Armel Duteil

La mission

La mission de Kataco

La mission de Kataco était sans prêtre suite à de nombreux problèmes. Il fallait donc un "vieux"pour la reprendre en main et relancer les activités. On m'a donc demandé d'aller à Kataco, ce que j'ai accepté. Vous ne trouverez pas Kataco sur la carte de Guinée car c'est un petit village à l'écart des grands axes. Kataco se trouve au bord de la mer, à 250 km au nord de Conakry. C'est un secteur où de très nombreux bras de mer s'enfoncent dans les terres. Il n'y a pratiquement pas de routes carrossables, il faut se déplacer en pirogue, à pied dans la boue, au milieu des palétuviers.

Les déplacements sont donc très difficiles et très fatigants étant donné la détérioration de l'état du pays : les anciens ponts quand ils sont cassés, ne sont pas remplacés. La solution que j'ai trouvée est de me déplacer en vélo sur les petits chemins à l'intérieur des différentes îles. Lorsqu'il n'y a pas de pont et qu'il faut marcher dans la boue, il est toujours possible de prendre son vélo sur l'épaule. Ainsi, ou bien c'est moi qui porte le vélo ou bien c'est le vélo qui me porte ! Quand nous arrivons devant un bras de mer, nous pouvons toujours mettre le vélo avec les bagages dans une pirogue, traverser le bras de mer et continuer ensuite notre route. Encore une fois, cela est un peu fatigant, mais cela a au moins l'avantage de me donner un peu d'exercice physique, toujours bénéfique. J'apprécie de me retrouver au bord de la mer, dans des îles… Un rappel de mes racines bretonnes et de la mer de Saint-Louis du Sénégal où j'ai exercé mon ministère pendant 16 ans.

La mission de Kataco est moins grande que celle de Mongo : seulement 13 paroisses ! Du coup, il y a moins de travail à assurer qu'à Mongo. Cela me convient car j'avoue que ces quelques années de Mongo ont été difficiles. Je suis heureux d'avoir un rythme un peu moins frénétique.

Notre équipe pastorale

Je me retrouve à Kataco avec un jeune confrère spiritain nigérian, Igbé Terkura, qui est mon vicaire et que j'ai eu en stage à Mongo quand il était grand séminariste. Nous nous connaissons donc bien. Nous sommes très différents de caractère et nous nous entendons très bien. Je pense que nos différences sont un atout et une richesse car elles nous permettent une complémentarité dans notre action auprès des communautés. Nous parlons beaucoup ensemble d'autant que le secteur est neuf pour tous les deux.

Nous avons décidé de passer à tour de rôle dans chacune de nos treize communautés pour que chacun puisse y apporter ce qu'il a d'original et de spécifique. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas voulu séparer la Mission en deux secteurs distincts.

Pour cette année et jusqu'à l'été, l'Archevêque de Conakry nous a attaché un grand séminariste guinéen pour un stage de formation pastorale. Il s'appelle Louis-Jacques Koné. Il s'est bien intégré dans notre équipe et sa présence nous offre l'avantage d'avoir un confrère guinéen qui connaît donc bien les réalités du pays. Nous formons donc une équipe internationale avec nos différences d'âge, de culture, de langue…

Etant donné nos différences, nous n'avons pas toujours les mêmes idées et cela est une richesse. Cela me semble très important pour dépasser les clivages des différences ethniques du pays car nous tenons compte de ce que chacun exprime et pouvons ainsi témoigner qu'il est possible de s'entendre et de travailler entre gens de cultures différentes.

Des communautés religieuses nous soutiennent à Kataco. Quatre religieuses de Saint-Joseph de Cluny travaillent avec nous : une sœur Indienne, une Française, une Guinéenne et une Togolaise : une communauté internationale ! Elles tiennent en particulier un dispensaire – maternité et un jardin d'enfants.

Ce travail est absolument essentiel au vu des graves problèmes de santé de la région notamment le paludisme, puisque nous sommes entourés d'eau et que les moustiques sont légion. Beaucoup d'autres maladies touchent en particulier les bébés victimes de la malnutrition ou de la sous-alimentation.

Une communauté de frères de Saint-Gabriel dirige une école primaire, un collège et un internat pour les élèves venant de loin. Les frères Français et Sénégalais (Joseph, Janvier et Zacharie) nous soutiennent également dans notre travail pastoral. Leur action est nécessaire si l'on veut apporter aux jeunes une formation de base et surtout une éducation, malgré les problèmes d'inégalité, de corruption et autres dans lesquels se débat le pays.

Dans notre travail pastoral, nous avons de la chance de nous entendre et de travailler en complémentarité : c'est très agréable. Pour commencer nos activités, nous avons décidé de regarder et de comprendre le milieu dans lequel nous avons été envoyés. C'est un milieu très traditionnel marqué par une culture forte qui parfois s'impose spécialement aux femmes et aux jeunes. Cela pose un problème : on encourt le risque de rencontrer de nombreux blocages par rapport aux évolutions possibles et aux changements nécessaires.

Les Chrétiens appartiennent majoritairement à l'ethnie Baga. Celle-ci serait originaire du Fouta Djallon, une région montagneuse du centre de la Guinée d'où elle aurait été chassée par des invasions Peulhs, une grande ethnie que l'on retrouve dans de très nombreux pays africains. Les Bagas seraient alors venus se réfugier dans cette région marécageuse, très difficile d'accès, pour se protéger. En conséquence, ils se sont renfermés sur eux-mêmes et ont vécu de manière isolée, ce qui entraîne presque toujours un danger de durcissement du comportement et des blocages par rapport aux évolutions nécessaires. C'est une ethnie très attachée aux traditions : le pouvoir des Anciens se fait très fortement sentir et les femmes comme les jeunes ont énormément de difficultés à trouver leur place et s'exprimer.

Ils sont organisés en classes d'âge et chaque groupe a son organisation propre : les Vieux, appelés traditionnellement "les Sages" (uniquement les hommes), le groupe des femmes, le groupe des jeunes et le groupe des enfants. Pour le moment, il est absolument nécessaire de partir de ces différents groupes pour notre travail pastoral. Ainsi chacun pourrait peu à peu s'exprimer et agir… A la longue, il me semble cependant important non seulement de créer des liens et des habitudes d'écoute réciproque entre ces différents groupes mais aussi de leur donner la liberté nécessaire pour inciter chaque groupe à agir par lui-même et bien sûr à s'ouvrir aux autres ethnies qui les entourent : ce n'est pas facile !

Les Bagas ont des traditions fortes non adaptées au monde actuel. Il s'ensuit des avatars comme par exemple l'excision pour les jeunes filles. Par contre, hélas, l'initiation traditionnelle avec toutes les valeurs d'éducation qu'elle comportait n'existe pratiquement plus. Si l'on veut faire évoluer les choses, il faut aller très lentement, réfléchir sérieusement avec les personnes concernées aux raisons de leur comportement ainsi qu'aux moyens de les faire évoluer : ce sera donc un travail de longue haleine !

Un autre problème rencontré est que l'ethnie Baga où nous travaillons est actuellement dominée par les Soussous. Ainsi, dans toute la paroisse, la liturgie, les prières et la catéchèse n'ont pas été faites dans la langue des habitants (le baga) mais en soussou. Beaucoup de Bagas ne parlent même plus leur langue, ce qui est évidemment très grave. D'abord parce que c'est un grand appauvrissement et aussi parce que cela peut entraîner de nombreuses frustrations.

Mon premier souci a donc été de valoriser leur langue et leur culture, et de célébrer ma première messe en baga mais aussi de faire toutes nos rencontres et nos formations en baga et non plus en soussou, même si, pour le moment, je suis souvent obligé de passer par un interprète. Si le français est la langue officielle de la Guinée, elle n'est comprise et utilisée que par une minorité.

Dès mon arrivée nous nous sommes tout de suite mis à l'étude de la langue baga. Pour moi-même, à soixante-sept ans, ce n'est pas évident d'apprendre une langue nouvelle d'autant plus que c'est une langue très riche et très nuancée. De plus, il me faut pratiquement partir de zéro car cette langue n'a pas été étudiée, il n'existe aucun document. Heureusement, le fait de parler déjà plusieurs langues africaines me permet d'analyser la langue baga et d'en découvrir peu à peu les mécanismes. Je ne la parle pas encore couramment mais je peux diriger les prières et les moments importants de réunions en baga. Et pour le reste, je traduis les choses à l'avance, ce qui suppose un gros travail, mais c'est pour moi un moyen d'entrer peu à peu dans la langue.

Le problème se corse quant à l'existence de la langue baga car l'ethnie Soussou est celle du Président de la République, Lansana Conté. Les Bagas se retrouvent soumis non seulement au point de vue culturel mais aussi politique, donc économique et social. Il y a donc un gros travail de libération de ce peuple à faire, dans tous les différents domaines, ce qui va demander beaucoup de temps, de patience, de tact et aussi de réflexion et de travail en commun avec les Bagas eux-mêmes.

Visites de villages et tournées de communautés

Dès notre arrivée, mon vicaire Igbé et moi-même avons commencé des visites de villages et communautés pour connaître les gens et découvrir le milieu et ses problèmes : nous avons contacté les autorités religieuses chrétiennes et musulmanes (spécialement les Imams) et les autorités administratives et traditionnelles (chefs de village). Partout, l'accueil a été très chaleureux et plein de reconnaissance : les liens d'amitié me semblent absolument essentiels. Nos relations avec les Musulmans sont très bonnes. Si parfois des conflits apparaissent, ils ne sont pas généralement liés à la religion même s'ils éclatent entre des Chrétiens et des Musulmans.

Chrétiens et Musulmans se connaissent. Souvent il y a dans la même famille des membres des deux religions et tous suivent en plus, plus ou moins, la religion traditionnelle qui est un facteur important d'unité et de compréhension. Chrétiens et Musulmans travaillent également ensemble et s'entraident pour les besoins des familles, pour ceux de leurs communautés respectives et aussi pour l'avancée du village. Ainsi il est fréquent qu'ils travaillent ensemble pour la construction d'une église ou d'une mosquée. Ils construisent ensemble des écoles, des dispensaires. Ils aménagent des routes et des ponts ou des talus, des digues et des canaux pour les rizières. En effet les Bagas sont essentiellement des cultivateurs et presque uniquement des cultivateurs de riz. Cela pose d'ailleurs un problème car si la récolte de riz n'est pas bonne, ils n'ont rien pour vivre toute l'année suivante. L'une de nos actions sera de voir avec eux comment diversifier les cultures et donc leurs revenus.

Chrétiens et Musulmans vivent également ensemble les évènements familiaux en village : naissances, mariages, enterrements. Ils se retrouvent, se réconfortent et prient dans le respect de leurs religions respectives. Ce matin j'ai été invité à l'inauguration d'une mosquée dans un village. La semaine dernière, j'ai participé à toutes les cérémonies d'enterrement du muezzin de la mosquée de Kataco. Et à l'inverse, lorsque nous avons appris le décès du Père Gustave Bienvenu, un ancien curé de Kataco qui y a travaillé longtemps et très activement, le premier groupe à venir présenter ses condoléances a été la communauté musulmane. Ils ont demandé que je dirige une prière pour lui et ont participé aux grandes cérémonies de funérailles traditionnelles que nous avons organisées. Tout cela me semble très positif et bien sûr, nous ferons tout pour développer encore davantage ces échanges et ces liens d'amitié.

A vrai dire, comme à Mongo, notre objectif est de mettre en place des communautés chrétiennes actives, présentes dans la vie des gens, surtout des plus faibles et des plus démunis, et de participer au développement du pays. Il y a beaucoup à faire à ce niveau. Il semble que les Chrétiens soient habitués à prier mais beaucoup moins à se retrouver ensemble pour réfléchir à leur vie et à la vie du village. Ils sont prêts à organiser des cotisations ou à donner du riz pour les besoins de la communauté mais beaucoup moins à s'engager pour lutter contre les injustices.

Aider les personnes les plus vulnérables, lutter contre les injustices et faire grandir la paix et la réconciliation entre nous, ce sont les trois orientations principales que nous avons choisies ensemble pour nos communautés.

En effet, il nous semble essentiel que les communautés chrétiennes prennent en charge les nécessiteux, les malades, les handicapés, les vieillards et les étrangers présents parmi nous, qu'elles réfléchissent ensemble à leurs problèmes pour rechercher des solutions à mettre en pratique, qu'elles lancent des actions de développement en faveur de tous, qu'elles cherchent à faire évoluer aussi bien la culture traditionnelle que la mentalité moderne, qu'elles luttent contre la corruption, le laisser-aller, le manque de conscience professionnelle, le favoritisme et les autres problèmes qui minent la société guinéenne. Tout cela bien sûr doit se faire en s'appuyant sur l'évangile, ce qui suppose que les Chrétiens le connaissent vraiment, non pas en théorie mais concrètement dans leur propre langue et leur culture, qui est une culture orale. Peu de gens savent lire et écrire. C’est par la culture orale( contes chants…) que cet évangile pourra passer dans leur propre vie, la vie de leur famille, de leur communauté et de leur village… Vaste programme !

Pour cela nous cherchons à libérer la parole pour que tous participent à ce partage et à cette recherche et aussi que l'on mette en place des communautés accueillantes et ouvertes à tous et donc capables de dépasser les problèmes et les clivages ethniques ou autres.

La base de tout cela est un travail de formation en profondeur : c'est la notre deuxième priorité avec les visites et l'animation des communautés.

Nous avons donc des rencontres de formation régulières des responsables de communautés et des catéchistes pour qu'ils puissent mieux assumer leurs responsabilités et former non seulement ceux dont ils ont la charge mais aussi les responsables du développement. Avec eux nous avons élaboré des programmes de réunion, des schémas de formation et d'autres documents nécessaires en langue baga. Nous avons lancé un groupe de réflexion sur les coutumes, la culture et la langue baga avec les Anciens pour pouvoir intégrer cette culture dans notre travail d'évangélisation et dans la vie de nos communautés.

Afin de mieux respecter cette culture, il nous faut adapter notre travail à la culture baga et aux activités locales. Cela veut dire chercher ensemble comment garder les valeurs traditionnelles en les vivant d'une façon moderne et adaptée à notre monde actuel, sinon toutes ces valeurs vont disparaître, emportées par l'influence moderne qui touche spécialement les jeunes qui risquent alors de ne plus avoir de bases pour construire leur avenir et leur société. Nous allons lentement et à tâtons avec bon espoir que cela pourra se faire.

Nous cherchons aussi à former des agents de développement. En effet, la situation économique est lamentable et ce qui est plus grave, c'est qu'elle se dégrade de plus en plus. Même les salaires n'arrivent plus à assurer le minimum vital. Les produits alimentaires deviennent de plus en plus rares et de plus en plus chers. Il y a une inflation énorme et la monnaie guinéenne perd toute sa valeur.

A cause de tout cela et face au manque de liberté et de démocratie, et aussi suite à un certain nombre d'injustices flagrantes et détournements d'argent scandaleux, nous avons dû vivre plusieurs semaines de grève générale menée par les syndicats tous d'accord… Cela a été très dur surtout pour les plus pauvres, mais la mobilisation a été générale et la société civile s'est réveillée, et nous espérons que, peu à peu, elle va prendre forme et trouver des moyens d'actions adaptés.

Suite à cette grève, le Président, un militaire qui s'appuie sur son armée pour maintenir un régime très musclé, a fini par accepter un ministre issu de la société civile et muni d'une véritable liberté d'action et d'un véritable pouvoir. Il a accepté aussi d'augmenter les salaires et de baisser le prix des produits de première nécessité (carburant, riz…). Mais où le pays va-t-il trouver les ressources pour cela, d'autant plus qu'au niveau international, le prix du pétrole et des produits importés par la Guinée augmente de plus en plus ? Le pays est donc de plus en plus marginalisé, comme la plupart des pays africains d'ailleurs. Comme vous le savez vous-mêmes, l'avenir est loin d'être brillant et nous ne savons pas comment le pays va s'en sortir.

Ce qui est positif, c'est que toute la population guinéenne s'est mobilisée et s'est enfin sortie de la passivité et de la résignation. De plus en plus de personnes se rendent compte que l'on ne peut plus continuer comme cela. Les premières solutions positives se mettent en place comme par exemple l'indépendance de la justice. Mais il faudra aussi que les choses changent à la base et cela, c'est l'affaire de tous. C'est là que nous cherchons à travailler, pour une prise de conscience de tous qui puisse aboutir à un véritable changement de comportement. Mais le coût humain de cette grève a vraiment été lourd : plus de cinquante tués par balle par les militaires lors des manifestations, et malheureusement ce n'est pas la première fois que ça arrive.

Face à tout cela, nous faisons ce que nous pouvons à notre niveau. Nous soutenons la participation des populations dans la construction d'écoles, de centres de santé et dans l'aménagement des villages via un système de cotisations de la part de tous, chacun suivant ses possibilités, même si elles sont très réduites, mais aussi par un travail communautaire bénévole (par exemple : aller chercher le gravier et le sable dans la rivière, puiser l'eau nécessaire aux constructions, prendre en charge la nourriture et le logement des ouvriers). Nous voulons lancer un certain nombre de réalisations pour améliorer la vie des gens et leur donner des moyens de vivre.

Cela suppose également une formation. Nous allons donc entreprendre avec l'aide de Guinéens volontaires, d'amis qui viendront à Kataco et avec votre soutien, la formation d'éducateurs de jardins d'enfants, car pour nous, l'éducation est la base de tout et nous voulons commencer par les petits.

Nous organiserons également la formation d'agents de santé pour les soins de santé primaire, la prévention et l'éducation à la santé, l'hygiène, la vaccination, la construction de latrines, l'aménagement de sources etc. et enfin pour la formation de femmes accoucheuses dans les villages pour que les accouchements se passent mieux (détection des grossesses difficiles suffisamment longtemps à l'avance pour une orientation vers le dispensaire de Kataco).

Nous mettons en place également des formations en agriculture (pour diversifier les cultures et donc les revenus) en élevage et en artisanat. Et je dois dire que c'est très difficile de mobiliser les gens pour cela. C'est nouveau pour eux et quand on se sent écrasé et enfoncé dans une trop grande pauvreté et que l'on a l'impression qu'il n'y a rien à faire dans cette situation, c'est évidemment difficile de réagir et d'entreprendre quelque chose.

Il nous faut donc à la fois donner aux gens confiance et courage dans leurs possibilités. Il faudra du temps pour cela et pour qu'ils acceptent les propositions de formations. Nous allons commencer petitement en espérant que les choses vont grandir peu à peu, que la population sera convaincue de la nécessité de ces actions et qu'elle s'engagera davantage au fur et à mesure que les réalisations, même petites, prendront forme. J'aurai l'occasion de vous tenir au courant de tout cela par la suite.

Qu'est-ce que le travail de l'OCPH (secours catholique de Guinée) ? (compte-rendu de session)

A la session de novembre 2006, chacun des participants a donné sa réponse. Par exemple : que la communauté chrétienne aide les pauvres, gagner l'argent de la communauté pour aider les gens etc. Envoyer les enfants au catéchisme c'est très important mais ce n'est pas le travail direct de l'OCPH : c'est le travail des parents. Réconcilier les gens, c'est très important, mais c'est le travail des Sages.

Qu'a fait Jésus pendant sa vie ? Il a travaillé trente ans à Nazareth. Ensuite il a conseillé les gens, il leur a appris à prier et il a annoncé l'Evangile. Mais il a aussi beaucoup aidé les gens : il les a nourris, il a guéri les malades, il a libéré les gens des esprits mauvais. Il a aimé tout le monde, sans rejeter personne, même les gens des autres races et des autres religions. Il a surtout aimé les pauvres et les faibles, les femmes et les enfants et toux ceux qui étaient rejetés comme les lépreux et les publicains. Enfin il nous a aimés jusqu'au bout et a donné sa vie pour nous.

Comme Jésus, on ne peut pas annoncer l'Evangile si on ne libère pas les gens (voir Luc 4, 16-21 – Matt 11, 2-6). A chaque fois que Jésus voit quelqu'un qui souffre, il faut qu'il l'aide, comme par exemple la Veuve de Naïm qui a perdu son fils unique (Luc 7,11-16). Et quand il envoie ses disciples en mission, il leur dit la même chose (Matt 10, 7-13 – Marc 16, 15-18).

Le travail de l'OCPH est de continuer le travail de Jésus. Et c'est cela que Jésus nous dira à la fin du monde (Matt 25, 35-40) : "J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'avais soif et vous m'avez donné à boire, j'étais nu et vous m'avez habillé, j'étais malade et vous m'avez visité, j'étais en prison et vous êtes venus me voir… Tout ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait".

Pour cela il faut travailler, comme le dira encore Jésus (Matt 25, 21) : "Très bien, bon et fidèle serviteur. Tu as été fidèle dans les petites choses, entre dans la joie de ton maître". La première chose c'est d'apprendre aux gens à aimer les autres comme Jésus (Jean 15, 12), même les ennemis (Matt 5, 43-48) en commençant par les pauvres et les petits (Actes 20, 35), sans rejeter personne, comme Jésus qui a été chez Zachée, le pécheur public (Luc 19, 9). Par exemple, la banque alimentaire doit être ouverte à tous et pas seulement aux Chrétiens (Matt 8, 11), car Jésus appelle tout le monde.

Le travail de Jésus est difficile. Il faut porter sa croix (Marc 8, 34), veiller et prier (Marc 13, 33), avoir les yeux ouverts pour voir les souffrances des autres, aller vers eux sans attendre qu'ils nous appellent. Pour travailler comme Jésus, il faut d'abord le connaître, apprendre sa Parole, le prier dans nos cœurs, travailler selon ses pensées et vivre avec lui pendant toute notre vie.

Jésus a travaillé gratuitement par amour de son Père et par amour des hommes. Dans l'OCPH, nous travaillons gratuitement pour aider nos frères à cause de Dieu

Pour notre travail de développement à Kataco, je serais intéressé par des médicaments, des vélos et des machines à coudre manuelles (non électriques). Si vous pouvez en récupérer autour de vous, voici mon adresse e-mail : armelduteil@yahoo.fr

Quelques renseignements sur la Guinée

  • Superficie : 245 857 km²

  • Population : environ 9,3 millions d'habitants, 50% de jeunes de moins de 15 ans et 52% de femmes. Plus de 3 millions de Guinéens vivent hors des frontières de leur pays.

  • Capitale : Conakry, 2 millions d'habitants (estimation)

  • Ethnies : une vingtaine dont les principales sont les Peulhs, les Malinkés et les Soussous.

  • Langues : 8 langues nationales reconnues. Le français est la langue officielle.

  • Alphabétisation : on estime à plus de 70% la proportion d'analphabètes. Les enfants de 12 à 17 ans sont scolarisés à 25%.

  • Religions : Islam à 75%, chrétiens à 8%, religions traditionnelles à 17%.

  • Monnaie : le franc guinéen (1 euro = 7000 francs guinéens)

  • Nature du régime : présidentiel, avec depuis le 30 août 1995, une Assemblée Nationale (non renouvelée)

  • Chef de l'Etat : Lansana CONTE (depuis le 5 avril 1984)

Ouverte sur l'Atlantique par 300 km de côtes, la Guinée est entourée de la Guinée-Bissau, du Mali, de la Côte d'Ivoire, du Libéria et de la Sierra Léone. Quatre régions naturelles s'y découpent : la Basse Guinée au climat tropical, la Moyenne Guinée ou Fouta-Djallon, qui donne naissance au Sénégal et à la Gambie, la Haute Guinée, pays de savane, et la Guinée Forestière, aux grandes précipitations annuelles. Il y a partout d'appréciables possibilités : cultures vivrières et fruitières, élevage de bovins, exploitation de forêts, pêche artisanale et industrielle, souvent freinées par l'insuffisance d'infrastructures. Le sous-sol guinéen regorge de bauxite, de fer, de diamant, de chrome, de manganèse… Alors que les ressources hydroélectriques sont immenses, le manque d'énergie bloque de nombreux projets. Un grand barrage de 75 mégawatts (Garafiri) devait permettre de lancer des industries attendues et d'améliorer les conditions de vie d'une grande partie de la population mais il n'est pas opérationnel.

Repères historiques

La Guinée actuelle faisait partie de l'empire du Mali au 13ème siècle. Après le déclin de l'empire du Mali, se font des essais de reconstitution d'ensembles géopolitiques : le Fouta théocratique du 18ème siècle des Peulhs Almamy et l'Etat musulman d'El Hadj Oumar Tall au 19ème siècle.

A partir de 1875, la colonisation française arrête toutes ses mutations. De 1900 à 1945, elle renforce son administration pour une meilleure exploitation des richesses.

De 1945 à 1958 se précise la lutte de libération nationale à partir de la formation syndicale professionnelle des agents et sous-agents des transmissions de Guinée. Sékou Touré et le Parti Démocratique organisent l'accession du pays à l'indépendance.

2 octobre 1958, l'Indépendance : le 28 septembre 1958, la Guinée répond "non" à 94,4% au référendum du Général de Gaulle. Le 02 octobre suivant, elle proclame son indépendance.

Camp Boiro est une prison construite en 1962 dans le camp de la Garde Républicaine de Camayenne. Conçue pour l'internement des prisonniers politiques, elle a vu passer, estime-t-on, de 10 000 à 30 000 victimes entre 1965 et 1984. Monseigneur Tchidimbo y vécut 8 ans et 8 mois, de 1970 à 1979. Ce pénitencier politique était aussi le siège du comité révolutionnaire du parti.

Le 27 août 1977 à Conakry, Kindia, Nzérékoré, les femmes guinéennes se soulèvent contre Sékou Touré et son pouvoir totalitaire en décrépitude.

Le 03 avril 1984, c'est l'avènement de la Deuxième République grâce à la prise du pouvoir par l'armée nationale, une semaine seulement après la mort de Sékou Touré. Le 3 avril a été proclamé fête nationale