Armel Duteil

Formation 2008-10

Commission Justice et Paix : Formation



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Père Armel DUTEIL - Kataco, le 29 Octobre 2007

Commission Justice et Paix

Aux curés doyens et pour toutes les paroisses

Monseigneur Vincent COULIBALY vient de mettre en place une commission « Justice et paix » dans l’Archidiocèse. Cette commission est demandée par les responsables de l’Eglise depuis Vatican 2. Elle est d’une grande importance pour notre Eglise et notre pays, en particulier suite aux événements de Janvier/Février. Elle a été demandée par les Evêques de la CERAO qui préparent une rencontre régionale à ABIDJAN en Janvier 2008, à laquelle nous sommes invités et au cours de laquelle nous devons présenter au moins quelques actions. C’est l’un des résultats intermédiaires (RI) du 4ème objectif stratégique (le service) de notre plan stratégique diocésain. Enfin, c’est le thème du prochain synode pour l’Afrique, pour lequel nous devons envoyer nos réponses aux linéamenta pour Novembre prochain. Ce sont quelques signes parmi beaucoup d’autres, de l’importance de cette commission et de la nécessité de se mettre immédiatement à l’œuvre.

Pour cela, nous proposons de commencer par une première rencontre de réflexion, formation et d’action engagement, c’est possible sur un week end (samedi après-midi + dimanche) se terminant par une eucharistie entre nous, au niveau de chaque doyenné.

Participants :
le responsable « Justice et paix » de chaque CCB + un responsable de chaque mouvement et commission de chaque paroisse. S’il n’y a pas encore de responsable « justice et paix » dans la CCB, on choisira quelqu’un d’intéressé et capable de s’engager dans ce sens. Chaque CCB devant être obligatoirement représentée, de manière à commencer, aussitôt après, la sensibilisation des chrétiens à la base et le lancement d’actions communautaires.

Préparation : On se réunira en CCB au moins une fois à l’avance pour se poser les questions :

  1. Quels sont les situations d’injustices et les manques de paix que nous constatons autour de nous, dans notre vie de chaque jour : nos familles, nos communautés, nos lieux de travail, nos quartiers ou villages ?
  2. Qu’a fait Jésus pour la justice et pour la paix ?
  3. Quelles paroles de Dieu connaissons-nous sur la justice et la paix (la réconciliation) ?
  4. Quelles petites choses pouvons-nous faire par nous-mêmes et avec nos moyens là où nous sommes, personnellement ou en CCB, pour faire grandir la justice dans le pays et pour mettre la paix autour de nous ?

Participation : prévoir une cotisation pour le repas du dimanche midi. Montant à fixer par le doyenné (pour le moment la commission n’a pas de fonds).

Prévoir : Chaises ou bancs, un tableau et de la craie dans une salle suffisamment grande.

Proposition de programme :
15h – prière à partir de la Parole de Dieu.
15h15 : échange libre en commun : que comprenons-nous par « Justice et paix » ?
15h45 : exposé : que dit l’Eglise sur « Justice et paix » ?
16h45 : réactions et questions ; explications.

Dimanche,
8h - prière.
8h15 : rappel du travail d’hier (lecture des comptes rendus des secrétaires)
8h45 : carrefours = à partir de l’enseignement d’hier, quelles petites actions concrètes et réalisables par nous-mêmes, dès maintenant, pouvons-nous lancer ? Donner des exemples précis, en indiquant les moyens que nous allons prendre pour arriver à des résultats.
9h45 : mise en commun. Questions d’éclairage – Réactions sur les réponses.
11h : conclusion des animateurs. Orientations et propositions pour la commission diocésaine.
12h30 : mise en place des commission « justice et paix » paroissiales.
13h : eucharistie – célébration de la session.
14h00 : repas, chants, danses, dispersion.

NB : il faudra prévoir un comité d’organisation de la liturgie, une commission repas (et logement) pour les personnes qui viennent de loin, pour les doyennés en secteur rural.

Date : à choisir en doyenné le plus rapidement possible. Me proposer deux dates possibles.

NB : au lieu d’un week end, on peut travailler sur une journée entière : samedi, dimanche ou même un jour de semaine pour les doyennés en secteur rural.

La présence des Frères et Sœurs est, plus que souhaitée, nécessaire. De même que vos propositions et conseils.

Je reste à votre disposition pour toute explication et amélioration du projet.

Père Armel.




Mettre en place un comité paroissial Justice et Paix(L28)

  1. en parler aux prêtres et au conseil paroissial

  2. faire une première réunion d’information sur ce qu’est justice et paix par les gens qui ont déjà suivi une formation ou à partir des documents reçus : L 20 : Formation à justice et paix de décembre 2.007, L 14 du 19/11/07, L 18 du 14/12/O7 « t L 21 du 11/01/08 : réunions de la commission diocésaine. Vous pouvez aussi inviter la commission diocésaine
    N.B. Plutôt que de faire une réunion spéciale, pour une 1° fois, il vaut mieux profiter d’un moment où les gens sont réunis, par exemple à la sortie de la messe le dimanche, ou au cours d’une ré union ordinaire de la CCB ou du groupe ou mouvement. Informer les gens à l’avance de cette rencontre

  3. Mettre en place un comité provisoire. Composition : un délégué par communauté – CCB et un délégué par groupe actif sur la paroisse : mouvement, association, fraternité. Les délégués sont choisis par le groupe concerné.

  4. 1° formation religieuse : expliquer les n°s 2:la vie du CHRIST et 3: les Paroles de Dieu de la feuille 20 p.3

  5. 1° REUNION: lire et discuter sur les réponses aux carrefours 1) la situation et 4) que faire concrètement ? Feuille L 20 p.2 et 3+4. Ensuite, 2 solutions : - le comité paroissial en son ensemble choisit les actions à mener et les évalue. Voir plus bas : programmes des réunions. Ensuite, chacun fait le compte-rendu des actions menées dans sa CCB ou son groupe

    Mieux : chaque délégué fait un compte-rendu des 2 réunions (4 et 5) et commence les réunions justice et paix (voir ci-dessous) avec son groupe. Et chaque mois, les délégués font le compte-rendu des actions menées et des difficultés rencontrées au comité paroissial, qui donne alors des conseils, pour rendre meilleur le travail. Chaque trimestre le comité paroissial envoie un rapport d’activités à la commission diocésaine

Comment faire les réunions Justice et Paix ?

  1. On commence par faire la liste des injustices et manques de paix dont nous sommes témoins autour de nous.
    1° Réunion : ACTION 1)voir : On choisit un seul exemple parmi toutes les injustices qu’on a trouvées : une chose précise et concrète, qui nous touche directement et sur laquelle nous pouvons agir. On en cherche les causes et les conséquences

  2. Réfléchir à partir de la Parole de Dieu : On se demande 1) que nous dit la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Eglise sur cette question ? 2) si Jésus était là,que ferait-il (à partir de ce que nous savons de sa vie) ?

  3. Agir : qu’allons-nous faire, nous-mêmes, avec les petits moyens que nous avons pour enlever cette injustice et mettre la paix ? Avec quelles autres personnes (chrétiennes ou non) allons-nous agir ?
    2° Réunion : EVALUATION

    1. Qu’avons-nous fait ? Nous l’expliquons le plus complètement possible.

    2. Quels changements cela a amené dans le cœur et dans la vie des gens ? Changements de mentalité (les idées) et changement de vie (les comportements)

    3. En quoi le Royaume de Dieu a grandi par notre action : Le Royaume de Dieu est un Royaume de justice et de paix, de vérité et de respect, d’amour et de pardon : A chaque fois que nous faisons grandir la justice, la paix, l’amour, le pardon, le respect, la vérité et la joie, le Royaume de Dieu grandit.

    4. En quoi notre action a continué le travail de Jésus ?

    5. Comment allons-nous continuer notre action pour la rendre meilleure et en faire profiter davantage de gens ?
      N.B. Si nous n’avons rien fait, pourquoi ? (Action trop difficile, mal préparée, paresse, manque d’entente…). Comment allons-nous commencer ?

3° Réunion : On choisit un autre problème et on suit le programme de la 1° réunion. La réunion suivante, on fait l’évaluation (comme à la 2° réunion), etc.

Nous cherchons des gens intéressés dans les autres groupes et paroisses pour qu’ils commencent aussi leur action pour la justice et la paix




Formation à justice et paix et préparation du 2° synode pour l'Afrique (L20)

PRIERE à partir de la Parole de Dieu (Les béatitudes: Mt 5, 1-12), selon le schéma suivant:

  1. chant

  2. Parole de Dieu

  3. Méditation-Partage de la parole-explication

  4. Intentions de prière

Nous proposons de garder ce schéma pour toutes les réunions


La commission Justice et Paix a été demandée par le concile Vatican 2 pour faire grandir la justice et la paix dans le monde. Il s'agit d'être juste devant Dieu, devant soi-même et devant les autres. Comme Jésus et avec Lui, dans son Esprit. Qu'est-ce qu'un injustice? C'est à chaque fois que nous disons : ce n'est pas juste, ce n'est pas normal. C'est quand des hommes font souffrir leurs frères sans raison valable.(voir Ezéchiel 18, 3-9+45, 9-12)

La paix ce n'est pas seulement l'absence de guerre ou quand il n'y a pas de violence. La paix est dans les coeurs.C'est l'amitié. C'est la réconciliation: « refaire la paix ». Il s'agit de construire la paix à tous les niveaux: personnel, dans la famille, dans la communauté chrétienne, dans le quartier ou le village, dans le pays tout entier. Il s'agit de la paix de Jésus Christ, pas de n'importe quelle paix. Elle demande l'amour, le changement de vie et la justice. Comme disait Jésus: C'est MA Paix que je vous donne, je ne vous la donne pas comme le monde la donne(Jean 14, 27; Isaie 11, 1-9)

Pourquoi cette commission? A cause de tout ce qui ne va pas dans le pays (par exemple les évènements de janvier/février), c'est le 4° objectif du Plan stratégique des fiance diocèses d'Afrique de l'ouest(le service). C'est le thème du prochain synode pour l'Afrique : L'Eglise en Afrique, au service de la réconciliation de la justice et de la paix : vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde.


LE SYNODE(rencontre des évêques).

Introduction

Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint »(Rom 14, 17s). Ce Royaume est pour tous, pas seulement pour les chrétiens. Jésus disait:vous êtes le sel de la terre (pas seulement de la communauté chrétienne). Vous êtes la lumière du monde (pas seulement de l'Eglise). Nous les chrétiens, nous ne sommes pas nombreux en Guinée, mais il suffit d'un peu de sel pour donner du goût à tout le plat. A condition qu'il ait gardé sa force. Le Royaume de Dieu se construit dans les circonstances historiques, sociales, politiques, culturelles et religieuses du pays, par l'Eglise, Famille de Dieu. Avec la force du Christ. Pour dépasser le découragement et la résignation et se libérer de tout ce qui écrase les hommes, grâce à l'amour du Christ. Et c'est en premier le rôle des laïcs.

Plan du document de travail (lineamenta):

  1. la situation de l'Afrique

  2. Le Christ, Parole et Pain de Vie, Réconciliateur, Justice et Paix

  3. L'Eglise, sacrement de réconciliation, de justice et de paix en Afrique

  4. Le témoignage d'une Eglise qui reflète la lumière du Christ sur le monde

  5. les ressources spirituelles pour la promotion de la réconciliation, de la justice et de la paix en Afrique

1° partie : La situation de l'Afrique

« L'Afrique est la grande espérance de l'Eglise »(Benoit 16). Le nombre de chrétiens, de prêtres, de soeurs et de missionnaires augmente. Il y a des communautés vivantes(CCB). Des laïcs s'engagent dans la politique. L'Eglise travaille au développement : écoles, dispensaires, projets, droits de l'homme,... Les gens ont confiance dans l'Eglise.

La paix revient. On lutte contre la corruption.

En négatif, la vie est de plus en plus chère, on manque de moyens pour les écoles et pour soigner les gens(le SIDA...) Les pays ont beaucoup de dettes. La guerre continue, les armes légères circulent partout. Les réfugiés, déplacés et émigrés sont très nombreux. Beaucoup de bébés meurent. Il y a beaucoup de pauvres. Beaucoup n'ont pas d'eau potable(bonne à boire); Les biens et les services les plus nécessaires manquent.

Les priorités:

  1. politiques: créer une conscience nationale (unité de tous les guinéens). La bonne gouvernance. Le respect des valeurs traditionnelles(les qualités que nous ont laissées les anciens), en choisissant les bonnes coutumes et en les adaptant au monde d'aujourd'hui. Prendre le bon qui nous vient de l'extérieur en le faisant nôtre. Former une classe politique capable. Supprimer les inégalités entre les personnes qui amènent la guerre. Respecter les droits de l'homme et la justice. Rejeter la fausse paix imposée par la force. Faire naître une vraie démocratie et la sécurité. Respecter tous les hommes et les femmes.

  2. Beaucoup de gens ne savent pas lire. Les écoles enseignent de plus en plus mal. Les faibles sont menacés. La population augmente plus vite que la richesse du pays. Beaucoup de dirigeants sont malhonnêtes et corrompus, ils s'entendent avec l'étranger pour détourner l'argent. Il y a trop de gaspillage. Beaucoup de gens cherchent à partir à l'étranger. Les salaires sont bas et beaucoup n'ont pas de travail(chômage). La délinquance et la drogue se répandent. On ne produit pas assez pour nourrir les habitants. Beaucoup quittent les villages parce que la vie y est trop difficile. On ne respecte pas la vie humaine et ceux qui tuent ne sont pas punis.

  3. Les produits des paysans ne sont pas payés assez cher. On manque de courage au travail. On regarde les journaux et télévisions étrangers sans réfléchir, et cela amène la violence, les mauvais comportements et l'amour de l'argent. Il y a trop de violences contre les femmes et elles sont traitées en inférieures. L'excision continue. Beaucoup de petites filles ne vont pas à l'école: on les fait travailler sans les payer. Il y a trop de gens qui souffrent:les vieux, les orphelins, les veuves, les malades, les handicapés, les enfants de la rue, les fous.... »Il n'y a pas de progrès économique et technique, sans enracinement culturel. Une citation de Jean Paul 2:chers jeunes, le syn ode vous demande de prendre en charge la culture de votre peuple et de la rendre plus forte, tout en perfectionnant votre esprit scientifique et technique, et surtout en rendant témoignage de votre foi chrétienne. Faute de temps, nous avons dû arrêter là notre étude du document.


CARREFOURS

  1. quelles situations d'injustices et de manque de paix aujourd'hui en Guinée? (au niveau personnel, dans les familles, dans les CCB et mouvements, au travail, dans le quartier ou le village, au niveau du pays)

  2. Qels exemples nous donne la vie du Christ pour faire grandir la justice et la paix.

  3. Que nous dit la Parole de Dieu sur la justice et la paix?

  4. A partir de cela, quelles petites choses pouvons-nous faire par nous-mêmes, avec nos moyens actuels, là où nous sommes?

Quelques réponses des carrefours:

  1. La situation:

    1. au niveau personnel: Manque de conscience et de sérieux dans les activités quotidiennes. Manque d'engagement dans ses responsabilités. Non respect des ses engagements.

    2. dans la famille: Manque de dialogue entre mari et femme – Infidèlités dans le mariage – On ne traite pas de la même façon les filles et les garçons – Mauvais traitement des enfants confiés ou adoptés. On favorise ses propres enfants. Inégalités entre les enfants à cause des divorces, des décès et de la polygamie. La polygamie est une injustice envers la femme, de même que l'excision et d'autres pratiques coutumières, la démission des parents dans l'éducation de leurs enfants: on laisse les enfants sortir, même la nuit, sans savoir où ils vont. On les laisse voir n'importe quoi à la télé, sans en parler avec eux, au lieu de s'en occuper. On ne cherche pas à savoir comment ils travaillent à l'école. On ne demande pas aux filles où elles trouvent l'argent ou les habits qu'elles rapportent. L'irresponsabilité de certains pères de famille qui sont toujours dehors et laissent toute la charge de la famille à la mère. Conclusion: L'éducation en famille est la base de tout, car la famille est la base de la société. La démission des parents entraîne la chute de toute la société

    3. dans les CCB, mouvements et associations chrétiens: Beaucoup de chrétiens ne sont pas engagés et ne cherchent pas à se former. les CCB ne s'occupent pas des problèmes de justice et de paix, favoritisme dans le choix des responsables, les pauvres et les étrangers n'ont pas vraiment leur place dans nos CCB et mouvements. les enfants des nantis sont privilégiés, par exemple pour les Jmj ou autres voyages à l'étranger. Manque de respect des principes et règlements, Mauvaise gestion de l'argent et manque de compte-rendus, Médisances et calomnies, La catéchèse ne forme pas à la justice et à la paix, cela cause un mauvais comportement moral.

    4. au travail: On cherche les pots de vin et autres avantages, mauvaise gestion des retraites, surtout pour les veuves,, on triche et copie à l'école, on donne des notes imméritées, on rançonne les élèves, des enseignants font la cour à leurs élèves filles. Des médecins ne s'occupent pas des malades pauvres, Inégalités de salaire, en particulier pour les femmes;, la corruption pour monter en grade, pour éviter les sanctions, pour réussir à l'école, pour obtenir des marchés, pour se faire soigner, etc... ethnocentrisme pour attribuer les postes, on marginalise les chrétiens et les autres minorités, les lois sociales ne sont pas appliquées pour tous.

    5. dans les quartiers: le tribalisme, l'intolérance religieuse, les inégalités entre les couches sociales(riches et pauvres), Les chefs cherchent leur intérêt personnel, manque de justice dans les jugements, délinquance à tous les niveaux, manque de transparence dans la gestion des fonds.

    6. au niveau du pays: Incompétence de certains députés, Certains dirigeants ne cherchent que le profit pour eux et leur clan. Mauvaise gestion des richesses du pays et détournements, pas de compte-rendus ni de contrôles, manque de respect de la loi et impunité (pas de sanction),élections et nominations truquées, Chômage, la vie est difficile dans les villages, violation des droits de l'homme et de l'enfant, manque de respect de la vie humaine. Manque d'efforts réels pour lutter contre la pauvreté et le chômage des jeunes: on se contente de séminaires et de déclarations sans suivi. les causes de tout cela c'est en particulier la course à l'argent et le non-engagement des chrétiens dans la vie publique.

  2. La vie du Christ: D'abord, Jésus a beaucoup souffert lui-même des injustices, depuis sa naissance à Bethléem, quand Hérode veut le tuer, avec les chefs de son peuple, devant les pharisiens jusqu'au miment de sa mort. Mais jusqu'au bout il a pardonné pour apporter la paix et la réconciliation de Dieu. Ensuite, il défend la pécheresse prostituée(Luc 7, 36) et la femme adultère(Jean 8, 3); Il est l'ami des pauvres, traités injustement: il est adoré par les bergers, il donne à manger à la foule qui a faim, il guéri les lépreux qui étaient rejetés et leur redonne leur place dans la société(Luc 5, 12). Il défend les étrangers et leur donne une place dans le Royaume(Mat 8, 5). Il défend les femmes: la Samaritaine(Jn 4, 1+27), la cananéenne(Mt 16, 21), la femme qui perdait du sang(Luc 8, 43). Il choisit des femmes pour annoncer l'Evangile avec lui et comme témoins de sa Résurrection alors que les femmes n'avaient pas leur place dans la société, chez les juifs. Il défend les droits des enfants(Luc 18, 15) et leur donne la 1° place dans le Royaume. Il convertit les riches pour qu'ils soient justes, comme Zachée(Luc 19, 1), il défend les publicains méprisés par les pharisiens(Luc 18, 9), il pardonne aux pécheurs, mais en même temps il leur demande de changer leur vie, etc. Conclusion: On ne peut pas suivre Jésus si on ne lutte pas contre les injustices. C'est difficile, mais avec Jésus c'est possible, et c'est cela qui nous rend heureux, comme Jésus qui est rempli de joie sous l'action du Saint Esprit: Père, je te dis merci, parce que tu as caché cela aux intelligents et tu l'as fait connaître aux tout-petits(Luc 10, 21)

  3. Les Paroles de Dieu: « les justes brilleront comme le soleil dans le Royuame de leur Père »(Mat 13, 43), le Père a envoyé Jésus pour annoncer la Bonne Nouvelle de la paix(Actes 10, 36) Gloire, honneur et paix à celui tout homme qui fait le bien(Rom 2, 10); le Seigneur porte les yeux sur les justes et ceux qui cherchent la paix, il écoute leurs prières (1°Pierre 3, 12); Celui qui pratique la justice est juste comme Jésus(1°Jean 3, 7); Heureux l'homme qui ne suit pas les conseils des hommes mauvais, car Dieu connaît le chemin des justes (Psaume 1).
    Jésus ressuscité dit aux apôtres: la paix soit avec vous(Jean 2O, 19); le fruit de la justice sera la paix, repos et sécurité à jamais(Isaïe 32, 17); C'est Jésus notre Paix. Il nous a tous réconciliés avec Dieu en un seul corps, par sa Croix(Eph 2, 14-18); Notre Père, pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; Jésus disait: l'Esprit de Dieu repose sur moi. Il m'a consacré pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils vont être délivrés et aux aveugles qu'ils vont voir, renvoyer en liberté ceux qui sont écrasés et annoncer une année de grâce du Seigneur...Aujourd'hui, cette parole se réalise(Luc 4, 18-21); Un fruit de justice est semé dans la paix, pour ceux qui produisent la paix(Jacques 3, 18); Nous attendons..une terre nouvelle, où la justice habitera(2°Pierre 3, 13), Voir aussi les psaumes, par exemple 71, 81, 84, 13, 93, Dt 15, 7-10; Za 8, 16; Is 3, 17 + 11, 1-10 + 2, 1-5; etc.. Toute la Bible nous parle de justice et de paix

  4. Que faire concrètement?

    1. au niveau personnel: La lutte pour la justice commence par nous mêmes: vivre l'Evangile avec rigueur. S'informer, se former et réagir. Connaître ses droits et les défendre. Faire connaître leurs droits aux autres, Entraîner les autres par notre bon comportement. Oser dire la vérité, faire grandir l'amour autour de nous

    2. dans la famille: nous réconcilier,éduquer les enfants à la justice, prier en famille pour la justice et la paix, partager les travaux entre garçons et filles, donner sa place à la femme en tant qu'épouse,égale de l'homme(pas seulement en tant que mère)

    3. dans les CCB et mouvements: accueillir les étrangers, écouter les pauvres avec respect, voir ce qu'on peut faire pour eux: pas seulement de l'argent ou de la nourriture, mais chercher les moyens pour qu'ils gagnent leur vie, visiter toutes les familles sans distinction, dynamiser les mouvements et associations et les former à la justice et à la paix, gestion transparente de l'argent, utiliser les biens de l'Eglise d'une façon claire, Organiser des prières pour la justice et la paix
      N.B. C'est au niveau des CCB et de la paroisse que se fait d'abord le travail de l'Eglise; le rôle des prêtres est fondamental pour former les laïcs, organiser les actions et donner leurs responsabilités aux chrétiens engagés

    4. au travail: Bien faire son travail avec sérieux et honnêteté, conseiller les autres, lutter ensemble contre l'ethnocentrisme, le trafic d'influence et la corruption

    5. dans les quartiers: aller voir les chefs de quartier, organiser les jeunes et réfléchir avec eux pour éviter les solutions de violence, assurer la sécurité et la lutte contre le vol dans les quartiers, organiser des conférences sur justice et paix, les droits de l'homme et de l'enfant, la doctrine sociale de l'Eglise. Travailler avec les organisations non chrétiennes du quartier

    6. au niveau du pays: défendre la place des chrétiens et des autres minorités dans la société, trouver du travail pour les jeunes, faire connaître leurs droits aux populations, demander le respect des droits de l'homme, rendre honnête la justice, la police, l'armée, s'organiser pour avoir une parole commune, utiliser les médias, organiser le secrétariat d'état aux affaires religieuses, redynamiser le conseil chrétien et assurer son indépendance, se former et s'engager dans le domaine politique, soutenir et faire réfléchir les chrétiens engagés dans la politique, soutenir les syndicats et les rendre atten tifs aux plus pauvres et aux situations d'injustice. travailler avec les structures d'état, les ONG et associations non-chrétiennes, réfléchir aux causes de la pauvreté et proposer des solutions, rendre la lutte contre la pauvreté efficace, pour le bien de tous sans distinction.
      Il reste à trouver les moyens concrets pour réaliser tout cela. Ce sera le travail des commissions paroissiales.


MISE EN PLACE DES COMMISSIONS PAROISSIALES:

Ceux qui ont participé à la formation sont les noyaux de ces commissions pour leur démarrage.

  1. faire le compte-rendu de la formation aux prêtres, au conseil paroissial, et à chaque CCB ou groupe dont on fait partie

  2. faire un compte-rendu bref le dimanche aux annonces(avec l'autorisation des curés)

  3. faire un compte-rendu détaillé après la messe ou à un autre moment plus favorable Si possible multiplier le compte-rendu de cette formation(au moins une partie) pour le distribuer à la fin de la rencontre, de même que les autres documents reçus, aux personnes intéressées

  4. Voir avec le curé la mise en place d'une commission paroissiale de justice et paix: Proposition: un délégué par CCB, un représentant de chaque mouvement, association ou autre groupe actif au niveau de la paroisse, autres personnes ressources engagées

  5. Faire une première réunion à partir des questions 1 et 4 des carrefours: la situation et les actions possibles (les questions 2 et 3 seront traitées ensuite au cours d'une formation paroissiale)

  6. Chaque membre de la commission fait un compte-rendu de cette réunion dans sa CCB ou son groupe. Chaque groupe choisit alors une (seule) action à mener sur un problème précis et sur lequel on peut agir.

  7. A la réunion suivante, on voit ce qui a été fait. Si rien n'a été fait, on cherche comment relancer l'action. Ensuite on choisira une 2° action à mener, que l'on évaluera à la réunion suivante

  8. A chaque réunion de la commission paroissiale, on fait l'évaluation de toutes les actions menées, on voit comment partager l'information au niveau de chaque groupe et comment continuer les actions. Et on envoie le compte-rendu à la commission diocésaine (la commission diocésaine est prête à apporter son soutien et ses conseils, à participer aux rencontres de la commission paroissiale et à assurer une formation en paroisse, si on le lui demande) Bon travail à tous




3ème SESSION DE FORMATION JUSTICE ET PAIX

Voici les réponses des carrefours en complément de la feuille L 20 de décembre :

Les situations d’injustice au niveau personnel 

  • manque d’engagement pour la justice, égoïsme dans la vie pratique : "c’est l’autre qui doit changer, pas moi "
  • l’orgueil :on se croit supérieur
  • En famille : les enfants ne jouissent pas de leurs droits
  • la polygamie fait souffrir femmes et enfants
  • beaucoup de jeunes sont laissés à eux-mêmes et se lancent dans le libertinage et la délinquance
  • les enfants du village que l’on fait venir pour travailler pour nous, au lieu de les envoyer à l’école
  • les petites filles qui font le commerce dans la rue et ne sont pas instruites
  • le divorce qui détruit l’éducation,
  • la discrimination(différences) entre les enfants
  • la démission des parents pour éduquer leurs enfants
  • la pauvreté des familles avec toutes ses conséquences
  • l’excision
  • les mariages forcés
  • les inégalités entre filles et garçons.

Les situations d’injustice dans l’Eglise (ccb) :

  • on ne connaît pas la doctrine sociale de l’Eglise.
  • corruption et mauvaise gestion financière dans les paroisses
  • infériorité de la femme dans l’Eglise
  • beaucoup de baptisés mais peu d’évangélisés
  • différences entre riches et pauvres au moment du rosaire, des baptêmes et des mariages
  • manque d’ouverture au non-chrétiens

Les situations d’injustice au travail

  • manque de conscience professionnelle
  • répartition inégales des tâches, des ressources humaines et des richesses du pays.
  • mauvaise gouvernance et corruption
  • gabegie, gaspillage, dépenses inutiles
  • impunité : pas de punitions
  • instabilité politique, économique et sociale
  • on favorise ceux qui parlent notre langue au marché,dans les bureaux, à l’hôpital et dans les formations politiques
  • manque de sérieux,d’assiduité et d’honnêteté : pots de vin
  • mauvais comportement et non respect des lois : Favoritisme, on abuse de son pouvoir
  • chômage généralisé, surtout des jeunes

Les situations d’injustice au niveau du pays 

  • on ne respecte pas la laïcité
  • la justice coûte trop cher
  • pas de séparation des pouvoirs
  • partis politiques basés sur l’ethnie
  • pauvreté et corruption
  • insécurité des quartiers et sur les routes
  • manque de respect des droits humains, des enfants, des femmes, des étrangers
  • on ne respecte pas les différences entre les personnes
  • trop grand pouvoir des militaires

Qquestion : que faire ?

Travailler au développement du pays pour le profit de tous, car la pauvreté est la 1° injustice. Pour que tous puissent vivre dignement, en hommes libres :
  • éducation civique et morale à l’école
  • respecter, éduquer et donner leur place aux femmes (genre) pour la paix, la justice, la bonne gouvernance et le développement
  • connaître personnellement et tous ensemble les injustices de notre’ société guinéenne et lutter contre
  • accepter de changer nos idées et nos façons de vivre
  • chercher les causes des injustices du pays pour agir sur elles.
En famille :
  • apprendre aux parents à bien éduquer les enfants, en respectant chacun
  • laisser la polygamie et mettre l’union entre tous dans la famille
CCB :
  • traiter toutes les personnes et toutes les familles à égalité
Pays :
  • Etre actifs au travail et honnêtes,
  • être sérieux et compétents
  • respecter le bien public et refuser toutes les formes de corruption, refuser les cadeaux pour un travail pour lequel on est payé.
  • ne pas profiter des pauvres et des personnes qui ne connaissent pas leurs droits
  • partager les richesses du pays d’après les besoins des gens et pas d’après leur place dans la société, leur force ou leur richesse. « C’est l’homme guinéen qu’il faut d’abord redresser » Chercher les moyens pour cela. « Une foi sans les œuvres est morte »(St Jacques)
Dans la commission :
Il ne faut pas penser seulement au développement et aux problèmes sociaux. Il faut nous centrer sur la justice et la paix : c’est notre responsabilité et notre originalité
  • Analyser ce qui se passe dans la société et aller jusqu’au cause profondes pour agir efficacement
  • Mais chercher surtout à prévenir (empêcher les injustices et les violences de se développer)
  • Etre attentifs aux souffrances (traumatismes) causés par le camp Boiro, les pendaisons, les attaques rebelles, les morts de janvier 2007,etc…
  • Défendre les gens victimes de ces violences et de ces souffrances

Comment travailler en commission paroissiale,en CCB ou en mouvement association ?

1° réunion :
  1. Quels problèmes,manque de paix ou situations d’injustices voyons-nous autour de nous. Nous choisissons une situation (une seule) sur laquelle nous pôuvons-nous agir
  2. Qu’allons-nous faire face à ce problème ?(des choses précises, que nous pouvons faire tout de suite par nous-mêmes)
2° réunion : Qu’avons-nous fait ? Si nous n’avons rien fait, pourquoi ? Comment allons-nous agir maintenant poiur commencer ou pour continuer l’action

3° réunion : on choisit un autre problème et une autre action à mener, et on continue ainsi.



Justice et Paix Nzerekore (L39, 18 Avril 2008)

Accueil à Loua : La paix n’est pas un vain mot, la justice n’est pas un vœu pieux. Ces 2 valeurs fondamentales sont un engagement et un comportement qui expriment notre disponibilité. Oui ! La paix n’est pas un simple souhait mais une grande responsabilité, qui est la nôtre, pour sortir de nos habitudes, où le faux veut avoir raison du vrai et le mensonge est présenté comme la vérité.

En se dotant d’une structure nationale Justice et Paix, l’Eglise de Guinée se conforme à la mission du Christ qui est descendu du ciel, pour nous les hommes et pour notre salut. Il nous offre dans sa personne et dans sa vie la paix qui vient de Dieu. Nos eucharisties, par lesquelles nous voulons rendre gloire à Dieu, ne sont-elles pas la célébration de la paix que Dieu donne aux hommes qu’il aime ? Jésus Christ est vraiment notre Paix. Nous devons le faire connaître aux hommes. Car devant les difficultés de la vie, ils ont besoin d’une force intérieure pour ne pas se décourager et abandonner.

Dans ces moments difficiles qui marquent la vie de notre pays, justice et paix constitue un message d’espérance, une force pour reconstruire le pays, un souffle de vie pour restaurer les cœurs et nous conduire à un vrai développement. Seuls des hommes nouveaux, qui aiment véritablement Dieu et leurs frères, qui luttent pour la justice et la paix, peuvent créer notre avenir et nous conduire vers des horizons nouveaux. Nous devons nous aider les uns les autres, pour nous libérer mutuellement de nos injustices, pour que la Paix vienne en Guinée.

Seigneur donne-nous de te suivre, pour que ton Règne arrive. Aide-nous, chacun à notre place,à rendre réelles la justice et la paix autour de nous, par nos paroles et nos gestes d’amour. C’est ainsi que nous serons tes disciples : en rapprochant les cœurs, en faisant des hommes des amis, en construisant ensemble un monde de justice, de vérité et de paix. Donne-nous la grâce d’en être convaincus, aujourd’hui et demain !

Réponses des carrefours

Quelles situations d’injustices et de manque de paix autour de nous ?

  • Au niveau personnel : Corruption, favoritisme, mauvaise gestion de notre vie, vivre au dessus de nos moyens, méconnaissance de nos droits, l’indifférence, les contraintes (manque de liberté)
  • Au niveau de la famille : Inégalités entre mari et femme, manque de dialogue entre parents et enfants, mise à l’écart de certains membres, non respect du mariage qui entraîne incompréhensions, disputes, violences et coups, divorce, polygamie avec toutes leurs conséquences
  • Communautés/ccB et paroisses:Non respects des engagements, manque de transparence dans la gestion et détournements, mauvais traitement des aide-catéchistes, injustice dans le choix des responsables, on respecte plus les riches que les pauvres
  • Au travail : Mauvais traitement des travailleurs abus d’autorité, manque de conscience professionnelle, vente des notes et des examens à l’école.
  • Dans le quartier : Choix arbitraire des chefs de quartier, enrichissement anormal des responsables, aucun respect des droits des pauvres, corruption
  • Au niveau du pays :Pillage des richesses du pays ; mines…Retraites non payées, mauvaise gouvernance, non respect des droits et impunité, élections truquées, la force de l’armée qui entraîne la peur.

Conclusions : commencer par agir dans nos communautés. Commencer à agir nous-mêmes

Demander que les prisonniers soient jugés, que le gouvernement et les sociétés minières publient ce qu’elles gagnent et payent, former des observateurs pour les prochaines élections.


Quelles petites choses pouvons-nous faire par nous-mêmes, avec les moyens actuels ?

des exemples, des choses concrètes et précises : - Prendre conscience de soi-même, nous former, sensibiliser à la justice et la paix autour de nous, réfléchir devant les médias (ne pas tout croire, ni laisser nos enfants tout regarder), voir comment garder nos valeurs morales, traditionnelles comme modernes ; regarder l’exemple de Jésus, nous former à l’enseignement de l’Eglise sur la justice et la paix, Bien choisir nos responsables, pas ^par intérêt mais pour le bien de tous ; sérieux dans le travail ; bien gérer l’argent dont nous sommes responsables, à tous les niveaux ; voir les injustices et les manques de paix autour de nous et en parler en réunions de Communautés/CCB ; dénoncer le mauvais traitement des travailleurs, organiser des groupements productifs (AGR) ; lutter contre les arrestations et détentions arbitraires ; faire connaître aux gens leurs droits ; dénoncer les corrupteurs et les corrompus, mettre en place des commissions paroissiales de justice et paix.

Un cas précis : Au mois de mai, on demande aux parents d’élèves entrés cette année an collège, en 7° année, de payer 40.OOO francs par élève pour les tables bancs.

Question : Est-ce au mois de mai, en fin d’année scolaire qu’il faut demander cet argent ?Les années passées on a déjà demandé cette somme, aucune table banc n’a été faite et aucun compte-rendu n’a été fait de l’utilisation de cet argent par le bureau des parents d’élèves .Mais les parents ont peur de réagir, par crainte que leur enfant soit puni et traité injustement.

Décision : les parents vont se consulter et se mettre d’accord tous ensemble pour refuser de payer cette somme tant que le compte-rendu de l’argent versé l’année n’aura pas été fait et que des garanties n’auront pas été données sur la construction de ces tables bancs.




Formation à Justice et Paix, Pèlerinage de Boffa (L37, 2 Mai 2008)

Le père Armel est reparti de la fiche de formation L 20, en expliquant d’abord ce que sont la Justice et la paix pour un chrétien. D’abord, il ne s’agit pas d’abord d’actions à faire : lutter pour la justice, construire la paix. C’est une question de foi. Je crois en un Dieu qui est un Dieu Juste. Je crois en Jésus qui est l’ Homme Juste par excellence. Il est l’Homme de Paix que Dieu nous a envoyé. Alors, si je crois dans un tel Dieu, si je crois vraiment en Jésus, je dois obligatoirement m’engager pour la Justice et la Paix. Mais je dois en même temps voir quelles sont mes motivations (mes raisons d’agir) et les purifier (les rendre meilleures) sans cesse, en les regardant à la lumière de l’Evangile

Il s’agit bien d’être juste comme Dieu « Soyez parfaits, comme votre Père du ciel est parfait » (Mat 5 48) . Et de chercher la justice du Royaume de Dieu ( Mat 6, 33).Il s’agit de chercher la paix de Jésus « Je vous donne MA PAIX. Je ne vous donne pas la paix comme le monde la donne » Jn 14, 27. Il ne s’agitg donc pas seulement de faire des revendications, mais de construire le Royaume de Dieu, « un Royaume de vie et de vérité, un Royaume de grâce et de sainteté, une royaume de justice, d’amour et de paix » (Préface du Christ). Il ne s’agit pas seulement de réclamer nos propres droits et de chercher notre intérêt personnel , mais de construire une terre nouvelle, où la justice habitera, selon la promesse de Dieu(2° Pierre 3, 13). C’est pourquoi, pour savoir ce que nous devons faire, nous ne tenons pas compte seulement de nos propres pensées nous écoutons le Saint Esprit au plus profond de notre cœur, nous pensons à ce que Jésus a fait et nous interrogeons la Parole de Dieu.

Le père a alors expliqué l’importance de la commission justice d’abord pour l’Eglise : Elle a été demandée par le concile Vatican 2, c’est le 4° objectif du Plan Stratégique de tous les diocèses d’Afrique de L’Ouest, c’est le thème du 2° synode pour l’Afrique que nous préparons. Cette commission est très importante, à cause de tout ce que nous vivons dans le pays. Le père a rapidement décrit la situation du pays, les problèmes mais aussi ce qui se fait pour lutter contre la pauvreté avec les mesures d’accompagnement et autres, pour donner du travail aux jeunes, pour la réconciliation à l’occasion du 50° anniversaire de l’indépendance, etc.. Il est nécessaire que nous participions à tous ces efforts et que nous apportions l’espérance du Christ et le courage du Saint Esprit à tout notre peuple (voir la lettre L 20 et les lineamenta (grandes lignes de réfléxion pour la préparation du synode).

Ensuite, il a montré comment le Christ a vécu la Justice et la Paix. Il a expliqué un certain nombre de Paroles de Dieu sur ces 2 sujets (voir la lettre L 20), en insistant sur le fait que la Parole de Dieu n’est pas faite pour être lue seulement dans les églises. Elle est faite pour être racontée par cœur et chantée dans nos maisons et partout où nous retrouvons avec nos frères et nos sœurs sur la route, au marché, au travail et partout. Et d’abord dans nos communautés chrétiennes, CCB. Comme le faisaient Jésus et les premiers chrétiens, avant que les Evangile ne soient écrits. Nous avons maintenant à écrire l’Evangile dans notre propre culture. Puis il a fait le lien avec la marche pèlerinage :

  • Nous venons de marcher à l’exemple du peuple hébreu dans le désert. Ils étaient esclaves en Egypte, soumis aux travaux forcés, on tuait leurs enfants, on méprisait leur peuple. Dieu dit à Moïse :J’ai vu la misère de mon peuple. J’ai entendu les cris qu’ils font monter vers moi…va libérer mon peuple » Dieu leur a fait traverser la mer rouge, ils ont marché dans le désert et Dieu a fait Alliance avec son peuple. Notre marche est une marche d’espérance et de joie. Nous avons marché avec Jésus. Aujourd’hui encore Dieu vient nous libérer et faire une Alliance d’amour avec nous, pour que nous vivions dans la justice et dans la paix.
  • Nous avons marché avec Marie. Marie a marché de Nazareth à Bethleem dans la souffrance mùais aussi dans la joie. Elle a marché ensuite dans la peur pour s’enfuir en Egypte. Jésus est né comme un étranger, loin de son village. Il est né pauvre. Dès sa naissance, on a voulu le tuer. Nous avons marché pour montrer que nous voulons accueillir les étrangers et les pauvres. Nous voulons soutenir tous ceux qui sont persécutés, réfugiés, écrasés
  • Les disciples ont marché pour annoncer la Parole de Dieu dans tous les villages où Jésus devait aller. Ils y ont apporté la paix. Ils ont vécu avec les gens, partageant la nourriture dans l’amitié. Ils ont guéri les malades. Ils ont annoncé le Royaume de Dieu (Luc 1O, 1-9). En marchant à l’exemple des disciples, nous disons à Jésus que c’est cela que nous voulons faire nous aussi, dans chacun de nos villages. Voilà le sens de notre marche. (Voir aussi le livret de la marche que vous pouvez nous demander)

Les participants sont alors partis en carrefours à partir des 4 questions suivantes :

  1. quelles situations d’injustice et de manque de paix existent autour de nous, (à tous les niveaux : personnel, famille, CCB et paroisse, quartier ou village, pays)
  2. qu’est-ce que la vie de Jésus nous montre sur la Justice et la Paix (donner des exemples précis)
  3. quelles Paroles de Dieu connaissons-nous sur la Justice et la Paix (par cœur, pas les références)
  4. que voulons-nous faire pour la Justice et la Paix, personnellement et avec les autres (chrétiens ou non). Donner des actions concrètes, que nous pouvons réaliser par nous–mêmes, avec nos propres moyens.

Réponses des carrefours

Les situations d'injustice et les manques de paix

Au niveau personnel : On aide les gens par affinité. Orgueil qui nous fait écraser les autres pour prendre la 1° place. Egoïsme qui nous empêche d’aider les pauvres et de défendre ceux qui sont traités injustement.. Manque d’amour. Manque d’engagement dans la vie concrète et au niveau politique, économique, social et culturel. Manque de formation qui empêche de s’engager. Le montant des bourses des étudiants dépend du niveau, alors que les frais sont les mêmes pour tous.

Au niveau de la famille : Pas de mariage religieux, pas de prière en famille, pas de dialogue dans la famille (entre mari et femme, avec les enfants, avec les autres parents). Le père est souvent absent et ne prend pas ses responsabilités. Des femmes ne respectent pas leur mari, surtout s’il est pauvre. Manque d’éducation des enfants. Abus d’autorité des pères et grands frères. Polygamie et divorce (injustice entre les femmes et leurs enfants). Différences entre les garçons et les filles, entre ses propres enfants et les autres. Infériorité de la femme. Injustices au moment de la mort pour l’héritage, mauvais traitements des veuves et des orphelins. Sorcellerie et malédictions. Participation obligée aux sacrifices traditionnels. Excision des filles. Mariages précoces et faible scolarisation des filles.

Dans les CCB, communautés chrétiennes et paroisses : Places réservées à l’église. On choisit les familles que l’on va visiter. Les sacrements sont donnés par affinités (relations, situation sociale, argent..). Favoritisme dans le choix des responsables, des parrains et des marraines. Les chrétiens ne prennent pas en charge leur Eglise. Les jeunes n’ont pas leur place dans la communauté. Manque de responsabilité des femmes. Manque d’attention aux personnes démunies : on participe davantage aux prières chez les riches que chez les pauvres. Manque d’engagement. Jalousies, même au niveau du clergé. Manque de transparence dans la gestion des biens. Mauvais partage des dons venus de l’extérieur. Mauvaise gestion de l’OCPH (Caritas). Le gouvernement aide plus pour la construction des mosquées que des églises. Manque de communication et de compte-rendus des formations et des décisions.

Dans les quartiers et villages :On refuse de donner un logements à certains à cause de leur religion ou de leur sexe. Les riches et les cadres sont favorisés. Peur dans les villages à cause de la sorcellerie. Ethnocentrisme : on aime seulement ceux qui parlent notre langue.

Au niveau du pays : les jeunes ne trouvent pas de travail. Dans l’Eglise, on prend des travailleurs musulmans au lieu de prendre des chrétiens. On ne donne pas de travail aux chômeurs. A l’université, on donne des cours le dimanche : Que fait le conseil chrétien et l’archevêque contre cela ? Dans les hôpitaux on soigne les riches et on laisse les pauvres mourir. Corruption et manque de transparence à tous les niveaux. Manque de dialogue entre les religions. Nominations aux postes importants d’après les relations, l’ethnie ou la religion, même si la personne est incompétente. Manque de respect de la laïcité : les rues sont occupées par la prière du vendredi, pas de cimetière chrétien, financement d’écoles islamiques par le gouvernement…. On développe les villages des grands cadres, pas les autres.

Conclusions

  1. Bien sûr il faut être sérieux, se conduire d’une façon bonne, selon la morale en faisant de bonnes choses. Mais cela ne suffit pas, il s’agit de transformer la société. Il ne suffit pas de donner le bon exemple, il faut s’organiser pour faire avancer le pays,en commençant à agir là où on vit et travaille. Par exemple, il ne suffit pas d’avoir fait son mariage religieux , il faut voir ce qui empêche les gens de vivre un mariage heureux dans le pays et de trouver des solutions pour tous.
  2. Pour cet engagement dans la société, tout le monde ne peut pas tout faire. Chacun doit voir ses possibilités, d’après les dons qu’il a reçu de Dieu. Mais tous doivent faire quelque chose. Or beaucoup de chrétiens acceptent de s’engager dans l’Eglise, mais ont peur de s’engager dans la société. Alors que c’est la 1° responsabilité des laïcs. Ou parfois, s’ils le font c’est par intérêt personnel, pour le pouvoir ou pour l’argent. Mais pas pour le Royaume de Dieu
  3. La lutte pour la justice doit commencer par notre propre famille : infériorité de la femme et de la fille, polygamie, divorce, sorcellerie et malédiction, excision, héritage, manque de dialogue. Il est nécessaire d’y réfléchir en communauté et de se soutenir les uns les autres, pour une action commune.
  4. Les moyens de formation existent : documents, réunions,… mais beaucoup refusent d’y participer, peut-être parce qu’il n’y a pas de per diem ! Et qu’après chaque formation, il y ait un compte-rendu de l’enseignement et un compte-rendu financier
  5. la lutte contre la corruption, le manque de transparence, l’incompétence et le favoritisme commence par nous –mêmes. Sommes-nous vraiment décidés à changer ? Et à faire avancer les choses ? Avant de voir les injustices des autres, nous voyons nos propres injustices.
  6. nous demandons sans cesse aux responsables de l’Eglise d’intervenir pour nous. Mais nous-mêmes que faisons-nous ? L’Eglise, c’est qui ? C’est la Famille de Dieu. C’est nous. Par exemple, s’il y a des cours le dimanche, est-ce que ce sont l’archevêque ou le conseil chrétien qui doit intervenir, ou les étudiants eux-mêmes qui doivent s’organiser et aller voir les responsables de l’université ? Nous demandons à l’Eglise de nous donner du travail. Mais l’Eglise n’est pas une ONG. De toutes façons, elle n’en a pas les moyens. Ce sont les chrétiens eux-mêmes, avec les autres habitants du pays qui doivent lutter contre le chômage. En organisant des activités et des groupements de production. Déjà, voulons-nous servir l’Eglise ou nous servir de l’Eglise ? L’OCPH (Caritas) ce n’est pas l’aide pour les chrétiens, c’est l’aide des chrétiens pour les pauvres.
  7. Nous ne cherchons pas d’abord à défendre nos propres droits, mais les droits des pauvres et des petits, de tous ceux qui n’ont pas la droit à la parole, qui sont abaissés et écrasés et qui sont mis de côté à cause de leur langue, leur handicap, leurs manques de moyens ou de formation…Jesus n’a pas défendu son propre intérêt, il a donné sa vie pour ses frères.
  8. Nous avons parlé surtout des salariés de la ville : mais les chômeurs, les petits métiers. Par exemple les petites filles travailleuses dans les familles ou celles qui vendent au marché ou à la gare routière et ne peuvent pas aller à l’école, les apprentis maltraités, mal formés et mal payés, etc..Et le monde rural ? Que faire pour que les paysans puissent vivre heureux au village et que les jeunes n’aient plus besoin de venir en ville ? On a parlé des mesures d’accompagnement insuffisantes pour le transport des salariés. Mais ceux qui n’ont pas de salaire. Ils doivent payer le même prix mais sans aucune mesure d’accompagnement. Et également le sac de riz
  9. C’est très important de voir le positif (ce qui va bien) et pas seulement ce qui ne va pas. Et aussi de voir les progrès faits dans le pays depuis 2 ans. Sinon nous allons nous décourager. Et aussi de voir les gens qui luttent déjà pour la justice et la paix. Pas seulement les personnages célèbres à l’étranger (Nelson Mandela…) mais aussi dans notre pays, même pôur les petites choses. Cela nous montre que c’est possible et cela nous donne des idées pour agir.
  10. Nos rapports avec les musulmans : Nous nous sommes beaucoup plaint : » l »Eglise donne du travail aux musulmans, il y a beaucoup d’élèves musulmans dans les élèves catholiques, le gouvernement aide pour les mosquées, etc… » Mais d’abord, nous ne sommes pas des musulmans, nous sommes des chrétiens. Nous ne devons pâs à agir comme les musulmans, mais comme Jésus nous le demande. Et à entraîner les musulmans dans la même direction. Jésus disait :Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu » (Mat 5, 20). Est-ce que dans cette question, nos pensées ne sont pas encore les pensées des hommes, et non pas les pensées de Dieu ? comme Jésus le disait à ¨Pierre (Mat 16, 23). D’abord, le gouvernement aide aussi les chrétiens, on l’a montré à Boffa. Mais surtout, il faut que l’Eglise garde sa liberté par rapport à l’état, comme disait Jésus : »Rendez à César ce qui est à César »’Mat 22, 17-22). Si les élèves musulmans sont nombreux dans nos écoles, c’est normal : nous sommes une minorité dans le pays, les musulmans sont beaucoup plus nombreux que nous. Et nos écoles sont au service de tous. C’est un très bon moyen pour faire connaître Jésus et son Evangile aux musulmans. Et pour mettre de l’amitié entre les élèves chrétiens et musulmans. Ce qui est très important pour l’avenir du pays. Le vrai problème c’est d’avoir de meilleures relations entre chrétiens et musulmans, pour pouvoir agir ensemble pour la justice et pour la paix.

La vie de Jésus

  • Jésus et la femme adultère (Jean 8, 3-11) : »Moi non plus, je ne te condamne. Va, mais maintenant ne pèche plus »
  • Jésus chez Zachée :Voici que je donne la moitié de ce que j’ai aux pauvres. Et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je le paierai 4 fois. Aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham »
  • Jésus et la samaritaine (Jean 4, 1_42) Jésus accueille les femmes, les gens des autres langues et des autres religions. Il les aide à changer leur vie. Il les envoie annoncer l’Evangile là où ils vivent
  • Jésus accueille les enfants et leur donne la 1° place dans le Royaume (les droits des enfants : Mat 19, 13)
  • Les travailleurs de la dernière heure (Mat 20, 1-16) : Jésus ne se contente pas de respecter les droits des travailleurs, il veut que chacun ait de quoi vivre.
  • Jésus défend la dignité de l’aveugle de naissance (Jean 9) devant les pharisiens qui le méprisent parce que c’est un mendiant, qui l’insultent et le chassent de la synagogue : ni lui, ni ses parents n’ont péché.
  • Jésus aide tous les gens blessés par la vie : les infirmes, les aveugles, les boiteux les handicapés (Jean 5, 3), surtout ceux qui n’ont personne pour les aider comme le paralysé de la piscine de Bezatha. Jésus a été toujours proche des marginalisés, des rejetés et des laissés pour compte.
  • Quand Jésus guérit les lépreux, ce n’est pas seulement une guérison, il leur permet de vivre à nouveau avec les autres et de retrouver leur place dans la société( nous ne devons pas rejeter les tuberculeux ou, les malades du SIDA)
  • Jésus appelle matthieu en disant (Mat 9, 1) je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs.
  • Jésus guérit le jour du sabbat : la lutte pour la justice passe avant la prière et les règlements religieux (Jean 5, 10-16)
  • Le père accueille l’enfant prodigue qui s’est conduit injustement (Luc 15, 12 + 29-32).
  • Dieu accueille le publicain injuste plutôt que le pharisien qui s’élève et ne veut pas changer (Luc 18, 9-14) et il mange avec les publicains (Mat 9, 10-11 Il ne condamne pas les pécheurs mais les amène à changer leur vie, pour laisser l’injustice et vivre dans la paix.
  • le lavement des pieds (Jean 13) : Jésus ne cherche pas à défendre ses droits, il se fait esclave de ses frères :Je vous ai donné l’exemple, pour que vous fassiez comme je vous ai fait »
  • Jésus frappé demande :Si j’ai bien parlé , pourquoi me frappes-tu (Jean 18, 23) et il dit à Pierre qui a coupé l’oreille du serviteur : Remet ton coupe-coupe dans son étui, ceux qui prennent le coupe-coupe mourront par le coupe-coupe.(Mat 26, 52) et il guérit le serviteur.
  • Jésus devant ¨Pilate dit avec courage : Je suis venu rendre témoignage à la vérité (Jean 18, 37) Même au moment de sa mort sur la croix, il pardonne au voleur et il dit à son Père : Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23, 43)
  • Jésus ressuscité dit à ses apôtres : la paix soit avec vous, et il leur donne le Saint Esprit ( Jean 20, 21)
  • Jésus organise ses apôtres et les envoie dans le monde : C’est à nous d’agir maintenant pour continuer son travail de justice et de paix.

Les paroles de Jésus

  • Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (Mat 22, 15-22) : Remplir nos devoirs envers l’état et nous engager en tant que chrétiens.
  • Les béatitudes : Heureux les artisans de paix…heureux ceux qui ont faim et soif de justice.heureux si vous êtes persécutés à cause de la justice..(mat 5)
  • Je ne suis pas venu pour condamner le monde, mais pour le sauver(Jean 3, 17)…ne jugez pas et vous ne serez pas jugés (Mat 7, 1-5).
  • Je ne suis pas venu supprimer la loi, mais la rendre parfaite (Mat 5, 17) -Jésus défend les droits de la femme, par exemple au sujet du divorce : »C’est à cause de votre dureté de cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes, mais au commencement, il n’en était pas ainsi »Mat 19, 8.
  • La lutte pour la justice commence dans notre propre cœur : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » disait déjà Dieu à Moïse. Il faudrait écouter toutes les paroles des prophètes( le loup habitera avec l’agneau. Et aussi les psaumes, par exemple : Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent. La vérité germera sur la terre et du ciel se penchera la justice. Voir la feuille L 30) ;La mission de Jésus ( Luc 4, 18) : L’Esprit du Seigneur..m’a envoyé annoncer la Bonnne Nouvelle de l’Evangile aux pauvres, annoncer aux ^prisonniers qu’ils seront délivrés et aux aveugles qu’ils vont retrouver la vue, rendre la liberté aux écrasés et annoncer une année de bénédiction de la part du Seigneur. Et Jésus nous dira à la fin du monde (Mat 25, 235) : J’avais faim et vous m’avez donné à manger, étranger et vous m’avez accueilli, en prison et vous m’avez visité. Tout ce que vous faites au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
  • La non violence :Si quelqu’un te frappe sur la joue , présente-lui encore l’autre (Mat 5, 39)
  • Je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne (Jean 14, 27)
  • Je ne te dis pas de pardonner 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois » Mat 18, 21. Et le Seigneur dit à Paul qui fait souffrir les chrétiens :Pourquoi me persécutes-tu ?’(Actes 9, 4)
  • Avant de décider une action, il est nécessaire que nous nous remettions face à Jésus et à sa Parole.

Les actions mener

Au niveau personnel
  • Avoir le courage de dire la vérité pour toutes choses, mais en choisissant le moment et la manière de parler
  • Arrêter le mensonge, l’orgueil, les détournements. Accepter les remarques et les reproches et savoir se remettre en cause.
  • Avoir le courage de demander pardon
  • se confesser régulièrement
  • Avoir le sens des autres et l’humilité pour accepter les autres. Dialoguer en parlant avec modération
  • Lire la Parole de Dieu chaque jour et prier sans cesse.
  • partager ce qu’on a découvert dans la Parole de Dieu(les paroles de justice et de paix)
  • organiser sa vie
  • avoir un comportement modèle dans toute sa vie
  • Réconcilier ceux qui ne s’entendent pas.
  • être désintéressés dans tout ce que nous faisons
  • avoir une vision positive des autres : les regarder avec les yeux de Jésus
  • avoir le courage de dire la vérité quoiqu’il en coûte.
  • respecter les lois et les droits des autres toujours et partout
Dans la famille
  • donner à Dieu sa place
  • recevoir le sacrement de mariage (c’est une question de justice pour les conjoints et pour les enfants)
  • éduquer ensemble nos enfants à la justice et à la paix
  • nous réconcilier quand il y a eu un problème
  • surtout cultiver l’amour
Au niveau de la communauté/CCB et de la paroisse
  • créer une commission justice et paix.
  • créer un journal justice et paix
  • que les fraternités des femmes catholiques s’engagent pour la justice, la paix et la réconciliation
  • être honnêtes pour les cotisations, ventes de tenues, etc
  • nous former à la justice et la paix
  • revoir la catéchèse dans ce sens.
  • réconcilier les familles dispersées,
  • encourager le dialogue avec les gens des autres religions
  • payer le denier du culte (et l’impôt !) et prendre en charge la communauté chrétienne
Dans le quartier et au travail :
  • pour les élèves et étudiants éviter de tricher et de corrompre les enseignants pour les notes et pour les examens.
  • dénoncer les injustices, même au risque de perdre notre place
  • devenir leaders parmi où nous sommes : à l’école et à l’université, au marché, au travail, au champ et partout
  • agir positivement pour que la justice règne dans notre pays et pour diminuer les tensions qui existent
  • encourager les groupes de prière dans les services
  • soutenir le MICCG : mouvement des intellectuels et cadres chrétiens de Guinée
  • soutenir les jeunes des quartiers en situation difficile
  • chercher à connaître ce qui se fait pour aider les gens (de toutes les manières)
  • s’engager à la prison, pour les handicapés, les mendiants et les nécessiteux
  • rejoindre les groupes et associations, chrétiennes ou non, qui font quelque chose pour les autres
  • à l’université, créer une association pour soutenir les étudiants sans soutien
Au niveau du pays
  • nous engager en chrétiens dans la politique
  • réagir contre les injustices commises par nos dirigeants, si possible avec d’autres, En particulier dans nos services : les journalistes chrétiens, les avocats chrétiens, les députés chrétiens , les hauts fonctionnaires chrétiens, en mobilisant les autres -que les autres chrétiens les soutiennent et les conseillent, de même que nos respônsables religieux.

Chrétiens de Guinée, levons-nous, osons et agissons même en cas de persécution.

Conclusions

  1. La priorité c’est de mettre en place des commissions paroissiales de justice et paix ( demander les documents nécessaires à la commission diocésaine
  2. Agir d’abord personnellement, l’exemple est plus important que la parole, entrer dans un groupe ou en former un s’il n‘y en a pas, réfléchir ensemble à l’action menée, avec les chrétiens, voir en quoi cette action va avec ce que le Christ a dit et fait (voir nos fiches de formation)
  3. nous former, en particulier à la doctrine sociale de l’Eglise. Il n’y a pas d’action valable sans formation, surtout si nous voulons agir à la suite du Christ.
  4. Agir par nous-mêmes : Jésus dit aux apôtres : « donnez vous-mêmes à manger à cette foule qui a faim » : ne pas attendre les responsables de l’Eglise ou les ONG. Voir les bonnes choses qui se font déjà. Avoir confiance. Jésus nous dit : N’ayez pas peur petit troupeau. C’est à vous que le Père a remis le Royaume.



Notre Pays traverse une crise grave. Il a besoin de l’engagement de tous.

Mais pour cela, il faut d’abord nous former.

L’Eglise a une longue expérience de l’engagement social.

Elle a élaboré une doctrine sociale

qui est une référence pour tous les peuples.

Il est essentiel pour nous, pour ceux avec qui nous vivons, pour le pays tout entier de connaître et de mettre en pratique cette sagesse sagesse.

C’est pourquoi les commissions de « Justice et Paix » et de « Pastorale Sociale »

vous invitent à un cycle de conférences

Formation à l’enseignement social de l’Eglise.

1ère Conférence-débat
les 10 principes fondamentaux de la Doctrine sociale de l’Eglise

Samedi 1er mars 2008 à 15 heures
Collège Ste Marie – Dixinn

Ouvert à tous – Invitez vos amis




Formation sur la société civile avec Me Saran Daraba – 21/02/2009 (L55)

A lire en conseil paroissial. A résumer aux annonces du dimanche, à travailler dans la commission,à multiplier pour les membres et à conserver dans un dossier spécial. Merci

Dans les années 1990 en Afrique de nombreuses actions ont été menées pour la liberté , le respect des droits de l’homme et la démocratie. Mais alors les différents groupes et ethnies n’ont plus été encadrés et cela a conduit à des manifestations de masse et des violences. La libéralisation est arrivée et la mondialisation : en Guinée, on sait maintenant ce qui se passe dans le monde entier, et on suit l’exemple des autres pays. Non seulement l’état a beaucoup de problèmes, mais il devient lui-même source de problèmes ! Les gens cherchent alors à se réunir et à s’organiser entre eux pour pouvoir vivre. Par exemple le secteur informel se défend pour résister à l’ajustement structurel der la Banque Mondiale qui entraîne chômage et pauvreté. C’est tout cela qui a fait naître la société civile, et aussi l’exemple et le travail avec la Sierra Leone.

Les définitions de la société civile sont nombreuses. Voici celle de la Guinée de 1986 :Ensemble des organisations modernes et traditionnelles apolitiques et non gouvernementales, ayant un objectif commun : le développement social, économique, politique et culturel, pour une paix durable et une démocratie effective. La société civile joue un rôle fondamental entre l’état, les partis politiques et les citoyens, conformément aux lois et règlements en vigueur ( N.B.Il s’agit de notes prises pendant la conférence)

Son rôle

L’état ne peut pas être à la fois juge et partie (du côté du pouvoir et du côté de la population). La société civile peut proposer ses solutions. Même à l’ONU, il y a une association des ONG qui peut parler. En tant que citoyen(ne), tous les problèmes de la Guinée me concernent et j’ai le droit de parler et d’agir. Un exemple d’action :l’intégration dans la société des jeunes volontaires qui avaient défendu le pays au moment des attaques rebelles de 2000-1, en leur apprenant un métier.

« Il y a des centaines d’actions de gens anonymes qui sauvent le pays, qui éduquent, encadrent et font avancer notre société…Quand on agit sans but lucratif et qu’on veut travailler pour le bien des autres, on n’a pas peur. » Le pouvoir était récupéré par quelques uns par népotisme et corruption et nous étions tous complices. Mais en 2.OO6 la population a réagi. Il y a eu les manifestations de 2.006 et les morts de janvier 2.007 : malheureusement, la société internationale n’a rien fait. Actuellement nous sommes dans une situation légitime car les militaires protègent les droits des citoyens. Mais les promesses ne suffisent pas. Il faut donc que la société civile reste vigilante et agisse pour reconstruire le pays

La foi en Dieu n’est pas contre l’engagement dans la société civile. Au contraire c’est elle qui nous soutient dans nos engagements. Les années passées, l’Eglise était une des seule voix qui osait parler.

Citations du compendium sur la doctrine sociale de l’Eglise

N° 185 : La société civile, c’est l’ensemble des rapports entre individus et entre sociétés intermédiaires (tous les genres d’associations) qui construisent l’unité de la société. C’est l’ensemble des relations culturelles et associatives, autonomes par rapport au milieu politique et au milieu économique. Elle a ses projets propres pour faciliter une vie sociale plus libre et plus juste, pour que les citoyens s’associent, disent leurs besoins et défendent leurs intérêts.

N°168 :L’état est au service de la société civile, pour qu’elle puisse atteindre le bien commun pour tous, qui comprend les biens matériels, culturels, moraux et spirituels.

N°188 :L’état doit soutenir la société civile. Il peut intervenir pour faire avancer l’économie, pour ramener la paix ou pour mettre l’égalité entre les citoyens. Mais cela doit rester exceptionnel.

N° 417 :La communauté politique est au service de la société civile d’où elle vient

N° 418 : L’état doit fournir un cadre juridique adapté pour que les citoyens puissent agir librement. Il peut intervenir si nécessaire, mais en respectant la société civile, pour conduire vers le bien commun de tous .Car la société civile est parfois divisée et il y a toujours le risque que le plus fort commande le plus faible

N°420 :La société civile est le lieu ou se construit une morale publique, centrée sur la solidarité, la collaboration et le dialogue fraternel. A ce moment là, tous retrouvent confiance dans les possibilités des personnes. Chacun est poussé à agir pour le bien de la communauté en général, en particulier pour les plus faibles et les plus nécessiteux

N°443 :L’Eglise apprécie les regroupements qui se sont faits dans la société civile pour sensibiliser l’opinion publique à la vie nationale et internationale, en faisant spécialement attention aux droits de l’homme.

DEBAT

Les agents de la fonction publique causent souvent beaucoup de troubles par leur mauvaise façon de travailler Ils laissent souvent pourrir la situation. Déjà comment sont-ils élus ou nommés, puis contrôlés et supervisés ? C’est toute la question de la gestion de l’état. Nos responsables ne sont pas responsables. Le scandale de la Guinée est un scandale humain. Mais la société civile n’est pas impuissante. De nombreuses Ong et Associations agissent dans les domaines de la santé, de la formation et de la paix (gestion des conflits) mais on ne fait jamais le bilan des résultats. Le collège Sainte Marie a formé des centaines de cadres compétents. Par exemple, en janvier 2.007 la société civile est intervenu, en particulier Monseigneur Vincent Coulibaly. Les syndicats se sont montrés. Des parents ont conseillé les jeunes

Nos politiques sont presque toujours tournées vers l’étranger. Par exemple, à cause de l’ajustement structurel imposé de l’extérieur, on a cassé les pharmacies d’état et les usines de fabrication de médicaments. Nous perdons n os valeurs culturelles. Nous ne tissons plus de tissus traditionnels à cause des friperies. Il faut réagir contre tout cela. Il faut voir ce qu’il y a de bon dans nos traditions pour voir ce qu’il faut conserver

Nos états sont rigides mais la société civile est flexible. Il faut mettre en place un vrai débat sur les questions de fond. La bauxite fournit 90% de nos revenus. Ce n’est pas normal. S’il y a un problème avec la bauxite, nous n’avons plus rien. Pourtant nous avons des terres et des rivières. Il suffit de se mettre au travail. Et que ce soit le mérite qui soit récompensé et non la paresse. Il faut un débat national. Dès que quelqu’un est ministre, il a le droit de construire une grande maison, et tout le monde trouve cela normal. Pourquoi ?Dieu nous pardonne nos erreurs et nous permet de le prier pour changer notre chemin. : Les syndicats peuvent être écoutés s’ils ne se laissent pas récupérés. Il faut empêcher l’état de devenir u ne machine écrasante. Les femmes peuvent jouer un rôle très important. Mais le succès des femmes de la Mano River, c’est qu’elles se sont appuyé sur les valeurs traditionnelles, aussi bien pour régler les conflits que pour le développement du pays( la gouvernance, la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire). Les alliances entre groupes ethniques sont très importantes, par exemple au festival de la paix ou le réseau national des communicateurs traditionnels : C’est cela qui a sauvé Nzérékoré. Faire participer tout le monde : Personne n’a, à lui tout seul, toute la vérité. Plus nous nous organisons, plus nous réussirons.

La société civile travaille avec les syndicats au sein des forces vives. N’est-ce pas dangereux ? Nous sommes dans une période de transition Nous cherchons à éveiller la conscience des citoyens guinéens. Nous nous approchons des partis politiques parce qu’ils ne forment pas les citoyens. Et pour les empêcher de recommencer comme avant. Et qu’ils aient un programme avec un projet de société. Nous avons des façons de travailler que les partis n’ont pas. Nous pouvons dire des choses qu’ils n’osent pas dire. Quand la société civile est reconnue, elle agit.

Beaucoup de jeunes sont découragés. Leur formation est trop faible, ils ne pensent qu’à quitter le pays, car il n’y a pas de travail pour eux Il n’y a pas de vrai débat au niveau de l’état. On ne fait rien pour l’emploi des jeunes ou pour relever le niveau de l’éducation. Mais on manque aussi de moyens, parce que les gens refusent de payer l’impôt et les taxes : il y a la corruption et tout peut se négocier

  1. C’est d’abord la famille qui doit éduquer les enfants. Et les suivre quand ils sont à l’école. Il n’y a pas assez de jardins d’enfants et ils sont privés et payants. Mais le plus important c’est l’exemple des parents et leur comportement.

  2. les étudiants ne peuvent pas tout avoir : des bourses et des salles de cours, des restaurants et des cités universitaires : il faut choisir.

  3. Certains jeunes formés ont commencé à revenir au pays, mais ce sont des petits riches : un jour les pauvres vont se révolter contre eux.

  4. C’est important de développer les associations et mouvements de jeunes. Les jeunes ne savent plus chanter et s’amuser. Ils vont danser sur les musiques étrangères, boivent de l’alcool et se droguent.

Actuellement, il y a 2 organisations de la société civile. Cela peut être une bonne chose. Mais il faut d’abord voir ce qu’ils vont faire. Nous voulons le changement. Mais le changement, ce n’est pas changer les personnes à la tête de l’état. C’est nous tous qui devons changer. Acceptons les critiques et soyons de bonne foi.

On crée chaque jour des ONG qui n’ont aucun programme, pas d’objectif ni de stratégie. Leur seul but, c’est d’obtenir de l’argent des bailleurs de fonds pour eux mêmes. On dépense des millions dans une fête, mais on refuse de payer 5.OOO francs de cotisations. On attend tout de l’état, mais on refuse de contribuer à ses efforts.

Il faut rester optimiste, sinon on arrête de lutter. Si nous n’agissons pas, qui va le faire ? Il ne faut jamais dire : ce n’est pas possible.

Pour les élections, un référendum cela coûte très cher. Il faut des élecions législatives, pour connaître le poids de chaque parti : ceux qui n’auront pas au moins 1% des voix ne seront plus reconnus. On doit avoir desz candidats indépendants. Mais pour cela, il faut changer complètement le paysage politique actuel. Si l’on refuse la corruption, alors il ne faut pas se laisser acheter

Avant de chercher l’union africaine, commençons par agir concrètement au niveau de l’Afrique, de l’Ouest pour les routes, les vaccinations, les marchés, les formations communes et la monnaie unique. Nzérékoré n’est qu’à 3OO km de Monrovia.

Conclusions

  1. Il faut que tous les laics chrétiens s’engagent dans la société civile, chacun selon ses possibilités. A nous de chercher ensemble les formes de notre participation

  2. Nous avons déjà une commission justice et paix. Cherchons comment elle peut participer activement à la société civile.




Evangélisation et royaume de dieu (L54 - février 09)

Notre évêque a envoyé un message aux jeunes avec un certain nombre de questionnaires. Une rencontre générale est prévue à Pâques. C’est l’occasion cde donner la parole aux jeunes. Il faudra les écouter avec attention, ouverture et respect. Mais à travers les compte-rendus des jeunes, on sent un manque de compréhension du sens réel de mots tels que Evangélisation ou Royaume. Or cette compréhension est nécessaire pour construire un engagement chrétien sur des bases solides. En effet, à travers leurs réponses on voit que les jeunes sont prêts à s’engager dans l’Eglise, mais beaucoup moins dans la société. Et qu’Evangéliser se limite souvent à conseiller les autres, ou bien à vouloir en faire des chrétiens, ce que beaucoup ne peuvent évidemment pas accepter, en particulier les musulmans

Qu'est-ce que le royaume de dieu? ? Il suffit de voir la vie de Jésus et les paroles de l’Evangile. C’est Jésus qui est venu apporter le Royaume de Dieu sur la terre. A chaque fois que nous vivons comme Jésus, le Royaume est là. Et tout homme peut chercher à vivre comme Jésus. Pas seulement les chrétiens.

Vivre dans le Royaume, c’est se faire petits devant Dieu et devant nos frères. Comme disait Jésus : si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu. (Mat 18, 1-4 ; Mat 19, 14). Le Royaume de Dieu, c’est comme un roi qui pardonne à son serviteur (Mat 18, 23-35). C’est quand on guérit les malades de toutes sortes comme Jésus (Mat 4, 23). Le Royaume de Dieu c’est la justice. Jésus disait :Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice (Mt 6, 33). Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, le Royaume des cieux est à eux(Mat 5, 10). Car les justes brilleront dans le Royaume de leur Père (Mat 13, 43)Le Royaume de Dieu c’est quand nous changeons notre cœur. C’est à chaque fois que nous naissons à une vie nouvelle (Jean 3, 38) et que nous faisons la volonté de Dieu (Mat 7, 21-1° Cor 4, 20). Le Royaume de Dieu c’est quand nous donnons ce que nous avons aux pauvres (Mat 19, 21+23) et surtout quand nous avons un cœur de pauvre (Mat 5, 3-Jacques 2, 5). Jésus disait : Celui qui met en pratique mes commandements, il est grand dans le Royaume de Dieu (Mat 5, 19). Le Royaume ce n’est pas le ciel après la mort

Jésus disait : Le Royaume de Dieu est arrivé parmi vous(Mat 12, 8). Et il nous dit de prier : Père, que ton règne vienne…sur la terre comme au ciel(Mat 6, 10). Le Royaume ou le Règne, c’est la même chose. Et il est ouvert- à tous les hommes, comme disait encore Jésus : Beaucoup viendront de l’est et de l’ouest et prendront place à table au repas du Royaume (Mat 8, 11). Paul disait : Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie(Rom 14, 17). C’est le travail du Saint Esprit dans le cœur de tous les hommes. Le fruit de l’Esprit c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté…(Gal 5, 22). Jésus nous dira à la fin du monde (Mat 25, 34-40) :Venez les bénis de mon Père. Recevez le Royaume qu’il vous a préparé depuis le début du monde. Parce que j’avais faim, et vous m’avez donné à manger…j’étais étranger et vous m’avez accueilli…malade ou en prison et vous m’avez visité…La préface de la fête du Christ Roi nous explique aussi ce qu’est le Royaume : un règne de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, de justice, d’amour et de paix.

Nous sommes heureux d’être chrétiens. Quand nous sommes unis les uns les autres dans une vraie communion, nous sommes l’Eglise. Et c’est très bon. Mais le concile du Vatican 2 nous rappelle que l’Eglise ne doit pas travailler pour elle-même. L’Eglise est au service du Royaume. Notre responsabilité de chrétiens c’est de construire le Royaume der Dieu sur la terre. A chaque fois que nous faisons grandir la justice et la paix, que nous apportons le pardon et l’amour, que nous vivons et faisons vivre nos frères et nos sœurs dans la vérité et la joie, à chaque fois le Royaume de Dieu est là. Mais seulement quand nous prions, mais dans toute notre vie. Pas seulement dans la communauté chrétienne, mais dans toute la société. Car le Royaume de Dieu est ouvert à tous. Il n’est pas seulement pour les chrétiens, il est pour tous les hommes. C’est tous les hommes que nous devons aider et aimer, c’est à tous que nous devons apporter la justice et la paix, le pardon et la vérité. C’est tous ensemble que nous devons vivre ces valeurs du Royaume : Elles ne sont pas réservées aux chrétiens : nous aidons tous les hommes à en vivre. Partout où nous allons : dans nos familles, nos lieux de travail, nos quartiers et nos loisirs

Evangéliser, qu'est-ce que c'est ? Beaucoup pensent qu’évangéliser, c’est baptiser. Mais l’Evangile est pour tous, pas seulement pour les chrétiens. Jésus a sauvé tous les hommes. Il est mort et ressuscité pour tous. Jésus disait : Vous êtes la lumière du monde (pas seulement de la communauté chrétienne)Vous étes le sel de la terre (Mat 5, 13-14) pas seulement de l’Eglise. Nous sommes le levain dans la pâte. C’est à nous de faire monter toute la pâte humaine. Quand j’aide mon frère ou ma sœur à vivre comme Jésus et à mettre en pratique l’enseignement de l’Evangile, il est évangélisé. Même s’il n’est pas baptisé. Même s’il garde sa religion et ne vient jamais dans nos églises. C’est dans ce sens que l’on peut évangéliser les musulmans. C’est à dire vivre dans l’esprit de l’Evangile, avoir les qualités de Jésus. Comme disait Jésus à propos de l’officier romain qui était un paien (Mat 8, 10), en vérité, je n ‘ai pas trouvé une telle foi en Israel. Et c’est le lépreux samaritain, un paien, qui vient dire merci à Jésus, pas les autres (Luc 17, 11-19). C’est pour cela que Jésus a accueilli tout le monde, il a guéri les paiens comme la cananéenne (Mat 15, 21) aussi bien que les juifs et qu’il a été annoncer l’Evangile dans les terres paiennes comme la Syrie et la Décapole (Mat 4, 25-26) A nous de mettre tout cela en pratique, en vivant toute notre vie avec le Christ !




Formation à Justice et Paix (L51 – janvier 2009)

A lire en conseil paroissial, à signaler(résumer) aux annonces, à travailler en commission paroissiale de justice et paix. A multiplier pour tous les membres et à conserver dans un dossier pour études et applications futures. Merci !

Prière : selon le schéma habituel : Chant, Parole de Dieu, Partage et méditation, Prière d’intention.

Lecture : Mat 5, 2-12 : les béatitudes. Nous avons retenu 4 idées principales

  1. Dieu veut que nous soyons heureux et que’ nous apportions le bonheur à nos frères

  2. Dieu nous demande de changer complètement nos idées, notre mentalité et notre cœur (conversion). Ce que Jésus dit c’est le contraire de ce que les hommes disent autour de nous

  3. C’est à nous d’agir : mettre la paix, consoler ceux qui pleurent : Dieu ne fera pas le travail à notre place.

  4. Aujourd’hui, le Royaume de Dieu est arrivé sur la terre. Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? c’est quand Jésus est là parce que nous faisons sa volonté, c’est le fruit de l’Esprit Saint (Gal 5, 22-26), c’est un Royaume de justice et de paix, d’amour et de vérité, de pardon et de joie : un Royaume ouvert à tous les hommes.

1° Qu’est-ce que la justice ? Qu’est-ce que la paix ? (au niveau humain. -Au niveau chrétien) Chacun a donné ses idées

  • La justice : c’est ce qui est bon pour l’homme, pour tous. C’est être droit, être clair. C’est donner à chacun ce à quoi il a droit. C’est l’égalité, le partage équitable, la dignité, la vérité, l’impartialité, les droits de l’homme, etc… Au contraire, l’injustice, c’est ce qui n’est pas normal et ce qui fait souffrir les hommes. Sans justice, il n’y a pas de paix. C’est la justice qui peut nous donner le vrai bonheur.

  • La paix : C’est la joie ; la conscience tranquille, la liberté, la quiétude dans le cœur, les bonnes relations, la communion avec tous les autres, l’indépendance…Elle vient du cœur de l’homme. La réconciliation, c’est remettre la paix entre les hommes

  • Pour nous chrétiens :Il s’agit de vivre comme Jésus et avec Lui..Et agir dans son Amour. Pas seulement réclamer nos droits à nous, en oubliant les autres, comme le font certains syndicats ou partis politiques. L’homme juste, c’est Jésus. Il s’agit d’être juste devant Dieu. Car le justice de Dieu n’est pas la justice des hommes. La justice et la paix, ce sont les béatitudes, qui vont jusqu’à l’amour des ennemis (Mt 5, 44) et la non violence (Mat 5, 38). Car Dieu est avec ceux qui pleurent et sont traités injustement. Et le plus petit des hommes est enfant de Dieu.

Jésus disait :je vous donne MA paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne »(Jean 14, 27). Il aime tous les hommes et les accepte tous tels qu’ils sont, sans aucune distinction : justice pour tous. Il sauve l’homme tout entier : son corps, son esprit, son cœur, son âme. Il nous montre la tendresse et la bonté de Dieu : voir son attitude avec la femme adultère, les enfants, les lépreux…Il est juste, parce qu’il est libre et ne cherche pas à plaire. Il défend les pauvres et les petits ‘et se fait leur ami. Mais si nous faisons cela, beaucoup de gens seront contre nous et nous ferons souffrir (voir Mat 5, 11)

Qu’est-ce qu’une commission ? C’est un groupe de réflexion et d’action. La commission justice et paix observe ce qui se passe dans la société pour lutter contre les injustices et trouver une solution aux conflits. On cherche à éduquer à la justice et à la paix au niveau personnel et communautaire (familles, groupes et mouvements, le pays tout entier). Lutter contre l’impunité et faire appliquer loi pour tous à égalité. Nous avons étudié et discuté en détail le dépliant de présentation de la commission. Vous pouvez nous le demander)

Cette commission a été demandée par le concile Vatican 2. C’est le thème du prochain synode pour l’Afrique. C’est le 4° objectif du plan d’action stratégique) de tous les diocèses d’Afrique de l’Ouest. Elle est spécialement importante dans ce que nous vivons actuellement dans le pays . L’Eglise c’est nous. Nous devons travailler avec le CENI (élections) et le CNDD ( Comité National pour la Démocratie et le Développement) qui dirige actuellement le pays. Voir L 40 :présentation de la commission et L 41 bis : compte-rendu…

Comment mettre en place une commission paroissiale et comment faire les réunions ? Voir les feuilles L 28 + L 52

Quelques actions menées par la commission diocésaine : Travail dans les prisons, avec les enfants de la rue, protection des personnes menacées, actions de vacances pour enfants nécessiteux, dans les hôpitaux, réconciliation dans les familles, lutte contre la corruption, lutte contre le trafic des personnes, relations avec les pouvoirs publics, soutien des migrants et expulsés, groupe de réflexion des juristes, formations….Nous travaillons aussi avec les organisation non chrétiennes et à partir des droits de l’homme. Nous préparons les élections et cherchons à organiser la société civile à la base.

N.B. au niveau personnel : chacun fait ce qu’il peut d’après ses possibilités mais en lien avec les autres :commission paroissiale. Faire appel à des spécialistes quand c’est nécessaire (juristes, médecins, psychologues…). La justice et la paix progressent dans les petites choses de la vie.

A la pose, lecture des documents L 46 : rôle et responsabilité des laïcs, L 44 :8° réunion justice et paix et L 49 :préparation des élections. Reprise : Prière à partir de 1° Jean 2, 29-3, 5. Idées principales : Dieu est juste. Nous ne cherchons pas la justice par intérêt mais à cause de Dieu. Tout homme est enfant de Dieu. C’est sa dignité, il mérite le respect. Nous agissons d ans l’amour et la non-violence. Nous nous rendons purs avec la grâce de Dieu et nous agissons dans l’espérance, car nous attendons le monde Qui vient « où le justice règnera » (2° Pi 3, 13) Jésus est venu enlever le péché : toute injustice et toute haine

Quelles sont les injustices et manques de paix autour de nous ?Voir les feuilles L 20 p.2-3, L 37, 1-3 s, L 41

Quelles Paroles de Dieu connaissons-nous sur la justice et la paix ?

Qu’est-ce que Jésus a fait pour la justice et pour la paix ?

Quelles actions mener ? voir les mêmes documents.

N.B. Jésus lui-même a été victime de l’injustice tout au long de sa vie :il est né pauvre et hors de chez lui, poursuivi par Hérode et réfugié en Egypte, calomnié et attaqué par les pharisiens dans sa vie publique, condamné et tué injustement -

Comment agir ? Voir la feuille L 44 p.2 bas. Nous avons insisté sur la nécessité d’agir avec tous et en lien avec les autorités locales, dans l’unité et l’entente, avec des méthodes non-violentes, avec persévérance et sans se laisser corrompre. Et aussi de bien préparer et réfléchir nos actions, comme disait Jésus :Mat 10, 16 : Je vous envoie comme des moutons au milieu des loups (des lions). Soyez rusés (malins) comme les serpents et simples comme les colombes. Nous cherchons à consoler, encourager et guérir les blessures du cœur( les traumatismes). Comment réconcilier les gens ? Voir Mat 18, 15-19. Nous visitons les gens pour bien connaître leurs problèmes. Pour tout cela, il faut bien nous former Ne pas attendre que les problèmes éclatent : il vaut mieux prévenir que guérir. Mettre en place un dialogue social et jouer le rôle de médiateurs.

Travailler avec les musulmans, mais sans toujours mettre en avant notre religion. Ce qui est important ce ne sont pas les signes chrétiens mais d ’aider tout le monde à vivre et à agir selon les valeurs de l’Evangile. Et à ce moment là, ils sont déjà dans le Royaume de Dieu, même s’ils ne viennent pas prier avec nous. Ce qui est important c’est notre but commun : la justice et la paix pour tous. Notre base d’actions se sont les différents droits de l’homme, des enfants, des travailleurs…signés par notre pays et qu’il faut donc respecter. Les apôtres voulaient empêcher quelqu’un de chasser les esprits mauvais « parce qu’il n’était pas de leur groupe » Jésus leur dit : Ne l’empêchez pas. Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. ». Marc 9, 38 ; Luc 9, 49. Ne » pas mettre en avant non plus notre ethnie : réagir avec tact mais sans se laisser faire. Faire appel à la conscience des gens.

Actions décidées à Koundara et Ourous : Lutter contre la consommation de drogue, les grossesses indésirées, les déplacements massifs des parents vers le Sénégal pour avoir un travail en abandonnant les enfants au village, la consommation trop grande et la fabrication d’alcool (TTM). Régler les conflits entre éleveurs et cultivateurs, les problèmes de terrains et d’héritage, soutenir la scolarisation des enfants spécialement des filles, veiller à avoir les mêmes prix justes pour tous au marché, lutter contre la vente de médicaments périmés ou fausses copies.

Veillée : Réflexion sur la situation actuelle du pays après le coup d’état. Que faut-il en penser ? Que faire pour reconstruire le pays, pour soutenir ce qui se fait de bien, et orienter les actions dans le bon sens ? Notre place de chrétiens dans tout cela ? Voir la feuille L 49

Divers : Formation d’animateurs de prison : Elle aura lieu à Lambanyi du vendredi 13 février, 18 h, au dimanche 15 à 16 h. 3 personnes par préfecture.

Comment organiser la commission de pastorale sociale ? Voir les compte-rendus et documents de cette commission. Se mettre à l’action nous-mêmes sans toujours attendre l’aide extérieure

Préparation des élections : formation d’observateurs indépendants, de formateurs pour la résolution des conflits et la mise en place de cellules de la société civile dans chaque CRD

Nous avons insisté sur l’importance de cette commission et la nécessité de se mettre à l’action le plus vite possible, sans attendre que tout le monde soit mobilisé. Envoyer des compte-rendus d’action réguliers à la commission diocésaine. La nécessité que les chrétiens s’engagent dans la société et pas seulement dans l’Eglise ( voir L 38, L46 et L 47), spécialement dans la situation actuelle du pays. Ne pas avoir peur de rencontrer les autorités. Agir avec tous et pour le bien de tous.

Bon courage à tous !




Comment mettre en place une commission paroissiale de Justice et Paix (L52)

  1. Prévenir le curé et le conseil paroissial à l’avance, pour que la rencontre soit annoncé la semaine précédente à la messe. Demander à chaque CCB et groupe /association de choisir un délégué pour cette rencontre (chorale, scouts, femmes catholiques...)

  2. Le dimanche choisi :a) Au moment des annonces, présenter la commission justice et paix en cinq (5) minutes (à partir du document) pour que tout le monde soit informé. Annoncer la rencontre après la messe.

  3. Après la messe, réunion des délégués de chaque groupe, avec les volontaires. En effet, la commission paroissiale de justice et paix se compose d’un délégué de chacun de ces groupes pour que la communication puisse passer directement à la base et que chaque groupe participe immédiatement à l’action.

Préparation de cette 1ère réunion :

  • Réponse aux questions et explications

  • Comment lancer la commission paroissiale : on écrit le nom des délégués. Chaque délégué va demander à son groupe de faire une enquête pour répondre à la question : quels manques de justice et de paix voyons-nous autour de nous ? on choisit la date de la prochaine rencontre : dans trois (3) semaines.

2ème Réunion :

  1. chaque délégué lit les réponses de son groupe à la question. On fait la liste des problèmes. On choisi un problème important et urgent mais sur lequel on peut vraiment agir avec les autres (pas tout seuls). Par exemple l’insécurité dans les quartiers les jeunes qui se droguent, manque d’entente entre mari et femme, etc.

  2. Chaque délégué fait le compte-rendu à son groupe tout le monde agit sur le thème choisi.

  3. Au bout d’une nouvelle réunion de la commission : chaque délégué dit ce que son groupe a fait pendant tout le mois : on voit comment continuer cette action et on choisit une nouvelle action pour le mois qui vient, à partir de la liste des problèmes. Et ainsi de suite.




Formation Justice et Paix à Kissidougou 28-30 Mai 09 (L59)

A présenter au curé et au conseil paroissial. A travailler en commission paroissiale justice et paix

Nous avons fait la formation à partir des feuilles L 20, L37 et L 51. Nous avons réfléchi plus spécialement aux relations entre nos cultures traditionnelles et justice et paix. Nous sommes des africains. Il y a beaucoup de bonnes choses dans nos coutumes, en particulier pour défendre les droits des gens, pour accueillir les étrangers, pour éduquer aux 10 commandements, pour régler les palabres et remettre la paix entre nous, pour vivre ensemble dans nos villages et nos familles. Tout cela est très bon et il faut le garder, en cherchant comment le vivre dans la société moderne.

Mais il y a aussi des choses injustes dans nos traditions. Nous entendons parler à la radio des albinos que l’on tue, des enfants que l’on traite de sorciers. En Guinée, quelles coutumes font souffrir les gens ? (Monseigneur en a parlé dans son message aux jeunes et on en a discuté dans les 2 forums)

  • La sorcellerie : Des femmes d’un village sont entrées en transe et ont accusé une mère d’avoir tué son fils étudiant. Et la mère elle-même a reconnu qu’elle était coupable
    Des scouts se relaient pour garder la tombe d’un de leur ami : Des gens voulaient enlever son corps du cimetière parce que c’était un sorcier.
    Des paysans ne peuvent plus avoir de terres à cultiver parce qu’on les accusent d’être sorciers et de tuer les récoltes….

  • Les charlatans et le maraboutage pour se protéger ou avoir la chance, la santé, les examens, une bonne place, l’amour, l’argent…mais aussi pour faire souffrir les gens : la malédiction, les mauvais sorts, les accusations.

  • L’initiation : il y a de moins en moins d’éducation, mais les coups continuent . Pendant ce temps là, on ne travaille pas et à la sortie on fait de trop grandes dépenses

  • L’héritage, le remariage forcé des veuves, les souffrances des orphelins

  • L’excision, les mariages précoces ou forcés des jeunes filles. Le prix trop élevé de la dot.

  • Les interdits trop sévères, les lieux sacrés interdits, les interdits alimentaires aux conséquences mauvaises sur la santé, surtout pour les bébés, les sacrifices traditionnels

  • L’éducation basée sur la peur. La peur des génies, des esprits et même des ancêtres (revenants…)

  • La place inférieure donnée aux femmes et aux enfants

  • Le mélange des religions et des croyances (syncrétisme) par manque de vraie foi

Qu'à fait Jésus face à tout cela?

( Nous avons surtout parlé du maraboutage et de la sorcellerie, car nous avions déjà parlé de la place de la femme, de l’excision, des héritages, des terrains….)

D’abord Jésus lui-même a été accusé d’être sorcier « c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons…il est possédé d’un esprit impur » (Marc 3, 22). Jésus a supporté ces accusations avec calme et courage

Jésus chasse Satan qui vient le tenter au désert et veut l’empêcher de suivre le chemin de Dieu (Mat 4, 11). Et il explique  »Maintenant, Satan le chef de ce monde va être jeté dehors » Jean 12, 31

Pendant toute sa vie « Jésus chasse les mauvais esprits et guérit les malades » Mat 8, 16. Et il explique »Si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, c’est le signe que le Royaume de Dieu est arrivé parmi vous ». Jésus peut nous libérer. Nous n’avons pas besoin de marabouts pour cela. C’est notre foi en Jésus qui peut nous sauver, comme il le dit à la femme qui perdait du sang depuis 12 ans »Aie confiance ma fille, ta foi t’a sauvée » (Mat 9, 22). Comme le père de l’enfant possédé par un démon et qui avait l’épilepsie, nous aussi nous disons à Jésus »Je crois, mais viens en aide à mon peu de foi »(Marc 9, 24)

Au moment de sa mort, Jésus est trahi par Judas, renié par Pïerre, maudit par les chefs et les prêtres de son peuple, condamné par Pilate. Mais il garde la paix dans son cœur. Il n’accuse personne. Il ne veut pas se venger. Au contraire, il dit »Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » Il vit ses souffrances et sa mort dans la foi, en disant »Père, je remets mon esprit entre tes mains »

Jésus donne aux apôtres le pouvoir de guérir eux aussi les malades (sans faire de magie ou de sacrifices) et aussi de chasser les esprits mauvais. Les apôtres ont guéri beaucoup de malades. Pierre et Jean : le boiteux du Temple (Actes 3, 1). Philippe, le paralysé de Samarie (Actes 8, 7), Paul : le paralysé de Lydda (actes 9, 32) et celui d’Icconium (actes 14, 8) et le père de Publius qui avait la fièvre et la dysenterie (actes 28, 8)

Les apôtres ont aussi lutté contre la magie :Elimas le magicien (actes 13, 8) qui devient aveugle « et tous ceux qui vivaient de la magie apportent leurs livres et les brûlent devant tous »(Actes 19, 19). Ils arrêtent les devins (actes 16 , 18). Mais Paul nous prévient »des temps viendront où certains laisseront la foi en Dieu pour suivre des esprits trompeurs et des idées qui viennent de Satan »(1° Tim 4, 1)

Dieu nous a donné des anges gardiens pour nous protéger de tout mal, comme l’ange Raphael a protégé Tobie et guéri son père (8, 3). Et comme Michel et ses bons anges ont chassé Satan et tous ses démons( Apoc 12, 7)

Que faire ? D’où vient le mal dans le monde ?

Dès le début, la Bible nous dit qu’il vient de Satan qui a tenté Adam et Eve. Comme le dit aussi le livre de Job (2, 7). Et encore Jésus en parlant de la femme courbée :Satan l’a attachée depuis 18 ans, et il la délivre (Luc 13, 16). Le mal vient du péché : C’est parce qu’ils ont péché que Adam et Eve souffrent et doivent mourir (Gen 3, 16-19). En cas de malheur, nous ne cherchons pas les sorciers, ni des protections, nous luttons contre Satan et nous laissons le péché. Nous faisons ce que Dieu nous demande, comme l’explique Moïse à Pharaon  »Laisse partir les enfants d’Israel. Si tu refuses de faire ce que Dieu te commande, ton peuple va souffrir (les maladies, la sécheresse, la mort des enfants…) Exode 9, 1-12. Comme le dit le psaume : »Si nous sommes misérables, c’est à cause de notre péché »(pas à cause des sorciers !) Ps 107, 17.

Quand il y a un malheur, nous cherchons qui a envoyé ce malheur. Jésus ne dit pas si la sorcellerie et le maraboutage sont vrai ou faux. Et il refuse de chercher les coupables des malheurs qui arrivent. Quand les apôtres voient un aveugle, ils demandent à Jésus »Qui a péché, lui ou ses parents ? Jésus répond »ni lui ni ses parents n’ont péché, mais c’est pour faire connaître les actions de Dieu(par Jésus) Jean 9, 23. Et quand 18 ouvriers sont tués en construisant une tour qui s’écroule sur eux, Jésus dit : »Pensez-vous qu’ils étaient plus mauvais que les autres habitants de Jérusalem. Non ! Mais je vous le dis, si vous ne changez pas de vie, vous mourrez tous de la même façon. »(Luc 13, 4). Nous ne devons pas chercher les sorciers, mais changer notre vie, faire les actions de Dieu, comme Jésus. Et si nous sommes délivrés, offrir une messe d’action de grâces. Quand Jésus guérit les lépreux, il leur dit »Allez vous montrer aux prêtres et offrez le sacrifice que Moîse a commandé »

Avoir la foi : croire que Jésus peut nous sauver, aujourd’hui comme autrefois. Il nous dit à nous aussi :ta foi t’a sauvé. Jésus peut nous protéger, comme il l’a dit lui-même »Voici les signes de ceux qui croient : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais, ils tiendront des serpents. S’ils boivent des poisons mortels, ils ne leur feront pas de mal. Ils imposeront les mains aux infirmes et ils seront guéris (Marc 16, 17). Paul aussi nous demande de porter nos souffrances dans la foi : »Nous portons dans notre corps, toujours et partout, les souffrances de mort de Jésus , pour que la vie de Jésus grandisse elle aussi dans notre corps »(2° Cor 4, 10) Voir aussi Phil 1, 20 ; Col 1, 24.

Prier dans la maladie, le malheur et la mort, comme Dieu lui-même le dit : »Je suis Dieu, celui qui te guérit. J’écarterai de toi toutes les souffrances que j’ai envoyées à l‘Egypte » (Exode 15, 26). Comme on prie dans le psaume 6 »Mon Dieu, aie pitié de moi, car je suis à bout de forces. Guéris-moi. Délivre mon âme. Sauve-moi à cause de ton amour » Jacques disait (5, 13) »Si quelqu’un souffre, qu’il prie. Si quelqu’un est malade, qu’il appelle les responsables de l’Eglise. Ceux-ci prieront sur lui et lui donneront la bénédiction avec l’huile an nom du Seigneur (le sacrement des malades). La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés «. Pour nous chrétiens, il n’est pas question d’aller voir un charlatan ou un marabout. Si quelqu’un est malade, c’est la communauté chrétienne qui va prier pour lui, le conseille et l’encourage.

Ne pas avoir peur. C’est notre peur qui donne de la force à Satan, aux sorciers et à tous ceux qui veulent nous faire du mal. Jésus disait : N’ayez pas peur de ceux qui tuent le corps, ils ne peuvent pas tuer l’âme (Mat 10, 28)

C’est pourquoi, dans nos difficultés nous faisons confiance à l’Eglise qui a reçu le pouvoir de Jésus, comme dit Paul : »Quand vous étiez paîens, vous étiez entraînés vers des idoles qui ne parlent pas. Mais je ne veux pas vous voir dans l’ignorance. Vous avez reçu le Saint Esprit…Dans l’Eglise, il y a des prophètes, des gens qui peuvent faire des miracles et ceux qui peuvent guérir »(1°Cor 12, 3+28)

Mais nous pouvons aller voir les guérisseurs qui connaissent les plantes qui soignent, que Dieu lui-même nous a données (à condition qu’ils ne cherchent pas les sorciers, et ne fassent pas de sacrifices aux esprits. Nous les chrétiens, le sacrifice qui nous sauve, c’est la messe). Comme l’a fait le prophète Isaie pour guérir le roi Ezechias : »Il a pris des figues, il les a mises sur la plaie du roi et le roi a été guéri » (2°Rois 20, 7).

Ne jamais faire de sorcellerie, ni même de magie : Dieu disait à son peuple : »Ne faites pas de magie »(Lev 19, 26). N’allez pas voir ceux qui parlent aux esprits(Lev 20, 4). Car Dieu a rejeté son peuple à cause de ses pratiques de magie, ses actes de sorcellerie et ses cérémonies paiennes. Et à cause de ceux qui mangeaient ensemble la chair humaine dans des sociétés, tous les initiés membres de société secrète, tous ceux qui tuaient les gens sans défense (Sagesse 12, 4-11). Pourtant, Dieu tu as eu pitié d’eux, parce que c’étaient des hommes, tu leur a laissé le temps de changer leur cœur. Et pourtant tu savais que leur nature était mauvaise, leur méchanceté depuis leur naissance et qu’ils ne changeraient jamais » Ces dernières paroles nous montre que nous devons tout faire, comme Dieu, pour conseiller nos frères pour qu’ils laissent toutes les mauvaises pratiques de sorcellerie, magie, malédiction, maraboutage, sacrifices aux esprits, etc ..

Ne jamais accuser les autres. D’abord nous ne sommes jamais sûr que c’est cette personne qui est sorcière et pas une autre. Même si elle même le reconnaît, cela peut être par peur. Même si le marabout l’a dit, il peut se tromper…ou même vouloir tromper pour de l’argent ou pour un autre intérêt. N’est-ce pas pour cela qu’on les appelle des charlatans? Jésus nous dit, à la suite de Moïse »Tu ne porteras de faux témoignage »(Mat 18, 18). Cette parole est vraie pour tous les hommes, pas seulement pour les chrétiens. Et aussi « Que ta parole soit oui, si c’est oui. Non, si c’est non. Tout le reste vient de Satan »(Mat 5 17). D’ailleurs, qui n’a jamais eu de pensées ou de paroles mauvaises contre ses frères. Alors, est-ce que nous ne sommes pas tous un peu « sorciers ». Jésus disait :Tu vois l’herbe qu’il y a dans l’œil de ton frère, mais tu ne vois pas l’arbre qu’il y a dans ton œil ! (Mat 7, 3). Donc nous n’accusons jamais les autres. Au contraire, nous défendons ceux qui sont accusés d’être sorciers autour de nous. C’est notre devoir de chrétiens. (Suite dans L 58 : Nzérékoré )

Essayez de parler de tout cela avec vos amis et envoyez-nous les conclusions de vos discussions. Merci




Formation Justice et Paix à Nzerekore du 15 au 17 mai 2009 (L58)

A présenter au curé et au conseil paroissial et à travailler en réunion de la commission paroissiale

Presque toutes les paroisses étaient présentes. Nous avons parlé avec le préfet, le maire et la présidente du tribunal. Le responsable de la société civile a participé à cette formation de même que des avocats et le sage conseiller du tribunal, des délégués de l’O.C.P.H., MDT (mêmes droits pour tous), les Focolari... Nous avons travaillé à partir de L 51 (formation à Ourous), L 20 (Conakry) et L 37 (Boffa) : à relire.

Formation chrétienne : Jésus est l’ami des petits et des pauvres. On ne peut pas être chrétien si on ne lutte pas pour la justice et la paix comme Jésus. Avec Jésus c’est possible de construire un monde nouveau, car il nous a donné son Esprit Saint.

Que nous montre la vie de Jésus ?

  • Jésus a lutté contre toutes les souffrances des hommes : quand nous souffrons, nous ne sommes pas seuls. Jésus est avec nous.

  • Quand nous aidons nos frères qui souffrent, c’est Jésus que nous aidons (voir Mat 25, 40)

  • Jésus nous montre l’exemple. Par ex de la vie en famille à Nazareth.

  • Jésus nous montre le chemin de la justice et la paix par son Evangile : nous l’annonçons aux autres. Par nos paroles mais d’abord par notre vie.

  • Jésus redonne la dignité et le respect aux gens (à Cana : Jn 2, 3). Il permet aux gens de vivre à nouveau dans la société (les lépreux : Luc 17, 11)

  • Jésus défend les droits des gens : les pécheurs, les paiens, les étrangers, les femmes, les enfants, les pauvres, les malades…

  • Jésus aide les gens à changer : Zachée, la femme adultère, la prostituée…

  • Jésus supporte les critiques de la foule (Zachée) et les attaques des pharisiens : nous ne devons pas nous décourager, même quand c’est difficile

Quelles actions mener ?

  • Prier.

  • Aider les filles à aller à l’école.

  • Demander aux sociétés minières (Rio Tinto) de respecter l’environnement.

  • Planter des arbres et lutter contre les feux de brousse.

  • La réconciliation dans les familles et les CCB.

  • Lancer des AGR pour les plus nécessiteux.

  • Travailler avec le conseil paroissial.

  • Lutter contre les !mauvais jugements à tous les niveaux.

  • Visites à la prison.

  • Rendre meilleures les relations entre prêtres, religieuses et laïcs.

  • Visites à la prison et dans les familles désunies

  • Soutien des orphelins, malades, handicapés, personnes rejetées.

  • Résoudre les conflits entre les chefs et la population

  • Organiser des débats dans les quartiers sur la justice et la paix

Comment agir ? Etre juste et vrai, le courage. Laisser la peur. Agir sur les causes des problèmes. Consoler, guérir, soutenir. Garder les secrets. Parler pour défendre les gens (plaidoyer). Agir avant que les problèmes n’éclatent (il vaut mieux prévenir que guérir) : éducation, conseils…Utiliser un bon langage et être respectueux (pas de violence ni de solutions de force). Toujours chercher la paix et la réconciliation. Bien préciser le but que l’on cherche. Chercher les meilleurs moyens pour atteindre ce but. Se renseigner des 2 cotés pas d’un seul. Se former. Accepter les différences. Etre convaincants : chercher les meilleurs arguments. Agir avec tous. Chercher pour chaque cas les personnes qui peuvent aider.

Les moyens : Tous ceux qui sont disponibles :contacts personnels, visites, réunions et débats, affiches, théâtre, chants, annonces à la radio…Travailler avec les autres ONG et Associations. Contacter leurs responsables (voir aussi L 51)

Sorcellerie et justice et paix ( suite de L 59). Nous pouvons soigner par les plantes (médecine traditionnelle) comme l’ange Raphael a soigné Tobit aveugle, avec du fiel de poisson(Tb 11, 8). Le Siracide félicite ceux qui soignent(38, 1_8) :Mon fils quand tu es malade, ne te révolte pas(ne cherche pas les sorciers), mais prie le Seigneur et il te guérira. Regrette tes fautes, garde tes mains propres, purifie ton cœur de tes péchés. Offre un sacrifice à Dieu et fais des aumônes. Puis va voir un guérisseur ou médecin, car c’est Dieu qui l’a créé lui aussi, et tu as besoin de lui. A leur tour les guérisseurs doivent prier le Seigneur, pour qu’Il leur donne la grâce de guérir les gens et de sauver leur vie, car c’est Dieu qui est le Maître de la vie (Si 20, 9-12)

«Les sorciers, ceux qui adorent les idoles et tous les hommes de mensonge iront dans le lac de feu. Ce sera leur 2° mort (éternelle) Apoc 21, 8. Et Dieu dit : Dehors les sorciers, les impurs, ceux qui tuent, ceux qui adorent les idoles et tous ceux qui se plaisent à faire le mal (Apoc 22, 15) Car les idoles et la magie sont produits par le péché. Et aussi la haine, les divisions, la jalousie, la colère, les disputes, les oppositions et toutes les sortes d’envie.(Gal 5, 2O)

Moîse disait :Quand tu seras entré dans le pays que Dieu te donne, on ne trouvera personne à faire de la divination, à appeler les esprits mauvais, à faire de la magie, à porter des gris-gris ou à interroger les morts (Dt 18, 11). C’est pourquoi le roi Saul a chassé tous les devins du pays (1° Samuel 28, 3+2° Rois 23, 24)




Rencontre inter-religieuse au palais du peuple de Conakry, le samedi 19 septembre 2009 : Intervention du père Armel

THEME : Religions et cultures en dialogue pour un humanisme de paix

N.B. Cette conférence prend toute sa valeur après la tuerie du 28 septembre. Puisse-t-elle nous aider à reconstruire la paix en Guinée.

Tout d’abord je remercie la communauté Sant Egidio qui a organisé cette rencontre. Je remercie toutes les autorités qui sont intervenues avant moi et que je salue avec respect. Je salue tous les participants avec amitié.

Toutes les religions parlent de paix, et pourtant il y a eu les guerres de religions, les croisades et la guerre sainte. Encore aujourd’hui, dans notre région d’Afrique de l'ouest, par exemple au Nigeria, les tensions sont très vives entre chrétiens et musulmans. Et pourtant, on dit que l’Islam aussi bien que le Christianisme sont des religions de paix. Alors d’où cela vient-il ?

On dit aussi que la culture africaine est une culture de paix ; mais les guerres sont nombreuses dans le continent. Comment expliquer cela ?

Le thème de notre réflexion d’aujourd’hui est très riche et très complexe. Il contient cinq mots importants qui seraient autant de thèmes à développer si nous en avions le temps. Malheureusement les dix minutes qui me sont attribuées ne permettront pas d’entrer dans les détails ; je me contenterai donc de grandes lignes, qui sont autant de pistes de réflexions que je propose et qui seront à poursuivre et à débattre ensuite.

Le mot essentiel et le thème central est bien sûr celui de « PAIX ». Alors comment les religions, comment les cultures peuvent-elles apporter la paix ? Comment construire un humanisme de paix ? Comment vivre un vrai dialogue qui aboutisse à une paix véritable ?

Il me semble que pour avoir une paix véritable, il faut agir à trois niveaux. 1°) Etre soi-même un homme ou une femme de paix. 2°) Vivre sa propre religion dans la paix et la faire avancer, pour qu’elle devienne davantage une religion de paix. 3°) Instaurer la paix entre les religions.

Etre un homme de paix

La paix est très difficile. Vivre dans la paix, cela suppose une volonté très forte, un choix sérieux et profond, que l’on cherche à réaliser malgré tous les obstacles, tout au long de sa vie. C’est difficile de ne pas se battre quand on est attaqué ; de ne pas répondre quand on est insulté ; de ne pas se venger quand on a été victime d’une injustice. Cela veut dire que pour être un homme ou une femme de paix, il faut en prendre les moyens. L’un des moyens importants, c’est la non-violence. La non-violence, ce n’est pas être gentil, tout accepter, ne jamais réagir, être d’accord avec tout le monde. Il s’agit d’une non-violence active et donc constructive ; et pour nous, chrétiens, d’une non-violence active évangélique, dans la ligne de prédécesseurs illustres, comme Gandhi, ou Martin Luther King qui a libéré les Noirs d’Amérique, et c’est sans doute grâce à lui qu’aujourd’hui le Président des Etats-Unis est un métisse africain ; mais également, en Afrique même, dans la ligne de Desmond Tutu en Afrique du Sud. Ce n’est donc pas une théorie, mais bien une pratique. Et une pratique qui peut s’enraciner dans nos cultures africaines. Il serait donc essentiel que nous nous formions à ces méthodes et surtout à cet esprit, je dirais cette spiritualité, de non-violence active. Evangélique pour les chrétiens, puisqu’elle met en pratique les appels et les valeurs de l’Evangile. Mais une non-violence qui est offerte à tous les hommes quelles que soient leur culture et leur religion. Et qui peut être vécue à l’intérieur des différentes religions, en respectant la spiritualité et l’esprit de ces différentes religions.

Un 2ème point que je ne fais que citer et qu’il faudrait développer, c’est qu’il n’y a pas de paix sans justice. Je suis ici au titre de la Commission nationale de « Justice et Paix » ; je me contente donc de renvoyer aux différentes actions que nous menons ensemble.

Voir notre blog : htpp://justice.paix.guinee.free.fr
et notre site : http://armel.duteil.free.fr

Une autre piste de réflexion qui serait à développer, c’est qu’il n’y a pas de paix sans développement. Paul VI a déclaré avec force que « le développement, c’est le nouveau nom de la paix ». Cela suppose donc toute une action au niveau politique et également au niveau économique. Je laisse le soin au représentant du CNDD (Comité national pour la démocratie et le développement) qui est actuellement au pouvoir en Guinée et qui est représenté ici par son secrétaire général d’en parler. Et également au responsable du Conseil national économique et social. Il n’y a pas de paix sans développement ; il n’y a pas de paix sans un développement de tous ; il n’y a pas de paix sans un développement de toute la personne humaine ; il n’y a pas de paix, en particulier, sans une responsabilisation des pauvres et des petits, sans une prise en charge du monde rural par les paysans eux-mêmes, du monde des jeunes par les jeunes eux-mêmes et des femmes par les femmes elles-mêmes. Il n’y a pas de développement sans les femmes. Je laisse Mme SOW, la présidente de l’Association des Femmes Musulmanes de Guinée qui prendra la parole après moi de développer ce point.

Je dirai simplement qu’il n’y a pas de paix sans attention aux pauvres, comme Jésus le disait lui-même : « Heureux les pauvres, le Royaume de Dieu est à eux » (Mat 5,3). Ce n’est pas sans raison que l’on a appelé Jésus « l’ami des petits et des pauvres ». Mais il ne s’agit pas seulement d’aider les pauvres, de faire l’aumône, ni même des projets de développement pour eux. Il s’agit d’abord de les accueillir, ensuite de les écouter parce que les pauvres ont beaucoup de choses à nous enseigner : ce sont eux qui sont les mieux placés pour trouver les solutions pour sortir de leur pauvreté, car ce sont eux qui vivent ces problèmes. Il ne s’agit donc pas de travailler pour eux, mais de travailler avec eux, en les écoutant, en les responsabilisant, en nous mettant à leur service. Il est bien évident que cela suppose tout un changement de mentalité : nous sommes souvent prêts à partager, à faire l’aumône, à aider les pauvres. Mais sommes-nous prêts à les écouter, à les accueillir avec respect, à leur donner non seulement la parole mais la responsabilité, dans les différents groupes et les différentes associations auxquels nous participons, et dans le pays tout entier ? Cette question se pose à nous tous.

Il n’y a pas de paix, si ce n’est pas une paix pour tous. Cela suppose donc une véritable démocratie où chacun a non seulement le droit à la parole, mais où chacun est reconnu. Où il peut vivre heureux, quelles que soient son ethnie, sa culture, sa religion, en jouant son rôle et en ayant sa place dans la société, qu’il soit intellectuel ou analphabète, handicapé ou en bonne santé, fonctionnaire ou paysan. La paix n’est véritable que si c’est la paix pour tous. Et tant qu’un homme n’est pas en paix, il n’y a pas une vraie paix dans le pays. Mais nous voyons bien que trop souvent, les riches cherchent à exploiter les pauvres, au lieu de se mettre à leur service. Ceux qui ont la force cherchent à s’imposer et à faire sentir leur pouvoir aux petits, souvent en utilisant la violence et les armes. Tant que nous n’aurons pas changé notre mentalité, il n’y aura pas une vraie paix ni en nous-mêmes, ni autour de nous, ni dans le pays. Et c’est là que nous nous rappelons les paroles de Marie qui chantait Dieu en disant : « Il renverse les puissants de leurs trônes, Il élève les humbles, Il comble de bien les affamés, Il renvoie les riches les mains vides ». En écoutant ces paroles, nous nous rappelons que Marie est honorée par les musulmans autant que par les chrétiens, que c’est l’une des saintes femmes de l’Islam et que l’on parle d’elle de nombreuses fois dans le Coran.

Un dernier mot sur cette question : la paix, ça s’apprend. Cela pose donc toute la question de l’éducation. Quelle éducation donnons-nous à nos enfants ? Nous devrions réfléchir en voyant les jeux que nous leur offrons. Par exemple les armes. Même si elles sont en plastique, cela ne va certainement pas les pousser à la paix. Quelles sont les émissions que nous les laissons regarder à la télévision ou dans les vidéos ? Déjà, que faisons-nous quand deux enfants se battent ou se disputent ? Trop souvent chaque mère protège et défend son enfant, qu’il ait tort ou raison. Et la dispute des enfants aboutit à une dispute entre les mères et même parfois entre deux familles.

Cela pose aussi toute la question de l’éducation à la paix dans les écoles. Est-ce que nos écoles éduquent vraiment nos enfants à vivre et à bâtir la paix ? Je rappelle que nous arrivons à la fin de la décennie de l’O.N.U. pour une éducation non violente des enfants. Qu’avons-nous fait pendant ces dix années ? Pourtant des choses se font : je citerai simplement l’exemple de l’école primaire catholique de COYAH, où on développe une éducation contre la violence pour tous les enfants, ensemble chrétiens et musulmans. Mais, encore une fois, tout cela suppose un choix profond : je refuse de me laisser aller à la colère ; je refuse la violence comme solution pour régler .les problèmes, en toutes circonstances je cherche le pardon et la réconciliation/

Vivre et construire une religion de paix

Je me limite ici au point de vue chrétien ; les musulmans qui prendront la parole nous expliqueront dans quelle mesure l’islam est une religion de paix. En tout cas, la salutation dans l’islam : « asalam alèikoum » signifie bien « la paix soit avec toi ».

Pour nous chrétiens, nous nous rappelons qu’à Noël, quand Jésus est né, les anges chantaient « Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime » ; on dit parfois « aux hommes de bonne volonté », donc aux hommes de paix. A tous les hommes qui cherchent la paix. Car cette paix n’est pas seulement pour les chrétiens, elle est bien pour tous les hommes. En effet, Jésus est né pour tous les hommes, il a vécu pour tous les hommes, et il est mort pour tous les hommes. Et il envoie ses disciples dans le monde entier pour y apporter sa paix (Marc 16,15-19)

Bien sûr, il ne s’agit pas de chercher n’importe quelle paix. La paix, ce n’est pas seulement l’absence de guerre, comme nous l’a rappelé l’UNESCO. La paix vient du cœur de l’homme. Et Jésus disait bien « Je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme les hommes (le monde) la donnent ». Nous savons bien que trop souvent, on cherche une paix à bon marché et qui ne nous engage pas. Lorsqu’il y a un problème, on dit aux gens « serrez-vous la main ». Mais dans leurs cœurs, c’est encore la guerre. Il s’agit donc de chercher la paix du cœur, et non pas un pardon qui se limite à la bouche et aux paroles. Il s’agit de chercher une paix active, une paix qui agit. Et donc de construire la paix comme Jésus et avec lui, dans la société. Et nous nous rappelons les paroles très fortes qu’il nous a laissées et qu’il faudrait expliquer longuement pour bien les comprendre, et surtout voir comment les vivre : « Si on te frappe sur une joue, présente l’autre joue.(Mat 5,39). Aimez vos ennemis pour être comme Dieu qui est le Père de tous les hommes et qui fait pleuvoir sa pluie sur les méchants aussi bien que sur les bons, et briller son soleil sur les injustes aussi bien que sur les justes »(Mat 5,45).. Et quand Pierre demande à Jésus « Combien de fois je dois pardonner ? Est-ce que je dois pardonner jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répond : « Tu dois pardonner à ton frère soixante-dix fois sept fois », c’est-à-dire : toujours.(Mat 18, 21-34) L’une des Béatitudes, c’est-à-dire le message de base, l’enseignement fondamental de Jésus-Christ, nous dit : Heureux ceux qui construisent la paix ; c’est eux qui sont les enfants de Dieu. »(Mat 5,9) Cela nous montre que les enfants de Dieu ce ne sont pas seulement les chrétiens, mais c’est tout homme qui construit la paix, quelle que soit sa culture ou sa religion.

Il s’agit donc d’être des hommes et des femmes de paix, comme Jésus lui-même ; de construire la religion de paix qu’il a voulue et d’agir pour la paix comme lui. Lui qui a aimé tous les hommes sans rejeter personne. Lui qui a été un homme de paix. Lui qui a réconcilié tous les hommes, avec Dieu et entre eux, comme le dit l’épître aux Ephésiens (2, 14) « par le Sang de sa Croix ». Lui qui a aimé jusqu’au bout, jusqu’à la mort, qui a supporté dans la paix et la confiance toutes les oppositions, qui n’a pas répondu aux méchancetés, qui ne s’est pas laissé prendre par la haine. Lui qui au moment de sa mort disait à Pierre, qui voulait le défendre avec une épée : « Remets ton épée au fourreau », et qui recollait l’oreille du serviteur que Pierre avait coupée (Mat 26,52). Lui Jésus qui disait à son Père, au moment de mourir : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Pour construire une religion de paix, nous ne pouvons évidemment pas oublier la place de la prière, puisque la prière que Jésus nous a apprise affirme : « Père, que ton règne vienne », un règne de justice et de paix, où les pauvres auront leur place. Dans cette prière, Jésus nous fait dire également : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». La paix est un don de Dieu, elle dépasse nos forces ; la première chose, c’est de l’accueillir.

La paix entre les religions

L’islam s’affirme une religion de paix. Le christianisme appelle tous les hommes à la paix. Mgr Vincent COULIBALY dans son introduction nous a rappelé le texte du Concile Vatican II appelant à la paix entre eux chrétiens et musulmans, qui croient dans le même Dieu, un Dieu Père, miséricordieux et compatissant, un Dieu qui pardonne. Le Concile nous dit : « Même si dans le passé chrétiens et musulmans se sont opposés, il est essentiel de dépasser les oppositions d’autrefois, pour construire la paix ensemble aujourd’hui ». C’est pour cela que nous sommes ici réunis, ce matin.

Mais nous savons bien que la paix, ce n’est pas naturel. L’autre est différent, et ce qui est différent nous fait peur. Et c’est pour cela qu’il devient nécessaire de mettre en place un vrai dialogue.

Quel dialogue ?

Tout le monde parle du dialogue. Mais on confond souvent le dialogue avec une simple négociation pour s’arranger et régler les problèmes. On parle de tolérance : il ne s’agit pas de tolérer l’autre, de le supporter, mais de l’accueillir tel qu’il est, de tout notre cœur. Bien sûr, dialoguer ça s’apprend. Mais un vrai dialogue ce n’est pas seulement une question de technique : ne pas couper la parole à l’autre. Il s’agit de chercher à connaître l’autre tel qu’il est. Pas seulement faire un effort intellectuel pour comprendre ses pensées, mais lui ouvrir notre cœur, l’accueillir comme un frère, accepter ce qu’il dit avec amour, même si ce ne sont pas nos propres idées. Il s’agit d’une véritable écoute qui nous permet de redire ce que l’autre pense, sans déformer sa pensée. Le dialogue, c’est donc se connaître en profondeur, tel que l’on est vraiment soi-même. Et chercher à connaître l’autre avec qui on entre en dialogue Cela est nécessaire pour pouvoir vivre ensemble : que chacun se sente reconnu, qu’il ait sa place dans le groupe et dans la société.

C’est pour cela que le dialogue suppose d’abord l’amitié, qu’il y ait un temps de convivialité, qu’on apprenne à s’apprivoiser, à manger ensemble, parler ensemble de ce qui fait notre vie, partager nos loisirs, nous accueillir les uns les autres, comme un frère ou une sœur et bien plus comme un fils ou une fille de Dieu. Car c’est bien au niveau de la foi que le dialogue pourra être vécu en vérité.

Le dialogue ce n’est certainement pas chercher à avoir raison ni imposer ses idées. Mais ce n’est même pas chercher à être d’accord. Au contraire, c’est chercher à comprendre l’autre tel qu’il est, avec ses idées propres, avec son idéal, avec sa foi, avec ce qu’il comprend et vit de Dieu, avec sa manière de vivre sa religion. Le dialogue, c’est donc s’accepter différents ; ne pas chercher à rendre l’autre comme moi. Au contraire, c’est me réjouir de ce qu’il est autre parce que c’est seulement s’il est différent, qu’il peut m’enrichir. Et me faire comprendre ce que Dieu veut me dire à travers lui. A ce moment-là, le dialogue est vrai et peut devenir un véritable enrichissement mutuel.

Dans tout cela, nous nous rappelons que personne n’a la vérité totale ; Dieu seul est la Vérité. Nous n’avons qu’une partie de la Vérité. Nous ne comprenons la Vérité de Dieu qu’à travers nos limites, nos conditionnements et notre histoire passée et présente. Nous ne pouvons que nous appuyer l’un sur l’autre pour marcher ensemble et ainsi nous approcher de la Vérité de Dieu. Et cela, bien sûr, dans la confiance mais aussi dans l’espérance et le courage. Car il y aura obligatoirement des incompréhensions et des difficultés. Cela montre bien qu’il n’y a pas de dialogue sans respect de l’autre, sans respect de sa liberté. Il ne s’agit surtout pas encore une fois de le forcer, ni de lui imposer nos idées. Jésus disait « La Vérité vous rendra libres »( Jean 8,32). Et le Coran nous dit : « Pas de contrainte en religion ». Il ne faut forcer personne quand il s’agit de la foi, de la foi en Dieu mais aussi de la foi en l’homme.

C’est pour cela que personnellement je privilégie ce que j’appelle le dialogue de vie, le dialogue dans l’action. Si nous cherchons à parler de religion, nous ne serons jamais d’accord, puisque justement nous n’avons pas la même religion. Nous risquons peu à peu de nous laisser entraîner et de vouloir imposer notre point de vue à l’autre. A ce moment-là, c’est la loi du plus fort, la compétition, et même parfois la guerre. C’est en vivant et en agissant ensemble que nous pourrons mettre en place un vrai dialogue.

Je m’excuse de parler de moi-même, mais on connaît mieux ce que l’on vit soi-même. Je voudrais donner simplement quelques exemples passés et récents de ce dialogue, vécu dans la vie de chaque jour. Le responsable de Sant Egidio parlait tout à l’heure des attaques rebelles de 2001, venues du Libéria et de Sierra Léone, dans la région de Guéckedou. J’ai vécu moi-même cette époque difficile pendant 10 ans dans les camps de réfugiés, à Mongo. Si nous avons réussi à rétablir la paix dans les camps de réfugiés, malgré le mélange des ethnies, malgré toutes les frustrations, malgré les injustices que les gens vivaient, malgré tous les traumatismes qu’ils avaient subis, malgré les tortures et les mutilations qu’ils avaient dû supporter, si malgré tout, la paix a été possible dans les camps de réfugiés, c’est en particulier grâce au Comité inter-religieux que nous avions mis en place et qui se réunissait chaque semaine, chrétiens et musulmans ensemble. S’il a été possible de vivre en paix, entre Guinéens et Réfugiés, malgré leurs différences de cultures, c’est grâce aux communautés chrétiennes et musulmanes, qui ont tenu à se retrouver régulièrement, et à chercher ensemble comment bâtir la paix, malgré tout ce qui s’était passé. Car ce n’était pas facile pour des Guinéens d’accepter des réfugiés plus nombreux qu’eux-mêmes, de les accueillir et de les prendre en charge, malgré leur pauvreté. Si malgré la guerre et toute l’histoire passée, la paix a été possible, c’est bien grâce à ces communautés chrétiennes et musulmanes.

Pour prendre des exemples plus récents, je suis encore curé de Kataco. Dans le village de Maré, ce sont chrétiens et musulmans ensemble qui ont construit à la fois la mosquée et l’église du village. Dans un autre village, à Katöngörö, ce sont les responsables religieux qui, après des efforts persévérants, ont réussi à mettre la paix dans plusieurs familles qui étaient divisées. Ce sont aussi les responsables religieux et la prière qui nous ont permis de régler les problèmes de terrains qui opposaient les deux villages de Kawas et de Bogonia et qui ont permis que ces deux villages vivent à nouveau en paix. Lorsque l’Imam de Kataco est décédé, j’ai bien sûr participé à la veillée mortuaire et à tout l’enterrement. De même, tous les musulmans du village étaient là et priaient avec nous, ils nous ont soutenus, aidés et réconfortés lorsque le Frère Joseph a été assassiné.

Je viens de passer deux semaines à Bamako. Au cours de notre rencontre, nous avons réfléchi en particulier aux souffrances des enfants de la rue et aux problèmes de l’environnement. C’est ensemble, chrétiens et musulmans, que nous avons réfléchi à ces questions.

Samedi dernier, dans ce temps de Ramadan, nous avons vécu une journée de réflexion et de prière communes, à la lumière de la Parole de Dieu entre une soixantaine d’agents de santé chrétiens et musulmans, réunis dans une foi commune en Dieu et dans la paix.

Chacun d’entre vous pourrait certainement donner de tels témoignages. Ces quelques exemples suffisent comme illustrations du dialogue que nous cherchons à construire. Ils nous montrent que le dialogue est possible. Mais qu’il se construit dans l’action et dans la vie de tous les jours, pas seulement dans les paroles. Et il faut sans cesse nous redire que ce dialogue de vie n’est pas naturel. Et donc qu’il demande un effort continu, un effort de foi, un effort de conversion, un effort de prière, de la part de chacun et de tous.

J’ai déjà dépassé le temps qui m’a été accordé. Je ne dirai donc qu’un mot rapide sur les deux autres thèmes de cette rencontre.

Par rapport à la culture : Mgr Vincent COULIBALY nous a déjà présenté les différents aspects positifs des cultures guinéennes. Je n’y reviendrai pas. Je noterai simplement que nous avons une chance en Guinée, c’est que nous avons les mêmes cultures. Et que ces cultures communes sont une base solide, sur lesquelles nous pouvons construire un vrai dialogue et une vraie paix. En effet, dans les mêmes familles, il y a des membres qui sont chrétiens, d’autres qui sont musulmans; c’est une chance très grande, pour mettre un esprit de famille véritable entre les différentes religions de notre pays.

Par rapport à l’humanisme, juste un mot rapide : ce n’est pas seulement une question de philosophie. Il s’agit d’être un homme ou une femme sur qui on peut compter. Un homme et une femme qui se respecte soi-même, qui vit à plein les valeurs de sa culture, pour grandir en humanité. C’est pour cela qu’il serait important, non pas de garder les rites traditionnels de l’initiation, mais de garder les valeurs de l’initiation que les anciens nous ont enseignées.

On n’est pas homme tout seul ; l’humanisme , c’est savoir s’enrichir auprès des autres, accueillir les valeurs des autres. Et d’abord vivre en vérité avec les autres et pratiquer l’hospitalité. Rien de ce qui est humain ne m’est étranger. Dans un humanisme vécu réellement, nous retrouvons bien sûr notre foi et le dialogue entre les religions, puisque l’homme a été créé par Dieu et qu’il est enfant de Dieu, ou, comme dit l’islam, lieu-tenant de Dieu sur la terre et reflet de Dieu.

Enfin l’humanisme, pour moi, c’est faire confiance à l’homme, confiance dans ses possibilités et confiance dans sa créativité. Et donc respecter sa liberté. Ne pas l’écraser par des commandements ou un style de vie imposés. Comme le disait Jésus : « le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat ». Il est nécessaire de respecter la laïcité ; c’est une valeur de notre pays ; c’est la base d’un vrai humanisme ; c’est ce qui nous permet de marcher et de vivre ensemble en paix dans notre société. Et cette laïcité nous avons à la vivre également dans notre propre religion, pour marcher selon l’esprit de liberté et de créativité du Seigneur

Je n’ai pu évoquer ces différents aspects que rapidement. Ils seraient à approfondir. Non pas en allongeant la conférence, mais en réfléchissant ensemble, en partageant nos idées, en creusant ensemble, dans une écoute mutuelle, ces thèmes et ce que Dieu veut nous dire à partir des uns et des autres. Car Dieu me parle aussi par la voix de mon frère.

En conclusion, juste un souhait : il y a de nombreuses conférences qui sont organisées chaque semaine. Mais souvent nous nous contentons d’écouter des gens qui ont bien parlé, sans qu’il y ait un véritable changement dans notre vie. Mon souhait, c’est que cette rencontre ne soit pas une conférence mais un véritable engagement, pour nous tous et pour motiver nos frères, pour construire une vraie paix en Guinée.

Que la Paix de Dieu qui dépasse toutes les autres paix soit avec nous chaque jour. Avec nous et par nous.




Justice, Paix et préservation de l'environnement

Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux !

Louanges à Celui Qui a demandé à Son Prophète (bsAl) de dire : « Et lorsque viennent vers toi ceux qui croient en nos versets (le Coran), dis : ‘Que la paix soit sur vous ! Votre Seigneur S’est prescrit à Lui-même la miséricorde. » (6, 54)

Louanges à Celui qui a exhorté les croyants en ces termes : « Ô les croyants ! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Allah l’ordonne, fût-ce contre vous-mêmes, contre vos père et mère et proches parents. Qu’il s’agisse d’un riche ou d’un besogneux, Allah a priorité sur eux deux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. » (4, 135)

Je vous adresse le salut de l’Islam. Une fois, un homme demanda au Prophète Muhammad (bsAl) quel était le meilleur Islam, il lui dit : « Tu donnes à manger et tu salues ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas» (URA). Ces propos du Prophète (bsAl) introduisent bien notre intervention car on y retrouve les notions de paix et de justice. En effet, Le salut en Islam est, ne l’oublions pas, invocation pour bénéficier de la paix provenant d’Allah, c'est-à-dire paix intérieure, sécurité, harmonie avec son environnement et salut dans l’au-delà. Le meilleur Islam consiste donc à prier pour la paix en faveur de ceux que l’on connaît ainsi que ceux que l’on ne connaît pas et à donner à manger. L’invocation pour la paix doit être accompagnée d’une action de charité et de justice qui consiste à donner à celui qui a faim. Or comme le dit l’adage, l’homme ne se nourrit pas que de pain. Notre époque est caractérisée par la malnutrition spirituelle, la nourriture spirituelle est devenue une denrée rare, méconnue. Or la véritable justice qui conduit à la paix intérieure et à la paix avec son environnement ne saurait être établie si les Hommes sont sevrés de nourriture spirituelle. L’instauration de la paix véritable implique donc invocation et actions de justice, or la plus salutaire des actions de justice est le partage de la spiritualité. Il est donc un devoir pour ceux qui pour vocation de servir le Très Haut de partager avec les autres le viatique spirituel qu’ils ont acquis.

Définition de l’environnement

L’environnement est définie par l’écologie, la science de l’environnement, comme étant « le milieu où l’homme vit et interagit avec les phénomènes naturels et humains qui l’entourent » ou c’est « le milieu ou l’espace dans lequel vit l’homme en y intégrant des manifestations naturelles et humaines qui l’influencent et sur lesquelles il exerce une influence ».

En tant que croyants, nous intégrons à l’environnement les êtres du monde de l’invisible tels que les anges et autres créatures qui sont également en relation avec l’homme et avec lesquelles il convient d’avoir un code de conduite comme nous pouvons l’avoir avec la faune et la flore.

A) L’HOMME

1) Qu’est-ce l’Homme ?

L’Homme est terre et esprit de vie venant du Tout Miséricordieux comme cela est confirmé par les versets coraniques suivants : «Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges : ‘Je vais créer un homme d’argile crissante, extraite d’une boue malléable » (15, 28) et «Et Quand je l’aurai bien formé et lui aurai insufflé de Mon Esprit, jetez-vous devant lui, prosternés. » (38, 72). L’Homme est donc composé de matière et d’esprit, à chacune de ces deux composantes, il convient d’accorder de l’importance. Cependant, la composante « esprit » prime sur la composante « terre », c’est ainsi que c’est seulement à la suite de l’insufflation d’un esprit venant de Lui que Allah demanda aux Anges de se prosterner devant Adam (b). Chaque fois que cette hiérarchie n’est pas respectée, l’Homme est rabaissé.

2) Le premier environnement de l’Homme est le Paradis

Le premier environnement que l’Homme a connu est le Paradis. En effet, lorsque le Tout Miséricordieux créa Adam (b), Il lui dit : « Ô Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse, et nourrissez-vous-en de partout à votre guise ; mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes» (2, 35). Ce premier environnement de l’Homme est incorruptible et inaltérable. Le Paradis est un environnement pur et seuls les purifiés peuvent y demeurés. Ainsi, le premier environnement de l’Homme exige de lui la pureté, ou en d’autres termes, une piété sans faille. Nous verrons l’importance de cette disposition spirituelle dans la préservation de l’environnement

3) Pour quoi l’Homme a-t-il été créé et à quoi est-il destiné ?

L’Homme a été créé par Allah dans un but bien déterminé qu’Il précise dans le verset fondamental suivant : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent » (51, 56). Par ailleurs, le Prophète (bsAl) nous indique dans le hadith suivant à quoi l’Homme est destiné : « Que l’homme s’approvisionne donc de lui-même pour lui-même, de son séjour ici-bas pour son séjour ultime, de sa vie pour sa mort et de sa jeunesse pour sa vieillesse. Ce bas-monde a été crée pour vous tandis que vous, vous avez été créés pour l’autre monde. Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, il n’y a après la mort aucune occasion de se disculper et il n’y a d’autre demeure après ce bas-monde que le Paradis ou l’Enfer. » (Jardins des vertueux)

L’Homme a donc été créé pour adorer le Tout Miséricordieux, c'est-à-dire pour L’aimer d’un amour total qui implique une entière confiance en Lui. La connaissance d’Allah entraine nécessairement son amour, plus on Le connait plus on L’aime. Le minimum dans la Connaissance d’Allah est la conscience de Sa Perfection absolue qui fait naître en celui Qui Le connait une confiance absolue. C’est ainsi que l’amour du Tout Miséricordieux est nécessairement suivi d’une obéissance totale basée sur la confiance en Ses prescriptions parfaites. L’Homme qui aime le Tout Miséricordieux et suit Ses prescriptions s’élève de la matière de la terre vers les cieux de l’esprit, l’adoration est le parcours sublime d’amour qui permet à l’Homme de cheminer vers le meilleur des environnements auquel il est destiné et qui a été sa première demeure : le Paradis.

4) La raison de la descente de l’Homme sur la terre est l’injustice

Comme nous l’avons dit plus haut, le premier environnement de l’Homme, le Paradis exige de ses élus la pureté, le péché qui est désobéissance au Très Haut, or toute désobéissance à Allah est une injustice, n’y a pas droit de cité. La désobéissance, donc l’injustice, est la cause de a descente de l’Homme sur terre. En effet, le Tout Miséricordieux avait fait la mise en garde suivante à Adam (b) et Eve lorsqu’Il leur donna le Paradis pour demeure : (b) comme nous le précise ce verset : « n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes» (2, 35). En désobéissant à Allah et en suivant les suggestions de Satan qui leur dit : « Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des Anges ou d’être immortels. » (7, 20), ils furent injustes envers eux-mêmes. Les premières conséquences de cette injustice leur apparurent immédiatement : « Lorsqu’ils eurent goûté de l’arbre, leurs nudités leur devinrent visibles. » (7, 22). C’est donc à cause de cette désobéissance, de cette injustice qu’ils ont dû quitter l’environnement sublime du Paradis pour l’environnement terrestre : « Descendez (du Paradis) ; ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps. » (2, 36). Nous devons donc être conscients que chaque désobéissance au Très Haut est une injustice qui nous dénude et qui nous fait chuter.

B) La terre, le nouvel environnement de l'homme

1- La terre, demeure temporaire de l’Homme

L’Homme doit garder en tête que la terre et l’environnement qui y est attaché est une demeure temporaire comme le précise le Saint Coran : « Descendez (du Paradis) ; ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps. » (2, 36)

2- La perfection de l’environnement créé par le Très Haut

L’environnement dans lequel l’Homme a été envoyé pour son séjour terrestre a été créé à la perfection pour répondre à ses besoins : « …Telle est l’œuvre d’Allah qui a tout façonné à la perfection » (27, 88).

« Celui qui a créé sept cieux superposés sans que tu voies de disproportion en la création du Tout Miséricordieux. Ramène (sur elle) le regard. Y vois-tu une brèche quelconque ? – Puis, retourne ton regard à deux fois : le regard te reviendra humilié et frustré. » (67, 3-4).

L’environnement terrestre a été créé dans de justes proportions pour répondre aux besoins de l’Homme : « …et qui a créé toute chose en lui donnant ses justes proportions. » (25, 2). L’environnement terrestre répond de façon adéquate aux besoins de l’Homme tant que ceux-ci restent compatibles avec sa nature profonde qui implique le respect de la matière et de l’esprit, de la terre et l’esprit venant du Tout Miséricordieux. Quand l’Homme n’a que des aspirations matérielles, attitude contraire à sa nature véritable, son avidité et l’absence de normes ne tardent pas à perturber l’équilibre de l’environnement terrestre.

3- L’Environnement soumis au service de l’Homme

Les Hommes ne doivent jamais oublier que c’est le Tout Miséricordieux qui leur a soumis les forces de la nature comme nous l’indiquent les versets suivants : « Allah, c’est Lui qui a crée les cieux et la terre et qui, du ciel, a fait descendre l’eau ; grâce à laquelle Il a produit des fruits pour vous nourrir. Il a soumis à votre service les vaisseaux qui, par Son ordre, voguent sur la mer. Et il a soumis à votre service les rivières. – Et pour vous, Il a assujetti le soleil et la lune à une perpétuelle révolution. Et Il vous a assujetti la nuit et le jour. – Il vous a accordé de tout ce que vous Lui avez demandé. Et si vous comptiez les bienfaits d’Allah, vous ne sauriez les dénombrer. » (14, 32-34). Les Hommes par eux-mêmes ne sauraient dompter les forces de la nature, et cette réalité nous est souvent rappelée par des catastrophes naturelles où les forces de la nature prouvent que les Hommes demeurent bien faibles.

4- Pour quoi l’Environnement  a-t-il été mis au service de l’Homme ?

Les autres éléments de la Nature ont été mis au service de l’Homme par le Très Haut afin que l’Homme satisfasse ses besoins légitimes, cependant la manière de les utiliser demeure une épreuve pour les Hommes. Epreuve par laquelle, le Tout Miséricordieux distinguera ceux qui ont utilisé les ressources naturelles selon Ses prescriptions et ceux qui les ont utilisées sans aucun égard pour les normes divines. Le verset suivant exprime cette réalité : « Et Allah a créé les cieux et la terre en toute vérité et afin que chaque âme soit rétribuée selon ce qu’elle a acquis. Ils ne seront cependant pas lésés. » (45, 22). Notre séjour terrestre se situe entre la naissance et la mort, or Allah est « Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, c’est Lui le Puissant, le Pardonneur. » (67, 2)

C) Le rle de l'homme au sein de la création

1) L’Homme Khalife

L’Homme a été désigné par Allah pour jouer un rôle de vicaire sur terre : « Lorsque ton Seigneur confia aux Anges : « Je vais établir sur terre un vicaire (Khalifa). » (2, 30). Le Khalifat implique non seulement le rôle de gérance mais aussi la notion de succession comme l’indique le verset suivant : « C’est Lui qui a fait de vous les successeurs sur terre et qui vous a élevés, en rangs, les uns au-dessus des autres, afin de vous éprouver en ce qu’Il vous a donné. » (6, 165). L’Homme en tant que Khalife d’Allah sur la terre est responsable de la gestion des ressources naturelles mais aussi des générations futures.

2) L’Homme responsable

La responsabilité est une des caractéristiques de l’Homme à l’exception de nombreuses créatures. En effet, le Tout Miséricordieux a dit dans le Saint Coran : «Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste (envers lui-même) et très ignorant » (33,72)

Le devoir de responsabilité dont s’est chargé l’Homme exige qu’il ne soit ni ignorant ni injuste.

3) L’Homme et le Savoir

Pour aider l’Homme dans ses responsabilités dans la gérance des ressources naturelles et dans son souci des générations futures, la raison et le savoir lui ont été donnés par Allah : « Et Il apprit à Adam tous les noms (de toutes chose)… » (2, 31). Ce don à Adam (béni soit-il) est à l’origine des connaissances de l’homme qui s’étendent chaque jour davantage. Ce savoir qui a été conféré à l’homme, il se doit de le transmettre car l’homme fut enseignant avant même sa vie sur terre. En effet, en évoquant Adam (béni soit-il) et les anges, Allah nous nous apprend : «Puis, Il les présentant aux Anges et dis : ‘Informez-Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques (dans votre prétention que vous êtes plus méritants qu’Adam) - ….Il dit : ‘Ô Adam, informe-les de ces noms… » (2, 31 et 33). L’éducation demeure une des bases de la bonne gouvernance, les hommes doivent donc en permanence s’instruire et s’éduquer afin de pouvoir mener une vie harmonieuse parfaitement intégrée à leur environnement. Les premiers versets révélés dans le Saint Coran n’invitent ni à la prière, ni à l’aumône, ni au jeun, ni au pèlerinage mais ils exhortent à cette nécessité d’éducation : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a crée, - qui a crée l’homme d’une adhérence. – Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, - qui a enseigné par la plume (le calame), - a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas » (96, 1-5).

4) L’Homme et l’exercice de la Justice

Pour l’établissement de la justice véritable, celle qui concerne aussi bien l’homme dans ses dimensions terrestre et céleste que son environnement, la seule raison humaine ne suffit. Bien que chaque jour les connaissances de l’homme s’étendent davantage, il n’en demeure pas moins que chaque nouvelle découverte ouvre une porte sur un champ à explorer. En fait plus les hommes acquièrent de science, moins ils en savent car chaque mystère élucidé est le seuil d’une science nouvelle à acquérir. Tel est le lot de la créature étudiant la créature. Seul le Créateur, l’Omniscient, a une connaissance parfaite et achevée de la création. Lui seul peut donc légiférer pour l’ensemble des créatures. C’est ainsi qu’avec l’assistance de la révélation l’homme peut exercer la justice intégrale qui englobe ses rapports avec Son créateur et avec l’ensemble des créatures. Le verset suivant évoque la nécessité de la justice véritable dont la source ne peut être que divine et l’importance de son exercice dans notre exploitation des ressources naturelles symbolisées par le fer, don du Tout Miséricordieux : « Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice. Et nous avons fait descendre le fer, dans lequel il y’a une force redoutable, aussi bien que des utilités pour les gens, et pour qu’Allah reconnaisse qui, dans l’Invisible, défendra Sa cause et celle de Ses Messagers. Certes Allah est Fort et Puissant » (57, 25). Ce verset vient nous rappeler que toutes les ressources naturelles dont les Hommes sont un pur don du Tout Miséricordieux. Pour que notre bonheur soit complet, le Très Haut a non seulement mis à notre disposition les ressources naturelles mais Il nous a envoyé des Messagers (b) pour nous aider dans leur exploitation. Les Prescriptions divines nous permettent de peser nos projets avant de les mettre en œuvre. Ainsi tout projet d’exploitation des ressources de la nature qui contredit les Prescriptions divines conduit à « une force redoutable » nuisible aux Hommes et à leur environnement. Par contre, toute exploitation conforme aux Prescriptions divines aboutit à maintes « utilité pour les gens ».

Lorsque la justice n’est plus exercée, il s’en suit le désordre qui s’exprime de plusieurs façons. Et cela suivant la dimension de l’homme ou de l’environnement à laquelle l’injustice est faite. La dégradation de l’environnement n’est qu’une des conséquences de l’abandon de la véritable justice par les hommes.

D) Qu'avons nous fait de la création d'Allah ?

Pour avoir la réponse à la question de savoir ce que les Hommes ont fait de la Création du Tout Miséricordieux, il suffit de savoir ce que l’Homme a fait de lui-même d’abord.

1) Qu’avons-nous fait de nous-mêmes ?

Avec l’essor des moyens techniques, nous avons assisté à un recul de la place d’Allah dans la vie des Hommes, c’est si comme l’Homme se sentait assez puissant pour se passer des directives divines, à cet égard Allah nous a averti : «Prenez garde ! Vraiment l’homme devient rebelle, - dès qu’il estime qu’il peut se suffire à lui-même (à cause de sa richesse).» (96, 6-7). Aussi, avec le boom des sciences techniques, l’Homme s’est lancé dans une exploitation effrénée de son environnement, exploitation qui ne répondait pas à ses besoins essentiels, exploitation sans véritables normes éthiques sinon celles ne tenant pas compte du divin, exploitation sans mesure des conséquences, exploitation d’une nature aux plaintes de laquelle l’homme restait sourd.

Allah, le Tout Miséricordieux, attire notre attention sur les dangers de l’abondance lorsqu’à son avènement, on oublie les prescriptions divines : « Puis, lorsqu’ils eurent oublié ce qu’on leur avait rappelé, Nous leur ouvrîmes les portes donnant sur toute chose (l’abondance) ; et lorsqu’ils eurent exulté de joie en raison de ce qui leur avait été donné, Nous les saisîmes soudain, et les voilà désespérés. » (6, 44). En effet, avec les progrès techniques, les portes de l’abondance furent ouvertes aux Hommes, qui oubliant les prescriptions divines quand à la modération et à l’éthique qu’il convient d’avoir dans l’acquisition des biens matériels. En l’absence de modération et d’éthique, l’Homme a tôt fait de devenir esclave des biens matériels. Le monde actuel est plus asservi par les progrès techniques que ceux-ci ne le servent. La valeur essentielle est devenue l’acquisition des biens matériels. Dans l’entité âme et corps constituant l’être humain, la priorité est désormais donnée au corps et à ses besoins réels ou superficiels. L’élévation par la possession des biens matériels est devenue l’ambition de presque tous au détriment de l’aspiration à l’élévation spirituelle qui le but pour lequel l’Homme a été créé : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent » (51, 56). La cause principale de l’altération de la création d’Allah est le changement de l’Homme lui-même. De plus en plus il est devenu l’adorateur de ce bas monde et de moins en moins celui d’Allah. Il est devenu l’adorateur et l’esclave de ce qui a été créé et mis à son service alors qu’il a été créé pour une destination plus noble : « Ce bas-monde a été crée pour vous tandis que vous, vous avez été créés pour l’autre monde. » (Jardins des vertueux).

L’Homme ayant tourné dos à cet appel : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Allah et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui donne la (vraie) vie. » (8,24), il a renoncé à l’épanouissement de son âme au détriment du « développement » de son corps, il a renoncé à la beauté intérieure pour l’apparat physique, il a renoncé à purifier ce qu’il a de plus noble, l’âme, souffle de vie provenant d’Allah, pour se consacrer à bâtir à partir de la boue dont son corps a été crée. La poursuite des passions ramène certes l’homme au niveau le plus bas : « Et si Nous avions voulu, Nous l’aurions élevé par ces mêmes enseignements, mais il s’inclina vers la terre et suivit sa propre passion. Il est semblable à un chien qui halète si tu l’attaques, et qui halète aussi si tu le laisses. » (7, 176).

L’Homme s’est donc lui-même d’abord altéré en ne se conformant pas à sa raison d’être qui l’adoration de son Créateur. Il s’est ainsi mis à la portée de Satan qui s’est juré de le perdre par maints moyens dont l’altération de la création : « Allah l’a (le Diable) maudit et celui-ci a dit : ‘Certainement, je saisirai parmi Tes serviteurs, une part déterminée. – Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, …je leur commanderai, et ils altéreront la création d’Allah. » (4, 118-119)

Oubli de notre raison d’être qui est l’adoration d’Allah : « Dirige tout ton être vers la religion exclusivement (pour Allah), telle est la nature qu’Allah a originellement donnée aux hommes – pas de changement à la création d’Allah. – Voilà la religion de droiture ; mais la plupart des gens ne savent pas. » (30,30)

2) Qu’avons-nous fait de l’environnement ?

L’Homme, tel qu’il est devenu, a un appétit insatiable, son avidité s’est attaqué à son environnement pour l’altérer et la dévaster conformément au verset : « ils altéreront la création d’Allah. » (4, 119)

Les problèmes environnementaux sont le fait de l’Homme : « La corruption est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains » (30, 41)

Contrairement à son environnement d’origine, le Paradis où les ressources sont inépuisables et inaltérables, les ressources terrestres sont en quantité limitée et sont altérables. L’Homme a été exilé du Paradis à cause de sa désobéissance à Allah, s’il n’y prend garde cette même désobéissance fera de la terre, environnement originalement idéal pour la vie, un lieu hostile à la vie. C’est par le retour à Allah, à l’application de Ses prescriptions que l’Homme pourra établir la Justice véritable respectueuse de Son Créateur, de lui-même et de son environnement, telle est la voie du Salut, de la Paix.

E) Comment préserver l'environnement ?

Pour préserver l’environnement, nous devons d’abord reconsidérer nos rapports avec l’Environnement et ensuite mettre en œuvre les Prescriptions divines qui sont une miséricorde pour l’ensemble des créatures.

1- Respect de l’environnement en qu’une partie de nous-mêmes

L’Homme a une « parenté » avec la terre dont il est issu et avec l’eau dont il est composé comme le précisent les versets coraniques suivants : « Parmi Ses signes : Il vous a créés de terre » (30, 20) et « Ensuite, Nous les avons séparés et fait de l’eau toute chose vivante. » (21, 30). Aussi l’Homme ne peut se passer ni de l’eau ni de la terre. C’est ainsi que l’Homme se nourrit des fruits de la terre et du ciel lui viennent les pluies ainsi que les rayons solaires nécessaires à la vie sur terre. Nos multiples besoins liés à notre environnement doivent nous inciter à le respecter. Par ailleurs, les éléments constituant l’environnement sont des créatures d’Allah, ils méritent donc à ce titre notre respect. Respecter l’environnement, c’est en fait respecter Son créateur, Allah.

2- L’environnement comme réserves spirituelles et non pas seulement matérielles

La variété infinie des ressources naturelles mises à la disposition de l’Homme devrait l’incite à la reconnaissance des bienfaits du Tout Miséricordieux. Or la reconnaissance envers le Très Haut est un trésor spirituel : « ‘Ô famille de David, œuvrez par gratitude’, alors qu’il y a peu de Mes serviteurs qui sont reconnaissants. » (34, 13)

L’observation de l’environnement et la méditation sur les lois régissant son fonctionnement permettent à l’Homme d’atteindre la vérité et d’acquérir la certitude : «Ceux qui ont mécru, n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte ? Ensuite, Nous les avons séparés et fait de l’eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? » (21, 30).

 La lecture des signes du Très Haut dans l’univers et en nous-mêmes demeure un excellent moyen pour Le connaître, l’environnement devient ainsi pour nous une source de réserves spirituelles inépuisables où nous aurons loisir de renouveler notre foi et de la renforcer comme le suggère ce sublime verset : « Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur devienne évident que c’est cela (le Coran), la Vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit témoin de toute chose ? » (41, 53)

3- Prendre conscience que l’Environnement est vivant et qu’il adore Allah

D’une façon générale, les éléments constitutifs de l’environnement sont des créatures d’Allah qui sont parfaitement soumises, elles sont dans l’obéissance de leur Seigneur : « A Lui tous ceux qui sont dans les cieux et la terre : tous Lui sont entièrement soumis. » (30,26). C’est par le biais de leur adoration qu’ils sont au service de l’Homme. Les vents qui soufflent, les pluies qui arrosent les terres et alimentent les cours d’eau, l’écoulement des fleuves et rivières, la tombée de la neige, l’alternance des nuits et des jours, les courses du soleil et de la lune chacun dans son orbite, la terre qui se fend pour laisser jaillir plantes, arbres, fleurs et fruits, les migrations des oiseaux, la vie tumultueuse de la faune et de la flore aussi bien sur terre que dans les eaux et la posture majestueuse des montagnes sont les manifestations de l’adoration des éléments de la nature conformément aux versets coraniques : « Les sept cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. Certes c’est Lui qui est Indulgent et Pardonneur. » (17, 44) et « N’as-tu pas vu qu’Allah est glorifié par tous ceux qui sont dans les cieux et la terre ; ainsi que les oiseaux déployant leurs ailes ? Chacun, certes, a appris sa façon de L’adorer et de Le glorifier. Allah sait parfaitement ce qu’ils font. » (24, 41)

Quand l’adoration de la Nature n’est pas pervertie par l’homme, elle sert au mieux l’humanité. Mais quand l’homme la pervertie par divers moyens et pour diverses causes alors la Nature souillée, perturbée, détournée de son obéissance à Son Créateur, se dégrade et s’achemine vers la mort causée par l’obstruction à son mode d’adoration. Une Nature ainsi altérée ne pourra plus servir l’homme conformément à sa vocation. Respecter l’Environnement, c’est respecter Son Créateur, respecter la Nature c’est l’aider dans son adoration d’Allah. Comment l’homme peut-il aider la nature à adorer Le Créateur de la Nature Qui est aussi le Sien ? La réponse à cette question est simple. Pour aider la nature dans son adoration d’Allah, l’homme doit lui-même se conformer à sa raison d’être : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent » (51, 56). L’adoration d’Allah ne saurait entre réduite aux seuls actes cultuels. Toutes les étapes de l’existence ainsi que les actions qui s’y déroulent entrent dans le cadre de l’adoration comme cela est indiqué dans le Saint Coran : « Dis : ‘En vérité, ma Salât, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers. – A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre.» (6, 162-163).

Quand l’Homme se conforme aux prescriptions divines, son rapport avec l’environnement devient miséricorde conformément au verset coranique : « Et nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour les créatures. » (21,107)

4- La mise en œuvre des prescriptions divines en faveur de l’environnement

Dans le Saint Coran, Allah, nous indique quelques caractéristiques de Ses serviteurs vertueux : « Les serviteurs du Tout Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s’adressent à eux, disent ‘Paix’, - … Qui, lorsqu’ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu. - …Qui disent : ‘Seigneur, donnes-nous, en nos épouses et nos descendants la joie des yeux, et fais de nous un guide pour les pieux » (25, 63/67/74). Les croyants se distinguent par leur humilité sur terre, leur modération dans les dépenses et leurs prières pour leurs descendants. L’humilité sur terre symbolise le respect pour l’ensemble des créatures, donc pour l’environnement. La modération dans les dépenses et le fait de s’en tenir au juste milieu indiquent l’exploitation rationnelle et mesurée des ressources naturelles. Les prières pour la descendance traduisent le souci pour les générations futures. Toutes les qualités requises pour un développement humain durable se trouvent synthétisées dans ces versets.

Le Tout Miséricordieux nous invitent également à éviter tout gaspillage : « Et ne gaspille pas indûment, - car les gaspilleurs sont les frères des diables » (17,26-27). Les gaspilleurs sont les frères des diables car ils sont, entres autres, mus par l’égoïsme et l’inconscience.

Par ailleurs, la protection de l’environnement est un acte de foi conformément à ces propos du Prophète (bsAl) : «La foi comporte un peu plus de soixante-dix (ou soixante) branches. La plus noble en est l’affirmation qu’il n’y a de dieu qu’Allah et la plus infime est l’action de retirer de la route ce qui peut nuire aux passants. La pudeur est l’une des branches de la foi » (Jardins des vertueux). Si la simple action de retirer de la route ce qui peut nuire aux passants est un acte de foi qu’en sera-t-il des actions de plus grande envergure visant à préserver l’environnement, si elles sont accomplies en vue de la Face d’Allah ?

Nous allons, pour terminer, citer quelques hadiths du Prophète (bsAl) relatifs à la préservation de l’environnement :

a) La préservation du voisin

« Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant ! Par Allah, il n’est pas croyant ! ‘Qui donc, Envoyé d’Allah’ ? demandâmes-nous. ‘Celui qui n’épargne pas ses méfaits à son voisin.’ Nous répondit-il ». (Boukhari &Muslim)

b) La préservation de l’eau

« Le Prophète (bsAl) passait lorsque Sa`d était entrain de faire ses ablutions, il lui dit : ‘Ô Sa`d, quel gaspillage ?’ Sa`d répondit : ‘Est-ce qu’il a gaspillage dans les ablutions ?’ Le Prophète (bsAl) lui répondit : ‘Oui, même si tu étais au bord d’une rivière’. » (Ibn Maja)

« Que personne n’urine dans l’eau stagnante dans laquelle on se lave » (Boukhari)

« Evitez trois causes de malédiction : les excréments humains dans les sources, au milieu du chemin et à l’ombre » (Abou Daoud)

c) La préservation de la faune

« Qui tue sans raison un oiseau, le Jour du Jugement dernier, cet oiseau criera auprès d’Allah : ‘untel m’a tué sans raison, sans nécessité » (Ahmad/Nissaï)

« Une femme est entrée en Enfer pour avoir lié un chat sans le nourrir et le nourrir, ni le laisser se nourrir des bestioles terrestres. » (Boukhari)

« Allah a pardonné à une prostituée qui a trouvée un chien au bord d’un puits, haletant au point de mourir. Elle a retiré son soulier, l’a attaché à son foulard et l’a rempli d’eau pour lui donner à boire. Pour cette raison, Allah lui a pardonné. » (Boukhari)

Le Prophète (bsAl) est passé à coté d’un âne dont le dos a rejoint le ventre tellement qu’il était maigre, il dit alors : « Craignez Allah dans ces bêtes domestiques, montez les en bonne santé et mangez les saines » (Abou Daoud)

d) La préservation de la flore

« Celui qui coupe un jujubier d’Orient, Allah le destine à l’Enfer » (Abou Daoud)

« Si l’Heure (du Jugement Dernier) est arrivée et l’un d’entre vous est train de planter une bouture, s’il peut qu’il le fasse. » (Boukhari)

« Tout musulman qui plante un arbre dont on se nourrit, il obtient une charité, chaque fois qu’on vole de ses fruits, c’est aussi charité, et chaque fois que les animaux en mangent, c’est aussi charité, et tout ce qu’en mangent les oiseaux est aussi charité et tout préjudice est charité. » (Muslim)

La préservation du péché pour que la nature soit généreuse envers nous

Quand les Hommes s’abstiennent du péché ou lorsqu’ils se repentent et demandent rémission pour leurs péchés, le Tout Miséricordieux améliore leur environnement conformément au verset coranique suivant : « Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est grand Pardonneur, - pour qu’Il vous envoie du ciel, des pluies abondantes, - et qu’Il vous accorde beaucoup de biens et d’enfants, et vous donne des jardins et vous donne des rivières» (71, 10-12)

Conclusion

Pour restaurer l’environnement, il faut que l’homme lui-même soit restauré. Il faut que nous changions nos valeurs, que nous changions ce qu’il y a en nous-mêmes et cela au niveau de chacun de nous, c’est à ce prix qu’interviendra le changement global souhaité comme nous l’indique le verset suivant : « …En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes… » (13, 11). Les valeurs vers lesquelles nous devons nous tourner ne sont pas nouvelles, elles ont été prônées par tous les Prophètes (bénis soient-ils) suscités par le Tout Miséricordieux. Ces valeurs peuvent se résumer par la recherche et l’acquisition de la grâce divine dont il nous est dit dans le Saint Coran : « Ô gens ! Une exhortation vous est venue, de votre Seigneur, une guérison de ce qui est dans les poitrines, un guide et une miséricorde pour les croyants. – Dis : ‘[Ceci provient] de la grâce d’Allah et de Sa miséricorde ; voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est bien mieux que tout ce qu’ils amassent » (10, 57-58)

En vérité, l’humanité a suffisamment expérimenté la course aux richesses, elle a montré ses limites et causé d’innombrables dégâts. Il y a également lieu d’être conscient du fait que les richesses matérielles amassées ne nous accompagnent pas dans notre voyage vers le Très Haut, ce ne sont que des acquisitions périssables ; les croyants doivent acquérir ce qui ne périt pas, ce qu’ils doivent amasser c’est la grâce du Tout Miséricordieux et c’est cela la véritable richesse comme nous l’enseigne le Prophète (bsAl) qui a dit : « La richesse ne consiste pas à posséder beaucoup d’argent, la richesse véritable est celle de l’âme. » (B & M).

C’est en changeant nos valeurs que nous pourrons changer le cours des choses et retrouver un environnement verdoyant comme cela nous est promis au Paradis. Cet environnement qui est une partie de nous-mêmes et par le biais duquel le Tout Miséricordieux s’adresse à nous comme dans cette sublime parabole : «  Et sur la terre il y a des parcelles voisines le unes des autres, des jardins [planté] de vignes, et de céréales et des palmiers, en touffes ou espacés, arrosés de la même eau, cependant Nous rendons supérieurs les uns aux autres quant au goût. Voilà bien là des preuves pour des gens qui raisonnent. » (13, 4). Nous sommes tous des parcelles de terre et sommes tous arrosés par l’eau bénie de la Révélation divine qui permet aux cœurs d’accéder à la vie véritable, cultivons d’autres valeurs, ainsi par la grâce d’Allah, il est possible que nous devenions les jardins dont les fruits ont un goût supérieur et que nous partagerions ces fruits avec le maximum d’hommes pour avoir une société en parfaite harmonie avec son environnement.

Louanges à Allah, Maître des univers !

Yamar Faganda DIARRA, Bamako le 14 juillet 2009




Commission diocésaine de Justice et Paix (L64) -Octobre-novembre 2009

La tuerie du 28 septembre : C'est ce qui a marqué l'essentiel de nos activités. Nous avons d'abord publié et longuement expliqué la lettre des évêques du 23 septembre puis la déclaration commune des chefs religieux demandant la paix et le dialogue. Après ces évènements, nous avons lancé un appel aux chrétiens demandant 3 choses :

  1. signaler dans la plus grande discrétion les blessés, les femmes violées et les familles en deuil pour pouvoir les aider,

  2. refuser et lutter contre les rumeurs

  3. restaurer le dialogue social en cherchant en particulier à parler et à créer des liens d'amitié avec les personnes des autres ethnies et des autres religions que la nôtre.

Malheureusement, plusieurs chrétiens et conseils paroissiaux n'ont pas voulu s'engager dans cette action et même certains ont voulu la bloquer, en disant qu'il ne s'était rien passé. Ce qui, bien sûr, est absolument inacceptable: en droit humain international, on appelle cela le négationisme. Et il est condamnable par la loi et passible de jugement. C'est pourquoi, nous remercions les personnes courageuses qui se sont engagées avec nous.

Certains chrétiens voulaient soutenir le président et le CNDD, ce qui est leur droit, mais pour des raisons non valables: parce qu'ils sont de notre ethnie ou de notre religion. De telles raisons ne peuvent conduire qu'à une guerre civile de genre ethnique et religieuse, ce que nous devons à tout prix éviter bien sûr. Le président et les autres responsables du pays doivent être choisis à partir de leurs capacités, de ce qu'ils ont déjà fait et de la valeur de leur programme et non pas de leur ethnie ou de leur religion. Et ils doivent être choisis par des élections libres et bien organisées. La commission Justice et Paix a préparé une formation d'observateurs indépendants pour les élections qu'elle pourra organiser dès que les élections seront prévues. Nous avons publié également un document pour aider à réfléchir à ces questions

Pour approfondir la réflexion et la formation, nous avons publié un document de 5 pages sur la situation du pays, qui a été sérieusement travaillé, corrigé et amélioré par les 2 commissions et les volontaires engagés en faveur des victimes du 28 Septembre. Ce document a été largement publié et présenté en particulier au médiateur Blaise Compaoré.

Pour aider à vivre ces évènements dans la foi et à les célébrer dan nos eucharisties, nous avons publié le document: Paroles de Dieu et Prières qui a été lu aux annonces et utilisé dans de nombreuses paroisses. Merci à elles!

Tous ces documents ont été envoyés aux différentes ambassades et aux journaux et radios libres de la place. Certains nous ont interviewés et ont publiés nos idées et nos actions. Nous avons également fait une émission à la télévision dans l'émission "La voix de l'Evangile". Ces documents ont été envoyés par mail à plus de 500 correspondants en Guinée, aux commissions Justice et Paix de toute l'Afrique et dans les autres continents et à de nombreuses autres personnes. Des extraits ont été publiés dans de nombreux sites et en intégralité sur notre blog : http://justice.paix.guinee.free.fr que l'on peut consulter en permanence et sur lequel on peut également donner ses idées et ses réactions. Beaucoup de personnes consultent ce site, mais nous regrettons qu'ils ne participent pas en apportant leur contribution. Tous ces documents ont entraînés des interviews dans plusieurs radios internationales comme 2 du Vatican et Radio Notre Dame en France, dont des extraits circulent actuellement dans le pays et ont suscité des réactions d'ambassades et d'ONG internationales travaillant en Guinée. Tout ceci est très délicat et il y a toujours le risque de récupération ou d'interprétation, mais permettent non seulement de donner la position de l'Eglise Catholique, mais de proposer les idées et les valeurs de l'Evangile et de faire réfléchir beaucoup de personnes et de susciter un débat constructif et essentiel pour l'avenir du pays. De nombreux musulmans en particulier réagissent positivement à nos positions

Les actions. Mais il ne suffit pas de faire réfléchir et former, il faut agir. Aussitôt après les évènements, à la demande de Monseigneur Vincent et avec le soutien de CRS, nous avons mis en place une équipe de volontaires bénévoles, pour contacter les personnes signalées par les paroisses, évaluer leurs besoins et voir comment les aider. Le 1° décembre, nous avons pu remettre un sac de riz et 50.000 francs aux familles en deuils, fournir du matériel scolaires pour leurs enfants allant à l'école, rembourser pour 150.000 francs de soins aux blessés guéris, prendre en charge les blessés par encore guéris, tout cela dans la plus grande discrétion pour les raisons indiquées plus haut. Nous allons continuer ce soutien pendant les 2 mois qui viennent et nous remercions beaucoup CRS pour son aide.

Les centres aérés se sont déroulés au mois d'Aout dans les 4 paroisses de Dubreka, Kountiya, Yimbaya et Nongo., en regroupant de nombreux enfants, à la satisfaction de leurs parents. Ces centres étaient ouverts aux enfants de toute ethnie et de toute religion et nous avons reçu le soutien des conseils paroissiaux, mais aussi des responsables de quartier et des imans Ces centres aérés comportaient des activités scolaires, une éducation et mise à l'action des droits de l'enfants avec des jeux pédagogiques adaptés et des activités éducatives: chants, théâtres, activités manuelles,etc… Les éducateurs ont été formés les mois précédents en internat au foyer des enfants de SOS Mineurs, pour apprendre à travailler avec les enfants en difficultés et en danger moral. Nous avons fait l'évaluation de ces centres aérés au collège de Dixinn au mois de septembre. On peut nous la demander. Mais surtout, nous avons demandé aux paroisses intéressées de se signaler et de nous présenter des candidats pour que nous puissions assurer leur formation. Nous attendons les réponses. Mais la participation du conseil paroissial et des commissions de Justice et Paix et de Pastorale Sociale est absolument nécessaire pour le succès de ce travail d'éducation et de soutien très important en faveur des enfants les plus pauvres.

Ces jeux sur les droits des enfants sont utilisés actuellement dans de nombreux endroits: dans les paroisses et quartiers où on eu lieu ces centres aérés, dans le mouvement CV AV, dans les foyers Saint Joseph,etc…Nous les avons présentés à L'UNICEF. Les personnes intéressées peuvent nous contacter.

Le suivi du synode

Le 2nd synode pour l'Afrique est un évènement très important, qu'il va falloir maintenant faire connaître et mettre en pratique. Dès son retour du Vatican, Monseigneur Vincent a publié une déclaration du pays en lien avec les constatations du synode, que nous avons largement multiplié et diffusé. Nous rappelons que toutes les personnes qui souhaitent recevoir ces différents documents peuvent nous envoyer leur adresse mail. Déjà, beaucoup de nos destinataires les photocopient pour les faire connaître autour d'eux. Nous-mêmes, nous en déposons un exemplaire dans la boite de chaque paroisse à l'Archevêché, mais nous devons reconnaître que souvent, ils ne sont ni distribués ni utilisés, ce qui est très regrettable et bloque comlètement notre travail.

Malgré tout, nous avons publié des extraits importants du message final du synode. Nous avons tenu une rencontre d'information et d'explication au collège Sainte Marie de Dixinn, dont nous avons publié le compte-rendu. Nous en avons parlé à chaque rencontre diocésaine. Et les religieux et religieuses du diocèse se sont retrouvés pour voir quelles actions mener le samedi 5 décembre..

Les rencontres diocésaines

Elles se tiennent chaque 2° dimanche du, mois et ont eu lieu le 4/10 à Taouya, le 8/11 à Sangoya et aura lieu le 13 Décembre à St Etienne de Yimbaya et le 10 janvier à Saint Robert de Koloma. Vu l'importance du travail accompli, il est très important que chaque paroisse y envoie un délégué, de même que pour les rencontres de Pastorale Sociale, qui elles, ont lieu le 3° dimanche du mois.

De nombreuses paroisses nous ont envoyé leur plan d'action de cette année, que nous avons publié et nous les en remercions : Mamou, Boke, Bonfi, Lambanyi, Taouya, etc…Nous avons noté la nécessité que les curés soutiennent cette commission, sinon les gens se découragent. Mais il n’est pas nécessaire d'avoir un grand bureau. Un président, un secrétaire et un trésorier suffisent, car dans la commission, c'est tout le monde qui est actif et engagé. Le synode nous demande de nous former à la doctrine sociale de l'Eglise. Cette formation a lieu le dernier samedi de chaque mois au Collège Ste Marie de Dixinn à 9 heures, au fond de la cour.

Quelques actions : Nous avons découvert des consommateurs clandestins d'électricité. Si les gens ne payent pas l'électricité, la société ne pourra pas fonctionner. La prostitution a été interdite, mais beaucoup de filles viennent rencontrer les militaires autour des camps. Et aussi au bord de la mer, dans les dancings et même dans la rue. Elles disent que c'est à cause de la pauvreté et qu'aller avec des militaires apporte la sécurité. De même, la consommation et la vente de la drogue continue dans les quartiers. Nous sommes tous concernés par ces problèmes.

Que faire pour les jeunes diplômés qui ne trouvent pas de travail? Avec la commission de pastorale sociale, nous allons commencer des petits projets, pour aider ces personnes

A Enta, il y a un cimetière commun pour les chrétiens et les musulmans. Les jeunes le nettoient à tour de rôle. Les jeunes musulmans sont même venus nettoyer la paroisse Ste Thérèse.

Un propriétaire musulman voulait chasser une veuve catholique de sa maison sans préavis. Nous avons été voir l'imam du quartier qui l'a conseillé et il a gardé la veuve.

De nombreuses réconciliations ont été faites dans les quartiers et les familles. Par exemple, à Nongo entre 2 sœurs qui ne se parlaient plus depuis 10 ans. "L'imam de mon quartier m'a interpellé pour mettre la paix dans le quartier". "Je suis fiancée avec une jeune fille peule, cela me permet d'avoir des amis musulmans et de voir ensemble ce qu'on peut faire pour mettre l'entente dans le pays." Notre église est juste à côté d'une mosquée, mais grâce à nos bonnes relations, il n'y a aucun frottement. "Nous avons besoin pour nous-mêmes d'être en relation étroite avec des gens des autres religions". Bien sûr, le dialogue est souvent difficile et certains refusent même de nous parler. Mais nous devons continuer d'aller vers eux, parce que Jésus nous a envoyé vers tous les hommes, comme Lui-même est venu vers nous. Nous croyons que Dieu est amour. Il est dialogue, même en lui-même, car Il est Trinité. Si nous cherchons à dialoguer, dans le respect, c'est à cause de Dieu. Pas parce que les autres en ont envie.. Mais le vrai dialogue, c'est dans l'action. Si nous agissons ensemble chrétiens et musulmans, nous allons nous comprendre.

Les commissions Justice et Paix du Fouta ont fourni 83 superviseurs pour suivre l'action contre le paludisme et pour la vaccination financée par l'OMVS et organisée avec le soutien de CRS dans le FOUTA et la Région de KANKAN, à la satisfaction des organisateurs. Nous les félicitons.

Nous attendons les propositions de dates des doyennés pour l'organisation des sessions annuelles de formation. Ces formations partiront bien sûr des travaux du 2° synode pour l'Afrique, pour le mettre en pratique. La formation d'observateurs indépendants pour les élections est arrêtée pour le moment.

Avec l'accord de Monseigneur Vincent Coulibaly, nous prévoyons une formation commune de jeunes chrétiens et musulmans sur l'éducation à la paix. Ils contacteront ensuite les responsables des différentes religions et les autorités de quartier, afin que ces derniers sensibilisent leurs différentes communautés à la construction de la paix en Guinée. Ces jeunes formés organiseront également des rencontres dans les quartiers entre les jeunes de toutes ethnies et religions pour chercher ensemble comment construire la paix dans le pays.

Les formateurs continuent régulièrement les tournées dans les paroisses selon le calendrier fourni pour l'animation des commissions paroissiales. Nous les remercions pour le travail important qu'ils accomplissent avec beaucoup de courage. Au niveau de la formation, nous avons travaillé des programmes de réunions qui comprennent la dimension de la justice, la paix et la réconciliation comme le synode l'a demandé, en particulier pour les enfants de chœur, les CV AV, les Scouts, les femmes catholiques, les CCB, les catéchistes, etc…Nous avons également envoyé par mail et dans les différentes paroisses, des célébrations pour la paix pendant le temps de l'Avent. Vous pouvez les demander.

PAROLES DE DIEU: Mat 18,12-20; 1° Cor 6,1-6; Eph 2,14-18.




Agir sur les causes

A CONAKRY, en Guinée, des jeunes des quartiers populaires se sont révoltés, car rien n’est fait dans leurs quartiers. Il n’y a ni eau, ni électricité. La plupart des jeunes ne trouvent pas de travail, même ceux qui ont terminé l’Université. Toute la famille vit dans une grande situation de pauvreté. Et pendant ce temps-là, ils voient dans d’autres quartiers de grandes et belles villas en construction. Leurs propres quartiers sont traversés sans cesse par des voitures de luxe. Alors ces jeunes ont commencé à jeter des cailloux sur ces voitures. Ils ont fait des barricades et brûlé des stations services. On envoie les policiers et les militaires pour les chasser. Les gens qui apprennent cela disent : « Les jeunes sont violents. Ce sont des casseurs. Ce qu’ils font n’est pas bon. Ce n’est pas une solution ».

C’est vrai que ces jeunes sont violents. Mais il faudrait réfléchir un peu plus et voir les causes de cette violence, pour pouvoir y trouver des solutions appropriées. Et d’abord, ne faudrait-il pas analyser la situation en profondeur pour voir les causes de cette violence et d’où elle vient exactement ?

C’est vrai que ces jeunes ont cassé des pare-brises et incendié des stations-service. Mais pourquoi ? Parce que ce sont des symboles d’ilots de richesse et de luxe dans un monde de pauvreté. Et ces jeunes savent que souvent cette richesse est mal acquise. Elle est acquise sur leur propre exploitation. Et même très souvent à coups de détournements et de corruption.

Ils ont cassé des pare-brise. Mais la souffrance de ces jeunes et de leurs familles, la pauvreté continuelle, la faim ininterrompue, n’est-ce pas une violence plus grave ? Même si ces profiteurs et exploiteurs sont polis et n’insultent personne, n’est-ce pas eux qui sont les vrais violents ? N’est-ce pas contre cette violence institutionnalisée qu’il faudrait d’abord lutter ? Pour changer les structures de la société qui exploite les plus faibles et les plus pauvres. Tant qu’on n’aura pas agi sur les causes, c’est-à-dire ces grands écarts sociaux causés en plus par le comportement égoïste de ceux qui sont bien placés, les gens deviendront de plus en plus violents.

On a envoyé l’armée rétablir le calme. On dit : « la paix est revenue ». Est-ce vraiment cela la paix ? Que vaut une paix sans justice ? Que penser d’une paix construite sur la peur et la répression ? Est-ce que là aussi il n’y a pas violence ? Et en plus, c’est la violence du plus fort ! Peut-on construire la paix en écrasant le plus petit et le plus pauvre, qui sont déjà écrasés par des conditions de vie inhumaines ? Est-ce normal de faire taire par la force la voix de ceux qui ne demandent qu’à vivre ? Surtout quand ils se trouvent méprisés par des gens égoïstes, orgueilleux ou simplement insouciants. Et que ces jeunes ont l’impression que seules la peur et la violence pourront réveiller ces gens et leur faire prendre conscience des problèmes des plus pauvres.

Mais il reste une 2ème question : Même si cette violence s’explique facilement, est-elle la meilleure solution pour résoudre les problèmes ? Car la violence entraîne la répression et une violence encore plus forte. Le Christ disait : « Celui qui agit par l’épée, mourra par l’épée » (le coupe-coupe). Il faut à tout prix faire quelque chose contre les situations d’injustice. Mais quelle est la meilleure méthode pour agir en profondeur sur les causes de ces injustices et transformer la société ?

Et c’est là que nous rencontrons la non violence. Ce n’est pas de la passivité ou de la peur, ni une acceptation de l’état de fait, mais une non violence active. Nous connaissons les exemples célèbres de GANDHI qui a ainsi obtenu l’indépendance de l’Inde. Celui de Martin Luther KING qui a obtenu le respect des droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. Celui des Philippines où une action non violente a fait tomber la dictature de Marcos. Et nous savons que Gandhi a commencé son action en Afrique du Sud. Les exemples d’actions non violentes efficaces ne manquent pas en Afrique non plus.

Ces actions non violentes peuvent amener une paix véritable et nous mettent dans une situation favorable pour trouver des solutions à nos problèmes, en agissant sur les causes profondes. Ce sont aussi ces actions qui permettent une réconciliation véritable. En effet, dans la non violence active, on ne cherche pas à avoir raison, encore moins à vaincre l’adversaire. Au contraire, on l’accepte tel qu’il est et on cherche à comprendre ses motivations. On croit qu’il est capable de réfléchir, de se mettre en cause et de changer son comportement. Et nous-mêmes, en même temps, nous nous mettons en cause et nous cherchons à nous convertir et à avancer ensemble. Ainsi on arrive à une vraie réconciliation.

N.B. Il faudra se former plus largement –et mieux -à la non violence active.