Armel Duteil

Doctrine Sociale

La doctrine sociale de l'Eglise


Sommaire

Formation à la doctrine sociale de l'Eglise

Fiche 1 : La foi chrétienne

Fiche 2 : Le doctrine sociale de l'Eglise

Fiche 3 : Dix principes de la doctrine sociale de l'Eglise

Fiche 4 : La dignité de la personne humaine

Fiche 5 : Les droits de la personne humaine

Fiche 6 : Droits et devoirs de l'homme1

Fiche 7 : Les rapports entre la personne et la société

Fiche 8 : La liberté religieuse

ANNEXE : Documents

Fiche 1 : La foi chrétienne : Quelques tentations à vaincre

Fiche 2 : 10 principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise

Fiche 8 : La liberté religieuse1


Formation à la doctrine sociale de l'Eglise

La doctrine sociale de l’Eglise est le résultat d’une longue histoire, pleine d’expériences et d’enseignement. Elle est la base de l’action sociale de l’Eglise. Il est donc absolument nécessaire de la connaître. C’est pourquoi nous avons écrit ces fiches. Elles peuvent être enseignées en catéchèse, par exemple pour la préparation à la confirmation. C’est la raison pour laquelle, nous avons repris le schéma des leçons du programme officiel : «Chrétiens aujourd’hui ».Mais ces fiches peuvent aussi être utilisées pour des formations, dans des rencontres de mouvements ou de commissions, des récollections, etc…En les reprenant totalement ou en partie. Et en les adaptant aux situations et aux personnes.

Ces fiches suivent un ordre précis. Mais d’après les gens auxquels on s’adresse, leurs connaissances et les besoins du milieu où ils vivent, on pourra commencer par l’une ou l’autre fiche, au choix. Voici la liste de ces fiches (pour le moment)

  1. La foi chrétienne

  2. La Doctrine sociale de l’Eglise

  3. Dix principes de la Doctrine sociale de l’Eglise

  4. La dignité de la personne humaine

  5. Les droits de la personne humaine

  6. Droits et devoirs

  7. Rapports entre personnes et société

  8. La liberté religieuse.

Nous proposons pour certaines fiches, des documents. Pour ne pas allonger les fiches, nous avons regroupé tous ces documents à l’arrière, en annexe. Soit :

  • Fiche 1 : La Foi Chrétienne : quelques tentations à vaincre (lineamenta du 2° Synode pour l’Afrique)

  • Fiche 2 : 10 principes de la DES selon Mgr Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry – Guinée

  • Quelques principes fondamentaux de la DES (lineamenta n° 41-47)

  • Fiche 8 : Message de Jean Paul 2 à l’ONU - 1978

  • Message à la 60° session de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU – 2OO4

  • Discours de Benoît 16 pour le 60° anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

Ce travail sur la Doctrine Sociale de l’Eglise est complété par une 2° série sur Droits Humains et Christianisme. Vous pouvez la demander à armelduteil@hotmail.fr.

En voici les sujets :

  • La 1° partie parle de l’histoire des droits de l'homme.

  • La 2° partie parle de droits humains et christianisme.

  • La 3° partie parle de comment éduquer aux droits humains.

  • La 4° partie parle de comment agir pour les droits humains.

Voici le détail de la 2° partie :

  1. Droits humains et Parole de Dieu

  2. Droits humains et histoire de l’Eglise

  3. Droits humains et enseignement de l’Eglise

  4. Droits Humains et Eglises protestantes.

  5. Droits Humains et vie chrétienne

  6. Justice et Paix et Droits humains

Pour que ces fiches soient comprises par le plus grand nombre de personnes, nous les avons écrites en français simple. Pour faciliter la lecture, en public mais aussi personnelle, nous avons ajouté des virgules, là où on peut faire une pose. Et tout écrit en phrases courtes.

Ce travail n’est pas terminé : Ce n’est qu’un début et une première ébauche, afin d’obtenir votre collaboration. Aussi toutes les propositions d’amélioration seront les bienvenues. De même que les idées pour d’autres fiches. Par exemple sur les valeurs fondamentales (les choses importantes et les questions de base) de la vie sociale, le travail et le développement, le développement intégral et la promotion humaine, l’option préférentielle pour les pauvres, le bien commun, le respect de l’environnement et l’Intégrité de la Création, etc…En attendant, on peut toujours regarder la table analytique du Compendium sur la Doctrine Sociale de l’Eglise.

Fiche 1 : La foi chrétienne

1. Cherchons ensemble (expérience humaine)

Dans le quartier, tout le monde aime et respecte Jean-Pierre, parce qu’il se conduit très bien. Il est ami de tout le monde, et il est toujours prêt à rendre service. Dans la paroisse, il a plusieurs responsabilités qu’il remplit avec soin ; on l’admire beaucoup. Les gens disent : « lui c’est un vrai chrétien, il a vraiment la foi ».

  • A ton avis, pourquoi les gens disent-ils, que Jean-Pierre a vraiment la foi ?

  • Pour toi, qu’est-ce que la foi ? (Tu laisses les catéchumènes -les participants- répondre).

Les désirs de notre cœur

  • Nous avons des idées, des habitudes et des façons de faire, qui nous conduisent dans notre vie de tous les jours : pour le travail, pour arranger notre maison, pour nos loisirs, pour notre façon de vivre en famille, etc. Mais nous cherchons quelque chose de plus profond. Quelque chose qui peut, non seulement nous conduire, mais nous faire réussir notre vie. Quelque chose qui transforme complètement nos façons de faire. A cause d’un but, que nous avons choisi pour notre vie. Où trouver ces idées et cette force, qui peuvent nous faire réussir notre vie ?

  • Notre vie est difficile. Nous avons beaucoup de problèmes et de difficultés. Nous nous posons beaucoup de questions. Où trouver la lumière et la vérité ? Comment voir clair dans notre vie ?

  • Nous nous sentons souvent seuls et abandonnés. Nous avons des parents, des camarades et même des amis. Ils nous conseillent souvent. Mais cela ne nous suffit pas. Qui pourra nous conduire, dans toute notre vie ? Quelqu’un dans lequel nous pouvons avoir entièrement confiance. Et qui ne nous abandonnera jamais. Ecoutons la Parole de Dieu.

2. Parole de Dieu

Jean 9, 1 à 7 + 35 à 38 : guérison de l’aveugle né.

Après la lecture de cet Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cet Evangile nous montre, sur Dieu ou sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux, et nous apporte l’espérance).

  4. Que pouvons-nous faire, pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

Explications

  • Souvent, nous entendons parler de sorcellerie. Quand il y a un accident, une maladie, un malheur ou une mort, les gens demandent : qui a fait cela (qui est responsable) ? Les apôtres eux aussi, demandent à Jésus : « Qui a péché pour que cet homme soit aveugle ? Lui ou ses parents ? » Jésus répond : « Ni lui, ni ses parents ». La foi en Jésus nous demande, d’abandonner toutes les accusations de sorcellerie. Et de laisser les affaires de magie, de charlatans et de fétichisme. Comme dit Jésus, la foi c’est faire le bien, « pour que l’action de Dieu se montre en nous ». Comme Jésus a montré qu’il est la lumière du monde, en guérissant l’aveugle. Nous savons que Dieu nous protège et nous garde. Et comme le dit un proverbe ekonda : «Le kaolin avec lequel Dieu t’a marqué, le sorcier ne peut pas l’enlever ».

  • Si nous croyons en Jésus, souvent nous devrons souffrir. Et nous serons rejetés par les gens. Comme l’aveugle-né, qui a été chassé par les pharisiens. Un proverbe dit : « celui qui veut manger un beignet-akara, doit supporter le piment ».

3. Réfléchissons

(Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir, sous forme de questions. Au cours d’un dialogue, en parlant tous ensemble. Et non pas comme un enseignement. Pour chaque paragraphe, poser d’abord une question, par rapport à ce qui est dit. Ecouter les réponses des catéchumènes. Puis compléter, en expliquant ce qui est écrit).

  1. Avoir la foi, c’est répondre à l’appel de Dieu, d’une manière libre. Pour nous, chrétiens, c’est aimer Jésus-Christ. Et vivre comme lui, et avec lui. La foi est le résultat de l’action de l’Esprit Saint, dans le cœur de l’homme. Mais elle suppose que l’homme prépare son cœur. Et qu’il aime cette voix de Dieu, qui parle dans son cœur. Un proverbe dit : «tu peux refuser de danser. Mais tu ne peux pas t’empêcher d’entendre le tam-tam ! »

  2. La foi chrétienne, c’est connaître Jésus, pour vivre avec lui : c’est Jésus la base de notre foi. Nous croyons en Dieu, tel qu’Il s’est fait connaître en Jésus. Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean 15, 4-6). En Jésus-Christ, Dieu s’est fait homme. Dieu est présent dans toute notre vie. Celui qui croit en Jésus, il regarde tout ce qui se passe dans sa vie, avec les yeux de Jésus. Grâce à la lumière du Saint Esprit. A ce moment-là, il laisse le péché. Il vit comme Jésus. Comme dit le proverbe : « c’est la villageois, qui montre les chemins de la chasse à l’étranger »

  3. Il n’y a pas de vraie foi, sans bonnes actions. Celui qui croit en Jésus, il cherche à aider les pauvres, comme Jésus Lui-même l’a fait. Il partage les souffrances de ses frères. Il lutte contre les injustices. Il sait qu’il est petit frère ou petite sœur de Jésus. A cause de cela, le croyant cherche à être frère ou sœur de tous les hommes (demander aux participants, de raconter le premier discours de Jésus, dans la maison de prière de Nazareth. Luc 4, 15 à 21. Compléter ou le lire ensuite). La foi suppose un certain nombre d’habitudes : travailler, aimer vraiment les pauvres, comme Jésus l’a fait. Chercher la vérité et le bien : le Royaume Dieu est un Royaume de vérité. Lutter pour l’égalité de tous, et la justice pour tous. Aimer sans rejeter personne. C’est en transformant le monde, en soutenant les pauvres, en supprimant les situations d’injustice, et en faisant grandir la paix, que le chrétien vit sa foi. Un proverbe luba prévient : «Tu peux manger seul. Mais alors ta peine sera plus grande ».Et un proverbe bahaya dit au contraire : « Ne cherchons pas à nous rassasier. Mangeons chacun un morceau » (partageons ce que nous avons)

  4. La foi doit être célébrée : Que célébrons-nous ? D’abord, nous célébrons la mort et la résurrection de Jésus, qui nous libère du péché et de tout mal. Il nous fait vivre d’une vie nouvelle. Cette foi, nous la célébrons spécialement dans l’Eucharistie. Et dans les autres sacrements, et les autres prières. Mais aussi en aidant nos frères et nos sœurs : Jean-Paul II écrivait : « on ne peut pas recevoir le Corps du Christ dans la Communion, et rester loin de ceux qui ont faim, qui sont exploités, étrangers, en prison ou malades ». un proverbe bamoum dit : « Celui qui a la main fermée, il n’avance pas »

  5. La foi est vécue comme une libération : (demande aux participants de raconter les trois tentations de Jésus au désert – Luc 4, 1 à 14. Si nécessaire, tu complètes). Avoir la foi, c’est refuser les tentations de Satan, comme Jésus :
    - Refuser la soif de l’argent et des choses matérielles. Car « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (n° 4).
    - C’est laisser la recherche du pouvoir, qui nous pousse à écraser les autres. Jésus dit à Satan : «Tu adoreras le Seigneur ton Dieu. C’est à lui seul que tu feras tes prières » (n° 8).
    - C’est arrêter de demander des miracles à Dieu. Au lieu de nous engager nous-mêmes, pour construire le monde ; Comme dit Jésus : « Tu n’essaieras pas de te servir du Seigneur ton Dieu » (n° 12) (Voir le document en annexe) – Un proverbe ouolof dit : « Ne crie pas : mon Dieu, mon Dieu ! Commence par cultiver toi-même ton champ ! »

  6. La foi chrétienne est communautaire : notre foi, c’est la foi des douze apôtres, témoins de la résurrection de Jésus. C’est la foi de l’Eglise. Car on n’est pas chrétien tout seul. C’est dans notre communauté chrétienne, que nous vivons notre foi. C’est grâce à nos mouvements, nos groupes de prières et autres, nos CCB (CEB), que nous pouvons vivre notre foi. Et la partager avec nos frères. Un proverbe kissi explique : « un seul doigt ne peut pas ramasser un caillou par terre ». Et un autre ajoute : « On creuse le tam-tam dans la forêt, mais c’est pour faire danser tout le village »
    Pour parler ensemble :
    -
    Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?
    - Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

  7. Aujourd’hui (mise en pratique)
    - Comment allons-nous mettre en pratique ce que nous venons d’entendre ?
    -
    Comment vivre notre foi dans notre famille ? Dans notre travail ou notre école ? Dans la paroisse ? Dans nos loisirs ? Dans le quartier ou le village ? (laisse les participants répondre d’abord).

  8. Prière : Un catéchumène (ou un participant) dit une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions, tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière qui va bien avec ce qu’on vient d’enseigner, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter.

  9. Chant : Vous prenez un chant que vous connaissez, sur la foi.

  10. Leçons (par cœur):
    1) Qu’est-ce qu’avoir la foi ?
    - Avoir la foi, c’est bâtir notre vie sur Jésus, qui est mort et ressuscité pour nous. C’est vivre avec Lui, dans la prière. Et agir avec Lui, dans toute notre vie.
    2) Comment vivre notre foi ?
    -
    Nous vivons notre foi dans les sacrements, mais aussi dans nos efforts, pour aimer et pour libérer nos frères, avec la force du Saint-Esprit. Nous la vivons ensemble, en communauté.

Voir les documents le formateur, en Annexe

Fiche 2 : Le doctrine sociale de l'Eglise

1. Révision

Qu’avons-nous retenu, de ce qu’on nous a enseigné la semaine dernière, sur la foi chrétienne ? Qu’avons-nous fait pendant la semaine, pour mettre cet enseignement en pratique, et pour vivre notre foi ? (chacun donne des exemples de ce qu’il a fait)

2. Cherchons ensemble (expérience humaine)

  • A l’école, pour chaque matière, il y a un programme. Les partis politiques ont aussi un programme. Nous, les chrétiens, nous avons des buts et des méthodes, pour agir dans le monde. Nous avons une formation et un programme d’actions. Quel est ce programme ? C’est la doctrine sociale de l’Eglise.

  • Quelles personnes connaissons-nous, qui travaillent pour faire avancer la société ? Que font-elles ?

  • Quelles organisations existent dans notre pays, pour rendre la société meilleure ? Quel est leur but ?

Les désirs de notre cœur

  • Autour de nous, il y a des gens qui font des grands discours. Mais nous ne sommes pas satisfaits de ces discours. Des partis politiques nous présentent des programmes, pour être élus. Mais nous sentons parfois, que ces programmes ne suffisent pas, pour nous apporter un vrai bonheur. Ni pour construire une société, où tout le monde sera heureux.

  • Nous voulons agir, pour le bien de nos frères et de nos sœurs. Nous voulons nous engager avec les autres, pour construire une société nouvelle. Que faire pour cela ? Dans quelle direction aller ?

  • Souvent, nous nous laissons conduire, par les événements du monde, et par les choses qui nous arrivent. Nous suivons les autres, nous faisons comme tout le monde. Nous nous laissons conduire par la mode, les émissions à la télévision ou les chansons des artistes. Par habitude, pour suivre la coutume ou bien pour être modernes. Pourtant nous sentons le besoin de réfléchir plus profondément. Pour mieux comprendre ce qui se passe, dans notre vie et dans notre société, avec ses causes et ses conséquences. Nous voulons trouver les meilleures actions à faire. Comment devenir capables de mieux réfléchir, et de mieux agir ?

  • Autour de nous, il y a beaucoup de gens que l’on fait souffrir : des pauvres, des malades, des gens qu’on abaisse et qu’on rejette. Qui pourra les aider ? Quel chemin leur montrer, pour qu’ils trouvent la paix.

  • Nous-mêmes, nous voyons bien, que la violence et la méchanceté sont mauvaises. Nous voulons la douceur, la bonté et le pardon. Nous cherchons la paix. Nous avons besoin d’être soutenus et éclairés, dans nos difficultés. Qui peut nous soutenir ? Quelle lumière nous apporte-t-il ? Ecoutons la Parole de Dieu.

3. Parole de Dieu : Les Béatitudes (Matthieu 5, 1 à 12)

Après cette lecture d’Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cet Evangile nous montre, sur Dieu ou sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux, et nous apporte l’espérance ).

  4. Que pouvons-nous faire, pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

N.B. Si on a le temps, on pourra répondre à ces questions, en prenant les phrases (les béatitudes), une par une.

4. Réfléchissons : Qu’est-ce que la doctrine sociale de l’Eglise ?

(Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir sous forme de questions, au cours d’un dialogue. En parlant tous ensemble, et non pas comme un enseignement. Pour chaque paragraphe, poser d’abord une question, par rapport à ce qui est dit. Ecouter les réponses des participants. Puis compléter, en expliquant ce qui est écrit).

  1. Ce qu’elle n’est pas : Chaque parti politique a son programme, et ses méthodes d’action. Il y a aussi des manières de faire au niveau économique, pour faire vivre le pays. Par exemple, autrefois on parlait de capitalisme ou de communisme. Maintenant, on parle beaucoup de libéralisme : il faut que les gens aient la liberté de travailler, pour gagner de l’argent. La doctrine sociale de l’Eglise, ce n’est pas seulement un programme politique, ou une théorie économique. Le but de la vie chrétienne, c’est d’être témoins de l’Evangile, et de l’Amour de Dieu pour les hommes. C’est de faire venir le Royaume de Dieu parmi nous. Et pour y arriver, l’Eglise va lutter contre les injustices, qu’il y a dans la société. Elle va tout faire, pour que l’on pense à tout le monde, dans le pays : que les pauvres aient les moyens de vivre, et pas seulement les riches.

  2. La doctrine sociale de l’Eglise, c’est : la façon de vivre la foi chrétienne, dans la Société. C’est chercher à continuer l’action de Jésus, dans le monde d’aujourd’hui. C’est faire grandir les valeurs de l’Evangile, que Jésus nous a enseignées. (Tu demandes lesquelles. Par exemple : la vie, la justice, la solidarité…). C’est transformer la Société, pour qu’elle devienne de plus en plus, comme le Royaume de Dieu parmi nous.
    En plus précis, la doctrine sociale de l’Eglise, c’est l’enseignement de l’Eglise sur les problèmes de la Société actuelle. C’est pour cela qu’on l’appelle « doctrine » (enseignement). Ce sont les réponses que les Conciles et les Synodes, les Papes et les Evêques, ont apporté aux problèmes de la Société, spécialement depuis le 19ème siècle. (C’est pourquoi on l’appelle « doctrine sociale »). Cet enseignement cherche à faire grandir la dignité de la personne humaine, à la lumière de l’Evangile et de la Tradition de l’Eglise, en les appliquant aux problèmes du Monde d’aujourd’hui.
    Voici comment Benoit 16 l’explique : « La lumière de la Doctrine Sociale de l’Eglise, c’est la vérité. La force qui la fait avancer, c’est l’amour. Son but, c’est la justice. Quand on ne connaît pas le vrai bien des hommes (le bien commun), la charité devient du sentiment (des idées bonnes, mais sans action). Et la justice perd sa dimension nécessaire : les biens ne servent plus à tous, mais seulement à quelques-uns. Les gens cherchent à gagner de l’argent, d’une façon mauvaise et malhonnête, en vendant trop cher, la nourriture, l’eau et les terrains. Et les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Les prix du carburant, du bois et de l’électricité augmentent de plus en plus. Ceux qui viennent avec des nouvelles énergies, comme l’énergie solaire ou les bio-carburants cherchent surtout à gagner de l’argent. Ils détruisent l’environnement (la nature). Et cela a des conséquences graves, sur l’homme lui-même » (Benoît 16, au Conseil Pontifical Justice et Paix, le 12 Mai 2011).
    Sur ces problèmes, les dernières Encycliques (les lettres des papes), comme les autres documents (écrits), utilisent souvent la méthode de l’Action catholique : Voir – Juger – Agir.

  3. Voir : Voir ce qui se passe, avec les yeux de Jésus. Réfléchir ensemble à la situation, pour comprendre ce qui arrive vraiment aux personnes. Chercher les causes de la situation actuelle. Voir les conséquences de cette situation, sur la vie des hommes. Pour cela, nous faisons appel à nos connaissances. Et nous demandons à d’autres personnes de nous aider. Nous pouvons aussi utiliser les sciences humaines, et ce que nous avons déjà appris, à l’école ou ailleurs. Mais surtout, nous regardons les choses avec notre cœur, en sentant la souffrance des gens.

  4. Juger (réfléchir) : Dans tout cela, nous essayons de voir, ce qui correspond à la volonté de Dieu sur le monde. Et ce qui va contre sa volonté. Ce qui est bon pour l’homme, et ce qui est mauvais pour lui. Ce qui libère l’homme, et ce qui l’écrase. C’est cette réflexion qui nous permet de voir, comment agir en vrais chrétiens.
    Nous réfléchissons à tout cela, à la lumière de l’Evangile. Nous nous disons : qu’est-ce qu’on nous dit sur cette question, dans la Parole de Dieu ? Nous disons, comme le petit Samuel : « Parle, Seigneur. Ton serviteur écoute ». Nous ne cherchons pas les références (les numéros), mais les idées. C’est cela qui est important. Nous ne cherchons pas des solutions toutes faites dans l’Evangile. Nous faisons marcher notre intelligence, en écoutant le Saint Esprit dans notre coeur. Nous nous demandons : Comment Jésus a-t-il vécu ce problème ? Si Jésus était là, qu’est-ce qu’Il ferait ?
    N.B. S’il y a des gens d’autres religions avec nous, ils nous disent ce que leur foi leur enseigne, sur cette question. Et ce que Dieu leur dit dans leur cœur, quand ils y réfléchissent. Car un proverbe dit : « Tous les oiseaux n’ont pas la même couleur. Mais ils savent tous chanter »

  5. Agir : Nous cherchons à agir, comme Dieu le veut. Nous cherchons les actions, qui vont construire le Royaume de Dieu, dans notre pays et dans le quartier. Nous nous demandons : Qu’est-ce qui va rendre la société meilleure ? Qu’est-ce qui va amener la justice, la vérité, la liberté, la paix, le pardon et l’amour autour de nous ? Un proverbe hutu explique : «ceux dont les parcelles se touchent, ils se donnent de l’eau à boire, les uns aux autres »

Pour parler ensemble :

  • Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?

  • Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

5. Aujourd’hui (mise en pratique)

Qu’est-ce qui nous frappe, dans ce que Jésus a dit, spécialement dans les Béatitudes ? A quoi cela nous appelle-t-il ?

Que remarquons-nous, dans la façon dont Jésus a vécu et agi ? Comment continuer son action aujourd’hui, là où nous vivons, avec ceux qui nous entourent ?

6 Prière

Un participant fait une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions, tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière, qui va bien avec ce qu’on vient de dire, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter. Par exemple :

  • Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix
    Là où se trouve la méchanceté, que j’apporte l'amour ;
    Là où se trouve l'insulte, que j’apporte le pardon ;
    Là où se trouve le doute, que j’apporte la foi ;
    Là où se trouve le découragement, que j’apporte l'espérance ;
    Là où se trouve la nuit, que j’apporte la lumière ;
    Là où se trouve la tristesse, que j’apporte la joie.
    Fais que je cherche à consoler, plutôt qu’à être consolé,
    Et à comprendre les autres, plus qu’à être compris par eux.
    Car c'est en donnant, qu'on reçoit,
    C'est en pardonnant, qu'on est pardonné,
    Et c'est en mourant, qu'on naît à la vie qui ne finit pas.
    (Prière de Saint François)

7. Chant

Vous prenez un chant que vous connaissez, qui va avec ce dont vous venez de parler.

8. Leçons (par cœur)

  1. Nous apprenons les Béatitudes par cœur. Ou au moins, nous les répétons phrase par phrase, après le catéchiste ou le responsable.

  2. Qu’est-ce que la Doctrine sociale de l’Eglise ?
    - La Doctrine sociale de l’Eglise, c’est continuer l’action de Jésus, dans le monde d’aujourd’hui. C’est faire venir le Royaume de Dieu : un Royaume d’amour et de pardon, de justice et de paix, de vérité et d’union de tous.

  3. Comment savoir ce que nous devons faire ?
    Pour savoir ce que nous devons faire, nous prions, nous écoutons la voix du Saint Esprit dans notre cœur, et nous lui demandons la force de mettre en pratique, ce qu’il nous demande.

Fiche 3 : Dix prinipes de la doctrine sociale de l'Eglise

1. Révision

Qu’avons-nous retenu de ce qu’on nous a enseigné la semaine dernière, sur la Doctrine Sociale de l’Eglise ? Qu’avons-nous fait pendant toute la semaine, pour mettre cet enseignement en pratique ? (chacun donne des exemples de ce qu’il a fait).

2. Cherchons ensemble (expérience humaine)

Le catéchiste (ou le responsable) demande :

  • Qui peut réciter les dix Commandements de Dieu ?

  • Qui peut dire l’une ou l’autre des Béatitudes (Matthieu 5, 1-12) ?

  • Quels sont les 7 sacrements ?

  • Quels sont les principes de la doctrine sociale de l’Eglise ?

N.B. : Sans doute que les participants pourront répondre à quelques-unes des trois premières questions, mais pas à la 4ème, sur la doctrine sociale de l’Eglise. Nous allons donc en parler aujourd’hui.

Les désirs de notre coeur :

Nous cherchons l’amour et la justice. Mais nous ne voulons pas en rester à des discussions, sans rien faire. Sur quels principes nous appuyer, pour mener des actions valables, qui changent le monde ?

Nous voulons respecter la vie et la valeur, de tous les hommes et de toutes les femmes. Nous voulons vivre ensemble, dans la paix. Nous voulons que les pauvres et les faibles, aient leur place dans la société. Nous voulons protéger notre terre. Car nous voyons bien, que nous sommes en train de la salir, de la casser et de la tuer. Nous voulons que tout le monde puisse participer, pour construire la société

Nous ne sommes pas d’accord, quand nous voyons toutes les inégalités, qu’il y a dans notre société. Et quand nous voyons que certains ne pensent qu’à eux-mêmes, et cherchent seulement leur intérêt. Mais pour lutter contre cela, nous avons besoin d’une base solide. Sur quoi nous appuyer ?

Marie, elle, s’est appuyée sur Dieu. Elle a vu, tout ce que Dieu fait dans notre monde. Nous voulons vivre dans la foi. Et agir comme Marie. Comment faire ? Ecoutons le chant de Marie

3. Parole de Dieu : (Luc 1, 46-55)

Voici le chant que Marie a chanté en arrivant chez sa cousine Elisabeth, pour dire merci à Dieu. (Lire l’Evangile, le réciter ou le chanter, si les participants le connaissent par coeur)

Après cette lecture d’Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cet Evangile nous montre, sur Dieu ou sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux et nous apporte l’espérance).

  4. Que pouvons-nous faire, pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

Explications :

Que nous dit cet évangile, sur la doctrine sociale de l’Eglise ?

  • Marie est une femme jeune, une villageoise, une petite servante. L’amour de Dieu est pour tous, mais d’abord pour les pauvres et les petits. Comme le dit un proverbe : «Dieu aime les petits et les pauvres ». Et un autre ajoute : « Dieu enlève les cailloux, du mil de l’aveugle »

  • Pour mettre en pratique la doctrine sociale de l’Eglise, nous nous appuyons sur Dieu, et sur la « force de son bras ». La doctrine sociale de l’Eglise, c’est pour élever les pauvres et faire descendre les orgueilleux, qui écrasent les pauvres. C’est pour donner à manger à ceux qui ont faim. C’est pour aider tous ceux qui souffrent, comme Dieu a aidé son peuple, Israël.

  • Comme pour Marie, la doctrine sociale de l’Eglise, c’est un moyen de mettre en pratique son amour, qui fait pour nous de grandes choses. Et qui dure depuis Abraham jusqu’à maintenant, dans tous les temps (d’âge en âge).

  • Marie commence par dire merci à Dieu. La doctrine sociale de l’Eglise s’appuie sur Dieu. Elle nous appelle à dire merci à Dieu. La doctrine sociale de l’Eglise, c’est pour nous rendre heureux, et rendre les autres heureux. Comme Marie.

4. Réfléchissons

(Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir, sous forme de questions, au cours d’un dialogue. En parlant tous ensemble, et non pas comme un enseignement. Pour chaque paragraphe, poser d’abord une question, par rapport à ce qui est dit. Ecouter les réponses des participants. Puis compléter, en expliquant ce qui est écrit).

Nous aussi, nous voulons chanter le chant de Marie en vérité. Notre travail de chrétiens c’est de changer notre société, de soutenir les faibles et les petits, et de lutter contre la pauvreté. Jean-Paul II disait : « On ne peut pas séparer la charité (l’amour), de la justice. Et tous les deux demandent que l’on respecte les droits de l’homme, sur lesquels on peut construire la société » (lettre : Les laïcs fidèles du Christ, n° 42).

St Vincent de Paul disait : « Aider les pauvres, ce n’est pas de la charité. C’est de la justice ».

Le Concile Vatican II nous a demandé, de vivre notre foi dans la société, et de nous engager dans le monde. Pas seulement de vivre notre foi personnellement, ou bien dans la famille ou la paroisse. Mais de nous engager dans la société, dans tous les domaines : économique et politique, dans les relations avec les autres, et dans les activités communes. Cela nous demande de respecter toutes les personnes, de travailler pour l’union entre les hommes, et de faire grandir la justice. Pas seulement faire l’aumône, mais lutter contre les causes de la pauvreté. Travailler avec tous pour l’éducation, et pour rendre la vie de tous meilleure. En pensant d’abord aux pauvres et aux petits. C’est en faisant cela que nous rendrons vivante, la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Et que nous changerons le monde. En agissant tous ensemble, dans la solidarité et la vérité. Car « un seul doigt ne peut pas laver toute la figure ». Alors nous pourrons comprendre, ce qui se passe vraiment dans la société, à la lumière de la Parole de Dieu. Et nous redonnerons le courage et l’espoir aux pauvres.

Dieu dit : « Je vais faire un ciel nouveau et une terre nouvelle, où la justice habite » (2° Pierre 3,13 - Apocalypse 12,1) : c’est cela le but de la doctrine sociale de l’Eglise.

Dix principes pour y arriver

Après avoir expliqué chacun de ces principes, le catéchiste ou le formateur demande aux participants, ce qu’ils ont compris. Il accueille leurs idées et répond à leurs questions. Ensuite, vous cherchez ensemble, à quoi cela vous appelle dans votre vie, à tous les niveaux. Et comment le mettre en pratique. Vous cherchez aussi des exemples, dans lesquels ces principes sont déjà appliqués.

  1. La dignité de la personne humaine :
    Le Concile de Vatican 2 déclare : « Tout être humain est créé à l’image de Dieu. Il est racheté par Jésus-Christ ». L’homme et la femme ont donc beaucoup de valeur. Ils méritent le respect, en tant que membres de la famille humaine. Toute personne humaine a la même valeur, quels que soient sa race, son sexe, son âge, sa nationalité d’origine (son pays), sa religion, son travail, sa richesse, sa santé, son intelligence, sa place dans la société, ou n’importe quelle autre chose. Ce qui donne de la valeur aux personnes, ce n’est pas le travail qu’elles font, ou la richesse qu’elles ont. C’est qu’elles sont une personne humaine. C’est pourquoi, on ne peut pas se servir d’un homme, comme d’une machine, une chose ou un animal.
    Mais, d’un autre côté, la personne ne doit pas penser seulement, à elle-même. Elle doit savoir, qu’elle appartient à la famille humaine. Elle doit donc prendre sa part, dans la vie de la communauté. Et respecter toutes les personnes qui vivent autour d’elle. Comme le dit un proverbe malinké : «la vache suit celle qui la précède »

  2. Le respect de la vie : Chaque personne a une dignité (une valeur), depuis le début de sa vie, dans le ventre de sa mère, jusqu’à sa mort. Elle a donc le droit de vivre. En effet, la vie humaine est précieuse. Il faut donc la protéger et la respecter. C’est toujours mauvais d’attaquer un innocent, qui n’a rien fait de mal. La vie humaine est sacrée. C’est la base de la vie en société. Et la condition pour une société bonne et juste. Comme le dit un proverbe : « La vie est comme un branche de palmier : on peut la plier, mais on ne la casse pas »

  3. Le droit de se mettre ensemble (le principe d’association) : La personne humaine est aussi appelée, à vivre en société. Le respect des personnes, et la possibilité de vivre ensemble, dépendent des conditions économiques (l’argent), des conditions politiques (l’organisation de la société), et des lois du pays. La base de la société, c’est la famille. C’est pourquoi il faut beaucoup respecter la famille et la protéger. C’est en vivant en société, que les personnes humaines peuvent grandir. Et aussi en participant aux activités des différents groupes. Un proverbe galla dit : «Un seul morceau de bois peut faire de la fumée. Mais il ne peut pas faire un feu »

  4. Le droit de participer aux activités : Nous croyons que les gens ont le droit, de participer à la vie de la société. C’est même leur devoir. Ils cherchent ensemble le bien de tous (le bien commun). Spécialement celui des pauvres et des faibles.
    La société offre aux personnes, un certain nombre de biens (pas seulement des choses, mais aussi par exemple l’éducation et les conseils). Mais si une personne n’est pas présente dans la vie de la société, elle ne peut pas en recevoir les biens. C’est pourquoi, on n’a pas le droit d’empêcher une personne, de participer aux activités de la société, et de ses différents groupes. Car c’est cela qui lui permet de grandir. « Même l’eau sale peut éteindre le feu » (proverbe gâ)
    C’est vrai spécialement pour le travail : on ne travaille pas seulement, pour gagner sa vie. Le travail, c’est la façon de continuer, ce que Dieu a commencé dès le début, en créant le monde. On doit respecter le travail des hommes. Et aussi les droits des travailleurs : le droit d’avoir un travail, le droit d’être payé suffisamment pour faire vivre sa famille, le droit de faire partie d’un syndicat pour défendre ses droits, le droit d’avoir son argent et son matériel pour travailler, le droit de commencer des activités nouvelles, etc… »On n’empêche pas celui qui récolte le vin, d’en boire  » ( bassa)

  5. Donner la première place aux pauvres et aux faibles : Quand nous aidons les personnes qui souffrent, c’est Jésus que nous aidons. Comme Jésus nous le dira à la fin du monde (Matthieu 25, 35 à 45) : « J’avais faim, est-ce que tu m’as donné à manger ? etc .... Tout ce que tu as fait aux plus petits de tes frères, c’est à moi que tu l’as fait ». Depuis toujours, l’Eglise nous enseigne que Dieu nous jugera, à partir de ce que nous avons fait pour ceux qui ont faim et soif, pour les malades, pour les étrangers et pour les prisonniers. C’est ce « qu’on appelle aujourd’hui : aider les pauvres en premier (l’action préférentielle pour les pauvres). Pourquoi demande-t-on cela ? Parce que les riches et les puissants peuvent plus facilement se débrouiller dans la vie. Ceux qu’il faut aider, ce sont donc les faibles et les petits. Sinon il n’y aura plus d’équilibre, ni d’égalité, dans la société.

  6. La solidarité : Nous sommes tous responsables de nos frères et de nos sœurs. Dans notre société actuelle, il y a de plus en plus de relations entre les gens. Mais parfois dans les différents groupes, certains veulent profiter des autres. Ils cherchent seulement leur intérêt, au lieu de penser au bien de tous. C’est quand nous sommes solidaires (unis) les uns les autres, que nous pouvons chercher le bien de tous. Et que nous pouvons faire avancer le pays. Comme dit un proverbe : «C’est ensemble qu’on attrape une grosse bête à la chasse . La solidarité nous appelle, à ne pas satisfaire seulement, nos besoins personnels ou individuels (de chaque personne séparément). Mais de penser aussi aux problèmes, qui touchent toute la société. Et il y a des Organisations de la société, qui ne sont pas justes. C’est pourquoi, il ne suffit pas de s’engager, dans des actions de charité ou d’aumône. Il faut aussi travailler, pour avoir une plus grande justice dans la société. Et pour changer les lois qui font souffrir les gens. Pour cela, on n’agit pas tout seul. Mais ensemble, avec les autres. Car « un seul doigt ne peut pas ramasser un caillou par terre »

  7. Le devoir de bien diriger le monde (protéger la création) : Si nous aimons Dieu, nous devons respecter le monde que Dieu a créé. Le maître de la terre, ce n’est pas nous, c’est Dieu. Nous devons donc nous occuper de notre terre, comme Dieu nous le demande. De plus en plus de personnes se rendent compte, que nous sommes en train de casser la terre. Il faut à tout prix arrêter cela, et changer nos manières de vivre. Dieu nous a donné la responsabilité de la terre. Il nous faut donc la protéger : arrêter de couper les arbres pour faire du charbon de bois, sans planter de nouveaux arbres (reboisement). Ne plus continuer les feux de brousse. Protéger les rivières et les points d’eau. Ne pas laisser les grandes usines, salir notre terre (la pollution). Garder notre terre propre : ne pas jeter les ordures n’importe où, nettoyer les caniveaux, etc..Un proverbe dit : «La terre est notre mère. C’est elle qui nous donne la vie »
    Nous devons aussi apprendre, à bien nous occuper de notre santé, et à développer les qualités que Dieu nous a données. Bien utiliser les choses que nous avons, sans les casser ou les jeter inutilement (lutter contre le gaspillage). Et savoir nous limiter, sans demander toujours plus (lutter contre la société de consommation). »Celui qui mange trop, il ne gagnera jamais la course »

  8. Le principe de subsidiarité : C'est-à-dire donner leur place, aux gens qui sont à la base. Donner aux gens, toutes les responsabilités qu’ils peuvent prendre (déléguer les pouvoirs). Cela regarde non seulement les gouvernements des pays, mais toutes les organisations : « le niveau supérieur (les gens qui sont plus haut) ne doivent pas faire des choses, que les gens du dessous peuvent déjà faire eux-mêmes ». Car souvent, ces personnes sont plus près des problèmes. Elles connaissent mieux les choses, telles qu’elles sont réellement. Elles peuvent déjà faire beaucoup de choses, par elles-mêmes. Un proverbe lari dit : « c’est le petit piment, qui est le plus fort ». Les dictatures et les gouvernements autoritaires et trop durs, ne respectent pas cela. Ils font juste le contraire : tout est commandé d’en haut, et les gens souffrent beaucoup. Pourtant « la bouche ne pourrait pas manger, si les pieds ne la portaient pas » (proverbe bakusu).
    Mais, en même temps, le gouvernement, les gens au Pouvoir et ceux qui ont des possibilités, ne doivent pas abandonner ceux qui sont dans le besoin : ils doivent les aider à mieux vivre. Mais surtout, leur donner les moyens de faire des choses par eux-mêmes, pour gagner leur vie. Par exemple, pour les impôts : ils sont récupérés par le Gouvernement. Mais on doit en donner leur part aux Préfectures et Sous-Préfectures, aux quartiers et aux villages. Pour qu’ils puissent travailler eux-mêmes, et faire avancer le pays à la base. D’ailleurs ces impôts sont payés, par les gens qui sont dans les villages et dans les quartiers des villes.

  9. L’égalité entre tous les hommes : Nous ne sommes pas tous égaux dans la Société : il y a des puissants et des petits. Nous ne sommes pas tous égaux en force : il y a des forts et des faibles. Il y a des riches et des pauvres. Il y a des gens plus intelligents que les autres. Nous n’avons pas tous reçu la même éducation. Et nous n’avons pas les mêmes connaissances. Mais le premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme avec force : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux, en dignité et en droits ». Un proverbe malinké explique : «Il n’y a pas de différence, entre la trace du pied d’un esclave, et la trace du pied d’un homme libre »
    Nous avons tous la même dignité, parce que nous sommes tous des personnes humaines. Et parce que nous sommes tous créés par Dieu. Par exemple : Dieu a fait la femme, égale à l’homme. Bien plus, dans toute la Bible, on voit que Dieu donne la première place, aux pauvres et aux petits. Comme la vie de Jacob ou de David, par exemple, nous le montrent. Et comme le chante Marie : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles ». Si nous sommes tous égaux, nous devons donc nous respecter les uns les autres. Au lieu d’abaisser ou de mépriser nos frères et nos sœurs. Nous devons leur rendre leur dignité et l’honneur, auxquels ils ont droit. Nous devons les faire grandir. Bien plus, nous devons chercher à grandir avec eux, tous ensemble. « L’arbre porte la liane. Mais la liane lui donne des fleurs »

  10. Le bien commun. Le bien commun, ce n’est pas seulement les choses de l’Etat, qu’il ne faut pas gaspiller. Ni détourner pour soi-même, pour sa famille, ou pour son ethnie. Le bien commun, ce n’est pas seulement les choses matérielles, comme l’argent ou les maisons. Le bien commun, c’est le bien de la Société : pas seulement les choses, mais aussi la culture et la civilisation, les vertus traditionnelles, les qualités et le bon comportement que les anciens nous ont enseignés. Et aussi les valeurs modernes qui nous arrivent d’ailleurs. Et, en général, toute la vie morale, pour faire ensemble le bien. Le bien commun, ce n’est pas seulement les richesses du monde, c’est le bien moral (du cœur) de tous les hommes. Et nous sommes tous responsables, de protéger et de faire grandir ce bien. Pas seulement les chefs de familles, les chefs de villages ou de quartiers, ou les responsables du pays. Le bien commun, c’est pour mettre en place un ordre juste. C’est régler tous nos problèmes, dans la justice. C’est cela le rôle de la politique : la bonne gouvernance, la vérité, la liberté, la paix et la justice. « Le soleil n’oublie aucun village » (proverbe ambede)

N.B. Il y a encore d’autres principes importants. Nous les découvrirons au fur et à mesure. Et on trouvera dans les documents, en annexe, 2 autres explications de ces mêmes principes.

Pour parler ensemble :

  • Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?

  • Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

5. Aujourd’hui (mettre en pratique)

A partir de ces principes, nous nous posons 3 questions :

  1. Quelles conclusions en tirer, pour la vie de notre pays ?

  2. Quels changements mettre en place, au niveau du pays ?

  3. Que faire nous-mêmes, là où nous vivons ?

6. Prière

Un participant dit une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière qui va bien avec ce qu’on vient d’enseigner, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter.

7. Chant

Vous prenez un chant que vous connaissez, qui va avec ce dont vous venez de parler.

8. Leçon (par cœur)

  1. Réciter le chant de Marie (le Magnificat)

  2. Apprendre les dix principes de la Doctrine sociale de l’Eglise (ou au moins les répéter plusieurs fois, après le formateur).

  3. Quelle est la base de la Doctrine sociale de l’Eglise ?
    - La base de la Doctrine sociale de l’Eglise, c’est le respect des droits de tous les hommes, faits à l’image de Dieu. C’est chercher l’amour et la justice, dans toute notre vie.

  4. Comment vivre notre foi en vérité ?
    - Pour vivre notre foi en vérité, nous nous engageons dans la Société, dans tous les domaines et avec tous les hommes, à partir de la Parole de Dieu et à l’exemple de Jésus.

Voir les DOCUMENTS pour le formateur en annexe.

Fiche 4 : La dignité de la personne humaine

1. Révision

Qu’avons-nous retenu de ce qu’on nous a enseigné, la semaine dernière, sur les 10 principes de la doctrine sociale de l’Eglise ? Qu’avons-nous fait pendant toute la semaine, pour mettre cet enseignement en pratique? (chacun donne des exemples de ce qu’il a fait).

2. Expérience humaine (cherchons ensemble)

Autour de nous, quels sont les gens qui ne sont pas respectés ? Pourquoi ? Qu’en pensons-nous ?

  • Pour quelles raisons doit-on respecter toutes les personnes, de la même façon, même celles qui ont des problèmes, dans leur corps, dans leur esprit ou dans leur cœur ?

  • Connaissons-nous des gens qui respectent la dignité des autres personnes, surtout de qui ont des problèmes ? Que font-ils ?

Les désirs de notre cœur :

  • Nous voulons être respectés. Nous sentons bien que nous sommes des personnes humaines et pas des animaux. Mais d’où vient notre valeur ?

  • Nous avons honte quand on abaisse quelqu’un, ou qu’on l’insulte. Nous voulons que tout le monde connaisse sa dignité, et vive comme une vraie personne humaine. Qui peut donner aux hommes toute leur valeur ? Qui peut les aider à retrouver leur dignité ? Ecoutons la Parole de Dieu.

3. Parole de Dieu

Jésus descend dans la maison de Zachée : Luc 19,1-11.

Après la lecture de cet Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cet Evangile nous montre, sur Dieu ou sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux, et nous apporte l’espérance).

  4. Que pouvons-nous faire, pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

Explication : Dans cet Evangile, aujourd’hui, nous retenons surtout cette Parole : « celui-ci aussi est un Fils d’Abraham ». Nous nous rappelons que les juifs et les musulmans sont fils d’Abraham, comme nous les chrétiens.

Mais nous n’oublions pas ce que Zachée fait pour les pauvres : « Je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres ». Et aussi pour la justice : « Si j’ai fait du mal à quelqu’un, je le paierai 4 fois ».Qu’est-ce que cela nous montre ? Cela nous montre, que nous devons faire le bien et vivre dans la justice, comme Zachée. Pour mériter notre dignité d’enfants de Dieu, et pour que les autres respectent notre dignité,

Pour respecter la dignité de nos frères, nous apprenons à les regarder avec amour, comme Jésus a regardé Zachée. A voir leur bon cœur et leurs désirs de faire le bien, plutôt que les mauvaises choses qu’ils font actuellement. Et surtout, ne pas écouter les gens qui disent du mal de leurs frères. Jésus n’a pas écouté les attaques des gens, contre Zachée : il a été chez lui, malgré les critiques.

4. Réfléchissons

(Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir sous forme de questions, au cours d’un dialogue, en parlant tous ensemble, et non pas comme un enseignement.)

Dans le document de l’Eglise dans le Monde (GS : schéma 13), le Concile Vatican 2 insiste sur deux choses importantes pour l’homme : sa dignité et sa liberté. C’est la dignité de l’homme (sa valeur, sa grandeur), qui est la base de ses droits et de ses devoirs. Et c’est la liberté, qui lui permet de vivre totalement ses droits et ses devoirs.

  1. La dignité de la personne humaine, c’est qu’elle est créée par Dieu, comme une personne libre. Elle est faite à l’image de Dieu : « La base d’une société bien organisée et qui donne la vie, c’est ceci : tout être humain est une personne. Elle a une intelligence et une volonté libres. A cause de cela, elle a des droits et des devoirs. Ces droits et ces devoirs sont valables pour tous. On doit les respecter, et on ne peut pas les enlever. Même quand l’homme se conduit mal ou se trompe de chemin, il garde toujours cette dignité profonde » (L’Eglise dans le Monde, GS n° 16). Un proverbe dit : «Même un bras tordu, peut travailler »
    Dans sa lettre « La paix sur terre » du 11 Avril 1963, le Pape Jean XXIII explique : Pour les chrétiens, cette dignité est encore plus grande, « parce que les hommes créés par Dieu, ont été sauvés par le Sang de Jésus-Christ. Par la grâce du baptême, ils sont enfants et amis de Dieu. Ils recevront l’héritage de la Vie qui ne finit pas ».
    Paul nous explique dans la Lettre aux Romains que la Loi de Dieu est écrite dans le cœur de l’homme : l’homme est un être intelligent et libre, avec des droits et des devoirs. Il a une dignité, car il est créé à la ressemblance de Dieu. Et pas seulement l’homme : la création toute entière (la terre et tout ce que Dieu a fait) doit être respectée (Rom 8,16-17 +19-21 +29-30) : « L’Esprit Saint Lui-même s’unit à notre esprit pour dire : c’est vrai, nous sommes enfants de Dieu. Et si nos sommes les enfants de Dieu, nous recevrons son héritage, ensemble avec le Christ Jésus. Car si nous souffrons avec le Christ, nous recevrons la gloire de Dieu avec Lui… Et la création toute entière attend avec un grand désir, que les enfants de Dieu se montrent. Elle espère entrer, elle aussi, dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu…Dieu nous a regardés (avec amour,) depuis le début du monde. Il nous a choisis à l’avance, pour être les images de son Fils. Pour qu’il soit le premier de beaucoup de frères. Et ceux que Dieu a choisis, Il les a aussi appelés. Et ceux qu’Il a appelés, il les a rendus justes. Et ceux qu’Il a rendus justes, Il leur a donné sa gloire (sa grandeur) ».
    Paul dit encore (1° Cor 6, 15+19) : « Est-ce que vous ne le savez pas ? Vos corps sont les membres du Christ. Votre corps est le temple (la maison sainte) de l’Esprit Saint, qui habite en vous. Et que vous avez reçu de Dieu ». Voilà une autre cause de notre dignité : l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu lui-même, habite en nous. Et Il nous conduit, dans toute notre vie.
    C’est cela la base de l’enseignement de la doctrine sociale de l’Eglise : tout être humain a sa dignité, ses droits et ses devoirs, dans la liberté : qu’il soit riche ou pauvre, qu’il soit blanc ou noir, enfant ou âgé, malade ou en bonne santé. Et même l’enfant qui n’est pas encore né, car il vit déjà dans le ventre de sa mère. A cause de cela, l’Eglise sera toujours contre ce qui écrase l’homme : contre l’esclavage et la colonisation. Et contre ceux qui se servent des autres, pour eux-mêmes, pour de l’argent, ou pour n’importe quel autre intérêt. L’Eglise est contre ce qui fait du mal à la personne humaine : au niveau économique (pour les affaires d’argent). Au niveau politique (dans la vie du pays et l’organisation de la société). Et aussi dans la vie de tous les jours : dans la famille ou le quartier, dans l’enseignement, dans la santé et partout. (NB Dans cette fiche, nous parlons de la dignité de l’homme. Dans les fiches suivantes, nous parlerons de ses droits et de ses devoirs. Puis de la liberté de religion)

  2. Défendre la valeur de l’homme et le faire respecter, cela fait partie de la mission et du travail de l’Eglise. Les prêtres doivent enseigner cette dignité, et cette liberté de l’homme (Droit Canon, 768.2). Et les laïcs doivent travailler pour que, dans la vie de la société, on cherche toujours le bien de l’homme.
    Le document GS n° 3 explique : « L’Eglise ne cherche aucun avantage matériel pour elle-même. Elle cherche une seule chose : continuer le travail de Jésus. Il est venu dans le monde, pour faire connaître la Vérité. Et être témoin de la Vérité. Il n’est pas venu pour condamner les hommes, mais pour les sauver. Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Et dans tout cela, c’est l’Esprit Saint Consolateur qui conduit l’Eglise ». Un proverbe dit : «  celui qui méprise un pauvre, il méprise Dieu qui l’a créé »

  3. Répondre aux besoins des hommes : Défendre les droits humains, c’est une manière pour l’Eglise de servir les hommes. Cela touche toute la vie humaine, pas seulement les problèmes d’argent. Car il y a beaucoup de besoins, dans la vie des hommes : pas seulement manger, s’habiller, avoir une maison ou être en bonne santé. Et c’est l’Evangile, qui permet de répondre totalement aux besoins des hommes. Le document GS n° 41 affirme : « Aucune loi humaine ne peut donner sa dignité et sa liberté à l’homme, comme l’Evangile le fait. L’Evangile que Jésus a donné à l’Eglise, annonce la liberté des enfants de Dieu. Il rejette toute forme d’esclavage, qui finalement vient du péché. C’est pourquoi l’Eglise enseigne les droits de l’homme. A cause de l’Evangile qu’elle a reçu. En notre temps, on connaît de mieux en mieux les droits humains. On cherche à les faire avancer. L’Eglise est très contente de cela. A cause de cela, l’Eglise fait attention à tous les problèmes des hommes. Elle lutte contre les injustices. Elle ne cherche pas seulement à défendre des idées. Elle voit les besoins des hommes. Elle en parle et elle agit. » Comme le dit un proverbe téké : «Les larmes du poisson tombent dans l’eau »

  4. Dans toute société et dans toute vie, le plus important doit être la personne humaine. Le Concile Vatican 2 dit : « L’homme a besoin de vivre en société. Et dans toutes les organisations de la société, l’homme doit être le début, le centre et le but de toutes les activités ». (GS 25). Comme disait Jésus (Marc 2,27) : C’est le sabbat (le jour du repos de Dieu), qui a été fait pour l’homme. Ce n’est pas l’homme qui a été fait pour le sabbat.
    Mais pour cela, il faut trouver l’équilibre entre la personne humaine et la communauté. La communauté, ou la famille, ou n’importe quel groupe, ne doit pas écraser les personnes. Mais chaque personne ne doit pas non plus, penser seulement à elle-même. Elle doit penser aux autres. Et se mettre au service de la communauté (nous en parlerons dans la fiche 7 : les rapports entre la personne humaine et la société). « Si tes frères veulent traverser la rivière, tends-leur la corde » (proverbe tutsi)
    Dans toutes les actions que nous menons, et aussi dans tout ce que l’on fait autour de nous, nous devons toujours nous demander : est-ce que nous donnons la première place à la personne humaine ? Dans les CCB (Communautés chrétiennes de base – CEB), dans les organisations de la société et même dans le Gouvernement. Est-ce que nous cherchons le bien de tous ? Est-ce que nous respectons la valeur (la dignité) de l’homme ? Est-ce que nous respectons sa liberté ? Car souvent on ne respecte pas les droits de l’homme. Par exemple, on dit qu’il faut garder la sécurité et la paix dans le pays. Et à cause de cela, on empêche les gens de parler, de se rassembler, ou de faire ce qu’ils ont le droit de faire (Voir la Lettre « Le Rédempteur de l’homme » n° 8 + 17). Et pourtant un proverbe wolof dit bien : «c’est l’homme qui est le médicament de l’homme ».

  5. La dignité de la personne humaine, base des droits de l’homme. Jean-Paul 2 expliquait, en 1978, pour le 30ème anniversaire des Droits de l’Homme : « Dans le monde d’aujourd’hui, sur quelles choses pouvons-nous bâtir les droits de toutes les personnes, pour qu’elles soient respectées ? Cette base (fondement), c’est la dignité de la personne humaine ». Comme le dit un proverbe : «Quand le marigot se remplit d’eau, les grenouilles reviennent »
    D’ailleurs la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme, dès le début (préambule) : « Le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde c’est ceci : reconnaître la dignité qui appartient à tous les membres de la famille humaine. Et reconnaître que tous ont des droits égaux, que l’on ne peut pas supprimer ». Il faut donc que les Chefs des différents pays du monde entier, respectent la dignité de tous les hommes, avec leurs droits et leurs devoirs. C’est pour cela que l’on a mis en place, le  Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies,  le 20 Juin 2006, à Genève (Nous parlerons de l’Eglise et des droits de l’homme dans une 2° série de documents).

Pour parler ensemble :

  • Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?

  • Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

5. Aujourd’hui (mettre en pratique) ?

  • Comment allons-nous mettre en pratique ce que nous venons d’entendre ?(tu laisses les participants répondre) 

  • Saint Jean explique aux premiers chrétiens (1° Jean 3, 1-2+10) : « Voyez le grand amour que Dieu notre Père nous a donné : Nous sommes appelés enfants de Dieu. Et c’est vrai, nous le sommes vraiment, dès maintenant. Mais ce que nous serons, ne s’est pas encore montré…Nous serons semblables à Dieu, parce que nous le verrons tel qu’il est…Voilà comment on fait la différence entre les enfants de Dieu, et les enfants du Diable (Satan) : celui qui ne fait pas la justice, n’est pas de Dieu. Et celui qui n’aime pas son frère, non plus ». Comment allons-nous vivre cette semaine, dans notre dignité d’enfants de Dieu ? Comment nous conduire pour être respectés ? Et pour que les gens voient en nous, la dignité d’enfants de Dieu ?

  • A la fin du monde, Jésus nous dira (Mat 25,40) : « Tout ce que vous avez fait, à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Cette semaine, comment allons-nous respecter la dignité de nos frères et de nos sœurs ? Qu’allons nous faire pour relever ceux et celles, qui sont abaissés et rejetés ?

  • Chez Elisabeth, Marie chante (Luc 1,46-51) : « Mon esprit danse de joie, en Dieu qui me sauve. Car il a regardé sa petite servante. Oui, à partir d’aujourd’hui, les gens de tous les temps me diront : ‘ tu es très heureuse’. Dieu qui a toute la force et qui peut tout, a fait pour moi de grandes choses. Son nom est saint. Son amour descend dans tous les temps, sur les hommes qui l’aiment. Il montre la force de son bras. Il chasse les orgueilleux (les fiers). Il fait tomber les grands de leur chaise de chef. Il fait monter les petits ». Comment allons-nous enseigner à ceux qui nous entourent, à respecter la dignité de tous ?

  • Quelles choses transformer dans notre société, pour cela ? Comment y arriver ? Avec qui le faire ?

6. Prière

Un participant dit une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière qui va bien avec ce qu’on vient d’enseigner, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter.

7. Chant

Vous prenez un chant que vous connaissez, qui va avec ce dont vous venez de parler.

8. Leçon (par cœur)

  1. Tu demandes aux participants, de raconter l’histoire de Zachée.

  2. Tu fais réciter (ou répéter après toi), le chant de Marie (voir plus haut)

  3. Qu’est-ce que Jésus nous dira, à la fin du monde ?
    A la fin du monde, Jésus nous dira : « J’avais faim, et tu m’as donné à manger..Tout ce que tu as fait, à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que tu l’a fait »

  4. Qu’est-ce que Jésus dit chez Zachée ?
    Jésus dit chez Zachée : « Aujourd’hui, Dieu a sauvé cette maison. Car Zachée lui aussi est un Fils d’Abraham. Le Fils de l’Homme est venu sauver, ce qui était perdu ».

  5. Quelle est notre dignité ?
    Notre dignité c’est que nous sommes tous créés par Dieu. Par le baptême, nous sommes devenus enfants de Dieu et amis de Jésus. Nous sommes conduits par le Saint Esprit. Nous sommes sauvés par Jésus, et nous recevrons son héritage.

  6. Quelle est la base de la Doctrine sociale de l’Eglise ?
    La base de la Doctrine sociale de l’Eglise, c’est que toute personne humaine a sa dignité, ses droits et ses devoirs, dans la liberté.

  7. Quel est le travail de l’Eglise ?
    Le travail de l’Eglise, c’est de défendre la dignité de l’homme, dans l’Eglise et dans la société. Et de faire respecter tous les hommes, par nous-mêmes, par nos frères et par les responsables du pays.


Fiche 5 : Les droits de la personne humaine

1. Révision

Qu’avons-nous retenu de ce qu’on nous a enseigné, la semaine dernière, sur la dignité de la personne humaine ? Qu’avons-nous fait pendant toute la semaine, pour mettre cet enseignement en pratique? (chacun donne des exemples de ce qu’il a fait).

2. Cherchons ensemble (expérience humaine)

  • On parle souvent des droits de l’homme et des droits de l’enfant : Qu’est-ce que nous connaissons sur ces droits de l’homme (les droits humains) ? Qu’est-ce que nous connaissons sur les droits de l’enfant ? Quels autres droits connaissons-nous ?
    Que pensons-nous de ces droits ? Est-ce qu’ils s’appliquent à nous en Afrique ? Pourquoi ?

Les désirs de notre coeur :

  • Souvent, les grands nous font souffrir, parce que nous ne connaissons pas nos droits. Alors ils profitent de nous. Comment mieux connaître nos droits ?

  • Nous voulons défendre nos droits. Nous sommes prêts à défendre les droits des autres. Mais comment faire ? Ecoutons la Parole de Dieu.

3. Parole de Dieu

Jésus nous rappelle la base et la source de ces droits : ce sont la Parole de Dieu et l’amour de Dieu et de nos frères : Mat 22, 36 – 40.

Après la lecture de cet Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cet Evangile nous montre, sur Dieu ou sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux, et nous apporte l’espérance).

  4. Que pouvons-nous faire, pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

Explications : Cet évangile est très important. Il nous montre bien que, si nous avons des droits, c’est parce que Dieu nous aime. Il nous montre aussi que, si nous respectons les droits des autres, ce n’est pas parce que nous sommes obligés. Ce n’est pas par peur d’être punis par les hommes, ou d’aller en enfer. Nous le faisons par amour, librement et dans la joie. Parce que nous aimons Dieu. Et parce que nous aimons nos frères.

4. Réfléchissons

(Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir sous forme de questions. En parlant tous ensemble, et non pas comme un enseignement. Pour chaque paragraphe, poser d’abord une question, par rapport à ce qui est dit. Ecouter les réponses des catéchumènes. Puis compléter, en expliquant ce qui est écrit).

  • Qu’est-ce qu’un droit ?
    Un droit, c’est ce que tu peux demander aux autres, de faire pour toi. C’est aussi ce que tu as la liberté de faire, toi-même. Ou la possibilité d’utiliser quelque chose. C’est ce qui est nécessaire, pour vivre libre et heureux. Comme une personne humaine, et non pas comme un animal. La base de ces droits, c’est donc la dignité de l’homme, dont nous avons parlé la dernière fois. Et ces droits vont avec les libertés. Je demande aux autres de respecter mes droits. Mais moi-même, je vis dans la dignité, pour que les autres me respectent. Et je respecte les droits des autres.
    Les droits de l’homme touchent toute la vie de l’homme. Et d’abord ce qu’il est en lui-même, dans sa personne, au plus profond de son être. C’est pourquoi on appelle souvent ces droits : les droits de la personne humaine.
    Ces droits regardent toutes les personnes, quels que soient leur sexe, leur race, leur force, leur intelligence, leurs pouvoirs, ou n’importe quelle autre chose. C’est pourquoi la Déclaration des Nations Unies, le 10 Décembre 1948, s’appelle la « Déclaration Universelle des droits de l’homme ».
    Quand on parle des droits de l’homme, il ne s’agit pas seulement de l’homme mâle (le père, le grand frère, le mari). Il s’agit de l’Homme, être humain, en tant que personne humaine. C’est pourquoi maintenant, souvent, on préfère dire : « les droits humains », plutôt que les droits de l’homme. Parce que ces droits sont pour la femme, autant que pour l’homme. Et pour l’enfant autant que pour l’adulte. C’est pour cela que l’on a écrit aussi, une Convention des droits de l’enfant, qui est plus forte que la Constitution ou que les lois du pays. Un proverbe dit : «l’enfant bien éduqué peut manger au même plat, que les adultes ». Et un autre ajoute : «La femme est comme la tige du haricot. Il faut la tirer tout doucement. Sinon, elle se coupe »

Les droits humains touchent toute notre vie

Quand on parle des droits humains, cela veut dire deux choses :

  1. Ce sont les différentes lois et déclarations, dont nous venons de parler.
    Mais surtout, c’est tout l’ensemble des idées, des valeurs, des qualités, et des coutumes, écrites ou enseignées par la tradition orale, pour défendre les hommes, et les rendre heureux. Cela veut dire que chacun d’entre nous a sa part de travail, pour mettre en pratique les droits humains. Pour continuer à les rendre meilleurs, et trouver des nouvelles façons de les vivre. Par notre propre vie et par notre exemple, mais aussi en parlant ensemble. Et en agissant pour faire avancer ces droits humains, personnellement et en groupe, dans les différentes associations qui défendent ces droits.

Les droits fondamentaux

Dans la plupart des textes de l’Eglise, on parle des droits fondamentaux de l’homme. Que veut dire ce mot « fondamentaux » ? Pour construire une maison, on commence par le fondement ou les fondations. Avec des pierres et du ciment, pour que la maison soit solide. Ensuite, on peut monter des murs, qui vont tenir longtemps. En effet, si le fondement est solide, la maison sera solide. Les droits fondamentaux, ce sont les droits les plus importants, ceux qui sont essentiels pour bien vivre. Ce sont les principes (les droits humains de base), sur lesquels on va construire tous les autres droits. Car on doit respecter tous les droits humains, mais certains sont plus importants que les autres : ils sont la base de tout. On doit donc les chercher, en premier, totalement et absolument : ce sont les fondements de la vie humaine et de la société. C’est pour cela qu’on les appelle les droits fondamentaux.

L’Eglise parle des droits fondamentaux, parce qu’elle veut parler des droits les plus importants, et qui sont reconnus par tous. En effet, le monde change. Et dans la société moderne actuelle, il y a des gens qui appellent « droits », des choses qui ne sont très importantes. Ou même qui ne sont pas bonnes. Par exemple, on parle du droit à l’avortement. Ou bien du droit des homosexuels, de se marier et d’adopter des enfants. Ce ne sont pas des vrais droits (nous en parlerons dans la 2° série, sur les Droits Humains). On ne peut pas les accepter comme cela, en tant que tels. Donc, ce ne sont pas des droits fondamentaux. « La chauve souris a des ailes. Mais ce n’est quand même pas un oiseau »

Développement, paix et droits humains

Le développement est un droit (Déclaration des Nations Unies du 10-12-1986). Pour un vrai développement et une paix solide, les droits humains doivent être respectés, par tous et pour tous. Pour cela, le Concile Vatican II nous demande de mettre en place une organisation de la Société, qui soit de plus en plus au service de l’homme : aux niveaux politique (pour la vie du pays), social (pour notre vie ensemble) et économique (pour le travail et l’argent). Pour permettre à chacun et à chaque groupe, de vivre dans la dignité. Et pour faire grandir et avancer la société (le développement du pays). Les peuples qui ont faim interrogent les peuples riches. Les paysans et les ouvriers veulent gagner assez d’argent, pour pouvoir faire vivre leur famille. Mais ils veulent aussi, que les personnes grandissent dans et par leur travail. Et qu’elles participent à la vie de la Société, dans tous les domaines (GS 9). C’est ce qu’on appelle la promotion humaine : faire grandir tout l’homme (dans toutes les parties de sa personne et de sa vie). Et aussi faire grandir tous les hommes, ensemble. Il ne s’agit pas d’avoir beaucoup de choses. Mais surtout d’être une personne, de plus en plus développée et complète. Pour que tout le monde puisse vivre d’une façon plus humaine. Cela demande aussi de reconnaître les qualités, que nous ont enseignées les ancêtres. Et la grandeur de Dieu, qui est le début et le but de toute notre vie. (Voir la Lettre sur le Progrès des Peuples, n° 14 à 21). De même, un Hadith du Prophète dit : «La vraie richesse, ce n’est pas la richesse matérielle. C’est la richesse du cœur »

« Le développement du monde, c’est le nouveau nom de la paix », a dit Paul VI à l’ONU. Tous les hommes et tous les pays ont droit à la paix. On a la vraie paix, quand on respecte les droits de l’homme. Ils doivent donc toujours être respectés. Jean-Paul 2 explique dans sa Lettre ‘Le souci des problèmes sociaux ‘ : « Si une façon de travailler pour le développement du pays ne respecte pas les droits humains, elle n’est pas digne de l’homme ». Pour avoir la paix et le développement, il faut donc respecter tous les droits : les droits de la personne et les droits sociaux, les droits économiques (pour avoir les moyens de vivre dignement, comme un homme) et pas seulement les droits politiques. Et aussi les droits des peuples (n° 33). Le centre de la vie de toute la société, c’est le développement de la personne humaine. Toutes les organisations de la Société sont faites pour cela. « Il faut donc diriger la vie économique et les activités sociales, pour permettre au plus grand nombre possible de personnes, de développer leurs qualités. Et répondre à leur juste désir, de grandir et d’être heureux ». Un proverbe hutu dit : «Quand il y a la paix, le coupe-coupe peut servir de rasoir ».

Pour parler ensemble :

  • Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?

  • Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

5. Aujourd’hui (mettre en pratique)

  • Comment allons-nous mettre en pratique ce que nous venons d’entendre ?  (Tu laisses les participants répondre. Si nécessaire, tu complètes ensuite)

  • Que faire pour bien connaître nos droits ?

  • Comment vivre dignement, pour être respectés, avec nos droits ?

  • Comment respecter les droits des autres, dans l’amour ?

6. Prière

Uun participant dit une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions, tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière qui va bien avec ce qu’on vient d’enseigner, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter.

7. Chant

Vous prenez un chant que vous connaissez, qui va avec ce dont vous venez de parler.

8. Leçon (par cœur)

  1. Tu demandes aux participants de réciter les 10 commandements de Dieu

  2. Quel est le plus grand commandement de la Loi ?
    - Jésus dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain, comme toi-même ». (Matthieu 22, 37 à 39).

  3. Qu’est-ce qu’un droit ?
    - Un droit, c’est ce que tu as la liberté de faire. Et ce que tu peux demander aux autres, de faire pour toi. Les droits humains touchent toute la vie, de la personne et de la société.

  4. Pour qui sont les droits humains ?
    -
    Les droits humains sont pour tous, sans aucune différence : les femmes comme les hommes, les enfants comme les adultes, les petits comme les grands, toujours et partout.

  5. Comment défendre les droits humains ?
    - Nous défendons les droits humains, en vivant dans la dignité ; en aidant les autres, dans notre vie de tous les jours ; et en nous engageant dans les groupes, qui défendent les droits humains. A la suite de Jésus, et en écoutant le St Esprit dans notre cœur.

  6. Qu’est-ce que le développement ?
    - Le développement, c’est faire que chacun d’entre nous, soit une personne complète et libre, dans toute sa vie. C’est aussi faire avancer le pays, à tous les points de vue : politique, économique, social, culturel et religieux. Pour que tous les habitants du pays puissent bien vivre, qu’ils aient leur place, et qu’ils soient respectés dans la société.

Fiche 6 : Droits et devoirs de l'homme

1. Révision

Qu’avons-nous retenu de ce qu’on nous a enseigné, la semaine dernière, sur les droits de l’homme ? Qu’avons-nous fait pendant toute la semaine, pour mettre cet enseignement en pratique? (chacun donne des exemples de ce qu’il a fait).

2. Cherchons ensemble (expérience humaine)

  • Souvent quand on parle de droits des enfants, les gens répondent : « Au lieu de leur enseigner leurs droits, il vaudrait mieux leur enseigner leurs devoirs ». Qu’en pensons-nous ?

  • Des gens disent : « Les lois nous enseignent nos droits. La religion, elle, nous enseigne seulement des devoirs ». Que pensons-nous de cela ?

Les désirs de notre coeur :

Nous voulons faire notre devoir. Mais librement, dans la joie, et d’une manière qui nous rende heureux. Pas comme quelque chose de difficile, et qui nous fait souffrir. Comment y arriver ?

Quel exemple suivre ?

Nous voulons vivre notre vie, le mieux possible. Nous voulons être sérieux, et faire notre devoir. Nous voulons prendre nos responsabilités, dans tout ce que nous faisons. Nous voulons être utiles à nos frères. Nous voulons construire notre pays, et faire avancer notre société. Nous voulons servir Dieu de tout notre cœur. Nous voulons aimer Jésus et servir l’Eglise. Nous voulons faire grandir le Royaume de Dieu dans le monde. Comment faire tout cela ? Qui va nous y aider ? Ecoutons l’histoire du jeune homme riche.

3. Parole de Dieu : (Marc 10,17-22 : le jeune homme riche)

Après la lecture de cet Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cet Evangile nous montre, sur Dieu ou sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux et nous apporte l’espérance).

  4. Que pouvons-nous faire, pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

Explication : Cet Evangile nous montre à la fois, nos devoirs envers nos frères et nos sœurs (les commandements). Et comment respecter leurs droits.

  • Marc dit : « Jésus l’aima » : C’est l’amour de Jésus qui nous soutient, pour faire notre devoir. Et pour défendre les droits des autres.

  • Jésus nous demande de mettre son amour en pratique, pour remplir notre devoir : « vends ce que tu as, donne-le aux pauvres ».

  • Il est avec nous pour cela : « viens, suis-moi » 

  • Nous voulons vivre nos droits et nos devoirs avec Jésus, en chrétiens. Allons-nous le faire vraiment ? « l’homme riche s’en va tout triste, car il est très riche »

4. Réfléchissons

(Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir sous forme de questions. En parlant tous ensemble, et non pas comme un enseignement. Pour chaque paragraphe, poser d’abord une question, par rapport à ce qui est dit. Ecouter les réponses des catéchumènes – des participants. Puis compléter en expliquant ce qui est écrit).

  • Qu’est-ce qu’un devoir ? C’est ce qu’on doit faire. Les devoirs vont avec les responsabilités. Une responsabilité, c’est ce qu’on doit faire, pour bien faire son travail. Et aussi à cause de la loi, de la religion, des bonnes coutumes que nous ont laissées les ancêtres, ou de la civilisation (la culture), pour une bonne vie dans la société. C’est ce qu’on a promis de faire : ce à quoi on s’est engagé (un engagement). Dans la fiche précédente, nous avons déjà expliqué ce qu’est un droit. La responsabilité va aussi avec les droits : j’ai le droit de faire certaines choses. Mais j’ai la responsabilité, de supporter les conséquences (les résultats) de ce que j’ai fait.

  • On ne peut pas parler de ses droits, en oubliant ses devoirs. Le concile Vatican 2 explique : « On doit reconnaître les droits de toutes les personnes, des familles et des différents groupes du pays. On doit les respecter. Et laisser aux gens la liberté de vivre leurs droits. Mais on ne doit pas oublier non plus, les devoirs des citoyens dans le pays ». (GS 75).
    Jean-Paul 2 écrivait, pour le 30ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en 1978 : « C’est important d’insister sur les droits de l’homme. Mais en même temps, on ne doit jamais oublier les devoirs, qui vont avec ces droits. En effet, tout le monde doit respecter les droits fondamentaux, en se conduisant d’une manière responsable (en réfléchissant sérieusement à ce que l’on fait). Dans la justice, et en faisant le bien. Tout homme et toute femme qui demande qu’on respecte ses droits, il a en même temps le devoir de respecter le droit des autres. En plus, nous devons travailler ensemble à construire une société, où tous les hommes pourront profiter de leurs droits. Et remplir les devoirs, qui vont avec ces droits ». Comme dit un proverbe bassar : «Là où la part de l’un commence, c’est là que la part de l’autre s’arrête ».
    Nous sommes en relation avec le monde entier (la mondialisation). On dit souvent : le monde est devenu comme un petit village (la planétisation). Nos droits et nos devoirs s’étendent à nos frères du monde entier. Vatican 2 continue : « L’un des principaux devoirs de l’homme aujourd’hui, c’est de respecter la solidarité (vivre ensemble en s’entr’aidant), et les différentes organisations de la société. De nos jours, les relations entre les différents pays augmentent sans arrêt. Nous devons donc vivre en union et dans le respect, de tous les pays du monde entier. Le problème aujourd’hui, c’est que le monde est souvent commandé, par des personnes et par des groupes, qui pensent seulement à eux-mêmes, ou à gagner de l’argent. Au lieu de chercher le bien de tous. C’est pourquoi, il est important de leur rappeler leurs devoirs. Pour construire ensemble un monde plus heureux » (GS 30). Comme dit un proverbe minyanka : «Le cadeau n’a pas de côté »

  • Pour l’Eglise, le premier devoir de l’homme, c’est de respecter la Loi de Dieu. Car la liberté, ce n’est pas faire n’importe quoi. Ni faire ce que l’on veut. Il y a des gens qui pensent que pour être libre, il faut rejeter les commandements de Dieu. Mais à ce moment-là, on ne sert pas la dignité de l’homme, on la perd. Et l’homme qui perd sa valeur, il perd aussi ses droits (GS 41).Saint Jean explique : « la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus Christ » (Jean 1,17). Et Jésus lui-même disait : « Si le Fils vous libère, vous serez vraiment libres. Tout homme qui fait le péché est un esclave. Si vous gardez mes commandements, alors, vous connaîtrez la Vérité. Et la Vérité vous rendra libres » (Jean 8, 31-36).

Les droits de la personne humaine. Ce sont en particulier :

  • Le droit à une bonne réputation, à la vérité, à la culture et à l’éducation. Cela comprend la liberté de chercher la vérité. La liberté de parler et de faire connaître ce qu’on pense. Le droit de connaître la vérité (recevoir des informations vraies). La possibilité d’être enseigné et de recevoir une bonne éducation. Le droit d’avoir un métier et de se former dans son métier.

  • Le droit à la liberté de religion, c’est-à-dire le droit de prier Dieu, selon son cœur (sa conscience). Le droit de pratiquer sa religion, personnellement et en public. Le droit de choisir sa façon de vivre (se marier ou vivre célibataire : prêtre, religieux ou laïc). Le droit de fonder une famille et le respect des droits de cette famille.

  • Les droits économiques : Avoir ce qu’il faut, pour vivre normalement. Avoir un travail qui permette de vivre, et de faire vivre sa famille. Avoir la liberté dans son travail. Pouvoir travailler dans des bonnes conditions. Pour les femmes qui travaillent, pouvoir continuer à tenir leur rôle de mère et d’épouse. Les droits à la propriété : avoir une terre, une maison, des outils de travail, etc….

  • Le droit de réunion et d’association dans toutes les choses de la vie : le travail, les loisirs, la vie du quartier, la vie du pays (partis politiques). La liberté d’agir dans ces différentes associations. Le droit des travailleurs de se mettre ensemble (syndicats), pour faire avancer leur vie et leurs conditions de travail.

  • Le droit à la sécurité et à la protection de ses droits, de sa liberté et des choses que l’on a. Par rapport aux autres personnes, mais aussi par rapport à l’état. Une justice égale pour tous.

Déjà les anciens disaient par exemple : « Si tu refuses de donner de l’eau à tes vaches, tes chiens la boiront » (Proverbe du Ruanda : donner à chacun selon ses droits). « On ne peut pas cacher les choses, à celui qui a beaucoup d’enfants » (proverbe sango : le droit à l’information). Mais aussi « Tu es court, ne parle pas trop longtemps » (proverbe amhara : savoir limiter son droit à l’expression), etc…

Les devoirs

Les droits ne vont pas sans les devoirs : c’est le devoir des autres de respecter mes droits. Mais moi aussi, j’ai le devoir de respecter les droits des autres. Nous ne parlons pas ici du point de vue directement chrétien (Jésus et l’Evangile), ni du point de vue directement musulman (le Coran et le prophète Mohammed). Nous partons plutôt de deux choses, communes aux deux religions : la vie du prophète Moise et les 10 commandements. En effet, pour faire avancer les droits humains, il est très important de s’appuyer sur les religions. D’abord parce que les religions peuvent empêcher de respecter les droits humains, si elles sont mal comprises, ou mal vécues. En effet, la liberté de religion a été affirmée dans la DUDH (article 18). Mais on doit bien reconnaître que, dans l’histoire, la religion a été utilisée parfois, pour écraser les gens ou pour faire la guerre. Il suffit de se rappeler les Croisades et la Guerre sainte. (Voir dans la 2° série sur les Droits Humains, le chapitre : «Droits Humains et Histoire de l’Eglise »).

Les 10 commandements ont été enseignés solennellement par le prophète Moise. On y retrouve un certain nombre de droits humains : -Tu ne tueras pas (droit à la vie) – Tu respecteras ton père, ta mère, ton voisin, sa femme, ses champs … (c’est la dignité de l’homme. Et le droit au mariage et à la propriété privée). Par conséquent, les droits de l’homme vont ensemble avec les Dix Commandements.

Mais ces dix commandements vont plus loin que les droits humains. Par exemple,

  • Il y a le droit à la vie. Mais en même temps, le devoir de conserver ma propre vie. Et de protéger celle des autres. Dieu dit dans les 10 commandements : «Tu ne tueras pas » 

  • J’ai le droit d’avoir ce qu’il faut pour vivre, et pour faire vivre ma famille. Mais j’ai aussi le devoir de vivre avec honnêteté, avec ce que j’ai. Dieu dit :  « Tu ne voleras pas ».

  • J’ai la liberté de penser et la liberté de religion. Mais «  j’adore Dieu seul et je l’aime de tout mon cœur, de tout mon esprit, de toutes mes forces et de toute mon âme », comme Moïse l’a demandé. C’est le 1er Commandement de Dieu.

  • Les droits humains demandent la liberté du mariage. Mais en même temps, je respecte mon mariage et celui des autres. Car les dix commandements demandent en plus, l’amour et la fidélité. Dieu dit :  « Tu ne commettras pas l’adultère. »

Droits humains et religion

En plus des 10 commandements, il y a encore d’autres choses, que demande la religion. Par exemple, j’ai le droit d’association (me retrouver avec d’autres). Mais j’ai aussi le devoir de vivre et de travailler pour les autres. Pas seulement pour moi. Et de les aider. Dieu a fait les hommes, pour qu’ils vivent ensemble dans la paix. Et qu’ils se soutiennent. C’est pour cela qu’Il a fait l’Eglise. Un proverbe dit : « Les 2 mains se lavent l’une l’autre » .

  • L’homme, grâce à son intelligence et son coeur (sa conscience), est capable de se donner un but dans la vie (un idéal). Et de marcher vers lui. L’homme est capable de construire une terre qui soit une famille, bâtie sur l’amitié et la fraternité humaine. La société, comme l’homme, sont capables d’avancer. Mais tout cela suppose une éducation. C’est là notre responsabilité. Et l’un des rôles de la religion. « Car la noix de palme ne reste pas noire, elle mûrit » (proverbe basengele)

  • Dans l’expérience de Moise, il y a une déclaration : les dix commandements. Mais cette déclaration très solennelle, sur le Mont Sinaï, est basée sur une expérience vécue. Dieu ne se contente pas de parler. Il agit. Il sauve les hommes. Par exemple, le peuple hébreu est esclave en Egypte. Il doit faire des travaux forcés. Il n’a plus de terre, ni de troupeaux. Ses garçons sont tués. Ses filles sont mariées de force, par les Egyptiens. Les Hébreux ne peuvent plus pratiquer leur religion. Alors que se passe-t-il ? Dieu sauve son peuple. Dieu appelle Moise. Il lui dit : « J’ai vu la souffrance de mon peuple. Va libérer mon peuple »! (tout le peuple ensemble, et pas seulement quelques personnes). Et Moise va libérer le peuple d’Israël, par la force de Dieu. Qu’est-ce que cela nous montre pour aujourd’hui ? (laisse d’abord les participants répondre). Un proverbe dit : « Quand on frappe l’œil, la paupière le voit »

  • Si Dieu sauve son peuple, c’est que Dieu est pour la liberté. Et qu’Il refuse l’esclavage. Il refuse les travaux forcés. Il veut que tout homme ait le droit de travailler librement, et d’avoir un salaire juste. Tout homme a droit à la propriété. Dieu refuse qu’on tue des enfants, et toutes les formes de torture. Dieu refuse les mariages forcés. Et Il veut la liberté de religion. Nous retrouvons ici, les droits humains fondamentaux. Mais avec en plus, une grande espérance. Parce que, ce que Dieu a fait autrefois par Moise, Il veut le faire aussi aujourd’hui, chez nous et avec nous. Dieu n’a pas seulement parlé. Il a agi. Et Il nous demande d’agir avec Lui. Grâce à la force qu’Il nous donne. Pour sauver nos frères aujourd’hui. Avec Dieu, c’est possible de vivre les droits humains. Au niveau des personnes, comme des peuples. Un proverbe Mongo affirme « un perroquet enfermé dans une cage, il ne fait pas de petits. ». Et un proverbe moré ajoute : « Ce qui fait peur, ne fait pas peur, tant que Dieu est là ».

  • La déclaration des droits de l’homme affirme l’importance de la liberté, de la justice et de la paix. Les dix commandements y ajoutent une chose très importante : l’amour. Quand Dieu donne les dix commandements à son peuple, il fait avec lui une Alliance d’amour. Il dit à son peuple, par la bouche de Moise : « Si tu m’aimes, tu garderas mes commandements ». Il ne s’agit donc pas de garder les commandements, ou de respecter les droits humains, par peur. Ou parce qu’on est obligé. Mais par amour. Car « Il n’y a pas de séparation, entre l’igname et sa peau » (proverbe gbaka). Et « les dents sont amies entre elles » (proverbe galla)

Deux questions se posent à nous aujourd’hui

  1. Pour ceux qui sont croyants : saurons – nous faire de notre foi, un moyen pour libérer les hommes? Et pour respecter les droits de l’homme et des peuples ?

  2. Saurons-nous respecter la religion des autres (tolérance), en dépassant les différences entre nos religions ? Et surtout, saurons-nous nous enrichir mutuellement de nos différences. Pour construire un monde plus heureux, ensemble ?

N.B. : On pourra lire ce que dit la lettre de Jean 23 : « La paix sur la terre », sur les droits et les devoirs.

La réparation

Quand une chaise est cassée, on la répare. Quand une voiture est en panne, on va au garage. Quand on a fait le mal, il faut aussi le réparer. Que faire pour cela ? La première chose bien sûr, c’est de demander pardon. Ensuite, changer de vie, pour ne plus recommencer à faire ce mal. Enfin, lutter contre le mal que l’on a fait. Ou au moins, essayer d’en supprimer les conséquences mauvaises. C’est ce qu’on appelle la réparation. Par exemple, si j’ai dit du mal sur quelqu’un, je ne peux plus rattraper, les mauvaises paroles que j’ai dites : les gens les ont entendues. Mais je peux au moins dire, que ce n’était pas vrai. En plus, au lieu de continuer à dire du mal sur cette personne, je dis du bien sur elle. Pour qu’elle retrouve sa dignité, et le respect des autres.

  • Réparer, cela permet de mieux comprendre, le mal que j’ai fait. Et ma responsabilité dans ce mal. Cela m’aide à réfléchir, pour ne plus recommencer.

  • Réparer permet de demander pardon, à celui que j’ai fait souffrir. Pas seulement en paroles, mais aussi en action. Comme nous le disons dans la prière du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi, à ceux qui nous ont offensés…. Et délivre-nous du mal. »

  • Réparer, cela me fait changer de vie, et retrouver ma dignité. Cela redonne de la valeur, aussi bien à moi-même, qu’à ceux à qui j’ai fait du mal.

  • L’exemple de la réparation, c’est ce que Zachée dit à Jésus (Voir dans la fiche 4, sur la dignité) : « Voilà Seigneur, je donne la moitié de ce que j’ai aux pauvres. Et si j’ai fait du mal à quelqu’un je vais lui rendre quatre fois plus ».

  • Quand c’est la paix et l’entente qui ont été cassées, la réparation s’appelle : la réconciliation.

Un proverbe malinké dit : «Tuer son ami, ce n’est pas difficile. Mais trouver un 2° ami, c’est ça qui est difficile »

Celui qui nous aide à réparer, bien sûr c’est Jésus. Et l’Esprit Saint qu’il met dans nos cœurs. Jésus n’a pas eu besoin de réparer le mal, qu’il aurait fait lui-même. Puisqu’il n’a fait aucun mal. Mais il est venu réparer le mal, que nous les hommes nous faisons. En effet, Dieu a fait un monde beau, et bon pour nous. Mais l’homme et la femme (Adam et Eve), ont voulu prendre la place de Dieu. Ils ont refusé de lui obéir. Et alors ils ont cassé ce monde d’amour, que Dieu avait fait. C’est le péché, qui est entré dans le monde. Avec le mal, la souffrance, la division et la mort. Jésus est venu changer nos cœurs, pour que nous arrêtions de faire le mal Et pour nous faire vivre dans l’amour, l’unité et la paix. Il nous a fait rentrer à nouveau, dans l’amitié de Dieu. Pour que nous soyons vraiment ses enfants, qui l’aiment, qui lui disent merci, et qui lui obéissent. Il est venu laver, tout le mal qui est dans le monde, par le Sang de sa Croix. Comme l’explique St Pierre (1ère Pierre 1, 18 à 22) : « Ce qui vous a libéré de la vie sans but, que vous aviez à la suite de vos pères, c’est le sang que Jésus a versé… en obéissant à la vérité. Vous vous êtes purifiés, pour vous aimer sincèrement, comme des frères ».

St Paul écrit à Tite (2, 14) : « Jésus s’est donné pour nous. Afin de nous racheter de toutes nos fautes. Et de nous purifier, pour faire de nous son peuple : un peuple courageux, pour faire le bien ».

L’épître aux Hébreux explique (9,15) : « Jésus est le médiateur (le pont) d’une Alliance Nouvelle, entre Dieu et les hommes. Il est mort pour réparer nos fautes. Pour que nous puissions recevoir l’héritage, que Dieu nous a promis, et qui ne finit pas ».

En Afrique du Sud, des gens ont été mis en prison, frappés et tués, à cause du racisme. Quand l’apartheid a été supprimé, on a mis en place des commissions « Vérité et Réconciliation » : on demandait à ceux qui avaient fait souffrir et tué des Noirs, de reconnaître le mal qu’ils avaient fait. Et de demander pardon. Pour mettre la réconciliation dans le pays, et pour pouvoir avancer ensemble. On a fait la même chose dans de nombreux autres pays, comme par exemple au Rwanda avec les tribunaux traditionnels (les gacaca), ou en Colombie en Amérique du Sud. Beaucoup de gens ont eu le courage de pardonner. Mais ils n’ont pas vraiment la paix, dans leur cœur. Parce que, pour se réconcilier en vérité, il ne suffit pas que les gens disent la vérité, et reconnaissent le mal qu’ils ont fait. Il faut aussi réparer le mal qui a été fait : c’est une question de justice. C’est pourquoi, par exemple au Togo, la Commission que l’on a mise en place s’appelle : « Justice, Vérité et Réconciliation ». Pour qu’on répare les choses cassées. Parce que les gens n’ont pas fait leur devoir, et qu’ils n’ont pas respecté les droits des autres. Pourtant, les anciens nous ont dit : «Ce qui est à toi, te revient. Ce qui est à l’autre, lui revient » (proverbe bayombe)

Pour parler ensemble

  • Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?

  • Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

5. Aujourd’hui (mettre en pratique)

  • Comment allons-nous mettre en pratique ce que nous venons d’entendre  (Tu laisses les participants répondre. Si nécessaire, tu complètes. Puis, tu demandes :)

  • Qu’allons-nous faire cette semaine pour défendre nos droits ?

  • Comment voulons-nous mieux remplir nos devoirs ?

  • Comment défendre les droits, de ceux qui sont traités injustement, autour de nous ? - Comment leur faire comprendre leurs devoirs ?

  • Comment les aider à remplir leurs devoirs ?

6. Prière

Un participant dit une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions, tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière qui va bien, avec ce qu’on vient d’enseigner, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter.

7. Chant

Vous prenez un chant que vous connaissez, qui va avec ce dont vous venez de parler.

8. Leçon (par cœur)

  1. Tu demandes à un participant, de raconter l’évangile du jeune homme riche. (Les autres complètent, si nécessaire).

  2. Tu demandes aux participants de réciter les 10 commandements de Dieu

  3. Quels sont les droits fondamentaux de l’homme ?
    -
    Les droits fondamentaux sont les droits à la vérité et à l’éducation, la liberté de religion, les droits économiques, les droits politiques, les droits sociaux et les droits culturels.

  4. Qu’est-ce qui est nécessaire, pour vivre ses droits et pour faire son devoir ?
    - Ce qui est nécessaire, pour vivre ses droits et pour faire son devoir, c’est l’éducation, la sécurité et la liberté.

  5. Les droits et les devoirs sont pour qui ?
    - Les droits comme les devoirs sont pour tout le monde, chacun selon sa vie et ses possibilités.

  6. Pour un croyant, quels sont ses devoirs ?
    - Les devoirs sont résumés dans les 10 commandements, qui sont pour tous. Pour les chrétiens, c’est l’Evangile, en particulier les Béatitudes et le Commandement de l’Amour.

  7. A quoi sert la réparation ?
    - La réparation permet de mieux comprendre, le mal que nous avons fait. Elle nous aide à demander pardon, et à changer notre vie. Elle redonne le respect et la dignité, à nous-mêmes, et à ceux à qui nous avons fait du mal. Elle apporte la justice et la réconciliation.

Fiche 7 : Les rapports entre la personne et la société

1. Révision

Qu’avons-nous retenu de ce qu’on nous a enseigné, la semaine dernière, sur les droits et les devoirs de l’homme ? Qu’avons-nous fait pendant toute la semaine, pour mettre cet enseignement en pratique? (chacun donne des exemples de ce qu’il a fait).

2. Cherchons ensemble (expérience humaine) :

  • Dans le monde actuel, les hommes dépendent de plus en plus les uns des autres. Les relations entre les hommes augmentent : on voyage de plus en plus, on sait ce qui se passe ailleurs. Comment mieux vivre ensemble ?

  • Nous vivons dans un pays, avec ses lois. Mais parfois, nous avons l’impression que ces lois nous font souffrir. Au lieu de nous rendre heureux. Elles nous empêchent de vivre, comme nous le voulons. Elles ne sont pas toujours justes. Et souvent, les responsables du pays ne cherchent pas vraiment le bien des gens. Ils cherchent surtout l’argent, le pouvoir et leurs propres avantages : pour eux-mêmes, pour leur famille, leur ethnie ou leur groupe d’amis.

  • Autour de nous, il y a aussi des gens qui ne pensent qu’à eux-mêmes. Ils ne pensent pas aux autres. Ils refusent d’obéir aux lois du pays, même si elles sont bonnes. Comment construire une société, qui fasse grandir tout le monde, sans rejeter personne ? Et où tout le monde participe, et fait son devoir ? Comment nous mettre au service du pays et de la société, pour le bonheur de tous ?

Les désirs de notre cœur.

  • Nous voudrions vivre en paix, tous ensemble, dans le respect et la justice. Mais il y a encore beaucoup de problèmes, dans notre pays. Il y a beaucoup de gens que l’on fait souffrir. Cela nous rend tristes.

  • Nous voulons agir, pour rendre notre société meilleure. Mais nous ne savons pas comment faire. Qui va nous montrer le chemin ? Ecoutons la Parole de Dieu.

3. Parole de Dieu : Romains, 13, 1 à 7 (les chefs doivent servir Dieu)

Après la lecture de cet Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cette Parole de Dieu nous montre, sur Dieu ou sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux, et nous apporte l’espérance).

  4. Que pouvons-nous faire, pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

Explication : Il y a trois choses principales dans ce texte de Paul.

  1. Les chefs sont sous le pouvoir de Dieu

  2. Si tu fais le bien, tu n’as pas à avoir peur des chefs

  3. Tu obéis aux chefs, pour obéir à ce que Dieu te dit dans ton cœur (ta conscience).

Réfléchissons :

(Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir, sous forme de questions. En parlant tous ensemble, et non pas comme un enseignement. Pour chaque paragraphe, poser d’abord une question, par rapport à ce qui est dit. Ecouter les réponses des catéchumènes. Puis compléter, en expliquant ce qui est écrit).

L’enseignement de l’Eglise :
  • Pierre donne à peu près les mêmes conseils que Paul (1ère Pierre 2, 12 à 17) : «Ayez un très bon comportement, au milieu des paîens. Obéissez aux chefs et aux organisations, à cause de Dieu, (quand ils vous demandent de faire des bonnes choses). Un proverbe dit »celui qui obéit aux lois, il aura des cheveux blencs » (proverbe bamiléké). Mais Saint Pierre ajoute : « Respectez tout le monde, mais soyez des hommes libres. Et surtout servez Dieu ».

  • Paul insiste, pour que l’on prie pour les chefs du pays (1ère à Timothée 2, 1 à 4). Et qu’on les respecte, en se conduisant en bons citoyens (Tite 3, 1 à 2). Qu’on les remercie pour leur travail (1ère Thessaloniciens 5, 12 à 13).  »Car c’est l’éléphant qui porte sur la tête, le bois que les singes ont ramassé » (proverbe humbu)

  • Mais si les chefs du pays ne suivent pas le chemin de Dieu, nous ne devons pas obéir à leurs ordres mauvais. Nous continuons à les respecter. Mais nous faisons tout pour qu’ils puissent changer, comme nous l’explique le Livre de l’Apocalypse. Et s’ils ne veulent pas nous écouter, nous luttons contre eux. Et même nous cherchons à les remplacer (voir Apocalypse 17, 14 – 18, 11).
    Car un proverbe dit : «quand l’aigle est malade, il perd ses plumes ».

  • Jésus lui-même est un bon citoyen : il paye le denier du culte, pour le Temple de Jérusalem (Matthieu 17, 24 à 27). Il paye aussi l’impôt aux romains. Mais il ajoute aussitôt (Matthieu 22, 17 à 22) : « Rendez à César, ce qui est à César. Et à Dieu, ce qui est à Dieu ».
    En même temps, Jésus nous demande de ne pas nous conduire, comme les chefs des pays. Il nous demande, de changer les relations dans la société. Avant sa mort, Jésus lave les pieds de ses apôtres. Puis il leur dit : « Les chefs des pays païens commandent comme des maîtres. Ils se font appeler bienfaiteurs, par les habitants du pays. Pour vous, cela ne sera pas la même chose. Au contraire, le plus grand d’entre vous, prendra la place du plus jeune. Et celui qui commande, prendra la place du serviteur…. Regardez, je suis au milieu de vous, comme celui qui sert ».
    Jésus a respecté les chefs de son pays, même Pilate (Jean 18, 33 à 38 + 19, 8 à 16). Il a aussi respecté Hérode (Luc 23, 6 à 12). Jusqu’au moment de sa mort (Matthieu 27, 11). Mais devant Pilate, comme devant Hérode, il dit clairement : le plus important, c’est de servir Dieu. Parce que c’est Dieu qui donne la force et le pouvoir. Par conséquent, si tu es chef, tu dois être chef comme Dieu le veut.

  • L’homme, pour être heureux, doit vivre avec les autres, en société. Le Concile de Vatican 2 explique : « Les joies et les espoirs des hommes de ce temps ….. sont aussi les joies et les espoirs des disciples du Christ. Et aussi leurs tristesses et leurs peurs. Surtout ceux des pauvres et de ceux qui souffrent. Tout ce qui touche l’homme, parle dans le cœur des chrétiens (GS 1)… C’est en vivant avec les autres, que l’homme grandit selon toutes ses possibilités. Et qu’il peut répondre à sa vocation  (ce à quoi Dieu l’appelle) » (G.S. 24).

Le pape Jean 23 écrit dans sa lettre « La paix sur la terre », au n° 31 : « Les hommes sont des êtres sociables. Ils doivent vivre les uns avec les autres. Et chercher le bien, les uns pour les autres ». Car « un seul doigt ne peut pas casser la coque d’une arachide » (proverbe bamiléké). Et »la jambe soutient la cuisse » (proverbe ngbandi)

De son côté, la société doit chercher le bien de l’homme. Comme le disait Jean 23, dans sa lettre « L’Eglise, mère et maîtresse » au n° 218 : « La personne humaine est le sujet et le but, de toutes les organisations de la société ». Par conséquent, la personne humaine et la société grandissent ensemble. Et l’une par l’autre. « L’écureuil cueille les fruits des arbres pour le cochon » (proverbe songe)

Comment la société fait-elle grandir la personne ?

Comment la société permet-elle le respect des droits des gens ? (laisse d’abord les gens répondre. Puis tu expliques, dans une discussion, ce qui suit)

  • C’est en vivant avec les autres, que nous pouvons faire grandir nos qualités, nos activités et nos relations humaines. Sinon, « la bouche qui mange sans rien te donner, tu ne l’entendras pas, quand elle va pleurer » (proverbe peul).

  • C’est en vivant ensemble que nous pouvons vivre la solidarité. Et nous aider les uns les autres. C’est pour cela que les associations deviennent de plus en plus nombreuses, à tous les niveaux : économique, social, culturel, sportif, loisirs et culture ; dans le travail et dans la politique ; dans le quartier ou le village, dans tout le pays et dans le monde entier. Car « celui qui mange seul, il s’étrangle seul » (proverbe arabe).

  • C’est la société qui peut remplir les droits des gens : pour la santé, pour l’éducation et l’école, pour apprendre un métier, pour le travail, pour le logement (avoir une maison), pour les loisirs et les activités culturelles, etc… (voir la lettre de Jean 23 : «l’Eglise, mère et maîtresse », n° 61).
    Le catéchisme de l’Eglise catholique explique, au numéro 1869 : « Le péché rend les hommes complices (unis les uns aux autres), dans le mal. Il apporte entre les hommes les mauvais désirs, la méchanceté et l’injustice. Le péché amène des situations, qui vont contre la bonté de Dieu, dans la société et dans les organisations. Ce sont « les structures de péché ». C’est le résultat de nos péchés personnels, qui s’ajoutent les uns aux autres. Cela pousse les autres personnes, à faire le mal à leur tour. C’est ce que l’on appelle « le péché de la société » (le péché social). En effet, l’homme fait déjà le mal, de lui-même. Mais la société et tous les mauvais exemples des autres, le poussent à pécher encore plus. Les gens qui entraînent leurs frères et sœurs dans le péché, ils ont oublié le bien commun (le bien de tous et le bien de la société). Au lieu de faire avancer la société, ils la font reculer. Cela a des conséquences graves sur le développement des peuples «  (voir Jean-Paul 2, dans « Le souci des affaires sociales », n° 36). Un proverbe dit :« Quand un villageois salit l’eau, c’est tout le village qui a la diarrhée »

  • Mais il ne faudrait pas toujours voir le mal. Il y a aussi le bien que les gens font. Et à côté du péché, il y a la grâce (l’aide de Dieu). Pour construire une société heureuse. Et pour développer (faire avancer) les peuples. En effet, nous sommes dans un monde de péché. Mais nous sommes aussi dans un monde bon, parce qu’il a été fait par Dieu. Et Dieu ne nous abandonne pas. Surtout, nous sommes dans un monde, sauvé par Jésus-Christ. Avec l’Esprit-Saint que Jésus nous a donné, il est possible de construire un monde nouveau. Et quand nous faisons le bien, nous entraînons aussi les autres dans le bien, par notre exemple. Et nous faisons grandir le bien dans le monde. C’est ce qu’on appelle la communion des saints : Le bien que je fais, profite à tout le monde. Quand un joueur joue bien, c’est toute l’équipe qui gagne. Un proverbe dit : «Le chasseur a bien chassé. C’est tout le village qui va bien manger »

Quels sont les dangers de la vie en société ?

(Tu laisses d’abord les gens répondre).

  • Parfois la société veut trop nous commander : elle supprime notre liberté. Et les chefs du pays, veulent nous obliger à avoir leurs idées.

  • Ou bien, ils nous empêchent de faire le bien que nous voudrions. Ou de nous former davantage. Ils peuvent même faire des mauvaises lois. Par exemple sur l’avortement, la limitation des naissances, le mariage et la famille. Ou sur la propriété et la vente des terres. Ils peuvent aussi nous demander, de faire des mauvaises choses. Ou nous montrer des mauvais exemples.

  • Parfois les chefs cassent le pays. Ils pensent surtout à l’argent. Ou à garder le pouvoir (rester chefs), par tous les moyens. Ils aident seulement leurs amis. Et ils oublient les autres, surtout les plus pauvres et les moins forts. Et même, ils les font souffrir. En utilisant les armes, s’il le faut.

Que faire pour éviter ces dangers ?

(Tu laisses d’abord les gens répondre).

  • Que les responsables cherchent vraiment le bien de tous. Comme dit un proverbe wachagga : «La queue de la vache chasse les mouches, à droite comme à gauche ». Mais c’est à nous de les soutenir, pour cela. Nous les conseillons. Et même nous les obligeons à faire le bien, si c’est nécessaire. Car c’est seulement si les gens au pouvoir respectent les droits humains, qu’ils ont le droit de rester chefs du pays.

  • Que chaque association suive le but, pour lequel elle a été faite, en étant claire. Et en travaillant dans la vérité, avec les autres associations. Dans le respect des uns et des autres, et en se soutenant. Pour chercher ensemble le bien commun. Et construire une société de justice et de paix. « Le poisson qu’on a mangé ensemble dans la rivière, c’est ensemble qu’on le mange ».

  • Que tous les membres de toutes les associations, soient respectés et traités comme des personnes humaines : qu’on les encourage tous à participer aux actions menées, chacun selon ses possibilités. « le mur pour tenir, a besoin de toutes les briques ».

Les conditions.

(Tu laisses d’abord les gens répondre).

  • Souvent, les gens cherchent l’argent et le pouvoir. Face à cela, la Doctrine sociale de l’Eglise rappelle, ce que l’on doit chercher en premier : c’est de faire grandir tous les hommes et toutes les femmes, dans leur grandeur de personne humaine. Les organisations de la société doivent être au service des personnes. Car les personnes sont faites à l’image de Dieu. Elles sont plus importantes que les organisations. Ce n’est pas facile d’arriver à cela. Il faut de la patience. Aussi bien de la part des responsables de la société, que de chacune des personnes ou des associations. Mais il ne faut jamais oublier ce but. Et il faut le chercher, avant tout autre chose. L’important, c’est de vouloir servir ses frères, et la société. Et non pas de vouloir seulement en profiter. Comme le disait Jésus : «Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir. Et donner ma vie, pour la foule des hommes ». Un proverbe dit : «Tu ne dis jamais aux autres :’tiens’. Tu ne dois pas te retourner, quand tu entends dire : ’prends’ »

  • Le Catéchisme de l’Eglise catholique (n° 1878 à 1889) rappelle que, pour y arriver, il faut s’appuyer sur notre foi, et sur les Commandements de Dieu. Cela nous demande de changer notre cœur. Pour pouvoir ensuite changer la société, tous ensemble. Car « ce que Dieu donne, le vent ne peut pas l’emporter »(proverbe soninké). Voir aussi la Lettre « Pour le 100ème anniversaire » de Jean Paul 2, sur l’encyclique de Léon 13 : « les choses nouvelles » (CA, n° 38).

Les principes sur lesquels s’appuyer, pour construire une société qui respecte les personnes.

(Demande d’abord aux participants de dire, à leur avis, quels sont ces principes).

  • La vie ensemble (en communauté) et le respect des autres.

  • Se parler entre tous (le dialogue), en acceptant les différences et les idées de chacun.

  • La coopération : s’aider entre tous.

  • Des mariages et des familles solides et heureuses.

  • La volonté de faire des efforts et de supporter les souffrances, pour construire la société

  • S’appuyer sur la force que nous donnent la foi en Dieu, et l’amour de Jésus-Christ (la charité).

  • S’appuyer sur la Parole de Dieu, pour savoir ce que Dieu nous demande, et le mettre en pratique.

  • La prière.

Le bien commun 

(Demande aux participants : pour vous, qu’est-ce que le bien commun ?)

  • Les responsables politiques doivent travailler pour le bien commun. Qu’est-ce que le bien commun ? C’est : « Toutes les conditions qui permettent aux hommes, aux familles et aux différents groupes, de grandir et de se développer, plus facilement et totalement : dans leur vie personnelle et dans la vie de la Société ».

  • Le rôle des responsables du pays, c’est de chercher ce bien commun pour tous. En respectant la morale (les commandements de Dieu) et les bonnes lois. Et en faisant des nouvelles lois, des bonnes lois, si c’est nécessaire. A ce moment-là, les citoyens doivent obéir aux autorités (aux chefs du pays). Jean-Paul 2 a expliqué : « Le premier devoir de ceux qui ont le pouvoir, c’est de chercher le bien commun de la société. A ce moment-là, les droits de tous les citoyens sont respectés. C’est quand on respecte les droits humains, qu’il y a la justice sociale. Pour connaître la valeur des gens qui sont au pouvoir, on doit se demander : est-ce qu’ils respectent les droits de l’homme ». (Lettre « Le Rédempteur de l’homme », n° 17).

Le n° 46 des lineamenta (1° éléments, les grandes lignes) de 2006, pour la préparation du 2° Synode pour l’Afrique explique : « Le bien commun, c’est d’abord le bien que l’on fait ensemble, entre les différentes personnes, et au niveau de la société. En effet, chaque personne humaine doit faire le bien. De même, la société toute ensemble, doit chercher le bien commun. Le bien commun, ce sont tous les citoyens (tous les hommes, tout le monde) qui sont ensemble, responsables du bonheur de tous et de chacun. Pas seulement les chefs du pays. Mais les chefs du pays doivent réunir les gens, et organiser la société, pour que tous les citoyens travaillent ensemble au bien de tous. Normalement chaque personne cherche son propre intérêt (son avantage). Il faut donc organiser les intérêts de chacun, dans la société. Pour que chacun ait sa part. Et que les droits de tous soient respectés. Et aussi, régler les problèmes qui arrivent. Le premier devoir en politique, c’est de mettre en place une organisation juste, de la société et du gouvernement du pays. Pour cela, il faut respecter les choses importantes de la vie en société. Comme, par exemple, la bonne gouvernance (bien diriger le pays), la vérité, la liberté et la justice. »

Donc, il ne s’agit pas seulement des biens matériels (les choses et l’argent), mais de toutes les conditions, qui permettent de bien vivre. Et aussi de grandir, chacun personnellement et tous ensemble, pour vivre vraiment dans la dignité. Cela demande de sortir de la pauvreté, et de faire avancer le pays (le développement intégral). Et de mettre la sécurité dans la société, pour faire grandir les personnes et les familles. Sans l’esprit communautaire, si les gens ne sont pas unis, c’est la guerre. Et le pays tombe. Au contraire, un proverbe mashona explique : «Si ton frère a eu un enfant, entre dans la forêt, pour faire la fête avec les autres »

(Voir ce qu’on a déjà dit sur le bien commun dans la fiche 3 : le 10° principe)

Compléments : 3 textes de l’Eglise (parmi beaucoup d’autres).
  1. Sur la dimension sociale de l’homme (lettre « la Centième Année » : CA 13) : « L’homme est fait pour vivre en société. Cela ne regarde pas seulement les relations avec l’Etat ou le Gouvernement. Cela concerne tous les groupes et toutes les associations du pays : depuis la famille jusqu’aux groupes économiques (pour gagner de l’argent), sociaux (pour vivre ensemble), politiques (pour diriger le pays), culturels (pour être mieux éduqués), etc…C’est quand on pense à tout cela, que l’on a une idée juste de la société. »

  2. Sur l’engagement volontaire (le volontariat) (CA 49) : « Depuis le début de l’Eglise, il y a toujours eu des gens charitables. Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes vivent dans la charité. Et cette charité grandit, en particulier par les actions des volontaires. L’Eglise encourage tous ces volontaires. Elle demande à tous, de les soutenir et de les encourager ».

  3. Sur la famille (Elle est la base de ‘l’écologie humaine’ (le respect et la santé de la personne humaine). C’est dans la famille, que l’homme reçoit les premières idées, sur la vérité et le bien. C’est dans la famille, qu’il est aimé et qu’il apprend à aimer. Et aussi, ce qu’est une personne humaine. Nous parlons ici d’une famille, construite sur le mariage. Une famille, qui vit comme Dieu l’a voulue. Elle est le lieu sacré de la vie. Elle s’oppose à la culture de la mort. »

Pour parler ensemble :
  • Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?

  • Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

5. Aujourd’hui (mettre en pratique)

  • Comment allons-nous mettre en pratique ce que nous venons d’entendre ? (Tu laisses les participants répondre. Si nécessaire, tu complètes ensuite)

  • Quels sont les manques de respect des personnes, dans notre société ?

  • Que pouvons-nous faire pour que cela change ?

  • Que font les citoyens, qui ne respectent pas la société et le pays ? - Comment les aider à changer ?

  • Comment expliquer le bien commun, à ceux qui nous entourent ?

  • Comment pouvons-nous faire grandir le bien commun de notre pays, tous ensemble ?

6. Prière

Un participant dit une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions, tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière qui va bien avec ce qu’on vient d’enseigner, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter.

7. Chant

Vous prenez un chant que vous connaissez, qui va avec ce dont vous venez de parler.

8. Leçon (par cœur)

  1. Tu demandes aux participants de redire les conseils de Paul sur les chefs et la vie en société (Rom 13,1-7)

  2. Que doit faire l’homme dans la société ?
    - L’homme dans la société doit vivre en paix avec ses frères, respecter les chefs et les lois justes, et travailler avec tous. Pour construire une société meilleure, en s’appuyant sur la foi en Dieu, et l’amour de ses frères.

  3. Que doit faire la société ?
    La société doit respecter toutes les personnes, et chercher leur bien de toutes les façons possibles, en respectant leurs droits.

  4. Que doivent faire les responsables du pays ?
    - Les responsables du pays doivent chercher le bien de tous sans rejeter personne. Ils doivent agir dans la justice et la vérité, en respectant les lois et en cherchant le bien commun.

  5. Qu’est-ce que le bien commun ?
    - Le bien commun, c’est ce qui appartient à tous, et le bonheur de la société. Ce sont les conditions, qui permettent aux hommes de grandir, et au pays d’avancer, dans la dignité et le respect des droits de chacun. C’est la bonne gouvernance, la vérité, la liberté et la justice.

Fiche 8 : La liberté religieuse

1. Révision

  • Qu’avons-nous retenu de ce qu’on nous a enseigné, la semaine dernière, sur les relations entre les personnes et la société ? Qu’avons-nous fait pendant toute la semaine, pour mettre cet enseignement en pratique? (chacun donne des exemples de ce qu’il a fait).

2. Cherchons ensemble (expérience humaine) :

  • Angélique est responsable de la Commission Justice et Paix de sa paroisse. Dans cette commission, ils ont cherché les choses qui ne vont pas dans le quartier, et qui empêchent les gens d’être heureux. Mais les chrétiens ne sont pas nombreux. Alors chacun des membres de la Commission décide d’en parler, avec les musulmans qu’il connaît. Pour voir ce qu’il est possible de faire, ensemble avec d’autres, pour que l’action réussisse.

  • Albert a décidé d’organiser des activités de vacances (un centre aéré), pour que les enfants ne traînent pas dans les rues : qu’ils puissent continuer à apprendre, pour se préparer à la rentrée scolaire prochaine. Et aussi recevoir une éducation, et avoir des activités intéressantes (jeux, théâtre, chants, activités culturelles). Pour ne pas passer leur temps à se battre, et à traîner dans les rues, avec le risque de tomber dans la délinquance, le vol, le vagabondage et la drogue. Avec les autres éducateurs, ils se disent : Il ne faut pas organiser cela, seulement pour les enfants chrétiens. Il faut en faire profiter tous les enfants. Ils vont donc voir le chef de quartier et l’Imam. Pour organiser les activités ensemble, pour le bien de tous les enfants.

  • Ce n’est pas toujours facile de s’entendre, avec les gens des autres religions. Il y a parfois des disputes, qui peuvent même aller jusqu’à des bagarres. Pourtant, c’est important de s’entendre. Car alors, on peut organiser des bonnes choses ensemble. Comment faire pour cela ?

Les désirs de notre cœur

Nous voulons vivre en paix avec tous les hommes. Nous voulons l’entente dans la société. Nous voulons travailler ensemble, pour faire avancer le pays. Nous voulons nous entendre, surtout avec les autres croyants. Pour partager ce qu’il y a de meilleur, dans la religion de chacun. Et ensemble, grandir dans la foi. Qui pourra nous aider ? Regardons ce que Jésus a fait..

3. Parole de Dieu : Jean 4,19-30 (Jésus et la Samaritaine).

Après la lecture de cet Evangile, nous nous posons les 4 questions suivantes :

  1. Qu’avons-nous retenu de ce texte ? (Chacun redit ce qu’il a retenu).

  2. Qu’est-ce que cet Evangile, nous montre sur Dieu et sur Jésus ?

  3. Quelle est la Bonne Nouvelle de ce texte (ce qui nous donne la joie, la paix, le courage ; ce qui nous rend heureux, et nous apporte l’espérance).

  4. Que pouvons-nous faire pour mettre cette parole en pratique ? (chacun donne des exemples précis, dans sa vie de chaque jour).

Explications :

  • La Samaritaine est une femme. C’est une païenne, ou plutôt une « hérétique ». En effet, les Samaritains ne suivaient pas totalement la religion juive : ils n’allaient pas prier au Temple de Jérusalem. Ils priaient chez eux, sur le Mont Garizim. C’est pourquoi les Apôtres sont très étonnés, de voir Jésus parler avec cette femme. Surtout devant tout le monde, au puits (verset 27).

  • Jésus reconnaît la foi de cette femme païenne. Il ne la condamne pas. Il la respecte et parle avec elle. Mais, en même temps, il affirme la vraie foi. Il dit bien : « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas. Nous, nous adorons ce que nous connaissons. Car le Salut vient des Juifs ». La femme lui dit : «  le Messie, l’envoyé de Dieu, vient. Il nous fera tout connaître ». Jésus lui répond : « C’est moi qui te parle ». Respecter la religion des autres, ce n’est pas abandonner sa propre foi. Ce n’est pas dire non plus : « toutes les religions sont la même chose ». Nous croyons que c’est Jésus seul, qui nous sauve. Mais Jésus parle dans le cœur, des hommes de toutes les religions. Comme il a parlé avec la Samaritaine. C’est pourquoi nous respectons tous les croyants, et aussi ceux qui ne croient pas en Dieu.

  • Pour Jésus, le plus important, c’est de suivre son cœur et de prier Dieu. Il dit (n° 24) : « Dieu est Esprit. Ceux qui adorent Dieu, ils doivent l’adorer en esprit et en vérité ». Donc, tout le monde doit chercher à connaître la vérité. Chacun doit éduquer son cœur. C’est pour cela que Jésus parle avec la Samaritaine : pour l’aider à connaître le vrai Dieu. Savoir qu’il est vraiment notre Père, et qu’il a envoyé Jésus pour nous sauver. Jésus le disait lui-même à son Père, dans sa prière avant de mourir (Jean 13, 3) : « La vie Eternelle c’est de te connaître, Toi, le seul Dieu, le vrai Dieu. Et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ »).

  • Encore plus, Jésus fait confiance à la Samaritaine. Et même, il lui confie un travail (une mission) : aller le faire connaître, aux gens de son village. «Alors les gens sortent de leur village, et viennent voir Jésus (Jean 4,28 à 30)… Ils invitent Jésus à rester chez eux. Jésus reste deux jours. Et alors, il y a encore plus de gens à croire (n° 40 et 41) ». Jésus nous appelle nous aussi, à faire confiance aux croyants des autres religions. Eux aussi peuvent conduire leurs frères dans le chemin de Dieu, comme la Samaritaine.

4. Réfléchissons

(N.B. Ce qui suit, ce sont des idées à faire découvrir sous forme de questions. En parlant tous ensemble, et non pas comme un enseignement. Pour chaque paragraphe, poser d’abord une question, par rapport à ce qui est dit. Ecouter les réponses des participants. Puis compléter, en expliquant ce qui est écrit).

Suivre Jésus librement

Jésus a toujours laissé les gens, libres de le suivre. A chaque fois, il leur dit : « Si tu veux, viens et suis-moi ». Quand le jeune homme riche refuse de le suivre, Jésus le laisse partir. Et il ne le condamne pas. Car Dieu a créé l’homme libre, dès le début du monde. C’est pourquoi, Jésus ne force personne. Et pour ceux qui veulent le suivre, il est très clair. Il donne des conditions : « Si tu veux entrer dans la Vie, garde les commandements « (Matthieu 19, 17). Et aussi : « Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu as, et donne le aux pauvres. Puis, viens et suis moi » (Mat 19, 21).

Jésus ne cache pas non plus, les difficultés pour le suivre. Au contraire, il explique : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il s’oublie lui-même, qu’il porte sa croix et qu’il me suive » (Matthieu 16, 24). Et aussi : « Le Fils de l’Homme n’a même pas un endroit, où reposer sa tête » (Mat 8,20)

Jésus sait bien que tout le monde ne va pas accepter cela. Comme dans l’histoire des deux fils : l’un accepte de travailler pour son père, l’autre refuse. (Matthieu 21, 29 à 31). Mais Jésus sait aussi, que l’homme peut changer son cœur et sa vie, avec l’aide de Dieu. Adam et Eve ont refusé la parole de Dieu. Ils ont voulu être « comme Dieu ». Ils ont péché, et refusé d’obéir à Dieu. Pourtant Dieu ne les a pas rejetés. Au contraire, il a eu pitié d’eux. Et Il leur a promis un Sauveur (Voir le Livre de la Genèse).

De même, quand Dieu fait alliance avec le peuple hébreu. Il lui donne les Dix Commandements, mais il le laisse libre. Moïse dit au peuple, au nom de Dieu (Deutéronome 30,15-20) : « Regarde, je te propose aujourd’hui la vie et le bonheur. Ou bien la mort et le malheur. Ecoute les commandements du Seigneur ton Dieu, que je te donne aujourd’hui : aime le Seigneur ton Dieu. Marche dans ses chemins. Si tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras. Tu deviendras nombreux. Et le Seigneur ton Dieu te bénira, dans le pays où vous entrerez. Je prends aujourd’hui le ciel et la terre, comme témoins contre vous. Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que tu vives, avec tous tes enfants. Pour cela, aime le Seigneur ton Dieu. Ecoute sa voix. Attache-toi à lui. C’est là que se trouve la vie. Et une longue durée sur la terre, que Dieu a promise à tes ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. »

C’est donc librement et de tout notre cœur, que nous répondons à l’appel de Dieu. Nous sommes libres. Dieu ne nous force jamais. Et si Dieu nous laisse libres, nous respectons nous aussi, la liberté des autres. Car « on ne force pas le crabe à rentrer dans son trou ».

Jésus et les autres croyants.

Jésus a vécu avec les païens (les non Juifs). Il les a accueillis, il les a aidés, il les a guéris. Et il ne leur a jamais demandé, de changer de religion pour cela. Par exemple, avec la femme païenne de la ville de Cana (la Cananéenne : la Syrienne de Phénicie). Elle lui demande de guérir sa fille (Matthieu 15, 21 à 28). Jésus comprend alors, que Dieu ne l’a pas envoyé seulement, pour les brebis perdues d’Israël (les Juifs). Parce que « même les petits chiens mangent les morceaux de pain, qui tombent de la table » (27). Jésus expliquera un autre jour : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne font pas partie de ce troupeau (les Juifs). Ceux-là aussi, il faut que je les conduise » (Jean 10, 16).

De la même façon, Jésus guérit, sans faire de problème, le serviteur du capitaine romain (Matthieu 8, 5 à 13). Bien plus, il admire la foi de ce païen. Et il la donne en exemple : « Chez personne en Israël (dans ma religion) je n’ai trouvé une foi pareille » (10). Il ajoute : « A la fin du monde, les hommes viendront de l’est et de l’ouest. Ils s’assoiront avec Abraham, Isaac et Jacob. Ils partageront le repas du Royaume des Cieux. Et pendant ce temps-là, certains qui devaient recevoir l’héritage du Royaume, seront jetés dans la Nuit » (10 à 11). Pour bien insister, Jésus enseignera cela, encore une autre fois (Luc 13, 23 à 30). Et c’est même la prière de ce capitaine païen que nous redisons, pendant l’Eucharistie, au moment de recevoir la communion : « Seigneur, je ne suis pas digne, que tu viennes chez moi. Mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri ! »(8).

Jésus a aussi donné le bon Samaritain (un païen), en exemple de l’amour pour ses frères (Luc 10, 29 à 37). Il nous dit : « Toi aussi, va et fais de même ». Et quand Jésus guérit dix lépreux, il fait bien remarquer, que c’est seulement un païen (un Samaritain), qui est venu lui dire merci. Et il ajoute : « Ta foi t’a sauvé » (Luc 17, 12 à 19).

Un jour, l’apôtre Jean dit à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser les esprits mauvais en ton nom. Nous avons voulu l’empêcher, car il n’est pas avec nous pour te suivre. Jésus lui répond : Ne l’empêchez pas. Celui qui n’est pas contre vous, il est pour vous » (Luc 9, 49).

L’enseignement de l’Eglise

  • Le concile Vatican 2 explique : « La liberté religieuse va avec toutes les autres libertés, à cause de la dignité de la personne humaine. La vraie liberté est la qualité la plus importante des hommes. En même temps, elle est le signe de l’homme créé à l’image de Dieu. » (GS 17).

  • Jean Paul 2 disait, à l’occasion du 30° anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : «Aujourd’hui, les hommes et les femmes comprennent de mieux en mieux, que la vie doit être vécue ensemble, avec les autres (dimension sociale). C’est pourquoi, de plus en plus de personnes veulent la liberté de penser (la liberté de conscience), et la liberté de religion. Malheureusement, nous redisons avec tristesse, ce que le 2ème Concile Vatican 2 disait déjà, dans la déclaration sur la liberté religieuse (la dignité humaine, n° 15) : « Il y a des pays où la loi (la Constitution) reconnaît, que l’on est libre de suivre sa religion. Mais les chefs du pays empêchent les habitants, de suivre leur religion. Et ils rendent la vie des communautés religieuses, difficile et sans force. L’Eglise parle au nom de la dignité, que tous les hommes d’aujourd’hui recherchent. C’est pourquoi, je demande solennellement :
    Que tout le monde respecte partout la liberté religieuse, pour toutes les personnes et tous les peuples. Je demande cela avec émotion, parce que j’y crois très fort : Sans même parler de la religion, le bien commun de la société elle-même, peut profiter de la justice et de la paix. Et cette paix et cette justice viennent, quand les hommes sont fidèles à Dieu et à sa Volonté sainte (la dignité humaine, n° 6). « Quand il y a la liberté de religion, cela profite aux personnes et au pays. C’est pourquoi, tout le monde doit respecter la liberté religieuse. Aussi bien les citoyens individuellement (les personnes, une par une), que les chefs de la société (les autorités civiles légitimes). Donc, je me demande, pourquoi on attaque ceux qui veulent garder leur religion. On les fait souffrir. On les écrase. Et même on les tue. Alors qu’ils travaillent sans arrêt avec les autres, pour faire vraiment avancer la société et tout le pays. On les accuse. On les traite comme des gens, qui ont fait de très mauvaises choses (des criminels). Est-ce que l’on ne devrait pas plutôt les admirer, et les féliciter ? »

  • Déjà le Pape Paul VI demandait (Discours aux Ambassadeurs, du 14.01.1978) : «Si les chefs d’un pays sont contre la religion, comment peuvent-ils demander la confiance de la population, et sa participation à la vie du pays? Ils disent qu’ils respectent la religion des personnes individuelles. Mais ils attaquent la foi d’une partie des habitants du pays. La justice, la sagesse et l’intelligence (le réalisme) demandent, que l’on arrête de refuser la religion, (c’est un funeste sécularisme). Et surtout que l’on arrête cette erreur de dire, que la religion doit être suivie seulement personnellement, en privé et pas en public, (tout seul, mais pas ensemble, ni d’une manière visible). Au contraire, on doit permettre à tous les hommes, de vivre leur foi et leur religion. Personnellement, mais aussi avec d’autres (en privé et en public). »

L’Eglise n’a pas toujours respecté la liberté de religion.

Par exemple, au 9ème siècle, Charlemagne a cherché à convertir les gens, par la force. Et même par la guerre. En tuant ceux qui refusaient de prendre la religion chrétienne. Au 17ème siècle, le roi Louis 14, a chassé les protestants de France. Les chrétiens et les musulmans se sont fait la guerre, pendant les Croisades et la Guerre Sainte. Bien sûr, c’étaient les idées de ce temps-là. Tout le monde faisait la même chose. Mais les chrétiens auraient dû se conduire autrement, à cause de leur foi et de l’Evangile.

Dans les pays chrétiens, on a souvent attaqué les Juifs. On profitait de leur argent, mais on les obligeait à vivre à part de la société, dans des ghettos. Pendant la 2ème guerre mondiale, beaucoup de gens ont laissé les nazis enfermer les juifs et les tuer. Avec une grande méchanceté et dans de grandes souffrances, dans des camps de concentration et des chambres à gaz.

Même maintenant, c’est quelquefois difficile de vivre, avec les gens des autres religions.

Dans plusieurs pays d’Afrique des croyants, chrétiens et musulmans, se font la guerre entre eux. Souvent, ce n’est pas à cause de la religion. Mais pour des raisons politiques ou économiques (des questions d’argent). Par exemple, entre des paysans et des éleveurs, dont les troupeaux viennent manger les cultures. Mais là encore, à cause de la foi en Dieu, il faudrait chercher à s’entendre, au lieu de se battre et de se tuer. Car Dieu veut la paix, pas la guerre. Comme le dit, par exemple, ce proverbe du Ruanda : «Accord des tam-tams, accord des balafons. L’accord des hommes est meilleur ! »

Dieu a fait les hommes, pour qu’ils s’entendent et qu’ils s’aiment. Pas pour qu’ils se battent. Et notre civilisation africaine (nos coutumes), nous demande de vivre en paix. Nos ancêtres nous ont appris le pardon et la réconciliation. Ils nous ont demandé d’accueillir les étrangers. D’accepter ceux qui ont des idées différentes des nôtres. Et de voir leurs qualités et les bonnes choses qu’ils font. Comme le dit ce proverbe : «Même si tu n’aimes pas le lièvre, reconnais au moins qu’il court vite ! »

Comment faire ?

  • Il nous faut apprendre à vivre en paix, avec les gens des autres religions. C’est nécessaire pour nous-mêmes, et pour le bien du pays. Si j’aime Jésus-Christ, et qu’Il me rend heureux dans toute ma vie, je cherche à le faire connaître aux autres, et à partager mon bonheur. C’est normal. Mais je le fais toujours, en respectant la liberté et les idées des autres. Comme le disait Saint Pierre (1ère Pierre 3, 15 à 17) : « C’est le Seigneur Jésus Christ, que vous devez reconnaître dans vos cœurs, comme le seul Saint. Vous devez être toujours prêts à parler, avec ceux qui vous posent des questions, sur votre foi. Et à leur expliquer, l’espérance qui est en vous. Mais faites-le avec douceur et respect. Il y a des gens qui disent de mauvaises choses, au sujet du chemin que vous suivez avec Jésus. Gardez un cœur droit (et une vie droite). En faisant cela, vous ferez honte à vos ennemis…. Si vous souffrez, que ce soit parce que vous avez fait le bien. Pas pour avoir fait le mal, mais parce que vous avez fait la volonté de Dieu ».

  • Si on attaque la religion chrétienne, nous gardons la paix. Et nous ne répondons pas aux attaques. Car « il vaut mieux passer la nuit sans manger, plutôt qu’avoir une dispute » (proverbe luba). Nous ne cherchons pas à faire de grands discours, pour imposer nos idées. Ou pour forcer les autres à suivre notre religion. C’est en vivant dans le respect, la paix et l’amour, que nous pouvons convertir les autres. Et aussi en étant heureux et en faisant le bien. A ce moment-là, si Dieu le veut, les gens voudront devenir chrétiens. Car tout le monde veut être heureux et faire le bien. Tout le monde cherche la paix et le respect. Et « le bon goût du monde, c’est la bonne entente » (proverbe tutsi).

  • Si nous voulons avoir la liberté de suivre notre religion, nous devons aussi laisser les autres libres, de suivre leur propre religion. C’est normal. Si l’autre veut garder sa religion, nous le respectons. Et nous l’aidons à être un meilleur croyant. Paul a écrit (1ère à Timothée, 2, 4) : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, et arrivent à connaître la Vérité ». Il a dit aussi : « Dieu a montré son amour, pour sauver tous les hommes » (Tite 2, 11).

Que peuvent faire ensemble, des croyants de religions différentes ?

Nous devons nous respecter, comme Jésus a respecté les gens des autres religions. Un proverbe songe dit : « Si tu ne veux pas avoir du bruit derrière toi, ne tire pas sur les lianes ». Quand nous parlons de religion entre nous, souvent, nous n’arrivons pas à nous comprendre. Si nous voulons forcer les autres, nous allons nous disputer. Ce qui est important, c’est de nous aimer. Et de travailler ensemble, pour construire la société. A ce moment-là, nous pouvons partager notre foi. En nous expliquant les uns aux autres, pourquoi nous aimons. Et pour quelles raisons nous travaillons (partager nos motivations). C’est ce qu’on appelle le dialogue de vie. Après cela, il sera parfois possible de prier ensemble, dans la paix et le respect de la foi de chacun. Comme le pape Jean Paul 2 l’a fait à Assise, avec les responsables des autres religions.

Pour avoir la paix entre les croyants, certains cherchent à cacher nos différences. Ils disent : « nous croyons en un même Dieu ». C’est vrai que nous croyons dans le même Dieu, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu. Mais nous ne suivons pas le même chemin. Jésus respectait tous les croyants. Mais il ne cachait pas sa foi. Et il demandait à tous, d’écouter la voix de Dieu dans leur cœur. Et de chercher la vérité, dans la paix et le respect des autres. Il faut donc reconnaître que nous sommes différents. Mais il ne s’agit pas d’accepter seulement nos différences (ce qu’on appelle la tolérance). Il nous faut apprendre à vivre ensemble. Pas seulement dans la paix, mais dans l’amour. Il faut nous compléter par nos différences, mais en laissant la liberté à chacun. »Dans le troupeau de Dieu, les vaches blanches ont leur place, les vaches noires ont leur place »

Dans cette fiche, nous ne parlons pas directement, du dialogue entre les religions. Mais plutôt de la liberté de religion, pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres. Pour le dialogue (s’entendre et se parler) entre les religions, beaucoup de choses ont été dites. Par exemple pour le respect des religions africaines traditionnelles. Et pour les relations entre chrétiens et musulmans. Nous citons ici, seulement quelques textes, parmi beaucoup d’autres :

Le concile Vatican 2 dit avec force (GS 22) : «Dieu donne à tous les hommes, la possibilité d’être uni à la Résurrection de Jésus (au mystère pascal). De la manière que Lui seul connaît. » Et aussi (La dignité humaine n°11) : «Jésus a été le témoin de la Vérité. Mais il n’a pas imposé la Vérité de force, à ceux qui étaient contre Lui. Depuis le début de l’Eglise, ceux qui suivent le Christ ont cherché à amener les hommes, à reconnaître Jésus comme Seigneur. Pas en les forçant. Pas en les trompant, ce qui ne respecterait pas l’Evangile. Mais par la force de la Parole de Dieu elle-même. »

Le pape Paul 6 expliquait (lettre : ‘Son Eglise’ n°67) : « L’Eglise doit entrer en dialogue avec le monde, avec lequel elle vit. C’est pourquoi, l’Eglise se fait Parole. Elle se fait Message. Elle se fait conversation ». Et Benoît 16 disait aux musulmans de Cologne, le 20 Août 2.005 : « Nous ne devons pas avoir peur, les uns des autres. Nous ne devons pas nous décourager. Nous devons plutôt voir les bonnes choses qui se font, et garder l’espérance. La rencontre entre chrétiens et musulmans, ne doit pas être pour un jour seulement. Nous en avons besoin pour vivre. Notre avenir dépend de cela »

Que doit faire la société ?

Jean-Paul 2 disait au 30ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en 1978 : « Quand on demande la liberté de religion, on doit aussi chercher toutes les autres libertés ensemble. Quand on demande la liberté pour sa religion, on doit respecter aussi la religion des autres. Et respecter les lois qui sont pour tous. Ce sont les chefs du pays et les lois, qui doivent faire grandir ce respect dans la liberté, entre des croyants qui prennent leurs responsabilités. Ce sont eux, qui doivent protéger cette liberté de religion ».

La liberté de religion, c’est un désir profond du cœur de l’homme, qui veut à la fois être libre et pouvoir prier. La liberté de religion, cela veut dire deux choses :

  1. L’Etat doit reconnaître toutes les religions, tant qu’elles agissent dans le bien, la paix et le respect des autres. Les chefs du pays doivent donner à tous les croyants, la liberté de suivre leur religion.

  2. L’Etat doit être neutre. Il ne doit pas favoriser une religion, par rapport à une autre. Encore moins obliger les autres à la suivre. C’est ce qu’on appelle la laïcité

La laïcité, ce n’est donc pas interdire la religion. C’est les respecter toutes, à égalité. Jean-Paul 2 dans sa Lettre « Le Rédempteur de l’homme », dit, au n° 17 : « Ne pas respecter la liberté religieuse, c’est une injustice totale. Parce que cela attaque, ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, ce qui est vraiment humain… La liberté religieuse, ce n’est pas un cadeau que l’on fait, c’est le respect du droit ».

Le pape écrivait à la 1° session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève, le 20-06-2.006 : « La manière la plus vraie, de faire comprendre aux hommes quel est leur avenir (leur destinée), c’est de permettre à Dieu de leur parler. C’est ce qui leur fait comprendre, que tous leurs droits viennent de leur dignité de personne, créée par Dieu ».

Le Concile Vatican II a dit clairement : tout homme a le droit de suivre la religion qu’il a choisie. C’est ce qu’on appelle la liberté de religion : « La personne humaine a le droit à la liberté religieuse. Cette liberté veut dire que personne ne doit obliger les gens : ni les individus, ni les groupes de la Société, ni aucun pouvoir humain ; Quand il s’agit de la religion, personne ne doit être obligé d’aller contre son cœur (sa conscience) ». (Déclaration sur la dignité humaine, du 7-12-1965, n° 2).

En même temps, chaque homme a le devoir de chercher la vérité. Et d’écouter la Parole de Dieu. Et ensuite de suivre la vérité qu’il a découverte, en écoutant la voix de Dieu dans son cœur.

Jean Paul 2 écrivait pour le 30° anniversaire de la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme, en 1978 : « Je voudrais maintenant parler des droits, tels qu’ils sont reconnus par la Déclaration. Et spécialement de l’un d’entre eux, qui occupe certainement une place centrale : le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion (art. 18). Permettez- moi d’attirer l’attention de l’Assemblée, sur ce problème grave, important et qui fait souffrir aujourd’hui. Je veux parler du problème de la liberté religieuse. C’est la base de toutes les autres libertés. »

Respecter la liberté de religion, c’est le signe que la Société est en progrès

Le Concile Vatican II a affirmé clairement, que tout homme a le droit, de pratiquer la religion qu’il a choisie. C’est ce qu’on appelle la liberté de religion (Voir les nombreuses déclarations sur la dignité de l’homme, des Papes depuis Léon 13, Pie 12 et Jean 23). Et après eux, le Concile Vatican 2, Paul 6, Jean-Paul 2 et Benoit 16. Par exemple, le Concile Vatican 2 déclare : « La personne humaine a le droit à la liberté religieuse. Cette liberté veut dire, que personne ne doit obliger les hommes. Ni les individus, ni les groupes de la Société, ni aucun pouvoir humain. Quand il s’agit de la religion, personne ne doit être obligé d’aller contre son cœur (sa conscience). » (Déclaration sur la dignité humaine n° 2).

Le Pape écrivait à la 1ère rencontre du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, le 20.06.2006 à Genève,  au sujet de la liberté de conscience (ce qu’on cherche dans son cœur), et de la liberté religieuse : «L’être humain a une grande valeur, au plus profond de lui, et même qui le dépasse. Cette valeur fait partie de sa personne elle-même. Refuser cette grandeur, c’est attaquer gravement la dignité de l’homme. Ce serait refuser la liberté de l’esprit. Ce serait attaquer l’existence même de l’homme. Parce que ce serait transformer l’homme, en une simple machine. Ou en une chose, au service de l’organisation de la société. C’est seulement par la liberté de conscience (du cœur), que l’homme peut connaître sa valeur, qui est plus grande que lui-même, et reconnaître la valeur des autres hommes. A ce moment-là, l’homme peut vraiment participer à la vie de la société. La liberté de religion regarde les personnes, mais aussi les groupes  et la vie publique de la société : c’est la dimension communautaire. C’est cette liberté qui permet à l’homme, de vivre la relation la plus importante de sa vie : la relation avec Dieu. D’une manière pure, sans se cacher ni mentir. Sinon, ce serait contre la dignité de l’homme, et en plus contre le respect que l’on doit à Dieu. Les chefs du pays doivent respecter cette liberté, très profonde et nécessaire à l’homme, et non pas la casser. Ils doivent la protéger, et non pas se moquer d’elle. Agir contre la liberté de religion, c’est aller contre ce qui appartient à Dieu.

Bien sûr, la liberté religieuse, comme toutes les autres libertés, doit respecter la vie en société et ses lois. Elle ne permet pas de faire n’importe quoi, ni ce qu’on veut. On doit respecter les autres libertés, en particulier la liberté de religion des autres croyants. C’est l’Etat qui doit à la fois, faire grandir et respecter toutes les libertés. Pour qu’elles soient vécues, en prenant ses responsabilités avec sérieux, et en réfléchissant à ce qu’on fait ».

Pour parler ensemble

  • Quelles choses nos ancêtres nous ont-ils enseignées, qui peuvent nous aider à mieux vivre, ce que nous venons de dire ? Quelles coutumes faut-il changer ?

  • Quels contes et proverbes connaissons-nous, qui peuvent éclairer cet enseignement ?

5. Aujourd’hui (mettre en pratique)

  • Comment allons-nous mettre en pratique ce que nous venons d’entendre ?  (Tu laisses les participants répondre. Si nécessaire, tu complètes ensuite)

  • Cette semaine, je salue avec respect, les croyants des autres religions que je rencontre.

  • J’essaie de parler avec eux des choses de notre vie, pour échanger des idées.

  • Je cherche à faire quelque chose, avec des amis croyants des autres religions, pour aider les gens, et pour faire avancer le pays.

6. Prière

Un participant dit une prière sur le thème de cette leçon, à partir de ce que tu as enseigné. Vous pouvez ajouter une prière d’intentions tous ensemble (comme une prière universelle, mais sans oublier de dire merci à Dieu). Si vous connaissez une prière, qui va bien avec ce qu’on vient d’enseigner, vous pouvez aussi la réciter ou l’écouter.

7. Chant

Vous prenez un chant que vous connaissez, qui va avec ce dont vous venez de parler.

8. Leçon (par cœur) :

  1. Tu demandes à quelqu’un de raconter, la rencontre entre Jésus et la Samaritaine.

  2. Comment Jésus s’est-il conduit, avec les gens des autres religions ?
    - Jésus a toujours respecté les gens des autres religions. Il les a accueillis, il a parlé avec eux, il les a aidés et guéris. Il a même envoyé la samaritaine, le faire connaître aux autres. Il a dit : « celui qui n’est pas contre vous, il est pour vous »

  3. Que nous dit le Concile Vatican 2, sur la liberté religieuse ?
    - Le Concile Vatican 2 dit : tout homme a le droit de suivre sa religion, en privé et en public. Mais il doit aussi respecter la religion des autres. Chaque homme a le devoir de chercher la vérité, en écoutant la voix de Dieu dans son cœur. Et de faire le bien, ensemble avec les autres.

  4. Pourquoi la liberté religieuse est-elle importante ?
    - La liberté religieuse est importante, parce que Dieu a créé l’homme libre et intelligent, pour le servir. C’est sa dignité. C’est la base des autres libertés, et de la vie en société.

  5. Que doivent faire les responsables du pays, pour la liberté religieuse ?
    - Les responsables du pays doivent respecter toutes les religions. Ils doivent permettre à tous les croyants, de suivre leur religion, personnellement et ensemble, dans le respect des lois. Ils doivent aider à l’entente entre les religions, et au bon comportement des croyants. C’est ce qu’on appelle la laïcité.

ANNEXE : DOCUMENTS

Fiche 1 : La foi chrétienne : Quelques tentations à vaincre

(la tentation de Jésus au désert : Luc 4) - lineamenta de 2.006 pour le 2° synode pour l’Afrique

48. Dans cette perspective, l’Eglise ne perd pas de vue que les fidèles qui constituent l’Eglise d’aujourd’hui sont aussi marqués par l’esprit du temps ; ils partagent les joies et les souffrances des hommes d’aujourd’hui. La réalisation de sa mission de donner forme concrète au Règne de Dieu dans l’histoire, exige de l’Eglise cette solidarité avec toute la création, mais, avant tout, une conversion continue. A l’exemple du Christ, nous ne serons fidèles à cette mission qu’en effectuant une conversion continue vers le Père, source de toute vraie vie, l’unique capable de nous délivrer du mal, de toute tentation et de nous maintenir dans son Esprit, au sein même du combat contre les forces du mal.

49. Selon l’Evangile de Saint Luc, nous ne pouvons perdre de vue que la première tentation est celle de transformer les pierres en pain (cf. Lc 4, 1-5). En nous engageant dans la lutte contre la faim, ne nous laissons pas dévier de la trajectoire originaire : le Christ comme vrai Pain de vie. En focalisant l’attention, en raison des détresses, vers l’espérance des lendemains meilleurs où seront bannis pénurie, conflits, dissensions et violences, n’oublions pas l’écoute de ce qui s’annonce comme forme fondamentale de toute vraie libération : l’appel de Jésus à la conversion (cf. Mt 4, 17). Ne tombons pas dans la tentation d’un messianisme qui écarte, comme par enchantement, la pénurie, comme si l’économie, le travail qu’elle suppose et l’inventivité qu’elle requiert n’étaient que des accidents malheureux de notre condition. Puisse la Deuxième Assemblée spéciale être un temps fort de réflexion pour trouver des voies et des moyens de relancer nos économies et créer une vraie et solide culture du travail bien fait.

50. La deuxième tentation (cf Lc 4, 5-9) évoque notre rapport au devenir de l’Afrique : le politique. Dans la réponse de Jésus à cette tentation se révèle une critique du politique : sa prétention à vouloir être le médiateur exclusif de la libération et donc à s’établir en Absolu excluant toute dimension religieuse. En effet, l’Etat ne peut ignorer ou vouloir se débarrasser de la religion. La réalisation de la société juste ne peut advenir sans la composante de l’amour. Comme nous le rappelle Sa Sainteté Benoît XVI, quiconque veut se débarrasser de l’amour finit par se débarrasser de l’homme. Le politicien africain n’est pas non plus épargné par cette tentation. En effet, on note chez beaucoup de nos politiciens, la tendance à ignorer la religion ou à vouloir s’en débarrasser. Plus que l’attention à la vérité de Dieu, ce sont leurs idoles qui comptent. Les idoles ne possèdent qu’un pouvoir imaginaire ou de fascination, elles n’ont pas le souci de l’être humain, puisqu’elles n’existent que de son désir dévié ou pervers. Un seul (Jésus) garantit la vie. Lui qui n’est point une idole, mais le Dieu vrai. Jésus dédivinise le politique, il le dénonce comme une tentation majeure et lui donne sa vraie dimension : être le vecteur privilégié d’une histoire réconciliée. La réconciliation est avant tout un don qui nous vient de Dieu, l’Unique qui opère dans le plus profond des cœurs.

L’attitude du chrétien face à la tentation du politique qui tend à s’ériger en maître de la vie ne peut être que celle des Rois mages (cf Mt 2, 12.16-18) qui se solidarisent avec l’Enfant-Jésus et sa famille et qui s’engagent à protéger à tout prix sa vie. De la même manière, les chrétiens s’opposent aux sorciers et aux sorcières modernes, qui sèment partout en Afrique la misère et la mort, avec leurs armes et leurs politiques criminelles. Par le baptême et par la Célébration eucharistique, le chrétien reçoit la vie de Dieu et s’engage à la faire grandir en soi, mais aussi à la laisser croître dans les autres. Cet accueil de la vie du Christ en nous doit nous conduire jusqu’à la résistance à tout message et à toute autorité contraires à la vie. Le massacre des innocents du temps de Jésus, lui-même pacifiquement protégé par les Rois mages, a été la conséquence de cette décision sanglante d’Hérode. Et depuis ce temps-là combien de martyrs, hommes et femmes, dans l’histoire du christianisme, n’ont pas payé de leur vie cette résistance née de la fidélité à l’Evangile et à la personne du Christ ?

51. L’histoire récente de l’Afrique en témoigne également. Nous pensons ici non seulement aux martyrs tels que ceux de l’Ouganda, les bienheureux Annuarite Nengapeta et Isidore Bakanja, mais aussi à certains témoins de la foi tels que les bienheureux Cyprien Michaël Iwene Tansi et le serviteur de Dieu Julius Nyerere et à tous ces nombreux chrétiens qui ont souffert l’emprisonnement, la torture, la privation de leurs biens à cause de l’Evangile. Comment ne pas mentionner également toutes ces victimes de l’histoire récente de nos pays, ces hommes et ces femmes brutalement déchiquetés par les balles des dictateurs africains et étrangers et dont le seul crime était de réclamer la paix, plus de justice et de dignité humaine pour leurs concitoyennes et concitoyens opprimés ?

Souvent ce sont les chrétiens qui prennent une part très active à l’organisation du destin politique et économique de leurs peuples. Il n’est pas rare, en effet, qu’ils soient, eux aussi, à l’origine des divisions, des guerres interethniques, de la corruption et d’autres maux qui agitent le continent. Ce faisant, ils trahissent non seulement l’Evangile du Christ, mais encore ils font fi de leur tradition ancestrale, qui voudrait que chacun pourvoie à l’accroissement de la vie de chacun et de toute la communauté. Comment maintenir toujours vivante la conscience du fait que la nature de sa mission exige de l’Eglise l’unité et la fidélité à l’enseignement du Maître ?

52. La troisième tentation (cf Lc 4, 9-13) dévoile les raisons des illusions économiques et politiques : user de la puissance divine pour des fins contredisant le désir de Dieu et son action, construire un divin à la mesure du désir de l’homme. La logique chrétienne est, en revanche, celle de s’interroger sur le destin de la foi en ce monde : le Règne est là, et c’est ici et maintenant qu’il faut le voir et l’expérimenter. Voilà pourquoi, l’Exhortation apostolique proclame haut et fort qu’il « est impossible d’accepter que l’œuvre d’évangélisation puisse ou doive négliger les questions extrêmement graves, tellement agitées aujourd’hui, concernant la justice, la libération, le développement et la paix dans le monde ». Comment entendre dès lors l’avènement du Règne comme réconciliation, justice et paix ?

Fiche 2 : 10 principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise

I - Voici comment Monseigneur Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry a présenté ces dix principes de l’enseignement social de l’Eglise, dans sa lettre : « Aspirations au changement »du 12 Avril 2009, comme base pour construire la société guinéenne.

  1. La dignité de la personne humaine. Tout être humain est créé par Dieu et c’est cela sa dignité. Il mérite le respect. Comme le rappelle également le premier article de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, que notre pays a signé dès son accession à l’indépendance.
    « Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Par conséquent, les hommes doivent être respectés pour eux-mêmes, et non pour ce qu’ils peuvent apporter : travail, argent, etc… Il est urgent de donner à tous les hommes la place à laquelle ils ont droit dans la société guinéenne. Ce n’est pas l’argent, ni l’ethnie, ni la région qui fait la dignité d’un homme.
    Mais il ne s’agit pas ici d’individualisme. Au contraire, la personne humaine est communautaire : elle est faite pour vivre avec les autres. Il s’agit de développer dans la formation (à l’école par exemple) et la pratique, le sens communautaire et l’action en commun.

  2. Le respect de la vie humaine. Le commandement de Dieu : « Tu ne tueras pas » est valable pour tous. Chaque homme a droit à la vie. Aucune loi humaine ne peut remplacer cette volonté de Dieu.
    Dans notre pays où se multiplient les avortements et les assassinats, on devra donc lutter contre l’insécurité et chercher à protéger davantage la vie, dès la naissance. On devra aussi interdire les exécutions sommaires. Et réfléchir sérieusement à la suppression de la peine de mort.

  3. Le principe d’association. L’homme est une personne sociale. Les initiatives et les activités des partis politiques, des syndicats et de toutes les associations qui ont fait preuve de sérieux et qui aident les citoyens à grandir en communauté, doivent être soutenues, encouragées et protégées. En se rappelant que la première association c’est la famille : c’est la première communauté à soutenir et à promouvoir.

  4. La participation. Les gens ont le droit et le devoir de participer à la société pour chercher ensemble le bien commun et le bien-être de tous, spécialement des pauvres et des personnes vulnérables. Empêcher cette participation, c’est conduire les gens à ne pas prendre leurs responsabilités. Les choses ne devraient donc pas être décidées toujours d’en-haut, sans consultation de la base. Ce qui ne supprime pas la mise en place d’un suivi et d’un système de contrôle et d’évaluation des actions.

  5. La protection des pauvres et des personnes vulnérables. Ils sont les privilégiés de la société. Dans le programme de la reconstruction de notre nation, une place de choix doit leur être réservée. Le pouvoir a le sacré devoir de penser d’abord à eux, et de susciter une vraie lutte contre la pauvreté et toute sorte de situations qui contribuent à les maintenir dans cet état de vulnérabilité. Mais hélas, on s’est souvent contenté jusqu’à maintenant de discours, quand le peu de fond destiné à cette noble cause n’était pas détourné par les chargés d’affaires.

  6. La Solidarité. Citoyens du même pays, nous avons le devoir de travailler pour la justice sociale. Et de mettre en place des structures sociales plus justes, pour le bien de tous.

  7. Le respect de la création. Dieu nous a donné notre terre, la terre guinéenne. Notre devoir est de la respecter et de l’entretenir pour qu’elle produise beaucoup de fruits. Cela veut dire que nos quartiers et nos villages doivent être protégés. Nous devons lutter contre les feux de brousse, la déforestation et la pollution (par les mines en particulier). Tous les services de l’Etat, en particulier ceux des Eaux et Forêts, doivent travailler davantage dans ce domaine.

  8. La subsidiarité. Elle signifie, laisser les gens de la base prendre leurs responsabilités, ne pas chercher à tout diriger d’en-haut. Ou encore, ne pas faire au niveau supérieur ce qui peut être fait au niveau inférieur. Ainsi chacun pourra apporter sa contribution pour étudier les problèmes et les réalités, et trouver des solutions plus adaptées.

  9. Le principe de l’égalité humaine de tous les citoyens. Il faut absolument traiter tous les citoyens à égalité ; lutter contre toutes les formes d’exclusion et discrimination. Cette notion d’égalité est un des premiers principes de la justice. Car la justice, c’est de rendre à chacun ce qui lui revient et d’abord la dignité et le respect. Par conséquent, les riches ne doivent pas avoir raison aux dépends des pauvres ; les scolarisés ne doivent pas minimiser les analphabètes ; les nationaux ne doivent pas exploiter les étrangers ; etc…

  10. Le bien commun. Il ne s’agit pas seulement du bien-être matériel, mais de toutes les conditions sociales qui permettent aux gens d’atteindre leurs pleines potentialités et de réaliser leur dignité humaine. Cela suppose le bien être et le développement social, le maintien de la sécurité par l’autorité publique pour le juste développement des personnes et des familles. Sans l’esprit communautaire, c’est la guerre et le pays s’écroule.

II - Les linéamenta (lignes directrices) de 2.006 du 2° synode pour l’Afrique n° 41 à 47 

La doctrine sociale de l'Eglise et sa mission évangélisatrice

41. Pour l’Eglise-Famille de Dieu en Afrique, le lien qui existe entre la mission évangélisatrice et la promotion humaine est un lien indissociable de son être et de sa mission; étant donné que le salut en Jésus-Christ qu’elle annonce, concerne l’homme dans son intégralité. Pour elle, « évangéliser c’est développer l’homme, dans toutes les dimensions de sa vocation de fils de Dieu ». Ce lien se concrétise dans des actes d’engagement pour la promotion humaine tels que : éducation, santé, assistance aux nécessiteux, projets de développement, défense des Droits de l’Homme et engagement pour l’avènement de la démocratie et des états de droit. Séparer la promotion humaine de l’amour évangélique qui la porte, c’est nier l’unité profonde de l’engagement humain dans lequel se révèle, en effet, l’identité profonde du chrétien.

1. Quelques principes fondamentaux de la doctrine sociale de l'Eglise

a) Le fondement théologique et anthropologique

42. Par sa Doctrine sociale, l’Eglise réalise fidèlement sa mission spécifique : celle d’être dans le monde le reflet de l’amour de Dieu pour tout être humain. Dans l’annonce et l’actualisation de l’Evangile, « elle atteste à l’homme, au nom du Christ, sa dignité propre et sa vocation à la communion des personnes. Elle lui enseigne les exigences de la justice et de la paix, conformes à la sagesse divine ». A l’homme en tant qu’être de relation, l’Eglise exprime sa proximité grâce à sa Doctrine sociale. Elle lui révèle qu’il est un être spirituel et corporel, en relation avec Dieu, avec ses frères et sœurs dans l’humanité et avec toutes les autres créatures. C’est donc l’homme, considéré dans sa dimension historique, qui est au cœur de la Doctrine sociale de l’Eglise. Celle-ci reçoit ses orientations à partir du principe de la dignité de la personne humaine.

43. De l’homme et des réalités terrestres, il est déjà question dans les premières pages de l’Ecriture Sainte. Dès le début, l’homme, créé à l’image de Dieu (cf Gn 1, 27), est posé comme le gardien de la création (cf Gn 2, 15 ; Ps 8 ; Sg 9, 1-5 ; Si 17, 1-4). Cette mission de gardien va de pair avec le devoir de cultiver la terre. Le travail se révèle comme le lieu à partir duquel l’homme assume sa mission de gardien. Ainsi Saint Paul peut dire aux Thessaloniciens : «… en mettant votre honneur à vivre calmes, à vous occuper chacun de vos affaires, à travailler de vos mains, comme nous vous l’avons ordonné » (1 Th 4, 11) ; cf. Ep 4, 28 ; 2 Th 3, 10). Le travail est souligné non seulement comme une nécessité, comme un moyen d’assurer sa propre subsistance et celle des autres, mais comme ce qui donne dignité à l’homme et donc le libère, pour être le gardien de la création et pour jouir de ses fruits (cf 2 Tm 2, 6). En même temps, les textes sacrés attirent notre attention sur la caducité des réalités terrestres (cf. 1 Tm 6, 6-10 ; 1 Co 7, 29-31). C’est à partir de cette perspective eschatologique que se mesurent et s’évaluent toutes les réalités terrestres et la relation de l’homme à elles.

b) Certains principes fondamentaux

44. Au cœur de cette mission de gardien et de ce devoir de travailler et de jouir des fruits de son travail, les textes sacrés insistent sur la solidarité de tout le créé comme un principe fondamental qui garantit l’unité, la justice et la paix. Saint Paul rappelle que tous sont appelés à mettre à la disposition des autres leurs propres biens (cf 1 Tm 6, 17-19) (41). Il ne s’agit pas d’enlever aux uns ce qui leur est dû, mais de veiller à ce que demeure de mise, au sein de la création, le principe d’équité (cf. 2 Co 8, 13-15), que l’abondance des uns supplée au manque des autres. Un tel partage doit veiller à ne pas encourager le parasitisme, mais à créer une vraie culture du travail et de la solidarité.

Ce principe de solidarité est intimement lié au principe de la destination universelle des biens : « Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens créés doivent être mis en abondance à la disposition de tous, de façon équitable, sous la conduite de la justice, dont la charité est la compagne ». Ce principe est à la base du droit à l’usage des biens. Tout être humain doit avoir la possibilité de jouir du bien-être nécessaire à son plein développement. La destination universelle des biens exige, de tous, l’effort pour obtenir, pour toute personne humaine et pour tous les peuples, les conditions nécessaires pour un développement intégral. Par conséquent, l’Eglise considère le droit à la propriété privée comme étant subordonné au droit de l’usage commun et au principe de la destination universelle des biens. Par là, on entend souligner le fait que l’homme doit considérer les biens qu’il possède

non seulement comme sa propriété, mais aussi comme étant communs, dans ce sens qu’ils peuvent toujours être utiles aux autres. Par le biais du principe de la destination universelle des biens, l’Eglise met en évidence son option préférentielle pour les pauvres, laquelle renvoie chaque chrétien à ses responsabilités sociales en tant que témoin du primat de la charité du Christ. Cela vaut également au niveau des biens culturels.

45. Les nouvelles connaissances techniques et scientifiques doivent être mises au service des besoins premiers de l’homme. L’Eglise en Afrique s’unit à la voix du Pape Jean-Paul II pour exiger que l’on en finisse avec « les barrières et les monopoles qui maintiennent de nombreux peuples en marge du développement, pour assurer à tous les individus et à toutes les nations les conditions élémentaires qui permettent de participer au développement ». L’Eglise ne nie cependant pas le droit à la propriété privée. Celle-ci assure à la personne humaine l’espace nécessaire pour l’autonomie personnelle et familiale et peut être considérée comme un prolongement de la liberté humaine. Elle est un stimulant pour le sens du devoir et de la responsabilité. Elle ne doit pas cependant être considérée comme un bien absolu. Elle est relative au bien commun.

46. Le bien commun peut être entendu comme la dimension sociale et communautaire du bien moral. De même que l’agir moral de la personne se réalise dans l’accomplissement du bien, l’agir social atteint se plénitude dans la réalisation du bien commun. La responsabilité du bien commun revient non seulement à l’Etat, mais aussi aux individus. L’Etat doit en effet garantir la cohésion, l’unité et l’organisation de la société dont il est l’expression, de manière que tous ses citoyens puissent contribuer au bien commun. De ce fait, il doit harmoniser avec justice les différents intérêts sectoriels et réglementer les différends. L’ordre juste de la société et de l’Etat est le devoir essentiel du politique. Pour le réaliser, il est important que le politique respecte et fasse respecter les valeurs fondamentales de la vie sociale telles que : la bonne gouvernance, la vérité, la liberté et la justice.

47. L’avènement de cet ordre exige la collaboration et la participation de toutes les composantes de la société. Voilà pourquoi, l’Eglise insiste sur le respect et l’application du principe de subsidiarité, selon lequel toutes les sociétés d’ordre supérieur doivent avoir une attitude de soutien, de support, de promotion, d’aide (subsidium) par rapport aux sociétés d’ordre mineur. Par là, l’Eglise entend dire que si l’Etat veut promouvoir la dignité de la personne humaine, il doit encourager, soutenir, promouvoir et développer « les initiatives qui naissent des différentes forces sociales et qui associent spontanéité et proximité avec les hommes ayant besoin d’aide ». Sur la base de ce principe, l’Eglise est contre toute forme d’excès de centralisation, de bureaucratisation, de présence de l’Etat et de l’appareil administratif. En sens inverse, on peut noter en certains pays africains, l’absence totale d’un Etat qui garantit la sécurité des biens et des personnes et capable de soutenir et promouvoir les initiatives qui viennent d’en bas.

Une des conséquences du principe de subsidiarité est justement la participation. Elle s’exprime essentiellement « à travers une série d’activités au moyen desquelles le citoyen, comme individu ou en association avec d’autres (…) contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient ». Aucun citoyen ne peut se soustraire à ce devoir de participation. L’Eglise, faisant siennes les joies et les souffrances du Peuple de Dieu, ne peut se soustraire à ce devoir de participation.

Fiche 8 : La liberté religieuse

Message du pape Jean-Paul II à l'ONU, à l'occasion du 30ème anniversaire de la déclaration des droits de l'Homme

L’importante circonstance du 30e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme donne au Saint-Siège l’occasion de manifester une fois encore aux peuples et aux nations sa sollicitude et son intérêt constants pour les droits fondamentaux de l’homme, clairement exprimés et enseignés dans le message de l’Évangile lui-même.

C’est dans cet esprit que je veux vous saluer, Monsieur le Secrétaire général, et, à travers vous, le président et les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies, rassemblés pour commémorer cet anniversaire. À vous tous je veux dire mon ferme accord « en ce qui concerne l’engagement constant de l’Organisation des Nations Unies pour la promotion toujours plus précise, plus autorisée et plus efficace, du respect des droits fondamentaux de l’homme ». (Paul VI, Message pour le XXVe anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, 10 déc. 1973, AAS 65, 1973, p. 674.)

Ces trente dernières années, des mesures importantes ont été prises et certains efforts appréciables ont été faits pour créer et soutenir les instruments juridiques destinés à protéger les idéaux exprimés dans cette Déclaration.

Il y a deux ans, la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels et la Convention internationale sur les droits sociaux et politiques sont entrées en application. Par elles, les Nations Unies ont accompli un important pas en avant en rendant effectif l’un des principes fondamentaux qu’elles ont fait leur dès leur fondation : établir juridiquement des moyens contraignants pour promouvoir chez les individus les droits de l’homme et protéger leurs libertés fondamentales.

Il serait certainement très souhaitable qu’un nombre toujours plus grand d’États adoptent ces conventions afin que le contenu de la Déclaration universelle soit de plus en plus appliqué dans le monde. La Déclaration trouverait ainsi un plus grand écho, étant l’expression de la ferme volonté des peuples, où qu’ils soient, de promouvoir par des garanties légales les droits de tous les hommes et de toutes les femmes sans discrimination de race, de sexe, de langue ou de religion.

Il faut noter que le Saint-Siège — en conformité avec son identité et à différents niveaux — s’est toujours efforcé d’être un fidèle collaborateur des Nations Unies dans toutes les initiatives destinées à promouvoir cette noble mais difficile action. Le Saint-Siège a toujours apprécié loué et soutenu les efforts des Nations Unies tendant à garantir d’une façon toujours plus efficace la pleine et juste protection des droits fondamentaux et des libertés des personnes humaines.

Si un regard en arrière sur ces trente dernières années nous donne toute raison d’être réellement satisfait des nombreux progrès qui ont été faits dans ce domaine, on ne peut cependant pas ignorer que le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui offre trop d’exemples de situations d’injustice et d’oppression. On est obligé de remarquer une divergence apparemment croissante entre les déclarations significatives des Nations Unies et l’augmentation parfois massive des violations des droits de l’homme dans toutes les parties de la société et du monde. Cela ne peut nous causer que de la tristesse et nous ne pouvons éprouver que de l’insatisfaction devant l’actuel état de choses.

Qui peut nier qu’aujourd’hui des individus et des pouvoirs civils violent impunément des droits fondamentaux de la personne humaine, tels que le droit de naître, le droit de vivre, le droit à la procréation responsable, au travail, à la paix, à la liberté et à la justice sociale, le droit de participer aux décisions qui concernent les peuples et les nations ?

Et que dire devant les formes variées de violence collective, comme la discrimination raciale contre des individus et des groupes, la pratique de la torture physique et psychologique sur des prisonniers ou des dissidents politiques ? La liste s’accroît encore quand nous considérons les cas de séquestration de personnes pour des raisons politiques et les enlèvements pour un gain matériel, qui atteignent d’une façon si dramatique la vie de famille et le tissu social.

Dans le monde tel que nous le voyons aujourd’hui, sur quels critères peut-on se baser pour dire que des droits de toutes les personnes sont sauvegardés ? Quelle base pouvons- nous présenter sur laquelle les droits individuels et sociaux peuvent se développer ? Indubitablement, cette base c’est la dignité de la personne humaine. Le Pape Jean XXIII l’a dit dans « Pacem in terris » : « Le fondement de toute société bien ordonnée et féconde, c’est le principe que tout être humain est une personne… Par là même, il est sujet de droits et de devoirs découlant… de sa nature : aussi sont-ils universels, inviolables, inaliénables. »

Tout à fait semblable est le préambule de la Déclaration universelle elle-même : « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde… »

C’est dans cette dignité de la personne que les droits de l’homme trouvent leur source immédiate. Et c’est le respect de cette dignité qui donne naissance à leur protection effective. La personne humaine, même lorsqu’elle se trompe, garde toujours une dignité qui lui est inhérente et elle ne perd jamais sa dignité propre (« Pacem in terris », 158).

Pour les croyants, c’est en permettant à Dieu de parler à l’homme que l’on peut contribuer le plus authentiquement à affermir la conscience que tout être humain a de sa destinée et à prendre conscience que tous des droits découlent de la dignité de la personne, fermement enracinée en Dieu.

La liberté religieuse

Je voudrais maintenant parler de ces droits tels qu’ils sont sanctionnés par la Déclaration, et spécialement de l’un d’entre eux qui occupe indubitablement une place centrale : le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion (cf. art. 18).

Permettez-moi d’attirer l’attention de l’Assemblée sur l’importance et la gravité d’un problème très douloureux qui est encore vivement ressenti aujourd’hui. Je veux parler du problème de la liberté religieuse qui est à la base de toutes les autres libertés et qui est inséparablement lié à elles toutes en raison de cette dignité même qu’est la personne humaine. La vraie liberté est la caractéristique saillante de l’humanité : elle est la source dont découle la dignité humaine. Elle est « en l’homme un signe privilégié de l’image divine » (« Gaudium et spes », 17). Elle nous est offerte et conférée comme une mission propre.

Aujourd’hui les hommes et les femmes ont de plus en plus conscience de la dimension sociale de la vie. Il en résulte qu’ils sont de plus en plus sensibles au principe de la liberté de pensée, de conscience et de religion. Cependant, c’est avec tristesse et un profond regret qu’il nous faut l’admettre : malheureusement, comme l’a dit le IIe Concile du Vatican dans sa déclaration sur la liberté religieuse : « … il est des régimes où, bien que la liberté de culte religieux soit reconnue dans la Constitution, les pouvoirs publics eux-mêmes s’efforcent de détourner les citoyens de professer la religion et de rendre la vie des communautés religieuses difficile et précaire » (« Dignitatis humanae », 15).

L’Église s’efforce de se faire l’interprète de la soif de dignité qu’ont les hommes d’aujourd’hui. C’est pourquoi je voudrais demander solennellement que la liberté religieuse pour toutes les personnes et pour tous les peuples soit respectée partout et par tous. C’est avec émotion que je lance cet appel solennel parce que, j’en suis profondément convaincu : même si l’on met à part le désir de servir Dieu, le bien commun de la société peut profiter « des biens de la justice et de la paix découlant de la fidélité des hommes envers Dieu et sa sainte volonté » (ibid., 6). Le libre exercice de la religion profite et aux individus et aux gouvernements. L’obligation de respecter la liberté religieuse incombe donc à tout le monde, aussi bien aux citoyens individuellement qu’aux légitimes autorités civiles.

Pourquoi alors une action répressive et discriminatoire est-elle exercée contre un vaste nombre de citoyens qui ont dû subir des oppressions de toutes sortes et même la mort, uniquement pour préserver leurs valeurs spirituelles, bien que, malgré tout cela, ils n’aient jamais cessé de coopérer à tout ce qui sert le vrai progrès civil et social de leur pays ? Ne devraient-ils pas plutôt être admirés et félicités que considérés comme des suspects ou des criminels ?

Mon prédécesseur Paul VI a posé cette question : « Un État peut-il solliciter avec fruit une confiance et une collaboration entière alors que par une sorte de « confessionnalisme en négatif » il se proclame athée et, tout en déclarant respecter dans un certain cadre les croyances individuelles, il prend position contre la foi d’une partie de ses citoyens ? » (Paul VI, Allocution au Corps diplomatique, 14 janvier 1978, AAS 70, 1978, p. 170.)

La justice, la sagesse et le réalisme demandent que soit surmonté un funeste sécularisme, particulièrement cette erreur qui consiste à réduire le fait religieux au domaine purement privé. À toute personne doit être donnée la possibilité, dans le contexte de notre vie collective, de professer sa foi et sa croyance, seule ou avec d’autres, en privé et en public.

Un dernier point mérite attention. Tout en insistant, et à juste titre, sur la revendication des droits de l’homme, on ne doit jamais perdre de vue les obligations et les devoirs qui sont liés à ces droits. Tout individu a l’obligation d’exercer ses droits fondamentaux d’une manière responsable et moralement justifiée. Tout homme ou toute femme a le devoir de respecter chez les autres les droits qu’il revendique pour lui-même. De plus, nous devons tous contribuer pour notre part à l’édification d’une société où il est réellement possible de bénéficier des droits et de s’acquitter des devoirs inhérents à ces droits.

Pour conclure ce message, Monsieur le Secrétaire général, à vous et à tous ceux qui, à tous les niveaux, servent dans votre Organisation, je voudrais présenter mes meilleurs vœux, avec l’espoir que les Nations Unies continueront inlassablement à promouvoir partout la défense de la personne humaine et de sa dignité dans l’esprit de la Déclaration universelle.

Du Vatican, le 2 décembre 1978.

60ème session de la commission des droits de l'homme (Genève,15-3- 2004) Intervention du Saint Siège

  1. La place des religions dans la société, et leur désir de participer à la vie publique au service des populations, ont été l'objet des récentsdébats provoqués par les événements politiques et par un pluralisme croissant dans de nombreux pays du monde. La religion représente une dimension importante de la vie des personnes et des peuples, et il est naturel qu'elle doive jouer un rôle actif dans le débat public. En effet, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (art. 18), promeut la liberté religieuse:  "Toute personne a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites". Je pense qu'il est opportun ici de souligner que le droit à la liberté religieuse inclut à la fois une dimension individuelle et institutionnelle. Le respect de la dimension institutionnelle de la liberté religieuse est nécessaire afin de garantir la pleine reconnaissance et la promotion de l'aspect individuel de ce même droit.

  2. Chaque fidèle de chaque religiona le droit, sans préjudice pour la sécurité et l'autorité légitime del'Etat, d'être respecté dans ses convictions et ses pratiques, au nom de la liberté religieuse, qui représente l'un des aspects fondamentaux de la liberté de conscience et une contribution réelle au bien commun de la société. Les instruments juridiques internationaux,- traités et déclarations - ont constamment affirmé la valeur et l'importance de la liberté religieuse et, dans le même temps, garanti la protection contre toute forme de discrimination pour tous les fidèles religieux, afin qu'ils puissent librement professer leur foi selon leur conscience, leurs symboles et leur tradition. Malheureusement, la liberté religieuse continue d'être violée dans de nombreux endroits et un phénomène nouveau voit aujourd'hui certains groupes étrangers à l'Etat prendre l'initiative de discriminer et même d'avoir recours à la violence contre les minorités religieuses, quelquefois en toute impunité. Les lieux de culte et les cimetières sont incendiés ou vandalisés et profanés; les croyants sont menacés, attaqués et même tués, et leurs chefsreligieux deviennent la cible particulière de la discrimination. La possibilité de choisir sa religion, y compris le droit à en changer, rencontre degraves obstacles dans certains milieux sociaux, qui violen touvertement la liberté de conscience qui devrait être garantie.

  3. Le rôle de la Commission des Droits de l'Homme demeure opportunet nécessaire pour la défense de la liberté religieuse. Depuis 1987, un Rapporteur spécial sur la liberté de religion et de croyance a attirél'attention sur le non-respect de certaines dispositions de la Déclaration sur l'élimination de toutes formes 'intolérance et de discrimination  fondées  sur  la  religion nbsp;ou  la croyance. Un service aussiprécieux mérite une sincère reconnaissance et devrait assurément continuer à garantir que les normes relatives aux droits de l'homme en ce qui concerne la liberté religieuse soient reconnues et appliquées par les Etats-membres. Après tout, "la liberté religieuse, qui est une exigence inaliénable de la dignité de tout homme, est une pierre angulaire dans l'édifice des droits humains; elle est par conséquent un facteur indispensable pour le bien des personnes et de toute la société... Le droit civil et social à la liberté religieuse, pour autant qu'il touche à la sphère la plus intime de l'esprit, apparaît comme un point de repère et, d'une certaine façon, il devient la mesure des autres droits fondamentaux" (Jean-Paul II, Message pour la XXI Journée mondiale de la Paix,"La liberté religieuse, condition pour vivre ensemble la paix", 8 décembre 1987, n. 1). C'est pourquoi, non seulement ce droit ne devrait être violé par personne, mais les croyants menacés de discrimination ou d'agression devraient être protégés, avoir accès à la justice de façon équitable, et, s'ils sont agressés, devraient être dédommagés.

  4. Une nouvelle forme subtile d'intolérance religieuse cherche à s'opposer au droit des religions à s'exprimer publiquement sur des questions concernant des comportements dont elles estiment qu'ils sont contraires aux principes de la nature d'un point de vue moral et religieux. Tout en respectant la juste dimension de la nature séculière de l'Etat, le rôle positif des croyants dans la vie publique devrait être reconnu. Cela correspond, entre autres, aux exigences d'un pluralisme sain et contribue à l'édification d'une démocratie authentique. La religion ne peut être reléguée au domaine de la vie privée, et de cette façon, risquer de perdre sa dimension sociale et son action caritative àl'égard des personnes vulnérables qu'elle sert sans aucune distinction.

  5. Au contraire, toutes les religions peuvent apporter une contribution unique à une coexistence pacifique, en refusant les projetset les intentions violentes de certains de leurs membres qui dissimulent leurs objectifs de destruction sous le voile de la religion, et en ouvrant au contraire la voie au dialogue interreligieux. Dans les circonstances présentes, le chemin qui mène vers un avenir de paix est sans aucun doute celui de la connaissance et de la compréhension réciproques, du dialogue constructif et de la coopération au service de la paix. Toutefois, pour atteindre cet objectif, l'application du droit à la liberté et à la pratique religieuse des individus et des communautés de foi, doit devenir une réalité universelle. Dans le même temps, dans le processus d'éducation à tous les niveaux, le respect de tous ces droits doit être reconnu et communiqué en édifiant une culture du respect réciproque et de la reconnaissance positive de la diversitédans un contexte oùtous les droits humains puissent s'épanouir.

60ème anniversaire de la déclaration des droits de l'homme. Paroles du pape Benoit au concert JP du Mercredi 10 décembre 2008

J'adresse un salut cordial aux autorités présentes, en particulier au président de la République italienne, aux autres autorités italiennes, au grand maître de l'Ordre de Malte et à vous tous qui avez pris part à cette soirée consacrée à l'écoute d'un répertoire de musique classique interprété par le Brandenburgisches Staastorchester de Francfort, dirigé à cette occasion par le chef d'orchestre, Madame Inma Shara. Je souhaite lui exprimer, ainsi qu'aux membres de l'orchestre, l'appréciation de tous pour le talent et la virtuosité avec lesquels ils ont interprété ce répertoire musical suggestif. Je remercie le Conseil pontifical justice et paix et la "Fondation saint Matthieu en mémoire du cardinal Francois-Xavier Van Thuân" d'avoir organisé le concert, qui a été précédé par l'Acte commémoratif du 60 anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, par la remise du prix Cardinal Van Thuân 2008 à Monsieur Cornelio Sommaruga, ancien président du Comité international de la Croix Rouge, et par la remise des prix "Solidarité et développement" au père Pedro Opeka, missionnaire à Madagascar, au père José Raul Matte, missionnaire parmi les lépreux en Amazonie, aux destinataires du projet Gulunap, pour la réalisation d'une faculté de médecine en Ouganda du nord et aux responsables du projet Villaggio degli Ercolini, pour l'intégration des enfants et des jeunes gens du voyage à Rome. Ma pensée reconnaissante va aussi à tous ceux qui ont collaboré à la réalisation du concert et à la rai qui l'a retransmis, élargissant, pour ainsi dire, l'assemblée des auditeurs qui ont pu y participer.

Il y a 60 ans, le 10 décembre, l'assemblée générale des Nations unies, réunie à Paris, adopta la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui constitue aujourd'hui encore un très haut point de référence du dialogue interculturel sur la liberté et sur les droits de l'homme. La dignité de chaque homme n'est véritablement garantie que lorsque tous ses droits fondamentaux sont reconnus, protégés et promus. Depuis toujours, l'Eglise rappelle que les droits fondamentaux, au-delà des différentes formulations et importances qu'ils peuvent prendre dans le cadre des diverses cultures, sont un fait universel, parce qu'inhérents à la nature même de l'homme. La loi naturelle, écrite par Dieu dans la conscience humaine, est un dénominateur commun à tous les hommes et à tous les peuples; c'est un guide universel que tous peuvent connaître et sur la base duquel tous peuvent s'entendre. Les droits de l'homme sont donc, en ultime analyse, enracinés en Dieu créateur, lequel a donné à chacun l'intelligence et la liberté. Si l'on fait abstraction de cette solide base éthique, les droits humains demeurent fragiles car privés d'un fondement solide.

La célébration du 60 anniversaire de la Déclaration constitue donc une occasion pour vérifier dans quelle mesure les idéaux, acceptés par la majorité de la communauté des nations en 1948, sont aujourd'hui respectés dans les différentes législations nationales, et plus encore dans la conscience des personnes et des collectivités. Un long chemin a sans aucun doute été parcouru, mais une bonne partie reste encore à parcourir: des centaines de millions de nos frères et sœurs voient aujourd'hui encore menacés leurs droits à la vie, à la liberté, à la sécurité; l'égalité entre tous n'est pas toujours respectée, ni la dignité de chacun, alors que de nouvelles barrières sont élevées pour des raisons liées à la race, à la religion, aux opinions politiques ou à d'autres convictions. Que ne cesse donc pas l'engagement commun à promouvoir et mieux définir les droits humains, et que s'intensifient les efforts pour en garantir le respect. J'accompagne ces voeux de ma prière afin que Dieu, Père de tous les hommes, nous permette de construire un monde où chaque être humain se sente accueilli dans sa pleine dignité, et où les relations entre les personnes et entre les peuples soient basées sur le respect, le dialogue et la solidarité. Je donne à tous ma Bénédiction.