Armel Duteil

Migrants


La migration des africains : Colloque de l’IAJP – Cotonou (l50 décembre 2008)

Que faire pour ceux qui arrivent dans nos pays pour y rester ou pour partir en Europe, souvent comme clandestins et sans papier, à travers le désert ou en pirogue, au risque de leur vie ? Que faire pour ceux qui sont chassés d’Europe et reviennent chez nous malades et blessés, dans leur corps et dans leur cœur ? Pourtant le droit de quitter son pays et d’y revenir fait partie des droits de l’homme ! et l’Union Africaine comme la CEDEAO ont déclaré la libre circulation des personnes !

Nous avons replacé ce problème dans l’histoire de l’Afrique actuelle et passée. Nous avons essayé de comprendre les façons de faire actuelles (les stratégies) de l’Europe par rapport à l’Afrique. Ceci pour trouver des solutions adaptées. Voici la synthése des idées émergentes :

La migration est un phénomène humain naturel. Mais aujourd’hui, c’est devenu un grand problème qui touche tous les pays : les pays dont les migrants partent, ceux qu’ils traversent et ceux où ils vont. L’Afrique est interpellée elle » aussi par ce problème. Elle doit s’engager dans la réflexion et dans l’action, en puisant dansz son histoire et sa culture. L’Eglise a un rôle de charité et d’accompagnement. Elle doit aider les hommes à marcher v ers Jésus Christ, vrai Dieu et vrai Homme, sens et fondement de toute culture.. Pour cela, l’Eglise doit s’engager réellement et avec organisation, et repenser ce qu’elle fait pour enseigner, éduquer et former les hommes.

Voici les conclusions que nous avons tirées de cette rencontre pour notre diocèse :

  1. en faire le compte-rendu le plus largement possible

  2. faire des enquêtes et contacter les organisations spécialisées, pour connaître le plus exactement possible la situation des migrants en Guinée : d’où viennent-ils ? Sont-ils installés ou seulement de passage ? Quel est leur nombre ? Leurs besoins ? Quelles sont les conditions de vie de ceux qui reviennent, renvoyés d’Europe ?

  3. augmenter les actions de nos commissions justice et paix et de pastorale sociale, pour que tous puissent mieux vivre et sortir de la pauvreté : multiplier les AGR, groupements et projets de développement pour les plus pauvres.

  4. continuer à lutter contre la corruption et pour la bonne utilisation des ressources minières, pour la lutte contre le chômage et l’emploi des jeunes, etc. Par exemple les projets de Cord Aid pour permettre aux jeunes de gagner leur vie ici ; et ainsi de rester au pays.

  5. Cela passe par le choix de responsables honnêtes et travailleurs et donc la préparation d’ élections législatives et présidentielles réussies , avec les conditions nécessaires : formation d’observateurs indépendants, de personnes capables de résoudre les conflits et la mise en place de cellules de la société civile à la base, dans chaque sous-préfecture

  6. soutenir nos dirigeants dans leurs bonnes décisions et vérifier qu’ils font bien ce qu’ils ont dit, avec sérieux et compétence. Travailler avec les pouvoirs publics et autres hommes politiques

  7. dans les écoles, donner aux élèves l’amour de la patrie, pour qu’ils acceptent de rester dans notre pays pour le développer, même si la vie y est difficile, plutôt que de partir à l’aventure à l’étranger. Cette éducation devrait être faite en particulier dans toutes les écoles catholiques, de même que l’éducation aux droits de l’homme (pas seulement les droits de l’enfant)

  8. éduquer tous les jeunes et par tous les moyens, pour qu’ils comprennent que réussir sa vie et être heureux, ce n’est pas obligatoirement gagner beaucoup d’argent. Pour qu’ils ne se laissent pas attirer sans réfléchir par les richesses de l’Europe. Et que même s’ils partent en Europe, beaucoup ne pourront pas profiter de ces richesses. Au contraire, ils seront presque toujours exploités. Et même rejetés à cause du racisme.

  9. même si on ne nous écoute pas, continuer à expliquer que la plupart du temps partir en Europe n’est pas une solution. Au contraire c’est une source de trop grandes souffrances pour aujourd’hui et pour demain. Surtout si on n’est pas préparé, si on n’a pas les papiers nécessaires (visa…) et un travail assuré à l’arrivée.

Malgré tout, changer de pays est un droit de l’homme. Et c’est vrai que certains émigrés qui ont eu la chance de trouver un bon travail aident beaucoup leur famille et même leur village et le pays tout entier.

En tout cas, pour nous chrétiens, il est important d’accueillir les étrangers qui viennent chez nous. De faire respecter leurs droits par les policiers, les militaires, les patrons et tous les citoyens. Et de les protéger de tout danger, autant que nous le pouvons. En même temps nous les faisons réfléchir à ce qu’ils veulent faire, sans leur cacher les dangers qui les attendent.

Nous demandons aussi aux chrétiens d’Europe de les accueillir, de les soutenir et de les protéger. Ce que beaucoup font déjà. Comme nous le demandera Jésus (Mat 25, 38-40) J’étais étranger, est-ce que tu m’as accueilli ?..Tout ce que tu as fait au plus petit (de ces réfugiés et émigrés) qui sont mes frères, c’est à moi que tu l’as fait. Nous demandons à tous les européens de se mettre ensemble pour changer les lois injustes, qui empêchent les migrants de trouver du travail et de vivre dignement dans le respect de leurs personnes. Car en plus, on garde en Europe tous les gens formés dont nous avons tellement besoin pour développer nos propres pays. Et on nous renvoie les clandestins, malades, humiliés et traumatisés.

De notre côté, nous accueillerons le mieux possible toutes ces personnes renvoyées d’Europe. C’est pourquoi nous proposons que dans chaque pays, on mette en place un centre d’accueil

  1. pour faire réfléchir ceux qui veulent partir. Afin qu’ils le fassent dans de bonnes conditions et qu’ils respectent les lois du pays où ils vont. Et qu’ils aient si possible les papiers nécessaires.

  2. accueillir ceux qui reviennent malades dans leur corps et dans leur cœur, méprisés et souvent découragés. Pour cela entrer en contact avec les personnes compétentes et nous former nous-mêmes. Travailler avec le HCR, le PAM, la CROIX ROUGE, l’OIM et les autres organismes présents

  3. Il s’agit en premier de l’aide humanitaire (argent, nourriture, logement, apprendre ou trouver un métier) et du soutien moral et psychologique (conseils, encouragements, guérisons des traumatismes : les souffrances du cœur).

Pastorale des migrants : C’est à dire un soutien religieux non seulement pour les chrétiens mais pour tous les croyants. Pour cela :

  1. augmenter notre travail pour justice et paix et mettre une commission dans chaque paroisse ;Les étrangers ont le droit de vivre en paix et en sécurité chez n ous. Ils peuvent même beaucoup aider notre pays. Mais il y a encore trop d’injustices contre eux.

  2. dans toutes les paroisses, CCB et mouvements, lancer une enquête à partir des questions suivantes : quels étrangers connaissez-vous ? Avez-vous parlé avec eux ? Quels sont leurs problèmes ? Qu’avez-vous déjà fait pour eux ? Que faudrait-il faire encore ? Comment ? Avec qui ? Avec quels moyens (à trouver d’abord par nous mêmes : ne pas attendre les ONG et les projets) ?

  3. contacter la paroisse anglophone :  pas seulement pour soutenir spirituellement les chrétiens parlant anglais. Mais demander à chaque anglophone de voir les étrangers parlant anglais qui arrivent, les faire connaître à la communauté et voir ce qu’on peut faire pour eux.

  4. On fera la même chose pour les étrangers parlant français dans chacune de nos paroisse. Les accueillir, parler avec eux pour les connaître avec leurs problèmes, prier avec eux et pas seulement pour eux . Les faire entrer dans nos CCB et nos mouvements pour qu’ils participent activement eux aussi à la vie de notre Eglise. Et qu’ils nous apportent leur richesses spirituelles (les valeurs de leur culture et les talents reçus de Dieu). Qu’(ils participent aussi à la catéchèse, aux groupes de prière, aux réunions bibliques pour mieux connaître la Parole de Dieu, en vivre et la partager avec les autres. Nous sommes tous enfants de Dieu. Les étrangers doivent avoir toute leur place dans notre Eglise.

  5. Formation : Chercher dans la Bible tout ce qu’on dit de l’étranger…et le mettre en pratique !

  6. Partout où nous allons, lutter contre les mauvaises paroles que l’on dit sur les étrangers. Si certains se conduisent mal, il faut les conseiller et même les empêcher. Mais tous les problèmes du pays ne sont pas causés par les étrangers.

  7. Dans les prisons, faire attention spécialement aux étrangers, car ils ont moins de protection et de moyen : par exemple pas de famille pour leur appôrter à manger

Pour le diocèse de Nzérékoré, spécialement responsable de la pastorale des migrants : visiter les villages où il y a encore des regroupements importants d’étrangers et voir avec l’OCPH ce qu’on peut faire. Par exemple pour les gens de l’Ulimo à Kule. Réfléchir avec eux pour voir comment ils peuvent s’intégrer (entrer) dans la vie du pays. Comment régler le problème des armes qu’ils ont encore avec eux. Relancer la commission diocésaine pour les migrants. Travailler à faire entrer les anciens réfugiés de la guerre du Libéria dans la ville et les activités de la ville. Les accompagner en particulier pour les questions de terrains

Nous allons organiser une formation le samedi 21 février au collège Ste marie à 9h.
Venez nombreux et invitez vos amis, chrétiens ou non

A Cotonou, nous avons vu également ce que nous avons fait contre la corruption(voir les feuilles L 23 et L 24 chez votre curé, avec le conseil paroissial et auprès de tous ceux qui ont participé à cette rencontre et aux autres formations. Nous avons aussi réfléchi au panier de la ménagère c’est à dire à ce que cela coûte pour nourrir une famille et ce qu’il faudrait faire pour que tout le monde puisse vivre normalement, même les plus pauvres.

Nous allons organiser du 13 au 15 février une formation pour animateurs de prisons à Lambanyi

Le Carême va commencer  : Relisons ce que les prophètes disent sur la justice et la paix. Voir L 27




Rencontre spriritaine internationale

Le ministère pastoral avec les demandeurs d’asile, les réfugiés,

les migrants et les personnes déplacées.

Le nombre de personnes déplacées, dans de nombreux pays, suite à la guerre, au sous-développement, au réchauffement de la planète ou des politiques de mondialisation, augmente de plus en plus. Dans nos propres pays, nous constatons l’arrivée de nombreux demandeurs d’asile, réfugiés et migrants.

Pour faire face à cette situation, 24 spiritains travaillant auprès des réfugiés dans 14 pays se sont retrouvés à DURBAN, en Afrique du Sud, du 15 au 29 Avril 2007.

Ils ont commencé par présenter chacun leurs activités. Ensuite, un échange a eu lieu, pour mieux connaître les conditions difficiles dans lesquelles vivent ces différentes personnes déplacées et de mieux en comprendre les causes et les conséquences sur leur vie personnelle et familiale.

Les participants ont ensuite réfléchi à leurs différentes façons de travailler dans ce domaine, de manière à les améliorer à la lumière de l’expérience de chacun.

Cette action s’appuie sur une vision de foi et sur notre engagement, en tant que spiritains, auprès des plus pauvres. Pour qu’à travers notre action, toutes ces personnes déplacées puissent découvrir l’amour du Christ pour elles et retrouver l’espérance.

Cela demande de notre part une vraie vie de prière et une vie communautaire où nous nous soutenons mutuellement. Nos communautés internationales sont davantage significatives en témoignant qu’il est possible à des personnes de langues et de cultures différentes de vivre ensemble.

L’annonce de l’Evangile, la prière et la construction de communautés chrétiennes sont la base de notre action. Cela nous demande de répondre aux besoins spirituels et psychologiques (guérison des traumatismes) mais aussi sociaux et culturels des gens.

Notre action consiste à aider les réfugiés à se prendre en main et à réduire les tensions qui peuvent exister entre eux pour arriver, peu à peu, à une vie commune dans la paix et la réconciliation. Mais aussi à pousser les gens qui les reçoivent à mieux les accueillir et à comprendre leurs besoins.

Cela demande de notre part, spiritains, de mieux accueillir, accompagner et soutenir toutes ces personnes déplacées, mais aussi de partager notre souci et notre expérience avec ceux qui nous entourent et de travailler en lien avec les personnes et organisations qui ont le même souci. Notre réflexion nous a amenés à faire plusieurs propositions. En particulier de mieux comprendre les différents aspects de ce travail pour mieux l’organiser, d’acquérir une formation adéquate dans les différents domaines de cette action et de préparer l’avenir en formant des jeunes motivés et spécialisés pour ce travail.

Nous sentons la nécessité d’être compris et soutenus par nos amis. Et l’engagement de nombreuses personnes dans ce sens, chacune à sa manière et selon ses capacités, est un grand encouragement pour nous. Nous les en remercions tous.

Nous sommes repartis davantage convaincus de l’importance de cette action et davantage motivés pour l’accomplir.

Père Armel DUTEIL.

Second compte rendu

Du 15 au 29 Avril 2007, 24 délégués spiritains de la pastorale des réfugiés, migrants, personnes déplacées et demandeurs d’asile, travaillant dans 14 pays, se sont réunis à DURBAN, en Afrique du Sud. Ils ont partagé leur expériences s’appuyant sur la méthode « Voir – Juger – Agir ».

De la frontière américano-mexicaine en passant par Rennes et jusqu’à Durban, une diversité de lieux et d’approches de ce ministère a enrichi nos échanges. Le Père Jo Hampson, responsable du JRS (Jesuit Refugee Service) pour l’Afrique, a articulé les différentes méthodologies pastorales utilisées dans le but d’établir de meilleures pratiques. Le Père Martin Badenhurst, dominicain, nous a accompagnés dans l’analyse et l’évaluation des racines de notre engagement spiritain dans ce travail. Peter Lafferty, cssp, nous a guidés dans l’élaboration d’une spiritualité spiritaine qui s’ancre sur notre engagement auprès des plus pauvres et qui se veut accueil, écoute et accompagnement. Aider, à travers notre présence et notre action, toutes les personnes déplacées à découvrir l’amour du Christ pour eux et à retrouver le chemin de l’espérance.

Des rencontres informelles proposées en soirées, traitant des parcours de formation, de la guérison des traumatismes et des personnes victimes de tortures, de la construction de la paix et de la réconciliation ou encore de l’importance d’un travail en réseau avec des personnes et des ONG ayant les mêmes approches que nous, ont complété notre réflexion.

Moment fort de cette rencontre, les témoignages de personnes réfugiées en Afrique du Sud venues nous partager le récit de leur exode. Elles espèrent reconstruire une nouvelle vie dans ce pays. Le Cardinal archevêque de Durban, Mgr Wilfrid Napier, ainsi que son vicaire général, Mgr Paul Nadal, étaient également nos hôtes. Le Cardinal, dans son homélie lors de la messe concélébrée le 22 Avril à la cathédrale en présence de nombreux réfugiés, nous a encouragés dans ce ministère auprès des réfugiés. Mgr Nadal a parlé de la xénophobie. Alors qu’en Europe les portes se ferment de plus en plus aux migrants africains, ces derniers voient en l’Afrique du Sud un nouvel eldorado. Mais ils ne sont pas toujours les bienvenus. Certains sont parfois victimes de l’insécurité qui prévaut dans le pays.


Réfugiés et migrants(suite)

Réflexions sur le message du Pape pour la Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier 2018.

1. La situation

Il y a des réfugiés et des migrants également au Sénégal. Proportionnellement, ils y sont même plus nombreux que dans les pays européens ou l’Amérique du Nord. Parmi ces réfugiés et migrants, il y a d’abord ceux qui viennent des pays en guerre, les victimes de la dictature ou de la pauvreté, qui viennent chercher du travail et une meilleure vie, et aussi plus de paix et de liberté au Sénégal. Il s’agit donc de les accueillir. Il y a aussi toutes les personnes de passage au Sénégal, mais qui veulent continuer leur route, la plupart du temps clandestinement, jusqu’’en Europe. Enfin il y a réfugiés et migrants qui ont été arrêtés et expulsés des pays européens et de la Lybie, du Maroc ou de la Mauritanie, et qui arrivent chaque jour chez nous. En plus de ceux-là il ne faudrait pas oublier les migrants intérieurs, en particulier ceux qui viennent du nord du pays à cause de l’avancée du désert, et toutes ces personnes victimes de l’exode rural, à cause de la pauvreté dans les villages.

Souvent on distingue entre les réfugiés, victimes de la guerre et qui cherchent à obtenir le droit d’asile, et les migrants économiques, victimes de la pauvreté. En fait, les 2 vont ensemble. D’abord parce que la guerre est l’une des causes principales de la pauvreté, dans notre continent comme partout. Et comme les migrants économiques ne sont généralement pas acceptés dans les pays occidentaux, ils cherchent eux aussi à obtenir de droit d’asile. De toutes façons, ils sont tous dans une situation inhumaine. IIs ont tous besoin d’être secourus. Que l’on meure de la guerre ou de la faim, cela ne change rien. Et tous meurent noyés en Méditerranée, sans distinction. C’est notre devoir d’humanité de venir à leur secours. Sans oublier que la liberté de circulation est un droit pour tous les hommes. Et tous les pays en ont profité. Les Etats Unis, après le génocide des indiens ont été peuplés par les esclaves noirs et des réfugiés irlandais et autres, qui tous ont participé à la construction du pays. De même que la France par exemple s’est développée au 19°) siècle, au moment de la révolution industrielle, grâce la venue des réfugiés italiens, espagnols, portugais et polonais…sans qu’on ait besoin de remonter à tous les déplacements de population au moment de la chute de l’empire romain…et même avant cela.

C’est donc tous et chacun qui doivent participer à cet accueil des migrants et des réfugiés. Ce n’est pas d’abord une question d’argent. Même si tu n’as pas d’argent, tu peux accueillir les personnes nouvelles qui viennent dans le quartier, au moins les saluer et leur expliquer la vie du quartier. Tu peux encourager ceux qui ont perdu l’espoir. Tu peux consoler ceux qui pleurent. Tu peux leur ouvrir ta maison, et ton cœur, et leur offrir au moins un verre d’eau. Tout cela est très important. C’est la première chose à faire et tous nous pouvons le faire.

Un certain nombre d’ONG travaillent chez nous et participent au développement du pays. Ce n’est pas toujours d’une façon désintéressée, car la politique des pays développés c’est de lutter contre la pauvreté dans les pays du tiers-monde, de manière à ce que les gens restent dans leur propre pays, au lieu d’aller chez eux. Ce soutien au développement est important. Il peut fournir une aide essentielle dont nous devons savoir profiter. Et les personnes de ces ONG qui travaillent chez nous peuvent découvrir la vie des gens, leurs vrais problèmes, et aussi leur culture et leurs qualités de même que leurs joies de vivre. Ils peuvent alors faire prendre conscience aux habitants des pays développés, de toutes ces valeurs.

Ils peuvent aussi influencer la politique des pays occidentaux d’où ils viennent. Ainsi en France, le gouvernement cherche à répondre aux demandes d’asile des réfugiés, même si bien sûr il n’acceptera pas toutes les demandes. Par contre, il veut renvoyer les autres migrants dans leur pays. Cela est absolument inadmissible. Et en France, de nombreuses associations s’opposent à cette façon de faire, ce qui est très positif.

Cela nous montre que l’action en faveur des réfugiés et des migrants doit être internationale. Les actions dans les différents pays doivent être organisées et coordonnées pour une action commune, en lien si possible avec les Nations Unies, car nous vivons dans le même monde. Le Pape parle sans arrêt de notre « maison commune », nous sommes une seule famille.

L’Eglise au Sénégal a une organisation qui se consacre essentiellement à l’accueil et au soutien des migrants et des réfugiés, une section de la Caritas qui s’appelle le PARI, Point d’Appui pour les Réfugiés et les Immigrés. Bien sûr cette organisation ne peut pas tout faire. C’est pour cela qu’il est si important que chaque personne essaye de connaître, d’accueillir et d’aider selon ses moyens, les réfugiés et migrants qui sont parmi nous. Cette action doit être aussi communautaire, en particulier au niveau des CEB (communautés chrétiennes de quartier), et des associations comme les Femmes Catholiques ou le CPJ (Coordination Paroissiale des Jeunes). Il y a déjà beaucoup de gens qui font de belles choses dans ce domaine, mais il est important que les chrétiens s’engagent encore plus dans ce domaine. Le Pape a demandé, que chaque paroisse et chaque communauté religieuse accueille une famille de réfugiés en son sein. Nous devons bien reconnaître que cela ne se fait pas chez nous.

On ne doit pas agir tout seul. Jésus a dit : « Vous êtes la lumière du monde (mat 5,14) ; vous êtes la levure dan la pâte ( Mat 13,33)». C’est important de participer aux efforts de l’Etat, en particulier pour donner du travail aux jeunes. En effet ce sont surtout des jeunes qui partent dans les pays du nord. Mais il y a aussi des femmes, et même des enfants.

2. Agir sur les causes

L’une des principales causes, c’est la pauvreté : Ils n’ont pas de quoi vivre dans leur pays, alors ils vont tenter leur chance dans les pays occidentaux. Il ne suffit donc pas de donner des conseils. Il faut agir sur cette cause importante de l’exode des personnes.

On peut noter aussi au niveau des jeunes, un manque de sens civique et d’amour pour notre pays. Il est donc essentiel pour les chrétiens, dans les écoles catholiques et dans les mouvements d’action catholique, de développer ce sens civique et l’amour du pays. Et aussi auprès des associations de jeunes et adultes, auprès des parents et de tous les citoyens.

A ce niveau, on doit donc se poser des questions sérieuses sur les personnes que l’on présente dans notre pays comme des modèles à imiter. La plupart ce ne sont pas des gens qui travaillent au développement du pays. Ce sont les artistes, les chanteurs, les footballeurs et les lutteurs. Tant que ces personnes seront les modèles de la jeunesse, ils ne s’engageront pas dans le travail. Et ils seront des proies faciles aussi bien pour le terrorisme que pour l’émigration.

Il est important aussi de lutter dans le pays contre le tribalisme. Il y a parfois des manques de respect par exemple envers les ethnies du nord ou les ethnies minoritaires, envers les éleveurs de la part des cultivateurs, et des gens des villes envers les gens des villages. Souvent, les africains qui viennent des pays du sud ne sont pas respectés : on les traite de « niack ». Ils sont même insultés avec des termes péjoratifs et humiliants. Les réfugiés, migrants et autres étrangers ont le droit au respect.

Il faudrait aussi mener toute une action auprès des médias qui présentent souvent les pays occidentaux comme des pays où la vie est facile, où tout le monde est heureux, est riche et peut vivre sans aucune difficulté. Il est bien évident que certaines émissions et films (Novelas, etc…) poussent les jeunes à partir.

Le gouvernement veut développer le tourisme, parce que c’est une source de revenus. Mais les touristes amènent non seulement la drogue ou la prostitution, mais aussi des idées qui poussent à l’émigration. Ils se reposent, ils ont des appareils photo et des caméras, ils sont bien habillés, et ils ont de l’argent. Tout cela pousse jeunes et adultes à partir chez eux. Car on ne comprend pas que, s’ils sont venus en vacances pour un mois, ou même seulement quelques jours, ils ont travaillé durement tout au long de l’année pour cela. Et que les conditions de vie sont souvent difficiles en Europe pour les habitants du pays, et encore plus pour les étrangers, surtout les réfugiés, et les émigrés qui arrivent clandestinement.

Les émigrés qui reviennent au pays apportent aussi cette mentalité d’évasion et ces illusions. En effet ce sont seulement les émigrés qui ont trouvé un travail et des conditions de vie acceptables, qui ont les moyens de revenir au pays en apportant, des cadeaux à la famille. Très souvent ils ne disent pas la vérité. Ils ne disent pas combien ils ont souffert. Ni qu’il y a beaucoup d’autres émigrés qui n’ont même pas les moyens de vivre et de manger sur place.

Le Pape François a proposé dans son message du 1° janvier quatre actions : accueillir, protéger, aider et accepter parmi nous (intégrer). Intégrer ce n’est pas assimiler. Les étrangers doivent s’intégrer dans ce sens qu’ils doivent respecter les lois du pays d’accueil, et se conduire comme de bons citoyens, même s’ils sont étrangers. Et se comporter d’une façon humaine, en respectant les droits des autres. En même temps, il s’agit de les intégrer, c’est-à-dire de les accueillir et non pas de les assimiler. Ni de vouloir qu’ils deviennent comme nous. Cela deviendrait un grand appauvrissement pour chacun d’entre nous. C’est dans la mesure où ils restent eux-mêmes, avec leur culture et leurs qualités, qu’ils pourront nous enrichir humainement et spirituellement.. Il y a là une chose importante à réfléchir et à approfondir.

Nous avons dit qu’il faut travailler avec l’Etat et les ONG. En tant que croyants chrétiens, il est tèrs important que nous travaillions avec nos amis musulmans. Le Pape François nous en donne une base dans sa lettre où il les cite trois fois le prophète Moïse qui nous dit : « Tu accueilleras l’étranger parce que tu as été toi-même étranger en Egypte. Tu accueilleras l’étranger, la veuve et l’orphelin ». Les musulmans connaissent comme nous Moïse (Moussa). Dans le Coran, on insiste aussi beaucoup sur les qualités humaines du bon croyant, et sur l’importance de l’accueil de l’étranger. C’est pour cela qu’il est important de lire et de travailler ce message. Pas seulement dans les communautés chrétiennes, mais de le partager avec les organisations étatiques, avec les personnes engagées dans les ONG et les différentes associations, et avec les autres croyants.