L’Eglise est le signe et le moyen de la venue du Royaume de Dieu sur la terre.

LG 4 : « La mission de l’Eglise que lui a donné son Seigneur, c’est la formation spirituelle, morale et humaine de tout homme, de toute femme et de tout enfant. Elle participe au bien des peuples, répare les fractures existant entre eux et élève la dignité humaine ».

LG 48, “Le Christ a constitué son Corps, qui est l’Eglise, comme le sacrement universel du salut”. Il faudrait lire le document tout entier, et aussi les autres documents du Concile, en particulier Gaudium et Spes (l’Eglise dans le monde). Sans oublier les documents plus récents du Vatican. Lire aussi Rom 8,19-23.

L’inculturation de la vie chrétienne et de la vie religieuse

Se pose aussi la question de l’inculturation. Car il est clair qu’on ne peut pas avoir d’Evangélisation en profondeur sans inculturation. Comme le dit notre pape François (la joie de l’Evangile n°116) : » Quand une communauté accueille l’annonce du salut, l’Esprit Saint féconde sa culture avec la force transformante de l’Évangile…. Par l’inculturation, l’Église introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre communauté, parce que toute culture offre des valeurs et des modèles positifs qui peuvent enrichir la manière dont l’Évangile est annoncé, compris et vécu ….Que l’Église fasse comprendre et présente la vérité du Christ, en s’inspirant des traditions et des cultures de la région » (N°118).

C’est sûr qu’il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. Le pape ajoute au n° 129 : » Dans les pays où le christianisme est minoritaire, en plus d’encourager chaque baptisé à annoncer l’Évangile, les Églises particulières doivent développer activement des formes, au moins initiales, d’inculturation. Ce à quoi on doit tendre, en définitive, c’est que la prédication de l’Évangile, exprimée par des catégories propres à la culture où il est annoncé, provoque une nouvelle synthèse avec cette culture…Si nous laissons les doutes et les peurs étouffer toute audace, il est possible qu’au lieu d’être créatifs, nous restions simplement tranquilles sans provoquer aucune avancée. Dans ce cas, nous ne serons pas participants aux processus historiques par notre coopération, mais nous serons simplement spectateurs d’une stagnation stérile de l’Église ».

Nous religieux et religieuses, nous avons une famille. N’est-ce pas à l’intérieur de nos propres familles que nous pouvons agir en premier ? Et dans nos paroisses, mais aussi dans nos lieux de travail et nos différents engagements. Au cours du chapitre général des Filles du Saint Cœur de Marie, le vendredi 3 Août 2.012, nous avons réfléchi à l’inculturation. Voici rapidement l’une ou l’autre idée qui ont été relevées. La première chose, c’est de connaître la culture et les différentes religions du milieu, où le Seigneur nous a appelés à vivre. Il s’agit d’en découvrir les valeurs, donc de le regarder d’une manière positive. Mais en même temps en étant réaliste. Par exemple en ouolof, le Jom, c’est le sens de l’honneur et de la dignité. Mais cela peut devenir de l’orgueil.

Ensuite il s’agit de voir comment vivre ces valeurs traditionnelles dans le monde d’aujourd’hui. Par exemple la Téranga. Quand on habite dans un 2 pièces au 5ème étage, on ne peut pas accueillir les gens aussi facilement qu’on le faisait au village, là où on avait une grande cour. Autrefois quand on recevait un parent, on pouvait ensuite l’amener travailler avec nous au champ. Mais si tu es en ville et que tu es médecin ou enseignant, cela n’est évidemment pas possible.

Enfin, il faut voir les choses telles qu’elles se passent aujourd’hui. Par exemple, on parle du respect de la vie en Afrique, et c’est sûr que c’est une grande valeur. Mais nous ne pouvons pas oublier tout ce qui se passe en réalité, en particulier les avortements et les infanticides. Et on pourrait dire la même chose des autres secteurs de notre pays. Trop souvent nous rêvons à un monde traditionnel idéalisé et non pas tel qu’il était vraiment et qui, de toute façon, n’existe plus aujourd’hui. Par exemple, il ne s’agit pas de dire qu’autrefois la dot était un cadeau symbolique pour créer une alliance entre les deux familles. Il faut voir ce qu’elle est devenue aujourd’hui et voir comment lutter efficacement contre ces déviations et ces exagérations.

Trop souvent nous les religieux, nous sommes des rêveurs. N’étant pas mariés nous ne portons pas le poids d’une famille et nous travaillons dans nos œuvres que nous pouvons faire marcher comme nous voulons. Et non pas dans la société où les gens doivent accepter les directives des responsables et des chefs. A cause de cela, nous ne percevons plus la réalité des choses et nous ne cherchons pas suffisamment à la connaître. Nous avons fait vœu de pauvreté mais nous vivons beaucoup mieux que la plupart des sénégalais. Nous avons fait vœu d’obéissance mais nous sommes indépendants et nous n’avons pas à supporter l’autorité des patrons et des chefs de service qui nous font souffrir. Nous sommes chastes mais est-ce que nous ne sommes pas comme des anges, alors que nos frères et nos sœurs chrétiens doivent vivre leur sexualité dans les difficultés d’une vie très érotisée et soumise à toutes les tentations et les pressions de la société moderne.

L’inculturation doit aller dans les deux sens : enrichir l’Eglise par les valeurs des différentes cultures africaines, mais aussi inculturer (enraciner) l’Evangile dans nos différentes cultures, pour les convertir et les christianiser. Pour nous religieux, cela demande deux choses :

  1. D’abord de rester vraiment africain et sénégalais, profondément enracinés dans notre culture, alors que toute notre formation a tendu à nous occidentaliser et à nous coloniser culturellement. Beaucoup d’entre nous préfère parler français et ne sont même plus capables de s’exprimer clairement dans leurs propres langues, encore moins dans la langue nationale ouolof. Pour les étrangers, leur devoir c’est de comprendre et de respecter les différentes cultures sénégalaises le mieux possible.

  2. Vivre réellement et concrètement l’Evangile dans les réalités actuelles de notre société et non pas en théorie.

L’inculturation ne peut pas se limiter aux danses d’offertoire, et aux processions d’offrande. Il s’agit d’inculturer et d’évangéliser toute notre vie. D’abord l’organisation de la paroisse et des CEB. Dans les réunions de CEB, on commence par se donner des nouvelles comme au village. Il n’y a pas seulement un président pour diriger (surtout que c’est presque toujours un homme, et rarement une présidente) mais une équipe d’animation, un homme, une femme, un jeune garçon et une jeune fille (responsables de la CPJ : Coordination Pastorale des Jeunes). Cela pour respecter à la fois la séparation traditionnelle entre hommes et femme, et aussi les classes d’âge. Par ailleurs, nous cherchons à répartir les responsabilités entre plusieurs responsables, conformément aux différents charismes dont parle Paul (1° Corinthiens, chapitres 10 et 12). En particulier nous avons choisi des « sages », des conseillers hommes et femmes pour la réconciliation, conformément à nos traditions, mais aussi à ce que Jésus propose (Mat 18,15-19. Voir aussi Romains 6, 1-14) Le conseil paroissial s’est réuni pour évaluer le travail de l’année. Au sujet des CEB, nous avons remarqué en particulier une chose : » les chrétiens participent au sacrement de baptême des bébés, mais ils ne participent pas aux cérémonies coutumières du 8° jour, la présentation des enfants aux ancêtres comme cela se fait dans la tradition. Souvent on prie pour les malades en réunion de CEB, mais on va beaucoup moins souvent prier avec les malades. Bien sûr toute la communauté ne peut pas se déplacer chaque jour, mais après une prière commune, qu’est-ce qui empêche d’envoyer un délégué de la communauté chaque jour, pas seulement pour prier avec la famille mais pour voir comment ils vivent ce temps de la maladie, pour éviter en particulier toutes les pratiques magiques et le maraboutage, les accusations de sorcellerie et pour vivre la maladie dans la foi. Une simple prière en réunion de communauté ne peut pas transformer tout cela 

De même, nos CEB ne sont pas présentes au moment du mariage traditionnel. Alors que les chrétiens participent à une grande fête le jour où on célèbre le sacrement de mariage. Déjà il faudrait se poser des questions sur les dépenses énormes qui se font ce jour-là, comme au moment des baptêmes et des premières communions, mais aussi des enterrements. Dans ces conditions, les pauvres qui n’ont pas les moyens, ne pourront jamais être baptisés, faire leur première communion ni se marier, parce que c’est trop lourd pour eux.

Mais au-delà de cela, attendre que les gens célèbrent le sacrement de mariage à l’église pour les suivre, c’est trop tard. Souvent les fiancés commencent à vivre ensemble, avant de célébrer le sacrement. C’est dès le début de leur vie commune qu’il faut les éclairer et les évangéliser. Pourquoi la communauté chrétienne lorsqu’un de ses membres garçon prend sa fiancée chez lui, n’irait-elle pas réfléchir avec les deux familles sur les questions concrètes, par exemple du montant de la dot. Et aussi pour conseiller les fiancés, et les aider à vivre leur mariage d’une façon chrétienne dès le début, sans attendre le sacrement. Et lire au moins la Parole de Dieu et prier ensemble. C’est difficile. Mais est-ce que nous religieux, nous ne pouvons pas le faire, au moins dans notre propre famille ?

De même on passe beaucoup de temps aux enterrements : la veillée le soir, la levée du corps à l’hôpital, la prière à l’église, l’enterrement au cimetière, les condoléances dans la famille. Comment les gens qui ont un travail salarié vont-ils assurer leur travail dans ces conditions ? Mais surtout, on vient au moment de l’enterrement et ensuite la communauté chrétienne disparaît complètement. Ne serait-ce pas important, non seulement d’être présent à la veillée mortuaire mais surtout de s’asseoir ensuite, ensemble avec la famille, pour voir comment ils vont régler les problèmes laissés par le défunt, les questions d’héritage, la condition de la veuve et des orphelins. Et là aussi, éviter les pratiques traditionnelles païennes, les accusations de sorcellerie et autres habitudes incompatibles avec la foi. Et que la communauté envoie chaque jour pendant les premiers jours du deuil, au moins une ou deux personnes à tour de rôle pour visiter la famille, les conseiller, les soutenir, les encourager et prier avec eux. Il y aurait donc toute une réflexion à faire, aussi bien pour l’inculturation de l’Eglise que pour la conversion de nos cultures. A Pikine, nous avons composé un livret de prières pour ces célébrations traditionnelles.

Cela fait partie de notre responsabilité de religieux de sanctifier nos traditions et d’évangéliser toute la vie de nos frères et sœurs. Mais encore faut-il que nous participions aux activités de nos CEB et aux formations qui se font au niveau de la paroisse. Et que nous nous engagions dans nos propres familles pour une vraie conversion et une évangélisation en profondeur de nos cultures. Le pape François l’a bien dit : » L’Année de la vie consacrée ne concerne pas seulement les personnes consacrées, mais l’Église entière pour stimuler tous les baptisés ». Un évêque affirme : « Par leur mode de vie qui rappelle celui du Christ, les consacrés sont un peu comme des poteaux indicateurs vivants, des aiguillons pour notre vie de baptisés. Ils nous posent la question : quel est le moteur de ta vie ? Bien sûr, nous ne sommes pas tous appelés à vivre comme eux, mais nous sommes tous appelés à nous demander quel est notre rapport aux biens, au pouvoir… C’est une façon de vivre ensemble qui est très importante pour le monde d’aujourd’hui ».

Mes livres

  • Enraciner l’Evangile jour après jour : Commentaires des Evangiles du dimanche.

5 volumes

  • Célébrations chrétiennes des cérémonies traditionnelles

  • Mon livre de prières

  • Nombreux livres d’éducation pour jeunes et adultes

Autres documents (par mail)

  1. Sur la vie religieuse :

  • La vie consacrée pour une Afrique réconciliée avec elle-même (Cosmam)

  • Religieuses engagées pour la justice (Cosmam)

  • Consécration religieuse et respect de la création

  • La vie religieuse et apostolique

  • Forum des religieux du Sénégal, 1er novembre 2011

  • Religieux et Religieuses dans la pastorale du tourisme. Mbour, février 2012

  1. Sur la pastorale :

  • Troisième Plan Pastoral

  • L’Evangélisation

  • Quelle Eglise pour quelle évangélisation ?

  • Formation à la Doctrine Sociale de l’Eglise

  • Droits Humains et Doctrine Sociale de l’Eglise

  • Droits de l’enfant

  • Vatican II et la Constitution « L’Eglise dans le monde »

  • Synodes (2° pour l’Afrique et sy nsur la famille)

  • La Communauté Ecclésiale de Base (CEB)

  • Célébration des cérémonies traditionnelles – Inculturation

  • Célébration des enterrements à la maison et au cimetière

  • Inculturation et évangélisation de nos coutumes par les CEB

  • Justice et Paix

  • Réconciliation

  • Préparation au mariage – Le sacrement et la célébration du mariage

  • Formation des catéchistes

  • Rencontres avec les chorales

  • Evaluation des CEB

  • Vocations

  • Comment lire l’Evangile ?

  • Les différents temps liturgiques

  • Formation sur l’engagement des jeunes chrétiens

  • Acte 3 de la Décentralisation

  • La démocratie sénégalaise à l’épreuve de la violence politique

  • Rencontre des jeunes sur l’engagement politique

  • Préparation des élections locales

  • L’accaparement des terres

  • Quel avenir pour le Sénégal ?

  • Lettre aux maires

  • L’avortement médicalisé

  • L’homosexualité au Sénégal

  • Récollection de la coordination des Amicales Professionnelles Catholiques de Dakar

  • Comment travailler dans la Caritas et les commissions ?

  • Handicapés mentaux – un point de vue chrétien

  • La drogue

  • Animation des prisons

  • Les enfants de la rue

  • Violences faites aux femmes et place de la femme dans la société moderne

  • Travail avec les médias

Père Armel DUTEIL – Tél : 00 221/ 77 680 93 07
E.mail : armelduteil@hotmail.fr
Site : http://armel.duteil.free.fr/
Blog : www.armelduteilsenegal.blogspot.com


Missionnaires spiritains

Suite à notre dernier chapitre des Spiritains de la Province d’Afrique du Nord Ouest (PANO), nous nous sommes demandé comment mettre en pratique certaines des décisions les plus importantes pour être véritablement missionnaires, selon notre charisme et notre spiritualité.

Nous nous sommes d’abord remis face à la Parole du Seigneur en écoutant ce qu’Il disait dans la synagogue de Nazareth (Luc 4, 16 à 21) : « Les pauvres sont évangélisés ». En effet ce sont les deux mots les plus fréquents qui sont revenus dans notre chapitre : évangéliser et attention aux pauvres.

1 – Agir au sein de l’Eglise

En tant que missionnaires, il est essentiel que notre action se situe à l’intérieur de l’action de toute l’Eglise. Nous avons rappelé, à ce sujet, ce que nous vivons actuellement : le lettre sur la Joie de l’Evangile et la lettre sur l’écologie « Béni sois-tu », le Synode de la Famille, la fin de l’année de la vie consacrée et l’ouverture de l’Année de la Miséricorde. Nous avons rappelé également tout ce que le Pape François ne cesse de nous dire, en particulier ces deux choses : allez à la périphérie, c’est-à-dire auprès de ceux qui sont loin, pas seulement pour des raisons géographiques mais parce qu’ils sont écrasés, rejetés et mis à l’écart. Et deuxièmement lutter contre la civilisation du déchet, où l’on traite les hommes selon leur rentabilité, où l’on rejette ceux qui sont vieux, malades, handicapés, tous ceux qui ne sont pas rentables et que l’on traite comme des ordures. Comment évangéliser dans ce contexte? Comment être les soutiens, les défenseurs et les avocats des pauvres comme nous le demande notre règle de vie ?

Notre action doit se situer également dans la vie du monde. Juste un exemple : la semaine dernière, nous avons vécu la Journée Mondiale de la Jeune Fille, avec tous ses problèmes : la place de la femme dans la société, l’exploitation des jeunes filles, l’excision, les grossesses indésirées, les mariages forcés etc. Cette semaine, nous avons fêté la Journée Mondiale de l’Alimentation, en nous rappelant ce que disait François à la FAO : les pauvres n’ont pas besoin seulement de soutien, ils ont d’abord besoin de respect et de dignité. Et ce qu’il a dit dans son discours ce jour là : il est absolument inadmissible que des gens continuent à mourir de faim, alors qu’on gaspille la nourriture. Et que 80 % de la population mondiale n’ait pas de sécurité sociale. Cela c’était vendredi. Le lendemain samedi, c’était la Journée Mondiale de l’ONU, du rejet de la misère. Nous ne pouvons pas être citoyen du monde, si nous ne luttons pas de toutes nos forces contre la misère en nous rappelant que cette Journée Mondiale du rejet de la misère a été lancée par le Père Mzwrelinski, le fondateur de ATD / Quart Monde. Il s’agit pour nous de voir concrètement les conditions de vie des populations, dans les pays où nous travaillons en Afrique de l'Ouest (Pano) : la Guinée Conakry où Ebola reste toujours un danger, et où la suite des élections est inquiétante à cause des contestations ; la Guinée Bissau avec l’insécurité et la pauvreté grandissantes ; le Sénégal avec l’avancée du désert et la différence de plus en plus grande entre les riches et les pauvres ; la Mauritanie avec les tensions entre les populations noires et arabes etc.

2 – Notre règle de vie :

La mission de la PANO doit s’intégrer dans le cadre de la Mission générale de la Congrégation. Nous avons rappelé certains points de notre règle de vie spiritaine.

N° 9 : l’Esprit répand en nos cœurs l’Esprit du Père (Romains 5, 5) qui éveille en nous le zèle apostolique. Cela se manifeste par un grand désir de voir s’établir cet amour chez tous les hommes. Nous nous demandons quelle est la qualité et la profondeur réelle de notre amour pour Dieu et pour nos frères, concrètement, dans la vie de chaque jour.

N° 10 : l’Esprit nous appelle à une conversion continuelle. Il façonne notre vie personnelle et communautaire. Il nous fait participer aux mystères de mort et de résurrection de Jésus et nous prépare au don total de nous-mêmes pour le Royaume.

Dans quelle mesure nous laissons-nous conduire par l’Esprit ? Est-ce que nous vivons une conversion continuelle, aussi bien au niveau personnel que communautaire ? Comment mieux participer aux mystères de la mort et de la résurrection de Jésus Christ dans notre apostolat ? Est-ce que nous nous donnons totalement au Royaume ? Cela pose en particulier la question de la prière communautaire, de la révision de vie, du partage d’Evangile etc.

N° 11 : Nous participons en Eglise à la mission du Christ proclamant un salut qui est don de Dieu, libération de tout ce qui opprime l’homme, joie de connaître le Seigneur et d’être connu de Lui, en communion avec Lui et tous les hommes.

Là aussi quelques questions : comment notre travail s’inscrit véritablement dans le travail de l’Eglise et dans la mission du Christ ? Est-ce que nous savons d’abord accueillir le salut de Dieu comme un don, avant de l’annoncer aux autres ? Est-ce que notre travail apostolique est vraiment une libération de tout ce qui opprime l’homme, de tous les hommes ? Sommes-nous heureux de connaître le Seigneur, et comment partageons-nous cette joie ? Sommes-nous vraiment en communion avec tous les hommes, en particulier avec les plus petits, ceux qui sont les plus loin, ceux qui sont rejetés et méprisés? Ou bien sommes-nous seulement en lien avec ceux auprès de qui nous nous sentons à l’aise ?

N° 12 : Nous allons de préférence :

  1. Vers ceux qui n’ont pas encore entendu le message de l’Evangile ou qui l’ont à peine entendu

  2. Vers les opprimés et les plus défavorisés individuellement et collectivement.

  3. Là ou l’Eglise trouve difficilement des ouvriers.

Est-ce que nous allons vraiment en priorité vers ceux qui n’ont pas encore entendu l’Evangile, ou bien est-ce que nous ne nous laissons pas enfermés dans nos paroisses? Et dans ces paroisses, est-ce que nous allons vraiment vers les opprimés? Ou bien travaillons-nous avec les gens les plus formés, les plus proches de nous, les plus favorisés.

N° 14 : Nous considérons comme partie constitutive de notre mission d’évangélisation :

  1. La libération intégrale de l’homme.

  2. L’action pour la justice et la paix.

  3. La participation au développement

Où en sommes-nous à ces trois niveaux ? Il serait important que chacun personnellement, chaque communauté, et la PANO en tant que telle, fasse l’évaluation de notre engagement réel sur ces trois points.

N° 16, 1) : Afin que le témoignage chrétien rejoigne les hommes dans leur culture, et devienne une force de libération dans l’histoire actuelle de chaque peuple, nous favorisons de tous nos moyens une rencontre féconde entre l’Evangile du Christ et les traditions culturelles et religieuses locales.

Est-ce que nos efforts d’inculturation ne se limitent pas trop à la liturgie, quand ils existent? En tant que missionnaires, nous sommes souvent étrangers dans la culture où nous vivons. Cela est un appel supplémentaire pour travailler à une véritable inculturation.

N° 16, 2) : Lorsque nous vivons à l’étranger, nous nous efforçons d’étudier la langue, et de comprendre les us et coutumes des peuples dont nous sommes les hôtes.

Nous avons beaucoup insisté au cours de notre dernier chapitre, sur cette nécessité. Il ne faut pas que cela reste un vœu pieux.

N° 16, 3) : Nous dialoguons et collaborons loyalement avec les responsables et les croyants des autres religions, ainsi qu’avec ceux qui ne croient pas en Dieu. Nous sommes confiants en l’Esprit Saint qui nous mène les uns et les autres, vers la Vérité toute entière (Jean 16, 13). Est-ce que nous collaborons vraiment avec les croyants des autres religions ? Connaissons-nous seulement les imams du quartier, et aussi les responsables des communes et villages là où nous travaillons ?

N° 18, 1) : Nous considérons comme tâche vraiment importante aujourd’hui , l’apostolat auprès des jeunes dont la situation appelle plus que jamais des œuvres sociales et éducatives : le service auprès des réfugiés, des émigrés et des marginaux.

Notre action auprès des jeunes ne peut donc pas se limiter aux simples amicales et aux fêtes et rassemblements, mais chercher de vraies œuvres sociales et éducatives. Nous avons sans doute le souci des réfugiés et des émigrés, mais beaucoup moins des marginaux, ceux qui sont à l’écart de la société. Nous nous posons également la question de la qualité de notre vie communautaire (n° 24).

N° 24, 1) : Notre présence auprès des pauvres nous fait entendre de façon nouvelle l’Evangile que nous annonçons. C’est ainsi un aspect constant à la conversion et une invitation à adopter un style de vie simple.

Sommes-nous prêts à entendre chaque jour l’Evangile de façon nouvelle? Et à nous convertir, en vivant et en nous engageant avec les pauvres?

3 – La vie de la Province :

A partir de là, nous nous sommes posés un certain nombre de questions sur notre vie en Afrique de l’Ouest, en particulier sur notre mission. L’évangélisation des pauvres est vraiment notre but, et c’est pour cela, que nous travaillons, en paroisse ou non. Est-ce que nos paroisses sont vraiment missionnaires et évangélisatrices? Est-ce qu’elles donnent la priorité aux pauvres ? Pas seulement pour les aider, mais d'abord pour les écouter, et accueillir ce qu’ils ont à nous dire. Et ensuite, les soutenir dans ce qu’ils veulent faire eux-mêmes.

Nous travaillons au sein de l’Eglise locale. Nous respectons donc ses orientations, mais selon notre charisme et notre spiritualité missionnaire. Toutes les Eglises d’Afrique de l’Ouest ont mis en place un Plan d’Action Pastorale avec quatre objectifs : la communion, la sanctification, le témoignage et le service. Or trop souvent, dans nos paroisses, on est sensible à la communion et à la sanctification, surtout à la liturgie, beaucoup plus qu’à l’évangélisation et au service des pauvres. Notre responsabilité est donc d’insister sur ces deux derniers objectifs, choisis par l’Eglise elle-même. D’autre part, souvent ces quatre objectifs se limitent à une action auprès des chrétiens. Alors que nous sommes responsables de la communion entre tous les hommes, et pas seulement dans la paroisse ou entre chrétiens. De même, nous sommes responsables de la sanctification de tous les hommes, pour qu’ils vivent mieux la foi et l’amour, quelle que soit leur religion ou leur non religion. Cela passe par des actions en commun, De même pour l’évangélisation. L’évangélisation ne peut pas se limiter à des prières charismatiques et à des chants entre chrétiens. Il s’agit bien d’évangéliser les non chrétiens, en sachant que « évangéliser » ce n’est pas la même chose que baptiser (1°Cor 1,17). Il s’agit pour nous, d’aider les non chrétiens à vivre dans l’esprit de l’Evangile, à la manière de Jésus Christ. A ce moment-là, ils sont vraiment dans le Royaume de Dieu, même s’ils n’acceptent pas de rentrer dans l’Eglise, ou d’être baptisés. Nous sommes au service du Royaume.

Ces mêmes réflexions s’appliquent également aux communautés de quartiers, qui doivent être des lieux d’évangélisation et d’engagement envers tous les pauvres dans le quartier. Alors qu’on a souvent transformé ces CEB en simple groupe de prière.

Comme tous les séminaristes, nous donnons à nos étudiants une formation en philosophie et en théologie. Mais le Chapitre a bien insisté sur la nécessité de formation complémentaire, pour pouvoir répondre à notre charisme : « dans les domaines de la santé, de techniques diverses, et d’engagement dans la société. (II, 4) ». Et aussi sur la nécessité (n° 5) de la formation pour l’évangélisation, le dialogue entre les religions, justice, paix et intégrité de la création, l’éducation non formelle (pas seulement les écoles), l’action auprès des enfants de la rue etc. Il est absolument nécessaire que tout cela soit mis en pratique, et ne reste pas au niveau de belles déclarations formelles. D’autant plus qu’au cours de ce Chapitre, nous avons beaucoup insisté sur notre vocation missionnaire, notre spiritualité et notre charisme. Et sur le fait que nous ne sommes pas obligatoirement appelés à travailler en paroisse. Au contraire, le Chapitre a demandé la mise en place d’activités pastorales, autre que paroissiales.

Pour la mise en place de ce Chapitre, il serait important de dégager des priorités car on ne peut pas tout faire : de mieux analyser les possibilités pratiques, que ce soit en personnel ou en moyens, pour ne pas lancer des choses irréalisables, qui vont nous conduire contre un mur. Par exemple, dans les années passées, nos forces vives ont été essentiellement consacrées à la formation d’enseignants de la philosophie et de la théologie pour le Centre Saint Augustin. N’est-ce pas au détriment de l’évangélisation et de l’action avec les pauvres ? Au cours du Chapitre tout le monde a émis de très bonnes idées. Il faut arriver maintenant à quelques orientations claires, acceptées et mises en pratique par tous.

Cela pose aussi tout le problème de la formation de nos étudiants : qu’ils aient une véritable initiation à une pastorale missionnaire qui s’adresse aux plus pauvres, et ne se laissent pas prendre à la course aux diplômes. Cela nous demande d’avoir des formateurs, et pas seulement des enseignants dans nos maisons de formation. Et que l’on mette en place une véritable pastorale des vocations. E aussi une formation continue. Qu’elle soit vraiment continue, et ne se limite pas à une rencontre d’une journée chaque année.

Au cours de notre Chapitre, conformément aux orientations de la Congrégation, nous avons beaucoup insisté sur l’importance de la vie communautaire. Celle-ci devrait être prise davantage au sérieux, en pmarticulier au niveau de l’argent et de l’utilisation des moyens que nous avons, dans la ligne de notre pauvreté religieuse. Nous devons aussi réagir contre cette tendance à classer et à juger à l’avance les confrères, et à répandre sur eux des opinions négatives, dans nos conversqtions ou par internet.

-Enfin dernière question, qu’est-ce que cela a changé que notre Fondation devienne une Province ?


Allocution du père Armel à son 50ème anniversaire d'ordination sacerdotale

Chers frères, chères sœurs, chers amis,

Merci à tout le monde pour cette belle célébration, et pour tous ceux qui l’ont préparée. Je ne peux pas citer de nom, il y en a trop, je risquerais d’en oublier. Et surtout, je vous remercie parce que vous m’avez bien accueilli, dans votre paroisse de Notre Dame du Cap-Vert à Pikine. Bien sûr, je pense à tous les anciens, à commencer par le fondateur de cette paroisse, le Père Bertrand. Lorsque j’étais scout dans les années 1950, il venait nous dire la messe à la poste de Thiaroye, quand nous faisions des sorties à Cambérène ou a Mbao. Je pense donc à tous les anciens, spécialement au Père Gérard Vieira qui nous a quittés l’année dernière. Je salue tous mes frères présents, à commencer par notre Archevêque Benjamin, notre doyen, le père Eugène Gallon, mon curé et confrère, le Père Marek, les Pères Christian et Jérôme qui fêtent cette année leur 25ème année de profession religieuse, et tous les autres spiritains. Cette paroisse, depuis le début, est tenue par des spiritains. Nos fondateurs nous ont laissé deux rôles importants : évangéliser pour construire le Royaume de Dieu avec tous les hommes de bonne volonté, et être les avocats et le soutien des plus pauvres. Je vous salue donc tous, vous qui êtes engagés dans cette paroisse, depuis le 3ème âge en passant par les adultes et les jeunes jusqu’aux enfants. Vous êtes ma famille, et je suis heureux d’être avec vous dans une paroisse qui marche et qui avance.

Ensuite le Père Armel a continué en ouolof en commençant par le chant d’action de grâces : santa leen tuuru Borom bi : Salutations, merci pour cette belle fête. Et maintenant, qu’est-ce que nous allons faire ? D’abord nous avons un Plan pastoral avec ses quatre objectifs : Communion, Sanctification, Témoignage et Service. Il est affiché dans cette église (le Père a montré les affiches). Nous l’avons évalué à nouveau le mois dernier pendant toute une journée. Maintenant, il s’agit de continuer à le mettre en pratique.

Premier objectif : La communion

Dans notre paroisse, on peut dire que nous nous entendons très bien, et il n’y a pas de problème entre nous. Nous aimons porter le tee-shirt « Ma paroisse, ma fierté ». Mais il nous reste des progrès à faire à ce niveau. En effet, souvent nous faisons passer notre propre groupe ou structure, avant la paroisse elle-même. Simplement deux exemples. Lorsqu’une CEB organise un khawaré, il y a beaucoup de monde. Lorsque la paroisse organise son khawaré, il y a beaucoup moins de monde. Alors que la paroisse est beaucoup plus grande que la CEB. Pourquoi cela ? Parce que nous pensons plus à notre CEB, qu’à notre paroisse

Nous avons organisé une récollection des élèves. Lorsque j’ai demandé aux servants, aux lecteurs, aux choristes, aux différents groupes, et même aux CV / AV et aux autres mouvements, pourquoi ils n’étaient pas venus, ils m’ont répondu : nous ne sommes pas élèves, nous sommes lecteurs, choristes… Et pourtant, ils vont tous à l’école. Nous avons aussi voulu faire une récollection pour les étudiants, pour voir comment être chrétien, à l’université et dans les grandes écoles. Cette récollection devait être animée par les choristes. Aucun choriste n’est venu et un seul étudiant s’est présenté. Mais quand dimanche dernier la grande chorale a fait son khawaré, il y avait énormément de monde. Nous n’avons pas encore le sens de la vraie communion. Et surtout le sens de l’engagement dans notre milieu de vie, pour l’évangélisation et pour construire le Royaume de Dieu. Il nous faut vraiment réfléchir et travailler beaucoup à ce niveau. Nous venons recevoir la communion au Corps du Christ, chaque dimanche. Mais alors, il s’agit de vivre cette communion dans la vie de tous les jours. Nous l’oublions souvent.

Il y a trop de khawaré, de nguel, de yendo, de ngonal, de repas de gala, de soirées dansantes et de concerts. Et nous ne nous demandons pas, ce que nous devons faire avec cet argent. Souvent nous le mangeons ou nous le dépensons en sorties, uniformes, repas et fêtes. Nous l’utilisons pour nous-mêmes, sans aider les nécessiteux, même pas ceux de notre groupe. Quand Zachée a organisé un repas pour Jésus, il lui a dit : « Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais le payer 4 fois » (c’est la justice). ET aussi : » la moitié de ce que j’ai, je le donne aux pauvres » (c’est la charité). Et là, je veux remercier fortement la CPJ (Coordination des jeunes) qui a décidé que, pour chaque activité lucrative, elle donnerait 15 % de la recette pour la Caritas ou d’autres actions sociales.

Deuxième objectif : La sanctification

Nous faisons beaucoup de prières, de neuvaines, de pèlerinages et de fêtes patronales. Mais est-ce que toutes ces célébrations nous rendent plus saints ? Dans notre Plan pastoral paroissial, nous avons changé le nom de l’objectif : de liturgie en sanctification. Là aussi, il faut que cela passe dans la réalité.

Nous avons eu de belles liturgies, et j’en remercie tout le monde. Spécialement au moment de la fête patronale. Et aussi au temps de Noël avec les célébrations pleines de symboles, très animées et très profondes de Noël, de la Sainte Famille, du 31 décembre, de la journée mondiale de la Paix. Mais est-ce que cela a commencé à transformer notre vie ? Est-ce que nous l’avons mis en pratique ? Je remercie beaucoup la chorale pour les beaux chants d’aujourd’hui, des chants simples que tout le monde a pu chanter. Mais je regrette que l’on voie trop peu souvent les choristes, dans nos réunions de CEB. Alors qu’on a libéré le jeudi, et supprimé les répétitions pour ce jour-là. Chanter à la messe, c’est très bien mais pour chanter en vérité, il s’agit d’être engagé dans les autres activités de la paroisse. Là encore, il y a beaucoup à faire. Pas seulement pour les choristes, mais pour tous.

Troisième objectif : Le témoignage

Beaucoup de chrétiens vivent leur foi et portent ainsi un témoignage, au niveau personnel. Mais il s’agit aussi d’être témoins ensemble dans nos CEB, nos groupes et nos mouvements.

Pas seulement par nos paroles mais par toute notre vie. En effet, on peut nous empêcher de parler de Jésus Christ, mais on ne peut pas nous empêcher de vivre, et de porter témoignage de son Evangile et de son amour.

Pour cela, il faut que nous sortions de nos groupes et de notre paroisse. Notre Pape nous demande sans cesse d’aller à la périphérie, c’est-à-dire d’aller jusqu’aux limites de notre société, pour retrouver tous ceux qui sont loin de l’Eglise. Mais aussi, tous ceux qui sont rejetés de la société, écrasés, humiliés, repoussés, mis à l’écart et abaissés. C’est en eux que nous pouvons rencontrer Jésus Christ. A ce sujet, je voudrais féliciter la CEB qui fête sa fête patronale cette semaine. Elle a décidé de faire la conférence, non pas à la paroisse, mais à la mairie. En général, nous sommes trop centrés sur nous-mêmes. Il est important de rejoindre les autres, et de nous engager dans la société. Jésus nous dit : « Allez dans le monde entier, annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Vous êtes le sel de la terre » : de toute la terre. Pas seulement de la paroisse, ni même de l’Eglise.

Quatrième objectif : Le service

Nous avons relevé au cours de notre évaluation, que c’est certainement le point le plus faible : la Caritas, la Justice et Paix, la défense des droits humains et des petits, l’engagement dans la société, etc. Il y a encore beaucoup de groupes, de mouvements, de structures, et même des CEB, qui n’ont pas encore leur délégué dans la Caritas et la commission Justice et Paix, malgré toutes nos demandes depuis plus de deux ans.

Pour la Caritas, nous attendons beaucoup trop de recevoir d’argent, au lieu d’aller aider les autres : tous les autres sans regarder leurs ethnies, leurs pays d’origine ou leur religion. Nous n’avons pas encore compris qu’aider les autres en vérité, ce n’est pas seulement faire l’aumône, c’est d’abord les accueillir, les respecter, leur donner conscience de leur dignité. Et ensuite, les former et leur donner les moyens de vivre et de travailler par eux-mêmes, pour ne pas en faire des mendiants et des assistés.

Il y a beaucoup de chrétiens qui aident ceux qui les entourent, le mieux possible. Je les remercie beaucoup pour cela. Mais il faut que nous organisions notre aide et notre charité, pas seulement au niveau de la Caritas et de la paroisse, mais aussi en collaboration avec nos mairies et nos délégués de quartier, avec les imams et nos frères et sœurs musulmans, avec les associations et les ONG qui travaillent dans les quartiers. Nous avons déjà commencé cela. Et je remercie les délégués de la paroisse dans chaque mairie, pour l’excellent travail qu’ils font. Et aussi les CEB qui ont commencé à travailler avec les délégués et les marraines de quartier. Il nous faut approfondir cette action : que nos amicales de jeunes travaillent davantage avec les ASC et autres associations de jeunes du quartier. Que les femmes catholiques travaillent davantage avec les associations féminines, et participent aux projets et aux organisations qui se mettent en place. Et d’abord que ces amicales et que l’association des femmes catholiques se fassent inscrire dans les commissions de la mairie. Il y a des tas d’actions qui sont menées au niveau de la mairie. C’est important d’y participer, de les soutenir, et aussi de travailler avec eux. Par exemple, la boutique des droits à ICOTAF.


Pour terminer, je rappelle ce que nous avons dit au cours de notre évaluation. Le Plan pastoral n’est pas seulement pour les chrétiens, il est pour tous les habitants du Sénégal. Il s’agit de mettre la communion entre tous, pas seulement entre chrétiens : dans nos familles, dans nos quartiers et dans nos lieux de travail. Nous avons la responsabilité de rendre plus saints nos frères et sœurs musulmans, dans le respect de leur foi et dans leur liberté de conscience. Nous devons nous mettre au service de tous les pauvres, qu’ils soient chrétiens ou non. Nous sommes chrétiens mais nous sommes aussi citoyens.

Ensuite, il est important que nous vivions ces quatre objectifs dans toutes nos activités, même dans nos neuvaines, dans nos prières, nos fêtes patronales. Qu’il y ait le témoignage et le service des plus pauvres, pas seulement la communion et les prières.

On a chanté tous ensemble : «fu coofèl ak xarit ne, Yalla anga fa», Quand il y a l’amour et l’amitié, Dieu est présent.

Quatre lignes d’actions de l’Eglise, pour cette année :

Que faire à la suite de cette célébration ? L’Eglise cette année nous ouvre quatre chemins (pour chaque chemin, un servant a montré une affiche sur laquelle un thème était inscrit)

  1. Mettre en pratique le Synode de la Famille, auquel notre Archevêque a participé à Rome. Mais jusqu’à maintenant nous n’avons pas de commission de la famille dans notre paroisse.

  2. Le respect de la création, suite à la lettre de notre Pape François « Loué sois-Tu », et de la rencontre de tous les pays des Nations Unies au COP 21. Il faut que nous arrêtions de jeter nos eaux sales et nos ordures dans la rue, de même que nos plastiques et nos pots de café. Que nous arrêtions les feux de brousse et la saleté, la pollution, et tout ce qui casse la création. Nous en avons déjà beaucoup parlé. Il nous faut passer à l’action.

  3. Construire la paix. Là aussi nous avons eu une très belle célébration et nous avons réfléchi à la lettre de notre Pape François, « Gagne sur l’indifférence, et rapporte la paix ». Il y a encore trop d’indifférence dans notre société. On ne s’occupe pas des plus faibles. Quand il y a un problème, au lieu de s’engager, on dit :  grawul (c’est pas grave), ou bien : Yalla baax na (Dieu est bon) et on ne fait rien. Ou bien, on dit : tu te débrouilles, ça te regarde (yaay seet). Ou bien : ne t’occupes pas de ça (boul falé). Il faut absolument changer notre mentalité

  4. La miséricorde. »Soyons miséricordieux comme le Père». Le Père Armel a alors montré le tableau de l’enfant prodigue. Il a ajouté : portons nos frères sur nos épaules comme le Bon Berger. (Il a montré le logo de l’Année de la Miséricorde). Accueillons la miséricorde de Dieu. Soyons d’abord miséricordieux envers nous-mêmes. Soyons miséricordieux envers tous les autres, sans distinction. Apprenons aussi à ceux qui nous entourent à être miséricordieux, pour construire un Sénégal de miséricorde. Soyons aussi miséricordieux envers notre terre (le respect de la Création). Puis on a chanté à nouveau tous ensemble. Pendant le chant, les servants ont été déposer les quatre affiches correspondantes à ces 4 thèmes, au pied de l’autel, pour que Dieu bénisse notre action, et nous garde. Et que le Christ nous envoie son Esprit Saint, pour agir comme Lui. « Tout ce que nous avons dit nous semble difficile. Mais accueillons le Saint Esprit. Celui auquel vos prêtres sont consacrés depuis le début (les spiritains). Il nous donnera à la fois la lumière et la force nécessaire ».

Puis le père est parti parler aux enfants. Il a montré le tableau de Jésus Miséricordieux, en leur rappelant que Jésus a été un enfant comme eux. Pour qu’ils grandissent eux aussi dans leurs corps, dans leur esprit, dans leur cœur et dans leur âme, en science et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes, comme Jésus (Luc 2). Puis il leur a montré le tableau de Marie, en leur demandant de suivre l’exemple de Marie qui priait, qui faisait attention aux autres (sa cousine Elisabeth, les mariés de Cana, etc.), qui a rassemblé les apôtres le jour de la Pentecôte. Et on a chanté tous ensemble le chant « E ndey ju sella » (Sainte Mère de Dieu).

Pour terminer le Père Armel a montré le vitrail du fond de l’Eglise, la pêche miraculeuse. Jésus nous dit, comme aux apôtres : « Soyez des pêcheurs d’homme ». Et allez au large, sortez de la paroisse pour rencontrer tous les hommes, surtout ceux qui souffrent le plus. Puis il a montré le phare allumé de l’église dans lequel se trouve le tabernacle. Jésus nous dit : « Je suis la lumière du monde ». Mais Il nous dit aussi : vous êtes la lumière du monde. Et nous avons pris tous ensemble le chant : Ma lumière et mon salut, c’est le Seigneur !

Conclusion

Merci à vous tous. Cela vaut la peine d’être un homme (une personne humaine). Cela vaut la peine de vivre aujourd’hui au 21ème siècle. Cela vaut la peine de vivre au Sénégal. Cela vaut la peine de vivre à Pikine. Mais surtout, c’est une grande chance de connaître Jésus Christ, et de vivre avec Lui. Alors soyons heureux et apportons la joie de Dieu à nos frères ! (des photos sur Face Book : Armel Duteil)

Pour les cadeaux, le père Armel avait demandé à ce qu’il n’y ait pas de cadeaux personnels mais seulement des cadeaux pour les femmes de la prison de Rufisque, où il va chaque jeudi : savon, dentifrice, eau de javel et nourriture, lait, café, sucre etc. Ces cadeaux ont été portés en procession par les responsables de Caritas et de Justice et Paix. Le père Armel les a accueilli avec joie et reconnaissance, en donnant le sens de sa démarche : « Certains ont été étonné par ma demande. Pourtant, c’est quelque chose qu’il faudrait organiser de plus en plus. Personnellement lorsque ma sœur s’est mariée, d’abord ils ont réduit les dépenses, chacun des invités a payé son repas. Mais surtout, elle a demandé à ce qu’il n’y ait pas de cadeaux pour eux, puisque mari et femme ils travaillaient et avaient de quoi vivre. Et qu’à la place des cadeaux de mariage, on leur remette de l’argent. Ils m’ont envoyé cet argent au Congo, où l’on a pu construire une maison pour les enfants de la rue. De même lorsqu’un de mes neveux est décédé, on a demandé à ce qu’il n’y ait pas de fleurs, pas de couronnes, mais que les gens apportent leur offrande en argent. Cet argent m’a été envoyé quand je travaillais dans les camps de réfugiés au Libéria. Il m’a permis d’aider un certain nombre de personnes en détresse. Il serait important que nous apprenions à faire la même chose : réduire les dépenses et penser aux pauvres dans toutes nos cérémonies de baptême, de première communion, de mariage et aussi d’enterrements. Le père a remercié le conseil paroissial d’avoir compris et soutenu sa demande.

Procession des offrandes

1. Les livres de commentaires de l’Evangile

Nous apportons ces commentaires d’Evangile de tous les Dimanches de l’année : ABC, pour rendre grâce à Dieu pour ce travail immense que le Père Armel a accompli pour nous aider à comprendre la Bonne Nouvelle.

2. Le sac du Père Armel

Voici le sac rempli jusqu’au bout et porté par Père Armel chaque jeudi, pour donner aux prisonnières de Rufisque le minimum vital :(café lait, savon ….)

3. Le clavier d’ordinateur et l’appareil d’enregistrement

Chacun de nous connait le travail de communication de Père Armel, ses émissions radio, les commentaires de textes officiels de l’Eglise, les mails envoyés au monde entier, pour faire connaitre et lutter pour les causes de l’Evangile et l’enseignement de L’Eglise. Ce clavier symbolise les heures passées par Père Armel devant la machine pour le bien de nous tous.

4. Les ouvrages sur la vie des familles et de la société

La famille, la CEB, la société : les trois préoccupations majeures du Père Armel, la formation de l’homme à travers la famille et la CEB pour un engagement effectif et conscient dans la société.

5. Le sac d’un immigré-réfugié

Ce sac d’immigré symbolise l’accueil que Père Armel réserve aux visiteurs. Chaque jour, des immigrés, des étrangers, des réfugiés viennent frapper à la porte du Père Armel. Il les écoute tous en les aidant, les orientant vers les services sociaux et en les réconfortant dans leurs détresses.

6. Le Pain et le Vin

Nous offrons le Pain et le Vin pour qu’ils deviennent par la consécration, la présence eucharistique du Seigneur au milieu de son peuple.


Monition

Dans évangile aujourd’hui, Jésus a pitié des mariés de Cana. Et nous, comment venons-nous en aide aux autres ? Jésus vient nous apprendre à aimer. Comment allons-nous accueillir son amour ? Vivons-nous la charité avec un cœur de pauvre ? Au cours de cette messe, prions ….

Première lecture

Le prophète Isaïe nous explique la tendresse de Dieu pour son peuple. Il nous aime plus que le meilleur des maris aime sa femme. Mais, sommes-nous décidés à faire la joie de Dieu ?Écoutons !

Deuxième lecture

Nous sommes le temple de l’Esprit Saint. Chacun de nous a reçu de Lui un don particulier pour le bien de tous. Nous laissons-nous guider par l’Esprit Saint ? Comment mettre nos qualités au service de nos frères ? Ecoutons.

Prière universelle

  1. Pour le Pape, ses Ministres et les laïcs engagés ; Seigneur, fais que par les dons reçus du Saint-Esprit, ils conduisent les hommes jusqu’au salut éternel. Par Marie, nous Te prions !

  2. Aujourd’hui, c’est la journée mondiale du migrant et du refugié. Pour que le Christ, qui a été lui-même réfugié en Égypte, leur donne force et courage. Et que nous sachions les accueillir et les aider le mieux possible. Par Marie, nous Te prions !

  3. Pour le Père Armel ; Seigneur, donne-lui la grâce de poursuivre son chemin à la suite du Christ. Et pour nous ses collaborateurs, que nous sachions travailler ensemble avec nos prêtres, pour aider les nécessiteux et faire grandir la justice et la paix autour de nous. Par Marie, nous Te prions !

  4. Pour les membres de nos Communautés Ecclésiales de Base ; en cette semaine de l’unité des chrétiens. Qu’ils se laissent conduire par le Saint-Esprit, pour travailler dans la communion avec les autres chrétiens et s’engager ensemble au service de la société. Par Marie, nous Te prions !

Envoi : Marie dit aux serviteurs : « faites tout ce que Jésus vous dira ».

Allons aider nos frères qui souffrent et qui manquent de moyens, comme Jésus l’a fait. Soyons surs de la présence de l’Esprit-Saint en nous. Agissons avec les dons reçus au service de l’Eglise et de la société.


Les défis de la famille et la vie consacrée en Afrique

Émission à la télévision en préparation au Forum des religieux d’Afrique de l’Ouest : Religieux et famille. Ce forum s’est tenu suite aux 2 synodes sur la famille, pour chercher comment les religieux peuvent y apporter leur contribution.

Nous nous sommes d’abord posé la question de la vie religieuse.

Les religieux font vœu de pauvreté.

Mais souvent ils ont une belle maison en dur, ils mangent bien, ils ont une sécurité sociale, ils sont bien habillés, ils ont le téléphone et la télévision et souvent une voiture. La plupart des gens du pays n’ont pas tout cela. Beaucoup vivent vraiment dans la pauvreté, et il est important de les aider à s’en sortir. C’est l’une des raisons de l’engagement des religieux dans la santé, dans l’éducation et dans la formation professionnelle. Car les consacrés ne peuvent pas se contenter de vivre une pauvreté «  spirituelle », la pauvreté du cœur : ne pas mettre son cœur dans l’argent. Le vœu de pauvreté les engage à aider les pauvres. Pas seulement les aider mais d’abord les accueillir, les respecter, les écouter. Ne pas venir avec nos projets de développement, nos soutiens et nos aides tout faits. Ne pas imposer ce que nous avons décidé à leur place, pour les aider. Mais les écouter, les responsabiliser, les former. Et les soutenir dans ce qu’ils veulent faire eux-mêmes. Bien sûr, si cela suppose d’abord qu’il y ait une confiance et une amitié entre les religieux et les pauvres. Si un religieux vient avec de beaux habits, sûr de lui et de ses connaissances, et qu’il ne parle même pas la langue des gens, il pourra difficilement gagner leur confiance et travailler avec eux en vérité.

Le vœu de chasteté

Il prend également une signification plus large en Afrique. Il sera vécu à partir des valeurs culturelles, mais telles qu’elles existent vraiment aujourd’hui. Il n’est pas question de faire de l’archéologie, ni de rêver à un passé qui n’existe plus, et qui d’ailleurs a été idéalisé et n’a jamais existé en fait. On dit que l’Afrique aime la vie et respecte la vie. C’est vrai. Mais en même temps, il y a beaucoup de violences et même des tueries dans nos sociétés, les guerres, les avortements, et même des sacrifices humains, en particulier au moment des élections…. Il est donc important de voir quel sens peut avoir le vœu de chasteté, pour sauver des déviations sexuelles qui ont lieu, en Afrique comme ailleurs : la prostitution, la traite des enfants et des femmes, la pédophilie et tant d’autres choses. C’est dans ce contexte que l’on doit vivre le vœu de chasteté.

De même dans un continent où la vie a encore gardé sa dimension communautaire, le vœu de l’obéissance et la vie de communauté devront être vécus avec toutes les richesses de cette culture. Mais se pose en même temps une question difficile : Dans quelle mesure un religieux doit-il aider sa famille ?

Comment inculturer notre vie religieuse ou de famille?

Il est clair que nous ne pouvons plus vivre comme autrefois. Il y a eu d’abord la colonisation, le choc des cultures et actuellement la mondialisation. Nous vivons aux dimensions du monde, et nous sommes marqués par tout ce qui se passe dans le monde. Il est essentiel de garder nos valeurs traditionnelles et toute la richesse que nous ont laissées les anciens. Mais à condition de chercher comment les vivre dans la vie actuelle, dans la société moderne. On dit que le Sénégal est le pays de la téranga (l’hospitalité). Mais quand on habite en ville dans un petit appartement, on ne peut pas accueillir comme on pouvait accueillir autrefois au village, où l’on avait de la place. Au village tout le monde pouvait travailler au champ. Mais quand des parents viennent habiter chez toi en ville, tu ne peux pas les amener au travail avec toi. Ils restent sans rien faire à la maison. Et c’est la porte ouverte à la paresse, et au parasitisme des gens qui profitent et fatiguent leurs parents de la ville. De même, beaucoup de gens de la ville se retrouvent entre personnes du même milieu social. Ils oublient leurs parents et leurs grands-parents qui souffrent au village. Il nous faut donc chercher comment garder nos valeurs traditionnelles dans le monde moderne.

Et aussi savoir qu’est-ce que nous allons accueillir des autres cultures : voir ce qui est bon pour nous et ce qui est mauvais, voir ce que nous allons accepter et ce que nous allons refuser. Et ce que nous acceptons, nous allons chercher comment le vivre à notre manière, dans nos conditions de vie concrètes, dans notre situation actuelle et dans notre culture avec toutes ses valeurs, pour ne pas nous laisser complètement coloniser.

Les défis et les problèmes des familles.

Ce sont des problèmes autour desquels nous devons chercher à répondre le mieux possible. Pas tout seuls, mais avec les autres. Avec les différentes organisations de la société et les efforts de l’Etat.

Le premier problème qui touche la famille, c’est la pauvreté :, la pauvreté en particulier du monde rural avec l’exode rural qu’elle entraîne, tous les problèmes de délinquance en ville causée par la pauvreté, les gens qui sont au chômage. Quand tu as faim et rien à manger, tu voles. Quand tu es au chômage et que tu n’as rien à faire, tu te laisses facilement prendre par la drogue. Et ensuite ce sont les insultes, les bagarres qui vont même parfois jusqu’aux assassinats. Trop de familles souffrent, trop de parents n’arrivent pas à nourrir leurs enfants. Quand le chef de famille est au chômage, il est humilié, il a honte et il perd toute autorité sur ses enfants.

Il y a aussi toutes les difficultés d’éduquer actuellement les enfants qui sont marqués par les médias, et tout ce qui passe autour d’eux dans les quartiers et dans la rue. Ils sont plus prêts à suivre les exemples qu’on leur montre à la télévision ou dans les autres médias qu’écouter leurs parents. Et les religieux/ses eux-mêmes. Un certain nombre de religieux sont sur Facebook, sur twitter ou autres. Certains se contentent d’y mettre leurs photos, en posant comme des stars, ou de transmettre des nouvelles insignifiantes. Sans chercher une véritable évangélisation par ces médias, ni un soutien aux familles, ni ne éducation des jeunes.

Un autre défi c’est celui des divorces qui sont de plus en plus nombreux : comment aider les fiancés à s’aimer vraiment, et construire un mariage qui dure. Un autre problème, ce sont les relations avec les beaux-parents. La tradition a été déformée et souvent les belles-mères veulent profiter de leurs belles filles pour avoir des cadeaux, des repas etc. En plus elles s’introduisent dans le couple, veulent dire à leurs fils ce qu’ils doivent faire et à leurs belles filles comment elles doivent se conduire. ? Comment aider leurs deux familles à faire vraiment alliance, et aider leurs enfants à s’entendre, au lieu parfois de mettre la division entre eux. Ou vouloir profiter d’eux pour la dot. Ou quand les enfants travaillent de vouloir récupérer de l’argent sur leur dos.

Le poids de la tradition se manifeste aussi lorsqu’il y a la maladie et la mort. A ce moment-là facilement ce sont les peurs traditionnelles, les accusations de maraboutage, la crainte de la sorcellerie qui se réveillent.

Comment religieux/ses soutenir les familles ?

D’abord, il est important de nous connaître et d’agir ensemble. Et donc pour cela, que les religieux participent aux réunions de communautés chrétiennes de quartier (CEB), , que les religieuses soient présentes dans les associations des femmes catholiques, que les uns comme les autres soient de vrais conseillers pour les mouvements des jeunes CV/AV, scouts, etc. Or trop souvent, les religieux et les religieuses, comme les prêtres, sont absents de ces organisations. Ils ne jouent donc pas leur rôle. Un certain nombre de religieuses préfèrent aller participer à la chorale ou même faire une chorale entre elles. Est-ce cela la priorité pour répondre aux besoins et aux défis de la famille ?

La première chose, ce sont bien sûr les visites. Aller visiter les familles dans les quartiers sans choisir et sans faire de privilège. Et donc ne pas aller toujours dans les mêmes familles où nous nous sentons à l’aise, ou qui ont davantage de moyens pour nous accueillir et pour nous aider.

Un certain nombre de religieux et de religieuses sont enseignants. Ils sont en contact permanent avec les jeunes. Or un mariage cela se prépare à l’avance, spécialement au moment de l’adolescence, où la sexualité des jeunes s’éveille. Cela demande donc aux religieux de ne pas se contenter d’enseigner les matières qui sont au programme de l’Education Nationale, mais d’avoir des contacts personnels avec les élèves, et de savoir les écouter. Et aussi d’organiser des formations de connaissance de soi. Et pas seulement des groupes de prières ou une formation spirituelle. Et également une véritable éducation sexuelle dont les jeunes ont énormément besoin. De plus les religieux et les religieuses qui sont dans l’enseignement et qui connaissent les problèmes des jeunes, ne devraient pas se limiter à leur propre école catholique, mais aller également dans les aumôneries des lycées et des collèges publics ou privés laïcs. Et si ces aumôneries n’existent pas, de les mettre en place. Un certain nombre de jeunes élèves et de jeunes chrétiens se retrouvent déjà dans une classe le vendredi, pendant que leurs camarades musulmans vont à la mosquée. Mais ils sont souvent seuls et abandonnés.

Les religieux ont tous une famille dans laquelle ils sont nés et ont grandi. Même s’ils ont quitté la maison familiale suite à leur engagement dans la vie religieuse, ils restent membre de cette famille. C’est important qu’ils y prennent leur place, et jouent leur rôle, spécialement lorsqu’il y a des divisions, des disputes et des tensions. Et plus largement pour évangéliser leurs familles. Cela doit être leur priorité. Non pas par des paroles et des discours, mais d’abord par leur façon de vivre et leur témoignage. Ils s’engageront spécialement pour évangéliser les différentes étapes de la vie familiale, en particulier la naissance, l’entrée dans l’adolescence, le mariage. Et également la maladie et la mort lorsque cela arrive. Or il y a trop de familles chrétiennes qui célèbrent seulement les sacrements, mais pas les étapes de la vie. Lorsqu’un enfant nait, on fait la cérémonie traditionnelle de la naissance : présentation aux ancêtres, imposition du nom, etc. Mais on ne prie pas. On n’invite pas la CEB qui est la communauté chrétienne du quartier, pour venir prier, lire la Parole de Dieu et conseiller les parents. On attend le baptême du bébé qui, parfois, a déjà trois ou quatre ans, pour prier sur lui. C’est trop tard, les mauvaises habitudes sont déjà prises.

De même, on attend que les fiancés se marient à l’Eglise et cela parfois après de nombreuses années de vie commune. On ne se réunit pas avec la famille chrétienne, la CEB, au moment du mariage coutumier, quand le jeune homme va demander la main de sa fiancée, et la prend chez lui. Pourtant dans l’Eglise, il y a des prières prévues pour les fiançailles. Mais souvent on se contente de venir chez le prêtre au presbytère, pour recevoir une bénédiction. Il n’y a là ni aide, ni préparation à vivre le mariage comme Dieu nous le demande. Et en plus, le jour du sacrement de mariage, on fait des dépenses absolument irraisonnées, avec toutes les conséquences désastreuses pour le couple et la famille. Et on oublie le sacrement, pour ne penser qu’à la fête

Le même problème se pose au moment de la maladie : trop souvent, le malade et sa famille ne sont pas soutenus par la communauté chrétienne. Elle est découragée, et certains vont chez les devins, les marabouts, les féticheurs ou autres charlatans pour savoir qui a envoyé cette maladie. Et faire des sacrifices traditionnels, au lieu de vivre leur maladie dans la foi. Et lorsqu’on va apporter la communion aux malades, est-ce que trop souvent on ne se contente pas de prier pour eux, mais sans impliquer la famille ? Sans voir avec la famille comment ils vont vivre ce temps de maladie, et sans inviter les chrétiens du quartier et la CEB à venir prier avec eux. Et à continuer à les visiter ensuite. Il n’y a pas une vraie évangélisation de la famille dans ce cas-là.

Et ce sera la même chose au moment de la mort : on vient prier à la veillée mortuaire, on va à l’enterrement, mais ensuite on abandonne la famille qui se retrouve seule dans la tristesse, et aussi en proie aux pensées traditionnelles de maraboutage, et parfois d’accusations. On fait souffrir la veuve et l’orphelin, parfois même on va jusqu’à les chasser. Car on les rend responsables de cette mort. Il y a aussi les disputes au sujet de l’héritage. Est-ce que les religieux jouent vraiment leur rôle dans leur propre famille, lorsque ces cas se présentent ? Est-ce qu’ils sont présents dans les CEB, pour motiver ces communautés, à évangéliser ces différentes étapes de la vie ?

Plus largement, au niveau des congrégations

Il serait important de savoir lire les signes des temps, comme Jésus nous le demande. Et de voir quels sont les nouveaux engagements qu’il faudrait prendre, vue l’évolution de la société, des jeunes et des familles : ne pas se contenter de nos centres sociaux, de nos écoles et de nos dispensaires catholiques, mais former de jeunes religieux pour les enfants de la rue qui ont fui leurs familles, pour les jeunes filles qui se lancent dans la prostitution, et les jeunes qui sont pris par la drogue. Les familles ont besoin de soutien pour éduquer leurs enfants, et éviter que leurs enfants tombent dans ces problèmes. Il vaut mieux prévenir que guérir. Et lorsqu’ils sont dans ces difficultés, il est nécessaire d’être présents et de les aider à s’en sortir.

Il y a là de nouveaux secteurs dans lesquels il serait important que religieux et religieuses s’engagent. De même que dans la lutte contre les nouvelles formes de pauvreté, d’esclavage et de traite des personnes. Et aussi dans le secteur du tourisme, la recherche de l’argent, et tant d’autres choses.

Que l’Esprit de Jésus nous éclaire. Et que nous soyons décidés de L’écouter !


Le camp vocationnel Spiritain de 2018

Je suis venu à KEDOUGOU pour animer un Camp vocationnel de jeunes qui veulent être missionnaires religieux spiritains. Une année, nous venons ici, en secteur rural, de religion traditionnelle; une autre année, dans le nord, à RICHARD TOLL, en secteur industriel (culture et transformation de la canne à sucre), en milieu musulman; et la troisième année, dans la grande banlieue de Dakar, à PIKINE.

Je suis venu deux jours en avance pour préparer ce camp. Sur place, je retrouve deux de nos séminaristes, étudiants en théologie, venus pour leur stage de vacances. Avant leur venue, nous avions déjà tracé les grandes lignes du camp à Dakar. Ils sont à Kedougou depuis plusieurs semaines et ont donc préparé les choses sur le terrain. Ils sont venus avec moi hier pour découvrir les mines d’or à Bantako (voir l’autre document).

Nous avons 9 jeunes pour ce camp : 5 de Kedougou ; 3 de Pikine ; et 1 de Richard Toll. Ces quatre derniers ont voyagé toute la nuit du jeudi au vendredi 27 juillet. Ils se reposent jusqu’à midi. Nous commençons donc par un repas pris en commun avec le vicaire de la paroisse, un jeune volontaire allemand venu pour une année animer l’internat de collégiens et le Foyer des lycéens, une volontaire française travaillant à Bantako dans une ONG allemande, deux amis de passage, et trois travailleurs qui montent une véranda.

Nous cherchons à constituer une vraie communauté de vie pour toute la semaine. Nous prenons donc tout l’après-midi pour que chacun ait le temps de se présenter longuement. Le but n’étant pas seulement de se connaître, mais de créer des liens qui vont pouvoir se continuer par la suite. Je suis frappé par leur esprit d’ouverture et la confiance qui s’établit rapidement entre nous tous. Nous allons ensuite à l’église paroissiale pour rejoindre les chrétiens venus à la messe du vendredi soir.

Après le repas, nous nous répartissons les travaux à assurer : aide à la cuisine, vaisselle et soin des tables, nettoyage, prières, etc… pour la bonne marche du groupe.

Samedi 28 juillet

Nous commençons la journée par la messe comme chaque jour.

Le matin, nous prenons un temps d’échanges sur la question : « Pourquoi voulez-vous être religieux missionnaires ? Pour vous, qu’est-ce qu’un spiritain ? » . Chacun explique pourquoi personnellement il veut être spiritain. Dans un deuxième temps, comment il se prépare à cet engagement. Puis nous voyons successivement comment ils vivent et s’engagent dans leurs familles, à l’école et dans le quartier. Et, à partir de là, comment ils veulent vivre ces trois réalités tout au long de l’année suivante. En particulier pour lancer et animer des aumôneries dans leurs Collèges.

L’après-midi, nous apprenons comment partager la Parole de Dieu (partage d’Evangile) à partir d’une méthode simple que j’utilise dans les communautés chrétiennes de quartier (CEB), les groupes et les mouvements. Ensuite, nous accueillons une Sœur infirmière qui nous parle de son travail en ville et surtout dans les nombreux villages de la région, aux différents niveaux : soins, éducation à la santé, prévention et vaccinations, et dans ses différentes activités : lutte contre le paludisme, la malnutrition, les diarrhées…. A partir de là, nous demandons aux jeunes ce qu’ils ont déjà fait au niveau de la santé : opération de nettoyage des quartiers, dons du sang, formation au secourisme, etc… Et nous en tirons les conclusions pour ce qu’ils peuvent faire pour la santé en tant que jeunes actuellement, et comment travailler pour la santé quand ils seront prêtres et missionnaires. La réflexion se continue pendant un temps assez long !

Le soir, nous sommes invités à rencontrer le Gouverneur de la Région. Cela nous permet de nous intéresser à la région et d’en découvrir les réalités sociales, économiques et administratives. Ce qui est absolument essentiel pour des jeunes futurs missionnaires. Le Gouverneur demande à chacun de se présenter, et nous offre à boire. Il est très intéressé par ce que les jeunes vivent déjà et ce qu’ils veulent faire.

Dimanche 29 juillet

Nous commençons la journée en lisant et méditant l’Evangile de ce jour. Puis nous rejoignons les chrétiens pour la messe de la paroisse. Je suis très heureux de revenir prier au Sénégal Oriental où j’ai travaillé les années 1979-1980. En plus, j’ai la surprise de rencontrer un certain nombre d’amis que j’ai connus, et je leur demande aussitôt de participer à l’animation du camp : des jeunes dont j’ai participé à la formation pendant seize ans à ST LOUIS, au nord du Sénégal, et qui ont été affectés ici, dans différents services de la Région ; et aussi des adultes avec qui j’ai travaillé à PIKINE et DAKAR, en particulier des fiancés que j’ai préparés au mariage. En effet, KEDOUGOU est très éloigné de la Capitale et on y envoie souvent les jeunes cadres, ce qui leur pose des problèmes, car ils se retrouvent loin de leurs familles et même de leurs épouses ou leurs maris, et de leurs enfants.

La messe est très animée, participative et internationale, car il y a de nombreuses ethnies dans la région, en particulier des ethnies minoritaires qui se sont repliées dans les montagnes au moment de l’arrivée de l’Islam. Certains descendent sur la ville maintenant. Et notre souci de spiritains est de les accueillir, de les aider à s’insérer et à se former, pour trouver leur place dans la Société en étant respectés. Les lectures de la messe sont donc en plusieurs langues et l’homélie traduite dans la langue principale. Après la messe, nous prenons le temps de saluer les gens et de parler avec eux.

Mais, même si c’est dimanche, la durée du camp est limitée. De plus, il faut rencontrer et écouter les gens sur place, dans les limites de leur disponibilité. Aussi, nous nous retrouvons à 12 heures avec une Volontaire française de l’association allemande des Casques Verts, qui est entrée en contact avec nous les spiritains et a souhaité répondre à notre demande. Les membres de ce groupe sont venus construire un Centre Social à BANTAKO, dont j’ai déjà parlé, où la découverte de l’or apporte tant de problèmes et de souffrances. Ce sera à nous d’utiliser ensuite ce Centre pour le mieux, pour la libération des personnes. C’est un grand défi qui nous est adressé. Cette volontaire nous apporte un témoignage très fort, en nous partageant ses motivations et les raisons de son engagement. Elle insiste en particulier sur l’importance de l’engagement bénévole, de l’ouverture à tous et de l’attention aux personnes qui souffrent. Un témoignage personnel très simple et très profond de jeune laïque catholique engagée.

L’après-midi, nous commençons par une réflexion sur l’Evangélisation, qui n’est pas endoctrinement mais témoignage par le partage de la vie et les actions en commun pour l’avancement de la société. Cette Evangélisation a pour but de construire ensemble le Royaume de Dieu, un Royaume ouvert à tous les hommes, un Royaume de justice et d’amour, de pardon, de paix et de réconciliation. C’est la base qui donne sens à notre engagement missionnaire.

Dans un deuxième temps, nous présentons la Commission Justice, Paix et Respect de la Création dont je vous ai souvent parlé. C’est là un domaine essentiel de notre engagement spiritain, et il est important que nos jeunes en formation s’y initient.

Pour la fin de l’après-midi, nous accueillons la présidente de l’Association des femmes. Elle nous parle de leurs différentes activités, en particulier la Journée Mondiale des Femmes et ce qu’elles font pour prendre conscience de leur dignité, tenir leur rôle de mères et d’épouses, et prendre leurs responsabilités dans la société. Elle nous partage les différentes formations qu’elles organisent et leurs activités lucratives pour mieux faire vivre leurs familles et aider les familles nécessiteuses : leur fabrication de savon artisanal, tissage, teinture….Les jeunes du camp tirent les conclusions de tout cela pour leur vie actuelle : pour le respect des femmes, une saine mixité et les actions communes garçons et filles. Et pour leur vie future, pour travailler avec les laïcs et avec tous, en particulier avec les femmes.

Après cela, les jeunes partent à la découverte de la ville, en observant ce qui s’y vit. Le lendemain, nous partagerons ce qu’ils ont vu et en tirerons les conclusions, pour maintenant et pour le futur.

Après le repas, nous regardons ensemble les informations internationales sur France 24. En effet, depuis notre arrivée, suite à une tornade, la télévision ne fonctionnait plus. Elle est enfin rétablie. A la suite des informations, nous regardons ensemble le film « Missions » que nous allons aussi analyser demain. Cela fait une belle journée du dimanche.

Lundi 30 juillet

Ce matin, nous accueillons d’abord un des catéchistes qui nous explique les différentes activités de la paroisse (voir l’autre document) : le conseil paroissial, les communautés de quartiers, la catéchèse, les mouvements de jeunesse, le foyer des élèves, etc… Il insiste spécialement sur l’importance de s’engager, chacun selon son âge et ses possibilités, des bonnes relations avec les musulmans, d’être sérieux avec l’argent : le manque de clarté et de comptes-rendus et les détournements cassent les groupes et les mouvements ; et l’importance de la prière. Un échange très riche et très intéressant.

Après une pause, un des 2 étudiants présente la vie et spiritualité de notre premier fondateur, Claude François POULLART DES PLACES. A partir de là, il explique les premières orientations de notre Congrégation au tout début du 18° siècle, en particulier le souci des plus pauvres et de l’Evangélisation : d’abord en France et rapidement à l’étranger : Canada, Inde, Australie, Sénégal, etc…, en formant des prêtres d’origine populaire pour les plus pauvres. C’est l’orientation de base de notre Congrégation. C’est nécessaire que nos jeunes en formation le comprennent bien.

L’après-midi, un directeur d’école vient nous parler de la vie scolaire et des problèmes d’éducation. Il aborde les choses d’une manière très simple et très concrète qui éclaire et intéresse beaucoup les jeunes, qui réagissent d’ailleurs activement.

Ensuite, après une pause, à partir de la découverte de la ville d’hier soir, nous analysons la situation de la région au niveau humain, la vie des gens et les problèmes socio-économiques du secteur. Une réflexion très intéressante qui ouvre les yeux des participants et leur trace des voies pour leur engagement futur, mais déjà leur vie présente. A partir de là, nous expliquons les différentes actions sociales du Gouvernement. La CMU (Couverture Médicale Universelle) qui se met en place, la Carte d’égalité des chances pour les handicapés, les bourses familiales pour les familles nécessiteuses et démunies (avec des conditions, en particulier envoyer les enfants à l’école, et d’abord déclarer leur naissance : en effet, de nombreux enfants n’ont pas d’acte de naissance, ce qui entraîne de nombreux problèmes pour aller à l’école, pour le mariage et pour la participation aux différentes activités sociales, en particulier pour avoir un emploi). Il y a aussi le plan Sésame pour le soutien des personnes âgées, les césariennes gratuites et les soins gratuits pour les enfants de 0 à 5 ans. Ce sont des choses importantes. Mais beaucoup de gens ne les connaissent pas ou ne s’y intéressent pas. Ils ne peuvent donc pas en profiter. Le deuxième problème, c’est que ces bonnes décisions ne sont pas bien appliquées. Il est donc important que les citoyens s’engagent fortement, pour la mise en pratique effective de ces décisions. Et que nous préparions les jeunes à s’engager dans la société, en tant que futurs missionnaires.

Nous continuons donc à réfléchir avec eux à l’engagement dans la société, en commençant par le quartier : connaître le délégué et les « marraines » du quartier, les imams, les organisations de jeunes (ASC) et les différentes ONG qui y interviennent : alphabétisation, santé, régulation des naissances, petits projets économiques, conservation et transformation de produits, etc… Que nos jeunes participent aussi à la Commission sociale et à la Commission de la jeunesse de leur commune. En effet, les communes font beaucoup de choses, en particulier pour les jeunes : formation gratuite à l’informatique ou pour avoir le permis de conduire, bourses et fournitures pour les élèves et étudiants. Nous terminons en parlant des programmes nationaux pour l’emploi des jeunes, la formation des jeunes filles, la promotion des femmes et les différents projets de développement. Et aussi les Maisons de Justice, et les Boutiques de droit pour la défense et le soutien des jeunes filles et des femmes victimes de violence. Ces informations intéressent beaucoup les jeunes de notre camp et sont essentielles pour des futurs missionnaires.

Suit un temps de détente que les jeunes consacrent en particulier au sport : football et basket-ball. Après le repas, nous regardons un film sur la vie de St Paul, apôtre et missionnaire. Mais d’abord, nous avons célébré la messe avec les paroissiens.

Mardi 31 juillet

Ce matin, nous célébrons la messe avec la Communauté des Sœurs. Après les petits travaux (vaisselle, balayage, préparation de la cuisine), nous commençons la journée par la vie et la spiritualité de notre deuxième fondateur, le Père François-Marie LIBERMANN, présenté par le 2ème étudiant séminariste en stage à KEDOUGOU. Comme à chaque fois, l’exposé est suivi par un débat pour en tirer des conclusions pratiques pour notre vie.

Après une pause, nous recevons le responsable du service régional de l’électricité. Il nous présente d’abord la région de KEDOUGOU avec les différents aspects : humains, culturels, économiques, sociaux et politiques, qu’il connaît bien. Ancien militant et responsable jeune de la J .E.C. (Jeunesse Etudiante Chrétienne) puis de la J.O.C. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), il nous parle non seulement de ses engagements passés, mais actuels, dans la politique, le sport (football) et les associations de jeunes. Il nous présente les difficultés de vie des ethnies minoritaires. Et toute la recherche de l’or qui rend les gens fous, pousse à la violence et à la démobilisation, et fait quitter les élèves des écoles, dans l’espoir d’avoir la « chance » et d’un enrichissement rapide, illusoire et destructeur.

Il aborde aussi la vie de la paroisse et de l’Eglise locale et la difficulté du suivi des activités, car les jeunes dès la fin du Lycée doivent partir à la Capitale pour continuer leurs études ou leur formation. Il parle de l’influence des media venus de l’étranger qui démobilisent les gens, leur font perdre leurs valeurs culturelles et les poussent à la fuite du pays. Avec les jeunes, il insiste sur la bonne utilisation de Face Book et Whatshapp et sur la maîtrise de soi. Il continue sur l’importance de comprendre les problèmes de la population et d’agir avec douceur, l’importance du travail en commun entre prêtres et laïcs, et l’importance des réunions et des différents groupes, organisations, mouvements et conseils. Il insiste sur les deux dangers qui nous guettent, l’argent et le sexe, et l’importance d’une éducation et d’une formation dans ces domaines. La nécessité également de se prendre en charge chacun personnellement, de rester attentifs aux plus démunis, et de tenir compte de l’évolution des mentalités. On échange alors sur leurs relations de futurs prêtres avec les jeunes filles. Le débat porte ensuite sur l’équilibre à trouver entre la vie de famille, les responsabilités professionnelles et l’engagement dans la société et la paroisse. Puis sur la nécessité de commencer l’éducation et la formation déjà avec les enfants. Ensuite, sortir dans les quartiers, pour rencontrer les habitants pour une évangélisation de proximité. En étant attentif à ce qui se passe, aux conditions de vie et aux appels des gens.

L’après-midi, un technicien nous présente son travail au Conseil National de Sécurité Alimentaire, sur tout ce qui concerne non seulement l’agriculture mais aussi l’habitat, la sécurité, la distribution de vivres, mais sans habituer les gens à tendre la main. Aider à la résilience, c’est aider les gens à se relever et à agir par eux-mêmes. Ce qui demande disponibilité des personnes et des ressources, avec des routes et des marchés pour la commercialisation, le souci de la santé et des différentes tranches d’âges. Pour aider les populations, il faut donc évaluer les possibilités de la région en question. Avec tous les problèmes causés par la recherche de l’or dans cette région très marquée par la pauvreté.

L’intervenant en tire les conclusions pour notre travail missionnaire pour faire grandir la personne humaine dans toutes ses dimensions, en la faisant participer à son propre développement. Et comment travailler avec tous. A ce sujet, il nous donne l’exemple du CRD (Conseil Régional de Développement) auquel il vient de participer, où les différents services se retrouvent pour travailler ensemble. Avec l’exemple du verre à moitié plein (ou vide) : apprendre à voir les choses d’une façon positive. Il en tire des conclusions très concrètes sur son engagement chrétien et ouvre des pistes pour les jeunes qui se préparent à un engagement missionnaire, à partir de la vie et des paroles du Christ. Il nous parle aussi comment il s’est préparé au mariage et a organisé sa vie de famille. Et comment il a commencé son travail professionnel, comme seul chrétien dans un secteur d’une autre culture et d’une autre langue que la sienne. Car la vie avance, on ne peut pas revenir en arrière, ce n’est pas un voyage Aller-Retour ! Et comment il continue à soutenir ses camarades d’études grâce à Facebook et Whatshap. Il termine par quelques conseils : Toujours penser en premier à la personne humaine. Ouvrir les yeux pour voir les souffrances et difficultés des gens et participer aux actions qui sont menées. Et partager mutuellement ses idées en s’écoutant réellement. Il nous a expliqué à ce sujet la démarche participative.

Le débat qui a suivi a porté sur : Comment, en tant que chrétien, vivre et travailler avec les musulmans. La première chose étant de chercher à mieux se connaître, en laissant l’agressivité, et en ayant le courage de supporter les incompréhensions, et en gardant confiance dans la vie. Il explique ensuite comment le scoutisme l’a formé et lui a appris à rendre service. Puis il répond à la question : Comment jeune marié il construit sa vie de famille, à l’exemple de ses parents et de l’éducation qu’il a reçue. En citant la phrase d’un vieillard : « Dans le monde actuel, il y a beaucoup de gens, mais il n’y a plus d’hommes ». Comment vivre les chocs de la vie (maladies, décès, etc…) d’une façon positive. Et rester ferme dans le choix de vie qu’on a fait, malgré les difficultés. Enfin, il nous parle de ses conditions de travail très difficiles dans une région inondée et très montagneuse. Et comment savoir approcher les gens pour obtenir des renseignements clairs et fiables ? La première approche est très importante : savoir passer par les autorités et repérer les personnes compétentes et influentes. Et cela par l’intermédiaire d’un interprète, dans une langue qu’on ne possède pas. L’important, c’est de continuer à chercher, à apprendre. C’est un témoignage important pour des futurs missionnaires appelés à travailler dans un autre pays que le leur.

Les conclusions tirées par les jeunes : Ne pas travailler tout seul. Faire confiance aux gens et savoir écouter. Etre des sources de réconfort pour les autres. Savoir supporter et se retenir. Apprendre à se comprendre avec les gens des autres religions. Le courage et le sacrifice sont nécessaires dans la vie pour avancer ensemble.

Le soir, après la rencontre, 2 heures 30 de travail manuel : nettoyage de la maison et de la cour, travail à la porcherie et au poulailler. Et un film après le repas partagé.

Mercredi 1er août

Messe du matin avec les Sœurs et quelques laïcs avant de partir au travail. Après les travaux du matin, nous nous retrouvons pour un temps d’information et de partage sur ce que nous vivons dans nos Communautés Chrétiennes de Quartier (CEB) : la prière et le partage de la Parole de Dieu, l’éducation des enfants et des jeunes, les visites dans le quartier, les différentes activités religieuses mais aussi sociales, comme le tournoi de football avec les autres jeunes. Puis les différentes responsabilités : pas seulement le Bureau mais aussi les différentes Commissions : de la Famille, Justice et Paix, Caritas, responsables des relations avec la Mairie, avec les musulmans et les Imams, les ONG et Organisations du quartier, etc…Ensuite, les traductions dans les langues locales, la responsabilisation des laïcs, la vie communautaire et les relations d’amitié avec tous dans la vie de chaque jour. A partir de la ville de RICHARD TOLL, nous parlons de l’engagement dans les usines et entreprises de la ville : La CSS (Compagnie Sucrière Sénégalaise), DOLIMA (fabrique de produits laitiers, la culture des agro-carburants, la SAED (Société d’Aménagement du Delta du fleuve Sénégal) pour la culture du riz irrigué et autres produits (tomates, …) qui emploient des milliers de travailleurs. A partir de là, nous abordons un certain nombre de problèmes : la prise de responsabilité et la collaboration entre les différents responsables, l’importance de l’évaluation des activités, la clarté dans les finances, l’importance de bien se connaître et de se soutenir dans la vie de chaque jour, d’aller visiter les absents sans les agresser, mais chercher à comprendre leurs problèmes. Nous terminons par un temps de formation sur le programme de réunions : 1ère réunion = partage de la Parole de vie. 2°) la vie de la paroisse. 3°) la vie dans le quartier. 4°) l’évaluation et la célébration des belles choses vécues et accomplies. Un beau moment de partage.

Après une pause, une religieuse sénégalaise qui travaille depuis longtemps avec les spiritains, et nous connaît bien, est venue pour parler de la vie religieuse : Comment elle s’y est préparée et comment elle vit sa vocation aujourd’hui. A partir de là, les jeunes tirent les conclusions pour leur vie et leur vocation : l’importance de la prière, la nécessité du témoignage, aimer tout le monde, la persévérance, la patience et le courage, créer des liens d’amitié profonds. La Sœur nous partage ensuite ses activités dans l’éducation. Et elle explique l’importance de la collaboration entre prêtres et religieuses et d’aller ensemble vers tous, sans distinction. Et aussi de garder confiance dans l’avenir. Savoir s’organiser dans son travail (pour elle : enseignante), le faire le mieux possible en gardant l’équilibre avec la vie communautaire et religieuse.

Après le repas, la pause et le partage de l’Evangile (la guérison du paralysé), nous recevons une jeune femme que j’ai connue à la préparation des fiancés au mariage, à Dakar, et que j’ai retrouvée avec joie à KEDOUGOU. Elle travaille dans l’Association YMCA = Mouvement des Jeunes Chrétiens Africains d’origine protestante pour renforcer les capacités des jeunes dans les différents secteurs de leur vie. A KEDOUGOU, l’association a un projet de développement pour renforcer l’auto emploi des jeunes et l’entreprenariat. Elle commence par leur demander quelles sont leurs attentes dans ce domaine. Le point de départ, ce sont des jeunes qui se regroupent pour voir leurs besoins et chercher des solutions par eux-mêmes. La rencontre se passe d’une manière très participative, à partir d’une projection : Comment créer de l’emploi et de la richesse à partir des possibilités locales ? Comment passer d’une idée théorique à la réalisation d’une entreprise à travers un projet étudié, et ne pas rester au niveau des rêves. Nous voyons comment cette formation les concerne en tant que futurs missionnaires. Pour que l’Evangélisation prenne toute sa dimension économique, sociale et humaine : et pour que le missionnaire ait les qualités et compétences d’un bon entrepreneur = passion, courage, humilité, ouverture d’esprit. Et être capable d’entreprendre avec toutes les personnes : femmes, jeunes, enfants, pas seulement les hommes adultes, en donnant à chacun des responsabilités selon ses capacités. Nous sommes partis de deux textes de base pour l’Evangélisation : Luc 4, 16-21 : la justice et la paix pour tous; et Mat 25, 32-46 : la charité et le développement. C’est la mise en pratique réelle et concrète de la mission du Christ. Nous continuons par une classe de chants et la préparation de notre messe de clôture de demain.

Après le repas, à la veillée culturelle chaque groupe présente la culture et les traditions de son ethnie et de son pays : Sénégal (beudik, malinke, diola), Guinée Bissao (mandjaque), Madagascar et Tanzanie. A chaque fois, nous nous demandons quelles sont les valeurs traditionnelles et les qualités de chaque ethnie. Et comment les faire évoluer pour pouvoir les vivre dans la vie moderne, à partir de l’Evangile. Ensuite, chacun présente un chant et une danse de son ethnie. La veillée dure longtemps, et c’est un peu difficile de se lever le matin !

Jeudi 2 août

La journée commence par la messe de clôture. Chacun apporte un message écrit et ces messages sont distribués entre tous. A l’Offertoire, nous apportons un livre d’Evangile, nos notes de réflexion et nos instruments de travail devant l’autel. Nous faisons une chaîne d’amitié au moment du Notre Père. Et à la fin de la messe, nous nous passons le cierge allumé pour nous rappeler notre mission, en disant à chacun : « Tu es la lumière du monde ». Avant-hier, nous sommes venus poser les mains sur l’Evangile en procession. A chaque messe, nous avons cherché ainsi des gestes et symboles parlants.

Après les travaux de chaque matin, nous écoutons le responsable de la CPJ de PIKINE (Coordination Pastorale des Jeunes) présent à notre camp, qui nous explique leurs activités, en particulier le travail avec les Communes et les autres associations de jeunes dans les quartiers. Et ce qui se fait pour la recherche de l’emploi, et les formations à donner pour cela. Sans oublier les relations et activités communes avec les jeunes musulmans, la formation spirituelle des jeunes, les activités « Jeunesse en Action », le patronage des enfants pendant les vacances et le soutien aux Mouvements de jeunes. Puis nous cherchons comment assurer le même type d’actions dans les autres paroisses.

Ensuite, un des participants explique aux autres comment il a vécu le pré-postulat : une année de préparation en partageant la vie de plusieurs communautés de spiritains, pour voir les conditions de vie et le travail sur le terrain, avant de s’engager en connaissance de cause, avec les conditions et les étapes nécessaires. Puis nous précisons à nouveau la différence entre prêtres diocésains et religieux missionnaires, dans le respect de chaque vocation. Il est important de voir à quel type de vie on se sent appelé à partir de nos qualités personnelles. Et ensuite de se préparer sérieusement à ce mode de vie.

Après une pause, nous évaluons ce camp avec ce qui a marché, les manques et les propositions pour les camps futurs. Enfin, chaque participant écrit personnellement ses décisions d’action (ce que chacun veut faire cette année qui va commencer). Tous acceptent de le lire devant les autres, comme engagement personnel et communautaire. Nous terminons par une prière pour dire ensemble merci à Dieu. L’abbé Clément, Guinéen, formateur à l’Université catholique du MALI, de passage parmi nous, assure la clôture du camp.

Et nous sommes très heureux de nous retrouver tous ensemble, avec les Sœurs et les différents animateurs, pour le repas d’adieu.

Nous rentrons en bus : départ à 16 heures, voyage toute la nuit. Heureusement que nous avions réservé à l’avance. L’embarquement est toujours compliqué, car les gens n’ont pas l’habitude de répondre à l’appel de leurs noms. Et beaucoup viennent avec de nombreux bagages qu’il faut caser plus ou moins bien. Au moment de partir, on découvre un problème mécanique. Il faut réparer, mais tout le monde reste tranquille. Les gens sont toujours très patients. Beaucoup d’entre eux étaient descendus, ils rejoignent leurs places sans problème. Un deuxième appel avant de partir, et c’est enfin le départ. Sur les 60 premiers kilomètres la route est très mauvaise et complètement défoncée. On est très secoué et on avance très doucement. Il y a beaucoup de boue car il a beaucoup plu, mais c’est une bénédiction pour les paysans. A partir de TAMBACOUNDA, c’est le goudron. Ca va mieux et on essaie de dormir entre les nombreux arrêts, d’abord pour les contrôles des policiers, gendarmes et douaniers, puis en approchant de Dakar pour laisser les gens descendre tout le long de la route. Nous arrivons enfin, fatigués mais heureux.


Nouvelles voies de la mission aujourd’hui

1. Notes prises à la formation des diacres spiritains.

Le but était de réfléchir à la façon de vivre notre vocation spiritaine dans le monde d’aujourd’hui.

Pour répondre à cette question, nous avons d’abord regardé Jésus Christ, en partageant ce qu’Il nous dit lui-même sur sa mission, quand Il reprend les paroles du prophète Isaïe (Luc 4, 16-21) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, Il m’a consacré par l’huile sainte, Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils vont être libérés, dire aux aveugles qu’ils vont voir la lumière, apporter la libération à ceux qui sont écrasés, et annoncer une année de grâce donnée par le Seigneur… Cette Parole que vous venez d’entendre c’est aujourd’hui qu’elle se réalise. »

Après avoir partagé cette parole, nous nous sommes attachés à la guérison de la femme syrienne (syro phénicienne) (Marc 7, 26). C’est sur la parole de cette femme : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table des enfants », que Jésus comprend qu’Il n’est pas envoyé seulement aux brebis perdues d’Israël, mais à tous les hommes. Il va traverser le lac de Génésareth, et aller chez les païens. Jésus lui-même a donc mieux compris sa mission en écoutant les gens, en particulier, cette femme et l’Esprit Saint qui lui parlait à travers elle.

Nous avons donc réfléchi à ce que signifie « savoir lire les signes des temps », comme Jésus Christ lui-même nous le demande (Luc 12, 56). Il s’agit d’être ouvert au souffle de l’Esprit, et de nous laisser conduire par Lui, pour découvrir les appels que Dieu nous adresse, à travers la vie des hommes qui nous entourent. Il s’agit d’être attentifs aux appels du Seigneur, aujourd’hui comme autrefois.

Nous nous sommes aussi arrêtés alors à l’adjectif nouveau. Comme le dit le Seigneur dans l’Apocalypse : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Cet adjectif nouveau est très important. Jésus nous fait entrer dans une Alliance nouvelle. Il nous donne un commandement nouveau (voir mes commentaires d’Evangile cités ici). Nous disons au Seigneur : « Donne-nous Seigneur un cœur nouveau, mets en nous Seigneur un esprit nouveau », pour comprendre à quoi Il nous appelle dans le monde d’aujourd’hui.

Nous avons mené une réflexion sur le Royaume de Dieu qui est ouvert à tous les hommes, et au service duquel nous sommes consacrés. L’Eglise est au service du Royaume, comme l’a expliqué Vatican 2. Et nous sommes le sel de toute la terre, pas seulement le sel de notre Paroisse.

Nous avons alors pris un temps de méditation personnelle suivie d’un partage : Qu’est-ce qui me touche le plus dans la personne et la vie de Jésus Christ ? Sur quels passages de l’Evangile et autres paroles de Dieu je base mon engagement missionnaire ?

2. Dans un deuxième temps, nous nous sommes arrêtés à la vie et au témoignage de nos fondateurs

D’abord Claude Poullart des Places : le jour même où il est reçu comme avocat, il quitte devant ses parents sa toge, en leur disant qu’il veut être prêtre, et se consacrer à l’Evangile. Il part donc à Paris pour étudier la théologie. Mais il ne va pas à la Sorbonne où il aurait pu obtenir des diplômes (il en avait la capacité), il va étudier au collège des Jésuites. Là, il découvre la situation de nombreux « pauvres étudiants » qui veulent être prêtres, mais qui n’ont pas les moyens de payer les études du séminaire, car celles-ci étaient payantes de ce temps-Il entend alors un nouvel appel du Seigneur et il change d’orientation. Il ne reste pas habiter au séminaire des jésuites, mais il loue une maison où il rassemble des pauvres voulant devenir prêtres en vivant ensemble une vie communautaire, en acceptant de se consacrer entièrement à l’apostolat des pauvres. Ce sera le début de la congrégation du Saint Esprit. Lui-même Claude Poullart vit une vie totalement pauvre, ensemble avec ses étudiants. II refuse d’avoir une « charge », comme cela se faisait de son temps : il renonce à avoir un titre honorifique de curé, de responsable de monastère ou d’ermitage sans y être présent, simplement pour recueillir l’argent attaché à cette nomination. Peu à peu Poullart comprend mieux sa vocation, en écoutant le Saint Esprit dans son cœur, mais aussi en regardant ce qui se passe autour de lui. Après avoir commencé d’animer des retraites paroissiales en France, avec les membres de sa nouvelle Congrégation, rapidement, pour répondre à d’autres besoins qu’il a sentis. Il les envoie au Canada, en Inde et dans le monde entier. C’est cette liberté, cette créativité inventive, et cette docilité à l’Esprit et aux appels du monde et de nos frères et de nos sœurs, que nous voulons vivre nous aussi aujourd’hui.

Nous avons pris un temps de méditation personnelle suivie d’un partage : A quoi la vie et l’engagement de Claude Poullart des Places m’appellent-ils dans le monde d’aujourd’hui ?

Nous sommes ensuite passés à la vie de notre deuxième fondateur, François Marie Libermann. Fils de rabbin, il a été maudit par son père, quand il est devenu chrétien. Malgré cette grande souffrance, il a gardé la foi et est resté fidèle à l’appel du Seigneur. Malade de l’épilepsie, il ne peut pas devenir prêtre. Malgré cette maladie, à cause de sa grande foi et de sa sagesse spirituelle, on lui demande d’être maître des novices chez les Eudistes. Il continue à prier sans se décourager, et fait même le projet de fonder une congrégation missionnaire. Pour cela, il n’hésite pas à partir à Rome. Guéri miraculeusement de l’épilepsie, il peut devenir prêtre. Il aurait pu retourner dans la congrégation des eudistes, ou chez les Sulpiciens où il avait vécu sa conversion et été baptisé. Mais il est sensible à ce qui se passe dans le monde et aux nouveaux appels, particulièrement la libération des esclaves qui se prépare, et dont il a découvert les conditions de vie dramatiques, grâce à ses deux amis Tisserand et Le Vavasseur. Il va donc créer la congrégation du Saint Cœur de Marie en en faisant reconnaître les constitutions par Rome. Mais même là, il ne s’attache pas à cette congrégation qu’il a fondée lui-même. Au contraire, il accepte qu’elle disparaisse et qu’elle se fonde dans la congrégation plus ancienne des spiritains : les messieurs du Saint Esprit, ce qui ne l’empêchera pas, bien sûr, de rester fidèle à sa dévotion à Marie. Ce sera donc la Congrégation du Saint Esprit et du Saint Cœur de Marie.

« 1848 est l’année de la fusion avec la Congrégation du Saint Esprit. Celle-ci travaille dans de nombreux territoires missionnaires avec une reconnaissance légale, mais elle se trouve à court de personnel. Un champ d’apostolat plus vaste s’ouvre ainsi à la jeune Société du Saint Cœur de Marie. Une fois de plus, et malgré les critiques de plusieurs des siens, Libermann s’abandonne à la Providence. C’est Dieu, dit-il qui nous a conduits dans toute affaire. Nous perdrons notre nom parmi les hommes, qui ne manqueront pas de nous appeler les Spiritains. Nous ne tenons pas aux mots, mais aux choses. Nous continuerons d’être à Marie, et d’être les prêtres de son très Saint Cœur. Nous ne saurions perdre le titre qui nous a engendrés ».

Il va continuer à évoluer. Bien que soutenu par le ministère des colonies françaises, il ne va pas se limiter à l’évangélisation des noirs en Afrique, même si cela reste sa priorité. Il demande aux spiritains d’accepter les œuvres pour lesquelles l’Eglise trouve le plus difficilement des ouvriers. Et lui-même ne se limite pas à un seul apostolat, il est ouvert à tous les besoins qu’il découvre.

«  Il n’entend pas limiter son apostolat aux colonies françaises. Il rêve d’envoyer ses missionnaires en Afrique du Sud. Et aussi chez les trois millions de Noirs sans secours du Brésil. Il s’informe de la situation des Noirs aux Etats Unis. Il s’intéresse à des orphelinats, aux ouvriers, aux mendiants, aux prisonniers. Il accueille et catéchise les ramoneurs de Paris. Il crée la Société de Saint Jean pour la sanctification des prêtres ; son secrétaire note 47 réunions de la Société, fréquentée par beaucoup d’ecclésiastiques. C’est l’époque de la création des évêchés coloniaux, et des nombreuses consultations avec le Gouvernement et le Saint Siège à ce sujet ; il va même jusqu’à rédiger un traité de Pastorale et de Droit pour les nouveaux évêques. Rien ne l’arrête, jusqu’à la création d’une aumônerie des ports de mer ».

Et contrairement à ce qu’avaient fait les messieurs du Saint Esprit, il n’installe pas ses missionnaires dans les comptoirs coloniaux traditionnels, par exemple au Sénégal à Saint Louis ou dans l’Ile de Gorée. Il les envoie directement à Dakar même, sur le continent, ne travaillant plus comme aumôniers des troupes coloniales et des commerçants établis sur la côte, mais directement auprès des populations indigènes. (Lettre à la Communauté de Dakar et du Gabon, 1847) : « Examinez les choses dans l’esprit de Jésus Christ, en étant libre de toute impression, de toute prévention quelconque, remplis et animés de la charité de Dieu, et du zèle pour que son Esprit vous donne… Faites-vous à eux, comme des serviteurs doivent se faire à leurs maîtres, aux usages, au genre et aux habitudes de leurs maîtres. Cela pour les perfectionner, les sanctifier, les relever de la bassesse et en faire peu à peu, à la longue, un peuple de Dieu. C’est ce que Saint Paul appelle se faire à tous, afin de les gagner tous à Jésus Christ. Bonne fin d’hivernage à vous ! »

Le père Libermann demande à ses missionnaires de mettre en place ce qu’on appelait alors des « évêques coloniaux », ce qui deviendra l’Eglise locale avec ce que cela comporte : former un clergé diocésain et aussi, grâce aux frères et aux laïcs, lancer des œuvres de développement. Par exemple à NGasobil : imprimerie, culture et élevage, formation professionnelle, etc. Voici ce qu’il écrit lui-même : « Il m’a envoyé évangéliser les pauvres  (Luc 4, 18) : Ils seront les avocats et les défenseurs des faibles et des petits » (Règle provisoire).

« Evangéliser les pauvres, voilà notre but général. Cependant les missions sont le principal objet vers lequel nous visons. Et dans les missions nous avons choisi les âmes les plus misérables, et les plus abandonnées. La Providence a fait notre œuvre pour les Noirs, soit de l’Afrique, soit des colonies ; ce sont sans contredit, les populations les plus misérables et les plus abandonnées jusqu’à ce jour. Nous désirerions aussi travailler en France au salut des âmes, mais toujours ayant pour but principal les pauvres, sans abandonner toutefois ceux qui ne le sont pas ».

N.B. Comme tous les autres textes du Père Libermann, ils sont écrits bien sûr dans la langue du temps. Quand Il parle par exemple des âmes les plus misérables, il ne s’agit absolument pas d’un mépris des personnes. Et de même, quand il utilise le terme Nègre en demandant à ses missionnaires : « faites-vous Nègres avec les Nègres ».

Comme autre exemple d’ouverture et de créativité du Père Libermann, nous avons repris une lettre qu’il écrivait, un mois après la Révolution de 1848 en France. Un mois après la Révolution de 1848, le P. Libermann cherche à dégager le sens théologique de l’évènement. A un Sulpicien qui l’interroge sur l’opportunité de voter lorsqu’on est prêtre, il laisse entendre que le clergé doit marcher avec son temps : » Vous me demandez si le clergé doit participer aux élections. Je crois bien qu’il le doit, à Dieu, à l’Eglise et à la France. Et dès demain je vais me faire inscrire sur la liste électorale, ainsi que tous ceux qui sont avec nous dans les conditions requises. Si tous les prêtres de France remplissaient sérieusement ce devoir, et employaient toute leur influence pour procurer un bon choix pour le Corps législatif de la République, nous aurions une bonne Constitution. Et ensuite une bonne forme de Gouvernement exécutif. Que de bien en résulterait ! Je comprends bien que les élections ne sont pas une œuvre ecclésiastique. Mais il faut songer que nous ne sommes plus maintenant dans l’ordre des choses du passé. Le monde a marché de l’avant, et l’homme ennemi a dressé ses batteries selon l’état et l’esprit du siècle. Et nous restons en arrière ! Il faut que nous le suivions, tout en restant dans l’esprit de l’Evangile. Et que nous fassions le bien et combattions le mal, dans l’état et l’esprit où le siècle se trouve. Il faut attaquer les batteries de l’ennemi là où elles sont, et ne pas le laisser se fortifier en le cherchant là où il n’est plus. Vouloir se cramponner au vieux temps, et rester dans les habitudes et l’esprit qui régnait alors, c’est rendre nos efforts nuls. Et l’ennemi se fortifiera dans l’ordre nouveau. Embrassons donc avec franchise et simplicité l’ordre nouveau. Et apportons-y l’Esprit de l’Evangile. Nous sanctifierons le monde et le monde s’attachera à nous ».

Nous avons donc retenus en particulier ces paroles de Libermann : »Il est essentiel de participer aux élections et à la vie de la société, de savoir changer et s’adapter : « nous ne sommes plus dans l’ordre des choses établis » et « les mains du clergé est d’avoir vécu dans le passé alors que le monde a marché en avant ». Car « il s’agit bien de sanctifier le monde ». Il écrit également : « Je puis tout en celui qui me fortifie » (Saint Paul).Si on ne devait entreprendre dans l’Eglise que des choses faciles, que serait devenue l’Eglise ? Saint Pierre et Saint Jean auraient continué leur pêche sur le lac de Tibériade, et Saint Paul n’aurait pas quitté Jérusalem. Je conçois qu’un homme qui se croit quelque chose et qui compte sur ses forces puisse s’arrêter devant un obstacle. Mais quand on compte que sur notre Maître, quelle difficulté peut-on craindre ? On ne s’arrête que lorsqu’on est au pied du mur. On attend alors avec patience et confiance qu’une issue s’ouvre. Puis on continue sa marche comme si rien n’avait été. Voilà comment ont fait Saint Paul et les autres apôtres ».

Nous nous sommes aussi attachés à ce que le père Libermann disait en particulier sur l’importance de l’union pratique, c’est-à-dire de chercher à vivre toute sa vie dans un esprit de prière, en étant pratiquement unis au Saint Esprit, pour entendre ses appels et nous laisser conduire par Lui. La docilité au Saint Esprit est l’une des bases de la spiritualité du père Libermann. Nous connaissons ses exemples célèbres : » laissez-vous emporter par le Saint Esprit, comme une plume légère emportée par le vent ». Et encore : » Vous êtes la barque. Le Saint Esprit souffle dans votre voile, pour vous fait avancer dans la vie du monde ». Bien sûr, si l’on veut que le Saint Esprit souffle dans notre voile, il faut d’abord la monter sur le mât. Et donc faire ce qui nous revient. Egalement tenir le gouvernail pour avoir un cap, une direction dans la vie. Et la suivre avec courage et patience.

Ce courage et cette patience sont également un autre signe de la spiritualité du père Libermann. Il nous demande d’être disponibles, pour commencer des choses nouvelles. Mais dans le calme, la paix et la simplicité. Il disait : « quand vous vous trouvez devant un mur, attendez calmement dans la prière, la confiance et l’espérance. Le Seigneur fera tomber ce mur ».

(Lettre à la Communauté de Dakar et du Gabon, 1847) : « Examinez les choses dans l’esprit de Jésus Christ, en étant libre de toute impression, de toute prévention quelconque, remplis et animés de la charité de Dieu, et du zèle pour que son Esprit vous donne… Faites-vous à eux, comme des serviteurs doivent se faire à leurs maîtres, aux usages, au genre et aux habitudes de leurs maîtres. Cela pour les perfectionner, les sanctifier, les relever de la bassesse et en faire peu à peu, à la longue, un peuple de Dieu. C’est ce que Saint Paul appelle se faire à tous, afin de les gagner tous à Jésus Christ. Bonne fin d’hivernage à vous ! »

Nous avons pris un temps de méditation personnelle suivie d’un partage : Que retenons-nous de la spiritualité et de la vie du père Libermann ? Comme le vivre aujourd’hui ?

3) Dans un troisième temps, nous avons médité notre règle de vie spiritaine

En particulier les numéros 9 : « L’Esprit éveille en nous le zèle apostolique, et un grand désir de voir s’établir l’amour de Dieu chez tous les hommes »

10- « L’Esprit nous appelle à une conversion continuelle… il nous fait participer au mystère de mort et de résurrection de Jésus ». (La résurrection de Jésus qui est le début d’une vie nouvelle pour nous, et pour tous ceux auprès de qui nous sommes envoyés.)

11- « Nous participons en Eglise à la mission du Christ, proclamant un salut qui est don de Dieu, libération de tout ce qui opprime l’homme, joie de connaître le Seigneur et d’être connu de Lui » (en communion avec Lui et tous les hommes, qu’ils soient chrétiens ou non pour une libération du monde, spécialement des pauvres et des petits).

12- « Dans la fidélité aux intuitions de nos fondateurs, à ce qu’ils ont vécu et à la tradition vivante de notre Congrégation, nous allons, de préférence,

  • Vers ceux qui n’ont pas encore entendu le message de l’Evangile ou qui l’ont à peine entendu,

  • Vers les opprimés et les plus défavorisés individuellement et collectivement,

  • Là où l’Eglise trouve difficilement des ouvriers ».

(Il s’agit bien de vivre l’esprit de nos fondateurs et donc notre charisme, d’une manière vivante. Il ne s’agit pas de recopier matériellement ce que nos fondateurs ont fait, mais de saisir l’esprit qui les a animés. Et nous demander : si aujourd’hui ils vivaient parmi nous, que feraient-ils, dans la fidélité à l’Esprit Saint.)

A partir de là nous avons pris un temps pour réfléchir à ce que signifie la Nouvelle Evangélisation demandée par Jean Paul II. Nouvelle non pas seulement en cherchant de nouveaux chrétiens, ou en allant dans de nouveaux territoires. Mais nouvelle et renouvelée dans la façon d’annoncer l’Evangile, d’une manière adaptée au monde d’aujourd’hui, dans la fidélité au Saint Esprit. Et aussi en lien et à l’écoute des Eglises locales.

13- « Nous prenons nos engagements particuliers en communion avec l’Eglise de notre temps. Concrètement ce sont les Eglises locales qui assument la mission du Christ dans les divers territoires, et nous y participons selon notre vocation propre ». (Il s’agit bien de participer selon notre vocation propre et selon notre charisme. Trop souvent, les évêques voudraient nous limiter au rôle de prêtres de paroisse. Nous pouvons être en paroisse, à condition de vivre dans cette paroisse notre vocation missionnaire. Une paroisse spiritaine doit être une paroisse missionnaire, différente d’une paroisse tenue par les prêtres diocésains. Il ne s’agit pas de minimiser les prêtres diocésains, mais d’être fidèle à ce que le Seigneur attend de nous. Aussi bien le chapitre général de Bagamoyo, de même que par exemple la dernière lettre de la Pentecôte de notre Supérieur Général, affirment avec force que l’un des grands dangers qui guette la Congrégation c’est celui de la « diocésanisation », c’est-à-dire de nous limiter à un style de vie et un engagement de type diocésain sans être fidèle à notre vocation et à notre charisme de religieux missionnaires, vivant en communautés internationales).

-Nous avons continué notre méditation de la règle de vie spiritaine au 14 : « Nous considérons comme une partie constitutive de notre mission d’évangélisation

  • La libération intégrale de l’homme,

  • L’action pour la justice et la paix,

  • Et la participation au développement.

Nous devons de ce fait nous faire « les avocats, les soutiens et les défenseurs des faibles et des petits, contre tous ceux qui les oppriment » (Règlements de 1849)

(Notre mission est bien une mission d’évangélisation en cherchant des voies nouvelles, en pensant en priorité à la libération des pauvres, et en nous rappelant que l’Evangile n’est pas réservé aux chrétiens, il est pour tous. Il s’agit d’accueillir ensemble le Royaume de Dieu, un Royaume de grâce et de vérité, d’amour et de pardon, de justice et de paix (préface du Christ ROI). Paul disait ( 1°Cor 1,17) : » Le Christ ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser »)

16-«  Notre annonce de l’Evangile se fait sous le signe de l’Acclamation : « Et le Verbe s’est fait chair » (Jean 1, 14) ». Cela veut dire que pour vivre notre mission, il est essentiel d’écouter les personnes et les groupes auprès desquels nous sommes envoyés, de parler la langue des gens, de partager leur mode de vie et leur nourriture, de connaître le mieux possible leurs cultures et d’en vivre. Comme le dit le n° 16.1 : « afin que le témoignage chrétien rejoigne les hommes dans leur culture, et devienne une force de libération dans l’histoire actuelle de chaque peuple… Nous favorisons de tous nos moyens une rencontre très féconde entre l’Evangile du Christ et les traditions culturelles et religieuses locales » (en nous adaptant à la culture de chaque peuple et à chaque situation). Comme le dit le n° 16.2 : » Lorsque nous vivons à l’étranger nous nous efforçons d’étudier la langue et de comprendre les us et coutumes des peuples dont nous sommes les hôtes. Nous accueillons avec respect leur expérience humaine dans sa profondeur et nous nous faisons solidaires de leurs joies et de leurs souffrances ». (La mission ce n’est pas d’abord enseigner et chercher à convertir, mais accueillir avec respect.)

Nous avons également médité 16.3 : » Nous dialoguons et nous collaborons loyalement avec les responsables et les croyants des autres religions, ainsi qu’avec ceux qui ne croient pas en Dieu. Et nous sommes confiants en l’Esprit qui nous mène les uns et les autres, vers la vérité toute entière » (Jean 16, 13). Les appels de l’Esprit nous viennent également des autres religions et des hommes qui ne croient pas en Dieu, et pas seulement des chrétiens.

Nous avons pris le temps de méditer le n° 18 : « Dans les églises locales. Nos principales activités sont les suivantes :

  • la promotion des communautés chrétiennes et la formation d’un laïcat engagé et responsable,

  • le soutien des vocations et la formation au ministère et à la vie religieuse missionnaire,

  • les œuvres sociales éducatives, dans la ligne de notre vocation spiritaine,

  • l’éveil du sens de la mission universelle, de la justice et de la fraternité entre les peuples ».

(Par exemple, au sujet des œuvres sociales éducatives, il s’agit de les vivre dans la ligne de notre vocation spiritaine. Ne pas ouvrir simplement des écoles primaires ou des collèges de type formel avec un enseignement traditionnel comme dans les écoles officielles. Mais chercher de nouvelles voies d’enseignement, et surtout d’éducation : écoles mixtes, (à la fois enseignement traditionnel et apprentissage d’un métier), écoles communautaires, écoles prises en charge par les parents et par le quartier, écoles de brousse, alphabétisation dans les langues locales, etc. Cela demande que nous nous formions au niveau social. Ne pas former nos étudiants et nos jeunes confrères simplement aux diplômes ecclésiastiques (droit canon, exégèse, morale, etc.) mais aussi aux sciences sociales : animation de groupe pour travailler avec les associations et les mouvements, formation à la santé pour travailler avec les malades du Sida et d’Ebola, formation d’assistant social pour pouvoir travailler avec les enfants de la rue, etc. il s’agit là de nouvelles voies très importantes, qui sont des appels du Seigneur aujourd’hui.

Nous sommes passés ensuite au n° 18.1 « Nous considérons comme tâches particulièrement importantes aujourd’hui l’apostolat auprès des jeunes dont la situation appelle plus que jamais des œuvres sociales éducatives, et le service auprès des réfugiés, des émigrés et des marginaux »

(appelés par le Seigneur à être missionnaires, ce service des émigrés et des marginaux est effectivement essentiel, en sachant le renouveler comme le Pape François nous le demande. Et en lien avec le respect et la protection de la Création.

De même, lorsque nous nous engageons auprès des pauvres, il ne s’agit pas seulement d’aider les pauvres, mais d’abord de gagner leur confiance. Et de les soutenir dans ce qu’eux-mêmes veulent faire pour se libérer, et non pas leur imposer nos idées et nos actions, ni nos chemins de libération. Et surtout d’aller vers les plus pauvres, ceux qui sont complètement écrasés et découragés. Les gens qui viennent dans nos Caritas, ce sont des gens qui ont encore le courage de se lever, de s’expliquer et de demander de l’aide pour faire quelque chose. Généralement dans nos Caritas, nous ne rejoignons pas les plus pauvres, ceux qu’on appelle au Sénégal les plus fatigués. Ceux qui sont rejetés, écrasés et humiliés. Et qui ont perdu tout espoir et courage.

Et nous avons terminé par le n° 24.1 : « notre présence auprès des pauvres nous fait entendre de façon nouvelle l’Evangile que nous annonçons. C’est ainsi un appel constant à la conversion, une invitation à adopter un style de vie simple » (Il ne s’agit donc pas de nous fixer dans un style de vie, même simple, une fois pour toutes, au risque de nous scléroser. Mais de continuer à nous adapter chaque jour à une vie et à un apostolat nouveau).

Nous avons pris un temps de méditation personnelle suivie d’un partage : Que retenons-nous de cette méditation de notre règle de vie. Chacun a dit par quoi il se sentait davantage concerné ;

4. Dans un quatrième temps, nous nous sommes rappelés quelques points importants de nos derniers chapitres généraux

Et également ce qu’a dit le chapitre provincial de la PANO (Province d’Afrique du Nord Ouest).

  1. Formation « pour répondre à notre charisme dans le domaine de la santé, les techniques diverses et d’engagement dans la société » (n° 4).

  2. (N° 5) : Formation pour l’évangélisation, le dialogue avec les autres religions, justice, paix et respect, intégrité de la création, éducation non formelle, enfants de la rue etc.

  3. Mise en place au moins d’une activité autre que l’engagement dans la paroisse.

Nous avons dû reconnaître que ces engagements ne sont pas tenus. Cette année, personne n’a été en formation pour les points 1 et 2. Pour notre implantation à NGoé, au lieu d’être une implantation pour la formation des jeunes au développement rural, cette communauté, sous la pression de l’Archevêque, risque de devenir simplement une paroisse comme une autre.

Il est donc nécessaire que dans notre Province nous dégagions des priorités, qui soient vraiment missionnaires. Car on ne peut pas tout faire surtout avec les moyens limités qui sont les nôtres.

5. Dans un cinquième temps, nous nous sommes attachés au questionnaire que notre Supérieur Général nous a envoyés dans sa lettre de Pentecôte

  1. Quelles sont les nouvelles formes de pauvreté dans le contexte local de notre circonscription aujourd’hui ? Quels sont les marginaux et les exclus d’aujourd’hui ?

  2. Nos engagements actuels sont-ils vraiment conformes à notre charisme spiritain ?

  3. Y a-t-il des engagements actuels que nous devrions quitter en faveur d’autres, plus conformes à notre charisme spiritain ?

  4. Notre approche et notre style de mission sont-ils appropriés, dans le monde d’aujourd’hui ?

  5. Nos ressources sont-elles utilisées au-delà de leurs capacités, au détriment de notre vie spiritaine ?

  6. Si les spiritains arrivaient chez nous pour la première fois, quelles œuvres entreprendraient-ils ?

  7. Y a-t-il des aspects de nos programmes de formation qui ont besoin d’être changés, si nous devons vraiment préparer nos jeunes confrères à la mission spiritaine dans le futur ?

Après un premier temps de partage, chacun a pris un temps de réflexion personnelle pour se demander : quels sont les appels que je perçois pour la mission d’aujourd’hui. Puis chacun est venu partager avec les autres ses réflexions.

  • Ronald, camerounais en formation en France, face à la crise de la foi et à la recherche des biens matériels, a insisté sur l’importance de la catéchèse des jeunes et des adultes, et de la préparation aux sacrements : baptême des enfants, mariage etc. qui permettent un nouveau démarrage dans la vie et de grandir dans la foi.
    Un deuxième point essentiel lui semble le dialogue interreligieux avec des musulmans, important à cause du terrorisme et de l’islamisme.
    Enfin la nécessité d’un engagement pour Justice, Paix et Intégration de la création.

  • Louis, sénégalais, a repris l’importance du dialogue, des visites des chrétiens, et de la recherche des nouvelles priorités pastorales. Notre priorité ce n’est pas la paroisse, c’est l’homme. Ne pas s’occuper seulement du spirituel mais aussi du corps des personnes. Comme Libermann qui, à son époque, a vu la souffrance humaine des Noirs en Afrique encore soumis à l’esclavage, et s’est engagé fortement dans ce sens.

  • Daniel, sénégalais, reprend l’importance du dialogue interreligieux, mais aussi du travail auprès des enfants dans la rue et des talibés. Et ensuite du travail pour la justice et la paix, pour permettre aux hommes de retrouver leur dignité.

  • Edy, des Antilles : être présent aux lieux de fracture de la société. Spécialement, grâce aux expériences faites dans d’autres cultures, travailler dans des paroisses où les migrants et les français de première génération sont très nombreux, pour trouver des valeurs communes. Mais en veillant à ce que certaines nationalités mieux organisées, comme les Ghanéens et les Congolais par exemple, ne se replient pas sur eux-mêmes. Qu’ils participent aux Eucharisties communes et à la vie de toute la paroisse, ensemble avec les autres. Il note un très grand besoin des gens d’être écouté et l’importance d’ouvrir des lieux de retraite pour se ressourcer.
    Il a été marqué par le travail auprès des enfants dans la rue, à Madagascar et auprès des enfants les plus pauvres.
    Enfin il nous a parlé du travail en prison et de l’importance de la foi en Dieu pour les détenus.

A partir de là, nous avons échangé sur les nouvelles formes d’enseignement et d’éducation auxquelles nous pourrions participer.

Et aussi sur la faiblesse de Dieu et du Christ « qui s’est abaissé jusqu’à la mort des esclaves sur la croix » (Phil 2). Et ces paroles de Paul : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort », en reprenant le chant : « Garde nous tous petits devant ta face, garde nous tous petits devant nos frères ». Et aussi la Parole de Jésus à Pierre : « quand tu étais jeune, tu allais où tu voulais. Maintenant que tu es vieux, c’est quelqu’un d’autre qui t’attachera ta ceinture, et qui te conduira là où tu ne voudrais pas. » (Jean 21, 18).

Nous avons réfléchi aux différentes formes de pauvreté qui marquent les hommes. Et l’importance de rejoindre les plus pauvres, les plus fatigués comme on dit au Sénégal. Nous avons médité le retour des 72 disciples, que Jésus avait envoyé en mission (Luc 10,17-25). Et la réponse de Jésus dans sa prière : « Père je te rends grâces, parce que tu as révélé cela aux touts petits ».

Nous avons aussi relevé la nécessité de l’amitié et de la paix. Et l’importance de la conversion personnelle dans la mission.

Suite à leur demande, j’ai parlé des types de mission que j’ai été appelé à exercer. D’abord, pendant mes études de théologie à Chevilly, dans le bidonville de Sainte Colombe de Villejuif, où se cachaient des algériens pendant la guerre d’Algérie, et des portugais qui s’étaient enfuis du pays pour ne pas aller faire la guerre dans les colonies portugaises en lutte pour leur indépendance. Ensuite, dans la République Populaire du Congo en secteur rural, après la révolution. De 1976 à 1979 dans une équipe du Prado/Mission de France dans la banlieue sud de Paris en secteur de mission ouvrière, et auprès des étudiants africains et des travailleurs étrangers, et des jeunes français en animation missionnaire. Pendant 16 ans à Saint Louis du Sénégal au service des jeunes dans la rue, en prison, dans les écoles et les quartiers. Ensuite 10 ans dans les camps de réfugiés, pendant la guerre du Libéria, puis comme responsable de l’OCPH (Caritas) et de Justice et Paix en Guinée.

Enfin, j’ai partagé mon expérience dans la ville de Pikine dans la grande banlieue de Dakar. Je me suis retrouvé avec Marek, un Polonais venant de Kédougou dans le secteur rural du Sénégal oriental, et Josaphat, Tanzanien, ayant terminé sa formation en France. Nos formations et nos parcours différents nous ont permis de nous compléter. Et de relancer la paroisse de Pikine, en insistant spécialement sur la mise en place de communautés chrétiennes engagées dans l’animation des quartiers (CEB), la relance de la Commission Justice et Paix, et l’ouverture de la Caritas à tous. Nous avons formé les laïcs pour travailler avec les communes et dans les quartiers, avec les imams, les délégués de quartiers, les ONG, les ASC (Associations Socio-Culturelles des Jeunes) et les autres organisations. Cela s’est traduit par exemple, au moment des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) par une réflexion menée sur le chômage, la drogue et la violence avec tous les jeunes et pas seulement les chrétiens, avec le soutien et la participation active des sept communes présentes sur la paroisse. Nous avons également préparé ces JMJ et réfléchi au thème avec les imams, les ONG et les différentes organisations. Le sommet a été la célébration de ces JMJ dans le stade de la ville, où l’Archevêque a lâché la colombe de la paix, ensemble avec l’imam Ratib de Pikine et l’imam responsable de la coordination des imams du département en présence des différents conseils municipaux, de nombreuses ONG et plusieurs ministres.

Arrivé au SPEM, la maison provinciale, je me suis lancé dans la formation de nos jeunes étudiants en philosophie et théologie, et dans la formation des laïcs de divers groupes. Et j’ai repris mes activités dans l’aumônerie des hôpitaux, des prisons et des centres sociaux, et de la communauté anglophone. Sur notre paroisse de Saint Joseph de Médina, je me consacre spécialement au suivi de la Commission Justice et Paix, et la formation des jeunes.

En janvier prochain, nous allons accueillir dans notre communauté Michel qui nous apportera son expérience de travail auprès des mandjaques au Sénégal et en Guinée Bissao, et de formateur au postulat. Il nous aidera à franchir une nouvelle étape, dans l’engagement de notre communauté.

L’après-midi nous avons continué notre réflexion, en particulier sur la joie et la libération, l’importance des traditions, des valeurs et des religions traditionnelles africaines qu’il nous faut mieux connaître, en nous rappelant que ces religions sont en même temps une culture. Après avoir noté la nécessité de parler la langue de la région où nous travaillons, nous avons échangé sur le travail auprès des jeunes. En notant que le dialogue, tout comme l’évangélisation, ce n’est pas une question de discussions et d’échanges d’idées. Il s’agit d’évangéliser par le témoignage, beaucoup plus que par les paroles Il nous faut chercher une évangélisation par une action commune avec les gens des autres religions et les non croyants, en travaillant ensemble. Ce qui nous permet alors d’échanger nos motivations (le dialogue de vie). D’où l’importance d’analyser les situations et de voir les causes des problèmes, pour trouver de véritables solutions.

Nous avons ensuite parlé des souffrances du missionnaire. A l’exemple du prophète Jérémie, ne pas se laisser décourager. La vie est devant nous, et le Seigneur est avec nous. Il s’agit donc de chercher et de trouver ensemble, des nouvelles voies de salut, pour résister et continuer à avancer.

Nous avons enfin parlé des chemins nouveaux et des voix prophétiques qui nous parlent, en particulier des paroles et des orientations que nous donne le Pape François Ce qui est le plus frappant, ce sont les paroles fortes du Pape François.

Par exemple : «  Allez à la périphérie », c’est-à-dire aller vers les gens qui sont les plus loin, parce que rejetés.

Cette parole qu’il a dite aux jeunes lors des JMJ : « Construisez des ponts et pas des murs » qui séparent.

« Lutter contre la civilisation du déchet » : ne pas traiter les pauvres et les petits, les handicapés et les personnes âgées comme des ordures à jeter, « parce qu’ils ne sont pas rentables »

« Les pauvres ont besoin d’abord de respect, encore plus que de nourriture ». Etc…

En ce qui concerne les documents du Pape François : Nous avons retenu : Le respect de la Création « Loué Sois-Tu » : La terre est notre Maison Commune. Mener une vie simple. Respecter en même temps la terre et les pauvres, car les deux vont ensemble.

La Joie de l’Evangile pour l’Evangélisation du monde

La Joie de l’Amour (suite au synode sur la famille).

Soyez heureux et exaltez de joie sur La sainteté

Sans oublier le PROCHAIN SYNODE sur les Jeunes et leur Vocation

Conclusion

Nous pouvons résumer notre rencontre par ces mots :

  • Etre fidèle à l’Esprit Saint, pour être au service des pauvres.

  • L’Esprit Saint nous parle à travers les personnes, chrétiennes ou non. Il s’agit pour nous d’écouter les appels qui nous viennent des hommes, et découvrir les signes du Royaume qui naît.

D’où les conclusions :

  • La nécessité du discernement, sinon on se contente de suivre ses préférences,

  • La disponibilité pour s’adapter et changer,

  • Nous sommes des religieux missionnaires, pas obligatoirement prêtres. Il y a des frères et des laïcs consacrés dans notre Congrégation,

  • L’importance d’être uni au Seigneur dans tout ce que l’on vit (l’union pratique).

  • Nous nous sanctifions avec les autres, et par les autres.

  • Nous avons rappelé quelques points de l’exhortation du Pape François sur la sainteté.

  • Nous avons repris la nécessité de l’action avec les plus pauvres (l’extrême pauvreté).

  • L’importance du travail avec les laïcs, sans cléricalisme.

  • La nécessité d’une formation continue.

  • L’importance d’être au service de l’Eglise locale, selon notre charisme, et de la rendre plus missionnaire. . Nos Eglises diocésaines sont trop centrées sur les sacrements et la liturgie.

  • La nécessité de la joie. On ne peut pas annoncer une bonne nouvelle, si on est triste et découragé. Tous les documents importants du Pape François contiennent ce mot JOIE : la Joie de l’Evangélisation, la Joie de l’Amour, Loué Sois-Tu, Soyez remplis de Joie et exaltez, etc

  • La Caritas est trop centrée encore sur les distributions et sur les aides, au lieu de mettre en place des petits projets de développement et de chercher à transformer les mentalités.

  • Qu’est-ce qu’une paroisse spiritaine missionnaire ?

  • Que signifie notre soif d’avoir de plus en plus de terrains ?

  • La formation pastorale de nos étudiants en philosophie et théologie est à revoir. On ne peut pas se contenter des études et des diplômes.